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Minéralisations sulfurées de Cuivre de la série de plateforme de Bleïda.

Boutonnière de Bou Azzer-El Grâara (Anti-Atlas occidental)

Article · July 2015

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5 authors, including:

L. Maacha El Ghorfi Mustapha

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Mohamed Zouhair Soulaimani Abderrahmane

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 NOTES ET MEMOIRES DU SERVICE GEOLOGIQUE N° 579 - 2015 (H. IBOUH éd.)

Minéralisations sulfurées de Cuivre de la série de plateforme de Bleïda

boutonnière de Bou Azzer-El Grâara (Anti-Atlas occidental)

Maacha L.1, Elghorfi M.1, Zouhair M.1, Sadiqui 0.2, Soulaimani A.3

Points clés : Minéralisations, sulfures de cuivre et de fer, Série Bleïda, Précambrien, Anti-Atlas.
Résumé : La minéralisation économique résulte d’un télescopage de deux événements métallogé-
niques. Un premier exhalatif synchrone de la mise en place de la série, matérialisé par des exhalites
et la pyrite massive stratiforme et un second hydrothermal, contrôlé par des accidents cassants
tardi-panafricains.

I- Cadre géographique et géologique : La série de plateforme, qui encaisse les minéralisations

Le gisement de cuivre de Bleïda est situé au SE de la bou-
tonnière de Bou Azzer-El Grâara, à une quinzaine de ki-
lomètres à vol d’oiseau du village de Bleïda. On y accède
par la route, de 47 km qui bifurque vers le SE à partir de la
route Tazenakht-Agdz.
est en contact tectonique avec la série ophiolitique de Bou
Azzer au Nord et est limitée par les formations du Néopro-
térozoïque supérieur (PII sup.) du bassin de Trifya au Sud
(fig1).

Fig1: Coupe géologique N-S qui illustre l’agencement des différentes séries précambriennes dans le district de Bleïda (document interne, SOMIFER).

1
Managem , Direction Exploration et Développement, Twin Center, Casablanca, Maroc.
2
Faculté des Sciences Aïn Chok, Université Hassan II, Casablanca.
3
Faculté des sciences Semlalia, Université Cadi Ayyad .
126 Maacha L., Elghorfi M. , Zouhair M. , Sadiqui 0. , Soulaimani A.
II-Minéralisations cuprifères de Bleïda :
II-1 Contexte gitologique.
Pour un aspect gitologique il convient de circonscrire les
gites et gisements de sulfures de cuivre de la région de Bleï-
da avec des caractères métallogéniques et structuraux qui
les caractérisent. La figure 2 illustre la répartition des unités
structurales et les occurrences cuprifères associées ou on
distingue, du sud vers le nord, la typologie suivante :
• Les minéralisations associées à la série de Tiddiline soit
sous forme d’écailles du PII inférieur, dans la série dé-
tritique gréseuse ou encaissée dans les formations hypo-
volcanique du précambrien II supérieur.
• Les minéralisations associées aux roches basiques du sud
de la série de Bleïda proprement dite est plutôt de type
filonienne.
• Les minéralisations de la série volcan-sédimentaire à
contrôle structural et lithologique commun. Un premier
sous type situé à la base de la série en association spa-
tiale intime avec les kératophyres à magnétite et les ci-
nérites roses à éléments lithiques. Cette minéralisation
est fissurale, à dominance de bornite et de haute tem-
pérature constitue le centre thermique des minéralisa-
tions cuprifères de la série. La minéralisation concentrée
au nez de la microdiorite intègre les corps de la zone
H, ils sont dans une morphologie clairement filonienne
avec des textures disséminées notamment dans les dior-
ites. Ils sont réputés par la discontinuité des corps et ne
montrent pas d’évidence de zonalité minéralogique com-
mune à tous les autres corps de Bleïda. A l’intérieur du
Volcano-sédimentaire, l’amas 60, l’amas 116 et la bande
Fig.2 : Modèle gîtologique des minéralisations cuprifères de Bleïda.
Hassan se situent dans une position intermédiaire tant sur
le plan litho-stratigraphique que minéralogique. Ils ont
une texture hybride à minéralisation rubanée et réticulée
combinées avec une frange de pyrite primaire réduite. La
minéralisation du Nord que nous avons largement décrit
dans la partie cuivre localisée le long d’un couloir de ci-
saillement majeur. Elle est caractérisée par l’abondance
de la pyrite primaire encadrée par de la magnétite et des
niveaux de jaspes à sa base.
• Les minéralisations de Bleïda ouest et extrême nord sont
dans les turbidites du toit de la série. Elle présente des si-
militudes géologiques et texturales avec la minéralisation
au contact nord du volcano-sédimentaire. Néanmoins, la
déformation et la taille des corps sont moindres, la bor-
nite est moins fréquente et la frange à pyrite primaire en
est réduite.
• Les minéralisations de cuivre associée à la série des roches
vertes de nord sont associées à des niveaux mafiques à ul-
tramafiques déformés par des accidents sub-latitudinaux.
La parénèse minérale associe, en plus de la chalcopyrite
et la bornite, la cubanite, la digénite, la sphalérite et la
galène. Le gisement d’Aït Abdellah s’apparente à ce type
de minéralisations.
• Les minéralisations concentrées dans les roches de
la série de Tiddiline au nord à l’image du gisement de
Belgrade. Le contrôle tectonique est similaire à celui de
Bleïda mais la zonalité est verticale et s’y succèdent des
bandes à pyrite, chalcopyrite et bornite.
 NOTES ET MEMOIRES DU SERVICE GEOLOGIQUE N° 579 - 2015 (H. IBOUH éd.)
II-2 Contexte métallogénique.
Le gisement cuprifère de Bleïda est composé de plusieurs
lentilles minéralisées spatialement liées aux zones de
failles N°70 à regard ouest et leurs satellites N40, NS et
NW. La minéralisation montre une zonalité minéralogique
symétrique par rapport aux plans des failles alimentatrices,
à savoir la bornite au cœur, suivie de la chalcopyrite et la
pyrite qui englobe le corps minéralisé dans les périphéries.
Les formations hôtes sont formées essentiellement de mé-
tatufs et « schistes noirs ›› au sud et de séricito-chlorito-
schistes à pyrite primaire rubanée au nord. Toutefois, cer-
tains corps sont encaissés par les roches basiques et les
microdiorites.
Des études récentes (L.Maacha, 2013) ont permis d’aboutir
aux conclusions suivantes :
i) La cartographie des gisements et les reconstitutions tridi-
mensionnelles des corps minéralisés montrent l’existence
de corps discordants sur la stratigraphie, d’autres encais-
sés dans les roches basiques et dans la diorite quartzique
avec des évidences de morphologies filoniennes.
ii) Les levés structuraux de la déformation cassante montre
la relation spatiale et génétiques des corps minéralisés
Fig 3 : coupe géologique et schéma des zonalités du corps D.
iv) Les fronts des zonalités Bornite / chalcopyrite et chalco-
pyrite /pyrite sont sécants sur les couches lithologiques
127
et de leurs zonalités minéralogiques avec les failles N7O
et leurs satellites N20. Ces failles à remplissage quartzo-
carbonaté sont du même âge que les filons coballifères
de Bou Azzer.
iii) L’étude microstructurale et microscopique a révélé le
caractère polyphasé de la déformation qui affecte les
sulfures. Dans les gisements de type Nord, trois généra-
tions de pyrite ont été inventoriées :
- Une pyrite typique du niveau porteur Nord qui se pour-
suit loin des amas minéralisés. Elle est stratiforme et dé-
formée par la phase panafricaine B1.
- Une pyrite, métamorphogène, synchrone à tardive à la
cinématique de déformation concentrée dans des sys-
tèmes de « microshear bands », des petits « pull apart »
ou encore des fentes de tension.
- Les pyrites en stockwerk nettement sécants sur les fab-
riques planaires S et C similaire à celle de la zone Sud.
Dans la zone Sud, les sulfures de cuivre recoupent les fab-
riques planaires de la phase panafricaine B1 et leurs envel-
oppes sont sécantes sur les plis postschisteux associés à la
phase B2 (fig. 3).
ce qui exclue toute mise en place synsédimentaire
(fig4).
128 Maacha L., Elghorfi M. , Zouhair M. , Sadiqui 0. , Soulaimani A.
Fig4 : Vue en perspective des corps minéralisés de l’anomalie4 qui montre l’obliquité des fronts de minéralisations par rapport aux unités géologiques.
v) Les températures de mise en place évaluées sur la base
des géothermomètres silicatés, sont à plus de 300°. La
présence des tellures (sylvanite) et la nature isotopique
du soufre de la zone Sud atteste du caractère mantellique
et hydrothermal des fluides minéralisateurs.
vi) Sur un plan chimique, le ratio Co/Ni illustre la différence
nette entre les pyrites du Nord et celle de la zone Sud.
Une population riche en cobalt et pauvre en Nickel qui
caractérise Bleïda Sud serait d’origine hydrothermale.
Elle se distingue nettement de la population qui provient
du niveau porteur Nord qui se positionne dans le champ
des pyrites sédimentaires.
III-Discussions.
A l’issue de cette étude nous proposons un modèle selon
lequel les minéralisations cuprifères de Bleïda résultent
d’un télescopage des deux événements suivants (fig5) :
i) Un premier stade responsable du dépôt de la pyrite ré-
gionale à soufre biogénique avec des jaspes à sa base dans
des bassins confinés et en relations avec des émanations
volcaniques bimodales associé à des kératophyres à mag-
nétite, des spilites et des tufs. Cette pyrite n’est pas exclu-
sive au niveau porteur Nord mais se trouve en dissémina-
tion dans toute la série de Bleïda (fig.2). Son caractère lité
et submassif au niveau Nord serait probablement lié à des
reconcentrations tectoniques et métamorphiques posté-
rieurs. Durant cet épisode se forment alors des sulfures de
cuivre primaires en relation avec le contexte volcano-sédi-
mentaire du bassin du Néoprotérozoïque inférieur à moyen
de Bleïda. Cependant, L’essentiel de ces sulfures ont été
remobilisé par des événements ultérieurs nous ne pouvons
pas confirmer le caractère économique de ce qui en reste.
ii) Une minéralisation hydrothermale contrôlée par une dé-
formation cassante tardi-panafricaine dans un contexte
extensif. Il en résulte des lentilles minéralisées à zonali-
tés emboitées et symétriques par rapport au drain tradui-
sant la précipitation séquentielle des sulfures à partir
d’un même fluide hydrothermal en fonction des condi-
tions physiques et chimiques de ce fluide et les caracté-
ristiques cristallochimique et de solubilité des espèces
minérales. Les couloirs faillées à pyrite auraient joué
le rôle de réceptacles et le rôle des failles plates reste
à élucider. Cet événement est probablement contempo-
rain du volcanisme alcalin de Jbel Alougoum et serait
synchrone des minéralisations cobaltifères du Didtrict
de Bou Azzer.
 NOTES ET MEMOIRES DU SERVICE GEOLOGIQUE N° 579 - 2015 (H. IBOUH éd.) 129

Fig 5 : Place des événements minéralisateurs des sulfures de fer et de cuivre dans l’histoire tectonique de Bleïda.
130 Maacha L., Elghorfi M. , Zouhair M. , Sadiqui 0. , Soulaimani A.

En résumé, longtemps considérée de type SEDEX, la mi-
néralisation des sulfures de cuivre présente un contrôle
structural dans un régime cassant et une tectonique de type
«sismique » (fig.6).En effet, l’ensemble des corps minérali-
sés sont concentrés autour d’un système d’accidents NE,
leurs conjuguées et leurs satellites. Ces failles contrôlent
une zonalité concentrique des phases minérales, des mi-
néraux d’altération et des conditions de température de
mise en place. Elles sont similaires en age et en cinéma-
tique de déformation à celles de Bou Azzer qui portent
les arséniures. Elles ont rejoué tardivement et décalent les
corps minéralisés en senestres pour la direction N70 à N45
et dextre pour la NW. Néanmoins, la signature exhalative
est marquée par des niveaux à magnétite au Sud, les chlori-
tites, les jaspes et les pyrites stratiformes à soufre lourd bio-
génique. La présence de la sylvanite, les isotopes du soufre
et les rapports Ni/Co indiquent une origine hydrothermale
des fluides d’origine partiellement mantellique. Le cuivre
proviendrait des roches basiques et ultrabasiques par les-
sivage et transport sous forme de chlorures. Les niveaux
grossiers du Sud, et pyriteux du Nord, ont joué le rôle de
réceptacles avec des processus respectifs d’infiltration et de
remplacement-mimétisme. Ce dernier a conféré la texture
rubanée à la minéralisation du Nord.

8
Les corps à sulfures rubanés du nord et de l’extrême nord

Les corps à textures mixtes des niveaux intermédiaires 7

Les jaspes en noir et les niveaux à

Les corps à sulfures réticulés du Sud 6

pyrite exhaltive en jaune.

5

Les drains des fluides hydothérmaux

4 Failles sismiques normales
1 3
Légende. 1: La série de Kraima, 2: Les quartzites,3: les roches
2 basiques, 4: Les cinérites à magnétite 5: Les roches
volcanosédimentaires à chloritites et jaspes, 6: les diorites, 7: la série
schistogréseuse, 8: Les roches vertes de Bou Azzer.

Source de chaleur hypothétique

Fig.6 : Modèle conceptuel de la genèse des minéralisations sulfurées de Bleida.

 NOTES ET MEMOIRES DU SERVICE GEOLOGIQUE N° 579 - 2015 (H. IBOUH éd.) 131

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