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Gharbi Sofiane
Center for Research in Astronomy and Astrophysics Geophysics
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Comparaison des socles métamorphiques anciens de la Petite Kabylie et de l'Edough (approche pétro-génétique, géochimique et tectonique) View project
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*Centre de Recherche en Astronomie, Astrophysique et Géophysique (CRAAG) : BP. 63, route de l’Observatoire,
Bouzaréah, Alger 16340, Algérie (m.guemache@craag.dz).
** Ecole et Observatoire des Sciences de la Terre (EOST) : 5, rue René Descartes, 67000 Strasbourg cedex, France.
- Manuscrit déposé le 27 Janvier 2009, accepté après révision le 05 Avril 2009.
border the basin in the North and in the South. Until now, these two faults systems remain
poorly studied, especially along the southern border of the Mitidja Basin, in the Blida area. Our
recent geological investigations in this area reveal an important fault segment, outcropping in
good conditions between the localities of Soumâa and Bouinan. It has a NE-SW orientation and
deepens towards the South-East with an angle of 50°-60°. Microtectonic studies show that it
is a NW-verging reverse fault. Along this fault, Astian sandstones are strongly deformed,
indicating a Post-Astian tectonics. Study of the terraces located along both compartments of
the thrust fault, which display a difference in height of about 30 meters, indicates that the fault
has been active during the Quaternary period. Locally, the terraces are thrusted by the
Cretaceous units. The assessment of the maximum magnitude Mw that could be generated by
this fault gives a value of 7.
Key words - Mitidja Basin - Bouinan-Soumâa Fault - Geological expression - Seismic hazard.
LA FAILLE POST-ASTIENNE DE BOUINAN – SOUMÂA (RÉGION DE BLIDA, BORDURE SUD DU BASSIN DE LA MITIDJA, ALGÉRIE) :
EXPRESSION NÉOTECTONIQUE ET IMPLICATION DANS L’ÉVALUATION DE L’ALÉA SISMIQUE.
Fig. 1 - Cadre tectonique actuel du domaine alpin nord maghrébin (Maghrébides), dont le Tell (Atlas
Tellien), avec position des principaux bassins sismogènes du Nord de l’Algérie, parmi lesquels celui
de la Mitidja (cadre noir) (d’après Wildi, 1983, simplifié et complété).
Current tectonic framework of the Maghrebian Alpine Domain (Maghrebides), including the Tell
(Tellian Atlas), with situation of the main seismogenic basins of Northern Algeria, among which the
Mitidja Basin (black box) (after Wildi, 1983, simplified and completed).
1 : Zones internes (Internal zones); 2 : Nappes des flyschs (Flysch nappes); 3 : Zones externes (1, 2, 3
= chaîne alpine) (External zones (1, 2, 3 = Alpine belt)); 4 : Avant-pays africains plissés et écaillés (Folded
and sliced African forelands); 5 : Domaines atlasiques, prébétiques et ibériques plissés (Folded
Atlasic, Prebetic and Iberic domains); 6 : Socle précambrien et paléozoïque avec sa couverture mésozoïque
et paléogène (domaines sahariens et mésétiens) (Precambrian and Palaeozoic basement with Mesozoic
and Paleogene cover (Saharan and Mesetian domains)); 7 : Bassins néogènes et quaternaires (Neogene
and Quaternary basins); 8 : Fronts des chevauchements alpins (Alpine thrust fronts).
Fig. 2 - Carte géologique (sur relief, données topographiques SRTM-3) du bassin de la Mitidja et ses environs.
Geological map (with relief, SRTM-3 topographic data) of the Mitidja basin and surroundings.
1 : Terrains métamorphiques (Metamorphic terrains); 2 : Socle primaire (Paleozoic basement); 3 : Trias
(Trias); 4 : Jurassique (Jurassic); 5 : Crétacé (Cretaceous); 6 : Eocène (Eocene); 7 :
Oligocène (Oligocene); 8 : Miocène anté-nappes (Ante-tectonic Miocene); 9 : Miocène post-nappes (Post-
tectonic Miocene); 10 : Pliocène (Pliocene); 11 : Villafranchien (Villafranchian); 12 : Calabrien (Calabrian);
13 : Quaternaire marin (Marine Quaternary); 14 : Quaternaire continental (Continental Quaternary); 15 :
Magmatisme indifférencié (Undistinguished magmatism). F1 : Faille du Sahel (Sahel Fault); F2 : Faille de
Thénia (Thenia Fault); F3 : Faille de Menaceur – Sidi Yahia (Menaceur – Sidi Yahia Fault); F4 : Faille de
Hadjout – Meurad (Hadjout – Meurad Fault); F5 : Faille d’Oued Djer – Lalla Aïcha (Oued Djer – Lalla
Aïcha Fault); F6 : Faille d’Ouled Yaïch – Bouinan (Ouled Yaïch – Bouinan Fault); F7 : Faille de Boumerdès
(Boumerdès Fault).
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LA FAILLE POST-ASTIENNE DE BOUINAN – SOUMÂA (RÉGION DE BLIDA, BORDURE SUD DU BASSIN DE LA MITIDJA, ALGÉRIE) :
EXPRESSION NÉOTECTONIQUE ET IMPLICATION DANS L’ÉVALUATION DE L’ALÉA SISMIQUE.
Fig. 3 - Modèle Numérique de Terrain (données topographiques SRTM-3 et image satellitaire Landsat TM)
de la région d’étude, en plan (a) et en 3D (b), montrant la disposition de la faille de Bouinan – Soumâa
(ligne en tiretés jaune). Les flèches indiquent la position de la faille d’Ouled Yaïch – Bouinan (Boudiaf, 1996).
Digital Elevation Model (SRTM-3 topographic data and Landsat TM satellite image) of the study
area, in plane (a) and 3D (b) view, showing the disposition of the Bouinan – Soumâa Fault (yellow
dashed line). Arrows indicate the position of the Ouled Yaïch – Bouinan Fault (Boudiaf, 1996).
majeure, correspondant à la rupture des pentes de pente se trouve encore plus au nord et son
à regard nord à nord-ouest des massifs blidéens contour est plus ou moins bien souligné par le
(d’orientation générale NE-SO), représentés tracé de la Route Nationale N°29 (RN29),
par le djebel Guerroumène (1629 m) qui se notamment entre Bouinan et Soumâa (fig. 4).
relaie vers l’est, via le col de Chréa, au djebel
Ferroukha (1496 m) (fig. 3b). Les piémonts de Aussi, nous tenterons dans ce travail de défi-
ces montagnes correspondent à un ensemble de nir, grâce à l’apport de données nouvelles (MNT
collines pentées vers le nord à nord-ouest, situées de plus haute résolution, images satellitaires
à des altitudes variant entre 100 et 400 mètres. Landsat TM, investigations de terrain), la nature
Elles sont découpées par de nombreux oueds géologique de cette rupture de pente et son
orientés généralement nord-sud, dont les plus implication dans l’aléa sismique dans l’Algérois
importants sont, d’ouest en est, l’oued Chiffa, en général, et dans la région de Blida en parti-
l’oued El Kebir, l’oued Ben Azza, l’oued Beni culier.
Mered, l’oued El Khemis, l’oued Bou Chemala,
l’oued Amroussa et l’oued El Had.
3. SISMICITÉ DE LA RÉGION
Sur la base d’une téléanalyse de Modèles DE BLIDA
Numériques de Terrain (MNT) et de photogra- La région de Blida, de par sa situation sur la
phies aériennes, Boudiaf (1996) distingue le bordure sud du bassin sismogène de la Mitidja,
long de la bordure sud du bassin de la Mitidja, connaît une sismicité plutôt modérée. Elle est
quatre principaux segments de failles, qui sont classée en zone III dans le zonage sismique du
d’ouest en est : la faille de Menaceur – Sidi Nord de l’Algérie (Règles Parasismiques Algé-
Yahia; la faille de Hadjout – Meurad; la faille riennes, CGS, 1999, révisées en 2003). Annuel-
d’Oued Djer – Lalla Aïcha et enfin la faille lement, le réseau national de sismographes du
d’Ouled Yaïch – Bouinan. Centre de Recherche en Astronomie, Astro-
physique et Géophysique (CRAAG) enregistre
D’après Boudiaf (1996), le segment d’Ouled dans cette région plusieurs séismes de magni-
Yaïch – Bouinan correspondrait au linéament, tudes faibles à modérées, qui ne représentent
au demeurant bien visible sur les MNT (fig. 3 et aucun danger pour les populations et leurs biens.
4), qui s’étend dans la direction NE-SO, depuis Leur nombre varie d’une année à l’autre; cette
Bouinan au nord-est jusqu’à Ouled Yaïch au variation temporelle ne reflète cependant pas la
sud-ouest, sur environ 8 km, voire au-delà, variation réelle de la sismicité, car elle est forte-
jusqu’à Blida. Il s’agirait d’un décrochement ment liée au bon fonctionnement du réseau
vertical sénestre. Toutefois, par erreur de sismologique permanent.
positionnement des localités de Blida et d’Ouled
Yaïch (figure 2.13, vue aérienne vers le nord; Le plus fort séisme enregistré dans la région
Boudiaf, 1996), qui sont décalées d’environ 7 de Blida de façon instrumentale, c’est-à-dire
km vers le sud-ouest, l’auteur fait, en fait, entre 1910 et aujourd’hui, est celui du 7 novembre
passer la faille par la ville de Blida même et la 1959, de magnitude 5.6 (Mokrane et al., 1994).
poursuit jusqu’à la rive droite de l’embouchure Les archives historiques révèlent cependant que
de l’oued Chiffa. Or ce linéament, même s’il cette région a connu dans le passé de plus forts
exprime sans doute l’existence d’une faille, séismes, qui ont souvent causé des pertes impor-
appartient encore aux piémonts blidéens et ne tantes en vies humaines et en biens matériels.
correspond pas à la rupture de pente entre Ainsi, le séisme du 3 février 1716, qui avait
ceux-ci et la plaine de la Mitidja. Cette rupture détruit une grande partie de la ville d’Alger et
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LA FAILLE POST-ASTIENNE DE BOUINAN – SOUMÂA (RÉGION DE BLIDA, BORDURE SUD DU BASSIN DE LA MITIDJA, ALGÉRIE) :
EXPRESSION NÉOTECTONIQUE ET IMPLICATION DANS L’ÉVALUATION DE L’ALÉA SISMIQUE.
causé quelques 20 000 morts (soit 20% de la séismes destructeurs de fortes intensités,
population algéroise de cette époque), avait estimées par Roussel (1973) à des valeurs
également durement éprouvé la ville de Blida comprises entre X et XI. La première secousse
en causant des destructions importantes et des s’est produite le 2 mars 1825 et a détruit la
pertes humaines, dues en partie à des phéno- moitié de la ville de Blida ainsi que deux villages
mènes de liquéfaction (Ambraseys et Vogt, avoisinants. Quelques 15 000 personnes y trou-
1988; Harbi et al., 2004 ; Sebaï et Bernard, vèrent la mort, notamment en raison de grands
2008). Durant la nuit du 16 au 17 mai 1760, une glissements de terrain déclenchés par le séisme
violente secousse cause des dégâts importants (Ambraseys et Vogt, 1988), ce qui en fait l’un
dans la ville de Blida (Ambraseys et Vogt, des plus forts jamais recensés dans la Mitidja.
1988). Une forte réplique survenue deux mois La seconde secousse s’est produite le 2 janvier
plutard, le 9 juin, cause davantage de dégâts 1867 et a détruit la quasi-totalité du village de
dans la ville (Sebaï et Bernard, 2008). Au 19 e Mouzaïa. Des dégâts importants furent aussi
siècle, la région de Blida a été secouée par deux constatés à Blida et à El Affroun.
Fig. 4 - Vue oblique en 3D (image satellite Google Earth, exagération verticale : 3x) du secteur de
Bouinan - Soumâa, montrant la rupture de pente entre les piémonts blidéens au sud et le bassin de la
Mitidja au nord, dont le contour est plus ou moins bien souligné par la route RN29. Cette rupture de
pente situe l’escarpement de la faille de Bouinan – Soumâa. Les triangles blancs indiquent
le linéament d’Ouled Yaïch – Bouinan (Boudiaf, 1996).
3D oblique view (Google Earth satellite image, vertical exaggeration: 3x) of the Bouinan - Soumâa
area, showing the knickpoint between the blidean foothills at the south and the Mitidja basin at the
north, whose contour is more or less well outlined by the RN29 road. This knickpoint locates the
fault-scarp of the Bouinan – Soumâa Fault. White triangles indicate
the Ouled Yaïch – Bouinan lineament (Boudiaf, 1996).
Ce que l’on peut retenir de ce bref aperçu la direction NE-SO. Ces séismes sont déclenchés
historique, c’est que l’intervalle temporel entre par les failles du front atlasique et aussi proba-
deux séismes destructeurs historiques, ceux blement par les nombreux accidents transverses
évoqués plus haut, varie entre 42 ans et 65 ans, qui les découpent (voir infra.). Les plus forts
soit une moyenne d’environ 50 ans. Cet intervalle séismes recensés (par exemple ceux de mars 1825
relativement réduit, dénote d’une activité tecto- et de novembre 1959) concernent ces secteurs.
nique intense, l’une des plus importantes autour
du bassin de la Mitidja. Le bassin de la Mitidja est également le siège
de nombreuses secousses, probablement en liai-
La figure 5 montre la distribution cartographi- son avec des failles profondes non émergeantes,
que des séismes historiques et instrumentaux enre- cachées par le remplissage quaternaire récent
gistrés dans la région de Blida. Celle-ci paraît du bassin. En effet, Bonneton (1977) et Bonneton
diffuse, mais un examen plus détaillé révèle que et Truillet (1979) associent cette sismicité à de
les épicentres se concentrent principalement grands accidents profonds orientés est-ouest,
sur les massifs blidéens et leurs piémonts, suivant situés sous le bassin de la Mitidja.
LA FAILLE POST-ASTIENNE DE BOUINAN – SOUMÂA (RÉGION DE BLIDA, BORDURE SUD DU BASSIN DE LA MITIDJA, ALGÉRIE) :
EXPRESSION NÉOTECTONIQUE ET IMPLICATION DANS L’ÉVALUATION DE L’ALÉA SISMIQUE.
Fig. 6 - Carte (a) et coupe (b) géologiques, montrant l’organisation des principales unités tectono-
stratigraphiques dans la région de Blida.
Geological map (a) and cross section (b), showing the main tectono-
stratigraphic units in the Blida area.
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LA FAILLE POST-ASTIENNE DE BOUINAN – SOUMÂA (RÉGION DE BLIDA, BORDURE SUD DU BASSIN DE LA MITIDJA, ALGÉRIE) :
EXPRESSION NÉOTECTONIQUE ET IMPLICATION DANS L’ÉVALUATION DE L’ALÉA SISMIQUE.
On peut également les rencontrer, dans une Sur le terrain, la ligne de front se marque
moindre mesure, aux embouchures des oueds notamment par : (1) un escarpement régulier
Chiffa, El Kebir, Amroussa et El Had. plus ou moins continu (fig. 4), depuis l’oued Bou
Chemala jusqu’aux environs de l’oued El Had
(fig. 6); (2) un broyage des niveaux sableux,
5. LA FAILLE ACTIVE DES PIÉMONTS marneux et ou calcaro-gréseux juxtaposés à
BLIDÉENS, OU FAILLE l’accident et formant l’escarpement de la faille,
DE BOUINAN – SOUMÂA dans lesquels se développe une fracturation
intense ayant favorisé des circulations hydri-
La faille de Bouinan – Soumâa apparaît dans ques attestées par la présence dans les joints de
d’assez bonnes conditions d’affleurement entre produits de dissolution/cristallisation; (3) des
Bouinan et Soumâa (fig. 4), mais elle se prolon- déformations souples qui impriment aux
gerait plus à l’ouest, jusqu’à Chiffa (fig. 3). formations du Pliocène des plis déversés vers le
D’un point de vue morphotectonique (fig. 3), le nord-ouest (fig. 7) dont la longueur cartogra-
front (rupture de pente) des piémonts blidéens phique, de plusieurs kilomètres, et l’amplitude,
dessine une ligne sinueuse, plaidant en faveur d’une centaine de mètres, témoignent d’un front
d’une faille inverse, puisque les autres types de de chevauchement régional.
failles (normales et décrochantes) produisent
plutôt des escarpements linéaires (Burbank et Les déformations du Pliocène résultent de
Anderson, 2001; Delcaillau, 2004; Jordan et al., toute évidence d’une tectonique post-astienne,
2005). L’indice de sinuosité S, qui correspond puisque les niveaux impliqués dans le contact de
au rapport entre la longueur le long du front sur la faille sont indiscutablement d’âge Astien. Le
la longueur totale d’une ligne droite joignant les chevauchement décrit ici caractérise donc les
deux extrémités du front (Bull et McFadden, premiers mouvements compressifs ayant clos la
1977), est de 1.25 (25 km / 20 km). Cette valeur période distensive ayant permis l’ouverture du
montre qu’il s’agit d’un front actif (S < 1.5), bassin, période au cours de laquelle, rappelons-
potentiellement sismogène (Delcaillau, 2004). le, s’est mis en place le volcanisme de ces secteurs,
Fig. 7 - Vue générale (avec l’interprétation structurale) du Pliocène (Astien) plissé et déversé vers le
nord, à l’arrière de la faille inverse de Bouinan – Soumâa et à l’avant du contact anormal
avec l’unité du flysch Gréso-Micacé.
General view (with structural interpretation) of the folded and overturned Pliocene (Astian) toward
the North, behind the Bouinan – Soumâa reverse fault and in front of the abnormal contact
with the «Gréso-Micacé» flysh unit.
daté du Burdigalien – Messinien (Glangeaud et ment est marqué, à la base de l’unité massylienne
al., 1952; Lepvrier et Magné, 1975). D’autre gréso-micacée, par une lame de Miocène à gypse
part, l’examen détaillé des terrasses situées de très fortement étirée et affectée de déformations
part et d’autre du plan de chevauchement permet ductiles qui s’expriment par une schistosité
de voir que cet accident a continué de fonctionner et des cisaillements rotationnels de type S/C
pendant toute la période du Quaternaire ou, du (fig. 9). La lecture de ces structures permet de
moins, en l’absence de datations précises, au déduire des transports en faille inverse à ver-
cours de l’élaboration de ces formations conti- gence nord-ouest, du compartiment défini par
nentales. A ce titre, notons que de part et d’autre les piémonts de Blida sur celui du bassin de la
de l’escarpement, ces terrasses sont étagées Mitidja.
avec une différence en altitude avoisinant les 30
mètres. Localement, à proximité de Sidi Aïssa, A partir de Sidi Aïssa, en allant vers le sud-
sur la rive droite de l’oued El Khemis, les ouest, le Pliocène et l’unité gréso-micacée n’ap-
terrasses sont chevauchées par la série gréso- paraissent plus à l’affleurement. Cartographi-
micacée de la lame inférieure du flysch massylien quement, ils sont relayés par la lame à gypse du
(fig. 8). Le plan de chevauchement est orienté Miocène (fig. 5a). Compte tenu de cette nouvelle
N050°-55°SE. Sur la rive gauche, le chevauche- disposition, l’édifice se réduit, à l’approche de
l’oued Ben Azza, à la nappe maurétanienne
allochtone sur l’unité massylienne albo-aptienne
supérieure et la lame à gypse du Miocène
affectée par des structures S/C. A l’embouchure
de l’oued Ben Azza, le chevauchement n’est
plus visible, en raison de l’état très mauvais des
affleurements et de l’urbanisation qui le masque
dans ce secteur. Toutefois, on peut démontrer son
existence, sur les deux rives, grâce à l’étagement
des terrasses, qui sont plus élevées sur le com-
partiment chevauchant sud-est que sur celles
du bassin. L’écart d’altitude avoisine les 50
mètres. Il traduit une surrection conséquente
des piémonts vis-à-vis du bassin limitrophe. La
disparition de l’unité gréso-micacée massylienne
va dans le même sens. Elle s’explique par une
avancée tout aussi importante, en direction du
nord-ouest, des unités tectoniques qui la sur-
montent. L’ensemble de ces faits constitue un
faisceau d’arguments convergeant qui suggère
que le chevauchement, décrit dans le secteur
nord-est, se prolonge sous la ville de Blida.
LA FAILLE POST-ASTIENNE DE BOUINAN – SOUMÂA (RÉGION DE BLIDA, BORDURE SUD DU BASSIN DE LA MITIDJA, ALGÉRIE) :
EXPRESSION NÉOTECTONIQUE ET IMPLICATION DANS L’ÉVALUATION DE L’ALÉA SISMIQUE.
Fig. 9 - Miocène à gypse très déformé (structures S/C encadrant des sigmoïdes indiquant des transports en
direction du nord-est) dans la lame en base de nappe du flysch massylien (aval de l’oued Sidi Aïssa).
(a) Vue générale à l’affleurement et (b) vue de détail, dans le plan XZ de la déformation.
Strongly deformed gypsum-bearing Miocene (S/C structures surrounding sigmoids indicating
transports towards the north-east) at the base of the Massylian flysch nappe (downstream of the
oued Sidi Aïssa). (a) General view of the outcrop and (b) detail view, in the XZ deformation plane.
100 mètres) au voisinage de l’oued Ben Azza, elle mi-pente, en direction de la base de la nappe
passe vers le sud-ouest, en direction de Derdara, à maurétanienne. Les petits affluents de l’oued
plusieurs centaines de mètres (300 à 400 El Kebir, qui coulent sur les piémonts blidéens,
mètres). Aussi, à cet égard, force est d’admettre les érodent et les entaillent suffisamment
qu’elle est soit plissée, soit tectoniquement par endroits pour permettre de voir en sec-
dédoublée. Dans les deux cas, sa variation tions transversales qu’elles sont ondulées
d’épaisseur traduit des transports importants, par des plis, ou « gondolements », d’axes NE-
toujours en direction du nord-ouest, compatibles SO, parallèlement à la direction générale de la
avec les mouvements dégagés à partir des chaîne.
structures S/C dans la localité de Sidi Aïssa.
A l’embouchure de l’oued Chiffa, sur la rive
Vers le sud-ouest, entre Bouarfa et l’oued droite, des terrasses alluviales plissées et
Chiffa, la lame de Miocène à gypse est partiel- suspendues à environ 20 mètres au-dessus du lit
lement recouverte par les dépôts alluvionnaires de l’oued peuvent être observées. Cette position
quaternaires du bassin de la Mitidja (fig. 5a). suggère leur implication dans les mouvements
Ces alluvions sont bien exposées sur les falaises épirogéniques récents et peut s’expliquer par le
qui bordent les deux rives de l’oued El Kebir, qui jeu inverse de la faille de Bouinan – Soumâa
circule ici en direction du nord-ouest. Leur (fig. 10). Les dépôts alluvionnaires sont en plus,
épaisseur visible avoisine les 50 mètres. Celle- à l’avant du front de chevauchement majeur,
ci augmente très vraisemblablement en direc- affectés par de nombreuses failles inverses et
tion du centre du bassin, vers le nord, mais se des déformations souples, compatibles avec les
réduit peu à peu vers le sud, pour disparaître à mouvements épirogéniques évoqués plus haut.
Fig. 10 - Terrasse alluviale quaternaire surélevée au-dessus du lit de l’oued Chiffa par le jeu inverse
de la faille de Bouinan – Soumâa.
Quaternary alluvial terrace raised above the Oued Chiffa by the reverse motion
of the Bouinan – Soumâa Fault.
LA FAILLE POST-ASTIENNE DE BOUINAN – SOUMÂA (RÉGION DE BLIDA, BORDURE SUD DU BASSIN DE LA MITIDJA, ALGÉRIE) :
EXPRESSION NÉOTECTONIQUE ET IMPLICATION DANS L’ÉVALUATION DE L’ALÉA SISMIQUE.
M = 5 + 1.22 log (25 km), d’où M = 6.7 (± 0.28) Plusieurs accidents transverses nord-sud,
NE-SO et NO-SE « découpent » cette faille,
La relation entre la magnitude de moment et la suggérant qu’elle soit segmentée. Toutefois, en
surface de rupture est de : l’absence de données géophysiques complémen-
taires, qui permettraient de mieux trancher à ce
M = 4.33 + 0.90 log (300), d’où M = 6.56 (± sujet, nous avons préféré ignorer ce fait – de
0.25) pour une surface de 300 km². façon préliminaire – pour l’estimation de la
magnitude maximale pouvant être générée par
M = 4.33 + 0.90 log (600), d’où M = 6.83 (± cette faille. Pour les dimensions considérées
0.25) pour une surface de 600 km². (pendage de 55°SE, longueur de 25 km, largeur
de 12 et 24 km, surface de 300 et 600 km²),
Ainsi, les résultats des opérations précédentes celle-ci peut produire des séismes d’une magni-
révèlent que la faille de Bouinan–Soumâa tude maximale Mw de 7. Les forts séismes
pourrait générer des séismes d’une magnitude historiques qui se sont produits dans ce secteur
maximale Mw de 6.83 + 0.25 = 7. montrent que cette valeur est loin d’être
exagérée.
LA FAILLE POST-ASTIENNE DE BOUINAN – SOUMÂA (RÉGION DE BLIDA, BORDURE SUD DU BASSIN DE LA MITIDJA, ALGÉRIE) :
EXPRESSION NÉOTECTONIQUE ET IMPLICATION DANS L’ÉVALUATION DE L’ALÉA SISMIQUE.
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