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Choix de financements et performance financière de

l’entreprise.

Youssef Bouazzama
Professeur agrégé d’économie et gestion à l’ENSET de Mohamédia.

Doctorant à la FSJES, Université Ibn Tofail de Kénitra.

Résumé :

La pérennité de toute entreprise suppose qu’elle soit en mesure de réaliser de bonnes


performances. La performance est un concept poly sémantique, mais la dimension financière
est la plus en vue et elle est fédératrice de toutes les autres. Elle est en étroite liaison avec les
choix faits en matière de politique de financement. Le présent article présente l’état de l’art sur
la question des effets des décision de financement sur la performance financière de l’entreprise,
notamment dans certains pays émergents. Les résultats obtenus sont en gros convergents. Il
parait que le taux d’endettement à long terme influe négativement sur la performance financière
de beaucoup d’entreprises étudiées.

Mots clefs : performance financière, structure de capital, rentabilité, endettement, pays


émergents.

Abstract

The sustainability of any business presupposes that it is able to perform well.


Performance is a poly-semantic concept, but the financial dimension is the most visible and it
unites all the others. It is closely linked to the choices made in terms of financing policy. This
article presents the state of the art on the question of the effects of financing decisions on the
financial performance of the company, particularly in certain emerging countries. The results
obtained are broadly convergent. It appears that the long-term debt ratio negatively influences
the financial performance of many of the companies studied.

Keywords : financial performance, capital structure, profitability, debt, emerging


countries.

Introduction

L’entreprise évolue, de nos jours, dans un environnement en pleine mutation.


L’environnement actuel revêt un ensemble de caractéristiques dont les plus frappantes sont la
complexité, l’instabilité, la turbulence, l’hostilité et l’incertitude. Cette configuration de
l’environnement oblige l’entreprise à lutter, plus que jamais, pour sa pérennité. Cela suppose
d’abord qu’elle soit compétitive. Cependant, ce n’est plus suffisant étant donné que la seule
certitude qui demeure est la nécessité d’introduire des changements pour pouvoir s’adapter aux
exigences de l’environnement, voire chercher à le fléchir.

Tous les aspects du management de l’entreprise doivent évoluer en permanence, à


commencer par l’organisation. Celle-ci doit rompre avec le système bureaucratique et tendre
vers une structure organique, une structure de plus en plus flexible. Par ailleurs, la stratégie et
la gouvernance doivent évoluer pour intégrer les meilleurs pratiques de management dans ces
domaines. En effet, les choix stratégiques doivent s’opérer, autant que faire se peut, dans un
cadre relationnel et de coopération pour profiter de nouvelles ressources, compétences et
savoirs et pour optimiser les chaines de valeur. Enfin, la gouvernance de l’entreprise se doit
d’aller au-delà de la vision actionnariale ou shareholders, d’essence étroite, pour devenir plus
large, c’est la vision stakeholders ou partenariale, s’intéressant à l’ensemble des parties
prenantes de l’entreprise.

C’est justement, dans le cadre de la gouvernance que les rapports entre les financeurs
de l’entreprise induisent des divergences d’intérêts autour de la politique financière de celle-ci.
En particulier, en ce qui concerne la politique de financement à adopter, se pose la question du
partage à faire entre financement par capital et par endettement en vue d’améliorer la
performance financière de l’entreprise.
Dans le cadre du présent article, nous allons nous efforcer à faire d’abord la lumière sur
le concept de performance financière de l’entreprise. Ensuite, nous passerons en revue les
principales théories qui ont trait à la décision de choix d’une structure de financement, en tant
que socle de la politique financière de l’entreprise et son influence sur la performance
financière. Enfin, nous nous pencherons sur l’étude empirique de cette liaison dans certains
pays émergents.

I- Pertinence du concept de performance financière

Il est une lapalissade de dire, à propos du management de l’entreprise, que ses deux
principales facettes, le stratégique et l’opérationnel, doivent se combiner judicieusement au
service de la performance de l’entité. Recouvrant les notions d’efficacité et d’efficience, la
performance est une catégorie multidimensionnelle. A cet égard, il convient de distinguer la
performance économico-financière, la performance sociale et la performance sociétale et
environnementale. Au sein de celle-là, il y a, d’une part, la performance concurrentielle, qui
tient à l’intégration de l’entreprise dans son milieu concurrentiel. Elle dépend de l’action de
celle-ci mais aussi de ses capacités à s’accommoder, voire à s’approprier les règles du jeu
concurrentiel dans son secteur d’activité. La mesure de la performance par la position
concurrentielle domine alors la mesure par la part de marché. D’autre part, la performance
stratégique correspond à la vision à long terme et prend donc comme angle d’approche, la
pérennité de l’entreprise. Elle est associée à l’excellence ou la capacité de l’organisation à
remettre en cause les avantages acquis par les acteurs en place, à la définition d’un système de
volonté visant le long terme et, in fine, à l’aptitude de l’entreprise à trouver des sources de
valeur créatrices de marges.

La performance financière à constitue, malgré les contestations dues aux divers


scandales financiers enregistrés et en dépit de l’émergence de la gouvernance partenariale, la
pierre angulaire du modèle anglo-saxon de gouvernance des entreprises. Elle est vécue comme
la mesure principale de la réussite des dirigeants, dans leur relation d’agence avec les
actionnaires. Ils sont sommés, désormais, à maximiser la création de valeur actionnariale dans
une optique de long terme (Jensen 2 000). Cela passe par la réduction des coûts d’agence
résultants des conflits d’intérêt entre managers et actionnaires. Voilà ce qui nous conduit
inéluctablement, aux choix à effectuer en matière de politique financière. Cette dernière
embrasse les politiques d’investissement, de financement, de dividende, d’endettement et
d’augmentation de capital.

L’importance, pour une entreprise quels que soient son domaine d’activité et sa
dimension, de réaliser des performances positives et prometteuses est sans conteste. Ainsi,
d’une part, les entreprises au stade de leur création sont obnubilées par les questions de la
pérennité, la croissance et l’indépendance. Cette quête suppose des performances soutenues, et
plus particulièrement en termes de chiffre d’affaires, de carnets de commandes, la pénétration
de marchés et la maitrise du besoin en fonds de roulement. D’autre part, en ce qui concernent
les entreprises arrivées à des stades avancés de leur croissance, d’autres préoccupations
s’ajoutent dont notamment l’innovation, l’internationalisation, des montées en gamme pour des
produits et services plus élaborés, le développement des systèmes d’information, le lean
management…etc. Là aussi, seuls des performances satisfaisantes sont de nature à aider les
entités en question dans la concrétisation de leurs ambitions.

Il est patent que la performance sert de baromètre incontournable pour s’enquérir de


l’état de santé de l’entreprise et de son fonctionnement. A ce propos, Ph. Lorino (2003) note
« est considérée comme performance, tout ce qui est de nature à contribuer dans la réalisation
des objectifs stratégiques, et par conséquent, la performance est tout ce qui joue un rôle positif
d’amélioration du couple valeur-coût ». Pour une vision synthétique, la mesure de la
performance s’impose d’elle-même et suppose le recours à des indicateurs variés, aussi bien
quantitatifs que d’ordre qualitatif. Dans cet esprit, le tableau de bord tente de rendre compte des
différents champs du management de l’entreprise par le truchement d’indicateurs récapitulant
les données clés de l’entreprise et servant, en même temps, de clignotants nécessaires pour le
pilotage. Il y a une classification des indicateurs en liaison avec les quatre axes de gestion de
toute entreprise, à savoir l’axe financier, l’axe client, l’axe processus internes et enfin l’axe
organisation. Cela va de pair avec l’importance grandissante que prend l’intégration des
indicateurs non financiers dans les systèmes de mesure de performance, et ce en vue d’un
accompagnement meilleur, dans la mise en œuvre de la stratégie. Par ailleurs, il y a naguère
développement de toute une littérature autour du concept de performance durable. Cette
dernière met en avant la question de l’association à la rationalité économique de l’entreprise, la
logique de ses responsabilités sociale et environnementale.

Néanmoins, nous pouvons soutenir, sans risque de nous méprendre, que la performance
financière reste la pierre angulaire de toute performance, en ce sens qu’elle en constitue
normalement l’aboutissement. A ce propos, il est vrai que, conformément aux évolutions
socioculturelles que connait l’environnement de l’entreprise, la gouvernance de celle-ci se doit
d’intégrer les attentes de ses différentes parties prenantes, et notamment la dimension relative
à la protection de l’environnement écologique, en vue d’un développement durable. Toutefois,
les effets de modes sont pour quelque chose dans le foisonnement des discours qui risquent de
diaboliser la logique financière des performances de l’entreprise. Au contraire, il n’y a pas
contradiction entre performances durable et financière.

La mesure de la performance dans l'entreprise est devenue indispensable en raison du


contexte économique actuel plus concurrentiel d'une part, et pour assurer l'atteinte des objectifs
stratégiques de l'entreprise d'autre part. La littérature a rapporté l'existence de cinq dimensions
de la performance financière à savoir la rentabilité, la liquidité, la profitabilité, la croissance et
la productivité. Néanmoins, il convient de souligner, au passage, que des questions se posent et
concernent particulièrement : comment mesurer la performance financière d’une entreprise ?
Est-on capable de mesurer réellement la performance ? Peut-on recourir à des indicateurs
valables aussi bien pour PME que grandes entreprises ? …

Les mesures de la performance financière sont légion et dépendent des objectifs de


chaque recherche. Cependant, dans presque toutes les études empiriques menées, il est toujours
question de deux mesures qui sont récurrentes. Il s’agit d’abord d’une performance d’ordre
comptable des actifs de l’entreprise et d’une performance à connotation marchande. Dans le
premier volet, nous nous référons à des mesures rétrospectives de rentabilités économique et
financière, permises par l’exploitation du système d’information comptable de l’entreprise. Si
la première mesure rapporte un résultat économique, en l’occurrence le résultat d’exploitation,
à l’actif économique qui en est à l’origine, indépendamment de son financement (ou l’ensemble
des capitaux investis à savoir les immobilisations nettes d’exploitations augmentées du BFRE),
la seconde mesure s’intéresse à la rentabilité des fonds propres de l’entreprise, en comparant le
résultat net aux capitaux propres engagés par les investisseurs. Il existe d’autres mesures de la
performance financière à savoir la profitabilité (résultat net/ventes), la productivité du travail
(valeur ajoutée/effectif moyen d'employés), la productivité du capital (valeur ajoutée/capital),
la rentabilité de l'entreprise (Résultat net/capital), et le rendement des actifs immobilisés (valeur
ajoutée/valeurs immobilisées nettes).

Néanmoins, il est notoire que ces mesures sont sujettes à des biais qui prennent
inéluctablement naissance en liaison avec plusieurs facteurs dont la réglementation comptable,
les usages professionnels de la branche et/ou du secteur d’activité et les politiques
d’amortissement et de provision adoptées par toute entreprise. Pa railleurs, l’élaboration d’un
coût ou d’un revenu, en comptabilité, suppose des choix en fonction des besoins de l’étude.
Cependant, les exigences de comparabilité et de communication obligent à faire des
conventions à propos des éléments à intégrer et ceux à exclure d’un coût. En conséquence, un
coût est un construit social ; et la performance financière l’est tout autant. Cette dernière revêt
donc un caractère à la fois constructiviste et conventionnaliste.

En cela, il est impérieux de compléter la mesure de la performance en recourant à des


valeurs de marché. L’un des indicateurs les plus en vue à ce propos est le Q de Tobin1. Ce
dernier peut être appréhendé de plusieurs façons, dont nous retenons celle qui rapporte la valeur
marchande des capitaux propres de l’entreprise, augmentée de la valeur comptable de ses dettes,
à la valeur comptable des actifs. C’est un indicateur qui informe sur le façonnement de la
performance de l’entreprise et traduit plutôt les anticipations des investisseurs relatives aux
exploits futurs de l’entreprise. Il se caractérise donc par une dimension prospective, et prend en
considération la psychologie des investisseurs dans la valorisation de l’entreprise.

Ainsi donc, la performance financière de l’entreprise constitue le dénominateur commun


et l’aboutissement de toutes les autres dimensions de la performance. Les déterminants de la
performance financière sont multiples, dont les choix liés à l’ingénierie financière. Parmi ceux-
ci, un choix crucial se démarque, à savoir la décision d’une ou plusieurs sources de financement
par l’entreprise. Le corollaire en est le choix d’une structure du capital. Des travaux de
recherche ont été menés sur l’influence de cette structure sur la performance financière.

II- Analyses théoriques de la relation structure de financement-


performance financière

Il est possible de situer les premières analyses rigoureusement formalisées de la liaison


structure de financement-performance financière, dans les travaux de Modigliani et Miller en
1958. A ce propos, les deux illustres auteurs ont soutenu, dans leur première proposition, que
dans le cadre d’un marché financier parfait en équilibre, et en l’absence d’imposition des
revenus, la structure de financement adoptée par l’entreprise est neutre. Cela implique que la

1
C’est une mesure proposée par Demsetz. H, et Villalonga. B, (2001), et reprise dans beaucoup
d’études empiriques.
décision de financement, et partant le partage fonds propres-dettes, n’exerce aucune influence
sur la valeur des capitaux propres de l’entreprise. En cela, la valeur d’une entreprise endettée
ainsi que son coût de capital seraient égaux à ceux d’une entreprise non endettée.

Néanmoins, les deux auteurs eux-mêmes, sont revenus à la charge, en 1963, pour
réexaminer leur thèse à la faveur du relâchement de l’hypothèse d’absence de l’imposition des
résultats de l’entreprise, tout en gardant le contexte de marché de capitaux parfait et en équilibre.
La deuxième proposition stipule l’existence d’une structure financière optimale, caractérisée
par ses deux effets en termes de minimisation du coût de capital et de maximisation de la valeur
de la firme. La valeur des économies d’impôt, liées à la déductibilité des charges d’intérêt de la
dette du bénéfice fiscal, actualisée au taux de rendement exigé par les créanciers, serait le
supplément de valeur dont profitera une entreprise endettée comparativement à une autre qui se
finance exclusivement par ses fonds propres. La valeur de l’entreprise est donc reliée
positivement au niveau d’endettement de l’entreprise.

Dans le prolongement des travaux des précurseurs, plusieurs approches ont vu le jour.
Toutes ces études qui ont suivi ont essayé de larguer, ou du moins d’atténuer, des hypothèses
jugées trop restrictives, et ce dans le but de réduire l’écart entre la théorie et les pratiques
financières des entreprises. Il y a certes un foisonnement d’approches variées ayant traité de la
structure du capital des entreprises. Elles peuvent toutefois être regroupées en deux principales
théories à savoir le trade-off theory (ou théorie du compromis) et le pecking-order theory (ou
théorie du financement hiérarchique).

Ainsi, l’introduction des coûts de faillite associés à l’endettement a permis à Stiglitz


(1969) de récuser tout lien de proportionnalité entre la valeur de l’entreprise et l’avantage tiré
de la déductibilité fiscale des charges d’intérêt du bénéfice imposable. Ces coûts de faillite font
donc donner un coup d’arrêt à la volonté des entreprises de se financer par endettement. Voilà
ce qui conduit à admettre l’existence d’un ratio d’endettement optimal. Ce dernier serait atteint
lorsque la compensation se produit entre les bénéfices marginaux retirés de la défalcation fiscale
des charges financières de la dette et les coûts de faillite liés aux risques accrus du fait de l’appel
massif à l’endettement.

Par ailleurs, il est possible de soutenir l’existence d’une structure financière optimale en
faisant appel à la théorie de l’agence de Jensen et Meckling (1976). Le raisonnement est mené
dans une entreprise managériale dont les fonctions de propriété et de gestion sont séparées. Il
est patent de souligner que les intérêts des dirigeants (mandatés) et ceux des différents
partenaires de l’entreprises (les mandants) ne sont pas toujours convergents. Cela provoque
inéluctablement divers coûts d’agence (coûts de surveillance, de limitation et d’opportunité)
qui influent sur le financement de l’entreprise. Dans les rapports associés-créanciers, il y a
effectivement des conflits d’intérêts dus au fait qu’en cas de faillite de l’entreprise, les
créanciers sociaux jouissent d’un droit de priorité par rapport aux associés (dont la consolation
est représentée par leur statut de créanciers résiduels). Le niveau optimal d’endettement sera
atteint quand les coûts d’agence sont à leur niveau le plus faible.

Le poids de l’endettement de l’entreprise parmi ses ressources peut aussi trouver des
justifications si l’on se réfère à la théorie du signal. Inspirée de la théorie de la dépendance sur
les ressources obtenues de l’environnement, en théorie des organisations, la théorie du signal
soutient que les agents internes à l’entreprise disposent de plus d’informations que les
partenaires externes de celle-ci. Par conséquent, ceux-là ont intérêt à envoyer des signaux
véhiculant une partie de l’information à l’attention de ces derniers pour pouvoir espérer accéder
à des emprunts. Dans cet esprit, Ross (1977) a proposé le niveau d’endettement comme signal
à même d’informer sur la qualité de l’entreprise. A cet égard, une entreprise dont le niveau
d’endettement est élevé aurait de fortes chances de relever de la catégorie des firmes à bon
profil, qui engagent des investissements productifs et rentables et qui réalisent des performances
élevées.

S’agissant de la théorie du financement hiérarchique, c’est l’asymétrie d’information,


qui entache les rapports entre les acteurs internes de l’entreprise (dirigeants et associés) et les
bailleurs de fonds, qui constitue le soubassement de cette théorie développée à partir de 1984
par Majluf et Myers. En conséquence, la politique financière poursuivie par les dirigeants vise
à rendre moins coûteuse cette asymétrie de l’information. Cela passe par la hiérarchisation des
financements et le choix de financements internes par préférence aux financements externes.
La séquence de financement est alors : fonds propres internes – dettes non risquées – dettes
risquées – ouverture du capital. Les avantages escomptés, en veillant à la stricte implémentation
de cette hiérarchie sont indéniables et renvoient à la prévention de la baisse des cours des titres
de capital de l’entreprise, la limitation de la distribution des dividendes (et donc la stimulation
de l’autofinancement) et enfin, et c’est peut-être le plus intéressant, la possibilité de baisser le
coût du capital de l’entreprise grâce à la maitrise du risque financier associé à l’appel excessif
à l’endettement. En cela, les entreprises réputées rentables ont alors à leur disposition plus de
financement interne.
III- La relation structure de financement-performance financière,
études empiriques

Elles sont pléthoriques, notamment dans les pays développés. Nous avons choisi de
présenter ici quelques-unes des études menées dans des pays émergents. Une étude plus
détaillée portant sur des entreprises marocaines est en cours de concrétisation. Les résultats
seront publiés très prochainement.

Yang, Kui Xia et Hongxing (2015) ont étudié la relation entre le capital-risque, le
levier financier et la performance des entreprises. La recherche empirique a porté sur les
données des sociétés cotées en Chine du Growth Enterprises Market, sur la période qui s’est
étalée de 2010 à 2014.

La variable dépendante retenue est la rentabilité financière, mesurée par le résultat net
rapporté à la valeur moyenne du capital au bilan. Comparée au Q Tobin, les auteurs ont
considéré que la rentabilité financière, ainsi calculée, est en mesure de mieux refléter le résultat
final des activités opérationnelles de l’entreprise et la rentabilité des capitaux investis par les
actionnaires. Les variables explicatives comprennent le ratio d’endettement (Actif/Passif), la
participation du capital risque dans l’entreprise, la taille de la firme, la taille du conseil
d’administration et le type d’industrie.

Les deux principaux résultats ont relevé une liaison positive entre le capital-risque et la
performance financière de l’entreprise et que le levier financier est négativement corrélé avec
la performance de l'entreprise. Cela veut dire que la participation du capital risque permet
l’amélioration de la performance financière de l’entreprise. En revanche, le financement par
endettement peut, dans une certaine mesure, inhiber ladite performance.

Pour sa part, Aman Srivastava (2011) s’est intéressé à l’étude des liaisons entre la
structure de propriété des entreprises indiennes et leurs performances. L’étude a concerné les
98 plus actives des entreprises cotées à la bourse des valeurs de Bombay, sur la période fin 2009
– fin 2010. Les variables dépendantes utilisées sont les ratios de rentabilité avec deux mesures
comptables : rentabilité financière ROE), et des capitaux investis (ROI) et deux mesures de
marché à savoir le PER (price earning ratio) et le PBV (price to book value). Pour leur part, les
variables indépendantes sont : le ratio d’endettement, le taux du capital flottant libre dans la
structure du capital, et quatre variables représentant la présence dans la structure du capital de
participations domestique, étrangère, de participations institutionnelle et non institutionnelle.

Selon les résultats de l’étude empirique la caractéristique de propriété ne reflète, à un


niveau d'importance de 5%, aucune relation avec les mesures de la performance comptable du
ROA et du ROE ni ne montre de relation significative entre la structure de la propriété et les
indicateurs de marché boursier P / E et P / BV. Mais au niveau de signification de 10%, toutes
les variables échantillonnées montrent une relation significative avec le ROA, le ROE, le P / E
et le P / BV pour la performance de toute entreprise.

Dans une étude ayant porté sur un panel d’entreprises malaysiennes cotées en bourse et
observées durant la période 1995 – 2011, Mahfuzah Salim et Raj Yadav se sont focalisés sur la
relation entre la structure de financement et la performance de ces entreprises. Les variables
dépendantes retenues sont représentées par quatre mesures de la performance financière à savoir
la rentabilité financière (ROE = résultat net/capitaux propres), la rentabilité des actifs (ROA =
Résultat net / actifs totaux), le Q-Tobin (valeur marchande / valeur comptable de l’entreprise)
et le bénéfice par action. Pour leur part, les variables indépendantes ont porté sur cinq mesures
de la structure du capital que sont les ratios des dettes à long terme, les dettes à court terme, des
dettes totales par rapport au total des actifs, et le taux de croissance des actifs, et enfin la taille
de l’entreprise (log des actifs) comme variable de contrôle.

Les tests effectués ont indiqué que la performance de l’entreprise, mesurée par le ROA,
le ROE et le bénéfice par action, est reliée négativement aux dettes à long terme, aux dettes à
court terme et aux dettes totales prises comme variables explicatives. En outre, il a été constaté
que la croissance des actifs influe positivement la performance financière pour tous les secteurs
étudiés. Enfin, le Q de Tobin relate une liaison négative et significative entre les dettes totales
et la performance de l’entreprise.

Chandrapala Pathirawasam et Guneratne Wickremasinghe (2012) ont mené une


recherche autour de l’incidence de la concentration de la propriété et des autres facteurs
endogènes sur la performance financière de 102 sociétés, de 5 secteurs d’activités, cotées à la
Bourse de Colombo, au Sri Lanka. Une seule variable expliquée a été retenue, elle concerne le
ROA. En ce qui concerne les variables indépendantes, 9 en sont retenues dont notamment le
taux de concentration de la propriété du capital (mesuré par le pourcentage des droits de votes
de l’actionnaire majoritaire) et le ratio d’endettement.
Les conclusions de l’étude enseignent que le degré de concentration de la propriété du
capital exerce, certes, une influence positive sur la performance financière, mesurée par le
ROA, des entreprises du marché boursier de Colombo ; mais sans qu’il n’en constitue un
déterminant, statistiquement significatif. En revanche, le ratio d’endettement impacte
négativement et significativement cette même performance financière. Cela veut dire que la
structure de financement qui comporte davantage de dettes, provoque une baisse de la
rentabilité financière des capitaux investis, et par contrecoup, un fléchissement de la valeur de
la firme. Cela peut trouver explication dans l’accroissement du coût dû à l’excès d’endettement.

Dans le cas de la Roumanie, Sorana Vătavu (2015) a examiné le rapport entre la


structure du capital et la performance financière dans 196 entreprises roumaines cotées à la
bourse de Bucarest et opérant dans le secteur manufacturier, sur une période de huit ans, entre
2003 et 2010. Les rendements des capitaux propres et des actifs sont retenus comme proxy de
la performance financière, et donc comme variables expliquées. Pour leurs parts, les variables
indépendantes, renvoyant à la structure du capital, sont représentées par les ratios des dettes à
court terme, des dettes à long terme, des dettes totales et des capitaux propres. D’autres
variables sont intégrées dans l’étude, à savoir la tangibilité des actifs, la fiscalité, le risque, la
liquidité et l’inflation. En effet, pour l’auteur, ces variables ont été considérées dans des études
antérieures comme déterminantes de décisions de financement, elles doivent également
impacter la performance financière.

Parmi les principaux résultats de ladite recherche on relève que la performance


financière des entreprises roumaines est plus élevée chaque fois qu’elles évitent le recours à
l’endettement et fonctionnent sur la base de leurs fonds propres. Cependant, il semble que les
entreprises manufacturières ne disposent pas d'un financement interne suffisant pour
entreprendre des investissements rentables et n'utilisent pas leurs actifs de manière efficace. En
outre, il y a une préférence pour la dette quand ces entreprises sont en difficultés financières et
qu'elles font face à des risques commerciaux élevés, ou lorsqu'elles ne peuvent pas régler leurs
dettes en raison d'un manque de liquidités.

Conclusion

La maitrise de la performance est au centre du contrôle de gestion de l’entreprise. Cela


passe par, d’une part la définition précise d’un système d’objectifs réalisables dans des horizons
raisonnables et d’autre part la nécessité de prévoir des moyens appropriés de leur concrétisation.
Si dans le premier volet nous avons affaires à la fixation des actions à mettre en œuvre, dans le
second volet, nous retrouvons la dimension efficience, dont la réaffirmation actuelle s’est faite
moyennant un nouveau vocable de « couple coût-valeur ».

La réalisation de bonnes performances est donc une condition sine qua non pour
prétendre appartenir au cortège des entreprises compétitives. Certes, la performance est multi-
facette, mais la dimension financière s’impose, non pas de manière à dominer les autres aspects
de la performance, mais en tant que dimension fédératrice des autres. En effet, sous le poids de
la financiarisation accrue de l’économie, les dirigeants ont réalisé la nécessité d’orienter
l’efficience vers l’environnement de l’entreprise. Il s’agit dès lors d’engager des coûts afin de
pouvoir créer de la valeur perçue, en tant que telle, par les clients (via des fonctionnalités et
services associés aux produits) et les actionnaires (à travers leur enrichissement par
l’accroissement de la valeur des titres détenus).

La prise de décisions relative au haut du bilan, et plus précisément le choix d’une


structure de financement, est considérée comme une décision d’envergure, dont les retombées
par rapport à la performance financière de l’entreprise, ont fait l’objet d’un débat théorique
passionnant. Ainsi, hormis la première contribution de Modigliani et Miller, les autres
contributions qui se sont succédées, ont toutes convenu de l’absence de neutralité de la structure
du capital. Néanmoins, une opposition marquée est notée entre deux principales théories
dominantes. La théorie du compromis croit en l’existence d’une structure de financement
optimale, alors que la théorie du financement hiérarchique rejette l’idée.

Sur le plan empirique, des études menées tant dans des pays industriels que dans des
pays émergents, ont abouti à des résultats souvent convergents. La structure du capital est
appréhendée par le truchement de variables telles que la présence dans le tour de table des
entreprises étudiées, de sociétés de capital-risque, la concentration de la participation au capital
et le poids de l’endettement. Si le capital-risque et la concentration de la participation influence
positivement la performance financière de l’entrepris, l’endettement lui est au contraire reliée
négativement.
Bibliographies:

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Chandrapala Pathirawasam et Guneratne Wickremasinghe (2012) ; “Ownership concentration and


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