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Stabilisation-solidification

des déchets

par Pierre MOSZKOWICZ


Laboratoire d’analyse environnementale des procédés et des systèmes industriels
Institut national des sciences appliquées de Lyon
et Radu BARNA
Polden-Insavalor

1. Objectifs des procédés........................................................................... G 2 080 - 2


1.1 Définitions et réglementations ................................................................... — 2
1.2 Gisement de déchets concernés ................................................................ — 3
1.3 Quel cahier des charges pour ces procédés ?........................................... — 3
2. Stabilisation à base de liants hydrauliques...................................... — 4
2.1 Liants à réaction hydraulique : principes de la solidification................... — 4
2.2 Mécanismes de la stabilisation par liants hydrauliques .......................... — 5
2.3 Procédés mis en œuvre............................................................................... — 5
2.4 Atouts et limites de ces procédés .............................................................. — 5
3. Vitrification................................................................................................ — 7
3.1 Vitrification des déchets nucléaires ........................................................... — 7
3.2 Principe de la vitrification ........................................................................... — 7
3.3 Procédés de vitrification de déchets .......................................................... — 7
3.4 Avantages et limites de la vitrification....................................................... — 8
4. Procédés d’enrobage à l’aide de liants organiques ....................... — 9
4.1 Enrobage à l’aide de bitume....................................................................... — 9
4.2 Enrobage à l’aide de matériaux thermoplastiques................................... — 9
5. Perspectives de développement.......................................................... — 9
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. G 2 080

L ’industrialisation et l’urbanisation se sont développées pendant le


XIX e siècle et la première moitié du XX e en ignorant pratiquement les
conséquences environnementales des nouvelles pratiques de consommation et
de production mises en œuvre. Les modes de vie sont devenus de moins en
moins « économes » en matières premières et en énergie consommées et de
plus en plus générateurs de déchets. Dans la seconde moitié du XXe siècle, les
flux de produits matériels se sont intensifiés et globalisés à l’échelle de la pla-
nète. Les matières et matériaux utilisés se sont « artificialisés », avec des carac-
téristiques qui rendent plus difficile leur réinsertion dans les cycles
biogéochimiques naturels. Depuis la fin des années 1950, une prise de
conscience écologique s’est développée : les évolutions démographiques, la
raréfaction prévisible des ressources naturelles, les crises énergétiques, les
catastrophes écologiques ont fixé des bornes à une croissance industrielle
incontrôlée. Aujourd’hui, les préoccupations écologiques sont présentes dans
tous les secteurs de l’activité économique et le management des entreprises
intègre de plus en plus la composante environnementale. Les méthodes de
gestion et de traitement des déchets sont au cœur de cette problématique et

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conditionnent souvent la pérennité des modes de production ou de


consommation.
Les procédés de stabilisation-solidification des déchets ont été largement
développés au stade industriel et permettent de trouver des solutions
économiques et fiables. L’industrie nucléaire a été un précurseur dans le domaine
puisqu’il a fallu, dès l’origine, prévoir un mode de gestion efficace et sûr pour
des déchets radioactifs dont la nocivité à long terme est évidente. Aujourd’hui,
l’incinération est une filière particulièrement développée pour le traitement des
ordures ménagères avec, en général, une valorisation énergétique. Des déchets
industriels sont aussi éliminés par incinération. Ces procédés thermiques
engendrent des résidus solides : des mâchefers, des résidus d’épuration des
fumées d’incinération d’ordures ménagères ou de déchets industriels (REFIOM
ou REFIDI). La solidification à l’aide de liants hydrauliques permet de stabiliser
ces déchets ultimes et d’obtenir des solidifiats qui peuvent être stockés dans
des sites spécialement aménagés, dans de bonnes conditions de sécurité
environnementale (centres de stockage de déchets ultimes stabilisés). Plus
récemment, la vitrification des cendres volantes provenant de l’incinération des
déchets connaît aussi un développement en France, laissant présager une
possible valorisation des solidifiats obtenus.
Les procédés de stabilisation-solidification apparaissent ainsi comme un
maillon essentiel et en plein développement des filières de gestion des déchets
industriels et urbains.

Les filières de traitement des déchets visent différents objectifs :


— recyclage total ou partiel ;
— retour « écocompatible » dans l’environnement (cas de la stabilisation-solidification) ;
— décomposition en espèces chimiques « inoffensives ».
Toutes ces filières nécessitent la mise en œuvre de techniques très variées, étudiées dans
les articles de la rubrique « Déchets » [G 2 000] et suivants de ce traité Environnement.

1. Objectifs des procédés 1.1 Définitions et réglementations

L’arrêté du 18 décembre 1992, qui fixe les conditions de


Les principes généraux fixant le cadre juridique de l’élimination « stockage de certains déchets industriels spéciaux ultimes et
des déchets ont été édictés par la directive du Conseil de la stabilisés », a précisé les définitions essentielles suivantes :
Communauté européenne no 75/442 du 15 juillet 1975 qui énonce
l’obligation pour les États membres de prendre les mesures néces-
saires pour interdire l’abandon, le rejet et l’élimination incontrôlée
des déchets. Les déchets ultimes sont des déchets, résultant ou non de
processus de traitement de déchets, qui ne sont plus
La préservation de l’environnement a un coût et la bonne ges-
susceptibles d’être traités dans les conditions techniques et
tion des déchets doit être assumée financièrement. En particulier,
économiques du moment, notamment par extraction de la part
le principe « pollueur-payeur » est reconnu par l’article 15 de cette
valorisable ou par réduction de leur caractère polluant ou
directive : « le coût d’élimination des déchets doit être supporté par
dangereux.
les producteurs et par les détenteurs de produits générateurs de
déchets, ainsi que les détenteurs de déchets qui les remettent à un Un déchet est considéré comme stabilisé quand sa perméabi-
ramasseur ou à un éliminateur ». Ce principe est repris en droit lité à l’eau et sa fraction lixiviable ont été réduites et quand sa
français, puisque la loi no 75-633 du 15 juillet 1975 (article 6) pré- tenue mécanique a été améliorée de telle manière que ses
voit que les producteurs de déchets peuvent être appelés à parti- caractéristiques satisfassent aux critères d’admissibilité des
ciper à leur élimination, soit financièrement, soit en prêtant leur déchets stabilisés dans les centres de stockage, suivant la régle-
concours à ce type d’opération contre rémunération. Cette même mentation en vigueur.
loi édicte l’obligation d’élimination des déchets pour tout détenteur
ou producteur et de manière à éviter :
— la production d’effets nocifs sur le sol, la flore et la faune ; Les objectifs des procédés de stabilisation et le gisement des
— la dégradation de sites ou de paysages ; déchets susceptibles d’être stabilisés sont donc définis par un
— la pollution de l’air ou des eaux ; cadre juridique et les pouvoirs publics jouent un rôle primordial
— les bruits et les odeurs ; dans l’orientation et le développement industriel des filières de
— et, d’une façon générale, l’atteinte à la santé de l’homme et à traitement. Le critère de stabilité reconnu à un déchet doit être véri-
l’environnement, en appliquant ainsi le principe de précaution. fiable selon une procédure objective.

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— résidus de peinture : déchets de peinture polymérisés ou


Le déchet stabilisé doit être « inerte », c’est-à-dire dans un solides, de résine, de vernis ou de polymères sans phase liquide ;
état de stabilité physico-chimique tel qu’il ne puisse pas subir de
— résidus d’amiante : résidus autres que ceux du déflocage ;
transformations susceptibles de générer des nuisances environ-
nementales. — résidus de forage résultant de l’emploi de fluides de forages
à base d’hydrocarbures ;
— réfractaires et autres matériaux minéraux usés.
Les tests prévus pour l’admission des déchets inertés en centre
de stockage visent ainsi d’une part à vérifier l’intégrité et la péren-
nité de la structure physique des déchets solidifiés (essais de résis- ■ La production de l’ensemble de ces déchets industriels repré-
tance mécanique sur des éprouvettes solides et selon les normes sente en France près de 7 millions de tonnes par an. La moitié envi-
relatives à ce type d’essais) et d’autre part à l’évaluation de leur ron est traitée et stockée sur les sites où ils sont produits, l’autre
potentiel polluant par des tests de lixiviation. Les quantités de pol- moitié est prise en charge par des opérateurs spécialisés. Une faible
luants solubilisés lors des contacts avec de l’eau dans les proportion est actuellement stabilisée par des procédés de solidifi-
conditions requises par la norme expérimentale XP X 31-210 sont cation (environ 600 000 t/an) dans 13 centres collectifs. Les déchets
comparées aux seuils fixés par la réglementation pour le contrôle traités sont très variés et recouvrent pratiquement toute la liste défi-
de l’admission en centre de stockage des déchets industriels spé- nie par la législation. Les orientations actuelles, encadrées par les
ciaux. Les tests mis en œuvre et les seuils réglementaires sont nouvelles réglementations, devraient amener les procédés de stabi-
détaillés dans la suite de cet article (§ 1.3 relatif au cahier des lisation-solidification à prendre toute leur place parmi les différentes
charges que doivent satisfaire les procédés de stabilisation-solidi- filières de gestion des déchets industriels.
fication).
■ L’incinération des déchets industriels et des résidus ménagers
engendre des résidus solides dont une partie peut être stabilisée par
1.2 Gisement de déchets concernés solidification. On trouve là le principal gisement de déchets qui relè-
vent aujourd’hui de la stabilisation-solidification. En particulier, le cas
Les techniques de solidification ont été initialement développées des résidus d’épuration des fumées d’incinération des ordures
pour la gestion des déchets nucléaires. La filière électronucléaire ménagères (REFIOM) tient une place importante. La production
engendre en France des volumes importants de déchets, classés annuelle de déchets ménagers et assimilés est de l’ordre de
en trois catégories selon la période des éléments radioactifs et 23 millions de tonnes par an. Actuellement, près de la moitié est éli-
l’intensité de leur activité : minée par incinération (dont les trois quarts le sont avec production
d’énergie). Les résidus solides de l’incinération sont d’une part les
— 30 000 m3/an de déchets A (activité βγ, période < 30 ans) ; mâchefers générés dans le four, valorisés ou éliminés dans le cadre
— 3 000 m3/an de déchets B (activité α moyenne, période > de la réglementation en vigueur et, d’autre part, les résidus prove-
30 ans) ; nant de l’épuration des fumées. Les REFIOM sont directement visés
— 200 m3/an de déchets C (activité αβγ forte, période > 30 ans). par la législation et doivent être stabilisés afin d’être stockés en cen-
Les différentes techniques de stabilisation-solidification (enro- tre d’enfouissement technique. Ce sont donc environ 400 000 t/an de
bage de bitume ou de résine, confinement dans des bétons, céra- REFIOM pour lesquels une véritable filière industrielle de stabilisa-
misation et vitrification) ont été développées par le Commissariat tion par solidification a été mise en place.
à l’énergie atomique dès le début des années 1960 et ont été pro-
gressivement industrialisées. Les déchets nucléaires sont gérés
dans un cadre réglementaire très strict, avec des contraintes de
sécurité très élevées, et les procédés mis en œuvre sont très spé- 1.3 Quel cahier des charges
cifiques, en particulier les procédés de vitrification des déchets C.
Pour de plus amples renseignements, le lecteur pourra se reporter
pour ces procédés ?
à la référence [1] dans les Techniques de l’Ingénieur.
■ Les déchets industriels spéciaux concernés par les techniques de Un procédé de stabilisation-solidification doit permettre
stabilisation en vue de leur élimination ont été légalement définis d’immobiliser, au sein d’une matrice solide, les polluants
(arrêtés du 18 février 1994, publiés au Journal officiel du contenus dans le déchet traité. Deux effets sont visés : le
26 avril 1994). En se référant à la nomenclature des déchets définie confinement et la réduction à un très faible niveau de leurs solu-
par le Catalogue européen des déchets (JOCE du 7 janvier 1994), le bilités.
législateur a fixé les familles et types de déchets à stabiliser :
— résidus d’incinération : suies et cendres non volantes, résidus
d’épuration de fumées de l’incinération des ordures ménagères ■ Le confinement des polluants dans une matrice solide consiste à
(REFIOM) et des déchets industriels (REFIDI), résidus des eaux de les « isoler » du milieu extérieur à la matrice afin de réduire les
lavage des gaz, mâchefers résultant de l’incinération des déchets contacts avec l’eau ou tout solvant susceptible de les dissoudre et de
industriels ; les disperser. Les meilleurs procédés sont, à cet égard, ceux qui per-
— résidus de la métallurgie : poussières de fabrication d’aciers mettent d’obtenir des matériaux non poreux, tels que les verres, ou
alliés, poussières issues de procédés de fabrication de métaux et bien très peu poreux et hydrophobes, tels que les bitumes. Une autre
scories et crasses de seconde fusion de métaux par bains de sel, exigence est la pérennité de la structure solide qui est conditionnée
boues d’usinage contenant moins de 5 % d’hydrocarbures, scories par la durabilité et les qualités mécaniques du matériau obtenu. Les
et crasses issues de procédés de fabrication de métaux, à l’exception mortiers et bétons réalisés avec des liants hydrauliques peuvent
des scories et crasses de seconde fusion de métaux par bains de satisfaire ces exigences.
sel, des sables de fonderie n’ayant pas subi la coulée ;
— déchets minéraux de traitement chimique : oxydes métalliques ■ L’autre effet attendu, « plus chimique », consiste à immobiliser
résiduaires solides hors alcalins, sels métalliques résiduaires solides les polluants par insolubilisation. Au sein d’une matrice poreuse,
hors alcalins, sels minéraux résiduaires solides non cyanurés, telle qu’un béton ou un mortier réalisé à l’aide d’un ciment, les pol-
catalyseurs usés ; luants présents sous une forme très peu soluble ne seront alors
— résidus de traitement d’effluents ou de déchets ou de terres mobilisés que très difficilement et très lentement, lors d’un contact
contaminées : boues et résidus de stations d’épuration (STEP), du matériau avec de l’eau. Des précipités très peu solubles tels que
boues d’hydroxydes métalliques, résines échangeuses d’ions des hydroxydes ou des phases cimentières néoformées peuvent
saturées ; ainsi « fixer » des polluants métalliques.

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■ Les objectifs fixés par le cahier des charges d’un procédé de terme ciment recouvre, dans le langage commun, des matériaux
stabilisation-solidification dépendent essentiellement du mode de minéraux finement broyés qui « prennent » en présence d’eau
gestion prévue pour les solidifiats. Une filière parfaitement définie pour former, après durcissement, une matière solide poreuse :
est celle de l’élimination vers un centre de stockage de déchets c’est la prise hydraulique qui est due aux réactions d’hydratation
ultimes stabilisés (décharge de classe 1) après inertage. Dans ce cas, des composés du ciment. Dès l’antiquité, les Romains ont utilisés
le test mis en œuvre pour caractériser le potentiel polluant des des mélanges de chaux et de pouzzolanes naturelles (cendres vol-
déchets est effectué par trois lixiviations successives sur un caniques) ou artificielles (briques d’argile cuites et pilées) pour
échantillon broyé du matériau, selon la norme XP X 31-210. L’arrêté obtenir un ciment avec lequel ils bâtirent de grands ouvrages dont
du 18 décembre 1992 définit les valeurs limites qui représentent les la durabilité a été fort remarquable !
critères d’admission des déchets. Le tableau 1, extrait de l’annexe 1 La stabilisation-solidification des déchets peut être obtenue par
de cet arrêté, fixe les seuils d’admission. l’ajout d’un ciment ou d’un mélange de réactifs ayant des proprié-
(0) tés pouzzolaniques. Le ciment joue alors le rôle de liant hydrauli-
que. Certains déchets possèdent par eux-mêmes des propriétés
pouzzolaniques et sont donc susceptibles d’entrer dans la
Tableau 1 – Valeurs limites des critères d’admission composition de ciments commerciaux (comme les laitiers de haut-
des déchets dans un centre de stockage de déchets fourneau ou les cendres volantes de centrales thermiques, par
ultimes stabilisés exemple). Ces déchets peuvent aussi intervenir dans la formulation
de mélanges réactifs pour les procédés de stabilisation-solidifica-
4 < pH < 13 Cr6+< 5 mg/kg CN– < 5 mg/kg tion.
Siccité > 35 % Cr < 50 mg/kg Ni < 50 mg/kg
■ Principaux ciments utilisés
Fraction soluble < 10 % Pb < 50 mg/kg As < 10 mg/kg
● Le ciment le plus commun est le ciment Portland artificiel (CPA),
DCO < 2 000 mg/kg Zn < 250 mg/kg Hg < 5 mg/kg fabriqué à partir d’un clinker obtenu par cuisson à 1 450 oC d’un
Phénols < 100 mg/kg Cd < 25 mg/kg mélange de calcaire (80 %) et d’argile (20 %). Le clinker finement
broyé est généralement additionné d’environ 3 à 5 % de gypse
(sulfate de calcium hydraté) qui permet une prise hydraulique plus
régulière, pour obtenir un CPA commercial. Un CPA est alors
Les résultats des tests sont exprimés en fonction des modalités constitué principalement de quatre phases solides :
de calcul proposés dans l’annexe de la norme XP X 31-210 et — 50 à 70 % de silicate tricalcique [(CaO)3SiO2] ou C3S ;
expriment le total des quantités extraites par les lixiviations rap- — 10 à 25 % de silicate bicalcique [(CaO)2SiO2] ou C2S ;
porté à la masse du matériau. — 5 à 15 % d’aluminate tricalcique [(CaO)3Al2O3] ou C3A ;
Un projet de modification de l’arrêté du 18 décembre 1992 pré- — 5 à 10 % d’aluminoferrite tétracalcique [(CaO)4Al2O3Fe2O3] ou
voit d’ajouter des tests de caractérisation physique pour vérifier la C4AF.
résistance mécanique des déchets et de les classer en tant que
Le C3S et le C2S sont relativement bien cristallisés, le C3A et le
solides massifs, solides granulaires ou bien dans aucune de ces
C4AF forment une phase vitreuse. Un CPA contient des phases
deux catégories. Il est alors prévu des tests de lixiviation spéci-
secondaires alcalines : chaux libre (CaO) et sulfates de sodium et
fiques (normes XP X 31-211, XP X 30-410 ou XP X 31-210) adaptés
de potassium (Na2SO4 et K2SO4).
à chacune des catégories définies.
● Différents ajouts au clinker de CPA permettent d’obtenir des
■ Une nouvelle approche réglementaire de gestion des déchets ciments « composés ». Les différentes catégories de ciments
apparaît actuellement : en effet, la nouvelle directive européenne commercialisés sont normalisées en France (NF P 15-300 et
relative à la mise en décharge (99/31/CE, 26 avril 1999, JOCE du NF P 15-301) et caractérisées par leur composition :
16/7/99) ouvre l’accès aux décharges de classe 2 (déchets ménagers — les CPA contiennent au maximum 3 % de constituants
et assimilés) pour les déchets dont le comportement à moyen et long secondaires ;
termes est jugé satisfaisant. Les tests permettant d’évaluer cette — les CPJ (ciment Portland composé) peuvent contenir jusqu’à
exigence sont actuellement en discussion et il est probable que des 35 % de constituants secondaires comme du calcaire ;
déchets ultimes stabilisés par solidification pourront trouver, dans un — les CHF et CLK contiennent de fortes teneurs (40 à 75 % pour
avenir proche, des modes de stockage plus économiques que celui les CHF, plus de 80 % pour les CLK) de laitiers de haut-fourneau,
de la classe 1. Le développement des procédés de solidification les utilisés pour leurs propriétés pouzzolaniques.
plus coûteux, tels que la vitrification, pourra alors les rendre
compétitifs sur le plan économique, dans la mesure où la gestion de ■ Propriétés des ciments obtenus
solidifiats présentant une meilleure qualité environnementale sera
Les matériaux obtenus en utilisant ces ciments ont des proprié-
moins contraignante.
tés physiques et chimiques qui dépendent de leur formulation :
temps de prise, résistance mécanique et résistance aux agressions
chimiques sont, par exemple, des paramètres essentiels lorsqu’il
s’agit de mettre en œuvre un procédé de solidification de déchets.
Mélangés à l’eau, les ciments s’hydratent. L’hydratation s’opère par
2. Stabilisation à base dissolution des phases solides suivie d’une précipitation des
de liants hydrauliques hydrates conduisant à un durcissement de la pâte de ciment et à
la constitution d’une structure solide poreuse. En fin d’hydratation
d’un CPA, les principales phases solides sont :
— des silicates de calcium hydratés (CSH) sous forme d’un gel
2.1 Liants à réaction hydraulique : amorphe qui constitue 60 à 70 % de la pâte de ciment hydratée ;
— de l’hydroxyde de calcium Ca(OH)2 ou portlandite, précipitée
principes de la solidification sous forme cristallisée et qui représente 80 à 90 % de l’alcalinité de
la pâte hydratée ;
Seuls ou en mélange avec de la chaux ou d’autres additifs, les — des sulfoaluminates de calcium : l’ettringite (3CaO · Al2O3 ·
ciments et autres réactifs pouzzolaniques sont très utilisés pour la 3CaSO4 · 32H2O) et le monosulfate (3CaO · Al2O3 · CaSO4 · 12H2O)
solidification-stabilisation des déchets solides et des boues. Le représentent 5 à 15 % de la pâte hydratée.

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La prise hydraulique est une réaction exothermique et se pour- 2.3 Procédés mis en œuvre
suit généralement pendant quelques jours. La résistance méca-
nique finale du matériau est normalement obtenue après 28 jours
de cure. Les procédés de stabilisation-solidification à base de liants
hydrauliques ont été largement développés en France, notamment
pour l’élimination des résidus d’épuration des fumées d’incinéra-
tion des ordures ménagères (REFIOM). Près de 400 000 t de tels
2.2 Mécanismes de la stabilisation résidus sont chaque année stockés en décharge de classe 1, après
stabilisation par liants hydrauliques, dans treize centres collectifs
par liants hydrauliques de traitement.
Les principaux procédés mis en œuvre ont été brevetés. Le docu-
■ Les réactions d’hydratation d’un mélange de déchets et de ciment
ment édité en 1996 par l’ADEME « Les techniques de stabilisation
et/ou de liants hydrauliques peuvent être fortement perturbées avec,
des déchets industriels spéciaux » (cf. [Doc. G 2 080]) recense les
comme conséquences, un retard de la prise et une diminution de la
procédés développés.
qualité mécanique des solidifiats obtenus. On peut même parler
« d’empoisonnement » des réactions d’hydratation quand des élé- Sept unités industrielles fonctionnent en France avec le procédé
ments présents dans les déchets inhibent la prise hydraulique. Les Inertec (Villeparisis, Jeandelaincourt, Bellegarde...), une en Belgi-
cas du chrome et du zinc ont été particulièrement étudiés : le premier que, une autre au Portugal (figure 1). L’usine de Villeparisis a une
est un accélérateur de prise mais peut donner lieu à une « fausse » capacité de 100 000 t/an et est la plus grande unité de stabilisation
prise en favorisant la précipitation de l’ettringite au détriment des en Europe. Le procédé Inertec peut s’appliquer à d’autres déchets
autres hydrates alors que le second est un retardateur de prise. Les que les REFIOM (résidus de la métallurgie, boues de stations
sels font en général courir un risque d’instabilité mécanique des d’épuration, boues d’hydroxydes métalliques, terres polluées). Les
solidifiats, en particulier les chlorures et les sulfates dont la présence « recettes » (mélanges de liants hydrauliques et d’adjuvants spéci-
peut entraîner des gonflements générateurs de fissurations. fiques) sont déterminées au cas par cas. Des prétraitements sont
parfois nécessaires pour certains déchets.
■ La stabilisation d’un déchet obtenue par la solidification à l’aide Les procédés Ecofix (figure 2) et Ashrock ne sont pas diffé-
d’un liant hydraulique doit conduire à l’immobilisation des polluants rents dans leur principe. Deux unités industrielles fonctionnent en
au sein de la matrice solide. Le contact du matériau avec l’eau et la France avec chacun de ces deux procédés.
dissolution des polluants constituent alors le principal risque de leur
dispersion. La limitation de ce risque est obtenue d’une part par les En Suisse, sept unités fonctionnent avec le procédé Sulzer pour
qualités structurelles du matériau permettant un bon confinement traiter des REFIOM et trois autres avec le procédé Lurgi.
des polluants et d’autre part par la diminution de la solubilité des Le procédé Petrifix a été mis en œuvre dans l’unité de Liège
polluants. pour traiter des boues et des terres polluées.
Ces unités industrielles fonctionnent en tant que centres collec-
■ Les solidifiats obtenus peuvent être considérés comme des
tifs de traitement des déchets industriels. Les solidifiats produits
mortiers ou des bétons suivant la taille des granulats qu’ils
sont en général coulés directement dans les alvéoles de stockage.
contiennent. Ces matériaux sont massifs et poreux.
Le traitement de solidification-stabilisation et la gestion du
● Le caractère massif du matériau résultant de la solidification stockage du déchet ultime sont alors indissociablement liés. Tous
d’un déchet doit permettre de garantir une surface d’exposition ces procédés sont difficilement comparables entre eux car les don-
minimale par rapport aux contacts avec l’eau. La pérennité du nées ne sont pas toujours accessibles et du même ordre.
caractère massif, la résistance mécanique et la moindre porosité
sont les caractéristiques qui favorisent la qualité du confinement.
● La résistance mécanique du matériau doit empêcher les phé-
nomènes de fissuration et d’émiettement. Il faut aussi éviter les 2.4 Atouts et limites de ces procédés
possibilités de délitement qui pourraient favoriser le transport de
particules contenant les polluants. Les tests de détermination de
■ Le ciment et les liants pouzzolaniques sont des réactifs relati-
la résistance mécanique des déchets solidifiés (compression, trac-
vement économiques. Les matériaux obtenus en solidifiant des
tion) sont normalisés ou en cours de normalisation au niveau fran-
déchets peuvent avoir de bonnes performances mécaniques et une
çais ou européen (norme AFNOR XP X 31-212).
durabilité suffisante, notamment pour la filière de stockage des
● La porosité des matériaux réalisés à l’aide de liants hydrau- déchets ultimes en décharge de classe 1. Les technologies mises
liques peut être très variable et dépend en particulier du rapport en œuvre, analogues à celles employées en génie civil, sont très
eau/ciment. On définit la porosité totale par le rapport de « vide » simples (broyeurs, transferts de pulvérulents, mélangeurs,
au volume total du solide, la porosité ouverte par le rapport du malaxeurs...) et peuvent être adaptées pour de larges familles de
volume de pores connectés et accessibles à la solution de lixivia- déchets et pour des capacités très variables.
tion au volume total de vide. Cette caractéristique conditionne la
pénétration de l’eau au sein de la matrice solide poreuse. ■ Les phénomènes d’interaction entre les éléments exogènes et
le ciment sont complexes et divers. En effet, la présence dans les
■ Les polluants amenés par le déchet dans la matrice cimentière déchets de sels solubles (chlorures, sulfates) et de composés
peuvent subir des transformations chimiques ou avoir des organiques peut inhiber les réactions d’hydratation et avoir un
interactions avec les phases solides du ciment qui conduisent à limi- effet négatif sur la qualité des solidifiats obtenus. Il faut cependant
ter leur solubilité et leur mobilité. Les principaux mécanismes inter- relativiser la difficulté de la mise au point des « recettes » permet-
venant sont : tant d’obtenir de bons solidifiats. Une série d’essais au laboratoire,
— la précipitation d’hydroxydes ou de sels de calcium dans un alliée à une bonne expertise de la solidification, permet en général
milieu fortement basique ; d’optimiser les compositions des mélanges pour obtenir, avec des
— l’adsorption sur la surface des hydrates et en particulier sur déchets « classiques », des solidifiats satisfaisants sans avoir
celle du CSH ; recours à des études physico-chimiques poussées. Avec des
— l’intégration dans les hydrates très peu solubles, comme la déchets pour lesquels il n’existe pas d’expertise ou d’analogie pos-
substitution, dans la maille cristalline de l’ettringite, des ions sible, il peut être cependant nécessaire d’identifier les caractéris-
chromate à la place des ions sulfate, par exemple, alors que les sels tiques des solidifiats obtenus, en particulier les spéciations des
du chrome hexavalent sont initialement très solubles dans le déchet. principaux éléments polluants présents dans la matrice.

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Bac de Eaux
Lixiviats réseau S
décantation

R3
L2

Vidangeur
de Big-Bags Lixiviats Eaux
R1 R2 L1
C1 C2

L2S

Pesée Pesée Pesée Pesée


cendres réactifs eaux réactifs
Élévateur liquides
à godets

Malaxeur

C stockages déchets pulvérulents Stockage boues


R stockages réactifs pulvérulents
L1 stockages réactifs liquides Stockage
L2 turbomélangeur
S additifs

Figure 1 – Schéma fonctionnel d’une unité de stabilisation-solidification par liants hydrauliques (doc. Inertec)

atteindre 30 à 40 %, ce qui représente un inconvénient dans la


mesure où le coût de la gestion des solidifiats en centre de stoc-
Déchets kage est directement lié aux volumes stockés.

■ Au total, la solidification-stabilisation à l’aide des liants


hydrauliques est une technique relativement peu coûteuse,
facile à mettre en œuvre pour de larges familles de déchets
industriels (particulièrement les boues et les résidus de procé-
dés thermiques), parfaitement adaptée à la filière d’élimination
des déchets industriels lorsqu’elle est directement intégrée au
Réactif centre de stabilisation et de stockage de déchets ultimes. La
Transformation Conditionnement
physico-chimique et solidification
sécurité à long terme peut alors être garantie par un suivi
Stockage dans méthodique des déchets traités, de leur réception au stockage
Consolidation l'environnement des solidifiats.

■ Pour les REFIOM, le coût de stabilisation est de l’ordre de


Figure 2 – Procédé Ecofix (doc. Sharp Industries) 700 F/t auquel il faut ajouter un coût de stockage de 600 F/t envi-
ron. Les coûts de stabilisation d’autres déchets industriels peu-
vent être très variables, suivant les prétraitements et les ajouts de
■ L’ajout important de réactifs entraîne une augmentation du réactifs spécifiques souvent nécessaires pour assurer une bonne
volume du produit solidifié par rapport au déchet initial, qui peut prise hydraulique.

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3. Vitrification Historique

Les premiers verres étaient obtenus par fusion de sables,


3.1 Vitrification des déchets nucléaires coquillages et divers apports complémentaires. Les éléments
de base étaient ainsi réunis (silice, calcaire, carbonate de
sodium) pour obtenir des matériaux qui n’étaient en général
Depuis les débuts de la filière électronucléaire française, la vitri- pas totalement vitrifiés. Les objets en verre ont fait l’objet d’une
fication a été développée pour le confinement à long terme de industrie et d’un commerce florissants dès le début de notre
déchets radioactifs issus du retraitement du combustible usé [1]. ère. Les améliorations ont porté sur les techniques mises en
En fin de cycle, il s’agit alors de traiter des déchets ayant une forte œuvre (soufflage, moulage) et sur les compositions des réactifs.
charge radioactive et la solidification a pour objectif d’obtenir une Deux qualités ont été recherchées : transparence et couleur. La
forme solide sûre pour le confinement à long terme, comme le technique de fusion dans un creuset a atteint un stade industriel
stockage profond, par exemple. Les conditions technico-économi- au XVIIIe siècle, où la fusion était obtenue à des températures
ques et les exigences de sécurité sont particulières au cas des de 1 000 à 1 200 oC, dans des fours chauffés au bois, puis au
déchets radioactifs. Il n’y a, dans ce cas, pas d’alternative pour la charbon.
gestion à long terme des déchets résultant du retraitement des
combustibles usés. La vitrification intervient en bout de chaîne de
traitement et s’applique à des solutions concentrées de produits de
fission, qui sont séchées puis calcinées. On obtient alors, par cédés continus se sont développés et ont été automatisés. Les
fusion, des vitrifiats qui permettent de satisfaire aux exigences de caractéristiques de conduction du verre chaud permettent de
sûreté posées par le stockage à long terme. chauffer la matière par un courant électrique appliqué dans la
coulée elle-même (effet Joule).
Le Commissariat à l’énergie atomique a conduit de très nom-
breuses études qui ont débouché sur des procédés industriels mis Plusieurs types de verres peuvent être obtenus :
en œuvre depuis une vingtaine d’années. De nombreux matériaux — des verres de silice qui peuvent exister à l’état naturel (tels les
ont été testés. Les verres obtenus doivent satisfaire à un cahier des basaltes et les obsidiennes) ;
charges exigeant. Ce sont des matériaux ne présentant aucune — des borosilicates (verre Pyrex ) ;
porosité et dont le pouvoir de confinement est garanti par leur sta- — des verres silico-sodo-calciques (verre à vitre) ;
bilité. Ils doivent pouvoir résister aux flux thermiques et à l’irradia- — des verres au plomb (cristallerie, optique).
tion dus aux éléments radioactifs présents dans la matrice solide Un verre est un solide homogène, élastique, imperméable, dur,
ainsi qu’aux éventuelles agressions chimiques lors de contacts peu conducteur, pratiquement non poreux. La vitrification de
avec l’eau, dans les différents scénarios de stockage. Un verre est déchets consiste donc à obtenir une matrice vitreuse où les pol-
en effet « altéré » s’il reste en contact prolongé avec une solution luants sont parfaitement confinés dans un matériau non poreux. Le
aqueuse. La vitesse d’altération doit être extrêmement faible pour « verre » est obtenu par fusion à haute température du déchet
que le produit vitrifié soit satisfaisant. Le CEA a mis au point des lui-même et d’éventuels ajouts complémentaires. La matrice
tests spécifiques pour apprécier les qualités des vitrifiats obtenus vitreuse en fusion doit être refroidie par un moyen adéquat per-
et leur comportement à long terme. mettant de figer l’état vitreux.
Pour la vitrification des déchets nucléaires, les calcinats des solu-
tions de fission n’ont pas une composition qui permette d’obtenir
un verre directement par fusion et il est nécessaire d’ajouter des
oxydes manquants (notamment silice et borate). Les verres silico- 3.3 Procédés de vitrification de déchets
boratés ont montré une grande aptitude à incorporer la plupart des
oxydes de produits de fission, une grande homogénéité, une très ■ Fours
faible porosité et une relative souplesse d’adaptation aux différen-
On répertorie plusieurs types de fours suivant les techniques
tes solutions de produits de fission. Le procédé français mis au
utilisées pour atteindre des températures de l’ordre de 1 000 à
point par le CEA est exploité dans l’atelier de vitrification de Mar-
1 600 oC nécessaires à la fusion des déchets.
coule depuis 1978 et à l’usine de retraitement de la Hague depuis
1989. Le procédé est de type continu et le vitrifiat est obtenu après ●Four à arc
calcination et ajout de verre primaire, par fusion à une température Un arc électrique assure le chauffage du bain puis la fusion des
qui atteint 1150 oC [1]. déchets. Il peut être produit par deux électrodes.
● Creuset pour fusion par induction
Dans le cas d’un chauffage inductif direct, le récipient est un
3.2 Principe de la vitrification creuset en alliage métallique inoxydable qui, placé dans un solé-
noïde alimenté en basse fréquence, reçoit toute l’énergie de chauf-
Un verre est un solide non cristallin, présentant le phénomène fage qu’il communique à la charge par conduction et convection.
de transition vitreuse : il est obtenu par refroidissement d’un Dans le cas d’un chauffage inductif semi-direct, le récipient de
liquide et, à la différence d’un cristal, une répartition ordonnée et fusion dit « creuset froid » est une structure segmentée, refroidie
régulière d’un motif élémentaire ne se retrouve pas à l’échelle ato- par circulation interne d’eau, placée dans un solénoïde alimenté en
mique. L’état thermodynamique d’un verre est métastable et la moyenne fréquence. Chaque segment de la structure est le siège
transition liquide-solide est continue, avec une variation de la vis- de courants de Foucault consommant un peu d’énergie, mais pro-
cosité en fonction de la température. Elle est aussi réversible et de duisant un champ magnétique alternatif.
nombreux composés peuvent être inclus aux oxydes de base, sans
modifier les qualités du matériau obtenu. ● Four à plasma (figure 3)
Le plasma est caractérisé par l’ionisation d’une fraction impor-
Les procédés de fabrication d’objets en verre remontent à tante des molécules d’un gaz. Le plasma d’arc se distingue par des
l’Antiquité (cf. encadré « Historique » du procédé). densités énergétiques et des capacités de chauffage à hautes tem-
Aujourd’hui, l’industrie verrière est une industrie de haute pératures très supérieures à celles des moyens conventionnels. Il
technologie mais les principes sont restés les mêmes : amener la est obtenu en chauffant un gaz par un arc électrique entretenu
charge à sa température de fusion et laisser refroidir pour obtenir entre deux électrodes. C’est le principe de la torche à plasma, pla-
un matériau solide ayant les caractéristiques souhaitées. Les pro- cée dans la partie centrale du four.

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Tous ces procédés proposent des solutions pour des résidus


thermiques, essentiellement des REFIOM. Ces déchets présentent
Torche à plasma en effet des caractéristiques qui les rendent « aptes » à la
Système vitrification : contenu souvent suffisant en oxydes de métaux
d'injection Réfractaires (silice, alumine) et en stabilisants (chaux, magnésie). Certains pro-
des cendres
cédés prévoient un prétraitement par lavage pour éliminer une par-
tie des chlorures et sulfates présents en quantité excessive dans le
déchet, d’autres préconisent des ajouts (mélanges d’oxydes, silice,
fondants) pour rééquilibrer les compositions des mélanges à fon-
Sortie dre. Tous les procédés incluent un traitement des fumées rendu
vers
laminoir nécessaire par l’émission des gaz et les poussières générés aux
températures de fusion (jusqu’à 1 400 oC). En particulier la pré-
Bain de verre sence dans le déchet de composés toxiques volatilisables doit être
en fusion prise en compte. Le cas du mercure est typique de cette contrainte.
Par contre, les températures requises pour la fusion semblent suf-
fisantes pour détruire les dioxines susceptibles de se former lors
de traitements thermiques de certains déchets.

■ En France, l’expérience d’Europlasma, opérationnelle sur l’usine


d’incinération d’ordures ménagères de la Communauté urbaine de
Bordeaux, est pionnière en matière de vitrification de déchets à
l’échelle industrielle. En fonction depuis 1997, sur le site de Cenon
Figure 3 – Coupe schématique du four de vitrification
(cf. figure 3), le four assure la vitrification de 3 500 t/an de cendres
par torche à plasma du site de Cenon (doc. Europlasma)
provenant de l’incinération de 120 000 t d’ordures ménagères et de
18 000 t de boues. Les cendres sont introduites en continu dans le
four, au sein duquel une torche à plasma génère des températures
● Four oxygaz ou oxyfuel dépassant 1 400 oC. L’air est injecté avec un mouvement tourbillon-
Les techniques d’oxycombustion apportent à l’incinération plus naire dans une chambre où un arc électrique est produit entre deux
de souplesse d’exploitation. Les brûleurs oxydéchets produisent électrodes coaxiales. Les deux extrémités (pieds) de l’arc sont
une flamme à haute température qui permet une économie de fuel constamment maintenues en mouvement par l’écoulement du gaz et
ou de propane par un dopage de la flamme et accélère la mise en un champ magnétique auxiliaire, permettant une meilleure durée de
température des produits à détruire. vie des électrodes. La très forte densité énergétique, l’agitation du
bain fondu et un bon contrôle du temps de séjour dans le bain
■ Techniques utilisées permettent d’obtenir un vitrifiat de bonne qualité, très homogène.
Une étude approfondie des vitrifiats, qui a porté sur leur écotoxicité,
● Au Japon, les techniques de vitrification des déchets ont été leur durabilité et sur la qualité du confinement à long terme des
industrialisées à grande échelle depuis plus de vingt ans : on polluants, a permis de conclure qu’ils pouvaient être mis en décharge
dénombre plus de trente unités installées dont plus de vingt pour de classe 3 (déchets inertes), ouvrant ainsi une voie alternative plus
traiter des REFIOM. Les capacités des unités vont de 5 à 60 t/j (pro- économique pour leur gestion. Le coût de la vitrification est estimée
jet pour la municipalité de Yokohama). Pour vitrifier les déchets, les à 2 200 F/t, hors amortissement.
procédés proposés utilisent différentes techniques. Lorsque la
source d’énergie thermique est d’origine combustible fossile (fioul
ou gaz), les fours utilisés sont « classiques » et constitués de maté-
riaux réfractaires. Les déchets solides sont portés à des tempéra- 3.4 Avantages et limites de la vitrification
tures supérieures à 1 400 o C pour atteindre la fusion. Le
fonctionnement peut être en continu ou par lots. La technique du
four tournant a aussi été utilisée. Les différentes techniques élec- ■ L’avantage de la vitrification sur toute autre technique tient dans
triques ont été installées : chauffage résistif, par induction, par arc la nature des matériaux solidifiés que l’on peut obtenir : un verre
électrique, par torche à plasma. n’est pas poreux, sa faible altérabilité permet de garantir une
bonne résistance à long terme aux agressions biologiques et
● Le document édité par l’ADEME : « Les techniques de stabili-
physico-chimiques.
sation des déchets industriels spéciaux » (cf. [Doc. G 2 080]) décrit
quelques procédés brevetés et développés à l’échelle pilote. La ■ La mise en œuvre des techniques de vitrification se heurte cepen-
société Celes propose d’utiliser la fusion par induction électrique dant à des difficultés techniques et économiques. En effet, la
pour traiter les REFIOM, après avoir éliminé par lavage les chloru- composition du mélange fondant doit satisfaire à des contraintes
res. La CNIM a développé un procédé de vitrification par électrode assez sévères pour laisser envisager l’obtention de vitrifiats de bonne
immergée pour traiter les REFIOM, en ajoutant des oxydes métal- qualité : le déchet doit contenir en quantité suffisante des oxydes
liques nécessaires pour obtenir de bons vitrifiats. EDF et GTI Envi- formateurs comme SiO2 , Al2O3 , Na2O..., des agents stabilisants
ronnement ont mis en œuvre un pilote de laboratoire (brevet comme CaO, MgO, Na2SO4 ... et d’autres métaux qui vont conférer
Trépaud) utilisant un plasma d’arc électrique pour vitrifier les au verre ses propriétés physiques et mécaniques et sa durabilité. Des
REFIOM. Le procédé génère des cendres secondaires séparées des prétraitements ou des ajouts spécifiques peuvent être nécessaires
vitrifiats. GEC-Alsthom Stein Industrie propose un procédé de vitri- pour obtenir un mélange vitrifiable. La présence d’une fraction
fication de résidus d’incinération de déchets (mâchefers, REFIOM volatilisable aux températures de fusion rend nécessaire un traite-
et REFIDI) par fusion en four statique équipé de brûleurs alimentés ment des gaz et des fumées qui peut générer un surcoût important
en gaz et air enrichi en oxygène. L’Air Liquide a développé un pro- et un transfert de la charge polluante du déchet.
cédé analogue où les brûleurs « oxycombustibles » sont brevetés.
Lurgi a installé au Japon des unités de vitrification des REFIOM, ■ Quelle que soit la technique choisie, les coûts d’investissement
fonctionnant avec des combustibles fossiles. Le coût du traitement et de fonctionnement d’une unité de vitrification sont élevés,
est estimé à 1 500 F/t pour des capacités pouvant atteindre 1,6 t/h. notamment à cause de la dépense énergétique nécessaire. L’expé-
Lurgi a aussi installé, en Allemagne, une unité industrielle utilisant rience d’Europlasma peut laisser espérer un coût proche de
un four électrique de fusion pour traiter des REFIOM. La capacité 1 500 F/t pour les cendres volantes d’une usine d’incinération
est de 1,7 t/h et le coût de 1 500 F/t. d’ordures ménagères, avec des améliorations techniques portant

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sur la durée de vie des matériels et des économies d’énergie. Ce — les températures requises pour la fluidisation du bitume peu-
coût deviendra compétitif dans la mesure où un exutoire sera vent rendre nécessaire un traitement des gaz et fumées ;
trouvé pour les vitrifiats (élimination en décharge de classe 3 ou — la quantité de bitume nécessaire pour un bon enrobage des
valorisation). déchets peut être importante et entraîner une augmentation du
volume de matériau à éliminer ;
— le devenir à long terme des enrobés de bitume est difficile à
prévoir : le matériau composite constitué d’une gangue organique
contenant des inclusions minérales solubles peut connaître des
4. Procédés d’enrobage évolutions déstructurantes, sous l’action de l’eau ou dans le cas de
processus thermiques ou oxydants.
à l’aide de liants organiques
■ Mise en œuvre
Aucune installation industrielle n’a été mise en œuvre jusqu’à
4.1 Enrobage à l’aide de bitume aujourd’hui. La Société des Pétroles Shell a développé une unité
mobile de démonstration. Le principe du traitement est simple. Les
déchets préchauffés (60 à 90 oC) sont incorporés progressivement
■ Principe
dans le bitume préalablement rendu fluide par chauffage (190 oC).
Les bitumes sont utilisés pour l’enrobage des déchets solides Un malaxage est alors effectué pendant environ 8 h. L’enrobé est
faiblement radioactifs depuis plus de vingt ans. Les déchets enro- alors coulé dans des colis d’environ 1 m3 puis stocké temporaire-
bés sont alors contenus dans des fûts métalliques. Le prix relative- ment pour refroidissement avant d’être éliminé. La réglementation
ment bas des bitumes et leurs caractéristiques physico-chimiques n’autorise cependant pas le stockage de ces matériaux qui
et mécaniques peuvent les rendre intéressants pour des procédés contiennent une forte proportion de matière organique.
de solidification de déchets solides autres que d’origine nucléaire.
Le principe de la solidification consiste alors à disperser de
manière homogène le déchet granulaire dans la matrice de bitume.
La viscosité du bitume, très élevée à la température ambiante, per- 4.2 Enrobage à l’aide de matériaux
met d’obtenir un matériau relativement solide et imperméable où thermoplastiques
les polluants contenus dans les déchets sont confinés.
■ Propriétés des thermoplastiques
■ Propriétés du bitume
Les matériaux thermoplastiques sont des composés macro-
Le bitume est un mélange complexe d’hydrocarbures aliphati- moléculaires qui ont la propriété de devenir pâteux et relativement
ques, naphténiques et aromatiques à masses molaires élevées, fluides lorsque l’on élève la température. Comme pour les bitumes,
obtenu pendant la distillation des pétroles bruts. ils retrouvent un état solide si la température s’abaisse. Ils peuvent
Un bitume commercial est caractérisé par des essais empiriques alors avoir des qualités d’enrobage et permettre le confinement de
normalisés : déchets granulaires. Le polyéthylène, le polypropylène et le poly-
— la pénétrabilité d’une aiguille type au bout de 5 s, à une tem- chlorure de vinyle sont des matériaux thermoplastiques courants
pérature donnée (norme NF EN 1426) (cf. [Doc. G 2 080]) ; mais dont le coût reste prohibitif pour l’enrobage de déchets. De
— le point de ramollissement (méthode « bille et anneau », norme plus, les différents plastiques ne sont pas toujours compatibles
NF EN 1427) ; quand il s’agit de les mélanger pour les refondre.
— la densité, voisine de 1 à 25 oC pour tous les bitumes ;
■ Mise en œuvre
— la perte par chauffage (163 oC) pendant 5 h (norme NF T 66-011);
— le point d’éclair des vapeurs et le point de feu du bitume Une voie a été explorée par la société OTVD : le principe du
(NF T 66-009). traitement consiste à récupérer des matières plastiques provenant
Du point de vue mécanique, le bitume se comporte, à la tempé- du tri sélectif d’ordures ménagères et de les utiliser pour l’enro-
rature ambiante, comme un matériau viscoélastique. La viscosité bage de REFIOM en vue de leur élimination. On peut même envi-
des bitumes diminue généralement avec l’augmentation de la tem- sager la valorisation des matériaux obtenus en fabriquant des
pérature et il devient pratiquement liquide pour des températures profilés en plastique provenant des collectes sélectives d’ordures
proches de 200 oC. ménagères dans lesquels les REFIOM sont mélangés dans des pro-
portions 1/1. Le mélange est malaxé à chaud puis extrudé et pro-
■ Utilisation filé. Les qualités mécaniques des matériaux peuvent s’avérer
satisfaisantes mais leur comportement à long terme est incertain et
Le bitume peut être utilisé pour le confinement des déchets la valorisation d’objets contenant des REFIOM enrobés reste peu
grâce à son faible coût, à sa facilité de mise en œuvre et aux qua- crédible.
lités suivantes :
— bon pouvoir agglomérant car il adhère à la majorité des
matériaux ;
— bonne stabilité physico-chimique vis-à-vis de la plupart des
agents chimiques usuels ; 5. Perspectives
— très faible perméabilité et hydrophobie, qui permettent un bon
confinement par rapport à l’eau. de développement
Mais l’enrobage dans le bitume présente des inconvénients :
— comme toute matière organique, le bitume peut être sensible Les procédés de stabilisation-solidification doivent toujours être
à l’oxydation, à certaines agressions microbiologiques et sa pré- considérés comme un maillon intégré dans une filière de gestion
sence dans un centre de stockage présenterait un risque grave en de déchets. En particulier, l’exutoire proposé pour les solidifiats
cas d’incendie ; conditionne leur mise en œuvre : les qualités requises pour ces
— l’élimination de l’eau contenue dans les déchets est nécessaire matériaux sont, bien sûr, très différentes entre la décharge de
avant ou pendant leur incorporation dans le bitume chaud, avant classe 1, la décharge de classe 3 et la banalisation conduisant à la
refroidissement et durcissement ; valorisation. Les contraintes techniques entraînent des coûts très

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variables (de 700 F/t pour le traitement des REFIOM à l’aide de élimination en décharge de classe 3, sans risque environnemental
liants hydrauliques jusqu’à 3 000 F/t pour la vitrification de rédhibitoire.
l’amiante) mais qui peuvent être « équilibrés » par le coût de
l’élimination ou la possibilité de valorisation. Les stratégies indus- ■ Norme méthodologique XP ENV 12920
trielles à venir dépendent directement des évolutions réglemen- (cf. Normalisation en [Doc. G 2 080])
taires : la possibilité de « déclassement » de solidifiats aujourd’hui Cette norme expérimentale définit une méthodologie pour la
réservés à la classe 1, vers la classe 2, la classe 3 ou la valorisation détermination du comportement à long terme d’un déchet. Cette
en tant que matériau banalisé changerait bien sûr les données et détermination est fortement dépendante du scénario spécifié,
rendrait compétitives des filières comme la vitrification, actuelle- stockage ou utilisation. La publication de cette norme méthodolo-
ment réputées trop chères. gique apporte un changement important dans la façon de
L’évolution de la réglementation est intimement liée à la mise en considérer les méthodes d’évaluation des produits obtenus par
œuvre des procédures d’évaluation environnementale des solidi- solidification de déchets. En effet, cette évaluation doit se faire en
fiats. La qualité requise pour la stabilisation d’un déchet, définie par tenant compte du contexte dans lequel sera placé le déchet/maté-
le mode de gestion des solidifiats, doit être évaluée pour garantir riau. Le « scénario » est décrit en termes de facteurs pouvant
un impact environnemental acceptable. Actuellement, en France, la influer sur le relargage des polluants (facteurs mécaniques, clima-
réglementation prévoit ainsi un test de conformité des déchets tiques, géotechniques, chimiques, biologiques, etc.). L’effet de cha-
stabilisés avant leur admission en centre de stockage de déchets cun des facteurs doit être étudié et quantifié au laboratoire. La
ultimes stabilisés (mise en œuvre du test de lixiviation normalisé mise en évidence des mécanismes qui contrôlent la dynamique
XP X 31-210 et mesure des quantités de polluants solubilisés des émissions de polluants doit permettre l’élaboration d’un
comparés aux seuils fixés par le législateur). Cette précaution est modèle représentatif qui prenne en compte les conditions du scé-
certainement satisfaisante dans le cas où le déchet traité entre dans nario. Les tests de simulation (aux échelles laboratoire, pilote et/ou
une filière classique et éprouvée (telle que l’élimination des terrain) contribuent au calibrage du modèle comportemental. La
REFIOM) et où les conditions du stockage des solidifiats sont prévision des flux de polluants émis par le matériau dans les
elles-mêmes soumises à des contraintes de sécurité exigeantes. conditions du scénario, pour un horizon de temps donné, est alors
Plusieurs développements sont en cours pour élargir cette appro- possible. Cette approche méthodologique va certainement influer
che réglementaire et limitée au seul cas de l’élimination en classe 1. sur les évolutions de la réglementation qui pourra alors intégrer
des critères environnementaux plus représentatifs des compor-
■ Procédures d’évaluation de la stabilisation tements des matériaux et ouvrir ainsi des possibilités de valorisa-
des déchets industriels spéciaux ultimes tions.
L’ADEME propose des « Procédures d’évaluation de la stabilisa- ■ Concept « d’écocompatibilité »
tion des déchets industriels spéciaux ultimes » (cf. Bibliographie,
en [Doc. G 2 080]). Cette démarche s’inscrit dans la logique de la L’ADEME développe une approche très influencée par la
directive 99/31/CE du 26 avril 1999, JOCE du 16/7/99 qui prévoit la norme méthodologique XP ENV 12920 (cf. Normalisation , en
mise au point d’un système d’orientation des déchets stabilisés [Doc. G 2 080]) et basée sur le concept « d’écocompatibilité » qui
vers différents types de décharges (déchets dangereux, déchets intègre la notion « d’effet sur les milieux cibles ».
non dangereux, déchets inertes) en fonction de leurs caractéris- L’écocompatibilité d’un déchet peut être définie comme la situa-
tiques attestées par des batteries de tests normalisés. tion dans laquelle les flux de polluants émis par un déchet se trou-
Deux procédures ont été mises au point, l’une pour l’évaluation vant dans un contexte donné sont acceptables pour les milieux
de la stabilisation obtenue avec des liants hydrauliques, l’autre vivants récepteurs. La prévision des impacts doit alors être obte-
pour la vitrification. Elles ont déjà été mises en œuvre pour les nue en considérant les flux de polluants émis (terme source), leur
principaux procédés français du type « liants hydrauliques » et transfert dans les milieux et les expositions auxquelles seront sou-
pour les vitrifiats provenant de l’unité développée par Europlasma. mises les cibles. Des tests d’écotoxicité doivent permettre de juger
L’évaluation approfondie des solidifiats permet de garantir leur l’écocompatibilité du système évalué.
comportement à long terme, en fonction des agressions qu’ils Cette approche pourra concerner les déchets stabilisés par
seront susceptibles de subir. Le programme de caractérisation des solidification dans la mesure où l’on envisagera leur valorisation
vitrifiats « Europlasma » a, par exemple, permis de préconiser leur comme matériau banalisé.

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