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Réacteur Nucléaire

1- LA FISSION , SOURCE D ’ ÉNERGIE



La fission d’un noyau lourd donne deux noyaux de masse moyenne et
quelques neutrons. Ce processus est exothermique et, dans le cas de la
fission d’un noyau d’uranium, libère de l’ordre de 200 MeV.

La fission peut être spontanée ou induite.

L’exploitation actuelle de l’énergie nucléaire est basée sur la fission
induite par neutrons d’un isotope particulier de l’uranium : l’ 235 U.

Celui-ci est présent à 0,7 % dans l’uranium naturel qui est composé à

99,3 % d’ 238 U


La diminution de masse lors de la fission de l’ 235 U induite par un
neutron est de l’ordre de 3,6 × 10 −25 g.
En France, 450 TWh d’électricité ont été produits par les centrales nucléaires
en 2006 avec un rendement de production d’électricité de 33 %.

Cela correspond à une énergie totale de 1 350 TWh (900 TWh étant perdus
sous forme de chaleur) et à une conversion de masse en énergie (E = mc 2 )
de 54 kg.

La propriété de l’ 235 U est d’avoir une très grande section efficace de capture
des neutrons thermiques

Les neutrons ont une énergie cinétique moyenne correspondant à la


température du milieu dans lequel ils se propagent

À 20 ◦ C cette énergie cinétique est de 1/40 eV ce qui correspond à une


vitesse de 2,2 km/s.
Les neutrons qui sont libérés lors du processus de fission sont dits rapides.
Ils ont une énergie de l’ordre de 2 MeV soit une vitesse d’environ 20 000
km/s.

La vitesse moyenne d’un neutron thermique à la température T exprimée en K est


donnée par :

Son énergie, en eV, est donnée par :

À 298 K (25 ◦ C) la vitesse des neutrons thermiques est de 2,2 km/s. Elle est de
4,2 km/s à 1073 K (800 ◦ C).

Lorsqu’un noyau d’ 235 U capture un neutron thermique, il se forme un noyau com-


posé excité d’ 236 U qui fissionne en émettant 2 ou 3 neutrons (2,4 en moyenne) selon
les cas.
Les neutrons qui sont émis lors de la fission ont une énergie cinétique
élevée, supérieure au MeV pour la plupart. S’ils sont ralentis et thermalisés
par le milieu, ils peuvent être capturés par
des noyaux d’ 235 U avec une grande
probabilité et induire une nouvelle fission

On crée donc une réaction en chaîne

Tous les neutrons produits lors de la


fission n’induisent pas nécessairement
une nouvelle fission.
Selon la nature du milieu et sa géométrie, la réaction peut diverger, s’arrêter ou être
stationnaire.

l’introduction du coefficient de multiplication neutronique, k, qui est le rapport entre le nombre


de neutrons de la génération n + 1 et celui de la génération n. Trois cas se présentent alors :


si k > 1 le milieu est dit surcritique : le nombre de neutrons croît
exponentiellement.

si k < 1 le milieu est dit sous-critique et les réactions de fission
s’arrêtent spontanément.

si k = 1 le milieu est dit critique.
NOYAUX FISSILES , NOYAUX FERTILES

Certains noyaux, lorsqu’ils capturent un neutron lent fissionnent. On dit que


ce sont des noyaux fissiles. C’est le cas de l’ 235 U présent à 0,72 % dans
l’uranium naturel.
l’énergie d’excitation du noyau est supérieur à la barrière de fission

Pas le cas pour 238U même après la capture

238
U est fissile s’il est bombardé par des neutrons très rapides qui permettent d’avoir une
énergie d’excitation supérieure à la barrière de fission mais la section efficace est plus
faible.
Les noyaux fertiles sont ceux qui, après capture d’un neutron et
décomposition radioactive, peuvent conduire à des noyaux fissiles. C’est le
cas de l’ 238 U qui, après capture d’un neutron et deux désintégrations beta−
, conduit au 239 Pu (Plutonium), fissile :
neptunium

protactinium

Des noyaux fertiles placé dans le flux neutronique d’un réacteur nucléaire se transforment
en noyaux fissiles et donc en combustible nucléaire potentiel. C’est ainsi que fonctionnent
les surgénérateurs qui sont des réacteurs nucléaires permettant de produire, en plus de
l’électricité, du combustible pour leur propre fonctionnement grâce à des couvertures
d’uranium naturel entourant le cœur du réacteur.
Nbr des n impaire Fissiles :
les noyaux lourds
Nbr des n paire Fertiles :
PRODUITS DE FISSION ET NEUTRONS

La variation d’énergie de liaison entre l’ 235 U et les fragments de fission est de l’ordre de
0,9 MeV/u (MeV par nucléon) ce qui correspond à une énergie totale libérée d’environ
210 MeV.

La plus grande partie (un peu plus de 80 %) est emmenée par les fragments de fission
sous forme d’énergie cinétique et d’énergie d’excitation.

Les neutrons prompts émis emmènent environ 5 MeV ; les photons g et la conversion
interne, 7 MeV.

Les fragments de fission étant excités, ils se désexcitent par émission de neutrons, par
rayonnement gamma ou par radioactivité bêta Les rayons gamma et la conversion
interne emmènent environ 7 MeV supplémentaires,

Les électrons émis lors de la radioactivité bêta ont une énergie cinétique d’environ 8
MeV et les antineutrinos associés 12 MeV.
Spectre d’énergie cinétique des
neutrons émis lors de la fission d’un
noyau d’ 235 U induite par des
neutrons. Ce spectre s’étend jusqu’à
de grandes valeurs d’énergie.
L’énergie la plus probable se situe un
peu au-dessous de 1 MeV et
l’énergie moyenne au-delà de 2 MeV
RÉACTEURS À NEUTRONS LENTS , RÉACTEURS À NEUTRONS RAPIDES
Un bon modérateur ne doit pas absorber trop les neutrons car il faut qu’il en reste un
nombre suffisant pour entretenir la réaction en chaîne.

Il existe en particulier une zone, entre 1 eV et 100 keV, que l’on appelle énergies épi
thermiques, où il y a de nombreuses résonances d’absorption qui peuvent diminuer le
flux de neutrons.
L’eau lourde (modérateur et de caloporteur)
● Parmi les modérateurs utilisés, l’eau lourde, D2O, est intéressante car efficace
en termes de ralentissement et peu absorbante pour les neutrons.

Ce modérateur a l’avantage de permettre d’utiliser de l’uranium naturel comme
combustible mais son coût est élevé.

L’eau légère (à cause de l’hydrogène) est un modérateur encore plus efficace
mais absorbe plus les neutrons ce qui nécessite d’utiliser un combustible enrichi
en 235U

Le graphite est aussi une possibilité car il est assez transparent aux neutrons. Il
nécessite beaucoup plus de collisions pour thermaliser les neutrons que l’eau
ordinaire.
Les réacteurs à neutrons rapides

Il faut que le caloporteur soit le plus transparent possible au neutrons ce qui limite le choix
à quelques éléments comme le sodium, le mercure, le plomb ou l’hélium.

Superphénix était un réacteur rapide au


sodium d’une puissance de 1200 MW

Comme la section efficace de fission par des


neutrons rapides est inférieure à celle des
neutrons thermiques pour l’ 235 U, il faut
avoir un combustible enrichi en matière fissile
(par exemple 15 à 18 % de plutonium).
Le fluxde neutrons dans le cœur est aussi
beaucoup plus élevé, typiquement
3,5×10 15 n/cm 2 /s dans Superphenix

Le flux de neutron rapides peut transformer de grandes quantités d’ 238 U en 239 Pu fissile.
Un réacteur à neutrons rapides peut fonctionner selon 3 modes :

• en mode surgénérateur où le réacteur produit plus de plutonium qu’il n’en consomme ;

• en isogénérateur où il produit autant de plutonium qu’il en consomme ;

• en mode sous-générateur où il peut consommer plus de plutonium qu’il n’en produit.


PRINCIPE D’ UN RÉACTEUR NUCLÉAIRE

Les réacteurs nucléaires utilisés dans le monde pour produire de l’électricité sont des
réacteurs à neutrons lents ou thermiques.

On récupère donc l’énergie libérée dans la fission de l’ 235 U

La fission produit de la chaleur qui est utilisée pour chauffer de l’eau et fabriquer de la
vapeur

La vapeur est utilisée dans une turbine


pour produire de l’énergie mécanique
qui est transformée en électricité avec
un alternateur.
MODÉRATION

Tous les modérateurs n’ont pas la même efficacité. Soit A la masse des noyaux du
modérateur ; nous supposerons qu’il n’y a que des chocs élastiques entre les neutrons
et ces noyaux

Le nombre moyen de collisions n pour thermaliser un neutron (passer de 2 MeV à 1/40 eV)
est donné par :

avec

Nombre moyen de collisions nécessaires pour


thermaliser un neutron de fission de 2MeV selon la
nature du modérateur.
CONTRÔLE DE LA PUISSANCE

Barres de contrôle

Les barres de contrôle sont le principal moyen de contrôler la réactivité d’un réacteur.
Elles sont constituées d’un matériau fortement absorbant vis-à-vis des neutrons.

C’est le cas du cadmium ou du gadolinium pour les réacteurs thermiques ou de l’acier
pour les réacteurs rapides.

Les barres sont situées
au-dessus du cœur pour
qu’elles puissent tomber
par gravité en cas de

problème.

Un schéma montrant comment la


puissance du réacteur varie en
fonction du degré d'insertion des
barres de contrôle
Poisons neutroniques
Lorsqu’un réacteur nucléaire à neutrons lents fonctionne, le combustible s’appauvrit
petit à petit en matière fissile et s’enrichit en produits de fission dont certains sont des
poisons pour la fission car ils ont une grande section efficace de capture neutronique.
Effet Doppler
Les variations de température peuvent induire des variations rapides de la réactivité du
cœur d’un réacteur nucléaire. Celle-ci ne doit pas augmenter sinon le système risque
de diverger.

Lorsque la température augmente, l’agitation thermique des noyaux présents dans le


cœur augmente ce qui a pour effet d’augmenter la largeur des résonances
d’absorption les neutrons dont l’énergie est dans le domaine épithermique. C’est l’effet
Doppler.

Coefficient de vide
L’augmentation de la température a aussi pour effet, lorsque le modérateur est liquide,
de diminuer la densité du modérateur et donc le rapport de modération.

Le coefficient de vide ou de vidange caractérise l’évolution de la réactivité dans le


cas où la densité du fluide caloporteur diminue localement comme lors de la formation
de bulles, par exemple
ENRICHISSEMENT

La compensation de l’absorption d’une partie des neutrons par les noyaux d’hydrogène
de l’eau l’enrichissement étape complexe et coûteuse du cycle amont

L’enrichissement se fait sur de l’hexafluorure d’uranium, UF6 , qui est gazeux à la


température à laquelle se fait l’enrichissement mais solide à la température ordinaire.

Les deux procédés industriels utilisés pour enrichir l’uranium en l’isotope 235 sont
l’ultracentrifugation et la diffusion gazeuse.

Dans la diffusion gazeuse, on fait diffuser l’UF 6 gazeux au travers d’une barrière
poreuse. L’ 235 U diffuse très légèrement mieux que l’ 238 U si bien l’uranium est très
légèrement enrichi en aval (de l’ordre de 1,002 par étage, 1400 étages pour enrichir
l’uranium jusqu’à 5%).

Une centrifugeuse est constituée d’un bol que l’on fait tourner à très grande vitesse. La
force centrifuge concentre les molécules lourdes à l’extérieur. Le facteur d’enrichissement
d’une cellule est plus grand que dans le cas de la diffusion (plusieurs dizaines de milliers
de centrifugeuses)
Les molécules les plus lourdes (238UF6) se retrouvent projetées à la
périphérie, alors que les plus légères (235UF6) migrent vers le milieu de
la centrifugeuse. En outre, la partie inférieure de la centrifugeuse est
chauffée, ce qui crée un mouvement de convection où la colonne
centrale monte et s'enrichit en uranium 235 en hauteur, tandis que le
238 migre vers le bas.
DÉCHETS NUCLÉAIRES
L’énergie nucléaire produit 78% de l’électricité française et cela conduit à 1 kg de déchets
nucléaires par habitant et par an

Il existe deux approches des combustibles usés :



la première est de les laisser tels quels et de considérer l’ensemble du
combustible usé comme un déchet. On dit qu’il s’agit d’une gestion en cycle
ouvert.

la seconde est d’essayer de valoriser maintenant ou dans le futur ce qui est
valorisable dans le combustible usé. On sépare chimiquement les différents
constituants par retraitement du combustible. On dit qu’on a une gestion en
cycle fermé.

La France a choisi l’option du cycle fermé


Les États-Unis ont choisi l’option du cycle ouvert
Le Maroc ????????
Éléments contenus dans une tonne de
combustible usé sortant d’un REP (les
Réacteurs à Eau sous Pression) de 1 300 MW
après 3 ans de refroidissement.

L’uranium et le plutonium sont valorisables ou


utilisables dans les réacteurs à neutrons
rapides et ne peuvent être considérés comme
des déchets ultimes

Les produits de fission et les actinides mineurs sont par


contre, pour leur grande majorité,des déchets ultimes
qu’il conviendra soit de stocker à grande profondeur
dans un conditionnement adéquat pour les déchets à
vie longue, soit d’incinérer dans des
réacteurs à neutrons rapides

Le plutonium peut être utilisé à court terme en fabriquant du combustible MOX (Mixed
oxydes) qui est un mélange d’oxydes de plutonium et d’uranium appauvri. Le MOX peut
être utilisé, avec du combustible normal, dans des réacteurs nucléaires dédiés.
Fission et production d’énergie

Supposons que l’énergie utilisable (transformée en chaleur) lors de la fission d’un noyau
d’ 235 U induite par un neutron thermique est de 190 MeV. Le reste étant emmené par les
antineutrinos et une partie des gamma.

• Calculer le nombre de fissions par seconde nécessaires pour produire une puissance
de 3 000 MW électrique (le rendement d’un REP est de 33 %).

Quelle est la masse correspondante ?

Combien de combustible enrichi à 3,5 % d’ 235 U faut-il par jour si le réacteur
fonctionne 100 % du temps ?

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