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W ou le souvenir d’enfance, G.

PEREC – plan détaillé lecture linéaire

I - 1 à 11 : Une autobiographie sans souvenirs : un incipit intrigant pour le


lecteur

A – Une autobiographie mais sans souvenirs  : 


- Autobio : « Je » du présent (je n’ai pas de souvenirs) et du passé (j’ai perdu mon père) ;
récit au passé : passé composé, suite d’événements. Identité entre auteur, narrateur et
personnage.
- MAIS sans souvenirs : « je n’ai pas de souvenirs d’enfance » « mon histoire tient en
quatre lignes » + Champ lexical de la négation / de l’absence très présent (pas, ne,
absence…) + phrases courtes au passé : Inattendu et déstabilisant pour le lecteur… De quoi
le livre va-t-il parler si tout est déjà dit ? + ce qui est dit semble bien malheureux (mort des
parents et adoption)

B. Cette absence de souvenirs semble revendiquée comme une protection, pourquoi ?


- Revendication : « avec assurance ». On a une affirmation forte du refus de se souvenir
(défi ») grâce à l’image de l’élève qu’on interroge et qui s’oppose : champ lexical de l’école
(interroger, question, dispensé, programme)
- Car elle protège : cf champ lex « Rassuré, protégeaient » : intrigant pour le lecteur (une
protection mais contre quoi ?) L’opposition entre les deux énumérations, l’une subjective et
l’autre impersonnelle (mon histoire/cette absence d’histoire) souligne l’idée que se souvenir est
dangereux et oublier est protecteur. (souligné par le chiasme final du paragraphe)

C. Un début de réponse un peu énigmatique se fait jour avec le jeu de mot sur « la Grande,
l’Histoire avec sa grande Hache » qui remplace la petite histoire personnelle : l’enfant Perec a-t-il
été traumatisé par un événement historique qui l’empêche de se souvenir, et dont le souvenir
traumatisant se substitue aux souvenirs personnels ?

II- Ligne 12 à 21 : la fiction pour mieux dire l’horreur du réel

A. Rupture temporelle : retour fragile des souvenirs après 13 ans, élément perturbateur qui
déclenche le récit. « A 13 ans + passé simple » : Les souvenirs de ce qui a suivi ce traumatisme
reviennent (« je me souvins ») = retour du récit avec le retour de quelques souvenirs. (cf repères
temporels chronologiques « il y a 7 ans », « entre septembre 1969 et août 1970 »). Mais les
souvenirs restent fragiles car ils restent dangereux (image du jeu de cache-cache, antithèse
caché/découvert)

B. Mais il ne raconte pas son histoire, il raconte l’histoire de la création de W : champ lex de la
création littéraire (inventer. Ecrire, etc). Cette « histoire » se substitue à l’histoire réelle de Perec :
« du moins une histoire de mon enfance ». On reconnaît une partie du titre « W » : que sommes-nous
en train de lire, la fiction ou le récit de la vraie vie ? Confusion. Mais cette écriture elle-même n’est
pas un substitut fiable de la mémoire (métaphore des « pièges de l’écriture ») et est très éloignée
géographiquement et socialement de l’histoire de l’auteur (« Terre de feu », « société exclusivement
préoccupée de sport »)

III - Ligne 22 à la fin : le cheminement vers la construction de soi : un pacte


autobiographique original
A. Perec conclut un pacte autobiographique original avec le lecteur
Perec exprime ce projet au présent (le moment de l’écriture du « je narrant ») : « aujourd’hui
j’entreprends » 
Le lecteur/ l’auteur va « lire / écrire» l’autobiographie réelle à travers le dialogue entre la fiction W
et le récit autobiographique lacunaire : cf la métaphore du « réseau qu’ils tissent » (rappel, un tissu
est un croisement d’une trame et de fils perpendiculaires : ici le fil W et la trame des souvenirs
lacunaires). Cette image du tissu est soutenue par les chiasmes qui opposent et relient aussi deux
idées différentes : W ne ressemblait pas plus à ce fantasme olympique que ce fantasme olympique ne
ressemblait à mon enfance. ET Le cheminement de mon histoire et l’histoire de mon cheminement.
B. Cette lecture/écriture conjointe sera un long « cheminement »
Un travail difficile pour le lecteur : Métaphore du « lent déchiffrement » dont l’aspect laborieux
ressort grâce aux allitérations en /an/ + syntaxe complexe de toutes les phrases de ce dernier
paragraphe (incises entre tirets, relatives nombreuses)
Le travail d’écriture de Perec s’annonce aussi laborieux du fait des tentatives de reformulation
successives du projet complexe de « mettre un terme » : « je veux tout autant dire «tracer les
limites » que « donner un nom ».

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