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Fusion de la fonte au cubilot

Principes
par Louis CHAZÉ
Technicien de l’École supérieure de fonderie
Ancien chef du département Transferts et développement technique
du Centre technique des industries de la fonderie (CTIF)
et René SANZ
Ingénieur de l’École nationale supérieure des arts et métiers
et de l’École supérieure d’électricité

1. Fonctionnement ....................................................................................... M 765 - 2


1.1 Présentation du cubilot ............................................................................... — 2
1.2 Combustion du coke.................................................................................... — 2
1.3 Fusion des charges métalliques ................................................................. — 2
1.4 Équilibre de la fusion................................................................................... — 3
1.5 Le laitier ........................................................................................................ — 3
1.6 Métallurgie au cubilot ................................................................................. — 3
2. Aspect thermique .................................................................................... — 3
2.1 Combustion du coke.................................................................................... — 3
2.1.1 Réactions ............................................................................................. — 3
2.1.2 Zones gazeuses dans le cubilot......................................................... — 4
2.1.3 Calcul des débits................................................................................. — 4
2.1.4 Température dans le cubilot .............................................................. — 5
2.2 Fusion des charges...................................................................................... — 5
2.3 Réglage de la fusion .................................................................................... — 7
2.4 Bilan thermique ........................................................................................... — 8
2.4.1 Flux thermiques et rendements ........................................................ — 8
2.4.2 Amélioration du rendement thermique............................................ — 9
3. Métallurgie au cubilot ............................................................................ — 10
3.1 Conditions favorisant la métallurgie au cubilot ........................................ — 10
3.1.1 Facteurs d’influence ........................................................................... — 10
3.1.2 Atmosphère gazeuse dans le cubilot ................................................ — 10
3.1.3 Température d’inversion .................................................................... — 10
3.1.4 Principales réactions dans le cubilot................................................. — 10
3.1.5 Conclusion........................................................................................... — 11
3.2 Évolution de la composition de la fonte entre gueulard et chenal.......... — 11
3.2.1 Carburation ......................................................................................... — 11
3.2.2 Sulfuration........................................................................................... — 13
3.2.3 Pertes par oxydation en fer, silicium, manganèse ........................... — 13
3.3 Gaz dans la fonte ......................................................................................... — 14
3.3.1 Hydrogène........................................................................................... — 14
3.3.2 Azote .................................................................................................... — 15
3.4 Laitier ............................................................................................................ — 15
3.4.1 Éléments constituants le laitier ......................................................... — 15
9 - 1997

3.4.2 Composition des laitiers .................................................................... — 15


3.4.3 Quantité de laitier formé .................................................................... — 15
3.4.4 Rôle métallurgique du laitier ............................................................. — 15
3.4.5 Conclusion........................................................................................... — 17
Références bibliographiques ......................................................................... — 17
M 765

Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. M 768

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FUSION DE LA FONTE AU CUBILOT _________________________________________________________________________________________________________

ongtemps seul appareil de seconde fusion de la fonte, le cubilot a été l’objet


L de nombreux aménagements, surtout après la deuxième guerre mondiale,
sous la pression notamment de la concurrence du four électrique et de la récente
crise de l’énergie. Il est devenu ainsi un appareil très performant dans la fonderie
moderne où il occupe toujours la première place en production de fonte. On
estime que dans les pays les plus industrialisés, la production de fonte au cubilot
représente plus de 60 % des tonnages coulés en fonderie, toutes nuances de
fontes confondues.

1. Fonctionnement 1.2 Combustion du coke


Le carbone du coke brûle au contact de l’oxygène de l’air, introduit
1.1 Présentation du cubilot par les tuyères, en produisant de l’énergie thermique qui élève la
température des gaz formés par la combustion et du ballast d’azote
Le cubilot est un appareil simple [1] constitué principalement qui transite dans le cubilot.
d’une virole cylindrique garnie de réfractaire (figure 1). On distingue Il résulte de cette combustion :
les principales parties constitutives suivantes : — d’une part, une répartition des températures des gaz dans la
— le creuset, garni de réfractaire, muni des sorties de fonte et de colonne du cubilot qui a l’allure de la courbe de la figure 2 ;
laitier ; — d’autre part, une composition des gaz variable des tuyères au
— les tuyères raccordées au circuit d’air ; gueulard, comme indiqué également par la figure 2.
— le fût, ou colonne, garni de réfractaire ;
Sous l’effet de la disparition des morceaux de coke solides qui
— le gueulard ;
se consument, les charges de coke et de métal à fondre descendent
— la cheminée.
dans la colonne du cubilot en s’échauffant au contact des gaz chauds
On introduit : qui montent vers la cheminée. On se trouve dans le cas, le plus
— par le gueulard sous forme de charges alternées : les matières efficace, d’un échangeur thermique direct entre les sources chaude
métalliques à fondre, le coke, le fondant ; et froide et à contre-courant.
— par les tuyères : l’air, éventuellement l’oxygène.
On en retire ou il en sort :
— par les orifices prévus dans le creuset : la fonte, le laitier ; 1.3 Fusion des charges métalliques
— par la cheminée : les fumées.
On définit, d’une part les facteurs de marche (masse et qualité des Les charges métalliques s’échauffent donc en descendant. Leur
charges métalliques, de coke et de fondant, débits d’air et d’oxy- température évolue selon une courbe, décalée vers le bas par rapport
gène), d’autre part les résultats de marche ou critères de marche à celle donnant la température des gaz, représentée sur la figure 2.
(production, température, composition et propreté de la fonte, Elles atteignent leur température de fusion à un niveau qui se situe
quantité et composition du laitier et des fumées). à l’intersection de cette courbe et de la droite ayant pour ordonnée
cette température de fusion.

Figure 1 – Schéma d’un cubilot

Figure 2 – Température et composition des gaz dans le cubilot

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Les morceaux métalliques continuent à descendre pendant leur


fusion, sans évolution de leur température. Les gouttes de fonte qui Historique
se détachent de l’extérieur de ces morceaux en fusion, tombent par
gravité, ruissellent entre les morceaux de coke et viennent se L’appareil décrit dès 1722 par Réaumur peut être considéré
rassembler dans le creuset. comme l’ancêtre du cubilot actuel. C’est l’anglais Wilkinson qui
Durant ce parcours, au contact des gaz très chauds qu’elles ren- en 1770 réalisa le premier cubilot industriel en utilisant comme
contrent, ces gouttes de fonte sont surchauffées, d’autant plus que combustible le coke mis au point dès 1735 pour le haut-fourneau.
la hauteur à parcourir sera grande et que les températures des gaz Pendant plus d’un siècle, ce type d’appareil fut employé sans
de combustion seront élevées. grandes modifications, et ce n’est qu’en 1854 que Guettier,
professeur à l’École des arts et métiers d’Angers, apporta des
Le creuset est une zone de refroidissement pour la fonte, d’où améliorations qui se concrétisèrent, en particulier, par une réduc-
elle est soutirée périodiquement ou en continu. tion sensible de la consommation de coke.

On évacue périodiquement ou en continu le laitier qui se forme.


1.4 Équilibre de la fusion

Le niveau à partir duquel il n’y a plus d’éléments métalliques


1.6 Métallurgie au cubilot
solides est appelé niveau de la paillasse de fusion. Ce niveau
(figure 3) varie d’une manière cyclique entre H et B. Il baisse pendant En passant dans le cubilot il y a :
la fusion d’une charge métallique, il est remonté par l’arrivée de la — enrichissement en carbone qui peut atteindre plus de 2 % ;
charge de coke qui suit. — enrichissement en soufre qui est de 0,04 % en masse environ ;
— des pertes massiques au feu pour les éléments : fer (0,1 à 0,3 %),
La description de ce processus montre que, pour que la fusion
silicium (10 à 15 %), manganèse (15 à 20 %), chrome (20 à 30 %) ;
atteigne et conserve un régime stable, il faut qu’un équilibre soit
— des pertes par oxydation très importantes pour certains
réalisé entre le temps de combustion de la charge de coke et le temps
éléments : titane, vanadium, aluminium.
de fusion de la charge métallique.
Les teneurs en phosphore, cuivre et nickel ne sont pas modi-
L’équilibre de la fusion se manifeste par la régularité de la tempé-
fiées.
rature de la fonte au chenal du cubilot.

1.5 Le laitier 2. Aspect thermique


Avec les charges, on introduit dans le cubilot des impuretés infu-
sibles composées essentiellement de silice : cendres du coke, pelli- 2.1 Combustion du coke
cule de sable recouvrant les jets et retours, usure du garnissage
réfractaire... Sans mesures spéciales ces impuretés ne pourraient Se reporter aux références [4] [5] [6].
être évacuées et conduiraient à des couronnements pouvant aller
jusqu’à l’obstruction du cubilot.
L’addition d’un fondant dans les charges généralement de la 2.1.1 Réactions
castine permet la formation, avec la silice, d’un silicate fusible
facile à évacuer. L’énergie thermique est libérée au cubilot par la combustion du
Les gouttes de laitier se forment dans la zone de fusion, puis carbone et du coke, nécessairement incomplète du fait de la présence
ruissellent, avec les gouttes de fonte, sur les morceaux de coke de simultanée de carbone, de dioxyde de carbone et de monooxyde
la paillasse, pour venir se rassembler dans le creuset où le laitier, de carbone. En effet l’oxydation exothermique du carbone en CO 2
plus léger que la fonte (2,8 kg/dm3 contre 6,9 pour la fonte), forme est suivie d’une réduction partielle du CO 2 en CO par le carbone
une couche qui surnage sur la fonte. présent, dont l’importance dépend du niveau des températures,
selon les réactions classiques :
C + O2 → CO2 – 408,55 kJ/mole de C (1)

CO 2 + C %2CO + 162,42 kJ ⁄ mole de C (2)

L’état d’équilibre entre ces trois éléments (équilibre de Boudouard)


est fonction de la température selon la courbe de la figure 4.
Nota : selon les conventions habituelles en thermochimie, l’enthalpie des réactions
exothermiques est affectée du signe –, et celles des réactions endothermiques du signe +.
La réduction de CO 2 est d’autant plus active que la température
est élevée. Les températures développées dans le cubilot (figure 2)
montrent que cette réduction, très vive au niveau des tuyères, dimi-
nue en s’élevant dans la colonne du cubilot.
Au cubilot cet équilibre n’a pas le temps de s’établir et le CO formé
dans les zones à température élevée subsiste au gueulard en propor-
tion plus élevée que ne l’indique l’équilibre de Boudouard compte
tenu de la température des gaz au gueulard. On observe le plus
souvent une composition des gaz au gueulard de 8 à 18 % en CO
et de 16 à 10 % en CO 2 . Cependant, si l’on ne peut procéder à des
calculs à partir de l’équilibre de Boudouard, on peut dire que toutes
les mesures qui tendront à augmenter les températures dans la zone
Figure 3 – Variation du niveau de la paillasse entre H et B
de combustion du cubilot auront pour conséquence un accroisse-
ment de la teneur en CO.

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La réduction de CO2 , qui prévaut au cubilot est endothermique, ■ Au nez des tuyères une zone I dans laquelle, au fur et à mesure que
on a donc intérêt, sur le plan thermique, à tenir au plus bas la teneur les filets d’air pénètrent dans le cubilot, la teneur en oxygène de
en CO des fumées mais sa présence est cependant métallurgique- 20,8 % en volume à la sortie des tuyères (pour l’air atmosphérique),
ment nécessaire car elle diminue les effets oxydants et décarburants diminue rapidement, par suite de la réaction d’oxydation du carbone.
de l’atmosphère du cubilot. Corrélativement, la teneur en CO 2 augmente. Par suite de la
Un compromis est donc à trouver entre l’économie de coke d’une température élevée produite par la combustion, dès que du CO 2 est
part et le niveau de carburation et de pertes en silicium et manganèse formé il est réduit en partie par le carbone pour donner du CO (équi-
d’autre part. libre de Boudouard).
De l’entrée à la sortie de cette zone (figure 5) les teneurs varient
pour l’oxygène de 20,8 à 0 %, pour CO2 de 0 à 16 ou 18 % environ,
2.1.2 Zones gazeuses dans le cubilot pour CO de 0 à 8 ou 5 % environ ; ces teneurs étant liées par la relation
CO2 + O2 + 0,6 CO = 20,8 % (en tenant compte du CO2 apporté par
L’évolution de la composition des gaz entre les tuyères et le la castine) pour l’air atmosphérique à 20,8 % d’oxygène. La tempé-
gueulard (figure 2) montre donc une décroissance rapide de l’oxy- rature maximale de 1 500 à 1 700 oC environ, se situe à l’endroit où
gène, une formation de dioxyde de carbone dont la teneur passe la teneur en CO2 est maximale, soit vers la fin de cette zone I.
par un maximum qui se situe dans la zone des températures maxi-
males, puis diminue sous l’effet de la réaction de réduction de ■ Une zone II dans laquelle il ne se produit plus de CO2 , tout l’oxy-
Boudouard, enfin une augmentation progressive du monooxyde de gène ayant été consommé, mais du CO par la réaction de Boudouard
carbone au détriment du dioxyde de carbone. qui se poursuit, de moins en moins activement, du fait de la diminu-
tion de la température quand on s’élève dans la colonne du cubilot.
La composition des gaz entre la sortie des tuyères et la cheminée
n’évolue pas selon des plans horizontaux comme on le schématise De l’entrée à la fin de cette zone, qui va jusqu’à la surface isotherme
parfois. Cette évolution se fait dans l’espace du cubilot le long de de 1 000 oC environ, la teneur en CO2 diminue de 16-18 % à 10-16 %
la trajectoire des filets gazeux et selon des volumes que l’on peut environ, au bénéfice de la proportion de CO qui augmente de 8-5 %
imaginer (figure 5) [3]. On peut distinguer trois zones (figure 5). à 18-8 % environ selon les conditions de marche. Ces teneurs sont
toujours liées par la relation (teneur en O2 = 0) :
CO2 + 0,6 CO = 20,8 %

■ Une zone III située entre l’isotherme 1 000 oC et le gueulard où la


composition de la phase gazeuse varie peu, comprenant, générale-
ment, 10-16 % de CO2 et 18-8 % de CO. La température des gaz va de
1 000 à 300-600 oC selon l’importance du volume de préchauffage.
L’importance du volume de ces zones est influencée par de
nombreux facteurs, notamment : le nombre de tuyères, la vitesse
de l’air à la sortie des tuyères, la température du vent, la suroxygéna-
tion de l’air.

2.1.3 Calcul des débits

N’ayant la possibilité, ni de calculer, ni de mesurer d’une manière


fiable, donc de connaître, ce qui se passe à l’intérieur du cubilot,
l’étude de la combustion du coke ne peut se faire qu’à partir des
mesures à l’entrée et à la sortie.
Figure 4 – Équilibre de Boudouard
■ À l’entrée
● Le coke qui contient du carbone, du soufre, des cendres et de
l’eau. Le carbone est l’élément actif, sa teneur se situe de 90 à 92 %
pour les cokes de bonne qualité. Le soufre est un mal inévitable
provenant essentiellement des fines à coke ; il se situe entre 0,7 à 1 %.
La teneur en cendres est inférieure à 10 % pour un bon coke. Enfin
l’eau qui est garantie généralement au-dessous de 1 % à la sortie de
la cokerie évolue à l’emploi de 1 à 10 % selon les conditions de stoc-
kage et les conditions atmosphériques.
● La castine qui est du carbonate de calcium (CaCO3) avec
quelques impuretés, souvent en proportion inférieure à 1 % pour les
carrières françaises.
● L’air, composé, pour ce qui nous intéresse ici, d’oxygène, d’azote
et de vapeur d’eau. La proportion d’oxygène, de 20,8 % pour l’air
atmosphérique, peut être augmentée par addition d’oxygène pur, ce
qui diminue d’autant la proportion d’azote. La quantité de vapeur
d’eau dépend du degré hygrométrique qui pour nos régions se situe
souvent autour de 60 %, ce qui correspond pour une température
d’air de 15 oC à 8 g d’eau environ par m3 d’air.
● Les charges métalliques, pour mémoire ici car elles n’entrent pas
Figure 5 – Atmosphère gazeuse dans le cubilot : dans notre étude de la combustion du coke.
exemples de compositions de fumées

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■ À la sortie
● Les fumées qui contiennent du dioxyde de carbone (CO2) et du
Tableau 1 – Volumes de gaz mis en jeu
monoxyde de carbone (CO) provenant de la combustion du carbone, pour la combustion d’1 kg de carbone
de l’hydrogène provenant en partie du coke et en partie de la réduc- (carburation déduite)
tion de la vapeur d’eau contenue dans l’air soufflé, de la vapeur d’eau
résultant de la vaporisation de l’humidité du coke, enfin l’azote de Volume (m3) (1)
l’air qui transite dans le cubilot. d’après la formule (4) d’après la formule (5)
● Le laitier composé essentiellement de chaux, silice, alumine,
oxydes de fer et manganèse, soufre.
● La fonte, pour mémoire dans cette étude de la combustion du
O2

A
1,867 1 – ---- ( 1 – n )
2  0,933 (1 + n)

coke.
En tenant compte du CO2 dégagé par la décomposition de la
castine et de l’utilisation d’un air à teneur en oxygène quelconque,
Air 1,867
x  A
2 
--------------- 1 – ---- ( 1 – n ) 4,487(1 + n)

l’équation de combustion non équilibrée peut s’écrire :


CO2 1,867nA 1,867n

  → CO
1–x CO 1,867(1 – n)A 1,867(1 – n)
C+ CaCO 3 + O 2 + ------------- N 2 2 + CO + N 2 + CaO (3)
x










coke castine air fumées laitier


N2
A
2
1–x
x
1,867 1 – ---- ( 1 – n ) ------------ 3,553(1 + n)

avec x teneur en oxygène de l’air. (1) Volumes mesurés dans les conditions normales de température et de
pression
En désignant par :
• k le rapport CaCO 3 /C brûlé (carbone de recarburation déduit) ;
• A = 1 + 0,2 k ; On peut calculer à partir des enthalpies de formation des gaz (table
• a teneur en CO 2 des fumées ; de Rimbault) la température théorique qu’atteindraient les gaz de
• b teneur en CO des fumées ; combustion. La figure 6 donne cette température en fonction de
• e teneur en hydrogène des fumées ; l’indice de combustion n, dans différents cas : air atmosphérique,
• d teneur en N 2 des fumées ; vent froid suroxygéné à 25 et 30 %, vent chaud atmosphérique
• n indice de combustion n = a /(a + b). chauffé à 500 oC et 1 000 oC.
L’indice (ou rapport) de combustion n caractérise le régime de La température réelle dans le cubilot, fonction des transferts ther-
marche de cubilot. Il situe l’allure entre oxydante (combustion stœ- miques est difficile à calculer.
chiométrique du coke en CO2 , b = 0) et réductrice (formation de CO,
a = 0).
En équilibrant l’équation précédente (3) on arrive à la relation 2.2 Fusion des charges
générale de combustion suivante (2) :

A
C + ( A – 1 )CaCO 3 + 1 – ------ ( 1 – n )
2 O 2
1–x
+ -------------N 2
x
 La colonne du cubilot est un échangeur thermique direct entre les
gaz chauds ascendants et les matières descendantes. Cet échange
(4) sera d’autant plus efficace que la température des gaz sera élevée,
A

→ nACO 2 + ( 1 – n )ACO + 1 – ------ ( 1 – n )
2   ------------
1–x
x
-  N 2 + ( A – 1 )CaO
que la surface d’échange sera grande et que la durée de contact sera
longue.
La colonne du cubilot peut être divisée en plusieurs zones
Avec l’air atmosphérique à 20,8 % d’oxygène et en négligeant le
(figure 7).
dégagement de CO2 de la castine cette équation se simplifie comme
suit : ■ Zone A
1+n 1+n C’est une zone de préchauffage qui ne contient que les éléments
C + -------------- ( O 2 + 3,8 N 2 ) → nCO 2 + ( 1 – n )CO + 3,8 -------------- N 2 (5) à l’état solide. Le facteur durée de contact est essentiel. Cette durée
2 2
sera d’autant plus importante, donc la récupération de la chaleur des
Ces équations permettent de calculer les volumes ou masses des fumées plus poussée que le volume de la colonne du cubilot entre
éléments en jeu et l’énergie thermique dégagée par la réaction à la paillasse et le gueulard sera importante. L’étude [7] donne la rela-
partir des entrées et des sorties connues du système (tableau 1). tion statistique entre la température des fumées, l’indice de capacité
Les équations (4) et (5) permettent d’établir la relation entre les de préchauffage et le taux de coke.
teneurs en CO2 (a) et en CO (b) des fumées.
■ Zone B
Avec l’équation simplifiée (5) on obtient :
C’est une zone de fusion où l’on trouve un mélange de solide et
a + 0,6b = 0,208 de liquide.
Avec de l’air à teneur en oxygène x, cette relation devient : ■ Zone C
1+x C’est une zone de surchauffage où ne subsiste plus que le métal
a + -------------- b = x liquide.
2
Pour la zone B, mais surtout pour la zone C, ce sont les facteurs
température et surface de contact qui deviennent prépondérants.
2.1.4 Température dans le cubilot Une tonne de fonte se présente en effet sous forme de un à deux
millions de gouttes développant une surface extérieure de l’ordre
de 150 m2. On trouve dans une zone où la température et la surface
Avec l’équation simplifiée (5) l’énergie thermique fournie par la
de contact sont les plus élevées ce qui entraîne une surchauffe impor-
combustion du coke s’exprime par la relation suivante :
tante des gouttes de fonte, malgré une durée de contact relativement
W = 246,13 + 162,42 n en MJ/kmole de C faible (durée de chute de ces gouttes entre le niveau de la paillasse
et celui des tuyères).
ou W = 20,51 + 13,55 n en MJ/kg de C
(0)
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Figure 6 – Température théorique


de combustion des gaz en fonction de l’indice
de combustion, de la température du vent
et de la teneur en oxygène de l’air

Figure 8 – Estimation du temps de passage dans les zones de transfert


thermique et températures atteintes

● Angus [9] : enthalpie de la fonte de 0 oC à la température θ (oC) :


Hθ = θ [A(θ ) + θ B(θ )]
avec A capacité thermique massique,
B coefficient qui varie avec la température et qui vaut 0
Figure 7 – Zones de transfert thermique
pour θ < 1 150 oC.
Pour θ > 1 150 oC : (0)
La figure 8 visualise le temps de passage dans les différentes
zones et les températures atteintes.
L’enthalpie de la fonte au chenal du cubilot ou quantité de cha- A (kJ · kg–1 · oC –1) B
leur nécessaire pour la porter à sa température de fusion, pour la — fonte hypoeutectique à bas phosphore : 0,204 0
fondre et la surchauffer, dépend de sa composition. Deux sources
très utilisées donnent cette enthalpie : — fonte eutectique à bas phosphore : 0,210 0
● AFS American foundry society [8], pour 1 kg de fonte : — fonte eutectique phosphoreuse : 0,200 0
— enthalpie d’échauffement jusqu’au solidus : 791 kJ · kg–1 ; — fonte hypoeutectique phosphoreuse : 0,200 0
— enthalpie de fusion : 272 kJ · kg–1 ;
— capacité thermique massique de la fonte liquide : — fonte hypereutectique à bas phosphore : 0,218 0
0,753 kJ · kg–1 · oC–1 ; — fonte hypereutectique phosphoreuse : 0,195 0
— température du solidus 1 188 oC
soit au total pour élever 1 kg de fonte de 0 oC à 1 500 oC :
1 298 kJ · kg–1.

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2.3 Réglage de la fusion

Le réglage optimal de la fusion correspond au choix des facteurs


de marche [les charges (métal, coke, fondant) en quantité et qualité,
les débits d’air et d’oxygène] pour obtenir les résultats souhaités
(production de fonte, température et composition de la fonte) au
meilleur coût, c’est-à-dire avec le lit de fusion composé avec les
matières les moins chères dans les conditions économiques du
moment et avec le taux de coke le plus bas.
On peut établir la formule générale suivante permettant de cal-
culer la production horaire P (kg · h–1) :
 Q v + Q O2  x
P = --------------------------------------------------------------
- (6)
0,933 ( 1 + n ) ( pC – ∂C )
avec Q v (m3 · h–1) débit de vent atmosphérique effectif (condi-
tions normales),
Q O2 ( m 3 ⋅ h –1 ) débit oxygène pur (conditions normales),
x proportion d’oxygène dans l’air soufflé :
0,208 Q v + Q O
x = -----------------------------------------2- ,
Qv + QO
2

n indice de combustion, Figure 9 – Diagramme réticulaire (d’après [10])


p (% / t de fonte) taux de coke sec par rapport
au métal,
C teneur en carbone du coke,
∂C taux de carbone qui sert à la recarburation
entre gueulard et chenal.

Exemple : avec Q v = 5 000 m3 · h–1, Q O2 = 200 m 3 ⋅ h –1 (à tem-


pérature ambiante), x = 0,238, n = 0,5, p = 0,12, C = 0,9, ∂C = 0,01,
on obtient : P = 9 023 kg · h–1.
Sans addition d’oxygène (x = 0,208) la formule (6) devient :
Qv
P = ---------------------------------------------------------------
- (7)
4,486 ( 1 + n ) ( pC – ∂C )
On peut déduire de ces formules, aussi bien en vent chaud qu’en
vent froid, la variation de P avec les principaux facteurs de conduite
du cubilot.
■ Débit de vent
Si le débit de vent augmente, les autres facteurs restant constants,
l’expérience montre que la proportion de CO 2 dans les fumées
augmente légèrement et l’indice de combustion n augmente relative-
ment peu. On voit donc (relation (6)) que la production de fonte croît
presque proportionnellement avec le débit de vent, ce qui est large- Figure 10 – Variation de l’indice de combustion
ment confirmé par l’expérience. en fonction du taux de carbone (d’après [11] et le CTIF)
La température de la fonte, comme le montrent les courbes
expérimentales du diagramme réticulaire de la figure 9, passe par
un maximum pour un débit d’air donné qui se situe autour de ■ Suroxygénation du vent
100 m3 · min–1 par m2 de surface de la zone de fusion.
Si la proportion d’oxygène x dans l’air augmente, tous les autres
■ Taux de coke facteurs étant inchangés, il ressort de la relation (6), une augmen-
Lorsque on augmente la charge de coke (autres facteurs de tation de la production de fonte. Par ailleurs il se forme davantage
conduite inchangés), on ralentit la fusion comme il ressort bien de de CO et la diminution de l’indice de combustion n qui en résulte,
la formule (6). Mais en même temps la proportion de CO augmente accroît l’effet de l’augmentation de x.
dans les fumées et corrélativement la proportion de CO2 diminue. La température de la fonte augmente avec la température
L’indice de combustion n diminue donc selon la courbe expérimen- théorique de combustion qui croît avec x (figure 6).
tale de la figure 10, ce qui atténue l’effet de l’augmentation du taux
de coke. ■ Calibre du coke
Les courbes d’égal débit de vent de la figure 9 mettent bien en Ce facteur caractérise la qualité du coke. Il intervient dans la
évidence ce ralentissement de la fusion et l’augmentation de la formule (6) par l’intermédiaire de l’indice n. Par exemple, avec un
température de la fonte qui résultent de l’augmentation du taux de coke en petits morceaux, la proportion de CO dans les gaz de
coke. combustion augmente, n diminue et P augmente.

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■ Vent chaud
Le vent chaud intervient dans la formule (6) par l’indice de
combustion n. En effet il augmente la température théorique de
combustion (figure 6), favorise la formation de CO, ce qui diminue
l’indice n (figure 10). La production et la température de la fonte
augmentent donc avec la température du vent. Les influences de ces
principaux facteurs de conduite sur les résultats de la fusion sont
regroupés sur le diagramme réticulaire (figure 9).
La marche optimale est celle qui donne la température de fonte
souhaitée pour le taux de coke le plus bas. Elle se situe donc sur
le maximum d’une courbe d’égal taux de coke, avec la production
de fonte qui en résulte.
Exemple : si l’on veut une température de 1 450 oC au chenal
(figure 9), en vent froid, il faudra adopter un taux de carbone par rapport
au métal enfourné (carburation déduite) de 11 % et la production
s’établira à 7,2 t · m–2 · h–1 pour un débit d’air de 102 m3 · min–2 · m–1.
■ Son établissement est difficile car il exige d’une part une marche Figure 11 – Flux thermique au cubilot à vent chaud à récupérateur
bien établie du cubilot, ce qui est incompatible avec l’expérimenta-
tion en station d’essais qui ne permet pas d’utiliser la grande quan-
tité de fonte produite, d’autre part des changements de facteurs de
• WEa énergie thermique utilisée pour la décomposition de la
conduite ce qui est incompatible avec une marche industrielle qui
vapeur d’eau contenue dans l’air soufflé,
ne permet d’avoir que quelques points.
• WP énergie thermique perdue par les parois ;
Par ailleurs, certaines conditions doivent rester constantes pour b ) WFu énergie thermique perdue par les fumées sous forme de
permettre son utilisation : qualité du coke, composants et massi- chaleur sensible (WFus) et de chaleur latente (WFul)
vité des charges métalliques... qui se décompose en :
■ La production de fonte ramenée au mètre carré de surface de • WR énergie thermique récupérée par l’air de combustion,
fusion rend ces diagrammes utilisables pour des cubilots de • Wp énergie thermique perdue par les parois de
diamètres différents, sous réserve qu’ils présentent une même récupérateur,
technologie de construction notamment une similitude dimension- • Wfu énergie thermique définitivement perdue à la cheminée
nelle. du récupérateur.
■ La marche optimale se situe pour un débit de vent de l’ordre de À partir de ces flux de chaleur, les rendements s’expriment par
100 m3 · m–2 · min–1 en vent froid quel que soit le taux de coke. les relations :
Le réglage pratique d’un cubilot se fait par approches successives, — rendement du four :
en raisonnant sur les modifications de résultats que laisse prévoir
le diagramme réticulaire, en vue d’obtenir la production, la composi- Wu chaleur utile
r f = --------------- = -------------------------------------------------------------------------------------------------------
tion et la température de fonte souhaitées. WFo chaleur abandonnée dans le cubilot
— rendement combustion :

2.4 Bilan thermique WFo chaleur abandonnée dans le cubilot


r c = --------------- = -------------------------------------------------------------------------------------------------------
Wo chaleur totale consommée
Se reporter à la référence [5]. — rendement global :
Wu chaleur utile
2.4.1 Flux thermiques et rendements r = ------------ = ----------------------------------------------------------------------------- = r f × r c
Wo chaleur totale consommée

2.4.1.1 Cubilot à vent chaud à récupérateur — rendement récupération :


Pour ce type de cubilot, l’air est chauffé dans un récupérateur qui WR chaleur récupérée par l′air
utilise la chaleur contenue dans les fumées. C’est le cas le plus r R = -------------- = ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Wfu chaleur introduite dans le récupérateur
général schématisé sur la figure 11.
■ À l’entrée : l’énergie thermique apportée qui se décompose en : 2.4.1.2 Cubilot à vent froid
a ) Wo chaleur latente des combustibles qui comprend : Le cas le plus simple de ce type de cubilot est représenté sur la
• Wo0 chaleur latente du coke consommé, figure 12 . Les expressions des rendements sont les mêmes à
• Wo1 chaleur latente des combustibles additionnels au l’exception de la récupération qui n’existe pas dans le cas du cubilot
gueulard (C2 Ca par exemple), à vent froid.
• Wo2 chaleur latente des combustibles consommés au
réchauffeur d’air, 2.4.1.3 Cubilot à vent chaud à réchauffeur indépendant
• Wor enthalpie par l’oxydation de Fe, Si et Mn ; Pour ce type de cubilot l’air est chauffé dans un réchauffeur indé-
b ) WR énergie thermique récupérée par l’air de combustion. pendant qui utilise son propre combustible. La représentation des
■ À la sortie : l’énergie thermique utilisée ou perdue comprend : flux thermiques est donnée sur la figure 13. Les expressions des
rendements deviennent :
a ) WFo énergie thermique abandonnée dans le cubilot se
décomposant en : — cubilot seul :
• Wu chaleur sensible de la fonte au chenal du cubilot, Wu WFo Wo
--------------- r c = ---------------------------- r = ----------------------------
• Wd chaleur perdue dans le cubilot comprenant, WFo Wo + Wa Wo + Wa
• WL enthalpie de formation du laitier,

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— réchauffeur seul : On peut exprimer le rendement de combustion en fonction des


facteurs : température des fumées (TFu), température du vent Ta ,
WR analyse des fumées (CFu), suroxygénation de l’air (Ca) [5]. La relation
rR = -----------
W2 trouvée se traduit par les courbes de la figure 14 qui permettent
d’apprécier de combien on améliore le rendement de combustion
— ensemble de l’installation :
quand on prend des mesures pour diminuer la température des
Wu fumées, pour diminuer la proportion de CO dans les fumées, pour
r = ---------------------------- suroxygéner le vent, pour augmenter sa température.
Wo + Wa

Bilans thermiques
2.4.2 Amélioration du rendement thermique
L’établissement d’un bilan thermique nécessite le contrôle de
Le rendement du four peut s’écrire : la fusion avec relevé des bilans matières, des analyses et des
mesures de température, durant une période de fonctionnement
Wo Wu stable du cubilot.
r f = -------------- = -----------------------------------------------------------------
WFo Wu + WL + WEa + WP Le document [5] donne le détail des contrôles et des calculs
Ce rendement est influencé par la conception du cubilot et peu effectués pour l’établissement de bilans thermiques de six
par sa conduite. Il se situe, en général, autour de 75 % et on ne peut cubilots. Nous reprenons simplement ici, à titre d’exemple, un
pas grand-chose pour l’améliorer dans une installation existante. des cas étudiés, pour situer l’importance des flux thermiques. Ce
cas concerne un cubilot à vent froid élaborant une fonte du type
Dans le cas du cubilot à vent chaud à récupérateur, le rendement fonte à cylindres Ft 25, dans les conditions suivantes : produc-
de combustion s’écrit : tion 8,4 t · h–1, température au chenal 1 560 oC, taux de coke
chargé 13 % carburation 0,8 %.
WFo WR WFo
r c = --------------- = 1 + ------------ + ------------- Le bilan thermique établi fait l’objet de la figure 15.
Wo Wo Wo
Énergie Énergie
thermique thermique
fournie utile ou perdue
(%) (%)
Coke ................................................. 98
Oxydation Fe, Si, Mn...................... 2
Enthalpie de la fonte...................... ................... 39
Chaleur sensible des fumées....... ................... 12
Chaleur latente des fumées ......... ................... 38
Laitier, parois .................................. ................... 11
Total.................................................. 100 100

Figure 12 – Flux thermiques dans le cubilot à vent froid

Figure 13 – Flux thermiques dans un cubilot à vent chaud


Figure 14 – Influence de la température des fumées
à réchauffeur indépendant
sur le rendement de combustion [5]

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■ Au nez des tuyères une zone I : on est en présence d’un milieu


oxydant qui est traversé par des gouttes de fonte qui ruissellent sur
les morceaux de coke.
■ Une zone II dans laquelle se situe la zone de fusion des charges
métalliques.
Les gouttes de fonte traversent donc la partie basse de cette zone
où elles sont en contact avec le milieu caractérisé précédemment.
Ce milieu est-il oxydant ou réducteur ? Le diagramme de
Chaudron, repris sur la figure 16 montre que dans les conditions
d’atmosphère qui règnent dans la zone II, où le CO peut aller de 5
à 20 % et où la température est supérieure à 1 000 oC, nous nous
situons dans la partie du diagramme où l’oxyde FeO est stable, donc
dans un milieu oxydant. Mais cet effet oxydant sera d’autant plus
limité que la teneur en CO sera élevée et corrélativement la teneur
en CO2 faible.
■ Une zone III située entre l’isotherme 1 000 oC et le gueulard. On
trouve un milieu légèrement oxydant traversé par des éléments
solides qui s’échauffent et s’oxydent légèrement en surface ; on peut
Figure 15 – Exemple de bilan thermique d’un cubilot à vent froid considérer cette zone comme chimiquement neutre.
La zone située sous les tuyères ne concerne plus l’atmosphère
On peut conclure, qu’étant donné le contact direct entre les gaz gazeuse du cubilot étudiée ici. Elle est cependant importante, au
de combustion et le métal à fondre, la consommation d’énergie au plan métallurgique, par la couche de laitier qui l’occupe en partie.
cubilot est relativement faible et son rendement thermique est d’un En traversant cette couche, les gouttes de fonte subissent des réac-
bon niveau. La perte principale est constituée par la chaleur latente tions métallurgiques qui sont de deux sortes : fixation ou réduction
des fumées qui est en partie utilisée dans le cubilot à vent chaud des oxydes et fixation de soufre.
à récupérateur. En outre, dans cette zone, la fonte peut être stockée au contact
de morceaux de coke, ce qui peut produire une carburation
cependant très limitée.

3. Métallurgie au cubilot 3.1.3 Température d’inversion


Le cubilot est un véritable appareil métallurgique du fait des Le diagramme de Richardson donne, en fonction de la tempéra-
phénomènes chimiques importants qui s’y déroulent et modifient ture, les énergies libres de formation des oxydes (figure 17). Il
d’une manière importante la composition de la charge introduite au montre que lorsque la température s’élève, tous les éléments
gueulard [12]. deviennent moins oxydables sauf le carbone (seule droite à pente
descendante). D’où l’existence à la rencontre des droites de pentes
opposées d’une température, dite d’inversion, où l’affinité de l’oxy-
3.1 Conditions favorisant la métallurgie gène pour le carbone devient supérieure à celle qu’il a pour l’élément
métallique.
au cubilot
Le fer dont la température d’inversion est basse (autour de 730 oC)
est largement protégé par le carbone, mais il s’oxyde un peu à cause
3.1.1 Facteurs d’influence de sa forte concentration.
Les réactions chimiques à l’intérieur du cubilot seront d’autant plus La température d’inversion du silicium nous intéresse particulière-
actives que la température sera élevée, que la surface et la durée ment. Il s’agit plutôt d’un intervalle qui se situe autour de 1 450 oC [1].
de contact entre les éléments seront importantes et que ces éléments Au-dessous de cette température, au contact d’éléments oxydants,
en présence seront réactifs. le silicium s’oxydera sous forme d’inclusions de SiO2 et la fonte sera
La figure 2 est un rappel des conditions qui règnent dans la dite oxydée.
colonne du cubilot, elle donne la répartition des températures et
l’évaluation des gaz des tuyères au gueulard.
3.1.4 Principales réactions dans le cubilot
On constate que les conditions les plus favorables se trouvent Les réactions qui concernent les constituants de la fonte sont de
juste au-dessus des tuyères où l’on rencontre les températures deux types :
les plus élevées, des surfaces d’échange très importantes
— dissolution dans le fer pour le carbone et le soufre ;
(gouttes de fonte), et les gaz les plus réactifs. C’est dans cette
— oxydation par l’atmosphère gazeuse du cubilot des éléments
zone que se joue donc la qualité de l’élaboration de la fonte au
carbone, fer, silicium et manganèse.
cubilot.
Les phénomènes de dissolution se développent surtout dans la
zone juste au-dessus des tuyères où les facteurs température et
surface d’échange sont les plus élevés, par contact direct entre les
3.1.2 Atmosphère gazeuse dans le cubilot gouttes de fonte et les morceaux de coke incandescents.
L’atmosphère gazeuse à l’intérieur du cubilot est un facteur essen- L’importance des réactions d’oxydation, selon les zones décrites
tiel de la métallurgie de cet appareil. Elle varie entre le gueulard et ci-dessus, dépend de l’atmosphère. Elles sont modérées dans la zone
les tuyères (figure 2). III traversée par des éléments solides qui s’oxydent légèrement en
surface.
On peut distinguer différentes zones [(§ 2.1.2) et figure 5].

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Dans la zone II où les gouttes de fonte se forment, l’atmosphère


oxydante se traduit par une oxydation des éléments silicium et
manganèse, quand la température est inférieure aux températures
d’inversion définies plus haut (§ 3.1.3). À partir de l’endroit où la tem-
pérature des gouttes de fonte dépasse les températures d’inversion,
dans les zones II et I, ces éléments sont partiellement protégés par
le carbone sur lequel se porte de préférence l’oxygène. Le carbone
se présente sous deux formes, celui du coke et celui de la fonte, et
c’est heureusement sur le carbone du coke que cette oxydation se
porte principalement, ce qui limite la décarburation, qui est par
ailleurs largement compensée, en général, par la dissolution du
carbone dans le fer au contact des gouttes de fonte avec les
morceaux de coke.

3.1.5 Conclusion

On peut conclure que la zone la plus active sur la métallurgie au


cubilot se trouve entre le niveau de la paillasse et les tuyères.
L’atmosphère gazeuse y est oxydante. Les réactions qui s’y déroulent
conduisent à une dissolution du carbone et du soufre dans le fer Figure 16 – Réactions entre le fer et l’atmosphère gazeuse
et à une oxydation du fer, du silicium et du manganèse, surtout quand
la température des gouttes de fonte est inférieure aux températures
d’inversion et moindre au-dessus de cette limite, l’oxydation se
portant alors préférentiellement sur le carbone du coke.

3.2 Évolution de la composition


de la fonte entre gueulard et chenal
3.2.1 Carburation
On définit la carburation au cubilot comme la différence entre les
teneurs en carbone de la fonte au chenal et au gueulard. Cette
carburation est en général importante. C’est une des caractéristiques
principales de la métallurgie au cubilot.

3.2.1.1 Rôle du carbone


Il est essentiel de maîtriser la carburation du fait de l’importance :
— du carbone obtenu au chenal sur les propriétés de la fonte :
• bas carbone pour les fontes résistantes, malléables,
• haut carbone pour fontes à graphite sphéroïdal, fontes résis-
tantes aux chocs thermiques...,
• carbone intermédiaire pour les fontes mécaniques courantes à Figure 17 – Température d’inversion
résistances moyennes, la résistance mécanique étant une fonc-
tion linéaire du carbone équivalent Céq :
On doit faire intervenir la cinétique de la dissolution qui se traduit
Céq = C + (Si + P)/3 par une loi globale exponentielle représentée sur la figure 18, où
l’unité de temps en abscisse représente le temps fictif (ou temps
— du carbone chargé sur le coût de la fonte obtenue, par l’utili-
disponible) de passage au cubilot [13]. Le gain en carbone
sation maximale d’acier à l’enfournement.
équivalent, par passage au cubilot, est d’autant plus grand que le
carbone équivalent chargé est faible.
3.2.1.2 Possibilités de dissolution du carbone dans le fer
La carburation au cubilot est, bien entendu, limitée par la quantité 3.2.1.3 Mécanisme de la carburation
de carbone que le fer peut dissoudre. Cette limite est donnée par
Deux phénomènes antagonistes agissent sur la carburation.
la saturation mise en évidence par le liquidus du diagramme Fe-C.
Ce diagramme permet de voir que les possibilités de carburation D’une part, le carbone du coke se dissout dans le fer par contact
sont d’autant plus grandes que : de la goutte de fonte et du carbone du coke. Ce phénomène est
— la température de la fonte est élevée ; important dans la zone au-dessus des tuyères où les températures
— la teneur en carbone équivalent à l’enfournement est basse. sont les plus élevées.
Mais au cubilot, on n’arrive pas à saturation, car les équilibres ne D’autre part, le carbone des gouttes de fonte est oxydé par l’atmos-
sont pas atteints, aussi bien sur le plan thermodynamique que phère oxydante du cubilot lorsque la température des gouttes de
thermochimique, du fait, notamment, de la vitesse de passage des fonte dépasse les températures d’inversion avec cependant une
gaz et des gouttes de fonte, et de la vitesse de diffusion du carbone protection par le carbone du coke qui est préférentiellement
dans la goutte de fonte à partir de sa surface. oxydé (§ 3.1.4).
Globalement la première action est prépondérante et on constate
en général une carburation de la fonte.

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L’étude expérimentale d’Ishino [14] illustre bien ce mécanisme et ■ Influence de l’atmosphère gazeuse
confirme que la carburation est maximale juste au-dessus des Nous avons vu lors de l’étude de l’atmosphère gazeuse dans le
tuyères (figure 19). cubilot et du mécanisme de la carburation que cette atmosphère,
globalement oxydante, intervient pour oxyder le carbone de la fonte,
3.2.1.4 Rôle de divers facteurs sur la carburation mais surtout celui du coke, dans les zones où la température est supé-
rieure aux températures d’inversion, avec d’autant moins d’efficacité
Le carbone équivalent de la charge est le facteur le plus influent
que la teneur en CO formé est élevée. Toutes les mesures qui
sur l’importance de la carburation. Ensuite viennent la température
tendront à augmenter les teneurs en CO seront donc favorables à
atteinte dans le cubilot, l’atmosphère gazeuse plus ou moins
la carburation : vent chaud, augmentation du taux de coke...
oxydante, le laitier, la qualité du coke.
■ Influence du carbone équivalent de la charge
C’est le principal facteur d’influence sur la carburation comme le
montre une étude statistique faite à partir de résultats recueillis
lors de nombreux contrôles de cubilots effectués au CTIF (Centre
technique des industries de la fonderie), regroupés sur la courbe
de la figure 20, tous types de cubilots confondus. On constate le
bon alignement des points représentatifs de la carburation en fonc-
tion du carbone équivalent chargé (ferroalliages exclus).
L’équation de la droite de régression, obtenue à partir de ces
résultats, significative à un seuil inférieur à 0,1 %, est la suivante :
∆C = 2,945 – 0,685 Céq ± 0,2 (8)

■ Influence de la température
La carburation croît avec la température de la fonte. Leyson et
Coates ont montré [15] qu’à un accroissement de la température de
la fonte de 25 oC correspondait une augmentation de la carburation
de 0,1 %. La courbe de la figure 21 traduit les résultats de ces essais.
En conséquence, tous les facteurs de marche du cubilot qui élèvent
la température accroissent la carburation. Le diagramme réticulaire
[(§ 2.3) et figure 9] montre que la température, (donc la carburation),
croît avec le taux de coke et que pour chaque taux de coke elle est
maximale pour la marche optimale.
Par ailleurs, toutes les mesures prises qui élèvent la température
de la fonte augmenteront la carburation : carbure de calcium dans
les charges, suroxygénation de l’air, double rangées de tuyères, vent
chaud. C’est ainsi qu’une marche avec du vent chaud à 500 oC donne,
par rapport au vent froid, une augmentation de température au
chenal de 100 oC et une carburation plus forte de 0,3 %. Figure 19 – Évolution de la teneur en carbone dans le cubilot
(d’après [14])

Figure 18 – Carburation en fonction du temps fictif Figure 20 – Influence du carbone équivalent de la charge
de passage au cubilot (ferroalliages exclus) sur la carburation de la fonte

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— dans l’avant-creuset : 2,5 à 3 % de C pour une charge de 50 %


d’acier ;
— en vent chaud :
• acide : 3,2 à 3,6 % de C pour une charge contenant jusqu’à
80 % d’acier,
• basique : 3,5 à 4 % de C pour une charge de 100 % d’acier.

3.2.2 Sulfuration

La sulfuration va de paire avec la carburation.


Figure 21 – Relation entre la température de la fonte Le soufre au-dessus de 0,12 % en masse peut donner lieu à des
et la teneur en carbone (d’après [15]) difficultés dans les pièces moulées mais au cubilot il est générale-
ment en dessous de cette limite au chenal.
Le soufre provient essentiellement des charges métalliques et du
■ Influence de la qualité du coke coke. Les vieilles fontes en particulier en contiennent de 0,10 à 0,16 %
et leur présence doit être limitée dans le lit de fusion selon la qualité
Le coke intervient dans la carburation par son calibre et sa résis- de fonte élaborée. Le coke de qualité en contient moins de 1 %. Le
tance mécanique, sa teneur en cendres et sa réactivité (tendance à soufre ainsi introduit se répartit à la sortie entre la fonte, le laitier
donner du CO). Un calibre adapté au diamètre D du cubilot (D /8 en et les fumées comme représenté par le bilan de la figure 22.
moyenne) et une bonne résistance mécanique qui permet la conser-
vation de ce calibre, assurent l’efficacité thermique optimale, donc Le mécanisme et les facteurs de la sulfuration sont identiques à
une carburation maximale. Si la teneur en cendres est faible il se ceux de la carburation. Pour un taux de coke donné, et pour la marche
forme moins de laitier à la surface du morceau de coke, ce qui optimale on obtient la teneur en soufre la plus élevée, valeur qui
améliore le contact entre la goutte de fonte et le carbone du coke. va en croissant avec le taux de coke (figure 23 tirée des essais de
La composition des cendres, agissant sur la fluidité du laitier, inter- Neumann [16]).
vient aussi probablement mais cette question est encore mal connue, Le laitier retient une partie du soufre mais cet effet, très limité en
comme celle de la réactivité du coke. cubilot acide, concerne surtout la marche basique.
■ Influence du laitier Pour la fonte à graphite sphéroïdal, élaborée en cubilot acide on
pourra limiter la teneur en soufre par quelques mesures adaptées :
La basicité du laitier est caractérisée par l’indice de basicité : charge métallique à bas soufre, carbure de calcium en remplacement
i = (CaO + MgO)/SiO2 d’une partie du coke, suroxygénation de l’air associée à une réduc-
tion du taux de coke... ; mais il restera nécessaire d’effectuer une
En cubilot acide (i < 1) le laitier a peu d’influence sur la carbura- désulfuration de la fonte produite à la sortie du cubilot.
tion. En revanche, en cubilot basique (i de 1 à 3) le laitier, plus
fluide, décape mieux les morceaux de coke, ce qui favorise la car-
buration. 3.2.3 Pertes par oxydation en fer, silicium,
■ Influence de la conception des tuyères
manganèse
Les tuyères interviennent sur la carburation par leur section, leur
L’atmosphère du cubilot étant globalement oxydante, les éléments
inclinaison, leur forme, leur nombre, leur pénétration dans le cubilot.
Fe, Si, Mn sont oxydés essentiellement lorsque la fonte est sous
Ces facteurs déterminent la forme et le volume de la zone de
forme de gouttes et lorsqu’elle est froide c’est-à-dire dans les zones
combustion ainsi que le gradient des températures et celui des
du cubilot où sa température est inférieure aux températures d’inver-
teneurs en O2 , CO et CO2 dans cette zone, et par là influent sur la
sion qui se situent à 730 oC pour le Fe, 1 400 pour le manganèse
carburation.
et 1 450 pour le silicium.
■ Influence de la capacité de préchauffage et du niveau de paillasse Ces pertes sont diminuées par une allure chaude de la fusion.
Avec une grande capacité de préchauffage, les charges à fondre C’est ainsi qu’elles seront minimales pour le réglage à la marche
sont chauffées dans le haut du cubilot et commencent à fondre plus optimale du cubilot, qu’elles baisseront avec l’augmentation du
haut, ce qui conduit : à un niveau de paillasse plus élevé, à des tempé- taux de coke (figure 24). Elles seront plus importantes pour une
ratures dans cette paillasse plus élevées et à une hauteur de ruisselle- allure froide de la fusion : paillasse basse, taux de coke bas...
ment sur les morceaux de coke plus grande. Tous ces facteurs Le vent chaud en marche acide et la suroxygénation de l’air
contribuent à augmenter la température de la fonte et la carburation. diminueront aussi ces pertes.
Le soufflage par deux rangées de tuyères qui élève le niveau de D’autres facteurs peuvent intervenir pour accroître ces pertes :
paillasse et modifie la répartition des températures et de la composi- charges en petits morceaux oxydés, forte concentration en Si et Mn
tion des gaz dans cette paillasse, produit également un accroisse- des éléments chargés, grande vitesse de l’air aux tuyères, coke trop
ment de la température de la fonte et de la carburation. gros...
Le vent chaud en marche basique conduira à de faibles pertes en
3.2.1.5 Conclusion Mn et Fe, mais à de fortes pertes Si (figure 25) car les laitiers basiques
Le cubilot permet des gains de carburation importants, que l’on appellent l’oxyde acide SiO2 .
peut maîtriser, ce qui autorise à utiliser les matières les moins En vent froid on constate une perte massique en fer de 0,1 à
coûteuses du moment, comme les riblons d’acier par exemple. 0,3 % et des pertes de l’ordre de 10 à 20 % pour Si et 15 à 25 %
Selon la technologie du cubilot on peut obtenir au chenal : pour Mn. En vent chaud acide on peut citer des pertes indicatives
de 0 à 15 % pour Si et de 5 à 15 % pour Mn.
— en vent froid : 3 à 3,6 % de C pour une charge contenant 0 à 50 %
d’acier ;

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Figure 24 – Influence de la température de la fonte liée au taux


de coke sur les pertes par oxydation (d’après [17])

Figure 22 – Bilan du soufre dans le cubilot (d’après [16])

Figure 25 – Influence de la basicité du laitier sur les pertes


en silicium et en manganèse (d’après [18])

3.3.1 Hydrogène

L’air soufflé aux tuyères contient une proportion d’humidité qui


dépend du degré hygrométrique qui est souvent de l’ordre de 60 %
et plus avec notre climat. Dans ces conditions, on envoie dans la
zone de combustion de 10 à 15 kg d’eau par tonne de fonte élaborée.
Cette eau est réduite par le carbone selon la réaction endothermique :
H 2 O + C %H 2 + CO

Cette réduction est renforcée par la présence d’aluminium dans


Figure 23 – Influence de l’allure de marche sur la sulfuration la fonte.
(d’après [16])
Une première conséquence de la présence de cette eau est une
perte thermique qui peut être estimée à 4 % de la chaleur latente
du coke ; le refroidissement provoque une oxydation supplémen-
3.3 Gaz dans la fonte taire. Une autre conséquence est la dissolution de l’hydrogène libéré
dans les gouttes de fonte.
Le passage au cubilot produit une augmentation des teneurs en À la solidification, la solubilité de l’hydrogène diminue brutale-
hydrogène et en azote de la fonte [12]. ment et il peut en résulter de petites cavités, à parois intérieures
brillantes, qui apparaissent à l’usinage des pièces. L’hydrogène est
difficile à doser dans la fonte après solidification.

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Le remède à cette situation, qui serait le séchage de l’air, ne semble SiO2 Al2O3 CaO FeO MnO
pas économiquement valable, si l’on en juge par le peu d’installa-
tions existantes. Laitier acide 40 à 50 10 à 18 25 à 38 1à8 1à5
Laitier basique 30 8 à 10 30 à 50 1 à 1,5 1
3.3.2 Azote
On peut situer l’analyse d’un laitier sur le diagramme
L’azote peut entrer au cubilot dans la fonte. La solubilité de l’azote SiO2-CaO-Al2O3 (figure 26) ce qui permet d’avoir une estimation de
dans le fer dépend de divers éléments d’addition : elle est notam- sa température de fusion et d’expliquer ainsi des difficultés éven-
ment d’autant plus élevée que le carbone est bas. L’azote absorbé tuelles d’écoulement de ce laitier.
sera donc d’autant plus élevé que la charge contiendra plus d’acier. Les laitiers qui contiennent des oxydes basiques (CaO, MgO) ou
À la solidification, la solubilité de l’azote dans le fer baisse et en acide (SiO2) sont caractérisés par un indice de basicité :
se dégageant, il peut produire des cavités dispersées à parois
rugueuses ayant l’aspect de petites fissures. Le seuil d’apparition de i = (CaO + MgO)/SiO2
ces défauts se situe autour de 100 ppm masse pour les pièces Les laitiers acides (i < 1) ont une température de fusion basse, elle
d’épaisseur moyenne et diminue avec cette épaisseur. se situe autour de 1 300 oC (figure 26) et leur intervalle de solidifi-
L’azote diffuse plus lentement que l’hydrogène dans le métal cation de l’ordre de 300 oC est assez grand (laitiers dits longs ). Il
solide, et son dosage donne des résultats valables. en résulte une grande viscosité surtout si la teneur en SiO2 est élevée,
Lorsque ces défauts se produisent, les remèdes consistent à limiter et une baisse de la carburation par suite de l’adhérence du laitier
la proportion d’acier dans le lit de fusion ou à piéger l’azote sous sur les morceaux de coke.
forme d’inclusions de nitrures par addition d’éléments comme le Les laitiers basiques ont un indice de basicité compris entre 1 et
zirconium ou le titane. 3. Leur température de fusion est élevée ce qui nécessite le vent
chaud pour obtenir les températures suffisantes. Leur intervalle de
fusion de 70 oC environ est faible (laitiers dits courts ). Il en résulte
une fusion franche et une bonne fluidité permettant un bon décapage
3.4 Laitier des morceaux de coke d’où une meilleure carburation qu’en laitier
acide.
La première utilité du laitier au cubilot est de rendre possible
l’évacuation des impuretés introduites par les charges et le garnis-
sage en formant des silicates fusibles à basse température par addi- 3.4.3 Quantité de laitier formé
tion de castine.
En outre, le laitier peut avoir un rôle métallurgique important La quantité de laitier formé, fonction des conditions de marche,
lorsqu’on est en marche basique. est très variable. Elle est rarement pesée, mais on peut facilement
la calculer à partir de la masse de chaux chargée et de la teneur en
chaux du laitier obtenu :
3.4.1 Éléments constituants le laitier
M CaCO3 × 56
M L = ----------------------------------
-
Les éléments d’origine qui constituent le laitier proviennent : CaO L × 100
— de la charge métallique :
• sable adhérent aux jets et retours, constitué essentiellement avec CaOL (%) teneur en chaux du laitier,
de SiO2 (0,5 à 1 % de la charge), M CaCO3 ( kg ⋅ h –1 ) masse CO3Ca chargé,
• pertes au feu sur Fe (0,1 à 0,3 % en vent froid), Si (10 à 20 %), ML (kg · h–1) masse de laitier formé,
Mn (15 à 25 %) ;
— de la charge de coke : et masse molaire CaCO3 : 100,
• cendres 5 à 9 % de la charge de coke d’analyse (à titre masse molaire CaO : 56.
d’exemple) SiO2 30 %, Al2O3 26 %, CaO 7 %, MgO 2,5 % ; Cette quantité de laitier formé est de l’ordre de 5 à 8 % de la produc-
— du garnissage : tion de fonte en marche acide et de 10 à 15 % en laitier basique.
• usure du garnissage de 15 à 50 kg par tonne de métal enfourné,
d’analyse moyenne pour un pisé acide SiO2 90 %, Al2O3 10 % ;
— de la charge de fondant : 3.4.4 Rôle métallurgique du laitier
• le plus souvent de la castine constituée de CaCO3 (97 à 99 %),
• spathfluor d’analyse (exemple) CaF2 85 %, SiO2 9 %, Le laitier intervient sur l’évolution de la composition de la fonte
• carbure de calcium eutectique d’analyse C2Ca 72 %, CaO 28 %, à deux niveaux :
• dolomie (pour marche basique) qui est un carbonate double — au niveau du ruissellement des gouttes de fonte sur les
de calcium et de magnésium ; morceaux de coke ;
À la chaleur, les carbonates se décomposent en CO 2 qui se — lors de la traversée, par les gouttes de fonte, de la couche de
mélange aux gaz de combustion et en oxydes qui forment, avec les laitier qui surnage sur la fonte dans le creuset.
autres constituants cités ci-dessus, des silicates fusibles. Nous avons vu qu’au contact des morceaux de coke incandescents
les gouttes de fonte qui ruissellent dissolvent du carbone d’une
manière d’autant plus efficace que le contact est bon. Ce contact
3.4.2 Composition des laitiers dépend de la viscosité du laitier qui se forme sur le morceau de coke,
viscosité qui diminuera et améliorera donc la carburation quand la
À partir de la connaissance des éléments constitutifs du laitier, on température et la basicité du laitier s’élèveront.
peut effectuer un bilan qui conduit à la composition chimique du À la traversée du laitier deux réactions se produisent :
laitier. Cette composition (% en masse) se situe dans les limites — fixation ou réduction des oxydes ;
suivantes : (0) — fixation du soufre.

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Figure 26 – Diagramme ternaire CaO - SiO2 - Al2O3

Il est important de maintenir constante l’épaisseur de la couche La marche basique en vent chaud conduira à de faibles pertes en
de laitier par l’adoption d’un dispositif d’évacuation du laitier qui Mn et Fe, mais à des fortes pertes en Si (figure 25) car les laitiers
assure une bonne régularité de cette épaisseur dans le cours de la basiques réagissent à l’oxyde acide SiO2 . Avec un laitier acide la
fusion. perte en Si est plus faible, mais les pertes en Fe et Mn sont plus
Sauf cas particuliers, la couche de laitier est à une température élevées.
de l’ordre de 1 500 oC, soit nettement au-dessus des températures La fixation du soufre par la chaux du laitier est une réaction
d’inversion du Fe, Si et Mn. C’est donc le carbone qui réduit les endothermique :
oxydes FeO, MnO, SiO2 . Ce carbone provient du coke présent dans FeS + CaO + C → CaS + Fe + CO
la couche de laitier et dans moindre mesure des gouttes de fonte
qui traversent ce laitier. Il en résulte une légère perte de carbone Cette désulfuration est d’autant plus active que la basicité du laitier
qui augmente avec l’épaisseur de la couche de laitier. est élevée. En laitier acide elle est relativement faible (0,1 à 0,5 %
de S dans le laitier).
Le silicium de la fonte réduit aussi les oxydes FeO et MnO.
En marche basique, avec des laitiers d’indice de basicité de l’ordre
de 2 à 2,5, on peut obtenir des teneurs en S de la fonte de 0,02 %.

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3.4.5 Conclusion En marche acide, le rôle métallurgique du laitier est plus réduit ;
il joue principalement sur la carburation. Le contrôle du laitier permet
En marche basique, le laitier est un élément important de la métal- de suivre la qualité de la fusion, par exemple :
lurgie au cubilot, qui présente cependant l’inconvénient sérieux de — le point représentatif de sa composition sur le diagramme
donner des pertes en Si très élevées (40 à 50 %) avec, en ternaire CaO-Al2O3-SiO2 (figure 26) permet de connaître sa tempé-
contre-partie, des pertes en Fe et Mn très faibles, une désulfuration rature de fusion approximative et de déterminer ainsi les causes de
poussée (0,02 %), et une carburation importante (4 % de C avec des difficultés éventuelles d’écoulement de laitier ou de couronnements
charges constituées uniquement d’acier). dans le cubilot ;
— l’indice de basicité permet de régler l’addition de castine ;
— les teneurs en FeO et MnO permettent de juger une allure de
fusion oxydante.

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fonderie no 55, mai 1973.

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 765 − 17
P
O
U
Fusion de la fonte au cubilot R

E
par Louis CHAZÉ N
Technicien de l’École supérieure de fonderie
Ancien Chef du département Transferts et développement technique au Centre technique
des industries de la fonderie CTIF
et René SANZ
Ingénieur de l’École nationale supérieure d’arts et métiers
S
et de l’École supérieure d’électricité
A
Constructeurs
V
— Air liquide (L’) Département français des gaz. Représentant : Küttner (G.H.W. fait maintenant partie du groupe Küttner). O
— CTIF Centre technique des industries de la fonderie.
— EDF Industrie Service commercial électricité.
— Lafarge Réfractaires monolithiques.
— MAFF Matériels et fournitures pour fonderies. I
— George Fischer AG und GF. — SAS Sté d’Exploitation des fours et procédés.
Représentant : George Fischer S.A. Installation de Fonderie.
— KGT Giessereitechnik GmbH.
— SASI Sté française des pisés siliceurs.
— SOPAME.
R
— Küttner GmbH und Co KG.

P
L
U
S
9 - 1997
Doc. M 768doc

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