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Niveau : 1M-RE ; Support de Cours Année : 2017-2018 / S2

Unité pédagogique : UEF 1.2.1 Matière : Production centralisée et décentralisée

CENTRALES NUCLEAIRES

I. Introduction
Les progrès réalisés dans la connaissance de la structure de la matière, la demande importante
en énergie et la faiblesse des ressources en énergie primaire ont contribué au développement de
l’énergie nucléaire.
Les centrales nucléaires fonctionnent selon le même principe que les centrales thermiques à
énergie fossile, sauf que la chaleur n’est pas produite par la combustion de carburants fossiles, mais
par un réacteur nucléaire. Donc une centrale nucléaire est identique à une centrale thermique, sauf que
la chaudière est remplacée par un réacteur contenant le combustible nucléaire en fission (Figure 1).
Les centrales nucléaires produisent l’électricité à partir de la chaleur libérée par une réaction nucléaire.
Ce phénomène est provoqué par la division du noyau d’un atome, procédé qu’on appelle fission
nucléaire.
Remarque : une réaction chimique, telle que la combustion du charbon, produit un simple
regroupement des atomes sans que leurs noyaux soient affectés.
Le rendement global est semblable (entre 30 % et 40 %) et l’on doit encore prévoir un système
de refroidissement important, ce qui nécessite un emplacement près d’un cours d’eau ou la
construction d’une tour de refroidissement.

Figure 1 : Schéma d'une centrale nucléaire.

II. Le combustible ‘Uranium 235’ :


Le noyau d’un atome est composé de protons et de neutrons. Il existe des éléments qui, à tout
point de vue, sont identiques, sauf qu’ils contiennent un ou quelques neutrons en surplus, par rapport
au nombre habituel. Le tableau 1 (suivant) donne la composition atomique de quelques-uns de ces
éléments, appelés isotopes.
On s’aperçoit qu’il existe trois sortes d’atomes d’hydrogène qui se distinguent par la composition
de leurs noyaux. Il y a d’abord l’hydrogène ordinaire dont le noyau contient 1 proton et 0 neutrons.

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Ensuite, il y a deux isotopes rares: le deutérium et le tritium dont les noyaux contiennent
respectivement 1 et 2 neutrons, en plus du proton habituel.
Lorsque deux atomes d’hydrogène s’unissent à un atome d’oxygène, on obtient de l’eau
ordinaire (H2O), appelée eau légère. D’autre part, lorsque deux atomes de deutérium s’unissent à un
atome d’oxygène, on obtient une molécule d’eau lourde ( 2H2O). L’eau de mer contient de l’eau lourde
dans une proportion de 1 kg d’eau lourde pour 7000 kg d’eau légère.

Tableau 1 : composition atomique de quelques éléments.


De la même façon, Il existe deux sortes d’atomes d’uranium, 238U et 235U, contenant chacun
92 protons (et 92 électrons), mais un nombre différent de neutrons. L’uranium 238 est très répandu
alors que l’uranium 235 est rare. En effet, les gisements naturels d’uranium (U 3O8) contiennent 99,3%
d’atomes 238U comparativement à 0,7 % de l’isotope 235U.
L’uranium 235 et l’eau lourde méritent notre attention, car ils sont tous deux essentiels au
fonctionnement de certains réacteurs que nous décrirons plus loin.

III. Energie libérée par la fission atomique


Lorsque le noyau d’un atome subit la fission, il pare en deux. La masse totale des deux atomes
ainsi formés est habituellement différente de celle de l’atome original. S’il y a une diminution de la
masse, une quantité d’énergie est libérée. Sa valeur est donnée par la formule d’Einstein:

E = m × c2
Où E : énergie libérée, en joules [J]
m : diminution de masse, en kilogrammes [kg]
c : vitesse de la lumière [3 ×108 m/s]
La quantité d’énergie libérée est énorme, car une diminution de 1 g seulement donne une énergie
de 9 ×1013 joules, soit l’équivalent énergétique d’environ trois mille tonnes de charbon.
Lors de la fission de l’atome d’uranium 235U, il se produit précisément une légère diminution de
masse. Par ailleurs, comme l’uranium 235 est fissile alors que l’uranium 238 ne l’est pas, on a
construit de grandes usines pour augmenter la proportion d’uranium 235 dans le combustible (fuel
enrichi) utilisé dans certains réacteurs.

IV. Source de l’uranium


L'uranium est un métal radioactif présent dans le sous-sol de la Terre. Avant de pouvoir l'utiliser
comme combustible dans les réacteurs des centrales nucléaires, il faut l'extraire et le transformer.

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-1. Extraction
L'uranium est contenu dans des minerais, qui sont extraits de gisements à ciel ouvert ou en
galeries souterraines. Ces gisements se trouvent essentiellement en Australie, aux États-Unis, au
Canada, en Afrique du Sud et en Russie.
En Algérie, il existe en faible quantité.
-2. Traitement
Le minerai est réduit en petits morceaux, finement broyé et soumis à des opérations
chimiques pour en extraire l'uranium. On obtient un uranium très concentré, sous forme d'une
poudre jaune appelée yellow cake. 1 000 t de minerai donnent de 1,5 à 10 t de yellow cake,
contenant 75 % d'uranium. Le yellow cake est ensuite raffiné pour le débarrasser de ses
impuretés et obtenir un uranium complètement pur.
-3. Enrichissement
L’uranium naturel : 1 kg est composé de 993 g d'uranium 238 et de 7 g d'uranium 235.
Seul l'uranium 235 est fissile mais il n'est pas en proportion suffisante pour être utilisable dans
les réacteurs des centrales.
L'uranium doit donc être enrichi en uranium 235, pour qu'il comporte entre 30 et 50 g.
L’uranium utilisé dans les réacteurs nucléaires trouve son origine dans les mines d’uranium. Le
minerai brut confie la substance U3O8 (3 atomes d’uranium, 8 atomes d’oxygène) contenant à
son tour des atomes 238U et 235U dans le rapport de 1398 à 10. Pour usage dans un réacteur
nucléaire, on doit transformer cette substance en dioxyde d’uranium (UO2). Celui-ci est composé
de molécules 238UO2 et 235UO2 encore dans le rapport de 1398 à 10. On l’appelle dioxyde
d’uranium naturel parce que le rapport des molécules fissiles est le même que celui du minerai
original. Certains réacteurs sont conçus pour utiliser un mélange enrichi où le rapport de 238UO2
sur 235UO2 est plutôt de 1398 à 50 au lieu du rapport naturel de 1398 à 10. Au cours du processus
d’enrichissement, de grandes quantités de 238UO2 sont dérivées comme produit secondaire que
l’on doit entreposer. Nous verrons que ce produit trouve une application dans les réacteurs
surrégénérateurs.
La figure 2 montre, de façon très simplifiée le procédé d’enrichissement.

Figure 2 : Processus d'enrichissement très simplifiée de l’ Uranium.

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-4. Fabrication du combustible
Une fois enrichi, l'uranium est transformé en poudre noire.
Il est comprimée et cuit au four, il donne des petits cylindres d'environ 7 g et de 1 cm de
long, appelés pastilles (Figure 3). Chaque pastille peut libérer autant d'énergie qu'une tonne de
charbon.

Figure 3: Pastilles d'uranium cuites à très haute température dans l'usine de production du
combustible nucléaire (Melox à Marcoule (Gard) France).
Les pastilles sont enfilées dans des tubes en métal de 4 m de long dont les extrémités sont
bouchées, pour constituer ce que l'on appelle des crayons. Ces crayons sont regroupés par lots dans
des assemblages combustibles (Figure 4 ). Ces assemblages sont placés dans le cœur du réacteur pour
le faire fonctionner.

Figure 4 : Assemblages combustibles (plusieurs Crayons).


-5. Consommation
Les pastilles resteront entre 4 et 5 ans dans le réacteur et subissent des réactions de fission
nucléaire. Au fil du temps, elles vont s'épuiser en uranium 235 et devront être remplacées. Cette
opération s'effectue dans l'eau car elle permet de piéger les rayonnements radioactifs. Le
combustible usé reste ensuite pendant 3 ans en piscine de refroidissement, le temps de perdre
peu à peu une partie de sa radioactivité.
-6. Retraitement
Dans la plupart des pays, le combustible usé est mis dans des conteneurs d'acier et
transporté vers une usine de retraitement. Le retraitement consiste à séparer les différents

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éléments du combustible par des traitements mécaniques et chimiques de façon à les réutiliser
et également à séparer les déchets. Ainsi, l’uranium est à nouveau enrichi pour produire du
combustible nucléaire. 96 % du combustible usé est réutilisé.
La partie du combustible usé, qui ne peut pas être réutilisée, appelée déchets ultimes, est
coulée dans du verre en fusion et entreposée pendant 30 à 40 ans à l'usine.

V. Réaction en chaîne
Comment provoque-t-on la fission d’un atome d’uranium?
Une méthode consiste à bombarder son noyau avec des neutrons en mouvement. Le neutron est
un excellent projectile car il ne subit aucune force de répulsion à mesure qu’il s’approche du noyau et,
si sa vitesse n’est pas trop grande. Les chances d’une collision sont excellentes. Si l’impact est
suffisamment intense, le noyau se scinde en deux et la diminution de masse qui en résulte libère de
l’énergie. Ainsi, la fission d’un atome 235U dégage une énergie de 218 MeV, principalement sous
forme de chaleur. La fission (qui est une réaction très violente) s’accompagne d’un autre phénomène
important: l’éjection, à haute vitesse, de 2 ou 3 neutrons. Ces neutrons, à leur tour, peuvent entrer en
collision avec d’autres noyaux voisins, de sorte qu’il produit une réaction en chaîne pouvant provoquer
un énorme dégagement de chaleur (figure 5).
C’est d’après ce principe qu’explosent les bombes atomiques. Il suffit d’une sphère de UO2 type
235
U ne pesant que 300 g (masse critique) pour produire une réaction en chaîne explosive. Bien que les
gisements naturels de UO2 (type 238U) libèrent aussi des neutrons occasionnels, leur vitesse est trop
élevée pour amorcer une réaction en chaîne, et la concentration de la matière fissile est trop faible.
Dans un réacteur nucléaire, on doit ralentir les neutrons afin d’augmenter leurs chances de
frapper les noyaux d’uranium. À cette fin, on répartit les masses d’oxyde d’uranium à l’intérieur d’un
modérateur. Le modérateur peut être de l’eau ordinaire, de l’eau lourde, du graphite, ou toute autre
substance ayant la propriété de ralentir les neutrons sans pour autant les absorber. En choisissant une
distribution et une géométrie appropriées, on réussit à freiner ces neutrons de façon à ce qu’ils aient la
vitesse requise pour produire d’autres fissions. C’est alors que la réaction en chaîne s’amorce: on dit
que le réacteur a atteint le seuil critique.

Figure 5 : Fission de l’uranium 235.

Kr : Krypton (Tal Mdl : L4C18 gaz rare ) Ba : Baryum (Tab Mdl : L6C2 Solide)

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VI. Energie nucléaire


Les combustibles fossiles se consomment plus vite que la nature ne les produit. L'énergie de
fission nucléaire est un cas particulier : les gisements exploitables connus seront épuisés dans, suivant
les estimations et le développement de la consommation des pays orientaux, 50 ans à un siècle, ce qui
classe cette énergie dans la catégorie "non renouvelable".
Les réacteurs actuellement en fonctionnement sont à 81% des réacteurs à eau légère de 2 ème
génération, qui utilisent de l'uranium enrichi. Leur approvisionnement en combustible ne pose aucune
difficulté, de même que celui des réacteurs de Génération III, comme l'REP (Réacteur à Eau
Pressurisée), qui pourraient les remplacer à partir des années 2020. Les réserves classiques connues
d'uranium représentent en effet 70 années de consommation actuelle et les réserves probables
supplémentaires, 100 années de plus, ce qui permettrait d'engager la croissance du parc
électronucléaire mondial avec le même type de réacteurs.

VII. Choix du site (Emplacement) :


Même choix que pour une centrale thermique (peu de différences).

VIII. Constitution :
Une centrale nucléaire comprend essentiellement un ou plusieurs réacteurs nucléaires (jusqu'à
7), dont la puissance électrique varie de 40 MW à plus de 1450 MW, un circuit caloporteur (dans
certains cas on trouve une turbine à vapeur, un alternateur, un condenseur, etc., comme dans une
centrale thermique conventionnelle.
Une centrale nucléaire est constituée. (Figure 6.).

Figure 6 : Parties principales d’une centrale nucléaire.

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Figure 6 : Schémas simplifié d’une centrale nucléaire.

IX. Fonctionnement.
Le bâtiment réacteur est une enceinte en béton étanche. Il contient le cœur du réacteur qui est
constitué par une cuve en acier contenant les assemblages combustible et l'eau du circuit primaire.
C'est à l'intérieur de la cuve que se passe la fission de l’uranium 235 qui produit une grande quantité de
chaleur. Cette chaleur est évacuée en permanence hors du réacteur vers un échangeur de chaleur, par
l’intermédiaire d’un fluide caloporteur pressurisé à 155 bars pour l'empêcher de bouillir. Le générateur
de vapeur permet l'échange de chaleur entre l'eau du circuit primaire et l'eau du circuit secondaire. Les
pompes assurent la circulation de l'eau. (Fonctionnement)
La fission des noyaux des atomes produit une énergie calorifique énorme, chauffe de l'eau sous
pression dans l'enceinte de confinement.
Le chauffage de cette eau produit de la vapeur en sortie du générateur de vapeur. Cette vapeur va alors
entraîner une turbine. Cette turbine entraîne en rotation un alternateur, qui va générer une énergie
électrique.
Dès que la réaction en chaîne est amorcée, la température de l’uranium monte en flèche et, afin
de la maintenir à une valeur acceptable, on doit faire circuler un liquide ou un gaz à travers le réacteur
pour en extraire la chaleur. Ce caloporteur peut être de l’eau lourde, de l’eau ordinaire, du sodium
liquide (Na) ou un gaz comme l’hélium ou le gaz carbonique. La chaleur est alors transportée à un

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échangeur de chaleur qui transfère l’énergie thermique à une chaudière à vapeur alimentant les
turbines.
La figure 6 montre les parties principales d’une centrale nucléaire.
L'uranium a 17 isotopes, tous radioactifs, dont 3 seulement sont présents à l'état naturel : U238
; U235 et U234. Quelles que soit la teneur en uranium d'un matériau, les proportions entre les trois
isotopes formant l'uranium naturel sont toujours les mêmes : 99,28 % (U238), 0,71 %(U235) et 0,0054
% (U234).
On trouve dans une tonne d'uranium naturel pur 7,1 kg d'uranium 235 et 54 g d'uranium 234, le
reste étant de l'uranium 238.
Dans les réacteurs nucléaires, on utilise comme combustible de l'uranium enrichi en isotope
235, car c'est le seul nucléide naturel qui soit fissile c'est à dire que lorsqu’un neutron frappe un atome
U235, celui-ci se divise en 2 atomes plus légers appelés produits de fission, tout en éjectant 2 à 3
neutrons et en dégageant de l’énergie thermique. Après ralentissement par des modérateurs, chaque
neutron peut faire éclater un autre atome U235, ce qui crée une réaction en chaîne (Figure 4).

Dans la salle de commande, pour augmenter ou diminuer la production d'électricité, les


opérateurs agissent sur l'intensité de la réaction en chaîne, au moyen de grappes de commande ou de
bore, qui absorbe les neutrons. En enfonçant plus ou moins ces grappes dans le réacteur, la puissance
peut être ajustée ou arrêtée. En cas de situation anormale les grappes de commande tombent de
manière automatique et arrêtent le réacteur en 2 secondes.

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