Mission Jeune Expert - Note réflexive individuelle

Introduction
L’exercice Mission Jeunes Experts (MJE) s’inscrit dans la quatrième année du cycle de formation
d’ingénieur.e en 5 ans de l’ISTOM. L’ISTOM est une école formant aux métiers de l’agro-
développement. Pluridisciplinarité et adaptabilité sont les mots d’ordres de cette formation. C’est ainsi
que pendant l’exercice MJE 2020-2021, il a fallu que les étudiants s’adaptent à la crise sanitaire. Nous
faisons ici un focus sur la gestion de l’impact de la crise sanitaire par la MJE SEED, en faisant appel à
la pratique réflexive d’une étudiante.

Crise de la COVID-19 et ses impacts sur le travail étudiant

Avant de faire un focus sur la gestion de l’impact de la crise sanitaire par la MJE SEED, il faut
comprendre la crise de la COVID-19 globalement. Aussi il faut en comprendre les impacts sur le
travail étudiant ainsi que sur le travail en entreprise, l’exercice MJE étant un travail étudiant simulant
le travail en entreprise.

Crise de la COVID-19 dans l’enseignement

C’est au printemps 2020 que le premier confinement a annoncé la venue de la crise sanitaire de la
COVID-19 en France. A partir de cette période s’est engagée une restructuration de toutes les activités
publiques et privées. Dans le secteur de l’enseignement, cela s’est traduit par une pratique
pédagogique à distance (Boudokhane-Lima, 2021). Les métiers de l’éducation ont été les plus soumis
au passage massif au télé-travail (Menger, 2020). Face à cela, la continuité pédagogique, malgré une
plateforme d’éducation changeante, était l’élément le plus important à préserver. La condition
étudiante a été fortement touchée et principalement sur les trois points développés ci-dessous.

Impacts de la COVID-19 sur le travail étudiant

Impacts de la crise sur la condition étudiante
La condition étudiante subissait déjà plusieurs mal-êtres (crise immobilière à Angers par exemple). La
crise sanitaire en a rajouté davantage.
Indigestion numérique
Certains étudiants ont été particulièrement touché par le fait de ne plus avoir de cours en présentiel. La
pratique pédagogique à distance a utilisé principalement internet et l’ordinateur comme outils
pédagogiques pour pallier l’apprentissage en présentiel. Ces outils ont entraîné un mal-être
(Trespeuch, 2021).
Perte de repères
Nombre d’étudiants ont décalé leurs temps de lever et de coucher, malgré le fait que les temps
scolaires diurnes étaient maintenus (Université Dauphine, 2021). Aussi, le futur peu prévisible pendant
la crise a été délétère.
Affaiblissement des sociabilités
Les étudiants ont pu vivre un isolement social, et particulièrement les étudiants loin de leur famille et
de leurs proches, ainsi que ceux entrant dans une nouvelle école (Arnault, 2021).
La bibliographie éclaire uniquement sur des impacts négatifs concernant la condition étudiante. Cela
diffère pour les impacts sur le travail en entreprise.
Impacts de la crise sur le travail en entreprise
Cette sous-partie se base principalement sur deux tableaux présents dans une étude réalisée par
Isabelle Hansez (Hansez, 2021). Elle dresse un état des lieux du bien-être des travailleurs en situation
de télétravail contraint. Les deux tableaux empruntés à l’étude et retranscrits ici dévoilent les impacts
positifs et négatifs du télétravail sur un échantillon de 493 travailleurs.
Impacts positifs

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L’autonomie dans le travail et l’augmentation des moments en famille sont les impacts positifs les plus
cités dans l’étude.

Catégories %*
Autonomie/flexibilité dans la gestion de son travail/horaire 14
Plus de moments en famille/gestion des enfants plus facile/moins de conflits 9,5
Être chez soi (confort, tranquillité, cadre agréable) 8,5
Gain de temps lié à l’absence de trajets 7,5
Plus de temps de sommeil/bien-être/motivation/moins de fatigue/stress 7,5
Meilleure concentration/moins d’interruptions/distractions/ calme 7,5
Absence de trajets, moins de stress lié au trafic, embouteillages et dangers de la route 5,5
Travailler sur des dossiers/projets en arrêt/rattraper son retard/recul 4
Maintien/amélioration de l’efficacité 3
Entraide/solidarité/soutien des collègues 3
*Le pourcentage est calculé sur la base du nombre de citations totales (1392 situations
problématiques)
Top 10 des situations motivantes les plus citées
Impacts négatifs
La difficulté à s’organiser avec la famille et le manque d’outils sont les impacts les plus cités dans
cette étude.

Catégories %*
Difficulté à occuper/s’organiser avec les enfants 10
Manque d’outil/documents 9
Gestion d’équipe/inneficaité de la communication 9
Pas de coupure/horaire 7,5
Isolement social avec les collègues 6,7
Tâches impossibles à distance 6
Problèmes informatiques 4
Pas d’espace dédié/isolé 4
Isolement social 3,5
Attente de directives/informations ou indisponibiliité de la ligne hiérarchique 3
*Le pourcentage est calculé sur la base du nombre de citations totales (1416 situations motivantes)
Top 10 des situations problématiques les plus citées

Focus sur la crise au sein de l’équipe étudiante de travail MJE SEED

MJE SEED
La Mission Jeunes Experts (MJE), est un exercice effectué à 10 personnes au sein de l’ISTOM. Il se
déroule en deux ans. Il a pour but de former les étudiants à être des experts en agro-développement.
Les 10 étudiants en équipe doivent d’abord élaborer un business plan pour un premier commanditaire.
La MJE SEED a effectué un business plan pour la diversification porcine d’une ferme en Alsace.
Ensuite, ils doivent faire une mission plus importante qui inclue une phase terrain. La MJE SEED a
fait une étude de faisabilité pour le lancement d’une boisson à partir de fruits tropicaux à l’île de La
Réunion.

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Impacts de la crise sur la MJE SEED

Les impacts positifs et négatifs sont listés. Aussi, la carte ci-dessous aide à visualiser les impacts
principaux.

Impacts positifs
- Accès facilité au travail (pas de déplacement, un outil principal (l’ordinateur)).
- Pendant les confinements, comme les activités sont ralenties, facilité à joindre les organismes
pouvant commanditer une mission MJE.
- Plus grande générosité dans le financement par des organismes extérieurs ou par le
commanditaire.
- Augmentation de l’ambition en début de crise dû à un confinement dans lequel on a pu se
retrouver face à nous-même. Orientation vers des missions qui nous intéressent vraiment et
qui pourraient nous paraître inaccessible en temps normal.

Impacts négatifs
- Déshumanisation, difficulté à communiquer, à comprendre l’autre, à faire des compromis, à
avancer ensemble (à cause du distanciel).
- Horaires difficilement acceptables en entreprise acceptés dans ce contexte (nuits blanches
pour rendre des documents le lendemain, travail tard dans d’autres cas).
- Difficulté à se remettre dans une motivation proactive pendant la phase de terrain (se lever tôt,
aller faire les enquêtes en présentiel plutôt que d’appeler les enquêtés).
- Fragilité psychologique accrue : plus d’absences des étudiants au sein de l’exercice, à cause
d’évènements ponctuels (enterrements, etc.) ou de périodes (déprimes, problèmes familiaux)
que la crise sanitaire a augmenté ; phase terrain (non en distanciel) devenue indispensable
pour des étudiants fragilisés.
- Incertitudes sur la phase terrain (stages autorisés sur la période de phase terrain prévue,
modalités dues à la crise), difficulté à trouver un commanditaire dont la mission soit en
présentiel (mission initiale en Tunisie changée en forme distancielle par les commanditaires
donc impossibilité de la faire pour les étudiants fragilisés).
- Tensions accrues dues aux modes de communication par messagerie (utilisation de la
plateforme Slack)
- Manque de teambuilding. Il n’y a eu qu’un moment de détente où toute la MJE a été réunie
avant la crise sanitaire. Pendant la crise, certains étudiants sont rentrés chez leurs parents, ce
qui a fait que les moments de détente partagés ont dû attendre la période de terrain.
- Pendant la phase terrain, fermeture de certains établissements empêchant des visites et
enquêtes présentielles.

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Carte de répartition des impacts de la crise de la COVID-19 sur le travail en fonction des lieux de
pratique de l’exercice par la MJE SEED

Gestion de l’impact par la MJE : démarche ingénieure mise en œuvre ?

La crise sanitaire a frappé subitement et il a été compliqué de suivre une démarche ingénieure pour
s’adapter au contexte COVID-19. Dans le tableau suivant, on voit dans la colonne de gauche comment
certains impacts ont été gérés par la MJE SEED. Dans la colonne de droite, on voit des solutions
alternatives qui auraient pu être mises en œuvre pour répondre plus efficacement à l’impact, d’après
mon opinion.

Solutions mises en œuvre Solutions alternatives qui auraient pû être

mises en oeuvre
Lorsque tension élevée atteinte, réunion pour en Plus de réunions de ressentis : mieux vaut
parler avec un arbitre qui passe la parole, puis prévenir que guérir.
excuses individuelles une fois la période de
tension passée.
Pour les horaires indécents, la MJE s’est adaptée Des horaires diurnes comme ceux du système
à ses horaires. scolaire auraient été sources de stabilité et de
rigueur dans le travail.
Pour l’absentéisme, nous avons fait des rappels Les « coups de pression » auraient peut-être pu
fréquents de ne pas hésiter à parler de ses être évités s’il y avait eu une plus grande prise
problèmes, et à communiquer si quelqu’un ne en compte des limites de chacun (dates de
peut être trop présent/ doit s’absenter de vacances, problèmes personnels) ainsi qu’une
l’exercice le temps de la MJE. Aussi, lorsque meilleure communication.
quelqu’un s’absentait plusieurs jours, certaines
personnes lui envoyaient spontanément un
message pour savoir comment ça allait. Parfois,
il y a aussi eu des « coups de pression » si
l’absentéisme concernait plus de la moitié de la
MJE.

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Nombre d’impacts n’ont pas pu être palliés. Par exemple, la fermeture des visites de grandes
entreprises n’a pas pu être palliée par des entretiens téléphoniques, ces grandes structures étant
compliquées à joindre.

Conclusion
En conclusion, on peut considérer que la démarche ingénieure qui est dispensée à l’ISTOM
(adaptabilité, pluridisciplinarité) a difficilement pu être mise en pratique pour rebondir face à la crise
sanitaire. Des impacts globaux sur la condition étudiante et sur le travail en entreprise de la crise à
échelle de la France ont touché l’équipe SEED. Aussi, la dimension internationale de cette mission a
entraîné d’autres problèmes. Cependant, des solutions ont été trouvées et ont permis à la MJE d’arriver
au bout de l’exercice. Cette note réflexive permet de voir l’adaptation à une crise par un groupe
d’étudiants formés à agir dans des contextes où la résilience est nécessaire.

Bibliographie
ARNAULT Emilie, COVID-19 : les étudiants face à la crise, La Presse Médicale Formation, Volume
2, Issue 2, 2021, p. 113, ISSN 2666-4798, https://doi.org/10.1016/j.lpmfor.2021.03.003.
(https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666479821000665)

BOUDOKHANE-LIMA Feirouz, Cindy Felio, Florent Lheureux et

Violaine Kubiszewski, « L’enseignement à distance durant la crise sanitaire de la Covid-19 : le faire
face des enseignants en période de confinement », Revue française des sciences de l’information et de
la communication [En ligne], 22 | 2021, mis en ligne le 01 mai 2021, consulté le 09 août 2021. URL :
http://journals.openedition.org/rfsic/11109 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rfsic.11109

HANSEZ Isabelle, « Apprendre du télétravail contraint durant la crise sanitaire », Regards

Economique, 2021.

MENGER Pierre-Michel, « Quand le travail empiète sur la vie privée », 5 novembre 2020 [Émission
de radio] France Inter. Grand bien vous fasse !

TRESPEUCH Marie, Tenret Élise, « La crise sanitaire : une prise de conscience de la condition

étudiante ? », Revue Française de Socio-Économie, 2021/1 (n° 26), p. 5-11. DOI :
10.3917/rfse.026.0005. URL : https://www.cairn.info/revue-francaise-de-socio-economie-2021-1-
page-5.htm

UNIVERSITE DAUPHINE, « COVID-19, Regards croisés sur la crise », Mars 2021, p1OO.

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