Entre Sport Et Entreprise, Une Attirance Réciproqu

ENTRE SPORT ET ENTREPRISE, UNE ATTIRANCE RÉCIPROQUE
Béatrice Barbusse
L'Express - Roularta | « L'Expansion Management Review »
2009/3 N° 134 | pages 10 à 19

ISSN 1254-3179
DOI 10.3917/emr.134.0010
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Dossier
Septembre 2009
10
L’Expansion Management Review
Entre sport et entreprise,


une attirance réciproque
SI L’ENTREPRISE UTILISE LE SPORT POUR MOBILISER LES SALARIÉS, L’UNIVERS SPORTIF, LUI, EST
GAGNÉ PAR LA LOGIQUE D’ENTREPRISE. IL Y A CONVERGENCE ENTRE LES DEUX MONDES.
> Béatrice Barbusse Parlebas, un des fondateurs dans les

« Mais voisinage n’est pas identité. » années 80 de la sociologie du sport. A son
Marcel Gauchet, introduction en France en effet, à la fin du
La Condition historique, 2003 XIXe siècle et au début du XXe siècle, le sport
est avant tout une activité de loisir totale-
’il paraît banal aujourd’hui de rap- ment désintéressée, qui se pratique dans un
S procher le sport et l’entreprise, il

n’en a pas toujours été ainsi, à tel
point que l’on peut parler de « revirement
cadre associatif. Le professionnalisme est
honni, et l’on retire les titres sportifs acquis
à ceux qui ont touché de l’argent en contre-
spectaculaire » selon la formule de Pierre partie de leur activité. C’est sur la base
Béatrice Barbusse, ancienne élève à l’ENS de Cachan, agrégée de sciences sociales, est maître de conférences de socio-
logie à la faculté d’administration et échanges internationaux de l’université Paris-XII.
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fessionnel, ce que la Fédération française

de football refuse. Mais, sous la menace de
l’industriel de créer un championnat paral-
lèle, celle-ci finira par céder.
Loin de ces polémiques et de ces affron-
tements, plus d’un siècle après l’émergence
du sport en France, il paraît presque « natu-
rel » de rapprocher le sport et l’entreprise.
Il est devenu courant qu’un champion ou
un entraîneur de haut niveau vienne témoi-
gner en entreprise de son expérience mana-
Les points forts

Les entreprises savent depuis longtemps
tirer parti du sport dans leur gestion des RH.
Mais ces trente dernières années, ce dernier
Septembre 2009
est carrément devenu une référence
managériale.
JÉRÔME CHATIN - L’EXPANSION
Parallèlement, le monde sportif, sous

la poussée de la professionnalisation, s’est
imprégné de la logique entrepreneuriale. 11
Ses structures, son management, l’identité

de ses acteurs… se transforment.
Il y a interpénétration des deux univers,
au risque parfois de tomber dans l’excès et

d’oublier les spécificités de chacun.
d’une vision coubertinienne et aristocra-
tique, où « l’important c’est de participer »
et non de gagner, que le sport s’est déve- gériale, de ses performances et de ses moti-
loppé, autour d’un système fédéral fort vations, dans le cadre de grands-messes, de
éloigné dans son fonctionnement et ses conventions ou de séminaires de formation.
objectifs d’une logique d’entreprise. Plus qu’à l’entreprise en tant que forme
Cela n’a pas empêché certaines entre- organisationnelle, c’est à l’ensemble de la
prises voire certains secteurs d’activité d’être fonction managériale que le sport s’adresse
à l’origine du développement du profes- de plus en plus.
sionnalisme. Il en va ainsi dans le cyclisme, Réciproquement, le professionnalisme
la boxe, le golf et le football. Par exemple, dans le sport a rapproché les organisations
c’est grâce à Jean-Pierre Peugeot qu’un sportives des logiques entrepreneuriales.
championnat professionnel de football a vu En France, l’entreprise OL est même cotée
le jour en 1932. Dès 1929, il crée une équipe en Bourse comme une entreprise classique.
professionnelle et construit, au milieu de ses Au sein du sport professionnel, toute une
usines, le stade de la Forge. A travers son myriade de pratiques et de principes ges-
équipe, il souhaite mettre en valeur la tionnaires ont fait leur apparition, du mar-
marque de son entreprise ainsi que la keting à la finance en passant par la gouver-
Franche-Comté et offrir des distractions à nance et la gestion des ressources humaines
ses ouvriers. Dès le début des années 30, il dans une perspective de performance éco-
veut mettre en place un championnat pro- nomique, organisationnelle et sportive. >>
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Dossier
>> Sport et entreprise, sport et management maintenir le corps en forme et d’être plus
ont bien des problématiques à partager. Plus résistant à l’effort, donc au travail, le sport
que des rapprochements, des transferts est proposé également dans une perspective
semblent de plus en plus évidents comme de gestion du stress. Tant sur le plan phy-
le montre le sujet de la quatrième table sique que mental, il est considéré comme
ronde du « Challenge du monde des une source d’équilibre personnel que la
grandes écoles » 2009 (1) : « Compétition et formule latine « mens sana in corpore sano »
esprit d’équipe : comment concilier perfor- résume parfaitement.
mance individuelle et succès collectifs dans
les univers du sport et du business ? ». Des vertus physiques et morales. De
nombreux travaux médicaux montrent en
Quand le sport répond effet que l’activité sportive est bénéfique sur
aux besoins de l’entreprise les plans cardiovasculaire (faire du sport
L’interpénétration entre les deux mondes limite les risques d’infarctus et de crise car-
n’est pas nouvelle. Il n’était pas rare à la fin diaque) et musculo-squelettique (faire du
du XIXe siècle ou au début du XXe siècle que sport améliore la force, l’endurance muscu-
des entrepreneurs fassent usage du sport laire et la mobilité articulaire, et diminue les
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dans le cadre de leurs politiques d’œuvres risques de fracture des os). A partir de ces
sociales. Au service d’une politique pater- résultats, ils préconisent la pratique dans les
naliste, ils ont été à l’origine de la création entreprises de la « physiothérapie » (2), c’est-
de clubs sportifs. Puis, à-dire la thérapie par l’exercice phy-
12 tout au long du xxe siècle, sique. Elle est d’ailleurs particuliè-
des entreprises ont inté- De nombreux rement utilisée dans certains pays
gré le sport à leur straté- travaux médicaux comme le Japon ou les pays scandi-
gie de développement. naves. Toutefois, deux conditions
Mais ce n’est qu’à par-
préconisent la doivent être respectées. Tout
tir des années 80 que pratique, dans les d’abord, la pratique de l’activité

l’usage du sport par le entreprises, de physique ne doit pas dépasser une
monde entrepreneurial se certaine intensité au risque de pro-
diversifie véritablement.
l’exercice physique. voquer fatigue et blessures forcé-
Qu’il s’agisse d’objectifs ment contre-productives. Ensuite,
de communication externe, et donc de elle doit être encadrée et suivie par des
notoriété et d’image, ou d’usages internes, spécialistes afin d’éviter l’intériorisation
aujourd’hui plusieurs possibilités s’offrent de mauvais gestes qui provoquent des
à une entreprise souhaitant utiliser le sport microtraumatismes (tendinites, déchi-
comme outil stratégique. En tant qu’ins- rures…) eux aussi contre-productifs.
trument de mobilisation des ressources Si elle est bénéfique physiquement, la
humaines, le sport relève essentiellement pratique modérée et régulière d’une activité
d’une stratégie de management des RH. sportive semble avoir des conséquences
Les entreprises peuvent tout d’abord offrir positives sur l’état de santé mental d’un
à leurs salariés de pratiquer régulièrement individu. A en croire ceux qui font du sport
des activités physiques et sportives dans le régulièrement, la forme physique peut
cadre du sport d’entreprise (anciennement
dénommé sport corporatif) ou de la mise à > (1) Organisé le 16 mai 2009, au stade Charléty, par des
disposition d’espaces de forme (au sein de grands groupes comme Axa, GDF Suez, Lagardère, Logica,
Société générale, il vise à rapprocher étudiants et futurs
l’entreprise ou à l’extérieur via un partena- employeurs potentiels autour de petites compétitions spor-
riat avec des instituts spécialisés). Outre le tives.
> (2) D. Boucher et C. Doyon, Activité physique et bien-être
fait que la pratique sportive permet de en milieu de travail, éditions Agence d’Arc, 1990.
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être un soutien mental dans les activités ainsi que les salariés qui participent au club
professionnelles quotidiennes. Etre bien sportif de leur société ont une représenta-
dans sa peau faciliterait la régulation du tion plus positive de cette dernière que ceux
mental en favorisant une appréhension qui n’y participent pas. Il note par exemple
positive de soi (meilleure confiance en soi, qu’ils ont une perception plus humaine de
meilleure estime de soi…). Avoir sur soi un cette entreprise que ceux qui ne font pas
regard positif influencerait également dans partie du club. Il semble donc bien que le
le bon sens celui que l’on porte sur les seul fait d’offrir une prestation sportive aux
autres, les relations de travail et les événe- salariés rejaillisse positivement sur plu-
ments. Inversement, une forte tension men- sieurs facteurs constitutifs d’une politique
tale subie pendant un certain temps peut RH (implication au travail, cohésion interne,
avoir des incidences non négligeables sur imaginaire organisationnel).
la santé physiologique de l’individu (3) et
être une cause d’absentéisme. Similitudes. A côté d’activités sportives
régulières, les entreprises peuvent ponctuel-
Des vertus symboliques. L’offre de pres- lement et occasionnellement en proposer
tations sportives par l’entreprise a égale- d’autres dans le cadre de compétitions inter-
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ment des vertus symboliques. En examinant entreprises (Business Cup, Challenge du
le cas d’Adidas, le sociologue Julien Lys, Challenger’s Trophy,
Pierre montre ainsi que l’offre spor- Cross du Figaro des
tive est vécue par les salariés, et en L’offre de entreprises…) ou entre-
particulier par les managers, comme prestation sportive prises-grandes écoles 13
un avantage social qui fonctionne (Challenge Mont-Blanc,

in fine selon le processus du « don
aux salariés Eurochallenge, Jeux
coercitif » (4). Cette offre de presta- aurait un effet Olympub, Course de
tions est associée à un statut social positif sur leur l’EDHEC, Montathlon…)
valorisant, donc à une rémunération ou encore dans le cadre
implication.

d’ordre symbolique. Tout se passe de stages et séminaires
comme si les salariés, en contrepar- de formation, coaching,
tie de ce « don » de la part de l’entreprise, team-building, motivation… Quels que soient
se sentaient obligés de faire montre d’impli- les circonstances et les objectifs assignés
cation dans le travail (le « contre-don »). Ces au vecteur du sport, dans ces derniers cas,
effets sont toutefois limités, tout d’abord les commanditaires (souvent les DRH) en
parce que seuls 10 % des salariés font usage profitent pour insister sur les similitudes
de l’espace forme, mais aussi parce qu’ils managériales entre le sport et l’entreprise.
n’ont pas tous le même rapport au discours A cet égard, on constate deux positionne-
de l’entreprise, certains se montrant très cri- ments. Dans une version « formative », les
tiques sur l’usage du sport en entreprise. activités sportives proposées aux salariés,
Dans la même logique, les travaux du souvent des cadres, servent de support
sociologue Fabrice Burlot mettent en évi- pédagogique. Les placer dans une situation >>
dence la fonction de communication interne
que comporte le sport associatif en entre- > (3) Voir à ce propos un ouvrage qui explore les résultats
prise : il accroît la cohésion interne (création récents de la neuroscience : Daniel Goleman, Cultiver l’in-
telligence relationnelle, Robert Laffont, 2009.
de réseaux informels, identification com- > (4) J. Pierre, « Le recours au sport chez Adidas. Effets des
mune…) et agit de façon significative sur discours et des pratiques managériales sur l’implication
des cadres », STAPS, n° 74, 2006/2.
« l’identité révélée » de l’entreprise, enten- > (5) F. Burlot, « Le sport en entreprise : un vecteur de com-
munication interne », STAPS, n° 53, 2000 ; « Sport et iden-
due comme la manière dont les salariés se tité d’entreprise. Vers une modification de l’imaginaire orga-
représentent leur entreprise (5). Il constate nisationnel », STAPS, n° 69, 2005/3.
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Dossier
>> sportive, à distance de leur contexte profes- gnements opérationnels aux cadres contem-
sionnel quotidien, permet de mettre au jour porains dans leur tâche d’encadrement.
des problématiques managériales person- En juillet-août 2007, le magazine Mana-
nelles (rapport à l’autorité, manière de gement expose ainsi sur sa couverture
manager…) ou collectives (mécanismes de Bernard Laporte, alors entraîneur national
coordination, de communication interper- de l’équipe de France de rugby, en costume,
sonnelle…). Prenons l’exemple d’une entre- tenant dans ses mains un ballon de rugby,
prise qui depuis 2006 propose des stages de avec en sous-titre « Tirez le meilleur de
coaching aux cadres dirigeants à partir de vous-même ! Les méthodes des sportifs et
l’activité équestre. Un des premiers exercices des artistes appliquées au management ».
consiste pour le cadre à A l’intérieur, on y découvre, outre
guider (ou tenter de gui- ceux de l’entraîneur, les conseils de
der) un cheval dans un Le sport de haut Catherine Destivelle, alpiniste, et de
manège. Filmé, il com- niveau est présenté Stéphane Diagana, champion du
mente ensuite sa presta- monde du 400 mètres haies. Dans
tion souvent révélatrice
comme une référence la même perspective, de plus en
de la manière dont il managériale aux plus d’ouvrages (6) destinés aux
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assume ses responsabili- managers managers détaillent les ressorts du

tés managériales. d’entreprise. management sportif tels qu’ils sont
Autre exemple signifi- agencés par les entraîneurs et/ou
catif : un organisme de coachs sportifs. On y retrouve pêle-
14 formation qui propose un séjour sur un voi- mêle les questions de la préparation, de la
lier pour faciliter l’apparition des méca- récupération, des valeurs, des ressorts de
nismes sous-jacents à l’organisation du tra- la motivation individuelle et collective, de

vail et au fonctionnement d’une équipe de la performance individuelle et collective, de
travail. Comme l’affirme leur argumentaire, la recherche de l’excellence, de la réussite,
« Prenez un bateau, mettez-y cinq, six per- du coaching, du mental, de la gestion du

sonnes étrangères les unes aux autres, de stress, du leadership. D’autres aspects pour-
culture, de vécu différents, vous obtiendrez raient être abordés comme la détection et la
un équipage, c’est-à-dire, au fond, une formation des hauts potentiels, l’usage de
équipe. Des postes se définiront, un recru- l’émotionnel et de l’informel, la gestion de
tement informel s’imposera, un système de la diversité culturelle…
communication se mettra en place, du
management, un but (un objectif) seront Différences. Si, entre le sport de haut
définis. Toutes les règles, tous les paramètres niveau et l’entreprise, de nombreuses situa-
qui régissent une équipe surgissent en tions sont similaires, notamment le contexte
quelques heures, comme si le bateau faisait de performance, de concurrence et de com-
office de catalyseur et d’accélérateur ». pétition, des différences significatives sont
Plus récemment, on a vu apparaître une aussi à souligner qui limitent d’autant la
version plus « globalisante » où le sport, et pertinence des rapprochements. Le sport de
en particulier le sport de haut niveau voire
> (6) G. Missoum et J.-L. Minard, L’Art de réussir. L’esprit
professionnel, est présenté comme une réfé- du sport appliqué à l’entreprise, Editions d’organisation,
rence managériale qui peut servir d’idéal 1990 ; J. Whitmore, Coaching, les techniques d’entraîne-
ment du sport de haut niveau au service des entreprises,
ou plus modestement donner des repères Maxima, Laurent du Mesnil Editeur, 1994 ; L. Bellenger,
aux managers d’entreprise. Comme à une Comment managent les grands coachs sportifs, Des pistes
concrètes pour le coaching en entreprise, ESF Editeur,
époque où l’univers militaire servait de 2003 ; P. Villepreux et V. Lafon, Pour un autre leadership,
modèle en management, l’expérience spor- Village mondial, 2007 ; J. Delmas, F. Leccia et L. Roche, Le
Management à l’école du rugby. Retrouver les fondamen-
tive serait en capacité de fournir des ensei- taux du management, Dunod, 2007.
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haut niveau est un secteur fortement média- sources humaines au service des entreprises.
tisé où les acteurs, entrés d’abord par pas- Aujourd’hui, le doute n’est plus de mise.
sion pour leur sport, ont des niveaux de Assurément, « le sport a des raisons que
rémunération particulièrement élevés par l’entreprise connaît » (8).
rapport aux cadres intermédiaires d’entre-
prise. De plus, les cadres organisationnels Quand l’entreprise s’invite
dans lesquels évoluent les sportifs possè- dans l’univers sportif
dent des structures hiérarchiques relati- Réciproquement, on peut considérer que
vement plates. l’entreprise a des raisons que le sport
Ces caractéristiques ont une grande connaît parfaitement, ce qui n’a pas toujours
influence sur le champ du possible en été le cas. En effet, les instances du sport ont
matière managériale. Un sportif ou des longtemps refusé la logique économique. Le
sportifs accepteront d’autant mieux sport devait être l’apa-
le volume de travail, les souffrances, nage des « gentlemen »,
les échecs, l’impératif de dépasse- Dans la c’est-à-dire de ceux qui le
ment de soi, l’autoritarisme de l’en- compétition pratiquent pour se diver-
traîneur parfois, que les récom- tir et s’amuser, non pour
sportive,
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penses symboliques (être à la « une » gagner des médailles, et
de L’Equipe ou faire la « une » du JT, les résultats sont encore moins de l’argent.
faire l’objet d’articles de presse, mesurables Le sport dans ses ori-
multiplier les passages télévisés, et donc objectivés. gines modernes constitue
recevoir la Légion d’honneur…), « une activité gratuite 15
intrinsèques (parvenir à atteindre un et désintéressée où la

niveau de compétition, participer aux JO, manière d’être et de faire (style, fair-play)
gagner une médaille d’or, être champion compte davantage que la performance » (9).
du monde…) et financières sont présentes Ce sont surtout ses vertus éducatives et dis-
dans l’univers sportif et sont des éléments tractives qui sont légitimées.

de reconnaissance personnelle.
Par ailleurs, les résultats et les progres- Professionnalisme. Mais cela n’a pas
sions sont facilement mesurables et donc empêché certaines compétitions à caractère
objectivés ; les bénéfices personnels sont privé et professionnel de se développer à la
rapides en raison de la forte médiatisation marge du sport fédéral dans des disciplines
du sport. La chaîne hiérarchique relative- comme la boxe, la course à pied, l’aviron, le
ment plate facilite l’adéquation aux prin- golf et le cyclisme. Dans ce cas, les sportifs
cipes managériaux déployés, de la direction étaient rémunérés par des organisateurs pri-
au management de proximité (7). Autant vés en fonction de leur résultat. Le cas du
d’éléments circonstanciels qui donnent du cyclisme est fort intéressant. S’il s’est pro-
sens et de la pertinence au mode de mana- fessionnalisé, c’est parce que des entreprises
gement sportif que l’on ne retrouve pas ont assuré son financement. Dès le dernier
forcément dans l’entreprise. tiers du XIXe siècle, il a été fortement média-
Si le sport de haut niveau peut servir tisé sous l’impulsion de l’industrie du cycle. >>
d’exemple managérial, il convient néan-
> (7) B. Barbusse, « Le management des professionnels
moins d’aller plus loin dans l’appréhension du sport. Le cas d’un club de handball », Revue française
et l’identification des différences et des simi- de gestion (coordonné par M. Thévenet), n° 168-169,
novembre-décembre 2006.
litudes afin d’éviter des rapprochements > (8) A. Ehrenberg, « Les valeurs du sport au service de
trop rapides et donc inopérants. En tout état l’entreprise », Problèmes économiques, n° 2171, avril 1990.
de cause, le sport fait bien partie de la pano- > (9) Monique de Saint Martin, « La noblesse et les sports
nobles », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 80,
plie des outils de management des res- novembre 1989.
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Dossier
>> Le processus en construction était un jeu à niveau de masse salariale soit adopté un
trois résumé dans la formule suivante : « je statut commercial (SAOS, SASP, EURLSP).
finance, tu pédales, ils racontent » (10). En devenant des sociétés commerciales,
L’exemple du football, le premier sport certes à statut particulier, certaines organi-
collectif à s’être professionnalisé, est éga- sations sportives ont adopté les outils
lement éloquent. Les historiens Antoine de management de l’entreprise dans des
Mourat et Paul Dietschy ont comparé domaines aussi divers que le marketing, le
les logiques d’émergence merchandising, la comptabilité, la
des clubs du FC Sochaux finance, la communication interne
et de la Juventus de Ce sont Peugeot et externe, l’externalisation, la filia-
Turin (11). Dans les deux et Fiat qui ont lisation… En outre, en tant que
cas, ce sont des construc- sociétés commerciales, même si en
teurs automobiles (Peu-
importé les France seul l’Olympique lyonnais
geot et Fiat) qui vont méthodes de s’y est risqué, elles peuvent doréna-
importer les méthodes de l’entreprise dans le vant faire appel à la Bourse dans
management de l’entre- monde du football. une stratégie de financement direct
prise dans le monde du de leurs investissements – c’est
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football. C’est dans celui d’ailleurs pour financer un grand

de Sochaux que la logique industrielle va stade nommé « OL Land » que Jean-Michel
être le plus directement appliquée : « Il y a Aulas, président de l’OL, a introduit son
en effet de la part des dirigeants une volonté club en Bourse.
16 affichée de rationalisation de l’encadrement A côté des groupements sportifs tradition-
et de séparation des compétences » au sein nels issus des associations d’origine, se ren-
de l’équipe sportive. Jean-Pierre Peugeot contrent des structures complètement pri-

va pousser loin le transfert afin d’assurer vées qui gèrent des activités sportives
le contrôle maximal des différents para- comme les centres équestres ou les clubs de
mètres de la performance sportive. golf. En juin 2005, la « Team Lagardère » a

Tout au long du XXe siècle, le rapport à été créée par l’industriel du même nom, pas-
l’entreprise a évolué lentement. Ce n’est sionné de sport, pour accueillir des sportifs
qu’avec l’autonomisation du sport pro- de haut niveau qu’elle professionnalise. Au
fessionnel qui s’est accélérée depuis les début dédiée au tennis et à l’athlétisme,
années 80 que la logique entrepreneuriale aujourd’hui elle accueille le judoka Teddy
va bousculer en profondeur l’univers spor- Riner. Elle leur offre des conditions d’entraî-
tif. Il faut constater tout d’abord un rapport nement et de reconversion professionnelles.
de nécessité. Le sport professionnel pour Un nombre croissant de structures spor-
faire face au professionnalisme et à l’accrois- tives sont donc dorénavant des entreprises.
sement, notamment, de la masse salariale, Dès lors, elles ont développé logiquement
a eu un besoin croissant de financement que des outils de management inspirés de l’en-
les entreprises ont comblé. treprise, tout en les adaptant à la particula-
rité du secteur sportif. Des règles de régu-
Statut commercial. Conjointement avec le lation spécifiques au sport ont vu le jour. Un
développement du professionnalisme, les exemple : la présence au sein du sport pro-
organisations sportives ont évolué vers des
formes statutaires commerciales. Peu de > (10) C. Brissonneau, O. Aubel et F. Ohl, L’Epreuve du
clubs évoluant au sein du sport profession- dopage. Sociologie du cyclisme professionnel, PUF, collec-
tion Le Lien social, 2008.
nel ont encore un statut associatif. S’il en > (11) P. Dietschy et A. Mourat, « Professionnalisation du
existe, ils sont voués à terme à disparaître football et industrie automobile : les modèles turinois et
sochalien », Histoire et Sociétés, n ° 18-19, Alternatives éco-
car la loi exige qu’au-delà d’un certain nomiques, juin 2006.
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fessionnel français, en tout cas au L’encadrement « froid » et pas très spec-

sein des sports collectifs, de méca- des professionnels taculaire car l’objectif ne
nismes de contrôle de gestion qui en serait pas là…
cas de manquements au règlement
n’est plus réduit Derrière ces points de
financier permettent de sanctionner à l’entraîneur. vue, se pose la question
sportivement un club. Cela permet Celui-ci manage fondamentale : qu’est-ce
aux instances sportives de contrôler toute une équipe. que le sport ? On voit
la rigueur avec laquelle les clubs bien là que l’introduction
gèrent leurs finances. Si le contrôle de la logique entrepre-
gestionnaire ne suffit pas, des règles de limi- neuriale dans l’univers sportif touche aux
tation de la masse salariale peuvent être profondeurs de cette activité humaine et à
adoptées comme vient de le faire la Ligue son identité même.
nationale de rugby, l’instance de régulation
du rugby professionnel. Une telle règle peut Nouvelle identité
être instaurée pour assurer l’équilibre spor- Les acteurs du sport professionnel voient
tif garant de la permanence d’une situation également leur identité se transformer sous
de concurrence entre toutes les équipes, l’effet de l’introduction d’une logique pro-
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comme aux Etats-Unis (12). fessionnelle. Devenant salariés d’une entre-
prise, ils sont tenus par des droits et des
Sport spectacle, sport business. A ce stade devoirs définis dans une convention collec-
de développement du sport professionnel, tive ou des accords sectoriels. Mais au-delà
une question essentielle se pose : si un club de l’aspect juridique, c’est surtout leur sta- 17
sportif associatif a une finalité sportive évi- tut social et leur identité professionnelle qui

dente, le club sportif entreprise peut-il avoir ont profondément évolué. Arrêtons-nous
une finalité économique comme n’importe sur l’exemple des entraîneurs. Premier
quelle entreprise ou doit-il se résoudre à cir- constat : aujourd’hui l’encadrement des
conscrire sa finalité au plan sportif ? Autre- sportifs professionnels ne se réduit pas à

ment dit, est-il avant tout une organisation l’entraîneur. Autour de lui, on trouve un(e)
sportive ou une organisation économique ? président(e), un directeur sportif et/ou
Peut-il être les deux à la fois ou doit-il choi- manager général, un « staff » médical com-
sir ? Ce sont « les » questions essentielles posé de médecin(s), de kinésithérapeute(s),
qui se posent aujourd’hui au monde spor- d’ostéopathe(s), éventuellement de nutri-
tif et en particulier au sport professionnel. tionniste(s), un « staff » sportif composé
Le sociologue Michel Raspaud soutient que généralement de préparateur(s) physique(s),
le sport est désormais guidé par une logique d’un entraîneur adjoint, d’entraîneurs spé-
essentiellement économique et conclut que cialisés pour les gardiens, les avants, les
le sport devenu spectacle « n’est plus du arrières, un ou des préparateurs mentaux…
sport au sens strict du terme » (13). Il constate Face à cet encadrement de plus en plus
que « le sport appartient à un autre monde fourni, c’est aux entraîneurs qu’il revient la
que celui du sport » et regrette le temps des plupart du temps de mettre en musique
origines où des valeurs « universelles », toutes ces spécialités professionnelles, >>
« immuables » et « transcendantes » carac-
> (12) Ce système fonctionne dans un cadre de ligues fer-
térisaient l’activité sportive. Le président mées où toutes les équipes sont assurées chaque année
Pape Diouf, dans un ouvrage paru en de rester dans le secteur professionnel. Autrement dit, il
n’y a pas de risque de relégation. Les clubs sont également
2009, oppose le football spectacle de l’OM organisés sous forme de franchises qui peuvent changer
au football business de l’OL. Le premier d’implantation territoriale comme elles le souhaitent.
selon lui vise à produire du « beau jeu » > (13) M. Raspaud, « Logique sportive versus logique
d’entreprise ? », Les Cahiers du journalisme, n° 11,
alors que le deuxième produirait un jeu décembre 2002.
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Dossier
>> c’est-à-dire de les « manager ». Mais parfois nation. Il représente en effet la direction du
ce peut être au président ou au manager club ; il est un relais entre la direction et la
général, s’il diffère de l’entraîneur, qu’il base opérationnelle que sont les sportifs. En
incombe de manager le « staff » d’enca- tant que tel, il devient un manager de proxi-
drement. Quelle que soit la personne qui mité essentiel au bon fonctionnement de
gère l’encadrement, on l’équipe et du club, autrement dit
constate que le manage- un cadre intermédiaire ou dirigeant
ment est devenu une acti- Raymond selon le positionnement qu’il négo-
vité incontournable dans Domenech cie dans son club (15).
le sport professionnel en On peut noter d’ailleurs que
raison d’une rationalisa-
est épaulé par un l’introduction récente des mots
tion accrue des activités spécialiste « coach » et « coaching » dans le
de production de la des ressources sport français marque justement la
performance sportive et reconnaissance et l’importance que
d’une spécialisation crois-
humaines. prend actuellement la dimension
sante des compétences. managériale dans la production de
Ce n’est plus seulement l’entraîneur et/ou la performance sportive et dans le métier de
Septembre 2009
le président qui encadrent les sportifs l’entraîneur en particulier. Il y a à peine dix

professionnels mais tout un ensemble de ans, ceux qui entraînaient les sportifs étaient
professionnels ultra-spécialisés. appelés tout simplement entraîneurs.
Aujourd’hui, ce sont devenus des coaches
18 De l’entraînement au coaching. L’enca- et les titres de certaines autobiographies
drement en tant qu’activité s’est également ou biographies (16) attestent leur nouveau
modifié. Si l’on s’arrête sur le cas des entraî- positionnement. Ils se revendiquent doré-
neurs professionnels, le contenu de leur navant comme des managers et non plus
fonction a en effet changé. A l’origine acti- simplement comme des techniciens.
vité dominée par des aspects technico-spor- Pour être à la hauteur de leur nouvelle

tifs (compétences spécifiques), elle intègre identité professionnelle, certains d’entre eux
de plus en plus des aspects managériaux n’hésitent pas à suivre des formations de
(compétence transversale) à tel point que gestion des RH, de communication, ou à
l’on n’hésite pas à les appeler des « mana- se faire aider par des spécialistes. Ainsi,
gers sportifs » – on retrouve la même pro- Raymond Domenech, le sélectionneur de
blématique en entreprise à propos de l’équipe de France de football, compte dans
métiers à dominante originelle technique son entourage un spécialiste du manage-
comme celui d’ingénieur. Dans son dernier ment des RH (17). On le voit, même si les
ouvrage (14), Cyril Baqué, consultant en RH entraîneurs sont fortement sollicités en
et psychologue du sport, valide cette ana- entreprise pour témoigner de leur expé-
lyse : « le technicien-éducateur se doit main-
tenant d’être un manager, un coach » en > (14) C.Baqué, Le Coaching des acteurs sportifs, Chiron,
2007.
position de « gestionnaire des ressources > (15) De ce point de vue, quelqu’un comme Arsène Wen-
ger est un cadre supérieur dirigeant (précisément mana-
humaines » à l’égard non pas seulement ger général) au sein d’Arsenal alors que d’autres se conten-
de l’encadrement mais surtout des sportifs tent d’être des entraîneurs ne gérant pas les aspects
salariaux, comme c’était par exemple le cas de Guy Roux.
professionnels dont il a la responsabilité. Dans tous les cas, la convention collective considère les
S’il en est ainsi, c’est que lorsque l’entraî- entraîneurs professionnels comme des cadres.
neur est face à ses joueurs aujourd’hui, il > (16) D. Costantini, Paroles de coach, 2002 ; A. Weisz, Pas-
sion basket, Mémoires d’un coach, 2005 ; L. Jaoui et
n’est plus seulement dans un rapport d’ap- L. Rosso, Coach Vahid, 2006 ; X. Riboire, Arsenal Wenger :
the Coach, 2006.
prentissage formés/formateur mais bien > (17) G. Davet, « Un “DRH” dans l’ombre de Domenech »,
dans un rapport professionnel de subordi- Le Monde, 17 juin 2008.
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rience, inversement, certains d’entre eux Comme nous l’avions avancé dès le
sont de plus en plus demandeurs d’expé- milieu des années 90 (19), ce qui a changé fon-
riences entrepreneuriales. Comme le remar- damentalement c’est que les échanges entre
quait Gérard Houllier, alors manager de le sport et l’entreprise ne se font plus à sens
Liverpool, dans la préface d’un livre au unique. L’entremêlement des deux mondes
début des années 2000, « le monde du sport est devenu une réalité. Dernier exemple : les
en général […] profite non seulement de rencontres sportives se sont transformées en
l’expérience des entreprises, en termes de « événements » où les espaces « Affaires »,
management, mais constitue une référence « VIP », « Partenaires » constituent des lieux
possible pour les cadres et les dirigeants, de relations publiques. Tout le monde se
que l’on peut étendre à l’ensemble des retrouve, dirigeants d’entreprise, sportifs,
membres de l’entreprise ». dirigeants sportifs-entrepreneurs, person-
nel politique, en un lieu et un moment
Un processus inachevé. Incontestablement, uniques, conviviaux, pour faire connais-
l’univers sportif est à un moment charnière sance, échanger informellement sur des pro-
de son évolution. C’est pour cette blématiques communes
raison qu’il construit au gré de ou discuter affaires (20).
Les rencontres
Septembre 2009
l’avancée des transformations de L’interpénétration de
nouvelles règles de gouvernance et sportives ces deux mondes a de
de régulation. Pour ce faire, il s’ins- fortes chances de s’accen-
pire des recherches sur la gouver-
constituent tuer. Cela étant, même si
nance d’entreprise pour assurer la à présent des l’entreprise et le sport ont 19
transparence des décisions prises, lieux de relations des logiques de plus en

la mise en réseau des parties pre- plus convergentes, deux
nantes du système sportif profes-
publiques. écueils doivent être évi-
sionnel (18)… Il invente des règles de tés : d’une part, celui qui
régulation adaptées à la particularité de la consiste à considérer que derrière chaque

compétition sportive et du marché sportif. rencontre entre les deux univers se cachent,
Mais force est de constater que le chemin du côté de l’entreprise, une volonté mani-
parcouru est loin d’être suffisant. De nom- pulatoire et, du côté du sport, celle d’impo-
breux problèmes liés à la professionnalisa- ser un modèle économique unique de type
tion interrogent les acteurs du monde spor- ultralibéral ; d’autre part, celui qui revient
tif : les rythmes de compétition et la gestion à soutenir, du côté de l’entreprise, l’idée
des blessures, la gestion du stress, le que le sport serait « la » solution à tous
dopage, le financement des activités profes- ses problèmes de management des RH et,
sionnelles, la gestion de la masse salariale, du côté du sport, celle que l’entreprise serait
la question du dialogue social, le position- le modèle à suivre sans tenir compte des
nement des associations de supporters, la spécificités du monde sportif. n
fidélisation des sportifs professionnels, la
protection de la formation des hauts poten- > (18) Ces réflexions ne sont pas spécifiques du sport pro-
fessionnel puisque l’ensemble des organisations sportives
tiels, le financement des activités… Autant (ligues, fédérations nationales et internationales, comités
de problématiques similaires au monde olympiques nationaux et internationaux) impliquées dans
un processus de professionnalisation de leurs structures
de l’entreprise qui attestent du caractère organisationnelles et de leurs acteurs sont concernées par
inachevé du professionnalisme sportif. En la recherche d’une nouvelle gouvernance du sport.
> (19) B. Barbusse, Sport et entreprise : des apports réci-
tout état de cause, le sport est bel et bien proques en matière de gestion des ressources humaines,
arrivé à un niveau de développement qui thèse de doctorat en sociologie, université Paris-V, 1997.
> (20) L’ESSEC propose depuis peu comme option à ses
explique l’intérêt qu’il porte au monde étudiants la pratique du golf, sport prisé par le monde des
entrepreneurial. affaires en matière de relations publiques.

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ENTRE SPORT ET ENTREPRISE, UNE ATTIRANCE RÉCIPROQUE

L'Express - Roularta | « L'Expansion Management Review »

2009/3 N° 134 | pages 10 à 19

Distribution électronique Cairn.info pour L'Express - Roularta.

© L'Express - Roularta | Téléchargé le 10/05/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.66.2.6)

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