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Séance 1 de lecture d’Hernani Victor Hugo

Lecture Acte 1 Le Roi

La première séance de lecture de la pièce Hernani concerne principalement le


premier acte intitulé le Roi. Nous allons essayer durant notre analyse de
répondre à un certain nombre de question que je pose ici :

Première question : la définition de l’exposition

Seconde question : les règles de l’exposition et ses caractéristiques

La troisième question : est le résultat des deux questions précédentes. Nous


allons voir les personnages, leur ordre d’apparition et donc leur rôle et leurs
caractéristiques. Ces 3 éléments sont liés.

La 4ème question est celle qui concerne l’intrigue ou l’action. Et cet élément se
rapporte aussi à la définition de l’exposition et il est lié aux éléments précédents.

Nous arrivons à la 5ème question, et elle est la plus importante car toutes les
questions précédentes sont là pour nous aider à répondre à cette dernière : où est
donc le renouveau que Victor Hugo a effectué par rapport aux règles
anciennes. ? Retenons ces questions et passons à la première étape obligatoire de
toute analyse.

Présentons d’abord la pièce. Elle se compose de 5 actes. Chaque acte possède un


titre, Nous avons le roi, Le bandit, le vieillard, le tombeau, la noce. Chaque acte
possède des scènes variant entre 4 et 7 scènes. La pièce a été Composée en
1829 et présentée en 1830. Hernani est précédée de la préface de Cromwell
écrite en 1827 et c’est cette préface qui a préparée la bataille d’Hernani, bataille
entre les anciens et les modernes. Ce qui nous importe dans le contenu de cette
bataille c’est qu’elle a annoncé le renouveau du théâtre mais aussi des autres
genres. Nous allons le voir avec le drame « Hernani ».

Revenons donc à notre lecture qui s’ouvre par une définition de l’exposition.
L’exposition se présente dans l’ouvrage intitulé la dramaturgie classique en
France comme suit : elle« doit instruire le spectateur du sujet et de ses
principales circonstances, du lieu de la scène et même de l’heure où
commence l’action, du nom, de l’état, du caractère et des intérêts de tous les
principaux personnages ».

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La définition nous expose plusieurs composantes. D’abord, l’exposition doit
présenter l’intrigue ou les intrigues et les fils d’intrigue qui s’y rattachent.
Aucun sujet ou histoire ne peut surgir par surprise l’auteur doit l’annoncer au
début de la pièce soit au premier acte ou au plus tard le début du second acte.
Nous avons aussi des précisions du lieu où se déroulent l’action et le temps de
l’action. Aussi, tous les personnages qui vont présenter l’histoire doivent figurer
dans l’exposition : les héros, les personnages principaux et les personnages
secondaires.

Ces règles sont les règles classiques auxquelles doit adhérer toute pièce
dramatique la tragédie comme la comédie. Mais bien sûr Hernani est un drame
romantique qui représente de nouvelles règles que nous allons découvrir
progressivement. Et la question que nous nous posons : à quel point Victor Hugo
est –il fidèle aux règles classiques et quelles sont les nouvelles règles qu’il a
imposées ? Nous allons découvrir la réponse au fur et à mesure de notre lecture.

Commençons par l’unité de lieu et nous allons la traiter dans le premier acte
mais aussi dans le reste de la pièce car nous ne pouvons analyser l’unité de lieu
qu’à travers la totalité de la pièce.

Regardons de près le lieu dans Hernani. Le lieu, comme il est convenu dans les
règles classiques est un lieu unique qui ne change pas : la plupart du temps nous
avons une chambre ou la cour d’un château. Et s’il y a un changement, le
déplacement dans l’espace reste très restreint : de la cour on entre à la chambre
ou on sort au jardin par exemple. On ne va pas très loin. Nous allons voir
comment Hernani dépasse ces règles. Regardons le premier acte et le second, les
didascalies au début de chaque acte précisent chacune un lieu. Nous avons la
ville de Saragosse, mention écrite sous le titre de l’acte 1, dans le château de
Silva, nous déduisons qu’il s’agit de la demeure du duc Ruy Gomez à travers les
répliques entre les personnages. le second acte présente la même ville sous le
titre Le bandit et dans la didascalie, sous le titre, l’auteur indique un patio du
palais de Silva, et il continue de nous décrire le lieu où se place le roi avec sa
suite sous la fenêtre de Dona sol. Nous restons dans le même lieu que le premier
acte, le petit changement c’est le déplacement de la chambre à coucher de dona
sol vers le patio. Le troisième acte, les personnages se déplacent vers un autre
espace. On est dans les montagnes d’Aragon, il s’agit d’une une autre ville au
nord de l’Espagne et c’est aussi un autre château appartenant à la famille de
Silva. C’est dans cet espace que Le duc don Gomez compte se marier avec sa
nièce dona sol. Le quatrième acte déplace encore l’action, cette fois-ci vers un

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autre pays. Nous sommes à Aix-la- Chapelle, une ville en Allemagne,
précisément dans le tombeau de Charlemagne. Le cinquième acte nous
revenons à Saragosse, cette fois-ci, le palais d’Aragon qui appartient à la
famille d’Hernani annonce le rétablissement du héros dans sa position de Duc et
aussi il reprend sa fortune et ses biens. Il s’appelle désormais Jean d’Aragon.

Qu’est- ce que nous pouvons dire de ces changements ?

Hugo dépasse largement l’unité de lieu et déploie son action entre l’Espagne et
l’Allemagne. Ainsi, il est fidèle aux règles du drame et l’unité de lieu n’a plus
lieu d’être puisque la vraisemblance demande ce déplacement sachant que les
élections de l’empire se déroulaient toujours dans le saint empire. Et Aix-la-
Chapelle fut à ce titre un lieu bien choisi par Victor Hugo. J’ajouterai aussi que
l’intrigue politique avait besoin d’un espace assez grand pour pouvoir se
déployer. Les événements : élection, poursuite de bandits, etc ne pouvaient
tourner dans un lieu unique.

Concernant le premier acte, le lieu choisi était la chambre à coucher de Dona


sol, et il va rester le lieu de l’action jusqu’à la fin de cet acte. Nous savons que
ce lieu déroge aux lois de la bienséance dans la mesure où la chambre à coucher
d’une dame est un lieu privé et intime et où personne n’a le droit d’y accéder.
Cette deuxième dérogation à la règle montre à quel point Hugo manifeste son
désir d’aller au-delà des règles classiques.

Ainsi, Hugo dépasse l’unité de lieu et la bienséance au profit de la


vraisemblance.

L’unité de temps va être le deuxième élément que nous allons analyser.

Après la didascalie de la page 20, j’ai l’édition bordas, donc c’est la page avant
le premier acte et qui précise qu’on est en 1519. Le temps va être précisé par des
indications : comme la nuit, les lumières des flambeaux, ou autres. Premier acte
nous avons la nuit, le second c’est aussi la nuit, le troisième ne donne aucune
précision, mais nous pouvons déduire que c’est le jour puisque le Duc Gomez
s’apprête à se marier avec dona sol. L’acte 4 intitulé le tombeau, l’auteur précise
qu’il s’agit de la nuit juste dans la didascalie sous le titre de l’acte, le lieu est
précisé : ce sont les caveaux où se trouve le tombeau de charlemagne et aussi le
temps. L’acte 5 aussi mentionne la nuit comme le moment de la noce, nous la
trouvons dans la didascalie sous le titre.

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A part ces précisions, nous pouvons déduire qu’entre l’acte 1 et 2 une seule
journée est passée alors que pour le troisième, le déplacement d’une ville à une
autre prendra plusieurs jours et peut-être plus. La même chose pour le quatrième
acte qui présente les élections et signale le déplacement vers un autre pays. Le
dernier acte qui désigne la noce s’éloigne du 4ème acte de quelques jours ou
semaines.

Donc le temps dépasse de loin les 24 heures imposé par les classiques et nous
pouvons dire qu’il s’agira plutôt de quelques mois. Une fois encore, Victor
Hugo déroge aux règles classiques pour servir la vraisemblance sachant que tous
les événements : rencontre, mort de Charlemagne, poursuite des bandits,
préparation de mariage, fuite et élection puis la noce ne peuvent en aucun cas se
dérouler en 24 heures. Ce temps reste très restreint par rapport aux intrigues que
traite l’auteur.

Le troisième élément que nous allons analyser ce sont les personnages. Tout
d’abord, est ce que tous les personnages qui figurent dans la pièce ont été
présentés dans l’exposition ? La deuxième question : quelle est leur ordre
d’apparition, c.-à-d. qui entre le premier et quel est l’ordre des autres
personnages ? La réponse va nous permettre de connaître leur rôle. A la fin
quelles sont leurs caractéristiques physiques et morales qui sont mentionnées
dans la pièce.

Nous allons répondre à la première question : est-ce que tous les personnages de
la pièce, ceux autour de qui tourne l’action, figurent dans l’acte premier ? Oui,
nous avons la gouvernante qui va disparaître après cette scène, Don Carlos,
Hernani et dona sol Puis Don Gomez. Ce sont les principaux personnages et les
héros. Donc, Hugo reste fidèle aux règles classiques.

La seconde question concerne l’ordre d’apparition qui est l’ordre suivant lequel
sont apparus les personnages sur scène.

Nous avons : la gouvernante, le roi, Dona sol, Hernani et don Gomez. La


question qui s’impose à ce stade : est-ce que Victor Hugo dépasse les règles
classiques concernant cet élément ?

La règle dans le théâtre classique postule que ce sont le roi et la reine qui
doivent entrer les premiers puis après ce sont les héros et puis les autres
personnages principaux. Donc, c’est le rang social qui définit qui entre le
premier.

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En voyant la gouvernante sur scène la première, on est tenté d’avancer que
l’auteur dépasse les règles classiques. Toutefois son rôle devant le roi justifie sa
présence. Le roi sera donc le second sur scène et il va occuper toute la première
scène. Entrera par la suite Dona sol et Hernani, à la fin c’est Don Gomez.

La gouvernante est présente sur scène pour donner les répliques au Roi. Donc,
c’est son utilité qui justifie sa présence. Le roi se présente le premier, viendra
dona sol l’héroïne de la pièce et Hernani. Don Gomez figure le dernier puisqu’il
est un vieillard. Toutefois, il reste un personnage principal. Cet ordre est fidèle
aux lois classiques. Et à travers cet ordre, nous pouvons déduire la place de
chacun dans la pièce théâtrale. Le roi reste un personnage principal et tient sa
place alors que les héros apparaissent en second plan, Don Gomez est le dernier.
Cet ordre s’il applique les lois classiques, nous allons voir qu’il révèle un
renouveau s’agissant des caractéristiques des personnages.

Nous allons les découvrir chacun à son tour à travers les répliques ou les
didascalies.

Nous choisissons d’étudier les caractéristiques du Roi d’abord puisqu’il est le


premier à entrer sur scène.

Voyons l’aspect vestimentaire : nous lisons « Il laisse voir un riche costume de


velours et de soie à la mode castillane de 1519. (Vous allez trouver ces
précisions dans la première page, au premier acte dans la didascalie qui signale
l’entrée de Don Carlos par l’accord de la gouvernante qui croit qu’il s’agit
d’Hernani).

Toujours avec l’aspect vestimentaire du Roi, vous allez vous diriger au vers
195 : quand Don Carlos répond à Hernani en Disant : « Et puis je chiffonnais
ma veste à la française), dans l’acte 1 scène 2.

Dans la scène 3 quand Don Gomez entre par surprise et trouve deux hommes
chez sa nièce, nous lisons dans le vers 221 : « Mes jeunes cavaliers, que faites-
vous céans ? ». Un autre vers corrobore cette qualité de jeunesse prisée chez les
héros classiques : « le vers 313 : Don Gomez dit au Roi : « Que je vous
plains ! si jeune, en un tel deuil plongé »

Toujours dans la scène 3, l’auteur nous fait découvrir l’arbre généalogique du


Roi et prouve ainsi sa noblesse, quand il se découvre devant Don Gomez et lui
dit qu’il s’agit de la mort de L’empereur Maximilien : Le vers 282 : « Mon
aïeul l’empereur est mort », puis dans le vers 304, Don Gomez témoigne et
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appuie cette descendance en disant : Votre père fut archiduc d’Autriche. Le vers
307 le Roi avance : Et puis, on est bourgeois de Gand ».

Les titres de noblesse se suivent et attestent des origines du Roi de son sang
noble et de la société à laquelle il appartient.

D’autres qualités s’ajoutent à celles que nous venons d’avancer : l’ambition : qui va se lire
dans beaucoup d’autres vers mais nous avons choisi le plus explicite, c’est les vers 301,
302, 303 :

Don Gomez parle à Don Carlos : « Notre Roi, dont Dieu garde les jours, n’a-t’il
pensé jamais à l’empire ?

Don Carlos lui répond : Toujours

Don Gomez : c’est à vous qu’il revient.

Don Carlos : Je le sais.

Don Carlos fait preuve d’une autre qualité celle du courage. C’est dans le vers
198 lorsqu’il croise son épée avec celle d’Hernani. Enfin nous pouvons certifier
aussi la noblesse de comportement qui lui dicte la protection de la fuite
d’Hernani quand il certifie à Don Gomez qu’il est l’un de ses hommes. Ce sont
les deux vers 379-380.
Toutes les qualités que nous avons trouvées dans le premier acte justifient que
le Roi répond parfaitement au modèle du héros classique. Toutefois nous allons
voir comment Vicor Hugo va-t-il imposer sa vision de renouveau des règles
classiques et bien sûr cette vision va s’appliquer aux personnages.

Entamons le second personnage qui entre sur scène et c’est dona sol. Et nous
allons nous poser la question qu’on répète toujours : quelles sont les
caractéristiques de cette héroïne ? Nous allons les lire d’abord dans le vers 7,
quand le roi s’adresse à Dona Josefa en lui disant : La belle adore un cavalier
sans barbe et sans moustache encore.

La beauté est une caractéristique indispensable chez l’héroïne et dona sol,


comme son nom l’indique déjà est d’une grande beauté, chose qui la place au

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centre d’un conflit depuis le début jusqu’à la fin de l’histoire. Trois hommes, et
des plus nobles se lancent dans une course pour obtenir ses faveurs. Le duc don
Gomez, le roi don Carlos et Hernani qui est aussi un noble.

Le vers 82 va nous révéler aussi une caractéristique physique chez dona sol
qui corrobore sa beauté. Hernani s’adresse à dona sol dans l’acte 1 scène 2 la
page 27, en disant : Pour achever sa route et finir sa journée, a besoin d’une
femme, et va, spectre glacé, prendre une jeune fille ! O vieillard insensé !

La jeunesse est une qualité qui complète la beauté, et il n’y a pas de beauté
sans jeunesse et tout personnage vieux est considéré comme laid. Donc, Dona
sol répond aux critères des héroïnes classiques. Nous retrouvons dans le vers
181 l’une des caractéristiques de la beauté en Espagne. Don Carlos s’adresse à
Hernani en disant : Chacun son tour Messire/ Parlons franc. Vous aimez
madame et ses yeux noirs/ vous y venez mirer les vôtres tous les soirs. Les
yeux noirs qualité que nous allons trouver plus loin, sont ici un atout
incomparable.

Si l’héroïne possède des caractéristiques physiques qui satisfont aux règles


classiques, elle ne manque pas aussi de qualités morales et éthiques.

: Dona sol, mon


amie, dites-moi, quand la nuit vous êtes endormie, Calme, innocente et pure, et
qu’un sommeil joyeux / entr’ouvre votre bouche et du doigt clôt vos yeux/ un
ange vous dit-il combien vous êtes douce/ au malheureux que tout abandonne
et repousse ?

Dona sol va faire preuve de ces qualités tout au long de la pièce, mais aussi de
courage quand elle décide de suivre Hernani en lui donnant rendez-vous le
lendemain. Le courage sera une qualité qui ne quittera jamais Dona sol et cela
se verra à plusieurs occasions, notamment quand elle se défend contre Don
Carlos qui voulait l’enlever au début du second acte. Aussi, son courage se

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verra quand elle cache le poignard, le jour de ses noces avec Don Gomez, à la
fin c’est ce même courage qui la pousse à avaler le poison quand Don Gomez
appelle par le cor Hernani pour que ce dernier tienne sa promesse : celle de
donner sa vie à Don gomez.

Dona Sol répond donc aux critères de l’héroïne classique, malgré le fait qu’elle
aime un bandit, qui a des origines nobles, c’est un élément qu’il ne faut pas
oublier ( nous sommes ici face aux deux facettes opposées du héros
romantique, chose que nous allons aborder plus tard.)

Nous en venons à Hernani qui est le troisième à entrer sur scène, ce sera l’acte
1 scène 2. Comme nous le savons déjà, Hernani est le modèle par excellence
du héros romantique, personnage banni par la société et bandit, c’est un hors la
loi. Il dépasse les règles classiques, celle d’être un héros reconnu par la société,
un héros noble. Le choix de Victor Hugo pour ce genre de héros c’est d’aller
au-delà des modèles classiques en créant un autre modèle spécifique au drame
romantique : la spécificité est de réunir des qualités et des défauts sachant que
tout être humain présente en réalité ces deux visages.

Nous allons voir quelles sont les caractéristiques d’Hernani. Dans la première
page, acte 1 scène 1, Don Carlos décrit Hernani dans les vers 8, 9, 10: La belle
adore un cavalier sans barbe et sans moustache encore,/ Et reçoit tous les soirs,
malgré les envieux/ Le jeune amant sans barbe.

La jeunesse reste un atout incontournable et Hernani répond à ce critère omme


il répond au critère du courage lorsqu’il croise l’épée avec Don Carlos.
Il a aussi des origines Nobles : peut-être aurai-je aussi quelque blason illustre/
qu’une rouille de sang à cette heure délustre/ Peut-être ai-je des droits, dans
l’ombre ensevelis/ P : 28 les vers 115, 116, 117. Hugo nous présente l’autre
caractéristique du héros romantique, celle d’être un pauvre, un homme qui a
vécu en marge de la société, un bandit. Nous voyons cet aspect du vers130,
jusqu’au vers 136 Hernani dévoile comment est-il venu à être un banni de la
société: Car, vous ne savez pas, moi je suis un bandit ! / quand tout me
poursuivait dans toutes les Espagnes, seule, dans ses forêts, dans ses hautes

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montagnes,/ dans ses rocs où l’on n’est que de l’aigle aperçu/ la vieille
Catalogne en mère m’a reçu/ parmi ses montagnards, libres, pauvres et graves/
je grandis,
Le vers 170 corrobore son appartenance et son éducation quand il avoue à dona
sol, en disant : Vous vouliez d’un brigand, voulez-vous d’un banni.
Ces vers dévoilent l’aspect marginal, dangereux et sombre d’Hernani et ces
côtés opposés vont alterner tout au long de la pièce théâtrale.
Passons donc au 4 ème personnage et c’est Don Ruy gomez. Et la première des
qualités à se présenter dans le pièce c’est sa noblesse, mais aussi sa vieillesse :
Les vers 5, 6 7, nous révèlent ces aspects : Suis-je chez Dona Sol, fiancée au
vieux Duc, De pastrana, son oncle, un bon seigneur, caduc/ Vénérable et
jaloux.
Plusieurs vers attestent de cette appartenance noble : les vers 105, 106, 107 ;
Hernani essaie de convaincre Dona sol de se marier avec son oncle en vantant
ses qualités :

Ecoutez, l’homme auquel, jeune on vous destina, Ruy de Silva, votre oncle, est
duc de pastrana/ richomme d’Aragon, comte et grand de Castille.

Les vers 147, 148 vont dans le même sens : Hernani vante ces mêmes qualités,
en disant : Le duc est riche, grand, prospère, le duc n’a pas de tache au vieux
nom de son père.

Le courage et la valeur militaire ne lui manquent pas quand il se présente dans


le vers 245 en disant : On va rire de moi Soldat de Zamora ? puis dans les vers
276, 277 : il appelle : Ecuyers/ écuyers à mon aide/ ma hache, mon poignard,
ma dague de Tolède/
C’est l’arsenal d’un grand guerrier, et d’un homme qui a l’habitude de
combattre.
Ces éléments montrent à quel point Don Gomez répond aux critères des
personnages classiques mais pas au Héros dans la mesure où la jeunesse lui
manque et c’est un défaut qu’il ne cesse d’évoquer : le vers 274 l’exprime : ,
Que jamais débauchés , dans leurs jeux insolents, n’ont sur plus noble front

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souillé cheveux plus blancs. La vieillesse sera toujours un handicap pour Don
gomez devant l’amour de Dona sol mais aussi pour les autres personnages.
C’est pour cette raison que Don Gomez sera un personnage principal malgré
tous les atouts qu’il présente : noblesse, courage et valeur militaire sa vieillesse
va l’empêcher d’être heureux et d’obtenir l’amour de Dona Sol.
Après l’étude de l’ordre d’apparition des personnages et leurs caractéristiques
physiques et éthiques et qui sont représentés dans le théâtre classique par : la
jeunesse, la beauté, la noblesse et la valeur militaire (cad les situations où le
héros a fait preuve de courage en combattant), nous pouvons conclure que
Victor Hugo a été relativement fidèle aux règles du théâtre classique sauf en ce
qui concerne le modèle d’Hernani et l’aspect opposé qu’il octroie à don Carlos
et à Hernani, et c’est ce que nous allons découvrir.
En premier, Hernani comme nous l’avons déjà évoqué, est le héros romantique
par excellence car il vit en marge de la société : ses origines nobles, son nom
taché par une histoire de vengeance représente le côté sombre et secret
d’Hernani. Cet aspect se conjugue à ses qualités : positives : fidélité, honneur,
courage et autres. Donc, Hernani répond aux règles du Drame d’abord parce
qu’il réunit des qualités et des défauts, donc, il s’approche de l’homme
ordinaire, il n’est pas totalement un héros tragique car malgré sa noblesse, il est
un bandit. De même, il ne ressemble pas tout à fait au héros comique sachant
qu’il n’a pas que des défauts c’est un héros plein de courage, il est jeune, noble
en plus des autres qualités. Donc, Hernani, réunit des caractéristiques de la
tragédie et d’autres de la comédie. De plus, Victor Hugo lui donne un passé
historique en faisant référence à Charles Quint, à Charlemagne, aux élections.
Ces épisodes lui donnent une base et un appui dans l’histoire et c’est une règle
du drame romantique.
Pour rester fidèle aux règles du drame romantique, en plus de ce que nous
avons avancé : présenter un héros qui possède un arrière-plan historique, se
rapprocher du quotidien en unissant les aspects comiques et les aspects

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tragiques, Hugo va dépasser les règles du théâtre classiques en présentant un
Hernani qui est un bandit, mais qui agit en Roi, qui a des qualité et des
comportements de Roi : dans la mesure où , dans le second acte intitulé Le
Bandit, il vient au secours de Dona Sol et affronte le roi, par l’épée, puis il le
laisse s’en aller. Cet acte qui S’ouvre sur Le personnage du Roi alors que son
titre est le bandit souligne à quel point Hugo veut nous montrer un Roi Bandit.
De même, L’acte Premier intitulé le roi et qui s’ouvre sur le personnage du
Roi, comme d’habitude, montre un roi bandit qui entre chez une dame sans être
invité et détrompe ainsi toutes les convenances.
Ces contradictions répondent parfaitement aux règles du drame romantique : la
noblesse du roi, sa jeunesse, son courage sont opposés à des comportements de
bandit : entrer la nuit chez une dame, violenter la vieille gouvernante, la
corrompre avec une bourse d’argent, se cacher dans une chambre privée,
écouter en secret une conversation qui ne le regarde pas, vouloir partager de
force les faveurs d’une jeune femme.
Hernani qui est bandit montre des comportements de roi : il protège dona sol
de l’intrus, un inconnu pour les deux, il refuse de tacher son nom en refusant
de l’emmener avec lui malgré son amour pour elle. Il croise l’épée avec don
Carlos.

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