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La Terre et la vie : revue

d'histoire naturelle...

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Société nationale de protection de la nature (France). Auteur du
texte. La Terre et la vie : revue d'histoire naturelle.... 1934-01.

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ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE

N° 1. - JANVIER 1934 LE NUMÉRO : 7 FR.


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LA TERRE ET LA VIE

HE VUE D'HISTOIRE NATURELLE

TOME QUATRIÈME

1934
LA TERRE ET LA VIE

REVUE D'HISTOIRE NATURELLE


FONDÉE ET PUBLIÉE

PAR LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE

Revue Mensuelle

TOME QUATRIÈME

1954

RÉDACTION ET ADMINISTRATION
SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE
4, Rue de Tournon, PARIS LVIE)
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE

4e ANNÉE — N° 1 Janvier 1934

SOMMAIRE
J. DELACOUR
..Les Gibbons indochinois
Dr Robert DIDIER. Le Grand Pingouin (Plautus irnpennis [Lin ]i...... 3

13

IDE-1kEY-MoNTBÉLIARD DE BRUN. Le Musa ensete en Ethiopie 21

E. SÉGUY. La Lucilie soyeuse et le traitement de certaines affections


chirurgicales 29
J. GATTEFOSSÉ.. Les grottes au Maroc. — De l'habitat primitif au lieu cultuel .
33

VARIÉTÉS.
en Paléontologie. — La Cigale. — L'arboretum d'HarcourL
NOUVELLES ET INFORMATIONS
....
— Les plus anciens Vertébrés terrestres et leur importance
46

..................
51

PARMI LES LIVRES 63

La photographie reproduite sur la couverture et qui représente une tête de Lézard


est due à M. P.-L. BA'RRUEL.

REVUE MENSUELLE
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: 105 fr. suivant les pays,
SOCIÉTÉ NATIONALE SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES.
D'ACCLIMATATION DE FRANCE MARITIMES ET COLONIALES
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Fondée en 1854, reconnue d'utilité publique en 1856

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; Archiviste :
DECHAMBRE, professeur Pierre CREPIN Monseigneur FOUCHER.
;
à l'Ecole d'Alfort
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le docteur THIBOUT le docteur POLAILLON Bibliothécaire .


;

Maurice LOYER. J. DELACOUR. M. Ph. DE CLERMONT.


Secrétaire aux publications, rédacteur en chef de La Terre et la Vie :
M. G. PETIT, sous-directeur de Laboratoire au Muséum.

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de VILMORIN.

LIGUE FRANÇAISE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX


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:
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:
ROPARS ; trésorier : P. BARET ; déléguè du Conseil : D, THIBOUT.
LA TERRE ET LA VIE
REVUE MENSUELLE D'HISTOIRE NATURELLE
4° Année. — N° 1 Janvier 1934

LES GIBBONS INDOCHINOIS


par
J. DELACOUR

Des Singes «
anthropoïdes M. le et des Orang-Outangs, les Gibbons
Gibbon est Je moins grand et de les dépassent tous de beaucoup par
beaucoup le plus joli. Il se distingue l'élégance des formes, la finesse du
principalement des trois autres (Go- pelage, la légèreté des mouvements,
rille, Chimpanzé et Orang-Outang) la grâce des attitudes. Ce sont sans
par l'extrême longueur de ses bras doute les plus agréables de tous les
et la légèreté de sa structure, se mon Singes et ils n'étalent aucune des
trant ainsi parfaitement adapté à un laideurs physiques et morales qui
genre de vie purement arboricole. déparent presque toujours les es-
C'est en outre le seul de tous les pèces les plus belles.
Singes qui, à terre, progresse habi- Ce sont bien les Singes des arbres
tuellement érigé sur ses membres par excellence, les H y lobates. comme
inférieurs, tout comme l'homme. leu r nom générique latin, bien appro
Mais ses longues canines et de lé- prié pour une fois, le suggère. Par
gères callosités ischiales le rabaissent petites troupes ou familles, ils vivent
quelque peu dans l'échelle des êtres. uniquement dans les forêts humides,
A l'encontre des autres Singes en depuis les plaines basses jusqu'à des
général, les Gibbons des deux sexes altitudes de 3.000 mètres, mais ils
ne présentent aucune différence de sont souvent plus nombreux en mon-
de taille ni de forme. Les femelles tagne. Ils s'y nourrissent de fruits,
sont tout aussi grandes et aussi de quelques Insectes, d'œufs et de
fortes, avec des dents tout aussi dé- jeunes Vertébrés.
veloppées, que les mâles. Seule la Une particularité curieuse des Gib-
teinte du pelagediffère chez les adultes bons réside en la manière qu'ils ont
de certaines espèces, dont les mâles de chanter en chœur, concerts bar-
sont noirs et les femelles fauve pâle. bares, dont résonnent les bois ; tous
Si on ajoute à cela que la conforma- ceux d'une même troupe crient à la
tion externe des organes génitaux fois, à intervalles plus ou moins rap-
né permet de les distinguer qu'en prochés, surtout dans la matinée. La
les examinant de près, on s'aperçoit voix varie considérablement avec les
que la différenciation sexuelle est espèces, et, outre ce « chanté », ils
réduite au minimum chez ces ani- possèdent toute une série de grogne-
maux. ments et de cris, fort expressifs de
Sans avoir l'aspect étrange et im- leurs sensations et de leurs senti-
posant des Gorilles, des Chimpanzés ments.
Les Gibbons habitent le Sud-Est peut rendre par « ou-ou, oua-oua »,
de-l'Asie et. les îles voisines telles que dont les notes variées composent une
Java, Sumatra. Bornéo et Haïnan. façon de chant émis en chœur comme
Leur classification, rendue souvent chez tous les Gibbons
difficile par la variabilité du pelage Les formes assez nombreuses de
dans beaucoup de formes, a été ré- ces Gibbons Jars diffèrent entre elles
cemment étudiée et révisée par R. I. par le pelage ; celles de Java et de
Pocock (1) et par C. B. Kloss (2). Bornéo sont grises ; celles de Suma-
Bien que le premier reconnaisse moins tra et du continent se présentent sous
d'espèces que le second, il ressort de deux phases : l'une foncée, noire ou
leurs travaux que ces Singes se di- brun sombre, l'autre claire, fauve,
visent eu cinq groupes naturels, blanchâtre ou grisâtre ; leurs mains
différant surtout par la forme de leur sont blanches ou noires.
tète et leur voix. Il est encore difficile de décider si
Ceux d'un premier groupe, les Sia- tous les Gibbons du groupe lar nu
mangs (HyLobates syndactylus), se forment qu'une espèce aux races
reconnaissent à une grande taille, nombreuses, comme l'avance Pocock
à un pelage tout noir et à un sac ou se composent de plusieurs espèces,
laryngial dénudé ; leur voix est reten- ainsi que l'affirme Kloss. 11 est cer-
tissante et rauque, semblable à un tain que. dans le Sud de la Péninsule
aboiement hurlé. On les rencontre, malaise et à Sumatra, une forme à
sous deux formes peu différentes, à mains blanches (H. lar) et une autre
Sumatra et dans la Péninsule ma- à mains noires (H. agilis) coha-
laise. bitent.
Dans les îles Mentawei, au Sud- Mais ces deux pays ne sont peut-
Ouest de Sumatra, se trouve une être que le lieu de rencontre des deux
espèce plus petite, à gorge garnie de races qui s'y mélangent. La simili-
poils, intermédiaire entre les Sia- tude générale de la forme et de la vie
mangs et les Gibbons suivants : c'est nous inclinent à partager l'avis de
H. Klossi. Pocock et à unir tous ces Gibbons en
Les ties de la Sonde, la Malaisie, une seule espèce naturelle.
le Ténasserim. le Siam, le Cam- Les Gibbons de l'Assam, de la
bodge, l'île de Phuquoc et l'Ouest du Haute-Birmanieet des Etats Shan, les
,
Laos sont habités par des Gibbons Hoolocks (H. hoolock), ressemblent
variés, mais proches parents les uns beaucoup à ceux du groupe lar par
des autres, qui forment le groupe la forme de leur tête et la présence
lar. Ils sont caractérisés par une tête de sourcils blancs, mais leurs parties
aplatie, aux poils dirigés vers l'ar- anales et génitales sont plus poilues,
rière, des sourcils blancs, le bord leur crâne est plus grand, leur mâ-
inférieur de l'oreille libre ; les par- choire plus forte,, leurs orbites plus
ties anales et génitales sont assez étroites, leur face plus longue. Peut-
dénudées et peu cachées par les poils être toutefois une étude plus appro-
environnants. Leur voix est forte, fondie permettrait-elle de les ratta-
sorte de hululement bruyant, qu'on cher aux Lars qu'ils semblent rem-
placer géographiquement. Les fe-
melles adultes et les jeunes, à la
(1) Proceeding Zoological Society o/ London
1927, pp. 719-141.
naissance, sont fauve pâle, les mâles,
'2) P. Z. S. o/ London, 1929, pp. 113-127. adultes et juvéniles, et les femelles
âgées de dix mois à cinq ans envi- mais de sourcils blancs, à l'encontre
ron sont noirs. brunâtres, avec les des Lars et des Hoolocks.
lignes sourcilières blanches. Leur A l'avantage considérable que
voix est particulière, plus forte et donne à l'aspect, leur haut front et
plus dure que celle des Lars. Les leur jolie figure, les Gibbons indo-
mœurs de cette espèce et ses phases chinois ajoutent une allure plus déga-
de pelage viennent
d'être fort bien étu-
diées par C. Mac
-Cano (1). Les Hoo-
locks ne paraissent
pas varier avec les
localités.
Les Gibbons du
cinquième groupe,
propre à l'Indochine
française, sont bien
différents, de tous les
précédents, et en vie,
l eur dissemblance est
frappante : au lieu
d'une tête aplatie, ils
présentent une cou-
ronne élevée aux poils
verticaux, formant
brosse ; leur face est
plus fine, leur front
plus haut, leur nez
plus allongé et plus
saillant ; le bord infé-
rieur de l'oreille est soudé à la joue. gée et une agilité encore supérieure
Le clitoris des femelles, très à celle des autres. Si on dit de plus
allongé, ne se distingue guère, à pre- qu'au lieu des hurlements assourdis-
mière vue, du pénis des mâles. sants des Lars et des Hoolocks, ils
D'après Mac Cann, ce caractère existe font entendre des sifflements et des
également chez H. hoolock, mais il gazouillis forts et aigus, mais variés,
parait moins développé chez H. lar. rappelant celui de certains Oiseaux,
A ces différences extérieures cor- on concevra aisément qu'ils se
respondent des particularités du montrent plus attrayants qu'eux,
crâne ; entre autres, le septum inter- sous tous les rapports.
orbital forme une ligne continue Comme chez les Hoolocks, les
avec le nez et le- front, ce qui fait jeunes naissent fauves, puis devien-
paraître ce dernier plus élevé et lui nent bientôt et graduellement noirs,
donne une physionomie plusagréable. chez les deux sexes ; vers l'âge de
Ces Gibbons par ailleurs, n'ont ja- cinq à sept ans, au moment de la
puberté, les femelles passent de nou-
(1) Journal of the Bombay N. H. Society, veau au fauve, conservant une ca-
XXXVT, 1933, pp. 395-405. lotte noire ; ce changement s'eflee-
tue peu à peu, en six ou huit mois, concotor paraît un peu plus forte et
tandis que les mâles demeurent noirs. plus robuste que les autres
Nous avons définitivement établi la Le Nord-Ouest du Tonkin (Laï-
constance de ce:* transformations par Chau), le Nord et le centre de l'An-
l'observation de sujets sauvages en nam (de Phu Qui à Tourane), le Nord
Indochine et d'autres gardés en et le centre du Laos (de Phong-Saly
France en pleine ou semi liberté, et Pak-Laï à Savannahet et à Tché-
tout comme l'a fait C. Me Cann pour pone) sont le domaine de H. conco-
les Hoolocks. Les assertions con- lor leucogenys. Chez celui-ci le mâle
traires ont été dues à une confusion et les jeunes en pelage noir, sans
des sexes, si facile à faire à moins traces de brun, offrent de largestaches
d'un examen très minutieux. blanches, ou crème, sur les joues, se
En ce qui concerne les Lars, on ne rejoignant à la gorge. Vers le sud
sait rien encore de positif, et il semble de son aire de distribution, ces taches
que les différences de couleurs ne se réduisent et se teintent de fauve,
comportent pas d'indications d'âge formant transition avec la race méri-
ni de sexe, au moins dans la plupart dionale. Il semble aussi que les Gib-
des cas. bons de cette région soient plus
Les Gibbons indochinois (1 ) appar- minces et plus allongés, avec un poil
tiennent à l'espèce Hylobates con- plus fin et moins long. Peut-être mé-
color et se divisent en trois races riteraient-ils un nom spécial, comme
géographiques. .le croit Iiloss.
Dans le Nord et l'Est du Tonkin, H. concolor Gabriellœ, qui occupe
l'extrême nord de l'Annam, l'lie de
Haïna 0 et peut-être certaines parties
l'Indochine au sud du précédent, et
que nous avons trouvé sur les plateaux
voisines de la Chine, vit H. conco-
des Bolovens et du Langbian, au
lor, qui se fait remarquer par la tête Bas-Laos, en Cochinchine et au
entièrement noire du mâle, dont la Cambodge, a les taches des joues
poitrine est légèrement teintée de plus réduites et de couleur fauve,
brun. J ai rencontré ce Gibbon à Cha- parfois même roussâtre en Cochin-
pa et à Hoï-Xuan, en particulier, et chine, et la poitrine teintée de brun.
j'en possède actuellement à Clères Les femelles des trois races paraissent
une magnifique femelle, qui, bien semblablès comme le sont la voix et
-
qu'ayant pris son pelage clair depuis les habitudes des deux sexes.
deux ans, a conservé une pointe
noire descendant du cou entre les Comme chez l'Homme, les diflé-
deux épaules. rences individuelles de traits et
D'autres, examinés à Chapa, pré- d'expression, comme aussi de taille,
sentent du noir à la poitrine. Il paraît sont très apparentes, et on peut dire
donc que la livrée des femelles est que nul sujet ne peut être confondu
quelque peu instable. Le ton jaune avec un autre, chacun possédant sa
varie d'ailleurs du jaune doré au personnalité.
blanchâtre et au grisâtre. La race J'ai bien souvent observé des
Gibbons sauvages en Indochine. En
(1) Nous no comprenons pas sous ce nom les dehors des régions déboisées et du
H. lar qui se trouvent concurremment avec les Nord-Est du Tonkin, où ils ne pa-
H. concolor, d'ailleurs plus nombreux, au Cam-
bodge et dans certaines régions occidentales du raissent pas exister, je les ai rencon-
Laos : H. larpileatus. au Sud, et H. lar entelloides,
au Nord, d'après C. B. Kluss. »
trés dans toutes les parties du pays,
dans les plaines basses comme sur en Indochine, nous avons souvent
les hautes montagnes. A Lous mes rencontré des bandes de huit à dix,
camps, en forêt ou sur sa bordure, avec deux et quelquefois trois fe-
leur chœur retentissait chaque matin, melles au pelage fauve. Les Hylobates
au lever du jour, s'arrêtant, puis concolor sont-ils plus sociables que
reprenant au cours de la matinée. les H. hoolock ? ou s'agit-il de ren-
On l'entend aussi l'après-midi, mais contres et de réunions fortuites de

à partir de 16 heures environ, il plusieurs familles ? C'est difficile à


cesse, car les Gibbons s'endorment savoir. Il est vrai. qu'en liberté sur
tôt. C'est ce qu'on peut aussi observer une île, à Clères, deux femelles
chaque soir sur des sujets apprivoisés. adultes s'entendent fort bien ; mais
Ces animaux passent tout leur elles sont sans mâle, et elles at-
temps sur les arbres, et à moins de taquent avec fureur toute autre fe-
nécessité absolue, je ne. crois. pas melle qui s'approche.
-qu'ils descendent jamais sur le sol. Le nouveau-né, fauve comme sa
Ils vivent en petits groupes dans les mère, s'attache à sa poitrine, avec
Monts Naga. Mac Cann a constaté laquelle il se confond à distance. Il
qu'il s'agissait toujours d'un couple commence à la quitter vers l'âge de
et de leurs jeunes non encore adultes, trois à quatre mois et prend alors
au nombre de trois ou quatre ; mais peu à peu son pelage noir, qui est
chettes, mais avant d'a-
bandonner leur point d'ap-
pui, ils s'assurent que le
suivant est suffisamment
solide. Ils aiment à se ba-
lancer, accrochés par un
pied ou une main. S'ils
suivent une grosse bran-
che horizontale, ils la par-
courent debout, se servant
de leurs bras comme d'un
balancier. On a souvent dit
qu'ils ne pouvaient mar-
cher qu'en les levant au-
dessus de leur tête, pour
conserver leur équilibre.
S'ils le font quelquefois,
ils marchent aussi souvent
les bras écartés etarrondis"
mais non pas levés. A terrer
ils sont maladroits," et on
constate qu'à l'état naturel
ils évitent d'y descendre.
Ces Singes jouent
comme des enfants, se ta-
quinent, jonglent et s'a-
musent de toutes sortes de
façons, surtout les jeunes.
Ils s'étendent sur le dos
parmi les branches, et pren-
nent alors toutes les posi-
complet vers un an ; avec les deux tions d'un homme couché ; ils se
bandes de chaque côté du crâne, le mettent aussi à plat ventre, mais,
milieu de la poitrine et le bas du dos pour dormir, ils s'assoient bien
sont les parties où des traces de droits, sur une branche, souvent très
fauve demeurent le plus longtemps. élevée et frêle, 'en se réunissant par
Comme tous les Gibbons, ceux de deux ou trois et en se tenant étroi-
l'Indochine progressent surtout de tement embrassés. Ils changent sou-
branche en branche, au moyen de vent d'endroit pour dormir et ne
leurs longs bras ; leurs faibles jambes paraissent pas en choisir un plus
leur servent peu ; ils se jettent sou- particulièrement, si ce n'est pour une
vent, d'un arbre à l'autre, à une dis- courte période.
tance de dix mètres et plus. Ce sont Les Gibbons indochinois se nour-
des gymnastes remarquables, avec qui rissent surtout de fruits et de feuilles ;
aucun autre animal ne peut rivaliser. ils paraissent moins insectivores et.
Leur sûreté est grande, et ils ne carnivores que les autres espèces, et
tombent qu'exceptionnellement. Ils se montrent tout à fait inoffensif&
se suspendent à de très fines bran- pour les petits Vertébrés ; ils gobent
toutefois les œufs. Ils boivent le plus de plus courtes : « \Vouou... oua-i.
souvent en léchant leurs mains, qu'ils oua-i », de plus en plus aiguës ; tous
ont préalablement trempées, mais ils les membres de la troupe les répètent
peuvent aussi aspirer directement sur des tons différents ; le chant se
l'eau avec leurs lèvres, ce que font termine par des notes brèves et per-
fréquemment les jeunes. Ils se çantes « oui-oui oui o. qui vont en
laissent volontiers tremper par la s'alïaiblissant. Il ne me paraît pas
pluie, quils ne redoutent pas, adap- exister de différences entre la voix
tés qu'ils sont à vivre dans des des mâles et celles des femelles, mais
régions très humides, mais ils ne se je n'ai jamais pu encore m'en assu-
baignent jamais. L'eau est pour eux rer définitivement. Le chœur dure
un obstacle insurmontable ; s'ils y environ une minute, mais reprend
tombent, ils en sortent en nageant parfois presqu'aussitôt. Pendant la
vers la rive la plus proche, mais ils seconde moitié du chant, les ani-
ne s'y plongent jamais volontaire- maux se trémoussent et sautent sou-
ment. vent d'une façon frénétique, en par-
La voix des Gibbons est très variée : ticulier les femelles Les mouvc-
des grognements et des
sifflements divers, ex-
primant la crainte, le
contentement, la colère,
etc... Jusqu'à l'âge de
trois ou quatre ans, c'est
tout ce qu'ils émettent
en général, bien qu'une
jeune femelle d'un an.
vivant à Clères en li-
berté, en compagnie
d'une femelle adulte,
« ,
chantât » comme
elle, et tout aussi bru-
yamment. Le plus sou-
vent ce n est cependant
que peu de temps avant
d'atteindre l'âge de la
puberté que les Gibbon'-
commencent à pousser
en chœur leurs cris
étranges (1 ). Autant que
j'ai pu m'en assurer, ce
sont généralement les
femelles qui débutent
par quelques phrases traînantes, ments des lèvres prennent une
montantes, auxquelles en succèdent grande part aux modulations. La
voix aiguë et sibillante des Hylobates
(1) D'intéressantes observations sur des Gib-
bons captifs en Indochine, et en particulier sur
concolor, rappelant celle de certains
leur voix ont été publiées par L. Boutan (Dé- Oiseaux, notamment des Garrulaxes
cades Zoologiques, Hanoi 1906 et Mémoires de qui, eux aussi, chantent en chœur
la Sté Linnéenne de Rordeaux. 1913).
dans les mêmes forêts, est totalement dans un bouquet d'arbres isolés,
différente de celle des autres espèces. d'où ils ne cherchent pas à s'enfuir ; .
Les Gibbons indochinois sont lar- ils s'habituent alors vite à l'homme
gement distribués dans toutes les et à la nourriture qu'illeur fournit.
régions boisées du pays, mais ils ne Pris jeunes, au contraire, ils- se
sont nulle part très nombreux. Ils se montrent tout de suite confiants et
montrent casaniers et sédentaires affectueux, s'attachent aussitôt à
et chaque troupe ne paraît pas cher- leur maître. On doit les abriter des
cher à sortir de son domaine, d'une intempéries, mais aussi leur donner
cinquantaine d'hectares au plus, à le plus d'air et d'espace possible, les
moins de s'y trouver forcée. A l'état nourrissantde lait, d'un peu de riz
sauvage, ces Singes n'occasionnent cuit et de fruits variés. Il faut beau-
aucun dégât et devraient être soi- coup s'en occuper, afin de les dis-
gneusement protégés tant pour leur traire. Libres autour d'uue habita-
intérêt que pour leur beauté. Un tion, dans leur pays même, ils
projet de les massacrer pour leur vivent fort bien et ne cherchent
fourrure, d'ailleurs sans valeur, a jamais à regagner la forêt. Par
heureusement échoué, et ils n'ont contre, si on veut les garder en
guèrecomme ennemis que les Pan- cage, ils se montrent très délicats et
thères, les différents Chats sauvages, on les perd souvent; de même, pour
et peut-être certains Aigles. les transporter, ils ont besoin de
Les indigènes, pour la plupart, cages vastes, construites spéciale-
ne touchent pas à la chair du Gibbon, ment pour eux, et aussi de soins
que la majorité d'entre eux consi- vigilants.
dère comme un petit homme sau- En Europe, la plupart des Gibbons
vage, le distinguant ainsi fort bien dépérissent et meurent rapidement,
des autres Singes, La plus grave le plus souvent de tuberculose ou de
menace, pour eux, est la destruction troubles digestifs lorsqu'on essaie
croissante des forêts, leur habitat de les conserver à l'intérieur, en
indispensable, et, comme tous les cage. Par contre, au grand air, soit
animaux silvestres, ils disparaissent. en liberté complète, soit en liberté
Quelques-uns aussi tombent victimes contrôlée, sur une île ou dans une
de la sottise et de la cruauté de cer- vaste volière, ils sont robustes, vivent
tains porteurs de fusils, bien qu'ils très longtemps et subissent sans in-
ne constituent un gibier à aucun convénient toutes les intempéries,
point de vue et doivent être épargnés tout au moins sous les climats nor-
par tout véritable chasseur. On n'en mand et parisien. J'en possède plu-
capture qu'un très petit nombre : sieurs qui vivent à Clères depuis le
ils évitent habituellement les pièges, printemps de 1926 ; ils ont supporté
et on ne peut guère prendre que des en plein air et sans abri tous ces der-
jeunes, en tuant la mère ou encore niers hivers, alors que le thermo-
s'en rendre maître en les isolant sur mètre descendait plusieurs fois à
un arbre, dont on abat tous les -12". S'ils ne se sont pas encore re-
voisins. produits, c'est que mes trois exem-
Captifs, les adultes refusent génp- plaires adultes sonl des femelles, et
ralement de manger et ne tardent que les mâles que je possède, âgés de
pas à périr d'ennui, à moins qu'on trois ou quatre ans, sont encore trop
ne puisse très rapidement les'lâcher jeunes pour s'accoupler. Mais je ne
-doute pas qu'ils se mul-
tiplient dans l'avenir.
Mes Gibbons habitent,
soit des îles plantées de
.grands arbres, dont ils
ne sortent jamais, un
fossé de trois mètres
rempli d'eau suffisant à
les isoler, soit le parc,
-en pleine liberté. Dans
ce dernier cas, ils ne se
déplacent guère que sur
trois ou quatre hectares,
témoignant ainsi des
goûts sédentaires de l'es-
pèce. On les nourrit de
pain au lait, de figues
sèches, de pommes de
terre cuites, de fruits di-
vers^ et de salade ; ils y
ajoutent beaucoup de
feuilles, des bourgeons,
des graines, des baies et
des Insectes. Ainsi soi-
gnés et installés, ils
jouissent d'une santé
parfaite, se développent
normalement et passent
régulièrementpar toutes
les phases de pelage.
Peut-être même, sous
l'influence d'un climat
plus froid, leur fourrure
devient-elle plus épaisse
que dansleurpays d'ori-
gine.
A la ménagerie du
Muséum de Paris, plu-
sieurs exemplaires vi-
vent depuis longtemps
dans une grande vo-
lière en plein air. Chez
M. François Edmond-
Blanc, à Saint-Cloud. un couple de- Quelques exemplaires restent tou-
meure en liberté depuis trois ans, et jours assez timides. La plupart, très
un mâle habile depuis quatre ans une familiers, continuent à se montrer
île du parc de M. le duc de Westmins- doux et affectueux toute leur vie ;
ter, près de Chester, en Angleterre. quelques-uns de ces derniers, cepen-
dant, sont parfois agressifs pour cer- prime ainsi toute cause éventuelle
taines personnes, généralement de d'accidents. Envers les autres ani-
leur propre sexe. Enfin, un très petit maux. ces Singes restent toujours
nombre, après avoir été privés et inoffensifs et les plus irascibles ne
aimables dans leur jeunesse, de- s'en prennent jamais qu'aux hu-
viennent en vieillissant véritablement mains ou à leurs semblables.
méchants, cherchant à mordre tous Voir des Gibbons se balancer dans
ceux qui pénètrent dans leur domaine. les arbres, bondir, se jeter de branche
Ces individus heureusement eXLep- en branche, les entendre chanter en
tionnels, et presque toujours femelles, chœur, c'est un plaisir qui n'est pas
sont dangereux, car leurs canines, réservé aujourd'hui aux seuls voya-
longues et acérées, peuvent infliger geurs ; il se trouve à la portée de tous
des blessures redoutables, que leur ceux qui, à défaut d'en posséder,
agilité rend difficile à éviter. Il faut sont à même de visiter un parc où il
les isoler soigneusement, et surtout s'en trouve.
couper ou arracher leurs crocs ; après Pour terminer, disons qu'un Gih-
l'opération, le Gibbon, sentant alors bon apprivoisé est bien le compagnon
son infériorité, ne se risque plus il le plus charmant et le plus affectueux
l'attaque. Il est d'ailleurs préférable qu'on puisse imaginer ; il suffit, pour
de couper les canines de tous les Gib- s'en convaincre, d'en avoir vu un
bons adultes apprivoisés ; cela ne dans les bras de son maître, le ser-
leur est nullement pénible, si on les rant bien fort et l'embrassant en
chloroformiselégèrement, et on sup- poussant de petits cris de joie.
LE GRAND PINGOUIN
PLAUTUS IMPENNIS CLIN.), 1771.
par
LE DP ROBERT DIDIER.

Cet Oiseau remarquable, grand (Birds, tab. 147) et fait d'après un


Pingouin, Pingouinbrachyptère. Rie Oiseau que les pêcheurs de New-
senalk des Allemands, gare-fowl des foundlaud avaient capturé.,
Anglais, apponats des vieux naviga- Le Grand Pingouin était un habi-
teurs, dont l'espèce est complète- tant des mers glaciales, se trouvant
ment éteinte depuis près d'un siècle, en Europe dans la région sise au
a été l'objet tant en Allemagne qu'en dessus du 48e degré de latitude nord,
France, en Angleterre et en Suisse, en Amérique au-dessus du 42e degré.
d'un très grand nombre de travaux. Les Oiseaux rencontrés le plus au
Ses dépouilles (peaux, ossements nord t'ont été sur le rocher de Lau-
et œufs) dont le nombre n'est pas trun (montagne des Oiseaux) (Faber),
extrêmement grand, ont été soigneu- où ils étaient sans doute venus acci":
sement étudiées et cataloguées. dentellement.
Nous voudrions simplement ici, Les localités les plus septentrionales
tout en rappelant ses principaux où l'Oiseau ait niché étaient : les
caractères, donner les figures des spé- écueils d'Islande, entre le 63e et le 64e
cimens conservés au Muséum d'His- degré de latitude nord On l'a signalé
toire naturelle de Paris. qui n'ont, à en Islande, dans la baie de Baffin, au
notre connaissance, jamais été repré- Groenland, aux îles Féroé, près des
sentés jusqu'à ce jour (1). petites îles d'Ecosse.
Cette espèce a été séparée des Les côtes nord de l'Océan Atlan-
Alques proprement dits pour former tique, entre l'Amérique du Nord et la
un genre à part, basé- sur la- petitesse Grande Bretagne étaient sa véritable
extrême de l'aile résultant du raccour- patrie.
cissement de l'avant-bras, le faible Le Grand Pingouin n'a niché dans
développement des pennes de. la toutes ces localités que sur des îlots
main, la longueur et la conformation très éloignés des côtes ou des grandes
particulière du- bec, enfin la forme îles ; on n'a d'ailleurs connaissance
du pied. que de ses derniers refuges, mais
Le plus ancien dessin connu de son extension autrefois a dû être
l'Oiseau est de 1748 ; il est d'Edwards beaucoup plus considérable.
Seulement il pondait peu, il était
(1)Nous tenons à adresser nos remerciements stupide et se laissait prendre sans
à MM. les professeurs Bourdelle.et Anthony et à
M Berlioz, sous-directeur du laboratoire d'Or-
défense ; les marins isolés sur les
nithologie et de Mammalogie du Muséum, pour petites îles où il vivait le détruisaient
avoir bien voulu nous autoriser à représenter
ces spécimens si précieux. sans pitié ; on possède des rapports
Jacques Cartier, navigateur fran-
çais, dans ses rapports de voyage,,
vers 1534, 1536,1540, décrit des îles
où ces Oiseaux sont si abondants

anglais du XVIe siècle disant qu'on


le tuait en beaucoup trop ^grand
nombre.
qu'en moins d une
demi-heure, deux
barques en rappor-
tèrent de quoi sa-
ler une dizaine de
tonneaux, en plus
de tous ceux que
les marins man-
gèrent (à Funks
Island). Dans une
autre île (île aux
Oiseaux), près de
lentrée méridio-
nale du golfe Sain t-
Laurent, le même
Cartier écrit : Nous
en tuâmes plus de
mille et a en mîmes
tant que voulûmes
en nos barques et
en eussions pu en
moins d'une heure
remplir trente
semblables bar-
ques. » Et de tels
récits reviennent
sous la plume d'au-
tres navigateurs.
On voit que la
mode des destruc-
tions irraisonnées
ne date pas d'au-
jourd'hui !

Des Anglais ra-


content que ces
pauvres Oiseaux
étaient cernés et
pourchassés jus-
que dans les ba-
teaux où ils étaient
brutalement
assommés par cen-
taines.
Pendant tout le
XVIe siècle, les
vaisseaux de tous pays capturaient tailler dans les îles où ils se trou-
un grand nombre de ces malheureuses vaient en allant à la pêche et à la
bêtes; les navires venaient se ravi- chasse des Phoques et des Baleines.
consumerle corps des
Pingouins pour en
faire du feu !
Au XVIe siècle et
jusqu'aux trop fré-
quentes visites des
Européens, ils se
trouvaient en énor-
mes quantités sur les
petites îles au Sud et
à l'Est du Newfound-
land et à l'Ouest dans
le golfe Saint-Lau-
rent ; ils existaient
également en grand
nombre au cap Bre-
ton. On en a pris tant
qu'il y en a eu ; leur
capture était si aisée !
On les poussait de-
vant soi en rangs
pressés, à coups de
bâtons, comme des
Moutons, jusqu'au
bord des vaisseaux.
Les voyageurs des
siècles suivants n'en
parlent et pour
cause! — pour ainsi
dire plus.
Et l'espèce se raré-
fie; on ne rencontre
plus, de-ci de-là, que
quelques Oiseauxiso-
lés..
Depuis 1815 lesna-
turalistes s'alarment,
ou se donnent beau-
coup de peine pour se
.

procurer l'Oiseau ; on
oflre de fortes som-
mes pour sa capture.
Les marins venant au moment des Déjà, à cette époque, on ne le trouve
nichées, ne se contentant pas des Oi- plus vers les côtes du Groënland.
seaux, détruisaient les œufs dont Et puis, c'est la disparition. Les
ils remplissaient des chaloupes en- derniers spécimens sont pris vers
tières. On allait, dans ces îles dé- 1840, et depuis, on ne trouve plus
pourvues de bois à brûler, jusqu'à trace du magnifique Oiseau dont les
quelques dépouilles connues, pré- comme la plupart des Oiseaux de sa
cieusement conservées, atteignent famille, un appétit insatiable.
bientôt des prix astronomiques. Il mordait furieusement lorsqu'il
La destruction de l'Oiseau dans était pris (et à savoir quelle morsure
les deux derniers siècles n'a été cruelle vous inflige l'Alque torde ou
que la continuation de l'œuvre com- le Macareux, on peut imaginer ce que
mencée dans les siècles précé- devait être la blessure causée par cet
dents. énorme bec !)
On est à l'heure actuelle peu ren- Il se nourrissait su rtout de Poissons.
seigné sur les mœurs du Grand Pin- La forme de l'Oiseau, sa taille, la
gouin, qui par son
instinct était porté à
s'écarter des régions
habitées.
L'Oiseau se tenait
sur terre majestueu-
sement, son corps
dressé, plus droit que
celui des Guillemots
ou des Alca torda. Fa-
cilement effrayé par
le bruit, il plongeait à
la première alarme,
nageait d'ailleurs sous
l'eau avec une vitesse
incroyable.
Il faisait en mer de
grands voyages,
puisque les auteurs
anciens l'ont souvent
signalé très loin des
côtes.
Lorsqu'il nageait à
la surface de l'eau, il
tenait sa tête très
relevée.
Son cri était un
croassement sur un
ton grave.
C'était un Oiseau
tout à fait stupide et
c'est ce qui fit sa perte,
car il se laissait atti-
rer par les pêcheurs
qui le capturaient
sans peine, et se pre-
nait aux lignes.
Il avait d'ailleurs.
structure de son bec et de ses pieds D'après les exemplaires conservés-
empêchent de confondre cette espèce que nous avons pu examiner, cet
avec les autres Palmipèdes brachy- Oiseau offrait les caractères suivants :
ptères. la tète, le derrière et les côtés du cou,
le dessus du corps
sont dun noir pro-
fond, avec un reflet
s
grisâtre assombris-
sant en brun foncé
su les côtés de la tète,
le dessous du bec, la
gorge et le devant du
cou. Une grande
tache blanche ova-
laire se situe entre
l'œil et la mandibule
supérieure ; la poi-
trine, l'abdomen et
les sous-caudales sont
d'un blanc pur ; le
blanc s'éte n da lit vers
le haut se termine en
pointe au milieu de la
partie antérieure du
cou. Cr blanc est écla-
tant, teinté sur les.
flancs de gris cendré,
et, sur la partie infé-
rieure de la jambe, iJ:
se transforme en gris-
brun.
Les couvertures-
supérieures des ailes.
sont noires, les ré-
miges noires, les se-
condaires terminées,
de blanc, le dessous
des ailes d'un gris-
fumeux
La queue noire et
courte est composée
De la taille d'une Oie sauvage, sa de quatorze plumes ; ces plumes sont
longueur, du front au bout de la petites, en fer de lance, raides et
queue. était de 62 à 70 centimètres ; pointues.
la longueur du ber, de 9 cm. ; la Ion Le plumage est luisant, très épais-
gueur de l'aile, de 26 à 29 cm. La et serré surtout sur la partie abdo-
femelle était un peu plus petite que minale. avec un aspect velouté.
lemâle. L'Oiseau présente, en dehors du
plumage de noces ci-dessus décrit, la bouche était noir mat. La hauteur
une gorge et des côtés d'occiput moyenne de la mandibule supérieure
blancs. avec une bande sombre com- est de 2 cm., 7, celle de la mandibule
mençant derrière l'œil et bordant le inférieure de 2 cm., 14, la largeur du
côté de la gorge. bec sous la narine de 1 cm 35.
Les jeunes n'ont
pas de sillons au bec;
ils sont couverts en
naissant d'un duvet
gris brunâtre assez
foncé.
Le becdel'adulte,
est grand, fort.,
large, un peu long,
très élevé, mais effi-
lé, aplati sur les
cotés, légèremen
il t
-cintré en haut. est
beaucoup plus fort
en_proportion que
celui d'Alca torda; il
n'est pas partout re-
couvert de corne,
mais d'un fin plu-
.mage court et serré
qui s'adapte à lui
jusqu'à la commis-
sure des lèvres. Il est
traversé en haut
comme en bas par
de nombreuses
rides transversales
(sur la mandibule
supérieure, 7 et8 sil-
lons à fond blanc,
et 10 à 11 sur la
mandibule
rieure).
ifé-
Les vieux Oiseaux
ont ordinairement
sept et jusqu'à dix
sillons sur la moitié
antérieure du bec ; les jeunes en Les ailes, extrêmement rudimen-
ont moins, les très jeunes n'en taires. absolument inaptes au vol, si
présentent que deux ; la couleur est disproportionnées avec la taille de
d'un noir profond ; celle des sillons l'Oiseau qu'elles donnent l'impression
-entre les bourrelets vers l'extrémité d'avoir été rapportées d'une autre
est blanc jaune sale ; l'intérieur de espèce sur le Grand Pingouin.
lui donnaient un aspect singulier. timèlres. Plus grande largeur :
Ce sont en tout cas de véritables 7 cm., 3.
ailes d'Oiseau, avec toutes leurs Couleur blanc gris jaunâtre uni-
plumes, mais chétives, alors que les forme. Autour de hi grosse tubéro-
mêmes ailes rudimentaires des Man- sité, une couronne de grosses taches
chots ressemblent à des nageoires et irrégulières, vert olive noir très
ne sont recouvertes que de plumes foncé ; en second plan, des taches
en écailles, longues seulement de gris bleu noirâtre assez pâles; de ci,
quelques millimètres. de là, un semis detaches vert foncé.
L'œil est petit, avec des paupières OEuf n° 2 (lig. 7) : Longueur 13 cen-
recouvertes de plumes à l'extérieur, timètres. Plus grande largeur :
très nues en dedans et noirâtres ; l'iris 7 cm., 9.
est brun. Couleur gris blanc jaunâtre un peu
Les pattes et les pieds sont noir mat, plus foncée que celle du n° 1.
un peu plus clair dans les interstices Autour de la grosse tubérosité,
des doigts ; les pieds sont assez grands, tout un enchevêtrement de lignes et
forts, massifs, les tarses courts, ro- de taches noires et vert olive très
bustes, peu comprimés de côté, foncées.
recouverts d'écaillés, placés loin en Sur tout l'œuf, des taches et des
arrière. lignes en zig-zag gris bleu pâle, des
Les membranes i n te rdigi tales s'é- points noirs ; des lignes et des lâches
tendentj jusqu'à l'extrémité de l'orteil ; vert olive, avec des points vert bru-
les ongles, forts, courbés à plat, noirs, nâtre.
ont les extrémités arrondies, peu Les œufs étaient pondus sur le
proéminentes. rocher nu, sans aucun nid, au niveau
Le doigt externe est un peu plus de la mer, et couvés au milieu de
court que le doigt médian, le doigt juin. Si l'œuf était enlevé, la femelle
interne beaucoup plus court. n'en pondait pas d'autre pendant ta
Le tarse mesure de 5 cm., 3 à saison.
5 cm., 9 de long. Il est lamentable de penser que
Le doigt externe avec l'ongle : d'aussi belles espèces ont pu être
7,5 à 9,5 cm. (ongle de 9 à 15 mm.) ; anéanties par la voracité et la stupide
le doigt médian de 8 à 10 cm. (ongle inconscience de l'homme, car la
,
de 12 à 20 mm.). ; le doigt interne de disparition du Grand Pingouin ne
6 à 7 cm. (ongle de 12 mm.). peut être considérée comme une
L'œuf est gros, de 13 à 15 cm. de extinction naturelle ; c'est une destruc-
long environ, de couleur blanc jau- tion qui a été causée par l'homme,
nâtre, irrégulièrement tacheté. qui ne s'adressait pas seulement à
Voici la description des deux l'Oiseau pour sa subsistance, mais le
œufs conservés au laboratoire du tuait comme à plaisir, sans que celui-
Muséum : provenance du N° 1 : Saint- ci ait pu répondre à de tels besoins en
Pierre. assurant par une reproduction suffi-
OEuf n° 1 (fig. 6) : Longueur 13 cen- sante sa propre conservation.
LE «MUSA EN SE TE » EN ÉTHIOPIE
par le
Marquis DE
SCEY-MONTBÉLIARD DE BRUN

Les nombreuses variétés de Jlusfl ehatcha, dont le sommet dépasse


ensele (imelin sont cultivées sur une l'altitude de 3.000 mètres, mais à
grande échelle dans certaines régions l'état d'exemplaires isolés et toujours
d'Ethiopie pour l'alimentation hu- près des « toucoules » (huttes indi-
maine. Toutefois dans la capitale gènes) dont l'abri paraît lui être
même, Addis-Abeha, cette plante utile pour la faire bien végéter et
n'est cultivée que pour l'ornemen- pour empêcher, dans une certaine
tation des jardins et paraît d'ailleurs mesure, ses feuilles d'être lacérées
n'avoir été introduite qu'à une par le vent. Dans les jardins d'Addis-
époque récente. Je l'ai rencontrée Abeba, la culture de cette plante est
dans les environs, par exemple sur confiée aux Gouragués, ouvriers qui
les pentes de la montagne de Ouat- viennent du Sud travailler temporai-
rement comme jardiniers, terrassiers centimètres de longueur où fermen-
ou portefaix, afin de s'en retourner tera le futur pain. Désormais le
ensuite dans leur pays avec le petit travail de l'homme est terminé et les
pécule qu'ils ont pu amasser. besognes, en quelque sorte ména-
Le Musa enseie est connu sous les gères, qui vont suivre, sont confiées
noms indigènes de Coba en abyssin, exclusivement aux soins de sa
Ouorké engalta et Enset en gouragué. femme et de ses filles.
Je crois intéressant de publier sur Les Coba arrachés sont ramassés
la culture et l'utilisation du Coba les par les femmes qui coupentla souche
renseignements suivants que je dois à la naissance des feuilles. Ladite
à l'extrême obligeance de M. Maurel, souche est mise de côté pour une
actuellement directeur de l'école Ras utilisation distincte. Les feuilles
Makonnen, à Harrar. Il sera particu- enroulées du cœur sont rejetées.
lièrement question ici des procédés Quant aux autres feuilles, leur som-
employés par les Gouragués ; une met est attaché à une traverse ; puis
note sur les procédés galla a été à l'aide d'un outil en bois en dent de
publiée jadis par Duchartre (Journal scie (que M. Maurel compare à
de la Société nationale <£Horticulture un cueille-figue peu profond), on
de France, Paris. 1887, page245). gratte la partie charnue de la côte.
De nombreuses variétés alimen- Le tissu fibreux et la masse cellu-
taires du Coba sont cultivées au pays laire ainsi arrachés sont mis dans la
gouragué, non pour la consom- fosse qui, au préalable, a été tapissée
mation des fruits comme on pourrait de feuilles, afin d'éviter que la pâte
le croire, mais pour la fabrication ne se salisse au contact de la terre.
d'une sorte de pain, ainsi qu'on lq Lorsque la fosse est pleine, on replie
verra plus loin. Elles ont toutes le les feuilles qui ont servi à la tapisser,
limbe vert ou vert-jaune, et la côte on ajoute d'autres feuilles, afin que le
médiane est verte, vert-jaune, rouge, tout soit bien fermé, puis on laisse
rouge pourpre, noire ; l'extrémité du fermenter le plus longtemps possible.
limbe est ovale ou lancéolée. Les riches ont parfois des silos de
Les hommes seuls cultivent le vingt ans. Plus la pâte est restée à
Coba, ce qui exige, après que la fermenter, meilleur est le pain. Les
plantation vient d'être faite, une fibres en excédent servent à faire des
quinzaine de journées seulement par cordes, des ficelles et même des tapis.
an pour, une famille possédant à Lorsque la pâte a fermenté long-
peu près quatre cents plants. Tout le temps, les femmes procèdent à
travail consiste à enlever les mau- l'ouverture du silo d'où s'échappe
vaises herbes poussant au pied du une odeur infecte et puisent à
Coba et à remuer la terre autour de pleines mains la matière, de couleur
la plante une fois l'an. Lorsque les grise, qu'il contient. Cette masse
plants ont atteint l âge de cinq ou six aussi fibreuse que pâteuse est placée
ans, on procède à l'arrachage qui sur une planche où elle est coupée et.
est des plus simples. Avec une sorte recoupée pendant une bonne heure
de sabre, on sectionne les racines jusqu'à ce que les fibres soient
tout autour du Coba et une simple réduites en menus morceaux. Quand
poussée jette celui-ci par terre. Cela la pâte a été assez triturée, elle est
fait, on creuse une fosse de deux mise à cuire sur une « metad », sorte
mètres de profondeur et de soixante de plaque de fer ou de terre. Après
la cuisson, l'aspect est celui d une Aussi les femmes gouraguées, se
-omelette où les pommes de terre sentant indispensables, en profitent-
seraient dominantes, et le pain de elles, paraît-il, pour faire « chanter »
Musa ensete, pain que l'on désigne leur mari et se faire payer de belles
sous le nom de « qit't'a », se trouve robes. Et si une femme quitte le
prêt à être servi. Ce pain est très foyer conjugal, le mari peut se voir
lourd. On le coupe en carrés larges obligé d'aller lui présenter ses excuses
comme la main et on le consomme afin qu'elle consente à revenir lui

avec du lait. 11 est insipide, au goût faire son pain ; car les voisins se ré-
mais dégage en compensation une signent, il est vrai, à nourrir un mari
odeurinfecte. Il pourrait être presque dans l'embarras, mais pas plus d'un
agréable à manger à condition' de jour ou deux. Toutefois une solution
-se boucher, en même temps, les na- pratique et généralement usitée con-
rines. Le pain vieux de- deux jours siste à posséder- une réserve de
n'est plus mangeable. femmes en des endroits différents.
Les travaux ci-dessus décrits, qui Quand la discorde se met dans un
sont réservés aux femmes, ne ménage, le mari peut alors émigrer
peuvent être, d'après M. Maurel, sous le toit d'une autre de ses
pratiqués sans déshonneur par un femmes où il est accueilli à bras ou-
homme. Un Gouragué qui oserait verts. La jalousie et le temps ramè-
faire lui-même son pain serait banni nerÓnt finalement la situation à son
de la société de ses semblables. état primitif.
J'ignore si ce système conjugal Le Musa ensete constitue la nour-
signalé par M. Maurel, comporte éga- riture exclusive des Gouragués et
lement la « location » de femmes, des gens du Oualamo et du Kambatta.
telle qu'elle existerait chez cerlaines Les Abyssins proprement dits ne le
peuplades d'Ethiopie. Un indigène consomment pas, la base de leur ali-
qui possède des intérêts, des trou- mentation étant 1'« enjâra », sorte
peaux par exemple, dans une région de pain aigre et mou fabriqué avec
qui n'est pas celle de sa résidence le grain du T'ief (Poa abyssinica
habituelle peut, dit-on, après accord Jacquin).
avec un mari du lieu, y louer, moyen- Les fruits du Coba, ainsi qu'il a
nant finances, la femme de celui-ci. été dit au début du présent article, ne-
Elle lui sert de régisseur et en outre sont pas consommés. Quand, par
l'héberge sous sa hutte quand il vient suite de l'abondance des cultures,
dans la région. Le visiteur plante sa les pieds ont été laissés trop long-
lance à l'entrée de la porte, afin que temps sur place sans être récoltés,
le mari, au cas où il surviendrait ino- un grand nombre d'entre eux vien-
pinément, reconnaisse à cet indice nent à fleurir. La partie florale offre
que la' place est occupée. Le mari une grande analogie avec celle du
n'a, dès lors, plus le droit d'y entrer et Bananier ordinaire, sauf que la
il ne lui reste plus d'autre ressource, hampe florale est beaucoup plus
si je puis dire, que d'aller « faire un longue, parfois 1 m. 50 'hors des
tour au café du coin » en attendant feuilles terminales de la plante.
que ladite place soit libre. Toutefois Celle-ci donne un régime de petits
il est bien entendu que l'existence fruits trapus et courts. Le peu de
d'un accord préalable est nécessaire. chair qu'ils produisent est insipide,
Un visiteur irrégulier risquerait vrai- les graines en sont recherchées par
semblablement de se faire tuer. les enfants qui sont très friands de la
Après cette digression, j'en reviens poussière blanche qu'elles renfer-
à l'utilisation alimentaire du Coba. ment.
La souche, quia été mise de côté au Indépendamment de l'emploi du
moment de l'arrachage, est coupée Coba pour Falimentation, il en est
en morceaux gros comme des dés à fait également usage en médecine
coudre, bouillie, et passée à la poële indigène, mais je ne possède pas de
sans assaisonnement. On la con- précisions à cet égard.
somme avec du lait sans l'avoir fait Le Coba ne paraît guère sujet aux
préalablement fermenter. M. Maurel maladies. Toutefois il est parfois
la trouve insipide et un peu compa- attaqué par un ver qui fait pourrir
rable à la fécule du manioc. C'est le la souche. On reconnaît la présence
plat que L'on sert à celui que l'on veut de ce ver sur la plante à la dessiccation
honorer. On l'utilise également à qui se manifeste à l'extrémité du
défaut de pain de Coba et quand le limbe. Aucune mesure de défense
manque de vivres ne permet pas n'est prise par les Gouragués. Lors-
d'attendre que les plants cultivés que la plantation est à peu près
aient atteint l'âge de cinq à six, ans détruite, ce qui arriverait à peu près
qui est celui de la récolte habituelle. tous les sept ou huit ans, tantôt dans
Il suffit, en effet, de prendre pour cet un endroit et tantôt dans un autre,
usage des pieds de deux à trois ans ils se procurent ailleurs des souches
seulement. pour la multiplication, ou encore ils
pratiquent .des semis, ce qui est multiplication décrit par M. Maurel
exception nel. (Revue d'histoire naturelle appliquée
Les jeunes pieds plantés sont, en lre partie, année 1928, p. 206). En
effet, obtenus par un procédé de voici l'exposé sommaire.
En fin décembre, des plantes suffi- ou deux mois, on voit sortir de terre
samment développées, mais non de cinquante à cent rejets, suivant la
encore parvenues à l'âge de la florai- grosseur de la souche traitée. A la
son, sont choisies par les indigènes, fin de l'année, la touffe qui s'est
arrachées et coupées à quelques produite est divisée, et les rejets
centimètres au-dessus du collet. La obtenus sont mis soit en pépinière,
-souche dégarnie de ses feuilles est soit définitivement en place.
évidée au centre et on y pratique Tel est le procédé employé par
trois ou quatre entailles en forme de les Gouragués. Pratiquement il serait
V dirigées de haut en bas. Cela fait, possible de diviser la touffe beau-
on laisse ressuyer, bien que cela ne coup plus tôt. En outre, d'après
paraisse pas Indispensable, la souche M. Maurel, il pourrait y avoir avan-
sur place pendant vingt-quatre tage à arroser fréquemment les
heures. rejets dès qu'ils ont atteint cinquante
Ce laps de temps écoulé, la souche, centimètres de hauteur.
dont la partie évidée a été remplie de Une souche de Musa ensete. de la
variété Montbeliardi dont il sera
question plus loin, que j'avais fait
venir d'Addis-Abeba, remise par moi
au début de l'année -1931 à M. Bois,
professeur de culture au Muséum
d'Histoire naturelle, a pu développer
de nombreux rejets. Ceux-ci ont
constitué autant d'individus qui ont
été séparés.
Une souche de la même variété
remise par moi vers la même époque
à MM.Treyve, horticulteurs à Mou-
lins, avait également tr-ès bien réussi
et a donné environ une centaine de
rejets qui ont été sevrés à peu près
au fur et à mesure de leur apparition.
C'est une mine presque inépuisable,
m'écrivaient MM. Trevve.
Les rejets
• prennent naissance
^
• dans
la partie évidée et non sur la partie
extérieure de la souche. Il est inutile
de recouvrir la souche de terre quand
on pratique la multiplicationenserre
chaude.
En outre des variétés de Musa culti-
vées pour l'alimentation de l'homme,
il en existe d'autres variétés à feuilles
terre, est placée dans un trou et rouges nouvellement introduites en
recouverte de fumier. On la laisse Europe. Ces variétés, dont quelques
ainsi sans un seul arrosage, bien que exemplaires m'avaient été remis par
'-se sol soit extrêmement sec à la M. Maurel, ont été décrites par
laison 'où l'on opère. Au bout' d'un M. Bois à qui je les avais envoyées
d'Ethiopie en 1929 (Bulletin du vante : Varietà ornamenlaiis colossale
Muséum, 2e série, tome 11, n° 6,1930, e con foglie fiorali di col or rosso-
page 688). L'une d'elles a été dé- carmino, presso Gumara ». Eu
nommée par ce savant Musa ensete égard à la difficulté des communica-
'var Montbeliardi, l'autre qui n'a pas tions en Ethiopie. il ne m'a pas été
paru pouvoir être rattachée à l'espèce possible de me procurer cette variété
ensete a reçu le nom dé Musa
-sp. var. Maureli.
D'après M. Maurel, aucun-
de ces deux Musa à feuilles
rouges ne serait indigène au
pays gouragué où ils sont
fort rares et où l'on n'en
rencontre que quelques spé-
cimens destinés, comme féti-
-Iches, à préserver les plan-
tations ordinaires de Coba
-du mauvais œil. Ils y sont
importés du Djimma où,
dit-on, ils sont fort com-
muns. Ils existeraient éga-
lement au Kambatta et au
Guimirra.
Ces deux Musa ont été in-
troduits par M. Maurel à .
Addis-Abeba et ultérieure-
ment à Harrar où ils com-
mencent à se répandre.
Ils végètent d'ailleurs bien,
de même que les variétés de
Musa ensete à feuilles vertes,
à Addis-Abeba(2.400 m. d'al-
titude), à condition d'être
plantés dans des emplace-
ments abrités. Pendant les
hivers exceptionnellement. froids, où dont l'examen permettrait de faire
ils sont exposés à des gelées noctur- connaître si elle est distincte de la
nes, leurs feuilles sont partiellement variété Mont beliar di.
grillées. M. Maurel l'a constaté pour Les exemplaires de M. Montbe-
une température de — 3°. liardi et M. Maureli introduits en
L'existence d'une variété orne- France en 1929 ont prospéré au
mentale de Musa ensete du côté du Museum (1).
Lac Tsana a été signalée par Stec- Le M. Montbeliardi existe aussi
ker (Berichte des Reisenden in Mitt. actuellement au Mexique, où une
Afrik. Gesellsch. Deutsch, III,
1881-83, page 21). Emilio Chiovenda (1) On peut en juger par les photographies
(Osservazioni botaniche, Rome 1912) ci-dessus, dont les clichés ont été obligeamment
prêtés par M. le professeur Guillaumin, titulaire
en fait la courte, description - sui- de la chaire de Culture, à qui j exprime ici mes
remerciements.
souche envoyée par moi à M. Balme, La couleur rouge ne fait son appa-
à Mexico, a été mise par lui en mul- rition que progressivement sur le
tiplication, avec succès, dans une M. Montbeliardi. II se forme d'abord
région un peu plus chaude, à Cuer- un liseré rouge autour du limbe en-
navaca. core vert. Puis de grandes taches
En ce qui concerne l'eflet décora- rouges se montrent en dessous des
feuilles. La couleur défini-
tive n'est prise qu'au bout
de deux ans environ.
Chez le M, Maureti la
couleur définitive apparaît
beaucoup plus tôt.
La couleur peut d'ail-
leurs être plus ou moins
foncée sur des rejets d'une
même souche. Certains
rejets, ceux qui ne seraient
pas trop exposés au soleil,
d'après M. Maurel, au-
raient des feuilles très
foncées. D'autres auraient
leurs feuilles plus foncées
à certaines époques.
Des observations sur les
changements de couleur
des Musa à feuilles rouges
ont été publiées récem-
ment par M. Jarry-Deslo-
ges (Revue horticole, année
1933, page 129)
Le Musa Montbeliardi et
le Musa Maureli auront
l'avantage, en France,
d'offrir plus de rusticité
que le Musa paradisiaca
tif des deux variétés Montbeliardi et rubra introduit jadis par Dybowski.
Maureli, la première se distingue par Il sera vraisemblablement aisé de
son port plus érigé et son développe- les multiplier. par souches, ainsi
- ment plus grand. Un exemplaire qu'il vient d'être indiqué dans
cité par M. Maurel, à Harrar, a le présent article, ce qui permettra
atteint plus de quatre mètres de hau- de conserver fidèlement les deux
teur, les feuilles ne se montrant types avec leurs particularités orne-
qu'à partir d'environ 2 m. 50 au- mentales. Il n'en serait peut-être
dessus du sol. Le M. Maureli a une pas de même, si l'on procédait
forme plus trapue et ses feuilles. ont à des semis qui pourraient d'ail-
l'avantage d'offrir plus de résistance leurs nécessiter une attente plus
au vent qui les lacère un peu plus longue pour obtenir de beaux exem-
difficilement. plaires.
LA LUCILIE SOYEUSE
ET LE TRAITEMENT DE CERTAINES
AFFECTIONS CHIRURGICALES
par
E. SÉGUY

Deux articles précédents partis parlé du danger que peut présenter


dans cette revue (cf. La Terre et la l'emploi indistinct des diverses es-
Vie, III, p. 1)7 et 375) ont attire l'al- pèces de Mouches il larves carnas-
tention sur les larves de certaines sières ou saprophages. On sait que
Mouches qui pourraient être utili- plusieurs de ces espèces provoquent
sées pour le traitement de diverses des myiasesavec la plus grande faci-
affections chirurgicales chroniques. lité.
Dans le premier article M. le prof. Une des difficultés à résoudre pour
Bressou a signalé l'utilisation de la l'utilisation de ces larves carnivores
Mouche bleue (Calliphora erythroce- était de trouver une espèce, ou une
phala). Dans le second article, j'ai variété suffisamment stable, suscep-
tible de se développer aux dépens des légères modifications que j'ai ptt
tissus mortifiés sans attaquer les observer en examinant de nombreux,
tissus vivants. La forme qui remplit individus des deux sexes, affectuent
ces conditions a. été heureusement quelques caractères secondaires, et
découverte par M. le prof. Brumpt peuvent se résumer comme il suit.
dans une souche américaine du On observe constamment : deux
Lucitia sericata Meigen. (1). soies acrosticales antérieures, trois
On sait que les larves du Lucilia soies dorsocentrales antérieures. Les.
sericata provoquent des myiases macrochètes du scutellum sont moins.
graves avec une facilité extrême. Un robustes et, en général, leur section
des derniers exemples de ce cas a été transverse donne une figure plus
donné par M. le prof. Franchini ronde que ceux de la forme sauvage.
dans les Archives italiennes des La pruinosité blanche répandue sur
sciences médicales coloniales, où il le tégument est plus dense, et ce
montre un magnifique Chat angora, tégument, après la mort, présente
attaqué vivant par les larves du une coloration rouge ou cuivreuse
Lucilia sericata ; l'animal est mort plus accentuée. Les dépressions
par suite des désordres graves consé- postalaires : plaque tympanique et
cutifs à l'infection provoquée par ces aréa parasquamal (1), portent des
larves (2). touffes de cils moins denses que chez
11 v a donc au moins deux formes la forme typique.
de Lucilia sericata, une forme sauvage Les macrochètes de l'appareil
bien connue et dangereuse, qui moteur sont moins robustes, l'aile
attaque l'Homme, le Bœuf, le Veau, le porte une membrane plus fine, et
Mouton et le Chat, et une forme seule la base de la nervure cubitale
domestiquée au laboratoire,qui pro- se colore en lumière polarisée. Les
vient d'une souche américaine. Cette appareils copulateurs des deux for-
dernière, loin d'être dangereuse, est mes sont exactement semblables.
au contraire susceptible d'utilisations On se trouve ici en face d'une
importantes dans certaines affections variété biologique dont les caractères
chroniques d'origine chirurgicale. sont remarquablement fixes ; sur près
J'ai pu, grâce à l'obligeance de de 300, individus examinés je n'ai
M. le prof. Brumpt, étudier les rencontré que quatre exemplaires
adultes des deux formes. J'ai com- présentant une légère différence dans
paré les formes sauvages que je la disposition des soies. Les Lucilia
possédais des pays les plus- divers, et sericata typiques capturés dans la
la forme « domestique » élevée par campagne présentent beaucoup plus
M. Brumpt lui-même. La forme de variations.
européenne sauvage est de taille plus Le Lucilia sericata sauvage pré-
grande, la chétotaxie est plus robuste, sente souvent trois acrosticales anté-
les. macrochètes sont plus longs. Les rieures — ou, de chaque côté du
scutellum, un faible macrochète
(1) BRUMPT (E.). 1933. Utilisation des larves subapical. Chez ces individus, les
de certaines mouches —pour le traitement de macrochètes sont légèrement aplatis
l'ostéomyélite et de diverses affections chirurgi-
cales chroniques. — Annales de narasitologie et les fines cannelures longitudinales
humaine et comparée. Xl, n" 5, p. 403-420.
(2) FRANCHINI (G ) et RUBBIANI (M.). 1933 —
sont plus visibles. Sur l'aile, la base
.
ftlyiasi foruncolo-sa nel gatto. — Archivio italiano
di Scienze mediche coloniali, fase. 9, p. 545-551,
3 figs. 1 (1) SEGUY, Mouches parasites. 1. p. 93.
des nervures Cu
A 2 et 2 A, s'é-
claire vivement
en lumière po-
larisée
Les larves du
Lucilia liericata
montrent donc
un éclectisme
extraordinaire
dans leur nour-
riture. Elles
peuvent s'ac-
commoder et
même prospé-
rer d'une façon
étonnante en
absorbant les
matières les plus
diverses. Mais il
convient de re-
marquer que les
individus élevés
en culture pure
présentent des
téguments
moins épais et
moins robustes
que les Mouches
sauvages. Le pu-
parium est éga-
lement moins résistant. Les LuciLia externes qui paraît être le résultat de
sericata élevés en captivité présen- l'élevage en captivité.
tent le même affaiblissement des Il faut donc user de la plus grande
caractères externes que les Calli- prudence dans l'utilisation de ces
phores que l'on élève avec des subs- Mouches productrices de myiases
tances végétales ( ). 1 susceptibles de présenter deux sou-
-Cette étude du Lucilia sericala ches divergentes (à l'origine issues
montre l'impossibilité de distinguer de la même mère) et qui offrent, l'une
morphologiquement,aveclesmoyens des caractères biologiques utiles,
d'investigation actuels, la forme l'autre des caractères nuisibles. On
sauvage nuisible de. la forme domes- pourra observer également que les
tique utile. On constate seulement un descendants d'une Mouche sauvage
affaiblissementde certains caractères élevés en captivité perdent ou exa-
gèrent leurs qualités nocives. Nous,
ne connaissons pas encore la cause
(1). Cf. SÉGUY, Bulletin mensuel d, la Société de ces modifications.
des Naturalistes de la Vallée du Loing. 9 (1913) L'utilisation des Mouches diverses.
page 18.
-
des Calliphora( l), des Lucilia et sur- être entreprise qu'à la suite d'expé-
tout des Wohlfartia (2), ne devra riences concluantes. Il ne faudra
jamais oublier les instincts sapro-
phages de ces producteurs de myia-
(1) LIVINGSTON (S. K.) and PRINCE (L. H.). —
The Treatment of chronic osteomyelitis with ses et veiller à ce que leurs caractères
special relerence to the use of the maggot active nuisibles ne « se réveillent » brusque-
principle. Jl. Amer. Med. Assoc XCVII
1932, p. 1143-1149, ,
l.
avril ment dans l'élevage d'une souche
VARA LOPEZ (R.) et THORBECK (K.). — Contribu- utile. 11 faudra également se souvenir
-cion al estudio del tratamiento de la osteomie-
litis con larva de moscas. Los Progret>sos de la
que les réactions physiologiques des
Clinica, Madrid, XLI, n° 6, juin 1933, p. 355-360. Mouches sont très variables, non
(2) GRANTHAM-HILL (C.). — Preliminary note on seulement d'une espèce donnée à une
the treatment of infected wounds with the larva autre espèce, mais encore d'un sexe
of Wohlfartia nuba. Trans. Royal Soc. trop. Med.
-and Hyg., XXVII, 1933, p. 93-98. 1 pi. à l'autre chez une même espèce.
LES GROTTES AU MAROC
DE L'HABITAT PRIMITIF AU LIEU CULTUEL
par
- JEAN GATTEFOSSÉ

Dans le Nord de l'Afrique en géné- l'affirment d'ailleurs pour un grand


ral, les grottes sont nombreuses et nombre de tribus depuis la Tripbli-
offrent un excellent abri contre les taine jusqu'au Lixus du Périple de
rigueurs de la température ; situées Hannon.
le plus souvent dans les falaises cal- Lorsque les populations se civi-
caires tendres, elles ne sont pas lisant, abandonnèrent progressive-
humides et sont faciles à aménager. ment les grottes pour des habitations
Il est donc naturel qu'elles aient été plus conformes à leur mode d'exis-
habitées dès le début de l'occupation tence, leur vénération dut se fixer
humaine de cette région ; elles sont tout naturellement sur les grottes où
restées un centre d'attraction, par la avaient vécu les ancêtres, notamment
suite, lorsqu'elles s'ouvraient sur des le Grand-Père totémique de chaque
terres fertiles et propres à la fixation tribu.
des tribus sédentaires (A). Jusqu à l'arrivée des Arabes, le
C'est pourquoi les villes se sont culte des grottes est nécessairement
presque toujours édifiées sur le terri- resté l'élément fondamental de la
toire d'une grotte sacrée, ancien religion des Berbères. 11 n'est plus,
habitat ; au Maroc, c'est la règle géné- de nos jours, qu'une superstition
rale : Volubilis, Tanger, Fès, Taza, populaire, l'Islam réprouvant la véné-
Séfrou, ont débuté par des refuges ration des grottes, comme une survi-
néolithiques dans les grottes qui per- vance de paganisme susceptible de
sistent aujourd'hui et sont l'objet nuire à son autorité dans les cam-
d'une grande vénération ; à Casa- pagnes..
blanca, l'ancienne Anfa, dont le nom En général, les Musulmans, arabes
est lié à celui d'un peuple des caver- et berbères islamisés, montrent une
nes, les Anf, selon les traditions aversion caractéristique pour les
berbères, la légende de la grotte grottes, habitat préféré des « djnouu »
originelle, le Kef Koniar, persiste à génies malins de la terre, rendez-vous
défaut de la caverne dont l'entrée de leurs cousins de l'air et des eaux ;
est oubliée. et c'est précisément aux djnoun que
Toutes les populations sédentaires s'adresse le culte des grottes, tel
primitives de Berbérieont été troglo- qu'il a persisté, après de profondes
dytes ; les auteurs de. l'antiquité modifications probablement, dans
les campagnes marocaines.
Mais l'Islam a su drainer à son
(A) Les chiffres qu'on trouvera au cours de profit le culte des grottes en y situant
cet article, renvoient à l'index bibliographique.
le tombeau hypothétique ou réel de envahisseurs arabes ou par des ber-
ses Saints, tout comme le Christia- bères islamisés au cours de leurs fré-
nisnle a fait dans le domaine de son quentes migrations. C'est pourquoi
rayonnement. N'est-ilpas naturel, eL ces roumis, hypothétiques parfois,
conforme à cette évolution, de voir ne sont pas distingués des Djohala
l'Eglise catholique installer, en juil- et des Anf, et parfois sont consi-
let dernier, un autel dans une grotte dérés comme très postérieurs à ces
à [mmouzer du Kandar ? derniers.
René Basset a étudié les formes Dans le Sud-Est marocain, les
diverses que revêt le culte des grottes traditions hébraïques conservées par
au Maroc (1). Certains personnages des rabbins dont les connaissances
de légendes sont fréquemment cités historiques et les études exégétiques
à leur propos, tels « Pharaon », sont tenues- en grande estime dans
Daqyous, le Sultan Noir et, plus les milieux intellectuels juifs, si-
généralement, les ç( Roumis », appel- tuent un empire « roumi » (avec le
lation vague propre à définir tout ce sens de Chrétien), très important
qui est antérieur à l'Islam et sans dans la vallée du Drâa ; cette région
lien de continuité avec les tribus aujourd'hui presque complètement
occupant la région. désertique et occupée par de maigres
Le nom de Daqyous est plus spé- palmeraies de Dattiers le long du
cialement attaché à des grottes fleuve, s'appelait alors la « Vallée
ayant fourni des vestiges d'habitat des Oliviers », ce qui est conforme à
ou de sépulture néolithiques. Bien l'évolution biologique -du Sahara
que dans les légendes, Daqyous soit occidental telle que nous l'avons
l'empereur de la persécution de décrite ici même (4). Cet empire
laquelle leur miraculeux sommeil chrétien avait des relations tantôt
sauva les Sept Dormants, d'après cordiales et tantôt belliqueuses avec
Basset (2), nous, pensons qu'il s'agit, l'empire juif qui occupait les régions
à l'origine, du même personnage sahariennes immédiatement à l'Est.
que les Grecs appelèrent Bacchus. Il semble bien cependant que -ces
Bacchus est la personnification du Roumis, que les textes hébraïques
génie industriel de la race noire qui font venir de l'Ouest par la mer et
envahit, à la fin du Néolithique, le qui auraient prospéré du 4e au
Nord de l'Afrique et la Méditerranée 6e siècles après J.-C., étaient des
orientale, y apportant la connais- Berbères, probablement des Zénètes.
sance de la Vigne et du vin, du Blé Mais il importe de signaler que dans
et du pain. Les grottes jouent, en le Souss et jusqu'au Siroua et au
effet, un rôle principal dans la lé- Drâa, les portugais ont laissé de
gende de Bacchus et dans les rites de nombreux vestiges archéologiques,
son culte (3). relatifs non pas à une occupation
Pharaon et le Sultan Noir person- massive du territoire, mais plutôt à
nifient des envahisseurs récents que des relations commerciales habi-
les études de folklore berbère per- tuelles et à des prospectionsminières,
mettront petit à petit de dégager. lesquels sont aujourd hui désignés
Quant aux « Roumis », si fré- également sous ce nom de « Rou-
quemment cités à propos de grottes, mis » ; enfin, dans le Centre et le
il s'agit souvent de peuplades païen- Nord du Maroc.les ruines romaines
nes rencontrées par les premiers sont souvent désignées sous ce vo-
cable, quoique les noms du Pharaon Une série de grottes, tant sur la
-et du Sultan Noir y soient associés côte méditerranéenne, au nord, que
parfois. Il n'est pas inutile d'ajouter sur la côte atlantique dans l'extrême
•que les recherches récentes de Rev- sud, sont en rapport avec des légen-
gasse, dans le Hoggar, montrent des de Noun (Nouh, Noa, Noé), sa
l'existence de tribus berbères orga- fille Nouna et son fils Youcha ou
nisées militairement. et administra- Josué (5).

tivement par les Romains, an centre Enfin Daniel serait enterré dans
-du Sahara et au début de notre ère ; le Kef el Ihoud de Séfrôu, Youssef
'Ces tribus étaient probablement ben Aristoteles et Dhoul Qorneïn
chrétiennes ; il ne serait donc pas (Alexandre, sinon Hercule?) seraient
impossible que les Roumis de la enterrés dans une grotte du Gharb,
vallée des Oliviers fussent à la fois aujourd'hui consacrée à Moulay bou
berbères et chrétiens ; ainsi la reli- Selharn, le grand marabout de cette
gion chrétienne aurait brillé, pen- région. Il n'est pas indifférent de
dant quelques siècles et sous les va- remarquer que le nom de Doulh
riantes de schismes nombreux, de Qorneïn, héros aux cornes de Tau-
-Babylone à l'Atlantique, à travers reau, s'est conservé ici dans la région
montagnes et déserts africains et où les Grecs placèrent une partie des
le nom de Rome en aurait perpétué aventures d'Hercule avec Atlas et
4e souvenir parmi les peuples plus Antée ; comme Hercule, il éleva six
tard islamisés. colonnes de bronze dont une à Qadès
(Cadix) et les au Ires dans les îles Eter- grottes, ayant surtout été pratiqué
nelles dans l'Océan Atlantique ; dans en plein air par des sacrifices et des.
l'une de ces îles, Tennyn, il tua le feux de joie ; il existe encore, sous
dragon... du jardin des Hespérides. diverses formes, dans le Souss et
Il est donc parfaitement justifié de l'Anti-Altas ; nous avons vu des
suivre d'Avezac (6) qui identifie Dhoul sacrifices de Béliers au sommet du
Qorneïn à Hercule, contre les auteurs Djebel Siroua à 3.305 m. d'altitude.
modernes qui l'identifient, avec les Les sculptures rupestres sahariennes
Arabes, à Alexandre. montrent de nombreuses figura-
Nous savons par Diodore de Sicile tions de Béliers coiffés d'un symbole
que les Grecs groupèrent dans une solaire. On a cependant trouvé dans
seule série légendaire, plusieurs la grotte dite « des Idoles », près
Hercule représentant des peuples de Tanger et non loin de la grotte
anciens ayant vécu à des périodes d'Hercule, un grand nombre d'ex-
différentes ; il y eut d'abord un voto de terre cuite représentant des
Hercule-Taureau, beaucoupplus tard têtes de Bélier.
un Hercule-Lion. Entre eux se place On a signalé dans le nord du
Amen-Bélier, dont l'histoire est Maroc et chez quelques tribus peu
étroitement liée à celle de Bacchus ; islamisées, une pratique de magie
Filippofl (7) a cru pouvoir dater l'ori- sympathique comportant des rites
gine du culte du Bélier d'après les sexuels à caractère essentiellement
prêtres-astrologues de l'ancienne agraire et connue sous le nom de
« nuit de l'erreur ».
Cette pratique, déjà si-
gnalée par les auteurs
de l'Antiquité et préci-
sément pour des Ber-
bères (9) est visiblement
une dégénérescence de
rites autrefois pratiqués
en plein air et en toute
liberté dans les cul-
tures ; il en est d'ailleurs
encore ainsi chez les Ida
ou Kensous de l'Anti-
Atlas. Ils n'ont été si-
gnalés ailleurs, de nos
jours., que dans des
grottes. Sous l'influence
de l'Islam, ces rites
agraires ont été réprou-
vés ; c'est ainsi que la
Egypte ; mais au Maroc ce culte du grotte Aqdim, dans le Dadès, a été
Bélier, comme symbole solaire, a fermée par Dieu irrité, emprison-
eu une très grande extension dès nant hommes et femmes et transfor-
l'époque néolithique comme le pro- mant la nuit de l'erreur en nuit de
fesseur Joleaud l'a démontré (8). Ila terreur. Pendant trois jours chaque
laissé peu de traces par rapport aux année les emmurés reviennent à la
vie et se livrent à leurs
débordements ; par une
fente du rocher on entend
leurs cris que des devins
interprètent afin d'en tirer
•des prédictions relative-
ment à l'avenir des récoltes
-de l'année.
Il ne s'agit dans ce cas,
•que d'une grotte « suppo-
sée ». En dehors de cette
fête des prédictions agri-
-coles (Moucem) qui dure
trois jours, les malades
viennent en ce lieu en tous
temps, y chercher la gué-
rison ou tout au moins des
instructions pour se soi-
gner.
Nous sommes ainsi con-
duit à considérer les grottes
•oraculaires et guérisseuses
fréquentes au Maroc dans
le Sud principalement.
Ce sont naturellementles,
«djnoun » qui habitent l'in-
térieur de la Terre, qui
-sont censés parler aux con-
sultants ; ils sont d'ailleurs
supposés être la cause di-
recte de la maladie et c'est
par une offrande ou un
sacrifice qu'on peut s'at-
tirer leur clémence ; le
malade ou «mejnouna»,
possédé d'un djnoutl, re-
prend son existence nor-
male après avoir acquitté le prix l'offrande préalable du « tazrout »,
de sa quiétude. la pierre qui fait parler, moule in-
Presque toujours c'est alors que le terne d'un Isocardia fossile abon-
malade et ses proches dorment dans dant dans la région, et a pour but
la grotte, que les indications rela- l'acquisition de la « baraka » du
tives aux offrandes à faire leur sont langage, c'est-à-dire le don de com-
fournies. Ce sommeil, que l'on a prendre et parler les langues étran-
justement appelé rite de l'incubation, gères, aujourdhui l'arabe et le
peut avoir des buts très divers ; au français.
marabout de Sidi Brahim ou Ali des Ailleurs, un autre marabout,
Ida-ou-Tanan, il s'accompagne de donnera la baraka de la musique,
celle qui permettra de soulever les qu'une branche occidentale des.
fardeaux, de moissonnersans fatigue, Berbères du Nord-Ouest.-Beaucoup-
etc. Ces marabouts, tous person- d'autres observations ont permis,
nages de l'Islam et leur koubba ou depuis cette publication, de prouver-
tombeau supposé, ont remplacé les l'identité des Guanches et des Ber-
grottes et les djnoun qui les habi- bères, mais nous avons cru utile de-
taient ; les Berbères ont d'ailleurs vérifier si les grottes de l'Atlas s'ap-
souvent conservé le nom du djnoun, parentaient vraiment à celles des-
souvent une « dame », à côté de Canaries.
celui du Saint et le sommeil dans la A la vérité, elles sont fort distinc-
koubba, comme dans la grotte, est tes et l'assimilation faite par Que-
peuplé de luttes contre les génies denfeldt était prématurée ; il se basait.
souterrains ; par sa victoire morale d'ailleurs uniquement sur le texte-
sur ces déités chtoniennes, le des « Reconnaissances » de De-
consultant trouve le chemin de l'âme Foucauld, accompagné des croquis.
du Saintet peut solliciter et méri- précis, mais minuscules, dont le
ter la baraka salvatrice. célèbre explorateur doublait généra-
Nous avons constaté que le Maroc lement ses notes de voyage. Ce texte-
comme la Tripolitaine, la Tunisie, donné à propos de la grotte de Foum-
.l'Espagne et les Canaries, avait été el-Anceur, près de Béni Mellal, est
d'abord un pays de troglodytes ; par le suivant :
suite d'une évolution normale et ,c
11 y a des grottes de deux sortes;
constante en tous pays, les popula- les unes s'ouvrent sans ordre à la
tions ont cessé d'habiter les grottes surface du rocher, l'œil ne distingue
le jour où elles sont devenues agri- que plusieurs trous sombres percés
coles et sédentaires; les grottes se au hasard et isolés de leurs voisins.
sont alors transformées en sanctu- Les autres, au contraire, sont creusées-
aires. L'Islam a précipité l'évolution sur un même alignement ; en avant
au Maroc et a éloigné la population des ouvertures, on voit, le long de la
autochtone des grottes sacrées con- muraille, une galerie taillée dans le-
currentes des mosquées. roc, qui met en communication les.
Nous continuerons cette note par cavernes ; cette galerie est fréquem-
l'examen de groupes considérables ment garnie, à l'extérieur, d'un
de grottes, autrefois habitées et dont parapet en maçonnerie. Quand des.
l'étude détaillée apportera sans crevasses se présentent et coupent
doute, dansl'avenir, une contribution la voie, les bords en sont reliés par-
importante au problème des popula- .de petits ponts de pierre. Souvent
tions berbères primitives. des rangs semblables sont étagés-
par deux ou trois sur une même-
paroi rocheuse ».
C'est évidemment à la deuxième
A la suite du savant allemand catégorie que Quedenfeldt faisait.
Quedenfeldt (10), les ethnographes allusion. Mais aux Canaries, les-
ont rapproché les grottes aménagées alvéoles sont de petites chambres.
de l'Atlas marocain des grottes à comme les cellules individuelles d'un
alvéoles des Iles Canaries. Queden- couvent, creusées dans les parois-
feldt en tirait argument pour démon- internes d'une caverne ou d'un abri
trer que les Guanches n'étaient sous roche, par le travail humain ;
au Maroc, les cavernes sont isolées vé une cinquantaine de trous cylin-
et entièrement creusées dans la driques, aux parois de blocs éboulés,
paroi verticale d'une falaise : elles qui contiennent d'anciens foyers et
sont reliées en Ire elles par des ou- dont l âge récent est attesté par la
vrages extérieurs destinés à en faci- présence d'armes d'acier ; un obser-
liter l'accès. Les grottes des Canaries valeursuperficiel y avait vu du « phé-
ont pu être comparées à des ruches nicien )...
d'abeilles; celles du Maroc ne sau- Un peu partout les cavités natu-
raient suggérer cette
idée.
Les grottes de la
première catégorie de
De Foucauld, sont soit
de simples abris sous
roche abondan ts jdan s
le Moyen Atlas et le
Pays Zaïan. soit de
véritables cavernes
d'effondrement plus
fréquentes dans la
dune consolidée cal-
caire, ancienne bor-
dure littorale quater
naire qui borde la
Meseta vers l'Ouest,
à peu de distance du
rivage de l'Océan.
D'autres s'ouvrent
au sommet d'anticli-
naux dans les ter-
rains anciens, entre deux strates relies des rochers sont utilisées par
relevées ou encore dans les éboule- les habitants des villages fixes aussi
ments des falaises de conglomérats bien que par les nomades, pour
fluviaux des zones sahariennes. loger leurs troupeaux de Moutons et
Elles sont encore habitées en de Chèvres : elles ne sont abandon-
plusieurs endroits, aux environs de nées que lorsque le fumier accu-
Sétrou, d'El Hadjeb, d'Immouzer, mulé jusqu'à la voûte empêche les
de Ouarzazal" Far exemple. Des animaux d'y pénétrer. A Ouar-
ouvrages de défense rustiques en zazat, des portiers habitent encore
interdisent parfois l'accès. les grottes que domine la kasba
Des cavernes très vastes de la fameuse ; des vestiges paléolithiques
dune calcaire ont également servi s'y rencontrent cependant.
d'habitat -au moins temporaire, Rarement ces grottes présentent
malgré l'obscurité absolue qui y quelques inscriptions lybico-berbères
règne ; près de Oualidia, dans les dont le relevé n'a pas encore été
grottes du Takout où l'on exploite fait, notamment à Sidi Moussa au
aujourd'hui les guanos .millénaires sud de Mazagan ; la grotte Lahaguig,
de Chauve-Souris, nous avons obs.er- dans les Doukkala. possède une
entrée retaillée en forme de porte qui reste d'eau à la sortie de l'oasis,
monumentale, mais horizontale, irrigue des céréales, Blé et Maïs,
donnant accès à des escaliers bien dont les champs réguliers marquent
conservés. Près de Casablanca, un de mosaïques vertes ou jaunes le
abri sous roche contient des cupules limon rouge de la plaine infinie.
et des dessins anthropomorphes Afin de laisser aux cultures toute
assez frustes, de type néolithique la surface irrigable, le village s'est
récent. Les trouvailles préhistoriques refugié sur les pentes arides et
en rapport avec ce genre d'habitat semble avoir été précipité en
sont encore peu nombreuses et désordre des sommets de la falaise.
limitées aux environs des villes Dans les cours des petites maisons
européennes (El Hank à Casablanca, de terre, quelques Vignes noueuses
grotte de Taza, etc). et l'inévitable Chiba (Armoise arbo-
Nous ne citerons que pour mé- rescente), propre à aromatiser le
moire, les grottes très vastes de la thé, sont les végétaux intimes, admis
Daya Chiker, au sud de Taza ; elles au sein dela famille.
ont été découvertes à la suite de Plus près de la source qui surgit
l'effondrement brusque du lac ; cinq brusquement en siphon d'une grotte
kilomètres de salles à stalactites de inaccessible, se pressent les moulins
toule beauté ont été visitées ; il primitifs où s'activent les femmes,
reste un parcours, au moins aussi et sans transition, au-dessus de la
étendu, à explorer entre la dernière source, la végétation arbustive cesse
des salles actuellement connues et complètement. C'est maintenant, à
la résurgence de la rivière souter- l'adret, la zone de l'Euphorbe rési-
raine. Cet ensemble merveilleux nifère, la plus désagréable des cac-
sera aménagé pour le tourisme ; il toïdes marocaines ; ses grosses touf-
n'entre pas dans le cadre de cette fes, semblables à d'énormes tortues
étude de le décrire, car il n'a pu glauques, se pressent en troupeaux
servir d'habitat, dans l'état actuel. désordonnés et il est parfois fort
Nous donnerons quelques détails difficile de découvrir un sentier qui
sur la grotte -de Foum-el-Anceur, ne se heurte point constamment à
cause première des notes précieuses leur barrière épineuse.
de De Foucauld. En juillet, cette plante extraordi-
Au pied des contreforts occiden- naire resplendit de millions de fleurs
taux de l'Atlas et dominant l'im- jaunes ; puis à la fin de l'été le
mense plateau du Tadla, l'oasis de sommet des tiges est couvert de la
Foum-el-Anceur est un charmant gomme « forbiou », connue des
nid de verdure auquel une source médecins de l'antiquité grecque, qui
très abondante dispense la vie. s'exsude au niveau des inflorescences
Micocouliers, Noyers, Figuiers, passées ; les indigènes n'en font plus
Oliviers centenaires abritent de leur le ramassage, cette drogue désuète
ombre épaisse des vergers d'Oran- ayant cessé d'être exportée depuis
gers, d'Abricotiers, de Poiriers et quelques années. Dès que le pied
même de Bananiers de Chine d'im- heurle une Euphorbe, le latex caus-
portation récente ; des séguias divi- tique s'écoule et bientôt une sensation
sées par des « peignes » distribuant de brûlure pénètre les narines et la
l'eau aux divers propriétaires, par- gorge ; leséternuements se succèdent
courent les jardins en bruissant ; ce incoercibles et fatigants.
A cent mètres au-dessus
de cette zone de parcours
délicat, par des sentiers de
chèvres, on atteint la fa-
meuse grotte de Foum-el-
Anceur. C'est un vaste abri
sous roche dont la salle
unique s'ouvre par un arc
d'une trentaine de mètres
de hauteur; il s'agit visi-
blement de l'ancien débou-
ché d'un cours d'eau sou-
terrain, le même qui surgit
plus bas et fait tourner les
gentils moulins. Le sol de
la grotte se relève pro-
gressivement, en allant
vers le fond ; là on se
heurte à un mur de pierres
liées à l'aide d'argile, tra-
vail d'apparence récente
qui obstrue une galerie
dont l'exploration pourrait
être fructueuse. Une pièce
de trois mètres de diamètre
a été aménagée dans la
paroi rocheuse, agrémen-
tée d'une fenêtre donnant
sur la grande salle. A tra-
vers cette dernière, plu-
sieurs murs de défense
transversaux ont laissé des
vestiges nets ; des poteries
berbères indatables jon-
chentle sol, principalement
constitué par du guano de Pigeon assez complexe, de composition et de
sauvage et de Chèvre. facture distinctes des constructions
A l'extérieur de la grotte, sur la berbères récentes, se rattachent évi
paroi de la falaise, on peut observer demment à l'ensemble. Aucun des-
deux ouvrages annexes curieux ; l'un sin, aucune inscription dans l'état
est une citerne cylindrique cimentée acluel des lieux. Des explications
à la chaux ; l'autre, une tour ronde, fournies parles vieillards de la djemâa
accolée à la falaise, bâtie d'un mor- du village, il résulte qu'ils pensent
tier très dur, semble le dernier que les grottes de la région ont
vestige d'un système de fortification été habitées par des Chrétiens, les
plus étendu. Anf, antérieurement à l'arrivée des
A cinquante mètres en contre-bas, tribus Imaziren dans le pays. Ils
les ruines d'une construction de plan appellent dans leur langue berbère,
les grottes des « kav », équivalent Une cinquantaine d'ouvertures bé-
du mot arabe « kef a. Nous ne antes se pressent en plusieurs rangs
pouvons nous empêcher de rappro- obliques à mi-hauteur de la falaise.
cher aussitôt le mot « anf » du nom La plupart sont inaccessibles et on n&
de « Enfer » porté anciennement par pourrait les atteindre qu'à L'aide de
l'île de Ténériffe et aujourd'hui en- cordes prenant appui au sommet des
core par les réservoirs souterrains escarpements. Ce sont celles que les
des moulins à huile en Provence et le indigènes croient contenir des tré-
mot kav » de la racine primitive sors ; les autres, qu'ils peu vent visiter,
(les mots cave, cueva, etc., ayant la servent plus prosaïquement d'abris
même signification. pour les Chèvres et c'est sous cet
Foum-el-Anceur nous a montré le épais sédiment de' guano que l'on
type de l'abri sous roche aménagé peut espérer trouver des vestiges
et défendu par des constructions d'industrie humaine permettant de
accessoires ; à Ouaouizert. nous daler ces curieuses habitations.
allons observer les grottes de la Avec de grosses difficultés, nous
Deuxième catégorie de De Foucauld, sommes parvenus à en visiter plu-
celles que Quedenfeldt croyait iden- sieurs en 1932 et en 1933. Elles sont
tiques aux habitats et sépultures manifestement taillées dans le roc et
guanches des Canaries. -l'on a profité de quelque cavité natu-
relie pour amorcer un travail pro-
gressif de déblaiement. La nature
Elles sont situées chez les Aït cassante du calcaire, à plans de cli-
Chribo, à quelques kilomètres du vage verticaux, a favorisé ce travail
poste de Ouaouizert, encore en bor- qui a pu être exécuté avec des outils
dure de la dissidence. Le paysage est très primitifs.
sauvage et désolé ; l'Euphorbe résini- Dans l'une de ces grottes, très vaste,
fère est maitresse absolue du sol et un couloir s'amorce, bientôt obstrué
étend ses bataillons serrés à perte de par le guano, mais les autres ne com-
vue ; les chevaux vont avec pré- portent en général qu'une seule pièce,
caution à travers les touffes épineuses parfois étroite. Aucune trace d'ins-
et suivent des sentiers difficiles tan- cription sur les roches dont la nature
tôt au fond de ravins, tantôt au som- friable s'oppose d'ailleurs aussi bien
met de falaises abruptes; ils tâtent le à leur sculpture qu'à leur conserva-
sol fragile et flairent le précipice avec tion. De nombreux débris de poterie
l'intelligence des bêtes montagnardes berbère analogue, à celle de Eoum-
habituées au danger. el-Anceur se remarquent un peu
Quelques kasba aux hautes tours partout ; dans les éboulis de l'entrée
de terre garnies dé balcons de bran- d'une grotte, nous recueillons un
chages et quelques ruchers rustiques percuteur de basalte de facture néo-
constitués par des troncs évidés lithique, mais dépourvu de patine ;
disposés horizontalement sur les ce type de percuteur, simple galet
rochers, constituent le patrimoine choisi pour sa forme maniable et sa
des Aït Chribo. La vallée se rétrécit dureté, est d'ailleurs pai tout fréquent
entre deux falaises de deux cents dans le sud du Maroc (11).
mètres de hauteur et voici brusque- De notre rapide examen, on peul
ment, sur la paroi sud, le spectacle conclurequ'il n'y a aucune similitude
impressionnant des grottes. entre les grottes de Ouaouizert et
celles dites à alvéoles des Ca- ont bien servi d'habitat permanent.
naries ; mais qu'elles ont été ha- On pourrait, en effet, penser qu'il
bitées antérieurement à l'arrivée s'agit plutôt de greniers collectifs de
des Aït Chribo, si toutefois elles tribus, destinés en outre à servir de
refuge aux habitants en cas d'alerte. Il est évident que seul le système
Il y a une certaine analogie entre des balcons extérieurs -pouvait être
ces grottes et celles à usage de utilisé à Ouaouizert.
greniers creusées dans les falaises Dans le M'Goun, l'accès du
de l'Assif n'Aït Hamed, de l'Assif premier étage seul était obtenu par
M'Goun et des Ida-ou-Tanan que une échelle mobile ; mais le passage
nous avons étudiées en 1933. Ces aux étages supérieurs se faisait par
dernières grottes, entièrement arti- des cheminées verticales entièrement
ficielles, établies dans des alluvions creusées dans la masse de la falaise
tendres, sont moins frustes, parfois et invisibles de l'extérieur ; dans
même taillées avec art et ornemen- certains cas, les grains, les mar-
tées ; elles paraissent récentes, -et chandises serrées dans les greniers
sont cependant antérieures à l'arri- étaient montés par des cordes qui
vée des tribus berbères et hartania ont laissé des traces profondes
qui habitent actuellement ces con- d'usure dans les cheminées, mais
trées ; elles sont également attribuées la poulie était manifestement in-
à des roumis ou chrétiens. connue.
Mais cette analogie est insuffisam- Les grottes de Ouaouizert sont
ment poussée, pour retenir la seule donc très probablement des habitats
hypothèse des greniers collectifs temporaires, des refuges utilisés en
pour Ouaouizert. De plus ces der- temps de guerre et des greniers en
nières grottes ont leur parallèle temps de paix. Les réserves d'eau
dans la vallée de l'Oued Tamgouft, y étaient nécessairement précaires,
au nord de l'ancien poste de l'Aghem- la position imprenable des assiégés,
bo, plus à l'est dans l'Atlas. leur rendant par contre toute sortie
Grâce à l'obligeance du lieutenant périlleuse. Quant aux balcons exté--
Roussel, des Affaires Indigènes de rieurs indispensables, ils devaient
Béni-Mellal, nous pouvons repro- être fragiles, de faible durée et fort
duire une photographie de grottes exposés aux coups de l'ennemi. Peut-
du Tamgouft ; elle démontre qu'elles être plus généralement utilisée, au.
étaient encore habitées, au moins trefois, cette coutume a persisté chez
temporairement, en 1931 lors de quelques tribus berbères, comme en
l'arrivée de nos troupes dans cette font foi les grottes de l'Oued Tam-
vallée. Leur aspect les classe dans gouft qui. n'ont malheureusement
une catégorie intermédiaire entre pas fait l'objet d'une étude détaillée
celles de Ouaouizert et les greniers lorsqu'il en -était encore temps au
collectifs du M'Goun. moment de notre pénétration. Les mi-
On peut constater dans cette photo- grations fréquentes des tribus, l'exis-
graphie, que le passage d'une grotte tence de dialectes divers, a contribué
à l'autre, était assuré au moyen d'un à rejeter dans un passé en apparence
balcon de branchages entrelacés ou .
très lointain, des coutumes et- modes
de roseaux Iressés, tandis que le d'existence peut-être récents, pres-
passage du premier étage aux étages que contemporains.
supérieurs l'était par de légères Nous concluons en signalant que
échelles de bois. On,atteignait proba- ce mode de refuge temporaire et de
blement le premier étage lui-même, grenier collectif correspond exacte-
par une échelle du même genre, ment à la notion de l'Agadir primitif
ensuite remontée dans les grottes. berbère, opposé àlatigrempt, kasba
collective en terre, d'usage et de des- d'autres tribus et dont le type se
tination identique, construite par rencontre parfait chez les N'Tifa(12).

INDEX BIBLIOGRAPHIQUE sière : la Légende de Nouna, pp. 167-171,


Casablanca 1931,
(1) Henri BASSET. — Le Culte des Grottes (6) D'AVEZAC. — Les Iles africaines de
au Maroc. Alger 1920. l'Océan atlantique. Paris 1848.
(2) Henri BASSET — Notes de lexicogra- (7) L. FILIPPOFF. — Les Précurseurs d'Hi-
phie berbère, série. Paris 1885. pp. 6-7. parque. Revue Scientifique, 24 janvier 1931.
— Les Sept Dormants sont. sept martyrs (8) PROF. L. JOLEAUD. — L'Atlantide envi-
chrétiens ; il y a donc une superposition de sagée par un paléontologiste. Revue Scientifi-
noms récents dans une légende de grande que, 1928 (n° 17). — Etudes de Th. Monod sur
ancienneté. Basset. Mouliéras. etc., ont le même sujet.
identifié Daqyous à Décius (IIIe siècle) ; (9) ED. MEYER. Histoire de l'Antiquité
Odinot vient de proposer récemment Darius, —
(trad. franc.), Paris 1913. tome 1. p. 25.
roi des Perses. Ces deux hypothèses sont -10) QUEDENFELDT. — La population berbère
indéfendables. du Maroc, Berlin, 1888. Trad. franc. Alger 1904.
(3) Jean GATTEFOSSÉ. L'Atlantide et le (11) Jean GATTEFOSSÉ. — Graphismes en

Tritouis occidental. Ch. VIII i Histoire des fers à cheval du Dadès. Sté de Préhistoire du
nations civilisées du Tritonis occidental, Maroc, 2e se m 1933.
pp. 78-85 (d'après Diodore de Sicile). .
(12) R. MONTAGNE. — Un magasin collectif
(4) Jean GATfEFOSSÉ. L'Evolution biolo- de l'Anti-Atlas, l'agadir des lkounda. Hespe-

gique du Sahara occidental. La Terre et la ris, IX, 1929. pp. 193-199.
Vie, Juin 1933. pp. 323-335. R. LAOUST. — Mots et Choses berbères.
(5) Robert BOUTET. Paris 1920. pp. 5-15.
— Les Gens de la Pous-
VARIÉTÉS

LES PLUS ANCIENS VERTÉBRÉS les conséquences au point de vue de la


TERRESTRES Er LEUR IMPOR- Paléonlolugie générale.
TANCE EN PALÉONTOLOGIE Depuis quelques années, des expéditions
Bon nombre de travaux paléontologi- danoises au Groenland, sous la direction
ques se bornent à une simple description et l'impulsion de Il. Lauge Koch ont
de fossiles sans aborder cette recherche révélé il la science paléontologique quan-
des « lois de l'organisation » qui est le tité de laits du plus haut intérêt. (1)
but véritable, mais trop souvent oublié, de En 4929 et en 1931, des recherches
la Paléontologie ; d'autres, en nous faisant entreprises dans les terrains du Dévonien
connaître des formes inédites ou en inter- supérieur de l'ile Ymer, au mont Celsius,
prétant des formes déjà connues, apportent ont abouti à la découveite de restes d'Am-
des lumières nouvelles sur la structure des phibiens Stégocéphales qui correspondent
êtres vivants. Ceux-là seuls appartiennent ainsi aux plus anciens Tétrapodes connus.
véritablement à la Paléontologie. Ces formes nous permettent d'aborder
Dans cette dernière catégorie prend
place un travail récent de M. G. Save-
Soderbergh, que nous allons brièvement ,1) Nous ne pouvons que signaler ici les
remarquables travaux de M. Stensifi sur les
analyser et dont nous essaierons de tirer faunes de Vertébrés du Dévonien et du Trias.
sous un jour nouveau le problème de des Ichthyostégidés : c'est la présence d'un
l'origine des Vertébrés aériens ou, plus préopercule (fig. 4).
exactement, celui des homologies de Cet os était jusqu'alors considéré
structure entre Vertébrés à, respiration comme spécial aux Poissons. Le fait de
branchiale et, Vertébrés à respiration pul- savoir s'il se retrouvait, plus ou moins
monaire. modifié, chez les Vertébrés Tétrapodes
Ces Stégocéphales du Dévonien supé- fut à l'origine de la discussion célèbre qui
rieur du Groenland, que M. Sâve-Soder- mit aux prises, il y a un siècle, Cuvier et
bergh range sous le nom d'Ichlhyostégidés, E. Geoffroy Saint-Hilaire. Celui-ci consi-
ne sont connus jusqu'à maintenant que dérait Je préopercule comme l'homologue
par leur crâne (1). Mais ce
crâne est bien remarquable !
Vu par la face supérieure
(fig. 1), il se présente, selon
la structure habituelle des
Stégocéphales, comme un toit,
continu, percé seulement de
deux grandes ouvertures pour
les orbites eL d'un orifice plus
petiLpour l'organe pinéal. Les
narines externes, au lieu de
s'ouvrir sur la portion dorsale
du crâne, comme chez tous
les autres Vertébrés Tétra-
podes, sont situées sur la face
ventrale (fig. 2) dans une posi-
tion comparable à celles de
certains Poissons Crossoptéry-
giens primitifs du Dévonien
inférieur du Spitzberg, ou du
Dipueusle le plus ancien, le
genre Diplerus.
La disposition des différents
os dermiques constituant ce
toit ressemble curieusement à celle d'un du cadre tympanique des Mammifères,
Crossoptérygien comme Ostéolepis (fig. 3). tandis que Cuvier y voyait un appareil
Tous ces os sont parcourus par un réseau propre aux Poissons. Toutes les recher-
de canaux sensoriels qui paraissent avoir ches d'anatomie comparée portant aussi
suivi Je même mode de développement que bien sur les êtres vivants que sur les
ceux de l'Amia calvia, Poisson des eaux fossiles, ont établi que les homologies
douces de l'Amérique du Nord, mais en proposées par Geoffroy Saint-Hilaire pour
s'arrêtant à un stade plus précoce. le préopercule étaient inacceptables ; mais
De même que la voûte supérieure du les Ichthyostégidés nous montrent que
crâne, la voûte inférieure ou palatine est cet os, développé à travers toute la série
très complètement ossifiée et il y a là un des Poissons Tétéostomes, persiste encore
autre. point de ressemblance avec les contrairement à l'opinion de Cuvier, dans
Poissons Crossoptérygieus. les plus primitifs des Vertébrés terrestres.
Enfin un dernier caractère augmente, Ainsi les fossiles si bien étudiés par
au point de vue anatomique, l'étrangelé M. Save-Soderbergh paraissent confirmer
et établir sur des bases tout à fait solides
(1) G. SAVE-SODERRERGFI, Preliminary Note
l'hypothèse classique : les Vertébrés à
un devonian Stegocephalians from East Green- respiration pulmonaire dérivent des Pois-
land (Medd. om Gronland, Bd 94, Nr 7, 1932). sons Crossoptérygiens.
Mais comme il arrive souvent, au comme les restes d'un repli continu
moment où l'on croit le serrer de près, le (sans qu'il soit nécessaire qu'un tel
problème s'élargit, se complique, et la repli ait jamais été présent sur une forme
difficulté ne fait que reculer. aiulte) et que, par suite, la disposition
A côté, en effet, des ressemblances dénommée archipterygium résulte d'une
nombreuses que nous avons énumérées, concentration secondaire des éléments
il existe entre Poissons Crossoptérygiens osseux ; elle correspond donc à une
et Stégocéphales Ichthyostégidés une spécialisation très marquée.
différence fondamentale. Le crâne des Ainsi la découverte des Ichtyostégidés
Crossoptérygiens (aussi bien le ci âne qui, sur des points fondamentaux, a permis
de préciser les relations
entre Vertébrés aériens et
Vertébrés aquatiques, les
complique sur d'autres,
comme s'il n'était possible
de mettre certains points
en lumière qu'en plongeant
d'autres dans l'ombre.
Il ne nous paraît pas
cependant que sur une
question aussi importante,
l'apport de la Paléontologie
soit surtout négatif. En
étudiant les êtres des âges
primordial que le crâne dermique) est successifs, si elle ne nous donne pas la
constitué de deux parties distinctes qui solution du problème de l'origine des
s'articulent l'une à l'autre (fig. 3), tandis espèces, la science des fossiles nous
que le ciâne des Ichthyostégidés ett permet de suivre le développement des
absolument ininterrompu. Or l'étude des structures et par suite des fonctions, ce
Vertébrés inférieurs (Oslracodermes, Pla- qui est au fond le problème essentiel, le
codermes, Elasmobianches, etc.) montre, véritable problème.
jusqu'à l'évidence, que ce second type
JEAN PIVETEA-U.
crânien est le plus primitif.
Il faut donc conclure que le crâne des
Vertébrés quadrupèdes les plus anciens LA CIGALE (1)
est moins spécialisé que celui des Poissons
considérés comme leurs ancêtres. On est Evidemment, on n'a pas affaire ici à la
par suite obligé de revenir à l'hypothèse Cigale de la fable. Il s'agit de la vulgaire
facile d'une origine commune aux deux Cigale annamite « Con Viai-Viai », onoma-
groupes. topée de sa stridulation. Elle ne chante
L'histoire des membres pairs nous
oblige également à considérer les Crosso- pas tout l'été, et quelques jours seulement
sont le cycle de sa longévité. Chaque
ptérygiens comme très évolués. Leurs heure compte pour une année dans son
nageoires pectorales et pelviennes, cons- existence. Son fragile airain abdominal,
tituées par un axe médian portant de
sa timbale, ainsi qu"on l'appelle, vibre,
chaque côté des rayons, appartiennent au résonne pour saluer l'aurore, la sieste, le
type archipterygium, que l'on retrouve crépuscule. Graduellement, sa musique
dans la nature actuelle chez le Céralodus
et que l'anatomiste allemand Gegenbaur
considérait comme la forme originelle (1) La grande Cigale dont il est question
du membre pair. Or l'Embryologie et dans ce récit se rapporte à une espèce très
voisine du Plalylonia umbrala Distant. La
surtout la Paléontologie établissent que petite Cigale est le Ptatypleura repantla,
les nageoires doivent être considérées commun dans toute l'A.sie. (E. Séguy).
s'assourdit avec l'âge, et bientôt sa partie pâture au Merle-mandarin, lequel les
dans le concert général prend fin pour gobe avec plaisir.
toujours. Il ne reste plus de l'Insecte, Parfois, le soir, lorsque le temps est
qu'une carcasse, laquelle acrochée à beau, le ciel très clair, on est surpris de
l'arbre, est vite cueillie pour aller prendre voir qu'il pleut légèrement sous de grands
place avec d'autres récoltées, par milliers, arbres. Les Annamites disent, mais je ne
dans la corbeille du droguiste. Réduite en vous garantis pas cette origine, que cette
poudre, elle entre dans la composition pluie est faite de l'urine de myriades de
d'unélectuaire renommé pour la guérison Cigales dissimulées dans le feuillage, d'un
de l'eczéma. Banian par exemple. Quoi qu'il en soit, le
L'espèce se renouvellera l'été suivant, liquide en .question possède un pouvoir
par périodes. Un terrain meuble, boisé, tinctorial susceptible de noircir une coton-
constitue une aire propice à son existence nade blanche.
et à sa reproduction. La larve est d'une Daus la province du Thùa-Thiên, les
faiblesse extrême, mais sa grosse tête à bosquets ne sont pas en été seulement
trompe arrivera à crever la croûte terres- égayés par les Cigales. L'automne a son
tre à la tombée du jour. Chancelante, elle espèce particulière. Celle-ci, bien que plus
rampera dans le gazon jusqu'à la rencon- petite et plus frêle, ne s'en fait pas moins
tre dlune hauteur, d'un tronc d'arbre ou enlendre. Elle stridule avec des sonorités
d'un arbuste sur lesquels se feront ses mé- d'airain, d'où sa dénomination de « Con-
tamorphoses, où elle deviendra nymphe et, Viai-Dông », tandis que les modulations
enfin, Insecte parfait. Mille périls l'atten- de sa massive sœur de la saison précé-
dent en dépit de l'obscurité : la main de dente font plutôt, sur le tympan, l'ellet
l'homme ou la gueule du Reptile. A l'aide assourdissant d'une multitude de petites
d'un flambeau un chasseur la recueille, scies.
la vend un sou la dizaine en vue d'une BUI-THANH-VAN,
exquise friture dont se délectent les indi- Interprète des Services civils
gènes (1). Echappée aux ennemis du sol,
.de l'Indochine française (Hué, Annam).
elle peut encore devenir la proie de la
gent aérienne, et de plus son chant lui
attire le gluau du petit coureur des
champs. Elle est vendue aux enfants qui L'ARBORETUM D'HARCOURT
s'en amusent; enfermée dans une boite
d'allumettes, elle gémit et carillonne à la Nos lecteursconnaissent-ilsl'Arboretum
grande joie du possesseur amateur ; elle d'Harcourt ? Peu, sans doute, ont eu la
espère que les souffrances endurées dans bonne fortune de le visiter : c'est une de
la minuscule cellule ne seront pas éter- ces merveilles dont abonde notre sol de
nelles ; espérance et joie illusoires. Elle France — et que nous ignorons.
tombe de Charybde en Scylla ; le tiroir de Harcourt est une petite commune du
la prison glisse, elle croit pouvoir s'en- département de l'Eure, perdue au milieu
voler, reconquérir l'espace ; erreur, elle de l'immense plaine du Neubourg. Pour-
est saisie par une main brutale et, malgré tant, elle n'est qu'à quelques kilomètres de
ses soubresauts, dernières tentatives pour la route nationale Paris-Cherbourg, que
rejoindre l'arbre. fleuri, elle ne pourra sillonnent, durant la belle saison, des
retrouver ses congénères, qui, insou- milliers d'automobiles ! Mais le chemin
cleQses, ont continué la symphonie. Son vicinal qui y accède ne porte, à son
cruel bourreau en fait d'abord un objet de débouché sur la route, aucune indication.
vivisection, puis en jette les morceaux en C'est dans les anciens potagers du châ-
teau — monument historique datant en
partie du XIIe siècle et fort bien conservé
(i) Dioseuride a déjà recommandé ce mets.
Fabre dit que la Cigale frite est une horreur. — que l'Arboretum a été planté. Le cum-
Voyez encore l'article de M. G. Poitevin, paru mencement de cette plantation remonte à
ici-même. 1933. p. 33G. environ cent ans ; elle s'étend sur 81 ares
et demi, et forme un groupe boisé d'une place fort honorable. On peut citer parmi
extrême beauté. eux le Tulipier (Liriodendron tulipifera),
Il contient, en effet, en nombre consi- espèce rare en France, divers Quercus.
dérable, des espèces exotiques, principa- dont le variabilis, du Japon, des Etablet,
)'
lement des résineux, que l'on ne rencontre parmi lesquels l'Erable à sucre, de Amé-
en France que fort rarement; quelques- rique du Nord, etc.
uns même, comme le Tsuga de Californie Nos lecteurs peuvent juger, par ce bref
(Tsuga Merlensiana), et le Pin à cinq exposé, de l'intérêt puissant. qui s'attache
feuilles (Pinus Lambertiana) sont proba- à cet Arboretum. Or, il est ignoré, ou fi
blement les seuls spécimens existant sur peu près ; l'Académie d'Agriculture de
notre sol. France à laquelle il appartient depuis 1828,
Dès l'entrée, ombragée par deux beaux nous permettra de lui soumettre à son
Cèdres du Liban, le visiteur est frappé sujet deux desiderata.
d'admiration par les arbres majestueux Le premier est qu'il soit signalé aux
qu'il aperçoit, devant lui et sur sa droite; très nombreux passants de la route natio-
c'est surtout de ce dernier côté que lui nale proche, par un écriteau placé à l'em-
sera donné le plaisir de contempler des branchement du chemin vicinal qui y
Conifères de toute beauté, des Thuyas conduit.
gigantesques et des Genévriers qui ne le Le second est que les arbres soient
sont pas moins, des Abies, Piceas, Pinus, pourvus d'une étiquette donnant leur nom.
des plus rares, des Cèdres, des Mélèzes, des Nous croyons savoir que pareil travail
Taxodium, etc., sans oublier un superbe avait été fait autrefois ; il y a quelques
Araucaria imbricala. Les deux espèces de années il existait encore de ces étiquettes.
Sequoia, ces géants du monde végétal, y Actuellement, comme nous l'avons nous-
sont aussi représentées. même constaté, il n'y en a plus ; les arbres
Les feuillus, quoique moins nombreux sont maguitiques, mais par trop ano-
en espèces, y occupent cependant une nymes.
G. PORTEVIN.
NOUVELLES
ET INFORMATIONS

La Conférence internationale de Ayala, ambassadeur d'Espagne, la déléga-


Londres pour la protection de la Nature tion belge par S. E. le baron de Cartier
en Afrique. -La Terre et la -Vie, dans son de Marchienne, ambassadeur, la déléga-
dernier numéro (décembre 4933, p. 745) tion portugaise par S. E. le Dr Ruy Ennes
a annoncé la réunion à Londres, sur l'ini- Ulrich, ambassadeur, la délégation ita-
tiative du Gouvernement du Royaume-Uni lienne par le Dr Tullio Zedda, secrétaire
de Grande Bretagne; d'une conférence général du ministère royal des Colonies.
internationale pour la protection de la Les déléguésde la Grande-Bretagne étaient,
Nature en Afrique. Cette conférence s'est outre le président de la Conférence, Sir,
effectivement tenue à la Chambre des William Gowers, ancien gouverneur de
Lords du 31 octobre au 8 novembre l'Ouganda, Sir Arnold Hodson, gouverneur
dernier. Elle était placée sous le haut du Sierra-Leone, M. Acheson, du Ministère
patronage de Sir Philip Cunliffe Lister, des Colonies et M. Wright, secrétaire
secrétaire d'Etat aux colonies et sous la du Bureau du Haut-Commissaire de la
présidence éclairée de lord Onslow, vice- Rhodésie du Sud.
président de la Chambre des Lords. Le De hautes personnalités, d'éminents na-
Secrétariat général, dont tous les délégués turalistes étaient attachés, comme experts,
ont pu louer l'organisation, était confié à à la délégation britannique. Nous citerons :
M. Francis Hemming, assisté de M. D. H. le Dr P. R. Lowe, Sir Guy A. K. Marshall,
F. Rickett. directeur de l'Institut impérial d'entomo-
Etaient représentés à cette conférence : logie, Sir Peter Chalmers Mitchell, secré-
l'Abyssinie, l'Union Sud-Africaine, le Sou- taire de la Société zoologique de Londres,
dan anglo-égyptien, la Belgique, la le Dr Tate Regan, directeur du British
Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord Muséum (Natural History) le, Dr Herbert
l'Egypte, la France, l'Italie, le Portugal, Smith, etc...
l'Espagne. Les Etats-Unis, la Hollande, Le Gouvernement de l'Union sud-
les Indes avaient envoyé des observateurs. africaine était représenté par C. T. de
La délégation française était composée Water, haut-commissaire de l'Union dans
de M. Ruffat, chef du bureau du la chasse le Royaume-Uni et par Sir A. Hill, direc-
-au Ministère des Colonies, chef de la délé- teur des Jardins botaniques de Kew ; la
gation, de MM. Bourdelle, Chevalier, Gru- délégation belge était complétée par le Dr
vel. professeurs au Muséum, G. Petit, Van Straelen, directeur du Musée royal
-sous-directeur de Laboratoire au même d'Histoire Naturelle, le Dr J. M. Derscheid,
établissement, délégués du Ministère de directeur du parc national Albert et de
l'Education nationale, du Comte d'Adix- l'Office international pour la protection de
Delmenssingen. délégué du Ministère la Nature et M. Charles, administrateur
des Colonies, secrétaire général du des Colonies.
Conseil international de la chasse. La délégation italienne comprenait en-
M. F. Edmond-Blanc représentant M. de core le marquis Saverio Patrizi ; les pro-
Jauzé et M. Borelly représentant M. Le- fesseurs Zavattari, Aless. Ghigi et Is. Bal-
baudy ont également assisté à un certain drati ; la délégation portugaise, le Dr
nombre de séances. Carlos Mello Geraldes, professeur à l'Ins-
.Pour bien montrer l'importance que titut agronomique de Lisbonne et le Dr L.
les Gouvernements étrangers ont attachée Wittnich Carrisso, professeur à l'Univer-
à cette manifestation, il importe de men- sité de Coimbra.
tionner que la délégation espagnole était L'Egypte avait envoyé le Dr Ibrahim
présidée par S. E. Don Ramon Perez dé Kadry, directeur des Jardins zoologiques
de Giza ; le Soudan anglo-égyptien, le ma- créées les réserves naturelles de Mada-
jor W. R. Barker. surveillant de la chasse. gascar. Conception trop étroitërdira-t-on.
Les observateurs étaient pour les Etats- Oui, si on voulait l'appliquer systémati-
Unis d'Amérique, le D' John G. Phillips du quement chaque fois qu'il s'agira d&
Musée de Zoologie comparée d'Harvard ; mettre un territoire à l'abri du vanda-
pour les Indes, MM. E. G. Stuart Baker et lisme des hommes. Conception indispen-
D. Stewart ; pour les Pays-Bas, le Dr Van sable dans nombre de colonies, concep-
Tienhoven, président du Conseil d'admi- tion à laquelle se rallieront les partisans
nistration de l'Office international de de l'organisation de parcs touristiques
Bruxelles. toutes les fois qu'il leur faudra délimi-
ter. à l'intérieur même de ces parcs,
des zones interdites. C'est pour cela qu'une
Les discussions ont porté sur un projet convention telle que celle qui a été signée
de convention,rédigé en anglais et en à Londres et qui groupe les grands prin-
français, établi par le Gouvernement bri- cipes de la protection de la Nature, ne
tannique. Il n'est pas exagéré de dire pouvait ignorer ce point de vue. Notre
qu'une des plus importantes fut celle qui conception a reçu du reste l'appui de la.
eut pour objet la question des parcs natio- délégation portugaise et italienne notam-
naux et des réserves naturelles intégrales, ment, et l'article 2 de la convention con-
puisqu'on trouve le rappel de ces notions tient, dans son § 2, la définition de la ré-
et- des principes de leur organisation serve naturelle intégrale proposée par la.
depuis l'article 2 de la convention jusqu'à délégation française. Cette définition, du
l'article 7. reste, n'est pas neuve. Elle est implicite-
Il m'a été donné de faire remarquer ment contenue dans l'article 4 du décret
combien il était utile de profiter de la créant 10 réserves naturelles à Madagas-
conférence pour établir des définitions car ; elle est, dans ses grandes lignes,
précises et stables afin qu'il ne puisse y identique à celle qui figure au chapitre III
avoir le moindre doute, la moindre inter- (art. 25) de la réglementation de la chasse
prétation possible de la part de ceux qui en A. E. F. (J. 0. République française
s'occupent de protection de la Nature et du 28 août 1929), et qui avait été établie
aussi de ceux qui sont chargés d'appliquer par le professeur A. Gruvel, M. Derscheid
sur le terrain les mesures qui se préparent et moi-même.
au cours d'une telle assemblée. Or on Outre le parc national et la réserve
emploie t op souvent le terme de parc naturelle intégrale, la conférence a admis
national comme synonyme de réserve (article 4) le principe de l'établissement,
naturelle et ces réserves naturelles sont en bordure de ces territoires où la nature
trop souvent confondues avec des réserves est protégée, de zones intermédiaires, où
forestières ou des réserves de chasse. Le la chasse. la capture d'animaux pourront
mot « parc », fait image dans toutes les avoir lieu sous le contrôle des autorités
langues. Le « parc national », conçu dans du parc ou de la réserve. Après une dat&
le cadre de la protection de la Nature, est déterminée par les autorités compétentes
un territoire où la faune et la flore, les personnes qui s'installeraient dans ces
notamment, sont conservées à l'abri de territoires intermédiaires n'auront droit
toute atteinte ou de toute déprédation; à aucune réclamatio-n relative aux dégâts
territoire sillonné de routes ou de pistes, causés par les animaux. Cette mesure,
où le public est admis en tant que visiteur, qui ne peut jouer que pour les pays à
ce qui implique une organisation de ce grande faune et à grandes chasses, est
parc du point de vue touristique. La intéressante à enregistrer.
réserve naturelle est conçue du point La convention (article 7) prévoit d'ail-
de vue strictement biologique : la Nature leur, en dehors des parcs nationaux et
y est abandonnée à elle-mème. Le public des réserves naturelles intégrales, d'autres
ne saurait y être admis et seuls peuvent y moyens de protection « préliminaires ou
pénétrer, par les pistes de surveillance, les supplémentaires ». Il s'agit encore de
naturalistes dûment accrédités. L'adjectif réserves et il eût été bien utile que le texte
intégrale dont j'ai proposé l'adjonction définitif spécifie que ce dont il est ques-
aux mots réserve naturelle renforce l'ap- tion sous le mot trop vaguede « réserves »
pellation et indique déjà le sens de la dans les § 1, 2 et 3 du dit article, concerne
définition qui a été donnée de ces terri- des réserves de chasse et des réserves
toires. C'est dans cet esprit qu'ont été forestières.
Notons encore à ce propos l'intérêt de contrôle scientifique du Muséum natio-
l'amendement proposé par la délégation nal pour les réserves naturelles mal-
portugaise, qui révèle à quel point ses gaches. (1 ).
membres ont une saine compréhension L'article « concerne la protection des
des grands problèmes humains de la espèces qui figurent à l'annexe de la con-
-colonisation. Cet amendement réclamait : vention Ces listes d'espèces ont été établies
.
1" La conservation des meilleures es- par un comité d'experts, présidé par Sir
sences forestières, l'interdiction d'intro- Arnold Hodson. La délégation française y
duire des espèces exotiques dans les était représentée par MM. Bourdelle et G.
territoires réservés (proposition consacrée Petit. M. Bourdelle, notamment, prit une
par le § 5 de l'article 7). part active aux discussions du comité et
La suppression des feux de brousse défendit ardemment la protection de
(proposition partiellement maintenue, plusieurs espèces sur la raréfaction des-
d'une manière déjà fort heureuse. § 7 de quelles il possédait des renseignements
l'article 7). précis. Il contribua à faire admettre les
:i- Substitution des cultures indigènes vues de la délégation belge concernant les
fixes aux cultures extensives. Eléphants.
4U Encouragement pour la domestica-
Le comité établit deux classes d'ani-
tion des animaux sauvages susceptibles maux. La ciasse A réunit des animaux bé-
d'une utilisation économique (proposition néficiant d'une protection aussi complète
-consacrée par le § 8, de l'article 7. que possible, leur chasse et leur capture
L'article 7 spécifie encore 1) que nul n'étant autorisées qu'à titre exceptionnel et
d'importantes raisons d'ordre scien-
ne pourra pénetrer dans les réserves, en pour
général, sans ètre muni d'une permission tifique. La classe B comprend des animaux
bénéficiant d'une protection rigoureuse
« extraordinaire » des autorités du terri-
toire ou des autorités métropolitaines sous mais qui ne pourront ètre chassés, abattus,
lesquelles ces -réserves bont placées. capturés, « même par les indigènes, )> que
J^avais en réalité demandé qu'après les moyennant un permis spécial, autre
mots « autorités du territoire». soit ajouté que le permis de chasse ordinaire, permis
de durée limitée et valable seulement
« ou des autorités métropolitaines sous le
contrôle scientifique desquelles ces ré- pour une région déterminée.
serves sont placées. » Il y a; on le voit, une
légère nuance entre le texte définitif de la
convention, concernant ce paragraphe, et (1) Décret du 31 décembre 1927 (J. O. R. F.
l'adjonction proposée. L'idée demeure N° 4, du 5 janvier 1928).
et c'est l'essentiel. Je voulais, en effet, que Article 3 : La colonie de Madagascar assu-
dans la convention élaborée, puisse se rera la gestion de ces réserves qui sont placées
retrouver l e principe sur lequel a été basée nalsous le contrôle scientifique du Muséum natio-
l'organisation des réservesnaturelles inté- gés d'Histoirenaturelle dont les délégués char-
de missions pourront être accrédités
grales de Madagascar. Chacun sait, en effet, près des autorités locales pour pénétrer dans au- les
que notre Muséum national d'Histoire réserves et y prélever des matériaux d'études.
naturelle est chargé, par le décret du Article 4 : Des arrêtés du Gouverneur
31 décembre 1927, d'en assurer le contrôle général..., pris après avis du directeur
scientifique. L'exercice de ce contrôle a du Muséum, peuvent toutefois accorder excep-
déjà porté ses fruits. La' formule parait tionnellement des permis de recherches ....
être la seule qui puisse entraîner, dans Arrêté du 16 juin 1932 (J. O. Acacl. et Dép.
-des créations-à venir, des résultats rapides Article. 5 Le délégué du Muséum d'Histoire
donne au conservateur des réserves
et tangibles. On a tenté de discuter le prin- naturelle les instructions utiles pour ce qui
cipe même de ce contrôle scientifique, naturelles
concerne la conservation et la protection de la
faisant intervenir un autre principe, qui flore et de la faune, les missions scienti-
n'a rien à voir avec la question, celui de la fiques. les collections diverses,.... et d'une
souveraineté, d'un gouverneur général manière générale, règle toutes les questions
dans le territoire administré par lui. Ni ayant un caractère exclusivement scientifique.
M. le gouverneur général Olivier, ni M. le — .... le conservateur des réserves natu-
correspond directement avec les chefs
gouverneur général Cayla. du reste, ne se relles régions et pour les questions d'ordre
sont mépris et pour que nul n'en de
ignore, je donne en note les textes qui scientifique avec le Muséum d'Histoire natu-
relle ou son délégué dans la Colonie, sous le
définissent et sanctionnent le principe du couvert du gouverneur général.
D'autre part, le § 3 de l'article 8 précise extraite de ces animaux, ainsi que les
que les gouvernements contractants pour- œufs, coquilles d'œufs, nids et plumes
ront appliquer à des animaux qui ne d'un Oiseau mentionné à l'annexe de la
figurent pas dans la liste, les conditions convention.
qui sont faites à ceux des classes précitées L'exportation des trophées est interdite,
et que tel animal de la classe B pourra sauf si l'exportateur a obtenu un certificat
bénéficier, dans un territoire donné, de la régulier autorisant la sortie. Mais ce cer-
protection accordée aux animaux de la tificat ne sera délivré que s'il est prouvé
classe A. que les trophées ont été légalement obte-
Le § 5 du même article peut, dans nus. De même si le trophée n'est pas,
certains cas, paraitre ouvrir la porte aux accompagné d'un certificat d'exportation
plus fâcheux abus. Il spécifie que restent en bonne et due forme, son importation
acquises les autorisations de tuer les ani- est interdite, non seulement dans le terri- ~
maux, sans permis pour « la défense de la toire d'un des gouvernements contrac-
vie ou de la propriété », en temps de tants, mais aussi sur celui d'un gouver-
famine, « pour sauvegarder la vie hu- nement non contractant (art. 9, à 3). En
maine, la santé publique ou le bétail outre l'importation et l'exportation ne sont
domestique, pour quelconque nécessité autorisées qu'en passant par des lieux où
d'ordre publie ». se trouve installé un poste de douane.
Une telle clause ne pouvait pas ne pas Enfin l'ivoire et les cornes de Rhinocé-
figurer dans les textes d'une convention ros seront identifiés par des marques qui
internationale. Et il est évident que toutes seront reproduites dans le certificat
les mesures discutées et arrêtées à Londres d'exportation qui porte également indi-
ne vaudront qu'en raison directe de la cation du poids du trophée. Tout autre
compréhension ou du bon vouloir de ceux trophée qu'ivoire et cornes de Rhinocé-
qui les feront appliquer.
Parmi les animaux de la classe A notons : ros, sera si possible, marqué, et en tout
cas décrit dans le certificat d'exportation
tous les Gorilles, les Lémuriens de Mada- d'une manière telle qu'il puisse être iden-
gascar, le Proteles cristatus, le Fosa fosa tifié. L'article 10 interdit la chasse au
de Madagascar, l'Hippotragus niger varia- moyen de véhicules à moteur, avions et
ni, l'Okapi, le Cerf d'Algérie, l'Hippototame aéronefs plus légers que l'air et invite les
de Libéria, le Zèbre de montagne, l'Ane gouvernements contractants à interdire
sauvage, le Rhinocéros blanc, etc... la p^che par les explosifs et les poisons. la
Décision fort importante à souligner : chasse à la lumière, l'emploi d'armes
font partie de la classe A, les Eléphants empoisonnées, de filets, de fosses, d'en-
d'Afrique, « seulement en ce qui concerne ceintes, de pièges.
les spécimens dont chaque défense ne L'article Imprécise que chaque gouver-
pèse pas plus de 5 kilogrammes. » nement contractant fera part au gouver-
Citons encore, pour les Oiseaux, le nement du Royaume Uni des mesures
Balaeniceps rex, le Comatibis eremita, prises pour mettre en application les
VAgelastes melecigrides et une plante : décisions de la convention. Et cela,
TVelwitschia Bainesii (= mirabilis). condense l'idée exprimée çà et là en fin
La classe B, contient notamment : les des articles, à savoir que la Grande-Bre-
Chimpanzés, les Colobes, le Taurotragus tagne conservait. la centralisation du
derbianus, les Girafes, le Gnou, le Cépha- mouvement pour la protection de la
lophe de Jentink, le Rhinocerus bicornis, Nature seloij les grands principes énoncés
les Eléphants, en ce qui concerne les par la convention. M. le professeur Gruvel
spécimens dont chaque défense pèse plus envisagea un moment la constitution d'une
de cinq kilogrammes. Les Oiseaux sont Commission internationale destinée à
représentés par le Marabout, les Bucorvus contrôler l'application de la convention.
abyssinicus etcafer, les Autruches sauvages, M. le professeur Bourdelle, reprenant les
l'Aigrette garzette et la grande Aigrette.* le termes d'un vœu qu'il avait fait adopter
Pique-Bœuf... au Congrès international de 1931,
La question des trophées a de même suggéra que l'Office international de
donné lieu à d'importantes discussions. documentation pour la protection de la
Le mot trophée, selon le § 8 de l'article 9, Nature dont le siège est à Bruxelles et
désigne tout animal mort oti vif, faisant qui a su réunir sur les question de protec-
partie des classes A et B, ou toute partie tion dans le monde un ensemble unique
de documents de toutes sortes, soit chargé l'état naturel. « Et il y a tout lieu de pen-
de centraliser tout ce qui aura trait à l'ap- ser que c'est une conférence mondiale
plication de la convention pendant la durée pour la protection de la Nature qui se
de trois années, à l'expiration de laquelle tiendra à Londres dans trois ans.
une nouvelle conférence internationale D'autre part les travaux de la confé-
sera réunie. rence à laquelle nous venons de participer
,
La délégation française se rallia toute- venaient de se terminer, lorsqu'à l'occa^
fois sans aucune peine à l'opinion qui sion d'un grand banquet offert aux héri-
prévalut au cours des discussions, a savoi& tiers du trône de Belgique par la Société
que le Gouvernement britannique con- africaine, S. A.. H. le prince de Brabant
serve pendant trois ans la direction du prononça en faveur de la protection de la
mouvement de protection amorcé par la Nature un discours, qui est un plaidoyer
convention et gravitant autour d'elle. et un acte de foi. Nous donnons ci-après
Pour ma part, je m'en réjouis. Aucune un compte rendu de cette manifestation.
puissance européenne n'a réalisé d'une Tous ceux qui luttent contre les forces et
manière plus technique, plus administra- les appétits les plus divers, en faveur de
Livement compréhensive et effective, l'or- l'organisation de la protection de la
ganisation de la protection de la Nature Nature dans le monde, ont été certaine-
dans les territoires africains et l'organi- ment unanimes à adresser à S. A. R. le
sation de la chasse- Car le Gouvernement prince de Brabant. une pensée de grati-
anglais a eu le bonheur de pouvoir réa- tude.
liser la liaison des deux choses. Enfin, au moment de mettre sous
Les articles 48 et 19 sont surtout pro- presse, nous apprenons que le gouverne-
tocolaires. Il est intéressant de les lire ment du Royaume-Uni vient de ratifier
avec attention. Il ne nous paraît pas la convention établie il Londres. Les délé-
nécessaire de les analyser ici. Notons gués du ministère de l'éducation nationale
cependant l'article 18 qui précise, que la espèrent que le gouvernement français ne
convention entrera en vigueur après tardera pas, lui-même, il sanctionner par
notification d'au. moins qualreratifications, sa ratification une convention qui consti-
ou adhésions et 3 mois après le dépôt de tue un document d'une importance consi-
la dernière ratification. D'autre part selon dérable.
l'article 19. tout gouvernement contrac- G. PETIT.
tant pourra à tout moment dénoncer la
convention, mais aucune dénonciation ne Pour la Protection de la Nature. — La
prendra effet avant l'expiration de cinq protection de la Nature, dont nous nous
années h dater du jour de la mise en vi- faisons ici les partisans convaincus, re-
gueur de la convention. crute, de jour en jour, d'illustres défen-
Il n'est pas inutile d'insister, au terme seurs. Le 46 novembre dernier, alors
de ce rapide compte rendu, sur l'impor- que venait de se terminer la conférence
tance morale et internationale de la con- internationale de Londres, la Société Afri-
férence qui s'est tenue à Londres en octo- caine offrait aux héritiers du trône de
bre-novembre dernier. J'ai déjà écrit que Belgique, le duc et la duchesse de Bra-
les protecteurs de la Nature avaient sur- bant, un banquet où se trouvaient réunies
tout des victoires à remporter sur les .es- les plus hautes personnalités anglaises ;
prits. Les esprits les plus rebelles, les plus le Prince de Galles, sous le patronage
dédaigneux de nos efforts, ne peuvent pas duquel est placée la-Société, avait tenu à
ne pas être touchés par le fait que d'aussi y assister pour souhaiter la bienvenue à
hautes personnalités européennes et colo- ses invités royaux.
nial es. appartenant aux mil ieux administra- A cette occasion, le prince Léopold
tifs et scientifiques viennent d'établir une de Brabant a prononcé un remarquable
véritable chartedelaprotection de laNature discours sur la protection de la nature
dans le monde. Je dis dans le monde, car dans les régions sauvages de l'Afrique et
bi le titre général de la conférence est plus spécialement au Congo belge. On
demeuré « Conférence internationale pour sait que le prince a une prédilection pour
la protection de la faune et de la flore les voyages et qu'il a visité quatre fois,
en Afrique ». la -convention définitive la dernière en compagnie de la duchesse
porte le titre de : « Convention relative il Astrid, la vaste colonie belge de l'Afrique
la conservation de la faune et de la flore il austrate.
Après avoir félicité la récente Confé- et des champs verts, où nous puissions
rence internationale de ses fructueux tra- nous mouvoir et respirer librement ».
vaux. l'orateur fit la déclaration suivante, La protection de la Nature soulève des
que nous ne pouvons mieux faire que de problèmes d'une importance telle qu'on
reproduire textuellement : « S'il est un peut la dire universelle : leur solution ne
sujet qui dépasse complètement les hori- peut, par suite, être laissée à l'initiative
zons humains, c'est, indubitablement, la de groupements isolés, dont l'action,
préservation de ces possessions éternelles, nécessairement limitée, est incapable
dont nous sommes les gardiens tempo- fi'exécuter dans leur entier les mesures
raires, responsablesdevant les générations de préservation nécessaires. Ce sont les
futures. Avons-nous quelque droit d'altérer Etats, seuls, qui peuvent, et qui doivent
arbitrairement la condition naturelle des prendre la responsabilité de cette organi-
choses, sans prendre en considération les sation ; et même, il est indispensablequ'ils
résultats que l'on peut prévoir, par suite coopèrent ensemble, et qu'une entente
de notre connaissance actuelle, et impar- mondiale s'établisse à ce sujet. Ce n'est
faite, de l'Univers? )> que par ce moyen que la Nature sera effi-
La réponse n'est pas douteuse. Le duc cacement protégée.
de Brabant, cependant, tint à préciser sa
pensée par une explication sans réplique.
Une civilisation peut disparaître, et c'est Pour la protection de la faune marine.
une grande perte : mais l'homme porte — Une expédition antarctique, qui vient
en lui-même le germe de sa renaissance. de quitter l'Angleterre, à bord du Dis-
Cette civilisation qui meurt était son covery II, s'est donné, comme principal
œuvre: il a le pouvoir de la remplacer objectif, l'étude des mesures à prendre
par une autre. La destruction d'une pro- pour la protection des Baleines.
duction de la nature est une perte irré- Ces Cétacés, en effet, sont menaces xle
parable ; si cette disparition est complète, disparition. Leur chasse s'effectue actuel-
si le dernier représentant d'une espèce, lement avec des moyens perfectionnés,
animale ou végétale est mort, l'homme qui en ont permis une destruction bien
est dans l'impossibilité absolue de le faire plus considérable que jadis, de sorte qu'ils
réapparaître. L'espèce est éteinte; on ne deviennent de plus en plus rares.
la reverra plus. Il s'agit donc de protéger les Cétacés et
Il ne s'agit pas, toutefois; de rejeter la notamment ceux des mers du Sud.
faute sur ceux qui nous ont précédés à la Le programme de l'expédition £om-
surface du globe. Nos anc>tres étaient prend en outre l'étude des Poissons. qui
beaucoup plus ignorants que nous des disparaissent rapidement dans les eaux
conséquences de leurs actes, et, pour dire maritimes du Nord et sont plus abondants
notre pensée toute entière, ils ont été bien dans celles du Sud.
moins nuisibles à la nature que les plus Enfin, l'exploration géographique et
récentes générations. Il importe donc que, scientifique de la région antarctique aus-
mieux instruits par l'expérience, nous ne trale ne sera pas laissée de côté : la pre-
commettions pas des fautes que nos suc- mière partie du voyage sera consacrée à
cesseurs pourraient nous reprocher avec visiter une étendue de mer, large d'envi-
raison ; et. d'abord, il s'agit d'arrêter le ron 200 milles (un peu plus de 300 km.),
mal et de le réparer dans la mesure du située eutre le Cap Horn et la Nouvelle-
possible. Zélande, et peu connue jusqu'à présent.
Les réserves naturelles constituent non Au surplus le « Discovery II » est le suc-
seulement un fonds pour les travaux scien- cesseur du « Discovery I » de glorieuse et
tifiques, un champ d'observations idéal tragique mémoire, celui qui transporta
l'expédition du capitaine Scott ; il. a l'in-
pour les naturalistes, mais encore elles tention de marcher hardiment sur les
offrent des avantages économiques dont
l'importance 11e peut échapper à personne. traces de son aine. Nous lui souhaitons,
Il y a e'a, malheureusement, des périodes
de tout cœur, une meilleure fortune.
d'indifférence il cet égard ; aujourd'hui
l'humanité semble retourner de plus en
plus vers la nature. « Nous demandons, Le Capybara. — Le jardin de la Société
dit le prince Léopold, de l'air pur, de la Zoologique de Londres vient de s'enrichir
lumière et de l'espace, de la terre, de l'eau de plusieurs exemplaires de Capybara, ou
Carpincho. ou encore Cabiai, qui est le après avoir survolé l'Allemagne, la Tché-
plus grand des Rongeurs actuellement coslovaquie et la Hongrie, traversent le
vivants. C'est, en effet, un Mammifère qui Bosphore: cependant il n'a pas été possible
peut atteindre une longueur de plus d'un d'établir par quel itinéraire elles gagnaient
mètre et un poids de près de 100 kilogr. ; ensuite le Nil, pour descendre enfin vers
on a d'ailleurs trouvé, dans les environs l'Afrique australe.
de Buenos-Aires, des espèces fossiles plus Les Cigognes de l Ouest de l'Elbe se diri-
grandes encore. gent au contraire vers l'Espagne, pour
Cet animal,' qui est de forme assez mas- gagner la même région en traversant vrai-
sive, avec une grosse tète carrée, est cou- semblablement toute l'Afrique occiden-
vert de longs poils serrés, d'un rouge brun tale ; d'un côté comme de l'autre le trajet
en dessus, jaune brunâtre en dessous. Il suivi est traditionnel.
fréquente exclusivement les bords des C'est, comme on peut le constater, un
cours d'eau et des lacs, où il se tient caché long voyagé ; les Cigognes du Danemark"
dans les herbes aquatiques ; son aire d'ex- mettent environ deux mois pour parvenir
tension comprend toute la région est de il son terme. Mais leur retour, paraît-il,
l'Amérique du Sud ; à l'Ouest, on ne le est sensiblement plus rapide.
trouve qu'au Pérou et en Bolivie.
Animal inollensif, le Cabiai a, pour
principaux ennemis, le Jaguar et l'Ana-
conda : ce dernier, comme l'on sait, est La Tortue d'Agassiz. — La Tortue d'A-
l'Eunecte. le plus grand des Serpents gassiz est peut-être le Chélonien le plus
actuels, puisqu'il peut atteindre 12 mètres voyageur. Comme elle habite les parties
de longueur. Comme il est amphibie, il les plus élevées du désert du Sud de la
fréquente les mèmes localités que le Ca- Californie et de l'Arizona, elle n'a à sa dé-
biai. auquel il fait une chasse sans merci.. position qu'une nourriture clairsemée ;
Mais voici qu'un nouveau danger, plus aussi entreprend-elle de très longs voyages
grave encore, menace notre Rongeur : on pour se la procurer en quantité suffisante.
En octobre, cependant, elle se retire
a découvert que sa peau ressemblait beau- dans un terrier de 2 à 3 pieds de profon-
coup il celle du Porc et était, par consé- deur, qu'elle creuse dans un coteau sa-
quent. utilisable dans la sellerie. De sorte blonneux ; elle s'y endort alors jusqu'au
qu'il est chassé maintenant dans ce but,
et que, comme il est peu prolifique, il mois de mars suivant.Lorsqu'elle le quitte,
devient nécessaire de le protéger pour en c'est pour n'y plus revenir ; durant les plus
empêcher la disparition. chaudes heures du jour elle préfère rester
A titre de renseignement, nous rappel- engourdie à l'abri de quelque buisson.
lerons que notre Jardin des Plantes a pos- C'est cependant probablement dans ce
sédé naguère un Cabiai vivant : il était terrier qu'elle dépose ses œufs, car leur
logé au bord du bassin des Otaries, avec exposition au soleil leur serait fatale, de
lesquelles il vivait en parfait accord. Les même qu'aux jeunes Tortues qui en
Otaries ont disparu, et le Capybara égale- sortent. Ces œufs ont d'ailleurs ceci de
ment ; mais ce dernier est encore repré- très remarquable que l'évaporation de
senté en France. Il figure parmi les hôtes leur eau est excessivement lente ; cinq
du Jardin zoologique créé à Cl ères par mois après avoir été pondus, il n'ont
M. J. Delacour, et se montre, paraît-il, encore subi. pour ainsi dire, aucune mo-
très familier avec les visiteurs. dification.
L'adulte lui-même n'élimine que très
peu d'eau ; son urine, comme celle des
Serpents et des Oiseaux, est en majeure
Les migrations des Cigognes. Les partie solide, ce qui, d'un autre côté, la
beaux Oiseaux familiers que sont les —
rend moins toxique. C'est une des causes
Cigognes quittent, aux approches de pour lesquelles la Tortue d'Agassiz. qui
l'hiver, l'Europe centrale, pour se diriger peut vivre très longtemps, se défend bien
vers l'Afrique du Sud. contre les dures conditions de sa vie dé-
Des observations faites au sujet de cette serticrue.
migration, il résulte qu'elles ne prennent
pas toutes le même chemin. Celles de l'Est
de l'Elbe se dirigent vers l'Asie-Mineure, Les Silphes mangeurs d Escargots. —
de même que celles du Danemark qui, Les Silphes sont des Coléoptères assez peu
convexes, de couleur presque invariable- nécessaire de bien préciser leur valeur;
ment noire, de forme ovale plus ou moins c'est ce que M. V. P. Maleyev s'est efforcé
allongée, que les anciens naturalistes de faire dans un travail paru récemment
avaient décorés du nom de <( Boucliers ». dans le Bulletin de Botanique appliquée,
Ils se nourrissent pour la plupart, tant à de Génétique et de Sélection, sous le
l'état de larves qu'à l'âge adulte, de subs- titre: Base théorique de l'acclimatation.
tances animales plus ou moins corrom- Pour de Candolle, l'acclimatation repré-
pues. sente le plus haut degré d'adaptation d'une
Quelques-uns, cependant, ont des goûts plante étrangère, aux conditions d'une
différents. Le Silphe de la Betterave et ses contrée donnée; celle-ci est a! ors capable.
congénères, vivent aux dépens des plantes non seulement de se reproduire, mais de
de la famille des Salsolacées, et le Silphe soutenir la lutte contre les espèces abori-
à quatre points (Xylodrepa quadripunctata) gènes et de s'étendre d'elle-même.
pourchasse les Chenilles. D'autres espèces, Chaque introduction de plante dans un
enfin, font la guerre aux Escargots. pays autre que le sien réclame en effet.
Ces dernières s'attaquent, principale- de la part de celle-ci, un etîort d'adapta-
ment, à ceux de ces Mollusques qu'elles tion. Car il n'y a pas deux contrées, dans
découvrent juchés surles tiges lies végé- le monde entier, qui présentent des con-
taux. La larve du Coléoptère grimpe alors ditions, climatiques ou autres, rigoureu-
vers la proie qu'elle convoite ; mais l'Es- sement identiques : on en trouve seule-
cargot sent venir le danger. Il commence ment qui se rapprochent plus ou moins.
par s'agiter, en répandant autour de lui Le problème de l'acclimatation est donc
une bave écumeuse, puis cherche à fuir. très complexe. Il doit être étudié surtout
La larve ennemie a vite fait de le rejoindre ; au point de vue biologique ; il est évi-
elle grimpe sur la coquille et se laisse en- demment lié à la génétique et à la sélec-
traîner avec elle. Finalement l'Escargot se tion, et l'on doit également tenir compta
retire dans son abri, suivi par son persé- de la physiologie des plantes et de la
cuteur, qui le dévore. taxonomie.
Deux de nos espèces indigènes, répan- En résumé, suivant, M. Maleyev, le terme
dues sur presque toute la région paléarc- acclimatation est essentiellement évolu-
tique, rentrent dans cette catégorie de tionnaire, mais non toutefois dans le sens
chasseurs d'Escargots. Ce sont le Phos- donné par Lamarck au mot évolution: il
phuga atrata, noir brillant avec trois côtes est par conséquent l'opposé du terme
élevées sur les élytres, et l' Ablattaria lae- naturalisation, qui a un sens statique et
vigala plus convexe, mais moins luisant, mécanique, par suite, nullement évolu-
qui n'a pas de côtes ; toutes deux se dis- tionnaire.
tinguent des autres Silphes, par une tête
très allongée, leur permettant de pénétrer
jusque dans le fond des coquilles de leurs La genèse de la vie. — Tel fut le titre
victimes. choisi par M. le professeur P. Becquerel
pour le discours qu'il prononça il la séance
solennelle de rentrée des Facultés de
Naturalisation et acclimatation. — L'in- l'Université de Poitiers, le 15 novembre
troduction d'une espèce végétale dans un 4931. La date en est-déjà un peu reculée.
pays dillérent de son lieu d'origine peut mais le sujet traité est assez intéressant
avoir, si elle réussit, deux aspects bien pour que nous y revenions quelques iJls-
dill'érents. Ou bien cette plante continue tants.
à y vivre, mais se contente de végéter, D'où vient la vie? A quelle époque est-
sans produire de graines et, par consé- elle apparue ? Comment a-l-elle pu s'ins-
quent, sans s'étendre, ou bien elle s'adapte taller sur la terre ? Quelle sera sa destinée ?
complètement à ses nouvelles conditions Telles sont les questions que se pose, au
d'existence, fleurit, fructifie, et finit par début de sa conférence, l'éminent profes-
se reproduire d'elle-même comme si elle seur. etauxquelles il s'efforcederépondre.
était vraiment indigène. Il y a, dans le Une première partie est c onsacrée aux
premier cas, naturalisation de l'espèce. conditions actuelles de propagation de la
dans le second, acclimatation. vie à la surface de la Terre. Ici. nous
Ces deux termes ont été souvent em- sommes en présence de fails : quel que
ployés de façon inexacte, et il est devenu soit l'organisme envisagé, cetLe propaga-
tion ne peut s'accomplir qu'au moyen de pas non plus possible de prouver le con-
germes ; sur ce point l'accord est absolu. traire. Le champ reste libre, et le « pro-
Il ressort, d'ailleurs, des chiffres cités blème des problèmes », suivant l'expres-
par M. Becquerel, que cette production de sion d'Osborn. n'est pas résolu. Le voile
germes est formidable : elle atteint, mystérieux qui recouvre l'origine de la
comme il le dit lui-même, « des milliards vie oppose touiours à nos regards une
de milliards ». Une grande partie en est barrière inviolée. Qui le soulèvera ? C'est
vouée à la destruction ; il s'en développe le secret de l'avenir.
toutefois assez pour assurer, pendant un
temps que l'on peut dire indéfini, la pro-
longation de la vie à la surface du globe. Races blanches et races noires. — Il
Le conférencier s'attaque alors à la existe diverses différences caractéristiques
question principale, celle qui domine entre le crâne des races blanches et celui
toutes les autres, la seule, au fond, qui des races noires, en particulier l'angle
intéresse le plus particulièrement l'huma- facial. Un caractère singulier, signalé par
nité : d'où vient la vie ? M. E. Leblanc. dès 1930, dans les Tra-
Maintes hypothèses — en dehors de la vaux du Laboratoire d'Anatomie de la
doctrine créationniste — ont été mises en Faculté de Médecine d'Alger, permet
avant, en particulier celle de la radio- d'effectuer sans hésitation cette distinc-
panspermie, conçue par le physicien sué- tion, même sur un fragment de crâne, à
dois Svante Arrhenius. et selon laquelle condition toutefois dç posséder la partie
les-mondes s'ensemenceraient les uns les inférieure de l'ouverture des fosses
autres. On nous permettra de faire remar- nasales.
quer, incidemment, que cette théorie ne Dans les races blanches cette ouverture,
peut nous donner entière satisfaction, car que l'on nomme l'ouverture piriforme,
elle ne nous renseigne pas sur l'origine est limitée, dans sa partie inférieure, par
du premier germe dans la première pla- une crête tranchante -- la crète inter-
nète qui en aurait lancé dans l'espace. maxillaire de Holl — qui part de l'épine
Mais elle doit être abandonnée pour nasale antérieure et se fond, en dehors,
d'autres raisons qu'expose M. le profes- avec le bord antérieur de l'apophyse
seur Becquerel ; il se rallie donc à la plus montante du maxillaire supérieur.
récente théorie émise à ce sujet. « C'est, Entre le plancher nasal et la face alvéo-
dit-il. que les premières substances vi- laire se trouve donc toujours un relief
vantes se sont produites naturellement, à mince et élevé, qui est la crête inter-
la suite de synthèses chimiques particu- maxillaire.
lières, aux dépens des éléments et des Dans les races noires, cette partie du
forces de l'atmosphère et de l'écorce crâne a une tout autre conformation. La
terrestre, dans des conditions physiques délimitation nette entre la région sous-
déterminées qui ont disparu depuis long- nasale du maxillaire et les fosses nasales,
temps et qui ne reviendront plus. parce créée par la crète dont nous venons de
que la Terre se trouve, aujourd'hui, dans parler, n'existe pas: elle est remplacée,
une autre phase de son évolution irré- soit par une plate-forme, soit par une
versible. » gouttière d'aspect totalement différent.
Nous restons, comme l'on voit, dans le Ce qu'il y a de particulièrement inté-
domaine de l'hypothèse, car, suivant ressant dans cette observation c'est que
M. Becquerel lui-même, « nous n'aurons ces caractères morphologiques sont d'une
jamais de renseignements, de documents constance remarquable: la conformation
paléontologiques sur les deux premiers négroïde persiste, quoique atténuée, chez
tiers de l'évolution de la vie ». Il n'est, les métis. et permet de reconnaître leur
par conséquent, pas possible, pour l'ins- filiation, même à un degré fort éloigné de
tant du moins, de prouver que ces leur parenté noire.
anciennes conditions de la formation des De même, il est à remarquer que le
•germes aux dépens de la matière orga- bord des fosses nasales s'aplatit de plus
nique ou minérale se sont vraiment réa- en plus, puis se creuse, au fur et à
lisées. soit en un point unique de la sur- mesure que l'on s'adresse à des races
face du globe, soit.simultanément, en de plus inférieures. Finalement, comme nous
nombreux points. le disons plus haut, il se transforme en
Mais il faut bien reconnaître qu'il n'est une gouttière, que l'anthropologiste Tcpi-
nard appelait du nom caractéristique de d'Urbe la fête de l'Arbre, de l'Eau et de
« gouttière simienne ». l'Oiseau si bien dirigée par Mlle Chaslus
de Gentioux et Mme de Laborderie. Après
avoir passé aux boisements de Layrit, les
congressistes se rendirent à Clermont-Fer-
Un glorieux anniversaire. — L'une rand par Pontaumur et Pongibaud. La
des plus anciennes parmi les sociétés dernière journée du 21 août de ce Congrès
scientifiques, sinon leur doyenne, est la itinérant, fut consacrée à la visite de la
Royal Asiatie Society, qui fèta cette année pépinière de Royat, de la forêt de BouîIJat
le 1508 anniversaire de sa fondation. Le Lot et des boisements environnant les
C'est, en etlet, le 15 janvier 1783, qu'elle lacs d'Aydat, de Servières et de Guéry et
fut créée à Calcutta, sur l'initiative de Sir le Congrès se disloqua après s'être arrêté
Robert Jones : elle eut alors comme pré- au Mont Dore et à la Bourboule.
sident Sir Robert Chambers, et, comme Les séances de travail ont été consacrées
patrons, Sir Warren Hastings, gouver- spécialement : 1° au reboisement du dépar-
neur général et les membres du conseil tement du Puy-de-Dôme au cours d-es cin-
de Fort-William, au Bengale. quante dernières années et les leçons à en
Elle prit d'abord le nom d'Asiatic So- tirer, et 2° à l'utilité d'associer les essences
ciety of Bengal, échangé depuis contre feuillues aux résineux dans les entreprises
-celui qu'elle porte aujourd'hui. Outre un de reboisement.
grand nombre de publications d'un haut Depuis 1907 la Société Gay-Lussac avec
intérêt, elle a réuni, au cours de sa longue le concours du groupe d'Etudes limou-
existence, d'importantes collections ; ces sines, du T. C. F. et surtout de l'adminis-
dernières ont servi à fonder l'Indian Mu- tration des Eaux et Forêts, a provoqué le
séum. devenu, en 1916, le Zoological reboisement d'environ 30.000 hectares sur
Survey of India. le Plateau de Millevache.

Les Sciences Naturelles


Le XXIIe Congrès de l'Arbre et de à l'Académie des Sciences
l'Eau. — (19, 20 et 21 août 1933). —
Comme chaque année dans le Limousin SÉANCE ou 9 octobre
a eu lieu en 1933 les 19, 20 et 21 août, à
Guéret, Crocq, Clermont et le Mont-Dore, Biologie végétale
le XXIIe Congrès de l'Arbre et de l'Eau,
organisé depuis 1907 par la Société Gay- Lucien DANIEL. Sur les curieuses varia-
Lussac de Limoges que préside M. Gabiat, lions des descendants de l'Helianthus Dan-
ancien député dé la Haute-Vienne, assisté geardi à la sixième génération.
de M. de Labarderie. Comme d'habitude
M. Je ministre de l'Agriculture s'était fait L'Helianthus Dangeardi est une race
représenter par M. l'inspecteur général obtenue par M. Lucien Daniel en semant
des Eaux et Forêts, Fortunet. Le T. C. F. des graines de Topinambour grené sur le
avait délégué les membres de son comité Soleil annuel.
pastoral et forestier : MM. l'inspecteur En étudiant les spécimens issus do la
général Guy Géneau, Raoul de Clermont, sixième génération; l'auteur a constaté
René Mathieu et Louis de Nussac. divers faits qui viennent à l'appui des
La première journée du 19 août a été idées de Lamarck sur l'action des milieux ;
consacrée à la visite des bois de Chabannes il en tire de plus des conclusions intéres-
à Saint-Vaury. A Azerables, le Congrès santes au point de vue du greilage et dela
inaugura une plaque à la mémoire du sélection.
général Forgemol de Bostquenard et à Minéralogie
son frère le docteur du même nom et à
Crozant il fit une visite au grand artiste le J. OKCEL et Melle S. CAILLÈRE. L'analyse.
peintre Alluaud, frère du naturaliste. thermique différentielle des argiles à Mont-
.
Le dimanche 20 août, -le Congrès se morillonite (bentonites).
rendit chez le comte Cornudet, sénateur
de Seine-et-Oise, à Crocq, où il possède L'analyse thermique des argiles en
un parc boisé d'essences intéressantes. question n'avait jamais été faite. Elle a
Après le banquet eut lieu au Dolmen prouvé que la Kaolinite et la Montmorillo-
nite ont pu se former dans les mêmes Audun-Ie-Tiche (France), au Nord-Est du
conditions physico-chimiques, et qu'il est bassin de Briey.
impossible dans un assez grand nombre
de cas, de l'aire une distinction entre Jean BARLOT. — La pyrogénation des
les argiles à Kaolinite et les argiles à schistes bitumineux du Jura franc-comtois.
Montmorillonite. Le Jura renferme de nombreux gise-
ments de schistes bitumineux, déjà exploi-
Physiologie végétale tés en Haute Saône. Des analyses faites
par M. Barlot sur d'autres gisements, par-
Paul BECQUEREL. — Croissance des ticulièrement ceux du Doubs, il résulte
Mousses dans une atmosphère qu'elles ont que ces schistes constituent une énorme
constituée. réserve de combustibles liquides, et qu'il
serait très intéressant de les mettre en
Des Mousses enfermées dans des tubes valeur.
de verre scellés à la flamme, avec quelques
centimètres cubes d'un milieu nutritif Cytologie végétale.
minéralisé, exposés à la lumière diffuse,
ont nettement végété au bout de quelques Pierre DANGEARD. — Sur le vacuome des
mois, après avoir elles-mêmes par dégage- grains de pollen et des tubes polliniques.
ment d'oxygène et d'azote, créé une atmos-
phère artificielle. Physiologie.
MlleA. MICHAUX. Les teneurs du sang
Histologie végétale —
total en calcium total et l'élimination de cet
élément par la voie rénale au cours du
P. MARTENS Origine el rôle des plisse- scorbut chronique et du scorbut aigu.
ments superficiels sur l'épiderme des pétales
floraux.
Zoologie.
Ces plis proviennent, d'après les obser-
vations de l'auteur, de la proportion Maurice ROSE. — Sur un Infusoire Foel-
momentanément excessive de substance tingéridé parasite des Siphonophores.
cuticulaire et constituent une réserve de Cet Infusoire, qui parasite les Siphono-
surface. phores Diphyidés de la baie d'Alger, se
SÉANCE DU 16 OCTOBRE.
trouve localisé dans la goutte d'huile
logée dans le statocyste du Coelentéré.
M. Maurice Rose étudie l'évolution de
Géologie.
cet organisme, que ses caractères rangent
Jacques BOURCART. — Sur la situation parmi les Ciliés apostomes de la famille
slrutigraphique et l'âye probable de la for- des Foettingéridés.
mation détritique subatlasique dans le Haut
Atlas de Jfarrakech. Océanographie biologique.
Laformation en question, qui esll'Oligo- Jean FELDMANN et Adrien DAVY DE YIR-
Miocène de M. Léon More.t, n'est pas plis— VILLE. — Sur les relations entre les condi-
sée, comme plusieurs géologues l'ont pré- tions physiques et la flore des flaques lit-
tendu ; elle a simplement subi l'efiet des torales de la côte desAlbères.
mouvements qui ont accentué la surrec-
tion de l'Atlas et l'enfoncement du Haouz. Biologie expérimentale.
Elle est plus récente que des calcaires
lacustres qui paraissent contemporains Raoul M. MAY. — La formation des ter-
des formations « chelléennes » analogues minaisons nerveuses dans les ventouses du
du Tadla ou -des lettes interdunaires. bras régénéré. du Céphalopode (Octopus
vulgaris Lam.).
J. P. AREND. — Sur les conditions de
formation des dépôts oolithiques et les mou- L'Octopus vulgaris a la faculté de régé-
vements de l'écorce terrestre. nérer ceux de ses bras dont il se trouve
amputé. L'auteur en a profité pour étu-
Les dépôts étudiés dans cette note sont dier, en provoquant cette régénération,
ceux d'Esch-Alzette (Luxembourg) et la formation des nombreuses terminaisons
nerveuses, sensitives et motrices dont couches de passage de l'Eocène moyen à
sont pourvues les ventouses garnissant l'Eocène supérieur en Egypte.
ces bras. Orbitolites complanatus est un Forami-
nifère que l'on rencontre jusque dans le
SKAXCE DU 23 OCTOBRE. Bassin parisien. Il a déjà été signalé
d'Egypte ; M. Cuvillier l'a rencontré; pour
Géologie. la première fois dans les couches qui
forment à peu près la limite entre. l'Eu-
Ed. SAUVIN. — Sur le Trias et le Lias cène moyen et l'Eocène supérieur.
marins du Cambodge nord-oriental et du
Darlac.
Cytologie végétale.
Cette note fait suite il une communica-
tion dans laquelle l'auteur avait donné J. RAYMOND, Les cinèses de l'asque de
quelques indications sur les terrains post- Pyroneura cunflueus (Pers.) Tul.
moscoviens de l'Indochine du Sud.
De nouvelles observations lui ont per-
mis d'isoler plusieurs niveaux marins du Botanique.
Trias, le Virglorien, le Carni en, le Norien
et le Toarcien ; en outre il a pu constater Maurice QUENDIAC. Sur la localisation des
au Darlac la présence du Lias marin. substances tanniques dans le tissu ligneux
du Châtaignier.
P. FALLOT et L. DONCIEUX. — Le Fïyse A
du Rif espagnol. La présence du tannin, en notable quan-
tité, dans le bois du Châtaignier, est un
On avait réuni jusqu'ici, sous le nom de fait
Flysch, dans les zones externe et calcaire connu : ce bois est. d'ailleurs, utilisé
le tannage.
du Rif espagnol, du Crétacé et du Ter- pour La présente note étudie le processus de
tiaire. La présente note apporle à ce sujet l'accumulation du tannin dans le bois âgé.
des précisions, établissant en particulier la
liaison du Crétacé de la zone subsidente
du Rif avec celui de Tanger, et l'apparition Chimie physiologique.
d'un vrai facies Flysch au Crétacé supé-
rieur. G. ROUSSEL et Mme Z. GRUZEWSKA. Le fe/'
dans le foie des fœtus de Veau.
J. JUNG et A. JEANNET. Géologie de la
chaîne du Katlan-Kouh (Perse). L'organisation des nouveau-nés. sui-
La chaîne en question s'étend du Nord- yant la loi énoncée par Bunge, contient
Est au Sud-Ouest, à la limite du nœud notablement plus de fer que celui des
orographique de l'Azerbeidjan et du pla- adultes ; de plus, cette réserve de fer est
teau iranien ; les auteurs en étudient la déposée, en grande partie, dans le foie.
constitution géologique. En étudiant, à ce point de vue, le foie
de fœtus de. Veau, les auteurs ont reconnu
Paléontologie. que cette quantité passe par un minimum
aux environs de (j à 1 mois, pour atteindre
J. CUYILLIER. — Sur la présence de l'Or- son maximum vers 8 4/2 à 9 mois, c'est-
bitolites complanatmi Limk, dans les à-dire vers la fin de la grossesse.
m
PARMI LES LIVRES

Léon BINET. — Scènes de la vie ani- Grillons, le Carabe doré, ont les mêmes amours,
male. Gallimard 1933. dont M. L. Binet donne une explication non-
velle, fort ingénieuse.
Comme le dit, trop modestement, l'auteur, Mais le livre est à lire tout entier ; il y a en-
dans son Avertissement, ce livre est un recueil core les pages consacrées à l'influence de la
de faits relevés dans le monde animai, des nourriture sur le sexe, les curieuses expé-
notes de cours mises en ordre pour l'instruction riences qui en provoquent l'inversion, l'anneau
et l'agrément des curieux des choses de la nature. — ou plutôt le sceau nuptial — toutes d'un
Mais que d'intérêt présentent ces faits ! Chaque intérêt captivant. Je signalerai seulement, dans
chapitre relate des observations d'une portée un autre ordre d'idées le chapitre traitant des
telle qu'elles mériteraient de fournir la matière Insectes lumineux, et celui de « la Fourmi,
d'un livre entier; chacun ouvre aux cher- assistance sociale ».
cheurs de nouveaux horizons sur des terrains On ne saurait trop recommander la lecture
encore inexplorés. Quelques-uns, peut-être, y de ce livre. Ecrit simplement, par un savant,
trouveront leur voie, tous y prendront un rare rempli de faits et d'observations, il captivera
plaisir. tous ses lecteurs, et sera aussi, pour beaucoup,
Voici, d'abord. la danse chez les animaux, le matière à méditation.
plus souvent prénuptiale, exécutée par le mâle G. PORTEVIN.
autour de la femelle ; l'auteur cite, comme
exemples, celles des Araignées, des Diptères,
des Hippocampes et des Annélides. On peut y KALMAN KITTENBERGER. Chasse et cap-

ajouter les parades qu'exécutent, au temps
des amours, les mâles de plusieurs Oiseaux ;
ture du gros gibier dans l'Est Afri-
cain. — Traduit du hongrois par L. GARA.
une aussi dont j'ai été témoin, et qui concerne Librairie Plon, 1933.
un Diptère de la famille des Dolichopides.
Le mâle de cette espèce a les tarses intermé-
diaires dilatés, et blancs. La femelle était posée M. Kalman Kittenberger a fait cinq expédi-
sur une feuille, immobile, le mâle volait tout tions dans l'Est Africain, pour y chasser le gros
autour, montant et descendant, exécutant, en un gibier : la première remonte à 1902, la dernière
mot, une véritable danse aérienne, maintenant eut lieu en 1925, avec deux éminents sportsmen
toujours ses pattes intermédiaires, dressées en hongrois, MM. de Horthy de Nazybanya et le
avant. comme des antennes, et les agitant sans comte Seilen.
cesse. De sorte qu'il n'y avait pas de doute Le Lion — à tout seigneur, tout honneur — est
possible ; les palettes blanches de ses tarses le premier gros gibier dont s'occupe le livre. Il
servaient à attirer l'attention de la femelle, et à n'y a pas moins de quatre chapitres qui lui soient
la charmer. consacrés, pages savoureuses et attachantes,
Il y a aussi les danses de l'Abeille, curieux pleines de renseignements intéressants sur la fré-
mouvements rythmés, dont on n'a pas encore quence des Lions, leurs mœurs, leurs proies, la
trouvé le motif certain. façon de les chasser, etc. Il rappelle à son sujet
Les faits rapportés par M. Léon Binet sont, les opinions de plusieurs grands chasseurs, A. B.
en majeure partie, relatifs aux amours dans Percival. Théodore Roosevelt. F. C. Selons, etc.,
le monde animal. D'aucuns sont gracieux, et il est assez curieux de constater que ces opi-
comme l'offrande nuptiale, faite par certains nions se rencontrent avec celle de Joseph Del-
mâles à leurs femelles : les Paradisiers d'Aus- mont, dont nous avons parle récemment : en
tralie vont jusqu'à bâtir une retraite ornée de règle générale, le fauve n'attaque jamais, au
fleurs, de fruits et de plumes, d'où leur future moins dans les districts peu visités par les chas-
épouse contemple leurs gestes et se délecte de seurs. Même blessé, il est rare qu'il se retourne
leurs chants : c'est le salon avant la chambre contre son adversaire, à moins d'être provoqué.
nuptiale. D'autres offrent de la nourriture, par Toutefois M. Kittenberger cite deux excep-
exemple, un Insecte qu'ils viennent de capturer tions ; une première fois, un Lion qu'il avait
et qu'ils présentent parfois enveloppé d'nne blessé le chargea, dans la seconde occasion ce
toile, d'une soie, ou d'un ballon de bulles. fut un Lion sans blessure qui attaqua résolu-
Mais d'autres sont dramatiques, et la ren- ment un des compagnons du chasseur.
contre nuptiale se termine par la mort de l'un L'Eléphant vient ensuite : l'auteur en déplore
des époux. Parfois, en beauté, comme celle du la diminution rapide, causée surtout par l'appât
mâle de l'Abeille, si bien poétirée par Maeter- de l'ivoire et qui a nécessité l'adoption de me-
linck, parfois aussi par la laideur d'un assassi- sures de protection.
nat. Là, c'est le mâle de la Lamproie qui tue On en trouve cependant encore des troupeaux
sa femelle ; le plus souvent, c'est celle-ci qui dans la région du Kenya, au Tanganyika et
met à mort son époux, et qui le dévore. surtout dans les forêts vierges du Congo, qui
Point n'est besoin de rappeler les pages constituent pour lui des refuges inaccessibles.
consacrées par J. H. Fabre aux amours de la Ces hardes comptent parfois un nombre consi-
Mante religieuse : certaines Araignées. les dérable d'individus : alors qu'au Kilimandjaro
elles n'en comprennent généralement qu'une J. OFFNER ET Les plantes
J. PONS.
quinzaine, elles s'élèvent à 100 et davantage, médicinales et aromatiques des
dans l'Ouganda et l'Ounyoro ; M. Kittenberger Alpes françaises. — 1 vol. in-16 de
a même vu une troupe renfermant plus de 182 pages et de 121 figures. Louis JEAN.
600Eléphants. imprimeur-éditeur à Gap.
La chasse à l'Eléphant, sans présenter les mêmes
dangers que celle du Lion, en a aussi d'assez sé- Conformément au plan de propagande élaboré
rieux, l'animal ne présentant que peu de parties par le comité interministériel des plantes médi-
vulnérables, de sorte qu'il est assez difficile de cinales et à essences, le sous-comité des Hautes-
le tuer sur le coup. Alpes vient de faire paraître un excellent
Une anecdote, à la fois curieuse et touchante, petit volume consacré à la flore médicinale des
nous est contée à ce sujet. Alpes. Dû à la plume de deux spécialistes
Le chasseur, ayant tiré un Eléphant mâle dans autorisés, M. le docteur Jules Offner et M. Jo-
un troupeau, fut chargé par la harde tout seph Pons, il constitue suivant le but pour-
entière. Tout en fuyant il tira sur une vieille suivi par le comité un guide précieux pour la
Eléphante qui le serrait de trop près et la tua : recherche, la récolte et la conservation des
il était alors 6 heures et demie du matin. Ses plantes médicinales et à essences.
compagnons s'arrêtèrent, entourèrent le cadavre Le plan adopté dans l'ouvrage est à la fois
et firent tous leurs efforts pour le remettre sur très simple et très pratique. Après une préface
pied. N'y réussissant pas, ils se mirent à tourner du professeur Em. Perrot de la Faculté de
tout autour, en donnant de grands coups de pharmacie de Paris, exposant les raisons d'être
trompette. A 4 heures de l'après-midi, ils étaient et le but du comité des plantes médicinales, on
toujours à la même place : ils tentèrent de nou- trouve des considérations généraies, ainsi que
veau de remettre debout leur compagne et ne des conseils pour la récolte des plantes. Chaque
se décidèrent enfin à l'abandonner que vers le plante est examinée séparément, suivant l'ordre
soir. alphabétique et d'après un plan d'ensemble.
A. noter encore le cas des Eléphants des ma- Pour chacune d'elles sont indiqués : l'habitat
rais de la Mara. Une croyance locale veut que avec indication de l'altitude favorable et de la
ces Pachydermes aient tous les oreilles percées constitntion géologique du sol, les caractères
d'un trou. Le seul qu'ait tiré M. Kittenberger botaniques, les indications pour la récolte soit
offrait en effet cette singularité : c'est une obser- des fleurs, soit des feuilles, des racines, des
vation curieuse et qui mériterait d'être renou- fruits, des graines, etc..., les propriétés thérapeu-
velée. tiques, les usages en herboristerie, pharmacie.
Le livre passe ensuite à la chasse du Buffle distillerie et enfin la valeur marchande des
très dangereuse, elle aussi, pour les nemrods parties mises sur la marché. Chaque description
inexpérimentés, puis vient celle de l'Hippopo- est accompagnée d'un croquis au trait, suffisant
tame, du Rhinocéros, de la Girafe, des Gazelles, pour reconnaître les caractères essentiels de la
des Antilopes, des Singes et même des Oiseaux. plante.
Tout Je gibier de l'Est Africain défile dans les Ces notices détaillées ne se rapportent qu'aux
vingt trois chapitres du livre, remplis de ren- plantes principales, celles d'un usage courant,
seignements de valeur et d'anecdotes prises sur mais à la fin de l'ouvrage figure une liste des
le vif. plantes médicinales moins communes ou peu de-
M. L. Gara mérite la reconnaissance de tous mandées que l'on ne peut récolter qu'après en-
les Français qu'intéresse la vie animale, pour tente avec un acheteur.
la traduction élégante et fidèle qu'il leur a don- Ainsi conçu et parfaitement réalisé, ce petit
née de ce livre. Il serait à souhaiter que de nom- livre d'un prix modique est parfaitement ac-
breux ouvrages de même genre, écrits en langue cessible à tous et contribuera certainement à
étrangère, eussent la bonne fortune de rencon- améliorer les conditions d'exploitation des ri-
trer de semblables traducteurs. chesses botaniques de notre pays.
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDÉE PAR LA

SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE

ET PUBLIÉE EN COLLABORATION AVEC LA


SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES., MARITIMES ET COLOIMALES

-4e ANNÉE — NI) 2


Février 1934-

SOMMAIRE
P.-RODE.... Le Musée du duc d'Orléans 6T

•J. VELLARD
P. CHOUARD..
.. La vie des Mygales
Autour des canons de Niscle et d'Arazas.— Botanique et géo-
76

graphie du Haut-Arazas 88
.A. et L. TAVERNE. L'origine de la " Cité des Côtes " de Clermont-Ferrand 103
..
NOTES SCIENTIFIQUES. — Un Tingide nouveau provenant de Bornéo et
de Malacca, par Carl J. DRAKK 107

VARIÉTÉS. Barbeau d'Haïnan. — La production de la cire chez les


— Le'
Insectes. — L'Avocat, fruit délicieux. — Les Champignons vénéneux . 109
NOUVELLES ET INFORMATIONS............116
PARMI LES LIVRES .................... ;

La photographie reproduite sur la couverture et qui représente


un Acridien est due à M. P.-L. BARRUEL.

REVUE MENSUELLE
Abonnements : France et Colonies : 75 fr. — Étranger : 90 fr. ou 105 fr. suivant les pays.-
SOCIÉTÉ NATIONALE SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES.
D'ACCLIMATATION DE FRANCE MARITIMES ET COLONIALES
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PARIS (VIe) PARIS (vie;

Tous droits de reproduction et de traduction réservés.


SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION
Fondée en 1854, reconnue d'utilité publique en 1856

BUREAU
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Secrétaire général : M. C. BRESSOU. professeur-à l'École d'A.lfort.
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MM. Bois, M. Marcel DUVAU.
professeur au MM. Charles VALOIS;
Muséum ; Archiviste :
DECHAMBRE, professeur Pierre CREPIN ; Monseigneur FOUCHER.
à l'Ecole d'Alfort ;
le docteur THIBOUT ; le docteur POLAILLON ;
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Maurice LOYER. J. DELACOUR. M, Ph. DE CLERMONT.
Secrétaire aux publications, rédacteur en chef de La Terre et la Vie :
M. G. PETIT, sous-directeur de Laboratoire a.u Muséum.

CONSEIL D'ADMINISTRATION
Mme la marquise de GANAY. MM. A. CHAPPELLIER; MM. le docteur ROCHON-DUVI-
MM. le docteur ARNAULT ; le comte DELAMARRE. GNEAUD ;
DE MONCHAUX ; le professeur ROULE, du
A. BARRIOL ; le marquis de PRÉVOI- Muséum ;
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du Muséum. le prince Paul MURÂT Roger de VILMORIN.
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MEMBRES HONORAIRES DU CONSEIL :

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MARCHAL, de l'Institut; prince Joachim MURÂT ; REY ; comte X. de LA ROCHEFOUCAULD;
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BUREAUX DES SECTIONS


Mammalogie Aquiculture Aquariums et Terrariums
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Ornithologie
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Botanique CHON-DU VIGNEAUD
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LIGUE FRANÇAISE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX


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MONCHAUX ; secrétaire général : A. CHAPPELLIER : secrétaires : Mme FEU-ILLÉE-BILLOT, NICI.OT
ROPARS ; trésorier : P. BARET; délégué du Conseil : D' THIBOUT.
LE MUSÉE
DU DUC D'ORLÉANS
par
P. RODE
Assistant au Muséum d'Histoire Naturelle

Parmi les nombreux Musées d His- Il se compose de quatre salles


toire Naturelle qui existent en France, principales : d'abord un grand hall
le Musée du duc d'Orléans mérite où sont rassemblés les trophées d-e
une attention toute particulière en chasse, plusieurs vitrines groupant
raison de l'origine des pièces qui s'y les animaux de certaines régions et
trouvent et surtout de la présentation une reconstitution de la dunette de
de ces pièces. la Belgica, le baleau du duc.
C'est à la fois un historique des d'Orléans. Les trois autres salles sont
voyages d'explorations et de chasses disposées en dioramas qui représen-
du duc d'Orléans, et une exposition tent la faune des régions arctiques,
résumée de la faune des différentes celle du Soudan anglo-égyptien el
parties du monde ; il constitue aussi enfin la faune de l'Est africain.
un mode d'étude et de démonstration Tous les animaux, naturalisés par
d'histoire naturelle nouveau dans les soins de la maison Rowland Ward
la muséologie moderne. de Londres, ont été rapportés par le
Quelques mots d'abord sur l'ins- prince au cours de ses nombreux
tallation. voyages que nous pouvons résumer
Les collections réunies dans le ainsi :
Musée actuel avaient été placées, En 1888, le due d'Orléans visite
pendant la vie du prince, au manoir l'Inde et le Thibet ; en 1889, la Suisse ;
d'Anjou en Belgique. Une disposi- en 1890, le Caucase et l'Amérique dii"
tion testamentaire du duc d'Orléans -Nord ; en 1892, le pays des Somalis,
les a léguées à la France et la remise des Gallas et du Harrar ; Je 1893
en a été faite en 1928. Comme il à 1904, l'Ecosse, l'Andalousie, le
n'existait pas de place suffisante dans Tyrol et les Carpathes et, en 1904, le
les locaux du Muséum National d'His- Spitzberg à bord du petit yacht : La
toire Naturelle de Paris pour rassem- Maroussia.
bler tous ces documents, un bâtiment Puis de 1905 à 1909 ont lieu les
spécial a été construit rue de Buffon. véritables voyages d'exploration à
bord de la Belgica. Le premier de comprendre la très grande variété
de ces voyages a pour but le Groen- des pièces qui figurent dans le Musée ;
land. Le Prince fait la découverte on y trouve l'essentiel de la faune des
d'une terre nouvelle à laquelle son dinérentes parties du monde.
nom est resté attaché ; c'est la terre Mon but n'est pas d'en faire ici un
d'Orléans. inventaire complet, mais de présenter
En 1907, l'équipage de la Belgica pour les lecteurs de La Terre et la
explore la Mer de Kara. Vie les pièces rares ou intéressantes
Le troisième voyage, celui de 1909, et de montrer les caractéristiques
fut une croisière de chasse très fruc- des animaux installés dans les dio-
tueuse à la Terre François-Joseph. ramas.
En 1912, le duc d'Orléans visite le Les murs de la première salle du
Turkestan ; en 1913, la République Musée sont garnis de trophées de
Argentine, le Chili, le Grand Chaco et chasse comprenant des têtes ou des
il rapporte de ces régions de très massacres de Cerfs, Daims, Che-
nombreux spécimens de la faune vreuils, Rennes, Elans, Antilopes
sud-américaine. diverses et Gazelles.
Enfin ce sont les grandes expédi- De nombreuses vitrines contien-

africain (Ouganda et Soudan r


tions de chasse en Afrique : 1 Est
en
1922 ; le Bahr el Ghazal et le Bahr el
nent les pièees rares.
11 faut citer en premier lieu le
Gorille de montagne (Gorilla gorida
Zéraf en 1925. et en 1926, le littoral heringe; M a te h ) (fig. 2). C'est un
de la Mer Houge et le Dinder. splendide exemplaire adulte de celte
Ce rapide aperçu des régions espèce qui vient de la chaîne -des
explorées par le prince nous permet Volcans, près du Lac Kiyu en Afrique
tartarica L.), une des rares Antilopes
asiatiques, est caractérisée par sa
petite taille qui ne dépasse pas celle
d'un Mouton et par son museau
arrondi, très épais, aux narines lar-
gement ouvertes. Cet animal qui a
vécu à l'époque quaternaire dans
toute l'Europe est maintenant limité
à la région occidentale de l'Asie.
Sous vitrine également, a été pl-a-
cée une tête naturalisée de Bison
européen (Bisonbonasus L.). Ce grand
Bovidé, autrefois très abondant dans
toute l'Europe, et même en France,
où des artistes préhistoriques en ont
laissé de merveilleux dessins dans les
orientale. 11 diffère du Gorille ordi-
naire par un pelage beaucoup plus
fourni et particulièrement développé
sur la tête et autour du visage. Ce
spécimen mesure m. 50 de hauteur.
1

L'envergure des bras est de 3 mètres


et le tour de ceinture : 1 m. 80.
Dans la même vitrine que le Gorille
se trouve un Okapi (Okapia johnstoni
Sclater). Ce curieux Ongulé rangé
dans la famille des Giraffidés vient
de la forêt d'lturi au Congo belge,
seul endroit où on le rencontre et
où, d'ailleurs, il est protégé.
Une vitrine voisine de la précé-
dente réunit, trois animaux intéres--
sants de la faune asiatique : le Panda
géant. le Mouflon de Marco Polo et
l'Antilope Saiga. grottes, n'existe plus aujourd'hui
Le Panda géant (/Eluropus mela- qu'en Lithuanie et on essaye de
noleucus A. M Edw.) est un Ursidé sauver l'espèce.
de petite taille. On le trouve dans Au milieu des trophées de chasse
le Thibet oriental, à une altitude de se trouve le massacre d'un très grand
3.000 mètres. C'est un animal cou Elan fossile (Megaceros giganteus
vert d'une épaisse fourrure blanche Blumenb.), du quaternaire, prove-
tachée de noir au niveau des mem- nant des marais d'Irlande. Les .bois
bres, des oreilles et autour des yeux. de cet Elan mesurent trois mètres
Il est très rare. d'envergure.
Le Mouflon de Marco Polo (Ovis Il faut encore mentionner un
Poli Blyth.) habite les régions mon- spécimen de Balaeniceps Roi (Balæ-
tagneuses du Pamir et les plateaux du niceps rex). Ce grand Oiseau de la
Turkestan. L'Antilope Saiga (Saiga famille des Cigognes a été tué dans
François-Joseph et du Spitzberg. Le
paysage de Scandinavie oflre à nos
yeux un aspect plus riant avec ses
montagnes coupées de cascades et
de vallées verdoyantes. Des lampes
spéciales répandent un éclairage
bleuté qui correspond parfaitement
à la lumière des régions circumpo-
laires.
La faune arctique est représentée
par des Mammifères marins :
les
Morses et les Phoques : le Phoque
barbu, le Phoque à capuchon, le
Phoque du Groenland.

les marais qui bordent le Bahr el


Ghazal. C'est une pièce rare.
Deux grandes vitrines rassemblent
les animaux de la faune sud-améri-
caine.
D'autres vitrines enfin contenant
des Oiseaux des Indes, des Oiseaux-
mouches d'Amérique et Souimangas
africains, des Oiseaux de Méditer-
ranée et de Syrie occupent le reste
de cette première salle.
La salle polaire qui fait suite à ce
grand hall nous présente un double
diorama des régions polaires et dela
Scandinavie. La toile de fond repro-
duit sur trois côtés de la salle la
banquise du Groenland, de la Terre Des Bœufs musqués (Ovibos mos-
chatus Zimm.) complètent cette
faune. Ce sont des Bovidés de taille
moyenne au long pelage, aux cornes
aplaties à leur base et recourbées de
chaque ôté de la tête. Ces Bœufs
<
musqués autrefois nombreux dans
toute la zone arctique ont été très
chassés. Depuis quelques années,
grâce à une protection efficace, leur
nombre recommence à croître et on
peut espérer que cette espèce très
intéressante ne disparaîtra pas.
Un groupe de sept Ours blancs
(fig. 3) complètent le paysage. Ils
proviennent de la banquise du Groen-
land et de la Terre François-Joseph.
Devant la loile de Scandinavie, la Le paysage a bien changé lui aussi ::
faune est déjà plus variée. Elle réunit d'un côté la plaine marécageuse du
des Loups, un Glouton, petit Carni- bar h et Ghazal, de l'autre la rive du.
vore voisin du Blaireau, des Lynx Barh et Djebel avec sa végétation da.
de Norvège, des Rennes rapportés Papyrus et de Roseaux qui ne figurent
du Spitzberg, des Loutres et des pas seulement sur la toile; plusieurs
Lièvres polaires. Les Oiseaux sont touffes ont été rapportées par
nombreux: c'est d'abord le Harfang, prince et contribuent à donner à ce
belle Chouette blanche qui vient l'hi- paysage l'illusion de la réalité. Dans.
ver jusque sur nos côtes, puis le un coin de la salle, la tente du duc
Grand Plongeon, les Eiders, les Guil- d'Orléans, toute montée, entourée
lemols et Macareux arctiques, les des objets familiers de ses hôtes,
Goélands bourgmestres. semble attendre le retour du natu-
Quelques milliers de kilomètres raliste.
nous séparent géographiquement du La faune si particulière de cette-
centre de l'Afrique et pourtant il région est représentée dans le dio-
nous suffit de franchir une porte pra- rama, par les animaux suivants :
tiquée dans un amas de rochers Un Hippopotamesemble sortir des
couverts de glace pour passer brus- marais. Un splendide exemplaire de
quement dans le Soudan anglo- Rhinocéros blanc (Rhinoceros simus
égyptien. La lumière éclatante des Burchell) (fig. 1) avance de son pas
régions tropicales fait contraste avec lourd vers la troupe des Antilopes
l'atmosphère bleutée du pôle que situées à quelques mètres de là : le
nous venons de quitter. Damalisque Tiang, les Bubales
tfig. 4), les Limnolragues, lesKobs et Dans les Ruminants eervicornes.
enfin cette très fine Antilope consi- nous avons deux spécimens de Gi-
dérée par de nombreux auteurs rafes : une trèsgrande Girafe tachetée
comme un Kob : le Kob de Mrs Gray de 5 mètres de hauteur et une Girafe
(Cohus Maria Gray.) ilig. 5). réticulée plus petite (fig. 9).
Quelques Crocodiles dorment sur La famille des Bovidés contient
le sable et des Oiseaux se
tiennent près de la rive du
tleuve : Cigognes, Grues
couronnées et Pélicans.
A la salle du Soudan
anglo-égyptien fait suite
la grande salle d'Afrique
où sont rassemblés les
animaux de l'Est africain
devant de splendides pay-
sages de plaines, de mon-
tagnes et de forêts (fig. 8).
Les Singes sont repré-
sentés par des Cynocé-
phales, des Cercopithèques
grivets et des- Colobes
(Colobus guereza Rupp.).
Les Carnivores -provien-
nent pour la plupart de
la plaine Masai. 11 faut
d'abord mentionner un
groupe de Lions, des Léo-
pards et des Guépards. Les
deux espèces de Hyènes
sont présentées : Hyène
rayée et Hyène tachetée.
Parmi les Canidés citons le
Lycaon ou Cynhyène peint
(Lycaon piEtus Temm.) et
des Chacals divers.
Le groupe des Ongulés
est de beaucoup le plus important plusieurs formes d'Antilopes des-:

avec le Rhinocéros bicorne ordinaire Kobs, des Bubales, les Antilopes


et deux espèces de Zèbres : le Zèbre Canna, improprement appelées Elans
de Grévy (Equus Grevyi Milne Edw.). du Cap, le Coudou aux longues
forme du nord-est de l'Afrique cernes spiralées (Strepsiceros kudu
(fig. 6) et le Zèbre de Grant (Equus Gray) ou Grand Koudou et la petite
~qungga Granti De Win ton) de forme (Strensiceros imberbis Blyth.)
l'Afrique du Sud (fig. 7).- (fig. 10). Citons encore les. Dama-
Parmi les Artiodactyles la famille lisques, les Guihs, les Oryx aux lon-
des Suidés est représentée par des gues cornes droites et les Gnous,
Phacochères. (fig. 11) ces curieuses Antilopes d'as-
pect préhistorique qui vivent par Ce mode de présentation des pièces
troupes nombreuses dans les savanes qui constituait autrefois toute l'his-
africaines. Les Gazelles sont aussi toire naturelle et qui existe encore
très nombreuses : Gazelle de Somme- dans la plupart de nos Musées, ne
ring, de Grant, de Thomson (fig. 12) peut désormais intéresser que les
et plusieurs exemplaires de la Gazelle spécialistes. Et pour le travail de
de Waller ou Lithocrane (Lithocra- recherche au laboratoire, il n'est
nius Walleri Brooke) (fig. 13). même pas utile de monter les pièces,
Quelques Oiseaux, Aigles, Mara- de les naturaliser. Il suffit d'une mise,
bouts, Cigognes, Oies de Guinée, en peau, qui permet de réunir de
Autruches et des Reptiles : Vipères nombreux spécimens dans un espace
et Varans, complètent la faune. réduit à l'abri de la lumière.
Cette brève énumération montre Mais pour le public qui veut sur-
l'abondance et la variété des collec- tout avoir une idée d'ensemble sur
les animaux d'une région et qui ne
s'intéresse pas spécialement à un
groupe, la présentation en dioramas
telle qu'elle a été conçue par le duc
d'Orléans, et telle que nous la voyons
réalisée dans le Musée actuel est de
beaucoup la meilleure formule. Elle
s'adresse d'abord, ne l'oublions pas,
au publie usager ordinaire qui cons-
titue la très grande majorité des
visi eurs de nos Musées. Il faut attirer
ce public par des méthodes nouvelles
en rapport avec le développement des
connaissances générales qui s'ac-
croissent par les films scientifiques
et la T. S. F. Elle s'adresse aussi aux
tions contenues dans le Musée du duc enfants des écoles à qui il faut pré-
d'Orléans. En dehors de l'intérêt senter des spectacles aussi naturels
particulier que peut présenter telle
ou telle pièce. il se dégage de la
visite d'un tel Musée une idée plus
générale à la fois d'ordre scienti-
fique et spectaculaire.
On peut objecter qu'il ne répond
que très imparfaitement au but du
Musée tel que le conçoit un natura-
liste collectionneur qui cherche à
réunir des séries, c'est-à-dire le plus
grand nombre possible de spécimens
d'une même espèce. Ceci, afin d'étu-
dier les variations de pelage et les
modifications morphologiques sus-
ceptibles de donner naissance à des
espèces nouvelles.
zoologiques. Toutes les deux sont
conformes à la tendance actuelle des
sciences naturelles : la biogéogra-
phie, ou étude de l'animal et de la
plante dans leur milieu et en fonc-
tion de leur milieu.
Le goût des choses de la nature est
beaucoup plus poussé à l'étranger
que chez nous. Pour développer ce
goût en France, les Musées sont un
excellent moyen de propagande et
d'enseignement ; encore faut-il les
moderniser et les adapter aux con-
ceptions scientifiques actuelles. Nous
avons pu constater auprès des visi-
teurs l'intérêt que présentait le Musée
du duc d'Orléans et sa supériorité
que possible et non de froides et
ennuyeuses galeries remplies d'ani-
maux qu'on se lasse vite de regarder.
L'exposition des animaux en dio-
rama-s n'exige pas seulement le talent
du taxidermiste, mais la collabora-
tion de l'artiste, du taxidermiste et
de l'explorateur pour aboutir à la
présentation de scènes aussi exactes
que possible.
A cet égard, le duc d'Orléans a été
un précurseur de la Muséologie
moderne. Aidé de collaborateurs
éminents, artistes et naturalistes, il a
créé un Musée qui peut aujourd'hui
servir de type pour les installations
nouvelles.
il est à remarquer enfin que la
présentation des animaux naturalisés sur les galeries de jadis. C'est un
en dioramas constitue une améliora- effort qui mérite d'être connu et
tion analogue à celle qui transforme développé pour le plus grand intérêt
les ménageries d'autrefois en jardins de nos Musées d'histoire naturelle.
LA VIE DES MYGALES
par
J. VELLARD
Correspondant du Muséum.

L'Amérique du Sud est par excel- venimeuses n'ont d'ailleurs aucune


lence la patrie des grandes Mygales. relation avec leur taille et dans les
La taille énorme de quelques-unes mêmes régions d'autres Araignées
de ces Araignées leur ont valu des de port bien plus modeste sont
-
noms locaux particulièrement expres- plus dangereuses que beaucoup de
sifs : ce sont les Araignées-crabes des grandes Mygales.
Antilles et de la Guyane et ce mème Leur biologie présente des parti-
nom se trouve au Brésil sous la cularités curieuses. Prenons comme.
l'orme portugaise de Caranguejeiras ; exemple les Grammoslola, très faciles.
dans les pays de langue espagnole, à observer en captivité ; j'en ai gardé
on les appelle tantôt aranas pollitos, vivantes pendant plus de six ans. Il
Araignées poussins (Argentine), tan- y en a plusieurs espèces au Paraguay
tôt niata-r.aballos ou pica caballos, tue et dans le sud du Brésil ; eJles comp-
ou pique-chevaux. Au Paraguay elles tent toutes parmi les plus grandes My-
portent le nom indigène guarani de gales. La Gr. longimana couvre, avec
ñandú caballú, Araignée-cheval, ou ses pattes étendues, un cercle de 22 cm.
ñandu-gari, grande Araignée. de diamètre ; le corps à lui seul
Leur tnille, leur aspect peu rassll- atteint 8 cm. de longueur. La Gr.
rant, les longs poils dont elles sont actaeon lui est à peine inférieure.
souvent hérissées, produisent une Les femelles sont plus trapues, ont le
première impression désagréable et corps plus volumineux ; les mâles ont
beaucoup de personnes les jugent des pattes beaucoup plus longues.
hideuses. Quelques-unes, comme la Les Grammostofa, comme la plu-
belle Trechona venosa sont pourtant part des Mygales, habitent des trous,
parées de dessins élégants. des troncs d'arbres creux, des termi-
Elles ont de plus le fâcheux renom tières, les coins obscurs des pauvres,
d'être venimeuses et dans plusieurs habitations rurales ou sous le chaume
régions le peuple est persuadé que des toits. Elles tapissent le fond de
leur piqûre tue ou rend fou. Celte leur abri d une toile très légère sur
accusation est malheureusement plus laquelle elles se tiennent pendant le
fondée que celle de leur prétendue jour. Essentiellement nocturnes, elles
laideur. La piqûre de certaines ne sortent qu'au crépuscule pour
Mygales cause des accidents sé- chasser les petits animaux dont elles
rieux et peut même être rapide- se nourrissent.
ment mortelle pour l'homme et les Les brosses de poils courts et serrés
grands animaux. Leurs propriétés dont est munie l'extrémité de leurs
pattes leur permettent de se tenir sur Mygales, et lorsqu'elles sont déran-
les parois les plus lisses. Elles sont gées, elles se contentent souvent de
moins irritables que certaines autres soulever leur abdomen et.de le frotter
ils sont creux comme des aiguilles (t
injection et communiquent chacun
avec une glande à venin située à l'in-
térieur même de leur article basai.
Les glandes des Grammostola dépas-
sent 7 mm. de longueur. Actionnées
par des muscles puissants, les chéli-
cères sont employées par l'Araignée
pour harponner ses victimes, leur
injecter le venin qui les tuera ou les
paralyserarapidement, enfin pour les
broyer et les triturer pendant son
repas.

rapidement avec leurs pattes posté-


rieures, détachant un nuage de poils
très tins, qui provoquent de vives
démangeaisons sur la peau et les mu-
queuses, sans être venimeux.
L'appareil venimeux de ces My-
gales, arme de chasse avant tout, est
formé de deux forts crochetsarticulés,
les chélicères, placés à la partie anté-
rieure du corps, en avant de la bou-
che. Ces crochets atteignent 1,5 cm.
de longueur ; plus durs et plus longs
que les dents de notre Vipère d'Eu-
rope. dont ils rappellent la structure.

Venin des Grammostola. —


Alimentation.
Les venins de Mygales présentent
entre eux des différences considéra
bles d'aclivitp. Celui des Grammostola
est trèscurieux. Son action est lente
et peu marquée su ries Vertébrés supé-
rieurs. Les Cobayes piqués par les
Grammostola ne meurent qu'en deux
ou trois jours et souvent même se ré-
Blattes, Coléoptères ou Sauterelles. ne réussit pas à sa première attaque.
Mais elles se mollirent très friandes elle s'accroche à un point quelconque
de petits Batraciens, de Lézards et du corps ; puis, sans s'inquiéter de
surtout de jeunes Serpents, venimeux l'agitation furieuse du Serpent, ni
ou non ; placées dans une cage avec des morsures répétées qu'elle reçoit,
ces différents animaux, elles n'atta- elle fait avancer peu à peu avec ses
queront que les Serpents Je nour- crochets le corps de sa victime jus-
rissais celles que j'ai conservées avec qu'au moment olt elle atteint la tête.
de jeunes Crotales ou Lachesis de 20 Il arrive quelquefois que le Serpent
à \0 cm. de longueur. s'accroche solidement avec ses dents
Mise en présence d'un petit Ser- à un membre ou au corps de la
pent, la Grammostola se jette sur lui Mygale : réfractaire au venin du
et cherche à te saisir à la tète qu'elle Serpent, celle-ci attend immobile que
dévore toujours en premier. Si elle son propre venin agisse ; il suffit en
général de 2 à 3 minutes pour que le sives et elles ne seraient sans doute
Serpent tombe paralysé. La Mygale suivies d'aucun trouble sérieux. On
-commence alorsii triturer la tête avec ne peut en dire autant-de la mor-
ses chélicères, la réduisant à une sure de nombreuses autres Mygales.
masse informe qu'elle suce. A mesure
que son repas avance, elle attire vers Fécondation et reproduction.
sa bouche le reste du corps. Elle met
souvent 24 ou 48 heures pour man- C'est au début de la saison chaude,
ger un Serpent de 25 à 40 cm. de lon- fin décembre ou premiers jours de
gueur dont il ne reste plus qu'une janvier, dans le Sud du Brésil, et un
petite boule de peau et d'os écrasés, peu plus tard au Paraguay que les
méconnaissables. Les Batraciens et Mygales des deux sexes commencent
les Lézards sont tués et mangés de à se rechercher.
la même facon. En temps normal les Grammostola
Les Mygales se nourrissent très sont insociables comme la plupart des
irrégulièrement. En captivité, elles ne Araignées ; il est impossible d'en
mangent guère que tous les quinze mettre deux dans une même cage
jours pendant l'été, moins souvent sans provoquer une lutte, terminée
encore en hiver, mais parfois leurs par la mort d'un des combattants
repas sont successifs et très copieux. et parfois de tous les deux ; à
Peu de temps après la ponte, une l'époque des amours un mâle aperce-
grosse femelle ayant mis 48 heures vant une femelle perd son attitude
à sucer une Grenouille, tua deux agressive. Il s'approcbe lentement,
jours plus tard un petit Serpent à les quatre pattes antérieures levées,
sonnette dont elle ne mangea qu'une agitées d'un tremblement léger et
partie ; le lendemain, elle tua encore continu ; il s'arrête par moments,
une Rainette et le jour suivant une puis reprend sa marche sans sus-
jeune Jararaca (Lachesis jararaca) ; pendre le mouvement vibratoire de
elle resta ensuite vingt jours sans ses pattes, il est enfin près de la
s'alimenter. femelle ; si elle reste immobile, il se
En captivité, ces Mygales sont risque à la toucher. Surprise, elle
ainsi très faciles à nourrir avec des ouvre d'abord des crochets mena-
petits animaux vivants, ou, à leur çants, essaye parfois de se jeter sur
défaut, avec de la viande crue, mais le mâLè,' mais sous l'influence de
elles ont toujours besoin d'un peu l'attouchement léger des pattes, de
d'humidité. Très souvent dans leurs cette caresse qui l'effleure à peine,
cages elles restent immobiles sur des elle dresse à son tour ses pattes anté-
cotons imbibés d'eau que je mets à rieures, les croise avec celles du
leur disposition. mâle, soulevant en même temps son.
Leur préférence très marquée pour thorax et découvrant sa fente génitale
les petits Reptiles range les Grammos- à la base de l'abdomen. Elle garde
tola parmi les animaux utiles, con- malgré tout une attitude menaçante,
courant, dans une certaine mesure, des crochets largement ouverts. Le
à la destruction des Serpents. Elles mâle s'avance davantage ; il s'engage
sont en outre à peu près inoffen- au-dessous de la femelle qu'il retient
sives pour l'Homme ; les morsures avec les éperons de ses pattes anté-
doivent être fort rares étant données rieures ; avec ses palpes il la frappe
leurs mœurs nocturnes et peu agres- sur le sternum et l'abdomen, hésite,
puis se décide et introduit àdiverses pas un instant. Dès que sa partenaire
reprises, l'une après l'autre, les poin- fait un mouvement, il arrête ses
tes effilées de ses deux bulbes dans bulbes, ouvre ses crochets et accélère
l'orifice génital de la femelle. L'agi- encore la vibration de ses pattes ; la
tation légère de ses pattes ne cesse femelle s'immobilise de nouveau.
Enfin cette manœuvre ne suffit plus femelle, que ce dernier est presque ..

à la retenir ; abaissant rapidement toujours dévoré.


ses crochets, elle cherche à les enfon- Chez les Grammostola, _ la ponte a
cer dans le corps du mâle ; mais sou- lieu 8 à 9 semaines après la féconda-
vent celui-ci, averti par son agitation tion. La femelle commence par tisser
croissante, est prêt à se défendre. sur le sol une toile circulaire, épaisse
Quand elle veut le saisir, il essaye de et feutrée, de 10 à 12 cm. de dia-
la repousser avec ses longues pattes; mètre. Pendant la nuit ou de grand
matin elle y dé-
pose de 500 à 600
œufs blancs et ar-
rondis de près
d'un millimètre
.
de
diamètre. Elle rap-
proche ensuite par
le hautles bords de
son tapis soyeux,
les soude avec de
nouveaux fils, ob-
tenant ainsi un
coin lenticulaire,
bombé à la face
supérieure, large
de 5 à 6 cm. Exté-
rieurement il est
grisâtre, avec de
nombreux poils
mélangés aux fils
de soie.
La femelle traîne
partout avec elle
son précieux co-
con, le maintenant
il y a quelquefois lutte et le vainqueur entre ses chélicères et ses pattes
mâle ou femelle, dévore son compa- antérieures. Elle sort d'ailleurs très
gnon. *
peu à cette époque, s'avançant seule-
Ce dénoûment tragique est loin ment lorsqu'elle a faim à l'entrée
d être une règle générale même chez de son terrier pour guetter les petits
les Grammostola. Dans ce genre, animaux passant à sa portée ~
comme chez beaucoup d'autres My- quittant un instant son cocon, elle
gales, les mâles possèdent souvent de s'élance sur eux, les tue, puis les
très longues pattes antérieures armées traîne au fond de sa demeure
d'éperons tibiaux qui leur servent à pour les dévorer, toujours sur son
maintenir la femelle pendant l'ac- cocon.
couplement et à la repousser ensuite. Dix à douze semaines après la
Ce n'est que chez les Araignées où le ponte, de mai à juillet dans le sud du
dimorphisme sexuel est très accusé, Brésil, en août et septembre au Para-
le mâle beaucoup plus petit que la guay, les petites Araignées quittent
le cocon. En réalité l'éclosion a femelles de Grammostola subissent
déjà eu lieu depuis un certain temps ,une nouvelle mue et leur taille peut
et les jeunes subissent au moins encore augmenter légèrement. J'ai
une mue à l'intérieur même du gardé plusieurs années des femelles
cocon. Le jour de leur sortie adultes de diverses espèces de grandes
une nouvelle mue a lieu et leur Mygales ; tous les ans elles muaient,
livrée auparavant lisse et brillante après la ponte ; quelques-unes avaient
se rapproche désormais de celle de même deux mues annuelles, une
l'adulte, mais en beaucoup plus clair. aussitôt après la ponte (février-mars)
Pendant quelques semaines les et la seconde à la fin du printemps
jeunes Araignées restent groupées (novembre-décembre). Fait intéres-
dans le terrier, se nourrissant des sant, quand une femelle adulte
restes des repas maternels et s'entre- n'était pas fécondée une année, elle ne
dévorant aussi. Quand elles sont pondait pas et ne subissait aucune
un peu plus robustes, elles se dis- mue cette année-là ; je n'ai jamais
persent. En captivité les petites en effet observé chez les grandes
Grammostola ne subissent une nou- Mygales de ponte sans féconda-
vetle mue que
(lix à douze se-
maines après
leur sortie du
cocon, mais ceci
dépend beau-
coup de la tem-
pératu re et de
l'abondance de
leur alimenta-
lion.
Chez beau-
coup d'Arai-
gnées la matu-
rité sexuelle
marque la fin de
l'accroissement
de la taille et
souvent même
la fécondation
pour le mâle, la
ponte pour la
femelle, indi-
quent la fin de
l'existence. Il
n'en est pas de
même chez les Mygales, au moins tion quelques semaines auparavant.
chez les grandes Mygales, et le fait a Les mâles ne présentent jamais do
aussi-été signalé pour quelques autres mue après avoir atteint la maturité
espèces d'Araignées (L. Berland). sexuelle bien qu'ils puissent vivre
Après la naissance des jeunes, les encore plusieurs années.
quer des Souris qui suc-
combent deux ou trois
minutes après avoir été
mordues ; la Mygale ac-
crochée à sa victime
attend sa mort pour la
triturer et la sucer comme
le fait la Grammostola
avec un Serpen'. La mor-
sure de quelques-unes de
ces Mygales peut être
mortelle pour l'Homme
et les grands animaux —
je possède de belles obser-
vations à ce sujet — et
les éleveurs du Paraguay
Il est difficile d'évaluer avec certi- les accusent, non sans raison -ans
tude la longévité des grandes My- doute, de tuer souvent des Bœufs et
gales. Quelques-unes de mes Gram des Chevaux. Une belle et grande My-
mostola, ou Lasiodora, ou Acanthos- gale, la Trechona venosa, qui habite
curria, capturées à l'élat adulte, de profonds terriers fermés par un
étaient encore bien portantes six ans tube de soie, possède un venin parti-
plus tard quand mes observations culièrement actif tuant le Pigeon à la
;
ont été interrompues. En liberté, le-- dose de 0,01 milligr. le venin d'une
développemen t completd une grande seule Araignée suffirait pour tuer
GrammostoLa doit demander trois ans 400 Pigeons.
environ, depuis la naissance jusqu'à Les Mygales sud-américaines n'at-
la maturité sexuelle ; en captivité ce teignent pas toutes les dimensions
délai peut être plus considérable énormes des espèces précédentes ;
encore. Certaines espèces peuvent quelques-unes sont de port très mo-
vivre de o à 20 ans.
1 deste, mais toutes sont intéressantes

Autres Mygales.
Toutes les grandes My-
gales ne se montrent pas
amies de l'homme, comme
les Grammosiola, en s'at-
taquant de préférence aux
petits Serpents. Il y en a
de très agressives, dont le
venin est des plus actifs,
comme les Pamphobeleus,
les Phormictopus et cer-
taines Acanthoscurria du
Paraguay ou du sud du
Brésil. Il n'est pas rare de
les voir en liberté atta-
à étudier. Les ldiops et les Actinopus, Ces quelques observations prises
par exemple, creusent de curieux parmi beaucoup d'autres montrent
terriers aux parois lisses et brillantes combien peut être intéressante la
revêtues d'un enduit
fait de terre agglo-
mérée avec de la sa-
live et mélangée de fils
de soie ; la partie supé-
rieure du terrier est
tapissée de soie et l'ori-
fice protégé par un
opercule à charnière
que l'Araignée ouvre
ou ferme à volonté.
Du côté interne l'oper-
cule des Actinopus est
lisse, doublé de soie.
convexe au centre avec
des bords amincis s'ap-
pliquant exactement
sur l'orifice du terrier;
du côté extérieur il est
nu contraire plat, cou-
vert de terre et de
graviers, se confondant -
avec le terrain avoisi-
nant ; celui des ldiops
est recouvert de frag-
ments de feuilles mor-
tes. L'opercule protège
le propriétaire du ter-
rier contre l'attaque de
certains Hyménoptères
chasseurs qui recher-
chent les Araignées, les
paralysent par leur piqûre et les biologie des belles Mygales sud amé-
transportent dans leurs terriers, où, ricaines, en dehors même de l'impor-
vivantes mais immobiles, elles se con- tance pratique que présente l'étude
servent assez longtemps pour servir de leur venin et des accidents qu'elles
rie nourriture fraîche à leurs larves déterminent.
AUTOUR DES CANONS
DE NISCLE. ET D'ARAZAS (tp

BOTANIQUE ET GÉOGRAPPIIE DU HAUT-ARAGON


par
-
PIERRE CHOUARD

Accès à la montagne. desa haute 'de mille mètres, n'out


vu ni l'âpre désolation des hauts pla-
Si l'on connaît partout le cirque teaux de Gaulis, ni le prodigieux,
de Gavarnie, combien de touristes, chaos du canon de Niscle, ni le con-
attirés par le renom du « parc natio- traste saisissant entre les pierres gla-
nal » espagnol ont visité le canon cées du Mont-Perdu, image polaire,.
et le proche
vallon de
Puyarrego où;
s'étagent en
terrasses,
comme aux.
bords de la..
Méditerra-
née, l'Olivier,
la Vigne et le.
Figuier.
Il est vrai
qu'hors d&
Gavarnie et
des hôtels.
d'Arazas et
du village voi-
sin de Torla,
il est diflkile-
de séjourner-
d'Arazas ? Et ceux-là même qui dans les hautes régions : le re-
-croient y avoir admiré la plus belle fuge de Gaulis expose son dur bat--
merveille, cette grande aiguille d'Or- flanc aux morsures du vent ; ailleurs
d'étroites cabanes, des grottes, sont
(1) Conférence faite le 3 avril 1933 à la Société les seuls gîtes. Il faut redescendra
d'Acclimatation; cf. compte-rendu dans son Bul- jusqu'à Nerin
letin, t. 80, n* 7, p. 269. Il est tenu compte ici, pour trouver, comme-
des-nouvelles observations faites en juillet 1933 une oasis, l'hospitalité exquise du
en compagnie de M. Pierre BIROT, assistant de Sor- Buesa, jusqu'au pittoresque-
géographie à la Sorbonne.
accueil chez le curé de Fanlo, ou ment du plafond à travers une che-
plus bas, jusqu'aux auberges des minéeronde couverte de vieilles tuiles.
villages, le long de la Cinca, avec D'anciennes relations unissent ce
leur ombre chaude et leurs chasse- pays à la France. Longtemps, au
mouches. Moyen Age, les troupeaux aragonais
Venant d'Espagne, on aceède à vinrent chercher l'herbe verdoyante
cette région par la gare lointaine de dans l'humide pays des comtes de
Barbastro, d'où l'autobus amène, en Bigorre; plus tard, en 1330, les Es-
80 km., à Bielsa vers l'èst, ou à pagnols signèrent un traité pastoral
Brotô vers l'ouest. De France, deux
voies faciles rejoignent les vallées
espagnoles : à l'ouest, le port de
Gavarnie débouche sur la forêt d'Ifs
de Boucharo et sa gorge retentis-
sante, et permet d'atteindre en un
jour de marche Torla. Broto, Arazas
et la vallée du rio Ara. A l'est, six cols
faciles permettent de passer, en une
journée à peine, des fraîches forêts
de la vallée d'Aure aux. arcades de la
vieille place de Bielsa, aux gorges
rouges, brûlées de soleil, de la Cinca
naissante.
Par la montagne, le chemin est
plus rude : il faut sortir de Gavarnie
par la Brèche -de Roland, ou gravir le
raide couloir glacé de Tuquerouye ;
mais on côtoie les cîmes calcaires qui
sont parmi les plus hautes de l'Eu- de transhumance avec les habitants
rope, et leur spectacle dédommage des vallées françaises (2). De nos jours
de tous les efforts.
encore, des bergers de Bielsa louent
des pâtures en haute vallée d'Aure.
Coup d'oeil sur l'ensemble. Au nord des plaines de l'Ebre, le
Le haut Aragon qui confine à Ga- pays commence à s'élever par un
varnie forme l'ancien pays de So- front pyrénéen abrupt, chaînes cal-
brarbe. Il donna naissance à la pre- caires, barres de poudingues rouges,
mière dynastie catholique d'Aragon, qui retiennentles pluies concourent
et
alors que l'Espagne était submergée à l'aridité des hautes vallées. Au delà
s'étendent des collines marneuses
sous le flot de l'Islamisme. Les vil- (synclinal éocène de l'Aragon). au
lages sont perchés sur les buttes, au-
près des vallées, ramassés autour de relief mou et tourmenté, couvertes
leur vieille église romane. Dans degarrigues. Dans les vallons s'étalent
chaque maison, l'àtre est placé au des torrents trop à l'aise dans leur
miiieu dela salle commune, sans fe- large lit d'hiver, encadrés de terrasses
nêtre, garnie de bancs au pourtour,
et la fumée, contournant une énorme (2) Cf. P. RONDOU, Histoire de la Vallée de Ba-
crémaillère, s'échappe par-un évase- rèqes, manuscrit relié destiné au Musée Pyrénéen
de Lourdes, déposé chez l'auteur, à Gèdre.
alluviales, de niveaux d'érosion et de Perdu et du Marboré à plus 3.300 ni.
cultures méditerranéennes. Puis sou- d'altitude (4).
dain les couches calcaires ou gré-
seuses de l'Eocène inférieur é-t du Le canon d'Arazas
Crétacé se relèvent sous les marnes parc nationaï.
en une énorme flexure de plus de
mille- mètres (flexure du Sestrale), Si jadis des chasseurs anglais ont
plus loin ên un vaste pli couché. EUes fàit poser dans les falaises dos cram-
portent leur surface à 2.000 m. d alti- pons pour atteindre les derniers Bou-
tude et se développent en plateaux. quetins, le canon d'Arazas doit sur-
ondulés où le travail millénaire des tout sa renommée à la France et à
eaux a creusé un exlraordinaire mo- sa propre patrie l'Espagne. Le poète
delé karstique (3) : champs oe, roches français Briet a rhanté ses murailles
fissurées, gouffres, et surtout deux et son torrent, le rio Ordesa. Il a
gorges gigantesques, les canons de obtenu d'un trait de plume du roi,
Niscle et d'Arazas où s'abritent le du temps où il gouvernait, le classe-
Hêtre et le Sapin. Enfin, tandis qu'à ment de cette merveille comme parc
national. Le géographe fran-
çais Schrader a dressé la
carte de l'énorme entaille (5),
il en a fait connaître les
splendeurs de formes et de
coloris. Des géologues fran-
çais (cf. note 4) ont expliqué
sa structure. En 1907, la
Société botanique de France
y a herborisé, et d'autres
Français après elle (6).
Le canon d'Arazas s'étend,
d'est à ouest, sur 12 km. de
long. Les falaises distantes
de 1.200 à 1.800 m., sur-
plombent d'environ mille
mètres, moilié à pic d'un
seul jet, moitié en pente
forestière. Des cirques se
l'est, des couches de calcaires char- creusent, comme des chapelles dans
riées forment sur les marnes de hauls une nef, au sud et surtout au nord
chapeaux, juchés droits ou de tra de la muraille. Des torrents s'y pré-
vers, comme la surprenante peha cipitent en cascades d'argent, aux
Montanesa, les calcaires des pla-
teaux se relèvent encore, se plissent
en cascades vers le nord, etremontent
(4) Ch. JACOB, FALLÛT, ASTRE et CiRY ; Congr.
géol. intern. (1925) Madrid p. 335-411. — DALLONJ
jusqu'aux sommets glacés du Mont- Thèse, 1910, Marseille.
(5) Carte du Massif' de Gavarnie et du Mont
Perdu (1/20.000) ; Carte des Pyrénées centrales,
en 6 feuilles à 1/100 000 ; par F. SCHRADER ; PaliS.
chez Barrère.
(3) Karstique : du nom de Karst, en Istrie, (6) Cf. Bull, Soc. bot. de Fr.. t. 54. p. LXXXV ;
pris comme type de érosion dans les calcaires.
1 el P. CHOUARD, ibid t. 15 (1928) p. 957.
,
noms sonores de Cotatuero, de Soaso
ou de Salarous, entre les strates ro-
cheuses tantôt rouge doré, tantôt
bleu ardoise, tantôt blanc pur. Les
piliers énormes qui séparent chaque
cirque, tel le Tozal del Mayo, ou
Grande Aiguille, vus en enfilade
offrent le plu s bel aspect architectural :
on croirait un alfgnement prodigieux
de sphinx et de colosses à l'entrée
d'uu temple de géants.
Des Hêtres aux deux versants,
mélangés de Sapins à l'ombre, de
Pins sylvestres au soleil, forment un
épais manteau de forêts. Une vieille
couche d'humus, avec ses sapro-
phytes, Pyrales, Orchidées, recouvre
le sol. La forme des ressauts, en
amont de la vallée, implique que les
glaciers n'y sont guère descendus, et
ces forêts, avec leur flore riche et
variée, peuvent être de très anciennes
reliques. On y trouve des orophiles
de l'Europe centrale, comme la Lu-
zule blanc de neige ou le Gaillet à
feuilles rondes, des plantes de ca-
rad-ère plus ou moins atlantique,
comme Je Houx, l'OEillet géminiflore,
îles colonies xéro^hiles et méditer-
J'anéennes contrastant avec l'humi-
dité des forêts, comme les Genêts
hérissé et scorpius, le Genévrier oxy-
cèdre, la Farigoule. l'Aphyllanthes.
Le fond de la vallée est large, rem-
blayé parles alluvionsdu rio Ordesa,
couvert de pelouses, coupé de bos-
quets de Saules, comme un parc
anglais. Plus haut, le torrent bondit Depuis qu'Arazas est devenu un
en cascades dans une gorge plus parc national, les troupeaux ne
étroite Aux flancs des falaises s'ac- viennent pluspâturer dans ses forèts,
crochent, sur de petites terrasses sou- et surtout la chasse est interdite. S'il
vent inaccessibles. des lambeaux de reste vraiment d'autres Bouquetins
forêts et des herbages luxuriants, que l'animal empaillé de l'hôtellerie
semés de hautes fleurs éclatantes, du marquis de Viu, ils peuvent se
Rhapontiqnes pourprés. Iris violets, repeupler en paix. L'étiquette de
Ails Moly jaune d'or, grappes national » attire à Arazas
« parc
blanches des Asphodèles, corolles quelques dizaines de touristes que ne
rouges ou jaunes des Lis retroussés. rebute pas la longueur du chemin.
Mais les Espagnols construisent une mentaux plis, dans des couches hori-
route, elle approche du canon, elle zontales. Le canon de Niscle, au
y pénètre. Bientôt ce sera la cohue contraire, est creusé du nord au sud,
des automobiles et la foule cosmopo- à travers les plis et doit à cette cir-
lite. Les dernières années de calme constance son aspect surprenant.
sont bientôt révolues. A l'amont, c'est un carrefour de
La route cependant ne montera larges gorges, évidées par les glaciers
pas au pic Diazas, ni sur la crête entre des pics neigeux. Plus bas, c'est
méridionale qu'il surplombe. La vue une fissure très étroite, de cinq cents
y surpasse tout ce qu'on peut admi- mètres de profondeur, à travers les
rer d'en bas. Le regard se repose sur plateaux, vètue de Pins en dedans, et
l'ensemble de la vallée ; les pelouses d'une corniche dorée de Geuêls au
suspendues, les arbres accrochés aux rebord. A l'aval, les couches s'élèvent
fissures, apparaissent tout proches avant de redescendre en énorme
pour qui aurait des ailes, et par-des- flexure ; la gorge béante les é ventre
sus les falaises colorées etles plateaux largement, creusant un abîme de
arides trônent les neiges éclatantes treize cents mètres. Les strates cal-
du Marboré et du Mont-Perdu. caires ou gréseuses, rougeoyantes ou
bleutées, se tordent, rehaussées d'une
L'extraordinaire canon sombre frange de Sapins. Une buée
de Niscle (7). légère s'élève, avec le gémissement
Arazas doit sa structure architec- du torrent, des profondeurs obs-
turale à ce qu'il est entaillé parallèle- cures. En contemplant Niscle du
haut de la punta Crespeiia. on voit
(7) Niscle : Anisclo, en espagnol. ouvertes les entrailles de la terre
A l'aval, les villages de Sercué et n'ont jamais usés. Par placé, elle
de Nerin reposent paisiblement dans enserre un îlot de Chênes-Verts,
un paysage stylisé où la pena Monta- témoin d'une avancée du climat
Jiesa s'encadre harmonieusement, au aride jusque dans ce sanctùaire
loin, entre les rouges verticales du d'ombre et de fraîcheur. Ici, aucune
Fraile et du Sestrale, et les pointes plaine alluviale ; la gorge est étroite,
retroussées du Bramapan et du Tozal tortueuse, coupée de redents comme
de la Virgen. Le rio Vellos, le torrent de gigantesques étraves de navires.
de Niscle, sort du débou-ché mons- Si Arazas est un temple naturel
trueux. Il s'insinue dans la flexure presque stylisé, Niscle est un chaos
même des couches, par une fissure fougueux, une extravagance sublime.
de cent mètres que franchit -le pont Et il n'y a pas dix Français par an
de San Lurbes, puis rejoint les plaines pour l'aller voir !
après un dernier et terrible parcours Sommets glacés,
à travers les gigantesques lames cal- reliques glaciaires.
caires en chicane du défilé de Las
Cambras. Du Gabiétou au Col de Niscle, sur
Dans le fond du canon remonte un 12 km-.. de long, la masse des cal-
chemin abandonné, coupé de ravines. caires gris ou dorés, et des grès
D'abord il emprunte le lit même du roux, relevée par les plis en cascade,
torrent; des balmes tapissées de sable dépasse presque partout 3.000 m.
fin s'offrent en asile
séduisant mais
trompeur, car,
dans ces pays cal-
caires, par temps
d'orage, l'eau peut
monter de plu-
sieurs mètres en
peu de minutes, et
la fuite est im-
possible entre des
murs verticaux de
trois cents mètres
d'un seul jet. Plus
loin, la piste s'élève
•et domine des
gouffres mugis-
sants. Le soleil ne
pénètre ici que peu
d'heures par jour.
La sylve de Hêtres
^t de Sapins, d')fs,
-d'Erables, de 'Su-
reaux, s'accroche
dans l'air humide
à tous ces ressauts '
-que les glaciers
Elle culmine aux trois sommets ju- aspect, le même mode de vie que
melés « las très hermanas », le Cy- leurs congénères du Spitzberg. Mais
lindre du Marboré, le Mont-Perdu, le contrairement à tant de sommets des
Som de Ramond, à plus de 3.300 m., Alpes où beaucoup d'espèces sont les
et se prolonge encore 12 km. au-delà, mêmes qu'autour du pôle, ici prédo-
vers l'est, par les Parets de Pinède. minent les espèces endémiques., spé-
A ces hauteurs, la neige persiste ciales à la chaîne pyrénéenne, témoi-
presque partout, même au versant gnage de son long isolement.
sud. Elle alimente de véritables Les traces d'anciens glaciers plus
glaciers, confinés sur les corniches étendus sont nombreuses: cirques en
ou dans des cirques en corbeilles. demi-bol, alignés côte à côte avec
Quelques-uns s'écroulent en séracs une parfaite régularité entre les Pa-
glauques, au flanc nord du Mont rets de Pinède, vallées en auge, à
Perdu, sur le Grand Lac Glacé qui fond usé, bien distinctes des vallées
simule la banquise. d'érosion karstiques. Il y a cepen-
Quand la neige d'été libère quelque dant peu de moraines, et rarement
surface, le règne végétal y prend des blocs erratiques, des roches
pied par pousses isolées : petites striées ou polies ; on observe quel-
touffes gazon riantes de Fétuques, ques-uns de ces restes il l'amont du
coussinets de Silènes ou d'Andro- barranco de Pardina, vers 2.000 m.
saces, Armoises, Renoncules à féuilles d'altitude. Plus bas, dans les canons,
de Parnassie, Véroniques nummu- les étranglements; ) les ressauts, les
laires. Ces plantes naines ont le même couches saillantes en chicane, mon-
trent bien que
les glaciers ne
se sont pas éloi-
gnés jusque-là.
Ils sont descen-
dus au maxi-
mum, dans
Niscle, jusqu'à
1.700 m., dans
Arazas jusqu'à
1.500 ou L600
m., et sur le
rebord des pla-
teaux à \ .800 m.
tout au plus.
Quelle diflé-
rence avec le
versant français
où les fleuves de
glace coulèrent
jusqu'à Lour-
des, vers 300 m.
d'altitude ! Pour
le versant sud
lui-même, les
limites inférieures des glaciations voir, autour de Gaulis, l'herbe rase
observées ici sont exceptionnellement couvrant le sol d'un tapis serré de
élevées. Elles témoignent d un climat Fétuques d'un vert vif, émaillé de
Local particulièrement pauvre en eau, fleurs naines aux coloris intenses :
relativementaride même aux époques Lotiers d'or, Myosotis d'azur, Silènes
glaciaires. roses, Jacinthes améthystes. Du côté
de la Casetta, l'herbe est plus haute :
Le lœss et les pelouses des ce sont des pelouses à grande Fétuque
hauts plateaux; une vieille brune, à Avoines vivaces avec des
histoire de climats. Scorzonères, des champs d'Iris, des
bouquets de Trolles et d'Anémones,
Au pied de la chaîne du Mont-Per- des tapis de Bleuets de montagne
du s'étendent les hauts plateaux, qui prennent un développement exu-
déserts de pierres coupés de pelouses bérant sur les anciens reposoirs à
verdoyantes. C'est une merveille de bétail. Toutes ces pelouses seraient
encore plus luxuriantes si elles Ses lambeaux les plus bas se ren-
n'étaient pas impitoyablement pâtu- contrent vers 1.500 m. d'altitude,
rées ; les limites du parc national et les plus élevés vers 2.800 m.
d Arazas ne dépassent pas, hélas ! les auprès du Pic d'Olal ; il prédomine
falaises du canon. entre 1.900 et 2.400 m. Récemment,
Les pelouses reposent toujours sur j'en ai trouvé des traces à la PeÏia
un sol de terre fine, gris beige, géné- Collarada, à 34 km., à l'ouest d'Ara-
ralement dépourvu de cailloux. Ce sol zas. Il n'existe pas au versant fran-
n 'est autre qu'un lœss, dépôt éolien, çaIS.
reconnaissable à la finesse de ses Le lœss recouvre les pentes, même
éléments, sable quartzeux et àrgile, inclinées de 20 à 30 "/o. Il tapisse
de moins de 1/100 de mm. Parfois le- certaines montagnes, comme la Ri-
lœss est remanié par le ruissellement, pareta, jusque sur le sommet, et
et alors mélangé de sables ou de cail- recouvre indifféremment les la-
loutis provenant du voisinage. piaz (8), les dalles calcaires, les
Ce lœss se trouve, en couche de éboulis.
1 à 3 m. d'épaisseur, sur tout le ver- Sa nature et sa situation excluent
sant espagnol des Pyrénées centrales. une origine française. Il provient
vraisemblablement du pays marneux
du synclinal aragonais. L'âge de son
dépôt est certainement postglaciaire,
car il occupe des vallées en auge, et
il recouvre la moraine de Pnrdina.
L'existence de ce lœss implique
divers changements climatiques. A
l'époque du dépôt, il fallait un cli-
mat assez aride dans le bas pays,
pour permettre au vent d'arracher
des poussières sur un sol à végéla-
tion plus clairsemée que maintenant.
Les vents ascendants portaient les
fines particules au revers sud de la
chaîne où elles se déposaient et reB-
taient retenues par la rosée et par
les herbes. Les hautes régions, con-
densant les nuages, pouvaient être
moins arides et plus herbeuses que
les basses collines.
Il a fallu ensuite qu'au moins une
crue glaciaire survînt. En effet, dans
les lapiaz situés jusqu'à 100 à 200 m.
au-dessous de la limite actuelle des
glaces, les fentes creusées dans le sens
de la pente sont complètement vides,
tandis que les fentes perpendicu-

(8) Lapiaz : champs de roches calcaires pro-


fondément fissurées.
laires, ou les trous
de faible diamètre,
sont pleins de lœss
presque jusqu'au
bord. Il n'y a que le
cours des glaces qui
puisse avoir nettoyé
à fond les fentes dis-
posées dans le sens
de leur écoulement.
Actuellement, par-
tout où ce tapis
végétal est entamé,
l'érosion travaille,
l'écorchure s'agran
dit. la pelouse s'ef-
fondre, le lœss est
en traîné. Les prin -
cipales causes qui
déclenchent cet ari a-
chementdu Jœss sont
les Taupes par leurs
terriers, et le piétinement du bétail. mat local ; d'abord aride dans les
On peut suivre la vitesse de recul dès plaines avec faibles pluies eu mon-
pelouses et du lœss dans les couloirs tagne, puis plus froid et pluvieux
d'érosion et les buttes témoins si avec légère avancée glaciaire, enfin
fréquents ; elle peut atteindre 10 cm. actuel, semi aride, avec pluies tem-
par an. A cette allure, il n'y aurait poraires mais violentes en montagne.
que 500 à mille ans tout au plus Tous ces changements ont pu se pas-
que l'écorchure des pelouses aurait ser depuis 10 à 15.000 ans, si les
commencé. Ne serait-ce pas à l'occa- traces glaciaires que recouvre le
sion de l'introduction des troupeaux? lœss sont d'âge wurmien, davantage
En tous cas, à l'heure actuelle, si s'il s'agit des glaciations antérieures.
la pelouse est encore capable de pro-
téger le lœss sur des pentes de 20 à Les plateaux karstiques
30°, elle ne peut plus se réinstaller et leur végétation.
sur le lœss incliné et mis à nu. C'est
donc que le lessivage actuel du lœss Sous le manteau déchiré de lœss
est plus actif que la croissance du qui les recouvre, les hauts plateaux
lacis végétal. Ce fait exprime un nou- calcaires portent les traces d'une très
vel état du climat, caractérisé par ancienne et très'profonde érosion
des étés secs coupés de violents chimique.
orages.
En résumé, l'existence et les ca-
ractères du lœss des Pyrénées espa-
gnoles, revêtu de ses pelouses, ne
peuvent s'expliquer que par des
changements postglaciaires' du cli-
bien repérées. Depuis le retrait, du gla- grandes lignes de la structure des
cier, l'érosion karstique n'a fait rectl- couches, planes ou ondulées. Mais
ler que de deux métros les lianes du dans le détail, elle est profondément
vallon hauts de dix mètres environ. altérée par les phénomènes kars-
C'est un élargissement de l'ordre de tiques.
2 centimètres /Jar siècle. A la même len- On reconnaît les formes de
quelques très anciennés vallées d'éro-
sion normale ; mais le cours des eaux
superficielles est complètement tari.
Des champs de lapiaz les occupent et
leur thalweg est semé de dolines ab-
sorbantes, communiquant avec de
profonds avens ou des grottes spa-
cieuses. Beaucoup restent à décou-
vrir ; celle qu'a explorée M. N. Cas-
teret sous le Pic Descargador en est
un exemple déjà célèbre.
Quand des alignements de grottes,
d'avens et de dolines confluent par
effondrement, un canon se creuse.
Les grands canons de Niscle et d'A-
razas. leur voisin en miniature le
Canon d'Escoaïn, n'ont pas d'autre
origine. Sur les flancs de leurs mu-
railles on voit encore des ouver-
tures de grottes, débitant parfois
L'eau en puissante cascade, parfois
sèches sauf en hiver, et qui pré-
parent l'élargissement du canon par
l'effondrement de leur toit.
Mais toute cette topographie kars-
tique est recouverte par le lœss, et
presque partout, elle est fossilisée
sous le manteau de terre fine ; son
évolution, si elle n'est pas arrêtée,
est très ralentie. Quand le lœss est
arraché par le ruissellement, les la-
piaz sont remis à nu, et ils recom-
mencent à se creuser et à se ciseler.
H y a cependant deux sortes de la-
teur, c'est par mill ions d'an nées qu'il piazqui n'ont jamaisété fossilisés sous
faudrait compter la durée de forma- le lœss : ce sont ceux qui ont une
tion des grands canons. Même en pente générale supérieure à 30 %, et
tenant compte des erreurs possibles. ceux qui se trouvent tout au bord des
il est certain que leur origine remonte grands canons. Ces derniers, en effet,
largement au cours des temps ter- onl un drainage excellent qui leur a
tiaires. permis d'évacuer le lœss au fur et
La surface des plateaux suit les à mesure de son dépôt.
Le remplacement des cours d'eau conservées comme des reliques dans
aériens par un réseau hydrographique le milieu favorable des fentes des
souterrain laisse à la couverture végé- lapiaz.
tale un rôle important dans l'évolu- Sur les dalles peu inclinées la végé-
tion du modelé. tation prend pied rapidement avec'
Dans les lapiaz, l'ombre et l'humi- l'aide de pionniers très aclifs : Sé-
dité, à l'intérieur des fentes, réalisent dums. Thym. Fétuques. Elle retient
à un certain stade de leur évolution, les débris et les poussières apportées
des conditions climatiques locales parle ruissellement et peut constituer
an-alogues au climat interne d'un un sol assez épais pour protéger la
sous-bois. Aussi les mousses sylva- roche contre l'érosion directe. Sur le
tiques et toute une flore forestière ne lœss, le couvert végétal exerce un
tardent-elles pas à s'y développer. La rôle également protecteur qui s'étend
liste du contenu végétal de certains jusqu'aux pentes inclinées il près de
lapiaz ressemble au relevé complet 30 %. Mais le travail des eaux souter-
d'ime hêtraie-, avec ses couloirs frais raines, si ralenti qu'il soit par la cou-
-à grandes her-
bes : Anémonè
hépatique, Mé-
tique penchée,
Hellébore verte,
Lis Martagon,
Fougères, etc.
Tontes ces plan-
tes peuvent con-
courir à tami-
ser, ou même
à colmater, les
issues de drai-
nage du lapiaz,
et à préparer
le comblement
des fentes, après
avoir d'abord
accéléré leur
érosion chimi-
que par l'acidité
de l'humus et
l'a corrosion-par
lesracines. Ce-
pendant, il est
étonnant de
trouver une telle
flore à plus de 2.000 m., parfois à verture végétale et par le manteau de
2.300 m. d'altitude. Il est possible lœss, peut amener de profondes mo-
qu'un réchauffement postglaciaire difications sur la flore. Tantôt le
ait relevé
.
suffisamment les étages de drainage qu sol s'exagère par agran-
végétation, et que ces plantes restent dissement des diaclases, ou abouche-
ment des fissures avec une grotte, etc. L'étage subméditerranéen
Il en résulte un dessèchement excessif, et ses niveaux d'érosion.
l'affaiblissement des plantes, la pos-
sibilité d'érosion superficielle, puis le Au pied des hauts plateaux, dès
lessivage du sol dans les fentes, l'ef- que l'on est descendu vers 1.300 m.
fondrement du tapis végétal, et le - d'altitude, les marnes éocènes pré-
sentent déjà une
végétation de ca-
ractère méditer-
ranéen. Entre
Nerin et le défilé
de las Cambras
on trouve déjà
des pentes cou-
vertes de Buis,
avec des Chê-
nes-Verts à par-
tir de San-Lur-
bes, et tout un
contingent de
flore qui témoi-
gne de la sèche- ,r
resse habituelle i.
de l'air, de la
chaleur estivale,
du faible ennei-
gement l'hiver:
Euphorbe Cha-
racias, Aphyl-
lanthes, Rue,
Lavande. Argy-
rolobe, Genè-
vrier oxycèdre.
Arbousier mê-
me, etc.
développement d'un aven ou d'une Au-dessous de 1.100 m., au flanc
doline. Tantôt l'argile fine du sol du Bramapan, commence la véritable
colmate les fissures de drainage, et si garrigue à Chêne-Kermès, avec Bra-
la surface est horizon tale, l'eau stagne chypode rameux, comme aux envi-
en hiver. la pelouse meurt, et elle est rons de Montpellier. Et 'presqu'aus-
remplacée par une vase presque nue, sitôt apparaissent les Pins Laricio (9)
craquelée en été, peuplée de quelques qui forment plus bas de vastes forêts.,
Pâturins des Alpes, Ciboulettes et Va- Dès cette altitude, la neige d'hiver
lérianes tubéreuses. Ainsi partout la est presque nulle ; et, dès que l'élar-
nappe de lœss et le modelé des cal- gissement des vallées se prête aux
caires interfèrent, dans leur évolu-
tion. avec l'activité du manteau
végétal. (9) Il s'agit du Pin Laricio de Salzmann, diffé-
rent du Pin Laricio de Cor-e.
cultures, apparaissent la Vigne, le ne porte qu'une faible épaisseur de
Maïs, l'Olivier très abondant, le galets reposant sur le socle bombé de
Figuier, le Mûrier, les Caroubiers, marnes sculptées par l'érosion.
les Amandiers. Et pourtant on n'est Plus haut encore s observe un
qu'à 19 km. du sommet du Mont- niveau morcelé, recouvert de maté-
Perdu ! riaux plus altérés, à 60-90 m. d'alti-
Les marnes gardent intacts des ni- tude relative. Et jusqu'à 300 m. au-
veaux d'érosion
étagés. Ces sur-
faces se dévelop-
pent surtout à
l'amont des
étranglements
des vallées par
les bancs plus
durs intercalés
dans les mar-
nes. Autour
d'Escalona, vers
650 m. d'alti-
tude dans la
vallée de la Cin-
ca. on trouve
d'abord une ter-
rasse actuelle
de galets d'ail u-
vion et de sa-
bles, haute de
5 mètres envi-
ron, occupée par
des cultures ma-
ratchères. Elle
est emboîtée
dans un niveau
d'érosion situé à 30-40 m. au- dessus desthalwegson peut encore re-
dessus du torrent. Ce niveau porte connaître des fragments de surfaces
le bourg de Laspuna qui pourrait llii planes avec quelques galets roulés.
donner son nom. Il se développe en En amonL du défilé de Las Cam-
larges surfaces planes, occupées par bras, la vallée de Fanlo présente une
des cultures, que l'on peut suivre sur série de buttes alignées à 200 m.
plus de 18 km. de long, d'Hospital à environ au-dessus du torrent. Les
Aïnsa. Une couverture de matériaux cultures et les villages, de Fanlo à
roulés, altérés et rougeâtres, le revêt Nérin et Sercué, y sont installés. On
sur 2 à 3 m. d'épaisseur. Au pied de peut reconnaître là encore une vieille
la pena Montanesa, cette surface se surface d'érosion extrêmement an-
raccorde à un vaste cône d'érosion cienne, si l'on en juge par le temps
qui montre le même relief qu'un nécessaire à la percée du défilé cal-
cône de déjection torrentielle, mais caire et à l'enfoncement du thalweg.
La conservation de très vieux ni-
veaux sur des terrains aussi friables
que les marnes, la maigreur des Le pays des canons de Niscle et
matériaux alluvionnés, témoignent d'Arazas, parmi des splendeurs in-
du caractère aride, très ancien et comparables> montre donc, mieux
presque constant, dans toute la con- que beaucoup d'autres, la continuelle
trée. Cette donnée s'accorde bien interaction du climat, du relief du
avec l'existence d'un front pyrénéen sol, et de la végétation. Il révèle
collecteur des pluies, avec la pré- quelques traces de l'histoire passée
sence du lœss sur les hauts plateaux, du climat, mais d'un climat régional
avec le caractère xérophile et médi- bien différent de celui du versant
terranéen de la végétation. Les français. 11 impose l'attention devant
hêtraies et sapinières cantonnées à la grandeur des forces naturelles qui
l'ombre des grands canons, sont les modèlent la face de la terre.
antiques reliques d'une période hu-
mide et passagère, et se trouvent Toutes les photographies sont de
maintenant tout à fait isolées. l'auteur.
L'ORIGINE DE LA " CITE DES CÔTES "
DE CLERMONT-FERRAND '
par
A. et L. TAVERNE

M. Busset, conservateur du musée cité gauloise (Gergovie ?) ou, plus


de Clermont-Ferrand, a signalé au anciennement ligure.
monde savant l'existence, insoup- L'hypothèse suivante démontrerait
çonnée jusqu'alors, d'un vaste oppi- que l'antériorité invoquée n'est pas
dum, qui occupe il 2 kilomètres de réelle, et elle aurait, de plus, le
celte ville le plateau des Cotes. mérite d'expliquer comment un site
La surface, de 300 hectares envi- archéologique aussi étendu et aussi
ron, en grande partie inculte, recèle proche d'une grande ville, ait pu
de nombreux, vestiges de murs de rester si longtemps ignoré de tous.
huttes de pierre d'un type singulier L'architecture de la Cité des Cotes
et la l'alaisp qui l'entoure présente présente un singulier caractère : elle
des fragments de murailles dont le évoque d'une manière frappante la
plan à grande échelle parait déceler construction arabe, demi cylindrique
un système de remparts cohérent et ou hémisphérique, la kouba et le
de forte résistance. marabout cubique à coupole ronde
Tons ces édifices sont constitués dont sont constitués, depuis des
de pierres brutes sans liaison de ci- siècles, les édifices de l'Asie mineure
ment. M. Bllsset les oppose il d'autres et de l'Afrique du Nord (2).
vestiges trouvés au centre du pla- Les remparts également semblent
teau. murs liés d'un enduit, tuiles être du type sarrazin (3) ; il n'est pas
romaines il rebords et poteries ro- vraisemblable, en tout cas, que ces
maines ; il conclut que les huttes en murs soient antérieurs il la conquête
pierre sèche, les remparts de basalte romaine ; sinon, on ne s'explique-
sont antérieurs à l'occupation ro- rait pas que les Gaulois ne s'en
maine et qu'ils se rapportent à une

(2) Les coupoles des Côtes, il est vrai, au lieu


la Terre el lit Fie, à deux reprises, dans d'être à voussoirs, comme celles des marabouts,
Nouvelles el Informations (Voir T. III, 1). Mses el sont constituées de pierres plates posées en en-
p. 634 a tenu ses lecteurs nit courant de la Cité
corbellement ; cette différence peut s'expliquer
des Côtes de Clermont Elle n'hésite pas, à titre si l'on considère 'jue les tribus de l'invasion ne
documentaire, à publier aujourd'hui l'article de disposaient ni des artisans spécialisés, ni des
lU" A el L. Taverne, sur le même sujet, étant outils aopropriés auxquels recourent les groupes
bien enlendu. tfiie la rédaction ne prend sous sa sédentaires.
responsabilité aucune des opinions émises par les 3> Voir notamment " L'Illustration ". du
auteurs (N 1) 1. R. Î. 25 Février
soient pas inspirés pour la protection moins, le refoulement total des
de leurs autres oppida, non plus que petites colonies sarrazines d'avant
les Romains dans la période de la garde ou des tronçons—de l'armée
conquête. dispersée.

L'existence d'une cité sarrazine Nous en avons des preuves abon-


dans cette région est-elle admissible? dantes: : la ville de Castelsarrazin,
Evidemment, car les envahisseurs la côte des Maures, les villages
de l'Espagne en 711, vinrent pousser tourangeaux d'origine arabe sur Le
leurs infiltrations jusqu'au cœur de plateau de Sainte-Maure, le Val-
la France dans les années suivantes, romey avec ses familles du nom
et si Charles Martel a battu en 732 à de Mahomet, etc.
Poitiers, l'armée régulière du calife. Ce noyau arabe, réfugié sur les
qui se proposait la conquête du pays, côtes de Clermont. où il s'est fortifié
il a suffi au vainqueur d'avoir assuré après l'alerte de 732, vivait de la cul-
ainsi la sécurité du royaume : il n'a ture et probablement aussi de razzias
pas tenté, il n'a pas achevé du faites sur le voisinage, razzias pour
lesquelles les remparts lui assuraient rait pas l'existence de ce foyer d'in-
l'impunité. fidèles.
Bien entendu, s'ils construisaient C'est pour celte raison qu'il aurait
leurs cases dans le style arabe, ces choisi Clermont-Ferrand pour y
Maures ne recouraient point à leurs prêcher la première croisade en 1095,
coreligionnaires, aux artisans espa- et sans doute ses prosélytes inaugu-
gnols ou africains, pour les meubler ; rèrent-ils la guerre contre les païens
c'est autour d'eux qu'ils s approvi- par un massacre de la tribu sarrazine
sionnaient de poteries et d',outils ; qui insultait la chrétienté aux portes
c'est pourquoi on trouve, près de de Clermont.
leurs demeures, des poteries du type Rambaud, dans son Histoire de la
gallo-romain de peu antérieur à cette civilisation française (T. 1, p. 186)
époque.
Il est d'ailleurs certain que le pla-
teau lut occupé avant eux et qu'il
recèle également des restes romains,
tuiles et murailles, et des vestiges de
nos plus lointains ancêtres, voire
d'un oppidum (de Gergovie peut-
être), qui avait paru aux SarraÚris
d'une situation très favorable en vue
de leur installation. Cependant, on
ny mentionne pas de pierres à
cupules, menhirs, dolmens, témoins
qui doivent, semble-t-il, accompa-
gner toute cité un peu importante de
l'époque ligure.
Notons ici que l'inventeur, M. Bus
set, reconnaît lui-même le caractère
arabe de la cité en cause ; il
l'explique en disant que l'Auvergne
a subi, à toutes les époques,
rinfluence espagnole ; mais cet argu- expose que les Croisés avant, leur dé-
ment ne peut qu'appuyer notre thèse. part, commencèrent par exterminer
car l'Espagne n'a pu nous inspirer les juifs de France et d'Allemagne ;
un art oriental qu'après avoir reçu si nous remontons de quelques
elle-même empreinte arabe, c'est-
1 années seulement dans notre his-
à-dire postérieurement à. la conquête toire, on se souviendra du pillage,
de l'an 711. à Paris même, de certaines boutiques.
Notre cité de Sarrazins était donc On ne prit pas le temps de démo-
un repaire fort mal vu de ses voisins lir les cases, on partait pour la croi-
dans les deux siècles qui suivirent sade. et quand on en revint après
la bataille de Poitiers. trois ans, l'enthousiasme tombé, les
Le pape Urbain 11, né en buissons embrassaient la cité jus-
France, soit, qu'il eût occupé le qu'au faite. C'était d'ailleurs un lieu
siège épiscopal de Clermont avant rempli de cadavres et maudit, qu'il
de coiffer la tiare, soit qu'il ait été fallait se garder de fouler aux pieds,
renseigné par ses évêques, n'igno- et cette consigne entrée dans les
mœurs, s'observa jusquen 1932, qu'en 1850, au paiement des impôts
alors que les motifs qui l'avaient ins- et à la conscription, et tenus jusqu'à
pirée étaient depuis longtemps ou- cette date pour quelque peu larrons.
bliés. Peut-être, si l'on recueillait auprès
Quelques Sarrazins échappèrent-ils de ces deux tribus leurs vieilles lé-
au massacre ? C'est possible, voire gendes, y retrouverait-on le souve-
certain. Ils se seraient enfuis vers nir de leur ville Clernftontoise, du
l'Est, réfugiés dans les bois de la massacre par les Croisés et de la fuite
Madeleine, près de Lavoine (Allier) : en forêt.
ils auraient été les ancêtres de la tribu En tout cas, elles sont une preuve
des Pions. ou de celle des Chargue- de plus de la persistance, dans nos
rods (1) (près Chatel-Montagne),- régions du centre, de tribus sarra-
hameaux de mœurs singulières, dont zines après la bataille de Poitieis.
les habitants se mariaient exclusive- (voir Perrot, Folklore du Bourbon-
ment entre eux, se refusant, jus- nais, Paris, Leroux, 1908).
Au surplus nous ne présentons ici
qu'une hypothèse pour 1 histoire de
arabe : chargui oriental, pluriel charar
(1) Cf.
la cité des Côtes, et nous laissons aux
puine, dont on a fait Sarrazin. Dans la région savants plus qualifiés, le soin de
1 on nomme Changyrods. Pouillerods les habitants l'apprécier.
des communes de Changy. de Pouilly. etr.
NOTES SCIENTIFIQUES

Sous ce titre de « Votes Scientifiques », la Terre et la Vie, inaugure dans le présent


numéro — et sur la demande d'un certain nombre de ses lecteurs — une nouvelle rubrique
destinée à donner asile à des communications d'ordre purement scientifique, et de nature
biologique ou systématique.
On ne devra dune pas s'attendre à retrouver cette rubrique dans tous les numéros,
mais seulement chaque fois que l'occasion s'en présentera (n. d. t. r.).

UN TINGIDE NOUVEAU
PROVENANT DE BORNEO ET DE MALACCA1"
par
Carl J. DRAKR, Ames, Iowa (U. S. A.).

Phyllontochel a admiranda, n. sp.


Voisin de Il. erosa Fieber. mais en dit-
férant par l'area costale entièrement et
largement brune ou jaunâtre et sans fascie
transverse, un peu plus large que chez le
P. erosa. et le paranolum moins saillant
en avant.
Pronotumd'un châtain noirâtre, le pro-
longement triangulaire brunâtre ; carènes
latérales divergeant postérieurement, la
carène médiane indistincte postérieure-
ment. Capuchon large, en quelque sorte

(1) Traduction de Mlle M. Brin. — Les Tingi-


dides sont des Hémiptères Gymllocérates. Ce
sont de jolies petites Punaises aplaties. dont le
thorax et les hémélytres sont ornés d'une ponc-
tuation ou d'une réticulation en forme de cel-
lules qui leur donnent l'aspect de minuscules
morceaux de dentelle. Les pattes antérieures
sont insérées sur la marge postérieure du pros-
ternum ; les tarses sont formés de deux articles.
Une espèce de cette famille. le Stephanilis
pyri F.J connu sous le nom de « tigre du Poi-
rier » commet des dégâts importants sur les
Poiriers et les Pommiers d'Europe.
globuleux, un peu plus long que haut. cellules plus claires et presque transpa-
Paranotum largement brun ou jaunâtre. rentes; area subcostale très étroite com-
Tète noirâtre, armée de cinq longues posée d'une seule rangée-d'aréoles ; area
épines émoussées et robustes. Tubercules discoïdale large, longue, s'étendant au
antennifères longs, spinuliformes, pro- delà du milieu de l'élytre, composée de
longés au delà du milieu du premier seg- plusieurs rangées d'aréoles. Pattes d'un
ment antennaire. Antennes modérément brun rougeâtre sombre. Rostre long, attei-
longues, d'un brun rougeâtre foncé ; pre- gnant environ l'extrémité du premier seg-
mier segment considérablement plus ment ventral.
mince et près de deux fois et demie plus Long. 8,04 mm., larg. 5,4 mm.
long que le deuxième ; troisième segment Type. — Bornéo, au Muséum National
légèrement plus de deux fois plus long d'Histoire Naturelle de Paris; aussi Para-
que le quatrième. type : Malacca, coll. G. Fallou. Paratype:
El y tres très larges, encore plus larges à Bornéo, coll. G. FaUou, dans la collection
l'apex ; brun foncé ou jaunâtres; quelques de l'auteur.
1

VARIÉTÉS :

LE BARBEAU D'HAÏNAN Comme je l'ai montré l'année dernière


(1) l'espèce se retrouve sur le continent,
Le genre Barbeau ou Barbus de la dans les eaux douces du Tonkin, situé
familledes Cyprinidés estun desplus vastes comme on sait juste en face de l'île d'Hai-
de la classe des Poissons. Répandu dans nan, la plus méridionale de la Chine.
tout l'Ancien Continent, il se montre sur- Sans vouloir m'étendre longuement sur
tout abondant en Afrique -où on en compte les caractères de l'espèce que j'ai figurée
plus de 300 espèces, dans le sud de ici, je ferai remarquer seulement que chez
l'Asie et en Malaisie. C'est de ces der- ce Poisson la nageoire dorsale comprend
nières régions que proviennent principale- 3 rayons simples, le dernier ossifié et
ment les petites espèces cultivées en aqua- denticulé en arrière et 7 ou 8 rayons mous,
rium par les amateurs de Poissons d'orne- l'anale 3 rayons simples et 5 branchus. Il
ment. Les plus connues sont indiennes n'existe qu'une seule paire de barbillons.
comme le Barbus ticto H'amilton Bucha- Les écailles sont grandes, au nombre de
nan, le B. conchonius Il. B., le B. phutunio 23 à 25 le long de la ligne latérale, de
11. B., pour n'en citer que
quelques exemples.
Toutefois il va de soi
que, sans parler de l'Afrique
dont plusieurs formes à
coloris fort agréable ont
déjà été introduites en Eu-
rope, il n'y a pas que l'Inde
capable de fournir des
Barbeaux susceptibles d'in-
téresser les aquariophiles.
Le petit Barbeau qui fait
l'objet de cette note en est
la meilleure preuve. Origi-
naire des rivières de l'ile
chinoise d'Hainan, il n'est
pas connu depuis long-
temps. C'est, en effet. Karl Lohberger, du 4 1/2 ou 3 entre celle-ci et l'origine
Musée d'histoire naturelle de Vienne, de la nageoire ventrale.
en Autriche, qui le décrivit le premier La coloration est agréable. Le dos est
( t) en mai 1929 sous le nom de Barbus jaunâtre ou brunâtre, les flancs et le
Haïnani d'après des échantillons dus à ventre argentés, tirant sur le doré à l'état
Owston. mesurant 25 à 78 millimètres de de vie. Les côtés sont ornés de 5 ou 6
longueur et provenant, pour la plupart du barres verticales noires, assez étroites
fleuve Kan Kong. eutremêlées de petits points, noirs égale-

(1) Zoologischer Anzeiger, 84, 1.4 1929 p. 49. (1) Bull. Soc. Zoologique France. 1932. p. 155,
meut, le tout formant un dessin assez LA PRODUCTION DE LA CIRE
singulier et peu habituel chez les Bar- CHEZ ,LES INSECTES
beaux, généralement beaucoup pluarégu- Tout'le monde sait que l'Abeille pro-
lièrement fasciés. duit de la cire. C'est une substance qu'elle
Jadis Cuvier et Valeaciennes désignè- secrète afin de construire les cellules où
rent sous le nom de Trachynote myriade, elle emmagasin&,son miel et où elle élève
un Carangidé de la côte occidentale ses larves. Elle la produit, d'ailleurs, uni-
dorique qui portait assez nettement quement dans ce but, et lorsqu'il lui est
marqué sur les flancs le chiffre de 10.000. nécessaire d'en secrèter ; si on lui fournit
Il y a, toutes proportions gardées, quelque la cire dont elle a besoin, elle ne se donne
chose d'analogue chez notre petit Bar- pas la peine d'en fabriquer elle-même.
beau, mais là le j chiffre indiqué serait à D'autres Insectes, cependant, donnent
peu près 1.111.110... aussi de la cire. Ce sont des Hémiptères,
Cette curieuse espèce est maintenant c'est-à-dire des membres du même ordre
visible en France. En effet, M. le lieute- que les Punaises, les Pucerons et le Pou
nant-colonel vétérinaire Houdemer vient de San José.
à
de rapporter du Tonkin r aquarium de la
Ménagerie des Reptiles du Muséum tout
La famille de ce dernier, les Cocoides,
renferme un certain nombre d'Insectes
un petit lot de ces intéressants Poissons. utiles, la Cochenille du Nopal, les produc-
Ceux-ci proviennent des mares et ruis- teurs de laque et enfin ceux qui donnent
seaux de Tong près Sontay et de Dap-Can. de la cire. Celle-ci, comme d'habitude est
M. le lieutenant-colonel vétérinaire et excrétée par l'animal, (lui s'en recouvre
Madame Houdemer ont conservé en aqua- comme d'une .carapace, épaisse relative-

riumpendant 18 mois, chez eux, à Hanoï ment à sa taille.
plusieurs de ces gentilles bestioles, me- Le plus intéressant de ces Coccides est
surant tout au plus 6 ou 7 cm. de lon- l'Insecte à cire de la Chine, l'Ericerus
gueur. ILs les nourrissaient de chair et Pe-La, que les Chinois appellent La-
d'œufs de petites Crevettes d'eau douce, Tchong, et qui, vivant sur un grand
des Caridines, de vermicelle cuit et de nombre d'arbres indigènes, est, par con-
larves de Moustiques. séquent, d'une culture facile.
Pendant le voyage qui a duré un mois Il est en effet cultivé depuis fort -long-
les Poissons placés dans un aquarium temps — au moins depuis le XIIIe siècle —
portatif de 5 litres environ, ,se sont bien et fait l'objet, principalement dans le Sse-
comportés, se contentant pour tout ali- Tchuen d'un commerce très important.
ment, de débris de madeleines et de C'est ainsi que, les œufs, recueillis à la
brioches. Sur 25 individus environ, il n'y fin d'avril, sont transportés avec beaucoup
a eu qu'une seule perte. Arrivés à Paris le de soin et déposés sur les arbres nourri-
13 novembre dernier, ils ont été placés ciers. Il en sort un Coccide, dont le mâle
dans la Ménagerie du Muséum dans est ailé, mais dont les femelles aptères se
l'aquarium, où ils ont vite fait de s'accli- fixent par leur suçoir sur les branches, où
mater. Ils sont amusants à observer, à leur accumulation forme d'abord une
cause de la rapidité et de la grâce de leurs sorte de gaine écailleuse plus ou moins
évolutions. Ils se tiennent rassemblés continue. Par la suite, la cire apparaît,
dans un coin du récipient, attendant qu'un recouvre le tout, et les femelles d'Erice-
des leurs s'élance vers l'autre extrémité ; rus meurent sur place, laissant, sous leur
alors on les voit se déplacer tous en- petite carapace, une provision d'œufs.
semble en troupe joyeuse il la suite de Pour récolter la cire, on ràcle les
leur compagnon. branches, ou bien on les casse pour les
Nul doute que cette jolie petite espèce, plonger dans l'eau chaude. La cire obte-
si elle arrive à se reproduire, ne soit bien- nue est parfaitement blanche, plus dure
tôt vivement recherchée par les aquario- que celle de l'Abeille, et se résout, lors-
philes. qu'on l'écrase, en une poussière sècl\e. La
Dr Jacques PELLEGRIN. Chine en produit d'énormes quantités
qui servent à la fabrication des bougies longue corne courbée, en toit de pagode,
de luxe, mais il est très rare qu'elle soit etc. Chez une espèce de ce genre, la tète,
employée pure ; vu son prix élevé on lui considérée de profil, offre une étrange
adjoint généralement une certaine quan- ressemblance avec celle d'un Crocodile !
tité de graisse animale. Les Phenax n'offrent point ces particu-
L'Ericerus Pe-La pourrait-il- être cul- larités : leur tête est petite et normale.
tivé ailleurs que daus son pays d'origine ? La plus intéressante espèce, connue sous
La chose, théoriquement, parait assez le nom de Phenax auricoma, est un
probable, mais il ne semble pas qu'elle Insecte brun, de 3 à 5 centimètres de lon-
ait été tentée. En 1858, la Société Natio- gueur, dont les ailes, quand elles sont au
nale dAcclimatation proposait un prix repos, sont allongées sur le corps, en
« pour l'acclimatation, en Europe ou en toit, à la façon de certains Papillons noc-
Algérie, d'un Insecte producteur de cire, turnes. La cire, chez cette espèce, exsude
autre que l'Abeille ». Ce prix resta au de toutes les parties du corps, même des
concours pendant de longues années, et nervures des ailes. Mais c est l'abdomen
ne flit jamais décerné. La seule initiative qui ea produit la plus grande quantité ;
qu'il suscita fut celle d'un missionnaire elle forme, derrière l'Insecte, une touffe
apostolique Mgr Perny, qui, en 1859, de filaments blanchâtres, dont certains
apporta eu Frauce l'Insecte chinois et un atteignent parfois plus du double de la
pied vivant de l'arbre sur lequel il l'avait longueur de son corps.
récolte. Ces Hémiptères produisent donc de la
On rencontre, dans di-verses autres con- cire en abondance : il ne semble pas que
trées, des Coccides producteurs de cire, cette production soit utilisée. Peut-être
mais qui ne sont pas exploités. Aux Etats- est-ee parea -que-le besoin ne s'en fait
Unis, au Brésil, dans l'Inde, et même pas sentir: il y a en effet des Abeilles,
dans la France méridionale, où le Cero- d'espèces diverses, mais toutes produc-
plastes rusci en produit une quantité qui trices de cire, dans toutes les parties du
pourrait être intéressante : malheureuse- monde.
ment, il vit aux dépens des Figuiers, si G. PORTEVIN.
bien (lue l'on est obligé de le considérer
comme uu Insecte nuisible et de le traiter L'AVOCAT, FRUIT DÉLIOIEUX
comme tel.
D'autres Hémiptères, encore, secrètent L'Avocat est un curieux et délicieux
de la cire : nous ne croyons pas que leur fruit "qui croît dans l'Amérique tropicale
production soit utilisée, mais il n'en est et plus particulièrement au Guatémala.
pas moins intéressant de la signaler. Parce que ce fruit savoureux est appelé
A Madagascar,les Flata sont des Insectes « Avocat », il ne faudrait pas supposer
d'un assez curieux aspect. Leurs ailes qu'il ait une relation linguistique ou sym-
supérieures sont cornées, quoique minces, bolique avec un maître du barreau ! Le
de forme trapézoïdale, et de couleur terme est une modificationde « aouacaté »
rouge, verte ou fauve pâle ; les inférieures mot de la langue des Caraïbes, tribu qui
sont membraneuses et blanchâtres. Le peuplait les Petites Antilles à l'arrivée des
tout, quand l'Insecte vole, rappelle assez premiers Européens.
bien le facies d'un Papillon. Ici, c'est sur- Ce « aouacaté )> que les populations de
tout la larve dont l'abdomen secrète de langue espagnole appellent « avocado »
longs filaments cireux. ou « abocado » et nous, Avocat, est peu
Au Mexique appartiennent les Phenax, connu en France. Beaucoup plus délicat
plus curieux encore. Ceux-ci sont appa- que l'Ananas et la Banane, il ne supporte
rentés aux Fulgorides, ces bizarres Insectes pas les longs transports et demande à
à la tête étrangement gonflée, de façon à être, consommé quelques jours après la
affecter lés formes les plus inattendues. cueillette.
Tantôt elle forme en avant une sorte Comme forme, l'Avocat ressemble à ces
d'ampoule en poire, elle se développe en grosses Poires dites « de curé » que l'on
vend en grandes quantités à Paris. Mais, à décrire, car nous n'avons- enFrance
ainsi qú'on va le voir, cette ressemblance aucun fruit pouvant nous servir de com-
s'applique uniquement à la forme exté- paraison. Nous pouvons seulement dire
rieure. que, très riche en éléments nutritifs,
En effet, la peau, dont la couleur varie plus goûtée que celle de la, Bauane et
du vert au violet pourpre, est résistante, de l'Ananas, la chair de l'Avocat, au
bouquet exquis, est tout à
fait savoureuse.
Au centre, nous rencontrons
un énorme noyau recouvert
d'une sorte de peau très fine
et se détachant de lui-même
lorsqu'on ouvre le fruit.
Ce fruit est une ressource
alimentaire de très grande
importance, partout où il
croît.
On le mange « nature »,
soit au commencement du
repas, soit à la fin. On peut
aussi l'accommoder en salade.
Quel que suit le mode em-
ployé, c'est une nourriture
attrayante, à condition que le
fruit ait été recueilli au bon
moment.
Au Guatémala, les Indiens
cassent le fruit eu deux moi-
tiés, sans se servir du couteau.
et, parfois, saupoudrant de sel
la pulpe, avant de l'attaquer.
A l'aide d'un morceau de
« tortilla » (petite galette de
Mais), ils « tapent dans la
masse », comme nous le fe-
rions avec un morceau do
pain et une motte de beurre.
Dans les restaurants, 0(1
trempe des tranches d Avocat
-
dans la soupe, au moment de
la servir. Elle y gagne une sa-
veur t(jute spéciale.
Enfin, en écrasant complè-
tement la pulpe et en la pé-
mince, et se pèle sans l'aide du couteau. trissant avec du vinaigre, du sel, du poivre
Sous, cette peau se trouve une épaisse et des oignons finement hachés. on obtient
couchede pulpe, couleur crème ou jaune un plat tout à fait agréable.
ne renfermant pas la moindre trace de On tire de l'Avocat une huile qui s'em-
membranes ou de fibres et qui, pour ploie avec succès contre les brûlures. Les
cette raison, donne absolument l'impres- Indiens du Guatémala ont la conviction .
sion de fondre dans la bouche, comme que la pulpe frottée sur les cheveux et sur
le ferait un mprceau de beurre. le cuir chevelu arrête la calvitie.
Cette pulpe possède une saveur difficile Le noyau, qui est très riche en tanin,
est réduite en une pou.lre que l'on fait dance considérable. Un seul arbre donna,
bouillir dans un peu d'eau. C'est un remè- chez les petites variétés, près de 3.000
de très efficace contre la dyssenterie et les fruits, pesant chacun de 250 à 300 gram-
dérangementsintestinaux. mes, ou, chez les grandes variétés, 1.000
L'arbre qui produit l'Avocat, l'Avoca- fruits pesant chacun de 500 à 600 grammes.
tier (Persea gratissima), appartient à la Nous avons noté que l'Avocatier est
famille des Lauracées. comprenant Jes assez élevé. Pour cueillir les fruits, on les
Cauneliers et les Camphrées. Il peut abat tout simplement, en lançant de
atteindre une vingtaine de mètres de lourds bâtons dans les branches, ou encore
hauteur. Comme il pousse plutôt rapi- en les cognant avec une longue perche.
dement et que son développement est Par bonheur, les fruits, en tombant à
achevé au bout d'une dizaine d'années, on terre ne s'ab;menl pas, comme le font.
l'utilise dans les plantations de Café p jur en pareil cas, les Poires et les Pommes de
fournir dal'ombrage aux jeunes Caféiers nos pays, qui perdent leur valeur de
qui réclament de la chaleur, mais ne peu- <.(
fruits à couteau », dès qu'elles ont subi
vent supporter les rayons directs -du unchoc.
soleil. Le moment favorable à la cueillette est
assez difficile à déterminer. Si le fruit est
L'Avocatier ne commence à produire cueilli trop tôt, sa chair n'a pas encore
qu'au bout de six ou huit ans, mais il peut acquis son « fondant » et sa saveur. S'il
continuer jusqu'à cinquante ans, donnant est trop tard, celte pulpe devient si
ses meilleurs fruits vers l'àge de vingl- molle que le fruit n'est plus transportable
cinq à trente ans. et doit être mangé immédiatement.
La récolte qu'il fournit est d'une abon- Pour certaines variétés, le problème est
facilement résolu ; l'enveloppe extérieure Il croit sur la côte Est et dans le Sambi-
se revèt d'une nuance ^indiquant la matu- rano.
rité.- Pour les autres, le fruit ne change Tel est ce fruit, du nom bizarre d'« Avo-
pas de couleur ; il est de règle d'attendre cat », délicieux entre tous, dont les
que l'arbre soit en complète 11 oraison Américains reproduisent avec succès, en
avant de commencer la cueillette. Californie, et en Floride, depuis quelques
-Et, c'est une particularité de l'Avocatier années déjà, certaines variétés suscep-
que ses fruits sont si solidement attachés tibles de réussir, également chez nous,
qu'ils ne tombent jamais d'eux-mêmes, sous notre climat méditerranéen.
comme le font la Poire et tant d'autres
fruits. L. KUENTZ.
La saveur des Avocats augmente consi-
dérablement, lorsqu'on les conserve quel- LES CHAMPIGNONS VÉNÉNEUX
ques jours dans une caisse remplie de
paille ou de foin, et placée dans une pièce Les Champignons vénéneux ont été déjà
exposée au soleil. Les Indiens obtiennent l'objet de nombreux travaux et leur étude
des résultats plus rapides en Tangeant les a fait, dans ces derniers temps, un progrès
fruits sur des claies fixées assez haut au- considérable. Un article de M. Marcel Jos-
dessus du foyer de leur hutte. serand, dans la Revue scientifique, résuiue
L'Avocatier présente cette autre particu- d'une façon très claire, les connaissances
larité fort remarquable qu'il pousse et actuelles sur ce sujet. Nous eu extrayons,
prospère à des altitudes très variées, à pour nos lecteurs, les renseignements
condition qu'il reste sous les tropiques. suivants.
Une espèce originaire des Antilles ne Les Champignons, pris dans leur
prospère qu'à une altitude inférieure il ensemble, présentent, en vertu des nom-
3u0 mètres. C'est exprimer qu'il lui faut breux poisons qu'ils renferment, tous les
le maximum de chaleur et d'un bout de degrés de toxicité, depuis 0 (Champignons
l'année à l'autre. comestibles), jusqu'à 100 (Champignons
D'autres espèces ne donnent pas de fruits mortels).
dans les terrains élevés il moins de 300 En ce qui concerne les premiers, c'est-
mètres ou 350 mètres au-dessus du niveau à-dire les espèces comestibles, il est inté-
de la mer. A mesure que l'altitude s'élève, ressant de signaler que certaines pei-
on rencontre d'autres variétés acclimatées sonnes fout preuve, à leur égard, d'une
à d'autres conditions climatériques. intolérance marquée. Mais il n'y a là rien
Il existe une espèce qui donne de beaux d'étonnant, le même phénomène se pro-
et nombreux fruits il une altitude d'envi- duisant avec d'autres aliments, fraises,
ron 800 mètres, c'est-à-dire une région Poisson, etc ..
sujette à des gels, bien que située sous Il y a encore lieu de retenir la toxicité
les tropiques. soudaine de certaines espèces, le Clito-
Il va de soi qu'à cette variété cybe nébuleux, par exemple, dont nous
d'altitudes correspond une variété dans avons entretenu nos lecteurs dans La Terre
les époques de maturité. Et c'est ce qui et la Vie (N° 5, 1933). La cause des acci-
explique pourquoi, dans un pays chaud dents occasionnés de teinps en temps par
et montagneux comme l'est le Guatémala, ce Cryptogame, ordinairement très bon
on peut trouver des avocats d'un bout à comestible, reste encore inexpliquée.
l'autre de l'année. Quant aux Champignons essentiellement
Par exemple, les arbres poussant à nocifs, ils se divisent, suivant M. Josse-
plus de 2.000 mètres donnent leur récolte rand, en sept groupes, possédant chacun
de mai à août, alors que ceux qui pous- un poison particulier : parfois môme deux
sent à moins de 1.000 mètres fournissent de ces poisons sont réunis dans la même
des fruits de novembre à février. espèce.
L'Avocatier a été introduit à Bourbon On rencontre, d'abord des Champi-
et à Madagascar, en 1803, par Michaux. gnons simplement purgatifs, ce sont les
Clavaires : comme ils déterminent seule- est en effet détruit par la chaleur, et c'est
ment de la diarrhée, il n'y a pas lieu de ce qui explique que telle espèce ait été
s'en inquiéter. nuisibledanscertains pays,alorsqu'elleest
Les Champignons âcres, qui sont des couramment consommée, sans le moindre
Russules ou des Lactaires, produisent inconvénient, dans d'autres contrées.
une forte irritation gastro-intestinale, ce Enfin, nous arrivons au point extrème,
n'est pas non plus une indisposition c'est-à-dire aux Champignons mortels ou à
inquiétante. empoisonnement phalloïdien. Pour ceux-
Viennent ensuite les Champignons à ci, nous rappellerons que les premiers
atropine, l'Amanita muscariaetpantherina. symptômes d'intoxication ne se produisent
Ils contiennent deux substances nocives que très tard, en général de 8 à 12 heures,
qui sont la muscarine et une myco-atro- après leur ingestion ; mais ou peut ne les
pine. Mais la substance la plus agissante ressentir qu'après 20 heures et même
n'est pas la muscarine, comme on l'avait plus tard.
cru tout d'abord. C'est la myco-atropine Ces Champignons ne sont pas très nom-
et par suite, il n'est pas correct d'appeler breux : tous les auteurs récents s'accordent
cette forme d'intoxication muscarinienne pour n'en reconnaitre que trois, l'Ama-
ou, plus exactement, muscarienne : le nite phalloïde, et l'Amanite de printemps
terme le plus juste est atropinienne. qui n'en est vrai semblablement qu'une
Les espèces qui ne contiennent que de forme, et enfin l'Amanite vineuse. M. Jos-
la muscarine provoquent un empoisonne- serand y ajoute la Lepiola helveola, qui
ment spécial, caractérisé par une sueur est, en ellet, une espèce très dangereuse,
très abondante, pour lequel M. Martin- sans être toutefois aussi violente que les
Sans a proposé le nom de sudarien. Ces trois autres.
espèces appartiennent aux genres Inocybe Il faut bien dire que le remède certain
et Clitocybe. C'est une des formes d'empoi- à ces empoisonnements n'est pas encore
sonnement les moins redoutables, par- indiscutablement trouvé. Le sérum anti-
ce que c'est la seule dont on connaisse le phallinique du 1), Dujarric de la Rivière
contre-poison efficace, qui est le sulfate est difficile à préparer, plus difficile encore
d'atropine. à conserver, de sorte qu'il n'est guère uti-
D'autres Champignons produisent une lisable dans la pratique. La méthode du
gastro-entérite grave, caractérisée par des Dr Limousin est plus facile à appliquer,
vomissements répétés, et une diarrhée mais elle n'a pas encore fait suffisamment
abondante : ces accidents sont causés par ses preuves ; on peut toutefois, en cas
deux espèces seulement et, particulière- d'urgence, y avoir recours sans inconvé-
ment, par [ 'Entolome livide. Ils n'ont pas, nient.
généralement, une terminaison fatale, Le mieux est évidemment de ne point
mais sont très douloureux. en avoir besoin et M. Josserand a parfaite-
Les Champignons hémolytiques (Ama- ment raison de recommander la propaga-
nite rubescente, Morilles, etc.) ont causé tion de la connaissance des Cryptogames
surtout des accidents en Allemagne, en vénéneux, surtout de l'Amanite phalloïde,
Autriche, et plus spécialement dans le car 98 % environ des cas mortels lui sont
Tyrol,par suite d'une cuisson insuflisante. imputables.
Leur principe nocif, l'acide helvellique, G. POHTEVIN.
NOUVELLES
ET INFORMATIONS

Ephémérides du Muséum. — Au Jlu- les campagnes, des œufs de Pâques peints


sée d'Ethnographie du Trocadéro. — Le au batik, etc...
10 novembre 1933 avait été inaugurée la Le professeur Al, Tzigara-Samurcas,
nouvelle salle de Préhistoire exotique. directeur du Musée national de Bucarest,
Cette inauguration eut un succès consi- délégué par des fondations d'art créées
dérable, tous les visiteurs s'accordant à par le Roi Carol II. était veiu spécia-
louer l'intérêt des collections réunies et lement pour installer les collections et
leur séduisante présentation. assister à leur inauguration.
Notons les douze pierres levées et D'autre part, dans les galeries d'Afrique,
sculptées de Tondidaro (Soudan), rap- le public peut admirer un tambour monu-
portées par H. Clérisse, le bel ensemble mental en bois sculpté, chef d'œuvre
de reproductions concernant l'art rupestre de l'art de la Côte d'Ivoire, offert par le
africain. Les spécialistes ont pu examiner Gouvernementde cette colonie à la suite
d'intéressants spécimens d'industrie li- d'une démarche effectuée par M. Paul
thique de l'Afrique du sud, de l'Oubangui- Morand, l'écrivain bien connu.
Chari, du Congo français, du Congo belge, Près de ce tambour a été placé un
d'Abyssinie. du Kenia. du paléolithique admirable exemplaire de ces grandes effi-
inférieur de l'Inde, une série de Chou- gies de Nimba, déesse de fécondité chez
Kou-Tien (gisement du Sinanthrope), la tribu Baga ; cette pièce a pu être
du mésolithique et du néolithique du rapportée par M. Labouret lors de sa
Japon, etc, etc... dernière mission en Guinée.
Le 1.9 décembre dernier, nouvelle inau-
guration d'une première section du dépar-
tement d'art populaire et d'ethnographie
d'Europe. A la Société des Amis du Muséum. —
Cette section, consacrée à la Roumanie, La Société des Amis du Muséum nous a
doit le jour à la générosité du Gouver- donné en décembre 1933, une intéressante
nement de ce pays ami qui, lorsque le série de conférences : Dr Loir : le Chat
Musée n'avait pas encore été aménagé ratier. -- DrR. Jeannel : le mont Elgon.
grâce à la loi d'outillage national. voulut Une ascension sous l'Equateur (mission-
bien offrir non seulement une collection scientifique de l'Omo. — P. Lemoine,
très riche d'objets d'art populaire et d'eth- directeur du Muséum: l'activité du Mu-
nographio, roumains, mais aussi une séum en 1933 ; ses projets pour 1934.
somme très importante destinée à la M. Lemoine mit tout d'abord en relief
présentation. l'activité scientifique du Muséum, en pas-
La collection comprend de très beaux sant en revue les travaux essentiels de ses
tapis, des tissus et des broderies exé- laboratoires de recherches ; il a rappelé en
cutés par les paysannes roumaines; de 0utre, d'une part les intéressantes mani-
splendides costumes, des tabliers brodés festations publiques organisées par cer-
des différentes provinces du pays, des tains de ses services : exposition deplantes
quenouilles et des gobelets de bois fine- grasses, de Champignons, exposition de
ment sculptés par les bergers. On y a Lépidoptères (collection Friishtorfer),
joint des pots et assiettes de faïence, à nombreuses expositions du Musée d'Ethno-
décor polychrome d'usage courant dans graphie du Trocadéro. — d'autre part les
missions subventionnées par cet établisse- rue Campagne-Première.L'exposition du-
ment ou auxquelles il a accordé son pa- rera trois mois. Nous ue sommes, point
tronage. surpris du très grand succès qu'elle rem-
M. Lemoine a ensuite fait le tour des porte auprès du public parisien.
organisations appartenant au Muséum ou
placées sous son contrôle et qui se trou-
vent en dehors du Jardin des Plantes : La durée de vitalité des graines. —
jardin de Jussieu, à. Chèvreloup, labora- Il y a longtemps que l'on a remarqué que
toire et aquarium de Saint-Servan, har-
toutes les graines ne conservaient pas
mas de Fabre, à Sérignan. le Pourquoi également leur pouvoir germinatif. Mais
Pas ? navire de trecherches- du comman- jusqu'à de Candolle (1832) aucune obser-
dant Charcot, lés réserves naturelles de vation bien précise n'avait été faite à ce
Madagascar, le Zoo de Vincennes. Il a sujet. Ce naturaliste lui-même constate
insisté sur l'importance de cette création
et a présenté d'intéressants graphiques simplement que les graines enfouies dans
représentant la courbe des entrées au le sol conservaient longtemps cette faculté.
Jardin des Plantes, au Vivarium, au Zoo, La durée de cette conservation varie
graphiques extrêmement expressifs et d'ailleurs beaucoup ; certaines semences
dont on peut tirer de fructueux ensei- ne la possèdent que pour un temps très
gnements. court; d'autres, comme les Légumineuses,
Parmi les projets pour 1934. signaLons les Malvacées, les Nymphéacées, gardent
l'exposition d'Art animalier contemporain leur vitalité pendant quinze ans et même
avec-les œuvres de Pompon et la recons- parfois jusqu'à 100 ans.
titution de son atelier, une exposition de Le phénomène, maintes fois observé, de
fruits exotiques, l'établissement de haras plantes apparaissant sur un sol profondé-
de Chats ratiers, organisation et moder- ment remué, alors qu'elles n'y existaient
nisation de la ménagerie du Jardin des pas auparavanl, n'a pas- d'autre cause.
Plantes. Comme exemple typique, nous citerons N

Ainsi le Muséum ne faillit point à son Sinaspis arvense, se développant durant la


rôle historique : recherches scientifiques, guerre de 1914, sur la terre rejetée par
propagandepour les Sciences naturelles, les obus, et dans les trous d'obus.
éducation du grand public. Les graines de J'Ajonc (Ulex europaeus)
peuvent germer pendant 30 à 40 ans, mais
le record- est certainement détenu par
les Nymphéacées du genre Nelumbo. Le
naturaliste Ohya en trouva, dans le Sud
Les familiers de l'allée des Reptiles, au de la Mandchourie, dans la vallée de la
Jardin des Plantes, ont pu s'apercevoir rivière Palatien, dans des conditions telles
que, tout. récemment, les arbustes qui qu'il crut pouvoir leur attribuer au moins
masquaient le buste de Cuvier, situé au 120 ans d'existence : quelques-unes de ces
bas d'une des façades de la maison histo- graines, envoyées au British Muséum, y
rique du grand naturaliste, avaient été germèrent normalement.
émondés et qu'une petite allée avait été De nombreuses expériences ont été faites
ménagée jusqu'au pied du socle suppor- à ce sujet. Beal enferma des graines,
tant le buste. C'est là une fort heureuse mélangées à du sable dans des bouteilles :
initiative. 50 ans après, celles de Brassica, Oenothera,
Polygonum, Rumex, Verhascum étaient
encore capables de germer. Des semences
Le samedi d3'janvier 1934, devant une de Nelumbo speciosum germèrent après
très nombreuse assistance, a été inaugurée 150 ans, celles Gaodia lotifolia après
l'exposition de l'Art animalier contempo- i05 ; Cassia bicapsularis garda 87 ans sa
rain et du musée François Pompon. Cette vitalité, Anthyllis vulneraria et Trifolium
exposition temporaire et les œuvres du striatum, 90 ans.
maître animalier, qui, elles, doivent rester Ces expériences furent faites de tous
au Muséum, occupent la vaste et claire côtés, en Angleterre, en Australie, au
galerie de Botanique, nouvellement édi- Museum de Kew ; mais celles relatives à
fiée. Notons la fidèle reconstitution, dans Cassia bicapsularis eut lieu à l'Herbarium
une petite salle, de l'atelier que Pompon du Muséum de Paris, où elle fut effectuée
occupa durant plus de cinquante années par Becquerel.
Sur ces vérités, déjà fort intéressantes dernier pays, en !particulier, il est
par elles-mêmes, sont venues se greffer des répandu sur l'ile toute entière.
fables. Tout le monde a entendu parler du Il est évident que l'Escargot des dunes
« blé de momie », ou « blé de miracle » a été introduit en Australie par des navires
soi-disant trouvé dans les tombeaux égyp- venant d'Europe. Mais quelle denrée lui a
tiens, et resté fertile malgré son extrême servi de véhicule ? Comme il s'accroche
ancienneté. souvent à la toison des Moutons, on avait
Certaines personnes y croient encore, d'abord pensé que c'étaient les importa-
quoique justice ait été faite, depuis long- tions ovines qui l'avaient introduit ; mais
temps, de ces allégations. Il ne faut pas ces importations sont soumises, à leur
oublier que, pendant un laps de temps arrivée, à un contrôle très sévère, compre-
très long, les tombes égyptiennes ont été nant une quarantaine et un examen minu-
utilisées par les habitants du pays, pour y tieux ; il n'est donc guère possible que le
entreposer les céréales, le froment et- Mollusque ait pu pénétrer en Australie de
l'orge, qu'ils recevaient de Syrie : on a cette façon. Ce qui est plus probable, c'est.
-pu, par conséquent y retrouver des graines qu'il arrive avec des produits végétaux.
d'origine beaucoup plus récente, et possé- En tout cas il s'est parfaitement accli-
dant encore leur fertilité. maté dans la grande île océanienne,' et il
Les guides égyptiens, cependant, ne se s'y multiplie abondamment. Chose plus
font pas faute d'exploiter cette croyance ; grave, alors qu'en Europe il ne vit qu'aux
ils introduisent dans les tombeaux des dépends des plantes sauvages, il s'attaque,
graines parfaitement viables, qu'ils en en Australie aux plantes cultivées : c'est
extraient sous les yeux des visiteurs, aux- un changement de mœurs ass-ez curieux,
quels ils les vendent comme souvenirs. Il assez inquiétant aussi pour ses nouveaux
est assez curieux de signaler que dans ces hôtes.
graines « trouvées » figurent parfois des
grains de Maïs : or, jusqu'à la découverte
de l'Amérique, le Maïs était inconnu dans
Le Crabe chinois. — Introduit acciden-
nos régions ! tellement, il y a une vingtaine d'années,
La plus longue vitalité constatée pour
les céréales est celle du Blé du Canada, dans les eaux allemandes, le Crabe chinois
-qui atteint normalement 18 ans, et peut (Eriocheir sinensis Mil ne-Edwards)s'est si
atteindre, exceptionnellement, 25 ans : bien acclimaté qu'il a envahi plusieurs
mais jamais les graines trouvées dans les fleuves et rivières et qu'il est en train de se
-tombeaux égyptiens, et même dans les répandre dans toute l'Europe centrale.
-gréco-romains, n'ont germé. Cette dispersion est favorisée par le fait,
tout particulier, que le Crabe chinois ne
se reproduit pas en eau douée. A l'au-
tomne, les adultes gagnent la mer et pon-
dent sur les côtes. près des embouchures
La dispersion des espèces animales. — des fleuves. Puis. affaiblis, .et la carapace
On sait combien les relations commer- envahie par de nombreux parasites ex-
ciailes, par les navires, ont contribué à ternes — des BaLanes notamment — les
la dissémination de certaines espèces, reproducteurs périssent, à de rares excep-
animales ou végétales. Un nouvel exemple tions près. Ce sont les petits Crabes de
nous en est offert par l'Escargot des dunes l'année qui, en masse, remontent les eaux
(Cochlicella acltta), que l'on a recueilli intérieures et vont souvent former de nou-
récemment en nombre à Freemantle, en veaux foyers.
Australie occidentale. Parmi les fleuves ainsi contaminés, il
Or, ce Mollusque est un habitant des faut citer la Havel, dont la rivière de Ber-
régions littorales de l'Europe : on le lin, la Sprée, est un affluent, et les lacs de-
trouve sur les côtes méditerranéennes et, la région. Le Crabe chinois s'y est telle-
sur les côtes ouest, en Angleterre et au ment multiplié qu'il est devenu une véri-
Danemark. Il est fréquent dans les dunes, table calamité. Plus à l'ouest, l'Elbe en
les pàturages littoraux et sur les falaises est infesté, la Weser égal-ement.
gazonnées, où il forme souvent des Ce nouvel intrus allait-il être nuisible ?
colonies d'assez courte durée. On l'a En Allemagne, les pêcheurs se sont
rarement trouvé à l'intérieur des terres, d'abord alarmés, mais, à l'observation, il
sauf en France et en Irlande ; dans ce est apparu que le Crabe chinois ne s'atta-
-qirait pas au Poisson. Ainsi rassuré, on a été dirigés sur un autre parc et enfin, de
bientôt pensé que le Crustacé pourrait ceux qui ont quitté librement la réserve.
même devenir un auxiliaire indirect de la En tenant compte de ces diverses données,
pêche, en offrant aux Hérons, aux Grues, on est arrivé à évaluer à environ 23.000 indi-
aux Oiseaux d'eau une proie facile et abon- vidus, le développementdu troupeau initial.
dante qui les détournerait du Poisson. On Quoiqu'il en soit le nombre de ceux
s'est aussi ingénié à tirer parti de l'hôte qui habitent actuellement la réserve est
désagréable et pullulant : des industriels trop élevé pour les ressources offertes par
essayent de préparer une nourriture pour celle-ci. Le gouvernement canadien a donc
Truites. Si cette provendebon marché était jugé opportun de réduire ce nombre ;V
bien acceptée par les Salmonidés, leur 2.000 têtes.
élevage prendrait un nouvel essor. Mais cette réduction ne s'effectuera que
En attendant, le Crabe chinois ne se méthodiquement -: les animaux il tuer
contente pas de déchirer les filets de seront choisis et seront dirigés, tout pro-
pêche ; il possède la faculté de sortir de saïquement, sur l'abattoir. En consé-
l'eau et, la nuit venue, il se transforme en quence, la chair de Bison, pourra être
pillard terrestre, ravage.les jardins voisins consommée, durant les mois de novembre
rasant en quelques heures les légumes, de et décembre, par les hôtels, restaurants
tout un potager. et particuliers.
Il y a mieux ou pis encore : deux obser- On tirera d'ailleurs, des bêtes abattues,
vateurs hambourgeois, MM. A. Panning et tout le profit possible. Jadis, lorsque la
Nicolas Peters, viennent de constater que, chasse était libre, on ne consommait, du
lorsqu'ils trouvent un sol favorable, les Bison. que la langue et les parties voisines
Crabes chinois se creusent dans les berges de l'a bosse ; aujourd'hui on en utilise la
des retenues de moulins, dans les digues, majeure partie, même les bas morceaux,
des sortes de terriers qui atteignent 50 cen- qui sont séchés et servent au ravitaille--
timètres de profondeur. Par endroits, ces ment des Esquimaux et des Indiens. La
forages sont si nombreux qu'ils perforent .
peau elle-même, convenablement prépa-
le sol en écumoire et constituent un véri- rée, sert à faire des vêtements.
table danger pour les rives. En plusieurs Le Dominion ne possède pas seulement
points déjà, ont été constatés des dégâts les Bisons du ButTalo National Park ;
importants. il a d'autres troupeaux, en particulier
Et cet émule du Rat musqué se rapproche celui du Wood Buffalo Park, évalué à
de nous. Au mois d'avril dernier, un 15.000 têtes ; c'est ce dernier qui a reçu
pécheur d'Immenstaat. ville de la rive les 7.000 Bisons extraits du premier,
badoise du lac île Constance, a pris dans comme nous l'avons dit^plus haut.
ses filets un Crabe chinois. On a parlé de
transport accidentel, mais il faut craindre
que le Rhin soit contaminé et que d'ici peu,
le Crabe chinois fasse son apparition dans
les eaux françaises. Les Serpents jet leur venin. — On a
souvent écrit que le venin des Serpents
était sans effet sur eux-mêmes, de même
que sur leurs congénères ou proches alliés.
Une observation de M. L. D. Wooster
Les Bisons canadiens. — Il y a vingt (Science dû 24 nov. 1933, p. 479) tendrait
cinq ans, le gouvernement canadien, afin à prouver le contraire. Un jeune Crotcilus
d'empêcher la disparition du Bison, de son confluentus s'était mordu lui-même au
territoire, décidait de créer une réserve cours d'une bataille entre Serpents : la
près de Waimvright, Alberla, qui fut jnorsure, située vers le milieu du corps,
appelée le Buffalo National Park ; les chas- était profonde.
seurs et colons en avaient en effet tué plus Peu de temps apres, il donnait des
d'un million en moins de 20 ans et la ré- signes d'empoisonnement et ne tardait pas
serve en question n'en renfermait que 710. à succomber.
Elle eu possède aujourd'hui 7.500 ; il
faut en- outre tenir compte de ceux qui
sont morts de maladie ou d'accident, d'un Une maladie du Caféier.

Parmi les
certain nombre qui ont été tués par ordre maladies du Caféier, il en est une qui
du gouvernement de Jovo, de ceux qui ont cause des dégâts importants dans les
plantations de la Basse-Côte d'Ivoire ; demi douzaine — vient d-e s'enrichir d'un
c'est le « folletage parasitaire » ou « pour- nouvel établissement du mpme genre.
ridié des racines ». Celui-ci est situé sur les limites de
Les pieds atteints meurent presque Madison, au bord du Lac Wingra et
subitement, particulièrement pendant les comprend 430 acres de terrain. La créa-
saisons sèches, c'est-à-dire de novembre tion en a été décidée l'été dernier et le
à mars et de juillet à août. professeur Longenecker en a été nommé
Leur examen ne révèle aucune lésion directeur exécutif pour 7 ans. Un de ses
dans la tige et les feuilles ; par contre la premiers projets est la plantation d'un
racine est envahie par le mycélium d'une grand nombre de Conifères qui serviront
Polyporacée, le Fomes lignosus Klotzch, il. des expériences de reforestation et
qui attaque d'ailleurs de nombreuses seront utiles à la propagation des ani-
autres plantes cultivées. maux sauvages.
Il semble que l'on doive attribuer la
présence de ce mycélium à la méthode de
défrichement employée pour établir les
plantations. Elle consiste à brûler des La reforestation aux Etats-Unis et au
arbres sur pied, après lesavoir fait mou- Mexique. --On s'occupe actuellement du
rir par l'enlèvement d'un anneau d'écorce ; reboisement de la vallée du Tennessee.
quant aux souches elles sont laissées en Afin de préparer cette opération, il n'a
place et pourrissent lentement dans le pas été recueilli moins de 1U.000 bois-
sol. Ce sont ces souches, véritables réser- seaux, c'est-à-dire environ 36.350 litres,
voirs de mycèlium, qui le disséminent de graines de Conifères et feuillus, qui
dans les plantations. seront semées cet hiver ; ou calculé que
La meilleure mesure à prendre contre cette quantité de semences pouvait pro-
ce fléau serait donc d'agir préventivement, duire 26.000.000 d'arbres. Toute une
en enlevant les souches avant de planter organisation a d'ailleurs été prévue pour
les Caféiers. leur préparation et leur utilisation.
D'autre part, au Mexique, où les arbres
sont l'objet d'une attention particulière,
Deux maladies de l'Arachide. — La un grand effort de reforestation est en
train de s'accomplir. Il s'agit de reboiser
cause de l'affection de l'Arachide connue des régions dénudées depuis la conquête
sous le nom de « rosette » vient d'être espagnole et qui sont devenues presque
récemment découverte. C'est un Puceron, désertiques.
l'Aphis laburni qui la détermine par ses
piqûres ; il esl probable qu'il est l'agent
vecteur d'un virus non encore identifié.
Chose curieuse : les pieds d'Arachide Les « Hommes des Arbres. » — La
r
envahis par cet Insecte, sont aussi sou- traduction de cette appellation, qui est
vent visités par une Fourmi du genre Cre-celle d'une société anglaise, les « Men of
malogasler. Or, on a remarqué que la theTrees », pourrait faire croire qu'il s'agit
présence des Fourmis amenait une recru- d'anthropoïdes; il n'en est rien, ils sont
descence de la virulence des Puÿerons, simplement des « amis des arbres ».
mais il n'a pas encore été possible de Cette société fut fondée, il y a 9 ans,
trouver l'explication de ce phénomène. dans l'Est africain, par un officier foi estier,
Une autre maladie récemment apparue M. St-Barbe Bake ; elle avait pourbut d'en-
en grand a été dénommée « Clump » par courager les indigènes de la région à
les phytopathologistes anglais. La plante,
mettre un terme aux destiuctions insou-
tout en présentant les apparences d'une ciantes etétendues de leurs forêts.
bonne santé, est atteinte d'un nanisme Depuis lors M. Bake est rentré en Angle-
prononcé, et donne très peu de fruits. La
terre, et il y a introduit sa société. Son
cause de cette affection n'est pas bien programme s'est élargi, tout en restant
connue. tidèle à l'idée première : planter des
arbres, les protéger et les aimer, tel est
son but. On ne saurait se dissimuler que
L'arboretum de l'Université de Wis- le champ d'action d'une pareille associa-
consin. — Le Wisconsin, qui possédait tion n'est pas restreint à une seule nation :
déjà plusieurs arboretums — environ une il est universel.
Insectes sont très abondants et très
variés. •
Un anniversaire. — Le 16 novembre Le 10 juillet, l'ascension reprend. A
dernier était l'anniversaire de la mort d'un 2.700 m. la mission atteint la végétation
savant botaniste français, aujourd'hui un des Bruyères arborescentes à Lichens pen-
peu oublié. René Louiche Desfontaines, dants, s'élevant d'un épais tapis de
né en 1751, futle contemporain d'Antoine Sphagnum. Arrêt à Mahangu (3.200 m.),
Laurent de Jussieu. Il avait étudié la puis la mission atteint le Campi va Tshu-
médecine et terminé à Paris ses études, pa (4.050 m.), le camp des bouteilles. Les
commencées à Rennes. C'est à Paris qu'il explorateurs précédents n'ayant pas poussé
connut Louis Guillaume Le Monnier, alors plus avant ont laissé, dans des bouteilles
professeur de botanique au Jardin du Roi, scellées, des papiers attestant leur exploit.
devenu plus tard notre Jardin des Plantes. Cependant le comte de Grunne et ses
En 1783, Desfontaines était élu membre compagnons arrivent au camp de 4.200 m.,
de l'Académie des Sciences ; il partait la qui leur avait été préparé par une équipe de-
mème année pour l'Afrique du Nord où, débroussailleurs. Là il gèle toutes les nuits.
pendant deux ans, il fit des recherches De jour, le thermomètre dépasse rare-
botaniques. En 1786, il succédait à Le ment + 3° ou -j- 4° ; le brouillard est
Monnier dans sa chaise de botanique, presque perpétuel ; il neige assez souvent.
publiant d'importants travaux, dont la Autour du campement, c'est la flore des
Révolution n'arrêta pas le cours. L'année Séneçons géants et des grandes Lobélies.
1798 voyait paraître le premier fascicule Parmi les Mammifères, on a pu observer
de sa Flora atlantica, suivie du Catalogue des Léopards (très nombreux), des Cépha-
des plantes du Jardin des PLantes et de lophes (Cephalophus rubidus), des Damans
divers autres ouvrages de valeur. (Procavia Ruwenzorii). Les Oiseaux ne
Un jour vint cependant où il lui devint comptent que quelques espèces localisées,
impossible de continuer à travailler : la auxquellesse mêlent des espèces venues de
vue lui manqua, comme à Lamarck, et, plus bas. Il n'a été recueilli à cette altitude
comme lui, il fut consolé et soutenu dans ni Reptiles, ni Batraciens. Les Insectes
sa vieillesse par sa fille unique. Il mourut sont abondants, mais surtout en individus.
à 82 ans. le 16 novembre 1833. Notons la capture de quatre espèces de
Plocamotrechus, genre représenté au Ke-
nya, au Kilimandjaro et au Meru.
Ces investigations zoologiques autour
Une mission belge au Ruwenzori. du camp de 4.200 m. sont naturellement
En 4932, u ue mission belge, sous —
fort loin d'avoir épuisé tout l'intérêt
la zoologique et biogéographique qu'offre la
conduite du comte Xavier de Grumne, a faune du Haut Ruwenzori. Le retour de la
conquis les sommets du Ruwenzori, non mission s'est fait par le même itinéraire
encore gravis par le versant belge. Parmi qu'à l'aller et ses membres se dispersaient
les membres de l'expédition, citons le le 15 août.
lieutenant Mariier, M. Michot, qui a fait
l'étude géologique en collaboration- avec
M. de la Vallée-Poussin, MM. L. Burgeon,
zoologiste et Hauman, botaniste. Un
compte rendu sommaire du voyage a paru Un Congrès de la Forêt. — Le Con-
dans Le fascicule premier (vol. X) de grès morbihannals de la Forêt et du Châ-
l'année 1933 du Cercle zoologique congolais, taignier, qui s'est tenu à Vannes, du 1er au
que nous venons de recevoir. 3 octobre derniers, mérite d'attirer l'atten-
La mission se trouvait le 13 juin 1932 à tion par l'importance des questions qui y
à
Mombasa et le 2 juillet Mutwanga, au ont été traitées.
pied diLRuwenzori. Dès le lendemain les La question la plus générale a été envi-
voyageurs atteignaient Kalonge (ait : sagée par M. de Rochebrune, conserva-
2.050 m.}, où fut établi le centre de ravitail- teur des Eaux et Forêts qui avait pris pour
lement. Ici on rencontre des Eléphants, dos sujet : « Le rôle de la Forêt. L'aide de
Colobes, le Chimpanzé, qui remonte plus l'Etat en matière de reboisement ».
haut. le Léopard; le Gorille n'a jamais été M. Georges Roux, inspecteur des Eaux
signalé au Ruwenzori, bien qu'on le et Forêts, parlant du reboisement du Mor-
trouve aux environs de Lubero. Les bihan, a donné des renseignements fort
intéressants sur le remplacement du Châ- réaliser un ensemble de visites, excursions,
taignier indigène par celui du Japon, et spectacles, permettant, _dans le mini-
lequel n'est pas atteint par la maladie mum de temps, d'apprécier le charme de
cryptogamique appelée « l'encre ». la terre marocaine et l'originalité de ses
M. Hickel, président de la société Den- cités.
drologique de France, a traité de 1'« uti- Il a confié l'organisation du voyage au
lisation des essences exotiques en Basse- Maroc, à l'Agence du Tourisme de La « Vie-
.
Bretagne », et sa communication abon- Marocaine ». Pour tous renseignements
damment documentée, nous fournit de s'adresser au Secrétariat de l'A. T. A. SU
précieux renseignements sur ce sujet. 28, rue Serpente, 6e.
Ce sont surtout les résineux qui sont
importés, et qui, en général, réussissent
le mieux. Parmi les Pins, le Pin de Thim-
berg, le Pin Weymouth, le Pin Iaricio, le L'Association française et interna-
Pin sylvestre, qui est celui de tous qui tionale des amis de la radiesthésie, dont
donne les meilleurs résultats. le président est le Dr Armand Viré, nous
Parmi les Epicéas, celui de Sitkha informe que son siège social est installé-
montre de sérieuses qualités, et atteint, à Paris, 105, Boulevard Magenta (10*). Une
souvent une croissance comparable à permanence fonctionne le mardi de 10 h.
celui de Douglas. à 12 h. et de 14 h. à 18 h. Les amis de
Les espèces ornementales comprennent l'Associationy rencontreront des collègues.
entre autres, le Sapin de Vancouver eXDérjmentés.
(Abies grandisia), et une espèce fort rare
en France, comme nous le disions ici
même dans une Variété (1934, N° 1, p. 50), Les Sciences Naturelles
le Tsuga Mertensiana, le Hemlock spruces à l'Académie des Sciences.
des Américains, dont M. nickel cite deux
stations en Morbihan. SÉANCE DU 30 OCTOBRE.
Les Sequoias y sont aussi représentés.
M. Hickel recommande particulièrement Géologie.
— sous
le nom spécifique de Wellingto-
nia — le sempervirens. Enfin, le Cryptome- E. AUBERT DE LA RUE. Contribution à
ria du Japon, qui présente avec les l'étude géologique de la Cordillère occiden-
Séquoias, la faculté, rare chez les Côni- tale des Andes de Colombie.
t'ères, de produire des rejetons sur ses Cette note complète l'étude géologique
souches, le Thuya géant, les Cyprès de de la région indiquée, laquelle a déjà fait
Lambert et de Lawson. l'objet des travaux de W. Reiss, en 1893
On voit, par ce bref exposé, tout l'inté- et de Hettner, il la même époque.
-rêt qu'ont présenté de pareilles assises ; il
serait à souhaiter qu'on les multipliât, Maurice COLLIGNON. — Le Trias inférieur
pour l'avenir de la sylve française, qui marin du Nord de Madagascar et sa faune
forme, sans conteste possible, une grosse de Céphalopodes.
part de notre patrimoine national.
Il s'agit de la faune découverte lors des
fouilles pratiquées en 1930-1931, par
H. Besairie, à Barabanja, dans le cercle
de Vohémar ; c'est l'une des plus riches
Congrès de l'Association française connues jusqu'à ce jour dans le Trias.
pour l'avancement des Sciences.
Congrès annuel de l'Association, placé
-
Le inférieur.
De plus. les couches de Barabauja cons-
sous la présidence d'Honneur de M. Pon- tituent, dans l'hémisphère austral, une
sot, résident général du Maroc, et.sous la réplique particulièrement nette des dépôts
présidence de M. P. Lemoine, directeur du de l'Himalaya, de la Salt Range et de
Muséum, aura lieu à Rabat, du 24 mars au l'Idaho.
10 avril 19^4. Il sera suivi d'excursions Ecologie végétale.
permettant de visiter la plus grande partie
du Maroc. Un programme très complet a Ad. DAVY DE VIRVILLE. — La flore et let
été élaboré par le Comité local constitué conditions physiques des flaques du littoral
an Maroc, qui a attaché tous ses efforts à de l'océan Atlantique et de la Manche.
Zoologie. du Quaternaire marocain. L'auteur croit y
reconnaître deux périodes pluviales sépa-
J. MILLOTet R. JONNART. — Sur la pré- rées par une période sèche et chaude.
sence de corps à fonction phénolique libre
dans le sang des Araignées. Raymond FURON. — Présentation d'une
échelle stratigraphique pour des terrains
Les observations des auteurs sur les paléozoïques. de l'Afriqlle occidentale. :
Araignées, leur ont montré, qu'au moment
de l'exuviation, il se produit une élimina-
tion ou une destruction de corps phéno- Paléontologie.
liques. Ils se demandent si l'apparition, Mlle Madeleine FRIANT. —Sur les affini-
dans le sang, de ces substances générale- tésde l'lssiodoromys) Rongeur de l'Oligo-
ment toxiques, ne serait pas une des cène d'Europe.
causes du phénomène si complexe de la
mue. L'étude de la dentition de l'Issiodoro-
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE. mys permet de le rapprocher des Caviidés,
groupe exclusivement sud-américain. Ce
JI. DOUVILLÉ et TILHO. — La Géologie de rapprochement permet de supposer, à
la région au Nord du Tchad. l'époque tertiaire, l'existence d'un conti-
nent sud-atlantique unissant l'Amérique
Rassemblant toutes les observations pré- australe et l'Ancien Monde.
cédentes et y ajoutant les leurs, les auteurs
arrivent à préciser la composition géolo- Botanique.
gique de la région-au Nord du Tchad.
Elle comprend particulièrement une Pierre LESAGE. Contribution à l'étude
formation gréseuse largement développée, —
des modifications héréditairesproduites dans
s'étendant, à l'Est dans l'Egueï et le Toro ; les plantes par la chaleur.
elle établirait la jonction avec les dépôts
du Niger et semble se relier, d'autre part, Zoologie.
aux couches crétacées de la Tripolitaine.
Paul CHABANAUD.— Les grandes subdi-
Cytologie végétale. visions de l'ordre des Poissons hétérosomes
P. A. DANGEARD. — Observations sur le sont-elles justiciables d'un critérium disci-i-
minatif?
vacuome des Cyanophycées.
La structure des Cyanophycéesou Algues Chabanaud, après avoir discuté la
M.
bleues, n'est pas encore bien connue : elle a valeur des caractéristiques actuellement
donné lieu à des opinions très différentes, admises pour les Pleuronectiformes et les
parfois complètement opposées. C'est pour Soleiformes, en propose deux nouvelles,
qui sont la position de l'œil migrateur
essayer de résoudre le problème, que chez l'adulte, et surtout le mode d'inser-
M. Dangeard a étudié le vacuome de ces
Algues et son développement. Ceux-ci, tion de la partie épicranienne de la na-
d'après ses observations, ne sont pas diffé- geoire dorsale, ou notoptère.
rents de ceux des cellules végétales ou
animales. SEANCEJJDU 13 NOVEMBRE
Lithologie.
L. BERTHOIS. Sur la présence de la Pétrographie

barytine dans l'arène de granulite d'Alen-
L. CAYEUX.Remaniement sous-marin
çon (Orne). —
des nodules phosphatés de l'Albien du bassin
Géologie.
de Paris.
Jacques BOURCART. —Sur l'existence du
Bubale antique dans les limons de l'Oued L'étude des nodules phosphatés de
Itnar' ir' en (Haut-Atlas de Marrakech) et la l'Albien du Bassin de Paris démontre que
8ignification paléoclimatique de cette trou- ceux-ci ont subi des phénomènes de rema-
vaille. niement sous-marin avant leur mise en
place définitive. Ces remaniements, pro-
La découverte en question permet de duits par des courants de fond, ont été au
faire des conjectures sur la stratigraphie nombre de deux.
Géologie observations antérieures des auteurs sur
la forte radioactivité des eaux issues des
A. BIGOT et RAOUL FORTIN. — Le sondage granites vosgiens et leur—hypothèse sur
d'fncarvitle près de Louviers (Eure). l'origine de cette radioactivité.
Le sondage en question, entrepris pour
la recherche du pétrole, a été commencé Paléobotanique
en mars 1931 ; il a été arrêté à la pro- GEORGES DUBOIS et MME CAMILLE DUBOIS.
fondeur de 904 mètres, sans avoir donné Sur la silve de l'Armor Léonard depuis
de résultat quant aux hydrocarbures —
lé Flandrien moyen et sur la genèse de
cherchés. quelques tourbes en cette contrée.
L'étude des carottes provenant de la
partie effectuée à la cjuronne, a permis L'étude de quatre tourbières littorales
celle des couches profondes à partir de submergées des environs de St-Pol de
300 mètres; la présente note donne les Léon (Finistère) a permis grâce iL la
résultats de cette étude pour le jurassique. pollanalyse, d'écrire l'histoire forestière
de l'Armor léon^ird, depuis le Flandrien
E. CHAPuT. — L'Anthracolithique dans moyen (Néolithique) jusqu'à nos jours.
l'Anatolie centrale.- Ces tourbières sont celles de Carantec,
P. DELEAU. — Présence du Crétacé infé-
dans l'anse du Clouet, de l'anse du Kelenn,
rieur au Djebel Safia, province deCons- à Carantec, de Santec et de Clédet.
tantine. Botanique
Les observations de l'auteur prouvent
que les mers crétacées ont recouvert le ANDRÉ DAUPHINE.

Sur les ponctuations
littoral constantinois au nord de Jemmapes intercellulaires.
entre le lac Fetzara et Philippeville, et que
cette région possède la même évolution Physiologie végétale
paléographique de le Tell constantinois
et le Tell oranien. J. CHAZE. — Un nouvel exemple d'exsu-
dation et de volatilisation des alcaloïdes
MAURICE BLUMENTHAL. —Sur les relations chez les Végétaux.
tectoniques entre les zones bétique. pénibéti- Cet exemple est fourni par la Ciguë
que et subbélique du sud-ouest de VAnda- (Conium maculatum) et confirme les précé-
lousie. dentes observations de l'auteur sur le
Minéralogie tabac.
Physique végétale
H. UNGEMACH.

Sur quelques minéraux
nouveaux. DE CONDÉ et HEUDEBERT. — Contribution
à l'étude de la valeur boulangère des farines.
Il s'agit de minéraux provenant de
Tierra Amarilla (Chilij -et appartenant à la Entomologie
collection minéralogique de l'Université
de Strasbourg. M- liAUCOURT etB. THOUVELOT. — Recha-
L'auteur remanie complètement la ches sur les constituants des feuilles de
cristallographie de la plupart de ces miné- Solanum tuberosum déterminant l'alimen-
raux. en particulier de la copiapitc, de la tation des larves de Leptinotarsa decemli-
quenstedsite et de la coguimbite. décrites neata.
par Linck en 1889 ; il décrit en outre la Les principes nourriciers de ces feuilles
paracoquimbite,l'amarillite. la lapparentite
et la leucoglaucite. sont exclusivementlocalisés days je résidu
vert obtenu par broyage et pressurage
Hydrologie des feuilles, les larves consomment avide-
ment ce résidu, tandis qu'elle dédaignent,
R. DELABY,R. CHARONNAT et M. JANOT. presque complètement la partie liquide.
— Nouvelles recherches sur la radioactivité Chimie biologique
des eaux du Massif du ballon d'Alsace.
Ces nouvelles recherchés portent sur le THEODORE POSTERNAK.

Sur le phosphore
ballon de Servanes; elles confirment les de la fécule de pomme de terre.
SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1932 Géographie physique
J. BOURCART. — Essai de reconstitution de
Géologie l'histoire du réseau du fluvial du Haut Atlas
à l'est de Jfarrakech.
Alex. CHERMETTE.

Nouvelles observa-
tions géologiques dans le Bas-Dahomey. Zoologie
La dépression lagunaire bien Connue P. CHABANAUD. — Un nouveau type de
du Bas-Dahomey porte le nom de Lama Poissons de la famille des Gobiidés (Syrrho-
dans sa partie moyenne. Les plateaux au thonus Charrieri, n. g. s. f. p.).
nord de la dépression descendent en Ce Gobiidé pourrait être apparenté aux
pente douce ; ceux situés au sud le Pomatoschistus. s'il ne se séparait de
dominent par un escarpement. C'est toutes les formes connues, tant euro-
grâce au levé de la carte géologique du péennes qu'américaines des Indes paci-
Bas-Dahomey qu'on a pu interpréter fiques,
l'allure topographique en fossé de la sa région par la structure toute- spéciale de
nasale.
Lama.
Zoologie océanographique
P. LEBEAU.

Sur les peranthracites et
les anthracites vrais. R. LEGENDRE. — Présence of'Anotopterus
pharao Zugmayer, dans- l'estomac des
J. TROMAGET. —Les formations triasiques Germons.
du Tonkin occidental. Ce Poisson n'était jusqu'ici connu que
P. IDRAC. — Sur un phénomène curieux par deux individus, l'un remonté de
de la solfatare de Pouzzoles. 5.400 m., l'autre pris à la ligne de fond.
L'étude du contenu stomacal du Germon
A la solfatare de Pouzzoles, près de a fourni à l'auteur quatre nouveaux exem-
Naples, se trouve un ancien volcan dont plaires. Cette découverte étend largement
le cratère très large est ouvert dans des vèrs le nord, jusqu'au 470 de latitude,
tufs trachytiques et forme un champ plat l'aire géographique de ce Poisson dont on
d'environ 2 km. de tour. De cette plaine a fait le type d'une famille spéciale, celle-
s'élèvent de nombreuses fumerolles. Si on des Anotoptéridés. En outre leur état de
alluma au-dessus du sol des morceaux de conservation montre que ces Poissons
papier. les dégagements de vapeur des venaient d'être ingérés par les Germons
orifices avoisinants sont plus intenses. au moment même où ils mordirent à
C'est la légère dépression créée par la l'hameçon, c'est-à-dire à fleur d'eau.
présence de l'air chaud qui amorce un A. pharao paraît être un Poisson pélagi-
courant ascendant entraînant l'air chargé que, vivant au large, au-dessus de grandes
de fumées maintenu dans le sol par profondeurs, mais tout près de la surface,
viscosité entre les pores souterrains. du moins à certains moments.
PARMI LES LIVRES

Georges HARDY. — Géographie et colo- bétail » qui donna lieu, inévitablement, à des
nisation. — Préface de Pierre DEFFON- meurtres de colons. Ceux-ci répondirent par
TAINES. 1 vol. 2)7 pages, 23 pages de pho- une impitoyable chasse aux noirs : on les tirait
togr. Librairie Gallimard, Paris. Prix 3u fr. à courre.
Quand on voulut créer une « politique indi-
Un excellent livre précédé d'une excellente gène ». il était bien tard ! « Il reste à peine,
préface. Elle est due à Pierre Deffontaines, dans toute l'Australie 60.000 indigènes, dont
43 ou 44.000 nomades». Une race saignée à blanc,
directeur de la nouvelle collection « Géogra- ayant perdu ses traditions, en proie à la démo-
phie humaine ». C'est un large et lumineux ralisation, conquise par l'alcoolisme, ne se
parcours à travers cette science, cette géogra- relève point : elle s'élimine, quoi qu'on fasse.
phie qui, parce qu'elle étudie l'empreinte pro- En Tasmanie, cela est plus net encore : le der-
fonde de l'humanité sur la terre, mérite le nier homme est mort en 1865 et la dernière
qualificatif d'« humain » : elle « trace la gran- femme, qui, ô ironie ! avait le titre de reine,
diose épopée du travail des hommes dans le est morte en 1876 ! Or, le plus clair résultat de
paysage terrestre ». cette appropriation intégrale du sol par une
Qu'on nous permette d'attirer l'attention sur population de soache européenne, c'est l'indé-
un bref passage de cette préface. pendance vis-à-vis de la métropole, la forma-
Deffontaines indique qu'au cours de son évo- tion d'un Etat autonome, la naissance d'une
lution, la géographie donna à l'homme non nationalité — et c'est ce que M. Hardy expose
seulement une connaissance du monde, mais clairement dans les dernières pages où il traite
une méthode pour connaître. Elle apprit à du cas australien.
voir. « Tant de gens ne savent pas voir, non Le second cas envisagé par l'auteur est ce que
pas parce qu'ils ont de mauvais yeux, mais Juan B. Teran appelle la « tropicalisation » du
parce qu'ils ont une attention nonchalante qui conquérant. L'exemple choisi est l'Amérique an-
ne sort de sa torpeur que devant les choses dine. Ce point de départ est l'installation euro-
extraordinaires... Ce qu'on néglige de remar- péenne localisée, en raison du climat, sur
quer, c'est précisément le plus important, ce quelques points moins défavorables que l'en-
qui est typique et trace comme le grand fond semble du pays et ne permettant qu'une
du tableau le paysage classique, les maisons
:
typiques, la vie profonde, la beauté intime. Le exploitation indirecte. Les conquérants trou-
géographe a cet amour secret du terrain, cette vèrent là des races remarquablement douées,
esthétique et cette poésie spéciales qui dé- héritières des civilisations « précolombiennes ».
couvrent tous ces faits menus et nombreux dont Les rustres gens d'épée ne comprirent point
l'ensemble forme le paysage et la vie de chaque l'utilité d'une association ; ils ne virent que
coin de terre... » Il me semble qu'il y a tout l'asservissement de ces races. Au plus odieux
cela aussi à l'origine d'une vocation de natura- esclavage, succéda un état de servage, atténua-
liste. tion — trop souvent théorique — du précédent.
Il n'en est pas moins vrai qu'il se produisit un
événement de grande conséquence : les mé-
langes de sang, un métissage qui ne fit que
L'ouvrage de G. Hardy comprend trois s'accentuer. La « tropicalisation », c'est-à-dire,
grands chapitres et des « conclusions pra- en somme, l'assimilation du conquérant par le
tiques ». milieu, était chose faite ; l'immigration du
D'abord, l'auteur examine ce qu'il appelle la XIX' siècle n'apporta à cet état que « calculs
colonisation d'enracinement et envisage sous ce financiers et désirs de lucre ». Conséquence ?
titre général quatre cas différents. En premier L'indépendance encore, dont une victoire, qui
lieu, le cas de substitution, avec comme exemple n'est pas loin de nous (1924), consacre le
le « nettoyage » australien. Et cette histoire, triomphe, mais dont le premier résultat fut un
présentée en raccourci, prend un aspect fort long désordre, dont l'origine profonde tient à
tragique. L'indigène, le sauvage australien, la composition ethnique et au genre de vie des
avait accueilli sans hostilité les colons qui, sociétés andines.
venant faire, en grand, l'élevage du Mouton, Le troisième cas examiné est un cas de « re-
cherchèrent à s'approprier les terrains favo- peuplement », de repeuplement des « isles ».
rables. Aux traités, qui sous leur forme léo- L'exemple choisi est celui des Antilles et tout
nine, constituaient un vol légal, succéda la spécialement la Martinique et la Guadeloupe,
main-mise par la force, l'occupation des points dont G. Hardy condense admirablement l'his-
d'eau — et comme nous avions affaire, dans toire, cependant qu'il achève le premier cha-
ces immigrants, à des civilisés — la destruction pitre de l'ouvrage par un cas d'« association»,
radicale de la faune. Les indigènes, spoliés et prenant pour type la plaine tunisienne. Ici,
affamés, mus en outre par un sentiment ins- constatons un enrichissement sans victimes, un
tinctif de justice, se livrèrent à la « chasse du peuplement européen sans refoulement indi-
gène ». L'organisation économique et politique phique ». Tout ce que nous avons dans ce sens
de la Tunisie y sont analysées en quelques en France et dans nos possessions, ne saurait
pages fort suggestives. remplacer le « rayonnement de chaires d'ensei-
Le chapitre II, dont le grand titre est « la gnement supérieur, spécialement consacrées à
colonisation d'encadrement » est tout aussi la géographie des colonies ». Pour l'auteur, le
intéressant et vivant que le premier. La savane progrès dans ce sens ne peut venir que des
soudanaise y est fort bien dépeinte et la voici, Colonies elles-mêmes. « Par la création de
malgré ses défauts, centre d'attraction entre chaires spécialisées et soigneusement pourvues,
deux pôles de répulsion, le Désert au N., la elles trouveraient à la fois le moyen de se révé-
Forêt vierge, au S. Ses habitants sont cultiva- ler à elles-mêmes et de se faire connaître ».
teurs, « paysans de vocation », par conséquent Le livre de G. Hardy, par sa documentation,
essentiellementsédentaires. La tâche de l'Euro- son originalité, la manière dont les faits sont
péen, de la colonisation, c'est d'augmenter, de exposés sera lu avec intérêt par les géographes,
fortifier la population du pays, puis de l'édu- avec fruit par les coloniaux et tous les esprits
quer. L'auteur, ayant posé le problème, montre cultivés. G. PEUT.
ce qui a été fait pour le résoudre et vante la
méthode d'administration indirecte.
Le deuxième paragraphe de ce chapitre est VICOMTE H. DE FRANCE. — Le Sourcier
consacré à la forêt dense. L'auteur trace les Moderne. Manuel de l'opérateur
conditions de vie imposées à l'homme par ce —
(48 édition). — Un volume 12 X 19 de
milieu spécial, conditions difficiles, qui le con- 191 pages avec 4 planches et 15 figures.
damnent à la dispersion et à la rivalité. Ce Librairie agricole de la Maison Rustique,
« monstre » est pourtant « le gardien de tré-
sors à peu près inépuisables, faits de res- 26, rue Jaccb, Paris. — Prix: 11 francs,
sources nombreuses et variées ». Il y a là un franco.
problème économique, qui se ramène tout
compte fait à un problème humain et G. Hardy L'attrait du merveilleux qui s'attache aux
indique à nouveau ici les méthodes qui ont pratiques des sourciers et les découvertes
prévalu après diverses expériences. effectuées par la baguette et le pendule pour
Le chapitre 11 comprend encore quatre para- les eaux, les minerais et même dans le domaine
graphes sur lesquels nous ne pouvons insister, de la biologie, paraissent rallier tous les jours
faute de place : le delta : au Tonkin. — La plus de suffrages. Des milliers d'adeptes qui,
steppe : sur les Hauts-Plateaux algériens. — La de leurs yeux ont constaté les résultats
montagne dans le Moyen-Atlas. — La mine : obtenus par les sourciers sont, à leur tour,
les phosphates de Kourigha. devenus de fervents baguettisants. Leurs con-
Le chapitre III prend pour titre général : grès, dont l'auteur de ce volume fut l'un des
t< la colonisation de position ». Il renferme un
présidents, leurs discussions, ont aujourd'hui
paragraphe sur la conquête, le rôle et l'avenir fait un art véritable de ce qui, naguère,
-du Sahara. Puis nous assistons à l'évolution de semblait à beaucoup une illusion ou une série
l'escale, forme originelle de l'installation colo- de coïncidences.
niale, qui se double d'un comptoir et devient C'est peut-être à ce mouvement irrésistible
une petite colonie commerciale. Mais l'escale que l'ouvrage que nous présentons au lecteur
peut conserver, au dehors de toute idée de doit un succès qui en très peu de temps l'a
commerce, son rôle initial ; elle est un centre amené à une quatrième édition. C'est aussi
de ravitaillement, elle jalonne les lignes de parce qu'il contient en un langage clair et
force politique, se trouvant « placée aux nœuds précis, l'essentiel de ce que l'on doit savoir sur
vitaux de la circulation universelle » (A. De- la radiesthésie. Il passe en revue successive-
mangeon). ment : l'histoire de la baguette et du pendule,
Cependant, Dakar nous offre l'exemple d'une l'explication du mouvement de ces deux détec-
escale littorale englobée en de larges installa- teurs, une méthode d'entraînement pour la
tions coloniales et pour ainsi dire soudée à la pratique de l'art, la recherche des eaux, la
colonie qui l'entoure. Djibouti est surtout le recherche des minerais et des métaux, l'examen
relai de la route d'Extrême-Orient, le seul des végétaux, la prospection à distance.
port de l'Ethiopie, mais l'auteur note son Un chapitre qui intéressera certainement les
rayonnement sur la région environnante et les lecteurs de cette revue est celui consacré à
efforts de Dijbouti pour devenir le centre d'une l'emploi du pendule en biologie et en médecine.
vraie colonie. L'auteur indique les diverses méthodes Bouly,
Quelques pages sont encore consacrées aux Mermet, Padey et Bosset employées dans ce
ilots Polynésiens et aux terres antarctiques. domaine. Il donne ensuite des indications sur
Les « conclusions pratiques » qui terminent les résultats obtenus dans le diagnostic de
le volume, sont brèves : brèves et des plus certaines maladies, dans le choix des remèdes
nettes. Nous ies approuvons sans réserves. Le appropriés à certains états pathologiques, dans la
colonial, qu'il soit administrateur, financier, discrimination entre des aliments permis ou
ingénieur, médecin ou universitaire, doit avoir, défendus, dans les analyses urologiques exécu-
dans sa culture générale l'armature de la géo- tées à l'aide du pendule, dans l'élevage en vue
graphie et de l'ethnographie. On ne fait pas de la sélection en déterminant les coefficients
œuvre coloniale solide, profonde, réalisatrice individuels de vitalité, de fécondité, de vigueur,
si l'on n'est pas discipliné et éclairé par les dans l'examen des facteurs héréditaires par la
méthodes et l'esprit de ces deux sciences. détermination du sexe, des œufs. etc...
G. Hardy reconnaît que depuis 1927, les pro- Non seulement les futurs adeptes de la
grammes de l'Ecole Coloniale ont réservé une radiesthésie, mais les esprits simplement
large place à la géographie coloniale. Mais il curieux, trouveront dans cet ouvrage ce
sent bien la nécessité, pour des Institutions, que chacun aujourd'hui doit savoir de l'art
autres que cette Ecole spéciale, « d'entretenir, du sourcier.
de développer cet embryon d'esprit géogra- C. B.
D' H. The
A. GRAY et N. M. BLIGH. — ment nombreux, les Protozoaires, n'a pas
origin of the Living Matter. — encore trouvé sa place définitive dans l'Histoire
Simpkin Marshall Limited Londres, 1933. Naturelle.
Pour le reste, le D' Metcalf a choisi le Ral
Il nous paraît intéressant de signaler, à ceux comme le type sur lequel il édifie son ouvrage.
de nos lecteurs auxquels la langue anglaise est La deuxième partie de celui-ci nous expose
familière, ce livre récent, qui s'attaque à l'une donc la morphologie et la physiologie de ce
des questions les plus en vue. L'origine de la Rongeur, son anatomie, ses mœurs, son histoire
matière vivante est le problème le plus pas- naturelle en entier. Le tout avec des comparai-
sionnant, et. peut être aussi, le plus difficile sons avec les autres Vertébrés en particulier
à résoudre : double raison pour en tenter l'étude. au point de vue de la locomotion : les chapitres
Les auteurs du présent livre proposent qui terminent cette partie, et qui traitent du
une solution nouvelle, en ce sens qu'ils métabolisme, de l'hérédité, de l'embryologie,
prétendent expliquer l'origine de l'énergie qui sont tous intéressants et nous les recomman-
serait intervenue dans l'apparition de la dons vivement à l'attention des lecteurs.
première cellule vivante. Voici comment. La troisième partie traite de la Zoologie phi-
La lune. ayant avec la terre, un plus grand losophique. Elle est divisée en quatre chapitres
rapport qu'aucun autre corps du système dont le plemierestconsacré à la distribution
solaire, formerait avec celle-ci un système des espèces. Le second a rapport à la Paléon-
binaire, terre-lune, qui serait dû à une rencontre tologie, le suivant à l'évolution, le dernier à
entre deux astres, dont l'un, séparé en deux, l'histoire de la Zoologie.
aurait formé ledit système. Au moment de la ren- En résumé c'est un ouvrage fort intéressant
contre, une grande quantité d'énergie aurait été et qui doit avoir sa place marquée dans la
libérée et se serait transformée en énergie bibliothèque de tous les Zoologistes.
subatomique. Or l'atome qui a reçu ainsi de
l'énergie est vital et a le pouvoir de vitaliser
d'autres atomes : d'où l'apparition de la vie. Catalogue des plantes de Madagas-
Il y a, évidemment, beaucoup d'objections à car, publié par l'Académie malgache. —
opposer à cette théorie ingénieuse. MM. Gray Tananarive, G. PITOT. — Paris, Soc.
et Bligh l'ont si bien senti qu'ils soutiennent d'Edit. géographiques, mari limes et co-
qu'on ne peut, scientifiquement, demander loniales.
qu'une théorie donne des preuves, lorsqu'elle
a pour objet la matière animale ; on ne peut La Terre et la Vie a signalé en son temps.
l'exiger que pour des phénomènes matériels ;
c'est une opinion peut-être discutable. l'édition, par les soins de l'Académie malgache,
Quoi qu'il en soit, le livre est intéressant et de ce catalogue (La Terre et la Vie, T. I..
il est à souhaiter qu'une traduction le rende Oct. 1931, p. 640). A cette date deux fascicules
accessible à un plus grand nombre de lecteurs. avaient paru: Orchidaceae, par H. Perrier de
la Bâthie ; Cyperaceae. par Chermezon.
G. PORTEVIN. Voici la liste des fascicules qui ont vu le jour
depuis :
DR ZENO PAYNE METCALF. — An Intro- Juillet 1931 : Pteridophyta, par Carl Chris-
duction To Zoology. — Londres. Bail- tensen.
liere, Tindall and Cox, 1932. Octobre 1931 : Anonaceae, par L. Diels.
—.
Asclepiadaceae,par P. Choux.
Le livre au D" Z. P. Metcalf doit être par- — Chlenaceae, par H. Perrier de
couru avec beaucoup de soin par ceux qui la Bâtltie.
veulent étudier la Zoologie. Quelques critiques Dioscoreaceae, par H. Perrier
de détail que l'on puisse lui faire subir, il ne —
de la Bâthie.
leur en sera pas moins très utile, sans compter Menispermaceae, par L. Diels.
l'agrément qu'ils prendront à sa lecture. —-
Sapindaceae, par P. Choux.
Il est divisé en trois parties, la première —
Scrofulariaceae, par H. Per-
comprenant deux chapitres d'introduction qui —
rier de la Bâthie.
sont « le champ de la Zoologie » et « le
royaume an:mal ». L'auteur y signale, en par- Avril 1932: Loranthaceae,par H. Lecomie.
ticulier. les difficultés que rencontrent parfois — Sapotaceae, par H. Lecomte.
les naturalistes pour distinguer l'animal du Décembre 1932: Polygalaceae, par H. Perrier
végétal ; et, en effet, tout un groupe, extrême- de la Bâthie.

Le " Le est le premier hebdomadaire consacré fi tous les uni-


Jardin des Bêtes
maux. Il cherche Ii développer le qoùt de l'histoire naturelle auprès du grand public et
veut être le journal des amis des bêtes. Parait le samedi. 12 pages ; nombreuses illus-
trations. - Numéro spécimen sur demande : 165. boulevard Haussmann Paris-8e .
LA TERRE -ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDÉE PAR LA.

SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE

ET PUBLIÉE EN COLLABORATION AVEC LA


SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES, MARITIMES ET COLONIALES

4" ANNÉE — No 3 Mars 1934

SOMMAIRE ..
A. GUILLON Las Vampires 131
C, GUINET ...
, .
Le Jardin botanique du Col de
DR A. Roc'HO\-DuviûNEAUD
..
Saverne........
Un musée ornithologique en pleine montagne: la
136

G. MAHÉ
M. HOLLARD
.....La pêche en Indochine .....
collection Berlier, à Tournoux (Basses-Alpes)

Les énigmes do France. — En explorant un repaire méridional


142
146
156

VARIÉTÉS.

...............
NOTES SCIENTIFIQUES. — Contribution à.la connaissance des Insectes
Diptères du Maroc, par E.-SÉGUY

Le Jardin Zoologique de Karthoum. — Persistance de


162

zébrures sur Je pelage d'Equidés domestiques. — Un Faucon sociable :


le Crêsserine. — Capture d'Oiseaux par des plantes. — Un Cactus mer-
veilleux : le Peyotl. — Note sur la protection de la Nature I. La protec-
tion de la Nature aux Etats-Unis. — II. Les parcs zoologiques en Pologne .164

NOUVELLES ET INFORMATIONS.

.................
174

PARMI LES LIVRES 190,

La phôtographie reproduite sui, Za couverture et qui représente


un Zèbre (Equus zébra Grewyî), est due à M. ED. DECHAMBRE.

REVUEMENSUELLE
Abonnements : France et Colonies : 75 i'r. — Étranger : 90 fr. ou 105 fr. suivant les pays.
SOCIÉTÉ NATIONALE SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES,
D'ACCLIMATATION DE FRANCE MARITIMES ET COLONIALES
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SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION
Fondée en 1854, reconnue d'utilité publique en 1856

BUREAU
Président : M. Louis MANGIN. membre de l'Institut, directeur honoraire du Muséum-
Secrétaire général : M. C. BRESSOU. professeur à l'Ecole d'Alfort.
Vice-présidents : Secrétaires : Trésorier :
MM. Bois. professeur au M. Marcel DUVAU.
Muséum MM. Charles VALOIS;
Archiviste :
DECHAMBRE, professeur Pierre CREPIN Monseigneur FOUCHER,
à l'Ecole d'Alfort ;

le docteur THIBOUT ; le docteur POLAILLON; Bibliothécaire :


Maurice LOYER. J. DELACOCR. M. Ph. DE CLERMONT.
Secrétaire aux publications, rédacteur en chef de La Terre et la Vie :
M. G. PETIT, sous-directeur de Laboratoire au Muséum.

CONSEIL D'ADMINISTRATION
Mme la marquise de GANAY. MM. A. CHAPPELLIER; MM. le docteur ROGHON-DUVI-
MM. le docteur ARNAULT le comte DELAMARRE. GNEAUD;
;
DE MONCHAUX ; le professeur ROULE, du
A. BAI,RIOL ; le marquis de PRÉVOI- Muséum ;
leprofesseur BOURDELLE. SIN : ROUSSEAU-DECELLE;
du Muséum. le prince Paul MURÂT Roger de VILMORIN.
Conseil juridique : M" MONIRA, avocat près la Cour d'appel de Paris.

MEMBRES HONORAIRES DU CONSEIL


MM le baron d'ANTHOUARD ; CAUCURTE ; D' CHAUVEAU. sénateur, ancien ministre;
J. CREPIN; Ch. DEBREUIL ; KESTNER; professeur LECOMTE. de l'Institut; MAILLES; professeur
MARCHAL, de l'Institut; prince Joachim MURÂT ; HEY; comte X. de LA ROCHEFOUCAULD;
D' SEBILLOTTE ; TRIGNART.

BUREAUX DES SECTIONS


Mammalogie Aquiculture Aquariums et Terrariums
Président : P. DECHAMBRE. Président : L. ROULE Président D" J PELLEGRIN.
Vice-président : H. LETARD. Vice-président : H LOYER Vice-présidents Mme le D'
Secrétaire Ed. DECHAMBRE.
:
Secrétaire ANGEL. PHISALIX ; M FABRE-Do-
Délégué du Conseil : Ed. Délégué du Conseil : M. MERGUE.
BOURDELLE. LOYER. Secrétaire : A. DORLÉANS.
Entomologie Délégué du Conseil : L.
Ornithologie ROULE
Président : J. DELACOUR. Président : J. JEANNEL.
Vice-présidents : A BERLIOZ;
Vice-présidents : L.CHOPARD; Protection de la Nature
P.VAYSSIÈRE Président R. de CLERMONT.
prince Paul MURAT. Secrétaire : P. MARIÉ. :

Secrétaire : M. LEGENDRE. Délégué du Conseil le comte Vice-président : A GRANGER.


Délégué, du Conseil : Ed. DELAMARRE DE MONCHAUX. Secrétaire Ch YALOIS,
:

BOURDELLE. Délégué du Conseil : D' Ho-


Botanique CHON-DUVIGNEAUD.
Président D. Bois
Vice-président GUILLAUMIN.
Secrétaire C. GVINET.
:
Délégué du Conseil Roger :
de VILMORIN.

LIGUE FRANÇAISE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX


Président J. DELACOUR; vice-présidents : prince Paul MURAT, comte DELAMARRE DE
:
MONCHAUX secrétaire général
; A. CHAPPELLlER : secrétaires Mme FEUILLÉE-BILLOT, NICI.OT
:
ROPARS trésorier P. BARET délégué du Conseil : D' THIBOUT.
: ;
LES VAMPIRES
par
A. GUILLON,
Médecin général des troupes coloniales.

Si certains Vampires appartien- (Rhinolophus ferrum-equinum) de


nent il la légende, si d'autres inté- sucer le sang des Pigeons dans les
ressent les psychiâlres et les magis- colombiers, ce que, toutefois, n'ont
trats, ceux dont nous allons parler pas confirmé d'autres observateurs.
ne peuvent se réclamer que de la Les Vampires sont caractérisés,
pathologie tropicale. Ce sont tout avant tout, du moins pour les pro-
simplement des Chauve-souris, géné- fanes, par la présence au-dessus du
ralement, mais pas tou jours, de pe- nez d'un appendice cutané en forme
lite taille, appartenant à la famille de fer-de-lance, leur donnant un as-
des Phyllostomidés, dans laquelle on pect tout particulièrement hideux et
compte une trentaine de genres ré- féroce qui a très bien pu inciter les
pandus dans toute l'Amérique chau- voyageurs à exagérer leurs trop réels
de, de la Californie à la République méfaits et aider ainsi à répandre la
Argentine, et qui se nourrissent, en légende de la gouge nocturne qui,
partie, du sang des Vertébrés supé- dans la forêt vierge, tue l'homme
rieurs, Homme compris.' endormi en le vidant de tout son
Si, aujourd'hui, ces buveuses de sang.
sang semblent uniquement choses Certains naturalistes prétendent
d'Amérique, il est, cependant, po- que, seuls de la famille des Phyllos-
sible que certaines espèces, disparues tomidés et, d'ailleurs, de tous les
ou émigrées dans la suite des siècles, Chiroptères, les Desmodus, dont on a
aient sévi-jadis dans l'Ancien Con- décrit deux espèces, Desmodus m lus
tinent, car Hérodote, cité par Buffon, etDiphyllia ecaudata, manifestent des
parle de Chauve-souris qui « mor- mœurs sanguinaires. Cette affirma-
dent les hommes qui vont cueillir la tion, nous devons le reconnaître,
casse autour des marais d'Asie ». A la repose sur une très sérieuse base
rigueur, il ne serait pas défendu de anatomo-physiologique : formule
croire qu'en Europe même, et à dentaire, disposition spéciale des
notre époque, il existât des Chirop- incisives supérieures, solidité parti-
tères sanguinivores; puisque Kole- culière de l'articulation intermaxil-
nati accuse le & Grand-Fer à cheval » laire, brièveté de l'œsophage, lon-
gueur del'estomac qui forme un long et aux Oiseaux, ils causent à leurs
boyau en cul-de-sac avec cardia et victimes des plaies plutôt insigni-
pylore accolés à l'état de vacuité, fiantes en apparence, tant en largeur
mais qui se distend une fois plein de qu'en longueur et ne dépassant pas,
sang, c'est-à-dire système dentaire en profondeur, le tissu cellulaire
puissant et tube digestif adapté à la sous-cutané, mais, fait digne de
digestion de cet aliment spécial qu'est remarque, la perte sanguine est
le sang. Malgré tout, je reste persuadé
que cette opinion esL tiop exclusive :
elle ne cadre nullement avec les récits
des voyageurs et 1 expérience des
autochtones, ni avec mes propres
constatations en Guyane française ;
elle se trouve, enfin, formellement
contredite par des faits observés
récemment en Amérique du Sud. Je
crois plus sage et plus conforme à la
vérité d'admettre avec Perrier etiMe-
negaux, que tout les Phyllostomidés
ont sensiblement les mêmes habi- toujours importante et pas du tout
tudes alimentaires, à savoir que ces en rapport avec les dimensions de la
animaux sont omnivores et se nour- morsure. Frappé de ce fait. j'ai, dès
rissent, à la fois, de fruits, d'Insectes 19,10 (1), émis l'hypothèse, non
et de sang. Les Desmodes, eux, sont encore vérifiée, de l'existence dans la
peut être exclusivement sanguini- salive des Vampires d'une substance
vores et cela tant pour les raisons anticoagulante analogue à l'hirudine
anatomiques et physiologiques expo- de la Sangsue médicinale. Cette hypo-
sées plus haut que du fait que, fa11te- tèse est d'autant plus plausible que le
d'autre proie, ils se dévorent entre sang continue à couler après le départ
eux, contrairement à ce qu'un dicton du prédateur, fait bien connu de
bien connu rapporte des Loups. tous ceux qui ont vécu en Guyane
Il n'est pas indiflérent de noter, française.
dès maintenant, qu'une seule mor- Le Vampire provoque l'issue du
sure de Desmode suffit à tuer un sang nécessaire à sa nourriture par
Cobaye et à faire baisser de plusieurs suggillation, suivie de morsure à
degrés la température d'un Macacus l'aide de ses seuls incisives, et aspira-
rhesus, cet infortuné quadrumane tion. C'est le procédé des ventouses
qui, pour son malheur, s'est révélé scarifiées: ventouse sèche pour ame-
un réactif de choix pour l'étude de la ner l'afflux sanguin. incision, et
fièvre jaune ; ces deux constatations nouveau ventousage.
résultent des expériences de Kumm à La douleur est toujours insigni-
B ahia au sujet de la conservation et fiante et ne réveille même pas la
de la transmission du virus amaryl victime, bien que la Chauve-souris
par les Chiroptères du Brésil, expé- se fixe à l'aide des griffes de se&
riences sur lesquelles nous aurons membres postérieurs, ailes repliées,
l'occasion de revenir dans un instant.
Quand les diversVampiridés s'atta-
(1) GUILLON. — Les Vampires. La Clinique
quent aux Mammifères, à l'homme du 15 juillet 1910.
contrairement à la légende qui veut permettant pas l'emploi des portes
que le Vampire anesthésie sa proie massives, ou. ce qui est peut-être pré-
grâce à une douce ventilation provo- férable, éclairer la nuit poulaillers,
quée par le battement de ses ailes. étables et écuries, comme depuis bien
Le diagnostic immédiat des mor- longtemps, on a coutume de le faire
sures des Vampires est le plus géné- dans toute la (iuyane française.
ralement posé par les personnes qui Le traitement, dans les cas ordi-
les ont subies Pour le diagnostic naires, consiste en un simple attou-
rétrospectif, 011 devra soigneuse- chement des plaies à la teinture
ment rechercher les cicatrices en d'iode.
copeau que j'ai signalées dans le Nous avons (lit tout à l'heure
même travail où il était question de que les chauve-souris sanguinivores
faction anticoagulante de la salive pouvaient transmettre à l'homme et
des chiroptères sanguinivores. aux animaux diverses maladies con
Le pronostic est ordinairement
bénin, mais pas toujours ; en effet,
les soustractions sanguines, si elles
sont multiples et répétées, peuvent
avoir des conséquences graves, sur-
tout s'il s'agit d'animaux surmenés
ou insuffisamment alimentés, mor-
dus plusieurs nuits consécutives, de
sujets anémiés ou d'enfants. I ne
morsure unique, saur complications,
n'aura aucune suite sur un homme:
adulte en bonne santé ou sur un ani-
mal d'un certain poids en bon état
généra). J'ai dit sauf complications,
car ces plaies sont, bien entendu,
susceptibles de les présenter toutes,
de la suppuration banale localisée, au
tétanos mortel; nous verrons entin,
tout à l'heure, que les Chauve-
souris vampires peuvent, au moins
mécaniquement, transmettre cer-
taines maladies contagieuses et cau-
ser des épizooties et des épidémies
graves.
La prophylaxie humaine consisle
t
a se mettre à abri des morsures en
s'enfermant dans une chambre grilla-
gée ou sous une moustiquaire en bon tagieuses : cette question n'a été
état et soigneusement bordée. Huant connue en France qu'assez récem-
aux animaux domestiques, il faut les ment, il l'occasion de deux commu-
tenir dés le crépuscule dans des nications faites en 1931 et en 1932
abris bien clos, c'est-à-dire munis à l'Académie de Médecine par MM.
de toiles métalliques, la température Remlinger et Bailly, de l'Institut
des pays 011 vivent les Vampires ne Pasteur de Tanger.
Ces deux savants, dans leur pre- mie. » Les Vampires sont, d'ailleurs,
mière communication, le 28 juillet très nombreux à Trinidad où il
1931, ont rappelé à propos d'une épi- existe, en particulier, un proche pa-
zootie de rage au Paraguay, qu'en rent d'Artibeus perspicillatlls, décrit
1911, Carini avait déjà décrit une et baptisé en 1889 par Oldfield Tho-
grande épizootie de rage qui sévit mas qui l'appela Vampyrops Carra-
pendant plusieurs années dans l'Etat ciolœ, du nom d'un habitant de 111e.
de Santa-Catarina au Sud du Brésil Il paraît assez vraisemblable que
et dont la propagation était due aux dans les épizooties observées en
morsures d'un Phyllostomidé, le Amérique du Sud, comme dans l'épi-
Phyltostomum superciliatum, appelé démie de Siparia, les Chauve souris
encore Artibeus perspicillatus, qui sanguinivores n'ont pas joué un
avait ainsi causé la mort de quatre simple rôle de transmission méca-
mille Bovidés, et de mille Chevaux. nique, mais qu'elles ont été elles-
Une autre épizoot-ie de-rage, analogue
à celle rapportée par Carini. mais
ayant eu pour théâtre, toujours au
t
mêmes atteintes de rage; le fait est
d'autan plus probable que Carini
rapporte, d'après des témoignages
Brésil, l'état de Rio-Grande-do-Sul, dignes de foi, que les Phyllostomes
a compté comme victimes mille attaquaient les animaux au pâturage
soixante-quinze Bovidés, quatre cent en plein jour, alors que tous les
vingt-huit Chevaux, seize Porcs, cent Chiroptères ont des habitudes ou
douze Moutons et un seul Chien, ce nocturnes ou, au moins, crépuscu-
qui prouve bien que ce dernier animal laires.
n'a pu jouer en cette occurrence son Enfin, tout récemment, Kumm a
rôle habituel d'agent de contami- recherché à Baliia si les Chauve-
nation souris du Brésil ne pouvaient pas
La .seconde communication de constituer un réservoir du virus de
Remlinger etBailly, le 16 février la fièvre jaune, supposition vraisem-
1932, concerne une épidémie hu- blable, puisque ces animaux sont,
maine de rage qui s'est produite à d'une façon intensive, parasités
Siparia, dans l'île de Trinidad, par le Moustique qui transmet cette
amenant la mort de dix-sept per- grave affection JEdes Egypti, ancien
sonnes : trois indiens et quatorze Stegomya fasciata. Tontes les expé-
noirs ou gens de couleur. Les expé-- riences ont échoué et la maladie n'a
riences entreprises à Tanger par nos pu être inoculée aux Chiroptères par
deux compatriotes pour identifier des Moustiques préalablement infec-
le virus de Siparia, qu'ils avaient tés mais, en-revanche, par deux
reçu par l'intermédiaire du docteur fois, Kumm a réussi, en faisant
Weston Hast, de l'institut Lister de mordre successivement, parle même
Londres, ne laissent aucun doute : Desmode. un Singe jauneux et un
il s'est bien agi de la rage à Trini- Singe neuf, à transmettre à ce dernier
dad. « En désespoir de cause, con- une fièvre jaune caractéristique.
cluent Remlinger et Bailly, c'est à Pour résumer cette question des
la morsure nocturne des Vampires Vampires, si négligée, on ne sait
qu'il a fallu, du moment qu'on pourquoi, par les auteurs d'ouvrages
n'admettait pas l'hypothèse peu scien- de pathologie exotique, nous dirons
tifique d'une rage spontanée, ratta- que dans les régions chaudes du
cher le développement de l'épidé- Nouveau Monde, les Chauve-souris
de la famille des Phyllostomidés qu'ils sont susceptibles de communi-
vivent, en partie ou exclusivement, quer mécaniquement la fièvre jaune.
aux dépens des Vertébrés supérieurs Les espèces en cause sont : en
dont elles sucent le sang pendant leur Guyane française, Vampirus spec-
sommeil nocturne. Chez l'homme, les trum. le géant du groupe, au Brésil
plaies produites par ces petits Mammi- Phyllostomum supercilialum, à Tri-
fères sont insignifiantes et les compli- nidad, probablement Vampyrops
cations graves assez rares, mais des Carracciotæ et à Bahia, dans les expé-
saignées répétées peuvent, dans cer- riences de laboratoire, Desmodus
taines circonstances, avoir des consé- rotondus que je supposé être le
quences des plus sérieuses. D'autre Desmodus ru/us des anciens auteurs,
part, il est maintenant prouvé que celui-là même que le grand Cuvier
ces Chiroptères peuvent contracter la ayant surpris à Coquimbo, au Chili,
rage et la communiquer à l'homme mordant un de ses Chevaux, tua
et aux animaux et se trouver à l'ori- et autopsia, ce qui lui permit de
gine de graves épizooties et épidé- constater que l'estomac de ce Chirop-
mies; enfin, de constatations et d'ex- tère, pris en flagrant délit, était plein
périences de laboratoire, il ressort de sang.
LE JARDIN BOTANIQUE
DU COL DE SAVERNE
par
.Y CAMILLE GUI NET
Ingénieur horticole
Chef de l'Ecole de Botanique du Muséum d'Histoire naturelle de Paris

Gràce à l'initiative de l'excellent jardin botanique du col de Saverne.


botaniste alsacien M. Emile Walter Leur geste courageux est d'ailleurs
dont on connaît les-importants tra- un acte de foi dans l'avenir, auquel
vaux de systématique et de phyto- nous ne pouvons qu'applaudir.
:
géographie (1), la France possède C'est au cours de 1931 que fut
un nouveau jardin botanique. décidée la création du jardin bota-
Créer un jardin botanique à notre nique de Saverne, par une réunion
époque où le rationalisme écono- amicale de naturalistes alsaciens
mique semble la loi de plus en plus groupés autour du botaniste saver-
tyrannique de l'activité humaine, nois Emile Walter. Après quelques
pourrait paraître œuvre vaine aux recherches concernant l'emplace-
personnes mal averties de l'intérêt ment le plus favorable à l'établisse-
scientifique que peuvent présenter ment du jardin projeté, le comité
de tels établissements. lei, au milieu organisateur fixa son choix sur un
de naturalistes dont toute l'activité terrain communal situé à proximité
s'efforce de multiplier les moyens du col de Saverne, en bordure de la
d'investigation scientifique, la route nationale reliant Paris à Stras-
défense d'une telle création est sans bourg, par Sarrebourg et Saverne.
aucun doute superflue. Nous n'insis- Le jardin botanique, établi à l'alti-
tons que pour admirer l'heureuse tude de 300 m. environ, repose en-
audace de nos amis d'Alsace qui, au tièrement sur un des plateaux incli-
prix de sacrifices personnels certains, nés qui s'étagent entre les failles du
nous ont donné cet exemple de grès vosgien jusqu'à son effondre-
volonté créatrice en organisant le ment dans le fossé rhénan. La pente
naturelle, exposée au sud-est, pré-
sente des modalités de relief qui
(1) Emile Walter. — La botanique en Alsace furent mises en évidence par quelques
et en Lorraine depuis 1870. travaux préliminaires. Ainsi, sans
Modifications survenues dans la flore
que sa configuration générale en soit
»
d'Alsace et de Lorraine depuis 1870,
Saint-Dizier. 1931. sensiblement modifiée, le terrain
Les grands froids de l'hiver 1928-1929
Il
et leur influence sur la végétation, consacré au jardin botanique pré-
Bull. Ass. phil. d'Als. et Lorr
T. VII, asc. 5. 1930. sente à l'heure actuelle une grande
» Aspidium aculealum Sw.. ein neuer diversité de conditions climatiques
Farn. in den Vosges. locales devant permettre l'introduc-
Slatricaria discoides, eine neue einge-
»
wanderte Familie, tion d'espèces végétales aux exigences
» Distribution géographique de quelques variées.
plantes vosgiennes. 1920.
La nature
-géologique
des assises
sur lesquelles
repose n.t ces
plateaux fail
n a t u relle-
ment suppo-
ser u n sol ara-
ble cristallin
de faible im-
portance par
suite de la
difficile désa-
grégation des
roches ; eUe
fait égale-
ment prévoir
un peuple-
ment végétal
naturel ho-
mog-ène et
relativement pauvre. Par ailleurs, la bordure du plateau traversé par
elle pourrait malheureusement limi- la voie de grande communication
ter les possibilités culturales en élimi- reliant Saverne à Sarrebourg. Cette
nant toute la riche végétation calcicole route très ancienne est chargée de
qui ne trouverait pas ici des conditions plusieurs assises de pierres calcaires
édaphiques satisfaisantes. En réalité, de Muschelkalk de Lorraine. Depuis
il n'en est rien, et le botaniste qui -plus de deux siècles les eaux météo-
parcourt le jardin et les-friches qui riques s'écoulant sur les bas-côtés ont
l'avoisinent est surpris de rencontrer entraîné à travers toutes les pentes
sur ces plateaux l'abondante végéta- sur lesquelles le jardin vient d'être
tion des pelouses à Bromus erectus el constitué, des sédiments riches en
Orchidées calcicoles, voisinant avec carbonate de chaux provenant de la
les sables gréseux à Sarothamnus progressive désagrégation des maté-
seoparius, d'où émergent de gros riaux constitutifs de la chaussée. Ces
rochers de grès vosgien. sédiments se sont infiltrés entre les
Cette observation était d'un inté- masses rocheuses pour venir finale-
rêt considérable; elle ne pouvait ment s'accumuler sur les parties
échapper au botaniste averti qui prit moins déclives modifiant profondé-
l'initiative de créer un jardin bota- ment la constitution du sol. Avec le
nique au col. En effet, la complexité temps, les semences de. plantes pro-
du tapis végétal était indicatrice de venant de régions plus ou moins
possibilités culturales extrêmement lointaines sont venues transformer
variées. localement l'aspect primitif de la
Un fait aussi surprenant mérite population végétale naturelle. Celte
une brève explication ; le jardin bota- circonstance fortuite et ses heureuses
nique se trouve limité au nord par conséquences se trouvent aujour-
de Saverne,
offre déjà au
visiteur, tou-
riste ou bota-
niste, un cen-
tre d'intérêt
considérable
qui s'affir-
mera bientôt
davan tage
lorsque les
travaux pro-
jetés vien-
dront en élar-
gir le cadre
et en parfaire
les disposi-
tions.
La diver-
sité des possi-
bilités cultu-
rales actuelles
paraît être le
d'hui habilement mises à profit par résultat essentiel de l'œuvre accom-
les botanistes de Saverne. plie jusqu'à ce jour : pelouses fraîches
Consacrant tous les loisirs que ou arides, d'où émergent d'imposantes
leur accordaient leurs occupations masses rocheuses, bancs inclinés de
quotidiennes, quelques zélés bota- grès vosgien entre lesquels des failles,
nistes, improvisés jardiniers, trans- riches d'un sol humifère, abritent
formèrent rapidement ces friches toute une végétation exigeante, ébou-
abandonnées en un jardin pitto- lis rocailleux secs, favorables aux
resque encadré de vastes formations peuplements de végétaux xérophiles,
forestières. Après un défrichement rochers donnant asile aux espèces
préalable, rendu nécessaire par l'état saxatiles, ravins frais réservés à la
du terrain en voie de reboisement végétation de la Mégaphorbiée, tour-
naturel, de vastes bancs rocheux bières acides ou aléalines, etc.. etc..,
furent successivement dégagés et mis sont déjà autant de stations particu-
à nu tandis que par ailleurs des lières aux caractères écologiques bien
rocailles artificielles étaient consti- différenciés destinées à recevoir des
tuées à l'aide de grosses pierres sor- peuplements végétaux les plus variés.
ties des broussailles voisines. Un aménagement des sentiers diri-
Le but essentiel qui orientait leurs gés avec habileté permet d'accéder
travaux vers la création de milieux sans difficulté aux diflérentes parties
-culturaux variés fut subordonné dans ainsi consacrées aux collections
une juste mesure à la présentation botaniques.
artistique qu'il convenait de ne pas Celles-ci sont distribuées sans
négliger. Aujourd'hui, après trois ordre systématique ; toute classifica-
années d'efforts, le jardin botanique tion rigoureuse serait ici évidemment
déplacée et sans aucune
utilité. Les plantes sont
réparties selon leurs exi-
gences écologiques. C'est
là, de toute évidence, la
formule d'avenir des jar-
(lins botaniques ; il est
heureux de voir s'affirmer
une fois de plus la réaction
salutaire contre la classi-
que disposition des plantes
en lignes parallèles ou
concentriques qui rendent
nos vieux jardins botani-
ques si pitoyables, mais si
sympathiques, pourtant, à
ceux qui accordent volon-
tiers un regard attendri au
passée
A Saverne, chaque plan te
dans son milieu : telle nous
a semblé être la loi qui
préside à la répartition des
collections. Cette disposi-
tion n'est pas sans entrai-
ner un surcroît de labeur
aux organisateurs qui se
voien t obligés à des recher-
ches nombreuses, à des études absor- créateurs du jardin qui nous était
bantes et souvent difficiles et par présenté, nous avons pu admirer le$
ailleurs à une expérimentation par- nombreuses espèces introduites, ap-
fois délicate et longue. Les organisa- précier les résultats déjà obtenus et
teurs de Saverne qui n'ont pas épargné juger de l'intérêt que présentera à
leurs peines pendant ces premières la fois pour la Botanique et l'art des
années de dur labeur, trouveront dans jardins, l'heureuse initiative des bota-
ces recherches et ces études la récom- nistes alsaciens. Nous fûmes tous una-
pense seule estimable : la connais- nimes à souhaiter la réalisation des
sance chaque jour plus grande du projets envisagés : agrandissement
monde végétal et de sa vie. du jardin botanique par la création
Au cours de juillet dernier, les d'un arboretum et d'un fruticetum.
botanistes qui prenaient part à la dans lesquels des essais d'acclimata-
session extraordinaire de la Société tion seraient poursuivis ; organisation
botanique de France eurent le plai- de groupements géographiques (plan-
sir d'être reçus au jardin botanique tes d'Amérique, de l'Europe orientale,
du col de Saverne par ses organisa- de l'Europe méridionale, etc...)
teurs : M. Waller et ses d'eux colla- enfin, amélioration des conditions^
borateurs immédiats MM. R Pau lus cultu raies par des travaux devenus
et A. Thomas. Sous la direction des indispensables d'adduction d'eau.
L'œuvre réalisée à Saverne par leur beau développement, soit par
quelques botanistes animés du même leur rareté, soit enfin parce qu'elles
amour de la nature et du patient témoignent simplement des possibi-
esprit de recherche, est déjà remar- lités culturales variées.
quable. Il n'est pas douteux que
dans quelques années le jardin bota- Parmi les espèces alpines ou arc-
nique du col de Saverne, admira- tiques :
blement bien situe près de la grande Androsace Lactea L. et primuloides Duby.
,sylve vosgienne, au centre même de Artemisia spicntaWulf., Arenaria sa.ja-
l'inestimable région touristique d'Al- nensis Willd
sace, ne devienne un modèle de réa- Achillea chamaemelifolia Puurr., Alche-
lisation artistique et scientifique millapenlaphylla L.
après avoir été un exemple que nous Ca.rlina acaulis L. et acanthifolia L.
espérons fécond. Carduus carLinoides Gouan qui parait
Depuis la fin del'année 1932 le se naturaliser.
jardin botanique est à la chargé de Draba aizoides L. et Incana L., Dianthus
l'association qui s'intitule : « Les alpinus L.
Dryas octopetala L., Erinus alpinus L.,
lamis du Jardin botanique du col de Empetrum nigrutn L.
-Saverne ». section il but spécial, Eryngiurn Bourgati Gouan., Epilobhim
affiliée au club vosgieu. Un comité rosmarinifolium Hueoke.
actif à la tête duquel nous retrou- Ilelianthemum alpestre Reichb., Hiera-
vons avec plaisir les noms de trois cium auranliacum L.
botanistes animateurs de la première Hulchinsia alpina Ait Hypericum num-
heure en assure la direction. mularium L.
Le jardin botanique du col de Helxine soleiroLei Reg., Lyclinis a-
Saverne possède déjà plus de 1500 pina L., Leontopodium alpinum Cas.
Lilium Martagon L. et pyrenaieum
espèces végétales piovenant de Gouan., Primula larinosa L. et auriculaL.,
récoltes effectuées dans la nature par Ilhododendrun ferrugineum L., Ranunculus
les botanistes savernois au cours de Thora L.
leurs herborisations ou par quelques Ramondia pyrenaica Rich., Silene rupes-
botanistes correspondants parmi tris L., Soldanella alpina L.
lesquels se sont montrés particulière- Senecio incanus L. et Leucophyllus DG.,
ment généreux : MM. Vial, de Font- Saponaria ocymoides L.
Romeu ; Buisson, à La Touche par Thlaspi monlanum L., l'eucrium monta-
Meslands ; Clément-Marot, de Rueil- num L., Valtriana t7'ipteris L.
Malmaison. D'autre part, plusieurs Veronica saxatilLis Scop., Xatartiasca-
établissements scientifiques, parmi bra Meissn.
_

lesquels : les jardins botaniques de Parmi les plantes d'Europe orien-


Dijon, Strasbourg, du Muséum de tale et méridionale :
Paris, les écoles forestières de Nancy
^t des Barres, n'ont pas hésité à Acantholimon androsaceum Boiss., gix-
mettre leurs collections à la disposi- maceum Boiss. et Vfmustum Boiss.
tion de M. Walter. Achillea tomentosa L,,Cerastium Biebers-
Une énumération des espèces déjà tinii DC
Dianthus caryophyUus L., serratus Lnp.
cultivées avec succès paraîtrait fasti-
dieuse ; nous indiquerons seule- et sylvestris Wulf.
Dictarnus albus L., Frankenia laevis L.,. -
ment celles qui nous ont paru par- Gypsophila aretioides Boiss.
ticulièrement remarquables soit par Hypericum olympicum L. et Coris L.
Hp.lianlhemum roseum Mil., Linariadal- leillées et sèches et des cavités om-
matica Mill. brées et fraîches est presque entiè-
Linum campanulatum L. et salsoloides rement réservé aux Saxifrages, aux
Lam. Sedum et Sempervivum,
Leucanthemumgraminitolium L M-icro-
meria croatica Schott. , Parmi eux, nous avons rapide-
Potentilla albaL., Phlomis herba-vøntiL. ment noté :
Sideritis hir-
suta L., Stipa
capillata L. et
pennata L.
Serratula nu-
dicaulis DC.,
l'eucrium azi
reum Schreb.
Parmi les
Fougères :

Aspidium a-
culeatum Sw.
et ses var. pro-
titerumV'all. et
Braunii Doell.
Aspidium lal-
catum Sw., du
Japon.
A dianlum
pedatum L.,
d'Arnerjque bo-
reale.
A sp len ium
acrostichioidea
Sw., d'Ameri-
que boreale.
Asplenium tontanum Bernh., lanceola- Saxitraga androsacea L., ajugae/olia L.,
luiu Hods., viride Huds. Alberti llegeli, aspera L.
Asplenium plalyneuron Oakes, d'Am- Saxifraga Aizoon Jacq., aizoides L.,
rique boreale. bryoides L., caespiloso L.
Blechnum spicant With., Cystopteru
bulbi/era Bernh., d'Am6rique borale
f
Sflxi/roqa cervicoinis Viv., coni era
Coss crustata Vest , geranioides L.. hir-
OnocleasensibilisL., d'Amrique boreale. ,
suta L., Hueltiana Bo ss., Hostii Tausch.,
O...monda regalis L., Polypodium vulgare
L., var. putchennum Moore. Kotschyi Boisa., jUHiiJeritolw Adams.,
Scoiopendrium vulgare L.,var. margi- opposititolia L.. sarmentosa L., etc.
natum Moore Sedum Anacampseros L., alpestre Vill.,
Woodwardia areolata Moore, d'Ame altissimum Poir., anopetalum DC., bolo-
rique bòrale, etc. niensis Lois., dasyphyllum L.,elegans Lei.,
Etlacombianum Praeger., Kamtschaticum
Un grand banc rocheux présen- Fisch., sexangulflre L , spectabile Bor..
tant à la.fois des parties très ensol- terRatum Michx., Rhodiola DC., etc., etc.
UN MUSÉE ORNITHOLOGIQUE EN PLEINE MONTAGNE

LA COLLECTION BERLIE A TOURNOUX


(BASSES-ALPES)
par
LE Dr A. ROCHON-DUVIGNEAUD

; Au début de septembre dernier Tournoux, hameau de quelques


jetais à Larche (Basses-Alpes) pour maisons, avec un mince clocher aigu,
visiter la jolie vallée du Lauzannier, est juché à près de 1.500 mètres sur
dont la Société d'Acclimatation se un ressaut de la montagne qui
propose de faire une Réserve bota- s'incline ensuite dans une combe de
nique et zoologique. prairies pour se relever sous la forêt
D'aimables chasseurs niçois dont de Mélèzes, jusqu'aux crêtes du Par-
j'avais fait connaissance à l'hôtel paillon.
m'apprirent l'existence, non loin de Au bout du hameau, une vieille
Larche, d'une collection ornitholo- maison solide et grise : nous voici
gique rassemblée par MM. Berlie chez M. Antoine Berlie, qui a conti-
pere et fils, au petit village de Tour- nué la collection zoologique com-
noux. A l'issue d'un déjeuner où de mencée dès la première moitié du
jeunes Coqs de bruyère (Tetras lyre) dernier siècle par son père P. G. Ber-
tups par ces messieurs et savamment lie. Instituteur dans le pays, ce der-
préparés à l'Hôtel de la Paix, avaient nier est mort âgé de 83 ans, en 1914,
éveillé en chacun de nous le goût de il la nouvelle de l'invasion alle-
l'ornithologie locale, nous partîmes mande... et avant le redressement de
en automobile pour Tournoux qui la Marne !
est situé en aval de Larche et non Un vieil escalier (tout est vieux ici
plus dans la vallée de l'Ubayette, mais ou plutôt ancien et solide) nous con-
dans celle de l'Ubaye. Quittant la duit à « la chambre de l'Aigle ».
route qui descend vers Barcelonnette, J'appelle ainsi la petite chambre
on prend celle qui monte vers basse et blanche, aux poutrelles sail-
St-Paul et dont se détache un che- lantes, que les deux créateurs du
min en lacets grimpant vers Tour- Musée ont successivement habitée.
noux, à travers une forêt de Pins de Sur une armoire basse, auprès du lit,
montagne. Le versant opposé est une un bel Aigle tient un Lièvre dans ses
immense muraille de schistes con- serres. Aux murs, des Oiseaux empail-
tournés, coupée verticalement, héris- lés, de vieux fusils, une bibliothèque
sée çà et là de poils raides qui sont avec des ouvrages de zoologie, des
des Mélèzes et des Sapins rabougris. photographies de famille, et, contre
la fenêtre une petite table de travail : M. A. Berlie, par une étiquette qui
toute la vie intime des deux natura- porte la date de leur capture. C'est
listes solitaires qui ont travaillé pour ainsi qu'un Aigle qualifié de « noe-
la science dans des régions où la vioïde » et dont je ne saurais préci-
besogne matérielle écrase presque ser l'espèce, porte une telle étiquette.
toujours l'activité de l'esprit. Un spécialiste des Aigles aurait ici
Une deuxième chambre et c'est le fort à faire.
petit Musée aux vitrines remplies
d'Oiseaux, tellement que des Aigles,
des Gypaètes n'y ayant pu trouver
place, sont perchés çà et là sur les
meubles, comme de leur vivant, sur
les rochers des montagnes. A l'un
des murs une magnifique tête de
Lynx. Puis des Lièvres blancs ou gris,
-des Marmottes, des Ecureuils. Toute
la faune du pays est là, celle qui per-
siste et celle qui a disparu.
M. 13erlie père avait commencé
par les Oiseaux du pays, encore fort
nombreux dans sa jeunesse, et sa
collection était rapidement devenue
importante. Ses animaux étaient en
outre fort bien empaillés. Ils se sont
bien conservés, étant montés, comme
nous le fait remarquer M. Antoine
Berlie, sur fils d'archal galvanisés, qui
échappent à la rouille.
A une époque que j'ignore, les
exemplaires en double de la faune
locale ont été échangés contre des
Oiseaux étrangers à la région, ou
même exotiques, eL l'on voit aujour-
d'hui à côté de l'Aigle Fauve, du Gy-
paète, du Grand-Duc, du Tétras lyre,
tous autochtones, le Vautour fauve
d'Espagne, le Percnoptère de Pro-
vence ou d'ailleurs, les Colibris de
l'Amérique du Sud, etc...
Mais les doubles seuls ont été cé- Je ne puis donner une liste des
dés et la faune ornithologiqu'e locale quelques centaines d'Oiseaux qui
reste représentée par toutes ses prin- eomposent la collection. Un cata-
cipales espèces sédentaires o-u de pas- logue manque, malheureusement. Je
sage régulier. En outre des Oiseaux signalerai parmi les Rapaces diverses
de passage accidentels ont pris place espèces d'Aigles (A. fauve, Bonelli,
dans la collection. Ils sont désignés des « aigles de passage »), le Gypaète,
comme tués dans la région, me dit le Jean-le-Blanc, les Faucons, no-
tamment le Pèlerin et l'Emérillon, ce 10). Comme il ne dédaigne pas la-
dernier assez commun ici, paraît-il. charogne en temps de diselte, « il
Puis l'Autour, l'Epervier, des Bu- pourrait bien, dit M. Berlie, subir le
sards, Milans, Buses, des Grands- même sort que le Gypaète ».
Ducs, des Chouettes Tengmalm, qui Le Grand-Duc n'est pas signalé en
sont assez répandues et sédentaires diminution, et, aujourd'hui encore,
dans le pays. Ensuite le Chocard et il ne paraît guère plus rare qu au-
le Crave, le Casse-Noix, les Pie- trefois.
grièches, les diverses espèces de Pics, Mais la plupart des autres Oi-
le Tichodrome, de nombreux petits «

granivores- et insectivores, la Perdrix seaux, Perdrix, Chocards, Graves,


Pinson des neiges, sont en diminu-
rouge, la Bartavelle, quelques Echas- tion marquée. Le Tichodrome, le
sijers et Palmipèdes, les quatre Té- Merle a plastron, le Merle de roche
tras, parmi lesquels le Tétras lyre et sont devenus très rares. Les petits
le Lagopède habiTent seuls la région. Becs fins (Pouillots, etc...) sont éga-
Je passe sur les nombreux Oiseaux lement -en voie de diminution mar-
exotiques. quée. »
Parmi les Carnassiers, le plus inté- Telles sont les constatations de
ressant est un Lynx tué à Escrins. MM. Berlie père et fils, derrière les-
près du col de Vars en 1895. Vers'la quelles on sent leurs craintes pour
même époque un autre Lynx égorgea l'avenir.
une vingtaine de Moutons dans la Remercions-les de nous montrer
montagne pastorale de Morin, au
fond de la vallée de l'Ubaye. encore, dans leur maison de Tour-
Quelques années plus tard des noux, la belle faune d'autrefois, d'é-
traces de Lynx furent relevées sur la voquer l'Aigle et le Gypaète planant
neige, mais l'on ne put voir l'animal. parmi les pics, de nous rappeler « les
Actuellement le Lynx semble avoir immenses vols de Chocards (de 5 à
disparu. Mais lé Chat sauvage, bien 600 individus ! ) fourmillant au flanc
des falaises, s'abattant sur les bas-
que rare, existe encore (1). fonds où ils trouvaient une nourri-
Dans une petite notice sur la faune ture suffisante de baies de Genièvre,
de la vallée de l'Ubaye, que M. Ber- d'Epine-vinelle, etc. M, le gibier
lie père a publiée vers 1905 ou 19l0, abondant, Lièvres, Coqs de Bruyère,
il signale qu'à cette époque le Gypaète Perdrix, Chamois...
est devenu introuvable dans la vallée.
dernière capture de. Gypaète, La Montagne vivait alors ! Parce
« Ma qui lui manque aujourd'hui on voit
dit-il, remonte à -1884 ». Il attribue
la disparition rapide de ce bel Oiseau combien il est nécessaire d'organiser
Renards empoisonnés par la des Réserves pour soustraire la flore
« aux il la dent des troupeaux transhumants
strychnine, abandonnés partout dans
la vallée ». cetle lèpre des montagnes, pour don-
L'Aigle fauve, assez commun jadis ner à la latine des refuges où elle
puisse se reconstituer.
dans toute la -vallée de l'Ubaye. tend De la plan le à l'herbivore, de la
à y devenir rare aujourd'hui (1905- Marmotte, du Lièvre et même du
Chamois au Rapace splendide et rare,
(1) Au Musée de Gap on peut voir: 1* un Lynx. à l'Aigle, roi des montagnes, auGy-
tué en 1890 aux environs de Guillestre ; 2°un
autre Lynx (jeune) tué en 1908 dans le Queyras. paète. l'« Aigla blancha » dans la
vieille langue du pays, la série est con- niser, non loin de leur vieille maison
tinue, naturelle, vénérable. Les deux familiale, dans la gracieuse vallée du
naturalistes de Tournoux, en nous Lauzannier.
montrant la dépouille des beaux ani- Je dois signaler en terminant que
maux disparus ou devenus rares, M. Ai Berlie cherche à se défaire de sa
excitent en nous le désir de les revoir belle collection soit, de préférence,
vivants et nombreux.
en bloc, sont par pièces détachées.
Par là je veux voir en eux les pré- Son adresse pendant l'hiver est
curseurs de la Réserve que la Société rue Grenette, Barcelonnette (Basses
d'Acclimatation se propose d'orga- Alpes).
LA PÊCHE EN INDOCHINE
par
G. MAHÉ
Gouverneur honoraire des Colonies
Ancien- résident supérieur en Annam.

La France a voulu en Indochine, Il est donc .logique que nou-s nous


comme dans tous les pays où elle a soyions aussi préoccupés de la pêche
créé des colonies, des protectorats, qui joue un rôle considérable dans
améliorer le sort des indigènes et tout l'alimentation des indigènes et cons-
d'abord assurer leur alimentation. LiLue pour eux une richesse dont il
Ce souci était d'ailleurs, déjà, on faut accroître le rendement et tirer
le conçoit, celui des empereurs d'An- le meilleur parti.
nam, dont les mandarins avaient De tout temps, bien entendu, on a
construit des magasins à riz pour péché plus ou moins activement le
parer à l'insuffisance éventuelle des long des 3.000 kilomètres des côtes
récoltes, ou aux dévastations pro- de l'Indochine, sur les tO.OOO kilo-
duites par les typhons. Mais c'est à mètres carrés (aux hautes eaux) du
notre administration surtout que les Grand Lac du Cambodge, sur les
vingt millions d'habitants de notre 10.000 kilomètres de longueur des
grande colonie asiatique doivent fleuves, particulièrement sur le Mé-
d'être actuellement à l'abri de la kong qui longe ou traverse nos terri-
famine et même de pouvoir exporter toires sur 2.600 kilomètres et où l'on
près d'un million de tonnes de riz, capture, à 1.600 kilomètres de la
grâce aux travaux que nous avons mer, des Silures de 250 kilogs.
exécutés — notamment en Cochin- Dans le golfe du Tonkin, la région
chine où la surface des terres culti- où la pêche est la plus active s'étend
Tables a décuplé depuis \ 860. de la Baie d'Along — près de Haï-
phong— à environ 100 kilomètres intéressants et si concluants qu'à la
au Sud de l'embouchure du Song- demande du gouverneur général
Ma, dans le Nord Annam" Cette Pasquier et d'accord avec l'Académie
région est fréquentée par les jonques des Sciences, il a été-érigé par décret
chinoises de l'île de Haïnan et par du 1er décembre 1929, en établisse-
les 1.800 pêcheurs annamites du ment public doté de la personnalité
Thanhoa qui disposent d'environ civile et de l'autonomie financière,
1.800 barques et de 1.700 radeaux. sous le nom d'Institut océanogra-
En dehors de la vente du poisson phique de l'Indochine.
frais, les pêcheurs ont coutume de Pour donner une idée du rôle de
préparer, d'une part, de grandes cet institut, je ne saurais mieux faire
quantités de poissons secs, d'autre que de reproduire ici le texte du
part, les assaisonnements connus décret en question « L'institut est
:

sous le nom de nuoc-man et de man- un organisme de recherches. Il a


tom, inséparables de tout, bon repas pour objet de travailler à l'explo-
annamite. Le nuoc-man est obtenu ration des mers qui entourent ou
par la macération du poisson dans intéressent la péninsule indochinoise ;
le sel pendant plusieurs mois; c'est d'apporter -sa contribution à toutes
un liquide fortement salé, très appré- les recherches scientifiques qui se
cié des indigènes, qui le mangent rattachent à l'industrie des pêches.
non seulement avec le poisson, mais Il est spécialement chargé d établir
avec des viandes de toute nature. Le l'inventaire des ressources ichthyo-
man-tom est une pâte principalement logiques de la mer de Chine, de
faite de Crevettes et employée de la dresser la. carte des fonds de pêche
même façon que le nuoc-man. du littoral et du plateau continen-
Il incombait à notre administration tal Indochinois, de travailler à la
de faire étudier scientifiquement connaissance des migrations de toutes
les conditions de ces pêches, aussi les formes vivantes intéressant la
bien maritimes que fluviales, les pêche. Il a mission de porter ses
lieux de pêche les plus favorables, les investigations sur tous les problèmes
méthodes les meilleures pour exploi- dont la solution est susceptible de
ter le poisson et le répartir dans la favoriser les. industries qui touchent
colonie, le conserver, le préparer en au domaine des eaux tant maritimes
vue de l'exportation ; il importait que fluviales. »
d'examiner la fabrication du nuoc- Ce n'est pas dans un article aussi
man et du man-tom, l'importance bref que j'ai la prétention d'exposer
de la consommation actuelle ou en détail, comment et par quels
possible du poisson, les mesures à moyens l'institut s'est acquitté de la
prendre pour la satisfaire et tant tache qui lui a été confiée.
d'autres questions connexes. Le lecteur trouvera à cet égard,
Ces multiples problèmes que je me des renseignements très complets
borne à indiquer, tardèrent long- dans l'ouvrage que le gouvernement
temps à faire l'objet d'un examen général de l'Indochine a publié en
suivi et c'est seulement en" 1922 que 1931 à l'occasion de l'exposition
le gouverneur général Long, décida coloniale et dans « L'Indochine mo-
la création, à cet effet, d'un service derne » de Teston et Percheron.
spécial d'investigations scientifiques. Le gouverneur général Long choi-
I.es travaux de ce service fùrent si sit pour mettre à la tête du service
dont il avait décidé la création, un farines et huiles de poisson, les
jeune docteur A. Krempf. qui s'est aquariums d'eau douce_et d'eau de
montré à la fois un initiateur et un mer, sont en bordure de la mer. à
réalisateur sachant s'appliquer à la proximité du mouillage du De Lanes-
recherche de solutions pratiques. san. chalutier de 750 tonnes, mis à
Il fallait tout d'abord, déterminer la disposition de l'Institut.. Les habi-
et choisir, pour cette fondation, le tations du directeur et de son per-
meilleur emplacement sur les côtes sonnel européen et indigène, sont
de l'Indochine, en tenant compte, réparties sur le promontoire de Chutt,
dans le présent et pour l'avenir, non dans les meilleures conditions
seulement des moyens de communi- d'hygiène et de confort.
cation, mais de la distance des régions D'importants résultats ont été
les plus intéressantes à étudier et où obtenus à Cauda.
l'action de l'Institut pourrait s'exer- -On a d'abord établi que la con-
cer avec le plus de profit. sommation de Poisson en Indochine
On peut dire aujourd'hui que le se trouve très inférieure à ce qu'elle
choix de Cauda, dans la baie de Nha devrait d'être, étant donnée la préfé-
Trang, s'est révélé excellent. Ce point rence marquée des indigènes pour
se trouve, en effet, dans la région cet aliment.
la plus utile à observer de la côte En effet, la ration de riz (environ
d'Annam, presque à la limite du 600 grammes par jour et par per-
courant côtier qui partage les eaux sonne ), est insuffisante quand elle
froides venues du Nord des eaux n'est pas complétée par d'autres
s'échauffant de plus en plus vers le aliments, dont le Poisson est le -plus
Sud. Cette région est celle où se fait recherché. On peut dire que l'indi-
la répartition des diverses espèces gène consomme environ, quand il
de Poissons. D'autre part, elle se en trouve la possibilité, 50 kilogs de
trouve non loin des îlots coralliens Poisson par an, alors qu'en Europe
des Paracels dont l'étude est si ins- un Norvégien n'en consomme que 13,
tructive. Enfin, Cauda communique et un Français 5 ; il faudrait, pat-
avec toutes les grandes villes de conséquent, pour nos 20 millions
l'Indochine, grâce au trans-indo- d'Indochinois, un million de tonnes
chinois qui sera bientôt terminé, et de Poisson. Or, en fait, le total de
aux autocars qui desservent actuel- pêche annuelle n'est que d'environ
lement environ 500 km. de son 260.000 tonnes de Poisson frais dont
futur parcours. 100.000 tonnes se transforment en
Les bâtiments de l'Institut ont été Poisson sec.
construits dans un site d'une réelle Il importait donc de savoir si l'on
beauté, avec un sens très remar- pourrait trouver le million de tonnes
quable de leur utilisation la plus de Poisson nécessaire à l'Indochine
complète. théoriquement tout au moins ; les
C'est ainsi que le vaste laboratoire, travaux de l'Institut sont, à cet
où chacun des aides du directeur a égard, très intéressants à consulter.
son bureau, que le hall des machines mais devront être continués pour
donnant la force et la lumière, que aboutir à des certitudes absolues.
l'atelier de réparation, que les bâti- Ces travaux ont amené à distinguer
ments du gazogène, l'usine des expé- sur les côtes d'Indochine trois zones
riences, les fours de fabrication des qui diffèrent aussi bien par la nature
des Poissons les fré-
quentant que par les
saisons où ceux-ci s'y
assemblent.
La première zone
s étend de la baie
d'Along au Nord
Annam. Elle a pour
caractéristique le re-
froidissement hiver-
nal des eaux de sur-
face et de profondeur
do tit la température
moyenne est de 23
à 24°. La deuxième
zone comprend les
-côtes du Sud Annam
et de la Cochinchine
dont le refroidisse-
ment hivernal n'est
plus aussi marqué et
dont les eaux se main-
tiennent à 27 et 28°.
La troisième zone est
celle du golfe de Siam
qui ne présente pour
ainsi dire pas de va-
riation saisonnière
de température,
même en profon-
deur, et marque 28
à 30°.
Dans chacune de
ces zones, et à des
époques différentes, les pêches, mé-
th-odiquement effectuées au chalut
lac du Cambodge, des migrations de
Poissons extrêmement importantes
'
par le bateau de l'Institut océano"- se produisent au large des embou-
graphique, ont montré que certains chures du Mékong.
fonds, dont la carte a été établie, Il semble donc possible, grâce à
donnent en moyenne 100 kilogs de un perfectionnement du procédé de
Poissons par heur-e pour ce chalutier pêche, de conservation et de trans-
qui a une puissance de 400 HP. Il port, que la faune maritime de l'Indo-
arrive même que la richesse ichthyo- chine satisfasse les besoins de ces
logique atteigne à diverses périodes, 20 millions d'habitants, surtout si
saisonnières, des rendements de 4 à l'on y ajoute les.quantitésde Poissons
500 kilogs par heure de drague. capturés dans le grand lac du Cam-
-On a également constaté qu'au bodge et dans les
cours d'eau du
moment des basses eaux du grand pays.
Le Tonlé-Sap, ou Grand Lac du de Cochinchine qui conduisent à
Cambodge est, au moment des Siem Réap, au Nord, d'où les tou-
hautes eaux, le déversoir du Mékong ristes peuvent se rendre en autocar
à environ 100 kilomètres en amont à Angkor.
de Pnom-Penh. La communication La pèche dure de novembre à mai.
est, en quelque sorte, un canal Elle donne des rendements propor-
naturel d'environ 100 kilomètres. tionnellement supérieurs à tous ceux
qui présente cette particularité que le que l'on peut enregistrer dans le
courant s'y inverse suivant la hau- monde entier.
teur des eaux. Il s'agit, en eflet, d'environ 100.000
Au maximum de la crue, qui dure tonnes de Poissons, c'est à-dire plus
environ quatre mois, le Grand Lac_ du tiers de ce qui est capturé dans le
atteint une superficie totale de -10.000 reste de l'Indochine et plus du tiers
à
kilomètres carrés, qui se réduit, pen- de ce que produit, en France, la pêche
dant la période despêches, environ maritime.
2.700 kilomètres. On a calculé que la densité au kilo-
C'est donc une véritable mer inté- mètre carré était de 10 tonnes de
rieure dont la visite est très attrayante Poissons pendant les hautes eaux et
et facile, grâce aux bateaux de la de 30 à 40 tonnes aux basses eaux.
Compagnie des Messageries fluviales Or, en Europe, les mers les plus
poissonneuses ne possèdent qu'une unique au monde, et s'est demandé si
tonne au kilomètre carré. elle ne diminuerait pas. Les conclu-
Actuellement, les 260.000 tonnes sions de son enquête ont donné toute
que représente la pêche en Indochine sécurité à cet égard. Il a été établi
dépassent de 10.000 tonnes la pro- que l'abondance du Poisson tenait
duction totale de la France. aux quantités exceptionnelles de subs-
Aux cours actuels, les 100.000 tances nutritives diverses fournies
tonnes de Poissons capturés dans le par la forêt submergée aux hautes
Grand Lac valent environ de -5 à eaux.
6 millions de piastres, soit 50 a Aussi, M. le Résident supérieur
60 millions de francs. Or. le budget Silvestre, qui dirige le Cambodge
général de l'Indochine pour l'année avec une autorité et une compétence
1933 était de 65 millions de piastres indiscutables, a-t-il pris, sur les indi-
et dans le budget du Cambodge, en cations du docteur Krempf, les
1930, l'affermage de -la pêche du mesures voulues pour que dans le
Grand Lac représente une recette de présent et l'avenir rien ne vienne
plus d'un million de piastres. compromettre cette richesse natu-
Bien entendu, l'Institut s'est préoc- relle, qui, il faut le dire, n'est pas
cupé de rechercher à quelles causes exploitée comme elle devrait l'être.
était due cette densité de Poissons Pourquoi ? — Parce que les indi-
gènes n'ont pas, jusqu'à ce jour, sants dont disposent les Européens.
modifié leurs engins de pêche qui Il en est de même de la prépa-
témoignent d'une habileté et d'une ration des huiles de Poisson et les
ingéniosité incontestables, rnais dont pâtes telles que le nuoc-man et le
le rendement est insuffisant. man-tom : l'Institut océanographique
Ils ont des sennes, des chaluts, a réussi à les obtenir dans des condi-
des lignes avec appâts, des barrages tions plus avantageuses que ne le
garnis de filets, des éperviers, de font les indigènes. Il fabrique en
grands carrelets, qui se relèvent quatre ou cinq jours ce qui demande
avec des contrepoids habilement à ceux-ci plusieurs mois et en utili-
disposés, des clayonnages dans les sant beaucoup mieux qu'eux le
petits cours d'eau. Ils pèchent aussi Poisson.
la nuit et non seulement en installant Il a, d'autre part, procédé à des
des feux sur l'avant de leurs embar- essais de fabrication de farine de
cations, mais en utilisant dans l'eau Poisson. Celle-ci, comme le directeur
la phosphorescence des organes de l'Institut en a fait la preuve, est
lumineux du Calmar. un produit alimentaire tri-s précieux,
Si perfectionnés qu'ils soient, ces parce que facilement transportable,
engins indigènes, ces sennes ou et sous une forme très réduite, d'une
chaluts traînés à bras ou par bateaux grande puissance nutritive. Cette
à voiles ou à rames, ne peuvent farine pourrait compléter très oppor-
atteindre le rendement que donnent tunément la ration de riz de nos sujets,
les chalutiers à vapeur de nos pays. et trouverait très avantageusement
Il est certain que l'avenir de la pêche son emploi dans les régions éloignées
maritime en Indochine est subor- de la mer, par exemple pour l'ali-
donné à l'emploi des moyens puis- mentation des troupes et des indi—
gènes affectés aux exploitations fabriques de glace de Saïgon, de
forestières, aux plantations ou aux Hué, de Haiphong, de Pnom Penh
grands travaux d'utilité générale. et de Hanoï n'ont pas encore pris
Je crois même que cette farine l'initiative de constituer dans des
pourrait trouver un débouché en glacières des dépôts de ' poissons
Europe, à condition d'être préparée dont les ressources seraient ensuite
suivant une méthode qui modifierait réparties dans des dépôts secondaires.
sa saveur habituelle, car sa teneur Il est certain que du poisson irais
en azote et acide phosphorique est mis, dans les grands centres,1 à -la
quadruple de celle de la viande disposition des Européens et des
fraîche. En outre, sa fabrication indigènes trouvérait preneur, surtout
donne divers sous-produits tels que si les hôpitaux et les corps de troupes
les huiles dont on peut faire des voulaient bien s intéresser à ce ravi-
carburants ou des vernis. taillement.
Rien n'a été tenté jusqu'à ce jour
pour le transport et la conservation
du poisson frais, dont la consom- Quelle est l'importance numérique
mation se limite à 80 ou 100 kilo- des pêcheries?
mètres du point où il est pêcher mais On peut estimer le nombre des
je me demande pourquoi les grandes indigènes qui se livrent à la pêche
sur les côtes et au Grand Lac, à connu des océanographes, s'inscrivait
environ 100 000, y compris ceux qui sur les récifs de Coraux : la crois-
fabriquent le Duoc-man et le man- sance du squelette calcaire dès ani-
tom ou préparent le poisson sec. maux qui constituent ces récifs étant
On devine que les principaux impressionnée par l'évolution du
ports d'attache des jonques et autres cycle, permet d'établir l'âge des
bateaux de pêche indigènes sont, du récifs, de suivre leur formation
nord au sud, dans le Golfe du Tori- et peut-être de mieux comprendre
kin d'abord : la baie d'Along. une celle des récifs coralliens fossiles.
des merveilles du monde, à proxi- A un autre point de vue, des ob-
mité de Haïphong et clans laquelle servations directes et tout à fait
sont situés les charbonnages du précises ont été faites sur la transfor-
Tonkin ; sur la côte d'Annam : les mation des récifs coralliens émergés
baies de Tourane, de Quinhon, Nha- en phosphate de chaux pari^action
trang, celle de Camranh, rendue célè- du guano des Oiseaux sur les cal-
bre par le séjour qu'y fit en 1905 la caires.
flotte russe de Rodjestvenski. Beaucoup d'autres observations
Cette baie, dont les fonds donnent de l'Institut ont concerné le plank-
accès aux plus grands navires, est ton dont se nourrissent les Poissons,
destinée à devenir le port d'escale et le rythme de croissance des diverses
de passagers de l'Indochine, parce espèces. Celui-ci est révélé par l'exa-
qu'elle se trouve exactement sur la men des marques des écailles, d'où
roule suivie parle paquebot allant de l'on peut déduire, ce qui est d'une im-
Singapour il Hong-Kong. Elle possède portance capitale, le temps qu'exige
déjà un appontement relié au chemin la reconstitution d'un banc de pêche.
de fer de Saïgon - qui, bien entendu, On a poursuivi l'étude des fonds,
est et doit rester le grand port d'expor- tant pour établir la carte des pêches
tation de l'Indochine méridionale. que pour connaître la géologie s-ous-
Plus au sud s'échancrent les baies marine de nos côtes. C'est ainsi
largement ouvertes de Pharangetde qu'aux abords de l'île de Lang-Vi,
Phanthiet. puis celles du cap St- ont été découvertes des traces de
Jacques où s'abritent les bateaux de houille, de nature à orienter des
pêche du sud de la Cochinchine, à recherches minières.
80 kilomètres de Saïgon qu'ils Enfin, l'Institut s'est appliqué à
alimentent en Poisson. préciser tous les éléments de nature
Sur le golfe de Siam se rencon- à déterminer la zone des eaux terri-
i rent le port de Halien, les baies de toriales appartenant à l'Indochine,
Kampot et l'île de Phu-Quoc, où les zone qui doit s'étendre à plusieurs
barques de pêche sont moins nom- myriamètres de ses côtes, puisque ce
breuses cependant que sur la côte sont des matières en suspension
d'Annam. dans ses fleuves qui nourrissent,
En dehors de ces études pratiques, attirent et retiennent le Poisson à
l'Institut océanographique a fait certaines époques de l'année, le long
maintes découvertes scientifiques.. de ses côtes.
C'est ainsi que l'examen des massifs L'Institut a également envisagé la
coralliens des Paracels et de la côte culture des perles. D'autres éludes
d'Annam a permis d'établir que le ont porté sur les causes des variations
cycle marrgraphique de 18 ans. bien de la surface des lagunes de Hué.
Par tout ce qui précède il est facile Qu'il me soit permis d'apporter
de juger du rôle scientifique et pra- à 1 œuvre accomplie par leDr Krempf
tique de l'Institut océanographique, et ses collaborateurs le témoignage
qu'ont d'ailleursapprécié, entr autres d'admiration du résident supérieur
savants étrangers, M. Vauhguan, di- que j'ai été au Laos et en Annam et
recteur de l'Institut de Californie et d'assurer que l'Institut océanogra-
J. Schmidt, directeur de la mission phique de l'Indochine est devenu,
danoise, qui, pendant trois ans, a grâce à eux, un des plus beaux orga-
exploré le Pacifique. nismes scientifiques du monde.
LES ÉNIGMES DE FRANCE
EN EXPLORANT UN REPAIRE MÉRIDIONAL(1)
par
MICHEL HOLLARD

Ilest, en France, une région pleine sissante par André Chanson qui y fit
d'àpreté et de mystère. C'est le mas- vivre Roux le Bandit ; ce sont ces
sif des Causses, peint de façon sisai- contreforts abrupts des Cévennes
qui, seuls, procurèrent, il y a deux
(1) Dans son intéressant « Aperçu sur la Spéléo- cents ans, par leur complexité el la
logie » lLa Terre et la Vie, mai 1933). M. Hobeit multiplicité de leurs abris naturels,
de JOLY a déjà mis nos lecteurs au courant de
l'état actuel de la science souterraine en Fi ance. un refuge efficace aux victimes des
Le Club qu'il préside n'a cessé, depuis cetle
date, d'augmenter, dans ce domaine, le butin de
persécutions religieuses. C'est le
découvertes de notre pays. pays fameux des Huguenots et des
On lira ci-après le récit d'une incursion pou.— Camisards...
sée pour la première fois jusqu'au fond d'une
vaste cavité des Causses. Je m'y rendis, ces dernières
Le jeune ingénieur qui accomplit cette équi- semaines, et me fixai au fond de la
pée l'effectua, absolument seul et une blessure.
qu'il contracta en franchissant à la nage un lac vallée la plus encaissée, dans une
souterrain, ne l'empêcha pas de réussir jusqu'au demeure suspendue au-dessus de
bout sa téméraire entreprise.
l une des rivières les plus limpides
que j'ai jamais vues : la Vis, -princi-
pal affluent de l'Hérault.
A deux ou trois cents mètres plus
haut. au flanc de la montagne, une
fois dépassés les derniers rangs de
ces « traversiers » de vigne, par
quoi les paysans de là-bas s'essayent
encore à conquérir un peu de terre
rocailleuse, s'ouvre une excavation
étroite, riche en vestiges anciens et
dont on n'a jamais, paraît-il, sondé
toute la profondeur.
Aimant l'aventure, je décide d'ac-
complir seul l'exploration intégrale
de cet antre souterrain.
La petite ville la plus proche, dis-
tante de quelques kilomètres (Ganges,
Hérault) me procure allumettes-
tisons, bougies, piles électriques et
quatre feux de bengale.
J'ai prévenu le propriétaire de cette
partie de la montagne que j'entrerais
jour, pour n'en pour arriver au-dessus d'un gouffre
-sous terre au lever du
sortir que vers midi. Quelques jeunes entravers duquel un rondin permet
paysans sont là. Aucun ne m'oflre de de passer, si l'on n'a pas le vertige.
m'accompagner. J'irai donc seul... La caverne devient pittoresque.

Stalactites et stalagmites jonchent le


plafond et le sol. Les parois prennent
Le lendemain matin se lève avec des formes de tuyaux d'orgue.
hésitation sur la vallée grise. En com- Les rochers s'abaissent jusqu'à une
binaison de toile, mes feux de ben- vasque qui barre tout le passage. Il
gale dans une poche, ma bougie et faut se déchausser et faire une qua-
mes deux piles de rechange dans une rantaine de pas avec l'eau au-dessus
autre, la lampe électrique à la main, des genoux, en s'engageant dans un
je gravis la montagne jusqu'à l'entrée boyau étroit et bas ; les pieds en-
de la grotte, qui se dissimule derrière foncent dans la glaise d'une vingtaine
des buissons. Je pénètre sous la roche de centimètres et il n'est pas toujours
7
épaisse à 7 heures minutes.
La galerie est d'abord assez régu-
facile de conserver son équilibre.
Une large salle s'ouvre enfin, ta-
lière. Des fragments de crâne humain pissée de rochers énormes dont la
complètement pétrifié s'enchâssent traversée est une véritable escalade.
dans le sol. Plus loin, ce sont d'autres Néanmoins, ce n'est pas encore l'in-
ossements qui bordent la cavité. Puis connu auquel j'aspire : des traces de
il faut se baisser, grimper et ramper pieds et de mains, qui n'ont, elles,
rien de néolithique, révèlent le pas- remonte et persévère dans la direc-
sage de devanciers... tion primitive.
Les murailles et le plafond, très Quelque chose de brillant se dresse
vastes, sont faits d'une pierre rous- au milieu du passage et là, exacte-
sâtre toute dentelée et creusée. Le ment, le sol s'arrête net. Je m'a-
long d'eux, certains roes prennent vance jusqu'au bord et, fouillant le
des formes de statues... vide avec ma lampe, puis avec la
Je me faufile dans un trou juste bougie qui éclaire mieux, j'aperçois
assez grand pour mon corps et je sous moi une troisième salle qui ale
rampe en haut, à gauche, en bas, même plafond que la galerie où je
pendant une soixantaine de mètres. suis et dont ma lumière éclaire à
Je débouche à mi-hauteur d'une vaste peine le fond. L'objet brillant n'était
salle dont le parterre est fait de petits autre qu'une stalagmite grosse et
bassins si réguliers qu'on les dirait haute comme un pain de sucre, que
cimentés et qui retiennent (depuis les millénaires ont soudée là, à même
combien de siècles?) l'eau qui goutte la corniche. Sa blancheur est étince-
du plafond, le long de stalactites cise- lante ; on dirait une Madone au des-
lées peu à peu. L'envie est grande sus d'un chœur.
pour moi de poursuivre mon explo- Le long d'une paroi, j'arrive à
ration de part et d'autre de cette nef ; descendre dans la salle nouvelle et je
mais le souci d'avancer avec méthode découvre qu'elle fait suite aux deux
me décide à revenir sur mes pas pour autres où m'avaient conduit le trou
reprendre ma course au delà du trou de souris et le puits de tout à l'heure.
de souris. Ma lampe électrique fai- J'explore ce défilé fantastique des
blit et je dois tirer de ma poche l'une deux côtés. Dans un sens, il finît en
des deux piles de rechange. cul-de-sac et dans l'autre on -par-
Je progresse lentement à travers vient, à force d'escalades, de sauts
un dédale de blocs gigantesques qu'il et de glissades sur des pentes vis-
me faut escalader un à un. Un puits queuses, jusqu'à un lac à l'extrémité
s'ouvre à ma gauche. Je brise une duquel s'ouvre une voûte très basse.
découpure de roche et la lance dans Je m'arrête quelques instants pour
le trou. Il me semble qu'elle dégrin- me reposer et méditer sur la con-
gole très loin. Je'm'y glisse alors et, duite à tenir. A diverses reprises, ma
dirigeant la lumière vers le bas, je lampe s'est éteinte ; une fois, le coù-
descends avec précaution une dizaine rant s'est interrompu au moment
de mètres. précis où je. sautais d'une roche
Une autre salle, non moins vaste haute sur une autre, m'obligeant à
que la précédente, se trouve là. Des « atterrir » en pleine obscurité...
stalactites, longues comme des cierges D'ailleurs, il est temps de changer
et d'un blanc irisé, pendent de sa de nouveau la pile.
voûte et de fines stalagmites s'é- Mon parti est pris. A.la clarté de
lancent vers chacune d'elles. Pour- la bougie que j'ai rallumée et posée
tant, certaines sont cassées, preuve au bord de l'eau, je me déshabille,
que la main humaine passa par là... puis, avec le paquet de feu de ben-
Je ne suis pas encore dans mon gale dans une main et la lampe dans
domaine inviolé ! l'autre, je descends sans savoir où
Obéissant une nouvelle fois à mon vont mes pieds...
principe d'explorer avec méthode, je Brusquement, le fond s'efface : il
faut nager. Mes pieds refoulent l'eau monter la garde... Et, comme pour-
violemment, tandis que je brandis compléter l'impression de terreur que
mes mains au-dessus de la surface, je ressens, je perçois un sifflement
pour préserver les précieux colis. lointain...
Voici la voûte. C'est une galerie assez -
Il faut y aller. ou ce n'était
longue et si basse qu à
certains endroits, mes
objets passent tout juste
entre l'eau et le plafond.
J'ai presque toute la tête
sous l'eau et je respire
difficilement. Vais-je pou-
voir continuer ?
Oui... Le plafond re-
monte et le sol reparaît.
Mes jambes lasses sont
impatientes d'y arriver.
-Elles se détendent avec
nervosité et mon talon
droit heurte une saillie
rocheuse qui se cachait
enlre deux eaux, me fai-
sant une cruelle blessure.
N'importe : je suis ar
rivé!

Une galerie presque


unie s'offre à moi. J'y
avance avec précaution,
pour ne pas briser les
innombrables stalagmites
si fines qu'on dirait des
herbes givrées, qui re-
couvrent littéralement le
sol. Mais j'ai beau faire,
mes pieds les heurtent
pour se faire une place et profanent pas la peine de venir jusqu'ici !
au passage ce travail patient. Devant M'agrippant de mes mains et de
moi, tout est intact. Plus la moindre mes pieds, je descends le long des
trace ni humaine, ni animale. Cette bêtes fantastiques et lés frôle de mon
fois, je suis bien le premier à être corps nu. Par intervalles, le siffle-
venu troubler le grand silence de ce ment se fait entendre à nouveau. J'ai
domaine souterrain... de plus en plus l'impression de péné-
Soudain, une vision fantastique trer dans un antre diabolique. La
m'apparaît : un'abîme dont je ne vois paroi elle-même est grimaçante. Avec
ni le fond, s'il en a un, ni le contour, persistance me revient la description
_ mais seulement
çà et là, émergeant du royaume des « Troll » telle que je
de la paroi où mon-regard plonge, l'ai lue dans Ibsen.
des chimères effrayantes qui semblent J'aperçois cependant le fond du
repaire. Essaierai-je de décrire pareil niaque dont mes feux de bengale ont
chaos ? Imaginez un amas de roches illuminé chaque recoin. Parfois en
gigantesques, les unes claires, les m'arrêtant, j'ai entendu encore le
autres sombres, affectant toutes les sifflement, et j'ai compris qu'il était
formes et produit par la
toutes les chute d'une
positions pos- goutte d'eau
sibles. De ci, lointaine
de là, des vas- tomba ntdans
ques d'eau. une flaque et
La paroi, par dont le son
endroits dé- clair se réper-
coupée et cutait d'écho
tourmentée en -écho jus-
au possible, qu'à moi.
s'unifie à de Ma lampe
rares mo- baisse à nou-
ments, en veau. Main-
nervures im- tenant que le
peccables. De pourtour
la voûte que grandiose de
je ne voib pas cette vallée
descendent m'est connu
de singuliè - j us qu'au
res feuilles bout, je puis
jaunâtres, remonter.Par
semblables à malchance,
des tentacu- la fumée très
les démesu- épaisse de
rés, sur la mes feux de
.pointe des- bengale s'est
quels je massée àl'en-
frappe du droit où je
doigt : elles dois grimpur
répandent un et je recule
son grave de une première
bourdon ! Et un peu partout, d'innom- fois, à demi suffoqué... Puis, comme
brables stalagmites couleur de por- il n'y a pas le choix, je reviens en
phyre ressemblent à de grosses bou- retenant le plus possible ma respi-
gies qui attendraient d'être allumées. ration et parviens à passer.
De longues stalactites pendent au- J'ai retrouvé ma jolie galerie, où
dessus d'elles, à des distances va- de fins débris de stalagmites marquen t
riables. Certaines les ont complète- la place de mes pieds et je me replonge
ment rejointes et forment avec elles dans l'eau. Ma lampe parvient de jus-
une colonne. tesse à éviter le contact liquide et. à
un détour où la fatigue me prend
pour de bon, j'aperçois le reflet de la
J'ai fait le tour de ce palais déIno- bougie laissée en deça du lac et qui
n'a pas cessé de fournir fidèlement une brèche dont je n'avais pas remar-
sa lumière égale... En trois brasses qué l'exiguïté, dans une excavation
j'atteins la rive où mes vêtements, rectiligne tournée dans un tout autre
pour sommaires qu'ils soient, vont sens... J'ai passé là un moment cri-
me permettre de reprendre figure de tique, parce que ma lampe ne donnait
civilisé. plus, et que la bougie n'avait plus que
Retour sans grand intérêt : je ne quelques centimètres...
trouvai pas la « montée de la MadoneM
Aussi, je ne cache pas la satisfac-
et dus utiliser pour la troisième fois tion sincère qui m'envahit lorsque un
le trou de souris » qui m'était de-
ct peu plus tard m'apparurent, de loin,
venu familier. A la sortie du « bain les premiers rayons du jour et qu'un
de pieds » nouvelle bévue qui, celle instant après, je vis de mes yeux le
là, me Ht perdre beaucoup plus de soleil faire resplendir sa lumière.
temps. Dois-je avouer que je mis trois Il était exactement une heure treize.
quarts d'heure à retrouver la galerie J étais resté six heùres pleines dans
qui continue ! Pourquoi? Simple- ce gouffre qui m'avait, cette fois,
ment parce que celle-ci aboutit, par révélé son mystère.
NOTES. SCIENTIFIQUES (1)

CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE
DES INSECTES DIPTÈRES DU MAROC
par
E. SÉGUY
Assistant au Laboratoire d'Entomologie du Muséum, National
d'Histoire Naturelle.

Ces notes, recueillies depuis plusieurs 7. — Conops semifumosus Adams. —


années, sont principalement dues au dé- Tanger (Favier, 1856).
vouement des collaborateurs de M. le Dr 8. — Terellia longicauda (Meigen). —
Régnier, directeur des Services de Dé- Larves à l'intérieur des tiges du Cynara
fense des Végétaux à Rabat. Plusieurs de scolymus ; éçlosion le 17. VII. 33 Bré-
ces notes apportent des données nouvelles mond).
sur la biologie des Diptères marocains. 9. — Lonchaea aristella Becker. -
1. — Scatops sp. — Larves à l'inté- Larve à l'intérieur des fruits du Ficus
rieur d'un Polypore (Xanthochrous cuticu- carica. — Rabat, 5. VIII. 32 (Coll. Peret).
laris, det. Malençon). Port-Lyautey (Ma- 10. — Leucophenga maculaia Dufour.
mora). 16. X. 32 (Coll. Malençon-Jourdan). l'intérieur du Xanlhu-
— Larves vivant à
2. — Usia pusilla Macquart. — Obte- chrous cuticularis, comme le n° 1 (Malen-
nu dans un élevage de Zygènes vivant sur çon-Jourdan).
-
une Calendula. Rabat. 10. III. 33 (Coll. H. — Actocetor margaritata ;Wied..
Jourdan). Beni Aros (G. Buchet).
3. — Stenopogon denudatus Loew. — 12. — Dizyyomyza artemisiae (Kalt.). —
Grand Atlas : IIauLe-Reraya (C. Alluaud). Larve mineuse des feuilles du Conyza aln-
4. — Melanostoma mellinum (L.). — bigua. Babat, 23. VI. 32, adultes le 30. VJ.
Larves prédatrices d'Anopleura lentisci 32 (Rungs).
Pass. (Hem. Aphididae) à l'intérieur des 13. — Chortophila úrassicae (Bouché).
galles. Korifla, 8. I. 33 (Jourdan). La larve détruit les cœurs du Brassica

5. — Syrphus cinctellus Zett. — Lar- olcracea, Rabat 14. III. 32 (Kozlowsky).
ves prédatrices sur l'Aphis gossypii Glov. Egalement obleuu de tiges de S inapis.

Oued Leben. 28. VII. 32 (Coll. Peret). Rabat, 10. 11. 33 (Brémond).
6. — Aphiochacta sp. — Larves sapro- 14. — Pegomyia bicolor \Vied. — La.
phages vivant sur une chenille indétermi- larve mine les feuilles du Rumex spinosa.
née recueillie sur un Rumex. Larves obser- Rabat, 7. IV. 32 (Coll. Rungs).
vées le 6. V. 32 ; pupe le 10. V. 32 ; adultes 15. — Ophyra anthrax Meigen. — Chel-
du 26 au 31. V. 3i (Rungs).
lah, 21. III. 31 (Rungs).
16. — Phaunia trimaculata 'Bouché).
(1) Voir la Terre et la Vie, 1934, N° 2. Larves vivant h l'intérieur d'un Polypore
(Xanthochrous cuticularis (det. Malençon). 20. — Gymnosoma rotundatum (L.). —
Pprt-Lyautey (Mamora). 16. X. 32 (Coll. Larve parasite d'Aelia cognata Fieber. Ce
Malençon-Jourdan). Diptère, qui appartient à la sous-famille
17. — Muscina stabulans (Fallén). — des Phasiines, paraît assez éclectique dans
Larves à l'intérieur du Psalliota urvensis le choix des hôtes. On le trouve ordinaire-
(Basidiomycètes). Rabat. Adultes le 11. ment sur les Rhaphigaster nebulosa Poda
VII. 32 (coll. Malençon-Rungs). — Larves (grisea Pet.). On l'aurait également trouvé
à l'intérieur de tubercules de Pommes de sur les Palomena prasina (L.) (Pentatoma
terre avariés. Rabat, 16. VI. 32 (Rungs). dissimilis (F.), Chlorochra juniperina
(L.) et Piezodorus lituratus (F.). Certains
18. — Musca domestica L. — Larves à
l'intérieur des fruits mûrs du Lycopersi- hôtes Hémiptères paraissent pouvoir sup-
porter l'action du parasite et peuvent
cum esculentum (L.) Casablanca, 10. IX. 32 vivre après sa libération. Le G. rotunda-
(Coll. Bouhelier, associé au Lonchaea aurea
Macquart (det. Rungs). tum aurait été trouvé en Hongrie, chez le
Dociostaurus maroccanus (?).
Les caractères d'ubiquité du Musca do-
mestica semblent se développer au Maroc. 21. — Sarcophaga haemorrhoidalis
M. Rungs a déjà trouvé cette Mouche dans Fallén. — Larves endoparasites des
les pontes du Schistocerca gregaria à Bir- adultes du Schistocerca gregaria Forskâl.-
Djedid Saint-Hubert, et M. de Francolini Elevages du laboratoire de Rabat. 24. VIII.
Ta également trouvée à Mazagan, sur les 32 (coll. Perret).
œufs de la même Sauterelle (Séguy, 1931 : 22. — Sarcophïla latifrons Fallén. —
VI. p.'23). La larve de la Mouche domes- Larves endoparasites du Sesamia vuteria
tique peut encore devenir parasite occa- (Lepidopt. No ct.) Sidi Sliman, 22. VIII. 32
sionnel des Insectes (Hyponomeuta mali- (coll. Perret).
nelhis) ou des Mollusques (Helix aspersa
23. — Ucclesia fumipennis Girsch. —
MullA On sait qu'il est admis que la.
Eclos le 28. XII. 32 d'un cocon de Lasio-
Mouche domestique recherche les fumiers
et plus particulièrement le crottin de che- campa trifolii.
val pour pondre. Ces quelques faits mon- 2L — Voria ruralis Fallén. — Endo-
trent que les habitudes de la Mouche do- parasite d'une chenille indéterminée vi-
mestique doivent subir d'assez nombreu- vant sur les Choux. Rabat. 6. VI. 32 ; pupe :
ses exceptions. § 14. IV, adulte 28. IV (Kozlowsky).
fil 19. Pollenia haeretica Séguy. — Ra- 25. - Rhynchoestrus Weissi Séguy. —

bat, V. 1930 (Rungs) ; Chêllah,^23. III."31 Moyen Atlas : Berkine Zobzit, 1100 m.
(Rungs). 29. VIII. 30 (F. Le Cerf).
VARIÉTÉS

LE JARDIN ZOOLOGIQUE s'asseoir sur un des bancs et de be voir


DE KARTHOUM environné de Bubales, Céphalophes bleus,
Kobs, Reedbucks, Oribis; Gazelles dorcas,
Le Jardin zoologique de Karthoum se Antilopes sing sing. Antilopes cervicapres
trouve en pleine ville à cent mètres de et Cerfs sika qui viennent voir si vous
l'hôtel où les voyageurs de l'Impérial n'avez pas un morceau de pain dans votre
Airways passent la nuit. puche.
J'y ai été reçu très chaleureusement Quatre rarissimes Balseniceps rex, une
par le major W. R" Barker qui est le gaine cinquantaine de Grues couronnées, une
warden du Soudan anglo-égyptien. Il magnifique collection d'Outardes, des
assume également les fonctions de direc- Paons, des Canards et des Oies exotiques
teur de ce Jardin zoologique qui est assu- complètent le cheptel qui est en contact
rément le plus charmant que j'ai vu. avec le public.
Il rappelle nosparcs privés de France. Tout autour, le long du mur d'enceinte;
Il se compose d'une vaste pelouse p!an- se trouvent de nombreux enclos (lui con-
tée d'arbres où le public est admis. LÙ= de tiennent deux magnifiques Addax qui sont
nombreux Antilopes. Cervidés et Echas- vraiment des spécimens remarquables.
siers s'ébattent en complète liberté. Des Jabirus que l'on a dû retirer de la
Rien n'esl plus charmant que de grande pelouse, car ils devenaient dange-
reux pour le pu-
blic. sont parqués
derrière une sim-
ple barrière. Ils
ont pour voisin un
magnifique Hip-
pupotame adulte
(lui doit la nuit
entendre ses con-
génères s'ébattre
dans le Ni1. à
quelques centai-
nes de mètres de
lil.
Un peu plus loin
de très grandes
cages il ciel ouvert
contiennent des
Lions et de nom-
breux Guépards.
D'autres enclos ep
simple fil de Ter
enferment des
mâles d'Antilopes
si ng si ug, des Pha-
eu chères et une rare
Cynhyène.
Un peu plus loin
un -enclos plus solide
contient un jeune
Eléphant d'Afrique.
Il a pour voisins, ti
droite une jeune Gi-
rafe et à gauche un
Oryx blanc (Oryx al-
yazel dammali) : c'esL
uu spécimen vrai-
ment exceptionnel eu
captivité.
D'autres cages con-
tiennent des Panthè-
res dont une extrê-
mement apprivoisée.
Une demi-dou-
zaiue de volières sont
habitées par divers
PerroqueLs. Tisserins
et quelques Singes.
Kn résumé, ce Jar-
din contient une très
bonne collection en-
richie de quelques raretés. Une grande dant beaucoup de nos Anes domestiques
partie de son charme vient de la légèreté gardent, bien marquées, la grande raie au
des clôtures. Même derrière leurs grilla- garrot, la raie dorsale et des zébrures aux
ges, les animaux n'ont jamais l'air d'être jambes ; l'Ane sauvage de Nubie a tou-
enfermés. Contraste avec certains de nos jours la raie 'dorsale et celle du garrot et
Jardins zoologiques où tout paraît écrasé l'Ane des Somalis, qui généralement n'a
par les lourdes grilles. pas ces raies, a par contre, très mar-
Eu me quittant, le major Barker m'a dit quées, celles des jambes. Semblent se rat-
.qu'il espérait avoir d'ici peu uu jeune tacher au système de zébrures des Anes,
Rhinocéros de Burchell, ce qui serait vrai- celui de l'Equus zebra et celui de l'Equus
ment le couronnement de ce charmant zebra Hartmanni, chez qui le changement
Jardin dirigé par un homme de goùt. de direction des zébrures se fait à la
Le major Barker m'a également fait part croupe.
de son regret qu'une mission scientifique Au contraire chez les Quaggas et Bonte-
française ne soit pas encore venue cher- quaggas (= Zèbre de Burchell), le chan-
cher les animaux que le Gouvernement gement de direction des zébrures se fait
anglo-égyptien a donné à notre Muséum. au milieu du dos ; la même constatation
FRANÇOIS EDMOND-BLANC est à faire en ce qui concerne les Chevaux:
on en trouve de zébrés dans cette partie
PERSISTANCE DE ZÉBRURES du corps.
SUR LE PELAGE
D'ÉQUIDÉS DOMESTIQUES (1)
Les zébrures sont en voie de dispari- bien voulu nous adresser une intéressante lettre
tion très avancée chez les Anes ; cepen- dont nous publions ci-dessus les passages essen-
tiels. Ces remarques ont été amenées par la
lecture de l'excellent article de Th. Monod :
(1)Un de nos lecteurs de La Terre et la Vie, Les Anes sauvages (La Ferre et la Vie, n° 8.
M. P. Magne de la Croix, de Buenos-Aires, 1933, p. 451-i62).
a
Ici, en Amérique, on a depuis long- Pour moi. le retour aux zébrures est
temps signalé que les Mulets étaient sou- donc dû, chez les Mulets, otrce retour se
vent très zébrés ; mais il est bon de remar- produit, aux Juments créoles. Mais. chose
quer que cette particularité ne se constate curieuse, en dépit de cela, ce n'est qu'à peu
que chez les petils Mulets, nés de Juments près 20 fois sur 100 que la zébrure héritée

créoles et d'Anes d'Afrique et non chez a les caractéristiques de celle du Cheval :


les grands, nés de Baudels andalous ou grande raie antérieure au tiers inférieur
poitevins et de juments Shires ou Clydes- du cou (au garrot, le Cheval n'a que de
dales. petites zébrures) et changement de direc-
Nous savons que l'Ane d'Afrique, bien tion au milieu du dos ; 80 fois sur 100, les
qu'ayant le système de zébrures en voie Mulets ont plus ou moins la grande raie
de disparition, l'a encore partiellement ; au garrot comme l'Aue et si l'animal est
il est bon d'autre part d'indiquer que la zébré il. l'arrière, le changemen1 de direc-
robe appelée ici « gateado » et qui oifre tion des raies est à la croupe.
une teinte isabelle, plus ou moins zébrée, Par des annotations partielles sur diffé-
tend à prendre je dirais volontiers à « re- rents Mulets j'étais arrivé A me rendre
prendre ». car je crois qu'il s'agit d'un re- compte de ce qu'était le système de zé-
tour), une prépondérance de plus en plus brures qui devait être hérité de l'Ane,
grande. Il esl fréquent de voir des Che-- quand un hasard heureux me lit rencontrer
vaux créoles avec la té te ou le cou zébré un Mulet complètement zébré et ofl'ranl le
ou ayant des zébrures au corps ou aux système de zébrures qu'on peut voir sur
membres ; ou eu voit même de temps en la figure jointe. Je dis complètement zé-
temps de complètement zébrés. M. E. So- bré. mais en réalité les joues ne L'étaient
lanit a signalé deux de ces cas. pas et volontiers je verrais là une simple
défaillance dans ce retour presque com- La Crésserine, contrairement à la majo-
plet, niais il convenait de signaler le fait. rité des Faucons, est un Oiseau peu
Le fond de la robe était d'un gris brun, farouche qui ne craint guère la présence
le ventre et les narines, non blancs, mais de l'homme au point qu'il lui arrive de
d'un jaune très clair, la figure reproduite nicher sous les toits des habitations ; mais
ici est, le calque de la photographie que ce qui distingue le plus cette espèce des
j'ai donné dans un travail que j'ai publié autres Falconidés, est la facilité avec
dans les Anales de la Sociedad cientifica laquelle elle niche en groupe. Eu Grèce il
aryentina (Tome CX, p. 159. et suiv.). Elle n'est pas rare'de trouver plusieurs nids
me dispense de longues descriptions. Il rassemblés dans les ruines antiques. Dans
faut indiquer toutefois qu'une raie noire le Midi de l'Espagne de grandes colonies
traverse le ventre en long. existent dans les parois rocheuses et sur
P. MAGNE DE LA CHOIX. les bâtiments élevés des villes. La cathé-
drale de Séville et la tour de la Giralda
abritent une centaine d'individus. Chaque
UN FAUCON SOCIABLE : clocher de Cordoue est habité eL à la
LA CRÉSSERINE. cathédrale logent une cinquantaine de ces
Oiseaux. A Séville, ville bruyante, sillonnée
Les divers représentants de la famille de voitures et de tramways, elles restent
des Falconidés ne se font généralement toujours à une assez grande hauteur, mais
pas remarquer par des instincts sociaux dans une ville calme comme Curdoue,
bien développés. C'est tout juste si chez elles sont peu farouches, volant sou-
certaines espèces on observe des rassem-
blements à l'époque des migrations et vent très bas. Dans la cour de la Mosquée
elles se posent sur les murs à quelques
c'est surtout lorsque plusieurs Faucons
suivent ensemble d'autres migrateurs
mètres du visiteur et il leur arrive, péné-
donl ils tirent subsistance. A l'époque des trant par une fenêtre ouverte, de voler en .

nids chacun garde jalousement son rond sous les voûtes de l'église.
domaine et une colonie de Faucons est Elles vivent en bonne intelligence avec
chose fort rare. les Moineaux, les Martinets, les Étour-
C'est pourtant ce qui arrive chez une jieaux et les Pigeons qui habitent comme
espèce de la région méditerranéenne, la elles les trous des murs et ne manifestent
Crésserine (Falco n. naumanni Fleischer) apparemment aucune crainte de ce voisi-
que l'on rencontre quelquefois dans le nage.
Midi de la France. Ce petit Faucon est très L'aspect de la colonie ressemble assez
voisin dela Crésserelle ordinaire (Falco t. à celui d'une colonie de Choucas. Très
linnunculiis L.), si voisin même qu'il est bavardes^ les Crésserines crient continuel-
difficile de les reconnaître l'un de l'autre lement et semblent souvent converser
eu liberté. La Crésserine est légèrement entre elles.. Le cri est un « klé » ou
plus petite que sa congénère ; le plumage « kré » aigu et aigre, plusieurs fois répété,
est semblable, les mâles étant moins mou- et qui change assez facilement dÏntona-
chetés, surtout sur les parties supérieures. 'tion. Il y a aussi, lorsque l'Oiseau est per-
Les meilleurs caractères distinctifs, en ché, un « kééééék » profongé, assez faible
dehors de la taille, toujours un peu et comme chevrotant.
variable chez les deux espèces, résident Toujours en mouvement, à n'importe
dans certains détails de forme des rémiges quelle heure du jour, on peut en voir-
et dans la couleur des ongles, noirs chez tournoyer autour des nids d'un vol plané
la Crésserelle, jaunes chez la Crésserine. entrecoupé de battements d'ailes précipi-
Les œufs sont semblables, blanchâtres, tés. A certaines heures et surtout le soir
finement mouchetés de rouge brique. Le avant le coucher du soleil on assiste 't
régime est surtout insectivore avec une des évolutions d'ensemble. Les Crésse-
préféreuce très marquée pour les Acri- rines sortent l'une après l'autre et leur
diens. troupe, sans cesse grossissante, se mêle à
celle des Martinels. Toute la bande en de la Pisonia artensis. Montrouzier, de la
criant s'élève et tournoie à une grande Nouvelle-Calédonie.
hauteur, puis quand le jour s'éteint, les H. Heim de Balsac (Alauda. S. II, février
petits Faucons redescendent, laissant les 1931, N° 1, p. 110), ayant eu l'attention
Martinets infatigables continuer leurs attirée par les notes de Ghodat avait
courses dans le crépuscule. demandé à un biologiste du Paraguay,
Moïse Bertoni, l'envoi des Oiseaux captu-
P.-L. BARRUEL.
rés par les fruits de Pisonia. Ce naturaliste
étant mort prématurément, la question
CAPTURE D'OISEAUX posée est restée sans réponse.
PAR DES PLANTES Le même auteur rapporte, dans l'article
précité, un cas intéressant de capture
La revue Forest rtnd Bird qui est publiée d'un Chardonneret (Carduelis carduelis L.),
en Nouvelle-Zélande, signale que dans la par la Grande Bardane (Arctium lappa L.i
partie Nord de cette île, existe un arbre, On sait que dans un capitule de Bar-
le Parapara (Pisonia sp. de la famille dane, les bractées de l'involucre, longues
des Nyctagénacées), dont les fruits sont et effilées, se recourbent en crochet h
couverts d'une substance visqueuse. Lors- leur extrémité. Les capitules adhèrent for-
que l'arbre croît en forêt, il arrive qu'un tement à l'a toison des Mammifères ou
Oiseau vient se coller à un de ces fruits ; aux vêtements et la plante possède ainsi
le mal alors n'est pas grand : l'Oiseau un moyen de dissémination très effectif.
l'emporte — assurant du même coup la 0. P. Cambridge, puis E. Rabaud. ont
dissémination de la plante — et. s'en dé- signalé la capture d'Insectes, par cette
barrasse généralement. Il- n'en est pas de plante, le crochet de l'involucre adhérant
même si le Parapara croît isolément. Sa sur une partie quelconque du corps de
tète, fragile, est abattue par le vent et les l'animal.
gousses s'agglomèrent en une masse L'observation de II. lieim de Balsac.
gluante sur laquelle les Oiseaux ont ten- pour n'être qu'un cas sans doute rare et
dance à se poser. La plante devient alors accidentel, mérite d'être rapportée. L'au-
un piège redoutable. Récemment, rapporte teur observait une troupe de Chardonne-
la revue en question, on à dû abattre un rets en train d'éplucher les capitules d'un
Pisonia portant 84 cadavres d'Oiseaux, des pied de- Grande Bardane. A son approche,
« Silver Eyes » (sans doute des Zosterops). les Oiseaux s'envolèrent, àJ'exception d'un
Chodat et Dehfous (Bull. Soc.' Bot. Genève, seul. « Celui-ci se débattait violemment,
XVIII, 1 926) avaient déjà signalé la dis- puis retombait épuisé, suspendu par les
persion de certains Pisonia par le moyen pattes. Il était, en effet, solidementaccroché
des Oiseaux, par exemple P. zapallo à la plante et nous eûmes de la peine à
Griseb., de l'Argentine et du Paraguay et le détacher. Son état d'inanition montrait
P. aculeata L., liane à tige épineuse-ayant qu'il devait être prisonnier depuis un cer-
une vaste répartition géographique. Mais tain temps déjà. » (loc. cit., p. 111). Que
Chodat ajoute que ces fruits peuvent pri- s'était-il passé ? Plusieurs capitules de
v ver les Oiseaux de la faculté de voler et Bardane, situés au même niveau, s'étaient
amènent leur mort. accrochés les uns aux autres et une^patte
L'appareil fructifère de Pisonia reçut le de l'Oiseau ayant glissé entre deux capi-
nom d'anthocarpe, car il est formé par la tules, s'était trouvée comme harponnée par
réunion du fruit proprement dit et des les bractées et était restée prise. L'Oiseau,
organes floraux. Ces anthocarpes, dont la malgré ses efforts, n'avait pu se libérer.
longueur varie de un à quelques centi- Comme le dit l'auteur, les captures par
mètres. selon les espèces, sont couverts les crochets de la Bardane, qu'il s'agisse
de protubérances glandulaires sécrétant la d'Insectes ou d'Oiseaux, demeurent rares
substance visqueuse dont nous avons parlé et il ne peut être question, en présence
ci-dessus. Le maximum de viscosité des cas que nous connaissons, (( d'entomo
semble être fourni par les anthocarpes ou d'ornithophobie ».
UN CACTUS MERVEILLEUX : trois cents ans avant notre ère. Ils avaient
LE PEYOTL été vivement frappés par les « rêves vi-
suels » que son ingestion leur procurait
Chez nous on ne cultive, généralement, et lui rendirent un culte aux cérémonies
les Cactées que pour leurs formes bizarres rituelles curieuses qui se sont même per-
et leurs superbes fleurs. Au Mexique, par pétuées jusqu'à nos jours.
contre, il existe une espèce de Cactus à Une quarantaine de tribus d'Indiens du
fleurs insignifiantes, mais dont l'action Mexique et des Etats-Unis célèbrent encore
physiologique est tout h fait remarquable. ce culte, en particulier, les Huichols qui
Il s'agit du l'ont con-
« Peyotl » servé dans
(Echinocac - son intégrité
tus William- primitive.
sii), petit Ils parten t,
Cactus sans revêtus de
épines qui costumes
croît dans étranges, 1e
les hautes visage ba-
régions dé- riolé de
sertiques du peintures
plateau cen- symboli-
tral mexi- ques, pour
cain, ainsi la récolte de
que sur les la « plante
rives du Rio divine »,
Grande del l'enivrant
Norte (T e- « llicouri »,
xas). Il comme ils
pousse di- appellent le
rectement Peyotl. Ils
sur le sol, accomplis-
tantôt isolé. sent, chaque
tantôt par année, un
petits grou- long voyage
pes. Il n'atteint qu'une longueur de 15 de plusieurs centaines de kilomètres pour
à 20 centimètres et croît en individus renouveler leur approvisionnement.
simples ou ramifiés. A ce voyage succèdent des fêtes avec
Les Indiens sectionnent horizontalement danses et chants rituels. Pour eux, le Peyotl
la partie aérienne de la plante, au-dessus symbolise le dieu du feu et de la lumière.
du collet à l'aide d'une machette ou d'un C'est qu'il détermine une ivresse au. cours
couteau, pour la découper ensuite en ron- de laquelle défilent devant les yeux du
delles qu'ils laissent sécher à l'air. peyotlisé des images intensément lumi-
Les Indiens des Etats-Unis donnent à neuses et belles.
ces tranches desséchées le nom de « Mes- Etudier l'action du Peyotl devait tenter
cal buttons » (boutons de Mescal) : bou- la science moderne. En broyant les ron-
tons. parce qu'elles rèssemblent, en effet, delles et en les épuisant par l'alcool, puis
à des boutons ; mescal étant le nom d'une en filtrant le résidu .qu'ils traitèrent selon
eau de vie très forte tirée d'un Agave diverses méthodes, les chimistes parvin-
(Agave amerioona). Il y a là le rappel de rent à
en extraire une demi-douzaine
l'enivrement causé par cette eau de vie. d'alcaloïdes : mescaline, anhalamine,
D'après des documents mexicainsdignes anhalonidine, peyotline, anhalonine, lo-
defoi. les Indiens connaissaient le « peyotl » phophonine. dont les propriétés res-
pectives commencent à ètre connues. alors les yeux «t d-e préférence dans une
Le Peyotl peut se consommer de plu- chambre obscure, le sujet aperçoit des
sieurs manières : on mâche ou l'on avale figures lumineuses qui défilent comme sur
les boutons desséchés, en décoction ou un écran. Il a la sensation très nette d'une
bien sous forme de poudre dans des cap- extériorisation de ces images, mais ne les
sules. Le plus souvent on mâche les ron- confond que rarement avec des choses
delles e1 on les avale. réelles et tangibles. En d'autres termes,
ïl'hallucination
fait défaut le
plus souvent.
Le sujet peut
décrire ses vi-
sions dans les
moindres dé-
tails. Rend-un
la lumière et
onvre-t-il les
yeux, le peyot-
lisé peut aus-
sitôt retourner
à ses occupa-
tions ordinai-
res, prendre
part à une
conversation.
mème s-e pro-
mener dans. la.
rue. Les visions
reprennen t

quand il refer-
me les yeux.
L ingestion de la « plante divine » dé- D'autre part, les visions sont indépen- -
termine une sorte d'ivresse dont les carac- dantes de sa volonté ; il ne peut les faire
tères extrêmement remarquables ont été naitre, ni les dévier de leur cours. Toute-
étudiés par différents médecins américains fois, certaines images ne sont que des
et récemment par un pharmacien fran- réminiscences d'objets déjà vus et sont
çais, M. A. Rouhier, de l'Université de puisées, en tout ou en partie, dans le fond
Paris. Dans son livre « Monographie du de la mémoire du sujet. Souvent elles tra-
Peyotl (1) » l'auteur a réalisé une encyclo- duisent ses préoccupations actuelles ou
pédie de toutes les connaissances actuelles anciennes.
sur le Peyotl. Il y relate les expériences Au dire des expérimentateurs, les cou-
des Américains et expose celles qu'il a leurs des images, dans l'ivresse peyotlique;
faites sur lui-même et sur des personnes sont inouïes et inoubliables. Il est littéra-
de son entourage. lement impossible, disent-ils, d'en expri-
Le « peyotiisé » éprouve d'abord une mer l'intensité, la somptuosité, la magni-
impression de légèreté, un accroissement ficence. Nul des pauvres qualificatifs de
de ses facultésphysiques et intellectuelles. notre langue n'est capable d'en donner
Puis. une stimulation nerveuse fait place- une idée. « C'est féérique, c'est pétri de
à la langueur physique, avec tendance à lumière! C'est de la lumière vivante ! » Le
la rêverie. La pupille se dilate. Fermant relief des images est aussi très intense :
enfin. elles défilent d'un mouvement inin-
(1) Thèse de la Fac. de Pharmacie de Paris terrompu.
(1926), l vol., 371 pages. Le peyotlisé perd, en même temps, toute
notion du temps: les instants sont'des d'Oiseaux. — Les parcs nationaux sont
minutes, 'les minutes des heures et les établis par acte du Congrès, les monu-
heures des jours. ments nationaux créés par décret prési-
On a parfois observé de curieux phéno- dentiel : c'est de ces deux catégories
mènes d'interversion sensorielle. Les sons,principales que nous allons parler.
par exemple, se traduisent en gammes Le premier parc national établi aux
colorées, un battement de pendule pro": Etats-Unis fut celui de Hot Springs. créé
voque une explosion de couleurs. dans l'Arkansas en 1832. Il fallut attendre
Cependant, le peyotlisé « chronique » jusqu'à 1872 pour voir apparaître un
n'existe même pas chez les sectateurs nouveau parc, celui de Yellowstone, qui
indiens de cette drogue -extraordinaire est, à justre titre, le plus renommé..
qui ne paraît pas provoquer une accoutu- Depuis lors, l'élan était donné parcs
mance irrésistible comme l'opium, la et monuments nationaux 'se succédèrent
cocaïne ou l'héroïne. assez rapidement. Eii 1930, les Etats-
Par contre, M. Rouhier préconise .l'em- Unis possédaient 21 parcs, plus un à
ploi du peyotl en « thérapeutique », Hawaï, et 60 monuments nationaux, ces
comme un toni-sédatif de valeur et un derniers créés de 1906 à 1925.
actif stimulant du système nerveux. Il En général, les. monuments nationaux
suggère même que le peyotl ouvre aux sont de moindre étendue que les parcs et
psychologues un champ d'expériences du ont une destination plus spéciale, telle
plus haut intérêt pour l'étude du méca- que la protection d'objets de valeur
nisme de la mémoire, des rêves, des pe- historique, scientifique' ou préhistorique.
tites et des gra.ndes.hallucinations, etc. Mais les parcs peuvent au.ssi contenir des
Mais dira-t-on, l'arsenal des stupéfiantssites ou des mouvements préhistoriques :
ne va-t-il pas s'augmenter ainsi d'une arme tels sont le.Mesa Verdie National Park,
dangereuse dont les amateurs de voluptés dans le Colorado, qui renferme des abris
nouvelles vont devenir les victimes? sous roches préhistoriques, le General
M. Rouhier a répondu d'avance à une Grant National Park, créé pour le fameux
telle question, puisqu'avecla drogue mexi- Sequoia « général Grant », etc.
caine on n'a pas à redouter l'accoutu- Les parcs, de même que les réserves
mance. Du reste, notre législation phar- forestières, sont situés en majeure partie,
maceutique est suffisamment armée pour dans les Montagnes Rocheuses et les ter-
que la morale publique n'ait rien à ritoires avoisinant le Pacifique. Un cer-
redouter. tain nombre d'entre eux renferment des
L. KUEXTZ. volcans éteints, comme le Mont Ramier,
le Mont Bakar, le Mont Shasta, le Mont
NOTES SUR LA PROTECTION lIood, le Mont Mazama, dont le cratère
DE LA NATURE effondré a été rempli par le Crater Lake.
L — La protection de la nature
Parmi les parcs nationaux, l'un des
Etats-Unis. plus fameux, après le Yellowstone Na-
aux tional Park, est le Yosemite National
11 a été parlé à diverses reprises, dans Park ; il renferme entre autres curiosités
cette Revue, des parcs et monuments des rochers célèbres, les Cathedral Rocks
nationaux des Etats-Unis : il nous a (760 mètres), El Capitan (1.090 mètres).
semblé qu'un rapide coup d'œil d'en- Sentinel Dame (1.260 mètres), Half Dome
semble, sur ces diverses institutions, ('1.4.82 mètres). Clonds Rast (1.817 mètres).
n'était pas dénué d'intérêt. Le Yosemite contient encore trois
La protection de la nature se manifeste, groupes de Séquoias, parmi lesquels le
dans ce grand pays, sous cinq formes Grizzly Giaut. qui s'élève à 65 mètres de
différentes : parcs nationaux, monuments haut, et le Wawonatree, dont la base a été
nationaux, parcs d'Etat, réserves nationa- perforée pour laisser passer une route.
les forestières, refuges et sanctuaires Le Sequoia, d'ailleurs a deux parcs qui
lui sont spécialement consacrés : ce sont déjà apposées sur El Morro. Le sens de
le Sequoia National Park et le General ces dernières n'a pu être saisi, quelques
Grant National Park situés tous deux dans signes cependant apparaissent indiscuta-
la Californie centrale, sur les pentes occi- blement être simplement des points de
dentales de la Sierra-Nevada. Les Sequoias repère.
qu'ils renferment appartiennent à l'espèce On pourrait encore citer le Devils Tower
gigantea, le sempervirens se trouvant seu- National Monument, du Wyoming, roche
lement dans la zone côtière : ce dernier basaltique isolée, dont le sommet atteint
est plus grêle est d'aspect moins majes- 363 mètres, le Petriiied Forest National
tueux, si bien que le poète Bret Harte l'a Monument, de l'Arizona,leDinosaurNatio-
appelé le « parent pauvre » du gigantea ; nal Monument de l'Utah, avec sa réserve
en compensation il atteint parfois une prodigieuse d'ossements fossiles, et tous
taille plus élevée. Le Séquoia National Park les autres, car ils ont été judicieusement
s'enorgueillit de posséder l'arbre qui est choisis, et chacun d'eux a sa destination
peut-être le plus vieux du monde : c'est particulière.
le général Sherman, qui-a on diamètre de Mais. dans leur ensemble, parcs el
plus de 11 mètres à la base, de 3 mètres 60 monuments nationaux, parcs d'Etat,réser-
à 30 mètres de hauteur. On estime qu'il a ves forestières et refuges d'Oiseaux, con-
environ 4.000 ans d'existenee, plus encore courent au même but qui est la protection
peut-être. de la nature et la conservation de ses
Parmi les monuments nationaux l'un richesses. C'est l'énorme effort accompli à
des plus intéressants est le El Morro Natio- cette intention par les Etats-Unis d'Améri-
nal Monument, créé en 1906, dans le Nou- que qu'il nous a paru intéressant d'exposer
veau-Mexique, pour la conservation d'un lt grands traits.
énorme bloc rocheux, portant le même
nom. Ce bloc, qui s'élève à environ II. — Les parcs nationaux en Pologne.
100 mètres au-dessus du sol, dans une
vallée couverte de laves, a été érodé par La Pologne n'a pas été la dernière it
les agents atmosphériques de telle sorte entrer dans le mouvement en faveur de la
qu'il prend l'aspect d'un grand château protection de la nature. Dès 1920, la créa-
moyen-âgeux ; mais le plus puissant intérêt tion de réserves, forestières ou autres,
qu'il offre réside dans les inscriptions celle de parcs nationaux; était envisagée:
gravées sur ses parois. en 1929, la République polonaise possé-
Celles-ci remontent aux premiers Euro- dait déjà 6 parcs et plus de cent réserves
péens qui ont visité lacontrée, en particulier de différente nature.
les plus anciens gouverneurs espagnols du L'un des plus beaux -de ces parcs esL
Nouveau-Mexique. Le premier en date est celui des Tatras: il tire son nom d'un
don Juan de Onate, fondateur de la ville groupe de montagnes appartenant ;i la
de Santa Fé, dont l'inscription date de chaine des Carpathes qui se trouvent à la
1606. Vient ensuite, avec la date de 1620, frontière sud de la Pologne, et se font
Manuel deSilva Mioto, successeur du pre- remarquer tout d'abord par leur altitude
mier. Ce fut celui-ci qui lit venir les pre- plus élevée que celle des montagnes envi-
miers missionnaires : une inscription du ronnantes.
El Morro signale le passage d'une expédi- Le Parc des Tatras est abondamment
tion envoyée contre les Indiens Zuni pour pourvu en richesses naturelles. Une partie
venger le meurtre d'un de ces mission- contient de magnifiques rochers de granit,
naires, le P. Letrado. en 1632. une autre des roches calcaires, creusées
La dernière de ces inscriptions remonte de nombreuses grottes ; on y rencontre
à 1774. Mais celle de Juan de Onate n'est des rivières et des lacs où abondent le
pas la plus ancienne : elle a été tracée, Saumon et la Truite, des forêts épaisses
comme celles qui l'ont suivie, par dessus qui montent jusqu'à 1550 mêtres d'alti-
celles que les indigènes Indiens avaient e
tude et font place ensuil aux Pins nains
des montagnes, des glaciers avec leurs ce qui portait en 1932, le nombre des
moraines, et, d'un bout à l'autre, toutes Bisons du parc à cinq (1).
les splendeurs de la-flore alpine. Le monde A Czarnohova, nous retrouvons des
animal y esl représenté par le Chamois, montagnes comme dans les Tatras et les
la Marmotte, l'Ours, le Lynx, le Cerf, sans Piennines, mais avec un aspect différent.
oublier les Aigles, qui de leur vol majes- Celles-ci sont couvertes de forèts sombres,
tueux. planent au dessus de l'admirable dont l'épais manteau est, çà et là, inter-
paysage. rompu par des arêtes ou traversé par des
Le parc situé dauss les Montagnes Pienni- sommets raboteux ; au-dessus, on arrive
nes, le long de la rivière Dunajec, mérite aux paturages des montagnes. Le gibier
aussi de retenir l'attention. Les forêts pri- y est plus abondant que partout ailleurs
mitives qu'il renferme ont conservé leur et comprend l'Ours, le Loup et le Lynx,
l'aune el leur flore, très riches toutes qui n'y sont pas rares. On y rencontre aussi
deux, et la formation géologique des mon- beaucoup de belles espèces botaniques,
tagnes elles-mème présente un grand dont l'une, le Rhododendron Kostchyi, est
intérêt <cienlifique : l'incomparablebeau- caractéristique.
lé du paysage y ajoute un attrait de plus La Pologne possède encore le parc
pour le touriste. national de Babia Gora, dans les Beskides
Le parc national de Bialowieza mérite occidentales, celui des montagnes de la
une mention spéciale : il renferme en effet Sainte Croix, avec sa splendide forêts de
la plus grande forêt de l'Europe Centrale Pins, les grandes réserves du Lac Swibez,
déjà protégée avant son érection en parc celle de No wy Sacz, créées dans ses domai-
national. Elle était réservée aux chasses nes par le comte Stadnicki, celle qui avoi-
des rois de Púlogne et peuplée de gros sine le Lac Mukrz, d'autre encore.
gibier, parmi lequel figurait le Bison Il convient d'ajouter que la liste n'en
d'Europe ou Auroch. La guerre mondiale est pas close : de nouveaux parcs ou réser-
de 1944 causa beaucoup de dégât dans la ves sont projetés ou en voie de réalisation.
sylve; elle fut l'occasion en outre d'une L'effort polonais pour la protection de la
perte irréparable, la disparition totale du nature entend ne pas s'arrêter en si bon
Bison. Néanmoins, la forêt de Bialowieza chemin.
conserve encore une partie centrale qui G PORTEVIN,
n'a pas été abîmée, et reste l'un des plus
grands monuments naturels de l'Europe.
En outre une famille de quatre Bisons U) Voir : D' Waléry Goetel. — Les parcs
nationaux en Pologne. IIe Congrès interna-
transplantée à Bialowieza s'est effectuée tional pour la protection de la nature, Paris,
avec plein-surcès. En 1930 naquit un jeune, 1932, p. 505.
NOUVELLES
ET INFORMATIONS

Ephéméridesdu Muséum. — Expositions L'Arabie, la Palestine, la Turquie et les


au Musée d'Ethnuyraphic du Trocadéro. — populations de l'Orient soviétique, qui
Signalons à nouveau à nos lecteurs l'in- n'ont pas été oubliées, figureront ultérieu-
comparable activité du Musée d'Ethnogra- rement dans d'autres salles. Mais le plus
phie du Trocadéro. Le 49 janvier dernier important ensemble de la nouvelle salle
ont été inaugurées simultanément la salle d'Asie sera constitué par l'Indochine où
d'Asie et cinq expositions temporaires. travaillent pour le Trocadéro, depuis la
L'ouverture d'une salle d'Asie marque mission effectuée par le professeur Rivet
une étape importante de la réorganisation en 4932, différents organismes et person-
du Musée d'Ethnographie, car c'est bien nalités en tête desquels il faut citer l'Ecole
pour la première fois en France qu'on française d'Extrême Orient, dirigée par
présente au public un ensemble systéma- M. G. -Coedès, M. Clayes qui centralise les
tique d'objets ethnographiques provenant recherches. M'les Colani, Georgette Naudin.
de cette partie du monde. Certes, de vastes Karpelès, le commandant Cau, le capi-
lacunes, qu'on s'efforcera par la suite de taine Tisseyre. D'ici quelques années,
Combler, existent encore dans ces collec- grâce à ces concours désintéressés et
tions rassemblées depuis trois ans : la malgré des crédits presque dérisoires. un
Perse, la Mongolie, les Indes, la Chine y fonds unique au monde d'ethnographie
seront à peine représentées. Par contre, indochinoise sera constitué à Paris. Des
grâce à une donation magnifique de à présent, des vitrines pourtant nom-
M. Jacques Bacot, le Tibet possédera une breuses ne présentent qu'une faible partie
section plus riche que celle du Biitish de ce fonds dontlereste-demeurera en des
Muséum lui-même. Auprès de la Birmanie magasins accessibles à l'étude, suivant le
(Mission Gastaldy). du Siam (marionnettes principe adopté par le Musée d'Ethnogra-
recueillies par MUe Jeanne Cuisinier et phie. Les collections exposées se répar-
manuscrit et laques offerts par la comtesse tissent principalement entre les Moï (van-
de Jumilhac) et de Malacca, la section neries, sculptures funéraires, instruments
d'Afghanistan sera constituée par les de musique et un extraordinaire épouvan-
apports dû savant directeur du Musée tail en vannerie et herbe, recueilli sur la
Gui met eL de .M"" Joseph JIackîn. Les terrasse d'une maison), les Thaï (tissage,
Ainous. ce singulier peuple primitif ré- costume, poterie), les Man, les Meo, les
parti entre le nord du Japon et Sakhaline, A'Kha. les Annamites et les Muong
seront évoqués ainsi que les Guilliacs (pèche, manteaux de pluie, lampes, cos-
grâce il la mission effectuée en 1901 par tumes de théâtre, jouets et lanternes de
M. Paul Labbé et à un dépôt important du la fête de la mi-automne). Une vitrine
Dr Monlandon. De la Chine, si l'on excepte résume le matériel des fumeurs on Indu-
quelques objets recueillis au Ynnnam par chine, une autre, enrichie par des dépôts
le professeur Rivet, on ne verra qu'une de la vicomtesse de Chambure et des dons
très curieuse machine à tailler le jade du du commissariat de l'Indochine à l'Expo-
Japon, une ravissante série de jouets. silion Coloniale de 1931, présente une
riche collection de bijoux. Enfin, une Calédonie, et se fond, et se refond l'ethno-
importante documentation photographi- logie canaque si primitive.
que et cartographique sera peu à peu Cette exposition a pu être réalisée sur-
installée et des appareils stéréoscopiques tout grâce à la précieuse collaboration de
ont été mis à la disposition du public. M. Maurice Leenhardt, pasteur évangé-
Les expositionstemporaires concernent :
lique ayant séjourné 25 ans en Nouvelle
La Nouvelle-Calédonie. — L'exposition Calédonie et dont On connaît les beaux
d'ethnologie néo-calédonienne est un travaux sur l'ancienne société canaque.
essai de présentation rationnelle de la 2° L'art mélanésien. — Un grand mé-
culture des Canaques. Il importe en effet cène international dont les collections
de classer celle-ci avec soin; elle est l'une célèbres se répartissent entre Zandvoort
des plus originales et anciennes de la Mé- (Hollande), Monte-Verita (Ascona, Suisse)
lanésie. L'on sait combien la Mélanésie et plusieurs musées d'Europe, le baron
offre aujourd'hui d'intérèt à l'étude de Eduard von der Heydt, a généreusement
l'histoire de l'Humanité, et l'on voit que fait parvenir au Trocadéro un ensemble
l'aire mélanésienne s'est étendue fort loin, unique d'objets mélanésiens, ressortis-
et nous amène à voir dans les Canaques sant à des formes d'art encore très peu
actuels des vestiges d'un passé infiniment connues jusqu'ici du public français
plus grand que celui des néo-calédoniens et provenant de la Nouvelle Guinée et
actuels. On remarquera leur sculpture de l'archipel Bismarck. De la Nouvelle
intégrée dans l'architecture de la case Guinée, on peut voir des statues d'an-
comme bas-relief ou faîtage, ouvragée cêtres, des masques, des crânes d'aïeux.
Contrastant avec cet art austère dans sa
avec un-sens de la masse qui, dans sa rus-
ticité, lui donne un caractère extraordi- carrure, autant qu'angoissant, des sculp-
nairement décoratif. Les masques témoi- tures du Nouveau Mecklembourg (alias
gnent de ce même sens du décor ; le mu- Nouvelle Irlande), dont les formes bario-
sée a réuni une collection unique au lées et incroyablement complexes balbu-
monde, qui laisse deviner tout ce que tient,une ténébreuse mythologie. D'un
pouvait avoir d'hallucinantune fête où ap- style très raffiné, un assez grand nombre
paraissaient des hommes ainsi vêtus' et de pommeaux de kriss javanais permettent
jouissant de prérogatives spéciales. L'art d'apprécier les rapports de parenté et de
de la pierre montre l'étonnant épanouis- dissemblance des arts indonésiens et mé-
sement de la massue de pierre emman- lanésiens.
chée : le casse-tête jadéite. dit hache- 3° Une documentation photographique
hostensoir. que l'Institut d'Ethnologie a concernant l'Asie Centrale. — Cette docu-
dès sa fondation choisi pour marque de mentation a été réunie par Mlle Ella Mail-
ses livres. Des échantillons de serpentine lart au cours d'un voyage (juillet-janvier
verte martelés ou polis montrent le tra- 1932) dans les monts T'ien Chan et les
vail de fabrication de la hache de pierre : oasis du Turkestan russe.
l'ethnologie fait revivre sous nos yeux la 4° La vie féminine au Maroc et en Tuni-
préhistoire. Poterie, sparterie, langage sie. — Ce sont les collections rapportées
diplomatique sous forme de nœuds de par Mlle J. Jouin, chargée de mission du
balassor, et, surtout, la tradition des al- musée d'Ethnographie. Cette exposition
liances de clan et le sceau des contrats fort intéressante n'a été visible que jus-
représentés en une collection rare de ces' qu'au dimanche 11 février 1934.
petits objets et de ces rangées de perles 5° L'ethnographie de jfalacca.
— Parmi
qui constituent ce qu'on appelle « la mon- les populations malaises qui ont été déjà
naie calédonienne ». Et comme pour nous si étudiées mais sur lesquelles pourtant il
parler à l'arrière-pian de ces objets, plus reste tant à apprendre, la population de
près de la pensée des usagers, quelques Kelantan est restée une des moins con-
animaux ou végétaux pour rappeler le nues.
totémisme, sur lequel les indigènes affir- L'état de Kelantan, sous protectorat
ment la discipline de leurs instincts. En britannique depuis moins de trente ans, a
contraste, quelques minéraux; métaux, été islamisé de bonne heure (avant mème
produits agricoles, témoins du commerce les états de l'Ouest de la Péninsule au
__
et de l'industrie actuels de la Nouvelle- dire des Kelantanais), mais a toujours
Calédonie. et qui représentent le cadre gardé d'étroites relations avec ses voisins
nouveau dans lequel se développe la boudhistes du Siam et plusieurs petites
colonies siamoises se maintiennent encore gélaphe, Ane sauvage, Zèbre de montagne,
actuellement aux environs de Kota Bharn, Cerf d'Algérie, Rhinocéros blanc et noir,
capitale de Kelantan. Bubale de l'Afrique du Nord, Eléphant,
C'est ainsi que Mlle Jeanne Cuisinier qui, Elan géant. Girafes, Oréotragne de Beira,
au cours de sa mission d'études dans les Gazelle de Clarke, Damalisque à queue
états malais, a séjourné surtout à Kelan- blanche, Pangolin, Bec en sabot, Comati-
tan, a pu rassembler à la fois des collec- bis chevelu, Pintade à poitrine blanche,
tions d'objets malais et d'objets siamois. Marabout, grand Calao d'Abyssinie ou
Ce sont principalement les documents re- Calao caronculé, Aigrette garzette. grande
latifs au théâtre et à la danse qui ont Aigrette, Pique-bœuf.....
retenu son attention : instruments de mu-
sique, costumes et parures de comédiens
et de danseuses, séries complètes de Singes rares. — Les collections du
« Wayang )> (théâtre d'ombresj en usage British Muséum viennènt de s'enrichir de
dans le pays et de précieuses amulettes deux spécimens montés de Singes rares
qui attestent les rapports du théâtre et de l'Amérique du Sud:, ce sont le Titi à
de la magie. collier blal.c (Callicebustorquatus) et l'Ua-
Pénétrant aussi dans les régions de kari à tète n<;ire (Cacajao melanocephahis).
forêts, elle a pu ajouter à. ces collections il Les Titis ou Callicebus devraient vrai-
peu près tous les objets utilisés par les tri- semblablement être répartis dans trois
bus aborigènes delà Péninsule, connues
sous les noms de Sakai et de Semang : groupes; l'un comprendrait le seul Calli-
cebus torquatus, un autre serait formé par
sarbacanes, carquois, arcs, flèches, poi- les Callicebus gigot, le troisième par Calli-
sons. vêtements d'écorce, outils qui ser- cebus cupreus et ses alliés.
vent à les fabriquer, instruments de mu-
sique, etc... L'Uakari appartient au genre Cacajao,
qui ne comprend que trois espèces : l'Ua-
i
kal rouge (Cacajao rubicundus), l'Uakari
chauve (Cucajau calvus) et enfin i'L'akari à
Le Dr Ach. Urbain, sous-Directeur de la
ménagerie du jardin des Plantes, a été tète noire (Cacafao melanocephalus) ces
nommé professeur de la chaire d'Etholo- trois rai es espèces sont représentées au
gie des animaux sauvages. Cette chaire British Muséum.
est rattachée au Parc zoologique du bois
de Vincennes. dont scn titulaire sera
Directeur. Rappelons que l'éthologie est Le Lama dans le Pamir. — Parmi les
la science des mœurs des animaux. Il ne divers essais d'acclimatation tentés en
faut pas confondre l'éthologie et l'écologie U.R. S. S. il convient de signaler ceux qui
qui est la science des conditions d'exis- ont rapport au Lama.
tence. Ce Mammifère, qui habite, normale-
ment, la chaîne des Andes, du Pérou àla
Terre de Feu. peut-il s'acclimater dans
Une judicieuse exposition au British les régions désertiques, froides et élevées,
Museum de Londres. — A l'occasion de du Pamir et du Tian Shan centrât ?
la réunion à Londres de la récente Confé- Dans ses régions d'origine, le climat,
rence internationale pour la Protection plutôt froid, varie, en température, d'un
de la flore et de faune africaines, le Bri- maximum de 15 à lb° en été, à un mini-
tish Muséum avait organisé une exposi- mum moyen de 0° en hiver ; mais les lluc-
tion des principaux animaux dont, la pro- tuations climatiques sont assez larges, et
tection était demandée par la conférence. le minimum hivernal est souventlargement
Ceux-ci figuraient en spécimens naturali- dépassé. Le Lama, cependantsupporte très
sés dans un diorama original qui attira bien les intempéries, vents froids, grêle,
une foule de visiteurs dont l'attention tempêtes de neige, et, d'autre part, comme
était ainsi mise en éveil sur quelques ani- il y a, en général, dans ces régions, une
maux rares, en voie d'extinction. Voici les sécheresse physiologique, il doit se con-
animaux qui composaient celte exposi- tenter. comme nourriture, d'une végéta-
tion: Gorille, Chimpanzé, Indris, Lemur, tion à facies désertique.
Chiromys. Céphalophes. Hippopotame II y a donc une grande similitude écolo-
nain, Okapi, Chevrotain aquatique, Tra- gique entre la contrée natale du Lama, le
Pamir et le Tian Shan ; on remarquera Le Glacier National Park a encore son
d'ailleurs que presque tous les genres ani- caractère sauvage primitif : il a conservu
maux des plateaux des Andes sont repré- ses montagnes, avec leurs glaciers, ses
sentés dans l'Asie Centrale. La différence chutes d'eau, et beaucoup de sa faune
la plus marquée est dans la température, native.
plus basse dans cette dernière région ; sa Les Indiens de la Réserve proche
moyenne annuelle est —10'. et elle peut ajoutent encore à la couleur locale ; mais
descendre jusqu'à 46°7 au-dessous de zéro. le tableau n'est pas complet sans le Bison.
Cependant, la similitude entre la 'végé- Le plan projeté consiste à prélever envi-
tation des deux régions fait penser que ron 50 têtes, d'âges divers, dans le trou-
l'acclimatation du Lama serait possible : peau de Yellowstone Park, et à les trans-
elle a déjà obtenu un plein succès dans porter dans la partie ouest de la Réserve.
la réserve d'Ascania-Nuva. située d'ail- Après un séjour d'un an dans cette région,
leurs dans des conditions un peu diffé- on profiterait de l'été pour leur ouvrir le
rentes. La question principale est de savoir Glacier Park, mais, quand viendrait l'hiver,
si cet animal, malgré sa remarquable ils auraient pour refuge la Réserve.
résistance au froid, pourra supporter les C'est donc cette dernière qui, somme
très basses températures de l'hiver du pla- toute, aurait la charge du troupeau, mais
teau central asiatique. La Terre et la Vie elle trouverait une compensation dans les
a publié deux intéressants articles sur les animaux en excédent, qui serviraient à la
Auchénidés ( 1933, nos 1 et 11). nourriture des Indiens.

Les Serpents et le Soleil. — Les Ser-


L'Autruche en Russie. — Le Parc zoo- pents sont des animaux à sa ig froid, c'est-
logique de Moscou procède en ce moment à-dire qu'ils n'ont pas, comme les Mam-
à un essai d'acclimatation de l'Autruche. mifères et les Oiseaux, une température
Il parait que celle-ci peut supporter le propre, supérieure à une température
climat froid de la contrée jusqu'à la lati- ambiante ; ils prennent celle du milieu où
tude de Moscou ; c'est ce qui a donné ils se trouvent.
l'idée d'en élever un grand nombre pour Il ne faut pas, pourtant, que celle-ci soit
peupler les steppes de la Russie méridio- trop élevée. Des observations et expé-
nale. riences faites par divers naturalistes, il
Les œufs sont soumis à l'incubation résulte que les Ophidiens sont facilement
artificielle : un couple donne de 15 à 16 tués par le soleil. S'ils y sont exposés sur
petits par année, lesquels quand ils ont un fond de sable, ils perdent rapidement
atteint toute leur croissance, pèsent de le contrôle deleurs mouvementset meurent
400 à 135 livres. en peu de temps : de 10 à 20 minutes.
On a d'abord cru que ce résultat était
Ce n'est pas seulement pour leurs dû à certains rayons du spectre solaire;
plumes que ces oiseaux sont ainsi élevés ; il semble prouvé que la chaleur seule est
on a reconnu que leur chair avait fort bon en .cause et que la mort des Reptiles pro-
goût et qu'on pouvait les utiliser pour la vient uniquement de l'élévation anormale
nourriture. ' de la température du corps.
Il n'est pas rare, dans nos régions, de
rencontrer des Vipères, en plein soleil,
allongées ou lacées : mais elles sont, ou
Le Bison en Amérique du Nord. dans l'herbe, ou sur des rochers. Il est

Un projet est actuellement à l'étude, aux probable que cette stationjoue un certain
Etats-Unis, pour introduire, ou plus exac- rôle, et, d'autre part, les expériences rela-
tement réintroduire, le Bison dans le Gla- tées plus haut ont eu lieu dans les régions
cier National Part, du Montana, et la où la chaleur solaire est sensiblement plus
Blackfeet Reservation indienne, qui lui est élevée.
- contiguë.
Ces régions possédaient autrefois des
Bisons, mais la chasse 'dont ils ont été Une curieuse association animale. —
l'objet les en a fait disparaître. Les Bernard l'Hermite sont des Crustacés,
sortes de Crabes, dont les pattes et la par- On se souvient qu'il y a un an une note
tie antérieure du corps sont seulespour- largement répandue dans la presse pou-
vues d'une enveloppe calcaire ; leur abdo- vait laisser croire que M. l'abbé Cales. de
men mou en est totalement dépouvu. Ils y Saiut-Nexaiu (Dordogne) avait trouvé dans
suppléent en se logeant dans des coquilles le Pétunia un remède contre les Dory-
vides, dans lesquelles ils introduisent leur phoras. Ce remède aurait-été évidemment
abdomen, et dont ils bouchent l'entrée très simple : il suffisait de mélanger les
avec leurs pattes. Pétunias aux Pommes, de terre pour em-
Une Anémone de mer, r ' Adamsia Ronde- poisonner les Insectes mangeurs de Sola-
leti, s'installe souvent sur les coquilles liées.
ainsi habitées ; on ne la trouve jamais Or des expériences précises effectuées
sur celles qui sont encore occupées par le au laboratoire de la Grande Ferrade. sous
Mollusque, ni sur celles qui restent vides. la direction du Dr Feytaud et au labora-
La raison en est fort simple : en fouillant toire de campagne du Doryphore à Cha-
le sable pour y trouver sa nourriture le bannais (Charente),1 par MM. Trouvelot,
Crustacé en fait sortir celle de l'Adamsia. Lacotte et Thénard montrent que les diffé-
C'est donc par calcul que celle-ci est rentes espèces de Pétunias n'ont aucune
devenue la voisine du Bernard l'Hermite ; action nocive sur lesDoryphoras. De nom-
par contre elleestpour celui-ci une défense, breuses Solanées possèdent sans doute
à cause do ses nombreux tentacules des poisons capables do tuer leslnsectes,
urticants. mais il semble que cette méthode de lutte
Aussi, comme il y a un intérêt commun ne soit pas encore au point, tout au moins
à leur réunion, Crustacé et Actinie s'en- en ce qui concerne les ravageurs de la
tendent fort bien, et se recherchent : Pomme de terre.
entendez parla que c'est le Crabe qui peut
facilement se déplacer, qui recherche
l'Anémone, laquelle ne peut vivre que
fixée quelque part. Le amonstre » du Loch Ness. — On a
Lorsque le Bernard l'Hermite n'a pas rait récemment beaucoup de bruit autour
d'Adamsia sur sa coquillle, il se met en d'un animal extraordinaire, qui habiterait
quète d'en trouver une ; l'a-t-il rencontrée? un lac d'Ecosse, le Loch Ness. Quoi qu'il
Il s'en approche et la caresse du bout des n'y ait, jusqu'à présent, aucun renseigne-
pattes ; l'Anémone s'épanouit, puis, par ment vraiment scientifique à son sujet.
une contraction de son pédicule, se déta- nous pensons devoir en dire quelques
che de son support, en même temps qu'elle mots ; mais c'est surtout pour prémunir
s'accroche à la coquille par ses tentacules; nos lecteurs contre des fables possibles,
puis elle se fixe sur celle-ci. L'association tout en leur recommandant à ce sujet la
est fondée. plus grande réserve.
On prétend même que, lorsque le Ber- En effet les observations faites l'ont été
nard change de coquille, il prend soin de par des personnes auxquelles l'observa-
ne pas s'éloigner sans son Actinie ; il la tion scientifique n'est pas familière. Quant
fait passer, comme un meuble précieux, aux savants, ils n'ont rien vu : l'animal —
d'un logement à l'autre. s'il existe — a soigneusement évité de se
Il y a des Bernards jusque dans les montrer à eux.
grandes profondeurs, et ceux-ci encore Il résulte de ceci que les descriptions
ont des Actinies sur leurs coquilles : mais faites par les divers témoins ne concordent
alors elles sont lumineuses et leur servent nullement ; leur bonne foi n'est d'ailleurs
de lanternes pour explorer le fond de la pas en cause, mais seulement leur apti-
mer. tude à discerner les caractères saillante
d'une forme à peine entrevue, et aussi
La question du Pétunia envisagée les expliquer à leurs auditeurs.
comme remède contre le Doryphora. — Il n'est pas non plus absolument impus-
M. le professeur Marchai a présenté il sible que le Loch Ness renferme un ani-
l'Académie d'agriculture (17 janvier 1934) mal singulier : il est toutefois vraiment
deux notés, l'une de M. Feytaud.l'autre extraordinaire qu'on ne l'ait point aperçu
do JI. Trouvelot, sur la question du Pétu- plus tôt.
nia envisagée comme remède contre le- Nous resterons dans le doute jusqu'à la
Doryphora. capture du « monstre », qu'on a cru pro-
chaîne, mais sur laquelle il y a toutlieu Unis, les ouvriers ont mis à jour deux
de croire qu'il ne faut plus compter. troncs d'arbres pétrifiés restés debout et
encastrés dans le roc. Ces spécimens ont
été laissés tels quels, coupés par le milieu
Les plus anciens Mammifères. — Les et enchâssés dans la roche laquelle fut
probablement une poussière volcanique
géologues de l'expédition de l'Université qui les recouvrit, lorsque leur pétrifica-
de Princeton, dans le Dakota méridional, tion s'était déjà effectuée, au temps du
en -ont rapporté des fragments fossiles Miocène, c'est-à-dire il y a plusieurs mil-
de crànes et de mâchoires qui présentent lions d'années.
un haut intérêt. On reconnaît même, à la base de ces
Ces ossements ont été reconnus comme arbres, le fouillis des racines, mais il n'a
appartenant à des Mammifères de la pas été possible de déterminer l'espèce h
sous-famille de Primates, les Plesiada- laquelle ils appartiennent.
pidés : c'étaient des animaux apparentés
aux Singes mais beaucoup plus primitifs.
Ils remontent en outre à l'Oligocène,
ce qui leur a fait attribuer un âge A propos du Sinanthropus. — Dans un
approximatif de 35r000.000 d'années, et appendice à son ouvrage The Skeleicil
situe leur apparition bien loin en arrière Remains of Ecirly Man le savant paléon-
du commencement de l'âge des Mammi-
fères. tologiste qu'est le Dr Ilrdlicka, avait sug-
Ces fossiles sont les premiers^ de leur géré que le crâne de l'Homme de Pékin,
espèce et de leur âge trouvés dans l'Amé- alors récemment découvert, était proba-
rique du Nord. blement et tout simplement néandertha-
loïde. L'auteur n'avait pas vu ce crâne, il
basait son opinion sur la description qu'il
en avait reçue.
Un nouveau Dinosaure. — Les restes Depuis lors, le Dr Hrdlicka a été à même
d'un nouveau Dinosaure, se rapprochant d'examiner soigneusement le crâne en
des Oiseaux par divers caractères, viennent question. Cet examen n'a fait que confirmer
d'être découverts dans l'Arizona : il habi- son opinion première ; l'Homme de Pékin
tait les dunes de sable de ce pays il y a est un membre, un peu distinct, de la race
environ 80.000.000 d'années et appartient né and er thali enn e.
au Jurassique. C'est d'ailleurs la thèse formulée, il y a
Ces animaux sont très rares à l'état
fossile, à cause du peu de consistance de peu de temps, devant l'Académie hollan-
daise des Sciences par le Dr E. Dubois.
leurs os, qui se conservent difficile-
ment.
Celui-ci marchait sur ses pieds de
derrière et avait quelque peu l'appa- Un grand savant Danois : le Dr Knud
rence d'une Autruche sans plumes. Il Rasmussen. — Au mois de décembre der-
appartient à ungroupe de Dinosaures qui, nier mourait, à Copenhague, le savant
suivant le Dr Camp, seraient apparentés explorateur et ethnographe, Dr Knud Ras-
aux ancêtres reptiliens des Oiseaux ; ils mussen, qui avait consacré la majeure
marchaient comme ceux-ci et avaient en partie de sa vie il l'exploration du Groen-
outre, un bec ; on suppose qu'ils se nour- land et à l'ethnographie des Esquimaux.
rissaient des œufs des Dinosaures de-plus Ce faisant, il répondait entièrement à ses
grande taille. origines, car il étail né au Groenland et
On avait déjà trouvé plusieurs fois des
son sang était un mélange du sang danois
restes de ces animaux dans l'Arizona, de son père et du sang esquimau de sa
mais toujours dans le Crétacé ; c'est la mère.
première fois qu'on en rencontre d'aussi Né le 7juin 1879, il fit ses études au
anciens. Danemark, puis visita la Laponie et revint
ensuite, en 1902, à son pays natal, où
il séjourna deux ans. Il y retourna de
Découverte d'arbres fossiles. En 1906 à 1909, puis en 1910, époque à

traçant une nouvelle route dans le fameux laquelle ii fonda la station de Thulé, qui
Parc National de Yellowstone, aux Etats- devint le point de départ de ses nom-
breuses explorations scientifiques. Celles- înéraient les travaux analogues publiés
ci furehtau nombre de 7. dont la. dernière, antérieurement. Le premier de ceux-ci,
qui fut la plus grande, eut lieu en 1932. datant de 1868, n'en citait en effet que 115,
le second, remontant à 1906, 276.
Dans la présente liste figurent un cer-
tain nombre de Mammifères importés,
Une belle carrière scientifique. — Le qui se sont naturalisés dans la contrée,
12 décembre dernier on célébrait, à Bàle, comme divers Rats. la Souris domes-
le centenaire du savaut botaniste suisse le tique, etc. L'Opossum de Virginie en fail
Dr Hermann Christ, auteur d'ouvrages de également partie; introduit vraisembla-
grande valeur sur la géobotanique, spé- blement au début du siècle, en Californie,
cialiste renommé pour les Fougères et il y est maintenant largement répandu.
les Roses. En Russie. l'Académie des Sciences de
Le grand âge de Christ ne lui permet Leningrad vient de publier (Katalog
plus une vie scientifique aussi active : il Russkich Paulow, in Ann. A/us. Zool. p. 1.
continue cependant il s'intéresser il la 406) une liste des Araignées de 1JU. R. S. S.,
botanique, bien qu'ayant cédé son her- due au Professeur D. Charitonov : elle
bier des Roses d'Europe au botaniste comprend 1.068 Arachnides, appartenant
belge François Crépin. Cet herbier fait à 222 genres.
actuellement partie des collections du jar-
din Botanique de Bruxelles.
Les têtes momifiées de l'Alaska. —
Un Américain. M. J. Myhre ilofstad, qui
En l'honneur de Darwin. — Il y a naviguait avec ses lils sur les côtes de
cent ans au mois de mars 1934, que l'Alaska. découvrait récemment, dans une
Charles Darwin accomplit, it bord du petite ile, à 30 milles au sud de Péters-
Beagle, son célèbre voyage. A cette occa- bourg, une petite grotte contenant des
sion, le monde scientifique américain a boites en bois enveloppées depail lassons
organisé une expédition (lui fera une et entourées de cordes.
longue croisière da'ts l'Amérique centrale De ces boites. au nombre de 6. deux
et méridionale et les il es voisines. seulement étaient en bon état: vraisem-
Le schooner trois-mâts Goldon Gate blablement, elles avaient été déposées en
quittera prochainement San Francisco, cet endroit, à diverses époques, et les plus
emportant les membres de la Darwin Mé- anciennes, sous l'action du temps, s'étaient
morial Expédition ; ceux-ci, qui sont détériorées.
au nombre de 17, parmi lesquels deux Lesboitesintactesfurentouvertes. L'une
femmes, appartiennent à diverses uni- d'elles, en bois de cèdre rouge- quelque
versités ou institutions scientifiques. peu bombée sur les côtés, avait ceux-ci
Le premier acte de cette expédition couverts de fines sculptures teintées de
sera d'aborder aux Iles Galapagos, afin rouge et de vert ; elle contenait une tète
d'ériger, au mois de mars, sur l'Ile de femme, aux cheveux longs, empa-
Chatham, un monument commémoratif quetée dans des morceaux d'écorce de
du passage du grand naturaliste que tut cèdre.
Darwin. Cette tête avait été fumée, ou séchée et
se trouvait bien conservée. Elle portait, à
la lèvre inférieure, un peu sur la droite,
Catalogues zoologiques. — Les citla- un ornement, en forme de- disque, com-
logues, sous leur apparente sécheresse, posé d'une longue et étroite bande de cuir
ne sont pas les moins utiles des travaux roulée en rangs serrés : cet ornement
des naturalistes : ce ne sont pas non plus indique que la tête appartenait M, une
les plus faciles à faire, et il faut savoir gré femme de la plus haute classe.
aux savants qui ont le courage de les L'autre boîte, également en bois --de
dresser. cèdre, était enveloppée d'un paillasson
Une liste des Mammifères de Californie finement tressé et rayé ; elle n'était pas
vient
^ d'être publiée par le Dr Joseph Gri- sculptée sur les côtés, mais couverte de
mell (Univ. Calif. Publ. Zool. n° 2). Elle peintures brunes et rouges, dont le bois
comprend 460 espèces ou sous-espèces, de cèdre formait le fond. Elle contenait
c'est-à-dire beaucoup plus que n'en énn- une tête d'homme, enveloppée d'étoffe et
emballée dans des copeaux d'écorce de problème du cinéma privé aura ainsi la
cèdre ; celle-ci paraissait avoir été déposée possibilité de le faire, hors de toute égide
en cet endroit la dernière, à une époque commerciale, auprès des « usagers » et
relativement récente. des techniciens. Enfin, les firmes cons-
Quelle est l'origine de ces tètes? Pareille tructives d'appareils seront invitées à
découverte avait déjà été faite à Sitka, venir présenter — sans aucun frais pour
mais ici on se trouve sur le territoire des elles et en dehors de toutes exigences
Indiens Tlingits, qui avaient l'habitude de publicitaires — leurs derniers modèles.
brûler leurs morts ; ils ne conservaient Nous tiendrons nos lecteurs au courant
que la tète des guerriers tués dans la des pourparlers actuellement en cours.
bataille, tête qu'ils ensevelissaient en
compagnie des cendres de ceux-ci.
L'absence de cendres et la présence
d'une tête de femme obligent n chercher Exposition d'Horticulture. La So-

une autre explication ; il est probable que ciété d'Horticulture de France annonce
ces têtes sont des trophées de guerre. On que son Exposition annuelle de printemps
sait, en ellet, que les Indiens avaient l'ha- aura lieu, eette année, au Cours la Reine.
bitude d'en rapporter, soit pour les conser- du vendredi 25 mai au dimanche 3 juin.
ver, soit pour pouvoir en tirer profit, les
tribus rachetant à l'occasion les têtes de
leurs guerriers emportées par des vain-
queurs. Les Sciences Naturelles à l'Académie
des Sciences.
Le Cinéma et les Sciences. L'Asso- SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1933.

ciation pour la documentation photogra-
phique et cinématographique dans les Géologie.
sciences, qui organisa le premier congrès
M. GIGNOUX, L. MORET et D. SCHNEEGANS.
se rapportant à ces questions et dont La Structure géologique de la fenêtre de
Terre et la Vie a publié un compte rendu —
(1933. N° 12, p. 754), étudie actuellement l'Argentière au Sud de Briançon (Hautes-
deux importants projets. Alpes).
Sur l'initiative de son président, le Il s'agit de l'entaille en canon faite par
Dr Claoué, l'Association va entreprendre la Durance au sortir du bassin houiller de
la création d'une filmathèque de films Briançon, dans la couverture mésozoïque
scientifiques et médicaux privés. Cette fil- de ce Houiller.
mai hèque composée de copies tirées en L'étude des terrains de cette fenêtre
format réduit serait à la disposition des montre qu'elle renferme des roches dont
membres de l'association et des cercles on ne connaît les analogues que dans le
scientifiques. soubassement externe de la nappe du
D'autre part, M. Michel Servanne orga- Flysch, d'où il s'ensuit que cette dernière
niserait des « permanences » qui per- doit s'enraciner à l'Est de ladite fenêtre.
mettraient aux adhérents de l'association
et à ses amis de se rencontrer une fois Agriculture.
par mois, d'apporter les films enregistrés Bactério-
par eux dans le mois, d'établir ainsi un A. DEMOLON et A. DUNEZ.

répertoire avec notations, d'e ces films. phage et fatigue des sols cultivés en Luzerne.
Des techniciens des divers formats se tien- Les observations des auteurs ont porté
draient à la disposition des adhérents pour sur des Luzernes provenant de Provence,
tous conseils concernant le film et les de Bretagne et de Seine-et-Oise. Ils ont
appareils, les prises de vues, éclai- trouvé le bactériophagedans les nodosités,
rages, etc., dans un but désintéressé. Les les racines et les tiges, chez les plantes
rencontres possibles de ses adhérents, no- âgées de plus d'un an. Ils l'ont également
tamment des correspondants de province rencontré dans le sol des vieilles luzer-
passant il Paris et" pouvant entrer en con- nières.
lact avec l'association, rendront possibles L'envahissement du sol par le bactério-
des échanges, des collaborations, etc... phage provoque la fatigue de celui-ci,
D'autre part, tout médecin, professeur, c'est-à-dire le déclin de l'activité fixatrice
scientifique, désirant se documenter sur le de la plante à l'égard de l'azote du sol.
Zoologie. holocyclus sur le Chien : des cas de para
lysie ascendante, souvent mortelle, avaient
Mlle M. L. VER niER. Recherches sur le déjà été observés, l'homme et les
champ visuel des Vertébrés. Détermination animaux, à la suite desur

la piqûre des divers
du champ de vision de Scorpaena scrofa L. Ixodidés exotiques.
Les champs de vision n'ont générale- Dans le cas présent leChien, piqué à
ment été étudiés que chez les Vertébrés l'oreille par deux Tiques australiennes,
supérieurs, Mammifères et Oiseaux. est mort paralysé au bout de huit jours.
Mil" M. L. Verrier, qui a déjà donné deux
importants travaux sur le champ de SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE.
vision des Poissons, expose dans cette
note le résultat de ses observations sur la Chimie biologique.
Rascasse (Seorpaena scrofa L.)
GABRIEL BERTRAND et Mlle ANDREITCHEVA.
G. PETIT.

Remarques suggérées par la Sur la teneur comparée en zinc des feuilles
découverte d'un crâne de Chai da-ns les vertes et des feuilles étiolées.
dépôts subfossiles de Madagascar. Il y a un certain parallélisme entre la
Le crâne, en question a été recueilli en teneur des feuilles en zinc et leur colora-
1932, à Beloha, dans le sud de Madagascar ; tion par la chlorophylle; il y a-de-ux on
c'est la première fois que des restes trois fois plus de zinc dans les feuilles
appartenant à ce Félin sont signalés dans vertes extérieures d'un Chou ou d'une
les gisements subfossiles de la grande île. Laitue que dans les feuilles jaunes inté-
L'auteur en tire de très intéressantes rieures.
conséquences au sujet de l'histoire, encore Géologie.
inconnue, du Chat sauvage malgache et
de son origine. Selon lui, et il en donne -
ROBERT LAFFITTE. Sur le tectonique du
de nombreuses preuves concordantes — Sud du Massif de VAurès.
une immigration africaine, à une époque Le résultat de cette étude est ainsi for-
reculée, a introduit à Madagascar, le Chat mulé par Fauteur :
africain, en même temps que diverses « La formation de la chaîne du Djebel
•autres espèces, animales et végétales. Rheliss eut pour résultat d'incorporer à
l'Atlas saharien des chainons J-e forma-
Physiologie comparèe. tion plus récente et d'orientation nou-
Louis BAUDIN. — Variations diurnes du velle».
sang chez les Poissons. ALBERT de L APPARENT. Sur le syndi-

cal de Rians (Varj.
Parasitologie.
J.-P. ROTHÉ.— Observations morpholo-
J. RISBEC. — Un ennemi du Brontispa giques
froggatti Sharp aux nouvelles Hébrides. au Scoresby-Sund.
Ces observations, faites au cours de la
Brontispa froggatti, Coléoptère de la mission française de l'année polaire, ont
i'amille des Chrysomélides est l'un des porté
sur la terre de Liverpool, sur la
parasites les plus importants du Cocotier. côte orientale du Groenland ; elle ont per-
Il dévore, tant à l'état de larve qu'à l'état mis d'y reconnaître
une analogie géolo-
parfait, le parenchyme des feuilles et, s'il gique avec l'Est de la France, voisinage
est en grand nombre, fait dépérir l'arbre des Vosges hercyniennes. au
et même cause sa mort.
Il est attaqué par un Orlhoptère de la RAYMOND CYRY.

La terminaison
famille des Forficulidés, Chelisoches morio orientale du massif primaire asturien et la
F., qui est très friand de ses larves. structure de la région mésozoïque qui l'enve-
loppe vers l'Est.
E. BRUMPT. — Paralysie ascendante
mortelle expérimentale de Chiens par piqûre Paléontologie.
de la Tique australienne : Ixodes holocy-
clus. F. M. BERGOUNIOUX. — Remarques- sur
Comme suite aux expériences antérieures les Chéloniens fossiles de la famille des
de divers auteurs, M. le professeur Brumpt A mphich élydés.
a étudié les effets de la piqûre d'Ixodes De nouvelles observations sur les Ché-
Ioniens fossiles- permettent à M. Bergou- Botanique.
nioux de confirmer la classification qu'il
Prix Desmazières : M. Pierre Vanden-
en a déjà proposée. Il les divise en Atliè- dries.
que et Técophores, ces derniers compo- Prix Montagne : M. Roger Ileim.
sés des Pleurodires, et des Cryptodires ; Prix de Goimy : M. Louis Emberger.
ô'est' parmi les Amphichélydés que se
trouvent les ancêtres directs des Pleuro- Anatomie et Zoologie.
dires.
Paléobotanique. Prix Da Gama Machado : M. Jean Verne.
Prix Savigny : M. Georges Sénevet.
W. C. Darraïf et P. Bertrand. — Obser-
vations sur les flores houillères de Pensyl- SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE.
canie (régions de Wilkes-Barre et de Pilfs-
burg). Biologie florale.
La flore houillère de la région de L. BLARIN&HEM. — La fièvre des Arùm.
Wilkes-Barre présente les caractères de
l'assise la plus élevée du Westphalien ; La fièvre des Arum fut observée pour la
celle des environs de Pittsburg est fran- première fois par Lamarck, et signalée,
chement s-téphanienne, parfois autunienne par la suite, par plusieurs autres lJatura-
ou encore westphalienne. listes. mais sa cause n'avait pas été exac-
tement déterminée.
Génétique. Des observations et des expériences de
l'auteur, il résulte qu'elle est due il l'épa-
X. KOBOZIEFF. — Sur la diversité de la nouissement et à la maturation des or-
constitution génotypique chez les Souris à ganes mâles de la fleur ; elle est liée à
queue normale. une consommation anormale d'oxygène
durant plusieurs heures de la journée.
Tératogénèse.
Production expéri- Chimie agricole.
ETIENNE WOLFF.

mentale de l'otocéphatie et les principales HENRI LAGATU et LOUIS MAUME. Sur les
malformations de la face chez le Poulet. —
variations alimentaires des végétaux cul-
C'est en irridiant la zone transversale tivés,en dehors de toute intervention d'en-
comprenant l'ébauche du prosencéphale, grais, dans les conditions de la pratique
que l'auteur a pu obtenir expérimentale- agricole.
ment. pour la première fois, ces malfor- Géologie.
mations, d'ailleurs très rares à l'état spon- C. ARAMBOURG. — Les formations préter-
tané chez; les Oiseaux. tiaires de la bordure occidentale du Lac Ro-
Chimie biologique. dolphe {Afrique orientale).
Mlle D. LEMAÎTRE.

Sur l'âge du calcaire
D. BACK et D. DESBORDES. La trans-
— de Chaudefonds (Maine-et-Loire).
formation directe des nitrqles en ammonia-
L'auteur étudie un gisement de cal-
que par le mycélium des Champignons infé- caires dévoniens découvert en 1889 par
rieurs.
Davy - la conclusion de cette étude est
qu'il y a des relations étroites entre le
SÉANCE DU Il DÉCEMBRE.
calcaire de Chaudefonds et celui dit « cal-
Cette séanpe a été consacrée à l'attribu- caire de Chalonnes ».
tion des prix et subventions décernés par G. BORGNIEZ. — Sur la possibilité d'exis-
l'Académie. Voici la liste des lauréats pour tence de périodes à climat désertique dans la
les Sciences Naturelles. région centrale du Congo belge.
Minéralogie et Géologie. C'est en étudiant les diverses couches
des terrains de la région des sources de la
Prix Cuvier : M. Jules Lambert. Lukenié, particulièrement les assises du
Prix Delesse : M. l'abbé Christophe Gau- Lubilash et delaSalonga, que M. Borgniez
defroy. est arrivé à la conclusion que certaines de
Prix Victor Raulin : M. Jean Cuvillier. ces couches n'ont pu se former que sous
Prix Joseph Labbé : M. Pierre Despujols. des conditions désertiques.
i
MAURICE BLUMENTHAL.

Sur l'autochto- « instinct de retour à la pâture » chez les.
nie du pénibétique dans la province de Ca- Moustiques.
rlix (Andalousie). Les « maisons à paludisme » sont des
ROBERT LAFFITTE.

Les formations con- habitations où des cas de contamination
tinentales du Tertiaire de l'Aurès (Algérie). palustre se succèdent chaque année, tan-
Les formations continentales rouges dis que les habitants des maisons voisines
occupent une place très importante dans sont épargnés pan l'épidémie.
le Tertiaire du massif de l'Aurès et sa pé- On s'est demandé si ce phénomène
riphérie. L'auteur les divise en deux sé- n'était pas dû à un instinct des Moustiques
ries, l'une inférieure au Miocène inférieur qui les pousserait à revenir au lieu de leur
marin et l'autre supérieure : c'est cette premier repas sanguin.^
dernière qui est ia plus importante. Les expériences faites par les auteurs
au moyen de Culex pipiens d'élevage, n'ont
Océanographie. pas confirmé cette hypothèse de l' « ins-
tinct de retour à la pâture ».
A. GRUVEL et W. BESNARD. — Recherches
sur la nature des fonds dela côte occidentale Minéralogie.
du Maroc entre le Cap Cantin et le Cap
Ghir. René VAN AUBEL. — Sur la zone aurifère
Les auteurs ont reconnu dans cette ré- de l'Urega oriental (Kivu, Congo belge).
gion un grand plateau sableux parsemé de Cette région, qui n'avait pas encore été
têtes de roches, et une zone chalutable à étudiée, est située entre 27°30' et28°30'de
fond sableux, subvaseux, ou vaseux. Le longitude Est, et 2°30' et 3°30' de paral-
premier s'étend du Cap Cantin à la Pointe lèles Sud.
Hadid, la seconde, de la Pointe Hadid au L'auteur en étudie la stratigraphie, et,
sud du Cap Sim. particulièrement la position des filons
aurifères.
Botanique. Géologie
PIERRE CHOUARD. — Intervention de l'épi- G. SCHNEIDERet L. MORET.— Une hypothèse
derme dans la formation de bulbilles sur tes nouvelle sur l'origine des sources thermo-
feuilles vertes de Liliacées. minérales d'Aix-les-Bains (Savoie).
Il sagit des bulbilles qui se forment sur Les hypothèses proposées jusqu'ici,
les feuilles vertes de Liliacées, coupées et relativement à l'origine des sources d'Aix-
conservées vivantes. Ce bourgeonnement les-Bains ne sont pas satisfaisantes au
spontané avait déjà été signalé sur diverses point de vue géologique et s'accordent
parties vertes de Liliacées ; M. Chouard d'ailleurs assez mal avec les observations
prouve qu'il n'y là rien d'exceptionnel, faites dans la région au cours de travaux
l'épiderme des Liliacées bulbeuses étant de'captage.
capable de fournir les parties les plus Les auteurs ont donc cherché une nou-
importantes des bulbilles d'où peuvent velle explication, en se basant sur des
sortir de nouvelles plantes. données géologiques,chimiques, hydrody-
namiques. D'après eux, ces eaux, viennent
Physiologie végétale. du Nord, surtout de la suite de chaînons
H. COLIN et E.GuÉGEN. — La floridoside jurassiens qui émerge de la mollasse dès
chez les Floridées. Lavagny. Elles seraient donc collectées par
l'Urgonien et minéralisées parles couches
Biologie végétale. pyriteuses de l'Hauterivien, au niveau
desquelles elles émergent.
Mme HUREL-PY.

Sur la possibilité de dé-
shydrater les vàcuoles du pollen de Nico- Hydrologie.
tiana alata.
R. DELABY. R. CHARONNAT et M. JAXOT. —
SÉANCE DU 2G DÉCEMBRE Les variatio'ns d'une source thermale, la
source des Dames de Plombières.
Epidémiologie
La source dont il est question dans cette
Edmond SERGENT, Etienne SERGENT, et note a un débit et une température presque
A. CATANEL. Maisons à paludisme )> et fixes. Elle a été étudiée pendant trois
— «
années, au point de vue de la température, Los observations de l'auteur fournissent
du débit et de la minéralisation. Il a été la preuve que les phases ovulaires de
observé des variations notables dans la maturation et d'épuration correspondent
radioactivité; toutes les caractéristiques à deux états constitutionnels absolument
de la source éprouvent des variations différents.
rapides et discordantes, mais relativement Génétique.
faibles, et qui paraissent liées à des per- N. KOBOZIEFF. — Sur la constitution
turbations d'origine profonde.. génotypique de Souris à queue normale,
Physique végétale. issues de parents anoures ou brachyoures.

W. BESNARDet P. J.KORDA. — De l'action Parasitologie.


des radiations lumineuses ultra-molettes E. BRUMPT. — Recherches expérimentales
émises par des lampes spéciales sur la crois-
sur la myiase des Batraciens provoquée par
sance et la reproduction de quelques plantes la Mouche Lucilia bufonivora.
aquatiques.
C'est Moniez qui en 1875, découvrit la
Les plantes mises en expérience étaient Lucilia bufonivora. dont les larves se déve-
Sagittaria natans Mx.. Vallisneria spiralis loppent dans les narinès et la face du Bufo
L. et Myriophyllum-prismatumPort. vulgaris. En réalité ces larves attaquent
D'une façon générale, les plantes sou- aussi bien d'autres Batraciens, la Gre-
mises à l'éclairage des lampes spéciales nouille rousse (Rana platyrrhina), Rana
étaient très vertes et bien plus vigoureuses temporaria Salamandra maculosa etc...
que celles éclairées par des lampes ordi- M. le professeur Brumpt a étudié expé-
naires. rimentalement cette myase. Les larves
Génétique.
sont parfaitement formées au bout de
E. MIÈGE et M. SIMONET. — Etude caryo- 24 heures, mais n'éclosent pas spontané-
logique de types durum apparus dans le ment, fait unique chez les Calliphorinés.
croisement Triticum vulgare var. alboru- L'éclosion semble nécessiterl'intervention
brum X T. vulgare var. oasicolum. d'un frottement et la présence d'un milieu
alcalin, sueur ou urine putréfiée.
Biologie générale.
A. et R. SARTORY, J. MEYER et ERNST. — SÉANCE DU 3 JANVIER
Influence inhibitrice du radium sur la crois-
sance des radicelles de Lens esculenta ; dose Biologie végétale
empêchante minima et temps d'iradiation. J. COSTANTIN. — Expériences culturales
Ph. L'HÉRITIER et Georges TEISSIER. — sur la Pomme de terre dans les Pyrénées.
Etude d'une population de Drosophiles en
équilibre. Comme suite aux expériences faites dans
les Alpes M. J. Gostantin a voulu les repro-
En enfermant les animaux dans une duire dans d'autres régions montagneuses
cage maintenue à température, constante et, en particulier dans les Pyrénées. Ces
et recevant chaque jour une égale quantité nouvelles expériences ont confirmé les
de nourriture contenue dans un godet que premières ; le rendement augmente avec
l'on retirait au bout de 20 jours, les au- l'altitude, en même temps que diminue la
teurs ont pu étudier une population de dégénérescence, aussi bien pour la mo-
Drosophiles en équilibre, saïque que pour l'enroulement.
Quoique la proportion des éclosions ne
soit que de 1 à 2 ponr 100 dès œufs pondus, Pathologie végétale
une dizaine de Drosophiles ont donné, en
38 jours, 320U individus, à raison de 141 P. VIALA et P. MAIISAIS. — Sur le Court-
éclosions, en moyenne, par jour. Noué, maladie parasitaire de la Vigne.
Embryologie. Le Court-Noué, caractérisé surtout par
un rabougrissement de la souche et la
Paul WINTREBERT. — L'intervention de multiplication des rameaux secondaires,
l'œuf dans le dépôt et la constitution des est le résultat constant de l'action d'un
enveloppes tubaires chez les Amphibiens. Champignon parasite la Pumitus medullae
(Discoglossus pictus Ottli.) sp. nov.
Les lésions internes de la plante sont fondue avec Laminaria pallida Grev. En
surtout médullaires, puis gagnent le liber 1928 Hamel la retrouvait dans la région de
et le bois, et atteignent même parfois Vigo. et créait pour elle la variété iberica.
l'extérieur, produisant de gros chancres, L'auteur la sépare spécifiquement de
caractéristiques de la forme la plus grave pallida. non seulement à cause de l'ab-
de Court-Noué. sence de points noirâtres sur la lame.
Les auteurs préconisent, pour la lutte mais aussi parce que la base de cette lame,
contre cette maladie. le badigeonnage des nettement cunéiforme chez pallida, est
plaies dé taille avec des. solutions arseni- ici cordiforme.
cales, tout en ne dissimulant pas que le L'espèce est connue des Canaries, du
mal peut être bien plus profond et qu'il y Maroc atlantique et de la côte atlantique
a là une grande difficulté à. résoudre. ouest de la Péninsule ibérique.
Géologie Biologie végétale
René PERRIN. — Réflexions sur la for- P. LAVIALLE et P. J'AEGEB. — La fertilité
mation de la Terre. et la stérilité de l'androcée, leurs rapports
L'auteur assimile le globe terrestre à avec le polymorphisme staminal chez Kllau-
une masse métallique entourée d'une sco-
tia arvensis Coult.
rie solidifiée en -surface et d'une atmos- Pathologie végétale
phère gazeuse. Il pense que. en partie
tout au moins, des scories ayant donné Robert LEMESLE. — Des divers effets pro-
ultérieurement naissance aux roches, ont duits par le Fusarium anthophilum (A. Br.)
été formées, à l'état liquide, avant la con- Wr., sur l'ovule de Scabiosa succisa L.
densation du noyau terrestre, -et que la
première phase, à partir de l'état gazeux. Parasitologie
de la condensation d'un astre, est la for-
mation de sc ories. E. BRUMPT. — Spécificité parasitaire et
déterminisme -de la ponte de la Mouche Lu-
Paléontologie cilia bufonivora.
Jean PIVETEAU. — Le crâne primordial faite Cette note complète la communication
dans un Poisson triasique de Madagascar. par M. le professeur Brumpt dans la
précédente séance.
Il s'agit du genre Auslralosomus, Poisson Lucilia bufonivora présente une spécifité
du Trias inférieur de Madagascar, chez parasitaire assez étroite. Son hôte type est
lequel le crâne primordial ou chondro- le Bufo vulgaris mais on l'a trouvée aussi
crâne, s'ossifie complètement, en une sur les Grenouilles rousses (Rana platyr-
masse continue, à laquelle viennent se rhina et oxyrrhina), la Rana temporaria et
surajouter, pour former une seconde Salamandra maculosa.
voûte, les os dermiques. Le paléocràne, Sa ponte s'effectue huit jours après
non segmenté s'étend en avant du nerf l'éclosion. Elle s'effectue spécialement sur
vague, et reste bien distinct du néocrâne les Crapauds vivants, plus rarement sur
placé en arrière, qui résulte de l'assimi- les Rana et Salamandra.
lation d'éléments squelettiquesprimitive- L'auteur observe encore que certaines
ment libres ; c'est une disposition que l'on femelles de Lucilia, provenant d'élevage,
observe aussi chez les Paléoniscidés du commettent des erreurs et font preuve
Kansas et le genre Perleidus. d'un manque d'instinct, soit en pondant
Au point de vue taxonomique, Auslra- sur les viscères d'un Crapaud mort, soit
losomus se rapproche des Macroœthes, du en déposant des œufs sur uir Crapaud trop
Trias moyen d'Australie et Pholidopleurus petit ou déjà infecté, etc...
du Lias d'Europe.
Botanique SÉANCE DU 8 JANVIER

Robert LAMI. — Sur une nouvelle espèce Pathologie végétale


de Laminaire de la région ibérico-marocaine
Laminaria iberica (Hamel) Lami. J. COSTANTIN. — Variétés de Blé résis-
Cette Laminaire, découverte en 1854 tantes à la Rouille.
par Le Jolis. aux Canaries, fut d'abord con- La Rouille du Blé est produite par treis
espèces principales de Puccinia : on s'est u2° La présence, dans les végétations ha-
contenté jusqu'à présent, de recourir à ploïdes confrontées, des facteurs mendé-
l'hybridation pour obtenir des variétés
qui leur résistent, mais sans succès.
Se basant sur la méthode suivie par les
Hollandais pour obtenir la variété de
; lanne à Sucre résistant au Serah, dénom-
nifestent.
liens b et b', est une cause nécessaire et
suffisante pour que les barrages se ma-

Physiologie végétale
més POJ 2878, M. J. Costantin croit qu'un MME HUREL-PY. Recherches sur les con-
résultat analogue peut être obtenu avec les —
ditions du pH nécessaires pour obtenir la
Blés. germination des grains de pollen et la colo-
Il donne, à ce sujet, comme exemple, ration vitale de leurs vacuoles.
des essais faits dans l'Afrique anglaise,
au Kenya, et qui sont de nature à donner Physique végétale
aux travaux futurs, une orientation nou- A. et R. SARTORY, J. MEYER et ERNST.
velle. —
Géologie Influence inhibitrice du radium sur la crois-
sance des radicelles de Lens esculentà
Léon BEHTHAND.

Sur les relations de Moench ; modifications de la dose empê-
la zone primaire axicde des Pyrénées et de chante minima sous l'influence d'ions anta-
La zone nord-pyrénéenne. gonistes.
M. BLUMENTHAL.

Sur l'existence de Chimie végétale
poussées antibétiques en Andalousie.
L. MAUME et J. DULAC. — Différences UA-
L'auteur cite un grand nombre de cas riétales dans l'absorption de l'azote, de l'a-
où l'existence de ces poussées est indiscu- cide phosphorique
table? Mais il ajoute que « quant aux rai- Blés et de la potasse par des
de l'instabilité de la direction de la ayant atteint une même époque physio-
sons logique dans le même milieu.
poussée tangentielle dans l'avant-pays des
nappes bétiques, et de son sens souvent Pathologie animale
inversé, ce sont des cas particuliers pour
chacun desquels une analyse est néces- A. PAILLOT. — Un nouveau type de mala-
saire ». die à ultravirus chez les Insectes.
Robert LAFFiTTE. -- Sur la présence de Il s'agit d'une maladie observée pour la
l'Albien dans l'Aurès (Algérie). première fois chez les chenilles d'Agroiis
Elle doit être rapprochée de la
L'Albien présente une lacune stratigra- seyetum.
pseudo-grasserie des Piérides; par la di-
pliique dans les régions occidentales des mension des éléments virulents et par
Monts du tlodna et le Massif du Bellezma leur affinité très marquée
Batna) ; mais contrairement à ce que l'on adipeuses. Quant pour les cellules
croyait, cette lacune ne s'étend pas à l'Au- doit ètre rangé parmiau parasite lui-même, il
les ultravirus.
rès. Une coupe schématique, établie à
l'ouest d'Arris, prouve que, dans cette
région, le Cénomanien est toujours séparé Parasitologie
de llAptien par d'importantes couches E. BRUMPT. — Fréquence saisonnière et
albiennes. diapause larvaire de la Mouche Lucilia bu-
Mycologie l'onivora.
René VANDENDRIES. — Les barrages Comme suite aux notes précédentes,
sexuels chez Lenzites betulina (L.) Fr. M. le professeur Brumpt étudie ici la fré-
Cette note fait suite à une communica- quence saisonnière de Lucilia bufonivora.
lion de l'auteur et de M. Harold J. Brodie Les Mouches peuvent pondre 8 jours
Comptes rendus, 1933. p. 721) relative aux après leur éclosion et le cycle complet
barrages sexuels de l'espèce en question. d'œuf à œuf est d'environ 24 à 30 jours.
Cette ponte débute vraisemblablement
M. Vandendries conclut que : vers la fin de mai et la dernière généra-
1° Les agents qui provoquent les bar- tion prend place à la fin d'août.
rages sexuels chez Lenzites betulina pa- Les larves nées à cette dernière époque
raissentêtre des émanations gazeuses. ne se développent pas normalement et
elles restent au stade prénymphal en au- lence et de faire concevoir la possibilité
tomne et en hiver. Cette diapause. comme de réaliser de véritables vaccinations des
la fréquence saisonnière sont parfaite- végétaux.
ment adaptées aux périodes d'activité des Protistologie

Batraciens dont l'espèce a besoin pour son
évolution. Edouard CHATTON. — L'origine péri-
dinienne des Radiolaires et l'interprétation
SÉANCE DU 15 JANVIER
parasitaire de l'anisosporogénèse.

Géologie Géologie
Marcel CASTERAS. — Sur la tectonique
LAMARE.
— Le Permien des environs de du versant Nord des Pyrénées.
Bidarray (Basses-Pyrénées).
L; DUBERTRET. — Les gisements d'hydro-
Le Permien n'a pas été signalé sur les carbures minéraux de la Syrie et du Liban..
feuilles de Bayonne et de Saint-Jean-Pied-
de-Port. Observé d'abord par P. Viennot On a pensé que la zone pétrolifère ira-
à la Rhune, il a été découvert en bien kienne pouvait se prolonger en Syrie et
plus grande quantité par l'auteur, dans au Liban et des études ont été entreprises
les Pyrénées navarraises. à ce sujet.
C'est au sud-orret de—Bidarray, dans la Il en résulte que les hydrocarbures de
vallée d'un affluent de la Nive, que le la Syrie et du Liban, peu nombreux d'ail-
Permien offre son plus grand développe- leurs, semblent avoir pour origine les for-
ment. mations sénoniennes. La région côtière
Paléontologie méditerranéenne ne renferme qu'un seul
suintement actifde pétrole, à T chengn ène ;
N. THÉOBALB. — Les Insectes fossiles de la région désertique orientale peut en pré-
Célas (Gard). senter, particulièrement au Karatchok
Les fossiles en question ont été décou- Dagh et près du Djebel Sindjar.
verts en 1883; ils comprenaientdes plantes Paléontologie
décrites par L. Laurent, et des Insectes,
qui n'ont jamais été étudiés. J. GUBLER. — La valeur stratigraphique
Parmi ceux-ci sur 167 échantillons, des Fusulinidés du Permien.
M. N. Théobald a reconnu 7 Odonates,
7 Orthoptères, 13 Coléoptères, 12 Hymé- L'auteur examine principalement les
noptères, 1 Lépidoptère, 59 Diptères et Fusulinidés du Permien et les deux pro-
3 Hémiptères. blèmes stratigraphiques suivants, dans
D'après cette répartition, la faune de quelle mesure ces Fusulinidés peuvent-ils,
Célas se rapproche le plus de celle d'Aix, à eux seuls, caractériser des horizons dis-
mais jusqu'à présent, aucune des espèces tincts, et quelle est leur répartition dans
de Célas n'a pu être identifiée avec celles le Permien.
déjà connues. Botanique
SÉANCE DU 22 JANVIER Paul GUÉRIN.
- L'acide cyanhydrique
Gynerium.
chez les Graminées : Melica et
Pathologie végétale La présence de l'acide cyanhydrique
J. COSTANTIN. — Notion nouvelle de chez les Graminées des genres J/elica et
l'Enroulement doux de la Pomme de terre. Gynerium a été signalée, en 1906. par P.
Fitschy. M. Paul Guérin a repris l'étude
L'altitude, comme l'a démontré l'auteur de là question et apporte à ce sujet
dans plusieurs communications précé- quelques données nouvelles.
dentes, diminue la dégénérescence pro- L'espèce de la région parisienne la plus
duite par la Mosaïque de la Pomme de riche en acide cyanhydrique est Melica
terre ; elle agit également, dans le même ciliata L. : cette substance se rencontre
sens favorable, sur l'Enroulement. Mais surtout dans les feuilles, où sa teneur est
dans un cas comme dans l'autre, elle très variable, mais aussi dans les épillets,
n'amène pas la guérison complète, elle et même dans les fruits, dès qu'ils com-
permet toutefois de faire varier la viru- mencent à germer.
Chez le Gynerium argenteum Nees, pourrait mème que les deux espèces
l'acide disparait en grande partie des fussent identiques, ce qui ne pourra ètre
feuilles, à l'automne, mais il apparait alors reconnu qu'après de nouvelles observa-
en bien plus grande quantité dans les pa- tions et des expériences qu'il n'a pas en-
nicules. core été possible d'effectuer.
Physiologie végétale
H. COLIN et Mlle J. PAYEN. Le sucre de Zoologie

Rivularia bullata. Marcel BAUDOUIN. — L'âge où les Oiseaux
En étudiant la composition glucidique peuvent émigrer.
de Rivularia bullata, du groupe des Algues Les observations de l'auteur ont porté
bleues; les auteurs y ont reconnu la pré- le Grand Cormoran, l'Etourneau, et le
sence du tréhalose, déjà connu de beau- sur Goéland cendré.
coup de Champignons et de quelques Flo- Il en résulte que les Oiseaux peuvent
ridées. émigrer 6 mois après leur naissance. On
Pathologie végétale constate également qu'ils ne se dirigent
A. MAUBLANC et ROGER. La phthiriose jamais vers l'Est, maisinclinent 't l'Ouest
du Caféier. — et au Sud-Ouest pour g.igner les côtes de
l'Océan et se diriger vers le Maroc par le
C'est une maladie des racines, qui a littoral du Portugal et le détroit de Gi-
causé des dégâts sérieux au Cameroun. braltar.
Elle est caractérisée par la présence, au- Protistologie
tour des racines, de manchons mycéliens
non adhérents aux tissus radiculaires, et Raymond HoyASSE. — Ebriacées, Dino-
sons-lesquels vivent des Cochenilles du flagellés et Radiolaires.
genre Pseudococeus.
Les conidies que l'on y rencontre res- Mlle Berthe BIECHELER. Sur un Dino-
à —
semblent étroitement à celles du Borne- flagellé capsulepérinucléairePlectodinium
tina Coriu1n Mang. et Viala, agent de la n. g. nucleovolvatum n. sp., et sur les relit-
phthiriose de la Vigne en Palestine. Il se tions des Péridiniens avec les Radiolaires.
PARMI LES LIVRES

L. BERLAND. — Les Arachnides (Scor- sur les fleurs, les feuilles, les arbres, les mousses
:
pions, Araignées, etc.). Biologie, sys- toutes Araignées sédentaires qui ne doivent
tématique, 1 vol., 485 pages, 636 figures. point faire oublier les Araignées vagabondes —
ni les aquatiques, celles des eaux douces, dont
Encyclopédie entomologique (XVI), P. l'Argyronète est le type bien connu, mais aussi
LECHEVALIER,édit.,Paris, 1932 ; prix : 150fr. celles des eaux marines, les Dssis des récifs
madréporiques et les D.'sidiopsis des trottoirs
d'algues calcaires méditerranéennes. L. Berland
M. L. Berland, qui a bien voulu donner aux a. en outre, groupé en deux parties les réactions
lecteurs de la Terre et la Vie un intéressant et les adaptations des Araignées à des milieux si
article général sur les Arachnides (1933, N°10). différents, c'est-à-dire qu'il analyse les exemples
positifs d'adaptation et les exemples négatifs et
a publié récemment un volume très complet il en tire une critique de l'adaptation chez ces
sur ce groupe. Il est divisé en 16 chapitres et animaux.
débute par des généralités sur les Arachnides où
le lecteur acquiert des données, indispensables L'auteur examine ensuite l'homochromie et le
à la compréhension des développements à venir. mimétisme des Araignées, passant en revue la
Les six chapitres suivants, consacrés aux Scor- ressemblance à des objets inanimés, à des Insectes,
pions (II), aux Solifuges (III), aux Pseudoscor- à des Fourmis.
pions (IV), aux Ricinulei (V), aux Palpigrades Un paragraphe bien intéressant du même cha-
(VI), aux Pédipalpes (VU), sont traités de pitre est celui qui traite de la vie sociale chez les
manière à faire connaître l'essentiel sur la Araignées. Les œufs sont réunis en nombre dans
morphologie, la biologie, la systématique et la un même cocon où ils éclosent et passent les
répartition géographique de ces curieux ani- premiers stades de leur vie post-embryonnaire.
maux. Les Araignées sont étudiées en cinq cha- Cette association, qui p.'rmet de dire que toutes
pitres qui constituent l'essentiel du volume les Araignées vivent en société a une période
(p. 79-405). D'abord la forme et l'aspect. La déterminée de leur existence, ne dure pas et on
description est faite d'après une Araignée de assiste à l'exode des jeunes ; pas toujours, car il
forme simple et normale ; et si le type fonda- est des cas où l'on constate un travail en commun,
mental est d'une remarquable uniformité, l'au- une pérennité de la toile, etc., caractère de vraie
teur nous fait connaître une infinité de variations sociabilité.
morphologiques, souvent fort extraordinaires. L. Berland étudie ensuite les fonctions des
« Les Araignées et le milieu » (IX) constitue organes des sens, ce qui nous conduit au dixième
un gros chapitre (p. 108-192) très attachant. Ces chapitre, lui-même très important La vie des
:
animaux, qui peuplent toute la surface de la Araignées (p. 193-303). Après le régime alimen-
terre, qu'on rencontre jusqu'au voisinage des taire, la nature, puis la capture des proies, l'au-
pôles et jusqu'à la limite des neiges éternelles, teur nous donne une précieuse documentation
ont des modes de vie très divers dans les sur la soie et les toiles, sur les ennemis des Ara:-
milieux les plus variés. Nous passons ainsi gnées, leur venin. Ace propos L. Berlandconclut
des Araignées qui s'abritent dans une anfrac- qu'il est rare que le venin de ces animaux, même
tuosité naturelle ou un terrier creusé par un parmi les plus venimeux, entraîne la mort de
autre animal, aux Araignées qui aménagent et l'homme et il est probable que d'autres circons-
agrandissent cette excavation et se constituent tances particulières doivent alors intervenir. La
ainsi un terrier à elles, puis à celles qui munis- partie du chapitre concernant la reproduction
sent ce terrier d'un opercule ou clapet mobile constitue un excellent exposé de cette question
que l'animal ouvre et ferme à volonté. qui présente un très grand intérêt du point de
Plus loin nous fa'sons connaissance avec les vue systématique, puisque l'organe du mâle, le
Araignées cavernicoles, avec celles qui vivent pénis — qui offre la très curieuse et exception-
nelle particularité d'être entièrement séparé de Le chapitre IV, chapitre de synthèse, est plus
l'organe génital c'est le tarse modifié, de la important (p. 88-171). Le D' Rochon-Duvigneaud,
patte-mâchoire)— présente des caractères d une en se basant sur ses travaux et ceux de ses
grande valeur taxonomique ; — l'intérêt n'est élèves, y donne une sorte d'esquisse, de
pas moins au point de vue biologique, en gé- « charpente » de l'ophtalmologie comparée des
néral. Vertébrés. Il examine successivement l'em-
Le chapitre XI est consacré à la systémati- bryologie, la morphologie, l'histologie générale
que des Araignées. Il existe au moins 50.000 es- et comparée ; la corrélation des diverses par-
pèces d'Araignées, réparties en 46 familles. ties de l'œil ; la physiologie générale de !a
On ne saurait donc trouver une description vision ; les types anatomiques ; les modifica-
détaillée de toutes ces familles : mais un schéma tions de l'œil dans un même type et leurs
de la classification des Araignées, telle qu'on rapports avec le mode d'existence de l'animal
peut le concevoir d'après les travaux les plus et le milieu où il vit ; la valeur fonctionnelle,
récents. De chaque famille, il est donné que l'utilisation et le rôle de l'œ chez les Vertébrés.
1

le nécessaire pour comprendre et expliquer Le § IX du même chapitre IV est fort intéres-


leur disposition actuelle. sant. Il s'intitule : essai sur la vision des Ver-
Après un exposé de la répartition géographi- tébrés ; on y trouve une foule d'observations
exposées d'une manière critique. Le § X et
que des Araignées (chap. XII) avec un paragra- dernier porte le titre suivant : les deux régimes
phe sur la dispersion des Araignées autrement visuels dans la série des Vertébrés. Yeux indé-
que par l'action de l'Homme, un chapitre pendants et yeux conjugués. Le chapitre V
traite des Opilions ou Phalangides ou Faucheurs (conclusion et vœux) est bref. L'auteur, dans sa
(Chap. XIII), deux autres des Acariens (XIV) brochure a voulu exquisser une ophtalmologie
et des Linguatules ou Pentastomes. Arachnides comparée des Vertébrés. Mais le traité détaillé
vermiformes, très modifiés par leur vie parasi- qui doit suivre et dont nous n'avons encore que
taire (XV). l'ossature et comme la préface, est commencé ;
Il faut noter, enfin, le chapitre XVI et der- sa rédaction est en cours. Le Dr Rochon-Duvi-
nier, consacré à ces animaux fossiles et un gneaud appuie son incomparable documenta-
appendice sur la conservation et la capture des tion sur « une collection de six mille prépara-
Arachnides. tions empruntées aux yeux et aux centres ner-
Félicitons l'auteur d'avoir fait suivre chacun veux d'environ 250 espèces de Vertébrés ».
de ces chapitres d'un index bibliographique où 300 figures ont été dessinées jusqu'à ce jour.
les travaux sont groupés par matières et de L'auteur rend hommage aux directeurs de
n'avoir pas reculé devant l'établissement d'une laboratoires de nos grands établissements scien-
table alphabétique des noms d'auteurs cités, tifiques dont il a reçu le meilleur accueil. Le
une table alphabétique des noms d'Arachnides professeur E. Rabaud a créé, pour lui dans son
cités avec mention des figures, d'un index bio- laboratoire de la Sorbonne, nn « embryon de
logique et anatomique. laboratoire d'ophtalmologie susceptible de
Ceci confirme l'impression qni se dégage de se développer ». Ce qui est nécessaire au
la lecture du livre c'est que s'il ne peut pas être Dr Rochon-Duvigneaud c'est un laboratoire
:
définitif — il n'est pas d'ouvrage définitif — il spécialisé dans l'étude des fonctions de l'œil.
est « complet » ; complet et très personnel ce « Tout dans l'ophtalmologie comparée, y
qui ajoute à son intérêt. « On ne parle bien que compris sa partie pratique, la pathologie ocu-
de ce qu'on aime », écrit Berland au début de laire vétérinaire, est en retard sur les autres
de sa préface. Les lecteurs sont convaincus de domaines biologiques, faute d'une organisation
la ferveur qu'il porte aux Arachnides. « Je qui lui soit propre et qui reste à créer ». Il est
serais satisfait, écrit-il en terminant cette pré- facile d'entrevoir le retentissement qu'auraient
face, si le lecteur pouvait trouver 'à ce livre], dans les domaines de l'audition et de l'olfac-
quelque intérêt ou profit. » Nous avons quant tion des animaux, des progrès effectués dans le
à nous l'assurance que L. Berland peut se consi- domaine de la vision.
dérer, à juste titre, comme le plus heureux des L'auteur se demande s'il pourra jamais écrire
arachnologues. sur la porte d'un laboratoire : hoc erat in
G. P. votis ! Nous ne pouvons que lui souhaiter la
réalisation de ses vœux modestes et désinté-
ressés ; et nous le remercions d'avoir bien
voulu, pour les justifier par la présentation
DR A. ROCHON-DUVIGNEAUD. — Recher- d'une longue série de belles recherches, rédiger
ches sur l'œil et la vision chez les cet important et substantiel travail, d'une uti-
Vertébré9. 173 pages, 33 figs, imp, lité et d'un intérêt incontestables pour tous les
BARNÉOUD, Laval, 1933. zoologistes, les anatomistes et les biologistes.
G. P.
Notre collaborateur le Dr A. Rocbon-Duvi-
gneaud a eu l'excellente idée de réunir en une
importante brochure l'exposé, à la fois analy- KAREL CAPEK.
- L'année du jardinier,
tique et synthétique des travaux qu'il a publiés 1 vol. de 192 pages illustré de nombreuses
depuis 1892 sur l'œil et la vision chez les figures au trait de Joseph Capek. La col-
Vertébrés. lection des Livres de Nature. Lib. Stock,
Les trois premiers chapitres sont consacrés, Paris.
précisément, au compte rendu chronologique
et analytique de ses recherches (anatomie.
histologie et physiologie comparées : embryo- Ce livre n'est pas un ouvrage d'horticulture,
logie ; pathologie oculaire comparée). De 1892 explique le directeur des Livres de Nature,
à 1933, l'auteur a réuni 49 titres de publications M. J. Delamain, dans un avertissement placé en
touchant ces sujets divers. tête du nouveau volume de la collection.
Ce titre — dont on pourrait croire qu'il naît un jardin et comment on devient jardinier ;
annonce un sévère ouvrage technique — est au les semences : bourgeons ; la pluie bienfaisante ;
contraire celui d'une pétillante fantaisie due à chapitre botanique ; les amateurs de Cactus ; les
un écrivain tchèque déjà célèbre, qui s'est mali- beautés de l'automne, etc
cieusement complu, pour le plus grand diver- La description de quelques fleurs, les indica-
tissement du lecteur, à conter, avec beaucoup tions relatives aux procédés de culture prouvent
d'humour et parfois une pointe de satire, les que M. Karel Capek possède la science sûre et
espoirs et les mécomptes, les joies et les déboires les précisions d'un vrai spécialiste ; il n'en fait
de l'amateur de jardins. nulle part étalage, mais ses connaissances se re-
Il est pourtant justifié par le plan même de flètent dans les mille détails amusants dont les
l'ouvrage. L'auteur a pensé qu'il pouvait décrire récits sont émaillés de sorte que ce petit livre
les états d'âme du jardinier en suivant le déve- instruit tout en amusant. Ce n'est pas le moindre
loppement des saisons et des mois, tant il est vrai éloge qu'on puisse en faire.
que l'amateur, dans son amour de l'art floral ou L'originaleillustration qui l'agrémente, et qui
horticole s'identifie avec sa terre et ses plantes. est due au frère de l'auteur, M. Joseph Capek,
Et c'est ainsi qu'il nous raconte, tout au long des la traduction si précise et si colorée qu'a su en
douze mois de l'année, les impressions, les émo- donner M.-J. Gaquaire font de ce nouveau venu
tions, les déceptions du malheureux tyrannisé de la collection Delamain, un ouvrage vraiment
par sa passion. à recommander.Le lecteur quelque soit son âge,
De place en place, cependant, cet ordre chro- ses goûts ou ses exigences, trouvera à le par-
nologique est interrompu par quelques courts courir un plaisir certain.
et judicieux chapitres qui sont aulant de re-
marques spirituelles et divertissantessur les obli- C. B.
gations ou les manies du jardinier : comment
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDÉE PAR LA

SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE


ET PUBLIÉE EN COLLABORATION AVEC LA
SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES, MARITIMES ET COLONIALES

4e ANNÉE — N° 4 Avril 1934

SOMMAIRE
A. LÉON... Les Auchénidés (suite et fin) 195

G. BRESSE.
Dr ARNAULT
... La Bouvière. — Sa ponte en aquarium
Les Criquets à Laghouat en 1933
209
219
J. GATTEFOSSÉ La flore marocaine et l'horticulture 224-

NOTES SCIENTIFIQUES. — Description de Coléoptères Lucanides, par


le Dr ROBERT-DlD!ER 241

VARIÉTÉS. récurvirostre. — Un jardin colonial à l'île de


— L'Avocette
Batz. — Hommes à queue. — Visions de Suisse 244

..................
NOUVELLES ET INFORMATIONS 2b0

PARMI LES LIVRES 256

La photographie reproduite sur la couverture et qui représente


un Echinocactus est due à M. P.-L. BARRUEL.

REVUE MENSUELLE
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BUREAU
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Muséum ; MM. Charles VALOIS:
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à l'Ecole d'Alfort ;
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Secrétaire aux publications, rédacteur en chef de La Terre et la Vie :
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Mammalogie Aquiculture Aquariums et Terrariums
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LA TERRE ET LA VIE
REVUE MENSUELLE D'HISTOIRE NATURELLE
4e Année. — N° 4 Avril 1934

LES AUCHÉNIDÉS (1)


par

A. LÉON '

Ill. — LA VIGOGNE ment. Les yeux, placés plus bas que


dans les autres races sont grands,
La Vigogne. — La Vigogne est ronds, ombragés par de longs sour-
le plus petit des Auchénidés et aussi cils. Toute la surface de la tête est
la figure la plus gracieuse et la plus couverte d'un poil ras et soyeux et, à
fine de tout le groupe. Sa conforma- la différence de l'Alpaga, l'animal ne
tion délicate, ses formes légères et porte pas de toupet sur le front.
souples, la beauté de sa toison, et L'encolure est fine comme chez
surtout la douceur de son regard, qui tous les Auchénidés, mais elle est re-
a enrichi de tant de chansons le vêtue seulement d'un poil court,
folklore aborigène, donnent à cet
animal un attrait spécial et font de ce qui lui donne un air plus dégagé
lui une bête particulièrement sym- que chez le Lama ou l'Alpaga. Le
pathique. corps est très long, la ligne dorsale
très arquée, à convexité supérieure
C'est un animal sauvage, qui vit et franchement surélevée en arrière,
toujours en troupeau sur les cimes
les plus hautes, dans les plaines les car le bipède postérieur est ici beau-
-moins accessibles de la Cordillère. coup plus élevé que l'antérieur. La
C'est le plus timide et le plus peureux cage thoracique est très allongée et
très profonde. Le ventre, peu volu-
des animaux du genre, mais il s'ap- mineux, s'élève brusquement vers
privoise sans grande difficulté et il l'aine. Les membres sont encore plus
s'habitue avec une facilité relative grêles et plus fins que chez l'Alpaga.
au contact de l'homme. Ils montrent, avec l'allongemént gé-
La tête de la Vigogne est petite, à néral des formes, un animal fort bien
profil concave. Le museau est plus adapté à la course. Les châtaignes
ramassé que chez les autres Auché- sont allongées en forme de massue,
nidés et la bouche plus petite avec
des lèvres très fines. Les oreilles sont avec une invagination centrale, et
couvertes de poils. Les pieds, petits et
très longues, nues à l'intérieur et fins, ont une surface plantaire réduite.
couvertes d'un poil fin extérieure- Les deux talons sont séparés par un
sillon long et profond dépourvu de
(1) Voir La Terre et la Vie T. III, n° 1, poils.
p. 30-38 et nP il, p. 643-653.
Jusqu'en 1917 ou ne connaissait un kilo. Les trois quarts environ de
qu'un seul type de Vigogne, mais à ce poids sont formés de laine fine et
cette époque Oldfield Thomas a décrit le reste par du poil. Celui-ci est fort,
une nouvelle variété sous le nom de gros, quoique doux-au toucher et
Lama vigugna mausalis. L'auteur en d'un diamètre qui varie entre 56 et
question se limite à dire qu'il s'agit 72 p., tandis que le duvet ne fait
d'un animal de couleur légèrement que 12 p. de diamètre en moyenne.
plus claire et de taille à peine plus Nous avons trouvé des brins qui ne
petite que le type classique, que la faisaient que 6 p. de diamètre.
longueur basi-craniàle (240 mm.) est En résumé, la laine de Vigogne
plus grande que chez L. Vigugna est une laine courte, mais très fine ; la
(222 mm.) etque la table des molaires toison n'est pas lourde, mais elle est
est de 45mm (44 mm. dans la Vi- très riche en fibres de première qua-
gogne commune). Ces renseigne- lité. Le brin est, en outre, égal, élas-
ments malheureusement sont trop tique, résistant, très soyeux et très
incomplets pour pouxoir juger de brillant. La toison est d'ailleurs
l'opportunité de cette distinction. d'une jolie couleur roux foncé et se
prête admirablement à la fabrication
Aptitudes zootechniques. — d'articles de qualité sans égale et de
La Vigogne animal qui
est un pos- magnifique présentation artistique.
sède des qualités exceptionnelles
comme producteur de laine. Ainsi Mœurs. — Les Vigognes vivent
que le dit Barker « son pôil est en troupeaux formés d'un nombre
admirablement fin et-sa laine est plus toujours impair d'animaux, dans les
fine que la laine la plus fine trouvée régions les plus élevées et les plus
dans le commerce ). En effet, c'est solitaires de la Cordillère des Andes.
une fibre qui se rapproche de la fibre - Pendant la saison d'hiver, humide,
idéale en matière de laines, aussi ces troupeaux restent près des cimes,
fine que la soie et qui se prête très mais errent sur les gazons plutôt que
bien au tissage d'étoffes de luxe et sur les rochers, les glaciers ou les
d'autres produits de grand prix. champs de névés à cause de la sen-
La toison de la Vigogne est com- sibilité des pieds de ces animaux.
posée d'une jarre forte et d'un duvet Pendant la saison sèche, quand le
fin. La partie la plus estimée est celle soleil a desséché les gazons, ils des-
du dos et des côtés. Celle-ci est la cendent dans les vallées humides
plus longue et atteint 5 ou 6 centi- pour chercher la nourriture qui fait
mètres, rarement davantage. Sur défaut sur les sommets.
le cou, le devant du poitrail, le Les troupeaux sont composés de
revers des cuisses, domine la jarre, quelques femelles, 6 à 14 d'ordinaire,
poils durs qui atteignent parfois 15 sous la direction d'un seul mâle qui
et 20 centimètres. La toison repousse veille à leur sécurité. En effel, il se
à sa première longueur après 2 ans, porte toujours en éclaireur sur un
mais quoique le duvet conserve ses point culminant d'où il domine le
qualités, dans les deuxième et troi- paysage et dès qu'il aperçoit une
sième tontes on constate une augmen- figure étrangère ou entend un bruit
tation parfois importante de la quan- suspect, son hennissement aigu donne
tité de jarre. le signal d'alerte aux Vigognes épar-
La toison pèse entre 800 grs. et pillées et toutes prennent la fuite.
Dans la course, le mâle reste tou- naissance il peut suivre sa mère dans
jours le dernier, formant l'arrière ses courses. Tschudi écrivait qu'ayant
garde dela troupe et souvent s'arrête trouvé une fois une Vigogne avec son
pour regarder l'ennemi. petit, lui et ses compagnons se mirent
Lasuprématiesurun troupeau n'est à leur poursuite et que seulement
acquise qu'après de terribles combats après plusieurs heures de course leurs

entre Les mâles et les femelles qui Chevaux parvinrent à les rejoindre.
semblent avoir un respect prononcé Quand il put capturer le petit, il cons-
pour la force, s'inclinent, volontiers tata que le cordon ombilical était
devant le vainqueur et lui montrent encore ouvert et renfermait quelques
une fidélité et un attachement rares. gouttes de- sang, ce qui prouvait que
Ce sens de la lutte est si développé ce jeune venait de naître quelqups
que lorsque le mâle d'une troupe heures auparavant.
voit un autre mâle approcher, il le Le sevrage se produit vers le troi-
poursuit, lui livre combat à outrance, sième mois et à cette époque l'animal
ce qui se termine toujours par la se nourrit exclusivement d'herbes.
mort ou la fuite d'un des combattants. La puberté apparaît vers le dixième
Le PaL coïncide toujours avec le mois et à 14 ou 18 mois les animaux
début delà saison humide et s'accom- sont déjà prêts à la reproduction. La
pagne de grandes luttes entre les vie moyenne est de 10 à J2 ans.
mâles. La gestation est de 11 mois et Les jeunes mâles restent avec leurs
la femelle met bas vers. février, un mères jusqu'à l'âge adulte, mais aux
seul petit, à un tel stade de dévelop- premiers signes d'activité sexuelle les
pement que quelques heures après sa femelles du troupeau leur livrent
bataille et les chassent de la compa- recherche des pâturages et qu'on
gnie. Ils vont alors errer dans les peut les trouver dans les vallées
champs pour se réunir par 20 ou 30 et dans les plaines. Les chasseurs
et former des hardes de mâles, trou- savent en effet que si la course de la
peaux sans chef, qui parcourent la Vigogne est rapide, elle ne l'est pas
Cordillère à La recherche de femelles. assez pour qu'un bon Cheval ou un
Ils sont tous méfiants et vigilants sur- Lévrier ne finissent par la devancer
tout à l'époque du rut. sur un terrain plat, tandis que le long
Quelquefois ils trouvent des fe- des côtes, sur les endroits escarpés,
melles mécontentes ou délaissées qui elle grimpe d une manière si rapide
émigrent de leurs troupes à la re- qu'il est très difficile de la capturer.
cherche d'un maître, mais le plus Les chasseurs tâchent donc de
souvent ils s'attaquent à un chef de surprendre le troupeau dans les
«
sérail », tuent celui-ci ou le mettent plaines, et surtout au retour des
en fuite, et se partagent ses com- abreuvages (aguadas), lorsque l'ani-
pagnes. Les hardes masculines se mal a bien bu, car sa marche est
reconstituent bientôt avec des mâles alors plus lente. On affirme en effet,
dépossédés. que les Vigognes boivent tous les 6
à 7 jours. Pour faire une bonne
Chasses. — On a chassé la chasse, il est nécessaire de barrer
Vigogne de tous temps, mais sous l'accès des montagnes où la Vigogne
l'empire des Incas, c'étaient des se défend beaucoup mieux. Pour cela
chasses rationnelles et bien régle- les chasseurs protitent d'une parti-
mentées dans lesquelles on ne tuait cularité très curieuse de l'animal : il
que l'excédent des mâles trouvés dans est en effet tellement peureux qu'il
les battues ou les femelles propres à se montre incapable de franchir une
la réforme, tandis que, depuis l'arri- petite barrière formée par quelques
vée des conquérants, ces chasses se rangs de ficelle ornés de banderoles
transformèrent en véritables car- de couleur voyante ; l'agitation de
nages qui finirent par menacer la ces banderolles par le vent l'effraie à
race de disparition. C'est que ce tel point qu'il s'arrête comme devant
malheureux animal n'était pas re- un mur infranchissable. Les chas-
cherché seulement pour sa laine sans seurs dans les battues évitent le Gua-
pareille, mais encore à cause des naco, car cet animal se mêle sou-
bézoards (œgagrophiles) qu'on trou- vent aux troupeaux de Vigognes,
vait dans leur intestin et auxquels on mais ne s'arrête p,as devant ces bar-
attribuait autrefois des pouvoirs mé- rières, il les franchit, suivi alors de
dicinaux miraculeux. Au cours du toutes les Vigognes.
siècle dernier de très sérieuses me- Dans les chasses, on cherche tou-
sures de protection ont été édictées jours à viser le mâle, car si l'on tue
par les gouvernements républicains, une femelle toute la bande s'enfuit,
mais la surveillance dans les régions tandis que si c'est le mâle qui est
est malaisée et, malgré la réglemen- blessé, ou tué, toute la harde s'ar-
tation très sévère qui l'interdit, on rête et ses compagnes, dans un mou-
chasse parfois la Vigogne. vement de fidélité curieux, se serrent
La meilleure saison pour la chasse autour de lui. Les chasseurs ne
est la saison sèche, quand les ani- manquent pas d'en profiter.
maux descendent des hauteurs à la Une peau de Vigogne donne entre
400 et 600 gr. de laine
fine en moyenne. Pour sor-
tir celle-ci sans détériorer
le cuir, les chasseurs font
chauffer de grosses pierres
à 50 ou 55° de tempéra
ture, puis mouillent large-
ment la peau du côté
opposé à la laine. et placent
cette surface humide sur
la pierre chaude. Les
pores se dilatent alors et
5 à 6 minutes après on
enlève la laine avec la plus
grande facilité.

D omestication. —
Prises jeunes, les Vigognes
sont faciles à apprivoiser ;
elles deviennent confiantes
et suivent leur maître avec
le plus grand attachement
La meilleure preuve de
cette assertion se retrouve
dans un récit de Poncel :
il raconte comment il était
parvenu à se faire accom-
pagner dans un voyage
pénible par la dernière
Vigogne de son troupeau,
pendant 400 lieues. A force
de caresses et de soins, il
était arrivé à lui faire suivre
son cheval jour et nuit
jusqu'à ce qu'elle tombât
morte de fatigue,
Nous savons aussi que
du temps des Incas il y avait plu- bêtes allaient au pâturage et ren-
sieurs troupeaux de Vigognes appri- traient le soir au bercail, comme des
voisées qui étaient consacrées au Ovins. mais ce fut le résultat d'un
soleil ; mais les premières tentatives long travail qui demanda plus de
de domestication qui aient été dé- trente ans d'efforts et de patience.
crites furent celles des moines de la D'abord ils trouvèrent de grosses dif-
Compagnie de Jésus, au XVIIIe siècle. ficultés à l'époque du rut. et quoique
Les Jésuites, en eflet, réunirent leurs troupeaux fussent composés
dans leurs missions aux. abords du d'individus des deux sexes, un grand
lac Titicaca, plus de 600 Vigognes nombre de sujets fuyaient dans les
apprivoisées comme des Brebis. Ces montagnes. Ils prirent alors le parti
de les enfermer dans les bergeries escarcelles, etc..., qui ont dans le
pendant la saison des amours, jusqu'à commerce des prix très élevés. Avec
ce qu'ils aient obtenu une quatrième la peau et surtout celle des extrémi-
génération, née dans le servage. tés, on fait des tapisseries, des des-
Lorsque celle-ci eut atteint deux ans,centes de lit,, etc..r~articles très de-
on remarqua que les individus avaient mandés sur le marché et qui trouvent
j>erdu leur propension à fuir au mo- des acquéreurs à des prix fort inté;
ment du rut et que, d'autre part, les ressants.
mâles avaient renoncé à ces combats Mais la production de ces articles
sanglants qui, dans l'état sauvage, est très limitée, carles quantités de
causaient la mort d'un si grand laines produites par l'élevage sont
nombre d'entre eux. tout à fait réduites. Du reste ce com-
Ce bel effort fut malheureusement merce est très surveillé par les auto-
abandonné. En 1767, Charles III si- rités locales pour éviter la chasse de
gnait en etïet une ordonnance expul- ce précieux animal. La rareté du
sant les Jésuites des territoires d'Es-produit, qui n'arrive même pas à sa-
pagne. Leurs troupeaux restèrent tisfaire la demande locale, ne permet
probablement sans maîtres et on pas l'exportation et les douanes n'en-
ignore ce qu'ils devinrent ensuite. registrent tous les ans qne des expé-
Très renommés furent autrefois les ditions insignifiantes vers l'étranger.
troupeaux de l'abbé Cabrera, du curé
Dianderas et d'autres amateurs. Led-" IV. — L'ALPAGA
ger, lors de son séjour à Laguna
Blanca, se fit rapporter par des chas- L'Alpaga est un bel animal à allure
seurs 12 petites Vigognes qu'il fit élégante, un peu plus petit qu'un
élever par des Lamas nourrices et Lama ordinaire et à peine plus grand
qu'il avait appris à manger, comme qu'un fort Mouton, mais bien plus
leurs mères, dela luzerne et du son. dodu et bien plus carré, ayant le
Aujourd'hui, dans les fermes de la corps littéralement enseveli dans un
Sierra, entre Huancavelica et Puno. épais manteau de laine à mèches
on trouve fréquemment des Vigognes longues et fines. Les Alpagas sont des
apprivoisées qui paissent côte à côte animaux très sociables qui, comme
avec les Lamas et les Alpagas et qui les Lamas, paissent toujours en trou-
regagnent leur bercail tous les soirs peaux et peuvent alors être approchés
avec les autres animaux. par les personnes qu'ils connaissent,
Ceci prouve donc, malgré les avis mais ils se sauvent en bande devant
contraires de tant de personnes, que un sujet étranger ou un bruit suspect.
la Vigogne est un animal parfaite- Les Alpagas ont une taille qui, au
ment domesticable, mais que cette garrot ne dépasse pas en général de
entreprise demande du temps, de la 90 cm. à 1 mètre, en moyenne. Ils
persévérance et du savoir-faire. sont aussi un peu moins lourds et
leur poids moyen est d'environ
Commerce et exportation. — 70 kilos.
Avec la laine de Vigogne on fabrique La tête de l'Alpaga est un peu
dans le pays une foule de petits ou- plus petite que celle du Lama, mais
vrages et de vêtements de prix, cou- elle semble un peu plus massive à sa
vertures, « ponchos » ou petits man- base ; le museau est plus fin. Le
teaux, chapeaux, bonnets de nuit, front est plus bombé et couvert par
un toupet bien garni qui tombe a) L'Alpaga commun, le plus grand
parfois, surtout chez le mâle, sur en taille et le plus fréquent qui nous
les yeux. Les oreilles sont longues et a servi de modèle pour la description
fines, mais, à la différence de celles précédente ;
du Lama, elles sont couvertes en b) L'Alpaga suri, plus petit et plus
dehors et en
dedans par des
poils longs et
serrés.
L'encolure a
la même forme
que celle du
Lama, mais elle
est couverte par
un poil beau-
coup plus long,
qui s'arrête au
niveaudela tête,
de façon à for-
mer une sorte
de collerette qui
donne à la bête
une belle pres-
tance. Le corps
est aussi long
que celui du Lama, mais il est en rare, se distingue par ses formes
général un peu plus arqué et plus plus légères et plus fines.
surélevé en arrière. La tête de l'Alpaga suri est plus
Les membres sont un peu plus réduite, plus fine que celle de la va-
courts que ceux du Lama, mais beau- riété commune et le toupet plus touffu
coup plus fins. Ils présentent aussi et plus tombant que dans celle-ci.
des châtaignes ellipsoïdales sur les Son corps est plus ramassé et plus
membres postérieurs, mais elles sont mince, la ligne dorsale moins
sur leurs bords recouvertes de poils. convexe et les extrémités plus courtes
Les pieds sont petits et fins, fendus et plus grêles. Mais les caractéris-
sur leur face dorsale ; au contraire tiques principales de cette variété
des autres Auchénidés, ces fentes siègent dans la toison qui est beau-
chez l'Alpaga sont recouvertes par un coup plus lourde, à brin plus long
poil très serré. Les deux coussinets que dans la variété ordinaire, au
plantaires sont entièrement séparés point qu'elle arrive à traîner parterre.
par un sillon profond, inais il n'est
pas rare de trouver des Alpagas chez Aptitudes zootechniques. —
lesquels les deux talons se réunissent L'Alpaga, comme le Lama,est une bête
en arrière comme chez les Lamas. domestiquée depuis plusieurs siècles.
On distingue deux variétés d'Al- Du temps des Incas il existait d'in-
pagas bien caractérisées tant par leur nombrables troupeaux, non seule-
conformation extérieure que par la ment parfaitementdomestiqués. mais
qualité de leur toison. encore sévèrement sélectionnés et
c'est sans doute grâce aux méthodes meilleure viande d'Auchénidés. Le
intelligentes de sélection, appliquée rendement en viande moyen peut
à la production de laine, que cet ani- être supérieur à celui du Lama,
mal a acquis les caractéristiques re- mais ne dépasse pas &û 0/0' La forme
marquables de l'Alpaga d'aujour- de l'élevage actuel, et les ressources
d'hui. Depuis l'avènement de la cul- réduites des prairies de la puna ne
ture européenne en Amérique du Sud, permettent pas une amélioration à ce
l'élevage de l'Alpaga a passé par des point de vue, surtout qu'en 'général
périodes difficiles, mais depuis que le on sacrifie seulement des sujets très
produit a été lancé sur les marchés âgés ; mais une meilleure nourriture
étrangers, vers le milieu du siècle et une meilleure surveillance de
dernier, l'élevage a pris un grand l'engraissement permettraient, sans
essor et, à notre époque, c'est une des doute, une augmentation importante
industries agricoles les plus pros- du rendement.
pères, notamment dans les départe- La femelle d'Alpaga ne donne du
ments du Sud du Pérou. lait que pour son petit. Les cuirs ont
L'introduction du Mouton, arrivé presque les mêmes qualités et les
durant la domination espagnole, n'a mêmes usages que ceux du Lama.
pas fait de tort à l'Alpaga, comme
l'introduction du Cheval au Lama. La laine d'Alpaga. — La laine
Ces animaux, en effet, ne se concur- d'Alpaga des caractéristiques
présente
rencent point ; leur élevage s'associe textiles remarquables et se différen-
en réalité et on peut même dire qu'il cie nettement des laines de Mérinos.
se complète. Les laines de Mouton et La longueur ordinaire du brin est
d'Alpaga ont des indications et des de 20 à 25 cm., mais cette longueur,
utilisations différentes. La présence exceptionnelle par rapport aux
de laines aussi variées que celles du laines de Mouton, tient en partie à
Mérinos, de l'Alpaga, de la Vigogne, l'habitude de ne tondre les animaux
voir même du Lama, placent notre que tous les deux ans. Si on lalaisse
pays dans une situation privilégiée pousser, elle peut atteindre de 30 à
au point de vue du commerce de la 35 cm. en trois ans, et dans la va-
laine, et l'élevage simultané de ces riété Suri, jusqu'à 50 ou 60 cm.,
animaux peut être pour les éleveurs mais plus tard elle commence à
une source très sûre de prospérité. tomber.
Au contraire du Lama, l'Alpaga Malgré sa longueur la laine d'Al-
ne travaille pas ; il est essentiellement paga est remarquablement fine. -On
consacré à la production de la laine. peut considérer comme moyenne de
Cependant il est assez solide pour la la fibre courante, lavée et dégraissée,
somme ou le trait, et à ce titre peut un diamètre' de 30 mais les par-
être utilisé exceptionnellement pour ties de choix, l'épaule et le dos, en
le transport. particulier donnent une laine qui ne
A la fin de sa carrière économique, dépasse pas 20 |*. Cette finesse est
l'Alpaga peut être engraissé et sa beaucoup plus accusée dans la variété
chair livrée à la consommation. La Suri, dont la laine a un diamètre
viande est fine et assez tendre, mais moyen de 13 p. et qui se rapproche
quelques auteurs l'estiment infé- sensiblement de la fibre idéale en
rieure à celle du Lama et surtout, à matière de laines (12,5~.).
celle du Guanaco qui produirait la La laine d'Alpaga est en outre
forte, finement ondulée et très nies dont la densité varie notable-
flexible. Son brin est droit, bien ment avec la finesse et présente des
formé, non crépu et de qualité très différences très marquées dans les
uniforme dans la toison. Il est recou- deux variétés décrites. Ainsi dans la
vert d'un suint abondant et de bonne variété commune, il y a de 90 à
qualité, soluble dans l'eau dans ses 110 fibres par millimètre carré de
superficie. Dans la
variété Suri, il y a de
50 à 170 fibres par
millimètre carré de
superfiéie.
La laine la plus
longue est celle de
l'épaule, des côtes,
des cuisses ; la moins
longue celle du cou,
du dos et des flancs.
La plus tine est celle
de l'épaule, du dos et
des côtes ; la moins
fine, celle du devant
du garrot, du der-
rière à la hanche et
des membres. Les
fibres du toupet, du
dessus de la queue,
d'une- partie du poi-
trai! sont grossières
et les régions du des-
sous de la poitrine.
deux tiers. Mais cette laine se dis- du ventre, des faces internes des
tingue particulièrement par sa dou- membres et -le dessous de la queue,
ceur au toucher et son brillant, sont garnies d'un poil dru et jarreux,
hautes caractéristiques des tissus différent du duvet. Dans les mauvais
d'Alpaga qui sont, comme chacun exemplaires ce poil s'entremêle par-
sait, des étoffes remarquablement fois à la toison.
soyeuses et d'un brillant qui chatoie. La toison de l'Alpaga offre une
Les caractéristiques exception- autre caractéristique spéciale ; c'est
nelles de la laine d'Alpaga sont plus la diversité de ses couleurs. Les cou-
prononcées encore dans la variété leurs de la robe sont très variées
Suri, dont la laine est plus soyeuse et on peut dire qu'entre le blanc
et plus brillante, le brin plus homo- bleuâtre et le noir foncé toutes les
gène et plus ondulé que dans la va- nuances sont possibles. D'ailleurs ces
riété commune. couleurs ne sont pas toujours uni-
La toison de l'Alpaga est lourde formes dans la toison, mais varient
et pèse en moyenne 4 kilos, mais chez le même individu de sorte qu'on
peut varier entre 3 et 6 kilos. Elle peut constater une série de combi-
est formée par des mèches très four- naisons variables à l'infini. C'est un
beau spectacle que de voir un trou- souvent les Alpagas réunis dans ces
peau d'Alpagas en mouvement, la endroits, tremper leurs pieds dans
diversité des couleurs produit un l'eau et quelquefois même se coucher
effet très curieux et très joli. dans les ruisselets.
Les couleurs les plus fréquentes L'Alpaga est, en général, plus exi-
sont les plus foncées (châtain, mar- geant pour la nourriture que le Lama.
ron, café, noir) ; les blanches ne Il cherche toujours des herbes
sont pas rares non plus. Les robes fraîches, des plantes fines, surtout
tachetées le sont beaucoup plus. celles qui poussent près des cours
On. a remarqué chez l'Alpaga, d'eau. Mais, comme le Lama, les
comme dans certaines races de Mou- Alpagas sont très résistants à la faim
tons d'ailleurs, que les toisons fon- ou à la soif et lorsque la neige couvre
cées sont les plus lourdes et d'autant les champs, ils supportent bien le
plus qu'elles se rapprochent du noir. défaut de nourriture.
Comme le commerce ne fait pas de
différence de prix suivant la couleur, Reproduction. — Les Alpagas
les éleveurs recherchent surtout les femelles arrivent l'âge adulte
à vers
sujets noirs. deux ans ou deux ans et demi ; les
mâles sont moins précoces et n'at-
Exploitation actuelle. Régime. teignent l'âge de la reproduction que
— Les Alpagas sont soumis au même vers trois ans. Le rut commence avec
régime pastoral que les Lamas. Ils la saison chaude et les pluies et il est
habitent la même contrée, paissent aussi bruyant que chez les Lamas.
dans les mêmes prairies et souvent Dans les petits troupeaux, l'étalon
aussi côte à côte sans s'incommoder et les femelles sont toujours en liberté.
jamais. Le soir, au coucher du soleil, Ceci offre plusieurs inconvénients :
ils s'empressent de regagner leurs d'abord le mâle peut avoir ses préfé-
enclos où ils passent la nuit à l'abri rences et laisser des femelles sans
des vents et de leurs ennemis natu- fécondation ; celles-ci peuvent fuir
rels. Le matin venu, ils sont lâchés l'étalon ou lui résister et enfin les
par leur berger et vont paître dans saillies étant plus ou moins tardives,
les environs, parfois à d'assez longues les naissances peuvent se produire
distances, suivant l'état des pâtu- trop tard, lorsque la végétation est
rages, mais ils retrouvent sans diffi- avancée et les nouveaux nés trouvent
culté le chemin du retour à la fin peu de nourriture et de mauvaise
de la journée. qualité.
Les Alpagas ont une préférence Pour parer à ces inconvénients
marquée pour les lieux humides, les dans les « fincas » d'importance, on
marécages, les bords des ruisseaux. a recours à la monte artificielle. Pour
Dans. les plaines de la puna on la réaliser,- les bergers enferment dans
trouve souvent des nappes d'eau la cour ou dans un enclos deux ou
entretenues par les pluies et la fonte trois femelles prêtes à la reprodlH-
des neiges éternelles, qui s'écoulent tion, plient leurs membres et les
lentement pour aller former les ri- attachent solidement. Quand les fe-
vières. Ces zônes parfois très éten- melles sont ainsi préparées. ils laissent
dues s'appellent a bofedales » ou entrer l'étalon choisi qui s'adresse
« mojadales » et constituent les ter- successivement auxuneset aux autres.
rains de choix pour l'élevage. On voit Les femelles fécondéessont surveillées
pendant 8 à 10 jours et l'opération peaux de jeunes (extremas), mâles
peut se répéter sur celles qui ne et femelles de 8 à 18 mois.
donnent pas de signes de gestation. Cette classification de troupeaux,
La fécondation effectuée, on re- pratiquée dans quelques fermes d'im-
constitue le troupeau, formé en portance, est très logique et permet
général d'une quinzaine de femelles une meilleure distribution des pâtu-
laissées sous la surveillance d'un rages et des soins à donner aux ani-
mâle. La gestation est de I 1mois. maux.
La parturition est facile et les avor-
temenls rares, surtout si on a eu le Tonte — La tonte commence
soin d'appareiller convenablement avec la saison des pluies (novembre)
les reproducteurs. L'Alpaga donne et dure jusqu'au mois de mars. Les
un seul petit. L'époque de la nais- meilleurs mois pour cette opération
sance doit coïncider avec le début sont janvier et février, qui sont les
de la saison des pluies, car ainsi les plus chauds de l'année. Ln novembre,
jeunes trouvent au sevrage une c'est trop tôt. La tonte est réglée par
nourriture fraîche et abondante et la les naissances, car on ne peut tondre
mère peut être tondue à l'époque les femelles qu'après la mise-bas et
la plus chaude de l'année. si celle-ci se produit trop tard, la
femelle est exposée à souffrir des
Organisation des troupeaux. rigueurs de l'hiver. Pour cela, les
— Les nouveau-nés sont conservés éleveurs intelligents s'efforcent d'a-
à côté de leurs mères
pendant un an. Ils
servent ensuite il
former des troupeaux
dilrérenls. Dans un
elevage d'importance
on trouve ainsi le
cheptel divisé en un
ou plusieurs groupes
dillerenls: troupeaux
de femelles (hem-
bras) avec leur étalon
respectif (anaeho)
sujet de moins de
7 ans, et les petits nés
dans l'année ; trou-
peaux de maies (ca-
pones), de moins de
7 ans; troupeaux de
mâles et femelles
hors d'âge vie jos
(
destinés il l'engrais-
sement (plus de 7
ans); troupeaux de pubères (ancutas ), voir des naissances concomitantes
milles et femelles, prêts à la repro- au début de la saison propice, obte-
duction (au-dessus de 2 ans ; trou- nant ainsi une génération qui peut
être bien nourrie et des femelles Commerce et exportation. —
capables d'être tondues au meilleur Leslaines d'Alpaga l'objet d'un
sont
moment de l'année. commerce très important au Pérou,
La 'tonte de l'Alpaga est assez surtout dans les départements méri-
facile, en général, et les tondeurs dionaux. La production actuelle peut
opèrent sur l'animal debout, immo- êtr.e évaluée entre 3 millions et
bilisé par une corde qu'on lui attache 3 millions 1/2 de kilos dont les deux
autour du cou. Quelquefois cepen- tiers sont destinés à l'exportation.
dant, il est nécessaire d'entraver Les centres les plus importants de
l'animal et de le coucher sur le cô-té, l'élevage sont les départements de
opération assez laborieuse qui de- Puno, Cuzco et Arequipa et les terri-
mande l'intervention d'au moins toires voisins, qui à eux seuls pro-
trois personnes. On coupe la toison duisent les 80 °/ù de l'exportation
avec des couteaux ou avec d'autres totale. Néanmoins la région où l'on
instruments plus primitifs encore fait l'élevage de l'Alpaga est le pla-
(morceaux de verre, cailloux aigui- teau du lac Titicaca (département de
-sés). Cette tonte, quoique faite avec Puno). Les centres principaux du
une habileté remarquable, laisse commerce de laines pour l'exportation
beaucoup à désirer, car on laisse sont les villes de Puno et Arequipa.
toujours des mèches importantes sur L'exportation des laines d'Alpaga
la peau, et l'emploi des ciseaux, en est déjà très ancienne. Le premier
usage déjà dans quelques exploita- acheteur de ces laines fut l Angle-
tions, devrait être généralisé. Lors- terre et Liverpool le centre le plus
qu'on a une femelle en gestation, les important pour ce commerce. Les
éleveurs ont l'habitude de laisser le exportations en Angleterre commen-
ventre couvert de son poil, surtout cèrent en 1834 avec des quantités
du côté droit. infimes (5.700livres) mais, vers 1845.
L'Alpaga est exploité comme pro- lorsque les difficultés de manufacture
ducteur de laine entre sa première et furent résolues par les tisserands an-
sa septième année. On tond les ani- glais, les demandes augmentèrent.
maux, comme nous l'avons dit, tous En 1849 ainsi, l'Angleterre achetait
les deux ans. La toison de la pre- 1.300.000 livres d'alpaga, soit une
mière année est peu lourde et peu augmentation de 330 °/0 en quatre ans.
uniforme. La meilleure toison est celle Vers le milieu du siècle dernier on
de la troisième tonte (5 ans), quand calculait à près d'un million delivres,
l'animal a atteint tout son dévelop- le montant des importations d'alpaga
pement. La tonte suivante (7 ans) est dans les autres pays européens. Après
inférieure déjà. Ensuite l'animal l'Angleterre, c'est la France qui
vieillit, le dos perd sa laine. la toi- commence à filer l'alpaga et vers 1840
son est parsemée de zones dépilées quelques filatures du Nord et de la
et la bête est au bout de sa carrière Somme travaillaient ce produit.
économique. Le commerce d'exportation de
l .es éleveurs, bien entendu, orga- laines brutes a continué depuis lors,
nisent la production de façon à avoir toujours florissant, malgré quelques
une récolte de laine tous les ans, périodes de crise. Le record a. été
et s'arrangent pour tondre chaque battu en 1918. Cette année là
année la moitié environ de leur 3.424.176 kilos ont été expédiés sur
cheptel. les marchés étrangers. En 1928,l'ex-
portation était réduite à 2.700.000 ki- Nous nous bornerons donc mainte-
los, chiflre qui se maintient, à peu de nant à donner quelques indieations
chose près, jusqu'à aujourd'hui. Les sur ceux de nos métis qui offrent un
acheteurs actuels du produit sont certain intérêt zootechnique et qui à
l'Angleterre, les Etats-Unis, l'Alle- ce titre, sont recherchés parfois par
magne, le Japon et l'Espagne. les éleveurs péruviens.

V.
— LES MÉTIS A) Le Paco-Vigogne. — Le
plus intéressant de métis, c'est
ces le
On a discuté beaucoup autrefois produit du croisement de la Vigogne
la question de la féeondation croisée et de l'Alpaga, c'est-à-dire le Paco-
entre les Auchénidés,
et sur la foi de quelques
naturalistes qui .préten-
daient avoir étudié le
problème sur place ou
sur les conclusions de
quelques expériences de
ménageries, on. a sou-
tenu, en Europe, que
ces -animaux ne se fé-
condaient pas récipro-
quement ou que le
produit issu de leur
croisement était un
hybride stérile.
« Vous avez tort, —
écrivait Ledger- à ses
amis de la Société im-
périale d'Acclimatation
de Paris, en 1860,

de persister à croire
que le produit de ces
animaux est un Mulet
qui ne peut pas se re-
produire ». Il annonçait ensuite Vigogne. L'Alpaga donne, en effet,
avoir obtenu des produits de Lama une laine longue et fine, mais la laine
et d'Alpaga et d'Alpaga-Vigogne de la Vigogne est beaucoup plus fine
qu'il avait suivis pendant quatre encore, quoique un peu courte. Les
générations. éleveurs ont pensé alors que le pro-
Nous avons déjà insisté suffisam- duit de ces deux animaux serait por-
ment, dans un article précédent, sur teur d'une laine idéale, par sa finesse,
l'importance de ces produits du point sa longueur et ses qualités textiles.
de vue zoologique, et nous avons dit Le premier qui ait essayé ce croise-
aussi que ces prétendus hybrides se ment, clans le but d'améliorer les
comportent en réalité comme tous les laines, est un curé péruvien, l'abbé
métis provenant du croisement entre Juan Cabrera, de Macusani (Puno).
nos différentes races domestiques. Après de longues années de travail,
il avait réussi à réunir vers 1847 un une progéniture irrégulière dans la-
lot important de métis, excellents quelle les caractères d'un des ancêtres
producteurs d'une laine magnifique. prennent souvent le dessus, perdant
Après lui, d'au tres éleveurs ont ainsi les avantages de la réunion
essayé et essayent encore d'obtenir le des sangs.
même métis, mais si on peut l'obte-
nir facilement, il en est tout autre- B) Le Huarizo. — On appelle
ment quant aux résultats zootech- Huarizo, le métis issu du croisement
niques ; car dans les métissages inter- du Lama et de l'Alpaga. C'est le
viennent une série de fa-cteurs géné- deuxième métis recherché des éle-
tiques qui compliquent le problème veurs dans le but d'améliorer. par la
et qui empêchent la réussite totale reproduction, les laines de Lama.
de l'opération. Le métissage, comme Cette race, en eflet, produit une laine
méthode d'amélioration des Auché- assez longue, mais un peu grossière
nidés, n'a pas encore donné, pour et terne, que les éleveurs cherchent à
une raison ou pour une autre, aucun améliorer en lui communiquant les
résultat définitit. caractéristiques de l'Alpaga dont la
Pour obtenir le Paco-Vigogne, laine est très fine et soyeuse et d'un
l'abbé Cabrera faisait couvrir par brillant qui chatoie.
des Alpagas mâles, des femelles Le produit est obtenu aussi dans
Vigognes. Les éleveurs après lui, ont x
les deux sens, soit Alpaga (mâie) La-
ma(femelle)soitLama(mâle), x Alpa-
-eu recours le plus souvent à une
monte en se-ns inverse. Pour cela ils ga (lemelle), mais en général on pré-
se contentent d'attraper une petite fère le premier procédé, car il permet
Vigogne mâle et la donnent en nour- de conserveries femelles d'Alpaga dont
rice à une femelle d'Alpaga. Arrivée on dispose, pour la production d'Al-
à l'âge adulte, cette Vigogne est lais- paga pur sang, qui est beaucoup plus
sée comme étalon du troupeau. avantageuse. Les métis naissenLavec
Les Paco-Vigognes sont, en géné- des couleurs aussi variées que leurs
ral, un peu plus grands que les Vi- progéniteurs ; ils sont de taille
gognes et naissent souvent avec des moyenne par rapport à eux. Ils sont
couleurs aussi variées que celles des aussi dociles que leurs ancêtres et,
Alpagas. Ils donnent des toisons au contraire du Paco-Vigogne, ne
beaucoup plus lourdes que les Vi- cherchent pas à s'évader des pâtu-
gognes (2 kilos à 2 kilos et demi) rages où leur berger a l'habitude de
mais moins fournies que celles de les conduire paître.
l'Alpaga. Leur laine, du reste, est un Au point de vue de la production,
peu plus fine que celle de l'Alpaga, le Huarizo donne une toison beau-
mais pas aussi fine que celle de la Vi- coup plus lourde que le Lama et une
gogne. Le plus grand inconvénient laine un peu plus brillante, mais pas
du Paco-Vigogne est le manque de beaucoup plus fine que celui-ci. Par
stabilité des caractères réunis par contre la quantité de laine fine de la
le croisement. Les éleveurs recon- toison s'accroît considérablement et
naissent que ces caractères, au lieu de si le Lama ne donne que 5.4 °/o de
se fixer par le métissage, se dissocient laine fine, le Huarizo en donne 93°/o.
au contraire et donnent par la suite
LA BOUVIÈRE
SA PONTE EN AQUARIUM
par
G. BRESSE

La Bouvière est un Poisson indi- lement dans la partie antérieure dtL


gène bien connu. L'espèce esttrop bien corps (fig. 1).
décrite dans les différents manuels Sa coloration ordinaire est ver-
pour que j'insiste sur ses caractères dâtre sur le dos, argentée ou plutôt
morphologiques et je me contenterai couleur d'acier sur le ventre et les
d'une brève présentation. flancs. Sa teinte générale est donc
C'estle plus petit desCyprinidés; il sobre, sinon terne, mais à l'époque
est long de 6 à 8 cm. ; son n om scienti- du frai, le mâle revêt une livrée de
tique est Rhodeus amarus L. Ce nom noces d'une extrême délicatesse de
rappelle à la fois la qualité esthétique tons. C'est un mélange de couleurs
du mâle d'être rose (rhodeus) en chatoyantes où do-mine une teinte
parure de noces, et le défaut, au pourprée.
point de vue culinaire, d'avoir la chair La Bouvière se trouve surtout dans
amère (amarus). les eaux tranquilles et peu profondes,
Sa forme est bien ovale, un peu sur les bords des rivières. Elle ne
comprimée latéralement. Ses écailles frappe guère l'attention, à cause de
sont relativement larges "et la ligne sa taille trop petite qui, même sans
latérale, incomplète, est visible seu- son amertume, suffirait à la faire
négliger des pêcheurs. Du reste, bien nertie ou d'indolence. La Bouvière
qu'assez commune, elle est bien loin, offre aux regards une active et souple
à mon avis, d'être aussi abondante mobilité.
que les Vairons, les Goujons ou les Enfin, pour passagère que soit la
Ablettes et on n'a guère l'occasion livrée de noces-des mâles, dont nous
d'en prendre en quantité à la ligne. avons parlé, elle est vraiment splen-
Après cette description succincte, dide.
je me permettrai de faire la louange Au point de vue de son entre-
personnelle de ce Poisson. tien en captivité, la Bouvière donne
Sa taille est tout à fait propre à en encore toute satisfaction. Elle
faire un hôte de l'aquarium ; elle mange absolument tout ; animal-
n'est ni trop infime comme celle de cules vivants ou miettes de pain d'é-
certains exotiques qu'il faudrait pres- pice, conviennent aussi bien à cet
que regarder à la loupe, ni trop omnivore. Ses exigences respira-
grande comme celle des autres Pois- toires, bien que supérieures a celle
sons indigènes qui atteignent des des Poissons exotiques, ne sont pas
dimensions disproportionnées avec excessives.
celles des vases ou des bacs dont Je me rappelle lorsque j'étais éco-
nous disposons pour les loger. lier, avoir conservé, entre autres,
Sa beau est faite de la juste mesure une Bouvière dans une toute petite
des proportions. Ce poisson ne pré- coupe {dérobée dans le vaisselier),
sente pas d ornements excentriques coupe non plantée et contenant en-
un peu trop voyants comme a l'épée » viron un demi litre d'eau.
des Xiphophores ou les nageoires Je ta nourrissais de pain d'épices,
anormales des Queues-de-voile, mais je la changeais d'eau quand j'y pen-
montre une discrétion de bon goût sais en faisant couler brutalement
et une grande pureté de ligne ; l'o- l'eau glacée du robinet dans le
vale du corps est agréable, il donne récipient sortant de ma chambre
l'idée du type classique fusiforme, en chauffée.
Je l'ai gardée deux
ans et je ne sais ce que
j'ai pu inventer pour
arriver à la tuer.
Je signalerai une
preuve plus récente de
la grande résistance de
ce Poisson : aux va-
cances de Pâques der-
nières j'ai ramené de
Franche-Comté à Paris.
huit Bouvières dans un
seau oùje transportais
en même temps une
harmonie parfaite avec l'élément vingtaine de Tritons (à jeun depuis
liquide. plusieurs jours).
Son activité est aussi des plus plai- Ceux-ci mangèrent presque com-
santes : pas de mouvements saccadés plètement trois des petits Poissons
ou brusques, mais pas non plus d'i- et parmi les cinq survivants, un
d'eux avait été tout à fait mutilé : Les œufs éclosent dans cet abri où
la nageoire caudale était complète- le mâle les a fécondés; l'incubation
ment enlevée et la chair de la queue a lieu dans la cavité branchiale du
quelque peu rongée. Mon Poisson, Mollusque où les alevins restent en -
sans soins- spéciaux, laissé avec les suite protégés pendant un certain
autres, régénéra merveilleusement temps ; ils y reçoivent l'oxygène du
et complètement sa queue. courant respiratoire de la Moule et,

être la reproduction des


t
Reproduction. — Mais c'es peut-
Bouvières
sur les branchies comme
se greffant
une sorte de fœtus, empruntent de
qui offre le plus grand intérêt pour la nourriture au sang de- l'hôte. 0n
l'amateur d'aquariums. On sait — la a observé des alevins à différents
chose est expliquée en détails dans stades de développement et ils sor-
l'important ouvrage du D' Roulé : tent du Mollusque déjà grands et
Les Poissons et le monde vivant des robustes atteignant jusqu'à 2 cm. de
eaux (tome IV) — que la femelle, long. Pour de plus amples rensei-
au moment dela ponte, c'est-à-dire gnements. je renvoie au livre cité
au début du printemps, possède (pages 198 à 213).
un oviducte saillant, c'est-à-dire une Le développement embryonnaire
sorte de tube génital qui pend de est donc facilement observable parce
son abdomen-et avec lequel elle dé- qu'il suffit de pêcher des Mulettes
pose des œufs à l'intérieur des Moules (nom vulgaire de l'Unio) à différentes
d'eau douce (Unios, — Anodontes). saisons et d'en observer le contenu.
Mais la ponte elle-même n'a ja- cause agissante, extérieure au Pois-
mais dû être observée, car les in- son, et indépendante de lui.
terprétations qu'on en trouve dans « Cette cause est due aux Mulettes.
Je livre cité sont en contradiction Ces dernières, bien qu'engagées dans
avec ce que j'ai eu la chance d'ob- la vase -du fond, donnent par leur
server en aquarium. coquille, aux Bouvières femelles se
Je veux tout d'abord mettre sous frôlant aux objets résistants, le sup-
les yeux des lecteurs les passages port à frotter dont le contact avec
intéressants de l'ouvrage en ques- l'abdomen provoque le réflexe de
tion. Par exemple (page 204) : « Cette l'expulsion des œufs. Du reste, à
mère (la femelle, alourdie par la l'habitude, les Bouvières fréquentent
ponte prochaine) accompagnée d'un volontiers les abords des régions à
oit de plusieurs mâles (1), agissant Moules d'étang, dont les courants
comme ses semblables en pareille cir- d'eau, amenant ou rejetant des dé-
constance, s'efforce de se débarrasser tritus capables de servir d'aliments,
de son faix. Elle évolue en tous sens, les attirent et les retiennent volon-
monte et descend dans l'eau qui l'en -
tiers. Les mères pondeuses, suivies
toure, mais, le plus souvent, se rap- des mâles, n agissent pas autrement.
proche du fond, et s'y frotte plus ou Mais, possédant alors cette disposition
moins longtemps. C est ainsi qu'il lui spéciale et temporaire de porter sous
arrive de rencontrer les Mulettes aux- leur ventre un tube flexible, -où s'en-
quelles elle confiera ses œufs. gagent plusieurs œufs, parfois un,
« Il n'y a point dans cet acte, de la seul, et capable de servir ainsi d'ovi-
part du Poisson, contrairement à ce positeur, le courant d'entrée de la
que l'on admet, une intention prémé- Mulette replie vers son orifice de pé-
ditée, autant qu'il est permis de le nétration l'extrémitélibre de ce tube,
présumer d'après l'apparence et la et permet à l'œuf, au moment même
constitution des parties. Le Poisson de sa ponte, d'être entraîné dans l'in-
aurait-il la volonté d'utiliser son tube térieur du corps du Mollusque. Cet
génital pour dégorger avec précision œuf, ou ces œuf-, pris et conduits
ses œufs dans la Mulette, et de le par le courant d'entrée, pénètrent
manœuvrer en conséquence comme donc dans le sac branchial, vont s'ac-
un Insecte fait de son oviscape, qu'il coler à ses parois, et trouvent désor-
ne pourrait la réaliser. Ses yeux, en mais en lui l'abri où ils accompliront
supposant que leur acuité visuelle leur incubation. En outre, ils y sont
soit suffisante, se trouvent disposés de fécondés, car le mâle, compagnon de
telle manière, par rapport au tube de la femelle, rejette son sperme pen-
ponte, qu'il ne leur est point possible dant qu'elle expulse son faix, et les
d apercevoir ce dernier, et de diriger éléments fécondants, emportés aussi
sa conduite. De plus, ce tube lui- par le même courant d'entrée y ac-
même, n'ayant pas de consistance, complissent le rôle qui leur est dé-
et ne possédant pas les masses mus- volu... »
culaires convenables, ne saurait exé- D'autre part, on lit (page 209) :
cuter les mouvements précis qui se- « — Mais en est-il toujours ainsi, et
raient opportuns dans lacirconstance. le commensalisme avec les Mulettes
Il y a, en cette intromission, une autre accompagne-t-il de façon permanente,
obligatoire, le développement de la
(1) C'est l'auteur
de l'article
qui souligne.
Bouvière ? Est-il indispensable à la
génital de la Bouvière avec les plus fort ne s'occupe aucunement des
bords du manteau des Mulettes vi- femelles. Celles-ci se promènent dans
vant sur le fond, est un fait de pur l'aquarium, se mélangeant, indiffé-
hasard. Le Mollusque représenterait rentes, aux autres mâles relégués
pour la ponte un substratum meil- dans le coin le plus-éloigné du Mol-
leur que le fond lui-même pour le lusque.
bon élevage des jeunes, mais que la Le mâle le plus fort garde jalouse-
Bouvière se donne tout juste la peine ment l'Anodonte dès qu'un des autres
de choisir quand elle le rencontre, mâles tente d'en approcher, et les
attirée par d'autres motifs que celui en écarte brutalement.
de la reproduction. Ceci avant le dépôt des œufs.
2e fait.
Observations personnelles. — avnncée, c'est-à-dire — La femelle la plus
la plus
Ce que je vais rapporter semble ne pas s'approche, regarde la Moule, grosse
s'accorderaveccequi précède : j'avais la tête de façon il tourne
cinq Bouvières : trois mâles dont un soient dirigés ce que ses yeux
vers les ouvertures, c'est-
très fort, et deux femelles ayant cha- à- dire la partie la plus large de
vers
cune un tube de ponte court, de la fente des valves. Elle s'écarte un
10 mm. environ (fig. 2). revient vers la fente, y porte
Ces Poissons étaient placés dans peu,
aquarium de 40 de long, 20 une attention extrême.
un cm. Le mâle suit la femelle en tressail-
de large, 23 de hauteur, très riche- lant (en dandidant) regarde comme
ment planté et fortement éclairé. Il se
celle-ci le point précis Centrée de
contenait une grosse Anodonte à L'eau dans la Moule (fig.de3).
moitié enfoncée dans le sol de l'aqua- La femelle ayant enfin, bien visé,
rium, qui avait calé son bout anté- déplace brusquement pour coller
se
rieur contre une vitre, et montrait contre celte ouverture
son abdomen
vers le centre de l'aquarium l'entre- garni du tube (fig. 4 et 5).
baillement des valves où se trouvent Elle fuit de nombreux efforts, ae
côte à côte les orifices d'entrée et de nombreux essais infructueux la fente
sortie de l'eau. Je nourrissais abon- du Mollusque est étroite et: le tube
damment et le milieu (eau, plantes, de ponte trop souple.
Poissons), manifestait une vie très Il ne s'agit donc pas d'une ren-
intense. contre de hasard du lube et del'ori-
Le 10 mai dernier, j'observais une fice respiratoire de la Moule. Bien
activité spéciale des Poissons. Le contraire : l'application de la
\ l mai au matin, la au
température de femelle à enfoncer le tube dans le
l'eau étant de 19-20°, le tube de Mollusque sent tellement l' effort et
ponte d'une des femelles avait grandi la, volonté qu'il semble pénible à
considérablement atteignant environ l'observateur qui sympathise si
3 cm. 5. Je voyais très bien depuis j'ose « L,
m exprimer ainsi, avec le Pois-
ma table de travail, les orifices res- son reproducteur.
piratoires de la Mulette (1 ) (fig. 3).
1er fait important. — Le mâle le
3e fait.
— Après chaque essai le
mâle qui se dandine impatiemment,
comme furieux de l'échec de la
(11 Je donnerai ce nom courant à la Moule femelle, la chasse en la bousculant
d'eau douce qu'elle appartienne au genre Unio du
ou Anodonla. museau; elle fuil.
Le mâle garde toujours la Moule de museau au point de lui faire mal.
où il ri y a encore rien,. tout au moins Jugeant que cette pétulance exces-
très probablement rien, la ponte sive était nuisible au travail d'adresse
ayant été très vraisemblablement qu essayait d'accomplir la femelle,
observée à son début et le ventre de je résolus de retirer le puissant mâle
la femelle étant toujours aussi gros. de l'aquarium, afin de laisser le soin
Dans une agitation extrême, il chasse de la fécondation à un reproducteur

•tousles autres qui veulent s'en appro- moins beau pour l'avenir de l'espèce,
cher; par contre au lieu d'accompa- mais plus patient.
gner la femelle, comme il est dit
dans le passage cité plus haut, il la 4e fait. — Ce futle deuxième par sa
laisse se mêler aux autres mâles relé- taille qui immédiatementprit laplacedu
gués dans leur coin. Donc nous pou- premieret je dois dire que sa douceur
vons tirer cette conclusion très nette : fut encore très relative et sa jalousie
la Moule est loin d'être pour les Bou- à garder la Moule aussi grande, en-
'vières un objet quelconque ; c'est sur vers le plus faible (celui dont la
elle que le mâle et la femelle portent queue était en voie-de régénération).
toute leur attention. Par curiosité, j'enlevai le mâle
Ce gros mâle était tellement impa- numéro 2 en laissant seulement dans
tient de voir pondre la femelle qu'il l'aquarium le plus faible mâle qui
la laissait à peine approcher de la prit la place auprès de la Moule avec
Moule et au premier contact qu'elle la même dignité et la même visible
avait avec le Mollusque, comme fou satisfaction. Ayant satisfait ma
<le rage, il la chassait à grands coups curiosité et voyant que les choses
n'allaient guère mieux, je replaçai 2e essai manqué. Après un des

dans l'aquarium le puissant mâle chocs, le tube a été pincé par la
n° 1. Moule, mais non absorbé r il en ré
Premier œuf pondu, premier essai suite la sortie de trois œufs à la fois,
d'introduction manqué. — La femelle à l'extérieur de la Moule : deux sont
éprouve toujours une grande diffi- aussitôt mangés par la femelle et
culté à enfoncer son tube dans la un par le mâle.
Moule. Après un des mouvements
brusques opérés à cette fin, le tube 3eessai manqué.-20minutes après,
fut presque absorbé par la Mulet te, le tube est touché par la Moule sans
mais ne resta pas prisonnier dans les y rester : un peu après ce contact,
valves : l'œuf fut pondu dans l'eau et trois œufs sortent ; les parents se
aussitôt happé par la femelle, lais- précipitent et en absorbent chacun
sant le mâle apparemment désem- un. Je me précipite aussi avec une
pipette qui absorbe le dernier ;
paré. l'œuf de la Bouvière est de^forme
ovale, d'un blanc laiteux et énorme
Remarques. — 1 °Il m'a bien semblé
le
que contact du tube le pour la taille du Poisson :
avec manteau environ 3 mm. de longueur.
il -mesure
de la Mulette ou même la légère aspi-
ration provoquée de. la part du Mol- Remarque. — Il m'a semblé que le
lusque par ce contact avec le tube temps infiniment court qui sépare
soit une excitation nécessaire à l'émis- l'émission des œufs et leur absorp-
sion de l'œuf. tion par les parents, ne pouvait guère
En tous cas, malgré la grande dif- permettre mâle d'émettre sa lai-
ficulté de l'intromission du tube, dû tance, et je au
ne serais pas loin de pen-
à son manque de rigidité, la femelle
ser, d'après ce que j'ai vu, que la
revient ; elle a la ferme volonté de fécondation
ne puisse s'opérer que
pondre dans la Mulette comme si elle lorsque l'œuf
est abrité dans ln Moule
ne pouvait le faire ailleurs. Ceci me et que, peut-être, l'émission de la lai-
conduit à faire une réserve sur les doit être provoquée par le frot-
lignes de la page 209 du livre cité. tance
tement du ventre du mâle sur te man-
teau de la Mulette, car celui-ci s'es-
2° D'autre part le tube génital sayait
raccourci me semblerait, à priori, à chaque instant à produire
ce mouvement de friction en se
plus favorable à l'introduction qu'un déplaçant longitudinalement contre
-tube long, car c'est le ventre que la
le manteau dans le sens de l'entre'-
-femelle appuie sur la fente palléale bâillement
des valves (tig. 6).
du Mollusque. C'est la partie basale La Mulette s'étant refermée tota-
du tube et non son extrémité qui vient lement,
pour une raison inconnue,
toucher l'orifice respiratoire (fig. 5). les Bouvières
Si cette façon de voir était juste, il
attendent patiemment,
comme si elles ne pouvaient pondre
resterait naturellement à expliquer ailleurs.
pourquoi le tube grandit au moment
de la ponte comme je l'ai observé. 4e essai.
— 20 minutes après. Un
Ap rès l'émission de cet œuf, la fe- œuf a été retenu par l' A-nodonte, mais
melle est allée se blottir dans les elle l'a ensuite rejeté sur le fond, le
herbes, le mâle est resté plus calme mâle l'ayant aperçu, l'a avalé.
un certain temps. Ainsi il semble que la. « bonne
volonté » de la Moule, ou si I on veut aussi qu'une petite Anodonte située
son hospitalité ait une grande impor- dans un coin de L'aquarium, était
tance dans la reproduction des Bou- totalement négligée par les Poissons,
vières. En tous cas, je crois avoir
assez démontré que le Mollusque n'est 3° Durant toute la journée de
pas un support de hasard pour la ponte, les Bouvières n'ont rien man-
ponte de ce petit Poisson. gé... que leurs œufs

Autres remarques. — 10 Le fait que 4° Pour la reproduction en aqua-


l'Anodonte semble ne pas accepter rium, étant donné qu un seul mâle
volontiers les œufs est peut-être dù à (le plus fort) peut approcher la femelle
ce qu'elle a une réceptivité limitée pour au moment où elle approche elle-
ces œufs et que certains œufs étaient même de la Moule, il me semble qu'il
arrivés à destination sans que je m'en est préférable d'isoler les Bouvières
sois aperçu. J'ai dû, en effet, suspendre par couples au lieu d'en laisser plu-
mes observations durant le temps du sieurs ensemble.
déjeuner, soit une heure environ. Je
ne me rappelle plus, malheureuse- 5° Malgré la bonne santé évidente
ment, à quel moment eut lieu cette de mes Bouvières, la parure de noces
interruption d'observation ; je crois des mâles était peu prononcée et je
que c'est après le premier essai de n'ai pas observé les excroissances
ponte. Il faut remarquer que le doc- papillaires qui, paraît-il, ornent à ce
teur L. Roule indique bien qu'on ne moment leur museau.
trouve jamais plus de dix alevins dans
la même Mulette. Conclusion. — Le genre de re-
production des Bouvières, ses mœurs
2° A ce propos, je note qu'il est très spéciales offrent un intérêt tout
bien regrettable que je n'aie possédé particulier, presque une curiosité,
qu'un seul gros Mollusque et je note tout au moins une mode inédite
L'élevage des jeunes en nourrice, liberté possible des alevins, car tous
leur commensalisme qui est presque mes Poissons ont dû être transportés
du parasitisme (puisqu'if leur procure et remis en d'autres mains.
en même temps que la protection,
l'oxygène et la nourriture), facilite Je me propose de reprendre la
largement l'élevage en résolvant le question au printemps et. d'étudier
problème toujours délicat de la pre- en détail la cause intime, ou les causes
mière alimentation. La taille des de ces relations « Bouvière-Mulette »
alevins lorsqu'ils sont mis en liberté qu'on sait d'ailleurs être des relations
leur permet d'absorber toutes sortes à bénéfices réciproques. Je recher-
de nourritures usuelles. cherai plus particulièrement le déter-
Je n'ai pu contrôler si quelques minant mécanique ou chimique de
œufs avaient reçu asile dans la Mulette l'excitation qui déclanche 1 émission
de l'aquarium ; en effet peu de jours des œufs. Je ne manquerai pas, s'il
après, j'ai dû m'absenter, et il n'était y a lieu, de communiquer les résul-
plus question de surveiller la mise en tats obtenus.
LES CRIQUETS A LAGHOUAT EN 1955
par
le Docteur ARNAULT

La région de Laghouat a eu à subir à proximité de cette grande tache de


au cours du printemps de 1933 une verdure pour assurer le ravitaille-
invasion de Criquets d'une telle im- ment facile de leurs descendants,
portance que les plus vieux habitants elles n'auraient pas procédé autre-
ne se souvenaient point d'en avoir ment.
vue de semblable. Nous donnons, par ordre, le relevé
A la vérité, la sévérité de celb-ci des l i e ux de po ntes. le u r distance et leur
pouvait être facilement prévue car, orientation par rapport à Laghouat.
si 1 on jette les yeux sur une carte de Les éclosions se produisirent entre
la région et si l'on y inscrit les lieux le 6 et le 12 mai et les Criquets se
de pontes qui avaient été signalés mirent en marche dans les directions
avec précision entre le 4 et le 12 avril, suivantes.
on s'aperçoit que telle une armée qui Ceux provenant des points 1, 2 et

Distance et orientation par rapport


NI d ordre
XT , XT
Nom nu LIEU à Laghouat. *

2
3
1
Teniet Remel
Vieille piste de
..
Sables au nord de la prise d'eau
..Tadjemout..... 4 à 5 km. au nord.
3 km. au nord nord-ouest.
6 km au nord nord-ouest.
4 Col des sables 2 km. au nord ouest.
5 Mehafir (Champ de Tir) 4 km. ouest.
6 Kef Kheneg et Kef Messaad.. de 5 à 12 km ouest sud-ouest.
7.
8
Batkha
Beddem.
Bouchakeur ...
........ 7km. sud sud-ouest.
de 6 à 9 km. sud.
10 km. sud.

....
9
lu Chaabet Ouar 6 km. sud sud est.
M'Khareg 12 km. sud sud-ouest.

..
11
12 Seridja Cherguïa fi km. est sud-est
13 Seridja
Bordj Guenifid ......... 7 km. est.
4 km. est.
14
15 Teniet Zebbach
.. -
6 km nord nord-est,

s'apprête à investir une place, ces 3 marchent directement sur le nord


lieux de ponte encerclaient littérale- de l'oasis.
ment l'oasis. Ceux des points 4 et 5 sur le Bois
Si les Sauterelles avaient sciem- de Boulogne.
ment disposé ces pontes autour et Ceux des points 6 et 7 sur le Khe-
ne laissant derrière eu x aucune trace
de végétation.
Enfin ceux des derniers points
gagnent l'oasis par l'est-sud-est, le
sud-est et le nord nord-est, en pas-
sant par le Boulevard du Nord, le
Boulevard Fromentin et le bordj
Senousti.
L'investissement est alors com-
plet. Il n'avait pas fallu plus de trois
jours aux Acridiens pour envahir les
cultures (15 mai). A partir du 23mai
le mouvement de marche concen-
trique sur Laghouat se dessine avec
une grande netteté. Jusqu'alors
1 oasis était surtout menacé par le
sud, le nord, et le nord-ouest ; désor-
mais l'invasion est générale et les
Criquets semblent littéralement se
donner rendez-vous au centre même
de la ville.
Enfin à partir du 6 juin les Acri-
diens qui s'étaient attardés à ravager
neg, le Pont des Zouaves et la ferme les emblavures de la ferme Micot et
Micot, dont les cultures et les luzer- les luzernières du Kheneg se dirigent
nières sont complètement anéanties à leur tour sur Laghouat par le Ro-
en quelques heures. cher des Chiens où ils se divisent en
Ceux des points 8, 9, 10 et 11 se deux groupes : l'un oblique sur Lus
dirigent sur le sud de Laghouat à tra- casernes et le Boulevard du Nord,
vers la DayaGuebliaet les cimetières, le second envahit le quartier indi-
gène du Schtell.
La situation devient
alors extrèmement criti-
que : non seulement les
cultures vivrières et les
céréales sont en quelques
heures détruites, mais les
Criquets s'attaquent aux
arbres qu'ils dépouillent
entièrement de leurs
feuilles, d'abord, puis de
leur écorce même ; les
Aloès, lesOpuntia, les durs
djerids des Dattiers ne
trouvent même pas grâce
devant eux.
Les régimes de Dattes,
et les grappes de Raisin à
peine formés, sont attaqués ou Criquets pour certaines plantes et

tranchés, les Figues seules reste- certains arbres.
ront sur les arbres entièrement dé-
Pouillés.
La marche des Acridiens est extrê-
mement impressionnante, leur flot
pressé ressemble à une coulée de
lave verdâtre qui déferle sans arrêt
du faîte des-murs pour passer de jar-
dins en jardins.
Le tronc des arbres et les poteaux
télégraphiques eux-mêmes, où ils
recherchent sans doute une nourri-
ture improbable, disparaissent com-
plètement sous une épaisse couche
de ces Insectes.
Enfin dans le Schtell les maisons
indigènes envahies ne permettent
plus aux habitants d'y séjourner.
Dans le bled, les animaux domes-
tiques Moutons et Chameaux mêmes,
refusent de se coucher sur cette
litière mouvante et les tentes des
nomades sont attaquées. En ce qui
concerne les jardins, j'ai pu consta-
ter les préférences marquées des
Parmi ceux-ci les plus recherchés D'autre part tous les animaux
étaient la Vigne, les Figuiers, les sauvages faisaient des Criquets une
Dattiers et les arbres d'ornement, les énorme consommation sans que le
Ailanthes. nombre de ceux-ci en parut diminué.
Au contraire les Tama-
ris et les Pins étaient à
peine touchés. Quant aux
Maélias, les Criquets
éprouvent pour eux une
aversion si complète que
je crois nécessaire de le
signaler.
Parmi les plantes déco-
ratives, les Chrysanthèmes
étaient particulièrement
recherchés, certaines
autres comme les Géra-
niums à peine touchées.
Les Insectes en ce qui
concerne les arbres frui-
tiers dévoraient d'abord
les feuilles, 'puis l'écorce
des jeunes branches et
en tout dernier lieu les
fruits.
J'ai vu à plusieurs re-
prises des Criquets blessés
dévorés en quelques se-
condes par leurs congénè-
res. Une énorme femelle
de Crapaud panthère a
eu devant moi le même
sort.
Ceci me rappelle mon
regretté collègue Rivière
déclarant au cours d'une
conférence à la Société
d'Acclimatation sur les
possibilités d'acclimate-
ment de l'Acridotère en
Algérie. « Lâchez des Acri-
dotères parmi les Criquets ;
quelque soit leur nombre,
les premiers seront dévorés. » Les divers procédés de destruc-
J'ai cru à ce moment à.une de tion se montraient presque tous
ces boutades dont il était coutumier, inefficaces surtout parce qu'appliqués
je suis maintenant convaincu que beaucoup trop tardivement.
c'est une absolue vérité. En réalité le seul qui eût pu, en
temps voulu, donner d'excellents ré- Malgré cela, le nombre des Insectes
sultats aurait été l'entourage complet dévastateurs semblait à peine dimi-
de l'oasis à l'aide de plaques de tôle nué el. ce n'est qu'après quinze jours
ou de zinc de 0 m. 30 de hauteur que d'une lutte épique que-le mal parut
les Criquets ne pouvaient franchir et çonjuré grâce en partie à la transfor-
d'où ils étaient canalisés vers d'im- mation en Insectes parfaits des der-
menses fosses qu'on comblait ensuite. niers Criquets. Ceux-ci ne tardèrent
Avec ce procédé, avec les feux de pas faute d'aliments à s'envoler vers
mazout, le son empoisonné et les le nord laissant derrière eux un
lance-flammes pour terminer on affreux paysage hivernal de terre nue
arrivait à détruire 35 à 40.000 kilogs. et d'arbres dépouillés.
de Criquets par jour. .
LA FLORE MAROCAINE
ET L'HORTICULTURE
par
JEAN GATTEFOSSÉ

Grâce à ses massifs montagneux mides : Davallia canariensis Smith.,


importants, le Maroc possède une Asplenium Hemionitis L" A. marinum
flore très riche, de caractère général L. et Pteris arguta Ait., par exemple.
méditerranéen et atlantique, particu-
lièrement propre il l'acclimatation CONIFÈRES
dans toutes tes légions tempérées du Nous passons sur les Conifères du
globe. Maroc, arbres déjà connus dantres
Comme la Californie et le Cap régions et plus ou moins représentés
d'une part, comme le Caucase et la dans les collections.
Chine d'autre part. le territoire ma-
rocain est appelé à fournir un maté- GNÉTACÈES
riel très important à l'Horticulture.
Nous nous proposons d'examiner Parmi les Ephedra. seuls H. altis-
dans cette note, les espèces qui nous sima Desf. et E. major llost , peuvent
paraissent les plus intéressantes à ce rendre service dans les jardins. A/tis-
point de vue : nous suivrons l'ordre sima qui vient tacitement de graines,
botanique du Catalogue des Plantes couvre avec une grande rapidité les
du Maroc de nos collègues et amis tonnelles, mais réclame de solides
MM. Emile JahandiezetDrRené Maire,
dont les deux premiers tomes s-ont
parus. Nous serons, bien entendu, à
l'entière disposition des amateurs qui
désireraient se livrer à des essais
d'acclimatation et pourrons leur pro-
curer des graines des plantes citées.

FOUGÈRES

La plupart des Fougères du Maroc


sont intéressantes par leur caractère
\érophile. Nothotaena vellea li. Br.,
Cheilant lies h ispanica t Mett.. Pleuro-
sorus Pozoi Diels., sont dans ce cas.
Mais la région de Tanger peut fournir
quelques espèces ornementâtes par-
ticulières aux sous bois frais et liii- Ancien cimetière d'Asui (Grand Atiasi.
supports ; ses fruits rouges très abon- Scillahispanica Mill. var. algeriensis
dants sont d'un bel effet ornemental. (Batt.) Maire ou Endymion cedreto-
GRAMINÉES
rum Pomel.—Charmante liliacée aux
fleurs bleu foncé,!appelant une Jacin-
En dehors d'espèces déjà connues the; propre aux lieux ombragés, elle
et largement utilisées, le Maroc peut atteint 2.200 m. dans le Grand-Atlas.
donner Tricholaena rosea N ees
et Lamarckia aurea Moench.,
susceptibles de fournir des
parterres très colorés.
PALMÉES
Chamaerops humilis L. var.
argentea André. La variété à
feuillage bleu du Palmier-
nain, est très intéressante ;
croissant jusqu'à 2.500 m.
dans le Grand-Atlas, elle
pourrait s'acclimater aux
hivers froids d'Europe.

LILIACÉES Scilla lingulata Poiret. — Jolies


Asphodelus roseus Humb. et Maire. fleurs bleu très pâle, parfois blanc
rosé ; s'accommode très bien de la
— Endémique, calcifuge. Asphodèle culture en pots, en terre de bruyère.
très ornementale à fleurs rose vif.
atteignant 1.800 m. dans le Moyen- Scilla lusitanica L. (S. odorata.
Atlas et habitant également les sous-
bois frais du Rif.
Hffm. et Link). - Port de Jacinthe,
fleurs bleu 10ncé éclatant ; variété
Asphodelus acaulis Desf. Cette blanche assez fréquente ; croît dans

Asphodèle naine émaille -de ses larges les sables stériles.
fleurs, d'un rose de porcelaine très Seilla iridijolia Welb. et Berth.
Plante endémique puissante à feuilles—
agréable, les gazons ras des montagnes
calcaires. glauques des rochers maritimes de
Allium roseum L. —Afleursroses Safi au Souss ; fleurs bleu rosé, lon-
ou blanches, cette espèce est fort gues grappes de fruits luisants.
jolie, mais possède l'odeur générique Muscari grandifolium Bak. var.
désagréable bien connue. populeum Maire. —Endémique. Cette
Fritillaria.oranensis Stapf. — Va- plante que nous avons découverte en
riété de F. messanensis Rat., cette 1,920, ù- Ito, avec Jahandiez, peut
Fritillaire possède de belles fleurs égayer des gazons ; -elle paraît indif-
inclinées, de teinle rougeâtre rayées férente à la nature du sol et atteint
de brun et de jaune ; elle se plaît en 2.200 m. dans le Grand-Atlas fleurs
;

sous-bois et semble indifférente à la très odorantes.


nature du sol.
Dipcadi fulvum Webb. Hampes AMARYLLIDÉES

florales atteignant 2 m. en culture, Leueoium aulumnale L. — Perce-
grappes de fleurs couleur chocolat. neige intéressant par sa floraison
précoce, septembre à novembre ; dans blanches s'épanouissant en automne.
les marécages, floraison estivale. Cette espèce est une belle acquisition
Leucoium trichophyllum Schous- pour l'Horticulture, surtout la va-
boe. — Les variétés grandijlorum riété grandiflora Bétt., des rochers
Bak. et genuinum purpurascens Maire littoraux, qui fleurit dès fin août.
sont très ornementales ; flo-
raison hivernale, octobre à
avril ; très facile à cultiver
dans le sable.
Tapeinanthus humilis Herb.
— Petit Narcisse à fleurs
jaunes, répandant une puis-
sante odeur de violette ; pro-
bablement calcifuge.
CorbuLaria Bulbocodium
Haw. — Ce Narcisse Trom-
pette, très polymorphe, pré-
sente au Maroc un grand
nombre de variétés. Les
fleurs notamment, varient
du blanc pur au jaune d'or
brillant. Signalons la sous-
espèce Romieuxii Emb. et Maire, I RIDÉES
.
à fleurs jaune pâle élégantes, indiffé-
rent à la nature du sol. Crocus Salzmanni J. Gay. — En-
Narcissus tnridillorus Schousboe. démique. Très beau Crocus rose vio-
— Endémique. Curieux par ses fleurs lacé, variant au blanc rosé et au
franchement vertes répandant une bleu pâle, très xérophile ; fleurit
forte odeur de jonquille. abondamment dès octobre dans
Narcissus tazetta D. C. — Plu- toutes les plaines sableuses.
sieurs sousespèces marocaines : N. Romulea sp: — Les Romulea,
polyanthosBak.. N. papyraceusBak., aux fleurs éphémères, sont encore
N. pachybolbus Bak., sont très inté- peu connues au Maroc. Des variétés
ressantes pour l'horticulture indus- deR. liçustica Pari., à grandes fleurs
trielle, grâce à leurs fleurs entière- violettes ou pourpres sont t-rès orne-
ment blanches, grandes et odorantes mentales et méritent de figurer dans
(type totus albus Hort.). des jardins à côté de leurs cousins,
Narcissus Watieri Maire et N. les Ixias.
Marvieri Jah. et Maire. — Endé- Iris Belouini Bois et Corn. — Pro-
miques. Ces deux Narcisses de mon- bablement introduit par les Arabes,
tagne. atteignant 2.600 m. dans le dans teurs cimetières à une époque
Grand-Atlas, l'un à fleurs blanches, inconnue mais lointaine, cet Iris à
l'autre à fleurs jaunes, méritent rhizomes est splendide. Les hampes
d'être acclimatés. multiflores atteignent 2 m. 50 ; les
Aurelia Broussonetii J. Gay. — fleurs, très grandes, mauve pâle, ré-
Endémique. Grand Narcisse dépour- pandent une fine odeur d'oranger,
vu de coronule, fleurs entièrement plus puissante pendant la nuit.
Iris tingitana Boiss. et Reut. — lum Link., 0 bombiiiflora Link'.,
Endémique. On sait la place consi- 0. tenthredinifera Willd.
dérable prise par cet Iris dans l'expor- Orchis papilionacea L.
tation des fleurs coupées ; l'industrie — Repré-
sentée au Maroc. par la forme gran-
hollandaise l'a multiplié ces dernières diflora Boiss. (var. major de Camus),
années, au point de lui faire perdre cette Orchidéeterrestreestmagninque
sa valeur marchande. Mais, chose et mérite vraiment d'être plus répan-
curieuse, alors que la culture n'a pas due dans
donné de variations intéressantes, les cultures. Elle pourrait
l'espèce se présente au Maroc sous même constituer une bonne fleur à
grand nombre de formes couper, se conservant un mois dans
un toutes les (mars). Comme pour le type
très ornementales. Il s'agit vraisem- vases
blablement d'une population hétéro- européen, il existe une forme à fleurs
blanches très rare, qui est splendide.
gène due à l'hybridation du type avec
sa variété J. Fontanesii(G. G.) Maire ; Orchis latijolia L.
— Parmi les
tous les intermédiaires existent entre sous-espèces et variétés de cette Or-
le violet noir velouté (Iris Fontanesii) chidée si polymorphe, signalons une
et le bleu très clair (iris eu-tingitana). forme rapportée à 0. Durandii Boiss.
Les formes il fleurs blanches, avec et Reut. var. marocanica Sôo, dont
ou sans tache jaune, ne sont pas rares ; les hampes florales atteignent 2 m. 75
les maculations ornementales des pé- et la grappe 0 m. 60. (Sidi Yahin. du
tales assez fréquentes. Gharb. sables humides, avril 1931).
Iris sisyrinchium L. — Ce
Gynandriris nain peut être
utilisé pour garnir des pelou-
ses très sèches ; il se contente
delterrains arides, argileux ou
sableux, d'où toute autre végé-
talion est exclue et craint
l'irrigation. Comme pour
l'espèce précédente, il existe
un grand nombre de varia-
tions de teinte, entre le rouge
vif de la variété purpurea
Maire et le bleu pâle du type;
une forme à fleurs blanches
est fréquente. Fleurs éphé-
mères, mais se renouvelant
chaque matin.
Gladiolus byzantinus Mill. — Beau Orchis sulphurea Link. — Belle
Glaïeul rouge très florifère, dont les Orchidée des sous-bois humides d'Az-
hampes florales dépassent 2 m. en rou (var. à fleurs jaune citron) et des
culture. hauts-plateaux de Timhadit jusqu'à
ORCHIDÉES 2.000 m.(var. à fleurs rouge pourpré).
Ophrys sp. — Quelques Ophrys POLYGONEES
peu fréquents en Europe méridionale, Rumex papilio Coss. — Endé-
sont abondants au Maroc : 0. specu- mique. Oseille formant des touffes
très élégantes en terrain sec, surtout le Grand-Atlas ; en 1920, nous l'avons
sur schistes. Les membranes des valves retrouvée dans le Moyen-Atlas et
fructifères, curieusement découpées, depuis, dans tous les massifs monta-
sont rouges à maturité ; plante pre- gneux du Maroc, jusque dans celui
nant un développement considérable (lu Siroua où elle atteint 2.800 m. Sa
à l'irrigation et plutôt envahissante. culture est facile, car elle est indif-
La variété rhodophysa Bail de Rumex férente à la nature du sol et supporte
vesicarius L. se recommande égale- les hivers très froids.
ment par ses fruits rouges à maturité. Delphinium Cossonianum Batt.
Ce Pied-d'Alouette endémique est

SALSOLACÉES très intéressant, bien qu'annuel; les
Salsola oppositifolia Desf. — 11 fleurs, en grappes érigées compactes,
peut paraître hardi de proposer une sont d'un bleu violacé éclatant, en
Salsolacée pour l'Horticulture... ce- juillet ; plante très xérophile des
pendant cet arbuste des sables mari- argiles noires des plaines du centre
times est très ornemental à la flo-
raison. Les ailes des calices, très PAPAVÉRACÉES
grandes, sont vivement colorées de Roemeria violacea Medik. (= R.
rouge et couvrent littéralement le hybrida D. C.). — Pavot xérophile à
buisson en juillet. grandes fleurs violettes malheureu-
sement éphémères.
AMARANTACÉES
Papaver rupifragum Boiss. et Reut.
Achyranthes aspera L. var. sicula ss p. atlanticum Maire. — Endémique.
L. (A. argentea Lamk.). — Cette Joli Pavot alpin à fleurs orange tango,
plante xérophile forme un buisson également de courte durée ; facile à
do bonne tenue avec ses tiges rigides acclimater ; malgré son origine mon-
abondamment garnies de feuilles tagnarde, il supporte aisément le
serrées, soyeuses légèrement argen- climat marin.
' tées et ses grappes florales roses. Corydalis helerocarpa Bail. —En-
Malheureusement très envahissante. démique. Fumeterre d'une grande
délicatesse de feuillage ; plante grim-
CARYOPHYLLÉES pante propre il l'ornementation des
Cerastium gibraltaricum Boiss. haies vives.
var. Roissieri Gren. — Plante des CRUCIFÈRES
sous-bois de montagne, à feuillage
Des Iberis ornementaux existent
gris et grandes fleurs blanches ; indi-
au Maroc (1. sempervirens L., 1. ci-
férente à la nature du sol, elle atteint liaia AIL, 1. tavrica D. C., 1. gibral-
au Maroc 2.500 m. d'altitude. Plante tarica L.) ; il faut citer aussi Aethio-
de bordures très élégante.
nema ovalifolium Rou)- et Fouc.,
RANUNCULACÉES
Thlaspi Tineanum Huet, Arabis alpina
caucasica Briq., Arabis Josiae Jah.
Ranunculus caiandrinioides Oliver. et Maire.
— Cette Renoncule, fort voisine des Parmi les espèces désertiques, Re-
Anémones, possède de larges fleurs boudia erucarioides Coss. et Dur.,
roses; elle a été décrite dès 1889 Zilla macroptera Coss. et Morettia
d'après une récolte de Thomson dans canescens Boiss., auxquelles on peut
ajouter les variétés de Moricandia Limes méridionales, à fleurs blanches
suffruticosa, sont ornementales. abondantes de janvier à mai et for-
Cheiranthus semperflorens Schous- mant d'épais massifs élégants.
boe. — Endémique des dunes mari- Malcolmia litorea H. Br. — Une
variété à grandes fleurs mauves, var. lier, Jahandiez et Watier ; elle habite
Goflarti Batt. et Jah., peut constituer les rochers maritimes du Souss.
de heaux parterres dans les jardins; Enfin les Cotyledon Salzmanni
floraison abondante et continue de (Boiss.) Maire (==Pistorinia), C. Cos-
janvier à juillet. soniana Bail, C. Mucizonia Ortega,
Malcomia Broussonetii D. C. — La sont de jolies petites plantes grasses
variété tricolor Emb. et Maire, mauve pour rocailles ensoleillées, se resse-
et blanche à cœur jaune, couvre cer- mant abondamment.
taines années les plaines du Sous's de
PAPILIONACÉES
son élégant manteau.
Matthiola fruticulosa (L.) Maire Genista tricuspidata Desf. var. mo-
(= M. tristis R. Br.) et Matthiola ,qadorensis Pau, G. demnatensis (Coss).
lunata D. C. — Ces Giroflées, avec Murb., G., florida L. var. maroccana
quelques autres espèces voisines, Bail, G. myriantha (Bail) Maire, sont
donnent à la steppe, au printemps, de bonnes espèces de Genêts endé-
leur couleur mauve ou rouge et ré- miques, très florifères, à cultiver au
pandent dans l'air un délicieux par- grand soleil.
fum d'abricot. Elles devraient être Rétama monospsrma L. var. Webbii
utilisées pour colorer des sous-bois (Spach) Maire, à fleurs blanches odo-
d'Oliviers, en Provence, dans les jar- rantes et R. dasycarpa Coss., à fleurs
dins de collines. jaunes constituent deux acquisitions
considérables pour l'Horticulture.
RÉSÉDACÉES Leur port retombant, leur feuillage
Reseda lanceolata Lag. var. maura soyeux argenté les rendent très élé-
Maire. —Réséda endémique qui, par gants; ils croissent aussi bien au bord
de la mer qu en haute montagne.
son feuillage vert foncé et ses grandes
dimensions (plus de 2 m.), se recom- ErinaceaanthyllisLink. (=E.pun-
mande en Horticulture où le genre gens Boiss.). — Ce Genêt superbe des
est jusqu'ici si mal représenté. hautes montagnes (jusqu'à 3.200 m.
au Djebel Siroua), possède des fl-eurs
CRASSULACÉES bleues, bleu pur à bleu ciel, rarement
Le Maroc est la patrie d'un grand des fleurs blanches (forma albiflora
nombre de Sedum endémiques (Sedum Maire). Mais il est épineux; cepen-
modestum Bail., S. maurum Humb. et dant en culture irriguée, l'induration
Maire, S versicolor Maire, S. Gatte- des branches diminue, mais il garde
fossei Batt., S. Jahandiezzi Batt., toutefois le port en. coussinet si orne-
S. neglectum Murb., S. Wilcezkianum mental des buissons de haute altitude.
F. Q., S. atlanticum (Ball) Maire, Adenocarpus anagyrifolius Coss.
S. Jaccardianum Maire et Wilcz.), et Bal. — Endémique. Cet arbuste
sans compter nombre de variétés. très élégant par son feuillage vert
très intéressantes pour les collection- pomme;un peu visqueux et sesgrappes
neurs de ces plantes grasses, aujour- érigées de fleurs dorées, est calcifuge ;
d'hui multiples. On sait que la véri- il supporte, en terrain siliceux, les
table patrie du Sempervivum arboreum plus fortes sécheresses et atteint 2.600
L., bien connu des jardiniers de ro- mètres au Djebel Siroua.
cailles, est le Maroc où nous l'avons Adenocarpus artemisiifolius Jah.,
découverte en 1921 avec MM. Ducel- Maire et Weiller. — Endémique.
Arbuste de grande beauté, feuillage ornementales dans les régions déser-
soyeux argenté d'une grande finesse tiques, notamment le Tatilalet.
et grappes de fleurs jaune d'or, très Coronilia viminatis Salisb. — En-
fournies. En mai, dans les Ida ou démique. Très belle papilionacée à
Tanan où il fut découvert en 1931, fleurs rose pâle répandant une odeur
cet adénocarpe donne un aspect suave ; feuillage élégant. Ile atteint
splendide aux collines qu'il couvre de 1.500 m., dans les rochers secs du
son manteau doré ; il croît sur cal- Grand-Atlas, sur schistes et sur cal-
caire de 1.300 à 1.650 mètres. caires.
Adenocarpus Bacquei Batt. et Pit. Hedysarum membranaceum Coss.
— Endémique très xérophile. Buis- — Endémique. Plante à port de
son atteignant au Djebel Sagho, envi- Relam, feuillage gris très fin, florai-
ron 2 m. de hauteur, intéressant par son estivale (juillet). Les gousses
son feuillage gris et ses fleurs jaune membraneuses restent longtemps
clair. suspendues aux tiges et contribuent
Cytisus Battandieri Maire. — En- à l'eflet ornemental.
démique. Superbe arbuste à feuil-
lage soyeux argenté, aux branches
Ebénits pinnata Ait. - Très xéro-
phile, cette sorte de Sainfoin à
retombantes garnies, en été, de très grappes de fleurs roses érigées, à
élégantes grappes allongées de fleurs feuillage, blanchâtre, prend un grand
dorées. Nettement calcifuge, ce Cy- développementà l'irrigation.
tise n'atteint son développement
normal qu'en terre franchement GÉRANIACÉES
acide. Geranium atlanticum Boiss. et
Cytisus grandiflorus D. C. var. Reut. et G. malviflorum Boiss. et
barbarus Maire. — Cette variété du Reut., sont deux espèces intéres-
Cytise à grandes fleurs, abondante en santes par leur port robuste et leurs
pays zaïan, est très florifère. grandes fleurs violettes.
Ononis Thomsoni Bail. — Endé- Erodium Moureti (Pit.) Batt. —
mique. Bonne plante de rocaille, cal- Sous-espèce endémique, très calci-
caire ou siliceuse, à fleurs rouges ; fuge, de l'E. tordytioides Munby,
elle croît jusqu'à 2.7.00 m. cette plante se recommande tout par-
Ononis pendula Desf. var. grandir ticulièrement pour garnir des ro-
flora Pau. — Grandes fleurs rose vio- chers frais ; ses racines tubercu-
lacé, inclinées. Un grand nombre leuses lui permettent de résister à une
d'Ononis annuels du Maroc pos- sécheresse très durable. Les fleurs
sèdent des fleurs élégantes, mais leur roses sont très jolies et fort nom-
culture est fort capricieuse ; 0. Ma- breuses de novembre à mai ; le feuil-
wecina Bail mérite particulièrement lage vert jaune abondant (jusqu'à
d'être mis en culture. 1 m. 50 de hauteur) est visqueux
Astragatus narbonensis Gouan ssp. et dégage une odeur éthérée. Un de
atlanticus Bail. — Cette Astragale, nos correspondants d'Europe nous
endémique du Grand-Atlas, atteint écrivait : « cette plante a fait le
de fortes dimensions (1 m. 50) et charme de tout mon hiver... »
ses énormes glomérules de fleurs Erodium guftatum L'Herit. var.
jaune canari sont amusants. A. ak- grandiflorum Batt. — Endémique.
kensis Coss. possède des variétés Magnifique par ses grandes fleurs
bleu violacé à centre noir velouté, pelons pour mémoire ces trois
cette petite espèce couvre les pelouses espèces cactoïdes spéciales au Maroc ;
rocailleuses aux environs de Sefrou elles sont aujourd'hui dans toutes les
en mars. collections d'Europe et chez tous les
L1NËES marchands.
Linum sul/ruticosum L. —: Di- Euphorbia nereidum Jah. et Maire.
verses variétés de ce Lin vivace sont — Endémique. Cette espèce est
ornementales (L. ericoides Pau, lyco- véritablement aquatique, croissant
podioides Batt., virgatum Hatt., etc.). au bord des étangs et des ruis-
seaux où elle dépasse 3 m. de hau-
POLYGALÉES teur. Elle est assez ornementale par
la teinte vert jaune de son feuillage
Polygala Balansae Coss. — Endé- abondant, rougissant à la fin de l'été ;
mique. Buisson rigide vert bleuté, floraison en juin.
se couvrant en mars de grandes Euphorbia Régis Juboe Webb. —
fleurs- veloutées, violet foncé et jaune.
L'eflet ornemental de cette Polygale Euphorbe feuillue, arborescente,
est considérable ; elle supporte la commune au Maroc et aux Canaries,
taille pour constituer des haies fleu- très voisine de 1 E. dendroides con-
ries- à la manière de Teucrium fruti- nue des Alpes maritimes.
cans. Probablement calcifuge. OMBELLIFÈRES
EUPHORBIACÉES
Eryngium sp. — Les Eryngium
Euphorbia resinifem Berg., E. sont nombreux au Maroc, avec cinq
Beaumierana Hook. et Coss.. E. espèces endémiques. Eryngium tri-
Echinus Hook. et Coss. — Nous rap- quetrum Vahl., E. ilicifolitim Coss.,
E. argyreum Maire sont intéressants COMPOSÉES
par les teintes bleu vif ou bleu vio- Bellis caerulescens Coss. — Endé-
lacé, qu'ils prennent en été. mique. Superbe pâquerette à fleurs
Eryngium variifolium Coss. — En - bleu pâle, parfois bleu foncé à
démique des ruisseaux et prairies 1 ombre, montant jusqu'à 2.800
tourbeuses du Grand-Atlas jusque m.
dans le Grand-Atlas, dont l'acclima-
vers 2.800 m. ; est particulièrement tation en Europe semble devoir être
ornemental. La tige florale s'élève aisée.
très droite, a près de 60 cm. et les Pulicaria mauritanica Coss. —
feuilles de état adulte sont vert
t
Plante velue laineuse des montagnes
sombre veinées de blanc ivoire. pré-sahariennes ; se recommande
DIPSACÉES
surtout par son odeur puissante et
agréable ; elle possède certainement
Pterocephalus depressus Coss. — le record du parfum, dans ces régions
Endémique. Petite plante appliquée, désertiques où cependant tous les
des coteaux arides de montagne, qui végétaux sont plus ou moins forte-
peut trouver sa place dans les jar- ment aromatiques.
dins ; elle est intéressante par les Perralderia purpurascens Coss. —
longues arêtes violettes de ses fruits. Voisine de la précédente, moins
Scabioaa marilima L. et S. semi- odorante, à fleurs verdâtres à la
papposaSalzm., présentent au Maroc, base et pourpres au sommet, très
des variétés à très grandes fleurs élégantes.
ornementales, mauves, roses ou-
bleutées ; plantes puissantes (2 m.),
-
Anvillea radiata Coss. et Dur. —-.
Composée saharienne vivace à
très rameuses. grands capitules radiés, de couleur
orange ; à la fin de l'été, les capitules des montagnes marocaines, très pro-
s'indurent et persistent avec leurs ches voisins des Chrysanthèmes, se
longs rayons, jusqu'à l'année sui- recommande pour garnir des ro-
vante. cailLes ensoleillées ; leur rusticité est
Odontospermum imbricatum Cav. très grande ; les fleurs varient du
feuillage vert foncé
— Buisson à blanc au rose vif. Nous citons : L. at-
persistant et capitules, nombreux et tanticum Bail.. L. Briquetii Maire,
serres, de fleurs jaunes. Excellent L. Catananche Bail., L. pseudo-Ca-
effet décoratif ; croît dans les sables tananche Maire, L. demnatense Murb.,
maritimes. L. Dyris Jah. et Maire, L. gayanurn
Santo/ina scariosa Bail. — Endé- (Coss. Dur.) Maire et ses variétés,
mique. Déjà connue dans les jardins L. Maresii (Coss.) Maire, L. Mairei
depuis dix ans, cette Santoline au Hum-b L. Nivelle?. Br-BI., L. maro-
,
parfum violent, à capitules orange, canum Bally, L. Redieri Maire. La
est à floraison estivale. connaissance plus approfondie des
Cladanthus arabicus Coss. — De- hauts sommets du Grand-Atlas orien-
puis longtemps connue des horticul- tal augmentera cette série
Kleinia antephorbium D. C. —
Endémique, Seneçon à tiges char-
nues érigées, susceptibles de mon-
ter, au sommet des arbres, non
à la façon des Lianes, mais eu
s'appuyant aux branches ; dans
le Souss, ce Kleinia développe
ainsi sa végétation jusqu'au som-
met des Arganiers ; floraison en
décembre.
Hertia (Othonnopsis) maroccana
(Batt.) Maire. — Endémique.
Composée vivace des régions sub-
désertiques, très florifère et élé-
gante
Warionia Saharae Coss. —> Ar-
buste à tronc subéreux épais, très
curieux par. ses larges feuilles
vertes extrêmement aromatiques
et ses gros capitules de fleurs
jaunes. De l'Atlantique au Sud
Oranais, on le trouve çà et là,
surtout sur les versants sahariens ;
dans le Goundafa à 2.000 m. iL
teurs, cette plan te aromatique éga- atteint un grand développement
lement algérienne, est surtout cu- (3 m. 50).
rieuse par la disposition des capitules Centaurea incana L. — Une variété
dont la couleur orange rappelle celle à fleurs pourpres des montagnes sub-
des Soucis. désertiques est très ornementale
Leucanthemum sp. — Toute une (abondante au Siroua).
série de Leucanthèmcs endémiques Amberboamuricatab.C. Grande

plante rameuse à larges Heurs vio- Scorzonerapygmaea Siblh. et Sm.
lettes, longuement rayonnantes, rap- — Plante naine, cespiteu&e ; ligules
pelant le Bleuet d'Europe. Un certain jaunes, pourprés à l'extérieur; odeur
nombre d'Amberboa endémiques, de une de chocolat.
couleurs diverses (violet. bleu, rose, Zollikofferia arborescens Batt. —
blanc, bleu et jaune, etc.) pourraient La plus grande des Launées suhdé-
être utilisés également. sertiques ; arbrisseau épineux, xéro-
Carthamnus fruticosus Maire. — phile, à feuillage bleuté, se couvrant
Endémique. Curieuse espèce vivace. de fleurs jaunes en été.
très épineuse, des zones désertiques. Andryala rnogadorensis Coss. —
Cirsium chrysacanthum Bail. — Endémique. Plante à duvet velouté
Endémique. Ce grand Chardon aqua- blanchâtre, capitules jaunes, des
tique des hautes montagnes méridio- sables maritimes, utilisable à la ma-
nales, atteint 3.000 m. au Djebel Si- nière du Diotis.
roua ; ses longues épines jaune d'or
en font une espèce vraiment orne- APOCYNÉES
mentale, propre à égayer le pour-
tour de pièces d'eau. Nerium Oleander L. — Le Lau-
rier-Rose est très. variable dans le
Catananche caespitosa Desf. — Grand-Atlas ; dans les vallées de la
Espèce pour jardins alpins, formant Reraïa, du N'Fis, de l'Agoundis, du
d'épais coussinets qui se couvrent Touguensa nous l'avons vu à fleurs
de grandes tleursjaune brillant, d'un blanches, rose très pâle, rose jau-
etlet très remarquable. nâtre. Dans le Rif et dans le Sagho,
Picris albida Bail. — Endémique il est souvent parasité par le Gui à
très xérophile à fleurs blanc crème. fruits rouges, Viscum cruciatum.
ASCLÉPIADÉES blanches et feuillage soyeux, est éga-
Péri[dora laevigala Ait. — Ce lement intéressant.
grand arbuste, abondant dans les Convolvulus leucochnous Benoist.
— Liseron à grandes fleurs roses
savanes du Sud, est très élégant
grâce à ses jeunes tiges volubiles,
garnies de Heurs rouges bordées de
à
groupées feuillage blanchâtre,crois-
sant sur les schistes secs du Moyen-
jaune et ses fruits volumineux, lais- Atlas et très recommandable pour
sant échapper à maturité des soies les rocailles ensoleillées.
brillantes. Convoivu lus saIJatius, Viv., var.
Caiotropis procera Willd. — Ar- atlanticus Bail. — Avec C. maurita-
buste appartenant à la flore sub- nicus Boiss.. ce Liseron fournil des
tropicale, mais sans doute suscep- formes a grandes tleurs mauves ou
tible d1 acclimatation dans le Midi bleues. intéressantes pour la garni-
de la France. Ses larges feuilles ture des haies vives.
blanchâtres, ses grappes de fleurs Convolvulus gharbensis liait, et
blanches a l'extérieur, violettes à Pit. — Endémique. Ce superbe Lise-
l'intérieur rappelant par leur forme ron. il fleurs bleu foncé groupées en
celles des Stercuiia et en fin ses fruits glomérules, se partage avec C. trico-
globuleux gonflés d'air, en font une lor, les terres noires du Maroc sep-
curiosité du Sahara ; il est toujours tentrional. Tres florifère, c'est une
cité parles voyageurs qui le nomment des plus belles espèces annuelles de
généralement, à cause de son latex la flore endémique.
abondant, une Euphorbe. Le Calo- Convolvulus Trabulianus Scliw. et
tropis remonte jusqu'à Agadir, à Muschl. — Buisson a ramuscules
petite distance je l'Océan. indurés, très xérophile. des contins
Perg alaria tomentosa L. — Ar- sahariens ; c'est toujours une sur-
buste volubile tomenteux des mêmes prise pour le voyageur, que de voir
régions (abondant dans le Dràa). de petites fleurs blanches de Liseron,
sur ce buisson épineux que rien
STAPELIACÉES d'autre ne paraît séparer des « herbes
Caralluma et lioucerosia sp. — La à chameau » du désert environnant.
série algéro-marocaine des Stapélia-
cées à tiges cactoïdes est fort intéres- SOLANÉES
sante ; citons surtout Caralluma Hes- Trig uera ambrosiaca Cav. —
péridii m Jali. et Maire, ornementale Plante annuelle à grandes fleurs
par ses tiges marbrées de brun et de violetle> élégantes, mais éphémères ;
vert. habite les terres noires argileuses
CONVOLVULACÉES
du Maroc septentrional
Convolvulus suffruticosus Desf. var. Celsia sp. — Les Celsia sont nom-
sulfureus Bat t. i— var mellijlorus breuses au Maroc et toutes il grandes
Pau). — Variété endémique des fleurs jaunes, lavées de rouge, à
steppes du Maroc oriental où nous odeur suave. L'espèce la plus élé-
l'avons découverte en 1920 et retrou- gante, par son feuillage et son port,
vée depuis jusqu'au Tafilalet; ce Li- nous paraît être Celsia lyrala Don..
seron vivace a fleurs jaunes est extrê- mais ('. Faurei Murl) et C, zaianica
mement élégant. C. supinus Coss. et Murb. sont intéressantes par leurs
Kral.. des mêmes régions, à fleurs grandes dimensions.
SCROFULARIÉES très belle. Enfin L. gharbensis est
Linaria sagittata Steud. — Linaire également très variable passant du
^
grimpante, à feuillage très fin, linéaire jaune et blanc au jaune et violet,
dans une variété, et à grandes fleurs plantes plus ou moins rameuses,
jaunes portées par de légers pédi- fleurs plus ou moins grandes.
celhes filiformes. Linaria ventricosa Coss. — Endé-
Linaria Brousaonetii Chav. — En- mique. Grande espèce vivace ( 1 m. 50),

démique. Petite plante annuelle à aujourd'hui bien connue, à feuillage


fleurs jaune d'or, ponctuées de glauque et grandes fleurs jaune
pourpre, émettant une forte odeur striées de rouge. se succédant de jan-
de miel.
- >
vier à juillet. La variété Gaulisii
Linaria bipartita Willd. — Cette Humbert. de la vallée du Ziz, a des
espèce polymorphe est depuis long- fleurs de couleur jaune canari.
temps utilisée en horticulture. Le Linaria tristis Mill. — Très belle
Maroc peut encore fournir des varié- espèce des rochers calcaires du Moyen-
tés spontanées intéressantes, par Atlas à fleurs blanc crème, en grappes
exemple var. afougueurensis (Batt.) très fournies.
Maire, grands panicules de fleurs LABIÉES
d'un violet noir velouté admirable ;
Linaria Zaborskiana Emb., hybride Lavandula sp. — Les Lavandes
de la précédente variété avec L.ghar- sont abondantes dans les montagnes
bensis Batt. et-Pit., à fleurs violet et méridionales du Maroc et dans la
jaune. Nous possédons une variété zône désertique ; outre les espèces
non dénommée de couleur rose vif déjà connues des horticulteurs, telles
que L. multfida L. cl L. dentata L., color Desf. — Sauges annuelles
il faut citer L. atlantica Br.-Bl., atteignant un grand développement
L. coronopifolia brevidens llumb. et (2 ni. ), à très grandes panicules ; co-
sa variété ziziana llumb., L. Mairei roUes de 3 cm., bleues pour la pre-
Humb., A. maroccana Murb., L. mière et bleues à lobe médian blanc
lenuisecta Cosson, Larandula Mairei pour la seconde ; très ornementales,
est particulièrement aromatique, à ces plantes semblent indiquées pour
odeur d'ailleurs variable ; elle cons- la constitution de massifs lieu ris.
titue vraisemblablement un groupe Salvia pseudobicolor Batt. et Pit.,
de petites espèces il distinguer. Elle endérnique, est une Sauge du même
est abondante sur les versants sud groupe, à fleurs violet foncé fort
du Grand-Atlas, dans l'Anti-Atlas et jolies.
le Sagho. Sa/via taraxacifolia Coss. — Endé-
Ment lui Gattefossei Maire. — Endé- mique. Plante vivace à rosettes de
mique. Petite Menthe stolonifère, feuilles dentées, panicules minces a
des- bords humides des ruisseaux et calices épineux, portant de très
des lacs de montagne, vicariante de belles fleurs blanches ou i-oses qui
Preslia Cervina d'Europe ; floraison répandent au loin une délicieuse
estivale, odeur très fine. Elle donne odeur d'oranger ; elle s'acclimate
en culture un excellent gazon aro- bien en France, car elle atteint 3.000
matique et florifère. mètres dans le Grand-Atlas.
Thymus Broussonelii Boiss. — En- Stachy s Durandiana Coss.— Plan te
démique. Très belle plantearomatique puissante à fleurs roses, utilisable en
atteignant un mètre et se couvrant massifs.
de grappes de fleurs rouges très élé- Nepeta Apulei Ucria. — Plante
gantes, durant tout le printemps ; puissante, rameuse, a longs épis de
excellent condiment culinaire. fleurs rouges saillantes.
Salvia Moureti Batt. et Pit. (= S. Cleonio lusitanica, L. — Espèce
maroccana Batt.). — Endémique. xérophile à tige simple portant un
Sauge annuelle à fleurs violettes, épis dense de grandes Ileurs bleues
répandant une forte odeur citronnée. maculées de blanc.
Salvia Aucheri Benth. et S. inter- Phlomis Bovei de Noé et P. mauri-
rupta Sehousboe. — Ce sont de tanica Munb. — Plantes tomenteuses
petits arbrisseaux à grandes pani- puissantes ; grandes corolles à
cules de fleurs violettes : certaines casque recourbé, jaunes ou roses.
variétés ou sous-espèces sont très Teucrium sp. — Les Germandrées
élégantes. Signalons particulièrement vivaces des montagnes méridionales
S. Hlancoana Webb et Heldr., var. du Maroc sont nombreuses et inté-
tananica Maire, grandes fleurs rouges, ressantes ; nous ne les avons pas
découverte en 1932 dans les Ida-ou- encore étudiées en culture et citerons
Tanan. provisoirement T. cincinnalum Maire
Salvia phlomoides Asso. — Espèce aux grands calices et bractées vert
aromatique à feuillage tomenteux jaune, T. capitatum majoricum Rony
• n
très blanc à très grandes corolles très aromatique et T. collinum Coss.
blanches ou bleutées ; atteint 2.000 m. Teucrium fruticans L. — Cet ar-
dans le Mo yen-Atlas. buste est assez variable au Maroc,
Salvia a/geriémis Desf. et S. bi- les fleurs passant du bleu très clair
au nord, au bleu foncé au sud ; les dunes de Mogador où il provoque
variétés désertiques ont un feuillage l'enthousiasme des touristes.
très réduit, feuilles blanches enrou-
lées (exemple : var. spinescens Maire.) PLOMBAGINÉES
Teucrium Gattejossei Emberger. Limoniastrum monopetalurn Boiss. '

— Parmi les Germandrées sousfru- — Arbuste de m. 50 très rameux,


1

tescentes des ro-


chers, à tiges grê-
les et cassantes,
plusieurs espèces
du Maroc pour-
raient être utilisées
pour la garniture
des rocailles; nous
indiquons 7. Gat-
tejossei récemment
découvert, qui se
signale par son
feuillage velu vis-
queux, aromatique
et ses fleurs tantôt
blanches, tantôt
rouges ou jaunes.
VERBÉNACÉES
Vitex Agnus-
Castus L. — Arbre
de 4 à 6 mètres très
répandu dans le lit des rivières. Dans en culture, à Heurs grandes, rose
le Grand-Atlas, il est variable ; les violacé, élégantes ; on le rencontre
grappes florales sont tantôt courtes dans les estuaires marécageux où il
et arrondies, tantôt très allongées et supporte une forte salinité.
cylindriques ; les fleurs varient du Limoniastrum Feei Balt. — Endé-
bleu au violet, et très rarement du mique des steppes désertiques, ce
blanc au rose. Ces variations orne- petit buisson de croissance lente, est
mentales forment desplendides sous- curieux par ses épis floraux couverts
bois, en juillet, dans les hautes vallées de longs poils violets.
du Souss (Tifnout, Agaouz, etc.).. Statice Bonduelli Lestib. — Voisin
du S. sinuata des horticulteurs, avec
PR1MULACÉES
lequel il s'hybride d'ailleurs facile-
Anagaliis Monelli L. var. collina ment, ce statice très xérophile est
Schousboe. — Magnifique Mourron une espèce endémique saharienne à
à grandes fleurs rouge vermillon, calice persistant jaune d or éclatant,
depuis longtemps introduit dans les parfois jaune pâle ; c'est une excel-
jardins d'Europe. Fréquent dans les lente acquisition pour les jardins.
haies du Maroc central, il prend un Statice Thouini Viv. — Espèce xé-
développement exceptionnel dans les rophile à scapes très ailés, calice bleu.
se décolorant rapidement, fleurs Statice ferulacea L. — Espèce à
blanches ou jaunes. rameaux couverts de ramuscules -et
Statice mucronata L. f. — Endé- de bractées scarieuses, lui donnant
mique. Espèce très variable, à calices un peu l'aspect d'un Ephedra ; fleurs
et fleurs roses, curieuse par ses appen- rose bleuté éphémères;
dices foliacés très développés ; elle Statice omata Bail. — Endémique
prend un grand dé-veloppement sur des plages salées des rivières du Sud-
le littoral méridional du Maroc, de marocain (Oum-er-Rbia, Tensift). Ce
Safi à Tiznit et dans les savanes à statice est très élégant et destiné à
.
Arganiers, sur lesquels elle monte, une belle carrière horticole. La plante
sans être volubile, à la manière des très rameuse, est d'une grande légè-
Kleinia. reté et couvertes de fleurs roses très
Statice asparagoides Coss. et Dur. petites ; les calices persistants sont
d'un rouge très vif permettant de
— Panicules courts, terminaux, à faire des bouquets secs de toute
calices et fleurs rose purpurin, d'un
très bel effet ornemental ; calices beauté.
persistants. Limoniutn fallax (Coss.) Maire. —
Statice pruinosa L. — Plante ra- Endémique de la savane d'Arganiers
meuse très florifère atteignant0 m. 60, du Souss, cette espèce à tiges ailées
à feuillage et ramuscules d'une grande et fleurs roses est très élégante.
finesse, calices et corolles roses ou
pourpres ; espèce ornementale des
sebkhras salées des régions déser-
tiques (Ouarzazat). Nous avons laissé volontairement
Statice ovalijolia. Poir. — Endé- de côte, dans notre énumération, les
mique des estuaires de la côte atlan- CAMPANULACÉES, parce qu'elles n'inté-
tique à grandes corolles roses. Toute ressent qu'un petit nombre d'ama-
une série d'espèces voisines (S. ly- teurs; mais nous y reviendrons par
chnidi/oliadeGir.. S. Duriaei de Gir., ailleurs. Il est certain toutefois que
S. oleaejolia Scop., etc) ont également nos recherches ultérieures dans les
de jolies fleurs roses ou pourpres, montagnes marocaines et nos essais
nombreuses mais éphémères, large- d'acclimatation, nous permettront
ment ouvertes le matin : les calices par la suite de publier des additions
sont sans intérêt. à ce premier essai.
NOTES SCIENTIFIQUES "

DESCRIPTION
DE COLÉOPTÈRES LUCANIDES
par
le Dr ROBERT DIDIER

Nous donnons ici la description et la voisin des Scortizus, alors que BOILEAU le
figure d'un Insecte de Bolivie, espèce rare rapprochait de certains Cladognathides,
dont seuls quelques spé- l'y plaçant entre les
cimens sont connus, Cyclommatus, Leptinop-
d'un aspect bizarre et terus et Cantharolethrus,
de forme très élégante. en raison des caractères
11. BOILEAU a décrit et des antennes, de la lon-
liguré le mâle ; la fe- gueur des pattes et du
melle n'était, pas encore développement des
connue jusqu'il ce jour. mandibules.
Le genre Auxicerus a Voici les caractères
été isolépar WATERHOUSE de cet Insecte et la des-
en lb83 dans les Annals cription de la femelle.
and May. A -al. Hist.,
puis repris par BOILEAU Auxicerus
en 1891 sous le nom multicolor BOIL.
de Calodaemon. BOlLEAU, (Le Naturaliste. 1897,
tout en notant une simi-
litude dans les deux p. 248).
genres ne les croyait pas Jlâle. — La tète est
identiques. En effet. large, trapézoïdale, lé-
WATERHOUSE considérait gèrement bombée en
dans sa description le arrière, plane et inclinée
nouveau genre comme en avant; les angles an-
térieurs; légèrement di-
(1) Voir La Terre et la vergents, se prolongent
Jïe 1934. N, 2 et N 3. par une nervure hori-
zontale terminée en pointe aiguë ; yeux Insecte presque entièrement recouvert
petits, peu sa;lIants, à demi échancrés en sur sa partie supérieure de squamules
avant; les joues portent en dehors un assez étroites, allongées. d'un jaune un
petit tubercule assez aigu. peu roussâtre. avec des parties lisses et
Mandibules longues, fortement arquées, brillantes et des taches veloutées sur les
falciformes, plus larges et ponctuées sur élytres.
les 3/5' de leur longueur à partir de la
base, puis décroissant régulièrement,
deviennent lisses vers la pointe qui est
aiguë ; sur leur bord interne, deux dents
obtuses et une dent moyenne inclinée en
arrière, et six ou sept denticules peu
marqués.
Sur les 2/5e de leur longueur, en haut,
une carène assez forte part de l'angle
basal externe et se dirige vers le milieu
de la mandibule où elle diminue de hau-
teur et disparait ; sur le bord externe,
une carène naîtducôté de la base et se
termine brusquement vers la pointe. An-
tennes longues, grêles, à scape long et
flexueux ; articles du fouet légèrement
allongés ; articles 8 et f) dilatés, brillants,
à face antérieure de la lamelle seule spon-
gieuse ; article 10 en forme de poire,
aplati, brillant à la base seulement.
Menton petit, arrondi sur les angles,
légèrement échancré, ponctué.
Prothornx transversal, bombé, peu sinué
en avant, finement bordé ; angles anté-
rieurs courl s, assez aigus ; côtés latéraux
presque parallèles, légèrement crénelés,
échancrés en arrière avec deux dents. sail-
lantes et aiguës.
Partie médiane formée par une large
bande brillante à peine ponctuée, séparée
en deux par un étroit sillon. Ecusson ogi-
val à angles arrondis, ponctué.
Elytres courts, avec une légère épine Couleur noire, nuancée de rouge et dé
jaune; mandibules brun rougeàtre à
aux épaules, assez brusquement atténués pointe noire.
à l'extrémité ; surfacè ponctuée avec deux
côtes longitudinales sinueuses peu mar- Longueur totale — mandibules in-
quées. En dessous, prosternum légère- cluses =: 13,5 àr 17 mm.
ment comprimé, formant une petite saillie
arrondie; mésosternum un peu excavé.
=
Longueur des mandibules 4 à 6.5
mm.
Pattes longues ; fémurs antérieurs im- Largeur maxima au prothorax = 4 à
pressionnés ; tibias postérieurs et mé- 6,5 mm.
dians inermes. un peu plus longs que les
fémurs; tibias antérieurs armés sur le TYPE.

Bolivie. Collection R. DIDIER.
bord externe de trois dents assez fortes ex. Collect. BOILEAU,
qt très aiguës et d'une dent plus petite en Femelle. — Tète plus petite que le pro-
plus de la fourche terminale. thorax. légèrement inclinée en avant,
fortement ponctuée ; angles antérieurs que chez le mâle, avec le bord externe
arrondis, œil peu saillant, le 1/3 supérieur convexe en son milieu, se terminent en
seulement est divisé par les canthus. pointe ; leur surface est assez fortement
Mandibules -convexes en dehors, caré- granuleuse]et ponctuée avec des traces de
nées en avant, à pointe aiguë avec deux lignes.
dents sur le bord interne. Pattes assez allongées ; tibias anté-
Antennes il scape assez robuste ; 2e ar- rieurs armés de 3 à 4 dents sur le bord
ticlo plus long que les suivants ; articles externe, en plus de la fourche ; tibias
du peigne identiques A ceux du mâle. médians' et postérieurs avec une épine.
Prothorax bombé, à surface brillante Même couleur que chez le mâle avec
fortement ponctuée ; angles antérieurs des parties lisses et brillantes, des taches
assez aigus ; côtés latéraux légèrement et des squamules éparses.
divergents, échancrés en arrière avec Longueur totale, mandibules incluses
deux dents moins aiguës que chez le mâle.
Partie médiane séparée -en deux par un
= 10 mm.
Largeur maxima au prothorax = 4 mm.
sillon assez large. Ecusson ogival, ponc-
tué. TYPE.

Bolivie : Coraico (Collection
Les élytres, relativement plus allongés R. DIDIER).
VARIÉTÉS

L'AVOCETTE RÉOURVIROSTRE l'attention. Il est à nul pareil, long — il


L'Avocette récurvirostre (Recurviroslra
peut atteindre de 17 à 18 cm. — flexible et
avoseita L.) qu'on rencontre dans presque surtout curieusement retroussé ; pardessus
le marché, il est très mince.
toute l'Europe, en Afrique et en Asie, est Représentez-vous pour le surplus une
un Oiseau fort étrange en même temps oiselle grosse à peu près comme un Van-
qu'un superbe spécimen de la. gent ailée.
Elle est remarquable par sa livrée, sa neau, hissé sur deux longues jambes
d'un gris bleuâtre et s'avançant sur des
forme et surtout ses mœurs tout à fait pattes palmées, balançant un cou assez
typiques. grand, le plus souvent courbé en S. De cet
Sa livrée tout d'abord. Le blanc pur assemblage bizarre il est néanmoins ré-
,

domine dans son plumage ; mais l'Oiseau sulté un Oiseau fort élégant à la démarche
se pare aussi magnifiquementd'un superbe aisée et facile, d'un charme particulier.
casque d'ébène qui en une ligne d'un noir Nous possédons sur les mœurs de l'Avo-
profond se continue le long de la nuque.
De même les petites et les moyennes cou-
cette, maints renseignements se contredi-
sant souvent les uns les autres. Les obser-
vertures des ailes et des rémiges sont d'un vateurs qui ont parlé de cet Oiseau sont
noir tiès chaud, l'opposition de ce blanc néanmoins d'accord assez régulièrement
et de ce noir faisant merveille.
Mais plus encore que ce contraste dans sur la composition de sa nourriture. Vers,
larves, Insèctes aquatiques de divers
les couleurs, le bec de l'Avocette retient
genres, petits Crustacés, en forment la
base, soit qu'il les cherche sur le sable des
plages, soit que, s'avançant dans l'eau,
tantôt marchant tranquillement, tantôt
nageant, il se livre à la pêche des mêmes
animaux dont il fait sa proie.
L'Avocette est un volatile plutôt craintif
qui fuit l'homme dès qu'il a appris à le
connaître. Il n'a malheureusement guère
à se louer de son voisinage, car on le pour-
chasse assez souvent et ce bel Oiseau
apparait assez fréquemment sur les mar-
chés.
Ses mœurs comme nidificateur sont
assez semblables fi celles de la majorité
des Oiseaux aquatiques. S'établissant de
coutume sur les bords de la mer, d'un
fleuve, d'un marais saumâtre, l'Avocette
construit sur le sable ou sur la vase, à
l'aide de matériaux divers qu'elle recueille
à proximité, un nid assez primitif, fort peu
artistique, qu'elle ne prend pas la peine
de dissimuler.
La femelle y pond deux il quatre œufs, C'était un beau poussin, couvert de du-
à coquille mate, de la grosseur de ceux vet soyeux et épais, lavé sur les parties
du Vanneau, également piriformes. L'in- supérieures de fauve et de cendré et semé
cubation dure de il à 18 jours; le mâle de taches et de bandes disposées assez
et la femelle se relayent pour couver. Ils irrégulièrement et noirâtres. Une de ces
ne le font pas assidûment, ils agissent à bandes formait une sorte de demi-cercle
cet égard comme la
plupart des Oiseaux
de mer qui laissent
au soleil, pendant la
plus grande partie de
la journée, le soin de
les réchauffer et ne
viennent (lue le soir,
à moins que le ciel
ne se couvre et ne
menace d'un orage.
Nous avons dit que
l'Avocette est un Oi-
seau craintif, difficile
à approcher. Cepen-
dant le docteur Allen,
sa va ut or iii tho l ogiste
de l'Université de
Cornell. a pu, gràce
à une tente abri, ob-
server un couple d'A-
te
vocel américaine
— espèce voisine de
la précédente — en
train de couver et
voici ce qu'il lui a été donné de constater. autour du bassin. Les parties inférieures,
Ayant vu ces deux Oiseaux près du ri- gorge et ventre, de mème que l'extrémité
vage où il venait d'aborder, il comprit vite des ailes étaient blanches, l'abdomen
à leur agitation flue leur nid se trouvait à étant teinté de fauve pâle.
proximité. L'attitude des parents lorsqu'ils L'oisillon ne s'attarda pas longtemps sur
l'aperçurent et leurs tentatives pour attirer son berceau ; il partit en se dandinant sur
son attention dans un autre sens étaient ses pattes branlantes avec les ailes tendues
des plus intéressantes à observer. Il finit pour se maintenir en équilibre.
par découvrir le nid qui contenait trois A un cri d'alarme poussé par ses pa-
œufs de teinte jaune olivâtre, tachetés de rents il s'aplatit sur le sol, immobile, le cou
cendré, de violet, avec des macules su- allongé. Il était alors difficile de le distin-
perficielles couleur chocolat. guer des pierres environnantes.
Après avoir dressé avec beaucoup de Le Dr Allen le remit dans son nid ; le
précautions sa tente-abri il une distance temps de retourner à sa tente-abri et
assez proche pour permettre une obser- le jeune vagabond avait disparu sans qu'il
vation suivie, il se retira afin de ne pas lui fut possible de le retrouver.
effrayer le couple qui n'avait pas osé re- Réinstallé dans sa cachette avec l'espoir
venir pendant ses préparatifs. Le lende- de pouvoir étudier la vie domestique des
main étant retourné à son observatoire, parents, il attendit pendant deux heures.
il trouva un œuf éclos ; le jeune était posé La femelle finit par aborder dans l'île,
sur le bord même du nid faisant entendre mais elle se tenait toujours à une assez
un appel strident. grande distance.
grande quantité : trois récoltes de lé- Biologica a mentionné (1911, N° 2) le cas
gumes peuvent y être obtenues chaque d'un enfant, né en Amérique, avec une
année dans le même champ. queue mesurant 4 cm. 5 de long. Cet
La température y est particulièrement appendice croissait avec l'âge. A 2 mois,
clémente, et la neige à peu près inconnue. il mesurait 5 cm. et 7 cm. à 7 mois. Un
Près de la pointe orientale de l'ile, chirurgien en pratiqua l'ablation et la
M. G. Delaselle a créé une propriété qui même revue publiait (1911, n°3) la photo-
mérite d'être visitée : la Villa Ste Anne, graphie d'après nature, de la région coccy-
plus connue dans le pays sous le nom de gienne de l'enfant.et la coupe longitudinale
Jardin Colonial. de l'appendice. L'une et l'autre étaient
Il y a une trentaine d'années, M. Dela- empruntées à Harrison (Proc. of Ass. Amer.
selle a fait creuser une petite vallée artifi- Anat., 1900). Le premier article signalé
cielle au milieu de la dune. Ce travail a ci-dessus rapporta que cette queue était
mis à jour, au niveau du sol primitif, une couverte de poils très fins. « Elle se mou-
station préhistorique très intéressante avec vait quand l'enfant était irrité, toussait
ses tombeaux, ses. dalles taillées, ainsi ou criait ».
que des instruments en pierre taillée et Une des plus longues queues humaines
polie. signalées est celle dont était porteur un
Dans cette dépression artificielle, en- jeune Moi, âgé d'une douzaine d'années.
tourée d'unbosquet de Conifères qui l'a- Elle mesurait 25 cm. de long.
brite des vents du large, on est surpris de C'est encore au pays moï que Paul
trouver une végétation tout à fait analogue p.
d'Enjoy (L'Anthropologie, 1896, 531.), au
à celle des jardins du Midi: grands Agaves cours d'un voyage effectué en 1890, vit
qui fleurissent et fructifient. Phœnix Ca- ses gens surprendre un homme récoltant
nariensis, Cordylma indivisa, de plusieurs du miel sur un grand arbre, et qui fut
mètres de hauteur. Mimosas, Eucalyptus, trouvé pourvu d'un appendice caudal. Les
Rodostachys, Véroniques, etc. Annamites qui accompagnaient l'explora-
La photographie ci-jointe, qui repré- teur s'écrièrent : « C'est un Singe ! »
sente une touffe de Phormium tenax à (Con Khi). Avant de s'enfuir le Moï voulut
feuilles panachées dont les hampes 'flo- bien raconter que les hommes de sa race
rales mesurent près de quatre mètres et possédaient tous, autrefois, un appendice
les feuilles deux mètres cinquante, té- caudal très développé. « Les unions
moigne de cette végétation remarquable. contractées avec les populations voisines
Cette petite propriété est malheureuse- auraient peu à peu abâtardi la race et
ment à vendre. Nous ne pouvons que sou- tendraient à faire disparaître le signe dis-
haiter qu'un amateur éclairé, séduit par tinctifqui fait l'orgueil de ces peuplades ».
le charma de ce coin pittoresque, y conti- Enfin, d'après Biologica, les médecins
mie l'œuvre d'acclimatation entreprise par militaires grecs ont souvent signalé l'exis-
son propriétaire actuel. tence sur la région coccygienne de nom-
Y. BAZIN de JESSEY.
breux soldats, d'une petite touffe de poils
(( rappelant l'aspect que les sculpteurs
antiques donnaient à la queue de leurs
" satyres, de leurs faunes et de leurs agi-
HOMMES A QUEUE.
pans ». ' '
Quelques quotidiens ontsignalé, au début Il n'est pas surprenant de constater
de lévrier dernier, la naissance à Londres qu'on ait voulu considérer comme un
d 'une fillette munie d'une queue compa- rappel atavique, l'apparition d'une queue
j'able à celle d'un Cochon. Nous ne savons chez l'homme. Cependant, dans cette
si l'information est exacte. Mais on pos- queue, on n'a trouvé ni vertèbres, ni
sède d'assez -nombreuses observations traces de corde dorsale ou de moelle.
concernant des hommes possédant une L'appendice ne contient que des « muscles,
queue plus ou moins développée. La revue des vaisseaux et des nerfs dans un tissu
conjonctif riche en graisse. » Ces queues, p. 734) le Dl Verneau rappelle la nouvelle
molles. sont des appendices musculo-cu- sensationnelle, (lui, à l'époque où il écri-
tanés et il t'ant voir en elles des cas téra- vait, avait fait le tour de la presse. A l'in-
to logiques. térieur de la Nouvelle-Guinée, un voya-
Mais, à côté de ces observations plus ou geur aurait découvert une tribu dont tous
moins précises, des voyageurs ont pu si- les membres seraient pourvus d'un appen-
gnaler l'exislence de races d'hommes à dice caudal, aussi long que celui des
queue. Par exemple, celle qui vivait à Su- Singes. A la rigueur pour ceci, passe ell-
matra. selon Marco Polo et dont les repré- core. Mais voici la suite du récit de l'ex-
sentants étaient munis d'une queue grosse plorateur que les uns ont dit Anglais, les
comme celle des chiens. Un habitant de autres Américain. Les sauvages en (lues-
Formose aurait été vu avec une queue tion se construisent des habitations sur
dont la longueur excédait un pied. était pilotis, dont le plancher offre la particula-
couverte d'un poil roux et semblable à rité de présenter, entre les planches, des
celle d'un Bœuf. L'auteur auquel nous ouvertures soigneusement ménagées. Ces
empruntons ces détails Biologica, 1911. ouvertures n'ont d'autre but que de per-
n° 2) pense que ces explorateurs ont mettre aux-dits sauvages de laisser pendre
pris des Singes pour des hommes ou leur queue au dehors lorsqu'ils s'étendent
« comme cela est prouvé pour la race des pour dormir. Ces hommes Ù queue ont le
Niams-Xiams » ont confondu avec une sommeil dur ou du moins leur appendice
queue. « la bande de cuir pendant entre caudal n'offre point une très grande sensi-
les jambes des indigènes de l'Afrique bilité. car l'explorateurfacétieux, eut l'idée
centrale. » d'attacher l'une il l'autre les queues de
Après les mauvaises observations, laites deux des habitants d'une case. pendant
de bonne foi. voici l'humour et la mys- leur sieste. Il est hors de doute que notre
tification. Anglais ou notre Américain, portail en lui
Dans l'Anthropologie. encore. (1910, un certain nombre des qualités requises
pour recevoir le titre d'« explorateur » —
du moins par la « grande » presse. Mais
il faut avouer qu'il manquait de curiosité.
Si j'avais eu la bonne fortune de pouvoir
lier l'un il l'autre, l'appendice caudal de
deux sauvages dormant sur leur plancher
à claire-voie j'aurais attendu le réveil !

VISIONS DE SUISSE
On sait combien les animaux, même
réputés féroces, deviennent confiants, par-
fois même familiers, dans les parcs natio-
naux ou réserves naturelles dignes de ce
nom. dans des lieux où l'homrneest admis
pour prendre contact avec la nature, autre-
ment que par l'intermédiaire d'un fusil ou
d'une hache.
A ce propos les lecteurs de la Terre et
la Vie se rappellent le cas des Ours du
Yellowstone. Madame A. Feuiliée-Billot a
bien voulu nous communiquer les deux
bettes photographies que nous reprodui-
sons ici avec plaisir'.Elles ont été adressées
il la Ligue française pour
la Protect ion des
Oiseaux, par la baronne de Brimont et et sur les doigts de la jeune femme.
prises en Suisse par une de ses amies. (( Elles furent imitées par un Ecureuil,

« Au bout de sept ou huit jours nous plus hardi que ses congénères qui sem-
écrit Madame A. Feuillée-Billot, la prome- blaient le regarder avec envie.
neuse eut le plaisir de voir les Oiseaux « Les gracieux documents que sont ces
répondre à ses appels et venir manger deux clichés prouvent éloquemment com-
dans sa main. bien est grande la confiance des'auimaux
« Des Mésanges surtout, se montraient dans les pays où les lois protectrices sont
familières, se perchaient sur les épaules appliquées et respectées. »'
NOUVELLES _
ET INFORMATIONS

Ephémérides du Muséum. — TRAVAUX



Sur l'appareil respiratoire du Tapirus
FAITS DANS LES LABORATOIRES AU COURS DE indicus. Bulletin du Muséum, 1933.
L'ANNÉE 1933.
— Les métissages de l'île Pitoairn. L'An-
Le Comité de rédaction de La Terre et la thropologie, 1933.
Vie a demandé aux professeurs du Muséum —
Mégalithes abyssins et mégalithes
national d'Histoire naturelle dirigeant des indiens (Remarques sur l'interpréta-
laboratoires spécialisés dans les sciences tion de certains détails de leur orne-
naturelles, de bien vouloir lui adresser la mentation). L'Anthropologie, 1932.
liste des travaux effectués dans leur service —
L'espèce, la race et le métissage en
en 1933. Notre revue pense être utile à un Anthropologie. Arch. de l'Institut de
certain nombre de ses lecteurs en assurant Paléontologie humaine, novembre 1933.
celte publication. Le Comité de rédaction L. SEMICIIOX, Assistant. Sur un pro-
remercie très vivement les professeurs qui —
duit qui accompagne le -glycogène
ont déjà répondu favorablement à sa dans le corps adipeux des Chenilles. —
demande. Nous ne pouvons donner aujourd' Bulletin de la Société entomologique de
hui qu'une partie des documents reçus. France, 1933.
Celle publication sera continuée dans les P. CLAVELIN. Assistant. — Sur un plan
numéros suivants. d'orientation du maxillaire- inférieur.
Revue de Stomatologie, tonie 34,
ANATOMIE COMPARÉE décembre 1932.
R. ANTHONY, Professeur. La théorie den- Mlle M. FHIANT,

Contribution à iiétude

taire de la multituberculidie. — Revue de la différenciation des dents jugales
Anthropologique; janvier-mars 4933. chez les Mammifères. Essai d'une
A propos de la nomenclature géné-
théorie de la dentition (Thèse de Doc-

rique de la classification des Pri- torat es-Sciences naturelles). — Publi-
cations du Muséum national d'Histoire
mates dans la monographie de D. Naturelle. N° 4.
G. ELLIOT. Bulletin de la Société

Zoologique de France, 27 juin 1933. — A propos
de la dentition d'un repré-
sentant éocène du groupe des Tubuli-

Présence d'une prémolaire chez l'Ele- dentata. — Bulletin du Muséum nul io-
plias imperator Leidy (en collaboration nal d'Histoire Naturelle, L933.
avec G. PONTIER). Comptes Rendus de La régression de la lèvre supérieure au
l'Académie des Sciences, 29 mai 4933. —
Le Neopallium des Procyonidés (en
cours de l'ontogénie chez l'Eléphant.
— —
Comptesrendus de l'Académie des
collaboration avec J. BOTAR). Volume Sciences, 20 mars 1933.
commémoratif de d'Orbigny. Publica- La disparition do la lèvre supérieure
tions du Muséum, N- 3. 19b3. —
Recherches sur les Incisives supé- au cours du développement chez les
— Proboscidiens. — Comptes rendus de
rieures des Elephantidue actuels et l'Association des Anatomistes, Lisbon-
fossiles. — Archives du Muséum, 1933. ne. mars 1933.
H. NEUYILLE. Sous-Directeur de labora- d'un cas de persistance de la
toire. — Seconde note préliminaire — A propos
dentition temporaire chez un homme
sur l'organisation du pied des Elé- adulte. — Re-vue Anthropologique, juil-
phants. Bulletin du Muséum, 1933. let-septembre 1933.

Les affinités de l' Issiodoromys, Ron- —
L'état actuel de l'Esturgeon dans le
geur de l'Oligocène d'Europe. — Rhône, sa biologie et son repeuple-
Comptes Rendus de l'Académie des ment. — Rapport à la Comm. scient,
Sciences, 30 octobre 1933. intern. de la Méditerranée, Congrès
L'Issiodoromys a-t-il des affinités avec d'octobre.

les Rongeurs sud-américains ?. — Dr Jacques PELLEGRIN, Sous-Directeur de
Volume commémoratif de d'Orbigny. Laboratoire.
Publications du Muséum national d'His- Poissons des eaux douces de Mada-
toire Naturelle, N° 3. — Les
gascar et des iles voisines (Comores,
J. BOTAR. — A propos de la classification Seychelles, Mascareignes) Mém. Ac.
des rameaux communicants du sym- Malgache,XIV, 1933,224p., 105 fig., 3pl.
pathique. Bulletin du Muséum national Description d'un Poisson nouveau de
d'Histoire Naturelle, 2e Série, tome —
la région du Kivu appartenant au
V. N° 2, février 1933.
genre Varicorhinus. Bull. Vus. Hist.

Note sur le mode de terminaison du nat., 1932, p. 958.
pneumogastrique antérieur chez quel- La présence d'un Ostéoglossidé dans
ques Mammifères. — Bulletin du —
le Sud de l'Annam. Ibid. 1933, p. 187.
Muséum national d'Histoire Naturelle, v
2e Série, 1933. —
Description d'un Poisson nouveau de
Nouvelle orientation dans la systéma-
la Syrie méridionale appartenant au

tisation du sympathique. — Comptes genre Phoxinetlus. Ibid. 1933, p. 368.
rendus de l'Association des Anatomistes, —
La distribution actuelle des Poissons
Lisbonne 1933. dela famille des Ostéoglossidés. C. R.
Quelques observations sur l'anatomie Soc. Biogéogr., 1933, p. 43.
— Poissons de la région du Kivu adressés
du système sympathique du Gorille. —

Bulletins et Mémoires de la Société par M. Guy Babault Bull. Soc. Zool.
d'Anthropologiede Paris. Tome 3e VIlle Fr., 1933, p. 169.
Série 1932, fasc. 4-5-6. Les Poissons des eaux douces de la


Pas anomalias pulmonares par de fecto région madécasse, Ass. fr. Av. Sei.
en collaboration avec M. ORTS LLORCA). C. R.Congrès Bruxelles, -1932, p. 475.
Policlinica. vol XV. fasc. VII..

N° 169, 1933. — Les Poissons d'ornement. Bull. Ass.
fr. Av. Sci., 1933, p. 217.
GELLEflr Albert et BACSICH PAL. Vizega- Voyage de Ch. Alluaud et P. A. Chap-
— —
latok a madarazem fesuezerven (Sur le puis en Afrique occidentale française
pecten des Oiseaux) Szeged, 1933. (Déc. 1930-Mars 1931). IV Poissons
CORSY.

Evolution de l'appareil hyo- Archiv. für Hydrobiologie, XXVI p. 101
branchial. — Thèse de I)octorat. es- (1933).
Sciences. Marseille 1933, 1 vol. 333 Inauguration de la station d'études
P.. 129 lig. —
hydrobiologiques du lac du Bourget
Bull. Soc. Aquic., 1933, p. 65.
REPTILES, BATRACIENS,POISSONS Ibid.
— La pèche du Saumon en Ecosse,
1933, p. 105.
Dr Louis ROULE, Professeur. Poissons
provenant des campagnes du Prince F. Reptiles
— ANGEL, Assistant.

Sur quelques
Albert l'r de Monaco. — En collabo- et Batraciens du Soudan
ration avec M. AN&EL. Résultats des cam- français (Bull. Mus., 1933, p. 68.).
pagnes scientifiques, Fasc. LXXXVI, — Poissons provenant des campagnes du
Monaco. Prince Albert 1er de Monaco. (Résultats
Le Biologisteocéanographe J. Schmidt ;
des Camp. Scient., Monaco, Fasc.
— LXXXVI, 4 pl. doubles ; 1933). En
Revue scientifique. n° 10.
Les Poissons le monde vivant des collaboration avec M. le prof. Roule.
— et
eaux, VI. Le littoral et la haute mer ; — Une Vipère nouvelle de l'Annam.
Paris, Delagrave. (Bull. Mus., 1933. p. 277.).
— Le peuplement des cours d'eau de la — Sur la naissance de jeunes Caméléons,
Corse en Poissons. Bull. Acad. Agri- au Vivarium du Muséum (loc. cit., p.
culture, 28 juin. 360).
— Sur un genre malgache nouveau de la — Migrations verticales périodiques des
famille des Chamaeleontidés (loc. cit., animaux benthiques littoraux. Cons.
p. 443). permanent internat, pour l'Explur, de
la mer. Rapp. et Pr. verb. LXXXV, p. 60.
— Sur une petite collection de Serpents
du Tonkin et descriptions d'espèces — Les Arachnides cavernicoles de Bel-
nouvelles (en collaboration avec M. gique. Bull. Entom. France, XXXVUI.
-
R. Bourret.) (Bull. Soc. Zool. France, Sur un Troglohyphantes nouveau des
1933, t. LVIII, no, 3 et 4, p. 129). —
grottes de Lombardie. Bull. Soc. En-
— Lézards nouveaux
de Madagascar tom. France. XXXVIII.
appartenant au genre Scelotes. (loc. — A propos du parasitisme des Phorides,
cit., t. LVIII, n° 5, p. 294.). Bull. Soc. ZO-JI. France. LVIII.
Mme M. PHISALIX.
— Le sens
biologique de Une Araignée cavernicole nouvelle de
la fonction venimeuse et le rôle des —
la province de Trieste. Bull. Soc. lln-
venins dans la production de l'immu- tom. France, XXXVIH.
nité. Conf. radio-diffusée à la station Les Scorpions de l'Indochine fran-
des P. T. T. ef la Tour Eiffel le —
çaise, leurs affinités, leur distribution
20 avril 1932. in : Bull. A. F. A. S. géographique, Ânn.Soc. Entom . France,
n° 108 N. S., janvier 1933 p. 1-10. Cil.

Coccidiose intestinale de Tropidonotus Amphipodes des Açores. Ann. Soc.
viperinus de-Cor&nella austriaca et de —
Entom. France, Cil.
Coluber scalaris a Cyclospora Viperae. Contribution A
M. ANDRÉ, Assistant.
Bull. Mus. Ilist. Nat. 2® S.. t. V. —
l'étude du « Bou-Faroua ». Tétranyque
p. 279-281. ,
nuisible au Dattier en Algérie. Bull.
— La découverte de i inaozai,e du S)c. Hist. Nat. de l'Afr. du Nord.
Paludisme. Hygiène et Médecine, 1933 t. XXIII.
n° 13 mars, p. 7. Note sur 1' « Araignée rouge » des
Développement schizogonique et spo- —

rogonique d'une Coccidie parasite du serres du Muséum. Bull. Mus. nat.
Hist. Nat., Paris, s. 2, t. V.
Triton alpestre. Bull. Mus. Hist. Nat., Sur la biologie des Tétranyques tisse-
1U33 2e S. t. V. p. 363-3G7. —
rands. Rev. de Palhol. Veyet. et d'En-

Venin de Serpents contre le Cancer. tomol. Agric.
Je sais tout, juin 1933. Trombicula autumnalis Shaw. ou l'.

— Les
venins dans la thérapeutique russica Oud. ? Bull. Soc. Entom. France,
moderne. Conférence. in : Franche t. XXXVIII.
Comté, Monts du Jura et d'Alsace, Note sur un Tétranyque nuisible au

n° 112, novembre 1933. Cotonnier en Nouvelle Calédonie. Bull.
J.-T.-F. CHEN. — Description d'un Pois- Mus. nat. Hist. Nat., Paris, s. 2. t. V.
son nouveau d'Eleotris de la Chine, —
Crustacés xylophages et lithophages.
Bull. Mus. Hist. Nat., 26 sér. -
V, No 5, 1933, pp. 371-373, figs.
Tome Bull. Inst. Océanographique Monaco,
n°626 (en collaboration avec Ed.Lamyl.

Notes sur les Acariens observés dans
VERS ET CRUSTACÉS les magasins régionaux de tabacs. Ann.
Ch. GRAVIER, Professeur. — Sur une petite des Epiphyties..
collection de Stomatopodes recueillis —
Les Acariens du groupe des Tétrany-
par M. Davydoff dans les eaux indo- ques tisserands. La Terre et la Vie,
chinoises. Bull. Mus. Nat. Ilist. Nat., n° 9, 1933.
s. 2, t. V. Contribution à l'étude des Acariens
'— 1" au 19 juin. Mission de l'Académie

marins des îles Kerguelen etSaint-Paul.
des Sciences et du Muséum d'histoire Ann. Inst. Océanogr., XIII.
naturelle au Vth Pacific Science Con- —
Sur les migrations d'un Crustacé erra-
gress de Vancouver. tique. C. R. Assoc. Franç. Avanc. Sc.,
L. FAGE, Sous-Directeur du Laboratoire. Chambér-y.

Pèches planctoniques à la lumière F. GRANDJEAX.

Observations sur les or-
effectuées à Banyuls-sur-Mer et à Con- ganes respiratoires des Oribates Aca-
carneau. Crustacés. Arch. Zool. exp. riens. Bull. Suc. Entom. France,
et gén. LXXVI. XXXVIII.

Etude sur le développement des Ori- vaux et voyages antérieurs, avec les ré-
bates Acariens. Bull. Soc. Zool. France, gions à parcourir pour pouvoir tirer de
LVIII. ce nouveau séjour saharien le meilleur
Observations sur les Oribates. Bull. parti possible.
— M. Monod, arrivé à LJakar à la fin de
Mus. nat. Hisi. Nat. Paris, 26 s., V.
Structure de la région ventrale chez mars, passera l'été dans les massifs mau-

quelques Ptyclina(Oribates). Bull.Mus. ritaniens, gagnera Tombouctuu à l'au-
nat. Rist. Nat., Paris, 2e s. V. tomne par la falaise Ticbitt-Uualata-Néma,
compte participer à la grande caravane
M°" L. NOUVEL.
T-
Sur la croissance et la annuelle quiva chercher le sel aux salines
fréquence des mues chez les Crustacés de Taoudeni. et visiter ensuite le gise-
Décapodes lYatantia. Bull. Soc. Zool. ment d'Asselar. Il ne pense guère pou-
France, LVIII. voir ètre de retour avant une année.

Sur la mue des Leander serratus para- Les principauxpoints du programme que
sités par Bopyrus Fougerouxi. C. R. tentera d'exécuter M. Monod sont les bui-
Acad. Sc. vants : 1° l'enquète sur la météorite géante
Observations sur la statistique et la de Chinguetti, -qui serait — si tant est
— qu'elle existe véritablement, ce qui n'est
biométrie des Leander serratus et des
Lysmala seticaudata. Bull. Inst. Océa- pas encore définitivement établi — la
nuyr. Monaco. plus grosse du monde ; un essai d'ap-
Mme 11. MAZOUÉ. Description de l'inner- plication aux massifs mauritaniens des
— coupures stratigraphiques définies dans
vation des muscles adducteur et abduc-
-teur de la pince chez Potamobius lepto- les Tassilis du Sahara central ; 3n le pro-
daclylus Es ch. Bull. Mus. naL Hist. blème de la mer quaternaire de Tombouc-
A'at., Paris, s. 2, t. V. tou et de l'origine des coquilles marines
l'excitabilité des nerfs mo- de la région ; 4" les terrains carbonifères
— Mesure de de Taoudeni et enfin 5" le gisement à
teurs de la pince de l'Acrevisse. C. R. Hommes fossiles d'Asselar.
Soc. Biol. Outre ces quelques points précis,
S. C. Yu.

Chinese parasilic Copepods M. Monod se propose d'étudier chemin-
collected by 11. W. Wu, with descrip- faisant toute une série d'autres sujets et
tions of new Genera and Species. Bull. de réunir tout le long de son itinéraire
(,I' the Fan Mem. Instit. of. Biol., JV. des'collections d'histoire naturelle. C'est
(A suivre). ainsi que les problèmes du dessèchement
du Sahara occidental et de la limite mé-
Missions du Muséum. — Une mission
ridionale du désert, les conditions de
scientifique au sahara occidental. — L'ex-
gisement des salines du Sahara occidental,
l'identification de certains sites histo-
ploration scientifique du Sahara pro- riques mentionnés par les géographes
gresse lentement ; celle du Sahara occi- arabes ou les chroniqueurs portugais,
dental est encore à peine amorcée, et, l'art rupestre et l'épigraphie du Sahara
alors que les recherches se font de. plus atlantique, l'archéologie préhistorique,
en plus nombreuses dans le Sahara cen-, la faune d'eau douce des massifs mauri-
tral, il ne faut pas négliger l'étude des taniens. la faune sub-fossile des eaux
régions' occidentales, où tant de sujets quaternaires, la flore et la faune actuelles
intéressants sollicitent l'attention des (localisation des espèces, éthologie, utili-
naturalistes, des archéologues et des géo- sation, noms indigènes, etc.), des obser-
graphes. vations météorologiques et quelques tra-
Grâce à l'appui de MM. les Ministres de
l'Education Nationale et des Colonies, vaux de topographie, retiendront tour il
du Muséum d'Histoire Naturelle, de l'Aca- tour l'attention de M. Monod, auquel nous
démie des Sciences, de l'Association souhaitons un fructueux voyage, fertile en
Française pour l'avancement des Sciences, résultats intéressants que nous ne man-
de l'Institut d'Ethnologie de l'Université querons pas, le cas échéant, de signaler
de Paris et du Gouvernement Général de à nos lecteurs.
l'Afrique Occidentale Française, une mis-
sion a pu être organisée dont .a été chargé
notre collaborateur M. Th. Monod, qui Mission J. Delacour aux Indes. —
paraissait assez familiarisé, par ses tra- J. Delacour, associé du Muséum, vient de
rentrer des Indes. Au cours de sa mission, rhinus maximus), pouvant atteindre et
il a pu acquérir, grâce à l'aide du Jardin dépasser 14 mètres de longueur et dont
Zoologique de Calcutta et de Sir David on a signalé d'assez nombreux échouages
Ezra. de nombreux -et remarquables ani- sur les côtes de l'Atlantique et de la Médi-
maux destinés au Parc Zoologique de terranée. L'examen plus attentif du crâne
Vincennes. Le sujet le plus important est semble confirmer, à l'heure où nous écri-
le Rhinocéros indien, le Mammifère le vons cette première hypothèse.
plus rare que puisse posséder à l'heure Le Carcharodon carcharias ou Carcharo-
actuelle un établissement zoologique, dont don Rondcletii peut atteindre et dépasser
aucun exemplaire n'avait figuré en France 8 mètres. Il est beaucoup plus rare sur
depuis près de cinquante ans. Il y a aussi les côtes de l'Atlantique et de la Méditer-
des Tapirs malais, des Bœufs gayals, des - ranée que le Celorhinus maximus. E. Mo-
Anoas, diverses Antilopes, des Ours, des reau le signale de Nice et de Cette ; on l'a
Casoars, des Grues, différents Palmi- signalé il Messine et aussi, car c'est un
pèdes, etc... grand voyageur, sur les côtes de Califorllie.
M. Delacour a été pendant plusieurs Il n'est pas nécessaire de rappeler ici
semaines l'hôte de S. A. le Maharaja de que la détermination d'un Squaio sans
Bikanir ; il a pu faire d'intéressantes ses dents, sa peau, les proportions exactes
observations sur la faune spéciale de cet de son corps ne peut permettre d'aboutir
Etat si particulier. qu'à une approximation.
Il a aussi représentée Muséum à la
célébration du 150' anniversaire de l'Asia-
tic Society of Bengal à Calcutta où il a pris
la parole au nom des invités étrangers.
Récents échouages d'animaux marins
sur les côtes normandes et bretonnes.
La presse parlait encore du «monstre »
Voyage de JI. G. Petit à Cherbourg. — de Querqueville, lorsqu'on apprenait que
Le 1er mars dernier, au soir. le Muséum deux autres épaves venaient d'être décou-
national d'Histoire naturelle était officiel- vertes : l'une à Gréville. l'autre à Urville.
lement avisé del'échouage à Querqueville, S'agit-il de deux tronçons d'un môme
près Cherbourg, d'un animal marin d'ap- animal ou de deux animaux différents ?
parence assez singulière et dont les quo- Les renseignements sont à l'heure où
tidiens avaient donné la photographie. nous écrivons contradictoires.Cependant
M. G. Petit, Sous-Directeur de Labora- M. Lerouge, administrateur en chef de
toire, fut désigné pour aller sur place l'inscription maritime a fait adresser au
examiner l'épave. Il se trouva en présence professeur Anthony une vertèbre de l 'ani-
d'une masse informe, sans peau et sans mal d'Urville et cette vertèbre est celle
mâchoire inférieure et dont les muscles d'un Cétacé.
et le tissu conjonctif superficiels s'étaient D'autre part nous recevons de M. René
littéralement effilochés sur les rochers Simon; instituteur àCarantec (Finistère),
contre lesquels l'animal avait été roulé une lettre relatant l'échouage, le 14 dé-
par les flots. M. Petit reconnut aussitôt cembre 1933, àCarantec, station balnéaire
qu'il avait à faire à un Sélacien. L'aspect du Nord-Finistère, de quatre animaux
extérieur de l'animal justifiait assez l'éton- marins de 8 mètres environ de longueur.
nement de tous ceux qui, n'étant pas Selon M. R. Simon il s'agirait de Cétacés
naturalistes, avaient approché l'épave et et probablement de Cachalots. Les dents
devait fatalement remettre en mémoire furent enlevées par de nombreux curieux.
tous les dessins qui ont été donnés de Quelques jours après leur échouage. ces
cet animal toujours énigmatique qu'on a « monstres », qui
répandaient une odeur
décoré du nom de « Serpent de mer ». nauséabonde ont été enlevés de la plage
La mâchoire inférieure et tout l'appareil et remorqués à plusieurs milles- au large.
branchial ayant disparu, la colonne ver- Il est très légitime de penser que ces
tébrale, dénudée, pouvait laisser croire, épaves aient été entraînées par les cou-
entre la base du crâne et l'emplacement rants sur les plages voisines de Cherbourg
des pectorales elles-mêmes, déjetées. il la qui sont des lieux d'échouagp et que le
présence d'un long cou. Cétacé d'Urvillle soit un de ceux de Carau-
M. Petit émit sur place l'hypothèse qu'il tec. Mais le « monstre » de Querqueville,
pouvait s'agir d'un Squale pèlerin (Ceto- lui, est un Squale.
Le Cinéma privé Sous ce titre, une calamine, la smithsonite, la descloizite, la

revue mensuelle parait depuis octobre vànadinite, la phosgénite et la wulfénite.
1932. Son premier numéro coïncidait avec
le Congrès de l'Association pour la docu- Géologie
mentation photographique et cinématogra-
phique dans les Sciences, congrès dont La L. BARRABÉ. Sur l'affleurement du
Terre et la Vie a rendu compte (N" l2, —
socle ancien des Petites Antilles dans l'île de
1933). Cette revue porte, en sous-titres : la Désirade (Guadeloupe).
cinéma d'amateurs ; cinéma scientifique ;
cinéma d'enseignement. Nous la signa- La Désirade n'est pas uniquement cal-
lons à nos lecteurs, étant donné le déve- caire, comme on le croyait ; l'auteur a
loppement du cinéma privé et l'intérêt Reconnu, sous les calcaires miocènes de
grandissantqui s'attache au cinéma scien- cette île, la présence d'un socle antémio-
tifique et au cinéma d'enseignement. A cène, comportant un massif intensif gra-
signaler dans les cinq premiers numéros : nodioritique et des coulées andêsitiques et
le cinéma médical, par le Dr Claoué ; le rhyolitiques vraisemblablement contem-
cinéma scientifique, par J. Painlevé (N 1); poraines de cette intrusion.
Le cinéma dans l'enseignement, par Mi-
chel Servanne ; la production et la distri- J. BLAYAC, A. Michel LÉvy
et M. THORAL.
bution des films scolaires, par René Vin- —
Sur un conglomérat de base dans le Cam-
brien des J/onts de Lacaume et sur l'âge
cens ; les instituteurs et le cinéma, par antécambrien des formations granitiques du
Géo Prémesnil ; la symphonie filmée, par Mendie près de Graissesac (Hérault).
L. Lamarre (N' 4 ).
— et
de nombreux ar-
ticles d'ordre technique.
Cytologie
Georges DEFLANDRE.— Existence,sur les
flagelles, de filaments latéraux ou termi-
Les Sciences Naturelles naux (mastigonèmes).
à l'Académie des Sciences Biologie expérimentale
SÉANCE DU 29 JANVIER J.VELLARD, OSWINO PENNA et MIGUELOTE
VIANNA. Action comparée des venins de
Minéralogie Lachesis — atrox et de Naja tripudians sur le
sarcome expérimental du Rat.
V. LEBEDEFF et G. CHOUBERT.

Nou-
velles observationssur les minéraux du bas- Après les expériences de Calmette sur
sin du lViari (A. E. F.). l'action des venins sur les tumeurs épithé-
liales, les auteurs ont eu l'idée d'étudier
Il s'agit des minéraux récoltés p r cette action sur une tumeur conjonctive
M. Lebedeff, en 1933, au cours d'une mis- très résistante, le sarcome du Rat.
sion d'étude aux gisements métallifères Us ont traité des sarcomes obtenus par
du bassin du Niari ; ces- minéraux pro- greffe, par injection de venin de Lachesis
viennent du gisement de M. Fouati sur la atrox non chauffé, puis chauffé, et par
rive droite du Lutété, qui est un affluent celui de Naja tripudians non chauffé. Le
du Niari. résultat de leurs expériences est que les
Leur composition est très complexe : venins peuvent agir aussi bien sur les
parmi les plus intéressants minéraux qu'ils greffes cancéreuses conjonctivales denses
renferment, la note précitée énumère la que sur les tumeurs épithé liai es.
PARMI LES LIVRES

J. JACOUPY. — La transhumance, avec La transhumance a ses habitudes, ses règles,


une préface de Constantin Weyer, 1. vol. sa technique ; un troupeau ne se groupe pas au
de la collection des Livres de Nature, départ, ne se conduit pas sur la route, ne se gare
138 pages avec 35 hors-texte. Lib. Stock, pas aux étapes sans que soient observés des
édit. principes que l'usage et la tradition ont rendu
séculaires. En lisant l'ouvrage de Mme J. Jacoupy
le lecteur sera rapidement et parfaitement ren-
Nous voici loin aujourd'hui de la mer des seigné. Il saura comment avec un passa-jourca
Antilles, de la brousse africaine, des hauteurs on organise une campagne, comment encore on
glacées de la Suède où nous ont successivement place les rjdouns et les platellos dont le tinte-
promenés les autres Livres de la collection de ment annonce le troupeau, comment aussi le
Nature illustrée. Avec « la transhumance » de bayle-pastre dirige la marche des scabots sur
J. Jacoupy, nous restons chez nous, dans la ré- la route poudreuse et enfin comment, arrivé en
gion qui s'étend des alpages du Vercors aux Arles, se fait le partage final.
plaines de Provence, sur cette terre ensoleillée, Mais en même temps qu'il sera instruit,il sera
patrie d'hiver des Moutons réputés de la Crau charmé, car l'auteur est un poète qui possède
et de la Camargue. au plus haut degré l'art de silhouetter les pay-
A l'approche de l'été, on sait que les Moutons sages avec bonheur et légèreté, d'évoquer sans
des plaines du littoral méditerranéen montent effort le tintement des clochettes, le bêlement
en rangs serrés vers la haute montagne pour des agneaux, les rires et les jurons des pâtres,
pacager les herbages odorants du Vercors, de d'évoquer l'ardente sensation de liberté et de
l'Oisans ou de l'Ubaye et que dès l'automne les plein air que donne cette bucolique expédition.
troupeaux redescendent vers la plaine pour y A ces dons de poète M'"" J. Jacoupy a ajouté
passer le reste de l'année. son talent d'artiste. L'ouvrage est illustré de
L'auteur a accompagné un de ces troupeaux 35 magnifiques photographies pleines de vérité
transhumants allant des Alpes du Dauphiné vers et d'expression qui viennent très heureusement
la Provence. Avec lui, il a traversé les cols et rehausser les pittoresques descriptions du texte.
les plateaux, les villes et les vallées, longé les Au demeurant, un livre plein de fraîcheur et
routes poussiéreuses, approché les mas, fré- de liberté, un hymne à la gloire de la Nature
quenté les bergers et les pâtres et ce sont les et de l'une des plus saisissantesrégions de France.
sensations de cette vie de nomade qu'il se pro-
pose de nous faire partager. C. B.
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDÉE PAR LA.

SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE


' ET PUBLIÉE EN COLLABORATION AVEC LA
SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES, MARITIMES ET COLONIALES

48 ANNÉE — N° 5 ' Mai 1934

SOMMAIRE
L. JOLEAUD
... Considérations générales sur la faune des Mammifères du
Maroc 259

G.
..
M. KORSAKOFF
PEnr....
Contribution à l'étude du Blepharopsis mendica Fabr.
A propos du Sélacien de Querqueville. — Notes sur l'histoire
272

du Cethorinus maximus (Gunner)

.....
277

A. REYMOND .. Observations sur la flore et sur la faune de Mongolie et du


Sin-Kiang (Turkestan chinois). — De Pékin à Urumtsi, à
travers le désert de Gobi et les Monts célestes avec la
mission Citroën Centre-Asie 288

CONSEILS AUX NATURALISTES. — Instructions pour préparer les


Mammifères en peaux.. 297
,

VARIÉTÉS. Les oreilles d'Eléphant.— A propos de captures d'Oiseaux



par les plantes. — La protection de la faune africaine

.............
299

..................
NOUVELLES ET INFORMATIONS 303

PARMI LES LIVRES 319

La photographie reproduite sur la couverture et qui représente


une tête de Lézard est due à M. P.-L. BARRUEL.

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LA TERRE ET LA VIE
REVUE MENSUELLE D'HISTOIRE NATURELLE
4e Année. — No 5 Mai 1934

CONSIDERATIONS GÉNÉRALES
SUR
LA FAUNE DES MAMMIFÈRES DU MAROC
-
par
L. JOLEAUD
Professeur à la Sorbonne.

Le Maroc, pays soumis en grande avancée vers l'Ouest, dans l'Océan,


partie aux influences climatiques de- depuis Rabat jusqu'à Agadir. Mon-
l'Atlantique subtropical ou de la Médi- tagnes et surtout déserts isolent la
terranée occidentale, est bordé à l'Est masse principale des plaines maro-
et au Sud pardes steppes désertiques. caines tiu reste de la Berbérie.
Contrée essentiellement maritime Cette dernière zone nord-africaine,
pour une large part, liée étroitement elle-même encadrée de trois mers,
sur ses confins à des plaines désolées, l'Atlantique, la Méditerranée occi-
le Moghreb offre d'autre part, sur dentale, la Méditerranée orientale,
de vastes surfaces, un relief considé- est à son tour complètement séparée
rable, correspondant au Rif, au du continent éthiopien par le Sahara.
Moyen Atlas, au Haut Atlas et à Une telle situation géographique
l'Anti Atlas : -ces chaînes se dressent confère à l'Afrique mineure des
en bordure de la Meseta tabulaire, caractères biologiques spéciaux, qui
qui dessine elle-même une forte la font ressembler à une immense
*
île entourée de toutes parts d'eaux Sénégal qui remonte jusqu'à l'Oum
océaniques et de surfaces désertiques. er Rebia et peut-être même vers
Si la Berbérie est de ce fait prodi- Fès. Le cours de l'Oum er Rebia, el
gieusement intéressante à étudier au plus à l'Est le couloir de Taza, jouent
point de vue zoologique, le Maroc un rôle fort important dans la bio-
l'est plus encore, puisqu'il constitue géographie régionale, car nombre
de Mammifères
et d'Oiseaux du
Maroc septen-
trional ne les
fran cb issent
point dans la
direction du Sud
et inversement
bien des bêtes
tropicales ne s'a-
vancentpasplus
au Nord.
L'Ecureuil gé-
tule appartient
lui-même en quelque sorte une terre aussi à un genre africain, qui a été ob-
insulaire incluse dans une grande servé dans tout le Haut et le Moyen
île complètement compartimentée. Atlas.Mais spécifiquementce Sciuridé
L'isolement en Afrique, par des est un animal purement marocain.
déserts, du Maroc, et d'ailleurs d'une Dans le Sous et à la bordure du Haut
façon plus générale, de la Berbérie, Atlas occidental, l'Écureuil est l'hôte
étant du domaine des faits géologi- des Arganiers ; il devient terricole là
ques récents, c'est au grand groupe où cette Sapotacée cesse de former un
zoologique le plus tardivement diffé- peuplement compact. La dispersion
rencié, aux Mammifères, qu'il faut de l'Arganier est fort curieuse, car
recourir pour tenter de préciser les elle comporte, en dehors de l'aire
conditions biologiques originelles de continue du Sud-Ouest marocain,
la faune moghrébine. des séries d'îlots dans les régions
de Safi, Mazagan, Rabat, Larache,
Oudjda ; il s'agit évidemment là de
reliques de l'ancienne expansion de
Le monde man}malogique vivant cet arbre de- la famille des Bois de
du Maroc comprend une centaine de fer. Sans doute la répartition actuelle
formes, dont une cinquantaine pro- de l'Ecureuil gélule implique-t-elle
venant de la région éthiopienne et aussi une vieille extension des peuple-
une trentaine d'origine européenne, ments d'Arganiers jusqu'à Figuig,
les vingt autres se référant à des Encore maintenant d'ailleurs. l'aire
types circumméditerranéens ou cos- de dispersion de ce végétal présente
mopolites. Ainsi les Mammifères du vers le Sud, comme vers le Nord. des
Moghreb comptent une majorité taches résiduelles, dont une notam-
d'éléments africains. ment à Amerza, entre le Zini et la
L'un des plus curieux, parmi ces Btana, à mi-distance du Draa et de
derniers, est le Ratel, Mustélidé du la Saguiet el Hamra, en bordure
du Maroc méridional. espagnol. bine comporte des éléments, Franco-
La faune ornithologique moghré- lin et Pintade, dont la biogéographie
rappelle celle de l'Écureuil gétule. Le jusqu'à Tunis, l'Hirondelle de marais,
Francolin du Maroc se trouve seule- localisée au Sud de l'Oum er Rebia,
ment dans le Sous, aux environs de le Hibou du Cap, arrivé jusqu'à Alger,
Mogador et dans la forêt de la Mamo- l'Aigle rapace, l'Autour chanteur.,
ra. Ce peuplement boisé est aussi le resté au Sud de Mogador, le Cormo-
centre d'habitat de la Pintade qui ran, parvenu jusqu'à Mazagan, enfin
la grande Outarde récem-
ment disparue d'Algérie. La
Vipère heurtante est aussi
passée du Sénégal au Sous
par les régions atlantiques
de la Mauritanie.
Dans cet ensemble fau-
nique, indépendamment de
genres surtout arboricoles,
Ecureuil, Francolin,Pintade,
Boulhoul, Téléphone, Aigle,
Autour, figurent des types
essentiellement paludicoles,
Hirondelle, Cormoran, Ou-
tarde A côté de ces derniers
Oiseaux se place biogéogra-
se propage jusqu'en pays Zaer. La phiquement l'Eléphant d'Afrique,
localisation de ce second Gallinacé qui subsista jusqu'au IIIe siècle de
à la région de Rabat était déjà notre ère dans les régions du Sous,
réalisée au IVe siècle avant notre ère, de Marrakech, Safi, Rabat, Tanger et
car l'auteur grec du périple phénicien Taza.
de Scylax spécifie que les Méléagrines Au début de l' ère chrétienne, ce
ne se trouvent nulle part ailleurs en Proboscidien vivait toujours plus au
Maurusie. Une Grive turdoïde, le Sud, dans la région de la Saguiet el
Boulboul, est un troisième Oiseau Hamra, en compagnie de Buffles,
d'origine sénégalaise, répandu au Hippopotames, Girafes, Lions, Croco-
Maroc, du Sous au Djebala, mais diles et Pythons. La présence de
passant en Algérie, où son aire de cette faune de marécages, de savanes
dispersion, franchement résiduelle, et de forêts peut surprendre en plein
est restreinte à trois stations près de Sahara. Cependant, cet ancien état
Miliana, Guelma et Bône. de choses est concevable, compte
Ratel, Ecureuil gétule, Francolin, tenu de certaines conditions pure-
Pintade, Boulboul sont évidemment ment locales encore réalisées aujour-
venus de l'Afrique occidentale au d'hui. Ainsi d après la description,
Maroc par la zone saharienne voisine donnée en 1905 parle colonel Lahure
du littoral atlantique, alors que celle- de l'embouchure de la Saguiet el
ci était occupée par des peuplements Hamra, « le fond du delta est couvert
forestiers proches de marécages. d'une végétation touffue, faite de
D'autres Oiseaux moghrébins suivi- fouillis inextricables de Palmiers
rent la même voie, le Téléphone nains, de Cactées diverses, d'arbres
tschagra.Pie-griècherépandue encore noueux, d'épais herbages liliacés, de
le long du rivage méditerranéen Figuiers sauvages et de Vignes vierges.
Des méandres d'eau sombre et sta- geuse ayant permis jadis le passage
gnante y serpentent irrégulièrement de la faune soudanaise vers le Maroc.
et vers le mois de décembre le delta Plus au Sud, la zone d'extension de
tout entier est même submergé par ce milieu boisé et humide s'étendait
les eaux. » Aussi F. de la Chapelle, dans la cuvette du Djouf, encadrée
dans une étude récente du Sud Ouest d'un côté par le Tagant, l'Assaba et
marocnin, a-t-il proposé de fixer la Je pays de Néma, où subsistent
limite nord de la zone vraiment encore Eléphants d'Afrique et Cro-
désertique à la Saguiet el Hamra et crodiles, d'un autre côté par la zone
a.u bord septentrional de la hamma-
Taoudéni-Araouan, où ont été re-
da de Tindouf à l'Est du Zini et au cueillis des ossements suhfossiles-
Sud-Est de la Btana. d'Hippopotames et de Crocrodiles :
Les deltas de la Saguiet el Hamra c'est dans le Djouf que venait autre-
et du Draa sont donc les derniers fois se jeter le Haut Niger. Or l'Elé.-
témoins de l'aire forestière maréca- phant d'Afrique a vécu aussi bien au
Nord-Ouest qu'au Sud-Est du Djouf, médiane et méridionale, ou même
puisque ses restes subfossiles ont été strictement limités, soit aux dunes
découverts à Chouikhia dans l'erg sahariennes, Addax, Fennecs, Gué-
d'Iguidi méridional et entre Tichit pards, soit aux regs, Gazelles dor-
et Oualata, à la bordure septentrionale cades, soit aux hammadas, Gazelles
du Hodh. Le Djouf, le grand «creux», de Lavauden, Mohorset Oryx.
reste d'ailleurs le terrain de chasse Au nombre des Mammifères éthio-
hivernale par excellence des Némadi piens venus de l'est et se propageant
de la Mauritanie saharienne. en dehors du Maroc jusqu'à la Médi-
Un second trajet de migration terranée, figurent le Macroscélidequi
transsaharienne très humide a sans atteint cette mer dans les régions
doute aussi favorisé le peuplement du d'Oran et de Bône, puis la Zorille,
Maroc pnr des éléments africains. connue aussi des régions dOrau,
C'est la voie des Pays-Bas du Tchad, Bizerte, Tunis, Sousse, Sfax et Gabès,
du Tibesti, du Fezzan, des Syrtes, enfin la Mérione de Shaw repérée à
des chotts Djerid et Melrir, de l'oued Oran et à Mostaganem. Si le genre
Djedi et de Figuig. Son dispositif pa- Zorille, qui se retrouve, il est vrai, au
léogéographique est encore marqué : Sénégal, est surtout représenté en
1° autour du Tibesti, par la mare à Afrique orientale, les Macroscélides
Crocodiles d'Achaï dans l'Ennedi et par contre manquent en Afrique occi-
par le gisement d'Hippopotames fos- dentale, mais sont largement distri-
siles d'Ounianga Kebir,plus au Nord ; bués en Afrique orientale * de même
2° dans la région du Fezzan, par les les Mériones, certainement absentes
figurations rupestres de Crocodiles du Sénégal, pullulent en Egypte et
d'fn Habiter vers Oubari et par le lac dans le proche Orient.
à Crocodiles du Harer chez les Il y a enfin des Mammifères éthio-
Adjer. L'aire de dispersion actuelle piens qui, originaires du centre ciu
de la Tourterelle sénégalaise en suit continent noir, ont traversé le Maroc,
la trace par l'Aïr, Rhat, Rhadamès, puis gagné l'Espagne et subsistent
Gabès, Gafsa, Biskra, Laghouat et encore ici et là. Ainsi la Genette de
Figuig. Une Chauve-souris, la Phyl- l'Afrique mineure appartient à une
lorhine cafre. espèce répandue de sousc-espèce extrêmement voisine de
l'Abyssinie et de l'Angola au Cap, a celle d'Andalousie et il en est de même
dû suivre un parcours analogue, car pour la Mangouste ichneumon. Si ces
elle compte une sous-espèce indiquée deux Viverridés peuvent être envi-
seulement de la Nigérie du Nord sagés comme ayant eu une spécialisa-
(Kano) et du Maroc (Mogador). Un tion lointaine orientale, il n'en de-
autre Chéiroptère de l'Afrique orien- meure pas moins que leurs étroites
tale, connu de l'Egypte à Zanzibar, la affinités sous-spécifiques témoignent
Phyllorhine à trois dents, s'est de relations directes récentes entre le
avancé vers l'Ouest jusqu'à Figuig. Moghreb et l'Ibérie, conclusion cor-
Beaucoup de Mammifères marocains roborée d'ailleurs par l'observation
à facies éthiopien, semblent aussi pro- de nombreux Mammifères marocains
venir de l'Est, les uns, Gerbilles, Rats de caractère européen.
rayés, Porcs-épics, Caracals, ayant .
Le Chat ganté de l'Afrique
envahi toute la Berbérie, les autres, mineure offre de curieuses analogies
Gerboises, Gazelles de Cabrera et de avec les Chats sauvages d'Andalousie
Cuvier,Bubales, confinés aux régions et de Sardaigne. Les Boccamelles de
la Berbérie, de l'Egypte et des îles espèce particulière voisine de celle du
méditerranéennes présentent, dans le Sud de l'Espagne. Le Hérisson de
Sud de l'Espagne, des formes repré- Lavauden, race propre à la région de
sentatives, qui sont morphologique- Mogador, est étroitement apparenté
ment des termes de passage aux à une forme des Baléares et du
Belettes de France, d'Angleterre, littoral méditerranéen franco-hispa-
d'Allemagne, de Tchécoslovaquie, denique, ainsi qu'à une variété cana-
Hongrie et du Caucase. rienne de Fuertaventure ; enfin un
Nombre d'autres Mammifères quatrième type de la même espèce
marocains d'origine européenne se habite les Djebala, le Rif et le Tell
rattachent aussi strictement au algérien. Une sous-espèce de Mulot
milieu hispanique. La Musaraigne est commune aux Djebala, au Sud et
des Djebala appartient à une sous- au centre de l'Espagne. La Souris
des champs d'Algérie, qui a été aussi limitée aux régions atlantiques du
signalée de la région de Tanger, est désert, témoin le LéroL d'Europe,
notamment apparentée, d une part qui compte une sous-espèce propre
aux sous-espèces espagnoles et portu- au Rio de Oro.
gaises, d'autre part à la race Enfin les formes circumméditerra-
spéciale aux arganaies. Le Sanglier néennes occidentales du Maroc,
en général montagnardes, sont fort
intéressantes au point de vue-biogéo-
graphique. Le Magot, rupicole et
forestier, s'avance des Djebala et du
Rif jusque dans le Haut Atlas
occidental. De même le Lapin se
trouve de Tangèr à l'Oum er Rebia
et à Berguent. Magot et Lapin sont
bien moins largement répandus vers
le Sud,en l'Algérie, surtout dans 1 Est
de la contrée, -où ils restent confinés
près du littoral ; ce Primate et ce
Rongeur font d'ailleurs défaut en
Tunisie continentale. Dans l'en-
semble de la Berbérie, leur disper-
sion rappelle celle du Palmier nain.
-Le Mouflon à manchettes du Moyen
et du Haut Atlas, indifférent à la
température et à la sécheresse, se
trouve partout dans les reliefs du
Sahara occidental. Connu à L'état
fossile des Pyrénées, comme le
Magot. il confirme donc, ainsi
d'ailleurs que ce dernier et que le
de Berbérie est plus proche morpho Lapin, l'existence d'une récente jonc-
logiquement de celui d'Andalousie, tion continentalehispano marocaine ;
que de ceux de tous les autres pays tous ces Mammifères circummédi-
d'Europe. Or, la dispersion du terranéens occidentaux n'ont évi-
Sanglier correspond a une aire demment pas pu passer d'une rive à
continue des Djebala et du Rif à l'autre de cette mer intérieure par le
Agadir et à Berguent, comme dans le proche Orient.
Tell algérien ; mais le Porc sauvage se Si divers animaux marocains de
retrouve comme une relique isolée à cette classe biogéographique, comme
Massa, c'est-à-dire plus au Sud au le Magot ou le Lapin, se rattachent à
Maroc que partout ailleurs en de grands groupes eurasiatiques,
Berbérie. Macaques, Lièvres, d'autres, comme
Si certains Mammifères d'origine le Goundi, révèlent au contraire des
européenne sont représentés, en affinités sudaméricaines. Représen-
plein Sahara, par des espèces tés comme .les précédents dans
spéciales, comme par exemple le l'Europe méridionale au Pliocène et
Lièvre et le Renard, d'autres ont au Quaternaire, mais cependant par
leur aire de dispersion strictement des genres spéciaux, les Cténodacty-
chaud et humide, a.insi qu'une ment désertiques qu'après le Néoli-
pluviosité et un ruissellement in- thique. De même, maintenantencore,
tenses favorables à la faune tropicale des Oiseaux du Sud-Est du Maroc et
de la savane herbacée et de la forêt du Sahara septentrional, comme le
vierge. Dès le Paléolithique récent Sirli de Dupent, évoquent, dans le
commence à s'établir un climat plus monde actuel des Alouettes, le temps
sec, cause de la réduction pro- où ces contrées étaient encore cou-
gressive des boisements, qui tendent vertesd'un tapis de Graminées. D'ail.
à se localiser dans les régions mon- leurs la spécialisation intégrale des
tagneuses ou atlantiques. Finalement animaux de savane, de steppe, de
les forêts ne constituent plus, loca- désert, semble bien un fait récent.
lisées d'ailleurs dans ces seules zones, L'Alouette de Dunn par exemple est
que des sortes d'îles, où se réfugient un Oiseau du Sahara occidental qui
des Mammifères en voie d'extinction. s'est propagé dans tout le Soudan,
Le Rhinocéros blanc, observé dès tandis que l'Alouette de Clot-Bey, éga-
le Chelléen à Casablanca, très conl- lement typique du Sahara occidental,
mun ensuite, persistajusqu'au Néoli- remonte jusque sur les Hauts Pla-
thique, comme le montrentles monu- teaux du Maroc oriental. Tous ces
ments rupestres du Sous : il eut failsbiogéographiques prouvent né-
donc en Berbérie une longévité bien anmoins que la teudance il la forma-
plus grande que le Rhinocéros de tion d'un milieu désertique dans
Merck. Par contre il en fut autre- l'Est du Moghreb est devenu long-
ment du successeur de l'Eléphant an- temps manifeste et que le paysage
tique au Paléolithique récent l'Elé-
: sévère de Guercif. qui marque un
phant d'Afrique, figuré, en effet. au contraste si curieux aujourd'hui entre
Capsien sur les rochers du Sud les régions méditerranéennes ora-
oranais, abondait encore au Néoli- naise et prérifaine, n'est pas un effet
thique dans tout le Moghreb, à tout récent des conditions climatolo-
Rabat, à Casablanca, à Mazagan, aq giques en Berbérie.
Sous, au Draa, autour du Chott Parmi les Mammifères africains
Tigri et à Figuig endémiques de Berbérie, ayant sub-
Le Zèbre de Mauritanie, apparu sisté depuis le Quaternaire jusqu'à
au Chelléen à Casablanca, devient l'époque actuelle au Maroc, le Bubale,
abondant ensuite, comme l'Ane représenté au Chelléen à Rabat,
d'Afrique, tandis qu'un véritable commun à Taza au Moustérien com-
Caballin semble déjà figurer sur les me à l'ibémaurusien et à l'âge des
gravures rupestres de la région de métaux, figure également sur les
Figuig, à Dermal, à côté du Mohor. gravures rupestres néolithiques de
L'Oryx algazelle, Antilope aujour- Figuig. La Gazelle de Cuvier. assez
d'hui strictement saharienne, n'est abondante au Moustérien, se raréfie
connu en Berbérie que du Maroc ensuite.
oriental, où il s'est maintenu du Parmi les animaux marocains_de
Moustérien à l'ibéromaurusien à
, provenance européenne à large dis-
Taza et à Figuig ; au
Néolithique, il persion géographique, le Renard, le
voisine avec la Girafe sur les figura- Lièvre, le Sanglier sont assez com-
tions rupestres. muns dès le Moustérien à Taza, le
Le Mohor et l'Oryx algazelle ne grand Ours brun de Lartet ne se
sont donc devenus des bêtes franche- trouve qu'au Moustérien où il est
assez commun à Fès et Taza, le petit rieure et de l'Europe orientale.
Ours brun de Faidherhe enfin, asse, Un peu plus de la moitié des
rare à cette même époque, semble quarante Mammifères quaternaires
avoir subsisté au Moghreb jusqu'aux d'Espagne ne se retrouvent pas en
temps historiques. Berbérie : parmi ces animaux figurent
L'Urus de Mauritanie, abondant au tous les Lypes de la faune froide,
Moustéricn à Fès et Taza, moins com- Mammouth, Rhinocéros à narines
mun à l'ibéro-
maurusien, per-
sistait aussi,
mais en assez
grand nombre
au Néolithique
et même sans
doute à l'époque
romaine. Il fut
domestiqué sur
place, comme
le Taurin ibé-
rique, connu
également dès
le Paléolithique
moyen et lar-
gement répandu
à l'ibéromauru
sien de Taza à
Casablanca et
Safi ainsi qu'au
Néolithique de
Tanger à Fi-
guig. Le petit
Ours des ca-
vernes, décrit
tout d'abord des
Pyrénées, a été
repéré dans le
Moustérien de
Taza et nas ail-
leurs en Afrique mineure. Le Cerf de cloisonnées, Bison, Elan, Renne,
Berbérie, aujourd'hui confiné sur Chevreuil, Chamois,Bouquetin, Cam.
les confins algéro-tunisiens, existait pagnol, Lemming. La jonction conti-
aussi au Moustérien à Taza étroite- nentale hispano-marocaine ne date
:

ment apparenté au Cerf de Corse, donc pas d'une période glaciaire. De


jadis répandu dans l'Italie méri- la dernière de ces phases froides,
dionale. la Sicile et Malte, il rappelle du Moustérien, la faune nous est
aussi l'Elaphe. d'Andalousie et se rat- d'ailleurs bien connue à Gibraltar
tache doue à un groupe très différent même, où elle compte environ vingt-
de celui des Marais de l'Asie anté- cinq formes de Mammifères : sur ce
nombre une douzaine à peine sont serve encore au Néolithique sur les
communs à l'Espagne et au Maroc; Hauts Plateaux oranais et constanti-
ils correspondent à des types passés nois, àSaïda et au Bellezma,ainsi qu'à
d'Europe en Afrique ou inversement Alger. Le Dromadaire nord-africain
avant le Moustérien, la plupart sans paraît d'ailleurs descendre d'un Ca-
doute au Chelléen, plusieurs cepen- mélidé chelléen oranais,, le Chameau
dant dès le Postpliocène. de Thomas, intermédiaire, dans une
Ce dernier cas est probablement certaine mesure, entre les Camélins
celui des Mammifères quaternaires actuels à une et -,deux bosses.
circumméditerranéens du Maroc. Le Originaire sans doute de l'Asie anté-
Lapin, plutôt rare, a été signalé de rieure, ce Ruminant n'était en tons
Tanger-à Casablanca. Le Mouflon à cas pas autrefois spécifiquement
manchettes, peu abondant au Mous- désertique, puisqu'il cohabitait en-
térien à Taza, moins commun encore core avec le Buffle, l'Eléphant, le
au Paléolithique récent, régresse Phacochère et l'Hippopotame au
même par la suite. Le Mouton afri- Néolithique, à Alger : sonapparente
cain ou berbère et la Chèvre afri- accommodation aux contrées déso-
caine, rares à l'état sauvage au Paléo- lées est donc un fait biologique
lithique récent à Taza et à Casablan- récent.
ca, ont donné naissance aux trou- La chronologie absolue des gra-
peaux actuels de la plus grande partie vures présahariennes et sahariennes
-du territoire de l'empire Chérifien. permet de définir un âge paléolithique
Cependant le Mouton à longues récent du maximum de fréquence
jambes des Touaregs du Sénégal et du Buffle antique de 14.000 à 9.500
du Soudan, qui figure déjà avec un av. J.-C. puis un âge néolilhique où
collier sur les gravures rupestres de abondent à la fois les Buffles, les
Figuig, est certainement l'ancêtre Eléphants d'Afrique et les Girafes,
des Ovins de la région de Mogador de 9.500 à 7.500, ensuite un âge
et de l'Extrême-Sud du Maroc. énéolithique et historique ancien où
L'un des Mammifères les plus re- prédominent seuls les Eléphants et
marquables.duQuaternairemarocain, les Girafes, de 7.500 à 1.500, enfin
le Buffle antique, connu du Chelléo- un âge du Cheval et du Chameau,
Moustérien de Taza, Marrakech et suivi, vers les débuts de l'ère chré-
Safi, se retrouve sur les gravures tienne, de l'âge propre du Chameau.
rupestres néolithiques de Figuig. Le Ces données numériques nous per-
groupe indien auquel il appartient, mettent de mesurer la rapidilé -avec
indiqué du Postpliocène de Bizerte, a laquelle peut être réalisée une
disparu à là fin du Paléolithique de la accommodation aussi symptoma-
plus grande partie de la Berbérie ; tique aux yeux des hommes modernes
toutefois il s'v est maintenu loca- que celle du Chameau désert.
lement au Néolithique ancien, excep-
t)

tionnellement -au Néolithique récent,


peut-être même jusqu'à l'ère chré-
tienne dans la Saguiet el Hamra. Il
est curieux de constater l'association L'ensemble des Mammifères qua-
du Buffle antique et du Chameau au ternaires et actuels du Maroc compte
Moustérien et à l'Ibéromaurusien à donc environ cent vingt formes,
Taza une telle juxtaposition s'ob- constituant un tout assez homogène,
*,
où dominent les éléments tropicaux sant à l'aggravation des conditions
africains. Graduellement, depuis le météorologiques, particulièrement
Paléolithique récent, l'assèchement, défavorables dans le Sud .depuis le
de la contrée a réduit de près d'un début de l'ère chrétienne, a refoulé
cinquième cette faune, encore très beaucoup d'espèces vers la montagne
riche pourtant en grands animaux encore assez boisée, ou dans le désert,
au temps de l'occupation romaine. devenu un asile pour les rares bêtes
L'action de l'homme, en se-surimpo- susceptibles de devenir xérophiles.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
DU BLEPHAROPSIS MENDICA Fabr.
par
M. KORSAKOFF

I. —
L'oothèque est, en outre, moins prononcée que
du Blepharopsis mendica sur l'oothèque de- Mante religieuse.
et ses parasites. Plus tard, ayant obtenu des oothè-
Au cours de mes courtes excur- ques semblables, pondues en captivité
sions dans les régions désertes de la par des Mantes désertiques isolées
lisière Nord du Sahara, au delà de avec intention dans des petites boîtes
la chaîne de l'Aurès (approximative- en carton, j'ai pu me rendre compte
ment le 35" de latit. nord), j'ai trouvé qu'elles appartenaient toutes à des
en fouillant parmi les buissons de Blepharopsis mendica Fabr.
Tamaris et de Salsolacées, de petites N'ayant trouvé dans la bibliogra-
oothèques (coques ovigères) apparte- phie aucune étude exacte et complète
nant à différentes Mantides déser- sur la biologie de cette curieuse Mante
tiques. désertique, j'ai cherché à suivre pas
Ces oothèques, dont dèux ont été à pas le développement de ces Insec-
trouvées en juin et non en septembre, tes. Malheureusement en 1927, les
offraient sans conteste une certaine circonstances ne me permirent pas
analogie dans leurs formes exté- d'entreprendrel'élevage des quelques
rieures, ainsi que dans leur teinte jeunes éclos en juillet d'une oothèque
d'un blanc crémeux. Par contre leurs rapportée de Biskra ; l'année suivante
dimensions variaient depuis 1,5 cm: (1928), à Nice, quoiqu'ayant obtenu,
jusqu'à 2,5 cm. Solidement appli- de nouveau, le 26 juillet, une nom-
quées le long de petites tiges, ces breuse éclosion de jeunes, je dus re-
oothèques ressemblaientabsolument, partir en voyage et abandonner mes
en petit, à des meringues en blancs observations. Du reste je ne savais
d'æufs battus que l'on voit dans les comment nourrir ces jeunes Mantes ;
pâtisseries. Elles étaient plutôt ovales si, parfois, elles acceptaient des Pu-
et souvent terminées par un pro- cerons de Rosier, ces derniers se col-
longement conique et assez allongé

laient à leurs pattes et à leurs anten-
(fig, 2). nes, à tel point qu'elles paraissaient
Comparativement à une oothèque ne pouvoir s'en débarrasser.
de Mante religieuse (Mantis religiosa), Enfin le 21 juillet 1932, à Nice,
les oothèques en question sont moins j'obtins de nouveau une éclosion de
grandes, plus rondes, à surface moins cinq petits Blépharopsis, vers 18 h. ;
ondulée ; la ligne médiane formée de le 22 juillet, il en est sorti encore
feuilles imbriquées — qui est l'en- quelques-uns. Tous ces jeunes pro-
droit par lequeLsortent les jeunes — venaient d'une oothèque trouvée en
juin de cette même
année(1932) aux en-
virons de Biskra.
à
Transportée Nice,
cette oothèque fut ex-
posée des heures en-
tières au soleil, sous
une petite boîte vi trée
munie d'un couvercle
en gaze.
Tous les faits notés
peuvent, semble-t-il,
me permettre d'affir-
mer qu'habituelle-
ment V éclosion des
jeunes Blepharopsis a
lieu après te 20 juillet
Remarquons que les.
Empuses éclosent aux
mêmes dates et même
un peu avant : par
exemple j'ai eu une
éclosion d'Empuses
le 19 juillet et, dès le
2 août, elles avaient
subi leur deuxième
mue.
Avant de décrire l'aspect extérieur, valles de quelques jours : les Poda-
les mues successives, les change- grions s'échappent tantôt par un ou
ments morphologiques que subissent deux, tantôt par groupes. Quelques-
les jeunes Blépharopsis au cours de uns parviennent à s'envoler ; en tout
leur croissance, il me semble inté- il y en a eu plus de dix-sept. Après ces
ressant de noter les faits survenus au sorties. l'oothèque est çà et là percée
cours des semaines qui ont suivi de petits trous de forme très régu-
1 éclosion des Blépharopsis et qui lière et de dimensions plus petites que
peut étre présentent un intérêt par- la tête d'une épingle. L'éclosion des
ticulier : le 2 août, d'une oothèque Podagrions a lieu en même temps que
de Blépharopsis apparaît un petit celle de leur hôte et selon mes observa-
Hyménoptère appartenant au groupe tions, le nombre des parasites paraît
des Chalcidiens (genre Podagrion). prédominant : pour cinq Blepharopsis,
Le 5août, un nouveau Podagrion sort il y a en plus de dix sept Chalcidiens.
de l'oothèque. Le 16 août, un autre
encore ; puis nouvelles sorties succes- Description du Chalcidien
sives presque chaque jour : le 19 août, (Podagrion sp.),
huit sorties ; le 26 août, dix ; le sorti d'une oothèque de Blépharopsis.
30 août, douze; le 6 septembre, treize. Les yeux sont d'un brun rou
Puis les sorties se font de plus en plus geâtre. La tête et le thorax d'un
nombreuses, séparées par des inter- vert olive bronzé passant au bleu sur
leurs bords. Surface de la tête et du II. — Description d'un jeune Blepharop-
thorax nettement chagrinée. An- sis mendica dans SOD premier âge
(entre la 1re et 28 mue).
tennes à dix articles, d'un jaune très
légèrement brunâtre. Les deux pre- Ayant fait connaissance du Chal-
miers articles sont beaucoup plus cidien parasite de -Blépharopsis, je
foncés que les autres. Fémurs des reviens aux changements successifs
pattes antérieures, ainsi que la base que subissent les B'épharopsis au fur
des tibias, foncés, à peine verdâtres. et à mesure de leur croissance.
Tarses antérieurs blanc-ivoire. Ab- Comme chez la plupart des Ortho-
domen vert bleuâtre brillant et lisse ptères, les larves de Blépharopsis dif-
sur la surface extérieure. Fémurs fèrent fort peu par leur aspect exté-
postérieurs arrondis, un peu bombés rieur des exemplaires adultes ; en
et très élargis, munis de huit (8) den- sortant de l oothèque par des mou-
ticulations sur leurs bords extérieurs. vements convulsifs, elles parviennent
Tibias postérieurs bien développés, à se débarrasser de leurs petites peaux
brun foncé, courbés en forme de primaires (membranes amniotiques)
faucille et pointu-s à la pointe. Tarses qui restent accrochées le long de la
postérieurs assez frêles, mais bien ligne médiane de l'oothèque. A ce
développés, de la même teinte blanc stade ces petites larves sont d'un joli
ivoire xjue les tibias des pattes anté- jaune orange qui bientôt change en
rieurs. brun foncé. Dépassant à peine la mé-
Ailes transparentes pubescentes ; diocre taille de 5 à 6 mm., elles ont
les antérieures à radius sinueux, ter- au premier coup d'œil, une certaine
minées par un petit renflement. ressemblance superficielle avec de
Ma description est basée sur celle petites Fourmis.
donnée par le docteur Chopard dans Les tarses et tibias de leurs
son excellent article sur le Podagrion petites pattes, allongées et frêles,
pachymerum Wlk. parasite .de la acquièrent des taches d'un joli brun
Mante religieuse (1). foncé, tandis que les faces internes
Toutefois, il me semble que les petits de leurs pattes antérieures, sont
Chalcidiens qui sont sortis chez moi de déjà munies de nombreuses petites
l'oothèque des Blépharopsis, différent épines.
de ceux décrits dans l'étude précitée, Les deux premiers anneaux de leurs
non seulement par leur teinte plus antennes sont tachetés à la fois d'un
brillante, mais aussi par la forme des joli blanc et d'un brun foncé. Le
tibias postérieurs mieux développés et vertex de la tête forme une petite
plus recourbés en faucille que chez le bosse conique presque semblable à
Podagrion pachymerum. Il est pro- celle que l'on observe chez les Blé-
bable que mon petit C/wlcidien est une pharopsis adultes. Lefront, les palpes
variété locale de ce Podagrion. variété et les yeux sont d'un joli brun noi-
répandue dans les régions désertiques râtre luisant ; toutefois la teinte des
du Nord de l'Afrique en suivant cer- yeux diffère selon l'individu. Le
tainement la distribution de son hôte, pronotum bien développé, est un-peu
le Blepharopsis mendica Fabr. bombé dans son premier tiers. qui
est aussi d'un brun luisant, tandis
que la partie voisine du mesonotum
est colorée d'un blanc ivoire. Ce
1
(1) L. CHOPARD.
— Les parasites de la Mante reli petit point blanc ressort nettement
gieuse. Ann, Soc. Ent. France 1922, p. 249-272.
sur le fond brun, coloration domi- ornés les tarses antérieurs et posté-
nante d 'un jeune Blépharopsis. rieurs, sont à peine marquées.
Les anneaux de l'abdomen, que la Depuis leur naissance, jusqu'au
petite larve tient toujours fortement moment de leur deuxième mue, les
recourbé en l'air, sont bruns ; mais jeunes larves gambadent de place en
la nourriture absorbée, transforme, place semblant mener une vie déjà
après une semaine d'existence, l'as- fort active et l'instinct de la chasse se
pect extérieur des larves L'abdomen, révèle aussitôt. Ouand la proie qu'on
de plus en plus bombé, devient plus leur présente ou qui se pose sur leur
jaunâtre ; aussi les taches foncées chemin est plus grosse qu'eux-
dont sont ornées ses anneaux al- mêmes, les Blépharopsis s'efforcent
ternent avec des espaces plus clairs. cependant de la saisir en écartant lar-
Ce qui est caractéristique dans la gement les tarses et tibias de leurs
forme extérieure des jeunes Blépha- petites pattes ravisseuses, ces der-
ropsis n'ayant pas encore subi leur nières sont du reste, fort développées
deuxième mue, c'est que, non seule- en comparaison des autres pattes.
ment les lobes membraneux du pro- (Voir (ig. 2). Dans un prochain ar-
notum ne sont pas encore développés, ticle nous reviendrons sur le déve-
mais aussi les lobes foliacés de l'abdo- loppement et la biologie du Blépha-
men sont à peine marqués. Aussi, ropsis.
les membranes foliacées dont sont (A suivre).
PROPOS A
DU SELACIEN DE QUERQUEVILLE

NOTES SUR L'HISTOIRE DU CETORHINUSMAXIMUS (GUNNER)


par
G. PETIT

n'est pas un quotidien qui n'a il


Il mais bien d'un Poisson plagiostome
relaté. et commenté avec plus ou de l'ordre des Sélaciens.
moins d'exactitude et d'imagination, Avec la collaboration de ceux qui
l'échouage, à la lin de février der- avaient vu l'animal peu après son
nier, à Querqueville, près de Cher- échouage, je reconstituai son allure
bourg, d'un animal marin dont les générale. La première dorsale sub-
premières photographies parues ac- sistait encore, mutilée ; je pus re-
cusaient l'étrangeté. connaître l'emplacement de la se-
Tout ou à peu près tout ayant été conde dorsale, des ventrales et de
dit sur la question, nous nous bor- l'anale beaucoup plus petites, toutes
nerons à l'appeler ici très sommai- complètement arrachées, rétablir la
rement les laits Il). Le Ier mars au forme de la caudale, dégager les pec-
soir, le Directeur du Muséum natio- torales. Aune cinquantaine de mètres
nal d'Histoire naturelle avant été du cadavre, il me fut possible d'exa-
avisé officiellement de la présence miner des fragments d'intestins qui
sur la plage normande de l'épave en conservaient encore la valvule spi-
question, je fus désigné pour aller rale caractéristique des Sélaciens, et
reconnaître ce dont il s'agissait une glande rougeàtre, lobulée, qui
exactement. Le samedi 3 mars, au fut appelée tour il tour ovaire et pan-
matin, j'étais rendu sur place. L'é- créas, mais qui se trouve être. en
pave, déportée par la marée, se pré- réalité, la rate. Et je prélevai, pour
sentait sous l'aspect d'une masse les emporter au Muséum, quelques
informe, de couleur grisâtre, qu'on «
pièces à conviction », dont le
aurait pu prendre dés l'abord pour crâne et la partie antérieur»1 de la
un rocher si elle ne s'était prolongée, colonne vertébrale.
en avant, par la colonne vertébrale A l'issue de mes observations sur
en partie décharnée et le crâne, nu l'épave, j'eus l'impression que le
et blanchâtre. « monstre »
de Ouerqueville devait
.le reconnus aussitôt qu'il s'agis- être un Squale pèlerin (Cetorhinus
sait. non point d'un Mammifère ma- maximus Gunn.). On sait que la dé-
rin, comme on l'avait supposé, termination eracte d'un Squale en
l'absence de dents, de spicules de
la peau, est chose impossible. Pour
1) Voir aussi il ce sujet l'Illustration, n° 4751, l'animal en question nous étions pri-
24 mars 1934, p. 344.
vés encore des données que four- sous de la représentation d'un Squa-
nissent des mensurations précises et lus maximus capturé à Hastings en
tout matériel de comparaison, en ce 1808, car l'anatomiste anglais consi-
qui concerne le crâne, nous a fait dérait l'épave comme appartenant à
défaut. la même espèce (voir la figure ci-
Néanmoins, nos recherches bi- jointe, déjà reproduite par l'Illustra-
bliographiques et divers recoupe- tion, loc. cit., et aussi la suite de notre
ments nous ont permis de confirmer article). Ce dessin fut exécuté six
ce que nous avions pensé dès le semaines après l'examen de l'épave,
début. Et ce sont ces recherches qui mais durant tout ce temps, elle avait
nous ont donné l'idée d'écrire l'essai été l'objet de toutes les conversations
qui va suivre sur l'histoire du Ce- et un témoin put dire que regarder ce
torhinus maximus. dessin, c'était pour lui revoir l'animal
tel qu'il se présentait sur la plage ( 1 ).
Qu'on nous permette d'ajouter Tout naturellement, ce « monstre »
qu'il n'est point surprenant que énigmatique fut pris pour le « Ser-
l'épave deQuerqueville ait suscité une pent de mer ». Le crâne, qui est assez
vive curiosité parmi ceux qui ont
approchée et parmi ceux qui en ont
l exactement figuré, est tout à fait com-
parable à celui du Requin de Quer-
examinéles premières photographies. queville et comme celui-ci, l'animal
La récente histoire du mystérieux de Stronsay était apparemment muni
animal du Loch Ness avait remis en d'un cou que le naturaliste anglais
mémoire les représentations les plus interprète comme nous avons inter-
concordantes du fameux Serpent de prété celui du Sélacien de la plage
mer... Et que nous livrait la plage normande. Bien plus. n lire les dé-
normande, sinon un animal muni tails donnés par Home sur l'épave
d'une petite tête, suivie d'un long en question, on retrouve, identiques,
cou ? Nous avons déjà montré qu'il les caractères de celle que nous avons
n'y -avait là qu'une apparence. Les examinée près de Cherbourg. L'ani-
mâchoires supérieure et inférieure et mal avait perdu ses viscères et sa
tout 1 appareil branchial ayant dis- peau ; ses muscles, comme les fibres
paru, il restait entre la base du cràne conjonctives et les cartilages formant
et le niveau où se fixaient les na- l'armature de la partie souple des
geoires pectorales, une colonne verté- nageoires, littéralement effilochés,
brale encore entourée de muscles, simulaient une toison, comme celle
simulant un cou. qu'on avait cru signaler sur le Squale
Or, il est intéressant demention- de Querqueville. Le dessinateur an-
ner que ce n'est pas la première fois glais a voulu conserver cette impres-
qu'une épave du même Sélacien ait sion en figurant une nageoire dor-
fourni non seulement la même appa- sale continue. Quant aux pattes, elles
rence, mais aussi une interprétation représentent la partie la plus fantai-
identique. siste du dessin reproduit. La pre-
C'est ainsi que le 7 octobre 1808, mière paire correspond aux nageoires
s'échouait à Stronsay, l une des Or- pectorales, la seconde et la troisième
cades, le cadavre d'un animal qui d'une part aux nageoires ventrales et
parut des plus singuliers ; le dessin
en fut adressé par Joseph Banks à If) Si l'on en croit -les observateurs, l'animal
Everard Horme qui le publia, au des- aurait mesuré plus de 16 m. de long,
à l'appareil copulateur de l'animal. «
Leviathian on Wonderful Sea Ser-
Cependant, cette interprétation n'a pent (1) ».
encore rien d'exceptionnel. On a par- Il faut que ceux dont les espoirs ou
fois considéré les organes mâles du l'imagination avaient été alertés s'y
Cetorhinus comme des organes loco- résignent : le Sélacien de Querqueville
moteurs. Home cite le cas d'un dessin n'apporte point la clé de l'éternelle

reçu d'Irlande où ce Squale prenait, en énigme qu'est le Serpent de mer.


raison de la disposition donnée aux Cette épave, du moins, permettrait-
pterJgopodes, l'allure d'un Canard elle de serrer de plus près la ques-
aux longs pieds palmés. De même, tion ? C'est bien possible et nous
sur une peau montée d'un Pèlerin montreronsailleurs comment et pour-
exhibée à Londres au début du quoi (2).
19e siècle, l'appareil copulateur était
représenté comme des jambes sur
lesquelles l'animal pouvait se soute- Selon Yinciguerra, en Italie pour attirer la
(1)
nir à l'occasion. curiosité des amateurs de merveilleux les dé-
pouilles du Pèlerin sont parfois décorées du nom
En 1822, Lesueur nous apprend de rinoceronle.
qu'un Cetorhinus de grande taille (2) Ces lignes étaient écrites lorsque nous
avons reçu en hommage. l'excellent livre de
capturé à New-Jersey avait été pré- R. T. Gould : The case for the Sea-Serpent
senté au public sous le nom de -
(Pb AUan, 1930, 291 pages. 29 fig. et VII planches).
Malgré sa date de parution, étant donné qu'un
nageoire anale, tantôt on estime
qu'il en est dépourvu.
Comme il arrive souvent dans C'est surtout la description de Pen-
l'histoire des êtres, les notions pré- nant (1769) qui a inspiré les zoolo-
cises sur le Cetorhinus maximus ont gistes qui lui ont succédé. Dans son
'été lentement acquises. Nous allons Basking Shark. bien connu des habi-
esquisser les étapes de nos connais- tants des côtes d'Irlande et d'Angle-
sances sur cette espèce. terre, on retrouve le Squalus maxi-
Ni Artedi, ni Linné, dans les neuf mus. Cependant PenDant classe noire
premières éditions de son Systema Squale parmi ceux qui n'ont pas de
naturae, ne mentionnent l'existence nageoire anale, et il ne mentionne pas
du Squale pèlerin et le premier qui les évents. Selon 'cet auteur l'huile
l'ait décrit semble bien être Gunner, tirée de ce Requin servait aux habi-
évêque de Drontheim, sous le nom tants des côtes pour l'éclairage et
de Squalus maximus (1765). 11 repré- pour traiter les contusions, les brû-
sentait cet animal comme assez com- lures et les rhumatismes.
mun sur les côtes de Norvège et nous Broussonnet (1780) place l'animal
avons lu, d'autre part, qu'il y don- en question, sous le nom de Le très
nait lieu jadis à une pêche régulière. grand. dans la deuxième division
L'exemplaire décrit par Gunner me- qu'il établit parmi les Squales et qui
surait environ 6 mètres 48. La brève comprend les espèces « avec une na-
diagnose de Linné dans la 1 2'3 édi- geoire derrière l'anus, sans les trous
tion du Systema naturae, inspirée des tempes » (sans évents).
par le mémoire de Gunner, indique En 1809, Everard Home publia un
déjà le caractère des dents de notre important mémoire sur un Squalus
Squale (coniques, non denticulées), maximus (Basking shark) capturé le
mais note l'absence d'évents (fora- 13 novembre 1808 à Hastings. L'ani-
mine nullo temporum). La figure don- mal mesurait 9 m 30 et était du
née par l'évêque de Drontheim n'in- sexe mâle.
dique pas les évents, mais le texte Dans le mème travail, Home note
qui l'accompagne les mentionne- les échouages de deux Sélaciens de
raient, si l'on en croit la traduction la même espèce. L'un le 3 janvier
qu'en a faite Walbaum.. 1809, en Cornouailles (9 m. 44) ;
La plupart des auteurs qui ont par- l'autre le 7 octobre 1808, surJ'une
lé du Squale pèlerin, jusqu'au début des Orcades. Noue reproduisons ici
tlu 19e siècle se sont, comme il l'extraordinaire dessin qui fut donné
arrive très souvent en Zoologie, co- de l'animal échoué, et dont il 8. été
piés les uns sur les autres et on ne précédemment question.
peut que conclure, de leur part, à un Ce mémoire de Home -est une im-
examen hâtif. Car la question de portante contribution à l'anatomie
savoir si noire Squale possède ou du Sq. maximus, contribution-dont
non des évents revient dans ces écrits. H. de Blainville donna une analyse
Bien plus, tantôt on lui attribue. une détaillée dans, le Journal de Physique
(septembre 1810). Désormais, la pré-
tel livre conserve toujours un intérêt d'actualité, sence des évents n'est plus mise en
une analyse en paraîtra dans la rubrique « Parmi doute. Mais il se trouve que Home,
les livres » de La Terre et la Vie R. T. Gould
consacre plusieurs pages à l'animal de Stronsa. qui a bien reconnu la seconde dor-
Nous reviendrons sur cette intéressante dis- sale, très petite, ne figure pas la na-
cussion.
geoire anale dans le dessin qu'il Squale de Gunner (Squalus Gunnë-
donne de l'animal et: dans, son texte, rianus), identique à celui décrit par
appelle « anales », les nageoires ven- par Pennant : présence des ëvënts
trales. Et de Blainville, il la suite de douteuse ; une nageoire anale. — 2"
la traduction résumée du travail de Un Squale, pour lequel il crée le nom
Home, ne peut admettre que l'anato- de Squale pèlerin (Sq. pelegrinus)

miste anglais ait eu affaire à- un Squa- [sic]. Le type de cette espèce était la
lus maximus. puisque l'exemplaire dépouille d'un Requin capturé par le
étudié par lui a des évents et n'a travers de Dieppe le 5 mars 1808,
pas d'anale Alors que les différences
! qui avait été transporté à Paris et
signalées parmi les Requins rappor- exhibé en 1809 sous le nom de Pèle-
tés à cette espèce, venaient d'in- rin -du Nord. Il mesurait 8 m. 74
certitudes ou d'observations insuffi- de long. Il fut acquis par le Muséum
santes, de Blainville pense que nous d'Histoire naturelle et monté avec
avons-en réalité plusieurs espèces grand soin dans les galeries. De
distinctes, plus ou moins confondues. Blainville déclare avoir examiné rani-
Dans une note lue à la Société philo- mal avec attention, ce qui ne l'em-
matique (25 août. 1840) et insérée pêche pas de le caractériser comme
dans le Journal de Physique (/oc. n'ayant ni évents, ni nageoire anale.'
cit.), il s'efforce de les. distinguer, Bien plus Shaw avait figuré comme
mais non sans demeurer dans la con - Squalus- maximus, un Requin muni
fusion. Il discerne, en effet : I6 le d'une nageoire anale. Malgré cela,
de Blainville rapporte le' Basking (1810) dont il publie l'étude que nous
shark mâle de l'auteur anglais à son commentons ici ; et tout en l'appe-
Sq. petegrinus, mettant en doute lant Squale pèlerin, le considère
l'exactitude du dessin ! comme une nouvelle espèce — la
3° le Squale de Home (Sq Homia- quatrième du genre, espèce qu'il ne
nus) : évents, pas de nageoire anale. dénomme pas !
A cette espèce devrait être rapporté En 1816, de Blainville, dans son
un Squale montré en 1808 à Prodrôme d'une nouvelle distribution
Rouen, à l'occasion de la foire dite systématique du Règne animal (Jour-
du Pardon. nal de PhysM t. 83, p. 244), .aban-
Mais, dès 1813, voici que Home donne Squalus comme nom de genre
s'étant ému, sans doute, de voir con- et le remplace par Cetorhinus. Dans
testée la dénomination appliquée par ce nouveau genre, il place quatre
lui au Requin d'Hastings, s'aperçoit espèces : Gunneri, pefegrinus, Shavia-
qu'il a-omis en 1809 de mentionner nus, Homianus. Ce dernier nom est
et de figurer une très petite nageoire suivi d'un point d'interrogation. La
anale et s'excusede s^nerreur. dans diagnose, renvoie, en partie, à celle
une addition à sa contribution à donnée pour le genre Carcharinvs et
l'étude anatomique du Squalus l'on note encore : absence d'évents ;
maximus. mais, cette fois, présence d\me na-
En 1810 le 21 novembre, à Dieppe, geoire anale. L'auteur semble donc
nouvel échouage d'un Squale pèlerin. reconnaître pour ses quatre espèces,
Il mesurait 9 m. 504. On n'hésite pas l'existence de cette nageoire — ce
à le charger sur « un chariot extrê- qui ne l'empêche pas de les séparer
mement solide » pour le transpor- encore ; d'autre part, il crée pour le
ter à Paris. Cuvier envoya de Blain Squale de Shaw une nouvelle espèce,
ville et Rousseau, chef des travaux alors que dans son mémoire de 1811,
anatomiques.examinerl'animal « sur il rattachait cet animal à son Squalus
le frais ». peregrinus !
De là un excellent mémoire de de Le nom générique de Cetorhinus
Blainville (1811), où l'on trouve, sera adopté par quelques systemati-
comme dans celui de Home, une ciens — et c'est celui qui l'emporte
foule de détails anatomiques Ce dans la nomenclature actuelle.
Squale auquel le naturaliste français Cependant, en -1817, Cuvier, dans
donne encore le nom de Pèlerin, pos son Règne animal, remplace à son
sède des évents et une nageoire anale. tour Squalus par Selache, dénomina-
Va-t il mettre en doute les carac- tion longtemps maintenue par beau-
tères qu'il a reconnus sur rie Sélacien coup d'auteurs. Du moins trouvons-
èapturé à Dieppe en 1808, se rendre nous. de sa part, pour l'histoire du
compte que le dessin de Shaw, jugé Pèlerin, la première lueur d'esprit
douteux, était exact, que l'animal critique. Cuvier écrit. en effet, dans
de 1810 est identique à celui de 1 808 ? une note infra-marginale : « Les
De Blainville, en réalité, persiste figures et descriptions de Gunner, de
à croire que son Sq. peregrinus, Pennant, de Home et de Shaw, pour-
dénommé dans le Journal de- Phy- raient tenir à la difficulté de bien
sique, n'a vraiment ni évents, ni cau- observer de si grands Poissons et ne
dale ; il rattache à celui figuré par pas suffire pour établir des espèces. »
Shaw, le second Squale de Dieppe En 1822, Lesueur décrivait très
correctement un Squale de grande Squalus Rashleighanus. Mais dans son
taille capturé à New-Jersey, peu de Histoire des Poissons des lies Britan-
temps après celui dont la présenta- niques (1867 ; 11, p. 67), il crée pour
tion sous le nom de « Leviathian Qn lui un nouveau genre, le genre Poly-
Wonderful Sea Serpent M,s'étaitré- prosopus, C'est le Rashleigh shark,
vélée fort lucrative. Les évents sont dont nous donnons ici la reproduc-
très petits, l'anale, sub-triangulaire. tion d'après Pavesi : yeux antérieurs,
Lesueur établit pour ce Squale une museau très court et relevé, pas de
nouvelle espèce (Squalus elephas), nageoire anale (est-il besoin d'ajou-
nouvelle, en raison de ses dents., dis- ter que Rashteigh ne l'avait pas vu !)
tinctes, selon lui, de celles des espèces En outre, ce même genre s'enri-
de de Blainville. Le nom spécifique est chit d'une autre espèce : Potyproso-
destiné, d'autre part, à rappeler la pus macer Couch (broad headed ga-
taille et la masse de ce géant des mers. zer). Le Squale en question avait été
Il n'en est pas moins vrai que la pêché en 1852 à Startpoint et avait
question de la présence ou de l'ab- été exhibé à Plymouth. Couch a eu
sence de la nageoire anale qui jus- connaissance du dessin et de la des-
qu'alors a dominé l'histoire naturelle cription de l'animal par un officier de
du Getorhinus n'est point encore ré- la Marine de l'Etat. C'était une fe-
glée ou quand elle semble l'être, ce melle de 5 m. 06 de long: pas d'évents,
n'est qu'apparemment. De même une nageoire anale, un museau proé-
celles des évents. En 1840, cependant, minent et pointu. Comme pour l'es-
paraît l'ouvrage, devenu classique pèce précédente, la disposition des
par la suite, de Millier et Henle (Pla-- fentes branchiales est celle du Squale
giostomes). Dans la diagnose du genre pèlerin.
Selache, les évents sont mentionnés; Comment ne pas remarquer que
et dans la description de l'unique es- ce genre Polyprosopus a été créé
pèce de ce genre (,Selache maxima), d'après des documents de seconde
ils sont, de même, très exactement main et des spécimens desséchés et
situés. La nageoire anale, à son tour, peut-être maquillés en vue de les
n'a pas été oubliée. Entre temps, du rendre plus étranges pour le public
reste, cette histoire va encore se appelé àles voir? D'autant que Couch
compliquer d'éléments nouveaux. En lui-même fait part de son incertitude,
1825, en effet, Couch, dans son mé- nomme ses deux espèces provisoire-
moire sur les Poissons de Cornwall ment et en publie les figures surtout
(Transact. Linn. Soc. London, XIV, pour soumettre le cas au jugement
p. 91), mentionne un Squalus maxi- des naturalistes.
mus, capturé à P.enryn en 1809 et me- T. Gill, d'abord (Proc Acad. Nat.
surant 9 m. 435. Mais il ajoute qu'il Sc. Philadelphia, 1864, p. 199) fait
a reçu de William Rashleigh, 'de judicieusement remarquer 'que les
Menabilly (Cornwall) un dessin et un Po'yprosopvs de Couch appartiennent
rapport sur un Poissondu genre Squa- au genre Selache ou Cetorhinus, qu'on
lus. d'une espèce inconnue jusqu'à ce a mal observé des spécimens peut-
jour. Il mesurait 9 m. 92. Il di- être déformés et qu'il n'est pas plus
fférait, selon Couch, du Basking scientifique de nier la présence des
shark par le forme de la. tête et l'em- évents que de nier celle de la na-
placement des yeux. Couch donna geoire anale.
plus tard à cet animal le nom de A. Günther (Catalogue of the Fishes
in the Bristisli Muséum, VIII, 1870), base du rostre), la présence des
outre qu'il caractérise fort bien le évents, d'une nageoire anale et d'une
genre Selache (anale très petite et carène sur la queue.
très "petits évents) et le Selache ma- Après une longue discussion his-
xima, considère les espèces de Pqly- torique, Pavesi conclut que les
prosopus, comme des monstruosités. Squales 'au museau proéminent ne
Or, la même année T. Cornish peuvent être considérés comme des
(Zoologist, n° 59, 1870, p. 2253) dé- monstruosités et qu'on ne peut voir,
crit un Squale capturé à Mount's Bay non plus, dans ce développement un
le 1 l juin 1870, qui offrait comme cas de dimorphisme sexuel. Il les
particularité remarquable d'avoir un rattache au genre Selache, auquel
museau saillant et prolongé par une il reconnaît deux espèces : Selache
manière de bec à son extrémité. Le maxima (Gunn) : tête petite, normale ;
naturaliste anglais lui donne le nom la
museau court, obtus; yeuxà pointe
de Squatus ou Cetorhinus rostratus du museau. — Selache rostrata (Ma-
(Snouted shark). cri) (1) : tête très large ; museau très
La présence d'un museau proémi- saillant avec un bec à l'extrémité ;
nent chez les Squales considérés yeux à la base du museau, loin de sa
comme identiques au Pèlerin ou du pointe. Et ce S. rostrata comprend à
moins très voisins de lui, entrait donc la fois dans sa synonymie : Squalus
dans l'histoire de ce genre. Et elle rostratus de Macri, les deux Poly-
allait être reprise et minutieusement prosopus de Couch, le Squalus ou
discutée dans l'excellent travail de Cetorhinus rostratus de Cornish.
P. Pavesi (Ann. Mus. Civ. di Si. nat. enfin Le Squale de la Spezia étudié
di Genova, VI, 1874). En effet, le 25 par Pavesi.
avril 1871, un Squale était capturé Mais en 1878, nouveau mémoire
par les pêcheurs dans le golfe de du naturaliste italien, mémoire con-
la Spezia. 11 fut expédié à Gênes et sacré à la même question, et non
offert au Musée d'histoire naturelle moins documenté, non moins critiq Lie
de l'Université, où il fut monté à sec. que le précédent. C'est la nouvelle
L'animal mesurait 2 m. 95 de long. capture d'un Squale, le 21 juin 1877.
En avant de la bouche, le corps, à Vado, près de Savona, qui lui a
élargi depuis l'insertion des pecto- donné l'occasion de l'écrire et d'é-
rales, formait un"angle presque droit, tendre son excellente contribution à
se rétrécissait et se prolongeait en un l'anatomie de l'animal. L'exemplaire
museau ou un rostre, bien distinct de Vado mesurait 3 m. 25 de long, était
du tronc. Il est bien évident que du sexe mâle et se révélait identique
l'aspect antérieur du Squale de la à l'espèce de la Spezia. Mais entre le
Spezia devait remettre en mémoire travail ci-dessus ànalysé de Pavesi
les fameux Polyprosoplls de Couch (1874) et la seconde publication du
(voir les figures ci-contre). Pavesi même auteur (1878), des remarques
reconnaît que son exemplaire se avaient été faites sur son interpré-
rapproche beaucoup de P. macer, tation première, des faits nouveaux^
tout en s'écartant à la fois de cette s'étaient produits.
dernière espèce et de P. Rashlei-
qhanus par un rostre beaucoup plus
proéminent, prismatique, la situa- .
(1) En effet, Macri, en 1839, avait désigné
tion dès yeux (latéralement et à la sous ce nom un Pélerin capturé à Reggio en
1195.
siôns générales, des sexes, de la lon- les Selache maxima possèdent un
gueur de la-tête, du rostre, etc..., des rostre, mais il paraît moins saillant
Cetorhinus dont il a eu connaissance chez les grands exemplaires (de 8 à
par les publications des auteurs, 12 mètres), parce que le museau est
Pavesi convient qu'il lui faut reve- alors plus charnu. Qrrant à la posi-
nir sur son opinion de 1874. Il n'y a tion variable des yeux, il croit que
pas deux espèces de Selache (maximus les différences signalées viennent
et rostrata), mais une seule (Seiache d'un manque d'observations précises.
maximus). Les Selache à museau Comment ne pas faire remarquer
proéminent ne sont pas des mons-' que l'explication de Carazzi rejoint
truosités. Celte caractéristique ne directement celle de Pavesi ? C'est
correspond point à un dimorphisme bien, du reste, l'opinion implicite-
sexuel ; elle doit être rapportée à ment contenue dans un travail de
une question d'âge, les exemplaires Vinciguerra (Ann. del Mus. civ. Si.
de cette espèce mesurant de 4 à nat.yL1, 1923, p. 133). L'ichÛlyolo-
5 mètres de long, c'est-à-dire les giste italien remarque que tous les
jeunes ayant seuls un rostre allongé, exemplaires capturés en Méditerra-
et ayant les organes mâles dépourvus née (voir plus loin et carte) possèdent
d'éperon. Nous reviendrons tout à un museau proéminent avec pro-
l'heure sur cette remarque. longement rostriforme. Cependant,
La question réapparaît en 1904, à un exemplaire pris à Camogli et me-
nouveau réveillée par un naturaliste surant 6 mètres — une des plus
italien, Dav. Carazzi (Zool. Anz grandes tailles enregistres dans cette
XXVIII, 5, p. 1 61), à l'occasion de la mer pour le Cetorhinus maximus —
capture d'un Selache maxima dans le n'offre pas ce prolongement. Le pro-
golfe d'Alghero (Sardaigne) au mois fil de l'animal en question rappelle
de mai de la même année. L'exem- celui du Pèlerin capturé à Bergen
plaire, du sexe femelle, mesurait (Norvège) en 1904, mesurant 9 m. 20
3 m. 37 de longueur totale. La photo- de long et exposé au British Muséum.
graphie publiée par Carazzi révèle un Il paraît tout à fait légitime de penser
museau fort long avec un pelit pro- que chez cetteespèce, avec l'âge, le mu-
longement antérieur, des yeux laté- seau devient plus court et plus charnu.
raux, une énorme bouche et rappelle Or, un critérium pour définir l'état
les caractères des Selache étudiés adulte, chez les mâles et que Carazzi
autrefois par Pavesi. avait méconnu, c'est la présence, sur
Carazzi, cependant, n'admet pas les plérygôpodes, dè cet éperon dont
l'explication proposée par ce dernier Pavesi notait l'absence chez les
naturaliste en ce qui concerne l'ab- Pèlerins rostrés, c'est-à-dire encore
sence ou la présence du rostre. ! es jeunes, qu'il ayait considérés autre-
raisons qu'il donne reposent sur le fois comme des Selache rostrata. De
fait qu'il est très difncile de savoir si Blainville (1811) avait remarqué et
l'exemplaire auquel on a affaire a décrit cet éperon. « La face interne
franchi le stade de la maturité des appendices extérieurs de la gé-
sexuelle, c'est-à-dire s'il est adulte, nération, offrait, écrit-il, une exca-
étant donné que les glandes génitales, vation susceptible d'être facilement
chez les Poissons, se développent à et largement ouverte, dans laquelle
l'époque de la reproduction et s'atro- on remarquait... une sorte de pointe
phient ensuite. Selon Carazzi, tous ou d'ergot de 7 pouces de long, arli-
culé et fort mobile sur l'extrémité chiaux portant desfilaments rigides,
postérieure du cartilage qui bordait mais flexibles, de nature osseuse
supérieurement le sillon fermé, mais (phosphate de chaux et un peu de
qui était tout à fait recouverte par la carbonate de chaux), avec trace des
membrane interne et dont l'extré- canalicules de la dentine (P. et H Ger-
mité seule d'un 1 /2 pouce de long vais, 1876). Ces filaments constituent
m'a paru comme cornée et libre au une sorte de herse, qui les a fait
bord supérieur et extérieur de l'ap- comparer à des fanons de Baleine
pendice... (1) ». (cf. l'appellation : Requin à fanons).
Le dernier travail de Pavesi marqué Pectorales, triangulaires, à bord
une étape dans l'acquisition de nos postérieur concave, atteignant ven-
connaissances sur le Cetorhinus tralement le milieu de la dorsale.
maximus. Après 1878, -en effet, notre Dorsale entre pectorales et ventrales,
Sélacien se retrouve avec de cor- mais plus proche dé ces dernières ;
rectes diagnoses dans la nomencla- bord postérieur échancré ; bord infé-
ture ichthyologique, tantôt sous le rieur prolongé en pointe. Ventrales
nom de Selache maxima. tantôt sous très petites, triangulaires, entre les
celui de Cetorhinus maximus (2). deux dorsales, mais plus rapprochées
Cette diagnose — et c'est par quoi de la première. Seconde dorsale et
nous terminerons cet historique — anale, petites, à. peu près égales, la
peut se résumer dé la manière sui- seconde toutefois un peu plus petite.
vante : Caudale grande, en forme de
Corps fusiforme, massif en avant, croissant irrégulier ; le lobe supé-
étiré en arrière de la dorsale. Peau rieur environ un tiers plus grand
rugueuse, avec de petits spicules. que le lobe inférieur, portant une
Tête petite, conique ou subconique; échancrure de son bord postérieur,
museau variable de forme, plus cfu près de l'extrémité supérieure. Dos
moins allongé, selon l'âge, parfois re- gris brun ou gris ardoisé; ventre
levé à son extrémité. Yeux très petits, blanchâtre ou grisâtre
sans membrane nictitante. Narines Ajoutons que les ichthyologistes
petites plus proches de la bouche que placent le genre Cetorhinus dans la
du boutdu museau. Events, également famille des Lamnidae (Lamnae de
très petits, en arrière de l'œil et au Muller et Henle), et par exemple Jor-
dessus de l'angle de la bouche. Bou- dan et Evermann ou dans celle des
che très large. Dents très nombreuses, lsuridae avec les genres Isurus, Car-
petites, subconiques, non dentelées. charodon (S. Garman) ; d'autres (Lo-
Fentes branchiales très longues, sur- zano Rey) créent pour lui une famille
tout les antérieures, très rapprochées spéciale, dont il est le seul représen-
les unes des autres dorsalement. et tant, celle des Cethorinidae et il
ventralement et par conséquent en- semble que celte manière de voir
tourant presque le cou. Arcs bran- soit très légitime.
Dans un prochain article nous exa-
Ci)"oir, plus récemment, l'excellent travail minerons la répartition géographique
de F. E. Jungersen (The Danish Ingolf Expedit., du Cetorhinus maximus en faisant état
11, Part. 1, n* 2, 1849.
(2) Voir par exemple Day, Brit. Fishes 1884, des captures et des échouages de ce
Il ; Jordan et Gilbert. Bull. U. S. Nat. Mus.,
i883, t." 16 ; Jordan et Evermann, Bull. U. S. Nat.
Squale signalés sur les côtes des diffé-
Mus 896 ; Dr E. Moreau, Bisl nat. des Pois- rents pays du globe et donnerons
sons de la France, T. 1., 1881 ; Garman, The
,

Plaglosfoma. 1913, etc... quelques traits de sa biologie.


OBSERVATIONS SUR LA FLORE
ET LA FAUNE DE MONGOLIE
ET DU SIN-KIANG (TURKESTAN CHINOIS)
DePékin à Urumtsi, à travers le désert de Gobi
et les Monts Célestes avec la mission Citroën-centre-Asie
par
ANDRÉ REYMOND
Naturaliste de la Mission.
Il est impossible de donner sous 4° La partie centrale des bassins
une place restreinte un tableau com- méridionaux du grand désert de Gobi
plet du voyage et des travaux de la ou Chamo (en chinois : mer de sable),
III e missionHaard t-A udoui n D u b reuil. jusqu'à l'Edsin Gol.
Il ne peut s'agir ici que d'esquisser 5° Remontant le cours de l'Edsin,
- une vue d'ensemble des observations cours d'eau temporaire notant dans
sur la Chine intérieure qui était l'ob- les dunes de l'intérieur aux lacs
jectif particulièrement assigné aux Gashiun et Sokho Nor, les eaux de
travaux du personnel de la mission. la fonte des glaciers des Nan-Chan
El là encore sous peine de sombrer (Monts du Sud) ou Alpes de Richtof-
dans le détail, il sera permis de déga- fen, barrière montagneuse de 5 à
ger les traits les plus généraux des 6.000 mètres au front nord des plisse-
contrées visitées. ments thibétains—nousavons atteint
S'étant déroulé le long du 42edegré la ville de Sou-tchéou, au centre de
de latitude nord
— le parallèle de la Chine. Sur les glacis d'érosion des
Gênes — l'itinéraire du groupe Chine, Nan-Chan, siège d'une ligne d'oasis
commandé par le lieutenant de vais- cultivées dont l'ensemble constitue le
beau Victor Point, s'est effectué sur Kan-Su occidental.
un parcours de 3.500 kilomètres, de 60 Le môle desséché et plissé des
Tien-Tsin sur le littoral du Pacifique, Pei-Chan (montagnes du nord), par-
à Urumtsi, en Dzoungarie, aux abords tie sud-ouest relevée du socle mon-
du Turkestan russe. gol limitant à l'est le grand bassin
Les régions traversées ont été les fermé du fleuve Tarim et du Lob Nor.
suivantes : 7" A partir du col de Ming-Shui-
1° La plaine alluviale du Tehée-Li. Daban (2.200 mètres), le groupe
2° Les collines de 1 est et les val- oriental de la.Mission entrait au Tur-
lées supérieures du Pei Ho dans la kestan Chinois — ou Sin-Kiang —
région de Kalgan. séparé en trois régions que tout
3° De la passe de Ouan-Hsien à oppose.
Peili-Miao (615 km. dans l'intérieur) a) Au sud, la poche circulaire-du
et à Wu-Ni-Wu-Su, lasteppe herbue, bassin du Tarim occupé aux deux
dite de Mongolie verte, progressive- tiers par le grand désert de dunes
ment dissociée en touffe de lapis lé- parallèles de Taklamakan et pour un
preux sous les influences arides de tiers par des oasis dispersées le long
l'intérieur. des murs et des glacis montagneux
des Kouen-Lun au sud et du Tien-Chan
au nord.
b) Le triangle fortement cassé et sou-
levé au tertiaire des plis hercyniens des
Tien-Chan (Monts Célestes) et de ses chaî-
nons orientaux Bogdo Oula (6.000 m.)
à 50 km. à l'Est d'Urumtsi-Barkul-Chan
et Karlyk Tag, calotte glaciaire de
4.800 m. d'altitude au nord d'Hami,
rejoignant en plein désert de Mongolie
occidentale l'aplomb des Pei-Chan..
c) La steppe de Dzoungarie
— an-
cienne porte dzoungare des caravanes
du Thé vers le Turkestan russe — fai-
sant communiquer au sud des plisse-
ments de l'Ala Tau, des monts Alexan-
dre et de l'Altaï, le socle mongol et la
dépression aralô-Caspienne.
Si nous cherchons à présent à grou-
per entre elles et à organiser sur la carte
d'Asie les régions entrevues, nous
séparerons :
1° La région orientale caractérisée
par les influences climatiques modéra-
trices de l'Océan Pacifique : hiver
froid, neige et pluies en mars, au
changement des vents dominants ;
grandes pluies en juillet.
2° L'unité mongole sensiblement
caractérisée, depuis la Dzoungarie jus-
qu'en Mongolie verte, par les lois du
climat continental, atteignant la forme
désertique au centre des bassins du
Gobi.nord et sud, de part et d'autre
de la grande écharpe oblique de sur les Monts Célestes des
orages
l'Altaï mongol. importants, sources de pluies torren-
3° Le bassin isolé du Tarim, entre tielles, d'une érosion massive et
la double barrière du Kouen Lun et d'une végétation puissante
de l'Altyn Tag au sud. des Monts droits.
par en-
Célestes au nord; il se caractérise par En dehors de ces trois 'grandes
un hiver de froid modéré, un été régions topographiques et clima-
brûlant et des pluies de juillet, sur- tiques nous noterons les grands
tout abondantes, sur les chaînes de massifs montagneux des Nan-Chan
montagnes bordières. Ces pluies pro- et des Tien-Chan où règnent avec
viennent des avancées extrêmes de la le climat, une flore et faune
une
mousson d'été de l'Océan Indien, caractéristiques de toutes les grandes
passant en juillet les cols du Karako- chaînes d'Asie et d'Europe moyenne :
rum et du petit Pamir pour abattra ce que les biogéographes sont d'ac-
cord pour nommer le climat alpin, c) toutes les oasis du Sin-Kiang,aussi
la végétation, la faune alpines. bien celles situées au nord et au sud
Ces grandes unités une fois déga- du Tian-Chan, ou de la région Kho-
gées, il est possible d'entrer dans tan-Yarkand au pied de TAllyn Tag.
quelques détails régionaux touchant Tout le reste du pays, à l'excep-
la végétation et la faune tion des chaînes de montagne, re-
lève des steppes et du désert.
Végétation. — Les régions les La steppe occupe essentiellement
plus riches au point de vue de l'irri- les régions les moins desséchées du
gation et du sous-sol ont été enva- socle mongol; c'est-à-dire, d'une part
hies par la culture humaine. Ce sont la Dzoungarie sur laquelle s'abattent
naturellement :
a) la plaine alluviale du Tché Li,_ en novembre les neiges épaisses
plaine autour de Pékin ; venues de Sibérie et du bassin de la
Caspienne, et neiges dont la fonte
b) la ligne des grandes oasis du
printanière, continuée par les orages
KansLl avec quelques villes notables.
-
Fou-Tchéou-Kao-Tai., Kan Tchéou,
Lian-Tchéou, itinéraire du retour de
de juillet, alimente constamment
d'importantes masses d'eaux cireu-
lantes ou lacustres et sans préjudice
la Mission Citroën rassemblée à du sous-écoulement. D'autre part,
Urumtsi sous les ordres de Georges- cette steppe occupe la frange orientale
Marie Haardt et gagnant Pékin par de la Mongolie verte, ou herbue,
la boucle du Fleuve Jaune au cours nourrissant l'abondant bétail des
des mois de décembre 1931 et de bandes de cavaliers mongols.
janvier 1932 ; Entre ces régions favorisées, le
désert ne s'étend, après de larges
transitions subdésertiques, que dans
le centre des régions où s'exaspère
le régime ultra continental : hivers
glacés, étés arides, vents desséchés,
pluies exceptionnelles — une fois
tous les ans, à Torgozomu, au centre
du Gobi méridional, — et dont
l'action aboutit, comme de juste,
avec la disparition ou l'extrême raré-
faction du tapis végétal et de la vie
animale, au modelé désertique final :
les boules de granite nu, le schiste
dépouillé, le reg, la dune de sable.
Font partie-du modelé désertique
final le bassin ensablé qui se ren-
contre spécialement dans le grand
bassin de l'Ala-Chan (200 km. de
grandes dunes), entre l'Edsin Gol et
le Fleuve Jaune, qu'il arrive à fran-
chir au désert des Ordos. Et aussi
le plus grandergdu monde, celui du
Taklamakan, bordé au nord par le
Tarim, et étendant sur plus de
1.000 kilomètres dans tous les sens, ricts reculés protégés d'un défriche-
les crêtes parallèles de ses lames de ment aux conséquences désastreuses.
loess chassées et modelées par les Citons en outre la forêt du nord
vents d ouest. des Tian-Chan (Abies Schrenckiana),
En dehors de ces pays de mort, la élément important de la végétation
végétation liée aux zones humides alpine des Monts Célestes et dont
prend les aspects suivants : l'existence sur 600 km. de longueur
Rareté de la forêt. — Les régions et 50 et 100 kilomètres de profon-
forestières éparses et limitées sont deur minimum protège une faune
localisées tout d'abord à la face abondante et une riche flore alpine :
orientale du grand Khingan nord Arnica, Sorbus, Campanula, et autres.
oriental, relevé du socle mongol. On En dehors de ces forêts de mon-
trouve là les éléments de la forêt des tagne, un élément végétal important
montagnes de Mandchourie et un est formé par la brousse à toghrak,
diverticule méridional alpin de ;la ou Peupliers saules, Populus hetero-
forêt sibérienne dont les éléments phylla, qui. offre des feuilles de Peu-
sont le Sapin et le Chêne avec une plier aux branches, des longues
faune de Longicornes (Haplocnernia feuilles de Salir à la base, ou Populus
curculionoïdes et nubila, entre autres), euphratica, et dont l'extension de
qui est caractéristique, également, l'Euphrate au Tarim, et de l'oasis de
de la chênaie française. Kufra, en Tripolitaine, à l'Edsin Gol
Région forestière, encore dans la en Mongolie est une des énigmes de
région méridionale et orientale des la phytogéographie de ces contrées.
montagnes du Kansou dans les dis- Cette brousse de toghrak constitue
une espèce de forêt galerie extrême- talion buissonnante et herbacée utile
ment fourrée le long de toutes les à l'alimentation des caravanes.
rivières autour du Pamir, Eu phrate, La. flore sub-désertique apporte
Syr Daria, Tarim et ses affluents et encore comme remarques impor-
l'Edsin Gol, forêt vierge caractéris- tantes son extrême localisation :
tique des cours d'eaux, perdue dans a) dans les fonds d'oued,
les déserts d'Asie. b) à la base des glacis d'érosion
En dehors de ces végétaux endé- descendant, des noyaux granitiques
miques la végétation arborescente de ou gneissiques, os du désert, trouant
l'Asie Centrale est enrichie par l'a- sa peau comme celle d'un chameau
bondant verger d'arbres fruitiers des mort.
habitants des oasis, par les lignes c) à la base même de ces noyaux
de Peupliers et de Saules plantés par au point d'émergence des eaux sou-
l'homme autour des cours d'eau pour terraines retenues dans les diaclases.
les besoins du bâtiment et du char- C'est là et dans les fonds d'étangs
ronnage. et aussi par les lignes desséchés que se trouve la plus riche
d'Ormes isolés plantés par la dynas- végétation arbustive, Tamaris, Pru-
tie des Ming dans les fonds d'oueds nier épineux, Zygophyllées, grande
plus ou moins permanents du Gobi, Rhubarbe et Fagopyrum épineux.
pour maintenir à leur pied la végé- Ces remarques sur la flore déser-
tique n'ont d'autre but que de nous La steppe, nous l'avons vu repré--
amener à la distribution des espèces sentée principalement en Dzounga-
animales, comme de juste liée à rie et en Mongolie orientale. Cette
l'existence de points d'eau et de leur steppe nous montrera essentiellement
végétation nourricière. des formes vivantes adaptées à une
existence particulièrement active au
Faune. — Quoiqu'on ne puisse printemps, ère brève et privilégiée
aussi étroitement que pour les plantes, des plantes vertes et nourrissantes,
lier les animaux au milieu et au sol, des fleurs, des Insectes parfaits pullu-
il n'en reste pas moins vrai, et surtout lant dans les herbes, des rapides
pour les formes inférieures, qu'elles amours.
ont tendance à créer par colonies ou C'est la région où en plus des
par des diffusions plus lâches, des troupeaux de Moutons, de Ruminants
aires de peuplement limitées à la et de Chevaux libres (tarpans) des
constance des conditions les plus communautés mongoles, vivent en
favorables. outre en troupeaux de 2 à 300 têtes,
C'est ainsi que nous pourrions, la Gazelle de Mongolie ou Gozella
comme pour la vie végétale, être gutturosa Pallas, rigoureusement liée
amenés à distinguer des formes de à la steppe de grandes herbes.
peuplements animaux différents pour Sa congénère au contraire, la
la steppe, les déserts,les contrées Gazella subgutturosa Guld, se canton-
humides, les régions montagneuses. nera par troupes bien plus réduites
de deux à sept têtes dans les districts
avant le départ de la mission le pro-
fesseur Bourdelle avait attiré tout
déserts de l'Asie intérieure, le Gobi,
spécialement notre attention.
le Kansou, le bassin du Tarin (cf. note
publiée au Bull, Mus. Rist..Nat., Les observations sur les rencontres
2e S., 1932). du cheval de Prjewalskyi ont paru en
novembre 1932 dans le Bulletin du
La steppe est aussi la région favo-
rable à la pullulation des RongeursMuséum d'Histoire Naturelle. Nous
terricoles, Spermophiles ou Ecu- avons, en effet, été assez heureux pour
reuils de terre, Hamsters (Cricetus)
le rencontrer à trois reprises. Le
ou Gerbilles, celles-ci par petiteslieutenant de vaisseau Victor Point,
M. Audouin Dubreuil, chef adjoint de
colonies, non loin des cours d'eau et
dont le museau futé pointe au bord la mission, le mécanicien Fernand
de la route, avant de disparaître àChauvet, le docteur Delastre, ont été
l'approche de l'homme. parmi ceux qui ont pu rencontrer le
30 mai, le 24 juin, et le 13 décembre
Les districts les plus reculés de la
Mongolie sont également la patrie trois étalons de ce bel animal brou-
des Anes sauvages (Asinus Kiang), tant dans la steppe, à quelque distance
de la colonne, pour disparaître en
rencontrés, photographiés et abattus
par Andrews notamment et le R. P. quelques foulées hors de leur vue.
Licent (un exemplaire monté figure Nous eûmes encore la bonne for-
au Musée Pei-Ho-Hoang-Ho à Tien tune de trouver le 30 mai au soir, une
Tsin), et surtout la patrie du dernier
carcasse de ce Cheval dévorée par les
représentant sauvage du Cheval. Loups et d'en ramener au Muséum un
Equus Prjewalskyi. au sujet duquel crâne et une patte antérieure, docu-
ments suffisants pour signer l'exten- 25 mai 1931 entre Pei-Li-Miao et
sion, non signalée jusqu'à ce jour, Ha-sha-tu, dans les gorges du Yang
de ce grand Mammifère dans les chen-dze-Ho, en Mongolie orientale.
districts au sud de l'Altaï mongol à Une autre bande fut vue à 400 kilo-
2.500 kilomètres au sud-est du bas- mètres dans l'intérieur par le méca-
sin de Kobdo où il fut découvert. Ce nicien Nuret dans les gneiss de Cho
qui tendrait à prouver en outre que lun Huppe Gol, sur le même plateau
sans être commun, il pouvait être où le même jour fut vu, marchant
moins rare et plus largement distri- paisible sur des rocs de fournaise,
bué qu'on ne l'admet communément. le premier Cheval de Prjewalskyi.
Les caravaniers mongols
signalent entre autres sa
présence constante en peti-
tes hardes d'une dizaine
de têtes dans les bassins
du Pei-Chan, où nous
l'avons vu isolé à deux re-
prises, mais si les carava-
nes silencieuses des Cha-
meaux ne les mettent pas
en fuite, il n'en était pas de
même du lourd ronflement
des m oie u rs des chenilles
qui les chassait loin devant
nous.
lin dehors des Equidés
et des Gazelles, la Mongo-
lie nourrit encore le Mouf-
flon Argali, magnifique
animal qui se laisse ren-
contrer de temps à autre
dans les collines de l'est,
à 100 kilomètres à peine
de Pékin. Il est constant
et ses massacres atteignent
une puissance particulière-
ment remarquable dans
les chaînes méridionales
du plateau mongol, notam-
ment le Kara Narin Oula,
au nord de Paotou, sur-
plombant au nord la bon -
chedu Fleuve Jaunf. Nous
avons ramassé des massa
cres et entrevu un trou-
peau au cours d'une chasse
avec le lieutenant dé
vaisseau Victor Point, le
Enfin un crâne portant des cornes neilles à bec rouge ou à manteau
de grande taille fut ramassé par blanc, extrêmement répandues sur
Joseph Remillier, mécanicien de la toute la route et notamment rassem-
voiture 6, le 1er juin, à 50 kilomètres blées en vols immensessurles champs
de là, près du massif schisteux de bataille, autour eu siège d'Hami.
d'Hoyer Harramatu. A partir de ce Les Rapaces de toute taille et notam-
point. le désert s'aggravant, nous ment les Aigles aussi répandus en
ne vîmes plus sur près de 400 kilo- Mongolie qu'aux Monts -Célestes
mètres aucun grand Mammifère jus- nichent sur des rochers d'un accès
qu'aux Gazelles de l'Edsin Gol. très facile, tant ils sont peu chassés.
La faune de l'Asie Centrale ne Les Faisans, Oiseaux les plus caracté-
développe toute sa richesse que dans ristiques de la Chine, hante-nt les
les refuges montagneux, où l'humi- oasis et les régions humides, Faisans
dité peut nourrir une végétation plus du Kansou, de Dzoungarie, de l'Ed-
abondante. C'est dans les flancs du sin Gol. En hiver ils glanent les
Karlyk Tag au nord d'Hami, que les grains des champs non loin des mai-
montagnards musulmans nous invi- sons et ce n'est pas une des moindres
taient à chasser avec eux, le Mouf- surprises des voyageurs de voir
flon, la Chèvre sauvage, avec l'Ours ces magnifiques Oiseaux sauvages
brun et le Léopard des neiges, l'Once s'ébattre par bandes parmi les sil-
à l'énorme queue fournie. lons à deux pas des villages.
La guerre aux frontières du Sin Plus liés au contraire aux alpages,
Kiang, les difficultés politiques ont les Coqs de bruyère des Tian-Chan et
réduit à peu de chose les possibilités le Crossoptylun du Thibet, qui hante
de travail du groupe Chine dans cette les Nan Chan, tandis que les grandes
région particulièrement promise à bandes de Palmipèdes et d'Echas-
son activité et où manquèrent le siers migrateurs pullulent au prin-
moins les épreuves à sa patience. temps en Mongolie, autour des étangs
C'est dans lesTian Chan pourtant, au de fusion de la neige pour fuir dès
sud d'Ouroumtsi, que le lieutenant les premiers froids autour du Lob Nor
de vaisseau Victor Point put abattre et du Fleuve Jaune, avant de gagner
une grande femelle de l'Ovis ammon les rives du Fleuve Bleu ou des
Humei ou sairensis. sous-espèce spé- rivières du Sud.
ciale aux TianChan. Il ne pouvait malheureusement
Dans la même semaine (7 octobre) s'agir ici ni d'être complet, ni de con-
il eut à la fois la chance de voir défiler clure, mais simplement de tenter la
à moins de quarante mètres de lui vue d'ensemble de ces contrées loin-
une troupe de sept splendides Chèvres taines et pourtant. assez peu distinctes
sauvages, Capra ibex, la Chèvre thi- de nos régions.
bétaine, et la malchance d'un raté A l'état absolu, isolé par le mur in-
par gel du percuteur dû à un froid de franchissable du Thibet des influences
— 15°, à l'altitude de 3.000 mètres de l'Asie du Sud, alors que celles du
il là limite des neiges où se fit la ren- Soudan, au contraire, hantent notre
contre. Afrique du Nord, c'est une Méditer-
Quelques mots de même, sur les ranée de steppes et de déserts qui pro-
Oiseaux caractéristiques de ces longe en Asie Centrale la région circa
régions, c'est-à-dire d'abord les Cor- maritime de la mer Méditerranée.
CONSEILS
AUX NATURALISTES '

INSTRUCTIONS
POUR PRÉPARER LES MAMMIFÈRES EN PEAUX

E. L. Trouessart a publié en 1924 (Les Alors saisissant solidement la peau à la


Fils d'Emile Deyrolle, Paris) une excellente base de la queue entre le pouce et l'index,
brochure intitulée : Méthode normale pour ou en se servant de la fourche d'un bâton
préparer les Mammifères et les Oiseaux. fendu, on-dépouille les vertèbres caudales
Nous pensons être utile à nos lecteurs en à l'aide de cette pince ; on renverse la peau
publiant ici ces instructions très précises et par-dessus la partie antérieure du corps,
très condensées, pour la préparation des pour dépouiller les épaules et la tète ; on
vetits Mammifères en peaux. Ces instruc- sépare les pattes antérieures au coude, et
tions sont éditées et distribuées par le Bri- l'on prend grand soin de ne pas couper
tish Museum (Natural History). la peau lorsqu'elle passe par-dessus les
1. yeux; la peau est enfin complètement
— L'animal fraîchement tué étant séparée
placé devant vous, écrire l'étiquette. de la bouche en coupant avec
Celle-ci doit porter un numéro d'ordre, soin tout autour des lèvres. Pendant
la localité, l'altitude au-dessus de la mer, toute cette opération, de la sciure de
1-e sexe, la date et les
mesures suivantes, bois très fine est d'une grande utilité
en millimètres, prises sur l'animal en pour garder les mains, et par suite le
chair : 1° longueur de la tête et du pelage de l'animal, secs et sans souillures.
corps ; 2° de la queue sans la touffe de III. — Nettoyez avec de la, sciure de
poils terminale ; du pied postérieur bois la face interne de la peau, du sang,
sans les ongles ; et 4u de l'oreille, de de la graisse, etc., puis enduisez-la
l'échancrure de la base à la pointe. (Ces partout de savon arsenical (1) en prenant
mesures sont prises à l'aide d'un compas soin tout spécialement d'en enduire
que l'on reporte sur une règle divisée en l'intérieur des membres. On ne doit
millimètres). Pour les deux premières mettre aucun poison et s'abstenir en par-
mesures, le corps doit être redressé ticulier de la poudre d'arsenic, sur les
(sur la table) autant qu'il est possible: faces externes de la peau. Mais le poivre,
la queue doit être redressée à angle la naphtaline, le camphre peuvent servir
droit avec la ligne du dos, et les à préserver les peaux des teignes pendant
mesures doivent être prises à partir de le voyage.
l'angle ainsi formé. L'étiquette portera en IV. — On retourne la peau le poil en
outre, de l'autre côté, toutes les notes dehors, et oh la bourre avec de l'ouate, que
nécessaires pour bien préciser la localité l'on introduit autant que possible d'une
où le spécimen a été pris. seule pièce. Dans les climats tropicaux on
le coton quelques gouttes
11.
— Ouvrez la peau en fendant la paroi peut verser sur
ventrale depuis l'extrémité du sternum d'acide phénique ou d'un autre désinfec-
jusqu'à l'anus ; séparez à droite et à gauche
les membres postérieurs, et coupez les (1) Dans les climats humides l'acide arsé-
pattes à l'articulation du genou ; dégagez nieux en poudre doit servir à sécher les peaux,
mais il faut éviter d'en respirer pendant
des os de la jambe les principaux muscles, l'opération répandre sur le côté poilu
et séparez la peau jusqu'à la queue. de la peau. et d'en
tant paur écarter les Insectes. On prendra générale, un ne doit, dépouiller le crâne
soin de remplir la peau sans la bourrer qu'autant que le climat l'exige pour em-
outre mesure, et l'on s'appliquera à rem- pêcher qu'il ne pourrisse. Il vaut mieux le
plir toutes les peaux d'une façon égale. sécher naturellement ou artificiellement ;
Prenant alors un fil de 1er droit assez long on ne doit pas le saupoudrerd'arsenic uu
pour aller de l'ouverture antérieure du d'autres poudres chimiques les Insectes
ventre au bout de la queue, et l'aiguisant, étant écartés par l'emploi de bottes en fer-
au besoin, à l'une de ses extrémités, on blanc fermaut hermétiquement et l'usage
l'entoure d'une spirale de coton suffisante d'un peu de naphtaline ou d'un autre
pour remplir la peau de la queute ; on désinfectant place dans la boîte.
l'enduit de savon arsenical ; puis on pousse VIII. — Empaquetez séparément les
l'extrémité pointue jusqu'au bout de la
peaux, lorsqu'elles sont sèches, dans de
queue, et l'on cache l'autre dans le ventre petites boîtes; en ayant, soin de les enve-
en l'enveloppant du coton qui remplit lopper d'un peu de coton pour les empê-
cette partie. On pousse une petite boule cher de se froisser entre elles ; vil ne doit
d'ouate dans l'a peau vide des quatre
membres. Enfin on coud l'ouverture du pas les rouler séparément dans du papier,
à moins que les exigences du voyage ne
ventre, et on attache l'étiquette au talon rendent cette manière de faire absolu-
droit. ment nécessaire.
V. — On dispose la peau ainsi prépa-
rée sur une planchette d-e bois ou de liège IX. — Les Chauve-souris doivent être
fixées à l'aided'épingles, comme les autres
en étendant les pattes antérieures en animaux, les ailes repliées de chaque
avant, et les fixant au moyen d'une
épingle piquée dans le milieu de la paume côté du corps, de manière à ne pas cacher
des mains. On aura soin de rapprocher le pelage du ventre. Les p ouces doivent
les pattes le plus possible du cou et de la ètre dirigés en dedans ou en arrière, non
tète de manière à éviter que les griffes ne en dehors. Un ou deux spécimens de
s'attachent aux autres peaux lorsque chaque espèce doivent ètre, autant que
plusieurs seront empaquetées ensemble possible, conservés dans l'alcool.
dans une mème boîte. On fixera de la Le dépouillement desanimaux de grande
même manière les pattes postérieures taille se fait nécessairementd'une manière
dirigées en arrière la plante du pied en- un peu différente, mais l'étiquetage et. le
dessous et rapprochées des cotés de la maniement des peaux doit être conforme
queue. Il est très important que les pattes à ce qui précède, sauf lorsque-la longueur
antérieures et postérieures ne forment du corps ajoutée à celle de la queue de-
pas saillie latéralement et ne puissent se passe 16 centimètres. Alors la queue doit
recourber en séchant, et que les doigts ètre rabattue sous le ventre, tandis que les
et les orteils restent rapprochés et paral- pattes antérieures et postérieures sont
lèles sans former de saillies en dehors. dirigées en arrière. La longueur totale de
toutes les peaux de moyenne taille (fte-
VI. — Pendant que la peau sèche, on nards, etc.), ne doit pas dépasser, s'il est
veille à ce qu'elle prenne une apparence possible, ï5 centimètres ; les peaux qui
aussi naturelle que possible, à ce que les dépassent cette dimension seront réduites
oreilles restent plates et dressées.
en dirigeant les pieds de derrière en avant,
VII. — Le crâne ayant été séparé du ou même en repliant, la peau sous le
tronc, on l'étiquette avec un numéro cor- ventre.
respondant à celui de la peau, et on le Lespetits Mammifères peuvent êtreobte- -
laisse sécher. Sous un climat sec, on peut nus principalement en plaçant des pièges
presque se dispenser de le nettoyer de la en bonne place : les pistes et les terriers
chair ; même sous un climat humide, si serviront d'indications pour cela. Le col-
ce crâne peut être placé dans de la sciure lectionneur doit avoir un certain nombre
de bois artificiellement desséchée, on de petits pièges en métal ; il se servira
peut également s'en dispenser en partie ; aussi utilement des pièges en usage dans
mais tout au moins on doit enlever les le pays où il se trouvera. Des pièges il tré-
yeux et la cervelle, en prenant soin, lors- buchet, formés d'un vase de verre ou de
qu'on extrait celle-ci, de ne pas abimer métal entepré au niveau du sol. donnent
la partie postérieure du crâne. D'une façon. souvent aussi un excellent résultat.
VARIÉTÉS

LES OREILLES D'ÉLÉPHANT et les plus délicats du rouge, du violacé,


associés en teintes uniformes ou en
Les oreilles dont nous allons parler ne panachures avec des nuances jaunâtres
l'ont point partie de l'anatomie de l'é- et des verts plus ou moins accentués.
norme Pachyderme que vous connaissez : C'est précisément cette diversité des
il s'agit des feuilles d'une plante orne- nuances qui constitue l'attrait du Cala-
mentale. le Caladium esculentum, vulgai- dium.
rement dénommée Oreilles d'Eléphant, Bien que toutes les espèces puissent
avec lesquelles elles ont, du reste, une être cultivées de la mème façon, le Cala-
certaine ressemblance. - dium, esculentum est le plus répandu, en
Cette plante fait partie de la famille des raison de la facilité relative de sa cul-
Aroïdées. Elle est peu abondante dans les ture. La -plante est assez rustique pour
paystempérés; où nous ne possédons guère supporter le plein air pendant la saison,
que le Calla palustris, l'Acorus calamtls, de juin aux premières gelées, à la con-
l' Arisarium vulgare et surtout 'Arum tache- dition d'être mise en bonne exposition
té dit 60uet, Pied de Veau, Manteau de la et à l'abri des vents.
Vierge, tandis que, dans les régions tro- Le Caladium esculentum se propage
picales. elle comprend une douzaine d'es- par tubercules empotés vers le 15 mars
pèces avec un nombre considérable de et plantés vers le 15 juin. On défonce le
variétés. sol sur 0 m. 60 de profondeur, on étend
Toutes les plantes du groupe ont un au fond une couche de fumier chaud, d'en-
port gracieux,- un feuillage coloré, par- viron 3U cm. d'épaisseur, puis on comble
fois translucide comme de ia baudruche, de terre mélangée, par moitié, de terreau.
parfois taché des tons les plus éclatants On espace les tubercules de 1 m. à 1 m. 50,
suivant leur vigueur, ou arrose abon- 3 m. 65 de largeur et 2 m. 13 de hauteur
damment sitôt la plantation terminée, fi g. 1). La seconde montre une feuille
puis on couvre le sol d'un bon paillis. individuelle prise sur l'un des pieds ; elle
Tant que les plantes ne sont pas en vé- est longue de près de 4 pieds 1/2 (environ
gétation, il faut les arroser sobrement ; 1 m. 35) et large de 3 pieds 1 Jt (1 m, 05).

dès qu'elles poussent, les arrosages doi- C'est, d'ailleurs, un véritable record.
vent être fréquents et abondants. Les en- Ajoutons enfin que le Caladium esculen-
grais liquides augmentent beaucoup la tum est surtout utilisable pour la décora-
vigueur des plants en stimulant leur végé- tion des pelouses où on le plante isole-
tation ment ou en groupe. On s'en sert beaucoup
.
Après deux ou trois mois de culture, ils aussi pour la formation de grandes cor-
ont acquis leur complet développement. beilles en mélange avec les Cana. les Eu-
En automne, on met les bulbes dans un calyptus, etc. L'aspect exotique de ses
endroit sec, jusqu'à la reprise de la végé- feuilles apporte un ornement remarquable
tation . à la décoration estivale des jardins.
Les « Oreilles d'Eléphant atteignent
)> L. KUENTZ.
parfois des dimensions extraordinaires,
comme l'on pourra s'en convaincre par A PROPOS DE CAPTURES
à
nos images prises l'Ecole de Médecine D'OISEAUX PAR LES PLANTES
de Carlisle (Pennsylvanie).
La première représente un ensemble de La lecture de la note parue ici même,
sept pieds mesurant 8 m. 25 de longueur. dans Le numéro de mars 1934, me permet
de rappeler qu'antérieurement à la note LA PROTECTION DE LA FAUNE
de M. 1-1. Heim de Balsac, parue dans le ET DE LA FLORE AFRICAINE
N" 1 d'Alauda. février 1931, j'avais publié Mi G. Petit a donné récemment un
dans la re-vue f Oiseau et la Revue française compte-rendu de la conférence interna-
d'ornithologie (Vol. XI, NJ 12, décembre nationale qui s'est tenue à Londres en
1930. p. 734-135). une note sur : « Une octobre-novembre dernier, pour la pro-
plante piège à Oiseaux », où je signalais tection de la Nature en Afrique (la Terre
la capture à St-Geniès de Malgoirès(Gard), et la Vie, N" 1, 1934, p. 51-55).
le 17 août 1930, d'un Engoulevent d'Eu- M. le professeur Auguste Chevalier,
rope. Caprimulyus europœus L. et celle dans les Renseignements coloniaux, publiés
d'une Effraye commune. Tyto alba (L.), par le Comité de l'Afrique française et le
lin septembre J929. par des épis d'une Comité du Maroc, vient d'écrire un élo-
Graminée S d aria verticillata P. de quent plaidoyer en faveur de la protection
Bauv. de la faune et de la flore africaines.
Dans les Nus 8-9 de la même revue, C'est, tout d'abord, un exposé dés
(août et septembre 1931i p. 562-563), je causes de la dévastation de la nature dans
signalais encore une Effraye vivante, cap- le continent africain ; la responsabilité en
turée le -2 novembre 1930, dont le corps incombe toute entière à la race blanche,
était entièrement ficelé par les épis et les qui s'y est implantée progressivement;
tiges de la plante citée plus haut. Dans refoulant devant elles les populations
ces trois cas. les Oiseaux s'étaient débat- noires autochtones.
tus et n'avaient réussi qu'à se ligoter « Le primitif africain, dit M. Chevalier
plus étroitement. était en réalité un protecteur de la
Selaria verticillatu porte dans ma région nature ». Sans armes à feu — ou à peu
le nom languedocien de « panis-m » et le près — il respectait la plupart des ani-
nom populaire de : « couturière ». maux à cause de sa croyance aux totems,
Dans ma seconde note, je rappelais le il n'osait toucher aux bois déclarés sacrés
travail de M. 11. Heim de Balsac, et que,
par ses sorciers, ou s'aventurer dans cer-
comme lui, j'avais trouvé des Chardonne- taines zones qui lui inspiraient une mysté-
rels entravés par des capitules de la rieuse terreur. II agissait donc par supers-
Grande-Bardane (Arctium lappa L.); capi- tition, mais qui pourrait le lui reprocher ?
tules connues sous le nom languedocien En voyant les Blancs massacrer incon-
d' « arrapn péou » (attrape-cheveux); la sidérément le gibier et dévaster les forêts,
plante est la « lampourda ». il était forcé qu'un revirement s'opérât;
Sur des Oiseaux et du gibier surtout Les Noirs ont fait de même, et, de ce fait,
blessés depuis quelque temps, il- n'est pas la destruction a été plus rapide et plus
rare de trouver fortement agrippés les complète.
fruits de Xanthium spinosum, X. struma- Nous en sommes arrivés à un point cri-
rium, X. macrocyanus. qui dans bien des tique : il s'agit de savoir si des espèces déjà
cas gênent dans leur fuite ces animaux extrêmement diminuées doivent dispa-
affaiblis.
Les captures des Oiseaux par les plantes raitre complètement — comme il est déjà
arrivé à quelques-unes — ou si nous vou-
sont plus fréquentes que ce qu'on a pule lons conserver quelque chose des-trésors
penser ; ce soûl les chercheurs bons obser-
vateurs qui. rarissimes, manquent pour que la nature avait accumulés pour nous.
La Conférence internationale de Londres
les découvrir. Promeneurs ou chasseurs
mettent sur le compte d'une blessure le pour la Protection de la Faune et de la
Flore africaines a essayé de résoudre le
cas de l'Oiseau qui se débat sans pouvoir problème. Elle s'est préoccupée d'établir
s'envoler ; les uns et les autres les
des zones de protection, parcs interna-
assomment ou les étouffent sans y prêter tionaux, réserves naturelles intégrales,
une plus sûre attention. réserves complètement soustraites à la
Albert HUGUES. chasse, où animaux et plantes pourraient
vivre et se développer en toute sécurité ; De pareilles réserves, comme le fait
elle a dressé une liste des animaux et des judicieusement ressortir M. le professeur
plantes dont la protection était la plus Chevalier, n'ont pas seulement un intérêt
urgente ; elle a organisé enfin un contrôle de curiosité ; elles sont utiles à la Science
de la chasse, avec la prohibition de en lui conservant, vivantes, des espèces
certains engins ou méthodes particuliè- qu'il serait au moins regrettable de voir
rement funestes. disparaître ; elles rendent service à l'éco-
Dans l'article rappelé plus haut M. G. nomie générale du pays, et il faut le dire
Petit a déjà parlé de ces travaux ; nous n'y à celle de l'univers tout entier, -car elles
reviendrons pas. Notons toutefois en empêchent de s'amoindrir le trésor dont,
passant que le continent africain ne pos- comme l'a dit le roi Léopold III, alors
sède actuellement que deux Parcs Natio- Prince de Brabant, nous ne sommes que
naux, le Parc Albert, au Congo belge et le les dépositairestemporaires. Il-est regret-
Parc Kruger, dans l'Afrique du sud. Le table que tous ne le comprennent pas. et
premier, qui couvre 315.000 hectares, ren- que, ne saisissant pas le but poursuivi par
ferme 200 Lions. 600 Gorilles, 400 Elé- le mouvement de protection delà Nature,
phants, 4.500 Hippopotames, pour ne ils l'estiment vain et inopérant.
citer que les plus grosses espèces ; il est L'article que nous venons de résumer
habité aussi par les derniers Pygmées. est heureusement complété par plusieurs
Le second, beaucoup plus vaste, a une cartes, indiquant l'emplacemenf des zones
étendue de plus de 2.000.000 d'hectares ; africaines de protection, par une liste
il ne renfermait au dernier recensement détaillée de ces réserves, enfin par un
que 100 éléphants et 200 Hippopotames, certain nombre d'annonces, vœux de
mais par contre on .y comptait 10 Rhino- Sociétés ou de Congrès savants, décrets
céros noirs, 4 à 500 Lions, 250 Girafes, et arrêtés de réglementation, qui en font
800 Buffles et 120.000 Antilopes de un document de la plus haute importance.
diverses espèces, sans compter de nom- Nous emprunterons la conclusion de
breux Zèbres. cette étude à M. Chevalier lui-même . « Il
Le Parc Albert a été créé en 1925, le n'y a qu'une richesse qui compte, c'est
Parc Kruger en 1928. On voit immédia- l'homme, son travail, son génie de créa-
tement quel résultat a été obtenu eu si tion et non de destruction. » La protection
peu de temps, et quelles espérances on de la Nature n'a pas d'autre but que de
en peut concevoir pour l'avenir. Quand nos limiter ce dernier, au profit du reste.
possessions d'Afrique auront-elles leur
parc national ? G. PORTEVIN.
NOUVELLES
ET INFORMATIONS

/
Ephémérides du Muséum —
TRAVAUX pèches maritimes, pèches fluviales. Le
FAITS DANS LES LABORATOIRES AU COURS DE Maroc ; décembre 1933.
L'AXA'ÉE 1933 (Suite). G. PETIT, Sous-directeur de Labora-
toire. — Un Cyprinidé nouveau d'Indo-
PÊCHES ET PRODUCTIONS chine (avec TCHUNG-LIN-TCHANG). Bull. du
COLONIALES D'ORIGINE ANIMALE Muséum, t. V, n° 3, p. 189-192.
— Un Poisson cavernicole aveugle des
A. GHUVEL, Professeur Directeur. — eaux douces de Madagascar Typhleotris
Mollusques testacés du grand lac Amer madagascariensis gen. et sp. : nov. C. R.
(canal de Suez) lre liste (en collaboration Acad. Sciences, t. 197, 24 juillet 1933,
avec G. MOAZZO). Bulletin du Muséum, n, 9, p. 347-348.
février 1932. Remarques suggérées par la décou-
Abondance du Branchiostoma (Am- —
— verte d'un crâne de Chat dans les dépôts
phioxus) lallceolatum Pallas, dans le sub-fossiles de Madagascar. C. R. Séances
canal de Suez. C. R. Acad. Sciences. Acad. Sciences, t. 197, nov. 1933.
3 juillet 19^3. Le genre Lepidolemur et sa réparti-

Sur la distribution de quelques tion géographique (note préliminaire). C.

espèces de Mollusques daus les lagunes R. sommaire Séances Soc. biogéographie
du lac Timsah (Canal de Suez). C. R. n° 82, p. 33-37.
Séances Acad. Sciences, 10 juillet 1933. Histoire de la création des réserves

Laboratoire des Pèches et Pro- naturelles de Madagascar et état actuel
— Le
ductions coloniales d'origine animale, du de leur organisation (résumé) id. n° 83,
Muséum d'histoire naturelle. Bulletin d'In- p. 44-45.
formations coloniales, 27 novembre 1933. Les réserves naturelles de Madagas-


(En collaboration avec W. BESNARD) : car. Le monde colonial illustré, n° 114,
De l'action des radiations lumineuses el février 1933, p. 29-30. 4 ill.
ultra-violettes émises par des lampes spé- Madagascar. Un album : 87 photogra-

ciales, sur la croissance et la reproduc- phies de R. MOURLAN. Texte et légendes :
tion de quelques plantes aquatiques. C. R. de G. PETIT. Arts et Métiers graphiques
Séances Acad. des Sciences, 4 décembre ' édit. Paris.
1933. Un bel exemple du musée régional :

Recherches sur la nature des fonds le Musée pyrénéen de Lourdes. La Terre

de la côte occidentale du Maroc entre le e/ la Vie, n° 11, nov. 1933, p. 681-689.
cap Cantin et le Cap Ghir (en collabora- — A propos d'un centenaire : Victor
tion avec W. BESNARD). C. R. Académie des .Jacquemont. La Terre et la Vie n° 7. juil-
Sciences, 9 décembre 1933. let 1933, p. 435-437.

L'Aquarium du Musée des Colonies. Comptes rendus bibliographiques

Bulletin d'Informations coloniales, dé- dans Lri Terre et la Vie : ouvrages de PEL-
cembre 1933. LEGRIN, PERRIER DELA BATIIIE. ROULE, AUBERT

Quelques mots sur la conférence DE LA RUE, etc...
internationale de Londres pour la Protec- Th. MONOD, Assistant. — Notes biblio-
tion de la Faune et de la Flore africaines. graphiques sur le Sahara occidental. Jour-
Communication à l'Académie des Sciences nal de t'a Soc. des Africanistes. t. III. fasc. 1,
coloniales, le 7 décembre 1933. p. 129-196, 1933.

L'industrie des poches au Maroc; Gravures rupestres sahariennes natura-
listes. La Terre et lu Vie, n', 5, mai 1933 Poisson de la famille des Gobiidés,

p. 258-215, 9 fig. d'un type morphologique nouveau, ori-
Anes sauvages La Terre et la Vie, n° 8, ginaire de Tanger. C. R. Séances Acad.
août 1933, p. 451-462. 7 fig. Sciences, s. 2. t 5
Sur quelques Crustacés de l'Afrique Gonorhynchidés fossiles des Mu-
occidentale française. Bull. Com. Etudes — Les
sées de Marseille et d'Aix-en-Provence.
hist. et se. de l'A. 0. F, t. XV, n° 2-3, Annales du Musée de Marseille. t. 26,
avril-sept. 1932 (paru en 1933) p. 436-548, R. Ph. DOLLFUS, Préparateur. Thyn-
fig. 1-26. —
nascaris Legendrei, n. gen.,. sp., de l'esto-
Brachyura maroccana I. Pinnoteridae mac du Germon, Germo alalongu Grnel.
(description d' Asthenognalhus atlanticus, Bulletin Soc. Zool. France, t. LVIII, n0 1,
nov. sp.) Bull. Soc. sc. nut. Maroc, t. XII, paru le 31. 3. 33, p. 7-12, fîg. 1-8.
n° 4-6. 30. 6. 1U32 (paru le 25. 5. 1933)
p. 142-155, fig. 1-9. — (en collaboration avecTh.MoNoo). —
Hoplodontoforus flagellum (Ehreub.) chez
Brachyura maroccana (2" partie). Bull. Procania Antineæ Bégouan et Il. lleim
Soc. Sc. nat. Maroc. t. XII, n° 7-8. 3. 12. de Balsac, au Hoggar. Bull. Soc. Hist. nat.
M931 (paru Ie tu. 8. 1933) p, 199-200, Afrique du Nord. t. XXIV, déc. 1933. n° 9,
fig.1-7.
Tanaidacea et Isopoda._ Mission Robert p. 327-341, fig.1 18+1 fig. paru fév. 1934].
PH D OLLF us e n Egypte Mém.Inst. d'Egypte, —
Mission R. Ph. DOLLEUS en Egypte
. (décembre 1927-mars 1929). Résumé ana-
t. XXI, nov. 1933, p. 160=264, fig. 1-80. lytique des mémoires, t. XXI, 1-6, pré-
P. GUABANADI), Préparateur. — Quense-
lia azevia Capella. sentés à l'Institut d'Egypte dans la séance
Dollfusina Rueppelli Cocco. du 14 novembre 1932. Bull. Inst. Egypte,
Fiches delà Commission Internationale t. XV (session 1932-1933) 2e fascicule,
pour l'Exploration de l'Atlantique Nord et p. 125-157 (paru en 1933j.
de la Commission Internationale pour — Mission R. Ph. DOLLFUS en Egypte
l'Exploration de la Méditerranée. (1927-1929). Résultats scientifiques, Impar-
l'organe nasal chez cer- tie. Introduction aux mémoires présentés
— Atrophie de à l'Institut d'Egypte, Mémoires de l'Insti-
tains Poissons hétéroso-mes. C. R. Acadé-
mie des Sciences, 197, p. 192. tut d'Egypte, t. XXI, 1933.
W. BESNARD, Préparateur suppléant.
— Les grandes subdivisions de l'ordre GItUYEL. : De l'action des
des Poissons hétérosomes sont elles justi- — avec A.
ciables d'un criterium discriminatif? C.R. radiations lumineuses et ultra-violettes
Acad. Se. 197, p. 1064. émises par des lampes spéciales, sur la
croissance et la reproduction de quelques
— Sur divers Poissons de la mer Rouge plantes aquatiques C. R. Séances Acad.
et du canal de Suez. Description de, deux Sciences. 4 décembre 1933.
espèces nouvelles Bulletin de l'Institut A. GHUYEL) : Recherches sur la
Océanographique, Monaco, 627 12, p. 7 fig. — (avec
Contribution à l'ostéologie compara- nature des fonds de la côte occidentale
— du Maroc entre le Cap Cantin et le Cap
tive des Poissons, principalement des Té- Ghir. C. R. Acad Se., il décembre 4933.
'léostéens hétérosomes Bull. Soc. Zool. Une création bien française : l'Aqua-
France, t. 58, p. 141-168, 1 pl. 21 fig. —
rium du Musée des Colonies. Le Monde

Variabilité de Lirus ovalis G. V. colonial illustré, décembre 1933.
(Pisc Stromateidae) Bulletin du Muséum, P. BUDKER, boursier du Muséum. --
s. 2, t. 5, p. 285. La pêche au « Rémora » dans la mer

Poissons hétérosomes recueillis par des Antilles. La Terre el fa Vie, n°6. juin
M. le Professeur A. GRUVEL et par MM. 1933, p. 373-374.
R. Ph. DOLLFUS et J. LIOUVILLE sur la côte Les Requins. Leur vie et leurs légen-
-
atlantique du Maroc Mém. Soc. Se. nat. —
des La Terre et la Vie, n" H, nov. 1933,
Maroc, n" 35 (111, p., 2 pl., 51 fig.)
Contribution à l'étude de la faune p. 654-664. 7 ill.

ichthyologique du canal de Suez. Bull. CULTURE
Soc. Zool. France, t. 58.

Poissons recueillis dans le lac M. le professeur Guillaumin (t attiré nuire
Timsah (canal de Suez) par M. le Profes- attention sur le fait que les services dont il
seur A. GRUVEL, en 1933. Bulletin du est le directeur comprennent, outre le labo-
Muséum, s. 2. t. 5. ratoire de culture, le jardin botanique., les
serres el Chèvreloup. L'activité du jardin, des III. COLLECTIONS DONNÉES ET REÇUES. —
serres et de Chèvreloup ne se manifeste pas L'Index seminum Horti Pariensiensis de
par des publications, mais par l'élevage de 1932 (graines distribuées en 1933) compre-
plantes, la distribution des graines, les, con- nait 2.8,42 espèces (contre 2.754 en 1932) ;
férences-promenades, etc. Nous publions les échanges se sont poursuivis comme
donc, avec plaisir, in extenso, le compte- par le passé avec les jardins botaniques
rendu que hl. Guillaumin a bien, voulu nous de France, des colonies et de l'étranger
faire parvenir sur l'activité de son service ainsi qu'avec les amateurs: les demandes
en 1933. ont pu être satisfaites dans la proportion
*
- - dé 97% alors que le Muséum n'a reçu qué
1. LABORATOIRE. — Une salle spéciale- 77 % des graines qu'il a demandées,
ment consacrée aux recherches de cyto- encore certains jardins botaniques ont-
logie et de caryologie a été organisée, et ils envoyé des graines mal déterminées
outillée. 1 jusque dans la proportion de 86 %.
La distribution d'eau de source a été Parmi les collections reçues il y a lieu-
réalisée pour les salles de travail qui jus- de signaler le don par MUe Fagris, de
qu'ici en étaient totalement dépourvues. 166 Orchidées complétant la collection
Il est regrettable clue le laboratoire de Liouville, donnée par elle en 1931, et la
Culture soit l'un des rares où le chauffage réception du célèbre' Salicetum d'QEnan-
central n'existe pas et qu'on soit toujours der légué par M. Ryden, et ne comprenant
obligé d'employer des poêles à charbon et pas moins de 229 plantes actuellement
à gaz qui présentent de graves dangers plantées au Jardin de Jussieu (annexe du
d'incendie et produisent beaucoup de Muséum d'Histoire naturelle) à Chèvre-
poussière. loup. près Versailles.
L'ensemble du mouvement pour 1933 se
II. SERRES. — 'Les serres tropicales re- répartit l'indique le tableau placé
mises en état en 1931, grâce une à sub- comme
à la fin de la liste des publications du
vention des « Amis du Muséum ». ont été, laboratoire.
ainsi que le Jardin d'Hiver chaud, renfer-
mant surtout des plantes utiles de grande IV. PUBLICATIONS. — A. GUILLAUMIN.Pro-
taille, ouverts au public du ler mai au t'esseur. --' Orchidees in' LECOMTE : Flore
Il novembre. Accessibles aju public les generale de l'Indochine, VI, pp. 398^424,
jours ouvrables ils n'ont reçu la visite que 428-430 et 431, en collaboration avec
de 8.552 personnes (contre 14.355 en F. Gagnepain.
1932), malgré l'attrait de la culture, pour- Plants collected in New Hebrides

tant particulièrement réussie, de la Victo- by Kajewski, in Journ. Arnold Arb. XI{ ;
ria regia et deux expositions de Cactées p. 53-61.
et plantes grasses du 19 au 24 juin et du Matériaux pour la Flore de la Nou-
23 au 27 octobre. —
velle-Calédonie XXXII et XXXIII. Bull.Soc.
Des conférences-promenades dirigées bot. France, XC, p. 35-38, 476-480 ;
par le professeur, le sous-directeur du —
Contributions à la Flore de la Nou-
laboratoire ou Je jardinier en chef ont velle-Calédonie LX. LXI: Bull.. Mus. Bull.
réuni plus de 600 personnes appartenant Mus., 2e série V, p. 242-249, 322-328 ;
à la Société philotechnique de Saint-Maur, Etat de nos connaissances sur la

à la Société des Sciences de Seine-et-Oise, Nouvelle-Calédonie et les Nouvelles-Hé-
au Foyer des Campagnes, à YInstitut natio- brides, Revue Bot. app., XII, p. 309-311.
nal pour le développement de la vie intellec- La chaire de Culture du Muséum

tuelle en France, au Génie français, àla nationald'Histoire naturelle de Paris. Rev.
Société d'Etudes géographiques et histo- scient. 1933.
riques de la Région parisienne, à F Art pour Les Cactées, plantes à la mode, La

tous, à l'Amicale des Ecoles du XIVe, aux Terre et la Vie III, p. 707-715,
Anciens élèves du Lycée de Nantes, à YEcole Les Cactées cultivées, 2e édition ; ;
Normale sociale 'de jeunes filles, aux Ecoles —

Une exposition de Cactées et de
de Versailles, aux Scouts de France. Plantes grasses à Paris. Cactus, III, n° 4,
Sur les revenus du legs fait au service p. 1-3 ;
de Culture par-feu Lionet. une serre spé- —
Une curieuse espèce nouvelle d 'Eu-
cialement organisée pour la multiplication phorbe de Madagascar, ibid., n° 6, p. 3-4;
des plautes de serres chaudes a été cons- —
Les Musa à feuilles rouges. Rev. hort.
truite et mise en service. 1933. p. 568, pl. col. ;
— Le Salicetum d'Œnander au Jardin supérieurs. Bull. Histologie, X, p. 41-55,
de Jussieu. Bull Soc dendrol, France 1933, 1933.
p. -25-29. M. ROUYER, Chef de la Multiplication. —
— Les relations entre Formose et les Compte-rendu concours de visites de jar-
régions voisines basées sur la Flore li- dins d'Aulnay-sous-Bois in Bull. Soc. nat.
gneuse, d'après Kanehira in C. R. somm. Hort. France, 5e sér., VI, p. 441 ;
Soc. Biogéog., X, p. 75-77. Compte-rendu de l'Exposition de

— Nécessité de ne pas omettre les noms Villeneuve-le-Roi, ibid p. 450 ;
,
d'auteur dans les catalogues horticoles. Compte-rendu de l'Exposition de
C. R. Xe Congrès intern. Hort., p. 286-287. —
St-Maur-1 es-Fossés, ibid, p. 650 ;
— Guide aux Collections de Plantes vi- C. GUINET, Chef de l'Ecole de Botanique
vantes du Muséum, IV Plantes utiles, orne- et de la Graineterie. — Procès-verbaux des
mentales, ou intéressantes des pays chauds, séances dç la Section botanique de la Soc.
première partie : Plantes utiles, 55 p. ; nat. d'Acclim., Bull. Soc. nat. d'Acclim.

Index seminum Horti Parisiensis France, 1933, p. 71, 114, 156, 238, 276 ;
avec C. Guinet) ;
anno 493a collectorum (en collaboration — Rapport sur le Jardija alpin
Bièvres, ibid., 1913, p. 194 ;
de

— Compte-rendu des travaux de la So- Index Seminum Musei Partsienst-s


ciété nationale d'Horticulture de France —
pendant l'année 1932. Bull. Soc. nat. Hort. anno 1933 collectorum (en collaboration
France, 5" sérierai, p. 5=9. avec A. Guillaumin.)
Erigeron mucronafus. Le Monde des
— Nombreuses analyses bibliographi- —
Plantes, 1933, p. 28 :
ques in Bull. Soc. bot. France, XC, et Analyses bibliographiques dans Bull.
Bull. Soc. nat. Hort. France, be sér., VI. —
Soc. Nat. Hort. France, 1933, 5* sér. VI
D. Bois. — Professeurhonoraire, Florai-
et Bull. Soc. Bot. France, XC ;
son et fructification du Bambou, Bull. Organisation moderne des Jardins
Soc. nat. Acclimat. France, 1933, p. 91. —
Notice nécrologique sur Jacques de botaniques. C. R. Xe Congrès int. Hort..
— p. 259.
Vilmorin, ibid., p. 183.
Le Cytisus Battandieri Maire, nouvel J. WEILL, Chef de carré à la Ménage-
— rie. — Le Chimonanthus fragrans in Le
arbrisseau ornemental. Rev. hort. 1933,
Petit Jardin, p. 20, 1933 ;
p. 557-559, fig. ; Couches, ibid, p. 59 et 85 ;
— Rapport sur le livre <( Roses et ro- -- Les
Les Primevères des Jardins. ibid.
siers » de MM. Rivoire et Ebel. Bull. Soc. —
nat. Hort. France, 3e sér. VI, p. 558. p. 120 ;
R. FRANQUET, Sous-directeur du Labo- —
Les Ipomées, ibid, p. 309,
ratoire, et EICHHORN A., Assistant. — La Les Hellébores, ibid, p. 339.

mitose somatiqiie chez le Fatshedera Lizei E. MANGUIN. Chef des Serres. — Sur la
Comp. rendu Soc. Biolog., CXII, 744, 1933. présence du Scenedesmus mtcrospina Chod,
Eichhorn A. Assistant. La mitose soma- dans le département de la Sarthe. Rev.
tique du Cotonnier, ibid., CXII, p. 26u. algologique (1933 (sous presse).
1933 ; Catalogue des Algues d'eau douce du

Sur l'existence de prochromosomes —
canton de Fresnay-sur-Sarthe, lre partie,
dans les noyaux de Sinapis nigra, ibid., in Bull. Soc. Agric. Sc. et Arts Sarthe
CXII, p. 535, 1933 ; 1933, p. 1-53 ;
Observations vitales sur les noyaux

à structure non réticulée, ibid., CXII, p. V. Chaudun. Jardinier permanent. —
1 525, 1933 Les Floralies -de Gand. Notre Bulletin.
;
Sur la prétendue existence de cen- n° 155 p. 19-22.
— des Plantes grasses, ibid,
trosomes et d'asters chez les végétaux su- — La vogue
périeurs. Compte-rendusAcad. Se., CXCVI, n° 156, p. 20-23 ;
p. 1239, 1933 ; —
L'hybridation entre Noyer et Noise-
— Etat actuel des connaissances sur le tier est-elle possible? Rev. kart., 19:33.
noyau et sa division chez les végétaux p. 404-405, fig.
LABORATOIRE DE CULTURE. — ENTRÉES

EchantMonsd'études
Graines Plantes Boutures
%
(individus) (sachets) vivantes (espèces)

Ecole'de Botanique ... 5.102 1.111

Serres .
249 298

Fleuriste et multiplication 98 325


.

Jardin de Jussieu .... 3.250 1.555

Totaux
....... 8 699 3.289

I
ECHANGES ET DONS

Ecole de Botanique
.... 1.700 18 507 1.331

Serres 217 196

Jardin de Jussieu 207

Fleuriste et multiplication .. 2.550 7.871 45

Totaux
........ 4.467 18.507 9.605 45

la mission du professeur Humbert à Mada-


gascar ; la mission, à Saint-Pierre et
Assemblée générale de la Société des Amis Miquelon, de M. Aubert de la Rue, et
du Muséum. — Cette Assemblée a eu enfin, la mission de M. Bultingaire,
lieu le dimanche, 18 mars 1934, dans bibliothécaire en chef du Muséum, aux
le grand amphithéâtre du Muséum, sous États-Unis d'Amérique.
la présidence de M. le gouverneur général En outre, des avances importantes ont
Olivier, président de la Société. été adressées à. différentes personnalités,
M. Duvau, secrétaire général, lut le l'acquisition et le transport d'ani-
pour
compte-rendu moral pour 1933. Nous en maux qui vont permettre le peuplement
extrayons quelques passages importants. complet des belles organisations du
La société a pu activer le départ de nouveau Parc Zoologique du Bois de
différentes missions, en avançant les Vincennes.
sommes nécessaires il leur accomplisse- Des avances ont été également faites
ment. Parmi les différentes missions qui à l'ensemble des Laboratoiresdu Muséum,
ont bénéficié de ces avantages, nous de- avances qui simplifient considérablement
vons citer : la mission de l'Omo, dirigée leurs opérations administratives.
par le docteur Jeannel et M. Arambourg ; Enfin les Amis du Muséum peuvent
être satisfaits du gros effort qu'ils ont fait Zoologique du bois de Vincennes doit
cette année. En versant au propriétaire ouvrir ses portes au printemps prochain.
actuel de la collection de Papillons Fruhs- Les (( Amis du Muséum » doivent colla-
torfer, une première tranche de 50.000 fr., borer au lancement de cette belle organi-
cette collection a pu être exposée dans la sation dont ils sont un peu les artisans.
galerie de Zoologie du Muséum. En 1935, le Muséum célébrera le tricen-
Par la suite, l'activité des Amis du tenaire de sa fondation et pour fêter,
Muséum ne s'est pas bornée à de simples comme il se doit, cette institution glo-
versements ; ils ont aidé le Muséum à rieuse, les « Amis du Muséum » auront
recueillir de nouvelles sommes qui, à cœur de se grouper en nombre de plus
ajoutées à leur donation et à celle du en plus important.
Muséum ont contribué à l'acquisition
#complète du premier lot de la collection
évalué à 160.000 fr.
La société des Amis du Muséum a La nouvelle singerie. — A la suite de
conservé jusqu'au 31 décembre, comme l'assemblée générale dont il est rendu
le Muséum le lui avait demandé, la compte ci-dessus, un nombreux public
gestion du Petit Parc Zoologique. Les visita la nouvelle singerie du Jardin des
résultats obtenus au cours de cette Plantes, sous l'aimable conduite du pro-
période, dans l'exploitation d'un orga- fesseur Bourdelle.
nisme temporaire et par conséquent La nouvelle singerie s'élève sur l'empla-
d'une conduite délicate, ont donné toute cement même de l'ancienne rotonde des
satisfaction. Ces résultats sont supérieurs Singes qu'elle déborde largement sur
à ceux obtenus l'année précédente, 60 mètres de longueur et 40 mètres de
malgré le non paiement des redevances largeur, couvrant une surface de 2.000 m.
des concessionnaires. carrés.
Depuis le premier janvier les amis du Elle comprend un grand hall central,
Muséum ont remis au Muséum l'exploi- en Jardin d'hiver, sur lequel s'ouvrent des
tation du petit Parc de l'Exposition loges intérieures, en communication avec
coloniale qui est rattaché à la chaire des loges extérieures abritées et grillagées
d'Ethologie des animaux sauvages, créée dans lesquelles les animaux peuvent libre-
récemment, et dont le docteur Urbain a ment passer à leur gré à la belle saison.
été nommé professeur. Loges intérieures et extérieures sont sépa-
Le secrétariat avec une permanence rées par un couloir de service circulaire
qui dessert les annexes alimentaires et
est installé, depuis le mois de juin, dans médico-chirurgicales : magasins, chauf-
une dépendance du grand amphithéâtre. fage, laboratoire, etc., etc.
L'activité des « Amis du Muséum », Les animaux sont assurés du maximum
dépassant son cadre primitif, le 31 mars, de confort et des meilleures conditions
une filiale commerciale des « Amis du hygiéniques qu'on puisse leur donner
Muséum » était créée : la Société auxi- dans un état de captivité qu'on a essayé
liaire des établissements d'Histoire Natu- de réduire le plus possible. — Alimenta-
relle. La création de cette nouvelle tion, chauffage, éclairage, aération ont été
société répondait à une nécessité. .En effet prévus de manière à réaliser aussi com-
certaines opérations, dont le Musëum plètement que possible les buts pour-
désire conserver le contrôle, ne pouvaient suivis.
être entreprises par la Société des Amis Ainsi la remarquable collection de
du Muséum, société déclarée d'utilité Singes vivants de la Ménagerie du Jardin
publique. La société auxiliaire a donc des Plantes qui ne comprend pas moins
permis de mener à bien ces différentes de 200 spécimens trouvera dans la nou-
opérations et justifie l'utilité de son exis- velle singerie, pour ses plus beaux repré-
tence, en apportant au Muséum l'aide sentants, au moins, l'abri qui lui convenait
désirée, tout en servant cependant un et qui contribuera encore à la mettre en
dividende intéressant à ses actionnaires, valeur.
en rémunération des capitaux engagés.
Une augmentation de capital de cette
société est en cours. Un bicentenaire. — Les visiteurs du
En l'(34, les « Amis du Muséum » ne Jardin des Plantes connaissent tous le
resteront pas inactifs, car le nouveau Parc Cédre de Jussieu : beaucoup peut-être,
passeront cette année sous ses branches reste cependant le plus énigmatique est
sans remarquer son âge vénérable. le Serpent de Mer. dont parlait déjà
C'est en en'et en 1734. comme le Aristote. Signalé Ù diverses reprises et plus
l'appelle l'inscription qu'il porte, une particulièrement vers les côtes indochi-
Bernard de .Jussieu le rapporta d'Angle- noises. il a pu être en partie décrit parles
terre : notre Cèdre est donc maintenant observateurs dignes de foi. et qui sont
bicentenaire. d'accord d'ailleurs sur beaucoup de
L'inscription en question spécifie en points. On a donc pu s'en faire une idée
outre, qu'il est l'un des premiers pieds approximative, si bien que le zoologiste
rapportés d'Angleterre par .lussieu. One Ralinesque a créé pour lui le g-enre
son! devenus tes autres? Megop/i la,L
Ce serai! un animât de 15 i't 30 mètres
de long. Ù con très allongé et a petite tète.
probablement recouvert de poils de colo-
Le Roi Albert et la protection de la ration brune, plus claire sous le ventre
Nature. — Le Roi Albert Ier de Belgique. nous voici très loin du Serpent d'Olaus:
mort si tragiquement. fut un grand prlltec- Magnus, qui attaquait des bateaux pour
teur de la Science. Il créa en Belgique le Cil dévorer les habitants!
«
Fonds national de la recherche scien- Ce n'est pas d'ailleurs, un Reptile, nous
tilique » afill de favoriser ceHe-ci. et dit". G. Petit, non plus qu'un Mammifère,
déclara, dans un de ses discours, que mais un Poisson, de forme particulière,
« la nation qui néglige la Science el les habitant les grandes profondeurs.
savants est marquée pour la décadence Il. Ouanl à l'animal du Loch Xess. s il
Tout particulièrement, il s'intéressa à existe et c'est fort possible — on
la protection de la nature, liés 1909. manque indications précises pour l'iden-
après un voyage au Congo, il établit un lilier. Ksi-ce un Poisson apparenté au
plan de mesures protectrices pour la Megophias. ou simplement un Phoque ?
faune et la flore de celle colollie. Kn 1929. .Nul actuellement ne peut résoudre la
ce plan avait, pour résultat la création de question de façon satisfaisante.
la magnifique réserve qu'est le Parc Il y a. évidemment, dans les grandes
National Albert. Il ne cessa pas cependant profondeurs sous-marines, un certain
de s'en préoccuper : en 1932?. il fil le nombre d'animaux qui nous sont encore
voyage du Congo pour visiter le l'arc du inconnus : il n'est nullement deraisonna-
Kivil. afin de se rendre compte par lui- ble de supposer que de temps Ù autre.
même de l'efficacité des mesures prises. quelqu'un de ces ètres, exili, de son
Le grand souverain disparu laisse habitat ordinaire par une cause quel-
heureusement un successeur digne de conque, se trouve jeté après 81/ mort, sur
lui. Au bauquel de la Société Africaine, les rivages de l'Ocean. A proprement
à Londres, celui-ci prononça. en faveur parler, ce n'est pas un monstre, c'est-n-
de cette protection iiii éloquent plaidoyer; dire un animal de conformation anormale,
le Boi Léopold III ne désavouera pas relevant de la tératologie : ce n'est qu'un
le duc de Brabant. inconnu, c'est-à-dire un sujet d'études
de plus pour les naturalistes.

Les « monstres » marins. Des ani-


maux marins dont on a voulu faire des A propos du Sélacien de Querqueville.
« monstres » paraissent nous avoir vigile A la suite de son voyage à Cherbourg,
ces temps derniers, au grand complet. notre rédacteur en chef. M. C. Petit, a
Après celui du Loch--\ess qui n'a fait reçu un certain nombre de lettres intéres-
que passer, voici celui de Querqueville et santes. Nous publions ici les passages
ceux de Cherbourg dont on a pu exami- essentiels de deux de ces lettres.
ner les cadavres. Vue faut-il conclure de Extrait traduction d'une lettre du
ces apparitions et de cet examen "? 8 mars 1934. adressée pat- M. L. M. Wilkes
Un article deMrG. Petit 7 Stt i-V tout
<•
bunderland. Angleterre .
,
février 1934 met au point aussi complète- fi peut être intéressant pour vous de
<(
ment que cela est actuellement possible. savoir que, il y aura 4 ans au mois de
cette question des « monstres » marins. juin, j'étais steward sur un petit bâtiment
Le plus anciennement signalé, et qui côtier qui faisait toutes les quinzaines, un
service régulier entre le port de Blyth- Lest émoignages affluèrent, parmi lesquels
Northumberland et celui de Queenbo- il s'en trouvait de fort intéressants. Je ne
rouhg sur l'estuaire de la Tamise. crus pas néanmoins devoir y ajouter le
« Le matin en question, comme je quit- mien
tais ma cabine pour commencer mon ser- « Permettez-moi de—me départir de
vice, le soleil brillait de la plus merveil- cette réserve (et d'en venir aussitôt)
leuse clarté... Au moment exact où j'arri- à ce que j'ai à cœur de vous dire en vous
vais sur le pont, je commençai à repérer affirmant par avance mon entièré sincérité.
notre position : nous étions au nord de la «L'été de l'année 1911 fut particulière-
cqte de Norfolk ; en faisant cela, j'obser- ment chaud et de cet été la journée la
vai une créature de curieux aspect à envi- plus chaude fut sans doute celle où je me
ron 1.00 ou 200 yards du pont du bateau, trouvais assis avec mes sœurs, qui toutes
alors que.rien n'empêchait de la voir. deux vivent encore à Guingamp, sur l'un
« Elle avait un cou et une tète comme des promontoires qui limitent à l'est et à
un chameau, sans oreilles ; si elle avait l'ouest la principale plage de Samt-Quay-
des oreilles, elles devaient être très Portrieux. L'endroit que nous avions choisi
pètites, car je n'en pus certainement voir pour déjeuner des provisions que nous
aucune. avions apportées, était situé à flanc de
«Je dirai que le cou devait avoir envi- coteau. J'en repèrerais facilement le lieu
ron 4 il 6 pieds-de-long.L'animal parais- exact bien que les habitations aient depuis
sait regarder indolemment le bateau. Je envahi ce promontoire qui était alors à
ne l'ai pas vu réellement au-dessus de peu près désert. Nous dominions de là,
l'eau, mais je le guettai tout le temps tout en restant rapprochés du rivage, toute
qu'il fut près de l'eau, environ 2 minutes ; l'étendue de la petite baie largement
alors il s'enfonçadoucement, la tête étant ouverte du côté de la mer.
la dernière à disparaître, en ne faisant ni Nous achevions de déjeuner et il était
éclaboussures ni tourbillon. une heure environ de l'après-midi quand
« Les marins sont les derniers à parler ma sœur. Mme Vve Ollivier, s'écria: « Tiens
de ce qu'ils ont vu particulièrement aux voilà un chien qui se baigne ». — Vers
autres membres de l'équipage, de peur le- point que ma" sœur indiquait mes yeux
qu'on ne se moque d'eux et c'est pourquoi furent d'abord attirés par les évolutions
seulement quelque temps après je racon- d'un petit yacht à voiles ; puis j'aperçus
tai l'apparition dont je fus témoin à ma entre le bateau et le rivage, plus près de
femme. La photographie du monstre de la côte, l'animal qu'elle désignait et que
Querqueville semble avoir une ressem- j'acceptai sans examen pour être un chien
blance très frappante avec l'être que j'ai appartenant à quelque membre de l'équi-
vu il y a 4 ans et il n'y eut alors aucune page. Il se rapprochait cependant de nous
mention de monstre d'aucune sorte dans et je ne laissai pas d'être surpris, en même
la presse. » temps que de la rapidité avec laquelle il
Extrait d'une lettre de M. François nageait, de la longueur du cou qu'il éri-
Gélard, de Guingamp (Côtes-du-Nord), en geait au-dessus des flots.
date du 12 mars 1934. « Je braquai sur l'étrange nageur des
« La découverte récente, sur la jumelles marines dont j'étais pourvu el je
plage de Querqueville, d'un animal marin constatai tout de suite qu'il n'avait avec
jusqu'à ce jour inconnu, a suscité chez un chien rien de commun. Aussi bien les
moi un très vif intérêt en raison des cir- éléments de comparaison me faisaient
constances que je vais vous exposer. Les défaut et le seul rapprochement que je
descriptions, bien que fort incomplètes, pus immédiatement faire de ce que j'a-
que j'ai lues du monstre, aussi bien que percevais pleinement du corps de l'ani-
les photographies que j'en ai vues, me mal, à savoir le cou et la tête, fut l'aspect
portent à vous affirmer que ce n'est pas de la tète et du cou d'une girafe.
la première fois que ce rare spécimen de « Sa course cependant l'avait amené en
la zoologie marine apparaît sur les côtes face de moi et je discernai alors une .autre
de la Manche. étrange particularité de sa structure.
« Un quotidien très répandu dans notre C'était une sorte de dôme ou de bosse
région, l'Ouest-Eclair, ouvrit, il y a quel- noirâtre qui émergeait à quelque distance
ques années, parmi ses lecteurs, une en arrière de son cou. L'ignorance abso-
enquête au sujet du « serpent de mer ». lue où j'étais de la conformation du reste
de son corps plongé dans l'eau et le pen- possède des Kangurous des arbres ou
chant que j'avais à me le figurer comme Dendrolagues, qui s'y sont même repro-
celui d'un prodigieux serpent me portèrent duits à plusieurs reprises. Ce sont, préci-
à croire que cette éminence sphérique sément, des Marsupiaux extrêmement
représentait simplement un anneau de intéressants au point dé vue de l'adap-
sou corps émergeant. Je constatai avec tation. lis se tiennent généralement dans
surprise pourtant que cette éminence les arbres, soit pour échapper à des
semblait immuable dans le sillage tracé ennemis, soit pour y chercher leur. nour-
par le cou de l'animal- comme par une riture ; ils y sont d'ailleurs assez gauches,
proue de navire et ne participait à ses ce qui semble prouver que ce n'est pas
mouvements que pouryobéir. par goût qu'ils ont adopté cette station.
« Le reste du corps disparaissait entiè- Par suite de cette habitude, leurs pattes
rement sous l'eau, mais à une petite pro- postérieures se sont notablement raccour-
fondeur marquée par une grande agitation cies, en même temps que les antérieures
à la surface. A une distance de la tète qui se développaient, et leur queue est
me parut être au moins de dix mètres, un devenue bien moins robuste que l;.lez.
énorme bouillonnementindiquait la place leurs congénères terrestres. Bien plus
de la nageoire caudale qui devait être le leurs orteils se sont modifiés d'assez
principal instrument de propulsion. curieuse façon : les deuxième et troi-
« Le monstre, dis-je, nageait avec une
sième. du côté interne du pied, se sont
extrême rapidité. Il piquait vers une atrophiés, au point que, chez l'animal
pointe basse de rochers prolongeant le vivant, on n'aperçoit plus que leurs
promontoire sur lequel nous nous trou- ongles.
vions et nous ne doutâmespoint qu'il allait Les Dendrolagues ont-ils adopté la vie
la franchir d'un bond. Mais arrivé à une aérienne avant, ou après, cette adapta-
centaine de mètres, il vira brusquement à tion ? C'est un point qu'il est difficile
gauche et pointa vers le large. d'élucider, d'autant plus qu'il est très rare
« C'est alors que nous aperçûmes, en le
de pouvoir les étudier à leur naissance.
suivant des yeux, un autre animal, abso- On croit généralement que la mère saisit
lument identique, évoluant vers l'entrée le nouveau-né avec sa bouche pour le
de la baie. Celui que nous avions contem- placer dans la poche marsupiale, où il
plé de près le rejoignit et tous deux, de trouve le sein maternel, et dont il ne sort
conserve, nagèrent rapidement vers la qu'au bout de plusieurs semaines. Mais
haute mer. d'aucuns prétendent que, dès qu'il le
« L'équipage du petit voilier dont j'ai
peut, le petit sort de cette poche pour
parlé plus haut n'a pu manquer de voir aller se promener sur le corps de sa mère,
comme mes sœurs et moi-mème cet et revient de lui-même à son abri, où il
étrange habitant des flots. Bien que l'heure trouve sa nourriture. Il y a encore,
de son apparition coïncidât avec celle du comme on peut voir, beaucoup à étudier
déjeuner dans les hôtels, il se trouvait sur sur les Kangurous.
la plage de nombreux promeneurs qu'elle
a dû comme nous frapper. Comme il ne
se trouvait parmi ces viflégiatureurs per- Les Ecureuils voiants. Dans la
sonne que je connus, je n'ai recueilli à cefamille de ces élégants Rongeurs que sont
sujetles impressions de qui que ce soit... »les Ecureuils, certains présentent une
organisation spéciale qui leur permet de
se soutenir quelque temps dans l'air, et
d'exécuter, par suite, des sauts d'une
Le Kangurou des arbres. Parmi bien plus grande étendue que. leurs con-

ces étranges Mammifères que sont les génères : ce sont les Ecureuils volants.
Marsupiaux, les Kangurous sont ceux qui A la vérité, ils ne volent pas, au sens
sont le plus souvent représentés dans les propre du mot : ils possèdent une mem-
jardins zoologiques. Encore est-il que brane latérale qui s'étend des pattes
nous n'y voyons guère que les grandes antérieures aux postérieures, qu'ils dé-
espèces terrestres de la- famille, le Kan- ploient pendant le saut, et qui leur sert
gurou géant ou le Kangurou rouge, sur- de parachute ; ils font seulement du « vol
tout le premier. plané ».
Le Jardin Zoologique de Londres On trouve des Ecureuils volants, de
genres et d'espèces différents, dans l'Asie Cet ovaire offre comme plus grande
orientale, de l'Inde au Japon, dans les dimension 14 millimètres, aucune trace
forêts de l'Amérique centrale et, plus près de follicule vide, en voie de régression.
de nous, au Nord-Est de la Russie et en C'est l'organe d'un Oiseau en préparation
Sibérie. Ce dernier, le Polatouche, est de ponte, la date le confirme. Les cinq
le plus petit du groupe ; il n'atteint qu'une plus gros ovulas, mesurés au micromètre-
longueur de 15 centimètres — mais il exé- oculaire, donnent les diamètres moyens
cute, sans difficulté, des sauts de près de suivants : 3 mm, 9 ; 3 mm, ri 3 mm, 4 ;
10 mètres. 3 mm, 25 ; 2 mm, 9 ; soit, entre 3 et 4 mil-
D'autres Polatouches existent dans limètres.
l'Inde, la Malaisie, le Japon et l'Amérique Comme comparaison, voici les mensu-
centrale; en Afrique se trouvent les Pté- rations prises sur un ovaire de Geai :
romys, qui ne diffèrent des premiers que 4 mm, 2 ; 3 mm, 16 ; 2 mm, 75 ; 2 mm. 13 :
par la conformation de leur parachute ; 2 mm, 20.
quelques-unsatteignent la taille d'un Chat Ici, un des ovules est largement en
tels que le Tagouan, de l'Inde, de Ceylan avance sur les autres et la différence est
et de la Malaisie; qui a 60 centimètres, encore plus frappante si l'on calcule les
avec une queue de pareille longueur. Ce volumes correspondants et, surtout, si l'on
sont, en général, des animaux nocturnes, trace leur courbe (chiffres obtenus rapi-
qui ne quittent leurs trous, dans les dement à la règle)
arbres, que plusieurs heures après le Macareux : 31.10 : 22.40: 20.65 : 18,00 ;
coucher du soleil, et y retournent long- 12,80.
temps avant l'aurore. Geai : 38,75 ; 16,50 ; 10,90 ; 10,70 ; 5,55.
Ne dirait-on pas que c'est le Geai qui
va donner un œuf unique avec une réserve
prête à intervenir, tandis que le Macareux
A propos de l'ovaire du Macareux. — formerait rapidement une ponte de quatre
Cherchant un sujet de thèse, je. fus attiré à cinq oeufs ?
par les travaux du Dr Louis Bureau sur les Mon étude anatomique du Macareux en
Mormonidés. resta là. Ce que je vis aux lIes, ce que
La si curieuse chute des plaques cor- j'appris de Perros à Ploumanac'h releva
nées étant élucidée chez les adultes, il pour toujours mon arme.
aurait été, pensai-je, intéressant de suivre Je ne reviendrais qu'en ami des Calcu-
ses premières manifestations et de recher- lots et le projet était né, qui devait avoir
cher son origine dans l'œuf, à dillérents son premier début de réalisation quatre
stades de l'embryon. Et c'est l'histologie ans plus tard : la Réserve omithologique
qui me dirigea vers le Calculot. des Sept-Hes, en Perros-Guirec (1).
Après avoir pris conseil du Dr Bureau,
qui m'écrivait une longue lettre en avril A. C.
1907, je dus attendre l'année suivante
pourpouvoiraller i Perros et aux Sept Iles.
J'explorai Rouzic et Malban. Il y avait La Mouche des fruits dans la région
des Lapins de garenne et quelques Maca- parisienne. — Les importations de fruits
reux. Malgré leur petit nombre, je pus en d'Amérique ont suscité quelques craintes
rapporter deux que je tuai sur la vague. relativement à l'introduction en France,
le 16 avril 1908, dans une petite anse de de la Mouche des fruits (Ceralitis capitata
Rouzic. Un touriste venu en chasseur et Wiedemann). Il n'y a guère lieu de s'é-
compagnon accidentel d'excursion, m'a- mouvoir à ce sujet, ce Crypétide existant
vait prèté son calibre 20, avec lequel je déjà depuis longtemps, et à l'état IJerma-
me procurai également un bien curieux nent, en France, et même dans la région
Garenne. parisienne.
Un de mes Macareux était femelle. Je Dès 1900, il était signalé par Girard, à
prélevai son ovaire que j'ai conservé pen- Courbevoie ; en 1906, le même entomolo-
dant de longues années. J'en avais fait un giste lui consacrait encore une étude;
premier examen qui m'était complète- en 1914, puis en 1919, P. Lesne mention-
ment sorti de mémoire. Il m'a fallu re- nait sa présence à Asnières.
muer des papiers et des souvenirs déjà-
bien vieux, pour retrouver mes notès et (1) Sur cette réserve, voir La Terre et la Vie,
croquis. T. I, 1931. pige 185.
L'année dernière a été marquée par pêchant ces dernières de se développer et
des dégâts très -sérieux et généralises ; rendent nulle par conséquent la récolte.
peut-être faut-il y voir une conséquence On combat cet Aphide, soit avec une
de l'été sec et chaud de 1933 ; en tout cas émulsion savonneuse d'huile minérale,
un fait reste établi, c'est que, comme soit avec une solution à base de jus de
l'écrivait P. Lesne en 1921, il existait un Sisal : ce d-ernier est un Agave, l'Agave
foyer permanent entre Asnières et Cour- rigida variété sisalana.
bevoie. Il importe donc de surveiller le Il a on outre des ennemis naturels : ce
développement de ce Diptère et de le sont les Coccinelles, Cydonia lunata,
combattre méthodiquement. Cydonia triangulifera Cliilocorus haemalo-
cephatus, etc : ce sont des Insectes qu'il
importe de propager et de répandre dans
la mesure du possible.
Une maladie du Tabac. — Les planta- D'autres prédateurs attaquent le Pois
tions de Tabac, en Italie, sont souvent du Cap : dès l'origine, des jeunes plants
atteintes d'une maladie connue dans le sont ravagés par un Myriapode voisin de
pays sous le nom de, « zimma ». Ses nos Iules, un Orthoptère du groupe des
principaux caractères sont une hypertro- Gryllides et un autre Orthoptère apparen-
phie de la tige, près du collet, avec renté aux Criquets : les deux premiers
nécrose des tissus. Il en résulté que la sont nocturnes, le troisième exerce ses
plante devient très fragile et se brise sous déprédations pendant le jour.
l'influence d'un vent assez faible ; la Trois Coléoptères lui sont aussi nui-
maladie s'étend d'ailleursà l'Ortie dioïque, sibles : ce sont : un Lamellicorne de la
lorsqu'il en existe dans le voisinage. famille des Dynastides, Heteronychus ple-
Lorsque la tige se casse ainsi au collet, bejus, qui ronge les jeunes plants jusqu'au
on remarque que la cassure est brune, ras du sol, un Hétéromère, Glypto-
parfois presque noire, par suite de la phrynus tenuesculptus et un Curculionide,
désagrégation des cellules ; un examen Neocleonus Coquereli.
microscopique montre dans cette cassure La récolte faite les graines ne sont pas
,
de nombreuses Anguillules vivantes, que à l'abri de tout danger : elles sont atta-
l'on ne retrouve pas dans les plantes quées par deux Coléoptères cosmopolites
saines. Calandra oryzae et Tribolium castaneum,
La majeure partie de ces Nématodes et aussi, fort probablement, par d-ivers
appartient à l'espèce Aphelenchus parieti- Lariidès (Bruches), sans compter les Rats,
nus Bastian, mais on y rencontre aussi ces cosmopolites malfaisants, qui font
une autre espèce, déjà signalée des Etats- parfois de grands ravages dans les dépôts.
Unis comme nuisible au Tabac, Tylenchus
pratensis : il semble bien, cependant, que
la première soit l'agent principal de la Un Aigle fossile du Wyoming. — Une
« zimma ». expédition paléontologique organisée par
le Muséum National des Etats-Unis, sous
la direction de C. W. Gilmore, a décou-
Les pois du Cap à Madagascar. — La vert, en 1932, dans l'Oligocène du Wyo-
Légumineuse dite « Pois du Cap » a été ming, au Plum Cruck, Niobrara Country,
introduite à Madagascar ; elle est large- un Aigle fossile, qui a reçu le nom de
ment répandue dans la région sud-ouest Palaeoplancus Sternbergi Wetm.permis de
où elle occupe une place prépondérante Uné recherche soigneuse a
dans les exploitations agricoles. réunir une grande partie des portions du
Malheureusement elle est en butte aux squelette de cet Oiseau, de sorte que l'on
attaques de nombreux Insectes, qui possède aujourd'hui la plupart de ses élé-
détruisent certaines années au moins ments importants. C'est le. spécimen le
jusqu'à 50, et même 60 % de la récolte. plus complet, qui soit connu, d'un Oiseau
L'un des principaux est un Puceron — de l'Oligocène américain.
probablement l'Aphis labumi — connu
par les indigènes sous le nom de pondy-
fotsy, ou pondy-mainty. Il se développe à Les Iguanodons du Musée de Bru-
la partie inférieure des feuilles, mais se xelles. — Le Musée de Bruxelles possède
lixe aussi sur les tiges et sur les fleurs em- une collection unique de Dinosauriens
provenant des mines de Bernissart, en sacré à ce cas curieux. L'individu en ques-
particulier des Iguanodons. Or ces osse- tion appartenait à une famille Lambert,
ments sont fortement imprégnés de pyrite, dans laquelle ce remarquable phénomène;
laquelle au contact de l'air humide se dû à une forme extraordinairement rare
transforme en sulfate de fer, ce qui amène de maladie de peau, appelée Ichtyosis his-
leur désagrégation ; les précieux fossiles trix, apparut pendant au moins six géné-
sont par-suite menacés de destruction. rations.
Le seul moyen de les préserver serait Le premier cas .dont on ait conservé le
de les enfermer dans des cages vitrées, souvenir, remonte à 1731 : il est relaté
où l'air pourrait être maintenu sec. Il a dans une communication faite le-16 mars
été proposé parle conservateur du Musée; à la Royal Society ; un second fut signalé
mais le Sénat belge a, parait-il, refusé en 1755, chez le fils du premier, chez le-
de voter la somme nécessaire — fort quel le phénomène était apparu-à 38 ans,
importante en vérité — en alléguant que tandis qu'il s'était manifesté chez son père
l'intérêt présenté par ces ossements n'est dès l'âge de 44 ans.
pas suffisant pour justifier une pareille Ce second Homme porc-épic eut deux
dépense ! Nous espérons qu'il revien- fils, tous deux atteints de lajnême affec-
dra sur cette décision, dans l'intérêt tion : il parcourut, avec eux la France et
du Musée de Bruxelles et de la science l'Allemagne, pour s'exhiber. On en con-
toute entière. nut encore toujours de la même lignée,
en 1831, en 1834 (comme nous le disons
plus haut) et en 1851. Nous ne croyons pas
Les anciens Bretons étaient-ils canni- qu'il en ait été signalé depuis, mais on
bales ? — II s'agit ici des Bretons de la voit encore, de temps en temps, dans les
Grande-Bretagne et non des Armoricains. baraques foraines, des phénomènes ana-
Un savant anglais, M. G. C. Dunning, effec- logues dits, par exemple à peau de croco-
tuant des fouilles à Salmonsburg Camp, dile, et qui sont vraisemblablement at-
près de Bourton on the Water, dans le teints d'une semblable affection cutanée.
Gloucestershire, fut très surpris de trou-
ver des os humains fendus, dans le but
évident d'en extraire la moelle ; une tren-
taine de ces os fut ainsi déterrée. Nouveaux catalogues. — Charles E. et
M. Dunning conclut de sa découverte May Danheim Burt viennent de publier
que ces peuples se livraient encore au Trans. Acad. de Saint-Louis, n's 4 et 2,
cannibalisme après le commencement de 1933), une liste préliminaire des Lézards
l'ère chrétienne ; les ossements en ques- de l'Amérique du Sud. Les auteurs de
tion remontent, en effet, environ à cette liste prennent soin de prévenir qu'elle
l'époque de la conquête romaine. renferme probablement un trop grand
Cette pratique d'ailleurs n'empêchait pas nombre d'espèces, et que de notables
lesdits Bretons de posséder une civilisa- changements systématiques devront y être
tion assez développée, comme le prouvent apportés. Telle qu'elle e;,t, cependant, elle
les autres découvertes les concernant. sera une aide et un encouragement pour
ceux qui étudient cette famille.
La Société d'Etude des Sciences Natu-
relles de Nimes donne également un Cata-
L'Homme porc-épic. — Il y a exac- logue de la Flore du Massif de l'Aiguual
tement un siècle, en janvier 1834, que se et des régions limitrophes, dû à M. J. Braun
présentait à l'hôpital de Westminster un Blanquet. Ce Catalogue, qui comprend
homme d'âge moyen, de constitution très seulementlesplantesvasculaires, rendra de
robuste, complètement recouvert d'une grands services aux botanistes.
substance cornée verdâtre, formée de pi- Si nous signalons l'apparition de ces
quants rappelant ceux du Porc-Epic ; les catalogues, c'est qu'ils sont d'une grande
seules parties du corps qui n'en fussent utilité pour les naturalistes. L'élaboration
pas garnies étaient la face, la plante des d'un travail dé cette nature nécessite une
pieds et la paume des mains. Selon ses dé- parfaite connaissance de la famille et de
clarations. l'homme perdait chaque année la région auxquelles il est restreint ; c'est
ce revêtement corné, mais il repoussait. une œuvre difficile, qui demande beau-
Un article du London Médical and Sur- coup de science et de recherches, et qui
gical Journal. du 6 février 1834, fut con- n'a pas généralement la notoriété qu'elle
mériterait. Mais il est fort utile, pour les ont prié le Dr Claoué de poursuivre l'œuvre
naturalistes, de connaitre les publications commencée par les jeunes et de fonder
de ce genre, et de savoir où les trouver. selon son idée dans les autres villes des
groupes régionaux avec lesquels il faudra
garder le contact.
Pour tous renseignements, s'adresser
Alliance scientifique et médicale fran- Dr Claoué, 39, rue Scheffer, Paris (XVIe).
çaise. — A la revue Le cinéma privé au
nous Téléphone: Kléber 75-31.
empruntons (n° 5, février 1934), l'informa-
tion ci-dessous.
La première réunion scientifique de
cette société s'est tenue à Bordeaux le Les Sciences Naturelles
15 décembre en présence d'une centaine
de médecins et amis. Après avoir exposé à l'Académie des Sciences.
le programme d'action, le Dr Claoué pré- SÉANCE DU 5 FÉVRIER
sente quelques films médicaux et chirur-
gicaux. faisant remarquer la discrimina- Géologie.
tion entre les films d'enseignement de la H. DERVILLE. — Les récifs en coupole des
science acquise qui s'adressent aux étu- calcaires cambriens de la région de Carteret
diants et lesfil ms de recherche"c'est-à-dire {Manche).
de la science en évolution. Ces derniers
constituent aussi desfilms d'enseignement, Il s'agit des récifs eu forme de coupoles
mais réservés aux sociétés savantes. Ils surbaissées, qui viennent à l'affleurement
intéressent surtout les médecins. Leur sur la plage de Barnéville ; on retrouve
valeur eat considérable, ils méritent d'être des fragments de ces récifs, déchaussés
mieux connus. et roulés par la mer. dans le cordon litto-
Projection des films du Dr Commandon ral de Saint-Georges-des-Rivières et de
Carteret.
sur le sang: la circulation du sang, les
mouvements des végétaux, la tuberculose; L'aspect extérieur de ces récifs, aussi
du film du Dr Tarnaud sur les cordes vo- bien que leur structure lamellaire;
cales. Enfin le Dr Claoué comme exemple rappellent ceux de certaines formations
de film de recherche présente les films des terrains paléozoïques, mais il ne peut
qu'avec Jean Painlevé il réalise sur la chi- être établi une parenté sérieuse.
rurgie plastique mammaire et l'évolution Ils se rapprochent plutôt des formations
qu'il a apportée dans sa technique depuis du Boulonnais connues sous le nom de
ces dernières années. Avec l'approbation « Gra-'mères ».
de tous, la séauce est placée sous les pa-
tronages du Dr Commandon et de M. Au- J. BONDON, L. CLARIOND et L. NELTNER. —
guste Lumière, deux noms inséparables Une nouvelle coupe du Djebel Sarro (Maroc
du cinéma scientifique et médical. Saharien)..
Les jeunes se sont réunis peu après La zone axiale du Sarro est formée par
dans un restaurant de la ville sous la pré- un gros massif de granité, s'étendant sur
sidence du Dr Rocher, professeur à la Fa- la région d'Ikniouno et l'Oulousir et le
cuité de Médecine. Après avoir entendu massif du Bou-Gafer. Les auteurs de la
l'allocution de bienvenue du Dr Henri Fis- note en donnent la série paléozoïque,
cher, la Tribune libre de l'Alliance est dé- comprenant, de bas en haut, le Cambrien,
clarée ouverte. C'est avec ardeur que l'on le Cambro-Ordovicien, l'Ordovicien, le
discuta les questions suivantes posées à Gothlandien, et le Dévonien inférieur.
l'ordre du jour :
1° Comment envisager les sociétés scien- Paléontologie.
tifiques ? F. M. BERGOUNIOUX. — Le groupe des
2° Comment affirmer sa personnalité Chéloniens pleurodires
au cours des temps
scientifique en dehors des milieux officiels. géologiques.
3" Les rapports dè l'Alliance avec la dé- Les Chéloniens pleurodires actuelle-
fense professionnelle. ment localisés dans l'hémisphère austral
4* Faut-il créer un enseignement médi- et restreints à deux familles, sont ceux
cal post-doctorat ?... qui sont les plus anciennement connus.
A l'unanimité les membres présents Les Amphichelydés, aujourd'hui disparus,
.et qui sont leurs ancêtres directs, appa- Chez le Crabe (Carcinus mœnas), qui
raissent dès le Jurassique supérieur, mais mue beaucoup moinsfréquemment, celle
ne dépassent pas le' sommet du Crétacé: régénération est beaucoup plus lente
les deux familles encore existantes ne (Abeloos).
sont apparues qu'il l'Eocène. Génétique.
L. JOLEAUD. - Vertébrés subfossiles de
l'Azaoua (Colonie da Niger).
N. KOBOZIEFF. — La létalité des Souris
anoures et brachyoures. Statistique des am-
bryons aborlifs.
Les ossements étudiés par M. Joleaud
ont été rapportés par M. Auguste Cheva- SÉANCE DU 12 FÉVRIER.
lier, de son dernier voyage en Afrique
occidentale. Ils étaient associés à des Jacques DE LAPPAHENT. — Constitution
haches polies, flèches en silex, harpons et origine de la leverriérile.
en os, débris de poterie, qui révélaient
l'emplacement d'anciens villages. La constitution de la leverriérite n'était
Le plus grand nombre appartient à pas connue encore de façon certaine :
Y Hippopotamus amphibius puis viennent alors que Pierre Termier en faisait une
des ossements de Crocodile, de Phaco- phyllite à formule de mica, Ross et Kerr
chère. d'Eléphant, etc. la rapportaient à la kaolinite. Eu réalité
On peut conclure de celle découverte c'est une association de muscovite et de
qu'au Paléolithique récent et au Néoli- kaolinite. Les observations de l'auteur
thique, de vastes nappes d'eau douce prouvent en outre qu'elle a une double
s'étendaient au nord du Sénégal et du origine.
Niger, nappes qui ont progressivement Géologie.
disparu par la suite.
C. AHAMBQURG. Les formations éruptives

Botanique. du Turktlna (Afrique orientale).

R. LE BLANC. — Sur la reproduction


Mlle Ces. formations, étudiées par M. Aram-
du Chaetoceros pseudocurvisetum Man- bourg durant la dernière mission de t'Omu.
gin. forment, à travers la plaine du Turkana.
à l'ouest du Lac Rodolphe, une série de
La reproduction des Chaetoceros n'a été chainons montagneux ne dépassant pa-s
jusqu'ici l'objet que de quelques obser- une altitude de 1.800 mètres.
vations isolées. L'auteur en fait un exposé L'auteur y distingue trois phases érup-
complet. tives, dont la succession .est entièrement
comparable à celle du Kénya, dénommée
P. LAVIALLE el. P. JAEGER. — Polymor- Laikipia par Gregory. il en résulte que le
phisme floral: la Gynomonoccie et la Gyno- synchronisme des deux séries est vrai-
dioecie çhez Knautia arvensis Coult. semblable et que celle du Turkaua appar-
tient au Miocène.
Physiologie végétale.
Lithologie.
Mlle BOUGES.

Sur quelques résultats de
la suralimentation et de la sous-alimentation Mme E. JÉRÉMINE. Roches volcaniques

embryonnaires chez l'Avoine. de la bordure occidentale du Lac Rodolphe.

Zoologie. Cette noie comprend l'étude et l'analyse


des roches volcaniques récoltées par
MME L. NOUVEL.

Le pouvoir régénéra- M. C. Arambourg au cours de la mission
teur chez les Crevettes. Relations avec la précitée.
mue et existence d'un seuil critique de diffé- Cytologie.
n
renciatio du régénérât. Charles ROUSSEAU. — Sur la structure de
Les expériences relatées ont porté sur l'épithélium hépatique des Eolidiens.
le Palémon Leander serratus Penn., chez Biologie.
lequel les pattes thoraciques amputées
se régénèrent avec une remarquable rapi-. Mlle Anne RAFFY.

Influence des varia-
dité. parfois totalement après trois mues tions de salinité sur l'intensité respiratoire
successives. de la Telphuse et de VEcrevisse.
En plaçant des Telphus'es et des Ecre- Paléontologie.
visses, qui vivent normalement dan s-l'eau
douce, dans un mélange, contenant de J. CUVILLIER. — Répartition et valeur
l'eau de mer en quantité progressive-, on stratigraphique de Mummulites laevigatus
constate que la Telphuse s'adapte à ce Brug. sp. dans l'Eocène égyptien.
milieu jusqu'à supporter l'eau de mer Après avoir étudié la répartition de
pure, tandis que l'Ecrevisse meurt dans cette espèce, l'auteur conclut que, à l'in-
celle-ci assez rapidement ; c'est que les verse de ce qui parait s'ètre produit dans
deux espèces réagissent différemment au le bassin parisien, Mummulites laevigatus
point de vue respiratoire. semble n'avoir fait son apparition dans
les eaux égyptiennes que dans la seconde
SÉANCE DU 19 FÉVRIER. moitié de la période lutétienne. -

Biologie végétale. Cytologie végétale.


-
J. COSTANTIN. Cultures de la Pomme de
terre en hautes altitudes et en hautes lati-
A. GUTLLIERMOND. Sur la nature etla

signification de l'appareil de Golgi.
tudes. Génétique.
Continuant ses expériences au sujet de
l'influence de l'altitude et de la latitude Albert F. et Mme SOPHIA
BLASKESLEE
SATINA. — Les plantes diffèrent-elles des
sur la croissance de la Pomme de terre, animauxpar des gamètes léthais ?
M. J. Costantin donne les résultats des
cultures faites au Pic du Midi, à 2800 m., Ni. les plantes ni les animaux n'ont des-
au Lautaret (2100 m.), à Villàrd d'Arène gamètes léthals, mais les défauts chromo-
(1650-m.), la Grave (1500 m.), et Brunoy somiques sont léthals pour les gamé-
(en plaine). Le rendement aux hautes tophytes des plantes.
altitudes est toujours sensiblement plus
fort : il en est de même dans les Andes. Ph. L'HÉRITIER. — Etude démographique
où on cultive la Pomme de terre à 3500 et comparée de quatre lignées, de Drosophila-
4000 mètres : d'ailleurs la véritable Pomme melanogaster.
de terre sauvage des Andes pousse près
des glaciers, à 5000 mètres d'altitude. SÉANCE DU 26 FÉVRIER
-

Géologie. Physiologie végétale


L. BAHRABÉ. Sur la transgression ter- MARIN MOLLIARD et ROBERT ECHEVIN. —Le
— liquide ovarien de la Nielle (Agrostemma
tiaire qui a recouvert la partie orientale de
la Guadeloupe. Githago L.) et des rapports avec le tégu-
ment séininal.
La transgression qui a recouvert le
socle éruptif crétacé ou éocène, dans La Nielle présente dans la reprodùc-
toute la partie orientale de l'archipel de- tion un phénomène exceptionnel : ses
la Guadeloupe, date del'Aquitanien, c'est- ovaires contiennent un liquide sucré à
à-diredu Miocène inférieur. Les calcaires l'intérieur duquel se développent les
qui surmontent les formations détritiques graines. Les auteurs de la note précitée
de base sont vraisemblablement en grande donnent la composition variable suivant
partie du mème âge. Mais leur extension le stade de développement de ce liquide
vers l'ouest parait plus grande. et étudient l'évolution des cellules épider-
miques externes du tégument des graines.
Lithologie. Lithologie
JACQUES DE L APPARENT. — Comporte- Mme E. JÉRÉMINE. Note sur quelques
ment, eu leur gîte, des émeris de Samos. —
roches de la colonie de Kénya.
Géologiquement et minéralogiquement, Parmi les roches volcaniques recueillies
ces émeris, de même que ceux de par M. Arambourg, plusieurs sont dignes
Naxos. se comportent comme d'anciennes d'attirer particulièrementl'attention.
bauxites. D'abord une lave de fraîcheur remar-
quable. qui se rapproche de l'océanite des Il s'agit d'une étude critique de traite-
îles Océaniques. provenant d'une pelile ment sero-oputherapiqueproposé par Mr ti.
île on lac Xaivasha. Monnot. Les expériences des auteurs leur
Une phonolite sphérolitique, provenant ont donné UII résultat négatif : une nou-
du lac Narasha et tout à fait semblable à velle expérimentations'impose pour expli-
celle décrite par Miss Neilson de Ivijabe quer ce desaccord.
(à HiO km du premier point)
Des phonolites d'un type spécial très Génétique
proches de celles déjà signalées à Seget
River et aux Segowet Hills Prior! et MlleA. DUSSEAU. Sur une nouvelle lignée
dans le district d'Olgasalik Miss Neilson . -
hybride durelloïde issue du croisement de
Enfin une autre phonolite que sa deux Tri licu m vu gare.
l
composition rapproche du Losugala type
de Priur; cette dernière provient du
sud d'Eldoret. Zoologie expérimentale
Cytologie végétale P. el Mlle A. RAFFY. — Mécanisme
PORTIER
de la mort des Oiseaux dont le plumage est
J. CHAZE — Sur le mode de formation imprégné de carbure d'hydrogène.
des grains d'aleurone dans les Graminées el
sur lit production dans ceux-ci de composés La pollution de l'eau de mer par le
oxyflavoniques et anthocyanigues. mazout qui s'y trouve répandu pour
diverses raisons, cause ulle grande mor-
Mycologie talité parmi les êtres marins, parlicu-
René VADENDRIES — Le cycle conidien lièrement les Oiseaux.
haploïde et diploïde chez les Basidiomycètes. L'étude de la question permet aux
auteurs de cette note de conclure que
R. KUHNER.

Utilisation, du bleu de pour ces derniers la mort résulte d'un
crésyl en Mycologie systématique. abaissement 'te température, dù à ce que
le plumage enduit de corps gras ou d'hy-
Le bleu de crésyl par les différentes drocarbure. voit ses qualités protectrices
colorations qu'il donne aux diverses gravement altérées.
parties des Champignons est appelé i,
rendre de grands services aux mycologues
dans la recherche des affinités spéci- Génétique.
fiques.
Zootechnie MlleG.Corsix. —Sur la fécondité normale
et les caractères des hybrides issus du
G. GUITTONNEAU et A. LEROY. — L'ali- croisement de deux espèces de Gryllides.
mentation opothérapique cite:. les Vaches Achaeta cainpestris L.. A. bimaculata de
laitières Geer).
.

ERliA Tt JI, — ulle erreur regrettable .t// lieu de : <(


Uti pied dl' Phormium
s'esi glissée duI/S le dernier numéro de la tenax ». il faut lire : « Un pied 1/'-\flNel'
TERRE ET LA VIE Avril 1934). — la légende mexicana ». D'autre IJlII'I. page 222,
de !lUus!r,/! ion de la variété rie .JI, ) Hazin ligne 8. lire .1 félias. pour « Muélius M.
.
de Jessey p. 216 III' correspond pas à /(t
.
photographie reproduite.
PARMI LES LIVRES

Georges BOHN. — Leçons de Zoologie et Bio- chapitre premier nous prenons contact avec son
logie générale. — I. La cellule et les organisation fort complexe : cytoplasme, avec,
Protozoaires.— Actualités scientifiques et notamment, le complexe lipo-protéique qu'est
industrielles, no 106, 118 p., 43 fig. ; Her- le chondriome, et avec le vacuome ; noyau avec
mann et Cie, édit., Paris 1934 ; prix ses chromosomes, dont le nombre,caractéristique
pour chaque espèce animale ou végétale, peut
18 francs.
— II. Reproduction. — Sexua- varier dans une même espèce ou à certaines
lité. Hérédité. Ibid., n" lC6 ; 89 p., 38 fig. ; périodes de la vie individuelle, d'où la notion
prix 15 francs. de races chromosomiques (diploïdes, haploïdes,
triploïdes, tetraploïdes...). La complexité de la
Les deux premiers fascicules de ces Lapons cellule s'accuse encore à la lecture du cha-
de zoologie et de biologie générale que publie pitre II (Chimie de la cellule) et du chapitre III
Georges Bohn, correspondent, dans leur esprit (Physique de la cellule). Hier, la Cytologie
et leur forme, à quelque chose d? nouveau, toute entière se bornait à l'étude de la morpholo-
qui cadre bien, par ailleurs, avec la formule gie de la cellule. Aujourd'hui s'y joignent et pré-
moderne d'éditions scientifiques inaugurée par dominent une Cytochimie, une Cytophysique,une
l'éditeur Hermann. Cytophysiologie.Le champ ouvert aux analyses
La transformation du P. C. N. en P. C. B. et aux expériences est immense ; mais bien des
B : la biologie, les multiples aspects de l'activité résultats sont fort encourageants, sur la voie de
vitale, se substituant à N, l'histoire naturelle la composition, des réactions, de l'origine même
(ancienne conception), englobant la description de la matière vivante, ce mélange très complexe,
et la classification des êtres vivants — paraît et en équilibre, de proteides, de glucides, de
mieux correspondre aux buts de cette année lipides et d'eau.
préparatoire aux études médicales et aussi aux Le chapitre IV, qui traite de la multiplication
curiosités et au goût des étudiants. cellulaire, termine la première partie du fas-
Or. précisément les premiers chapitres de cicule I.
l'ouvrage de Georges Bohn révèlent le souci, La deuxième partie est consacrée aux Pro-
qu'il exprime lui-même, de réaliser une Intro- tozoaires. Naguère encore on gronpait sous le
duction à l'étude de la biologie expérimentale nom de Rhizopodes tous les Protozoaires non
et d celle de la médecine. entourés d'une membrane différenciée (Amibes,
Nous sommes loin de la présentation et de la Foraminifères. Radiolaires). On réunissait à
manière du pesant traité, dont le premier cha- part les Flagellés et les Ciliés.
pitre n'est déjà plus q jour alors que le dernier Les Amibes étaient considérées comme des
vient d'être écrit, où stagnent de vieilles notions formes primitives. Aujourd'hui on les considère
devenues des erreurs et qu'illustrent souvent plutôt comme des formes dégénéréesdérivant de
des figures qui étaient actuelles du temps de formes plus spécialisées et notamment les Fla-
Mathias Duval. gellés. La classification adoptée par G. Bohn
Ce qui caractérise dés l'abord l'ouvrage de est la suivante : 1* Flagellés, Amibes, Forami-
G. Bohn, c'est la concision, la précision.lactarté. nifères ; 2° Infuso:res ciliés ; 3* Radiolaires ;
Je veux bien qu'il s'adresse avant tout aux 1* Sporozoaires ; 5 Cnidosporidies.
étudiants. Mais les qualités que je viens d'énon- L'auteur insiste tout particulièrement sur les
cer. auxquelles il faut joindre l'exposé et la cri- Flagellés, les plus primitifs des Protozoaires, et
tique de tout récents travaux, font qu'il sera des dont les représentants munis de pigment assi-
plus utiles aux chercheurs que la spécialisation milateur (chlorophylle) sont considérés comme
forcée a tenu éloignés des questions qui ne sont pas les ancêtres communs des animaux et des vé-
celles de leur choix ; et par de là ceux-là même, gétaux.
l'ouvrage atteint tous ceux—ils sont nombreux, Leur intérêt biologique est considérable ; leur
et appartiennent à des milieux très divers — qui appareil cinétique est très développé ; il com-
se passionnent pour les questions biologiques et, prend flagelles, blépharoplaste ou corpuscule
d'une manière générale, le mouvement des idées. moteur situé à la base de chaque flagelle.
Voilà qui constitue, selon moi, le plus bel éloge axostyle, formation très particulière, sorte de
qu'on puisse faire d'une œuvre. baguette de soutien de la cellule, dérivée du
Les caractères généraux des êtres vivants sont fuseau qui parfois persiste après la division.
dégagés, en manière d'introduction, du point de Leur alimentation est autotrophe ; ils se nour-
vue de la forme, de la fonction, de l'évolution rissent rarement de proies vivantes et souvent,
et du point de vue de la chimie. grâce au pigment assimilateur, ils utilisent
L'étude de la cellule constitue la première l'énergie des rayons solaires pour fabriquer
partie du volume 1 : la cellule, découverte en des substances organiques. Ils ont tendance
1667 par Robert Hooke, dont Dutrochet (1824) à former des colonies et présentent tous des
faisait dériver tous les tissus vivants et dont la
connaissance domine toute la Biologie. Dans le
processus sexuels (Chla mydomonas par exemple)
qui rappellent ceux des animaux supérieurs.
Les F.agellés, enfin, offrent une très grande porteur d'une charge électrique négative est
richesse de formes et comptent parmi eux des attiré par l'œuf pourvu d'une charge positive.
parasites, agents de redoutables maladies (trypa- Mais dès la pénétration d'un spermatozoïde « une
nosomiases, leishmanioses...). Comment ne pas onde de négativité électrique »se propagerait à
rappeler, enfin la symbiose des Flagellés et la surface et désormais les gamètes seraient re-
des Termites, dans l'intestin desquels ils vivent: poussés au lieu d'être attirés.
sécrétant des diastases capables d'attaquer la Un exposé des différentes méthodes(Loeb, Ba-
cellulose, ils digèrent pour l'hôte qui les hé- taillon, Delage, Dalcq) de la parthénogénèse
berge et qui, sans eux, serait incapable de expérimentale termine le chapitre.
se nourrir. Nous arrivons à l'étude de la segmentation
Les Infusoires ciliés sont de tous les Proto- de l'œuf et à la formation de l'embryon
zoaires ceux dont la complication est la plus (chap. 111). Nous signalerons notamment au
accusée, l'organisation la plus perfectionnée. lecteur les quatre pages condensées et substan-
Des Ho'otriches aux Discotriches, en passant par tielles concernant la mécanique embryonnaire.
les Hétérotriches et les Hypotriches. on constate Elles conduisent à un aperçu sur l'une des plus
un perfectionnementprogressifde l'appareil pré- intéressantes découvertes de la biologie dans
henseur des aliments. Notons les pages consacrées ces dernières années : celle des organisateurs.
aux cultures d'Infusoires et celles qni traitent Les expériences de Spemann sur l'œuf des
des Sporozoaires, dont la structure très simpli- Batraciens urodèles ont montré les propriétés
fiée est en relation avec leur état parasitaire et morphogénétiques remarquables dont serait
dont le cycle évolutif, fort complexe, est parfai- douée la lèvre supérieure du blastopore chez
tement réglé (paludisme chez l'Homme, cocci- les Batraciens. Un chapitre sur la différencia-
diose). tion des tissus termine la première division du
fascicule dont nous rendons compte. La seconde
n'est pas moins riche en aperçus et d'une lecture
Deux grandes divisions dans le deuxième fas- dont l'intérêt est soutenu par l'exposé des faits les
cicule des leçons de Zoologie et Biologie géné- plus saillants, des expériences les plus démons-
rale de Georges Bohn : l'œuf et la mécanique tratives concernant la sexualité (chap. I) et
embryonnaire (p. 3-51). — Sexualité et génétique l'hérédité (chap. 11). Notons l'étude des états
(p. 53-86). intersexués d'après les expériences de R. Golds-
Le premier chapitre étudie les glandes repro- chmidt sur un Papillon (Lymantria dispar) et
ductrices (ovaires et testicules) ou gonades et le d'intéressantes considérations sur l'hermaphro-
second les cellules reproductrices auxquelles disme. Dans le chapitre « Hérédité » sont expo-
elles donnent naissance (ovules et spermato- sées les lois de Mendel et les théories de
zoïdes) ou gamètes. Morgan.
Notons l'intéressant exposé auquel donne lieu Le fascicule se termine par un chapitre
la maturation de l'ovule. Aux changements de consacré à la notion d'espèces. Les systémati-
forme qu'a subi l'ovule mûr, correspondent des ciens établissent leurs espèces d'après des
modifications chimiques, décelables par les co- critères morphologiques. Il est bien évident
lorants, elles-mêmesaccompagnées de perturba- que la définition d'une espèce devrait faire
tions électriques, au moment où survient la rup- appel à des critères cytologiques, physiolo-
ture de la membrane de la vésicule vitelline giques, chimiques, sérologiques.
(recherches de Dalcq). Notons aussi, dans le Ceux qui auront eu entre les mains les deux
deuxième chapitre, le § concernant la monosper- premiers fascicules des Leçons de Zoologie et
mie et la polyspermie. Plusieurs hypothèses ont Biologie générale attendront les suivants avec
été émises pour expliquer le mécanisme empê- impatience.
chant la pénétration dans l'ovule de plus d'un Il faut féliciter Georges Bohn d'avoir su cris-
spermatozoïde. Et ici encore il faut faire inter- talliser pour autrui, d'une manière aussi objec-
venir une modification brusque du cytoplasme tive et aussi attachante, sa haute érudition
de l'œuf — de son état électrique — aussitôt biologique.
après la fécondation. Le spermatozoïde étant G. PETIT.
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDÉE PAR LA.

SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE


ET PUBLIÉE EN COLLABORATION AVEC LA
SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES, MARITIMES ET COLONIALES

4e ANNÉE — N° 6 Juin 1934


SOMMAIRE
Dr BODNAR BÉLA. Le Spalax de Hongrie (Spalax huntjaricus) 323

...
Notes sur le Zamenis ou Couleuvre verte et jaune .... 334

G. PETIT

L. HÉDIN
...
A propos du Sélacien de Querqueville. — Notes sur l'histoire
du Cethotinus muximus (Gunner) (suite et fin)
Observations botaniques et agricoles sur les savanes de Bin-
.... 337

gerville et de Grand Bassam (Côte d'Ivoire) 345


Dr GROMIER En brousse africaine. — Souvenirs et observations zoologi-
.
ques (suite et /tn) 355

NOTES SCIENTIFIQUES. — Une nouvelle espèce de Toxophorn de


Madagascar, par E. SÉGUY 366

N'A Kl E'l'ES. — La nouvelle singerie du Jardin des Plantes, Charles



Nodier, entomologiste 368

.................
NOUVELLES ET INFORMATIONS 371

PARMI LES LIVRES 383

Ln photographie reproduite sur lu couverture et qui représente


un Acridien pst due n M. P.-L. BARRUEL.

REVUE MENSUELLE
Abonnements : France et Colonies : 75 t'r. — Etranger : 90 fr. ou 105 t'r. suivant les l'ays,
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DECHAMBRE, professeur Pierre CREPIN Monseigneur FOUCHER,
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Mammalogie Aquiculture Aquariums et Terrariums
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LIGUE FRANÇAISE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX


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: ; :
LA TERRE ET LA VIE
REVUE MENSUELLE D'HISTOIRE NATURELLE
4e Année. — N° 6 Juin 1934 -

LE SPALAX DE HONGRIE
(SPALhX HUNGARICUS NEHRING)

par

LE DOCTEUR BODNAR BÉLA,


agrégé de L'Université de Szeged (Hongrie) (i). -

Introduction. uneespèce [Spalax hungaricusNehrg.)


et une sous-espèce (Spalax hungari-
Les Spalax sont des Rongeurs qui cus transylvanus Méh.). Le premier
mènent une vie souterraine. Ani- ne vit que dans la Hongrie actuelle,
maux de la « pus/la », ils habitent se répandant progressivement de
surtout les plaines et les vallées, mais l'Est vers l'Ouest ; le second se ren-
certaines espèces, surtout les monti- contre surtout dans les plaines et les
cola, accèdent dans les régions mon- vallées de la Transylvanie.
tagneuses, jusqu'à 1.200 m.
Jusqu'en 1897, le genre Spalax
n'était représenté que par le Spalax Description générale.
typhlus Pall., et bien que son expan-
Le Spalax hungaricus mesure de
sion se réduise à une étendue assez
restreinte aujourd'hui, on compte 20 àcylindrique, 25 cm. de longueur. Son corps
cependant, vingt-trois espèces con- est extrémités arrondies, un peu aplati, avec
des très adap-,
nues. tées à la vie fouisseuse. Son museau
La patrie proprement dite du
Spalax est le Sud-Est de l'Europe, est ramassés'élargissant et court ; sa tête, angu-
l'Asie Mineure et l'Afrique du Nord. leuse, va vers les côtés
On peut dire qu'en Europe, c'est la et en
arrière, et possède une cir-
.
Hongrie qui constitue la limite dé conférence de 0,5 à 2 fois plus
expansion le Nord et l'Ouest. grande que celle de la partie anté-
son vers rieure du corps. Les côtés du museau
Dans les limites territoriales de la
Hongrie d'avant-guerre, on en trouve sont glabres, rosâtres, couverts d'une
peau épaisse, les narines regardant
en avant et en bas.
(1) Traduit du hongrois par M. ZOLTAN OVAHI.
L'orifice de l'oreille, d'un diamètre
interne des Hôpitaux de Paris, auquel la rédac- de 3 mm. environ, est libre, placé
tion de La Terre et la Vie adresse ses sincères plutôt
remerciements. en arrière et ne peut pas se
fermer. L'oreille externe faite d'un 18 mm. Celles d'un Lièvre (Lepus
anneau épidermique de 1 à 2 mm., europœus Pall.), également adulte,
s'aperçoit à peine. sont à peu près de la même grandeur,
La bouche de l'animal, qui rè- un peu plus courtes cependant.
garde également en avant et en bas Les incisives inférieures sont en-
peut s'ouvrir largement; les lèvres core plus développées; elles consti-
ne se ferment pas ; c'est pourquoi les tuent le tiers d'un cercle dont le dia-
incisives supérieures, et surtout les mètre est de 32 mm., alors que celles
puissantes incisives inférieures, sont du Lièvre ne correspondent qu'au
visibles sur une longueur de 1,5 à quart d'un cercle ayant un diamètre
2,5 cm,, même quand les mâchoires de 30 mm. De cette façon, le petit
sont fermées. Spalax de 100 à 150 gr. a des -inci-
Très caractéristiques sont les sives beaucoup plus grandes qu'un
énormes incisives sans racines. Leur Lièvre pesant plusieurs kilos.
surface extérieure, qui est couverte Le Spalax hungaricm est complè-
d'une couche d'émail plus épaisse, est tement aveugle. A la place^des yeux,
la plus résistante et leur donnent la dans la peau poilue, il a un trou as-
forme d'un ciseau. La perte de subs- sez particulier, bien visible surtout
tance par l'usure est continuellement sur les individus jeunes. Le globe
compensée par la croissance de la oculaire, sous la peau, est de la gran-
racine. Les incisives supérieuresd'un deur d'un grain de pavot, donc com-
Spalax adulte correspondent à la plètement dégénéré. La sensibilité de
moitié d'un cercle d'un diamètre de l'animal à la lumière est infime, car
en le tenant pendant plusieurs heures
en un lieu tout à fait sombre et en
l'exposant ensuite subitement, à la
lueur d'un projecteur, il ne réagit au-
cunement.
Les pattes sontrelativement courtes,
les antérieures plus développées ayant
un rôle plus grand dans la construc-
tion de la demeure. Cependant, ses
pattes ne sont pas aussi puissantes
que celles des Taupes, car le rôle
principal dans la construction des
réseaux souterrains incombe à la
tête, ce qui amène un fort dévelop-
pement des muscles du cou ; avec
les pattes, l'animal gratte et remue
plutôt le sol.
Les paltes antérieures, de même
que les postérieures, ont cinq doigts.
Les doigts des pattes antérieures sont
très-mobiles, capables de saisir, le
pouce pouvant se mettre en opposi-
tion avec les autres doigts. Cette
patte ressemble d'ailleurs, quant à
ses fonctions et à sa forme, à une
main humaine. Au bout des doigts,
les griffes, servant à creuser, mesu-
rent de 2 à 3 mm. de long.
Le pelage du Spalax hiingaricus est
épais, le poil court, presque velouté.
Sa couleur varie entre le gris cendré
et le gris ardoisé. Par endroits la
teinte prend un ton de rouille. Sur
les pattes, les poils blanchissent. Il
est très intéressant de signaler que
lorsque les Spalax se maintenaient
dans les régions orientales, couvertes
de loess, leur couleur était d'un
gris roussâtre ; depuis qu'ils ont
progressé vers l'Ouest, dans la terre Biologie. —
La demeure.
noire, leur couleur est devenue plus
foncée, d'un gris cendré. Le premier Le Spalax étant un animal souter-
individu conservé au musée de Hod- rain, passe toute sa vie dans un sys-
mezôvasarhely et dont la capture tème de réseaux savamment cons-
datant de 1894, s'est faite dans la truits et ne monte au jour que très
région de l'Est, offre encore une rarement. Dans sa demeure souter-
teinte rouille caractéristique. raine, on peut distinguer les parties
suivantes : galeries, 2° nid, 3° car an lieu d'en rejeter la terre creu-

caves, 4° chambre d'accouplement, 5° sée, il la fait entrer avec son mu-
chambre sanitaire. seau dans le sol avoisinant et l'y
Le réseau de galeries creusé par imprime. Si l'on met à nu une par-
un animal est parfois très étendu ; il tie de la galerie, surtout en sol mou,
peut atteindre 100 mètres et comme on voit que la terre est beaucoup
le Spalax mène une vie solitaire, plus tassée et dense sur une épais-
chaque individu a un domaine à part. seur de 2 à 3 cm. ; et si l'on enlève la
terre avoisinante, il reste une sorle
de tuyau. Le mur des galeries prin-
cipales est très soigneusement fait.
Si la galerie est assez large, et sur-
tout si elle n'est pas très ancienne,
sa surface est rude et on y voit les
traces du museau, souvent même
les traces des incisives dont l'animal
se sert aussi en creusant. Les murs
de ces galeries sont, en général, cou-
verts d'une couche d'argile plus ou
moins épaisse, apportée d'une pro-
fondeur plus grande. Cette couche
d'argile se rencontre surtout dans le
cas de galeries construites dans de
l'humus ; elle est alors bien visible,
car sur une coupe, la couche argi-
leuse apparaît en rouge, tranchant
sur la terre noire.
J'ai spécialement étudié la quantité
d'argile que le Spainx monte de la
10 Galeries.
— 11 y en a deux sortes : profondeur pour cette opération et
les galeries principales et les galeries recherché dans quelle mesure il
temporaires. La profondeur des pre- prend part ainsi à la transformation
mières varie entre 10 et 180 cm., du sol. Dans la région où j'ai pli faire
suivant la qualité du sol. En général. une partie de mes observations (c'est-
si le sol est dur (argileux) ou n'est à-dire dans le Sud de Hodmezöva-
jamais remué (senliers, champs de sarhely. à Sarkaly), l'argile est si
trèfle, pâturages, etc.), elles sont profonde qu'on n'arrive pas à la re-
à une profondeur de 10 à 15 cm. ; muer, même en labourant profondé-
mais si la terre est molle ou cons- ment. La couche argileuse est jaune
tamment remuée (potager), leur pro- et se situe à 50 ou 80 cm., sous la
fondeur est de 30 à 80 cm. et atteint terre noire.
parfois un mètre. Leur diamètre ne J'ai établi qu 'un Spalax adulte élève
montre pas de différence notable ; il pour une construction d 'une longueur
est en moyenne de 7 à 8 cm. ; la coupe de 100 m., 133.450 cm3 d'argile. Vu
affectant une forme ovoïde, le dia- que la densité de l'argile est de 2,65,
mètre vertical est le plus long. cette masse représente 365 kilog. 64.
Le Spalax hungaricus construit ses Ce calcul ne peut d'ailleurs être rigou-
galeries autrement que la Taupe ; reusement exact, car la couche d'ar-
gile est parfois inexistante, alors que nières près de leurs ouvertures.
dans d'autres endroits, elle atteint Il est caractéristique de trouver
l'épaisseur d'un doigt. Et si l'on prend dans les galeries principales, très fré-
pour base du calcul une couche d'ar- quemment. dans les temporaires plus
gile d'une épaisseur de Ocm. 25, la rarement, des fermetures d'une lon-
quantité de l'argile montée est cepen- gueur de 10 à 20 cm. A mon avis, c'est
dant de 64 cm3 684 et son poids de une défense contre les ennemis entrés
171 kilog 41. A mon avis, la couche dans 1 habitation ; elles m'ont trompé
d'argile a plusieurs raisons d'être : jnoi-même, car j'ai cru que j'étais
a) J'ai pu observer sur des ani- tombé sur des galeries aveugles.
maux en captivité que si la terre s'est 2° Nids. — L'animal construit son
desséchée dans leur caisse, ils deve- nid dans un endroit où l'on ne peut
naient inquiets et remontaient même le déranger : sous des sentiers, entre
au jour. Comme les Spalax ne boivent les racines des grands arbres ou dans
pas régulièrementd'eau. ilsontgrand . des champs de Trèfle. Le diamètre
besoin de l'humidité de l'air. Ce se- du nid est de 25 à 35 cm., sa forme
rait donc, en partie pour la conserver, vaguement arrondie, ressemblant à
qu'ils utilisent ces couches.
b) D'autre part, cette même cou-
che les protège contre Peau qui
pourrait envahir leurs demeures
lors des averses, fontes de neige, etc.
c) Enfin, elle peut servir égale-
ment, dans le cas d'une galerie
construite en terre molle, pour
protéger la galerie contre les ébou-
lements. Si l'on veut percer une
galerie avec un bois pointu, il faut
faire un effort considérable. Si
l'on frappe contre une galerie,
elle rend un son creux ; par ces
procédés on peut très bien distin-
guer une habitation de Spalax
d'une taupinière.
Les galeries- temporaires sont
en général à quelques centimètres
de profondeur seulement et peu-
vent même être en relief. Leurs
murs ne sont pas très soigneuse-
ment faits et -comme la couche
d'argile manque, ils s'écroulent par une poire ou à une corne. Les murs
endroits. Ces galeries sont tortueuses, sont très remplis, lisses, presque bril-
de diamètr-e variable et ont pour but lants et souvent munis d une large
unique la recherche des aliments. couche d'argile. Il n'y a qu une seule
Lesgaleriesprincipaleset temporaires entrée s'ouvrant sur un des côtés ou
communiquent, mais, après les avoir en haut. L'animal le garnit d'herbe
utilisées, l'animal obstrue ces der- douce. Les nids que j'ai ouverts
jusqu'à présent étaient toujours très Dans une habitation de Spalax
propres et sans odeur. placée entre les racines d'un grand
Noyer, nous avons trouvé 20 pommes
3° La chambre d'accouplement. —
de terre de grandeur moyenne et des
L'animal la construit pour le prin-
temps, sous un monticule d'une lar- morceaux de carottes.
geur de 60cm. et d une hauteur de 5° Les chambres sanitaires. — Elles
40 cm., qu'il commence à préparer s'ouvrent sur les galeries principales,
dès l'automne Cette chambre est une
cavité toute ronde de 20 x 20 cm. et assez loin du nid. Elles ont la forme
d'une poire; larges de 10 à 12 cm.,
dont les murs sont soigneusement elles contiennent les matières fécales
façonnés et munis d'argile. C'est là du Spalax. Après s'en être servi,
qu'a lieu l'accouplement, après guoi l'animal en bouche l'ouverture, légè-
l'animal bouche la chambre et la rement. Par contre, lorsqu elles sont
galerie qui y conduit. Le monticule pleines, il les obstrue définitivement.
est dispersé par la pluie et le vent, de Dans l'habitation d'un Spalax, on
sorte qu'il ne reste qu'une toute petite trouve deux ou trois de ces fosses.
élévation. La matière de ces monti La façon dont l'animal construit
cules est, contrairement à ce qu'on
voit chez les Taupes, mélangée avec sa demeure est très intéressante et
de la terre jaune; ils sont en outre très caractéristique. On peut très bien
beaucoup plus grands et du reste,
l'étudier sur des animaux en capti-
vité.
assez rares. Pour pénétrer dans la terre, le
4° Les caves. — Elles servent de Spalax -creuse très vite un petit trou,
garde-manger. Un animal s'en mé- d'abord avec la patte droite, puis avec
nage plusieurs, sur des points diffé- la patte gauche, y entre satête, l'agran-
rents de son réseau de galeries. 1 eur di I par des mouvements rapides diri-
forme n'est pas fixe, leur grandeur gés de bas en haut. S'il a affaire à un
non plus. Ces caves sont, en général, sol dur, il exécute avec sa tête des
allongées ; en ce cas, elles ne sont mouvements de vrille. Lorsque la
que la partie élargie d'une galerie, ou plus grande partie de son corps est
elles sont arrondies et alors une gale- sous le sol, il rejette alors la terre en
rie unique longue de 10 à 20 cm., y arrière avec ses pattes. Ce mouve-
donne accès. Leur longueur, de 50 ment, il peut le faire également pour
à 80 cm. et leur largeur de 20 se défendre en se sauvant et alors il
à 40 cm. peuvent n'avoir que rejette la terre à une distance de 1 m.
20 x 20 cm. Les murs sont denses, à 1 m. 5. Ayant pénétré sous la te-rre,
mais ne sont pas aussi lisses que il n'éloigne plus les matières qui
ceux des nids. résultent du fouissement. mais il les
Le contenu des caves esl très varié : imprime dans les murs des galeries.
on y trouve des pommes de terre. des Lorsque tout son corps est déjà pro-
oignons, des racines, d'arbres frui- tégé, il se retourne en se déplaçant
tiers et de trèfles..1 ai ouvert une cave sur un côté, s'il a suffisamment de
dans laquelle il y avait 87 pommes de place pour cela, en se renversant si
terre, petites etmoyennes, 11 oignons, la place lui manque, et obstrue le
14 morceaux de racines dont la lon- trou d'entrée très vite et si parfaite-
gueur était de 4 à 8 cm. et la gros- ment qu'on est incapable d'en trou-
seur celle d'un petit doigt. ver la trace.
Dans la terre d'un potager, le Spa- même de sexe différent, en dehors
lax peul disparaître dans un inter- de la période d'accouplement, se ren-
valle de 8 à 10 secondes. contrent dans une galerie, ou, plus
rarement, en dehors de leur de-
Le « caractère » du Spalax. meure, l'un des deux doit rester sur
place.
Ce qui domine dans son caractère, Après la fécondation, comme on
c'est la sauvagerie. On ne peut l'ap- peut l'observer sur des Spalax en
privoiser, quelle que soit la ma- captivité, les deux animaux ne restent
nière dont on le traite. Comme le ensemble qu'un jour tout au plus et
Spalax est aveugle et que son odorat le lendemain ils se battent comme
et son ouïe ne sont pas très fins, et des ennemis mortels. Ils se font de
comme, d'aulre pari, il a beaucoup graves blessures avec leurs puissantes
d'ennemis, il est toujours sur ses incisives.
gardes et prêt à l'attaque. Ces ani- Surplus de cent.animaux observés,
maux sont très irascibles et si on je n'en ai trouvé que deux qui s'é-
les excite un peu longuement, ils taient apprivoisés. Ceux là, on pou-
sautent, se traînent sur le ventre et vait les saisir à n'importe quel mo-
se roulent finalement sur le dos. Ils ment, les tenir dans la main ; bien
sont très hardis et tiennent tête aux plus, ayant mis mon doigt dans leur
ennemis plus forts qu'eux«. Ils ignorent gueule, ils l'ont mordillé doucement.
la vie de famille et si deux Spalax, comme par amitié. Pourtant, ils
étaient aussi grands et en aussi par- creuse un réseau plus dense. Sous
fait état que les autres. les carottes et persil plantas en ligue,
Les Spalax supportent bien diffi- il fait des galeries parallèles et mange
cilement la captivité : au bout de les racines en partie sur place, pour
quelques jours, quelques semaines, transporter l'autre partie dans ses
tout au plus, ils succombent quoi caves. Cependant, il laisse l'extrémité
qu'on fasse. Selon mes observations, supérieure de la racine et les feuilles
les animaux apprivoisés supportent sur place, de sorte que le ravage ne
beaucoup mieux le manque de Ii- devient visible qu'au bout de quelques

berté ; l'un a vécu 173, l'autre 285 jours, lorsque les feuilles se flétris-
jours en captivité et sous une inces- sent. Pour arriver sous les pieds de
sante observation. ppmmes de terre, il creuse des gale-
ries obliques.
Le Spalax, animal nuisible. Dans les régions où les Spalax sont
très nombreux, ils peuvent occasion-
Le Spalax est fort nuisible et il ner une perte de 50 à 100 % de la
devient un véritable fléau dans la récolte pour la pomme de terre et les
région où il se multiplie. Il ravage les plantes qui leur conviennent.
légumes des potagers, surtout les L'expansion des Spalax peut faire
pommes de terre, les carottes, le per- modifier les cultures sur de grandes
sil, alors que les haricots, les pois étendues de terrain. Dans la région
et les choux ne sont pas de son goût. à l'Est du Hodmezovasarhely, par
Il provoque de grands dégâts dans exemple, on a dû abandonner la cul-
les champs de trèfle et dans les ver- ture des pommes de terre sur plu-
gers en rongeant et emportant les sieurs centaines d'hectares, bien que
racines. Sous les champs où l'on le terrain soit particulièrement pro-
cultive des plantes^qui lui plaisent, il pice pour cette plante. Malheureuse-
y
.ment, depuis 1925, les Spalax deve-région de Hodmezôvasarhely où le
premier Spalax hungaricus fut cap-
naient si nombreux que les pertes en
pouvaient être évaluées à 90 et mêmeturé, en 1894, du côté Est, alors
qu'aujourd hui, ils sont très nom-
100%, de sorte que les propriétaires
ont dfi transporter leurs plantations
breux également du côté opposé.
dans des terrains moins propices. Son expansion est favorisée par
les années modérément humides, les
Multiplication, expansion. cultures potagères, la nature du sol
(terre molle, humus, terre argileuse,
Heureusement, le Spalax hunga- terre noire). Par contre, elle est plus
ricus ne se multiplie pas beaucoup. ou moins combattue par les années
La femelle n'a que deux petits à la pluvieuses (ce sont surtout les indi-
fois et cela seulement une fois par vidus jeunes qui ne les supportent
an, au printemps. En effet, je n'ai point.), les grands champs de céréales,
jamais trouvé de petits à la fin de les forêts et enfin les catégories de
t'été, ni en automne. sol telles que sable, sable lié. argile,
Dans la grande plaine hongroise, etc... Il ne peut non plus se multi-
les Spalax avancent lentement, mais plier dans des régions où le sol est.
sans arrêt, de l'Est à l'Ouest. On chaque année, profondément labouré
constate la même chose dans la et soigné.
NOTES SUR LE " ZAMENIS "
-
OU COULEUVRE VERTE ET JAUNE

Raymond RÕllinat aura été un de nos meilleurs naturalistes et sa curiosité


s'est appliquée il des sujets lort divers, comme le montrent ses très nombreuses
publications parues dans les Mémoires de la Société Zoologique de France
et le Bulletin de la Société d'Acclimatation. Il nous suffira de i-appeler ici son
livre demeuré classique sur Les Vertébrés sauvages du département de
l'Indre, si remarquable par sa clarté et par l'originalité des descriptions.
Mais c'est surtout dans le domaine de ï Herpétologie qu'il laissera un nom
auquel aucun autre, à notre époque, si ce n'est celui de Lataste, ne saurait être
comparé.
L'ouvrage posthume, que vient de publier la: librairie Delagrave, est le
résumé de cinquante ans d'observations. On sait que l'auteur, tout pénétré de
l'esprit et de la méthode expérimentale, étudiait les animaux à la maniéré de
Fabre, l'illustre naturaliste et qu'il avait aménagé dans sa demeure d'Argenton-
sur-Creuse un jardin d'étude où il élevait dans des caqes et des terrariums
qu'il avait lui-même imaginés, et aussi en liberté, les Repliles dont il se proposait
d'étudier les habitudes et les mœw's.
Personne, avant Rollinat, n a regardé vivre les Tortues, les Lézards et les
Serpents. Ces derniers, en particulier. n'avaient jamais été l'objet, avant lui,
d'une attention, nous oserons dire aussi sympathique, et ce ne sera pas un des
moindres résultats de ce livre que de nous avoir en quelque sorte réconcilié avec
ces êtres que notre ignorance de leurs mœurs ,-t de leur véritable nature nous
lait- bien à, tort apparaître comme terrifiants.
La « Vie des Reptiles de la France Centrale » a été éditée sous les
auspices de la Société nationale d'acclimatation de France, avec l'aide du Minis-
tère de l Education nationale, et de 1 Institut de France. Le Conseil général
de L'Indice, par reconnaissance pour l'illustre Argentonnais, n'a pas hésité à
l'honorer d'une importante subvention. L'ouvrage est abondamment illustré.
De nombreuses photographies originales, toutes prises par l'auteur, constituent
une documentation d'une inestimable valeur. Une remarquable artiste,
Melle Marthe Vesque, a spécialement dessiné onze aquarelles, qu'on a pu admi-
rer à la récente exposition des artistes animaliers, au Muséum, et qui ne seront
pas un des moindres attraits de cette magnifique publication.
Dr G. V. LEGROS.
La désignation de Verte et jaune, Musée de Poitiers renferme un Zamé-
ne présente pas, pour cette Couleuvre, nis en train d'avaler un de ses con-
un caractère précis, car le vert est si génères de taille un peu moindre.
sombre qu'il passe presque au noir; En captivité, si la faim le presse, il
sans doute faut-il voir là une exten- se contente de Batraciens; les jeunes
sion ou un passage de la forme type, dérobent même les œufs des Lézards,
Z. gemonensis, à notre variété viridi- qui pondent dans le même terra-
flavus. rium. C est dire que son régime n'est
La Couleuvre verte et jaune n'est conduit que d'après son robuste
pas très commune dans la France appétit.
centrale, non plus que dans certains Comme la CoroneUe, elle est d'un
départements, tels que celui de caractère vif et farouche, surtout
Maine-et-Loire. Dans l'Indre, on ne quand elle vient d'être capturée ; elle
la rencontre que dans l'ouest et le mord furieusement en tordant sa
sud-ouest, ce qui fait que je n'ai pu prise, et cette agressivité dure plu-
me la procurer aussi aisément que sieurs jours.
les espèces précédentes. Elle est très Mâles et femelles se battent entre
répandue dans la Vienne, les Deux- eux, sans distinction de sexe, et
Sèvres, la Vendée. Plus on avance s'infligent des blessures qui saignent
dans l'ouest et le sud-ouest, plus le abondamment.
serpent devient commun. Vis-à-vis des personnes qui la
C'est dans les endroits secs et soignent, si elle ne se dérobe pas, ce
rocailleux, couverts de broussailles, qui arrive parfois, elle redresse toute
sur les talus bien exposés de la lisière la partie antérieure de.- son corps,
des bois, qu'elle se tient de préfé- sur plus du tiers de sa longueur, et-
rence. Elle grimpe sur les buissons, tout-à-coup se précipite, gueule ou-
sur les troncs d'arbre peu élevés et verte, sur la personne qui est à sa
recouverts de lierre, à la recherche portée, saisit la main, le bras, serre
des nids, et jusqu-aux- treilles des fortement en enfonçant ses grandes
habitations, y poursuivant probable- dents maxillaires, et sans lâcher
ment les Lérots et autres petits prise de plus d'un côté de mâchoire,
Rongeurs. avance alternativement chaque moi-
S'il existe quelque part des éboulis tié de la bouche. Je fus mordu au
de rochers, des anfractuosités du sang un grand nombre de fois, et
sol, rendus inaccessibles par des n'avais qu'une ressource, remettre
buissons épineux, c'est là qu'on a des le Serpent avec la main qu'il serrait
chances de la rencontrer, alors qu'on dans son terrarium accoutumé.
ne la trouve pas au voisinage des Après quelques instants, se sentant
eaux courantes et stagnantes. libre, il desserre son étreinte et
Cette Couleuvre est surtout ter- cherche à se décrocher ; il va sans
restre comme la plupart des espèces dire que je l'y aidais ; mais il laisse
dont elle fait sanourriture. Celle-ci l'empreinte saignante de toute sa
se compose, suivant les lieux, les double herse dentaire.
saisons et l'appétit, de petits Mam- C'est dans une cage petite, dont il a
mifères : Campagnols, Souris ; de l'habitude, qu'il se nourrit le mieux.
petits Oiseaux encore au nid, de C'est éga!ement dans une petite
Lézards, y compris le Lézard vert et cage qu'il s'apprivoise le plus facile-
et l'Orvet, de Serpents mêmes. Le ment. Mais si d'une cage on le trans-
porte dans un terrarium, il reprend du Serpent, celui-ci s'élance à sa
vite son naturel farouche et lors- poursuite, et bientôt le rejoint. Les
qu'on en approche, il disparaît rapi- jeunes Lézards verts deviennent
dement dans le foin du refuge. comme les autres, la proie des
Dans mes cages, seul le Lézard Zaménis.
vert adulte sait se défendre avec C'est ordinairement à la fin de
succès contre le Zaménis, également mars ou au début d'avril que la Cou-
adulte ; le Lézard, poursuivi par le leuvre verte et jaune recommence à
Serpent, saute hardiment à la gorge se nourrir. Mai, juin, juillet et août
de celui-ci et serre de toute la force marquent sa période de plus grande
de sa robuste mâchoire. Cette pre- activité ; elle absorbe alors une
mière tentative du Serpent ne réci- quantité énorme de nourriture. A
dive d'ailleurs pas ; le Lézard ayant partir de septembre. Les adultes
montré son savoir faire a conquis sa perdent peu à peu l'appétit ; dès
tranquillité. Mais les autres Lézards qu'elle n'accepte plus les proies
sont toujours vaincus. Quelquefois qu'on met à sa disposition, il con-
la voracité du Serpent est telle vient, si la température continue à
qu'elle donne lieu à des scènes assez s'abaisser, de la mettre en terrarium,
curieuses ; j'ai vu un jour à l'orifice afin qu'elle ne maigrisse pas. Dans
de la bouche d'un de mes sujets une les mois d'hiver, si la température
tête et une queue appartenant à des se réchauffe, on voit d'ailleurs les
Lézards différents : l'un avait été Zaménis se chauffer et même boire,
avalé par la queue, et sa tête cher- si on les met momentanément en
chait à sortir ; l'autre avait été cage ; mais elles n acceptent aucune
engagé par la tête, et sa queue fré- proie solide. Elles reprennent, à
tillait à côté de la tête du voisin, qui cette vie demirecluse, leur na-
cherchait à la mordre. turel farouche, et on doit les réé-
D'ailleurs, quand, à la faveur duquer au printemps, ce qui prend
d'une telle gloutonnerie, un Lézard quelques jours, et beaucoup de pa-
parvient à s'échapper de la bouche tience.

La planche en couleurs ci-contre est extraite du livre posthume de


Mollinat dont il est question ci-dessus. Elle est due à Melle M. Vesqiie.
PROPOS A
DU SÉLACIEN DE QUERQUEVILLE

NOTES SUR L'HISTOIRE DU CETORHIAUS MA XIMUS


(GUNNER) (f)

par
-
G. PETIT

Ces notes sur l'histoire du Cetho- Provinceton Harbour, d'un Pèlerin


rinus maximus seraient incomplètes, mesurant 9 m. 22. En 1842 de Kay
si nous n'indiquions quelle est la décrit de New-York un spécimen
répartition géographique et la fré- mesurant entre 9 m. 75 et 10 m.
quence de cette espèce et ne retra- Dans la baie de Fundy, Foulis signale
cions ainsi l'essentiel de ce que nous en août 1851 la prise d'un individu
connaissons de sa biologie. de 12 m. 19. En 1868, en 1870, des
Les auteurs s'accordent pour re- spécimens furent capturés à Eastport.
connaître que le Basking Shark a L 'un avait plus de 10 m. de long.
comme habitat normal les mers arc- Il n'est pas inconnu à Terre-Neuve
tiques d'où il peut se disperser dans (une capture en 1876).
les mers tempérées et les mers Notre Squale est systématiquement
chaudes : le Cetorhinus maximus est pêché le long des côtes du Pérou et
un grand voyageur et apparaît de l'Equateur.
comme une espèce cosmopolite. On le trouve aussi en Suède.
Faber(Naturg. Fische Islands, 1 829) Ovar Nybelin (Zool. Bidrag /. Up-
qui lui attribue une taille de 6 à 12 sala, Bd. III) a étudié en 1914 les
mètres, le signale des côtes de Cestodes (Dinobothrium septaria) re-
Norvège, et de fait, en 1904, un cueillis dans un Cethorinus capturé
individu de -9 m. 20 fut capturé à à Kyrkesund. Il n'est pas inconnu
Bergen. sur les côtes des Pays-Bas. Rappelons
Il est rare aux Feroë et au Groend- celui qu'étudia Vrolick et qui avait
land, plus commun sur les côtes été péché à Amsterdam (2 m. 13 de
d'Islande. long).
Aux Etats-Unis, on peut le ren- Le lecteur trouvera ci-après des
contrer sur les côtes de Virginie, de listes de capture ou d'échouage de
la Caroline, et du Massachusetts où. cette espèce sur les côtes de l'empire
en juin 1920 (île de Martha Vinegard), britannique, de France, d'Espagne,
un exemplaire de 8 m. 61 fut capturé. du Portugal, d'Italie.
Goode et Bean (Oc. Ichthyol., 1895) Il paraît rare sur les côtes algé-
ont signalé la prise, en 1839, à riennes. Le 26 janvier 1926, un jeune
de 2 m. 50 de long, fut cependant
^1) Voir La Terre- et la Vie, n° 5, 1934, p. capturé à Alger.
Mais nous constatons aussi sa 1883, à Portland (côte Ouest de l'Etat
présence dans l'Adriatique (captures de Victoria), d'un exemplaire de
à Lissa, à Lesina; en octobre 1921, 9 m. 30 de long; en mai 1903, dans
à Valle ; en 1866 à Quarnero ; ce la baie d'Hobson (Victoria). celle
dernier animal mesurait environ d'un jeune mâle de 3 m. 95 ; entin
"8 mètres). deux autres captures, cette fois dans
Bien plus, nous retrouvons notre la Nouvelle-Galles du Sud (Twofold
Squale en Afrique du Sud (bane des Bay), l'une en mai 1901, l'autre en
Aiguilles) et en Australie. août de la même année (jeune mâle
Notons la capture en novembre de 3 m. 18). On le pêche aux Indes
anglaises, à Karachi, par exemple. France.
Il n'est pas inconnu en Chine. Shen 1787. Saint-Cast ; 10 m. 72 (2).
Tseng a étudié en 1933 des Dinobo- 1802. Boulogne.
thrium, parasites d'un Cethorinus 1806. Rivière de Paluel (Seine-Infér.) ;
maximus capturé à Chefoo (Shantung) décembre; 8 m. 77.
1806. Fécamp.
et ses captures ne sont pas-très rares 1806. Yport ; novembre.
au Japon. 1808. Dieppe; mars.
On voit donc que le Squale pèlerin 1810. Dieppe ; novembre ; 8 m. 770 ; mâle.
est loin d'être cantonné dans les mers 1811. Dieppe ; 9 m. 528 ; mâle.
septentrionales, comme le pensaient 1876. Concarneau ; avril ; 3 m. 650.
1880. Nice.
les anciens auteurs et que sa présence 1882. Concarneau.
dans les mers chaudes est plus fré- 1886. Concarneau.
le
quente qu'onne croitgénéralement. 1898. Concarneau; mai; 7 m.
1901. Concarneau ; mai ; plus de 8 mètres.
Les liste, que nous nous sommes
1911. Concarneau.
efforcés d'établir concernant les cap- 1913. Marseille (Vieux-port); septembre;
tures et les échouages du Cethorinus jeune femelle.
dans certains pays d'Europe n'ont 1913. Concarneau ; 11 m. 50.
pas la prétention d'être complètes. 1922. Concarneau ; juillet ; 3 m. environ.
Tout d'abord nous sommes bien 1923. Concarneau (3) ; mai ; 3 m. 90 ;
mâle.
loin d'avoir pu consulter toutes les 1923. Concarneau; mai ; 6 m.30 ; femelle.
publications où il est question du 1923. Villefranche-sur-Mer ; mai ; 4 m.06.
Cetorhinus ; en second lien de nom- 1924. Concarneau 13 J ; mai; 4 m. 70 ;
breuses captures ont échappé à l'at- femelle.
tention des naturalistes et n'ont été 1924. Ouessant; mai ; 5 m.
1925 Eze; juillet ; jeune.
mentionnées que par des journaux 1"926, St-Jean cap Ferrât ; avril ; jeune.
locaux. Nous avons indiqué, dans 1934. Querqueville, près Cherbourg ;
ces listes, de gauche à droite : l'an- février; épave; environ mètres.6
née et le lieu de la capture ou de 1934 Sète ; avril ; 4 m. 50 ; mâle (4).
1934. St-Jean cap Ferrât ; avril ; 2 m.50 (5)
l'échouage, et chaque fois que cela a
été possible, le mois, la taille et le Portugal.
1840. ?
sexe. 1850. ? de 12 à 13 m.
Iles Britanniques fi).
1801. Abbutsbury ; mâle.
1808. Hastings ; novembre ; 9 m. 29 ; (2) Moreau (Poissons de la France T. I) signale
mâle. que Lacépède a vu à Paris en 1788, la peau
montée d un Pèlerin qui s'était échoué près de
1808. Stronsay (Orcades); octobre; mâle. -Saint-Malo. Nous pensons que cet animal est le
4809. Penrhyn (Cornouailles) ; janvier ; même que celui de Saint-Cast. La taille corres-
9 m. 45 ; mâle. pond du reste
1822. New-Jersey ; 10 m. 31 ; mâle. (3) Voir R. Legendre. — Sur des Squales Pèle-
rins observés à Goncaineau. B. S Z. de France,
1822. New. Jersey (le Lœviathan or Won- XLVIII, n" 6-7, 1923, p. 275-280. — Note complé-
derful Sea Serpent, de Lesueur). mentaire sur des Squales Pèlerins observés à
St. Austle Bay ; 9 m. 94. Concarneau, Ibid , XLIX, n° 3-5. 1924, p 322-325.
1852. Startpoînt ; mars ; 2 mètres ; femelle (4) L'animal en question fut pris le 17 avril 1934
(Polyprosopus macer). à une dizaine de milles au large de Sète, dans les
filets à thon. Le 20, des pêcheurs disent avoir
1869. Ile Arran;8m. 33. rencontré un exemplaire plus grand. (Rensei-
t870. Penzance ; 2 m. 76. gnements communiqués par le professeur E.
1875. Ile de Wight ; mars ; 8 m. 83. Chatton, auquel nous adressons nos remercie-
1876 Inishbofin. ments) .
(5) Renseignement aimablement communiqué
par M. Marcelet, chimiste, à Nice. Nous sommes
Selon une vieille chronique-rapportée par
(1) en outre redevables à M. Marcelet des indications
Couch, dans le seul mois de mai 1575,87 spécimens des captures d'Eze(1925), d'A)ger(<926).deSt-Jean
de Cethorinus auraient été capturés à Jersey cap Ferrât (1926 et 1934'.
1865. Povoa deVarzim;plus de 12mètres. 1910. Porto-Conte (Sardaigne) ; mai.
1868. Lisbonne ; mai; 3 m. 82 ; femelle. 1911. Camogli ; août ; mâle.
1894. Buarcns (près Goïmbra)" ; mai ; 1911. Portofîno ; juillet.
2 m. 70. 1912. Sta Margherita ; août.
1900. Baie de Cascaes ; octobre ; 3 m. 2e ; 1912. Nettuno; septembre ; mâle.
mâle. 1913: Porto-Paglia (Sardaigne) ; mai ;
1903. Galé ; janvier ; 3 m. 50 ; mâle. 1 m. 50.
19u3. Lagos ; mai ; 2 m. 75 ; femelle. 1913, Quercianello-Castiglioncella (Tos-
1903. Cezimbra ; août ; de 7 à 8 m. ; cane) ; mâle.
mâle.. 1913. Vado ; l*r juin ; 2 m. 85 ; mâle.
1913. Vado ; 19 juin ; 3 m. ^5 ; mâle.
Espagne (1). 1913. Portofino ; juillet ; 2 m. 50.
1913. Cadix ; mai ; 9 m. 28. 1921. S. Michele (golfe de Gènes) ; juin ;
1915. Santander ; mai. 3 m.
1915. Pontevedro ; printemps. 1921. S. Michele (golfe de Gênes), août.
1929. Palma de Majorque (îles Baléares) ; 1921. Ile de Cherso (Istrie) ; -octobre ;
mars ; 3 m. ; mâle. mâle.
1922. Entre Arenzano et Cogoleto ; mai ;
Italie (2). 3 m. 90 ; mâle.
1.795. Reggio.
1922. San Rocco (Camogli) ; 21 mai ;
6 m. ; mâle.
4813. Catania. 1922. Camogli ; 23 mai ; 8 m., environ ;
1817. Livourne. femelle.
4849. Capri ; 2 m. 761 ; mâle.
1819. Reggio ; 2 m. 62 ; mâle. 1922. Finale ; 13 juin ; 3 m. 45. ; mâle.
1922. Sta Margherita ; 13 juin ; 3 m. 37 ;
186ti. Trieste ; environ 8 mètres. femelle.
1874. Lerici (la Spezia) ; avril ; 2 m. 95 ; 1922. Sta Margherita; 12juillet, un peu
mâle. moins de 3 mètres.
1877. Vado ; juin ; 3 m. 25 ; mâle. 1922. Multedo ; 15 juin ; 2 m. 68 ; mâle.
1884. Campania ; mars. 1922. Vado ; 21 juin ; 3 m. ; mâle.
1888 Camogli.
.
1889.
1899
190J.
Messine; octobre.
Messine.
Camogli ; juin.
1922.
1922.
Cornigliano ; septembre ; 3 m. 70 ;
mâle.
Sestri Levante ; novembre; 3m. 70
environ ; mâle.
4903. Ile d'Elbe ; 3 m. 90 ; mâle. 1923. Côte ligure ; 6 mètres.
1904" Galle de Alghero (Sardaigne) ; mai ; 1928. Forte di Bibbona (près Cecina) ;
3 m. 37 ; femelle.
1904. Vado; juin. décembre; 3m.50; femelle.
1905. Campania ; mai-s. 1931. Catane. — Quatre captures, signa-
1906. Monterosso (la Spezzia) ; février. lées par Monteresso (publication
1906. Scilla. non consultée).
1907. Faro (Messine) ; mai. Sans vouloir insister ici sur les
1908. Pozzello (Syracuse) ; avril.
réflexions que pourrait suggérer
l'examen attentif des listes qui pré-
(1) Lozano Rey (.Fauua Iberioa. Peces, l, Museo cèdent, quelques remarques résumées
Nac. de ciencias Naturales. 1928), rapporte que
les Cetorhinus sont confondus par les pêcheurs s'imposent.
avec des Cétacés et que ce que les journaux lo-
caux relatent comme captures de Cétacés sont 1° Lieux de fréquence de capture.
souvent des captures dè Pèlerins. Pendant la
guerre un exemplaire de ce Squale fut pris pour — Pour la France, c'est la région de
un sous-marin ; la première dorsale paraissait Concarneau. Pour l'Italie. avec une
figurer un périscope L'individu de Pontevedro
avait été frappé par un obus.— L Bellon Uriarte, ampleur beaucoup plus grande, c'est
et E. Bardan Mateu ne signalent pas le Cethorinus. le golfe de Gênes. Cette fréquence
aux Canaries. (Inst. Espan. Oc. Notes et résumés
S. Il. n* 53, 1931).— F. de Buen mentionne sa relative des Cethorirws le Joug des
présence sur les côtes de St-Sébastien 'Bol. real côtes ligures
Soc. Esp, de Hut. Nat., XV, 1915, p. 473). ne permet point l'hypo-
(2) Voir surtout : Pavesi (/oc cit J, V. Ariola thèse que l'habitat normal de cette
(Alti Soc. J.igust. Sc. nat., XXIV, 1913, p. 14-19), espèce est la Méditerranée. Il semble
Vinciguerra (loc. cit.).
plutôt, selon Vinciguerra, que ce
Squale venant de l'Atlantique et pé-
l
se situe en 1806, 1923 et 934 (3 cap-
tures). Le maximum pour l'Italie
nétrant en Méditerranée par le détroit se place en 1922 (10 captures), puis
de Gibraltar suive le courant qui se viennent les années 1913 et 1931,
dirige de l'ouest à l'est et qui longe avec 5 et 4 captures.
le littoral italien. 3° Mois de fréquence. — Les cap-
Pour
2° Années de fréquence.»
— hues ou écliouages les plus fré-
la France, le maximum de capture quents se placent sur les côtes de
France, au mois de mai. En Médi- 75 et 3 m. 82. Sur les côtes de
terranée italienne, les captures s'éga- France, il est très frappant de cons-
lisent en mars et avril, augmentent tater qu'au point où les fréquences
en mai pour atteindre un maximum de capture atteignent leur maxi-
en juin (10 captures;. La courbe re- mum (Concarneau) nous enregistrons
descend brusquement en juillet avec des tailles allant de 7 à 11 mètres,
trois captures. mais plus souvent variant de 4 m.
4° Prédominance d'un sexe sur 70 a 3 mètres. Par contre, immé-
diatement au Nord de la presqu'He
V aY tre.
— Nous avons totalisé ci- du Finistère, se caplurent des exem-
dessus 418 captures avec indication
précises du lieu. Parmi ces 118 cap- plaires de beaucoup plus grande
tures, 43 concernent des animaux taille. Même fait, encore plus net sur
dont le sexe a été noté. Or nous les côtes d'Angleterre et sur les côtes
trouvons 33 mâles pour 10 femelles, de Scandinavie d'après les docu-
soit 76,7 %, ce qui est considérable. ments dont nous disposons jusqu'ici.
Toutes les captures mentionnées sur
5° Taille des exemplaires capturés
ou échoués. — Il ëstT tout à fait inté-
ressant de noter en premier lieu que
les côtes septentrionales des Etats-
Unis concernent des animaux ayant
plus les localités de capture (en une taille largement supérieure à
6 mètres.
Europe) sont méridionales, plus la Les exemplaires les plus petits
taille est faible. signalés d'Angleterre ou de Concar-
C'est ainsi que pour les côtes d'Ita-
lie baignées par la Méditerranée, sur neau sont des individus pourvus d'un
24 individus dont nous avons la lon-
rostre.
En outre les captures qui se situent
gueur totale, un séul atteint 8 mètres, au Sud du Finistère et dans la Médi-
deux 6 mètres. Dans l'ensemble la
longueur varie de m. 50 à 3 m. 90, terranée s'échelonnent presque sans
1
exception au cours du printemps et
Nous savons d'autre part que tous les de l'été (Cf. § 3).
Cethorinus capturés en- Méditerra- Nous ne savons dans quelles mers,
née sont munis d'un museau proé- ni à quelle époque a lieu la repro-
minent et d'un rostre et nous savons duction des Cethorinus.
aussi que ce caractère est l'apanage Couch avait signalé les passages
des individus immatures (1). des Cetorhinus maximus de grande
Même constatation aux Baléares, taille s'effectuant de fin avril au mi-
sur les côtes espagnoles et sur les lieu de mai, le long de la côte ocèi-
côtes du Portugal où, pour deux dentale de l'Irlande, vers le littoral
Pèlerins mesurant respectivement occidental de l'Ecosse.
de 7 à 8 mètres et 12 mètres, quatre De fait on peut très bien admettre
ont une longueur variant entre 2 m.
que ces Squales originaires de mers
dont les eaux sont froides et peu
(1) A ce propos, il est fort intéressant de trans- salées remontent
vers le Nord, pres-
crire ici ce que m'écrit M. Marcelet, au sujet du
jeune Cethorinus pris le 18 avril 1934 à St-Jean sentant ces transgressions d'eaux
cap Ferrat (In litt., 23 avril 1934) « L'animal équatoriales, chaudes et plus salées,
avait un museau allongé, conique, comme une
trompe de 10 cm. environ de long ; car prenant dont Ed. le Danois a retracé les mo-
ce groin à pleine main, je tenais l'animal la
gueule ouverte pour chercher les dents. Ce groin dalités du mouvement.
se terminait par une petite proéminence de la Mais l'éparpillement, du Nord au
grosseur d'nn petit doigt, recourbé en l'air comme Sud, d'individus de petite taille
une pointe de babouche turque.»
puis, en quelque sorte, leur concen- dépendance des conditions hydrolo-
tration en Méditerranée et notamment giques qui régissent la biologie des
le long des côtes ligures, permet espèces marinés.
la notion d'une migration des jeunes Il est probable en outre que les
représentants des Cethorinus effec- Cethorinus adultes et jeunes qui
tuant, vers la même époque, un vivent dans l'Océan Indien et l'Océan
voyage inverse de celui de leurs Pacifique ont un rythme migrateur
aînés. Il serait commode de supposer propre à ces régions.
qu'il y a là une migration d'origine Constatons enfin que nous ne
trophique, la recherche ou la pour- connaissons presque rien d'un animal,
suite d une nourriture abondante tel que le Cethorinus, qu'on est tenté
étant aussi l'origine du .soi-disant de considérer comme banal : c'est
grégarisme de ces jeunes. Et Ils péné- pour cela que ses captures ou ses
treraient dans la Méditerranée, en échouages doivent être enregistrés
suivant passivement, comme le dit sur nos côtes, avec l'empressement
Vinciguerra, le courant Est-Ouest et le soin dont les zoologistes italiens
qui, de Gibraltar, vient lècher les nous ont donné l'exemple, à ce sujet.
côtes italiennes. Ils effectueraient là
leur croissance et pourraient y ac-
quérir leur maturité sexuelle. qui se
traduira extérieurementpar un aspect Les anciens auteurs ont écrit que
nouveau de la partie antérieure de la le Squale pèlerin se nourrissait de
tête. Poissons, d'Algues (Pennant), voire
Cependant les auteurs italiens ont même de petits Cétacés (Fabricius).
noté l'état de maigreur extrême de Dans les papiers de Cuvier conservés
beaucoup des jeunes Cethorinus cap- à la Bibliothèque du Muséum, nous
turés, alors que leur estomac, dont avons pris connaissance d'une lettre
le contenu a été parfois étudié, ne (ni en tête, ni date),adressée vraisem-
paraît point vide d'aliments. blablement au grand naturaliste par
D'autre part il y a, sans conteste le Dr Vrolick fils. Celui-ci relate la
possible, des « années à Cethorinus», dissection d'un Cethorinus faite par
et des années où ils sont fort rares. son père à Amsterdam. L'eslomac de
Enfin, ces Squales sont de préférence l'animal contenait « un Merlan et un
capturés, en Italie, dans les baies, Carlet à moitié digérés... Les sur-
les golfes où débouchent des fleuves faces seules étaient digérées et chan-
et parfois au voisinage même de leurs gées en une sorte de pulpe molle,
embouchures, comme s'ils étaient à tandis que les os point encore allé-
la recherche d'eaux à salinite atté- rés avaient conservé leur dureté et
nuée.... leur consistance primitives .»
Les jeunes Cethorinus. s'avancent- Home, puis de Blainville (toc. cit.)
ils vers le Sud à la faveur de l'exten- ont trouvé dans l'estomac de petits
sion des eaux continentales et sont- cailloux (I( plusieurs seaux »). Ob-
ils refoulés dans la Méditerranée par servation intéressante que je n'ai
le jeu, variable, selon les années, des point trouvée reprise ailleurs. On
transgressions atlantiques chaudes ? sait que le Cethorinus a des dents
En tout cas ces voyages que les fort petites et un appareil digestif
données ci-dessus rassemblées per- fort compliqué; on sait que les Mam-
mettent de supposer, sont sous la mifères à dents régressées (Céto-
dontes), ou que les animaux n'ayant note de 1924, a trouvé dans l'estomac
pas une denture faite pour mastiquer d'un nouveau Cethorinus étudié par
leurs proies (Crocodiles), avalent lui « des débris de Copépodes et de
des cailloux jouant le rôle de broyeurs petits Amphipodes indéterminables
et compensant l'insuffisance de l'ap- et des œufs de Poissons eu, partie
pareil masticateur. Notre Squale digérés ».
offrirait donc, peut-être, un nouvel Deux Cethorinus capturés en 1901
exemple de cette curieuse relation. dans la baie de Twofold (Nouvelle
Cependant sur la question de l'ali- Galles du Sud) avaient un contenu
mentation des Squales pèlerins, stomacal où l'on a trouvé des Crus-
l'unanimité s'est rapidement faite tacés anomoures (Munida subrugosa
parmi les naturalistes. Günner avait White). Un autre, pris en 1883 à
déjà écrit qu'il ne se nourrissaient que Portland (côte ouest de l'état de Vic-
de très petits animaux. Leur contenu toria, Australie) avait l'estomac bour-
stomacal s'est toujours révélé sous la ré de Ptéropodes. Ainsi donc, ce
forme d'une bouillie jaune rougeâtre Squale géant qui peut aUei-ndre et
ou d'un rouge vineu-x, ressemblant à dépasser légèrement quinze mètres
de la purée de tomate (Linton). J'ai de long, que les auteurs ont repré-
fait la même constatation en ouvrant senté se laissant souvent paresseuse-
l'appareil digestif du Sélacien de ment ballotter à la surface des flots,
Querqueville. Vinciguerra (loc. cit.) se nourrit exclusivement, comme les
dans le Cethorinus capturé à Nettuno plus grands Cétacés, de petits ani-
(1912) signale des gouttelettes grais- maux pélagiques, notamment de
seuses provenant de la digestion de Ptéropodes et de Crustacés qui cons-
Crustacés, des débris de Copépodes et tituent cette purée planctonique à
d'Ostracodes ; dans l'estomac de celui laquelle les Anglais donnent le nom
de Finale (1922), des fragments de Pté- de Whale-food. Et la convergence
ropodes du genre Creseis. L'estomac entre le Squale Pèlerin et les Mysti-
des Squales Pèlerins étudiés par R. cètes se précise par le développement
Legendre (loc. cit ) en 1923, conte- des branchiospines constituant un
nait une « vingtaine de kilos d'une appareil tamisant ayant attiré l'atten-
bouillie rougeâtre ». Les pêcheurs la tion des premiers naturalistes qui ont
comparèrent à celle de « Crevettes examiné le Cethorinus, et qui justifie,
rouges » (Euthemisto, par exemple), ou du moins explique, le nom de
qu ils trouvent dans l'estomac des Bone-Shark, Requin à fanons, qui
Germons. Le même auteur, dans sa lui a été attribué.
OBSERVATIONS
BOTANIQUES ET AGRICOLES
SUR LES SAVANES DE BINGERVILLE ET DE GRAND BASSAM
(COTE D'IVO.IRF)
-

par
L. HÉDIN
Ingénieur agronome. .1

M. Aug. Chevalier a signalé. dès cours d'un séjour de dix-huit mois


1909 (Première étude sur les bois de dans la région de Bingerville et de
la Côte d'Ivoire), à proximité des Grand Bassam.
lagunes de la Basse Côte d'ivoire, De la flore de ces étendues her-
notamment aux environs des vil- beuses, nous avons constitué un her-
lages de Dabou, Bingerville, M'Bonoi, bier de près de 300 plantes qui vient
Moossou, Assinié, etc., l'existence de compléter les données importantes
véritables savanes présentant çà et là réunies sur la composition de ces sa-
quelques petits bosquets et ayant une vanes par M. Aug. Chevalier, pen-
étendue qui -va parfois à plusieurs dant ses diverses missions. C'est là
centaines d'hectares. où se bornent jusqu'à présent nos
«
Ces grandes prairies verdoyantes connaissances sur la végétation her-
non marécageuses reposent sur un bacée de la Basse Côte d'Ivoire. La
sol argilo-siliceux stérile Leur flore -
mise en valeur de certaines de ces
rappelle beaucoup celle du Bas Daho- savanes par la plantation soit
mey et du Lagos. Comme herbes, d'Elaeis, soit de Caféiers de Libéria,
quatre ou cinq espèces d' Andropogon doit nous rendre particulièrement
dominent et ces Graminées sont in- attentifs aux recherches qui seront
cendiées chaque année. Nous ne poursuivies pour déterminer l'ori-
croyons pas que la grande forêt ait gine et l'évolution de ces savanes. Le
jamais occupé ces terrains et il nous voyageur qui de Grand Bassam se
semble bien certain que- l'homme ne rend à Abidjan par Bingervi'lle, tra-
les a pas défrichés, car ils ne se verse de grandes prairies séparées
prêtent à aucune culture. L'origine par de grands lambeaux de forêts.
de ces savanes des lagunes de la Côte L'aspect même de ces prairies per-
d'Ivoire nous paraît donc des plus met de distinguer des savanes « non
mystérieuses ». marécageuses » auxquelles M. Aug.
Nous nous proposons de présenter Chevalier fait allusion ci-dessus, des
ci-dessous les observations que nous savanes basses que l'on observe no-
avons pu faire sur ces savanes, au tamment avant le bac d'Eloka. Nous
étudierons successivement la végéta- A croceras oryzoides
tion de ces deux types de savanes. Anadelphia arrecta
A. longilolia
Asclepias lineolala
Brachiara brachylopha
Savanes hautes. Cassia mimusoides
Fimbristylis hirta
Ces savanes s'observent dans les F. africana
conditions climatiques que nous Hyparrhenia Welwitschii
Impe ata cylindrica
avons indiquées dans une précédente Polygala multiflora
étude sur la végétation des bords Scleria canaliculo-triquetre
lagunaires, parue ici-même [Obser- Schizochyrium úrevijolium (1).
vations sur la végétation des bords Notons le manque d'espèces endé-
lagunaires dans la région de Grand- Iniques qui caractérise cette végé-
Bassain et de Bingerville (Côte
d'Ivoire). La Terre et la Vie, 1933, tation et la présence d'un certain
nombre de pantropiques qui ont
n° 10]. colonisé le sol dès qu'il s'est trouvé
Du point d-e vue édaphique, ces libre par assèchement progressif, ou
savanes reposent sur un sol à domi- qui se sont introduites dans l'asso-
nance sablonneuse profond de plu- ciation laissée ouverte par les ravages
sieurs mètres ; topographiquement, des incendies d'herbes. Les savanes
elles sont situées à une vingtaine de hautes sont caractérisées par des
mètres au-dessus du niveau de la conditions écologiques particulière-
lagune. ment xérophiles, mais surtout par
Les savanes hautes portent en ébrié l'influence des incendies périodiques
le nom d'enankou mié [enankou sa- auxquels elles sont soumises à
vane). —
chaque saison sèche ; ces caractères
Leur étude floristique. va nous per- les distinguent des prairies basses
mettre de nous rendre compte du que nous étudierons ensuite. Le pro-
mécanisme de leur formation, de blème de l'évolution de ces savanes
préciser leurs caractéristiques écolo- hautes ne semble pas avoir été résolu
giques ; nous indiquerons également de façon incontestable.
quelle nous semble être leur évolution, M. Aug. Chevalier (2) pense que
ou en d'autres termes s'il nous est « les savanes
primitives de Dabou,
apparu que ces savanes constituaient Bassam, Bingerville, etc., sont d'ori-
un stade climatique final (savanes gine édaphique ; elles occupent des
édaphiques analogues à celles que sols très pauvres (anciennes dunes
M. Aug. Chevalier a signalées au souvent lavées) ..A l'origine, presque
Dahomey) ou si elles constituent un toujours couvert lmperata, ce sol,
terme de passage vers une végétation sous l'action des feux de brousse et
forestière.
Les savanes hautes comprennent
(1) M. Aug. Chevalier a trouvé dans la s:lvane
une végétationherbacée dans laquelle de Dabou. (Ians une station-analogue : Andropo-
se trouvent dispersés des bouquets gon Barleri, A. macrolepis, Pennisetum pubigi-
d'arbres, limitée de toùte part par nosum.
La détermination des Cypéracées indiquées dans
la grande forêt. Voici les éléments, en cette étude a été faite par M. Chermezon et
.M. Kukenthal, auxquels nous adressons ici tous
majeure partie des Graminées et des nos remerciements.
Cypéracées, qui composent la flore (2) Le Palmier à huile à la Cute d'Ivoire. Re-
de cette végétation herbacée : vue de Bot. appliquée et d'Agriculture tropicale
avril 1931, 12 p.
des lavages se dégrade encore da- peu un aspect de savane primitive...
vantage et évolue vers la savane La savane à Imperata laissée à
...

à Andropogonées, à Trichopteryx elle-même peut évoluer de deux


ou à Cyperacées et prend peu à manières. Ou bien elle n'est pas brû-
lée — et çà et là apparaissent des les observations des indigènes qui
arbustes et des arbres de forêt secon- connaissent bien l'envahissement de
daire et celle-ci s'établit peu à peu. la savane il Andropogonées par l'Im-
Vers la dixième année après son ap- perata (« enankou nsé » suit « enan-
parition le peuplement d'Imperata kou mié »), sur l'origine probable-
est éliminé. Si, au contraire, le feu ment américaine de l'Imperata et sa
de brousse intervient, cette Grami- substitution à des Graminées afri-
née devient chétive et est remplacée caines, mais surtout sur l'observation
peu à peu par d'autres plantes her- de l'action de l'incendie sur la végé-
beuses moins exigeantes. » tation de ces savanes.
Pour nous au contraire, la savane Les feux de brousse déterminent
à Andropogonées (tnankou mié en l'appauvrissement en espèces de la
ébrié) doit probablement être consi- flore par la disparition des espèces
dérée comme la formation primaire résistant mal à l'incendie. Le brûlage
des savanes de la région de Binger- (les herbes sèches détruit surtout les
ville. tandis que la savane à ltïïl)eî-(i- hautes tiges de Graminées de grande
ta (enankou nsé) prendrait naissance taille. L es touffes des Graminées
sur la formation précédente soumise basses demeurent détruites seule-
à des feux de brousse Incessants. ment dans leurs parties sèches. Entre
Notre interprétation est fondée sur ces touffes, on voit très nettement
apparaître les rhizomes de l'lmpe- valier a constaté lors de son voyage
rata. Une semble pas douteux que la en novembre 1930, une régression
particulière adaptation de cette Gra- du Lantana, qui vingt ans aupara-
minée nitraLophile à subir l'incendie vant envahissait toutes les places
de brousse lui permette de gagner en libres de la région de Bingerville, et
élendue à chaque saison. dont nous avons défriché des brous-
A M Brabo, des touffes d'Imperata sailles dépassant 2 m. de haut.
qui avaient été détruites par le feu La résistance à l'incendie est assu-
vers le 10 décembre portaient à nou- rée par des organes souterrains bien
veau leur inflorescence à 50 cm de c'aractéristiques : rhizomes des Gra-
terre le 31 décembre C'est au reste minées, racines tubéreuses de Poiy-
r Imperata et Hyparrhenia Welwits- gala multijlora, d'Asclépias tineotata,
chii qui réapparaissent les premiers d'un certain nombre de Légumi-
après l'incendie. neuses (Albizzia, etc.), du Sterculia
Dans certaines parties de la savane, Tragacantha. Dans ces racines tubé-
Y Imperata se trouve en compétition reuses, la couché protectrice de liège
avec le Lantana, qui s'installe sur est particulièrement abondante au
des sols forestiers défrichés contigus niveau du sol.
à.la savane. Dans les places qui n'ont pas été
Le Lantana, bien que rejetant de soumises à l'incendie, les Graminées
souche, résiste moins bien au brû- hautes à la fin de la saison sèche se
lage que l' Imperata, et M. Aug. Che- couchent sur le sol et constituent une
couverture de paille de 30 à 40 cm. cette forêt pour l'étabiissement des
qui s'oppose à l'installation de toute cultures se trouve envahi par une
végétation arbustive. abondante végétation herbacée qu'on
Les îlots forestiers que l'on ren- ne saurait confondre avec la savane
contre dans la savane haute sont édaphique précédente, -et qui se dis-
constitués d'espèces héliophiles, em- tingue notamment par :
pruntées pour beaucoup d'entre elles Centotheca
à la grande forêt, non caractéris- Cyperus caracasamts
tiques. Une Graminée, Pennisetum C. Zollingeri var. Schweinfurlianwn
tenuispicatum, végète à la lisière de Digitaria horizontalis
Eleusine indica
ces îlots, qui sont caractérisés no- Eragrostis ciliaris '
tamment par de véritables pionniers Oxonopus compressus
de la reforestation : Panicum brevifolinm
Rntboellia exaltata
Alhizzia divers - Sporobolus pyramidalis
Borassus flabeilifrr
Ficus divers La plupart des espèces précédentes
Phosnix cuneaia sont pantropiques.
Psidium goyave Le sarclage fréquent de cette vé-
Sterculia Tragacantha, etc.
gétation herbacée, soit pour une
L'envahissement de ces savanes plantation de Caféiers, soit pour une
par le Goyavier, comme l'envahisse- bananeraie, détermine la disparition
ment par l' lmperaia, est un fait im- d'un grand nombre des espèces qui
portant. Quant au Ronier, la forme étaient apparues après le défriche-
que l'on observe en basse Côte ment et sur un sol recouvert de
d'Ivoire, est probablement un éco- cendres. Au bout de trois ou quatre
type de l'espèce linnéenne. On ren- ans, ce sol pauvre, lessivé par les
contre le Ronier dans des stations eaux de pluie, se recouvre presque
aujourd'hui recouvertes de forêt, uniquement d 'une végétation de
dont il a sans doute été le pionnier, Paspalum, véritable prairie que les
en permettant à des espèces arbus- Ebriés désignent sous le nom d'aba-
tives de s'établir sous son ombre. nankou.
Notons que le Ronier ne descend pas Savanes basses.
au-dessous d'une quinzaine de mètres Ce sont les savanes que l'on ren-
du niveau de la lagune. contre à une altitude voisine de celle
La forêt qui s'établit au détriment de la lagune. Nous en étudierons
de la savane par l'extension des deux aspects, l'un que Ton observe
bouquets arbustifs et de la forêt qui particulièrement entre Moossou et
limite la savane de toute part, est Elota, et qui résulte du défriche-
composée d'essences de lumière : ment d'une forêt peu dense de Ra-
Albizzia Brownii, Caloncoba, Erio- phia, M itragyne,ChrysobalanusIcaco,
dendron, Erythrophleum, Lannea, Uapaca guineensis, etc., l'autre qui
Lophira. Myrianthus, Piptadenia. apparaît lorsque le faciès particuliè-
Pycnanthus, Uapaca des stations rement hygrophile précédent a été
sèches (1), etc. Le défrichement de drainé, comme c'est le cas aux abords
de Grand Bassam.
A). La savane marécageuse (enan-
(1) Dans le sous-bois, M. Aug. Chevalier a re- kou adoaqui en ébrié), périodique-
connu Setaria sulcata, Streptogyne echinata.
ment inondée, dans certaines parties végètent des Mélastomacées, Stro-
constamment inondée, s'étend sur phantus Preussii, Cieome, Aneiiema
plusieurs km2 près de Moossou, dans beninense, etc.
des stations basses, sur un sol noir, La réinstallation de la forêt dans
riche en humus. C'est une forma- cette savane exige son assèchement ;
tion dégradée, où les Cypéracées c'est alors un envahissement d'es-
dominent, dont voici la composition : pèces héliophiles, dont la principale

Anadelphia trispiculata est sans conteste le Palmier à huile


Bulbostylis pilosa qui constitue de véritables peuple-
C!//)<?rM< denudalus
C. haspan
ments près du lac d'Eloka.
C. haspan, var. lenuispica Près des mares, s'installent de
C. polystachi/os jeunes Uapaca, parfois de petits Palé-
Eriocaulon angustilolia tuviers.
Fuirena. umbellata.
Panicum parvifolium Dans les parties tourbeuses, avec
P. repens Arrostichum aureum et Phœnix
Sporobolus virginicus. cuneata, ce sont des Raphia, qui
peuvent constituer de véritables for-
On observe de nombreuses mares mations.
stagnantes à l'intérieur de cette sa-
vane marécageuse, près desquelles B) Cette savane marécageuse a été
drainée aux environs de Grand Bas- les savanes édaphiques, leur végéta-
sam, où elle forme une grande pleine tion est particulièrement lente ; les
pâturée par les bœufs qui sont con- jeunes plantes y sont détruites par les
sommés par la population de la ville. Rongeurs, ce qui explique la difficul-
Le drainage détermine une modifi- té de larégénérationjiaturelle. Lors-
cation presque complète de la flore que l'on défriche dans la région de
qui comprend notamment : Bingerville des îlots de forêts où l'on
Cyperus com/jressus
rencontre côte à côte Roniers et Pal-
C. umbellatus miers à huile, les Roniers, de 20 à
Daotyloctenium pro-stralum 25 ans plus âgés, apparaissent comme
Fimbrostylis dyphylla les pionniers de la régénération de la
Fuirena glomerata forêt, à l'abri de laquelle les Palmiers
Kyllingia peruvian a se sont développés. Nous retrouvons
Merremia anguslifolia
Setaria anceps. ici la notion de « stade valorisable »
dont Kuhnoltz Lordat a donné d'in-
A Ono, certaines parties d'une téressants exemples. L'observation
savane basse non marécageuse, pâtu- de la végétation spontanée nous
rée par la petite race bovine des la- permet de comprendre la raison de
gunes, ont été envahies par une l'échec de la plantation directe du
végétation dense dJ Acanthosper- Palmier à huile en savane. Cette plan-
mumhispidum. tation ne peut être envisagée ration-
Comme l'on voit, la plupart des nellement que dans une savane suffi-
espèces précédentes sont des ubi- samment évoluée vers un stade fo-
quistés. restier.
Intérêt agricole Un autre avantage de la reforesta-
des savanes étudiées. tion des savanes de la Basse Cote
M. Aug. Chevalier a signalé les
d'Ivoire avant leur mise en valeur
grandes difficultés qu'avaient éprou- sera la régression, puis la dispari-
tion de l'Imperata, qui intervient
vé ceux qui ont préconisé la planta-
tion des Palmiers à huile en savane, comme l'ennemi le plus grave de
surtout pour éliminer l' lmperata, tout effort cultural. Là où se déve-
loppent les pionniers de la-forêt, le
creusement de trous profonds de Ronier ou le Goyavier, l'lmperata
40 à 50 cm, arrachage à la main exi-
geant plus de 300 journées de travail arrête son extension latérale ; sous
leur ombre, la Graminée se couche
à l'hectare.
Nous ajouterons à ses observations et elle se trouve sévèrement concur-
celles que nous avons faites nous- rencée par de vigoureuses plantes de
même tant dans les plantations de sous bois (Zingibéracées), ou même
M'Brabo que celles d'Ono Le Palmier par des Solanées, le Paspalum. L'Im-
à huile, contrairement au Ronier ; perata finit par ne plus présenter que
des tiges isolées. Ses rhizomes de-
ne végète pas en savane ; on ne l'y meurent ; nous les avons vu capables
rencontre qu'au milieu de bouquets de reprendre leur développement
d'arbres qui l'ont précédé (1) Dans plus de dix ans après que la forêt
secondaire avait recouvert le sol ;
(0 Nous avons observé au Cameroun, à Miang, mais ils se trouvent très affaiblis et il
l'existence de véritables peuplements de Palmiers semble probable qu'au bout de
à huile en savanes non édaphiques à lmperata,
résultant du défrichement de forêts quinze ans, de vingt ans au plus, le
planteur en serait venu à bout. Dans doit permettre à coup sûr, à plus
ces conditions, il est certain que le ou moins longue échéance la con-
défrichement d'une jeune forêt de quête de la savane par la forêt, dont
vingt ans, outre qu'il laisse un sol la destruction rendra alors possible
enrichi, est moins coûteux que l'ex- la mise en valeur.
traction à la main del'Imperata, telle Quant à l'exploitation des savanes
qu'elle a été tenté en Côte d'Ivoire. marécageuses, en dehors d'autres
La plantation dans la savane de considérations, elle nécessite, du
Caféiers Libéria et Robusta a été point de vue biologique, leur drai-
entreprise en même temps qu'on nage.

tentait d'améliorer le sql^n établis- Nos observations nous ont permis


sant une végétation drue interca- de reconnaître la présence d'un
laire de Tephrosia. Cette Légumi- grand nombre de Palmiers à huile
neuse réussit bien en savane ; son dans un peuplement arbustif d'Al-
ombrage gêne le développement de chomea presque pur, sur des sols
l'Imperata ; mais la régénération, du noirs, riches en humus, inondés pé-
sol et la destruction de. la Graminée riodiquement, notamment derrière
apparaissent une œuvre de longue le Mangrove, près d'Eloka ; par
haleine que le Tephrosia peut hâter, contre, dans les sols constamment
mais qui ne saurait être omise ou inondés où végètent Raphia et Mitra-
remplacée par une autre opération gyne, l'absence de Palmiers à huile
que celle d'un effectif reboisement. est caractéristique.
L'interdiction desfeux de brousse, dif- Mais là encore, il semble que le
ficilement réalisable, il est vrai, dans stade valorisable exige l'évolution de
l'état actuel des mœurs indigènes, ces savanes vers un certain boise-
ment; le sol n'y manque pas d'élé- la colonisation de certaines espèces
ments fertilisants, mais un cèrtain ubiquistes soit assez récente, nous
ombrage est nécessaire au dévelop- connaissons trop l'acuité des contro-
pement de la plupart des cultures verses qui divisent les biogéographes
arbustives tropicales. quant au caractère primitif des sa-
vanes tropicales, pour vouloir présen-
Conclusions. ter cette étude comme définitive, et
pour ne pas souhaiter que de nou-
La possibilité de l'évolution des velles recherches soient entreprises
savapes de la Basse Côte d'Ivoire vers pour savoir s'il faut considérerles
la forêt nous est apparue certaine savanes de la basse Côle d'ivoire
dans la plupart des cas. Pour nous, comme installées sur des places libres
ces savanes, actuellement établiès à à la suite d'un abaissement du niveau
une trentaine de mètres au-dessus de la lagune ou d'un exhaussement
de la lagune, auraient été plus éten- du sol particulièrement inégal de
dues et la forêt gagnerait peu à peu cette région. Il importera de compa-
de la zone hygrophile du bord lagu- rer les données de la géologie à celles
naire à la zone xérophile à Ronier. que fourniront les pédologues, lors-
L'homme, en favorisant cette évolu- qu'ils auront étudié, sur les échan-
tion, étendrait ses possibilités de tillons que nous avons rapportés, la
culture. structure granuleuse ou bien polyé-
Bien que l'étude floristique de ces drique du sol, indice de végétations
savanes ne nous ait donné aucune steppiques ou bien forestières, comme
endémique et qu 'il semble même que l'a montré Ehrart.
EN BROUSSE AFRICAINE

SOUVENIRS ET OBSERVATIONS
ZOOLOGIQUES (1)
par
le Docteur GROMIER

II nous faut revenir au Lion. Cet quer aux jeunes et pour cela, il sur-
animal dans nos colonies notamment, veille longtemps le troupeau à bon
est souvent obligé de vivre aux vent pour saisir l'occasion de bondir
dépens des Buffles. faute de Zèbres sur un veau.
ou de grandes Antilopes. Mais alors Ainsi la nature primitive nous
il doit déployer une patience et offre-t-elle l'image d'un immense
une habileté très grandes, car le champ de bataille. Chaque nuit la
Buffle n'est pas un adversaire com- faune sort de ses retraites ombreuses
mode. Il éprouve des échecs avec les pour vaquer aux besoins de son exis-
gros mâles et même aussi avec les tence et chaque nuit ce sont des
femelles. drames entre les pacifiques qui se
J'ai tué autrefois un vieux taureau nourrissent de feuilles et d'herbages
aux cornes usées qui portait au cou et les carnassiers qui doivent les tuer
dix énormes cicatrices, en estafilades pour vivre.
parallèles, faites par les griffes d'un Mais vers la fin de sa vie, le grand
Lion dont il s'était débarrassé victo- fauve éprouve de plus en plus de dif-
rieusement. Aussi préfère-t-il s'atta- ficultés à maîtriser ses proies. Ses
échecs se font de plus en plus fré-
(1) Voir La Terre et la Vie, 1933, N° 11, p. 670- quents. Il reste parfois des semaines
680. — Toules les photographies qui illustrent cet le ventre vide. Ses canines sont usées,
article sont du Docteur Gromier.
ses muscles n'ont plus la détente et teinta de roseurs d'une délicatesse
la souplesse pour bondir et vaincre. extrême, puis vira au vert pâle et la
JI faut vivre pourtant. Il se rapproche magnifique vision s'évanouit, englou-
des villages et rôde tout à l'entour. tie dans les ténèbres.
Une fois il saisit une Poule, une autre Le lendemain nous^cheminâmes
fois un Chien étique. ou c'est encore dans des sous-bois de Mimeuses dont
une petite Chèvre bien râblée. Alors le sol était littéralement criblé de
il ne quitte plus ces parages où sa crottins desséchés d'Eléphants. Ceux-
table semble mise à peu de frais. ci à cette époque de l'année, milieu
Il lui est resté une certaine crainte de la saison sèche, étaient partis et
de l'homme qu'il évile, bien qu'il avaient adopté la vie montagnarde
vive à ses dépens. Mais un jour qu'il dans les forêts de bambous du géant
a trop faim et qu'il aperçoit solitaire de l'Afrique.
un jeune enfant, il bondit et emporte Malheureusement pour ma cara-
facilement dans le hallier cette proie vane, pour mon « safari » comme
sans défense. De ce jour il s'aguerrit, on dit là-bas, les Rhinocéros étaient
demain il prendra une_femme qui restés fidèles à leurs repaires épineux
allait à l'eau, la calebasse familiale et ils nous le firent bien voir. A main-
sur la tête. Désormais, il est mangeur tes reprises chaque jour, pendant
d'homme et le village va constituer nos marches dans ce bush serré, feu-
son garde-manger, jusqu'au jour où tré, sans horizons, nous entendions
la tribu secouant sa passivité et sa soudain une galopade effrénée dans
crainte, faisant peut-être le sacrifice notre direction, accompagnée de la
de plusieurs de ses membres, réagit, symphonie brutale des branches cas-
cerne dans un coin le fauve et le sées et des ronflements furieux : c'é-
larde de ses sagaies. Je dois ajouter tait un Rhinocéros dérangé qui fon-
que ces faits sont plutôt rares dans çait sur nous.
les annales de la crtfaulé des Lions. Ah ! mes pauvres colis, en avez-
Mes plus beaux souvenirs de voyage vous subi des chutes, des chocs et
et de chasse sont ceux de l'Est Afri- des bousculades !
cain et de la région des grands lacs. Mes porteurs comme autant de
La faune y était d'une abondance Singes escaladaient les arbres épi-
prodigieuse, le cadre presque tou- neux en jetant leurs charges. Moi-
jours infiniment pittoresque, voire même, peu désireux de faire connais-
grandiose. Quelle émotion lorsque sance avec leurs longues épines, je
parti de Tsayo sur l'Ouganda-Hailway restais sur place un doigt sur la dé-
et marchant au Sud, je campai un tente de ma carabine. La brute pas-
soir sur une petite colline de quart- sait en trombe. L'émotion se calmait
zites roses et que je vis apparaître peu à peu, et je.m'appliquais ensuite
pour la première fois au-dessus d'une à extraire les épines blanches qui
mer de nuages, le dôme d'un blanc lardaient mes hommes.
pur, si impressionnant, du Kilimand- Ces petites émotions se renouve-
jaro ! laient plusieurs fois par jour, car le
Durant de longues minutes je de- pays était alors farci de Rhinocéros.
meurai immobile, comme fasciné, Aujourd'hui je scrute la steppe du
désireux de fixer à jamais dans mon haut d'un promontoire rocheux.
souvenir la splendide apparition. Ma jumelle me révèle tour à tour
Peu à peu la cime colossale se trois Rhinocéros.
L'un deux somnole dans l'herbe la lourde bête les secoue violemment
fauve. au grand soleil, ses quatre pour s'en défaire.
pattes repliées sous lui. Il ressemble Le troisième Rhinocéros est un
à s'y méprendre à une des nom- vieux mâle, maigre, efflanqué, dont
breuses termitières, d'autant plus les côtes simulent les grillages de bois
qu'il est saupoudré de la même terre d'une cage à poulets.
rougeâtre ; seules les allées et venues Ses oreilles déchiquetées attestent

des gros cornets qui lui servènt son ardeur à provoquer ses rivaux,
d'oreilles. attestent la vie de, sa lors des compétitions amoureuses de
masse. ses jeunes années.
Une femelle aux cornes remarqua- Son oreille gauche est même per-
blement longues et rectilignes erre cée d'un gros trou rond à l'emporte
d'un pas lent, broutant des Acacias pièce. Paisiblement, en vieux philo-
rachitiques, couverts de grosses noix sophe désabusé. il somnole à l'ombre
de galles, d'épines droites et blan- problématique de' 1 éternel Mimosa
ches et de petites Fourmis noires du épineux de la steppe.
genre Crematogaster. Des Oiseaux De temps à autre, il changera de
brun roux, au bec corail. et aux place pour suivre l'ombre mouvante
yeux rouges, courent et volètent sur de l'arbuste, jusqu'au soir, dont la
son grand corps. Quand ils sont trop fraîcheur l'engagera à reprendre la
indiscretsets'aggrippent aux oreilles, monotonie de ses promenades noc-
turnes. Il selivrera alors avec volup- j'assiste à un spectacle rare et cruel.
té aux douceurs des bains de bouex Je vois soudain débouler au galop un
il s'abreuvera à longs traits à la mare magnifique mâle de petit Koudou
bourbeuse qui sert à toute la faune (Strepsiceros imberbis), poursuivi
du district. Il marchera toute la nuit, par douze Loups d Afrique ou Cyn-
arrachant deci delà quelques feuilles hyènes. Ils passent en fourrageurs,
ou quelques branchages terminaux, chassant à vue, la langue pendante,
qu'il mastiquera avec un bruit rude l'air obstiné, sans bruit, sans aboie-
de molaires. ment. L'Antilope semble à bout -dp
On s'étonnera que traitant des ani- souffle, elle trébuche bientôt. Alors
maux sauvages je parle constamment en quelques bonds les écumeurs de
de PEst de l'Afrique. Hélas ! les la brousse se ruent sur elle et la dé-
observations zoologiques sont actuel- bitent instantanément sous mes
lement bien difficiles dans nos colo- yeux, au point qu'il n'en Teste bien-
nies où la faune est traquée cons- tôt plus que le massacre en lyre que
tamment par les indigènes armés de j'ai l'audace d'aller leur enlever moi-
fusils à tir rapide.Pour avoir un même. Ma témérité les domine, car
Rhinocéros par exemple, il faut en ils battent -en retraite devant moi,
suivre la piste de longues heures, poils hérissés, babines retroussées
pour l'apercevoir enfin dans la pé- sur des crocs menaçants. Eux, les
nombre d'un hallier. Je dirai plus, maîtres de la brousse, devant les-
c'est actuellement une chance, dans quels le Lion lui-même s'incline
le magnifique parc zoologique qu'était parfois, comme j'ai pu le constater !

encore il n'y a pas longtemps le terri- Ils reprennent leur course main-
toire du Tchad, que de rencontrer tenant, à la recherche d'une nouvelle
une piste de Rhinocéros. victime, et j'admire leur pelage noir
Pour ma part, et dernièrement en et blanc tacheté de feu, leur grosse
trois mois de recherches incessantes, queue blanche bien touffue.
je dirai avec désolation et indigna- J'ai dit que le Cynhyène était le
tion que je n'en ai rencontré qu'un, maître de la brousse ; pourtant il a
là où il y en avait des milliers. un ennemi : le Crocodile, qui n'hési-
C'est l'appât du lucre qui a préci- terait pas à le happer lorsqu'il tra-
pité le massacre de ce malheureux verse les cours d'eaux. Mais j'ai vu
porteur de cornes précieuses. Car il que le Loup connait ce danger et
ne faut pas oublier que ces dernières qu'il sait l'esquiver. Leursaboiements
années la corne du Rhinocéros est m'attirèrent un jour dans les parages
montée à des prix insensés. Et savez- d'une rivière et je me demandais en
vous pour quelle fin? Etre pulvéri- observant d'une colline, la raison de
sée et devenir alors un soi-disant mé- ce tapage. Je .vis à fleur d'eau des
dicament aphrodisiaque à l'usage des sortes de troncs d'arbres glissant
Asiatiques. Cette. puissance aphro- lentement vers l'endroit où se te-
disiaque, je n'ai pas besoin de le naient les Loups. C'étaient des Cro-
dire, égale absolument celle que codiles, attirés là par l'espérance d'un
pourrait offrir la corne de nos Bœufs ! festin possible. Ce n'était qu'une
Du haut du promontoire rocheux ruse de guerre pour concentrer en
dont je parlais, il y a un instant, dans ce point les Sauriens si dangereux
le Sud des monts Ongoléa, en bor- pour le passage de la rivière. Esti- ,
dure de la colonie du Tanganika. mant avoir atteint leur but. les Cyn-
byènes descendirent en courant une rôdeurs prennent de l'audace avec la
centaine de mètres en aval et fran- pénombre, tout contribuait à rendre
chirent rapidement le cours d'eau ces rentrées tardives aussi désa-
libéré. gréables que possible.
J'ai fait autrefois un long séjour Pour mes photographies, je variais
sur les flancs si giboyeux du volcan chaque jour mes recherchés et finis-
Sushwa, au-dessus de la Kedong- sais par savoir exactement où j'avais
Valley. Cette .montagne présentait le plus de chance de rencontrer
d'innombrables refuges pour tous les -
chaque espèce.
animaux. Les Zèbres eux-mêmes, LesGirafes hantaient fréquemment
animaux des steppes pourtant, ve- la vallée du Kédong dans la partie
naient brouter presque dans le cra- Sud du Sushwa. Elles trouvaient là
tère, à plus de 1.500 mètres d'alti- des Mimeuses d'un vert pâle dont
tude. Les Rhinocéros étaient nom- elles raffolent.
breux et évoluaient avec aisance dans Aujourd'hui, au lever du soleil, une
ce pays de lapillis, de ponces et de harde est là, presque immobile, de-
laves volcaniques apparemment si vant les sveltes Mimosas développés
difficile et tourmenté. J'y ai vu des en ombelles. Sept individus la com-
troupes d'Elans, d'Oryx. d'Impalas, posent. Un grand mâle de teinte noÍ-
d'Antilopes de Grant et de Thomson, sette, au dos brun noir, quatre fe-
sans compter les inévitables Bubales melles de teintes plus claires, dont
de Cook : tout ce monde facile à une presque blanche, nettement albi-
approcher, en raison du terrain chao- nos, et deux Girafons café au lait.
tique, offrant milLe masques ou ca- Les arbres au milieu desquels évo-
chettes. propres au défilement. Quant luent ces Girafes paraissent autant
aux Lions, ils avaient fait de ce chaos de parasols d'un vert tendre aux
d 'anfractuosités et d'épineux leur re- manches d'ambre rosé.
paire favori, et certaines parties de la Le grand mâle prend l'amble et va
montagne exhalaient une puissante explorer 1 un d'eux que sa tête claire
odeur de ménagerie. domine. Ses mouvements sont lents
Il m'est difficile d'exprimer le sen- et compassés, les lèvres préhensibles
timent de crainte vague et irraison- projetées en avant saisissent délicate-
née. d angoisse même parfois qui ment les pousses terminales, la queue
m'étreignait à la tombée de la nuit, fouette les flancs, les oreilles sont,
quand je regagnais mon gîte de la couchées..les grands yeux clignotent
vallée et que, le soleil couché, je n'a- pour éviter les épines. De temps à
vais comme point de direction qu'une autre une mince langue bleue s'in-
petite lanterne rouge que j'avais fait troduit alternativement dans chaque
hisser- au sommet d'un mât. -Ces narine.
roches noires et contournées comme Des Oiseaux parasites, Buf'aga ery-
les arbustes agrippés à leurs anfrac- thioryncha toujours, courent sur son
tuosités, ce paysage sombre, désolé, dos et le long de son cou comme des
lugubre, les bruits, frôlements, ou Pics autour de leur arbre.
appels multiples que je percevais de La longue queue aux poils touffus
toutes parts et qui décelaient l'éveil les fouette s'ils deviennent trop
de la vie nocturne de la faune, la no- gênants, mais ils savent l'esquiver.
tion de traverser une région particu- Des myriades d'Insectes dérangés
lièrement mal famée, où les fauves par la cueillette des pousses s'élèvent
et attirent, au passage de gracieuses Alerte Le chef gigantesque de la
!

Hirondelles de chez nous, Hirundo troupe, bâti en force, et dont la tête


rustica, qui regagnent à tire d'aile au domine les épineux vient de m'aper-
mois de mars leur nid européen. ce voir : il sè plante droit comme un i,
A ma droite, les deux Girafons son t les oreilles en avant, ses grands yeux
très occupés à se lécher mutuellemen l noirs me fixent un instant, m'iden-
avec ardeur et je ne m'explique pas tifient.
très bien celle manie des Girafes. 11 fait demi-tour, relève comique-
Tous les animaux aiment le sel, ment en arc sa queue sur son dos et
leur transpiration vraisemblablement prend un galop dégingandé, rythmé
laisse un goût salin à leur pelage. par le balancier de son long cou. Ses
En tout cas le résultat de cette habi- compagnes l'imitent aussitôt et toule
tude, mélange de salive et de trans- la harde disparaît à travers les ter-
piration évoque aussi peu que possible ribles épineux, sans paraître en
pour mes narines les senteurs embau- éprouver la moindre gêne.
mées d'Oubigan ou de Guerlain. A mes débuts en Afrique, j'avais
été très intrigué pendant la nuit dans
les régions forestières par une sorte
de plainte musicale et nostalgique
que je ne savais à quoi attribuer. Elle
se renouvelait toutes les dix minutes
environ et pendant des heures. Cela
devenait même tellement lancinant
que l'attribuant à l'incantation d'un
indigène mélomane, se servant de je
ne sais quel hautbois inconnu, je
priai mes noirs de rechercher l'au-
teur et de le prier de cesser cette
musique par trop obsédante. Ces re-
cherches lurent vaines, mes noirs en
ignoraient comme moi la provenance,
et ce n'est que plus tard que je finis
par découvrir que le musicien noc-
turne était un Paresseux, Perodicticus
potto de Bosman, Mammifère arbo-
ricole au poil roux, à la queue courte,
aux mouvements lents et compassés
qui, à la période de reproduction, pro-
férait cet appel plaintif. C'est après
avoir été bercé toute une nuit par
Les jeunes s'éloignent bientôt en cette curieuse plainte qu'un matin de
jouant, ce qui détermine une des 1931 en Oubangui-Chari, je pris la
mamans à aller à leur recherche et à piste d'un troupeau de Buffles que je
les ramener vers le groupe familial. finis, après toute une dure matinée
Avec les Lions qui rôdent, un acci- de marche, par rejoindre au sommet
dent est si vite arrivé. Et de fait les dénudé d'une coltine où il était cou-
Girafes paient un lourd tribut au sei- ché dans l'herbe nouvelle, en plein
gneur de la brousse. midi.
Laissant mes hommes en sûreté, mâles, l'un jeune d'un noir brillant,
je fis l'approche seul, ma carabine l'autre plus vieux, grisâtre et aux
d'un côté et mon appareil photogra- belles cornes.
phique de l'autre ; j'arrivai ainsi à J'avoue qu'au dernier moment le
une douzaine de mètres de ces Buffles. cœur m'a manqué pour prendre un
Masqué par un maigre buisson, j a- cliché, en raison de la proximité
vais devant moi douze bêtes qui re- trop grande. J'ai posé mon appareil

gardaient dans ma direction et ne et ai lentement épaulé en visant le.


paraissaient pas me distinguer. Inu- cerveau du vieux mâle que j'ai fou-
tile de dire que j'étais à bon vent, car droyé sur place. Je ne dirai pas le
à peu près tout est là pour l'approçhe tohu-bohu qui s'en est suivi, la levée
des animaux sauvages quels qu'ils de queues frénétiques, la ruée vers
soient, même de ceux qui jouissent les bois... C'était un spectacle impres-
d'une excellente vue. sionnant. Il faut convenir que s'il y
Mes Buffles étaient là, vautrés, la avait eu dans le troupeau quelque
panse débordante d'herbe nouvelle, velléité collective de charge, mon
ruminant béatement au soleil. Il y compte eut été réglé.
avait dix femelles rousses, pas un J'avoue avoir eu de la chance avec
seul veau, car les troupeaux sont trop les Buffles. Si je me suis souvent mis
traqués dans cette région là, et deux dans de mauvais cas vis-à-vis de ces
bêtes irascibles, je n'ai jamais été sibles. Ces gradations pourraient ser-
franchement en danger. Et pourtant vir de prétexte à une classification
j'en ai très fréquemmenttenté etréussi touffue, mais il faut se garder d'abu-
l'approche. ser dans ce domaine, en raison
Quelques chasseurs estiment que même de la quantité des types
le grand Buffle de Cafrerie est plus locaux.
dangereux que le Buffle rouge, d'au- Toujours est-il que le Buffle est
cuns soutiennent le contraire. Quant un fauve imposant, surtout le caler.
Je dois convenir qu'après une
marche quadrumane, lorsque je me
relevais sur les genoux et que je
voyais à vingt ou trente mètres un
vieux Taureau, sans soupçons jusque
là, relever la tête et me fixer avec ses
gros yeux noirs d'un regard sauvage
et brutal, les oreilles velues en ba-
taille, je troquais presque toujours
mon 9x12 à plaques pour un
10 mm. 5 à balles blindées.
Je dis presque toujours, car j'ai
tout de même réussi quelques excel-
lents clichés de Buffles.
Dans un quadrilatère compris,
grosso-modo, entre Balangafo au
Sud, Fort-Archambaiilt au Nord,
l'Ouahmé à l'Ouest et la grande route
Bangui-le Tchad à l'Est, il y avait
encore il y a quatre ou cinq ans de
nombreux Rhinocéros, des troupeaux
à moi j'estime que l'humeur des de Girafes, de Buffles, et quelques
Buffles varie suivant les-régions et les hardes d'Elans de Derby. Un Rhino-
circonstances, sans faire intervenir céros mâle a été tué à l'Ouest de Kabo
la question de variétés et de sous- en 1931 par la mission Lebaudy-
espèces. Prince Murat. Quant à moi, aprèt,
Et d'ailleurs n'est-ce pas toujours avoir battu le pays en long et en
le même animal, dont seul le milieu large je n'en ai rencontré qu un seul,
modifie l'habitus, le pelage et la une femelle, à l'Ouest de Bonabangui.
taille ? Dans la forêt dense nous ren- C'est bien probablement le dernier
controns le Buffle nain; dès que la spécimen subsistant dans toute cette
forêt s'eclaircit et présente des clai- immense région qui a été décimée
rières, ce Buffle grandit. Dans la par les fusils du chef indigène, sou-
forêt-galerie il se modifie encore, doyé par un fonctionnaire peu scru-
passant du pumilus, de taille puleux. Je n'ai rencontré que des Gi-
moyenne, à l'equinoxiatis déjà puis- rafes isolées, leurs troupes ayant été
sant, pour aboutir enfin, à l'Est au décimées par les chasseurs du fameux
majestueux caler habitant des grands Bezo, sultan d'Archambaull. Il restait
espaces herbeux coupés de taillis. encore des Buffles et des Elans. Je
Et tout cela par gradations insen- me résolus à les rechercher pour ten-
ter quelques clichés de cette admi- trouver de pistes fraîches. Il y avait
rable Antilope, d'une taille impo- pourtant des Elans dans le pays, car
sante, dont les mâles arrivent à peser nous avions vu des traces anciennes
bien près d'une tonne et dont le et chaque matin je partais avec l'es-
splendide massacre haut de plus d'un poir ferme de rencontrer des em-
mèlre est d'un poids considérable. preintes récentes.
L'Elan de Derby (TaurotragusDer- Aujourd'hui enfin mon pisteur qui
byanus), se trouve assez localisé, dans marche parallèlement à moi siffle
plusieurs de nos colonies africaines ; pour attirer mon attention et m'ap-
son domaine s'étend du Ferloo à pelle du geste. Enfin nous venons de
l'Ouest, jusqu'au Rodolphe à l'Est. tomber sur la voie d une harde qui
L'Elan du Cap, son cousin, de pro- date de la nuit. Les empreintes sont
portions plus modestes, présente de Irès analogues à celles du Buffle, mais
nombreuses variétés : typicus, Li- plus petites pour un si grand corps et
vingstoni, Patersonianus, ne différant Lrès arrondies. D'ailleurs le Buffle
d ailleurs que par des détails et dont laisse des « cartes de visite » étalées,
l'habitat s'étend de l'Abyssinie au sud tandis que celles de l'Elan rappellent
de l'Afrique. assez les grosses crottes de chocolat
Je commençais à désespérer de distribuées à la Noël.
rencontrer ce magnifique animal, A l'état frais ces laissées sont onc-
passant de longues journées à mar- tueuses et d'un vert foncé, elles
cher sous un soleil implacable, sans brunissent au soleil et quand les feux
de brousse ont passé, elles deviennent pas loin. En effet, la voici, là, devant
blanches, comme pétrifiées. moi ! Sur la gauche le mâle, un puis-
Nous empaumons la piste vers sant ani mal dont le volumineux fanon
10 heures du matin. Il. fait déjà chaud noir et blanc, oscille de gauche et
et les Insectes deviennent agressifs. de droite à chaque-rnouvement. Sa
Le grand supplice, je dirai même le tête est ornée de ces merveilleuses
plus grand empoisonnement de la cornes carénées et tordues sur leur
brousse, ce sont les Mellipones. axe, si tentantes pour le chasseur,
Quand dans une région il y a de ces car c'est un des plus beaux trophées
Diptères, diminutifs minuscules de qu'il puisse rapporter d'Afrique. Son
nos Abeilles, il n'y a plus de repos poil est si clairsemé que les stries
possible. Accablé par la chaleur, je blanches en sont à peine perceptibles.
m'assieds un instant sur une souche, A_droite une femelle me fait face,
mais je suis immédiatement assailli me présentant un massacre aussi
par un essaim de ces bestioles harce- long que celui de son seigneur, mais
lantes qui s'efforcent de s'introduire beaucoup plus effilé. Son pelage est
dans les oreilles, le nez, les yeux. isabelle très clair et les stries pa-
Elles ont une prédilection pour les raissent argentées. A ses côtés je dis-
yeux, en raison de leur humidité et cerne un jeune qui semble fortoccupé
les recherchent avec une constance, à téter et ponctue ses succions de
un acharnement inimaginables. vigoureux coups de tête dans le pis
Mes Élans ont l'air de changer de de sa mère.
quartiers, ils marchent droit devant Les autres femelles et leurs jeunes
eux -en file indienne. [1 y a un grand sont plus loin, où, à l'ombre des Mi-
mâle, cinq ou six femelles, plusieurs mosées, ils paraissent goûter un
jeunes, c'est un troupeau en bon état. repos bien gagné.
A midi nous constatons qu'ils sont Chaque bête a son petit contin-
rentrés dans un sous bois clair d'é- gent d'Oiseaux pique-bœufs, active-
pineux ; il y a donc des chances pour ment occupés à les débarrasser de
qu'ils s'arrêtent enfin quelques leurs Tiq ues.
heures. Comme ces bois recèlent de Hélas ! les efforts d'un photographe
nombreuses ruches, nous sommes sont infiniment moins souvent ré-
fréquemment sollicités par le tic, tic, compensés que ceux du chasseur. Il
tic, de l'Indicateur (Indicator indi- y a la question du vent, de la dis-
cator Sparmanni), Oiseau dont le tance, de l'éclairage, la nécessité de
plumage ressemble à celui du mâle se démasquer à temps pour braquer
de notre pierrot, mais dont la taille l'appareil, enfin mille conditions à
est plus forte, la queue plus longue, remplir auxquelles le -chasseur
le vol coulant et facile. Mes noirs échappe pour une bonne part.
avides de miel.- et comme des enfants, En l'occurrence ce sont les Oiseaux
sans grand esprit de suite, se lais- parasites qui m'aperçoivent les prp-
seraient facilement tenter par son miers, à l'instant où je sors de ma
invitation, mais je ne me laisse pas cachette, et qui, avec un ensemble
détourner de mon but et mes bruyant, s'enlèvent en crissant et
hommes n'insistent pas. déterminent une fuite éperdue de
Attention Voilà des fumées humi-
!
mes Elans. Et voilà qui illustre bien
des, mes noirs les tàtent du pied, les déboires du photographe des
elles sont chaudes, la harde n'est animaux sauvages !
En terminant qu'on me permette continuent leur détestable industrie,
de faire part de mon inquiétude, de que les réserves n'existent que sur
mes alarmes au sujet de cette faune le papier, que les centres sanitaires,
africaine pour laquelle la majeure les colons, les sociétés continuent à
partie des lecteurs de la Terre et La se ravitailler sur la faune.

Vie, montrent une si grande sollici- Ilfaut absolument que cet état de
tude. choses se modifie, si l'on veut conser-
Je puis dire que toutes les lois de ver à notre empire colonial ce qui
protection sont restées, ou à peu près, fait sa beauté, son originalité, une
lettre morte et que je sais par mes source d'intérêt constant pour les
correspondants blancs ou noirs que savants et pour tous ceux qui aiment
rien n'a été changé aux errements la nature et il ne faut pas l'oublier,
que j'ai connus, que les indigènes ce qui constitue aussi une de ses
continuent à massacrer, que les feux richesses, au même titre que ses
de chasse ont lieu comme par le forêts et les produits variés de
passé, que les bouchers de gibier son sol.
NOTES SCIENTIFIQUES (1)

UNE NOUVELLE ESPÈCE


DE TOXOPHORA DE MADAGASCAR
par
E. SÉGUY

Les Toxophora sont des' Insectes dip- la base des antennes. Occiput couvert
tères de la famille-d-es-Bombyliides parti- d'écaillés noires formant des plaques ve-
culiers aux régions chaudes du globe. Une loutées sur le tégument ; sur les côtés, les
dizaine d'espèces différentes habitent écailles sont blanches, également réunies
l'Afrique; l'une d'entre elles, connue du en plaques ; la partie postérieure de l'oc-
Cap. étend son aire de dispersion jusqu'en ciput porte de longues- écailles étroites,
Europe méridionale. Les larves des Toxo- blanches, dressées et dispersées -près de
phora vivent en parasites dans les nids de la région du trou occipital. Trompe J'ela-
diverses espèces de Guêpes solitaires (Eu- tivement courte. Palpes effilés, brunis,
mènes, Pélopées, Odynères). On a même longuement ciliés sur l'arête externe. An-
suggéré que la vestiture habituellement
noire et jaune de ces Mouches était en
relation avec la couleur des Guêpes atta-
quées. On a également observé que les
Toxophora ressemblaient aux Hyménop-
tères du genre Leucaspis qui présentent
les mêmes habitudes de parasitisme et
que les Insectes de ces deux genres pou-
vaient être un exemple du phénomène de
convergence.
Le nouveau Toxophora qui fait l'objet
de cette note s'écarte de toutes les espèces
connues par sa livrée noire et blanche,
par la longueur des antennes, par la forme
et la coloration des ailes. Il provient de
Madagascar où il a été capturé par M. A.
Seyrig.
Toxophora Seyrigi n. sp. femelle. —
Espace interoculaire légèrement plus large
que le triangle ocellaire, d'un noir bril-
lant, orné de deux touffes formées- de
longues écailles blanches plantées près de

(1) Voir La Terre et la Vie, 1934. n'. 2, 3, et 4.


tennes deux l'ois plus longues que la tète, crochètes noirs. Balanciers blancs, pédi-
le premier article grêle, près de deux fois celle jauni. Cuillerons avec une frange
plus long que les deux suivants réunis, à blanche. Ailes à nervures noirâtres ; trois
pilosité foncière fine et noire, de rares taches d'un brun sombre divisent l'aile
écailles blanches appliquées contre le pre- en trois parties inégales ; nervure trans-
mier article ; deuxième article largement verse postérieure fortement coudée, par-
roux à la base. — Disques du mésonotum fois appendiculée, brunie à l'apex. — Ab-
et du scutellum couverts de petites écailles domen avec la même vestiture écailleuse
d'un noir pourpré - parties latérales et que le mésonotum, les écailles blanches
pleures à écailles blanches. Macrochètes forment trois séries longitudinales de
noirs, les soies satellites peuvent être taches, une médiane et deux latérales ;
blanches. Fémurs à écailles blanches ou face ventrale des tergites largement bor-
nacrées comme sur les hanches et la base dée d'écaillés blanches. Sternite avec une
des tibias ,* face interne des membres cou- bande postérieure blanche. — Long. 6,5
verte de petites écailles noires. Hanches III mm. Aile 3 mm.
à soies postérieures blanches. Tibias cou- Madagascar. Région sud de l'île, Bekily,
verts^L'écailles d'un noir velouté, serrées III, 1933 (A. Seyrig). Type au Muséum de
ou hérissées sur la partie proximale ; ma- Paris.
VARIÉTÉS
.
LA NOUVELLE SINGERIE note moderne au milieu des anciens dont
DU JARDIN DES PLANTES les jours sont du reste comptés.
La nouvelle singerie du Jardin des L'ensemble des nouvelles installations
Plantes est située sur l'emplacement de est de forme ovalaire, mesurant 60 m. de
l'ancienne rotonde des Singes qu'elle long sur 4'1 m. de large; il est orienté est-
remplace. Celle-ci construite en 18H7 fit ouest. A chaque extrémité se trouve une
à cette époque l'admiration des visiteurs très vaste cage circulaire, destinée, l'une
au point d'avoir été qualifiée de « Palais aux Gibbons, l'autre à de grands Anthro-
des Singes)) ». Sans prétendre à un titre poïdes ; dans chacune d'elle d-es arbres et
aussi pompeux, le Bâtiment qui vient des accessoires divers offrent des possibi-
d'être inauguré se présente sous le plus lités variées d'abri ou d'exercice. Tout
agréable aspect et apporte une heureuse autour du bâtiment qui les abrite en par-
tie se trouvent les cages extérieures dont
trois, très vastes sont destinées aux
grandes espèces. Celles qui sont exposées
au nord sont vitrées et peuvent être
chauffées. Chacune de ces cages qui com-
porte un large encorbellement formant
terrasse communique avec une loge inté-
rieure par des portes à bascule (lue les
Singes peuvent très facilement franchir it
leur gré.
Si nous pénétrons maintenant dans le
bâtiment, nous nous trouvons d'abord
dans un grand et clair vestibule où sont
exposées des œuvres d'artistes animaliers
relatives à des Singes de la ménagerie,
puis nous entrons dans le grand hall sur
le pourtour duquel donnent les cages intp-
rieures que de grandes glaces isolent
complètement du public. De haules co-
lonnes de mosaïque bleue, légèrement
rehaussée d'or, s'élèvent jusqu'au plafond
peint d'un ocre lumineux. Aju centre un
bassin de mosaïque dans lequel des Pois-,
sons mettent des notes de couleurs vives.
de larges corbeilles décorées de piaules
vertes donnent à cet ensemble un agréable
cachet artistique, sobre et moderne que
l'on rencontre rarement dans les ména-
geries.
Les cages. de dimensions diverses mais
toujours vastes, ont été conçues de façon
à procurer à leurs hôtes un confort et
une vie rendant leur captivité aussi douce La température, l'état hydrométrique
que possible. De larges plates-formes y peuvent être fixés au degré désiré et y
déterminent en quelque sorte deux étages sont maintenus par des mécanismes auto-
au niveau desquels s'ouvre la porte de matiques contrôlés eux-mêmes par des
communication avec la loge extérieure. dispositifs de sécurité. L'été, cette instal-
Une vaste niche- de bois constitue un lation permet de rafraîchir l'air des cages
refuge dans lequel les animaux peuvent et d'assurer une ventilation convenable.
se retirer et fuir, si bon leur semble, les Des groupes de Singes caractéristiques
regards des visiteurs. Le toit de cette loge des divers types ont été présentés dans
forme un troisième palier d'où une les cages. A droite en entrant nous trou-
petite fenètre permet de voir à l'extérieur. vons les Singes africains. Cercopithèques
Un éclairage puissant disposé au-dessus mones, Cercopithèques de Brazza, puis
du plafond de chaque cage permet d'illu- des Drills, des Mandrills, dont un spéci-
miner les cages pendant les longues soi- men particulièrement remarquable, un
rées d'hiver. Ce plafond lumineux a du couple de Gorilles, dont le mâle, Arthur,
reste eu le plus grand succès auprès des détient le record de longévité en ména-
Singes dont quelques-uns cherchent inlas- gerie ; puis une série de huit Chimpanzés
sablement à en sonder le mystère. de diverses variétés, des Matigabeys di-
Le service des cages, nettoyage, ali- vers, ou Cercocèbes. Plus loin se trouvent
mentation des animaux se fait par un les Singes asiatiques ou indo-malais, no-
couloir situé entre les cages extérieures et tamment un couple de Gibbons, desSem-
intérieures. La nourriture est placée dans
des plateaux métalliques que l'on glisse
dans des sottes de tiroirs. C'est aussi
dans ce couloir que donnent toutes les
portes des cages et toutes les commandes
des portes intermédiaires et de celles des
loges.
L'une des extrémités de couloir de ser-
vice aboutit à une salle d'opérations, une
salle de bains, etc... et de l'autre côté, à
une cuisine comportant tout le matériel
nécessaire à la préparation des aliments.
A l'entresol-se trouvent des salles ser-
vant de magasins à vivres et à matériel,
au-dessus, un laboratoire, des salles d'iso-
lement et un logement de gardien.
Les questions de l'aération des cages
et du chauffage ont été intimement liées
et résolues parJ'installation d'appareils
dits de climatisation ddnt le principe est
le suivant : deux chaudières établies dans
le sous-sol envoient leur vapeur dans des
radiateurs situés dans des chambres dites
de conditionnement, à l'intérieur des-
quelles de. nombreux gicleurs envoient
un brouillard d'eau et donnent à l'air le
degré hydrométrique voulu. De puis-
sants ventilateurs font circuler dans ces
chambres de l'air filtré qui est ainsi chauf-
fé, humidifié et envoyé dans les cages et
le grand hall. L'air vicié est rejeté à l'exté-
rieur par des canalisations spéciales.
nopithèques, des Macaques et enfin des « siensis de M. Fourcroy, premier et
Lagotriches et des Sajous, représentant « second articles.
la faune américaine. « Augmentées de plusieurs espèces nou-
Ainsi se trouve très heureusement mise « veHement reconnues dans la ci-devant
au point la présentation de la collection « Franche-Comté, qui paraissent particu-
des Singes de la ménagerie, collection « Hères à ce climat et dont quelques-unes
très complète, possédant plusieurs sujets <( sont absolument ignorées des entomo-
remarquables. Ceci n'est du reste la réali- « logistes ».
sation que du premier stade de la rénova- Les deux autres manuscrits sont ina-
tion des installations de la Ménagerie. Es- chevés: ils portaient comme titres : Har-
pérons que sa réussite et le succès qu'elle monie de l'entomologie et de la botanique
obtient auprès du public inciteront à faire et Museum entomologicum ou Description
l'effort financier qui permettra la conti- de Coléoptères des Alpes et du Jura. Nodier
nuai.m des travaux prévus. y travaillait lorsqu'il fut nommé, en dé-
cembre 1812, bibliothécaire de la ville de
Ed. DECHAMBRE, Laybach, en Illyrie, fonction qu'il occupa
Docteur- Vétérinaire. d'ailleurs fort peu de temps : mais cetle
nomination, en l'obligeant à quitter la
CHARLES NODIER, France, l'incita à se débarrasser de ba
ENTOMOLOGISTE collection de Coléoptères, et il ne pour-
suivit plus ses études entomologiques.
Charles Nodier a laissé en littérature Les joies qu'elles lui avaient causées,
une juste réputation d'écrivain élégant et cependant, ne devaient point s'effacer de
sincère ; il est peu connu comme natura- sa mémoire « Encore aujourd'hui, écri-
liste, et, cependant, les sciences natu- vait-il plus tard, je me prends quelquefois
relles l'attirèrent d'abord si passion- à frémir d'un voluptueux frémissement,
nément qu'il ne les abandonna jamais en me rappelant la vue du premier Cara-
complètement. bus auronitins qui me soit apparu dans
Fils de cette Franche-Comté qui donna l'ombre humide que portait le tronc d'un
à la France tant d'hommes illustres — il vieux Chêne renversé ». Il faut lire aussi
-suffira Je citer, au hasard : Cuvier eL Pas- dans /Séraphine le récit de ses promenades
teur — il se sentit très jeune du goût pour par les bois et les prés et l'énumération
l'entomologie et l'étudia avec l'ardeur des Coléoptères qu'il y rencontre; leurs
d'un esprit curieux et averti. En collabo- noms sont scientifiquement exacts, et
ration avec un autre entomologiste, Lue- chacun d'eux est bien à sa place. C'est
zot, il publia une Dissertation sur l'usage un exemple à recommander à beaucoup
des antennes. qui témoignait d'un remar- d'écrivains !
quable esprit scientifique ; c'est le seul Nodier a peu produit en entomologie et
de ses ouvrages d'histoire naturelle qui cependant son nom reste dans cette
ait vu le jour. science : le célèbre entomologiste lyonnais
Il reste cependant, de Nodier, trois Mulsant, qui L'appréciait beaucoup, lui a
manuscrits. L'un, daté de 1797, est ter- dédié un beau Coléoptère de La famille
miné ; il porte comme titre « Descriptions des Longicornes, YOxyphurus Nodieri.
« succinctes des Insectes qui se trouvent C'est une récompense que le jeune et
« aux environs de Paris, que M. Geoffroy enthousiaste savant avait bien méritée.
« a omis dans sa méthode, traduites en
e langue vulgaire de l 'Entomologia pari- G. PORTEVIN.
NOUVELLES
ET INFORMATIONS

Ephémérides du Muséum. TRAVAUX Nébulosités et brumes régionales


— —
FAITS DANS LES LABORATOIRES AU COURS DE comme facteurs possibles de la répar-
L'ANNÉE 4933 (suite). tition géographique des Algues mari-
nes; ibid., p. 151, 1933.
CRYPTOGAMIE — Sur la végétation des Algues marines
de la région sud des côtes du Portugal.
Pierre ALLORC.E,Professeur. — Leçon inau- C. R. Ac. Sc., 1.197, n° 1, p. 83-85,1933.
gurale du cours de Cryptogamie. Rev. Cololejeunea minulissima (Dum.)
Bryol. et Lichénol., t. VI, 21 p., 1933 — Schiffn.. àl'iledeCézembre.Rev. Bryol.
sous presse). et Lichénol., t. V, p. 139.
— Muscinées du Maroc espagnol récoltées J. Tricho-
— Epidermophytie à
DUCHÉ.
par le frère Mauricio ; ibid. phyton 'rubrum (maladie du Cameroun)
— Revue Bryologique et Lichênologique, t. Arch. de la Soc. de Dermat. et Syphi-
V. fasc. 2-4 et t. VI (sous presse).
ligr., 2 p., mars 1933.
Pierre ALLORGE et Robert LAMI. Revue Cephalosporium griseum, nouvelle es-
algologique, t. VII, fasc. 1-2. — —
pèce isolée d'une lésion ulcéro-végé-
Roger HEIM, Sous-Directeur du Labora- tante du pied. Ibid., 2 p., mars 1933.
toire. — Observations systématiques — Note de technique mycologique. Entre-
et anatomiques sur quelques Champi- tien des Mycothèques. C. R. Soc. de
gnons africains. Ann. de Crypt. exot. Biologie, 2 p., janvier 1932.
fig., 1 pl. h. t., VI, p. 131-149, 1933. LEFEVRE, Boursier de la Caisse Natio-
Annales M.
— de Cryptogamie exotique, tome nale des Sciences. — Recherches sur
VI. 1933. la biologie et la systématique de quel-
La tradition coloniale au Laboratoire
de Cryptogamie du Muséum national ques Eugléniens. Rev. Algologique, t.
d'Histoire Naturelle. Rev. Bot. appl. et VIII. p. 138-147, 36 fig., I Planche mi-
Agric. trop., 7 p., 1933. crophoto, 1933.
De l'influence des variations brusques
— (avec G. MALENçoN). - Le genre Lyco- —
perdellon : structure et position taxo- de température sur la multiplication
de certains Flagellés. Rev. Algol., t.
nomique. Rev. gén. de Botan. t. 45, p. VII, p. 183-185, 1933.
53-70, 3 fig., 1933. Modification du test des Euglènes et
— \avec Robert LAMI). — La maladie —
de la carapace des Diatomées ; Rev.
bactérienne des Zostères : extension et Algol., t. -185-187, 1933. (en collabo-
causes favorisantes. C. R. Acad. d'Agri- ration avec E. Bachrach).
cult., 5 p., séance du 14 juin 1933. Recherches sur les Péridiniens fossiles
Robert LAMI, Assistant. Variations —
du des Barbades. Bull. Muséum, 2' S., t.
Ph de l'eau de mer — à l'entrée de la V. 415-418, 1933).
Rance. Bull. Labor. Maritime de Saint- Sur la structure de la thèque des Peri-
Servan, fasc. XI, 1933. —
dinites, C.R. Ac.desSc. 1.197, p. 81-83,
— Etat de la flore marine dans la région 1933.
malouine en 1933 ; ibid. Les Peridinites des Barbades. Ann.

— Une station portugaise d'Oncidiella cel- Crypt. exot ; t. VI, fasc. 3-4, sous pres-
1 tca ; ibid.
se, 1933.

Stations nouvelles de quelques Algues Contribution à la connaissance des Al-

rares dans la Manche occidentale. Rev. gues d'Indochine. Ann. Crypt exot.,
Algol. t. VII. fasc. 1-2. p. 152, 1933. fasc-3-4, sous presse, 1933.
— Etude comparative du comportement Aug. CHEVALIER, Professeur, Directeur du
de la membrane au moment de la divi- Laboratoire. -- Sur les plantes qui
sion chez quelques Algues unicellulai- croissent à travers le Sahara et le Sou-
res. Bull. Soc. Bot. France, décembre dan depuis les déserts et steppes de
1933. l'Asie jusqu'au littoral de la Mauritanie
— Sur la culture et la systématique de et du Sénégal, C. R. A. F. A. S.,
Protistes marins provenant des cuvettes Congrès Bruxelles, p. 469-474.
supralittorales de Saint-Servan. Bull. — Sur une plante fossile de la période
Labor. marit. de Saint-Servan, fasc. XI, fluviale saharienne : Bull. Muséum, 2es.,
1933. V, p. 83-87.
P. JOVET, Boursier de la Caisse Nationale — Plantes nouvelles ou peu connues de
des Sciences. — L'association à Fissi- l'Afrique tropicale, ibid., 1, p. 155-162,
dens crassipes Wils., dans le parc des 2 fig. ; II, pp. 330-237, III, p. 409-410,
Buttes-Chaumont.Rev. Bryol. et Liché- IV (à l'impression).
nol., t. V, p. 74-82, 3 fig.
— Le territoire géobotanique de l'Afrique
— Le Trichomanes radicans et l'Hymeno- tropicale nord-occidentale et ses sub-
phyllum tunbridgense Sm., en pays divisions, Bull. Soc. Bot. Fr., 1933,
basque français. Bull. Soc. Bot. Fr., t. t. LXXX, p. 4-26, 1 carte.
79, séance du 8 décembre 1933, sous problème de la culture -du Caféier
— Le
presse. dans les colonies françaises C. R. Acad.
— Muscinées de quelques cimetières pari- Agric. Fr., 1933, n° 19, p. 707-712.
siens. Rev. Bryol. et Lichénol., t. VI, Deux Cypéracées arbustiformes remar-

sous presse. quables de l'Ouest-africain, La Terre
M. CHADEFAUD. — Existence d'une struc- et la Vie, 1933, n° 3, p. 131-141, 5 ph.,
ture infravisibleorientée du cytoplasme 4 fig.
chez les Algues. C. R. Ac. Sc., 6 février — Les Bois sacrés des Noirs de l'Afrique
1933. tropicale comme sanctuaires de la
— Les colorations vitales chez les Algues. nature, La Biogéographie, 1933. n' 82,
C. R. Ac. Sc.. 3 juillet 1933. p. 37.
E. MANGUIN, Chef des Serres. — Sur la — Michel Adanson, précurseurdu Lamarc-
présence du Scenedesmus microspina kisme, C. R. Acad. Se., t.196, p. 1919.
Chod. dans le département de la Sarthe, — Adanson, mutationniste et évolution-
Rev. Algol., t. VII, sous presse, 1933. niste, ibid., t. 197. p. 789.
l'
Sur l'indigénat de Hedera canariensis
— Catalogue des Algues d'eau douce du — Willd, dans les Iles anglo-normandes,
canton de Fresnay-sur-Sarthe. lre par-
tie. Bull. Soc. Algri. Sc. et Arts Sarthe, Le Monde des Plantes, 1933, n' 204,
p. 1-53, 1933. p. 42-43.
R. GAUME. Contribution à la flore bryo-
— Articles publiés par M. Chevalier dans la
logique de la Brie. Rev. Bryol et Liché- Revue de Botanique appliquée et d'agri-
nol, t. V. p. 131-134, 1933. culture tropicale, vol. XIII, 1933 :
— Une excursion bryologique au Long —
Le Gossypium anoraaftmWavra et Peyr,
Rocher. Bull. Assoc. Nat. Vallée du est-il un Cotonnier ou un Cienfuegosia?
Loing, 1933. p. 190-195.
Alhagi producteurs de Manne et
Henri ROMAGNESI. — Nouvelles observa- — Les
tions sur les Rodophyllus. Bull. Soc. spécialement ceux du Sahara, p. 275-
Mycol. de France, t. 49,13, p., fig., une 281.
pl. h. t., 1933. — Le
vrai Bois de Rose de l'antiquité,
p. 347-348.
— Une
Liliacée saharienne à bulbesp. 351.
Agronomie coloniale

Une plante à fibres textiles du Soudan,
Le Laboratoire a continué à assurer la le Securidaca longepedunculata,p. 427-
publication de la Revue de Botanique 428.
appliquée et d'Agriculture Tropicale. bulbes comestibles ou véné-
— Scilles à 469-471.
Le tome XIII (1933), forme un-volume neux, p.
d'environ 1.000 pages publié par fasci- — Les
Euphorbes crassulescentes de
cules mensuels, avec tables par auteurs l'Ouest et du Centre-Africain et Leurs
et par matières. usages, p. 529-570 (planches).
— Sur les Epicéas à troncs munis de con- —
Révision de la section Notosolen Stapf
treforts des forèts du Jura p. 651-655 du genre Andropogon L. Bull. Muséum,
(2 fig.). 211 s., V, p. 494-500 (planche).

— Monographie de l'Arachide : lre Partie. D. NORMAND. — Le Bois de Guctrea Thomp-


L'Arachide en
-(planches). général, p. 689-789 soni, succédané du Bossé, R. B. A.
1933, XIII, p. 23-30 (planche).
— Etudes sur les Prairies de l'Ouest-Afri- — Les
bois de Myristicacées du Gabon,
cain : Les Graminées, p. 845-892 (plan- ibid., p. 471-479 (planche).
ches) fà suivre]. Note sur les bois d'Enantia (Anona-

J. TROCHAIN. Assistant. — La Génétique du cées), Bull. Jardin bot. Bruxelles, à
Cotonnier d'après T. H. Kearney, R. B. l'impression.
A., 1933. XIII, p. 51-59, 143-149, 114- Mmf GALy-CARLES.
— Etat
actuel de la, cul-
222. '
ture du Cotonnier au Soudan anglo-
— La
production du Thé et les améliora- égyptien, R. B. A., 1933. XIII. p. 43-50,
tions apportées à la culture du Théier 123-129.
en Indochine, Ibid., p. 613-650. Conférences. — Quatre conférences pour le
— L'aviation et
l'étude de nos richesses grand public ont été faites au Muséum
végétales coloniales. Revue Forces aé- sous les auspices du Laboratoire :
Nennes (Organe du Ministère de l'Air), 11 février. — Professeur N. I. Vavilov :
p. 419-438, 13 planches, avril 1933. L'agriculture etla science agronomique

Etude morphologique et anatomique dans l'Union des Républiques sovié-
d'un Rhinopteryx (Malpighiacées) peu tiques.
connu de l'Ouest-Africain. Bull. Soc. 11 avril. — A. Kopp : La végétation et
Dot.Fr.,1932, p. 837-844. l'agriculture de l'Ile de la Réunion.
Lepistemon (Convolvulacées) nouveau

de l'Afrique centrale, Bull. Mizséum, 29 juin. — Dr. J. Deuss : -La culture du
V, n° 4, 1933, p. 328-331, 1 planche. Théier dans les pays d'Extrême-Orient
et en Indochine.
— Contribution à l'étude de la Flore du 29 octobre. — E. Annet et J. Laborey: La
Sénégal, 668 Congrès Soc. savantes,Tou-
louse 1933, à l'impression. culture du Bananier dans les colonies
botanique et agronomique françaises.
— Une mission
au Sénégal, Bull. Comité Et. histor. et BIBLIOTHÈQUE
scient. A. 0. F., XV, n° 1, p. 1-42,
2 planches, 1932, paru en 1933. L. BULTINGAIRE, Bibliothécaire en Chef. —
A. Ko pp. — Préparateur aux Hautes-Etu- La bibliothèque du Muséum national
des. d'histoire naturelle. Rev. botanique
La végétation et l'agriculture de la Réu- appliquée, n° 119, avril 1933.

nion, R. B. A., 1933, XIII, p. 385-386. — Les nouveaux rayonnages métalliques
— Documents récents sur
la culture du de la bibliothèque du Muséum. La lVa-
Géranium en Algérie et aux Etats-Unis, ture, n° 2903, 15 avril 1933, p. 366-368.
ibid., p. 578-580 (1 planche). Le prix des périodiques allemands et
recherches sur la-sucrerie de Canne —
— Les sa répercussion sur le budget de nos
aux Antilles à la fin du XVIIIe siècle : bibliothèques. Rev. Scientifique, 27 mai
Hapel-Lachenaie et ses travaux, p. 790- 1933.
793 (pl.). Etat actuel de la bibliographie scien-

W.RUSSELL.

Structure de l'Harmal, C. tifique en France. Actes du Comité inter-
R. A. F. A. S., Congrès de Chambéry national des bibliothèques. Chicago 1933,
1933 (en cours d'impression). vol. V, pp. 113-114.

Sur une particularité du périderme de — Lettres de Victor Jacquemont à Jean de
Gyrucarpus asiaticus Willd. Bull. Mu- Charpentier avec une introduction et
séum, V. 2e s., p. 252. des notes par L. Bultingaire et Pierre
A. REZNIK. — Note sur la germination des Maës. Publications du Muséum national
Sorghos, R. B. A., 1933, XIII, p. 329- d'histoire naturelle, n° 2, X-226.
336 (figj. —
Introduction à William Falls. Buflon et
— Quelques plantes intéressantes pour la l'agrandissement du Jardin du Roi à
mise en valeur de terrains incultes, Paris. Arch. Muséum, 61 série, vol. X,
ibid., p. 201-205. pp. 131-132.
L. DE NUSSAC, Sous-bibliothécaire. — La Mais il a subsisté dans certaines régions
Société pour la Protection des paysages de l'Asie jusqu'aux temps modernes.
de France et la Protection de la Nature. Cette exposition est ouverte jusqu'au
Recueil du deuxième Congrès interna- 15 juillet prochain.
tional pour la Protection de la Nature.
Paris, 30 juin-4 juillet 1931, pp. 472-478.

L'héritage français du royaume de Le Président de la République inaugu-
Grèce et de l'Empire d'Orient, Paris, rera le parc zoologique de Vincennes, le
Aux Editions internationales, 1933, samedi 2 juin 1934. De nombreuses per-
in.-8, 236 p., 9 gr. h. t. sonnalités assisteront à cette cérémonie.

Le centenaire de Pi erre André Latreille,
fondateur et professeur de la Chaire
d'Entomologie du Muséum national Un nouveau terrarium à l'aquarium du
d'histoire naturelle. Arch. Muséum, 6e Musée permanent des Colonies. — Au lieu
série, vol. XI, ppl-12, portr. et autogr. et place de la vaste fosse située au centre
du sous-sol où a été édifié l'aquarium et
où fonctionnait, avec plus ou moins de
bonheur, un planisphère relatant l'histoire
de nos colonies, M. le professeur Gruvel,
Exposition de l'art animalier rétrospec- a organisé, avec -la collaboration de W.
tif ' de la préhistoire au XIXe siècle. — Besnard, un grand terrarium. Ce sont les
Cette expédition organisée par l'Associa- rives d'un torrent, quelque part, dans la
tion des Conservateurs des Collections brousse exotique. Rochers couverts de
publiques de France, dont M. P. Lemoine, mousses, cascades et vasques, végétation
directeur du Muséum est le président, a abondante. Crocodiles et Tortues nagent
été inaugurée le q, mai dernier en présence ou somnolent sur les plages; des oiseaux
du ministre de l'Education Nationale. Elle se poursuivent et animent Je paysage de
leurs chants. Le tout constitue un très bel
a pour cadre la grande et belle galerie de ensemble
Botanique (rue du Buffon). sur lequel nous reviendrons en
La préhistoire comprend quelques mou- détail.
lages donnés par le Musée de St-Germain- Le nouveau terrarium a été présenté aux
en-Laye, des objets prêtés par le comte membres de la presse, le 10 mai dernier,
Bégouen et offre une reconstitution de la et sera officiellement inauguré par le Pré-
grotte du Tue d'Adoubert avec ses célèbres sident de la République, le 2 juin 1934.
Bisons d'argiles.
Un grand nombre de Musées de province
ont bien voulu adresser de précieuses Le Panda. — Nous avons déjà parlé
pièces de leurs collections. Cet effort a à nos lecteurs (Terre et Vie. mai D33 duI

permis de donner une importance excep- Panda, ce rare Mammifère de l'Hima-


tionnelle aux peintures des XVIIe et XVIIIe laya, dont la place exacte a été longtemps
siècles. Le Musée du Louvre a collaboré discutée. Voici quelques détails nouveaux
aux antiquités orientales, grecques et ro- sur cet animal.
maines. Nous ne pouvons tout signaler ici. Le Panda se nourrit de petits Mammi-
Attirons cependantl'attention sur la vitrine fères. d'Oiseaux, d'œufs. d'Insectes el de
consacrée à la Girafe qui fut conduite à leurs larves, mais il consomne aussi lar-
Paris en 4827, et dont l'arrivée montra un gement des fruits et des racines, celles
intérêt et un enthousiasme considérables, des Bambous en particulier, dont il se
défraya la chronique, fut célébrée par les montre très friand : cependant, et ceci est
dessinateurs et les poètes. digne de remarque, sa dentition est celle
La Terre et la Vie a d'ailleurs eu l'occa- des Carnivores.
sion de relater tous ces faits curieux (No 1, Pour dormir, le Panda se couche eu rond
1931, p. 54-56). Mentionnons encore la comme un Chat, en enroulant sa longue
belle vitrine consacrée au style animalier queue sur sa tête ; mais on dit qu'il dort
eurasiatique. Pendant les longs siècles il aussi parfois debout, la tête penchée entre
fut pratiqué et véhiculé par les nomades. ses pattes de devant, à ha manière des
On le suit depuis la Hongrie jusqu'aux Ratons, dont il se rapproche beaucoup par
bords du Pacifique ; on situe son apparition divers caractères. Si on l'excite, il répand
dans le 1er millénaire avant Jésus-Christ. une forte odeur de musc.
Le genre, actuellement restreint à l'Hi- à expérimenter d'une façon large et
malaya, du Népaul au Y-unnan, où il vit méthodique sur la migration et ses pro-
entre 6.000 à 11.000 pieds d'altitude, est blèmes.
probablement- en voie de disparition. Il La Station ornithologique allemande de
était en effet beaucoup plus largement ré- Rossitten, en Prusse orientale, a réuni,
pandu aux temps préhistoriques, comme pendant l'été dernier, plus de 2UO jeunes
l'a prouvé la découverte d'un Panda fossile, Cigognes qui ont été prises avant de
une fois et demie environ plus grand que quitter le nid. Ces Oiseaux ont été groupés
le Panda actuel, dans le Pliocène, en An- dans un vaste enclos voisin des bâti-
gleterre. ments de la Station.
Après le départ normal des Cigognes,
les captifs ont été lâchés, munis de deux
Le Skunks. L'animal qui fournit la bagues et colorés de façon voyante sur

fourrure connue sous le nom de skunks leurs parties inférieures. Un lâcher a eu
est un petit Carnivore assez voisin de la lieu à Rossitten même et d'autres lots
Loutre, qui habite l'Amérique du Nord ; de jeunes Cigognes ont été transportés
mais il n'a pas, comme celle-ci, une vie à grande distance, puis mis en liberté
aquatique. à Frankfurt-sur-le-Mein, à Essen et près
A peu près de la taille d'un Chat, il est de Cologne.
noir avec des bandes blanches sur les flancs De Rossitten, sont parties 73 Cigognes.
et sur le dos, avec une petite tète et une On a, jusqu'ici, sur elles peu de rensei-
queue allongée garnie de longs poils for- gnements. Deux se seraient dirigées
mant panache ; mais ce qu'il a de plus normalement vers la Mer Noire, trois
remarquable est son moyen de défense. autres auraient, par contre, pris une direc-
Lorsque le Skunks, que l'on appelle tion sud-ouest et on a pu les suivre jus-
encore Moufette, est poursuivi, il s'arrête qu'à Padoue.
et projette sur les assaillants un liquide En France, trois des Cigognes d'expé-
infect secrété par des glandes qu'il porte rience ont été reprises. Deux de Frankfurt
sous la queue. Ce liquide est tellement ont été signalées dans les départements
puant que nulle bête sauvage n'ose s'atta- de la Haute-Marne et de la Haute-Loire.
quer à la Moufette, et que, longtemps Une Cigogne lâchée à Leverkusen, près
après son évacuation, l'endroit où elle a de Cologne a été reprise dans le départe-
eu lieu est encore inhabitable. Celui qui ment de la Marne.
t'a reçu est comme empoisonné et se
trouve pris de nausées auprès desquelles, Ces trois Oiseaux ont donc suivi une
dit-on. le mal de mer paraît négligeable ; direction sud-ouest, tandis que les Cigo-
de plus, si le liquide a touché les yeux, gnes de Prusse orientale s'en vont habi-
l'homme peut devenir aveugle. tuellement vers le sud-esU Il semble-
Le Skunks, toutefois, ne se sert ce rait, par suite, que les Cigognes transpor-
moyen de défense qu'en cas de danger. — tées à grande distance de leur lieu de
L'élevage en a été tenté dans l'Amérique naissànce oublient la route de leurs
du Nord— les Skunks apprivoisés' se mon- ancêtres et subissent l'influence de la
traient parfaitement dociles, se laissaient région où on les lâche.
prendre et caresser, et ne répandaient Mais un fort groupe de Cigognes —
jamais leur infecte sécrétion. 144 sujets — mis en liberté le 12 septem-
bre à. Essen, a pu être bien contrôlé : ces
Oiseaux ont pris, dans l'ensemble, des
directions sud-est et sud-sud-est. Dans
Deux expériences de à déroutage » ce cas il y a nettement hérédité du sens
d'Oiseaux migrateurs. — Y-a-t-il un de la direction, qui s'est maintenue au
instinct migrateur inné et immuable chez milieu d'une population ornithologique
l'Oiseau? La migration est-elle com-- dont les voies migratrices sont tout diffé-
mandée. déclanchée, régie par des fac- rentes.
teurs extérieurs à. l'Oiseau ? Il résulte de cette expérience que les
Pendant bien-longtemps, on s'est con- Cigognes auraient en elles-mêmes un
tenté de discuter sur ce sujet passionnant « pouvoir migrateur » qui les lancerait
et de rester dans le vague d'es hypothèses. toujours dans la même direction. Des
Mais des ornithologistes, après quelques Cigognes « déroutées » retrouveraient auto-
tentatives isolées, cherchent maintenant matiquement leur route habituelle.
Admettre ceci comme une règle absolue- Par exemple, dans les eaux du Salzkam-
serait peut-ètre aller trop loin et d'autres mergut, où il a presque complètement
essais seraient en faveur d'une influence disparu, les- Corégones, qui sont apparen-
locale : il pourrait, au moins dans certaines tés à no\re Lavaret, se raréfient égale-
conditions, produire chez des Oiseaux ment pour deux causes. ^Beaucoup sont
transportés d'une région, d'un pays dans parasités par'un petit Crustacé, l'Ergasilus
un autre, une modification complête de Sieboldi Nordmann, qui se fixe sur leurs
l'instinct de direction. branchies et peut les faire périr ; d'autres
Cette influence régionale a été fort bien sont décimés par les jeunes Perches.
mise en lumière par l'expérience extrême- Le Brochet, en dévorant ces dernières,
ment élégante d'un ornithologiste finlan- diminue le nombre des prédateurs ; en
dais, depuis décédé, Karl Frazer. Frazer a détruisant des Poissons faibles ou déjà
pensé qu'il était insuffisant d'opérer sur le malades, il supprime des chances de
poussin, même enlevé très jeune au nid; multiplication des parasites. De sorte que,
il a poussé à l'extrême, en remontant après l'avoir pourchassé comme un mal-
jusqu'au germe enfermé dans la coquille. faiteur, on commence, particulièrement
Au printemps de 1931, il rapporta en Allemagne, à le protéger comme utile
d'Angleterre des œufs de Canard sauvage, au peuplement des étangs et des rivières.
qu'il mit à incuber artificiellement à
Taubila, près de Pyhajârvi (à environ
80 k. au N-E de" Viipuri-Viborg). Le 7
août, après avoir été habitués à la liberté, Au sujet du Doryphore. — Dans notre
62 jeunes Canards sauvages issus d'œufs numéro de mars dernier nous avons indi-
d'Angleterre furent bagués. A la mi- qué qu'il ne fallait pas compter sur le Pétu-
novembre, toute la bande partit en mi- nia pour nous débarrasser de cet hùte
gration. fâcheux. Mais n'aurait-on pu, à l'origine,
Il y a eu 11 reprises et ces 11 reprises empècher la propagation? On nous per-
sont toutes tombées sur l'aire de disper- mettra de rappeler, à ce sujet, les efforts
sion des Canards sauvages d'origine finlan- faits par Maurice Girard à la Société En-
daise. Au printemps de 4932, environ 35 tomologique de France, alors que le
Canards d'expériencerevinrent à Tr^ubila ; Doryphore venait d'être signalé en Rhé-
on en vit à nouveau quelques-uns au nanie, puis en Angleterre. Dans la séance
printemps de 1933. du 25 juillet 1877, Maurice Girard, signa-
Or. en Angleterre, les Canards sauvages lant cette apparition à Muhlheim, près de
anglais sont sédentaires. Il a suffi que leurs Cologne, disait : « Il est bien à craindre,
œufs soient transportés dans un pays où contrairement à l'opinion optimiste de
les Canards sauvages sont migrateurs M. Emile Blancilard (Journal d'Agriculture
pour que les jeunes éclos de ces œufs de M. Barrai, 15 février 1875) que l'In-
sédentaires deviennent aussitôt migra- secte ne s'acclimateaisément en Europe. »
teurs. Peu de jours après, à la séance du 22
S'il y avait en eux un « pouvoir séden- aoùt 1887, le même entomologiste, par-
taire », il n'a opposé aucune résistance lant de son introduction en Angleterre,
aux conditionslocales et les jeunes Canards ajoutait : « Il est donc urgent de renoncer
sauvages d'origine anglaise ont, sans la à cette sécurité trompeuse, due aux asser-
moindre hésitation, copié les habitudes tions optimistes énoncées à la Société
migratrices de leur pays d'adoption invo- centrale d'Agriculture, que l'Insecte était
lontaire. d'une introduction presque impossible et
A. C. ne pourrait s'acclimater en Europe. »

La réhabilitation du Brochet — Un
récent numéro du Bulletin français de Les parasites des Diptères. — Beau-
Pisciculture, contient, sous ce titre, un coup de Diptères, en particulier les Tachi-
intéressant article. naires, sont parasites. Ils se développent
Selon des observations nouvelles, la aux dépens des Papillons, des Sauterelles,
voracité du Brochet a été considérable- des Hémiptères, des Hyménoptères, voire
ment exagérée, sans preuves concluantes.. des Coléoptères. Mais, par un singulier
Il a de plus été constaté que sa raréfac- retour des choses, ils sont à leur tuur pa-
tion amène celle des autres Poissons. rasités par d'autres Insectes.
Les espèces des genres Lucilia et Cal- forme et comme couleur, à une Guêpe ; il
liphora, Muscides sarcophages, ont pour pond dans une galerie creusée dans le
parasites plusieurs Hyménoptères, sur la bois mort et y entasse, comme provisions
morphologie et labiotogie desquels M. A. pour ses larves, tous les Diptères syrphides
G. Evans vient de publier (Bull. Ent. Res. qu'ilpeut saisir. Mais par contre, il est à
24 pt. 3) un intéressant travail. son tour la victime d'un Diptère : l'élé-
Il y étudia d'abord un Bruconide du gant Anthomyiaire qui porte le nom
genre Aphaereta dont les tarses antérieurs d'Eustalomyiahilaris, pond dans les mêmes
contiennent probablement des organes galeries et sa larve dévore celle du Crabro.
récepteurs, de nature tactile ou autre, et
dont les œufs augmentent considérable-
ment de volume depuis le moment de la
ponte jusqu'à celui de l'éclosion. Chez Une histoire des légumes. M. E. A.

Alysia manducata, qui vient ensuite, ces Bunyard vient de publier, sous le titre de
mèmes œufs augmentent au contraire fort The introduction o/' vegetables, une histoire
peu et peuvent se dévelcpper avec succès des légumes pleins de renseignements
lorsqu'ils sont extraits de la cavité du curieux.
corps de leur hôte : suivant l'auteur, cette On y apprend, non sans surprise, que
espèce serait passée récemment de l'ecto- beaucoup de ceux-ci furent regardés jadis
à
j)arasitisme l'endoparasitisme. comme des plantes nuisibles, ou furent
La troisième espèce étudiée, Habrobra- sujets à des prohibitions religieuses. Ce
dernier fut celui de la Fève des marais,
con brevicornis, est un ectoparasite comme interditecasd'abord
Alysia. Sa nymphose s'effectue dans un aux prêtres égyptiens,
cocon. puis célébrée pous tard dans des « fètes
Plusieurs autres Muscides sont parasités de la Fève ». Est-ce que ce ne serait pas
par dès-Coléoptères, et il est à remarquer un ressouvenir lointain de ces coutumes
fit choisir la Fève pour la galette des
que tous ces Coléoptères appartiennent à qui
un même genre de la famille des Staphy- Rois
?
linides. le genre Aleochara. L'Ail, le Chou, l'Asperge, l'Épinard ont
Dans nos régions on a constaté que eu également une histoire quelque peu
Aleochara bilineata était parasite d'un mouvementée. Le Haricot rouge fut long-
Anthomyiaire Chortop/iilabrassicae (Wads- temps cultivé uniquement comme curio-
worth 1915), et qu'Aleochara algarum d'abord sité ornementale ; la Tomate, considérée
l'était de Scatophagines fucicoles du genre comme un poison, fut ensuite em-
Coelopa (Hagh Scott. 1919, Lesne et Mer- ployée en médecine et ne vit reconnaître
cier 1922) ; Kemmer, Kauffmann et autres qu'enlin sa haute valeur culinaire.
ont observé un parasitisme analogue vis- deOn peut ajouter à cette lifte la Pomme
à-vis des Diptères du genre Pegornyia. terre dont il fut si difficile de faire re-
l'utilité : en Angleterre au moins,
Dans la Revue suisse de zoologie (février connaître
elle fut introduite dans la culture que
1934), Scheerpeltz décrit deux nouveaux dansne
Aleochara qui parasitent les Diptères pi- diminuer un cas de nécessité absolue, pour
du Lyperosia voisin des les privations de la famine.
queurs genre
Stomoxes. Ce sont Aleochara Handschini.
de Java et Flores, et A. Windresi, du nord
de l'Australie. Le Rat de la Canne à Sucre. — On peut
Il y aurait une étude intéressante à voir actuellement au Jardin Zoologique de
faire sur cette lutte continuelle entre Londres trois jeunes Rats de la Canne à
Insectes, dans laquelle ce n'est pas tou- Sucre (Aulacodus Swinderianus). origi-
jours le mieux armé qui remporte la vic- naires de l'Ouest Africain
toire; par exemple les petits Muscides du Ce Rongeur atteint une taille considé-
groupe des Miltogrammines, qui n'ont rable pour la famille : elle peut arriver à
aucun moyen de défense, arrivent bien à 65 centimètres sans la queue et le poids
aller pondre dans les nids des Hyménop- de l'animal est alors d'environ 10 li\res.
tères fouisseurs, en dépit de l'aiguillon Sa fourrure hérissée est mouchetée de
que possèdent ces derniers. jaune et de brun ; ses incisives sont
Un cas curieux, parmi. beaucoup grandes et puissantes. Les supérieures, eu
d'autres, est celui du Crabro. Celui-ci esL particulier sont marquées de trois pro-
un Hyménoptère assez semblable, comme fonds sillons longitudinaux, qui laissent
leur trace sur les substances rongées par une reconnaissance en avion, une pointe
l'animal. sera poussée le long de la côte est vers
Celui-ci se nourrit de racines et de Crane Channel ; puis le bateau descendra
pous.-es de végétaux, avec une préférence plus au sud, et une base d'hivernage sera
marquée, à l'occasion pour la Canne à établie, soit à l'a Baie Marguerite, soit
Sucre, ce qui lui a valu son nom. On le encore plus bas. Si le port nécessaire ne
rencontre depuis le Soudan jusqu'au Cap, pouvait être trouvé, le bateau débarque-
à l'est-et jusqu'à Sierra-Leone à l'ouest. rait l'expédition et reviendrait mouiller à
l'Ile Déception.
Un des principaux buts de ce voyage est
L'origine des Peaux-Rouges. — Quelle d'explorer attentivement la Mer de Wed-
est l'origine de la race rouge ? dell, afin de fixer la ligne encore douteuse,
Une tradition, déjà exposée en 1641 par de la côte ouest. Les explorateurscomptent
Antonio de Montezinos, reprise de nos rentrer en Angleterre au mois de mai 1937.
jours par Mallery, puis par Jacobs, veut y
voir les descendants des « Dix Tribus per-
dues d'Israël ». Une autre lui attribue une
origine galloise ; on la trouve relatée, dès Les Sciences Naturelles
1584, dans Lluyd's History of Cambria. Un à l'Académie des Sciences
prince gallois, partienexploration vers
l'ouest, aux environs de l'an 1170, aurait
atteint l'Amérique du Nord et y serait SÉANCE DU 5 MABS 1934
resté. Au cours du XVIIIe siècle, divers Entomologie
voyageurs originaires du Pays de Galles,
prétendirent avoir trouvé des Peaux- A. VAYSSIÈRE. Sur l'organisation
Rouges parlant le gallois, ou dont les —
interne des larves nymphales des Baetisca.
idiomes avaient une grande similitude (types d'Ephémères).
avec cette langue : ils citaient, en particu-
lier, les Tuscaroras. les Sharonees et les La larve nymphale de Baetisca obesa
Indiens de la vallée de l'Ohio. Walsh, découverte par Walsh en 1862,
au Canada, n'a été retrouvée que récem-
A l'heure actuelle, il n'existe plus aucune
trace de gallois dans les idiomes divers ment dans les cours d'eau de la partie
orientale des Etats-Unis par M. J. R.
des tribus indiennes : cette absence cepen-
dant n'est pas une preuve absolue qu'il Traver, en même temps que les iarves de
n'y en ait pas eu dans les dialectes an- deux autres espèces du même genre.
ciens. Il y aurait peut-être une étude à En étudiant ces larves, M. Vayssière a
faire à ce sujet. pu se rendre compte qu'une étroite parenté
On peut toutefois faire remarquer qu'ilexistait entre les genres Baetisca et Proso-
pistoma, accusée par la similitude de
est très probable que les Indiens primitifs
ont connu le Mammouth : un fort curieux forme, la position, le nombre et la struc-
article de W. D. Strong dans l' American ture des trachéo-branchies. la concen-
Anthropologisl (1934 n° 1) semble bien tration du système nerveux ventral. Cet
l'établir. Mais alors la légende du princeensemble de caractères les sépare d'ail-
gallois tombe d'elle-même. leurs des autres Ephémérines, et c'est
pourquoi M. Vayssière propose de les
en séparer et de les placer dans la sous-
Une nouvelle exploration antarctique. famille des Prosopislominés, suivant en
Au mois de septembre prochain, cela l'exemple de Lameere dans son mé-
une

expédition quittera d'Angleterre, pour la moire sur l'évolution des Ephémères.
côte ouest de la Terre de Graham : elle
sera dirigée par M. J. R. Rymill, qui sera Lithologie
accompagné de 14 personnes, la plupart A. S. MIHARA. — Forme de l'altération
déjà familiarisées avec les explorations des feldspaths dans les arènes granitiques
polaires. des Vosges.
Cette expédition s'acheminera vers la
Baie Wilheimine, au nord de la Terre de Les observations de l'auteur ont porté
Graham, en passant par l'ile Déception sur le granite du Hohwald (Vosges). Elles
dans les Shettlands du Sud. De là, après démontrent que la Kaolinite existant dnns
les feldspaths blancs provient de leur que tout récemment exploré au point de
altération par les actions superficielles vue botanique. M. Emberger en énumère
qui ont amené la désagrégation du granité. les principales espèces végétales, et conclut
M. E. DENAEYER. — Sur la composition que c'est un secteur propre du Grand Atlas,
caractérisé par le comportement spécial
chimico-minéralogique des roches basiques, du Chêne vert, l'absence complète de
intrusives ou métamorphiques du Kasaï Junipera thurifera, l'extrême rareté d'es-
(Congo belge). pèces généralement répandues aux hautes
Les roches basiques étudiées par M. altitudes, et l'existence d'une flore ayant
Denaeyer font partie de la collection plus d'affinité avec le Grand-Atlas oriental
réunie de 1909 à 1912, dans la partie sud- et le Moyen Atlas qu'avec le Grand-Atlas
est du bassin du Kasaï, par M. R. Kostka. central voisin.
La présente note. complète le travail
publié dans les Annales de la Société Physiologie végétale
Géologique de BelgiiIue, en 1912-1913, A. MAIGE. — Remarques sur le métabo-
par M. A. Ledoux. lisme du noyau et les plastes dans les cellules
Pédologie végétales.
EHHAHT. --Sur l'existence de paléo-sols SÉANCE DU 12 MARS
dans les dépôts quaternaires de la vallée de
la Sarre et sur leur nature. Géologie
En étudiant les dépôts argiLo-sableux D. SCHNEEGANS.— Constitution géologique
qui se trouvent sur les anciennes terrasses du Massif de Charbrières (Hautes Alpes).
de la Sarre, aux environs de Pisdorf, M. Contrairement à l'opinion de E. Haug,
Erhart_y a reconnu trois paléo-sols — admise jusqu'ici, le Flysch à Helmin-
ou sols enterrés — superposés. L'inférieur thoides, de la nappe de l'Ubaye-Embru-
est uu sol de steppe, les deux autres.sont nais est tectoniquement supérieur aux
des sols forestiers bien caractérisés.
klippes de Mabrières et de la Pousterle.
Géologie MICHEL PERTESSIS. Sur la radioactivité

des sources minérales de Grèce.
JACQUES BOURCART et GEORGES CHOUBERT.

Sur quelques roches éruptives et cristal- L'auteur a étudié la radioactivité de
lophyliennes amenées, par le trias d'Ouezzan presque toutes les sources minérales de
(Maroc). Grèce. Il ressort de cette étude que les
RAYMOND FUROX. Sur les relations sources les plus radioactives sont celles de
— Kaména-Vourla et de l'Hôtel Thermae
géologiques et géographiques de l'Hindou- Sylla à Aedipsos, situées dans le golfe
Kouch et du Pamir. d'Eubée, l'une sur la côte de l'île du même
Comme conclusion aux travaux de l'au-
teur et à ceux de divers géologues russes, nom, l'autre sur celle dela Grèce conti-
lrentale.
on peut dire que le Pamir et l'Hindou- Paléobotanique
Koucli constituent un seul et même massif,
appartenant à une seule et même unité PAUL CORSIN. — Caractères du Gramma-
structurale. topteris Rigolloti B. Renault.
PIERRE URBAIN.

Sur la séparation des Le genre Grammatopteris a été créé en
divers constituants des argiles. 1891, par B. Renault sur un échantillon
Grâce à un dispositif dont il donne la" silicifié provenant du Permien d'Autùu.
description, l'auteur arrive à séparer l'ar- L'étude d'une lame mince prélevée sur
gile en quatre fractions, ce qui permet l'échantillon type permet à M. Paul Corsin
d'eu faire l'analyse plus facilement et plus d'en préciser les caractères.
exactement.
ANDRÉ DAUPHINÉ. — Différents modes
Botanique d'épaississement de la membrane chez les
Louis ÈMBERGER. — La végétation du mas- plantes vasculaires.
sif des Seksaoua (Grand Atlas o.ccidental). Ces modes, suivant l'auteur, sont au
Le Massif des Seksaoua, à la partie la nombre de deux.: augmentation de vo-
~ plus occidentale du Grand Atlas, n'a été lume de la lamelle moyenne, qui repousse
la couche primaire vers le centre de la l'auteur a voulu déterminer leur mode de
cellule ; apposition de couches cellulosi- gisement et leur niveau stratigraphique.
ques sur- la couche primaire, qui reste La présente note rend compte^ies obser-
alors étroitement accolée à la lamelle vations qu'il a faites à ce sujet durant -sa,
moyenneprimitive. visite des principaux gîtes.
Physiologie vegétale PIERRE COMTE.

Sur les couches inter-
médiaires entre lé Silurien et le Dévonien
LUIGI MANZONl et AGOSTINO PUPPO. — dans les Asturies.
Sur la transpiration du Blé en fonction des
facteurs du climat. Le passage du Silurien au Dévonien est
rempli par des schistes et quartzites goth-
Pathologie végétale landiens ; la limite entre ces deux terrains
se trouve dans la -masse même du grès de
A. MAJJBLANCet L. ROGER. — Une nou- Furada.
velle rouille du Caféier au Cameroun.
Botanique
La seule rouille attaquant jusqu'ici le
Caféier est l'Hemileia vastatrix Berk. et LEFÈVRE.

Sur la division et l'élongation
Br., répandu dans la région indo-malaise, des cellules dans le genre Ciosteriu in
les îles du Pacifique, et signalé dans le Nitzch.
centre et l'est africain, RAYMOND HAMET. Sur la présence de
La rouille du Caféier du Cameroun —
en faisceaux surnuméraires exclusivement libé-
est nettement distincte. Les auteurs lui riens dans le parenchyme cortical des Eche-
donnent le nom provisoire d'Uredo veria.
coffeicola, des études ultérieures devant
décider s'il s'agit ou non d'un Hemileia. C'est un fait assez rare que l'existence
de faisceaux corticaux exclusivement com-
Zoologie posés d'éléments libériens. La tige des
ET. RABAUD et Mlles M.-L. VERRIER. —
Echeveria fournit un exemple particuliè-
La vessie natatoire de la Loche (Cobitis rement convaincant de la formation de
barbatula L.) tissu libérien aux dépens exclusifs d'élé-
ments normaux du parenchyme cortical.
La Loche, comme d'ailleurs d'autres
Cobitidae, possède une vessie natatoire HENRI PRAT.— Remarques sur les carac-
d'une structure toute particulière, saparoi -tères épidermiques des espèces américaines
externe étant rigide. Il en résulte que les- du genre Agropyrum P. B.
variations de pression ne modifient pas
Cytologie végétale
son volume et que par suite, contraire-
ment à la théorie classique, le poids MARC SIMONET.

Sur la régularité de ta
spécifique du Poisson ne change guère au réduction chromatique et la parfaite consti-
cours des mouvements de montée et de tution pollénique d'un hybride entre espèces
de descente. à nombres inégaux et aneiiploïdes de chro-
mosomes (Iris autosyndetica Nob.).
SÉANCE DU 1 9 MARS

Pathologie végétale Embryogénie générale


J.COSTANTIN. — Extériorisation des dégé- Paul Wintrebert. — Les lois de l'épigé-
nèse chez les Amphibiens.
nérescences par l'action de l'altitude.
A. GOSSET, JOSEPH MAGROU et A. TCHAKI- Protistologie
RIAN. — Action de divers éléments sur les Melle BERTHE DELAPORTE. Sur la structure
tumeurs bactériennes du Pelargonium. —
et le processus de sporulation de TOscillos-
Géologie pira Guilliermondi.
JACQUES DE LAPPARENT. Gisement el La cytologie de l'Oscillospira Guillier-

position géologique des bauxites de Grèce. mondi découvert par Chatton et Pérard
dans le cœcum du Cobaye, est encore très
A la suite de ses études sur la composi- peu connue. L'auteur a repris cette étude:
tion minéralogique des bauxites de Grèce, elle le conduit à considérer l'Oscillospira
comme une forme intermédiaire entre les cycle d'un Fusarium qui prendra le nom
Cyanophycées et les Bacilles endosporés. de Fusurium albedinis ; en outre ce Cham-
pignon produit, sur les arbres malades,
SÉANCE DU 26 MARS des fructifications externes.
Biologie végétale Entomologie.
J. COSTANTIN, MAGROU, BOUGET et Mlle V. J. LEGENDRE. — La longévité chez les
JANDEL.

Production expérimentale de larves d'un Moustique arboricole.
mycorhizes chez la Pomme de terre.
Les mycorhizes, qui fontgénéralement Il s'agit des larves d'Ædes geniculatus,
défaut chez le Solanum tuberosum cultivé, que l'auteur a pu conserver vivantes pen-
.

existent chez les Pommes de terre sau- dant dix-huit mois et plus sans obtenir
leur transformation.
vages et chez quelques autres Solanum en Il en conclut que c'est une précaution
particulier Solanum dulcamara.
On peut provoquer leur formation, chez de la nature pour assurer la perpétuation
l'espèce cultivée, en semant ses graines de l'espèce quand elle est menacée par
dans un terrain prélevé au pied de Sola- des conditions météorologiques ou biolo-
giques défavorables. Il se produit alors de
num dulcamara ou encore provenant d'un l'asthénobiose, qui prolonge la résistance
endroit occupé par des plantes renfermant
des mycorhizes : l'Orobus tuberosus par de la larve, qui lui permet de survivre dans
exemple. les rares gîtes où le volume d'eau est suf-
Géologie. fisant pour éviter la mise à sec,
RAYMOND FURON.

Observations préli- Zoologie.
minaires sur l'existence au Damergou (,Yi-
ger) d'une faune crétacée analogue à celle A. GRUVEL.

Sur quelques-unes des
du Djoua (Sud algérien). causes qui arrêtent la pénétration des espèces
Il résulte de ces observations que la animales dans le canal de Suez.
faune du Cénomanien inférieur du Damer- Ces raisons peuvent être purement mé-
gou est identique à celle du Sahara àlgé- caniques, où chimiques.
rien. La faune du Cénomanien supérieur L'une des premières est l'existence de
et du Turonien est comparable à celles de la jetée de 6 km. de longueur qui limite le
l'Afrique du Nord, de la Nigéria et de canal à l'ouest du côté de Port-Saïd : le
l'Amérique. grand courant qui longe la côte nord afri-
Botanique caine entraîne par suite les larves péla-
giques et les espèces adultes sur la côte
R. GAUTHERET.— Recherches sur l2 ré- de Palestine
sans leur permettre de péné-
duction du nitrate d'argent par les chloro- trer dans le canal.
plastes. Du côté de Suez la cause est d'ordre
Physiologie végétale. chimique: la rade et la baie sont empoi-
R. ECHEVIN. — L'évolution des phospho- sonnées par les déchets des usines de
lipides des feuilles au cours du jaunissement distillation des huiles lourdes et le lavage
automnal. des tanks à mazout.
Il faut enfin faire entrer en ligne de
H. COLIN et J. CARLES.

Affinités chi- compte la salinité des eaux des lacs Amers
miques et hybridations chez les Iris. et de leurs abords, salinité qui est bien
Pathologie végétale. plus élevée au fond qu'à la surface.
G. MALENÇON.

Nouvelles observations Médecine expérimentale.
concernant l'étiologie du bayoud.
L'auteur a précédemment démontré que C. LEVADITI, Mlle R. SCHGEN et A. VAIS-
la maladie appelée bayoud, qui cause de MAN. —
Mode de transmission et de propa-
très sérieux dommages aux Palmiers Dat- gation de la spirochétose provoquée par le
tiers; était causée par un Champignon Spirochaeta muris et le Spirochaeta mor-
deutéromycète, Cylindrophora albedinis sus-muris.
Killian et Maire.- La propagation de l'infection provoquée
De nouvelles observations lui ont mon- par le Spirochaeta muris peut avoir- lieu
tré que l'agent du bayoud appartient au chez les Muridés après ingestion de lait
sécrété par des glandes mammaires con- dans certaines campagnes tunisiennes.
taminées. Quant à la ville de Tunis elle-même, elle
De plus, la présence du Spirockqeta esi épargnée par cette maladie.
dans l'utérus et le placenta de Souris à,
glandes mammaires infectées précise le Minéralogie
mécanisme de la transmission héréditaire
de la maladie. Mlle SIMONNE CAILLÈRE.

Sur l'incan-
descence de certaines serpentines après leur
Pathologie comparée. déshydratation.
J. VERGE et H. LANCE. — La grippe des
Porcelets. Paléontologie.
La grippe des Porcelets, reconnue en G. PONTIER et R. ANTHONY. — A propos
Amérique dès 918, est apparue récem- de l'évolution morphologique des molaires
ment dans la région du Jura. Les auteurs chez les Mastodontes de la série du Tetra-
ont examiné un certain nombre de sujets belod-on anguslidens G. Cuv.
chez lesquels ils ont invariablement reIl- L'examen des molaires de Tetrabelodon
contré une Bactérie (Hemophilus influenzae angustidens et leur comparaison avec celles
suis) qui, avec un ultra-virus mis en évi- des Hemimastodon asiatiques conduisent
dence par Shope, est la cause de la ma- les auteurs à cette conclusion que ces der-
ladie. niers ne méritent pas de former un-genre
SÉANCE DU 4 AVRIL. particulier, ils constituent seulement une
mutation de petite taille dans la série des
Aucune communication intéressant les Tetrabolodons bunolophodontes.
sciences naturelles n'a été présentée à
cette séance. Chimie végétale.
SÉANCE DU 9 AVRIL.
LÉON PALFRAY et Mlle ANNE-MARLE LEPES-
Médecine expérimentale. ()UEUR. — Sur la constitution de l'essence
de Carotte.
CHARLESNICOLLE et Mme HÉLÈNE SPARROW.

Existence d'un virus typhique chez leg Pathologie végétale.
Rats de Tunis. Caractère de ce virus.
Cette note établit l'existence du virus G. MALENÇON. — Nouvelles observations
typhique marin chez les Rats de Tunis, concernant l'étiologie du bayoud.
mais elle ajoute que, jusqu'ici, aucun lien Cette note, présentée dans la séance du
n'a été établi entre cette existence et celle 26 mars, a déjà été analysée précédem-
du typhus qui sévit encore sur l'homme ment.
PARMI LES LIVRES

Pierre DEFFONTAINES.— L'Homme et la Le chapitre II traite de l'agriculture et de la


forêt (Coilection Géographie humaine),
:
forêt. D'abord le procéde par essartage ou éco-
buage, la cendre des arbres abattus, puis brû-
1 vol., 179 pages, 52 photographies en lés, engra ssant le sol. Ce mode de culture.
hors texte. Librairie Gallimard, Paris ; pratiqué dans les pays tropicaux avec une am-
prix : 30 francs. pleur, que nous jugeons personnellement déses-
Nous avons rendu compte ici-même du pre-
pérante, est à la base de ce nomadisme cultural,
négation de tout progrès économique et social.
mier volume de cette belle et utile collection : L'auteur passe ensuite en revue l'utilisation
celui de G. Hardy ( La Terre et la Vie, n° 42, des bois pour la fumure des champs ou la
1934). Voici l'Homme et la Forêt, par Pierre Def-
fontaines. Un beau sujet, un grand sujet qui litière, pour les pacages(porcs, moutons, chèvres
n'intéresse pas seulement le géographe propre- surtout, qui causent des dommages considérables
ment dit, mais le naturaliste, l'économiste, et aux forêts). En vue du pacage, du reste, l'homme
toute une catégorie d'excellents esprits, placés s'est attaché à transformer les bois afin de
souvent en dehors de toute discipline et qui mettre la feuille à portée de la dent du bétail :
sont — j'allais dire : « tout simplement » — les taillis, pré-bois, garrouilles du Quercy.
protecteurs de la Nature. Un grand sujet qu'il La forêt offre pour la culture et l'élevage un
n'est pas facile de dominer et de synthétiser. obstacle, parfois un danger ; mais d'autre part
L'auteur l'a traité en réunissant une docu- la lutte sans pitié, sans mesure, que l'homme a
mentation considérable sur tous les aspects de engagée contre elle, fait apparaître sur le globe
la question et on trouve à chaque page des ob- ces formations secondaires, dits paysages de
servations, des détails, qui sont des faits de pure substitution : garrigues, landes ou brandes... et
géographie humaine. nous ajouterons savanes, qui presque toutes, les
botanistes tendent à s'accorder sur ce point,
L'introduction s'attache à définir la forêt, le sont des types de végétation secondaire.
vaste et intime complexe biologique qu'elle La forêt n'était-elle donc qu'une formation
constitue et distingue les forêts équatoriales, les naturelle à transformer, à remplacer ? Quelle
forêts sèches, les forêts tempérées. La richesse
formidable que représente la forêt, l'homme l'a fut, pour l'homme, son utilité immédiate,
utilisée plus qu'aucune autre ressource natu- propre, autonome ? C'est ce que P. Deffontaines
relle. Il a livré contre elle un combat incessant, examine dans le chapitre III : la cueillette en
n bouleversé le paysage forestier dont il a ré-
forêt. Voici donc les fruits des forêts (glands,
duit considérablement l'étendue. sorbes, châtaignes, baies) et les innombrables
La forêt pour lui, c'est tout d'abord l'obs- ressources de la sylve tropicale. L'homme en
tacle, obstacle jouant parfois le rôle de frontière retire aussi des condiments (arbres à sel, arbres
à sucre et l'auteur dit ici quelques mots du
et ayant une fonction militaire. — s'opposant sucre d'érable à la préparation et l'utilisation
d'autre part aux cultures et aux prairies né- duquel La Terre et la Vi2 a consacré un ar-
cessaires aux premiers domesticateurs. ticle, 1933, n 6), — des condiments, des bois-
Le coup d'oeil jeté par l'auteur sur l'histoire sons aussi, des corps gras, des résines, des
des défrichements est d'une lecture fort atta- gommes, des laques ; dans un autre ordre d'i-
chante. Aux colonies de défrichement fondées dées des vêtements (tapas), des coiffures, des
par les moines du XI* siècle (sauvetés) succèdent chaussures... Dans la forêt, à côté de la cueil-
les bastides ou villefranches du XIII" et à leur lette végétale, il y a les cueillettes animales
action d'ensemble s'est ajoutée celle, singuliè- (miel. surtout). Le chapitre se termine par trois
rement active, des petites gens. De nos jours en- pages intéressantes sur « les rites de cueillette
core, il existe une liaison entre la répartition en France ». L'auteur choisit comme exemple
des habitants et les anciens modes de défri- le Jura septentrional. On voit apparaître les
chement. Ici se place la colonisation dispersée, chercheurs de champignons, les ramasseurs de
particulièrement préjudiciable aux forêts. Plus fruits sauvages, de noisettes, on revit le cycle
de forêts, partout où elle s'est installée et dans qu'accomplissent, en exerçant ce métier spécial
des régions si favorables aux bois, cependant, qu'on appelle la thune (= la maraude). les
que l'arbre fait partie intégrante d'un paysage boisilleurs.
spécial, lentement constitué par l'homme : le La forêt, c'est encore la chasse (chapitre IV) :
paysage bocager. chasse comme moyen de défense agricole, chasses
Quand le défrichement forestier s'est associé seigneuriales, chasses aménagées, réservées...
au peuplement aggloméré, on a les champagnes, L'auteur s'attache, dans un dernier paragraphe,
les plaines, les coutures (cultures) : puis c'est à représenter la forêt comme un « re fuge de vie
le défrichement par le peuplement linéaire, primitive, un musée de civilisations arriérées ».
caractérisé par les champs en lanières, mode L'homme, dit-il, « succombe sous la puissance
spécial à l'Europe centrale s'étant infiltré dans des énergies végétales ».
les Ardennes et en Normandie. Signalons au lecteur l'intérêt du chapitre V :
la forêt et le combustible (p. 77-30). les faits très paradoxalement, comme l'a fait un géographe
nombreux, très suggestifs présentés dans le cha- français, « l'illusion du déboisement ». Les pro-
pitre VI : petits métiers du bois ; usage local ou tecteurs de la Nature n'ont point la prétention
économie générale (p. 91-105). Très intéressante d'entraver les effroyables exigences de l'activité
aussi l'étude sur le transport du bois (chapitre humaine. A cette activité, ils abandonnent la
VII, p. 106-119). surface de la terre, où demain il n'y aura que
Dès la plus haute antiquité, l'homme a tiré de forêts fabriquées et animaux domestiqués ; mais
la forêt les principaux de ses matériaux de ils réclament de minuscules espaces laissés à
construction — et dans les campagnes bocagères l'état de nature et mis à l'abri de toute inter-
privées de forêts, voici, encadrant la maison, vention humaine. En faveur de la protection de
des ormes, des chênes qui serviront à remplacer la Nature, il n'est pas du reste que des argu-
les pièces de bois altérées. Au cours du même ments sentimentaux. Il est des arguments scien-
chapitre (VIII), l'auteur montre l'intime liaison tifiques. Et d'autre part les botanistes et biogéo-
entre la culture de la vigne et la forêt, qui graphes tels que Perrier de la Bâthie, Cheva-
fournit échalas, cercles de tonneaux et ton- lier, Humbert, ont retracé dans de nombreux
neaux ;puis, l'auxiliaire précieux que trouvèrent travaux, l'irrémédiable et inutile gaspillage de
en elle les conquérants des mers et des fleuves la déforestation dans les pays tropicaux.
et le paragraphe « la forêt et la batellerie » est Ces brèves remarques n'atténuent en rien l'in-
sans conteste un des p!us attachants et des mieux térêt qu'offre l'ouvrage de P. Deffontaines. Un
venus de l'ouvrage. tel livre manquait et son auteur a pleinement
La part de technique introduite par P. Deffon- réalisé la difficile synthèse, dont nous parlions
taines dans son livre, se retrouve avec le cha- au début, d'un sujet complexe, aux si nombreux
pitre IX : l'horizon moderne de l'industrie du aspects, ramassé dans un titre évocateur de
bois (le plancher, le contre-plaqué, pâte de bois luttes, d'acquisitions fructueuses, et laissant
et cellulose...) entrevoir les lentes étapes du progrès humain :
L'homme a modifié encore la constitution l'homme et la forêt. Q PETIT
même des boisements ; il a recherché d'abord
les meilleurs bois de chauffage ; puis il substitua
aux chênes, aux charmes, qui le lui fournis-
P. CHOUX.
— Les Didiéréacées, xéro-
saient, les conifères, parce qu'ils donnent des phytes de Madagascar. Mémoires de l'Aca-
bois d'oeuvre excellents. Il a été amené à sou- démie malgache, fasc. XVII, 1934,69 pages,
mettre la forêt à des traitements adaptés à la XXI planches.
fonction productrice de bois et, de ce fait, il
est devenu protecteur et créateur de forêts Nous avons déjà signalé ici même la grande
(chap. XI). Car la forêt a ses ennemis (maladies et louable activité de l'Académie malgache. Le
cryptogamiques.Insectes) ; elle est menacée par dernier fascicule de ses mémoires publie un
des incendies et de gros efforts ont été accomplis travail de P. Choux, professeur à la Faculté
pour lutter contre ces divers périls. A la des- des Sciences de Caen, consacré à la remar-
truction sans compensation a succédé une poli- quable famille des Didiéréacées, exclusivement
tique de repeuplement, de reboisement. malgache.
En conclusion l'auteur consacre quelques Le genre Didierea ne comprend, selon l'au-
pages en faveur de la forêt (p. 165-179) action
: teur, qu'une espèce : D. madagascariensis
sur le climat, sur le régime des rivières ; la forêt H. Bâillon.
empêche ou limite les érosions, assainit l'atmos- Le genre Alluaudia renferme cinq espèces :
phère. L'arbre est aimé, fêté, sacré. C'est cet dumosa, comosa, procera, ascendens, ces quatre
amour de l'arbre, étendu à toute la Nature, qui espèces ayant été décrites par Drake, la cin-
est à base de la création des parcs nationaux. quième. Humberti décrite par Choux.
Car, comme l'écrit P. Deffontaines, « un véri-
table engouement pour le respect de la nature A ces deux genres, P. Choux a ajouté un troi-
semble avoir saisi nos contemporains. » Mais il sième : Dïcaryia, créé pour une nouvelle es-
ajoute « peut-être même va-t-on trop loin dans
;
pèce : D. madagascariensis.
cette voie. L'effort des hommes sur la terre Les Didiéréacées, au port si remarquable,
n'est pas de conserver et protéger, mais de faire comptent parmi les espèces xérophiles les plus
fructifier ; une extension excessive des parcs représentatives du domaine subdésertique du
nationaux nuirait à une juste utilisation des Sud-Ouest et servant à caractériser la forma-
richesses de la terre, autant que les abus de tion typique de ce domaine, la brousse à Eu-
jouissance qui, par réaction, avaient donné nais- phorbes et à Didierea. Cependant on peut trou-
sance à ce mouvement de protection. » Ailleurs ver des Didiéréacées dans le domaine du centre
(p. 47), il avait écrit : « le rôle des hommes sur (partie méridionale) et dans des parties du do-
la terre n'était certes pas de maintenir toute la maine de l'Ouest, très voisines du Centre.
couverture forestière et l'on serait mal venu de P. Choux après avoir discuté la place qui
leur tenir rigueur d'avoir été les principaux revient aux Didiéréacées dans la classification,
agents de déforestation ». conclut que ce sont des Sapindales ayant « de
Ainsi donc l'auteur prend nettement position leur organisation florale, des affinités avec
par Sapindacées,
au sujet de la part que prend, dans l'économie les le s Méliacées et les Anacar-
destructive, l'exploitation forestière. Du moins diacées, quoique ne pouvant être réunies à au-
faut-il lui savoir gré de n'avoir point soutenu cune de ces trois familles. »
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDÉE PAR LA

SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FHANCE

ET PUBLIÉE EN COLLABORATION AVEC LA


SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES, MARITIMES ET COLONIALES

4" ANNÉE — N° 7 Juillet 1934


SOMMAIRE
A. GRUVEL
.. L'Aquarium du Musée des Colonies et le nouveau Terrarium. 387
G. DE Gic-BmINY

R. JARRY DESLOGES.
.. Le Guépard, cjmpagnon des chevaliers . •
Note sur les plantes fruitières des régions tempérées
400

chaudes ou sub-tropicales dont la culture peut donner des


résultats satisfaisants sur la côte d'Azur. — Leur avenir
— au point de vue commercial .
409
F. EDOUARD-BLANC
.
80.000 kilomètres en chassant à travers l'Afrique.... 415
LADISLAS SZECSI. Sur l'art nègre 423z

CONSEILS AUX NATURALISTES. — Récolte, élevage et conservation


des larves aquatiques de Coléoptères, par HENRI BERTRAND
VARIÉTÉS. L'Aphrophore ou Cigale écumeuse. — Au sujet de
.... 428


Lepiota helveola. — Le parc national des lacs Waterton au Canada.. 431

NOUVELLES ET INFORMATIONS

...............
435

* PARMI LES LIVRES 446

La photographie reproduite sur la couverture, et qui représente


un Zèbre (Equus zébra Grewyi), est due à M. ED. DECHAMBRE.

RE VUE ".MENSUELLE
Abonnements : France et Colonies :75 fr. — Étranger : 90 fr. ou 105-fr. suivant les pays
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D'ACCLIMATATION DE FRANCE MARITIMES ET COLONIALES
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SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION
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raire au Muséum ; MM. Pierre CREPIN
DECHAMBRE professeur Archiviste :
honoraire , à l'Ecole Charles VAL01S ; Monseigneur FOUCHER.
d'Alfort ; Pierre MARIÉ ;
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Secrétaire aux publications. rédacteur en chef de La Terre et la Vie :
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ie docteur POLAILLON ; ;
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BUREAUX DES SECTIONS


Mammalogie Aquiculture Aquariums et Terrariums
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Vice-président : II. LETAHD. Vice-président : H. LOYER. Vice-présidents : Mme le D'
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Ornithologie Entomologie ROULE
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Vice-présidents : A.BERLIOZ; P.
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Secrétaire : M. LEGENDRE. Délégv.é du Conseil : le comte :

Délégué du Conseil : Ed DELAMARRE DE MONCHAUX Secrétaire : Ch VALOlS.


BOURDELLE. Délégué du Conseil : D' Ho-
Botanique . CHON-DUVIGNEAUD.
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Vice-président : GUILLAUMIN.
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de VILMORIN.

LIGUE FRANÇAISE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX


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MONCHAUX ; secrétaire général : A. CHAPPELLIER ; secrétaires : Mme FEUILLÉE-BILLOT,
MM. NICLOT, ROPARS ; trésorier : P. BARET; délégué du Conseil DR THIBOUT.
L'AQUARIUM DU MUSÉE DES COLONIES
ET LE NOUVEAU TERRARIUM
par
A. GRUVEL
Professeur au Muséum national d'histoire naturelle
Directeur de 1 Aquarium du Musée des Colonies (1)

Historique. exemple. Paris en était dépourvu :


les Poissons dits d'ornements qui
Des que fut décidée l'Exposition abondent dans nos possessions étaient
coloniale internationale de 1931, j'ai recueillis et exportés pour orner les
estimé que l'occasion se présentait, bacs des aquariums étrangers.
enfin, de pouvoir réaliser, en cette L'aquariophilie, cet intéressant passe-
circonstance, à Paris, une idée qui temps, cette science charmante et
m'était chère et à laquelle je songeais facile à acquérir, si florissante ail-
depuis longtemps, puisque j'avais leurs, était, pour ainsi dire, ignorée
déjà établi un projet pour l'exposi- chez nous, parce que rien n'avait
tion coloniale de Marseille (1922) : été fait pour en révéler tout l'intérêt.
un aquarium des eaux tropicales. Et, pour alimenter les aquariums
Il n'est pas superflu de faire res- d'un petit nombre d'initiés, les com-
sortir ici l'importance et l'utilité merçants français allaient acquérir
d'une telle réalisation. Toutes les dans les pays de l'Europe centrale,
capitales des grands pays du monde des Poissons directement impor tés de
ont leur aquarium dont elles s'enor- nos propres colonies.
gueillissent à" juste titre : Anvers, La création d'un grand aquarium,
Londres, Berlin, New-York, par modernement conçu. dans notre
capitale pouvait changer tout cela :
révéler au public les admirables
(1) En remerciant le professeur A. Gruvel, formes de Poissons vivant dans nos
d'avoir bien voulu donner aux lecteurs de La
Terre et la Vie. l'étude que nous publions
aujourd'hui sur l'aquarium et le terrarium du
eaux tropicales, répandre le goût des
Musée des Colonies, nous tenons à préciser que
aquariums d'appartement et indi-
cette œuvre de premier ordre a été réalisée sous
sa direction générale, avec la collaboration de
quer, enfin, la possibilité d'organi-
M. Besnard, sous-directeur, du sculpteur Landois ser, pour notre propre compte, entre
et de M. Laprade..architecte du Palais. M. Fu-
merand a assuré la construction des bacs. - nos colonies et la métropole, un actif
(N. D. L. R commerce de Poissons d'ornement.
Un aquarium digne de ce nom fut un moment question de suppri-
comprend toute une organisation mer, à l'aquarium, et pour quelque
fort complexe, et pour la mener à temps, lumière, chaleur et aération.
bien, il faut avant tout tenir compte La mesure proposée ne pouvait résis-
des exigences multiples de la vie que, ter à l'examen des faits les plus
sous diverses formes, il s'agit d'y élémentaires. L'arrêt de la lumière
maintenir. On n'improvise pas un et de la chaleur, même temporaire,
aquarium ; on ne saurait l'installer aurait entraîné, dans le plus bref
au petit bonheur : on le crée de délai, la disparition des espèces ani-
toutes pièces et on le loge dans une males et végétales. L'abandon de
construction spécialement disposée l'aquarium pendant seulement quel-
pour faire bénéficier plantes et ani- ques mois devait entraîner sa réfec-
maux de la lumière du jour. Le pro- tion totale et des frais considérables.
jet que j'avais présenté consistait On s'est, du reste, rapidement rendu
donc, logiquement, à construire, au à l'évidence. L'aquarium fut main-
sein de l'exposition, un bâtiment tenu et rouvert au public dans un
ordonné pour y__placer des aqua- très court délai. Bien que peu de
riums. Pour des raisons sur les- publicité ait été faite autour de cette
quelles il est inutile de revenir ici, ce organisation, son succès ne s'est pas
projet n'a pu être réalisé. Mais l'idée démenti et ne fait que s'accroître.
avait séduit le commissariat général Ses installations se perfectionnent.
et les architectes de l'exposition, et Nous verrons par la suite ce qu'il
l'on me demanda de réaliser un convient de réaliser pour qu'il puisse
aquarium dans le sous-sol du Musée occuper uue tonte première place
des Colonies, que nombre d'expo- parmi les aquariums les plus célèbres
sants avaient dédaigné. Il ne s'agissait de l'étranger.
plus de construire un bâtiment adapté Il convient d'ajouter que le pro-
à sa destination ; il s'agissait d'adap- duit des entrées comble dès mainte-
ter l'organisation des aquariums à un nant les frais de fonctionnement :
local privé de lumière solaire et, en l'aquarium du Musée dès-Colonies se
partie, d'air et qu'il était impossible suffit, ainsi, à lui-même, sans occa-
de modifier. sionner de dépenses à l'Etat.
Cette condition suscita de grandes
difficultés, non seulement pour tirer Coup d'œil d'ensemble
parti de la disposition du sous-sol, sur l'aquarium.
du point de vue présentation, mais
aussi, du point de vue technique, Le sous-sol du Musée des Colonies
pour créer les conditions nécessaires affecté à l'aquarium comprend une
à la vie des hôtes délicats et capri- grande salle formant un carré de
cieux d'un grand aquarium. 20 mètres de côté et -une sorte de
Ces difficultés ont été vaincues et hall, situé sous l'escalier d'honneur et
on sait le succès considérable obtenu qui communique avec la grande salle
par l'aquarium du Musée des Colo- légèrement en contre-bas, par une
nies au cours de l'exposition, puis- large baie.. Les autres faces de la
qu'il a reçu. dans une même jour- grande salle sont percées en leurs
née, jusqu'à 60.000 visiteurs.- milieux, de larges portes. Cette dis-
Lorsqu'à la fin de l'exposition, ce position imposait l'aménagement de
Musée fut temporairement fermé, il quatre groupes ou sections d'aqua-
riunis, occupant chacune un des ne s'imagine pas qu'en arrière se
angles du la salle en question. Sous trouvent de vastes coulisses où se
l'escalier d'honneur, on a pu amé- poursuit le travail continuel et déli-
nager une cinquième section, diffé- cat d'entretien et de surveillance.
rente des précédentes en raison de Pénétrons par une des portes dis-
la dimension plus petite des aqua- crètes par lesquelles on accède dans

riums qui la composent, lesquels les sections depuis la salle. Quelques


sont disposés en deux rangées super- marches vous élèvent sur un caille-
posées et aussi en raison de sa des- botis amovible formant plancher.
tination particulière : c'est la sec- Les bacs apparaissent désormais
tion des Poissons d'ornement vivant légèrement en contre-bas, ce qui
dans les eaux tropicales. facilite le travail de nettoyage. Mais
Enfin, entre la section tropicale ici, on se trouve en présence d'un
et les grandes marches qui con- appareillage complexe : compresseurs
duisent dans la grande salle, est d'air, pompes de circulation, com
aménagé le petit, et hier encore, mandes de réglage du chauffage cen-
l'unique terrarium. Chaque section tral, du chauffage électrique, de l'éclai-
de la grande snlle est donc indépen- rage. de l'adduction d'eau. etc. Le vi-
dante. Le public qui passe devant siteur a l'impression d'entrer dans la
les baies éclairées des aquariums, salle des machines de quelque usine
Même impression quand on pé- réglé automatiquement parlhermos-
nètre dans les coulisses de la cin- Lat. Notons encore les appareils
quième section. En outre, celle-ci d'éclairage spécialement étudiés et
communique avec des salles annexes une arrivée d'eau chaude avec un
comprenant : réserve, hôpital, bacs mélangeur pour le remplissage des
d'élevage, laboratoire, bureau du aquarium-s. L'air comprimé est obte-
Directeur. Ce sont là les seuls locaux nu par une pompe automatique et
qui, s'ouvrant par des fenêtres sur la emmagasiné dans un réservoir ; il est
façade du Musée, reçoivent la lu- amené par des canalisations dans les
mière du jour. Le service a, encore, différentes sections où il est détendu
à sa disposition une serre chaude, et distribué dans les bacs sous une plus
récemment construite dans la cour faible pression. Le chauffage s'effec-
du Musée. tue au moyen d'eau chaude ; il est
Enfin, un peu à l'ouest et à l'est obtenu par une centrale desservant
de la grande salle, l'aquarium pos- tout l'ensemble de l'aquarium. Ce
sède en outre deux pièces en voie n'est pas tout. L'une de ces quatre sec-
d'aménagement et qui sont destinées tions possède une installation assez
à une bibliothèque et un laboratoire complexe pour permettre l'organisa-
de recherches pour des travailleurs tion d'aquariums d'eau de mer. L'eau
scientifiques étrangers à l'établisse- de mer, en effet, exige, pour rester
ment. salubre, des soins spéciaux:-filtrages,
\ brassages, aérations, décantations,
Détail de l'agencement etc. De là, tout un système de pompes
des sections. aspirantes et foulantes, à déclanche-
ment et arrêt automatiques. L'eau
Deux des sections de la grande salle des trop-pleins des aquariums est
comprennent, chacune, six bacs en ci- amenée dans un bac de décantation
mentarmé,avecglaceintérieure:l'une installé dans le sous-sol inférieur du
réalise une baie de 115 x 270 cm., Musée et d'une capacité de plus de
une autre de 78 X 74 cm. et quatre
1 24.000 litres. Une fois décantée, l'eau
de 128x74 cm. Les deux autres de ce bac est aspirée et montée dans
sections offrent deux autres aqua- un réservoir placé sur le toit 'du bâti-
riums de plus que les précédentes : ment. De là, elle est envoyée dans
l'un très grand (320 x 1 15 cm.), une colonne descendante d'où, par
l'autre plus petit. Il est intéressant son propre poids, elle tombe, enfin,
d'attirer l'attention sur le fait que dans les bacs.
ces bacs possèdent les plus grandes La cinquième section, celle des
glaces utilisées d'un seul tenant dans aquariums tropicaux, comprend 28
les installations similaires, du moins cuves disposées, nous l'avons dit, en
en ce qui concerne leur longueur. deux rangées superposées. Leurs
Selon ses dimensions, chaque bac dimensions sont variables. Elles vont
possède une ou deux arrivées d'eau, de 38 x 20 cm. à 90 x 35 cm.
un ou deux trop-pleins, une ou deux Quant au petit terrarium, il forme
vidanges, de deux à quatre arrivées une fosse de 6 mètres de longueur,
d'air comprimé pour aération de avec rocailles ornées de plantes, plage
l'eau, un chauffage particulier par et petite étendue d'eau. l'une etl'autre
élément chauffant, auquel s'ajoute chauffée.
un chauffage électrique de secours, Les annexes de l'aquarium, où le
public n'apas accès, ont un rôle de des bacs, de la composition chimique
premier ordre pour assurer le fonc- de leur eau, notamment de l'eau de
tionnement de l'ensemble de l'orga- mer. Dans ce laboratoire. M. W.
nisation. Besnard, sous-directeur de l'Aqua-
La réserve comprend une trentaine rium, a fait de fructueuses expé-
d'aquariums de dimensions diverses ; riences sur le comportement des
réserves où sont conservés les Pois- plantes vertes privées de la lumière
sons non exposés au public, mais du jour. Les résultats en ont été com-
aussi hôpital, où l'on traite les muniqués récemment à l'Académie
malades, les blessés au cours de des Sciences.
quelque combat amoureux, où se La serre, mentionnée plus haut,
font les opérations et les autopsies a été construite l'automne dernier.
quand il y a décès. Les aménagements sont maintenant
Le laboratoire, fort bien outillé en terminés. Elle doit servir, d'une part,
matériel de recherches et instruments à la culture des plantes aquatiques
d'optique (microscopes monoculaire nécessaires à la plantation des bacs et
et binoculaire, microtome, étuves, aquariums, d'autre part à l'élevage
colorants, matières chimiques, etc.) des Poissons rares et coûteux. Retar-
sert aux travaux d'ordre biologique, dée dans sa construction pour des
chimique, pathologique. On y effectue raisons d'engagement de crédits,
la surveillance d-e l'état biologique elle n'a pu rendre les services qu'on
en attendait depuis mars dernier, et qui offrent la particularité de res-
la période de végétation des plantes pirer, à la rois. par leurs branchies
et la période des pontes étant ter- et leur vessie natatoire fonctionnant
minées quand on y a eu accès. comme un poumon ; les Metynnis ou
Enfin, le laboratoire ouvert aux Piranhas aux mâchoires acérées, qui
travailleurs des instituts scientifiques vivent en bandes xians les courants
de France ou de l'étranger aura une de l'Amazone et sont capables de
incontestable utilité. Les diverses dévorer, en peu de temps, des ca-
études concernant les animaux aqua- davres de grands animaux ; tout un
tiques ne peuvent être effectuées que bac montre au public div-erses espèces
grâce à des aménagements très spé- de Cichlidés remarquables par cer-
ciaux qu'offre l'aquarium du Misée tains traits de leur biologie et notam-
des Colonies et à des conditions qui ment par les soins dont ils entourent
ne peuvent être normalement réali- leur progéniture. Le public fait grand
sées dans les laboratoires ordinaires succès aux Hippocampes si curieux
qu'avec des dépenses considérables. quand ils se déplacent en se tenant
Qu'il nous soit permis d'insister à par la queue et s'arrête toujours avec
cette occasion sur le fait qu'un grand intérêt devant le bac où évoluent des
aquarium du type de celui qui a été monstres auxquels la nature enlève
créé ne saurait fonctionner sans un tout grotesque pour ne laisser que de
service scientifique annexe. La pré- la grâce et de l'étrangeté : les Pois-
sentation au public, dans un ordre sons queue de voile et les Poissons
aussi artistique que possible, de Pois- télescopes. Signalons encore une
sons rares et curieux, n'est qu'un magnifique collection de Poissons-
élément tangible de cette organisa- combattants, les Scalaires si décora-
tion. Il faut noter, en outre, que les tifs, les Scatophages, les Tetrodons,
recherches scientifiques auxquelles les Psettus. Une mention spéciale au
-un tel ensemble peut donner lieu Pnntodon, orné de brillantes couleurs
n'ont pas seulement un intérêt pra- et dont les pectorales s'étalent comme
tique et direct, mais peuvent avoir des ailes. On lui donne parfois le nom
une porlée générale. de Poisson-papillon ; il peut, du reste,
voleter un instant au-dessus de son
La faune et la flore à l'aquarium domaine aquatique, à la poursuite
du Musée des Colonies. des insectes. Le Périophtalme est
également représenté dans les collec-
La faune présentée à l'aquarium tions du Musée des Colonies. Ce Pois-
du Musée des Colonies comprend des son, lui, ne-vole pas; mais il se pro-
Poissons, des Batraciens et des Rep- mène, ses gros. yeux dressés côte à
tiles. Nous ne pouvons, ici, en don- côte et sautille à la recherche des
ner un inventaire complet et détaillé. menus animaux qui font sa nourri-
Nous mentionnerons seulement les ture. Mais il faut citer aussi le très
espèces les plus remarquables. beau bac peuplé d'Ophiocéphales.
Citons les Prœmnas, Poissons des nés dans les élevages du Laboratoire,
jardins de coraux, dont la couleur et d autres Poissons encore aux formes
dessine une ornementation pleine gracieuses et au merveilleux coloris :
d'imprévu ; les Lepidosiren dont les Badis, Ambassis, Osphronemus, Fun-
nageoires pectorales et ventrales sont dulus. etc.
réduites à une sorte de grêle stylet Les Tortues marines sont repré-
sentées par de vraies et fausses Tor- — et les Pipas, dont la femelle porte
tues à écaille et par un remarquable sur son dos ses œufs dans des cel-
spécimen de Tortue franche mesu- lules formées par la peau tuméfiée,
rant plus d'un mètre de long: et pesant cellules munies d'un opercule et où
180 kilogs; les Tortues d'eau douce, éclosent les jeunes
par les Trioyx à carapace discoïdale Enfin, dans le petit terrarium ac-

et molle qu'il est curieux de voir s'en- tud, se trouvent des Varans, des
foncer dans le sable du fond de leur Crocodiles, des Alligators et des
bac, laissant émerger leur long cou, Tortues de diverses espèces.
et par l'extraordinaire Matamata, au Toutes les formes qui peuplent les
cou ridé et frangé, à la tête aplatie, différentes parties de l'aquarium du
triangulaire, et dont la carapace pré- Musée des Colonies se meuvent dans
sente deux profondes et larges gout- un cadre fort décoratif, de plantes
tières longitudinales. aquatiques et de rocailles. Ces plantes
La collection des Batraciens com- sont elles-mêmes très variées et il
prend des Axolotls, larves d'une Sala- nous suffira de citer ici les Myrio-
mandre du Mexique qui présente la phyles, Ludwigia, Nénuphars. Sagit-
remarquable particularité de se repro- taires, Cryptocorines, Vallisneria, les
duire sous cette'forme, reculant dans curieuses Oviondrana de Madagascar,
le temps sa métamorphose en adulte aux feuilles fenestrées, etc.
En outre, dans les aquariums de la la lumière solaire, d'un coin de
cinquième section, le paysage est brousse tropicale plein de vie, exige,
pour ainsi dire prolongé par des comme on peut le penser, des amé-
peintures sur verre qui sont placées nagements techniques très compli-
contre la paroi postérieure Je chaque qués. La présentation artistique
bac. d'une semblable organisation est
En terminant ce très rapide aperçu, d'une importance capitale et de plus,
il n'est pas possible de passer sous il était nécessaire de réaliser une
silence la très intéressante amorce, somme de conditions indispensables
d-ans les diflérentes parties du grand à la vie même des animaux et — ce
hall, d'un musée de la pêche indigène qui est plus difficile encore — à
aux colonies. celle des plantes tropicales, si déli-
Ce rnusée s'étendrait très rapide- cates, et si exigeantes, en général,
ment, si on voulait bien lui réserver dans un milieu privé totalement de
une place qui existe et qui dépend si lumière solaire et où l'air, mal renou-
directement de l'ensemble de l'aqua- velé, est plus ou moins vicié.
rium. Il constituerait un document On disposait, comme emplace-
ethnographique et didactique de pre- ment, d'une cuve de forme elliptique
mier ordre. mesurant 16 mètres de long sur
14 mètres de petit diamètre ; il
Le grand terrarium. s'agissait donc de transformer cette
cuve en paysage tropical. Pour
Le planisphère qui, pendant l'ex- atteindre ce but, il fallait :
position coloniale, avait été installé 10 créer un paysage nu représem-
au centre de l'aquarium du Musée tant des rochers, des falaises, le lit
des Colonies était devenu, malgré d'un torrent, une chute d'eau, etc. ;
une surveillance attentive, un véri- 2° réaliser dans ce cadre une
table dépotoir où le public jetait, sans
atmosphère chaude et humide ana-
ménagement, des bouts de cigarettes, logue à celle des pays tropicaux ;
des papiers et tous les impedimenta
dont il voulait se débarrasser rapide- 3° constituer un ensemble de
ment. plantes tropicales simulant la
Comme l'appareil qui, dans ce brousse ;
planisphère, devait actionner tout un 4° obtenir un système d'éclairage
système de bateaux ne fonctionnait double : l'un très vif, destiné à être
plus depuis longtemps on avait pensé utilisé pendant les heures de visite du
qu'il y avait mieux à faire que de- public ; l'autre, plus faible, qui ne
laisser subsister cette installation et devait servir qu'à fournir aux plantes
qu'il serait, peut-être, plus intéres- et aux animaux des rayons lumineux
sant, pour le public, de la remplacer, se rapprochant le plus possible des
étant donné sa profondeur, par un rayons solaires ;
grand terrarium tropical. 50 obtenir un chauffage conve-
C'est en effet ce qui fut décidé, il y nable de l'ensemble, en prévoyant
a déjà plus d'un an et qui vient, une répartition judicieuse de ce
.enfin, d'être réalisé. Mais il a fallu, chauffage entre les plages de sable et
pour ce faire, vaincre de grandes les bassins ;
difficultés, car la reconstitution, dans 6" alimenter la chute d'eau et les
un sous-sol parisien non éclairé par bassins en eau chaude et ce en quan-
tité suffisante, sans faire une con- d'après des photographies, un coin
sommation d'eau exagérée ; de l'Afrique Equatoriale. Ce paysage
7° prévoir un mode d'arrosage comprend : d'abord un grand rocher
simulant la pluie chaude et fine d< s schisteux, surplombant une chute
tropiques ; enfin, d'eau de 5 mètres de haut, tombant
8° parer à un certain nombre de
dans un système de trois bassins
difficultés d'ordre technique, comme superposés, séparés les uns des autres
l'évacuation des eaux de rebut jus- par des affleurements rocheux for-
qu'à l'égout, etc. mant cascade et une plage de sable
séparant le lit du torrent du rocher
schisteux derrière lequel on a présenté
un coin de brousse tropicale. Le
La mise au point du paysage nu a pourtour de la cuve primitive est
été confiée à un artiste de valeur, constitué par des falaises latéritiques,
M. Landois qui, précédemment déjà, avec des éboulis de blocs de grès
avait décoré tous les bacs.de l'aqua- couverts d'une végétation appropriée.
rium. M. Landois a reconstitué là, Pour obtenir à l'intérieur de cet
ensemble une atmosphère chaude et et un autre, plus restreint et, partant,
humide nécessaire au développement plus économique, servant à éclairer
de la végétation et à la vitalité des les plantes et les animaux pendant le
animaux, il était indispensable de temps voulu, en dehors des heures
séparer le terrarium du reste de la d'ouverture. Ce dernier circuit est
salle. A cet effet, M. Laprade, archi- obtenu au moyen de lampes spéciales
tecte du Palais, a fait aménager tout construites par la Compagnie des
autour de la cuve une verrière de Lampes et fournissant une lumière
même forme, à l'intérieur de laquelle dont le spectre est aussi rapproché
le public peut circuler dans un sens que possible de celui de la lumière
déterminé, obligatoire pour la visite solaire. L'action de ces lampes spé-
facile et ordonnée aux heures ciales sur les plantes a fait l'objet
d'affluence. d'études particulières, poursuivies à
L'air est renouvelé par un système l'aquarium même depuis plus de
de ventilateurs assez compliqué : un deux ans et ce sont ces lampes qui,
carneau de grande section est ins- depuis longtemps déjà fournissent un
tallé dans le sous-sol inférieur ; il tiers de l'éclairage des bacs de
à
prend l'air frais l'extérieur du bâti l'aquarium. Elles sont disposées de
ment, le chauffe en passant sur un façon à utiliser le maximum de leurs
radiateur filtrant et le refoule au rayons et munies à cet effet de réflec-
moyen d'un ventilateur, dans le ter- teurs de forme et de matière appro-
rarium., au tiers environ de la hau- priées.
teur. Sur son passage, cet air chauffé Le chauffage est obtenu par une
peut être ozonisé par un appareil installation centrale, à eau chaude,
approprié. Enfin, dans le tiers su- dépendant du chauffage général de
périeur de la hauteur du terrarium, f aquarium. Elle est constituée par
sont aménagées deux bouches d'as- un système de radiateurs réglables à
piration qui rejettent l'air vicié sur volonté et invisibles pour le public.
le toit du bâtiment. Certains de ces radiateurs sont du
On obtient le degré d'humidité type ordinaire de chauffage, mais
nécessaire grâce à un arrosage plus d'autres sont disposés en forme de
ou moins intensif et à l'évaporation grilles ou de serpentins, de dimen-
se produisant à la surface de l'eau sions et de formes variées et dissimu-
des bassins, eau qui est, comme nous lés dans la masse du ciment consti-
l'avons dit, chauffée. tuant le fond des trois bassins et de
L'arrosage des plantes est obtenu la plage de sable. On a, en outre,
au moyen d'un système de brui- réservé dans un coin pour la ponte
neuses disposées de telle manière des crocodiles, une petite plage de
qu'elles peuvent provoquer, à volonté, sable chauffée par un radiateur auto-
une véritable pluie chaude et très nome.
fine. Ces bruineuses sont actionnées Le chauffage de l'eau de circula-
par une pompe spéciale qui puise tion provenant du circuit de la ville
l'eau tiède dans le circuit fermé des est obtenu à l aide d'un réchauffeur
bassins et de la chute. branché sur le circuit général et réglé
L'éclairage est assuré, comme par un thermostat.
nous lavons dit plus haut, pa-rdeux Le système de circulation de l'eau
circuits distincts : un premier, inten- dans son ensemble est, peut-être, la
sif, utilisé pendant la visite du public partie la plus compliquée de l'instal-
lation. En dehors de la chute eL des au moyen de la même pompe. les
trois bassins, visibles par le public. eaux de rebut directement du bassin
il comprend une,série d'organes spé- central où elles sont concentrées,
ciaux. L'eau du dernier bassin est dans l'égout de la ville. Ce dispositif
reprise par un trop-plein qui la ingénieux permet ainsi d'économiser
déverse lui-même dans une série de l'eau et le chauffage dans des pro-
filtres décanteurs, d'où elle passe portions très intéressantes.

dans un.récipient central constituant, L'arrosage par pluie artificielle est


par sa masse, un volant important assuré, d'une part, par une brui-
dans l'eau de circuit. Une pompe neuse circulaire et, d'autre part, par
puissante quipeutdébiter3.600litres- une série .de becs disposés sur le
minute, aspire l'eau dans ce bassin grand rocher. L'eau d'arrosage est
central et la refoule dans l'alimenta- puisée dans le bac central par une
tion de la chute, en passant par le pompe autonome et refoulée sous
réchau fleur. forte pression dans les appareils de
D'autre part, comme le fond du jet.
bassin est à un niveau inférieur à Les pompes diverses sont action-
celui des égouts desservant le Musée, nées et l'éclairage assuré par des
on a dû installer tout un système de courants force et lumière de 220 et
canalisations et de vannes permet- 110 volts. Comme les plantes qui
tant, pour les nettoyages, de refouler garnissent abondamment le terra-
ri u m exigent, pour vivre et se déve- mettent le drainage pour l'évacua-
lopper, une irradiation minimum par tion des eaux et l'aération du sol ; au-
lampes solaires, en dehors des dessus, se trouvent les couches de
quelques heures de visite du public, terre végétale et d humus.
on a installé un dispositif commandé L'évacuation des eaux et l'aération
par une horloge électrique qui dé- du sol sont obtenues par de très
clenche automatiquement le courant, nombreux trous qui se trouvent au

de bonne heure dans la matinée et le fond des différentes cuves. L'eau


coupe il midi. La commande de tout d'arrosage qui en sort est captée par
l'appareillage électrique peut s'obte- des collecteurs qui la ramènent dans
nir directement ou bien par l'inter- la cuve centrale d'où elle peut être
médiaire d'un tableau silué dans la évacuée à l'extérieur.
salle. Dans les bassins circulent une
Les bacs contenant les différentes bande de Crocodiles et de Tortues et
plantes tropicales sont construits de le paysage est, en outre, agrémenté
telle manière et d'une telle profon- par un nombre considérable de petits
deur que leur remplissage est consti- Oiseaux tropicaux, de diverses
tué par plusieurs couches de maté- espèces, qui donnent à l'ensemble,
riaux : dabord. à la partie infé- une couleur et une vie exotiques
rieure. les couches de sable. escar- extraordinaires.
billes et tessons de pots qui per- Comme on le voit par la descrip-
tion que nous venons de donner de heureux l'ensemble de l'aquarium.
l'installation de ce grand terrarium, En second lieu, aux angles de cha-
que l'on peut dire unique au monde, cune des sections de la grande salle,
on a cherché à réaliser, dans ce coin actuellement occupés par une glace
de l'aquarium, les conditions néces- en verre dépoli, il est tout à fait
saires à la vie des plantes et des ani-nécessaire d'organiser de petits ter-
maux tropicaux. rariums. La ligne générale de la
salle y gagnera largement.
En outre, quelques travaux d'ordre
technique apparaissent encore néces-
La réalisation du grand terrarium saires, parmi lesquels se placentl'ins-
n'est qu'un pas accompli parmi nos tallation du laboratoire de recherches.
projets d'avenir. Ces projets nous les Tous ces projets, qui n'ont pour
envisageons avec un sentiment d'ab- but que l'embellissement de l'aqua-
solue nécessité. Tout d'abord, il est rium et le perfectionnement, de son
tout à fait indispensable d'agrandir installation générale, n'exigeraient
la 5e section. Elle-abrite déjà des point d'importantes sommes. Nous
animaux d'un grand intérêt; mais sommes certain de pouvoir les réa-
elle est manifestement trop petite. liser d'ici peu, encouragés par l'in-
Son élargissement permettrait d'ex- térêt de pins en plus grand que té-
poser une collection vraiment unique moigne à cette création, le public
et modifierait dans un sens très parisien.
LE GUÉPARD
COMPAGNON DES CHEVALIERS
par
le Comte GUY DE GERMINY

Le but de ce travail étant de retra- meute ; il chasse à vue, comme le


cer le rôle que le Guépard a joué Lévrier, et doit être porté sur le ter-
dans l'histoire comme auxiliaire des rain à la manière du Faucon. La mode
chasseurs, nous ne mentionnerons indienne de chaperonner le Guépard
que très brièvement les caractères — mode qui ne fut jamais l'analogie
usitée en
morphologiques et biologiques de ce Europe — accentue encore
Félin bien connu de tous les amateurs entre la chasse au Guépard et la fau-
de zoologie. connerie.
Ces caractères, dont plusieurs sont L'une et l'autre exigeant des condi-
propres aux Canidés, ont fait donner tions particulières pour réussir, elles
au Guépard le nom générique de demeurèrent l'apanage d une élite
Cynaelurus, nom qui indique que aristocratique qui préférait chasser
l'animal marque une transition entre peu, mais avec élégance ; et sous ce
deux grandes familles de l'ordre des rapport, la chasse au Guépard était à
Carnivores. la chasse aux toiles ce que la vénerie
Sa tête arrondie, sa robe mouche- est à la battue.
tée, l'apparentent indiscutablement L'espèce la plus intéressante est le
aux Chats, tandis que ses longues «
Chittah » d'Asie (C. jubatus) à
pattes, ses griffes émoussées et à courte crinière; c'est ce Guépard,
peine rétractiles, une réelle intel- particulièrement docile et intelligent,
ligence et une certaine douceur de que nous allons voir au service des
caractère, le rapprochent des Chiens grands princes de l'Antiquité, du
et le rendent susceptible d'être dressé Moyen Age et même des Temps Mo-
comme eux à la chasse. dernes.
Rappelons, cependant, que ce dres-
sage est très particulier, l'animal étant
loin de posséder le flair d'un Setter Les Egyptiens on t connu le Guépard
ou la résistance d'un Griffon de et l'ont reproduit, principalement
dans leurs peintures et sculptures portant de forts colliers, conclut à
funéraires. L'avaient-ils apprivoisé leur complète domestication.
au point de le faire chasser pour eux ? Nous avons examiné ces reproduc-
G. de Mortillet (1 ), s'appuyant sur tions dans les grands in-folio de

les reproductions de Champollion et Roselini (1). Cet auteur nous montre


de Prisse d'Avenues (2) qui repré- effectivement deux Guépards captifs.
sentent des Guépards mate et femelle Sculptés sur les murs du temple de
Beit-Ouaili, ils figurent dans un cor-
il Origities de la Chasse.
2 Histoire de l'Art Eg y D tien. (Il I monumenti dell' Egitto et della Nubia.
tège qui apporte à Ramsès II les pré- Guépard. Les Hellènes auraient-ils
sents de la Nubie vaincue. Les deux eu connaissance de cette chasse pat-
atlophores du Pharaon lui présentent leurs compatriotes établis en Asie-
également une Girafe et d'autres ani- Mineure ?
maux curieux du pays. Il n'est pas Des Guépards indiens et nubiens
prouvé que ces bêtes fussent dressées. sont importés à Rome, mais unique-
Même objection au sujet du Guépard ment pour les jeux du Cirque.
peint sur les tombes de Beni-Hassan ; A la chute de l'Empire Romain
il défile entre un Ours et un Eléphant la chasse au Guépard est pratiquée
enchaînés. Dans la même nécropole en Syrie et en Arabie: au cours du
nous voyons deux autres Guépards, Moyen Age elle s'étend à l'Arménie
en liberté ceux-ci. Un troisième, affu- dont le souverain possède une meute
blé d'une tête humaine sur le dos, de cent Guépards (1). En Perse, même
représente sans doute quelque génie enthousiasme, mais les témoignages
du désert. artistiques précis nous font défaut.
Toutefois, ce ne sont pas ces ma- Dans les fresques d'Ispahan on voit
nifestations artistiques qui prouve- de gracieuses scènes de chasse,
raient, selon nous, la domestication malheureusement le fauve qu'elles
du Guépard par les Egyptiens, mais représentent paraîtêtre une Pan-
plutôt un simple raisonnement. Etant thère et nous ne reproduisons cette
donné que les Pharaons des XVIle et photographie qu'à titre de simple
XVIIIe dynasties se faisaient suivre à curiosité.
la chasse et à la guerre par des Lions Tamerlan entraîne des Guépards
familiers, on peut conclure logique- dans les steppes à la poursuite des
ment qu'ils étaient parvenus au Saïgas et leur fait monter la garde
même résultat avec des Guépards, devant sa « Yourte x de feutre. Son
bêtes beaucoup plus faciles à dresser. descendant, le Grand Mogol Akbar,
Ils -pouvaient se procurer le Chittah a plus de mille Chittahs dressés.
en Arabie ; quant au « Fahd » (C.
guttatus), il était fort commun en
Haute-Egypte. C'est du reste à cette
dernière espèce, — reconnaissable à C'est au cours des premières Croi-
son absence de crinière — qu'appar- sades que les Francs ont connais-
tient la femelle enchaînée de Beni- sance du Guépard domestique. Ils
Hassan reproduite ci-dessus. sont aussitôt saisis d'admiration pour
Les bas-reliefs assyriens nous ce nouveau compagnon de chasse.
montrent des Félins se rapprochant Dans les passages qui vont suivre,
comme forme du Cynaelurus : il est il ne sera question que du « Léo-
malheureusement impossible de sa- pard ». ce nom ayant autrefois dési-
voir s'ils figurent comme alliés de gné le Cynaelurus asiatique. On le
l'homme ou au contraire comme gros croyait issu du Lion.et de la Panthère
gibier. (toujours à cause de sa petite cri-
Une sculpture grecque du Louvre nière). Ce n'est qu'à une époque très
représente un Lièvre jouant avec un récente que cette appellation est deve-
gros Chat tacheté que Dunoyer de nue synonyme de Panthère. Dans
Noirmont (1) suppose être un jeune
(1) D'après une Relation de Joseph Barbaro,
(1) Histoire de la Chasse en France (Tome III). 1474, citée par Noirmont.
certains auteurs, le Guépard est éga- manqua pas de ramener un de ces
lement qualifié d' « Oince » qui de- animaux dans ses Etats.
viendra plus tard « Once », nom La Chroniquedes Religieux de Saint-
réservé aujourd'hui à la Panthère des Denys affirme, que Bernabo Visconti, \
neiges. duc de Milan, avait des Léopards 1

Parmi les Croisés qui parlent du chasseurs et qu'il s'en servit jusqu'à
Guépard, citons Jacques de Vitry, sa mort (1385).
chroniqueur du XIIIe siècle, qui s'ex- Pendant tout le XIVe siècle la
prime ainsi : maison d'Esté se distingue dans
«
Les Léopards, ainsi nommés l'élevage des Guépards, et des chas-
« parce qu'ils sont semblables aux seurs spécialisés, nommés parderi
« Lions par la tête, quoiqu'ils ne (léopardiers), sont formés dans les
«
soient ni aussi grands, ni aussi diverses petites cours d'Italie qui
«
forts, deviennent tellement doux adoptent cette manière de chasser.
«
dans les mains de l'homme, qu'ils Le comte de Lucques, Castruccio
« le suivent à la chasse comme des Castracani, vit entouré de Léopards
«
Chiens ». qu'il appelle « ses fidèles amis ». Il
Vers cette même époque l'empe- suit les chasses avec son Guépard
reur Frédéric Il d'Allemagne, décri- posé sur un coussin qui est fixé en
vant les Quadrupèdes qui servent à croupe de son cheval.
la chasse, cite le Léopard et le Lynx Florence et Milan sacrifient éga-
et son contemporain Vincent de lement à la nouvelle mode : et dans
Beauvais nous a laissé les lignes sui- les Chroniques de Mathieu de Coussy
vantes : nous lisons qu'en 1459 messire
« On le dresse à chasser ; pour
Adolphe de Clèves, ambassadeur de
cela on le lâche après l'avoir amené Bourgogne à Milan, fut invité aux
près du gibier. S'il n'a pu le prendre chasses du duc François Sforza et vit
au quatrième ou cinquième bond, « des l yépards à cheval derrière
il s'arrête furieux ; et si le chasseur « hommesprendre lièvres et chevreulx. »
ne lui présente aussitôt une bête
quelconque dont le sang apaise sa
rage, il se jette sur lui ou sur tout
autre assistant » (1). Il est difficile de savoir exactement
Le Guépard a dû pénétrer en Europe
quelle date le premier Guépard
grâce aux Turcs qui l'ont importé àapprivoisé
Macédoine dans est arrivé en France.
en et les îles de la Certains historiens
pensent
mer Egée ; mais ce sont les Italiens de Louis ,XII provenaient que ceux
du butin
qui l'ont mis à la mode en Occident.
enlevé en 1499 à Ludovic Sforza,
Le premier amateur en date paraît fils du duc François, lorsque prince
être Nicolas d'Esté qui, en 1314, au fut fait prisonnier et transporté ce
au
cours d'un voyage à Jérusalefn, s'ar- château de Loches. Nous savons
rêta quelque temps dans l'île de d'autre part qu'Hercule 1er d'Esté
Chypre. Il y assista à une chasse avec rendit précisément à Milan, cette
se
un Guépard et, enthousiasmé, ne même année, pour y saluer le roi de
France et qu'il s'y fit accompagner
(t) Traduit de Speculum Majus. Tmprimé à par sa
meute de Félins dressés. En
Strasbourg en 1473. 1510, son frère 'le cardinal Hippo-
lyte d'Esté, envoya à Louis XII un chasses antérieures à l'arrivée du fa-
de ses meilleurs animaux. meux pardo de Ferrare.
Les hauts faits de ce Guépard sont Mais les prouesses de ce dernier
relatés dans plusieurs correspon- ont tôt fait d'éveiller la curiosité des
dances du temps. Celle de Jean Cau- gentilshommes français. Dès 1514,
lier, de la suite de Mgr de Gurce, dans les Cinq Livres des Hiéiogly
ambassadeur de Marguerite d'Au- phiques de P. Divet, il est parlé des
triche — en parle à deux reprises : Léopards et de la manière d-e les faire
« A Amboise, cest évêque lut mené revenir au chasseur après qu'ils ont
en son logis où il ne fut que demi- eflectué une prise :
« Et de faict la practique que j'ai
heure, que le Roy ne l'envoyast qué-
rir pour aller à la chasse où il fut veue de quelques princes et seigneurs
environ une heure, et n'y eust prime qui s en servent au lieu de Lévrier pour
que d'ung lièvre que print un leo- courre le lièvre, nous rend preuve
pard », de cela, veu que lorsqu'ils ont prins et
Et dans une autre lettre : estranglé la beste. le seul moyen de
« A l'après-souper ledit sieur de leur faire abandonner qu'ils ne La
Gurce et nous atasmes avec le Roy dévorent est de leur monstrer un peu
chasser au parcq où il lut tué un de sang qu 'un homme qui a charge
sanglier et prins par un léopard d'eux porte à cet effet dans une boëte
deux chevreulx en notre présence ». de fer blanc, lequel ri ont si lost aperçu
Le représentant du duché de Fer- qu'ils sautent sur la croupie de son
rare à la cour de France, Aldovrando cheval et se soubmettent à laisser la
Turchi, rend compte à son maître du proye ».
succès qu'a eu son présent par ces Au cours de son pontificat, le pape
phrases où l'on sent percer une légi- Léon X de Médicis reçut du roi
time fierté : Manuel de Portugal une « Panthère »
« Le léopard que Votre Seigneurie dressée à la chasse. Ce cadeau ne dut
a offert au Roi Très-Chrétien, adonné pas l'émerveiller outre mesure car
entière satisfaction ; car Sa Majesté des membres proches de sa famille
qui lui faisait courre un lièvre- dans possédaient, nous le verrons, leurs
sou parc vit passer tout à coup un parderi particuliers.
chevreuil. Ce que voyant, le léopard François Ier hérila du goût de
s'élança aussitôt à sa poursuite, en Louis XII pour le courre avec Gué-
tenant toujours le lièvre dans sa pard. Conrad Gessner en parle assez
gueule ; et parvint à attraper le longuement dans son Historia Ani-
chevreuil et à le retenir avec ses malium (Zürich 1551). Voici la tra-
pattes, sans lâcher sa première duction du passage en question :
proie ». « Je tiens d'un témoin oculaire
Ce Guépard remarquable serait, qu'à la cour du roi de France on
à notre avis, le premier de son espèce nourrit deux sortes de Léopards :
ayant chassé en France, car nous les uns de la grosseur d'un Veau, mais
doutons que les bêtes de Ludovic Le plus bas sur pattes et plus longs, les
More, privées de leurs léo pardi ers, autres ayant environ la taille et les
aient pu être utilisées par Louis XII proportions d'un Chien. Un des plus
autrement que comme fauves de petits, pour en donner spectacle au
ménagerie. En tous cas, nous n'a- Roi. est porté en groupe sur un
vons trouvé aucune relation de leurs coussin ou une housse par un bes-
tiaire ou veneur à cheval qui le retient gieux et l'étrangle. Le chasseur alors
par une chaîne. Dès que l'on aperçoit s'avance à reculons vers le fauve et
un Lièvre, on lâche le Léopard qui le lui présentant entre ses jambes un
rattrape en quelques bonds prodi- morceau de viande, parvient à s'en
rendre maître. On prétend que si cet Rois Mages » et représentant en réa-
homme avait le visage tourné vers lité le cortège triomphal de tous les
l'animal lorsqu'il l'approche, il se Médicis qui vivaient à la fin du XVe
ferait sûrement attaquer. Quoi qu'il siècle. Ils sont entourés des hommes
en soit, dès qu'il l'a rattaché, il est les plus célèbres de la Renaissance :
assuré de sa docilité... » Arioste, Raphaël, Pic de la Miran-
Henri Il chassa encore au Guépard dole, etc... Le cavalier au Guépard
ainsi qu'en témoignent les Archives que l'on a cru longtemps être le
de Joursanvault où l'on retrouve une comte Castracani serait plus vraisem-
quittance de 1548 par laquelle Cor- blablement un frère cadet de Lau-
neille Dipard, gouverneur du grand rent le Magnifique, car le seigneur
léopard du Roy, reconnaît avoir de Lucques, qui fut du reste un
reçu 85 livres tournois 10 sols dont ennemi acharné de Florence, était
le Roi lui a fait don « en faneur des mort depuis longtemps lorsque la
services qu'il tuy faict et en son estai et fresque fut exécutée.
pour lui aider à acheter ung cheval pour -On remarquera le système d'at-
servir à porter ledict léopard » (1). tache employé par le pardero Sys-
Avec les deniers Valois, l'art du tème qui lui permet de lâcher sa
léopardier paraît s'être éteint en bête en ouvrant simplement la
France. Il est vrai que Marie de Médi- main.
cis arrive à Paris avec un [lardero flo- Quant à l'autre document que
rentin dans sa suite ; mais sans nous reproduisons également, c'est
doute le dresseur ne trouvat-it pas une gravure inspirée de Stradan. Cet
d'emploi à la cour, car Henri IV dans artiste d'origine flamande, exécuta
une lettre au baron de Rosny (1601) de nombreux cartons pour tapisse-
parle de cet homme « qui doit s'en ries de chasse, dont plusieurs lui
retourner prochainement ». Le Vert- furent commandées par des mécènes
Galantn'aimait guère les modes étran- florentins. Malgré la légende indi-
gères et les « fantaisies » ; il -le prouva, quant que les chasseurs sont des
tin jour, en éconduisant avec ironie seigneurs turcs, leur costume occi-
un gentilhomme du Midi qui.avait dental les désigne clairement pour
pensé être agréable au roi en lui pré- des européens.
sentant un Aigle dressé pour la vo-
lerie.

Dante parle du Guépard au début


Les œuvres d'art du XVIe consa- de Y Enfer sous le nom de lonza (1).
crées à la chasse au Guépard sont Il lui apparaît à la lisière d'une -forêt
peu nombreuses et généralement en compagnie d'un Lion et d'une
d'origine italienne. Louve.
Dunoyer de Noirmont n'en cite -
que deux, dont une soi-disant pein- Ed ecco al comninciar dell' erta
ture de Giotto conservée à Florence. Una lonza leggera et presta molto
Il s'agit. en l'espèce de la fresque Che di pel maculato era coperta
célèbre de Benozzo Gozzoli au Palais E non mi si partia dinanzi al volto
Riccardi, intitulée « Le défilé des
(1; Contraction de l'Oncia ou l'Onza. Les Bré-
(1) Dunoyer de Noirmont. Op. cit. siliens appellent Onça le Puma
On suppose que dans ces vers le damante et Marfise, tout honteuses
poète a voulu symboliser la répu- .de n'avoir pu capturer le roi Agra-
blique de Florence dont les divers mante, sont comparées par le poète à
partis politiques sont figurés par les « deux belles' et vaillantes parde
mouchetures de la robe du Guépàrd. découplées sur des Cerfs et des

Arioste, dans son Roland furieux Chèvres sauvages et qui, les ayant
compare son héroïne Angélique que poursuivis en vain, s'en reviennent
des sbires poursuivent et qui fuit furieuses et humiliées. »
pleine de terreur à « une jeune Enfin, le français Jodelle (1532-
biche poursuivie par un léopard et 1573), dans son Ode sur la Chasse,
qui, se glissant angoissée à travers dédiée à Henri 11, a écrit les vers
le taillis, croit toujours sentir les suivants :
mâchoires du fauve lui broyer la
poitrine et lui déchirer le flanc. »
Parler aussi du Lièvre on peut
Au XXXIXe chant, autre allusion Qu'à force on prend de telle sorte
a la chasse nationale (Arioste était Rare, quand le Léopard veut
de Ferrare). Deux guerrières. Bra- En quatre ou cinq sauls l'emporte.
tiques, nous l'avons dit, chaperonnent
leur Guépard ; ils le portent sur le
Le dernier souverain chrétien qui terrain en charrette à bœufs et le
se servit de Guépards dressés semble lancent de préférence sur les Anti-
avoir été l'empereur Léopold ir d'Au- lopes Cervicapres et sur les Axis.
triche ; en 1660, il en reçut un Nombreux sont les -récits enthou-
couple du Sultan. Georges lit d'An- siastes d'officiers anglais qui ont
gleterre à qui Tippoo-Sahib adressa assisté à cette chasse qu'ils qualifient
le même présent, enferma les pauvres de line sport ).
(1
bêtes dans sa ménagerie et fit rapa- Quel que soit le savoir des hommes
trier les bestiaires indiens. du Pendjab, il ne saurait éclipser
Rappelons, en terminant, que le l'art brillant des parderi d'antan, qui
Chittah n'est plus guère employé conduisaient aux chasses royales
que par quelques maharadjas du nord leurs fauves héraldiques, chevau-
de l'Inde et par certains sultans de chant à leurs côtés, dociles et fami-
l'archipel Malais. Les dresseurs asia- liers.
NOTE
SUR LES PLANTES FRUITIÈRES
DES RÉGIONS TEMPÉRÉES CHAUDES OU SUB-TROPICALES
DONT LA CULTURE, PEUT DONNER
DES RÉSULTATS SATISFAISANTS SUR LA COTE D'AZUR

LEUR AVENIR AU POINT DE VUE COMMERCIAL


par
R. JARH Y DESLOGES

Sans doute, bien peu de plantes des notablement plus chaudes. Le climat
régions chaudes peuvent prospérer, de la Provence lui convient admira-
même dans les sites les mieux proté- blement, et, contrairement à beau-
gés de la Côte d'Azur; cependant, coup d'autres, elle s'accommode de
certaines d'entre elles, provenant de tous les sols, même les plus ingrats.
régions d'une certaine altitude, sup- Ce qu'elle demande avant tout, ce
portent, sans trop en souffrir, les sont des arrosages fréquents au prin-
abaissements de température, hélas temps et en été. Ce n'est guère qu'à
trop fréquents sur la Riviera. cette condition qu'elle donne des
D'un autre côté, le palais de bien fruits tous les ans en abondance.
des français n'est pas encore habitué Bien entendu, on ne doit pas lui
au parfum de certains de ces fruits, ménager les engrais ; toutefois, on
si bien qu'on ne les apprécie pas à devra les épandre à petites doses,
leur juste mérite. Rappelons-nousles mais en les répétant au cours de la
Bananes ! N'a-t-il pas fallu plus d'un végétation. En effet, la plante ne
demi-siècle pour qu'elles aient acquis forme guère de racines profondes et
en France droit de cité ! les doses élevées peuvent nuire aux
Je crains qu'il ne soit nécessaire racines superficielles.
d'un laps de temps tout aussi grand Certains semis ne donnent des
pour que le Feijoa Sellowiana, im- fruits que très difficilement. C'est
porté en France en 1893 par Edouard heureusement la grande exception.
André, soit bien apprécié du public. Toutefois, il est préférable de planter
C'est une plante très méritante, et des variétés sélectionnées et greflées,
résistapt admirablement aux basses car on n'est jamais sûr de la bonne
températures. Elle peut même vivre, qualité des fruits et de la fécondité
à bonne exposition, sous le climat de des sujets venus de semis.
Paris, mais elle. ne donne régulière- J'ai vu cependant aux environs de
ment des fruits que dans dés régions Menton un sujet de semis, ayant
moins de quinze ans, porter 75 kgs dans les terres compactes et si cal-
de fruits; mais c'est tà un maximum, caires de la Villa Africa, j'en ai perd,u
et il est prudent de compter sur un beaucoup, et les plantes survivantes
rapport beaucoup moindre. Les sont parfois sujettes à la maladie.
fruits sont de forme et de grosseur Le fruit est agréable, même très
très variables ; ils peuvent atteindre bon, et se vendrait bien à Paris, si on
90 grammes. Ajoutons, chose pré- pouvait le mettre à la portée de
cieuse, qu'ils contiennent de l'iode toutes les bourses. Je crains que, pour
sous une forme facilement assimi- longtemps encore, ce soit un fruit
lable. Beaucoup de personnes en sont rare et de grand luxe, car sa produc-
absolument fanatiques et placent ce tion n'est pas très abondante ni ré-
fruit tout au premier rang. D'autres gulière. En outre, son fruit ne voyage
lui trouvent un parfum beaucoup pas avec la faeilité de celui du Fei-
trop prononcé, désagréable. Quel joa. Il s'écrase facilement, si OD ne
serait donc ce parfum ? Ceux qui l'emballe avec les plus grandes pré-
l'aiment le comparent à celui de cautions, car on ne peut le cueillir
l'Ananas avec un arrière-goût de avant maturité presque complète, si
fraise ; les autres, au chlorure de on veut qu'il jouisse d'une bonne
méthyle. Comme on le voit, on ne qualité.
s'accorde pas. comme c'était autre-
fois le cas pour la Banane. Le fruit du Casimiroa edulis treu-
A mon avis, c'est le fruit exotique verait preneur, paraît-il, à Paris à
qui présente le plus d'avenir pour la des prix relativement élevés ; encore
culture en France. Son parfum très faudrait-il qu'il soit d'une bonne
développé est délicieux et unique en variété, et non -petit et amer comme
son genre. L'arbre, bien cultivé. est les semis de cette plante en pro-
assez prolifique. Le fruit voyage duisent trop souvent.
facilement et se conserve assez long- Cependant, un jeune semis, à la
temps. Certes, actuellement, il a Villa Africa, a donné de gros et
quelques détracteurs, il n'est pas bons fruits cet automne Mais j'ai
apprécié à sa juste valeur, mais l'ave- eu à constater que si les fruits mûris
nir est à lui.. sur l'arbre étaient tous sans amer-
tume, sucrés, fondants, et en somme
Nous avons ensuite à nommer un très bons, ceux arrivés à maturité
fruit voisin: la Goyave. Seul le Psi- au fruitier, ont parfois présenté une
dium Cattleyanum peul se planler légère amertume, surtout dans le
normalement sur la Côte a'Azur, et voisinage de la peau et du noyau.
encore je le considère comme étant Or, on doit faire voyager le fruit
moins facile à cultiver que le Citron- avant qu'il soit mûr, car à maturité
nier. La plante paraît craindre le cal- complète il présente la consistance
caire et les terres très lourdes. Elle d'une crème.
se développe lentement, très lente- Il existe, dit-on, des variétés sans
ment même. De plus, ses fruits se aucune amertume et les Américains
momifient souvent à la suite d'une sont arrivés à les greffer après sélec-
maladie mystérieuse, dont on pour- tion. C'est un arbre qui pousse vi-
rait se défendre, m'écrivait le regretté goureusement et, entre le Mont-
Couderc, par des pulvérisations au Boron et la frontière italienne, le
sulfate de cuivre (?) Pour mon compte, climat parait bien lui convenir. C'est
donc une plante fruitière dont on ne sont pas atteints par le Cera-
tirera un bon profit dans cette région titis capitata, tandis que ceux du
quand on aura pu y planter des sujets D. Kaki sont toujours piqués par ce
sélectionnés greffés, de qualité irré- terrible Insecte. L'arbre est diflé-
prochable. Pour le moment, c'est à rent aussi, avec ses feuilles duve-
peine si on y rencontre quelques très teuses et l'écorce blanchâtre de son
rares semis de qualité très variable, tronc. Il résiste mal parfois aux

et il est impossible de se procurer intempéries; même en Provence et


des sujets greffés. Je n'ai donc pu en Algérie.
que planter des semis de provenance Mes deux sujets cependant se
mexicaine et sicilienne dont les montrent bien résistants au froid,
porte-graines sont, dit-on, de bonne et portent des fruits, sans pépins, en
qualité? assez grand nombre. Ces fruits sont
tardifs, novembre, décembre, et
Le Diosplfros sinensis (D. Roxbur- parfois janvier, comme cette année.
ghii), dont les fruits verdâtres et Leur parfum, tout particulier, n'est
duveteux ont une ressemblance dans pas prisé par certaines personnes,
leur forme avec ceux du D. Kaki, en mais d'autres le trouvent à leur
sont nettement différenciés tant par convenance. Ils doivent être dégus-
leur parfum que par le fait qu'ils tés à maturité complète ; leur pulpe,
très fine, est d'une engageante to- tout le monde. La culture de cette
nalité orangée. A Paris le fruit, qui plante serait donc à tenter au point
voyage bien, se vend assez faci- de vue commercialsur la Côte d'Azur.
lement.
Le Passiflora edulis, dont les fruits
Je ne parlerai ici que brièvement -de provenance australienne sont très
du fruit du « Chérimolier » (Anona appréciés sur les marchés londoniens,
Cherimolia). Même dans la Cordil- est inconnu des Français qui n'ont
lère des Andes, son pays natal, on pas séjourné dans les régions tropi-
se plainl de son peu de fécondité. cales. Palissée le long des murs et
Il n'est donc pas étonnant que, sur mème sur des treillages en avant de
les rives méditerranéennes, il soit ceux-ci, la plante supporte bien les
peu prolifique. En Calabre, on a hivers dans les régions abritées de
essayé de le tailler pour augmenter la Riviera, mais on n'y peut obtenir
sa fructification. Je l'ai essayé aussi, une fructification hivernale ou prin-
mais sans grand succès, bien qu'ayant tariière.
obtenu 28 fruits sur un seul arbre, Il n'en est pas de même pour le
dont un de plus de500 grammes. Passiflore mollissima (Tacsonia mol-
En définitive, si la culture de cet iissima) qui, outre qu'il se couvre de
arbre fruitier est possible dans les fleurs superbes en automne, en hiver,
sites les plus abrités de la Côte et même au printemps, donne une
d'Azur, on ne peut espérer en faire fructification abondante dès avril-
une plante commerciale. mai. Quoique son fruit ait moins
de parfum que celui du P. edulis,
J'en dirai autant des Bananiers. vu l'époque où il arrive à maturité,
Certes,on obtient parfois de beaux il trouverait à Paris acquéreur en
régimes, mais les fruits présentent d'assez bonnes conditions.
plutôt le parfum de la Pomme que On devrait donc tenter sa culture
celui de la Banane des Canaries : au point de vue commercial sur la
Musa nana. D'ailleurs, celui-ci ne Riviera, et on pourrait en faire de
peut se cultiver en plein air sur la même pour le P. edulis. Cependant,
Riviera. Seul le Musasapientumpeut le premier me parait mieux encore
y fructifier. résister au froid, mais son exubé-
rante végétation le rend très encom-
Le Cyphomandra betacea, quoique brant. Peut-être pourrait-on le faire
frileux, peut donner en abondance courir sur des rochers ou des décli-
des fruits dès la troisième année de vités bien abritées du froid?
son semis, et même parfois dès la
seconde. Il réclame une exposition Sur la Côte d'Azur, on cultive déjà
chaude, quoique pas trop ensoleillée timidement au point de vue com-
et pas trop sèche. Les fruits ovoïdes, mercial le Néflier du Japon : (El'iobo-
d'un beau rouge brunâtre, sont très trya japonica), le Gombo (Hibiscus
élégants, et font le meilleur effet orne- esculentus), et la Cerise en chemise
mental en hiver sur nos tables. Ils (Physalis peruviana). Je ne m'éten-
peuvent trouver un débouché rému- drai donc pas longuement sur leur
nérateur sur les marchés parisiens, culture.
car leur parfum, qui rappelle la gro- Il semble qu'on pourrait envoyer
seille et le cassis, plaît en général à sur le marché parisien beaucoup plus
de Nèfles du Japon qu'on ne le fait. mais nombreuses au lapon. Il y
Il faudrait pour arriver à ce résultat aurait dans cette voie des importa-
cultiver surtout les variétés hâtives, lions urgentes à faire. D'un autre
malheureusement rares chez nous, côté, l'emballage devrait être très
soigné et Les variétés bien choisies, la repiquer et la mettre en place dès
car les fruits à peau épaisse résistent que les gelées -ne sont plus à craindre,
mieux au voyage. On se plaint que en. mars-avril, suivant les régions
les fruits ont trop de pépins, mais On cueille les fruits, presque tou-
on doit savoir que ceux ayant peu jours en France, à un stade trop
de pépins sont moins savoureux, et, avancé dans leur développement. Ils
bien qu'il existe dés variétés qui en devraient être récoltés dès qu'ils
ont peu, elles ne sont pas à conseiller. auraient atteint un diamètre maxi-
Actuellement, parmi les meilleures mum de neuf millimètres, sur trois
variétés introduites en France, les plus ou quatre centimètres de longueur,
précoces, à gros fruits, sont Early
:
pédoncule non compris, bien en-
Reed. Ain Taya, Victor, Cham- tendu. D'un autre côté, il y aurait à
pagne. cultiver des Gombo en assez grande
Pour le Gombo. il y aurait à amé- quantité pour qu'on puisse faire
liorer la manière dont il est présenté l'envoi des fruits dès le jour de leur
à Paris, ainsi que son prix, que je cueillette. Les Gombo arrivent à Paris
trouve élevé, en comparaison de fruits souvent déjà à demi-flétris et ayant
d'arbres, comme par exemple ceux perdu une partie de leurs qualités.
du Feijoa Selloiviana. La culture du Hien à dire sur le Physalis peru-
Gombo est, en effet, facile, même dans viana (P. editlis). La culture en paraît
des régions beaucoup moins chaudes bien comprise. Le prix des fruits
que la Provence. N'en ai-je pas cueilli semble élevé, surtout en hiver, mais
en pleine terre, l'année dernière, de les sites où ils peuvent ètre récoltés en
très beaux fruits dans les environs cette saison sont rares, et, comme je
mêmes de Paris Comme on peut le
! puis moi-même m'en rendre compte,
voir par cet exemple, si sa culture à les fruits ont en hiver des ennemis
Paris n'est pas à conseiller, elle l'est déterminés dans les Rats, les Oiseaux
dans toute la région méridionale de la et les Souris qui savent ouvrir le ca-
France. Il faut semer la plante de lice et dévorer les fruits même avant
bonne heure, sur couche chaude, leur complète maturité.
80.000 KILOMÈTRES
EN CHASSANT A TRAVERS L'AFRIQUE
— par
M. FRANÇOIS EDMOND-BLANC
-

Rares sont les personnes au cou- cielle et, d'autre part, que depuis son
rant du formidable exploit accompli départ j aie été le premier à lui deman-
en Afrique par M. G. de Ramecourt der ce qu'il avait vu comme faune
seul à bord d'une 10 CV Renault pendant le formidable périple qu'il a
six roues (1). accompli.
Parti de Saint-Valéry-sur-Somme J'ai appris que les fameux Oryx
le 10 octobre 1928 avec l'intention blancs sont encore assez nombreux,
d-'entre prendre une tournée de chasse notamment en A. 0. F. dans la ré-
en Afrique équatoriale française, il gion de Ménaka (Est de Gao), en
ne revint à son point de départ que A. E. F. au Kanen, ainsi qu'au Mort-,
5 années plus tard le 30 septembre cha, aux environs de la ligne des puits
1933, après avoir parcouru presque allant de Koro Toro à Oum Chalouba,
toute l'Afrique et obtenu de très sur le Bahr el Gazai, au sud de Koro
bons spécimens de presque toutes les. Toro aux alentours des puits de Tel-
espèces de gros gibier africain lis Au dire des indigènes, ils seraient
11 faut regretter d'une part qu'il également très communs au Niger
soit parti sans aucune mission offi- sur la piste chamelière N'Guimi-
Bilma dans les parages d'Agadem.
Cependant à Paris on les signale en
(1 Dans sa séance du 31 mai dernier, sur la voie de disparition dans les colonies
proposition de M. F. Edmond-Blanc, membre de
la section de la chasse. l'Académie des sports a françaises.
« C'est une des espèces les plus
décerné sa grande médaille d'or à M. de Rame-
court pour l'exploit relaté au cours de cet article.
(N D. L. R.).
difficiles à atteindre 1), a dit le major
H. C. Maydon, qui est un -dés plus voie de disparition, mais simplement
grands chasseurs de notre époque. Ce hors de portée de beaucoup de chas
qui ne veut pas dire qu'elle soit en seurs. Ce sont sans doute quelques-
uns de ces derniers qui lui ont fait Mhorr (Gazella dama), des Gazelles
cette réputation de rareté. En outre, dorcas et des Autruches. Le long du
très peu d'Européens s'intéressant à Niger, des Lions, des Phacochères,
la fffune ont été dans les endroits par des Gazelles dorcas, des Autruches
où est passé M. de Ramecourt. et des Bubales roux (Bubalis major).
Je cite ce cas des Oryx blancs entre Alors fut entreprise une première
beaucoup d'autres, car il prouve les campagne de chasse dans le voisi-

immenses services que les chasseurs nage du lac, ainsi que dans l'inté-
sportifs peuvent rendre. ressante région comprise entre le
Logone et le Chari. Les espèces
obtenues dans cette région étaient :
Eléphants, Rhinocéros noirs, Buffles,
Comme on peut le voir d'après la Lions, Phacochères, grands Kobs
carte ci-jointe, M. de Ramecourt, (Kobus defassa unctuosus), Kobs de
parti d'Alger, emprunta la piste, bien Buffon (Adenota Kob Kob), Bubale
connue maintenant, par Reggan, Bi- roux, Antilope chevaline (Hippotragus
don 5, Bourem, Gao, piste peu fré- equinus gambianus. (Antilope harna-
quentée alors; le Bidon 5, en ce chée (Tragelaphus scriptus scriptus).
temps, comportait, pour tout aména- Puis il poursuit sa route en direc-
gement, un bidon d'essence vidé! tion d'Abécher, capitale de l'Oua-
Suivant enfin la rive du grand fleuve daï, à travers une région où la
occidental jusqu'à Niamey, il obliqua faune est peu abondante : Gazelles,
ensuite à l'est pour atteindre le Tchad Autruches, quelques Lions plus au
par la Nigeria et le Cameroun. sud sur le Ba Tha. Dans les mon-
Les animaux rencontrés en route tagnes de Mongo, Melfi, Mangalmé,
étaient dans le sud du Sahara des il obtint quelques grands Koudous.
Addax. des Orvx blancs, des Gazelles Prenant le chemin du sud, le
voyageur parvient en Oubangui Chari Pendant ce parcours la voiture
après avoir péniblement suivi la avait failli être détruite, passant à
frontière du Soudan Anglo-Egyp- travers un pont en flammes au cours
tien. Au lac Iro il retrouve la même d'un incendie de brousse. Trois roues
faune, mais les Buffles sont plus arrière étant heureusement restées
abondants et il y a en plus des Girafes accroehées à un débris du tablier.,
et des Bubales damalisques(Damalsi- elle parvint à se dégager assez rapide-
cus Korrigum Korrigum). ment de cette dangereuse position et
Sans provocation, unHippopotame à fuir l'incendie.
retourna la pirogue occupée par Le 20 février, après avoir roulé
M. de Ramecourt et deux indigènes, plus de 40 km. sur une voie ferrée,
alors qu'ils se trouvaient au milieu puis traversé le fleuve Congo devant
du lac. Ils savaient heureusement Kinshasa, Léopoldville, M. de Rame-
assez bien nager tous les trois. court réussissait la première liaison
Nouvel arrêt et chasse sur l'Ouam, automobile entre l'Europe et Brazza-
où il rencontre la faune que j'avais ville, capitale de l'Afrique Equatoriale
moi-même rencontrée sur l'Aouk, Française.
lors de mon expédition en 1 932 {La Là, il abandonne sa voiture et part
Terre et la Vie, décembre 1932), puis en pirogue chasser en forêt épaisse
il atteint Bangui, capitale de l'Ouban- pendant six mois sur la frontière
gui-Chari qu'il quitte bientôt pour Cameroun-Gabon.
gagner l'Océan Indien à travers le Cette chasse qui est pourtant ren-
Congo Belge, l'Ouganda et le Kénya. due pénible par le manque de soleil
et l'humidité constante qui règne
dans ces sous-bois ténébreux est
cependant le meilleur souvenir qu'il
ait conservé de son voyage.
Très rares sont les Européens sus-
ceptibles de rester en bonne santé
pendant un mois dans cette région
particulièrement insalubre, où l'on
vit les pieds constamment dans l'eau
et où l'on ne touche jamais quelque
chose qui soit sec. Y rester six mois
seul avec -quelques indigènes paraît
incroyable et demande vraiment une
résistance exceptionnelle et une
santé de fer.
Cet exploit démontre vraiment un
magnifique amour de la chasse de la
part de son auteur. Il fut du reste
Il quitte Monbassa en septembre et pleinement récompensé, puisqu'il
gagne Tanga au Tanganyika en sui- récolta toutes les espèces les plus
vant la côte, puis il repique vers enviées des chasseurs sportifs : Bongo
l'Atlantique qu'il rejoint à Saint-Paul (Boocercus eurycerus eurycerus),
de Loanda au début de janvier 1930, Situtanga (Limnotragus spekei gra-
en traversant la Rhodésie du-Nord, tus). plusieurs variétés de Cépha-
le Katanga, et l'Angola. lophes dont le grand à dos jaune
(sylvicultriz). Sanglier géant (Hylo- tigres, il obtint le rarissime Oryx
choerus Meinertzhageni), Potamo- Gazelle (Oryx gazella blainei). Cet
chère (Chœropotann/s porcus piclus) animal qui est le géant des Oryx
Gorille, Chimpanzé, Buffle nain, Elé- dépasse parfois 1 m. 20 au garrot et
phant et Hippopotame. Certains San- a des cornes qui atteignent la même
gliers géants atteignent des tailles taille. Il y trouve également eD

impressionnantes, près de 80 cm au énorme quantité des Springbucks


garrot et sont souvent confondus (Antidorcas marsupialis angolensis),
avec les Buffles nains. des Zèbres de Burchell et des traces
Le 1er septembre 1930, M. de Ra- fraîches de Rhinocéros dont proba-
mecourt repart pour le Sud, traverse blement celles de Rhinocéros blanc.
à nouveau le bas Congo Belge, puis Les Portugais de là-bas sont tous
l'Angola, jusqu'à sa frontière méri- d'accord pour dire que cette rare
dionale où il fait un court séjour espèce était encore très commune, il
de chasse dans la partie littorale, le n'y a pas bien longtemps, dans cette
fameux désert de Mossamédès situé région désertique, mais qu'elle a été
entre la ville du même nom et le Rio détruite en grande partie par les
Cunene. Là, tout près de la Baia dos Boers installés en grand nombre sur
les plateaux situés au sud de la Serra travers le désert brillant de l'Afrique
da Chella. Au bas de ces plateaux et australe, traversant l'Ovamboland, le
même assez loin en région désertique Damaraland et le Namaqualand, pays
dans les vallées sèches possédant d'une extrême pauvreté malgré les
quand même un peu de végétation mines de diamants.
épineuse, on voit fréquemment des Pendant ce parcours, il demeura
traces fraîches d'Eléphants. deux mois en panne de pneuma-
Voulant ensuite regagner l'inté- tiques, après avoir réussi à atteindre
rieur de la colonie afin de trouver un non sans peine (56 réparations de
terrain plus favorable à la continua- pneus en 6 jours) la voie d'un petit
tion du chemin, M. de Kamecourt chemin de fer desservant une mine.
eut à traverser complètement alors Après avoir traversé le fleuve
par Tampa, la Serra da Chelia, mon- Orange, il gagna facilement Cap-
tagnes élevées et inaccessibles à l'auto, town, puis le Cap des Aiguilles, le
sauf par le cours à sec des ravins ; point le plus au sud de l'Afrique.
parcours extrêmement pénible en Cétait le 17 mai 1931 il l'aube. Vers
onze heures, faisant demi-tour, il re-
parlait vers Alger à plus de 7.500 km.
à vol d'oiseau !
Il traverse à nouveau la colonie
du Cap, mais cette fois du Sud au
Nord, puis le territoire de l'Orange
Free, le Griqualand, le Transvaal. le
Natal, le Swaziland pour rejoindre
Lourenço-Marquès. De là s'écartant
de la côte, il gagna à travers le Mo-
zambique la ville de Sallisbury en
Rhodésie du Sud. puis il revint au
Mozambique pour rejoindre le Zam-
hèze à Tête.
Pendant ce parcours la Renault
était une fois de plus passée à tra-
vers un pont peu solide. Continuant
son chemin, elle traversa le Niassa-
land, rentra à nouveau dans le Mo-
zambique et rallia le littoral qu'elle
suivit alors jusqu'au fleuve Howuma.
frontière du Tanganyika.
La faune rencontrée pendant !e
parcours au Mozambique était extrê
moment abondante et composée des
raison de la nécessité d'entreprendre espèces suivantes : Eléphants, Hhi-
fréquemment d'importants travaux nocéros noirs, (iirafes. Hufflt's. Hip
de déblaiement ou de terrassement... popotames, Phacochères. Potamo-
21 km. furent couverts en trois jours chères. Zèbres, Gnous (Gorgon tau-
et demi !... rinus Johnstoni) Antilopes-cheval
Ayant enfin rejoint une bonne piste f Hippotragus aquinus equinus). Anti-
à 11 iiilla, il s'engagea vers le sud à topes des sables. (II. niypr niyer),
Elans du Cap (Taurotragus oryx radeau, ni bois pour en construire et
Livingsloni), Impalas (1. melampus il fallut le faire venir de loin, M. de
melampus), Grands Koudous (Slrep- Ramecourt passa en territoire an-
siceros sirep. strepsiceros), Petits Kou- glais. Il se heurta alors à un massif

dous (8. imberbis australis). Grands montagneux difficile à franchir. Le


Kobs (Kobus ellipsiprymnus), Bubales terrain ayant cédé sous ses roues,
de Lichtenstein (B. Lichtensteini), alors qu'elle gravissait une pente très
Nyala (Tragelaphus angasi). abrupte, la Renault s'emballa en
Après une longue attente devant le dégringolant à reculons, dévala en
fleuve Rowuma, car il n'y avait ni bondissant parmi rocs et halliers et
alla s'écraser contre un Baobab. contre l'animal furieux qui le pié-
Déxaxée et tordue, mais quand même tinait et cherchait à l'encorner. Il ne
réparée, elle parvint à Dar es Salam dut la vie qu'à son sang-froid et sa
en novembre 1933 après un voyage résistance qui lui permit de tenir
extrêmement long et pénible, puisque constamment les cornes jusqu'à ce
le double pont arrière dut être dé- qu'un indigène parvînt à détourner
monté deux fois et qu'il ne fallut pas l'attention du Buffle sur lui, ce dont
moins de 48 jours pour faire les M. der Ramecourt profila pour sai-
400 km. sir sa carabine et tuer l'animal. Au
Complètement réparée, elle repar- cours de la lutte il avait cependant
tait le 23 décembre et bouclait à été assez gravement atteint par les
Tanga le tour complet de l'Afrique cornes à la gorge, au bras et au côté.
Australe. Les espèces rencontrées pendant
Passant au pied du Kilimandjaro, cette tournée de chasse au Congo
elle regagnait Nairobi et Kampala ; Belge furent, en dehors d'innom-
puis franchissant la chaîne des vol- brables petits Buffles roux (Syncerus
cans du Kivu, pénétrait dans le Con- nanus brachyceros), de grands Kobs et
go Belge où non loin de Stanleyville, des Sitatungas
en pleineforêtéquatoriale,elledégrin- Puis ce fut le retour par une voie
golait dans la rivière Enona où elle nouvelle, inconnue, très à l est : Fort
se brisait une fois de plus. Archambault, le Logone, le Tchad,
Encore réparée par son courageux Faya, au Borkou. jamais atteint
propriétaire, la Renault franchissait auparavant en auto de Fort Lamy
le M'Bomou vers la mi-juin, attei- malgré tant d'essais. La voiture de
gnant rOubangui-Chari quitté trois M. de Ramecourt fut encore la pre-
ans auparavant. mière automobile à pénétrer dans le
Encore huit mois de chasse, car Tibesti atteignant le poste militaire
M. Ramecourt voulut recommencer de Zouar.
400 ou 500 photos dont les pelli- La faune se composait dans cette
cules avaient été abîmées. région de Mouflons (Ammotragus ler-
Ayant rejoint Bangui, il traversa via) et de Gazelles dorcas, puis ce fut
le fleuve Oubangui, s'en alla chasser le Sahara, les confins Lybiens" le
en face au Congo Belge dans la région Hoggar, l'Algérie traversés en plein
de Zongo. Là, il faillit être tué par été par une chaleur torride, enfin la
un Buffle blessé ; jeté à terre, il sou- France et Saint-Valéry sur-Somme,
tint une lutte d'un quart d'heure rejoint le 30 septembre 1934.
SUR L'ART NÈGRE
par
LADISLAS SZECSI (PARiS) (1)

« Pour peindre Christ il faut


vivre en Christ. Fra Angelico
mer ses idées, ses rêves picturaux,
1) les impressions qu'il ressent en pré-
da Fiesole.
sence de la nature ou d'un modèle,
Sur l'art nègre ». Le titre de alors il se place dans les conditions
« requises pour réaliser une véritable
mon article est celui de bien d autres
publications du même ordre et même œuvre d'art. Mais si l'idée qui le
d'ouvrages. Et cependant, je dois tout guide est le désir de plaire, s'il ne
d'abord avouer que ni le mot « art » pense qu'à l'effet qu'il produira, nous
ni le mot « nègre », ne corres- pouvons être sûrs que son œuvre
pondent exactement à ma pensée. sera de second ordre, ne présentera
Si nous parlons de « l'art », le aucun intérêt artistique réel.
J'ai tenu à faire cette remarque
sens de ce mot évoque l'artiste exé-
cutant un travail avec l'idée de réa- pour indiquer combien est impor-
liger une œuvre artistique. Ainsi les tante l'intention qui conduit l'artiste.
Egyptiens, aussi bien que les sculp- Or le nègre — et par « nègre »
teurs du Moyen Age et les moines-
j'entends toujours l'Africain avant
peintres de l'époque primitive ita- la pénétration des Européens en
li-enne, ont eu conscience d'être des Afrique, c'est-à-dire l'Africain avant
artistes. son contact avec les Blancs — le
C'est l'intention, c'est la volonté nègre n'avait pointla volonté de créer
qui maintient cette intention au cours une œuvre d'art. Pour ses rites et sa
du travail, qui sont à la base du sens magie il avait besoin de différents
même de l'œuvre et qui permet objets d'utilisation immédiate, qu'il
de le classer en tant que valeur sculpta dans la matière première
artistique. Je veux dire que si l'artiste. qu'il avait à portée de la main : le
n'a pas d'autre intention que d'expri- bois. Quand il fabriquait un fétiche, il
était bien loin de chercher à créer
une statue dite « artistique » ; il
il) M. Ladislas Szecsi a bien voulu adresser à
entendait plutôt et plus simplement
La Terre et la Vie, l'original article qu'on va donner une demeure à ses ancêtres,
lire. Il est entendu que le Comité de rédaction de
la revue ne prend sous sa responsabilité aucune pour qu'ils puissent revenir dans la
des opinions émises var les auteurs des articles
famille dont ils protégeraient les
publiés. — A propos des idées exprimées dans membres. Et les masques sont des
cet article, voir le -livre publié par Nancy Cu- objets de danses rituelles, indispen-
nard : Negro (1 vol., 850 p., Wishart and Co.
London. édit.). sables à la pratique d'un culte qui
occupe une place très importante dans Etant dans cet état d'àme, il arrive
la vie indigène. Et nous voici ramenés à une conception du sujet. La
à ma remarque du début sur les con- conception, c'est une vision, tableau
ditions réalisatrices d'une véritable visuel, ou sculpture visuelle, qui
œuvre d'art. Dans le cas du nègre, ces n'a pas encore une forme précise.
conditions existent, car l'idée, la qui reste vague, mais c'est déjà plus
conscience d'une création artistique qu'un sentiment, ou qu'une idée.
Car de l'idée pure, jusqu'à la
conception, la route est très com-
plexe. Il v a des artistes qui « vision-
nent » tout de suite leur conception ;
il en est d'autres qui n'y parviennent
qu'après une longue concentration :

— c'est le cas de Fra Angelico,


par exemple. Il en est d'autres qui
ont l'obsession d'une idée. Cette idée,
ou ce sentiment, les laisse sans
repos ; elle les domine toujours,
même s'ils sont occupés à un autre
travail. Cette idée vit dans leur
subconscient, se développe et évolue
lentement. Et nous voilà arrivés à
la conception. Quant à la réalisation,
peinture ou sculpture, elle découle
dir-ectement de la conception. En
d'autres termes, si le créateur sent
intensément sa conception, il doit
la réaliser sans scrupules, sans hési-
tations ; il ne doit mettre entre la
conception et la réalisation aucune
spéculation mentale, mais se laisser
aller à ce qu'il voit et ce qu'il sent.
Il faut qu il soit spontané, sans
contrôle mental. Il faut qu'il se dé-
tourne absolument des autres idées
qui peuvent l'intéresser et si on nous
permet de considérer, avec un peu
de fantaisie, la conception comme
un être vivant et indépendant, il
a fait défaut. Il s'agit dès lors de se faudrait dire, qu'entre elle et la
demander pourquoi nous considé- réalisation, comme un autre être
rons les productions des nègres indépendant, doit s'interposer le
d'Afrique comme des œuvres d'art ? créateur. Le créateur est comme le
Avant de réaliser une œuvre d'art, prisme, qui reçoit d'un côté la
le créateur lumière que nous voyons blanche —
— à ce moment il ne
doit pas se dire qu 'il est artiste — a c'est la conception — et qui. de
une idée, un sentiment à exprimer, l'autre côté, la transforme, la dé-
et auquel il veut donner une forme. compose en des couleurs, qui sont
du Gorille. Et quand cette concep-
tion naissait en [lui, l'indigène
composait sans hésitation, directe-
ment, un masque où les caractères
humains s'unissaient à ceux du
Gorille. Et ces masques ont été
employés dans les danses contre les
mauvais esprits.
Les nègres sont arrivés à faire des
chefs-d œuvre d'art, car ils sont assez
purs: ils sont primitifs; ils peuvent
être un prisme; la spéculation n'in-
tervient à aucun moment chez eux.
Ils peuvent réaliser une vision avec
précision et sans qu'une autre idée
vienne se surajouter. J'ai trouvé la

les couleurs du spectre. Et c'est


l'œuvre. Tant qu'un créateur peut
arriver à devenir pur, nous pour-
rions dire, encore, primitif ». tant
<t
qu'il peut n'être qu'un réalisateur de
ses sentiments, son oeuvre peut
devenir une véritable œuvre d'art.
Or, les nègres ont réalisé leurs
objets suivant une ligne droite. Ils ont
eu l'idée, par exemple, d'enrayer les
mauvais esprits, les esprits errants
et malveillants. Leur conception
naissait sous l'influence d'impres-
sions diverses. Ayant eu peur en
rencontrant un Gorille dans la
forêt. l'idée de faire peur s'associait Masque Dan de la Côte d'Ivoire. Re-
tout de suite aux traits de caractère marquer que la face est faite de deux
planches juxtaposées.
confirmation de cette thèse en con- des objets. provenant de l'Afrique.
templant les œuvres des nègres d'au- Quant au mot a nègre », c'est une
jourd'hui. Une fois en contact avec indication très vague ; c'est comme
les Européens, voilà leur pureté cor- si nous disions « l'art européen ». Les
rompue par cette influence. Et si productions des nègres d'Afrique
l'on compare avec les œuvres d'au- sont d'un style très différent, chaque
jourd'hui, celles du passé, elles appa- race ayant le sien. La différence entre
raissent comme très mauvaises et
dans ces objets on ne peut même
pas reconnaître la technique des
anciens travaux. Leur vue plastique
fut déroutée par l'apparition des
Lianes, leurs idées religieuses, leur
foi dans la magie, furent détournées
par les missionnaires, et les outils
nouveaux leur ont fait oublier la
difficulté de travailler le bois : le
rythme de leurs gestes s'en est
ressenti ; l'intensité, la durée de
leur travail furent diminuées et ils ont
pu réaliser un travail en quelques
heures.
Je suis tenté encore de remarquer
à cette occasion — je reviendrai
d'ailleurs sur ce sujet trop vaste pour
-être épuisé aujourd'hui — que les
productions de ces peuples primitifs
de l'Afrique ont eu une grande in-
fluence sur l'art moderne Car le
moment de leur découverte se croi-
rait avec les nouvelles directives des
artistes. Elles consistaient d'une part
à créer une conception et non une
image. d'autre part à reconnaître
une simplification dans les idées et
dans les moyens de réalisation.
Je regrette, faute de place, de ne
pouvoir traiter cette question avec de
plus amples détails, mais je crois que
mes indications suffiront pour faire les masques. M' Pongwe du Gabon
comprendre la liaison de nos re- et un masque Dan dela Côte d'ivoire,
marques avec ce qui précède. est aussi grande que celle qui sépare
Jusqu'ici j'ai parlé de l' « art ») une sculpture Tang de Chine et une
partie de mon titre « art nègre » et de notre Moyen Age. Dans une autre
je crois que nous nous rendons étude j'ai démontré que dans la
compté maintenant qu'il n'est qu'une Côte d'Ivoi e, il y a environ 40 races
conception purement européenne ne et j'ai distingué 5 styles différents
correspondant pas avec la substance pratiqués par la race Dan à elle seule.
Les ditlérences et les caractéristiques n'a pas changé, et que même s'il y a
de ces styles sont reconnaissables au assimilation mentale, les gestes, gui-
premier coup d'œil. dés intuitivement, ne suivent que
Et il est surprenant de constater les formes vues et conçues à travers
combien les diflérentes races ont des siècles.
conservé leurs traditions formelles, Revenant alors au mot nègre de
alors que l'idée il exprimer demeurait notre titre, nous pouvons bien dire
toujours la même. J'ai vu les seulp- que c'est une indication que ne précise
teurs des Luangos vivant à la Côte rien et si nous voulionssituer un objet,
d'Ivoire, qui se sont assimilés com- il faudrait dire par exemple un
plètement aux Senoufos, quant à la masque de Senoufo de la région de
langue, les coutumes, etc., mais dont Korhogo (Côte d'Ivoire).
les œuvres demeurent avec leur Ce qui, du reste, ne nous empê-
propre caractère luango. On pourrait chera pas de parler encore dans
presque dire que c'est leur sang qui l'avenir de « l'art nègre ».
CONSEILS
AUX NATURALISTES

RÉCOLTE, ÉLEVAGE ET CONSERVATION


DES LARVES AQUATIQUES DE COLÉOPTÈRES
par
HENRI BERTRAND
Docteur ès Sciences.

Les larves aquatiques des Coléoptères Certaines larves vivant sur les pierres
appartiennent à des groupes variés : Dytis- des torrents, il peut être utile de transpor-
cides et familles alliées (= Hydrocan- ter celles-ci, pour les brosser avec soin au
thares), Hydrophilides (sensu lato), Hélo- laboratoire ; à défaut, sur place, les frot-
dides, Dryopides... ter avec les doigts, dans le courant, le
Dans l'ensemble leur recherche, leur filet tendu en aval.
capture et même leur élevage n'offrent
pas de grandes difficultés. RECHERCHE.

On rencontre les larves
aquatiques des Coléoptères dans toutes
MATÉRIEL.
— Pour
pêcher ces larves on les collections d'eau, souvent les moins
utilise les divers modèles de troubleaux étendues : lacs et étangs, mares et maré-
avec poche en étamine pour l'exploration cages herbeux, vieilles carrières ou gra-
des eaux assez profondes, mais un simple vières inondées, rizières, fossés, fontaines,
filetde poche qu'il est facile de confection- trous d'arbres, « aquariums » des Bromé-
ner soi-même, avec court manche en bois liacées ainsi que dans les eaux courantes -
ou en bambou et cercle de fer d-e 15 petites rivières et ruisseaux de plaine dans
centimètres de diamètre, rend les plus les végétaux) ou torrents à fond rocheux.
grands services pour la recherche le long Les bras morts des torrents, et des
des rives, et dans les eaux peu profondes, rivières, le dessous des berges, les petits
souvent les plus riches. bassins où l'eau est calme, également les
Lorsque les larves sont peu agiles et de rapides et cascades aux pierres garnies de
petite taille, on peut même les saisir à la Mousses et d'Algues doivent être explorés
main, ou encore à l'aide d'une cuillère à avec soin.
café les amener doucement du fond à la On utilise, selon les circonstances, le
surface. troubleau, le petit filet de poche o-u la
Enfin, comme pour les imagos, il est cuillère.
bon de recourir à la « nappe » sur — Les
larves carnassières desDytiscides
laquelle on rejette et étale les amas de et des Hydrophilides sont surtout répan-
végétaux ou débris recueillis par le trou- dues dans les eaux stagnantes ; elles se
bleau. — Il est encore préférable de pro- tiennent en général près des rives, à
céder, partiellement au moins, au lavage faible profondeur, souvent dans la végé-
de ceux-ci dans un cristallisoir, ou mieux tation submergée, fréquemment encore
une cuvette à fond clair (les cuvettes de sous les pierres (notamment dans les lacs
photographe sont très pratiques à cet élevés des montagnes).
effet); je dois plusieurs bonnes captures à Les larves des types supérieurs, plus
cette méthode. grandes, peuvent s'écarter du bord, mais
nagent alors au voisinage de la surface, vertébrés divers, principalement Crusta-
soit en «ramant », soit par un mouve-
ment giratoire des pattes.
cés et larves d'Insectes, parfois de petits
Vertébrés : alevins, tétards ; celles des
Quelques larves habitent les eaux cou- gros Hydrophilides (Hydrous) attaquent
rantes, les larves des Gyrinides entre les Mollusques d'eau douce. Les larves
autres, mais se tiennent au fond.de l'eau des Thermonectini (Acilius) et toutes les
ou dans les végétaux. La cuillère est pré- petites larves de Dytiscides (larvules,
cieuse pour la capture, dans les torrents, Hydroporinae) seront aisément alimentées
des larves des Deronectes (Dytiscides). avec les Crustacés du plancton : Clado-
Les larves des Noterinae (Dytiscides) cères, Copépodes...
habitent la vase des berges (Wesenberg- Les larves des Hygrobiides recevront
Lund) ; celles des Hygrobiides recherchent des Vers (Tubificidés).
les mares à fond vaseux, peuplées de Tubi- Certaines larves particulièrement vo-
ficides. races (Gyrinides, Dytiques, Cybister)

Ou trouvera aisément les larves doivent être isolées les unes des autres ;
herbivores des Haliplides en récoltant les séparer d'ailleurs en principe les larves
Algues ou Characées, fréquentées par les de taille ou d'âge différents.
imagos ; également sous les pierres ou à Les larves des Haliplides seront placées
la surface de celles-ci (larves rhéophiles sur des touffes d'Algues ou de Characées,
des Brychius). les larves des Dryopides sur les pierres et
— Pour
récolter les larves des Dryo- rocailles constituant leur habitat naturel.
pides, il convient de « troubler » avec .le Enfin les larves des Hélodides seront
met de poche le gravier des torrents, de conservées dans des aquariums garnis de
racler, frotter ou laver les pierres et végétaux aquatiques, de débris ligneux et
rocailles particulièrement au .niveau des de feuilles mortes.
cascades et des chutes ; on les rencontre Au fur et à mesure de leur croissance,
encore sur les bois immergés les larves changent de peau, et il y a
— Les
larves des Hélodides seront grand intérêt à recueillir les exuvies, per-
capturées par les mêmes méthodes dans mettant de définir les divers stades.
les petits torrents ; mais certaines habitent D'ailleurs il est souvent précieux, de
aussi les mares ou «aquariums Yégétaux». conserver quelques jours en aquarium des
— (hl aura
toujours soin de recueillir couples d'imagos ou de femelles, méthode
des imagos en même temps que les larves, que l'on emploie avec succès chez les
ce qui peut faciliter les diagnoses, mais Gyrinides, les JDytiscides, les Hydrophi-
le mieux, si ou le peut, est de pratiquer lides (ces derniers édifiant d'élégants
l'élevage — tout au moins d'obtenir la cocons ovigères) ; l'élevage ex ovo est en
nymphose de larves au dernier stade, ce effet réalisé sans difficulté.
qui donne bien des chances d'avoir les
imagos eux-mêmes. MISE EN NYMPHOSE.

C'est le point
capital de l'élevage ; et elle ne demande
ELEVAGE.

Dans ce cas, il suffit de que quelques soins, sans avoir il se soucier
disposer d'un certain nombre de cristal- de réaliser les conditions naturelles, plus
Jisoirs, également d'un grand bac où il ou moins bien connues d'ailleurs.
est co iii mode de placer les pierres et Se munir de petits pots en verre ou en
végétaux à laver ; ce bac sera d'ailleurs terre, à défaut de boîtes métalliques, de
très utile,. également comme réserve de petites dimensions, que l'on garnit de
plancton ou de plantes destinées à l'ali- sable : grès friable ou sable d'alluvions.
mentatiun des larves en élevage. Le grain en doit être fin, pas trop cepen-

L'entretien de ces petits aquariums dant : un grain peu grossier donne en
est facile : suivre les règles habituelles . effet plus de cohésion, facilitant le travail
pour la propreté et l'aération de l'eau par de fouille ou de construction qu'effec-
l'emploi de Mollusques, de végétaux aqua- tuent les larves. Ce sable-doit être légère-
tiquesfMousses et Characées notamment) ; ment humecté, frais et meuble, jamais
si besoin est, renouvellement du liquide ; détrempé.
éviter réchauffement trop grand, l'insola- L'emploi de terre végétale est évidem-
lion directe. ment à proscrire à cause des moisissures ;

Les larves carnassières (Hydrocan- afin d'éviter le développement de ces der-
thares à l'exception des Haliplides, Gyri- nières, il est bon (Wilson) de préparer à
nides et llydrophilides) se nourrisentd'In- l'avançe ces pots. ce qui permet d'écarter,
avant usage, Ctux qui auraient été ense- l'eau, peut reprendre vie pour subir la
mencés par quelques spores nymphose, c'est pourquoi il convient d'ob-
Eviter aussi soigneusement l'évapora- server les réflexes le plus imperceptibles,
tion par la fermeture ; au besoin placer un qui peuvent se manifester au niveau des
peu de Mousse ou du coton trempé dans appendices.
l'eau. L'état nymphal dure peu : jusqu'à vingt-

Il est très important de retirer de quatre jours chez les-Dytiques, mais de
l'eau les larves susceptibles de subir quatre à sept jours chez beaucoup de
la nymphose, car celles-ci, particuliè- petits Insectes.
rement les larves carnivores, ne tarde- Au moment de l'éclosion, l'imago est in-
raient pas à périr, asphyxiées, au fond du colore et lucifuge ; ce n'est qu'au bout de
cristallisoir. quelques jours, lorsque les téguments ont
Le dernier stade est en général facile à pris couleur et consistance, qu'il convient
reconnaître, indépendamment de la taille, de le sacrifier, non sans prendre soin de
à la présence dans la plupart des cas, de recueillir pour les joindre à l'Insecte les
stigmates latéraux bien visibles à l'œil nu exuvies larvaire et nymphale que l'on
ou à la loupe (Dytiscides, Haliplides, isole, en jetant à l'eau le contenu du pot,
Hygrobiides, Dryopides, en général), celles-ci venant surnager.
parfois à la structure des mandibules Dans quelques cas (Hélodides : Scirtes
(beaucoup d'Hélodides). et Hydrocyphon notamment) la nympho-
Dès qu'une larve parvenue à ce stade, se, alors très rapide, peut s'effectuer sur
paraîtra au terme de-sa=eroissance, mon- les objets émergés ou la paroi même dl]
trant des segments distendus, avec sou- cr.stallisoir.
vent-les membranes visibles, on lareti- - La facilité avec laquelle on obtient la
rera de l'eau pour l'enfermer dans le pot nymphose . des larves aquatiques des
de nymphose. Là, en général, elle ne sau- Coléoptères permet, même en se bornant
rait tarder à fouir ou à construire. à recueillir des larves adultes, d'identi-
Dans le cas contraire — ou elle reste à fier nombre de formes. Parallèlement à
peu près inerte entrant en prénymphose, la récolte de larves jeunes et d'imagos,
ou bien elle garde son activité et doit être cette méthode devra permettre d'accroître
replacée dans l'eau. En effet, malgré le notre connaissance des premiers états des
soin apporté, il peut y avoir erreur ou acci- Coléoptères aquatiques.
dent ; mais il ne convient pas de se décou-
TRANSPORTS, ENVOI, CONSKHVATIOX. —
rager car : Les larves peuvent être transportées
1° Un jeûne de quelques jours a peu vivantes et même expédiées dans la mous-
d'importance pour une larve carnassière ; humide.
quant aux larves phytophages, leur résis- se Toutes seront conservées, pour étude.
tance est fort grande : j'ai conservé un dans de l'alcool à 70-80°, au besoin
mois et demi dans un pot de nymphose des légèrement camphré
larves de Stenelmis (Dryopides) avant mentations. Préalablement, pour éviter les fer-
si possible, on
d'obtenir la première nymphe ! doit les fixer à l'eau chaude, ou mieux à
2° Une larve paraissant morte, hors de l'alcool chaud.
VARIÉTÉS

L'APHROPHORE arrière et aplatie au niveau du ventre.


OU CIGALE ÉCUMEUSE Cette larve pique la plante, afin de se
nourrir de sa. sève. Les sucs que l'animal
Vous promenant à la campagne, par sécrète n'apparaissent pas, comme chez
les Pucerons, sous l'aspect de gouttelettes
une belle journée d'avril, vous avez pu petites et agglutinées, propres à attirer
voir, sur les Saules bordant une rivière,
et sur certaines plantes des prairies, une d'autres, créatures ; ilsformentune écume
-
sorte d'écume blanche ressemblant à blanche enveloppant toute la larve.
de la mousse ou de la salive. Vous savez, A cet effet, la larve rejette une compo-
sition gluante. Amalgamée avec l'air
sans doute, que cette mousse porte le extérieur, celle-ci produit la mafse
nom vulgaire d'«( écume printanière »
ou de « crachat de Coucou » ; mais, vous
en ignorez, peut-être, l'origine.
Avant de vous indiquer cette origine,
il nous semble intéressant de signaler à
propos de l'expression « crachat de
Coucou » une curieuse légende transmise
par Isidore, évèque de Séville : « L'histoire
des Cigales qui naissent des crachats de
Coucou. »
« C'est une chose rare que de voir
cracher un Oiseau et plus rare encore
de voir sortir des Insectes de cette salive,
mais cela arrive par la permission toute
spéciale de la Providence. L'ingratitude
du Coucou ne doit pas rester impunie ;
il a étranglé sa mère nourricière, il sera
poignardé, à son tour, par les êtres qui
lui doi-vent son existence.,'
« En effet, les Cigales dont nous venons
-de parler, ne sont pas plutôt en état de se
mouvoir, qu'elles s'attachent sous l'aile de
l'Oiseau, le percent de leur aiguillon et le
font mourir par leurs piqûres répétées. »
Mais ceci n'est, évidemment, qu'une lé
gende ; la réalité est tout autre. En exami-
nant cette écume de près, on trouve, dans
son centre, une larve verte, 'effilée en
spumeuse destinée à tenir éloignés les carné plus ou moins nette. L'apparence
autres Insectes et les Oiseaux hostiles. générale rappellerait l'Agaric des bois
Quand ces larves sont réunies en grand (A. silvicola Vitta) ; mais la confusion

nombre sur un vieux Saule, l'écume sans conséquence d'ailleurs —
n'est pas
découle en gouttelettes mousseuses qui possible à cause de l'odeur anisée de ce
tombent si dru que le Saule a l'air de dernier et du jaunissement de sa chair
pleurer. Un ciel sans nuages, une tempé- lorsqu'on la froisse.
rature chaude et sèche favorisent ce Chez L. helveola, le chapeau est d'abord
phénomène. feutré, puis son revètement se sépar-e en
Ce n'est qu'après avoir effectué plusieurs formant des squanies à l'instar des autres
mues, immédiatement avant de subir la Lépiotes, mais ces squames restent appli-
dernière, que la larve sort de son enve- quées, et même parfois sont très peu
loppe pour grimper sur les herbes et les apparentes ; la couleur est ocracée à la
buissons environnants : le crachat aban- récolte, puis devientd'un joli rose incar-
donné disparait en se desséchant. nat qui se transforme ensuite en ocracé-
L'Insecte parfait est d'un gris cendré rosâtre ; ses lamelles, d'abord blanches
ou jaunâtre avec les élytres ornés de deux deviennent couleur crème par la suite.
bandes obliques de couleur blanche. -
Il convient d'ajouter que les mycologues
C'est l'Aphrophore écumeuse, ou Cigale ne sont pas d'accord sur la véritable
écumeuse. L. helveola : c'est une espèce extrêmement
L. KUENTZ. polymorphe à laquelle doivent se rappor-
ter plusieurs Lépiotes décrites comme
espèces : toutefois les caractères indiqués
plus haut doivent suffire pour la faire
AU SUJET DE LEPIOTA HELVEOLA
reconnaître.
Que ce Champignon soit Lrès dangereux
A la suite de l'article concernant les il n'y a pas de doute à ce sujet. Il a causé,
Champignons vénéneux paru dans le assez rarement il est vrai, des accidents
numéro de février dernier, un de nos graves allant jusqu'à la mort, et les symp-
lecteurs nous demande quelques préci- tômes de l'intoxication qu'il provoque ont
sions au sujet de Lepiotd helveola : nous une telle ressemblance avec l'intoxica-
nous faisons un plaisir de lui répondre. tion phalloïdienneque son principe toxique
Lepiota helveola ne pourrait ètre con- pourrait bien être analogue à celui de
fondue qu'avec Lepiotapudica qui présente l'Amanite phalloïde. Il y a dunc lieu d'être
aussi parfois des teintes roses sur les extrêmement prudent à son égard.
feuillets et la chair froissée, mais elle
G. PORTE VIN.
réunit un ensemble de caractères qui
permettent de l'en séparer assez facile-
ment.
De taille plus petite, car le diamètre du LE PARC NATIONAL
chapeau ne dépasse guère 6 cm., alors que DES LACS WATERTON AU CANADA
L. pudica en atteint 10, L. helveola a un
pied dépourvu de véritable anneau, mais Parmi la cinquantaine de Ptu'cs Natio-
souvent porteur d'un bourrelet annulaire naux que possède le Canada, aepl. sont
le remplaçant : L. pudica au contraire a situés dans 'tes Montagnes Rocheuses:
un anneau membraneux bien caractérisé, le plus intéressant peut-être, non à cause
quoique souvent caduc. de son étendue, mais par sa richesse en
C'est surtout le chapeau qui est carac- beautés naturelles est celui des Lacs
téristique : celui de L. pudica est lisse Waterton. Il est situé sur les pentes orieIJ-
ou un peu granuleux, parfois crevassé, tales des Montagnes Rocheuses, près de
aréole par temps sec, blanc ou un peu la province d'Alberta et limité au sud par
brunâtre ; ses lamelles sont blanches, et le célèbre Glacier National Park des Etats-
prennent, en vieillissant, une teinte rose Unis.
Les fées se sont penchées sur son ces lacs par le lieutenant T. Blackiston,
berceau ; suivant une légende indienne qui explora la région en 185$.
son origine est surnaturelle. Il y a fort Sept ans plus tard, un pionnier dont le
longtemps, toute la région était occupée nom reste lié à celui de ce parc, John
par une immense plaine unie. Un jeune George Brown, arrivait sur les bords des
Indien, nommé Sokumapi eut un jour le Lacs Waterton, encore connus sous le
malheur de tomber au pouvoir des Sept nom de Lacs Kootenai. C'était une
Diables, qui l'emmenèrent dans leur curieuse figure : ancien élève d'Eton et
royaume souterrain, et en firent un d'Oxford, puis officier dans l'armée des
esclave. Il y retrouva une belle jeune fille, Indes, il avait décidé d'aller chercher
captive comme lui. s'en éprit et résolut fortune en Amérique. Débarqué en
de s'enfuir avec elle. Les amoureux 1862 à San-Francisco, chercheur d'or,
mirent leur projet à exécution un jour que puis cowboy, il était finalement devenu
tous les diables dormaient : ils empor- une sorte d'aventurier. L'annonce de la
taient avec eux trois objets magiques, découverte de fâches placers dans le Sas-
un bâton, une pierre et un récipient katchevan, le décida, avec quelques
rempli d'eau. compagnons, à se mettre en route : ils
Leurs maîtres les poursuivirent vers traversèrent les Montagnes Rocheuses par
l'ouest à travers la prairie : ils étaient sur la passe sud de Kootenai, descendirent
le point de les atteindre lorsque Sokumapi vers les plaines, et se trouvèrent en
lança vers eux son bâton, et, aussitôt, une face du magnifique panorama des Lacs
profonde forêt barra le chemin. Les Waterton. L'impression fut si profonde
diables, cependant, trouvèrent moyen de que Brown, qui n'était pourtant pas un
passer outre et de nouveau pressèrent les sentimental, dit à ses compagnons : « voici
fugitifs. Alors Sokumapi jeta la pierre : et ce que j'ai vu dans mes rêves, c'est le
une haute chaîne de montagnes se dressa pays qu'il me faut ». En effet, il y retourna
dans la prairie. Il en profita pour répan- un peu plus tard et s'y installa pour le
dre l'eau du vase, qui forma un lac restant de ses jours.
immense et le vase lui-même devint un Quand le Parc national fut créé, il en
canot dans lequel les amants s'échap- devint le premier gardien, puis le direc-
pèrent enfin. Ils se bâtirent une maison teur, vivant parmi les Indiens et les sang-
sur la crête, où ils vécurent heureux, et métis comme un des leurs, adoptant
leurs esprits hantent encore les rives du leurs coutumes et leur langage, si bien
lac où ils s'aimèrent : ce lac est le qu'il ne fut connu, dans toute la région
Waterton, que les Indiens appellent que- sous le nom de Kootenai Brown.
« Omoksikimi » c'est-à-dire les « eaux Lorsqu'il perdit sa première femme, qui
admirables ». était une métisse du Nord du Dakota, il
En réalité, les Montagnes Rocheuses épousa une Crée, qui lui survécut et qui
remontent à des temps préhistoriques vit peut-être encore dans le Parc National.
et on y peut reconnaître encore les Parmi les beautés naturelles de la
traces des anciens glaciers. Les trois lacs région, il faut citer le lac Bertha, avec le
Waterton aujourd'hui séparés furent très mont Boswell qui le surplombe à l'est et
probablement jadis une seule nappe d'eau le mont Richard qui se dresse à l'ouest,
qui fut divisée par la baisse des eaux : les monts Campbell et Oison qui le bor-
actuellement le niveau de ces lacs est dent à gauche, le mont Goathaunt h droite,
à 2.02 pieds et les montagnes qui les les pointes de la Citadelle et le mont
entourent s'élèvent à "j ou 8000 pieds. Cleveland qui en bordent la tête. Deux
Le nom de Waterton est celui d'un postes frontière et un large sentier vert
voyageur naturaliste anglais, Charles indiquent seuls que l'on se trouve à la
Waterton, mort en 4865, connu par ses limite de deux états, de sorte que le parc
travaux sur les poisons des Indiens et ses canadien et le Glacier National Park
recherches ornithologiques..11 fut donné à américain ne forment pour ainsi dire
qu'un, et que ce sanctuaire de la vie du soleil transforme en plaques d'or
sauvage est probablement unique au pur, de sorte qu'il est appelé commu-
monde. nément le « Pic du Millionnaire ».
On y trouve encore les chutes du D'autres sont d'un rouge vif ou ceinturés
Cameron, le mont Galwey, le Sofa, le de magnifiques bandes de couleur, si
mont Crandell, naguère la Montagne des bien que l'ensemble deleurs coloris e:;t
Ours, entre lesquels s'étendent des vallées inoubliable.
vertes et boisées, arrosées de ruisseaux. Le Parc des Lacs Waterton est le plus
Un des charmes de ces montagnes est petit, en étendue, d,es Parcs canadiens ;
leur coloration. Les pics sont ornés de il ne couvre, en effet, que 228 milles
bandes et de taches d'or-fauve, de vert, carrés. Il ne contient, par conséquent, ni
de violets sombres ou pourprés, qui leur montagnes gigantesques, ni vallées pro-
donnent un aspect étrangement coloré. fondes : mais il est iiarmonieusemenl
Le pic Anderson, dans le nord-ouest du distribué, densément peuplé, et renferme,
parc, forme une pyramide pointue cou- ainsi qu'on l'a dit, un maximum de
verte de facettes jaunes, que le coucher décors dans un minimum d'espace.
NOUVELLES
ET INFORMATIONS

Ephémérides du Muséum. TRAVAUX Sur les propriétés des cristaux de


— —
FAITS DANS LES LABORATOIRES Aú COURS DE phloriwside(phlorizine) .Ibidem^ 1.196,
L'ANNÉE 19a3(suite). 1983, p. 554.

Influence des matières- étrangères à
MINÉRALOGIE l'état de solution solide sur le domaine
A. LACROIX, Professeur. — Sur une de stabilité desciistaux. Ibidem, t. 196,
météorite pierreuse tombée au Maroc 1933, p. 942.
le 22 août 1932. C. R. Acad. Se., t. - Cristaux liquides produits par évapo-
197, p. 368. ration ou refroidissement d'une solÚ-
Sur une chute de météorite sur- tion aqueuse de tartrazine. Ibidem, t.
— 197,1933, p. 1436.
venue au Cambodge le 9 janvier
1933. C. R. Acad Se., t. 197,1933, p. J. ORCEL, Sous-Directeur du Laboratoire.
565.
Etude chimico-minéralogique de cer- — L'analyse thermique différentielle
— des argiles à montmorillonite (bento-
taines roches intrusives de Sumatra. nites), (en collaboration avec Mlle S.
Bull. Soc. franç. Minér., t. 55, p. 172- Caillère). C. R. Acad. Se., t: 197, 1933,
212, 1932.
La constitution lithologique de p. 774.

NosyMitsio (N. de Madagascar) : consé- —
Etude métallographique d'un minerai
cuprifère complexe du gite pyriteux
quences à en tirer. Bull. Soc. géol. de d'El-Azouar (Constantine). Comptes-
France. Sér. 5, t. III, 1933, p. 107-124. .
rendus du 66" Congrès des Sociétés
Contribution à La connaissance de la

composition chimiqueet minéralogique savantes, 1933, (Sous presse).
des roches éruptives de l'Indochine. —
Bibliographie des Sciences géologiques..
Bull. du Service géologiquede l'Indochine. — M. J. Orcel a collaboré à cet
vol. XX, fasc. 3, 1933, p. 1-208, pl. ouvrage pour le classement des fiches.
hors-texte, 2 fig. appartenant aux rubriques : cristallo-
L'activité du volcan de la Réunion au graphie, minéralogie, 'pétrograpahie,
— géologie et minéralogie appliquées.
cours des trois dernières années. Bull.
vulcanologique, N° 19 à 22, 1929, p. V. AGAFONOFF et St. PAVLOVITCH. L'ana-
21-22. —
lyse dite thermique appliquée à l'étude
— La constitutionminéralogiqueet chimi- des sols. C. R. Acad. Se., t. 197,
que des lave-; tertiaires, quaternaires 1933, 166-168.
et mudernes de Sumatra. Bull. volcan.
N' 19 à 22. 1929, p. 53-56. V. AGAFONOFF. — Les sols rouges méditer-
— Le Congrès Pan Pacifique. de Java. ranéens de France et leurs roches-
T.XIV du Compte-rendu de l'Académie mères. Ibidem, t.197, 1933, p. 693-695.
des Sciences coloniales, 1933.
— Les
sols de France-au point de vue

Sur quelques granites des environs de pédologique (première partie), Annales
Porto. Anals da Faculcade de Ciencas agronomiques 1933, sept-oct., 64 p.
do Porto, t. XVIII.
E. JÉRÉMINE. — Observations sur le
P. GAUBERT, Sous-directeur honoraire. Dévonien du Nord des Vosges. C. R.

Sur l'hémihydrate de sulfate de Acad. des Se., t, 196, 1933, p. 188.
cale um et s-es produits de déshydrata- Contribution à l'étude pétrographique
t
tion. C. R. Acad. Se, 197, 1933, p. 72. —
des trois îles d'e l'archipel canairen :
Ténériffe, La Palma, Gran Canaria. G. et B. CHOUBERT. Nouvelles observa-
Bull. Soc. franç. Min., T. 56, 1933, —
tions tectoniques sur le massif d-u
p. 489. Tabor. C. R. Acad. Sc., t. 196, 193:.'.
— Granite de Barfleur (Manche) et ses p. 1040.
enclaves, 65" Congrès des Sociétés
— Sur l'âge des gabbros du
savantes, 1932, p. 163-171. G. CHOUBERT.
Thabor- (Dauphiné). 6bme Congrès des
— Sur quelques roches éruptives des Sociétés savantes 1933 (sous presse).
Vosges méridionales. Bull. Soc. géol.
France, Sér. 5, t. II, iV32, p. 595-603. G. GHOUBERT et A. KATCHEVSKY. Sur
— une
Mlle S. CAILLÈRE. Sur une-sépiolite migmatite. de l'A.. E. F.' C. R. som-
— maire de la Soc. géol. de France 1933:
fibreuse de Madagascar. C. R. Acad.
Se., t. 196, 1933, p. 416. fasc. J. p. 34.

Etude de la dissociation thermique G. JOURAVSKY, P. CHARCZENKO et G. CHOU-
des minéraux des serpentines. Ibidem, BERT. - Sur la susceptibilité magné-
t. 196, 1933, p. 628. tique des magnétites de quelques
— Recherches sur les serpentines, 66r roches éruptives basiques. C. R. Acad.
Congrès des Sociétés savantes 1H33, Se., t. 197,1933, p. 522-525.
(sous presse).

(en collaboration avec M. J. Orcel), P. FASTRE. — Mesure des pouvoirs réflec-
L'analyse thermique différentielle des teurs de quelques tellurures naturels
argiles à montmoriltunite (bentonites). par la méthode photoélectrique. C. R.
C. R. Acad. Se., t. 197, 1933, p. 774. Acad. Sc., t. 196; 1933, p. 630-632.
S. GOLDSZTAUB. — Structure cristalline du
Mlle A. O'NEILL.
— Sur quelques roches
éruptives de l'Antarctique. 66e Congrès ferrite de sodium. C. R. Acad. Se.,
des Sociétés savantes, 1933 (sous presse). t. 196, 1933, p. >80-282.
E. RAGUIN. — Sur les gneiss des Pyré-
nées. Bull. Soc. géol. de France (C. R. LABORATOIRE DE BOTANIQUE
sommaire), Sér. 5, t. 11, p, 15-16. (PHANEROGAMIE)
— Les
dislocations du granite de Qué-
rigut-Millas dans les Pyrénées. Ibidem, R. HUMBERT, Professeur. Avant son
III (en d'impression). —
t. cours départ en mission pour Madagascar et

Sur la structure de la faille de Mérens l'Afrique a publié :
(Pyrénées ariégeoises). C. R. Congrès Kalanchoe (Crassulacées) nouveaux ou
des Société savantes, Toulouse 1933 (en —
peu connus de Madagascar. Bull. du
cours d'impression). Muséum, Paris, 1933, p. 463 et 238.
— Révision
de
des feuilles Quillan et Foix Rapport sur l'attribution du prix Gan-

au 80.000e, C. R. des collaborateurs, doger. Bull. Soc. Bot. Fr.LXXX, 1933,
Bull. Serv. Carte géol. (sous presse). p. 436.
— Les cartes géologiques et les études
de
gites minéraux. Annales des Mines, juin F. PELLEGRIN, Sous-Directeur du Labora-
1933. Sér. 13, t. III, p. 425-442. toire, Secrétaire Général de la Société
Botanique de France.
E. AUBERT DE LA RUE. — Etude préli- De quelques Légumineuses d'Afrique
minaire sur la Géologie des îles Saint- —
occidentale. Bull. Soc. Bot. Fr. LXXX,
Pierre et Miquelon. C. R. Acad. Sc., (1933) p. 463.
t. 195, 193-2, p. 1292. Le Fruit du Dioncophyllum Bail (Fla-
minéraux des îles —
— Sur quelques gîtes courtiacées), ibidem, p. 233.
Saint-Pierre et Miquelon. C. R. Acad. Les Pachylobus (Burséracées) de la
Se., 196, 1933, p. 55. —
côte d'Ivoire, ibidem, p. 712..
— Contribution à
l'étude géologique de la Contributions à la bibliographie, ibi-
Cordillère occidentale des Andes de —
dem, 1933.
Colombie, Ibidem, t. 197, 1933 p. 991.
— Premiers résultats d'une mission géo-
R. BENDIST, Sous-Directeur du Labora-
logique aux îles Saint-Pierre et Mi- toire. — Descriptions de nouvelles es-
quelon. Revue de Géog. phys et de pèces du genre Staurogyne (Acantha-
géol. dynamique, vol. V, fasc. 4, 1932, cées). Bull. du Muséum, 1933, p. 171-
p. 417-456. 175.
— Descriptions d'espèces nouvelles de P. JOVET.

Quelques localités de plantes
Phanérogames sudaméricaines. Bull. du Valois à conserver. — Compte-rendu
de la Soc. Bot. France, 1933, p. 333- sommaire des séances de la Soc. de Bio-
336. géographie, n° 31, mars 1933.
— La phyllotaxie chez quelques espèces — Plantes adventices. Comportement du
de Caryophyllacées et de Valériana- genre Galinsoja à Paris en 1932 (avec
cées, ibidem, p. 367-371 et 563-565. fig.). Le monde des Plantes, 34" année,
— Nouvelles espèces du genre Strobilan- n, 201, p. 20-22, 1933.
thes, ibidem, 1933, p. 730-732. — Plantes adventices. Erigeron mllcrona-

Contribution il la connaissance des tus, Bibliographie. Ibidem, n° 202,
Barleria malgaches (Acanthacées). Ibi- p. 27.
dem, 1933, p. 789-790. —' Le Trichomanesradicans Sw. et YHyme-
— Plantes nouvelles de l'Amérique méri- nophyllum tunbridgense Sw., en Pays
dionale in : Commémoration d.u voyage basque français (1 dessin et 1 planche).
d'Alcide d'Orbigny en Amérique du Sud, Bull. Soc. Bot. Fr., LXXX, p. 797-809.
p. 75-79, 1933.
— Les Bois de la Guyane Française. Ar- P. CHEHMEZON.

Observations sur le
chives de botanique. Mémoires, tome V, genre Microdracoides. Bull. Soc. Bot.
n° 1, 290 pages. 58 planches. de Fr., 1933, p. 90.
F. GAGNEPAIN,Sous-Directeur honoraire.
A. CAMUS. —Espèces nouvelles de Chênes.
— Oléacées nouvelles
d'Indochine.
Bull. Soc. Bot. Fr. 1933, p. 73-78, Bull. Mus., 1933, p. 88.
15 espèces nouvelles. —
Isachne Trochainii A. CAMUS, espèce
Marantacées, nouvelle de l'Afrique tropicale. Ibid.,
— Espèces nouvelles de p.250.
Orchidacées, Apostasiacées. Ibidem.
1933 p. 348-352. 7 espèces nouvelles —
Un Panicum du Congo, le P. Robynsii
dout un genre nouveau. A CAMUS. Ibid.. p. 336.
Description d'espèces nouvelles appar-
— Oléacées, p. 1034-4084. — Flore géné- —
tenant aux genres Agropyrum, Cen-
rale de l'Indochine, T. III, fase. 8.
chrus et Tristachya. Bull. Soc. Bot. Fr.
— Orchidacées, p. 289-432. Même
1933, p. 773.
ouvrage, T. VI, fasc. 3. Espèces et variétés nouvelles du genre
— Orchidacées. p. 433-576. — Mème —
Quercus. Ibid., p. 353.
ouvrage. VI. fasc. 4, (en collab. avec Hybrides nouveaux du genre Bromus.
A. GUILLAUMLN). —
Ibid., p. 38.
Mue TAHDIEU-BLOT. Assistante. — Con-
tribution à. l'étude des Fougères H. PERRIER DE LA BATHIE.

Les Brexiées
d'Indochine. Bull. Muséum, t. V, de Madagascar. Bull. Soc. Bot. Fr.,
n° 4 p. 333.
1933, p. 198.
Contribution à l'étude des Aspléniées — Les Mélastomacées de Madagascar,
— Mémoires Acad. Malgache, XII, 292 p.
d'Indochine 1. Asplenium. ibidem, V,
n° 6, p. 480. 10 pl.
Nouvelle contribution à l'étude des —
Polygalaceae, Catalogue des Plantes de
— Madagascar, publié par l'Académie
Aspléniées d'Indochine II. Diplazium ;
ibidem, t. VI, n° 1. p. 112 (en collabo- Malgache, 9 p.
ration avec Christensen) :

Deux Aspléniées nouvelles d'Indochine
ibidem, t. VI, n° 1, p. 107.
J. LEANDHI.

Compte-rendu d'une mis- Une grande manifestion, un événement,
sion au Bemaraha (Ouest de Madagas- qui eurent lieu, la première le 15 mai, le
car). Bull. Mus., 1933, p. 411. second le 2 juin dernier, méritent une

Sur la station d'origine du Poinciania mention spéciale dans ces éphémérides du
regia Boj., ibid., p. 413. Muséum national d'histoire naturelle.
— Nouveaux Phyllanthus de Madagascar L'exposition du Sahara a été inaugurée
(Euphorbiacées). Bull. Soc. Bot. Fr., en soirée en présence du ministre de
1933, p. 371. l'Education nationale, du ministre des
— Contributions ' à la revue bibliogra- Colonies, d'un représentant du ministre
phique de la Soc. Bot., ibid., 1933. de l'Intérieur, de nombreuses person-
nalités dit monde scientifique, artistique, imaginer ce que seront les rocs, les caver-
militaire. Une foule très brillante se pres- nes, les arches monumentales d'un paysage
sait dans les salles du Musée d'Ethno- comme façonné par une intense érosion,
graphie du Trocadéro. lorsque le temps aura mis sa patine,
Vision d'ensemble, synthèse et sélec- l'herbe, les Mousses, les Lichens leurs
tion de nos connaissances actuelles sur tâches, sur les monolithes.
le grand désert; d'autant plus précieuses La présentation des animaux est déjà
et plus instructives que la manifestation a excellente, en général. Çà et là il y a fort
revêtu un caractère international. 'Les peu à faire pour qu'elle soit parfaite.
Sociétés de Géographie de Londres et de Contrairement à ce qu'on a pu écrire,
Berlin y ont notamment collaboré ; la par- nous n'avons pas eu l'impression de quel-
ticipation italienne, particulièrement im- que chose qu'on aurait hâtivement façonné
portante, fait admirer d'inestimables do- pour en masquer l'inachèvement. On a,
cuments historiques ; divers services du au contraire l'impression que l'ensemble
Muséum ont permis de donner une idée de est « en place ». Il faut louer sans réser-
l'histoire naturelle du Sahara; le ministère ves les excellentes dispositions des amé-
de l'Air a aménagé une salle de l'aviation ; nagements intérieurs. Il serait injuste de
le ministère de la Guerre présente l'œuvre ne pas rendre hommage aux efforts réali-
des conquérants du désert. Rien on peut sés dans ces derniers mois, efforts accrus
le dire n'a été ni oublié, ni négligé : sous dans ces derniers jours, par M.Lemoine,
forme d'admirables ^piiotographies on directeur du Muséum, le professeur Urbain
trouvera l'évocation des récents exploits et ses collaborateurs.
de nos troupes d'A. 0. F. et du Maroc. Le public parisien a fait au grand Zoo
L'ethnographie des Touaregs constitue du Muséum un accueil enthousiaste. Il a
une des plus importantes sections de l'ex- démontré aux plus sceptiques qu'une
position — et c'est justice, car ce peuple entreprise de cette envergure était viable
concrétise tout le prestige qui s'attache au chez nous, comme dans tous les autres
Sahara. Notons d'incomparables bijoux pays d'Europe. Il a manifesté tout l'intérèt
d'argent et de pierre, des parures de fètes amusé ou sérieux qu'il porte aux animaux.
de la Sebiba. Avec les Touaregs, mention- Ceux qui, le Dimanche 4 juin, dans l'après
nons les sections consacrées aux tribus de midi, savaient que 100.0Uu personnes défi-
la Mauritanie, aux Mozabites, aux popu- laient au Zoo de Vincennes et voyaient
lations des oasis, aux Chaamba, aux d'autre part la foule se presser dans les
Tabbous. allées de la ménagerie du jardin des Plan-
Les organisateurs, le professeur Rivet, tes, ont pu en être définitivement convain-
Georges-Henri Rivière, sous-directeur du Ctls.
Musée, Henri-Paul Eydoux, secrétaire
général de l'exposition et tous leurs colla-
borateurs, ont accompli un admirable
effort, une œuvre de tout premier ordre. Trentenaire de la fondation du groupe
Nous engageons très vivement nos lec- d'Etudes limousins. — Au Collège de
teurs à visiter l'exposition du Sahara France, le 3 juin dernier, le Groupe
au Trocadéro. d'Etudes limousines (Société régionaliste,
scientifique, artistique et littéraire), cé-
lébrait le trentenaire de sa fondation par
une belle manifestation en l'honneur de
Comme nous l'avions annoncé, le prési- d'Arsonval, dans l'amphithéâtre même
dent de la République, entouré de nom- où l'illustre suivant avait créé ce groupe-
breuses personnalités, a inauguré le ment. le 14 janvier 1904.
samedi 2 juin le Zoo du bois de Vincen- Là, du reste, était exposé le buste en
nes. Auparavant l'aquarium et le nouveau bronze de ce fondateur, offert par la
terrarium du Musée des Colonies avaient Société la Renaissance Française, et il fut
fait l'enchantement des personnages offi- couronné de fleurs aux applaudissements
ciels et des invités. d'une assemblée aussi distinguée que nom-
Le Zoo du bois de Vincennes. offre un breuse emplissantla vaste salle.
très bel ensemble, avec çà et là, des Le président du Groupe d'Etudes. le
perspectives dont on peut dire sans exagé- Dr Louis Cruveilher, de l'Institut Pasteur,
ration qu'elles sont grandioses. Et on peut à remémoré les principaux faits accomplis
pendant trente années de vie et d'action
intellectuelle. Et M. Philippe Joyet-
Lavergne. ancien assistant du génial Notre collègue Urbain Mengin, nous
Maître de la physique biologique, a lumi- adressait de Florence, en date du 22 avril
neusement exposé l'oeuvre scientifique 1934, les observations suivantes.
do d'Arsonval, si. féconde en découvertes « Voici les Martinets arrivés à Flo-
et en inventions ; on sait notamment que rence ; j'avais vu une Hirondelle de che-
la thérapeutique parles courants. électri- minée le 23 mars e les Hirondelles de
ques de haute fréquence a été dénommée fenêtre ne sont venues que beaucoup plus
la d'Arsonvalisation, et que l'on doit au tard ; je viens d'en voir passer toute une
grand physicien l'utilisation pratique de troupe elles se dirigeaient vers le midi :
l'air liquide ainsi que le principe de la les mariages ne sont pas encore faits, et
différence thermique des couches ma- une vague de froid dans la région où elles
rines pour produire l'électricité (procédé étaient allées plus au nord a dû leur enle-
Georges-Claude). ver leur pâture.
Ap res cet hommage, vinrent ceux du Le thermomètre a baissé de 10 degrés
doyen du bareau de Paris, Me Camille en deux jours ».
Comby, au nom des anciens élèves du
Lycée Gay-Lussac à Limoges et de
histoire de Grenouilles. — Un de
Me Henri Talarnon, avocafhonoraire au Une
Conseil d'Etat et h la cour de cassation nos lecteurs nous communique une infor-
au nom de diverses sociétés dela colonie mation parue récemment dans un grand
limousine de Paris, représentées dans quutidien, où il est question de minus-
rassemblée. cules Grenouilles aveugles découvertes
M. Joseph Bédier, membre de-l'Aca- dans le creusement d'une carrière, en
dÓmie française, administrateur du Collège Angleterre.
de France, qui reçevait les Limousins, Les savants, consultés à ce sujet,
leur a dans un magistral discours, rap- auraient émis l'avis « que les grenouilles
pelé que d Arsonval avait continué en « provenaient d'œufs enfouis dans la
professant pendant cinquante ans dans « pierre depuis cinq mille ans et que le
la maison, une glorieuse tradition limou- « soleil avait fait éclore subitement. »
sine. créée des l'origine par l'un des leurs, Nous ne saurions trop mettre en garde
le poêle Jean Dorât, de Limoges. Et le nos lecteurs contre de semblables his-
célébré médiéviste a salué, comme perpé- toires. Dans le cas présent, on ne voit
tuant aussi les traditions de leurs antiques pas pour quelle raison ces Grenouiles
ménestrels et fameux troubadours du seraient nées aveugles et, surtout, par
Moyen-Age. la compagnie des Chanteurs suite de quel phénomène des œufs de
limousins de Paris qui exécutaient, en in- Grenouille auraient donné des sujets
t ermcdes de la fête, les airs et les chants
folklorique de feur pays, et même leurs
adultes : tout le monde sait. en effet, que
les Batraciens passent par diverses formes
danses populaires, si pittoresques, dont avant de parvenir à l'état parfait.
ils ont finalement fait joyeusement reten- Il est regrettable de constater que, trop
ir à la sortie le parvis du Collège de souvent, des informations de ce genre,
Franfe. revêtant un caractère pseudo-scientifique,
sont offertes au public. Un illustré, géné-
ralement bien informé, n'a t-il pas récem-
Les Pélicans blancs dans l'ouest améri- ment publié la photographie de l'Araignée
cain. — Nous avons relaté précédemment à panache ? La photographie en question
la Terre et la Vie, décembre 1933) les mesu- était, tout simplement, celle de la, tête
res prises aux Etats-Unis pour la protection d'un Papillon nocturne, vraisemblable-
dn Pélican blanc. Aux causes invoquées ment un Bombycide ! -
pour justifier sa destruction, il faut ajouter
que cet Oiseau a été accusé d'être le pro-
pagateur d'un parasite de la Truite. Mais
les Pélicans du Yellowstone Parc ayant été Le Scorpion des bibliothèques. — On
observés pendant un certain temps à cet rencontre parfois dans les habitations,
égard, il a été reconnu que cette allégation surtout dans les vieux papiers, un petit
était fausse: ils sont maintenant entière- animal assez singulier. Long de 3 à 4 mil-
ment protégés. limètres, de couleur rouge brun, il se dé-
place assez vite, mais tantôt vers la droite, d'estomac très douloureux, rejeta un jour
tantôt vers la gauche, en agitant constam- dans un vomissement, une larve qui nous
ment devant lui ses longues pattes anté- fut soumise. C'était une larve de Carabe,
rieures conformées à la façon de celles des adulte, et qui était bien vivante au
Scorpions : c'est le Chermète, ou Faux moment cù Bile fut régurgitée. Il est très
Scorpion, dénommé encore Scorpion des probable que cette larve avait été in-
bibliothèques. gérée petite, vraisemblablement avec d-e
Il n'a d'ailleurs avec les Scorpions la salade ; non seulement elle avait pu
qu'une ressemblance superficielle et est vivre dans l'estomac — aux dépens des
parfaitement inoffensif. Dans les endroits aliments consomipés par son hôte — mais
où il vit, lieux humides des maisons, elle s'y était développée à peu près nor-
vieux papiers, détritus, écorces d'arbres, mal ement.
il recherche les petits Acariens qui lui De pareils cas sont d'ailleurs nombreux;
servent de nourriture : il faut ajouter, à en particulier des myases intestinales,
son actif, qu'il dévore aussi les Punaises causées par des larves de Diptères ont été
et qu'il est, par conséquent, d'une certaine fréquemment observées. Celui que nous
utilité. venons de citer, cependant est plus carac-
Il a, dans nos maisons une assez cu- ristique encore, se rapportant à une larve
rieuse manière de se déplacer : il se fait habituée à vivre à l'air libre et non dans
transporter par les Mouches, dont il saisit les milieux où se développentles autres.
une patte dans ses pinces, ses pattes-mâ-
choires, et se rend ainsi, rapidement et
sans fatigue, d'un endroit à l'autre.
Les vieux Cèdres de France. JI. le
professeur Guillaumin a bien voulu nous
faire parvenir l'intéressante information
Le péril des Insectes. — Les Insectes suivante.
nous attaquent quotidiennement et de Dans le numéro de mai 1934 de la Terre
tous côtés. Nous sommes obligés de faire et la Vie, à propos du Cèdre du Liban
appel, contre ces tout petits à. toutes les du Jardin des Plantes on demandait ce
ressources que nous a procurés la Science : qu'étaient devenus les autres pieds intro-
et il faut bien convenir que nous ne duits en France par Bernard de Jussieu.
sommes pas toujours facilement les vain- En 1734, celui-ci avait rapporté d'An-
queurs. gleterre deux exemplaires : l'un fut planté
Ces êtres offrent, en effet, une résistance au Jardin du roi, l'autre donné à Trudaine
extraordinaire. On en a trouvé dans des qui le mit dans-sa sa-propriété de Montigny-
pièces formolisées, et l'on sait que le Lancoup (Seine-et-Marne). Il se trouve
formol est considéré comme l'un des maintenant sur la place de cette petite
plus puissants antiseptiques ; nous ne commune dont il constitue la principale
parlerons pas des Dermestes trouvés curiosité.Planté dans de meilleurescondi-
dans les momies égyptiennes : il est pro- tions que celui du Jardin des Plantes dont
bable comme l'ont fait remarquer West- le tronc ne tarda pas à être enterré sur
wood (Trans. Ent. Soc. Lond., 1836) ot plusieurs mètres de hauteur, le Cèdre de
Lesne( Bull. Roy Soc. Ent. d'Egypte, 4930) Montigny-Lancoup mesurait, vers 1931,
qu'ils se sont installés dans les cadavres 9 m. 25 de tour à 2 m. du sol et 10 m. 60
au cours de leur embaumement. à 3 m. 20.
Mais il n'y a un Diptère, du genre Il existerait en outre, dans les pépi-
Drosophile, qui se développe dans le nières nationales de Trianon, un troisième
pétrole, et de nombreux Culicides qui Cèdre introduit postérieurement par Ber-
fréquentent le liquide sécrété par les nard de Jussieu.
Nepenthes ; et ce dernier offre une compo- Le Cèdre de Vrigny (Loiret), planté par
sition analogue à celle du suc gastrique. le célèbre forestier et agronome Duhamel
On peut se demander comment une du Monceau, date de 1744), ceux de Fon-
larve d'Insecte peut vivre dans un pareil taine la Guyon (Eure-et-Loir) et d'Anthon
milieu ; le fait, cependant, est certain et (Loir-et-Cher), de 1180. Ce dernier, situé
nous pouvons, à ce sujet, citer une ob- au château du Fresne est le plus gros qui
servation personnelle. Une personne, existe en France: il mesure 12 m. de tour
soullrant depuis plusieurs mois de maux à 1 m. du sol et couvre une surface de
950 m2. (Voir LESOURD F. : Les plus gros Pour récolter le Maté, on abat les
arbres de France, in Revue horticole 1930- branches, avec leurs feuilles, au moment
1931, p. 402). J'ai connu enfin, au château de l'équinoxe d'automne. On les laisse se
de Boisméan, commune d'Arron (Eure-et- flétrir et, avant qu'elles soient complète-
Loir), un Cèdre planté certainement à la ment sèches, on leur fait subir une sorte
fin du XVIIIe siècle : il était remarquable de torréfaction légère, puis on pulvérise le
par la hauteur et la netteté de son tronc et tout. Le produit est alors emballé dans des
son port absolument tabulaire ; il a disparu sacs en peau de bœuf humide : en séchant,
il y a une quinzaine d'année, sayant été celles-ci se contracte et comprime forte-
frappé par la foudre. ment le Maté qu'elle renferme.
1
Dans les pays de production, l'infusion
est préparée dans un vase réservé à cet
Un nouvel arbuste fruitier. — C'est usage, et formé généralement par le fruit
d'une espèce de courge ; pour la boire, on
l'Actinidia argula de la famille des Dillé-
niacées, que signale la Revue horticole se sert d'une sorte de chalumeau qui se
termine en bas par une petite boule per-
(mars 1934). L Actinidia est un arbuste cée de trous servant de filtre: c'est la
grimpant, à feuilles caduques, répandu bombilla. La calebasse et la bomtilla font
surtout en Chine, au Japon, en Mandchou- le tour de la société et cette dernière passe
rie et dans les régions voisines de la Sibé- de bouche en bouche sans être essuyée :
rie méridionale et orientale. c'est une règle de politesse locale à la-
Il atteint 5 mètres et plus ; ses feuilles, quelle on ne doit pas contrevenir.
cordiformes, sont d'un vert clair ; ses fleurs
blanches sont groupées en grappes, son
fruit est une baie arrondie, de 2 à 3 cen-
timètres de long, d'un vert jaunâtre, rap-
pelant par l'aspect la groseille à maque- La musique et les arbres. — Fidèle à
reau. Mais sa chair verdâtre est fondante, sa coutume, le Mexique a célébré, au mois
très juteuse et très sucrée, et d'un parfum de février, la « Semaine de l'Arbre ».
délicat ; il vient à maturité en juin. La « Fète de l'Arbre » a eu lieu, le 18,
C'est un arbuste rustique, qui prospère dans la célèbre forêt de Chapultepec. On
à peu près dans tous les terrains ; il n'a y a récité des poésies et chanté un hymne
que l'inconvénient de pousser de bonne en l'honneur de l'arbre et la fête s'est
heure, ce qui l'expose aux gelées tardives. terminée par la plantation d'arbres sym-
Introduit en U. R. S. S., VActinidia y a boliques.
bien réussi. Il est plus que probable qu'il
en serait de môme sur notre sol.
Peintures rupestres des Esquimaux. —
Au cours d'une exploration dans le sud-
ouest de l'Alaska, Mlle Frederica deLaguna,
Le Maté. La Yerba ou Maté est four- a découvert, à Cook Inlets, une série de

nie par les feuilles d'un arbre à feuillage peintures sur rochers ayant pour auteurs
persistant, le Houx Maté (Ilex paraguayen- les Esquimaux. C'est la première fois que
sis), connu au Paraguay sous les noms de l'on trouve de semblables peintures chez
Thé du Paraguay, Thé des Missions, Thé ces peuplades : elles sont, en effet, bien
des Jésuites. différentes des dessins, ou pétroglyphes
Ce sont ces derniers, en effet, qui en déjà observés chez les Esquimaux du sud-
révélèrent l'usage dans ces pays. Jls est de l'Alaska et les Indiens de l'intérieur
avaient connu la plante et ses propriétés de la Colombie anglaise.
par les Indiens Guaranys, qui se conten- Trois de ces peintures ont été trouvées
taient d'ailleurs d'en mastiquer les feuilles à. Kachemak Bay, une autre à Tuxedni
pour soutenir leurs forces. Bay. Le dessin en est fait d'hématite
Le Houx Maté existe dans le Paraguay, le rougeâtre mèlée d'un corps gras ; il est
Chili, l'Argentine, le Pérou, la Bolivie et le tantôt grossier, comme exécuté avec les
6
sud du Brésil. C'est un arbuste de3à mè- doigts ou avec un bâton, tantôt plus fin,
tres de haut, de port très élégant; il n'existe par suite de l'emploi d'un instrument plus
plus guère à l'état spontané, .au moins au délié. On peut y reconnaitre des hommes,
Brésil, où il a été exploité sans ménagement, des bateaux avec leur équipage, des
mais il est cultivé en de nombreuxendroits. Oiseaux, parfois si fidèlement représentés
qu'on eu peut reconnaître l'espèce, des
Phoques, des animaux blessés par des
lances, et une femme enceinte. Mais tout Expéditions arctiques. — Le 15 mai, le
cela ne révèle pas le moindre effort de Dr Aies Hrdlicka partira, avec une troupe
composition et les figures ne sont même d'étudiants volontaires, pour sa 66 expé-
pas à la même échelle. dition dans .l'Alaska. Comme les précé-
Il est difficile de préjuger de la signifi- dentes, elle a. pourobjetde rechercher les
cation de ces peintures. Exécutées dans traces, aussi loin qu'il peut être possible
des endroits éloignés des habitations, dé le faire, de la venue de l'Homme par
elles ne pouvaient avoir un but décoratif. l'Asie, de retrouver l'emplacement des
Sont-elles des indications concernant la groupes d'habitations abandonnés depuis
chasse? Des souvenirs, des rites d'initia- longtemps, et de rechercher les squelettes
tion ou des rèves, comme les dessins des des premiers habitants ; l'étude de ces
Indiens de la Colombie britannique? Il derniers, en effet, pourrait montrer que ces
est impossible, quant à présent, de se types humains proviennent de l'Ancien
prononcer. Monde.
Les recherches seront faites spéciale-
ment dans l'île Kodiak où existe un site
préhistorique tout à fait exceptionnel. Il
Un nouveau geyser au Yellowstone s'étend sur plus de 2 acres, mesure plus
National Park. — Le Parc National de de 15 pieds d'épaisseur et repose directe-
Yellowstone, déjà célèbre par ses jaillis- ment sur le sol primitif du pays. Riche en
.
sements d'eau chaude, s'est enrichi ré- ossements d'hommes et d'animaux, il a
cemment d'un nouveau geyser. Sa pré- déjà révélé trois zones distinctes de cul-
sence a été constatée dans les premiers ture et fourni les restes d'au moins deux
jours du mois dernier ; un bassin de 40 populations différentes.
pieds environ de diamètre, s'était créé en Le retour de la mission s'effectuera eu
disloquant les rochers, dans le Midway septembre.
Geyser Basin. Quelques-unes des roches
déplacées, et qui se trouvent maintenant
à une dizaine de mètres du bassin, pèsent
plus de 600 livres ; c'est dire avec quelle Une autre expédition doit quitter Wis-
violence elles ont été écartées. casset (Maine), le 9 juin, pour se diriger
Le nouveau bassin est rempli d'une eau vers la région arctique du Canada. Elle
très chaude et très boueuse ; il s'y produit sera commandée par l'un des membres de
parfois, sur la limite nord, un violent la mission Peary en 1U09, le lieutenant-
bouillonnement. Dans ce cas il est commandant B. Macmillan. Elle doit se
accompagné d'un choc assez léger, qui rendre aux îles Buttou, dans le détroit
peut être perçu à plusieurs pieds du bord. d'Hudson, où elle s'efforcera de compléter
l'histoire de la vie de certains Oiseaux
nord-américains.
Un nouveau parc national italien. —
Nous lisons dans la revue « L'Eleveur »
que, sur la proposition du ministre de
l'Agriculture, le conseil des ministres Les Sciences Naturelles
vient de décréter la création d'un nouveau à l'Académie des Sciences.
parc national italien dans les marais
pontins. SÉANCE DU 16 AVRIL,
Sa superficie de 5.000 hectares embras-
sera tout le promontoire de Circé et, par Géologie.
une large bande du littoral, s'étendra à une
bonne partie de l'antique forêt de Terra- Tectonique et volca-
CONRAD KILIAN.
cîne, récemment achetée par l'adminis- nisme —
dans l'Ajjer (Sahara central).
tration des forêts domaniales.
Il constituera une réserve absolue pour L'Ajjer occupe le secteur nord-oriental
tt flore et la faune et sera administré du Massif Central saharien. M. Kilian étu-
selon les mêmes principes que le parc du die dans cette note la distribution du vol-
Grand Paradis et des Abruzzes. canisme et la tectonique de la région.
H. VAUTRIN. — Contribution à l'étude de La présence d'Algues cariantes et incrus-
la série jurassique dans la chaîne de l'Anri- tantes est connue depuis longtemps dans
Liban et plus particulièrement dans l'Her- la plupart des grands lacs jurassiens et
mon (Syrie). savoisiens, mais le phénomène de la sculp-
ture des roches n'avait jamais été signalé
Les formations jurassiques de l'Anti- dans les lacs alpins d'altitude.
Liban n'avaient été que très peu étudiées M. Léon Moret l'a observé au lac de
jusqu'à présent : l'auteur en donne la suc- l'Ascension (12.304 m.) dans le massif de
cession complète. Ces séries constituent Pierre-Eyrautz (Hautes-Alpes), et surtout
la majeure partie de l'Anti-Liban sur une
longueur de 400 kilomètres, mais la suc- au lac de Marinet (2.535 m.), en Haute
Ubaye. où il apparaît très nettement.
cession stratigraphique continue du Batho-
nien certain au Kimménidgien ne se ren-
contre que sur une partie. SÉANCE DU 23 AVRIL.

P. MARTY et L. GLANGEAUD. — Les dépôts Génétique.


pontiens de la Bourboule et l'âge de la faille
de Choussy. S. IKENO. — Hérédité de la gynodioecie
chez le Petasites japonicus.
Deux gisements de plantes fossiles ont La Composée en question, qui existe au
été trouvés dans la ville de la Bourboule ; Japon aussi bien à l'état sauvage qu'à l'état
l'un, celui du souterrain Choussy est d'âge cultivé, a des pieds qui sont exclusivement
miocène supérieuri l'autre, est d'âge pon-
a
tien. Cedernier en effetfourni 29espèces
botaniques sur lesquelles 49 se retrouvent
hermaphrodites, d'autres au contraire ont
leurs capitules composés d'un certain
dans la flore pontienne du Cantal.- nombre de fleurs femelles et de quelques
fleurs hermaphrodites. Or les premiers
sont absolument stériles, les seconds
Paléobotanique. donnent au contraire des akènes dont
naissent à peu près en même nombre, les
GEORGES DUROIS etMme CAMILLE DUBOIS. deux sortes de pieds dont il vient d'être
— question.
Sur les modifications forestièresflandriennes
de la région parisienne.
Pédologie.
Les auteurs ont fait l'analyse pollinique
des tourbes provenant des tourbières de HENRI ERHART.

Les terres blanches de
Bresles et de Sacy le Grand. Lorraine, leur origine, nature et vocation
Il en résulte que la pinède s'est montrée naturelle.
la première, accompagnée de peu de Bou- Les terres blanches de Lorraine sont
leau et de Chène, puis elle a reculé devant des terres de couleur gris clair que l'on
la progression de la chènaie avec pous- rencontre çà et là dans la région : elles
sée plus ou moins nette du Coudrier ; sont particulièrement développées sur la
enfin, dans une dernière période, le règne rive gauche de la Sarre, et, général,
en
de la chènaie a été plus ou moins exclusif. dans les endroits où affleurent unique-
ment la Lettenkohle ou le Keuper.
Paléoprotistologie. Ce sont des dépôts éoliens quaternaires,
toujours dépourvus de calcaire et très
GEORGES DEFLANDRE. Sur un Furami- pauvres en acide phosphorique, qui sont

nifère siliceux fossile des Diatomites mio- essentiellement des sols à Hêtres.
cènes de Californie : Silicotextulina diatp-
mitarum n. g. n. sp. Géologie.

Botanique. 'G. LUCAS. Etude tectonique de la région



Nord de Medjana (Algérie).
LÉON MORET.

Sur les Algues cariantes Cette région, située dans le départe-
du groupe des Cyanophycées à propos d'ob- ment de Constantine, commune mixte des
servations nouvelles faites au Lac de Mari- Bihan, est constituée par un massif im-
net, dans le massif de Chambeyron (Basses- portant d'argiles et de grès Medjaniens
Alpes). M. G. Lucas en étudie ici la tectonique.
Botanique. Les auteurs avaient précédemment mon-
tré la cause parasitaire de la maladie dite
BOGDAN VARITGHAK. Sur la formation Court-noué de la Vigne, mais n'avaient pu
des organes
-
de la reproduction sexuelle chez
obtenir d'organes fructifères de ce para-
site, dont la biologie restait par suite
une espèce du genre Saprolegnia dans les incomplète.
cultures in vitro.
Une ingénieuse méthode d'expérimen-
FERNAND MOREAU etMlle C. MORUZI. Sur tation leur permet de faire disparaitre

les réactions sexuelles entre Ascomycètes cette lacune ; le Pumilus medullae est une
d'espèces différentes. Sphaeriacée d'un type nouveau, voisin des
genres XyZaria et Eutypa.
La conclusion de cette étude est qu'il
est possible de provoquer chez une espèce
de Neurospora, au moyen d'un Neurospora
d'espèce différente, des réactions sexuelles Géologie.
généralement imparfaites se traduisant
par la formation de sclérotes volumineux. N. MENCHIKOFF. Sur le rivage méridio-
En l'occurrence les expériences ont été nat de —
la Mésogée jurassique dans les confins
faites avec Neurospora sitophila, Ascomy- algéro-marocains.
céte hétérothallique, et N. tetrasperma,
Ascomycète homothallique. Les terrains jurassiques, qui affleurent
dans l'Atlas saharien des confins du Sud
algéro-marocain, s'arrêtent brusquement
Histochimie végétale. au Sud, au voisinage d'une ligne passant
par Bou Anane, Menaba et Béni Ounif.
H. S. REED et J. DUFRENOY. — Détection La présente note a pour résultat d'éta-
histochimique du fer et du zinc dans les blir que la limite méridionale de ces
feuilles de Citrus. affleurements coïncide exactement, sur
près de 20u km. avec la ligne de rivage
de la Mésogée, qui, du Sinémurien au
Epidémiologie. Bathonien inclus, limita au Nord le conti-
nent saharien.
P. LÉPINE et Mlle F. BILFINGER. — Infec-
tion expérimentale du Pou par le virus RAYMOND FURON et CONRAD KILIAN. —
murin du typhus exanthématique. Découvertedu Sénonien au Damergou (Niger
français).
Les expériences relatées dans cette note
ont eu pour but de rechercher si le virus La présence du Sénonien au Damergou
endémique pouvait se transformer, par était soupçonnée, mais n'avaiLpu être
adaptation au Pou de l'homme, en virus prouvée jusqu'ici.
épidémique. L'étude des fossiles de la région permet
Elles ont démontré que le virus murin aux auteurs de la note précitée, d'affirmer
d'Athènes, immunologiquementidentique cette présence. Elle révèle en outre une
au virus épidémique, était capable d'in- intéressante indication d'affinités entre
fecter le Pou de l'homme, et que cette in- certains éléments des faunes crétacées de
fection par le virus murin ne différait en Syrie, du Sahara et des confins Etats-Unis-
rien dans son évolution de celle ayant Mexique.
pour origine un virus épidémique. JACQUES DE LAPPARENT. — Développement
des calcaires à Rosalines en Grèce.
SÉANCE DU 30 AVRIL Ces calcaires à Rosalines sont appliqués
sur le toit de calcaires à Hippurites, qui
Mycologie. recouvre les bauxites de Grèce. Ils sont
surmontés par une masse importante de
couches rouges noduleuses schistoides.
P. VIALAet F. MARSAIS. — Sur ta- biolo- M. J. de Lapparent étudie ici la transition,
gie du Pumilus medullae cause du Court-, très intéressante des calcaires à Rosalines
noué parasitaire de la Vigae. à ces couches rouges.
Paléontologie. Zoologie.
M"" MADELEINE FRIANT.

L'évolution Louis FAGE. — Sur la présence d'organes
comparée des molaires supérieures chez les lumineux chez les Amphipodespélagiques.
Primates et les Insectivores primitifs. Si des organes lumineux ont déjà été
Les types étudiés sont, d'une part, les signalés chez un certain nombre de Crus-
Primates les plus primitifs, les Tarsioïdea tacés bathypélagiques, on n'en connaissait
et les Erinacéidés, pour les Insectivores. pas encore chez les Amphipodes.
L'évolution des molaires supérieures- se Un de ces Crustacés., capturé au làrge
poursuit, dans les deux groupes, d'une de la côte atlantique du Maroc, par 500 m.
manière totalement différente, en parlant de profondeur, présente trois organes
du type morphologique primitif commun j lumineux, de chaque côté du mésosome,
(Hyopsodus-Galerix). à la hauteur du 61 segment. C'est une nou-
velle espèce du genre Streetsia, S. nycti-
Botanique. phanes.
H. S. REED et J. DUFRENOY. — Méthodes
de calcul de la courbe théorique de la crois-
LÉON BERTIN.
— Une nouvelle espèce
de Poissons abyssaux : Saccopharynx
sance des sarments de Vigne. Schmidti.
Cytologie végétale. Le genre Saccopharynx Mitchill ne com-
prenait jusqu'à présent que deux espèces.
PIERRE DANGEARD.
— Sui- le bourgeonne- Une nouvelle espèce a été capturée par le
ment des nucléoles observé chez le Lathroea Dana sur la côte orientale d'Australie.
clandestina et chez quelques plantes à pro- L'auteur lui donne le nom de S. Schmidti
chromosomes.
en souvenir du grand naturaliste Johs.
R. REILHES. — Modification des concré- Schmidt, qui fut le chef des expéditions
tions lipidiques (stérinoplastes de Mirande) du Dana. C'est le seul Saccopharynx
dans le bulbe de Lilium candidum suivant actuellement connu dans l'Océan Paci-
la température. fique.
PARMI LES LIVRES

Jean THOMAS. — A travers l'Afrique est intelligent, plus le noir lui parait bête.»
équatoriale sauvage, 1 vol. 223 pages, Thomas ajoute, avec sagesse «plus le blanc
XXXVI pl. hors texte, 17 fig. dans le est brutal, moins le noir lui paraît doué de
sensibilité ».
texte, 1 carte. Larose édit., Paris, 1934, Ainsi l'auteur nous a fait cheminer avec lui,
Prix : 100 francs. par les fleuves et les pistes, de Brazzaville au
Tchad, puis du Tchad à Fort Archambault et
Un livre posthume se feuillette toujours avec à Port-Gentil par Bangui, Brazzaville, le Congo
émotion, parfois avec inquiétude. Il est si facile belge.
en compulsant les notes du disparu, de travestir La deuxième partie de l'ouvrage s'intitule :
sa pensée, de publier des observations incom- la pêche en Afrique équatoriale française. Les
plètes, de présenter des remarques destinées à notes de l'explorateur sur ce sujet ont été
être amplifiées ou modifiées : un livre posthume collationnées par Mme G.-J. Thomas, avec
n'est point toujours l'exact reflet d'une pensée l'aide de Th. Monod.
qui s'est tue. Madame G.-J. Thomas, à laquelle Elle comprenddeuxgrandes divisons le bassin
nous devons la publication du beau volume du Congo ; le bassin du Tchad. On trouve là
dont il s'agit ici, s'est mise à l'œuvre avec une foule de renseignements et d'observation
courage, animée de la volonté de terminer sur les races de pêcheurs, leurs engins, leur
l'œuvre inachevée, en mémoire de son mari, technique. Les causes de la dépopulation de
en témoignage d'affection pour son fils. certaines régions sont analysées ; le dévelop-
Nous rendons hommage à son opiniâtre pement de la pêche est le plus sûr moyen de les
labeur et au beau et émouvant résultat auquel combattre pour la plupart. Les conseils que
elle est parvenue. Emouvant, car tous ceux donne Thomas pour la préparation du poisson
qui ont connu Jean Thomas le retrouvent tout sont ceux d'un homme d'expérience, qui avait
entier dans ces pages ; tout entier avec son déjà obtenu sur le Niger les résultats les plus
enthousiasme d'apôtre, sa sincérité, sa sensibi- encourageants.
lité, son amour de la nature, sa passion pour En annexes (I-IV), Mme G.-J. Thomas a
la vie de brousse, son amitié pour « ses frères publié quelques rapports de son mari, qui
noirs ». Pour moi, à tout instant au cours de rappellent son patient labeur, parfois ses décep-
la lecture de ce livre, j'ai pu évoquer le carac- tions qui n'entamaient point sa confiance. Le
tère de cet excellent camarade. Et je le vois professeur A. Gruvel, qui fut le maître de Jean
encore, un soir d'été 1931, peu avant son départ Thomas, a eu l'effectueuse pensée d'écrire une
pour Banyuls, dans la petite chambre d'un préface où sont relatées les diverses missions de
hôtel du calme quartier du Jardin des Plantes
où il s'isolait, m'exposer le plan général de son élève et leurs résultats pratiques. Louons
enfin les admirables photographies qui ornent
son ouvrage et me lire, plein de flamme, le volume ; elles ne contentent pas d'être nettes ;
quelques pages des premiers chapitres. — La elles sont artistiques,
première partie du volume :« A travers l'Afrique Le livre de Tean Thomas s'adresse aux
équatoriale sauvage », est le récit du voyage, jeunes. Il enchantera ceux qui rêvent de grands
récit pittoresque, coloré, émaillé de notations
musicales - Thomas était un mélomane : chant
dés pagayeurs Batéké, accompagnement de
voyages et d'explorations. Il sera lu avec
intérêt pour tous ceux qui s'intéressent aux
colonies. G. PETIT,
danses, chant sauvage des Karré de Baroua....
Ces rythmes simples suivaient partout notre ami,
accentuant sa nostalgie des vastes espaces afri-
cains. Mais ça et là, des diversions qui révèlent William BEEBE. Dans la Jungle de la
les préoccupations essentielles du voyageur tel —
ce chapitre les causes de la dépopulation et la Guyane, 1 vol. de 224 pages de la collec-
maladie du sommeil (p. 23-29): et cet autre, tion des Livres de Nature. Edit. Stock à
nerveux et convaincu la leçon de la brousse Paris.
(p. 53-55), où Thomas qui était, pourquoi ne pas
le dire?— naturiste dans le meilleur sens du Ce n'est pas aux lecteurs de la Terre et la
mot, raille notre sort de civilisés, exalte les Vie ou aux membres de la Société d'Acclima-
bienfaits du soleil. Mais voici le technicien : tation qu'il faut présenter M. William Beebe,
observations précises sur la pêche, la conserva- le réputé directeur de la Société zoologique de
tion du poisson, conclusions relatives à l'indus- New-York ; ses travaux zoologiques et ses publi-
trie de la pêche (par exemple, p. 65-70) ; voici cations considérables ont rendu son nom fami-
l'ami des noirs : le sauvage et nous (p. 121-128), lier ; notre société en a fait un grand lauréat
pages pleines de foi, d'idéal qui sont bien dans et un membre correspondant et la collection
la manière de Thomas. Ce qu'il écrit l'amène illustrée des Livres de Nature a déjà publié de
à citer cette phrase d'André Gide, qui claque lui un ouvrage Sous la mer tropicale, consacré
comme une gifle que pas mal de blancs à ses premiers essais d'observations sous-marines,
mériteraient d'avoir reçue : « moins le blanc dans les mers de coraux.
Le volume que cette même collection fait européens sont répartis en trois zones biogéogra-
paraître aujourd'hui comprend une série de phiques.—A) Zone de l'Europe septentrionale :
récits inspirés par un long séjour de l'auteur en Islande, Danemark, Norvège, Svalbard, Suède,
Guyane. Presque tous les êtres vivants de la Finlande. Esthonie, Lettonie, Lithuanie, Po-
jungle y défilent au cours d'épisodes rapportés logne, Prusse, Mecklenburg-Schwerin, Mec-
par un conteur singuliérement perspicace et klenburg-Strelitz, Lübeck — B) Zone de l'Eu-
averti. Voici les dramatiques chaînons d'une rope moyenne : Grande-Bretagne, Irlande du
lutte que soutinrent tour à tour un Protozoaire, Nord, Etat libre d'Irlande, Pays-Bas, Belgique,
deux Amphibies, un Serpent et deux Oiseaux ; Luxembourg, les différents Etats allemands,
voici encore d'originales observations d'Insectes Tchécoslovaquie. France, Suisse, Autriche,
variés qui creusent le bois, forent la terre, Hongrie, Yougoslavie, Roumanie. Bulgarie. —
s'agitent sur le sable, le long des grèves. Ce C) Zone méditerranéenne : Portugal, Espagne,
sont encore les multiples aventures de la vie et Italie, Grèce, Maroc français, Algérie, Tunisie,
de la mort d'une feuille de Palmier, les agisse- Tripolitaine et Cyrénaïque, Egypte. Palestine et
ments des êtres qui sont mêlés à elles, les Transjordanie, Syrie, Turquie d'Europe et
réflexions et les hautes pensées philosophiques d'Asie.
qu'elles suggèrent. Plus loin, sont rapportés les Cet ensemble de pays européens correspond
mœurs curieuses des fainéants de la jungle, les à la partie occidentale des territoires que les
Paresseux, ou des ancêtres de la forêt, les Sapa- biogéographes désignent sous le nom de « zone
jous. Et pour terminer voici l'évocation des paléarctique».Le rapport précédant les tableaux
ébats de la mystérieuse faune ailée qui habite explique pour quelles raisons les pays les plus
les frondaisons majestueuses, du Sanglier, ou la orientaux ont été provisoirement exceptés.
relation méticuleuse du comportement du Tina- La documentation qui figure dans le synopsis
mou, l'Oiseau à l'œuf lie de vin, au moment de concerne les Oiseaux en général, sans se limiter
l'incubation. à aucune catégorie spéciale (Oiseaux de chasse,
Dans tous ces récits on trouve une infinité de Oiseaux utiles ou nuisibles...) ; mais il est bien
faits curieux et peu connus avec la précision évident que les données se rapportent aux
scientifique, la justesse de l'observation et sou- espèces existant habituellement pendant une
vent le contrôle de l'expérimentation, qui ont partie de l'année dans tel ou tel pays en question.
fait la réputation de l'auteur. On a renoncé, avec raison, à donner les noms
On y chercherait pourtant en vain un souci vernaculaires. Les espèces sont donc désignées
didactique visant à décrire les particularités sous leur nom latin, en suivant la nomenclature
biologiques des êtres envisagés, les uns après d'E. Hartert (Die Vôgel der Palaarktischen
les autres. Tout est lié dans la vie du monde Fauna).
animal ; de la plante à l'Oiseau, de l'Insecte au A chaque répartition de pays ci-dessus indi-
Mammifère il existe une somme de réactions quée, correspond un tableau synoptique.
réciproques qui s'enchaînent dans leur coïnci- Dans la colonne horizontale du haut figurent
dence et dans leur succession. C'est cet enchaî- les noms des Etats avec indication de l'année à
nement, cette parenté mutuelle des êtres que laquelle la documentation se rapporte. La
William Beebe a voulu surtout mettre en évi- colonne verticale de gauche de chaque tableau
dence dans son livre qui pourrait — pour se mentionne les espèces. On trouvera donc sous
rapprocher plus littéralement du titre de l'ou- chaque nom de pays et en face de chaque
vrage américain d'où il est traduit — s'intituler : espèce, la date d'ouverture et de fermeture de
Vie de la jungle. la chasse. Le signe + indique les espèces proté-
Les descriptions, toujours pittoresques et colo- gées durant toute une année. Le signe—, au
rées, sont agréables à lire ; si l'auteur se livre contraire, celles qui peuvent être chassées ou
parfois à des méditations philosophiques très capturées en tout temps.
personnelles, il agrémente ses récits de traits Si l'ouvrage dont il s'agit ne permet pas de se
d'autant plus piquants qu'ils sont généralement passer complètement, pour qui veut approfon-
d'humour inattendu. drir une question, des textes législatifs eux-
Par son art de présenter les faits, par son mêmes, il constitue une documentation synthé-
souci de les expliquer, par son besoin de les tique de tout premier ordre, qui sera complé-
interpréter, William Beebe s'apparente aux tée, nous annonce-t-on, par des suppléments.
naturalistes de la grande époque, à ceux qui, en Ce synopsis témoigne de l'effort de documen-
France, créèrent au XVIIIe siècle, le grand tation scientifique et technique qui s'élabore
mouvement en faveur de l'histoire naturelle. depuis plusieurs années à l'Office international
C. B.
de Bruxelles. On ne peut que lui adresser, sans
réserves, félicitations et encouragements.
G. PETIT.
Synopsis des principales mesures
législatives concernant la protec-
tion des Oiseaux Eurone. — Office Dr A. GUÉNIOT. — Aperçus touchant les
internat. pour la protection de la Nature, Oiseaux, les Insecteset les Plantes.
21, rue Montoyer, Bruxelles, 1933. Prix : (Trois mondes d'une vie intense autour de
20 francs français. nous). 1 vol. 224 pages. Baillère, Paris,
1934.
Ce synopsis constitue une œuvre fort intéres-
sante et utile, représentant un labeur considé- Les observations sur les animaux ne sont pas
rable. Le rapport qui précède les 28 tableaux seulement le fait de naturalistes ou d'amateurs
hors texte de l'ouvrage, a été établi sur la passionnés des choses de la nature. Le Dr Gué-
demande du Comité international pour la pro- niot nous en donne la preuve. Ce médecin
tection des Oiseaux : il est signé du D" J.- éminent aimait les bêtes ; il a su les regarder,
M. Derscheid et du D, T Graim. Les pays les comprendre et les traduire même pour le
lecteur le moins familier de l'histoire naturelle. de temps avant sa mort que le savant a fait
Ajoutez à cela que la forme est impeccable et paraître cet ouvrage que je vous engage à lire.
vous comprendrez l'enchantement qu'on éprouve Il s'adresse suivant la parole de l'auteur : à la
à lire ce petit livre qui est d'ailleurs fort bien fois aux jeunes et aux vieux.
composé et documenté.
Le savant accompagne à chaque pas le litté-
rateur et ce sont des faits précis qu'il nous
apporte : la description du nid de Chardonneret,
la sollicitude de la mère pour ses petits, puis
l'apprivoisement d'une jeune Rouge-Gorge, l'art La Revue de Madagascar. Publication
de dissimulation du Troglodyte qui cache son trimestrielle ; n° 6, avril 1934. Prix du
nid, la confiance ou l'effronterie du Moineau no : 10 francs. Abonnement (un an) : 40 fr.
parisien. A l'exposition permanentede Madagascar,
Dans le groupe des Insectes, l'auteur a parti-
culièrement observé la Guêpe, dans les moindres 27, avenue des Champs-Elysées, Paris.
actes de son existence et la Mouche commune.
Les plantes enfin, ont retenu l'attention du La Terre et la Vie a signalé en son temps
Dr Guéniot qui, lui, étudie non pas en botaniste, l'apparition de cette revue luxueuse publiée par
mais en promeneur toujours en éveil par les le gouvernement général de Madagascar et en-
beautés de la forêt, ou la flore si complexe et tièrement confectionnée par les services tech-
si curieuse des lacs. niques de la grande Ile.
Le Dr Guéniot accompagne son livre d'un Cette revue a un an d'existence. A signaler
avant-propos qui résume l'histoire de ce petit dans le n* 6 que nous venons de recevoir, l'é-
livre, fruit de ses pensées d'une belle et longue tude sur le Raphia (Ed. François) et celle de
retraite, puisque c'est à l'âge de 102 ans, peu H. Poisson sur la faune malgache (p. 69-104).
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDÉE PAR LA

SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCHMATATION DE FRANCE

ET PUBLIÉE EN COLLABORATION AVEC LA


SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES, MARITIMES ET COLONIALES

4e ANNÉE — N° 8 Août 1934

SOMMAIRE
T Il. MoxoD.... Notes canariennes .
451

.1. VELLARD.... Voyage d'un naturaliste à l'Araguaya (Brésil). — La


faune venimeuse 469
CARL STAMMLER

P. BOULINEAU
N KottSAKOl-'i-'
..
..
..
L'Aigle fauve dans les hautes montagnes de la Suisse
lios indicus
Contribution à l'étude du Biepharopsis mendica Fabr.
(suite)
.. 477
489

494

NOTES SCIENTIFIQUES. — Description d'un fœtus de Lepidolemur


ruficaudatus A Grandidier, par G. PETIT 497

VARIÉTÉS. Un portrait de Georges Cuvier enfant. — Crocodiles



sacrés et ordalie par le Crocodile. — Une peuplade peu connue : les
Indiens Guayaki 500

NOUVELLES ET INFORMATIONS

.................
505

PARMI LES LIVRES 511

La photographie reproduite sur la couverture et qui représente


un Echinocactus est due à M. P.-L. BARRUEL.

REVUE MENSUELLE
Abonnements : France et Colonies : 75 fr. — Étranger : 90 fr. ou 105 fr. suivant les pays.
SOCIÉTÉ NATIONALE SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES,
D'ACCLIMATATION DE FRANCE MARITIMES ET COLONIALES
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SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION
Fondée en 1854. reconnue d'utilité publique en 1856

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Secrétaire général : M. C. BRESSOU. directeur de l'École d'Alfort.
Vice-présidents : Secrétaires : Trésorier :
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raire au Muséum ; MM. Pierre CREPIN ;
DECHAMBRE, professeur Archiviste :
honoraire à l'Ecole Charles VALOIS; Monseigneur FOUCHER.
d'Alfort ; Pierre MARIÉ;
le docteur TIIIDOUT ; Bibliothécaire :
Maurice LOYER. Lucien POIIL. M. Ph. DE CLERMONT.
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CONSEIL D'ADMINISTRATION
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Mammalogie Aquiculture Aquariums et Terrariums
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NOTES CANARIENNES
par
Tii. MONOD

On dit toujours « l'archipel cana- tal (2.500 km2) 34.138 seulement,


rien », « les îles Canaries », tout soit une densité respective, au kilo-
simplement, trop simplement. Topo- mètre carré, de 111 et de 14 (1).
graphiquement l'on a raison : l'en- Chacune des îles occidentales est
semble tiendrait dans un rectangle montagneuse avec un point culmi-
de 200 sur 4.50 kilomètres. Mais les nant supérieur à 1.000 mètres :
7, 8, 10, 12, ou même 14 îles et 1.340 (Gomera), 1.515 (Hierro),
îlots qui le composent sont loin de 1.960 (Gran Canaria), 2.400 (Palma),
former, pour le naturaliste, un tout 3.712 (Tenerife) (2i; une partie im-
homogène : il y a pour lui deux portante de leur surface est à plus de
archipels, juxtaposés, mais bien dis- 800 m. Or dans le groupe oriental.
tincts, deux groupes d'îles, l'un occi- le niveau moyen est très bas: le seul
dental, l'autre oriental. point qui atteigne 800 m. se trouve
Le groupe occidental comprend à l'extrême Sud de Fuerteventura,
les îles de lIierro, Gomera, Palma, dans la presqu'île de Jandia (850 m.),
Tenerife, Gran Canaria, le groupe tandis que Lanzarotc ne dépasse pas
oriental celles de Fuerteventura (avec 675 m.
l'île des Phoques, Lobos) et de Lan- De leur très faible altitude, et
zarote, avec les lsletas (Graziosa, aussi de leur situation géographique,
Montana Clara, Roque des Infierno, bien proche du Sahara, découle —
Alegran/a et. si l'on veut, le Roque si l'on peut ainsi parler — pour les
del Este). îles orientales, leur sécheresse ; l'eau
L'écart considérable que l'on cons- y est rare, et on y peut voir des
tate entre le nombre d'habitants au années entières sans pluie véritable :
kilomètre carré dans le groupe Ouest les nappes phréatiques y sont à peu
et dans le groupe Est, à population près totalement absentes et la popu-
relativement très peu nombreuse,
traduit, entre ces deux groupes d'iles,
(i) Les chitfres sur la population sont ceux du
une série de différences naturelles «
Nomencliitor de las Cindades, Villas, Lugares...
importantes, morphologiques, clima- con referencia al 31 de déciembre de 1930 », Ma-
drid. 1933; ils m'ont été aimablement commu-
tiques, botaniques, etc : le groupe niqués par le DI Luis BELLÔN URIARTE, diiecteur
occidental (4.700 km2) compte ac- du Laboratoire d'Océanographie des Canaries.
(2) Chiffres approximatifs : les nombres va-
tuellement 520.250 habitants, l'orien- rient suivant les auteurs.
lation y vit exclusivement d'eau de sahariens qu'ils soient, se sont déjà
citerne ; si la période sans pluie se trouve, même sur une terre aussi
prolonge trop, les réserves s'épuisent proche de leur patrie que Lanzarote,
et la situation peut devenir si grave des occupations auxquelles leurs cou-
que l'on a vu l'administration obligée sins du continent ne songent guère :
d'importer de l'eau de Gran Canaria, ils portent des caisses de tomates et
et des groupes nombreux obligés de ils labourent.
s'expatrier.
On sait combien est riche et I. Lanzarote : constitution

curieuse la flore du groupe Ouest physique.
où, malgré les ravages exercés par On va moins souvent à Lanzarote
les Européens, subsistent encore
d'importants lambeaux des forma- qu'à Gran Canaria ou iL Teneril*e ;
tions primitives et en particulier de ayant eu l'occasion de visiter l'île
forêts (à Lauracées, et, plus haut, à récemment, j'ai pensé que quelques
Pinus canariensis) ; que sur les flancs renseignements sur sa géologie ne
des plus hauts reliefs s'étagent une seraient pas déplacés ici (1).
série de zones botaniques compre- Grâce aux travaux de LÉOPOLD VON
nant même une zone subalpine à BucH (1815). de GEORG H ARTUNG
Viola cheiranthifolia, Silene nocteo- (1857), de K. VON FRITSCH (1867),
lens, Sparto cytisus supranubius. d'OsKAR SIMONY ('1892), grâce sur-
Aucune différenciation verticale tout à l'excellente monographie de
dans le groupe oriental, à flore mo- EDUARDO II. PACHECO (2) nous som-
notone et pauvre et où les arbres mes aujourd'hui bien renseignés sur
font totalement défaut. Il faut avouer la géologie de Lanzarote et de ses
satellites les « Isletas ».
que le milieu n'est guère favorable à Si l'île est entièrement volcanique
l'épanouissement d'une végétation
luxuriante : un grand gâteau plat, — avec quelques dépôts quater-
fait d'escarbilles, de mâchefer mal naires — on y peut cependant distin-
refroidi, de cendres et de sable, cons- guer une série d'aspects, dè types de
tamment balayé par l'alizé et sur le- paysages : 1° les massifs basaltiques ;
quel il ne pleut pas, ne sera jamais 2°leschaînesde cônes volcaniques an-
ciens et les territoires constitués par
un jardin d'Eden. les produitsdes éruptions anciennes :
En fait, les îles de l'Est sont fran-
chement sub-désertiques et un œil a) montagnes isolées et alignements
habitué aux paysages sahariens les de cônes; b) « mal-pays » anciens ;
plus sévères y retrouvera sans peine c) plaines de lave) ; 3" les champs de
bien des aspects familiers. Il y a déjà lave provenant des volcans mo-
beaucoup d'Afrique à Lanzarote : on dernes : a) cratères et groupes de
le sait déjà à regarder du large, posée volcans; by-« mal-pays » modernes;
c) champs de sable volcanique ;
au bord d'un désert, la petite bour-
gade orientale qui sert à l'île de ca-
pitale, et on le comprend mieux (i) On trouvera une bonne carte géographique
encore à regarder au loin, dans une de Lanzarote, au 150.000, dans Sapper, l'et. Mit t.,
52, 1906, pl. 12. C'est cette carte qui a servi de
plaine qui n'est en réalité qu'un vul- fond à la carte géologique de Pacheco ,19091.
gaire « reg » saharien, défiler une (2) Estudio grológico de Lanzarote y de las
caravane de Chameaux. Isletas Canarias, Meni. R. Soc. Esp. Ilist. Nat.,
VI; 1:09, p. 107-331, 29 fig. texte, pi. IV-XtX,
Seulement ces Chameaux, tout 1 carte col. h. t.
4° plaines de sables calcaires (apports C. Série volcanique moderne ( 1 730-
éoliens). 1736, 1824).
Il ne s'agit là que des formations 5. Formations quaternaires non
qui jouent un rôle topographique volcaniques.
appréciable ; une classification géo- A. Dépôts calcaires concrétionnés.
logique serait plus complète et per- B. Sables éoliens.

mettrait d'énumérer les éléments Les basaltes qui ont constitué la


suivants : charpente de l'île et sur laquelle sont
1. Roches éruptives : ne sont re- venues s'appuyer toutes les forma-
tions postérieures, sonttertiairos, sans
présentées que par des fragments re-
jetés par certains volcans (hypers- doute post-éocènes : ils se sont dé-
thènes). posés en vastes nappes, soumis
2. formations volcaniques acides :
ensuite à une violente érosion marine
qui les a fortement entamés et sous-
un tout petit affleurement de trachyte traits enfin à cette action destructrice
andésitique.
3 Formations basaltiques à érup- par un mouvementlent de surrection.
tions homogènes. Ensuite se sont produites les vio-
4. Formations basaltiques à érup-
lenteséruptions, basaltiques toujours,
tions explosives. mais explosives, qui ont couvert la
région de laves et de cratères et ont
A. Série volcanique ancienne. donné à l'île ses limites topogra-
B. Série volcanique récente. phiques actuelles.
Ces volcans, alignés le plus sou- inférieures; elle aurait servi de refuge
vent sur des axes ENE-WSW corres- aux habitants de 1 île lors de cer-
pondant sans doute à des lignes de taines invasions barbaresques aux
fractures de même direction, sont de XVIe et XVI1° siècles : en 1618, grâce
types très variés ; on en a décrit un à l'exislence de plusieurs orifices, les
grand nombre, se ramenant à 4 prin- fugitifs purent demeurer cachés un
cipaux: cumulo-volcans, volcans co- certain temps jusqu'au jour où les
niques stratifiés, « calderas » d'ex- musulmans, ayant capturé un berger
plosion, crevasses éruptives ayant (du nom de Verde précisent certaines
livré passage à la lave. sources), découvrirent la « Puerta-
Ces éruptions se sont échelonnées falsa » et firent 800 prisonniers.
sur une très longue période et l'on Il existe d'autres tunnels ana-
peut préciser plusieurs époques de logues, à l'intérieur de laves mo-
paroxysmes. La série ancienne est dernes, par exemple la Cueva de los
d'âge inconnu : on doit noter toute- Naturalistas (au moins 700 m. de
fois qu'une série de détails topogra- long dans une coulée de 1730-1736).
phiques ont permis de conclure que Comment expliquer l'origine de ces
le régime actuel de l'alizé était déjà galeries à section régulière, il parois
établi au moment de sa mise en place. lisses et dont le plafond est couvert
La série « récente » n'est pas da- parfois de stalactites de lave ? Il
tée non plus : elle est antérieure à semble bien, après les recherches de
l'histoire, en tous les cas à l'histoire HARTUNG et de PACIIECO, qu'il faille,
européenne extrêmement jeune aux pour comprendre la formation des
Canaries; à cette série appartiennent tunnels, partir de certains fossés
les volcans Corona et Quemada de creusés à la surface de la coulée et à
Orsula avec le « mal-pays » du Nord- ciel ouvert sur tout leur trajet (Mon-
Est de l'île : tout cela est déjà très tana del Fuego) ; on trouve ensuite des
frais d'aspect. Les champs de lave fossés partiellement transformés en
de ce « mal-pays » ne sont pas nus: tunnels par une voûte qui n'est guère
deux plantes caractéristiques y for- qu'un large pont (Montana Rajada) ;
ment en mélange un très riche peu- puis il y a les vrais tunnels, à un seul
plement, l'Euphorbia balsamifera et étage (Cueva de los Naturalistas) ou
un curieux Séneçon à rameaux char- à étages superposés (Cueva de los
nus, Kleïnia neriijolia. Mais entre les Verdes). Il semble bien que ces
buissons et sous les Lichens la coulée quatre types d'accidents représentent
est intacte : si ce n'est pas d'hier, les états successifs d'un même phé-
c'est tout au plus d'avant-hier. nomène, le remplissage, par des laves
C'est dans l'épaisseur de cette lave très iluides, de ravins naturels,
que se trouve creusée la fameuse préexistants à l'éruption.
grotte à trois tunnels superposés dite Si la base envahit le thalweg d'un
Cueva de los Verdes et dont un tron- torrent, de ce qu'on nomme ici un
çon oriental contient un petit lac barranco, elle le remplira comme
souterrain d'eau de mer, le Sameo nous voyons les pluies remplir et
de Aqua. d'un si grand intérêt zoolo- faire déborder un oued aujourd'hui.
gique. La Cueva, qui a plusieurs La lave accumulée dans l'oued res-
kilomètres de long, se compose d'une tera longtemps très chaude, donc
galerie principale, pouvant atteindre fluide et la couche qui tapisse les pa-
15 m. de haut et de plusieurs galeries rois se solidifiera la première. D'autre
s
part, le ravin va approfondir, non peut aboutir à la formation de gale-
par le creusement de son lit, mais par ries superposées, le plafond de la
surélévation des parapets au fur et à première servant de plancher à une
mesure que de nouvelles venues vien- seconde et ainsi de suite.
dront faire déborder à nouveau la La série éruptive moderne est
masse liquide et ajouter de nouvelles d'hier : le paroxysme de 1730 1736 a
couches ail champ de lave contigu. bouleversé environ 1/3 de l'île, celui
Que le ravin se vide soudain, la lave de 1824 fut moins violent. Sur l'un
s'écoule et il ne subsiste qu'un grand et l'autre nous possédons, bien en-
fossé tapissé de lave. Si le réservoir tendu, des documents émanant de
tarde à se vider, sa surface sera déjà témoins oculaires de l'éruption. C'est,
prise quand la masse principale, en- par exemple, pour le XVIIIe siècle, la
core liquide, s'écoulera et il restera relation du curé de Yaiza, Dom ANDRÉS
un tunnel avec un toit, d'où pour- LORENZO CURBELO : « Le 1er septembre
ront s'égoutter des stalactites. Enfin 1730, entre 9 et 10 heures du soir,
si, à cause d'obstructions temporaires la terre s'entr'ouvrit tout à coup aux
du canal, le niveau de la masse la- environs de Timanfaya, à deux lieues
vique subit de fortes variations, on de Yaiza. Dès la première nuit, une
énorme montagne avait surgi du sein qu'elle conserve encore quelques
de la terre, et de son sommet s'échap- traces de chaleur : elle se refroidit
paient des flammes. Peu de jours d'ailleurs peu à peu, comme on le
après un nouvel abîme se forma et un sait, non seulement par les récits des
torrent de lave se précipita sur Ti- habitants, mais par les témoignages
manfaya, sur Rodeo et sur une partie des géologues ayant tour à tour vi-
de Mancha Blanca... » etc., etc. Tout sité la montagne : L. VOIN BUCH
le Sud-Ouest de l'île fut noyé de lave, (1815), G. HARTUNG (1855), K. VON
généreusement arrosé de cendres et FRITSCH (1863), SIMONv (1890), E.-
de lapilli, secoué de tremblements de IL PACHECO 1907), A. BRUN (1907).
(

terre, hérissé de cratères nouveaux; La température demeure cependant


l'éruption se propagea même sous la appréciable : en 1907, BRUN consta-
mer : « à la fin de juin 1731, écrit tait 1100 à 10 cm. et 360° à 60 cm.,
le curé CURBELO, toutes les plages, du dans une fissure du Lomo de Azufre,
coté de l'ouest, se couvrirent d'une et aujourd'hui encore, toute ascen-
quantité incroyable de Poissons morts, sion de la Montana del Fuego s'ac-
de toutes sortes d'espèces, et quelques- compagne de la cuisson, dans le sol
uns de forme qu'on n'avait jamai brûlant, d'œufs et de pommes de
vues. Vers le nord-ouest, on voyait terre.
s'élever du sein de la mer une grande Ces émanations calorifiques ne se
masse de fumée et de flammes, accom- signalent par aucune fumée, aucune
pagnées de violentes détonations. » vapeur, aucune odeur : elles se com-
Un grand nombre de petites localités posent essenliellement d'air atmos-
furent ravagées. phérique, sans autres gaz, et entiè-
En 1824 se formèrent trois vol- rement dépourvu d'humidité. On sera
cans, celui de Tao le 31 juillet, et un donc tout disposé il admettre l'expli-
autre dans la chaîne des Montanas cation de PACHECO ne voyant dans ce
del Fuego le 29 septembre, enfin, dégagement d'air chaud que le rayon-
celui de Tinguatôn le 16 octobre. nement d'une énorme masse lavique,
Ceux de Tao et de Tinguatôn, après emprisonnée sous la montagne, et se
une émission de laves, d'ailleurs refroidissant graduellement.
peu importante, rejetèrent de l'eau Quant aux formations quaternaires
salée, le second avec tant d'abon- de Lanzarote il n'y a pas lieu de les
dance qu'il se transforma pour décrire ici : l'appelions seulement
quelques heures, en un véritable gey- qu'elles renferment des espèces sub-
ser : l'eau en était, écrit un témoin, fossiles (Helix sarcastoma Webb. Sie-
le curé de S. Bartolomé, D. BALTA- nogyradecollata Lin., Parmacella cal-
SAR PERDOMO, « couleur de lessive, losa Mouss., nids d'Anthophora (sp.)
aussi chaude que si elle était bouil- et que l'existence de cette faunule
lante et aussi salée que celle de la semble corroborer l'hypothèse d'une
mer ». disparition récente, probablement
Lorsque LEOPOLD VON BucH, en historique, de la végétation arbustive
1815, débarqua à Port Naos, il apprit et peut-être des arbres qui auraient
« avec quelques soupirs que la mon- couvert certaines régions au moins
tagne brûlait encore ». Aujourd'hui, de l'île. S'il y a bien eu un reculde la
près de deux siècles après l'éruption, végétation, le problème se pose de
la Montana del Fuego « bride » tou- savoir dans quelle mesure il faut en
jours ; disons plus modestement accuser les divers facteurs il envisa-
ger : actions volcaniques (certaines, rie, La Gomère, Fer et Palma. L'as-
mais, somme toute, localisées), dé- pect delà végétation diffère essentiel-
boisement humain, ou mi-me change- lement dans ces deux groupes »).
ments d'ordre climatique peut-être Les grandes îles de l'Est, Lanza-
parallèles à ceux qu'a subi le très rote et Fuerteventura ont-elles tou-
proche Sahara. jours été aussi désertiques qu'elles le
Les coulées de lave du XVI IIe siècle sont aujourd'hui? En particulier ont-
sont encore aujourd'hui dans un état elles été brisées?
de fraîcheur extraordinaire et il n'est C. BOLLE, auquel on doit un très
guère douteux qu il est peu de spec- intéressant mémoire sur la végétation
tacles aussi étranges, aussi fantas- de Lanzarote etde Fuerteventura (1),
tiques. que cet océan pétrifié où la a déclaré : « Les Purpuraires ont été
roche, grise et brune, saupoudrée de ravagées à trois reprises, par les vol-
Lichens blancs, si nombreux parfois cans, par les Chèvres et par les
qu'on les prendrait pour de la neige, hommes et ce sont ces derniers, en
s'entasse en blocs tourmentés, se cabre particulier les « civilisés », qui
en vagues désormais immobiles, se semblent avoir été les plus impi-
plisse en rides géantes, ou s'effondre toyables destructeurs ».
par places dans les cavités souter- Certes jamais les îles de l'Est n'ont
raines qui la minent; ajoutez à cela pu être, comme Tenerife ou Gomère,
les champs de lapilli, gris également, un pays de haute futaie, mais il est
et les cratères érigeant de tous côtés bien vraisemblable qu'elles ont été
leurs gigantesques cônes d'escarbilles, couvertes de bois-taillis, avec possi-
gris toujours, mais marbrés de rouge ; bilité, en des points privilégiés
imaginez cette invraisemblable (léso- (gorges, etc.), d'abriter des îlots de
lation se déroulant jusqu'aux limites forêt véritable.
de la vue sans aucune autre végéta- SABIN BERTHELOT a encore aperçu
tion visible que l'enduit des Lichens, sur les hauteurs de Lanzarote d'im-
et vous comprendrez pourquoi un posantes souches de très vieux Lau-
seul mot peut dépeindre un tel pay- riers; BOLLE signale à Fuerteventura,
sage, l'adjectif « lunaire ». On a peine au bord septentrional de la Cumbre
à s'y croire encore sur la terre ; cela de Jandia, des troncs de Gymnosporia
ressemble, décidément, à « autre cassinoïdes (L'Hérit.) et le souvenir,
chose ». dans les récits locaux, d'anciens Oli-
viers sauvages.
II. —
Sur la végétation Les documents historiques sont, en
des îles orientales.
ce qui concerne la végétation, des plus
J'ai fait remarquer plus haut qu'il maigres. Il y a cependant quelques
y avait deux archipels canariens jux- textes il citer. C'est ainsi que les chro-
taposés, mais très distincts: il y a fort niqueurs de JEAN DE BETHENCOURT
longtemps que les naturalistes s'en nous disent de Fuerteventura : « le
sont aperçus: « M. BROUSSONET, écrit païs est garny de plain & de mon-
A. DE HI "MHOLDT en 1814 ( Voyage aux tagne, & peut-on cheuaucher d'un
régions équinoxiales, p. 187), observe bout à l'autre, & y trouve l'on en
qu'on peut diviser l'archipel des
Canaries en deux groupes d'îles. Le
premier renferme Lancerote et For- (1) Botanische Rückblicke auf die Inseln Lan-
taventure; le second Teneriffe, Cana- zarote und Fuertaventura (Bot. Jahrb., XVI, 1893,
p.224-261).
quatre ou en cinq lieuës ruisseaux Des renseignements du XVIIe
courans d'eau douce, dequoy moulins (ABREU GALINDO et P. AGOSTIN DEL
pourroient moudre, & a sur ces ruis- CASTILLO) donnent aussi l'impression
seaux de grands bocages de bois de pays moins privés d'eau et plus boi-
qui s'appellent Tarhais, qui portent sés qu'ils ne sont aujourd'hui. Sans
gomme de sel bel & blanc ; mais ce doute n'y vit-on jamais ni Dragon-
n'est mie bois de quoy on peut faire niers ni Pinus canariensis, mais aux
bonne ouvraige, car il est torlu & points élevés de ces îles a dû exister
semble bruyere, de la feuille. Le pays cependant, sur une très faible échelle,
est moultgarnyd'autre bois qui porte et très pauvrement développé, l'équi-
laict de grand médecine en maniéré valent du laurelum canarien, avec
de baulme, & autres arbres de mer- Gymnosporia cassinoides (L'Hérit.),
ueilleuse beauté qui portent plus de 211 y ri c(l Jaya. Ait.. Erica arborea L.,
laict que ne font les autres arbres, & Laurus canatiensis Webb et Berth..
sont carrez de plusieurs carres ; & sur Hypericumgrandiflorum Christ., Ra-
chacune carre a un reng d'espine en nunculus Teneri/f'ae Pers.
maniéré de ronces, & sont les branches On a énuméré des îles orientales
grosses comme le bras d'un homme, un peu plus de 400 espèces de Pha-
& quand on les couppe tout est plain nérogames et de Cryptogames vascu-
de laict qui est de merveilleuse vertu : laires. La grande majorité est,
d'autre bois comme de palmiers por- d'après BOLLE, « indifférente », c'est-
tans dattes, d'oliuiers, & de masti- à-dire méditerranéenne sensu latissi-
que rs y a grand planté ». mo : je suppose qu'il ne serait pas
Celte description, qui ne donne inulile, aujourd'hui que la flore ma-
guère l'impression d'un pays entière- rocaine est relativement bien connue,
ment déboisé, concerne évidemment de préciser davantage les affinités de
des Tamarix, le Tabayba (Euphorbia ce groupe « indifférent » ; sur les
halsamifera), le Cardon (E. cana- 123 autres espèces, 46 sont cana-
y
iensis) l'Oleaeuropaeaet,sous le nom riennes (influence du groupe occi-
de « mastiquer », sans doute le Pis- dental), 26 sahariennes ou saharoïdes
tacia atlantica. (influence africaine), et 46 endé-
Ailleurs le même document décrit miques (avec 14 espèces extrêmement
le « Ruissel de l'aimes » : « quand localisées « espèces à aire très petite »
on est outre, l'on trouve le val bel
& honny, & moult délectable, & y
peut bien avoir huict cens palmiers
DOLLE).
ou « espèces limitées » de DE CAN-
A la flore indigène s'est superposée
qui ombroient la vallée, & les ruis- une flore introduite, en particulier
seaux des fontaines qui courent par- toute une série de plantes cultivées.
my, & sont par troupeaux cent & six Si l'occupation normande n'a su
vingts ensemble, aussi longs comme apporter qu'un très petit nombre
mats de nef, de plus de vingt brasses d'espèces (le Blé par exemple et quel-
de hault, si verds&si feuillus, & tant ques légumes), c'est de la péninsule
chargez de dattes que c'est une moult ibérique que sont venus la plupart
belle chose à regarder. Et là se dis- des végétaux actuellement cultivés,
nèrent sous le bel ombre sur l'herbe en particulier les arbres fruitiers
verte, prés des ruisseaux courans, & (sauf le Dattier et le Figuier déjà en
là se reposerent un petit, car ils es- place à l'époque de la conquête).
toient moult lassez ». En ce qui concerne les végétaux
non comestibles, on doit distinguer Les méthodes agricoles employées
trois grandes périodes dans l'histoire dans les îles orientales ont su s'adap-
des îles orientâtes : celle de l'Orseille, ter, avec une remarquable ingénio-
de la préhistoire au XVIIIe siècle,
— sité, aux principaux facteurs phy-
celle de la barillet (Mesembrianthe- siques influençant la végétation : un
muni cryslallinum) cultivée à partir sol volcanique, des vents réguliers et
du milieu du XVIIIe siècle pour l'ex- souvent violents, enfin une extrême
traction de la potasse — enfin celle pénurie d'eau.
de la Cochenille, et par conséquent Faute de pouvoir les décrire ici en
Opuntia (ficlls indica L. et tunna détails, bornons-nous à signaler sim-
M l ). commençantvers 1830 et attei- plement les zones de sédimentation
gnilnt son apogée vers 1850-1870. artificielle destinées à fixer les limons
La principale céréale est le Blé, et les sols ramollis par la pluie ou
mais il y a beaucoup de Maïs et d'Orge. nateros, les champs recouverts d'une
Parmi les légumes il faut citer au couche de lapilli, sans doute pour
moins les Oignons, les Tomates, le retenir l'humidité, les vergers dans
Cicer arietinum, le Lathyrus sativus, les trous des coulées de lave, les
le Lupinus albus, la Pomme de terre; vignes plantées derrière des abris en
parmi les fruits, d'abord les Figues et pierre sèche ou dans des entonnoirs
le Raisin, puis la plupart des arbres creusés dans les lapilli et les cendres,
fruitiersde L'Europeméditerranéenne, de façon à atteindre des couches pro-
à l'exception toutefois des Cerisiers, fondes plus humides, c'est-à-dire, en
des Néfliers, des Châtaigniers £t des miniature, ce que les giands enton-
Noyers ; les Bananiers manquent noirs du Souf sont pour leurs Dat-
aussi, faute d'eau. tiers ; ces cultures en entonnoirs qui
constellent les flancs des volcans de III. —
Un astronome-botaniste
leurs innombrables « trous d'obus » aux Canaries en 1724-
confèrent à certains districts du sud
de Lan/arote un aspect des plus Un ordre royal signé à Versailles
étrange : devant ces paysages noirs le 22 janvier 1724 avait prescrit,
et tout minéraux (les Vignes, blotties « sur l'avis des plus habilles mathé-
dans leurs trous ne sont pas visibles), maticiens de ce tems », l'envoi aux
le voyageur se demande soudain Canaries « d'une personne accous-
pourquoi les grands cratères ont fait tumée aux voyages de mer et exercée
une telle multitude de petits ou com- aux observations » : il s'agissait de
ment le secteur a pu être « marmi- préciser enfin la position géogra-
té » avec une si étonnante régula- phique de l'Ile de Fer, officiellement
rité (1 ). choisie pour origine du premier
méridien depuis l'ordonnance du
(1) Voir, en particulier, PEBEYRA GALVIATTI, No- 27 juillet 1634.
tas de geologia agricola de la isla de Lanzarote Cette ordonnance, d'ailleurs, avait
(Bol, R. Soc. Esp. llist Nat. VII, 1907, p. 363-378).
un intérêt très pratique : « de l'avis chacun se réjouissait, ignorant que
de notre cher et bien aymé cousin le les biens et les maux sont si étroite-
Cardinal de RICHELIEU, Pair, Grand- ment unis ensemble qu'on le-s voit
maître, Chef et Intendant général rarement séparés ». Le 5 mai, pour
de la Navigation et Commerce de se consoler des vents contraires, on
France », en effet, le premier méri- cherche de « petits jeux ». Et on en
trouve : les passagers
«
vuidèrent quelques pe -
tites bouteilles de li-
queurs » que l'on jetait
ensuite à la mer pour les
tirer au fusil. Les paris
s'engagent le marquis
:
del Conventillo « connu
à Paris par les exces-
sives depences qu'il \
avoit faites » met au défi
M. de l'Age : ce dernier
accepte et s'offre même
«
de casser une bou-
teille suspendue au bout
(l'une corde, à l'endroit
du navire qu'il luY plai-
roit » trois écus contre
:

un, dix coups il tirer.


M. de l'Age tire neuf
balles et la bouteille se
balance toujours « au
dien allait marquer dorénavant la penondelavergtiedeciradière »... Le
limite en-deçà de laquelle il était l'ait Marquis certain de gagner, porte alors
« très expresses
inhibitions et def- son pari à trois cents contre un : M. de
fences... d'attaquer ny courir sus aux tAge « tira son coup, cassa la
navires Espagnols et Portugais ». bouteille au goulots » et le Marquis,
En 1724, toutefois, la longitude de tout surpris, « n'eut d'autre parti à
IIicrro n'intéresse plus que la géo- prendre que de mettre la main à la
graphie et la navigation. On choisit, bourse et compter à M. de l'Age les
sur le conseil de l'Académie Royale, neuf cents livres ». Nouveau pari :
le Père Louis FEUILLÉE, religieux «
attribuant ce coup au ha/ard » et
minime et voyageur expérimenté, (1
embarrassé apparemment de trois
que l'on embarque à Marseille, sur la louis d'oi- qu'il avoit dans sa poche »
«
Belle Femme e, le 23 avril, avec un marchand génois propose à M. de
« une lunette de 15 à 16 pieds avec l'Age le même exploit en sept coups :
les verres et les tuyaux de fer blanc, la bouteille vole en éclats au cin-
un demy-cercle d'un pied de dia- quième. M. de l'Age offre de la casser
mettre, une chaîne de dix toises, en trois coups mais « personne n'osa
dix livres de. vif argent avec six tubes plus s'aventurer, chacun estima
de verre »,etc. mieux sentir son argent dans sa
Le 3 mai « la journée fut belle; bourse que dans celle d'autruy ».
Le 17 juin, on quitte Cadix, et acutissimis, l'kntinhinum tenerisee-
la proximité des corsaires de Salé rum angusto et longiore folio, le So-
inquiète un peu les passagers, mais lanum tuberosum esculentum radice
le capitaine les assura « que les Sale- pomifera, le Sedum magis arbores-
tins n'étoient pas gens à luy faire cens caule oblongo, l Amaranthus
peur, qu'il souhaittait même d'en ren- siculits radice perenni, appelé thedera
contrer quelqu'un pour
luy donner de la ta-
blature ). Enfin le 23
juin le Père FEUILLÉE
débarque à Sainte-Croix
«
ville battic sur le bord
de la mer dans l'isle de
Tenerif », et dès le 27,
après les très brillantes
fêtes données à Laguna
pour célébrer le sacre
du Roi d'Espagne, le
géographe se met au
travail : il calcule les
coordonnées do Laguna,
note la pression, la tem-
pérature et la « varia-
tion de l'égiiille aymen-
tée » ; le 4 juillet il
mesure la hauteur d'une
-
montagne : elle avait
103 toises 5 pieds et
l'on avait convenu que celui qui, à par les créoles qui comparent ses
l'estime, aurait fourni le chiffre le feuilles à celles du Thé et dont la se-
plus approché gagnerait un chapeau : mence peut servir à faire une espèce
«
il tomba à un de mes amis, ce de pain, le Panunculus aquaticlls /o-
qui me fit plaisir. Je me crus de- lio rotundo radice capillato dans le
domagé de mes peines ». lac, aujourd'hui asséché, de Laguna,
Pour se reposer des calculs et uti- et à graines « fort menues de figure
liser les jours nuageux, notre abbé d'œufde pole », enfin les Chamaene-
herborise : il récolte, dessine et décrit rilllJt, anguslifolium et villosum parvo
des plantes, le Hyosciamus crelkus flore.
major, que les insulaires nomment La zoologie n'est pas oubliée : le
velaigno et dont ils se servent pour la 14 juillet, raconte le Père FEUILLÉE
« un paysan m'apporta un
goutte et les verrues, le Sedum arbo- animal
reseens ramosa minor orbieulatis fere que M. le Consul m'avait promis; ce
loliis, qui « sort des fentes des paysan m'assura que c'était le seul
roches » et dont la semence (« une animal venimeux qui fut dans toutes
dragme dans un verre de vin blanc ») les isles. La qualité du venin qu'on
« est propre dans les coliques von- luy attribue excita ma curiosité à le
tuses », l' Hieracium eehioides foliis voir, à en faire la description et le
tuberculorum respersis acuminibus dessiner au naturel ». On trouva
dans le sac du paysan le Perinquin monaye, on vous en donne quelque
et un Lézard mort qui avait cepen- fois jusques à quatre ». Il y a aussi
dant été capturé vivant : « Je crus des Chèvres sauvages : « nos guides,
que le Perinquin l'avoit piqué et que grands coureurs, en prirent deux à la
son venin luy avoit donné la mort, ce course ; j'en vis prendre une troisième
que je conjecturai fort judicieuse- par un de nos valets, qui avait fait en
ment ». Le Perinquin attaché par le France le métier de danseur de corde
col avec une petite ficelle fixée à un et de sauteur. »
clou planté dans la table de l'astro- On arriva à la fin de l'après-midi
nome fut assez fidèlement dessiné au pied d'une pente extrêmement
pour que la « judicieuse conjecture » raide que l'on attaqua par « de petits
s'avère erronée : il s'agit en réalité sentiers en zig et zag » tracés par
du plus inoffensif des Geckonidés. « les hommes qui vont prendre la
Le Père FEUILLÉE est mieux ins- glace au pic ». Il fallut camper à la
piré quand il refuse de compter avec nuit dans les rochers ; les vivres furent
M. ROCHEFORT, la Bécune ou Sp/iy- déballés, « mais le froid était si pi-
raena parmi les « monstres marins », quant que nous y soupames par cœur;
mais il se trompe de nouveau en se nos valets accoustumés aux fatigues
hâtant d'ajouter « c'est le même que n'en firent pas de même, ils soupèrent
les Brochets que nous avons dans fort tranquillement et profilèrent de
nos rivières en Europe ». cette aubaine ».
De Laguna le voyageur gagne, le Le lendemain matin, au pied du
30 juillet, Orotava d'où il va faire «
pain de sucre » terminal, le Père
l'ascension du Pic de Teyde. La s'assoie trop fatigué pour pousser jus-
petite troupe — 7 cavaliers, 12 mules qu'au sommet; d'ailleurs il s'est blessé
et leurs 12 valets, 3 guides — se mit en tombant dans les rochers et c'est
en route le 3 août il six heures du à l'un de ses compagnons que revien-
matin et l'on s'arrêta pour déjeuner dra le soin d'aller porterie lube baro-
« sous un
de ces pins auxquels les métrique au point culminant du pic.
Espagnols ont donné le nom d'e/ pi- Pendant ce temps les autres les at-
no de la merenda, c'est-à-dire, le pin tendent et le Père observe « avec
où l'on dîne ». Pendant la halte, le complaisance et avec quelque espèce
Père se promène dans la forêt de de compassion » deux Passereaux,
Pinus canariensis et examine leur les seuls êtres vivants de ces « affreux
résine « d'un beau jaune transpa- déserls » ; « charmés apparemment
rent », qui ne coule qu'au soleil et de voir des hommes » ces Oiseaux se
jamais à l'aube ni la nuit; le Pin montrent si familiers qu'ils vont jus-
sans incision se dessèche, il « suf- qu'à se poser sur le visage « d'un de
foque » par « obstructions » et nos Messieurs, extrêmement fatigué »
« trop grande repletion » si bien que et qui s'était endormi. Le Père leur
les incisions font à ces arbres les donne de la mie de pain : « ils vinrent
mêmes effets que font aux hommes la manger sur le pan de ma robe
les saignées ». Admirable providence que les ani-
Plus haut on débouche dans une maux ayment naturelement l'homme,
plaine de sable où pullulent les Lapins tendis qu'eux-mêmes cherchent à les
qui sont si abondants que « pour un détruire. » Ceux qui avaient escaladé
réal, huitième d'une piastre, dont la le Pain de Sucre rapportèrent une
valeur est environ douze sols de notre description détaillée du cratère, oit
lion ramassa du soufre ; le
DocteurDaniel en mit dans
sa poche mais au retour
«
il trouva non seulemen t
le papier percé, mais sa
poche brûlée, même sa cu-
lote, et son soufre évapo-
ré », Le même jour, à huit
heures du soir, on était de
retour à Orotava.
La seule plante que le
Père eut récoltée sur le pic
était la Viola tenerijera
radia fibrosa.
Le Père se rend ensuite
à l'ile de Fer pour ses ob-
servations astronomiques ;
il y décrit deux plantes, un
Lychnis silveslris albo flore,
laciniato, multiflora et un
Hernionitis foins alatis. A
G ornera il ne passe que
quelques h eures et retourne
à Ténérife, et d'abord à
l'Orotava où il continue
ses travaux.
On était à la fin d'août
et la saison n'était guère
propice aux herborisalions
mais le Père récolte cepen-
dant un Fumaria officina-
rum tenuijolia, le Bidens
triphylla, angelica folio, flore radiata,, nariensis linariae folio, plante vulné-
la Melissa tenerifera foliis exiguis, raire dont le fruit est « d'un goût
le Bidens radice humifusa artemisa piquant jusque à faire enfler la langue
.
folio, flore albo radiato, caule qua- et les lèvres » mais dont se nour-
drato, qui est Yherba sancta maria rissent les Cailles, Cinara silvestris
des « créoles », utilisée par les baetica10ngis5intisaculeis nzunita caule
femmes pour les maux- de tête, et foliis al bis, Dancus canariensis
l' Oxis canariensis trijolia corniculata humifusus tenuijolia, dont la semence
flore purpurascente et en pot, .dan's est « carminative, apéritive, histé-
la chambre d'un Père augustin qui rique, stomacale, et alexitere », Ja-
le tenait d'un capitaine de vaisseau cobaee alfricana absintii joliis, « dé-
qui venait des Indes orientales, un tersive et vulnéraire », Cotylédon
Tanacelurn indicum foliis crispis. saxatilis folio anacampserotis, orbi-
A Laguna, où le Père retourne le culato, dont l'eau « est d'un grand
6 septembre, 'les récoltes .botaniques succès, en s'en gargalisant, pour
sont plus abondantes : Tltymelea ca- l'exquinencie .», Hieracium incanum
lanuginosum florepilosellae « très bon tous les historiens, mille fois figurée,
désopilatif », Filix ramosa maxima mentionnée par toutes les pharma-
dont la racine est réduite en farine et copées, et aujourd'hui photographiée
consommée, parfois pétrie avec du par tous les touristes, elle a fourni,
miel, Sedum maximum teneriferiim, la matière d'une immense littérature,
qui ne s'échelonne guère que sur
20 siècles, de Strabon à Leidinger (2).
Le Dragonnier (Dracaena draco
Linné), de la famille des Liliacées,
n'existe que dans les îles occiden-
tales, à Gran Canaria, Tenerife,
Gomère et Palm a; par contre il
atteint au Nord Madère et Porto Santo
et au Sud l'archipel du Cap Vert.
L'espèce est tout à fait isolée au
point.de vue géographique car si le
genre Dracaena comprend plus de
30 espèces habitant toutes les régions
tropicales de l'Ancien continent, de
l'Afrique occidentale à l'Australie, le
Dracaena géographiquement Je plus
proche du. draco canarien, celui du
Mont: Cameroun, n'en est pas mor-
phologiquement très voisin, alors
que des espèces plus éloignées dans
l'espace lui sont infiniment plus
comparables, à savoir les Dracaena
cinnabari Balfour fil., de Socotra,
schizanthaBaker de la côte des Soma-
lis, et ombet Kotschy et Peyritsch, de
teinture rouge, Hieracium deniis leo- Nubie.
nis folio, radice crassissima, flore rna- Les Dracaena fournissent une ré-
sine dite « sang de dragon » ou « sang-
gno ; Hypericum canariense amplis- dragon » (sanguis draconis), connue
simis foliis friiclu magno.
Le 10 octobre le Père embarqua à dès ''antiquité et qui a joué un rôle
bord d'un vaisseau anglais à destina- important dans les anciennes phar-
tion de Cadix. Le 19 décembre il macopées.
arrive à Toulon (1). Le sang-dragon de D. cinnabari a
peut être été employé par l'Egypte
IV.Le Dragonnier. antique ; il est en tous les cas cité par
— DIOSCORIDE, sous le nom de ~Kwv7.
C'est sans nul doute la plante la et Pline accuse les apothicaires de
plus célèbre de l'archipel : décrite son temps de remplacer frauduleuse-
par tous les voyageurs, citée par ment, dans les remèdes, à la faveur

(1) Le manuscrit de la relation du voyage du (2) Beitrage zur Kenntnis von Vegetation and
Père L. FEUILLÉE « mathémalicien et botaniste Flora der Kanarischen Inseln. (Abhandl. Geb.
du Roy » est conservé à la bibliothèque du Mu- Auslansl". Reihe C.. Naturwiss., Hamburg Univ.,
séum, sous la cote Ms 38. 1926, XXI, 350 p., 5 pl., 2 cartes).
- -
d'une certaine ressemblance de cou- racines, blessées, exsudent une résine
leur la vraie et coûteuse cinnabaris rouge. S'agirait-il du premier Dra-
indica par du vulgaire minium. De gonnier canarien introduit en Eu-
l'Orient, où le produit était bien connu rope ?
au moyen-âge, le sang-dragon de A partir de la conquête de l'archi-
Socotra parait avoir atteint l'Europe pel les renseignements deviennent
occidentale : « Oultreplus, se recueille abondants lorsque Messire GADIFÉR
:

en Zocotère la drogue tant estimée DE LA SALE, compagnon de Monsei-


par nos Grossiers, que les Apothi- gneur de BETHENCOURT, parti de
caires appellent Sang de Dragon. » Euerteventura, aborda « en la grand
l'A. TIIEYET, 1575). Ce n'est toutefois Canare il heure de Prime », les indi-
qu'en 1880 que J. BAILEY BALFOUR gènes « leur apportoient des figues
précisait définitivement l'origine et du snng de dragon, qu'ils chan-
botanique du produit. geoient pour hains à pescher des
Le 1). schizantha, du pays somali, hameçons], & pour vieille ferraille
a été découvert par HILDEBRANDT en
1877 il Yafir (Monts Ahl) et décrit la
même année par BAKER. Quant au
1). ombet, on en doit la découverte à
TIIEODOR VON HEUGLIN (1861) et la
description à KOTSCHY et PEYRITSGU
(1867) qui adoptèrent pour appella-
tion spécifique un nom indigène
(T'Ombet ou To Omba chez les Ha-
dendoa et les llicharin, signifiant
« mère
de la terre »).
L'aire de dispersion de ces divers
Dracaena n'est explicable que si l on
la
faitappelà paléontologie àl'éocènc
:

et à l'oligocène inférieur en effet,


l'Europe moyenne et méridionale
comptait un certain nombre d'espèces
de Di acaenci, par exemple D. Bron-
et
gniarti Saporla 1). narbonensis Sa-
porta. Le genre semble avoir disparu
de l'Europe dès le miocène et c'est
de là, sans doute, qu'il aura atteint
les Canaries, en compagnie peut-être
de l'ancêtre du Phoenir canariensis.
Si les Dracaena orientaux sont
encore assez mal connus, celui des
Canaries l'est admirablement. La
plus ancienne référence le concer-
nant parait être un passage de STRA-
nox, décrivant, d'après son ami Posi- de fer, & pour petits cousteaux, &
DOM ius, un arbre étrange observé à eurent du sang de dragon qui valloit
Gadès (Cadix), dont les rameaux bien deux cens double d'or, & tout
contiennent un latex et dont les tant qu'ils leur baillerent ne valloit
mie deux francs ce qui nous
»
tinant, dessicatif, arrête les émorra-
apprend, entr'autres choses, que les gies, le cours de ventre, il cléteige et
plus solides principes du commerce consolide les playes, il sert aux con-
d'outre-mer étaient déjà, au début tusions et on peut s'en servir inté-
du XVe siècle, bien connus et active- rieurement et extérieurement ».
ment pratiqués. Le plus célèbre, et le plus puissant
LINOCIER (1020) qui a vu à Paris Dragonnier est celui d'Orotava décrit
« la branche et le fruit..chez M. Gué- par HUMBOLDT en 1799 et qui mesu-
rin apoticaire », nous révèle les pro- rait alors 50 il (jO pieds de haut et
priétés thérapeutiques du produit qui près de 15 mètres de tour à la hase.
a « grand faculté d'astreindre tous Le 2i juillet 1819 une tempête détrui-
tlux menstruaux et disenteries, cra- sit la moitié de la couronne, mais
chats de sang & robore les dens et
: l'arbre géant ne mourut pas de cette
gencives ». Quant au fruit, il passe amputation et en 1827 BEHTHELOT lui
pour contenir le portrait en minia- attribuait 70 à 75 pieds de haut et 15
ture d'un dragon. mètres de tour à la base. Lu 1867-
Le bon Père FEULLÉE, en 1721, 18G8 enfin un ouragan acheva de le
s'indigne de tels racontars, dans sa jeter à terre (1 ).
de scription manuscrite de l'arbre : L'âge des Drilgonniers, et en parti-
«
Nicolas Monard, et quelques bota- culier de celui de HUMBOLDT, a été
nistes qui se sont copiés les mis les l'objet des hypothèses les plus l'an-
autres, rapportent qu'on voit au-des- tastiques, puisqu'on a proposé, par
sous de l'écorce, qui couvre ce fruit. exemple, le chiure de... 1 .000 il 0.000
un dragon, aussi bien représenté ans. En réalité, d'après ce que l'on
qu'en sculture: il a un long col, une sait aujourd'hui de la vitesse de crois-
longue queue, la gueule ouverte, sance de l'espèce, il faut être beau-
l'épine du dos garnie de longs aigui- coup plus modeste et considérer que
lons, les pieds et le reste du corps le Dragonnier de HUMBOLDT n'a sans
fort remarquables. Celte relation est doule pas dépasse ï à 500 ans et celui
fabuleuse, on ne voit au-dessous de d'Icod (environ 20 mètres de haut et
cette peau qu'un noyau dur. — Le 12 de four à la hase à la lin du
sang de dragon qu'on nous porte en XIXe siècle), 200 ans.
Europe est une gomme qui distile des
incisions qu'on fait aux pieds de ces
arbres, elle est d'un beau rouge, 011 1 LOJANDER donne pour ce dénouement la
nuit du l r au 2 janvier 1868 (Bcitr. zur Kennt.
s'en sert dans les pertes de sang. il der Drachenblutes, 1881, p. 36) et SCHENK, mars
affermit les dents ébranlées, et forti- 1861 (Wiss. Ergebn. Ticfsce Exp. il, 1, IH01,
fie les gencives, il est astringent, aglu- p. 2691, en ajoutant que la souche a été achevée
par le feu en 18G8.
VOYAGE D'UN NATURALISTE A L'ARAGUAYA (BRÉSIL)

LA FAUNE VENIMEUSE
par
J. VELLARD
Correspondant du Muséum.

Les animaux venimeux dont l'é- l'homme, mais leur venin peut être
tude était le principal mobile de mortel pour des espèces de petite
notre voyage à l'Araguaya comptent- taille.
de nombreux représentants dans
cette région, aussi bien parmi les
Serpents et les Poissons que parmi De tous les animaux venimeux les
les Batraciens, les Insectes, les Arach- Serpents sont les plus connus, et la
nides, les Myriapodes et même les première question posée à des voya-
Eponges. geurs venant de quelque contrée
Chez les uns, le venin est une lointaine est presque toujours pour
arme de chasse et de défense, mais savoir s'ils ont vu beaucoup de
chez beaucoup d'espèces il ne sert Serpents et de gros Serpents.
qu'à la défense de l'individu, défense Sur les bords de l'Araguaya, ils sont
active ou passive suivant les cas. pourtant assez rares, ces vastes éten-
Quelques-uns de ces animaux sont dues couvertes d'eau une partie de
très dangereux pour l'homme ; l'année leur étant généralementpeu
d'autres, et c'est le plus grand favorables ; il faut aller plus loin,
nombre, bien que possédant un près des lagunes de l'intérieur, ou
venin très actif causent rarement dans la. forêt sèche et la campina.
des accidents par suite de leur genre pour en trouver un certain nombre,
de vie ou de la disposition de leur et même ainsi les espèces venimeuses
appareil venimeux ; d'autres enfin ne sont pas aussi abondantes que
sont à peu près inoffensifs pour dans bien d'autres régions du Brésil.
C'est surtout dans la campina que très rapidement pour marquer son
vit le Serpent à sonnette, Crolalus irritation, en produisant un bruit
terrificlls), la cascauet des brésiliens, assez semblable à la crécelle des
l'espèce la plus redoutable de Cigales. Le nombre de ces anneaux
l'Amérique du Sud, dont le venin est très variable, et les croyances
dépasse en activité celui de tous les populaires y voient l'indication du
autres Serpents ; un millième de nombre d'années du Serpent; ils se
milligramme de ce venin suffit pour formenten réalité à chaque nouvelle
tuer un Pigeon et une seule cascavel mue, mais souvent la sonnette se
en donne en moyenne 3 à 4 gouttes, brise et de vieux Serpents peuvent
soit 30 ou 40 milligrammes, pouvant ne posséder qu'un appendice, très
tuer 30 à 40.000 Pigeons ! réduit. Lafréquence des mues dépend
Espèce nocturne et lente, comme elle-même de différents facteurs ;
presque tous les Serpents venimeux dans le jeune âge et sous l'influence
sud-américains, préférant les en- d'une nourriture abondante, elles
droits secs et découverts, le Serpent se succèdent à des intervalles de
à sonnette se nourrit de petits ani- quelques semaines. Le nombre des
maux, principalement des Rongeurs, anneaux n'a donc aucun rapport
Hats et Cobayes sauvages, qu'il chasse direct avec l'âge du Serpent.
pendant la nuit et paralyse en Les accidents causés par la casca-
quelques minutes avec son venin. vel sont extrêmement graves ; l'affai-
Le jour, il se retire dans des trous, blissement, suivi de la perte de la
souvent dans des terriers de Tatous vue, constitue le premier symptôme
ou sous les grandes termitières ; très affligeant pour l'entourage du
quelquefois même on en trouve blessé. Peu à peu la paralysie appa-
enroulés dans les marques profondes raît le patient ne souffre pas beau-
;
imprimées par le pas des bestiaux coup, se plaignant seulement d'en-
dans la terre humide à l'époque des gourdissement progressif, de gêne
pluies et durcie pendant la séche- de la respiration et de la déglutition,
resse. puis il tombe dans le coma et la mort
Jamais la cascavel n'atteint de survient en moyenne en une ving-
très grandes dimensions, et les taine d'heures ; à l'endroit de la
exemplaires de m. 30 et lm. 40
! blessure, la réaction locale est insi-
sont exceptionnels ; mais son corps gnifiante.
est aussi gros que le bras. Ses La morsure de la cascavel est très
écailles petites, carénées, ternes, ne redoutée; c'est le Serpent faisant le
rappelant en rien l'aspect humide plus de victimes dans toute l'Amé-
et vernissé de la plupart des rique du Sud.
Serpents, donnent au toucher une Au contraire du Serpent il son-
impression rude et sèche ; sa nette, les autres espèces venimeuses
couleur varie du gris au gris vert, de la région de l'Araguaya habitent
avec sur les côtés des taches angu- de préférence la forêt ou même le
laires jaune pâle plus ou moins voisinage des lagunes et des petits
accentuées.
La sonnette ou le grelot, située à
l'extrémité dela queue, est faite d'an-
Ce son t
cours d'eau.
presque toutes des
Ladtesis, plus connues en Europe
neaux cornés, emboîtés les uns dans sous le nom de Trigonocéphales,
les autres, que l'animal fait vibrer apparentées au tristement célèbre
fer de lance de la Martinique. L'es- mais il succomba dans le voyage;
pèce la plus répandue près de l'Ara- un chien mordu en même temps était
guaya est l'atrox dont le venin, mort en une dizaine dheures.
comme tous ceux du même groupe, La Lachesis mutus, le souroucoucou,
occasionne, lorsque les malades ne est une espèce de forêt, beaucoup
meurent pas, d'énormes gangrènes plus rare dans cette région ; c'est un

locales pouvant aboutir à la chute magnifique animal pouvant atteindre


de tout un membre. Ces venins de 2 mètres 50 de longueur, blanc sale,
Lachesis sont très douloureux, et jaune ou roussâtre avec de grandes
la morsure est suivie presque aussi- taches triangulaires noires ; il est
tôt de volumineux œdèmes, de redoutable par sa grande quantité de
petites hémorragies par toutes les venin dont certains exemplaires four-
muqueuses, et de chute accentuée nissent plus de 2 centimètres cubes
de la température ; la mort survient en une seule fois.
i
encore en 20 ou 2 heures. Un seul Serpent venimeux du
Pendant notre séjour à Conceicao Brésil, la Lachesis hilineatus, vit
un enfant fut mordu dans les envi- habituellement sur les arbres ; ce
rons, à 30 ou 40 kilomètres, par un joli petit Serpent vert, orné de deux
atrox ; les remèdes populaires, lignes latérales jaunes, fréquente
eau de vie, tabac, urine...., n'ayant surtout la cime de divers Palmiers
produit aucun effet, les parents se dé- et se nourrit de petits Oiseaux.
cidèrent à nous l'amener le lendemain, Les Serpents à sonnette et les Tri-
gonocéphales sont en pratique les chose il craindre, peu de Serpents
seules espèces dangereuses dans la venimeux étant d'assez grande taille
région de l'Araguaya et même dans pour atteindre plus haut que le genou ;
toute l'Amérique du Sud. Il existe les gens du pa\s marchant toujours
pour tant un autre Serpent, le Ser- pieds nus sont, au contraire, souvent
pent corail (Elaps), armé d'un venin leurs victimes.
presque aussi actif, mais que la dou- Si les Serpents venimeux ne sont
ceur de son naturel, la faiblesse de pas très nombreux sur tes rives de
ses crochets venimeux et la crainte l'Araguaya, par contre tes espèces
qu'il inspire rendent peu nuisible. non venimeuses abondent. Les Boas,
On en connaît plus d une douzaine dont le plus remarquable est le gigan-
d'espèces du Brésil ; ce ne sont plus tesque soucoury (Eunectes muri nus)
des animaux aux couleurs ternes et dépassant quelquefois huit et dix
il la tête plate, triangulaire comme mètres de longueur, fréquentent les
les précédents ; ils sont parés des marécages et les lagunes; maigre leur
plus vives couleurs, cinabre, noir, taille, ce sont des animaux craintifs
jaune, vert ou blanc, disposées en fuyant le bruit, faisant entendre un
anneaux réguliers, et leur tête, petite un long souffle très rude lorsqu'ils
et arrondie, leur aspect brillant et sont en colère, et mordant alors avec
vernissé les font ressembler à de rage. Ils n'ont pas de venin, mais
jolies et inollensives Couleuvres. Très leurs dents nombreuses et acérées
doux, ils se laissent souvent toucher infligent des blessures fort doulou-
et prendre dans les mains sans cher- reuses. Ils venaient souvent la nuit se
cher à mordre ; mais ne vous y fiez baigner près du campement, en
pas, ils possèdent un venin très chassant sur les rives, et le matin
actif et douloureux, d'autant plus leur large trace était bien visible
à craindre que le sérum neutralisant sur le sable ou la vase molle. Doués
n'a été préparé jusqu ici qu'à titre d'une grande force, ils étouffent dans
d'expérience ; des imprudentsjouant leurs replis des animaux assez gros,
avec eux sans précaution, séduits par Cabiais, Chevreuils, Veaux, San-
leurs belles couleurs et ne les croyant gliers ; et bien des histoires fantas-
pas venimeux, ont payé de leur vie tiques d'hommes et de femmes broyés
leur témérité ou leur ignorance. Le et avalés courent à leur sujet parmi
Serpent corail est d'ailleurs très facile les sertanejos ; jc doute cependant
à confondre à première vue avec beaucoup qu'un soucoury ait jamais
d'autres espèces inollensives et dé- attaqué l'homme, au moins l'homme
pourvues de venin, ornées des mêmes adulte et jouissant de la liberté de
brillantes couleurs. ses mouvements.
Aucun Serpent venimeuxsud-amé- Parmi les nombreu\ Serpents non
ricain n'est agressif comme certaines venimeux de taille plus modeste,
espèces de l'Inde ; étant nocturnes, chaque espèce a ses mœurs particu-
restant cachés tout le jour, ils ne lières. Des Serpentslianes, gris ou
mordent que pour se défendre lors- verts, aux formes élancées et à la
qu'un imprudent vient à poser le pied longue queue prenante, passent toute
sur eux ou les dérange dans leurs leur vie sur les arbres de la foret ;
retraites. L'étranger, voyageant avec tantôt, minces baguettes immobiles,
des bottes que leurs crochets ne ils se laissent pendre parmi tes lianes
peuvent traverser, n'a pas grand avec lesquelles ils se confondent,
tantôt ils se glissent avec la plus B.paracnemis),aLteignent 20 etmême
grande agilité au milieu du feuillage, 30 cm. de longueur. Les Crapauds
ou rampent sans bruit vers l'Oiseau cornus sont de curieux animaux
ou le nid qu'ils convoitent. (Ceralophrys), recouverts d'une cui-
Quelques espèces sont entièrement rasse dorsale incomplète et portant
aquatiques, habitant les lagunes voi- au dessus des paupières deux petites
sines du fleuve, mais elles ne sont pas pointes dressées, d'où leur nom ;
dangereuses, tandis que les Raies, les une bouche énorme, garnie à la
fameuses arraias, causent de nom- mâchoire supérieure d'une double
breux accidents,quelquefois mortels. rangée de dents très fines, occupe le
Ces Haies ne sont pas les seuls tiers de leur corps, et les brillantes
Poissons venimeux de l'Araguaya; ; il couleurs, vert rouge ou jaune, dont
y en a d'autres de diverses espèces de plusieurs sont parés ne font que
taille petiteoumoyenne, connusgéné- mieux ressortir leur laideur et leur
ralement sous le nom de Bagres (Pi- difformité. La morsure de ces
melodus, Plutysloma, Galeichthys...), Crapauds cornus est douloureuse
armés d'un ou de plusieurs aiguillons sans être venimeuse, et, comme
dorsaux ou latéraux infligeant de dou- ils sont doués d'une grande force,
loureuses blessures aggravées par il est souvent difficile de leur faire
l'injection d'un venin sécrété par lâcher prise ; l'homme du serlaÜ
des cordons glandulaires analogues à a coutume de dire que la partie
ceux des Raies, disposés dans les mordue tombe en gangrène, ce qui
rainures des aiguillons. est tout à fait exagéré, mais 1e tes
A côté des Poissons venimeux il ai vu souvent tuer et avaler une
faut placer le Gymnote électrique, le Souris ou une autre Grenouille.
trème-trème du sertanejo (tremble- La nuit, des Grenouilles énormes
tremble).Ce Poisson,semblable à une (Leptodaclylus à cinq doigts) pesant
grosse Anguille, brun verdatre avec 200 et 300 grammes, à faire rêver
des taches jaunes sous la gorge, des gourmets, apparaissent au bord
habite les lagunes et de préférence des ruisseaux et des lagunes, et par-
certains endroits plus profonds du tout, dans les arbres des rives dans
fleuve et de ses affluents. Effravé, la forêt et les campos, des Rainettes
il lance une forte décharge électri- chantent ; le toc-toc-toc retentis-
que capable de renverser un homme sant de la Rainette forgeron rap-
et qui serait très dangereuse pour pelle le choc cadencé d'un marteau
un nageur qu'elle paralyserait ; des frappant l'enclume; d'autrès simulent
personnes placées à plusieurs mètres le bruit des sanglots, ou des éclats
sur la rive et mises en contact de de rire. Le voyageur surpris par ces
façon quelconque avec l'eau où s'agite bruits étranges et très forts, se fai-
le trème-trème peuvent être jetées à sant entendre tout il côté de lui. s'ar-
terre. Les gens de Goya/ et du bas- rête très étonné, et après de longues
Tocantins chassent les Gymnotes recherches finit souvent par trouver
avec des bombes de dynamite ; les sur une branche de minuscules Rai-
indiens Karajas et Cayapos les tuent nettes portant sous le cou un sac
à coups de flèche. qu'elles gonflent d'air à volonté et qui
La région de l'Araguaya est très leur sert de résonateur. Et que dire
riche en Batraciens. Les grands de la variété de couleurs de ces jolis
Crapauds-bœufs (Bufo marinus et animaux ! Il y en a de verts, de
rouges, de blancs nacrés aux flancs venins, si bien connus dans l'anti-
pourpres..., et beaucoup changent de quité et le moyen âge et tombés
teinte suivant le fond sur lequel ils depuis dans l'oubli; ce n'était pas
sont posés. sans raison que les Crapauds (igu-
Après les Araignées, Ifs Batra- raient parmi les ingrédients obliga-
ciens forment le groupe d'animaux toires bouillant dans lechaùdron d''s
sorcières et certaines propriétés
attribuées il des poisons et à des
philtres de cette époque se retrou-"
vent dans le venin des CrapaudsrLes
esclaves nègres du Brésil savaient
aussi s'en servir pour se venger de
i eurs maîtrès, et de n o s j o u i-s diifé-
rents cas de morts ont été signalés
dans plusieurs régions.
L'activité et-les caractères de ces
venins varient suivant les espèces ;
les Grenouilles européennes ne sont
pratiquement pas dangereuses, mais
les Grenouilles sud-américaines,
appartenant à des groupes très
différents, comptent ainsi que les
venimeux le mieux représenté dans Jlai nettes de nombreux représen-
la région. Comment, dira-t-on, les tants venimeux.
Rainettes sont venimeuses ? et les
inoffensives Grenouilles, et les mal-
heureux Crapauds, ces pauvres êtres Les Araignées ne sont pas moins
détestés parce qu'ils sont laids ? intéressantes que les animaux pré-
Certes, ils sont venimeux ; et ces cédenls. Généralement elles inspi-
pauvres Crapauds calomniés sé- rent le dégoût et peu de personnes
crètent un venin redoutable plus les protègent, mais on ne sait pas
actif que celui de bien des serpents, assez que beaucoup d'espèces tropi-
et sans lequel ils deviendraient la cales sont très dangereuses et que
proie d'une foule d'ennemis. Ce venin leur morsure peut, amener la mort
est élaboré par de petites glandes ou de vastes gangrènes locales.
cutanées disséminées sur toute la Dans la région de l'Araguaya il
surface dorsale des animaux qui ne en existe de toutes les tailles, depuis
possèdent aucun moyen de l'injec- les grandes Araignées crabes, les
ter ; ce n'est pour eux qu'une défense .Mygales, dont le corps seul atteint
passive, mais elle est très efficace, et 6 et 8 cm. de longueur, et capables
un Chien ou tout autre ennemi de couvrir une assiette avec leurs
ayant une fois saisi un Crapaud se pattes étendues, hideuses têtes héris-
gardera bien d'insister et ne recom- sées de longs poils noirs ou fauves,
mencera plus ; souvent même une jusqu'aux belles petites Epei-res tissant
mort rapide au milieu de convulsions d'élégantestoiles dans les buissons.
est le châtiment des agresseurs.. Les Araignées crabes vivent soli-
Il faudrait un long chapitre pour taires dans des terriers plus ou moins
parler en détail de ces curieux profonds et bien faits, ou dans de
simples trous, ou dans les vieux
arbres. Certaines espèces creusent
dans la terre un long tube cylin-
drique dont les parois très lisses sont
revêtues d'une épaisse couche de soie ;
quelques petites Mygales ferment
même l'entrée de leur demeure avec
un couvercle articulé à charnière,
aux bords taillés en biseau, recou-
vert de terre à l'extérieur et lisse à
l'intérieur. s'appliquant si exacte-
ment sur l'orifice du terrier qu'il est
fort difficile de le découvrir (1).
D'un naturel féroce, les Araignées
crabes ne peuvent supporter la pré-
sence d'autres individus de leur
espèce ; à l'époque des amours, mâle et
femelle se livrent souvent des combats
il mort dès que leurs désirs sont
satisfaits, et presque toujours ces
combats se terminent parla victoire
de la femelle qui dévore son parte- étant sensiblement plus grosse et plus
naire ; chez beaucoup d'Araignées forte que son adversaire ; la femelle
elle n'a pas grand mérite à vaincre, de certaines Epeires,- par exemple,
atteint 30 ou 40 fois la taille du
(1) Voir à ce sujet l'intéressant article de mâle. Lorsque la disproportion entre
notre collaborateurJ.Vel lard La vif des Mygales,
:
La Tertre el la Vie n° 2, Février 1934, p 76-87. les deux sexes est faible, comme chez
plusieurs Araignées crabes, le mâle
plus agile se défend sans trop de
peine et j'ai assisté à de beaux com-
bals dans lesquels il a même fini par
triompher et a dévoré son irascible
compagne d'un instant.
Bien que les mœurs nocturnes de
la plupart des Araignées rendent
leur étude difficile, nous avons
souvent surpris des faits intéressants,
la nuit, dans la forêt de l'Araguaya:
fécondation, ponte, chasse, alimen-
tation, soins donnés aux œufs,
naissance des jeunes, construction
des toiles, etc
Une espèce de petite taille remar-
quable par ses habitudes sociales si
différentes de celles de presque
toutes les Araignées se rencontre
dans cette région ; elle établit dans
les taillis assez éclairés de vastes
nappes de plusieurs mètres de s'alimente presque exclusivement de
circonférence, soutenues sur leurs petits Serpents) ; et d'autres enfin
deux faces par des piliers de soie sont dangereux pour les Mammi-
en forme d'entonnoir ; plusieurs fères et les Oiseaux. Une certaine
centaines d'individus, ne dépassant espèce d'Araignée possède assez de
pas 1 cm. de longueur, y vivent en venin pour tuer 200 à-300 Pigeons !
parfaite harmonie, se nourrissant Les Scorpions de l'Araguaya, et
des nombreux Insectes tombes dans tous ceux du Brésil en général, ont
leurs réseaux. bien moins d'importance que les Arai-
D'autres espèces passent une gnées ou que les Scorpions africains ;
partie de leur vie dans l'eau ; sou- presque tous sont de petite taille et
tenues par leurs longues pattes gar- vivent sous les pierres, dans les ter-
nies de poils feutrés, elles courent mitières, et leur piqûre est rarement
avec agilité à la surface des ruis- mortelle pour 1 homme adulte. Une
seaux et des lagunes, et souvent espèce, très abondante aux environs
s'entourant d'une couche d'air re- d.e ConcéicnÕ et dans les campos, est
tenue par les poils de leur corps, cependant plus redoutée que les
elles s'enfoncent dans l'eau, comme Serpents par les Cayapos, qui ne
des globules argentés, à la poursuite connaissent aucun moyen de traite-
des Insectes ou de petits animaux ment contre sa piqûre ; ce Scorpion
aquatiques. a fortement frappé l'esprit de ces
Beaucoup d'Araignées sont très indiens qui, malgré la pauvreté de
venimeuses (Ctenus) et leur morsure leur langue, ont donné des noms
peut tuer un homme en deux ou spéciaux aux différentes parties du
trois heures au milieu de convul- corps, pinces, pattes, queue, aiguil-
sions intenses ; quelques-unes tuen,t lon ; son venin est à l'étude.
plus lentement, en trois ou quatre Beaucoup d'autres animaux moins
jours, et les blessés présentent des dangereux, mais tout aussi intéres-
signes d'intoxication aiguë, tandis sants à étudier, habitentcesrégions :
que d'autres Lycoses déterminent Scolopendres géantes ; Mille-patles
des accidents locaux, parfois très sécrétant un liq uide d'odeur très
graves. Les poils de diverses Arai- forte et souvent repoussante, pour
gnées crabes occasionnent de vio- éloigner leurs adversaires ; Insectes,
lentes démangeaisons véritables Fourmis et Guêpes surtout et même
urticaires à rechute très pénibles. des Eponges grisâtres et terreuses
Les plus grandes Araignées ne qui se dessèchent pendant l'été sur
sont pas les plus dangereuses ; des les basses branches des arbres où
-espèces de taille moyenne (Ctenus) elles s'étaient fixées à l'époque de la
possèdent lin venin beaucoup plus crue et dont les spicules secs se
actif que celui de bien des Araignées brisent et pénètrent sous la peau
crabes. L'action de ces venins est causant de très violentes démangeai-
très variable suivant les espèces ; sons ; il suffit de passer près des
certains ne sont actifs que pour les endroits où ces Eponges sont nom-
Insectes ; d'autres agissent sur les breuses pour en ressentir les effets.
petits animaux à sang froid, Lézards, Tous ces animaux offrent de
Grenouilles et même Serpents, dont magnifiques sujets d'étude pour le
se nourrissent les Araignées crabes naturaliste, mais ils sont bien désa-
(une espèce du Brésil méridional gréables pour les voyageurs.
L'AIGLE FAUVE
DANS
LES HAUTES MONTAGNES DE LA SUISSE
par
CABL STAMMLER

La civilisation, qui détruit tout. a les Alpes sous la forme d'une variété
repoussé ce bel Oiseau qu'est l'Aigle noire, Il y a également des Martres
fauve (Aquila chrysaetos), des ré- fouines (Maslela foina) et des Mar-
gions des collines dans la zone des tres des bois (Mustela martes), qui
hautes montagnes. C'est là seulement sont aussi la proie de l'Aigle.
qu'on trouve encore en Suisse, le Les dommages causés aux jeunes
puissant Aigle fauve. Au sujet de ses Chevaux et aux Agneaux sont rares.
rapines, d'innombrables histoires et On ne les constate que dans les
légendes, la plupart de pure inven- régions où le braconnage persistant
tion, parent nos livres d'école aussi a fortement diminué le gibier.. Pour
bien que nos ouvrages d'histoire cette raison, les braconniers et les
naturelle et, de temps à auIre, ont chasseurs sont les plus grands enne-
encore cours dans la presse. mis des Aigles, qui trouvent cepen-
La Suisse a institué pour la pro- dant toujours des protecteurs dans
tection des animaux sauvages, des l'alpiniste et l'ami de la Nature.
« réserves de montagnes D, qui sont Exception faite, de l'Aigle fauve,
des régions dans lesquelles la chasse de l'Autour, de l'Epervier, du Fau-
est interdite. Des gardes-chasses y con-pèlerin (Falco peregrinus) et du
assurent la protection nécessaire. Hobereau (Falco subbuteo), la Suisse
C'est dans ces réserves que les grands a pris sous sa protection tous les
et beaux Aigles ont pu se conserver. Il Oiseaux de proie. L'Aigle fauve
se trouve là des Marmottes, en grande ne doit pas être tiré dans son aire,
quantité qui lui servent de proie, des et il est interdit de dérober ses
Lièvres rie montagnes (Lepus timi- œufs ou ses petits. Bien que la pose
dusl et des Lièvres ordinaires (Lepus de traquels pour la capture des
europoaus), des Coqs de Bruyère, des Renards, des Martres et des Blaireaux
Coqs de Bouleau, des- Gélinottes, des soit interdite en Suisse, en raison
Perdrix blanches (Lagopèdes) ainsi de la protection dont bénéficient les
que des Bartavelles ; il y a des Cha- animaux, il arrive malheureusement
mois en grand nombre, dont les encore qu'un Aigle tombe dans un
jeunes servent aussi de nourriture à traquet interdit, posé pour les Re-
l'Aigle. La' vivent aussi beaucoup nards, ef. soit la proie d'un bracon-
d'Ecureuils, qui se présentent dans nier. Le gouvernement fédéral s'étant
refusé jusqu'à maintenant à mettre que ces aires étaient toutes vides
en vigueur un contrôle qui s'exerce- et inhabitées. Ces aires inhabitées
rait par le moyen des taxidermistes- servaient cependant de base à l'ins-
préparateurs, il est malheureusement pection fédérale des forêts, de la
encore possible aujourd'hui de pré- chasse et de la pêche, pour tolérer
parer et de vendre des Aigles ainsi une chasse aux Aigles.Celle-ci aurait
frauduleusement abattus. eu comme conséquence évidente une
La création de sociétés d'amis de destruction totale des Aigles de ce
la Nature est absolument en oppo- domaine, chaque garde-chasse étant
sition avec les manières de voir des autorisé à tuer un Aigle.
fonctionnaires qui laissent opérer Naturellement il y a encore des
ce sacrilège. Tôt ou tard ceux-ci Aigles dans les montagnes dont
devront céder sous la pression de il est ici question, et je priai les
l'opinion publique. On fait actuelle- gardes-chasses de me prévenir dès
ment des efforts pour protéger tous qu'ils trouveraient une aire oc-
les Rapaces, y compris l'Aigle noir. cupée. En outre me vint le désir
Les observations relatives aux modes d'emporter avec moi une corde
de vie de ces Oiseaux se-sont si pro- longue de cent mètres. Du lieu où
fondément modifiées au cours de ces la Tamina forme le célèbre ravin de
vingt dernières années, que cette Pfâfer, la route me conduisit dans
question sera résolue, dans un avenir la vallée de Calfeisen. Le matin, de
prochain, en faveur de la conserva- bonne heure, les trois guides et moi
tion des Oiseaux de proie. nous dirigeâmes vers le haut. et
Le nombre des Aigles est très res- après un certain temps d'ascension,
treint. Malheureusement les rapports nous atteignîmes une crête se termi-
de l'inspection fédérale des forêts, de nant par l'abrupt d'une paroi verti-
la chasse et de la pêche, concernant cale. Vis-à-vis de nous se trouvait le
cette question, dépassent le but à Draekenkopf, rendu célèbre par les
atteindre. C'est ce que démontrera découvertes qui y ont été faites
un exemple : un Aigle femelle fut d'Ours des cavernes. L'un des gardes-
abattu dans le canton de Glarus. Sur chasses me conta, qu'à plusieurs re-
la plainte des Amis de la Nature, prises il avait vu disparaître, dans la
l'administration en question fit pro- cavité de l'aire située dans cette
pager la nouvelle qu'un inspecteur paroi, un Aigle portant une proie
fédéral, au cours d'une excursion, dans ses serres. On n'aperçoit l'aire
avait simultanément aperçu huit elle-même d'aucun côté. Ayanl la
Aigles noirs, et quo près de Vattle corde comme appui, je me penchai
seulement, il y avait cinq nids quelque peu sur le bord afin de dé-
d'Aigles. Des recherches approfon- couvrir, au-dessous de moi, un petit
dies, que j'entrepris immédiatement buisson vert surgissant de la caverne,
dans cette région, établirent que et qu'on ne voyait pas de l'endroit
l'inspecteur en question, accompa- où je me trouvais. Puis je laissai
gné du conservateur des animaux couler une corde, afin de voir si elle
sauvages, avait vu une première fois était suffisamment longue. La ca-
trois Aigles, et ensuite deux. En ce verne renfermant l'aire se trouvait à
qui concerne maintenant le nom- 25 mètres environ au-dessous de
bre des aires, un protecteur du gibier moi. J'attachais la corde à de jeunes
sauvage, interrogé par moi, écrivait troncs de Pins ,j'en liai les extrémités
autour de ma poitrine, et je la con- comme dans un ascenseur, le long de
fiais aux mains des gardes-chasses. la paroi, arrachant, là où je le pou-

Lentement, l'un deux étaut descendu vais, des fragments cre pierres faisant
jusqu'au bord de la crête, je glissais, çà et là saillie en dehors de la mu-
raille. J'aperçus, très au-dessous de ciel, on peut reconnaître trois autres
moi, des roches disloquées par ébou- aires, en apparence inaccessibles.
lement, des Pins arrachés et enfin le Ainsi se terminait la seule tentative
ravin dans lequel coulait la Tamina. faite pour déterminer le nombre
Bientôt je me trouvais devant la ca- des aires dans un territoire de peu
verne. Je vis le nid de l'Aigle, mais d'étendue.
il était vide. C'est là le résultat ordi- Dans le rapport de l' « Association
naire de bien des recherches. Je me Suisse pour la protection de la Na-
cramponnais au rocher et parvins à ture », se trouvait mentionné qu'une
l'aire, Elle n'avait pas été habitée enquête faite par des spécialistes avait
cette année. ramené le nombre des Aigles du
En in terrogean l les gar les-chasses, Parc National, de quarante à vingt-
j'appris que les Ailles ne causaient quatre. Mes recherches ont établi
presque plus de dommages dans cette que, dans tout le domaine du Parc
région, mais que leurs victimes se National, il est impossible de trouver
trouvaient, surtout, dans les régions un sent nid d'Aigle qui soit occupé.
sauvages, Notre route, le long de la Somme toute il n'existe, dans le Parc
paroi, nous conduisit à une chemi- National, que trois aires, cependant
née, d'où nous arrivâmes dans le toutes vides. Dans un petit domaine
proche voisinage de l'aire. Au milieu déterminé, tel que celui qu'oure le
de celle-ci se trouvait un fragment Parc National, il ne peut pas exister
de rocher tombe du plafond. C'est plus de un à deux couples d'A!g'es.
depuis cet accident que l'aire n'était La direction de la police du canton
plus habitée. Par des parois abon- de Graubùnden, encouragée par des
damment tapissées de Fougères nous membres de l'Association pour la
descendîmes et atteignîmes une petite protection de la rature, fil faire des
caverne. Nous escaladâmes une cre- enquêtes par les gardes-chasses en
vasse. située dans la caverne, à cheval vue de déterminer le nombre de cou-
slir une arête de rocs. Nous nous ples d'Aigles du canlon. Le rapport
glissâmes et par les rochers nous mentionne le nombre énorme de
atteignîmes une plate-forme, d'où, quarante-huit aires contenant cent-
bien au-dessous de nous, nous quarante-huit Aigles. I n examen ra-
voyions apparaître la cime des Pins. pide de ce rapport me montra que
Lorsque, sur l'invitation des gardes- celui-ci mentionnait des chiffres ab-
chasses, je me penchais en arriére, solument faux, et je pus tout aussitôt
j'aperçus, à la paroi située au-dessus, faire la preuve que la plus grande
un puissant nid d'Aigle qui semblait partie des Informations des gardes
comme collé au rocher. Prés de nous chasses n'étaient que des g-aseonna-
gisait une longue perche mince, des. L'un mentionnait un nid d'Aigle
con ligué à un rameau de Pins avec des jeunes dans le Val Cassana.
consumé. Grâce il ce bouquet, des Comme je demandais à un fonction-
braconniers connus avaient tenté de naire où se trouvait cette aire connue
mettre le feu au nid. afin d'en faire de lui, il m'écrivit qu'il ne connais
envoler les jeunes. sait d'autres nids d'Aigles, dans la
Le long de la Tamina on aperçoit. vallée en question, que ceux du Mur-
encore, en haut, un nid d'Aigle dans tirol Mais ceux-ci étaient inhabités !

une fissure: et sur le Calanda. dont In autre mentionnait une aire occu-
les parois rocheuses se dressent vers le pée au Pi/ del Diavel. Mais le Pi/ del
Diavel a une attitude supérieure à Diavel, dans le Val del Aqua, qu'il
3.500 mètres et aucun Aigle n'y n'avait jamais vu. Mais cette aire

niche. L'homme avait probablement élait également vide. Un autre garde-


entendu dire qu'un nid d'Aigle se chasse signalait un nid d'Aigle dans le
trouvait dans les environs du Piz del Val Cluoza. Celui-ci, d'après les indi-
cations du garde-citasse Langen, était trouvent pas aussi facilement que
occupé, alors que ce garde m'a per- ceux de beaucoup d'autres Oiseaux.
sonnellement déclaré qu'il ne con- De plus, cette recherche s'expose,
naissait pas d'aire occupée dans tout en Suisse, il des sanctions sévères.
le domaine du parc. Je me suis con- L'Aigle noir a peu à craindre ici des
vaincu par moi-même qu'il en était collectionneurs d'œufs, pour cette
ainsi. Un autre garde-chasse rappor- raison que l'époque de sa ponte coïn-
tait qu'il y avait de cinq à six Aigles cide avec celle des avalanches, époque
sur le Pi/ Starlera ; or il n'existe pas qui, d'elle-même, interdit à tous
d'Aigles au sommet d'une montagne ceux qui connaissent la montagne de
et ces animaux ne vivent pas en parcourir les pentes qu'elles peuvent
colonies. suivre.
Un autre contait, il son tour, avoir Il est naturellement difficile de
découvert un Aigle dans le Tyrol. déterminer le nombre exact des
Cet Aigle tyrolien l'ut reconnu être couples d'Aigles. Les cantons où est
tout bonnement un Aigle suisse. Un signalée l'existence de couplesd'Aigles
autre écrivait, également, qu'on voit noirs sont ceux de Berne. W'allis,
un Aigle, de temps en temps, dans St. G a 11, Glarus, Graubünden, Tessin,
la région dont il s'occupe. Mais sou- Lri. St. Gall possède, au maximum,
vent cet Aigle se trouve dans un autre de une il deux aires occupées. Il en
canton. Il fut également signalé comme est de même de Glarus. W'allis n'a
faisant partie d'un couple avec pas plus de deux nids d'Aigles. Ainsi
couvée, bien que le libellé du rapport que nous le voyons, ce sont des chiffres
indique clairement que le garde- navrants, qui montrent nettement
chasse en question ne possède, dans aux amis de la Nature, que la pro-
son domaine, ni un nid d Aigle lection absolue de ces Oiseaux est
occupé, ni un couple, mais fait une nécessité, et qu'aucun effort ne
simplement étal de l'apparition tem- doit être négligé pour assurer une
poraire d'un Aigle dans son district. prompte protection des Aig!es.
Ces remarques devraient suffire à Les aires de l'Aigle fauve se trouvent
montrer que les assertions des gardes- presque toujours, en Suisse, dans
chasses eu des surveillants de chasses les régions aux parois rocheuses
ne résistent pas à une enquête faite inaccessibles. La plupart du temps
par les spécialistes. 11 existe par elles se localisent au-dessous de la

outre des gens qui soutiennent que limite des arbres, lil où une cavité
nous ne possédons plus d'Aigles en s'e t formée par détachement d'un
Suisse. bloc puissant. C'est dans cette cavité
Des collectionneurs, désirant pos- que l'Aigle construit son nid, dont
séder de nombreux œufs d une les dimensions varient selon l'espace
espèce d'Oiseau, ne se rencontrent disponible. Presque tous les nids
guère dans les régions suisses de d'Aigles ne sont accessibles qu'au
langue allemande. L'amour de la moyen de cordes. Il y a des aires
Nature est trop grand ici. Il en présentant une largeur de deux
est autrement dans la Suisse fran- mètres, et situées il une altitude de
çaise. Là, les collections d'oeufs sont 150 métrés. Mais il existe également
à la mode, aussi bien chez les par- des nids d'Aigles qui n'ont pas plus
ticuliers que dans les musées. Cepen- d'un mètre de diamètre et ne sont
dant. les œufs de l'Aigle fauve ne se situés qu'à 30 cm. il peine de hau-
teur. La plupart des nids d'Aigles se L'altitude varie également selon la
trouvent, certes par hasard, sur les région et la hauteur des arbres Près
parois septentrionales. Mais on en d'Isenthal un nid d'Aigle se trouve à
trouve également sur les parois méri- 1.300 mètres d'altitude, à Murtirôl à
dionales, orientales et occidentales. 2.100 mètres..
Les nids sont formés de brindilles, Alors que le mâle apporte de la nour-
que l'Oiseau recueille sur le sol. riture, je ne l'ai jamais vu alimenter
Comme la plupart des Rapaces, les petits. C'est la femelle seule,
l'Aigle fauve aime à parer son nid de beaucoup plus grosse, qui en est
branches vertes, tout au moins du- chargée.
rant la première période d'élevage Les débris du repas sont enlevés
des jeunes. Tantôt les brindilles sont du nid par les parents. Les descrip-
en quantité importante, tantôt il y tions de beaucoup d'auteurs, selon
en a peu. Ainsi que je l'ai vu au Saas- lesquelles le nid de l'Aigle ressem-
berg, l'Aigle porte les brindilles au blerait à un tas d'ordures, sont fort
nid dans son bec. En Suisse, l'époque exagérées. Il est rare que lors d'une
de la ponte coïncide avec les derniers seconde visite on trouve encore
jours d'avril ou le début de mai. Il est quelques vestiges des reliefs du der-
difficile d'établir des dates précises, nier repas. Les jeunes, même lors-
en raison même de la reconnaissance qu'ils ont atteint l'âge de voler, ne
difficile de la région où sont les nids sont pas en état de déchirer un ani-
à cette époque. De même, l'époque mal. C'est ainsi que dans un nid situé
du début de la ponte offre des écarts sur un sommet, j'ai vu un jeune Aigle
importants. Le nombre des œufs faire des efforts pendant plus d'une
s'élève de un à deux. En Suisse, je heure, pour déchirer un cadavre d'E-
ne connais pas de cas de plus de deux cureuil. Il saisissait le petit animal
œufs. Le nombre des jeunes s'élève, dans ses serres, ouvrait les ailes,
la plupart du temps, à un, mais on criait fort: jiiiagg, jiiiagg, jiiiagg,
voit aussi des aires avec deux petits. sautait dans le nid avec sa proie, la
L'œuf non fécondé est-il enlevé du lâchait, la saisissait de nouveau Mais,
nid, c'est ce qu'on n'a pas pu établir chaque fois qu'il voulait déchirer le
jusqu'à présent. Effectivement des petit animal, il ne réussissait jamais
Aigles emportent des objets hors du à entamer la peau et n'avait que des
nid et les laissent tomber, intention- poils dans le bec. Il avait un air co-
nellement. C'est ainsi que j'ai vu au mique quand il se retournait dans le
Nàgelistock, un Aigle emporter un nid, comme s'il se demandait pour-
objet rond hors de l'aire et le laisser quoi il n'avait dans le bec que des
tomber dans l'abîme. Auparavant, poils el pas de viande ! La mère lui
il était bien resté une heure dans le déchira la proie, près de la tête ou
nid, auprès d'un petit, tandis que près du cou. Quand il fut devenu
l'autre jeune se tenait déjà, sur la un peu plus grand, il put alors man-
crête d'un rocher, hors de l'aire. ger lui-même à même la proie. Tou-
Les jeunes, couverts d'un duvet tefois, une Martre des bois était déjà
blanc, acquièrent leurs premières trop coriace pour qu'il pût en arra-
plumes au bout de quatre semaines cher beaucoup de viande, et je crai-
environ. Ce sont notamment celles gnais souvent qu'il ne s'étranglât avec
qui recouvrent les ailes et les épaules la mâchoire inférieure de ranimai,
qui apparaissent sur le corps blanc du qu'il voulait avaler avec les restes du
jeune Aigle comme de petites perles cou. Finalement la mère apporta une
noires. L'Aigle est capable de voler jeune Marmotte, dont la chair était
à la fin de juillet. Les parents ne vi- plus tendre, tandis qu'elle se réser-
sitent que très peu le nid, souvent vait la Martre.
une fois ou deux seulement par jour. On a beaucoup écrit autrefois au
sujet des attaques d'aires par des nous emparer du jeune, nous fîmes
Aigles âgés. Ces reclus sont, tous, l'ascension du Saasberg, trois gardes
sans exception, de pure invention. forestiers, mon ami Sôrensen et moi.
J'ai rencontré l'Aigle dans de nom- Après bien des péripéties, je pus
breux endroits et dans toutes les cir- arriver jusqu'à l'anfractuosité d'où
constances possibles.Toujours, et sans s'échappait du brouillard et où le
exception, l'Oiseau s'enfuit dès qu'il jeune Aigle plein d'effroi me fixait.
aperçoit l'homme. Le 13 juin 1930, Je déposai lentement, près de moi,
je me trouvais avec mon plus jeune sur le bord du nid, anneau et pinces
fils, sur une hauteur de quatre-vingt pour capturer l'Oiseau. Devant moi
mètres d'altitude environ. Le nid de gisaient les restes d'un jeune Cha-
l'Aigle se trouvait au-dessus de nous, mois ainsi que deux plumes caudales
à une distance voisine de huit mètres. d'Aigle. Le jeune se tenait sur le
C'était le soir. Il y avait une heure rebord du nid prêt à s'envoler. Je
que les gardes-chasses ainsi que tentai alors, à l'aide de mon bâton,
les chasseurs du pays étaient partis de le pousser vers moi, hors du nid,
vers la vallée. L'Aigle se croyait seul. dans l'intention de le saisir rapide-
Tandis que nous réfléchissions com- ment par les pattes, et de le rendre
ment nous pourrions construire un inoffensif en jetant sur lui le voile
abri pour observer l'Oiseau et le pho- de mon appareil photographique.
tographier, j'entendis des glappisse- Mais, à peine le bâton eut-il touché
ments et des gloussements, de crus sa poitrine, qu'il se mit à glousser
que «'était une Crécerelle, mais mon bruyamment et s'envola dans le
lils me dit à voix basse : « Non l'Aigle
! ravin. On le vit disparaître dans la
est justement dans l'aire, au-dessus brume,, par delà les crêtes.
de nous ». Je monlai jusqu'au bord Une autre visite fut faite à un nid
de la paroi, saisit la racine d'un d'Aigle, la même année, à Pontre-
Alizier des Alpes, et me penchai. sina. Là, après avoir observé l'aire,
Là, devant moi, la femelle de sous la paroi, durant plusieurs jours,
l'Aigle se tenait près de L'aiglon, du matin au soir, je descendis avec
inspectant les alentours du nid. Je fis quatre hommes dans l'abri voisin.
rapidement regarder mon fils, et Arrivé de l'autre côté de la paroi,
lorsque j'eusreprisma position,l'Aigle nous passâmes beaucoup de temps à
se retourna et me vit. Il ne pouvait déterminer la position du nid de
apercevoir de moi que le sommet des l'Aigle. Tandis que nous causions, la
cheveux et les yeux. Aujourd'hui femelle s'envola au dessus de nous
encore je vois le regard apeuré de la dans la direction de la vallée du Ro-
femelle, qui fit un bond, les ailes ou- seg. On me descendit dans le préci-
vertes, et s'enfuit. pice au moyen d'une corde longue
En 1932, d'une cachette que nous de cent mètres. Je pus m'approc her
avionsétablie eirface d'un nid d'Aigle, de l'aire, située contre la paroi sur-
sur une crête, nous observâmes plombante et je vis les jeunes encore
peudant un temps prolongé l'aire complètement couverts de duvet. De-
habitée parle même couple. L'Aigle vant moi gisait une Marmotte, la
change son nid, presque chaque tête arrachée. Toutes mes tentatives
année, sans raisons apparentes et pour sortir mon appareil photogra-
sans troubles. Comme nous voulions phique échouèrent, car la corde cein-
alors visiter le nid de l'Aigle, pour turait ma poche. Finalement je criai
qu'on me donnât davantage de corde pour une journée, même quand ils ont
pour saisir mon appareil et prendre déjà atteint une grande taille. Toutes
un certain nombre de photographies les aires que j'ai visitées contenaient
du jeune, qui se tenait immobile, la rarement plus d'une proie. Plus
tète tournée vers la paroi. L'aire, très d'une fois je vis le vieil Aigle empor-
petite, dépassait il peine un mètre de ter hors du nid des reliel's du repas,
diamètre, et n'était haute que de et les laisser tomber, nettoyant ainsi
30 cm. environ. Elle était garnie de l'aire. Lorsque le jeune Aigle avait
quelques branches vertes d'alvier deux jours environ, un membre de
(Pinus cimbra). Le garde-forestier, Lièvre des neiges se trouvait dans le
ayant la réputation d'être précis et nid. Une autre fois j'y trouvais un
de dire la vérité, avait affirmé que Hapace, que je ne pus déterminer
des jeunes se trouvaient dans le nid. avec certitude. L'aire se trouvait dans
D'autre part, le même garde-chasse i'ombre d'une paroi, et ma jumelle
avait indiqué que toute la région de en exagérait certes le contenu. Je
la Bernica ne possédait qu'un couple crois que l'Oiseau qui gisait dans le
d'Aigles, ce couple ayant cependant nid était un Autour. Le garde-chasse
six aires... Ici, également, les dom- assurait, cependant, que c'était une
mages causés aux Chevreaux et aux jeune Crécerelle. Je trouvai ensuite
Agneaux sont extrêmement rares, et comme butin un Ecureuil. Lorsque,
de telles informations ne doivent pour la première fois je vins dans les
être accueillies qu'avec beaucoup de Alpes de Durnach et que je parlai des
circonspection. Aigles avec le garde-forestier, celui-
On rencontre aussi ici de nom- ci me dit, avec colère, qu'on devrait
breux écureuils, qui grimpent dans les abattre tous Comme je lui en
le voisinage immédiat de l'aire, et demandais la raison, il me répondit :
des Marmottes, qui font entendre leur «
Questionne/ donc les pâtres de la
sifflement interminable, dès qu'un Wichtenmatt dont les Agneaux sont
Aigle tournoie dans le ciel ou vole emportés! » Eh bien, en 1930, ce
le long des parois. La capture, la nid d'Aigle ne renferma pas une
plupart du temps, ne se fait que par seule fois des restes d'Agneau !

surprise. L'un des Aigles tournoi eau En In32, également, alors que les
bord supérieur d'une paroi ; l'autre Aigles nichaient à l'entrée de la val-
très haut au-dessus de l'alpe, et sur- lée de Durnach, jamais on ne trouva
prend ainsi les petits animaux impré- un Agneau dans l'aire, et je n'enten-
voyants. Mais la chasse de l'Aigle dis pas de plaintes. J'ai rencontré les
dure longtemps et elle est souvent deux gardes-chasses, ainsi que des
sans succès durant des jours. Il jeune chasseurs, et naturellement ils rail-
alors et ses petits sont affamés. Tous lèrent mes efforts pour la protection
les récits de grands pillages sont (les des Aigles. Je répondis aux chasseurs
inventions... Le jeune Aigle reste la qu'il était singulier de constater que,
journée entière dans le nid et attend. dès que j'observais l'aire, les Aigles
Les Ecureuils
— ces animaux, en n'y apportaient plus d'Agneaux. L'un
(lépit de leur faible valeur, doivent des gardes-chasses répondit alors.
encore être abattus, bien qu'on ne « Oui, maintenant nous savons d'où
puisse parler des dommages qu'ils les Agneaux sont venus! Il En eflet
causent dans la haute montagne — l'Association pour la protection de la
suffisent largement au jeune Aigle Nature paye, pour le rapt d'Agneaux
et de Chevaux la moitié du dom- ton prend à sa charge l'autre moitié,
mage, et l'administration du can- Cette réglementation est nécessaire,
sinon de grands abus seraient à re- foncé: la tête est brune, la queue
douter. Ce n'est que trop volontiers blanche jusque la bande terminale
que des vachers sans conscience, qui est noire. La mue commence
utilisent un Agneau pour leur menu au bout d'un an. Une plume noire,
et attribuent le méfait à l'Aigle qui qui tombe, est remplacée par une
ne peut se défendre... autre dont la barbe est un peu grise.
Ou partent les jeunes Aigles qui Les plumes caudales d'Aigles très
n'acquièrent leur couleur définitive âgés sont gris foncé et noires. Mais
que lorsqu'ils ont atteint leur sixième on doit toujours prendre en consi
année? C'est une question qui n'a dération la décoloration sous l'action
pas été tranchéejusqu'ici. Le baguage du soleil. Sous l'action de cette déco-
dans les nids prend beaucoup de loration les plumes deviennent bru-
temps, et ne soumet pas au contrôle nâtre et même jaune pâle. Les Aigles
les Aigles âgés. Avec le concours des âgés, en raison de la mue constante,
gardes-chasses, mon projet serait de ont un aspect très tacheté, les plumes
créer en hiver ce qu'on nomme des nouvelles, très foncées, contrastant
« dépôts de charogne » et là de fortement avec les vieilles plumes,
capturer les Aigles au moyen de pâlies et frangées.
trappes, puis de les baguer. Ce serait Mon but, pour l'année qui vient,
un travail qui tout en ne causant est de repérer tous les nids d'Aigle
aucun dommage aux Aigles, fourni- connus depuis longtemps en Suisse
rait rapidement des renseignements et, de celle manière d'obtenir une
sur leurs allées et venues. Malheu- vue d'ensemble de ce qui existait
reusement, le baguage a déjà été autrefois et de ce qui existe encore
bureaucratisé, et un bagueur ne peut aujourd'hui telle sera la base de
:
opérer que dans le canton qu'il recherches futures en vue d'assurer
habite. la conservation de ce magnifique
Le plumage du jeune Aigle est très Oiseau.
BOS INDICUS
par
PAUL BOULINES

Le Zébu, Bœuf à bosse, est in- riétés de Bovidés, comme en Séné-


contestablement originaire de l'Inde, gambie par exemple, issues de ces
d'où sa dénomination scientifique :
mélanges de sangs, assurent le peu-
Bos indiens. De là, il s'est dispersé plement en gros bétail de contrées
en Asie et en Afrique, étendant dans lesquelles des influences nocives
même son aire géographique aux de climat ou des infections parasi-
îles des mers du Sud, la Grande taires, en arrêtaient le développe-
Ile de Madagascar comprise et ga- ment. Les divers systèmes de métis-
gnant de nos jours les Amériques sages au moyen desquels peuvent
par des importations commerciales s'opérer ces transformations sont
faites dans un but zoo technique. désormais établis.
On a été amené à constater par là En dehors de ce qui s'est produit
qu'il n'est pas, comme l'a dit un pour ainsi dire parla force des choses
théoricien dédaigneux : le bélail des en Afrique occidentale, des résultats
pays pauvres, mais qu'il se révélait économiques importants ont pu être
au contraire comme un agent pré- obtenus au Brésil, en Colombie, au
cieux de richesse, par des facultés et Texas, de même que dans l'Afrique
des aptitudes tout à fait particulières du Nord française.
et remarquables. Concernant celle-ci, j'ai déjà traité
Le Zébu est, en effet, et, avant tout la question du point de vue historique
un animal sobre, frugal et rustique et pratique, à la suite de mes expé-
doué d'une incomparable facilité riences personnelles et je l'ai exposée
d'assimilation et de résistance. dans son ensemble au chapitre V de
Ce n'est pas exclusivement l'habi- mon ouvrage sur les parcs zoologi-
tant des régions tropicales et s'il ques « Les jardins animés », comme
s'accommode des climats chauds et exemple d'application concrète.
humides, il supporte parfaitement Sans insister ici sur les détails que
ceux des pays secs et arides et là où l'on y trouvera indiqués, et sans
il trouve sa vie, il infuse même aux prétendre à autre chose qu'à une
autres bovins avec lesquels on le priorité d'entreprise méthodique, je
croise, ses qualités intrinsèques et me bornerai à confirmer la conclu-
ses possibilités d'adaptation. sion à laquelle ont abouti mon ini-
Sa puissance héréditaire est en tiative et mes recherches ; c'est-
effet très forte, due à l'ancienneté à dire, que la condition du succès
de sa paléomorphose et certaines va- d'un tel procédé d'acclimatation par
métissage, réside dans l'emploi de britannique et soigneusement main-
reproducteurs choisis dans les races tenues dans leurs caractéristiques.
pures, aussi bien celles que l'on Sans les énumérer toutes et en
trouve actuellement très sélection- recherchant particulièrement l'amé-
nées, de Zébus indiens, que des diffé- lioration de la production laitière,
rents bovins que l'on voudra leur pouvant du reste aller de pair avec
allier. le perfectionnement au point de vue
Cela revient à dire qu'il faut travail et boucherie, dans un pays
d'abord étudier les degrés d'affinités comme l'Afrique du Nord, on peut
du Bos indiens, tant avec le bétail désigner celles qui conviennent le
commun du régime pastoral parti- mieux.
culier au pays d'importation, qu'avec On notera d'ailleurs d'une manière
les cheptels importés et soignés à générale que cette amélioration, ce
part, comme le sont notamment les perfectionnement sous tous les rap-
vaches laitières, si c'est la produc- ports : taille, poids, volume, préco-
tion laitière que l'on a en vue. cité, rendement, qualité, immunité
Or pour un effectif total qui atteint pathologique, sont acquis dès le pre-
aux Indes quatre-vingt-dix millions mier métissage, en croisement demi-
de têtes, on peut compter une tren- sang, en même temps que l'adapta-
taine de races nettement détermi- tion complète de ces demi-sang au
nées, inscrites sur les registres offi- régime alimentaire local.
ciels contrôlés par le gouvernement Le choix n'a donc guère plus qu'à
être guidé par des appréciations poli ; soit de grande taille et à facul-
d'esthétique pour la morphologie tés laitières supérieures: Kankrej,
transmise, tant pour la race abori- Khrisna, Sindi.
gène prise comme base de diffusion, Nous exclurons délibérément les
que pour telle ou telle race euro- Mysore, les Khilari, lesGir, les Am-
péenne à transformer pour répondre rit-Mahal, à cause surtout de la défec-
aux besoins envisagés. tuosité de leurs cornes exagérément
Mais le Bos indiens lui-même, et mal développées, mais nous vou-
facteur actif de cette transforma- drions cependant retenir ces derniers
tion, est naturellement celui dont pour une tentative qui nous paraît
la valeur absolue joue le rôle prin- intéressante et que nous indiquerons
cipaL. plus loin.
Si donc on agit sur le bétail com- Ce qui importe surtout, c'est que
mun, représenté en Afrique du Nord le succès dépend de la pureté de sang
par le type dit Guelma et. ses diverses des géniteurs et que pour la conser-
formes berbères, tout aussi bien que ver il faut former des lignées dont
sur des races importées qui, expé- de temps à autre l'atavisme devra être
riences faites, peuvent être : nor- rafraîchi par des apports nouveaux
mandes, savoyardes, bretonnes, ou et de même authenticité.
autres, à l'occasion, ce devra être Il faut donc bien éviter d'aller
par des Zébus, soit de taille moyenne : s'égarer dans des essais de fixation
Hariana, Hansi, Nellore; Trichino- de métis demi-sang x demi-sang,
...
ou de retour au pur sang par pro- qui donne un demi-sang : Zébu X
gression croissante. bovin européen.
à
Quantauxformules trois éléments Et dans un deuxième cas :
auxquelles on pourrait avoir recours Sindi
X Guelma, qui donne un
pour combiner certains avantages, ——-—-
Breton

tiers-sang : Zébu x européen X afri-


elles sont conditionnées par la reprise
constante de leurs éléments constitu-cain.
tifs, car il n'y a aucune chance Arrivons maintenant, pour finir,
qu'elles puissent se fixer et se perpé-
à une expérience de génétique, par-
tuer sur elles-mêmes. tant de celte idée que le Bos indicus,
Par conséquent et pourconcrétiser, semble pouvoir être considéré comme
indiquons comme exemple dans un un chaînon de genre entre Bovidés et
premier cas : Antilopidés.
L'hypothèse que je m'étais précé-
demment hasardé à avancer en ce
sens, a été, on lesait, confirmée par
le fait de la réussite en Afrique aus- si on l'examine et le compare à un
trale d'une hybridation entre Oreas Oreas canna, un certain air de fa-
canna et Vache (de race frisonne mille avec cette grande Antilope bo-
boër). vine qui a fait ses preuves de parenté?
Bien ne paraît théoriquement Ce son t donc suppositions permises
s'opposer et même bien au contraire, et même plausibles, car elles ne font
à ce que pareille alliance puisse êlre qu'accentuer le sens des conclu-
réalisée entre Bos indiens et Oreas sions auxquelles aboutit l'étude du
vanna; peut-être même, si hardi que Bos indiens.
cela puisse paraître, entre le Bos Au lotal, il faut le reconnaître
indicus et le Connochaetes g nu, si l'on comme un des ancêtres les plus an-
observe à quel poinlcclui-cise montre ciens de la grande tribu des Rumi-
attiré par le voisinage des génisses nants cavicornes dont les multiples
des troupeaux domestiques. races ont fourni au patrimoine hu-
Le type de lins indicusAmrit Mahal, main de si importantes et pré-
précédemment désigné, n'a-t-il pas, cieuses acquisitions.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
DU BLEPHAROPSIS MENDIE A Fabr.(1)

par
N. KORSAKOFF

III. — Entretien et alimentation des branches des Tamaris qui certaine-


jeunes Blépharopsis dans nos éle- ment sont peuplées de différents
vages. petits Hémiptères et Diptères qui
De même que pour d'autres éle- doivent leur servir de nourriture.
vages de Mantes nord africaines De même j'ai remarqué parf-ois, -en
(Fischeria, Iris et autres) j'ai éprouvé nombre, de petits Blépharopsis sur
une extrême difficulté à nourrir ces la végétation rampante des Colo-
petits Insectes mesurant à peine 6, quintes (Citrullus colocynthis) dont
5 mm. dans leur premier âge. Comme les courgettes pourries et décom-
nourriture ils acceptaient volontiers posées au soleil attirent en masse de
de minuscules Pucerons de Laurier et minuscules moucherons dont sont
de Rosier, etc). Mais comme ils émet- très friands les jeunes Blépharopsis.
taient un liquide gluant, ils se col- J'ai conservé mes Blépharopsis
laient aux pattes des petits Blépha- plus d'un an comm-e je maintiens
ropsis à tel point que ceux-ci ne pou- habituellement mes élevages d'autres
vaient s'en débarrasser. Insectes, dans de petites boîtes faites
Ayant eu des pertes importantes à l'aide d'anciennes plaques photo-
dans mes élevages, j'ai toutefois graphiques, avec couvercle de gaze.
réussi à nourrir avec succès mes Je m'efforçai au courant d'une
pensionnaires en leur offrant, sur la année, de les placer dans les condi-
pointe d'un petit fil de fer, de petites tions naturelles, particulières à ces
chenilles de la Mite du Rosier. Selon Insectes du désert ; c'est-à-dire que
moi elles peuvent être recommandées j'exposai mes élevages autant que pos-
comme nourriture pour les jeunes sible au soleil ; la température de l'été
Mantes; en effet : 10 on les trouve à Nice et l'insolation sont tout à fait
en nombre en juillet (c'est-à-dire à favorables pour ce genre d'élevage,
l'époque correspondant à l'éclosion Le mois d'août 1932 fut plutôt chaud ;
des Blépharopsis) dans les boutons le plus souvent le thermomètre mar-
altérés des Roses et Eglantines ; 2° quait un maximum de 27°. Le 20 août
leurs mouvements vifs attirent bien tôt il atteignit même 33°., mais quand,
le regard des petites Mantes. au mois de septembre, la température
Dans les conditions naturelles, eût sensiblement baissé (le 6 sep-
dans les régions désertiques du Nord tembre : maximum, à l'ombre : 27°),
de l'Afrique, j'ai parfois trouvé de je plaçai mes élevages dans une
jeunes Blépharopsis en secouant les chambre, les protégeant de la pluie
et du vent.
lf) Voir La Terre et let Vie, 1934, n° 5, p. 212.
Vers le 9 novembre, il y eut au
dehors un abaissement sensible de Eclosion et première mue :
température. Par exemple, le i2 no- N° 1, 21 juillet 1932
vembre, le maximum était à peine N° 2, 21 »»
N- 3, 21
de 19°. Mais pendant les mois froids N° 4, 22
»
(perdu)
»
mon élevage, étant toujours parfai- N° 5, 22 » (perdu)
tement abrité, se trouvait dans des Deuxième mue :
conditions encore plus favorables N° 1, 2 août (morte)
que celles que les jeunes Blépharop- N° 2, 2 »
sis doivent supporter dans le désert N° 3, 3 »
oit, parfois, la température tombe en Troisième mue :

hiver à moins de 6° au-dessous de N° 2. 10 août


N° 3,11 »
zéro ; sans parler des vents pério-
diques et des tempêtes de sable qui Quatrième mue :
doivent en exterminer un grand N"2, ln août

nombre. N°3,20 »
Si, depuis le 21 juillet 1932, de Cinquième mue :
l'oothèque de Blépharopsis dont il a N° 2, août
N- 3, 27 »
été question dans le précédentarticle, Sixième mue
sont nés cinq jeunes Blépharopsis, :
N° 2, 7 septembre
vers le 1er août 1932, il n'en restait N,3, 7 »
que deux ;
l'un était mort au moment Septième mue
dela première mue (moment critique
:

N" 2, 18 septembre
dans la vie des Mantides) ; un autre N" 3, 21
avait été emporté par un coup de Huit ième mue :
vent. Toutefois d'après deux exem- NI 2, 14 novembre
plaires qui me restaient, j'ai réussi à N° 3, 18 »
étudier le développement complet des Neuvième mue :

Blépharopsis mendica Fabr. N° 2, 24 mai 1933


En outre, quelques exemplaires NI 3, 8 juin 1933.
D'après les données ci-dessus nous
presque adultes que j'ai rapportés plus
tard d'une excursion en Algérie (en voyons que chez les Blépharopsis
octobre 1932) m'ont permis quelques entre la
observations supplémentaires en ce
lre et la 2e mue, il y a 12 jours d'écart
qui concerne l'écart de durée entre 2e 3e 7-8 »
;
» » »
les dernières mues de ces Insectes 3e » 4e j)
8-9 » »
jusqu'à l'état « imago ». De même, 4e » 5e » 10-11 » »
j'ai noté quelques détails concernant 6e » 7e » 11-12 » »
le changement de la morphologie 8e 7e » 8e » 57-58 » »
» 9e » 187-201 » »
externe des organes génitaux.
Ainsi donc, on peut constater que
l'écart qui sépare deux mues aug-
IV. — Développement mente des mois chauds aux mois
de cinq Blépharopsis et remarques
sur leur vitalité. froids et que les écarts maxima se
trouvent en automne et surtout en
On peut retrouver de la manière hiver où l'on trouve un intervalle de
suivante la manière dont se sont pré- plus de 200 jours.
sentées les éclosions et les mues de Autrement dit, le développement
nos cinq Blépharopsis. déjà ralenti en septembre est com-
plètement arrêté ensuite jusqu'au non celle de l'Insecte adulte ; toute-
printemps. Bien des larves de Blé- fois je crois que quelques observa-
pharopsis arrivent à supporter heu- tions sur les Blépharopsis adultes que
reusement les mois où l'on enregistre je tiens en captivité me permettront
des températures basses et une raré- de démontrer aussi leur longue
faction de la nourriture. Ces condi- vitalité et leur résistance dans
tions se trouvent parfois très accen- la lutte pour la vie. L'un de mes
tuées au début. Blépharopsis adulte qui avait exécuté
Sur une grosse larve de Dlépha- sa dernière mue le 20 mai 1933
ropsis, rapporlée de l'Afrique du vivait encore à la date du 11) octobre
Mord et qui, par conséquent, ne et acceptait même de la nourriture.
provenait point de nos élevages, j'ai C'est-à-dire que cet individu a vécu
observé entre son avant-dernière déjà 30 5 + =
142 415 jours.
mue (20 septembre 1932) et sa der- J'ai pu constater que des larves de
nière mue (10-11 mai) un écart de Blépharopsis enfermées pendant des
234 jours. jours dans des boites en carton pla-
Une fois encore, j'ai constaté chez cées dans mes valises supportaient
d'autres Mantes désertiques une très parfaitement cette situation imposée
grande vitalité des larves. Par par mes pérégrinations en Afrique.
exemple chez les Iris désertiques, le Kn outre, ayant un jour asphyxié
développement s'effectue durant plus avec de l'éther sulfurique une grosse
de 263 jours, tandis que chez les femelle de Blépharopsis pour pouvoir
Blépharopsisdurant plus de 303 jours plus commodément la dessiner, je
dont plus de 231 jours correspondant remarquai qu'une heure encore après
aux mois froids. l'asphyxie elle revenait il la vie et
Ces chiffres, bien qu'approximatifs, même attaquait les Insectes qu'on
démontrent l'extrême vitalité des lui présentait.
larves des Manies désertiques, mais (A suivre).
NOTES SCIENTIFIQUES (1)

DESCRIPTION D'UN FŒTUS


DE LEPIDOLEMUR RUFICAUDATUS A. GRANDIDIER

p:ir
G. PETIT

(Laboratoire dés Pêches et productions coloniales du Muséum).

Le foetus de Lepidolemur ruficauda- Mensurations (en millimètres). — Hau-


tus (2), dont on trouvera ci-dessous- une teur (verticale abaissée du vertex à la
description sommaire, provient d'une racine de la queue) : 50.
femelle capturée le 13 août 1932, dans une Du bout du museau à la racine de la
forêt à l'Ouest d'Antsalova (région de queue (en suivant la ligne du dos) : 92.
Maintirano). L'animal avait été surpris Longueur de la queue (déroulée) : 38.
dans le tronc d'un arbre creux, où il Longueur de la main (droite), de la.
somnolait. Il fut transporté dans une partie proximale de la région carpienne à
caisse, à dos d'hommes, puis an automo-
bile, avec un autre spécimen de'{a même
:
l'extrémité du doigt 3 11.
Longueur du pied, de la partie proxi-
espèce, celui-ci du sexe mâle. X mon male du calcanéum à l'extrémité de
arrivée il Tananarive, le 19 août au soir, l'orteil 3 : 12,5
je trouvai le fœtus en question dans la Hauteur auriculaire ; pavillon droit : 6,
paille. L'animal avait fait disparaitre le 5 ; pavillon gauche : 5 (voir plus loin).
placenta (3:. Largeur auriculaire ; pavillon droit :
5,5 ; pavillon gauche : 5.
(1) Voir La Terre et la Vie, 1934, nr's, 2, 3,
Hauteur de la tête (du vertex au gna-
4 et 6. thion) : 15.
Le genre Lepidolemur (=Lepilemur) a
(2)
été créé en 1851 par Isidore Geoffroy Saint- Position. — La tète est inclinée sur la
Hilaire, pour un Lémurien malgache, acquis poitrine. Le bras droit est accolé au corps ;
de Goudot, qui l'avait recueilli sur la côte Est
(voir G. Petit. Compte rendu somm. séances l'avant bras du même côté légèrement en
SQc.. Biogéographie,n° 82. 1933, p. 33-87). C'est flexion sur le bras, un peu oblique de
le L. muslelinus. En 1867,. A.. Grandidier a dehors en dedans. La région carpienne
réservé le nom de L. rufications à un Lému- n'est pas en contact avec la paroi thora-
rien découvert par lui dans la région de Moron-
dava (côte Ouest). Nous avons indiqué (loc. cit.) cique. La main légèrement fléchie par
que cette espèce occidentale se scinde en deux rapport à l'avant bras, affleure la région
sous-espèces,l'une au N.delaBetsiboka (Lérufi- sternale, tandis que la mandibule, en
caudatus dorsalis Gray), l'autre localisée dans arrière de la symphyse, repose sur la
les régions méridionales de l'île (L. ruficau-
datus leucopus F. Majora. face dorsale de la main. Les doigts sont
(31 Les Lepiaolemur n'ont qu'un petit à la légèrement écartés.
•fois. L'avant bras gauche est placé à angle
droit par rapport au bras, collé contre le longue mesurant, environ 3 mm. ; 3°, moins
corps. La main gauche, légèrement flé- latérales et au-dessus des narines, trois
chie, est assez distante de la base de la vibrisses de chaque côté; 4°, groupe de
région thoracique. Le cordon ombilical, vibrisses clairsemées, localisé à la sym-
reporté du côté gauche, côtoie la cuisse physe mandibulaire.
gauche, puis la face dorsale d'une volute
de la queue enroulée. Les jambes sont
croisées : la jambe droite est rabattue
vers le côté gauche. La jambe gauche la
croise à peu près vers son milieu, l'orteil
5 ayant son extrémité distale contre l'or-
teil correspondant du pied droit.
La cuisse gauche est plus relevée que la
droite. La queue, d'abord de direction
médiane, se place vers la droite. Elle est
enroulée une fois sur elle-même et son
extrémité pointue, dirigée vers le haut.
Teinte générale. — Ce fœtus ollre une
-teinte générale claire. Cependant une
coloration d'un brun léger s'esquisse sur
.
la face. Elle s'accuse pour marquer les
fentes palpébrales, closes, et la pointe du
museau. Le dessus des lèvres est d'un brun
plus clair. Les oreilles sont gris foncé, la
partie dorsale des mains est lavée d'un
gris très clair.
Pilosité. — Le corps est dépourvu de
poils. Mais la plus grande partie des tégl)-
ments est marquée par le semis des
germes pileux. Ce semis manque toutefois
sur la face ventrale (cou, poitrine, abdo-
men, face interne des membres). Il est
peu visible sur la face antérieure des
cuisses. Il existe sur la face externe des
avant-bras où on peut le suivre jusqu'à la Autres caractères. — Fentes palpé-
région carpienne. Il est très fugace dans braies assez peu marquées, closes.
la région moyenne du dos, dans le tiers Narines bien dessinées, mais fermées.
postérieur de la queue et manque sur Le pavillon des oreilles est assez épais,
toute sa face inférieure. Par contre il se de couleur gris brun foncé, à sommet
montre particulièrement net dans la arrondi. Hélix ascendant et descendant, Ù
région frontale et pariétale, sur les pau- peine indiqués. L'anthélix se dessine, ainsi
pières. Les germes disparaissent sur les que le tragus et l'antitragus. Les deux
joues. pavillons sont -dissymétriques. Le droit,
D'autre part, on peut noter la présenee replié sur lui-même, a un sommet beau-
de vibrisses ainsi réparties : 1° un peu coup plus aigu (Voir mensurations).
au dessus du canthus interne de. l'œil, Les ongles sont nets, assez plats, arron-
4 vibrisses ; 2°, sur les côtés du museau, dis au sommet. Ils sont-très différents de
depuis la lèvre supérieure jusqu'à la hau- ceux de l'adulte, étroits avec une carène
teur du bord supérieur de l'ouverture des saillante, surtout large pour le doigt 4 où
narines, groupe de vibrisses de -plus en elle occupe presque toute la largeur de
plus longues de bas en haut, la plus l'ongle ; cette carène déborde l'ongle
pour se terminer en pointe aiguë (griffe). dont le début se manifeste, même locale-
L'ongle de t'orteit 2 est le plus long des ment,avec des écarts assez sensibles suivant
cinq ; il est aussi le plus bombé. Même les années. Ces données coïncident avec
différence très marquée ellire te ffl'tus et celles qu'a fournies \V. Kaudern (:2). Au
l'adulte dont les orteils offrent des ongles cours de trois séjours dans l'Ouest
tous carénés et terminés en pointe, sauf de Madagascar Sainte Marie-de-Maro-
celui du di igt qui reste aplati.
1 voay), ce naturaliste a pu obtenir 9 fœtus
Le sexe du fœtus (sexe mâle) est bien de Lépidolemur en des mois différents :
marqué. La bouche et l'anus s ont bien un le 19 juin, six les 16. 17. 21 et 31 août,
formés. deux les 4 et 9 septembre. Il a capturé un
Le crâne est encore très mou. Très jeune de 17 cm.. à. le 24 octoi)re.
large espace entre les pariétaux depuis Le fœtus du 16 août, qui était une
la partit; postérieure du frontal jusqu'à femelle, mesurait 9 cm. du bout du
l'interpariétal. Une fontanelle entre ce museau il la racine de la queue et 43 mm.
dernier os et l'occipital. de longueur mesure prise suivant la ver-
File radiographie, qui malheureuse- ticale sommet du crâne — base de la
*

ment mauvaise devra être refaite, ne per- queue), ce qui correspond il nos propres
met aucune observation sur J'état d'ossi- mensurations. L'animal était également
fication du rachis. Il est possible de dépourvu de poils ; mais les fiHus préle-
noter, cependant, l'ossification des dia- vés le 17 août montraient un début de
physes humérale, radiale, cubitale ainsi pilosité, notamment marquée sur la tête.
que des diaphyses du fémur, du tibia et Le fœtus du 22 août était nettement coi -
du péroné. Cette ossification commence vert de poils. Tous ces fodus étaient des
d'ailleurs de bonne heure chez les mâles. Le 31 août. le 4 septembre, les
Primates. deux femelles obtenues étaient caractéri-
sées. la première par une pilosité com-
Remarques. — Le fœtus en question. mençante sur la tête. la seconde par un
obtenu le 19 août 1932. me parait être à corps poilu. Il semble y avoir donc des
environ 2 ou 3 semaines du terme. J'ai différences légères dans le développement
eu occasion d'observer dans une forêt de
1 des individus mâles et femelles. Les mâles
l'Ambongo. près d'Andranomandeva. le 25 paraissent aussi, pour une époque donnée.
novembre 1926. le manège extrêmement légèrement plus grands.
émouvant d'une femelle de Lep. rufimuda- Quoi qu'il en soit. on peut admettre
tus. pour sauver son petit que j'allais em- d'après nos observations et d'accord avec
porter 1). Le jeune me paraissait avoir les données de \V. Kaudern que la gesta-
environ un mois etdemi.En somme la par- tion chez les Lépidolemur de la côte
turition chez cette espèce doit se situer Ouest, s'échelonne du milieu de juin
dans la première quinzaine de septembre, jusqu'au début de septembre.
avant l'apparition de la saison des pluies
('2)W. Kaudern. — Einige Beobachtungen
über die Zeit der Fortpflanzung der madagas-
U) J'ai relaté l'observation dans le Jardin sischen Saugetiere. -irkir for Zoologi, Bd. U,
des Bêtes. nJ 10. 19:H, p. 5. 118 1. 1911.
VARIÉTÉS

UN PORTRAIT Cuvier, également très doué pour le des-


DE GEORGES CUVIER ENFANT sin, rechercha de bonne heure la société
portrait que nous publions ici est des artistes. Celui qui lui inculqua les
Le
la reproduction d'un tableau à l'huile fai- premiers principes était son cousin ger-
main, Werner, architecte de la ville de
sant partie d()s collections de Mme Philippe Montbéliard. A l'occasion du centenaire
de Vilmorin et que sa propriétaire a eu
la grande amabilité de mettre à notre de la mort de Cuvier, nous avons publié,
disposition pour que nous puissions le dans les Archives du Muséum, un portrait
à la plume, fait par ce même Werner, de
comparer aux nombreux portraits de Cuvier alors adolescent. Quelques années
Georges envier (lue possède la Biblio-
thèque du Muséum. Ce tableau, mesurant plus tôt, lui-même ou un peintre de pas-
52 centimètres sur 42, est dans un état sage à Montbéliard aura été tenté de fixer
de conservation très satisfaisant, malgré sur la toile la belle flamme d'intelligence
les craquelures, beaucoup moins appa- qui jaillissait des yeux de l'enfant et l'ar-
rentes. d'ailleurs, sur l'or:ginai que sur la deur avec laquelle il pressait contre lui
reproduction photographique. Il ne porte ce jouet peu ordinaire.
ni signature de peintre, ni indication du L. BULTINGAIRE,
sujet. Bibliothécaire en chef du Muséum.
Un simple rapprochement de dates suf-
fit, néanmoins, pour prouver que l'attribu-
tion du sujet n'a rien que de très vraisem- CROCODILES SACRES ET ORDALIE
PAR LE CROCODILE
blable. On ne saurait-donner, en effet, à
l'enfant représente dans ce tableau moins Notre collègue M. François-Edmond
de 8 ans ni plus de 12 ans. Ces âges corres- Blanc a publié dans le Jardin des- Bêles
pondraient pour Georges Cuvier, né le (n° 3, 1933), une intéressante information
23 août 1769, aux années 1777 à 178J, qui concernant un Crocodile apprivoisé qui
virent son enfance studieuse se dérouler habite une petite baie du lac Victoria,
au collège de Montbéliard. On sait qu'à tout près de Emtébé, capitale administra-
cette époque déjà l'enfant était animé tive de l'Ouganda. Les indigènes le
d'un goût très vif pour ce qui touchait nomment Lutembé.' Entre juin et octobre,
aux sciences de la nature. Ce crâne qu'il notre Crocodile disparait pour une destina-
tient dans son bras droit et que M. le tion inconnue. M. Fr. Edmond-Blanc ayant
professeur Anthony a identifiée comme demandé aux indigènes s'il ne pourrait
le crâne très bien reproduit d'un Cheval voir Lutembé, ceux-ci lui répondirent
mâle, est bien un des objets dont l'étude avec humour qu'il était parti se marier.
devait attirer le futur fondateur de l'ana- Lutembé vient à l'appel des indigènes qui
tomie comparée. le nourrissent.On le prit récemment, aj ,ute
Nous savons,"d'autre part, que Georges l'auteur de l'article en question, comme
juge. « Ayant attrapé un des leurs qu'ils gascar], J, p. 21-52, 1910) : un chef de.la
soupçonnaient être un voleur, les indi- baie d'Antongil sacrifiait chaque année un
gènes le lancèrent à Lutembé qui lui coupa jeune homme ou une jeune fille à un Cro-
un bras, ce dont l'indigène mourut. Ils codile qu'il considérait comme un de ses
proclamèrent alors que Lutembé savait aïeux.
que c'était un voleur, sans quoi il ne l'au- Beaucoup d'auteurs ont parlé de l'orda-
rait pas touché ». lie par le Crocodile à Madagascar, en indi-
M. G. de Ramecourt ayant bien voulu quant que cette pratique était fort répan-
nous communiquer la photographie de due. Tout individu accusé d'avoir commis

Lutembé, nous avons cru intéressant de la quelque délit grave, un crime, par exemple,
publier en rappelant l'information de devait traverser à la nage un fleuve infesté
M. Fr. Edmond-Blanc et en y ajoutant de Crocodiles. Ce sont eux qui prononcent
quelques notes concernant les Crocodiles le jugement de Dieu, soit en dévorant
sacrés et l'ordalie par le Crocodile à l'accusé, considéré alors comme coupable.
Madagascar. soit en le laissant aborder sain et sauf la'
Il existe, en effet, dans différentes rive, ce qui prouve qu'il est innocent.
régions de Madagascar des étangs ou des Il y a lieu de se demander si on n'a pas
lacs où vivent des Crocodiles, en général exagéré la fréquence de l'ordalie systé-
de grande taille, qui non seulement ne matiquement pratiquée ou si on n'a pas
sont pas chassés, mais sont spécialement interprété dans'ce sens des fails un peu
nourris. A ce rite.se rattache en général différents.
la croyance que les âmes des chefs ou des Par exemple, au cours des grandes céré-
rois défunts ont élu domicile dans le corps monies accomplies chez les Sakalaves à la
de ces Reptiles. On leur aurait fait, autre- mémoire des rois défunt-s, il arrivait que
fois, des sacrifices humains, si l'on en les Crocodiles s'emparaient de quelque
croit Chapelier (1803), dont l'information fidèle en train de laver les reliques dans
est reprise par L. Vaillant et G. Grandi- le fleuve. Les assistants se réjouissaient
dier (Hist. nat. des Reptiles [de Mada- alors et dans leur exaltation enviaien la
victime choisie par la divinité pour être ni par la chasse et la pèche, effectuées
rappelée auprès d'elle. Il est intéressant toutes deux à l'aide de flèches, et par un
de citer encore à ce point de vue une arbre qui joue un grand rôle dans l'exis-
phrase de W. Ellis (1839), reproduite par tence des Guayakis, le Coco romanzoffiana.
A. van Gennep (1904) : « Les indigènes de Non seulement ils mangent les fruits et le
Madagascar pensent en général que les bourgeon terminal (chou palmiste) de ce
Crocodiles ne mettent jamais à mort des Palmier, mais encore ils tirent de son
personnes innocentes, mais n'attaquent tronc pulvérisé une farine grossière et
que pour venger une offense ; lorsqu'on dégustent, à l'état cru, les grosses larves
apprend que quelqu'un a été tué par un de Coléoptères Passalidés qui se dévelop-
Crocodile, les gens secouent la tête avec, pent dans les troncs pourris.
horreur, en pensant au crime commis par Malheureusement, les Guayakis ne se
l'individu attaqué ». contentent, pas de ces ressources. De
temps en temps ils s'approchent des
fermes isolées, tuent à coups de flèches
UNE PEUPLADE PEU CONNUE: des Bœufs et des Chevaux, les dépècent
LES INDIENS GUAYAKI
sur place et emportent leur chair dans
Notre collaborateur, M. leD' J. Vellard, leurs forêts. En même temps ils pillent
vient de publier (Bol. de Museu National les plantations de Manioc doux et de
Rif) de J'an., X, n° 1) une intéressante Maïs.
étude sur un petit groupe ethnique très Il en résulte qu'ils sont en constante
peu connu du Paraguay : les Indiens hostilité avec les estancieros, qui organi-
Guayaki. Nous en extrayons, pour nos sent contre eux des battues de représailles.
lecteurs, les détails suivants. Eux-mêmes attaquent les blancs isolés
Ces Indiens, très peu nombreux main- qu'ils rencontrent, et, par suite, ne se
tenant, vivent dans les parties les plus laissent pas facilement approcher.
reculées de la Cordillère centrale du Para- M. le Dc Vellard y est pourtant par-
guay, connues sous le nom de Cordillère venu ; aux prix de longues et pénibles -
de Caaguasù. C'est une région couverte marches dans les forêts, et aussi de
d'épaisses forèts marécageuses, sombres quelques rencontres dramatiques avec
et extrêmement touffues. Le groupe de les Indiens.
Guayakis le plus important, comprenant Restés très primitifs, les Guayakis
de 2U0 à 300 individus, habite une zone où n'ont, pour armes et instruments que des
personne autre ne s'aventure, connue sous arcs, des flèches en bois dur et des haches
le nom de « dernier désert de Paraguay». de pierre. Pour emmancher celles-ci, qui
Les Guayakis mènent dans ces forêts sont en diabase verdàtre, ils emploient
une vie nomade. Presque chaque jour ils un procédé archaïque consistant à les
quittent, dans la matinée, le campement enchàsser dans la tige fendue d'un jeune
établi la veille pour partir à la recherche arbre vivant ; quand, par suite de la végé-
d'un au re lieu de halte. Les femmes tation, les fibres du bois se sont resser-
emportent dans de grandes hottes les rées fortement autour de la hache, ils
objets usuels. les enfants et parfois des coupent l'arbre et en conservent la lon-
animaux sauvages, Sangliers ou Perro- gueur voulue.
quets, capturés par les Indiens, et qu'ils Ils connaissent cependant le silex, qui
gardent comme réserve de nourriture ; leur sert à faire du feu, en faisant tomber
à la main elles portent de grands vases de des étincelles sur une sorte d'étoupe faite
cire pleins de miel. Quant aux hommes de fibres végétales.
ils n'ont que leurs armes, un arc et des Entièrement nus, on ne remarque chez
flèches ; quelques-uns emportent en outre eux ni tatouages ni déformations du nez,
une hache de pierre. des oreilles ou des lèvres ; les hommes
Le miel et la cire dont nous venons de ont seulement sur le front, les joues et le
parler sont produits par les Abeilles sau- nez quelques plaques d'une peinture for-
vages ; le reste de la nourriture est four- mée par une laque brune. Ils portent des
colliers faits de dents d'animaux, auxquels Au point de vue ethnique, les Guayakis
ils suspendent de petits sifflets de bois sont de petite taille, atteignant au maxi-
ou d'os, ou encore des péronés de Singes ; mum 1 m. 60, très trapus, d'un teint brun
ils mettent aussi autour de leurs bras des jaune plus ou moins fonce, avec les che-
cordons de. cheveux ou de fibres, mais veux noirs et la barbe très rare : en un
n'ont aucun ornement de plumes. mot ils présentent un facies mongolique
Leur industrie est des plus rudimen- très accusé, de plus leurs jambes sont
taires. Ils savent surtout faire de la déviées de façon à former dans l'en-
vannerie, qui leur sert à divers usages, de semble une sorte d'X, caractère essen-
la poterie qui ne peut aller au feu et des tiellement primitif qui leur donne une
paniers en paille, recouverts extérieure- démarche particulière.
ment d'une couche de cire, pour trans- Tout farouches qu'ils se montrent, ils
porter l'eau et le miel c'est une peuplade sont cependant doux, enjoués, suscep-
des plus misérables. tibles d'affection et assez intelligents :
Il ne semble pas qu'ils pratiquent une telle est du moins la conclusion de M. le
-religion quelconque. Cependant le soleil D' Vellard, basée sur les observations
joue chez eux un rôle important : ils ont faites sur quelques enfants Guayakis
deux noms pour le désigner, dont l'un enlevés dans les expéditions et recueillis
signifie le puissant, le maître, le seigneur. par des colons paraguayens.
Il est en outre indice de paix : lorsqu'un Ce sont probablement avec quelques
Guayaki isolé rencontre un blanc, celui-ci autres petits groupes ethniques, les
ne sera pas attaqué s'il peut montrer le derniers représentants d'une race ancienne
premier du doigt l'astre du jour, et, si en voie de disparition.
c'est l'Indien qui fait ce geste, cela veut
dire que ses dispositions sont pacifiques. G. PORTEVIN.
NOUVELLES
ET INFORMATIONS

Ephémérides du Muséum. — TRAVAUX — Sur la corrosion des coquilles dans les


FAITS DANS LES LABORATOIRES AU COURS collections. Journ. de Conchyl., LXXVII,
DE L'ANNÉE 1933 (suitç.). T pp. 481-482.
L. GERMAIN. Sous-Directeur du Labora-
MALACOLOGIE toire. — Mollusques terrestres et flu-
L. Professeur. — Les études de
JOUBIN,
viatiles de l'Asie antérieure ; 9" Note.
d'Orbigny sur les Céphalopodes. — Bulletin Muséum, Paris, 2e série t. V,
p. 389-396.
Publications du Muséum de Paris n° 3,
10 pp. — Contribution à la faune malacologique
de l'Afrique équatoriale; LXVI,Bulletin.
— Les Poissons marins d'Europe. Publi- du Muséum Paris, 2* série, t. V, p.
cations du Conseil international pour 138-142 ; LXVI, Bulletin du Muséum
l'exploration de la mer, Cahiers 12 Paris, 2' série, t. v., p. 469 -474.
et 13.
Faune et Flore de la Méditerranée.
— Faune de la Méditerranée. Cahiers 17 —
Fiches de Chaetognathes.
et 18.
Etudes sur les faunes malacologiques
— Note sur l'appareil reproducteur d'un —
insulaires de l'Océan Pacifique. Mé-
Céphalopode nouveau Chiropris mega. moires Société de Biogéographie, t. IV.
Bull. Soc. Zool. de France, V. LVII :
1933. 19&3, pp. 89-154, 4 cartes.
préliminaires sur les Céphalo- — Mollusques terrestres et fluviatiles de
— Notes l'Afrique Occidentale française (Mis-
podes des croisières du Dana, 4' partie,
50 pages, 48 figures. Annales de l'Ins-
sion A. Chevalier, 1931-1932). Bulletin
titut Océanographique, T. XIII, n°1, Comité historique et scientifique Afrique
1933. occidentale française, 1933, pp. : 169-
. 237, H fig. dans le texte.
ED. LAMY.

Liste des Lamellibranches Origine et évolution de la faune du lac
recueillis en Nouvelle-Calédonie par —
d'Ohrida. Congrès des Sociétés savantes,
M. J. Risbec. Bull. Mus., 2'. s., IV
(1934), pp. 982-984. 1933, 20 pp., 1 carte.
Quelques mots sur la coquille embryon- — Mollusques terrestres et fluviatiles de
— l'Asie Mineure, 1 vol. in-8, 450 pp.,
naire des Mollusques. Journ. de Con- 80 figures dans le texte et 16 pl. (sous
chyl., LXXVII, 1932, pp. 5-IU. presse).
— Crustacés xylophages et lithophages
(En collaboration avec M. Marc André) —
Les Mollusques terrestres et fluviatiles
Bull. Inst. Océanogr., n° 626, (Monaco, dans l'œuvré d'Al. d Orbigny.Publica- s
;
1933), 23 pages. lions du Muséum, Paris. nu 3, 16 pp.
M. G. RANSON, Assistant. — Des Algues
— Métamorphosès chez les Mollusques excrètent dans les Océans de la ma-
testacés. Journ. de Conchyl., LXXVII, tière organique pigmentée soluble.
pp. 125-444. Conséquences. C. R. A. S., 1933, T.
Notes sur les espèces lamarckiennes 196, p. 1927.

du genre Perna Bruguière, 1792. Bull. — Sur une Méduse de l'Océan Indien,
Mus. 28 s., V. pp. 393-399. Phortis pèllucida (Will). Contribution à
la révision de la famille Eucùpidae est de retour eu France depuis le 28 mai
Gegenbaur, 1856. Bull. Inst. Océan. dernier. En compagnie du professeur
Monaco, n" 628, 16 août 1933. Adamson, de l'Université de Capetown,
des Méduses il a visité certaines montagnes du Cap et
— Révision de la collection avec le professeur Compton, une partie
du Muséum National d'Histoire Natu-
relle. Bulletin du Muséum T. IV 1932 du Karro». Il a pu étudier certains types
de végétation de la partie orientale de la
p. 988 ; idem. T. V1933, p. 223. ; p.316 ; colonie du Cap. Dans le-Sud de l'Etat
p. 402. d'Orange, il a. visité la réserve de Faures-
mith. M. Humbert a parcouru en autre
une grande partie du Transvaal, princi-
Mission aux îles du Cap Vert. — M. Aug. palement dans le N.-E. et l'E. où l'on ren-
Chevalier, professeur au Muséum National contre des types de végétation depuis la
d'Histoire Naturelle, se rend dans l'archi- savane sèche à Baobabs de la vallée de
pel des îles du Cap Vert, chargé d'une la Limpopo, jusqu'à la forêt ombrophile
mission scientifique par le Ministère de des montagnes duZoutpansberg.Il à visité
l'Education nationale, pour y poursuivre enfin le parc national Kruger et une partie
des recherches de géographie comparée de la chaîne du Magaliesberg.
et d'histoire naturelle. A Madagascar, M. Humbert a effectué
Ce' archipel composé de 14 iles volca- une série d'itinéraires dans l'W., exploré
niques, colonisées par le Portugal depuis les ilois de végétation, autochtone ayant
près de cinq siècles, est situé à 5UU ou échappé aux feux, les forêts primaires des
600 km. au large des côtes de nos pos- massifs du KaJambatitra, del'Ivakoany, de
sessions de Mauritanie et du Sénégal. La l'Andohahela et les restes de forets loca-
superficie totale des terres de l'archipel lisés sur les plateaux d'Analavelona et
est d'environ 4.000 km2, soit à peine la d'Analafanj.
moitié de la Corse. Lors de leur décou- En mars 1934, le voyageur a pu taire
verte les îles étaient verdoyantes et d'une une excursion depuis Lourenço-Marquez.
grande fertilité. On y a cultivé tour à tour jusqu'à la frontière du Swaziland, puis
en grand la Canne à sucre, le Manioc, le dans le « bush » des environs de Durban
Caféier, le Mais. Aujourd'hui elles sont et deux autres aux environs de Pieterma-
devenues d'une grande aridité et elles ritzburg. En avril, séjour au parc national
sont pauvres. Les habitants, au nombre du Natal, ascension du Mont-aux-Sources
de 150.COO, s'expatrient de plus en plus. (3.4( 0 m.), le plus haut sommet de toute
M. Chevalier étudiera le< causes de l'a- l'Afrique aus-trale au S. du Tanganyika.
ridité et dela dégradation du climat; il M. Humbert. a rejoint la Rhodesie du
recueillera, pour les callections du Mu- Sud par le, Kalahari oriental et gagné
séum, les derniers vestiges de la faune et Elisabethville, consacrant quelques jours
de la flore, les espèces endémiques dont à l'étude de la forêt sèche et des savanes
plusieurs sont probablement des, reliques, du Haut-Katanga. Il s'est embarquè, pour
appelées à disparaître. Il étudiera les le.retour, à Lobito (Angola).
plantes importées qui tendent à remplacer M,. Humbert a rapporté une foule d'ob-
les autochtones. Enfin il recherchera les servations de toutes sortes, des centaines
conditions biogéographiques actuelles de de clichés documentaires, plus de 5.000
ces îles visitées autrefois par Darwin et numéros d'herbier et de nombreuses
par les naturalistes français du Talesman. plantes vivantes.
Les études qu'il poursuivra intéressent
non seulement la science pure, mais elles
peuvent fournir aussi d'utiles données
relatives aux sciences coloniales appli- M. P. Budker,'boursier de doctorat au
quées. Muséum, chargé de mission par cet éta-
blissement, vient de rentrer d'A. 0. F. Parti
le 21 novembre 1933, il a remonté le
Sénégal de Saint-Louis à Kayes et par-
Mission H. Humbert en Afrique aus- couru le Niger de Koulikoro jusqu'à Gao
trale et à J/adagascar. — La Terre et la et Ansongo. Il rapporte des collections de
Vie (.NI 9, 1933) avait annoncé le départ Poissons, notamment des matériaux
du professeur Humbert et indiqué le d'études concernant les Sélaciens et ure
programme de sa mission. M. Humbert abondante documentation sur la pèche
indigène (technique de la capture, de la communiquées à l'Académie de Médecine
conservation, superstitions et coutumes). en 193,2 n'est donc pas douteuse et notre
1 collaborateur, lé médecin général Guillon,
auteur de l'article « les Vampires » publié
dans La Terré et la Vie, s'excuse de
Dans sa séance du 15 novembre 1932, n'avoir pas connu 'te livre de M. Serret
le Comité de patronage du Laboratoire mais, outre que le sujet traité dans cet
d'Agronomie Coloniale, décida, sur la
proposition du professeur Chevalier, de ouvrage est en dehors de son cycle habi-
tuel de lectures et qu'il n'aurait pu avoir
réunir périodiquement dans ce Laboratoire connaissance que par hasard des idées
les coloniaux de passage à Paris, les per- exprimées par M. Serret, il nous fait5 de
sonnes s'intéressant à la flore des colo- plus, remarquer :
nies, aux forêts, aux cultures tropicales et
de publier dans la Revue de Botanique 10 Que le point de vue strictement médi-
appliquée et d'Agriculture tropicale, un cal qui a été le sien dans les différents
compte rendu sommaire de ces réunions. travaux qu'il a publiés depuis 4910 sur les
Sur les conseils de M. P. Lemoine, di- Chiroptères sanguinivores du Nouveau-
recteur du Muséum, MM. Allorge, Cheva- Monde ne lui aurait guère permis de faire
lier. Guillaumin et Humbert se sont mis état d'une simple affirmation, intéressante
d'accord pour donner à ce groupement le certes, mais exprimée, currenle calamo,
dans un ouvragenon scientifique, affirma-
nom d'Association des Botanistes du Mu- tion qu'on ne peut en rien comparer aux
séum.
Nous venons de recevoir une brochure très remarquables travaux de laboratoire
groupant les comptes rendus des réunions des deux savants à réputation mondiale
de cette association pour 1933(pages 1-34) que sont MM. Remlinger et Bailly, de
(Publications du Laboratoire d'Agronomie l'Institut Pasteur de Tanger 5
coloniale du Muséum). 2° Qu'il n'en est pas moins intéressant
de noter, et de faire connaître, qu'un -•
profane, c'est-à-dire, en l'espèce, quel-
qu'un qui n'est ni vétérinaire ni médecin,
A propos de l'article du médecin géné- ait pensé, dès 1915, à la possibilité de la.
ral des troupes coloniales A. Guillon : les transmission (simplement mécanique,
Vampires. — Nous avons reçu, au sujet sans doute ?) de certaines maladies con-
des Vampires dont il a été parlé dans le tagieuses par les morsures de Chiroptères.
numéro de mars dernier de notre revue, Il convient, toutefois, de ne pas oublier
une lettre de M. Félix Serret, ingénieur que, dès 1911, en Amérique latine, on
civil à Arles-sur-Rhône, lettre à laquelle savait parles pubfications de Cariai sur
était joint un exemplaire du 28 mai 1934 la grande épizootie de rage de l'Etat de
du grand quotidien régional Le Petit Santa Catarina au Brésil que Phillostomum
Marseillais, lettre et journal d'où il semble superciliatum alias Artibeus perspicillatus,
bien résulter que, dès 1915, M. Serret était l'agent transmetteur, soit du virus
aurait signalé la possibilité de la trans- rabique, soit de celui de la pseudo-rage
mission du charbon et d'autres maladies ou paralysie bulbaire infectieuse d'Au-
contagieuses par les morsures de Vampire. jesky. Et nunc erudimini !
Voici, en effet, ce qu'on peut lire page
171, dans le livre de M. Serret: Les trente-
six métiers de tEmigrant en Argentine
(Plon-Nourrit et Cid, éditeurs, Paris 1915) : Un «Jardin des Plantes » à Dakar. —
« Les morsures des Vampires peuvent Nos lecteurs apprendront certainement
aussi transmettre, d'un animal à l'autre, avec plaisir et intérêt qu'un jardin bota-
le charbon et autres maladies conta- nique et zoologique, qui prend le nom de
(( Jardin des Plantes )) vient d'être créé à
gieuses ; le museau de ces Chiroptères
étant couvert de petits poiîs qui retiennent Dakar. Il est établi sur l'emplacement de
toujours quelques parcelles du sang de 'l'ancienne station agricole de llann. Le
l'animal et portant des germes infectieux, jardin botaniquecontiendra des spécimens
si ce dernier est atteint d'une maladie représentant la presque totalité de la flore
transmissible ».- indigène et le jardin zoologique grou-
La priorité de cette hypothèse sur les pera, dans le magnifique cadre de Hann,
expériences de MM. Remlinger et Bailly les principaux éléments de la faune
africaine. Ajoutons que le Jardin des (1934, n° 3, p. 177), peuvent fournir une
Plantes comprendra un laboratoire avec excellente viande (50 kilos par sujet).
bibliothèque où des herbiers seront tenus On s'est préoccupé de savoir comment
à jour de manière à permettre de déter- s'élevaient les jeunes Blaireaux au fond de
miner le plus de plantes possible. Sa di- leurs terriers, étant donné la nécessité
rection est confiée à M. Marcailhou d'Ay- bien connue pour tous les animaux, de
meric. recevoir une quantité suffisante de rayons
solaires. Une surveillance poursuivie nuit
et jour a permis d'établir qu'effectivement
Le parc zoologique de Moscou. — D'un la femelle du Blaireau transportait ses
article de N. Vlassova, récemment paru petits dans sa gueule et les exposait au
grand soleil. Elle leur fait regagner leur
en langue française (Le Journal de Moscou, tanière quand ils manifestent, par leurs
5 juin 193 1), nous extrayons les renseigne-
ments suivants concernant le « Zooparc )> cris, que 1 exposition aux rayons solaires
de Moscou. est suffisante.
Le Zooparc n'est pas seulement un Relatons encore d'autres observations
lieu d'attraction et de promenade ; c'est fort intéressantes. Des Lièvres élevés dans
-une cage de 40 X 5U cm. paraissaientavoir
un vaste laboratoire fort bien équipé, lieu eu un développement normal. Abandon-
d'expériences et d'observations inces-
santes. Il est divisé en deux parties : une nés dans un pré, après quelques bonds,
ancienne, avec cages, volières ; une nou- ils tombaient foudroyés (rupture d'ané-
velle, avec grands -espaces où les ani- vrisme). Un Coq de bruyère, élevé dans
maux vivent dans une liberté relative. une cage où il ne pouvait voler, grandit
Au printemps, le jardin zoologique offre
plus rapidement qu.e ses compagnons du
à ses visiteurs une exposition de nouveaux mème âge, abandonnés dans une grande
nés. Une Lionne joue avec ses trois lion- volière. A 91 jours, il avait acqui-s le
plumage de l'adulte. On le laissa pénétrer
ceaux. Quatorze de ses petits ont été dans la volière où se trouvaient les
distribués aux jardins de province. Côte à
côte, voici des Oursons, 'des Louveteaux, femelles. Bientôt le mâle déploya sa
des Renardeaux, de jeunes Blaireaux ; queue, entonna un chant nuptial, fit un
mais aussi des animaux domestiques : tour de volière, puis tomba sur le dos. se
Agneaux, Lapereaux. Tous ces animaux débattit convulsivement et mourut. A
s'ébattent ensemble sur le gazon vert et l'autopsie on constata une rupture de
tel Agneau métis, issu d'une Brebis ordi- l'aorte. Des observations ont encore été
naire et d'un Bélier de la race Kapet-Dag, faites pendant 8 années consécutives sur
plus vif et alerte, poursuit victorieusement un jeune Orang Outang du sexe femelle,
l'Ourson pataud et les deux antagonistes Phryné, qui arriva à Moscou à l'âge de
2 mois et qui fut nourri au biberon.
sont à leur tour pourchassés par une
meute de joyeux petits Dingos. Ceux-ci
sont issus d'un cuuple de deux Chiens
sauvages australiens acquis il y a deux ans Les sciences naturelles
élevée à Moscou. ,
et représentant la huitième génération
Les résultats obtenus en ce qui concerne
à l'académie des sciences.
SÉANCE DU 7 MAI.
les élevages de Zibelines et de Martres
sont particulièrement intéressants. Les . Entomologie.
Zibelines sont actuellement localisées à E. L. BOUVIER. — Nouvelles considéra-
peu près exclusivement dans les forêts tions sur les Saturnites africains.
des montagnes de la Sibérie et du Kam-
tchatka. Les premiers résultats, fruits de L'auteur donne le résultat de ses re-
patientes recherches, ont été obtenus au cherches sur les Saturnites africains, déjà
« Zooparc » en 1929. Actuellement, plu-
étudiés par Aurivillius. en 1905, et par lui-
sieurs grosses fermes se livrent à cet éle- même en 1927 et 1928. Mais l'étude des
vage. En outre on s'occupe de sélection- caractères sexuels, en particulier des géni-
ner les Elans, cet animal pouvant servir talia, et de divers autres organes l'a amené
de bête de trait dans les forêts de la Sibé - à perfectionner les vues déjà émises par
rie du Nord — et les Autruches, qui lui sur ces Insectes.
comme La Terre et la Vie l'a déjà relaté C'est ainsi qu'il crée la tribu- des Deca-
chordidae? pour le genre Decàchorda, jus- le synclinal de Visso, d'où ils provenaient,
qu'ici rapporté : aux Pseudapheliicae et est situé à une cinquantaine de kilomètres
le genre Parabunaeopsis, pour' un certain . . au sud-est de Pérouse. -
nombre d'espèces du genre Bunâeopsis et
qu'il propose la division des Bunéicés en SÉANCE DU 14 MAI.
deux groupes, suivant l'armature de leurs
tibias antérieurs. Minéralogie.
Biologie végétale. Mlle SIMONNE CAILLÈRE.
— Observations
sur la composition chimique, des. paly-
LUCIEN DANIEL.

Action de greffes gorskites.
répétées effectuées sur des descendants de Les palygorskites sont des silicates réu-
l'Absinthe greffée sur Chrysanthemuon nis
frutescens. en masses blanches feuilletées, plus
ou moins fibreuses et flexibles, que' les
Faisant suite à une communication pré- anciens minéralogistes appelaient lièges,
cédente, cette note donne le résultat d'ex- cuirs et cartons, de montagnes. Melle Cail-
périences de semis faites avec des graines lère, par 1 analyse chimique et l'étude
provenant d'un pied greffé et d'un pied thermique différentielle, y a reconnu
non greffé. Il en résulte nettement que l'existence d'un certain nombre de miné-
l'amélioration par le greffage n'est pas raux, des serpentines, des sépiolites, des
indéfinie et que l'on doit s'arrêter de gref- argiles et enfin des palygorskites véri-
fer dès que l'on a obtenu le résultat cher- tables, qui sont des silicates hydratés
ché, sous peine de voir ce résultat d'aluminium et de magnésium.
s'amoindrir rapidement et même dispa-
raître. Géologie.
Hydrogéologie. RAYMOND FURON et CONRAD KILIAN.

A. LEPAPE, L. MORET et G. SCHNEIDER. — Primaire et Crétacé entre le Tibesti et l'Aïr. "
La minéralisation des eaux thermales d'Aix-
les-Bains (Savoie) et sa signification géolo- Zoologie.
gique. J. VELLARD. — Destruction périodique
Géologie. de la faune des rivières du grand Chaco par
des variations de salure.
AHMAND KREMPF.
— Inscription maré-
graphique des cycles de rétrogradation des La plupart des terres du grand Chaco
nœuds de la Lune par certains Coraux cons- sont des argiles imperméables et salées
tructeurs de récifs. à quelques centimètres de profondeur ;
Les observations relatées dans cette seule la partie tout à fait superficielle,
note ont été faites à l'île Tré, sur la côte lavée par les crues et les pluies, est à peu
d'Annam, dans l'anse de Bich-Dam. L'au- près dépourvue de sel.
teur y a étudié une colonie d'Astraeidés, Pendant l'hiver, alors que les pluies sont
du genre Favia dont le squelette a enre- presque nulles, la plupart des rivières se
gistré six cycles lunaires, c est-à-dire tarissent. Seules quelques-unes, comme le
environ une durée de 112 années. Il pense Pilcomayo et le Confuso, conservent un
qu'il serait possible aux paléontologistes faible courant : mais, à mesure que leur
de retrouver de semblables - formations, volume diminue leurs eaux se chargent
remontant à des époques reculées qui de sel et les Poissons meurent rapidement,
donneraient aux astronomes de fort utiles certaines espèces cependant résistant
renseignements.. beaucoup mieux que d'autres. Les dorados
(Salminus brevidens) disparaissent les
Paléontologie. premiers, les diverses Raies (Taeniura) les
MME ELISABETH DAVID-SYLVAIN. Sur dernières ; parmi les Insectes, les Dytiques
les grands Foraminifères du synclinal—
de, se montrent les plus résistants.
Visso (Apennin central).
D'un autre côté, les Poissons morts
s'accumulent en grand nombre en cer-
C'est l'étude dès grands Foraminifères tains endroits, oii ils sont rapidement
recueillis en 193£, dans 1'Apennin central recouverts par les alluvions : l'auteur voit
par M. Otto Reuz, dans l'Eocène supé- dans ce fait, l'origine de certains bancs
rieur, l'Oligocène et le Miocène inférieur ; de Poissons fossiles.
Embryogénie. buccal, d'où elles seront par la suite,
ALPHONSE MALAQUIN. Nouvelles réser- expulsées. En même temps le Chelifer

vations sur la lignée germinale de l'Anné- expulse un suc qui marchant en sens
lideSalmacina Dysteri Huxley. inverse des substances aspirées, les
dissocie.
Biologie expérimentale. PAUL CHABANAUD. — Le complexe- basi-
Mlle M. L. VERRIER. sphénoïdien et le septum orbitaire nadiral
L'action de la
— des Poissons hélerosomes.
lumière sur le pourpre rétinien.
Les expériences dé l'auteur lui ont SÉANCE DU 28 MAI.
prouvé que le pourpre rétinien existe
d'une manière constante dans certaines Géologie.
rétines ; l'action décolorante bien connue J. FLANDRIN et G. LUCAS. — Sur l'âge
de la lumière n'est appréciable que si l'on des dépôts à facies Medjanien du Djebel
opère sur des rétines pauvres en pourpre Morissane (Département de Constantine).
ou sur des solutions très étendues. Il en Jusqu'à présent aucune découverte de
résulte que la théorie communément fossiles n'avait permis d'établir d'une
admise de la sensibilisation des bâtonnets
la destruction et la régénération alter- façon certaine l'âge des dépôts à faciès
par
natives du pourpre, devient peu facile à Medjanien.des Foraminifères récoltés
soutenir. L'étude au
Biologie générale. Djebel Morissane permet aux auteurs de
conclure que dans la région de Medjana,
JACQUES POCHON.

Influence du milieu et probablement dans le Tell algérien tout
de culture sur les propriétés biologiques entier, le dépôt des sédiments médja-
d une bactérie cellulolytique de la panse du niens s'est effectué pendant une partie
Bœuf. plus ou moins étendue de l'Eocène supÓ-
SÉANCE du 23 MAI rieur et le commencement de l'Oligocène.
Géologie. Paléontologie.
PAUL LEMOINE, R. HUMÉRY et R. SOYER. NICOLAS THÉOBALD. — Les Insectes fos-

Sur 1 appauvrissement de la nappe des siles de Kleinkembs (Pays de Bade).
sables verts de la région parisienne.
Les Insectes en question ont été décou-
Les auteurs ont principalement pour verts M. Mieg en 1892. Dans les
but d'attirer l'attention sur le danger de par
mannes en plaquettes du Sannoisien de
multiplier les forages dans la région pari- Kleinkembs (Pays de Bade). Ils com-
sienne. En 93 ans le niveau hydrostatique prennent 41 espèces de Coléoptères. 75
a baissé de 7A mètres dans le synclinal d'Hyménoptères, 27 espèces d'Hémi-
de la Seine. Il est nécessaire d'étudier ptères, 2 Lépidoptères nouveaux, 1 Ort-
attentivement le problème, au double toptère également nouveau, 3 Udonates
point de vue technique et juridique, si l'on et certain nombre de Diptères apparte-
un
ne veut pas courir le risque d'exposer la nant à diverses familles, parmi lesquelles
région parisienne à manquer d'eau. dominent les Bibionides.
Physiologie végétale. L'ensemble de la faune semble indi-
quer un climat méditerranéen à affinités
MIECZYSLAW PRONER.

Recherches sur tropicales.
les idioblastes dans la famille des Crassula- Zoologie.
cées. L'énigmatique
ALPHONSE LABBÉ.
Zoologie. —
glande péniale des Silicodermés.
MAX VACHON.

Acte de nutrition d'un L'auteur étudie l'organe singulier, an-
Pseudoscorpionide, Chelifer cancroides L. nexé
au pénis chez la plupart des Silico-
Cet acte offre un intérêt tout particulier dermés, dont on a fait à tort un organe
par suite de l'existence d'une digestion excitateur. Cette prétendue glande péniale
extérieure. Les lèvres du Chelifer, munies est en réalité, au point de vue physiolo-
desoies forment un système flottant qui gique, un. pénis et dans ce cas le. pénis
ne laisse passer que les liquides et re- lui-même n'est plus qu'un organe excita-
jette les parties solides dans l'atrium teur.
PARMI LES LIVRES

Jules BLACHE. — L'Homme et la mon- on le rencontre sur les routes méditerranéennes,


tagne (collection : Géographie humaine). on évoque, textes en mains, la pittoresque ani-
(1 volume, 190 pages, XL planches, li-
mation des routes conduisant aux alpages. Car
les troupeaux avaient autrefois leurs chemins
brairie Gallimard, Paris, 1934. Prix : spéciaux : canadas espagnoles, drailles lan-
30 fr. guedociennes, camis ramaders de Catalogne,
carraïres provençales, etc... Je recommande
Encore un bel et excellent volume, le troi- encore les pages où J. Blache fait revivre les
sième de la collection que dirige P. Deffon- images de la transhumanced'autrefois et esquisse
taines. Il est dû à un spécialiste des questions la vie monotone du berger (p. 25-31).
de géographie alpine, J. Blache. Une préface Mais il y a la transhumance inverse, dont les
de R. Blanchard en condense tout l'intérêt. exemples abondent, pour laquelle, du reste, les
Une introduction de deux pages où se trouve mêmes conditions générales demeurent : dans
défini le paysage alpestre dans sa classique ce cas le bétail des montagnards va dans les
évocation et esquissé le plan du volume et plaines, en hiver, mais s'élève l'été vers la
nous voici dans le vif du su jet. montagne, se maintenant au voisinage des vil-
Dans nos montagnes alpestres les chasseurs, lages.
les trappeurs précédèrent les pâtres. Mais le L'Orient garde à ces migrations toute leur
nomadisme montagnard, « père de la transhu- jeunesse et leur fraicheur et l'auteur en brosse
mance », parait remonter aussi loin que les un tableau en prenant comme exemple l'Armé-
origines de l'élevage. Le chasseur était nomade nie et l'Iran ; et les montagnes d'Asie, « qui
à la poursuite du troupeau ; de même le sont peut-être le berceau de ces migrations
berger qui calqua le rythme de son existence pastorales, les verront sans doute se perpétuer
sur le rythme naturel poussant les bêtes à une autant que l'humanité. »
ascension estivale et à une descente, en automne, Le chapitre III est une esquisse très précise
vers lesplaines.La civilisation méditerranéenne, de la vie pastorale de type heivétique (p. f3
celle aussi du Proche Orient et de l'Asie — 50). On y trouve analysées les modalités
centrale, recouvre des assises pastorales : l'ex- très variées de l'élevage et les combinaisons
ploitation pastorale y devança la colonisation auxquelles s'est arrêté le montagnard, tiraillé
agricole. entre les nécessités agricoles et les possibilités
Mais il faut s'entendre sur les termes. Il faut pastorales. Le chapitre IV a pour titre l'évo-
:
distinguer la transhumance montagnarde qui lution de la vie pastorale alpestre (p. 51 —56).
conduit le troupeau de l'alpe ou pâturage L'auteur montre comment les progrès de l'éco-
d'été, au pâturage d'hiver, situé dans les nomie rurale ont peu à peu uniformisé les
plaines ; car, dans la vraie transhumance le modes archaïques de vie pastorale autrefois si
troupeau ne descend pas de la montagne pour différenciés et comment et pourquoi la déca-
hiverner à l'étable. L'estivage désigne des dence de la vie pastorale est la conséquence
migrations de troupeaux atteignant les sommets d'un progrès de l'économie pastorale. La place
sans refluer l'hiver dans les piaines. Le noma- nous manque pour une analyse détaillée ou
disme montagnard se rapproche de la transhu- chapitre V (les étages de cultures et de peu-
mance, mais dans ce dernier cas, quelques plement alpestres), particulièrement snbstan-
bergers conduisent le mouvement. Dans le tiel (p. 57 — 80). Bornons-nous à signaler
premier cas toute la tribu accompagne le quelques titres de paragraphes : caractère éco-
bétail. Il y a du reste bien des modalités qui nomique des limites d'altitude ; la technique
établissent le passage entre ces deux formes de la vie montagnarde ; la limite superieure
d'un même type d'exploitation pastorale. Il y a de l'habitat les montagnes refuges... Comment
*,
aussi des nomades, de grands nomades, ceux le montagnard va-t-il réagir contre la réclusion
d'Arabie, du Sahara, de la Mongolie, qui n'ont hivernale et la stérilisation partielle des champs?
pas à leur portée ces ressources combinées de Il doit choisir entre,d'une part,l'émigrationtem-
l'ascension et de la descente ; ils errent dans poraire, d'autre part. la petite industrie, formes
un même plan : le désert ou la steppe. d'activité ayant l'une et l'autre un caractère
Des conditions climatiques dirigent la trans- saisonnier. Mais l'émigration défin tive révèle
humance et il faut lire les pages, riches de faits l'échec de ces palliatifs. Des considérations fort
comparés, où l'auteur traite cette question intéressantes sur la houille blanche, le tourisme
(p. 19-22). Mais il recherche encore les causes et l'alpinisme terminent le chapitre (chap. VI).
historiques ou économiques qui expliquent les Ce spectacle que l'auteur a décrit dans toutes
progrès ou la régression de la transhumance ses modalités, va-t-on le retrouver dans les
et examine le facteur qui commande son évo- autres montagnes du globe ? Non, certes.
lution : l'agriculture. Blache recherche les princ'paux éléments de
Dans les montagnes d'Europe, le berger re- ces paysages lo-ntains. Il nous initie à la vie
cule devant le laboureur. Il n'a point disparu : pastorale nordique et nous montre ce qu'il
appelle les traits pseudo-montagnards de l'éco- ramasse les traits généraux de la vie monta-
nomie nordique. A son tour le chapitre VIII gnarde. montre entre autres le rôle psycholo-
est un des plus intéressants de l'ouvrage (p. gique de la montagne, en pages qui s'élèvent à
111-125). Nous sommes loin du type alpestre ; une sorte de philosophie, et se terminent par
nous voici transportés dans un domaine entiè- la constatation mélancolique d'une décadence
rement nouveau : l'extrême Orient. Comme aux prises avec les formes d'activité moderne ».
elles sont bien vues les considérations sur la Un beau livre, en vérité, un livre à lire et à
répulsion qu'éprouvent les uns pour les autres, méditer. En dehors des géographes, des ethno-
les hommes de rizières et les hommes de mon- graphes, des naturalistes, qui seront frappés et
tagne et qu'accuse l'aspect du genre de vie à séduits par sa riche substance, il semble que
travers ceLUi des cultures ! ceux qui apportent à la montagne un de ces
Trois chapitres nous séparent de la conclu- éléments de ressource moderne, dont il est
sicn (IX : au-dessus des déserts et des steppes : question au chapitre VI, gagneraient à 1 em-
X : au-dessus des plaines malsaines ; XI : l'éco- porter dans leurs baglgcs, à le feuilleter dans
nomie neutre des montagnes américaines Con- le cadre même qu'il fait si bien vivre. Mais
clusion riche de faits et d'idées, dont, dans la « les formes d'activité » du touriste actuel,
préface, R. Blanchard a condensé à souhait le permettent-elles la lecture et la méditation ?
caractère dominant : « Une synthèse, après ces
monographies si bien venues et si neuves, G. PETIT.

Éditeurs : FEUX ALCAN. Paris


NICOLA ZANICHELLI. Bologna
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AKADEMISCHEVERLAGSGESELLSCHAFTm. b. H., Leipzig - DAVID NUTT, London
G. E. STECHERT & Co.. New-York - RUIZ HERMANOS. Madrid - F. MACHADO & C.ia, Porto
THE MARUZEN COMPANY. Tokvo.

1934 28ème Année REVUE INTERNATIONALE DE SYNTHÈSE SCIENTIFIQUE


Paraissant mensuellement (en fascicules de ioo à I20 pages chacun)
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T *** JJ Secrétaire Gênerai Paolo Bonetti
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de toutes les sciences mathématiques, astronomie, géologie, physique, chimie, biologie, psychologie,
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ethnologie, linguistique ; d'histoire des sciences, et de philosophie de la science.
EST L'UNIQUE REVUE qui par des enquêtes conduites auprès des savants et écrivains les plus
éminents de tous les pays (Sur les principes philosophiques des diverses sciences ; Sur les questions astronomiques
et physiques les plus fondamentales à l'ordre du jour ; Sur la contribution que les divers pays ont <;/'/'.';/r'<' ,Ill déve-
loppement des diverses branches du savoir ; Sur les questions dl' biologie les plus n;;/)t'r/<;);/<'.t. etc. etc.) étudie tous
les plus grands rroblèmes qui agitent les milieux studieux et intellectuels du monde enti r et constitue en
même temrs la premier exemple d'organisation internationale du mouvement philosophique et scientifique.
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Les articles sont publiés dans la langue de leurs auteurs, et à
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LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDÉE ET PUBLIÉE PAR LA

SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE

4e ANNÉE — N° 9 Septembre 1934

SOMMAIRE
J. PIVETEAU
.. Histoire du tissu osseux
; 515

L. CHÙPARD ... Les Sauterelles migratrices utilisation des données biolo-


giques dans la lutte contre ces Insectes 523

Cn. GUINIER
L. -LAVAUDEN
...
...
Les arbres d'ornement et de rapport en France
La protection dés animaux de montagne en Europe
....
...
531

543

VARIÉTÉS.
— Les Mouches disparaissent-elles? — Les Pucerons et
leurs ennemis

............
553

PARMI LES LIVRES ..................


NOUVELLES ET INFORMATIONS 556

560

La photographie reproduite sur la couverture et qui représente


un Lézard est due à M. P.-L. BARRUEL.

REVUE MENSUELLE
Abonnements France et Colonies : 75-fr. — Étranger : 90 fr. ou 105 fr. suivant les pays.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION-
SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE
4. Hue de Tournon, PARIS (vie)

Tous droits de reproduction et de traduction reservés.


SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION
Fondée en 1854, reconnue d'utilité publique en 1856

BUREAU
Président : M. Louis MANGIN. membre de l'Institut, directeur honoraire du Muséum.
Secrétaire général : M. C. BRESSOU. directeur de l'École d'Alfort,
Vice-présidents : Secrétaires : Trésorier :
MM. Bois, professeur hunu- M. Marcel Du\AU.
raire au Muséum MM. Pierre CREPIN
DECHAMBRE, professeur
;
Archiviste
;
:

honoraire à l'Ecole Charles VALOIS Monseigneur FOUCHER.


d'Alfort Pierre MARIÉ;
le docteur THIBOUT
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;
Bibliothécaire
Maurice LOYER. Lucien POHL, M. Ph. DE CLERMONT.
Secrétaire aux publications, rédacteur en chef de La Terre et la Vie :
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MEMBRES HONORAIRES nu CONSEIL


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Mammalogie Aquiculture Aquariums et Terrariums
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Ornithologie Entomologie ROULE
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LIGUE FRANÇAISE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX


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; Mme FEUILLÉE-BILLOT,
MM. NICLOT, ROPARS trésorier P. BARET délégué du Conseil Dr THIBOUT.
; : ;
L'HISTOIRE DU TISSU OSSEUX
par
JEAK PIVETEAU

On n'a guère tenté jusqu'ici de re- que les premiers représentants des
constituer l'histoire du tissu osseux, Vertébrés avaient eu un squelette
ce tissu si éminemment caractéris- mou, cartilagineux.
tique des animaux vertébrés, que Les progrès remarquables de la
par des considérations théoriques ap- Paléontologie au cours de ces der-
puyées sur l'embryogénie des espèces nières années ne pouvaient manquer
vivantes. Comme, au cours du déve- de fournir, sur cet important sujet,
loppement, le cartilage se formé des données nouvelles ; ils ont même,
avant l'os, et comme les Vertébrés comme nous allons le montrer, en-
actuels les plus simples sont dépour- tièrement modifié l'aspect du pro-
vus de tissu osseux, on a conclu que blème : le tissu osseux nous apparaît
l'os était une formation tardive et maintenant comme très ancien ; il
remonte sans doute à l'aurore de ciées, qui ont vécu du Silurien supé-
l'histoire des Vertébrés, et les espèces rieur au Dévonien moyen, ayant
vivantes au squelette cartilagineux atteint leur maximum de variété
ne peuvent plus être considérées et de diversité à la tin des temps
comme des formes primitives, mais siluriens et au début des temps dé-
comme des formes en régression. voniens (période dowtonienne).
Si nous suivons, en effet, l'histoire Grâce aux beaux travaux de
des principaux types de Vertébrés M. StensiÕ, nous avons maintenant
inférieurs, nous retrouvons toujours, une idée très complète de la struc-
au point de départ de chaque série, ture de ces Vertébrés, en même temps
des formes plus ossifiées qu'au point que leur position systématique se
d'aboutissement. Nous pouvons voir trouve désormais bien définie.
en outre assez facilement, par quel Par leur organe olfactif impair,
processus s'est faite la régression du l'absence de mâchoires individuali-
tissu osseux, et proposer au moins sées. le dessin de leurs canaux senso-
des hypothèses sur le mécanisme de. riels aux éléments transverses nom-
ce fait biologique. breux, la présence de deux canaux
semi-circulaires, les Ostracodermes
se rangent auprès des Cy.clostomes.
Les plus anciens Vertébrés consti- L'analogie peut être poussée plus
tuent le groupe des OSTRACODERMES. loin. Les uns, auxquels on doit ré-
animaux sans mâchoires différen- server le nom de Céphalaspidomorphes
(Anaspidés et Céphalaspidés), appar- Exosquelette et endosquelette sont
tiennent au'groupe des Lamproies ; nettement plus développés dans les
les autres, ou Ptéraspidomorphes genres du Silurien supérieur et du
(Hétérostracés et Palœospondylidés), Dévonien inférieur que dans ceux du
au groupe des M y xi nés. Dévonien moyen. Les Céphalaspidés
Si nous considérons plus particu- constituent donc, au point de vue de
lièrement les Céphalaspidés (mais l'ossification, une série régressive.
tout ce que nous allons dire à leur Si nous considérons maintenant
sujet s'appliquerait également aux une larve de Lamproie ( Petromyzon),
autres Ostracodermes). nous voyons nous voyons, formant une sorte de
qu'ils sont en particulier caractérisés voûte au-dessus de la portion anté-
par le grand développement du sque- rieure de la tête, et descendant laté-
lette céphalique. formé d'un exosque- ralement, une plaque cartilagineuse
lette de nature dermique, et d'un (muco-cartilage, fig. 2). Par sa posi-
endosquelette à ossification de car- tion et ses relations avec les organes
tilage ou enchondrale, les deux avoisinants (cerveau, organe audi-
étroitement liés (fig. 1). tif, yeux, «fgane olfactif portion
céphalique de la notocorde, proné- Elasmobranches cartilagineux, les
phros etc.), par son contour général, premiers pouvant être considérés
ce muco-cartilage de la Lamproie est comme plus ou moins voisins des
l'homologue du bouclier céphalique formes ancestrales des seconds.
des Céphalaspidés. Nous avons alors, Nous assistons donc, dans le groupe
au point de vue de la régression de Placodermes + Elasmobranches,
l'ossification, une série très sugges- comme dans celui des Ostracodermes,
tive : bouclier céphalique osseux chez à une régression des tissus osseux.
les Céphalaspidés diminuant au cours On connaît d'ailleurs quelques formes
des périodesgéologiques ; plaque car- qui, par la réduction moyenne de
tilagineuse chez la larve de Lamproie, leur squelette, constituent, au moins
qui disparaît au cours de la métamor- à ce point de vue, une transition entre
phose aboutissant à la forme adulte. Placodermes et Elasmobranches. Le
genre Gemuendina (fig. 5), du Dévo-
nien inférieur de la Prusse rhénane,
On a pendant longtemps confondu aux caractères extérieurs de Raie,
avec les Ostracodermes, sous le nom conserve sur le crâne un reste de
vague Je « Poissons cuirassés ), l'armure des Arthrodires. Cralose-
des animaux revêtus d'une forte lache, du Carbonifère de Belgique.,
armure dermique et à endosquelette présente des analogies avec les
bien développé (fig. 3 et fig. 4) qui Requins, mais la voûte légèrement
ont vécu dans les lagunes aux eaux ossifiée de son crâne montre une dis-
saumâtres de la période dévonienne. position assez voisine de celle d'un
Le nom de PLACODERMES doit leur Arthrodire, le Dinichthys.
être réservé. Ce sont de véritables D'autres Elasmobranches, les
Poissons. Les travaux classiques de Acanthodidés ont eu certainementun
squelette ossifié. Leur tissu osseux
(comme probablement d'ailleurs celui
de beaucoup de Vertébrésinférieurs),
offre une structure très simple :
absence de canaux de Havers, de
lamelles, d'espaces cellulaires, ce
qui, pendant longtemps, en a fait
méconnaître la nature véritable.
De même, et dans un ordre de faits
comparables, on observe, dans les
formes les plus anciennes d'Holocé-
phales (Myriacanthus du Lias, -par
exemple), des plaques osseuses bien
développées, alors que les Chimères
M. Stensiô sur ce groupe ont dé- actuelles sont. entièrement cartila-
montré, en effet, que les Placo- gineuses.
dermes sont pourvus de mâchoires Ainsi, la série Placodermes-Elas-
de même type que les Vertébrés mobranches, dans ses diverses sub-
gnathostomes, avec palatocarré et divisions zoologiques, nous montre la
cartilage de Meckel. Les études du mêtne régression du tissu osseux, au
même auteur ont nettement établi cours de son histoire, que les Ostra-
les affinités des Placodermes et des codermes.
Toutes les recherches récentes sur giens, une famille à grande lon-
les autres ordres de Poissons con- gévité, celle des Cœlacanthidés,
duisent à des conclusionssemblables. montre d'une manière particulière-
Le crâne primordial des Dipn eustes, ment nette le processus de réduction
bien ossifié dans les genres dévo- du tissu osseux. Chez un genre dévo-
niens (Scaumenacia, Dipterus), l'est à nien, Diplocercides. le neurocrâne
peine dans les formes carbonifères primordial est relativement bien
ou post-carbonifères. Le Ceratodus ossifié ; chez les formes post-dévo-
présente plusieurs points d'ossifica- niennes, il est formé en grande par-
tion dans la région occipitale chez tie de cartilage, l'os étant limité à
une espèce du Lias ; il n'y en a plus quelques points isolés.
qu'un seul chez l'espèce actuelle. La régression du tissu osseux s'ob-
Dans le groupe des Crossoptéry- serve aussi dans les familles d'Acti-
noptérygiens, dont l'étude a été suf- Labyrinthodonte du Trias inférieur,
fisamment poussée. Chez les Paléo- comme Capitosaurus, diffère d'E-
niscidés, les genres triasiques sont ryops, au point de vue de l'ossifi-
moins ossifiés que les genres per- cation, par les caractères suivants
miens, qui le sont moins eux-mêmes (fig. 7 et 8) :
que les genres carbonifères. 1° réduction de l'ossification du
Chez les Saurichthyidés, les formes basisphénoïde et du basioccipital,
du Trias sont généralement assez celui-ci ne prenant plus part à la for-
bien ossifiées ; celles du Jurassique mation du condyle. Le condyle, triple
ont perdu à peu près complètement chez Eryops, est par suite double
tout tissu osseux. Il en est de même chez Capitosaurus.
des Pholidopleuridés. 20 il n'y a plus d'ossification du
De cette revue sommaire des prin- supra-occipital.
cipaux groupes de Vertébrés infé-
rieurs, nous pouvons donc conclure 3° le prootique et le paroccipital se
réduisent.
que, dans une série déterminée, il y
a régression du tissu osseux (qu'il 4° sur la voûte palatine, le-s vides
s'agisse d'os de cartilage ou d'os der- inter-ptérygoïdiens s'élargissent con-
miques) des form-es les plus anciennes sidérablement.
aux formes les plus récentes. 5° alors que dans Eryops, la région
olique est ossifiée en une masse
continue, qui abrite les canaux
Le passage de la vie aquatique à semi-circulaires, dans Capitosaurus,
la vie aérienne constitue une des cette même région demeure formée,
ph ases principales de l'histoire des en grande partie, par du cartilage.
Vertébrés. Dans ce nouvel habitat, Avec les Labyrinthodontes de la
qui implique une physiologie toute fin du Trias, le processus de réduc-
différente, nous observons le même tion de l'ossification s'accentue.Dans
mode d'évolution du tissu osseux. Cylolosaurus, par exemple, le basi-
Nous n'envisagerons d'ailleurs que occipital, très réduit, demeure car-
le cas des Amphibiens, seuls Verté- tilagineux ; le basisphénoïde a com-
brés terrestres dont les types fossiles plètement disparu, les espaces inter-
se prêtent facilement à une telle ptérygoïdiens s'élargissent de plus
étude. -en plus (fig. 8). Il n'y a également plus
Les représentants les plus primi- de supra-occipital dans les genres
tifs du grand groupe des LABYRIN- Metoposaurus et Anachisma, compa-
THODONTES, rangés sous le nomd'Em- rable à ce point de vue aux Amphi-
bolomères, sont des animaux à crâne biens actuels. Aucune ossification ne
bien ossifié. Dans le genre Palœo- se forme dans leur région otique.
gyrinus (fig. 6), par exemple, du
Carbonifère d'Angleterre, la cavité Dans un autre grand groupe de
cérébrale, correspondant au crâne Stégocéphales, celui des Phyllospon-
primordial, est entièrement ossifiée. dyles, animaux de petite taille ayant
Un crâne dermique à-peu près con- le port et l'allure des Salamandres,
tinu recouvre le crâne primordial. Les on observe la même réduction du
Labyrinthodontes permiens, comme tissu osseux. Le crâne d'un type
Eryops, ont un crâne nettement évolué comme Branchiosaurus, du
moins ossifié que Palœogyrinus. Un Permien, est beaucoup moins ossifié
que celui d'un type primitif, comme d'une manière un peu spéciale que
Eugyrinus, du Carbonifère. Le pre- nous observons aussi chez l'Estur-
mier se trouve au même stade qu'un geon actuel. Mais, chez ce dernier,
Labyrinthodonte du Trias supérieur, le phénomène se déroule d'une façon
le second correspond à un Labyrin- anormale et n'aboutit pas à l'ossi-
thodonte du Permien. fication.

Tous les faits que nous venons de Après cette revue sommaire des
passer en revue relativement à Y his- données paléontologiques montrant
toire du tissu osseux chez les Verté- que l'évolution des Vertébrés infé-
brés inférieurs ne concernent que le rieurs s'est déroulée dans le sens
crâne. L'étude des ceintures nous d'une régression du tissu osseux, il
conduirait à des conclusions analo- serait d'un très grand intérêt de
gues : il y a, par exemple, réduction donner une explication de ce fait
au cours des temps des éléments si curieux et en somme assez in-
dermiques et de cartilage dans la attendu.
ceinture pectorale des Chondrostéens ; C'est. ce que nous allons tenter
de mêmp, la ceinture pectorale est maintenant, en présentant d'ailleurs
plus développée chez les Stégocé- les considérations qui vont suivre
phales du Permien que chez ceux non pas même comme des hypo-
du Trias. thèses, mais sous forme de simples
La colonne vertébrale paraît égale- suggestions.
ment suivre, dans son évolution; les Il faut immédiatement* écarter
mêmes lois. On a pu étudier, d'une toute analogie avec certains faits
façon précise, la formation des pathologiques comme le rachitisme.
corps vertébraux chez un Poisson Un rapprochement s'impose, au con-
,
Chondrostéen, Australosomus. du traire, avec les phénomènes de néo-
Trias de Madagascar et du Groënland. ténie. c'est-à-dire les cas où les traits
L'ossification des vertèbres s'y fait juvéniles de la forme ancesrrale per-
sistent, dans l'âge adulte, chez le des- cents, par une multiplication du
cendant. nombre des plaques osseuses. Or on
Il est à peu près certain que le sait que les points d'ossification de
tissu osseux des Vertébrés paléo- l'embryon, à cause de la fusion des
zoïques a traversé les mêmes phases éléments auxquels ils donnent nais-
de développement que le tissu sance, sont plus nombreux que les

osseux des Vertébrés actuels. Par os de l'adulte. Ainsi la régression du


suite, les Vertébrés cartilagineux tissu osseux d'origine dermique a
vivants ou fossiles que l'on rattache pour résultat de donner aux types
à des types plus anciens et mieux adultes une apparence embryon-
ossifiés, correspondent, à ce point naire. L'histoire des Ostracodermes
de vue, dans leur âge adulte, à un de la famille des Paléaspidés et des
stade juvénile de ces derniers. Poissons d'u genre Lepidotus (fig. 9)
Considérons d'abord le cas de l'os- est particulièrement démonstrative à
sification de cartilage ou enchondrale. cet égard.
Chez les Poissons actuels cartilagi- En somme, tout se passe comme
neux, Esturgeon, Polyodon. le crâne s'il y avait. eu, au cours des temps
primordial commence à s'ossifier géologiques, diminution relative de
dans les sujets très âgés, ce qui paraît la vitesse de développement du corps
bien indiquer que le tissu osseux pour- ou soma, par rapport à celle des
rait toujours apparaître, si le dévelop- glandes sexuelles ou germen ; par
pement ontogénique était plus long. suite, au cours de l'ontogenèse, le
Considérons ensuite le cas de l'os- corps du descendant ne peut attein-
sification dermique. Sa régression dre, à cause d'une maturité sexuelle
se manifeste le plus souvent, des plus précoce, une ossification aussi
types les plus anciens aux plus ré- complète que le corps de l'ancêtre.
LES SAUTERELLES MIGRATRICES
UTILISATION DES DONNÉES BIOLOGIQUES
DANS LA LUTTE CONTRE CES INSECTES
par
L. CHOPARD

Le récent article que vient de pu- pays du Nord de l'Afrique souffraient


blier dans cette revue notre collègue des attaques de ce Criquet, l'Uganda,
le Dr Ch. Arnault (La Terre et la Vie, la Nigeria, le Sénégal, le Congo Belge,
1934. pp. 219-223) attire une fois de le Togo, le Dahomey étaient frappés
plus l'attention sur les Sauterelles. par le Criquet migrateur (Locusta mi-
Les descriptions et les photographies gratoria migratorioides R et F.) et
saisissantes que nous donne le Dr Ar- plus récemment encore, une autre
nault des dégâts causés en 1933 espèce, jusqu'à présent rarement si-
dans l'oasis de Laghouat pourraient gnalée, se montrait extrêmement nui-
être répétées pour nombre d'autres sible en Rhodésie et dans le Sud du
points de notre empire colonial. En Congo Belge (Nomadacris septemjas-
effet, de -1926 à 1931, la plupart des ciata Serv.). On pourrait aussi citer
pays d'Afrique ont été éprouvés par des chiffres impressionnants concer-
les invasions de l'une ou de l'autre nant les dépenses occasionnées par la
des espèces de grandes Sauterelles mi- lutte contre ces différentes espèces de
gratrices. Tour à tour, ce sont l'Ery- Sauterelles ; qu'il suffise de dire que
thrée, l'Abyssinie, le Soudan égyp- le Maroc a dépensé pendant la ré-
tien, la Lybie, le Sud Algérien qui cente campagne (1926 1932) 120 mil-
subissent les premières attaques du lions de francs, l'Algérie 30 millions,
Criquet pèlerin (Schistocerca qreqa-. l'Afrique anglaise plus d'un million
ria Forsk ) ; puis l'invasion gagne la de livres, soit 80 millions de francs.
Mauritanie, la Tunisie, la Tripolitaine Pendant cette même période, les auto-
et même, vers le Sud Est, le Kenya rités anglaises estiment que les dé-
et le Tanganyika; enfin, c'est de 1929 gâts occasionnés dans leurs posses-
à 1932 que le Maroc et l'Algérie ont sions d'Afrique dépassent 6 millions
eu à souffrir le plus durement des de livres, soit près de 500 millions de
déprédations de cette même espèce. francs.
On peut se faire une idée de l'impor- En face de ces dégâts qui, en cer-
tance de ces invasions, si on indique tains endroits, prennent tournure de
que 830.000 hectares ont été plus désastre, on se demande si les pro-
ou moins éprouvés par le Criquet cédés de lutte employés répondent
pèlerin au Maroc, en 1929-1930, et bien à l'immensité du fléau. Non pas
120.000 hectares en Algérie. que ces procédés soient inefficaces,
Presque,en même temps que les mais, outre qu'ils sont effroyable-
ment coûteux, leur principe même devenue actuellement le point de dé-
est discutable. On s'attaque, en effet,
part de toutes les recherches biolo-
aux invasions de Sauterelles quand giques sur lesgrands Criquets migra-
elles commencent à se manifester par teurs, grâce surtout aux travaux d'un
leurs déprédations, c'est-à-dire biensavant russe, actuellement attaché au
longtemps après qu'elles o-nt débuté.British Museum, le Dr B. P. UvarovL
Le nombre incalculable d'Insectes Pour bien comprendre ce qu'Uvarov
qu'il s'agit de détruire alors et l'im-
a appelé les phases, il est nécessaire de
mensité incroyable des territoires rappeler certaines données de lasysté-
envahis neutralisent en partie tous matique des espèces du genre Lo-
les efforts de la défense. Nous nous custa. 11 existe, en Europe, deux
trouvons exactement dans le cas du formes très.
voisines appartenant à
médecin qu'on appelle après avoir ce genre ; l'une est le Locusta migra-
laissé aggraver l'état du malade ; iltoria L., l'autre le Locusta danica L. ;
eût été bien souvent facile de le gué-
outre des différences morphologiques
rir au début de la maladie, tandis appréciables. ces deux formes se dis-
que des traitements longs et coûteux tinguent par leurs caractères biolo-
sont la rançon des négligences ou des giques et par leur distribution géo-
imprévoyances. graphique. Chez le L. migratoria, les.
En ce qui concerneles Sauterelles,deux sexes sont de taille presque sem-
il fallait persuader les services de blable. la couleur générale est gri-
défense et surtout les pouvoirs pu- sâtre, la carène du pronotum est peu
blics que le moyen le plus sûr et le élevée ; chez L. danica, le mâle est
moins coûteux de les détruire était beaucoup plus petit que la femelle,
de les faire étudier hors des périodes
la couleur est variable, verte ou brune
de grandes invasions. Il faut, en avec des bandes foncées sur le pro-
d'autres termes, étudier les Saute- notum, la carène de ce dernier est
relles quand il n'y en a pas, pour leplus élevée. Le L. migratoria habite
grand public tout au moins. Cette seulement le Sud-Est de l'Europe,
conception, qui semble un peu para- le Sud-Ouest et le Centre de l'Asie ;
doxale, n'a pu être admise sans dif- il est grégaire, même dans le jeune.
ficultés, bien qu'elle soit étayée sur
âge, et forme, une fois adulte, d'im-
des faits biologiques maintenant bienmenses nuages qui se déplacent et
établis et que je vais rappeler ici. effectuent des migrations ; le L. da-
nica a une aire de distribution géo-
Les phases - graphique énorme, occupant toute.
chez le Criquet migrateur. l'Afrique et une grande partie de
l'Europe et de l'Asie; il vit toujours
Le Criquet migrateur (Locusta mi- solitaire, n'effectue migra-
aucune
gratoria L.) est une des espèces de tion et, pratiquement, semble d'im-
Sauterelles les plus importantes au portance économique nulle. Ajou-
point de vue économique. Il dé- tons que les larves des deux formes-
vaste périodiquement des régions sont de couleurs très différentes,
immenses à l'Est de l'Europe et en celles de migratoria étant variées dfr
Asie. Sud-Est de la Russie, Caucase, brun et de jaune orangé tandis
Turkestan. Son étude a- depuis long- celles de danica sont de couleur toutque
temps attiré l'attention des entomo- à fait uniforme, très souvent vertes.
logistes russes et cette espèce -est Les deux formes sont ainsi très
nettement séparées et étaient consi- fait pas brusquement, elle exige un
dérées par les orthoptéristes récents certain temps, durant lequel une ou
comme deux espèces bien distinctes. plusieurs générations de Sauterelles
Il est assez curieux de constater que se succèdent dans lesquelles on cons-
les auteurs plus anciens lès réunis- tate la présence d'individus inter-
saient au contraire dans une seule médiaires enlre les deux formes ou

entité spécifique, sans toutefois avoir phases suivant le motd'Uvarov. qui


idée des véritables relations qui les deviennent de plus en plus nom-
unissent. C'est à Uvarov qu'on doit breux. Ces individus sont intermé-
d'avoir fait ressortir le véritable ca- diaires non seulement au point de
ractère de ces relations ; chef du vue morphologique, mais également
Bureau entomologique de Stavropol par leur comportement. C'est ainsi
(Caucase), il a eu-l'occasion d'étudier qu'au début de l'apparition de Lo-
longtemps et avec soin le Criquet mi- custa migratoria, les individus pro-
grateur et. en 1921, publiait les pre- venant de dariica ont de plus en
miers résultats de ses recherches. plus tendance à se réunir par bandes,
Sans entrer dans le détail, on peut à devenir grégaires ; le fait contraire
résumer l'essentiel de la découverte s'observera quand les conditions étho-
d'LJvarov en ces (quelques mots : sous logiques seront telles qu'elles amène-
certaines conditions, encore mal dé- ront la transformation inverse. Pour
finies, le Locusta danica peut se trans- rappeler leurs particularités biolo-
former en Locusta migratoria ; la giques, ces intermédiaires ont reçu
transformation inverse est également les noms decongregans dans le pre-
possible-. Cette transformation ne se mier cas, de dissocians dans le second.
Généralité du phénomène
des phases.
par laquelle l'espece est représentée
dans une localité où des individus
Il était du plus haut intérêt de vé- isolés seuls se rencontrent;
rifier si le phénomène des phases 2° Phase transiens. Forme existant
s'appliquait à d'autres espèces de dans une localité où l'espèce est en
Sa-uterelles, tant à un point de vue voie de développement et où ses indi-
purement spéculatif que par les con- vidus commencent à former de petites
séquences qui en découlent pour la agrégats (transiens congregans) ou, au
lutte contre ces Insectes. Aussi, les contraire, dans les endroits où l'es-
chercheurs, orientés par les faits dé- pèce diminue et où ses nuages com-
couverts chez le Criquet migrateur, mencent à se dissocier (transiens dis-
n'ont pas tardé à porter leurs efforts socians). il est entendu que ces termes
sur les autres espèces de grands Acri- ne s'appliquent pas à une forme
diens. Si les faits ne se présentent bien définie, mais à une série conti-
pas toujours avec autant de netteté nue de formes transitoires entre les
que chez l'espèce où on les a décou- deux extrêmes.
verts, il ne semble plus y avoir de 3° Phase grégaire. Forme extrême
doute sur la généralité du phéno- à laquelle appartient la masse d-es in-
mène, en ce qui concerne les grandes dividus dans les localités où l'espèce
espèces migratrices. On peut donc forme de grands nuages et effectue
dire que toutes ces espèces présen- des migrations.
tent trois états biologiques ins- Le schéma du cycle biologique
tables qui peuvent être distingués d 'un Acridien migrateur, exprimant
comme suit : les relations entre les phases peut
10 Phase solitaire. Forme extrême être résumé ainsi

On a ainsi reconnu la forme soli- économique est considérable par suite


taire et la forme grégaire chez toutes de leur développement en masse et
les grandes espèces dont l'intérêt de leurs migrations. Ces espèc-es sort :
Ph. solitaire Ph. gregaire Habitat
Le Criquet migrateur Locusta danica Locusta migratoria S. E. de l'
Europe, Asie
Locusta migratorioides Afrique
Le Criquet pèlerin Schistocerca flaviventris Schisiocerca gregaria Afrique
Le Criquet brun Locustana pardalina Locustana pardalina Afrique du
ph solilaria Sud
Le Criquet à 7 bandes. Nomadacris coangustala Nomadacris Afrique
septemfasciata
Le Criquet de Parana Schistocerca americana Schistocerca paranensis Amérique
du Sud
Non seulement les caractères bio- très complexes. C'est ainsi qu'on voit
logiques des deux formes ou phases le Locusta danica vivre dans des cli-
sont différents, mais la phase gré- mats et dans des milieux biologiques
gaire demande, pour se développer très différents alors, que le Locusta
des conditions de milieu plus étroites, migratoria ne peut se développer que
ces conditions semblant d'ailleurs dans certains points très bien déli-
mités du Sud-Est de l'Europe et du de grandes pluies survenant après de
Centre de l'Asie, où croît une végéta- longues périodes de sécheresse.Ainsi,
tion très spéciale, composée surtout en 1926, Johnston observe au Sou-
de grands Roseaux (Uvarov). Au con- dan égyptien qu'après un hiver de
traire, la phase grégaire du Criquet pluies extraordinaires, les Sauterelles
pèlerin semble ne pouvoir se dévelop- (.Schistocerca gregaria) avaient formé

per et se reproduire qu'après un de petites concentrations dans des


séjour dans les contrées à climat régions où, l'année précédente, on
désertique (Roubaud). Par suite, la ne trouvait que des solitaires. Les
forme sédentaire se présente comme individus de ces essaims naissants
une sorte de forme de résistance de n'appartenaient pas à la phase soli-
l'espèce qui persiste lorsque les con- taire typique, mais montraient des
ditions nécessaires à la vie de la forme caractères de transition vers la phase
grégaire ne se trouvent plus réalisées. grégaire, fl est probable d'ailleurs que
Les conditions dans lesquelles se les conditions de transformation sont
fait la transformation de la forme soli- assez variables suivant les espèces,
taire en forme grégaire sont encore comme semble l'indiquer le fait que
mal connues et la recherche de ces le Locusta danica est la forme soli-
conditions représente la grosse dif- taire du L. migratoria en Europe et
ficulté de l'étude de la biologie des en Asie, alors qu'en Afrique il donne
Sauterelles. Il semble que le point naissance à une forme voisine, mais
de départ des grandes invasions coïn- parfaitement différente, le Locusta
cide avec certaines modifications des migratorioides.
conditions climatiques, par exemple Il semble toutefois qu'on puisse
admettre que, pour chaque espèce, grateurs, on peut le reconnaître
il existe, dans l'habitat, des subdivi- aussi chez ceux qu'on appelle petits
sions assez bien délimitées qui sont : migrateurs, formes à tendances gré-
10 les régions d'habitat permanent gaires n'entreprenant par contre que
de la forme solitaire ; des migrations de faible amplitude.
2° les régions de transformation Tels sont le Criquet marocain (Do-
de la forme solitaire en la forme gré- ciostaurus maroccanug) et le Meiano-
gaire (zone grégarigène de Pasquier) ; plus spretas (Rocky mountain Locust
3° les régions d'envahissement et des Américains), tous deux fort im-
de pullulation de la forme grégaire portants au point de vue économique.
(breeding grounds d'Uvarov). Le phénomène se présente toutefois
Un fait extrêmement frappant est peut-être dans d'autres cas, mais
que le phénomène des phases, qui d'une façon beaucoup moins nette,
constitue une particularité biolo- et j'en citerai deux exemples tirés
gique des plus remarquables, s'est de groupes différents des Acridiens.
développé chez des espèces apparte- Dans les deux cas, il s'agit de Saute-
nant à des groupes relativement éloi- relles de la famille des Tettigoniidae.
gnés et qui ont surtout en commun En 1888, Valéry Mayet signalait
l'instinct migrateur qui se développe l'abondance extraordinaire d'une es-
sous certaines conditions. Il est mani- pèce du genre Barbitistes qui commit
feste que le point de départ de la de grands ravages dans le départe-
transformation du Criquet solitaire ment du Var; ces Insectes ressenl-
en Criquet grégaire est le degré de blaient énormément à une espèce
densité de, la population. Qu 'une assez commune dans la région, le
année particulièrement favorable se Barbitistes Fischeri, mais en diffé-
présente, dans les régions propices, raient par quelques caractères, sur-
et les Criquets se trouvant en sur- tout par l'abondance d'un pigment
nombre dans leurs zones de transfor- foncé qui leur donnait une colora-
mation subiront automatiquement la tion noirâtre ; ces différences parurent
transformation en phase grégaire; suffisantes à.Valéry Mayet pour don-
par suite de leurs tendances gré- ner à cette forme un nom spécial et il
gaires, ces Criquets se trouveront la nomma Barbitistes Berengueri. Le
rapprochés au moment de la ponte deuxième exemple, très comparable,
et la densité de l'espèce s'en trouvera est tiré d'une espèce d'un genre
encore augmentée l'année suivante. voisin. Orphania denticauda; Azam,
Ce n'est que lorsque des conditions en 1906 dans les Hautes-Alpes, et
défavorables à l'espèce (parasites, Maneval, en 1926, dans la Haute-
ponte dans des endroits peu propices Loire, ont rencontré cette espèce en
après les migrations) se réaliseront nombre extraordinaire et tous deux
que les premières réductions en ont constaté que ces individus pressés
nombre se feront sentir et qu'à nou- en groupes nombreux étaient beau
veau une transformation en phase coup plus pigmentés que les indi-
solitaire est inéluctable, par un pro- vidus qu'on rencontre normalement
cédé analogue. isolés. Or, il n'est pas sans intérêt
Il n'en reste pas moins que le phé- de constater que, chez les larves de
nomène des phases est limité à un Criquet migrateur grégaires, le pig-
petit nombre d'espèces. Parfaitement ment noir est bien plus abondant que
défini chez les Acridiens grands mi- chez les larves solitaires. Uvarov snp-
pose que l'apparition de ce pigment chez les Criquets grégaires dont les
peut provenir de changements chimi- mouvements sont plus rapides et plus
ques dus aux oxydations plus actives nombreux que chez les solitaires.
Bien que les observations chez les atteint le développementqui consacre
Sauterelles '(Barbitistes et Orphania) les périodes de grandes invasions.
soient incomplètes et ne concordent Pour cela, une connaissance appro-
que partiellement avec la théorie des fondie de la biologie des différentes
phases, il ne paraît pas impossible de espèces de Sauterelles est nécessaire
, les rapprocher de ce phénomène et et, bien entendu, uns étude com-
on voit tout l'intérêt qui s'attache à plète des phases solitaires est peut-
l'étude de ces formes dont 1 instinct être encore plus indispensable que
grégaire est rudimentaire, au point celle des phases grégaires. C'est pour-
de vue de la biologie générale. quoi je rappelle ce que je disais au
début de cette note : les Sauterelles
Utilisation des données biologiques doivent être étudiées surtout hors des
dans la lutte contre les Sauterelles. périodes de grandes invasions. Cer-
Voyons maintenant ce qu'on peut tains organismes, tant en France qu'à
tirer de ces données à un point de l'étranger, semblent d'ailleurs vouloir
vue pratique pour la destruction des entrer résolument dans cette voie.
Sauterelles. Nous avons vu que la Des entomologistes spécialisés ont été
lutte contre la forme grégaire dans envoyés en mission dans les régions
la zone des grandes invasions est la où on a de bonnes raisons de suppo-
seule pratiquée actuellement. il ne ser que les invasions de Sauterelles
peut être question d'en contester l'uti- peuvent prendre naissance par trans-
lité, mais elle supporte deux grandes formation de La phase solitaire en
critiques ; d'une part, elle est extrê- phase migratrice. On a compris aussi
mement coûteuse, les chiffres que j'ai qu'il s'agissait là d'un problème in-
cités plus haut sont là pour l'attester ; ternational et qu'il était impossible
d'autre part, elle s'attaque aux Sau- d'ignorer ce qui se faisait chez le voi-
terelles à un moment où les invasions sin en attendant tranquillement que
ont déjà pris une telle amplitude, où les Sauterelles veuillent bien s'arrê-
les territoires contaminés sont si éten- ter le long des frontières. Un centre
dus qu'elle ne peut rendre ce qu'on international de lutte antiacridien ne
en attend. Et ceci d'autant plus que, a été créé; pour diverses raisons très
parmi les territoires envahis, il se importantes Londres a été choisi ; un
trouve souvent des régions non culti- personnel spécialisé y dépouille les
vées, très peu peuplées, où la lutte est rapports des différents services, en
pratiquement impossible par manque extrait tout ce qui peut avoir un in-
de main-d'œuvre et d'où de nou térêt quelconque tant au point de vue
veaux et formidables essaims peuvent de la biologie des Acridiens que de la
partir pour envahir les cultures. Atta- lutte pratique contre ces insectes.
quer les Sauterelles dans leur forme Grâce à cette organisation, on peut
solitaire est naturellement tout à fait espérer dans un avenir prochain lut-
impraticable, en raison même de leur ter contre les Sauterelles d'une façon
dispersion. C'est donc dans la zone efficace en prévenant les invasions.
grégarigène que les Sauterelles sont Par la connaissance exacte des lieux
les plus vulnérables et le but qu'on de transformation. il sera possible dès
doit se proposer est de déceler les inva- le début d'une grande période d'in-
sions naissantes, la formation des pre- vasion de détruire les bandes en for-
mières bandes de la phase grégaire et mation encore peu nombreuses et de
de les détruire avant qu'elles aient juguler le fléau à son point de départ.
LES ARBRES D'ORNEMENT
ET DE RAPPORT EN FRANCE
par
PH. GUINIER
Directeur de l'Ecole Nationale des Eaux et Forêts, Nancy.

Enrichissement tane. Au 17e siècle, les introductions


de la flore ligneuse française. deviennent plus nombreuses : ce
A côté des arbres croissant spon- sont dès le début le Marronnier,
tanément dans le pays, les jardins, venu de Grèce, puis le Robinier,
parcs et forêts de France renferment suivis par toute une série d'autres
actuellement nombre d'espèces, dont espèces américaines de l'Est, Noyer
certaines, très répandues d'ailleurs, noir, Chêne rouge, Tulipier, Cy-
originaires de régions plus ou moins près chauve, Genévrier de Virginie.
éloignées. Dans les civilisations pri- Le mouvement continue au 18esiècle
mitives, dans l'antiquité tout au pour les espèces américaines ; André
moins, on note déjà l'apport d'arbres Michaux, explorateur de la flore
fruitiers. Beaucoup plus tard seule- forestière du Canada, eut à cet
ment des soucis esthétiques amènent égard, à la fin du siècle, un rôle par-
la plantation d'arbres d'ornement, ticulièrement important. En même
tandis que des préoccupations utili- temps étaient importées quelques
taires poussent à cultiver des espèces espèces asiatiques, l'Ailante, le
productives de bons bois d'oeuvre. Sophora, le Gingko, du Japon, le
La plupart des arbres étrangers sont Biota, de Chine. Au début du
ainsi d'introduction relativement ré- 19e siècle apparaissent des espèces
cente. On est fondé -à croire que les himalayennes. Puis l'exploration
Romains, qui ont introduit le Pla- de la région ouest des Etats-Unis,
tane en Italie, avaient répandu l'Orme si riche en arbres, permet, de 1830
champêtre dans le nor-d de la France. à 1850 environ, l'apport de nom-
Mais il faut attendre le milieu du breuses espèces de Conifères parmi
16e siècle pour entrer dans la période lesquels le Sapin de Douglas, le
des introductions d'essences étran- Cyprès de Lawson. L'exploration du
gères, introductions que favorisent Japon procure un contingent impor-
à la fois l'éveil de la curiosité scien- tant d'espèces. Enfin ce n'est qu'à
tifique et l'exploration de contrées la fin du 1ge siècle que la flore
jusque-là inconnues. Au début ce ligneuse de Chine a pu être étudiée
furent quelques arbres de l'Est de et de là nous est venu un contingent
rAmérique du Nord, comme le considérable d'espèces qui ne sont
Thuya, en même temps que quelques encore, pour la plupart, que des
espèces orientales telles que le Pla- raretés dans les cultures.
C'est ainsi que, progressivement, tains points de biologie végétale, on
ont été installées en France ces nom- acquérait des notions permettant de
breuses espèces d'arbres étrangers donner une base méthodique aux
dont certains nous sont si familiers. essais et d'éviter les insuccès et les
Au début, l'introduction d'espèces erreurs. Actuellement on peut com-
nouvelles était faite sans idées direc- prendre les résultats acquis, prévoir,
dans une large mesure, la réussite
d'une introduction, éviter les tâton-
nements si nombreux autrefois, uti-
liser enfin rationnellement ies es-
pèces dont on peut disposer.
Conditions de réussite de la culture
des essences étrangères. ~
Plasticité et variabilité de l'espèce.
primordiale de
— La condition
l'existence d'une espèce quelconque,
d'un arbre en particulier, dans une
station où on l'installe est la possi-
bilité d'adaptation au climat et au
sol qui lui sont imposés. Cette loi
biologique générale n'a été réelle-
ment bien comprise qu'à une époque
relativement rétente On s!.était illu-
sionné sur l acclimatation en admet-
tant que des végétaux peuvent s'ha-
bituer progressivement à des condi-
tions nettement différentes de celles
de leur station d'origine. On sait
maintenant qu'une espèce, qu'un
individu de cette espèce, a des
exigences plus ou moins strictement
définies vis-à-vis du climat et du sol,
trices précises. On essayait au hasard ; possède une capacité d'adaptation,
les résultats obte n us montraient si l'es- une plasticité, qui est limitée. Le suc-
pèce était cultivable dans les condi- cès d'une culture n'est donc assuré
tions où on l'avait placée. L'expé- que dans la limite de la plasticité des
rience a eu un rôle fondamental individus cultivés.
en la circonstance et, il faut le La plasticité est, d'abord, un
reconnaître, est restée eneore de caractère physiologique qui, comme
première importance en cette ma- tant d'autres,' est spécifique : il est
tière. Mais, à mesure que se dévelop- des espèces plastiques, d'autres qui
pait la connaissance des pays loin- le sont peu. Les arbres les plus
tains, à mesure surtout que naissait couramment cultivés se trouvent
et progressait la géographie bota- naturellementêtre les plus plastiques.
nique, que se précisait l'idée des La plasticité explique la faveur dont
relations entre le climat et la végéta- jouissent certains arbres que l'on
tion, et que s'éclairaient aussi cer- plante dans tous les jardins, ou
dont on abuse pour le reboisement dans la culture de cet arbre si répandu
de sols variés sous des climats bien di- actuellement et les échecs enregistrés
vers, comme l'Epicéa (Picea excelsa). à côté de succès remarquables : on a
Mais la plasticité est surtout la eu affaire à des races différentes. Il
conséquence de la coexistence, dans est indispensable, pour cette essence
une même espèce, de races et d'indi- comme pour bien d'autres, de ne pas
vidus ayant des exigences légèrement
différentes. Dans une espèce, occu-
pant une aire assez étendue, il y a
toujours, de manière plus ou moins
accentuée, des races climatiques tolé-
rant des conditions de température,
d humidité, de durée de la saison de
végétation différentes. Dans une
même race peuvent exister des indi-
vidus plus ou moins exceptionnels,
particulièrement tolérants- vis-à-vis
de certains facteurs. Cette notion,
trop méconnue, est d'une impor-
tance capitale pour la culture des
arbres. Sous un climat à hivers rigou-
reux où, de manière générale, ne
peut prospérer une espèce, il peut y
avoir possibilité de cultiver certaines
races provenant de stations parti-
culièrement froides. Ailleurs, l'in-
convénient de la sécheresse du climat
sera atténué, si l'on sait choisir des
races appropriées. Un exemple de.
l'existence de pareilles races est offert
par le sapin de Douglas (Pseudotsuga
Donglasii) : occupant une aire éten-
due, de la Californie à la Colombie
britannique, des côtes du Pacifique
aux Montagnes Rocheuses, cette envisager en bloc l'espèce mais,
essence croit sous des climats bien d'avoir toujours en vue la race et
divers par les valeurs moyennes et notamment la race climatique, sou-
les fluctuations de température et mise à dès conditions de climat
d'état hygrométrique. A un ensemble déterminées. Celaimpose l obligation
de races d'adaptation océanique, grou- de choisir cette race et de pouvoir
pées sous le nom de Douglas vert, disposer de semences ou de plants
s'opposent des types continentaux, d'origine certaine : ce n'est pas là
dont on a fait le Douglas glauque. une des moindres difficultés en rai-
Dans le groupe du Douglas vert on a son des usages encore trop suivis
reconnu de plus des races dont la dans le commerce de graines et dans
résistance aux froids hivernaux est les pépinières.
très inégale. Ainsi s'expliquent les Les différences individuelles, qui
résultats divergents obtenus parfois existent toujours en biologie, expli-
quent que certains sujets peuvent appréciés dans les cultures et bien
prospérer là où la majorité péri- adaptés au milieu. C'est la forma-
clitent : de loin en loin on est tion, à partir d'espèces exotiques
surpris de rencontrer un arbre introduites, d'hybrides parfois sus-
dans des conditions inattendues de ceptibles de se reproduire par graines
station. Tes individus peuvent être, et qui sont alors de véritables espèces
surtout s'il est possible de les pro- nouvelles. Le cas du Platane est
pager par voie végétative, l'origine typique à cet égard. Le Platane
de types intéressants pour les d'Orient (Platanus orientalis), origi-
cultures. naire du bassin oriental de la Médi-
terranée, a été introduit au 16e siècle,
La plasticité, qu'il s'agisse, au sens
strict du mot, d'une certaine souplesse tandis que le Platane d'Occident (P.
physiologique ou qu'il s'agisse d'un occidentalis), des Etats-Unis, l'était
véritable polymorphisme de l'espèce, un peu plus tard. Actuellement le
subdivisée en races différentes, au premier ne se rencontre que bien
moins physiologiquement, explique rarement; le second a pratiquement
donc la possibilité de transporter disparu et l'on n'en connaît qu'un
une essence hors de ses sta tions natu-petit nombre de pieds, réintroduits
relles et de l'installer dans des depuis peu. Le Platane que l'on cul-
régions nouvelles et plus ou moins tive est un hybride fertile des deux
éloignées. On distingue parfois des espèces, le Platanus acerijolia, ap-
degrés dans ce déplacement : on paru en Angleterre vers 1670 et qui,
parle d'essences dépaysées et d'essencesapprécié en raison de sa vigueur,
exotiques. Les premières sont des s'est partout répandu. Le Marronnier
essences originaires du pays, de la à fleurs rouges (Aesculus rubicunda)
contrée même, que l'on propage en est un hybride du Marronnier d'Inde
dehors des stations où elles croissent [Aesculus hippocastanum), originaire
spontanément. Le Pin sylvestre du Sud-est de l'Europe, et de l'Aesl-
(Pinus sylvestris), arbre des plaines culus pavia ou Pavia rubra, espèce
du Nord de l'Europe et des monta- des Etals-Unis. Les Peupliers, dont
gnes, est dépaysé, avec succès la culture est si rémunératrice, dé-
d'ailleurs, dans nos plaines du nommés Peuplier du Canada, Peu-
Centre et de l'Ouest, comme le sont plier régénéré, Peuplier suisse, etc.,
l'Epicéa (Picea excelsa ) et le Mélèze sont des hybrides qui se sont produits
(Larix europaea), arbres des mon- spontanément entre le Peuplier noir
tagnes élevées d'Europe, quand ils (Populus nigra), indigène et autre-
sont cultivés à basses altitudes. Pour fois communément cultivé, et le
les essences exotiques au contraire, Peuplier de Caroline (Populus angu-
il y a eu apport d'une région éloi- lata) importé des Etats-Unis. Remar-
gnée du globe : l'Amérique du Nord qués pour leur rapidité de crois-
et le Japon nous en onl fourni le sance, ces hybrides ont été large-
plus grand nombre. ment. propagés par boutures. Plus
récemment on a signalé en Algérie
/
Apparition de ormes nouvelles. — l'apparition d'un Eucalyptus dénom-
Il est intéressant de mentionner un mé Eucalyptus algeriensis, hybride
mécanisme, assez peu connu, d'enri- d' Eucalyptus rostrata et d'E rudis,
chissement de la flore ligneuse, qui a qui se répand et prospère le long de
donné des arbres particulièrèment certaines rivières.
Utilisation des essences étrangères. Utilisation comme arbres d'orne-
ment. — Une seule condition est
Les arbres dont l'expérience, déjà requise d'un arbre classé, en raison
plus que séculaire pour quelques-uns, de ses caractères esthétiques, comme
a démontré la possibilité de culture arbre d'ornement : c'est une adapta-
dans- notre pays, sont maintenant tion suffisante au climat sous lequel

nombreux. Ils peuvent être utilisés il croîtra et au sol où on l'installera.


de manière variée ; déjà ils rendent La première condition est évidem-
des services et, logiquement, on peut ment fondamentale. Encore faut-il
en attendre davantage. remarquer que, à côté du climat
Suivant le but poursuivi, on dis- général, dont on ne saurait disposer,
tingue les arbres d'ornement, aux- il y a un climat local, un microcli-
quels on ne demande que d'embellir mat, sur lequel on peut agir. Il est
les lieux habités, et les arbres de rap- possible de créer autour d'un arbre
port, dont on attend la production l'ambiance qui lui- est favorable. Une
de bois utile. Les conditions dans espèce sensible au froid pourra béné-
lesquelles ils croissent et les exigences ficier d'une situation abritée grâce à
auxquelles ils doivent satisfaire sont un mur ou à un rideau d'arbres. Une
différentes. espèce incapable de prospérer en
plein découvert, au milieu d'une d'arbres cultivés en masse, dans des
pelouse, se trouvera très bien, si elleconditions strictement naturelles ou
est abritée par des arbres qui main- presque, en des sols non spécia-
tiendront un état hygrométrique lement choisis, sans soins constants.
plus élevé et atténueront l'insolation.La culture ne participe plus des
De même, pour la culture des arbres caractères de l'horticulture, mais est
d'ornement, on n'est pas toujours du ressort de la sylviculture, qui, par
obligé de subir strictement les condi- définition, est un mode de culture
tions existantes de sol : l'irrigation extensive, où l'on subit, sans pou-
ou l'arrosage peuvent en augmenter voir les modifier efficacement, les
l'humidité et l'apport d'amendements conditions naturelles du milieu. Il
ou engrais en modifie les propriétés. est vrai qu'un cas intermédiaire est
»
Enfin pour ces arbres, normalement offert par la culture de certains
isolés, constamment surveillés, un arbres, a l'état de plantations
facteur, très important dans l'exis- claires, dans des terrains choisis ou
tence des végétaux, n'entre pas en sur des avenues : c'est le cas des
ligne de compte : c'est la concur- Peupliers. L'arboriculture fait la
rence vitale. Aussi peut-on installer liaison entre l'horticulture et la
et maintenir des arbres d'ornement sylviculture.
dans des conditions variées et réunir Cette nécessité de pouvoir sup-
dans un parc de nombreuses espèces porter les conditions d-e milieu telles
d'exigences bien diverses et qui ce- qu'elles sont, rend impérieuse pour
pendant restent suffisamment pros- les arbres de rapport la question
pères. On s'explique pourquoi nous d'adaptation au climat et au sol.
pouvons obtenir là ce qui n'est plus La plasticité spécifique, le choix de
réalisable dès que l'on passe à la forêt.
races physiologiquement aptes, sont
On comprend aussi pourquoi cer- des conditions primordiales de réus-
tains arbres, particulièrement exi- site et l'on rencontre en cela quel-
geants ou sensibles à la concurrence ques difficultés. Pendant longtemps
vitale ne peuvent être, dans un pays lés renseignements ont manqué sur
donné, que cultivés à l'état isolé les caractéristiques climatiques des
dans des parcs ou avenues : le régions où l'on allait chercher les
Marronnier, le Platane en sont, dans espèces que nous cultivons ; ce
une certaine mesure, des exemples ; n'est que depuis peu que l'on
bien des espèces cultivées à la connaît mieux les relations entre le
limite de leurs conditions d'exis- climat et la végétation et que l'on
tence le montrent d'e manière plus peut tenter d'établir des comparai-
accentuée. La culture d'arbres pour sons assez sûres entre le climat de
l'ornement est un problème relati- la région d'origine et celui de la
vement simple ; c'est d'ailleurs un région de culture. La- connaissance
stade qui précède nécessairement des races climatiques n'en est en-
leur utilisation comme arbres de core qu'à son début ; la difficulté
rapport. pratique est d'ailleurs encore grande
de s'approvisionner de graines de
Utilisation comme arbres de rap- provenance certaine, correspondant
port. — La question est tout autre, en à la race voulue. C'est pourquoi, en
effet, pour les arbres de rapport. matière de culture d'essences de
Il s'agit là, de manière générale, rapport, l'expérimentation est si
indispensable et reste à la base de gique ou plutôt écologique, Se joi-
tout progrès. gnent des conditions d'ordre écono-
Une autre circonstance intervient mique qui justifient le terme même
dans la culture d'une essence de d'essence de rapport. La question a
rapport, tout au moins si l'on veut été longtemps et parfois âprement
la considérer comme essence fores- discutée, de savoir s'il y avait intérêt

tière : c'est la résistance à la concur- à répandre des essences venues de,


rence vitale. Exposée à se trouver pays plus ou moins lointains, alors
en compétition avec les végétaux que nous avons à notre disposition
spontanés, elle doit être capable de dans notre pays une telle variété
maintenir sa place, ail milieu des d'arbres, croissant dans ces condi-
autres espèces sans que soient néces- tions si diverses de climat et de sol
saires des interventions plus fré- qui se rencontrent en France. Ce fut
quentes et plus intenses que celles une opinion longtemps professée en
qui sont de règle en sylviculture. France, par les forestiers en particu-
C'est un autre point sur lequel on lier, et qu'a soutenue Mathieu, pro-
ne peut être documenté à priori et fesseur à l'Ecole forestière, qui écri-
qui relève uniquement de l'expé- vait en 1864 : « Avec de semblables
rience. richesses en mains, il n'est d'autres
A ces conditions d'ordre physiolo- difficultés que celle de choisir et
le choix peut être fait sûrement, L'accord s'-est fait maintenant,
sans rien laisser au hasard, puis- et, malgré la richesse relative de
qu'il s'agit de végétaux spontanés, notre flore forestière, malgré les
bien connus, dont les exigences se éminents services que nous rendent
traduisent par des faits de l'appré- soit dans les forêts spontanées, soit
ciation la plus simple : sol, ex- dans les boisements artificiels, nos
position, altitude ». Cette manière essences françaises, on est bien d'ac-
de voir, explicable, dans une certaine cord pour reconnaître Te grand inté-
mesure, à une époque où l'introduc- rêts des essences étrangères de rap-
tion des espèces exotiques, faite au port, dans des cas déterminés, que
hasard, aboutissait à de nombreux l'on peut grouper en trois catégories.
mécomptes, n'est plus justifiée alors
que des faits d'expérience de plus Choix des arbres de rapport.
en plus nombreux s'aecumulent et
Essences à croissance rapîde. —
Tout d'abord il y a économiquement
intérêt à cultiver certaines essences
à croissance particulièrement active
pour produire rapidement du bois
d'oeuvre. On tire ainsi le meilleur
parti d'un terrain affecté au boise-
ment. Le type de ces essences de rap-
port est fourni par ces Peupliers de
grande culture, la plupart hybrides
de notre Peuplier noir et de Peupliers
américains, qui se sont répandus à
partir du 19e siècle et ont progressi-
vement refoulé nos vieilles espèces,
le Peuplier noir ou le Peuplier pyra-
midal. Les vastes peupleraies des
vallées de la Marne, de l'Ourcq, de
la Seine, les plantations de Peuplier
de Caroline du Sud-Ouest consti-
tuent une source précieuse de bois de
première utilité pour l'industrie. Des
Conifères rentrent aussi dans cette
catégorie. La culture fréquente de
l'Epicéa (Picea excelsa), qui a été -si
facilement dépaysé, n'a pas d'autre
motif. Parmi les Conifères exotiques
à croissance rapide figure en pre-
mière ligne le Sapin de Douglas
(Pseudotsuga Douglasii), qui, surtout
dans les plaines, collines et basses
que les progrès des connaissances montagnes de l'Ouest et du Centre,
botaniques et géographiques permet- sous le climat océanique, a donné de
tent d'éviler a priori bien des si beaux résultats. Il faut y ajouter
erreurs autrefois commises. des espèces moins connues, origi-
--
naires aussi du Nord-Ouest de l'Amé- de la production de bois de qualité
rique du Nord, l'Abies grandis ou spéciale, estimés, voire même indis-
Sapin de Vancouver, et l'Epicéa de pensables, dans l'industrie. Le type
Sitka (Picea sitchensis). Le premier, de cette catégorie est le Robinier,
de croissance remarquablement ra-
pide, convient aux sols assez frais des
plaines de la moitié nord de notre
pays ; le second est recommandable
en sols siliceux mouilleux sous le
climat océanique de Normandie et
de Bretagne. Avec ces essences on à
enregistré des accroissements de 20
à 25 mètres cubes par hectare et
par an : dans une bonne sapinière
vosgienne ou jurassienne on est très
satisfait d'un accroissement de 10
mètres cubes. Le bois fourni est évi-
demment de qualité moyenne, mé-
diocre même pour YAbies grandis ; la
quantité rachète la qualité, quand il
s'agit de bois d'emballage ou de bois
de papeterie, usage pour lequel ces
essences ont été reconnues excel-
lentes. Sous des climats particuliers,
d'autres essences peuvent donner des
rendements aussi élevés. Sous le
climat méditerranéen le plus chaud,
ce -sont les Eucalyptus, qui, en
France, ne peuvent être considérés
comme essences de rapport en raison
de leur sensibilité aux froids hiver-vulgairement dénommé Acacia (Ro-
naux, tels ceux de l'hiver 1928-29. binia pseudacacia). C'est un des
Dans la région du Sud-Ouest et arbres étrangers les plus ancien-
aussi dans le midiméditerranéen, en nement plantés en France, où il a
sol frais, le Redwood (Sequoia sem- été introduit de l'Est de l'Amérique
pervirens), de Californie, producteurdu Nord, par Robin, en 1601. Si cet
d'excellent bois, semble être de tousarbre a pu, au cours de trois siècles,
les arbres celui dont l'accroissementse répandre de telle sorte qu'on peut
est le plus rapide. Sous les climats le considérer comme le meilleur
très océaniques, sans froids hiver- exemple d'une essence naturalisée,
naux, de l'extrémité de la Bretagne c'est assurément à sa plasticité et
et du pays basque, le Pinus insignis,à sa rapidité de croissance qu'il le
autre espèce californienne, est d'unedoit : mais ce qui a incité à sa
rapidité de croissance surprenante. culture, c'est la -qualité de son bois
qui a pris dans l'industrie, spécia-
Essences recherchées pour la qua- lement pour le charronnage et la
lité du bois. — Une autre catégorie carrosserie, une place qui ne
d'arbres de rapport tire son intérêt peut lui être disputée. Ce qui est
réalisé pour le Robinier pourrait Cependant, dans certaines forêts à
l'être utilement pour d'autres espèces sol riche de nos grandes vallées, l'ex-
moins répandues et que l'on considère périence a montré que les Carya,
encore presque uniquement comme notamment peuvent prendre place à
des arbres d'ornement. Nous impor- côté des essences locales et il y a des
tons de l'étranger et en particulier terrains nus, répondant aux condi-
des Etats-Unis, et à des prix élevés, tions voulues, qu'on pourrait boiser
des quantités notables de bois de ces avec avantage.
essences : il serait logique d'essayer
de produire ces bois dans notre pays. Essences pouvant occuper des
Le seul bois utilisé pour la fabri- terrains improductifs. — Enfin l'in-
cation des crayons de qualité cou- térêt économique d'autres arbres
rante est celui du Red cedar ou de rapport provient de ce qu'ils
Genévrier de Virginie (Junipel'us vir- peuvent occuper des stations où ne
giniana) qui croît parfaitement en peut croître spontanément aucun
bien des régions de France. Les arbre ou, du moins, aucun arbre
ébénistes font grand usage du bois donnant des produits intéressants ;
de Tulipier ou Yellow poplar (Lirio- ils permettent notamment de mieux
dendron tulipifera) que nous voyons tirer parti d une surface médio-
fréquemment, comme arbre d'orne- crement boisée.
ment, dans les parcs ; ils emploient Un des meilleurs exemples nous
aussi, sous le nom trompeur de est fourni par le Cyprès chauve
Noyer satiné, le bois de Red gum (Taxodium distichum) Conifère qui,
(Liquidambar styraciflua) qui, lui dans l'Est des Etats-Unis, notamment
aussi, croît assez facilement chez en Floride et en Louisiane, croît
nous. Les Carya ou Hickory des dans les marais, même complètement
Etats-Unis fournissent un bois très inondés. Dans notre pays aucune
réputé que l'on importe pour la car- espèce ligneuse de grande taille
rosserie, la fabrication de l'outillage, n'est capable de vivre dans de telles
des skis et des raquettes ; ce n'est que conditions. Sous les climats assez
trop exceptionnellement que l'on a chauds de l'Ouest et surtout du Sud-
pensé à introduire les Carya en Ouest et de Provence, le' Cyprès
forêt. On peut en dire autant du chauve permet de transformer un
Noyer noir d'Amérique (Jugions marais en une forêt productrice de
nigra) dont le bois équivaut à celui bois apprécié. Il existe ainsi non
du Noyer européen. Il y a pour ces loin d'Arles, dans un marais, un
essences, que l'on n'a pas assez con- petit massif de Cyprès chauve âgé
sidérées jusqu'à présent comme d'environ 65 ans dont les arbres,
arbres de rapport, un efïort de pro- d'une vingtaine de mètres de hauteur
pagande à faire. Il est vrai que, pour moyenne, forment un massif dense.
la plupart, un obstacle sérieux limite Le Cèdre de l'Atlas (Cedrus atlan-
leur possibilité de culture : ce sont tica) offre un intérêt de même
leurs exigences vis-à-vis du sol. Ces nature. Dans toute la France méri-
arbres peuplent dans leur pays d'ori- dionale, sur les pentes des montagnes
gine des plaines à sol fertile et frais, de Provence et du Languedoc, sur
sols qui dans notre pays de vieille ci- les collines bordant la vallée du
vilisation sontgénéralementdéfrichés Rhône. comme sur les plateaux du
et réservés aux cultures agricoles. Périgord. en sol calcaire superficiel,
s'étendent des taillis très entrecoupés Pin maritime (Pinus pinaster) que
de clairières constitués par le Chêne l'on a, du Sud-Ouest, fait remonter
pubescént (Quetcus Lanuginosa), le jusqu'en Bretagne, dans le Maine et
Chêne blanc des Provençaux. Ces en Sologne, non sans inconvénients
taillis sont très peu productifs,
surtout depuis la dépréciation du
charbon de bois et des écorces à tan.
On leur reproche aussi d'être peu
satisfaisants au point de vue forestier
en ce qu'ils couvrent mal le sol et
sont facilement atteints par les incen-
dies. A partir de 1860, en Vaucluse
principalement et ailleurs aussi, des
forestiers avant mission de reboiser
-ou d'améliorer de tels terrains ont eu
l'idée d'y installer le Cèdre de l'Atlas
[Cedrus atlanticll). Le succès a été
éclatant. Sur le flanc méridional du
Ventoux. de 650 à 1100 m. d'alli-
tude, on a créé, ainsi un massif
d'environ 200 hectares ; depuis une
trentaine d'années les arbres abon-
damment fertiles, y donnent des
semis naturels ; le Cèdre envahit de
proche en proche, le taillis se trans-
forme naturellement en Cédraie,
forêt productive, dense, relativement
résistante à l'incendie. Des résul-
tats analogues s'observent sur de
moindres surfaces, jusque sur les col-
lines de la Côte d'Or aux portes de
Dijon. Le Cèdre, arbre des mon-
tagnes de l'Afrique du Nord a trouvé d'ailleurs à cause de son insuffisante
-des conditions pleinement favorables résistance aux hivers ; le Pin syl-
partout où domine le Chène pubes- vestre (Pinus sylvestris), essence de
cent et permet de transformer ces boisement par excellence des landes
étendues broussailleuses, qui parfois et forêts dégradées en sols siliceux,
méritent à peine le nom de taillis, qui a été importé dans les plaines de
-en forêts solides et utiles. l'Ouest et du Centre. Le Pin noir
C'est l'aptitude à occuper des sur- d'Autriche (Pinus iaricio var. aus-
faces dont toute végétation ligneuse triaca), originaire de l'Europe cen-
productive est exclue qui fait l'inté- trale, a donné des résultats remar-
rêt de la plupart des espèces de Pins. quables pour le- boisement des ter-
-Ce sont par excellence des essences rains calcaires secs dans tout l'Est et
de boisement de landes ou de sur- Je Sud-Est de la France. Le Pin lari-
faces dénudées. Parmi eux se cio de Corse (Pinus iaricio var. corsi-
trouvent des espèces indigènes que cana), assez peu utilisé, mérite de
l'on a plus ou moins dépaysées : le l'être davantage. Il faut citer enfin le
Pin Weymouth (Pinus strobus) de Cette utilisation doit être faite avec
l'Amérique du Nord, qui, dans des logique et prudence. Les données
sols siliceux humides, dans les Basses théoriques acquises permettent de
Vosges notamment, a permis de mieux en mieux de prévoir les
constituer de beaux massifs là où conditions rationnelles de leur cul-
aucune essence indigène ne donnait ture, les expériences qui s'accu-
satisfaction. mulent fournissent des indications
Il faut citer enfin le cas où des pratiques de plus en plus nom-
essences étrangères tirent leur intérêt breuses. Mais, pour bien des es-
de la résistance à des conditions sences, ces expériences doivent être
adverses qui rendent impossible ou continuées et multipliées : c'est là
difficile la croissance des espèces du l'intérêt des arboretums, établis sous
pays. Sur les plateaux du Jura, le des climats et dans des sols divers,
problème du boisement de certaines qui permettent de constater l'adap-
dépressions dites « trous à gelées », tation aux conditions de milieu et le
où de basses températures survenant, comportement des essences. Ces
surtout au printemps, éliminent arboretums doivent être complétés
toutes les espèces ligneuses, a pu être par des places d'essais, établies dans
résolu par la culture du Pin à cro- des terrains incultes ou en forêt, qui
chets (Pinus uncinata). L'intérêt du permettent de juger ce que peut don-
Chêne rouge (Quercus rubra) des ner une essence plus ou moins livrée
Etats-Unis, qui, à conditions égales, à elle-même et soumise au traitement
n'a guère d'avantage de croissance admis pour les arbres forestiers.
sur les Chênes indigènes et donne du C'est une œuvre de longue haleine.
bois moins apprécié, est augmenté si Plus de deux siècles ont été néces-
l'on considère sa résistance àl'Oidïum saires pour que le Robinier, le plus
du Chêne, qui lui permet de suppor- anciennement introduit de nos arbres
ter sans inconvénient le traitement de rapport, fût bien connu et utilisé.
en arbre d'émonde ou en têtard, si Nous sommes mieux documentés et
courant dans l'Ouest. avertis et lés essences étrangères sont
maintenant en vedette : les résultats
Conclusions. acquis depuis quelques années sont
des plus encourageants. Mais si l'on
En notre pays, où nous ne pouvons remarque que parmi les plus intéres-
produire la quantité de bois d'oeuvre santes beaucoup n'ont été introduites
qui nous est nécessaire, où certaines qu'au milieu du 196 siècle, que cer-
forêts ne sont pas assez productives taines, qui peuvent avoir de l'avenir,
et où, de façon générale, pour des ne sont connues que depuis une tren-
raisons diverses, il est nécessaire de taine d'années, il est possible de con-
reconstituer des forêts, il y a donc clure que nous ne sommes encore
de sérieuses raisons pour utiliser plus qu'au début de -l'ère de l'utilisation
largement qu'on ne le fait les essences des essences étrangères comme
étrangères comme arbres de rapport. arbres de rapport.
LA PROTECTION
DES ANIMAUX DE MONTAGNE
EN EUROPE (1)

par
L. LAVAUDEN
Professeur à l'Institut Agronomique.

La protection des animaux de mon- parle pas du Lynx, à peu près disparu
tagne est un cas un peu particulier aujourd'hui en France. — Parmi les
de la Protection de la nature, dont je Oiseaux, le Gypaète barbu et l'Aigle
ne veux retracer ici ni le principe, ni royal, le Grand et le Petit Coq de
les directives, ni les origines. J'indi- Bruyères, la Gélinotte, le Lagopède,
querai simplement que les animaux la Perdrix Bartavelle, les Corneilles
de montagne méritent doublement alpines, le Pinson niverolle, l'Accen-
d'être protégés : tout d'abord, parce teur et le Tichodrome.
qu'ils sont, par eux-mêmes, en Eu- Je ne mentionne ici que des Mam-
rope, particulièrement intéressants ; mifères et des Oiseaux ; mais je pour-
ensuite parce qu'ils sont spéciale- rais étendre mon exposé à bien des
ment menacés aujourd'hui par la espèces du monde innombrable des
civilisation, qui les avait à peu près Insectes, dont certaines formes de
épargnés jusqu'ici. montagne, — et parmi les plus
Le développement du tourisme belles — se sont extrêmement raré-
d'été et des sports d'hiver d'une part ; fiées ou même ont disparu depuis un
d'autre part l'utilisation intensive de demi-siècle, tels certains Papillons
la puissance hydraulique qu'on a des Alpes suisses ou bavaroises.
baptisée si pittoresquement « houille D'une façon générale, la meilleure
blanche» provoquentenmontagnedes façon de protéger une espèce, c'est de
afflux de population tout à fait préju- lui assurer la tranquillité en la sous-
diciables à la tranquillité ou même à trayant à l'action de ses ennemis, et
l'existence de la faune alpine. en particulier de l'homme. On obtient
En Europe, les animaux de mon- ce résultat par l'institution des réser-
tagne comprennent quelques-uns des ves, des districts francs des bans, des
plus grands et des plus remarquables refuges — le noms varient suivant
de nos Mammifères et de nos Oiseaux : les pays — et des Parcs nationaux.
l'Ours, le Bouquetin, le Chamois, la On peut aussi, s'il s'agit d'une
Marmotte, le Lièvre variable ; je ne espèce chassée, réduire plus ou moins
la période pendant laquelle cette
chasse est autorisée. C'est le cas, par
(1 Conférence, faite à la Société nationale
d'Acclimatation le 24 février 193*4. exemple, pour le Chamois.
Nous allons étudier la manière En 1922. les Réserves royales,
dont est organisée, dans les divers dont le Roi avait fait abandon depuis
pays de l'Europe, cette protection quelques années, furent constituées
dont la nécessité a été unanimement en Parc national. C'est le Parc natio-
ressentie. nal du Grand Paradis, d une super-
ficie de 350 Km2, limité au nord par
la vallée de Cogne, ausud par l'Orco,
Nous commencerons, si vous le à l'est par les monts Arzola et
voulez bien, par l'Italie, qui mérite Tressi. à l'ouest pas la Doire de
une place particulière, du point de Rhêmes et la frontière française.
vue de la protection des animaux de Ce Parc national italien abrite,
montagne, puisqu'on peut dire que entre autres animaux, environ 1.600
c'est un de ses souverains, le Roi Chamois et 3.200 Bouquetins Ces
Victor-Emmanuel Il qui a sauvé de la dernières années, le Gouvernement
destruction l'espèce du Bouquetin des italien a décidé d'accorder des auto-
Alpes (Ibex alpinus). risations de tirer les vieux mâles
Disparu de Suisse dès la tin du moyennant 10.000 lires, soit, au
XVIIIe siècle, disparu aussi d'Au- cours actuel, plus de 13.000 fr. Ces
triche. du Tyrol, environ cent ans vétérans, sur leurs -fins naturelles,
auparavant, disparu en fin du Dau- bougent peu, et sont faciles^, tirer,
phiné et des Basses Alpes dans la pour quiconque est capable d'aborder
première moitié du-XIXe siècle, le un peu la montagne. Les gardes les
Bouquetin ne s'était plus maintenu, connaissent bien. Et d'autre part, ces
en très petit nombre, qu'en Piémont, vieux mâles porteurs de très longues
sur les frontières de Savoie. cornes constituent, évidemment, les
C'est en 1862, que Victor Emma- plus beaux trophées. Néanmoins,
nuel Il organisa ses chasses de Valsa- 10.000 lires, c'est cher ; et je ne
varanche, où les quelques Bouquetins pense pas que beaucoup de chas-
qui s'y trouvaient déjà furent rejoints seurs français aient sollicité l'autori-
par quelques couples que le Souve- sation. On a cependant cité un prince
rain avait fait capturer ailleurs. Sur- égyptien, qui avait tué une dizaine de
veillés, gardés, protégés, ces Bou- ces solitaires. Au prix indiqué, c'est
quetins repeuplèrent et furent l'ori- assurément un sport princier. Certes
gine des troupeaux actuels du Parc il est préférable de permettre de tirer
national du Grand Paradis. Il est cer- ces Bouquetins plutôt que de les lais-
tain que c'est à Victor Emmanuel Il ser mourir misérablement, sans profit
qu'on doit de pouvoir compter encore pour personne. Cela n'a pas encore
le Bouquetin dans la faune euro- été compris nettement dans tous
péenne. Par là. la Maison de Savoie les pays possédant des espèces inté-
s'est acquis un titre éternel à la recon- ressantes et justement protégées :
naissance des savants. S. M. le roi les vieux mâles étant perdus pour
Victor Emmanuel III. actuellement la propagation de l'espèce, et pou-
règnant, a continué, depuis le début vant même parfois lui nuire, il
de son règne, à entourer lès colonies est préférable d'en tirer parti pour
de Bouquelins de sa sollicitude, et la science. Je laisse, bien entendu,
c'est à ce titre que notre Société lui a de côté, l'aspect financier de la
décerné, en 1909, sa grande médaille question, encore qu'il ne soit pas
hors classe. négligeable pour un gouvernement.
Outre le Parc national du Grand Pa- en particulier, des sous-espèces spé-
radis, l'Italie a créé en 1 923 le Parc na- ciales d'Ours(Ursus arcos marsicanus)
tional des Abruzzes, d'une superficie et de Chamois (Rupicapra rupicapra
de 300 Km2, dont la faune comprend, ornata). Ce dernier animal, très
caractéristique (le blanc de la gorge protection de son gibier de mon-
descend jusqu'au delà du poitrail), tagne, par la restriction des périodes
était, au dernier recensement, estimé d'ouverture, et la création de ses
à 200 têtes, en assez nette augmenta- districts francs. Ceux-ci. actuelle-
tion. Ces deux formes si intéressantes ment, couvrent 1.704 kilomètres
paraissent désormais sauvées pour la carrés, soit plus de 170.000 hec-
science. tares. C'est 4% du territoire helvé-
Le Parc national des Abruzzes ren- tique qui se trouve ainsi mis en
ferme encore des Loups, probable- réserve absolue, au point de vue
ment différents de ceux qui peu- cynégétique. L'esprit public, si re-
plaient jadis la France, et qu'il ne marquable, des Suisses, permet et
faut pas regretter, et des Lynx, très facilite ces restrictions si utiles qui
rares, qu'on ne sait exactement sous sont faites dans l'intérêt général, et
quel nom cataloguer. Ce sont là les aussi pour le bien de tous. C'est
principales espèces du Parc en ques- ainsi que les Chamois, dont -le
tion, dont l'altitude maxima n'est nombre était dans les districts francs
pas celle des Alpes, mais dépasse estimé à 6.000, il y a vingt ans. a
tout de même 2.900 mètres. sénsiblement augmenté.

Mais la Suisse est allée plus loin.


Elle réintroduit, avec succès, le Bou-
Après l'Italie, la Suisse. quetin sur son territoire. Ce serait
Certes, voici bien longtemps que une longue histoire à vous conter
la Suisse est entrée dans la voie de la que celle des efforts poursuivis pour
cette cause, par une série d'hommes 1932 faisait ressortir, dans l'en-
désintéressés, au premier rang des- semble des districts francs fédéraux,
quels il faut citer le Dr Girtanner, qui 215 têtes, contre 150, environ,
fut véritablement, en cette matière, l'année précédente.
un précurseur. Des Suisses éclairés Les colonies de Bouquetins sont
le comprirent, parmi lesquelsje cite- situées dans les districts francs de
rai M. Robert Mader, M. Bernhard, l'Albris (90), du Harder (60), du
le Dr Schmidt, et le vénéré M. Coaz, Schwarzer-MÕnch (14), du Mont-
directeur fédéral des Forêts, qui Pleureur (11), du Wetterhorn (11)
mourut, presque centenaire, en des Graue-HÕrner (8) ; enfin, il y
1918. avait dans le « Parc national »
C'est en 1892 que fut créé, à Saint- 21 Bouquetins, en 1932.
Gall, le « Parc Pierre et Paul » d'une Ce Parc National des Grisons,
superficie d'à peu près quatre hec- que je viens de citer, est une créa-
tares, pour l'élevage des animaux tion due à l'initiative privée, qui, en
sauvages. C'est seulement en 1907 Suisse, collabore sans difficultés et
qu'y arrivèrent trois jeunes Bou- sans heurts avec les pouvoirs pu-
quetins qui furent le noyau de repeu- blics.
plement de cet animal en Suisse. C'est à la Ligue Suisse pour la
Je viens de prononcer le mot de Protection de la Nature que l'on doit
repeuplement. Est-il impropre ? Je la création en 1909 dans la basse
ne le crois pas. Le recensement de Engadine, sur le territoire de la com-
mune de Zernez, du Parc National Elle possède aussi trois formes de
Suisse du Val-Cluza. Bouquetins : la Capru pyrenaïca
Le premier Parc ne renfermait type ; la C. p. vicloriae, de la Sierra
que 2.560 hectares. Des 1912, sa de Gredos, et C. p. hispanica, de la
superficie s'était étendue à 5.000 Sierra Morena.
hectares. Aujourd'hui, elle dépasse Ces Bouquetins espagnols sont
21.000 hectares et celte surface de gravement menacés. Nous ne savons
protection efficace s'est accrue tout quelles mesures ont été prises pour
récemment, par la constitution d'un la protection des deux dernières
vaste district franc entre la frontière formes, préservées autrefois dans
du Parc etllnn. les chasses royales, et qui ont été
Nous avons vu que le parc con- — curieuse répercussion des choses
tenait 21 Bouquetins en 1932, contre humaines — atteintes par le chan-
(14 en 1931). Il abrite aussi plusieurs gement du régime politique de
centaines de Chamois, — on ne les l'Espagne.
a pas exactement recensés. Enfin, il Le Pare national d'Ordesa (Arra-
y a aussi des Grands et des Petits zas), fondé en 1918, abrite les der-
Coqs de Bruyères, des Lagopèdes, et niers Bouquetins des Pyrénées. Il
des Cassenoix, hôtes habituels des n'y en a pas beaucoup. Certains
forêts d'Arolles. doutent même de leur existence.
Je ne vous parlerai pas de toutes En tout cas, s'il y en a. ils se repeu-
les questions complexes qu'ont soule- plent en paix. I)e l'Isard, il y en a
vées l'institution et le fonctionne- sûrement et beaucoup. Le Parc
ment du Parc national suisse, et d'Ordesa mesure environ 1.500 hec-
notamment du principe de non-in- tares.
tervention. qui a prévalu pour sa Ce n'est pas beaucoup, mais, assu-
gestion, bien qu'il ait été initiale- rément, c'est mieux que rien.
ment violé parla réintroduction des Beaucoup plus vaste est le Parc
Bouquetins. Vous entretenir de ces national de Covadonga créé en 1932,
questions serait sortir du cadre de sur la frontière des provinces des
mon sujet. Je vous dirai simplement Asturies et de Léon, et qui ne mesure
que, grâce à la sollicitude attentive pas moins de 20.000 hectares, em-
et éclairée des autorités, et à l'esprit
brassant toute la partie occidentale
public du peuple suisse, la protec- des Picos de Europa. dans la Cordi-
tion des animaux de montagne est lière Cantabrique ; il possède environ
assurée, sur le territoire de la Confé-500 If. r. parva, ainsi que des Ours
dération helvétique, dans des condi- (Ursus arrtos pyrenaïcus) et peut-être
tions entièrement satisfaisantes. quelques Lynx d'Espagne (Lynxpar-
delhi. Le territoire de ce Parc natio-
)

nal est bien boisé en Chênes, Hêtres,


Châtaigniers. Tilleuls, Ifs. Houx.
L'Espagne, elle aussi. s'est préoc- etc...
cupée de la protection de ses ani-
maux de montagne. Elle possède
deux formes de Chamois, l'isard des L'Europe centrale et orientale a
Pyrénées (Rupifapra r. pyrenaïca) et suivi le mouvement. Je ne vous
la li r. parva, des montagnes Can- parlerai pas de l'Autriche, où un
tabriques. Parc national était en voie de réali-
sation, dans les Hohe Tauern du environ 1.400 hectares. 11 ren-
Salzbourg; mais qui, à l'heure ferme, en son centre, une forêt
actuelle, a d'autres sujets de préoccu- occupant sensiblement le tiers de
pations plus importants (1). sa superficie ; à l'Est de la forêt,

En Yougoslavie, un Parc national les sept lacs qui ont donné leur
a été créé en 1924 dans les Alpes nom à la vallée. A l'Ouest; le Parc
juliennes, entre le Mont Triglav est bordé par la frontière italienne.
et le Lac Bohinj, dans la vallée dite Il contient une- centaine de Cha-
des Sept lacs. Ce Parc mesure mois qui du reste transhument pen-
dant la mauvaise saison, et vont
(1) Se rappeler que ces lignes ont été écrites
passer l'hiver en Italie, où le climat
en février 1934. est plus clément.
vaste Parc national, à cheval sur-la
frontière de ces deux nations, et qui
Sans parler de quelques Réserves doit occuper la plus grande partie du
de montagne de faible étendue, la massif des Tatras. Le projet est de
Pologne et la Tchécoslovaquie sont 620 kilomètres carrés, dont 220 pour
en train d'organiser en commun, un la Pologne. Cet immense territoire
abritera des Chamois (OU en Pologne. servi à quelque chose. Mais elles
500 environ en Tchécoslovaquie), des n'auraient pas suffi, si elles n'avaient
Ours, des Lynx, des Marmottes. On coïncidé avec l'épuisement des car-
y a réintroduit, parait-il, quelques touches Mauser rapportées du front
Bouquetins. Enfin, dans les parties par tous les chasseurs du pays, car-
basses, on y a acclimaté le Cerf touches qu'ils tiraient dans les fusils
W apiti. Il y a de Grands et de Petits Mauser également rapportés du
Tétras, des Gélinottes, des Aigles. front. Qu'on prenne garde que beau-
Vu l'étendue considérable de ce coup de Chamois, atteints par ces
Parc, on peut compter sur une mul- projectiles de guerre ; étaient perdus
tiplication paisible de toutes ces pour le chasseur et allaient périr
espèces animales. misérablement dans un coin de
montagne, pour devenir la proie des
Aigles ou des Renards. Ainsi la
situation que j'avais signalée en 1923
Et maintenant passons à la France. était doublement fâcheuse...
Nous avons, si j'ose dire, sur On doit se féliciter d'autant plus
notre territoire, une double faune de son redressement.
alpine : celle des Alpes, dont je vous La France a aussi son Parc natio-
rappelais les éléments au début de nal. Préconisé dès 1910, par M. le
cette causerie, et celle des Pyrénées, professeur Flahault et le regretté
qui comprend l'Isard, le Grand Coq conservateur Mathey, fondé en 1912,
de Bruyère, un Lagopède différent de sur l'initiative de ce dernier dont
ce lui des Alpes, etc. Il n'y a dans les j'étais alors l'adjoint, il comprenait,
Pyrénées, ni petit Coq de Bruyère, ni initialement, une partie des terri-
Marmotte, ni Lièvre variable. Qu'a- toires de la commune de Saint-Chris-
t-on lait pour la protection de tous tophe en Oisans (Isère) complétée
ces animaux si intéressants ? par des pâturages affermés, soit 4.248
En ce qui concerne le Chamois, on hectares de territoires acquis, et
a réduit à un mois la période d'ou- 8.714 hectares de territoires affer-
verture de la chasse. On a aussi mis més.
en réserve quelques forêts doma- Plus tard, après la guerre, la
niales où se trouvaient des Chamois. commune de Guillaume Peyrouse,
D'autres forêts domaniales, affermées en Vallouise, vendit à l'Etat près de
et sagement exploitées, virent leur 3.000 hectares pour le Parc national.
cheptel rupiraprin, si j'ose dire, se La commune de Pelvoux avait, elle
maintenir et mème augmenter. En aussi, cédé à l'Etat 6.500 hectares
1923, j'avais eu l'honneur, au Congrès pour le mème objet Le Parc natio-
pour la protection de la nature, nal de l'Oisans comprend donc
d'appeler votre attention sur la situa- aujourd'hui près de 13.000 hectares,
tion tragique dans laquelle se trouvait complétés par 0.000 hectares de
notre Antilope alpine. Cette situation territoires sur lesquels l'Etat a
a subi, aujourd'hui un complet affermé les droits de chasse et de
redressement. Faut-il l'attribuer aux parcours ; soit au total, plus de
mesures que je viens de rappeler ? Je 200 kilomètres carrés.
ne crois pas que l'Administration Je ne peux point vous parler de
doive avoir cette fatuité. Certes, ces l'histoire très complexe du Parc
mesures ont été utiles. Elles ont national français, ni des conceptions
variées et multiples qui se sont mani- nombreuse (200 environ). Il y a
festées à son égard, sans qu'on ne aussi des Marmottes, des Lagopèdes,
soit toujours préoccupé des idées qui des Lièvres blancs, et quelques Aigles
avaient présidé à sa fondation, et des royaux ; ceux-ci ayant du reste
obstacles qui avaient empêché cer- beaucoup diminué en Dauphiné
taines réalisations. pendant ces dernières années,
.
sans
Je veux seulement vous indiquer qu'on puisse exactement savoir
que dans la pensée de son créateur, pourquoi.
le Parc national de l'Oisans devait Quoi qu'il en soit, il ressort de
constituer, pour la France, un centre l'étude de la question du Chamois
de préservation et de protection de la dans nos Alpes, que depuis cinquante
faune alpine, et devait, en particu- ans. l'effectif de ces animaux a subi
lier, recevoir et abriter des Bouque- des variations profondes : très raré-
tins. fiés à la veille de la guerre, devenu-s
Je le sais d'autant mieux que c'est abondants pendant celle-ci, ils ont
moi-même, alors Garde-général à subi une diminution des plus inquié-
Grenoble. qui ai, en 1913, amorcé à tantes durant les années qui ont
ce sujet les premières négociations. suivi, et sont, maintenant, revenus
Elles furent interrompues par la à un effectif satisfaisant. Cela prouve
guerre, et n'ont point été reprises la rusticité et la plasticité de notre
depuis. Puisse l'Administration fo- Antilope, la facilité avec laquelle elle
restière, après plus de vingt ans réagit à la moindre protection, et
d'interruption, s'intéresser de nou- l'utilité de veiller sur son existence
veau à ce projet, qui mérite de ne avec une vigilance jamais en défaut
j)as rester dans l'oubli. stimulée par les excellents résultats
Le Parc national français abrite qu'il est possible d'obtenir, avec -un
une population de Chamois assez minimum d'efforts.
VARIÉTÉS

LES MOUCHES maux domestiques, a influé sur la quasi


DISPARAISSENT-ELLES ? disparition des Loups dans nos pays, où
Ce n'est point... hélas! de la Mouche ces Carnassiers ne trouvaient plus dans les
domestique, Musca domestica, qu'il sera charognes abandonnées, la table copieuse-
question dans cette note. ment garnie dont ils étaient précédem-
La disparition des grands Vertébrés ment les convives assidus. Peut-on penser
frappe l'attention des observateursles plus que la cause de la disparition du genre
superficiels. Les naturalistes sont amenés Thyreophora, Diptères qui vivent sur les
à constater la raréfaction et la disparition cadavres d'animaux, provient de l'absence
d'animaux que nous considérons comme des corps autrefois laissés à la voirie ?
moins élevés dans l'échelle des êtres. LeDr Villeneuve, de Rambouillet, signa-
C'est ainsi que dans la France méridio- lait dans la Feuille des Jeunes Naturalistes
nale le parasite du Chêne Kermès, Quercus de décembre 1940, que Thyreophora fur-
coccifera, l'Hémiptère Kermes vermilio cata F., commun autrefois aux environs
(Kermès des teinturiers), dont on s'est de Paris, y était devenu introuvable, alors
servi dès la plus haute antiquité pour qu'on le rencontrait autrefois « au prin-
produire une matière colorante d'un beau temps et à l'automne sur les cadavres des
rouge, est devenu, non pas rare, mais Chevaux, des Bœufs, des Chiens, etc. »
extrêmement moins abondant qu'il n'était Robineau-Desvoidy, dans son Essai sur
encore il y a moins d'un siècle (1). les Myodaires, précise que c'est sur les ca-
Le Scorpion languedocien, Buthus occi- -davres desséchés qu'il se -trouvait ; il
tanus, que J. H. Fabre, a poétisé dans la ajoute : « tLe furcata si commun aux
96 série de ses Souvenirs entomologiques, environs de Paris se rencontre sur les os
et dont l'ancienne pharmacopée fit un si du Chien, du Cheval, de l'Ane, du Bœuf».
fréquent usage est, lui aussi, en voie de T. cynophila, qui, d'après Macquart, ne
régression. vivrait que sur les cadavres de Chiens,
Quelques mesures d'hygiène très sévè- serait, selon Robineau-Desvoidy, « exces-
rement appliquées en Afrique du Nord et sivement rare en France ; on l'a trouvé
dans certaines régions de l'Asie, provoque- deux ou trois fois dans les environs de
raient fatalement une grande diminution Paris sur diverses sortes de cadavres ». Sa
des grands Rapaces dits « charognards » ; livrée, ses habitudes nocturnes et sa tète
on ne saurait méconnaître que l'obliga- phosphorescente, son habitat, tout con-
tion d'enterrer, ou de livrer aux entre- tribuait à donner à cette Mouche une phy-
preneurs d'équarrissageles cadavres d'ani- sionomie macabre que Macquart a fort
bien décrite: «Le Thyreophore cynophile,
type du genre, se fait remarquer entre tous
(1)Peut-on penser que les Chênes Kermès, les Diptères par sa tête grande, convexe,
exploités autrefois par une taille au ras du sol,
saillante en pointe, d'un rouge vif et phos-
pour le chauffage domestique et comme bruyère
pour Vers à soie, consommation à peu près phorescente dans les ténèbres, et par la
abandonnée de nos jours, ne donnent plus au- grandeur de l'écusson qui. dans les mâles,
tant de pousses jeunes de l'année, pousses les recouvre la moitié de l'abdomen. Il est
?
plus appréciées du parasite Nous les trouvons
surtout sur les parcelles incendiées un an ou d'ailleurs assez grand, d'une couleur bleue
deux auparavant. qui attire les regards. Les pieds posté-
rieurs sont munis de tubercules et de cré- donne naissance à des petits vivants même
nelures. Quant aux habitudes, elles sont sans avoir été fécondée, phénomène
fort lugubres. Il ne recherche que les té- encore inexpliqué qui a reçu le nom de
nèbres et les cadavres desséchés. A la parthénogénèse. Il en résulte qu'un couple
sombre lumière de sa tête phosphorique, de Pucerons peut donner naissance, en
il se jette sur les ossements décharnés et un an, à un nombre de petits qui se
se repaît des derniers restes de l'anima- chiffre par plusieurs dizaines de mille.
lité »... On conçoit combien, dans ces condi-
Thyreophoru anthropophaga R. D., dont tions, il est difficile de lutter contre l'ar-
le nom indique aussi les habitudes, est une mée sans cesse accrue de ces dévasta-
espèce « minuscule : une ligne Robineau
!
teurs. Heureusement, l'homme a des
l'avait trouvée en abondance en août Jo21 .auxiliaires naturels, Insectes eux aussi,
sur les préparations musculeuses, liga- ennemis nés des Pucerons, qu'il est utile
menteuses et osseuses du Muséum de de faire connaître.
l'Ecole de Médecine de Paris. Les larves En premier lieu, voici les Coccinelles.
réduisent ces tissus en une poussière im- Inutile, pensons-nous, de les présenter à
palpable ».
nos lecteurs. Tout le monde connait, au
Les progrès de l'hygiène, l'usage de moins, la CoccInelle à deux points, rouge
jeter de la chaux vive sur les cadavres, avec un point noir sur chaque élytre, qui
les procédés modernes employés pour la est celle que l'on rencontre le plus fré-
conservation des pièces anatomiques, quemment. Mais il y en a d'autres, égale-
ne laissent plus aux larves la possibilité ment rouges, avec cinq, sept, dix points
de vivre dans ces milieux imprégnés de noirs, ou bien jaunes, avec des points
matières toxiques. noirs, noires avec des taches rouges, etc :
Le Dr Villeneuve pouvait écrire : « Ce toutes ont ce caractère commun d'avoir un
changement apporté aux conditions anté- corps bombé, de contour ovale ou arrondi:
rieures favorables a-t-il été trop brusque bref, des Tortues en miniature. C'est un
pour que les Thyreophúra aient pu s'adap- facies qui les fait reconnaître à première
ter à un nouveau modus vivendi ; leur cas vue.
était trop particulier pour qu'elles n'en Là où se,trouve une colonie de Puce-
aient pas ressenti le terrible contre-coup ».
Cette question pendante depuis bientôt rons. on les voit circuler parmi ceux-ci et
en faire une abondante consommation.
un quart de siècle a-t-elle été résolue T En même temps, on y rencontre leurs
Albert HUGUES. larves, qui sont reconnaissables à leurs
corps généralement noir et rouge, garni
LES PUCERONS de verrues surmontées de courtes soies
ET LEURS ENNEMIS et qui, elles aussi, font la guerre aux
Parmi les Insectes nuisibles, il n'en est Pucerons. C'est durant toute son existence
guère de plus désagréables que les Puce- que le Coléoptère dévore l'Hémiptère.
rons, dont les cohortes innombrables en- Les Coccinelles sont-elles des « porte-
veloppent d'une gaîne molle les tiges des bonheur », comme elles eu ont l'heu-
végétaux où ils se fixent. Dans nos jardins reuse réputation ? Pour nos jardins, cer-
ils s'attaquent principalement aux Rosiers tainement, et il est utile de le savoir, et
et à quelques Légumineuses, la Fève en de le dire, afin qu'elles soient protégées :
particulier. Et, comme ils sont des mil- ce sont des auxiliaires précieux.
liers à en sucer la sève, ils épuisent la Au même titré, nous devons respecter
plante, l'empêchent de lleurir et par suite, les Syrphes. Ceux-ci sont des Diptères, au
de fructifier. corps noir varié de jaune, cette dernière
Leur nombre s'explique facilement couleur formant des bandes transversales
quand on connaît leur prodigieuse faculté sur l'abdomen. Ils piment le soleil, dans
de reproduction. Non seulement une lequel ils planent pendant des heures
femelle pond des œufs. mais encore elle entières, ou dont, posés sur les feuilles
ou les troncs des arbres, ils se régalent seule est utile. Elle a un peu l'apparence
longuement. de celle de son cousin le Fourmilion,
Les larves des Syrphes sont, seulés, c'est-à-dire un abdomen énorme et aplati
ennemies des Pucerons, les Insectes par- faisant suite à un avant-corps grêle, et la
faits fréquentent les tleurs. Mais quels tète munie de longues mandibules acérées.
ennemis ! Elles se présentent au repos Mais cette larve a une vie aérienne : elle
sous forme d'un corps ovale plus ou moins parcourt les feuilles des végétaux à la
verdâtre et transparent, collé sur une recherche des Pucerons dont se com-
feuille ; pas de pattes et pas d'yeux. Pour pose sa nourriture, courant après sa proie
se déplacer, la larve allonge la partie anté- au lieu de l'attendre, tapie au fond d'un
rieure de son corps, à la façon des Sang- entonnoir creusé dans le sable.
sues, prend un point d'appui et amène le Des trois Insectes dont nous venons de
reste on avant. Mais avant de progresser parler, on le voit c'est la Coccinelle qui
ainsi elle a tàté à droite et à gauche, est le plus utile parce que mangeuse de
comme une aveugle qu'elle est. Et si un Pucerons tout le long de son existence.
Puceron se rencontre avec cette soi te de Certaines espèces s'attaquent en outre
trompe, malheur à lui : il est rapidement aux Cuccides, qui sont de proches parents
saisi etvidé de tous les sucs de son corps. des Pucerons, et aussi nuisibles qu'eux,
En vingt-quatre heures olÍ a vu une larve sinon davantage. Pour lutter contre l'Ice-
de Syrphe détruire ainsi 200 Pucerons. rya Purchasi, qui dévaste nos Figuiers
Un troisième Insecte vient encore au méridionaux, on a introduit en France une
secours de l'homme. C'est un Névroptère Coccinelle, le Novius cardinaiis ; c'est le
proche parent des Libellules, le Chrysope. meilleur remède que l'on ait pu trouver.
Malgré ses grandes ailes de gaze,- il n'a
« Connais-toi toi-même », dit le pro-
pas le-vol rapide de celles-ci. Il n'en a pas verbe grec ; efforçons-nous aussi de con-
non plus les brillantes couleurs : son corps naître les êtres qui nous entourent. Nous
grêle et peu consistant est verdâtre pâle.
[1 n'a de beau que des yeux dorés, qui lui
trouverons dans cette. étude en plus de
satisfactions particulières, beaucoup d'u-
ont valu son nom. On le trouve voletant tiles enseignements. .

ÿà et là, souvent dans les maisons collé


contre les vitres et, là encore, la larve G. PORTEVIN.
NOUVELLES
ET INFORMATIONS

Ephémérides du Muséum. —
TRAVAUX

Gravures rupestres de Villadesuso.
FAITS DANS LES LABORATOIRES AU COURS HomenagemàMartinsSarmiento.Gui-
DE L'ANNÉE J933 (suite), maraes (Portugal), 1933, p. 203-208.
ANTHROPOLOGIE
(avec P. RIVET). Sur le tribulum. ln
Mélanges offerts à iV. Nicolas lurga.
:
Paris, Librairie universitaire G. Gam-
Dr. P. RIVET, Professeur. Les Océa- ber, 1933, p. 613-638.

niens. Annales de l'Universitéde Hanoi.
— La race ; les races.
Hanoï, t, I. 1933, p. 32-45. Dr. G. MONTANDON.
Mise au point d'ethnologie somatique

D'Orbigny ethnologue. Commémora- Bibliothèquescientifique. Paris. Payot
tion (Lu voyage d'Alcide d'Orbigny en 1933, 2y9 p., in-S". .
Amérique du Sud, 1826-1833. Publica-
tions du Muséum national d'histoire — Race et constitution. Revue Anthropo-
naturelle. n° 3. Paris, Masson et Cie., logique. Paris, t. XLITI, 1933, p. 44-55.
1933, p. 15-26. P. ROYER. — Quelques documents sur les
et G. H. LUQUET. Sur le tribulum. populations « Moundan » et « Kirdi »
— — du Cameroun septentrional. Bulletins
In : Mélanges offerts àM. Nicolas Iorga.
Paris, Librairie universitaire J. Cam- et Mémoires de la Société d'Anthropo-
ber, 1933, p. 613-638. logie de Paris. Paris, 88 série, t. IV.
1933, p. 18-21.
P. LESTER, Sous-Directeur du Labora-
toire.' — Bibliographie africaniste. — Notice sur les ossements néolithiques
Journal de la Société dès Africanistes. provenant d'une grotte sépulcrale de
Paris, t. III. 1933, p. 353-429. Villeneuve-Saint-Vistre (Marne). Ex-
trait du Bulletin de la Société Archéo-
Mlle P. BARRET, Assistante. Bibliographie logique Champenoise, mars-juin 1933.

américaniste. Journal de la Société des Châlons-sur-Marne. Imprimerie A.
Américanistes. Paris, nouv. séiie, t. Robat, 1933, 6 p., in-8°
XXV, 1933, p. 387-498.
L. TAUXIER. — Les Gouin et les Tou-
G. H. LUQUET. Exposition d'ethnogra- rouka. Rési'dence de Banfora, cercle

phie guyanaise au Trocadéro. La de Bobo-Dioulasso. Etude ethnogra-
Nature, Paris. n 2.896. 1er janvier phique suivie d'un double vocabulaire.
1933, p. 30-32. Journal de la Société des Africanistes.
L'art de l'Amérique ancienne. In : Paris, t. III, 1933, p. 77-128.
L'art. des origines à nos jours. t. II.
Paris. Larousse, 1933, p. 407-41»
.
L 'ar[ nègre. In : L'art des origines il Le pouvoir de plongée des Baleines.
nos jours, t. II. Paris. Larousse, 1933, — Il est peu • vraisemblable que l'oii
p. 417-423. puisse jamais, par l'observation directe.
étudier convenablement le mode de vie
— Deux problèmes psychologiques de des grands Cétacés. M. A. R. Laurie
l'art primitif. Journal de psychologie. a
Paris, t. XXX, 1933, p. 514-542. pensé que l'on pourrait. obtenir à ce sujet
des renseignements utiles par un examen
La mission Dakar-Djibouti.La Nature. soigneux et détaillé des animaux fraiche--
Paris, n0 2915, 15 octobre 1933, p. 3o6- ment tués. Les résultats obtenus avec la.
368. - Baleine bleue et la Baleine finnoise ont
prouvé que cette idée pouvait être lumineux connus, Lampyres et Pyro-
féconde en résultats. phores, les Géophiles ne sont pas phos-
L'examen qu'il en a fait a conduit phorescents toute leur vie. Ce n'est que
M. Laurie à émettre l'opinion, directe- pendant une certaine période de l'année,
ment opposée à celle de certains cétolo- qui est précisément celle de la reproduc-
gues, que les Baleines sont capables de tion, qu'ils le deviennent.
plonger à de grandes profondeurs et de En cela même, ils sont encore différents
revenir rapidement à la surface sans en des Insectes que nous venons de nommer;
être incommodées. Si cette opinion est ces derniers ont des organes lumineux
juste, comme il le semble, on peut en internes, les Géophiles n'en ont pas : ils
tirer certaines considérations physiolo- émettent simplement, par la surface ven-
giques du plus haut intérêt. Une Baleine trale du corps, un liquide visqueux à odeur
qui plonge à 100 mètres de profondeur particulière, qui est très phosphorescent.
devrait normalement, pour éviter les Ils ont ainsi une certaine ressemblance
troubles de la décompression, mettre un avec certains Annélides. Le Lombricus
peu plus d'une heure et demie pour phosphoreus par exemple, sécrète une subs-
regagner la surface ; cependant tous les tance phosphorescente qui s'attache aux
baleiniers sont d'accord pour reconnaître corps sur lesquels il rampe. Mais de
que ce retour s'effectue beaucoup plus même que les Géophiles, ce « ver de
rapidement, et, jusqu'à présent, aucune terre )> n'est lumineux qu'à l'époque de,
raison-convaincante n'avait été donnée de la reproduction.
cette immunité. En dehors de cette époque les— Géo
M. Laurie en donne une explication qui, philes vivent isolés ; leur peu de sociabi-
pour être surprenante, n'en est pas moins lité se manileste clairement lorsqu'on les
plausible. Il a observé que le sang de la réunit en captivité. Car, alors, les mâles
Baleine, même chez le fœtus, contenait, se détruisent entre eux et, s'il y a des
eu grand nombre, un petit organisme femelles, ce sont elles, qui, plus vigou-
bactériforme, qu'il a provisoirement reuses, détruisent les mâles en leur ron-
désigné sous le nom d'organisme X. Cet geant la tùte : le fait a été constaté par
organisme possède le pouvoir d'absorber J. H. Fabre qui a longuement étudié les
en partie l'oxygène du sang et de le Géophiles, sans parvenir toutefois à per-
retenir lors de la décompression : il cer le secret de leur phosphorescence.
empêche par suite les Baleines de ressen- Mais, de la fin de septembre au commen-
tir les troubles que cause généralement cement de novembre, ils se fréquentent
celle-ci. volontiers, leurs mœurs semblent s'adou-
cir et, comme manifestation extérieure de
ce changement, il leur vient la faculté de
Les Géophiles. — Les Géophiles sont répandre autour d'eux la lumière.
des Myriopodes c'est-à-dire des animaux
articulés possédant un nombre de pattes
relativement élevé ; pour fixer les idées,
nous dirons qu'on en connait qui en pos- Le Soja et ses produits. — Le Soja, cette
sèdent plus de 150 paires. Légumineuse asiatique dont nous avons
Ceux qui nous occupent, de petite taille, déjà entretenu nos lecteurs peut encore
'sont répandus dans beaucoup de pays : en fournir d'autres produits que ceux précé-
France nous en possédons déjà quatre .demment signalés. Un article de M. Ch.
espèces. Mais ils sortent surtout le soir et Crevost, Directeur du Musée Maurice Long,
sont, somme toute, assez peu faciles à se à Hanoï, paru dans le journal France-Indo-
procurer. chine du 15 décembre 1933, et reproduit
Il y a longtemps que certains Myriopodes par le Bulletin de l'Agence économique de
ont été signalés comme lumineux. Dans. l'Indochine d'avril 1934, donne à ce sujet
La Historia général de las Indias, écrite en des renseignements fort intéressants.
1535, G. F. de Oviedo, qui avait été l'un Le lait de Soja s'obtient en faisant
des compagnons de Colomb, signale cette tremper pendant 12 heures des graines
particularité curieuse. Mais à part quelques décortiquées, puis en les broyant avec
observations isolées, on fut longtemps un peu d'eau et en filtrant. On obtient
sans avoir de renseignements un peu pré- ainsi un liquide qui a l'apparence du lait
cis sur ce sujet. de vache et se comporte comme lui à
C'est que, à l'inverse des Coléoptères l'ébullition ; en refroidissant il se cou-
vre de même d'une couche crèmeuse. avec son frère Alexandre. Les deux frères
Mais il a l'inconvénient d'avoir un goût excursionnaient de concert durant tout
assez peu agréable et de tourner au bout l'été réunissant en herbiers toutes les
de quatre heures ; cependant les Chinois, plantes des sommets pyrénéens ; l'hiver
qui l'emploient, ont, parait-il, trouvé le était employé par eux au classement et
moyen de corriger son goût et de le con- aux déterminations de leurs récoltes.
server plus longtemps. De cette collaboration sont issues une
Avec les graines grillées et moulues, on quantité de mémoires et de publications
fabrique un succédané du café ; mais il remarquables, parmi lesquelles l'œuvre
doit être employé immédiatement, car il principale : le Catalogue raisonné des
ne tarde pas à se transformer en une pâte plantes phanérogames et cryptoga mes indi-
huileuse. gènes du Bassin de la Haute Ariège, gros
La sauce de Soja est plus intéressante. ouvrage in-8° en 3 volumes (1898-1909 ,.
D'une grande valeur alimentaire, elle est publié par la Société Internationale de
très appréciée des Japonais, qui la con- Géographie Botanique qui lui décerna,
naissent sous le nom Soyu, et des Anna- sa grande médaille d'or.
mites, qui l'appellent Tuong-Dâu. Chez Cette collaboration féconde et touchante
ceux-ci, où elle est bien moins chère que des deux frères fut interrompue -par la
la fameuse sauce nuoc-mam, préparée mort d'Alexandre Marcailhou d'Aymeric
avec des Poissons, op l'appelle le nuoc- en 1897 ; son frère eut la lourde tâche de
mam des pauvres. Mais elle ne peut être la rédaction de tous les mémoires en pré-
préparée que d'avril à juillet et doit -être paration. Il mourut lui-même en 1909
ensuite conservée dans des récipients laissant inachevée une étude remarquable
hermétiquementfermés. sur les Fougères des montagnes.
Il existe encore une crème sèche du
lait de Soja, plus particulièrement fabri-
quée en Chine, mais de vente courante en
Indochine où on la connaît sous le nom Une nouvelle expédition scientifique
de Phu-Chuc. Elle se présente sous forme russe dans le Pamir. — Cette nouvelle
de feuilles de 1 à 2 cm. d'épaisseur, de expédition, organisée par ru. R. S.S.j est
couleur jaunâtre, brillantes, ondulées et différente des précédentes par son organi-
faciles à briser ; on l'utilise avec diverses sation et par ses buts. Elle ne comprend
viandes, bœuf, porc, poulet, souvent pas moins de 74 groupes, chacun consti-
aussi avec des vessies de poissons de tuant en quelque sorte une expédition
mer. particulière. Vingt-six détachements sont
partis en mai dernier ; les autres oui dû
partir en juin, ayant attendu que les pas-
Deux botanistes de la Haute-Ariège.— sages dans les montagnes soient devenus
Ilippolyte Marcailhou d'Aymeric (1855- praticables.
1909) fut un des botanistes éminents qui La plupart de ces détachements se
s'occupèrent de la flore des hautes mon- rendent dans les montagnes du TurkeBtan.
tagnes ariégeoises et qui consacra sa vie de Zéravchan et de Ghissar, où l'expédi-
entière à l'étude de la science de la llore en tion organisée en 1933 par l'Académie des
compagnie de son frère Alexandre Mar- Sciences a découvert des exploitations
cailhou d'Aymeric. minières datant de la plus haute antiquité ;
Hippolyte Marcailhou d'Aymeric naquit on espère y rencontrer des métaux pré-
à Ax-les-Thermes (Ariège) en 1.855. Après cieux, de l'étain, du cuivre, du soufre, de
avoir fait ses études de pharmacie à Mont- la potasse et du charbon, mais le gite
pellier et à Rennes, il devint dans cette principal de ces matières est à découvrir.
dernière ville préparateur de Chimie à On pense qu'il se trouve au point de
1 Ecole de Médecine et de Pharmacie et jonction des montagnes de Ghissar, de
fut aussi chargé d'un cours de Botanique l'Altaï et du Turkestan, dans une région
pharmaceutique (1874-1876). Il dut à encore inexplorée et qui, pour cette cause,
regret quitter une carrière pleine d'espoir forme une tache blanche sur la carte de
pour reprendre, à la mort de son père, la l'Union Soviétique. C'est pourquoi Lfibjec-
pharmacie paternelle. tif premier de l'expédition est la recon-
Dès le moment de son arrivée à Ax-les- naissance de cette contrée : elle doit être
Thermes il ne cessa, jusqu'à sa mort, de' effectuée par M. Gorbounoff, accompagné
s'occuper de botanique, en collaboration seulement de deux de ses collaborateurs.
Ils se proposent d y prospecter les gîtes tin conclut qu'une voie nouvelle s'ouvre
métallifères et de reconnaître en même pour lutter contre ce fléau de l'agricul-
temps les chemins les plus faciles pour y ture qu'est la Rouille.
accéder.
Un autre objectif est de refaire 1 ascen- LUCIEN DANIEL.

Variations des plan-
sion du pic Staline. En 1933, lors de la tules d'Helianthus Dangeardi à la sep-
premièreascension, l'expéditionde M. Gor- tième génération sexuée.
bounoff installa sur ce pic; à 5.600 m. d'al-
titude, deux appareils destinés à enregis- Géologie.
trer automatiquement la température, la
pression atmosphérique et l'état hygromé- R. PERRIN. — Sur le métamorphisme.
trique ; il sera intéressant de recueillir les En étudiant l'action des laitiers sur les
renseignements ainsi obtenus. M. Gorbou- revêtements de fours, l'auteur a reconnu
nofï se propose d'ailleurs d'y laisser cette qu'il se produisait des échanges réci-
fois quatre nouveaux appareils, ainsi qu'un proques constants et assez rapides. Il en
poste de T. S. F. pouvant transmettre conclut que de pareils phénomènes ont
automatiquement des indications sur la dû intervenir dans le domaine géologique,
température, la pression atmosphérique, ce qui donne une explication suffisante
l'état hygrométrique, la force et la direc- de beaucoup de phénomènes de méta-
tion du vent. morphisme et permet de prévoir la nature
Enfin, un des détachements de l'expé- des lois auxquelles ils obéissent.
dition se dirige vers le glacier Fedtchenko, ALBERT F. DE LAPPARENT. Sur l'allure
où cinq météorologues ont été laissés en —
du synclinal de Rognette et l'enracinement
193H pour y faire des observations. La du pli couché des Dessillons (Var).
liaison entre ces savants et le monde civi- Les conclusions de cette note sont les
lisé a été coupée dès les premiers jours suivantes :
de leur hivernage, de sorte que l'on ignore Les dépôts rognaciens-éocènes de Ro-
absolument ce qu'ils sont devenus. Le gnette et ceux de Salernes sont répartis
détachement parti à leur recherche a pour dans deux synclinaux distincts ; le pli des
mission de les retrouver et de les ramener. Bessillons se termine et s'enracine au Sud
Est, près de Cotignac, le pli de Salernes
le relayant en avant.

Botanique.
Les Sciences Naturelles
à l'Académie des Sciences Pierre CIIOUARD. — Sur la structure
caractéristique du bulbe chez les Scilles de la
SÉANCE DU 4 JUIN.
section Euscilla Chd.
C'est d'après les caractères végétatifs du
Biologie végétale. bulbe que M. Chouard classe les Scilla : la
création du sous-genre Euscilla Chd. a
J. COSTANTIN. — Le problème des résulté de cette étude. Elle est bien préfé-
Rouilles du Blé et lts montagnes. rable à celle jusqu'ici employée, qui tire
On sait quelaRouille du Blé est produite les caractères distinctifs des fleurs ou de
par le Champignon Puccinia graminis dont l'inflorescence.
un des stades se passe sur l'Epine vinette;
mais la. présence de cette dernière n'est Microbiologie.
pas indispensable. D'autre part les
Rouilles sont rares dans le nord et même RAPPIN. — Sur V étiologie microbienne
pratiquement inconnues dans certains du cancer.
districts de Suède, et, enfin le climat A propos d'une communication récente,
alpin tend à raccourcir le développement l'auteur rappelle qu'il a toujours indiqué
des Urédinées. comme cause de l'infection cancéreuse,
Rapprochant les diverses observations un microcoque qu'il considère comme un
faites à ce sujet, M. le Professeur Costin- Staphylocoque.
PARMI LES LIVRES

Aug. CHEVALIER. — Michel ADANSON, voya- les portes de l'Académie, et fait connaître,en 1759,
geur, naturaliste et philosophe. Médail- son ouvrage : Familles de plante, son prin-
cipal titre de gloire. Labeur, projets grandioses,
lons Coloniaux. 1 vol., 170pages, V pl., mais aussi déceptions et malheurs... Il s'éteignit
Larose édit., Paris, 1934. le 3 avril 1806 à 10 heures du matin. « Adieu,
l'immortalité n'est pas de ce monde ! » Tels
Le professeur A. Chevalier cherchant à furent ses derniers mots.
approfondir l'oeuvre botanique de Michel Adan- Les chapitres V à IX de l'ouvrage de A. Che-
son eut la bonne fortune de découvrir dans les valier sont consacrés à l'œuvre d'Adanson.
archives du château de Baleine, à Villeneuve- D'abord (chap. V), son histoire naturelle du
sur-Allier, d'importants manuscrits émanant de Sénégal, dont seul le tome 1 a pu voir le jour,
ce grand botaniste, de ce grand colonial. Ces puis ses travaux sur l'agriculture et la bota-
documeats jettent un jour nouveau sur la vie nique appliquée (chap. VI) à Adanson laissa,
et l'œuvre d'Adanson. En partie grâce à eux, en effet, à l'état de manuscrit ; un traité de
A. Chevalier a pu écrire le petit volume que botanique rurale, un traité de physiologie végé-
nous analysons ici. Cuvier fut le premier à tale appliquée à l'agriculture et à l'horticulture.
rendre justice à Michel Adanson (1807); dans Le chapitre VII (ia méthode naturelle d'Adan-
son Dictionnaire de Botanique (1876), H. Bail- son) est particulièrement important. Si une
Ion exaltait son mérite, son « génie ». Cepen- sorte de cabale semble avoir voulu étouffer
dant le livre que le professeur Chevalier vient l'œuvre du vieillard malheureux, il n'en est pas
de consacrer à ce botaniste, manquait à sa moins vrai qu'Adanson est le créateur incon-
mémoire, car il constitue une profonde analyse testé de la méthode naturelle appliquée à la clas-
de l'œuvre scientifique dont se dégage nette- sification des espèces animales et végétales.
ment toute la portée philosophique et, de ce Après avoir exposé les conceptions d'Adanson
fait, il fait figure de tardive, mais totale et
nécessaire réhabilitation. sur les familles, les espèces et les mutations
(chap. VIII), A. Chevalier s'occupe du savant
Les quatre premiers chapitres retracent la sous l'angle du philosophe et de l'encyclopédiste.
vie d'Adanson : enfance, jeunesse studieuse « Ce fut, certes, écrit-il, un grand philosophe,
imprégnée de la vocation du naturaliste. A égalant les plus grands penseurs de son temps.
22 ans il s'embarque pour le Sénégal, engagé Précédant de 30 ou 40 ans Lamarck, il fut son
par la Compagnie des Indes, avec la modeste précurseur et l'on peut se demander si ce n'est
place de commis dans ses comptoirs. pas à Adanson que Lamarck a emprunté une
Il devait y séjourner quatre ans et quatre partie des idées qu'il put approfondir ensuite. »
mois, au cours desquels il mena une vie de Il faut féliciter le professeur Chevalier
solitude, de recherches, de méditations. d'avoir fait connaître d'une manière si appro-
Dès son retour, le labeur reprend au rythme fondie la vie, le caractère, l'œuvre d'Adanson.
de 18 heures par jour; il loge au Trianon avec Les naturalistes apprendront certainementbeau-
le titre de botaniste royal, présente des mémoires coup à la lecture de ce petit livre dont l'éru-
à l'Académie des Sciences, publie en 1757 son dition ne dissimule ni la foi ni l'émotion qui
Histoire naturelle du Sénégal qui lui ouvrit ont animé son auteur.
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDEE ET PUBLIEE PAR LA

SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE

4- ANNÉE — N 10 Octobre 1934

SOMMAIRE
Baron J. DE DOIÎLODOT.

G. PORTKVIN,

VARIÉTÉS.
Damparis
...
L'exploration du gîte à Dinosauriens jurassiques de

Les Indiens coupeurs de têtes.

Les insectes nuisibles


563

587

593

...
PARMI LES LIVRES
............
NOUVELLES ET INFORMATIONS

La photographie reproduite sur la couverture et qui représente


595

599

un Acridien est due à M. P. L. BARRUEL.

REVUE MENSUELLE
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MM. NICLOT, ROPARS trésorier : P. BARET délégué du Conseil : DR THIBOUT.
; ;
L'EXPLORATION
DU GITE A DINOSAURIENS JURASSIQUES
DE DAMPARIS

par
LE Bou JEAN DE DORLODOT

Dans la suite des temps géolo- du premier ensemble anatomique


giques, les étages supérieurs du sys- important extrait du sol français, est
tème jurassique se placent, on le donc fort heureuse au point de vue
sait, en pleine période d'apogée de paléontologique.
Y ère paléontologique des Reptiles.
Les Dinosauriens de cette époque
comprennent entre autres, dans le
sous-ordre des Sauropodes, quadru-
pèdes herbivores, les animaux tèr-
restres les plus gigantesques qui aient
existé : A tlantosauras etBrachiosau- Cette trouvaille de Dinosauriens
rus atteignaient à peu près quarante jurassiques a été faite à Damparis,
mètres de long ; le fameuxDiplodocus, près de Dôle (Jura), dans la vaste
dontl'imposante reconstitution éton- carrière que MM. Solvay et Cie ont
ne tout visiteur du Muséum, mesurait ouverte en cette localité pour les
25 m. 60 et pouvait peser 35 tonnes. besoins de leur usine de Tavaux,
Les grandes trouvailles de Sauro- toute proche. Le calcaire exploité
podes fossiles ont été faites surtout appartient au terme de l'Oolithique
dans les célèbres formations à facies moyen que la carte géologique au
continental dites « Couches de Como M 80.000e (feuille 126 ; Besançon) dé-
ou « Formation de Morrison » de l'A- nomme Astarlien, et la carte au
mérique du Nord; dans l'Est Africain 320.000e (feuille de Dijon) Séquanien.
et à Madagascar ; en Asie, et (lans C'est une vaste formation marine
l'Amérique du Sud. Sans être d'une qui se présente ici sous l'aspect d'une
excessive rareté, les récoltes effectuées succession régulière de bancs d'épais y
en Europe, et spécialement en France seurs variées, légèrement inclinés,
où le facies marin est très dominant, constitués généralement d'un cal-
n'ont été généralement que fragmen- caire très compact, sublithographi-
taires, fournissant des pièces déta- que, de teinte claire, blanchâtre, grise %
chées : vertèbres, os de membres... ou bistrée. Dans les bancs supérieurs
La découverte dont il va être parlé, de la carrière, on voit des parties
oolithiques parfois violacées. En de 0 m. 70, et le banc supérieur dont
fait d'organismes fossiles, on observe le sommet est à 1 m. 30 environ sous
surtout, dans ce calcaire, des sections la voie ferrée, comporte 1 m. 70 de
cristallines de Gastéropodes. calcaire massif. Dans toute l'étendue
Un chemin de fer d'exploitation de la carrière, le joint de stratification
à double voie pénètre dans la carrière qui sépare ces deux bancs contient un
et y descend en suivant la pente des mince feuillet d'une sorte de marne
couches. Il est établi sur un degré de rouge, plastique à l'état humide, de
la longue tranchée en gradins que 0 m. 02 d'épaisseur moyenne. Notre
constitue actuellement la carrière. gîte fossilifère se présente comme un
Il domine une paroi verticale, où se renflement local de cette marne
présentent, par la tranche, les bancs intercalaire.
inférieurs de la série calcaire exploi- Vers la fin d'avril dernier, M. Ver-
tée. has. ingénieur, chef de&services dela
Le gîte à Dinosauriens est logé carrière, était informéparM. Koerhet,
entre deux de ces bancs, à l'endroit employé de l'usine de 'J'avaux,
signalé surlafigure 1, par une excava- de l'existence d'objets étranges trou-
tion bâchée interrompant les rails de vés dans la carrière et regardés
gauche. Le banc calcaire sous-jacent par lui comme des portions de très
au gîte a normalement une épaisseur volumineux ossements.
Pressentant dès le premier instant bien à l'égard de l'allure normale des
l'intérêt probable de la trouvaille, bancs calcaires qu'en ce quiconcerne
M Verhas, avec son collègueM. Char- les caractères lithologiques ; c'est
din, examine aussitôt les objets signa- ensuite l'apparition, affleurant à la
lés, dont l'analyse chimique confirme partie inférieure de la marne, d'une
la nature osseuse, et reconnaît dans la série d'objets de formes variées qui
carrière le -point de provenance. ne sont autre chose que des osse-
A ce moment, le gîte se présente ments intacts ou sectionnés, noyés
sous l'aspect suivant (voir fig. 2) : dans la marne qui leur sert de gan-
dans la paroi verticale en contre- gue. De ce seul aspect, il ressort que
bas de la voie ferrée et à 3 m. en- le gîte, bien qu'entamé, promet
viron sous celle-ci, court le joint de d'être encore nettement productif.
stratification à feuillet de marnerouge Vers la droite de la coupe se re-
dont il a été parlé ci-dessus. A l'en- marque l'encoche laissée par l'enlè-
droit de la trouvaille, le banc de vement de la première grosse pièce
calcaire inférieur se creuse' en osseuse présentée à M. Verhas. Une
cuvette sur 9 mètres de long et la rapide exploration pratiquée tout à
marne rouge se gonfle pour remplir côté fournit sur le champ une
la cuvette, dont la profondeur atteint deuxième pièce anatomique, symé-
0 m. 50 au maximum. trique de la première et tronquée
Ce qui frappe au premier coup comme elle.
d'œil, c'est l'aspect totalement hété- Edifiépar ces constatations,M. Ver-
rogène de cette marne .rouge, aussi has en fait rapport immédiat à
son chef, M. Haerens, directeur de
l'usine de Tavaux. Celui-ci entretient
à l'instant MM. Solvay de l'événe- La plupart des ossements étant
ment ; il avertit la direction du Mu- plus ou moins atteints d'altération et
séum, en mettant la trouvaille à la très friables surtout dans les parties
disposition du grand institut scienti- voisines de leur surface, certains
fique. d'entr'eux affectant en outre des
Dès le début de mai, M. J. Pive- formes compliquées et délicates, la
constante préoccupation fut d'opérer
teau se rendait sur les lieux, et re-
connaissant dans les quelques pièces avec toutes les précautions nécessaires
déjà rassemblées les restes vraisem-pour ne risquer qu'un minimum de
blablement délerminablesd'un grand dégâts.
Sauropode, confirmait de son auto- La méthode de fouille adoptée
rité de spécialiste l'intérêt de la dé-
consista à progresser de proche en
couverte. proche, par passes successives, en
L'exploration complète du gîte découvrant l'une après l'autre des
était dès lors décidée. portions limitées du gîte : à explorer
M. Haerens la fit entreprendre la masse marneuse sur place d'abord,
aussitôt, et elle. s'est achevée- le de facon à délimiter et mettre à
22 juin 1934. découvert les ossements principaux ;
et enfin, après enlèvement, à libérer en amas boueux. Ainsi devenait-il
les diverses pièces de la gangue possible de poursuivre dans des
encore adhérente. conditions favorables le très délicat
Sans vouloir donner ici un journal travail de dissection qui fut la tâche
détaillé des fouilles, il n'est cepen- principale de l'exploration.
dant point sans intérêt, pensons- C'est à l'issue de cette phase de
nous, d'en décrire à grands traits préparation que se place la décou-
les phases principales. verte d'une des pièces anatomiques
En premier lieu, -on effectua, sur les plus remarquables (fig. 13),
toute la longueur du gîte et sur une épisode qu'une note de M. Verhas
profondeur de 2 m. à 2 m. 50, décrit en ces termes :
l'abatage des bancs calcaires super- « Le premier jour des fouilles fut
posés à la masse de marne rouge. employé à une délimitation approxi-
Le tir d'explosifs désagrégeait les mative des blocs marneux que nous
portions supérieures et le reste espérions pouvoir enlever entiers,
s'enlevait au levier ou au pic. Pour avec les ossements contenus, suivant
éviter d'écraser la marne, avec les les conseils de M. Piveteau. Cette
ossements inclus, par la chute des méthode réussit assez bien- pour les
blocs de roche ou par. d'autres deux premiers blocs que nous fûmes
heurts, on la protégeait au moyen de amenés àextraire. Le secondjotir, nous
tôles. Une toiture étanche vint à eûmes plus de mal avec le bloc n° 3 :
point pour empêcher les intempéries la gangue se cassait et se délitait au
de. transformer la marne fossilifère moindre effort de dégagement ou de
soulèvement du bloc. D'autre part, à des fragments extraits des blocs
ce bloc se révélait particulièrement nos 1 et 2 pour former finalement la
riche en ossements. Ce fait nous fit belle pièce presque complète que
craindre de pulvériser les trésors que nous possédons maintenant. Nous
contenait le bloc, si nous essayions de sortîmes ensuite un beau fragmentée
peser dessus avec nos pioches et nos vertèbre cervicale, l'un des ischions,

leviers. Nous adoptâmes donc, à et deux os larges et très plats, croisés


partir de ce moment, une nouvelle l'un sur l'autre dans le gîte, qui
méthode de dégagement qui consis- nous intriguèrent longtemps, Il fut
tait à enlever au préalable, avec reconnu ultérieurement que ces os
d'infinies précautions, la calotte de se raccordaient aux deux grosses
gangue stérile qui recouvrait les pièces osseuses du début de la décou-
ossements ; ensuite, chaque os était verte, et que l'ensemble ne consti-
dégagé séparément, et recollé aussi- tuait rien autre 'chose que les deux
tôt, si nécessaire, pour réduire au omoplates de l'animal. La suite des
minimum la perte des petites portions opérations de dégagement menées
qui s'en détachaient. Ce bloc n° 3 dans le bloc n° 3 fit apparaître l'ex tré-
nous donna de très belles parties du mité puissante d'un très bel os de
squelette. Nous en avons obtenu membre dont une partie était encore
premièrement une fraction impor- cachée dans la marne. La partie
tante de côte qui put être raccordée apparente fut enlevée sans trop de
peine, fractionnée en deux ou trois de déformation ni d'aplatissement. »
morceaux seulement. A ce moment L'opération dont on vient de lire le
je dus suspendre le travail pour récit vécu, avait entamé une zone peu
quelques heures. Lorsque je revins étendue, à l'extrême droite et à
sur le chantier, l'ensemble de l'os l'avant du gîte.
avait été extrait par l'ouvrier qui L'ensemble de la marne libérée de
m'aidait ; mais cet homme ne s'était son revêtement de bancs calcaires fut
pas aperçu que les fragments qu'il exploré sur toute sa superficie aux
enlevait de leur gangue appartenaient cours des journées des 22, 23 et
à la même pièce anatomique. Il me 24 mai. Cette vaste opération allait
présenta donc deux extrémités sépa- mettre au jour la plus riche part des
rées en déplorant qu'elles fussent ossements contenus dans le gîte.
tronquées. C'est alors qu'en rappro- Voici (fig. 3) quelle était la struc-
chant les cassures osseuses je parvins ture matérielle du gîte dans sa plus
à reconstituer tout entier l'humérus forte épaisseur : 0 m. 50. On dis-
droit de l'animal, os magnifique de tingue la « calotte » supérieure
1 m. 35 de long, pesant près de (chargée d'une flèche blanch-e) prati-
80 kgs. Cet os est particulièrement quement stérile, dure et compacte,
rematquable, car il est absolument épaisse de 0m. 35 au plus, qui est
complet et ne présente aucune trace superposée en continuité directe et
parfois sans joint visible au lit fossili- circonspection et la douceur voulues
fère proprement dit, beaucoup plus pour ne rien abîmer ni par le
friable, épais d'environ 0 m. 15. contact des énormes leviers utilisés,
Ce lit à. ossements (bone-bed) ni par l'arrachement et le déplace-
repose directement sur le fond ment des dalles qu'il fallait écarter
calcaire de la cuvette. pour pousser la fouille plus avant,
La besogne rude et patiente de ces Cette suite d'opérations eut ses
trois journées fécondes, consistait moments émouvants, par exemple
d'abord à soulever l'un après l'autre, quand une dalle, en se soulevant,
en dalles parfois énormes, les quar- dévoilait une belle pièce osseuse
tiers de gangue stérile de la « ca- couchée comme dans un écrin.
lotte », en procédant avec toute la C'est ainsi qu'apparut de façon
presque subite un fémur long de pour dépouiller les contours et le
1 m. 47, la pièce la plus formidable de modelé de l'objet.
toutes (fig. 13 et fig. 5 et 6 en haut). Poursuivie sans relâche par quatre
Mais, le plus souvent, le bone-bed opérateurs tout au long de ces trois
était loin de livrer son secret du journées, la vaste manœuvre de
premier coup et, la calotte supérieure découverte avait abouti à sculpter
enlevée, il fallait sonder la gangue dans un bas relief couvrant tout
par petites attaques de burin indé- le sol de la fouille, l'étonnante vision
finiment répétées ; et une fois l'os d'ossuaire dont les fig. 5 et 6 donnent
repéré, se livrer des heures durant une image partielle.
au plus délicat travail de ciselure, Les pièces anatomiques qui appa-
raissent dégagées sont le grand de M. Piveteau, de M. Ciry, pro-
fémur précité, l'extrémité d'un pé- fesseur à la faculté de Dijon, et de
roné,, un cubitus, une tête de. radius, M. Bodart, ingénieur en chef des
deux métacarpiens, une pièce de carrières de MM. Solvay et Cie.
phalange, une portion de côte (voir La plupart des pièces étaient

plan fig. 12). Des saillies prononcées naturellement fragmentées et incom-


marquent l'emplacementde plusieurs plètement débarrassées de leur
vertèbres et d'autres pièces non gangue. On plaça chacune en caisses
précisées (fig. 6). convenablement capitonnées, on ras-
Cet ensemble, dont MM. Verhas sembla tous les fragments osseux
et Chardin se chargèrent de parfàire obtenus, et le tout fut transporté
la ciselure, demeura sur place jus- dans les bureaux de l'usine de
qu'au 6 juin. Tavaux.
A cette date, après quelques encol- C'est là qu'un complément de toi-
lages dé consolidation, il fut procédé lette devait parfaire le dégagement,
à l'enlèvement général, en présence et que MM. Verhas et Chardin,
s'appliquant à un « puzzle » bien figure 8 permet de constater l'épais-
ardu, mais prodigue en heureuses sissement rapide du banc vers la
surprises, tentèrent de restaurer gauche, au bord de la cuvette. Sous
les pièces individuelles, puis de le gros banc de calcaire superposé
rétablir certaines portions du sque- à la marne, on voit celle-ci par la

lette par le rapprochement de leurs tranche, avec deux blocs témoins en


éléments anatomiques, avant l'em- saillie. Les outils posés contre ces
ballage ultime pour le transport au blocs ont la pointe appuyée sur des
Muséum. ossements qui affleurent.
Nos figures 7, 8, 9, donnent l'as- La figure 9 est prise de haut en bas
pect du gîte le 7 juin, après enlève- pour donner l'image du fond de la
ment des ossements et curetage de cuvette, vidée de son contenu de
la cuvette avec mise à nu du fond marne fossilifère. La surface est lisse,
calcaire. La figure 7 est une vue d'en- les ossements n'y ont point imprimé
semble jusqu'au retour à épaisseur de trace, à l'exception du cubitus
normale du banc calcaire inférieur, dont une extrémité s'y est enchâssée
à droite et à gauche de la cuvette. La profondément.
deuxième fémur, égal en taille au
premier, mais malheureusement très
Pour pouvoir poursuivre l'explo- détérioré à cause de sa posilion en
ration, une nouvelle opération travers d'une fissure verticale des
d'abatage des bancs calcaires recou- bancs par où descendaient les eaux
vrant le gite était indispensable, et boueuses de la surface.
il fallut au préalable reculer la voie Le 20 juin, cette portion de la
ferrée pour l'écarter de l'excavation.cuvette fossilifère avait été vidée
L'avancement, obtenu comme précé- elle aussi de son contenu ; aux limites
demment, par tirage d'explosifs, puis de la fouille, l'épaisseur de la marne
au pic et au levier, fut cette fois décroissait rapidement par relève-
d'un peu plus de 1. m 50. On explo- ment du fond de la cuvette, et elle
ra suivant la méthode usuelle la ne dépassait plus 0 m. 30.
marne devenue libre. Le 21 juin, on fit sauter encore, à
Le résultat, sans être aussi fruc-droite et à gauche, les bancs calcaires.
tueux qu'à la phase précédente, ne (fig. 10) ; et le 23, les dernières
manquait cependant point d'intérêt, portions utiles du gîte étaient débi-
puisqu'on mit encore au jour tées (fig. 1 1).
plusieurs pièces anatomiques impor- A part quelques fragments osseux
tantes : un tibia, de structure insignifiants, ces recoins se mon-
extraordinairement robuste, un deu- traient improductifs D'autre part, les
xième cubitus, et plusieurs objets bords de la cuvette se relevant de
moins considérables. Tout au fond plus en plus rapidement en tous les
de la fouille -se trouvait. encore le points du fond de l'excavation, l'é-
paisseur utile s'annulait. On se pièces principales. On y voit aussitôt
trouvait alors à 4 m. 50 de la ligne de que les ossements existants reposent
départ. en ordre dispersé et non pas en con-
L'exploration pouvait être regar- nexion naturelle les uns par rapport
dée comme terminée (fig. 23). aux autres. Le squelette de l'animal
Le plan de la figure 12 délimite les a donc été déplacé après la mort.
phases successives de la fouille, et Toutefois, il existe non moins
précise les points de gisement des évidemment un certain groupement
des ossements appartenant à une choses dont on déplore aujourd'hui
même région an atomique : ceux qui l'absence, telles la tête, un grand
se rattachent au train avant se nombre de vertèbres
trouvent presque tous dans la partie Autre fait important que l'explo-
droite du gîte, et les pièces du train ration a mis en pleine évidence : la
arrière occupent exclusivement la configuration du gîte fossilifère en
partie gauche. forme de lentille plan convexe
Il serait prématuré de pousser plus remplissant une cuvette limitée de
loin dès à présent l'analyse des tous côtés par le relèvement de ses
positions relatives, pour les pièces bords, véritable « nid de poule »
incomplètes ou fragmentées telles -
ménagé dans un banc calcaire.
que côtes, etc., ainsi que pour les En effet, on observe directement
vertèbres et d'autres pièces dont l'in- ce relèvement des bords au fond de
terprétation est encore plus ou moins la fouille et sur les côtés, et d'autre
incertaine. part, le banc calcaire en question a
Le plan (fig. 12) et le tableau des repris aussi son épaisseur normale
pièces extraites qu'on trouvera tout sur la paroi opposée de la tranchée.
à l'heure montrent que le squelette Sans grand risque d'erreur, on
est loin d'avoir été retrouvé au com- peut assigner à la cuvette un contour
plet. Le fait acquis du déplacement grossièrement elliptique dont le
après la mort explique que certaines grand axe mesure 9 mètres environ.
pièces aient pu se séparer de l'en-
semble et se perdre. Nous ne con-
naissons d'ailleurs point le manquant
réel dans le gîte supposé intact, puis- En traçant le programme d'explo-
qu'une portionprobablement notable ration de ce gîte exceptionnel, où

de la cuvette fossilifère a été anéantie la beauté et l'ampleur des ossements


lors du creusement de la tranchée à rechercher et à extraire auraient
de fond de la carrière. Espérons que pu concentrer toute l'attention, au
les recherches faites dans les déblais détriment d'autres points de vue
provenant de ce creusement permet- moins fascinants et cependant essen-
tront de récupérer de. précieuses tiels pour la pleine mise en valeur
sible cet examen (fig. 21). Mais,
bien vite, et ne futce qu'au seul
point de vue paléontologique, elle
s'avéra aussi judicieuse que féconde.
Combien de renseignements utiles
à la connaissance complète des
conditions du dépôt, combien de
trouvailles intéressantes, essentielles
même, auraient été manquées, si
cette gangue rebutante et bien mo-
notone avait été négligée même par-
tiellement. A côté des grandes pièces
anatomiques, en etlet, il existe,
dispersés dans la marne, quantité
de petits ossements, de fragments et
d'empreintes, invisibles si le bloc
qui les recèle ne s'ouvre pas, par
un improbable hasard, tout juste
à leur contact.
Les plus belles dents de Sauropode
et les plus caractéristiques, toutes
celles, petites et grandes, de Théro-
podes, ont été extraites de blocs
séparés, apparemment sans intérêt;
l'une d'elles est sortie d'un morceau
à peine gros comme deux poings,
ramassé par acquit de conscience
au pied d'un monceau de déblais cal-
scientifique de la découverte, nous
avions, dès le premier jour, posé au
nombre des directives capitales
l'étude minutieuse, dans toute sa
masse, de la marne rouge, gangue
des ossements.
Tous les blocs qui en auraient
déjà été détachés devraient être
repris des déblais ; tous ceux qui
résulteraient du travail de fouille
seraient, sans exception réservés
pour subir l'un après l'autre et
jusqu'au dernier fragment, un exa-
men scrupuleux, par débitage au
marteau et prise d'échantillons.
Cette rigoureuse consigne pouvait
à première vue sembler exces-
sive, étant donné la masse consi-
dérable qu'il fallut réserver et
porter à l'écart pour rendre pos-
caires ; une autre, d'un fragment de tion, des fragments de gangue
marne déjà mis en rebut après débi- réservée.
tage censé complet ; une dernière, Tout ceci, on le devine, signifie
enfin, et il s'agit cette fois d'un un long et, le plus souvent, fasti-
grand croc de Carnassier (fig. 20) dieux labeur : quelque quinze mètres
— pièce unique — a jailli au cubes de marne à réduire en esquilles ;

presqu'ultime coup de marteau, aussi la besogne n 'est-elle pas


dans la minute suprême d'une achevée à l'heure présente.
interminable séance de concassage
désespérémentimproductive.
Les empreintes de Fougères, raris-
simes d'ailleurs, et celles de Cycadées, On peut distinguer, dans la marne
qui sont ici de précieux documents, rouge du gîte fossilifère, trois types
proviennent elles aussi, sans excep- lithologiques différents :
4° La gangue proprement dite coup plus dure que celui-ci. Tantôt
du bone-bed, au fond de la cuvette elle passe à un calcaire analogue à
et aux endroits où l'épaisseur du celui des bancs de la carrière, des
gîte se réduit. teintes allant du rouge au gris
C'est un conglomérat composé de existent dans un même bloc, tantôt
grains irréguliers d'un calcaire c'est plutôt un calcaire gréseux dont
analogue à celui des bancs de la la couleur tire par places sur le jaune.
carrière, noyés dans une masse Elle contient de rares géodes tapissées
rouge ou rosée formée de sable, de cristaux et des nodosités noires ou
d'argile et de carbonate de chaux. brun foncé. Ce type de roche ne
La teneur de ce conglomérat en renfermait généralement pas de fos-
CaCO3 est souvent voisine de 60 % ; siles, sauf les empreintes énigma-
elle varie avec la proportion des tiques auxquelles nous allons con-
grains calcaires par rapport à la pâte. sacrer quelques lignes. Répandues
Ces grains de calcaire sont d'o.rdi- à foison dans toute la masse du gîte,
naire de la grosseur d'un fin gravier ces curieuses empreintes (fig. 22)
de crue, mais on a rencontré aussi ont parfois la forme rubannée des
des galets surpassant le calibre d'une tiges végétales ; mais elles affectent
orange. une ornementation toute spéciale
Au contact du fond de cuvette, qui, dans un grand nombre de spé-
ces grains sont parfois accumulés
jusqu'à exclure à peu près les autres
constituants.
Humide, celte roche est peu résis-
tante, voire plus ou moins plas-
tique ; mais elle se durcit, ...en
séchant et sa cassure présente alors
l'aspect et la couleur de celle d'une
brique grossière. Exposée aux intem-
péries, elle se désagrège peu à peu.
Une gangue de cette nature enrobe
les ossements. A son contact, ils sont
parfois recouverts d'un enduit brun.
Notons que la teinte rouge de la
marne a déteint en certains endroits
sur le calcaire sous-jacent, lequel est
alors rosé.
2° On trouve aussi dans le gîte une
roche de texture assez fine et homo-
gène, mate, à zones capricieusement
colorées et à dendrites. Nous avons cimens, imite à s'y méprendre celle
trouvé dans des blocs de ce type dela peau de lézard. : files continues,
la plupart des petites dénis de car- parfois bifurquées. de petits-rectan-
nassiers, toules les empreintes de Cy- gles, souvent parallèles entre elles,
cadées et beaucoup d'empreintes de parfois encore divergeant plus ou
tiges végétales. moins nettement à partird'un centre.
30 La roche superposée dans le gîte Il y a aussi passage latéral à des rec-
au hone-bed granuleux est beau- tangles plus grands et plus espacés.
Il serait fort audacieux de conclure 2° TRAIN ARRIÈRE.
de cette seule ornementation, si Ceinture pelvienne.
a)
frappante soit-elle, et si suggestive 1 Sacrum (4vertèb. soudées) long. 0,73 (fig. 17).

la coïncidence, qu'il s'agit sûrement 2 Ilions » » 0,57 ( id. ).


1 Ischion 0,76 ( id. ).
dela peau d'un reptile, d'autant plus » »
b) Membre postérieur.
que tous les échantillons n'ont pas 2 Fémurs 4,1'7 (fig. 13).
un aspect aussi typique. A voir cer- 1 Tibia
Il
0,86 lfig. 14).
tains spécimens isolés, on penserait 1 Péroné »
Il
0.89 ( id. ).
plutôt à des Liges végétales dont le 4 Métatarsiens » 0,24, 0,21, 0 19,
0,175 (fig 14),
mode de fossilisation aurait craquelé Os de phalanges.
la surface suivant une loi toujours la Griffes.
même. 1 Calcaneum.

En fait d'autre hypothèse qui 3° VERTÈBRES.


pourrait venir à l'esprit pour rendre 4 vertèbres (caudales ?)
compte de telles empreintes, il ne 2 «
(cervicales ?)
semble pas possible de songer ici 2 »
Apophyses en chevrons de vertèbres cau-
aux Algues calcaires, dont aucun . dales.
genre décrit ne présente cet aspect. 4° CÔTES.
Nombreux fragments (l'un d'eux mpsure
1 m. 40 de long.)
5° DIVERS.
Nous avons, dans les pages qui Nombreux fragments osseux de signification
précèdent, exposé la méthode suivie encore indéterminée.
dans l'exploration du gîte à Dinosau- 6° DENTS.
riens de Dnmparis, et relaté quelques 3 grandes dents, longueur O 08à0,065 (fig, 19).
observations d'ordres divers faites 2 petites dents, » 0,04.
au cours de cette exploration. B. — DENTS DIS THÉ RO P O DES
Donnons maintenant le tableau MÉGALOSAURIDÉS (Carnivores),
des trouvailles, sous réserve de révi-
sion possible de certaines interpré- 1 grande dent (en forme de poignard, bord
en scie) long 0,11 (fig 20).
tations. 1 pe!ite dent (en forme de poignard, bord
Les identifications anatomiques en scie) long. 0,022 (fig. 20).
4 petites dents brisées.
sont pour la plupart,.
dues à
MM. Piveteau, Verhas et Chardin. C-.
— EMPREINTES A ORNEMENTATION
DE II PEAU DE LÉZARD «
A. — PIÈCE D'UN SQUELETTE Très nombreuses (fig. 22).
DE SAUROPODE (Herbivore),
D. - EMPREINTES DE VÉGÉTAUX
lu TRAIN AVANT.
échantillons de Fougères ou Ptéridosper-
2
a) Ceinture scapulaire. méps iSphenopteris).
2 omoplates. Longueur 1 m 37. Elles sont Quelques Cycadées (Zamites Ptéro hyllum).
quelque peu incomplètes. Tiges.
E.—GASTÉROPODES
b) Membre antérieur,
1 Humérus. Long. 1 m. 35. (Fig. 13). Fragments de quelques spécimens de très
1 Radius.
Il
0 m. 88. petite taille.
Et l'extrémité probable d'un second radius.
2 Cubitus » 0 m. 94 La plupart des os ont gardé intact
4 Métacarpiens. 0 m. 38.
»
Quelques os de phalanges.
leur aspect primitif. La surface
Griffes. Longueurs : 0,12, 0,14. (Fig. 16). extérieure est souvent blanche, par-
Après avoir recueilli les éléments
dont l'inventaire ci-dessus donne
l'énumération, il reste à aborder le
côté proprement scientifique de l'ex-
ploration, c'est-à-dire, au point de
vue paléontologique, à faire l'étude
an atomique complète de ces restes
et à en donner la détermination
systématique, chose particulièrement
il
délicate, on le sait, quand. s'agit de
Dinosauriens.
Cette étude nécessite des mesures
et des comparaisons laborieuses, et
elle ne saurait être faite que par un
spécialiste averti, en laboratoire.

fois nacrée. Dans la cassure, la


muraille e^t compacte, la moelle a
ses alvéoles remplies par des grains
arrondis, luisants, d'apatite brune,
que des cloisons blanches et pulvé-
rulentes, séparent les uns des autres.
La muraille est souvent très fragile
par suite d'un commencement d'alté-
ration, et s'effrite au moindre contact
ou mouvement. Plusieurs pièces
ont dû être encollées.
Les dents de Sauropode ont gardé
à la perfection leur brillant émail
brun, à surface chagrinée.
Les petites dents de Théropodes
sont d'un ivoire blanc jaunâtre
parfaitementpoli et à peine craquelé.
Leur fragilité est extrême.
M. J. Piveteau, chef des travaux à caractères de forme et de proportions
l'Ecole des Mines, attaché au Mu- de ceux des Sauropodes.
seum, y trouvera, sans nul doute, Le squelette accuse très nettement
matière à une publication d'un vif la station. quadrupède requise, les
intérêt. membres antérieurs et postérieurs
Pour l'instant donc, nous nous sont de grandeur peu différentes.
bornons à souligner les faits acquis Il est hautement vraisemblable
et à noter quelques rapproche- que tout l'ensemble provient d'un
ments. squelette unique, car on n'observe
aucun double emploi, et il parait
Premier l'ait acquis : Tous les y avoir harmonie satisfaisante entre
ossements recueillis et les cinq dents les diverses pièces.
de type herbivore, possèdent les Quant aux analogies avec les genres
de Sauropodes antérieurement dé- Deuxième fait acquis : A côté
crits, on constate par exemple que des ossements du personnage princi-
les dents, pièces très caractéris- pal, le Sauropode, grand quadrupède
tiques, sont du type biconvexe et herbivore, nous avons recueilli des
chagriné que l'on a reconnu chez dents de type carnassier en forme de
Morosaurus et Bolhriospondylus,Sau- poignard à bords en scie, qui
ropodes rattachés respectivement aux appartiennent manifestement à un ou
plusieurs individus du sous-ordre
Dinosaurien des Théropodes, tiès
probablement delà famille des Méga-
losauridés, à station bipède.
Voici ce qu'écrit H. F. Osborn à
propos de Théropodes carnassiers :
« Ces reptiles, contemporains des der-
niers Dinosauriens herbivores qu'ils
ont détruits, ont atteint le terme slIpé-
rieur et prodigieux de leur évolution
dans le Tyrannosaurusrex du Crétacé
supérieur Nord Américain, le roi
des sauriens dominateurs, qui par
son agilité, sa taille, sa puissance et
sa férocité est la machine destructrice
de vie la plus extraordinaire qui ait
jamais existé. »
La découverte de plusieurs dents
de ce type dans.notre gîte peut laisser
supposer que de tels carnivores ont
déchiqueté et dévoré la chair de notre
Sauropode. L'existence d'une très
grande dent à côté d'autres très
petites suggère l'idée de plusieurs
individus de tailles différentes conviés
au plantureux festin.
familles des Morosauridés et des
Brachiosauridés.
On voit aussi que la longueur Il resté enfin à évoquer le pro-
de l'humérus est voisine de celle blème géologique posé par la présence
du même os chez Bothriospondylus, de cette masse de nature et d'ori-
(1 m. 30), lequel avait, suivant gine manifestement continentales —
Lydekker, quatre vertèbres sacrées (faune et flore 'terrestres) — isolée
comme notre squelette. Morosaurus à la façon d'un corps étranger au
a bien aussi quatre vertèbres sa- sein de la vaste formation marine
crées ; mais l'analogie cesse avec ce dont font partie les strates calcaires
dernier genre, quand on apprend exploitées à Damparis.
qu'il possédait des membres anté- L'énoncé de ce problème peut se
rieurs beaucoup plus courts que les résumer dans les trois questions
postérieurs. suivantes :
Où se trouvait le continent, patrie Il serait évidemment prématuré
de nos reptiles ? de le tenter dès à présent.
Comment leurs ossements ont ils Bornons-nous à suggérer, comme
été transportés en pleine région de bases de discussion, deux types
sédimentation marine ? extrêmes d'hypothèses, capables, a

Quelles ont été les circonstances priori, d'expliquer un phénomène du


de leur dépôt ? genre de celui qui nous occupe, et
Au seul énoncé de ces questions, entre lesquels, après en avoir nuancé
on pressent la complexité des élé- les détails, il y aura vraisembla-
ments à mettre en œuvre et. à blement à choisir, une fois. appré-
discuter. Seule l'analyse de toutes ciées leurs probabilités respectives.
les données acquises sur la géologie
de l'époque, confrontées avec les Première hypothèse. — La région
observations faites grâce à l'explo- aurait subi, à l'époque du dépôt,
ration ici décrite, permettra peut-être une émersion momentanée dont la
de résoudre le problème dans son transgression marine suivante aurait
ensemble. supprimé toutes traces, sauf le
feuillet de marne rouge et le contenu animales, minérales que les flots
de la cuvette fossilifère. Le squelette emportent au loin. L'une d'elles n'est
du Sauropode serait resté au lieu autre chose que notre Sauropode,
même de sa mort, simplement empaqueté dans un feutrage de
dissocié par l'avidité des carnassiers débris végétaux mêlés d'argile rouge,
ou par un léger remaniement. de sable et de g-ravier. Après avoir
flotté quelque temps, cette épave
.Deuxième hypothèse.
- Les terres disloquée finit par s'engloutir et,
marécageuses où vivaient les Dino- en atteignant le fond, elle s'enfonce
sauriens étaient distantes de notre par son poids dans La vase molle,
région. Celle-ci se trouvait alors à la mesure de la cuvette où nous
immergée en pleine mer, et la sédi- l'avons retrouvée. La décantation
mentation calcaire s'y poursuivait des troubles étant achevée, la sé-
régulièrement. Une crue violente se dimentation calcaire reprenant son
produit sur le continent ; et les fleu- cours normal, imprègne, puis re-
ves jettent à la mer des eaux assez couvre le tout.
chargées de troubles pour répandre Dans l'état actuel de nos connais-
leurs boues de décantation sur une sances, ce deuxième essai -d'expli-
superficie énorme. Ces fleuves char- cation nous paraît le plus aisément
rient en outre des épaves végétales, compatible avec les faits observés.
LES INDIENS COUPEURS DE TÊTES
par
G. PORTEVIN

On peut voir dans quelques (destructeur), qui descend vers le


musées d'histoire naturelle, et aussi Zamora par une suite de chutes
dans un petit nombre de collections parmi les rochers, en arrachant
privées, des têtes humaines momi- tout sur son passage.
fiées, réduites à la grosseur du Une des raisons pour lesquelles
poing et pourvues néanmoins d'une les Jibaros ont été longtemps mal
longue chevelure noire. Ces têtes connus est qu'ils ont résisté farou-
— lorsqu'elles sont authentiques —
chement à tous les envahisseurs. Les
sont l'œuvre d'une peuplade in- In cas, d'abord, les Espagnols en-
dienne de l'Amérique du Sud, les suite, essayèrent en. vain de conqué-
Jibaros. rir leur territoire ; l'essai de péné-
-C'est une peuplade qui fut long- tration pacifique des missionnaires
temps peu connue, qui l'est mieux ne fut pas plus heureux. De sorte
maintenant, grâce à quelques explo- que le pays et ses habitants res-
rateurs, parmi lesquels nous cite- tèrent fermés à toute tentative de
rons le Dr Rivet, qui eut occasion civilisation et purent conserver
de les étudier lors de la Mission jusqu'à nos jours leurs mœurs et
géodésique de l'Equateur, et qui a leurs traditions. Il n'est pas jusqu'au
publié sur eux dans le volume XIX nom des habitants qui n'ait été
de L'Anthropologie, un excellent tra- déformé : on les appela Jivaros,
vail. Xivaros, Xibaros et de beaucoup
Le pays qu'ils occupent est situé d'autres noms. Il semble bien que
au sud-est de l'Equateur ; il est le véritable soit Jibaros, qui, en
bordé' à l'ouest par la Cordillière espagnol, signifie campagnards,
orientale des Andes, au nord-est et paysans ou sauvages. Mais la pro-
à l'est par Je fleuve Pastaza jusqu'à nonciation rude du j, qui est le
son confluent avec le Maranon, par jota espagnol, l'a fait remplacer
celui-ci jusqu'à l'embouchure du souvent par un x, comme de Jerez
Santiago, et enfin par une chaîne nous avons fait Xérès.
de montagnes appelée la CordilHère Les Jibaros sont divisés en un
du Condor. C'est une contrée cou- grand nombre de petites tribus dont
verte d'épaisses forêts, parcourue
~ certaines n'ont que 200 individus,
par plusieurs cours d'eau, tels que 100, ou même moins. Ils repré-
le Bombarasco, aux eaux d'une sentent un type indien très robuste,
merveilleuse limpidité, le Rio Za- le plus beau certainement de toute la
mora, le Rio Destrozo aux ondes région de l'Equateur. Les hommes,
cristallines et au nom significatif qui ne portent ni barbe, ni mous-
tache, se percent le lobe de l'oreille mitifs,-le frottement d'un bois dur
pour y introduire un tube de bam- dans une cavité creusée dans un bois
bou ; les femmes se font un trou à mou et très sec ; mais le résultat est
la lèvre inférieure et y placent un long à obtenir et les opérateurs sont
petit morceau de bois analogue à un obligés de se relayer pour y parve-
cure-dent, ou bien un petit pompon nir.
de plumes brillantes ; elles s'en Leur nourriture comprend du gi-
servent aussi, à l'occasion, pour gar bier, qu'ils abattent à la lance ou au
der leurs aiguilles. En outre, les moyen de flèches empoisonnées,
Jibaros se font des dessins colorés armes dont nous parlerons tout à
sur la face, la poitrine, les bras et l'heure, de poisson qu'ils capturent
les jambes ; ces dessins, faits avec en l'empoisonnant, de divers fruits
des extraits végétaux, sont rouges ou et légumes. Mais ils sont aussi des
noir bleuâtre. géophages ; non seulement ils
Ce sont, pour la plupart, des guer- mangent des bouleltes d'une terre
riers et des chasseurs, qui ne se sou- spéciale imprégnée de salpêtre, mais
cient guère de culture. Ils ne cul- encore ne dédaignent pas les débris
tivent qu'un peu de coton, qu'ils des poteries brisées accidentellement.
savent tisser, du yuea et de la cas- Leur boisson habituelle est la chi-
save ; pour le reste ils tirent leur cha, liqueur obtenue le plus généra-
nourriture de la chasse et de la lement -avec le Yuca. Ils en fa-
pêche. Leurs maisons, qui abritent briquent une pàte fermentée, la
souvent, chacune, plusieurs familles, masata, qui, délayée dans l'eau,
sont disséminées dans les forêts, donne immédiatement la boisson.
mais à proximité dès rivières. Cha- La confection de cette pâte, qui
cune de ces maisons est une grande incombe aux femmes, est assez cu-
bâtisse en forme d'ellipse allongée, rieuse. Après avoir fait cuire à l'eau
dont la charpente est en bois de des morceaux de Yuca, elles les
chonta (Bactris Iriartea) ; les parois écrasent dans leurs mains, puis les
sont faites de tiges de caha (Guadrea broient avec une masse de bois ;
angustifolia), superposées et ren- elles prennent alors la pâte par
forcées intérieurement par des petites quantités qu'elles mastiquent
planches ; la toiture est formée de avec soin et qu'elles crachent ensuite
petits faisceaux d'une paille appelée dans un grand pot d'argile dans
cambana ou des feuilles d'un Panda- lequel on a mis un peu de Yuca fer-
nus. menté ; quelques jours après, la pâte
Il n'y a pas de cheminées ; on fait est à point.
le feu à même le sol en terre battue, Ils boivent encore l'infusion des
et, si la hutte comprend plusieurs feuilles d'un arbuste du genre Ilex
familles, chacune de celles-ci a son qu'ils appellent guayusa, qui est
foyer. L'éclairage est obtenu généra- tonique et stomachique, et aussi,
lement en enfilant des graines d'une mais dans un but tout autre, des
Cucurbitacée sur une baguette : ces décoctions de tabac et d'une liane du
graines, en brûlant, donnent une genre\ Banisteria, qu'ils nomment
famme assez éclairante et peu de natema : nous verrons un peu plus
fumée. loin l'usage de ces breuvages.
Pour obtenir du feu les Jibaros Les Jibaros pratiquent la polyga-
emploient un procédé des plus pri- mie : la plupart ont 4 ou 5 femmes
ce nombre peut s'élever jusqu à 8,
el, Lorsqu'une fille est nubile — de
qui paraît être un maximum. Plus 12 à 14 ans —elle est donnée à un
un bomme est riche et plus il pos- ami de son père, ou de son frère,
sède de femmes, et c'est précisément sans être consultée ; il arrive même
là qu'est la cause principale des quelquefois que cet ami obtient les
combats et des meurtres dont leur deux sœurs à la fois. Ceci cependant
pays est le théâtre. ne se passe pas sans quelques céré-
monies, où l'on boit force chica et la dimension cherchée. 11 ne reste
aussi, la décoction de tabac, qui a plus alors qu'à attacher aux lèvres,
ici un rôle quasi religieux. préalablement cousues, un ornement
Cependant le mari ne se contente formé de longues franges de cor-
pas toujours d'une ou de deux donnets de coton, et à passer, dans
femmes ; il ambitionne d'en avoir le sommet, un cordon_pour la sus-
davantage et jette son dévolu sur pendre.
celles d'un voisin ou d'un indigène Les franges des lèvres out une
d'une autre tribu. La solution est longueur de 45 à 50 centimètres et
très simple : il réunit quelques amis comprennent, de 24 à 36 fils. On
à lui, le plus grand nombre pos- remarquera, sur la photographie que
sible, afin que les risques soient nous reproduisons, que la tête du
moindres, va cerner la maison de milieu n'a pas de semblables franges.
la victime choisie, et l'assassine Elle porte. en revanche. un orne-
lorsqu'il en sort. Puis il emmène les ment spécial, formé d'un cordonnet
femmes, qui deviennent les siennes, sur lequel sont enfilés des élytres
et les enfants. d'un Coléoptère buprestide très com-
Par la même occasion il em- mun dans la région (Euchroma
porte la tête de celui qu'il a ainsi gigantea) ; ces élytres, d'un vert
occis, et c'est ici qu'intervient la cuivreux métallique, sont fréquem-
préparation spéciale de cette tête. ment employés comme ornement
Incisant largement la peau de la par les Indiens.
nuque, il extrait par cette ouverture Le trophée terminé, le Jibaro
toutes les parties osseuses. Puis le l'exhibe dans une fête spéciale qui
reste est préparé de façon à devenir porte le nom de tsantsa-tucui, ou
imputrescible, soit en lui faisant fête des tsantsas, ce dernier mot
subir une coction avec certaines étant celui par lequel les Indiens
herbes, soit en le faisant macérer désignent les têtes ainsi préparées.
dans le jus d'un fruit appelé huito :
Il réunit ses amis et se procure de
les auteurs ne sont pas d'accord sur -grandes quantités de chica et d'autres
ce point, et il est possible que la provisions. Puis il danse au milieu
préparation varie suivant les tribus. de ses invités en invectivant la têle
11 s'agit alors de réduire cette suspendue devant lui, cependant que
tête, sans trop en déformer les traits, ses amis l'applaudissent, sans oublier
à la grosseur du poing. Cette réduc- pour cela de manger et de boire à
tion s'obtient, en y plaçant une qui mieux mieux : la fête prend fin
pierre chaude, de la taille voulue, avec les provisions.
que l'on agite dans tous les sens, Il faut d'ailleurs dire que le héros
cependant qu'une autre pierre de cette cérémonie, depuis le jour du
chaude est promenée sur l'extérieur meurtre jusqu'à celui de la fête
à la façon d'un fer à repasser : quel- parfois fort
— et cet intervalle est
quefois aussi on remplit la tête de long — est soumis à un régime
sable chaud. Mais, quoiqu'en aient spécial, presque exclusivement végé-
dit certains voyageurs, l'opération tarien, sorte de jeûne rituel destiné
ne dure pas plus d'une journée. La peut-être à effacer la faute commise.
peau de la tête, avec les parties char- Malheureusement il n'en efface pas
nues qu'elle a conservées, durcit en le souvenir chez les parents et amis
se rapetissant et arrive finalement à du mort, et des représailles sont
toujours à craindre, d'où l'état de taires, le tambour, ou tunauli, la
guerre perpétuel qui règne chez ces trompe, ou cuerno, le caracol qui est
peuplades. fait d'un gros coquillage, la flûte, ou
Les armes des Jibaros sont la flauta, et le pingullu, qui est une
lance et la sarbacane. La première espèce de flageolet ou de sifflet : il
est en bois de chonta et mesure de n'y a pas de quoi produire une mu -
2 à 3 mètres de long ; la seconde, sique bien savante !

faite de la même substance, est de Le régime des Jibaros est plutôt


même longueur. La fabrication de patriarcal, le gouvernement appar-
cette dernière est assez délicate : elle tenant aux chefs de famille ; quant
est composée en effet de deux longues1 aux femmes, elles n'ont d'autre mis-
baguettes creusées d'un canal semi- sion que d'assumer tous les travaux ;
circulaire sur toute leur longueur elles ne sont pas maltraitées, mais
et s'ajustant parfaitement l'une à elles ne comptent pour rien dans la
l'autre ; on les réunit par une longue vie de la tribu.
bande d'écorce et on polit soigneuse- Les croyances religieuses sont
ment l'intérieur du tube ainsi ob- assez rudimentaires. Ces indiens
tenu. Ces sarbacanes servent aux n'ont qu'une divinité, qu'ils appel-
Jibaros à lancer de petites flèches lent l'iguanchi et qui correspond à
empoisonnées ; le chasseur a soin ce que les Espagnols nomment el
de les entamer à 3 centimètres de diablo. C'est un être qui n'est pas
la pointe, de sorte que les ani- foncièrement mauvais, mais qui est
maux atteints les brisent facilement, surtout redoutable et qu'il est tou-
en se débattant mais gardent dans jours opportun de se concilier. Dans
la plaie la partie empoisonnée. toute circonstance importante, il est
Le poison de ces flèches n'est pas nécessaire de le consulter. Le Jibar-O
préparé sur place ; les Jibaros se le se retire dans un lieu solitaire et
procurent chez diverses autres tri- absorbe le natenîa ; il tombe Alors
bus, du Bas Amazone, les licunas, dans un état de torpeur susceptible
les Yaguas et les Orejones, mais de durer trois jours durant lequel
avant de l'employer, ils 1.. renforcent il fait des songes extraordinaires,
en l'additionnant de. Fourmis très dont il tire la conclusion qu'il cher-
venimeuses. Ce poison cependant chait. Quant à la décoction de tabac,
n'est pas le curare, car il est. paraît- bue à l'occasion du mariage, comme
il, à peu près sans action sur nous l'avons dit, elle est encore
l'homme ; quand un Jibaro est consommée dans une fête spéciale,
blessé par une flèche empoisonnée, dite fête du tabac, qui a pour but
il se contente de sucer un morceau d'obtenir la fertilité des champs et
de Canne à sucre. la prolifération des porcs.
Quant à la pêche, ils la pratiquent Pour en terminer avec les têtes
en jetant dans l'eau une pâte faite momifié.es qui ont fait la notoriété
avec le Jacquinia armillaris, qu'ils des Jibaros, nous rappellerons que
appellent barbasco, et qui contient les premières sont parvenues en
un puissant narcotique : les Poissons Europe il y a un peu moins d'un
viennent surnager et il n'y a plus siècle. Elles excitèrent alors une
qu'à les recueillir. curiosité considérable et se ven-
Ils possèdent encore quelques ins- dirent fort cher : l'une d'elles en
truments de musique, assez élémen 1865, fut vendue 1.500 francs,
prix qui a beaucoup diminué de- rapporté plus haut, de se mettre à
puis. Elles sont cependant restées plusieurs pour en assassiner un, n'est
assez rares dans les collections pas, en effet, un acte de vaillance.
ethnographiques, car la fabrication Avec les blancs ils ont, en général,
et le commerce en ont été interdits des relations amicales, au moins
sous les peines les plus sévères : avec ceux qui se conduisent conve-
malheureusement il n'est pas facile nablement à leur emlroit. Ils font
de découvrir et d'atteindre les cou- volontiers avec eux des échanges,
pables. dans lesquels ils ne désirent pas
Le pays des Jibaros contient d'argent, qui n'a pour eux guère de
beaucoup de Serpents venimeux, valeur, mais plutôt de menus objets,
et., comme les indigènes vont pieds miroirs, aiguilles, hameçons, ou
nus, ils sont souvent piqués. Ils de la poudre.
succombent cependant rarement, Somme toute ce sont des -peu-
car ils font alors usage d'une plades assez sociables : mais la
plante qui est, paraît-il, un remède détestable habitude qu'ils ont de
souverain. préparer des pièces de musée avec
Ces Indiens n'ont pas la répu- des têtes humaines rend quelque
tation d'être très braves : le fait, peu méfiant à leur égard.
VARIÉTÉS

LES INSECTES COMESTIBLES appellent, par leurs incantations, de pré-


férence à la pluie. Les Hottentots, qui n'en
Dans le n" de la Terre et la Vie de juin sont pas moins friands, ont trouvé une
1933, nous avons énuméré un certain explication assez curieuse à ces vols.
nombre d'Insectes consommés par divers Les Insectes sont enfermés, très loin vers
peuples. « Cette liste, déjà longue, disions l'e nord, dans un puits profond reéouvert
nous, est certainement incomplète ». d'une pierre et qui est sous la garde d'un
Voici que nous avons recueilli de nou- puissant esprit : lorsqu'il en a la bonne
veaux renseignemeNts, qui donnent large- volonté, celui-ci soulève la pierre et laisse
ment raison à cette remarque. s'échapper un vol de Sauterelles.
Les Sauterelles sont consommées de- Les Termites sont également estimés.
puis la plu's haute antiquité. Dan-s l'Anci-eit Dans le district de Uele, les Azande et
Testament (Lévitique) 'Moïse en énumère les Mangbetu s'attribuent la propriété
quatre espéces_dont les Hébreux peuvent personnelle des termitières qu'ils ont
se noiirrir, qu'il appelle la Locuste, l'a découvertes : il va sans dire que ces
Locuste sèche, le Criquet et la Sauterelle, capitalistes d'un nouveau genre ont des
appellations évidemment peu précises au compétiteurs et qu'il en résulte souvent
point de vue scientifique. Il n'en reste pas des combats.
moins qu'elles représentaient des Orthop- Les mêmes peuplades ont inventé des-
tères différents. Il est également dit, dans pièges pour capturer les Termites ailés :
le Nouveau Testament, que Jean Baptiste, les Insectes séchés, quelle que soit-leur
dans le désert, se nourrissait de Saute- provenance, sont vendus sur les marchés.
relles. Les Fourmis elles-mêmes, malgré leur
Mais les Hébreux n'étaient pas les seuls saveur spéciale, due à l'acide formique
à les rechercher : des sculptures trouvées qu'elles renferment, ne sont pas épar-
dans les ruines de Ninive et de Babylone gnées. Dans diverses localités de l'Inde et
montrent qu'elles étaient connues et du Siam, on sert comme condiment une
appréciées des peuples assyriens. pâte faite avec Oecophylla smaragdina,
Puis ce goût passa chez les Grecs, qui assaisonnée de curry. Les Dayaks de
se régalaient des Sauterelles que les Béo- Bornéo mêlent le même Insecte à leur
tiens apportaient sur le marché d'Athènes. riz, ce qui lui donne un goût acidulé. On
Plus près de nous, Diodore de Sicile, qui en prépare enfin, en le faisant tremper
écrivait au temps de Jules César, parle dans l'eau, une boisson rafraîchissantefort
des Acridophages d'Ethiopie, qui sont appréciée par les indigènes du Queens-
tout petits, très noirs de peau et maigres land, et même — pourquoi pas ? — par
de corps et qui se nourrissent de Saute- les Européens.
relles que'leur amènent des vents du sud. En Amérique aussi, certains Indiens
Aujourd'hui encore, ces Insectes sont sont myrmécophages. Ceux de Californie
fort recherchés par de nombreuses peu- mangent le ventre acide d'une grande es-
plades, surtout dans l'Afrique australe. pèce de Fourmi ; ceux du Mexique et du
Beaucoup de ces peuplades considèrent sud-ouest des Etats-Unis se régalent des
les vols de Sauterelles comme une béné- Myrmecocystes, à cause du miel qu'ils
diction, à tel point que leurs sorciers les contiennent ; ils les pressent même pour
en extraire ce miel, ou les font fermenter 21 espèces, en particulier celles d'un
pour en tirer une boisson alcoolique. Notodontide du genre Anaphe, quoi-
Nous n'avons parlé jusqu'à présent, qu'elles incommodent parfois ceux qui
que des Insectes parfaits ; il faut ajouter les ont absorbées ; les Medge, de la forêt
à cette liste beaucoup de larves. d'Ituri. dans le Congo belge, affectionnent
Les Grecs mangeaient une grosse larve particulièrementles chenilles d'un Cérato-
de Coléoptère, qui fut aussi appréciée des campide du genre Micragone, qu'ils font
Romains sous le nom de Cossus : on pense sécher et fumer, et celles d'une Psychide.
que c'est celle du Lucane ou Cerf volant. Clania Moddermanni.
Dans les régions tropicales ce sont Dans le Nouveau Monde, les Indiens de
celles de divers grands Xylophages qui la Guinée britannique mangent la chenille
sont avidement recherchées ; aux Indes et la chrysalide d'un Papillon dont
occidentales et en Australie. par exemple. j'ignore le nom ; ceux de la frontière
les indigènes recueillent celles d'un Nevada-Californie recherchent celle d'un
Longicorne, Prionus damicornis. dans Saturnide, le Colorado pandoru. Ces der-
les arbres à coton, et, après les avoir niers consomment également les pupes
ouvertes et lavées, les font griller sur un d'un Diptère du genre Ephydra, qui, vers
feu de charbon. la fin de l'été, sont rejetées en quantités
Suivant Livingstone, les nègres de la val- prodigieuses, sur les rives du Lac Mono,
lée de la Quango River, dans l'Angola, tandis que leurs voisins du nord-est.
déterrent au bord des cours d'eau pour les mangent un Leptide du genre Atherix.
manger, de grosses larves blanches, vrai- La liste des Insectes comestibles s'al-
semblablement celles d'un Coléuptère longe, comme on le voit, considérable-
Lamellicorne. ment : il est plus que probable, cepen-
Beaucoup de chenilles sont également dant, qu'elle n est pas encore close.
consommées. Au sud du Cameroun, les
Pangive n'en mangeraient pas moins de G. PORTEVIN.
NOUVELLES
ET INFORMATIONS

Ephémérides du Muséum. — Recherches phabétique, à patine foncée, à trait par-


scientifiques au Sahara occidental. — Nous fois profond et même poli. Un fait des
avons annoncé à nos lecteurs (La Terre et plus curieux est l'extraordinaire rareté du
la Vie, avril 1934), le départ pour le Chameau dans le groupe moyen (où, par
Sahara occidental, de M. Théodore Monod. contre, le Cheval abonde), alors que le
Des nouvelles récentes nous permettent de Dromadaire est très commun sur les
donner quelques renseignements intéres- pétroglyphes sud-algériens de mème
sants sur la première partie de son voyage. époque ; il semblerait donc que le Cha-
Parti de Saint-Louis à la fin de mars, M. meau n'ait été adopté comme monture
Monod s'est dirigé d'abord sur le massif du dans l'Ouest saharien que beaucoup: plus
Tagant, par Aleg et Moudjéria. De ce tardivement qu'à l'Est. Un pareil retard
dernier point, il s'est rendu à Atar dans ne pourrait-il pas être dû, tout simple-
l'Adrar, où il arrivait au début de mai. Le ment, au fait que le Sahara atlantique,
mois fut occupé par des recherches dans désert atténué aujourd'hui encore, est
l'Adrar occidental, un voyage vers le nord demeuré beaucoup plus longtemps acces-
jusqu'aux mines de sel d'Idjil et un autre sible aux cavaliers? La nécessité de l'em-
vers le sud-ouest jusqu'au littoral atlan- ploi du Chameau s'y serait fait sentir à
tique. En juin et juillet, M. Monod s'est une époque plus récente qu'ailleurs.
consacré à la partie orientale de l'Adrar, M. Monod a eu, de plus, la bonne fortune
avec Chinguetti pour base, atteignant ainsi de découvrir des sépultures anciennes
Chrérîk au nord, le Richatàl'est, El Haq au surmontées de stèles portant des gravures
sud est et El Berberaau sud-ouest. Au cours du type archaïque et très vraisemblable-
de ses continuels déplacements, M. Monod ment contemporaines de ces dernières par
a pu déjà réunir d'abondants matériaux conséquent.
concernant l'histoire naturelle et l'archéo- M. Monod, en quittant l'Adrar à la fin
logie. L'attention de M. Monod a été jus- de juillet, s'est dirigé sur le Tagant, pour
qu'ici retenue tout spécialement par des travailler dans- ce massif et visiter ensuite
questions de géologie (stratigraphie des les ruines de Tegdaoust dans le Rkiss, étu-
multiples falaises superposées de l'Adrar) dier les riches stations préhistoriques de
et de préhistoire. Dans ce dernier do- la zone Tichitt-Oualata et atteindre enfin
maine, il a découvert avec étonnement Tombouctou.
que le paléolithique ancien, inconnu jus-
qu'ici dans la région, y était en fait extra-
ordinairement abondant, au point que tel
cirque du Dhar est jonché d& beaux bi- Aux toutes dernières nouvelles M. Monod
faces chelléens avec une profusion qui avait pu procéder, à Lemgades, à l'ouver-
confond littéralement l'imagination. -Un ture de plusieurs de ces sépultures à stèles
nombre considérable de gravures et d'ins- gravées dont il est question ci-dessus : ces
criptions superbes ont été découvertes et tombeaux sont considérés comme néoli-
relevées. Comme dans le Sahara septen- thiques par M. Monod, ce qui établirait
trional et central on distingue, sous les enfin l'âge préhistorique des gravures ru-
gravures modernes et les inscriptions pestres archaïques précamalines-bovines.
arabes, un groupe moyen, alphabétique D'autre part, M. Monod, a eu la bonne
et camelin, l'exact équivalent du « libyco- fortuue de découvrir le 21 Juillet, dans
berbère » peu connu ailleurs, et un l'Adrar. les schistes Gothlandiens à
groupe archaïque, précamelin-bovin, anal- Graptolithes.
La présence de ces schistes permettra qu'il enferma avec le nid abandonné.
de préciser la chronologie des terrains de Celle-ci considéra d'abord ce dernier avec
l'Adrar et d'utiles comparaisons avec le méfiance, se promena quelque temps tout
primaire du Sud-Algérien et du Soudan : autour, puis, rassurée sans doute, y péné-
les Graptolithes de Mauritanie viennent tra délibérément. Elle se comporta-par la
s intercaler enfin, de la façon
laplus satis- suite comme s'il était le sien propre ;
faisante. entre ceux du Sahara central et saisissant les morceaux de chenille et les
nord-occidental et ceux de Guinée. larves de Mouches que M. Nixon lui pré-
sentait au bout d'une pince, elle les
mâchait complètement, en absorbait les
La Perdrix roquette. — Depuis Aldro- parties les plus liquides et s'en servait
vande, c'est-à-dire depuis le commence- pour nourrir les larves du nid. En un mot.
ment d-u XVIIe siècle, les auteurs, orni- elle jouait exactement le rôle de la véri-
mère, vis-à-vis des orphelins qu'elle
thologiques ou cynégétiques, ont parlé à table adoptés.
maintes reprises d'une Perdrix grise, à avait
bec plus allongé que la Perdrix ordinaire, le Malheureusement, un accident détruisit
plus petite aussi et à pattes jaunâtres., nid, de sorte que l'expérience ne put
dénommée par eux Perdrix roquette. être menéeobservation à bonne fin : il n'en reste pas
Dans un article minutieusement fouillé. moins une fort curieuse.
M. L. Lavauden tranche définitivement La
question et raye la Perdrix roquette de la
nomenclature (Alauda, nJ 2, 1934). Le Basilic à Camphre. — La plus
Cet Oiseau, dénommé Perdix damas- grande partie du Camphre du commerce
cena, n'existe ni à titre d'espèce, ni à titre est produite par le Laurier il Camphre
de sous espèce. Les exemplaires auxquels ('Cinnamomum camphora) arbre asiatique
on a appliqué ce nom étaient des Perdrix voisin du Cannellier. Mais d'autres plantes
grises, soit migratrices, soit appartenant peuvent produire du camphre ; nombre
à la forme armoricana, qui est de plus de Labiées en renferment des quantités
petite taille., soit enfin des sujets anor- plus ou moins grandes, en particulier le
maux dont le développement avait été Basilic à Camphre (OciJmum canum Sims).
arrêté ou entravé par des conditions bio- qui peut être utilisé industriellement.
logiques défavorables. L'U. R. S. S. a essayé d'implanter le
Il faut donc en prendre son parti : la Laurier à Camphre sur la côte caucasienne
Roquette n'existe pas. Cependant on en de la Mer Noire ; quant au Basilic, son
parlera longtemps encore ; ainsi que le dit acclimatation est un fait acquis.
fort justement M. Lavauden « en matière Ce dernier a été introduit avec succès
d'histoire naturelle cynégétique les idées dans des régions plus septentrionales ;i
fausses sont extrêmement nombreuses, et climd.t plus humide, Caucase du Nord,
tout particulièrement difficiles à déraci- région centrale de Tchernozen, Ukraine
ner ». En histoire naturelle tout court, méridionale et centrale, etc... Il a été
c'est la môme chose, et ailleurs aussi... remarqué que la teneur en camphre de la
plante est plus élevée vers la nord que
vers le sud ; d'autre part c'est au sud
Une mère adoptive chez les Guêpes. — qu'il faut cultiver le Basilic dans le but
Dans le numéro d'avril dernier de The d'obtenir des graines.
Entomologist's monthly Magazine, M. G. La plante, qui peut se reproduire aussi
E. J. Nixton narre l'intéressante observa- par boutures, est capable de donner deux
tion qui suit. récoltes par an dans les contrées méri-
Voulant étudier le développement des dionales ; plus au nord. à cause des gelées
larves de Guêpes, il avait recueilli un nid plus précoces et* de la croissance plus
de Vespa vulgaris, qu'il avait emporté lente, elle n'en donne qu'une.
avec la reine, et suspendu dans une cage
de verre. Mais la reine, qui avait d'abord
fait beaucoup de difficultés pour rester Les vieux Cèdres. A la liste intéres-
avec son nid. l'abandonna définitivement sante de vieux Cèdres donnée dans le N°
au bout de quelques jours. L'expérimen- de juillet de La Terre et la Vie par M. Guil-
tateur s'avisa alors d'un stratagème : il laumin, on peut ajouter celui qui se
captura une femelle de Vespa germanica, trouve à Evreux, au bord de la route
d'Orléans à Rouen. et qui porte la men- Génétique.
tion « Cèdre du Liban. planté eu 1794 par
M. Bocantiu ». Quoique moins vieux que L. BLAHINGHEM. — Hérédité en mosaïque
du Géranium pratense l. var. album stria-
ceux déjà cités, il atteint cependant un tuni.
âge respectable : c'est d'ailleurs un spe-
ciinen fort robuste et d'un port superbe. Géologie.
Georges CORROY. - L'Oligocène sous le
bassin mollassique de Malancène ( Vaucluse),
Le curare. — Le curare est. on le sait. d'après un récent sondage.
l'un des plus terribles poisons connus.
Il sert, de temps immémorial, aux Indiens Un récent sondage, effectué au Pont
de l'Amérique du Sud, pour empoisonner Rouge, à proximité de la route Malancène-
leurs floches ; la piqûre de celles ci Vaison a donné la succession stratigra-
provoque rapidement une paralysie géné- phique suivante : Burdigalien, Rupélien.
rale. bientôt suivie de mort. Lattorfien supérieur, Jurassiquesupérieur.
O11 ne sait pas exactement de quoi se L'Oligocène existe donc sous le bassin
compose le curare. Il semble acquis (lue mollassique de Malancène, où sa puissance
c'est un produit très complexe, renfer- est de 200 mètres environ.
mant outre des substances végétales
tirées dp, diverses espèces de Strychnos. Botanique.
des venins animaux fournis par des
Serpents, des Crapauds, etc. Mlle F FLONS. Un cas anormal (l'évo-
-
MM. J. A. Vellard et A. de Assis ont lution vasculaire.
essayé, par un procédé biologique, d'en Il s'agit du Chêne-liège. où suivant les
isoler au moins quelques éléments. Ils ont conclusions de l'auteur, tout se passe
étudié, en particulier, un curare des plus
actifs que préparaient autrefois, dans le comme si les cellules initiales de la radi-
cule avaient, au début de leur fonctionne-
Haut Amazone, les Indiens Ticunas. et ment, une « accélération » maxima
qui. malgré sa fabrication ancienne 40 donnant la structure superposée ; elles
011 50 ans a conservé toutes ses pro- perdraient ensuite cette accélération pour
priétés. donner la structure intermédiaire et la
Ils ont constaté que ce produit conte-
nait, en quantité assez faible, le venin du structure alterne.
Bufo marinus, qui est le Crapaud le plus
répandu dans l'Amérique du Sud : c'est le Cytologie végétale.
seul renseignement précis que l'on pos-
sède jusqu'à présent sur le curare. CHADEFAUD.

Signification morpholo-
gique des physodes des Phéophycées.

Une mission scientifiqueaméricaine en SÉANCE nu 18 JUIN.


Afrique. — L'expédition Vanderbilt or-
ganisée par l'Académie des Sciences Xatu- Géologie.
rel/es de Philadelphie est partie pour
l'Afrique orientale anglaise. Son retour ALBEUT F. DE LAPPAHEXT. — Le pli de
doit s'effectuer par l'A. E. F. Un de ses Salernés ( Var), son enracinement, et ses
buts essentiels est de se procurer un cou- rapports avec les plis de Lorgnes.
ple. vivant, d'Elalld de Derby. Le pli de Saleines. qui s'étend sur
20 kilomètres, de Rognette aux abords de
L orgues est. comme celui des Dessillons,
Les Sciences naturelles un pli couché enraciné. A Lorgues se
à l'Académie des Sciences. rejoignent des plis provençaux et des plis
alpins, plus récents ; ces plis sont couchés
SÉANCE DU Il JUIN. assez courts et toujours enracinés à leurs
extrémités.
Pétrographie. Sur la structure
ANTONIN LANQUlNE.

L. CAYEUX. — Les difficultés de la classi- des chaînes provençales dans le sud des
fication des sédiments calcaires anciens. Basses-Alpes.
Paléontologie. horizons foncés trouvés dans les loess
d'Alsace, en particulier ceux d'Aachen-
D. SCHNEEGANS. — Etude paléontologique heim. Ceux-ci ressemblent aux sols enter-
préliminaire des fossiles recueillis par R. rés russes et serbes par leur composition
Lambert entre Aqadez et Zinder (Niger). chimique, mais ils en diffèrent par leur
stratigraphie-variable sur une faible dis-
Botanique. tance. Par ailleurs la formation de ces sols
Mlle F. FLONS. La notion de phyllo- peut être mieux expliquée par l'influence
— dps eaux souterraines qùe par le pro-cessus
rhïze chez le Chêne-liège.
Au point de vue de l'évolution vascu- pédologique normal.
laire, le Chêne-liège offre un cas très par-
ticulier, qui soulève de multiples pro- Géologie.
blèmes. Le Chêne vert qui en semble très J. JUNG. — Sur la position des tufs rhyo-
voisin présente, au contraire, le type clas- litiques viséens de la vallée de la Sioule
sique ; il y a par conséquent entre ces (Puy-de-Dôme)
deux espèces une grande différence de et l'âge antéhercynien des
g?ieiss et des granités de la partie nord-
structure. ouest du-Plateau Central.
R. J. GAUTHERET. — Culture du tissu
cambial. La conclusion de ce travail est que le
Plateau Central comprendrait, dans sa
Il n'avait pas été possible, jusqu'à pré- partie septentrionale, deux
sent, d'obtenir le développement du tissu férents pays très dif-
cambial isolé. En le--cultivant dans un géosynclinal : vers l'Est, une dépendance du
hercynien couvrant le Mor-
milieu nutritif convenable, M. Gautheret
obtenu la croissance rapide la durée van, la Loire et l'Auvergne, vers l'ouest,
en a ;
un vieux bouclier, autour duquel sub-
de cette croissance peut atteindre trois sistent des traces des rivages des mers
mois. paléozoïques.
Anatomie végétale.
L. GLARIOND. — La série paléozoïque des
BROULAND.

De l'existence de trachéides territoires du Tafilalet (itlaroc).
dans la fleur de quelques espèces de la famille
des Renonculacées. Biologie végétale.
Entomologie. Cff. CHABROLIN.

La germination des
graines d'Orobanche.
Lucien BERLAND. — Etude en avion de la
faune entomologique aérienne. Il est connu depuis longtemps que les
graines d'Orobanche germent qu'en
Les -premières recherches de ce genre présence des racinesnede plantes-hôtes
ont été faites aux Etats-Unis par M. Coad. dans un terrain arrosé avec l'extrait
Reprises en France par M. Berland, elles ou
des racines de ces plantes. Le travail de
ont prouvé que l'atmosphère renferme M. Chabrolin établit qu'elles peuvent ger-
une quantité de petits animaux qui font
mer même en présence des racines de
partie du plancton aérien au même titre plantes qu'elles ne parasitent pas, mais
que les organismes végétaux.. dans ce cas. l'Orobanche ne se développe
Une étude plus prolongée donnera cer-
pas. Il eh résulte qu'il est théoriquement
tainement des renseignements du plus possible de débarrasser un sol des graines
haut intérêt. d'Orobanche en y cultivant des plantes
déterminées telles que le Pois chiche et le
SÉANCE. DU 25 JUIN. Fenugrec, pour l'Orobanche de la Fève.
Pédologie. Biologie expérimentale.
V. AGAFONOFF.

Sur la question des ET. RABAUD et Mlle M. L. VERRIER. —
sots enterrés d'Alsace. L'excitabilité rétinienne et l'immobilisation
L'objet de cette note est l'étude des réflexe chez les Oiseaux.
PARMI LES LIVRES

Pierre MAES. —Un ami de Stendhal, sa documentation. Tous les renseignements


Victor Jacquemont, d'après des do- qu'il nous donne nous aident à comprendre
cuments inédits. Préface de Fortunat comment s'est formé peu à peu un caractère
STROWSKI. 1 vol. in-8" écu de la collection qui, au premier abord, semble être hors de la
commune mesure.
« Temps et Visages », 632 pages, 8 illus- On comprend mieux, par exemple, comment
trations en hors texte. Prix : 30 francs. s'est formée la personnalité de Victor Jacque-
mont quand on sait quel personnage curieux
Le Muséum national d'histoire naturelle se était son père, Wenceslas. Celui-ci de bonne
devait de célébrer, comme il l'a fait l'an noblesse et, qui plus est, prêtre et même
dernier, le centenaire de la mort d'un de chanoine de la Collégiale Saint-Martin
ses plus illustres voyageurs, Victor Jacque- d'Hesdin, avait renoncé dès le début de la
mont, décédé à Bombay le 7 décembre 1832, Révolution à la particule comme au sacerdoce
après un séjour de trois ans et demi aux pour se vouer au culte des idées nouvelles.
Indes. Les péripéties de ce voyage, révélées Lié avec les meilleurs esprits de son époque,
au grand public dans les années qui suivirent, avec ceux en particulier qui, comme Sieyès,
tant par la publication de sa « Correspondance » se croyaient destinés à guider les générations
que par celle de son « Journal », n'avaient pas nouvelles, il fut poussé par eux vers l'Institut
tardé à créer autour de son nom une véritable d'abord lors de sa fondation, puis vers le
auréole et à le faire considérer, non seulement Tribunat et placé enfin au poste de Chef
comme un des voyageurs qui avaient rendu du Bureau des Sciences au Ministère de l'Inté-
le plus de service à la science, mais aussi rieur, qui lui donnait une influence réelle
comme un des hommes de lettres les plus sur l'enseignement et sur les maîtres. Trop
marquants de son temps. imbu cependant de ses idées pour se prêter à
Bien que ce voyage à travers les Indes, des accommodements, trop fier pour plier devant
cependant, représente le point culminant de la les puissants du jour, il avait déjà couru des
carrière de Victor Jacquemont, on ne saurait, risques graves lors de la chute de ses amis les
sans être injuste, limiter à cette seule période Girondins. Napoléon ne vit en lui qu'un de ces
l'histoire de sa vie. Il importe même, si on idéologues pour lesquels il avait le plus pro-
veut bien comprendre sa personnalité, de fond mépris. Compromis dans une conspiration,
revenir sur les périodes antérieures de son à laquelle il semble bien ne pas avoir pris part,
existence et de voir comment son caractère il subit une assez longue détention et c'est
et ses qualités avaient eu déjà l'occasion de se dans le cachot où il venait rendre visite à son
manifester. Le grand mérite de M. Pierre père que Victor Jacquemont apprit à la fois
Maës, dans le volume de 632 pages qu'il vient à lire les lettres de l'alphabet et à haïr le
?,
de publier dans la collection «Temps et Visages pouvoir personnel.
est précisément d'en avoir consacré plus des Parmi les amis de Wenceslas que M. Pierre
deux tiers aux évènements qui ont précédé le Maës nous fait connaître, il faut citer le phi-
départ pour les Indes et de nous avoir donné losophe Destuttt de Tracy el le général
sur son enfance et sur son éducation, sur sa Lafayette. Ce dernier était d'ailleurs uni avec
famille et sur ses amis, sur ses études et sur les Jacquemont par des liens de parenté et il
ses plaisirs, les renseignements les plus exacts et manifesta pour le jeune Jacquemont à différen-
les plus circonstanciés. Assurément, si Victor tes reprises des sentiments vraiment Ipaternels.
Jacquemont a quelque droit au titre d'« ami Un des traits caractéristiques du caractère
de Stendahl » que lui décerne M. Pierre de Victor Jacquemont est cette faculté qu'il
Maës, celui-ci mérite plus encore celui d'ami possède, malgré ses allures sceptiques, de se
de Victor Jacquemont tant est émouvante donner complètement et sans réserve à ceux
l'ardeur avec laquelle il s'attache, depuis de qu'il a jugé dignes de son amitié. M. Pierre
nombreuses années, à éclairer la figure de son Maes nous fait connaître ces personnages qui,
héros, tant est admirable la constance avec presque tous, ont été les destinataires de la
laquelle il étudie et interprète les documents correspondance si abondante, mais toujours si
personnels, les pièces d'archives et les corres- intéressante de son héros. Les plus près de lui,
pondances encore inédites qui peuveutcompléter par la nature, sont les deux frères Porphyre et
Frédéric, les amis d'enfance comme Hippolyte chapitre des amours malheureuses de Victor
Jauber, Achille Chaper et les Tracy. Une Jacquemont. Par une sorte de pudeur morale
nationalité différente n'est pas pour lui un qui montre bien à quel point il avait été
obstacle à l'amitié, comme le prouvent les liens touché dans ses fibres intimes, Victor Jacque-
qui le lièrent à l'allemand Jean de Charpentier, mont, s'il ne peut s'empêcher de parler à ses
à l'américain John B. Stevenson, à des anglais amis les plus intimes de celle qui l'a tant fait
comme les Bentinck. Parmi tant d'autres enfin souffrir, ne la nomme jamais par son nom.
sut- lesquels M. Pierre Maes attire notre Grâce aux précisions que M. Pierre Maes
attention, citons pour les sciences Eiie de accumule, nous ne pouvons douter que cette
Beaumont et Adrien de Jussieu, pour les lettres femme ne fût cette Adélaïde Schiassetti qui se
Mérimée et Stendhal. produisit pendant plusieurs années à Paris aux
C'est surtout avec le dernier de ces deux côtés de Judith Pasta. De cette grande passion
hommes de lettres qu'il est intéressant de suivre Victor Jacquemont ne retira qu'un bouleverse-
les relations de Victor Jacquemont et M. Pierre ment de tout son être physique et moral auquel
Maes n'y a pas manqué. Présentés l'un à l'autre ses parents et ses amis ne trouvèrent autre
pour la première fois chez le comte de Tracy, remède que le départ vers des régions lointaines.
ils s'étaient plu immédiatement et depuis C'est parce qu'elle est à l'origine de la vocation
lors ils s'étaient rencontrés fréquem- de voyageur naturaliste de Victor Jacquemont
ment, s'écrivant même lorsqu'ils étaient un que sa liaison avec la cantatrice italienne mérite
certain temps sans se revoir. Victor Jacque- la place que Pierre Maes lui a donnée.
mont est un de ceux auxquels Stendhal soumet Il nous reste enfin à dire un mot de la partie
le plus volontiers ses ouvrages avant de l'ouvrage intitulée " Dans l'Inde C'est le
leur publication. Nous possédons des manus- meilleur résumé qu'on puisse trouver de ce
crits stendahliens de cette époque qui portent voyage qu'on ne pourra t lire complètement
écrites à l'encre rouge, des annotations du jeune qu'en parcourant les 6 volumes in-4° qui furent
naturaliste. Stendhal, le plus souvent, tient publiés de 1835 à 1844 sous les auspices du
compte des observations et on est obligé de ministre Guizot. Rien d'essentiel n'a été omis
reconnaître que celui qui a eu sur une géné- dans les 200 pages, que nous donne M. Pierre
ration d'écrivains l'influence la plus profonde, Maes ; des cartes permettent de suivre dans tous
subissaitlui-mêmc l influence d'un jeune homme ses détails la randonnée qui commence à
qui n'avait, pour ainsi dire, rien écrit. Calcutta et s'achève au cimetière de Bombay.
On lira avec un intèrêt particulier le L. BULTINGAIRE
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDÉE ET PUBLIÉE PAR LA.

SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE

4" ANNÉE — N° ii Novembre 1934

SOMMAIRE

E. KAGUIN
.
Les failles vivantes en Californie 603
,

Comte MONT[ DELLA CORTE. Le Jardin zoologique de Rome 612

VARIÉTÉS.— Notes sur le tribulum.— Les Indiéns du Paraguay,



Les pluies de Poissons. — Un ennemi des Cactus : le Cactoblastis
cactorum 629

NOUVELLES ET INFORMATIONS
...
.................
630

PARMI LES LIVRES 639

La. photographie reproduite sur la couverture et qui représente un Zèbre


(Equus zebra Grcwyi) est due à M. DECHAMBRE.

REVUE MENSUELLE
Abonnements France et Colonies : 75 fr. — Étranger 90 fr. ou :
105 fr. suivant les pays.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
SOCIÉTÉ NATfONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE
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SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION
Fondée en 1854, reconnue d'utilité publique en 1856

BUREAU
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raire au Muséum ; MM. Pierre CREPIN ;
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d'Alfort ; Pierre MARIÉ;
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DE MONGHAUX; GNEAUD;
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Mammalogie Aquiculture Aquariums et Terrariums
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:
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Botanique CHON-DUVIGNEAUD
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:
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LIGUE FRANÇAISE POUR L. PROTECTION DES OISEAUX


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; secrétaires : Mme FEUILLÉE-BILLOT,
MM. NICLOT, ROPARS trésorier P. BARET délégué du Conseil D' THIBOUT.
; ; :
LES FAILLES VIVANTES
EN CALIFORNIE
par
E. RAGUIN
Professeur à l'Ecole des Ponts-el-Chaussées.

Un des traits les plus remarquables dela« Grande vallée » et les cordillères
de la géologie de la Californie est côtières (Coast Ranges) à l'ouest,
l'existence de « failles vivantes » ont une structure compliquée par
(living faults,) sur lesquelles se loca- plusieurs périodes de mouvements
lisent actuellement les séismes et orogéniques. La carte schématique
suivant lesquelles on a constaté des de la figure situe ces. trois éléments
1

mouvements appréciables de l'écorce géographiques de la Californie.


terrestre, soit de nos jours, soit dans Dans la Sierra Nevada, et vraisem-
un passé géologique tout récent. blablement dans les régions voisines,
Quelle est la liaison de ces phéno- les mouvements de la fin du Juras-
mènes avec la tectonique de la sique ont affecté des terrains déjà
région et plus généralement que déformés à la période hercynienne,
faut-il en déduire quant à l'interpré- et ils ont été suivis par d'énormes
tation géologique de la Californie ? intrusions de granodiorite consti-
Pour essayer de répondre à ces tuant les massifs, ou « batholites »,
questions, nous allons examiner ce longeant presque toute la bordure
qui distingue la structure de la du continent nord-américain. Le
Californie, puis quelques /caracté- batholite de la Sierra Nevada forme,
ristiques des failles vivantes. (1). à peu près à lui seul, toute l'unité
géographique de ce nom. Les figures
Particularités structurales 2 et 3 donnent de typiques paysages
de la Californie. du Yosemite National Park où ces
Les chaînes californiennes, qui roches granitiques forment des
comprennent la Sierra Nevada à l'est escarpements imposants. Plus à
l'ouest, durant le Crétacé et le
(1) Cette région a été visitée au cours de la
Tertiaire, d'importants bassins de
magnifique excursion C. 1 du Congrès géologique sédimentation, zones de subsidence
inter.national de 1933, dont les livrets-guides
contiennent une précieuse documentation. ou géosynclinaux, se sont constitués
sur l'emplacement des futures cor- reprises la sédimentation et produi-
dillères côtières et de la Grande saient des chaînes plissées dont
vallée, produisant des épaisseurs l'ensemble constitue les cordillères
de dépôts exceptionnelles. côtières. Les plissements, principale-
Les sédiments les plus récents, ment accentués sur les bords des
principalement marins, atteignent bassins où ils affectent les dépôts
des épaisseurs records dans la Cali- récents, ont donné lie IL à une topo-
fornie méridionale : le Miocène jus- graphie caractéristique, avec des
qu'à 4.000 m. dans le bassin de Los chaînons montagneux dénudés et
Angelès, le Pliocène 2.500 m. dans la escarpés, séparés de très larges
même région et jusqu'à 6.000 m. dans vallées plates où de riches ver-gers et
l'axe de certains bassins. Ce phéno- cultures sont établis, pourvu qu'une
mène de sédimentation s'est continué irrigation suffisante ait été aménagée.
sur une vaste échelle au Quaternaire La figure 4 donne une vue de la
dans la Grande vallée, remplie d'ap- vallée. d Ojai, typique à cet égard.
ports alluviaux des rivières de laSier- Simultanément aux plissements,
ra Nevada sur une épaisseur incon- les roches anciennes et la grano-
nue, mais dépassant 1.000 m., d'après dio ri te de la Sierra Nevada se trou-
des puits pétrolifères à Stockton qui vaient portées en hauteur, soulevées
n'ont pas trouvé le fond de la forma- en blocs suivant de longues failles;
tion. C'est dans ces grandes épais- leur relief montagneux était ainsi
seurs de sédiments récents que se rajeuni à plusieurs reprises.
trouvent les importants gisements Les plus importants de ces mouve-
pétrolifères californiens. ments orogéniques se placent dans
Tandis que les bassins de subsi- le Miocène et dans le Quaternaire.
dence s'abaissaient et se comblaient Quelques coupes (fig. 5), prises à
tout à la fois, des mouvements travers Sa Susana Mountains, Sa.Clara
orogéniques troublaient à plusieurs Valley etSuiphurMountains, au nord-
ouest de Los Angeles, eutre cette ville
et la localilé côtière de Sa Barbara,
peuvent servir d'exemples de la tecto-
nique des cordillères côtières (1).
Elles montrent des failles assez com-
plexes et irrégulières, pour la plupart
très récentes, et que l'on peut consi-
dérer comme des satellites de la
grande zone broyée de la faille de
San Andrea qui passe à une trentaine
de kilomètres au nord.
Elles montrent aussi de véritables
charriages post-pliocènes.
Les cordillères côtières de Cali-
fornie sont donc d'une extrême jeu -

(1)Observées dans l'excursion du Congrès,


sous la conduite de W. S. W Kew. Ces
schématiques simplifiées sont extraites de coupes
profils
communiqués par le guide de l'excursion au
cours de la journée.
nesse, comparativement aux chaînes km. et ayant été affectée sur 300 km.
alpines d'Europe. Rien n'indique que environ d'un mouvement permanent
les mouvements orogéniques impor- de plusieursmèll'es d'amplitude, lors
tants, actifs à l'époque quaternaire, y du tremblement de terre destructeur
soient achevés, puisqu'une période de San Francisco en 1906. En cette
de calme d'une durée géologique no- circonstance, le mouvement relatif

table n'a pas encore succédé à ces le long dela faille fut horizontal et
mouvements. atteignit plus de 6 mètres en dépla-
çant le côté occidental vers le nord.
Observations sur les failles vivantes. La faille est accompagnée de plusieurs
fractures satellites suivant une zone
La Californie est un pays à très linéaire atteignant parfois plusieurs
haute séismicité. Les épicentres se kilomètres de largeur. Il y a une demi-
localisent au voisinage des failles, douzaine de failles vivantes certaines,
très nombreuses, très longues, et mais il y en a un plus grand nombre
disposées suivant un plan recoupant de probables, d'après la topogra-
à angle assez faible la direction phie sismique qu'elles présentent.
axiale des cordillères. La plus impor- Il s'agit ici de particularités topo-
tante des « failles vivantes » est la graphiques telles que talusrectilignes,
San Andréas Fault, tracée sur 940 fossés, ruptures de pente, coïncidant
avec le tracé de failles et se succé- à un effet de compression, se sont
dant de manière variée. Ces phéno- répétés durant le Tertiaire et le Qua-
mènes témoignent de mouvements ternaire, et peut-être même avant le
relatifs très récents, ou en tous cas Tertiaire.
quaternaires, le long des failles, puis- Mais revenons à l'examen des phé-
que l'érosion n'a pas eu le temps nomènes actuels ou très récents
d'effacer ces objets tectoniques, très observables le long des failles vi-
fragiles pourtant, car tracés en des vantes.
formations superficielles mejbles. Sur la faille de San Andréa des
La San Andreas Fault, bien que observations intéressantes peuvent
vivante actuellement, a cependant être faites auprès du Cajon Pass qui
une origine ancienne. En effet la est le passage principal permettant
constitution géologique de part et d'accéder à la province de Los An-
d'autre de la faille est différente pour geles en venant de l'est (1). Des rup-
certains éléments de son parcours, tures de la surface de la terrasse
ce qui exprime un grand mouvement quaternaire bordant la plaine allu-
relatif déjà ancien des deux blocs .vialede Colton contre les monts San
séparés. Les géologues de Californie
concluent de leurs études qu'elle
représente une zone de rupture pro- (1) Le livret-guide n" 15 du congrès (Southern
CaJifornia) renferme un important article sur la
fonde suivant laquelle des mouve- faille de San Andréa près du Cajon Pass, sous la
ments verticaux et horizontaux, dus signature -de L. F. Noble qui dirigea l'excursion
des congressistes en ce point.
Bernardine, y sont visibles au passage sage de la faille par un décrochement
de la faille qui longe ici le pied de ces de l'ordre d'une centaine de mètres,
montagnes. sur la route du Cajon Pass. De petites
Par exemple une tranche de la dépressions marécageuses linéaires
terrasse large de quelques centaines s'échelonnent quelquefois le long de
de mètres, entre la faille principale la faille. Enfin le tracé de la faille
et un rameau satellite, se trouve peut être jalonné sur une certaine
bombée en anticlinal bien accusé sur distance par une vallée structurale
une certaine distance. Un peu plus (par exemple, Lone Pine Canyon,
loin, un « fossé » structural de à l'ouest du Cajon Pass), et il arrive
quelques dizaines de mètres de pro- que celle-ci recoupe en biseau aigu
fondeur dans la terrasse succède à l'arête des chaînons montagneux,
cet anticlinal le long de la faille. Au disposition géographiquementimpos-
delà encore des talus d'une quinzaine sible sans une vaste dislocation.
de mètres, tantôt dans un sens, tantôt Les photographies d'avion font
dans l'autre, brisent la surface topo- souvent ressortir de façon évidente
graphique le long de la faille. Ces le tracé rectiligne de la faille, soit
dispositions se reproduisent au par les anomalies topographiques
hasard, de distance en distance, et ou géographiques précédentes, soit
les anomalies constatées sont toujours par un cordon de végétation plus
de l'ordre de quelques dizaines de dense provoqué par l'humidité cir-
mètres. culant dans la faille.
Des particularités géographiques Les effets de ce genre, loin d'être
plus importantes ont été aussi mises localisés au voisinage de la faille de
en évidence par les géologues califor- San Andréa, sont fréquents dans la
niens. Citons le brusque déplacement région. Par exemple dans la plaine
latéral du lit d'un ruisseau au pas- de Los Angelès, l'étude des centres
pétrolifères en met en évidence en l'époque récente à laquelle cette
plusieurs points. Le gisement de dépression s'est produite.
Dominguez Hill au sud de Los Une importante faille vivante paral-
Angeles montre ainsi un anticlinal lèle, la faille de llayvard, borde
quaternaire affectant les couches la chaîne des Berkeley Hills de
tertiaires profondes, mais bombant l'autre côté de la baie de San Fran-
d'une dizaine de mètres la surface ciscü, avec un fossé structural, carac-
topographique ailleurs plane. Dans téristique vis-à-vis de Oakland.
le gisement d'Inglewood à l'ouest de Quittons la cordillère côtière cali-
Los Angeles, une faille récente pro- fornienne. Nous trouvons à l'est le
voque un talus des plus nets, visible bloc granodioritique de la Sierra
sur la figure 6 au premier plan Nevada, limité par une zone de failles
devnnt les puits pétrolifères. importante à son bord oriental, et
Enfin, dans les chaînes plissées, au delà, la région des Basin Ranges,
certaines coupes montrent le Quater- où les fractures sont nombreuses. Bien
naire (sables ou conglomérats non que, dans ces contrées, la séismicité
consolidés) chevauché par le Mio- ne soit pas si considérable que le long
cène dans un mouvement de quelques de la côte du Pacifique, de grands
mètres d'amplitude. Par exemple tremblements de terre en rapport
un talus dont la photographie est avec les fractures y ont été observés.
reproduite ici (flg. 7, situé à mi-dis- Le plus célèbre est celui d'Owens
tance de la route d'Ojai à Ventura, Valley, au bord de la Sierra Nevada,
vers l'extrémité des Sulphur Moun- en 1872. Celui tout récent de Cedar
tains, et un autre (cité dans le livret- Mountain Nevada (1932) se situe de
guide n° 15 du congrès) sur la route façon analogue.
de Ventura à Santa Barbara, présente Eflectivement les mêmes effets de
cette curieuse disposition. topographie sismique que ci-dessus,
Si l'on se transporte sur la partie témoignant dela « vie » quaternaire
septentrionale du tracé de la faille des failles, peuvent se constater sur
de San Andrea, c'est-à dire près de quelques-unes d'entre elles.
San Francisco, les indices de mou- Plus à l'est encore, près de Salt
vements récents ne sont pas moins Lake City, les monts Wasatch sont
précis. Un long a fossé » structural longés au bord de la plaine par une
jalonne la faille au S. 0. de la baie grande faille nord-sud. A City Creek
de San Francisco et a été utilisé un miroir de faille est visible dans
pour établir des lacs artificiels ser- les calcaires anciens le long de l'es-
vant de réserve d'eau à la ville. Ce carpement, et la rupture d'une ter-
fossé correspond à l'eflondrement rasse quaternaire superposée prouve
de la clef de voûte d'un anticlinal
déformant une pénéplaine pliocène
la jeunesse du déplacemen1. Ce dépla-
cement récent serait d'une douzaine
(Bailey Willis) : le mouvement de de mètres, mais le déplacement total,
compression et l'effondrement sont par des phénomènes de ce genre
par conséquent post-pliocènes. Les cumulés depuis le Tertiaire supérieur,
terrains récents situés dans la dépres- serait de 500 mètres. A quelque
sion sont d'ailleurs comprimés et distance, près du débouché de
plissés de façon intense. Des captures Cottonwood Canyon sur la plaine,
de rivières qui auparavant traver- cette faille donne lieu à des ruptures
saient la faille témoignent aussi de des cônes d'alluvions qui s'appuient
àlapeute des Wasatch et se raccor- Les anomalies topographiques ain-
daient avant ces ruptures avec les si relevées le long des failles sont
dépôts horizontaux de la plaine. Le analogues à celles produites par de
phénomène de ce genre le plus frap- grands séismes historiques comme
pant est une double faille de quelques celui de San Francisco ou ceux du
mètres qui dénivèle la surface d'une Japon. Elles mettent donc en évi-

moraine quaternaire débouchant du dence les effets de séismes antérieurs.


Little Cottonwood Canyon. Cette Elles sont remarquablement fré-
double faille se prolonge par un fossé quentes sur les failles de Californie,
effondré à travers les alluvions. sur et les séismes actuels dans cette
l'alignement de la grande faille bor- contrée ne sont donc ni nouveaux
dière des Wasatch ( 1 ). ni accidentels. La totalisation de
leurs effets doit nécessairement pro-
(1) Ces phénomènes nous ont été montrés
dans l'excursion au bord des Wasatch sous la duire des déplacements tectoniques
direction de J. M. Boutwell.
importants, d'autant plus que les bordures de montagnes, zones axiales
mouvements sur les failles ne sont de chaînes, bassins tectoniquesdépri-
pas de simples oscillations verticales. més. Dans les régions ayant tendance
à s'élever elle aurait pour effet d'exa-
* Rapport des failles gérer les surélévations, et inver-
et de la tectonique. sement d'exagérer les descentes de
compartiments dans les régions dé-
Il est tentant de voir une corré- primées ; dans les zones de compres-
lation entre le jeu actuel des failles sion, elle faciliterait l'écrasement des
californiennes et les mouvements terrains. Ce serait une rupture sui-
orogéniques très récents, peut-être vant une antique zone faible de
en cours actuellement, dans les cor- l'écorce, où les déformations nor-
dillères côtières. D'ailleurs d'après les males s'exagéreraient spontanément.
géologues américains, ces failles Elle aurait un rôle amplificateur.
jouent depuis le Tertiaire, et ne sont Même envisagée ainsi, la signifi-
donc pas postérieures aux mou- cation tectonique de telles grandes
vements orogéniques, mais plus fractures devient singulièrement im-
anciennes ou contemporaines pour portante ; et si l'on ne peut pas dire
une très large part. qu'elles dominent l'évolution tecto-
Habituellement, on considère les nique de la région, elles sont bien
séismes comme des réajustements autre chose qu'un réajustement
à la suite des mouvements tecto- passif et une sorte de tassement à
niques. « Les tremblements de terre grande échelle.
sont une survivance atténuée des Mais il y a plus. Des mouvements
efforts orogéniques ou tectoniques et tangentiels de l'écorce terrestre se
épirogéniques auxquels est dù le re- manifestent le.long des failles par
lief terrestre » (Montessus de Ballore). des mouvements relatifs horizontaux,
On peut noter avec Bailey Wil!is tels que ceux relevés dans les séismes
que les mouvements sur la faille de historiques et ceux beaucoup plus
San Andrea paraissent s'adapter pas- importants produits par totalisation
sivement aux conditions tectoni- des séismes du passé. Le broyage
ques propres à chacune des régions des écailles de terrains étirées le long
successives que recoupe la faille, des failles, le bombement anticlinal
des pénéplaines tertiaires témoignent
aussi des efforts de compression
tangentielle de l'écorce terrestre. Ces
efforts ont brisé les masses rigides,
granodiorites ou terrains ancienne-
men t plissés, du tréfonds de la région,
mais ils ont aussi plissé les terrains
la
stratifiés de la partie haute de série
stratigraphique. Ainsi les mouvements
séismiques en Californie sont des mou-
vements orogéniques élémentaires.
On sait que, dans des chaînes de
montagnes comme les Alpes, les
failles ne jouent qu'un rôle infime,
comparé aux plissements et char-
riages. Il serait donc faux de généra-
liser les notions précédentes. Mais la
Californie était devenue rigide depuis
la mise en place des batholites de
granodiorite à la fin de l'ère secon-
daire. Continuant à être l'objet de
déformations tectoniques de grand
style au Tertiaire et au Quaternaire,
elle a adopté une structure spéciale
avec des ruptures linéaires profon-
des, conditionnant le plissement des
épaisses séries sédimentaires récentes
accumulées dans les bassins géosyn-
clinaux établis le long des voussoirs
abaissés.
Bailey Willis voit dans la faille
de San Andrea l'effet d'un mouve-
ment relatif profond entre le grand à celui des antiques « boucliers »
massif de granodiorite de Californie de l'écorce terrestre, tels que le
méridionale et celui de -la Sierra Canada ou la plate-forme russe.
Nevada. Il est vraisemblable que ces Les failles vivantes de Californie
deux puissantes masses rigides sont témoignent en définitive que la
trop vastes d'un seul tenant pour région représente un fuseau de
demeurer côte à côte en équilibre l'écorce où les mouvements orogé-
dans une région qui n'est pas parve- niques sont actuellement en cours et
nue à un état d'inertie comparable ont l'humanité pour témoin.
LE JARDIN ZOOLOGIQUE
DE ROME
-

par
LE COMTE MONTI DELLA CORTE

Avant de décrire le Jardin Zoolo- On connaît mal l'habitat exact du


lique de Rome, je voudrais rappeler Guépard (Cynailurus jubatus gutta-
les caractéristiques de la faune des. lus) ; un sujet a été tué dernièrement
colonies italiennes, car elle constitue à Bir Scegga, entre Tobruk et
la base des colLections, et la direc- Giarabub.
tion du Parc se propose de la réunir Sur la côte vit la Genetttl afra,
aussi complète que possible. qui présente des affinités avec l'es-
Les colonies italiennes se com- pèce espagnole, et le Zorille [Ictonyx
posent de la Libye, formée par la Lybica).
Tripolitaine et la Cyrénaïque, de Il existe deux espèces de Chacals
l'Erythrée, de la Somalie italienne et l'une, plus petite (Canis anthus
enfin de Rhodes et de quelques autres variegalus) et côtière ; l'autre, qui
îles de la mer Egée. abonde dans l'intérieur, présente
Naturellement je ne parlerai ici deux variétés: Canistupaster lupaster
que des animaux Vertébrés. et Canis lupastmo tripolitanns-
Notre colonie de l'Afrique du Nord Les Renards libyens appartiennent
possède une faune assez pauvre par- à des espèces nombreuses : Vulpes
ticulièrement en Mammifères : Car- famelica fameliea, Vulpes famelica
nivores, Pachydermes et Quadru- cyrenai.ca ; la première du désert, la
manes. Il semble qu'autrefois, avant seconde habitant près de la mer. Le
la destruction des grandes forêts par Vulpes vulpes aegyptiaca est un
les Arabes on pouvait trouver entre assez grand Renard, qui se distingue
le désert et la côte, le Lion de Bar- bien peu de son cousin d'Europe.
barie yFelis leo barbarus) et la Pan- Enfin le Fennec (Vulpes zerda) est
thère ; mais nous ne pouvons rien très répandu là où abonde le petit
affirmer à ce propos, et sur le Djebel gibier.
Libyque on ne rencontre que de rares Rare en Tripolitaine, l'Hyène
spécimens d'Hyène rayée et quelques rayée (Hyaena . hyaena) se trouve
Guépards. plus facilement en Cyrénaïque, où
Le Félin le plus répandu en Libye son long poil lui permet de résister
estle Chat fauve (Felis lybica). proche aux nuits si froides du plateau
parent du Chat égyptien et qui paraît libyen.
être la souche de notre Chat domes- Sans nous attarder aux petits
tique. Mammifères signalons, le Mouflon
Perdrix et d'Outarde cubara. Enfin
dans la classe des Reptiles, citons le
Naja, le Caméléon, la Céraste cor-
nue et le grand Varan du désert
(Varanusgriseus), ainsi que diverses
espèces de Tortues terrestres et
marines.
La faune de l'Erythrée est bien
plus intéressante, mais nous la pas-
serons en revue, assez brièvement,
avec celle de la Somalie car -elle se
confond le plus souvent avec la faune
des colonies anglaises et françaises
qui entourent les territoires italiens.
En Erythrée, les animaux autre-
fois nombreux ont bien diminué du
fait de l'homme qui s'est livré soit
à la grande chasse, soit à l'agricul -
ture. Nombreux sont encore les
Singes et en particulier les Cercopi-
thèques, les Hamadryas et les Gela-
das. Nous possédons dans la famille
des Antilopes, l'Antilope chevaline
(Hippotragus equinus) le Koudou
berbère (Ammolragus lervia) entre (Strepsiceros strepsiceros), l Oryx beisa
Murzuk et Socna. il est semblable à et dans les marécages, le Kobus
l'Arroui de l'Algérie et du Maroc ; ellipsiprymnus. Le Zèbre de Grévy
cependant le professeur Lepri a et l'Ane sauvage d'Afrique sont
remarqué certaines particularités malheureusement en régression.
chez des exemplaires de la région En Somalie se rencontrent tout
du Garian : coloration du pelage et d'abord les grands Pachydermes :
courbure des cornes, et a décrit cette l'Eléphant, le Rhinocéros et l'Hippo-
forme sous le nom d'Ammotragus potame. Nombreux sont les grands
lervia fassinii. Carnivores et plus encore les petits
Parmi les Gazelles la plus com- tels que la Genette. le Caracal, le
mune est celle des steppes (Gazella Serval et l'ichneumon. Parmi les
dorcas dorcas) ; mais la Gazelle du Ruminants citons la Girafe, le petit
désert est assez abondante (G. lepto- Koudou (Strepsiceros imberbis), la
ceros loderï). Des cornes de Gazella Gazelle de Grant et la Gazelle-girafe.
Cuvieri ont été trouvées provenant On trouve aussi le Zèbre de Grant et
d'un animal fraîchement tué. l'Autruche.
Certaines grosses Antilopes habi- Nous renvoyons pour tous détails
tent la zone désertique méridionale sur ces diverses faunes à l'ouvrage
de la colonie : l'Addax et le Bubale du colonel Tedesco Zammarano
(Bubalis bucelaphus). (Fauna e caccia nelle Colonie lta-
Comme grands Oiseaux, nous liane), ouvrage publié à Rome par
trouvons l'Aigle chrysaète, le Fau- le bureau de propagande du Minis-
con pèlerin ; plusieurs variétés de tère Royal des colonies.
est l'œuvre de l'architecte Brasini
qui a construit depuis le pavillon
Le Jardin Zoologique de Rome a italien de l'Exposition Coloniale de
été fondé en 1910 par une société Vincennes.
privée qui commença par y trans- La société fondatrice, qui avait
porter un petit noyau d'animaux opéré d'après les conseils de Karl
primitivement logés dans le Parc Hagenbeck avec une grande partie
public de la Villa Umberto. de ses animaux provenant de Ham-

L'emplacement du Jardin Zoolo bourg, débuta brillamment avec,


gique fut choisi à proximité et au comme directeur technique, le Dr
nord-est. du pare ci-dessus nommé, Knotherus Mayer. Mais en 1917, à
-
qui appartenait autrefois aux princes la suite de difficultés résultant de
Borghèse. Un membre de cette la guerre, l'entreprise fut rachetée
famille, marié à Pauline Bonaparte, par l'Etat, lequel en 1925 la trans-
en fit un véritable paradis terrestre. forma en organisation autonome
Acquise il y a 40 ans par la municlr sous contrôle municipal. Toutes les
palité de Rome, la villa Borghèse est constructions édifiées sur les mo-
devenue la promenade publique de la dèles de Stellingen" furent remises
capitale et porte maintenant le nom en état et modernisées ; et elles
du feu roi Humbert Ier. forment aujourd'hui un ensemble
L'entrée principale du Jardin Zoo- digne d'être admiré.
logique, portique de style baroque, La nouvelle direction a eu
comme premier soin de développer Antilopes cervicapres, suivi d'un
la section botanique du Jardin grâce grand édifice de style égyptien com-
à l'introduction de plantes exotiques prenant écuries, cours et piscines,
provenant en majorité de nos colo- qui abrite les Pachydermes.
nies. La plus belle pièce de ce groupe
Le total des animaux du Parc est un immense Eléphant d'Afrique
Zoologique était de 2.800 environ à (Loxodonta africana) qui est peut-
la fin de 1931. La mortalité y est être le plus grand de ceux qui vivent
très faible, par suite du climat du actuellement en captivité dans les
Latium qui est très doux. établissements zoologiques d'Europe.
Le président de la Société est ac- Il est âgé d'environ 45 ans et a fort
tuellement le comte G. Suardi, avec mauvais caractère, ayant déjà tué
comme directeur M. Crudi. Les deux personnes depuis son arrivée.
collaborateurs et conseillers tech- Ses voisins sont trois Eléphants
niques sont MM. Alessandrini, Pom- indiens, deux femelles achetées
péi, Giglio, Ouattrini et le profes- l'une aux Indes, l'autre à Singapour
seur Lepri. et un mâle provenant de Sumatra.
Sur le terre-plein qui fait face à Voici un énorme Hippopotame
l'entrée principale poussent de nom- mâle, qui vit au jardin depuis sa
breuses plantes décoratives : Phoe- fondation, puis deux Rhinocéros
nix canadensis, Phoenir Juhae et noirs (Rhinoceros bicornis) acquis ré-
Phoenix dactylifera ; Erythrea ar- cemment. A l'intérieur du bâtiment
mata, Washingtonia fililero. Cha- sont logés quelques petits carnivores
tels que Grisons et Mangoustes.
En continuant notre promenade
nous admirons une reproduction
fidèle du Paradis des B,"tes de Stel-
lingen, vaste espace rappelant par
endroit la steppe et ailleurs les som-
mets alpestres, suivant le caractère
des pensionnaires. Dans le premier
panorama, les Camélidés : Chameau
de Bactriane, Dromadaire d'Erythrée
et Lamas du Pérou, Les Zèbres sont
de toute beauté; ceux de Grévx se
sont souvent reproduits au Jardin.
Deux Ouaggas de Chapmann, parfai-
tement dressés, ont appartenu
autrefois à un grand magasin de
Naples dont ils tiraient la voiture
de livraison ; cela, on le devine, il
la grande joie des badauds. La perle
maerops humilis. Trach y carptis er- de cette petite collection d'Equidés
relsa, Jubaea chilensis, Cinnamomum était constituée par un Ane sauvage

sa basjoo. etc.
,
camp h or a, Pettandra Virginie Mu- de Nubie (Equus usinas africanus),
un des derniers survivants de cette
En entrant dans le jardin nous variété qui se différencie de l'Ane
trouvons tout d'abord l'enclos des Dankali (Equus usinas taeniopus, par
l'absence de rayures aux quatre Denzia scabra du Japon. C'est là que
pieds ; malheureusement celte bête les Ours dans un panorama rocheux,
rarissime est morte il y a quelques jouent avec le public dont les sépare
mois. un profond fossé.
Parmi les rochers artificiels s'ébat-
tent des Mouflons de Sardaigne, de
Mongolie et du Thibet.
A côté, se trouve une petite troupe
de Bouquetins (Capra ibex) prove-
nant du parc national du Grand
Paradis ; espèce qui a été sauvée
d'une destruction totale grâce aux
mesures imposées par le défunt roi
Victor Emmanuel Il.
L'enclos des Tapirs comprend
celui d'Amérique et l'espèce à dos
blanc de Malaisie.
En continuant dans la direction
du champ de courses des Parioli,
nous arrivons aux petits parcs à
Rongeurs, pourvus de tanières artifi-
cielles.
Le Mara (Dolichotis patagonica) se
reproduit régulièrement ici chaque
année. Voilà aussi l'Agouti, le Cabiai
de l'Amérique du Sud et tout un
groupe de Lièvres communs.
Nous avançons vers l'allée circu-
laire entre de beaux exemplaires de
Cèdres Déodars, atlantiques et du
Liban, pour voir les volières où
dominent les Gallinacés. Ceux-ci
vont être prochainement transportés
dans une faisandèrie actuellement
en construction.
Notons de beaux exemplaires de
Acryllium vulturinum (Pintades de il y a l'Ours brun desAbruzzes
Somalie) et divers Faisans : le Faisan (Ursus arctos molisanus), sous-espèce
de Cokhide, le Faisan doré, le ladv caractéristique de cette région, l'Ours
Amherst, le Vénéré ; trois formes du de S-yrie et deux superbes Ours
Faisan argenté : Gennaeus nychte- sibériens qui se sont reproduits au
et
merus, lineatus horsfieldi. En outre, Jardin.
des Francolins de Somalie et des Tour- L'un deux cependant, un mâle
terelles. colossal, nous paraît appartenir à
Nous arrivons à un carrefour l'espèce américaine dite Ursus pis-
ombragé par de grands Conifères cator du Labrador.
(Cedrus deodara et Abies cephalonica) La série des Ours terrestres se
avec un magnifique exemplaire de complète avec l'Ours du Thibet,
l'Ours de Formose [Euarctos formo- immense Anaconda (Eunectes muri-
sanus) et le Baribal de l'Amérique nus) et un Crotalus durissius, le
du Nord. Serpent à sonnette du Mexique.
Nous passons devant un chantier Parmi les Lézards, nous avons
— le futur Muséum d'Histoire Natu-
l'Iguane tuberculé de l'Amérique tro-
relle — pour atteindre le lac. Ses picale, le Varan indien, le Varan des
berges sont couvertes d'une flore sables de l'Afrique du nord, le Téju
caractéristique : Phoenix Jubae, de l'Amérique du Sud et dans un
Cocos odorata, Magnolia grandi- bassin, la Salamandre du Japon.
flora, Abies concolor, Washingtonia Près des Crocodiles et Alligators,
filifera et Jubaea spectabilis. notons deux rares Tortues aqua-
Ces plantes alternent avec des tiques : la Tortue Vautour et la
Saules, des Pawlonias et des Arbres Tortue serpentine, de l'Amérique
de Judée. du Nord.
Sur l'eau évoluent gracieusement Suivent diverses cages et volières :
Palmipèdes et Echassiers dont nous dansâtes premières, des Loutres et
citons les espèces principales : Cygne des Blaireaux d'Europe ainsi que le
noir d'Australie, Cygne trompette, Blaireau d'Amérique (Taxidea ta-
Cygne de Bewick, Cygne coscoroba ; xus) ; dans les secondes, des Hoccos
Flamands capturés sur-l'étang d'Or- et des Sciacu (Pipile cumanensis) du
betello en Toscane ; Pelecanus ono- Brésil. Une collection très complète
crotalus et Pelecanus crispus ; des de Pintades : Numida meleagris,
Bernaches de trois espèces : leu- N. piïlorhynca. N. mitrata, N.
copsis, bienta et canadensis ; des Oies cristata et Guttera lividicollis.
d'Egypte, de l'Inde et de Magellan, Deux grands bassins se présentent
des Oies à casque de l'Erythrée et à nos yeux, entourés de rochers et
enfin toutes espèces qui se trouvent de faux blocs de glace. Ils sont desti-
en hiver sur les lagunes ou dans les nés, l'un aux Phoques et Otaries de
marais de l'Italie. Californie, le deuxième aux Ours
A l'ouest du lac, dans une élégante polaires ; le panor-ama arctique, où
rotonde, on a réuni plusieurs Kan- s'ébattent aussi des Goëlands argen-
gourous : le Géant, le Robuste et tés, est séparé par une muraille ro-
le Roux (Macropus îobustus gervi- cheuse de l'enceinte des Rennes (Ran-
nus) ; presque tous se sont repro- giler tarandus).
duits. La section des grands fauves,
L'enceinte des Tortues contient également parqués dans des amphi-
des Tortues de Somalie, des Tor- théâtres de blocs calcaires, est ornée
tues éléphantines des îles Galapagos de végétaux provenant des pays
et plusieurs petites Tortues grecques. chauds (Chamaerops humilis, Jra-
Faisant suite, voici la galerie des chycarpus excelsa, Cycas revoluta,
Reptiles, dont l'intérieur présente Dasylerion quadrangulat-um. etc. ).
l'aspect d'une grande caverne, avec Sur le premier rocher, voici un
niches vitrées et chauffées, et un singulier animal, cousin des Hyènes :
bac à Crocodiles. L'on y trouve le le Protèle d'Erythrée. Dans le pa-
Python réticulé de l'Asie méridio- norama réservé aux Tigres, un
nale ; le Python rupestre et celui superbe couple, issu d'un mâle
de Soba, assez commun dans nos sibérien et d'une tigresse du Ben-
colonies, un Boa constrictor, un gale. se reproduit régulièrement
tous les deux ans. Dans celui des lopes, les deux Koudous, la grande
Lions, les sujets proviennent presque espèce de l'Erythrée et le Strepsi-
tous du Benadir et d'Ethiopie. cère imberbe de la Somalie ; deux
Quelques petites Antilopes (Cephalo- Gnous, à queue blanche et à queue
phus Grimmi et GrazellaSoemmerringi) noire ; les Oréas de l'Ouest africain ;
séparent les Lions des Félins moins un Addax de Cyrénaïque ; des
puissants. Nous voyons dans des Oryx beisa et des Kobs du Djuba-

cages spacieuses : le Guépard, afri- land italien. Particulièrement inté-


cain et asiatique, le Jaguar et le ressants sont les Bubales à front
Puma, tous deux d'Amérique ; enfin blanc (Damaliscus albifrons) de l'A-
les Léopards et les Panthères noires frique du Sud ; ce couple a du reste
de Sumatra. figuré à Vincennes en 1931.
Dans la grande allée centrale s'a- En face des Antilopes, les Cervidés.
lignent les parcs à Antilopes. Les Outre le Cerf commun, nous voyons
Nilgaults (Boselaphus tragocamelus) la variété devenue si rare de la Sar-
ne proviennent pas de leur pa-ys daigne et de la Corse (le Cervus
d'origine, mais des parcs royaux de elaphus corsicanus). Parmi les es-
San Rossore et de Castel Porziano, pèces asiatiques on remarque le
où ils ont été importés de l'Inde par Cerf des marais, de l'Inde et de
Victor Emmanuel Il et acclimatés l'Annam (Rusa porcinus), celui des
depuis 1865, Moluques (Hippelaphus moluccen-
Citons, parmi les diverses Anti- sis) etc.
Une des plus récentes acquisitions -
quelques derniers spécimens dans
du Jardin est celle de deux jeunes les Alpes occidentales ; deux curieux
Girafes, de l'espèce ordinaire de Chats-tigres d'Amérique : de Felis
l'Est Africain. pardalis et le F. jaguarundi.
Sur de nouveaux sommets alpestres A côté des Ratons laveurs, deux
bondissent des Thars, des Mouflons Canidés américains peu connus ; le
à manchettes de la nouvelle variété Chien d'Agara et le Chien de Magel-
découverte en Tripolitaine ; et enfin lan.
une nombreuse troupe de Chamois Notre promenade nous a conduits
composée d'individus, provenant des jusqu'à un tertre, couvert de petites
Alpes (Rupicapra rupicapra) et des cahutes et bien ombragé ; c'est un
Abruzzes (R. ornata). Ces animaux, village en miniature qu'habitent des
on le sait, sont très difficiles à Macaques rhesus. Plus loin vers la
conserver en captivité. vallée Julienne s'étend le parc aux
Les volières à Rapaces contien- Daims coupé par un ruisseau où
nent les espèces suivantes : Aigle jouent des Castors.
royal, Aigle de mer, Griffon [Gyps Quelques cages et enclos l'entou-
fulvus), Gypaète de Sardaigne, rent, contenant des Loups, des Hyènes
Condor des Andes, Aigle Bateleur et des Chacals. Des Lycaons parcou-
d'Afrique (Helotarsus ecaudatus), rent en tous sens le monticule qui
Polybore. deux Urubus (Cathartes leur a été assigné.
atratus et C. aura) de l'Amérique Voici maintenant les étables des
du Sud, Vautours chauves (Otogyps Bovidés, avec les Zébus, le Buffle
calvus et Neophron percnopterus) du brun d'Europe, le Buffle de Ca-
bassin méditerranéen, etc. frerie et le Yack du Thibet qui
D'autres volières encadrent le voisine avec un couple de Bisons
restaurant du Jardin. Elles contien- offert par le gouvern-ement des Etats-
nent plusieurs Oiseaux rares : Ser- Unis. Les Porcins, qui font suite,
pentaire de l'Afrique Centrale, Bu- sont représentés par le Sanglier
corve abyssin et une foule d'autres commun (Sus scrofa scrofa et Sus
pensionnaires ailés, tels qu'Ibis, sardous), le Potamochère rouge et le
Toucans, Cariamas, Pluviers. Puis Phacochère d'Afrique, plus deux
la série de ceux qui ne volent pas : espèces américaines : le Pécari à
Autruche, Casoars (Casuarius casua- lèvres blanches et le Pécari à collier.
rius et C. Bennetti), Emeu, et finale- Mais le coin favori du public est
ment des Nandous gris et blancs. la singerie, qui voisine avec une
D'autres cages sont peuplées de section de petits Mammifères: Porcs-
grandsEchassiers, telsque Marabouts, Epics, Coatis, Kinkajous. Elle ren-
Tantales, Hérons, Cigognes ; l'une ferme des Babouins, Hamadryas et
d'elle abrite un Argus Géant de Geladas, des Cercopithèques parmi
Malaisie. lesquels l'espèce congolaise de
De nombreux Paons circulent aux Brazza. des Cé"bidés d'Amérique, de
alentours en toute liberté. nombreux Lémuriens de Madagascar
Les Chats sauvages ont été groupés et des Gibbons (Hylobates syndac-
auprès d'une petite tour. tylus).
On y reconnaît des Lynx d'Afrique A côté de cette singerie, s'élève
et d'Europe (Lynx caracal et L. le pavillon des Anthropoïdes, cons-
lynx dont on prétend avoir aperçu truit dans le style oriental ; le
couple d'Orangs de Bornéo qui s'y de ses agents, s'emploie activement
prouve s'est reproduit plusieurs fois ; à faire du Jardin Zoologique un
le mâle a 1 m. 60 de haut et centre scientifique et éducatif de
3 m. 20 d'une main à l'autre, les premier ordre, et s'efforce de le
bras en croix. rendre digne de figurer en bonne
La cage voisine contient des place parmi les établissements simi-
Chimpanzés. laires existant dans les grandes
A la sortie du Jardin se trouve nations. Parmi ces dernières, la
la maison des Perroquets, où Aras France peut revendiquer une des
et Cacatoès s'égosillent en compa- plus belles places, tant par ses
gnie de divers autres Psittacidés. illustres traditions que par l'acti-
Le gouvernement italien, par l'en- vité qu elle témoigne aujourd'hui dans
tremise du Ministère des Colonies et le domaine de la Zoologie pratique.
VARIÉTÉS

NOTES SUR LE TRIBULUM pieds des Chevaux et ailleurs avec des


fléaux. » (cf Adam Dickson. De l'Agricul-
Dans un article paru dans La Terre et la ture des anciens. T. II. Paris, 4802).
Vie (1933, N°11), sur le Musée pyrénéen de Si le tribulum est un instrument fort
Lourdes, nous avons signalé la présence, ancien, le procédé qui consiste à faire
dans la salle du folklore, d'un bel exem- courir des Bœufs ou des Chevaux sur les
plaire de tribulum. M. le Bondidier, le grains recouvrant l'aire, parait être tout
distingué conservateur de ce Musée, a aussi antique ; il a persisté corrélative-
tt
bien voulu vous communiquer deux photo- ment à l'usage du ibulum et se trouve
graphies intéressantes concernant cet ins- souvent préféré il lui. Ainsi, Olivier de
trument ; nous nous disposions à les Serres, dans le Théâtre d'Agriculture et
reproduire en les encadrant de quelques Mesnage des Champs (1608) ne parle point
notes recueillies au hasard de recherches du tribulum. Il signale le iléau comme
bibliographiques et de lectures, lorsque un instrument de pays froids. Dans
nous avons reçu, sur le tribulum, un les pays chauds, le décorticage se fait
travail extrêmement documenté. Il est « par le trépis des grosses bestes, à la
dû à G. H. Luquet et à P. Rivet (Sur mode ancienne de l'Orient ». Ce procédé,
le tribulum, in Mélanges Iorga, Gam- selon l'auteur, est pratiqué en Espagne,
ber, Paris. 1933 ; p. 613-638, 1 figure au Portugal, en Italie, en Sicile, dans le
dans le texte, 1 carte de répartition ; Languedoc, en Provence « et en leur
147 références bibliographiques). La voisinage. )) Dans tous ces pays le f1éau
note projetée va donc s'enrichir dune n'est pas inconnu, mais est employé
foule de détails précis empruntés à rarement.
cette excellente brochure. D'autre part, j'ai vu le décorticage par
Le tribulum, appareil servant à dépi- piétinement d'animaux domestiques, en
querle Blé, n est mentionné dansles textes l'espèce des Chevaux, utilisé, en 1928, près
latins qu'au 1er siècle avant J.-G. Varron le du petit village de Tushémiste, en Alba-
représente comme fait d'une planche nie, sur les bords du lac d'Ohrida. Je n'ai
hérisée de pierres ou de fer, qui, avec le pas noté l'usage du tribulum, dans ces
conducteur placé en dessus ou avec un pays pas plus que mon ami A. Garrigue,
poids considérable, est traîné sur les épis ingénieur, qui a passé un très grand
qu'on veut battre. Mais Varron ajoute nombre d'années eu Albanie.
aussi : « d'autres font battre le blé par Quoi qu'il en soit, en ce qui concerne,
des bœufs non assujettis au joug et qu'on l'antiquité du tribulum, G. A. Luquet et
fait marcher. » Columelle. pour la P. Rivet, faisant état de leur riche docu-
même opération, recommande les Chevaux mentation bibliographique, nous ap-
au lieu des Bœufs. Et il dit encore : prennent qu'il était déjà employé^en
(( lorsqu'on en a peu, il est possible d'y Espagne, par les Celtibères, avant la
ajouter le tribulum. » Virgile parle de conquête romaine.
Chevaux lâchés sur l'aire au moment du On en a trouvé des restes dans les
battage. Selon Pline le grain est battu nécropoles de l'Arménie russe (J. de
« dans quelques endroits avec le tribulum. Morgan), se situant chronologiquement
dans d autres en le faisant fouler aux entre le V6 et le VIII8 siècles avant J.-C.
Le tribulum est mentionné dans l'An- vent assis. Les enfants remplacent faci-
cien Testament ; il était connu de la lement les adultes ; pendant que tourne
Grèce primitive et les dents d'obsi- l'attelage, les femmes allaitent leurs
dienne trouvées par Schliemann à Issar- enfants, comme à Chypre, ou fument
lik avaient dù appartenir à un tel instru- la pipe, comme en Asie Mineure. Luquet
ment. et Rivet rapportent, d'après Herrmann
A. de Mortillet (Rev. Anthrop., 1911, (1900), qu'à Eski-Shehir (Asie Mineure),
p. 91 et 92) considère le tri-
bulum comme un exemple de
survivancedes outils en pierre.
Effectivement, il parait raison-
nable de penser, avec Luquet
et Rivet, que le tribulum est
un instrument néolithique qui
a subsisté jusqu'à nos jours.
Très adapté à sa fonction, il
devait ou se maintenir sans
modifications essentielles, ou
disparaître.
Le paragraphe qui, dans la
publication en question, con-
cerne le rôle de cet instru-
ment, est fort intéressant. La
fonction est double : extraire
le grain de l'épi, hacher la
paille. Il réalise à la fois ce
qu'on obtient par le battage
au fléau et par le foulage au
moyen du bétail. Certains au-
teurs (Peyssonnel) ont écrU;
qu'il se perdait moins de grains
par dépiquage au tribulum que
par battage au Iléau. Luquet
et Rivet font remarquer que.
mème en prenant des précau-
tiuns, il est bien difficil-e de
préserver le grain de souillures
excréments d'animaux, boue
oU poussière) dont il est im-
possible de débarrasser le
grain. D'autre part, le lribu-
lum broie le grain en même
temps que la paille (1/5e de perte) ; ce un paysan avait juché sur son tribulum
grain séjourne sur l'aire en attendant le un vieux fauteuil couvert de reps rouge,
vannage à la pelle qui le sépare de la où il se laissait gagner par le sommeil,
paille; d'où nouvelles pertes ; enfin. il faut négligeant de harceler ses bêtes, qui à
opérer vite, car il y a toujours lieu de leur tour, s'endormaient sur place.
craindre des averses subites. La répartition géographique du tribu-
Par contre, il donne toute satisfaction lum était fort tentante à établir. Il était
quand on veut se procurer de la paille excusable de reculer devant la recherche
hachée et il garait ètre un instrument de de documents fort épars dans des ouvra-
choix pour gens indolents. Le conducteur ges fort nombreux. Les deux auteurs de
se laisse traîner debout, mais très sou- l'article « Sur le tribulum » y sont parve-
nus d'une manière approfondie ; cette dans une vieille ferme du Haut-Aragon
répartition a été exprimée par une carte rappelle très nettement le tribulum du
des plus nettes. Musée de Lourdes. Il est cependant plus
Nous n'en donnerons ici qu'une idée large et le nombre des lames de fer
générale, et d'une façon très sommaire. On est de quinze ; l'une qui se trouvait ù
utilise le tribulum au Portugal, en Espa- la jointure de la planche de gauche et
gne. Il semble inconnu en France ; il est de la planche médiane, a dù tombera
cependant employé dans les Bouches-du- sa place est visible sur la photographie.
Rhône à Alleins (Luquet et Rivet) ; on le D autre part, la face supérieure de ce
retrouve en Italie. Il parait avoir disparu trillo aragonais (« trillo » est le nom lo-
d'Albanie (cf. renseignement ci-dessus dù cal), se trouvait surmonté d'une manière
à A. Garrigue), mais depuis peu. Il est de cadre supportant un plancher sur
signalé en Serbie, en Epire, en Arcadie, lequel, dans la photographie 2. se
en Crète, en Attique, Eubée, ThessaLie, tiennent debout les conducteurs des Mules
Macédoine. A. Garrigue l'a observé dans et sont assis les enfants.
divers villages de langue bulgare de Le tribulum vu par P.Royer. en Vieille-
cette région. Le voici encore en Turquie, Castille, et dessiné par R. Riolet Bull, et
dans le Caucase, en Géorgie, en Arménie, Mém. Soc. Anthrop. Paris, T. III. Ie S.
en Perse, en Asie Mineure, en Syrie et 1922, p. 11-12) est sensiblement dufférent
Palestine, en Arabie. Il n'est connu ni et témoigne d'un procédé de fabrication
en Abyssinie, ni en-Egypte, ni au Maroc, plus compliqué. Ici. en effet, nous avons
mais on le rencontre en Tunisie, rare- un cadre rectangulaire, légèrement relevé
ment en Algérie. Il est enfin signalé aux à l'avant, sur lequel ont été fixés, par le
Canaries, à Madère, aux Açores. moyen de tenon et de mortaises, des ma-
Il nous reste à dire quelques mots sur driers transversaux. Sur ces madriers est
la forme du tribulum (1). cloué un plancher de bois dur. Dans les
Le tribulum du Musée de Lourdes, pro- entailles pratiquées sur ce plancher ont
venant du Haut-Aragon, mesure 125 cm. été enfoncés des fragments de quartz.
de long et offre une largeur de 54 cm. en Luquet et Rivet signalent dans le Haut-
avant et de 14 cm. en arrière. Il est formé Aragon la variété de tribulum l'ait d'une
de trois planches assemblées, de 3 cm. seule planche. Mais ils remarquenl qu'il
d'épaisseur, se redressant à leur partie faut attribuer peu d importance aux
antérieure. La partie horizontale de l'ap- différents types, car on les rencontre côte
pareil porte, sur sa face inférieure, des à côte dans la mème région ; les noies
éclats de silex enfoncés dans des encoches qui précèdent le confirment, ainsi que
rectangulaires de 1cm. 1/2 de profondeur celles qui vont suivre.
et disposés en quinconces. A l'endroit où La variété à deux planches se trouverait
les planches se relèvent sont fixées des notamment en Turquie, en Asie Mineure.
lames de fer, au nombre de huit. en Arménie. La variété à une planche se
Sur la face supérieure sont clouées deux voit en Haut-Aragon, en Castille, en
fortes traverses, l'antérieure, située au Bulgarie, dans l'île d'Eubée. en Uéurgie.
niveau du redressement du tribulum, per- Or A. de Mortillet (Rev. Anthrop.,1911.
cée d'une ouverture rectangulaire, par pp.Ul et 92),. figure, d'après le 1Y Lorlet
laquelle doit passer le trait des Mulets (sans indiquer la référence), un tribulum
trainant l'appareil. de Syrie, qui parait être fait d'une seule
Celui que représente l'une des pho- planche épaisse, avec extrémité anté-
tographies ci-jointes et qui se trouvait, rieure relevée et en partie rapportée.
Par contre la photographie due à
G. Chenet publiée par le Bulletin de la
(1)Dans la brochure de Luquet et Rivet, on Société préhistorique française (n° 2, fé-
trouvera un intéressant passage linguistique
dont nous ne pouvons faire état dans-cette vrier 1933, p. 103), nous montre un tribu-
note. lum, utilisé par les Alaouites de Rass.
Shamra, diliérent du précédent : la par- On peut, semble-t-il,résumer lesdonnées
tie relevée est plus longue ; l'ensemble de qui précèdent de la manière suivante : lu
l'appareil, fait de deux planches réunies le tribulum est un instrument fort ancien,
l'une à l'autre, parait plus léger. survivance de l'époque néolithique ; il s'est
La denture du tribulum est le plus maintenu jusqu'à nous sans modifications
souvent constituée d'éclats de silex ; mais essentielles (adjonction de lames de fer,
on trouve aussi des quartzites, du basalte, presque partout). — 2° les variétés qu'il

de l'obsidienne, de l'agate, du granit, des offre n'ont aucune valeur ethnogra-


cailloux quelconques, et même (Tunisie) phique ; il est fait de i, 2 ou 3 planches
des tessons de poterie (E. T. Hamy, 1900). selon les moyens dont disposent ceux qui
Une seule modification paraît avoir été le fabriquent. Il est probable que la dispa-
apportée au tribulum néolithique : c'est rition des forêts, dans la plupart des
1 addition
ou la substitution des dents de régions où il existe, entraine sa confec-
fer aux dents de pierre. Varron les signa- tion au moyen de planches juxtaposées; les
lait déjà daus sa définition du tribulum. grands arbres qui peuvent fournir une sur-
Nous les avons vues sur les trillo aragonais ace de bois suffisante, d'une seule pièce,
et A. Garrigue les a notées sur les tribu- devenant rares. — 3°le tribulum, comme
lum (faits d'une seule planche), remar- l'indique sa répartition géographique, est.
quées par lui en Macédoine. La situation un instrument de régions où les pluies,
de ces lames de fer est très variable (en sont rares au moment où on l'utilise.
avant, en arrière, au centre, sur les côtés, C'est aussi l'instrument qui favorise à
tout autour des dents de pierre). merveille les adeptes du moindre effort.
Il est particulièrement utile quaud on des plus intéressantes tribus. De taille très
cherche à avoir de la paille hachée qui élevée; ils représentent l'un des plus
s'obtient en même temps que le décorti- beaux types du Chaco et, jusqu'à ces der-
cage du grain. — 4° La vaste répartition nières années, par suite de leur isolement,
géographique n'implique point un phéno- ils avaient pu conserver intactes -Leurs
mène de convergence, comme il en existe coutumes. Assez hospitaliers d'ailleurs,
si-fréquemment en ethnographie. Il a été mais très amateurs de présents ; fort beu-
répandu par contact ou importation. Cer- reusement, ils n'ont guère la notion de la
tainement très utilisé par les Romains, valeur des choses. M. le Dr Vellard, en
on peut se demander si son usage n'a pas échange d'une couverture, se vit demander
été divulgué par leurs soldats et leurs son cheval, ou son fusil, ou encore un petit
colons, car cette répartition géographique sifflet d'un prix très.minime.
correspond en somme à l'expansion de Les Maka sont tatoués et portent de
l'influence romaine. grands disques de bois dans le lobe des
G. PETIT. oreilles. Ils fabriquent des couvertures en
laine tissée, des ceintures, des poteries,
des sacs tressés, des outres, sans oublier
LES INDIENS DU PARAGUAY les armes usuelles, massues, arcs et
flèches, les ornements de laine, de verro-
La région du Paraguay comprise entre terie et de plumes, et même des poupées
le rio Paraguay et son affluent le rio pour les enfants ! Ils ont pour voisins les
Pilcomayo, qui s'y réunit à Asunciôn, en Longa, avec lesquels ils vivent en bons
grande partie marécageuse, donne asile à termes, et les Pilaga, qui sont leurs enne-
un certain nombre de tribus indiennes mis mortels.
assez peu ou très peu connues. Au cours Ces derniers, d'ailleurs sont peu connus.
d'une exploration qui n'a pas duré moins Ils sont établis, du moins actuellement,
de dix-huit mois (juillet 1931 à janvier en territoire argentin, et viennent une ou
1933), M. le Dr J. Vellard a recueilli sur deux fois par an jusqu'à Salto Palinares,
ces tribus de nombreux et intéressants pour échanger les peaux et les plumes
renseignements ethnographiques, que contre des vètements, de la verroterie,
nous résumons ci-dessous pour nos lec- des couteaux, et même de mauvais fusils.
teurs. M. Vellard visita encore lesGuayaki, qui
Les Toba habitent la région du Pilco- sont les moins connus des Indiens du
mayo, dans le Chaco argentin. Ils repré- Paraguay. Nous avons précédemment
sentaient autrefois une belle race indienne, donné à nos lecteurs des renseignements
qui dominait toute la région. Il n'en reste sur cette tribu, ou plutôt sur ses derniers
plus que des êtres misérables, vêtus de survivants.
haillons, qui vivent des aumônes que leur Une autre race intéressante est celle des
donnent les propriétaires des estancias M' Bwiha, qui sont divisés en diverses
du pays. Ils ont abandonné la chasse, dont fractions, ne semblant pas avoir de rela-
ils vivaient, faute de territoires appropriés tions entre elles. Ceux qu'a visités
et, fait plus caractéristique, ils n'ont même M. Vellard parlent le guarani et sont
plus leurs armes, l'arc et les flèches. C'est capables d,e compter, de manière à peu
à peine s'ils ont encore le courage de se près correcte, jusqu'à 40. Ils fabriquent
fabriquer quelques objets de première . des pagnes en colon, des pipes enterre,
nécessité, mocassins, sacs de cuir ou de des ornements d'oreille en nacre, pour
fibres végétales, ceintures tissées : c'est les femmes, des flûtes, etc. Ilsse servent
une race appelée il disparaître sous peu., même, parait-il, de tambours, mais notre
Les Maka se sont mieux défendus, quoi- explorateur n'a pu en voir.
que des guerres récentes, entre le Para- Il nous a paru intéressant de signaler,
guay et la Bolivie, les aient fortement à nos lecteurs, ces observations ethuu-
atteints ; ils sont encore, cependantl'une graphiques; elles ont d'autant plus de prix
qu'elles concernent des races peu connues qu'ils avaient été transportés par une
et dont, malheureusement, la disparition trombe ou une inondation.
prochaine est à craindre. Est-ce qu'il ne En 1809. un officier anglais de l'armée
serait pas possible de les protéger, comme des Indes, John Harriot, en vit tomber,
au Congo Belge, on protège les Pygmées ? près de Pondichéry, sur une colonne en
marche. Les soldats en recueillirent sur
l'ordre du général Smith, qui les fit servir
LES PLUIES DE POISSONS le soir à sa table ; il fait observer que ce
n'étaient pas des Poissons volants, mais
La pluie de Poissons signalée dans la qu'ils tombaient simplement avec la
Terre et la Vie de décembre 1933 (p. 749) pluie.
n'est pas un phénomène aussi rare que Les Annals of Philosophy, en 1816,
nous le pensions alors. Il en a été observé relatent une observation faite à l'Ile du
depuis fort longtemps et dans les loca- Prince de Galles. Les habitants recueil-
lités dispersées un peu partout sur notre lent l'eau de pluie dans des réser-
globe. voirs placés sur le toit de leurs maisons,
Le plus ancien renseignement s'y rap- réservoirs qui restent souvent complète-
portant se trouve dans The Deipnàsophists ment secs pendant plusieurs semaines.
or Banquet of the Learned d'Athenaeus, de Or, après une pluie, on y trouve souvent
l'Egyptien Naucratis, qui vivait à la fin du des Poissons, qui ne peuvent être tombés
second et au commencement du troisième que des nuages.
siècle de notre ère ; la traduction anglaise Mais les pays que nous venons de citer
de Yonge fut publiée en 1524. n'ont pas le monopole de ce phénomène.
Le volume II de cette version renferme En 1819, le journal Cyclopoedia, dans
un chapitre intitulé <( De pluvià piscium, » son volume XXX; signale, sous le titre
où on lit (p. 226 J « Je sais aussi qu'il a plu « Rains-preternatural » — c'est-à-dire
des Poissons. Tout au moins Phoenias, . « Pluies surnaturelles >>, une chute de
dans le second Livre de son Eresias Poissons observée, pendant un très
Magistrales, dit qu'il a plu une fois des violent orage, dans une ville des environs
Poissons dans le Chersonèse, pendant de Paris ; il est regrettable que cette ville -
trois jours sans interruption; et Phylarcus, n'ait pas été désignée d'une façon plus
dans son 4e Livre, dit que le peuple a sou- précise.
vent vu ces pluies de poissons ». Depuis lors, semblables pluies ont été
Les Philosophical Transactions of the notées dans divers pays. Il y en eut en
Royal Society of London, de 1698, ren- Ecosse en 1684, 17W6, 1821, 1825, 1828,
ferment une lettre de Robert Conny, dans les Iles de la Mer du Sud en 1830,
disant qu'en 1.668, après une forte tem- dans l'Inde en .1824, 1835, 1839, 1850,
pète de tonnerre et de pluie, un pâturage dans le Mecklembourg en 1828, etc...
du Kent, situé près de Westham, fut cou- Les Poissons ainsi tombés du ciel, au
vert, sur une étendue de ï acres, de moins depuis une époque peu reculée,
petits Poissons de la longueur d'un doigt. ont pu parfois être examinés et détermi-
Elle fait remarquer, en outre, que ce nés. Ceux qui churent dans l'Inde en 1829
terrain, très pauvre en eau, était situé
loin de la mer.
Dans la Wittenbergischen Wochenblatt
;
étaient des Cyprinus. en 1830 des Clupea
cultrata à New-York, en 1824, on
observa une pluie de Poissons qui étaient
de 1171, Raphaël Eglissi signale une pluie des Opsanus tau.
semblable à Cotbas, durant la nuit du 2 Une observation fort intéressante, au
au 3 septembre, au cours d'un orage. sujet de laquelle il ne peut être émis
L'auteur ne vit pas lui-mt'me la chute des aucun doute, est celle que fit, en 1861,
Poissons, mais on lui en apporta un cer- à Singapour, le naturaliste français
tain nombre qui mesuraient de 5 à Laporte de CasLelnali. Il relate que la
6 pouces de long. Il émet l'hypothèse chute fut si abondante qu'il vit les Malais
et les Chinois en emplir des paniers. Une Cochenille, venue de la Réunion,
Quant au Poisson lui-même, il le reconnut détruisit les Raquettes malgaches, libérant
comme appartenant à l'espèce Clarias ainsi des milliers d'hectares de terres fer-
balrachas. tiles.
Lors d'une autre pluie qui se produisit Est-il possible de se débarrasser des
en 184.1 dans la nuit du 29 au 30 juin, sur Cactus, véritables «pestes végétales », par
le territoire d'Uckermark, dans l'Etat de un autre moyen que par-des Cochenilles
Holtzendorff-Jagow, la chute fut si spécifiquement parasites ? Oui, s'il faut en
abondante que les bergers en ramas- croire une information récemmentpubliée
sèrent pour nourrir leurs canards, et par les chemins de fer canadiens et dont
que dans la journée qui suivit, plus de voici la teneur :
60 Cigognes et une quantité innombrable « Un Ver américain, le Cactoblastû cac-
de Corbeaux s'en régalèrent copieusement. torum, dont on a fait des expéditions
Mr de Holtzendorff informé du fait së en Australie par les vapeurs nationaux
rendit sur place et fit ramasser des canadiens, a rendu à la culture 3 mil-
Poissons pour les faire examiner : on y lions d'acres de terres couvertes -par le
reconnut cinq espèces : Esox lucius, Perca Cactus poirier épineux. Le ver mange
fluviatilis, Cyprinus rulilus et Gasteros- le poirier épineux jusqu'au ras du sol
teus pungitius. et tue les racines. Il a aussi réduit le
Il est à remarquer que, toutes les fois nombre -des Vipères du Queensland. qui
qu'une observation sérieuse a été faite, mangent le ver et en crèvent. En outre,
on a noté que ces pluies extraordinaires détruisant le poirier épineux, il prive
avaient lieu pendant de forts orages .la Vipère de son abri favori et la mel à
accompagnés d'un grand vent. Il est per- la merci de ses ennemis. l'Émeu et les
mis d'en conclure que c'est précisément autres Oiseaux qui font leur proie des
le vent qui en est la cause principale ; une œufs et des petits de la Vipère ».
trombe, formée quelque part, « pompe » LeVer dont il est question dans celle
pour ainsi dire l'eau des cours d'eau et des information est la chenille d'un Papillon
lacs, avec les habitants qu'elle renferme, de la famille des Phycitinae, décrit par
'et va les déposer autre part. Le phéno- Berg, de la République Argentine. Le Cac-
mène n'a rien de surnaturel, mais il est tobtastis cactorum n'a que 3 à 4 centi-
fort curieux. mètres d'envergure ; le mâle a les ailes
G. Portevin supérieures gris brunâtre, avec la moitié
dorsale teintée de brun pourpré ; en outre
UN ENNEMI DES CACTUS : elles sont traversées par deux ligues
LE CACTOBLASTIS CACTORUM ondulées plus pâles, bordées de noir ; les
inférieures sont blanches, bordées de
Toute personne qui fait un voyage dans brun. Quant à la femelle, elle est gris
l'Afrique du Nord est frappée par l'abon- brunâtre, avec les ailes inférieures plus
dance excessive du Cactus à raquette, qui foncées.
fournit, à la vérité, aux indigènes, des La chenille, qui mesure de 25 à 30 mil-
clôtures infranchissables et produit, en limètres, est rouge pale, avec une ligne
abondance, le fruit connu sous le nom de transverse de points noirs à la marge anté-
figue de Barbarie. Mais, à côté de ces rieure de chaque anneau ; le segment qui
avantages médiocres, il encombre une suit la tète est blanc en avant. noir au
surface appréciable de terrains cultivables milieu et divisé par une ligne rousse.
et il est, par suite plus indésirable qu'utile. Cette chenille est-elle capable d'une
A Madagascar, où il a été introduit, il avait action aussi efficace sur les Cactus? Il
pris un développement plus considérable serait peut-être nécessaire de le vérifier.
encore ; il empêchait, par son abondance, En effet, elle vit, en Argentine, dans la
l'exploitation agricole d'espaces considé- fleur d'une Opuntiacée, le Rhipsalis lum-
rables ; c'était un véritable fléau. bricoides S. Dyck., entre les feuilles des-
séchées de laquelle elle tisse son cocon ; ainsi périr, il est rationnel de penser que
mais il ne semble pas qu'elle s'attaque à la Vipère privée de son abri- se trouve
d'autres parties de la plante. L'informa- plus exposée à la destruction. Mais, qu elle
tion rapportée plus haut mériterait donc s'empoisonne elle même en absorbant les
confirmation. chenilles, voilà qui parait plus extraordi-
A plus forte raison, il y a doute au sujet naire et laisse fortement place au doute.
de la partie qui concerne les Vipères. Si Quoi qu'il en soit, il nous a paru inté-
vraiment la chenille de Cacloblastis ronge ressant de signaler le Cactoblastis à l'at-
les Cactus jusqu'au ras du sol et les fait tention des naturalistes.
G. POMTEVIN.
NOUVELLES
ET INFORMATIONS

Ephémérides du Muséum. TRAVAUX —


Sur la répartition du Cirripède Bala-

FAITS DANS LES LABORATOIRES AU COURS DE nus balanoides L. le long des côtes fran-
L'ANNÉE 1933. çaises et anglaises de la Manche. Congrès
de l'A. F. A. S.: Chambéry, juillet 1933.
4 p., 1 pl.
LABORATOIRE MARITIME
DE SAINT-SERVAN Pour la connaissance biM no inique
des fonds marins. Congrèsde l'A. F. A. S.:

A. et B. CHAUCHARD et P. DENISSOFF. — Chambéry, juillet 1933, 1 p.


Mesure de la réaction de l'écorce des — Le contour
géographique des côtes
deux hémisphères cérébraux aux excita- françaises et. anglaises de la Manche, et la
tions thermiques périphériques unilaté- répartition de Mytilus edulis et Balanus
rales. C. R. S:.;c. BioL, 113, 1933, p. 826. perforatus, C. R. Soc. de biogéographie.
19 déc. 1933.
— Variations de la chronaxie de
l'écorce cérébrale sous l'influence des —
Faune et flore de Saint-Servan en
excitations thermiques- périphériques. 1933. Bull. duLaborat. de St-Servan. 8 p.,
C. R. Soc. BioL, 413,1933, p. 596. fasc. XI, 1933.
E. CHEMIN. — Une excursion algolo- Une nouvelle station d'Oncidiella cel-

gique aux îles anglo-normandes. Bull. tica. Bull. Labor. St-Servan, 1 p., fasc. XI,
Lab. St-Servan, fasc. XII, p. 1 à 20, carte. 1933.
dans la
— Le Paracentrotus lividusSt-Servan,
A. CHEVALIER.

Sur l'indigénat de région de St Malo. Bull. Labor.
l'Hedera canariensis Willd. dans les îles 1 p., fasc. XI, 1933.
anglo-normandes. Le monde des plantes, croisières enec-
nJ î04, p. 42-43. — Compte-rendu des
tuées en 1933 par le Laboratoire maritime

Une excursion botanique dans les iles deSaint-Servan. Bull. Labor. de St-Servan,
anglo-normandes. Soc. tinnéennc de Nor- 6 p., fasc. II, 1933.
mandie.
R. LAMI. — Variations du pH de l'eau
A. DAVY DE VIRVILLE.

Les zones de de mer à l'entrée de la Rance. Bull. LrtÓor.
Lichens sur le littoral atlantique. Bull. St-Servan, 3 p., fasc. XI, 1933.
de Mayence-Sciences, p. 35-64, 8 planches.
- Etat de la.flore marine dans la ré-
— La flore et les conditions physiques gion malouine en 1933. Bull. Labor. St-
des flaques du littoral de l'océan Atlantique Servan, 3 p., fasc. XI, 1933.
et de la Manche. C. R. Acad. Se., t. 197. Stations nouvelles de quelques
p. 1000-1001. —
Algues rares dans la Manche occidentale.
E. FISCHER-PIETTE. — Nouvelles obser- Revue algologique, t. VII, fasc. 1 et II.
vations sur l'ordre d'euryhalinité des 1933.
espèces littorales. Bull. Inst. Océanog. — Nébulosité et brumes régionales
Monaco. n°619, p. 1-16, 4 carte. comme facteurs possibles de la répartition
géographique des Algues marines. Revue la Columbia River et du Mont Adams.
algologique. t. VII. fasc. I-II, 1933. Enfin cette forêt renferme deux parcs
R. LAMI et H. HEIM. — La maladie bac- nationaux, qui sont le Columbia Gorge
térienne desZostères : extension et causes Park et le Benson Park.
favorisantes. Bull. Acad. d'Agriculture de La Santiam National Forest s'étend
France, séance du 14 juin 1933. depuis le Nord du Mont Jefferson jusque
tout près de la grande route du Mac-
M. LEFÈVRE. — Sur la culture et la sys Kensie. Ses limites sont les monts Jeffer-
tématique de Protistes marins provenant son, Washington et Three Fingered Jack,
des cuvettes supra-littorales de Saint- les sources des rivières Santiam, Cata-
Servan. Bull. Labor. St-Servan, 6 p., 1 pl., pooia et Blue, ainsi que la partie nord de
fasc. XI, 1933. la rivière Mackensie. Elle contient, à la
base et au nord du Mont Jefferson. le
Jefferson Park qui est une des beautés de
Les forêts nationales de l'Orégon. — l'Etat avec ses 1000 acres de prairies
En plus des parcs nationaux, l'Orégon vertes, de lacs et de Heurs sauvages ; il
possède une imposante superficie de possède en outre plus de 50 sources
forêts nationales. Ce sont des forêts sou- chaudes, dont la température atteint
mises à une exploitation rationnelle : on jusqu'à 1700 Fahrenheit.
y peut faire paître des bestiaux, il est On trouve encore dans cette forêt un
permis d'y faire des coupes de bois, mais certain nombre de lacs, dont les princi-
sous le contrôle de l'Etat et dans des paux sont les lacs Marion, Pamelia, Big
limites raisonnables. Par ailleurs la faune et Fish, et enfin Clear Lake, qui doit son
et les sites sont protégés et la plus grande nom à la transparence cristalline de ses
attention est apportée -au développement eaux.
des essences forestières. Au fond, c'est La plus grande attraction de la
le retour à un juste état de choses : Siskiyou National Forest est les Oregon
l'homme, roi de la nature, n'en doit pas Caves, situées dans l'Oregon Caves Natio-
abuser. L'effort quasi universel fait actuel- nal Monument. Ce sont des grottes situées
lement pour la protection de la nature à 1000 pieds d'altitude dans la Cave
n'aurait pas eu lieu d'être sans la mécon- Mountain (6000 pieds) : elles forment un
naissance de cette vérité. ensemble de chambres reliées par des
L'Orégon possède 14 forêts nationales galeries que l'on ne peut visiter que suus
s'étendant sur 13.238.092 acres. c'est-à- la conduite d'un guide. La Siskiyou
dire 21,6 0/0 de sa superficie totale : c'est National Forest est située au sud de
dire leur importance,. Afin de les faire l'Oregon et au Nord de la Californie :
mieux connaître et d'en utiliser les agré- elle est encore remarquable, au point de
ments, on y a établi des lieux de campe- vue forestier, par les essences rares,
ment, où les touristes peuvent venir passer surtout en résineux, qu'elle contient.
les mois d'été, dans un cadre agréable La Cascade National Forest est une des
et en contact direct avec la nature ; ces plus étendues ; sa superficie est de
stations estivales sont d'ailleurs très fré- 1.(j23.800 acres et elle renferme environ
quentées. 23.589.600.000 arbres sur pied. Elle
Une des principales, parmi ces forêts, contient le cours supérieur de la rivière
est la Mount Hood National Forest, qui Mackenzie, région renommée pour lapêche
s'étend sur la région environnant le Mont dans les lacs des montagnes et les cours
Hood, depuis le sud de la Columbia River d'eau tributaires du Mackenzie.
jusqu'au Mont Jefferson ; on y rencontre Un autre paradis des pêcheurs est la
les sources de nombreux cours d'eau, les rivière Metolius. située dans la Deschutes
Bull Run, Sandy, Clackamas, Hood et National Forest, qui s'étend sur le cours
White Rivers, et en outre des sites supérieur des rivières Deschutes et Meto-
remarquables, comme Eagle Creek Forest lius. Cette forêt contient encore plusieurs
Camp, le Cloud Cap Inn, le Lost Lake et- lacs célèbres, le Blue Lake, ancien
une notable partie de la grande route qui cratère plein d'une eau d'une grande
contourne le Mont Hood. Le Cloud Cap beauté, l'Elk Lake, où se reflète mer -
Inn, en particulier, est situé tout au bord veiileusement la South Sister Mountain,
d'un grand glacier, accroché à l'épaule- le Crescent Lake. l'Odell Lake que beau-
ment nord du Mont Hood ; on y jouit coup considèrent comme presque aussi
d'une vue vers le nord, sur la région de beau que le Crater Lake, et enfin les
Paulina et East Lakes situés sur le som- néo-zélandaises, principalement par des
met de la montagne Newberry Crater. vaisseaux anglais et américains, qui avaient
La Umpqua National Forest, située, leurs ports d'attache à la pointe Nord de
pour la majeure partie, dans le comté de South-Island : vers 1830 le nombre des
Douglas est également renommée pour Baleines de la région avait sérieusement
abonder en gibier et en Poissons. Elle diminué.
renferme en particulier le Diamond Lake, C'est alors que se fonda une nouvelle
aux plages de sable fin, qui se trouve, au compagnie-de pèche, qui éclipsa rapide-
milieu de vastes plantations de Pins, entre ment toutes les autres ; mais dix ans après
les monts Thielsen et Bailey. elle déclinait à son tour. Eu iô92 l'indus-
A l'extrême Nord Est de l'Etat on trie baleinière en Nouvelle Zélande était
rencontre la Wallowa National Forest, pratiquement nulle.
dont la partie méridionale renferme Depuis lors quelques essais -ont été
quatre sommets de 9.000 pieds, tandis tentés pour la faire revivre ; ils ont tous
que la partie nord forme un plateau. été désastreux et. actuellement, la Nou-
A 7.000 pieds au de&sus du niveau de la velle-Zélande ne compte plus que deux
mer, près de Ilurrican Creek, entouré de stations de pèche, opérant sur une_petite
pics escarpés, se trouve le Wallowa Moun- échelle. I une if, Whangamumu, l'autre à
tains Lake Basin, qui contient beaucoup Torry-Channel, dans le détroit de la
de lacs et de petites rivières très poisson- Reine Charlotte.
neux.
Il faudrait encore citer la Whitman
National Forest, qui couvre une partie Une Araignée mangeuse de Poissons.
des Blue Mountains, la .Smslaw National C'est une Araignée du Bengale, qui
Forest située le long de la côte et offrant -

plusieurs kilomètres de plage, la Malheur porte le nom de Lyeosia Annandalei. Elle


National Forest, à l'extrémité sud des Blue passe la plus grande partie du jour sur
Mountains, qui contient les lacs High Ma- l'eau, tantôt flottant, tantôt sur les feuilles
des plantes aquatiques ; vers le soir, elle
goon et Strawberry et plusieurs hauts som- se retire à terre et se cache sous les végé-
mets, Strawberry Mountain (U.600 pieds) taux. Quand elle est sur l'eau, elle en par-
Glacier Mountain (1.931 pieds), Summit
Rock (7.317 pieds), etc... court la surface par bonds rapides ; est-
Comme nous l'avons dit plus haut, ces elle effrayée ou poursuivie par un ennemi,
forêts sont exploitées, niais d'une façon elle plonge dans l'eau, où elle peut rester
rationnelle. Elles sont de plus largement plus d'un quart d'heure sans remonter à
ouvertes aux touristes, aux chasseurs et la surface ; elle entraine alors avec elle
aux pècheurs, mais toujours sous condi- une certaine quantité d'air, qui forme
tion de s'en servir sans abus. Formule gaîne autour de son corps et la fait
pleine de sagesse et qui devrait être uni- paraître argentée.
versellement adoptée : l'ensemble actuel La Lycose mange divers Insectes, les
de la Nature est un trésor dont nous avons Mouches qui fréquentent la surface de
hérité; nous ne devons pas le dilapider. l'eau, les Libellules, etc. Elle s'attaque
aussi à d'autres Araignées et ne dédaigne
même pas de se livrer au cannibalisme ;
d'ailleurs, comme il a été observé chez un
certain- nombre d'Insectes, la femelle
Les Baleines en Nouvelle-Zélande. — dévore souvent le mâle. Mais elle sait
La présence des Baleines en Nouvelle aussi capturer les Poissons. Dans ce but.
Zélande l'ut signalée pour la première elle se place sur uue feuille flottante et
fois par le Capitaine Cook, qui visita la épie, avec la patience d'un Chat guettant
région en 1770, '1773 e.t 1774. une Souris, les petits Poissons qui nagent
Le premier essai de grande pêche fut alentour. On la dirait parfaitement indiffé-
fait, en 1791, par une flotille qui avait rente à leurs ébats ; cependant eUe se
servi à transporter en Australie des forçats, traîne lentement, par petits bonds, du
et des marchandises ; il n'eut pas de suc- centre vers le bord de la feuille, choisit sa
cès, le mauvais temps ayant empêché la victime et se laisse tomber brusquement
chasse d'être profitable. sur elle. Le Poisson est saisi par le nez,
Sept ans plus tard, cependant, la pêche piqué avec les chélicères empoisonnés; et
était activement pratiquée dans les eaux ne tarde pas à mourir.
La Lycose n'est pas la seule Araignée les effets de l'adaptation et de l'acclima-
ichthyophage: un certain nombre d'autres tation de l'homme et des animaux à la vie
ont des mœurs analogues, en particulier aux hautes altitudes. Trois nations y
les espèces du groupe des Pisauridae, qui coopèrent : l'Amérique, par l'Université
sont réparties entre l'Amérique et le Sud d'Harvard, l'Angleterre, par celle de
de l'Afrique. Cambridge, et le Danemark, par celle
de Copenhague.
Les travaux de cette expédition doivent
se poursuivre pendant cinq mois, durant
Le cannibalisme dans le nord-ouest de le printemps et l'été de 1935. Ils auront
l'Amérique du Nord. — Le Dr William pour base un camp situé à 17.500 pieds
Christie Mac Leod a publié récemment d'altitude, à la vallée de Kolumpa. près de
(Journ. Soc. Américanistes A. S. 25, fasc. Leh, dans l'Himalaya. Ce camp sera à une
2) une étude sur l'anthropophagie sur la courte distance de la fameuse route des
côte nord ouest de l'Amérique du Nord, caravanes Turkestan-Cachemire, qui est
et sur ses causes. Nous en extrayons, la plus haute route du monde régulière-
pour nos lecteurs, les renseignements ment fréquentée : elle traverse en effet
suivants. les montagnes par trois passes, dont la
Parmi les Kwakiutl, il existe un groupe moins élevée est à 18.000 pieds d'altitude.
de danses se rapportant, directement ou Des observations, commencées au ni-
indirectement, au cannibalisme : elles ont veàu de la mer, seront faites ensuite à
été dillusées du. nord -vers l'intérieur, mais
5.000, Il 11.000,14.500,17.500 et enfin 19.500
Il est évident qu'un certain nombre de pieds. Elles porteront sur les indigènes
leurs éléments ont été répandus séparé- qui vivent à ces altitudes lesquels portent
ment. le nom de Ladakis et sont presque entière-
Parmi ceux-ci l'action, par la famille ment tibétains. On en trouve encore
d'u ti mort, de manger le corps de celui-ci quelques agglomérations à 16.500 pieds,
est un élément de la culture ancienne de mais il y a un couvent de moines à 16.000,
la côte nord et du plateau septentrional. un de religieuses à 17.000 et un ermite vit
Elle était liée à la coutume, pour la veuve, à 18.000 pieds à la limite des neiges.
de porter avec elle les os du défunt, et Des observations analogues ont déjà été
il celle de se barbouiller avec le sang ou faites, mais d'une durée beaucoup moin-
les exsudations du cadavre, au lieu de le dre. Telles sont celles de Cerro de Pasco
manger. Cette coutume de l'anthropopha- (Pérou) 22 jours à 14.500 pieds, de Pikes
gie mortuaire représente probablement Peak, 7 jours à 14.108 pieds, du Mont
une survivance de coutumes provenant de Massive (Colorado), 3 jours à 14.000 pieds,
tribus plus anciennes. sans oublier le séjour de 8 jours qu'un
En second lieu, la pratique de couper géologue anglais, M. N. E. Odell, fit sur
des morceaux de chair sur des hommes de l'Everest, à une altitude de 23.000 pieds.
la tribu, est venue de l'intérieur de la
contrée ; on connaît en effet dans toute
cette région le rite qui consiste à saciifîer
soi-même des morceaux de sa propre
peau. Quant à l'ablation de morceaux de Les Sciences Naturelles
chair, c'est une coutume qui survit encore à l'Académie des Sciences.
parmi les Indiens des plaines du Nord et
des Woodlands. SÉANCE DU 2 JUILLET
Enfin le sacrifice des captifs de guerre
n'eut probablement pas, à l'origine, un Lithologie
but anthropophagique ; ce n'est que par
la suite que le cannibalisme en fut le pré- A. LACROIX. — Nouvelles observations
texte. sur la distribution des tectites eh Indo-
chine et dans les pays voisins.
Géologie.
Une expédition scientifique dans
l'Inde. — Une expédition s'organise ac- L. DONCIEUX, R. PAVANS DE CECCATYet
tuellement pour aller étudier, dans les
— Sur la présence de frag-
M. SOLIGNAC.
hautes montagnes du nord du Cachemire, ments de calcaire nummulitiquedans certains
cailloutis quaternaires de la région de Chironomide ectoparasite, et la croissance
Médenine (Extrême Sud Tunisien) de VEphémère-hôte.
Les spécimens examinés provenaient Symbiocladius rhitrogenae est un Chiro-
de deux régions : de Mestàoua, sur le bord nome dont la larve vit à demeure sous les
ouest de la Sebkra Oum-ez-Zezar, près de ébauches alaires de Rhithrogena semicolo-
la piste ancienne de Zarat à Djorf, et du rata, Ephémère très répandu en Rou-
bord de la route de Djorf à Méde-nine. manie. Ce Diptère est un véritable ecto-
On y a trouvé des cailloutis renfermant de parasite, qui amène la mort des larves
nombreuses Nummulites, qui indiquent d'Ephémère ; il infeste également les
le Lutétien inférieur. larves d'une autre Ephémère de la
On en peut conclure qu'il a existé une- région, Heptagenia lateralis. La note en
mer à Nummulites le long du flanc septen- question montre que ce parasite évolue
trional du vaste bombement des Jefara en harmonie avec l'allure de la croissance
tùnisienne et tripolitaine, dont la dépres- de ses hôtes, son accroissement final
sion de la Syrtique constitue le périclinal considérable se trouvant lié au dernier
oriental. stade nymphal de l'Ephémère.
G. SCHNEIDER. Conclusions tirées de Bactériologie.

mesures précises du débit des sources
thermales d'Aix-les-Bains. FRÉDÉRIC DIÉNERT, PIERRE ETBILLARD et
H. VAUTRIN. — Sur l'orogenèse du massif MME MADELEINE LAMBERT. — Sur la recher-
de l'Hermon (Syrie). che du bactémophage dans les eaux.
Les auteurs exposent une méthode
Botanique. nouvelle permettant de reconnaitre sûre-
ment, dans une eau donnée, la présence
H. S. REED et T. FRÉMONT. — Sur les des bactériophages antityphique et anli-
réactions des cellules des racines de Citrus à coli. Il résulte de leurs travaux cette cons-
l'infection par les mycorrhizes. tatation rassurante que l'eau de la Seille
en contient et en plus grande quantité en
L'équilibre entre l'activité parasitaire aval qu'en amont.
du mycélium et la résistance à l'infection
des cellules du parenchyme cortical de
l'extrémité des racines, dépend de la SÉANCE DU 9 JUILLET
saison et des engrais appliqués.
Dans le cas de végétation luxuriante, il Pétrographie.
se produit dans les cellules qui avoisinent
immédiatement le mycélium, une réaction J. P. ARENDT. — Relations entre la struc-
intense, qui préserve de l'infection les ture originelle de la phase dispersée des sels
cellules plus éloignées. originels et la transformation cristalline
et métasomatique des sédiments.
Biologie végétale.
Géologie.
ANTOINE DE CUGNAC et FERNAND OBATON.

Sur quelques particularités de la biologie JEAN GOGUEL. La tectonique de la
florale des Graminées. —
région située au nord de Grasse.
Une des particularités de l'anthèse, Les accidents tectoniques importants de
chez un certain nombre de Graminées, cette région sont des chevauchements vers
réside dans un allongement considérable - le sud, d'amplitude et de direction limi-
et très rapide des filets staminaux : cet tées, qui datent du Miocène. Les autres
allongement est dû à une élongation des ne se traduisent'que par des ridements
éléments périphériques sans multipli- non accentués et d'importance beaucoup
cation cellulaire. moindre.
Botanique.
Parasitologie.
PIERRE GHOUARD

Un cas singulier des
RADU CODREANU. Rapports entre le dé-
— transformations de bulbes en rhizomes dra-
veloppement de Symbiocladiusrhitrogenae, geonnants.
Il s'agit deScilla Adlami Bak., Liliacée aux environs de Castellane, devaient être
originaire du Natal, dont le mode normal considérées comme autochtones ; la pré-
de propagation semble résider dans la sente note a pour but de montrer qu'il en
formation de longs rhizomes drageon- est de même pour les terrains situés au
nants, qui reproduisent des bulbes à leur nord est et au sud du Grand Canon du Ver-
extrémité ; le même phénomène se don.
montre chez S. Tysoni Bak., des environs Botanique.
du Cap. Ces plantes sont les seules Lilia-
cées bulbeuses produisant des drageons,
Aurélian VLADESCO. — Cultures expé-
et il est vraisemblable d'en conclure, rimentales
le fait l'auteur, des de Fougères; formation de thalles
comme que ce sont
reliques problables de l'origine des plantes aposporiques.
à bulbes, dont les ancêtres avaient des La conclusion à tirer des expériences
souches allongées. de l'auteur est que le développement
ontogénique du sporophyte en cultures
Infection expérimentale, sur milieu minéral liquide se montre sus-
ceptible de modifications importantes,
mais seulement dans les stades qui suivent
EMILE ROUBAUD et JEAN MEZGER. — Sur la l'éclatement de la cellule archégonale.
sensibilité au paludisme des Oiseaux (Plas- Les jeunes sporophytes provenant de
modium relictum) des divers peuplements zygotes et restés entièrement vivants
raciaux du Moustique commun, Culex peuvent produire des prothalles
pipiens L. apospo-
riques, lorsqu'ils se développent sur des
Des trois races biologiques reconnues gamétophytes submergés, ce qui constitue
chez Culex pipiens, deux seulement, C. un fait nouveau.
pipiens pipiens et C. pipiens berbericus
qui sont des espèces de plein air et de Biologie végétale.
jardins, exploitent largement les Oiseaux
vivant dans le voisinage de l'homme ; Ch. CHABROLIN. — La germination des
la 36 au contraire dénommée Culex auto- graines de- Thesium humile exige l'inter-
gène, est plus particulière aux villes, où vention de Champignons saprophytes.
elle habite principalement les sous-sols :
cette dernière s'attaque presque exclusi- Le Thesium humile est une Santalacée
vement à l'homme. parasite des céréales eh Tunisie ; cepen-
En étudiant ces trois races au point de dant ses akènes germent en dehors de la
vue de leur susceptibilité relativement présence d'une plante-hôte. Mais il est
aux infections produites par Plasmodium indispensable que leurs parois soient infil-
relictum, agent de paludisme des Oiseaux, trées de filaments mycéliens appartenant
on constate que c'est le Culex autogène à divers saprophytes : Alternaria tenuis,
qui est le plus sensible à ces infections, Macrosporium commune, Cladosporium her-
alors qu'il est le moins exposé à les con- barum-, etc. La germination des noyaux et
tracter. Les auteurs pensent que des celle de toutes les graines à parois coriaces
observations analogues pourront être semble soumise aux mêmes exigences
faites sur les Anophèles, et qu'il n'y et on est mème amené à penser que la
peut-être pas d'autres causes à l'inno- pulpe des drupes joue, dans la germina-
cuité relative de certaines espèces. tion, un rôle analogue.

SÉANCE DU 16 JUILLET. Zoologie..


Louis GALLIEN. — Sur le déterminisme
Géologie. de la dualité d'évolution des larves chez
Polystomum integerri-mumFroelich.
Antonin LANQUINE. — Sur la structure
des Chaînes Provençales au nord-ouest et Reprenant les expériences anciennes de
Zeller sur la reproduction de Polystomum
au sud du grand canon du Verdon. integerrimum Froehlich, M. Gallien a
L'auteur avait montré, dans une note reconnu qu'il n'y avait qu'un seul type de
précédente, que les séries jurassiques Polystomum, et que les larves évoluaient
comprises dans les Chaînes Provençales dans deux sens différents suivant l'âge du
tétard qu'elles infestaient ; il en conclut du radium sur les rendements culturaux de
que la dualité évolutive de ces larves est quelques plantes.
due à une réaction morphogène, déter- Les doses modérées de radium n'ont
minée par la qualité et la quantité du sang aucune influence sensible le poids des
ingéré. sur
récoltes; le radium ne parait pas favoriser
Armand DEHORNE. — Phagocytose active l'assimilation de l'azote du sol par les
des sarcolytes des muscles longitudinaux, plantes. —
après l'évacuation des ovules, chez Nereis Embryologie.
diversicolor G. F. Müller.
Paul MATHIAS et Mme Marguerite BOUAT.
SÉANCE DU 23 JUILLET. —
Sur le développementde l'œuf de Bran-
chipus stagnalis L. (Crustacé phyllopode).
Protistologie.
Zoologie.
Edouard CHATTON et Mlle Berthe BIECHE-
LER. — Les Coccidinidae, Dinoflagellés
Mlle A. TÉTRY.

Description d'une espèce
coccidiomorphes parasites de Dinoflagellés, française du genre Pelodrilus (OligochNes).
et le phylum des Phytodinozoa. Le genre Pelodrilus, de la famille cos-
Les Dinoflagellés pour lesquels les mopolite des Haplotaxidées, était à peine
auteurs créent le genre Coccidinium, dont connue en Europe. Mlle Télry en décrit
ils décrivent deuxespèces, C. Legeri et une espèce nouvelle, la première connue
C. Duboscqui, constituent le type d'un de notre faune, Pelodrilus Cuenoti.
ordre nouveau, les Coccidinea, avec la Le genre en question ne comprenait
famille des Coccidinidae ou Coccidiniacae ; jusqu'à. présent que Il espèces. 6 des
-
on peut placer cet ordre aussi bien dans régions australienne, néo-zélandaise et
les Sporozoaires que dans les Dinoflagel- îles antarctiques; 3 d'Afrique, 4 d'Asie et
lés, prolongeant remarquablement l'his- 1 de Bulgarie.
toire évolutive de ces derniers. Il en
résulte la révélation de tout un phylum de SÉANCE DU 30 JUILLET.
souche péridienne, les Phytodinozoa.
Géologie.
Botanique.
G. DENIZOT. —
Sur la structure des îles
André DAUPHINÉ. — Sur le mode de for- Canaries, considérée dans ses rapports avec
mation de la membrane pecto-cellulosique. le problème de l'Atlantide.
L'auteur conclut de ses observations L'auteur fait remarquer que l'ensemble
qu'il est permis de supposer que les subs- des observations relatives aux terrains
tances protéiques de la lamelle moyenne, atteste une grandepermanence,incompa-
sont réellement vivantes ; la formation de tible avec les effondrements très récents
la cellulose résulterait lors de l'activité de de 4.000 mètres, qui se seraient produits
cette portion du cytoplasme. lors de la disparition de l'Atlantide.
Les observations d'ordre biologique
établissent des relations avec le Pliocène
Histologie végétale. de l'Europe occidentale ; des liaisons
paraissent certaines au cours du Tertiaire.
P. MARTENS. — Nouvelles observations mais rien ne prouve leur persistance
sur la cuticule des épidermes floraux. durant le quaternaire et surtout après.
Cette note résume l'ensemble des prin- La conclusion "de cette étude est que la
cipaux résultats obtenus en étudiant la submersiondes territoires atlantiques était
structure, l'origine et le rôle du relief déjà accomplie vers le milieu du Tertiaire,
cuticulaire sur les pétales de six espèces que par suite l'Homme n'en a pu être
bien distinctes par leur structure épider- témoin et que les traditions transmises
mique définitive. par Platon ne sont que des légendes.
Agronomie. Antonin LANQUINE. — Sur les ruptures
des Chaînes Provençales aux confins des
A. LEPAPE et R. TRANNOY. — Influence régions varoises septentrionale et orientale.
SÉANCE DU 6 AOUT. (Cladosporium, Aspergillus, Fusarium),
à l'influence de la présence d'azote orga-
Géologie nique, soit sous forme de peptones, soit
sous forme de gélatine pure, et enfin à
A. BIGOT. — Les récifs bathoniens de celle du sucre.
IVormandie
Continuant ses études sur les récifs SÉANCE DU 13 AOUT 1934.
bathoniens de la Normandie, l'auteur
s'occupe ici du récif de Perrières et de Ecologie agricole.
ceux de la plaine de Ghambois, au nord
d'Argentan. Il en conclut que le dépôt Louis MONTLAUR. — Le climat et les
du Bathonien s'est fait sans l'intervention besoins physiques de la plante.
de courants rapides, et que la surface
hercynienne avait acquis avant le Juras- L écologie agricole a pour but l'étude
sique un modelé dont l'évolution était de la réaction des plantes aux facteurs
très avancée. du milieu, en vue de déterminer les pos-
sibilités agricoles d'une région. Il est
Antonin LANQUlNE. — Sur la structure nécessaire d'étudier expérimentalement
des Chaînes Provençales dans le Nord de les besoins climatiques des nombreuses
la région varoise orientale. formes nouvelles obtenues par la géné-
Paul CORBIN et Nicolas OULIANOFF. — La tique. M. Montlaur donne dans cette note
photographie aérienne au service de la le résultat de ses observations à ce sujet.
géologie.
Les photographies aériennes prises SÉANCE DU 20 AOUT.
pour l'établissement de la carte topogra-
phiqne du Massif du Mont Blanc ont Botanique.
fourni les renseignements d'un haut
intérêt au point de vue de l'hydrographie P. LAVIALLE etP. JAEGER. — Cytologie
du Rhône et de FArve. et particularités nucléaires du grain de
Jacques FROMAGET. — Nouvelles obser- pollen des Dipsacées.
vations sur l'âge et la structure des plus Le grain de pollen des Dipsacées pré-
vieilles formations sédimentaires et cristal- sente des particularités cytologiques,
lines du Nord du Tonkin. spécialement nucléaires, qui le distin-
guent du grain de pollen habituel des
Paléobotanique Angiospermes. Les auteurs de la note
ont particulièrement étudié, à ce sujet, le
Paul BERTRAND. — Observations sur la pollen du Knautia arvensis.
classification des vrais Pecopteris.
En révisant la classification des vrais Tératologie.
Pecopteris, qui sont des Fougèreb des
terrains houillers M. Bertrand arrive à Marcel BAUDOUIN. — Monstruosité double
conclure que ces plantes font partie des très rare : un Chat thoradelphe.
Filicales, au même titre et pour les mêmes La monstruosité dite Thoradelphie
raisons que les Fougères actuelles. résultant de la soudure de deux corps au
niveau du thorax est très rare chez le
Mycologie. Chat. L'observation relatée dans cette
note concerne un Chat thoradelphe, du sexe
Auguste et René SARTORY; Jacques MEYER masculin, né à terme et de forme très
et Hans BAUMLI. — Essai de différencia- pure, c'est-à-dire sans atrophie d'aucun
tion entre les Champignons cellulolytiques membre : c'est le second cas connu.
parasites du papier. L'auteur en profite pour rectifier deux
erreurs commises par Lesbre dans son
Après avoir exposé leurs expériences, Traité de Tératologie, à savoir que la
les auteurs donnent leurs conclusions Thoradelphie n'avait pas été constatée
relatives à l'assimilation de la cellulose chez l'homme et que les thoradelphes
par les divèrs Champignons étudiés n'étaient pas viables.
M. Baudouin rappelle le cas de la Zoologie.
femme signalée par Brooks H. Wells (Am.
J. of. Obst. 1888), qui parvint d'ailleurs à Marc ANDRÉ. — Sur une Ecrevisse amé-
l'âge adulte, et celui d'une truie thora- r.icaine pullulant aux portes de Paris.
delphe âgée de 8 mois, signalée dans La
Nature du 7 juillet 1888. Cette Ecrevisse est le Cambarus affinis
La monstruosité en question a été éga- Say, qui habite normalement les lacs Erié
lement observée chez le Chien, le Veau et et Supérieur et les fleuves de l'Est des
le Scorpion. Etats-Unis. Introduit en Allemagne en
1.890, il y a prospéré et peuple tous
les cours d'eau en communication avec
SÉANCE DU .27 AOUT. l'Oder.
En France on le savait acclimaté dans
Biologie végétale. le Cher, près de Vierzon ; il est mainte-
nant introduit dans la Marne, particulière-
Louis BLARINGHEM. — La température ment près de son confluent avec la Seine,
des fleurs. où il pullulait cette année.
Il s'agit des variations de température M. Ma-rc André pense que l'origine de
qui se produisent dan- les fleurs, sous des cette nouvelle colonie est une migration,
influences diverses. M. Blaringhem, à les Cambarus étant des Crustacés voya-
l'aide de thermomètres spéciaux, a effec- geurs qui n'hésitent même par à emprun-
tué 3.0[10 observations au cours de six ter la voie de terre pour aller à la recher-
mois, et indique les résultats d'ordre che d'une localité qui leur convienne
général qu'il a obtenus. mieux.
PARMI LES LIVRES

Raymond ROLLINAT. — La vie des Rep- autres Oiseaux à l'aide de Grands-Ducs, sur
tiles de la France centrale. 1 vol., l'alimentation des Alouettes, sur la biologie
des Chiroptères.
313 pages ; 11 planches en quadrichro- Mais l'œuvre maîtresse est bien le livre dont
mie ; 24 planches en héliogravure. Librai- il est question ici. Deux chapitres sont consa-
rie Delagrave, Paris, 1934. crés à la Cistude d'Europe (II et III), quatre
Trois ans après la mort de son auteur, ce aux Lézards (Lézard vert, Lézard des souches,
Lézard des murailles, Lézard vivipare), un à
volume, fruit de cinquante années d'observa- l'Orvet fragile ; puis, voici les Ophidiens, avec
tions biologiques, vient de paraître, sous les l'étude de la Couleuvre d'Esculape, de la Cou-
auspices dela Société Nationale d'Acclimatation leuvre lisse, du Zaménis, de la Couleuvre vipé-
de France, avec 1 aide du Ministère de l'Edu- rine, de la Vipère bérus et de la Vipère aspic.
cation nationale, de l'Institut de France et du Chacune de ces sortes de monographies
Conseil général de l'Indre. Encore n'est-ce là comprend l'indication des caractères extérieurs
qu'une partie des observations, des notes, pa- de l'animal considéré, la coloration et ses
ti entes et méthodiques,accumulées par Raymond variétés, l'habitat, la nourriture, les ennemis,
Rollinat sur le comportement de ses animaux la capture, l'hivernage, la reproduction et une
préférés, une espèce de Tortue, cinq espèces foule de détails animentchacun de ces passages.
de Sauriens, sept espèces d'Ophidiens ; animaux On a toujours tendance à rapprocher Rollinat
qu'il avait accoutumés à vivre à sa portée, dans de Fabre et il y a sans conteste des anaiogies
les conditions les plus proches de l'état de dans le genre de vie de ces deux naturalistes.
nature, si bien que chaque vicissitude de leur Je ne m'attacherai point à pousser, jusque dans
existence de Reptiles lui était devenue familière. leurs œuvres, un parallèle critique. Mais celle
A Mme M. Phisalix, « notre grande prêtresse de Rollinat, porte, à chaque page, la marque
des animaux venimeux », fut dévolu le soin d'une observation extrêmement précise, inven-
d'élaguer l'énorme documentation manuscrite tive aussi et alerte. Dans l'exposé, point de
laissée par Rollinat, d'éliminer les redites, tout lyrisme enveloppant : un style net, clair, sans
en gardant l'essentiel et le caractère d'une recherches.
œuvre pleine de charme et de fines obser- Que de faits intéressants, mis en évidence
vations.
Le Dr G. V. Legros, gendre et biographe de par Rollinat, il faudrait pouvoir signaler au
si l'on ne risquait d'excéder le cadre
J.-H. Fabre, en une très belle introduction, lecteur,
de ces compte-rendus bibliographiques !
nous fait connaître Raymond Rollinat en retra- Notons cependant les belles observations tou-
çant sa vie. chant la ponte de la Cistude d'Europe, la finesse
« Il était fortuné, écrit Gaston Chérau, dans
avec laquelle est analysé le mouvement des
un article de l'Illustration sur le naturaliste pattes
argentonais, destiné comme tout héritier de la l'œuf postérieures qui, alternativement, guident
bonne bourgeoisie à être oisif ». Et sans doute femelle vers l'orifice de la chambre de ponte. La
les représentants de cette bonne bourgeoisie détrempe la terre où elle creuse le trou
dont il était issu, n'eussent-ils point compris qui contiendra ses œufs, au moyen de l'eau
rempli
cette forme de labeur qu'imposait la vocation dont elle a ses poches ou vessies lom-
de Rollinat, cette passion pour les bêtes, son baires, dépendances du cloaque.
besoin de s'enfermer dans sa maison d'Argen- Si le sol est trop dur, si la provision d'eau
ton, plus près d'elles que des hommes, et cette est épuisée, la Cistude peut interrompre son
préoccupation de saisir parmi les rythmes de travail pour aller au bassin remplir, à nouveau,
leur existence, après leur frénésie génésique, ses réservoirs.
toutes les phases de leur reproduction. Le récit de l'accouplement du Lézard vert
Le Dr Legros nous fait connaître son Musée, doit être également retenu ; violence du mâle
nous promène dans son jardin d'études : bassins vis-à-vis de la femelle qui se débat, au point
de ciment pour les Cistudes, rocher artificiel que dans l'étreinte, il arrive que le foie et les
destiné aux Lézards, cages spéciales qui lui œufs, dans les oviductes, soient broyés ; mais
permettaient de transporter ses Reptiles jus- la rude initiation faite, voici la femelle qui
qu'auprès de son lit, fumier et refuges d'hiver- recherche les mâles au lieu de les fuir. Dans
nage, couveuses artificielles établies sur ses son introduction, le Dr Legros a bien condensé
indications. D'ailleurs, si le monde des Reptiles toutes les révélations que nous ont apportées les
fut, par dessus tout, son domaine, le naturaliste observations de Rollinat sur l'accouplement
qu'était Rollinat devait s'intéresser aux ani- chez les Reptiles : permanente activité des
maux les plus divers. Il consacra, avec René glandes séminales, accouplements hors saison
Martin, un volume aux Vertébrés sauvages du qui ne paraissent avoir d'autres fins que le
département de l'Indre ; sa vocation d'obser- plaisir. Tout cela, complété par des recherches
vateur nous valut d'excellentes publications embryologiques : mois par mois l'état et l'évo-
sur la destruction des Rapaces diurnes et lution des organes génitaux sont suivis, le pro-
grès de la maturation des ovules, les stades de prenaient leur nourriture près de ses lèvres,
transformations du fœtus. les Couleuvres devenues familières ont été dis-
Rollinat, passait, comme il convient avec une persés ;dispersées aussi les belles collections,
telle existence, pour original, nerveux et fan- patiemment et amoureusementconstituées, puis-
tasque. Il a pu écrire cependant, de lui-même : qu'une partie seulement a pu être acceptée par
« J'ai eu deux grands défauts dans mon exis- le Muséum (le reste est au Musée de Bourges) ;
tence, la sensiblerie et l'amour des Chats ». la maison a été vendue, le jardin transformé...
Cette « sensiblerie » se manifeste par une Que resterait-il de cette belle vie de natura-
clause de son testament qui porte en elle beau- liste, sans ce livre où par l'image et par l'es-
coup d'émotion : il demanda qu'après sa mort, prit, son auteur revit tout entier ?
aux beaux jours, ses Sauriens et Serpents Je n'aurais garde d'oublier, en terminant, de
fussent relâchés dans la vaste nature. Ainsi les signaler aux lecteurs les admirables planches
Cistudes centenaires, qui venaient à sa ren- en quadrichromie dues au pinceau de MUe Marthe
contre lorsqu'il apparaissait dans son jardin, les Vesque. Quelle finesse et quelle exactitude, tant
Lézards de souches, qui grimpaient sur lui et dans le coloris que dans l'allure !

G. PETir.

Éditeurs :
FÉLIX ALCAN, Paris
NICOLA ZANICHELLI, Bologna
-
AKADEMISCHEVERLAGSGESELLSCHAFTm. b. H., Leipzig - DAVID NUTT, London
G. E. STECHERT & Co. New-York - RUIZ HERMANOS. Madrid - F. MACHADO & C.ia, Porto
THE MARUZEN COMPANY. Tokvo.

1934 28ème Année REVUE INTERNATIONALE DE SYNTHÈSE SCIENTIFIQUE


f{ m «rpi
|\| Paraissant mensuellement (eii fascicules de 100 à 120 pages chacun)
I r | I 4
/V
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Directeurs F. BOTTAZZI - G. BRUNI - F. ENRIQUES
Secrétaire Général Paolo Bonetti
EST L'UNIQUE REVUE à collaboration vraiment internationale.
EST L'UNIQUE REVUE à diffusion vraiment mondiale.
EST L'UNIQUE REVUE de synthèse et d'unification du savoir, traitant les questions fondamentales
de toutes les sciences mathématiques, astronomie, géologie, physique, chimie, biologie, psychologie.
:
ethnologie, linguistique ; d'histoire des sciences, et de philosophie de la science.
EST L'UNIQUE REVUE qui par des enquêtes conduites auprès des savants et écrivains les plus
éminents de tous les pays (Sur les principes philosophiques des diverses sciences ; Sur les questions astronomiques
et physiques les plus fondamentales à l'ordre du jour ; Sur la contribution que les divers pays ont apportée ail déve-
loppement des diverses branches du savoir ; Sur les questions de biologie les plus i/llj)ortalltes, etc. etc.) étudie tous
les plus grands problèmes qui agitent les milieux studieux et intellectuels du monde entier et constitue en
même temps le premier exemple d'organisation internationale du mouvement philosophique et scientifique.
EST L' UNIQUE REVUE qui puisse se vanter de compter parmi ses collaborateurs les savants les plus
illustres du monde entier.
fascicule est joint un Supplément
Les articles sont publiés dans la langue de leurs auteurs, et à chaque
contenant la traduction française de tous les articles non français. La Revue est ainsi
entièrement accessible même à qui ne connaît que le français. ;Demande1 un fascicule d'essai
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pur titre de remboursement des frais de poste et d'em'oi).

ABONNEMENT Fr. 200


Il est accordé de fortes réductions à ceux qui s'abonnent pour plus d'une année.
Adresser les demandes de renseignements directement à '"SC IIvV Tt A,, V ia A. De Togni, 12 - Milano 116 Italie"
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDÉE ET PUBLIÉE PAR LA.

SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE

4e ANNÉE — No 12 Décembre 1934

-
SOMMAIRE
F. CARIDROIT et V. RÉ&MEii. Etude physiologique de quelques cas d'hérédité
dans la volaille

....
643
M. SAGOT-LESAGE

J. VELLARD
G. PETIT
..
....... , -
.
Le problème des incendies de forêts en Provence
Dans les solitudes du Grand Chaco
CHRONIQUE DU CINÉMA DOCUMENTAIRE. —
.
*

"KAYAK"
.
654
660
670

VARIÉTÉS. Les lacs du Kénya et de l'Ouganda 674


NOUVELLES ET INFORMATIONS 676


.

PARMI LES LIVRES 678

TABLE DES MATIÈRES DU TOME IV (1934)


..........
La photographie reproduite sur la couverture et qui représente un Echinocactus
1-X

est due à M. P.-L. BARRUEL.


-

REVUE MENSUELLE
Abonnements France et Colonies : 75 fr. — Étranger : 90 fr. ou 105 fr. suivant les pays.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE
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Tous droits de reproduction et de traduction réservés.


SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION
Fondée en 1854. reconnue d'utilité publique en 1856

BUREAU
Président : M. Louis MANGIN, membre de l'Institut, directeur honoraire du Muséum
Secrétaire général : M. G. BRESSOU. directeur de l'École d'Alfort.
Vice-présidenis : Secrétaires : Trésorier :
MM. Bois. professeur hono- M. Marcel DUVAU.
raire au Muséum ; MM. Pierre CREPIN
DECHAMBRE, professeur Archiviste
;

honoraire à l'Ecole Charles VALOIS Monseigneur FOUCHER.


;

d'Al fort Pierre MARIÉ;


;
le docteur THIBOUT ;
Bibliothécaire :
Maurice LOYER. Lucien POHL. M. Ph. DE CLERMONT.
Secrétaire aux publications, rédacteur en chef de La Terre et la Vie :
M. G. PETIT, sous-directeur de Laboratoire au Muséum.

CONSEIL D'ADMINISTRATION
MM. A. BARRIOL ; MM. le comte DELAMARRE, MM le docteur ROCHON-DUVI-
DE MONCHAUX GNEAUD ;
BOURDELLE. professeur le prince Paul MURÂT
;
L. ROULE, professeur
au Muséum. ;
ail Muséum ;
le docteur POLAILLON ;
A. CHAPPELLIER ; ROUSSEAU-DECELLE ;
le marquis de PRÉVOI-
DELACOUR SIN Roger de VILMORIN.
Conseil juridique : MI MONIR\. avocat près la Cour d'appel de Paris.

MEMBRES HONORAIRES DU CONSEIL


MM le baron d'ANTHOUARD ;
Dr CHAUVEAU. sénateur, ancien ministre ; Cli. DEBREUIL ;
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de l'Institut prince Joachim
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MURÂT ; Dr SEBILLOTTE.

BUREAUX DES SECTIONS


Mammalogie Aquiculture Aquariums et Terrariums
Président : P. DECHAMBRE Président : L. ROULE Président D' J PELLEGRIoN.
Vice-président : H LETARD Vice-président : H. LOYER. Vice-présidents Mme le D'
Secrétaire Ed. DECHAMBRE. Secrétaire ANGEL. PHISALIX ; M FABRE-DO-
Délégué du Conseil : Ed Délégué du Conseil : M. MERGUE.
BOURDELLE.
LOYER. Secrétaire : A. DORLÉANS.
Délégué du Conseil L.
Ornithologie Entomologie ROULE
Président : J. DELACOUR. Président : J. JEANNE!.
Vice-présidenis : L. CHOPARD Protection de la Nature
Vice-présidents : A.BERLIOZ; P. VAYSSIÈRE
prince l'aul MURAT. Président R. de CLERMONT.
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Vice-président A. GRANGER.
Secrétaire : M. LEGENDRE. Délégué du Conseil le comte :

Délégué du Conseil Ed :
:
DELAMARRE ni: MONCHAUX. Secrétaire Ch. VALOIS
BOURDELLE. Délégué du Conseil D' Ho-
Botanique CHON-DUVIGNEAU D
Président D. Bois
Vice-président GUILLAUMIN.
Secrétaire C. GUINET.
:
Délégué du Conseil Roger
de VILMORIN.

LIGUE FRANÇAISE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX


Président J. DELACOUR; vice-présidents prince Paul MURÂT, comte DELAMARRE DE
: :
MONCHAUX ; secrétaire genéral : A. CHAPPELLIER ; secrétaires Mme FEUILLÉE-BILLOT, :
MM. NICLOT. ROPARS trésorier P. BARET délégué du Conseil D' THIBOUT
; : :
ÉTUDE PHYSIOLOGIQUE
DE QUELQUES CAS D'HÉRÉDITÉ
DANS LA VOLAILLE
par
F. CARIDR01T ET V. RÉGNIER
(Travail de la Station physiologique du Collège de France).

Comme toute science, la Génétique tonnets d'origine nucléaire qui de-


est d'abord passée par le stade de viennent nettement visibles au mo-
l'observation pure ; toutefois, obser- ment des divisions cellulaires. Il en
vation d'un genre nouveau, car elle fit le support matériel des caractères
portait sur de grands nombres. La héréditaires localisant sur eux avec
conclusion des statistiques ainsi éta- précision, la particule qui détermi-
blies aboutit aux lois de Mendel, lois nera telle couleur d'yeux ou telle for-
qui furent reconnues applicables à me d'ailes, par exemple. Les re-
différents groupes d'animaux et de cherches de ce savant. portant sur
végétaux. Les méthodes se perfec- des milliers de sujets ont grande-
tionnant, le nombre d'observations ment contribué à faire progresser la
augmentant aussi, on put recon- science de la Génétique. Naturelle-
naître diflérents modes d'hérédité. ment, même en admettant toutes les
Plus tard, la Génétique s'efforça hypothèses fondamentalesde Morgan,
d'être causale, c'est-à-dire qu'elle il reste un grand nombre de problèmes
rechercha le mécanisme de la trans- non résolus : que sont, en définitive,
mission des caractères héréditaires. ces gènes chromosomiques ? Com-
Après avoir supposé et admis l'exis- ment peuvent-ils agir au cours du
tence de facteurs ou gènes, entités développement ?
assez mystérieuses, substances ou Nos recherches diffèrent de celles
propriétés de substances, capables de de Morgan par leur conception. L'é-
diriger l'évolution de l'œuf et de tude statistique d'un croisement nous
l'embryon, on chercha à savoir dans fait connaître les caractères raciaux
quelle partie de la cellule il convien- héréditaires et leur mode dg trans-
drait de les localiser. C'est Morgan mission. Avant de tenter, par l'ana-
qui, par l'étude d'une petite Mouche, lyse génétique habituelle, une inter-
la Drosophile, illustra le mieux cette prétation factorielle des phénomènes
façon de voir. Il établit un rapport observés, avant de chercher à pré-
entre les facteurs déterminants de ciser quels sont les gênes en pré-
l'hérédité et les chromosomes, bâ-- sence, comment ils sont fixés sur les
chromosomes, comment ils se trans- normales, resteraient insoupçonnés?
mettent, nous nous demandons si les Sans doute, il n'est pas possible,
conditions de milieu n'interviennent dans l'état actuel de nos connais-
pas dans l'extériorisation des carac- sances de chercher à préciser les
tères raciaux. conditions physiques et chimiques
Ce qui seul est visible à nos yeux qui président à la transmission de

représente-t-il l'ensemble des poten- caractères aussi complexes. Toute-


tialités de l'animal que notre croise- fois, on peut opérer sur les condi-
ment a créé ? Ces caractères mysté- tions physiologiques d'un individu,
rieux qu'on dit récessifs ou dominés, par l'intermédiaire de ses sécrétions
qui n'apparaissent pas ehez un indi- internes par exemple, pour agir in-
vidu donné, mais qui existent dans directement sur le fonctionnement
sa constitution héréditaire (son géno- cellulaire.
type disenl les généticiens), puisqu'il Dans l'espèce Coq domestique, nous
les transmet à ses descendants, ne avons assez d'exemples pour affir-
sont-ils pas inapparenls que pnrce mer que l'étude des rapports entre
que le milieu empêche leur dévelop- caractères raciaux et sécrétions in-
pement? Les phénotypes sont-ils im- ternes génitales' est indispensable.
muablement fixés par la constitution On sait que chez ces Oiseaux c'est
chromosomique de l'œuf qui les a une sécrétion de l'ovaire qui condi-
engendrés? Bref, ne peut-on songer tionne la forme et la pigmentation
à faire surgir expérimentalement, du plumage femelle. Tandis qu'un
sur un individu, des traits hérédi- Coq castré garde les mêmes carac-
taires qui, dans les conditions tères de plumage, une Poule ovariec-
tomisée prend un plumage de Coq. Langshan noir x Plymouth Rock
De même, un Coq porteur d'une barré, la neutralisation sexuelle des
greffe ovarienne prend un plumage somas ne changeait en rien les carac-
femelle par la forme et la pigmen- tères raciaux extériorisés. L'inter-
tation. prétation factorielle faite sur les ani-
Cette action de l'hormone ova- maux sexués n'était en rien modifiée
rienne, doit retenir l'attention des par les observations des Chapons et
généticiens. Chaponnes.
Se baser uniquementsur les carac- Dans ce qui va suivre trois études
tères présents sans tenir compte des vont être présentées ; les deux pre-
« potentialités » peut mener à
une interprétation factorielle
erronée.
Pour en donner un exemple,
nous rappellerons un cas où
l'hormone ovarienne, par son
action sur le plumage, dissi-
mulait un mode d'hérédité liée
au sexe.
Dans le croisement çf Ardert-
x
nais argenté 9 Ardennais doré,
nous obtenons, à la première
génération, des Coqs dorés et
des Poules noires. Après trans-
plantation ovarienne, le Coq do-
ré métis donne une Poule noire
comme la sœur, mais celle-ci,
Poule métisse noire, ovariec-
tomisée donne une Chaponne
argentée. Le complexe hérédi-
taire du frère et de la sœur.
n'était donc pas semblable pour
l'un et pour l'autre, malgré
l'identité de la forme femelle.
Il y a là un cas d'hérédité liée au.
sexe (puisque la Chaponne est
argentée comme son père) qui
ne se manifeste qu'après neu-
tralisation sexuelle.
L'interprétation factorielle de
ce cas ne pouvait être conforme fi.
l'étatréel desgènes sansl'analyse
expérimentale que nous en avons fait. mières ont bénéficié de notre ana-
Il est bien évident que l'hormone lyse expérimentale ; pour la troi- -
ovarienne n'intervient pas toujours sième, l'exploration des potentialités
dans l'extériorisation des caractères par notre méthode n'est pas encore
raciaux. Zawadowski a démontré, terminée. Le lecteur pourra ainsi
par exemple,* que dans le, croisement se rendre compte'de sa nécessité.
I. — Etude d'un croisement vons à la forme neutre dans laquelle
çf Rhode IslandX 9 Andalou bleu. apparaît le pigment rouge d'origine
Dans la race Rhode Island Red, paternelle, mais pas dans toutes les
les Coqs et les Poules présentent régions.
presque exclusivement une pigmen- CARACTÈRES DE LA FORME NEUTRE
tation rouge. Dans la race Andalou (fig. 2).
bleu, Coqs et Poules sont d'un gris Camail : les plumes deviennent
bleuté avec plumes liserées de noir ; effilées. Beaucoup sont entièrement
le Coq est toutefois presque complè- noires, d'autres, surtout celles du
tement noir dans la région des lan- haut ont la partie centrale noire,
cettes et du camail. Un croisement mais la région des barbes dépourvues
entre ces deux races sera donc inté- de barbules est rouge.
ressant, car il n'y aura aucune diffi- Gorqe : alors que les plumes fe-
culté, a priori, pour distinguer dans melles avaient le rachis noir, les
les métis ce qui proviendra de l'un plumes nouvelles ont le rachis rouge
ou de l'autre parent. orangé et ce pigment semble-diffusé
A) LE CROISEMENT DIRECT. dans le reste de la plume parmi le
pigment noir, formant une flaque
Les métis obtenus dans le croise-
ment çf Rhode Island x 9 Andalou rouge médiane.
Dos : pas de pigment rouge. Nous
bleu présentent des différences de obtenons seulement des lancettes
coloration de plumage suivant le noires comme celles du Coq Andalou
sexe : les Poules métisses sont bleu bleu.
andalou, tandis que leurs frères pré- Ailes : le pigment rouge est très
sentent des plumes rouges abon- important dans les moyennes sus-
dantes, surtout à l'âge adulte, dans alaires. Pas de changement au point
la région des lancettes, du camail et de vue pigmentaire dans les petites,
sur les ailes. Autrement dit, le pig- les grandes sus-alaires et les rémiges.
ment rouge de la race Rhode Island,
celle du père, n'est visible que sur les Poule 93 : issue du croisement çf
fils. Rhode Island rouge x Ç Andalou
Nous avons provoqué l'inversion bleu. Née 1929.
sexuelle du plumage chez deux Poules en
Son plumage est bleu andalou
issues de ce croisement pour con- les mêmes caractères que celui
avec
naître l'influence des hormones de la poule 86.
sexuelles sur les caractères raciaux Ovariectomie nécessitant plusieurs
du phénotype. interventions.
Poule 86 : issue du croisementcf CARACTÈRES DE LA FORME NEUTRE
Rhode Island rouge X Ç Andalou (fig. 3).
bleu. Née en 1927. Dans la form'e neutre apparaît aussi
La forme générale du corps est le pigment rouge d'origine paternelle.
celle du Rhode Island, mais le plu- Toutefois les régions où nous notons
.mage est gris bleu andalou. Le rachis sa présence ne sont pas les mêmes
des plumes est noir et le liseré n'est que pour la poule 86.
pas très net (fig. 1). Camail : les barbes des plumes
L'ovariectomie nécessite plusieurs sont rouges dans la région marginale
interventions. Final-ement nous arri-. dépourvue de barbules.
Gorge : plumes non changées. Elles Ailes : elles po rtent trois bandes co-
sont restées bleues. lorées : celle du bord de l'aile est
Dos : la région marginale et la bleue, la moyenne est rouge et celle
pointe des lancettes est devenue rouge qui couvre les rémiges est bleue.
tandis que la région centrale devenait Toutefois dans les barbes bleues
presque noire. des grandes sus-alaires on observe
Ailes : les moyennes sus-alaires
seules sont rouges. Les rémiges
sont devenues bleues.
Ainsi dans le croisement direct,
nous avons bien la preuve expéri-
mentale que le pigment rouge était
inhibé par l'hormone ovarienne.
Malheureusement, un accident
nous priva de la féminisation d'un
Coq mélangé. Le croisement de
retour allait toutefois nous per-
mettre de réaliser l'expérience.
B) CROISEMENT DE RETOUR
AVEC UN COQ ANDALOU BLEU
Nous avons croisé un CoqAnda-
lou bleu avec les poules bleues
métisses précédentes. Nous retrou-
vons le mélange de rouge et de
bleu chez les rejetons mâles comme
chez les Coqs métis de première
génération. Nous pratiquons alors
l'inversion sexuelledu Coq suivant :
Coq 169 : issu du croisement
çf Andalou bleu x Q métisse de
première génération (cf Rhode
Island x Q Andalou bleu). Les
deux parents étaient donc bleus
tous les deux. Né en mars 1931.
Aspect du plumage en décembre
1931 (fig. 4) :
Camail : plumes effilées. La
partie axiale, pourvue de barbules
est bleue. La bordure, dépourvue de quelques flaques rouges. Les rémi-
barbules, est rouge. ges n'ont pas de rouge.
Gorge: plumes bleues sauf le ra- Le 15 janvier 1932, le Coq est cas-
chis qui est rouge. tré et il reçoit un transplant ovarien.
Lancettes : extrémité noire. La Les plumes qui repoussent par la
partie axiale est aussi noire. Les suite, dans les régions de déplumage,
barbes, dans la bordure sans bar- sont femelles.
bules, sont- rouges. En octobre 1932, l'animal pos-
sède entièrement le plumage de poule elle est mélangée de bleu et de
qu'il a encore à l'heure présente. rouge. Si nous la considérons seule,
CARACTÈRES DU PLUMAGE FEMELLE nous pouvons dire que nous sommes
(tig. 5 et 6). en présence d'un mode d'hérédité en
mosaïque, sans dominance du bleu
L'animal. d'une façon générale, a ni du rouge, sans mélange strict des
le plumage bleu andalou, mais assez deux couleurs qui n'existent jamais

sombre. Pas de bordure noire que côte à côte, même dans les
comme chez les vrais Andalous bleus. plumes bicolores.
Toutefois, le rachis des plumes de la 2. — La féminisation d'un soma
gorge est blanc un peu jaunâtre. La neutre donne une Poule bleue. Le
pigmentation rouge a totalement pigment rouge disparaît. Une simple
disparu. féminisation devrait donner une
Poule avec des plumes femelles
Discussion et Conclusions. bleues et des plumes femelles rouges,
1. — Chez des animaux métis puisque ces deux formes existent chez
possédant des gènes ou facteurs les Poules des races en jeu, tandis
d'origine Andalou bleu et d'origine qu'ici, les plumes femelles rouges
Rhode Island rouge, on observe : n'apparaissent pas. En langage géné-
chez les Coqs, un plumage mélangé tique, nous dirons donc que la pig-
de bleu et de rouge et, chez les mentation femelle Rhode Island rouge
Poules, un plumage seulement bleu. est passée à l'état récessif.
La forme neutre réalisée naturel- 3. — Dans quelle catégorie, dans
lement chez le Coq, et par ovariec- quel mode d'hérédité allons-nous
tomie chez la Poule, est commu-ne ; placer ce cas ? Si nous ne considé-
rions que la forme neutre, nous sins l'un de l'autre, varient avec les
dirions que c'est une hérédité en caractères, les régions du corps et
mosaïque ; mais comme la mosaïque aussi avec les individus. D'autre part,
n'apparaît pas lors de la féminisation, la quantité d'hormone circulante,
nous dirons que nous avons là un surtout si elle est ovarienne, n'a pas
cas d'hérédité contrôlée par le sexe ou une valeur constante. Par conséquent,

mieux par l'hormone ovarienne. CetLe les Poules métisses qui, en une région
hormone joue donc un rôle important, quelconque du corps, posséderont
puisqu'elle règle des dominances. un seuil élevé, prendront des plumes
4° On peut se demander s'il ne rouges. Le nombre de nos Poules
serait pas possible d'obtenir, dans métisses fut malheureusement trop
certains cas, des Poules en mosaïque restreint pour avoir la chance de
ou seulement l'apparition de quelques trouver de semblables sujets, mais
plumes rouges. Si l'on considère les le cas n'est pas improbable.
lois d'action des hormones, (et ici le
pigment rouge peut être considéré II. — Autre cas de récessivité du pig-
ment rouge d'origine Rhorte Island
comme un réactif au même titre sous l'influence de l'hormone ova-
qu'un caractère sexuel secondaire), rienne.
on peut répondre affirmativement. Les métis précédents nous ont
Il y a en effet pour chaque caractère montré l'influence ovarienne sur
sexuel un seuil hormonal (minimum l'extériorisation des caractères ra-
efficace) à partir duquel l'action de ciaux. Le nouveau cas que nous
l'hormone devient manifeste; mais allons décrire s'apparente aux précé-
les seuils, bien que parfois très voi- dents uniquement par une action
similaire de L'hormone femelle vis-à- ment rouge disparaît. Les plumes
vis du caractère Rhode Island. du camail deviennent arrondies et
sont barrées noir et blanc. Dans la
Coq 255 : métis de Coq Leghorn la barrure est plus nette.
blanc et d'une femelle elle-même gorge,
Dans la région dorso-lombaire, les
métisse de Coucou de Malines et de plumes de forme totalement femelle
Rhode Island rouge. sont arrondies et sont toutes barrées
Dans le phénotype du plumage Nous observé, dans cette ré-
(ensemble des caractères extériori- gion, avons des plumes intermédiaires,
sés) le Coq ne présente aucune c'est-à-dire des plumes moins arron-
influence Leghorn blanc. Il ne pos- dies les femelles et bordées d'une
sède que le caractère barré -et le ca- étroiteque
zone marginale dépourvue de
ractère rouge. Nous allons exami- barbules. Le pigment était
rouge
ner en détail les différentes régions encore visible dans cette bordure, ce
du plumage (fig. 7). qui n'a rien d'étonnant le seuil ova-
Camail : plumes effilées, barrées rien étant plus élevé qu'au centre,
transversalement de noir.et de blanc, (Lilliey et Juhn).
avec du pigment rouge plus ou moins Le pigment rouge a disparu des
abondant suivant-les plumes et sur- ailes et la barrure s'est généralisée
tout bien visible dans les parties à toutes les plumes.
marginales des barbes.
Gorge : plumes barrées transver- Discussion et Conclusions :
salement de noir et de blanc. Pas de 1. — Deux phénomènes ou, si
pigment rouge. l'on veut, deux modifications impor-
Région dorso-lombaire : toutes les tantes sont provoqués par l'hormone
plumes en lancettes possèdent du ovarienne. D'une part, la disparition
pigment rouge toujours très net dans du pigment rouge et, d'autre part,
la région marginale dépourvue de l'extension à toutes les plumes, de
barbules. La partie axiale varie de- la barrure noire et blanche.
puis l'état bien barré, noir et blanc, On peut encore assez aisément
jusqu'au noir uniforme. concevoir que l'ovaire, par son hor-
Ailes : les petites sus-alaires sont mone circulante, puisse modifier le
barrées avec un peu de rouge dans métabolisme cellulaire des bourgeons
les barres transversales claires. Les de plume pour faire virer en une
moyennes sus-alaires sont rouges. autre couleur la mélanine en forma-
Les grandes sus-alaires sont barrées tion, qui passerait par exemple du
avec très peu de rouge. Les rémiges rouge au noir.
sont grises, un peu barrées. En Plus difficile à comprendre est la
somme l'aile présente une région succession de plumes barrées à des
médiane bien rouge entre deux zones plumes uniformémentrouges, comme
de plumes barrées. les moyennes couvertures de l'aile de
Opérations d'inversion sexuelle : notre sujet ou certaines plumes dorsa-
Le Coq après castration subit à plu- les. C'est que, dans une plume barrée,
sieurs reprises des transplantations il y a un rythme dans la formation de
ovariennes jusqu'à obtention de la mélanine; si nous traduisons dans le
féminisation. temps, nous pouvons dire que dans
Plumage femelle 8) .'les plumes cette plume, le bourgeon fabrique de
prennent la forme femelle et le pig-. la mélanine pendant deux jours, puis
arrête cette fabrication deux jours, bande antérieure est bleue. une
la reprend et ainsi de suite. L'hormone bande moyenne rouge, les grandes
ovarienne ferait donc non seulement couvertures et les rémiges formant
virer la mélanine, mais déclancherait une 3" bande qui est bleue. Quelques
ce rythme dans des bourgeons qui, taches rouges se remarquent dans les
primitivement, ne le possédaient pas. plumes des grandes couvertures.
2. — En langage génétique,
le pigment rouge femelle Rhode
Island est passé à l'état récessif.
Comme dans les métis Andalou
bleu x Rhode Island Red, le phé-
notype est contrôlé par l'hor-
mone ovàrienne, non seulement
du point de vue sexuel, mais
aussi du point de vue racial.

Etude morphologique
ITI. —
d'un croisementcf Leghorn doré
X 9 Andalou blanc maculé.
Les animaux que nous avons
obtenus dans ce croisement sont
à l'étude. Nous ne connaissons
pas encore les résultats de l'in-
version sexuelle que nous leur
avons fait subir. Aussi nous ne
tirons pas toutes les conclusions
qu'on pourrait être en droit
d'en attendre.
1. — Coqs : nous avons 3 Coqs
métis. Leur aspect général est.
quant àLa pigmentation, assez
semblable à celui du Coq 169
(métis Andalou bleu'x Rhode
Island). Leur camail est mélangé
de bleu et de rouge ; les plumes
dorso-lombaires sont aussi mélangées Remarque : l'un de ces Coqs a
de bleu foncé presque noir et de présenté depuis octobre 1934, une
rouge. Dans ces deux régions le pig- curieuse dépigmentation ; les plumes
ment rouge, uniquement marginal, de toutes les régions deviennent
est situé dans la région des barbes blanches. Nous devons toutefois pré-
dépourvues de barbules. ciser que les plumes anciennes
La gorge ou poitrine est bleu restent colorées ; -ce sont des plumes
foncé chez deux sujets, bleu clair nouvelles qui poussent décolorées.
chez un autre ; ce dernier présente Nous ne pensons pas qu'il y ait un
d'ailleurs des flaques rouges dans lien entre l'ascendance (mère Anda-
quelques-unes de ses plumes. lou blanc maculé) et l'albinisme
Les ailes sont tripartites : une déclanché, puisque dans sa jeunesse
l'animal était comme ses frères et la Poule métisse et une véritable An-
que, d'autre part, cet albinisme a daiou bleu conduit à penser que le
été observé dans nombre de races coq Leghorn doré contient probable-
telles que Leghorn doré, Bresse noire, ment un déterminant de mélanine
Coucou, etc... Jusqu'à plus ample noir puisque, dans ce croisement,
informé, nous pensons que ce cas est il produit une Poulesemblable à

accidentel et non lié aux gènes Anda- celle qu'aurait donnée un Coq noir.
lou blanc maculé. 3. — A cause de l'absence île ré-
2. — Poule : la Poule est bleu sultats des inversions sexuelles, nous
clair, avec liséré noir peu net. On la ne pouvons savoir si ce croisement
prendrait pour une véritableAndalou se rattache lui aussi à une forme
bleu. d'hérédité limitée par le sexe.
D'autre part, l'inversion sexuelle
Discussion et conclusions : de la Poule nous renseignera sur
1. — Nous avons cru devoir rap- l'origine de sa mélanine. Une question
porter ce dernier croisement dans cet se pose en eflet : cette mélanine noire
article à cause de la ressemblance est-elle celle de l'Andalou maculé
existant entre les Coqs métis qu'il ou bien vient-elle du Leghorn doré?
donne et ceux du' croisement çf Dans une étude précédente nous avons
Rhode Island X 9 Andalou bleu. montré que l'hormone ovarienne
Même position du pigment rouge. faisait disparaître le pigment noir
même bleu foncé. L'Andalou blanc des blancs maculés. Si la mélanine
maculé s'est comporté dans ce croi- noire de notre Poule a cette origine,
sement comme l'Andalou bleu.. elle doit donner une chaponne très
2. — L'identité de forme entre sombre.
Nous voyons ainsi, encore une fois, mone ovarienne. C. R. Soc. Biol., 1934,
T. CXV, p. 596.
toute l'importance qu'une analyse (Impressions de
expérimentale prend à l'aide des hor- CAULLERY. — Discours
voyage aux Etats-Unis, 1933). Bull. Soc. Zool.
mones sexuelles. de France, 1933. T. LVIII, p. 181.
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sur des volailles se révèlent plus E. RABAUD. — L'Hérédité. Paris, Armand
complexes qu'ailleurs à cause de Colin Editeur, 1921.
l'action de l'hormone ovarienne
sur le plumage. L'étude du croi-
sement çf Rhode Island x 9 An-
dalou bleu montre un cas d'héré-
dité contrôlée par le sexe (sex-
limited) ou mieux par l'hormone
ovarienne. L'étude d'un métis avec
phÓnolype mélangé de pigment
rouge Hhode-lsland et de barré
Coucou montre, sous l'influence
ovarienne. la récessivité du rouge
et l'extension du caractère barré à
des plumes qui ne l'extériorisaient
pas. L absence d'inversion sexuelle
dans un croisement çf Leghorn
doré x 9 Andalou blanc maculé
rend difficile, sinon impossible, la
compréhension des faits de pure
observation.
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d'hérédité liée au sexe (sex-linked) mas-
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LE PROBLÈME
DES INCENDIES DE FORÊTS
EN PROVENCE
par
M. SAGOT-LESAGE
du Syndicat professionnel de la Presse scientifique.

Liminaire. provençaux méditerranéens brûlent,


Du Midi des joncs au Midi des c'est parce qu'ils sont combustibles
pierres, de Menton aux Pyrénées, par nature et par définition. Tout
s'étend dans la douce France une y contribue, depuis les conditions
région d'azur et de lumière, aimant pédologiques et écologiques jusqu'au
qui attire invinciblement l'hivernant caractère xérophile du maquis arbus-
tif ainsi que des Pins faisant mal-
et l'estivant : la vie y serait belle, heureusement figure, dan-s la /ône
facile et tendre si chaque année méridionale, d'essence cardinale.
n'y sévissait durement un mal en- Ceci posé, interviendront alors les
démique que nos consanguins- les
Canadiens de Québec, ont avec juste facteurs de cause. Ils sont de trois or-
raison nommé « le chancre rouge ». dres énumérés dans un sens progres-
Ici ou là, tous les étés, des incendies
sif du plus rare au plus fréquent :
combustions spontanées — malveil-
ravagent le manteau végétal pour le lance — imprudence, négligence. —
plus grand dam de la couverture
Le premier facteur ne doit pas être
du sol. Cette fois-ci ce sont les systématiquement écarté à cause des
Maures qui ont subi les plus graves
phénomènes thermiques, physiques
morsures du feu. et chimiques issus de la décompo-
Nous n'avons pas la prétention
d'examiner dans le cadre étroit de sition du tapis végétal. Le second
la présente notice toutes les questions n'a jamais été prouvé qu'indirec-
tement : il a pu être relevé en effet
que posent le problème des incendies: des brûlots, sortes d'engins incen-
un volume y suffirait à peine et diaires, ayant fait long feu. Mis
nous devons nous borner à un aride par qui ? Anonymat ou alibis vé-
exposé des points principaux dans ritables des suspects. Au contraire le
lequel d'ailleurs presque chaque mot dernier facteur — des statistiques
nous arrête en face d'explications contrôlées l'ont démontré — se pro-
qu'il est impossible de donner. duit dans quatre vingt dix pour cent
des cas.
Cause des incendies. En fait, pour la majeure part le
Si, de la strate frutescente à la parasitisme humain (de Peyerimhoff)
strate arborescente, les boisements est à incriminer.
Mécanisme et aspect des incendies. par un autre motif sur lequel nous
reviendrons plus loin.
Poussés — neuf fois sur dix — du Sur le parcours des incendies le
nord-ouest au sud-est par le souffle Pin, dont le houppier est roussi par
impétueux du mistral, les incendies les flammes ou étouffé par les va-
progressent à une vitesse folle et par- peurs ignescentes, est irrémédiable-
courent des superficies de vlusieurs ment perdu ; les Xylophages ne tar-

miliiers d'hectares avant de s'arrêter dent pas à l'attaquer : trois semaines


fauted'aliments.Lesincendiesde vaste après le feu ils sont en plein déve-
envergure ont été qualifiés par les tech- loppement et foisonnent (Barbey).
niciens du terme de grande surface ; Pour conserver au bois une très
d'aucuns préfèrent les appeler « de mince valeur marchande, il doit être
masse ». A notre sens, cette dernière tôt abattu, écorcé et les déchets
expression ne traduit pas exactement incinérés. Les Chênes-liège, dontl'é-
l'aspect des incendies : « de masse t corce subéro-ligneuse n'a pas été
semble impliquer une carbonisation levée par démasclage ou démérage,
complète de la couverture, alors arrivent à se refolier et parviennent
qu'après le feu le paysage revêt la souvent ainsi à échapper à la ruine.
texture, d'un vêtement d'Arlequin où Cette physionomie très signifi-
les espaces désolés sont piqués d'îlots cative se retrouve après le passage
de verdure préservés, soit par une du sinistre maurien du mois de
saute de vent, un abri rocheux, soit juillet, quoique les divers incendies
aient été plus sévères qu'ailleurs. Ils les cendres, poussent drus et serrés,
ont en effet touché une aire touris- risque permanent. Aussi parla force
tique et habitée par une population même des choses, là où le feu a
sédentaire d'une certaine densité. passé, il repassera encore, terme iné-
Or. qui dit habitat dit accumulation luctable tant que se rencontreront
de scories humaines — Je règne de les formations combustibles.
la saleté (Duhamel) — et abus exa-
cerbés, parmi lesquels le gemmage. Lutte contre le feu.
Là où le « parasitisme » — déjà Avant le vote de la loi du 2G mars
nommé — sévit, le fléau a fait rage, 1924 constituant les Associations
encerclant certains centres urbains syndicales communales forestières,
et frisant la catastrophe. Malgré tout tout se bornait à peu près à des me-
des taches intouchées font des sures combatives, les dispositions des
rappels de verdure au milieu de la textes antérieurs (1870 et 1893), étant
désolation. restées lettre morte. Mesures com-
Après incendie tout danger de batives ; intervention de la troupe,

retour est écarté pendant une décen- pompiers forestiers sans eau et contre-
nie environ. Un an suffil pour feux pas. toujours judicieusement
retisser un tapis végétal ; en quelques allumés. Dans la lutte contre l'in-
autres années se reforme le maquis cendie, le contre-feu, seul moyen
ignescent, ainsi que des recrus de de combat efficace, est une arme à
Pins, semis naturels qui, amendés par double tranchant qui doit être ma-
niée par des mains expertes. Tel n'est Pourtant une cohésion, un plan
pas le cas et n'importe qui peut user d'ensemble, s'imposerait surtout dans
du contre-feu au prix des pires un massif orographique homogène,
résultats, car il est souvent plus expression géographique complète,
dommageable que l'incendie lui-même. comme celui des Maures.
Quant au concours de la troupe, Quoi qu'il en soit, l'expérience a

passons condamnation en faveur de révélé d'ailleurs que les parafeux


la bonne volonté. n'empêchaient pas la propagation de
Depuis la loi du 26 mars 1924, l'incendie : leur intérêt résiderait
les Associations syndicales ont pris seulement dans le fait de pouvoir
corps et ont entrepris des travaux amener rapidement des sauveteurs à
de défense — mesures préventives proximité des points de départ du feu.
consistant en l'établissement — de Il s'avère, en effet, certain que pour
tranchées parafeux. Les travaux exé- être combattu avec utilité, un incen-
cutés par ces organismes se font die doit être pris à sa naissance.
malheureusement sans aucun lien Contre le fléau déchaîné les forces
car il n'y a pas de points de contact humaines sont impuissantes. Pour
entre les Associations syndicales amener des sauveteurs, les parafeux
voisines, à tel point qu'elles ont pu devraient posséder la configuration
être qualifiées de « féodalités nou- de chemins forestiers accessibles à
velles » (R. Du camp). certains véhicules automobiles, pas-
sant de ce fait par de nombreux points s'appuyait pas sur une certaine
obligés en suivant les courbes de ambiance localisée, existant encore
niveau. La chose est. réalisable mais — malgré tout — dans le cadre
au prix d'un financement plétho- régional. Les exemples concrets des
rique, inadapté aux circonstances forêts de la Sainte-Baume (Vat) et
économiques. de la Chartreuse de Valbonne (Gard)
Dans des régions sèches comme se montrent révélateurs. Ces deux
celle de Provence, il y aurait lieu de forêts composées d'essencescouvrantes,
compléter les mesures préventives mélangées et d'âges divers, bien que
par un décalage de l'époque d'ouver- situées dans des conditions diamé-
ture de la chasse, (1ère zone du 15 tralement différentes, l'une appar-
au 20 aoút), en la reportant après tenant à la zone silvatique, vers
la chute des premières pluies (fin 1.000 mètres d'altitude, orientée à
septembre). En pleine canicule, les l'ubac, l'autre dans la pénéplaine,
risques d incendies sont en fonction aux adrets, entre 75 et 300 mètres
de l'intensité dela circulation sous bois. *
d'altitude, ne brûlent pas. En les
Augmenter celle-ci est donc ajouter considérant comme des survivances,
gratuitement autant aupéril. il y aurait, croyons-nous, lieu de
Exiger l'explication stricte de l'ar- rechercher tous les endroits où se
ticle 148 du code-forestier (interdic- trouvent des réactifs témoins d'an-
tion de brûler à moins de 200 mètres ciennes formations climaciques, c'est-
des bois pendant les mois de juin, à-dire d'équilibre biologique. Dans
juillet, août et septembre), interdire toute la Provence « terres pauvres
absolument de fumer sous bois, cor- de vocation forestière » (Flahault), de
roborerait utilement la protection tels réactifs témoins ne manquent
préventive. pas. En se servant d'eux comme
Complets ou incomplets, efficaces noyaux autour desquels le manteau
peu ou prou, les moyens de lutte végétal existant —si dégradé soit-il
qui viennent d'être énumérés dé- — serait mis en vacances, soustrait
rivent tous de la tactique qui s'at- à l'homme et à ses excès, le jeu
taque aux effets et non à la cause. des cycles évolutifs éliminerait les
essences régressives combustibles, la
Si l'on faisait de la stratégie. nature s'orientant par elle-même vers
Pourquoi, puisque les moyens tac- ses fins de rejorestation propre.
tiques sont déficients, ne pas chercher
ailleurs. Nous avons vu tout à Le but final.
l'heure que des îlots verdoyants Rendre la sylve incombustible, ou
émergeaient au milieu du paysage tout au moins peu combustible, de
brûlé Où qu'elles soient les enclaves façon à pouvoir juguler les incendies
de Châtaigniers et de Chênes méridio- en les faisant plus maniables, serait
naux denses et en bon état ont fait supprimer l'effet par la chute de la
barrière à l incendie ; elles ont brisé le cause. Le but peut être atteint « en
feu se révélant par là réfractaires éloignant les Pins » (Flahault), ces
aux flammes. De mème façon, à indésirables « Romanichels » (R. Du-
d'autres étages, les feuillus tel que le camp), en ouvrant la porte à la
Fayard, essence « impériale » (R. Du- venue des « essences impériales »
camp). Il y aurait là un fait qui serait adéquates ; créer des « Réserves », des
troublant et énigmatique, s'il ne « Conservatoires
naturels » sortie de
DANS LES SOLITUDES
DU GRAND CHACO
par "

J. VELLARD
Correspondant du Muséum.

Le passage à travers l'Europe du seul véhicule possible dans cette


groupe de Mennonites allant s'établir contrée. En arrivant au fortin Géné-
au Chaco paraguayen puis la guerre ral Bruguez, avec un sergent para-
actuelle ont attiré l'attention sur ces guayen me servant de guide, nous
vastes contrées encore peu connues. n'avons trouvé que deux femmes ;
Au début des hostilités j'étais dans le sergent commandant le fortin et
cette région, étudiant la faune et les ses , soldats étaient partis en expé-
tribus indiennes du Paraguay. Même dition. Ce premier poste se réduisait
alors, un voyage au Chaco n'était à deux ranchos de pisé en mauvais
pas facile à organiser. Mon projet état, occupés par cinq hommes. De
primitif de remonter soit le rio là, toujours en char à bœufs, nous
Confuso, soit le rio Pilcomayo pour avons gagné le fortin Général Delgado
me diriger ensuite vers le iNord en encore sur le Pilcomayo, puis traver-
suivant la ligne des fortins para- sant de vastes marais nous avons
guayens, souleva bien des difficultés. atteint le Confuso et le grand fortin
Muni de toutes les autorisations
nécessaires, j'attendis pendant plu-
.
du Général Aquino, siège du com-
mandant de tout le secteur sud du
sieurs semaines l'organisation d'un Chaco.
convoi qui ne partit pas, puisl'arrivée La région du Pilcomayo et du
d'une chaloupe échouée dans le Con- Confuso est semblable à celle qui
fuso, et qui n'arriva que deux mois borde le rio Paraguay sur une pro-
plus tard. fondeur moyenne de 200 kilomètres ;
Des compatriotes établis au Chaco c'est aussi la plus désolée et la plus
argentin, la famille Jojot, m'offrirent inhospitalière du Chaco. D'immenses
de me faire conduire par la rive sud marécages plantés de Palmiers, les
du Pilcomayo jusqu'en face du palmarès, alternent avec les grandes
premier fortin paraguayen d'où il lagunes et des prairies inondées.
serait plus facile de continuer le Pendant la saison des pluies, de
voyage. janvier à juillet, toute la contrée est
Tandis que le Chaco argentin au sud couverte d'eau ; les communications

du Pilcomayo est relativement peu- entre les fortins ne peuvent se faire
plé, la rive paraguayenne est déserte. qu'avec des bœufs porteurs et souvent
Le voyage se fit en char à bœufs, même en canots.
Pendant la saison sèche l'aspect Tous ces terrains sont imprégnés de
est différent. Lés palmarès restent sels minéraux. Pendant la crue,
toujours humides, mais les grandes l'eau des fleuves est douce ; à mesure
prairies et une partie des lagunes se que leur niveau baisse, la concentra-
dessèchent. La terre durcie par le tion des eaux en sels augmente :
soleil se fend, les roseaux des marais elles deviennent imbuvables et même
se flétrissent, et seules quelques impropres à la vie. Quand l'eau
mares gardent un peu d'eau boueuse, atteint un certain degré de salinité,
vase liquide plus qu'eau potable. les Poissons commencent à mourir
Presque tous les fleuves sont à sec ; en masse, espèce par espèce. Sans
le Pilcomayoet le Confuso n'ont que se décomposer entièrement, plongés
très peu d'eau, fortement salée. Le dans cette eau salée, ils vont se
marais s'est transformé en désert de déposer en bancs épais, peu à peu
la soif.. recouverts d'alluvions, dans les coudes
du fleuve. Les lagunes dont l'eau reste vant l'importance des crues, les eaux
douce servent de viviers où se conser- passent tantôt par un bras, tantôt
vent de nombreuses espèces de Pois- par l'autre. Le cours de ces bras est
sons qui de là passent dans le Pilco- lui-même variable ; en 1926 le fortin
mayo et le Confuso dès que les pre- Aquino était au bord du Confuso,
mières pluies ont diminué la salinité qui actuellement passe à 20 kilo-
des eaux. mètres plus au sud.
Le mot de fortin évoque l'idée de
petits camps retranchés, bien défen-
dus et fortifiés. A mon passage,
les rencontres de patrouilles boli-
viennes et paraguayennes étaient fré-
quentes, mais les fortins étaient
encore dans des conditions bien
pauvres -Le ravitaillement à travers
les marais se faisait lentement et
irrégulièrement, à plusieurs mois de
distance ; souvent, surtout dans les
petits fortins, les vivres manquaient
et les soldats vivaient de chasse et de
pêche. Les grands fortins d'Aquino
et-deNanawa possédaient du bétail
vivant, mais riz. haricots, sucre,
biscuits et même sel faisaient quel-
quefois défaut.
La plupart des fortins se rédui-
saient à un, deux ou trois ranchos
très petits, en pisé, couverts de
paille, occupés par un caporal et
quatre ou cinq hommes. Un lieu-
tenant et trois sergents comman-
daient Aquino, fortin principal du
secteur sud dont la garnison était de
60 hommes. Là seulement le service
de garde et de patrouilles était
Les fortins de la région, Delgado, régulièrement fait, mais les souliers
Puerto Maria, Aquino, Genes, Cabal- et les uniformes n'avaient pas été
lero, sont situés au voisinage de renouvelés depuis un an et tombaient
l'Estero Patino, immense marécage en lambeaux. Le ravitaillement en
infranchissable, où se perdent les eau est un des points les plus
eaux du Haut Pilcomayo : elles en délicats au Chaco. La plupart des
ressortent par trois bras différents : fortins sont alimentés par une lagune
celui du sud ou bras principal ; celui voisine ou par des mares creusées
du centre formant le bras nord du entre les ranchos. C'est par manque
Pilcomayo, rejoignant le précédent à d'eau potable que beaucoup de
une centaine de kilomètres plus bas ; blessés sont morts, égarés dans le
enfin au nord, le Confuse qui se jette Chaco, et que Boquerôn et Arce ont
directement dans le Paraguay. Sui- dit capituler.
îlots boisés prennent davantage de
développement jusqu'à former une
grande forêt continue, très sèche,
sans eau. Mais à l'est, le long du rio
Paraguay, on retrouve toujours la
première zone de palmarès et de
marécages:
Dans Ja partie moyenne, sèche
et coupée d îlots boisés, se trouvent
Valois Rivarola, Mariscal LÓpez,
Samaklay, Nanawa, Saavedra, Arce,
Toledo, Boquerôn, où l'on se bat
actuellement- C'est laseule région per-
mettant des mouvements de troupes.
Le fortin de Nanawa était plus
important que les précédents. Quatre
lieutenants et 150 hommes formaient
la garnison.

L'armement des- fortins était des


plus réduits. Aquino possédait quatre
fusils mitrailleurs ; nulle part il n'y
avait de mitrailleuses, ni de canons,
ni d'avions. Le service de santé était
assuré par quelques infirmiers, sans
médecins.
Au nord du fortin Genes, après
avoir traversé 50 kilomètres de
profonds marécages, l'aspect du pays
change ; le terrain se relève légère-
ment, devient sec, très sec même,
bientôt. Les palmares font place à de
vastes prairies parfois un peu maré-
cageuses coupées d'îlots boisés très
secs et très épineux où abondent
les Acacias, les Algarobes (Prosopis
sp.), les Quebrachos, le Palo-santo et
les Cactus : campos tristes, à l'herbe
brûlée par le boleil et le sel du terrain ;
bosquets hostiles hérissés d'épines !

Les ruisseaux — on ne peut parler


de rivières — coulent au fond de
tranchées profondes de quelques
mètres simulant de petits canons ;
leurs eaux sontsalées. Plus au nord les
Jamais dans ces fortins on n'enten- Depuis le début des hostilités la
dait ni clairons ni tambours. Le soir situation des fortins s'est beaucoup
les petits soldats paraguayens se réu- améliorée. 20.000 réservistes sont
nissaient et chantaient des airs guara- venus renforcer les 4 à 5.000 hommes
nis au son de la guitare, tout en qui occupaient le Chaco ; les fortins
faisant circuler la bombilla de maté. ont été entourés de tranchées, et
Les Moustiques sont un des plus les principaux armés de petits canons
_

grands fléaux du Chaco. A chaque et de mitrailleuses ; des hôpitaux et


heure de la journée et de la nuit des postes de secours ont été créés.
apparaissent des espèces différentes, Mais le ravitaillement est toujours
rivalisant de férocité. Il n'est pas rare difficile et les épidémies, paludisme,
en voyageant à cheval de compter typhoïde, dysenterie jointes aux fati-
j usqu'à dix Moustiques posés en même gues du climat font autant de victimes
temps sur la main tenant les rênes. que les combats. Les Boliviens, habi-
Impossible de dormir sans mousti- tants des hauts plateaux, sont à ce
quaire, objet que les soldats deman- point de vue en situation d'infério-
dent avec le plus d'instance à leur rité marquée par rapport aux Para-
famille. Vers le soir et le matin des guayens habitués à la vie rude de
nuées de Moucherons minuscules, l'intérieur.
à la morsure très douloureuse, les
Polvorines, assaillent les hommes Les Indiens Maka.
et les animaux et même la fumée ne Dans ces vastes et inhospitalières
permet pas de s'en débarrasser. solitudes plusieurs tribus indiennes
continuent à mener leur vie primi- première fois. Leur sorcier venait
tive. Quelques unes sont entrées en de leur faire quitter les bords du
contact avec les civilisés et déjà un fleuve où plusieurs des leurs étaient
certain nombre d'Indiens Lengua et tombés malades pour s'être nourris
Chamacoco travaillent comme peones dé Poissons à demi pourris. Ils
dans les estancias situées le long du cheminaient en longue file à travers
rio Paraguay ; mais plus à l'intérieur les marais ; les hommes portaient

d'autres tribus sont restées très leur arc et leurs flèches, tandis que
isolées. Parmi ces dernières la tribu les femmes ployaient sous le pqids
des Maka qui par suite de son éloi- de grands filets contenant en plus
gnement a conservé intactes toutes des enfants tous les objets domes-
ses coutumes, est une des plus re- tiques.
marquables du Chaco paraguayen. Le Maka est un des plus beaux
Au nombre d'environ un millier, types d'Indiens du Chaco. L'homme
les Maka vivent dans une dizaine de est très grand — beaucoup dépassen t
villages. entre les rio Confuso et 1 m. 72
— fortement charpenté, de
Monte Lindo (voir croquis géogra- teint très foncé. La femme plus
phique ci-joint) dans la vaste zone petite, est très grasse dans -sa jeu-
de palmarès et de marécages s'éten- nesse et assez agréable ; elle se
dant entre ces deux fleuves. C'est flétrit vite avec l'âge et les vieilles
un peu au nord du Confuso, à une femmes deviennent squelettiques et
soixantaine de kilomètres du fortin hideuses. Tous ont le visage tatoué
paraguayen « Général Aquino » que et souvent peint en rouge avec le
j'ai rencontré ces Indiens pour la roucou. Les Makas sont entièrement
épilés ; poils du corps, barbe, mous- autour des reins une couverture de
taches, sourcils, cils, sont arrachés laine ; les femmes portent un pagne
à l'aide d'une petite pince que les 'analogue, mais en cuir de Chevreuil
hommes conservent toujours dans orné de dessins géométriques rouges.
un sac suspendu à leur cou en Pendant trois mois, en compagnie
même temps que leur pipe, un d'un guide paraguayen, nous avons
morceau de tabac et des aiguilles à vécu au milieu des Makas, de la vie

saignée en os. Seuls les chefs et les même de ces Indiens. Lis se mon-
sorciers gardent quelques poils clair- trèrent hospitaliers, mais em échange
semés au menton. Le matin, ma du moindre objet demandaient de
cabane était toujours remplie d'hom- gros cadeaux sans d'ailleurs se rendre
mes et de femmes venus dans l'espoir compte de là valeur des choses : pour
d'obtenir des cadeaux ; pendant que une couverture un Maka me demanda
les uns s'épilaient, les autres s'enle- mon fusil, ou mon cheval ou un petit
vaient mutuellement leurs poux. sifflet de vingt cinq centimes ! Ma
Ils n'ont pas les lèvres perforées, pacotille bien fournie, miroirs, col-
mais ils s'introduisent dans le lobe des liers, verroterie, étoffes, me permit
oreilles une grosse rondelle de bois de réunir une belle collection d'objets
atteignant 6 et 7 cm. de diamètre. Makas. La grande difficulté du début
Je gagnai l'amitié d'un sorcier en lui fut de nous comprendre. Mon guide,
donnant deux petites boîtes de cirage dont la langue principale était 4e
vides qu'il introduisit aussitôt dans guarani, parlait un peu l'espagnol.
ses oreilles à la place de ses disques Les Makas ne comprennent pas cette
de bois. Les hommes s'enroulent langue et seulement quatre ou cinq
d'entre eux avaient appris quelques au milieu du village et tout en
mots de guarani. Ce fut suftisant pour fumant, ils causent ou jouent à des
établir un premier vocabulaire Maka jeu de hasard de la plus grande sim-
et par la suite je réussis assez vite, à plicité. Quelquefois on les voit pré-
la grande admiration de mon guide, parer des arcs ou des flèches, raccom-
à m'entendre directement avec les moder des calebasses ou faire de
Indiens. Leur familiarité était- ex- grossières poteries.
trême. Je ne pouvais faire un pas Au printemps, quand mûrissent
sans être suivi de 8 à 10 personnes, les fruits des Palmiers et de l'Algaroba
ce qui, à certains moments, était divers), ils célèbrentdes fêtes
quelque peu gênant. de boisson. Les fruits sont recueillis
Les Maltas vivent par villages de
50 à 100 individus. Leurs huttes
longues, basses et étroites, faites de
paille et de branchages, servent à
plusieurs familles. Ces villages sont
d'ordinaire fort sales.
La chasse et la pêche sont les
occupations principales des hommes.
Pour approcher l'Autruche, ils se
couvrent de branchages et s'avancent
à genoux jusqu'à portée de flèche.
De la peau de cet Oiseau ils font des
outres pour conserver l'eau et le
miel.
Ils possèdent de très petites plan-
talions de tabac et de courges,
toujours très insuffisantes et connais-
sent de nombreux fruits et racines
sauvages ; mais souvent quand la
chasse a été mauvaise, ils mangent
des Iguanes ou même des Serpents.
Ce sont encore les femmes qui tissent
de belles couvertures et des ceintures
de laine sur des métiers très primi-
tifs, qui font de grands sacs en filet
pour conserver tous leurs objets, les
Makas ignorant la vannerie ; elles
s'occupent aussi des enfants, pré-
parent la cuisine, vont chercher très
loin les Choux palmistes, un de leurs
principaux aliments, le bois, l'eau,
etc... Rentré de la chasse, l'homme par les femmes qui les mâchent et
ne fait presque rien. Il se couche, les crachent dans de grandes cale-
avive ses peintures, met ses colliers basses. Les hommes les mettent à
de dents d'animaux ou de verroterie, fermenter près du feu en y ajoutant
ses ornements de plumes, etc., puis, de l'eau et du miel. La préparation
le soii\ il rejoint les autres hommes de eette boisson, la chicha, dure un
ou deux jours. Quand elle est prête, tombe dans un état d'hébétude pro-
les hommes se réunissent au centre fonde. Le sorcier le déclare guéri,
du village sous un léger abri de feuil- quitte à reprendre la cure un peu
lage et commencent à boire dans de plus tard.
petites écuelles circulant à la ronde. Le sorcier joue d'ailleurs un très
Au bout de plusieurs heures appa- grand rôle chez les Makas. Il est
raissent les premiers signes d'ivresse.
Ils parlent tous à la fois à voix haute,
se défient, chantent, puis finissent par
s'endormir. Les femmes et les jeunes
gens non mariés regardent sans boire
ni prendre part à la fête.
Les soirs de clair de lune, les
jeunes gens des deux sexes se réu-
nissent pour danser. Ils se tiennent
par les épaules et se placent sur deux
files se faisant vis-à-vis. Au son d'une
mélopée sourde et saccadée, sans
paroles, une des files avance de
quelques pas, en frappant fortement
le sol avec les pieds, tandis que
l'autre file recule d'autant en sens
contraire, puis le mouvement se
renverse. Ils exécutent aussi quelques
autres figures, rondes, défilés, tou-
jours sur le même rythme. Les
hommes et les femmes mariés accom-
pagnent les danses en frappant en
cadence dans leurs mains ou en agi-
tant des gourdes remplies de graines,
faisant un bruit infernal.
Les nuits sont rarement calmes
dans un village Maka. Quand il n'y a
pas de danses, on entend un bourdon-
nement continu : c'est le sorcier soi-
gnant quelque malade. Leur méde-
cine purement symbolique n'utilise
aucun médicament. Le sorcier réunit
quatre ou cinq aides et fait allonger
le malade dehors, sur une couver- médecin, magicien, devin, préside
ture. Tous s'accroupissent près du aux naissances,' aux enterrements,
patient et commencent à bourdonner consulte la divinité, etc... Rien ne
la bouche presque collée sur son se fait sans sa permission et un
corps. Le bourdonnement va tou- Indien voulant se marier ne demande
jours en s élevant; parfois ils s'inter- pas la femme à ses parents, mais au
rompent et tous ensemble sucent sorcier.
la partie malade. Après quelque Tous ceux qui ont vu le Chaco se
temps de ce supplice, le patient sont demandé si des régions aussi
désolées valent les pertes humaines cette même région entre Casado et
et les désastres économiques provo- Boquerôn ; ils s'occupent d'agricul-
qués par la guerre. Les meilleures ture et surtout de coton, mais ils sont
régions du Chaco possèdent d'excel- trop loin du fleuve et leurs établis-
lents pâturages salés où le bétail sements progressent peu.
se développe rapidement ; mais les Pour les Boliviens la question du
Chevaux ne peuvent y vivre, décimés pétrole est un des grands motifs de
par la trypanosomiase (mal de eade- continuer la guerre ; ils ont besoin
ras) et après quelques mois de cam- d'un port en eau profonde sur le rio
pagne des régiments de cavalerie Paraguay.
partis avec trois chevaux par homme Pour le Paraguay la -question du
étaient entièrement démontés. Les Chaco est une question d'amour
forêts sèches du nord sont riches en propre national, bien légitime, plus
Quebrachos et autres plantes indus- qu'une question économique ; il ne
trielles. C'est grâce au chemin de veut ni aliéner ni se voir enlever une
fer d'un des établissements exploitant parcelle du territoire qu'il croit
le tanin de Quebracho, Puerto Casado, lui appartenir.
qu'au début de la campagne les Para- Sur cette question des droits
guayens ont pu franchir la première historiques des deux belligérants à
zone de marécages et jeter toutes une plus ou moins grande partie du
leurs forces sur Boquerôn rempor- Chaco, la commission d'arbitrage,
tant une série initiale de victoires. qui finira bien par se réunir un jour,
Les Mennonites se sont installés dans pourra seule se prononcer.
CHRONIQUE tDU CINÉMA DOCUMENTAIRE

" K AYA K "

La projection d'un film documen- documentaire romancé qui se justifie


taire est, de nos jours, un événe- pleinement, qu'on admire sans ré-
ment. Je parle d'un grand documen- serve, quand l'intrigue se lie étroite-
taire nous transportant dans des pays ment et véridiquement au milieu,
et au contact de populations exo- s identifie aux mœurs où elle se
tiques, et auquel on réserve la pre- déroule, quand cette intrigue, comme
mière place dans Le programme d'une l'a si bien dit Je .professeur Rivet
salle ou d'un « studio » ; d'un grand dans sa présentation de KAYAK est
documentaire reioulant ainsi la niai- « comme un
filigrane à peine visible
serie, la vulgarité, la pièce de théâ- dans la trame de l'œuvre. »
tre ou le roman déformés, le sketch Combien avons-nous pu admirer
de music-hall, qui dominent, hélas, de documentaires de cette catégorie,
dans ce que nous offre l'écran depuis Nanouk, depuis la lumineuse
aujourd'hui. page de Moanna? Bien peu, certes.
Le « documentaire » peut se clas- Car rien n'est plus difficile que de
ser, du reste, en catégories selon son réaliser un tel film. Nous sommes
esprit, ses tendane.es(1). ). Il y ale docu- loin ici, du décor en carton pâte,
ment, purement, strictement géogra- d'artistes quittant la scène pour
phique et ethnographique, reportage faire trois tours devant la camera et
sobre essayant de donner une syn- recevoir le néo-qualificatif de vedettes
thèse des différents milieux qu'offre ou de stars, du médiocre artifice où
un pays et de la vie des habitants qui la hâtive exploitation du cinéma par-
le peuplent. lant a fait rétrograder, dans la plu-
Il y a le documentaire romancé à part des cas, la productiou actuelle.
l'excès, qui s'adorne de subterfuges, Technique, habileté ne suffisent
d'artifices. de mise en scène ridi- point. L'opérateur doit être impré-
cule, documentaire truqué, peuplé gné de atmosphère, changeante et
1

de contre-sens, sans parler des imbé- difficile à saisir, du miiieu, il doit


cillités que débite le commentateur encore comprendre et connaître,
pour amuser le public. dans leurs détails, le genre de vie, et
Mais il existe, ou il peut exister, un son rythme, des peuplades parmi les-
quelles il « tourne 1).
Et après tant d'etiorts, de patience,
Je laisse délibérément de côté, ici, le film
(1)
de connaissances libérées et ilLus-
documenlaire scientifique ou d'enseignement.
trées, ce documentaire idéal est-il tion moyenne dont on J'abreuve.
assuré de voir Je jour, de suivre, Et voici, précisément, un autre
dans les salles, la carrière nor- aspect de l'événement dont nous
male du plus insignifiant des films ? parlions au début : c'est que le

Nou. certes, car le documentaire est directeur du nouveau studio qui


frappé d'ostracisme. Le public— le vient de s'ouvrir sur la rive gauche,
patient public — vous répète-t-on, a fait le geste d'inaugurer sa salle,
comme un leit-motiv, dans les avec un documentaire qui constitue
sphères du cinéma industriel, a la partie centrale du programme et
« horreur du documentaire » — n'hésite pas à déclarer qu'il conti-
et l'on pense qu'il est assez bête nuera dans cette voie. S'il a honoré
pour être satisfait de la produc- ainsi le public, je pense que l'excep-
tionnelle qualité des spectateurs qui aller, quelque part, construire l'igloo
assistaient à la soirée de gala du où ils passeront l'hiver. Navarana
24 octobre dernier, a été pour lui laisse son plus beau chien, en souve-
un grand encouragement. nir, pour Palo et part avec la vision
de la victoire de son préféré.
Victoire si totale, que Samo, ridi-
culisé, porte un coup de poignard à
KAYAK (film Palladium ; scénario son rival... Fuite éperdue des spec-
et mise en scène de Knud Rasmus- tateurs. Palo se traîne jusqu'à sa
sen ; direction artistique : Dr F. Dals- tente où l'on s'efforce de le sauver.
heim ; présentation française par le Samo, qui a tué un Ours blanc, part
Dr P. Rivet, professeur au Muséum, retrouver Navarana et se pose auprès
directeur du Musée d'Ethnographie d'elle en vainqueur et en chasseur
du Trocadéro) est un film admirable, habile. Cependant Palo achève sa
unique jusqu'à ce jour et qui restera convalescence. Son père l'exhorte à
très longtemps inégalé. Un seul reprendre goût à la vie. Du reste, les
homme pouvait se permettre de nuées s'entassent, le vent s'élève,
tenter une telle réalisation : Knud l'hiver approche : la famille doit son-
Rasmussen, né au Groëndland, d une ger à chercher. à son tour, un campe-
mère Esquimau, grande figure de ment d'hivernage.. et Samo est parti
l'exploration polaire — et dont le vers Navarana. Alors, Palo se lève,
Dr Rivet a condensé l'existence dans s'équipe et se lance, sur son kayak,
sa présentation du film. Ses traits, dans les flots déchaînés. Il apparaît
ethniquement caractéristiques, son au campement de sa belle, tel un
masque où couvent l'énergie et l'au- fantôme surgissant des embruns.
dace, nous apparaissent dans un Mais il a conquis Navarana, elle lui
vivant prologue. appartient désormais ; de fait il la
On peut retracer en quelques lignes ficelle sur son kayak et, dos à dos,
le scénario de ce grand film. Nava- les amoureux entreprennent le péril-
rana. jolie fille esquimau, est aimée leux voyage du retour. Samo les
de deux solides gaillards Palo, sym- poursuit. 11 gagne sur eux — et son
pathique dès qu il paraît, et Samo — instinct sanguinaire prenant à non -
qui l'est beaucoup moins. La rivalité, veau le dessus — il lance son har-
qui se manifeste déjà par de naïfs pon. Il manque le couple, mais l'ef-
cadeaux offerts à la belle, éclate à la fort lui fait perdre l'équilibre ; le
suite d'une pêche aux Saumons où kayak se retourne et la houle l'em-
Palo surclasse son rival. La querelle pêcbe de se redresser. Ainsi périt le
se résoudra par une joute oratoire. traître Samo, cependant que dans
dont Navarana est l'enjeu. On vient l'eau plus calme d'une baie, les deux
des campements voisins pour la fête amoureux s'éloignentvers leur destin.
et les spectateurs de ce tournoi
rituel se livrent, tout d'abord, à un Autour de cette trame, plus légère
abondant festin, composé de viande qu'elle ne le paraît dans ces lignes,
de Phoque crue et ponctué d'éructa- quelle richesse de paysages caracté-
tions qui accusent la voracité des ristiques, d'un grand intérêt géo-
convives. Les frères de Navarana, graphique. quelle abondance de
en bons égoïstes de leur sexe, détails ethnographiques, pour la plu-
arrachent leur sœur à la fête; pour part inédits : dépeçage des Phoques,
participation des enfants à la vie du enveloppent le spectateur d'une
clan, pêche au harpon, chants rudes intense émotion. Nul film ne m'a
des pêcheurs, choix incomparable personnellement laissé par la beauté
des types ethniques, danses, cons- des images, l'impeccable sélection
truction de l'igloo, structure de l'abri des faits et gestes, une plus durable
estival, incantation, extraordinaire impression. A l'heure où j'écris ces
vision du sorcier qui, le visage ruis- lignes, KAYAK vient à peine d'être
selant de lard fondu, l'œil fixe, présenté au public. Je serais bien
gronde, comme un chien furieux, surpris si à l'heure où elles paraî-
déchire à belles dents des lanières tront — un mois plus tard ! — ce
de cuir, puis, apaisé, lèche le sang film ne tenait pas encore l'écran,
caillé sur la poitrine de Palo... avec le succès qui s'impose.
Tout ce monde qu'anime, pour La photographie que nous repro-
son film, Knud Rasmussen, — des duisons ici nous a été aimablement
enfants aux vieillards — joue avec communiquée par le studio Bertrand,
une sincérité, avec une vérité qui 29, rue Bertrand, 7e.
G. PETIT.
VARIÉTÉS

LES LACS DTJ KENYA est son ignorance absolue de l'Homme et


ET ME L'OUGANDA de ses dangers. Lorsque M. Worthington
L'Est-Africain renferme un certain la visita en 1930, il vit avec surprise les
nombre de lacs dont les plus importants, petits Oiseaux s'approcher de son campe-
en dehors du grand Lac Victoria, situé à ment, y pénétrei--sans crainte et se percher
la jonction de IIOuganda, du Kénya et du sur les lits. Quant aux Crocodiles ils
Tanganyka. sont le lac 'Rodolphe, qui étaient entièrement passifs ; on fut
appartient au Kénya, le lac Edouard qui obligé, à maintes reprises de leur jeter
se partage entre le Congo belge eL des pierres sur la tête pour les obliger
l'Ouganda, le lac Albert placé dans la à changer de place afin de pouvoir
même position, au nord de ce dernier, ies photographier. Il est d'ailleurs très
et quelques autres plus petits. probable que ces Sauriens vivent isolés
Le lac Rodolphe fut découvert en 1 885 depuis fort longtemps, car, en dépit de
par le comte Teleki en même temps que- leur adaptation à la vie aquatique, des
le lac Stéphanie, son voisin beaucoup plus Crocodiles semblent ne pas être capables
petit que lui. Il est situé dans le nord du de traverser de larges étendues d'eau.
Kénya, à 1 .250 pieds d'altitude et s'étend Le lac Rodolphe lui-même nourrit de
sur une longueur de près de 300 kilo- nombreux Poissons de toute taille, depuis
mètres, avec un maximuil de largeur de la Perche du Nil; qui dépasse parfois
60 ; les sondages qu'on y a effectués ont i mètres de long, jusqu'aux minuscules
accusé des cotes variant entre 56 et Engraulicypris qui n'ont que quelques
73 mètres, mais il est probable qu'il est centimètres. C'est une faune qui offre
encore plus profond en certains endroits. une similitude remarquable avec celle du
En son milieu se trouve une île dénom- lac Albert et celle du Nil, constata Lion
mée Ile Centrale ou Ile des Crocodile-, qui donne la preuve que le lac Rodolphe
d'origine essentiellement volcanique : elle aujourd'hui isolé, fut autrefois en commu-
renferme en effet trois petits lacs qui ne nication avec le Nil lui-même.
sont que d'anciens cratères et des fume- Les bords du lac sont assez peu peuples.
rolles sulfureuses sont encore en activité On y rencontre une petite tribu de
près de l'un deux. pêcheurs, qui semble en voie de dispa-
L'eau du lac Rodolphe est alcaline et rition. les Elmolo, et les Turkaua. plus
fort désagréable à boire, celle des lacs nombreux, qui, suivant leur emplacement,
de l'Ile Centrale, plus chargée encore cultivent la terre ou élèvent du bétail.
eu matières minérales, est absolument Ces derniers, qui sont essentiellement
imbuvable. Elle renferme cependant des nomades, ont quelques coutumes assez
Poissons aux dépens desquels vivent de curieuses, en particulier les danses où
grosses Tortues d'eau et d'innombrables ils représentent des animaux de leur
Crocodiles. Le reste de la faune est com- région. Celle dela Girafe est exécutée par
posé d'Oiseaux, aquatiques et terrestres, un groupe de danseurs de grande taille,
de nombreux Lézards et de quelques qui, pour mimer la Girafe, élèvent en
Serpents : il n'y a pas été trouvé de l'air une main avec les doigts étendus,
Mammifères. figurant la tète et imitent le balancentent-
Une des pàrticularités de cette Jaune typique de l'animal lorsqu'il court : un
ou deux hommes plus petits font les où se trouvent d'autres genres, en parti-
chasseurs et courent en se baissant autour culier les Haplochromis.
des autres. Un chœur, spécial pour chaque Cependant l'étude paéontologique de
animal, accompagne la danse. la région a prouvé que durant le Pléisto-
Le lac Edouard, et le lac Georges, qui cène moyen, la faune du lac Edouard
lui est réuni par une sorte de canal, le était très semblable, sinon identique, à
Kazinga, sont situés au sud du massif de celj,e .du .lac Albert et du Bas Nil. On
Ruwenzori, dans la grande vallée du Centre suppose que cette première faune fut
africaip où se trouve déjà, au nord, le lac complètement détruite par la période
Albert et où l'on rencontre, plus au sud, d'extrême aridité dont on a retrouvé les
le lac Kivu ; le .lac Edouard, de beaucoup traces : puis une période pluvieuse revint
le pins grand des deux, a 77 kilomètres de et le lac se peupla de nouveau, mais une
long sur 40 de large. nouvelle faune lui était venue de l'est,
La plus grande partie de cette région c'est-à-dire du Victoria Nyanza. On trouve
est faite de territoires protégés ; les Elé- une preuve de la justesse de cette hypo-
phants: les Buffles, les Hippopotames, les thèse dans le fait que parmi les quelques
grands Carnivores y abondent et y vivent espèces communes aux lacs Victoria et
eu toute tranquillité, mais, fait remar- Edouard d'une part, et au lac Albert et
quable. il -n'y a plus de Crocodiles. au Bas Nil d'autre part, se trouvent des
Les Poissons des .lacs Edouard et espèces capables de vivre très longtemps
GeorgeslIe sont pas les mèmes que ceux dans la vase desséchée des étangs.
du lac Rodolphe. Celui-ci, nous l'avons dit Lps lacs dont nous venons de parler
plus haut, a la même faune ichtyologique pourraient ètre fort intéressants pour .la
que le lac Albert et le Nil, caractérisée par pèche. Ils renferment d'énormes quantités
laPerche du Nil. le Poisson tigre (flydro- de Poissons, jusqu'à présent à peu près
cyon) et le genre Citharinus ; les lacs inutilisées, mais qui sont probablement ap-
Edouard et George appartiennent au pelées à être exploitées, quand les moyens
groupe du Victoria Nyanza et lac Kioga, de communication seront suffisants.
G. POHTEVIN
NOUVELLES
ET INFORMATIONS

Ephémérides du Muséum. — TRAVAUX Contribution à l'étude de la biologie



FAITS DANS LES LABORATOIRES AU COURS DE des Arachnides. 3e mémoire (Arc/i. Zool.
L'ANNÉE 1933. exp., 1933. 76, N. et R.. p. 1-23, 3 fig..
ENTOMOLOGIE —
Une nouvelle station en France
d'Euscorpius (lavicaudis Ann. Soc. enl.
R. JEANNEL, Professeur. — La mission France. 1933, p. 1801 len collab. avec le
scientifique de l'Omo 'en collaboration l'y R. LE DROUMAGUET|.
avec C. Arambourg). (C. R. séances Aca-
démie des Sciences, Paris, t. 196, p. 1902- — Guide de l'IIarmas de J. H. Fabre
1904, séance du 1q juin 19331. à Sérignan. 12 p.. Paris. 1933.
Mission scientifique de l'Omo. Liste — Transport involontaire d'Arthropodes

des stations, avec une carte. Paris, par aéroplanes et par les courants aériens
F. Didot. 1933 à haute altitude C. R. somm. Soc. Biogéo.,
Etude de
.
l'organe copulateur des 1933, no 84. p. 49-51).
— Arachnides (La Terre el la Vie.
quatre Plocamotrechus nouveaux du Ru- — Les
wenzori 'Rev. Zool. Rot. Afr.. Bruxelles. 1933, p. 586-595, 15 fig.
XXIV. p. 64-65. fig. 6-9 Une nouvelle espèce de Nemoscolus
1. —

Trois Adelops nouveaux de l'Amé- du Soudan français et son industrie
rique du Nord. (Bull. Soc. ent. France. [Aran.]. (Bull. Soc. Zool. France, t. VIII,
Paris. 1933, p. 251-2531. p. 247-251. fig.).
P. LESNE, Sous-Directeur. — Trois — Les
Batraciens auxiliaires de l'ento-
Dinoderus indo-malais nouveaux .Coléop- mologiste La Nature, 15. XII-1933, p.557).
tères Bostrychidae (Bull. Soc. ent. Fr., — Le plancton aérien La Nature, 15.
1933. p. 257 XII-193J. p. 564).
Sur les .
Coléoptères Bostrychides du Sur quelques Araignées trouvées dans

genre Dendrobiella Casey (Soixante-sixième les maisons il Versailles (Bull, Soc. Se.
Congrès des Sociétés savantes, 1933. note nat. Seine-et-Oise. 1933. p.68-70).
XLIII. p. 237
.
A propos du Physocyclus Simoni Berl.
F. LE CERF. Assistant. — Une llépiale
Bull, dela Soc. des Sciences nouvelle d'Asie orientale Bull. Soc. ent.

(Araneidae).
nat. de Seine-et-Oise. Sér. III, T. 1 1933).
Fr., p. 141-132. 1933).
p. 109 ï. — Lépidoptères nouveaux
d'Afrique
orientale (Bull. Soc. ent, Fr., p. 158. 1933 .
L. BERLAND, Sous-Directeur. — Arai-
gnées des îles Marquises Pacif. entomol. du— Lépidoptères hétérocères nouveaux
Surney Publication. 7. art. 3. p. 39-70. Maroc (Bull. Soc. ent. Fr.. p. 213-219.
fig, 1-61). 1933).
Une Araignée domestique africaine, —
Formes nouvelles de Lépidoptères
Plexippus pay-kulli. ennemie naturelle rhopalocères(Bull. Mus., p. 212-214,1933 ).
des Stegomyia hôtes des maisons C. R. Quelques Lépidoptères hétérocères
| —
Ac. Se., 197, p. 271-272) en collabora- récoltés aux Indes orientales et au Congo
tion avec !e Dr MATRIS]. par S. A. R. le Prince Léopold de Belgique
(Bull. Mus. Roy. Hist. Nat. Belq., p. 1-3 — Une Blatte récemment acclimatée
(sep.), 1933j. en France (Ann. Soc. ent.Pr., 1933, p.172).

Article sur les Papillons (Le Monde — Ergebnisse einer zoologischen Sain-
illustré, 4 p. illustr., 1933). melreise nach Brasilien, insbesondere in
collection au Muséum das Amazonasgebiet. ausgeführt von Dr
— Une belle H. Zerny. VIII. Orthoptera Gryllodea
L'Illustration, N° spécial deNoël, 4P., 5 pl.
et 10 illustr. en coul., 1933). (Ann Naturhist. Mus. Wien, XLVI, 1933,
pp. 243-253).
E. SÉGUY, Assistant. — Mission saha-
rienne Augiéras-Draper 1927-28.Insectes — Sur quelques types de Gryllides
(Otth.) de Fr. Walker (Bull. Soc. ent...Fr.
Diptères, (Bulletin du Muséum, première 1933, pp. 169-171).
partie t. V (1933) p. 70-76. 16 fig. ; —
deuxième partie t. V (1933) p. 122-127).. — Pour orienter les recherches. Con-
seils de l'entomologiste (Bull. Soc. Et. sc.
.—
Un Anthomyide nouveau paràsite des Région parisienne, VII, n° 27, pp. 1-8).
Iris et note sur. les Diptères qui- vivent aux Alluaud et R. 'Jeannet
dépens des Iridées (Bollet. del Labor. di — Voyage de Ch.
Entomologia delR. Istituto Superiore Agra- en Afrique Orientale (1911-1912). Grylli-
ria di Bologna, VI (1933) p. 28-32, fig. 1-2, dae (Eos, VIII, 1932 (1933), pp. 325-352).
7fig.). Louis SEMICHON, Assistant. — Sur un
— Les Diptères suceurs, de sang- para- nouvel élément contenu dans le corps
sites spécifiques des Oiseaux de la forêt adipeux des Chenilles (Bulletin de la So-
de Fontainebleau (Travaux des natura- ciété entomologique de France, 1933, n° 20,
listes de la Vallée du Loing, fasc. 6 (1933), p. 319-320).
p. 78-101, 11 fig., 2 pl.). 7 — Sur le contenu des cellules vésicu-
Gitona(Dipt.) leuses du parenchyme de Fasciola hepa-
— Une nouvelle espèce de
de la Somalie italienne et note sur les tica L. (Comptes rendus de la Société de
Drosophiles parasites (Bollet. délia Societa Biologie, 1933, Tom. CXIV, p. 1169-1170).
entomologica italiana, LXV, p. 187-190
(1933). La liste ci-dessus termine la publication
— Un nouveau Tabanide de'la Tripoli-' des travaux faits dans les Laboratoires du
taine, AtylotusFranchinii n. sp. et synop- Muséum en 1933. Cette publication a débuté
sis des espèces affines (Archivio italiano dans le" N° 4 (avril 1934) de La Terre et
di Scienze mediche coloniali, XIV, fasc. la Vie.
10, p. 625-627, 1 fig.).
— Diptères néotropiques nouveaux (Re-
vista chilene de Historia natural, XXXVII
(1933), p. 256-260).
Au Muséum national. d'Histoire Natu-
L. CHOPARD, Directeur-adjoint du Viva-- relle a eu lieu du 14 octobre au 30; no-
rium. — Gryllidae de l'Inde méridionale vembre dernier, (Galerie de Botaniqne),
in J. Carl et K. Escher : -Voyage de re- une exposition, très réussie, d'art floral
cherches zoologiques dans L'Inde méri- contemporain. A côté des peintures, trés
dionale (hiver 19i6-27), (Rèv. Suisse nombreuses, signalons l'intéressante pré-
Zool., XL, 1933, n° 5, pp. 161-167). sentation dé documents iconographiques
Schwedisch-chinesîsche wissens- appartenant à la bibliothèque du Muséum.

chaftliche Expédition nach des nordwes-
Jlichen Provinzen Chinas, unter Leitung
von Dr Sven Hedin und Prof. Sü Ping-
chang. — Orlhoplera Gryllidae (Ark.. f. Le Musée d'Ethnographie du Trocadéro
Zool. 25 B, n° 3). présente actuellement dans sa galerie

New species of Indian Gryllidae d'Afrique noire, la nouvelle et très belle
{Orth.). (Stylops, II, pp. 115-120). section du Dahomey. -
PARMI LES LIVRES

Alfred VALETTE.
— Voulez-vous être de travail et enfin de se mettre sérieusement à
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Ce livre résume encore d'une façon précise
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lette, ingénieur civil, vient d'écrire un livre jusqu'à présent ; puis, sous forme de souvenirs
fort intéressant, capable de rendre chacun de personnels, parle de quelques travaux de re-
nous sourcier en très peu de temps. cherches effectués par l'auteur dans des condi-
Le titre de cet ouvrage tient du reste sa pro- tions assez différentes. Il donne enfin une
messe tout au long. L'auteur explique comment, marche à suivre très complète pour devenir
selon lui, l'être humain est sensible à l'eau sou- sourcier.
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Éditeurs
FÉLIX ALCAN. Paris NICOLA ZANI(',HELLI, Bologna
:
AKADEMISCHE VERLAGSGESELLSCHAFTm. b. H.. Leipzig - DAVID NUTT, London
(;. E. STHCHERT & Co.. New-York - RUIZ HERMANOS. Madrid - F. \IACHADO & C.LI, Porto
THE MARUZEN COMPANY, Tokyo.

1934 28eme Année REVUE INTERNATIONALE DE SYNTHÈSE SCIENTIFIQUE


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..
TABLE DES MATIÈRES

TOME IV. — 4934.

I. — Table alphabétique des articles- originaux, par noms d'auteurs.

A-RNAULT (D'). — Les Criquets à Laghouat en 1933


A

fi
.............. 219

BÉLA (D11 BODNARJ. —


BOULINEAU (P.).

Le Spalax (le Hongrie
Bos indicus
BRESSK (C.) - La Bouvière. — Sa ponte en. aquarium
...... ^
323
489
209

C
Etude physiologique de quelques cas d'hérédité dans
CARi DROiT (F.) et RÉGNIÈR fV.). —
la volaille 643
CHOPARD (L.). — Les Sauterelles migratrices; utilisation des données biologiques dans

CHOUARD (P.).

du Haut-Aragon .........................
la lutte contre ces Insectes

D
-
Autour des canons de Niscle et d'Arazas. Botanique et géographie
523

88

DELACOUR Les Gibbons Indochinois


[J.). —
..........
DIDIER (D"R.). — Le Grand Pingouin: Plautus impennis (L.)
DORLODOT (Baron J. DE). — L'exploration dugîte à Dinosauriens jurassiques de Damparis.
3
13
563

EDMOND-BLANC ...........
E
(F..— 80.00'0 kilomètres à travers l'Afrique..
G
415

GATTRFOSSÉ(J.}. — Les grottes au Maroc. — De l'habitat primitif au lieu cultuel


GATTEFOSSÉ (J.\ — La Flore marocaine et l'horliculture
... 33
224
GERMINY (G. DE). — Le. Guépard, compagnon des chevaliers
GROMIER (D1*. — En brousse africaine. — Souvenirs et observations zoologiques
GRUVEL (A..). — L'aquarium du Musée des Colonies et le nouveau
GuiLLON (A" — Les Vampires
terrarium ...
....
400
355
387
131
GUINET (C.'A — Le Jardin botanique du col de Saverne 136
GUINIER (CH.). — Les arbres d'ornement et de rapport en France . ; 531

H
HÉBIN (L.\ — Observations botaniques et agricoles sur les savanes de Hingerville et de
Grand Bassam (Côte d'Ivoire) 345
HOLLARD — Les énigmes do France. — En explorant un
repère méridional .. 156
J
JARRY-DESLOGES
- R..
 ote sur les plantes fruitières des régions tempérées chaudes
sub-tropicales dont la culture peut donn r des résultats satisfaisants sur la Côte
d'Azur. Leur avenir au point de vue commercial io!)
JOLE AUD

L.. — Considérations générales sur la faune des Mammifères du Maroc .. 259

K
KOKSAKOff X.. — .....
Contribution à l'étude du Bieplntropsis mendica Fabr

L
272, i 19

LAVAUDEN
LEGROS
LÉO.N
D- G.
L.— La protection des animaux de
- [Introduction il
Y- t
A.. — Les Auchénidés
.......
.....................
montagne en Europe
..
un extrait de la Vie des Reptiles, de Rollinat].
543
i34
193

M
MAHÉ
-
G.). La pêche en Indochine
vTh.. Notes canariennes ..
116
MONOD
MOXTI DELLA CORTE

Comte. — Le jardin zoologique île Rome.......... 451
t> 12

p
PETIT G.. propos du Sélacien de (juerqueville. — Notes sur l'histoire du Cethu-

A
rinus maxumus (Günner 277,
' ' ' * *
PETIT G.. — Chronique du Cinéma documentaire.
»

— KAYAK
PIVETISAU J.,.
— Histoire du tissu osseux - - . .
515
- -
PORTEVIN G... — Les Indiens coupeurs de télés 587
.

R
RAGUIN E.. — Les failles vivantes en Californie 603
REGNIER R.J.
— Voir CARIDROIT
REYMOND A. Observations sur la flore et sur la faune de Mongolie et du Sia-Kiang
Turkeslan chinois- De Pékin à Urumlsi : à travers le désert de Gobi el les Monts
-
Célestes avec la mission Citroën Centre-Asie 288
ROCHON-DUVIGNEAUD D' A
-
Un musée omit iio logique en pleine montagne la Gollec-
tion Berlie, à Tournoux Bassex-Alpesj
ROLLINAT R.), —Notes sur le « Zaménis » ou Couleuvre verte et jaune........
142
335

s
SAGOT-LESAGE .M...

Le problème ries incendies de forêts eu Provence. 654
SCEY-MONTBELIARD DE BRI N )JEj. — Le
Musaensete en Ethiopie 21
SEGUY E.. Lucilie soyeuse et le traitement de certaines affections chirurgicales

.....................
29
— La .
ST .IMMLER Cari,. — L'Aigle fauve dans les hautes montagnes de la Suisse
SZECSI L.. —Sur l'art nègre 123

T
T WERNE A. et L.. -
L'origine de la ><
Cité les Côtes » de Clermont-Ferrand - -
103

v
La vie ries Mygales

.............
VELLARD

VELLARD ,J.. — Voyage d'un naturaliste à l'Araguaya Brésil— La faune venimeuse 469
VELLARD J.. —
Dans les solitudes du Grand Chaco
.
660
II. — Notes Scientifiques.
DR DIDIER (R.). —
tères Lucanides ........
Description de Coléop-
DRAKE (CARL J.). — Un Tingide nou-
veau provenant de Bornéo et de Ma-
241 didier
SÉGUYCE.).
............
de Lepidolemur ruficaudatus A.

— Contribution à la connais-
sance des Insectes Diptères du Maroc.
Gran-
497

162
lacca
l'ETiT (G.). — Description d'un fœtus
»
107 SÉGTJY(E.). — Une nouvelle espèce de
Toxophora de Madagascar ..... 366

III. —
Conseils aux Naturalistes.
ANONYME. — Instructions pour préparer
les Mammifères en peau ...... 297
H. BERTRAND. — Récolte, élevage et con-
servation des larves aquatiques de
Coléoptères .428

IV. — Table alphabétique des « Variétés », par noms d'auteurs.


A KUENTZ (L.\ — L'Avocette récurvirostre. 244
— Les oreilles d'Eléphant. 299
KUENTZ (L.).
ANONYME. —
plantes
ANONYME. —
ANONYME. —
Capture d'Oiseaux par les
Hommes à queue
Visions de
....
Suisse....
168
247
248
écumeuse ............
KUENTZ (L). — L'Aphrophore ou Cigale
431

ANONYME. — Le parc national des lacs


Waterton .au Canada ......
ANONYME. — Crocodiles sacrés et ordalie
par le Crocodile
432

501
MAGNE DE LA CROIX
de zébrures
domestiques ..........
sur
M
(T.). — Persistance
le pelage d'Equidés
165
ANONXME. — Les Indiens du Paraguay 626
.
p
B
PELLEGRIN (D' J.) —
Le Barbeau d'IIaï-
BARRUEL (P.-L — Un Faucon sociable, nan.. 109
la Crésserine
.').

.... 167

PETIT (G.). — Notes sur le tribulum .. 622
BUI-THANH-VAN. — La Cigale
BULTTNGAIRE (L.). — Un portrait de
Georges Cuvier enfant

.......
BAZIN.DE JESSEY (Y.). — Un jardin colo-
48

500 Paléontologie.........
PIVETEAU (J.). — Les plus anciens Verté-
brés terrestres et leur importance en
PORTEVIN (G.J. — L'arboretum d'Har-
court .
46

nial à l'île de Batz


.......
246 49
PORTEVIN (G.). — La production de ta

............
cire chez les Insectes 110
D
PORTEVIN (G.). —Les Champignons véné-
DECHAMBRE (Ed.).
du Jardin des Plantes ......
La nouvelle singerie
368
neux
PORTEVIN
de la
(G.).
Nature —
Notes sur la protection
114

171

E PORTEVIN (G.). — La protection de la


faune et de la flore africaines ... 301

...-...
PORTEVIN (G.). — Charles Nodier ento-
EDMOND-BLANC (F.).
que de Rarthoum

Le Jardin zoologi-
164
mologiste.... 370
PORTEVIN (G.). — Au sujet de Lepiota hel-
veol ,t 432
H PORTEVIN (G.). — Une peuplade peu
connue, les Indiens Guayaki....
....
503
HUGUES CA.). — A propos de captures PORTEVIN (G0. — Les Pucerons et leurs
d'Oiseaux par les plantes.. 300 ennemis 554
HUGUES (A.). — Les mouches disparais- PORTEVIN (G.). — Les Insectes comes-
sent-elles ? 553 tibles 593
• • •
PORTEVIN (G.). — Les pluies de Pois-

......
K sons 627
PORTEVIN(G.). — Un ennemi des Cactus :
(L.). L'Avocat, fruit délicieux
-
le Cactoblatis cactorum 628

............
KUENTZ 111
KUENTZ (L.L Un Cactus merveilleux : PORTEVIN (G.). — Les lacs du Kenya et
Peyotl — de l'Ouganda . 674
le 169
V. — Table alphabétique des chroniques bibliographiques
« Parmi les Livres ».

BEEBE (W.).
Guyane
BERLAND
...........
(L.).
— Dans la jungle de la

etc.).......

pions, Araignées,
Les Arachnides (Scor-
440

190
JACOUPY (J.). — La
KITTBNBERGER CK.).
du gros gibier
MAES (P.).

transhumance...
— Chasse et capture
dans l'Est Africain..
Un ami de Stendhal, Vic-
256

63

BINET !L.). — Scènes de la vie animale. 63 tor Jacquemont 599


METCALF (D1 Zenu Payne). — An Intro-
BLIGH (N. M.). -
Voir Gray
Biologie générale. 1,
....
BLACHE(J.). — L'Homme el la montagne

II......319
BOHN (G.). — Leçons de Zoologie et de
511
duction to Zoology
OFFNER (J.) et PONS (J.). — Les plantes
médicinales et aromatiques des Alpes
françaises
128

(H
CAPEK (Karel). — L'année du jardinier
Catalogue des plantes de Madagascar..
CHEVALIER (A.). — Michel Adanson,
voyageur, naturaliste et philosophe..
.
191
128

560
PONS (J.).
— Voir OFFNER (J.)
Revue de Madagascar (La)
ROCHON-DUVIGNEAUD {D"
cherches sur
.....
A.). — Re-
l'œil et la vision chez les
CHOUX (P.). — Les Didiéréacées....
Vertébrés / 191

DEFFONTAINES -
(P.). L'homme et la forêt.
FRANCE(>H. de). — Le sourcier moderne
384
382
127
ROLLINAT (R). — La vie des Reptiles de
la France centrale li39
. Synopsis des principales mesures légis-
GRAY (I)' Il. A.) ei N. M. BLIüH. — The latives concernant la protection des
origin of the Living Matter -128 Oiseaux. Europe 447
GUÉNIOT (D1 A..). — Aperçus louchant THOMAS (J.;. — A travers l'Afrique équa-
les Oiseaux, les Insectes et
les Plantes toriale sauvage.

.............
117

.......
44(j
HARDY (G.). — Géographie et colonisa- VALETTE (A.". — Voulez-vous être sour-
lion 126 cier? 678

VI. — Table alphabétique des matières.


N. B. — Les noms communs el les noms propres sont en- petites capitales;
les noms scientifiques sont en italiques et les noms géographiques en caractères gras.

A Rouges, 378 ; les Indiens Guayaki. 503 ;


les Indiens Maka 626
comptes-rendus
....
ACADÉMIE DES SciENCES :
ARACHNIDES : vie des Mygales, 76 ; Gher-
(sciences naturelles) : 60. 122, 181, 255,
nète ou Scorpion des bibliothèques, 139;
315, 378, 412, 508, 559, 597, 633
ACRIDIENS : Criquets à Laghouat (1933),
219
...
; Sauterelles migratrices (biologie) .
Actinidia arguta, arbuste fruitier
523
441
Araignés venimeuses du Biésil, 474 ;
Araignée maugeuse de Poissons
ARCHÉOLOGIE : grottes (Maroc ; habitat
...
primitif, lieu cultuel), 33 ; origine de la
632

Afrique tropicale : Ruwenzori, 121 ; pro- « Cité des Côtes » (Clermont-Ferrand) 103
tection de la faune, 51, 301 ; savanes de AUCHÉNIDÉS............ .
195
Bingerville et Grand Bassam, 315 ; ob-
servations zoologiques,.355;Guépard, 400;
chasse en Afrique, 115 ; art nègre, 423 ;
A.uxicerus multicolor Boil. • .. •
.211
crocodile, 501 ; Jardin des .Plantes de -B

lacs du Kénya et de l'Ouganda


Anlacodus Swindcrianus......
Amérique du Nord : Canada (Bisuns
...
Dakar, 507 ; Sauterelles migratrices, 523 ;
644
377
BATRACIENS: une histoire de Grenuuilles.
BIOGÉOGRAPHIE Gibbons indochinuis. J ;
Crabe chinois [Eriocheir sinensis), 118 ;
139

faune des Mammifères du Maroc, 559 ;


du—), 119 ; protection de la Nature, 171 ; flore et faune de Mongolie et du Sin-
Bisons, 177; arbres fossiles, 179 ; Alaska, Kiang. 288 ; Spalax de Hongrie, 323 ;
180 ; Wyoming, 313 ; parc national, 432 ; Celorhinus maximus (répartition). 337 ;
Pélicans; 439; Yellowstone, 142; Cali- notes canariennes. 451 ; Aigle fauve en
fornie, 603; Orégon, 631 ; cannibalisme, 633 Suisse 177
Amérique du *Sud : Mexique, 120 ; BIOLOGIE Gibbons, 3 ; Lucilie soyeuse et

Paraguay
;
Guyane (Vampires), 131 ; le Maté, 441 ;
Araguaya, 469 Indiens Jibaros, 587;
626
traitement d'affections chirurgicales. 29 ;
migration des Cigognes. 57; genèse de la
vie, 58 ; vie des Mygales, 76 ; vitalité des
ANTHROPOLOGIE : races blanches et noires. graines, 117 ; dispersion des espèces.
59 ; le Sinanthropus, 179 ; têtes momi- 118 ; capture d'Oiseau par les plantes.
fiées (Alaska), 180 ; hommes à queue, 217 ; 168. 300 ; curieuse association animale,
cannibalisme, 314,633; origine des Peaux- 177 ; la Bouvière et sa punie, 209 ; — du
Blepharopsis mendica, 272, 494 ; com- phofa (invasion), 376 ; Criquets (La-
portement du Spalax. 353 ; expériences ghouat), 219 ; Coléoptères 'Lucanides,
de déroutage d'Oiseaux migrateurs, 375 ; 241 ; Blepharopsis mendica, 272 494;
Sauterelles migratrices et leur biologie, Mouche des fruits (région parisienne),
,

123 ; Puoeruns et leurs ennemis, 554 ; 312 ; Toxophora de Madagascar, 366 ;


mère adoptive chez les Guêpes, 596 ; larves aquatiques de Coléoptères (ré-
Araignée mangeuse de Poissons, 632 ; colte, élevage), 428 ; Aphrophore, 431 ;
étude physiologique de cas d'hérédité le péril des Insectes, 440 ; Sauterelles
chez la volaille .
643 migratrices, 523 ; les Mouches (dispari-
Bornéo . •
107 tion), 553 ; Pucerons (leurs ennemis),
BOTANIQUE (PHANÉROGAMES): Musa ensete,
en 'EChiqpie., 21 ; — du Haut-Arazas,
88 ; arboretum d'Harcourt, 49 ; l'Avocat,
111 ; arboretum de l'Université de Wis-
consin, 120 ; jardin du col de Saverne,
Eriocheir sinensis
Espagne
........
554 ; 'Insectes comestibles, 593 ; mère
adoptive chez les Guêpes, 596 ; Cacto-
blastis cactorum
..
628
118
88
136; Cactus merveilleux (Peyotl), 169; Ethiopie 21
flore marocaine et horticulture, 224 ; ETHNOGRAPHIE l'art nègre, 423 ; peintures
« Oreilles d'Eléphant », 299 ; Pois du Cap
:

à Madagascar, 313 ; savanes de la Côte rupestres des Esquimaux, 441 ; les [n-
d'Ivoire, 345 ; une histoire des légumes, diens Guayaki, 503 ; Crocodiles sacrés,
501 ; Indiens coupeurs de têtes, 587 ; le
377 ; plantes fruitières .des régions tem-
pérées chaudes ou sub-tropicales a-ccli- curare, 597 ; tribulum, 622 ; Indiens
matées sur la côte d'Azur, 409 ; vieux
Cèdres deFrance, 440, 596 ; le Maté, 441 ;
nouvel arbuste fruitier, 441 ; arbres d'or-
voir aussi : Musée d' du Trocadéro. -
du Paraguay, 626 ; Indiens Maka, 626 ;
FAUNE (en général) : — de Mongolie -et du
nement et de rapport en France, 531 ; le Sin-Kiang, 28H ; observations zoolo-
Soja, 557 ; deux botanistes de la Haute- giques en Afrique . 345
Ariège, 558 ; Basilic à Camphre, o96 ; FLORE (en général) : de Mongolie et du
vieux Cèdres, .')96 ; forêts de l'Orégon. • 631 Sin-Kiang .288
c G
Cactoblastis caclorum
Canaries : archipel
GATALSGUES:
Cetorhinus
.
canarien.., 451
.
628

— zoologiques, 180; nouveau. 314"


maximus...... 277-337
GÉOGRAPHIE : -Haut-Aragon, 88 ; l'archi-
pel canarien, 451 ; solitudes du 'Grand
Chaco
GÉOLOGIE un nouveau geyser (parc du
660

Yellowstone), 442 ; failles vivantes en

vers l'Afrique ........


CHASSE : observations zoologiques en
Afrique, 3s5 ; 80.000 kilomètres à tra-

....
CJIKLONIEXS : Tortue d'Agassiz
415
57
Californie.

1
H
- - . - - .
603

CïXKMA: le — et les sciences, 181 ; le



privé, 25.5 ; alliance scientifique et médi-
cale française.. 315 ; cinéma documen-
tairè : « Kayak >
CONGRÈS : XXIIe
.
— de l'arbre et de l'eau,
671
HISTOIRE (des Sciences,)
nus maximus, 277 ; le
gnon des Chevaliers
I
.......
: du Cetorhi-

Guépard, compa-
400

60 ; —de la forêt, 121 ;


CROCODiLiENS :
Crotalus terrificus
CRUSTACÉS :
..
- del'A. F. A. S. 122
Crocodiles sacrés....

le Crabe chinois, Ber-


501
470
en
Itali-e,
......
Indochine Gibbons d' —,
«
3 ; la pêche
146
412-612

nard l'Hermite
118 :
177
J
114 ; Lrpiola holveola
CUVIER : portrait de G.
........
—, enfant

CRYPTOUAIIIE : Champignons vénéneux.
432
500
JARDIN
136 ;

— botanique du col de Saverne,
:

— zoologique de Karthoum, 164 ;


colonial de l'île de Batz, 246 ; — des
Plantes de.Dakar, 507 ; — zoologique de
Moscou, 508 zoologique de Rome 612
D
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DARWIN : en l'honneur de 180 singerie du 368
— — :
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saire de sa mort 121 L
DINOSAURIENS 179 ;
— de Damparis
E
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.. 563 LABORATOIRES : travaux faits dans les
du Muséum en 1933 anatomie comparée, —
250 ; reptiles et batraciens, 251 ; vers
et crustacés, 252 ; pêehes et productions
ECHOUAR,E :
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côtes de France. 254 ture, 304cryptogamie, 370 ; agronomie
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ment d'affections chirurgicales), 29 ; Ci- ralogie, 434 ; botanique(Phanérogamie;,
gale, 48 ; Silphes, Ù7 ; Tingide nouveau 437 ; anthropologie, 0J6 ; laboratoire
e Bornéo, J07 ; Diptères du Maroc, maritime de St-Servan, 630 ; labora-
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ADHÉREZ A LA
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DE FRANCE
Fondee le 10 février 1854, reconnue d'utilité publique le 26 février 1856
PRÉSIDENT : M. Louis MANGIN, membre de l'Institut
Directeur honoraire du Muséum d'Histoire Naturelle
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La Société Nationale d'Acclimatation La Réserve zoologique et botanique de


est un groupement de savants et d'ama- Camargue, qu'elle a créée, vise à con-
teurs, tous amis désintéressés de la server dans son état naturel une des
Nature, dont le but est de concourir à régions de France les plus pittoresques,
l'introduction, à l'acclimatation et au ainsi que des plus intéressantes par
perfectionnement des animaux et des l'abondance, la variété et la rareté des
végétaux utiles ou d'ornement, d'étudier et espèces animales et végétales qu'elle
de protéger la faune et la flore indigènes contient.
et exotiques. Chaque membre a droit : aux cartes
Par ses conférences, ses séances d'entrée aux conférences, au service
d'études ou de projections, ses excur- gratuit du Bulletin contenant les tra-
sions, ses publications, le déjeuner vaux de la Société, à une réduction
annuel exclusivement réservé à ses sur les publications qu'elle édite, au
membres et les récompenses qu'elle dé- service de la bibliothèque (8.000 vo-
cerne, elle contribue aux progrès de la lumes), aux voyages d'études et aux
zoologie et de la botanique appliquées, excursions, aux graines ou aux œufs mis
elle encourage les études qui s'y rap- gratuitement en distribution ou à des
portent, elle en vulgarise les résultats; cheptels d'animaux, des autori-
à
elle s'efforce ainsi, d'apporter une contri- sations de séjour dans la Réserve de
bution nouvelle au bien-être général. Camargue.
Cotisation : 50 fr. — Avec service gratuit de LA TERRE ET LA VIE : 110 fr
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