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Laure Ffrench D.E.

A 124 : comptabilité, décision, contrôle


Université Paris IX Dauphine

Capitalisme contre capitalisme.

Michel Albert.
Edition du Seuil, Collection point, 1991.

Professeur : Monsieur Yvon Pesqueux.

Sommaire

Sommaire...... 1
I. Biographie de l’auteur.. 2
II. Postulats. 2
III. Hypothèses. 2
IV. Mode de démonstration. 3
V. Résumé de l’ouvrage.. 4
Introduction.................. 4
Chapitre 1 : America is back......... 4
Chapitre 2 : America backwards : l’Amérique à reculons.... 5
Chapitre 3 :La finance et la gloire. 6
Chapitre 4 : L’assurance anglo-saxonne contre l’assurance alpine........ 7
Chapitre 5 : L’autre capitalisme. 7
Chapitre 6 : La supériorité économique du modèle rhénan....... 9
Chapitre 7 : La supériorité sociale du modèle rhénan....... 9
Chapitre 8 : Le recul du modèle rhénan..... 10
Chapitre 9 : Pourquoi est-ce le moins performant qui l’emporte ?............... 11
Chapitre 10 :La seconde leçon de l’Allemagne................ 11
Chapitre 11 :La France au carrefour de l’Europe.. 12
Conclusion................ 13
VI. Commentaires, critiques, actualité de la question, bibliographie complémentaire................... 14
VII. Bibliographie. 15
I. Biographie de l’auteur.

Michel Albert est né le 25 février 1930 à Fontenay-le-comte. Il sort de l’Ecole Nationale d’Administration en 1956 et parallèlement acquière le titre de docteur en droit. En 1959, il devient secrétaire
général du comité Rueff-Armand. A partir de 1960 et jusqu’en 1969, l’auteur exercera des responsabilités à l’étranger notamment au Maroc, à Rabat puis à Bruxelles.
De 1969 à 1971, l’auteur est vice-président du groupe l’Express après quoi il fait un bref passage au Crédit Agricole où il occupe le poste de directeur général des filiales du financement.
Il est ensuite commissaire adjoint au plan puis commissaire au plan de 1976 à 1981. Ses expériences de président du groupe « Assurance Générale de France » de 1982 à 1994 et de président du Centre
d’Etude Prospectives et d’Informations Internationales constituent le socle de son ouvrage « Capitalisme contre capitalisme » publié en 1991.
Il est membre du conseil de la politique monétaire de la Banque de France depuis 1994 et de l’Académie des sciences Morales et Politiques.
Quelques autres ouvrages de Michel Albert.
« Les vaches maigres », 1975
« Le pari français », 1982
« Un pari pour l’Europe », 1983
« Crise, Krach, Boom », 1988

II. Postulats.
L’ouvrage décrit essentiellement l’économie capitaliste des pays développés. C’est dans ce référentiel que l’auteur définit deux capitalismes qui s’opposent après la chute du communisme (qui n’était en
fait que le préalable à l’effondrement de la Russie actuelle) et surtout la fin de la guerre froide.

III. Hypothèses.
Dans son ouvrage, Michel Albert oppose le capitalisme germano-nippon ou rhénan au capitalisme néo-américain (l’auteur a tendance a l’assimiler au capitalisme néo-libéral propre à L’angleterre et aux
Etats-Unis en soulignant toutefois l’existence d’un système de sécurité social en Angleterre). On peut schématiquement répartir différents pays au sein de deux catégories de capitalismes.

Le capitalisme néo-américain ou néo-libéral. L’Angleterre et les Etats-Unis


Le capitalisme alpin-rhénan ou germano- Le Japon, L’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas,
nippon. et la Suède.
Un cas particulier : la France.
Figure 1, La typologie des capitalismes.

IV. Mode de démonstration.


En introduction l’auteur définit neuf problèmes-clés que les pays développés capitalistes doivent gérer :
· L’immigration, · Le degré de réglementation,
· La pauvreté, · Un mode financement bancaire ou boursier,
· La sécurité sociale, · Le mode de corporate governance,
· La hiérarchie des salaires, · La politique vis à vis de la formation,
· Le rôle de la fiscalité par rapport à l’épargne et à l’endettement,

Il montre que, face à ces problèmes, il existe deux types de réactions selon les pays et qui différencient les deux capitalismes. Ce sont ces facteurs qui seront repris dans le reste de l’ouvrage.
Afin d’illustrer cette différence, l’auteur apporte l’exemple du secteur des assurances en distinguant l’assurance anglaise de celle de type alpin-rhénan.
V. Résumé de l’ouvrage.

Introduction.
Après la chute du communisme en U.R.S.S., le capitalisme s’est retrouvée seul face à lui-même. La guerre du golfe a constitué une étape déterminante de la monté du capitalisme néo-libéral. Le
capitalisme est un progrès de la société : son apparition marque la fin définitive des famines. Il laisse toutefois de coté la majorité de la population du globe. Depuis la chute du communisme, il n’existe plus
un Tiers-Monde mais ce que l’on dénomine à présent « le Sud » comme s’il était un ensemble uni.
Dans ce contexte, les pays développés doivent faire face aux neuf problèmes-clés suivants qui permettent de mettre en valeur les différents comportements du capitalisme :
L’immigration, la pauvreté, la sécurité sociale, la hiérarchie des salaires, le rôle de la fiscalité par rapport à l’épargne et à l’endettement, le degré de réglementation, un mode de financement bancaire ou
boursier, le mode de corporate governance, la formation.
Face à ces différents problèmes, l’auteur distingue d’une part l’attitude du capitalisme néo-américain ou néo-libéral si l’on ajoute l’Angleterre aux Etats-Unis et d’autre part celle du capitalisme germano-
nippon ou encore alpin-rhénan.
Les auteurs précisent que le capitalisme anglais se distingue du capitalisme américain par la persistance de la sécurité sociale. Enfin, s’il n’existe pas de modèle capitaliste proprement européen, l’auteur
montre l’existence d’un modèle qu’il qualifie d’alpin-rhénan et auquel il rajoute le Japon pour aboutir au modèle germano-nippon.

Chapitre 1 : America is back.


Le modèle néo-américain mis en place par Ronald Reagan a rencontré des échos très favorables dans les pays de l’est notamment en Pologne et en Hongrie. C’est aussi ce type de pensée qui a été
plébiscité en Russie à travers la popularité des « fast food » « M’c Donald ».
L’élection de Ronald Reagan en 1980 est une réaction à la crise intérieure et extérieure qui frappe le pays à cette époque.
La crise extérieure se manifeste par une suite de déboires militaires et diplomatiques. On peut citer les exemples du Vietnahm, de l’Angola, ou de l’Amérique du sud. Ils humilient les américains et
remettent en cause leur confiance en l’Etat.
La crise intérieure se manifeste par un mélange pernicieux de chômage et d’inflation : la stagflation. La stagflation n’est pas gérable dans le cadre d’une politique keynesienne traditionnelle.
Pour faire face à ces crises, Ronald Reagan propose le programme suivant :
· L’initiative de défense stratégique tout d’abord.
- Il s’agit d’un programme d’armement défensif au budget colossal et qui, même pour les Etats-Unis, représentent un investissement risqué. Les progrès techniques potentiels sont eux aussi
colossaux. Cette initiative a contribué de façon importante à la chute de l’U.R.S.S. .
· Le programme économique intérieur ensuite.
- Il s’agit d’un programme libéral dont le maître-mot est « enrichissez-vous ». L’enjeu est d’encourager l’initiative individuelle et de pénaliser l’oisiveté du chômeur qui ne bénéficiera par
conséquent d’aucune aide de l’Etat.
- Il faut aussi venir à bout de la stagflation en déréglementant, en réformant le système fiscal et en luttant contre l’inflation.
Toutefois, même en situation de difficulté, les Etats-Unis restent l’Etat le plus puissant de la planête. Les fondements de cette puissance reposent sur le stock de capital, les ressources naturelles, la
technologie, le privilège monétaire issu de Bretton Woods et l’hégémonie culturelle.

Chapitre 2 : America backwards : l’Amérique à reculons.


Le dégradation de l’économie américaine se manifeste se manifeste à un niveau physique ( baisse de la qualité de vie et des infrastructures sociales ) et à un niveau social (apparition d’une société duale ).
Ces phénomènes ont amené certains historiens à parler de « déclin américain ». Cette thèse a été cependant remise en cause.
L’auteur montre toutefois le déclin du modèle néo-américain en étudiant quatre thématiques principales : le dualisme social, la déconsidération de l’organisation publique, le recul de l’industrie, un déficit
cauchemardesque et une dette colossale.
Le dualisme social a augmenté sous le règne de Ronald Reagan. Il en a résulté une montée de l’insécurité. L’absence d’une politique contre la pauvreté laissée aux soins des organismes de charité
entraîne les Etats-Unis vers ce que l’auteur appelle un « Tiers-Monde développé ».
La déconsidération de l’organisation publique est exprimée de façon criante au travers d’une abstention massive ( la plus importante des pays développés ) et qui concerne surtout les plus pauvres. Elle
couvre les deux tiers de l’électorat. L’auteur remarque aussi que 10 à 15% de la population américaine en situation légale n’est pas recensée.
L’enseignement primaire et secondaire et jusqu’aux deuxièmes cycles inclus reste très médiocre. A partir de seize ans la majorité des élèves ne suivent plus d'enseignement scientifique. En 1990,
l’enseignement est dans une situation de déficit financier jugée préoccupante.
Le système de santé lui aussi est déficitaire. En 1987, douze millions d’enfants n’étaient pas couverts par une assurance maladie. Cela illustre un des aspects du déficit social du modèle néo-américain.
L’industrie américaine est en recul sur son propre sol. Durant le règne de Ronald Reagan, 18 millions d’emplois ont été créés alors que dans le même temps l’industrie américaine en détruisait 2 millions.
Le recul se manifeste aussi par une baisse de la qualité des produits et du savoir-faire. L’auteur identifie 5 raisons à ce recul :
1. La taille du marché intérieur se réduit.
2. Une remise en cause de la domination technologique des Etats-Unis : beaucoup d’innovations sont réalisées à l’étranger.
3. La qualification des ouvriers américains a considérablement baissé.
4. La richesse accumulée n’est plus aussi importante qu’autrefois.
5. Les méthodes de gestion des Etats-Unis ne sont plus les plus reconnues.
Le déficit fédéral se monte à 150 milliards de dollars par an en 1987-1989 c’est à dire environ 3% du Produit Intérieur Brut ( P.I.B. ).
La dette s’élève en 1992 à 3.879 milliards de dollars c’est à dire trois années de recette budgétaire aux Etats-Unis.

Chapitre 3 :La finance et la gloire.


Pour financer son activité, une entreprise peut utiliser trois moyens : l’autofinancement, l’emprunt et l’augmentation de capital. Le dernier est le moyen de financement externe le plus avantageux.
Les années 1980 correspondent à l’explosion de la bourse aux Etats –Unis. A la spéculation boursière s’ajoute une médiatisation avantageuse des « golden boys » américains. Les Offres Publiques d’Achat
( O.P.A. ) ne sont en fait pas plus nombreuses que dans les années 1970 ( entre 2000 et 3000 dans les années 1980 et 6000 dans les années 1970 ) mais leur montant devient nettement plus important. Elles
sont aussi devenues plus agressives.
Les managers aux salaires formidables sont glorifiés par la presse dont le langage en fait des mythes vivants. Ce capitalisme est aussi plus court-termiste. Ceci est du aux échéances plus courtes des
rapports qui sont trimestriels et non pas annuels mais aussi au comportement des actionnaires qui considèrent l’entreprise comme une marchandise plus que comme une personne morale. Il en résulte une
baisse des investissements des entreprises en recherche et développement aux Etats-Unis qui coïncide le plus souvent avec un sacrifice du long terme pour le court terme. Enfin, on assiste à une
coexistence paradoxale de comportements cyniques et matérialistes et d’institutions réputées très sévères telles que Security Exchange Commission (S.E.C.) .

Chapitre 4 : L’assurance anglo-saxonne contre l’assurance alpine.


L’auteur distingue deux types d’assurance : le modèle d’assurance alpin qui correspond à une mutualisation des risques et le modèle d’assurance anglais qui gère un risque individuel. Cette distinction
illustre de façon flagrante la différence entre les deux capitalismes : l’un est communautaire et l’autre est centré sur l’individu.
Le modèle alpin fixe un tarif égal pour tous. Ce mode de fonctionnement pose toutefois un problème d’équité face au risque : certains sont rebutés par l’idée de payer l’assurance d’autres individus plus
risqués.
Les tarifs du modèle d’assurance anglais sont établis par un courtier selon une méthode scoring.
L’auteur identifie un modèle mixte en Califormie où les tarifs sont réglementés.

Chapitre 5 : L’autre capitalisme.


Afin de positionner le capitalisme germano-nippon par rapport au capitalisme néo-américain, l’auteur décrit l’importance du rôle joué par le marché dans différents secteurs de l’économie en effectuant
une comparaison des deux cas.
La religion : En Allemagne, ce sont des institutions non marchandes qui fonctionnent grâce à un budget public. Aux Etats-Unis, elles sont gérées comme des institutions mixtes.
L’entreprise : Dans le cadre du capitalisme néo-américain, une entreprise est une marchandise dans celui du modèle rhénan le caractère communautaire est plus important.
Les salaires : Dans un cadre néo-américain, les salaires dépendent de la performance individuelle et du marché ; dans un cadre rhénan l’ancienneté est un facteur déterminant.
Le logement : dans le cadre néo-libéral, il s’agit quasiment d’un bien marchand. Dans le cadre du modèle germano-nippon, le logement peut être un bien marchand, non-marchand ou mixte.
Les transports en communs : ils font l’objet d’une réglementation aux Etats-Unis mais sont privés en Allemagne.
Les médias : ils ont de plus en plus tendance à être gérés par des associations aux Etats-Unis et à être privatisés en Allemagne.
L’enseignement : il peut être soit marchand, soit mixte, soit non-marchand pour chacun des deux modèles.
La santé : Elle a le même statut que l’enseignement.

Cinq facteurs caractérisent le modèle germano-nippon :


· L’importance du rôle joué par les banques. Leur pouvoir est très étendu en Allemagne. De plus, les participations croisées banques-entreprises industrielles constituent un réseau très dense qui
protègent les entreprises des O.P.A. étrangères.
· Les syndicats qui participent à la gestion de l’entreprise. C’est ce que l’on appelle en France la cogestion. Les syndicats allemands notamment sont particulièrement puissants : leur patrimoine est
considérable et le niveau de formation de leurs responsables est élevé.
· Le rôle de la formation est primordiale en Allemagne. C’est, avec la fidélité à l’entreprise, l’un des modes de promotion interne au sein des entreprises. Plus généralement, elle obéit à trois principes
essentiels : elle est distribuée au plus grand nombre, le système de formation est plus égalitaire qu’en France ou qu’aux Etats-Unis, la formation professionnelle est largement financée par les
entreprises et les subventions fédérales.
· Le rôle de l’Etat est limité en ce qui concerne son intervention dans la vie économique du pays. Il est limité à deux aspects : l’égalisation des conditions de la concurrence et la politique sociale.
· Une dernière caractéristique du modèle germano-nippon réside dans ses valeurs communautaires très fortes. Ainsi, l’affectio societatis est plus important au sein des entreprises germano nippones et
l’intérêt collectif prévaut sur l’intérêt individuel.

Chapitre 6 : La supériorité économique du modèle rhénan.


L’Allemagne et le Japon sont les deux vainqueurs économiques de l’après-guerre. A eux deux, ils totalisent 30% des réserves monétaires mondiales. Le Deutsche Mark et le Yen sont des monnaies fortes.
Ceci a notamment permis à l’Allemagne de tirer profit du système monétaire européen puisqu’elle est parvenue à imposer sa politique monétaire à ses voisins. Le Deutsche Mark est devenu la monnaie de
référence en Europe. Du fait de cette puissance monétaire, l’Allemagne est parvenue à maintenir des taux d’intérêts relativement bas qui lui garantissent un pouvoir d’achat stable.
Une monnaie faible est réputée augmenter la balance commerciale d’un pays mais l’auteur démontre qu’il ne s’agit que d’un leurre. En effet, il faut aussi que les entreprises gardent les mêmes prix et
qu’elles maintiennent voire améliorent leur productivité. La stratégie de la monnaie forte oblige au contraire les entreprises à faire des efforts de productivité et à privilégier la qualité des produits vendus.
La supériorité économique du modèle rhénan repose aussi sur un secteur secondaire solide qui bénéficie d’une force frappe commerciale adéquate. La solidité du secteur secondaire des industries du
modèle germano-nippon repose sur les facteurs suivants :
· L’attention portée à la production et l’apparition de nouvelle méthodes de management dans ce domaine.
· Ces nouvelles méthodes rompent avec un taylorisme caricatural (ndlr : on peut citer l’exemple des cercles de qualité).
· Un niveau d’investissement important dans la recherche et le développement soutenu par l’Etat.
Un dernier atout du modèle rhénan en terme économique est d’une part la conscience de la population de l’importance de l’économie dans leur vie et d’autre part le soucis qu’elle portent aux générations
futures (c’est d’ailleurs aussi ce qui les pousse à l’épargne).

Chapitre 7 : La supériorité sociale du modèle rhénan.


Pour différencier les deux capitalismes, l’auteur utilisent 5 critères dont : le fonctionnement du système de santé, la hiérarchie des salaires, la lutte contre de la pauvreté, le mode d’imposition et la politique
d’immigration.
En ce qui concerne le système de santé, le modèle néo-américain n’apporte des aides qu’à une minorité de la population au travers des systèmes MEDICAID pour les plus pauvres et MEDICARE pour
les plus agés. Malgré cela, ce système coûte 11% de son P.I.B. à l’Etat américain contre 7% pour la Grande Bretagne et 9% pour l’Allemagne. Aux Etats Unis, certains peuvent faire face à leur dépenses
de santé et d’autres ne le peuvent pas.
En Allemagne, jusqu’en 1985, les dépenses de santé augmentaient plus vite que le P.I.B. . Cela était du notamment au vieillissement de la population, aux progrès technologiques, et à l’augmentation
globale de la demande de soins médicaux. Toutefois la responsabilité et la solidarité dont à fait preuve la population allemande a permis de redresser la situation.
Par ailleurs, le modèle germano-nippon est plus égalitaire que le modèle néo-libéral. La hiérarchie des salaires est plus resserrée en Allemagne qu’aux Etats-Unis et qu’en Grande Bretagne. La classe
moyenne constitue 50% de la population des Etats-Unis contre 75% en Allemagne, 80% en Suède et 89% au Japon. La lutte contre la pauvreté est aussi plus active dans les pays au capitalisme de type
germano-nippon que dans les pays au capitalisme de type néo-libéral. Le mode d’imposition des pays néo-libéraux ne joue pas un rôle de redistribution sociale qu’elle joue dans les pays au capitalisme
germano-nippon où les moins riches sont moins imposés.
Les acteurs du modèle néo-libéral reprochent à l’impôt de pénaliser les entreprises, de décourager l’effort individuel, d’engourdir la combativité des sociétés et des économies. L’économiste F. von Hayek
a démontré qu’au delà d’un certain pourcentage du P.I.B. les prélèvements obligatoires devenaient contreproductifs.
En ce qui concerne la politique d’immigration, l’auteur donne l’avantage au modèle néo-libéral plus démocratique en matière d’intégration de la population immigrée. On notera toutefois que l’auteur
soulève les problèmes de ghettoisation que rencontrent les pays du modèle néo-libéral.

Chapitre 8 : Le recul du modèle rhénan.


La montée de l’inégalité, la remise en cause du modèle culturel allemand et la nouvelle importance que prend la bourse en Allemagne explique le recul du modèle germano-nippon.
La montée des inégalités touche surtout le Japon où la flambée de l’immobilier établit une nouvelle différence entre les propriétaires ( 70% de la population ) et les autres. Ces inégalités sont
inacceptables pour la population japonaise.
Le modèle culturel germano-nippon est remis en cause notamment à cause de la montée de l’individualisme. L’auteur fait remarquer que le taux de syndicalisation baisse en Allemagne et que de moins
en moins de jeunes diplômés acceptent le système de promotion à l’ancienneté. Au Japon c’est le rythme de vie imposé aux salariés qui est remis en question.
La bourse prend une nouvelle importance. Il en résulte une augmentation des comportements délictueux ainsi qu’une nouvelle dépendance des institutions monétaires face aux marchés très sensibles
aux politiques de leurs dirigeants. C’est par l’intermédiaire de la globalisation financière que le modèle néo-libéral s’impose. Cette globalisation a été rendue possible par les différentes innovations
réalisées dans le domaine de la finance. Il s’agit peut être du facteur le plus puissant de propagation du modèle néo-libéral.

Chapitre 9 : Pourquoi est-ce le moins performant qui l’emporte ?


La réponse donnée par l’auteur pourrait être la suivante : parce que le capitalisme néo-libéral est conçu pour répondre aux exigences des médias et que le capitalisme rhénan ne répond à aucune de ces
exigences.
Le capitalisme néo-libéral véhicule une idéologie simple qui s’appuie sur une mythologie guerrière et qui utilise un langage notamment pour soutenir cette mythologie. Il est fait pour être idéalisé par les
individus via les médias. Les caractéristiques de ce modèle sont facilement communicables. Il s’agit notamment : de la réalisation du profit pour le profit, d’un individualisme flatté par la légitimation de la
réussite individuelle, de l’hédonisme et d’une nouvelle mode : l’éthique.
Les valeurs et les fondements du capitalisme germano-nippon détonent franchement avec le paradigme dominant diffusé par les médias. On peut mettre en opposition par exemple le consensus social
allemand avec le mouvement de désyndicalisation et le soin du long terme avec la « consommation boulimique de l’immédiateté ». Un autre facteur joue en la défaveur du modèle germano-nippon : la
chute de l’U.R.S.S. qui entraîne une remise en cause des valeurs communautaires.
Les multinationales américaines semblent toutefois reposer sur des caractéristiques particulières qui n’en font pas de purs et simples implémentations du capitalisme néo-libéral. D’une part, elles ont utilisé
la croissance interne pour se développer et d’autre part leur taille les rend plus indépendantes des caprices de la bourse.

Chapitre 10 :La seconde leçon de l’Allemagne.


Durant les années 1980, les pays européens adressaient deux reproches principaux à l’Allemagne : tout d’abord, elle profitait du système en assurant la croissance juste nécessaire à la subsistance de sa
population vieillissante ensuite elle était en train de devenir un Etat boulimique qui comme les Etats-Unis vivait sur le tas d’or qu’elle avait récolté les décennies précédentes.
C’est en 1989 que l’Allemagne devra assumer le « choc de la réunification ». Ce ne fut pas un choc seulement pour l’Allemagne mais aussi pour les Etats voisins. Helmut Kohl a toutefois eu le mérite de
gagner leur confiance. La réunification fut aussi un choc financier : elle a coûté 12 milliards de Deutsche Mark à l’Allemagne. Si le pays avait été soumis aux réactions des marchés financiers il n’aurait
jamais pu prendre ce risque. Les coûts de la réunification ont été assumés par l’initiative publique ( le fond pour la réunification et l’augmentation des impôts ) et par l’initiative privée ( le Treuhandanstalt
).
Se pose alors le problème de l’avenir de la République Démocratique d’Allemagne (R.D.A.). Il dépend du rythme de croissance des salaires dans ce pays. Si ce rythme est trop élévé la R.D.A. fera fuir les
investissements directs à l’étrangers, perdra des points en terme de croissance et verra son chômage augmenter plus vite. Afin de garantir la croissance et de maintenir l’emploi, il est nécessaire de
maintenir une inégalité des salaires entre la R.F.A. et la R.D.A. . Le problème de la désertification de la R.D.A. risque alors de se poser. C’est à ce dilemme qu’était confronté M. Kohl. C’est peut être
aussi la raison pour laquelle on lui a reproché d’avoir réalisé une réunification trop précipitée et sans que la R.D.A. n’y ait été préparée. Ce reproche n’a pas pris en compte le risque d’un retour du
communisme en R.D.A. . Il signifie en outre que certains pays de l’union européenne ne pourraient participer à l’union économique et monétaire à cause de leur vulnérabilité économique.

Chapitre 11 :La France au carrefour de l’Europe.


La France se différencie des modèle germano-nippon et néo-libéral par sa tradition colbertiste. L’Etat joue un rôle fort dans l’économie du pays. On peut prendre pour exemple les privatisations de 1986
dont l’objet était d’amplifier le rôle de la bourse. Le capitalisme français est caractérisé par des nœuds de participation des entreprises entre elles. Il se rapproche donc du modèle germano-nippon à ceci
près que ces nœuds sont moins denses et plus facile à pénétrer.
En France, le syndicalisme est marqué par son idéologie marxiste ce qui n’est le cas ni dans le modèle néo-libéral ni dans le modèle germano-nippon.
Le capitalisme français ne repose ni sur la bourse ni sur les banques.
La conversion de ce modèle est caractérisée à la fois par une politique de monnaie forte que l’on retrouve en Allemagne et par une politique de libéralisation et de développement des marchés financiers.
Parallèlement, alors que les inégalités s’étaient résorbées pendant les 30 glorieuses, elles ont tendance à s’accroître depuis le début des années 80. Aujourd’hui, la France aurait tout intérêt à se rapprocher
du modèle germano-nippon en matière de stabilité de l’actionnariat et de traitement des problèmes de sécurité sociale.
Au niveau européen, le modèle néo-libéral est favorable à la baisse des taxes au niveau des plus riches pour reporter cette baisse sur les plus pauvres. On peut citer l’exemple de la « poll taxe » d’Elisabeth
Thatcher. On constate un manque de cohésion politique face à ce problème au niveau européen.

Conclusion.
Nous sommes entrés dans une ère du capitalisme néo-libéral. S’il est vrai qu’il faut éviter les graves dérives sociales qu’elle peut susciter, la mise en place de cette politique a toutefois le mérite de stimuler
l’initiative individuelle.
L’auteur distingue trois âges du capitalisme :
De 1791 à 1891 :
L’Etat et le capitalisme se combattent. L’Etat instaure la loi Le Chapelier en 1791. L’Etat devient le gendarme du capitalisme en le protégeant des classes « dangereuses ». C’est en réaction à cette
situation que Karl Marx rédige en 1848 « Le manifeste du parti communiste ». Peu après les églises catholique et protestante dénonceront elles aussi « l’exploitation de l’homme par l’homme ».
De 1891 à 1991 :
L’Etat encadre le capitalisme. C’est durant cette période qu’apparaît l’Etat-providence en Allemagne et en Angleterre et qu’il se propagera.
Depuis 1991 :
Le capitalisme prend la place de l’Etat qui s’efface afin de ne plus l’étouffer comme il le faisait auparavant. L’apparition d’un modèle néo-libéral dominant entraîne des changements dans le
comportement des individus. A la suite d’une enquête, le CREDOC a enregistré 4 changements de fond dans les comportements:
· La déculpabilisation des plus riches vis a vis de leur richesse,
· Le triomphe de l’individualisme,
· Le durcissement social,
· L’uniformisation des comportements.
L’auteur souligne enfin les conséquences d’une baisse des prélèvements obligatoires en France au niveau de ceux des Etats-Unis ( 44,6% du P.I.B. en France contre 30% du P.I.B. aux Etats Unis).
Certaines dépenses collectives ne pourraient tout simplement plus être assurées dans des domaines aussi fondamentaux que la protection sociale (les retraites et la sécurité sociale), l’enseignement, les
transports en commun, la qualité des infrastructures collectives, le mécanisme de redistribution social et le chômage.

VI. Commentaires, critiques, actualité de la question, bibliographie complémentaire.


L’ouvrage de Michel Albert est un classique de la littérature économique. Il différencie deux capitalismes sans néanmoins se laisser aller à des hypothèses simplistes et déterministes quant aux
comportements économiques des différents pays étudiés dans cet ouvrage.
Au travers de sa typologie, l’auteur réalise aussi une remise en cause du modèle néo-libéral et de ses séries surtout lorsqu’il le rapproche d’un modèle germano-nippon aux valeurs plus « sociales ». Même
si ses critiques sont nuancées, on est en droit de se demander si l’analyse de l’auteur n’est pas biaisée. Notamment, le choix des critères de différenciation entre les deux capitalismes m’a parut sujet à
l’arbitraire du bon sens. Il est à noter toutefois que l’ouvrage de Michel Albert n’a pas de prétention scientifique.

Aujourd’hui, le modèle néo-libéral possède d’autres moyens que les médias pour se diffuser. A tort ou raison, le Fond Monétaire International impose une politique socialement pénible au pays en voie de
développement surendettés. Ces derniers ont ils d’autre possibilité que de la suivre ? C’est contre ce qui est qualifié d’une « tyrannie » par des groupes antimondialisation que des forums comme Davos ou
plus récemment Porto Alegre réagissent.

Un second aspect de l’approche de Michel Albert m’a parut intéressante : l’opposition de deux cultures. Au travers d’une description de deux capitalismes différents, c’est aussi à la description de deux
modes de vie, deux rationnalités que l’auteur s’attache aussi. De ce point de vue, l’ouvrage offre une illustration intéressante d’une problématique à laquelle les organisations ne peuvent pas être
indifférentes en période de mondialisation : les cultures nationales, leur identification et leur intégration.

Bibliographie complémentaire.
· A propos de l’auteur.
Le site internet du commissariat au plan :
http://www.plan.gouv.fr/historique/albert.html
Le site internet de la banque de France :
http://www.banque-france.fr/fr/banque/organi/albert.htm
· A propos des capitalismes néo-libéral et germano-nippon.
Le site « géoscopie » :
http://www.geoscopie.com/themes/t400eco.html
· A propos des cultures nationales.
- TÖNNIES ferdinand ; Communauté et société ; Retz CEPL ; 1977.

VII. Bibliographie.
· Albert M. ; Capitalisme contre capitalisme ; Edition du Seuil, collection « point » ; 1991
· Site Internet de l’organisation attac : http://www.attac.org
· Site Internet de la banque de France : http://www.banque-france.fr/fr/banque/organi/albert.htm
· Site Internet du commissariat au plan : http://www.plan.gouv.fr/historique/albert.html

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