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Damien Ricotier
Vincent Canet
des structures en béton
selon l’Eurocode 2 des structures
Cet ouvrage a pour objectif d’éclairer les profession- nement des structures de bâtiment en béton armé. Il
en béton
selon l’Eurocode 2
nels sur les choix essentiels à effectuer en phase de est également accessible aux étudiants (BUT, BTS,
dimensionnement des structures en béton. Il présente Licence ou Master, écoles d’ingénieurs) qui souhaitent
les méthodes de conception et de calcul des élé- comprendre les notions parfois complexes de cette
ments courants des bâtiments vis-à-vis des sollicita- réglementation.
tions qu’ils subissent (effort normal, effort tranchant,
2e édition
on
ISSN 2262-5089
E X P E R T I S E ISBN 978-2-281-14515-1 E X P E R T I S E
i
it
T E C H N I Q U E EXPERTISE T E C H N I Q U E
éd
TECHNIQUE
2e
13041_Expertise_technique_RICOTIER_couv.indd 1 10/09/2021 12:29
Préface
VII
Depuis le 1er avril 2010, les règles de conception et de calcul des structures ont changé dans
la plupart des pays de l’Union européenne. Ainsi, en France, après vingt années de pratique,
les règles BAEL 91 cèdent leur place à l’Eurocode 2 pour le calcul des structures en béton
armé. Même si les concepts de l’analyse semi-probabiliste demeurent, l’Eurocode 2 marque
un tournant philosophique majeur dans l’application des règles de calcul. En effet, l’Euro-
code 2 est beaucoup moins directif que les règles BAEL et laisse davantage d’initiative aux
intervenants de l’acte de construire.
La première édition de cet ouvrage publiée en 2012 avait pour objectif d’éclairer les profes-
sionnels sur les choix essentiels à effectuer en phase de calcul et de présenter les méthodes
de conception et de calcul des éléments courants de structure. Depuis 2012, le contexte
normatif a évolué : certes, le corrigendum de mai 2013 de la norme NF EN 1992-1-1 et
l’amendement A1 de février 2015 ont modifié les quelques erreurs de forme mais ils n’ont
pas impacté de manière significative le dimensionnement des ouvrages courants. En
revanche la version révisée de mars 2016 de l’annexe nationale française a imposé des modi-
fications de fond, comme l’expression analytique de νmin qui ne fait plus référence à la
situation de projet, ou encore la vérification des contraintes dans la bielle d’about qui fait
intervenir un angle d’inclinaison moyen de la bielle d’about θ '. Cette disposition impacte la
valeur finale de la contrainte dans l’appui et dans la bielle, et modifie la valeur de la section
d’armatures à ancrer. Enfin, les recommandations professionnelles ont été remplacées en
décembre 2013 par le Guide d’application de l’Eurocode 2 (ce guide a fait l’objet en
août 2021 d’une nouvelle publication annulant et remplaçant la première édition de
décembre 2013).
Ces évolutions normatives, rendant obsolètes une partie des recommandations de l’ouvrage,
il devenait nécessaire d’en effectuer une mise à jour intégrale. Pour cette deuxième édition,
l’ambition a été de proposer aux lecteurs une forte plus-value avec des contenus actualisés
et enrichis de nouveaux exemples d’application. Dans cette quête d’amélioration, il est
rapidement apparu qu’une écriture à quatre mains et qu’un partage d’expériences permet-
traient d’atteindre ces objectifs pour le plus grand bénéfice des lecteurs. C’est ainsi que
Monsieur Canet a rejoint ce projet d’écriture. Il apporte à cette nouvelle édition l’expertise
professionnelle de l’ingénieur en bureau d’études et l’approche pédagogique nécessaire à la
compréhension des concepts normatifs.
Vous trouverez dans ce nouvel opus :
• des études paramétriques dans de nombreux chapitres, afin de mesurer les effets des
données d’entrées sur des grandeurs en sorties. Quels sont les paramètres influents sur le
coefficient de fluage ? Comment le coefficient de fluage influe sur les contraintes dans le
béton et dans l’acier ? Comment la flèche varie en fonction de la section d’armatures ? En
effet, il est essentiel pour l’ingénieur de connaître les leviers significatifs disponibles pour
justifier et optimiser le dimensionnement des éléments de structure. Par exemple, nous
démontrons que la valeur de l’ouverture des fissures calculée est fortement impactée par le
diamètre des armatures longitudinales et par leur espacement. En revanche, augmenter la
IX
classe de béton ou diminuer le coefficient de fluage n’a que très peu d’impact sur celle-ci.
Ainsi, l’ingénieur retiendra qu’il faut privilégier des armatures longitudinales de petits dia-
mètres faiblement espacées pour satisfaire la condition d’ouverture des fissures et pourra
mesurer, par simple lecture sur une courbe paramétrique, l’effet de ces termes sur la valeur
finale de l’ouverture des fissures ;
• deux nouvelles études de cas qui remplacent les précédentes : ce sont des études inédites
et originales qui n’ont pas encore été traitées dans la littérature technique (les exemples cou-
rants sont traités dans les chapitres) :
– la première (chapitre 17) traite d’un poteau de section constante chargé à plusieurs niveaux,
– la seconde (chapitre 18) traite le cas d’une dalle portée de sous-sol et d’une longrine sou-
mises à des sous-pressions hydrostatiques d’un bâtiment de logement et se poursuit par le
dimensionnement du voile enterré adjacent à la dalle portée.
À propos de l’ouvrage
Dès la première version de l’ouvrage, le choix avait été fait de traiter le dimensionnement
des structures de la descente de charges aux plans de ferraillage. Cet alexandrin, sous-titre
de l’ouvrage, n’est pas un simple slogan. Il témoigne d’une volonté forte de présenter pour
chaque exemple étudié :
– le détail du calcul des actions, en définissant la catégorie d’usage du bâtiment, les valeurs
de calculs des actions, et les éventuelles réductions des intensités pour grande surface ou
pour dégression en fonction du nombre d’étages ;
– la modélisation mécanique de l’élément structurel : la portée utile, la largeur d’influence,
etc. ;
– le calcul des sollicitations agissantes, par la méthode analytique des coupures, par la
méthode des trois moments, etc.
– le calcul des sollicitations résistantes des sections en béton armé, en flexion simple et
composée (pour les poteaux), et en section rectangulaire ;
– les plans de ferraillage, à l’échelle, indispensables pour détecter les incompatibilités de
ferraillage dans les nœuds de bétonnage.
Cette approche globale, issue du travail successif et concomitant de l’ingénieur et du proje-
teur, permet de livrer au lecteur des plans de ferraillage concrets, directement exploitables
sur chantier, ce qui est source de motivation et de satisfaction.
L’ouvrage est divisé en quatre parties distinctes :
• Partie 1 – Bases de calcul et actions sur les structures (chap. 1 à 3) : cette partie est un
prérequis pour toutes les autres parties de l’ouvrage. Elle pose les hypothèses de l’analyse
semi-probabiliste, définit les états limites et fixe les valeurs des coefficients partiels de
sécurité :
– Chapitre 1. Présentation des Eurocodes
– Chapitre 2. Bases de calcul des structures (NF EN 1990)
– Chapitre 3. Actions sur les structures (NF EN 1991)
• Partie 2 – Dimensionnement d’une poutre isostatique : ferraillage longitudinal et
transversal (chap. 4 à 10) : cette partie est également un prérequis pour tous les autres cha-
pitres de l’ouvrage. Elle présente les diagrammes de calculs des matériaux, la durabilité et la
sécurité, les phénomènes d’adhérence, la flexion simple et l’effort tranchant :
– Chapitre 4. Le béton
– Chapitre 5. L’acier
– Chapitre 6. Durabilité et sécurité
– Chapitre 7. Association acier-béton
– Chapitre 8. Flexion simple à l’ELU
– Chapitre 9. Flexion simple à l’ELS
– Chapitre 10. Effort tranchant
• Partie 3 – Descente de charges et dimensionnement des éléments courants de bâti-
ment (chap. 11 à 16) : chaque chapitre de cette partie nécessite les acquis des parties 1 et 2,
même si chaque chapitre peut être lu séparément.
– Chapitre 11. Notions de descente de charges
– Chapitre 12. Dalles
– Chapitre 13. Poutres et dalles continues
– Chapitre 14. Poteaux
– Chapitre 15. Voiles
– Chapitre 16. Fondations
• Partie 4 – Études de cas (chap. 17 et 18) : deux études de cas sont présentées, les prére-
quis sont les parties 1 à 3.
– Chapitre 17. Poteau de section constante chargé à plusieurs niveaux
– Chapitre 18. Sous-sol d’un bâtiment de logements soumis à une sous-pression hydrostatique
Ce découpage permet d’offrir une progression pédagogique entre les parties et une difficulté
croissante au fur et à mesure de l’avancement des parties. Toutefois, la lecture chronologique
n’est pas indispensable, il est possible de naviguer entre les parties et les chapitres grâce
aux nombreux renvois, repérés par les appellations « voir supra § 1.2.3.4 » ou « voir infra
§ 1.2.3.4 ».
Enfin, nous avons essayé d’être le plus pédagogique possible, en proposant de nom-
breux exemples dans chacun des chapitres, en proposant des rubriques « Important » et
« Remarques » et des notes en bas de page pour enrichir le texte d’observations person-
nelles, ou pour élargir la réflexion. Chaque référence à la norme est indiquée par la mention
« art. 1.2.3.4 », ou « tableau 1.2.3.4 », ou encore « équation 1.2 ». Par défaut, lorsque la
norme de référence n’est pas citée, il s’agit de celle figurant en tête de paragraphe ou de
chapitre. (Les références des textes normatifs et réglementaires cités dans cet ouvrage sont
à jour à la date d’août 2021.)
Cet ouvrage s’adresse aux ingénieurs en charge du dimensionnement des structures de
bâtiment en béton armé. Les rappels de mécanique des structures et les démonstrations des
formules de l’Eurocode 2, lorsque c’est possible, permettent aux ingénieurs formés au BAEL
d’appréhender cette nouvelle réglementation. Cet ouvrage se veut également accessible
pour les plus jeunes étudiants en parcours post BAC, de type BUT (Bachelor universitaire
de technologie, ex-IUT), BTS, ou Licence de Génie Civil, jusqu’aux étudiants en écoles
d’ingénieurs (réseau INSA, réseau Polytech, ENPC, ENTPE, Mines, ESTP, etc.) ou Masters
spécialisés (CHEC, CHEBAP, etc.). Enfin, les enseignants universitaires trouveront dans
cet ouvrage la progression pédagogique et le formalisme nécessaires pour transmettre les
notions parfois complexes de cette réglementation.
XI
Sommaire ................................................................................................ V
Préface..................................................................................................... VII
Avant-propos............................................................................................ IX
655
656
657
658
659
660
7.2.4 Ancrages des armatures d’effort tranchant et autres armatures transversales 205
661
7.3.1.2 Armatures transversales dans les zones de recouvrement de barres tendues 218
7.3.1.3 Armatures transversales dans les zones de recouvrement de barres
comprimées .............................................................................................. 219
7.3.1.4 Recouvrements des treillis soudés à haute adhérence ................................. 220
662
663
10.4.2 Ancrages des armatures inférieures sur les appuis intermédiaires ............... 330
664
11.3 Transmission des charges des dalles aux poutres ........................... 360
11.4 Transmission des charges des poutres aux poteaux ....................... 363
11.5.1 Majoration des charges pour les appuis des poutres continues .................... 365
665
13.1 Rappel de résistance des matériaux : formule des trois moments 407
13.1.1 Évaluation des moments fléchissants sur appuis ........................................ 407
13.1.2 Évaluation des efforts tranchants et des moments fléchissants en travées .... 410
666
14.5.4 Comparaison des trois méthodes d’analyse des poteaux ............................. 464
667
15.2.1 Ferraillage minimal dans le plan du voile selon la norme NF EN 1992-1-1 482
15.2.1.1 Armatures verticales................................................................................. 482
15.2.1.2 Armatures horizontales............................................................................. 482
15.2.1.3 Armatures transversales ........................................................................... 482
668
669
670
18.2.6 Calcul des armatures de la dalle – Premier contexte : absence d’eau .......... 565
18.2.6.1 Pour le panneau de dalle portant dans une direction (panneau B) ............. 566
18.2.6.2 Pour le panneau de dalle portant dans les deux directions (panneau A) ..... 569
18.2.7 Calcul des armatures de la dalle – Second contexte : présence d’eau .......... 572
18.2.7.1 Pour le panneau de dalle portant dans une direction (panneau B) ............. 572
18.2.7.2 Pour le panneau de dalle portant dans les deux directions (panneau A) ..... 575
671
18.4.4 Choix des combinaisons pour l’état limite de service de fissuration ........... 629
18.4.4.1 Premier contexte – Calcul en absence d’eau ............................................. 629
18.4.4.2 Second contexte – Calcul en présence d’eau.............................................. 630
18.4.5 Choix des combinaisons pour l’état limite ultime de résistance .................. 632
18.4.5.1 Premier contexte – Calcul en absence d’eau ............................................. 632
18.4.5.2 Second contexte – Calcul en présence d’eau.............................................. 633
672
673
12.1 Introduction
L’article 5.3.1 (4) de la norme NF EN 1992-1-1 énonce qu’une dalle est un élément géné-
ralement horizontal, dont la plus petite dimension dans son plan est supérieure ou égale à
5 fois son épaisseur totale :
l x ≥ 5.h
369
La dalle porte dans une seule direction si le rapport de la plus petite à la plus grande portée
est inférieur à 0,5 ou si elle présente deux bords libres, c’est-à-dire sans appuis, sensiblement
parallèles (art. 5.3.1 (5)). Dans ce cas, la dalle est calculée comme une poutre, de largeur
unitaire(1) et de hauteur h : on parle alors de poutre dalle. Dans le cas contraire, la dalle porte
dans les deux sens : c’est l’objet de ce chapitre (tableau 12.1).
L’équation qui régit la flexion des plaques planes minces d’épaisseur constante chargées
uniformément est une équation différentielle du quatrième ordre, dite équation de Lagrange :
∂4 w ∂4 w ∂4 w p
∇4 w = 4 +2 2 2 + 4 =
∂x ∂x . ∂ y ∂y D
avec :
w : déplacement vertical de la plaque au point de coordonnées ( x , y ) (m) ;
p : charge surfacique appliquée sur la plaque (kN/m2) ;
D : rigidité à la flexion de la plaque (équivalent du produit E .I pour les poutres en flexion),
où ν est le coefficient de Poisson de la plaque :
E.h3
D=
12. (1 − ν2 )
(1) C’est-à-dire b = 1 m.
370
L’équation de Lagrange est analogue à l’égalité suivante qui régit les déplacements verticaux
des poutres droites :
∂4 y p
=
∂ x 4 E .I
Les moments fléchissants sont calculés par les relations suivantes :
∂2 w ∂2 w ∂2 w ∂2 w
M x = − D. 2 + ν. 2 et M y = − D. 2 + ν. 2
∂x ∂y ∂y ∂x
avec (figure 12.2) :
M x : moment fléchissant par unité de largeur dans le sens parallèle à x (kN.m/m) ;
M y : moment fléchissant par unité de largeur dans le sens parallèle à y (kN.m/m) ;
REMARQUE
Développés dans le sens parallèle à x et dans le sens parallèle à y, les moments fléchissants M x et M y conduisent à
deux ferraillages, dans les deux directions : Asx et Asy(2).
On ne connaît pas de solutions mathématiques à ces équations mais seulement des solutions
approchées obtenues par différences finies (tableau 12.2).
(2) Attention aux raisonnements rapides et faux ! M x = q.l x2 /8 et M y = q.l y2 /8. Comme l y > l x , alors M y > M x et par
suite Asy > Asx (?!). Ce raisonnement est faux, car c’est dans le sens de la petite portée que le moment est maximal.
La flexion dans le sens de la grande portée est soulagée par les appuis adjacents relativement rapprochés, ce qui
entraîne des moments plus faibles, contrairement à la flexion dans le sens de la petite portée qui transmet toutes les
charges, les moments sont donc plus importants. M x tend vers q.l x2 /8 lorsque le rapport l x /l y tend vers zéro, et M y
tend vers une valeur faible et constante, au milieu de la dalle, lorsque le rapport l x /l y tend vers zéro.
371
La figure 12.3 montre l’évolution des coefficients µ en fonction du rapport des portées,
lorsque ν = 0 .
372
Pour des rapports de portées inférieurs à 0,7, le moment fléchissant développé parallèlement
au grand côté M y n’est pas maximal au milieu du panneau, bien que celui-ci soit chargé
uniformément (figure 12.3). Ce résultat se retrouve sur la cartographie de la dalle aux diffé-
rences finies suivante (tableau 12.3, illustration de droite), obtenue pour un rapport des
portées égal à 0,5.
(3) C’est la tache persistante que l’on voit aux extrémités de la dalle pour l x /l y = 1/4 et 1/6. Numériquement, avec
l x = 10 m et p = 10 kN/m2, M y,max tend vers 36,7 kN.m/m avec M y vers 25 kN.m/m.
(4) M x tend vers p.l x2 /8 = 125 kN.m/m qui est la valeur du moment isostatique : c’est la bande gris foncé observée
pour l x /l y = 1/4 et 1/6.
373
Quant au moment fléchissant M x, il tend assez rapidement vers p.l x2 /8 lorsque le rapport des
portées tend vers zéro (p.l x2 /8 est le moment fléchissant isostatique développé parallèlement
au petit côté, noté MOx).
Le tableau 12.6 montre comment M x et M y,max varient en proportion de MOx pour différents
rapports l x /l y , et pour ν = 0.
374
lx
ly M x ( × MOx ) M y,max ( × MOx )
0,30
1 0,2
0,40
0,50 0,7720 0,1995(1)
0,55 0,7136 0,2062
0,60 0,6560 0,2158
0,65 0,6000 0,2269
0,70 0,5464 0,2398
0,75 0,4960 0,2542
0,80 0,4488 0,2677
0,85 0,4048 0,2781
0,90 0,3648 0,2862
0,95 0,3280 0,2915
1,00 0,2944(2) 0,2944
(1) En application de l’art. 9.3.1 (2) de la NF EN 1992-1-1, il faut prendre 0,2.
(2) Cela signifie que faire porter une dalle carrée sur 4 côtés au lieu de 2 côtés opposés divise le moment
fléchissant par près de 3,5.
375
Pour un rapport des portées strictement inférieur à 0,5, les valeurs du moment fléchissant
sont fixées forfaitairement par la norme à M x = MOx et M y,max = 0,2. MOx , ce qui explique
les paliers de la figure 12.4.
Les moments fléchissants développés au milieu de la dalle sont donnés par les relations
suivantes :
M x = ( M1 + ν. M 2 ) . p.u.v
M y = ( ν. M1 + M 2 ) . p.u.v
376
Les moments M1 et M 2 sont donnés par les abaques de Pigeaud (figure 12.6) :
– M1 × 10 2 est indiqué par la cote de la courbe qui passe par le point de coordonnées
(u /lx ; v /l y ) sur l’abaque de gauche de la figure 12.6 ;
– M 2 × 10 2 est donné de la même façon sur l’abaque de droite.
La figure 12.6 fournit les valeurs de M1 et M 2 pour le cas particulier où l x /l y = 1 mais
d’autres abaques existent pour toutes les valeurs de l x /l y multiples de 0,1.
EXEMPLE
Soit une dalle carrée de dimensions l x = l y = 6 m et de surface chargée u = 2 m et v = 1 m par p = 10 kN/m2.
Calculons les proportions chargées dans les deux directions u /l x et v /l y : u /l x = 0,333 et v /l y = 0,167.
Donc M1 = 12,8.10 −2 et M 2 = 15,7.10 −2 .
Aux ELU, ν = 0. Par suite : M x = M1. p.u.v = 12,8.10 −2 × 10 × 2 × 1 = 2,56 kN.m/m
M y = M 2 . p.u.v = 15,7.10 −2 × 10 × 2 × 1 = 3,14 kN.m/m
377
Les moments fléchissants obtenus sont les moments au milieu de la dalle et ne sont pas, en
général, les moments maximaux. Pour obtenir les moments fléchissants maximaux, il faut
recourir à des méthodes numériques.
Dans la pratique, les dalles sont rarement isostatiques et simplement appuyées sur leurs
quatre côtés. Elles sont continues de travées en travées, avec des moments sur appuis
et des moments en travées inférieurs à ceux développés dans une dalle isostatique. La
norme NF EN 1992-1-1 ne donne pas d’indications précises pour calculer ces moments
sur appuis et en travées. L’annexe nationale française autorise l’utilisation d’une méthode
forfaitaire (art. 5.1.3 (1)), et le Guide d’application de l’Eurocode 2 en fournit les détails
(art. 5.6.1 (3)). C’est la méthode dite « forfaitaire » des précédentes règles françaises, et
c’est cette méthode que nous allons développer dans ce chapitre.
Les moments fléchissants sont évalués de la manière suivante (Guide d’application de l’Eu-
rocode 2, art. 5.6.1 (3)) :
– les moments fléchissants maximaux calculés dans l’hypothèse de l’articulation peuvent
être réduits de 15 à 25 % selon les conditions d’encastrement sur appuis ;
– les moments fléchissants sur appuis sur les grands côtés sont évalués à au moins 40 ou
50 % des moments fléchissants maximaux évalués dans l’hypothèse de l’articulation ;
– les moments fléchissants sur appuis sur les petits côtés atteignent les mêmes valeurs que
sur les grands côtés ;
378
(5) Cette inéquation est souvent appelée « relation de fermeture ». Dans l’art. 5.6.1 (3) du Guide d’application
de l’Eurocode 2, la relation de fermeture n’est évoquée que pour la direction x. Il est d’usage de l’appliquer aussi
pour la direction y.
(6) Et ce d’autant plus que M w est différent de M e.
379
Ainsi, lorsque l’appui est un mur en béton armé, la répartition des moments fléchissants peut
être celle représentée sur la figure 12.9.
Figure 12.9. Répartition courante des moments fléchissants d’une dalle continue
La figure 12.11 représente en plan les moments fléchissants possibles pour trois dalles
adjacentes, sachant que le moment fléchissant sur le petit côté de rive atteint la même valeur
que sur le grand côté de rive, et que le moment fléchissant sur le petit côté intermédiaire
atteint la même valeur que sur le grand côté intermédiaire (si celui-ci est plus grand).
380
Les efforts tranchants agissants maximaux sur appuis sont donnés par les relations suivantes
(figure 12.12) :
p.l x l y4 p.l y l x4
Vx = . et Vy = .
2 l x4 + l y4 2 l x4 + l y4
avec :
p : charge surfacique appliquée sur la dalle (kN/m2) ;
Vx : effort tranchant développé sur le grand côté (kN/m) ;
Vy : effort tranchant développé sur le petit côté (kN/m).
Lorsque le rapport des portées l x /l y tend vers zéro :
– l’effort tranchant développé sur le grand coté tend vers :
Vx = p.l x /2 = Vx ,iso
– l’effort tranchant développé sur le petit côté tend vers zéro.
Lorsque la dalle est carrée soit l x /l y = 1 (figure 12.13) :
Vx = Vy = 0,5.Vx ,iso = 0,5.Vy,iso
On remarque également que pour une dalle deux fois plus longue que large, 95 % de l’effort
est transmis sur les grands cotés !
381
(7) Il est possible d’augmenter h localement : c’est le cas des planchers champignons. En général, l’augmentation
uniforme de l’épaisseur de la dalle tient plutôt à des problèmes de déformations et/ou d’acoustique que de résis-
tance.
382
Si les armatures d’effort tranchant sont nécessaires, l’épaisseur de la dalle doit être au moins
de 20 cm (NF EN 1992-1-1, art. 9.3.2 (1)) et les dispositions d’armatures minimales d’ar-
matures d’effort tranchant s’appliquent (NF EN 1992-1-1, art. 9.2.2).
L’espacement longitudinal maximal des armatures d’effort tranchant (cadres, étriers, ou
épingles), où α est l’inclinaison des armatures transversales, est égal à :
smax = 0,75.d . (1 + cot α )
À partir de ces moments fléchissants, il est possible de calculer la section d’acier nécessaire
comme pour une poutre, de largeur b = 1 m et de hauteur égale à l’épaisseur de la dalle, et
dans les deux directions (figure 12.14). Le ferraillage obtenu est exprimé en cm2/m.
Il faut éviter de calculer la section d’acier avec d = 0,9.h, beaucoup trop favorable pour les
dalles, et préférer :
ϕ
d = h − cnom −
2
avec ϕ = 10 mm en première approximation.
Le ferraillage est essentiellement constitué de treillis soudés (voir supra § 5.2.1.2, tableau 5.3)
de haute adhérence de l’ADETS, qui propose des treillis soudés jusqu’à 6,36 cm2/m (ST60
ou ST65C). Il est toujours possible de réaliser des treillis soudés sur mesure, d’ajouter des
armatures de renfort, ou de superposer des treillis soudés(8).
(8) Cette dernière option présente l’inconvénient majeur de réduire la hauteur utile de la section, ce qui est d’au-
tant plus préjudiciable que la hauteur de la dalle est faible.
383
Les pourcentages d’armatures minimales sont à calculer dans les deux directions ; le pour-
centage minimal dans la direction secondaire est déduit du pourcentage dans la direction
principale.
L’article 9.3.1.1 (1) de la norme NF EN 1992-1-1 précise que le pourcentage d’acier mini-
mal As ,min dans le sens porteur est calculé de la même façon que pour les poutres
(art. 9.2.1.1 (1)) :
fctm
As ,min = 0,26. .b .d ≥ 0,0013.bt .d
f yk t
avec :
bt = 1 m (largeur de dalle unitaire) ;
d : hauteur utile (m) (voir supra § 12.4.1).
Dans la mesure où le risque de rupture fragile est faible As ,min peut être pris égal à 1,2 fois
l’aire exigée dans la vérification aux ELU (art. 9.3.1.1 (1)).
Il faut éviter que la section des armatures tendues ou comprimées dépasse As ,max = 0,04. Ac
en dehors des zones de recouvrement, Ac étant l’aire de la section droite du béton.
L’art. 9.3.1.1 (2) de la norme NF EN 1992-1-1 stipule que les armatures transversales
secondaires (parallèles au grand côté) doivent représenter au moins 20 % des armatures
principales (parallèles au petit côté). Les armatures transversales secondaires ne sont pas
nécessaires au voisinage des appuis lorsqu’il n’existe aucun moment fléchissant transversal.
EXEMPLE
• Données
Considérons une dalle continue rectangulaire, de 0,20 m d’épaisseur et de portées entre nus de 4,6 et 7,8 m
(figure 12.15).
– Durabilité-sécurité : dalle à l’abri de la pluie avec condensation (XC3) ; cnom = 30 mm ; ϕ = 10 mm en première
approximation et d = 0,165 m.
– Matériaux : acier B500B f yk = 500 MPa ; béton C25/30 et fck = 25 MPa .
– Situation de projet durable : γ C = 1,5 et γ S = 1,15 ; fcd = 16,67 MPa et f yd = 434,78 MPa .
– Chargement :
Charge permanente g = 0,2 × 25 = 5 kN/m2, plus un revêtement de 4 cm à 25 kN/m3, soit 0,04 × 25 = 1 kN/m2 :
g = 5 + 1 = 6 kN/m2.
Charge d’exploitation pour un immeuble de bureaux (catégorie B) : q = 2,5 kN/m 2.
• Géométrie
En portées utiles :
l x ,eff = l x ,nu + 2. Min { }
h t
;
2 2
= 4,6 + 2 × Min{0,2 0,3
2
;
2 }
= 4,8 m ; pour simplifier les notations, cette portée est
notée l x .
l y,eff = l y,nu + 2. Min { }
h t
;
2 2
= 7,8 + 2 × Min{0,2 0,3
2
;
2 }
= 8 m = ly.
384
fctm 2,6
As ,min = 0,26. .b .d = 0,26 × × 1 × 0,165 = 2,23 cm 2 /m
f yk t 500
et 0,0013 × 1 × 0,165 = 2,15 cm 2 /m .
Ainsi As ,min = Max {2,23 ; 2,15} = 2,23 cm 2 /m .
Choix ST25 (2,57 cm2/m dans le sens porteur et 1,28 cm2/m perpendiculairement) en travée et traversant l’appui
(dans le sens perpendiculaire au sens porteur, on peut considérer As ,min = 1,2 × As , y = 1,2 × 0,77 = 0,92 cm2/m
< 1,28 cm2/m).
Vérification du ST25 avec les hauteurs utiles exactes (le trellis ST25 est composé d’armatures de diamètre 7 mm
dans les deux sens).
– Sens porteur : d x = 0,1665 m, ce qui conduit à As , x = 2,36 cm 2 /m .
2,57 cm2/m > 2,36 cm2/m, le ST25 dans le sens porteur convient.
– Sens perpendiculaire au sens porteur : d y = 0,1595 m et As , x = 0,80 cm 2 /m .
1,28 cm2/m > 0,80 cm2/m, le ST25 dans le sens perpendiculaire au sens porteur convient.
• Section d’acier sur appui
M appui = 0,5. M x = 0,5 × 22,39 = 11,2 kN.m/m et As ,appui = 1,58 cm 2 /m .
385
200
k = 1+ = 2,1 > 2,0
166
donc k = 2
Le pourcentage d’armatures longitudinales est égal à :
AsL 2,57.10 − 4
ρL = = = 0,001548 ≤ 0,02
bw .d 1 × 0,166
et
1 1
νmin = 0,23. fck2 = 0,23 × 25 2 = 1,15 MPa
Ainsi :
1 1
C Rd ,c .k . (100.ρ L . fck ) 3 = 0,12 × 2 × (100 × 0,001548 × 25) 3 = 0,377 MPa
1
VRd ,c = Max C Rd ,c .k . (100.ρ L . fck ) 3 ; νmin + k1.σ cp .bw .d
p.l x l y4 4,8 84
Vx = . = (1,35 × 6 + 1,5 × 2,5) × × = 25 kN/m
2 l x4 + l y4 2 4,84 + 84
soit 25 kN pour 1 m de longueur d’appui.
Ainsi,
Vx = 25 kN < VRd ,c = 191 kN
( f
)
Il faut vérifier que Vx ≤ 0,5.bw .d .ν. fcd , avec ν = 0,6. 1 − ck . Ainsi
250
( f
)
0,5.bw .d .0,6. 1 − ck . fcd = 0,5 × 1 × 0,166 × 0,6 × 1 −
250 (
25
250 )
× 16,67 = 747 kN
Vx = 25 kN < 747 kN
L’art. 9.3.1.1 (3) de l’annexe nationale française indique les espacements entre les armatures,
qu’elles soient principales ou secondaires (tableau 12.8).
386
Tableau 12.8. Espacements maximaux dans les deux directions en fonction du type de charge
(source : NF EN 1992-1-1/NA, art. 9.3.1.1 (3))
Charges
Direction Charges réparties
concentrées(1)
Principale (sens porteur parallèle au
Min {3.h ; 0,4 m} Min {2.h ; 0,25m}
petit côté)
Secondaire (sens porteur parallèle au
Min {3,5.h ; 0,45 m} Min {3.h ; 0,4 m}
grand côté)
Avec h : épaisseur de la dalle (m).
(1) La norme NF EN 1992-1-1 mentionne « charges concentrées ou zones de moment maximal ». L’annexe
nationale française n’a retenu que l’appellation « charges concentrées », la référence aux zones de moment
maximal a disparu.
Les treillis soudés de l’ADETS vérifient ces espacements maximaux (voir supra § 5.2.1.2,
tableau 5.3).
12.4.4.1 En travée
Il faut prolonger jusqu’à l’appui la moitié des armatures calculées en travée et les ancrer d’au
moins 10.ϕ à partir du nu de l’appui (voir supra § 10.4.2, figure 10.39). L’arrêt des barres en
travée peut être réalisé comme pour les poutres à l’aide du tracé de l’épure du moment flé-
chissant. L’art. 9.2.1.3 autorise un décalage aL = d si la dalle n’est pas armée transversalement,
sans plus de précisions. Les précédentes règles françaises permettaient d’arrêter forfaitaire-
ment les aciers à 0,1.l x ( ou 0,1.l y ) du nu de l’appui : ce sont les valeurs que nous retiendrons
par défaut (figure 12.16).
387
Le décalage des recouvrements montré dans ces exemples est indispensable : il permet de
limiter à 3 le nombre de panneaux superposés localement (ce qui conduit quand même à
avoir jusqu’à 6 barres superposées !)
12.4.4.2 En chapeau
L’article 9.3.1.2 de la norme NF EN 1992-1-1 stipule que les armatures en chapeau doivent
équilibrer au moins 25 % du moment maximal en travée pour les appuis intermédiaires, et
388
15 % du moment maximal en travée pour les appuis d’extrémité. Les armatures doivent être
prolongées au-delà du nu de l’appui de 0,2 fois la longueur de la travée (figure 12.18)(9).
Les armatures le long du bord libre (non appuyé) de la dalle doivent être disposées comme
indiqué sur la figure 12.19.
Lorsque la dalle est soumise à une charge concentrée comme un poteau, un support de
machine lourde, ou lorsqu’elle repose sur un appui localisé(10), il faut la vérifier au poin-
çonnement pour éviter que la charge ne la traverse à l’emporte-pièce. Le principe des
vérifications consiste à s’assurer que la contrainte maximale de poinçonnement ν Ed reste
inférieure à la valeur de calcul de la résistance au poinçonnement ν Rd :
ν Ed ≤ ν Rd
avec :
ν Ed : contrainte maximale de poinçonnement (MPa) ;
ν Rd : valeur de calcul de la résistance au poinçonnement (MPa).
Cette vérification doit être effectuée au nu du poteau et sur le contour de contrôle de réfé-
rence situé à une distance 2.d du nu du poteau (art. 6.4.3 (1)) (figure 12.20)(11).
(9) La norme ne précise pas de quelle longueur de travée il s’agit (l x ou l y ?). Il paraîtrait étonnant d’attribuer une
longueur des armatures en chapeau sur les petits côtés plus élevée que pour les armatures en chapeau sur les
grands côtés, sachant que les moments sur appuis, et donc la section d’armatures est plus élevée sur les grands
côtés. Nous adopterons donc la même longueur au-delà du nu de l’appui pour toutes les armatures en chapeau de
tous les côtés, soit 0,2.l x .
(10) Cas (rare) des planchers reposant uniquement sur des poteaux.
(11) Avec les précédentes règles françaises BAEL, la contrainte au poinçonnement se calculait au feuillet moyen
de la dalle, avec un plan de fissuration à 45°.
389
On peut observer que les génératrices du plan tronconique de fissuration sont très inclinées,
l’art. 6.4.1 (3) impose θ = arctan (1/2 ) = 26,6°.
La hauteur utile d est la moyenne arithmétique des hauteurs utiles dans les deux directions
perpendiculaires de la dalle.
Enfin, le contour de contrôle de référence dépend de la forme de l’aire chargée (figure 12.21) :
390
– Dans le cas d’une aire chargée située au voisinage d’une trémie, il faut réduire la longueur
du contour de contrôle de référence de la distance AB car les contraintes de poinçonnement
ne peuvent pas se développer dans cette zone à cause de la présence de la trémie. La longueur
AB est considérée comme non participante (art. 6.4.2 (3)) (figure 12.22).
Figure 12.23. Contour de contrôle de référence pour des aires chargées au voisinage
d’un bord ou d’un angle (source : NF EN 1992-1-1, art. 6.4.2 (4), figure 6.15)
(12) C’est également le cas d’une aire chargée à proximité d’un joint de dilatation.
391
En réalité, il n’existe pas une seule valeur de calcul de la résistance au poinçonnement, mais
trois. L’art. 6.4.3 (1) définit :
– ν Rd ,c : valeur de calcul de la résistance au poinçonnement d’une dalle sans armatures de
poinçonnement le long de la section de contrôle considérée (MPa) (c’est la contrainte de
poinçonnement que le béton est capable d’équilibrer seul. L’indice « c » signifie « concrete ») ;
– ν Rd ,cs : valeur de calcul de la résistance au poinçonnement d’une dalle avec armatures de
poinçonnement le long de la section de contrôle considérée (MPa) (c’est la contrainte de
poinçonnement que le béton est capable d’équilibrer avec les armatures de poinçonnement.
Les indices « c » et « s » signifient « concrete » et « steel ») ;
– ν Rd ,max : valeur maximale de calcul de la résistance au poinçonnement le long de la sec-
tion de contrôle considérée (MPa) (c’est la contrainte maximale admissible pouvant être
reprise par le béton avant écrasement des bielles de compression).
Un observateur avisé remarquera que ces notations sont très semblables à celles utilisées
dans l’art. 6.2 relatif aux vérifications à l’effort tranchant.
Cette vérification est à réaliser au droit du contour de contrôle de référence u1(13), avec :
1
ν Rd ,c = C Rd ,c .k . (100.ρl . fck ) 3 + k1.σ cp ≥ ( νmin + k1.σ cp )
0,18 200
C Rd ,c = et k = 1+ ≤2
γC d
(13) Les art. 6.4.3 (1) et (2) du Guide d’application de l’Eurocode 2 mentionnent que cette vérification est
à réaliser au droit du contour de contrôle de référence, sous-entendu uniquement au droit du contour de réfé-
rence. Dans l’édition de décembre 2013, une note précisait que l’art. 6.4.3 de la NF EN 1992-1-1 faisait l’objet
d’un amendement en cours de publication. Cette note a été retirée de l’édition d’août 2021. Toutefois, les auteurs
recommandent au lecteur de surveiller ce point.
392
et
ρl = ρly .ρlz ≤ 0,02
d : hauteur utile, exprimée en millimètres dans la formule précédente (mm) ;
ρly et ρlz : rapport entre les sections d’armatures tendues adhérentes dans les directions y et
z respectivement, et la section utile de béton. Il convient de calculer ρly et ρlz comme des
valeurs moyennes sur une largeur de dalle égale à la largeur du poteau plus 3.d de part et
d’autre ;
σ cp : contrainte normale dans le béton, calculée comme la moyenne des contraintes normale
dans les directions y et z (en MPa, positives en compression).
σ cp =
( σ cy + σ cz )
2
Enfin l’annexe nationale française précise k1 = 0,1 et
3 1
νmin = 0,035.k 2 . fck2
– Lorsque la contrainte maximale de poinçonnement ν Ed est supérieure à la valeur de calcul
de la résistance au poinçonnement d’une dalle sans armatures de poinçonnement ν Rd ,c , au
droit du contour de contrôle de référence u1, il convient de prévoir des armatures de
poinçonnement.
12.4.5.5 Exemple
Considérons une dalle d’un bâtiment de bureau, d’épaisseur h = 0,2 m , de hauteur utile
d = 0,17 m et ferraillée avec un ST25C en nappe supérieure (As = 2,57 cm 2 /m dans les
deux directions). Le treillis soudé est au droit d’un poteau circulaire de diamètre ϕ = 0,3 m
, de surface d’influence de 20 m 2. L’illustration de cet exemple est identique à celui présenté
sur la figure 12.20.
– Contrainte maximale de poinçonnement ν Ed :
VEd
ν Ed =
u1.d
La longueur du contour de contrôle de référence est égale à :
u1 = 2.π. ( 2.d + ϕ /2 )
soit
u1 = 2.π. ( 2 × 0,17 + 0,3 / 2 ) = 3,08 m
393
0,18 0,18
C Rd ,c = = = 0,12
γC 1,5
200 200
k = 1+ = 1+ = 2,08 > 2
d 170
donc k = 2 .
ρl = ρly .ρlz ≤ 0,02
Or, le treillis soudé a des maillées carrées, donc il est inutile de distinguer ρly et ρlz
2,57.10 −4
ρl = = 1,51.10 −3
1 × 0,17
La dalle n’est pas précontrainte, σ cp = 0.
Ainsi,
1 1
C Rd ,c .k . (100.ρl . fck ) 3 = 0,12 × 2 × (100 × 1,51.10 −3 × 25) 3 = 0,374 MPa
Or,
3 1 3 1
νmin = 0,035.k 2 . fck2 = 0,035 × 2 2 × 25 2 = 0,49 MPa
Donc
ν Rd ,c = 0,49 MPa
– Vérification :
ν Ed = 0,4 MPa < ν Rd ,c = 0,49 MPa
(
ν = 0,6. 1 −
fck
250 )
= 0,6 × 1 −( 25
250 )
= 0,54
25
ν Rd ,max = 0,5.ν. fcd = 0,5 × 0,54 × = 4,5 MPa
1,5
Au nu du poteau,
u = π × 0,3 = 0,94 m
394
On observe sur cette figure qu’une dalle de 18 cm d’épaisseur (et donc avec une hauteur
utile de 15 cm), n’est pas vérifiée au poinçonnement car le rapport entre la valeur de calcul
de la résistance au poinçonnement et la contrainte maximale de poinçonnement est inférieur
à 1. Sans surprise, l’épaisseur de la dalle est un facteur prépondérant dans cette vérification.
Une option qui permet de vérifier le poinçonnement des dalles peu épaisses consiste à aug-
menter localement la section d’armatures en nappe supérieure. La figure 12.25 présente
l’évolution du rapport ν Rd ,c /ν Ed en fonction de la section d’armature moyenne en nappe
supérieure de la dalle et de la surface d’influence du poteau, pour une dalle de 20 cm
d’épaisseur.
Pour des sections d’armatures faibles, inférieures à 5,5 cm2, le rapport ν Rd ,c /ν Ed ne dépend
pas de la section d’armatures, car la valeur de calcul de la résistance au poinçonnement est
donnée par le terme νmin . Cela concerne l’utilisation des treillis soudés ST20 à ST50 inclus.
1
En revanche, pour des sections d’armatures plus élevées, le terme C Rd ,c .k . (100.ρl . fck ) 3 est
supérieur à νmin , et la valeur de calcul de la résistance au poinçonnement augmente. En
passant de 5 cm2/m à 10 cm2/m, la valeur de calcul de la résistance au poinçonnement passe
de 0,49 MPa à 0,58 MPa, ce qui peut être suffisant pour éviter de disposer des armatures de
poinçonnement.
395
Lorsque la force concentrée est équilibrée par une pression élevée (pression des terres sur
une fondation, par exemple), ou par les effets d’une charge ou d’une réaction à une distance
inférieure ou égale à 2.d du contour de l’aire chargée, il faut :
– faire la vérification au poinçonnement sur tous les contours de contrôles situés à une dis-
tance inférieure à 2.d (art. 6.4.2 (2)) ;
– remplacer ν Rd ,c par ν Rd avec :
1 2.d 2.d
ν Rd = C Rd ,c .k . (100.ρl . fck ) 3 . ≥ νmin .
a a
où a est la distance du nu du poteau au contour de contrôle considéré ( m ) ;
– remplacer VEd par VEd ,red (art. 6.4.4 (2)) avec :
VEd ,red = VEd − ∆VEd
avec :
∆VEd : valeur nette de la force de réaction verticale à l’intérieur du contour de contrôle consi-
déré (MN). C’est la partie de l’effort tranchant qui ne poinçonne pas la dalle et qui transite
directement vers la zone de pression élevée ;
VEd ,red : effort tranchant qui traverse le contour de contrôle et qui poinçonne effectivement
la dalle (figure 12.26).
396
EXEMPLE
Considérons une paroi ancrée en béton projeté soumise au poinçonnement dû aux têtes des tirants d’ancrages. Une
solution pour limiter la contrainte maximale de poinçonnement dans la paroi consiste à augmenter la surface de
contact entre la tête d’ancrage et la paroi en utilisant des massifs en béton préfabriqué. Ainsi, la surface de diffusion
de l’effort augmente, et la contrainte maximale de poinçonnement dans la paroi diminue (photo 12.1) :
– la section d’armatures dans la paroi est supposée égale à la section minimale, assurée par un treillis soudé ST25C
(As = 2,57 cm2/m dans les deux sens) ;
– le béton projeté a une épaisseur de 0,2 m ;
– la surface d’influence par ancrage est de 10 m2 ;
– l’effort dans un tirant est égal à VEd = 1,2 MN ;
– la résistance de calcul du béton est donnée par l’art. 6.4.1 (4) de la norme NF P 94-282 : Calcul géotechnique –
Ouvrages de soutènement-écrans :
f* f (t ) C
fcd = Min α cc .k3 . ck ; α cc . ck ; α cc . max
γ C γC γC
avec :
1
* =
fck Min { fck ( t ) ; Cmax ; fck }
k1.k2
k1 = k2 = k3 = 1 pour du béton projeté (NF P 94-282, art. 6.4.1 (4), tableau 6.4.1.1)
Cmax = 25 MPa et α cc = 1
Ainsi
{
fcd = Min 1 × 1 ×
25
1 × 1 × 1,5
;1×
25
1,5
;1×
25
}
1,5
= 16,67 MPa
La résistance de calcul du béton ne change pas par rapport à un béton identique coffré et coulé en place.
397
Commençons par étudier le poinçonnement de cette paroi en l’absence de massifs en bétons préfabriqués.
Supposons dans cette partie que l’effort du tirant transite par une simple platine carrée de dimensions 0,3 m × 0,3 m
(figure 12.27).
Plaçons le contour de contrôle à une distance 2.d du nu de la platine, soit à une distance de 0,34 m.
– Contrainte maximale de poinçonnement ν Ed :
VEd ,red
ν Ed =
u.d
Notons c la longueur du côté de la platine. La longueur du contour de contrôle est égale à :
u = 4.c + 4.π.d
Soit
u = 4 × 0,3 + 4 × π × 0,17 = 3,336 m
soit
S = 4 × 0,3 × ( 2 × 0,17 ) + 0,32 + π × ( 2 × 0,17 )2 = 0,861 m 2
La surface d’influence par ancrage est de 10 m2, la charge surfacique due au sol est donc égale à 0,12 MN/m2. La
valeur nette de l’effort à l’intérieur du contour de contrôle considéré est égale à :
∆VEd = 0,861 × 0,12 = 0,1 MN
Ainsi,
VEd ,red 1,1
ν Ed = = = 1,94 MPa
u.d 3,336 × 0,17
– Valeur de calcul de la résistance au poinçonnement sans armatures de poinçonnement ν Rd :
1 2.d 2.d
ν Rd = C Rd ,c .k . (100.ρl . fck ) 3 . ≥ νmin .
a a
Cette partie de calcul est strictement identique à celle traitée au § 12.4.5.5, avec 2.d = a . On trouve
ν Rd = 0,49 MPa
398
– Vérification :
ν Ed = 1,94 MPa > ν Rd ,c = 0,49 MPa
Le rapport ν Rd /ν Ed est égal à 0,25. Sans surprise, la vérification au poinçonnement n’est pas du tout assurée.
Cette vérification est à effectuer sur tous les contours de contrôles situés à une distance inférieure à 2.d du nu de
la platine (figure 12.28).
Figure 12.28. Vérification du poinçonnement pour toutes les sections de contrôle avec une platine simple
On observe qu’aucun contour de contrôle entre a = 0 et a = 2.d ne permet de vérifier la résistance au poinçonnement
(la valeur de ν Rd /ν Ed pour a = 0 n’a aucun sens car ν Rd est indéterminé).
Vérifions désormais le poinçonnement de la paroi en utilisant des massifs en béton pyramidaux de 1,5 m de côté
(figure 12.29).
399
La surface d’influence par ancrage est de 10 m2, la charge surfacique due au sol est donc égale à 0,12 MN/m2. La
valeur nette de l’effort à l’intérieur du contour de contrôle considéré est égale à :
∆VEd = 4,65 × 0,12 = 0,558 MN
Ainsi,
VEd ,red 0,642
ν Ed = = = 0,464 MPa
u.d 8,136 × 0,17
– La valeur de calcul de la résistance au poinçonnement sans armatures de poinçonnement ν Rd est inchangée :
ν Rd = 0,49 MPa
– Vérification :
ν Ed = 0,464 MPa < ν Rd ,c = 0,49 MPa
Le rapport ν Rd /ν Ed est égal à 1,06. La vérification au poinçonnement est assurée pour ce contour de contrôle. Une
étude paramétrique montre que la vérification au poinçonnement est assurée pour tous les contours de contrôle
situés entre le nu du massif et 2.d (figure 12.30) :
400
On observe sur cette figure que pour des efforts dans le tirant légèrement supérieurs à 1,2 MN, la vérification
au poinçonnement n’est plus assurée. Il faudrait donc dans ce cas augmenter les surfaces des massifs en béton,
diminuer le maillage des tirants, augmenter l’épaisseur de la paroi, disposer des armatures de poinçonnement, etc.
Pour conclure sur cet exemple, l’utilisation des massifs en béton permet à la fois d’augmenter la part de l’effort
qui diffuse directement dans la paroi sans la poinçonner, et de diminuer la contrainte de poinçonnement dans la
surface de contrôle.
12.4.6 Trémies
Il faut disposer de part et d’autre de la trémie, et dans les deux directions, une section d’ar-
matures équivalente à celle coupée. La longueur des armatures de renfort est égale à
a + b + 2.lbd , où a et b sont les dimensions de la trémie (figure 12.31). Il y a a /ea et b /eb
aciers coupés dans les directions respectivement verticales et horizontales, chiffre arrondi à
l’unité supérieure s’il comprend des décimales.
12.4.7 Exemple
Poursuivons l’exemple de la dalle du § 12.4. Le bilan des armatures longitudinales est dressé
dans le tableau 12.9.
Le treillis soudé ST25 est ancré dans les voiles de 10.ϕ, soit 7 cm (le ST25 est constitué de
HA7 dans les deux sens) (art. 9.3.1.1 (4) et par suite art. 9.2.1.5 (2)).
Le recouvrement entre panneaux est égal à Max {250 mm ; 2 mailles} (voir supra § 7.3.1.4,
tableau 7.18) plus les deux abouts de rives, soit 2 × 150 + 2 × 75 = 450 mm (figure 12.32).
401
Tableau 12.9. Bilan des sections d’armatures longitudinales dans les deux directions
Moment fléchissant
As As,min Choix
Section Numérique µ ξ
Forfaitaire (cm2/m) (cm2/m) ST
(kN.m/m)
Appui 0,5.M x 11,2 0,0242 0,0307 1,57 2,23 ST25
Travée / /x 0,75.M x 16,8 0,0364 0,0463 2,36 2,23 ST25(1)
Travée / /y 0,75.M y 5,52 0,0130 0,0164 0,80 0,45 ST25(2)
(1) Sens porteur (2,57 cm 2 /m), d x = 0,1665 m.
(2) Sens perpendiculaire au sens porteur (1,28 cm 2 /m), d y = 0,1595 m.
Le plan de ferraillage de la nappe inférieure se compose donc de trois panneaux 240 × 474
plus 1 panneau recoupé 209 × 474 (figure 12.33).
Il est évidemment possible de ne pas découper le dernier panneau et de répartir la chute
de 31 cm entre les différents panneaux, ce qui conduit à un recouvrement de 55,3 cm
(figure 12.34). C’est la solution courante sur chantier ; en effet, découper une bande de lar-
geur 31 cm provoque une tâche supplémentaire qui crée, de surcroît, une chute inutilisable
(car de trop faible largeur) qui est alors mise en décharge ou, plus probablement, « jetée »
sur les treillis en place avant coulage du béton de la dalle !
402
403
En revanche, bien que cette solution soit théoriquement possible, il faut éviter les panneaux
en tiroir, pour différentes raisons :
– la superposition des panneaux diminue le bras de levier des aciers tendus ;
– le temps de mise en œuvre est pratiquement doublé parce qu’il faut également découper
les panneaux du second lit ;
– le plan de ferraillage devient compliqué (figure 12.35) et le risque d’erreur est accru, le
tout pour un gain sur la quantité d’acier faible. Il faut privilégier les choses simples, c’est
pourquoi ce ferraillage est rarement adopté.
La disposition en tiroir est cependant intéressante dans le cas suivant : lorsque la portée l x
est comprise entre 6,00 et 6,70 m (6,70 ≈ 6,00/0,90) et que la section d’un panneau est voi-
sine, par valeur supérieure, de Ax /2, alors la mise en place de deux panneaux entiers en tiroir
(de longueur standard 6,00 m) permet de disposer de la section totale requise Ax sur une
longueur au moins égale à 0,8.l x et d’éviter toute découpe de ces panneaux.
Le treillis soudé ST25 sur appuis croisés est à maille carrée, soit ST25C. Les recouvrements
entre panneaux sont toujours de 45 cm, et les arrêts sont déterminés conformément aux
prescriptions du § 12.4.4.2 (figure 12.36).
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Damien Ricotier
Vincent Canet
des structures en béton
selon l’Eurocode 2 des structures
Cet ouvrage a pour objectif d’éclairer les profession- nement des structures de bâtiment en béton armé. Il
en béton
selon l’Eurocode 2
nels sur les choix essentiels à effectuer en phase de est également accessible aux étudiants (BUT, BTS,
dimensionnement des structures en béton. Il présente Licence ou Master, écoles d’ingénieurs) qui souhaitent
les méthodes de conception et de calcul des élé- comprendre les notions parfois complexes de cette
ments courants des bâtiments vis-à-vis des sollicita- réglementation.
tions qu’ils subissent (effort normal, effort tranchant,
2e édition
on
ISSN 2262-5089
E X P E R T I S E ISBN 978-2-281-14515-1 E X P E R T I S E
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it
T E C H N I Q U E EXPERTISE T E C H N I Q U E
éd
TECHNIQUE
2e
13041_Expertise_technique_RICOTIER_couv.indd 1 10/09/2021 12:29