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Aux Champ
Aux Champ
2
TABLE DES MATIERES
Introduction...........................................................................................................................3
I- Le réalisme
.
6
1- Définition du mouvement
…6
2- Caractéristiques
...
6
3- Les thèmes préférés des réalistes…
.…6
II- La nouvelle :
…...7
1- Définition
7
2- Caractéristiques
…
…
...7
3- La nouvelle Aux Champs
...
.
.. 8
4- Le réalisme dans Aux Champs
8
Séquence II
Activité 5 : lecture méthodique du deuxième extrait
...21
Activité 6 : langue : Les registres de langue
23
Activité 7 : activité orale
.25
Activité 8 : production écrite
26
Séquence III
Activité 9 : lecture méthodique du troisième extrait
.....27
Activité 10 : langue : le discours direct et le discours indirect
.29
Activité 11 : activité orale
...
..
.......33
Activité 12 : production écrite
..34
Séquence IV
Activité 13 : Fiche de lecture de luvre
..35
Activité 14 : Evaluation formative
37
Activité 15 : Correction de lévaluation
....39
Conclusion................................................................................................................40
Bibliographie
.41
Annexes
...
..42
2
Introduction
Le texte littéraire est un outil didactique extrêmement pertinent et précieux dans la mesure où
il sefforce de construire, à travers les valeurs quil véhicule, un citoyen autonome, doté de
compétences susceptibles de faciliter son intégration dans le marché du travail et dans le
monde qui lentoure.
La nouvelle, en tant que gente littéraire à part entière, occupe une place très importante dans
lenseignement secondaire qualifiant notamment au niveau du Tronc commun. Ainsi, deux
modules sont consacrés entièrement à la nouvelle réaliste (La ficelle ou Aux champs) et à la
nouvelle fantastique (La Vénus dIlle ou Le Chevalier double). Le choix sest porté sur la
nouvelle au Tronc commun car cest un récit court simple chose qui est susceptible de
favoriser le goût de lire chez les élèves. Dans ce travail, nous nous focaliserons sur la nouvelle
réaliste Aux Champs. Ainsi, ce sera un outil précieux qui nous servira pour mener à bien notre
mission en tant que futures enseignantes.
Luvre intégrale constitue un support fondamental des diverses activités comprises dans
notre projet didactique. Nous avons suivi une démarche visant, avant tout, à développer de de
nombreuses compétences chez les élèves :
- Reconnaître un genre littéraire : la nouvelle réaliste.
- Identifier la structure formelle de la nouvelle réaliste.
- Sexprimer oralement autour de nombreux thèmes.
- Produire un récit réaliste.
2
Ce travail sorganise en deux grandes parties :
Lors de la première, nous nous efforcerons dabord, de définir le réalisme en tant que
mouvement littéraire qui a marqué la France au XIXème siècle. En suite, une définition de la
nouvelle notamment la nouvelle réaliste simpose étant donné que la nouvelle Aux Champs,
objet de notre étude, sinscrit dans ce cadre réaliste.
Quant à la deuxième partie, elle sera entièrement consacrée aux séquences didactiques
prévues dans le cadre du deuxième module du tronc commun. Notre préoccupation majeure
dans cette partie a été de faire en sorte que toutes les activités comprises dans les séquences de
ce projet convergent et se complètent. Autrement dit, ces activités sont décloisonnées et
interagissent les unes avec les autres.
2
Chapitre I
Aux Champs : une nouvelle réaliste
2
I- Le Réalisme :
Une vue générale sur le XIXème siècle français nous dévoile sa complexité. Ce siècle est
traversé par trois grands mouvements littéraires : le romantisme, le réalisme et le
symbolisme : trois écoles, trois conceptions de lart mais surtout, chacun deux correspond à
une vue originale de lhomme et du monde. Nous nous intéresserons au réalisme en tant que
mouvement littéraire ayant marqué la seconde moitié du 19ème siècle dautant plus que la
nouvelle Aux champs, objet de cette étude sinscrit dans le courant réaliste.
1- Définition du mouvement :
Le terme « réalisme » vient du latin « realis » signifiant « réel », dans un sens large, le
réalisme est la volonté de transcrire par les mots la réalité humaine, et ce à partir d une
observation minutieuse et objective des faits.
Henri Benac dans Guide des idées littéraires définit le réalisme en tant que « forme dart qui
se refuse à peindre autre chose que le réel ou le vrai par opposition à lidéalisme1 » P : 412.
2- Caractéristiques :
Le Réalisme cherche à dépeindre la réalité telle quelle est, sans artifice et sans idéalisation,
choisissant ses sujets dans les classes moyennes ou populaires. Ce mouvement apparait dans
la seconde moitié du XIXe siècle pour sopposer au romantisme, qui a dominé la première
moitié du siècle : « La réalité des réalistes devient (
) opposée de plus en plus nettement au
mensonge romantique : une vérité qui sincarne de préférence dans la forme romanesque 2 »
p : 2017
- Le souci de vérité
- Lobjectivité
- Limpersonnalité
- La démarche scientifique
- Lobservation
Les réalistes ont puisé leurs thèmes dans la réalité française du 19ème siècle. Ainsi, de
nouveaux sujets ont vu le jour rompant avec les illusions du romantisme :
1
Henri BENAC : Guide des idées littéraires, édition Hachette.
2
Jean Pierre de Beaumarchais et al : Dictionnaire des littératures de langue française, édition Bordas.
2
- Critique de la bourgeoisie : avarice, égoïsme, étroitesse de lesprit, hypocrisie et
mépris envers la classe ouvrière : telle est limage que les réalistes brossent des
bourgeois du 19ème siècle.
II- La nouvelle :
1. Définition:
Selon le Littré, une nouvelle est une « sorte de roman très court », un « récit d'aventures
intéressantes ou amusantes. » Malgré cette définition, il apparaît qu'il ne faut pas tenir compte
forcément de la longueur du texte pour décider si celui-ci est un roman ou une nouvelle. Cela
dit, la nouvelle est généralement un récit court et cette brièveté permet d'intensifier l'effet
produit par le texte.
En général, le récit est centré autour d'un seul événement (fait ponctuel, parfois futile). Les
personnages sont peu nombreux et sont doués d'une réalité psychologique, bien que celle-ci
soit moins développée que dans un roman.
Cette définition met la nouvelle entre deux genres, le conte et le roman, du conte, elle tire, sa
brièveté et du roman, sa structure. Lemploi du mot « nouvelle » pour désigner un genre
littéraire napparaît guère en français avant les Cent Nouvelles Nouvelles(1462), ouvrage
anonyme, était alors proche du roman, et, d'inspiration réaliste, se distinguant peu du conte. À
partir du XIXe siècle, les auteurs ont progressivement développé d'autres possibilités du
genre, en s'appuyant sur la concentration de l'histoire pour renforcer l'effet de celle-ci sur le
lecteur, par exemple par un dénouement surprenant. Les thèmes se sont également élargis : la
nouvelle est devenue une forme privilégiée de la littérature fantastique, policière, et de
science-fiction.
2. Caractéristiques :
Pour différentier la nouvelle des autres genres littéraires nous pouvons avancer les
caractéristiques suivantes :
La brièveté : Récit de longueur variable mais généralement inférieure à celle du roman.
L'histoire : Elle est constituée par une action rapide, centrée sur un noyau : une seule
intrigue condensée (crise, événement extraordinaire, effet psychologique ...) autour duquel
s'organise la structure du récit. Cest une « nouvelle » dans le sens dinformation qui vise à
divertir et/ou à instruire. Les faits racontés sont en général présentés comme vraisemblables.
2
Les personnages : Ils sont peu nombreux et sont souvent décrits à un moment de leur vie ;
leur portrait est réduit à quelques traits significatifs. Leur comportement est surtout étudié
face à l'événement. Donc, ils nont pas une épaisseur psychologique comme cest le cas dans
le roman.
L'originalité : L'auteur cherche à capter l'attention de son lecteur en cherchant un sujet ou
une narration qui sortent de l'ordinaire.
Le décor : Organisé autour de l'événement central, il se limite souvent aux renseignements
utiles pour comprendre le déroulement du récit ou pour s'imprégner d'une ambiance.
La chute : Le récit s'achève parfois sur une (ou quelques) phrase(s) courte(s) qui ménage(nt)
un effet de suspense, de surprise ou assène(nt) un trait de réflexion.
Le "message" : Fréquemment l'auteur fait appel à lintelligence du lecteur et veut l inciter à
réfléchir.
2
3- Description de la vie besogneuse des paysans : tous les jours se ressemblent et les
deux familles sont unies dans la même misère.
4- Description dune vie difficile : les deux familles vivent misérablement: Le
lexique de la pauvreté est important : « chaumières, besognaient dur, terre
inféconde, masure, vivait péniblement »...
5- Description d'une vie en plein air : « grouiller dans la poussière », « joues sales,
cheveux blonds frisés et pommadés de terre »
6- Description du menu quotidien : les familles sont décrites comme pauvres par le
biais des repas : « vivait péniblement de soupe, de pommes de terre et de grand air
», « pain molli dans leau où avait cuit les pommes de terre, un demi-chou et trois
oignons », « Un peu de viande au pot-au-feu, le dimanche, était une fête pour tous
», « tranches de pain quils frottaient parcimonieusement avec un peu de beurre »,
lévocation de la table « vernie par cinquante ans dusage »
7- Les dHubières sont décrits comme riches : ils appartiennent à la noblesse (la
particule « de » élidée), « la légère voiture », largent
Lemploi du patois (le jargon des paysans) produit un effet de réalisme. Il montre le
décalage entre les paysans et les dHubières et insiste sur le caractère peu éduqué des
campagnards.
Limportance des scènes dialoguées pour accentuer l'impression d'authenticité et faire
« entendre » les façons de parler des paysans, et le contraste avec les façons de parler
des gens d'une catégorie sociale plus élevée.
2
Chapitre II
Etude dune uvre intégrale : Aux Champs de
Maupassant
2
Ce chapitre est consacré entièrement à lélaboration du projet pédagogique qui consiste à
étudier luvre Aux Champs de Maupassant. Ce travail vise à développer de nombreuses
compétences chez lélève :
Les tableaux présentés ci- dessous regroupent lensemble des activités prévues à cet effet :
Séquence 1 :
2
Séquence 2 :
Séquence 3 :
2
Séquence 4 :
2
Activité 1 : Travaux encadrés
Objectifs :
Déroulement de la séance :
Cette activité est précédée dun travail de recherche que lenseignant demande aux élèves
préalablement. Pendant la séance, les élèves lisent leurs recherches.
- Effectuer un travail dobservation des couvertures avec les élèves : Que remarquez-vous sur
la première et la quatrième de couverture ?
- Que représente limage de la première page ? Vous donne-t-elle envie de lire luvre ?
Quévoque le titre dans vos esprits ? A quoi vous fait-il penser ?
I- Etude du paratexte :
3- Hypothèses de lecture :
Les élèves formulent leurs hypothèses de lecture à partir du titre et de lillustration qui
figurent sur la première de couverture. Le professeur les aide à donner libre cours à leur
imagination. Ces hypothèses de lecture se confirmeront (ou non) lors des prochaines séances
réservées à létude de luvre.
2
II- Le mouvement réaliste:
Le réalisme est un courant littéraire apparu au 19ème siècle. Il vise à dépeindre la réalité telle
quelle est sans artifices ni idéalisation. En réaction contre le romantisme qui a dominé la
première moitié du siècle. Ayant comme thèmes de prédilection le travail salarié, les
inégalités sociales, le rapport à largent ou les relations conjugales, le réalisme sefforce de
représenter la réalité le plus fidèlement et objectivement possible. Les écrivains réalistes les
plus connus : Balzac, Stendhal et Maupassant.
Cest un genre littéraire apparu au moyen âge. Cest un récit court bref écrit en prose. Elle est
caractérisée par la concision et lefficacité de son écriture. Ses personnages sont peu
nombreux et brièvement décrits. Son action est simple mais construite de manière à créer un
effet de surprise. Son dénouement est appelé chute.
Une nouvelle réaliste se fonde sur la réalité. Mettant en scène des personnages que l on
pourrait rencontrer dans la réalité quotidienne dans un cadre spatio-temporel délimité, La
nouvelle réaliste sefforce de relater des évènements ou des faits authentiques. A la différence
du conte merveilleux, elle est ancrée dans le réel.
2
Activité de lecture :
Support :
Objectifs :
Déroulement de la séance :
- Lecture magistrale.
Questionnement :
Eléments de réponse :
- Cest le narrateur qui parle. Il sadresse au lecteur. Il décrit deux familles paysannes
très pauvres vivant en confondant leur progéniture.
- Le texte se situe au début de luvre. Il est appelé « incipit ». Il correspond à la
situation initiale du schéma narratif.
- Les personnages évoqués sont les Tuvache et les Vallin
- Le temps qui domine est limparfait. Dans cet extrait, il marque la durabilité dans
le temps et permet au narrateur de décrire les personnages et de planter le décor
spatio- temporel.
- Laction se passe prés de Rolleport en Normandie. Nous navons pas dindication
temporelle.
- La situation initiale du schéma narratif se caractérise par un état de calme et
déquilibre.
2
Axes de lecture :
Eléments de réponse :
- Les personnages évoqués sont les deux familles Tuvache et Vallin composées des
parents et de leurs enfants.
- Le narrateur utilise les deux mots : chaumières et masure pour mettre laccent sue
la pauvreté dans la quelle vit ces deux familles.
- Le champ lexical de la pauvreté : chaumières, masure, péniblement, vernie par
cinquante ans dusage, un peu de viande
.)
- Les enfants sont décrits dune manière péjorative. Ils sont considérés comme des
animaux : (produits, mioches, des bêtes, moutard, empâtait
)
3- Synthèse :
2
de luvre. Le passage correspond à la situation initiale du schéma narratif : les deux
familles vivent côte à côte sans conflit comme dans une seule famille.
Activité de langue : Les temps du récit
Objectifs :
Déroulement de la séance:
- Les deux chaumières étaient côte à côte, au pied dune colline, proches dune
petite ville de bains.
- Les deux paysans besognaient dur sur la terre inféconde pour élever leurs petits.
- « (
) les mariages et, ensuite les naissances sétaient produits à peu près
simultanément dans lune et lautre maison. »
- Par un après- midi du mois daoût, une légère voiture sarrêta brusquement devant
les chaumières.
Demander aux élèves pourquoi le narrateur a choisi dutiliser limparfait, le plus que parfait et
le passé simple dans le récit. Quelle est lutilité de chaque temps dans la narration.
Relever les verbes utilisés dans les phrases, leurs temps et leurs valeurs :
- Limparfait sert à décrire les personnages et le lieu ou à exprimer une action qui
dure dans le temps.
- Le plus que parfait exprime lantériorité : deux actions qui se passent lune
antérieure à lautre.
- Le passé simple exprime une action brève, unique et achevée. Il permet
dintroduire une nouvelle étape dans le récit à savoir lélément perturbateur.
Effectuer une récapitulation qui servira de trace écrite sous forme de tableau :
2
dernier qui est réservé à lécrit.
Remarque :
Le passé composé peut parfaitement remplacer le passé simple. Ils ont la même valeur mais le
passé simple est un temps quon réserve à lécrit tandis que le passé composé est un temps
utilisé à la fois à lécrit et à loral. Certains verbes, par leur sens, marquent laspect durable ou
bref. Exemple :
- Observer marque une action durable : utilisation de limparfait
- Apercevoir exprime une action brève : utilisation du passé simple
Exercice 1:
Mettez les verbes entre parenthèses aux temps qui conviennent : passé simple, imparfait
ou plus-que-parfait.
Un prince qui sappelle Gaspar est à la recherche dune sorcière qui lui a jeté un sort. Il s arrête
chez un bûcheron nommé Jacques qui connait très bien la forêt. Le jeune bucheron (mener)
Gaspard dans une petite chambre du premier étage. Avant de se coucher, Gaspard
(saccouder) à la fenêtre et (regarder) les forêts lointaines baignées par la lune, et le chemin
par où la sorcière (passer) il ny (avoir) pas si longtemps.
Le lendemain, il (se lever) tôt. Il (descendre) lescalier. Jacques l (attendre) dans la salle. Il
(avoir) lui-même (préparer) le café.
Exercice 2 :
Correction :
Exercice1 :
Un prince qui sappelle Gaspar est à la recherche dune sorcière qui lui a jeté un sort. Il s arrête
chez un bûcheron nommé Jacques qui connait très bien la forêt.
Le jeune bucheron mena Gaspard dans une petite chambre du premier étage. Avant de se
coucher, Gaspard saccouda à la fenêtre et regarda les forêts lointaines baignées par la lune,
et le chemin par où la sorcière était passée il ny avait pas si longtemps.
Le lendemain, il se leva tôt. Il descendit lescalier. Jacques lattendit dans la salle. Il avait lui-
même préparé le café.
Exercice 2 :
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La mer sétendait à perte de vue. Les vagues allaient et venaient. Le soleil brillait. Un petit
garçon prit un sceau et y versa le sable. Il répétait ces gestes plusieurs fois. Enfin fatigué, Il
sallongea prés de son père qui lisait son journal.
Objectifs :
Sujet :
Déroulement de la séance :
- Inciter les élèves à utiliser les temps du récit : imparfait, plus que
parfait et passé simple.
2- Après la lecture de quelques productions, désigner un élève pour écrire son texte au
tableau puis procéder aux remaniements et corrections nécessaires. Le résultat final
constituera lobjet de trace écrite.
2
Activité de lecture :
Support :
Objectifs :
- Etudier la perturbation, les péripéties
- Etudier leffet réaliste dans la nouvelle
Déroulement de la séance :
Questionnement :
Eléments de réponse :
Elément perturbateur : larrivée du couple dHubières. Une arrivée qui va déclencher par la
suite deux péripéties :
2
- La première négociation avec les Tuvaches.
- La deuxième négociation avec les Vallin.
Questionnement :
Peut- on dire que les événements évoqués dans ce passage sont susceptibles de se produire
dans la réalité ?
Peut- on rencontrer ces personnages dans la réalité ?
Où se passe laction dans la nouvelle ? Sagit-il dun lieu réel ou dun lieu fictif ?
Quest ce qui montre leffet du réel dans ce passage ?
3- Synthèse :
Un texte crée un effet réaliste quand le monde, les personnages et les événements sont
conformes à notre représentation de la réalité. La nouvelle « Aux champs » sinscrit bel et
bien dans un cadre réaliste car :
2
Activité de langue : Les registres de langue
Objectifs :
Déroulement de la séance :
- Demander aux élèves dobserver les propos tenus par les Tuvache et
les Vallin (choix et ordre syntaxique des mots, les irrégularités et les
incorrections
)
- Inciter les élèves à observer les propos tenus par les dHubières et à
les décrire (mots soutenus, interrogations avec inversion du sujet,
vocabulaire recherché
)
Phase de questionnement :
Synthèse :
Le registre soutenu : il se caractérise par lutilisation dun vocabulaire, rare, riche et des
structures syntaxiques très recherchées.
Le registre familier : il consiste à utiliser une langue familière qui comporte des
incorrections sur le plan syntaxique. Il est utilisé dans des situations informelles (avec la
2
famille, les amis
.). Il peut être révélateur dun signe dappartenance à une classe sociale
comme cest le cas dans « Aux champs » avec les couples Tuvache et les Vallin.
Exercices :
Les mioches, le moutard, une masure, besogner, marmaille, marmot, frêle, bourrer,
demeure, méprisable, accoutumé, songer, friandises.
III- Voici quelques mots faisant partie du langage courant, trouvez leurs synonymes
dans le langage familier et soutenu : fatigué, une maison, la peur, un livre,
amoureux, un homme, un morceau, une voiture.
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Activité de production orale :
Objectifs :
- Exprimer et défendre un point de vue.
- Développer le sens critique chez les élèves.
- Développer le sens de lécoute chez les élèves.
Sujet :
Auparavant, les familles se composaient des parents et de deux enfants voire plusieurs
enfants. Actuellement, les parents ont tendance à réduire le nombre de leurs enfants.
Quen pensez- vous ?
Déroulement de la séance :
Questionnement :
2
Activité de production écrite :
Objectifs :
Sujet :
Déroulement de la séance :
- Cette étape doit être rédigée au passé simple et doit être introduite
par un indicateur temporel pour marquer la rupture avec la
situation initiale : soudain, un jour, tout à coup
2
Activité de lecture :
Support :
Objectifs :
Déroulement de la séance :
Situation du passage :
Demander aux élèves de récapituler les événements passés lors du dernier extrait étudié. Les
Tuvache refusent le marché proposé par les dHubières au nom de la morale. La négociation
va réussir avec les Vallin, qui, intéressés par largent, ont accepté de vendre leur fils.
Axes de lecture :
Questionnement :
Eléments de réponse :
Les Vallin vivent aisément grâce à la pension, tandis que les Tuvache sombrent dans la
misère.
Le retour de Jean était inattendu, on appelle ce procédé le rebondissement.
Beaucoup dannées se sont passées depuis labsence de Jean (puisquil est parti avec les
dHubières quand il était enfant).
Les indices qui le montrent : cest la phrase : « il prenait vingt et un an). On appelle ce
procédé narratif « lellipse».
2
Lellipse : est le fait de passer sous silence une partie de laction et de la vie des personnages.
Lindice qui le montre cest le fait que Mme dHubières a pris de lâge (cheveux blancs).
Questionnement :
Eléments de réponse :
3-Synthèse :
Après tant dannées dabsence, Jean revient chez ses parents. Cet événement inattendu
déclenche la jalousie de Charlot qui décide dabandonner ses vieux parents malgré leur amour
et leur sacrifice.
Ce texte représente la fin de la nouvelle Aux Champs, elle est appelée « chute », elle est
souvent surprenante, choquante et brutale et a pour but de faire réagir le lecteur.
La décision de Charlot est une surprise pour le lecteur car au lieu dêtre reconnaissant Charlot
fait des reproches à ses parents avant de les quitter.
2
Activité de langue : Le discours direct et indirect
Objectifs :
Déroulement de la séance :
Corpus :
Questions :
1. De quel type de discours sagit-il ?
2. Quelles sont les indices qui le montrent ?
3. Relevez les verbes introducteurs.
4. A quel temps sont-ils conjugués ?
- Le professeur procède ensuite, avec les élèves, à la transformation des phrases du discours
direct au discours indirect en soulignant les diverses modifications qui doivent se faire.
2
Le discours direct consiste à rapporter directement les paroles de quelquun. Il se caractérise
par la présence du verbe introducteur comme le verbe « dire », et aussi par les indices
typographiques suivants :
Le discours indirect consiste à rapporter les paroles de quelquun indirectement. Pour passer
du discours direct au discours indirect, on effectue les transformations suivantes :
Quand le verbe introducteur est au passé (passé simple, passé composé ou imparfait), on
effectue les modifications suivantes. Le tableau ci-dessus récapitule les majeures
transformations lors du passage du discours direct au discours indirect. Le professeur le remet
aux élèves pour quils puissent y recourir par la suite.
NB : Le professeur distribue le tableau ci-dessous qui récapitule les principales modifications
et le lit avec les élèves qui doivent lapprendre par cur.
2
TRANSFORMATIONS DES TEMPS
Discours direct Discours indirect Exemples
Présent Imparfait Il a dit : « je pars. »
Il a dit quil partait
Passé simple Plus-que-parfait Il a dit : « je partis. »
Il a dit quil était parti.
Passé composé Plus-que-parfait Il a dit : « je suis parti.»
Il a dit quil était parti.
Futur simple Conditionnel présent Il a dit : « je partirai.»
Il a dit quil partirait. »
Futur antérieur Conditionnel passé Il a dit : « je serai parti. »
Il a dit quil serait parti.
LES TEMPS
INVARIABLES
Imparfait imparfait Il a dit : « je partais. »
Il a dit quil partait.
Conditionnel Conditionnel Il a dit : « je partirais. »
Il a dit quil partirait.
Subjonctif Subjonctif Il a souhaité: « que je parte.»
Il a souhaité quil parte. »
Autres
transformations
Discours direct Discours indirect Exemples
Adj démonstratif+GN Adj Elle demanda : « combien coût cette
démonstratif+GN+là robe ? »
Elle demanda combien coûte cette robe là.
Est-ce que Si Je lui ai demandé : « est-ce que tu
2
viendras ? »
Je lui ai demandé sil viendrait.
Quest ce que Ce que Il ma demandé : « quest ce que tu fais ? »
Il ma demandé ce que je faisais.
Impératif De+impératif Il lui a dit : « pars ! »
Il lui a dit de partir
Exercices:
I- Relevez dans les phrases suivantes les verbes introducteurs, puis transformez-les du
discours direct ou au discours indirect selon le cas :
- « Je te prêterai ma voiture » dit-elle
- Il lui assure quil est sincère.
- Mme Tuvache dit au Vallin quils sont des lâches.
- « Vous nêtes que des niais » affirme Charlot à ses parents.
2
Activité de production orale :
Objectifs :
Ladoption est lultime solution à laquelle recourent les couples stériles pour combler un
vide affectif. Pensez- vous que ces couples ont raison denvisager ladoption ? Etes- vous
pour ou contre ladoption ?
Mise en situation:
- Evoquer le couple dHubières : un couple stérile privé denfants.
Pourquoi adopter ?
- Définition et utilité de ladoption
- Peut-on tout acheter dans la vie ?
- Accepteriez-vous de vous faire adopter par un milliardaire ?
- Avantages et inconvénients de ladoption
- Le dénouement paradoxal dans « Aux champs » : lenfant gardé est
parti et lenfant adopté est revenu.
- Etes- vous pour ou contre ladoption ?
2
Inciter les élèves à se positionner quant au sujet de ladoption. Le but étant de les encourager
à défendre leurs idées et à apprendre à argumenter pour convaincre autrui. Le professeur
dirige le débat, loriente. En dernier lieu, il invite les élèves à formuler une synthèse générale.
Objectifs :
Déroulement de la séance :
Sujet :
Consigne :
- Récupérer les deux textes rédigés par les élèves lors de la première
et la deuxième séquence représentant la situation initiale et médiane
dun récit et leur demander dimaginer une fin composée dune
chute.
2
Fiche de lecture de la nouvelle Aux champs
Objectifs :
Déroulement de la séance:
3. Auteur :
- Qui est Guy de Maupassant ?
5. Personnages principaux : Les Tuvache, les Vallin, les dHubières, Jean Vallin et Charlot
Tuvache.
6. Lieu de lhistoire : La Normandie
7. Epoque de lhistoire : Le 19ème siècle
8. Résumé de luvre :
Deux familles paysannes, les Tuvache et les Vallin, vivent pauvrement au pied dune colline.
Mr et Mme dHubières un couple aristocrate ne peut pas avoir denfants. Ils proposent alors
aux Tuvache dadopter leur fils cadet Charlot. Ses parents refusent. Les dHubières refont la
même proposition aux Vallin qui acceptent. Laffaire conclue provoque la rupture des deux
familles qui étaient jusque là amies. Le fils « vendu » se fait une situation et revient voir ses
2
parents biologiques après vingt ans. Jalousie et sentiment dinjustice poussent Charlot à
reprocher à ses parents de ne pas lavoir vendu et à les quitter pour toujours.
Ce que jai apprécié le plus dans cette Ce que je nai pas aimé dans cette
nouvelle nouvelle
13. Quelle est la morale quon peut tirer de cette uvre ? Qui a tort et qui a raison dans cette
histoire ?
2
Evaluation formative :
On n'entendit plus du tout parler du petit Jean Vallin. Les parents, chaque mois, allaient
toucher leurs cent vingt francs chez le notaire ; et ils étaient fâchés avec leurs voisins parce
que la mère Tuvache les agonisait d'ignominies, répétant sans cesse de porte en porte qu'il
fallait être dénaturé pour vendre son enfant, que c'était une horreur, une saleté, une
corromperie.
Et parfois elle prenait en ses bras son Charlot avec ostentation, lui criant, comme s'il eût
compris :
J'tai pas vendu, mé, j't'ai pas vendu, mon p'tiot. J'vends pas m's éfants, mé. J'sieus pas
riche, mais vends pas m's éfants.
Et, pendant des années et encore des années, ce fut ainsi chaque jour ; chaque jour des
allusions grossières étaient vociférées devant la porte, de façon à entrer dans la maison
voisine. La mère Tuvache avait fini par se croire supérieure à toute la contrée parce qu'elle
n'avait pas vendu Charlot. Et ceux qui parlaient d'elle disaient :
J'sais ben que c'était engageant, c'est égal, elle s'a conduite comme une bonne mère.
On la citait ; et Charlot, qui prenait dix-huit ans, élevé avec cette idée qu'on lui répétait sans
répit, se jugeait lui-même supérieur à ses camarades parce qu'on ne l'avait pas vendu.
Les Vallin vivotaient à leur aise, grâce à la pension. La fureur inapaisable des Tuvache, restés
misérables, venait de là.
Leur fils aîné partit au service. Le second mourut ; Charlot resta seul à peiner avec le vieux
père pour nourrir la mère et deux autres surs cadettes qu'il avait.
Il prenait vingt et un ans, quand, un matin, une brillante voiture s'arrêta devant les deux
chaumières. Un jeune monsieur, avec une chaîne de montre en or, descendit, donnant la main
à une vieille dame en cheveux blancs. La vieille dame lui dit :
C'est là, mon enfant, à la seconde maison.
...
...
...
2
...
...
6- Que faisait la mère Tuvache en public pour monter quelle avait raison de ne pas
vendre son enfant ? (1pts)
..
8- Relevez dans le texte un terme ou une expression qui évoquent la richesse. (1pts)
..
9- classez les mots suivant selon leur niveau de langue : (1,5 pts)
- Un copain- un ami- un pote- des godasses- des souliers- des chaussures- casse
pieds- ennuyeux- fâcheux
..
11- Quels sont les temps utilisés dans un récit réaliste? (1pts)
..
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-lorganisation (2pt).
-la cohérence (2pt).
-La rigueur de la langue (3pt).
-la conjugaison (3pt)
Correction de lévaluation :
6) -La mère Tuvache les agonisait d'ignominies, répétant sans cesse de porte en porte
qu'il fallait être dénaturé pour vendre son enfant, que c'était une horreur, une saleté,
une corromperie.
-Chaque jour des allusions grossières étaient vociférées devant la porte, de façon à
entrer dans la maison voisine.
8) Les termes qui évoquent la richesse dans le texte sont : une brillante voiture ; une
chaîne de montre en or.
9)
10) A- Le professeur demande à ses élèves sils ont bien compris la leçon.
B- Hamid ma confié quil se marierait lannée suivante.
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11) Les temps de récit réaliste sont le passé simple et limparfait.
CONCLUSION
Nous avons tenté, à travers ce travail, de concevoir un travail pédagogique sarticulant autour
de luvre Aux Champs de Maupassant.
Etudier cette nouvelle sans aborder le courant réaliste, ses caractéristiques et ses thèmes de
prédilection, serait à notre sens une chose inconcevable étant donné que cette nouvelle
sinscrit bel et bien dans le cadre de lécriture réaliste.
Il a été question dans ce travail, délaborer un projet pédagogique dans lequel lélève se trouve
au centre de nos préoccupations. Notre souci a été avant tout, de préparer diverses activités
(lecture, langue, expression orale et écrite
.) convergeant au même but et interagissant les
unes avec les autres. Le but étant de présenter aux élèves un travail de qualité qui pourra les
aider à développer de nombreuses compétences.
Nous espérons que le présent projet didactique portant sur létude dune uvre étrangère a été
fidèle à ce quexigent les instructions officielles. Nous souhaitons avant tout que les élèves
puissent développer des aptitudes dautonomie et de communication.
Durant les stages que nous avons effectués dans le cadre de cette formation, nous avons pris
conscience que le métier denseignant savère difficile et frustrant. En tant que futures
enseignantes, nous avons lintime conviction quun enseignant est amené constamment à se
remettre en question et à renouveler ses outils de travail : raison pour laquelle, nous affirmons
que ce projet nest, en aucun cas, parfait et définitif car nous savons pertinemment qu au cours
de notre carrière et au contact des élèves, nous serons certainement amenées à revoir notre
méthode et nos outils de travail dans le but de toujours donner le meilleur de nous même.
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BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
- http://www.ac-rouen.fr/pedagogie/equipes/lettres/sequences/
seq4_AES/aux%20champs/index.htm
- http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/article.php3?id_article=83
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ANNEXES
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Premier extrait :
Les deux chaumières étaient côte à côte, au pied dune colline, proches d'une petite ville
de bains. Les deux paysans besognaient dur sur la terre inféconde pour élever tous leurs
petits. Chaque ménage en avait quatre. Devant les deux portes voisines, toute la marmaille
grouillait du matin au soir. Les deux aînés avaient six ans et les deux cadets quinze mois
environ ; les mariages, et, ensuite, les naissances sétaient produites à peu près
simultanément dans lune et lautre maison.
Les deux mères distinguaient à peine leurs produits dans le tas ; et les deux pères
confondaient tout à fait. Les huit noms dansaient dans leur tête, se mêlaient sans cesse ; et,
quand il fallait en appeler un, les hommes souvent en criaient trois avant darriver au
véritable.
La première des deux demeures, en venant de la station deaux de Rolleport, était occupée
par les Tuvache, qui avaient trois filles et un garçon ; lautre masure abritait les Vallin, qui
avaient une fille et trois garçons.
Tout cela vivait péniblement de soupe, de pommes de terre et de grand air. À sept heures,
le matin, puis à midi, puis à six heures, le soir, les ménagères réunissaient leurs mioches
pour donner la pâtée, comme des gardeurs doies assemblent leurs bêtes. Les enfants
étaient assis, par rang dâge, devant la table en bois, vernie par cinquante ans d usage. Le
dernier moutard avait à peine la bouche au niveau de la planche. On posait devant eux
lassiette creuse pleine de pain molli dans l'eau où avaient cuit les pommes de terre, un
demi-chou et trois oignons ; et toute la lignée mangeait jusquà plus faim. La mère
empâtait elle-même le petit. Un peu de viande au pot-au-feu, le dimanche, était une fête
pour tous ; et le père, ce jour-là, sattardait au repas en répétant : "Je my ferais bien tous
les jours."
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Deuxième extrait :
Par un après-midi du mois daoût, une légère voiture sarrêta brusquement devant les deux
chaumières, et une jeune femme, qui conduisait elle-même, dit au monsieur assis à côté
delle :
« Oh ! regarde, Henri, ce tas denfants ! Sont-ils jolis, comme ça, à grouiller dans la
poussière ! »
Lhomme ne répondit rien, accoutumé à ces admirations qui étaient une douleur et presque
un reproche pour lui.
La jeune femme reprit :
« Il faut que je les embrasse ! Oh ! comme je voudrais en avoir un, celui-là, le tout petit. »
Et, sautant de la voiture, elle courut aux enfants, prit un des deux derniers, celui des
Tuvache, et, lenlevant dans ses bras, elle le baisa passionnément sur ses joues sales, sur
ses cheveux blonds frisés et pommadés de terre, sur ses menottes quil agitait pour se
débarrasser des caresses ennuyeuses.
Puis elle remonta dans sa voiture et partit au grand trot. Mais elle revint la semaine
suivante, sassit elle-même par terre, prit le moutard dans ses bras, le bourra de gâteaux,
donna des bonbons à tous les autres ; et joua avec eux comme une gamine, tandis que son
mari attendait patiemment dans sa frêle voiture.
Elle revint encore, fit connaissance avec les parents, reparut tous les jours, les poches
pleines de friandises et de sous.
Elle sappelait Mme Henri dHubières.
Un matin, en arrivant, son mari descendit avec elle ; et, sans sarrêter aux mioches, qui la
connaissaient bien maintenant, elle pénétra dans la demeure des paysans.
Ils étaient là, en train de fendre du bois pour la soupe ; ils se redressèrent tout surpris,
donnèrent des chaises et attendirent. Alors la jeune femme, d'une voix entrecoupée,
tremblante commença :
« Mes braves gens, je viens vous trouver parce que je voudrais bien... je voudrais bien
emmener avec moi votre... votre petit garçon... »
Les campagnards, stupéfaits et sans idée, ne répondirent pas.
Elle reprit haleine et continua.
« Nous navons pas denfants ; nous sommes seuls, mon mari et moi... Nous le
garderions... voulez-vous ? »
La paysanne commençait à comprendre. Elle demanda :
« Vous voulez nous prende Charlot ? Ah ben non, pour sûr. »
Alors M. dHubières intervint :
« Ma femme sest mal expliquée. Nous voulons ladopter, mais il reviendra vous voir. Sil
tourne bien, comme tout porte à le croire, il sera notre héritier. Si nous avions, par hasard,
des enfants, il partagerait également avec eux. Mais sil ne répondait pas à nos soins, nous
lui donnerions, à sa majorité, une somme de vingt mille francs, qui sera immédiatement
déposée en son nom chez un notaire. Et, comme on a aussi pensé à vous, on vous servira
jusquà votre mort, une rente de cent francs par mois. Avez-vous bien compris ? »
La fermière sétait levée, toute furieuse.
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« Vous voulez que jvous vendions Charlot ? Ah ! mais non ; cest pas des choses quon
dmande à une mère, ça ! Ah ! mais non ! Ce srait une abomination. »
L'homme ne disait rien, grave et réfléchi ; mais il approuvait sa femme dun mouvement
continu de la tête.
Mme dHubières, éperdue, se mit à pleurer, et, se tournant vers son mari, avec une voix
pleine de sanglots, une voix d'enfant dont tous les désirs ordinaires sont satisfaits, elle
balbutia :
Alors, Mme dHubières, en sortant, savisa quils étaient deux tout petits, et elle demanda à
travers ses larmes, avec une ténacité de femme volontaire et gâtée, qui ne veut jamais
attendre :
« Mais lautre petit nest pas à vous ? »
Le père Tuvache répondit :
« Non, cest aux voisins ; vous pouvez y aller si vous voulez. »
Et il rentra dans sa maison, où retentissait la voix indignée de sa femme.
Les Vallin étaient à table, en train de manger avec lenteur des tranches de pain qu ils
frottaient parcimonieusement avec un peu de beurre piqué au couteau, dans une assiette
entre eux deux.
M. dHubières recommença ses propositions, mais avec plus dinsinuations, de précautions
oratoires, dastuce.
Les deux ruraux hochaient la tête en signe de refus ; mais quand ils apprirent qu ils
auraient cent francs par mois, ils se considérèrent, se consultant de lil, très ébranlés.
Ils gardèrent longtemps le silence, torturés, hésitants. La femme enfin demanda :
« Qué quten dis, lhomme ? »
Il prononça d'un ton sentencieux :
« Jdis qucest point méprisable.»
Alors Mme dHubières, qui tremblait d'angoisse, leur parla de lavenir du petit, de son
bonheur, et de tout largent quil pourrait leur donner plus tard.
Le paysan demanda :
« Cte rente de douze cents francs, ce sra promis dvant lnotaire ? »
M. dHubières répondit :
« Mais certainement, dès demain. »
La fermière, qui méditait, reprit :
« Cent francs par mois, cest point suffisant pour nous priver du ptit ; ça travaillera dans
quéquzans ctéfant ; i nous faut cent vingt francs. »
Mme dHubières, trépignant d'impatience, les accorda tout de suite ; et, comme elle voulait
enlever lenfant, elle donna cent francs en cadeau pendant que son mari faisait un écrit. Le
maire et un voisin, appelés aussitôt, servirent de témoins complaisants.
Et la jeune femme, radieuse, emporta le marmot hurlant, comme on emporte un bibelot
désiré d'un magasin.
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Les Tuvache sur leur porte, le regardaient partir, muets, sévères, regrettant peut-être leur
refus.
On nentendit plus du tout parler du petit Jean Vallin. Les parents, chaque mois, allaient
toucher leurs cent vingt francs chez le notaire ; et ils étaient fâchés avec leurs voisins
parce que la mère Tuvache les agonisait d'ignominie, répétant sans cesse de porte en porte
quil fallait être dénaturé pour vendre son enfant, que cétait une horreur, une saleté, une
corromperie.
Et parfois elle prenait en ses bras son Charlot avec ostentation, lui criant, comme sil eût
compris :
« Jtai pas vendu, mé, jtai pas vendu, mon ptiot. Jvends pas ms éfants, mé. Jsieus pas
riche, mais vends pas mséfants. »
Et, pendant des années et encore des années, ce fut ainsi chaque jour ; chaque jour des
allusions grossières qui étaient vociférées devant la porte, de façon à entrer dans la maison
voisine. La mère Tuvache avait fini par se croire supérieure à toute la contrée parce qu'elle
navait pas vendu Charlot. Et ceux qui parlaient delle disaient :
« Jsais ben que cétait engageant, cest égal, elle sa conduite comme une bonne mère. »
On la citait ; et Charlot, qui prenait dix-huit ans, élevé dans cette idée quon lui répétait
sans répit, se jugeait lui-même supérieur à ses camarades, parce quon ne lavait pas
vendu.
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Troisième extrait :
Les Vallin vivotaient à leur aise, grâce à la pension. La fureur inapaisable des Tuvache,
restés misérables, venait de là.
Leur fils aîné partit au service. Le second mourut ; Charlot resta seul à peiner avec le
vieux père pour nourrir la mère et deux autres surs cadettes quil avait.
Il prenait vingt et un ans, quand, un matin, une brillante voiture sarrêta devant les deux
chaumières. Un jeune monsieur, avec une chaîne de montre en or, descendit, donnant la
main à une vieille dame en cheveux blancs. La vieille dame lui dit :
« Cest là, mon enfant, à la seconde maison. »
Et il entra comme chez lui dans la masure des Vallin.
La vieille mère lavait ses tabliers ; le père, infirme, sommeillait près de l âtre. Tous deux
levèrent la tête, et le jeune homme dit :
« Bonjour, papa ; bonjour, maman. »
Ils se dressèrent, effarés. La paysanne laissa tomber démoi son savon dans son eau et
balbutia :
« « C'est-i té, mn éfant ? C'est-i té, mn éfant ? »
Il la prit dans ses bras et lembrassa, en répétant : « Bonjour, maman. » Tandis que le
vieux, tout tremblant, disait, de son ton calme quil ne perdait jamais : « Te vlà-til revenu,
Jean ? » Comme sil lavait vu un mois auparavant.
Et, quand ils se furent reconnus, les parents voulurent tout de suite sortir le fieu dans le
pays pour le montrer. On le conduisit chez le maire, chez ladjoint, chez le curé, chez
linstituteur.
Charlot, debout sur le seuil de sa chaumière, le regardait passer.
Le soir, au souper, il dit aux vieux :
« Faut-il quvous ayez été sots pour laisser prendre le ptit aux Vallin ! »
Sa mère répondit obstinément :
« Jvoulions point vendre not éfant. »
Le père ne disait rien.
Le fils reprit :
« Cest-il pas malheureux dêtre sacrifié comme ça. »
Alors le père Tuvache articula dun ton coléreux :
« Vas-tu pas nous rprocher d tavoir gardé ? »
Et le jeune homme, brutalement :
« Oui, jvous le reproche, que vous nêtes que des niants. Des parents comme vous, ça fait
lmalheur des éfants. Quvous mériteriez que jvous quitte. »
La bonne femme pleurait dans son assiette. Elle gémit tout en avalant des cuillerées de
soupe dont elle répandait la moitié :
« Tuez-vous donc pour élever ds éfants ! »
Alors le gars, rudement :
« Jaimerais mieux nêtre point né que dêtre cque jsuis. Quand jai vu lautre, tantôt, mon
sang na fait quun tour. Je msuis dit : vlà cque jserais maintenant. »
Il se leva.
« Tenez, jsens bien que je ferai mieux de npas rester ici, parce que jvous le reprocherais
du matin au soir, et que jvous ferais une vie dmisère. Ça, voyez-vous, jvous
lpardonnerai jamais ! »
Les deux vieux se taisaient, atterrés, larmoyants.
Il reprit :
« Non, ctidée-là, ce serait trop dur. Jaime mieux men aller chercher ma vie autpart. »
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Il ouvrit la porte. Un bruit de voix entra. Les Vallin festoyaient avec lenfant revenu.
Alors Charlot tapa du pied et, se tournant vers ses parents, cria :
« Manants, va ! »
Et il disparut dans la nuit
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