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Le district à Pb/Zn de Touissit / Monographie d’un modèle métallogénique – A.

WADJINNY

Le district à plomb/zinc de Touissit (Maroc Oriental)


Monographie d’un modèle métallogénique

Mine de Touissit
Résumé :
L’activité minière au Maroc remonte à l’antiquité. Son premier développement connu est daté du
IXème siècle. A partir du XIème siècle se sont succédées des périodes de grandes activités alternées
de périodes moins fastes.
Deux métaux étaient activement recherchés : le cuivre et l’argent qui est lié, en partie, à la galène
argentifère. De ce fait, le plomb a toujours figuré parmi les métaux les plus recherchés au Maroc.
Plus proche de nous, dans les années 1970, une forte reprise de l’activité minière a été déclenchée et
poursuivie sans relâche. Le plomb y représente une large part.

Le Maroc a toujours été une grande “ province à plomb ” et sa production a connu des pointes
excédant les 170.000 t/an de concentrés, soit plus de 3,5% de la production minière mondiale de
plomb. Il est le seul métal de base à subir une transformation de raffinage dans l’unique fonderie
(Oued El Heïmer) dont la capacité de traitement est actuellement de 120.000 t. par an.

Le district de Touissit, situé dans le Maroc oriental à cheval sur la frontière maroco-algérienne, est
constitué de corps plombo-zincifères stratoïdes encaissés dans une couverture carbonatée du
Jurassique. Ses gisements sont liés géométriquement à l’inconformité qui sépare le socle paléozoïque
de sa couverture mésozoïque.

Ce district fournissait à l’époque de son activité 65% de la production nationale. Cette activité a
cessé, en 2000 suite à l’épuisement de ses gisements.

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1- Introduction

Le district plombo-zincifère de Touissit est situé au Sud d’Oujda (Maroc oriental), à cheval
sur la frontière maroco-algérienne (fig. 1). Il renferme des amas plombo-zincifères stratoïdes
encaissés dans une série dolomitique jurassique de l’Aaléno-bajocien.
La vocation minière de cette région remonte au début de ce siècle, suite à des prospections
entreprises dès 1906. C’est à la faveur d’un horst, à proximité du village de Touissit, que
l’importance minière de la région s’est révélée à travers la découverte d’affleurements
minéralisés. La première tonne de plomb fut extraite à Touissit par la CRAM dès 1925 suivie,
l’année d’après, par les installations pour le démarrage de la mine de Boubeker par la
Société des mines de Zellidja, située à 2 km plus à l’est (près de la frontière algérienne).

Fig. 1 Situation du district de Touissit (côté marocain)


Dans le Pays des Horsts

OUJDA

To u i ssi t

ALGERI E

TAOURI RT Jer ad a ( Ch ar bo n )

MAROC

Si d i Lah cen 

Dal l e d es Hau t s Pl at eau x Pal éo zo i q u e

Mais de 1932 à 1935, ces jeunes exploitations furent frappées par la crise économique. La
CRAM dût arrêter son exploitation, car les cours du plomb ne payaient plus le transport du
concentrés jusqu’à Oran, où il était concentré. En 1936, une reprise de l’activité a été
amorcée à Boubeker qui redémarra son exploitation qu’elle a poursuivie tant bien que mal
au cours de la seconde guerre mondiale jusqu’en 1946. L’année 47 va marquer
définitivement le démarrage de l’essor minier de la région et en 1953, la mine de Boubeker a
vu sa production dépasser les 125.000 t. de concentrés de Zn.

Dans cette région, l’activité minière a connu deux étapes dans son développement : l’avant
et l’après 1970. La première période a permis de découvrir et d’exploiter un faisceau nord,
formé des gisements de Touissit et de Boubeker, aujourd’hui épuisés et dont la potentialité
était supérieure à 1,6 million de tonnes métal Pb-Zn (à zinc dominant). La continuité de ce
faisceau se poursuit plus à l’Est, côté algérien, pour former le gisement d’El Abed à
dominante zincifère.

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Plomb en fusion à Oued El Heimer

La seconde période a vu, grâce à une exploration systématique par sondages, le


développement et la découverte d’un faisceau Sud, pratiquement de même potentialité que
son homologue du Nord, mais à plomb quasi exclusif (1,4 million de tonnes). Les découvertes
réalisées au cours des 20 dernières années, ont permis de mettre en évidence cinq
gisements mis en exploitation (Mekta, Beddiane, Hassi Enniag, Hassi Msidira, Sidi Ameur).
En 2000, ces gisements sont épuisés et la mine a cessé toute activité.

Les gisements du faisceau Nord forment des amas continus et leur délimitation est due aux
concessions attribuées à des sociétés différentes. Les gisements du faisceau Sud forment des
amas économiques discontinus. En réalité, ils sont liés entre eux par des auréoles à fortes
anomalies. Le tonnage métal cumulé extrait, côté Maroc, est évalué à 2,7 millions tonnes
métal.
En Algérie, après la nationalisation des mines, une étude de reconstitution du gisement d'El
Abed réalisée en 1972, a abouti à l'estimation d'un tonnage métal de l’ordre de 900.000 t.
plomb et zinc confondus (Touahri, 1995). Ne disposant pas de sources d’information plus
récentes, on peut estimer à 600.000 t. le tonnage-métal extrait en Algérie jusqu’à cette date
de la nationalisation.

Le district de Touissit est défini comme du type Mississippi Valley Type (M.V.T.). Ses
accumulations métal globales en Pb-Zn, reconstituées, sont évaluées à plus de 4,6 millions
de tonnes, dont 60% de plomb (tab. Ci dessous), ce qui le situe parmi les districts M.V.T.
mondiaux majeurs.

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Accumulations métal du District

Gisements Tonnage métal Teneurs moyennes


( en Kt. )
Pb Zn Pb % Zn %
BOU BEKER 520 595 2.3 5.7
TOUISSIT 370 175 3 3.5
MEKTA 200 - 12 -
H. NIAH 120 - 12 -
BEDDIANE 1.100 - 16 -
H. MSIDIRA 60 - 12 -
SIDI AMEUR 20 - 5% -
TOTAL MAROC : 2.290 770

EL ABED : 360 1200 1.5 3.8


TOTAL ALGERIE 360 1200

TOTAUX : 2.750.000 Pb + 1.970.000 Zn = 4.720.000 t.

2- Environnement géologique :

La région de l’oriental du Maroc recèle une importance minière de premier rang de par
l’existence de grands gisements localisés dans des contextes différents, tels le gisement
d’anthracite de Jerada, encaissé dans le Westphalien, les filons de galène argentifère de Sidi
Lahcen encaissés dans des schistes viséens, le gisement da Mn de Bou Arfa et le district de
Touissit pour le plomb - zinc en couverture carbonatée jurassique.

Ce dernier est localisé géologiquement dans la partie centrale de la Chaîne des Horsts (fig.1).
La morphologie de cette chaîne est celle d’une bande allongée SW-NE, longue d’environ 150
km et s’étendant de Taourirt au Maroc à Tlemcen en Algérie. De structure tabulaire, cette
chaîne forme une des unités majeure de la méseta maroco-oranaise. Elle a été affectée par
une tectonique cassante et se trouve bordée par deux zones d’effondrement, au Nord la
zone effondrée d’Oujda, la séparant du domaine atlasique et au Sud la fosse subsidente
occupée actuellement par les Hauts Plateaux (Valin et Rakus, 1979).

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Gr a b en d e TAZOUGGART

j da
Ou

Bo u Bek er
To u i ssi t
P.2

P.1

P.3
P.5
Bo u Bek er
P.6
it
ss
ui
To

P.7 P.4
435.000

I E
H. Ch ebi k et

R
P.8

E
LG
Gr a b en d e M I SSI OUI N E

A
P.12

Car t e géo l o gi q u e d u d i st r i ct à
P.10 Pb/ Zn d e TOUI SSI T

Bed d i an e P.9
Lu si t an i en ( Cal cai r e et Do l o mi es bi o cl ast i q u es)
Hassi Ni ag
Ox f o r d i en ( Al t er n an ce mar n o gr eseu se)

P.11 Bat h o n i en ( Gr és d o l o mi t i q u e à o o l i t h es f er r u gi n eu ses)

O. Mek t a Baj o ci en ( Do l o mi e massi v e et en ban cs)

Tr i as ( Ar g i l i t es et Basal t es)

Vi séen su p. ( Sh i st es à i n t er cal at i o n s r y o d aci t i q u es)

Fai l l e o bser v ée

Fai l l e d éd u i t e

Amas mi n ér al i sé st r at o ï d e à Pb-Zn

430.000
H. Men j el Pu i t s d e mi n e

0 1 2k m
A.W 1998
Ti o u l i
830.000

840.000
825.000

835.000

Fig. 2 - Carte géologique du district de Touissit (côté marocain)

2-1- Contexte stratigraphique du district :


La couverture mésozoïque à dominante argilo-carbonatée repose en transgression sur un
socle paléozoïque plissé et faillé, formé de terrains appartenant aux séries du Namurien au
Viséen supérieur (Owodenko, 1976).

• Le socle paléozoïque :
La formation paléozoïque affleure à la faveur de boutonnières et à la base de certains horsts.
A l’intérieur du district, les séries du socle sont formées d’un complexe de schistes bruns peu
métamorphiques, intrudés de lames de rhyodacites avec parfois de minces niveaux gréseux,
attribués au Viséen supérieur.

• La couverture mésozoïque :
 Le Trias :
Les dépôts du Trias recouvrent en discordance le socle par un contact irrégulier et rubéfié.
Cette formation, constituée de pélites rouges et de conglomérats à éléments de socle,
admet dans les régions bordières du district des coulées basaltiques plus ou moins épaisses,
intercalées de bancs calcaires.
Cette formation triasique est absente à l’aplomb du gisement soit par lacune, soit par
érosion.

 Le Jurassique :
Les dépôts de la couverture jurassique, transgressive, sont constitués de séries argilo-
carbonatées et gréseuses. Leur base est formée de calcaires sublithographiques qui
admettent à leur sommet des niveaux argilo-carbonatés. Cette série, datée du Lias, est
également absente dans l’enveloppe des gisements.

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Une épaisse série carbonatée, surmontée de dépôts marneux forme un ensemble de dépôts
attribués au Dogger. Dans cet ensemble, on range des séries appartenant à l’Aaléno-
Bajocien qui constitue l’étage le plus connu dans la région et regroupe deux termes dont la
succession lithostratigraphique, difficile à établir, est constituée de séries carbonatées.
Néanmoins, des subdivisions ont pu être introduites dans cette formation, distinguant une
base formée par une séquence carbonatée massive d’aspect bréchoïde d’un sommet
constitué de bancs dolomitiques intercalés de joints marneux (Samson 1976). Autour du
district, cette formation subit plusieurs phases de dolomitisation. C’est cette série qui
héberge les amas plombo-zincifères. Sa puissance varie de 0 à 200 m.

Au-dessus de l’Aaléno-Bajocien repose une série annonçant un changement dans la nature


des dépôts avec des apports détritiques mélangés aux carbonates. Ces dépôts, datés du
Bathonien, admettent à leur sommet un niveau-repère régional formé de calcaire à
pisolithes ferrugineuses et galets de remaniement intraformationnels. La puissance de cette
série est métrique à décamétrique.

Des dépôts marneux, appartenant au Callovo-Oxfordien, coiffent le Bathonien. Ils admettent


des niveaux gréseux lenticulaires et leur puissance varie entre 200 et 300 m. Quelques bancs
de calcaires oolithiques viennent parfois perturber la monotonie de cette série.

La sédimentation se poursuit ensuite sans interruption par des grès et des pélites qui se
chargent progressivement, vers leur sommet, de dépôts carbonatés bouclant le cycle
sédimentaire, du Jurassique de la région. Cette dernière formation est attribuée au
Kimmeridgien.

2-2- Tectonique :
Les marnes de la formation du Callovo-Oxfordien qui recouvrent l’ensemble des grabens, ne
permettent pas toujours de démêler les effets de la tectonique. Le schéma structural
régional proposé est déduit grâce aux coupes des sondages.

La couverture mésozoïque, de structure subtabulaire, repose directement sur un socle lardé


d’accidents de directions N 140°, N 70° et N 15°. Ces accidents, hérités de l’orogénèse
hercynienne, ont été réactivés dans la couverture et ont amorcé, dès le Trias,
l’individualisation du môle de Touissit. Une tectonique tangentielle, discrète intervient
également et affecte les structures les organisant en synclinaux et anticlinaux à grands
rayons de courbure (Rajlich, 1983).
La tectonique atlasique, distensive et cassante, a été paroxysmale à l’Oligocène-Miocène.
Elle se traduit par un découpage de la couverture jurassique en horsts et grabens et par une
inversion des reliefs : la structure positive du môle va s’effondrer et se trouver dans une
position basse circonscrite par un graben d’importance régionale, le graben de Missiouine
(Wadjinny, 1989).
A El Abed, une description similaire est fournie par Touahri (1995) qui conclue que
l'organisation structurale actuelle s'est mise en place au cours d'une phase de plis à grand
rayon de courbure, ultérieurement compliqués par une phase de serrage qui provoque le jeu
décrochant d'accidents NNE, NW, et WNW et décale les plis.

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Deux directions tectoniques majeures sont dominantes :


- une direction majeure ENE-SSW (N 70°/ 80°), celle des failles bordières des horsts et des
grabens et conforme à l’allongement général des corps minéralisés ;
- une direction NW-SE (N 130/ 140°) qui découpe les structures en panneaux. Cette direction
est postérieure à la première et contrôle parfois des corps minéralisés ;
Dans cet arrangement structural, le graben de Missiouine, à l’instar des autres grabens
régionaux, se ferme à l’Ouest et s’évase vers l’Est. Son découpage en panneaux montre un
dispositif dissymétrique caractéristique :
- le bord nord, représenté par deux failles rapprochées à regard sud, délimite des panneaux
étroits, dont le rejet cumulé peut dépasser 200 m.;
- le bord sud, formé par plusieurs failles à regard nord, et à faibles rejets, délimite des
panneaux larges disposés en marches d’escalier.
Les failles sont normales et les rejets, variables, peuvent atteindre la centaine de mètres. Les
rejets des failles du bord nord sont faibles, quand le soubassement est schisteux (inférieur à
20 m) mais élevé quand le soubassement est éruptif (parfois supérieur à 100 m). Les
contacts éruptif/schistes semblent constituer des zones de “ faiblesse ” ayant joué le rôle de
failles synsédimentaires.

2-3- Contexte paléogéographique :


Au Trias, le panorama paléogéographique du district acquiert les caractéristiques d’un môle
orienté NE-SW, jusqu’à l’Aaléno-Bajocien dont la formation transgressive ennoiera à de rares
exceptions, l’ensemble des reliefs résiduels.
La sédimentation au Bathonien, en partie détritique, marque un changement dans les
dépôts et indique que les terres émergées commencent à être érodées et à envoyer leurs
produits vers le bassin. La structure positive n’est pas encore totalement effacée (Samson,
1973). Au Callovien, les apports terrigènes gagnent de plus en plus et l’imposante série
argileuse déposée indique que l’on s’éloigne des lignes de rivage. La structure positive
disparaît alors totalement. La permanence de cette structure positive, individualisée très tôt
sur une bosse du socle, constitue un trait majeur de la paléogéographie régionale.

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Dans cette évolution la formation de l’Aaléno-bajocien, qui constitue la roche magasin des
minéralisations, revêt une importance toute particulière. Reposant directement sur le Viséen
supérieur par une inconformité majeure sur une faible extension (30 à 40 km2), mais
importante par sa durée qu’elle représente (150 Ma).(Wadjinny 1987). L’épaisseur de cette
formation subit des variations importantes se traduisant par des courbes isopaques qui
s’articulent selon les deux directions structurales majeures. Ces courbes montrent une
dissymétrie dans le gradient des puissances de l’Aaléno-Bajocien : au S-E et à l’Ouest, la
puissance augmente rapidement et brutalement, au N-W, alors qu’elle augmente
progressivement au N-W.

3- Métallogénie régionale
La métallogénie, envisagée ici autour du district, concerne uniquement les minéralisations
de plomb et de zinc exprimées dans la couverture jurassique.

3-1- Typologie des corps minéralisés :


Deux types de minéralisations sont exprimés. Des amas stratoïdes, dominants, et des
concentrations fissurales, marginales, contrôlées par des accidents cassants en bordure du
haut-fond et à la limite de l’amorce des grandes flexures limitant la paléo-structure.
A Touissit, les amas stratoïdes sont localisés dans la partie supérieure de la dolomie aaléno-
bajocienne, juste en dessous de la formation gréso-pélitique du Bathonien. Ils peuvent buter
contre ce contact, mais ne le débordent que très rarement. Ces amas forment généralement
des corps concordants avec le litage et s’interstratifient dans les joints ou dans des cavités de
dissolution qui se développent suivant ces joints.
Les amas du faisceau sud correspondent à des minéralisations plombifères en grande partie
oxydées (plus de 50%), de remplissage de karsts plus ou moins “ matures ”. Les gisements les
plus profonds dans le découpage structural actuel sont les plus oxydés et les plus riches en
métal. Elles sont décrites comme des corps de remplissage de “ karsts ” horizontaux et
verticaux. Dans le premier cas les minéralisations, massives, viennent en remplissage de
cavités de dissolution et correspondent à des amas allongés sur quelques centaines de
mètres. Leur extension latérale est à peine hectométrique. Dans le deuxième cas les corps,
formés de blocs minéralisés noyés dans des dépôts marneux sombres, ont une extension
verticale de plusieurs mètres, mais une faible extension latérale. Les ouvertures créées par
ces dernières dissolutions provoquent des effondrements du “ toit ”.

Touahri, 1995, décrit les amas d’El Abed comme étant associés aux sédiments de
remplissage de cavités de dissolution karstique. Ces amas, franchement discordants par
rapport à leur encaissant dolomitique, sont étirés le long des trois directions tectoniques
principales et leur extension latérale augmente aux intersections entre des systèmes
d'orientation différente.
Dans le gisement de Beddiane, Makhoukhi, 1994 a décrit deux types de corps, un type qui
montre un contrôle structural net et qui s’appuie sur des fractures recoupant le contact
socle-couverture et un type, stratoïde, sans contrôle structural apparent et où la
minéralisation s’est mise en place par remplacement isovolumique de la roche encaissante.
Un troisième type de minéralisation, marginal, a retenu l’attention de certains chercheurs. Il
s’agit d’une veine centimétrique, sans intérêt économique, recoupée par les travaux de la

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voie de roulage dans les rhyodacites viséennes, en contrebas du gisement de Beddiane


(Makhoukhi, 1995, Bouabdellah, 1995). Ces auteurs en tirent argument pour expliquer les
venues de minéralisations de la couverture à travers ces veines. Dans les autres gisements
exploités, il n’a pas été observé de telles manifestations. Lucas, 1954, en a observé dans le
gisement de Ghar Rouban, en Algérie. Samson, 1973, rejette l’idée de rapport entre ces deux
types de minéralisation en se basant sur les paragenèses différentes, sur la taille de ces
expressions, ainsi que sur l’absence de lessivage dans ces veines. Nous rejoignons l’idée de
Samson et pensons que ce type filonnet ne pourrait pas expliquer à lui seul l’accumulation
de plus de 4 millions de tonnes métal.

3-2- Répartition des amas stratoïdes :


Ces amas sont disposés suivant les directions structurales majeures et forment deux
faisceaux parallèles : Un faisceau nord, représenté par les gisements de Boubker et Touissit
au Maroc et El Abed en Algérie. Un faisceau sudformé par les gisements, Beddiane, Mekta,
Hassi Niah, Hassi msidira et Sidi Ameur. Des petites occurrences, à la limite de l’exploitabilité
économique, s’alignent selon la direction N 140 vers le S-W du district.
La distribution de la minéralisation varie latéralement et verticalement.

Distribution latérale : le faisceau nord, continu, est plombo-zincifère côté marocain, avec
une répartition du zinc plus limitée que celle du plomb. Dans ce même faisceau, le plomb
occupe préférentiellement les franges nord des amas et le rapport Zn/Pb évolue de l’Est
vers l’Ouest avec une dominante zincifère à l’Est. Les concentrations cumulées Pb et Zn sont
plus importantes à l’Est qu’à l’Ouest. Le faisceau sudest formé d’amas distincts, quoique
reliés entre eux par des auréoles d’anomalies supérieures à 1% Pb ou séparés par des
discontinuités tectoniques. Ce faisceau est exclusivement plombifère.

Distribution verticale : d’une manière générale, on distingue une à trois “ couches ”


minéralisées, séparées par des intercalaires plus ou moins stériles. La répartition verticale de
la minéralisation se présente généralement comme suit : la minéralisation à zinc dominant
forme la semelle du corps minéralisé, celle à plomb dominant occupe une tranche plus
élevée et surmonte toujours la tranche zincifère (Voirin, 1965). La minéralisation à cuivre,
locale, constitue la dernière manifestation métallique et se détache des minéralisations
plombo-zincifères. Sa présence se limite au voisinage d’une faille majeure au Nord du
gisement de Beddiane. où elle acquiert deux types de morphologies :
- en amas stratoïdes, important où le minerai est essentiellement carbonaté.
- en remplissage de fissures qui peuvent recouper les niveaux de galène sous-
jacents et où le minerai est surtout sulfuré.

3-3- Paragenèses minérales :


La paragenèse parait simple dans ses grandes lignes.
Le plomb s’exprime sous forme de sulfures (galène) ou carbonates (cérusite). La galène est
moyennement argentifère et le module, moyen, se situe autour de 5. Dans le faisceau sud, la
minerai sulfuré ne représente que 50% du plomb-métal, le reste provenant des carbonates.
D’autres minéraux colorés constituant des curiosités minéralogiques, font le bonheur des
minéralophiles (molybdates : wulfénite; phosphates : pyromorphite; sulfates : anglésite....).
Le zinc s’exprime également sous forme de sulfures (blende) ou de carbonates (smithsonite).
La gamme des minéraux cuprifères est beaucoup plus vaste. Sulfures (bornite, chalcocite,

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chalcopyrite, covellite..) en oxydés : cuprite, ténorite ou en carbonates : malachite, azurite....


Les teneurs moyennes du minerai, variables, oscillent entre 5 et 25% pour le plomb, 3 à 10%
pour le zinc et de 4 à 16% pour le Cu.

4- Travaux de recherche réalisés :


Au cours des années 80/90, de nombreux travaux de recherche ont été réalisés sur ce
district, à deux échelles : une recherche de développement des gisements et une recherche
tactique dans l’ensemble de la région.
La recherche de développement des gisements est faite par sondages carottés et travaux
miniers autour et à l’intérieur des enveloppes minéralisées. Ce développement a permis de
renouveler les réserves exploitées dans les gisements pendant les dix dernières années.
La recherche tactique est réalisée par sondages carottés à maille assez lâche et par
méthodes indirectes. Ces travaux ont permis de renouveler des réserves et de découvrir de
nouveaux gisements. L’utilisation de méthodes indirectes a été également appliquée pour
des recherches structurales ou pour une recherche de marqueurs gîtologiques.

4-1- Recherche par sondages mécaniques :


En dehors des sondages de développement des gisements, une grande campagne de
sondages carottés, intitulée “ campagne des grands-profils ”, a couvert les deux unités
structurales majeures : les grabens de Missiouine et de Tazougart. Vingt et un profils de
sondages, orientées N 30°W transversalement à la direction structurale majeure, espacés de
600 m. avec une maille de sondages de 300 m.. Trois cents sondages au total ont été
exécutés pour un métré global représentant plus de 50.000 m.
Cette campagne, réalisée sur dix ans, a débouché sur un certain nombre de découvertes : en
1983, celle du gisement de Hassi Enniag, en 1989, celle du gisement de Hassi Msidira et en
1992 celle du gisement de Sidi Ameur. L’apport supplémentaire occasionné par ces
découvertes est évalué à 200.000 t. métal.
La campagne “ grands profils ” a permis également de dépouiller en détail la géologie du
district, dont la synthèse sera développée plus loin.

4-2 - Recherche par géophysique :


L’application des méthodes géophysiques dans l’exploration régionale avait pour objectif de
répondre aux questions d’ordre :
- structural, pour déterminer le toit de la dolomie-hôte et préciser le
positionnement des failles ;
- paléogéographique, pour la détermination de la base et du sommet de la série
aaléno-bajocienne, donc de sa puissance ;
- métallogénique, pour la localisation directe des minéralisations.

Des méthodes actives, basées sur l’utilisation des techniques surtout électriques, ont été
utilisées.
Des diagraphies point par point ont permis de mesurer, dans des sondages, le contraste de
polarisabilité entre la minéralisation et son environnement, contraste qui a montré que le
paramètre polarisation provoquée mesuré en forage caractérise les zones minéralisées et
mettent en relief le contraste de résistivité apparente marnes/dolomies ;
Des sondages électriques ont mis en évidence le schéma tectonique caché sous les
recouvrements callovo-oxfordiens, mais sans pouvoir identifier les contacts de la base de la

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série dolomitique avec son socle.


La méthode pôle-pôle latéral était déstinée à la recherche de minéralisations cachées.
Une autre méthode, celle du dispositif rectangle, a conclu que la résistivité apparente
retrace la topographie du toit des dolomies et que la chargeabilité donne lieu à des
anomalies polarisantes pouvant être liées à des corps minéralisés.
Après contrôle par sondages, toutes les méthodes géophysiques utilisées à ce jour à Touissit
n’ont permis que de définir la structuration stratigraphique par la visualisation du
positionnement des failles et la profondeur du toit de la dolomie. Aucun succès n’a été
enregistré quant à la détermination de la base des dolomies pour déterminer la puissance
de l’assise dolomitique, et encore moins la localisation directe de la minéralisation.
En conclusion, aucune méthode géophysique n’a pu répondre, dans le contexte de Touissit,
aux objectifs de la recherche minière.

4-3- Recherche par marqueurs géochimiques et pétrographiques :


Afin d’affiner l’outil de la modélisation typologique pour poursuivre la recherche dans des
surfaces restreintes entre les sondages, à l’intérieur de la maille 600 x 300 m, des
interventions analytiques ont abordé toute la surface circonscrivant la ceinture sud. Ces
interventions ont utilisé la géochimie multi-élémentaire, l’analyse des assemblages
minéralogiques argileux, la géochimie des isotopes stables des carbonates porteurs, ainsi
que l’analyse de la maturation de la matière organique extraite de ces carbonates. Ces
études se fixaient comme objectifs la mise en évidence du lien génétique entre les
différentes phases dolomitiques et les fluides minéralisateurs pour mettre en évidence des
marqueurs pertinents aptes à nous orienter vers une recherche minière plus affinée.

Ces travaux ont été réalisés sur des échantillons dolomitiques provenant d’une cinquantaine
de sondages. Une géochimie multi-élémentaire a été réalisée sur 1.100 échantillons (9
majeurs et 24 traces).
D’autres travaux concernant les argiles et la matière organique qui sont associées aux
dolomies ont été abordés et quelques conclusions ont pu être avancées, sans les tester.
Dans les zones minéralisées, la matière organique montre un degré d’évolution plus élevé
que celui qu’elle présente dans les zones stériles. Cette évolution consiste en une anomalie
thermique révélée par les valeurs du pouvoir réflecteur de la vitrinite.
On constate également que dans ces zones, l’altération hydrothermale s’est traduite par des
assemblages bien distincts des minéraux argileux contenus dans la dolomie. La nature et la
distribution de ces paragenèses argileuses montrent les mêmes dispositions que celles
obtenues par la matière organique.
La superposition des anomalies déduites par la matière organique à celles d’une zone à
kaolinite hydrothermale semble évidente à ce stade de reconnaissance et nous incite à une
utilisation de ce type d’approche comme outils d'exploration tactique. Cette approche
globaliste n’a pas été testée pour guider vers des cibles à l’intérieur des zones sondées,
dont les superficies restent faibles (600 x 300 m.).
5- Analyse typologique - Essai de synthèse

5-1- Le point sur les différentes hypothèses génétiques :


De nombreux chercheurs se sont penchés sur les questions de genèse des minéralisations du
district de Touissit. Certains ont émis des hypothèses, développant des interprétations plus

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ou moins satisfaisantes. Mais aucune de ces hypothèses n’a proposé de guides aptes à
cerner des zones favorables, et encore moins de discriminer le bon du mauvais piège.
Le rôle de la tectonique a été soulevé par Bouladon, (1948), qui avance que les glissements
banc sur banc créent des vides permettant la circulation de fluides hydrothermaux. Claveau
et al, (1952), dans leurs études du gisement de Boubeker, soulignent le parallélisme entre
direction des failles et direction des amas minéralisés en distinguant une paragenèse à
blende en rapport avec la direction structurale E-NE et une paragenèse à galène, qui recoupe
la première, sans rapport avec cette direction. Samson, 1976, constate dans le gisement de
Touissit un parallélisme entre les amas minéralisés et les deux directions majeures NE-SW et
ESE-WNW et attribue la mise en place de la minéralisation à la circulation de fluides
hydrothermaux.
Makhoukhi, 1995, dans son étude sur le gisement de Beddiane attribue la mise en place des
minéralisations à des circulations hydrothermales générées par la paléostructure régionale
où les fluides acquièrent leur salinité au contact des roches évaporitiques du Trias du Suddu
môle. Les saumures, s'échauffant, se chargent en métaux au cours de leur trajet au travers
de la série viséenne, anomale en plomb et zinc, les libérant ensuite dans la zone de
refroidissement avec une précipitation des sulfures au contact de la couverture dolomitique.
Bouabdellah, 1995, rejoignant Makhoukhi sur l’origine et le rôle des saumures, suppose que la
superposition entre les fronts de dolomitisation et les gisements économiquement
exploitables implique que ces fluides ont été canalisés en empruntant un réseau de fractures.
Au même titre que Makhoukhi, il voit la preuve de ce scénario dans la présence d’une veine
centimétrique minéralisée, encaissée dans le socle éruptif à l’aplomb du gisement de
Beddiane.

5-2- Démarche métallogénique pragmatique :


Les questions de genèse concernant l’origine, l’âge de la mise en place des métaux, ainsi que
leurs processus de concentration ne constituent pour le géologue-minier qu’une base de
travail inscrite dans un modèle global. Ses préoccupations ne peuvent conduire qu’au choix
qui concilie au mieux ses observations quotidiennes avec des paramètres concrets pour
aboutir à des guides pratiques. Ce sont ces guides qui lui permettent de comprendre la
typologie de son gisement dans son environnement géologique en lui permettant de mener
sa recherche quotidienne.
Les considérations génétiques théoriques expliquent, mais elles orientent rarement le
mineur et souvent elles tentent d’occulter ses guides pratiques. Rares sont ces
considérations qui répondent à la question qui se pose au mineur : quels sont les facteurs
susceptibles de conditionner la position d’amas et où se trouvent les bons pièges ?
L’analyse typologique pragmatique ne vient pas en contradiction avec les différentes
modélisations théoriques, mais elle les complète et leur donnent une assise plus “ réaliste ”.
Cette analyse, basée sur les nombreuses observations nous montre que la localisation des
amas, économiquement exploitables dans le district de Touissit, est générée par certains
facteurs que nous avons tenté de mettre en relief.
Tous les modèles élaborés pour les gisements de type M.V.T. s'accordent pour montrer la
liaison avec des eaux connées chaudes soustraites des bassins sédimentaires environnants.
L’évacuation de ces fluides, provoquée par une diagenèse d'enfouissement, s'accompagne
d'une élévation de température et d'une augmentation de la salinité.
La réactivation des systèmes tectoniques développe la fracturation et permet le drainage
vertical des circulations des fluides qui vont diffuser latéralement vers les niveaux les plus

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poreux. Ces circulations convergent vers les sommets de la série dolomitique poreuse où
elles se trouvent stoppées à leur sommet par les niveaux imperméables de la couverture
marneuse. Une partie de ces dolomies est transformée en dolomie blanche recristallisée qui
caractérise les aires minéralisées. Ces dolomites résultent de l’altération hydrothermale et
se développent, comme les gisements, sur la façade septentrionale du haut-fond.

La concentration des métaux fait suite à ces processus dans des conditions bien particulières
schématisées comme suit :
- la circulation des “ fluides minéralisateurs ” s’est faite préférentiellement au travers de
drains que forment les failles majeures au nord du haut fond où le degré de
dolomitisation est le plus élevé et latéralement dans niveaux les plus poreux;
- ces fluides se trouvent stoppés au sommet des dolomies poreuses par un écran marneux
qui joue un rôle de couverte de couvercle ;
- le volume des fluides impliqués semble être sans “ effets économiques ” dans une série
puissante, où les phénomènes de libération des métaux avortent par dilution dans la
masse carbonatée. Il est également sans effet dans les niveaux à moindre puissance,
formés par la dolomie massive exempte d’interbancs et où la circulation des fluides n’est
pas aisée.

Ces déductions nous incitent à retenir les facteurs pertinents pratiques des concentrations
métalliques, facteurs d’ordre paléogéographique, sédimentologique et structural.

Facteurs paléogéographiques :
A la fin de l’Aaléno-bajocien, la reconstitution paléogéographique indique que le district était
situé dans la partie méridionale d’un paléo-relief résultant d’une architecture paléozoïque.
Cette bosse topographique était cernée par deux bassins : au Nord, un domaine à faible taux
de sédimentation carbonatée, sous des faciès dolomitisés ; au Sud, un domaine à fort taux
de sédimentation carbonatée et où la dolomitisation n’a pas atteint les stades avancés
connus au Nord. La partie haute de ce paléo-relief s’exprime par une “ ligne de crête ” de
moindre recouvrement aaléno-bajocien, orientée NE-SW, conjuguée avec une autre ligne,
mineure, orientée NW-SE. Ces deux lignes dessinent une fourche ouverte vers le NW. Dans
ce contexte, les minéralisations sont localisées sur le flanc septentrional de ce paléo-relief et
les deux faisceaux minéralisés, circonscrits à l’intérieur de ce même flanc, sont séparés par
deux faibles paléo-dépressions délimitant deux petits bassins internes. Chaque faisceau
minéralisé est “ accroché ” sur le flanc nord de ces micro- bassins.

Le district se situe sur le flanc nord du paléo-relief et chaque faisceau se place sur le flanc
nord d’un petit bassin interne.

Facteurs sédimentologiques :
Les minéralisations sont hébergées dans l’horizon supérieur de l’Aaléno-bajocien fortement
dolomitisé et poreux, préférentiellement lorsque la puissance de cette série varie entre 20 et
35 m.
La nature pétrographique du socle sous-jacent les corps minéralisés semble jouer un double
rôle : sur les transformations de la série carbonatée “ hôte ” et dans la distribution des
minéralisations (fig. 3). A l’aplomb d’un socle de nature éruptive, le plomb s’exprime
généralement seul, mais à l’aplomb d’un socle schisteux, la minéralisation est mixte. Sur un

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socle schisteux des plages à dolomitisation incomplète peuvent persister, phénomène que
l’on n’observe pas sur un socle éruptif. L’affinité socle éruptif/intensité de dolomitisation est
probablement liée à la rhéologie et la compétence des noyaux éruptifs, plus durs et donc
plus favorables à la fracturation de la couverture sus-jacente. Ce sont ces fractures qui sont
responsables des dissolutions de la série carbonatée porteuse et de la canalisation des
fluides hydrothermaux.

Les amas se situent dans une série carbonatée, fortement dolomitisée dont la puissance
oscille entre 20 et 35 m. La nature du socle sous-jacent joue un rôle de cause à effet dans
la distribution des minéralisations.

Facteurs structuraux :
Les faisceaux minéralisés ont un allongement privilégié. Ils se répartissent le long de la
direction tectonique N 70°. Dans le détail, les minéralisations sont nettement contrôlées par
les fractures des deux systèmes majeurs : N70° et N140°. La distribution des minéralisations
forme une auréole qui épouse l’orientation de ces deux systèmes (fig 5). Les gisements
économiquement exploitables, s’inscrivant à l’intérieur de cette auréole, s’articulent le long
des failles majeures.
Dans les noeuds structuraux, jonction entre les deux systèmes tectoniques majeurs, la
minéralisation, quand elle est exprimée, est très intense. Ce phénomène a également été
observé à El Abed où Touahri, 1995, a observé que l’extension latérale des minéralisations
augmente aux intersections entre des systèmes tectoniques d'orientation différente.
A l'inverse, certaines failles à fort rejet, semblent jouer un rôle “ d'écran ”, la minéralisation
s'interrompant à leur voisinage.
Cette analyse structurale montre que certaines failles ont joué le rôle de drain canalisant les
fluides minéralisateurs, dont l’intensité s’estompe au fur et à mesure que l’on s’en éloigne et

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que d’autres failles n’avaient aucune incidence sur le piègeage des minéralisations.
Les amas minéralisés sont disposés le long de la direction tectonique majeure N70. Dans
les noeuds structuraux formés avec la direction N140, la minéralisation s’exprime
intensément.

Les facteurs énoncés avaient constitué le modèle de base de la recherche minière dans ce
district. Les méthodes de recherche directe ont été menées sur les 2 grabens majeurs.

A. WADJINNY
Dr en Géologie Appliquée
Article rédigé en 1998, actualisé en 2001

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