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Les récompenses ne doivent jamais être le moteur des actions d’un enfant.

La métaphore du train aux deux locomotives

Dans son livre Le Cerveau de l’enfant expliqué aux parents, Álvaro Bilbao compare le cerveau des
enfants à un train tiré par deux locomotives à vapeur, une à chaque extrémité. La première
locomotive indique un comportement positif qui facilite la vie de famille et en collectivité. La seconde
locomotive signale une conduite inappropriée. Chaque commentaire que les adultes adressent à un
enfant est comme une pelletée de charbon. Nous pouvons choisir dans laquelle des deux chaudières
nous voulons mettre cette pelletée : alimenter la première locomotive grâce à des encouragements
ou bien la seconde à travers des critiques et des punitions ?

Nous pouvons donc choisir de concentrer notre attention sur le positif via des encouragements
plutôt que punir ou qu’offrir des récompenses matérielles. Punitions et récompenses sont en effet
les deux faces d’une même pièce.

Récompenses matérielles et récompenses immatérielles

Les récompenses ne doivent jamais être le moteur des actions d’un enfant, mais une conséquence
agréable qui l’aide à motiver spontanément des comportements attendus et à les répéter. Ainsi, il
n’est ni utile ni efficace de donner une récompense à un enfant qui débarrasse les assiettes car il
n’apprendra pas l’importance d’assumer ses responsabilités de manière spontanée, dans le simple
plaisir de se rendre utile et de contribuer à la vie en collectivité. Les techniques éducatives du type “si
tu fais ceci, alors tu recevras cela” introduisent un échange marchand dans les relations familiales
(« Si tu débarrasses bien la table, alors nous lirons des histoires »). En effet, un enfant soumis à ce
type de chantage sentira que ses parents n’ont pas confiance en lui et Álvaro Bilbao estime que
traiter un enfant de la sorte, c’est le considérer comme “un âne qui a besoin d’une carotte pour se
comporter convenablement”.

Quand un enfant est remercié pour une chose qu’il a faite et qui ne va pas de soi pour lui (comme
dresser la table ou mettre ses chaussures seul avant d’aller à l’école), il comprend que
la coopération l’unit aux autres et que cette coopération est une valeur importante pour les
personnes qui l’entourent. A l’inverse, quand un enfant reçoit des récompenses matérielles, il
comprend que posséder des objets est ce qu’il y a de plus précieux dans la vie. En grandissant, cet
enfant risque de ne se sentir satisfait qu’en présence de beaucoup d’objet ou d’argent. Utiliser les
récompenses matérielles en matière d’éducation dégrade l’importance qu’un enfant accorde à la
valeur de l’affection et de l’entraide.

Moins il y a de récompenses matérielles, mieux c’est. – Álvaro Bilbao

De même, récompenser un enfant avec de la nourriture semble nocif. Un enfant qui grandit en
recevant une nourriture qu’il apprécie chaque fois qu’il se comporte bien risque d’associer bien-être
et nourriture.

La reconnaissance plus efficace que les récompenses matérielles

Les récompenses dites “sociales”

Álvaro Bilbao conseille de préférer des récompenses dites “sociales“, c’est-à-dire de


la reconnaissance :

• simplement remercier un enfant qui fait quelque chose que nous lui avons demandé : quand
on demande à un enfant d’attendre avant de l’écouter, on peut le remercie d’avoir patienté.

• manifester notre plaisir : “C’était très gentil de ta part d’avoir attendu sans me couper la
parole. J’ai pu terminer ce que j’avais à faire plus vite et maintenant, je t’écoute.”

• décrire ce que nous voyons : “Tu as attendu alors que c’était difficile pour toi. J’ai bien vu à
quel point tu avais envie de me parler et tu as réussi à te retenir.”

• lui donner une attention entière, une présence à ce que l’enfant vit. Cela peut juste s’asseoir
à côté de lui avec un sourire et le regarder jouer, puis jouer avec lui si celui-ci le demande.

Les pièges des récompenses sociales

Nous comprenons qu’encourager les comportements attendus chez un enfant, c’est se focaliser sur
les conduites attendues à travers des récompenses sociales, chaque fois qu’il fait les choses un peu
mieux que la veille. Álvaro Bilbao rappelle que la recette pour amener les enfants à adopter un
comportement passe par une attention suivie sur les petits progrès et leur valorisation. En effet, le
cerveau change peu à peu grâce à des répétitions et à des approximations successives.

Quelques pièges peuvent parfois se tendre quand nous voulons renforcer les comportements
attendus :

• Nuancer avec un “mais” : « Tu as tout ramassé, mais j’ai dû te le demander trois fois » ->
l’enfant apprendra que cela ne vaut pas la peine de faire un effort.

• Critiquer sans en avoir l’air, en mentionnant toutes les fois où ça ne s’est pas bien passé : «
Merci, aujourd’hui tu t’es bien habillé, pas comme les autres fois » -> l’enfant retiendra le
reproche.

• Adresser une menace déguisée : « Tu as débarrassé la table sans que je te demande, j’espère
que dorénavant tu le feras toujours ainsi » -> l’enfant retiendra l’exigence et sera tenté de
résister pour protéger son autonomie.

Lire aussi : Comment remplacer les récompenses : 8 alternatives aux récompenses

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