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INTRODUCTION AU MONDE LUSOPHONE

M. LIMA-PEREIRA

LA MER DANS L’HISTOIRE DES DÉCOUVERTES

La mer dès son origine est marquée par son immensité, mystères, symbolismes. Elle est
présente dès le Premier Livre, la Genèse (Berechit), au chapitre 1 verset 2 (« … le souffle de Dieu
planait à la surface des eaux et Dieu dit : Que la lumière soit »), (Dieu crée, opère, poíèsis tout par
sa parole, logos) et au verset 10 (« … Dieu appela terre le continent ; il appela mer l’amas des eaux.
Dieu vit que cela était bon »). Car, avant la création l’état du monde était marqué par l’absence de
vie (le tohu, bohu). La mer donc, a toujours été un espace merveilleux, mythique associé à des
légendes, peuplé de bêtes imaginaires et plein d’îles enchantées et utopiques.

Symboliquement, la mer représente la vie et la mort. En effet, il existe les eaux


transparentes qui peuvent revitaliser et sauver (comme les eaux purificatrices du baptême). La
mer est aussi symbole de fécondité et de Vie et aussi une grande métaphore de l’amour. La mer
possède aussi une connotation négative, le péril et la mort. La mer et les eaux ont donné origine
aux mythes tels que le mythe de Narcisse en train d’admirer inlassablement sa beauté à travers le
miroir des eaux ; le mythe d’Ophélie, fiancée malheureuse d’Hamlet, tragédie de Shakespeare, que
flotte comme un grand lys. Couronnée de fleurs, elle décide de mourir en se noyant. Le mythe de
Caronte, présent dans la tragédie d’Orphée, il transporte dans sa barque les morts qui se
préparent pour la traversée finale. La figure symbolique de Jonas, avalé par une baleine pour être
ensuite vomi.

La culture et la littérature portugaise sont imprégnées dans sa vie quotidienne par la Mer.
Elle influence profondément la psychologie, les traditions et fait partie intégrante de l’archétype
lusitain et en occurrence de l’archétype luso-brésilien. Le Portugal après avoir conquis sa
souveraineté, se consolider en tant que royaume au XIII ème siècle, tourner le dos à la Castille, va
se lancer dans une aventure collective : la conquête des océans. Avec les Découvertes à partir du
XV ème siècle, les mythes marins sont révolus (mare clausum) car l’Atlantique est devenu
portugais (mare liberum). A partir de ce moment-là, la mer pourra être conçue dans l’Histoire du
Portugal à travers trois approches qui vont des Découvertes, à l’usufruit, en passant par la
domination pour terminer avec la dispute.

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Au fur et à mesure que des nouvelles terres sont découvertes, la mer à son tour devient un
espace peuplé par des pirates et corsaires. Ce monde de dangers et d’aventures sera décrit par des
chroniqueurs et des voyageurs. Les récits de voyages seront riches en descriptions humaines,
ethnographiques, culturelles. C’est la rencontre de deux mondes et cette littérature de voyage
représente l’étonnement de l’homme européen devant le Nouveau Monde. La Littérature de
Voyages décrivent les faits politiques, militaires, religieux, scientifiques des colonisateurs. Parmi
ces récits, carnet de bords, chroniques, nous pouvons signaler les narrations suivantes du
patrimoine littéraire portugais :

- Esmeraldo de Situ Orbis de Duarte Pacheco Pereira (1505 –1508).


- O roteiro do Mar Roxo, de Dom Joao de Castro (1538).
- Roteiro da Primeira Viagem de Vasco da Gama, de Alvaro Velho. (Texte fondamental de la
littérature de Voyages).
- Carta a Dom Manuel sobre o Descobrimento do Brasil, de Pero Vaz de Caminha.
- A Verdadeira Informação do Preste João das Indias, ( 1540) du Père Francisco Alvares.
- O Tratado das Cousas da China, (1570) du Frère Gaspar da Cruz.
- O Intinerário da Terra Santa, (1593) du Frère Pantaleao de Aveiro.
- Etiopia Oriental, (1609) du Frère Joao dos Santos.
- Itinerário da India por terra, (1611), de Frei Gaspar de Sao Bernardino.

Par ailleurs, les écrivains dits canoniques (car ils écrivent avec une intention littéraire),
qui centrent dans leurs œuvres la problématique ou la thématique des voyages des découvertes
sont ceux-ci :

- Auto da India de Gil Vicente (1509).


- Os Lusíadas de Luis de Camões (1572).
- Cronica da Guiné de Gomes Eanes de Zurara (1453).
- Asia de Joao de Barros (1552).
- Naufrágio de Sepúlveda, auteur inconnu (1554).
- História Trágico-Marítima de Bernardo Gomes de Brito (1735-1736, en deux volumes).

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