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Géologie Méditerranéenne

Nouvelles données sur le Crétacé et l'Eocène des environs de


Grombalia (Tunisie nord-orientale)
Ali Ouahidi, H. Bismuth, Mohamed Moncef Turki

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Ouahidi Ali, Bismuth H., Turki Mohamed Moncef. Nouvelles données sur le Crétacé et l'Eocène des environs de
Grombalia (Tunisie nord-orientale). In: Géologie Méditerranéenne. Tome 20, numéro 1, 1993. pp. 25-43;

doi : https://doi.org/10.3406/geolm.1993.1483

https://www.persee.fr/doc/geolm_0397-2844_1993_num_20_1_1483

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Abstract
New data from Cretaceous and Eocene series in the area of Grombalia (North Eastern Tunisia).
Due to its geographical position on the border of the Grombalia graben and on the septentrional
extension of the North-South chain, this studied area has deeply recorded the influence of those
directions. Thus in this area, the Upper Cretaceous is characterized by thicknesses reductions and
sedimentary hiatuses, and also by a remarkable thickening of the Cretaceous series towards the
Grombalia graben. The Cretaceous sedimentation control by the N 140 -N 160 faults is marked by
a structuration in horsts and grabens. From a biostratigraphical point of view within this study,
many precisions are brought on the Cretaceous and Eocene series of the North-Eastern Tunisia
and on their microfaunal content. The general hiatus of the whole Turanian -Lower Senonian
series previously supposed is shown to be a wrong notion.
At the top of the Kef Formation, a new lithostratigraphical unit of Santonian age, called «Membre
El Mekki», is defined.

Résumé
Le secteur étudié, de par sa position géographique en bordure du Fossé de Grombalia et dans le
prolongement septentrional de la Chaîne Nord-Sud, a profondément enregistré, au Crétacé
supérieur, l'influence de ces deux directions. C'est ainsi que la série est caractérisée d'une part
par des réductions d'épaisseurs et lacunes sédimentaires, d'autre part par un épaississement
notable en direction du Fossé de Grombalia. Le contrôle de la sédimentation crétacée par des
accidents orientés N 140 à N 160 est marqué par l'installation de domaines tantôt subsidents,
tantôt à sédimentation réduite, voire localement absente.
Sur le plan biostratigraphique, ce travail apporte des précisions à la connaissance des séries
crétacées et éocènes de la Tunisie nord-orientale. Ces précisions infirment la notion de lacune
généralisée de toute la série du Turonien-Sénonien antérieurement admise.
Au sommet de la Formation Kef, une nouvelle unité lithostratigraphique, d'âge santonien,
dénommée «Membre El Mekki» a été définie.
Géologie Méditerranéenne
Tome XX, n°l, 1993, pp. 25-43

Nouvelles données sur le Crétacé

et l'Eocène des environs de Grombalia a.ouahchi*


/rf,
(lunisie
. . nord-orientale)
, . . - , m.m.turki*
H. BISMUTH"

RESUME From a biostratigraphical point of view within this study, many pre
cisions are brought on the Cretaceous and Eocene series of the Nort
Le secteur étudié, de par sa position géographique en bordure du Eastern Tunisia and on their microfaunal content. The general hiatu
Fossé de Grombalia et dans le prolongement septentrional de la of the whole Turanian -Lower Senonian series previously supposed
Chaîne Nord-Sud, a profondément enregistré, au Crétacé supérieur, shown to be a wrong notion.
l'influence de ces deux directions. C'est ainsi que la série est caracté¬ At the top of the Kef Formation, a new lithostratigraphical unit o
risée d'une part par des réductions d'épaisseurs et lacunes sédimen- Santonian age, called «Membre El Mekki», is defined.
taires, d'autre part par un épaississement notable en direction du
Fossé de Grombalia. Le contrôle de la sédimentation crétacée par des
accidents orientés N 140 à N 160 est marqué par l'installation de
domaines tantôt subsidents, tantôt à sédimentation réduite, voire
localement absente.
Sur le plan biostratigraphique, ce travail apporte des précisions à la I - INTRODUCTION
connaissance des séries crétacées et éocènes de la Tunisie nord-orien¬
tale. Ces précisions infirment la notion de lacune généralisée de toute
la série du Turonien-Sénonien antérieurement admise.
Au sommet de la Formation Kef, une nouvelle unité lithostratigra- A la limite sud-orientale de la structure jurassiqu
phique, d'âge santonien, dénommée «Membre El Mekki» a été défi¬
nie. du Jbel Er Rsas (Ressas), jalonnée par le prolongement
vers le Nord, de l'accident de Zaghouan et parallèle
ABSTRACT ment au synclinal pincé de Sidi Hamedane-Oued E
Ghourfa, la Structure de Khanguet El Hojjaj se présen
New data from Cretaceous and Eocene series in the area of
te comme un méga-pli anticlinal à cœur crétacé infé
Grombalia (North Eastern Tunisia).
Due to its geographical position on the border of the Grombalia rieur (Barrémo-Aptien).
graben and on the septentrional extension of the North-South chain,
this studied area has deeply recorded the influence of those direc¬ Le levé géologique de la feuille de Grombalia a
tions. Thus in this area, the Upper Cretaceous is characterized by 1/50 000 par BUJALKA et al. (1971) avait permis d
thicknesses reductions and sedimentary hiatuses, and also by a préciser la série lithostratigraphique de la région.
remarkable thickening of the Cretaceous series towards the convient d'en rappeler les principaux résultats :
Grombalia graben. The Cretaceous sedimentation control by the N
140 - N 160 faults is marked by a structuration in horsts and grabens.
- Le Campanien supérieur, transgressif, repose su
l'Albien-Cénomanien ;
MOTS CLES : Biostratigraphie, Lithostratigraphie,
Foraminifères, Crétacé, Paléocène, Eocène, Environs de
Grombalia, Tunisie nord-orientale - Les assises du Turonien-Sénonien inférieur ont ét
KEY WORDS Biostratigraphy, Lithostratigraphy, érodées par suite de l'émersion de cette région a
Foraminifera, Cretaceous, Paleocene, Eocene, Grombalia area, cours du Santonien-Campanien inférieur ;
North Eastern Tunisia
26 A. OUAHCHI, H. BISMUTH, M. M. TURKI

Le présent article vise essentiellement à actualiser H - CADRE STRUCTURAL


nos connaissances sur la lithostratigraphie du Crétacé D'ENSEMBLE
et de l'Eocène affleurant dans ce secteur de la Tunisie
nord-orientale et de mettre en évidence l'influence de
certaines directions structurales dans la répartition des Le domaine étudié est situé en Tunisie nord-orienta-
séries méso-Cénozoïques. Pour ce faire, l'analyse litho- le, à une quarantaine de kilomètres au Sud-Est de Tunis
biostratigraphique de quelques coupes de terrain, et à environ 7 km au Sud-Ouest de Grombalia. Il est
levées dans trois massifs (Jbel El Mekki, Jbel Es limité à l'Ouest et au Nord-Ouest par les massifs juras¬
Soullaa et Jbel Addous) ainsi qu'un levé cartogra¬ siques de la dorsale ; le Fossé de Grombalia, limité par
phique de détail au 1/25.000 appuyé par une analyse des accidents orientés N 140 à N 160, le borde à l'Est
structurale (OUAHCHI, 1991), ont permis de confron¬ Il s'inscrit dans le prolongement septentrional de la
ter les résultats obtenus à ceux des travaux antérieurs. chaîne Nord-Sud (fig. 1) évoluant, pendant les phases

TTunis m
10km

Golfe de
T unis
Hammam Lif
Bou Gàrnine
F. G.
Grombalia J.Er Rsas •Grombalia

3.1. Es Sollaa
4. i. Addous J. Msalla

ZAGHOUAN

J.Zaghouan :jf
<\r
r ••••••••
......
Hammam Zriba

J.Ben Saidane

Golfe
J.Zaress
Enf ida

Figure 1 - Localisation des massifs étudiés (1, 2, 3, 4). S : Prolongement septentrional de la Chaîne
Nord-Sud ; 6 : massifs jurassiques.
• Location of the studied area (1, 2, 3, 4). S : Septentrional extension of the North-South
Chain ; 6 : Jurassic massifs.
LE CRETACE ET L'EOCENE DES ENVIRONS DE GROMBAUA

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28 A. OUAHCHI, H. BISMUTH, M. M. TURKI

de compression tertiaires, aux dépens d'un domaine du méga-pli. Plus au Sud, on observe une répétition de
paléogéographique mésozoïque-éocène Nord-Sud quatre compartiments où affleure l' Aptien plus au Nord
(TURKI, 1984). (Jbel Es Sraï et Jbel £1 Mekki) et l'Albien-Cénomanien
seul au Sud (Jbel Es Soullaa et Jbel Addous). Les cal¬
La structure d'ensemble est celle d'un méga-pli anti¬ caires de l'Eocène inférieur forment tous les points
clinal à axe courbe, affecté par de nombreux accidents hauts de ces massifs. Le reste de l'étendue est recou¬
cassants qui se distribuent selon deux directions privi¬ vert, en surface, par les marnes et les argiles de
légiées E-W et NW-SE formant entre elles des coins l'Eocène moyen et supérieur (Formation Souar) ainsi
tectoniques (fig. 2). que par les grès de l' Oligocène-Miocène inférieur
(Formation Fortuna). Les calcaires fossilifères du
Le Barrémo-Aptien constitue, au Nord du domaine Langhien (Formation Aïn Grab) ceinturent cette struc¬
d'étude, les termes les plus anciens affleurant au centre ture en dôme.

Figure 3 - Localisation des coupes stratlgraphiques. • Location of the stratigraphicai sections.


Jbel El Mekki : - M.O. :Mekki Ouest. - M.O.S.O. : Oued Sbaa Ouediane. • M.E. : Mekki Est.
Jbel Es Soullaa : - S.O. : Es Soullaa Ouest. - S.O.K.L. : Oued Ksar Ellouz. • S.K.G. : Kef Ghrab.
Jbel Addous : -A.D.

ffl - LA SERIE STRATIGRAPHIQUE A -JBEL EL MEKKI


(COUPE DE L'OUED SBAA OUIDIANE :
M. O.S. O.)
L'analyse de très nombreux échantillons prélevés le
long de sept profils, grâce à la richesse et à la diversité Cette coupe, levée au niveau de l'Oued Sbaa
de leur contenu microfaunistique, a permis d'établir un Ouidiane (fig. 3), peut être considérée comme la coupe
cadre litho-et chronostratigraphique satisfaisant depuis principale de référence. Du bas vers le haut, on dis¬
l'Aptien jusqu'à l'Eocène supérieur. tingue (fig. 4) :
LE CRETACE ET L'EOCENE DES ENVIRONS DE GROMBALIA (TUNISIE) 29

Figure 4 - Série stratigraphique du Jbel El Mekki (Coupe de l'Oued Sbaa Ouediane : M.05.0.).
- The stratigraphical series of Jbel El Mekki (Section of Oued Sbaa Ouediane : M.O.S.O.)-
30 A. OUAHCTŒ, H. BISMUTH, M. M. TURKI

A 1 : L'Aptien (140 m) l'Aptien de Téboursouk, CHITA (1979) l'a rencontrée


au sommet de la Zone à Hedbergella trocoidea et à la
L'Aptien occupe le cœur du monoclinal du Jbel El base de la Zone à Ticinella bejaouaensis, soit de part et
Mekki ; il n'affleure que partiellement avec une épais¬ d'autre de la limite Gargasien-Clansayésien.
seur de sédiments visible atteignant 140 m. Il est
cependant difficile d'évaluer la puissance réelle • Le troisième terme, comportant des formes inter¬
puisque le contact de cette série avec les marnes médiaires entre Hedbergella trocoidea (GANDOLFI)
éocènes de la formation Souar est jalonné par la grande et Ticinella bejaouaensis SIGAL, a été attribué au
faille E-W du Jbel El Mekki (faille FM). Clansayésien.
Il s'agit d'une série à prédominance de marnes. A la • Le quatrième terme a été daté Clansayésien à
base, on observe des alternances de marnes gris-ver- Albien inférieur possible grâce à l'association de
dâtre et d'argiles calcaires finement litées et indurées, Ticinella bejaouaensis, Hedbergella trocoidea , Hed¬
comportant quelques bancs décimétriques de grès gris- bergella infracretacea , Globigerinelloides cf. eaglefor-
verdâtre très durs, à grains moyens, bien classés, angu¬ densis et de foraminifères benthiques tels que
leux à subanguleux, et à ciment carbonaté abondant Bathysiphon filiformis, Reophax ampullacea , Spirop-
(jusqu'à 50 % de Ca C03) puis des calcaires argileux lectinata complanata praecursor et Uvigerinammina
gris-foncé ; des inclusions limonitiques y sont fré¬ moesiana (NEAGU).
quentes. Le reste de la série aptienne correspond à des
marnes grises, riches en concrétions limonitiques et en
paillettes de muscovite. A 2 : L'Albien (100 m)

Les données purement biostratigraphiques permet¬ L' Albien est représenté par une série où des argiles
tent de distinguer quatre termes dans ces couches calcaires et des marnes gris foncé, indurées et
aptiennes : esquilleuses, micacées et limonitiques, alternent avec
des calcaires plus ou moins argileux, disposés en bancs
• Le premier terme n'a livré, à la base, que des fora- tantôt centimétriques à décimétriques, tantôt en barres
minifères benthiques tels que Conorotalites aptiensis de 5 à 20 m d'épaisseur, à interlits d'argiles et de
(BETTENSTAEDT), Lenticulina cf. gaultina, marnes grises indurées.
Lenticulina spp., Trochammina sp., Eoguttulina sp.,
Dentalina sp. et de rares Ostracodes du genre Dans cette série albienne, on a pu distinguer :
Cytherella. Dans sa partie supérieure, ce terme renfer¬
me d'assez rares foraminifères planctoniques, entre • L'Albien inférieur et la base de l'Albien moyen,
autres Hedbergella cf. infracretacea (GLAESNER), épais de 34 m, avec la microfaune suivante : Hed¬
Clavihedbergella simplex (MORROW), et Hedbergella bergella planispira (TAPPAN), Ticinella roberti
cf. sigali MOULLADE. Cette microfaune n'est pas (GANDOLFI), Hedbergella infracretacea , Hed¬
assez significative pour nous prononcer avec certitude bergella aff.delrioensis (CARSEY), Valvulineria gra -
sur l'âge qu'il convient d'attribuer à ce premier terme ; cillima, Lenticulina spp., Dentalina sp., des radio¬
nous le rangeons, néanmoins, dans le Gargasien infé¬ laires fréquents et quelques ostracodes du genre Cy¬
therella.
rieur car il est surmonté par des niveaux à
Globigerinelloides ferreolensis MOULLADE indi¬ • L'Albien moyen, caractérisé par l'adjonction de
quant la première zone du Gargasien supérieur. Ticinella primula LUTERBACHER aux espèces de
• Le deuxième terme, daté Gargasien supérieur, l'Albien moyen citées ci-dessus.
comporte les trois biozones caractéristiques de ce sous- Remarque :
étage :
A cause, vraisemblablement, de lacunes d'observa¬
Zone à Globigerinelloides ferreolensis. tion, les premiers niveaux identifiés au-dessus sont
Zone à Globigerinelloides algeriana. d'âge cénomanien inférieur. L'hypothèse d'une lacune
sédimentaire doit, en effet, être résolument écartée car
Zone à Hedbergella trocoidea.
ces deux sous-étages ont été reconnus au Sud de ce
Le passage Gargasien-Clansayésien a été placé à même massif, dans la coupe du flanc NW du Jbel Es
l'apparition de Planomalina cheniourensis (SIGAL), Soullaa grâce aux espèces Ticinella praeticinensis
premiers représentants du genre Planomalina. Selon SIGAL, Biticinella breggiensis (GANDOLFI),
certains auteurs (SIGAL, 1952), Planomalina cheniou¬ Rotalipora subticinensis (GANDOLFI), Rotalipora
rensis serait une forme gargasienne. Pour d'autres ticinensis (GANDOLFI) caractéristiques de l'Albien
(MOULLADE, 1966), elle caractériserait aussi bien le supérieur, puis de Planomalina buxtorfi (GANDOL¬
Gargasien supérieur que le Clansayésien basai. Dans FI), typique du Vraconien.
LE CRETACE ET L'EOCENE DES ENVIRONS DE GROMB ALIA (TUNISIE) 31

A 3 : Le Cénomanien inférieur (21 m) aissana (SIGAL), Heterohelix réussi, Hedbergella


flandrini PORTHAULT, des Textulaires, Pithonelles et
Il correspond à une alternance de séquences élémen¬ prismes d'Inocérames.
taires de marnes gris-vert à gris foncé, en partie mas¬
quées par des éboulis de pente et par le couvert végétal,
et de calcaires plus ou moins argileux, gris foncé, à A 6 : Le Santonien calcaire (13 m) :
patine claire, disposés en bancs décimétriques à Zone à Dicarinella asymetrica
métriques.
OUAHCHI (1991) a été le premier à mentionner la
Dans cette coupe, nous n'avons pu reconnaître que présence de Santonien dans cette région. Pour le distin¬
le Cénomanien inférieur avec les espèces Rotalipora guer, il a été amené à définir une nouvelle unité lithos-
brotzeni (SIGAL), Rotalipora appenninica (RENZ), tratigraphique, le «Membre El Mekki», au sommet de
Rotalipora gandolfii LUTERBACHER et PREMOLI la formation Kef d'âge turonien à campanien basai.
SILVA, Praeglobotruncana stephani (GANDOLFI), Nous jugeons utile de caractériser ici cette nouvelle
Hedbergella delrioensis associées à des Calcis- unité. Dans sa localité type, au Jbel El Mekki, sous le
phaerulidae : Pithonella sphaerica (KAUFMANN) et Marabout de Sidi Ali El Mekki, elle est épaisse de
Pithonella ovalis (KAUFMANN). 13 m et présente les caractères d'une série condensée
supportant les calcaires campano-maastrichtiens des¬
quels elle n'avait pas été dissociée.
A 4 : Lacune de visibilité
(éboulis, végétation dense), (80 m)
a - Description lithologique : de la base au sommet,
Cette lacune concerne, vraisemblablement, le on distingue :
Cénomanien moyen et supérieur ainsi que tout le a1
Turonien puisque les premiers affleurements sus- * une masse carbonatée disposée en petites barres
jacents appartiennent déjà au Coniacien. décimétriques, grisâtres et de texture packstone ;
Si le Cénomanien moyen et supérieur n'a pu être * des marnes indurées jaune-verdâtre ;
différencié micropaléontologiquement, il a, néanmoins, * des calcaires argileux gris-verdâtre, à inclusions
été reconnu dans la coupe du flanc ouest du Jbel El limonitiques, glauconieuses et phosphatées, à frag¬
Mekki grâce, en particulier, à la présence de l'espèce ments d'Huîtres et fins débris d'Echinodermes. La
caractéristique Rotalipora cushmani (MORROW). Il en microfaune planctonique, abondante, est essentiel¬
va de même du Turonien, identifié aussi bien à l'Est lement représentée par des Marginotruncana spp.,
qu'à l'Ouest de ce même massif grâce à la présence, Dicarinella concavata et Dicarinella asymetrica
très significative, d ' Helvetoglobotruncana helvetica (SIGAL).
(BOLLI).
a2
* Le sommet est caractérisé par un faciès rougeâtre
A 5 : Le Coniacien-Santonien basai (22 m) typique pour la région, correspondant à des cal¬
caires argileux gris bleu, verdâtres, rougeâtres à
C'est un ensemble marno-calcaire organisé en violacés, de texture packstone. La matrice, rare et
petites séquences de marnes grises à verdâtres et de imprégnée d'oxydes ferrugineux, renferme
calcaires argileux gris-vert, à patine jaune verdâtre et quelques grains de phosphate et de très rares
de texture packstone. Il a été subdivisé en deux unités : grains de quartz détritique fins à moyens. Ces
niveaux ont livré : Dicarinella asymetrica , Sigalia
La première, épaisse de 17 m, est d'âge coniacien deflaensis (SIGAL), Siphogaudryina pyramidata
inférieur ; elle correspond à la Zone à Dicarinella pri- (CUSHMAN), des prismes d'Inocérames et des
mitiva (DALBIEZ) riche en Marginotruncana spp., débris d'Echinodermes.
Hedbergella spp., Heterohelix réussi (CUSHMAN),
Pithonelles, prismes d'Inocérames et débris a3
d'Echinides.
* Le Membre El Mekki s'achève par un calcaire
L'unité supérieure, épaisse seulement de 5 m, est argileux calcarénitique, packstone, imprégné de
attribuée au Coniacien supérieur à Santonien basai, limonite. Il a livré : Dicarinella asymetrica ,
Zone à Dicarinella concavata (BROTZEN). Outre le Globotruncanita stuartiformis (DALBIEZ),
microfossile de zone, elle a livré d'abondantes Globotruncana bulloides VOGLER, Globotrun-
Marginotruncana spp., Dicarinella primitiva, cana area (CUSHMAN), Hedbergella spp.,
Dicarinella imbricata (MORNOD), Globigerinelloides Heterohelix spp. et Stensioeina sp.
32 A. OUAHCHI, H. BISMUTH, M. M. TURKI

b - Attribution stratigraphique
La coexistence de Dicarinella concavata et
de Dicarinella asymetrica dans les niveaux
inférieurs (terme a 1) caractérise la partie
inférieure de la Zone à Dicarinella asyme¬
trica du Santonien. Les termes a 2 et a 3 du
sommet, à Dicarinella asymetrica mais
Unîtes dépourvus de Dicarinella concavata ,
Age lithost. Lit ho log Description Calcimétrie appartiennent au sommet de la Zone à
JSL 100% Dicarinella asymetrica et, de ce fait, au
Santonien supérieur.
eoh;
93
calcaire micri.
M c-
Remarques sur le Membre El Mekki
TTiïT
L_JL tique gris blanc. (OUAHCHI, 1991)
Ces niveaux carbonatés n'avaient jamais,
u m JUL • (pyrite) auparavant, été dissociés des calcaires de
•MS D? // la Formation Abiod (Campanien/Maastrich-
calcaire gris bleu, tien) qu'ils supportent Ils étaient, de plus,
brun, verdâtre réputés être gréseux. Or, nos analyses ont
clairement montré qu'ils étaient, en fait,
à violacé. d'âge Santonien et que la fraction détritique
siliceuse y est négligeable, inférieure à 2 %.
Les mesures calcimétriques révèlent une
/(bioturbations
au sommet) teneur élevée en CaC03, comprise entre 65
M et 88% (fig. 5).
Le Membre El Mekki, seulement épais de
13 m, présente les caractéristiques d'une
série condensée et correspond, vraisembla¬
alternance blement, à la totalité du Santonien. Son
lithofaciès est similaire à celui de la
Formation Abiod dont il constitue la «semel¬
marne grise le». Nous pensons qu'une discontinuité
et 76 caractérise le contact Membre El Mekki -
75 Formation Abiod. Elle est suggérée par la
calcaire lacune probable, au moins partielle, du
74 il
argileux gris 73 Campanien inférieur (absence des
72 Globotruncanita elevata ) et par la présence
verdâtre. 71 d'extraclastes à la base de la Formation
70 Abiod.
60
68 En Tunisie septentrionale, le Santonien est
67
66 généralement représenté par une série à pré-
EOK dominence marneuse qui, dans les massifs
avoisinants des Jbel El Msalla (El Mecella)
et Et Rsas (Ressas), atteint une puissance de
200 m. Aussi paraît-il justifié de caractériser
Figure 5 - The
Le
bable
D ?Membre
: El
Probable
duMekki
Campanien
Elhiatus
Mekkiinférieur.
Memberof :the
fige,
: age,
Lower
lithologie
lithologicai
Campanian.
et calcimétrie.
succession Dand
? : Lacune
calcimetry.
pro¬ les faciès carbonatés tout à fait singuliers du
Santonien de notre coupe par l'institution,
au sommet de la Formation Kef, d'une nou¬
velle unité lithostratigraphique dénommée
«Membre El Mekki», surmontée par la
barre calcaire de la Formation Abiod
(Campanien-Maastrichtien).
Le Membre El Mekki s'observe en de nom¬
breux affleurements de la mégastructure
anticlinale de Khanguet El Hojjaj.
LE CRETACE ET L'EOCENE DES ENVIRONS DE GROMBAUA (TUNISIE) 33

A 7 - Le Campanien - Maastrichtien (8 m) A 8 : Lacune d'observation

Les calcaires de la Formation Abiod, généralement Un intervalle, en grande partie masqué par des ébou-
représentés en Tunisie par la superposition de deux lis et par la végétation, et dont l'épaisseur est évaluée à
masses calcaires que sépare un membre moyen où 40 m, laisse voir, à la base, des marnes verdâtres et des
alternent marnes et calcaires argileux (BUROLLET, calcaires argileux gris-verdâtre attribués au
1956 ; FOURNIE, 1978) ne montrent, dans notre Maastrichtien supérieur par BUJALKA et al. (1971).
coupe, qu'une seule barre à sédimentation calcaire Le reste de cet intervalle correspond très vraisembla¬
continue. Attribuée au Campanien supérieur par blement à une lithologie plus tendre, argilo-marneuse,
BUJALKA et al. (1971) et au Campanien supérieur- qui a toutes chances d'appartenir à la Formation dite
Maastrichtien par TURKI (1988), cette barre de calcai¬ des «Argiles d'El Haria» d'âge paléocène (cf. datation
re blanc, micritique, à bioturbations et nodules de pyri¬ effectuée au Jbel Es Soullaa : voir plus loin coupes S.
te, révèle, du bas vers le haut, les microfaciès sui¬ O., S. O. K. L., et S. K. G.).
vants :

A 9 : L'Eocène inférieur (30 m)


a 1 - Calcaire bioclastique packstone, partiellement cal-
carénitique, imprégné de limonite et à fréquentes
inclusions phosphatées. De rares grains de quartz Il s'agit d'un calcaire gris clair à gris foncé, à patine
détritique fins (moins de 5 %) sont disséminés blanche, très légèrement gréseux et glauconieux à la
dans la roche riche en foraminifères plane- base, renfermant des dents de poissons et des inclu¬
toniques : Globotruncana cf. area, Globotruncana sions phosphatées. C'est la Formation Metlaoui sous
cf. linneiana (d'ORBIGNY), Globotruncanita son faciès «bassin» à Globigérines : Formation Bou
stuartiformis, Textularia sp., Stensioeina sp., Dabbous d'âge yprésien (FOURNIE, 1978).
débris d'Echinodermes et prismes d'Inocérames.
On y observe également quelques extraclastes
dont certains renferment des Pythonella ovalis.
Conclusion
a 2 - Biomicrite wackestone à packstone, à rares grains
de quartz détritique, riche en foraminifères plane- L'analyse de cette coupe amène à formuler les
toniques parmi lesquels on peut reconnaître : remarques suivantes :
Globotruncana cf. area, Globotruncana bulloides ,
Globotruncanita cf. stuarti (de L APPARENT), 1 - Les travaux précédents (BUJALKA et al., 1971 ;
Rosita fornicata (PLUMMER), Rosita cf. calici- SALAJ, 1980) signalaient une importante lacune, dans
formis, ? Rosita contusa (CUSHMAN), ce massif, des assises du Turonien et du Sénonien infé¬
Gansserina gansseri (BOLLI), Heterohelix spp., rieur qui auraient été érodées par suite d'une émersion
Pseudotextularia sp., Planoglobulina sp. régionale au cours du Santonien-Campanien inférieur.
Ainsi, la barre calcaire du Campanien (Formation
a 3 - Le sommet de la barre est une biomicrite wackes¬ Abiod) était censée être transgressive sur un substratum
tone, à très rares grains de quartz (moins de 1 %), albo-cénomanien (Formation Fahdène). Or, et malgré
à gros foraminifères agglutinants (Lituola sp.), de nombreuses lacunes d'observation, l'analyse de
Globotruncanita stuarti, Rosita contusa , ? cette coupe a montré que cela n'était pas fondé et que
cet intervalle Turonien-Sénonien inférieur est bel et
Abathomphalus mayor oensis, Heterohelix spp.,
Planoglobulina sp., Pseudotextularia sp. bien présent, même si son épaisseur est réduite, compa¬
rée aux secteurs limitrophes (Jbel Er Rsas au NW et
Jbel El Msalla à l'W).
b - Attribution stratigraphique.
2 - Une nouvelle unité lithostratigraphique d'âge
La microfaune livrée par le niveau inférieur a 1 santonien, dénommée «Membre El Mekki» a été pro¬
indique un âge Campanien moyen à supérieur très posée pour désigner, au sommet de la Formation Kef,
probable. La fréquence de Globotruncanita cf. une barre calcaire présentant les caractères d'une série
stuarti et la présence de Gansserina gansseri , condensée et précédemment considérée comme partie
espèce exclusivement maastrichtienne, nous incite intégrante de la Formation Abiod.
à placer le niveau a 2 dans le Maastrichtien. Les
sections que nous avons identifiées comme se rap¬ 3 - Aucun des échantillons prélevés dans le cadre de
portant à Abathomphalus mayaroensis pourraient cette étude n'a révélé les faciès détritiques et gréseux
indiquer que le Maastrichtien supérieur est égale¬ signalés précédemment et en particulier dans la
ment présent, tout au moins dans le niveau a 3. Formation Abiod.
34 A. OUAHCHI, H. BISMUTH, M. M. TURKI

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CAMP;ANIEN MA!STRICHTIEN

C.A. OLIGOCENE

Figure 6 •- West-East
Corrélationslithostratigraphical
Uthostratigraphiques
correlations
Ouest-Estofdes
the séries
UpperduCretaceous-Lower
Crétacé supérieurEocene
à I'Eocène
in theinférieur
Jbel El Mekki.
du Jbel El Mekki.
LE CRETACE ET L' EOCENE DES ENVIRONS DE GROMBALIA (TUNISIE) 35

4 - La barre Abiod, datée Campanien supérieur dans cushmani, Rotalipora brotzeni, Rotalipora appen¬
la notice explicative de la feuille de Grombalia ninica, Praeglobotruncana stephani, Shackoina
(BUJALKA et al., 1971), est en fait campano-maas- cenomana (SCHACKO) bicornis.
trichtienne comme cela est signalé par TURKI (1988).
Au-dessus d'une lacune de visibilité évaluée à
35 m, 6 m de marnes grises ont été attribuées au
EXTENSION LATERALE DU CRETACE ET DE Turonien moyen grâce à l'association
L'EOCENE AU JBEL EL MEKKI d 'Helvetoglobotruncana helvetica , Whiteinella
kingi, Whiteinella paradubia (SIGAL), Whiteinella
Deux coupes partielles ont été levées respectivement praehelvetica et Praeglobotruncana kalaati
aux deux extrémités orientale et occidentale de ce mas¬ DONOSO et LINARES.
sif :
Au-dessus, un ensemble argileux épais de 17 m,
• La coupe d' Aïn Nakhla, située vers l'extrémité comportant de rares intercalations calcaires au
orientale du massif d'El Mekki, a révélé une série sommet, a livré une microfaune riche en
allant du Turonien moyen à l'Eocène (fig. 6, coupe Marginotruncana spp., Hétérohélicidés et frag¬
ME). Le Turonien-Coniacien, dont 64 m ont été ments de tests d'Inocérames. Nous l'attribuons au
mesurés à l'affleurement, est ici directement sur¬ Turonien supérieur-Coniacien, c'est-à-dire à
monté par les calcaires campano-maastrichtiens de l'intervalle postérieur à l'extinction des
la formation Abiod. En effet, le terme carbonaté Helvetoglobotruncana helvetica et antérieur à
caractérisant le Santonien, décrit dans la coupe pré¬ l'apparition des Dicarinella concavata.
cédente (coupe M. O. S. O.), est absent vers
l'extrémité Est du Jbel El Mekki. Les calcaires yprésiens, sous faciès «bassin»de la
Formation Bou Dabbous, viennent recouvrir les
Le Campanien-Maastrichtien, épais de 15 m, niveaux précédemment décrits. Epais de 25 m et
montre sur ce flanc de nombreuses figures de glis¬ contenant de fines inclusions phosphatées, ils sont
sement (slump marks) ; son maximum d'épaisseur riches en Globigerinidae et Globorotalidae tels que
(20 m) s'observe à quelques centaines de mètres à Morozovella cf. aragonensis (NUTTALL),
l'Est de la coupe M. O. S. O. où il surmonte le cal¬ Morozovella spp., Acarinina spp. ; les sections de
caire argileux rougeâtre du Santonien qui n'affleu¬ Clavulinoides y sont assez fréquentes.
re que partiellement (fig. 6, coupe intercalée entre
M. O. S. O. et M. E.). La superposition de cet Yprésien sur des niveaux
datés Turonien supérieur à Coniacien signifie que
La série se poursuit par les assises marneuses du ce flanc Ouest du Massif d'El Mekki présente une
Maastrichtien supérieur et du Paléocène (37, 5 m) importante lacune stratigraphique relative à une
que coiffe le calcaire de l'Yprésien, épais de 25 m. partie probable du Coniacien et à toute la série
allant du Santonien au Paléocène.
• La coupe du flanc Ouest (fig. 6, coupe M. O.)
débute dans le Cénomanien inférieur représenté par
des alternances de calcaires micritiques et de
marnes à fréquentes inclusions limonitiques et B-JBEL ES SOULLAA
phosphatées, ce niveau a livré des micro-orga¬
nismes monoloculaires (Calcisphaerulidae ) abon¬
dants et diversifiés, entre autres Pithonella sphae- Sur les trois coupes levées respectivement dans les
rica, Pithonella cf. innominata (BONET), Pi¬ secteurs oriental, central et occidental du Jbel Es
thonella ovalis, Pithonella trejoi BONET, Bone- Soullaa (cf. fig. 7), l'analyse de nombreux échantillons
tocardiella conoidea BONET ainsi que des fora- fait ressortir les principaux faits suivants :
minifères planctoniques tels que Rotalipora brot- 1 - Le secteur oriental
zeni, Rotalipora appenninica, Rotalipora
gandolfii. Ce Cénomanien inférieur, tronqué par la La coupe de Kef Ghrab (S. K. G.), à l'extrémité
faille FM de Jbel El Mekki, n'a ici qu'une épais¬ orientale du Jbel Es Soullaa, montre une série stratigra¬
seur de 10 m. phique qui débute dans le Turonien moyen et atteint les
calcaires yprésiens.
Le Cénomanien moyen et supérieur, dont 31m
sont visibles à l'affleurement, a livré également Les marnes jaune-ocre du Turonien moyen, épaisses
une microfaune riche en espèces et en individus : à l'affleurement de 15 m, ont fourni une microfaune
Calcisphaerulidae , filaments longs et fins (très caractérisant ce sous-étage avec Helvetoglobotruncana
vraisemblablement sections de Lamellibranches helvetica, Praeglobotruncana kalaati, Marginotruncana
pélagiques), abondants Radiolaires, Rotalipora spp. et de fréquents Hétérohélicidés.
A. OUAHCHI, H. BISMUTH, M. M. TURKI

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EOCENE SUPERIEUR
LE CRETACE ET L'EOCENE DES ENVIRONS DE GROMBAUA (TUNISIE) 37

Au-dessus d'une lacune de visibilité, évaluée à 7 m, Globotruncanidae, dents de poissons et bioclastes, a


affleure une série carbonatée épaisse de 5 m ; c'est un livré une association caractéristique du Santonien
calcaire gris-bleu, tacheté de mauve, présentant certaines supérieur : Dicarinella asymetrica, Marginotruncana
analogies avec le calcaire rougeâtre du Membre El pseudolinneiana PESSAGNO, Marginotruncana coro-
Mekki, d'âge santonien, décrit au Jbel El Mekki. Sa tex¬ nata (BOLLI) et Marginotruncana sinuosa POR-
ture wackestone est néanmoins plus lâche et sa micro¬ THAULT.
faune caractérise le Campanien inférieur avec, en parti¬
culier : Globotruncanita cf. elevata, Globotruncanita Sur le Santonien, repose une barre de calcaire beige,
stuartiformis, Globotruncana area, Globotruncana cf. biomicritique, épaisse de 2, 5 m, riche en
linneiana associées à des prismes d'Inocérames. Globotruncanidae et Heterohelicidae attribuée au
Campanien supérieur à Maastrichtien inférieur
Le calcaire blanc, micritique, qui surmonte ces (BUJALKAef al., 1971).
niveaux de texture wackstone, packstone par endroits,
atteint son épaisseur maximale de 35 m sur le flanc Les 39 m d'argiles gris-bleu qui séparent ce niveau
oriental du Jbel Es Soullaa. Il a été daté Campanien du calcaire yprésien, épais de 25 m et riche en
supérieur à Maastrichtien inférieur et comporte l'asso¬ Morozovella spp. et en Acarinina spp., correspondent à
ciation suivante : Globotruncanita gr. stuarti, Rosita la partie supérieure de la Formation El Haria. Les
fornicata, Globotruncana aegyptiaca NAKKADY, échantillons prélevés à leur base ont, en effet, livré une
Globigerinelloid.es aspera (MARIE), Heterohelix et microfaune composée de Morozovella aequa,
prismes d'Inocérames fréquents. Morozovella velascoensis, Morozovella occlusa,
Morozovella acuta (TOULMIN), Planorotalites pseu-
Les alternances marno-calcaires du Maastrichtien domenardii (BOLLI), Subbotina velascoensis,
supérieur, épaisses de 17 m, ont livré une riche micro¬ Subbotina triloculinoides, Acarinina mekannai
faune planctonique : Globotruncanita conica, Glo¬ (WHITE). Cette association, qui est celle de la premiè¬
botruncanita fareedi, Globotruncanita stuarti, Rosita re biozone du Paléocène supérieur (Zone à
contusa, Gansserina gansseri, Abathomphalus maya- Planorotalites pseudomenardii), met en évidence une
roensis, Racemigumbelina fructicosa (EGGER), lacune stratigraphique du Maastrichtien supérieur et du
Pseudotextularia elegans (RZEHAK), Pseudo- Paléocène inférieur et moyen, soit la majeure partie de
textularia intermedia de KLASZ, Pseudogumbelina la formation El Haria.
palpebra BRÔNNIMANN, Pseudogumbelina excolata
(CUSHMAN), Rugoglobigerina hexacamerata BRÔN¬ Dans les marnes prélevées dans les niveaux supé¬
NIMANN, Rugoglobigerina macrocephala BRÔN¬ rieurs de cette même formation, a été identifiée une
NIMANN, Rugoglobigerina scotti (BRÔNNI¬ association microfaunique caractéristique de la deuxiè¬
MANN). me biozone du Paléocène supérieur (Zone à
Morozovella velascoensis ) qui se distingue essentielle¬
La série argileuse sus-jacente, épaisse de 13 m, ren¬ ment de la précédente par l'absence de Planorotalites
ferme les espèces Morozovella aequo. (CUSHMAN et pseudomenardii.
RENZ), Morozovella occlusa (LOEBLICH et TAP-
PAN), Morozovella velascoensis (CUSHMAN), 3 - Le secteur occidental
Subbotina triloculinoides (PLUMMER), Subbotina
velascoensis (CUSHMAN), association qui caractérise
le Paléocène supérieur et qui atteste une lacune du La coupe levée sur le flanc ouest du Jbel Es Soullaa
Paléocène inférieur. a permis de reconnaître une série stratigraphique allant
de l'Albien à l'Eocène mais qui comporte, toutefois, de
Le calcaire yprésien à Globigérines qui surmonte ces fréquentes lacunes sédimentaires.
niveaux tendres de la Formation El Haria atteint une
puissance de 37 m. L'analyse des calcaires argileux gris-noir, riches en
matière organique, et des marnes grises qui constituent
les 75 m inférieurs de la série, nous permet de leur
2 - Le secteur central attribuer un âge albien moyen grâce à l'association
planctonique composée de Hedbergella planispira,
La coupe de Ksar El Louz (S. O. K. L.), débute éga¬ Hedbergella infracretacea, Ticinella cf. raynaudi
lement dans les argiles grises à intercalations calcaires SIGAL et Ticinella cf. primula, espèces auxquelles
du Turonien moyen épais de 34 m. Le Turonien supé¬ sont associés des Radiolaires et d'assez rares spicules
rieur, représenté par des argiles riches en de Spongiaires.
Marginotruncana spp., mesure 36 m. Le Santonien cal¬
caire, épais dans cette localité de 2, 5 m seulement, est Les alternances sus-jacentes de marnes et de cal¬
représenté par un calcaire ocre-jaune, brunâtre à rou¬ caires argileux, épaisses de 38 m, ont livré une riche
geâtre, très riche en plages recristallisées, en microfaune caractéristique de l'Albien supérieur avec
38 A. OUAHCHI, H. BISMUTH, M. M. TURKI

AD qui constitue les 30 m supérieurs de marnes et de cal¬


caires argileux gris-verdâtre. Il est, lui-même, surmonté
Oligoctn* par le Coniacien dont l'épaisseur, dans cette coupe, est
estimée à une cinquantaine de mètres.
Turbo rotai in cerroazulensis
cocoaensis Dans les 10 m de marnes jaune-ocre à jaune-ver-
+
Globigerinatheka semiinvoluta dâtre, séparant ces alternances du calcaire yprésien
(épais de 24 m), a été reconnue une microfaune .carac¬
térisant le Paléocène supérieur avec les espèces
OrbulHWidM b«c1cmonni Morozovella velascoensis, Morozovella occlusa,
Morozovella aequa associées à Gavelinella danica
(BROTZEN), Nodosaria spp., Ramulina sp., ostra-
codes (Bairdia sp., Cytherella sp.) et à de petits
Brachiopodes. Cela met en évidence une lacune strati¬
graphique importante puisqu'elle concerne le
Morozovella lehneri Santonien, le Campanien, le Maastrichtien ainsi que le
Paléocène inférieur et moyen.

C - JBEL ADDOUS (COUPE AD)


Globigaraptit kugtari
Au Jbel Addous a été définie une série éocène enca¬
drée, à son mur, par une barre calcaire d'âge cénoma-
Morozovella cf. orajjonensis - no-turonien et, à son toit, par les premiers bancs de grès
.

C.-T. de l'Oligocène (fig. 8).


Les calcaires du Cénomanien à Turonien moyen font
suite à la série albo-cénomanienne décrite dans les
massifs d'El Mekki et d'Es Soullaa (ici épaisse d'envi¬
ron 40 m et dont seul le sommet a été échantillonné).
Ce sont des calcaires légèrement argileux, de texture
Figure 8 • Série stratigraphique du Jbel Addous (A.D.). C.A. : très fine, à Rotalipora spp., Hedbergella spp. et
Contact anormal ; R.R. : Repère Reinèche ; C.-T. : Cénomano-
Tuionien. Praeglobotruncana stephani . Certains niveaux sont
Anonnal contact
Tunmian. - Stratigraphical
; R-R. : Reineche
series ofMember
the Jbel ;Addous
C.-T. : (A.D.).
Cenomanian-
C.A. : particulièrement riches en Radiolaires ; d'autres com¬
portent d'abondants filaments ; sporadiquement, des
Heterohelix ont pu être également observés. Le sommet
de la série est marqué par la présence de Whiteinella
Ticinella praeticinensis, Biticinella breggiensis, dont le léger aplatissement de la face spirale annonce
Ticinella roberti, Ticinella primula, Ticinella raynaudi les Helvetoglobotruncana helvetica turoniennes.
digitalis, Rotalipora subticinensis, Rotalipora ticinensis,
Hedbergella planispira et Hedbergella infracretacea.
a - L'Eocène
L'apparition du marqueur Planomalina buxtorfi
dans les niveaux supérieurs, épais de 27 m, a servi pour a 1 - 1' Yprésien : 25 m
identifier le Vraconien, également formé d'argiles et de La série éocène débute par la barre calcaire à
calcaires argileux grisâtres. Globigérines et «Globorotalia», d'âge yprésien et
Le Cénomanien inférieur, épais de 28 m, est caractérisé présentant les microfaciès habituels de la
Formation Bou Dabbous. Les inclusions de limo-
par l'association de Rotalipora brotzeni, Rotalipora
apperminica, Rotalipora gandolfii, Praeglobotruncana nite et de phosphate (granules ou débris fins) sont
stephani et Praeglobotruncana delrioensis (PLUMMER). des éléments à peu près constants dans ces cal¬
Il repose en concordance sur les dépôts du Vraconien. caires. La microfaune est presque exclusivement
pélagique, constituée de Radiolaires, de
Au-dessus de ce niveau, un intervalle masqué par les Globigerinidae, Morozovella spp., Morozovella
éboulis de pente et par la végétation dense n'a pas per¬ cf. aragonensis. Cependant, on y distingue cer¬
mis de distinguer le Cénomanien moyen et supérieur, taines sections de foraminifères benthiques :
ni le Turonien inférieur. C'est le Turonien moyen, tou¬ Lenticulina sp., Textulariidae ; certaines, triangu¬
jours caractérisé par Helvetoglobotruncana helvetica , laires, sont à rapporter au genre Clavulinoides.
LE CRETACE ET L'EOCENE DES ENVIRONS DE GROMB ALIA (TUNISIE) 39

a 2 - Le Lutétien : 370 m cocoaensis (CUSHMAN), Hantkenina alabamen-


a 2/1 - Lutétien inférieur : 245 m sis CUSHMAN, Cribrohantkenina inflata (HO¬
Ce sont des marnes gris-bleu à intercalations de WE), Globigerinatheka barri, Globigerina-theka
calcaires argileux à la base. Elles ont livré une semiinvoluta (KEIJZER), Globigerina officinalis
association typique du Lutétien inférieur avec, en SUBBOTINA.
particulier, Morozovella crater (FINLAY),
Acarinina bullbrooki (BOLLI), Acarinina broe- b - Oligocène (probable)
dermanni (CUSHMAN et BERMUDEZ),
Turborotalia boweri (BOLLI), «Globigerinoides» Le sommet de cette série argilo-marneuse se caracté¬
higginsi BOLLI, Globigerapsis kugleri BOLLI,
LOEBLICH et TAPPAN, Hantkenina mexicana rise par des grès moyens, à ciment plus ou moins argi¬
CUSHMAN, Bolivina cf. jacksonensis var. stria- leux et limonitique (calcimétrie presque nulle). Les
tella. grains de quartz, anguleux à subarrondis, sont assez
bien classés. En l'absence d'éléments microfaunis-
a 2/2 - Lutétien supérieur : 125 m tiques de datation, il est vain de vouloir trancher en
Il est essentiellement constitué de marnes et livre faveur d'un âge encore priabonien ou bien oligocène de
un cortège microfaunistique caractéristique du ces grès qui représentent la base de la Formation
sous-étage : Hantkenina dumblei WEINZIERL et Fortuna.
APPLIN, Hantkenina longispina CUSHMAN,
Globigerapsis kugleri, Globigerapsis cf. index
(FINLAY), Truncorotaloides topilensis (CUSH¬
MAN), Acarinina spinuloinflata (BANDY), IV - ESSAI D'INTERPRETATION :
Morozovella lehneri (CUSHMAN et JARVIS), CONTROLE TECTONIQUE
Globigerinatheka barri BRÔNNIMANN, Bu- DE LA SEDIMENTATION
limina jacksonensis cuneata CUSHMAN, Boli¬
vina ci. jacksonensis var. striatella. ET HERITAGE
PALEOGEOGRAPHIQUE
Au sommet de cette zone, nous trouvons des
formes assez proches à* Orbulinoides beckmanni
(SAITO). Le toit du Lutétien se distingue par suivants
L'analyse
: de ces coupes amène à formuler les points
l'existence d'un bref épisode calcaire qui tranche
nettement sur les argiles et les marnes qui l'enca¬
drent. Il s'agit d'un calcaire peu argileux, crypto¬ Dans ce secteur de la Tunisie nord-orientale, tantôt
cristallin, légèrement glauconieux, finement et le Crétacé supérieur (Formation Abiod) et tantôt
légèrement gréseux, à Globigerinidae et l'Eocène inférieur (Formation Bou Dabbous) reposent
Hantkénines. Cet horizon calcaire au sein des indifféremment sur divers termes du Crétacé inférieur,
argiles et des marnes éocènes de la Formation moyen ou supérieur. Cette superposition, très vraisem¬
Souar est à rapporter au Membre Reinèche. Bien blablement, est le reflet d'un héritage paléogéogra¬
que moins détritique et ne comportant pas les phique auquel doit s'ajouter l'influence de certaines
Nummulites et Discocyclines qui caractérisent ce directions structurales sur la sédimentation depuis, au
niveau dans sa localité typique, il est son équiva¬ moins, le Crétacé inférieur (Aptien).
lent latéral car semblablement surmonté par la
zone à Orbulinoides beckmanni d'âge bartonien. On admettait précédemment dans cette région
(BUJALKA et al., 1971) l'intervention d'une impor¬
a 3 - Le Bartonien : 180 m tante lacune sédimentaire englobant tout le Sénonien
Les marnes qui surmontent cet horizon calcaire du inférieur, interprétée comme une érosion généralisée à
repère Reinèche renferment effectivement à leur toute cette province et précédant la transgression cam-
base la microfaune de la Zone à Orbulinoides panienne. Ceci s'observe effectivement un peu partout
beckmanni : outre le fossile de zone, on note : dans cette région où le Campanien supérieur
Hantkenina dumblei, Turborotalia cerroazulensis (Formation Abiod) ou l'Eocène inférieur (Formation
cerroazulensis (COLE), Truncorotaloides rohri Bou Dabbous) repose parfois directement sur l'Albien-
BRÛNNIMAN et BERMUDEZ, Globigerapsis Cénomanien, voire sur l'Aptien dans le secteur de
kugleri, Bulimina jacksonensis cuneata. Khanguet El Hojjaj, à l'Est du Jbel El Glaat (BUJAL¬
KA et al., 1971 ; TURKI, 1988).
a 4 - Le Priabonien : 135 m
Il est constitué d'argiles et de marnes caractérisées Nous pensons, pour notre part, que les calcaires de
par une microfaune abondante et diversifiée avec, l'Abiod ou du Bou Dabbous se sont déposés sur une
entre autres, Turborotalia cerroazulensis surface irrégulière étant donné que la série, complète
A. OUAHCHI, H. BISMUTH, M. M. TURKI

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N 3 I N ]H H V 8

Figure 9 - des
Crnnparaison
Fades
centrégions
areas
and(B).
thickenesses
limitrophes
des faciès(B).
comparison
et des épaisseurs
of the de
Barremian
la série duseries
Barrémien
in the North
au Nord
of the
du stud
sec
LE CRETACE ET L'EOCENE DES ENVIRONS DE GROMBALIA (TUNISIE) 41

en certains points, ne l'est pas ailleurs. Ceci pourrait termes du Crétacé supérieur tels que l'Abiod réduit à
être l'effet d'une érosion partielle, mais nous n'avons une seule barre de 30 m au maximum et le Santonien
nulle part distingué des traces de ravinement, à l'excep¬ condensé dans une couche seulement épaisse de 13 m.
tion du secteur du Jbel El Glaat où le contact de
l'Eocène inférieur sur les marnes aptiennes est souligné Cette disposition serait due également au découpage
par une brèche (BUJALKA et al., 1971) du Sénonien synsédimentaire, et selon un régime distensif, de cette
inférieur. Il faudrait plutôt admettre que cette région province en compartiments limités par des accidents N
correspond à une zone haute dont les mouvements 140 responsables de l'installation de domaines tantôt
positifs ont commencé au moins depuis le Barrémien, subsidents, tantôt à sédimentation réduite, voire absente
comme l'atteste le calcaire bioclastique observé dans (TURKI, 1988). Le contrôle de la sédimentation par
certains termes du Barrémien dans le secteur du cette direction a également été démontré par OUAH-
Menzel Kalbi et qui est absent dans les secteurs situés à CHI (1991) qui a mis en évidence une direction
l'Ouest : Jbel Er Rsas, Jbel El Msalla et Jbel Khoumja d'extension grosso modo NE - SW, régie par des direc¬
(fig. 9). La manifestation périodique de ces mouve¬ tions N 140 à N 160, survenue depuis l'Aptien et qui a
ments positifs explique les nombreuses lacunes sédi- rejoué de façon plus nette ultérieurement, surtout lors
mentaires constatées dans cette région ainsi que les du dépôt de la Formation Abiod, structurant le bassin
réductions d'épaisseur et les condensations de certains en horsts et en grabens (TURKI, 1988).

Figure 10C.A.
Addous.
Soullaa-Jbel
- Corrélations
addous.
: ContactC.A.
anormal.
du
: Anormal
Sud- South
Ouest
contact
West-North
vers le NordEast
Est correlations
des séries crétacées
of the Cretaceous
et éocènesand
le long
Eocene
des series
massifsacross
d'EI Jbel
Mekki,
El Mekki-
Es Soullaa
Jbel Es
et

L'examen des coupes et le lever géologique de cette Jbel Addous où la lacune observée est généralisée su-
région font apparaître clairement d'importantes lacunes tout le massif. Ce sont les compartiments orientaux des
dans les compartiments occidentaux des trois massifs massifs qui montrent les séries les plus épaisses (fig.
limités par des accidents orientés N 140. La plus spec¬ 10). À titre d'exemple, la Formation Abiod, absente
taculaire, au Jbel Addous, concerne tout le Sénonien et dans les compartiments occidentaux et ne dépassant
le Paléocène. Ces lacunes s'atténuent progressivement guère 8 à 10 m dans les secteurs médians, montre une
du SW vers le NE. Elles sont ainsi moins importantes épaisseur maximale de 30 m dans les parties orientales
dans la partie centrale des massifs, à l'exception du des massifs étudiés.
42 A. OUAHCHI, H. BISMUTH, M. M. TURKI

Cette organisation est due, pour l'essentiel, à la • La transgression du Paléocène n'a atteint cette
proximité du Fossé de Grombalia qui devait déjà fonc¬ région qu'au Paléocène supérieur ; de ce fait, le
tionner à cette époque. La présence de nombreux contact Crétacé-Tertiaire est toujours marqué par
slumps uniquement sur les flancs orientaux de ces mas¬ une lacune stratigraphique. Cette lacune a été
sifs plaide également en faveur d'une pente sous-mari¬ signalée dans plusieurs localités de la Tunisie
ne en direction de ce fossé. (COMTE et DUFAURE, 1973 ; TURKI, 1975 et
1977 ; SALAJ, 1975 et 1980 ; EL GHALI et al.
Ainsi, l'histoire tectonique et sédimentaire du 1990 et BEN YOUSSEF et al., 1990). Il ne s'agit
domaine étudié apparaît être essentiellement tributaire plus là d'un phénomène purement régional, mais à
de sa situation géographique en bordure du Fossé de l'échelle du monde mésogéen car il a été observé
Grombalia et dans le prolongement septentrional de la dans la plupart des pays du pourtour de la
Chaîne Nord-Sud : zone instable à fortes réductions Méditerranée. Cette lacune est à relier aux mouve¬
d'épaisseur, à soulèvements fréquents et à nombreuses ments importants qui ont marqué le Crétacé termi¬
discordances (BUROLLET, 1956). nal.
• L'analyse structurale de ce secteur a également
permis de mettre en évidence la relation de cause à
effet entre certaines directions structurales et la
V - CONCLUSION GENERALE sédimentation des dépôts méso-cénozoïques. Elle a
également fait ressortir que l'histoire tectonique et
La synthèse des études stratigraphiques et structu¬ sédimentaire de cette région de la Tunisie nord-
orientale est essentiellement tributaire de sa situa¬
rales entreprises dans les massifs d'El Mekki, Es
Soullaa et Addous des environs de Grombalia permet tion géographique, dans le prolongement septen¬
de tirer les conclusions suivantes : trional de la Chaîne Nord-Sud et en bordure du
Fossé de Grombalia.
Parmi les informations stratigraphiques les plus
importantes, il convient de mentionner :
• La mise en évidence, tout au moins dans certaines REFERENCES
localités du secteur étudié, de couches se rappor¬
tant à l'intervalle Turonien-Coniacien-Santonien.
Elles étaient considérées absentes dans les travaux BEN YOUSSEF M., REGAYA K., RABIA M. C.,
antérieurs. LAATAR S. et SLIM ANE F. (1990) - La limite
• La confirmation d'importantes lacunes stratigra¬ Secondaire-Tertiaire en bassin intracratonique (Tunisie
phiques dont la plus notable, au Jbel Addous, méridionale), cadre tectonique et eustatique. 2e Congr.
affecte la totalité des dépôts sénoniens et paléo¬ Nat. Sc. Terre, Tunis, Résumés, p. 65.
cènes.
• La distinction, au sommet de la Formation Kef, BUJALKA P., JOHAN K„ KRIVY M., RAKUS M.
d'une nouvelle unité lithostratigraphique, dâge san- et VACEKJ. (1971) - Notice explicative de la carte
tonien, baptisée «Membre El Mekki». Cette unité géologique au 1/50.000 de la Tunisie, n° 29,
présente les caractères d'une série condensée et Grombalia, Ed. Serv. Géol. Tunisie, Tunis, 93 p.
supporte les calcaires campano-maastrichtiens de
la Formation Abiod desquels elle n'a pu, aupara¬ BUROLLET P. F. (1956) - Contribution à l'étude
vant, être distinguée. stratigraphique de la Tunisie centrale. Ann. Mines et
• Les confirmations des amendements apportés par Géol., Tunis, n° 18, 352 p.
TURKI (1988) aux attributions chronostratigra-
phiques de la Formation Abiod, datée antérieure¬ CHITA N. (1979) - Contribution à l'étude micropa-
ment dans cette région Campanien supérieur léontologiquedu Crétacé (Aptien à Cénomanien) de la
(BUJALKA et al., 1971). Selon nos analyses, elle région de Téboursouk (Tunisie septentrionale). Thèse
comporte, en fait, du Maastrichtien dans ses termes 3"" cycle, Univ. P. et M. Curie, Paris VI, 161 p., 16 pl.
sommitaux.
• Dans ces massifs, l'étude des microfaciès et les COMTE D. et DUFAURE P. (1973) - Quelques pré¬
mesures calcimétriques de ces niveaux n'ont pas cisions sur la stratigraphie et la paléogéographie tertiai¬
permis de confirmer la présence, à la base de la re en Tunisie centrale et centro-orientale du Cap Bon à
Formation Abiod, des faciès franchement détri¬ Mezzouna. Liv. Jub. M. Solignac. Ann. Mines et Géol.,
tiques et siliceux signalés antérieurement. Tunis, n° 26, p. 241-256.
LE CRETACE ET L'EOCENE DES ENVIRONS DE GROMBAUA (TUNISIE) 43

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