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Formation Supérieure Complémentaire aux Métiers de Laboratoire

Pathologie, Expertise, Entretien et Réparation


des Ouvrages d’Art
04 au 07 Février 2018

Mme SAHRANE
INGENIEUR GENIE CIVIL
INGENIEUR EXPERT

Formation supérieure complémentaire aux métiers de laboratoire


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 Objectifs pédagogiques

 Etre capable de cerner les désordres les plus couramment rencontrés dans les ouvrages d'art
(ponts, routes, chaussées, voiries) et notamment les pathologies qui en résultent.
 Connaître la panoplie des dégradations des structures et des altérations des matériaux
 Reconnaître et apprécier la gravité des désordres

UN PATRIMOINE :

- Inestimable

- Irremplaçable

- Indispensable à la vie socio-économique du pays

DES MENACES :

- Vieillissement et fatigue des matériaux

- Conditions d’exploitation

- Charges accidentelles

- Effets des erreurs de conception et de réalisation

UNE ALTERNATIVE :

- LA PRESERVATION : Agir pour prolonger le plus longtemps possible la vie de ce


patrimoine.

DES ACTIONS :

- Surveillance (visuelle, instrumentale)

- Entretien (entretenir, maintenir)

- Auscultation (diagnostiquer, préconiser)

- Réhabilitation (réparer, renforcer)

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AVANT PROPOS

Les Ouvrages d’Art sont des points sensibles du réseau routier en raison de leur
emplacement stratégique et des graves conséquences que provoquerait leur défaillance ou leur
fermeture.

L’auscultation et la surveillance des ouvrages constituent donc un processus essentiel du


système global de gestion des routes.

Cette surveillance est particulièrement nécessaire pour les ouvrages anciens, qui ne sont plus
adaptés aux caractéristiques du trafic moderne et dont les matériaux de base sont souvent altérés
sous l’effet des intempéries, et pour les ouvrages modernes conçus suivant des normes tenant
compte des conditions limites de sollicitations possibles des matériaux.

Ainsi la surveillance vise à l’identification et à la quantification des dégradations qui peuvent


être causées entre autres par des facteurs naturels, ou par la circulation qui exercent des
influences physiques et chimiques sur la structure, ou bien par des forces mécaniques provenant
par exemple du vent ou du trafic, dépassant souvent les charges limites prévues à l’origine.

La surveillance est aussi nécessaire pour identifier ou suivre les effets de toute imperfection
de construction.

Tout défaut dans la conception originale, au cours de la construction ou pendant les


réparations et l’entretien des ouvrages devient partie intégrante de la structure.

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PATHOLOGIE DES OUVRAGES EN BÉTON
ARMÉ ET EN BÉTON PRÉCONTRAINT

La Pathologie des ouvrages d'art est avant toute chose l'affaire de


SPECIALISTES chevronnés ayant des connaissances aussi bien dans le domaine
théorique que pratique, en un mot d'EXPERTS ayant acquis une grande
expérience dans le domaine des ouvrages d'art.

L'origine d'un désordre a presque toujours des causes multiples et les


conséquences de chacune d'elles est difficile à estimer: c'est en cela que réside
la difficulté d'une expertise.

Il existe une analogie étroite entre les actions que nous devons entreprendre pour
la maintenance d'un ouvrage et la démarche médicale. 1

On rencontre les mêmes étapes dans l'intervention du Médecin et dans celle de


l'ingénieur:

• La symptomatologie----------------------------------~Auscultation

• L'étiologie (science des causes) -----------------~ Diagnostic

• La Thérapeutique------------------------------- ~ Traitement

Dans les deux cas, l'oùvrage comme le malade a son <dossier>, et doit se
soumettre à des <visites régulières>.
QUELQUES CHIFFRES :

Le parc algérien d’ouvrage d’art comporte plus de 11000 ponts dontu55%


routiers (ponts-route) ;

 Le nombre d’ouvrages à renforcer est de l’ordre de 40 %, dont la plupart en


béton armé, maçonnerie, mixte ou précontraint ;

 Plusieurs signes de vétusté ou fatigue des matériaux de la structure peuvent


être observés, tels que la corrosion des aciers d’armatures, la fissuration du
béton, l’éclatement des enrobages,… etc.

 Plusieurs ouvrages se trouvent dans des zones de moyenne à forte sismicité et


nécessitent une attention particulière (prédiction, surveillance, maintenance,
entretien, …etc).

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I- GENERALITES :

Une étude des pathologies d’un ouvrage se décompose en plusieurs phases.


Celle-ci commence par une visite de l’ouvrage accompagné d’un relevé détaillé
des différentes pathologies présentent sur les ouvrages. Ensuite, on procède à un
diagnostic afin de connaître l’origine des pathologies pour préconiser d’une part
le classement de l’état de l’ouvrage et d’autre part les travaux à réaliser.
objectif du diagnostic :
=> déterminer cause et étendue des problèmes

=> et leur évolution probable

Le béton armé est l'intime assemblage d'armatures (généralement en acier) et de


béton afin de compenser la mauvaise tenue de ce dernier à la traction. Cet
assemblage est rendu possible grâce à la dilatation comparable des deux
matériaux.

La durabilité du béton armé repose sur plusieurs facteurs tel que la composition
des matériaux, les conditions d’exploitation, les dimensions structurelles, la
mise en œuvre et le manque d’entretien ainsi de suite.
Cette diversité des facteurs permette la manifestation des pathologies apparentes
ou cachées, ces dernières se développent progressivement avec le temps en
aggravant la situation plus en plus jusqu’à la ruine totale de l’ouvrage.
Donc la première étape qui nous permette le lutte contre ces pathologies c’est la
compréhension approfondie des phénomènes déclencheurs et les désordres
résultants ces pathologies, il s’agit de répondre aux questions suivantes :
- Quelle sont les différentes pathologies manifestants dans un ouvrages en
béton ?
-Quelle sont leurs natures, leurs étendues et leurs potentialités d’évolution ?

Dans la plupart des cas, les défauts sont initiés par une mauvaise conception, un
choix de constituants mal adaptés aux conditions d'environnement, des erreurs
dans la mise en œuvre, ou encore un manque d'entretien.

Problèmes de conception Problème d’exécution Problèmes de matériaux

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Problèmes de conception :

- Masse volumique du béton et poids des équipements sous-estimée.


- Erreurs de métrés et « oubli » du poids de certaines pièces.
- La non-prise en compte des risques de corrosion dans la conception.
- Absence de chape d’étanchéité.
- Évacuation des eaux mal conçue provoquant des ruissellements sur les
poutres.

Conséquences d’un défaut de conception


et d’entretien des dispositifs d’évacuation des eaux et de l’étanchéité

Désordres du hourdis inférieur dus à une poussée au vide locale

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Problème d’exécution :

- Une insuffisance des documents d’exécution.


- Un mauvis contrôle de la qualité.
- Au non-respect de certaines règles de l’art.
- Défaut de bétonnage.

Défaut de bétonnage sous le talon


d’une poutre préfabriquée

Problèmes de matériaux :

Les ponts en BA et BP étant constitués essentiellement de deux matériaux :


Le béton et l’acier (passif et actif)
1. Le béton subit de nombreuses agressions physiques, physico-chimiques et
chimiques.
2. L’acier (passif ou actif) se corrode.

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II- LES PRINCIPALES PATHOLOGIES DU BETON ARME :

Les pathologies d’ordres physico‐chimiques :


‐ la carbonatation
‐ les chlorures
‐ les gonflements internes du béton (RSI et RAG)
‐ les déstructurations par délamination du liant
‐ les effets du gel (au jeune âge et interne)

Les désordres d’ordre mécaniques


‐ les défauts d’armature et les contraintes non reprises
‐ les retraits (au jeune âge et retraits gênés)
‐ les déformations différées du béton (le fluage)
- les poussées au vide des armatures (passives et précontraintes)

II.1- Les principales pathologies d’ordres physico‐chimiques :

- La carbonatation (1)
- Les Gonflements Internes du Béton (GIB)
‐ La RSI (Réaction Sulfatique Interne)
‐ La RAG (Réaction Alcali‐Granulat)
- Les effets du gel (au jeune âge et interne)
(1) À noter que la carbonatation n’a pas d’effets négatifs sur la résistance du
béton seul.

a) Le principe et la conséquence de la carbonation :

Manifestations
– rien de visible de manière directe au niveau du béton

– on ne voit au bout d’un certain temps que les conséquences : corrosion des
armatures (coulures de rouille, armatures apparentes, fissures au niveau des
armatures sous l’effet de la corrosion)

Phénomène
– Pénétration du CO2dans le béton
 transformation des hydroxydes (chaux) en carbonate

- Ca(OH)2 + CO2 Ca CO3


portlandite calcite

- baisse du PH (13 9)

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 conséquences :
- pas de problème pour le béton
- très néfaste pour les armatures : dépassivation et corrosion.

Le CO2 de l’air pénètre et migre au travers du béton

 Il réagit avec la chaux du ciment (recarbonatation de la chaux)


 Formation d’un carbonate de chaux (calcite)
 Abaissement du pH (aux alentours de 9)
 L’acier d’armature n’est donc plus protégé
 Le béton autour des aciers devient donc un milieu électrolytique
 Début du phénomène de corrosion des aciers (effet de pile)
 Les aciers se piquent puis foisonnent (augmentation de volume environ
9%)
 Le béton soumis à cette pression interne se fissure
 Les agents agresseurs extérieurs vont pouvoir entrer en plus grand nombre
 Le processus s’auto alimente et s’accélère.

La couche d’oxyde devient instable les oxydes deviennent expansifs.

Le processus de corrosion des aciers :



- La carbonatation (PH < 9) et les chlorures sont les principaux facteurs de la
corrosion des armatures.
- Il faudra ensuite un milieu électrolytique favorable (présence d’humidité) et
d’oxygène
- La corrosion va pouvoir se déclencher sur la même barre d’acier :une anode et
une cathode
- L’anode se sacrifie et provoque le foisonnement de l’acier (jusqu’à 6 fois le
volume initial)
- Sous cet effet le béton se fissure.

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Milieu agressif
Front de pénétration
Armature
Béton

Début de corrosion Stade final : fissuration

Fissuration du béton due à la corrosion des armatures

Fissuration perpendiculaire au
Fissuration Fissuration parallèle au
parement.
aux angles. parement.

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STADES ULTIMES DE DEGRADATION DU BETON SUITE A L’EXPANSION DE LA ROUILLE.

Dégradation de la pile d’un pont suite à la


corrosion des armatures.

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DEGRADATION AVANCEE DU CHEVETRE DE LA PILE D’UN PONT.

Dégradation de la pile d’un pont suite à


la corrosion des armatures.

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TACHES D’EFFLORESCENCES ET ARMATURES CORRODEES.

Piqure profonde causée par une attaque de chlorure.

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Désordres dus par la corrosion

La corrosion des armatures a souvent pour conséquences des symptômes


visibles sur le parement, tels que fissurations au droit des armatures,
décollements de béton, éclats et épaufrures , mais attention, d’autres
mécanismes peuvent être à l’origine de ces dégradations « Les fissures créées
par le gonflement de la barre consécutif à la formation de la rouille sont à
différencier des fissures de retrait et des fissures de flexion ou d’effort
tranchant…..etc ».

- Une fissure au droit de la barre


d’armature.

-Deux fissures de part et d’autre d’une


barre symbolisant le détachement d’une
bande à section trapézoïdale

-La délamination d’un pan de mur


constitué du béton d’enrobage

Types de fissures développées lors de la corrosion des aciers d’armature.

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b) Le gonflement interne du béton ( l’alcali-réaction) :

Manifestations
Nombreuses et de divers types selon structure et partie d’ouvrage :

 Fissuration en réseau et faïençage:


- maillage qui se densifie avec des mailles souvent de plus
en plus fines dans le temps.
- fissures avec rejets souvent bordées d’humidité.

 Fissuration orientée :

- selon tracé des armatures de peau.


- cas des OA précontraints : fissures longitudinales avec
ouverture suivante direction non précontrainte

 gonflements, mouvements, déformations de la structure

Tâches et coloration du béton

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Phénomène

 pH de la solution interstitielle dépend de la teneur en alcalins (calcium,


sodium, potassium) du ciment
 alcalins proviennent aussi de : adjuvants, granulats, environnements
(remblais,..)
 dans béton à forte teneur en alcalins : pH voisin de 14
 certains granulats contiennent silice ( Si O2) mal cristallisée ou amorphes
(granulats siliceux ou silicatés ou même certains calcaire)

Vue au microscope électronique à balayage d’un gel d’alcali-réaction d’épaisseur 5 à 10


microns

 en présence solution de pH voisin de 13 la silice et alcalins + ions


calcium du ciment d’où formation du gel.
 gel se forme où béton pas carbonaté et contient beaucoup d’eau :
- à cœur
- en présence arrivée d’eau
 formation du gel gonflements puis fissuration
 fissuration facilité arrivée d’eau alimente la réaction
 la dégradation continue et s’amplifie
 voie ouverte à d’autres agents agressifs

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Cinétique de la réaction

 se développe généralement assez lentement (premières manifestations au


bout d’environ 20 ans).

Paramètres extérieurs influençant la réaction :

 l’eau : rôle primordial


 l’humidité
 la température
 les alcalins extérieurs (par ex : eau de mer et sels de déverglaçage)

Conséquences mécaniques pour le matériau

 gel gonflant => pression, contraintes sur la matrice


 => microfissuration ou décollement à l’interface ciment-granulats
 (observable au Microscope ou au MEB)
 caractéristiques mécaniques : résistance traction ,E , résistance
compression peu affectée au début

Conséquences mécaniques pour la structure

 gonflement et fissures = > à terme :


a. problèmes de durabilité
b. problème de comportement structurel, capacité portante
– risque de contraintes excessives dans le béton
– de plastification des armatures
– de diminution de l’adhérence acier/béton

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c) La RSI: Réaction Sulfatique Interne

Manifestations :
si origine interne : identiques à celles de l’alcali-réaction
» gonflement
» fissuration selon un maillage
si origine externe :
» dégradation progressive du béton de la surface vers le coeur =>
désagrégation du matériau

Phénomène :
‐ Réaction chimique des sulfates présents dans le béton (dans les gypses
notamment). Elle favorise la formation d’ettringite (différée) qui présente des
propriétés expansives. Pressions de l’ordre de 200 Mpa, d’où la fissuration du
béton.
On distingue :
Attaque sulfatique externe
‐ les sulfates agressent le béton depuis l’extérieur.
‐ la dégradation est progressive de la surface vers le coeur du matériau.
L’attaque ne se fait qu’en présence d’eau (sols, eaux de mer, eaux souterraines,
terrains agricoles, canalisations).
Attaque sulfatique interne
‐ les sulfates dans le ciment ou dans les granulats.
‐ la dégradation est dans le coeur du matériau.
L’attaque se fait sans apport externe de sulfate, elle affecte l’ensemble du béton,
elle se manifeste par un gonflement du matériau qui conduit à sa fissuration.
Elle existe en deux situations :
- les réactions sulfatiques internes RSI
- les réactions alcali‐granulats RAG

La RAG: Réaction Alcali – Granulat


‐ Réaction chimique entre les ions alcalins contenus dans les pores de la pate
cimentaire et certaine forme de silice (non cristalisée) ou de silicates présents
dans les granulats.
La RSI comme la RAG ne se déclenche qu’en présence d’eau.
Une des causes est l’élévation de température (T > 65°c) pendant la prise.
Ces 2 pathologies n’ont, à ce jour, aucun traitement capable d’en stopper
l’évolution.

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Dégradation interne du béton par
réaction sulfatique (sulfates provenant
du sol remblayé)

Faïençage superficiel irrégulier souligné


par l'humidité, symptôme d’une alcali-
réaction.

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Maillage régulier de fissures accompagné
d'épaufrures avec armatures apparentes,
Dégradation interne du matériau (les analyses
chimiques ont montré la présence d’une
alcali‐réaction (RAG) combinée à une réaction
sulfatique (RSI).

Tablier d’un pont Rupture d’un acier passif

Exemples des dommages occasionnés par RAG.

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c)- Pénétration des chlorures :

Manifestations :
Rien de visible au niveau béton, on ne voit au bout d’un certain temps que les
conséquences : corrosion des armatures (coulures de rouille, armatures
apparentes, fissures au niveau des armatures sous l’effet de la corrosion

Phénomène :
origine des cl- :
- eau de mer
- solutions de sels de déverglaçage
pénétration :
- sous l’effet de l’eau
- dépend de :
* cycle humidification/séchage , durée, conditions climatiques
* perméabilité du béton
- par diffusion due au gradient de concentration de cl-entre surface et coeur
=> profils cl-

En résumé la Corrosion des armatures a pour origines possibles :

» insuffisance d’enrobage
» béton poreux
» béton fissuré
» carbonatation du béton d ’enrobage
» pénétration d’agents agressifs (cl-)

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II.2- Les désordres d’ordre mécaniques:

‐ les défauts d’armature et les contraintes non reprises


‐ les retraits (au jeune âge et retraits gênés)
‐ les déformations différées du béton (le fluage)
‐ les poussées au vide des armatures (passives et précontraintes)

II.2.1 - Les Fissures :

La plupart des fissurations sont dues à des phénomènes physiques (retrait,


dilatation) concernant les matériaux soumis à différents types de sollicitations. Il
faut distinguer les fissures superficielles ou faïençage et les fissures actives
(évolutives).

Caractères des fissures

1- Toute fissure constitue le signe d'une première manifestation de désordres


possibles, c'est ce qui explique, dans une certaine mesure, les préoccupations des
constructeurs.
2- Mais toutes les fissures ne sont pas dangereuses et ne présentent pas toutes la
même gravité vis-à-vis de la destination des ouvrages.
3- Les fissures ne sont pas dangereuses si elles ne compromettent pas la stabilité
et la durabilité des ouvrages. Elles peuvent être inesthétiques.
4- Certaines fissures peuvent compromettre la durée de vie des ouvrages:
- fissures parallèles aux aciers, conduisant à une corrosion rapide de ceux-
ci, et à la destruction progressive des structures;
- fissures mettant en cause la stabilité des ouvrages en affaiblissant
progressivement la résistance mécanique des éléments structuraux, et
conduisant à l'effondrement final.

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Caractères morphologiques d’une fissure

Afin de permettre le classement et l'analyse du phénomène général de la


fissuration, on peut
établir les caractères de la morphologie correspondante.
a) Orientation:
- verticale;
- horizontale;
- inclinée (préciser l'angle par rapport à l'horizontal);
- mixte (plusieurs directions);
- quelconque.

b) Tracé ou forme:
- rectiligne;
- courbé;
- quelconque;
- simple, multiple et composé.

c) Emplacement
Il faut effectuer un repérage dans l'élément considéré
La situation de la fissure correspond alors :
- pour fissures horizontales inclinées:
- partie (ou zone) basse,
- partie moyenne,
- partie supérieure.
-Pour fissures verticales:
- rives – parties latérales,
- zone médiane,
- emplacement divers.

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d) Importance
- en nombre (répétition, répartition irrégulière ou régulière);
- en longueur ou développé
- en largeur (mesurable, non mesurable ou variable, constante);
- en épaisseur (par rapport à celle de l'élément): superficielle (non traversante),
traversante partielle, traversante totale)
- fissures visibles à l'oeil nu;
- faïençage (réseau de microfissures) se présentant sous la forme d'un
dessingéométrique à mailles régulières;
- microfissures d'ouverture ≤ 0.2mm;
-fissures proprement dites, d'ouvertures linéaires au tracé régulier dont la largeur
est comprise entre 0.2 et 2mm;
- par rapport au plan de l'élément: dans le plan, sans décalage ou avec décalage
des parties adjacentes.

e) Particularités:
- date de la première apparition; certaines fissures apparaissent après quelques
heures ou quelques jours, d'autres après plusieurs années;
- effets secondaires, par exemple éclatement ou arrachement des parties
adjacentes (par arrachement, il y a cisaillement ou traction, et par éclatement, il
y a compression)
- pénétration d'air, d'eau, etc.;
- tâches (humidité);
- destination des ouvrages.

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Evolution morphologique dans le temps
a) Fissures "stables" ou stabilisées (fissures mortes)
Préciser au bout d'une certaine période (à partir de leur apparition) si ce sont des
fissures "stables ou stabilisées".
La stabilisation peut être immédiate (rapide) ou plus lente (après une période
déterminée ou une variation climatique saisonnières).
b) Fissures "vivantes" ou évolutives (non stabilisées)
Une fissure est dangereuse selon la façon dont elle évolue. C'est à dire:
- en variations diurnes (effets de l'ensoleillement);
- en variations périodiques (saisonnières, déterminées par le chauffage ou
l'occupation);
- en variations indéterminées (sans cause apparente ou relation de cause à effet).
Ces fissures actives peuvent être dues :
- à la corrosion des armatures (carbonatation des armatures à cause d’un
enrobage insuffisant) - à des origines mécaniques (erreurs de conception ou
d’exploitation) ;
- à des origines thermiques ;
- à l’alcali-réaction ou autres attaques sulfatiques ;
- aux cycles gel/dégel.

Age d'apparition de fissures à partir mise en place de béton

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Origines des désordres entrainant des fissurations :
 Erreurs de conception
 Surcharge
 Défauts de réalisation
‐ mauvais serrage du béton
‐ mauvaise cure
‐ mauvaise position des aciers (poussée au vide)
‐ défaut d’enrobage
 Les conséquences des retraits
 Les effets de l’environnement et le mauvais choix des matériaux (origine
notamment de la RSI et de la RAG).
. Les effets du gel
. Les reprises de bétonnage (organisées et « sauvages »)
. Les effets du fluage
. Les défauts d’entretien
. La mauvaise utilisation des ouvrages

Le retrait au jeune âge: (Il se produit avant la prise du béton)


‐ retrait par dessiccation: évaporation trop rapide de l’eau contenue
‐ retrait plastique: souvent au droit des armatures
‐retrait thermique: effet du retour trop rapide du béton à la température
ambiante.
Les causes de ces retraits sont principalement dues à:
‐ un mauvais serrage (sur ou sous‐vibration)
‐ une mauvaise cure
‐ un défaut d’enrobage
‐ un rapport E /C inapproprié

Le retrait différé:
‐ dû généralement à la mise en contact de deux bétons d’âge différent
comme par exemple la reprise de bétonnage (attention à la reprise de béton
« organisée » et la reprise « sauvage »)
Le retrait gêné (ou retrait empêché):
‐ dû aux contraintes développées à l’intérieur de deux parties en béton,
liées mécaniquement l’une à l’autre mais d’inertie très différente.
. Le fluage

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Les Différentes causes de fissurations

Plusieurs phénomènes et mécanismes peuvent être à l'origine de l'apparition des


fissures, un ou une combinaison de plusieurs mécanismes peuvent être en cause,
agissant simultanément ou séquentiellement.
Un aperçu des principales causes de fissuration est présenté à la Figure ci-après
ainsi que leur position dans l’ouvrage.

Les différentes causes de fissuration

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Principales sortes des fissures et leur position dans l’ouvrage.

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Causes des différentes sortes de fissurations et les Précautions pour les éviter

Position Cause
Type de Localisation Causes
sur la première remèdes Délais
fissurati Sous division la plus secondaire
Figure (exceptés d’apparit
on fréquente (facteur)
retrait) ion
Proximité
Des armatures Gran Réduire le
A
Tassement, et des de Conditions ressuage
10mn à
Sédimentation étrésillons haute Excès de de séchage ou
Effet des Partie 3h
du béton frais B ur haute ressuage au jeune âge vibration
voûtes des colonnes trop rapide plus
Changement soutenue
C
d’épaisseur
Chaussées Dessiccation
D Diagonal
et rapide du
dallag
Dalles béton frais
E Aléatoire
armées
es
Retrait Vitesse de Améliorer 30mn à
Dessiccation
plastique ressuage la cure au 6 h
du béton plus
Proximité faible jeune âge
Dalles armatures en
F des
armées surface
armatures

Déformation
Exothermie
empêchée
G Mur épais Trop importante
par
Retrait l’extérieur Refroidisse- Réduire la 1 j à 2 ou
thermique Gradient ment rapide chaleur 3
Déformation
endogène de température et/ou isoler semaines
empêchée Pièces
H élevé
par épaisses
l’intérieur
Distance Réduire le
Retrait de Retrait
Murs et insuffisante dosage en Quelques
dessiccation excessif,
I dalles entre les eau, semaines
exogène cure
minces joints améliorer ou mois
inefficace
cure
Coffrage
Contre les imperméable Formule
J Surface laide 1à7
coffrages riche en Améliorer
jours,
divers ciment, la cure et
K parfois
Béton de Talochage mauvaise la finition
dalles plus tard
surface excessif cure

Corrosion
Colonnes Enrobage
des L naturel
et insuffisant
armatures
poutre

Réaction
Granulats
alcali-silice
Sites réactifs et Eliminer Plus de 5
M
humides teneur en les causes ans
alcalis élevée
Les granulats réactifs Eliminer
Réaction alcali
N emplacements plus ciment alcalin les causes
- granulaire
humides de réaction

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Pathologie, Expertise, Entretien et Réparation des ouvrages d’art . -04 au 07 Février 2018-

Classification des Fissures selon leur Morphologie:

Il est possible de classer les fissures selon leur morphologie, ce type de


classement fait appel uniquement aux apparences et pour qu’il soit efficace,
les observations doivent être faites de la manière la plus objective et la plus
neutre possible

Classification des fissures selon leur Morphologie

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Pathologie, Expertise, Entretien et Réparation des ouvrages d’art . -04 au 07 Février 2018-

IL EST IMPORTANT DE CONNAITRE L'EVOLUTION DES FISSURES AVANT DE


PROCEDER A DES REPARATIONS.

Certaines fissures peuvent "s'autocolmater": - si les sollicitations à l'origine de la


cause de fissuration cessent; - si certains cristaux se développent au droit de la
fissure, sous l'effet d'une humidification qui provoque le gonflement du béton ou
du mortier, le passage lent d'eaux chargées de chaux (Ca Oh2) puis CO3 par
carbonatation.

II.1.3- L'influence de la fissuration sur la corrosion :

- La présence des fissures facilite la pénétration rapide des agents agressifs par
le béton d'enrobage jusqu' aux armatures qui sont aussitôt dépassivées .
- Les expériences des ouvrages montrent que les fissures parallèles aux barres
sont plus dangereuses que les fissures perpendiculaires. Les résultats sont moins
clairs en ce qui concerne l'influence de l'ouverture des fissures sur la pathologie.
Un état de corrosion avancée est enregistré si l'ouverture des fissures dépasse 0,2
- 0,5 mm, où 1' autocolmatage est difficile et l'environnement est agressif.
- Les fissures accélèrent la corrosion induite par le chlorure en augmentant la
pénétrabilité du béton, en général, l’augmentation de taux de la corrosion est
proportionnelle à la largeur des fissures, mais elle est sensible à la qualité du
béton. Pour un type de liant et E/C donné, la vitesse de corrosion augmente avec
l’augmentation de largeur des fissures, alors que pour une largeur de fissure
donnée, la vitesse de corrosion diminue quand la qualité du béton augmente.

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Pathologie, Expertise, Entretien et Réparation des ouvrages d’art . -04 au 07 Février 2018-

Autres Désordres :

a) Efflorescence :
L'efflorescence est le résultat de l'hydrolyse des composants da la pâte de ciment
dans le béton. L'efflorescence est indiquée par la présence des dépôts blancs sur
le béton, le plus souvent sur le dessous des ponts et viaducs et indique que l'eau
utilisée dans le processus de mélange de béton a été contaminé.

Efflorescence de dalle du pont Efflorescence au niveau de chevêtre

Origines possibles : béton poreux soumis à l’humidité


Mécanismes : humidité entraîne sels solubles du cœur du béton vers la surface
où ils cristallisent.

b) Les épaufrures :
Elles correspondent à un éclatement du béton avec chute de fragments, laissant
souvent les armatures apparentes. Les épaufrures sont généralement la suite
logique d'un écaillage ou elles ont provoqué par des ondes de choc.

Epaufrure due par pression de corrosion Epaufrure cause par le choc

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d) L’écaillage :
L'écaillage est un phénomène de désagrégation des surfaces de béton provoqué
par leur exposition au gel/dégel en présence d'humidité ou de sels déglaçant.
Généralement, son apparition commence par de petites zones localisées, qui par
la suite peuvent se rejoindre, s'étendre et affecter de grandes surfaces. Lors d'un
écaillage léger, les gros granulats restent enrobés dans la pâte.

e) défauts de construction :
Cela inclut les questions de consolidation tels que les poches de roche, les vides
en nid d'abeille, des trous de bugs, et des stries de sable qui peuvent résulter de
vibrations incorrecte, mélange sec, sans super Plastifiant, mélanger trop
mouillées, l'espacement des barres d'armature incorrecte ou mauvaise sélection
des agrégats.

Défaut de mal exécution des travaux

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f) La ségrégation :
Variation dans la répartition des éléments du béton, se traduisant par des
concentrations différentes des composants du béton. Une ségrégation dans la
masse de l'ouvrage conduit à un affaiblissement de sa résistance et une
diminution de son étanchéité.

Ségrégations

Nids de cailloux :
–origines possibles :
 problème de mise en
oeuvre
- béton mal vibré
- hauteur de chute du béton
dans coffrages trop élevée

g) Stalactites :
- origines possibles :
circulation d’eau dans pores ou fissures du
béton
- mécanismes :
humidité entraîne sels solubles vers la surface
où ils cristallisent
si couleur rouille : corrosion des armatures

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Désordres des ponts à poutres en béton armé


Parmi les cas pathologiques constatés sur les ouvrages d’art, on peut distinguer :

Fissuration des poutres et éclatement de béton

Type de défaut
Armatures longitudinales et
Verticales apparentes sur de courtes
longueurs et faiblement oxydées.
Situation
Dans l’ame et le talon d’une poutres.
Cause
Insuffisance d’enrobage des
armatures longitudinales
provoquant l’oxydation. La poussée
de la rouille provoque l’éclatement
du béton

Type de défaut
Armatures verticales
apparentes sur de
courtes longueurs et
faiblement oxydées.
Situation
Au talon d’une poutre
Cause
Insuffisance d’enrobage
des armatures transversales.

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Taches d’efflorescences au
niveau du chevêtre de la pile.

Désordres du hourdis

Type de défaut
Eclatement, décollement,
désagrégation du béton
(délamination).
Situation
Dans l’hourdis.
Cause
Désagrégation du béton
sous les effets du gel et
des circulations d’eau.

Désordres sur entretoises

Type de défaut
Eclatement de béton avec
armatures apparentes
corrodées, décollement,
désagrégation du béton
(délamination).
Situation
Dans l’angle inférieure d’une
entretoise.
Cause
Oxydation des armatures.

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Désordres des ponts dalle en béton armé

Fissures longitudinales

Type de défaut
Fissures longitudinales.
Situation
Dans la zone centrale d’une
travée, répartie sur toute la
largeur de la dalle.
Cause
Retrait important du béton
dû probablement à une
formulation trop riche en eau.

Déformation du tablier

Type de défaut
Flèche longitudinale vers
le bas.
Situation
En milieu de travées.
Cause
Insuffisance de
Résistance à la flexion longitudinale.

La flèche est accompagnée d’une fissuration transversale anormale de


l’intrados de la dalle présent à l intrados dalle. Dans le cas présent,
lacorniche et le garde‐corps subissent la déformation du tablier. Le
défaut n’est pas apparu à la construction. Il risque d’évoluer dans le
temps sous l’effet du trafic.
Auscultation et réhabilitation des ouvrages

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Fissure au droit des appuis

Type de défaut
Fissuration transversale
en extrados.
Situation
A proximité ou à l’aplomb
d’une pile et descendant
le long des joues de la
dalle.
Cause
Insuffisance de résistance
à la flexion longitudinale
de la dalle sur appui.
Evolution de la fissure avec traces de rouille.

L'illustration ci-contre met en relief quelques aspects des conséquences des infiltrations et des
ruissellements de l'eau chargée d'ions agressifs tels que les sels de déverglaçage : attaque par
les chlorures des armatures insuffisamment enrobées qui se traduit par une oxydation et le
gonflement de l'acier puis l'éclatement du béton d'enrobage.

Type de défaut
Suintements, efflorescences,
stalactites.
Situation
En intrados de la dalle sur les
bords.
Cause
Insuffisance de frettage pour
reprendre les efforts de
diffusion de la réaction
d’appui.

Faiblesse système d’étanchéité l’extrados


Auscultation et réhabilitation

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Désordres des ponts cadres et portiques

Déversement du mur en retour fissures dues aux efforts de flexion


excessif (apparaissant dans le cas où
le mur est appuyé en tête)

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Déversement du mur en aile suite à des poussées excessives du remblai d’accès

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