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d'histoire naturelle...
EBERHARDT
cinales
(Ph.). Les Plantes médi-
40
TOME QUATRIÈME
1934
LA TERRE ET LA VIE
Revue Mensuelle
TOME QUATRIÈME
1954
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE
4, Rue de Tournon, PARIS LVIE)
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
SOMMAIRE
J. DELACOUR
..Les Gibbons indochinois
Dr Robert DIDIER. Le Grand Pingouin (Plautus irnpennis [Lin ]i...... 3
13
VARIÉTÉS.
en Paléontologie. — La Cigale. — L'arboretum d'HarcourL
NOUVELLES ET INFORMATIONS
....
— Les plus anciens Vertébrés terrestres et leur importance
46
..................
51
REVUE MENSUELLE
Abonnements France et Colonies : 75 fr. — Étranger : 90 fr. ou
: 105 fr. suivant les pays,
SOCIÉTÉ NATIONALE SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES.
D'ACCLIMATATION DE FRANCE MARITIMES ET COLONIALES
4, -Rue de Tournon 17, Rue Jacob
PARIS (VIe) PARIS (vie)
BUREAU
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Secrétaire général : M. C. BRESSOU. professeur à l'École d'Alfort.
Vice-présidents : Secrétaires : Trésorier :
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Muséum MM. Charles VALOIS;
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DECHAMBRE, professeur Pierre CREPIN Monseigneur FOUCHER.
;
à l'Ecole d'Alfort
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MM. le docteur ARNAULT ;
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DE MONCHAUX ; le professeur ROULE, du
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CHAUVEAU. sénateur, ancien ministre;
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MARCHAL, de l'Institut; prince Juachim MURÂT; REY; comte X. de LA ROCHEFOUCAULD;
D' SEBILLOTTE ; TRIGNART.
BUREAUX DES SECTIONS
-
Mammalogie Aquiculture Aquariums et Terrariums
Président : P. DECHAMBRE Président : L. ROULE Président D J PELLEGRIN.
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Secrétaire Ed DECHAMBRE. Secrétaire ANGEL. PHISALIX; M FABRE-DO-
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BOURDELLE.
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Délégué du Conseil L.
Ornithologie Entomologie HOULE
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Vice-présidents : L CHOPARD; Protection de la Nature
Vice-présidents : A BERLIOZ; P. VAYSSIÈRE
prince Paul MURAT. Secrétaire : P. MARIÉ. Président R. de CLERMONT.
:
Des Singes «
anthropoïdes M. le et des Orang-Outangs, les Gibbons
Gibbon est Je moins grand et de les dépassent tous de beaucoup par
beaucoup le plus joli. Il se distingue l'élégance des formes, la finesse du
principalement des trois autres (Go- pelage, la légèreté des mouvements,
rille, Chimpanzé et Orang-Outang) la grâce des attitudes. Ce sont sans
par l'extrême longueur de ses bras doute les plus agréables de tous les
et la légèreté de sa structure, se mon Singes et ils n'étalent aucune des
trant ainsi parfaitement adapté à un laideurs physiques et morales qui
genre de vie purement arboricole. déparent presque toujours les es-
C'est en outre le seul de tous les pèces les plus belles.
Singes qui, à terre, progresse habi- Ce sont bien les Singes des arbres
tuellement érigé sur ses membres par excellence, les H y lobates. comme
inférieurs, tout comme l'homme. leu r nom générique latin, bien appro
Mais ses longues canines et de lé- prié pour une fois, le suggère. Par
gères callosités ischiales le rabaissent petites troupes ou familles, ils vivent
quelque peu dans l'échelle des êtres. uniquement dans les forêts humides,
A l'encontre des autres Singes en depuis les plaines basses jusqu'à des
général, les Gibbons des deux sexes altitudes de 3.000 mètres, mais ils
ne présentent aucune différence de sont souvent plus nombreux en mon-
de taille ni de forme. Les femelles tagne. Ils s'y nourrissent de fruits,
sont tout aussi grandes et aussi de quelques Insectes, d'œufs et de
fortes, avec des dents tout aussi dé- jeunes Vertébrés.
veloppées, que les mâles. Seule la Une particularité curieuse des Gib-
teinte du pelagediffère chez les adultes bons réside en la manière qu'ils ont
de certaines espèces, dont les mâles de chanter en chœur, concerts bar-
sont noirs et les femelles fauve pâle. bares, dont résonnent les bois ; tous
Si on ajoute à cela que la conforma- ceux d'une même troupe crient à la
tion externe des organes génitaux fois, à intervalles plus ou moins rap-
né permet de les distinguer qu'en prochés, surtout dans la matinée. La
les examinant de près, on s'aperçoit voix varie considérablement avec les
que la différenciation sexuelle est espèces, et, outre ce « chanté », ils
réduite au minimum chez ces ani- possèdent toute une série de grogne-
maux. ments et de cris, fort expressifs de
Sans avoir l'aspect étrange et im- leurs sensations et de leurs senti-
posant des Gorilles, des Chimpanzés ments.
Les Gibbons habitent le Sud-Est peut rendre par « ou-ou, oua-oua »,
de-l'Asie et. les îles voisines telles que dont les notes variées composent une
Java, Sumatra. Bornéo et Haïnan. façon de chant émis en chœur comme
Leur classification, rendue souvent chez tous les Gibbons
difficile par la variabilité du pelage Les formes assez nombreuses de
dans beaucoup de formes, a été ré- ces Gibbons Jars diffèrent entre elles
cemment étudiée et révisée par R. I. par le pelage ; celles de Java et de
Pocock (1) et par C. B. Kloss (2). Bornéo sont grises ; celles de Suma-
Bien que le premier reconnaisse moins tra et du continent se présentent sous
d'espèces que le second, il ressort de deux phases : l'une foncée, noire ou
leurs travaux que ces Singes se di- brun sombre, l'autre claire, fauve,
visent eu cinq groupes naturels, blanchâtre ou grisâtre ; leurs mains
différant surtout par la forme de leur sont blanches ou noires.
tète et leur voix. Il est encore difficile de décider si
Ceux d'un premier groupe, les Sia- tous les Gibbons du groupe lar nu
mangs (HyLobates syndactylus), se forment qu'une espèce aux races
reconnaissent à une grande taille, nombreuses, comme l'avance Pocock
à un pelage tout noir et à un sac ou se composent de plusieurs espèces,
laryngial dénudé ; leur voix est reten- ainsi que l'affirme Kloss. 11 est cer-
tissante et rauque, semblable à un tain que. dans le Sud de la Péninsule
aboiement hurlé. On les rencontre, malaise et à Sumatra, une forme à
sous deux formes peu différentes, à mains blanches (H. lar) et une autre
Sumatra et dans la Péninsule ma- à mains noires (H. agilis) coha-
laise. bitent.
Dans les îles Mentawei, au Sud- Mais ces deux pays ne sont peut-
Ouest de Sumatra, se trouve une être que le lieu de rencontre des deux
espèce plus petite, à gorge garnie de races qui s'y mélangent. La simili-
poils, intermédiaire entre les Sia- tude générale de la forme et de la vie
mangs et les Gibbons suivants : c'est nous inclinent à partager l'avis de
H. Klossi. Pocock et à unir tous ces Gibbons en
Les ties de la Sonde, la Malaisie, une seule espèce naturelle.
le Ténasserim. le Siam, le Cam- Les Gibbons de l'Assam, de la
bodge, l'île de Phuquoc et l'Ouest du Haute-Birmanieet des Etats Shan, les
,
Laos sont habités par des Gibbons Hoolocks (H. hoolock), ressemblent
variés, mais proches parents les uns beaucoup à ceux du groupe lar par
des autres, qui forment le groupe la forme de leur tête et la présence
lar. Ils sont caractérisés par une tête de sourcils blancs, mais leurs parties
aplatie, aux poils dirigés vers l'ar- anales et génitales sont plus poilues,
rière, des sourcils blancs, le bord leur crâne est plus grand, leur mâ-
inférieur de l'oreille libre ; les par- choire plus forte,, leurs orbites plus
ties anales et génitales sont assez étroites, leur face plus longue. Peut-
dénudées et peu cachées par les poils être toutefois une étude plus appro-
environnants. Leur voix est forte, fondie permettrait-elle de les ratta-
sorte de hululement bruyant, qu'on cher aux Lars qu'ils semblent rem-
placer géographiquement. Les fe-
melles adultes et les jeunes, à la
(1) Proceeding Zoological Society o/ London
1927, pp. 719-141.
naissance, sont fauve pâle, les mâles,
'2) P. Z. S. o/ London, 1929, pp. 113-127. adultes et juvéniles, et les femelles
âgées de dix mois à cinq ans envi- mais de sourcils blancs, à l'encontre
ron sont noirs. brunâtres, avec les des Lars et des Hoolocks.
lignes sourcilières blanches. Leur A l'avantage considérable que
voix est particulière, plus forte et donne à l'aspect, leur haut front et
plus dure que celle des Lars. Les leur jolie figure, les Gibbons indo-
mœurs de cette espèce et ses phases chinois ajoutent une allure plus déga-
de pelage viennent
d'être fort bien étu-
diées par C. Mac
-Cano (1). Les Hoo-
locks ne paraissent
pas varier avec les
localités.
Les Gibbons du
cinquième groupe,
propre à l'Indochine
française, sont bien
différents, de tous les
précédents, et en vie,
l eur dissemblance est
frappante : au lieu
d'une tête aplatie, ils
présentent une cou-
ronne élevée aux poils
verticaux, formant
brosse ; leur face est
plus fine, leur front
plus haut, leur nez
plus allongé et plus
saillant ; le bord infé-
rieur de l'oreille est soudé à la joue. gée et une agilité encore supérieure
Le clitoris des femelles, très à celle des autres. Si on dit de plus
allongé, ne se distingue guère, à pre- qu'au lieu des hurlements assourdis-
mière vue, du pénis des mâles. sants des Lars et des Hoolocks, ils
D'après Mac Cann, ce caractère existe font entendre des sifflements et des
également chez H. hoolock, mais il gazouillis forts et aigus, mais variés,
parait moins développé chez H. lar. rappelant celui de certains Oiseaux,
A ces différences extérieures cor- on concevra aisément qu'ils se
respondent des particularités du montrent plus attrayants qu'eux,
crâne ; entre autres, le septum inter- sous tous les rapports.
orbital forme une ligne continue Comme chez les Hoolocks, les
avec le nez et le- front, ce qui fait jeunes naissent fauves, puis devien-
paraître ce dernier plus élevé et lui nent bientôt et graduellement noirs,
donne une physionomie plusagréable. chez les deux sexes ; vers l'âge de
Ces Gibbons par ailleurs, n'ont ja- cinq à sept ans, au moment de la
puberté, les femelles passent de nou-
(1) Journal of the Bombay N. H. Society, veau au fauve, conservant une ca-
XXXVT, 1933, pp. 395-405. lotte noire ; ce changement s'eflee-
tue peu à peu, en six ou huit mois, concotor paraît un peu plus forte et
tandis que les mâles demeurent noirs. plus robuste que les autres
Nous avons définitivement établi la Le Nord-Ouest du Tonkin (Laï-
constance de ce:* transformations par Chau), le Nord et le centre de l'An-
l'observation de sujets sauvages en nam (de Phu Qui à Tourane), le Nord
Indochine et d'autres gardés en et le centre du Laos (de Phong-Saly
France en pleine ou semi liberté, et Pak-Laï à Savannahet et à Tché-
tout comme l'a fait C. Me Cann pour pone) sont le domaine de H. conco-
les Hoolocks. Les assertions con- lor leucogenys. Chez celui-ci le mâle
traires ont été dues à une confusion et les jeunes en pelage noir, sans
des sexes, si facile à faire à moins traces de brun, offrent de largestaches
d'un examen très minutieux. blanches, ou crème, sur les joues, se
En ce qui concerne les Lars, on ne rejoignant à la gorge. Vers le sud
sait rien encore de positif, et il semble de son aire de distribution, ces taches
que les différences de couleurs ne se réduisent et se teintent de fauve,
comportent pas d'indications d'âge formant transition avec la race méri-
ni de sexe, au moins dans la plupart dionale. Il semble aussi que les Gib-
des cas. bons de cette région soient plus
Les Gibbons indochinois (1 ) appar- minces et plus allongés, avec un poil
tiennent à l'espèce Hylobates con- plus fin et moins long. Peut-être mé-
color et se divisent en trois races riteraient-ils un nom spécial, comme
géographiques. .le croit Iiloss.
Dans le Nord et l'Est du Tonkin, H. concolor Gabriellœ, qui occupe
l'extrême nord de l'Annam, l'lie de
Haïna 0 et peut-être certaines parties
l'Indochine au sud du précédent, et
que nous avons trouvé sur les plateaux
voisines de la Chine, vit H. conco-
des Bolovens et du Langbian, au
lor, qui se fait remarquer par la tête Bas-Laos, en Cochinchine et au
entièrement noire du mâle, dont la Cambodge, a les taches des joues
poitrine est légèrement teintée de plus réduites et de couleur fauve,
brun. J ai rencontré ce Gibbon à Cha- parfois même roussâtre en Cochin-
pa et à Hoï-Xuan, en particulier, et chine, et la poitrine teintée de brun.
j'en possède actuellement à Clères Les femelles des trois races paraissent
une magnifique femelle, qui, bien semblablès comme le sont la voix et
-
qu'ayant pris son pelage clair depuis les habitudes des deux sexes.
deux ans, a conservé une pointe
noire descendant du cou entre les Comme chez l'Homme, les diflé-
deux épaules. rences individuelles de traits et
D'autres, examinés à Chapa, pré- d'expression, comme aussi de taille,
sentent du noir à la poitrine. Il paraît sont très apparentes, et on peut dire
donc que la livrée des femelles est que nul sujet ne peut être confondu
quelque peu instable. Le ton jaune avec un autre, chacun possédant sa
varie d'ailleurs du jaune doré au personnalité.
blanchâtre et au grisâtre. La race J'ai bien souvent observé des
Gibbons sauvages en Indochine. En
(1) Nous no comprenons pas sous ce nom les dehors des régions déboisées et du
H. lar qui se trouvent concurremment avec les Nord-Est du Tonkin, où ils ne pa-
H. concolor, d'ailleurs plus nombreux, au Cam-
bodge et dans certaines régions occidentales du raissent pas exister, je les ai rencon-
Laos : H. larpileatus. au Sud, et H. lar entelloides,
au Nord, d'après C. B. Kluss. »
trés dans toutes les parties du pays,
dans les plaines basses comme sur en Indochine, nous avons souvent
les hautes montagnes. A Lous mes rencontré des bandes de huit à dix,
camps, en forêt ou sur sa bordure, avec deux et quelquefois trois fe-
leur chœur retentissait chaque matin, melles au pelage fauve. Les Hylobates
au lever du jour, s'arrêtant, puis concolor sont-ils plus sociables que
reprenant au cours de la matinée. les H. hoolock ? ou s'agit-il de ren-
On l'entend aussi l'après-midi, mais contres et de réunions fortuites de
procurer l'Oiseau ; on
oflre de fortes som-
mes pour sa capture.
Les marins venant au moment des Déjà, à cette époque, on ne le trouve
nichées, ne se contentant pas des Oi- plus vers les côtes du Groënland.
seaux, détruisaient les œufs dont Et puis, c'est la disparition. Les
ils remplissaient des chaloupes en- derniers spécimens sont pris vers
tières. On allait, dans ces îles dé- 1840, et depuis, on ne trouve plus
pourvues de bois à brûler, jusqu'à trace du magnifique Oiseau dont les
quelques dépouilles connues, pré- comme la plupart des Oiseaux de sa
cieusement conservées, atteignent famille, un appétit insatiable.
bientôt des prix astronomiques. Il mordait furieusement lorsqu'il
La destruction de l'Oiseau dans était pris (et à savoir quelle morsure
les deux derniers siècles n'a été cruelle vous inflige l'Alque torde ou
que la continuation de l'œuvre com- le Macareux, on peut imaginer ce que
mencée dans les siècles précé- devait être la blessure causée par cet
dents. énorme bec !)
On est à l'heure actuelle peu ren- Il se nourrissait su rtout de Poissons.
seigné sur les mœurs du Grand Pin- La forme de l'Oiseau, sa taille, la
gouin, qui par son
instinct était porté à
s'écarter des régions
habitées.
L'Oiseau se tenait
sur terre majestueu-
sement, son corps
dressé, plus droit que
celui des Guillemots
ou des Alca torda. Fa-
cilement effrayé par
le bruit, il plongeait à
la première alarme,
nageait d'ailleurs sous
l'eau avec une vitesse
incroyable.
Il faisait en mer de
grands voyages,
puisque les auteurs
anciens l'ont souvent
signalé très loin des
côtes.
Lorsqu'il nageait à
la surface de l'eau, il
tenait sa tête très
relevée.
Son cri était un
croassement sur un
ton grave.
C'était un Oiseau
tout à fait stupide et
c'est ce qui fit sa perte,
car il se laissait atti-
rer par les pêcheurs
qui le capturaient
sans peine, et se pre-
nait aux lignes.
Il avait d'ailleurs.
structure de son bec et de ses pieds D'après les exemplaires conservés-
empêchent de confondre cette espèce que nous avons pu examiner, cet
avec les autres Palmipèdes brachy- Oiseau offrait les caractères suivants :
ptères. la tète, le derrière et les côtés du cou,
le dessus du corps
sont dun noir pro-
fond, avec un reflet
s
grisâtre assombris-
sant en brun foncé
su les côtés de la tète,
le dessous du bec, la
gorge et le devant du
cou. Une grande
tache blanche ova-
laire se situe entre
l'œil et la mandibule
supérieure ; la poi-
trine, l'abdomen et
les sous-caudales sont
d'un blanc pur ; le
blanc s'éte n da lit vers
le haut se termine en
pointe au milieu de la
partie antérieure du
cou. Cr blanc est écla-
tant, teinté sur les.
flancs de gris cendré,
et, sur la partie infé-
rieure de la jambe, iJ:
se transforme en gris-
brun.
Les couvertures-
supérieures des ailes.
sont noires, les ré-
miges noires, les se-
condaires terminées,
de blanc, le dessous
des ailes d'un gris-
fumeux
La queue noire et
courte est composée
De la taille d'une Oie sauvage, sa de quatorze plumes ; ces plumes sont
longueur, du front au bout de la petites, en fer de lance, raides et
queue. était de 62 à 70 centimètres ; pointues.
la longueur du ber, de 9 cm. ; la Ion Le plumage est luisant, très épais-
gueur de l'aile, de 26 à 29 cm. La et serré surtout sur la partie abdo-
femelle était un peu plus petite que minale. avec un aspect velouté.
lemâle. L'Oiseau présente, en dehors du
plumage de noces ci-dessus décrit, la bouche était noir mat. La hauteur
une gorge et des côtés d'occiput moyenne de la mandibule supérieure
blancs. avec une bande sombre com- est de 2 cm., 7, celle de la mandibule
mençant derrière l'œil et bordant le inférieure de 2 cm., 14, la largeur du
côté de la gorge. bec sous la narine de 1 cm 35.
Les jeunes n'ont
pas de sillons au bec;
ils sont couverts en
naissant d'un duvet
gris brunâtre assez
foncé.
Le becdel'adulte,
est grand, fort.,
large, un peu long,
très élevé, mais effi-
lé, aplati sur les
cotés, légèremen
il t
-cintré en haut. est
beaucoup plus fort
en_proportion que
celui d'Alca torda; il
n'est pas partout re-
couvert de corne,
mais d'un fin plu-
.mage court et serré
qui s'adapte à lui
jusqu'à la commis-
sure des lèvres. Il est
traversé en haut
comme en bas par
de nombreuses
rides transversales
(sur la mandibule
supérieure, 7 et8 sil-
lons à fond blanc,
et 10 à 11 sur la
mandibule
rieure).
ifé-
Les vieux Oiseaux
ont ordinairement
sept et jusqu'à dix
sillons sur la moitié
antérieure du bec ; les jeunes en Les ailes, extrêmement rudimen-
ont moins, les très jeunes n'en taires. absolument inaptes au vol, si
présentent que deux ; la couleur est disproportionnées avec la taille de
d'un noir profond ; celle des sillons l'Oiseau qu'elles donnent l'impression
-entre les bourrelets vers l'extrémité d'avoir été rapportées d'une autre
est blanc jaune sale ; l'intérieur de espèce sur le Grand Pingouin.
lui donnaient un aspect singulier. timèlres. Plus grande largeur :
Ce sont en tout cas de véritables 7 cm., 3.
ailes d'Oiseau, avec toutes leurs Couleur blanc gris jaunâtre uni-
plumes, mais chétives, alors que les forme. Autour de hi grosse tubéro-
mêmes ailes rudimentaires des Man- sité, une couronne de grosses taches
chots ressemblent à des nageoires et irrégulières, vert olive noir très
ne sont recouvertes que de plumes foncé ; en second plan, des taches
en écailles, longues seulement de gris bleu noirâtre assez pâles; de ci,
quelques millimètres. de là, un semis detaches vert foncé.
L'œil est petit, avec des paupières OEuf n° 2 (lig. 7) : Longueur 13 cen-
recouvertes de plumes à l'extérieur, timètres. Plus grande largeur :
très nues en dedans et noirâtres ; l'iris 7 cm., 9.
est brun. Couleur gris blanc jaunâtre un peu
Les pattes et les pieds sont noir mat, plus foncée que celle du n° 1.
un peu plus clair dans les interstices Autour de la grosse tubérosité,
des doigts ; les pieds sont assez grands, tout un enchevêtrement de lignes et
forts, massifs, les tarses courts, ro- de taches noires et vert olive très
bustes, peu comprimés de côté, foncées.
recouverts d'écaillés, placés loin en Sur tout l'œuf, des taches et des
arrière. lignes en zig-zag gris bleu pâle, des
Les membranes i n te rdigi tales s'é- points noirs ; des lignes et des lâches
tendentj jusqu'à l'extrémité de l'orteil ; vert olive, avec des points vert bru-
les ongles, forts, courbés à plat, noirs, nâtre.
ont les extrémités arrondies, peu Les œufs étaient pondus sur le
proéminentes. rocher nu, sans aucun nid, au niveau
Le doigt externe est un peu plus de la mer, et couvés au milieu de
court que le doigt médian, le doigt juin. Si l'œuf était enlevé, la femelle
interne beaucoup plus court. n'en pondait pas d'autre pendant ta
Le tarse mesure de 5 cm., 3 à saison.
5 cm., 9 de long. Il est lamentable de penser que
Le doigt externe avec l'ongle : d'aussi belles espèces ont pu être
7,5 à 9,5 cm. (ongle de 9 à 15 mm.) ; anéanties par la voracité et la stupide
le doigt médian de 8 à 10 cm. (ongle inconscience de l'homme, car la
,
de 12 à 20 mm.). ; le doigt interne de disparition du Grand Pingouin ne
6 à 7 cm. (ongle de 12 mm.). peut être considérée comme une
L'œuf est gros, de 13 à 15 cm. de extinction naturelle ; c'est une destruc-
long environ, de couleur blanc jau- tion qui a été causée par l'homme,
nâtre, irrégulièrement tacheté. qui ne s'adressait pas seulement à
Voici la description des deux l'Oiseau pour sa subsistance, mais le
œufs conservés au laboratoire du tuait comme à plaisir, sans que celui-
Muséum : provenance du N° 1 : Saint- ci ait pu répondre à de tels besoins en
Pierre. assurant par une reproduction suffi-
OEuf n° 1 (fig. 6) : Longueur 13 cen- sante sa propre conservation.
LE «MUSA EN SE TE » EN ÉTHIOPIE
par le
Marquis DE
SCEY-MONTBÉLIARD DE BRUN
avec du lait. 11 est insipide, au goût faire son pain ; car les voisins se ré-
mais dégage en compensation une signent, il est vrai, à nourrir un mari
odeurinfecte. Il pourrait être presque dans l'embarras, mais pas plus d'un
agréable à manger à condition' de jour ou deux. Toutefois une solution
-se boucher, en même temps, les na- pratique et généralement usitée con-
rines. Le pain vieux de- deux jours siste à posséder- une réserve de
n'est plus mangeable. femmes en des endroits différents.
Les travaux ci-dessus décrits, qui Quand la discorde se met dans un
sont réservés aux femmes, ne ménage, le mari peut alors émigrer
peuvent être, d'après M. Maurel, sous le toit d'une autre de ses
pratiqués sans déshonneur par un femmes où il est accueilli à bras ou-
homme. Un Gouragué qui oserait verts. La jalousie et le temps ramè-
faire lui-même son pain serait banni nerÓnt finalement la situation à son
de la société de ses semblables. état primitif.
J'ignore si ce système conjugal Le Musa ensete constitue la nour-
signalé par M. Maurel, comporte éga- riture exclusive des Gouragués et
lement la « location » de femmes, des gens du Oualamo et du Kambatta.
telle qu'elle existerait chez cerlaines Les Abyssins proprement dits ne le
peuplades d'Ethiopie. Un indigène consomment pas, la base de leur ali-
qui possède des intérêts, des trou- mentation étant 1'« enjâra », sorte
peaux par exemple, dans une région de pain aigre et mou fabriqué avec
qui n'est pas celle de sa résidence le grain du T'ief (Poa abyssinica
habituelle peut, dit-on, après accord Jacquin).
avec un mari du lieu, y louer, moyen- Les fruits du Coba, ainsi qu'il a
nant finances, la femme de celui-ci. été dit au début du présent article, ne-
Elle lui sert de régisseur et en outre sont pas consommés. Quand, par
l'héberge sous sa hutte quand il vient suite de l'abondance des cultures,
dans la région. Le visiteur plante sa les pieds ont été laissés trop long-
lance à l'entrée de la porte, afin que temps sur place sans être récoltés,
le mari, au cas où il surviendrait ino- un grand nombre d'entre eux vien-
pinément, reconnaisse à cet indice nent à fleurir. La partie florale offre
que la' place est occupée. Le mari une grande analogie avec celle du
n'a, dès lors, plus le droit d'y entrer et Bananier ordinaire, sauf que la
il ne lui reste plus d'autre ressource, hampe florale est beaucoup plus
si je puis dire, que d'aller « faire un longue, parfois 1 m. 50 'hors des
tour au café du coin » en attendant feuilles terminales de la plante.
que ladite place soit libre. Toutefois Celle-ci donne un régime de petits
il est bien entendu que l'existence fruits trapus et courts. Le peu de
d'un accord préalable est nécessaire. chair qu'ils produisent est insipide,
Un visiteur irrégulier risquerait vrai- les graines en sont recherchées par
semblablement de se faire tuer. les enfants qui sont très friands de la
Après cette digression, j'en reviens poussière blanche qu'elles renfer-
à l'utilisation alimentaire du Coba. ment.
La souche, quia été mise de côté au Indépendamment de l'emploi du
moment de l'arrachage, est coupée Coba pour Falimentation, il en est
en morceaux gros comme des dés à fait également usage en médecine
coudre, bouillie, et passée à la poële indigène, mais je ne possède pas de
sans assaisonnement. On la con- précisions à cet égard.
somme avec du lait sans l'avoir fait Le Coba ne paraît guère sujet aux
préalablement fermenter. M. Maurel maladies. Toutefois il est parfois
la trouve insipide et un peu compa- attaqué par un ver qui fait pourrir
rable à la fécule du manioc. C'est le la souche. On reconnaît la présence
plat que L'on sert à celui que l'on veut de ce ver sur la plante à la dessiccation
honorer. On l'utilise également à qui se manifeste à l'extrémité du
défaut de pain de Coba et quand le limbe. Aucune mesure de défense
manque de vivres ne permet pas n'est prise par les Gouragués. Lors-
d'attendre que les plants cultivés que la plantation est à peu près
aient atteint l'âge de cinq à six, ans détruite, ce qui arriverait à peu près
qui est celui de la récolte habituelle. tous les sept ou huit ans, tantôt dans
Il suffit, en effet, de prendre pour cet un endroit et tantôt dans un autre,
usage des pieds de deux à trois ans ils se procurent ailleurs des souches
seulement. pour la multiplication, ou encore ils
pratiquent .des semis, ce qui est multiplication décrit par M. Maurel
exception nel. (Revue d'histoire naturelle appliquée
Les jeunes pieds plantés sont, en lre partie, année 1928, p. 206). En
effet, obtenus par un procédé de voici l'exposé sommaire.
En fin décembre, des plantes suffi- ou deux mois, on voit sortir de terre
samment développées, mais non de cinquante à cent rejets, suivant la
encore parvenues à l'âge de la florai- grosseur de la souche traitée. A la
son, sont choisies par les indigènes, fin de l'année, la touffe qui s'est
arrachées et coupées à quelques produite est divisée, et les rejets
centimètres au-dessus du collet. La obtenus sont mis soit en pépinière,
-souche dégarnie de ses feuilles est soit définitivement en place.
évidée au centre et on y pratique Tel est le procédé employé par
trois ou quatre entailles en forme de les Gouragués. Pratiquement il serait
V dirigées de haut en bas. Cela fait, possible de diviser la touffe beau-
on laisse ressuyer, bien que cela ne coup plus tôt. En outre, d'après
paraisse pas Indispensable, la souche M. Maurel, il pourrait y avoir avan-
sur place pendant vingt-quatre tage à arroser fréquemment les
heures. rejets dès qu'ils ont atteint cinquante
Ce laps de temps écoulé, la souche, centimètres de hauteur.
dont la partie évidée a été remplie de Une souche de Musa ensete. de la
variété Montbeliardi dont il sera
question plus loin, que j'avais fait
venir d'Addis-Abeba, remise par moi
au début de l'année -1931 à M. Bois,
professeur de culture au Muséum
d'Histoire naturelle, a pu développer
de nombreux rejets. Ceux-ci ont
constitué autant d'individus qui ont
été séparés.
Une souche de la même variété
remise par moi vers la même époque
à MM.Treyve, horticulteurs à Mou-
lins, avait également tr-ès bien réussi
et a donné environ une centaine de
rejets qui ont été sevrés à peu près
au fur et à mesure de leur apparition.
C'est une mine presque inépuisable,
m'écrivaient MM. Trevve.
Les rejets
• prennent naissance
^
• dans
la partie évidée et non sur la partie
extérieure de la souche. Il est inutile
de recouvrir la souche de terre quand
on pratique la multiplicationenserre
chaude.
En outre des variétés de Musa culti-
vées pour l'alimentation de l'homme,
il en existe d'autres variétés à feuilles
terre, est placée dans un trou et rouges nouvellement introduites en
recouverte de fumier. On la laisse Europe. Ces variétés, dont quelques
ainsi sans un seul arrosage, bien que exemplaires m'avaient été remis par
'-se sol soit extrêmement sec à la M. Maurel, ont été décrites par
laison 'où l'on opère. Au bout' d'un M. Bois à qui je les avais envoyées
d'Ethiopie en 1929 (Bulletin du vante : Varietà ornamenlaiis colossale
Muséum, 2e série, tome 11, n° 6,1930, e con foglie fiorali di col or rosso-
page 688). L'une d'elles a été dé- carmino, presso Gumara ». Eu
nommée par ce savant Musa ensete égard à la difficulté des communica-
'var Montbeliardi, l'autre qui n'a pas tions en Ethiopie. il ne m'a pas été
paru pouvoir être rattachée à l'espèce possible de me procurer cette variété
ensete a reçu le nom dé Musa
-sp. var. Maureli.
D'après M. Maurel, aucun-
de ces deux Musa à feuilles
rouges ne serait indigène au
pays gouragué où ils sont
fort rares et où l'on n'en
rencontre que quelques spé-
cimens destinés, comme féti-
-Iches, à préserver les plan-
tations ordinaires de Coba
-du mauvais œil. Ils y sont
importés du Djimma où,
dit-on, ils sont fort com-
muns. Ils existeraient éga-
lement au Kambatta et au
Guimirra.
Ces deux Musa ont été in-
troduits par M. Maurel à .
Addis-Abeba et ultérieure-
ment à Harrar où ils com-
mencent à se répandre.
Ils végètent d'ailleurs bien,
de même que les variétés de
Musa ensete à feuilles vertes,
à Addis-Abeba(2.400 m. d'al-
titude), à condition d'être
plantés dans des emplace-
ments abrités. Pendant les
hivers exceptionnellement. froids, où dont l'examen permettrait de faire
ils sont exposés à des gelées noctur- connaître si elle est distincte de la
nes, leurs feuilles sont partiellement variété Mont beliar di.
grillées. M. Maurel l'a constaté pour Les exemplaires de M. Montbe-
une température de — 3°. liardi et M. Maureli introduits en
L'existence d'une variété orne- France en 1929 ont prospéré au
mentale de Musa ensete du côté du Museum (1).
Lac Tsana a été signalée par Stec- Le M. Montbeliardi existe aussi
ker (Berichte des Reisenden in Mitt. actuellement au Mexique, où une
Afrik. Gesellsch. Deutsch, III,
1881-83, page 21). Emilio Chiovenda (1) On peut en juger par les photographies
(Osservazioni botaniche, Rome 1912) ci-dessus, dont les clichés ont été obligeamment
prêtés par M. le professeur Guillaumin, titulaire
en fait la courte, description - sui- de la chaire de Culture, à qui j exprime ici mes
remerciements.
souche envoyée par moi à M. Balme, La couleur rouge ne fait son appa-
à Mexico, a été mise par lui en mul- rition que progressivement sur le
tiplication, avec succès, dans une M. Montbeliardi. II se forme d'abord
région un peu plus chaude, à Cuer- un liseré rouge autour du limbe en-
navaca. core vert. Puis de grandes taches
En ce qui concerne l'eflet décora- rouges se montrent en dessous des
feuilles. La couleur défini-
tive n'est prise qu'au bout
de deux ans environ.
Chez le M, Maureti la
couleur définitive apparaît
beaucoup plus tôt.
La couleur peut d'ail-
leurs être plus ou moins
foncée sur des rejets d'une
même souche. Certains
rejets, ceux qui ne seraient
pas trop exposés au soleil,
d'après M. Maurel, au-
raient des feuilles très
foncées. D'autres auraient
leurs feuilles plus foncées
à certaines époques.
Des observations sur les
changements de couleur
des Musa à feuilles rouges
ont été publiées récem-
ment par M. Jarry-Deslo-
ges (Revue horticole, année
1933, page 129)
Le Musa Montbeliardi et
le Musa Maureli auront
l'avantage, en France,
d'offrir plus de rusticité
que le Musa paradisiaca
tif des deux variétés Montbeliardi et rubra introduit jadis par Dybowski.
Maureli, la première se distingue par Il sera vraisemblablement aisé de
son port plus érigé et son développe- les multiplier. par souches, ainsi
- ment plus grand. Un exemplaire qu'il vient d'être indiqué dans
cité par M. Maurel, à Harrar, a le présent article, ce qui permettra
atteint plus de quatre mètres de hau- de conserver fidèlement les deux
teur, les feuilles ne se montrant types avec leurs particularités orne-
qu'à partir d'environ 2 m. 50 au- mentales. Il n'en serait peut-être
dessus du sol. Le M. Maureli a une pas de même, si l'on procédait
forme plus trapue et ses feuilles. ont à des semis qui pourraient d'ail-
l'avantage d'offrir plus de résistance leurs nécessiter une attente plus
au vent qui les lacère un peu plus longue pour obtenir de beaux exem-
difficilement. plaires.
LA LUCILIE SOYEUSE
ET LE TRAITEMENT DE CERTAINES
AFFECTIONS CHIRURGICALES
par
E. SÉGUY
tivement par les Romains, an centre Enfin Daniel serait enterré dans
-du Sahara et au début de notre ère ; le Kef el Ihoud de Séfrôu, Youssef
'Ces tribus étaient probablement ben Aristoteles et Dhoul Qorneïn
chrétiennes ; il ne serait donc pas (Alexandre, sinon Hercule?) seraient
impossible que les Roumis de la enterrés dans une grotte du Gharb,
vallée des Oliviers fussent à la fois aujourd'hui consacrée à Moulay bou
berbères et chrétiens ; ainsi la reli- Selharn, le grand marabout de cette
gion chrétienne aurait brillé, pen- région. Il n'est pas indifférent de
dant quelques siècles et sous les va- remarquer que le nom de Doulh
riantes de schismes nombreux, de Qorneïn, héros aux cornes de Tau-
-Babylone à l'Atlantique, à travers reau, s'est conservé ici dans la région
montagnes et déserts africains et où les Grecs placèrent une partie des
le nom de Rome en aurait perpétué aventures d'Hercule avec Atlas et
4e souvenir parmi les peuples plus Antée ; comme Hercule, il éleva six
tard islamisés. colonnes de bronze dont une à Qadès
(Cadix) et les au Ires dans les îles Eter- grottes, ayant surtout été pratiqué
nelles dans l'Océan Atlantique ; dans en plein air par des sacrifices et des.
l'une de ces îles, Tennyn, il tua le feux de joie ; il existe encore, sous
dragon... du jardin des Hespérides. diverses formes, dans le Souss et
Il est donc parfaitement justifié de l'Anti-Altas ; nous avons vu des
suivre d'Avezac (6) qui identifie Dhoul sacrifices de Béliers au sommet du
Qorneïn à Hercule, contre les auteurs Djebel Siroua à 3.305 m. d'altitude.
modernes qui l'identifient, avec les Les sculptures rupestres sahariennes
Arabes, à Alexandre. montrent de nombreuses figura-
Nous savons par Diodore de Sicile tions de Béliers coiffés d'un symbole
que les Grecs groupèrent dans une solaire. On a cependant trouvé dans
seule série légendaire, plusieurs la grotte dite « des Idoles », près
Hercule représentant des peuples de Tanger et non loin de la grotte
anciens ayant vécu à des périodes d'Hercule, un grand nombre d'ex-
différentes ; il y eut d'abord un voto de terre cuite représentant des
Hercule-Taureau, beaucoupplus tard têtes de Bélier.
un Hercule-Lion. Entre eux se place On a signalé dans le nord du
Amen-Bélier, dont l'histoire est Maroc et chez quelques tribus peu
étroitement liée à celle de Bacchus ; islamisées, une pratique de magie
Filippofl (7) a cru pouvoir dater l'ori- sympathique comportant des rites
gine du culte du Bélier d'après les sexuels à caractère essentiellement
prêtres-astrologues de l'ancienne agraire et connue sous le nom de
« nuit de l'erreur ».
Cette pratique, déjà si-
gnalée par les auteurs
de l'Antiquité et préci-
sément pour des Ber-
bères (9) est visiblement
une dégénérescence de
rites autrefois pratiqués
en plein air et en toute
liberté dans les cul-
tures ; il en est d'ailleurs
encore ainsi chez les Ida
ou Kensous de l'Anti-
Atlas. Ils n'ont été si-
gnalés ailleurs, de nos
jours., que dans des
grottes. Sous l'influence
de l'Islam, ces rites
agraires ont été réprou-
vés ; c'est ainsi que la
Egypte ; mais au Maroc ce culte du grotte Aqdim, dans le Dadès, a été
Bélier, comme symbole solaire, a fermée par Dieu irrité, emprison-
eu une très grande extension dès nant hommes et femmes et transfor-
l'époque néolithique comme le pro- mant la nuit de l'erreur en nuit de
fesseur Joleaud l'a démontré (8). Ila terreur. Pendant trois jours chaque
laissé peu de traces par rapport aux année les emmurés reviennent à la
vie et se livrent à leurs
débordements ; par une
fente du rocher on entend
leurs cris que des devins
interprètent afin d'en tirer
•des prédictions relative-
ment à l'avenir des récoltes
-de l'année.
Il ne s'agit dans ce cas,
•que d'une grotte « suppo-
sée ». En dehors de cette
fête des prédictions agri-
-coles (Moucem) qui dure
trois jours, les malades
viennent en ce lieu en tous
temps, y chercher la gué-
rison ou tout au moins des
instructions pour se soi-
gner.
Nous sommes ainsi con-
duit à considérer les grottes
•oraculaires et guérisseuses
fréquentes au Maroc dans
le Sud principalement.
Ce sont naturellementles,
«djnoun » qui habitent l'in-
térieur de la Terre, qui
-sont censés parler aux con-
sultants ; ils sont d'ailleurs
supposés être la cause di-
recte de la maladie et c'est
par une offrande ou un
sacrifice qu'on peut s'at-
tirer leur clémence ; le
malade ou «mejnouna»,
possédé d'un djnoutl, re-
prend son existence nor-
male après avoir acquitté le prix l'offrande préalable du « tazrout »,
de sa quiétude. la pierre qui fait parler, moule in-
Presque toujours c'est alors que le terne d'un Isocardia fossile abon-
malade et ses proches dorment dans dant dans la région, et a pour but
la grotte, que les indications rela- l'acquisition de la « baraka » du
tives aux offrandes à faire leur sont langage, c'est-à-dire le don de com-
fournies. Ce sommeil, que l'on a prendre et parler les langues étran-
justement appelé rite de l'incubation, gères, aujourdhui l'arabe et le
peut avoir des buts très divers ; au français.
marabout de Sidi Brahim ou Ali des Ailleurs, un autre marabout,
Ida-ou-Tanan, il s'accompagne de donnera la baraka de la musique,
celle qui permettra de soulever les qu'une branche occidentale des.
fardeaux, de moissonnersans fatigue, Berbères du Nord-Ouest.-Beaucoup-
etc. Ces marabouts, tous person- d'autres observations ont permis,
nages de l'Islam et leur koubba ou depuis cette publication, de prouver-
tombeau supposé, ont remplacé les l'identité des Guanches et des Ber-
grottes et les djnoun qui les habi- bères, mais nous avons cru utile de-
taient ; les Berbères ont d'ailleurs vérifier si les grottes de l'Atlas s'ap-
souvent conservé le nom du djnoun, parentaient vraiment à celles des-
souvent une « dame », à côté de Canaries.
celui du Saint et le sommeil dans la A la vérité, elles sont fort distinc-
koubba, comme dans la grotte, est tes et l'assimilation faite par Que-
peuplé de luttes contre les génies denfeldt était prématurée ; il se basait.
souterrains ; par sa victoire morale d'ailleurs uniquement sur le texte-
sur ces déités chtoniennes, le des « Reconnaissances » de De-
consultant trouve le chemin de l'âme Foucauld, accompagné des croquis.
du Saintet peut solliciter et méri- précis, mais minuscules, dont le
ter la baraka salvatrice. célèbre explorateur doublait généra-
Nous avons constaté que le Maroc lement ses notes de voyage. Ce texte-
comme la Tripolitaine, la Tunisie, donné à propos de la grotte de Foum-
.l'Espagne et les Canaries, avait été el-Anceur, près de Béni Mellal, est
d'abord un pays de troglodytes ; par le suivant :
suite d'une évolution normale et ,c
11 y a des grottes de deux sortes;
constante en tous pays, les popula- les unes s'ouvrent sans ordre à la
tions ont cessé d'habiter les grottes surface du rocher, l'œil ne distingue
le jour où elles sont devenues agri- que plusieurs trous sombres percés
coles et sédentaires; les grottes se au hasard et isolés de leurs voisins.
sont alors transformées en sanctu- Les autres, au contraire, sont creusées-
aires. L'Islam a précipité l'évolution sur un même alignement ; en avant
au Maroc et a éloigné la population des ouvertures, on voit, le long de la
autochtone des grottes sacrées con- muraille, une galerie taillée dans le-
currentes des mosquées. roc, qui met en communication les.
Nous continuerons cette note par cavernes ; cette galerie est fréquem-
l'examen de groupes considérables ment garnie, à l'extérieur, d'un
de grottes, autrefois habitées et dont parapet en maçonnerie. Quand des.
l'étude détaillée apportera sans crevasses se présentent et coupent
doute, dansl'avenir, une contribution la voie, les bords en sont reliés par-
importante au problème des popula- .de petits ponts de pierre. Souvent
tions berbères primitives. des rangs semblables sont étagés-
par deux ou trois sur une même-
paroi rocheuse ».
C'est évidemment à la deuxième
A la suite du savant allemand catégorie que Quedenfeldt faisait.
Quedenfeldt (10), les ethnographes allusion. Mais aux Canaries, les-
ont rapproché les grottes aménagées alvéoles sont de petites chambres.
de l'Atlas marocain des grottes à comme les cellules individuelles d'un
alvéoles des Iles Canaries. Queden- couvent, creusées dans les parois-
feldt en tirait argument pour démon- internes d'une caverne ou d'un abri
trer que les Guanches n'étaient sous roche, par le travail humain ;
au Maroc, les cavernes sont isolées vé une cinquantaine de trous cylin-
et entièrement creusées dans la driques, aux parois de blocs éboulés,
paroi verticale d'une falaise : elles qui contiennent d'anciens foyers et
sont reliées en Ire elles par des ou- dont l âge récent est attesté par la
vrages extérieurs destinés à en faci- présence d'armes d'acier ; un obser-
liter l'accès. Les grottes des Canaries valeursuperficiel y avait vu du « phé-
ont pu être comparées à des ruches nicien )...
d'abeilles; celles du Maroc ne sau- Un peu partout les cavités natu-
raient suggérer cette
idée.
Les grottes de la
première catégorie de
De Foucauld, sont soit
de simples abris sous
roche abondan ts jdan s
le Moyen Atlas et le
Pays Zaïan. soit de
véritables cavernes
d'effondrement plus
fréquentes dans la
dune consolidée cal-
caire, ancienne bor-
dure littorale quater
naire qui borde la
Meseta vers l'Ouest,
à peu de distance du
rivage de l'Océan.
D'autres s'ouvrent
au sommet d'anticli-
naux dans les ter-
rains anciens, entre deux strates relies des rochers sont utilisées par
relevées ou encore dans les éboule- les habitants des villages fixes aussi
ments des falaises de conglomérats bien que par les nomades, pour
fluviaux des zones sahariennes. loger leurs troupeaux de Moutons et
Elles sont encore habitées en de Chèvres : elles ne sont abandon-
plusieurs endroits, aux environs de nées que lorsque le fumier accu-
Sétrou, d'El Hadjeb, d'Immouzer, mulé jusqu'à la voûte empêche les
de Ouarzazal" Far exemple. Des animaux d'y pénétrer. A Ouar-
ouvrages de défense rustiques en zazat, des portiers habitent encore
interdisent parfois l'accès. les grottes que domine la kasba
Des cavernes très vastes de la fameuse ; des vestiges paléolithiques
dune calcaire ont également servi s'y rencontrent cependant.
d'habitat -au moins temporaire, Rarement ces grottes présentent
malgré l'obscurité absolue qui y quelques inscriptions lybico-berbères
règne ; près de Oualidia, dans les dont le relevé n'a pas encore été
grottes du Takout où l'on exploite fait, notamment à Sidi Moussa au
aujourd'hui les guanos .millénaires sud de Mazagan ; la grotte Lahaguig,
de Chauve-Souris, nous avons obs.er- dans les Doukkala. possède une
entrée retaillée en forme de porte qui reste d'eau à la sortie de l'oasis,
monumentale, mais horizontale, irrigue des céréales, Blé et Maïs,
donnant accès à des escaliers bien dont les champs réguliers marquent
conservés. Près de Casablanca, un de mosaïques vertes ou jaunes le
abri sous roche contient des cupules limon rouge de la plaine infinie.
et des dessins anthropomorphes Afin de laisser aux cultures toute
assez frustes, de type néolithique la surface irrigable, le village s'est
récent. Les trouvailles préhistoriques refugié sur les pentes arides et
en rapport avec ce genre d'habitat semble avoir été précipité en
sont encore peu nombreuses et désordre des sommets de la falaise.
limitées aux environs des villes Dans les cours des petites maisons
européennes (El Hank à Casablanca, de terre, quelques Vignes noueuses
grotte de Taza, etc). et l'inévitable Chiba (Armoise arbo-
Nous ne citerons que pour mé- rescente), propre à aromatiser le
moire, les grottes très vastes de la thé, sont les végétaux intimes, admis
Daya Chiker, au sud de Taza ; elles au sein dela famille.
ont été découvertes à la suite de Plus près de la source qui surgit
l'effondrement brusque du lac ; cinq brusquement en siphon d'une grotte
kilomètres de salles à stalactites de inaccessible, se pressent les moulins
toule beauté ont été visitées ; il primitifs où s'activent les femmes,
reste un parcours, au moins aussi et sans transition, au-dessus de la
étendu, à explorer entre la dernière source, la végétation arbustive cesse
des salles actuellement connues et complètement. C'est maintenant, à
la résurgence de la rivière souter- l'adret, la zone de l'Euphorbe rési-
raine. Cet ensemble merveilleux nifère, la plus désagréable des cac-
sera aménagé pour le tourisme ; il toïdes marocaines ; ses grosses touf-
n'entre pas dans le cadre de cette fes, semblables à d'énormes tortues
étude de le décrire, car il n'a pu glauques, se pressent en troupeaux
servir d'habitat, dans l'état actuel. désordonnés et il est parfois fort
Nous donnerons quelques détails difficile de découvrir un sentier qui
sur la grotte -de Foum-el-Anceur, ne se heurte point constamment à
cause première des notes précieuses leur barrière épineuse.
de De Foucauld. En juillet, cette plante extraordi-
Au pied des contreforts occiden- naire resplendit de millions de fleurs
taux de l'Atlas et dominant l'im- jaunes ; puis à la fin de l'été le
mense plateau du Tadla, l'oasis de sommet des tiges est couvert de la
Foum-el-Anceur est un charmant gomme « forbiou », connue des
nid de verdure auquel une source médecins de l'antiquité grecque, qui
très abondante dispense la vie. s'exsude au niveau des inflorescences
Micocouliers, Noyers, Figuiers, passées ; les indigènes n'en font plus
Oliviers centenaires abritent de leur le ramassage, cette drogue désuète
ombre épaisse des vergers d'Oran- ayant cessé d'être exportée depuis
gers, d'Abricotiers, de Poiriers et quelques années. Dès que le pied
même de Bananiers de Chine d'im- heurle une Euphorbe, le latex caus-
portation récente ; des séguias divi- tique s'écoule et bientôt une sensation
sées par des « peignes » distribuant de brûlure pénètre les narines et la
l'eau aux divers propriétaires, par- gorge ; leséternuements se succèdent
courent les jardins en bruissant ; ce incoercibles et fatigants.
A cent mètres au-dessus
de cette zone de parcours
délicat, par des sentiers de
chèvres, on atteint la fa-
meuse grotte de Foum-el-
Anceur. C'est un vaste abri
sous roche dont la salle
unique s'ouvre par un arc
d'une trentaine de mètres
de hauteur; il s'agit visi-
blement de l'ancien débou-
ché d'un cours d'eau sou-
terrain, le même qui surgit
plus bas et fait tourner les
gentils moulins. Le sol de
la grotte se relève pro-
gressivement, en allant
vers le fond ; là on se
heurte à un mur de pierres
liées à l'aide d'argile, tra-
vail d'apparence récente
qui obstrue une galerie
dont l'exploration pourrait
être fructueuse. Une pièce
de trois mètres de diamètre
a été aménagée dans la
paroi rocheuse, agrémen-
tée d'une fenêtre donnant
sur la grande salle. A tra-
vers cette dernière, plu-
sieurs murs de défense
transversaux ont laissé des
vestiges nets ; des poteries
berbères indatables jon-
chentle sol, principalement
constitué par du guano de Pigeon assez complexe, de composition et de
sauvage et de Chèvre. facture distinctes des constructions
A l'extérieur de la grotte, sur la berbères récentes, se rattachent évi
paroi de la falaise, on peut observer demment à l'ensemble. Aucun des-
deux ouvrages annexes curieux ; l'un sin, aucune inscription dans l'état
est une citerne cylindrique cimentée acluel des lieux. Des explications
à la chaux ; l'autre, une tour ronde, fournies parles vieillards de la djemâa
accolée à la falaise, bâtie d'un mor- du village, il résulte qu'ils pensent
tier très dur, semble le dernier que les grottes de la région ont
vestige d'un système de fortification été habitées par des Chrétiens, les
plus étendu. Anf, antérieurement à l'arrivée des
A cinquante mètres en contre-bas, tribus Imaziren dans le pays. Ils
les ruines d'une construction de plan appellent dans leur langue berbère,
les grottes des « kav », équivalent Une cinquantaine d'ouvertures bé-
du mot arabe « kef a. Nous ne antes se pressent en plusieurs rangs
pouvons nous empêcher de rappro- obliques à mi-hauteur de la falaise.
cher aussitôt le mot « anf » du nom La plupart sont inaccessibles et on n&
de « Enfer » porté anciennement par pourrait les atteindre qu'à L'aide de
l'île de Ténériffe et aujourd'hui en- cordes prenant appui au sommet des
core par les réservoirs souterrains escarpements. Ce sont celles que les
des moulins à huile en Provence et le indigènes croient contenir des tré-
mot kav » de la racine primitive sors ; les autres, qu'ils peu vent visiter,
(les mots cave, cueva, etc., ayant la servent plus prosaïquement d'abris
même signification. pour les Chèvres et c'est sous cet
Foum-el-Anceur nous a montré le épais sédiment de' guano que l'on
type de l'abri sous roche aménagé peut espérer trouver des vestiges
et défendu par des constructions d'industrie humaine permettant de
accessoires ; à Ouaouizert. nous daler ces curieuses habitations.
allons observer les grottes de la Avec de grosses difficultés, nous
Deuxième catégorie de De Foucauld, sommes parvenus à en visiter plu-
celles que Quedenfeldt croyait iden- sieurs en 1932 et en 1933. Elles sont
tiques aux habitats et sépultures manifestement taillées dans le roc et
guanches des Canaries. -l'on a profité de quelque cavité natu-
relie pour amorcer un travail pro-
gressif de déblaiement. La nature
Elles sont situées chez les Aït cassante du calcaire, à plans de cli-
Chribo, à quelques kilomètres du vage verticaux, a favorisé ce travail
poste de Ouaouizert, encore en bor- qui a pu être exécuté avec des outils
dure de la dissidence. Le paysage est très primitifs.
sauvage et désolé ; l'Euphorbe résini- Dans l'une de ces grottes, très vaste,
fère est maitresse absolue du sol et un couloir s'amorce, bientôt obstrué
étend ses bataillons serrés à perte de par le guano, mais les autres ne com-
vue ; les chevaux vont avec pré- portent en général qu'une seule pièce,
caution à travers les touffes épineuses parfois étroite. Aucune trace d'ins-
et suivent des sentiers difficiles tan- cription sur les roches dont la nature
tôt au fond de ravins, tantôt au som- friable s'oppose d'ailleurs aussi bien
met de falaises abruptes; ils tâtent le à leur sculpture qu'à leur conserva-
sol fragile et flairent le précipice avec tion. De nombreux débris de poterie
l'intelligence des bêtes montagnardes berbère analogue, à celle de Eoum-
habituées au danger. el-Anceur se remarquent un peu
Quelques kasba aux hautes tours partout ; dans les éboulis de l'entrée
de terre garnies dé balcons de bran- d'une grotte, nous recueillons un
chages et quelques ruchers rustiques percuteur de basalte de facture néo-
constitués par des troncs évidés lithique, mais dépourvu de patine ;
disposés horizontalement sur les ce type de percuteur, simple galet
rochers, constituent le patrimoine choisi pour sa forme maniable et sa
des Aït Chribo. La vallée se rétrécit dureté, est d'ailleurs pai tout fréquent
entre deux falaises de deux cents dans le sud du Maroc (11).
mètres de hauteur et voici brusque- De notre rapide examen, on peul
ment, sur la paroi sud, le spectacle conclurequ'il n'y a aucune similitude
impressionnant des grottes. entre les grottes de Ouaouizert et
celles dites à alvéoles des Ca- ont bien servi d'habitat permanent.
naries ; mais qu'elles ont été ha- On pourrait, en effet, penser qu'il
bitées antérieurement à l'arrivée s'agit plutôt de greniers collectifs de
des Aït Chribo, si toutefois elles tribus, destinés en outre à servir de
refuge aux habitants en cas d'alerte. Il est évident que seul le système
Il y a une certaine analogie entre des balcons extérieurs -pouvait être
ces grottes et celles à usage de utilisé à Ouaouizert.
greniers creusées dans les falaises Dans le M'Goun, l'accès du
de l'Assif n'Aït Hamed, de l'Assif premier étage seul était obtenu par
M'Goun et des Ida-ou-Tanan que une échelle mobile ; mais le passage
nous avons étudiées en 1933. Ces aux étages supérieurs se faisait par
dernières grottes, entièrement arti- des cheminées verticales entièrement
ficielles, établies dans des alluvions creusées dans la masse de la falaise
tendres, sont moins frustes, parfois et invisibles de l'extérieur ; dans
même taillées avec art et ornemen- certains cas, les grains, les mar-
tées ; elles paraissent récentes, -et chandises serrées dans les greniers
sont cependant antérieures à l'arri- étaient montés par des cordes qui
vée des tribus berbères et hartania ont laissé des traces profondes
qui habitent actuellement ces con- d'usure dans les cheminées, mais
trées ; elles sont également attribuées la poulie était manifestement in-
à des roumis ou chrétiens. connue.
Mais cette analogie est insuffisam- Les grottes de Ouaouizert sont
ment poussée, pour retenir la seule donc très probablement des habitats
hypothèse des greniers collectifs temporaires, des refuges utilisés en
pour Ouaouizert. De plus ces der- temps de guerre et des greniers en
nières grottes ont leur parallèle temps de paix. Les réserves d'eau
dans la vallée de l'Oued Tamgouft, y étaient nécessairement précaires,
au nord de l'ancien poste de l'Aghem- la position imprenable des assiégés,
bo, plus à l'est dans l'Atlas. leur rendant par contre toute sortie
Grâce à l'obligeance du lieutenant périlleuse. Quant aux balcons exté--
Roussel, des Affaires Indigènes de rieurs indispensables, ils devaient
Béni-Mellal, nous pouvons repro- être fragiles, de faible durée et fort
duire une photographie de grottes exposés aux coups de l'ennemi. Peut-
du Tamgouft ; elle démontre qu'elles être plus généralement utilisée, au.
étaient encore habitées, au moins trefois, cette coutume a persisté chez
temporairement, en 1931 lors de quelques tribus berbères, comme en
l'arrivée de nos troupes dans cette font foi les grottes de l'Oued Tam-
vallée. Leur aspect les classe dans gouft qui. n'ont malheureusement
une catégorie intermédiaire entre pas fait l'objet d'une étude détaillée
celles de Ouaouizert et les greniers lorsqu'il en -était encore temps au
collectifs du M'Goun. moment de notre pénétration. Les mi-
On peut constater dans cette photo- grations fréquentes des tribus, l'exis-
graphie, que le passage d'une grotte tence de dialectes divers, a contribué
à l'autre, était assuré au moyen d'un à rejeter dans un passé en apparence
balcon de branchages entrelacés ou .
très lointain, des coutumes et- modes
de roseaux Iressés, tandis que le d'existence peut-être récents, pres-
passage du premier étage aux étages que contemporains.
supérieurs l'était par de légères Nous concluons en signalant que
échelles de bois. On,atteignait proba- ce mode de refuge temporaire et de
blement le premier étage lui-même, grenier collectif correspond exacte-
par une échelle du même genre, ment à la notion de l'Agadir primitif
ensuite remontée dans les grottes. berbère, opposé àlatigrempt, kasba
collective en terre, d'usage et de des- d'autres tribus et dont le type se
tination identique, construite par rencontre parfait chez les N'Tifa(12).
Léon BINET. — Scènes de la vie ani- Grillons, le Carabe doré, ont les mêmes amours,
male. Gallimard 1933. dont M. L. Binet donne une explication non-
velle, fort ingénieuse.
Comme le dit, trop modestement, l'auteur, Mais le livre est à lire tout entier ; il y a en-
dans son Avertissement, ce livre est un recueil core les pages consacrées à l'influence de la
de faits relevés dans le monde animai, des nourriture sur le sexe, les curieuses expé-
notes de cours mises en ordre pour l'instruction riences qui en provoquent l'inversion, l'anneau
et l'agrément des curieux des choses de la nature. — ou plutôt le sceau nuptial — toutes d'un
Mais que d'intérêt présentent ces faits ! Chaque intérêt captivant. Je signalerai seulement, dans
chapitre relate des observations d'une portée un autre ordre d'idées le chapitre traitant des
telle qu'elles mériteraient de fournir la matière Insectes lumineux, et celui de « la Fourmi,
d'un livre entier; chacun ouvre aux cher- assistance sociale ».
cheurs de nouveaux horizons sur des terrains On ne saurait trop recommander la lecture
encore inexplorés. Quelques-uns, peut-être, y de ce livre. Ecrit simplement, par un savant,
trouveront leur voie, tous y prendront un rare rempli de faits et d'observations, il captivera
plaisir. tous ses lecteurs, et sera aussi, pour beaucoup,
Voici, d'abord. la danse chez les animaux, le matière à méditation.
plus souvent prénuptiale, exécutée par le mâle G. PORTEVIN.
autour de la femelle ; l'auteur cite, comme
exemples, celles des Araignées, des Diptères,
des Hippocampes et des Annélides. On peut y KALMAN KITTENBERGER. Chasse et cap-
—
ajouter les parades qu'exécutent, au temps
des amours, les mâles de plusieurs Oiseaux ;
ture du gros gibier dans l'Est Afri-
cain. — Traduit du hongrois par L. GARA.
une aussi dont j'ai été témoin, et qui concerne Librairie Plon, 1933.
un Diptère de la famille des Dolichopides.
Le mâle de cette espèce a les tarses intermé-
diaires dilatés, et blancs. La femelle était posée M. Kalman Kittenberger a fait cinq expédi-
sur une feuille, immobile, le mâle volait tout tions dans l'Est Africain, pour y chasser le gros
autour, montant et descendant, exécutant, en un gibier : la première remonte à 1902, la dernière
mot, une véritable danse aérienne, maintenant eut lieu en 1925, avec deux éminents sportsmen
toujours ses pattes intermédiaires, dressées en hongrois, MM. de Horthy de Nazybanya et le
avant. comme des antennes, et les agitant sans comte Seilen.
cesse. De sorte qu'il n'y avait pas de doute Le Lion — à tout seigneur, tout honneur — est
possible ; les palettes blanches de ses tarses le premier gros gibier dont s'occupe le livre. Il
servaient à attirer l'attention de la femelle, et à n'y a pas moins de quatre chapitres qui lui soient
la charmer. consacrés, pages savoureuses et attachantes,
Il y a aussi les danses de l'Abeille, curieux pleines de renseignements intéressants sur la fré-
mouvements rythmés, dont on n'a pas encore quence des Lions, leurs mœurs, leurs proies, la
trouvé le motif certain. façon de les chasser, etc. Il rappelle à son sujet
Les faits rapportés par M. Léon Binet sont, les opinions de plusieurs grands chasseurs, A. B.
en majeure partie, relatifs aux amours dans Percival. Théodore Roosevelt. F. C. Selons, etc.,
le monde animal. D'aucuns sont gracieux, et il est assez curieux de constater que ces opi-
comme l'offrande nuptiale, faite par certains nions se rencontrent avec celle de Joseph Del-
mâles à leurs femelles : les Paradisiers d'Aus- mont, dont nous avons parle récemment : en
tralie vont jusqu'à bâtir une retraite ornée de règle générale, le fauve n'attaque jamais, au
fleurs, de fruits et de plumes, d'où leur future moins dans les districts peu visités par les chas-
épouse contemple leurs gestes et se délecte de seurs. Même blessé, il est rare qu'il se retourne
leurs chants : c'est le salon avant la chambre contre son adversaire, à moins d'être provoqué.
nuptiale. D'autres offrent de la nourriture, par Toutefois M. Kittenberger cite deux excep-
exemple, un Insecte qu'ils viennent de capturer tions ; une première fois, un Lion qu'il avait
et qu'ils présentent parfois enveloppé d'nne blessé le chargea, dans la seconde occasion ce
toile, d'une soie, ou d'un ballon de bulles. fut un Lion sans blessure qui attaqua résolu-
Mais d'autres sont dramatiques, et la ren- ment un des compagnons du chasseur.
contre nuptiale se termine par la mort de l'un L'Eléphant vient ensuite : l'auteur en déplore
des époux. Parfois, en beauté, comme celle du la diminution rapide, causée surtout par l'appât
mâle de l'Abeille, si bien poétirée par Maeter- de l'ivoire et qui a nécessité l'adoption de me-
linck, parfois aussi par la laideur d'un assassi- sures de protection.
nat. Là, c'est le mâle de la Lamproie qui tue On en trouve cependant encore des troupeaux
sa femelle ; le plus souvent, c'est celle-ci qui dans la région du Kenya, au Tanganyika et
met à mort son époux, et qui le dévore. surtout dans les forêts vierges du Congo, qui
Point n'est besoin de rappeler les pages constituent pour lui des refuges inaccessibles.
consacrées par J. H. Fabre aux amours de la Ces hardes comptent parfois un nombre consi-
Mante religieuse : certaines Araignées. les dérable d'individus : alors qu'au Kilimandjaro
elles n'en comprennent généralement qu'une J. OFFNER ET Les plantes
J. PONS.
quinzaine, elles s'élèvent à 100 et davantage, médicinales et aromatiques des
dans l'Ouganda et l'Ounyoro ; M. Kittenberger Alpes françaises. — 1 vol. in-16 de
a même vu une troupe renfermant plus de 182 pages et de 121 figures. Louis JEAN.
600Eléphants. imprimeur-éditeur à Gap.
La chasse à l'Eléphant, sans présenter les mêmes
dangers que celle du Lion, en a aussi d'assez sé- Conformément au plan de propagande élaboré
rieux, l'animal ne présentant que peu de parties par le comité interministériel des plantes médi-
vulnérables, de sorte qu'il est assez difficile de cinales et à essences, le sous-comité des Hautes-
le tuer sur le coup. Alpes vient de faire paraître un excellent
Une anecdote, à la fois curieuse et touchante, petit volume consacré à la flore médicinale des
nous est contée à ce sujet. Alpes. Dû à la plume de deux spécialistes
Le chasseur, ayant tiré un Eléphant mâle dans autorisés, M. le docteur Jules Offner et M. Jo-
un troupeau, fut chargé par la harde tout seph Pons, il constitue suivant le but pour-
entière. Tout en fuyant il tira sur une vieille suivi par le comité un guide précieux pour la
Eléphante qui le serrait de trop près et la tua : recherche, la récolte et la conservation des
il était alors 6 heures et demie du matin. Ses plantes médicinales et à essences.
compagnons s'arrêtèrent, entourèrent le cadavre Le plan adopté dans l'ouvrage est à la fois
et firent tous leurs efforts pour le remettre sur très simple et très pratique. Après une préface
pied. N'y réussissant pas, ils se mirent à tourner du professeur Em. Perrot de la Faculté de
tout autour, en donnant de grands coups de pharmacie de Paris, exposant les raisons d'être
trompette. A 4 heures de l'après-midi, ils étaient et le but du comité des plantes médicinales, on
toujours à la même place : ils tentèrent de nou- trouve des considérations généraies, ainsi que
veau de remettre debout leur compagne et ne des conseils pour la récolte des plantes. Chaque
se décidèrent enfin à l'abandonner que vers le plante est examinée séparément, suivant l'ordre
soir. alphabétique et d'après un plan d'ensemble.
A. noter encore le cas des Eléphants des ma- Pour chacune d'elles sont indiqués : l'habitat
rais de la Mara. Une croyance locale veut que avec indication de l'altitude favorable et de la
ces Pachydermes aient tous les oreilles percées constitntion géologique du sol, les caractères
d'un trou. Le seul qu'ait tiré M. Kittenberger botaniques, les indications pour la récolte soit
offrait en effet cette singularité : c'est une obser- des fleurs, soit des feuilles, des racines, des
vation curieuse et qui mériterait d'être renou- fruits, des graines, etc..., les propriétés thérapeu-
velée. tiques, les usages en herboristerie, pharmacie.
Le livre passe ensuite à la chasse du Buffle distillerie et enfin la valeur marchande des
très dangereuse, elle aussi, pour les nemrods parties mises sur la marché. Chaque description
inexpérimentés, puis vient celle de l'Hippopo- est accompagnée d'un croquis au trait, suffisant
tame, du Rhinocéros, de la Girafe, des Gazelles, pour reconnaître les caractères essentiels de la
des Antilopes, des Singes et même des Oiseaux. plante.
Tout Je gibier de l'Est Africain défile dans les Ces notices détaillées ne se rapportent qu'aux
vingt trois chapitres du livre, remplis de ren- plantes principales, celles d'un usage courant,
seignements de valeur et d'anecdotes prises sur mais à la fin de l'ouvrage figure une liste des
le vif. plantes médicinales moins communes ou peu de-
M. L. Gara mérite la reconnaissance de tous mandées que l'on ne peut récolter qu'après en-
les Français qu'intéresse la vie animale, pour tente avec un acheteur.
la traduction élégante et fidèle qu'il leur a don- Ainsi conçu et parfaitement réalisé, ce petit
née de ce livre. Il serait à souhaiter que de nom- livre d'un prix modique est parfaitement ac-
breux ouvrages de même genre, écrits en langue cessible à tous et contribuera certainement à
étrangère, eussent la bonne fortune de rencon- améliorer les conditions d'exploitation des ri-
trer de semblables traducteurs. chesses botaniques de notre pays.
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDÉE PAR LA
SOMMAIRE
P.-RODE.... Le Musée du duc d'Orléans 6T
•J. VELLARD
P. CHOUARD..
.. La vie des Mygales
Autour des canons de Niscle et d'Arazas.— Botanique et géo-
76
graphie du Haut-Arazas 88
.A. et L. TAVERNE. L'origine de la " Cité des Côtes " de Clermont-Ferrand 103
..
NOTES SCIENTIFIQUES. — Un Tingide nouveau provenant de Bornéo et
de Malacca, par Carl J. DRAKK 107
REVUE MENSUELLE
Abonnements : France et Colonies : 75 fr. — Étranger : 90 fr. ou 105 fr. suivant les pays.-
SOCIÉTÉ NATIONALE SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES.
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BOURDELLE. Délégué du Conseil : DR Ro-
Botanique CHON-DU VIGNEAUD
.
Président D. Bois
:
Vice-président : GUILLAUMIN.
Secrétaire G. GUINET.
:
Délégué du Conseil : Roger
de VILMORIN.
Autres Mygales.
Toutes les grandes My-
gales ne se montrent pas
amies de l'homme, comme
les Grammosiola, en s'at-
taquant de préférence aux
petits Serpents. Il y en a
de très agressives, dont le
venin est des plus actifs,
comme les Pamphobeleus,
les Phormictopus et cer-
taines Acanthoscurria du
Paraguay ou du sud du
Brésil. Il n'est pas rare de
les voir en liberté atta-
à étudier. Les ldiops et les Actinopus, Ces quelques observations prises
par exemple, creusent de curieux parmi beaucoup d'autres montrent
terriers aux parois lisses et brillantes combien peut être intéressante la
revêtues d'un enduit
fait de terre agglo-
mérée avec de la sa-
live et mélangée de fils
de soie ; la partie supé-
rieure du terrier est
tapissée de soie et l'ori-
fice protégé par un
opercule à charnière
que l'Araignée ouvre
ou ferme à volonté.
Du côté interne l'oper-
cule des Actinopus est
lisse, doublé de soie.
convexe au centre avec
des bords amincis s'ap-
pliquant exactement
sur l'orifice du terrier;
du côté extérieur il est
nu contraire plat, cou-
vert de terre et de
graviers, se confondant -
avec le terrain avoisi-
nant ; celui des ldiops
est recouvert de frag-
ments de feuilles mor-
tes. L'opercule protège
le propriétaire du ter-
rier contre l'attaque de
certains Hyménoptères
chasseurs qui recher-
chent les Araignées, les
paralysent par leur piqûre et les biologie des belles Mygales sud amé-
transportent dans leurs terriers, où, ricaines, en dehors même de l'impor-
vivantes mais immobiles, elles se con- tance pratique que présente l'étude
servent assez longtemps pour servir de leur venin et des accidents qu'elles
rie nourriture fraîche à leurs larves déterminent.
AUTOUR DES CANONS
DE NISCLE. ET D'ARAZAS (tp
UN TINGIDE NOUVEAU
PROVENANT DE BORNEO ET DE MALACCA1"
par
Carl J. DRAKR, Ames, Iowa (U. S. A.).
VARIÉTÉS :
(1) Zoologischer Anzeiger, 84, 1.4 1929 p. 49. (1) Bull. Soc. Zoologique France. 1932. p. 155,
meut, le tout formant un dessin assez LA PRODUCTION DE LA CIRE
singulier et peu habituel chez les Bar- CHEZ ,LES INSECTES
beaux, généralement beaucoup pluarégu- Tout'le monde sait que l'Abeille pro-
lièrement fasciés. duit de la cire. C'est une substance qu'elle
Jadis Cuvier et Valeaciennes désignè- secrète afin de construire les cellules où
rent sous le nom de Trachynote myriade, elle emmagasin&,son miel et où elle élève
un Carangidé de la côte occidentale ses larves. Elle la produit, d'ailleurs, uni-
dorique qui portait assez nettement quement dans ce but, et lorsqu'il lui est
marqué sur les flancs le chiffre de 10.000. nécessaire d'en secrèter ; si on lui fournit
Il y a, toutes proportions gardées, quelque la cire dont elle a besoin, elle ne se donne
chose d'analogue chez notre petit Bar- pas la peine d'en fabriquer elle-même.
beau, mais là le j chiffre indiqué serait à D'autres Insectes, cependant, donnent
peu près 1.111.110... aussi de la cire. Ce sont des Hémiptères,
Cette curieuse espèce est maintenant c'est-à-dire des membres du même ordre
visible en France. En effet, M. le lieute- que les Punaises, les Pucerons et le Pou
nant-colonel vétérinaire Houdemer vient de San José.
à
de rapporter du Tonkin r aquarium de la
Ménagerie des Reptiles du Muséum tout
La famille de ce dernier, les Cocoides,
renferme un certain nombre d'Insectes
un petit lot de ces intéressants Poissons. utiles, la Cochenille du Nopal, les produc-
Ceux-ci proviennent des mares et ruis- teurs de laque et enfin ceux qui donnent
seaux de Tong près Sontay et de Dap-Can. de la cire. Celle-ci, comme d'habitude est
M. le lieutenant-colonel vétérinaire et excrétée par l'animal, (lui s'en recouvre
Madame Houdemer ont conservé en aqua- comme d'une .carapace, épaisse relative-
—
riumpendant 18 mois, chez eux, à Hanoï ment à sa taille.
plusieurs de ces gentilles bestioles, me- Le plus intéressant de ces Coccides est
surant tout au plus 6 ou 7 cm. de lon- l'Insecte à cire de la Chine, l'Ericerus
gueur. ILs les nourrissaient de chair et Pe-La, que les Chinois appellent La-
d'œufs de petites Crevettes d'eau douce, Tchong, et qui, vivant sur un grand
des Caridines, de vermicelle cuit et de nombre d'arbres indigènes, est, par con-
larves de Moustiques. séquent, d'une culture facile.
Pendant le voyage qui a duré un mois Il est en effet cultivé depuis fort -long-
les Poissons placés dans un aquarium temps — au moins depuis le XIIIe siècle —
portatif de 5 litres environ, ,se sont bien et fait l'objet, principalement dans le Sse-
comportés, se contentant pour tout ali- Tchuen d'un commerce très important.
ment, de débris de madeleines et de C'est ainsi que, les œufs, recueillis à la
brioches. Sur 25 individus environ, il n'y fin d'avril, sont transportés avec beaucoup
a eu qu'une seule perte. Arrivés à Paris le de soin et déposés sur les arbres nourri-
13 novembre dernier, ils ont été placés ciers. Il en sort un Coccide, dont le mâle
dans la Ménagerie du Muséum dans est ailé, mais dont les femelles aptères se
l'aquarium, où ils ont vite fait de s'accli- fixent par leur suçoir sur les branches, où
mater. Ils sont amusants à observer, à leur accumulation forme d'abord une
cause de la rapidité et de la grâce de leurs sorte de gaine écailleuse plus ou moins
évolutions. Ils se tiennent rassemblés continue. Par la suite, la cire apparaît,
dans un coin du récipient, attendant qu'un recouvre le tout, et les femelles d'Erice-
des leurs s'élance vers l'autre extrémité ; rus meurent sur place, laissant, sous leur
alors on les voit se déplacer tous en- petite carapace, une provision d'œufs.
semble en troupe joyeuse il la suite de Pour récolter la cire, on ràcle les
leur compagnon. branches, ou bien on les casse pour les
Nul doute que cette jolie petite espèce, plonger dans l'eau chaude. La cire obte-
si elle arrive à se reproduire, ne soit bien- nue est parfaitement blanche, plus dure
tôt vivement recherchée par les aquario- que celle de l'Abeille, et se résout, lors-
philes. qu'on l'écrase, en une poussière sècl\e. La
Dr Jacques PELLEGRIN. Chine en produit d'énormes quantités
qui servent à la fabrication des bougies longue corne courbée, en toit de pagode,
de luxe, mais il est très rare qu'elle soit etc. Chez une espèce de ce genre, la tète,
employée pure ; vu son prix élevé on lui considérée de profil, offre une étrange
adjoint généralement une certaine quan- ressemblance avec celle d'un Crocodile !
tité de graisse animale. Les Phenax n'offrent point ces particu-
L'Ericerus Pe-La pourrait-il- être cul- larités : leur tête est petite et normale.
tivé ailleurs que daus son pays d'origine ? La plus intéressante espèce, connue sous
La chose, théoriquement, parait assez le nom de Phenax auricoma, est un
probable, mais il ne semble pas qu'elle Insecte brun, de 3 à 5 centimètres de lon-
ait été tentée. En 1858, la Société Natio- gueur, dont les ailes, quand elles sont au
nale dAcclimatation proposait un prix repos, sont allongées sur le corps, en
« pour l'acclimatation, en Europe ou en toit, à la façon de certains Papillons noc-
Algérie, d'un Insecte producteur de cire, turnes. La cire, chez cette espèce, exsude
autre que l'Abeille ». Ce prix resta au de toutes les parties du corps, même des
concours pendant de longues années, et nervures des ailes. Mais c est l'abdomen
ne flit jamais décerné. La seule initiative qui ea produit la plus grande quantité ;
qu'il suscita fut celle d'un missionnaire elle forme, derrière l'Insecte, une touffe
apostolique Mgr Perny, qui, en 1859, de filaments blanchâtres, dont certains
apporta eu Frauce l'Insecte chinois et un atteignent parfois plus du double de la
pied vivant de l'arbre sur lequel il l'avait longueur de son corps.
récolte. Ces Hémiptères produisent donc de la
On rencontre, dans di-verses autres con- cire en abondance : il ne semble pas que
trées, des Coccides producteurs de cire, cette production soit utilisée. Peut-être
mais qui ne sont pas exploités. Aux Etats- est-ee parea -que-le besoin ne s'en fait
Unis, au Brésil, dans l'Inde, et même pas sentir: il y a en effet des Abeilles,
dans la France méridionale, où le Cero- d'espèces diverses, mais toutes produc-
plastes rusci en produit une quantité qui trices de cire, dans toutes les parties du
pourrait être intéressante : malheureuse- monde.
ment, il vit aux dépens des Figuiers, si G. PORTEVIN.
bien (lue l'on est obligé de le considérer
comme uu Insecte nuisible et de le traiter L'AVOCAT, FRUIT DÉLIOIEUX
comme tel.
D'autres Hémiptères, encore, secrètent L'Avocat est un curieux et délicieux
de la cire : nous ne croyons pas que leur fruit "qui croît dans l'Amérique tropicale
production soit utilisée, mais il n'en est et plus particulièrement au Guatémala.
pas moins intéressant de la signaler. Parce que ce fruit savoureux est appelé
A Madagascar,les Flata sont des Insectes « Avocat », il ne faudrait pas supposer
d'un assez curieux aspect. Leurs ailes qu'il ait une relation linguistique ou sym-
supérieures sont cornées, quoique minces, bolique avec un maître du barreau ! Le
de forme trapézoïdale, et de couleur terme est une modificationde « aouacaté »
rouge, verte ou fauve pâle ; les inférieures mot de la langue des Caraïbes, tribu qui
sont membraneuses et blanchâtres. Le peuplait les Petites Antilles à l'arrivée des
tout, quand l'Insecte vole, rappelle assez premiers Européens.
bien le facies d'un Papillon. Ici, c'est sur- Ce « aouacaté )> que les populations de
tout la larve dont l'abdomen secrète de langue espagnole appellent « avocado »
longs filaments cireux. ou « abocado » et nous, Avocat, est peu
Au Mexique appartiennent les Phenax, connu en France. Beaucoup plus délicat
plus curieux encore. Ceux-ci sont appa- que l'Ananas et la Banane, il ne supporte
rentés aux Fulgorides, ces bizarres Insectes pas les longs transports et demande à
à la tête étrangement gonflée, de façon à être, consommé quelques jours après la
affecter lés formes les plus inattendues. cueillette.
Tantôt elle forme en avant une sorte Comme forme, l'Avocat ressemble à ces
d'ampoule en poire, elle se développe en grosses Poires dites « de curé » que l'on
vend en grandes quantités à Paris. Mais, à décrire, car nous n'avons- enFrance
ainsi qú'on va le voir, cette ressemblance aucun fruit pouvant nous servir de com-
s'applique uniquement à la forme exté- paraison. Nous pouvons seulement dire
rieure. que, très riche en éléments nutritifs,
En effet, la peau, dont la couleur varie plus goûtée que celle de la, Bauane et
du vert au violet pourpre, est résistante, de l'Ananas, la chair de l'Avocat, au
bouquet exquis, est tout à
fait savoureuse.
Au centre, nous rencontrons
un énorme noyau recouvert
d'une sorte de peau très fine
et se détachant de lui-même
lorsqu'on ouvre le fruit.
Ce fruit est une ressource
alimentaire de très grande
importance, partout où il
croît.
On le mange « nature »,
soit au commencement du
repas, soit à la fin. On peut
aussi l'accommoder en salade.
Quel que suit le mode em-
ployé, c'est une nourriture
attrayante, à condition que le
fruit ait été recueilli au bon
moment.
Au Guatémala, les Indiens
cassent le fruit eu deux moi-
tiés, sans se servir du couteau.
et, parfois, saupoudrant de sel
la pulpe, avant de l'attaquer.
A l'aide d'un morceau de
« tortilla » (petite galette de
Mais), ils « tapent dans la
masse », comme nous le fe-
rions avec un morceau do
pain et une motte de beurre.
Dans les restaurants, 0(1
trempe des tranches d Avocat
-
dans la soupe, au moment de
la servir. Elle y gagne une sa-
veur t(jute spéciale.
Enfin, en écrasant complè-
tement la pulpe et en la pé-
mince, et se pèle sans l'aide du couteau. trissant avec du vinaigre, du sel, du poivre
Sous, cette peau se trouve une épaisse et des oignons finement hachés. on obtient
couchede pulpe, couleur crème ou jaune un plat tout à fait agréable.
ne renfermant pas la moindre trace de On tire de l'Avocat une huile qui s'em-
membranes ou de fibres et qui, pour ploie avec succès contre les brûlures. Les
cette raison, donne absolument l'impres- Indiens du Guatémala ont la conviction .
sion de fondre dans la bouche, comme que la pulpe frottée sur les cheveux et sur
le ferait un mprceau de beurre. le cuir chevelu arrête la calvitie.
Cette pulpe possède une saveur difficile Le noyau, qui est très riche en tanin,
est réduite en une pou.lre que l'on fait dance considérable. Un seul arbre donna,
bouillir dans un peu d'eau. C'est un remè- chez les petites variétés, près de 3.000
de très efficace contre la dyssenterie et les fruits, pesant chacun de 250 à 300 gram-
dérangementsintestinaux. mes, ou, chez les grandes variétés, 1.000
L'arbre qui produit l'Avocat, l'Avoca- fruits pesant chacun de 500 à 600 grammes.
tier (Persea gratissima), appartient à la Nous avons noté que l'Avocatier est
famille des Lauracées. comprenant Jes assez élevé. Pour cueillir les fruits, on les
Cauneliers et les Camphrées. Il peut abat tout simplement, en lançant de
atteindre une vingtaine de mètres de lourds bâtons dans les branches, ou encore
hauteur. Comme il pousse plutôt rapi- en les cognant avec une longue perche.
dement et que son développement est Par bonheur, les fruits, en tombant à
achevé au bout d'une dizaine d'années, on terre ne s'ab;menl pas, comme le font.
l'utilise dans les plantations de Café p jur en pareil cas, les Poires et les Pommes de
fournir dal'ombrage aux jeunes Caféiers nos pays, qui perdent leur valeur de
qui réclament de la chaleur, mais ne peu- <.(
fruits à couteau », dès qu'elles ont subi
vent supporter les rayons directs -du unchoc.
soleil. Le moment favorable à la cueillette est
assez difficile à déterminer. Si le fruit est
L'Avocatier ne commence à produire cueilli trop tôt, sa chair n'a pas encore
qu'au bout de six ou huit ans, mais il peut acquis son « fondant » et sa saveur. S'il
continuer jusqu'à cinquante ans, donnant est trop tard, celte pulpe devient si
ses meilleurs fruits vers l'àge de vingl- molle que le fruit n'est plus transportable
cinq à trente ans. et doit être mangé immédiatement.
La récolte qu'il fournit est d'une abon- Pour certaines variétés, le problème est
facilement résolu ; l'enveloppe extérieure Il croit sur la côte Est et dans le Sambi-
se revèt d'une nuance ^indiquant la matu- rano.
rité.- Pour les autres, le fruit ne change Tel est ce fruit, du nom bizarre d'« Avo-
pas de couleur ; il est de règle d'attendre cat », délicieux entre tous, dont les
que l'arbre soit en complète 11 oraison Américains reproduisent avec succès, en
avant de commencer la cueillette. Californie, et en Floride, depuis quelques
-Et, c'est une particularité de l'Avocatier années déjà, certaines variétés suscep-
que ses fruits sont si solidement attachés tibles de réussir, également chez nous,
qu'ils ne tombent jamais d'eux-mêmes, sous notre climat méditerranéen.
comme le font la Poire et tant d'autres
fruits. L. KUENTZ.
La saveur des Avocats augmente consi-
dérablement, lorsqu'on les conserve quel- LES CHAMPIGNONS VÉNÉNEUX
ques jours dans une caisse remplie de
paille ou de foin, et placée dans une pièce Les Champignons vénéneux ont été déjà
exposée au soleil. Les Indiens obtiennent l'objet de nombreux travaux et leur étude
des résultats plus rapides en Tangeant les a fait, dans ces derniers temps, un progrès
fruits sur des claies fixées assez haut au- considérable. Un article de M. Marcel Jos-
dessus du foyer de leur hutte. serand, dans la Revue scientifique, résuiue
L'Avocatier présente cette autre particu- d'une façon très claire, les connaissances
larité fort remarquable qu'il pousse et actuelles sur ce sujet. Nous eu extrayons,
prospère à des altitudes très variées, à pour nos lecteurs, les renseignements
condition qu'il reste sous les tropiques. suivants.
Une espèce originaire des Antilles ne Les Champignons, pris dans leur
prospère qu'à une altitude inférieure il ensemble, présentent, en vertu des nom-
3u0 mètres. C'est exprimer qu'il lui faut breux poisons qu'ils renferment, tous les
le maximum de chaleur et d'un bout de degrés de toxicité, depuis 0 (Champignons
l'année à l'autre. comestibles), jusqu'à 100 (Champignons
D'autres espèces ne donnent pas de fruits mortels).
dans les terrains élevés il moins de 300 En ce qui concerne les premiers, c'est-
mètres ou 350 mètres au-dessus du niveau à-dire les espèces comestibles, il est inté-
de la mer. A mesure que l'altitude s'élève, ressant de signaler que certaines pei-
on rencontre d'autres variétés acclimatées sonnes fout preuve, à leur égard, d'une
à d'autres conditions climatériques. intolérance marquée. Mais il n'y a là rien
Il existe une espèce qui donne de beaux d'étonnant, le même phénomène se pro-
et nombreux fruits il une altitude d'envi- duisant avec d'autres aliments, fraises,
ron 800 mètres, c'est-à-dire une région Poisson, etc ..
sujette à des gels, bien que située sous Il y a encore lieu de retenir la toxicité
les tropiques. soudaine de certaines espèces, le Clito-
Il va de soi qu'à cette variété cybe nébuleux, par exemple, dont nous
d'altitudes correspond une variété dans avons entretenu nos lecteurs dans La Terre
les époques de maturité. Et c'est ce qui et la Vie (N° 5, 1933). La cause des acci-
explique pourquoi, dans un pays chaud dents occasionnés de teinps en temps par
et montagneux comme l'est le Guatémala, ce Cryptogame, ordinairement très bon
on peut trouver des avocats d'un bout à comestible, reste encore inexpliquée.
l'autre de l'année. Quant aux Champignons essentiellement
Par exemple, les arbres poussant à nocifs, ils se divisent, suivant M. Josse-
plus de 2.000 mètres donnent leur récolte rand, en sept groupes, possédant chacun
de mai à août, alors que ceux qui pous- un poison particulier : parfois môme deux
sent à moins de 1.000 mètres fournissent de ces poisons sont réunis dans la même
des fruits de novembre à février. espèce.
L'Avocatier a été introduit à Bourbon On rencontre, d'abord des Champi-
et à Madagascar, en 1803, par Michaux. gnons simplement purgatifs, ce sont les
Clavaires : comme ils déterminent seule- est en effet détruit par la chaleur, et c'est
ment de la diarrhée, il n'y a pas lieu de ce qui explique que telle espèce ait été
s'en inquiéter. nuisibledanscertains pays,alorsqu'elleest
Les Champignons âcres, qui sont des couramment consommée, sans le moindre
Russules ou des Lactaires, produisent inconvénient, dans d'autres contrées.
une forte irritation gastro-intestinale, ce Enfin, nous arrivons au point extrème,
n'est pas non plus une indisposition c'est-à-dire aux Champignons mortels ou à
inquiétante. empoisonnement phalloïdien. Pour ceux-
Viennent ensuite les Champignons à ci, nous rappellerons que les premiers
atropine, l'Amanita muscariaetpantherina. symptômes d'intoxication ne se produisent
Ils contiennent deux substances nocives que très tard, en général de 8 à 12 heures,
qui sont la muscarine et une myco-atro- après leur ingestion ; mais ou peut ne les
pine. Mais la substance la plus agissante ressentir qu'après 20 heures et même
n'est pas la muscarine, comme on l'avait plus tard.
cru tout d'abord. C'est la myco-atropine Ces Champignons ne sont pas très nom-
et par suite, il n'est pas correct d'appeler breux : tous les auteurs récents s'accordent
cette forme d'intoxication muscarinienne pour n'en reconnaitre que trois, l'Ama-
ou, plus exactement, muscarienne : le nite phalloïde, et l'Amanite de printemps
terme le plus juste est atropinienne. qui n'en est vrai semblablement qu'une
Les espèces qui ne contiennent que de forme, et enfin l'Amanite vineuse. M. Jos-
la muscarine provoquent un empoisonne- serand y ajoute la Lepiola helveola, qui
ment spécial, caractérisé par une sueur est, en ellet, une espèce très dangereuse,
très abondante, pour lequel M. Martin- sans être toutefois aussi violente que les
Sans a proposé le nom de sudarien. Ces trois autres.
espèces appartiennent aux genres Inocybe Il faut bien dire que le remède certain
et Clitocybe. C'est une des formes d'empoi- à ces empoisonnements n'est pas encore
sonnement les moins redoutables, par- indiscutablement trouvé. Le sérum anti-
ce que c'est la seule dont on connaisse le phallinique du 1), Dujarric de la Rivière
contre-poison efficace, qui est le sulfate est difficile à préparer, plus difficile encore
d'atropine. à conserver, de sorte qu'il n'est guère uti-
D'autres Champignons produisent une lisable dans la pratique. La méthode du
gastro-entérite grave, caractérisée par des Dr Limousin est plus facile à appliquer,
vomissements répétés, et une diarrhée mais elle n'a pas encore fait suffisamment
abondante : ces accidents sont causés par ses preuves ; on peut toutefois, en cas
deux espèces seulement et, particulière- d'urgence, y avoir recours sans inconvé-
ment, par [ 'Entolome livide. Ils n'ont pas, nient.
généralement, une terminaison fatale, Le mieux est évidemment de ne point
mais sont très douloureux. en avoir besoin et M. Josserand a parfaite-
Les Champignons hémolytiques (Ama- ment raison de recommander la propaga-
nite rubescente, Morilles, etc.) ont causé tion de la connaissance des Cryptogames
surtout des accidents en Allemagne, en vénéneux, surtout de l'Amanite phalloïde,
Autriche, et plus spécialement dans le car 98 % environ des cas mortels lui sont
Tyrol,par suite d'une cuisson insuflisante. imputables.
Leur principe nocif, l'acide helvellique, G. POHTEVIN.
NOUVELLES
ET INFORMATIONS
Georges HARDY. — Géographie et colo- bétail » qui donna lieu, inévitablement, à des
nisation. — Préface de Pierre DEFFON- meurtres de colons. Ceux-ci répondirent par
TAINES. 1 vol. 2)7 pages, 23 pages de pho- une impitoyable chasse aux noirs : on les tirait
togr. Librairie Gallimard, Paris. Prix 3u fr. à courre.
Quand on voulut créer une « politique indi-
Un excellent livre précédé d'une excellente gène ». il était bien tard ! « Il reste à peine,
préface. Elle est due à Pierre Deffontaines, dans toute l'Australie 60.000 indigènes, dont
43 ou 44.000 nomades». Une race saignée à blanc,
directeur de la nouvelle collection « Géogra- ayant perdu ses traditions, en proie à la démo-
phie humaine ». C'est un large et lumineux ralisation, conquise par l'alcoolisme, ne se
parcours à travers cette science, cette géogra- relève point : elle s'élimine, quoi qu'on fasse.
phie qui, parce qu'elle étudie l'empreinte pro- En Tasmanie, cela est plus net encore : le der-
fonde de l'humanité sur la terre, mérite le nier homme est mort en 1865 et la dernière
qualificatif d'« humain » : elle « trace la gran- femme, qui, ô ironie ! avait le titre de reine,
diose épopée du travail des hommes dans le est morte en 1876 ! Or, le plus clair résultat de
paysage terrestre ». cette appropriation intégrale du sol par une
Qu'on nous permette d'attirer l'attention sur population de soache européenne, c'est l'indé-
un bref passage de cette préface. pendance vis-à-vis de la métropole, la forma-
Deffontaines indique qu'au cours de son évo- tion d'un Etat autonome, la naissance d'une
lution, la géographie donna à l'homme non nationalité — et c'est ce que M. Hardy expose
seulement une connaissance du monde, mais clairement dans les dernières pages où il traite
une méthode pour connaître. Elle apprit à du cas australien.
voir. « Tant de gens ne savent pas voir, non Le second cas envisagé par l'auteur est ce que
pas parce qu'ils ont de mauvais yeux, mais Juan B. Teran appelle la « tropicalisation » du
parce qu'ils ont une attention nonchalante qui conquérant. L'exemple choisi est l'Amérique an-
ne sort de sa torpeur que devant les choses dine. Ce point de départ est l'installation euro-
extraordinaires... Ce qu'on néglige de remar- péenne localisée, en raison du climat, sur
quer, c'est précisément le plus important, ce quelques points moins défavorables que l'en-
qui est typique et trace comme le grand fond semble du pays et ne permettant qu'une
du tableau le paysage classique, les maisons
:
typiques, la vie profonde, la beauté intime. Le exploitation indirecte. Les conquérants trou-
géographe a cet amour secret du terrain, cette vèrent là des races remarquablement douées,
esthétique et cette poésie spéciales qui dé- héritières des civilisations « précolombiennes ».
couvrent tous ces faits menus et nombreux dont Les rustres gens d'épée ne comprirent point
l'ensemble forme le paysage et la vie de chaque l'utilité d'une association ; ils ne virent que
coin de terre... » Il me semble qu'il y a tout l'asservissement de ces races. Au plus odieux
cela aussi à l'origine d'une vocation de natura- esclavage, succéda un état de servage, atténua-
liste. tion — trop souvent théorique — du précédent.
Il n'en est pas moins vrai qu'il se produisit un
événement de grande conséquence : les mé-
langes de sang, un métissage qui ne fit que
L'ouvrage de G. Hardy comprend trois s'accentuer. La « tropicalisation », c'est-à-dire,
grands chapitres et des « conclusions pra- en somme, l'assimilation du conquérant par le
tiques ». milieu, était chose faite ; l'immigration du
D'abord, l'auteur examine ce qu'il appelle la XIX' siècle n'apporta à cet état que « calculs
colonisation d'enracinement et envisage sous ce financiers et désirs de lucre ». Conséquence ?
titre général quatre cas différents. En premier L'indépendance encore, dont une victoire, qui
lieu, le cas de substitution, avec comme exemple n'est pas loin de nous (1924), consacre le
le « nettoyage » australien. Et cette histoire, triomphe, mais dont le premier résultat fut un
présentée en raccourci, prend un aspect fort long désordre, dont l'origine profonde tient à
tragique. L'indigène, le sauvage australien, la composition ethnique et au genre de vie des
avait accueilli sans hostilité les colons qui, sociétés andines.
venant faire, en grand, l'élevage du Mouton, Le troisième cas examiné est un cas de « re-
cherchèrent à s'approprier les terrains favo- peuplement », de repeuplement des « isles ».
rables. Aux traités, qui sous leur forme léo- L'exemple choisi est celui des Antilles et tout
nine, constituaient un vol légal, succéda la spécialement la Martinique et la Guadeloupe,
main-mise par la force, l'occupation des points dont G. Hardy condense admirablement l'his-
d'eau — et comme nous avions affaire, dans toire, cependant qu'il achève le premier cha-
ces immigrants, à des civilisés — la destruction pitre de l'ouvrage par un cas d'« association»,
radicale de la faune. Les indigènes, spoliés et prenant pour type la plaine tunisienne. Ici,
affamés, mus en outre par un sentiment ins- constatons un enrichissement sans victimes, un
tinctif de justice, se livrèrent à la « chasse du peuplement européen sans refoulement indi-
gène ». L'organisation économique et politique phique ». Tout ce que nous avons dans ce sens
de la Tunisie y sont analysées en quelques en France et dans nos possessions, ne saurait
pages fort suggestives. remplacer le « rayonnement de chaires d'ensei-
Le chapitre II, dont le grand titre est « la gnement supérieur, spécialement consacrées à
colonisation d'encadrement » est tout aussi la géographie des colonies ». Pour l'auteur, le
intéressant et vivant que le premier. La savane progrès dans ce sens ne peut venir que des
soudanaise y est fort bien dépeinte et la voici, Colonies elles-mêmes. « Par la création de
malgré ses défauts, centre d'attraction entre chaires spécialisées et soigneusement pourvues,
deux pôles de répulsion, le Désert au N., la elles trouveraient à la fois le moyen de se révé-
Forêt vierge, au S. Ses habitants sont cultiva- ler à elles-mêmes et de se faire connaître ».
teurs, « paysans de vocation », par conséquent Le livre de G. Hardy, par sa documentation,
essentiellementsédentaires. La tâche de l'Euro- son originalité, la manière dont les faits sont
péen, de la colonisation, c'est d'augmenter, de exposés sera lu avec intérêt par les géographes,
fortifier la population du pays, puis de l'édu- avec fruit par les coloniaux et tous les esprits
quer. L'auteur, ayant posé le problème, montre cultivés. G. PEUT.
ce qui a été fait pour le résoudre et vante la
méthode d'administration indirecte.
Le deuxième paragraphe de ce chapitre est VICOMTE H. DE FRANCE. — Le Sourcier
consacré à la forêt dense. L'auteur trace les Moderne. Manuel de l'opérateur
conditions de vie imposées à l'homme par ce —
(48 édition). — Un volume 12 X 19 de
milieu spécial, conditions difficiles, qui le con- 191 pages avec 4 planches et 15 figures.
damnent à la dispersion et à la rivalité. Ce Librairie agricole de la Maison Rustique,
« monstre » est pourtant « le gardien de tré-
sors à peu près inépuisables, faits de res- 26, rue Jaccb, Paris. — Prix: 11 francs,
sources nombreuses et variées ». Il y a là un franco.
problème économique, qui se ramène tout
compte fait à un problème humain et G. Hardy L'attrait du merveilleux qui s'attache aux
indique à nouveau ici les méthodes qui ont pratiques des sourciers et les découvertes
prévalu après diverses expériences. effectuées par la baguette et le pendule pour
Le chapitre 11 comprend encore quatre para- les eaux, les minerais et même dans le domaine
graphes sur lesquels nous ne pouvons insister, de la biologie, paraissent rallier tous les jours
faute de place : le delta : au Tonkin. — La plus de suffrages. Des milliers d'adeptes qui,
steppe : sur les Hauts-Plateaux algériens. — La de leurs yeux ont constaté les résultats
montagne dans le Moyen-Atlas. — La mine : obtenus par les sourciers sont, à leur tour,
les phosphates de Kourigha. devenus de fervents baguettisants. Leurs con-
Le chapitre III prend pour titre général : grès, dont l'auteur de ce volume fut l'un des
t< la colonisation de position ». Il renferme un
présidents, leurs discussions, ont aujourd'hui
paragraphe sur la conquête, le rôle et l'avenir fait un art véritable de ce qui, naguère,
-du Sahara. Puis nous assistons à l'évolution de semblait à beaucoup une illusion ou une série
l'escale, forme originelle de l'installation colo- de coïncidences.
niale, qui se double d'un comptoir et devient C'est peut-être à ce mouvement irrésistible
une petite colonie commerciale. Mais l'escale que l'ouvrage que nous présentons au lecteur
peut conserver, au dehors de toute idée de doit un succès qui en très peu de temps l'a
commerce, son rôle initial ; elle est un centre amené à une quatrième édition. C'est aussi
de ravitaillement, elle jalonne les lignes de parce qu'il contient en un langage clair et
force politique, se trouvant « placée aux nœuds précis, l'essentiel de ce que l'on doit savoir sur
vitaux de la circulation universelle » (A. De- la radiesthésie. Il passe en revue successive-
mangeon). ment : l'histoire de la baguette et du pendule,
Cependant, Dakar nous offre l'exemple d'une l'explication du mouvement de ces deux détec-
escale littorale englobée en de larges installa- teurs, une méthode d'entraînement pour la
tions coloniales et pour ainsi dire soudée à la pratique de l'art, la recherche des eaux, la
colonie qui l'entoure. Djibouti est surtout le recherche des minerais et des métaux, l'examen
relai de la route d'Extrême-Orient, le seul des végétaux, la prospection à distance.
port de l'Ethiopie, mais l'auteur note son Un chapitre qui intéressera certainement les
rayonnement sur la région environnante et les lecteurs de cette revue est celui consacré à
efforts de Dijbouti pour devenir le centre d'une l'emploi du pendule en biologie et en médecine.
vraie colonie. L'auteur indique les diverses méthodes Bouly,
Quelques pages sont encore consacrées aux Mermet, Padey et Bosset employées dans ce
ilots Polynésiens et aux terres antarctiques. domaine. Il donne ensuite des indications sur
Les « conclusions pratiques » qui terminent les résultats obtenus dans le diagnostic de
le volume, sont brèves : brèves et des plus certaines maladies, dans le choix des remèdes
nettes. Nous ies approuvons sans réserves. Le appropriés à certains états pathologiques, dans la
colonial, qu'il soit administrateur, financier, discrimination entre des aliments permis ou
ingénieur, médecin ou universitaire, doit avoir, défendus, dans les analyses urologiques exécu-
dans sa culture générale l'armature de la géo- tées à l'aide du pendule, dans l'élevage en vue
graphie et de l'ethnographie. On ne fait pas de la sélection en déterminant les coefficients
œuvre coloniale solide, profonde, réalisatrice individuels de vitalité, de fécondité, de vigueur,
si l'on n'est pas discipliné et éclairé par les dans l'examen des facteurs héréditaires par la
méthodes et l'esprit de ces deux sciences. détermination du sexe, des œufs. etc...
G. Hardy reconnaît que depuis 1927, les pro- Non seulement les futurs adeptes de la
grammes de l'Ecole Coloniale ont réservé une radiesthésie, mais les esprits simplement
large place à la géographie coloniale. Mais il curieux, trouveront dans cet ouvrage ce
sent bien la nécessité, pour des Institutions, que chacun aujourd'hui doit savoir de l'art
autres que cette Ecole spéciale, « d'entretenir, du sourcier.
de développer cet embryon d'esprit géogra- C. B.
D' H. The
A. GRAY et N. M. BLIGH. — ment nombreux, les Protozoaires, n'a pas
origin of the Living Matter. — encore trouvé sa place définitive dans l'Histoire
Simpkin Marshall Limited Londres, 1933. Naturelle.
Pour le reste, le D' Metcalf a choisi le Ral
Il nous paraît intéressant de signaler, à ceux comme le type sur lequel il édifie son ouvrage.
de nos lecteurs auxquels la langue anglaise est La deuxième partie de celui-ci nous expose
familière, ce livre récent, qui s'attaque à l'une donc la morphologie et la physiologie de ce
des questions les plus en vue. L'origine de la Rongeur, son anatomie, ses mœurs, son histoire
matière vivante est le problème le plus pas- naturelle en entier. Le tout avec des comparai-
sionnant, et. peut être aussi, le plus difficile sons avec les autres Vertébrés en particulier
à résoudre : double raison pour en tenter l'étude. au point de vue de la locomotion : les chapitres
Les auteurs du présent livre proposent qui terminent cette partie, et qui traitent du
une solution nouvelle, en ce sens qu'ils métabolisme, de l'hérédité, de l'embryologie,
prétendent expliquer l'origine de l'énergie qui sont tous intéressants et nous les recomman-
serait intervenue dans l'apparition de la dons vivement à l'attention des lecteurs.
première cellule vivante. Voici comment. La troisième partie traite de la Zoologie phi-
La lune. ayant avec la terre, un plus grand losophique. Elle est divisée en quatre chapitres
rapport qu'aucun autre corps du système dont le plemierestconsacré à la distribution
solaire, formerait avec celle-ci un système des espèces. Le second a rapport à la Paléon-
binaire, terre-lune, qui serait dû à une rencontre tologie, le suivant à l'évolution, le dernier à
entre deux astres, dont l'un, séparé en deux, l'histoire de la Zoologie.
aurait formé ledit système. Au moment de la ren- En résumé c'est un ouvrage fort intéressant
contre, une grande quantité d'énergie aurait été et qui doit avoir sa place marquée dans la
libérée et se serait transformée en énergie bibliothèque de tous les Zoologistes.
subatomique. Or l'atome qui a reçu ainsi de
l'énergie est vital et a le pouvoir de vitaliser
d'autres atomes : d'où l'apparition de la vie. Catalogue des plantes de Madagas-
Il y a, évidemment, beaucoup d'objections à car, publié par l'Académie malgache. —
opposer à cette théorie ingénieuse. MM. Gray Tananarive, G. PITOT. — Paris, Soc.
et Bligh l'ont si bien senti qu'ils soutiennent d'Edit. géographiques, mari limes et co-
qu'on ne peut, scientifiquement, demander loniales.
qu'une théorie donne des preuves, lorsqu'elle
a pour objet la matière animale ; on ne peut La Terre et la Vie a signalé en son temps.
l'exiger que pour des phénomènes matériels ;
c'est une opinion peut-être discutable. l'édition, par les soins de l'Académie malgache,
Quoi qu'il en soit, le livre est intéressant et de ce catalogue (La Terre et la Vie, T. I..
il est à souhaiter qu'une traduction le rende Oct. 1931, p. 640). A cette date deux fascicules
accessible à un plus grand nombre de lecteurs. avaient paru: Orchidaceae, par H. Perrier de
la Bâthie ; Cyperaceae. par Chermezon.
G. PORTEVIN. Voici la liste des fascicules qui ont vu le jour
depuis :
DR ZENO PAYNE METCALF. — An Intro- Juillet 1931 : Pteridophyta, par Carl Chris-
duction To Zoology. — Londres. Bail- tensen.
liere, Tindall and Cox, 1932. Octobre 1931 : Anonaceae, par L. Diels.
—.
Asclepiadaceae,par P. Choux.
Le livre au D" Z. P. Metcalf doit être par- — Chlenaceae, par H. Perrier de
couru avec beaucoup de soin par ceux qui la Bâtltie.
veulent étudier la Zoologie. Quelques critiques Dioscoreaceae, par H. Perrier
de détail que l'on puisse lui faire subir, il ne —
de la Bâthie.
leur en sera pas moins très utile, sans compter Menispermaceae, par L. Diels.
l'agrément qu'ils prendront à sa lecture. —-
Sapindaceae, par P. Choux.
Il est divisé en trois parties, la première —
Scrofulariaceae, par H. Per-
comprenant deux chapitres d'introduction qui —
rier de la Bâthie.
sont « le champ de la Zoologie » et « le
royaume an:mal ». L'auteur y signale, en par- Avril 1932: Loranthaceae,par H. Lecomie.
ticulier. les difficultés que rencontrent parfois — Sapotaceae, par H. Lecomte.
les naturalistes pour distinguer l'animal du Décembre 1932: Polygalaceae, par H. Perrier
végétal ; et, en effet, tout un groupe, extrême- de la Bâthie.
SOMMAIRE ..
A. GUILLON Las Vampires 131
C, GUINET ...
, .
Le Jardin botanique du Col de
DR A. Roc'HO\-DuviûNEAUD
..
Saverne........
Un musée ornithologique en pleine montagne: la
136
G. MAHÉ
M. HOLLARD
.....La pêche en Indochine .....
collection Berlier, à Tournoux (Basses-Alpes)
VARIÉTÉS.
—
...............
NOTES SCIENTIFIQUES. — Contribution à.la connaissance des Insectes
Diptères du Maroc, par E.-SÉGUY
NOUVELLES ET INFORMATIONS.
.................
174
REVUEMENSUELLE
Abonnements : France et Colonies : 75 i'r. — Étranger : 90 fr. ou 105 fr. suivant les pays.
SOCIÉTÉ NATIONALE SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES,
D'ACCLIMATATION DE FRANCE MARITIMES ET COLONIALES
i, Rue de Tpurnon 17, Rue Jacob
PARIS (vie) PARIS (vie)
BUREAU
Président : M. Louis MANGIN. membre de l'Institut, directeur honoraire du Muséum-
Secrétaire général : M. C. BRESSOU. professeur à l'Ecole d'Alfort.
Vice-présidents : Secrétaires : Trésorier :
MM. Bois. professeur au M. Marcel DUVAU.
Muséum MM. Charles VALOIS;
Archiviste :
DECHAMBRE, professeur Pierre CREPIN Monseigneur FOUCHER,
à l'Ecole d'Alfort ;
CONSEIL D'ADMINISTRATION
Mme la marquise de GANAY. MM. A. CHAPPELLIER; MM. le docteur ROGHON-DUVI-
MM. le docteur ARNAULT le comte DELAMARRE. GNEAUD;
;
DE MONCHAUX ; le professeur ROULE, du
A. BAI,RIOL ; le marquis de PRÉVOI- Muséum ;
leprofesseur BOURDELLE. SIN : ROUSSEAU-DECELLE;
du Muséum. le prince Paul MURÂT Roger de VILMORIN.
Conseil juridique : M" MONIRA, avocat près la Cour d'appel de Paris.
Aspidium a-
culeatum Sw.
et ses var. pro-
titerumV'all. et
Braunii Doell.
Aspidium lal-
catum Sw., du
Japon.
A dianlum
pedatum L.,
d'Arnerjque bo-
reale.
A sp len ium
acrostichioidea
Sw., d'Ameri-
que boreale.
Asplenium tontanum Bernh., lanceola- Saxitraga androsacea L., ajugae/olia L.,
luiu Hods., viride Huds. Alberti llegeli, aspera L.
Asplenium plalyneuron Oakes, d'Am- Saxifraga Aizoon Jacq., aizoides L.,
rique boreale. bryoides L., caespiloso L.
Blechnum spicant With., Cystopteru
bulbi/era Bernh., d'Am6rique borale
f
Sflxi/roqa cervicoinis Viv., coni era
Coss crustata Vest , geranioides L.. hir-
OnocleasensibilisL., d'Amrique boreale. ,
suta L., Hueltiana Bo ss., Hostii Tausch.,
O...monda regalis L., Polypodium vulgare
L., var. putchennum Moore. Kotschyi Boisa., jUHiiJeritolw Adams.,
Scoiopendrium vulgare L.,var. margi- opposititolia L.. sarmentosa L., etc.
natum Moore Sedum Anacampseros L., alpestre Vill.,
Woodwardia areolata Moore, d'Ame altissimum Poir., anopetalum DC., bolo-
rique bòrale, etc. niensis Lois., dasyphyllum L.,elegans Lei.,
Etlacombianum Praeger., Kamtschaticum
Un grand banc rocheux présen- Fisch., sexangulflre L , spectabile Bor..
tant à la.fois des parties très ensol- terRatum Michx., Rhodiola DC., etc., etc.
UN MUSÉE ORNITHOLOGIQUE EN PLEINE MONTAGNE
Ilest, en France, une région pleine sissante par André Chanson qui y fit
d'àpreté et de mystère. C'est le mas- vivre Roux le Bandit ; ce sont ces
sif des Causses, peint de façon sisai- contreforts abrupts des Cévennes
qui, seuls, procurèrent, il y a deux
(1) Dans son intéressant « Aperçu sur la Spéléo- cents ans, par leur complexité el la
logie » lLa Terre et la Vie, mai 1933). M. Hobeit multiplicité de leurs abris naturels,
de JOLY a déjà mis nos lecteurs au courant de
l'état actuel de la science souterraine en Fi ance. un refuge efficace aux victimes des
Le Club qu'il préside n'a cessé, depuis cetle
date, d'augmenter, dans ce domaine, le butin de
persécutions religieuses. C'est le
découvertes de notre pays. pays fameux des Huguenots et des
On lira ci-après le récit d'une incursion pou.— Camisards...
sée pour la première fois jusqu'au fond d'une
vaste cavité des Causses. Je m'y rendis, ces dernières
Le jeune ingénieur qui accomplit cette équi- semaines, et me fixai au fond de la
pée l'effectua, absolument seul et une blessure.
qu'il contracta en franchissant à la nage un lac vallée la plus encaissée, dans une
souterrain, ne l'empêcha pas de réussir jusqu'au demeure suspendue au-dessus de
bout sa téméraire entreprise.
l une des rivières les plus limpides
que j'ai jamais vues : la Vis, -princi-
pal affluent de l'Hérault.
A deux ou trois cents mètres plus
haut. au flanc de la montagne, une
fois dépassés les derniers rangs de
ces « traversiers » de vigne, par
quoi les paysans de là-bas s'essayent
encore à conquérir un peu de terre
rocailleuse, s'ouvre une excavation
étroite, riche en vestiges anciens et
dont on n'a jamais, paraît-il, sondé
toute la profondeur.
Aimant l'aventure, je décide d'ac-
complir seul l'exploration intégrale
de cet antre souterrain.
La petite ville la plus proche, dis-
tante de quelques kilomètres (Ganges,
Hérault) me procure allumettes-
tisons, bougies, piles électriques et
quatre feux de bengale.
J'ai prévenu le propriétaire de cette
partie de la montagne que j'entrerais
jour, pour n'en pour arriver au-dessus d'un gouffre
-sous terre au lever du
sortir que vers midi. Quelques jeunes entravers duquel un rondin permet
paysans sont là. Aucun ne m'oflre de de passer, si l'on n'a pas le vertige.
m'accompagner. J'irai donc seul... La caverne devient pittoresque.
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE
DES INSECTES DIPTÈRES DU MAROC
par
E. SÉGUY
Assistant au Laboratoire d'Entomologie du Muséum, National
d'Histoire Naturelle.
nids chacun garde jalousement son rond sous les voûtes de l'église.
domaine et une colonie de Faucons est Elles vivent en bonne intelligence avec
chose fort rare. les Moineaux, les Martinets, les Étour-
C'est pourtant ce qui arrive chez une jieaux et les Pigeons qui habitent comme
espèce de la région méditerranéenne, la elles les trous des murs et ne manifestent
Crésserine (Falco n. naumanni Fleischer) apparemment aucune crainte de ce voisi-
que l'on rencontre quelquefois dans le nage.
Midi de la France. Ce petit Faucon est très L'aspect de la colonie ressemble assez
voisin dela Crésserelle ordinaire (Falco t. à celui d'une colonie de Choucas. Très
linnunculiis L.), si voisin même qu'il est bavardes^ les Crésserines crient continuel-
difficile de les reconnaître l'un de l'autre lement et semblent souvent converser
eu liberté. La Crésserine est légèrement entre elles.. Le cri est un « klé » ou
plus petite que sa congénère ; le plumage « kré » aigu et aigre, plusieurs fois répété,
est semblable, les mâles étant moins mou- et qui change assez facilement dÏntona-
chetés, surtout sur les parties supérieures. 'tion. Il y a aussi, lorsque l'Oiseau est per-
Les meilleurs caractères distinctifs, en ché, un « kééééék » profongé, assez faible
dehors de la taille, toujours un peu et comme chevrotant.
variable chez les deux espèces, résident Toujours en mouvement, à n'importe
dans certains détails de forme des rémiges quelle heure du jour, on peut en voir-
et dans la couleur des ongles, noirs chez tournoyer autour des nids d'un vol plané
la Crésserelle, jaunes chez la Crésserine. entrecoupé de battements d'ailes précipi-
Les œufs sont semblables, blanchâtres, tés. A certaines heures et surtout le soir
finement mouchetés de rouge brique. Le avant le coucher du soleil on assiste 't
régime est surtout insectivore avec une des évolutions d'ensemble. Les Crésse-
préféreuce très marquée pour les Acri- rines sortent l'une après l'autre et leur
diens. troupe, sans cesse grossissante, se mêle à
celle des Martinels. Toute la bande en de la Pisonia artensis. Montrouzier, de la
criant s'élève et tournoie à une grande Nouvelle-Calédonie.
hauteur, puis quand le jour s'éteint, les H. Heim de Balsac (Alauda. S. II, février
petits Faucons redescendent, laissant les 1931, N° 1, p. 110), ayant eu l'attention
Martinets infatigables continuer leurs attirée par les notes de Ghodat avait
courses dans le crépuscule. demandé à un biologiste du Paraguay,
Moïse Bertoni, l'envoi des Oiseaux captu-
P.-L. BARRUEL.
rés par les fruits de Pisonia. Ce naturaliste
étant mort prématurément, la question
CAPTURE D'OISEAUX posée est restée sans réponse.
PAR DES PLANTES Le même auteur rapporte, dans l'article
précité, un cas intéressant de capture
La revue Forest rtnd Bird qui est publiée d'un Chardonneret (Carduelis carduelis L.),
en Nouvelle-Zélande, signale que dans la par la Grande Bardane (Arctium lappa L.i
partie Nord de cette île, existe un arbre, On sait que dans un capitule de Bar-
le Parapara (Pisonia sp. de la famille dane, les bractées de l'involucre, longues
des Nyctagénacées), dont les fruits sont et effilées, se recourbent en crochet h
couverts d'une substance visqueuse. Lors- leur extrémité. Les capitules adhèrent for-
que l'arbre croît en forêt, il arrive qu'un tement à l'a toison des Mammifères ou
Oiseau vient se coller à un de ces fruits ; aux vêtements et la plante possède ainsi
le mal alors n'est pas grand : l'Oiseau un moyen de dissémination très effectif.
l'emporte — assurant du même coup la 0. P. Cambridge, puis E. Rabaud. ont
dissémination de la plante — et. s'en dé- signalé la capture d'Insectes, par cette
barrasse généralement. Il- n'en est pas de plante, le crochet de l'involucre adhérant
même si le Parapara croît isolément. Sa sur une partie quelconque du corps de
tète, fragile, est abattue par le vent et les l'animal.
gousses s'agglomèrent en une masse L'observation de II. lieim de Balsac.
gluante sur laquelle les Oiseaux ont ten- pour n'être qu'un cas sans doute rare et
dance à se poser. La plante devient alors accidentel, mérite d'être rapportée. L'au-
un piège redoutable. Récemment, rapporte teur observait une troupe de Chardonne-
la revue en question, on à dû abattre un rets en train d'éplucher les capitules d'un
Pisonia portant 84 cadavres d'Oiseaux, des pied de- Grande Bardane. A son approche,
« Silver Eyes » (sans doute des Zosterops). les Oiseaux s'envolèrent, àJ'exception d'un
Chodat et Dehfous (Bull. Soc.' Bot. Genève, seul. « Celui-ci se débattait violemment,
XVIII, 1 926) avaient déjà signalé la dis- puis retombait épuisé, suspendu par les
persion de certains Pisonia par le moyen pattes. Il était, en effet, solidementaccroché
des Oiseaux, par exemple P. zapallo à la plante et nous eûmes de la peine à
Griseb., de l'Argentine et du Paraguay et le détacher. Son état d'inanition montrait
P. aculeata L., liane à tige épineuse-ayant qu'il devait être prisonnier depuis un cer-
une vaste répartition géographique. Mais tain temps déjà. » (loc. cit., p. 111). Que
Chodat ajoute que ces fruits peuvent pri- s'était-il passé ? Plusieurs capitules de
v ver les Oiseaux de la faculté de voler et Bardane, situés au même niveau, s'étaient
amènent leur mort. accrochés les uns aux autres et une^patte
L'appareil fructifère de Pisonia reçut le de l'Oiseau ayant glissé entre deux capi-
nom d'anthocarpe, car il est formé par la tules, s'était trouvée comme harponnée par
réunion du fruit proprement dit et des les bractées et était restée prise. L'Oiseau,
organes floraux. Ces anthocarpes, dont la malgré ses efforts, n'avait pu se libérer.
longueur varie de un à quelques centi- Comme le dit l'auteur, les captures par
mètres. selon les espèces, sont couverts les crochets de la Bardane, qu'il s'agisse
de protubérances glandulaires sécrétant la d'Insectes ou d'Oiseaux, demeurent rares
substance visqueuse dont nous avons parlé et il ne peut être question, en présence
ci-dessus. Le maximum de viscosité des cas que nous connaissons, (( d'entomo
semble être fourni par les anthocarpes ou d'ornithophobie ».
UN CACTUS MERVEILLEUX : trois cents ans avant notre ère. Ils avaient
LE PEYOTL été vivement frappés par les « rêves vi-
suels » que son ingestion leur procurait
Chez nous on ne cultive, généralement, et lui rendirent un culte aux cérémonies
les Cactées que pour leurs formes bizarres rituelles curieuses qui se sont même per-
et leurs superbes fleurs. Au Mexique, par pétuées jusqu'à nos jours.
contre, il existe une espèce de Cactus à Une quarantaine de tribus d'Indiens du
fleurs insignifiantes, mais dont l'action Mexique et des Etats-Unis célèbrent encore
physiologique est tout h fait remarquable. ce culte, en particulier, les Huichols qui
Il s'agit du l'ont con-
« Peyotl » servé dans
(Echinocac - son intégrité
tus William- primitive.
sii), petit Ils parten t,
Cactus sans revêtus de
épines qui costumes
croît dans étranges, 1e
les hautes visage ba-
régions dé- riolé de
sertiques du peintures
plateau cen- symboli-
tral mexi- ques, pour
cain, ainsi la récolte de
que sur les la « plante
rives du Rio divine »,
Grande del l'enivrant
Norte (T e- « llicouri »,
xas). Il comme ils
pousse di- appellent le
rectement Peyotl. Ils
sur le sol, accomplis-
tantôt isolé. sent, chaque
tantôt par année, un
petits grou- long voyage
pes. Il n'atteint qu'une longueur de 15 de plusieurs centaines de kilomètres pour
à 20 centimètres et croît en individus renouveler leur approvisionnement.
simples ou ramifiés. A ce voyage succèdent des fêtes avec
Les Indiens sectionnent horizontalement danses et chants rituels. Pour eux, le Peyotl
la partie aérienne de la plante, au-dessus symbolise le dieu du feu et de la lumière.
du collet à l'aide d'une machette ou d'un C'est qu'il détermine une ivresse au. cours
couteau, pour la découper ensuite en ron- de laquelle défilent devant les yeux du
delles qu'ils laissent sécher à l'air. peyotlisé des images intensément lumi-
Les Indiens des Etats-Unis donnent à neuses et belles.
ces tranches desséchées le nom de « Mes- Etudier l'action du Peyotl devait tenter
cal buttons » (boutons de Mescal) : bou- la science moderne. En broyant les ron-
tons. parce qu'elles rèssemblent, en effet, delles et en les épuisant par l'alcool, puis
à des boutons ; mescal étant le nom d'une en filtrant le résidu .qu'ils traitèrent selon
eau de vie très forte tirée d'un Agave diverses méthodes, les chimistes parvin-
(Agave amerioona). Il y a là le rappel de rent à
en extraire une demi-douzaine
l'enivrement causé par cette eau de vie. d'alcaloïdes : mescaline, anhalamine,
D'après des documents mexicainsdignes anhalonidine, peyotline, anhalonine, lo-
defoi. les Indiens connaissaient le « peyotl » phophonine. dont les propriétés res-
pectives commencent à ètre connues. alors les yeux «t d-e préférence dans une
Le Peyotl peut se consommer de plu- chambre obscure, le sujet aperçoit des
sieurs manières : on mâche ou l'on avale figures lumineuses qui défilent comme sur
les boutons desséchés, en décoction ou un écran. Il a la sensation très nette d'une
bien sous forme de poudre dans des cap- extériorisation de ces images, mais ne les
sules. Le plus souvent on mâche les ron- confond que rarement avec des choses
delles e1 on les avale. réelles et tangibles. En d'autres termes,
ïl'hallucination
fait défaut le
plus souvent.
Le sujet peut
décrire ses vi-
sions dans les
moindres dé-
tails. Rend-un
la lumière et
onvre-t-il les
yeux, le peyot-
lisé peut aus-
sitôt retourner
à ses occupa-
tions ordinai-
res, prendre
part à une
conversation.
mème s-e pro-
mener dans. la.
rue. Les visions
reprennen t
quand il refer-
me les yeux.
L ingestion de la « plante divine » dé- D'autre part, les visions sont indépen- -
termine une sorte d'ivresse dont les carac- dantes de sa volonté ; il ne peut les faire
tères extrêmement remarquables ont été naitre, ni les dévier de leur cours. Toute-
étudiés par différents médecins américains fois, certaines images ne sont que des
et récemment par un pharmacien fran- réminiscences d'objets déjà vus et sont
çais, M. A. Rouhier, de l'Université de puisées, en tout ou en partie, dans le fond
Paris. Dans son livre « Monographie du de la mémoire du sujet. Souvent elles tra-
Peyotl (1) » l'auteur a réalisé une encyclo- duisent ses préoccupations actuelles ou
pédie de toutes les connaissances actuelles anciennes.
sur le Peyotl. Il y relate les expériences Au dire des expérimentateurs, les cou-
des Américains et expose celles qu'il a leurs des images, dans l'ivresse peyotlique;
faites sur lui-même et sur des personnes sont inouïes et inoubliables. Il est littéra-
de son entourage. lement impossible, disent-ils, d'en expri-
Le « peyotiisé » éprouve d'abord une mer l'intensité, la somptuosité, la magni-
impression de légèreté, un accroissement ficence. Nul des pauvres qualificatifs de
de ses facultésphysiques et intellectuelles. notre langue n'est capable d'en donner
Puis. une stimulation nerveuse fait place- une idée. « C'est féérique, c'est pétri de
à la langueur physique, avec tendance à lumière! C'est de la lumière vivante ! » Le
la rêverie. La pupille se dilate. Fermant relief des images est aussi très intense :
enfin. elles défilent d'un mouvement inin-
(1) Thèse de la Fac. de Pharmacie de Paris terrompu.
(1926), l vol., 371 pages. Le peyotlisé perd, en même temps, toute
notion du temps: les instants sont'des d'Oiseaux. — Les parcs nationaux sont
minutes, 'les minutes des heures et les établis par acte du Congrès, les monu-
heures des jours. ments nationaux créés par décret prési-
On a parfois observé de curieux phéno- dentiel : c'est de ces deux catégories
mènes d'interversion sensorielle. Les sons,principales que nous allons parler.
par exemple, se traduisent en gammes Le premier parc national établi aux
colorées, un battement de pendule pro": Etats-Unis fut celui de Hot Springs. créé
voque une explosion de couleurs. dans l'Arkansas en 1832. Il fallut attendre
Cependant, le peyotlisé « chronique » jusqu'à 1872 pour voir apparaître un
n'existe même pas chez les sectateurs nouveau parc, celui de Yellowstone, qui
indiens de cette drogue -extraordinaire est, à justre titre, le plus renommé..
qui ne paraît pas provoquer une accoutu- Depuis lors, l'élan était donné parcs
mance irrésistible comme l'opium, la et monuments nationaux 'se succédèrent
cocaïne ou l'héroïne. assez rapidement. Eii 1930, les Etats-
Par contre, M. Rouhier préconise .l'em- Unis possédaient 21 parcs, plus un à
ploi du peyotl en « thérapeutique », Hawaï, et 60 monuments nationaux, ces
comme un toni-sédatif de valeur et un derniers créés de 1906 à 1925.
actif stimulant du système nerveux. Il En général, les. monuments nationaux
suggère même que le peyotl ouvre aux sont de moindre étendue que les parcs et
psychologues un champ d'expériences du ont une destination plus spéciale, telle
plus haut intérêt pour l'étude du méca- que la protection d'objets de valeur
nisme de la mémoire, des rêves, des pe- historique, scientifique' ou préhistorique.
tites et des gra.ndes.hallucinations, etc. Mais les parcs peuvent au.ssi contenir des
Mais dira-t-on, l'arsenal des stupéfiantssites ou des mouvements préhistoriques :
ne va-t-il pas s'augmenter ainsi d'une arme tels sont le.Mesa Verdie National Park,
dangereuse dont les amateurs de voluptés dans le Colorado, qui renferme des abris
nouvelles vont devenir les victimes? sous roches préhistoriques, le General
M. Rouhier a répondu d'avance à une Grant National Park, créé pour le fameux
telle question, puisqu'avecla drogue mexi- Sequoia « général Grant », etc.
caine on n'a pas à redouter l'accoutu- Les parcs, de même que les réserves
mance. Du reste, notre législation phar- forestières, sont situés en majeure partie,
maceutique est suffisamment armée pour dans les Montagnes Rocheuses et les ter-
que la morale publique n'ait rien à ritoires avoisinant le Pacifique. Un cer-
redouter. tain nombre d'entre eux renferment des
L. KUEXTZ. volcans éteints, comme le Mont Ramier,
le Mont Bakar, le Mont Shasta, le Mont
NOTES SUR LA PROTECTION lIood, le Mont Mazama, dont le cratère
DE LA NATURE effondré a été rempli par le Crater Lake.
L — La protection de la nature
Parmi les parcs nationaux, l'un des
Etats-Unis. plus fameux, après le Yellowstone Na-
aux tional Park, est le Yosemite National
11 a été parlé à diverses reprises, dans Park ; il renferme entre autres curiosités
cette Revue, des parcs et monuments des rochers célèbres, les Cathedral Rocks
nationaux des Etats-Unis : il nous a (760 mètres), El Capitan (1.090 mètres).
semblé qu'un rapide coup d'œil d'en- Sentinel Dame (1.260 mètres), Half Dome
semble, sur ces diverses institutions, ('1.4.82 mètres). Clonds Rast (1.817 mètres).
n'était pas dénué d'intérêt. Le Yosemite contient encore trois
La protection de la nature se manifeste, groupes de Séquoias, parmi lesquels le
dans ce grand pays, sous cinq formes Grizzly Giaut. qui s'élève à 65 mètres de
différentes : parcs nationaux, monuments haut, et le Wawonatree, dont la base a été
nationaux, parcs d'Etat, réserves nationa- perforée pour laisser passer une route.
les forestières, refuges et sanctuaires Le Sequoia, d'ailleurs a deux parcs qui
lui sont spécialement consacrés : ce sont déjà apposées sur El Morro. Le sens de
le Sequoia National Park et le General ces dernières n'a pu être saisi, quelques
Grant National Park situés tous deux dans signes cependant apparaissent indiscuta-
la Californie centrale, sur les pentes occi- blement être simplement des points de
dentales de la Sierra-Nevada. Les Sequoias repère.
qu'ils renferment appartiennent à l'espèce On pourrait encore citer le Devils Tower
gigantea, le sempervirens se trouvant seu- National Monument, du Wyoming, roche
lement dans la zone côtière : ce dernier basaltique isolée, dont le sommet atteint
est plus grêle est d'aspect moins majes- 363 mètres, le Petriiied Forest National
tueux, si bien que le poète Bret Harte l'a Monument, de l'Arizona,leDinosaurNatio-
appelé le « parent pauvre » du gigantea ; nal Monument de l'Utah, avec sa réserve
en compensation il atteint parfois une prodigieuse d'ossements fossiles, et tous
taille plus élevée. Le Séquoia National Park les autres, car ils ont été judicieusement
s'enorgueillit de posséder l'arbre qui est choisis, et chacun d'eux a sa destination
peut-être le plus vieux du monde : c'est particulière.
le général Sherman, qui-a on diamètre de Mais. dans leur ensemble, parcs el
plus de 11 mètres à la base, de 3 mètres 60 monuments nationaux, parcs d'Etat,réser-
à 30 mètres de hauteur. On estime qu'il a ves forestières et refuges d'Oiseaux, con-
environ 4.000 ans d'existenee, plus encore courent au même but qui est la protection
peut-être. de la nature et la conservation de ses
Parmi les monuments nationaux l'un richesses. C'est l'énorme effort accompli à
des plus intéressants est le El Morro Natio- cette intention par les Etats-Unis d'Améri-
nal Monument, créé en 1906, dans le Nou- que qu'il nous a paru intéressant d'exposer
veau-Mexique, pour la conservation d'un lt grands traits.
énorme bloc rocheux, portant le même
nom. Ce bloc, qui s'élève à environ II. — Les parcs nationaux en Pologne.
100 mètres au-dessus du sol, dans une
vallée couverte de laves, a été érodé par La Pologne n'a pas été la dernière it
les agents atmosphériques de telle sorte entrer dans le mouvement en faveur de la
qu'il prend l'aspect d'un grand château protection de la nature. Dès 1920, la créa-
moyen-âgeux ; mais le plus puissant intérêt tion de réserves, forestières ou autres,
qu'il offre réside dans les inscriptions celle de parcs nationaux; était envisagée:
gravées sur ses parois. en 1929, la République polonaise possé-
Celles-ci remontent aux premiers Euro- dait déjà 6 parcs et plus de cent réserves
péens qui ont visité lacontrée, en particulier de différente nature.
les plus anciens gouverneurs espagnols du L'un des plus beaux -de ces parcs esL
Nouveau-Mexique. Le premier en date est celui des Tatras: il tire son nom d'un
don Juan de Onate, fondateur de la ville groupe de montagnes appartenant ;i la
de Santa Fé, dont l'inscription date de chaine des Carpathes qui se trouvent à la
1606. Vient ensuite, avec la date de 1620, frontière sud de la Pologne, et se font
Manuel deSilva Mioto, successeur du pre- remarquer tout d'abord par leur altitude
mier. Ce fut celui-ci qui lit venir les pre- plus élevée que celle des montagnes envi-
miers missionnaires : une inscription du ronnantes.
El Morro signale le passage d'une expédi- Le Parc des Tatras est abondamment
tion envoyée contre les Indiens Zuni pour pourvu en richesses naturelles. Une partie
venger le meurtre d'un de ces mission- contient de magnifiques rochers de granit,
naires, le P. Letrado. en 1632. une autre des roches calcaires, creusées
La dernière de ces inscriptions remonte de nombreuses grottes ; on y rencontre
à 1774. Mais celle de Juan de Onate n'est des rivières et des lacs où abondent le
pas la plus ancienne : elle a été tracée, Saumon et la Truite, des forêts épaisses
comme celles qui l'ont suivie, par dessus qui montent jusqu'à 1550 mêtres d'alti-
celles que les indigènes Indiens avaient e
tude et font place ensuil aux Pins nains
des montagnes, des glaciers avec leurs ce qui portait en 1932, le nombre des
moraines, et, d'un bout à l'autre, toutes Bisons du parc à cinq (1).
les splendeurs de la-flore alpine. Le monde A Czarnohova, nous retrouvons des
animal y esl représenté par le Chamois, montagnes comme dans les Tatras et les
la Marmotte, l'Ours, le Lynx, le Cerf, sans Piennines, mais avec un aspect différent.
oublier les Aigles, qui de leur vol majes- Celles-ci sont couvertes de forèts sombres,
tueux. planent au dessus de l'admirable dont l'épais manteau est, çà et là, inter-
paysage. rompu par des arêtes ou traversé par des
Le parc situé dauss les Montagnes Pienni- sommets raboteux ; au-dessus, on arrive
nes, le long de la rivière Dunajec, mérite aux paturages des montagnes. Le gibier
aussi de retenir l'attention. Les forêts pri- y est plus abondant que partout ailleurs
mitives qu'il renferme ont conservé leur et comprend l'Ours, le Loup et le Lynx,
l'aune el leur flore, très riches toutes qui n'y sont pas rares. On y rencontre aussi
deux, et la formation géologique des mon- beaucoup de belles espèces botaniques,
tagnes elles-mème présente un grand dont l'une, le Rhododendron Kostchyi, est
intérêt <cienlifique : l'incomparablebeau- caractéristique.
lé du paysage y ajoute un attrait de plus La Pologne possède encore le parc
pour le touriste. national de Babia Gora, dans les Beskides
Le parc national de Bialowieza mérite occidentales, celui des montagnes de la
une mention spéciale : il renferme en effet Sainte Croix, avec sa splendide forêts de
la plus grande forêt de l'Europe Centrale Pins, les grandes réserves du Lac Swibez,
déjà protégée avant son érection en parc celle de No wy Sacz, créées dans ses domai-
national. Elle était réservée aux chasses nes par le comte Stadnicki, celle qui avoi-
des rois de Púlogne et peuplée de gros sine le Lac Mukrz, d'autre encore.
gibier, parmi lequel figurait le Bison Il convient d'ajouter que la liste n'en
d'Europe ou Auroch. La guerre mondiale est pas close : de nouveaux parcs ou réser-
de 1944 causa beaucoup de dégât dans la ves sont projetés ou en voie de réalisation.
sylve; elle fut l'occasion en outre d'une L'effort polonais pour la protection de la
perte irréparable, la disparition totale du nature entend ne pas s'arrêter en si bon
Bison. Néanmoins, la forêt de Bialowieza chemin.
conserve encore une partie centrale qui G PORTEVIN,
n'a pas été abîmée, et reste l'un des plus
grands monuments naturels de l'Europe.
En outre une famille de quatre Bisons U) Voir : D' Waléry Goetel. — Les parcs
nationaux en Pologne. IIe Congrès interna-
transplantée à Bialowieza s'est effectuée tional pour la protection de la nature, Paris,
avec plein-surcès. En 1930 naquit un jeune, 1932, p. 505.
NOUVELLES
ET INFORMATIONS
Physiologie végétale
més POJ 2878, M. J. Costantin croit qu'un MME HUREL-PY. Recherches sur les con-
résultat analogue peut être obtenu avec les —
ditions du pH nécessaires pour obtenir la
Blés. germination des grains de pollen et la colo-
Il donne, à ce sujet, comme exemple, ration vitale de leurs vacuoles.
des essais faits dans l'Afrique anglaise,
au Kenya, et qui sont de nature à donner Physique végétale
aux travaux futurs, une orientation nou- A. et R. SARTORY, J. MEYER et ERNST.
velle. —
Géologie Influence inhibitrice du radium sur la crois-
sance des radicelles de Lens esculentà
Léon BEHTHAND.
—
Sur les relations de Moench ; modifications de la dose empê-
la zone primaire axicde des Pyrénées et de chante minima sous l'influence d'ions anta-
La zone nord-pyrénéenne. gonistes.
M. BLUMENTHAL.
—
Sur l'existence de Chimie végétale
poussées antibétiques en Andalousie.
L. MAUME et J. DULAC. — Différences UA-
L'auteur cite un grand nombre de cas riétales dans l'absorption de l'azote, de l'a-
où l'existence de ces poussées est indiscu- cide phosphorique
table? Mais il ajoute que « quant aux rai- Blés et de la potasse par des
de l'instabilité de la direction de la ayant atteint une même époque physio-
sons logique dans le même milieu.
poussée tangentielle dans l'avant-pays des
nappes bétiques, et de son sens souvent Pathologie animale
inversé, ce sont des cas particuliers pour
chacun desquels une analyse est néces- A. PAILLOT. — Un nouveau type de mala-
saire ». die à ultravirus chez les Insectes.
Robert LAFFiTTE. -- Sur la présence de Il s'agit d'une maladie observée pour la
l'Albien dans l'Aurès (Algérie). première fois chez les chenilles d'Agroiis
Elle doit être rapprochée de la
L'Albien présente une lacune stratigra- seyetum.
pseudo-grasserie des Piérides; par la di-
pliique dans les régions occidentales des mension des éléments virulents et par
Monts du tlodna et le Massif du Bellezma leur affinité très marquée
Batna) ; mais contrairement à ce que l'on adipeuses. Quant pour les cellules
croyait, cette lacune ne s'étend pas à l'Au- doit ètre rangé parmiau parasite lui-même, il
les ultravirus.
rès. Une coupe schématique, établie à
l'ouest d'Arris, prouve que, dans cette
région, le Cénomanien est toujours séparé Parasitologie
de llAptien par d'importantes couches E. BRUMPT. — Fréquence saisonnière et
albiennes. diapause larvaire de la Mouche Lucilia bu-
Mycologie l'onivora.
René VANDENDRIES. — Les barrages Comme suite aux notes précédentes,
sexuels chez Lenzites betulina (L.) Fr. M. le professeur Brumpt étudie ici la fré-
Cette note fait suite à une communica- quence saisonnière de Lucilia bufonivora.
lion de l'auteur et de M. Harold J. Brodie Les Mouches peuvent pondre 8 jours
Comptes rendus, 1933. p. 721) relative aux après leur éclosion et le cycle complet
barrages sexuels de l'espèce en question. d'œuf à œuf est d'environ 24 à 30 jours.
Cette ponte débute vraisemblablement
M. Vandendries conclut que : vers la fin de mai et la dernière généra-
1° Les agents qui provoquent les bar- tion prend place à la fin d'août.
rages sexuels chez Lenzites betulina pa- Les larves nées à cette dernière époque
raissentêtre des émanations gazeuses. ne se développent pas normalement et
elles restent au stade prénymphal en au- lence et de faire concevoir la possibilité
tomne et en hiver. Cette diapause. comme de réaliser de véritables vaccinations des
la fréquence saisonnière sont parfaite- végétaux.
ment adaptées aux périodes d'activité des Protistologie
•
Batraciens dont l'espèce a besoin pour son
évolution. Edouard CHATTON. — L'origine péri-
dinienne des Radiolaires et l'interprétation
SÉANCE DU 15 JANVIER
parasitaire de l'anisosporogénèse.
Géologie Géologie
Marcel CASTERAS. — Sur la tectonique
LAMARE.
— Le Permien des environs de du versant Nord des Pyrénées.
Bidarray (Basses-Pyrénées).
L; DUBERTRET. — Les gisements d'hydro-
Le Permien n'a pas été signalé sur les carbures minéraux de la Syrie et du Liban..
feuilles de Bayonne et de Saint-Jean-Pied-
de-Port. Observé d'abord par P. Viennot On a pensé que la zone pétrolifère ira-
à la Rhune, il a été découvert en bien kienne pouvait se prolonger en Syrie et
plus grande quantité par l'auteur, dans au Liban et des études ont été entreprises
les Pyrénées navarraises. à ce sujet.
C'est au sud-orret de—Bidarray, dans la Il en résulte que les hydrocarbures de
vallée d'un affluent de la Nive, que le la Syrie et du Liban, peu nombreux d'ail-
Permien offre son plus grand développe- leurs, semblent avoir pour origine les for-
ment. mations sénoniennes. La région côtière
Paléontologie méditerranéenne ne renferme qu'un seul
suintement actifde pétrole, à T chengn ène ;
N. THÉOBALB. — Les Insectes fossiles de la région désertique orientale peut en pré-
Célas (Gard). senter, particulièrement au Karatchok
Les fossiles en question ont été décou- Dagh et près du Djebel Sindjar.
verts en 1883; ils comprenaientdes plantes Paléontologie
décrites par L. Laurent, et des Insectes,
qui n'ont jamais été étudiés. J. GUBLER. — La valeur stratigraphique
Parmi ceux-ci sur 167 échantillons, des Fusulinidés du Permien.
M. N. Théobald a reconnu 7 Odonates,
7 Orthoptères, 13 Coléoptères, 12 Hymé- L'auteur examine principalement les
noptères, 1 Lépidoptère, 59 Diptères et Fusulinidés du Permien et les deux pro-
3 Hémiptères. blèmes stratigraphiques suivants, dans
D'après cette répartition, la faune de quelle mesure ces Fusulinidés peuvent-ils,
Célas se rapproche le plus de celle d'Aix, à eux seuls, caractériser des horizons dis-
mais jusqu'à présent, aucune des espèces tincts, et quelle est leur répartition dans
de Célas n'a pu être identifiée avec celles le Permien.
déjà connues. Botanique
SÉANCE DU 22 JANVIER Paul GUÉRIN.
- L'acide cyanhydrique
Gynerium.
chez les Graminées : Melica et
Pathologie végétale La présence de l'acide cyanhydrique
J. COSTANTIN. — Notion nouvelle de chez les Graminées des genres J/elica et
l'Enroulement doux de la Pomme de terre. Gynerium a été signalée, en 1906. par P.
Fitschy. M. Paul Guérin a repris l'étude
L'altitude, comme l'a démontré l'auteur de là question et apporte à ce sujet
dans plusieurs communications précé- quelques données nouvelles.
dentes, diminue la dégénérescence pro- L'espèce de la région parisienne la plus
duite par la Mosaïque de la Pomme de riche en acide cyanhydrique est Melica
terre ; elle agit également, dans le même ciliata L. : cette substance se rencontre
sens favorable, sur l'Enroulement. Mais surtout dans les feuilles, où sa teneur est
dans un cas comme dans l'autre, elle très variable, mais aussi dans les épillets,
n'amène pas la guérison complète, elle et même dans les fruits, dès qu'ils com-
permet toutefois de faire varier la viru- mencent à germer.
Chez le Gynerium argenteum Nees, pourrait mème que les deux espèces
l'acide disparait en grande partie des fussent identiques, ce qui ne pourra ètre
feuilles, à l'automne, mais il apparait alors reconnu qu'après de nouvelles observa-
en bien plus grande quantité dans les pa- tions et des expériences qu'il n'a pas en-
nicules. core été possible d'effectuer.
Physiologie végétale
H. COLIN et Mlle J. PAYEN. Le sucre de Zoologie
—
Rivularia bullata. Marcel BAUDOUIN. — L'âge où les Oiseaux
En étudiant la composition glucidique peuvent émigrer.
de Rivularia bullata, du groupe des Algues Les observations de l'auteur ont porté
bleues; les auteurs y ont reconnu la pré- le Grand Cormoran, l'Etourneau, et le
sence du tréhalose, déjà connu de beau- sur Goéland cendré.
coup de Champignons et de quelques Flo- Il en résulte que les Oiseaux peuvent
ridées. émigrer 6 mois après leur naissance. On
Pathologie végétale constate également qu'ils ne se dirigent
A. MAUBLANC et ROGER. La phthiriose jamais vers l'Est, maisinclinent 't l'Ouest
du Caféier. — et au Sud-Ouest pour g.igner les côtes de
l'Océan et se diriger vers le Maroc par le
C'est une maladie des racines, qui a littoral du Portugal et le détroit de Gi-
causé des dégâts sérieux au Cameroun. braltar.
Elle est caractérisée par la présence, au- Protistologie
tour des racines, de manchons mycéliens
non adhérents aux tissus radiculaires, et Raymond HoyASSE. — Ebriacées, Dino-
sons-lesquels vivent des Cochenilles du flagellés et Radiolaires.
genre Pseudococeus.
Les conidies que l'on y rencontre res- Mlle Berthe BIECHELER. Sur un Dino-
à —
semblent étroitement à celles du Borne- flagellé capsulepérinucléairePlectodinium
tina Coriu1n Mang. et Viala, agent de la n. g. nucleovolvatum n. sp., et sur les relit-
phthiriose de la Vigne en Palestine. Il se tions des Péridiniens avec les Radiolaires.
PARMI LES LIVRES
L. BERLAND. — Les Arachnides (Scor- sur les fleurs, les feuilles, les arbres, les mousses
:
pions, Araignées, etc.). Biologie, sys- toutes Araignées sédentaires qui ne doivent
tématique, 1 vol., 485 pages, 636 figures. point faire oublier les Araignées vagabondes —
ni les aquatiques, celles des eaux douces, dont
Encyclopédie entomologique (XVI), P. l'Argyronète est le type bien connu, mais aussi
LECHEVALIER,édit.,Paris, 1932 ; prix : 150fr. celles des eaux marines, les Dssis des récifs
madréporiques et les D.'sidiopsis des trottoirs
d'algues calcaires méditerranéennes. L. Berland
M. L. Berland, qui a bien voulu donner aux a. en outre, groupé en deux parties les réactions
lecteurs de la Terre et la Vie un intéressant et les adaptations des Araignées à des milieux si
article général sur les Arachnides (1933, N°10). différents, c'est-à-dire qu'il analyse les exemples
positifs d'adaptation et les exemples négatifs et
a publié récemment un volume très complet il en tire une critique de l'adaptation chez ces
sur ce groupe. Il est divisé en 16 chapitres et animaux.
débute par des généralités sur les Arachnides où
le lecteur acquiert des données, indispensables L'auteur examine ensuite l'homochromie et le
à la compréhension des développements à venir. mimétisme des Araignées, passant en revue la
Les six chapitres suivants, consacrés aux Scor- ressemblance à des objets inanimés, à des Insectes,
pions (II), aux Solifuges (III), aux Pseudoscor- à des Fourmis.
pions (IV), aux Ricinulei (V), aux Palpigrades Un paragraphe bien intéressant du même cha-
(VI), aux Pédipalpes (VU), sont traités de pitre est celui qui traite de la vie sociale chez les
manière à faire connaître l'essentiel sur la Araignées. Les œufs sont réunis en nombre dans
morphologie, la biologie, la systématique et la un même cocon où ils éclosent et passent les
répartition géographique de ces curieux ani- premiers stades de leur vie post-embryonnaire.
maux. Les Araignées sont étudiées en cinq cha- Cette association, qui p.'rmet de dire que toutes
pitres qui constituent l'essentiel du volume les Araignées vivent en société a une période
(p. 79-405). D'abord la forme et l'aspect. La déterminée de leur existence, ne dure pas et on
description est faite d'après une Araignée de assiste à l'exode des jeunes ; pas toujours, car il
forme simple et normale ; et si le type fonda- est des cas où l'on constate un travail en commun,
mental est d'une remarquable uniformité, l'au- une pérennité de la toile, etc., caractère de vraie
teur nous fait connaître une infinité de variations sociabilité.
morphologiques, souvent fort extraordinaires. L. Berland étudie ensuite les fonctions des
« Les Araignées et le milieu » (IX) constitue organes des sens, ce qui nous conduit au dixième
un gros chapitre (p. 108-192) très attachant. Ces chapitre, lui-même très important La vie des
:
animaux, qui peuplent toute la surface de la Araignées (p. 193-303). Après le régime alimen-
terre, qu'on rencontre jusqu'au voisinage des taire, la nature, puis la capture des proies, l'au-
pôles et jusqu'à la limite des neiges éternelles, teur nous donne une précieuse documentation
ont des modes de vie très divers dans les sur la soie et les toiles, sur les ennemis des Ara:-
milieux les plus variés. Nous passons ainsi gnées, leur venin. Ace propos L. Berlandconclut
des Araignées qui s'abritent dans une anfrac- qu'il est rare que le venin de ces animaux, même
tuosité naturelle ou un terrier creusé par un parmi les plus venimeux, entraîne la mort de
autre animal, aux Araignées qui aménagent et l'homme et il est probable que d'autres circons-
agrandissent cette excavation et se constituent tances particulières doivent alors intervenir. La
ainsi un terrier à elles, puis à celles qui munis- partie du chapitre concernant la reproduction
sent ce terrier d'un opercule ou clapet mobile constitue un excellent exposé de cette question
que l'animal ouvre et ferme à volonté. qui présente un très grand intérêt du point de
Plus loin nous fa'sons connaissance avec les vue systématique, puisque l'organe du mâle, le
Araignées cavernicoles, avec celles qui vivent pénis — qui offre la très curieuse et exception-
nelle particularité d'être entièrement séparé de Le chapitre IV, chapitre de synthèse, est plus
l'organe génital c'est le tarse modifié, de la important (p. 88-171). Le D' Rochon-Duvigneaud,
patte-mâchoire)— présente des caractères d une en se basant sur ses travaux et ceux de ses
grande valeur taxonomique ; — l'intérêt n'est élèves, y donne une sorte d'esquisse, de
pas moins au point de vue biologique, en gé- « charpente » de l'ophtalmologie comparée des
néral. Vertébrés. Il examine successivement l'em-
Le chapitre XI est consacré à la systémati- bryologie, la morphologie, l'histologie générale
que des Araignées. Il existe au moins 50.000 es- et comparée ; la corrélation des diverses par-
pèces d'Araignées, réparties en 46 familles. ties de l'œil ; la physiologie générale de !a
On ne saurait donc trouver une description vision ; les types anatomiques ; les modifica-
détaillée de toutes ces familles : mais un schéma tions de l'œil dans un même type et leurs
de la classification des Araignées, telle qu'on rapports avec le mode d'existence de l'animal
peut le concevoir d'après les travaux les plus et le milieu où il vit ; la valeur fonctionnelle,
récents. De chaque famille, il est donné que l'utilisation et le rôle de l'œ chez les Vertébrés.
1
SOMMAIRE
A. LÉON... Les Auchénidés (suite et fin) 195
G. BRESSE.
Dr ARNAULT
... La Bouvière. — Sa ponte en aquarium
Les Criquets à Laghouat en 1933
209
219
J. GATTEFOSSÉ La flore marocaine et l'horticulture 224-
..................
NOUVELLES ET INFORMATIONS 2b0
REVUE MENSUELLE
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SOCIÉTÉ NATIONALE SOCIÉTÉ DÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES.
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du Muséum. le prince Paul MURAT. Roger de VILMORIN.
Conseil juridique : M" MONIRA, avocat près la Cour d'appel de Paris.
A. LÉON '
entre Les mâles et les femelles qui Chevaux parvinrent à les rejoindre.
semblent avoir un respect prononcé Quand il put capturer le petit, il cons-
pour la force, s'inclinent, volontiers tata que le cordon ombilical était
devant le vainqueur et lui montrent encore ouvert et renfermait quelques
une fidélité et un attachement rares. gouttes de- sang, ce qui prouvait que
Ce sens de la lutte est si développé ce jeune venait de naître quelqups
que lorsque le mâle d'une troupe heures auparavant.
voit un autre mâle approcher, il le Le sevrage se produit vers le troi-
poursuit, lui livre combat à outrance, sième mois et à cette époque l'animal
ce qui se termine toujours par la se nourrit exclusivement d'herbes.
mort ou la fuite d'un des combattants. La puberté apparaît vers le dixième
Le PaL coïncide toujours avec le mois et à 14 ou 18 mois les animaux
début delà saison humide et s'accom- sont déjà prêts à la reproduction. La
pagne de grandes luttes entre les vie moyenne est de 10 à J2 ans.
mâles. La gestation est de 11 mois et Les jeunes mâles restent avec leurs
la femelle met bas vers. février, un mères jusqu'à l'âge adulte, mais aux
seul petit, à un tel stade de dévelop- premiers signes d'activité sexuelle les
pement que quelques heures après sa femelles du troupeau leur livrent
bataille et les chassent de la compa- recherche des pâturages et qu'on
gnie. Ils vont alors errer dans les peut les trouver dans les vallées
champs pour se réunir par 20 ou 30 et dans les plaines. Les chasseurs
et former des hardes de mâles, trou- savent en effet que si la course de la
peaux sans chef, qui parcourent la Vigogne est rapide, elle ne l'est pas
Cordillère à La recherche de femelles. assez pour qu'un bon Cheval ou un
Ils sont tous méfiants et vigilants sur- Lévrier ne finissent par la devancer
tout à l'époque du rut. sur un terrain plat, tandis que le long
Quelquefois ils trouvent des fe- des côtes, sur les endroits escarpés,
melles mécontentes ou délaissées qui elle grimpe d une manière si rapide
émigrent de leurs troupes à la re- qu'il est très difficile de la capturer.
cherche d'un maître, mais le plus Les chasseurs tâchent donc de
souvent ils s'attaquent à un chef de surprendre le troupeau dans les
«
sérail », tuent celui-ci ou le mettent plaines, et surtout au retour des
en fuite, et se partagent ses com- abreuvages (aguadas), lorsque l'ani-
pagnes. Les hardes masculines se mal a bien bu, car sa marche est
reconstituent bientôt avec des mâles alors plus lente. On affirme en effet,
dépossédés. que les Vigognes boivent tous les 6
à 7 jours. Pour faire une bonne
Chasses. — On a chassé la chasse, il est nécessaire de barrer
Vigogne de tous temps, mais sous l'accès des montagnes où la Vigogne
l'empire des Incas, c'étaient des se défend beaucoup mieux. Pour cela
chasses rationnelles et bien régle- les chasseurs protitent d'une parti-
mentées dans lesquelles on ne tuait cularité très curieuse de l'animal : il
que l'excédent des mâles trouvés dans est en effet tellement peureux qu'il
les battues ou les femelles propres à se montre incapable de franchir une
la réforme, tandis que, depuis l'arri- petite barrière formée par quelques
vée des conquérants, ces chasses se rangs de ficelle ornés de banderoles
transformèrent en véritables car- de couleur voyante ; l'agitation de
nages qui finirent par menacer la ces banderolles par le vent l'effraie à
race de disparition. C'est que ce tel point qu'il s'arrête comme devant
malheureux animal n'était pas re- un mur infranchissable. Les chas-
cherché seulement pour sa laine sans seurs dans les battues évitent le Gua-
pareille, mais encore à cause des naco, car cet animal se mêle sou-
bézoards (œgagrophiles) qu'on trou- vent aux troupeaux de Vigognes,
vait dans leur intestin et auxquels on mais ne s'arrête p,as devant ces bar-
attribuait autrefois des pouvoirs mé- rières, il les franchit, suivi alors de
dicinaux miraculeux. Au cours du toutes les Vigognes.
siècle dernier de très sérieuses me- Dans les chasses, on cherche tou-
sures de protection ont été édictées jours à viser le mâle, car si l'on tue
par les gouvernements républicains, une femelle toute la bande s'enfuit,
mais la surveillance dans les régions tandis que si c'est le mâle qui est
est malaisée et, malgré la réglemen- blessé, ou tué, toute la harde s'ar-
tation très sévère qui l'interdit, on rête et ses compagnes, dans un mou-
chasse parfois la Vigogne. vement de fidélité curieux, se serrent
La meilleure saison pour la chasse autour de lui. Les chasseurs ne
est la saison sèche, quand les ani- manquent pas d'en profiter.
maux descendent des hauteurs à la Une peau de Vigogne donne entre
400 et 600 gr. de laine
fine en moyenne. Pour sor-
tir celle-ci sans détériorer
le cuir, les chasseurs font
chauffer de grosses pierres
à 50 ou 55° de tempéra
ture, puis mouillent large-
ment la peau du côté
opposé à la laine. et placent
cette surface humide sur
la pierre chaude. Les
pores se dilatent alors et
5 à 6 minutes après on
enlève la laine avec la plus
grande facilité.
D omestication. —
Prises jeunes, les Vigognes
sont faciles à apprivoiser ;
elles deviennent confiantes
et suivent leur maître avec
le plus grand attachement
La meilleure preuve de
cette assertion se retrouve
dans un récit de Poncel :
il raconte comment il était
parvenu à se faire accom-
pagner dans un voyage
pénible par la dernière
Vigogne de son troupeau,
pendant 400 lieues. A force
de caresses et de soins, il
était arrivé à lui faire suivre
son cheval jour et nuit
jusqu'à ce qu'elle tombât
morte de fatigue,
Nous savons aussi que
du temps des Incas il y avait plu- bêtes allaient au pâturage et ren-
sieurs troupeaux de Vigognes appri- traient le soir au bercail, comme des
voisées qui étaient consacrées au Ovins. mais ce fut le résultat d'un
soleil ; mais les premières tentatives long travail qui demanda plus de
de domestication qui aient été dé- trente ans d'efforts et de patience.
crites furent celles des moines de la D'abord ils trouvèrent de grosses dif-
Compagnie de Jésus, au XVIIIe siècle. ficultés à l'époque du rut. et quoique
Les Jésuites, en eflet, réunirent leurs troupeaux fussent composés
dans leurs missions aux. abords du d'individus des deux sexes, un grand
lac Titicaca, plus de 600 Vigognes nombre de sujets fuyaient dans les
apprivoisées comme des Brebis. Ces montagnes. Ils prirent alors le parti
de les enfermer dans les bergeries escarcelles, etc..., qui ont dans le
pendant la saison des amours, jusqu'à commerce des prix très élevés. Avec
ce qu'ils aient obtenu une quatrième la peau et surtout celle des extrémi-
génération, née dans le servage. tés, on fait des tapisseries, des des-
Lorsque celle-ci eut atteint deux ans,centes de lit,, etc..r~articles très de-
on remarqua que les individus avaient mandés sur le marché et qui trouvent
j>erdu leur propension à fuir au mo- des acquéreurs à des prix fort inté;
ment du rut et que, d'autre part, les ressants.
mâles avaient renoncé à ces combats Mais la production de ces articles
sanglants qui, dans l'état sauvage, est très limitée, carles quantités de
causaient la mort d'un si grand laines produites par l'élevage sont
nombre d'entre eux. tout à fait réduites. Du reste ce com-
Ce bel effort fut malheureusement merce est très surveillé par les auto-
abandonné. En 1767, Charles III si- rités locales pour éviter la chasse de
gnait en etïet une ordonnance expul- ce précieux animal. La rareté du
sant les Jésuites des territoires d'Es-produit, qui n'arrive même pas à sa-
pagne. Leurs troupeaux restèrent tisfaire la demande locale, ne permet
probablement sans maîtres et on pas l'exportation et les douanes n'en-
ignore ce qu'ils devinrent ensuite. registrent tous les ans qne des expé-
Très renommés furent autrefois les ditions insignifiantes vers l'étranger.
troupeaux de l'abbé Cabrera, du curé
Dianderas et d'autres amateurs. Led-" IV. — L'ALPAGA
ger, lors de son séjour à Laguna
Blanca, se fit rapporter par des chas- L'Alpaga est un bel animal à allure
seurs 12 petites Vigognes qu'il fit élégante, un peu plus petit qu'un
élever par des Lamas nourrices et Lama ordinaire et à peine plus grand
qu'il avait appris à manger, comme qu'un fort Mouton, mais bien plus
leurs mères, dela luzerne et du son. dodu et bien plus carré, ayant le
Aujourd'hui, dans les fermes de la corps littéralement enseveli dans un
Sierra, entre Huancavelica et Puno. épais manteau de laine à mèches
on trouve fréquemment des Vigognes longues et fines. Les Alpagas sont des
apprivoisées qui paissent côte à côte animaux très sociables qui, comme
avec les Lamas et les Alpagas et qui les Lamas, paissent toujours en trou-
regagnent leur bercail tous les soirs peaux et peuvent alors être approchés
avec les autres animaux. par les personnes qu'ils connaissent,
Ceci prouve donc, malgré les avis mais ils se sauvent en bande devant
contraires de tant de personnes, que un sujet étranger ou un bruit suspect.
la Vigogne est un animal parfaite- Les Alpagas ont une taille qui, au
ment domesticable, mais que cette garrot ne dépasse pas en général de
entreprise demande du temps, de la 90 cm. à 1 mètre, en moyenne. Ils
persévérance et du savoir-faire. sont aussi un peu moins lourds et
leur poids moyen est d'environ
Commerce et exportation. — 70 kilos.
Avec la laine de Vigogne on fabrique La tête de l'Alpaga est un peu
dans le pays une foule de petits ou- plus petite que celle du Lama, mais
vrages et de vêtements de prix, cou- elle semble un peu plus massive à sa
vertures, « ponchos » ou petits man- base ; le museau est plus fin. Le
teaux, chapeaux, bonnets de nuit, front est plus bombé et couvert par
un toupet bien garni qui tombe a) L'Alpaga commun, le plus grand
parfois, surtout chez le mâle, sur en taille et le plus fréquent qui nous
les yeux. Les oreilles sont longues et a servi de modèle pour la description
fines, mais, à la différence de celles précédente ;
du Lama, elles sont couvertes en b) L'Alpaga suri, plus petit et plus
dehors et en
dedans par des
poils longs et
serrés.
L'encolure a
la même forme
que celle du
Lama, mais elle
est couverte par
un poil beau-
coup plus long,
qui s'arrête au
niveaudela tête,
de façon à for-
mer une sorte
de collerette qui
donne à la bête
une belle pres-
tance. Le corps
est aussi long
que celui du Lama, mais il est en rare, se distingue par ses formes
général un peu plus arqué et plus plus légères et plus fines.
surélevé en arrière. La tête de l'Alpaga suri est plus
Les membres sont un peu plus réduite, plus fine que celle de la va-
courts que ceux du Lama, mais beau- riété commune et le toupet plus touffu
coup plus fins. Ils présentent aussi et plus tombant que dans celle-ci.
des châtaignes ellipsoïdales sur les Son corps est plus ramassé et plus
membres postérieurs, mais elles sont mince, la ligne dorsale moins
sur leurs bords recouvertes de poils. convexe et les extrémités plus courtes
Les pieds sont petits et fins, fendus et plus grêles. Mais les caractéris-
sur leur face dorsale ; au contraire tiques principales de cette variété
des autres Auchénidés, ces fentes siègent dans la toison qui est beau-
chez l'Alpaga sont recouvertes par un coup plus lourde, à brin plus long
poil très serré. Les deux coussinets que dans la variété ordinaire, au
plantaires sont entièrement séparés point qu'elle arrive à traîner parterre.
par un sillon profond, inais il n'est
pas rare de trouver des Alpagas chez Aptitudes zootechniques. —
lesquels les deux talons se réunissent L'Alpaga, comme le Lama,est une bête
en arrière comme chez les Lamas. domestiquée depuis plusieurs siècles.
On distingue deux variétés d'Al- Du temps des Incas il existait d'in-
pagas bien caractérisées tant par leur nombrables troupeaux, non seule-
conformation extérieure que par la ment parfaitementdomestiqués. mais
qualité de leur toison. encore sévèrement sélectionnés et
c'est sans doute grâce aux méthodes meilleure viande d'Auchénidés. Le
intelligentes de sélection, appliquée rendement en viande moyen peut
à la production de laine, que cet ani- être supérieur à celui du Lama,
mal a acquis les caractéristiques re- mais ne dépasse pas &û 0/0' La forme
marquables de l'Alpaga d'aujour- de l'élevage actuel, et les ressources
d'hui. Depuis l'avènement de la cul- réduites des prairies de la puna ne
ture européenne en Amérique du Sud, permettent pas une amélioration à ce
l'élevage de l'Alpaga a passé par des point de vue, surtout qu'en 'général
périodes difficiles, mais depuis que le on sacrifie seulement des sujets très
produit a été lancé sur les marchés âgés ; mais une meilleure nourriture
étrangers, vers le milieu du siècle et une meilleure surveillance de
dernier, l'élevage a pris un grand l'engraissement permettraient, sans
essor et, à notre époque, c'est une des doute, une augmentation importante
industries agricoles les plus pros- du rendement.
pères, notamment dans les départe- La femelle d'Alpaga ne donne du
ments du Sud du Pérou. lait que pour son petit. Les cuirs ont
L'introduction du Mouton, arrivé presque les mêmes qualités et les
durant la domination espagnole, n'a mêmes usages que ceux du Lama.
pas fait de tort à l'Alpaga, comme
l'introduction du Cheval au Lama. La laine d'Alpaga. — La laine
Ces animaux, en effet, ne se concur- d'Alpaga des caractéristiques
présente
rencent point ; leur élevage s'associe textiles remarquables et se différen-
en réalité et on peut même dire qu'il cie nettement des laines de Mérinos.
se complète. Les laines de Mouton et La longueur ordinaire du brin est
d'Alpaga ont des indications et des de 20 à 25 cm., mais cette longueur,
utilisations différentes. La présence exceptionnelle par rapport aux
de laines aussi variées que celles du laines de Mouton, tient en partie à
Mérinos, de l'Alpaga, de la Vigogne, l'habitude de ne tondre les animaux
voir même du Lama, placent notre que tous les deux ans. Si on lalaisse
pays dans une situation privilégiée pousser, elle peut atteindre de 30 à
au point de vue du commerce de la 35 cm. en trois ans, et dans la va-
laine, et l'élevage simultané de ces riété Suri, jusqu'à 50 ou 60 cm.,
animaux peut être pour les éleveurs mais plus tard elle commence à
une source très sûre de prospérité. tomber.
Au contraire du Lama, l'Alpaga Malgré sa longueur la laine d'Al-
ne travaille pas ; il est essentiellement paga est remarquablement fine. -On
consacré à la production de la laine. peut considérer comme moyenne de
Cependant il est assez solide pour la la fibre courante, lavée et dégraissée,
somme ou le trait, et à ce titre peut un diamètre' de 30 mais les par-
être utilisé exceptionnellement pour ties de choix, l'épaule et le dos, en
le transport. particulier donnent une laine qui ne
A la fin de sa carrière économique, dépasse pas 20 |*. Cette finesse est
l'Alpaga peut être engraissé et sa beaucoup plus accusée dans la variété
chair livrée à la consommation. La Suri, dont la laine a un diamètre
viande est fine et assez tendre, mais moyen de 13 p. et qui se rapproche
quelques auteurs l'estiment infé- sensiblement de la fibre idéale en
rieure à celle du Lama et surtout, à matière de laines (12,5~.).
celle du Guanaco qui produirait la La laine d'Alpaga est en outre
forte, finement ondulée et très nies dont la densité varie notable-
flexible. Son brin est droit, bien ment avec la finesse et présente des
formé, non crépu et de qualité très différences très marquées dans les
uniforme dans la toison. Il est recou- deux variétés décrites. Ainsi dans la
vert d'un suint abondant et de bonne variété commune, il y a de 90 à
qualité, soluble dans l'eau dans ses 110 fibres par millimètre carré de
superficie. Dans la
variété Suri, il y a de
50 à 170 fibres par
millimètre carré de
superfiéie.
La laine la plus
longue est celle de
l'épaule, des côtes,
des cuisses ; la moins
longue celle du cou,
du dos et des flancs.
La plus tine est celle
de l'épaule, du dos et
des côtes ; la moins
fine, celle du devant
du garrot, du der-
rière à la hanche et
des membres. Les
fibres du toupet, du
dessus de la queue,
d'une- partie du poi-
trai! sont grossières
et les régions du des-
sous de la poitrine.
deux tiers. Mais cette laine se dis- du ventre, des faces internes des
tingue particulièrement par sa dou- membres et -le dessous de la queue,
ceur au toucher et son brillant, sont garnies d'un poil dru et jarreux,
hautes caractéristiques des tissus différent du duvet. Dans les mauvais
d'Alpaga qui sont, comme chacun exemplaires ce poil s'entremêle par-
sait, des étoffes remarquablement fois à la toison.
soyeuses et d'un brillant qui chatoie. La toison de l'Alpaga offre une
Les caractéristiques exception- autre caractéristique spéciale ; c'est
nelles de la laine d'Alpaga sont plus la diversité de ses couleurs. Les cou-
prononcées encore dans la variété leurs de la robe sont très variées
Suri, dont la laine est plus soyeuse et on peut dire qu'entre le blanc
et plus brillante, le brin plus homo- bleuâtre et le noir foncé toutes les
gène et plus ondulé que dans la va- nuances sont possibles. D'ailleurs ces
riété commune. couleurs ne sont pas toujours uni-
La toison de l'Alpaga est lourde formes dans la toison, mais varient
et pèse en moyenne 4 kilos, mais chez le même individu de sorte qu'on
peut varier entre 3 et 6 kilos. Elle peut constater une série de combi-
est formée par des mèches très four- naisons variables à l'infini. C'est un
beau spectacle que de voir un trou- souvent les Alpagas réunis dans ces
peau d'Alpagas en mouvement, la endroits, tremper leurs pieds dans
diversité des couleurs produit un l'eau et quelquefois même se coucher
effet très curieux et très joli. dans les ruisselets.
Les couleurs les plus fréquentes L'Alpaga est, en général, plus exi-
sont les plus foncées (châtain, mar- geant pour la nourriture que le Lama.
ron, café, noir) ; les blanches ne Il cherche toujours des herbes
sont pas rares non plus. Les robes fraîches, des plantes fines, surtout
tachetées le sont beaucoup plus. celles qui poussent près des cours
On. a remarqué chez l'Alpaga, d'eau. Mais, comme le Lama, les
comme dans certaines races de Mou- Alpagas sont très résistants à la faim
tons d'ailleurs, que les toisons fon- ou à la soif et lorsque la neige couvre
cées sont les plus lourdes et d'autant les champs, ils supportent bien le
plus qu'elles se rapprochent du noir. défaut de nourriture.
Comme le commerce ne fait pas de
différence de prix suivant la couleur, Reproduction. — Les Alpagas
les éleveurs recherchent surtout les femelles arrivent l'âge adulte
à vers
sujets noirs. deux ans ou deux ans et demi ; les
mâles sont moins précoces et n'at-
Exploitation actuelle. Régime. teignent l'âge de la reproduction que
— Les Alpagas sont soumis au même vers trois ans. Le rut commence avec
régime pastoral que les Lamas. Ils la saison chaude et les pluies et il est
habitent la même contrée, paissent aussi bruyant que chez les Lamas.
dans les mêmes prairies et souvent Dans les petits troupeaux, l'étalon
aussi côte à côte sans s'incommoder et les femelles sont toujours en liberté.
jamais. Le soir, au coucher du soleil, Ceci offre plusieurs inconvénients :
ils s'empressent de regagner leurs d'abord le mâle peut avoir ses préfé-
enclos où ils passent la nuit à l'abri rences et laisser des femelles sans
des vents et de leurs ennemis natu- fécondation ; celles-ci peuvent fuir
rels. Le matin venu, ils sont lâchés l'étalon ou lui résister et enfin les
par leur berger et vont paître dans saillies étant plus ou moins tardives,
les environs, parfois à d'assez longues les naissances peuvent se produire
distances, suivant l'état des pâtu- trop tard, lorsque la végétation est
rages, mais ils retrouvent sans diffi- avancée et les nouveaux nés trouvent
culté le chemin du retour à la fin peu de nourriture et de mauvaise
de la journée. qualité.
Les Alpagas ont une préférence Pour parer à ces inconvénients
marquée pour les lieux humides, les dans les « fincas » d'importance, on
marécages, les bords des ruisseaux. a recours à la monte artificielle. Pour
Dans. les plaines de la puna on la réaliser,- les bergers enferment dans
trouve souvent des nappes d'eau la cour ou dans un enclos deux ou
entretenues par les pluies et la fonte trois femelles prêtes à la reprodlH-
des neiges éternelles, qui s'écoulent tion, plient leurs membres et les
lentement pour aller former les ri- attachent solidement. Quand les fe-
vières. Ces zônes parfois très éten- melles sont ainsi préparées. ils laissent
dues s'appellent a bofedales » ou entrer l'étalon choisi qui s'adresse
« mojadales » et constituent les ter- successivement auxuneset aux autres.
rains de choix pour l'élevage. On voit Les femelles fécondéessont surveillées
pendant 8 à 10 jours et l'opération peaux de jeunes (extremas), mâles
peut se répéter sur celles qui ne et femelles de 8 à 18 mois.
donnent pas de signes de gestation. Cette classification de troupeaux,
La fécondation effectuée, on re- pratiquée dans quelques fermes d'im-
constitue le troupeau, formé en portance, est très logique et permet
général d'une quinzaine de femelles une meilleure distribution des pâtu-
laissées sous la surveillance d'un rages et des soins à donner aux ani-
mâle. La gestation est de I 1mois. maux.
La parturition est facile et les avor-
temenls rares, surtout si on a eu le Tonte — La tonte commence
soin d'appareiller convenablement avec la saison des pluies (novembre)
les reproducteurs. L'Alpaga donne et dure jusqu'au mois de mars. Les
un seul petit. L'époque de la nais- meilleurs mois pour cette opération
sance doit coïncider avec le début sont janvier et février, qui sont les
de la saison des pluies, car ainsi les plus chauds de l'année. Ln novembre,
jeunes trouvent au sevrage une c'est trop tôt. La tonte est réglée par
nourriture fraîche et abondante et la les naissances, car on ne peut tondre
mère peut être tondue à l'époque les femelles qu'après la mise-bas et
la plus chaude de l'année. si celle-ci se produit trop tard, la
femelle est exposée à souffrir des
Organisation des troupeaux. rigueurs de l'hiver. Pour cela, les
— Les nouveau-nés sont conservés éleveurs intelligents s'efforcent d'a-
à côté de leurs mères
pendant un an. Ils
servent ensuite il
former des troupeaux
dilrérenls. Dans un
elevage d'importance
on trouve ainsi le
cheptel divisé en un
ou plusieurs groupes
dillerenls: troupeaux
de femelles (hem-
bras) avec leur étalon
respectif (anaeho)
sujet de moins de
7 ans, et les petits nés
dans l'année ; trou-
peaux de maies (ca-
pones), de moins de
7 ans; troupeaux de
mâles et femelles
hors d'âge vie jos
(
destinés il l'engrais-
sement (plus de 7
ans); troupeaux de pubères (ancutas ), voir des naissances concomitantes
milles et femelles, prêts à la repro- au début de la saison propice, obte-
duction (au-dessus de 2 ans ; trou- nant ainsi une génération qui peut
être bien nourrie et des femelles Commerce et exportation. —
capables d'être tondues au meilleur Leslaines d'Alpaga l'objet d'un
sont
moment de l'année. commerce très important au Pérou,
La 'tonte de l'Alpaga est assez surtout dans les départements méri-
facile, en général, et les tondeurs dionaux. La production actuelle peut
opèrent sur l'animal debout, immo- êtr.e évaluée entre 3 millions et
bilisé par une corde qu'on lui attache 3 millions 1/2 de kilos dont les deux
autour du cou. Quelquefois cepen- tiers sont destinés à l'exportation.
dant, il est nécessaire d'entraver Les centres les plus importants de
l'animal et de le coucher sur le cô-té, l'élevage sont les départements de
opération assez laborieuse qui de- Puno, Cuzco et Arequipa et les terri-
mande l'intervention d'au moins toires voisins, qui à eux seuls pro-
trois personnes. On coupe la toison duisent les 80 °/ù de l'exportation
avec des couteaux ou avec d'autres totale. Néanmoins la région où l'on
instruments plus primitifs encore fait l'élevage de l'Alpaga est le pla-
(morceaux de verre, cailloux aigui- teau du lac Titicaca (département de
-sés). Cette tonte, quoique faite avec Puno). Les centres principaux du
une habileté remarquable, laisse commerce de laines pour l'exportation
beaucoup à désirer, car on laisse sont les villes de Puno et Arequipa.
toujours des mèches importantes sur L'exportation des laines d'Alpaga
la peau, et l'emploi des ciseaux, en est déjà très ancienne. Le premier
usage déjà dans quelques exploita- acheteur de ces laines fut l Angle-
tions, devrait être généralisé. Lors- terre et Liverpool le centre le plus
qu'on a une femelle en gestation, les important pour ce commerce. Les
éleveurs ont l'habitude de laisser le exportations en Angleterre commen-
ventre couvert de son poil, surtout cèrent en 1834 avec des quantités
du côté droit. infimes (5.700livres) mais, vers 1845.
L'Alpaga est exploité comme pro- lorsque les difficultés de manufacture
ducteur de laine entre sa première et furent résolues par les tisserands an-
sa septième année. On tond les ani- glais, les demandes augmentèrent.
maux, comme nous l'avons dit, tous En 1849 ainsi, l'Angleterre achetait
les deux ans. La toison de la pre- 1.300.000 livres d'alpaga, soit une
mière année est peu lourde et peu augmentation de 330 °/0 en quatre ans.
uniforme. La meilleure toison est celle Vers le milieu du siècle dernier on
de la troisième tonte (5 ans), quand calculait à près d'un million delivres,
l'animal a atteint tout son dévelop- le montant des importations d'alpaga
pement. La tonte suivante (7 ans) est dans les autres pays européens. Après
inférieure déjà. Ensuite l'animal l'Angleterre, c'est la France qui
vieillit, le dos perd sa laine. la toi- commence à filer l'alpaga et vers 1840
son est parsemée de zones dépilées quelques filatures du Nord et de la
et la bête est au bout de sa carrière Somme travaillaient ce produit.
économique. Le commerce d'exportation de
l .es éleveurs, bien entendu, orga- laines brutes a continué depuis lors,
nisent la production de façon à avoir toujours florissant, malgré quelques
une récolte de laine tous les ans, périodes de crise. Le record a. été
et s'arrangent pour tondre chaque battu en 1918. Cette année là
année la moitié environ de leur 3.424.176 kilos ont été expédiés sur
cheptel. les marchés étrangers. En 1928,l'ex-
portation était réduite à 2.700.000 ki- Nous nous bornerons donc mainte-
los, chiflre qui se maintient, à peu de nant à donner quelques indieations
chose près, jusqu'à aujourd'hui. Les sur ceux de nos métis qui offrent un
acheteurs actuels du produit sont certain intérêt zootechnique et qui à
l'Angleterre, les Etats-Unis, l'Alle- ce titre, sont recherchés parfois par
magne, le Japon et l'Espagne. les éleveurs péruviens.
V.
— LES MÉTIS A) Le Paco-Vigogne. — Le
plus intéressant de métis, c'est
ces le
On a discuté beaucoup autrefois produit du croisement de la Vigogne
la question de la féeondation croisée et de l'Alpaga, c'est-à-dire le Paco-
entre les Auchénidés,
et sur la foi de quelques
naturalistes qui .préten-
daient avoir étudié le
problème sur place ou
sur les conclusions de
quelques expériences de
ménageries, on. a sou-
tenu, en Europe, que
ces -animaux ne se fé-
condaient pas récipro-
quement ou que le
produit issu de leur
croisement était un
hybride stérile.
« Vous avez tort, —
écrivait Ledger- à ses
amis de la Société im-
périale d'Acclimatation
de Paris, en 1860,
—
de persister à croire
que le produit de ces
animaux est un Mulet
qui ne peut pas se re-
produire ». Il annonçait ensuite Vigogne. L'Alpaga donne, en effet,
avoir obtenu des produits de Lama une laine longue et fine, mais la laine
et d'Alpaga et d'Alpaga-Vigogne de la Vigogne est beaucoup plus fine
qu'il avait suivis pendant quatre encore, quoique un peu courte. Les
générations. éleveurs ont pensé alors que le pro-
Nous avons déjà insisté suffisam- duit de ces deux animaux serait por-
ment, dans un article précédent, sur teur d'une laine idéale, par sa finesse,
l'importance de ces produits du point sa longueur et ses qualités textiles.
de vue zoologique, et nous avons dit Le premier qui ait essayé ce croise-
aussi que ces prétendus hybrides se ment, clans le but d'améliorer les
comportent en réalité comme tous les laines, est un curé péruvien, l'abbé
métis provenant du croisement entre Juan Cabrera, de Macusani (Puno).
nos différentes races domestiques. Après de longues années de travail,
il avait réussi à réunir vers 1847 un une progéniture irrégulière dans la-
lot important de métis, excellents quelle les caractères d'un des ancêtres
producteurs d'une laine magnifique. prennent souvent le dessus, perdant
Après lui, d'au tres éleveurs ont ainsi les avantages de la réunion
essayé et essayent encore d'obtenir le des sangs.
même métis, mais si on peut l'obte-
nir facilement, il en est tout autre- B) Le Huarizo. — On appelle
ment quant aux résultats zootech- Huarizo, le métis issu du croisement
niques ; car dans les métissages inter- du Lama et de l'Alpaga. C'est le
viennent une série de fa-cteurs géné- deuxième métis recherché des éle-
tiques qui compliquent le problème veurs dans le but d'améliorer. par la
et qui empêchent la réussite totale reproduction, les laines de Lama.
de l'opération. Le métissage, comme Cette race, en eflet, produit une laine
méthode d'amélioration des Auché- assez longue, mais un peu grossière
nidés, n'a pas encore donné, pour et terne, que les éleveurs cherchent à
une raison ou pour une autre, aucun améliorer en lui communiquant les
résultat définitit. caractéristiques de l'Alpaga dont la
Pour obtenir le Paco-Vigogne, laine est très fine et soyeuse et d'un
l'abbé Cabrera faisait couvrir par brillant qui chatoie.
des Alpagas mâles, des femelles Le produit est obtenu aussi dans
Vigognes. Les éleveurs après lui, ont x
les deux sens, soit Alpaga (mâie) La-
ma(femelle)soitLama(mâle), x Alpa-
-eu recours le plus souvent à une
monte en se-ns inverse. Pour cela ils ga (lemelle), mais en général on pré-
se contentent d'attraper une petite fère le premier procédé, car il permet
Vigogne mâle et la donnent en nour- de conserveries femelles d'Alpaga dont
rice à une femelle d'Alpaga. Arrivée on dispose, pour la production d'Al-
à l'âge adulte, cette Vigogne est lais- paga pur sang, qui est beaucoup plus
sée comme étalon du troupeau. avantageuse. Les métis naissenLavec
Les Paco-Vigognes sont, en géné- des couleurs aussi variées que leurs
ral, un peu plus grands que les Vi- progéniteurs ; ils sont de taille
gognes et naissent souvent avec des moyenne par rapport à eux. Ils sont
couleurs aussi variées que celles des aussi dociles que leurs ancêtres et,
Alpagas. Ils donnent des toisons au contraire du Paco-Vigogne, ne
beaucoup plus lourdes que les Vi- cherchent pas à s'évader des pâtu-
gognes (2 kilos à 2 kilos et demi) rages où leur berger a l'habitude de
mais moins fournies que celles de les conduire paître.
l'Alpaga. Leur laine, du reste, est un Au point de vue de la production,
peu plus fine que celle de l'Alpaga, le Huarizo donne une toison beau-
mais pas aussi fine que celle de la Vi- coup plus lourde que le Lama et une
gogne. Le plus grand inconvénient laine un peu plus brillante, mais pas
du Paco-Vigogne est le manque de beaucoup plus fine que celui-ci. Par
stabilité des caractères réunis par contre la quantité de laine fine de la
le croisement. Les éleveurs recon- toison s'accroît considérablement et
naissent que ces caractères, au lieu de si le Lama ne donne que 5.4 °/o de
se fixer par le métissage, se dissocient laine fine, le Huarizo en donne 93°/o.
au contraire et donnent par la suite
LA BOUVIÈRE
SA PONTE EN AQUARIUM
par
G. BRESSE
•tousles autres qui veulent s'en appro- moins beau pour l'avenir de l'espèce,
cher; par contre au lieu d'accompa- mais plus patient.
gner la femelle, comme il est dit
dans le passage cité plus haut, il la 4e fait. — Ce futle deuxième par sa
laisse se mêler aux autres mâles relé- taille qui immédiatementprit laplacedu
gués dans leur coin. Donc nous pou- premieret je dois dire que sa douceur
vons tirer cette conclusion très nette : fut encore très relative et sa jalousie
la Moule est loin d'être pour les Bou- à garder la Moule aussi grande, en-
'vières un objet quelconque ; c'est sur vers le plus faible (celui dont la
elle que le mâle et la femelle portent queue était en voie-de régénération).
toute leur attention. Par curiosité, j'enlevai le mâle
Ce gros mâle était tellement impa- numéro 2 en laissant seulement dans
tient de voir pondre la femelle qu'il l'aquarium le plus faible mâle qui
la laissait à peine approcher de la prit la place auprès de la Moule avec
Moule et au premier contact qu'elle la même dignité et la même visible
avait avec le Mollusque, comme fou satisfaction. Ayant satisfait ma
<le rage, il la chassait à grands coups curiosité et voyant que les choses
n'allaient guère mieux, je replaçai 2e essai manqué. Après un des
—
dans l'aquarium le puissant mâle chocs, le tube a été pincé par la
n° 1. Moule, mais non absorbé r il en ré
Premier œuf pondu, premier essai suite la sortie de trois œufs à la fois,
d'introduction manqué. — La femelle à l'extérieur de la Moule : deux sont
éprouve toujours une grande diffi- aussitôt mangés par la femelle et
culté à enfoncer son tube dans la un par le mâle.
Moule. Après un des mouvements
brusques opérés à cette fin, le tube 3eessai manqué.-20minutes après,
fut presque absorbé par la Mulet te, le tube est touché par la Moule sans
mais ne resta pas prisonnier dans les y rester : un peu après ce contact,
valves : l'œuf fut pondu dans l'eau et trois œufs sortent ; les parents se
aussitôt happé par la femelle, lais- précipitent et en absorbent chacun
sant le mâle apparemment désem- un. Je me précipite aussi avec une
pipette qui absorbe le dernier ;
paré. l'œuf de la Bouvière est de^forme
ovale, d'un blanc laiteux et énorme
Remarques. — 1 °Il m'a bien semblé
le
que contact du tube le pour la taille du Poisson :
avec manteau environ 3 mm. de longueur.
il -mesure
de la Mulette ou même la légère aspi-
ration provoquée de. la part du Mol- Remarque. — Il m'a semblé que le
lusque par ce contact avec le tube temps infiniment court qui sépare
soit une excitation nécessaire à l'émis- l'émission des œufs et leur absorp-
sion de l'œuf. tion par les parents, ne pouvait guère
En tous cas, malgré la grande dif- permettre mâle d'émettre sa lai-
ficulté de l'intromission du tube, dû tance, et je au
ne serais pas loin de pen-
à son manque de rigidité, la femelle
ser, d'après ce que j'ai vu, que la
revient ; elle a la ferme volonté de fécondation
ne puisse s'opérer que
pondre dans la Mulette comme si elle lorsque l'œuf
est abrité dans ln Moule
ne pouvait le faire ailleurs. Ceci me et que, peut-être, l'émission de la lai-
conduit à faire une réserve sur les doit être provoquée par le frot-
lignes de la page 209 du livre cité. tance
tement du ventre du mâle sur te man-
teau de la Mulette, car celui-ci s'es-
2° D'autre part le tube génital sayait
raccourci me semblerait, à priori, à chaque instant à produire
ce mouvement de friction en se
plus favorable à l'introduction qu'un déplaçant longitudinalement contre
-tube long, car c'est le ventre que la
le manteau dans le sens de l'entre'-
-femelle appuie sur la fente palléale bâillement
des valves (tig. 6).
du Mollusque. C'est la partie basale La Mulette s'étant refermée tota-
du tube et non son extrémité qui vient lement,
pour une raison inconnue,
toucher l'orifice respiratoire (fig. 5). les Bouvières
Si cette façon de voir était juste, il
attendent patiemment,
comme si elles ne pouvaient pondre
resterait naturellement à expliquer ailleurs.
pourquoi le tube grandit au moment
de la ponte comme je l'ai observé. 4e essai.
— 20 minutes après. Un
Ap rès l'émission de cet œuf, la fe- œuf a été retenu par l' A-nodonte, mais
melle est allée se blottir dans les elle l'a ensuite rejeté sur le fond, le
herbes, le mâle est resté plus calme mâle l'ayant aperçu, l'a avalé.
un certain temps. Ainsi il semble que la. « bonne
volonté » de la Moule, ou si I on veut aussi qu'une petite Anodonte située
son hospitalité ait une grande impor- dans un coin de L'aquarium, était
tance dans la reproduction des Bou- totalement négligée par les Poissons,
vières. En tous cas, je crois avoir
assez démontré que le Mollusque n'est 3° Durant toute la journée de
pas un support de hasard pour la ponte, les Bouvières n'ont rien man-
ponte de ce petit Poisson. gé... que leurs œufs
2
3
1
Teniet Remel
Vieille piste de
..
Sables au nord de la prise d'eau
..Tadjemout..... 4 à 5 km. au nord.
3 km. au nord nord-ouest.
6 km au nord nord-ouest.
4 Col des sables 2 km. au nord ouest.
5 Mehafir (Champ de Tir) 4 km. ouest.
6 Kef Kheneg et Kef Messaad.. de 5 à 12 km ouest sud-ouest.
7.
8
Batkha
Beddem.
Bouchakeur ...
........ 7km. sud sud-ouest.
de 6 à 9 km. sud.
10 km. sud.
....
9
lu Chaabet Ouar 6 km. sud sud est.
M'Khareg 12 km. sud sud-ouest.
..
11
12 Seridja Cherguïa fi km. est sud-est
13 Seridja
Bordj Guenifid ......... 7 km. est.
4 km. est.
14
15 Teniet Zebbach
.. -
6 km nord nord-est,
FOUGÈRES
DESCRIPTION
DE COLÉOPTÈRES LUCANIDES
par
le Dr ROBERT DIDIER
Nous donnons ici la description et la voisin des Scortizus, alors que BOILEAU le
figure d'un Insecte de Bolivie, espèce rare rapprochait de certains Cladognathides,
dont seuls quelques spé- l'y plaçant entre les
cimens sont connus, Cyclommatus, Leptinop-
d'un aspect bizarre et terus et Cantharolethrus,
de forme très élégante. en raison des caractères
11. BOILEAU a décrit et des antennes, de la lon-
liguré le mâle ; la fe- gueur des pattes et du
melle n'était, pas encore développement des
connue jusqu'il ce jour. mandibules.
Le genre Auxicerus a Voici les caractères
été isolépar WATERHOUSE de cet Insecte et la des-
en lb83 dans les Annals cription de la femelle.
and May. A -al. Hist.,
puis repris par BOILEAU Auxicerus
en 1891 sous le nom multicolor BOIL.
de Calodaemon. BOlLEAU, (Le Naturaliste. 1897,
tout en notant une simi-
litude dans les deux p. 248).
genres ne les croyait pas Jlâle. — La tète est
identiques. En effet. large, trapézoïdale, lé-
WATERHOUSE considérait gèrement bombée en
dans sa description le arrière, plane et inclinée
nouveau genre comme en avant; les angles an-
térieurs; légèrement di-
(1) Voir La Terre et la vergents, se prolongent
Jïe 1934. N, 2 et N 3. par une nervure hori-
zontale terminée en pointe aiguë ; yeux Insecte presque entièrement recouvert
petits, peu sa;lIants, à demi échancrés en sur sa partie supérieure de squamules
avant; les joues portent en dehors un assez étroites, allongées. d'un jaune un
petit tubercule assez aigu. peu roussâtre. avec des parties lisses et
Mandibules longues, fortement arquées, brillantes et des taches veloutées sur les
falciformes, plus larges et ponctuées sur élytres.
les 3/5' de leur longueur à partir de la
base, puis décroissant régulièrement,
deviennent lisses vers la pointe qui est
aiguë ; sur leur bord interne, deux dents
obtuses et une dent moyenne inclinée en
arrière, et six ou sept denticules peu
marqués.
Sur les 2/5e de leur longueur, en haut,
une carène assez forte part de l'angle
basal externe et se dirige vers le milieu
de la mandibule où elle diminue de hau-
teur et disparait ; sur le bord externe,
une carène naîtducôté de la base et se
termine brusquement vers la pointe. An-
tennes longues, grêles, à scape long et
flexueux ; articles du fouet légèrement
allongés ; articles 8 et f) dilatés, brillants,
à face antérieure de la lamelle seule spon-
gieuse ; article 10 en forme de poire,
aplati, brillant à la base seulement.
Menton petit, arrondi sur les angles,
légèrement échancré, ponctué.
Prothornx transversal, bombé, peu sinué
en avant, finement bordé ; angles anté-
rieurs courl s, assez aigus ; côtés latéraux
presque parallèles, légèrement crénelés,
échancrés en arrière avec deux dents. sail-
lantes et aiguës.
Partie médiane formée par une large
bande brillante à peine ponctuée, séparée
en deux par un étroit sillon. Ecusson ogi-
val à angles arrondis, ponctué.
Elytres courts, avec une légère épine Couleur noire, nuancée de rouge et dé
jaune; mandibules brun rougeàtre à
aux épaules, assez brusquement atténués pointe noire.
à l'extrémité ; surfacè ponctuée avec deux
côtes longitudinales sinueuses peu mar- Longueur totale — mandibules in-
quées. En dessous, prosternum légère- cluses =: 13,5 àr 17 mm.
ment comprimé, formant une petite saillie
arrondie; mésosternum un peu excavé.
=
Longueur des mandibules 4 à 6.5
mm.
Pattes longues ; fémurs antérieurs im- Largeur maxima au prothorax = 4 à
pressionnés ; tibias postérieurs et mé- 6,5 mm.
dians inermes. un peu plus longs que les
fémurs; tibias antérieurs armés sur le TYPE.
—
Bolivie. Collection R. DIDIER.
bord externe de trois dents assez fortes ex. Collect. BOILEAU,
qt très aiguës et d'une dent plus petite en Femelle. — Tète plus petite que le pro-
plus de la fourche terminale. thorax. légèrement inclinée en avant,
fortement ponctuée ; angles antérieurs que chez le mâle, avec le bord externe
arrondis, œil peu saillant, le 1/3 supérieur convexe en son milieu, se terminent en
seulement est divisé par les canthus. pointe ; leur surface est assez fortement
Mandibules -convexes en dehors, caré- granuleuse]et ponctuée avec des traces de
nées en avant, à pointe aiguë avec deux lignes.
dents sur le bord interne. Pattes assez allongées ; tibias anté-
Antennes il scape assez robuste ; 2e ar- rieurs armés de 3 à 4 dents sur le bord
ticlo plus long que les suivants ; articles externe, en plus de la fourche ; tibias
du peigne identiques A ceux du mâle. médians' et postérieurs avec une épine.
Prothorax bombé, à surface brillante Même couleur que chez le mâle avec
fortement ponctuée ; angles antérieurs des parties lisses et brillantes, des taches
assez aigus ; côtés latéraux légèrement et des squamules éparses.
divergents, échancrés en arrière avec Longueur totale, mandibules incluses
deux dents moins aiguës que chez le mâle.
Partie médiane séparée -en deux par un
= 10 mm.
Largeur maxima au prothorax = 4 mm.
sillon assez large. Ecusson ogival, ponc-
tué. TYPE.
—
Bolivie : Coraico (Collection
Les élytres, relativement plus allongés R. DIDIER).
VARIÉTÉS
domine dans son plumage ; mais l'Oiseau sulté un Oiseau fort élégant à la démarche
se pare aussi magnifiquementd'un superbe aisée et facile, d'un charme particulier.
casque d'ébène qui en une ligne d'un noir Nous possédons sur les mœurs de l'Avo-
profond se continue le long de la nuque.
De même les petites et les moyennes cou-
cette, maints renseignements se contredi-
sant souvent les uns les autres. Les obser-
vertures des ailes et des rémiges sont d'un vateurs qui ont parlé de cet Oiseau sont
noir tiès chaud, l'opposition de ce blanc néanmoins d'accord assez régulièrement
et de ce noir faisant merveille.
Mais plus encore que ce contraste dans sur la composition de sa nourriture. Vers,
larves, Insèctes aquatiques de divers
les couleurs, le bec de l'Avocette retient
genres, petits Crustacés, en forment la
base, soit qu'il les cherche sur le sable des
plages, soit que, s'avançant dans l'eau,
tantôt marchant tranquillement, tantôt
nageant, il se livre à la pêche des mêmes
animaux dont il fait sa proie.
L'Avocette est un volatile plutôt craintif
qui fuit l'homme dès qu'il a appris à le
connaître. Il n'a malheureusement guère
à se louer de son voisinage, car on le pour-
chasse assez souvent et ce bel Oiseau
apparait assez fréquemment sur les mar-
chés.
Ses mœurs comme nidificateur sont
assez semblables fi celles de la majorité
des Oiseaux aquatiques. S'établissant de
coutume sur les bords de la mer, d'un
fleuve, d'un marais saumâtre, l'Avocette
construit sur le sable ou sur la vase, à
l'aide de matériaux divers qu'elle recueille
à proximité, un nid assez primitif, fort peu
artistique, qu'elle ne prend pas la peine
de dissimuler.
La femelle y pond deux il quatre œufs, C'était un beau poussin, couvert de du-
à coquille mate, de la grosseur de ceux vet soyeux et épais, lavé sur les parties
du Vanneau, également piriformes. L'in- supérieures de fauve et de cendré et semé
cubation dure de il à 18 jours; le mâle de taches et de bandes disposées assez
et la femelle se relayent pour couver. Ils irrégulièrement et noirâtres. Une de ces
ne le font pas assidûment, ils agissent à bandes formait une sorte de demi-cercle
cet égard comme la
plupart des Oiseaux
de mer qui laissent
au soleil, pendant la
plus grande partie de
la journée, le soin de
les réchauffer et ne
viennent (lue le soir,
à moins que le ciel
ne se couvre et ne
menace d'un orage.
Nous avons dit que
l'Avocette est un Oi-
seau craintif, difficile
à approcher. Cepen-
dant le docteur Allen,
sa va ut or iii tho l ogiste
de l'Université de
Cornell. a pu, gràce
à une tente abri, ob-
server un couple d'A-
te
vocel américaine
— espèce voisine de
la précédente — en
train de couver et
voici ce qu'il lui a été donné de constater. autour du bassin. Les parties inférieures,
Ayant vu ces deux Oiseaux près du ri- gorge et ventre, de mème que l'extrémité
vage où il venait d'aborder, il comprit vite des ailes étaient blanches, l'abdomen
à leur agitation flue leur nid se trouvait à étant teinté de fauve pâle.
proximité. L'attitude des parents lorsqu'ils L'oisillon ne s'attarda pas longtemps sur
l'aperçurent et leurs tentatives pour attirer son berceau ; il partit en se dandinant sur
son attention dans un autre sens étaient ses pattes branlantes avec les ailes tendues
des plus intéressantes à observer. Il finit pour se maintenir en équilibre.
par découvrir le nid qui contenait trois A un cri d'alarme poussé par ses pa-
œufs de teinte jaune olivâtre, tachetés de rents il s'aplatit sur le sol, immobile, le cou
cendré, de violet, avec des macules su- allongé. Il était alors difficile de le distin-
perficielles couleur chocolat. guer des pierres environnantes.
Après avoir dressé avec beaucoup de Le Dr Allen le remit dans son nid ; le
précautions sa tente-abri il une distance temps de retourner à sa tente-abri et
assez proche pour permettre une obser- le jeune vagabond avait disparu sans qu'il
vation suivie, il se retira afin de ne pas lui fut possible de le retrouver.
effrayer le couple qui n'avait pas osé re- Réinstallé dans sa cachette avec l'espoir
venir pendant ses préparatifs. Le lende- de pouvoir étudier la vie domestique des
main étant retourné à son observatoire, parents, il attendit pendant deux heures.
il trouva un œuf éclos ; le jeune était posé La femelle finit par aborder dans l'île,
sur le bord même du nid faisant entendre mais elle se tenait toujours à une assez
un appel strident. grande distance.
grande quantité : trois récoltes de lé- Biologica a mentionné (1911, N° 2) le cas
gumes peuvent y être obtenues chaque d'un enfant, né en Amérique, avec une
année dans le même champ. queue mesurant 4 cm. 5 de long. Cet
La température y est particulièrement appendice croissait avec l'âge. A 2 mois,
clémente, et la neige à peu près inconnue. il mesurait 5 cm. et 7 cm. à 7 mois. Un
Près de la pointe orientale de l'ile, chirurgien en pratiqua l'ablation et la
M. G. Delaselle a créé une propriété qui même revue publiait (1911, n°3) la photo-
mérite d'être visitée : la Villa Ste Anne, graphie d'après nature, de la région coccy-
plus connue dans le pays sous le nom de gienne de l'enfant.et la coupe longitudinale
Jardin Colonial. de l'appendice. L'une et l'autre étaient
Il y a une trentaine d'années, M. Dela- empruntées à Harrison (Proc. of Ass. Amer.
selle a fait creuser une petite vallée artifi- Anat., 1900). Le premier article signalé
cielle au milieu de la dune. Ce travail a ci-dessus rapporta que cette queue était
mis à jour, au niveau du sol primitif, une couverte de poils très fins. « Elle se mou-
station préhistorique très intéressante avec vait quand l'enfant était irrité, toussait
ses tombeaux, ses. dalles taillées, ainsi ou criait ».
que des instruments en pierre taillée et Une des plus longues queues humaines
polie. signalées est celle dont était porteur un
Dans cette dépression artificielle, en- jeune Moi, âgé d'une douzaine d'années.
tourée d'unbosquet de Conifères qui l'a- Elle mesurait 25 cm. de long.
brite des vents du large, on est surpris de C'est encore au pays moï que Paul
trouver une végétation tout à fait analogue p.
d'Enjoy (L'Anthropologie, 1896, 531.), au
à celle des jardins du Midi: grands Agaves cours d'un voyage effectué en 1890, vit
qui fleurissent et fructifient. Phœnix Ca- ses gens surprendre un homme récoltant
nariensis, Cordylma indivisa, de plusieurs du miel sur un grand arbre, et qui fut
mètres de hauteur. Mimosas, Eucalyptus, trouvé pourvu d'un appendice caudal. Les
Rodostachys, Véroniques, etc. Annamites qui accompagnaient l'explora-
La photographie ci-jointe, qui repré- teur s'écrièrent : « C'est un Singe ! »
sente une touffe de Phormium tenax à (Con Khi). Avant de s'enfuir le Moï voulut
feuilles panachées dont les hampes 'flo- bien raconter que les hommes de sa race
rales mesurent près de quatre mètres et possédaient tous, autrefois, un appendice
les feuilles deux mètres cinquante, té- caudal très développé. « Les unions
moigne de cette végétation remarquable. contractées avec les populations voisines
Cette petite propriété est malheureuse- auraient peu à peu abâtardi la race et
ment à vendre. Nous ne pouvons que sou- tendraient à faire disparaître le signe dis-
haiter qu'un amateur éclairé, séduit par tinctifqui fait l'orgueil de ces peuplades ».
le charma de ce coin pittoresque, y conti- Enfin, d'après Biologica, les médecins
mie l'œuvre d'acclimatation entreprise par militaires grecs ont souvent signalé l'exis-
son propriétaire actuel. tence sur la région coccygienne de nom-
Y. BAZIN de JESSEY.
breux soldats, d'une petite touffe de poils
(( rappelant l'aspect que les sculpteurs
antiques donnaient à la queue de leurs
" satyres, de leurs faunes et de leurs agi-
HOMMES A QUEUE.
pans ». ' '
Quelques quotidiens ontsignalé, au début Il n'est pas surprenant de constater
de lévrier dernier, la naissance à Londres qu'on ait voulu considérer comme un
d 'une fillette munie d'une queue compa- rappel atavique, l'apparition d'une queue
j'able à celle d'un Cochon. Nous ne savons chez l'homme. Cependant, dans cette
si l'information est exacte. Mais on pos- queue, on n'a trouvé ni vertèbres, ni
sède d'assez -nombreuses observations traces de corde dorsale ou de moelle.
concernant des hommes possédant une L'appendice ne contient que des « muscles,
queue plus ou moins développée. La revue des vaisseaux et des nerfs dans un tissu
conjonctif riche en graisse. » Ces queues, p. 734) le Dl Verneau rappelle la nouvelle
molles. sont des appendices musculo-cu- sensationnelle, (lui, à l'époque où il écri-
tanés et il t'ant voir en elles des cas téra- vait, avait fait le tour de la presse. A l'in-
to logiques. térieur de la Nouvelle-Guinée, un voya-
Mais, à côté de ces observations plus ou geur aurait découvert une tribu dont tous
moins précises, des voyageurs ont pu si- les membres seraient pourvus d'un appen-
gnaler l'exislence de races d'hommes à dice caudal, aussi long que celui des
queue. Par exemple, celle qui vivait à Su- Singes. A la rigueur pour ceci, passe ell-
matra. selon Marco Polo et dont les repré- core. Mais voici la suite du récit de l'ex-
sentants étaient munis d'une queue grosse plorateur que les uns ont dit Anglais, les
comme celle des chiens. Un habitant de autres Américain. Les sauvages en (lues-
Formose aurait été vu avec une queue tion se construisent des habitations sur
dont la longueur excédait un pied. était pilotis, dont le plancher offre la particula-
couverte d'un poil roux et semblable à rité de présenter, entre les planches, des
celle d'un Bœuf. L'auteur auquel nous ouvertures soigneusement ménagées. Ces
empruntons ces détails Biologica, 1911. ouvertures n'ont d'autre but que de per-
n° 2) pense que ces explorateurs ont mettre aux-dits sauvages de laisser pendre
pris des Singes pour des hommes ou leur queue au dehors lorsqu'ils s'étendent
« comme cela est prouvé pour la race des pour dormir. Ces hommes Ù queue ont le
Niams-Xiams » ont confondu avec une sommeil dur ou du moins leur appendice
queue. « la bande de cuir pendant entre caudal n'offre point une très grande sensi-
les jambes des indigènes de l'Afrique bilité. car l'explorateurfacétieux, eut l'idée
centrale. » d'attacher l'une il l'autre les queues de
Après les mauvaises observations, laites deux des habitants d'une case. pendant
de bonne foi. voici l'humour et la mys- leur sieste. Il est hors de doute que notre
tification. Anglais ou notre Américain, portail en lui
Dans l'Anthropologie. encore. (1910, un certain nombre des qualités requises
pour recevoir le titre d'« explorateur » —
du moins par la « grande » presse. Mais
il faut avouer qu'il manquait de curiosité.
Si j'avais eu la bonne fortune de pouvoir
lier l'un il l'autre, l'appendice caudal de
deux sauvages dormant sur leur plancher
à claire-voie j'aurais attendu le réveil !
VISIONS DE SUISSE
On sait combien les animaux, même
réputés féroces, deviennent confiants, par-
fois même familiers, dans les parcs natio-
naux ou réserves naturelles dignes de ce
nom. dans des lieux où l'homrneest admis
pour prendre contact avec la nature, autre-
ment que par l'intermédiaire d'un fusil ou
d'une hache.
A ce propos les lecteurs de la Terre et
la Vie se rappellent le cas des Ours du
Yellowstone. Madame A. Feuiliée-Billot a
bien voulu nous communiquer les deux
bettes photographies que nous reprodui-
sons ici avec plaisir'.Elles ont été adressées
il la Ligue française pour
la Protect ion des
Oiseaux, par la baronne de Brimont et et sur les doigts de la jeune femme.
prises en Suisse par une de ses amies. (( Elles furent imitées par un Ecureuil,
« Au bout de sept ou huit jours nous plus hardi que ses congénères qui sem-
écrit Madame A. Feuillée-Billot, la prome- blaient le regarder avec envie.
neuse eut le plaisir de voir les Oiseaux « Les gracieux documents que sont ces
répondre à ses appels et venir manger deux clichés prouvent éloquemment com-
dans sa main. bien est grande la confiance des'auimaux
« Des Mésanges surtout, se montraient dans les pays où les lois protectrices sont
familières, se perchaient sur les épaules appliquées et respectées. »'
NOUVELLES _
ET INFORMATIONS
SOMMAIRE
L. JOLEAUD
... Considérations générales sur la faune des Mammifères du
Maroc 259
G.
..
M. KORSAKOFF
PEnr....
Contribution à l'étude du Blepharopsis mendica Fabr.
A propos du Sélacien de Querqueville. — Notes sur l'histoire
272
.....
277
.............
299
..................
NOUVELLES ET INFORMATIONS 303
REVUE MENSUELLE
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du Muséum. le prince Paul MURÂT Roger de VILMORIN.
Conseil juridique : M' MONIRA, avocat près la Cour d'appel de Paris.
CONSIDERATIONS GÉNÉRALES
SUR
LA FAUNE DES MAMMIFÈRES DU MAROC
-
par
L. JOLEAUD
Professeur à la Sorbonne.
I. —
L'oothèque est, en outre, moins prononcée que
du Blepharopsis mendica sur l'oothèque de- Mante religieuse.
et ses parasites. Plus tard, ayant obtenu des oothè-
Au cours de mes courtes excur- ques semblables, pondues en captivité
sions dans les régions désertes de la par des Mantes désertiques isolées
lisière Nord du Sahara, au delà de avec intention dans des petites boîtes
la chaîne de l'Aurès (approximative- en carton, j'ai pu me rendre compte
ment le 35" de latit. nord), j'ai trouvé qu'elles appartenaient toutes à des
en fouillant parmi les buissons de Blepharopsis mendica Fabr.
Tamaris et de Salsolacées, de petites N'ayant trouvé dans la bibliogra-
oothèques (coques ovigères) apparte- phie aucune étude exacte et complète
nant à différentes Mantides déser- sur la biologie de cette curieuse Mante
tiques. désertique, j'ai cherché à suivre pas
Ces oothèques, dont dèux ont été à pas le développement de ces Insec-
trouvées en juin et non en septembre, tes. Malheureusement en 1927, les
offraient sans conteste une certaine circonstances ne me permirent pas
analogie dans leurs formes exté- d'entreprendrel'élevage des quelques
rieures, ainsi que dans leur teinte jeunes éclos en juillet d'une oothèque
d'un blanc crémeux. Par contre leurs rapportée de Biskra ; l'année suivante
dimensions variaient depuis 1,5 cm: (1928), à Nice, quoiqu'ayant obtenu,
jusqu'à 2,5 cm. Solidement appli- de nouveau, le 26 juillet, une nom-
quées le long de petites tiges, ces breuse éclosion de jeunes, je dus re-
oothèques ressemblaientabsolument, partir en voyage et abandonner mes
en petit, à des meringues en blancs observations. Du reste je ne savais
d'æufs battus que l'on voit dans les comment nourrir ces jeunes Mantes ;
pâtisseries. Elles étaient plutôt ovales si, parfois, elles acceptaient des Pu-
et souvent terminées par un pro- cerons de Rosier, ces derniers se col-
longement conique et assez allongé
•
laient à leurs pattes et à leurs anten-
(fig, 2). nes, à tel point qu'elles paraissaient
Comparativement à une oothèque ne pouvoir s'en débarrasser.
de Mante religieuse (Mantis religiosa), Enfin le 21 juillet 1932, à Nice,
les oothèques en question sont moins j'obtins de nouveau une éclosion de
grandes, plus rondes, à surface moins cinq petits Blépharopsis, vers 18 h. ;
ondulée ; la ligne médiane formée de le 22 juillet, il en est sorti encore
feuilles imbriquées — qui est l'en- quelques-uns. Tous ces jeunes pro-
droit par lequeLsortent les jeunes — venaient d'une oothèque trouvée en
juin de cette même
année(1932) aux en-
virons de Biskra.
à
Transportée Nice,
cette oothèque fut ex-
posée des heures en-
tières au soleil, sous
une petite boîte vi trée
munie d'un couvercle
en gaze.
Tous les faits notés
peuvent, semble-t-il,
me permettre d'affir-
mer qu'habituelle-
ment V éclosion des
jeunes Blepharopsis a
lieu après te 20 juillet
Remarquons que les.
Empuses éclosent aux
mêmes dates et même
un peu avant : par
exemple j'ai eu une
éclosion d'Empuses
le 19 juillet et, dès le
2 août, elles avaient
subi leur deuxième
mue.
Avant de décrire l'aspect extérieur, valles de quelques jours : les Poda-
les mues successives, les change- grions s'échappent tantôt par un ou
ments morphologiques que subissent deux, tantôt par groupes. Quelques-
les jeunes Blépharopsis au cours de uns parviennent à s'envoler ; en tout
leur croissance, il me semble inté- il y en a eu plus de dix-sept. Après ces
ressant de noter les faits survenus au sorties. l'oothèque est çà et là percée
cours des semaines qui ont suivi de petits trous de forme très régu-
1 éclosion des Blépharopsis et qui lière et de dimensions plus petites que
peut étre présentent un intérêt par- la tête d'une épingle. L'éclosion des
ticulier : le 2 août, d'une oothèque Podagrions a lieu en même temps que
de Blépharopsis apparaît un petit celle de leur hôte et selon mes observa-
Hyménoptère appartenant au groupe tions, le nombre des parasites paraît
des Chalcidiens (genre Podagrion). prédominant : pour cinq Blepharopsis,
Le 5août, un nouveau Podagrion sort il y a en plus de dix sept Chalcidiens.
de l'oothèque. Le 16 août, un autre
encore ; puis nouvelles sorties succes- Description du Chalcidien
sives presque chaque jour : le 19 août, (Podagrion sp.),
huit sorties ; le 26 août, dix ; le sorti d'une oothèque de Blépharopsis.
30 août, douze; le 6 septembre, treize. Les yeux sont d'un brun rou
Puis les sorties se font de plus en plus geâtre. La tête et le thorax d'un
nombreuses, séparées par des inter- vert olive bronzé passant au bleu sur
leurs bords. Surface de la tête et du II. — Description d'un jeune Blepharop-
thorax nettement chagrinée. An- sis mendica dans SOD premier âge
(entre la 1re et 28 mue).
tennes à dix articles, d'un jaune très
légèrement brunâtre. Les deux pre- Ayant fait connaissance du Chal-
miers articles sont beaucoup plus cidien parasite de -Blépharopsis, je
foncés que les autres. Fémurs des reviens aux changements successifs
pattes antérieures, ainsi que la base que subissent les B'épharopsis au fur
des tibias, foncés, à peine verdâtres. et à mesure de leur croissance.
Tarses antérieurs blanc-ivoire. Ab- Comme chez la plupart des Ortho-
domen vert bleuâtre brillant et lisse ptères, les larves de Blépharopsis dif-
sur la surface extérieure. Fémurs fèrent fort peu par leur aspect exté-
postérieurs arrondis, un peu bombés rieur des exemplaires adultes ; en
et très élargis, munis de huit (8) den- sortant de l oothèque par des mou-
ticulations sur leurs bords extérieurs. vements convulsifs, elles parviennent
Tibias postérieurs bien développés, à se débarrasser de leurs petites peaux
brun foncé, courbés en forme de primaires (membranes amniotiques)
faucille et pointu-s à la pointe. Tarses qui restent accrochées le long de la
postérieurs assez frêles, mais bien ligne médiane de l'oothèque. A ce
développés, de la même teinte blanc stade ces petites larves sont d'un joli
ivoire xjue les tibias des pattes anté- jaune orange qui bientôt change en
rieurs. brun foncé. Dépassant à peine la mé-
Ailes transparentes pubescentes ; diocre taille de 5 à 6 mm., elles ont
les antérieures à radius sinueux, ter- au premier coup d'œil, une certaine
minées par un petit renflement. ressemblance superficielle avec de
Ma description est basée sur celle petites Fourmis.
donnée par le docteur Chopard dans Les tarses et tibias de leurs
son excellent article sur le Podagrion petites pattes, allongées et frêles,
pachymerum Wlk. parasite .de la acquièrent des taches d'un joli brun
Mante religieuse (1). foncé, tandis que les faces internes
Toutefois, il me semble que les petits de leurs pattes antérieures, sont
Chalcidiens qui sont sortis chez moi de déjà munies de nombreuses petites
l'oothèque des Blépharopsis, différent épines.
de ceux décrits dans l'étude précitée, Les deux premiers anneaux de leurs
non seulement par leur teinte plus antennes sont tachetés à la fois d'un
brillante, mais aussi par la forme des joli blanc et d'un brun foncé. Le
tibias postérieurs mieux développés et vertex de la tête forme une petite
plus recourbés en faucille que chez le bosse conique presque semblable à
Podagrion pachymerum. Il est pro- celle que l'on observe chez les Blé-
bable que mon petit C/wlcidien est une pharopsis adultes. Lefront, les palpes
variété locale de ce Podagrion. variété et les yeux sont d'un joli brun noi-
répandue dans les régions désertiques râtre luisant ; toutefois la teinte des
du Nord de l'Afrique en suivant cer- yeux diffère selon l'individu. Le
tainement la distribution de son hôte, pronotum bien développé, est un-peu
le Blepharopsis mendica Fabr. bombé dans son premier tiers. qui
est aussi d'un brun luisant, tandis
que la partie voisine du mesonotum
est colorée d'un blanc ivoire. Ce
1
(1) L. CHOPARD.
— Les parasites de la Mante reli petit point blanc ressort nettement
gieuse. Ann, Soc. Ent. France 1922, p. 249-272.
sur le fond brun, coloration domi- ornés les tarses antérieurs et posté-
nante d 'un jeune Blépharopsis. rieurs, sont à peine marquées.
Les anneaux de l'abdomen, que la Depuis leur naissance, jusqu'au
petite larve tient toujours fortement moment de leur deuxième mue, les
recourbé en l'air, sont bruns ; mais jeunes larves gambadent de place en
la nourriture absorbée, transforme, place semblant mener une vie déjà
après une semaine d'existence, l'as- fort active et l'instinct de la chasse se
pect extérieur des larves L'abdomen, révèle aussitôt. Ouand la proie qu'on
de plus en plus bombé, devient plus leur présente ou qui se pose sur leur
jaunâtre ; aussi les taches foncées chemin est plus grosse qu'eux-
dont sont ornées ses anneaux al- mêmes, les Blépharopsis s'efforcent
ternent avec des espaces plus clairs. cependant de la saisir en écartant lar-
Ce qui est caractéristique dans la gement les tarses et tibias de leurs
forme extérieure des jeunes Blépha- petites pattes ravisseuses, ces der-
ropsis n'ayant pas encore subi leur nières sont du reste, fort développées
deuxième mue, c'est que, non seule- en comparaison des autres pattes.
ment les lobes membraneux du pro- (Voir (ig. 2). Dans un prochain ar-
notum ne sont pas encore développés, ticle nous reviendrons sur le déve-
mais aussi les lobes foliacés de l'abdo- loppement et la biologie du Blépha-
men sont à peine marqués. Aussi, ropsis.
les membranes foliacées dont sont (A suivre).
PROPOS A
DU SELACIEN DE QUERQUEVILLE
miste anglais ait eu affaire à- un Squa- [sic]. Le type de cette espèce était la
lus maximus. puisque l'exemplaire dépouille d'un Requin capturé par le
étudié par lui a des évents et n'a travers de Dieppe le 5 mars 1808,
pas d'anale Alors que les différences
! qui avait été transporté à Paris et
signalées parmi les Requins rappor- exhibé en 1809 sous le nom de Pèle-
tés à cette espèce, venaient d'in- rin -du Nord. Il mesurait 8 m. 74
certitudes ou d'observations insuffi- de long. Il fut acquis par le Muséum
santes, de Blainville pense que nous d'Histoire naturelle et monté avec
avons-en réalité plusieurs espèces grand soin dans les galeries. De
distinctes, plus ou moins confondues. Blainville déclare avoir examiné rani-
Dans une note lue à la Société philo- mal avec attention, ce qui ne l'em-
matique (25 août. 1840) et insérée pêche pas de le caractériser comme
dans le Journal de Physique (/oc. n'ayant ni évents, ni nageoire anale.'
cit.), il s'efforce de les. distinguer, Bien plus Shaw avait figuré comme
mais non sans demeurer dans la con - Squalus- maximus, un Requin muni
fusion. Il discerne, en effet : I6 le d'une nageoire anale. Malgré cela,
de Blainville rapporte le' Basking (1810) dont il publie l'étude que nous
shark mâle de l'auteur anglais à son commentons ici ; et tout en l'appe-
Sq. petegrinus, mettant en doute lant Squale pèlerin, le considère
l'exactitude du dessin ! comme une nouvelle espèce — la
3° le Squale de Home (Sq Homia- quatrième du genre, espèce qu'il ne
nus) : évents, pas de nageoire anale. dénomme pas !
A cette espèce devrait être rapporté En 1816, de Blainville, dans son
un Squale montré en 1808 à Prodrôme d'une nouvelle distribution
Rouen, à l'occasion de la foire dite systématique du Règne animal (Jour-
du Pardon. nal de PhysM t. 83, p. 244), .aban-
Mais, dès 1813, voici que Home donne Squalus comme nom de genre
s'étant ému, sans doute, de voir con- et le remplace par Cetorhinus. Dans
testée la dénomination appliquée par ce nouveau genre, il place quatre
lui au Requin d'Hastings, s'aperçoit espèces : Gunneri, pefegrinus, Shavia-
qu'il a-omis en 1809 de mentionner nus, Homianus. Ce dernier nom est
et de figurer une très petite nageoire suivi d'un point d'interrogation. La
anale et s'excusede s^nerreur. dans diagnose, renvoie, en partie, à celle
une addition à sa contribution à donnée pour le genre Carcharinvs et
l'étude anatomique du Squalus l'on note encore : absence d'évents ;
maximus. mais, cette fois, présence d\me na-
En 1810 le 21 novembre, à Dieppe, geoire anale. L'auteur semble donc
nouvel échouage d'un Squale pèlerin. reconnaître pour ses quatre espèces,
Il mesurait 9 m. 504. On n'hésite pas l'existence de cette nageoire — ce
à le charger sur « un chariot extrê- qui ne l'empêche pas de les séparer
mement solide » pour le transpor- encore ; d'autre part, il crée pour le
ter à Paris. Cuvier envoya de Blain Squale de Shaw une nouvelle espèce,
ville et Rousseau, chef des travaux alors que dans son mémoire de 1811,
anatomiques.examinerl'animal « sur il rattachait cet animal à son Squalus
le frais ». peregrinus !
De là un excellent mémoire de de Le nom générique de Cetorhinus
Blainville (1811), où l'on trouve, sera adopté par quelques systemati-
comme dans celui de Home, une ciens — et c'est celui qui l'emporte
foule de détails anatomiques Ce dans la nomenclature actuelle.
Squale auquel le naturaliste français Cependant, en -1817, Cuvier, dans
donne encore le nom de Pèlerin, pos son Règne animal, remplace à son
sède des évents et une nageoire anale. tour Squalus par Selache, dénomina-
Va-t il mettre en doute les carac- tion longtemps maintenue par beau-
tères qu'il a reconnus sur rie Sélacien coup d'auteurs. Du moins trouvons-
èapturé à Dieppe en 1808, se rendre nous. de sa part, pour l'histoire du
compte que le dessin de Shaw, jugé Pèlerin, la première lueur d'esprit
douteux, était exact, que l'animal critique. Cuvier écrit. en effet, dans
de 1810 est identique à celui de 1 808 ? une note infra-marginale : « Les
De Blainville, en réalité, persiste figures et descriptions de Gunner, de
à croire que son Sq. peregrinus, Pennant, de Home et de Shaw, pour-
dénommé dans le Journal de- Phy- raient tenir à la difficulté de bien
sique, n'a vraiment ni évents, ni cau- observer de si grands Poissons et ne
dale ; il rattache à celui figuré par pas suffire pour établir des espèces. »
Shaw, le second Squale de Dieppe En 1822, Lesueur décrivait très
correctement un Squale de grande Squalus Rashleighanus. Mais dans son
taille capturé à New-Jersey, peu de Histoire des Poissons des lies Britan-
temps après celui dont la présenta- niques (1867 ; 11, p. 67), il crée pour
tion sous le nom de « Leviathian Qn lui un nouveau genre, le genre Poly-
Wonderful Sea Serpent M,s'étaitré- prosopus, C'est le Rashleigh shark,
vélée fort lucrative. Les évents sont dont nous donnons ici la reproduc-
très petits, l'anale, sub-triangulaire. tion d'après Pavesi : yeux antérieurs,
Lesueur établit pour ce Squale une museau très court et relevé, pas de
nouvelle espèce (Squalus elephas), nageoire anale (est-il besoin d'ajou-
nouvelle, en raison de ses dents., dis- ter que Rashteigh ne l'avait pas vu !)
tinctes, selon lui, de celles des espèces En outre, ce même genre s'enri-
de de Blainville. Le nom spécifique est chit d'une autre espèce : Potyproso-
destiné, d'autre part, à rappeler la pus macer Couch (broad headed ga-
taille et la masse de ce géant des mers. zer). Le Squale en question avait été
Il n'en est pas moins vrai que la pêché en 1852 à Startpoint et avait
question de la présence ou de l'ab- été exhibé à Plymouth. Couch a eu
sence de la nageoire anale qui jus- connaissance du dessin et de la des-
qu'alors a dominé l'histoire naturelle cription de l'animal par un officier de
du Getorhinus n'est point encore ré- la Marine de l'Etat. C'était une fe-
glée ou quand elle semble l'être, ce melle de 5 m. 06 de long: pas d'évents,
n'est qu'apparemment. De même une nageoire anale, un museau proé-
celles des évents. En 1840, cependant, minent et pointu. Comme pour l'es-
paraît l'ouvrage, devenu classique pèce précédente, la disposition des
par la suite, de Millier et Henle (Pla-- fentes branchiales est celle du Squale
giostomes). Dans la diagnose du genre pèlerin.
Selache, les évents sont mentionnés; Comment ne pas remarquer que
et dans la description de l'unique es- ce genre Polyprosopus a été créé
pèce de ce genre (,Selache maxima), d'après des documents de seconde
ils sont, de même, très exactement main et des spécimens desséchés et
situés. La nageoire anale, à son tour, peut-être maquillés en vue de les
n'a pas été oubliée. Entre temps, du rendre plus étranges pour le public
reste, cette histoire va encore se appelé àles voir? D'autant que Couch
compliquer d'éléments nouveaux. En lui-même fait part de son incertitude,
1825, en effet, Couch, dans son mé- nomme ses deux espèces provisoire-
moire sur les Poissons de Cornwall ment et en publie les figures surtout
(Transact. Linn. Soc. London, XIV, pour soumettre le cas au jugement
p. 91), mentionne un Squalus maxi- des naturalistes.
mus, capturé à P.enryn en 1809 et me- T. Gill, d'abord (Proc Acad. Nat.
surant 9 m. 435. Mais il ajoute qu'il Sc. Philadelphia, 1864, p. 199) fait
a reçu de William Rashleigh, 'de judicieusement remarquer 'que les
Menabilly (Cornwall) un dessin et un Po'yprosopvs de Couch appartiennent
rapport sur un Poissondu genre Squa- au genre Selache ou Cetorhinus, qu'on
lus. d'une espèce inconnue jusqu'à ce a mal observé des spécimens peut-
jour. Il mesurait 9 m. 92. Il di- être déformés et qu'il n'est pas plus
fférait, selon Couch, du Basking scientifique de nier la présence des
shark par le forme de la. tête et l'em- évents que de nier celle de la na-
placement des yeux. Couch donna geoire anale.
plus tard à cet animal le nom de A. Günther (Catalogue of the Fishes
in the Bristisli Muséum, VIII, 1870), base du rostre), la présence des
outre qu'il caractérise fort bien le évents, d'une nageoire anale et d'une
genre Selache (anale très petite et carène sur la queue.
très "petits évents) et le Selache ma- Après une longue discussion his-
xima, considère les espèces de Pqly- torique, Pavesi conclut que les
prosopus, comme des monstruosités. Squales 'au museau proéminent ne
Or, la même année T. Cornish peuvent être considérés comme des
(Zoologist, n° 59, 1870, p. 2253) dé- monstruosités et qu'on ne peut voir,
crit un Squale capturé à Mount's Bay non plus, dans ce développement un
le 1 l juin 1870, qui offrait comme cas de dimorphisme sexuel. Il les
particularité remarquable d'avoir un rattache au genre Selache, auquel
museau saillant et prolongé par une il reconnaît deux espèces : Selache
manière de bec à son extrémité. Le maxima (Gunn) : tête petite, normale ;
naturaliste anglais lui donne le nom la
museau court, obtus; yeuxà pointe
de Squatus ou Cetorhinus rostratus du museau. — Selache rostrata (Ma-
(Snouted shark). cri) (1) : tête très large ; museau très
La présence d'un museau proémi- saillant avec un bec à l'extrémité ;
nent chez les Squales considérés yeux à la base du museau, loin de sa
comme identiques au Pèlerin ou du pointe. Et ce S. rostrata comprend à
moins très voisins de lui, entrait donc la fois dans sa synonymie : Squalus
dans l'histoire de ce genre. Et elle rostratus de Macri, les deux Poly-
allait être reprise et minutieusement prosopus de Couch, le Squalus ou
discutée dans l'excellent travail de Cetorhinus rostratus de Cornish.
P. Pavesi (Ann. Mus. Civ. di Si. nat. enfin Le Squale de la Spezia étudié
di Genova, VI, 1874). En effet, le 25 par Pavesi.
avril 1871, un Squale était capturé Mais en 1878, nouveau mémoire
par les pêcheurs dans le golfe de du naturaliste italien, mémoire con-
la Spezia. 11 fut expédié à Gênes et sacré à la même question, et non
offert au Musée d'histoire naturelle moins documenté, non moins critiq Lie
de l'Université, où il fut monté à sec. que le précédent. C'est la nouvelle
L'animal mesurait 2 m. 95 de long. capture d'un Squale, le 21 juin 1877.
En avant de la bouche, le corps, à Vado, près de Savona, qui lui a
élargi depuis l'insertion des pecto- donné l'occasion de l'écrire et d'é-
rales, formait un"angle presque droit, tendre son excellente contribution à
se rétrécissait et se prolongeait en un l'anatomie de l'animal. L'exemplaire
museau ou un rostre, bien distinct de Vado mesurait 3 m. 25 de long, était
du tronc. Il est bien évident que du sexe mâle et se révélait identique
l'aspect antérieur du Squale de la à l'espèce de la Spezia. Mais entre le
Spezia devait remettre en mémoire travail ci-dessus ànalysé de Pavesi
les fameux Polyprosoplls de Couch (1874) et la seconde publication du
(voir les figures ci-contre). Pavesi même auteur (1878), des remarques
reconnaît que son exemplaire se avaient été faites sur son interpré-
rapproche beaucoup de P. macer, tation première, des faits nouveaux^
tout en s'écartant à la fois de cette s'étaient produits.
dernière espèce et de P. Rashlei-
qhanus par un rostre beaucoup plus
proéminent, prismatique, la situa- .
(1) En effet, Macri, en 1839, avait désigné
tion dès yeux (latéralement et à la sous ce nom un Pélerin capturé à Reggio en
1195.
siôns générales, des sexes, de la lon- les Selache maxima possèdent un
gueur de la-tête, du rostre, etc..., des rostre, mais il paraît moins saillant
Cetorhinus dont il a eu connaissance chez les grands exemplaires (de 8 à
par les publications des auteurs, 12 mètres), parce que le museau est
Pavesi convient qu'il lui faut reve- alors plus charnu. Qrrant à la posi-
nir sur son opinion de 1874. Il n'y a tion variable des yeux, il croit que
pas deux espèces de Selache (maximus les différences signalées viennent
et rostrata), mais une seule (Seiache d'un manque d'observations précises.
maximus). Les Selache à museau Comment ne pas faire remarquer
proéminent ne sont pas des mons-' que l'explication de Carazzi rejoint
truosités. Celte caractéristique ne directement celle de Pavesi ? C'est
correspond point à un dimorphisme bien, du reste, l'opinion implicite-
sexuel ; elle doit être rapportée à ment contenue dans un travail de
une question d'âge, les exemplaires Vinciguerra (Ann. del Mus. civ. Si.
de cette espèce mesurant de 4 à nat.yL1, 1923, p. 133). L'ichÛlyolo-
5 mètres de long, c'est-à-dire les giste italien remarque que tous les
jeunes ayant seuls un rostre allongé, exemplaires capturés en Méditerra-
et ayant les organes mâles dépourvus née (voir plus loin et carte) possèdent
d'éperon. Nous reviendrons tout à un museau proéminent avec pro-
l'heure sur cette remarque. longement rostriforme. Cependant,
La question réapparaît en 1904, à un exemplaire pris à Camogli et me-
nouveau réveillée par un naturaliste surant 6 mètres — une des plus
italien, Dav. Carazzi (Zool. Anz grandes tailles enregistres dans cette
XXVIII, 5, p. 1 61), à l'occasion de la mer pour le Cetorhinus maximus —
capture d'un Selache maxima dans le n'offre pas ce prolongement. Le pro-
golfe d'Alghero (Sardaigne) au mois fil de l'animal en question rappelle
de mai de la même année. L'exem- celui du Pèlerin capturé à Bergen
plaire, du sexe femelle, mesurait (Norvège) en 1904, mesurant 9 m. 20
3 m. 37 de longueur totale. La photo- de long et exposé au British Muséum.
graphie publiée par Carazzi révèle un Il paraît tout à fait légitime de penser
museau fort long avec un pelit pro- que chez cetteespèce, avec l'âge, le mu-
longement antérieur, des yeux laté- seau devient plus court et plus charnu.
raux, une énorme bouche et rappelle Or, un critérium pour définir l'état
les caractères des Selache étudiés adulte, chez les mâles et que Carazzi
autrefois par Pavesi. avait méconnu, c'est la présence, sur
Carazzi, cependant, n'admet pas les plérygôpodes, dè cet éperon dont
l'explication proposée par ce dernier Pavesi notait l'absence chez les
naturaliste en ce qui concerne l'ab- Pèlerins rostrés, c'est-à-dire encore
sence ou la présence du rostre. ! es jeunes, qu'il ayait considérés autre-
raisons qu'il donne reposent sur le fois comme des Selache rostrata. De
fait qu'il est très difncile de savoir si Blainville (1811) avait remarqué et
l'exemplaire auquel on a affaire a décrit cet éperon. « La face interne
franchi le stade de la maturité des appendices extérieurs de la gé-
sexuelle, c'est-à-dire s'il est adulte, nération, offrait, écrit-il, une exca-
étant donné que les glandes génitales, vation susceptible d'être facilement
chez les Poissons, se développent à et largement ouverte, dans laquelle
l'époque de la reproduction et s'atro- on remarquait... une sorte de pointe
phient ensuite. Selon Carazzi, tous ou d'ergot de 7 pouces de long, arli-
culé et fort mobile sur l'extrémité chiaux portant desfilaments rigides,
postérieure du cartilage qui bordait mais flexibles, de nature osseuse
supérieurement le sillon fermé, mais (phosphate de chaux et un peu de
qui était tout à fait recouverte par la carbonate de chaux), avec trace des
membrane interne et dont l'extré- canalicules de la dentine (P. et H Ger-
mité seule d'un 1 /2 pouce de long vais, 1876). Ces filaments constituent
m'a paru comme cornée et libre au une sorte de herse, qui les a fait
bord supérieur et extérieur de l'ap- comparer à des fanons de Baleine
pendice... (1) ». (cf. l'appellation : Requin à fanons).
Le dernier travail de Pavesi marqué Pectorales, triangulaires, à bord
une étape dans l'acquisition de nos postérieur concave, atteignant ven-
connaissances sur le Cetorhinus tralement le milieu de la dorsale.
maximus. Après 1878, -en effet, notre Dorsale entre pectorales et ventrales,
Sélacien se retrouve avec de cor- mais plus proche dé ces dernières ;
rectes diagnoses dans la nomencla- bord postérieur échancré ; bord infé-
ture ichthyologique, tantôt sous le rieur prolongé en pointe. Ventrales
nom de Selache maxima. tantôt sous très petites, triangulaires, entre les
celui de Cetorhinus maximus (2). deux dorsales, mais plus rapprochées
Cette diagnose — et c'est par quoi de la première. Seconde dorsale et
nous terminerons cet historique — anale, petites, à. peu près égales, la
peut se résumer dé la manière sui- seconde toutefois un peu plus petite.
vante : Caudale grande, en forme de
Corps fusiforme, massif en avant, croissant irrégulier ; le lobe supé-
étiré en arrière de la dorsale. Peau rieur environ un tiers plus grand
rugueuse, avec de petits spicules. que le lobe inférieur, portant une
Tête petite, conique ou subconique; échancrure de son bord postérieur,
museau variable de forme, plus cfu près de l'extrémité supérieure. Dos
moins allongé, selon l'âge, parfois re- gris brun ou gris ardoisé; ventre
levé à son extrémité. Yeux très petits, blanchâtre ou grisâtre
sans membrane nictitante. Narines Ajoutons que les ichthyologistes
petites plus proches de la bouche que placent le genre Cetorhinus dans la
du boutdu museau. Events, également famille des Lamnidae (Lamnae de
très petits, en arrière de l'œil et au Muller et Henle), et par exemple Jor-
dessus de l'angle de la bouche. Bou- dan et Evermann ou dans celle des
che très large. Dents très nombreuses, lsuridae avec les genres Isurus, Car-
petites, subconiques, non dentelées. charodon (S. Garman) ; d'autres (Lo-
Fentes branchiales très longues, sur- zano Rey) créent pour lui une famille
tout les antérieures, très rapprochées spéciale, dont il est le seul représen-
les unes des autres dorsalement. et tant, celle des Cethorinidae et il
ventralement et par conséquent en- semble que celte manière de voir
tourant presque le cou. Arcs bran- soit très légitime.
Dans un prochain article nous exa-
Ci)"oir, plus récemment, l'excellent travail minerons la répartition géographique
de F. E. Jungersen (The Danish Ingolf Expedit., du Cetorhinus maximus en faisant état
11, Part. 1, n* 2, 1849.
(2) Voir par exemple Day, Brit. Fishes 1884, des captures et des échouages de ce
Il ; Jordan et Gilbert. Bull. U. S. Nat. Mus.,
i883, t." 16 ; Jordan et Evermann, Bull. U. S. Nat.
Squale signalés sur les côtes des diffé-
Mus 896 ; Dr E. Moreau, Bisl nat. des Pois- rents pays du globe et donnerons
sons de la France, T. 1., 1881 ; Garman, The
,
INSTRUCTIONS
POUR PRÉPARER LES MAMMIFÈRES EN PEAUX
dès qu'elles poussent, les arrosages doi- C'est, d'ailleurs, un véritable record.
vent être fréquents et abondants. Les en- Ajoutons enfin que le Caladium esculen-
grais liquides augmentent beaucoup la tum est surtout utilisable pour la décora-
vigueur des plants en stimulant leur végé- tion des pelouses où on le plante isole-
tation ment ou en groupe. On s'en sert beaucoup
.
Après deux ou trois mois de culture, ils aussi pour la formation de grandes cor-
ont acquis leur complet développement. beilles en mélange avec les Cana. les Eu-
En automne, on met les bulbes dans un calyptus, etc. L'aspect exotique de ses
endroit sec, jusqu'à la reprise de la végé- feuilles apporte un ornement remarquable
tation . à la décoration estivale des jardins.
Les « Oreilles d'Eléphant atteignent
)> L. KUENTZ.
parfois des dimensions extraordinaires,
comme l'on pourra s'en convaincre par A PROPOS DE CAPTURES
à
nos images prises l'Ecole de Médecine D'OISEAUX PAR LES PLANTES
de Carlisle (Pennsylvanie).
La première représente un ensemble de La lecture de la note parue ici même,
sept pieds mesurant 8 m. 25 de longueur. dans Le numéro de mars 1934, me permet
de rappeler qu'antérieurement à la note LA PROTECTION DE LA FAUNE
de M. 1-1. Heim de Balsac, parue dans le ET DE LA FLORE AFRICAINE
N" 1 d'Alauda. février 1931, j'avais publié Mi G. Petit a donné récemment un
dans la re-vue f Oiseau et la Revue française compte-rendu de la conférence interna-
d'ornithologie (Vol. XI, NJ 12, décembre nationale qui s'est tenue à Londres en
1930. p. 734-135). une note sur : « Une octobre-novembre dernier, pour la pro-
plante piège à Oiseaux », où je signalais tection de la Nature en Afrique (la Terre
la capture à St-Geniès de Malgoirès(Gard), et la Vie, N" 1, 1934, p. 51-55).
le 17 août 1930, d'un Engoulevent d'Eu- M. le professeur Auguste Chevalier,
rope. Caprimulyus europœus L. et celle dans les Renseignements coloniaux, publiés
d'une Effraye commune. Tyto alba (L.), par le Comité de l'Afrique française et le
lin septembre J929. par des épis d'une Comité du Maroc, vient d'écrire un élo-
Graminée S d aria verticillata P. de quent plaidoyer en faveur de la protection
Bauv. de la faune et de la flore africaines.
Dans les Nus 8-9 de la même revue, C'est, tout d'abord, un exposé dés
(août et septembre 1931i p. 562-563), je causes de la dévastation de la nature dans
signalais encore une Effraye vivante, cap- le continent africain ; la responsabilité en
turée le -2 novembre 1930, dont le corps incombe toute entière à la race blanche,
était entièrement ficelé par les épis et les qui s'y est implantée progressivement;
tiges de la plante citée plus haut. Dans refoulant devant elles les populations
ces trois cas. les Oiseaux s'étaient débat- noires autochtones.
tus et n'avaient réussi qu'à se ligoter « Le primitif africain, dit M. Chevalier
plus étroitement. était en réalité un protecteur de la
Selaria verticillatu porte dans ma région nature ». Sans armes à feu — ou à peu
le nom languedocien de « panis-m » et le près — il respectait la plupart des ani-
nom populaire de : « couturière ». maux à cause de sa croyance aux totems,
Dans ma seconde note, je rappelais le il n'osait toucher aux bois déclarés sacrés
travail de M. 11. Heim de Balsac, et que,
par ses sorciers, ou s'aventurer dans cer-
comme lui, j'avais trouvé des Chardonne- taines zones qui lui inspiraient une mysté-
rels entravés par des capitules de la rieuse terreur. II agissait donc par supers-
Grande-Bardane (Arctium lappa L.); capi- tition, mais qui pourrait le lui reprocher ?
tules connues sous le nom languedocien En voyant les Blancs massacrer incon-
d' « arrapn péou » (attrape-cheveux); la sidérément le gibier et dévaster les forêts,
plante est la « lampourda ». il était forcé qu'un revirement s'opérât;
Sur des Oiseaux et du gibier surtout Les Noirs ont fait de même, et, de ce fait,
blessés depuis quelque temps, il- n'est pas la destruction a été plus rapide et plus
rare de trouver fortement agrippés les complète.
fruits de Xanthium spinosum, X. struma- Nous en sommes arrivés à un point cri-
rium, X. macrocyanus. qui dans bien des tique : il s'agit de savoir si des espèces déjà
cas gênent dans leur fuite ces animaux extrêmement diminuées doivent dispa-
affaiblis.
Les captures des Oiseaux par les plantes raitre complètement — comme il est déjà
arrivé à quelques-unes — ou si nous vou-
sont plus fréquentes que ce qu'on a pule lons conserver quelque chose des-trésors
penser ; ce soûl les chercheurs bons obser-
vateurs qui. rarissimes, manquent pour que la nature avait accumulés pour nous.
La Conférence internationale de Londres
les découvrir. Promeneurs ou chasseurs
mettent sur le compte d'une blessure le pour la Protection de la Faune et de la
Flore africaines a essayé de résoudre le
cas de l'Oiseau qui se débat sans pouvoir problème. Elle s'est préoccupée d'établir
s'envoler ; les uns et les autres les
des zones de protection, parcs interna-
assomment ou les étouffent sans y prêter tionaux, réserves naturelles intégrales,
une plus sûre attention. réserves complètement soustraites à la
Albert HUGUES. chasse, où animaux et plantes pourraient
vivre et se développer en toute sécurité ; De pareilles réserves, comme le fait
elle a dressé une liste des animaux et des judicieusement ressortir M. le professeur
plantes dont la protection était la plus Chevalier, n'ont pas seulement un intérêt
urgente ; elle a organisé enfin un contrôle de curiosité ; elles sont utiles à la Science
de la chasse, avec la prohibition de en lui conservant, vivantes, des espèces
certains engins ou méthodes particuliè- qu'il serait au moins regrettable de voir
rement funestes. disparaître ; elles rendent service à l'éco-
Dans l'article rappelé plus haut M. G. nomie générale du pays, et il faut le dire
Petit a déjà parlé de ces travaux ; nous n'y à celle de l'univers tout entier, -car elles
reviendrons pas. Notons toutefois en empêchent de s'amoindrir le trésor dont,
passant que le continent africain ne pos- comme l'a dit le roi Léopold III, alors
sède actuellement que deux Parcs Natio- Prince de Brabant, nous ne sommes que
naux, le Parc Albert, au Congo belge et le les dépositairestemporaires. Il-est regret-
Parc Kruger, dans l'Afrique du sud. Le table que tous ne le comprennent pas. et
premier, qui couvre 315.000 hectares, ren- que, ne saisissant pas le but poursuivi par
ferme 200 Lions. 600 Gorilles, 400 Elé- le mouvement de protection delà Nature,
phants, 4.500 Hippopotames, pour ne ils l'estiment vain et inopérant.
citer que les plus grosses espèces ; il est L'article que nous venons de résumer
habité aussi par les derniers Pygmées. est heureusement complété par plusieurs
Le second, beaucoup plus vaste, a une cartes, indiquant l'emplacemenf des zones
étendue de plus de 2.000.000 d'hectares ; africaines de protection, par une liste
il ne renfermait au dernier recensement détaillée de ces réserves, enfin par un
que 100 éléphants et 200 Hippopotames, certain nombre d'annonces, vœux de
mais par contre on .y comptait 10 Rhino- Sociétés ou de Congrès savants, décrets
céros noirs, 4 à 500 Lions, 250 Girafes, et arrêtés de réglementation, qui en font
800 Buffles et 120.000 Antilopes de un document de la plus haute importance.
diverses espèces, sans compter de nom- Nous emprunterons la conclusion de
breux Zèbres. cette étude à M. Chevalier lui-même . « Il
Le Parc Albert a été créé en 1925, le n'y a qu'une richesse qui compte, c'est
Parc Kruger en 1928. On voit immédia- l'homme, son travail, son génie de créa-
tement quel résultat a été obtenu eu si tion et non de destruction. » La protection
peu de temps, et quelles espérances on de la Nature n'a pas d'autre but que de
en peut concevoir pour l'avenir. Quand nos limiter ce dernier, au profit du reste.
possessions d'Afrique auront-elles leur
parc national ? G. PORTEVIN.
NOUVELLES
ET INFORMATIONS
/
Ephémérides du Muséum —
TRAVAUX pèches maritimes, pèches fluviales. Le
FAITS DANS LES LABORATOIRES AU COURS DE Maroc ; décembre 1933.
L'AXA'ÉE 1933 (Suite). G. PETIT, Sous-directeur de Labora-
toire. — Un Cyprinidé nouveau d'Indo-
PÊCHES ET PRODUCTIONS chine (avec TCHUNG-LIN-TCHANG). Bull. du
COLONIALES D'ORIGINE ANIMALE Muséum, t. V, n° 3, p. 189-192.
— Un Poisson cavernicole aveugle des
A. GHUVEL, Professeur Directeur. — eaux douces de Madagascar Typhleotris
Mollusques testacés du grand lac Amer madagascariensis gen. et sp. : nov. C. R.
(canal de Suez) lre liste (en collaboration Acad. Sciences, t. 197, 24 juillet 1933,
avec G. MOAZZO). Bulletin du Muséum, n, 9, p. 347-348.
février 1932. Remarques suggérées par la décou-
Abondance du Branchiostoma (Am- —
— verte d'un crâne de Chat dans les dépôts
phioxus) lallceolatum Pallas, dans le sub-fossiles de Madagascar. C. R. Séances
canal de Suez. C. R. Acad. Sciences. Acad. Sciences, t. 197, nov. 1933.
3 juillet 19^3. Le genre Lepidolemur et sa réparti-
—
Sur la distribution de quelques tion géographique (note préliminaire). C.
—
espèces de Mollusques daus les lagunes R. sommaire Séances Soc. biogéographie
du lac Timsah (Canal de Suez). C. R. n° 82, p. 33-37.
Séances Acad. Sciences, 10 juillet 1933. Histoire de la création des réserves
—
Laboratoire des Pèches et Pro- naturelles de Madagascar et état actuel
— Le
ductions coloniales d'origine animale, du de leur organisation (résumé) id. n° 83,
Muséum d'histoire naturelle. Bulletin d'In- p. 44-45.
formations coloniales, 27 novembre 1933. Les réserves naturelles de Madagas-
—
—
(En collaboration avec W. BESNARD) : car. Le monde colonial illustré, n° 114,
De l'action des radiations lumineuses el février 1933, p. 29-30. 4 ill.
ultra-violettes émises par des lampes spé- Madagascar. Un album : 87 photogra-
—
ciales, sur la croissance et la reproduc- phies de R. MOURLAN. Texte et légendes :
tion de quelques plantes aquatiques. C. R. de G. PETIT. Arts et Métiers graphiques
Séances Acad. des Sciences, 4 décembre ' édit. Paris.
1933. Un bel exemple du musée régional :
—
Recherches sur la nature des fonds le Musée pyrénéen de Lourdes. La Terre
—
de la côte occidentale du Maroc entre le e/ la Vie, n° 11, nov. 1933, p. 681-689.
cap Cantin et le Cap Ghir (en collabora- — A propos d'un centenaire : Victor
tion avec W. BESNARD). C. R. Académie des .Jacquemont. La Terre et la Vie n° 7. juil-
Sciences, 9 décembre 1933. let 1933, p. 435-437.
—
L'Aquarium du Musée des Colonies. Comptes rendus bibliographiques
—
Bulletin d'Informations coloniales, dé- dans Lri Terre et la Vie : ouvrages de PEL-
cembre 1933. LEGRIN, PERRIER DELA BATIIIE. ROULE, AUBERT
—
Quelques mots sur la conférence DE LA RUE, etc...
internationale de Londres pour la Protec- Th. MONOD, Assistant. — Notes biblio-
tion de la Faune et de la Flore africaines. graphiques sur le Sahara occidental. Jour-
Communication à l'Académie des Sciences nal de t'a Soc. des Africanistes. t. III. fasc. 1,
coloniales, le 7 décembre 1933. p. 129-196, 1933.
—
L'industrie des poches au Maroc; Gravures rupestres sahariennes natura-
listes. La Terre et lu Vie, n', 5, mai 1933 Poisson de la famille des Gobiidés,
—
p. 258-215, 9 fig. d'un type morphologique nouveau, ori-
Anes sauvages La Terre et la Vie, n° 8, ginaire de Tanger. C. R. Séances Acad.
août 1933, p. 451-462. 7 fig. Sciences, s. 2. t 5
Sur quelques Crustacés de l'Afrique Gonorhynchidés fossiles des Mu-
occidentale française. Bull. Com. Etudes — Les
sées de Marseille et d'Aix-en-Provence.
hist. et se. de l'A. 0. F, t. XV, n° 2-3, Annales du Musée de Marseille. t. 26,
avril-sept. 1932 (paru en 1933) p. 436-548, R. Ph. DOLLFUS, Préparateur. Thyn-
fig. 1-26. —
nascaris Legendrei, n. gen.,. sp., de l'esto-
Brachyura maroccana I. Pinnoteridae mac du Germon, Germo alalongu Grnel.
(description d' Asthenognalhus atlanticus, Bulletin Soc. Zool. France, t. LVIII, n0 1,
nov. sp.) Bull. Soc. sc. nut. Maroc, t. XII, paru le 31. 3. 33, p. 7-12, fîg. 1-8.
n° 4-6. 30. 6. 1U32 (paru le 25. 5. 1933)
p. 142-155, fig. 1-9. — (en collaboration avecTh.MoNoo). —
Hoplodontoforus flagellum (Ehreub.) chez
Brachyura maroccana (2" partie). Bull. Procania Antineæ Bégouan et Il. lleim
Soc. Sc. nat. Maroc. t. XII, n° 7-8. 3. 12. de Balsac, au Hoggar. Bull. Soc. Hist. nat.
M931 (paru Ie tu. 8. 1933) p, 199-200, Afrique du Nord. t. XXIV, déc. 1933. n° 9,
fig.1-7.
Tanaidacea et Isopoda._ Mission Robert p. 327-341, fig.1 18+1 fig. paru fév. 1934].
PH D OLLF us e n Egypte Mém.Inst. d'Egypte, —
Mission R. Ph. DOLLEUS en Egypte
. (décembre 1927-mars 1929). Résumé ana-
t. XXI, nov. 1933, p. 160=264, fig. 1-80. lytique des mémoires, t. XXI, 1-6, pré-
P. GUABANADI), Préparateur. — Quense-
lia azevia Capella. sentés à l'Institut d'Egypte dans la séance
Dollfusina Rueppelli Cocco. du 14 novembre 1932. Bull. Inst. Egypte,
Fiches delà Commission Internationale t. XV (session 1932-1933) 2e fascicule,
pour l'Exploration de l'Atlantique Nord et p. 125-157 (paru en 1933j.
de la Commission Internationale pour — Mission R. Ph. DOLLFUS en Egypte
l'Exploration de la Méditerranée. (1927-1929). Résultats scientifiques, Impar-
l'organe nasal chez cer- tie. Introduction aux mémoires présentés
— Atrophie de à l'Institut d'Egypte, Mémoires de l'Insti-
tains Poissons hétéroso-mes. C. R. Acadé-
mie des Sciences, 197, p. 192. tut d'Egypte, t. XXI, 1933.
W. BESNARD, Préparateur suppléant.
— Les grandes subdivisions de l'ordre GItUYEL. : De l'action des
des Poissons hétérosomes sont elles justi- — avec A.
ciables d'un criterium discriminatif? C.R. radiations lumineuses et ultra-violettes
Acad. Se. 197, p. 1064. émises par des lampes spéciales, sur la
croissance et la reproduction de quelques
— Sur divers Poissons de la mer Rouge plantes aquatiques C. R. Séances Acad.
et du canal de Suez. Description de, deux Sciences. 4 décembre 1933.
espèces nouvelles Bulletin de l'Institut A. GHUYEL) : Recherches sur la
Océanographique, Monaco, 627 12, p. 7 fig. — (avec
Contribution à l'ostéologie compara- nature des fonds de la côte occidentale
— du Maroc entre le Cap Cantin et le Cap
tive des Poissons, principalement des Té- Ghir. C. R. Acad Se., il décembre 4933.
'léostéens hétérosomes Bull. Soc. Zool. Une création bien française : l'Aqua-
France, t. 58, p. 141-168, 1 pl. 21 fig. —
rium du Musée des Colonies. Le Monde
—
Variabilité de Lirus ovalis G. V. colonial illustré, décembre 1933.
(Pisc Stromateidae) Bulletin du Muséum, P. BUDKER, boursier du Muséum. --
s. 2, t. 5, p. 285. La pêche au « Rémora » dans la mer
—
Poissons hétérosomes recueillis par des Antilles. La Terre el fa Vie, n°6. juin
M. le Professeur A. GRUVEL et par MM. 1933, p. 373-374.
R. Ph. DOLLFUS et J. LIOUVILLE sur la côte Les Requins. Leur vie et leurs légen-
-
atlantique du Maroc Mém. Soc. Se. nat. —
des La Terre et la Vie, n" H, nov. 1933,
Maroc, n" 35 (111, p., 2 pl., 51 fig.)
Contribution à l'étude de la faune p. 654-664. 7 ill.
—
ichthyologique du canal de Suez. Bull. CULTURE
Soc. Zool. France, t. 58.
—
Poissons recueillis dans le lac M. le professeur Guillaumin (t attiré nuire
Timsah (canal de Suez) par M. le Profes- attention sur le fait que les services dont il
seur A. GRUVEL, en 1933. Bulletin du est le directeur comprennent, outre le labo-
Muséum, s. 2. t. 5. ratoire de culture, le jardin botanique., les
serres el Chèvreloup. L'activité du jardin, des III. COLLECTIONS DONNÉES ET REÇUES. —
serres et de Chèvreloup ne se manifeste pas L'Index seminum Horti Pariensiensis de
par des publications, mais par l'élevage de 1932 (graines distribuées en 1933) compre-
plantes, la distribution des graines, les, con- nait 2.8,42 espèces (contre 2.754 en 1932) ;
férences-promenades, etc. Nous publions les échanges se sont poursuivis comme
donc, avec plaisir, in extenso, le compte- par le passé avec les jardins botaniques
rendu que hl. Guillaumin a bien, voulu nous de France, des colonies et de l'étranger
faire parvenir sur l'activité de son service ainsi qu'avec les amateurs: les demandes
en 1933. ont pu être satisfaites dans la proportion
*
- - dé 97% alors que le Muséum n'a reçu qué
1. LABORATOIRE. — Une salle spéciale- 77 % des graines qu'il a demandées,
ment consacrée aux recherches de cyto- encore certains jardins botaniques ont-
logie et de caryologie a été organisée, et ils envoyé des graines mal déterminées
outillée. 1 jusque dans la proportion de 86 %.
La distribution d'eau de source a été Parmi les collections reçues il y a lieu-
réalisée pour les salles de travail qui jus- de signaler le don par MUe Fagris, de
qu'ici en étaient totalement dépourvues. 166 Orchidées complétant la collection
Il est regrettable clue le laboratoire de Liouville, donnée par elle en 1931, et la
Culture soit l'un des rares où le chauffage réception du célèbre' Salicetum d'QEnan-
central n'existe pas et qu'on soit toujours der légué par M. Ryden, et ne comprenant
obligé d'employer des poêles à charbon et pas moins de 229 plantes actuellement
à gaz qui présentent de graves dangers plantées au Jardin de Jussieu (annexe du
d'incendie et produisent beaucoup de Muséum d'Histoire naturelle) à Chèvre-
poussière. loup. près Versailles.
L'ensemble du mouvement pour 1933 se
II. SERRES. — 'Les serres tropicales re- répartit l'indique le tableau placé
mises en état en 1931, grâce une à sub- comme
à la fin de la liste des publications du
vention des « Amis du Muséum ». ont été, laboratoire.
ainsi que le Jardin d'Hiver chaud, renfer-
mant surtout des plantes utiles de grande IV. PUBLICATIONS. — A. GUILLAUMIN.Pro-
taille, ouverts au public du ler mai au t'esseur. --' Orchidees in' LECOMTE : Flore
Il novembre. Accessibles aju public les generale de l'Indochine, VI, pp. 398^424,
jours ouvrables ils n'ont reçu la visite que 428-430 et 431, en collaboration avec
de 8.552 personnes (contre 14.355 en F. Gagnepain.
1932), malgré l'attrait de la culture, pour- Plants collected in New Hebrides
—
tant particulièrement réussie, de la Victo- by Kajewski, in Journ. Arnold Arb. XI{ ;
ria regia et deux expositions de Cactées p. 53-61.
et plantes grasses du 19 au 24 juin et du Matériaux pour la Flore de la Nou-
23 au 27 octobre. —
velle-Calédonie XXXII et XXXIII. Bull.Soc.
Des conférences-promenades dirigées bot. France, XC, p. 35-38, 476-480 ;
par le professeur, le sous-directeur du —
Contributions à la Flore de la Nou-
laboratoire ou Je jardinier en chef ont velle-Calédonie LX. LXI: Bull.. Mus. Bull.
réuni plus de 600 personnes appartenant Mus., 2e série V, p. 242-249, 322-328 ;
à la Société philotechnique de Saint-Maur, Etat de nos connaissances sur la
—
à la Société des Sciences de Seine-et-Oise, Nouvelle-Calédonie et les Nouvelles-Hé-
au Foyer des Campagnes, à YInstitut natio- brides, Revue Bot. app., XII, p. 309-311.
nal pour le développement de la vie intellec- La chaire de Culture du Muséum
—
tuelle en France, au Génie français, àla nationald'Histoire naturelle de Paris. Rev.
Société d'Etudes géographiques et histo- scient. 1933.
riques de la Région parisienne, à F Art pour Les Cactées, plantes à la mode, La
—
tous, à l'Amicale des Ecoles du XIVe, aux Terre et la Vie III, p. 707-715,
Anciens élèves du Lycée de Nantes, à YEcole Les Cactées cultivées, 2e édition ; ;
Normale sociale 'de jeunes filles, aux Ecoles —
—
Une exposition de Cactées et de
de Versailles, aux Scouts de France. Plantes grasses à Paris. Cactus, III, n° 4,
Sur les revenus du legs fait au service p. 1-3 ;
de Culture par-feu Lionet. une serre spé- —
Une curieuse espèce nouvelle d 'Eu-
cialement organisée pour la multiplication phorbe de Madagascar, ibid., n° 6, p. 3-4;
des plautes de serres chaudes a été cons- —
Les Musa à feuilles rouges. Rev. hort.
truite et mise en service. 1933. p. 568, pl. col. ;
— Le Salicetum d'Œnander au Jardin supérieurs. Bull. Histologie, X, p. 41-55,
de Jussieu. Bull Soc dendrol, France 1933, 1933.
p. -25-29. M. ROUYER, Chef de la Multiplication. —
— Les relations entre Formose et les Compte-rendu concours de visites de jar-
régions voisines basées sur la Flore li- dins d'Aulnay-sous-Bois in Bull. Soc. nat.
gneuse, d'après Kanehira in C. R. somm. Hort. France, 5e sér., VI, p. 441 ;
Soc. Biogéog., X, p. 75-77. Compte-rendu de l'Exposition de
—
— Nécessité de ne pas omettre les noms Villeneuve-le-Roi, ibid p. 450 ;
,
d'auteur dans les catalogues horticoles. Compte-rendu de l'Exposition de
C. R. Xe Congrès intern. Hort., p. 286-287. —
St-Maur-1 es-Fossés, ibid, p. 650 ;
— Guide aux Collections de Plantes vi- C. GUINET, Chef de l'Ecole de Botanique
vantes du Muséum, IV Plantes utiles, orne- et de la Graineterie. — Procès-verbaux des
mentales, ou intéressantes des pays chauds, séances dç la Section botanique de la Soc.
première partie : Plantes utiles, 55 p. ; nat. d'Acclim., Bull. Soc. nat. d'Acclim.
—
Index seminum Horti Parisiensis France, 1933, p. 71, 114, 156, 238, 276 ;
avec C. Guinet) ;
anno 493a collectorum (en collaboration — Rapport sur le Jardija alpin
Bièvres, ibid., 1913, p. 194 ;
de
EchantMonsd'études
Graines Plantes Boutures
%
(individus) (sachets) vivantes (espèces)
Serres .
249 298
Totaux
....... 8 699 3.289
I
ECHANGES ET DONS
Ecole de Botanique
.... 1.700 18 507 1.331
Totaux
........ 4.467 18.507 9.605 45
Georges BOHN. — Leçons de Zoologie et Bio- chapitre premier nous prenons contact avec son
logie générale. — I. La cellule et les organisation fort complexe : cytoplasme, avec,
Protozoaires.— Actualités scientifiques et notamment, le complexe lipo-protéique qu'est
industrielles, no 106, 118 p., 43 fig. ; Her- le chondriome, et avec le vacuome ; noyau avec
mann et Cie, édit., Paris 1934 ; prix ses chromosomes, dont le nombre,caractéristique
pour chaque espèce animale ou végétale, peut
18 francs.
— II. Reproduction. — Sexua- varier dans une même espèce ou à certaines
lité. Hérédité. Ibid., n" lC6 ; 89 p., 38 fig. ; périodes de la vie individuelle, d'où la notion
prix 15 francs. de races chromosomiques (diploïdes, haploïdes,
triploïdes, tetraploïdes...). La complexité de la
Les deux premiers fascicules de ces Lapons cellule s'accuse encore à la lecture du cha-
de zoologie et de biologie générale que publie pitre II (Chimie de la cellule) et du chapitre III
Georges Bohn, correspondent, dans leur esprit (Physique de la cellule). Hier, la Cytologie
et leur forme, à quelque chose d? nouveau, toute entière se bornait à l'étude de la morpholo-
qui cadre bien, par ailleurs, avec la formule gie de la cellule. Aujourd'hui s'y joignent et pré-
moderne d'éditions scientifiques inaugurée par dominent une Cytochimie, une Cytophysique,une
l'éditeur Hermann. Cytophysiologie.Le champ ouvert aux analyses
La transformation du P. C. N. en P. C. B. et aux expériences est immense ; mais bien des
B : la biologie, les multiples aspects de l'activité résultats sont fort encourageants, sur la voie de
vitale, se substituant à N, l'histoire naturelle la composition, des réactions, de l'origine même
(ancienne conception), englobant la description de la matière vivante, ce mélange très complexe,
et la classification des êtres vivants — paraît et en équilibre, de proteides, de glucides, de
mieux correspondre aux buts de cette année lipides et d'eau.
préparatoire aux études médicales et aussi aux Le chapitre IV, qui traite de la multiplication
curiosités et au goût des étudiants. cellulaire, termine la première partie du fas-
Or. précisément les premiers chapitres de cicule I.
l'ouvrage de Georges Bohn révèlent le souci, La deuxième partie est consacrée aux Pro-
qu'il exprime lui-même, de réaliser une Intro- tozoaires. Naguère encore on gronpait sous le
duction à l'étude de la biologie expérimentale nom de Rhizopodes tous les Protozoaires non
et d celle de la médecine. entourés d'une membrane différenciée (Amibes,
Nous sommes loin de la présentation et de la Foraminifères. Radiolaires). On réunissait à
manière du pesant traité, dont le premier cha- part les Flagellés et les Ciliés.
pitre n'est déjà plus q jour alors que le dernier Les Amibes étaient considérées comme des
vient d'être écrit, où stagnent de vieilles notions formes primitives. Aujourd'hui on les considère
devenues des erreurs et qu'illustrent souvent plutôt comme des formes dégénéréesdérivant de
des figures qui étaient actuelles du temps de formes plus spécialisées et notamment les Fla-
Mathias Duval. gellés. La classification adoptée par G. Bohn
Ce qui caractérise dés l'abord l'ouvrage de est la suivante : 1* Flagellés, Amibes, Forami-
G. Bohn, c'est la concision, la précision.lactarté. nifères ; 2° Infuso:res ciliés ; 3* Radiolaires ;
Je veux bien qu'il s'adresse avant tout aux 1* Sporozoaires ; 5 Cnidosporidies.
étudiants. Mais les qualités que je viens d'énon- L'auteur insiste tout particulièrement sur les
cer. auxquelles il faut joindre l'exposé et la cri- Flagellés, les plus primitifs des Protozoaires, et
tique de tout récents travaux, font qu'il sera des dont les représentants munis de pigment assi-
plus utiles aux chercheurs que la spécialisation milateur (chlorophylle) sont considérés comme
forcée a tenu éloignés des questions qui ne sont pas les ancêtres communs des animaux et des vé-
celles de leur choix ; et par de là ceux-là même, gétaux.
l'ouvrage atteint tous ceux—ils sont nombreux, Leur intérêt biologique est considérable ; leur
et appartiennent à des milieux très divers — qui appareil cinétique est très développé ; il com-
se passionnent pour les questions biologiques et, prend flagelles, blépharoplaste ou corpuscule
d'une manière générale, le mouvement des idées. moteur situé à la base de chaque flagelle.
Voilà qui constitue, selon moi, le plus bel éloge axostyle, formation très particulière, sorte de
qu'on puisse faire d'une œuvre. baguette de soutien de la cellule, dérivée du
Les caractères généraux des êtres vivants sont fuseau qui parfois persiste après la division.
dégagés, en manière d'introduction, du point de Leur alimentation est autotrophe ; ils se nour-
vue de la forme, de la fonction, de l'évolution rissent rarement de proies vivantes et souvent,
et du point de vue de la chimie. grâce au pigment assimilateur, ils utilisent
L'étude de la cellule constitue la première l'énergie des rayons solaires pour fabriquer
partie du volume 1 : la cellule, découverte en des substances organiques. Ils ont tendance
1667 par Robert Hooke, dont Dutrochet (1824) à former des colonies et présentent tous des
faisait dériver tous les tissus vivants et dont la
connaissance domine toute la Biologie. Dans le
processus sexuels (Chla mydomonas par exemple)
qui rappellent ceux des animaux supérieurs.
Les F.agellés, enfin, offrent une très grande porteur d'une charge électrique négative est
richesse de formes et comptent parmi eux des attiré par l'œuf pourvu d'une charge positive.
parasites, agents de redoutables maladies (trypa- Mais dès la pénétration d'un spermatozoïde « une
nosomiases, leishmanioses...). Comment ne pas onde de négativité électrique »se propagerait à
rappeler, enfin la symbiose des Flagellés et la surface et désormais les gamètes seraient re-
des Termites, dans l'intestin desquels ils vivent: poussés au lieu d'être attirés.
sécrétant des diastases capables d'attaquer la Un exposé des différentes méthodes(Loeb, Ba-
cellulose, ils digèrent pour l'hôte qui les hé- taillon, Delage, Dalcq) de la parthénogénèse
berge et qui, sans eux, serait incapable de expérimentale termine le chapitre.
se nourrir. Nous arrivons à l'étude de la segmentation
Les Infusoires ciliés sont de tous les Proto- de l'œuf et à la formation de l'embryon
zoaires ceux dont la complication est la plus (chap. 111). Nous signalerons notamment au
accusée, l'organisation la plus perfectionnée. lecteur les quatre pages condensées et substan-
Des Ho'otriches aux Discotriches, en passant par tielles concernant la mécanique embryonnaire.
les Hétérotriches et les Hypotriches. on constate Elles conduisent à un aperçu sur l'une des plus
un perfectionnementprogressifde l'appareil pré- intéressantes découvertes de la biologie dans
henseur des aliments. Notons les pages consacrées ces dernières années : celle des organisateurs.
aux cultures d'Infusoires et celles qni traitent Les expériences de Spemann sur l'œuf des
des Sporozoaires, dont la structure très simpli- Batraciens urodèles ont montré les propriétés
fiée est en relation avec leur état parasitaire et morphogénétiques remarquables dont serait
dont le cycle évolutif, fort complexe, est parfai- douée la lèvre supérieure du blastopore chez
tement réglé (paludisme chez l'Homme, cocci- les Batraciens. Un chapitre sur la différencia-
diose). tion des tissus termine la première division du
fascicule dont nous rendons compte. La seconde
n'est pas moins riche en aperçus et d'une lecture
Deux grandes divisions dans le deuxième fas- dont l'intérêt est soutenu par l'exposé des faits les
cicule des leçons de Zoologie et Biologie géné- plus saillants, des expériences les plus démons-
rale de Georges Bohn : l'œuf et la mécanique tratives concernant la sexualité (chap. I) et
embryonnaire (p. 3-51). — Sexualité et génétique l'hérédité (chap. 11). Notons l'étude des états
(p. 53-86). intersexués d'après les expériences de R. Golds-
Le premier chapitre étudie les glandes repro- chmidt sur un Papillon (Lymantria dispar) et
ductrices (ovaires et testicules) ou gonades et le d'intéressantes considérations sur l'hermaphro-
second les cellules reproductrices auxquelles disme. Dans le chapitre « Hérédité » sont expo-
elles donnent naissance (ovules et spermato- sées les lois de Mendel et les théories de
zoïdes) ou gamètes. Morgan.
Notons l'intéressant exposé auquel donne lieu Le fascicule se termine par un chapitre
la maturation de l'ovule. Aux changements de consacré à la notion d'espèces. Les systémati-
forme qu'a subi l'ovule mûr, correspondent des ciens établissent leurs espèces d'après des
modifications chimiques, décelables par les co- critères morphologiques. Il est bien évident
lorants, elles-mêmesaccompagnées de perturba- que la définition d'une espèce devrait faire
tions électriques, au moment où survient la rup- appel à des critères cytologiques, physiolo-
ture de la membrane de la vésicule vitelline giques, chimiques, sérologiques.
(recherches de Dalcq). Notons aussi, dans le Ceux qui auront eu entre les mains les deux
deuxième chapitre, le § concernant la monosper- premiers fascicules des Leçons de Zoologie et
mie et la polyspermie. Plusieurs hypothèses ont Biologie générale attendront les suivants avec
été émises pour expliquer le mécanisme empê- impatience.
chant la pénétration dans l'ovule de plus d'un Il faut féliciter Georges Bohn d'avoir su cris-
spermatozoïde. Et ici encore il faut faire inter- talliser pour autrui, d'une manière aussi objec-
venir une modification brusque du cytoplasme tive et aussi attachante, sa haute érudition
de l'œuf — de son état électrique — aussitôt biologique.
après la fécondation. Le spermatozoïde étant G. PETIT.
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDÉE PAR LA.
...
Notes sur le Zamenis ou Couleuvre verte et jaune .... 334
G. PETIT
L. HÉDIN
...
A propos du Sélacien de Querqueville. — Notes sur l'histoire
du Cethotinus muximus (Gunner) (suite et fin)
Observations botaniques et agricoles sur les savanes de Bin-
.... 337
.................
NOUVELLES ET INFORMATIONS 371
REVUE MENSUELLE
Abonnements : France et Colonies : 75 t'r. — Etranger : 90 fr. ou 105 t'r. suivant les l'ays,
SOCIÉTÉ NATIONALE SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES,
D'ACCLIMATATION nE FRANCE MARITIMES ET COLONIALES
4. Rue de Tcurnon 17, Rue Jacob
PARIS (VIe) PARIS (VIe)
BUREAU
Président : M. Louis MANGIN. membre de l'Institut, directeur honoraire du Muséum.
Secrétaire général : M. C. BRESSOU. professeur à l'École d'Alfort.
Vice-présidents : Secrétaires : Trésorier :
M. Marcel DUVAU.
MM. Bois, professeur au
Muséum MM. Charles VALOIS;
; Archiviste :
DECHAMBRE, professeur Pierre CREPIN Monseigneur FOUCHER,
;
à l'Ecole d'Alfort :
CONSEIL D'ADMINISTRATION
Mme la marquise de GANAY. MM. A. CHAPPELLIER; MM- le docteur ROCHON-DUVI-
MM. le docteur ARNAULT; le comte DELAMARRE. GNEAUD;
DE MONCHAUX ; le professeur ROULE, du
A. BARRIOL ; le marquis de PRÉVOI- Muséum ;
le professeur BOCROELLE. SIN ; ROUSSEAU-DECELLE ;
du Muséum. le prince Paul MURÂT. Roger de VILMORIN.
Conseil juridique : M' MONIRA, avocat près la Cour d'appel de Paris.
LE SPALAX DE HONGRIE
(SPALhX HUNGARICUS NEHRING)
par
berté ; l'un a vécu 173, l'autre 285 jours, lorsque les feuilles se flétris-
jours en captivité et sous une inces- sent. Pour arriver sous les pieds de
sante observation. ppmmes de terre, il creuse des gale-
ries obliques.
Le Spalax, animal nuisible. Dans les régions où les Spalax sont
très nombreux, ils peuvent occasion-
Le Spalax est fort nuisible et il ner une perte de 50 à 100 % de la
devient un véritable fléau dans la récolte pour la pomme de terre et les
région où il se multiplie. Il ravage les plantes qui leur conviennent.
légumes des potagers, surtout les L'expansion des Spalax peut faire
pommes de terre, les carottes, le per- modifier les cultures sur de grandes
sil, alors que les haricots, les pois étendues de terrain. Dans la région
et les choux ne sont pas de son goût. à l'Est du Hodmezovasarhely, par
Il provoque de grands dégâts dans exemple, on a dû abandonner la cul-
les champs de trèfle et dans les ver- ture des pommes de terre sur plu-
gers en rongeant et emportant les sieurs centaines d'hectares, bien que
racines. Sous les champs où l'on le terrain soit particulièrement pro-
cultive des plantes^qui lui plaisent, il pice pour cette plante. Malheureuse-
y
.ment, depuis 1925, les Spalax deve-région de Hodmezôvasarhely où le
premier Spalax hungaricus fut cap-
naient si nombreux que les pertes en
pouvaient être évaluées à 90 et mêmeturé, en 1894, du côté Est, alors
qu'aujourd hui, ils sont très nom-
100%, de sorte que les propriétaires
ont dfi transporter leurs plantations
breux également du côté opposé.
dans des terrains moins propices. Son expansion est favorisée par
les années modérément humides, les
Multiplication, expansion. cultures potagères, la nature du sol
(terre molle, humus, terre argileuse,
Heureusement, le Spalax hunga- terre noire). Par contre, elle est plus
ricus ne se multiplie pas beaucoup. ou moins combattue par les années
La femelle n'a que deux petits à la pluvieuses (ce sont surtout les indi-
fois et cela seulement une fois par vidus jeunes qui ne les supportent
an, au printemps. En effet, je n'ai point.), les grands champs de céréales,
jamais trouvé de petits à la fin de les forêts et enfin les catégories de
t'été, ni en automne. sol telles que sable, sable lié. argile,
Dans la grande plaine hongroise, etc... Il ne peut non plus se multi-
les Spalax avancent lentement, mais plier dans des régions où le sol est.
sans arrêt, de l'Est à l'Ouest. On chaque année, profondément labouré
constate la même chose dans la et soigné.
NOTES SUR LE " ZAMENIS "
-
OU COULEUVRE VERTE ET JAUNE
par
-
G. PETIT
par
L. HÉDIN
Ingénieur agronome. .1
SOUVENIRS ET OBSERVATIONS
ZOOLOGIQUES (1)
par
le Docteur GROMIER
II nous faut revenir au Lion. Cet quer aux jeunes et pour cela, il sur-
animal dans nos colonies notamment, veille longtemps le troupeau à bon
est souvent obligé de vivre aux vent pour saisir l'occasion de bondir
dépens des Buffles. faute de Zèbres sur un veau.
ou de grandes Antilopes. Mais alors Ainsi la nature primitive nous
il doit déployer une patience et offre-t-elle l'image d'un immense
une habileté très grandes, car le champ de bataille. Chaque nuit la
Buffle n'est pas un adversaire com- faune sort de ses retraites ombreuses
mode. Il éprouve des échecs avec les pour vaquer aux besoins de son exis-
gros mâles et même aussi avec les tence et chaque nuit ce sont des
femelles. drames entre les pacifiques qui se
J'ai tué autrefois un vieux taureau nourrissent de feuilles et d'herbages
aux cornes usées qui portait au cou et les carnassiers qui doivent les tuer
dix énormes cicatrices, en estafilades pour vivre.
parallèles, faites par les griffes d'un Mais vers la fin de sa vie, le grand
Lion dont il s'était débarrassé victo- fauve éprouve de plus en plus de dif-
rieusement. Aussi préfère-t-il s'atta- ficultés à maîtriser ses proies. Ses
échecs se font de plus en plus fré-
(1) Voir La Terre et la Vie, 1933, N° 11, p. 670- quents. Il reste parfois des semaines
680. — Toules les photographies qui illustrent cet le ventre vide. Ses canines sont usées,
article sont du Docteur Gromier.
ses muscles n'ont plus la détente et teinta de roseurs d'une délicatesse
la souplesse pour bondir et vaincre. extrême, puis vira au vert pâle et la
JI faut vivre pourtant. Il se rapproche magnifique vision s'évanouit, englou-
des villages et rôde tout à l'entour. tie dans les ténèbres.
Une fois il saisit une Poule, une autre Le lendemain nous^cheminâmes
fois un Chien étique. ou c'est encore dans des sous-bois de Mimeuses dont
une petite Chèvre bien râblée. Alors le sol était littéralement criblé de
il ne quitte plus ces parages où sa crottins desséchés d'Eléphants. Ceux-
table semble mise à peu de frais. ci à cette époque de l'année, milieu
Il lui est resté une certaine crainte de la saison sèche, étaient partis et
de l'homme qu'il évile, bien qu'il avaient adopté la vie montagnarde
vive à ses dépens. Mais un jour qu'il dans les forêts de bambous du géant
a trop faim et qu'il aperçoit solitaire de l'Afrique.
un jeune enfant, il bondit et emporte Malheureusement pour ma cara-
facilement dans le hallier cette proie vane, pour mon « safari » comme
sans défense. De ce jour il s'aguerrit, on dit là-bas, les Rhinocéros étaient
demain il prendra une_femme qui restés fidèles à leurs repaires épineux
allait à l'eau, la calebasse familiale et ils nous le firent bien voir. A main-
sur la tête. Désormais, il est mangeur tes reprises chaque jour, pendant
d'homme et le village va constituer nos marches dans ce bush serré, feu-
son garde-manger, jusqu'au jour où tré, sans horizons, nous entendions
la tribu secouant sa passivité et sa soudain une galopade effrénée dans
crainte, faisant peut-être le sacrifice notre direction, accompagnée de la
de plusieurs de ses membres, réagit, symphonie brutale des branches cas-
cerne dans un coin le fauve et le sées et des ronflements furieux : c'é-
larde de ses sagaies. Je dois ajouter tait un Rhinocéros dérangé qui fon-
que ces faits sont plutôt rares dans çait sur nous.
les annales de la crtfaulé des Lions. Ah ! mes pauvres colis, en avez-
Mes plus beaux souvenirs de voyage vous subi des chutes, des chocs et
et de chasse sont ceux de l'Est Afri- des bousculades !
cain et de la région des grands lacs. Mes porteurs comme autant de
La faune y était d'une abondance Singes escaladaient les arbres épi-
prodigieuse, le cadre presque tou- neux en jetant leurs charges. Moi-
jours infiniment pittoresque, voire même, peu désireux de faire connais-
grandiose. Quelle émotion lorsque sance avec leurs longues épines, je
parti de Tsayo sur l'Ouganda-Hailway restais sur place un doigt sur la dé-
et marchant au Sud, je campai un tente de ma carabine. La brute pas-
soir sur une petite colline de quart- sait en trombe. L'émotion se calmait
zites roses et que je vis apparaître peu à peu, et je.m'appliquais ensuite
pour la première fois au-dessus d'une à extraire les épines blanches qui
mer de nuages, le dôme d'un blanc lardaient mes hommes.
pur, si impressionnant, du Kilimand- Ces petites émotions se renouve-
jaro ! laient plusieurs fois par jour, car le
Durant de longues minutes je de- pays était alors farci de Rhinocéros.
meurai immobile, comme fasciné, Aujourd'hui je scrute la steppe du
désireux de fixer à jamais dans mon haut d'un promontoire rocheux.
souvenir la splendide apparition. Ma jumelle me révèle tour à tour
Peu à peu la cime colossale se trois Rhinocéros.
L'un deux somnole dans l'herbe la lourde bête les secoue violemment
fauve. au grand soleil, ses quatre pour s'en défaire.
pattes repliées sous lui. Il ressemble Le troisième Rhinocéros est un
à s'y méprendre à une des nom- vieux mâle, maigre, efflanqué, dont
breuses termitières, d'autant plus les côtes simulent les grillages de bois
qu'il est saupoudré de la même terre d'une cage à poulets.
rougeâtre ; seules les allées et venues Ses oreilles déchiquetées attestent
des gros cornets qui lui servènt son ardeur à provoquer ses rivaux,
d'oreilles. attestent la vie de, sa lors des compétitions amoureuses de
masse. ses jeunes années.
Une femelle aux cornes remarqua- Son oreille gauche est même per-
blement longues et rectilignes erre cée d'un gros trou rond à l'emporte
d'un pas lent, broutant des Acacias pièce. Paisiblement, en vieux philo-
rachitiques, couverts de grosses noix sophe désabusé. il somnole à l'ombre
de galles, d'épines droites et blan- problématique de' 1 éternel Mimosa
ches et de petites Fourmis noires du épineux de la steppe.
genre Crematogaster. Des Oiseaux De temps à autre, il changera de
brun roux, au bec corail. et aux place pour suivre l'ombre mouvante
yeux rouges, courent et volètent sur de l'arbuste, jusqu'au soir, dont la
son grand corps. Quand ils sont trop fraîcheur l'engagera à reprendre la
indiscretsets'aggrippent aux oreilles, monotonie de ses promenades noc-
turnes. Il selivrera alors avec volup- j'assiste à un spectacle rare et cruel.
té aux douceurs des bains de bouex Je vois soudain débouler au galop un
il s'abreuvera à longs traits à la mare magnifique mâle de petit Koudou
bourbeuse qui sert à toute la faune (Strepsiceros imberbis), poursuivi
du district. Il marchera toute la nuit, par douze Loups d Afrique ou Cyn-
arrachant deci delà quelques feuilles hyènes. Ils passent en fourrageurs,
ou quelques branchages terminaux, chassant à vue, la langue pendante,
qu'il mastiquera avec un bruit rude l'air obstiné, sans bruit, sans aboie-
de molaires. ment. L'Antilope semble à bout -dp
On s'étonnera que traitant des ani- souffle, elle trébuche bientôt. Alors
maux sauvages je parle constamment en quelques bonds les écumeurs de
de PEst de l'Afrique. Hélas ! les la brousse se ruent sur elle et la dé-
observations zoologiques sont actuel- bitent instantanément sous mes
lement bien difficiles dans nos colo- yeux, au point qu'il n'en Teste bien-
nies où la faune est traquée cons- tôt plus que le massacre en lyre que
tamment par les indigènes armés de j'ai l'audace d'aller leur enlever moi-
fusils à tir rapide.Pour avoir un même. Ma témérité les domine, car
Rhinocéros par exemple, il faut en ils battent -en retraite devant moi,
suivre la piste de longues heures, poils hérissés, babines retroussées
pour l'apercevoir enfin dans la pé- sur des crocs menaçants. Eux, les
nombre d'un hallier. Je dirai plus, maîtres de la brousse, devant les-
c'est actuellement une chance, dans quels le Lion lui-même s'incline
le magnifique parc zoologique qu'était parfois, comme j'ai pu le constater !
encore il n'y a pas longtemps le terri- Ils reprennent leur course main-
toire du Tchad, que de rencontrer tenant, à la recherche d'une nouvelle
une piste de Rhinocéros. victime, et j'admire leur pelage noir
Pour ma part, et dernièrement en et blanc tacheté de feu, leur grosse
trois mois de recherches incessantes, queue blanche bien touffue.
je dirai avec désolation et indigna- J'ai dit que le Cynhyène était le
tion que je n'en ai rencontré qu'un, maître de la brousse ; pourtant il a
là où il y en avait des milliers. un ennemi : le Crocodile, qui n'hési-
C'est l'appât du lucre qui a préci- terait pas à le happer lorsqu'il tra-
pité le massacre de ce malheureux verse les cours d'eaux. Mais j'ai vu
porteur de cornes précieuses. Car il que le Loup connait ce danger et
ne faut pas oublier que ces dernières qu'il sait l'esquiver. Leursaboiements
années la corne du Rhinocéros est m'attirèrent un jour dans les parages
montée à des prix insensés. Et savez- d'une rivière et je me demandais en
vous pour quelle fin? Etre pulvéri- observant d'une colline, la raison de
sée et devenir alors un soi-disant mé- ce tapage. Je .vis à fleur d'eau des
dicament aphrodisiaque à l'usage des sortes de troncs d'arbres glissant
Asiatiques. Cette. puissance aphro- lentement vers l'endroit où se te-
disiaque, je n'ai pas besoin de le naient les Loups. C'étaient des Cro-
dire, égale absolument celle que codiles, attirés là par l'espérance d'un
pourrait offrir la corne de nos Bœufs ! festin possible. Ce n'était qu'une
Du haut du promontoire rocheux ruse de guerre pour concentrer en
dont je parlais, il y a un instant, dans ce point les Sauriens si dangereux
le Sud des monts Ongoléa, en bor- pour le passage de la rivière. Esti- ,
dure de la colonie du Tanganika. mant avoir atteint leur but. les Cyn-
byènes descendirent en courant une rôdeurs prennent de l'audace avec la
centaine de mètres en aval et fran- pénombre, tout contribuait à rendre
chirent rapidement le cours d'eau ces rentrées tardives aussi désa-
libéré. gréables que possible.
J'ai fait autrefois un long séjour Pour mes photographies, je variais
sur les flancs si giboyeux du volcan chaque jour mes recherchés et finis-
Sushwa, au-dessus de la Kedong- sais par savoir exactement où j'avais
Valley. Cette .montagne présentait le plus de chance de rencontrer
d'innombrables refuges pour tous les -
chaque espèce.
animaux. Les Zèbres eux-mêmes, LesGirafes hantaient fréquemment
animaux des steppes pourtant, ve- la vallée du Kédong dans la partie
naient brouter presque dans le cra- Sud du Sushwa. Elles trouvaient là
tère, à plus de 1.500 mètres d'alti- des Mimeuses d'un vert pâle dont
tude. Les Rhinocéros étaient nom- elles raffolent.
breux et évoluaient avec aisance dans Aujourd'hui, au lever du soleil, une
ce pays de lapillis, de ponces et de harde est là, presque immobile, de-
laves volcaniques apparemment si vant les sveltes Mimosas développés
difficile et tourmenté. J'y ai vu des en ombelles. Sept individus la com-
troupes d'Elans, d'Oryx. d'Impalas, posent. Un grand mâle de teinte noÍ-
d'Antilopes de Grant et de Thomson, sette, au dos brun noir, quatre fe-
sans compter les inévitables Bubales melles de teintes plus claires, dont
de Cook : tout ce monde facile à une presque blanche, nettement albi-
approcher, en raison du terrain chao- nos, et deux Girafons café au lait.
tique, offrant milLe masques ou ca- Les arbres au milieu desquels évo-
chettes. propres au défilement. Quant luent ces Girafes paraissent autant
aux Lions, ils avaient fait de ce chaos de parasols d'un vert tendre aux
d 'anfractuosités et d'épineux leur re- manches d'ambre rosé.
paire favori, et certaines parties de la Le grand mâle prend l'amble et va
montagne exhalaient une puissante explorer 1 un d'eux que sa tête claire
odeur de ménagerie. domine. Ses mouvements sont lents
Il m'est difficile d'exprimer le sen- et compassés, les lèvres préhensibles
timent de crainte vague et irraison- projetées en avant saisissent délicate-
née. d angoisse même parfois qui ment les pousses terminales, la queue
m'étreignait à la tombée de la nuit, fouette les flancs, les oreilles sont,
quand je regagnais mon gîte de la couchées..les grands yeux clignotent
vallée et que, le soleil couché, je n'a- pour éviter les épines. De temps à
vais comme point de direction qu'une autre une mince langue bleue s'in-
petite lanterne rouge que j'avais fait troduit alternativement dans chaque
hisser- au sommet d'un mât. -Ces narine.
roches noires et contournées comme Des Oiseaux parasites, Buf'aga ery-
les arbustes agrippés à leurs anfrac- thioryncha toujours, courent sur son
tuosités, ce paysage sombre, désolé, dos et le long de son cou comme des
lugubre, les bruits, frôlements, ou Pics autour de leur arbre.
appels multiples que je percevais de La longue queue aux poils touffus
toutes parts et qui décelaient l'éveil les fouette s'ils deviennent trop
de la vie nocturne de la faune, la no- gênants, mais ils savent l'esquiver.
tion de traverser une région particu- Des myriades d'Insectes dérangés
lièrement mal famée, où les fauves par la cueillette des pousses s'élèvent
et attirent, au passage de gracieuses Alerte Le chef gigantesque de la
!
Vie, montrent une si grande sollici- Ilfaut absolument que cet état de
tude. choses se modifie, si l'on veut conser-
Je puis dire que toutes les lois de ver à notre empire colonial ce qui
protection sont restées, ou à peu près, fait sa beauté, son originalité, une
lettre morte et que je sais par mes source d'intérêt constant pour les
correspondants blancs ou noirs que savants et pour tous ceux qui aiment
rien n'a été changé aux errements la nature et il ne faut pas l'oublier,
que j'ai connus, que les indigènes ce qui constitue aussi une de ses
continuent à massacrer, que les feux richesses, au même titre que ses
de chasse ont lieu comme par le forêts et les produits variés de
passé, que les bouchers de gibier son sol.
NOTES SCIENTIFIQUES (1)
Les Toxophora sont des' Insectes dip- la base des antennes. Occiput couvert
tères de la famille-d-es-Bombyliides parti- d'écaillés noires formant des plaques ve-
culiers aux régions chaudes du globe. Une loutées sur le tégument ; sur les côtés, les
dizaine d'espèces différentes habitent écailles sont blanches, également réunies
l'Afrique; l'une d'entre elles, connue du en plaques ; la partie postérieure de l'oc-
Cap. étend son aire de dispersion jusqu'en ciput porte de longues- écailles étroites,
Europe méridionale. Les larves des Toxo- blanches, dressées et dispersées -près de
phora vivent en parasites dans les nids de la région du trou occipital. Trompe J'ela-
diverses espèces de Guêpes solitaires (Eu- tivement courte. Palpes effilés, brunis,
mènes, Pélopées, Odynères). On a même longuement ciliés sur l'arête externe. An-
suggéré que la vestiture habituellement
noire et jaune de ces Mouches était en
relation avec la couleur des Guêpes atta-
quées. On a également observé que les
Toxophora ressemblaient aux Hyménop-
tères du genre Leucaspis qui présentent
les mêmes habitudes de parasitisme et
que les Insectes de ces deux genres pou-
vaient être un exemple du phénomène de
convergence.
Le nouveau Toxophora qui fait l'objet
de cette note s'écarte de toutes les espèces
connues par sa livrée noire et blanche,
par la longueur des antennes, par la forme
et la coloration des ailes. Il provient de
Madagascar où il a été capturé par M. A.
Seyrig.
Toxophora Seyrigi n. sp. femelle. —
Espace interoculaire légèrement plus large
que le triangle ocellaire, d'un noir bril-
lant, orné de deux touffes formées- de
longues écailles blanches plantées près de
La réhabilitation du Brochet — Un
récent numéro du Bulletin français de Les parasites des Diptères. — Beau-
Pisciculture, contient, sous ce titre, un coup de Diptères, en particulier les Tachi-
intéressant article. naires, sont parasites. Ils se développent
Selon des observations nouvelles, la aux dépens des Papillons, des Sauterelles,
voracité du Brochet a été considérable- des Hémiptères, des Hyménoptères, voire
ment exagérée, sans preuves concluantes.. des Coléoptères. Mais, par un singulier
Il a de plus été constaté que sa raréfac- retour des choses, ils sont à leur tuur pa-
tion amène celle des autres Poissons. rasités par d'autres Insectes.
Les espèces des genres Lucilia et Cal- forme et comme couleur, à une Guêpe ; il
liphora, Muscides sarcophages, ont pour pond dans une galerie creusée dans le
parasites plusieurs Hyménoptères, sur la bois mort et y entasse, comme provisions
morphologie et labiotogie desquels M. A. pour ses larves, tous les Diptères syrphides
G. Evans vient de publier (Bull. Ent. Res. qu'ilpeut saisir. Mais par contre, il est à
24 pt. 3) un intéressant travail. son tour la victime d'un Diptère : l'élé-
Il y étudia d'abord un Bruconide du gant Anthomyiaire qui porte le nom
genre Aphaereta dont les tarses antérieurs d'Eustalomyiahilaris, pond dans les mêmes
contiennent probablement des organes galeries et sa larve dévore celle du Crabro.
récepteurs, de nature tactile ou autre, et
dont les œufs augmentent considérable-
ment de volume depuis le moment de la
ponte jusqu'à celui de l'éclosion. Chez Une histoire des légumes. M. E. A.
—
Alysia manducata, qui vient ensuite, ces Bunyard vient de publier, sous le titre de
mèmes œufs augmentent au contraire fort The introduction o/' vegetables, une histoire
peu et peuvent se dévelcpper avec succès des légumes pleins de renseignements
lorsqu'ils sont extraits de la cavité du curieux.
corps de leur hôte : suivant l'auteur, cette On y apprend, non sans surprise, que
espèce serait passée récemment de l'ecto- beaucoup de ceux-ci furent regardés jadis
à
j)arasitisme l'endoparasitisme. comme des plantes nuisibles, ou furent
La troisième espèce étudiée, Habrobra- sujets à des prohibitions religieuses. Ce
dernier fut celui de la Fève des marais,
con brevicornis, est un ectoparasite comme interditecasd'abord
Alysia. Sa nymphose s'effectue dans un aux prêtres égyptiens,
cocon. puis célébrée pous tard dans des « fètes
Plusieurs autres Muscides sont parasités de la Fève ». Est-ce que ce ne serait pas
par dès-Coléoptères, et il est à remarquer un ressouvenir lointain de ces coutumes
fit choisir la Fève pour la galette des
que tous ces Coléoptères appartiennent à qui
un même genre de la famille des Staphy- Rois
?
linides. le genre Aleochara. L'Ail, le Chou, l'Asperge, l'Épinard ont
Dans nos régions on a constaté que eu également une histoire quelque peu
Aleochara bilineata était parasite d'un mouvementée. Le Haricot rouge fut long-
Anthomyiaire Chortop/iilabrassicae (Wads- temps cultivé uniquement comme curio-
worth 1915), et qu'Aleochara algarum d'abord sité ornementale ; la Tomate, considérée
l'était de Scatophagines fucicoles du genre comme un poison, fut ensuite em-
Coelopa (Hagh Scott. 1919, Lesne et Mer- ployée en médecine et ne vit reconnaître
cier 1922) ; Kemmer, Kauffmann et autres qu'enlin sa haute valeur culinaire.
ont observé un parasitisme analogue vis- deOn peut ajouter à cette lifte la Pomme
à-vis des Diptères du genre Pegornyia. terre dont il fut si difficile de faire re-
l'utilité : en Angleterre au moins,
Dans la Revue suisse de zoologie (février connaître
elle fut introduite dans la culture que
1934), Scheerpeltz décrit deux nouveaux dansne
Aleochara qui parasitent les Diptères pi- diminuer un cas de nécessité absolue, pour
du Lyperosia voisin des les privations de la famine.
queurs genre
Stomoxes. Ce sont Aleochara Handschini.
de Java et Flores, et A. Windresi, du nord
de l'Australie. Le Rat de la Canne à Sucre. — On peut
Il y aurait une étude intéressante à voir actuellement au Jardin Zoologique de
faire sur cette lutte continuelle entre Londres trois jeunes Rats de la Canne à
Insectes, dans laquelle ce n'est pas tou- Sucre (Aulacodus Swinderianus). origi-
jours le mieux armé qui remporte la vic- naires de l'Ouest Africain
toire; par exemple les petits Muscides du Ce Rongeur atteint une taille considé-
groupe des Miltogrammines, qui n'ont rable pour la famille : elle peut arriver à
aucun moyen de défense, arrivent bien à 65 centimètres sans la queue et le poids
aller pondre dans les nids des Hyménop- de l'animal est alors d'environ 10 li\res.
tères fouisseurs, en dépit de l'aiguillon Sa fourrure hérissée est mouchetée de
que possèdent ces derniers. jaune et de brun ; ses incisives sont
Un cas curieux, parmi. beaucoup grandes et puissantes. Les supérieures, eu
d'autres, est celui du Crabro. Celui-ci esL particulier sont marquées de trois pro-
un Hyménoptère assez semblable, comme fonds sillons longitudinaux, qui laissent
leur trace sur les substances rongées par une reconnaissance en avion, une pointe
l'animal. sera poussée le long de la côte est vers
Celui-ci se nourrit de racines et de Crane Channel ; puis le bateau descendra
pous.-es de végétaux, avec une préférence plus au sud, et une base d'hivernage sera
marquée, à l'occasion pour la Canne à établie, soit à l'a Baie Marguerite, soit
Sucre, ce qui lui a valu son nom. On le encore plus bas. Si le port nécessaire ne
rencontre depuis le Soudan jusqu'au Cap, pouvait être trouvé, le bateau débarque-
à l'est-et jusqu'à Sierra-Leone à l'ouest. rait l'expédition et reviendrait mouiller à
l'Ile Déception.
Un des principaux buts de ce voyage est
L'origine des Peaux-Rouges. — Quelle d'explorer attentivement la Mer de Wed-
est l'origine de la race rouge ? dell, afin de fixer la ligne encore douteuse,
Une tradition, déjà exposée en 1641 par de la côte ouest. Les explorateurscomptent
Antonio de Montezinos, reprise de nos rentrer en Angleterre au mois de mai 1937.
jours par Mallery, puis par Jacobs, veut y
voir les descendants des « Dix Tribus per-
dues d'Israël ». Une autre lui attribue une
origine galloise ; on la trouve relatée, dès Les Sciences Naturelles
1584, dans Lluyd's History of Cambria. Un à l'Académie des Sciences
prince gallois, partienexploration vers
l'ouest, aux environs de l'an 1170, aurait
atteint l'Amérique du Nord et y serait SÉANCE DU 5 MABS 1934
resté. Au cours du XVIIIe siècle, divers Entomologie
voyageurs originaires du Pays de Galles,
prétendirent avoir trouvé des Peaux- A. VAYSSIÈRE. Sur l'organisation
Rouges parlant le gallois, ou dont les —
interne des larves nymphales des Baetisca.
idiomes avaient une grande similitude (types d'Ephémères).
avec cette langue : ils citaient, en particu-
lier, les Tuscaroras. les Sharonees et les La larve nymphale de Baetisca obesa
Indiens de la vallée de l'Ohio. Walsh, découverte par Walsh en 1862,
au Canada, n'a été retrouvée que récem-
A l'heure actuelle, il n'existe plus aucune
trace de gallois dans les idiomes divers ment dans les cours d'eau de la partie
orientale des Etats-Unis par M. J. R.
des tribus indiennes : cette absence cepen-
dant n'est pas une preuve absolue qu'il Traver, en même temps que les iarves de
n'y en ait pas eu dans les dialectes an- deux autres espèces du même genre.
ciens. Il y aurait peut-être une étude à En étudiant ces larves, M. Vayssière a
faire à ce sujet. pu se rendre compte qu'une étroite parenté
On peut toutefois faire remarquer qu'ilexistait entre les genres Baetisca et Proso-
pistoma, accusée par la similitude de
est très probable que les Indiens primitifs
ont connu le Mammouth : un fort curieux forme, la position, le nombre et la struc-
article de W. D. Strong dans l' American ture des trachéo-branchies. la concen-
Anthropologisl (1934 n° 1) semble bien tration du système nerveux ventral. Cet
l'établir. Mais alors la légende du princeensemble de caractères les sépare d'ail-
gallois tombe d'elle-même. leurs des autres Ephémérines, et c'est
pourquoi M. Vayssière propose de les
en séparer et de les placer dans la sous-
Une nouvelle exploration antarctique. famille des Prosopislominés, suivant en
Au mois de septembre prochain, cela l'exemple de Lameere dans son mé-
une
—
expédition quittera d'Angleterre, pour la moire sur l'évolution des Ephémères.
côte ouest de la Terre de Graham : elle
sera dirigée par M. J. R. Rymill, qui sera Lithologie
accompagné de 14 personnes, la plupart A. S. MIHARA. — Forme de l'altération
déjà familiarisées avec les explorations des feldspaths dans les arènes granitiques
polaires. des Vosges.
Cette expédition s'acheminera vers la
Baie Wilheimine, au nord de la Terre de Les observations de l'auteur ont porté
Graham, en passant par l'ile Déception sur le granite du Hohwald (Vosges). Elles
dans les Shettlands du Sud. De là, après démontrent que la Kaolinite existant dnns
les feldspaths blancs provient de leur que tout récemment exploré au point de
altération par les actions superficielles vue botanique. M. Emberger en énumère
qui ont amené la désagrégation du granité. les principales espèces végétales, et conclut
M. E. DENAEYER. — Sur la composition que c'est un secteur propre du Grand Atlas,
caractérisé par le comportement spécial
chimico-minéralogique des roches basiques, du Chêne vert, l'absence complète de
intrusives ou métamorphiques du Kasaï Junipera thurifera, l'extrême rareté d'es-
(Congo belge). pèces généralement répandues aux hautes
Les roches basiques étudiées par M. altitudes, et l'existence d'une flore ayant
Denaeyer font partie de la collection plus d'affinité avec le Grand-Atlas oriental
réunie de 1909 à 1912, dans la partie sud- et le Moyen Atlas qu'avec le Grand-Atlas
est du bassin du Kasaï, par M. R. Kostka. central voisin.
La présente note. complète le travail
publié dans les Annales de la Société Physiologie végétale
Géologique de BelgiiIue, en 1912-1913, A. MAIGE. — Remarques sur le métabo-
par M. A. Ledoux. lisme du noyau et les plastes dans les cellules
Pédologie végétales.
EHHAHT. --Sur l'existence de paléo-sols SÉANCE DU 12 MARS
dans les dépôts quaternaires de la vallée de
la Sarre et sur leur nature. Géologie
En étudiant les dépôts argiLo-sableux D. SCHNEEGANS.— Constitution géologique
qui se trouvent sur les anciennes terrasses du Massif de Charbrières (Hautes Alpes).
de la Sarre, aux environs de Pisdorf, M. Contrairement à l'opinion de E. Haug,
Erhart_y a reconnu trois paléo-sols — admise jusqu'ici, le Flysch à Helmin-
ou sols enterrés — superposés. L'inférieur thoides, de la nappe de l'Ubaye-Embru-
est uu sol de steppe, les deux autres.sont nais est tectoniquement supérieur aux
des sols forestiers bien caractérisés.
klippes de Mabrières et de la Pousterle.
Géologie MICHEL PERTESSIS. Sur la radioactivité
—
des sources minérales de Grèce.
JACQUES BOURCART et GEORGES CHOUBERT.
—
Sur quelques roches éruptives et cristal- L'auteur a étudié la radioactivité de
lophyliennes amenées, par le trias d'Ouezzan presque toutes les sources minérales de
(Maroc). Grèce. Il ressort de cette étude que les
RAYMOND FUROX. Sur les relations sources les plus radioactives sont celles de
— Kaména-Vourla et de l'Hôtel Thermae
géologiques et géographiques de l'Hindou- Sylla à Aedipsos, situées dans le golfe
Kouch et du Pamir. d'Eubée, l'une sur la côte de l'île du même
Comme conclusion aux travaux de l'au-
teur et à ceux de divers géologues russes, nom, l'autre sur celle dela Grèce conti-
lrentale.
on peut dire que le Pamir et l'Hindou- Paléobotanique
Koucli constituent un seul et même massif,
appartenant à une seule et même unité PAUL CORSIN. — Caractères du Gramma-
structurale. topteris Rigolloti B. Renault.
PIERRE URBAIN.
—
Sur la séparation des Le genre Grammatopteris a été créé en
divers constituants des argiles. 1891, par B. Renault sur un échantillon
Grâce à un dispositif dont il donne la" silicifié provenant du Permien d'Autùu.
description, l'auteur arrive à séparer l'ar- L'étude d'une lame mince prélevée sur
gile en quatre fractions, ce qui permet l'échantillon type permet à M. Paul Corsin
d'eu faire l'analyse plus facilement et plus d'en préciser les caractères.
exactement.
ANDRÉ DAUPHINÉ. — Différents modes
Botanique d'épaississement de la membrane chez les
Louis ÈMBERGER. — La végétation du mas- plantes vasculaires.
sif des Seksaoua (Grand Atlas o.ccidental). Ces modes, suivant l'auteur, sont au
Le Massif des Seksaoua, à la partie la nombre de deux.: augmentation de vo-
~ plus occidentale du Grand Atlas, n'a été lume de la lamelle moyenne, qui repousse
la couche primaire vers le centre de la l'auteur a voulu déterminer leur mode de
cellule ; apposition de couches cellulosi- gisement et leur niveau stratigraphique.
ques sur- la couche primaire, qui reste La présente note rend compte^ies obser-
alors étroitement accolée à la lamelle vations qu'il a faites à ce sujet durant -sa,
moyenneprimitive. visite des principaux gîtes.
Physiologie vegétale PIERRE COMTE.
—
Sur les couches inter-
médiaires entre lé Silurien et le Dévonien
LUIGI MANZONl et AGOSTINO PUPPO. — dans les Asturies.
Sur la transpiration du Blé en fonction des
facteurs du climat. Le passage du Silurien au Dévonien est
rempli par des schistes et quartzites goth-
Pathologie végétale landiens ; la limite entre ces deux terrains
se trouve dans la -masse même du grès de
A. MAJJBLANCet L. ROGER. — Une nou- Furada.
velle rouille du Caféier au Cameroun.
Botanique
La seule rouille attaquant jusqu'ici le
Caféier est l'Hemileia vastatrix Berk. et LEFÈVRE.
—
Sur la division et l'élongation
Br., répandu dans la région indo-malaise, des cellules dans le genre Ciosteriu in
les îles du Pacifique, et signalé dans le Nitzch.
centre et l'est africain, RAYMOND HAMET. Sur la présence de
La rouille du Caféier du Cameroun —
en faisceaux surnuméraires exclusivement libé-
est nettement distincte. Les auteurs lui riens dans le parenchyme cortical des Eche-
donnent le nom provisoire d'Uredo veria.
coffeicola, des études ultérieures devant
décider s'il s'agit ou non d'un Hemileia. C'est un fait assez rare que l'existence
de faisceaux corticaux exclusivement com-
Zoologie posés d'éléments libériens. La tige des
ET. RABAUD et Mlles M.-L. VERRIER. —
Echeveria fournit un exemple particuliè-
La vessie natatoire de la Loche (Cobitis rement convaincant de la formation de
barbatula L.) tissu libérien aux dépens exclusifs d'élé-
ments normaux du parenchyme cortical.
La Loche, comme d'ailleurs d'autres
Cobitidae, possède une vessie natatoire HENRI PRAT.— Remarques sur les carac-
d'une structure toute particulière, saparoi -tères épidermiques des espèces américaines
externe étant rigide. Il en résulte que les- du genre Agropyrum P. B.
variations de pression ne modifient pas
Cytologie végétale
son volume et que par suite, contraire-
ment à la théorie classique, le poids MARC SIMONET.
—
Sur la régularité de ta
spécifique du Poisson ne change guère au réduction chromatique et la parfaite consti-
cours des mouvements de montée et de tution pollénique d'un hybride entre espèces
de descente. à nombres inégaux et aneiiploïdes de chro-
mosomes (Iris autosyndetica Nob.).
SÉANCE DU 1 9 MARS
existent chez les Pommes de terre sau- dant dix-huit mois et plus sans obtenir
leur transformation.
vages et chez quelques autres Solanum en Il en conclut que c'est une précaution
particulier Solanum dulcamara.
On peut provoquer leur formation, chez de la nature pour assurer la perpétuation
l'espèce cultivée, en semant ses graines de l'espèce quand elle est menacée par
dans un terrain prélevé au pied de Sola- des conditions météorologiques ou biolo-
giques défavorables. Il se produit alors de
num dulcamara ou encore provenant d'un l'asthénobiose, qui prolonge la résistance
endroit occupé par des plantes renfermant
des mycorhizes : l'Orobus tuberosus par de la larve, qui lui permet de survivre dans
exemple. les rares gîtes où le volume d'eau est suf-
Géologie. fisant pour éviter la mise à sec,
RAYMOND FURON.
—
Observations préli- Zoologie.
minaires sur l'existence au Damergou (,Yi-
ger) d'une faune crétacée analogue à celle A. GRUVEL.
—
Sur quelques-unes des
du Djoua (Sud algérien). causes qui arrêtent la pénétration des espèces
Il résulte de ces observations que la animales dans le canal de Suez.
faune du Cénomanien inférieur du Damer- Ces raisons peuvent être purement mé-
gou est identique à celle du Sahara àlgé- caniques, où chimiques.
rien. La faune du Cénomanien supérieur L'une des premières est l'existence de
et du Turonien est comparable à celles de la jetée de 6 km. de longueur qui limite le
l'Afrique du Nord, de la Nigéria et de canal à l'ouest du côté de Port-Saïd : le
l'Amérique. grand courant qui longe la côte nord afri-
Botanique caine entraîne par suite les larves péla-
giques et les espèces adultes sur la côte
R. GAUTHERET.— Recherches sur l2 ré- de Palestine
sans leur permettre de péné-
duction du nitrate d'argent par les chloro- trer dans le canal.
plastes. Du côté de Suez la cause est d'ordre
Physiologie végétale. chimique: la rade et la baie sont empoi-
R. ECHEVIN. — L'évolution des phospho- sonnées par les déchets des usines de
lipides des feuilles au cours du jaunissement distillation des huiles lourdes et le lavage
automnal. des tanks à mazout.
Il faut enfin faire entrer en ligne de
H. COLIN et J. CARLES.
—
Affinités chi- compte la salinité des eaux des lacs Amers
miques et hybridations chez les Iris. et de leurs abords, salinité qui est bien
Pathologie végétale. plus élevée au fond qu'à la surface.
G. MALENÇON.
—
Nouvelles observations Médecine expérimentale.
concernant l'étiologie du bayoud.
L'auteur a précédemment démontré que C. LEVADITI, Mlle R. SCHGEN et A. VAIS-
la maladie appelée bayoud, qui cause de MAN. —
Mode de transmission et de propa-
très sérieux dommages aux Palmiers Dat- gation de la spirochétose provoquée par le
tiers; était causée par un Champignon Spirochaeta muris et le Spirochaeta mor-
deutéromycète, Cylindrophora albedinis sus-muris.
Killian et Maire.- La propagation de l'infection provoquée
De nouvelles observations lui ont mon- par le Spirochaeta muris peut avoir- lieu
tré que l'agent du bayoud appartient au chez les Muridés après ingestion de lait
sécrété par des glandes mammaires con- dans certaines campagnes tunisiennes.
taminées. Quant à la ville de Tunis elle-même, elle
De plus, la présence du Spirockqeta esi épargnée par cette maladie.
dans l'utérus et le placenta de Souris à,
glandes mammaires infectées précise le Minéralogie
mécanisme de la transmission héréditaire
de la maladie. Mlle SIMONNE CAILLÈRE.
—
Sur l'incan-
descence de certaines serpentines après leur
Pathologie comparée. déshydratation.
J. VERGE et H. LANCE. — La grippe des
Porcelets. Paléontologie.
La grippe des Porcelets, reconnue en G. PONTIER et R. ANTHONY. — A propos
Amérique dès 918, est apparue récem- de l'évolution morphologique des molaires
ment dans la région du Jura. Les auteurs chez les Mastodontes de la série du Tetra-
ont examiné un certain nombre de sujets belod-on anguslidens G. Cuv.
chez lesquels ils ont invariablement reIl- L'examen des molaires de Tetrabelodon
contré une Bactérie (Hemophilus influenzae angustidens et leur comparaison avec celles
suis) qui, avec un ultra-virus mis en évi- des Hemimastodon asiatiques conduisent
dence par Shope, est la cause de la ma- les auteurs à cette conclusion que ces der-
ladie. niers ne méritent pas de former un-genre
SÉANCE DU 4 AVRIL. particulier, ils constituent seulement une
mutation de petite taille dans la série des
Aucune communication intéressant les Tetrabolodons bunolophodontes.
sciences naturelles n'a été présentée à
cette séance. Chimie végétale.
SÉANCE DU 9 AVRIL.
LÉON PALFRAY et Mlle ANNE-MARLE LEPES-
Médecine expérimentale. ()UEUR. — Sur la constitution de l'essence
de Carotte.
CHARLESNICOLLE et Mme HÉLÈNE SPARROW.
—
Existence d'un virus typhique chez leg Pathologie végétale.
Rats de Tunis. Caractère de ce virus.
Cette note établit l'existence du virus G. MALENÇON. — Nouvelles observations
typhique marin chez les Rats de Tunis, concernant l'étiologie du bayoud.
mais elle ajoute que, jusqu'ici, aucun lien Cette note, présentée dans la séance du
n'a été établi entre cette existence et celle 26 mars, a déjà été analysée précédem-
du typhus qui sévit encore sur l'homme ment.
PARMI LES LIVRES
R. JARRY DESLOGES.
.. Le Guépard, cjmpagnon des chevaliers . •
Note sur les plantes fruitières des régions tempérées
400
—
Lepiota helveola. — Le parc national des lacs Waterton au Canada.. 431
NOUVELLES ET INFORMATIONS
...............
435
RE VUE ".MENSUELLE
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de l'Institut ; prince Joachim MURÂT ; Dr SEBILLOTTE.
et molle qu'il est curieux de voir s'en- tud, se trouvent des Varans, des
foncer dans le sable du fond de leur Crocodiles, des Alligators et des
bac, laissant émerger leur long cou, Tortues de diverses espèces.
et par l'extraordinaire Matamata, au Toutes les formes qui peuplent les
cou ridé et frangé, à la tête aplatie, différentes parties de l'aquarium du
triangulaire, et dont la carapace pré- Musée des Colonies se meuvent dans
sente deux profondes et larges gout- un cadre fort décoratif, de plantes
tières longitudinales. aquatiques et de rocailles. Ces plantes
La collection des Batraciens com- sont elles-mêmes très variées et il
prend des Axolotls, larves d'une Sala- nous suffira de citer ici les Myrio-
mandre du Mexique qui présente la phyles, Ludwigia, Nénuphars. Sagit-
remarquable particularité de se repro- taires, Cryptocorines, Vallisneria, les
duire sous cette'forme, reculant dans curieuses Oviondrana de Madagascar,
le temps sa métamorphose en adulte aux feuilles fenestrées, etc.
En outre, dans les aquariums de la la lumière solaire, d'un coin de
cinquième section, le paysage est brousse tropicale plein de vie, exige,
pour ainsi dire prolongé par des comme on peut le penser, des amé-
peintures sur verre qui sont placées nagements techniques très compli-
contre la paroi postérieure Je chaque qués. La présentation artistique
bac. d'une semblable organisation est
En terminant ce très rapide aperçu, d'une importance capitale et de plus,
il n'est pas possible de passer sous il était nécessaire de réaliser une
silence la très intéressante amorce, somme de conditions indispensables
d-ans les diflérentes parties du grand à la vie même des animaux et — ce
hall, d'un musée de la pêche indigène qui est plus difficile encore — à
aux colonies. celle des plantes tropicales, si déli-
Ce rnusée s'étendrait très rapide- cates, et si exigeantes, en général,
ment, si on voulait bien lui réserver dans un milieu privé totalement de
une place qui existe et qui dépend si lumière solaire et où l'air, mal renou-
directement de l'ensemble de l'aqua- velé, est plus ou moins vicié.
rium. Il constituerait un document On disposait, comme emplace-
ethnographique et didactique de pre- ment, d'une cuve de forme elliptique
mier ordre. mesurant 16 mètres de long sur
14 mètres de petit diamètre ; il
Le grand terrarium. s'agissait donc de transformer cette
cuve en paysage tropical. Pour
Le planisphère qui, pendant l'ex- atteindre ce but, il fallait :
position coloniale, avait été installé 10 créer un paysage nu représem-
au centre de l'aquarium du Musée tant des rochers, des falaises, le lit
des Colonies était devenu, malgré d'un torrent, une chute d'eau, etc. ;
une surveillance attentive, un véri- 2° réaliser dans ce cadre une
table dépotoir où le public jetait, sans
atmosphère chaude et humide ana-
ménagement, des bouts de cigarettes, logue à celle des pays tropicaux ;
des papiers et tous les impedimenta
dont il voulait se débarrasser rapide- 3° constituer un ensemble de
ment. plantes tropicales simulant la
Comme l'appareil qui, dans ce brousse ;
planisphère, devait actionner tout un 4° obtenir un système d'éclairage
système de bateaux ne fonctionnait double : l'un très vif, destiné à être
plus depuis longtemps on avait pensé utilisé pendant les heures de visite du
qu'il y avait mieux à faire que de- public ; l'autre, plus faible, qui ne
laisser subsister cette installation et devait servir qu'à fournir aux plantes
qu'il serait, peut-être, plus intéres- et aux animaux des rayons lumineux
sant, pour le public, de la remplacer, se rapprochant le plus possible des
étant donné sa profondeur, par un rayons solaires ;
grand terrarium tropical. 50 obtenir un chauffage conve-
C'est en effet ce qui fut décidé, il y nable de l'ensemble, en prévoyant
a déjà plus d'un an et qui vient, une répartition judicieuse de ce
.enfin, d'être réalisé. Mais il a fallu, chauffage entre les plages de sable et
pour ce faire, vaincre de grandes les bassins ;
difficultés, car la reconstitution, dans 6" alimenter la chute d'eau et les
un sous-sol parisien non éclairé par bassins en eau chaude et ce en quan-
tité suffisante, sans faire une con- d'après des photographies, un coin
sommation d'eau exagérée ; de l'Afrique Equatoriale. Ce paysage
7° prévoir un mode d'arrosage comprend : d'abord un grand rocher
simulant la pluie chaude et fine d< s schisteux, surplombant une chute
tropiques ; enfin, d'eau de 5 mètres de haut, tombant
8° parer à un certain nombre de
dans un système de trois bassins
difficultés d'ordre technique, comme superposés, séparés les uns des autres
l'évacuation des eaux de rebut jus- par des affleurements rocheux for-
qu'à l'égout, etc. mant cascade et une plage de sable
séparant le lit du torrent du rocher
schisteux derrière lequel on a présenté
un coin de brousse tropicale. Le
La mise au point du paysage nu a pourtour de la cuve primitive est
été confiée à un artiste de valeur, constitué par des falaises latéritiques,
M. Landois qui, précédemment déjà, avec des éboulis de blocs de grès
avait décoré tous les bacs.de l'aqua- couverts d'une végétation appropriée.
rium. M. Landois a reconstitué là, Pour obtenir à l'intérieur de cet
ensemble une atmosphère chaude et et un autre, plus restreint et, partant,
humide nécessaire au développement plus économique, servant à éclairer
de la végétation et à la vitalité des les plantes et les animaux pendant le
animaux, il était indispensable de temps voulu, en dehors des heures
séparer le terrarium du reste de la d'ouverture. Ce dernier circuit est
salle. A cet effet, M. Laprade, archi- obtenu au moyen de lampes spéciales
tecte du Palais, a fait aménager tout construites par la Compagnie des
autour de la cuve une verrière de Lampes et fournissant une lumière
même forme, à l'intérieur de laquelle dont le spectre est aussi rapproché
le public peut circuler dans un sens que possible de celui de la lumière
déterminé, obligatoire pour la visite solaire. L'action de ces lampes spé-
facile et ordonnée aux heures ciales sur les plantes a fait l'objet
d'affluence. d'études particulières, poursuivies à
L'air est renouvelé par un système l'aquarium même depuis plus de
de ventilateurs assez compliqué : un deux ans et ce sont ces lampes qui,
carneau de grande section est ins- depuis longtemps déjà fournissent un
tallé dans le sous-sol inférieur ; il tiers de l'éclairage des bacs de
à
prend l'air frais l'extérieur du bâti l'aquarium. Elles sont disposées de
ment, le chauffe en passant sur un façon à utiliser le maximum de leurs
radiateur filtrant et le refoule au rayons et munies à cet effet de réflec-
moyen d'un ventilateur, dans le ter- teurs de forme et de matière appro-
rarium., au tiers environ de la hau- priées.
teur. Sur son passage, cet air chauffé Le chauffage est obtenu par une
peut être ozonisé par un appareil installation centrale, à eau chaude,
approprié. Enfin, dans le tiers su- dépendant du chauffage général de
périeur de la hauteur du terrarium, f aquarium. Elle est constituée par
sont aménagées deux bouches d'as- un système de radiateurs réglables à
piration qui rejettent l'air vicié sur volonté et invisibles pour le public.
le toit du bâtiment. Certains de ces radiateurs sont du
On obtient le degré d'humidité type ordinaire de chauffage, mais
nécessaire grâce à un arrosage plus d'autres sont disposés en forme de
ou moins intensif et à l'évaporation grilles ou de serpentins, de dimen-
se produisant à la surface de l'eau sions et de formes variées et dissimu-
des bassins, eau qui est, comme nous lés dans la masse du ciment consti-
l'avons dit, chauffée. tuant le fond des trois bassins et de
L'arrosage des plantes est obtenu la plage de sable. On a, en outre,
au moyen d'un système de brui- réservé dans un coin pour la ponte
neuses disposées de telle manière des crocodiles, une petite plage de
qu'elles peuvent provoquer, à volonté, sable chauffée par un radiateur auto-
une véritable pluie chaude et très nome.
fine. Ces bruineuses sont actionnées Le chauffage de l'eau de circula-
par une pompe spéciale qui puise tion provenant du circuit de la ville
l'eau tiède dans le circuit fermé des est obtenu à l aide d'un réchauffeur
bassins et de la chute. branché sur le circuit général et réglé
L'éclairage est assuré, comme par un thermostat.
nous lavons dit plus haut, pa-rdeux Le système de circulation de l'eau
circuits distincts : un premier, inten- dans son ensemble est, peut-être, la
sif, utilisé pendant la visite du public partie la plus compliquée de l'instal-
lation. En dehors de la chute eL des au moyen de la même pompe. les
trois bassins, visibles par le public. eaux de rebut directement du bassin
il comprend une,série d'organes spé- central où elles sont concentrées,
ciaux. L'eau du dernier bassin est dans l'égout de la ville. Ce dispositif
reprise par un trop-plein qui la ingénieux permet ainsi d'économiser
déverse lui-même dans une série de l'eau et le chauffage dans des pro-
filtres décanteurs, d'où elle passe portions très intéressantes.
Parmi les Croisés qui parlent du chasseurs et qu'il s'en servit jusqu'à
Guépard, citons Jacques de Vitry, sa mort (1385).
chroniqueur du XIIIe siècle, qui s'ex- Pendant tout le XIVe siècle la
prime ainsi : maison d'Esté se distingue dans
«
Les Léopards, ainsi nommés l'élevage des Guépards, et des chas-
« parce qu'ils sont semblables aux seurs spécialisés, nommés parderi
« Lions par la tête, quoiqu'ils ne (léopardiers), sont formés dans les
«
soient ni aussi grands, ni aussi diverses petites cours d'Italie qui
«
forts, deviennent tellement doux adoptent cette manière de chasser.
«
dans les mains de l'homme, qu'ils Le comte de Lucques, Castruccio
« le suivent à la chasse comme des Castracani, vit entouré de Léopards
«
Chiens ». qu'il appelle « ses fidèles amis ». Il
Vers cette même époque l'empe- suit les chasses avec son Guépard
reur Frédéric Il d'Allemagne, décri- posé sur un coussin qui est fixé en
vant les Quadrupèdes qui servent à croupe de son cheval.
la chasse, cite le Léopard et le Lynx Florence et Milan sacrifient éga-
et son contemporain Vincent de lement à la nouvelle mode : et dans
Beauvais nous a laissé les lignes sui- les Chroniques de Mathieu de Coussy
vantes : nous lisons qu'en 1459 messire
« On le dresse à chasser ; pour
Adolphe de Clèves, ambassadeur de
cela on le lâche après l'avoir amené Bourgogne à Milan, fut invité aux
près du gibier. S'il n'a pu le prendre chasses du duc François Sforza et vit
au quatrième ou cinquième bond, « des l yépards à cheval derrière
il s'arrête furieux ; et si le chasseur « hommesprendre lièvres et chevreulx. »
ne lui présente aussitôt une bête
quelconque dont le sang apaise sa
rage, il se jette sur lui ou sur tout
autre assistant » (1). Il est difficile de savoir exactement
Le Guépard a dû pénétrer en Europe
quelle date le premier Guépard
grâce aux Turcs qui l'ont importé àapprivoisé
Macédoine dans est arrivé en France.
en et les îles de la Certains historiens
pensent
mer Egée ; mais ce sont les Italiens de Louis ,XII provenaient que ceux
du butin
qui l'ont mis à la mode en Occident.
enlevé en 1499 à Ludovic Sforza,
Le premier amateur en date paraît fils du duc François, lorsque prince
être Nicolas d'Esté qui, en 1314, au fut fait prisonnier et transporté ce
au
cours d'un voyage à Jérusalefn, s'ar- château de Loches. Nous savons
rêta quelque temps dans l'île de d'autre part qu'Hercule 1er d'Esté
Chypre. Il y assista à une chasse avec rendit précisément à Milan, cette
se
un Guépard et, enthousiasmé, ne même année, pour y saluer le roi de
France et qu'il s'y fit accompagner
(t) Traduit de Speculum Majus. Tmprimé à par sa
meute de Félins dressés. En
Strasbourg en 1473. 1510, son frère 'le cardinal Hippo-
lyte d'Esté, envoya à Louis XII un chasses antérieures à l'arrivée du fa-
de ses meilleurs animaux. meux pardo de Ferrare.
Les hauts faits de ce Guépard sont Mais les prouesses de ce dernier
relatés dans plusieurs correspon- ont tôt fait d'éveiller la curiosité des
dances du temps. Celle de Jean Cau- gentilshommes français. Dès 1514,
lier, de la suite de Mgr de Gurce, dans les Cinq Livres des Hiéiogly
ambassadeur de Marguerite d'Au- phiques de P. Divet, il est parlé des
triche — en parle à deux reprises : Léopards et de la manière d-e les faire
« A Amboise, cest évêque lut mené revenir au chasseur après qu'ils ont
en son logis où il ne fut que demi- eflectué une prise :
« Et de faict la practique que j'ai
heure, que le Roy ne l'envoyast qué-
rir pour aller à la chasse où il fut veue de quelques princes et seigneurs
environ une heure, et n'y eust prime qui s en servent au lieu de Lévrier pour
que d'ung lièvre que print un leo- courre le lièvre, nous rend preuve
pard », de cela, veu que lorsqu'ils ont prins et
Et dans une autre lettre : estranglé la beste. le seul moyen de
« A l'après-souper ledit sieur de leur faire abandonner qu'ils ne La
Gurce et nous atasmes avec le Roy dévorent est de leur monstrer un peu
chasser au parcq où il lut tué un de sang qu 'un homme qui a charge
sanglier et prins par un léopard d'eux porte à cet effet dans une boëte
deux chevreulx en notre présence ». de fer blanc, lequel ri ont si lost aperçu
Le représentant du duché de Fer- qu'ils sautent sur la croupie de son
rare à la cour de France, Aldovrando cheval et se soubmettent à laisser la
Turchi, rend compte à son maître du proye ».
succès qu'a eu son présent par ces Au cours de son pontificat, le pape
phrases où l'on sent percer une légi- Léon X de Médicis reçut du roi
time fierté : Manuel de Portugal une « Panthère »
« Le léopard que Votre Seigneurie dressée à la chasse. Ce cadeau ne dut
a offert au Roi Très-Chrétien, adonné pas l'émerveiller outre mesure car
entière satisfaction ; car Sa Majesté des membres proches de sa famille
qui lui faisait courre un lièvre- dans possédaient, nous le verrons, leurs
sou parc vit passer tout à coup un parderi particuliers.
chevreuil. Ce que voyant, le léopard François Ier hérila du goût de
s'élança aussitôt à sa poursuite, en Louis XII pour le courre avec Gué-
tenant toujours le lièvre dans sa pard. Conrad Gessner en parle assez
gueule ; et parvint à attraper le longuement dans son Historia Ani-
chevreuil et à le retenir avec ses malium (Zürich 1551). Voici la tra-
pattes, sans lâcher sa première duction du passage en question :
proie ». « Je tiens d'un témoin oculaire
Ce Guépard remarquable serait, qu'à la cour du roi de France on
à notre avis, le premier de son espèce nourrit deux sortes de Léopards :
ayant chassé en France, car nous les uns de la grosseur d'un Veau, mais
doutons que les bêtes de Ludovic Le plus bas sur pattes et plus longs, les
More, privées de leurs léo pardi ers, autres ayant environ la taille et les
aient pu être utilisées par Louis XII proportions d'un Chien. Un des plus
autrement que comme fauves de petits, pour en donner spectacle au
ménagerie. En tous cas, nous n'a- Roi. est porté en groupe sur un
vons trouvé aucune relation de leurs coussin ou une housse par un bes-
tiaire ou veneur à cheval qui le retient gieux et l'étrangle. Le chasseur alors
par une chaîne. Dès que l'on aperçoit s'avance à reculons vers le fauve et
un Lièvre, on lâche le Léopard qui le lui présentant entre ses jambes un
rattrape en quelques bonds prodi- morceau de viande, parvient à s'en
rendre maître. On prétend que si cet Rois Mages » et représentant en réa-
homme avait le visage tourné vers lité le cortège triomphal de tous les
l'animal lorsqu'il l'approche, il se Médicis qui vivaient à la fin du XVe
ferait sûrement attaquer. Quoi qu'il siècle. Ils sont entourés des hommes
en soit, dès qu'il l'a rattaché, il est les plus célèbres de la Renaissance :
assuré de sa docilité... » Arioste, Raphaël, Pic de la Miran-
Henri Il chassa encore au Guépard dole, etc... Le cavalier au Guépard
ainsi qu'en témoignent les Archives que l'on a cru longtemps être le
de Joursanvault où l'on retrouve une comte Castracani serait plus vraisem-
quittance de 1548 par laquelle Cor- blablement un frère cadet de Lau-
neille Dipard, gouverneur du grand rent le Magnifique, car le seigneur
léopard du Roy, reconnaît avoir de Lucques, qui fut du reste un
reçu 85 livres tournois 10 sols dont ennemi acharné de Florence, était
le Roi lui a fait don « en faneur des mort depuis longtemps lorsque la
services qu'il tuy faict et en son estai et fresque fut exécutée.
pour lui aider à acheter ung cheval pour -On remarquera le système d'at-
servir à porter ledict léopard » (1). tache employé par le pardero Sys-
Avec les deniers Valois, l'art du tème qui lui permet de lâcher sa
léopardier paraît s'être éteint en bête en ouvrant simplement la
France. Il est vrai que Marie de Médi- main.
cis arrive à Paris avec un [lardero flo- Quant à l'autre document que
rentin dans sa suite ; mais sans nous reproduisons également, c'est
doute le dresseur ne trouvat-it pas une gravure inspirée de Stradan. Cet
d'emploi à la cour, car Henri IV dans artiste d'origine flamande, exécuta
une lettre au baron de Rosny (1601) de nombreux cartons pour tapisse-
parle de cet homme « qui doit s'en ries de chasse, dont plusieurs lui
retourner prochainement ». Le Vert- furent commandées par des mécènes
Galantn'aimait guère les modes étran- florentins. Malgré la légende indi-
gères et les « fantaisies » ; il -le prouva, quant que les chasseurs sont des
tin jour, en éconduisant avec ironie seigneurs turcs, leur costume occi-
un gentilhomme du Midi qui.avait dental les désigne clairement pour
pensé être agréable au roi en lui pré- des européens.
sentant un Aigle dressé pour la vo-
lerie.
Arioste, dans son Roland furieux Chèvres sauvages et qui, les ayant
compare son héroïne Angélique que poursuivis en vain, s'en reviennent
des sbires poursuivent et qui fuit furieuses et humiliées. »
pleine de terreur à « une jeune Enfin, le français Jodelle (1532-
biche poursuivie par un léopard et 1573), dans son Ode sur la Chasse,
qui, se glissant angoissée à travers dédiée à Henri 11, a écrit les vers
le taillis, croit toujours sentir les suivants :
mâchoires du fauve lui broyer la
poitrine et lui déchirer le flanc. »
Parler aussi du Lièvre on peut
Au XXXIXe chant, autre allusion Qu'à force on prend de telle sorte
a la chasse nationale (Arioste était Rare, quand le Léopard veut
de Ferrare). Deux guerrières. Bra- En quatre ou cinq sauls l'emporte.
tiques, nous l'avons dit, chaperonnent
leur Guépard ; ils le portent sur le
Le dernier souverain chrétien qui terrain en charrette à bœufs et le
se servit de Guépards dressés semble lancent de préférence sur les Anti-
avoir été l'empereur Léopold ir d'Au- lopes Cervicapres et sur les Axis.
triche ; en 1660, il en reçut un Nombreux sont les -récits enthou-
couple du Sultan. Georges lit d'An- siastes d'officiers anglais qui ont
gleterre à qui Tippoo-Sahib adressa assisté à cette chasse qu'ils qualifient
le même présent, enferma les pauvres de line sport ).
(1
bêtes dans sa ménagerie et fit rapa- Quel que soit le savoir des hommes
trier les bestiaires indiens. du Pendjab, il ne saurait éclipser
Rappelons, en terminant, que le l'art brillant des parderi d'antan, qui
Chittah n'est plus guère employé conduisaient aux chasses royales
que par quelques maharadjas du nord leurs fauves héraldiques, chevau-
de l'Inde et par certains sultans de chant à leurs côtés, dociles et fami-
l'archipel Malais. Les dresseurs asia- liers.
NOTE
SUR LES PLANTES FRUITIÈRES
DES RÉGIONS TEMPÉRÉES CHAUDES OU SUB-TROPICALES
DONT LA CULTURE, PEUT DONNER
DES RÉSULTATS SATISFAISANTS SUR LA COTE D'AZUR
Sans doute, bien peu de plantes des notablement plus chaudes. Le climat
régions chaudes peuvent prospérer, de la Provence lui convient admira-
même dans les sites les mieux proté- blement, et, contrairement à beau-
gés de la Côte d'Azur; cependant, coup d'autres, elle s'accommode de
certaines d'entre elles, provenant de tous les sols, même les plus ingrats.
régions d'une certaine altitude, sup- Ce qu'elle demande avant tout, ce
portent, sans trop en souffrir, les sont des arrosages fréquents au prin-
abaissements de température, hélas temps et en été. Ce n'est guère qu'à
trop fréquents sur la Riviera. cette condition qu'elle donne des
D'un autre côté, le palais de bien fruits tous les ans en abondance.
des français n'est pas encore habitué Bien entendu, on ne doit pas lui
au parfum de certains de ces fruits, ménager les engrais ; toutefois, on
si bien qu'on ne les apprécie pas à devra les épandre à petites doses,
leur juste mérite. Rappelons-nousles mais en les répétant au cours de la
Bananes ! N'a-t-il pas fallu plus d'un végétation. En effet, la plante ne
demi-siècle pour qu'elles aient acquis forme guère de racines profondes et
en France droit de cité ! les doses élevées peuvent nuire aux
Je crains qu'il ne soit nécessaire racines superficielles.
d'un laps de temps tout aussi grand Certains semis ne donnent des
pour que le Feijoa Sellowiana, im- fruits que très difficilement. C'est
porté en France en 1893 par Edouard heureusement la grande exception.
André, soit bien apprécié du public. Toutefois, il est préférable de planter
C'est une plante très méritante, et des variétés sélectionnées et greflées,
résistapt admirablement aux basses car on n'est jamais sûr de la bonne
températures. Elle peut même vivre, qualité des fruits et de la fécondité
à bonne exposition, sous le climat de des sujets venus de semis.
Paris, mais elle. ne donne régulière- J'ai vu cependant aux environs de
ment des fruits que dans dés régions Menton un sujet de semis, ayant
moins de quinze ans, porter 75 kgs dans les terres compactes et si cal-
de fruits; mais c'est tà un maximum, caires de la Villa Africa, j'en ai perd,u
et il est prudent de compter sur un beaucoup, et les plantes survivantes
rapport beaucoup moindre. Les sont parfois sujettes à la maladie.
fruits sont de forme et de grosseur Le fruit est agréable, même très
très variables ; ils peuvent atteindre bon, et se vendrait bien à Paris, si on
90 grammes. Ajoutons, chose pré- pouvait le mettre à la portée de
cieuse, qu'ils contiennent de l'iode toutes les bourses. Je crains que, pour
sous une forme facilement assimi- longtemps encore, ce soit un fruit
lable. Beaucoup de personnes en sont rare et de grand luxe, car sa produc-
absolument fanatiques et placent ce tion n'est pas très abondante ni ré-
fruit tout au premier rang. D'autres gulière. En outre, son fruit ne voyage
lui trouvent un parfum beaucoup pas avec la faeilité de celui du Fei-
trop prononcé, désagréable. Quel joa. Il s'écrase facilement, si OD ne
serait donc ce parfum ? Ceux qui l'emballe avec les plus grandes pré-
l'aiment le comparent à celui de cautions, car on ne peut le cueillir
l'Ananas avec un arrière-goût de avant maturité presque complète, si
fraise ; les autres, au chlorure de on veut qu'il jouisse d'une bonne
méthyle. Comme on le voit, on ne qualité.
s'accorde pas. comme c'était autre-
fois le cas pour la Banane. Le fruit du Casimiroa edulis treu-
A mon avis, c'est le fruit exotique verait preneur, paraît-il, à Paris à
qui présente le plus d'avenir pour la des prix relativement élevés ; encore
culture en France. Son parfum très faudrait-il qu'il soit d'une bonne
développé est délicieux et unique en variété, et non -petit et amer comme
son genre. L'arbre, bien cultivé. est les semis de cette plante en pro-
assez prolifique. Le fruit voyage duisent trop souvent.
facilement et se conserve assez long- Cependant, un jeune semis, à la
temps. Certes, actuellement, il a Villa Africa, a donné de gros et
quelques détracteurs, il n'est pas bons fruits cet automne Mais j'ai
apprécié à sa juste valeur, mais l'ave- eu à constater que si les fruits mûris
nir est à lui.. sur l'arbre étaient tous sans amer-
tume, sucrés, fondants, et en somme
Nous avons ensuite à nommer un très bons, ceux arrivés à maturité
fruit voisin: la Goyave. Seul le Psi- au fruitier, ont parfois présenté une
dium Cattleyanum peul se planler légère amertume, surtout dans le
normalement sur la Côte a'Azur, et voisinage de la peau et du noyau.
encore je le considère comme étant Or, on doit faire voyager le fruit
moins facile à cultiver que le Citron- avant qu'il soit mûr, car à maturité
nier. La plante paraît craindre le cal- complète il présente la consistance
caire et les terres très lourdes. Elle d'une crème.
se développe lentement, très lente- Il existe, dit-on, des variétés sans
ment même. De plus, ses fruits se aucune amertume et les Américains
momifient souvent à la suite d'une sont arrivés à les greffer après sélec-
maladie mystérieuse, dont on pour- tion. C'est un arbre qui pousse vi-
rait se défendre, m'écrivait le regretté goureusement et, entre le Mont-
Couderc, par des pulvérisations au Boron et la frontière italienne, le
sulfate de cuivre (?) Pour mon compte, climat parait bien lui convenir. C'est
donc une plante fruitière dont on ne sont pas atteints par le Cera-
tirera un bon profit dans cette région titis capitata, tandis que ceux du
quand on aura pu y planter des sujets D. Kaki sont toujours piqués par ce
sélectionnés greffés, de qualité irré- terrible Insecte. L'arbre est diflé-
prochable. Pour le moment, c'est à rent aussi, avec ses feuilles duve-
peine si on y rencontre quelques très teuses et l'écorce blanchâtre de son
rares semis de qualité très variable, tronc. Il résiste mal parfois aux
Rares sont les personnes au cou- cielle et, d'autre part, que depuis son
rant du formidable exploit accompli départ j aie été le premier à lui deman-
en Afrique par M. G. de Ramecourt der ce qu'il avait vu comme faune
seul à bord d'une 10 CV Renault pendant le formidable périple qu'il a
six roues (1). accompli.
Parti de Saint-Valéry-sur-Somme J'ai appris que les fameux Oryx
le 10 octobre 1928 avec l'intention blancs sont encore assez nombreux,
d-'entre prendre une tournée de chasse notamment en A. 0. F. dans la ré-
en Afrique équatoriale française, il gion de Ménaka (Est de Gao), en
ne revint à son point de départ que A. E. F. au Kanen, ainsi qu'au Mort-,
5 années plus tard le 30 septembre cha, aux environs de la ligne des puits
1933, après avoir parcouru presque allant de Koro Toro à Oum Chalouba,
toute l'Afrique et obtenu de très sur le Bahr el Gazai, au sud de Koro
bons spécimens de presque toutes les. Toro aux alentours des puits de Tel-
espèces de gros gibier africain lis Au dire des indigènes, ils seraient
11 faut regretter d'une part qu'il également très communs au Niger
soit parti sans aucune mission offi- sur la piste chamelière N'Guimi-
Bilma dans les parages d'Agadem.
Cependant à Paris on les signale en
(1 Dans sa séance du 31 mai dernier, sur la voie de disparition dans les colonies
proposition de M. F. Edmond-Blanc, membre de
la section de la chasse. l'Académie des sports a françaises.
« C'est une des espèces les plus
décerné sa grande médaille d'or à M. de Rame-
court pour l'exploit relaté au cours de cet article.
(N D. L. R.).
difficiles à atteindre 1), a dit le major
H. C. Maydon, qui est un -dés plus voie de disparition, mais simplement
grands chasseurs de notre époque. Ce hors de portée de beaucoup de chas
qui ne veut pas dire qu'elle soit en seurs. Ce sont sans doute quelques-
uns de ces derniers qui lui ont fait Mhorr (Gazella dama), des Gazelles
cette réputation de rareté. En outre, dorcas et des Autruches. Le long du
très peu d'Européens s'intéressant à Niger, des Lions, des Phacochères,
la fffune ont été dans les endroits par des Gazelles dorcas, des Autruches
où est passé M. de Ramecourt. et des Bubales roux (Bubalis major).
Je cite ce cas des Oryx blancs entre Alors fut entreprise une première
beaucoup d'autres, car il prouve les campagne de chasse dans le voisi-
immenses services que les chasseurs nage du lac, ainsi que dans l'inté-
sportifs peuvent rendre. ressante région comprise entre le
Logone et le Chari. Les espèces
obtenues dans cette région étaient :
Eléphants, Rhinocéros noirs, Buffles,
Comme on peut le voir d'après la Lions, Phacochères, grands Kobs
carte ci-jointe, M. de Ramecourt, (Kobus defassa unctuosus), Kobs de
parti d'Alger, emprunta la piste, bien Buffon (Adenota Kob Kob), Bubale
connue maintenant, par Reggan, Bi- roux, Antilope chevaline (Hippotragus
don 5, Bourem, Gao, piste peu fré- equinus gambianus. (Antilope harna-
quentée alors; le Bidon 5, en ce chée (Tragelaphus scriptus scriptus).
temps, comportait, pour tout aména- Puis il poursuit sa route en direc-
gement, un bidon d'essence vidé! tion d'Abécher, capitale de l'Oua-
Suivant enfin la rive du grand fleuve daï, à travers une région où la
occidental jusqu'à Niamey, il obliqua faune est peu abondante : Gazelles,
ensuite à l'est pour atteindre le Tchad Autruches, quelques Lions plus au
par la Nigeria et le Cameroun. sud sur le Ba Tha. Dans les mon-
Les animaux rencontrés en route tagnes de Mongo, Melfi, Mangalmé,
étaient dans le sud du Sahara des il obtint quelques grands Koudous.
Addax. des Orvx blancs, des Gazelles Prenant le chemin du sud, le
voyageur parvient en Oubangui Chari Pendant ce parcours la voiture
après avoir péniblement suivi la avait failli être détruite, passant à
frontière du Soudan Anglo-Egyp- travers un pont en flammes au cours
tien. Au lac Iro il retrouve la même d'un incendie de brousse. Trois roues
faune, mais les Buffles sont plus arrière étant heureusement restées
abondants et il y a en plus des Girafes accroehées à un débris du tablier.,
et des Bubales damalisques(Damalsi- elle parvint à se dégager assez rapide-
cus Korrigum Korrigum). ment de cette dangereuse position et
Sans provocation, unHippopotame à fuir l'incendie.
retourna la pirogue occupée par Le 20 février, après avoir roulé
M. de Ramecourt et deux indigènes, plus de 40 km. sur une voie ferrée,
alors qu'ils se trouvaient au milieu puis traversé le fleuve Congo devant
du lac. Ils savaient heureusement Kinshasa, Léopoldville, M. de Rame-
assez bien nager tous les trois. court réussissait la première liaison
Nouvel arrêt et chasse sur l'Ouam, automobile entre l'Europe et Brazza-
où il rencontre la faune que j'avais ville, capitale de l'Afrique Equatoriale
moi-même rencontrée sur l'Aouk, Française.
lors de mon expédition en 1 932 {La Là, il abandonne sa voiture et part
Terre et la Vie, décembre 1932), puis en pirogue chasser en forêt épaisse
il atteint Bangui, capitale de l'Ouban- pendant six mois sur la frontière
gui-Chari qu'il quitte bientôt pour Cameroun-Gabon.
gagner l'Océan Indien à travers le Cette chasse qui est pourtant ren-
Congo Belge, l'Ouganda et le Kénya. due pénible par le manque de soleil
et l'humidité constante qui règne
dans ces sous-bois ténébreux est
cependant le meilleur souvenir qu'il
ait conservé de son voyage.
Très rares sont les Européens sus-
ceptibles de rester en bonne santé
pendant un mois dans cette région
particulièrement insalubre, où l'on
vit les pieds constamment dans l'eau
et où l'on ne touche jamais quelque
chose qui soit sec. Y rester six mois
seul avec -quelques indigènes paraît
incroyable et demande vraiment une
résistance exceptionnelle et une
santé de fer.
Cet exploit démontre vraiment un
magnifique amour de la chasse de la
part de son auteur. Il fut du reste
Il quitte Monbassa en septembre et pleinement récompensé, puisqu'il
gagne Tanga au Tanganyika en sui- récolta toutes les espèces les plus
vant la côte, puis il repique vers enviées des chasseurs sportifs : Bongo
l'Atlantique qu'il rejoint à Saint-Paul (Boocercus eurycerus eurycerus),
de Loanda au début de janvier 1930, Situtanga (Limnotragus spekei gra-
en traversant la Rhodésie du-Nord, tus). plusieurs variétés de Cépha-
le Katanga, et l'Angola. lophes dont le grand à dos jaune
(sylvicultriz). Sanglier géant (Hylo- tigres, il obtint le rarissime Oryx
choerus Meinertzhageni), Potamo- Gazelle (Oryx gazella blainei). Cet
chère (Chœropotann/s porcus piclus) animal qui est le géant des Oryx
Gorille, Chimpanzé, Buffle nain, Elé- dépasse parfois 1 m. 20 au garrot et
phant et Hippopotame. Certains San- a des cornes qui atteignent la même
gliers géants atteignent des tailles taille. Il y trouve également eD
Les larves aquatiques des Coléoptères Certaines larves vivant sur les pierres
appartiennent à des groupes variés : Dytis- des torrents, il peut être utile de transpor-
cides et familles alliées (= Hydrocan- ter celles-ci, pour les brosser avec soin au
thares), Hydrophilides (sensu lato), Hélo- laboratoire ; à défaut, sur place, les frot-
dides, Dryopides... ter avec les doigts, dans le courant, le
Dans l'ensemble leur recherche, leur filet tendu en aval.
capture et même leur élevage n'offrent
pas de grandes difficultés. RECHERCHE.
—
On rencontre les larves
aquatiques des Coléoptères dans toutes
MATÉRIEL.
— Pour
pêcher ces larves on les collections d'eau, souvent les moins
utilise les divers modèles de troubleaux étendues : lacs et étangs, mares et maré-
avec poche en étamine pour l'exploration cages herbeux, vieilles carrières ou gra-
des eaux assez profondes, mais un simple vières inondées, rizières, fossés, fontaines,
filetde poche qu'il est facile de confection- trous d'arbres, « aquariums » des Bromé-
ner soi-même, avec court manche en bois liacées ainsi que dans les eaux courantes -
ou en bambou et cercle de fer d-e 15 petites rivières et ruisseaux de plaine dans
centimètres de diamètre, rend les plus les végétaux) ou torrents à fond rocheux.
grands services pour la recherche le long Les bras morts des torrents, et des
des rives, et dans les eaux peu profondes, rivières, le dessous des berges, les petits
souvent les plus riches. bassins où l'eau est calme, également les
Lorsque les larves sont peu agiles et de rapides et cascades aux pierres garnies de
petite taille, on peut même les saisir à la Mousses et d'Algues doivent être explorés
main, ou encore à l'aide d'une cuillère à avec soin.
café les amener doucement du fond à la On utilise, selon les circonstances, le
surface. troubleau, le petit filet de poche o-u la
Enfin, comme pour les imagos, il est cuillère.
bon de recourir à la « nappe » sur — Les
larves carnassières desDytiscides
laquelle on rejette et étale les amas de et des Hydrophilides sont surtout répan-
végétaux ou débris recueillis par le trou- dues dans les eaux stagnantes ; elles se
bleau. — Il est encore préférable de pro- tiennent en général près des rives, à
céder, partiellement au moins, au lavage faible profondeur, souvent dans la végé-
de ceux-ci dans un cristallisoir, ou mieux tation submergée, fréquemment encore
une cuvette à fond clair (les cuvettes de sous les pierres (notamment dans les lacs
photographe sont très pratiques à cet élevés des montagnes).
effet); je dois plusieurs bonnes captures à Les larves des types supérieurs, plus
cette méthode. grandes, peuvent s'écarter du bord, mais
nagent alors au voisinage de la surface, vertébrés divers, principalement Crusta-
soit en «ramant », soit par un mouve-
ment giratoire des pattes.
cés et larves d'Insectes, parfois de petits
Vertébrés : alevins, tétards ; celles des
Quelques larves habitent les eaux cou- gros Hydrophilides (Hydrous) attaquent
rantes, les larves des Gyrinides entre les Mollusques d'eau douce. Les larves
autres, mais se tiennent au fond.de l'eau des Thermonectini (Acilius) et toutes les
ou dans les végétaux. La cuillère est pré- petites larves de Dytiscides (larvules,
cieuse pour la capture, dans les torrents, Hydroporinae) seront aisément alimentées
des larves des Deronectes (Dytiscides). avec les Crustacés du plancton : Clado-
Les larves des Noterinae (Dytiscides) cères, Copépodes...
habitent la vase des berges (Wesenberg- Les larves des Hygrobiides recevront
Lund) ; celles des Hygrobiides recherchent des Vers (Tubificidés).
les mares à fond vaseux, peuplées de Tubi- Certaines larves particulièrement vo-
ficides. races (Gyrinides, Dytiques, Cybister)
—
Ou trouvera aisément les larves doivent être isolées les unes des autres ;
herbivores des Haliplides en récoltant les séparer d'ailleurs en principe les larves
Algues ou Characées, fréquentées par les de taille ou d'âge différents.
imagos ; également sous les pierres ou à Les larves des Haliplides seront placées
la surface de celles-ci (larves rhéophiles sur des touffes d'Algues ou de Characées,
des Brychius). les larves des Dryopides sur les pierres et
— Pour
récolter les larves des Dryo- rocailles constituant leur habitat naturel.
pides, il convient de « troubler » avec .le Enfin les larves des Hélodides seront
met de poche le gravier des torrents, de conservées dans des aquariums garnis de
racler, frotter ou laver les pierres et végétaux aquatiques, de débris ligneux et
rocailles particulièrement au .niveau des de feuilles mortes.
cascades et des chutes ; on les rencontre Au fur et à mesure de leur croissance,
encore sur les bois immergés les larves changent de peau, et il y a
— Les
larves des Hélodides seront grand intérêt à recueillir les exuvies, per-
capturées par les mêmes méthodes dans mettant de définir les divers stades.
les petits torrents ; mais certaines habitent D'ailleurs il est souvent précieux, de
aussi les mares ou «aquariums Yégétaux». conserver quelques jours en aquarium des
— (hl aura
toujours soin de recueillir couples d'imagos ou de femelles, méthode
des imagos en même temps que les larves, que l'on emploie avec succès chez les
ce qui peut faciliter les diagnoses, mais Gyrinides, les JDytiscides, les Hydrophi-
le mieux, si ou le peut, est de pratiquer lides (ces derniers édifiant d'élégants
l'élevage — tout au moins d'obtenir la cocons ovigères) ; l'élevage ex ovo est en
nymphose de larves au dernier stade, ce effet réalisé sans difficulté.
qui donne bien des chances d'avoir les
imagos eux-mêmes. MISE EN NYMPHOSE.
—
C'est le point
capital de l'élevage ; et elle ne demande
ELEVAGE.
—
Dans ce cas, il suffit de que quelques soins, sans avoir il se soucier
disposer d'un certain nombre de cristal- de réaliser les conditions naturelles, plus
Jisoirs, également d'un grand bac où il ou moins bien connues d'ailleurs.
est co iii mode de placer les pierres et Se munir de petits pots en verre ou en
végétaux à laver ; ce bac sera d'ailleurs terre, à défaut de boîtes métalliques, de
très utile,. également comme réserve de petites dimensions, que l'on garnit de
plancton ou de plantes destinées à l'ali- sable : grès friable ou sable d'alluvions.
mentatiun des larves en élevage. Le grain en doit être fin, pas trop cepen-
—
L'entretien de ces petits aquariums dant : un grain peu grossier donne en
est facile : suivre les règles habituelles . effet plus de cohésion, facilitant le travail
pour la propreté et l'aération de l'eau par de fouille ou de construction qu'effec-
l'emploi de Mollusques, de végétaux aqua- tuent les larves. Ce sable-doit être légère-
tiquesfMousses et Characées notamment) ; ment humecté, frais et meuble, jamais
si besoin est, renouvellement du liquide ; détrempé.
éviter réchauffement trop grand, l'insola- L'emploi de terre végétale est évidem-
lion directe. ment à proscrire à cause des moisissures ;
—
Les larves carnassières (Hydrocan- afin d'éviter le développement de ces der-
thares à l'exception des Haliplides, Gyri- nières, il est bon (Wilson) de préparer à
nides et llydrophilides) se nourrisentd'In- l'avançe ces pots. ce qui permet d'écarter,
avant usage, Ctux qui auraient été ense- l'eau, peut reprendre vie pour subir la
mencés par quelques spores nymphose, c'est pourquoi il convient d'ob-
Eviter aussi soigneusement l'évapora- server les réflexes le plus imperceptibles,
tion par la fermeture ; au besoin placer un qui peuvent se manifester au niveau des
peu de Mousse ou du coton trempé dans appendices.
l'eau. L'état nymphal dure peu : jusqu'à vingt-
—
Il est très important de retirer de quatre jours chez les-Dytiques, mais de
l'eau les larves susceptibles de subir quatre à sept jours chez beaucoup de
la nymphose, car celles-ci, particuliè- petits Insectes.
rement les larves carnivores, ne tarde- Au moment de l'éclosion, l'imago est in-
raient pas à périr, asphyxiées, au fond du colore et lucifuge ; ce n'est qu'au bout de
cristallisoir. quelques jours, lorsque les téguments ont
Le dernier stade est en général facile à pris couleur et consistance, qu'il convient
reconnaître, indépendamment de la taille, de le sacrifier, non sans prendre soin de
à la présence dans la plupart des cas, de recueillir pour les joindre à l'Insecte les
stigmates latéraux bien visibles à l'œil nu exuvies larvaire et nymphale que l'on
ou à la loupe (Dytiscides, Haliplides, isole, en jetant à l'eau le contenu du pot,
Hygrobiides, Dryopides, en général), celles-ci venant surnager.
parfois à la structure des mandibules Dans quelques cas (Hélodides : Scirtes
(beaucoup d'Hélodides). et Hydrocyphon notamment) la nympho-
Dès qu'une larve parvenue à ce stade, se, alors très rapide, peut s'effectuer sur
paraîtra au terme de-sa=eroissance, mon- les objets émergés ou la paroi même dl]
trant des segments distendus, avec sou- cr.stallisoir.
vent-les membranes visibles, on lareti- - La facilité avec laquelle on obtient la
rera de l'eau pour l'enfermer dans le pot nymphose . des larves aquatiques des
de nymphose. Là, en général, elle ne sau- Coléoptères permet, même en se bornant
rait tarder à fouir ou à construire. à recueillir des larves adultes, d'identi-
Dans le cas contraire — ou elle reste à fier nombre de formes. Parallèlement à
peu près inerte entrant en prénymphose, la récolte de larves jeunes et d'imagos,
ou bien elle garde son activité et doit être cette méthode devra permettre d'accroître
replacée dans l'eau. En effet, malgré le notre connaissance des premiers états des
soin apporté, il peut y avoir erreur ou acci- Coléoptères aquatiques.
dent ; mais il ne convient pas de se décou-
TRANSPORTS, ENVOI, CONSKHVATIOX. —
rager car : Les larves peuvent être transportées
1° Un jeûne de quelques jours a peu vivantes et même expédiées dans la mous-
d'importance pour une larve carnassière ; humide.
quant aux larves phytophages, leur résis- se Toutes seront conservées, pour étude.
tance est fort grande : j'ai conservé un dans de l'alcool à 70-80°, au besoin
mois et demi dans un pot de nymphose des légèrement camphré
larves de Stenelmis (Dryopides) avant mentations. Préalablement, pour éviter les fer-
si possible, on
d'obtenir la première nymphe ! doit les fixer à l'eau chaude, ou mieux à
2° Une larve paraissant morte, hors de l'alcool chaud.
VARIÉTÉS
Jean THOMAS. — A travers l'Afrique est intelligent, plus le noir lui parait bête.»
équatoriale sauvage, 1 vol. 223 pages, Thomas ajoute, avec sagesse «plus le blanc
XXXVI pl. hors texte, 17 fig. dans le est brutal, moins le noir lui paraît doué de
sensibilité ».
texte, 1 carte. Larose édit., Paris, 1934, Ainsi l'auteur nous a fait cheminer avec lui,
Prix : 100 francs. par les fleuves et les pistes, de Brazzaville au
Tchad, puis du Tchad à Fort Archambault et
Un livre posthume se feuillette toujours avec à Port-Gentil par Bangui, Brazzaville, le Congo
émotion, parfois avec inquiétude. Il est si facile belge.
en compulsant les notes du disparu, de travestir La deuxième partie de l'ouvrage s'intitule :
sa pensée, de publier des observations incom- la pêche en Afrique équatoriale française. Les
plètes, de présenter des remarques destinées à notes de l'explorateur sur ce sujet ont été
être amplifiées ou modifiées : un livre posthume collationnées par Mme G.-J. Thomas, avec
n'est point toujours l'exact reflet d'une pensée l'aide de Th. Monod.
qui s'est tue. Madame G.-J. Thomas, à laquelle Elle comprenddeuxgrandes divisons le bassin
nous devons la publication du beau volume du Congo ; le bassin du Tchad. On trouve là
dont il s'agit ici, s'est mise à l'œuvre avec une foule de renseignements et d'observation
courage, animée de la volonté de terminer sur les races de pêcheurs, leurs engins, leur
l'œuvre inachevée, en mémoire de son mari, technique. Les causes de la dépopulation de
en témoignage d'affection pour son fils. certaines régions sont analysées ; le dévelop-
Nous rendons hommage à son opiniâtre pement de la pêche est le plus sûr moyen de les
labeur et au beau et émouvant résultat auquel combattre pour la plupart. Les conseils que
elle est parvenue. Emouvant, car tous ceux donne Thomas pour la préparation du poisson
qui ont connu Jean Thomas le retrouvent tout sont ceux d'un homme d'expérience, qui avait
entier dans ces pages ; tout entier avec son déjà obtenu sur le Niger les résultats les plus
enthousiasme d'apôtre, sa sincérité, sa sensibi- encourageants.
lité, son amour de la nature, sa passion pour En annexes (I-IV), Mme G.-J. Thomas a
la vie de brousse, son amitié pour « ses frères publié quelques rapports de son mari, qui
noirs ». Pour moi, à tout instant au cours de rappellent son patient labeur, parfois ses décep-
la lecture de ce livre, j'ai pu évoquer le carac- tions qui n'entamaient point sa confiance. Le
tère de cet excellent camarade. Et je le vois professeur A. Gruvel, qui fut le maître de Jean
encore, un soir d'été 1931, peu avant son départ Thomas, a eu l'effectueuse pensée d'écrire une
pour Banyuls, dans la petite chambre d'un préface où sont relatées les diverses missions de
hôtel du calme quartier du Jardin des Plantes
où il s'isolait, m'exposer le plan général de son élève et leurs résultats pratiques. Louons
enfin les admirables photographies qui ornent
son ouvrage et me lire, plein de flamme, le volume ; elles ne contentent pas d'être nettes ;
quelques pages des premiers chapitres. — La elles sont artistiques,
première partie du volume :« A travers l'Afrique Le livre de Tean Thomas s'adresse aux
équatoriale sauvage », est le récit du voyage, jeunes. Il enchantera ceux qui rêvent de grands
récit pittoresque, coloré, émaillé de notations
musicales - Thomas était un mélomane : chant
dés pagayeurs Batéké, accompagnement de
voyages et d'explorations. Il sera lu avec
intérêt pour tous ceux qui s'intéressent aux
colonies. G. PETIT,
danses, chant sauvage des Karré de Baroua....
Ces rythmes simples suivaient partout notre ami,
accentuant sa nostalgie des vastes espaces afri-
cains. Mais ça et là, des diversions qui révèlent William BEEBE. Dans la Jungle de la
les préoccupations essentielles du voyageur tel —
ce chapitre les causes de la dépopulation et la Guyane, 1 vol. de 224 pages de la collec-
maladie du sommeil (p. 23-29): et cet autre, tion des Livres de Nature. Edit. Stock à
nerveux et convaincu la leçon de la brousse Paris.
(p. 53-55), où Thomas qui était, pourquoi ne pas
le dire?— naturiste dans le meilleur sens du Ce n'est pas aux lecteurs de la Terre et la
mot, raille notre sort de civilisés, exalte les Vie ou aux membres de la Société d'Acclima-
bienfaits du soleil. Mais voici le technicien : tation qu'il faut présenter M. William Beebe,
observations précises sur la pêche, la conserva- le réputé directeur de la Société zoologique de
tion du poisson, conclusions relatives à l'indus- New-York ; ses travaux zoologiques et ses publi-
trie de la pêche (par exemple, p. 65-70) ; voici cations considérables ont rendu son nom fami-
l'ami des noirs : le sauvage et nous (p. 121-128), lier ; notre société en a fait un grand lauréat
pages pleines de foi, d'idéal qui sont bien dans et un membre correspondant et la collection
la manière de Thomas. Ce qu'il écrit l'amène illustrée des Livres de Nature a déjà publié de
à citer cette phrase d'André Gide, qui claque lui un ouvrage Sous la mer tropicale, consacré
comme une gifle que pas mal de blancs à ses premiers essais d'observations sous-marines,
mériteraient d'avoir reçue : « moins le blanc dans les mers de coraux.
Le volume que cette même collection fait européens sont répartis en trois zones biogéogra-
paraître aujourd'hui comprend une série de phiques.—A) Zone de l'Europe septentrionale :
récits inspirés par un long séjour de l'auteur en Islande, Danemark, Norvège, Svalbard, Suède,
Guyane. Presque tous les êtres vivants de la Finlande. Esthonie, Lettonie, Lithuanie, Po-
jungle y défilent au cours d'épisodes rapportés logne, Prusse, Mecklenburg-Schwerin, Mec-
par un conteur singuliérement perspicace et klenburg-Strelitz, Lübeck — B) Zone de l'Eu-
averti. Voici les dramatiques chaînons d'une rope moyenne : Grande-Bretagne, Irlande du
lutte que soutinrent tour à tour un Protozoaire, Nord, Etat libre d'Irlande, Pays-Bas, Belgique,
deux Amphibies, un Serpent et deux Oiseaux ; Luxembourg, les différents Etats allemands,
voici encore d'originales observations d'Insectes Tchécoslovaquie. France, Suisse, Autriche,
variés qui creusent le bois, forent la terre, Hongrie, Yougoslavie, Roumanie. Bulgarie. —
s'agitent sur le sable, le long des grèves. Ce C) Zone méditerranéenne : Portugal, Espagne,
sont encore les multiples aventures de la vie et Italie, Grèce, Maroc français, Algérie, Tunisie,
de la mort d'une feuille de Palmier, les agisse- Tripolitaine et Cyrénaïque, Egypte. Palestine et
ments des êtres qui sont mêlés à elles, les Transjordanie, Syrie, Turquie d'Europe et
réflexions et les hautes pensées philosophiques d'Asie.
qu'elles suggèrent. Plus loin, sont rapportés les Cet ensemble de pays européens correspond
mœurs curieuses des fainéants de la jungle, les à la partie occidentale des territoires que les
Paresseux, ou des ancêtres de la forêt, les Sapa- biogéographes désignent sous le nom de « zone
jous. Et pour terminer voici l'évocation des paléarctique».Le rapport précédant les tableaux
ébats de la mystérieuse faune ailée qui habite explique pour quelles raisons les pays les plus
les frondaisons majestueuses, du Sanglier, ou la orientaux ont été provisoirement exceptés.
relation méticuleuse du comportement du Tina- La documentation qui figure dans le synopsis
mou, l'Oiseau à l'œuf lie de vin, au moment de concerne les Oiseaux en général, sans se limiter
l'incubation. à aucune catégorie spéciale (Oiseaux de chasse,
Dans tous ces récits on trouve une infinité de Oiseaux utiles ou nuisibles...) ; mais il est bien
faits curieux et peu connus avec la précision évident que les données se rapportent aux
scientifique, la justesse de l'observation et sou- espèces existant habituellement pendant une
vent le contrôle de l'expérimentation, qui ont partie de l'année dans tel ou tel pays en question.
fait la réputation de l'auteur. On a renoncé, avec raison, à donner les noms
On y chercherait pourtant en vain un souci vernaculaires. Les espèces sont donc désignées
didactique visant à décrire les particularités sous leur nom latin, en suivant la nomenclature
biologiques des êtres envisagés, les uns après d'E. Hartert (Die Vôgel der Palaarktischen
les autres. Tout est lié dans la vie du monde Fauna).
animal ; de la plante à l'Oiseau, de l'Insecte au A chaque répartition de pays ci-dessus indi-
Mammifère il existe une somme de réactions quée, correspond un tableau synoptique.
réciproques qui s'enchaînent dans leur coïnci- Dans la colonne horizontale du haut figurent
dence et dans leur succession. C'est cet enchaî- les noms des Etats avec indication de l'année à
nement, cette parenté mutuelle des êtres que laquelle la documentation se rapporte. La
William Beebe a voulu surtout mettre en évi- colonne verticale de gauche de chaque tableau
dence dans son livre qui pourrait — pour se mentionne les espèces. On trouvera donc sous
rapprocher plus littéralement du titre de l'ou- chaque nom de pays et en face de chaque
vrage américain d'où il est traduit — s'intituler : espèce, la date d'ouverture et de fermeture de
Vie de la jungle. la chasse. Le signe + indique les espèces proté-
Les descriptions, toujours pittoresques et colo- gées durant toute une année. Le signe—, au
rées, sont agréables à lire ; si l'auteur se livre contraire, celles qui peuvent être chassées ou
parfois à des méditations philosophiques très capturées en tout temps.
personnelles, il agrémente ses récits de traits Si l'ouvrage dont il s'agit ne permet pas de se
d'autant plus piquants qu'ils sont généralement passer complètement, pour qui veut approfon-
d'humour inattendu. drir une question, des textes législatifs eux-
Par son art de présenter les faits, par son mêmes, il constitue une documentation synthé-
souci de les expliquer, par son besoin de les tique de tout premier ordre, qui sera complé-
interpréter, William Beebe s'apparente aux tée, nous annonce-t-on, par des suppléments.
naturalistes de la grande époque, à ceux qui, en Ce synopsis témoigne de l'effort de documen-
France, créèrent au XVIIIe siècle, le grand tation scientifique et technique qui s'élabore
mouvement en faveur de l'histoire naturelle. depuis plusieurs années à l'Office international
C. B.
de Bruxelles. On ne peut que lui adresser, sans
réserves, félicitations et encouragements.
G. PETIT.
Synopsis des principales mesures
législatives concernant la protec-
tion des Oiseaux Eurone. — Office Dr A. GUÉNIOT. — Aperçus touchant les
internat. pour la protection de la Nature, Oiseaux, les Insecteset les Plantes.
21, rue Montoyer, Bruxelles, 1933. Prix : (Trois mondes d'une vie intense autour de
20 francs français. nous). 1 vol. 224 pages. Baillère, Paris,
1934.
Ce synopsis constitue une œuvre fort intéres-
sante et utile, représentant un labeur considé- Les observations sur les animaux ne sont pas
rable. Le rapport qui précède les 28 tableaux seulement le fait de naturalistes ou d'amateurs
hors texte de l'ouvrage, a été établi sur la passionnés des choses de la nature. Le Dr Gué-
demande du Comité international pour la pro- niot nous en donne la preuve. Ce médecin
tection des Oiseaux : il est signé du D" J.- éminent aimait les bêtes ; il a su les regarder,
M. Derscheid et du D, T Graim. Les pays les comprendre et les traduire même pour le
lecteur le moins familier de l'histoire naturelle. de temps avant sa mort que le savant a fait
Ajoutez à cela que la forme est impeccable et paraître cet ouvrage que je vous engage à lire.
vous comprendrez l'enchantement qu'on éprouve Il s'adresse suivant la parole de l'auteur : à la
à lire ce petit livre qui est d'ailleurs fort bien fois aux jeunes et aux vieux.
composé et documenté.
Le savant accompagne à chaque pas le litté-
rateur et ce sont des faits précis qu'il nous
apporte : la description du nid de Chardonneret,
la sollicitude de la mère pour ses petits, puis
l'apprivoisement d'une jeune Rouge-Gorge, l'art La Revue de Madagascar. Publication
de dissimulation du Troglodyte qui cache son trimestrielle ; n° 6, avril 1934. Prix du
nid, la confiance ou l'effronterie du Moineau no : 10 francs. Abonnement (un an) : 40 fr.
parisien. A l'exposition permanentede Madagascar,
Dans le groupe des Insectes, l'auteur a parti-
culièrement observé la Guêpe, dans les moindres 27, avenue des Champs-Elysées, Paris.
actes de son existence et la Mouche commune.
Les plantes enfin, ont retenu l'attention du La Terre et la Vie a signalé en son temps
Dr Guéniot qui, lui, étudie non pas en botaniste, l'apparition de cette revue luxueuse publiée par
mais en promeneur toujours en éveil par les le gouvernement général de Madagascar et en-
beautés de la forêt, ou la flore si complexe et tièrement confectionnée par les services tech-
si curieuse des lacs. niques de la grande Ile.
Le Dr Guéniot accompagne son livre d'un Cette revue a un an d'existence. A signaler
avant-propos qui résume l'histoire de ce petit dans le n* 6 que nous venons de recevoir, l'é-
livre, fruit de ses pensées d'une belle et longue tude sur le Raphia (Ed. François) et celle de
retraite, puisque c'est à l'âge de 102 ans, peu H. Poisson sur la faune malgache (p. 69-104).
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDÉE PAR LA
SOMMAIRE
T Il. MoxoD.... Notes canariennes .
451
P. BOULINEAU
N KottSAKOl-'i-'
..
..
..
L'Aigle fauve dans les hautes montagnes de la Suisse
lios indicus
Contribution à l'étude du Biepharopsis mendica Fabr.
(suite)
.. 477
489
494
NOUVELLES ET INFORMATIONS
.................
505
REVUE MENSUELLE
Abonnements : France et Colonies : 75 fr. — Étranger : 90 fr. ou 105 fr. suivant les pays.
SOCIÉTÉ NATIONALE SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS GÉOGRAPHIQUES,
D'ACCLIMATATION DE FRANCE MARITIMES ET COLONIALES
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PARIS (vie) PARIS (vie)
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Président : M. Louis MANGIN. membre de l'Institut, directeur honoraire du Muséum.
Secrétaire général : M. C. BRESSOU. directeur de l'École d'Alfort.
Vice-présidents : Secrétaires : Trésorier :
MM. Bois. professeur hono- M. Marcel DUVAU.
raire au Muséum ; MM. Pierre CREPIN ;
DECHAMBRE, professeur Archiviste :
honoraire à l'Ecole Charles VALOIS; Monseigneur FOUCHER.
d'Alfort ; Pierre MARIÉ;
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Maurice LOYER. Lucien POIIL. M. Ph. DE CLERMONT.
Secrétaire aux publications, rédacteur en chef de La Terre et la Vie :
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DE MONCHAUX ; GNEAUD;
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le docteur POLAILLON ; ;
A. CHAPPELLIER; ROUSSEAU-DECELLE :
le marquis de PnÉVOI-
DELACOUH SIN. Roger de VILMORIN.
Conseil juridique : M' MONIRA, avocat près la Cour d'appel de Paris.
(1) Le manuscrit de la relation du voyage du (2) Beitrage zur Kenntnis von Vegetation and
Père L. FEUILLÉE « mathémalicien et botaniste Flora der Kanarischen Inseln. (Abhandl. Geb.
du Roy » est conservé à la bibliothèque du Mu- Auslansl". Reihe C.. Naturwiss., Hamburg Univ.,
séum, sous la cote Ms 38. 1926, XXI, 350 p., 5 pl., 2 cartes).
- -
d'une certaine ressemblance de cou- racines, blessées, exsudent une résine
leur la vraie et coûteuse cinnabaris rouge. S'agirait-il du premier Dra-
indica par du vulgaire minium. De gonnier canarien introduit en Eu-
l'Orient, où le produit était bien connu rope ?
au moyen-âge, le sang-dragon de A partir de la conquête de l'archi-
Socotra parait avoir atteint l'Europe pel les renseignements deviennent
occidentale : « Oultreplus, se recueille abondants lorsque Messire GADIFÉR
:
LA FAUNE VENIMEUSE
par
J. VELLARD
Correspondant du Muséum.
Les animaux venimeux dont l'é- l'homme, mais leur venin peut être
tude était le principal mobile de mortel pour des espèces de petite
notre voyage à l'Araguaya comptent- taille.
de nombreux représentants dans
cette région, aussi bien parmi les
Serpents et les Poissons que parmi De tous les animaux venimeux les
les Batraciens, les Insectes, les Arach- Serpents sont les plus connus, et la
nides, les Myriapodes et même les première question posée à des voya-
Eponges. geurs venant de quelque contrée
Chez les uns, le venin est une lointaine est presque toujours pour
arme de chasse et de défense, mais savoir s'ils ont vu beaucoup de
chez beaucoup d'espèces il ne sert Serpents et de gros Serpents.
qu'à la défense de l'individu, défense Sur les bords de l'Araguaya, ils sont
active ou passive suivant les cas. pourtant assez rares, ces vastes éten-
Quelques-uns de ces animaux sont dues couvertes d'eau une partie de
très dangereux pour l'homme ; l'année leur étant généralementpeu
d'autres, et c'est le plus grand favorables ; il faut aller plus loin,
nombre, bien que possédant un près des lagunes de l'intérieur, ou
venin très actif causent rarement dans la. forêt sèche et la campina.
des accidents par suite de leur genre pour en trouver un certain nombre,
de vie ou de la disposition de leur et même ainsi les espèces venimeuses
appareil venimeux ; d'autres enfin ne sont pas aussi abondantes que
sont à peu près inoffensifs pour dans bien d'autres régions du Brésil.
C'est surtout dans la campina que très rapidement pour marquer son
vit le Serpent à sonnette, Crolalus irritation, en produisant un bruit
terrificlls), la cascauet des brésiliens, assez semblable à la crécelle des
l'espèce la plus redoutable de Cigales. Le nombre de ces anneaux
l'Amérique du Sud, dont le venin est très variable, et les croyances
dépasse en activité celui de tous les populaires y voient l'indication du
autres Serpents ; un millième de nombre d'années du Serpent; ils se
milligramme de ce venin suffit pour formenten réalité à chaque nouvelle
tuer un Pigeon et une seule cascavel mue, mais souvent la sonnette se
en donne en moyenne 3 à 4 gouttes, brise et de vieux Serpents peuvent
soit 30 ou 40 milligrammes, pouvant ne posséder qu'un appendice, très
tuer 30 à 40.000 Pigeons ! réduit. Lafréquence des mues dépend
Espèce nocturne et lente, comme elle-même de différents facteurs ;
presque tous les Serpents venimeux dans le jeune âge et sous l'influence
sud-américains, préférant les en- d'une nourriture abondante, elles
droits secs et découverts, le Serpent se succèdent à des intervalles de
à sonnette se nourrit de petits ani- quelques semaines. Le nombre des
maux, principalement des Rongeurs, anneaux n'a donc aucun rapport
Hats et Cobayes sauvages, qu'il chasse direct avec l'âge du Serpent.
pendant la nuit et paralyse en Les accidents causés par la casca-
quelques minutes avec son venin. vel sont extrêmement graves ; l'affai-
Le jour, il se retire dans des trous, blissement, suivi de la perte de la
souvent dans des terriers de Tatous vue, constitue le premier symptôme
ou sous les grandes termitières ; très affligeant pour l'entourage du
quelquefois même on en trouve blessé. Peu à peu la paralysie appa-
enroulés dans les marques profondes raît le patient ne souffre pas beau-
;
imprimées par le pas des bestiaux coup, se plaignant seulement d'en-
dans la terre humide à l'époque des gourdissement progressif, de gêne
pluies et durcie pendant la séche- de la respiration et de la déglutition,
resse. puis il tombe dans le coma et la mort
Jamais la cascavel n'atteint de survient en moyenne en une ving-
très grandes dimensions, et les taine d'heures ; à l'endroit de la
exemplaires de m. 30 et lm. 40
! blessure, la réaction locale est insi-
sont exceptionnels ; mais son corps gnifiante.
est aussi gros que le bras. Ses La morsure de la cascavel est très
écailles petites, carénées, ternes, ne redoutée; c'est le Serpent faisant le
rappelant en rien l'aspect humide plus de victimes dans toute l'Amé-
et vernissé de la plupart des rique du Sud.
Serpents, donnent au toucher une Au contraire du Serpent il son-
impression rude et sèche ; sa nette, les autres espèces venimeuses
couleur varie du gris au gris vert, de la région de l'Araguaya habitent
avec sur les côtés des taches angu- de préférence la forêt ou même le
laires jaune pâle plus ou moins voisinage des lagunes et des petits
accentuées.
La sonnette ou le grelot, située à
l'extrémité dela queue, est faite d'an-
Ce son t
cours d'eau.
presque toutes des
Ladtesis, plus connues en Europe
neaux cornés, emboîtés les uns dans sous le nom de Trigonocéphales,
les autres, que l'animal fait vibrer apparentées au tristement célèbre
fer de lance de la Martinique. L'es- mais il succomba dans le voyage;
pèce la plus répandue près de l'Ara- un chien mordu en même temps était
guaya est l'atrox dont le venin, mort en une dizaine dheures.
comme tous ceux du même groupe, La Lachesis mutus, le souroucoucou,
occasionne, lorsque les malades ne est une espèce de forêt, beaucoup
meurent pas, d'énormes gangrènes plus rare dans cette région ; c'est un
La civilisation, qui détruit tout. a les Alpes sous la forme d'une variété
repoussé ce bel Oiseau qu'est l'Aigle noire, Il y a également des Martres
fauve (Aquila chrysaetos), des ré- fouines (Maslela foina) et des Mar-
gions des collines dans la zone des tres des bois (Mustela martes), qui
hautes montagnes. C'est là seulement sont aussi la proie de l'Aigle.
qu'on trouve encore en Suisse, le Les dommages causés aux jeunes
puissant Aigle fauve. Au sujet de ses Chevaux et aux Agneaux sont rares.
rapines, d'innombrables histoires et On ne les constate que dans les
légendes, la plupart de pure inven- régions où le braconnage persistant
tion, parent nos livres d'école aussi a fortement diminué le gibier.. Pour
bien que nos ouvrages d'histoire cette raison, les braconniers et les
naturelle et, de temps à auIre, ont chasseurs sont les plus grands enne-
encore cours dans la presse. mis des Aigles, qui trouvent cepen-
La Suisse a institué pour la pro- dant toujours des protecteurs dans
tection des animaux sauvages, des l'alpiniste et l'ami de la Nature.
« réserves de montagnes D, qui sont Exception faite, de l'Aigle fauve,
des régions dans lesquelles la chasse de l'Autour, de l'Epervier, du Fau-
est interdite. Des gardes-chasses y con-pèlerin (Falco peregrinus) et du
assurent la protection nécessaire. Hobereau (Falco subbuteo), la Suisse
C'est dans ces réserves que les grands a pris sous sa protection tous les
et beaux Aigles ont pu se conserver. Il Oiseaux de proie. L'Aigle fauve
se trouve là des Marmottes, en grande ne doit pas être tiré dans son aire,
quantité qui lui servent de proie, des et il est interdit de dérober ses
Lièvres rie montagnes (Lepus timi- œufs ou ses petits. Bien que la pose
dusl et des Lièvres ordinaires (Lepus de traquels pour la capture des
europoaus), des Coqs de Bruyère, des Renards, des Martres et des Blaireaux
Coqs de Bouleau, des- Gélinottes, des soit interdite en Suisse, en raison
Perdrix blanches (Lagopèdes) ainsi de la protection dont bénéficient les
que des Bartavelles ; il y a des Cha- animaux, il arrive malheureusement
mois en grand nombre, dont les encore qu'un Aigle tombe dans un
jeunes servent aussi de nourriture à traquet interdit, posé pour les Re-
l'Aigle. La' vivent aussi beaucoup nards, ef. soit la proie d'un bracon-
d'Ecureuils, qui se présentent dans nier. Le gouvernement fédéral s'étant
refusé jusqu'à maintenant à mettre que ces aires étaient toutes vides
en vigueur un contrôle qui s'exerce- et inhabitées. Ces aires inhabitées
rait par le moyen des taxidermistes- servaient cependant de base à l'ins-
préparateurs, il est malheureusement pection fédérale des forêts, de la
encore possible aujourd'hui de pré- chasse et de la pêche, pour tolérer
parer et de vendre des Aigles ainsi une chasse aux Aigles.Celle-ci aurait
frauduleusement abattus. eu comme conséquence évidente une
La création de sociétés d'amis de destruction totale des Aigles de ce
la Nature est absolument en oppo- domaine, chaque garde-chasse étant
sition avec les manières de voir des autorisé à tuer un Aigle.
fonctionnaires qui laissent opérer Naturellement il y a encore des
ce sacrilège. Tôt ou tard ceux-ci Aigles dans les montagnes dont
devront céder sous la pression de il est ici question, et je priai les
l'opinion publique. On fait actuelle- gardes-chasses de me prévenir dès
ment des efforts pour protéger tous qu'ils trouveraient une aire oc-
les Rapaces, y compris l'Aigle noir. cupée. En outre me vint le désir
Les observations relatives aux modes d'emporter avec moi une corde
de vie de ces Oiseaux se-sont si pro- longue de cent mètres. Du lieu où
fondément modifiées au cours de ces la Tamina forme le célèbre ravin de
vingt dernières années, que cette Pfâfer, la route me conduisit dans
question sera résolue, dans un avenir la vallée de Calfeisen. Le matin, de
prochain, en faveur de la conserva- bonne heure, les trois guides et moi
tion des Oiseaux de proie. nous dirigeâmes vers le haut. et
Le nombre des Aigles est très res- après un certain temps d'ascension,
treint. Malheureusement les rapports nous atteignîmes une crête se termi-
de l'inspection fédérale des forêts, de nant par l'abrupt d'une paroi verti-
la chasse et de la pêche, concernant cale. Vis-à-vis de nous se trouvait le
cette question, dépassent le but à Draekenkopf, rendu célèbre par les
atteindre. C'est ce que démontrera découvertes qui y ont été faites
un exemple : un Aigle femelle fut d'Ours des cavernes. L'un des gardes-
abattu dans le canton de Glarus. Sur chasses me conta, qu'à plusieurs re-
la plainte des Amis de la Nature, prises il avait vu disparaître, dans la
l'administration en question fit pro- cavité de l'aire située dans cette
pager la nouvelle qu'un inspecteur paroi, un Aigle portant une proie
fédéral, au cours d'une excursion, dans ses serres. On n'aperçoit l'aire
avait simultanément aperçu huit elle-même d'aucun côté. Ayanl la
Aigles noirs, et quo près de Vattle corde comme appui, je me penchai
seulement, il y avait cinq nids quelque peu sur le bord afin de dé-
d'Aigles. Des recherches approfon- couvrir, au-dessous de moi, un petit
dies, que j'entrepris immédiatement buisson vert surgissant de la caverne,
dans cette région, établirent que et qu'on ne voyait pas de l'endroit
l'inspecteur en question, accompa- où je me trouvais. Puis je laissai
gné du conservateur des animaux couler une corde, afin de voir si elle
sauvages, avait vu une première fois était suffisamment longue. La ca-
trois Aigles, et ensuite deux. En ce verne renfermant l'aire se trouvait à
qui concerne maintenant le nom- 25 mètres environ au-dessous de
bre des aires, un protecteur du gibier moi. J'attachais la corde à de jeunes
sauvage, interrogé par moi, écrivait troncs de Pins ,j'en liai les extrémités
autour de ma poitrine, et je la con- comme dans un ascenseur, le long de
fiais aux mains des gardes-chasses. la paroi, arrachant, là où je le pou-
Lentement, l'un deux étaut descendu vais, des fragments cre pierres faisant
jusqu'au bord de la crête, je glissais, çà et là saillie en dehors de la mu-
raille. J'aperçus, très au-dessous de ciel, on peut reconnaître trois autres
moi, des roches disloquées par ébou- aires, en apparence inaccessibles.
lement, des Pins arrachés et enfin le Ainsi se terminait la seule tentative
ravin dans lequel coulait la Tamina. faite pour déterminer le nombre
Bientôt je me trouvais devant la ca- des aires dans un territoire de peu
verne. Je vis le nid de l'Aigle, mais d'étendue.
il était vide. C'est là le résultat ordi- Dans le rapport de l' « Association
naire de bien des recherches. Je me Suisse pour la protection de la Na-
cramponnais au rocher et parvins à ture », se trouvait mentionné qu'une
l'aire, Elle n'avait pas été habitée enquête faite par des spécialistes avait
cette année. ramené le nombre des Aigles du
En in terrogean l les gar les-chasses, Parc National, de quarante à vingt-
j'appris que les Ailles ne causaient quatre. Mes recherches ont établi
presque plus de dommages dans cette que, dans tout le domaine du Parc
région, mais que leurs victimes se National, il est impossible de trouver
trouvaient, surtout, dans les régions un sent nid d'Aigle qui soit occupé.
sauvages, Notre route, le long de la Somme toute il n'existe, dans le Parc
paroi, nous conduisit à une chemi- National, que trois aires, cependant
née, d'où nous arrivâmes dans le toutes vides. Dans un petit domaine
proche voisinage de l'aire. Au milieu déterminé, tel que celui qu'oure le
de celle-ci se trouvait un fragment Parc National, il ne peut pas exister
de rocher tombe du plafond. C'est plus de un à deux couples d'A!g'es.
depuis cet accident que l'aire n'était La direction de la police du canton
plus habitée. Par des parois abon- de Graubùnden, encouragée par des
damment tapissées de Fougères nous membres de l'Association pour la
descendîmes et atteignîmes une petite protection de la rature, fil faire des
caverne. Nous escaladâmes une cre- enquêtes par les gardes-chasses en
vasse. située dans la caverne, à cheval vue de déterminer le nombre de cou-
slir une arête de rocs. Nous nous ples d'Aigles du canlon. Le rapport
glissâmes et par les rochers nous mentionne le nombre énorme de
atteignîmes une plate-forme, d'où, quarante-huit aires contenant cent-
bien au-dessous de nous, nous quarante-huit Aigles. I n examen ra-
voyions apparaître la cime des Pins. pide de ce rapport me montra que
Lorsque, sur l'invitation des gardes- celui-ci mentionnait des chiffres ab-
chasses, je me penchais en arriére, solument faux, et je pus tout aussitôt
j'aperçus, à la paroi située au-dessus, faire la preuve que la plus grande
un puissant nid d'Aigle qui semblait partie des Informations des gardes
comme collé au rocher. Prés de nous chasses n'étaient que des g-aseonna-
gisait une longue perche mince, des. L'un mentionnait un nid d'Aigle
con ligué à un rameau de Pins avec des jeunes dans le Val Cassana.
consumé. Grâce il ce bouquet, des Comme je demandais à un fonction-
braconniers connus avaient tenté de naire où se trouvait cette aire connue
mettre le feu au nid. afin d'en faire de lui, il m'écrivit qu'il ne connais
envoler les jeunes. sait d'autres nids d'Aigles, dans la
Le long de la Tamina on aperçoit. vallée en question, que ceux du Mur-
encore, en haut, un nid d'Aigle dans tirol Mais ceux-ci étaient inhabités !
une fissure: et sur le Calanda. dont In autre mentionnait une aire occu-
les parois rocheuses se dressent vers le pée au Pi/ del Diavel. Mais le Pi/ del
Diavel a une attitude supérieure à Diavel, dans le Val del Aqua, qu'il
3.500 mètres et aucun Aigle n'y n'avait jamais vu. Mais cette aire
surprise. L'un des Aigles tournoi eau En In32, également, alors que les
bord supérieur d'une paroi ; l'autre Aigles nichaient à l'entrée de la val-
très haut au-dessus de l'alpe, et sur- lée de Durnach, jamais on ne trouva
prend ainsi les petits animaux impré- un Agneau dans l'aire, et je n'enten-
voyants. Mais la chasse de l'Aigle dis pas de plaintes. J'ai rencontré les
dure longtemps et elle est souvent deux gardes-chasses, ainsi que des
sans succès durant des jours. Il jeune chasseurs, et naturellement ils rail-
alors et ses petits sont affamés. Tous lèrent mes efforts pour la protection
les récits de grands pillages sont (les des Aigles. Je répondis aux chasseurs
inventions... Le jeune Aigle reste la qu'il était singulier de constater que,
journée entière dans le nid et attend. dès que j'observais l'aire, les Aigles
Les Ecureuils
— ces animaux, en n'y apportaient plus d'Agneaux. L'un
(lépit de leur faible valeur, doivent des gardes-chasses répondit alors.
encore être abattus, bien qu'on ne « Oui, maintenant nous savons d'où
puisse parler des dommages qu'ils les Agneaux sont venus! Il En eflet
causent dans la haute montagne — l'Association pour la protection de la
suffisent largement au jeune Aigle Nature paye, pour le rapt d'Agneaux
et de Chevaux la moitié du dom- ton prend à sa charge l'autre moitié,
mage, et l'administration du can- Cette réglementation est nécessaire,
sinon de grands abus seraient à re- foncé: la tête est brune, la queue
douter. Ce n'est que trop volontiers blanche jusque la bande terminale
que des vachers sans conscience, qui est noire. La mue commence
utilisent un Agneau pour leur menu au bout d'un an. Une plume noire,
et attribuent le méfait à l'Aigle qui qui tombe, est remplacée par une
ne peut se défendre... autre dont la barbe est un peu grise.
Ou partent les jeunes Aigles qui Les plumes caudales d'Aigles très
n'acquièrent leur couleur définitive âgés sont gris foncé et noires. Mais
que lorsqu'ils ont atteint leur sixième on doit toujours prendre en consi
année? C'est une question qui n'a dération la décoloration sous l'action
pas été tranchéejusqu'ici. Le baguage du soleil. Sous l'action de cette déco-
dans les nids prend beaucoup de loration les plumes deviennent bru-
temps, et ne soumet pas au contrôle nâtre et même jaune pâle. Les Aigles
les Aigles âgés. Avec le concours des âgés, en raison de la mue constante,
gardes-chasses, mon projet serait de ont un aspect très tacheté, les plumes
créer en hiver ce qu'on nomme des nouvelles, très foncées, contrastant
« dépôts de charogne » et là de fortement avec les vieilles plumes,
capturer les Aigles au moyen de pâlies et frangées.
trappes, puis de les baguer. Ce serait Mon but, pour l'année qui vient,
un travail qui tout en ne causant est de repérer tous les nids d'Aigle
aucun dommage aux Aigles, fourni- connus depuis longtemps en Suisse
rait rapidement des renseignements et, de celle manière d'obtenir une
sur leurs allées et venues. Malheu- vue d'ensemble de ce qui existait
reusement, le baguage a déjà été autrefois et de ce qui existe encore
bureaucratisé, et un bagueur ne peut aujourd'hui telle sera la base de
:
opérer que dans le canton qu'il recherches futures en vue d'assurer
habite. la conservation de ce magnifique
Le plumage du jeune Aigle est très Oiseau.
BOS INDICUS
par
PAUL BOULINES
par
N. KORSAKOFF
nombre. N°3,20 »
Si, depuis le 21 juillet 1932, de Cinquième mue :
l'oothèque de Blépharopsis dont il a N° 2, août
N- 3, 27 »
été question dans le précédentarticle, Sixième mue
sont nés cinq jeunes Blépharopsis, :
N° 2, 7 septembre
vers le 1er août 1932, il n'en restait N,3, 7 »
que deux ;
l'un était mort au moment Septième mue
dela première mue (moment critique
:
N" 2, 18 septembre
dans la vie des Mantides) ; un autre N" 3, 21
avait été emporté par un coup de Huit ième mue :
vent. Toutefois d'après deux exem- NI 2, 14 novembre
plaires qui me restaient, j'ai réussi à N° 3, 18 »
étudier le développement complet des Neuvième mue :
p:ir
G. PETIT
ment mauvaise devra être refaite, ne per- queue), ce qui correspond il nos propres
met aucune observation sur J'état d'ossi- mensurations. L'animal était également
fication du rachis. Il est possible de dépourvu de poils ; mais les fiHus préle-
noter, cependant, l'ossification des dia- vés le 17 août montraient un début de
physes humérale, radiale, cubitale ainsi pilosité, notamment marquée sur la tête.
que des diaphyses du fémur, du tibia et Le fœtus du 22 août était nettement coi -
du péroné. Cette ossification commence vert de poils. Tous ces fodus étaient des
d'ailleurs de bonne heure chez les mâles. Le 31 août. le 4 septembre, les
Primates. deux femelles obtenues étaient caractéri-
sées. la première par une pilosité com-
Remarques. — Le fœtus en question. mençante sur la tête. la seconde par un
obtenu le 19 août 1932. me parait être à corps poilu. Il semble y avoir donc des
environ 2 ou 3 semaines du terme. J'ai différences légères dans le développement
eu occasion d'observer dans une forêt de
1 des individus mâles et femelles. Les mâles
l'Ambongo. près d'Andranomandeva. le 25 paraissent aussi, pour une époque donnée.
novembre 1926. le manège extrêmement légèrement plus grands.
émouvant d'une femelle de Lep. rufimuda- Quoi qu'il en soit. on peut admettre
tus. pour sauver son petit que j'allais em- d'après nos observations et d'accord avec
porter 1). Le jeune me paraissait avoir les données de \V. Kaudern que la gesta-
environ un mois etdemi.En somme la par- tion chez les Lépidolemur de la côte
turition chez cette espèce doit se situer Ouest, s'échelonne du milieu de juin
dans la première quinzaine de septembre, jusqu'au début de septembre.
avant l'apparition de la saison des pluies
('2)W. Kaudern. — Einige Beobachtungen
über die Zeit der Fortpflanzung der madagas-
U) J'ai relaté l'observation dans le Jardin sischen Saugetiere. -irkir for Zoologi, Bd. U,
des Bêtes. nJ 10. 19:H, p. 5. 118 1. 1911.
VARIÉTÉS
Lutembé, nous avons cru intéressant de la quelque délit grave, un crime, par exemple,
publier en rappelant l'information de devait traverser à la nage un fleuve infesté
M. Fr. Edmond-Blanc et en y ajoutant de Crocodiles. Ce sont eux qui prononcent
quelques notes concernant les Crocodiles le jugement de Dieu, soit en dévorant
sacrés et l'ordalie par le Crocodile à l'accusé, considéré alors comme coupable.
Madagascar. soit en le laissant aborder sain et sauf la'
Il existe, en effet, dans différentes rive, ce qui prouve qu'il est innocent.
régions de Madagascar des étangs ou des Il y a lieu de se demander si on n'a pas
lacs où vivent des Crocodiles, en général exagéré la fréquence de l'ordalie systé-
de grande taille, qui non seulement ne matiquement pratiquée ou si on n'a pas
sont pas chassés, mais sont spécialement interprété dans'ce sens des fails un peu
nourris. A ce rite.se rattache en général différents.
la croyance que les âmes des chefs ou des Par exemple, au cours des grandes céré-
rois défunts ont élu domicile dans le corps monies accomplies chez les Sakalaves à la
de ces Reptiles. On leur aurait fait, autre- mémoire des rois défunt-s, il arrivait que
fois, des sacrifices humains, si l'on en les Crocodiles s'emparaient de quelque
croit Chapelier (1803), dont l'information fidèle en train de laver les reliques dans
est reprise par L. Vaillant et G. Grandi- le fleuve. Les assistants se réjouissaient
dier (Hist. nat. des Reptiles [de Mada- alors et dans leur exaltation enviaien la
victime choisie par la divinité pour être ni par la chasse et la pèche, effectuées
rappelée auprès d'elle. Il est intéressant toutes deux à l'aide de flèches, et par un
de citer encore à ce point de vue une arbre qui joue un grand rôle dans l'exis-
phrase de W. Ellis (1839), reproduite par tence des Guayakis, le Coco romanzoffiana.
A. van Gennep (1904) : « Les indigènes de Non seulement ils mangent les fruits et le
Madagascar pensent en général que les bourgeon terminal (chou palmiste) de ce
Crocodiles ne mettent jamais à mort des Palmier, mais encore ils tirent de son
personnes innocentes, mais n'attaquent tronc pulvérisé une farine grossière et
que pour venger une offense ; lorsqu'on dégustent, à l'état cru, les grosses larves
apprend que quelqu'un a été tué par un de Coléoptères Passalidés qui se dévelop-
Crocodile, les gens secouent la tête avec, pent dans les troncs pourris.
horreur, en pensant au crime commis par Malheureusement, les Guayakis ne se
l'individu attaqué ». contentent, pas de ces ressources. De
temps en temps ils s'approchent des
fermes isolées, tuent à coups de flèches
UNE PEUPLADE PEU CONNUE: des Bœufs et des Chevaux, les dépècent
LES INDIENS GUAYAKI
sur place et emportent leur chair dans
Notre collaborateur, M. leD' J. Vellard, leurs forêts. En même temps ils pillent
vient de publier (Bol. de Museu National les plantations de Manioc doux et de
Rif) de J'an., X, n° 1) une intéressante Maïs.
étude sur un petit groupe ethnique très Il en résulte qu'ils sont en constante
peu connu du Paraguay : les Indiens hostilité avec les estancieros, qui organi-
Guayaki. Nous en extrayons, pour nos sent contre eux des battues de représailles.
lecteurs, les détails suivants. Eux-mêmes attaquent les blancs isolés
Ces Indiens, très peu nombreux main- qu'ils rencontrent, et, par suite, ne se
tenant, vivent dans les parties les plus laissent pas facilement approcher.
reculées de la Cordillère centrale du Para- M. le Dc Vellard y est pourtant par-
guay, connues sous le nom de Cordillère venu ; aux prix de longues et pénibles -
de Caaguasù. C'est une région couverte marches dans les forêts, et aussi de
d'épaisses forèts marécageuses, sombres quelques rencontres dramatiques avec
et extrêmement touffues. Le groupe de les Indiens.
Guayakis le plus important, comprenant Restés très primitifs, les Guayakis
de 2U0 à 300 individus, habite une zone où n'ont, pour armes et instruments que des
personne autre ne s'aventure, connue sous arcs, des flèches en bois dur et des haches
le nom de « dernier désert de Paraguay». de pierre. Pour emmancher celles-ci, qui
Les Guayakis mènent dans ces forêts sont en diabase verdàtre, ils emploient
une vie nomade. Presque chaque jour ils un procédé archaïque consistant à les
quittent, dans la matinée, le campement enchàsser dans la tige fendue d'un jeune
établi la veille pour partir à la recherche arbre vivant ; quand, par suite de la végé-
d'un au re lieu de halte. Les femmes tation, les fibres du bois se sont resser-
emportent dans de grandes hottes les rées fortement autour de la hache, ils
objets usuels. les enfants et parfois des coupent l'arbre et en conservent la lon-
animaux sauvages, Sangliers ou Perro- gueur voulue.
quets, capturés par les Indiens, et qu'ils Ils connaissent cependant le silex, qui
gardent comme réserve de nourriture ; leur sert à faire du feu, en faisant tomber
à la main elles portent de grands vases de des étincelles sur une sorte d'étoupe faite
cire pleins de miel. Quant aux hommes de fibres végétales.
ils n'ont que leurs armes, un arc et des Entièrement nus, on ne remarque chez
flèches ; quelques-uns emportent en outre eux ni tatouages ni déformations du nez,
une hache de pierre. des oreilles ou des lèvres ; les hommes
Le miel et la cire dont nous venons de ont seulement sur le front, les joues et le
parler sont produits par les Abeilles sau- nez quelques plaques d'une peinture for-
vages ; le reste de la nourriture est four- mée par une laque brune. Ils portent des
colliers faits de dents d'animaux, auxquels Au point de vue ethnique, les Guayakis
ils suspendent de petits sifflets de bois sont de petite taille, atteignant au maxi-
ou d'os, ou encore des péronés de Singes ; mum 1 m. 60, très trapus, d'un teint brun
ils mettent aussi autour de leurs bras des jaune plus ou moins fonce, avec les che-
cordons de. cheveux ou de fibres, mais veux noirs et la barbe très rare : en un
n'ont aucun ornement de plumes. mot ils présentent un facies mongolique
Leur industrie est des plus rudimen- très accusé, de plus leurs jambes sont
taires. Ils savent surtout faire de la déviées de façon à former dans l'en-
vannerie, qui leur sert à divers usages, de semble une sorte d'X, caractère essen-
la poterie qui ne peut aller au feu et des tiellement primitif qui leur donne une
paniers en paille, recouverts extérieure- démarche particulière.
ment d'une couche de cire, pour trans- Tout farouches qu'ils se montrent, ils
porter l'eau et le miel c'est une peuplade sont cependant doux, enjoués, suscep-
des plus misérables. tibles d'affection et assez intelligents :
Il ne semble pas qu'ils pratiquent une telle est du moins la conclusion de M. le
-religion quelconque. Cependant le soleil D' Vellard, basée sur les observations
joue chez eux un rôle important : ils ont faites sur quelques enfants Guayakis
deux noms pour le désigner, dont l'un enlevés dans les expéditions et recueillis
signifie le puissant, le maître, le seigneur. par des colons paraguayens.
Il est en outre indice de paix : lorsqu'un Ce sont probablement avec quelques
Guayaki isolé rencontre un blanc, celui-ci autres petits groupes ethniques, les
ne sera pas attaqué s'il peut montrer le derniers représentants d'une race ancienne
premier du doigt l'astre du jour, et, si en voie de disparition.
c'est l'Indien qui fait ce geste, cela veut
dire que ses dispositions sont pacifiques. G. PORTEVIN.
NOUVELLES
ET INFORMATIONS
SOMMAIRE
J. PIVETEAU
.. Histoire du tissu osseux
; 515
Cn. GUINIER
L. -LAVAUDEN
...
...
Les arbres d'ornement et de rapport en France
La protection dés animaux de montagne en Europe
....
...
531
543
VARIÉTÉS.
— Les Mouches disparaissent-elles? — Les Pucerons et
leurs ennemis
............
553
560
REVUE MENSUELLE
Abonnements France et Colonies : 75-fr. — Étranger : 90 fr. ou 105 fr. suivant les pays.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION-
SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE
4. Hue de Tournon, PARIS (vie)
BUREAU
Président : M. Louis MANGIN. membre de l'Institut, directeur honoraire du Muséum.
Secrétaire général : M. C. BRESSOU. directeur de l'École d'Alfort,
Vice-présidents : Secrétaires : Trésorier :
MM. Bois, professeur hunu- M. Marcel Du\AU.
raire au Muséum MM. Pierre CREPIN
DECHAMBRE, professeur
;
Archiviste
;
:
CONSEIL D'ADMINISTRATION
MM. A. BARRIOL ; MM. le comte DELAMARRE. MM le docteur ROCHON-DUVI-
DE MONCHAUX GNEAUD;
BOURDELLE. professeur le prince Paul MURÂT
;
L. ROULE,professeur
au Muséum. Muséum
le docteur POLAILLON ; ail ;
A. CHAPPELLIER; ROUSSEAU-DECELLE
le marquis de PRÉVOI-
DELACOUR. SIN, Roger de VILMORIN.
Conseil juridique : MI MONIRA. avocat près la Cour d'appel de Paris.
On n'a guère tenté jusqu'ici de re- que les premiers représentants des
constituer l'histoire du tissu osseux, Vertébrés avaient eu un squelette
ce tissu si éminemment caractéris- mou, cartilagineux.
tique des animaux vertébrés, que Les progrès remarquables de la
par des considérations théoriques ap- Paléontologie au cours de ces der-
puyées sur l'embryogénie des espèces nières années ne pouvaient manquer
vivantes. Comme, au cours du déve- de fournir, sur cet important sujet,
loppement, le cartilage se formé des données nouvelles ; ils ont même,
avant l'os, et comme les Vertébrés comme nous allons le montrer, en-
actuels les plus simples sont dépour- tièrement modifié l'aspect du pro-
vus de tissu osseux, on a conclu que blème : le tissu osseux nous apparaît
l'os était une formation tardive et maintenant comme très ancien ; il
remonte sans doute à l'aurore de ciées, qui ont vécu du Silurien supé-
l'histoire des Vertébrés, et les espèces rieur au Dévonien moyen, ayant
vivantes au squelette cartilagineux atteint leur maximum de variété
ne peuvent plus être considérées et de diversité à la tin des temps
comme des formes primitives, mais siluriens et au début des temps dé-
comme des formes en régression. voniens (période dowtonienne).
Si nous suivons, en effet, l'histoire Grâce aux beaux travaux de
des principaux types de Vertébrés M. StensiÕ, nous avons maintenant
inférieurs, nous retrouvons toujours, une idée très complète de la struc-
au point de départ de chaque série, ture de ces Vertébrés, en même temps
des formes plus ossifiées qu'au point que leur position systématique se
d'aboutissement. Nous pouvons voir trouve désormais bien définie.
en outre assez facilement, par quel Par leur organe olfactif impair,
processus s'est faite la régression du l'absence de mâchoires individuali-
tissu osseux, et proposer au moins sées. le dessin de leurs canaux senso-
des hypothèses sur le mécanisme de. riels aux éléments transverses nom-
ce fait biologique. breux, la présence de deux canaux
semi-circulaires, les Ostracodermes
se rangent auprès des Cy.clostomes.
Les plus anciens Vertébrés consti- L'analogie peut être poussée plus
tuent le groupe des OSTRACODERMES. loin. Les uns, auxquels on doit ré-
animaux sans mâchoires différen- server le nom de Céphalaspidomorphes
(Anaspidés et Céphalaspidés), appar- Exosquelette et endosquelette sont
tiennent au'groupe des Lamproies ; nettement plus développés dans les
les autres, ou Ptéraspidomorphes genres du Silurien supérieur et du
(Hétérostracés et Palœospondylidés), Dévonien inférieur que dans ceux du
au groupe des M y xi nés. Dévonien moyen. Les Céphalaspidés
Si nous considérons plus particu- constituent donc, au point de vue de
lièrement les Céphalaspidés (mais l'ossification, une série régressive.
tout ce que nous allons dire à leur Si nous considérons maintenant
sujet s'appliquerait également aux une larve de Lamproie ( Petromyzon),
autres Ostracodermes). nous voyons nous voyons, formant une sorte de
qu'ils sont en particulier caractérisés voûte au-dessus de la portion anté-
par le grand développement du sque- rieure de la tête, et descendant laté-
lette céphalique. formé d'un exosque- ralement, une plaque cartilagineuse
lette de nature dermique, et d'un (muco-cartilage, fig. 2). Par sa posi-
endosquelette à ossification de car- tion et ses relations avec les organes
tilage ou enchondrale, les deux avoisinants (cerveau, organe audi-
étroitement liés (fig. 1). tif, yeux, «fgane olfactif portion
céphalique de la notocorde, proné- Elasmobranches cartilagineux, les
phros etc.), par son contour général, premiers pouvant être considérés
ce muco-cartilage de la Lamproie est comme plus ou moins voisins des
l'homologue du bouclier céphalique formes ancestrales des seconds.
des Céphalaspidés. Nous avons alors, Nous assistons donc, dans le groupe
au point de vue de la régression de Placodermes + Elasmobranches,
l'ossification, une série très sugges- comme dans celui des Ostracodermes,
tive : bouclier céphalique osseux chez à une régression des tissus osseux.
les Céphalaspidés diminuant au cours On connaît d'ailleurs quelques formes
des périodesgéologiques ; plaque car- qui, par la réduction moyenne de
tilagineuse chez la larve de Lamproie, leur squelette, constituent, au moins
qui disparaît au cours de la métamor- à ce point de vue, une transition entre
phose aboutissant à la forme adulte. Placodermes et Elasmobranches. Le
genre Gemuendina (fig. 5), du Dévo-
nien inférieur de la Prusse rhénane,
On a pendant longtemps confondu aux caractères extérieurs de Raie,
avec les Ostracodermes, sous le nom conserve sur le crâne un reste de
vague Je « Poissons cuirassés ), l'armure des Arthrodires. Cralose-
des animaux revêtus d'une forte lache, du Carbonifère de Belgique.,
armure dermique et à endosquelette présente des analogies avec les
bien développé (fig. 3 et fig. 4) qui Requins, mais la voûte légèrement
ont vécu dans les lagunes aux eaux ossifiée de son crâne montre une dis-
saumâtres de la période dévonienne. position assez voisine de celle d'un
Le nom de PLACODERMES doit leur Arthrodire, le Dinichthys.
être réservé. Ce sont de véritables D'autres Elasmobranches, les
Poissons. Les travaux classiques de Acanthodidés ont eu certainementun
squelette ossifié. Leur tissu osseux
(comme probablement d'ailleurs celui
de beaucoup de Vertébrésinférieurs),
offre une structure très simple :
absence de canaux de Havers, de
lamelles, d'espaces cellulaires, ce
qui, pendant longtemps, en a fait
méconnaître la nature véritable.
De même, et dans un ordre de faits
comparables, on observe, dans les
formes les plus anciennes d'Holocé-
phales (Myriacanthus du Lias, -par
exemple), des plaques osseuses bien
développées, alors que les Chimères
M. Stensiô sur ce groupe ont dé- actuelles sont. entièrement cartila-
montré, en effet, que les Placo- gineuses.
dermes sont pourvus de mâchoires Ainsi, la série Placodermes-Elas-
de même type que les Vertébrés mobranches, dans ses diverses sub-
gnathostomes, avec palatocarré et divisions zoologiques, nous montre la
cartilage de Meckel. Les études du mêtne régression du tissu osseux, au
même auteur ont nettement établi cours de son histoire, que les Ostra-
les affinités des Placodermes et des codermes.
Toutes les recherches récentes sur giens, une famille à grande lon-
les autres ordres de Poissons con- gévité, celle des Cœlacanthidés,
duisent à des conclusionssemblables. montre d'une manière particulière-
Le crâne primordial des Dipn eustes, ment nette le processus de réduction
bien ossifié dans les genres dévo- du tissu osseux. Chez un genre dévo-
niens (Scaumenacia, Dipterus), l'est à nien, Diplocercides. le neurocrâne
peine dans les formes carbonifères primordial est relativement bien
ou post-carbonifères. Le Ceratodus ossifié ; chez les formes post-dévo-
présente plusieurs points d'ossifica- niennes, il est formé en grande par-
tion dans la région occipitale chez tie de cartilage, l'os étant limité à
une espèce du Lias ; il n'y en a plus quelques points isolés.
qu'un seul chez l'espèce actuelle. La régression du tissu osseux s'ob-
Dans le groupe des Crossoptéry- serve aussi dans les familles d'Acti-
noptérygiens, dont l'étude a été suf- Labyrinthodonte du Trias inférieur,
fisamment poussée. Chez les Paléo- comme Capitosaurus, diffère d'E-
niscidés, les genres triasiques sont ryops, au point de vue de l'ossifi-
moins ossifiés que les genres per- cation, par les caractères suivants
miens, qui le sont moins eux-mêmes (fig. 7 et 8) :
que les genres carbonifères. 1° réduction de l'ossification du
Chez les Saurichthyidés, les formes basisphénoïde et du basioccipital,
du Trias sont généralement assez celui-ci ne prenant plus part à la for-
bien ossifiées ; celles du Jurassique mation du condyle. Le condyle, triple
ont perdu à peu près complètement chez Eryops, est par suite double
tout tissu osseux. Il en est de même chez Capitosaurus.
des Pholidopleuridés. 20 il n'y a plus d'ossification du
De cette revue sommaire des prin- supra-occipital.
cipaux groupes de Vertébrés infé-
rieurs, nous pouvons donc conclure 3° le prootique et le paroccipital se
réduisent.
que, dans une série déterminée, il y
a régression du tissu osseux (qu'il 4° sur la voûte palatine, le-s vides
s'agisse d'os de cartilage ou d'os der- inter-ptérygoïdiens s'élargissent con-
miques) des form-es les plus anciennes sidérablement.
aux formes les plus récentes. 5° alors que dans Eryops, la région
olique est ossifiée en une masse
continue, qui abrite les canaux
Le passage de la vie aquatique à semi-circulaires, dans Capitosaurus,
la vie aérienne constitue une des cette même région demeure formée,
ph ases principales de l'histoire des en grande partie, par du cartilage.
Vertébrés. Dans ce nouvel habitat, Avec les Labyrinthodontes de la
qui implique une physiologie toute fin du Trias, le processus de réduc-
différente, nous observons le même tion de l'ossification s'accentue.Dans
mode d'évolution du tissu osseux. Cylolosaurus, par exemple, le basi-
Nous n'envisagerons d'ailleurs que occipital, très réduit, demeure car-
le cas des Amphibiens, seuls Verté- tilagineux ; le basisphénoïde a com-
brés terrestres dont les types fossiles plètement disparu, les espaces inter-
se prêtent facilement à une telle ptérygoïdiens s'élargissent de plus
étude. -en plus (fig. 8). Il n'y a également plus
Les représentants les plus primi- de supra-occipital dans les genres
tifs du grand groupe des LABYRIN- Metoposaurus et Anachisma, compa-
THODONTES, rangés sous le nomd'Em- rable à ce point de vue aux Amphi-
bolomères, sont des animaux à crâne biens actuels. Aucune ossification ne
bien ossifié. Dans le genre Palœo- se forme dans leur région otique.
gyrinus (fig. 6), par exemple, du
Carbonifère d'Angleterre, la cavité Dans un autre grand groupe de
cérébrale, correspondant au crâne Stégocéphales, celui des Phyllospon-
primordial, est entièrement ossifiée. dyles, animaux de petite taille ayant
Un crâne dermique à-peu près con- le port et l'allure des Salamandres,
tinu recouvre le crâne primordial. Les on observe la même réduction du
Labyrinthodontes permiens, comme tissu osseux. Le crâne d'un type
Eryops, ont un crâne nettement évolué comme Branchiosaurus, du
moins ossifié que Palœogyrinus. Un Permien, est beaucoup moins ossifié
que celui d'un type primitif, comme d'une manière un peu spéciale que
Eugyrinus, du Carbonifère. Le pre- nous observons aussi chez l'Estur-
mier se trouve au même stade qu'un geon actuel. Mais, chez ce dernier,
Labyrinthodonte du Trias supérieur, le phénomène se déroule d'une façon
le second correspond à un Labyrin- anormale et n'aboutit pas à l'ossi-
thodonte du Permien. fication.
Tous les faits que nous venons de Après cette revue sommaire des
passer en revue relativement à Y his- données paléontologiques montrant
toire du tissu osseux chez les Verté- que l'évolution des Vertébrés infé-
brés inférieurs ne concernent que le rieurs s'est déroulée dans le sens
crâne. L'étude des ceintures nous d'une régression du tissu osseux, il
conduirait à des conclusions analo- serait d'un très grand intérêt de
gues : il y a, par exemple, réduction donner une explication de ce fait
au cours des temps des éléments si curieux et en somme assez in-
dermiques et de cartilage dans la attendu.
ceinture pectorale des Chondrostéens ; C'est. ce que nous allons tenter
de mêmp, la ceinture pectorale est maintenant, en présentant d'ailleurs
plus développée chez les Stégocé- les considérations qui vont suivre
phales du Permien que chez ceux non pas même comme des hypo-
du Trias. thèses, mais sous forme de simples
La colonne vertébrale paraît égale- suggestions.
ment suivre, dans son évolution; les Il faut immédiatement* écarter
mêmes lois. On a pu étudier, d'une toute analogie avec certains faits
façon précise, la formation des pathologiques comme le rachitisme.
corps vertébraux chez un Poisson Un rapprochement s'impose, au con-
,
Chondrostéen, Australosomus. du traire, avec les phénomènes de néo-
Trias de Madagascar et du Groënland. ténie. c'est-à-dire les cas où les traits
L'ossification des vertèbres s'y fait juvéniles de la forme ancesrrale per-
sistent, dans l'âge adulte, chez le des- cents, par une multiplication du
cendant. nombre des plaques osseuses. Or on
Il est à peu près certain que le sait que les points d'ossification de
tissu osseux des Vertébrés paléo- l'embryon, à cause de la fusion des
zoïques a traversé les mêmes phases éléments auxquels ils donnent nais-
de développement que le tissu sance, sont plus nombreux que les
par
L. LAVAUDEN
Professeur à l'Institut Agronomique.
La protection des animaux de mon- parle pas du Lynx, à peu près disparu
tagne est un cas un peu particulier aujourd'hui en France. — Parmi les
de la Protection de la nature, dont je Oiseaux, le Gypaète barbu et l'Aigle
ne veux retracer ici ni le principe, ni royal, le Grand et le Petit Coq de
les directives, ni les origines. J'indi- Bruyères, la Gélinotte, le Lagopède,
querai simplement que les animaux la Perdrix Bartavelle, les Corneilles
de montagne méritent doublement alpines, le Pinson niverolle, l'Accen-
d'être protégés : tout d'abord, parce teur et le Tichodrome.
qu'ils sont, par eux-mêmes, en Eu- Je ne mentionne ici que des Mam-
rope, particulièrement intéressants ; mifères et des Oiseaux ; mais je pour-
ensuite parce qu'ils sont spéciale- rais étendre mon exposé à bien des
ment menacés aujourd'hui par la espèces du monde innombrable des
civilisation, qui les avait à peu près Insectes, dont certaines formes de
épargnés jusqu'ici. montagne, — et parmi les plus
Le développement du tourisme belles — se sont extrêmement raré-
d'été et des sports d'hiver d'une part ; fiées ou même ont disparu depuis un
d'autre part l'utilisation intensive de demi-siècle, tels certains Papillons
la puissance hydraulique qu'on a des Alpes suisses ou bavaroises.
baptisée si pittoresquement « houille D'une façon générale, la meilleure
blanche» provoquentenmontagnedes façon de protéger une espèce, c'est de
afflux de population tout à fait préju- lui assurer la tranquillité en la sous-
diciables à la tranquillité ou même à trayant à l'action de ses ennemis, et
l'existence de la faune alpine. en particulier de l'homme. On obtient
En Europe, les animaux de mon- ce résultat par l'institution des réser-
tagne comprennent quelques-uns des ves, des districts francs des bans, des
plus grands et des plus remarquables refuges — le noms varient suivant
de nos Mammifères et de nos Oiseaux : les pays — et des Parcs nationaux.
l'Ours, le Bouquetin, le Chamois, la On peut aussi, s'il s'agit d'une
Marmotte, le Lièvre variable ; je ne espèce chassée, réduire plus ou moins
la période pendant laquelle cette
chasse est autorisée. C'est le cas, par
(1 Conférence, faite à la Société nationale
d'Acclimatation le 24 février 193*4. exemple, pour le Chamois.
Nous allons étudier la manière En 1922. les Réserves royales,
dont est organisée, dans les divers dont le Roi avait fait abandon depuis
pays de l'Europe, cette protection quelques années, furent constituées
dont la nécessité a été unanimement en Parc national. C'est le Parc natio-
ressentie. nal du Grand Paradis, d une super-
ficie de 350 Km2, limité au nord par
la vallée de Cogne, ausud par l'Orco,
Nous commencerons, si vous le à l'est par les monts Arzola et
voulez bien, par l'Italie, qui mérite Tressi. à l'ouest pas la Doire de
une place particulière, du point de Rhêmes et la frontière française.
vue de la protection des animaux de Ce Parc national italien abrite,
montagne, puisqu'on peut dire que entre autres animaux, environ 1.600
c'est un de ses souverains, le Roi Chamois et 3.200 Bouquetins Ces
Victor-Emmanuel Il qui a sauvé de la dernières années, le Gouvernement
destruction l'espèce du Bouquetin des italien a décidé d'accorder des auto-
Alpes (Ibex alpinus). risations de tirer les vieux mâles
Disparu de Suisse dès la tin du moyennant 10.000 lires, soit, au
XVIIIe siècle, disparu aussi d'Au- cours actuel, plus de 13.000 fr. Ces
triche. du Tyrol, environ cent ans vétérans, sur leurs -fins naturelles,
auparavant, disparu en fin du Dau- bougent peu, et sont faciles^, tirer,
phiné et des Basses Alpes dans la pour quiconque est capable d'aborder
première moitié du-XIXe siècle, le un peu la montagne. Les gardes les
Bouquetin ne s'était plus maintenu, connaissent bien. Et d'autre part, ces
en très petit nombre, qu'en Piémont, vieux mâles porteurs de très longues
sur les frontières de Savoie. cornes constituent, évidemment, les
C'est en 1862, que Victor Emma- plus beaux trophées. Néanmoins,
nuel Il organisa ses chasses de Valsa- 10.000 lires, c'est cher ; et je ne
varanche, où les quelques Bouquetins pense pas que beaucoup de chas-
qui s'y trouvaient déjà furent rejoints seurs français aient sollicité l'autori-
par quelques couples que le Souve- sation. On a cependant cité un prince
rain avait fait capturer ailleurs. Sur- égyptien, qui avait tué une dizaine de
veillés, gardés, protégés, ces Bou- ces solitaires. Au prix indiqué, c'est
quetins repeuplèrent et furent l'ori- assurément un sport princier. Certes
gine des troupeaux actuels du Parc il est préférable de permettre de tirer
national du Grand Paradis. Il est cer- ces Bouquetins plutôt que de les lais-
tain que c'est à Victor Emmanuel Il ser mourir misérablement, sans profit
qu'on doit de pouvoir compter encore pour personne. Cela n'a pas encore
le Bouquetin dans la faune euro- été compris nettement dans tous
péenne. Par là. la Maison de Savoie les pays possédant des espèces inté-
s'est acquis un titre éternel à la recon- ressantes et justement protégées :
naissance des savants. S. M. le roi les vieux mâles étant perdus pour
Victor Emmanuel III. actuellement la propagation de l'espèce, et pou-
règnant, a continué, depuis le début vant même parfois lui nuire, il
de son règne, à entourer lès colonies est préférable d'en tirer parti pour
de Bouquelins de sa sollicitude, et la science. Je laisse, bien entendu,
c'est à ce titre que notre Société lui a de côté, l'aspect financier de la
décerné, en 1909, sa grande médaille question, encore qu'il ne soit pas
hors classe. négligeable pour un gouvernement.
Outre le Parc national du Grand Pa- en particulier, des sous-espèces spé-
radis, l'Italie a créé en 1 923 le Parc na- ciales d'Ours(Ursus arcos marsicanus)
tional des Abruzzes, d'une superficie et de Chamois (Rupicapra rupicapra
de 300 Km2, dont la faune comprend, ornata). Ce dernier animal, très
caractéristique (le blanc de la gorge protection de son gibier de mon-
descend jusqu'au delà du poitrail), tagne, par la restriction des périodes
était, au dernier recensement, estimé d'ouverture, et la création de ses
à 200 têtes, en assez nette augmenta- districts francs. Ceux-ci. actuelle-
tion. Ces deux formes si intéressantes ment, couvrent 1.704 kilomètres
paraissent désormais sauvées pour la carrés, soit plus de 170.000 hec-
science. tares. C'est 4% du territoire helvé-
Le Parc national des Abruzzes ren- tique qui se trouve ainsi mis en
ferme encore des Loups, probable- réserve absolue, au point de vue
ment différents de ceux qui peu- cynégétique. L'esprit public, si re-
plaient jadis la France, et qu'il ne marquable, des Suisses, permet et
faut pas regretter, et des Lynx, très facilite ces restrictions si utiles qui
rares, qu'on ne sait exactement sous sont faites dans l'intérêt général, et
quel nom cataloguer. Ce sont là les aussi pour le bien de tous. C'est
principales espèces du Parc en ques- ainsi que les Chamois, dont -le
tion, dont l'altitude maxima n'est nombre était dans les districts francs
pas celle des Alpes, mais dépasse estimé à 6.000, il y a vingt ans. a
tout de même 2.900 mètres. sénsiblement augmenté.
En Yougoslavie, un Parc national les sept lacs qui ont donné leur
a été créé en 1924 dans les Alpes nom à la vallée. A l'Ouest; le Parc
juliennes, entre le Mont Triglav est bordé par la frontière italienne.
et le Lac Bohinj, dans la vallée dite Il contient une- centaine de Cha-
des Sept lacs. Ce Parc mesure mois qui du reste transhument pen-
dant la mauvaise saison, et vont
(1) Se rappeler que ces lignes ont été écrites
passer l'hiver en Italie, où le climat
en février 1934. est plus clément.
vaste Parc national, à cheval sur-la
frontière de ces deux nations, et qui
Sans parler de quelques Réserves doit occuper la plus grande partie du
de montagne de faible étendue, la massif des Tatras. Le projet est de
Pologne et la Tchécoslovaquie sont 620 kilomètres carrés, dont 220 pour
en train d'organiser en commun, un la Pologne. Cet immense territoire
abritera des Chamois (OU en Pologne. servi à quelque chose. Mais elles
500 environ en Tchécoslovaquie), des n'auraient pas suffi, si elles n'avaient
Ours, des Lynx, des Marmottes. On coïncidé avec l'épuisement des car-
y a réintroduit, parait-il, quelques touches Mauser rapportées du front
Bouquetins. Enfin, dans les parties par tous les chasseurs du pays, car-
basses, on y a acclimaté le Cerf touches qu'ils tiraient dans les fusils
W apiti. Il y a de Grands et de Petits Mauser également rapportés du
Tétras, des Gélinottes, des Aigles. front. Qu'on prenne garde que beau-
Vu l'étendue considérable de ce coup de Chamois, atteints par ces
Parc, on peut compter sur une mul- projectiles de guerre ; étaient perdus
tiplication paisible de toutes ces pour le chasseur et allaient périr
espèces animales. misérablement dans un coin de
montagne, pour devenir la proie des
Aigles ou des Renards. Ainsi la
situation que j'avais signalée en 1923
Et maintenant passons à la France. était doublement fâcheuse...
Nous avons, si j'ose dire, sur On doit se féliciter d'autant plus
notre territoire, une double faune de son redressement.
alpine : celle des Alpes, dont je vous La France a aussi son Parc natio-
rappelais les éléments au début de nal. Préconisé dès 1910, par M. le
cette causerie, et celle des Pyrénées, professeur Flahault et le regretté
qui comprend l'Isard, le Grand Coq conservateur Mathey, fondé en 1912,
de Bruyère, un Lagopède différent de sur l'initiative de ce dernier dont
ce lui des Alpes, etc. Il n'y a dans les j'étais alors l'adjoint, il comprenait,
Pyrénées, ni petit Coq de Bruyère, ni initialement, une partie des terri-
Marmotte, ni Lièvre variable. Qu'a- toires de la commune de Saint-Chris-
t-on lait pour la protection de tous tophe en Oisans (Isère) complétée
ces animaux si intéressants ? par des pâturages affermés, soit 4.248
En ce qui concerne le Chamois, on hectares de territoires acquis, et
a réduit à un mois la période d'ou- 8.714 hectares de territoires affer-
verture de la chasse. On a aussi mis més.
en réserve quelques forêts doma- Plus tard, après la guerre, la
niales où se trouvaient des Chamois. commune de Guillaume Peyrouse,
D'autres forêts domaniales, affermées en Vallouise, vendit à l'Etat près de
et sagement exploitées, virent leur 3.000 hectares pour le Parc national.
cheptel rupiraprin, si j'ose dire, se La commune de Pelvoux avait, elle
maintenir et mème augmenter. En aussi, cédé à l'Etat 6.500 hectares
1923, j'avais eu l'honneur, au Congrès pour le mème objet Le Parc natio-
pour la protection de la nature, nal de l'Oisans comprend donc
d'appeler votre attention sur la situa- aujourd'hui près de 13.000 hectares,
tion tragique dans laquelle se trouvait complétés par 0.000 hectares de
notre Antilope alpine. Cette situation territoires sur lesquels l'Etat a
a subi, aujourd'hui un complet affermé les droits de chasse et de
redressement. Faut-il l'attribuer aux parcours ; soit au total, plus de
mesures que je viens de rappeler ? Je 200 kilomètres carrés.
ne crois pas que l'Administration Je ne peux point vous parler de
doive avoir cette fatuité. Certes, ces l'histoire très complexe du Parc
mesures ont été utiles. Elles ont national français, ni des conceptions
variées et multiples qui se sont mani- nombreuse (200 environ). Il y a
festées à son égard, sans qu'on ne aussi des Marmottes, des Lagopèdes,
soit toujours préoccupé des idées qui des Lièvres blancs, et quelques Aigles
avaient présidé à sa fondation, et des royaux ; ceux-ci ayant du reste
obstacles qui avaient empêché cer- beaucoup diminué en Dauphiné
taines réalisations. pendant ces dernières années,
.
sans
Je veux seulement vous indiquer qu'on puisse exactement savoir
que dans la pensée de son créateur, pourquoi.
le Parc national de l'Oisans devait Quoi qu'il en soit, il ressort de
constituer, pour la France, un centre l'étude de la question du Chamois
de préservation et de protection de la dans nos Alpes, que depuis cinquante
faune alpine, et devait, en particu- ans. l'effectif de ces animaux a subi
lier, recevoir et abriter des Bouque- des variations profondes : très raré-
tins. fiés à la veille de la guerre, devenu-s
Je le sais d'autant mieux que c'est abondants pendant celle-ci, ils ont
moi-même, alors Garde-général à subi une diminution des plus inquié-
Grenoble. qui ai, en 1913, amorcé à tantes durant les années qui ont
ce sujet les premières négociations. suivi, et sont, maintenant, revenus
Elles furent interrompues par la à un effectif satisfaisant. Cela prouve
guerre, et n'ont point été reprises la rusticité et la plasticité de notre
depuis. Puisse l'Administration fo- Antilope, la facilité avec laquelle elle
restière, après plus de vingt ans réagit à la moindre protection, et
d'interruption, s'intéresser de nou- l'utilité de veiller sur son existence
veau à ce projet, qui mérite de ne avec une vigilance jamais en défaut
j)as rester dans l'oubli. stimulée par les excellents résultats
Le Parc national français abrite qu'il est possible d'obtenir, avec -un
une population de Chamois assez minimum d'efforts.
VARIÉTÉS
Ephémérides du Muséum. —
TRAVAUX
—
Gravures rupestres de Villadesuso.
FAITS DANS LES LABORATOIRES AU COURS HomenagemàMartinsSarmiento.Gui-
DE L'ANNÉE J933 (suite), maraes (Portugal), 1933, p. 203-208.
ANTHROPOLOGIE
(avec P. RIVET). Sur le tribulum. ln
Mélanges offerts à iV. Nicolas lurga.
:
Paris, Librairie universitaire G. Gam-
Dr. P. RIVET, Professeur. Les Océa- ber, 1933, p. 613-638.
—
niens. Annales de l'Universitéde Hanoi.
— La race ; les races.
Hanoï, t, I. 1933, p. 32-45. Dr. G. MONTANDON.
Mise au point d'ethnologie somatique
—
D'Orbigny ethnologue. Commémora- Bibliothèquescientifique. Paris. Payot
tion (Lu voyage d'Alcide d'Orbigny en 1933, 2y9 p., in-S". .
Amérique du Sud, 1826-1833. Publica-
tions du Muséum national d'histoire — Race et constitution. Revue Anthropo-
naturelle. n° 3. Paris, Masson et Cie., logique. Paris, t. XLITI, 1933, p. 44-55.
1933, p. 15-26. P. ROYER. — Quelques documents sur les
et G. H. LUQUET. Sur le tribulum. populations « Moundan » et « Kirdi »
— — du Cameroun septentrional. Bulletins
In : Mélanges offerts àM. Nicolas Iorga.
Paris, Librairie universitaire J. Cam- et Mémoires de la Société d'Anthropo-
ber, 1933, p. 613-638. logie de Paris. Paris, 88 série, t. IV.
1933, p. 18-21.
P. LESTER, Sous-Directeur du Labora-
toire.' — Bibliographie africaniste. — Notice sur les ossements néolithiques
Journal de la Société dès Africanistes. provenant d'une grotte sépulcrale de
Paris, t. III. 1933, p. 353-429. Villeneuve-Saint-Vistre (Marne). Ex-
trait du Bulletin de la Société Archéo-
Mlle P. BARRET, Assistante. Bibliographie logique Champenoise, mars-juin 1933.
—
américaniste. Journal de la Société des Châlons-sur-Marne. Imprimerie A.
Américanistes. Paris, nouv. séiie, t. Robat, 1933, 6 p., in-8°
XXV, 1933, p. 387-498.
L. TAUXIER. — Les Gouin et les Tou-
G. H. LUQUET. Exposition d'ethnogra- rouka. Rési'dence de Banfora, cercle
—
phie guyanaise au Trocadéro. La de Bobo-Dioulasso. Etude ethnogra-
Nature, Paris. n 2.896. 1er janvier phique suivie d'un double vocabulaire.
1933, p. 30-32. Journal de la Société des Africanistes.
L'art de l'Amérique ancienne. In : Paris, t. III, 1933, p. 77-128.
L'art. des origines à nos jours. t. II.
Paris. Larousse, 1933, p. 407-41»
.
L 'ar[ nègre. In : L'art des origines il Le pouvoir de plongée des Baleines.
nos jours, t. II. Paris. Larousse, 1933, — Il est peu • vraisemblable que l'oii
p. 417-423. puisse jamais, par l'observation directe.
étudier convenablement le mode de vie
— Deux problèmes psychologiques de des grands Cétacés. M. A. R. Laurie
l'art primitif. Journal de psychologie. a
Paris, t. XXX, 1933, p. 514-542. pensé que l'on pourrait. obtenir à ce sujet
des renseignements utiles par un examen
La mission Dakar-Djibouti.La Nature. soigneux et détaillé des animaux fraiche--
Paris, n0 2915, 15 octobre 1933, p. 3o6- ment tués. Les résultats obtenus avec la.
368. - Baleine bleue et la Baleine finnoise ont
prouvé que cette idée pouvait être lumineux connus, Lampyres et Pyro-
féconde en résultats. phores, les Géophiles ne sont pas phos-
L'examen qu'il en a fait a conduit phorescents toute leur vie. Ce n'est que
M. Laurie à émettre l'opinion, directe- pendant une certaine période de l'année,
ment opposée à celle de certains cétolo- qui est précisément celle de la reproduc-
gues, que les Baleines sont capables de tion, qu'ils le deviennent.
plonger à de grandes profondeurs et de En cela même, ils sont encore différents
revenir rapidement à la surface sans en des Insectes que nous venons de nommer;
être incommodées. Si cette opinion est ces derniers ont des organes lumineux
juste, comme il le semble, on peut en internes, les Géophiles n'en ont pas : ils
tirer certaines considérations physiolo- émettent simplement, par la surface ven-
giques du plus haut intérêt. Une Baleine trale du corps, un liquide visqueux à odeur
qui plonge à 100 mètres de profondeur particulière, qui est très phosphorescent.
devrait normalement, pour éviter les Ils ont ainsi une certaine ressemblance
troubles de la décompression, mettre un avec certains Annélides. Le Lombricus
peu plus d'une heure et demie pour phosphoreus par exemple, sécrète une subs-
regagner la surface ; cependant tous les tance phosphorescente qui s'attache aux
baleiniers sont d'accord pour reconnaître corps sur lesquels il rampe. Mais de
que ce retour s'effectue beaucoup plus même que les Géophiles, ce « ver de
rapidement, et, jusqu'à présent, aucune terre )> n'est lumineux qu'à l'époque de,
raison-convaincante n'avait été donnée de la reproduction.
cette immunité. En dehors de cette époque les— Géo
M. Laurie en donne une explication qui, philes vivent isolés ; leur peu de sociabi-
pour être surprenante, n'en est pas moins lité se manileste clairement lorsqu'on les
plausible. Il a observé que le sang de la réunit en captivité. Car, alors, les mâles
Baleine, même chez le fœtus, contenait, se détruisent entre eux et, s'il y a des
eu grand nombre, un petit organisme femelles, ce sont elles, qui, plus vigou-
bactériforme, qu'il a provisoirement reuses, détruisent les mâles en leur ron-
désigné sous le nom d'organisme X. Cet geant la tùte : le fait a été constaté par
organisme possède le pouvoir d'absorber J. H. Fabre qui a longuement étudié les
en partie l'oxygène du sang et de le Géophiles, sans parvenir toutefois à per-
retenir lors de la décompression : il cer le secret de leur phosphorescence.
empêche par suite les Baleines de ressen- Mais, de la fin de septembre au commen-
tir les troubles que cause généralement cement de novembre, ils se fréquentent
celle-ci. volontiers, leurs mœurs semblent s'adou-
cir et, comme manifestation extérieure de
ce changement, il leur vient la faculté de
Les Géophiles. — Les Géophiles sont répandre autour d'eux la lumière.
des Myriopodes c'est-à-dire des animaux
articulés possédant un nombre de pattes
relativement élevé ; pour fixer les idées,
nous dirons qu'on en connait qui en pos- Le Soja et ses produits. — Le Soja, cette
sèdent plus de 150 paires. Légumineuse asiatique dont nous avons
Ceux qui nous occupent, de petite taille, déjà entretenu nos lecteurs peut encore
'sont répandus dans beaucoup de pays : en fournir d'autres produits que ceux précé-
France nous en possédons déjà quatre .demment signalés. Un article de M. Ch.
espèces. Mais ils sortent surtout le soir et Crevost, Directeur du Musée Maurice Long,
sont, somme toute, assez peu faciles à se à Hanoï, paru dans le journal France-Indo-
procurer. chine du 15 décembre 1933, et reproduit
Il y a longtemps que certains Myriopodes par le Bulletin de l'Agence économique de
ont été signalés comme lumineux. Dans. l'Indochine d'avril 1934, donne à ce sujet
La Historia général de las Indias, écrite en des renseignements fort intéressants.
1535, G. F. de Oviedo, qui avait été l'un Le lait de Soja s'obtient en faisant
des compagnons de Colomb, signale cette tremper pendant 12 heures des graines
particularité curieuse. Mais à part quelques décortiquées, puis en les broyant avec
observations isolées, on fut longtemps un peu d'eau et en filtrant. On obtient
sans avoir de renseignements un peu pré- ainsi un liquide qui a l'apparence du lait
cis sur ce sujet. de vache et se comporte comme lui à
C'est que, à l'inverse des Coléoptères l'ébullition ; en refroidissant il se cou-
vre de même d'une couche crèmeuse. avec son frère Alexandre. Les deux frères
Mais il a l'inconvénient d'avoir un goût excursionnaient de concert durant tout
assez peu agréable et de tourner au bout l'été réunissant en herbiers toutes les
de quatre heures ; cependant les Chinois, plantes des sommets pyrénéens ; l'hiver
qui l'emploient, ont, parait-il, trouvé le était employé par eux au classement et
moyen de corriger son goût et de le con- aux déterminations de leurs récoltes.
server plus longtemps. De cette collaboration sont issues une
Avec les graines grillées et moulues, on quantité de mémoires et de publications
fabrique un succédané du café ; mais il remarquables, parmi lesquelles l'œuvre
doit être employé immédiatement, car il principale : le Catalogue raisonné des
ne tarde pas à se transformer en une pâte plantes phanérogames et cryptoga mes indi-
huileuse. gènes du Bassin de la Haute Ariège, gros
La sauce de Soja est plus intéressante. ouvrage in-8° en 3 volumes (1898-1909 ,.
D'une grande valeur alimentaire, elle est publié par la Société Internationale de
très appréciée des Japonais, qui la con- Géographie Botanique qui lui décerna,
naissent sous le nom Soyu, et des Anna- sa grande médaille d'or.
mites, qui l'appellent Tuong-Dâu. Chez Cette collaboration féconde et touchante
ceux-ci, où elle est bien moins chère que des deux frères fut interrompue -par la
la fameuse sauce nuoc-mam, préparée mort d'Alexandre Marcailhou d'Aymeric
avec des Poissons, op l'appelle le nuoc- en 1897 ; son frère eut la lourde tâche de
mam des pauvres. Mais elle ne peut être la rédaction de tous les mémoires en pré-
préparée que d'avril à juillet et doit -être paration. Il mourut lui-même en 1909
ensuite conservée dans des récipients laissant inachevée une étude remarquable
hermétiquementfermés. sur les Fougères des montagnes.
Il existe encore une crème sèche du
lait de Soja, plus particulièrement fabri-
quée en Chine, mais de vente courante en
Indochine où on la connaît sous le nom Une nouvelle expédition scientifique
de Phu-Chuc. Elle se présente sous forme russe dans le Pamir. — Cette nouvelle
de feuilles de 1 à 2 cm. d'épaisseur, de expédition, organisée par ru. R. S.S.j est
couleur jaunâtre, brillantes, ondulées et différente des précédentes par son organi-
faciles à briser ; on l'utilise avec diverses sation et par ses buts. Elle ne comprend
viandes, bœuf, porc, poulet, souvent pas moins de 74 groupes, chacun consti-
aussi avec des vessies de poissons de tuant en quelque sorte une expédition
mer. particulière. Vingt-six détachements sont
partis en mai dernier ; les autres oui dû
partir en juin, ayant attendu que les pas-
Deux botanistes de la Haute-Ariège.— sages dans les montagnes soient devenus
Ilippolyte Marcailhou d'Aymeric (1855- praticables.
1909) fut un des botanistes éminents qui La plupart de ces détachements se
s'occupèrent de la flore des hautes mon- rendent dans les montagnes du TurkeBtan.
tagnes ariégeoises et qui consacra sa vie de Zéravchan et de Ghissar, où l'expédi-
entière à l'étude de la science de la llore en tion organisée en 1933 par l'Académie des
compagnie de son frère Alexandre Mar- Sciences a découvert des exploitations
cailhou d'Aymeric. minières datant de la plus haute antiquité ;
Hippolyte Marcailhou d'Aymeric naquit on espère y rencontrer des métaux pré-
à Ax-les-Thermes (Ariège) en 1.855. Après cieux, de l'étain, du cuivre, du soufre, de
avoir fait ses études de pharmacie à Mont- la potasse et du charbon, mais le gite
pellier et à Rennes, il devint dans cette principal de ces matières est à découvrir.
dernière ville préparateur de Chimie à On pense qu'il se trouve au point de
1 Ecole de Médecine et de Pharmacie et jonction des montagnes de Ghissar, de
fut aussi chargé d'un cours de Botanique l'Altaï et du Turkestan, dans une région
pharmaceutique (1874-1876). Il dut à encore inexplorée et qui, pour cette cause,
regret quitter une carrière pleine d'espoir forme une tache blanche sur la carte de
pour reprendre, à la mort de son père, la l'Union Soviétique. C'est pourquoi Lfibjec-
pharmacie paternelle. tif premier de l'expédition est la recon-
Dès le moment de son arrivée à Ax-les- naissance de cette contrée : elle doit être
Thermes il ne cessa, jusqu'à sa mort, de' effectuée par M. Gorbounoff, accompagné
s'occuper de botanique, en collaboration seulement de deux de ses collaborateurs.
Ils se proposent d y prospecter les gîtes tin conclut qu'une voie nouvelle s'ouvre
métallifères et de reconnaître en même pour lutter contre ce fléau de l'agricul-
temps les chemins les plus faciles pour y ture qu'est la Rouille.
accéder.
Un autre objectif est de refaire 1 ascen- LUCIEN DANIEL.
—
Variations des plan-
sion du pic Staline. En 1933, lors de la tules d'Helianthus Dangeardi à la sep-
premièreascension, l'expéditionde M. Gor- tième génération sexuée.
bounoff installa sur ce pic; à 5.600 m. d'al-
titude, deux appareils destinés à enregis- Géologie.
trer automatiquement la température, la
pression atmosphérique et l'état hygromé- R. PERRIN. — Sur le métamorphisme.
trique ; il sera intéressant de recueillir les En étudiant l'action des laitiers sur les
renseignements ainsi obtenus. M. Gorbou- revêtements de fours, l'auteur a reconnu
nofï se propose d'ailleurs d'y laisser cette qu'il se produisait des échanges réci-
fois quatre nouveaux appareils, ainsi qu'un proques constants et assez rapides. Il en
poste de T. S. F. pouvant transmettre conclut que de pareils phénomènes ont
automatiquement des indications sur la dû intervenir dans le domaine géologique,
température, la pression atmosphérique, ce qui donne une explication suffisante
l'état hygrométrique, la force et la direc- de beaucoup de phénomènes de méta-
tion du vent. morphisme et permet de prévoir la nature
Enfin, un des détachements de l'expé- des lois auxquelles ils obéissent.
dition se dirige vers le glacier Fedtchenko, ALBERT F. DE LAPPARENT. Sur l'allure
où cinq météorologues ont été laissés en —
du synclinal de Rognette et l'enracinement
193H pour y faire des observations. La du pli couché des Dessillons (Var).
liaison entre ces savants et le monde civi- Les conclusions de cette note sont les
lisé a été coupée dès les premiers jours suivantes :
de leur hivernage, de sorte que l'on ignore Les dépôts rognaciens-éocènes de Ro-
absolument ce qu'ils sont devenus. Le gnette et ceux de Salernes sont répartis
détachement parti à leur recherche a pour dans deux synclinaux distincts ; le pli des
mission de les retrouver et de les ramener. Bessillons se termine et s'enracine au Sud
Est, près de Cotignac, le pli de Salernes
le relayant en avant.
Botanique.
Les Sciences Naturelles
à l'Académie des Sciences Pierre CIIOUARD. — Sur la structure
caractéristique du bulbe chez les Scilles de la
SÉANCE DU 4 JUIN.
section Euscilla Chd.
C'est d'après les caractères végétatifs du
Biologie végétale. bulbe que M. Chouard classe les Scilla : la
création du sous-genre Euscilla Chd. a
J. COSTANTIN. — Le problème des résulté de cette étude. Elle est bien préfé-
Rouilles du Blé et lts montagnes. rable à celle jusqu'ici employée, qui tire
On sait quelaRouille du Blé est produite les caractères distinctifs des fleurs ou de
par le Champignon Puccinia graminis dont l'inflorescence.
un des stades se passe sur l'Epine vinette;
mais la. présence de cette dernière n'est Microbiologie.
pas indispensable. D'autre part les
Rouilles sont rares dans le nord et même RAPPIN. — Sur V étiologie microbienne
pratiquement inconnues dans certains du cancer.
districts de Suède, et, enfin le climat A propos d'une communication récente,
alpin tend à raccourcir le développement l'auteur rappelle qu'il a toujours indiqué
des Urédinées. comme cause de l'infection cancéreuse,
Rapprochant les diverses observations un microcoque qu'il considère comme un
faites à ce sujet, M. le Professeur Costin- Staphylocoque.
PARMI LES LIVRES
Aug. CHEVALIER. — Michel ADANSON, voya- les portes de l'Académie, et fait connaître,en 1759,
geur, naturaliste et philosophe. Médail- son ouvrage : Familles de plante, son prin-
cipal titre de gloire. Labeur, projets grandioses,
lons Coloniaux. 1 vol., 170pages, V pl., mais aussi déceptions et malheurs... Il s'éteignit
Larose édit., Paris, 1934. le 3 avril 1806 à 10 heures du matin. « Adieu,
l'immortalité n'est pas de ce monde ! » Tels
Le professeur A. Chevalier cherchant à furent ses derniers mots.
approfondir l'oeuvre botanique de Michel Adan- Les chapitres V à IX de l'ouvrage de A. Che-
son eut la bonne fortune de découvrir dans les valier sont consacrés à l'œuvre d'Adanson.
archives du château de Baleine, à Villeneuve- D'abord (chap. V), son histoire naturelle du
sur-Allier, d'importants manuscrits émanant de Sénégal, dont seul le tome 1 a pu voir le jour,
ce grand botaniste, de ce grand colonial. Ces puis ses travaux sur l'agriculture et la bota-
documeats jettent un jour nouveau sur la vie nique appliquée (chap. VI) à Adanson laissa,
et l'œuvre d'Adanson. En partie grâce à eux, en effet, à l'état de manuscrit ; un traité de
A. Chevalier a pu écrire le petit volume que botanique rurale, un traité de physiologie végé-
nous analysons ici. Cuvier fut le premier à tale appliquée à l'agriculture et à l'horticulture.
rendre justice à Michel Adanson (1807); dans Le chapitre VII (ia méthode naturelle d'Adan-
son Dictionnaire de Botanique (1876), H. Bail- son) est particulièrement important. Si une
Ion exaltait son mérite, son « génie ». Cepen- sorte de cabale semble avoir voulu étouffer
dant le livre que le professeur Chevalier vient l'œuvre du vieillard malheureux, il n'en est pas
de consacrer à ce botaniste, manquait à sa moins vrai qu'Adanson est le créateur incon-
mémoire, car il constitue une profonde analyse testé de la méthode naturelle appliquée à la clas-
de l'œuvre scientifique dont se dégage nette- sification des espèces animales et végétales.
ment toute la portée philosophique et, de ce Après avoir exposé les conceptions d'Adanson
fait, il fait figure de tardive, mais totale et
nécessaire réhabilitation. sur les familles, les espèces et les mutations
(chap. VIII), A. Chevalier s'occupe du savant
Les quatre premiers chapitres retracent la sous l'angle du philosophe et de l'encyclopédiste.
vie d'Adanson : enfance, jeunesse studieuse « Ce fut, certes, écrit-il, un grand philosophe,
imprégnée de la vocation du naturaliste. A égalant les plus grands penseurs de son temps.
22 ans il s'embarque pour le Sénégal, engagé Précédant de 30 ou 40 ans Lamarck, il fut son
par la Compagnie des Indes, avec la modeste précurseur et l'on peut se demander si ce n'est
place de commis dans ses comptoirs. pas à Adanson que Lamarck a emprunté une
Il devait y séjourner quatre ans et quatre partie des idées qu'il put approfondir ensuite. »
mois, au cours desquels il mena une vie de Il faut féliciter le professeur Chevalier
solitude, de recherches, de méditations. d'avoir fait connaître d'une manière si appro-
Dès son retour, le labeur reprend au rythme fondie la vie, le caractère, l'œuvre d'Adanson.
de 18 heures par jour; il loge au Trianon avec Les naturalistes apprendront certainementbeau-
le titre de botaniste royal, présente des mémoires coup à la lecture de ce petit livre dont l'éru-
à l'Académie des Sciences, publie en 1757 son dition ne dissimule ni la foi ni l'émotion qui
Histoire naturelle du Sénégal qui lui ouvrit ont animé son auteur.
LA TERRE ET LA VIE
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE
FONDEE ET PUBLIEE PAR LA
SOMMAIRE
Baron J. DE DOIÎLODOT.
G. PORTKVIN,
VARIÉTÉS.
Damparis
...
L'exploration du gîte à Dinosauriens jurassiques de
587
593
—
...
PARMI LES LIVRES
............
NOUVELLES ET INFORMATIONS
599
REVUE MENSUELLE
Abonnements France et Colonies : 75 fr. — Étranger 90 fr. ou
: 105 fr. suivant les pays.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FHAXCE
4, Rue de Tournon, PARIS (VIe)
BUREAU
Président : M. Louis MANGIN, membre de l'Institut, directeur honoraire du Muséum.
Secrétaire général : M. C. BRESSOU. directeur de l'École d'AJfort.
V ice-présidents : Secrétaires : Tresorier :
MM. Bois. professeur hono- M. Marcel DUVAU.
raire au Muséum ; MM. Pierre CREPIN ;
DECHAMBRE, professeur
Archiviste :
honoraire à l'Ecole Charles VALOIS ; Monseigneur FOUCHER.
d'Alfort ; Pierre MARIÉ ; Bibliothécaire :
le docteur THIBOUT ;
Maurice LOYER. Lucien POHL. M. Ph. DE CLERMONT.
Secrétaire aux publications, rédacteur en chef de La Terre et la Vie :
M. G. PETIT, sous-directeur de Laboratoire au Muséum.
CONSEIL D'ADMINISTRATION
MM. A. BARRIOL ; MM. le comte DELAMARRE. MM. le docteur ROCHON-DUVI-
DE MONCHAUX ; GNEAUD;
BOURDELLE. professeur le prince Paul MURÂT ; L. ROULE, professeur
au Muséum. au Muséum ;
le docteur POLAILLON ;
A. CHAPPELLIER; ROUSSEAU-DECELLE ;
le marquis de PRÉVOI-
DELACOUR. SIN. Roger de VILMORIN.
Conseil juridique : M' MONIRA, avocat près la Cour d'appel de Paris.
par
LE Bou JEAN DE DORLODOT
SOMMAIRE
E. KAGUIN
.
Les failles vivantes en Californie 603
,
NOUVELLES ET INFORMATIONS
...
.................
630
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DE MONGHAUX; GNEAUD;
BOURDELLE. professeur le prince Paul MURÂT ; L. ROULE, professeur
au Muséum. au Muséum ;
le docteur POLALLLON ;
A. CHAPPELLIER; ROUSSEAU-DECELLE ;
le marquis de PRÉVOI-
DELACOUR. SIN. Roger de VILMORIN,
Conseil juridique : M° MONIRA, avocat près la Cour d'appel de Paris.
Un des traits les plus remarquables dela« Grande vallée » et les cordillères
de la géologie de la Californie est côtières (Coast Ranges) à l'ouest,
l'existence de « failles vivantes » ont une structure compliquée par
(living faults,) sur lesquelles se loca- plusieurs périodes de mouvements
lisent actuellement les séismes et orogéniques. La carte schématique
suivant lesquelles on a constaté des de la figure situe ces. trois éléments
1
table n'a pas encore succédé à ces le long dela faille fut horizontal et
mouvements. atteignit plus de 6 mètres en dépla-
çant le côté occidental vers le nord.
Observations sur les failles vivantes. La faille est accompagnée de plusieurs
fractures satellites suivant une zone
La Californie est un pays à très linéaire atteignant parfois plusieurs
haute séismicité. Les épicentres se kilomètres de largeur. Il y a une demi-
localisent au voisinage des failles, douzaine de failles vivantes certaines,
très nombreuses, très longues, et mais il y en a un plus grand nombre
disposées suivant un plan recoupant de probables, d'après la topogra-
à angle assez faible la direction phie sismique qu'elles présentent.
axiale des cordillères. La plus impor- Il s'agit ici de particularités topo-
tante des « failles vivantes » est la graphiques telles que talusrectilignes,
San Andréas Fault, tracée sur 940 fossés, ruptures de pente, coïncidant
avec le tracé de failles et se succé- à un effet de compression, se sont
dant de manière variée. Ces phéno- répétés durant le Tertiaire et le Qua-
mènes témoignent de mouvements ternaire, et peut-être même avant le
relatifs très récents, ou en tous cas Tertiaire.
quaternaires, le long des failles, puis- Mais revenons à l'examen des phé-
que l'érosion n'a pas eu le temps nomènes actuels ou très récents
d'effacer ces objets tectoniques, très observables le long des failles vi-
fragiles pourtant, car tracés en des vantes.
formations superficielles mejbles. Sur la faille de San Andréa des
La San Andreas Fault, bien que observations intéressantes peuvent
vivante actuellement, a cependant être faites auprès du Cajon Pass qui
une origine ancienne. En effet la est le passage principal permettant
constitution géologique de part et d'accéder à la province de Los An-
d'autre de la faille est différente pour geles en venant de l'est (1). Des rup-
certains éléments de son parcours, tures de la surface de la terrasse
ce qui exprime un grand mouvement quaternaire bordant la plaine allu-
relatif déjà ancien des deux blocs .vialede Colton contre les monts San
séparés. Les géologues de Californie
concluent de leurs études qu'elle
représente une zone de rupture pro- (1) Le livret-guide n" 15 du congrès (Southern
CaJifornia) renferme un important article sur la
fonde suivant laquelle des mouve- faille de San Andréa près du Cajon Pass, sous la
ments verticaux et horizontaux, dus signature -de L. F. Noble qui dirigea l'excursion
des congressistes en ce point.
Bernardine, y sont visibles au passage sage de la faille par un décrochement
de la faille qui longe ici le pied de ces de l'ordre d'une centaine de mètres,
montagnes. sur la route du Cajon Pass. De petites
Par exemple une tranche de la dépressions marécageuses linéaires
terrasse large de quelques centaines s'échelonnent quelquefois le long de
de mètres, entre la faille principale la faille. Enfin le tracé de la faille
et un rameau satellite, se trouve peut être jalonné sur une certaine
bombée en anticlinal bien accusé sur distance par une vallée structurale
une certaine distance. Un peu plus (par exemple, Lone Pine Canyon,
loin, un « fossé » structural de à l'ouest du Cajon Pass), et il arrive
quelques dizaines de mètres de pro- que celle-ci recoupe en biseau aigu
fondeur dans la terrasse succède à l'arête des chaînons montagneux,
cet anticlinal le long de la faille. Au disposition géographiquementimpos-
delà encore des talus d'une quinzaine sible sans une vaste dislocation.
de mètres, tantôt dans un sens, tantôt Les photographies d'avion font
dans l'autre, brisent la surface topo- souvent ressortir de façon évidente
graphique le long de la faille. Ces le tracé rectiligne de la faille, soit
dispositions se reproduisent au par les anomalies topographiques
hasard, de distance en distance, et ou géographiques précédentes, soit
les anomalies constatées sont toujours par un cordon de végétation plus
de l'ordre de quelques dizaines de dense provoqué par l'humidité cir-
mètres. culant dans la faille.
Des particularités géographiques Les effets de ce genre, loin d'être
plus importantes ont été aussi mises localisés au voisinage de la faille de
en évidence par les géologues califor- San Andréa, sont fréquents dans la
niens. Citons le brusque déplacement région. Par exemple dans la plaine
latéral du lit d'un ruisseau au pas- de Los Angelès, l'étude des centres
pétrolifères en met en évidence en l'époque récente à laquelle cette
plusieurs points. Le gisement de dépression s'est produite.
Dominguez Hill au sud de Los Une importante faille vivante paral-
Angeles montre ainsi un anticlinal lèle, la faille de llayvard, borde
quaternaire affectant les couches la chaîne des Berkeley Hills de
tertiaires profondes, mais bombant l'autre côté de la baie de San Fran-
d'une dizaine de mètres la surface ciscü, avec un fossé structural, carac-
topographique ailleurs plane. Dans téristique vis-à-vis de Oakland.
le gisement d'Inglewood à l'ouest de Quittons la cordillère côtière cali-
Los Angeles, une faille récente pro- fornienne. Nous trouvons à l'est le
voque un talus des plus nets, visible bloc granodioritique de la Sierra
sur la figure 6 au premier plan Nevada, limité par une zone de failles
devnnt les puits pétrolifères. importante à son bord oriental, et
Enfin, dans les chaînes plissées, au delà, la région des Basin Ranges,
certaines coupes montrent le Quater- où les fractures sont nombreuses. Bien
naire (sables ou conglomérats non que, dans ces contrées, la séismicité
consolidés) chevauché par le Mio- ne soit pas si considérable que le long
cène dans un mouvement de quelques de la côte du Pacifique, de grands
mètres d'amplitude. Par exemple tremblements de terre en rapport
un talus dont la photographie est avec les fractures y ont été observés.
reproduite ici (flg. 7, situé à mi-dis- Le plus célèbre est celui d'Owens
tance de la route d'Ojai à Ventura, Valley, au bord de la Sierra Nevada,
vers l'extrémité des Sulphur Moun- en 1872. Celui tout récent de Cedar
tains, et un autre (cité dans le livret- Mountain Nevada (1932) se situe de
guide n° 15 du congrès) sur la route façon analogue.
de Ventura à Santa Barbara, présente Eflectivement les mêmes effets de
cette curieuse disposition. topographie sismique que ci-dessus,
Si l'on se transporte sur la partie témoignant dela « vie » quaternaire
septentrionale du tracé de la faille des failles, peuvent se constater sur
de San Andrea, c'est-à dire près de quelques-unes d'entre elles.
San Francisco, les indices de mou- Plus à l'est encore, près de Salt
vements récents ne sont pas moins Lake City, les monts Wasatch sont
précis. Un long a fossé » structural longés au bord de la plaine par une
jalonne la faille au S. 0. de la baie grande faille nord-sud. A City Creek
de San Francisco et a été utilisé un miroir de faille est visible dans
pour établir des lacs artificiels ser- les calcaires anciens le long de l'es-
vant de réserve d'eau à la ville. Ce carpement, et la rupture d'une ter-
fossé correspond à l'eflondrement rasse quaternaire superposée prouve
de la clef de voûte d'un anticlinal
déformant une pénéplaine pliocène
la jeunesse du déplacemen1. Ce dépla-
cement récent serait d'une douzaine
(Bailey Willis) : le mouvement de de mètres, mais le déplacement total,
compression et l'effondrement sont par des phénomènes de ce genre
par conséquent post-pliocènes. Les cumulés depuis le Tertiaire supérieur,
terrains récents situés dans la dépres- serait de 500 mètres. A quelque
sion sont d'ailleurs comprimés et distance, près du débouché de
plissés de façon intense. Des captures Cottonwood Canyon sur la plaine,
de rivières qui auparavant traver- cette faille donne lieu à des ruptures
saient la faille témoignent aussi de des cônes d'alluvions qui s'appuient
àlapeute des Wasatch et se raccor- Les anomalies topographiques ain-
daient avant ces ruptures avec les si relevées le long des failles sont
dépôts horizontaux de la plaine. Le analogues à celles produites par de
phénomène de ce genre le plus frap- grands séismes historiques comme
pant est une double faille de quelques celui de San Francisco ou ceux du
mètres qui dénivèle la surface d'une Japon. Elles mettent donc en évi-
par
LE COMTE MONTI DELLA CORTE
sa basjoo. etc.
,
camp h or a, Pettandra Virginie Mu- de Nubie (Equus usinas africanus),
un des derniers survivants de cette
En entrant dans le jardin nous variété qui se différencie de l'Ane
trouvons tout d'abord l'enclos des Dankali (Equus usinas taeniopus, par
l'absence de rayures aux quatre Denzia scabra du Japon. C'est là que
pieds ; malheureusement celte bête les Ours dans un panorama rocheux,
rarissime est morte il y a quelques jouent avec le public dont les sépare
mois. un profond fossé.
Parmi les rochers artificiels s'ébat-
tent des Mouflons de Sardaigne, de
Mongolie et du Thibet.
A côté, se trouve une petite troupe
de Bouquetins (Capra ibex) prove-
nant du parc national du Grand
Paradis ; espèce qui a été sauvée
d'une destruction totale grâce aux
mesures imposées par le défunt roi
Victor Emmanuel Il.
L'enclos des Tapirs comprend
celui d'Amérique et l'espèce à dos
blanc de Malaisie.
En continuant dans la direction
du champ de courses des Parioli,
nous arrivons aux petits parcs à
Rongeurs, pourvus de tanières artifi-
cielles.
Le Mara (Dolichotis patagonica) se
reproduit régulièrement ici chaque
année. Voilà aussi l'Agouti, le Cabiai
de l'Amérique du Sud et tout un
groupe de Lièvres communs.
Nous avançons vers l'allée circu-
laire entre de beaux exemplaires de
Cèdres Déodars, atlantiques et du
Liban, pour voir les volières où
dominent les Gallinacés. Ceux-ci
vont être prochainement transportés
dans une faisandèrie actuellement
en construction.
Notons de beaux exemplaires de
Acryllium vulturinum (Pintades de il y a l'Ours brun desAbruzzes
Somalie) et divers Faisans : le Faisan (Ursus arctos molisanus), sous-espèce
de Cokhide, le Faisan doré, le ladv caractéristique de cette région, l'Ours
Amherst, le Vénéré ; trois formes du de S-yrie et deux superbes Ours
Faisan argenté : Gennaeus nychte- sibériens qui se sont reproduits au
et
merus, lineatus horsfieldi. En outre, Jardin.
des Francolins de Somalie et des Tour- L'un deux cependant, un mâle
terelles. colossal, nous paraît appartenir à
Nous arrivons à un carrefour l'espèce américaine dite Ursus pis-
ombragé par de grands Conifères cator du Labrador.
(Cedrus deodara et Abies cephalonica) La série des Ours terrestres se
avec un magnifique exemplaire de complète avec l'Ours du Thibet,
l'Ours de Formose [Euarctos formo- immense Anaconda (Eunectes muri-
sanus) et le Baribal de l'Amérique nus) et un Crotalus durissius, le
du Nord. Serpent à sonnette du Mexique.
Nous passons devant un chantier Parmi les Lézards, nous avons
— le futur Muséum d'Histoire Natu-
l'Iguane tuberculé de l'Amérique tro-
relle — pour atteindre le lac. Ses picale, le Varan indien, le Varan des
berges sont couvertes d'une flore sables de l'Afrique du nord, le Téju
caractéristique : Phoenix Jubae, de l'Amérique du Sud et dans un
Cocos odorata, Magnolia grandi- bassin, la Salamandre du Japon.
flora, Abies concolor, Washingtonia Près des Crocodiles et Alligators,
filifera et Jubaea spectabilis. notons deux rares Tortues aqua-
Ces plantes alternent avec des tiques : la Tortue Vautour et la
Saules, des Pawlonias et des Arbres Tortue serpentine, de l'Amérique
de Judée. du Nord.
Sur l'eau évoluent gracieusement Suivent diverses cages et volières :
Palmipèdes et Echassiers dont nous dansâtes premières, des Loutres et
citons les espèces principales : Cygne des Blaireaux d'Europe ainsi que le
noir d'Australie, Cygne trompette, Blaireau d'Amérique (Taxidea ta-
Cygne de Bewick, Cygne coscoroba ; xus) ; dans les secondes, des Hoccos
Flamands capturés sur-l'étang d'Or- et des Sciacu (Pipile cumanensis) du
betello en Toscane ; Pelecanus ono- Brésil. Une collection très complète
crotalus et Pelecanus crispus ; des de Pintades : Numida meleagris,
Bernaches de trois espèces : leu- N. piïlorhynca. N. mitrata, N.
copsis, bienta et canadensis ; des Oies cristata et Guttera lividicollis.
d'Egypte, de l'Inde et de Magellan, Deux grands bassins se présentent
des Oies à casque de l'Erythrée et à nos yeux, entourés de rochers et
enfin toutes espèces qui se trouvent de faux blocs de glace. Ils sont desti-
en hiver sur les lagunes ou dans les nés, l'un aux Phoques et Otaries de
marais de l'Italie. Californie, le deuxième aux Ours
A l'ouest du lac, dans une élégante polaires ; le panor-ama arctique, où
rotonde, on a réuni plusieurs Kan- s'ébattent aussi des Goëlands argen-
gourous : le Géant, le Robuste et tés, est séparé par une muraille ro-
le Roux (Macropus îobustus gervi- cheuse de l'enceinte des Rennes (Ran-
nus) ; presque tous se sont repro- giler tarandus).
duits. La section des grands fauves,
L'enceinte des Tortues contient également parqués dans des amphi-
des Tortues de Somalie, des Tor- théâtres de blocs calcaires, est ornée
tues éléphantines des îles Galapagos de végétaux provenant des pays
et plusieurs petites Tortues grecques. chauds (Chamaerops humilis, Jra-
Faisant suite, voici la galerie des chycarpus excelsa, Cycas revoluta,
Reptiles, dont l'intérieur présente Dasylerion quadrangulat-um. etc. ).
l'aspect d'une grande caverne, avec Sur le premier rocher, voici un
niches vitrées et chauffées, et un singulier animal, cousin des Hyènes :
bac à Crocodiles. L'on y trouve le le Protèle d'Erythrée. Dans le pa-
Python réticulé de l'Asie méridio- norama réservé aux Tigres, un
nale ; le Python rupestre et celui superbe couple, issu d'un mâle
de Soba, assez commun dans nos sibérien et d'une tigresse du Ben-
colonies, un Boa constrictor, un gale. se reproduit régulièrement
tous les deux ans. Dans celui des lopes, les deux Koudous, la grande
Lions, les sujets proviennent presque espèce de l'Erythrée et le Strepsi-
tous du Benadir et d'Ethiopie. cère imberbe de la Somalie ; deux
Quelques petites Antilopes (Cephalo- Gnous, à queue blanche et à queue
phus Grimmi et GrazellaSoemmerringi) noire ; les Oréas de l'Ouest africain ;
séparent les Lions des Félins moins un Addax de Cyrénaïque ; des
puissants. Nous voyons dans des Oryx beisa et des Kobs du Djuba-
Raymond ROLLINAT. — La vie des Rep- autres Oiseaux à l'aide de Grands-Ducs, sur
tiles de la France centrale. 1 vol., l'alimentation des Alouettes, sur la biologie
des Chiroptères.
313 pages ; 11 planches en quadrichro- Mais l'œuvre maîtresse est bien le livre dont
mie ; 24 planches en héliogravure. Librai- il est question ici. Deux chapitres sont consa-
rie Delagrave, Paris, 1934. crés à la Cistude d'Europe (II et III), quatre
Trois ans après la mort de son auteur, ce aux Lézards (Lézard vert, Lézard des souches,
Lézard des murailles, Lézard vivipare), un à
volume, fruit de cinquante années d'observa- l'Orvet fragile ; puis, voici les Ophidiens, avec
tions biologiques, vient de paraître, sous les l'étude de la Couleuvre d'Esculape, de la Cou-
auspices dela Société Nationale d'Acclimatation leuvre lisse, du Zaménis, de la Couleuvre vipé-
de France, avec 1 aide du Ministère de l'Edu- rine, de la Vipère bérus et de la Vipère aspic.
cation nationale, de l'Institut de France et du Chacune de ces sortes de monographies
Conseil général de l'Indre. Encore n'est-ce là comprend l'indication des caractères extérieurs
qu'une partie des observations, des notes, pa- de l'animal considéré, la coloration et ses
ti entes et méthodiques,accumulées par Raymond variétés, l'habitat, la nourriture, les ennemis,
Rollinat sur le comportement de ses animaux la capture, l'hivernage, la reproduction et une
préférés, une espèce de Tortue, cinq espèces foule de détails animentchacun de ces passages.
de Sauriens, sept espèces d'Ophidiens ; animaux On a toujours tendance à rapprocher Rollinat
qu'il avait accoutumés à vivre à sa portée, dans de Fabre et il y a sans conteste des anaiogies
les conditions les plus proches de l'état de dans le genre de vie de ces deux naturalistes.
nature, si bien que chaque vicissitude de leur Je ne m'attacherai point à pousser, jusque dans
existence de Reptiles lui était devenue familière. leurs œuvres, un parallèle critique. Mais celle
A Mme M. Phisalix, « notre grande prêtresse de Rollinat, porte, à chaque page, la marque
des animaux venimeux », fut dévolu le soin d'une observation extrêmement précise, inven-
d'élaguer l'énorme documentation manuscrite tive aussi et alerte. Dans l'exposé, point de
laissée par Rollinat, d'éliminer les redites, tout lyrisme enveloppant : un style net, clair, sans
en gardant l'essentiel et le caractère d'une recherches.
œuvre pleine de charme et de fines obser- Que de faits intéressants, mis en évidence
vations.
Le Dr G. V. Legros, gendre et biographe de par Rollinat, il faudrait pouvoir signaler au
si l'on ne risquait d'excéder le cadre
J.-H. Fabre, en une très belle introduction, lecteur,
de ces compte-rendus bibliographiques !
nous fait connaître Raymond Rollinat en retra- Notons cependant les belles observations tou-
çant sa vie. chant la ponte de la Cistude d'Europe, la finesse
« Il était fortuné, écrit Gaston Chérau, dans
avec laquelle est analysé le mouvement des
un article de l'Illustration sur le naturaliste pattes
argentonais, destiné comme tout héritier de la l'œuf postérieures qui, alternativement, guident
bonne bourgeoisie à être oisif ». Et sans doute femelle vers l'orifice de la chambre de ponte. La
les représentants de cette bonne bourgeoisie détrempe la terre où elle creuse le trou
dont il était issu, n'eussent-ils point compris qui contiendra ses œufs, au moyen de l'eau
rempli
cette forme de labeur qu'imposait la vocation dont elle a ses poches ou vessies lom-
de Rollinat, cette passion pour les bêtes, son baires, dépendances du cloaque.
besoin de s'enfermer dans sa maison d'Argen- Si le sol est trop dur, si la provision d'eau
ton, plus près d'elles que des hommes, et cette est épuisée, la Cistude peut interrompre son
préoccupation de saisir parmi les rythmes de travail pour aller au bassin remplir, à nouveau,
leur existence, après leur frénésie génésique, ses réservoirs.
toutes les phases de leur reproduction. Le récit de l'accouplement du Lézard vert
Le Dr Legros nous fait connaître son Musée, doit être également retenu ; violence du mâle
nous promène dans son jardin d'études : bassins vis-à-vis de la femelle qui se débat, au point
de ciment pour les Cistudes, rocher artificiel que dans l'étreinte, il arrive que le foie et les
destiné aux Lézards, cages spéciales qui lui œufs, dans les oviductes, soient broyés ; mais
permettaient de transporter ses Reptiles jus- la rude initiation faite, voici la femelle qui
qu'auprès de son lit, fumier et refuges d'hiver- recherche les mâles au lieu de les fuir. Dans
nage, couveuses artificielles établies sur ses son introduction, le Dr Legros a bien condensé
indications. D'ailleurs, si le monde des Reptiles toutes les révélations que nous ont apportées les
fut, par dessus tout, son domaine, le naturaliste observations de Rollinat sur l'accouplement
qu'était Rollinat devait s'intéresser aux ani- chez les Reptiles : permanente activité des
maux les plus divers. Il consacra, avec René glandes séminales, accouplements hors saison
Martin, un volume aux Vertébrés sauvages du qui ne paraissent avoir d'autres fins que le
département de l'Indre ; sa vocation d'obser- plaisir. Tout cela, complété par des recherches
vateur nous valut d'excellentes publications embryologiques : mois par mois l'état et l'évo-
sur la destruction des Rapaces diurnes et lution des organes génitaux sont suivis, le pro-
grès de la maturation des ovules, les stades de prenaient leur nourriture près de ses lèvres,
transformations du fœtus. les Couleuvres devenues familières ont été dis-
Rollinat, passait, comme il convient avec une persés ;dispersées aussi les belles collections,
telle existence, pour original, nerveux et fan- patiemment et amoureusementconstituées, puis-
tasque. Il a pu écrire cependant, de lui-même : qu'une partie seulement a pu être acceptée par
« J'ai eu deux grands défauts dans mon exis- le Muséum (le reste est au Musée de Bourges) ;
tence, la sensiblerie et l'amour des Chats ». la maison a été vendue, le jardin transformé...
Cette « sensiblerie » se manifeste par une Que resterait-il de cette belle vie de natura-
clause de son testament qui porte en elle beau- liste, sans ce livre où par l'image et par l'es-
coup d'émotion : il demanda qu'après sa mort, prit, son auteur revit tout entier ?
aux beaux jours, ses Sauriens et Serpents Je n'aurais garde d'oublier, en terminant, de
fussent relâchés dans la vaste nature. Ainsi les signaler aux lecteurs les admirables planches
Cistudes centenaires, qui venaient à sa ren- en quadrichromie dues au pinceau de MUe Marthe
contre lorsqu'il apparaissait dans son jardin, les Vesque. Quelle finesse et quelle exactitude, tant
Lézards de souches, qui grimpaient sur lui et dans le coloris que dans l'allure !
G. PETir.
Éditeurs :
FÉLIX ALCAN, Paris
NICOLA ZANICHELLI, Bologna
-
AKADEMISCHEVERLAGSGESELLSCHAFTm. b. H., Leipzig - DAVID NUTT, London
G. E. STECHERT & Co. New-York - RUIZ HERMANOS. Madrid - F. MACHADO & C.ia, Porto
THE MARUZEN COMPANY. Tokvo.
-
SOMMAIRE
F. CARIDROIT et V. RÉ&MEii. Etude physiologique de quelques cas d'hérédité
dans la volaille
....
643
M. SAGOT-LESAGE
J. VELLARD
G. PETIT
..
....... , -
.
Le problème des incendies de forêts en Provence
Dans les solitudes du Grand Chaco
CHRONIQUE DU CINÉMA DOCUMENTAIRE. —
.
*
"KAYAK"
.
654
660
670
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RÉDACTION ET ADMINISTRATION
SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE
4, Rue de Tournon, PARIS (vie)
BUREAU
Président : M. Louis MANGIN, membre de l'Institut, directeur honoraire du Muséum
Secrétaire général : M. G. BRESSOU. directeur de l'École d'Alfort.
Vice-présidenis : Secrétaires : Trésorier :
MM. Bois. professeur hono- M. Marcel DUVAU.
raire au Muséum ; MM. Pierre CREPIN
DECHAMBRE, professeur Archiviste
;
CONSEIL D'ADMINISTRATION
MM. A. BARRIOL ; MM. le comte DELAMARRE, MM le docteur ROCHON-DUVI-
DE MONCHAUX GNEAUD ;
BOURDELLE. professeur le prince Paul MURÂT
;
L. ROULE, professeur
au Muséum. ;
ail Muséum ;
le docteur POLAILLON ;
A. CHAPPELLIER ; ROUSSEAU-DECELLE ;
le marquis de PRÉVOI-
DELACOUR SIN Roger de VILMORIN.
Conseil juridique : MI MONIR\. avocat près la Cour d'appel de Paris.
Délégué du Conseil Ed :
:
DELAMARRE ni: MONCHAUX. Secrétaire Ch. VALOIS
BOURDELLE. Délégué du Conseil D' Ho-
Botanique CHON-DUVIGNEAU D
Président D. Bois
Vice-président GUILLAUMIN.
Secrétaire C. GUINET.
:
Délégué du Conseil Roger
de VILMORIN.
sombre. Pas de bordure noire que côte à côte, même dans les
comme chez les vrais Andalous bleus. plumes bicolores.
Toutefois, le rachis des plumes de la 2. — La féminisation d'un soma
gorge est blanc un peu jaunâtre. La neutre donne une Poule bleue. Le
pigmentation rouge a totalement pigment rouge disparaît. Une simple
disparu. féminisation devrait donner une
Poule avec des plumes femelles
Discussion et Conclusions. bleues et des plumes femelles rouges,
1. — Chez des animaux métis puisque ces deux formes existent chez
possédant des gènes ou facteurs les Poules des races en jeu, tandis
d'origine Andalou bleu et d'origine qu'ici, les plumes femelles rouges
Rhode Island rouge, on observe : n'apparaissent pas. En langage géné-
chez les Coqs, un plumage mélangé tique, nous dirons donc que la pig-
de bleu et de rouge et, chez les mentation femelle Rhode Island rouge
Poules, un plumage seulement bleu. est passée à l'état récessif.
La forme neutre réalisée naturel- 3. — Dans quelle catégorie, dans
lement chez le Coq, et par ovariec- quel mode d'hérédité allons-nous
tomie chez la Poule, est commu-ne ; placer ce cas ? Si nous ne considé-
rions que la forme neutre, nous sins l'un de l'autre, varient avec les
dirions que c'est une hérédité en caractères, les régions du corps et
mosaïque ; mais comme la mosaïque aussi avec les individus. D'autre part,
n'apparaît pas lors de la féminisation, la quantité d'hormone circulante,
nous dirons que nous avons là un surtout si elle est ovarienne, n'a pas
cas d'hérédité contrôlée par le sexe ou une valeur constante. Par conséquent,
mieux par l'hormone ovarienne. CetLe les Poules métisses qui, en une région
hormone joue donc un rôle important, quelconque du corps, posséderont
puisqu'elle règle des dominances. un seuil élevé, prendront des plumes
4° On peut se demander s'il ne rouges. Le nombre de nos Poules
serait pas possible d'obtenir, dans métisses fut malheureusement trop
certains cas, des Poules en mosaïque restreint pour avoir la chance de
ou seulement l'apparition de quelques trouver de semblables sujets, mais
plumes rouges. Si l'on considère les le cas n'est pas improbable.
lois d'action des hormones, (et ici le
pigment rouge peut être considéré II. — Autre cas de récessivité du pig-
ment rouge d'origine Rhorte Island
comme un réactif au même titre sous l'influence de l'hormone ova-
qu'un caractère sexuel secondaire), rienne.
on peut répondre affirmativement. Les métis précédents nous ont
Il y a en effet pour chaque caractère montré l'influence ovarienne sur
sexuel un seuil hormonal (minimum l'extériorisation des caractères ra-
efficace) à partir duquel l'action de ciaux. Le nouveau cas que nous
l'hormone devient manifeste; mais allons décrire s'apparente aux précé-
les seuils, bien que parfois très voi- dents uniquement par une action
similaire de L'hormone femelle vis-à- ment rouge disparaît. Les plumes
vis du caractère Rhode Island. du camail deviennent arrondies et
sont barrées noir et blanc. Dans la
Coq 255 : métis de Coq Leghorn la barrure est plus nette.
blanc et d'une femelle elle-même gorge,
Dans la région dorso-lombaire, les
métisse de Coucou de Malines et de plumes de forme totalement femelle
Rhode Island rouge. sont arrondies et sont toutes barrées
Dans le phénotype du plumage Nous observé, dans cette ré-
(ensemble des caractères extériori- gion, avons des plumes intermédiaires,
sés) le Coq ne présente aucune c'est-à-dire des plumes moins arron-
influence Leghorn blanc. Il ne pos- dies les femelles et bordées d'une
sède que le caractère barré -et le ca- étroiteque
zone marginale dépourvue de
ractère rouge. Nous allons exami- barbules. Le pigment était
rouge
ner en détail les différentes régions encore visible dans cette bordure, ce
du plumage (fig. 7). qui n'a rien d'étonnant le seuil ova-
Camail : plumes effilées, barrées rien étant plus élevé qu'au centre,
transversalement de noir.et de blanc, (Lilliey et Juhn).
avec du pigment rouge plus ou moins Le pigment rouge a disparu des
abondant suivant-les plumes et sur- ailes et la barrure s'est généralisée
tout bien visible dans les parties à toutes les plumes.
marginales des barbes.
Gorge : plumes barrées transver- Discussion et Conclusions :
salement de noir et de blanc. Pas de 1. — Deux phénomènes ou, si
pigment rouge. l'on veut, deux modifications impor-
Région dorso-lombaire : toutes les tantes sont provoqués par l'hormone
plumes en lancettes possèdent du ovarienne. D'une part, la disparition
pigment rouge toujours très net dans du pigment rouge et, d'autre part,
la région marginale dépourvue de l'extension à toutes les plumes, de
barbules. La partie axiale varie de- la barrure noire et blanche.
puis l'état bien barré, noir et blanc, On peut encore assez aisément
jusqu'au noir uniforme. concevoir que l'ovaire, par son hor-
Ailes : les petites sus-alaires sont mone circulante, puisse modifier le
barrées avec un peu de rouge dans métabolisme cellulaire des bourgeons
les barres transversales claires. Les de plume pour faire virer en une
moyennes sus-alaires sont rouges. autre couleur la mélanine en forma-
Les grandes sus-alaires sont barrées tion, qui passerait par exemple du
avec très peu de rouge. Les rémiges rouge au noir.
sont grises, un peu barrées. En Plus difficile à comprendre est la
somme l'aile présente une région succession de plumes barrées à des
médiane bien rouge entre deux zones plumes uniformémentrouges, comme
de plumes barrées. les moyennes couvertures de l'aile de
Opérations d'inversion sexuelle : notre sujet ou certaines plumes dorsa-
Le Coq après castration subit à plu- les. C'est que, dans une plume barrée,
sieurs reprises des transplantations il y a un rythme dans la formation de
ovariennes jusqu'à obtention de la mélanine; si nous traduisons dans le
féminisation. temps, nous pouvons dire que dans
Plumage femelle 8) .'les plumes cette plume, le bourgeon fabrique de
prennent la forme femelle et le pig-. la mélanine pendant deux jours, puis
arrête cette fabrication deux jours, bande antérieure est bleue. une
la reprend et ainsi de suite. L'hormone bande moyenne rouge, les grandes
ovarienne ferait donc non seulement couvertures et les rémiges formant
virer la mélanine, mais déclancherait une 3" bande qui est bleue. Quelques
ce rythme dans des bourgeons qui, taches rouges se remarquent dans les
primitivement, ne le possédaient pas. plumes des grandes couvertures.
2. — En langage génétique,
le pigment rouge femelle Rhode
Island est passé à l'état récessif.
Comme dans les métis Andalou
bleu x Rhode Island Red, le phé-
notype est contrôlé par l'hor-
mone ovàrienne, non seulement
du point de vue sexuel, mais
aussi du point de vue racial.
Etude morphologique
ITI. —
d'un croisementcf Leghorn doré
X 9 Andalou blanc maculé.
Les animaux que nous avons
obtenus dans ce croisement sont
à l'étude. Nous ne connaissons
pas encore les résultats de l'in-
version sexuelle que nous leur
avons fait subir. Aussi nous ne
tirons pas toutes les conclusions
qu'on pourrait être en droit
d'en attendre.
1. — Coqs : nous avons 3 Coqs
métis. Leur aspect général est.
quant àLa pigmentation, assez
semblable à celui du Coq 169
(métis Andalou bleu'x Rhode
Island). Leur camail est mélangé
de bleu et de rouge ; les plumes
dorso-lombaires sont aussi mélangées Remarque : l'un de ces Coqs a
de bleu foncé presque noir et de présenté depuis octobre 1934, une
rouge. Dans ces deux régions le pig- curieuse dépigmentation ; les plumes
ment rouge, uniquement marginal, de toutes les régions deviennent
est situé dans la région des barbes blanches. Nous devons toutefois pré-
dépourvues de barbules. ciser que les plumes anciennes
La gorge ou poitrine est bleu restent colorées ; -ce sont des plumes
foncé chez deux sujets, bleu clair nouvelles qui poussent décolorées.
chez un autre ; ce dernier présente Nous ne pensons pas qu'il y ait un
d'ailleurs des flaques rouges dans lien entre l'ascendance (mère Anda-
quelques-unes de ses plumes. lou blanc maculé) et l'albinisme
Les ailes sont tripartites : une déclanché, puisque dans sa jeunesse
l'animal était comme ses frères et la Poule métisse et une véritable An-
que, d'autre part, cet albinisme a daiou bleu conduit à penser que le
été observé dans nombre de races coq Leghorn doré contient probable-
telles que Leghorn doré, Bresse noire, ment un déterminant de mélanine
Coucou, etc... Jusqu'à plus ample noir puisque, dans ce croisement,
informé, nous pensons que ce cas est il produit une Poulesemblable à
accidentel et non lié aux gènes Anda- celle qu'aurait donnée un Coq noir.
lou blanc maculé. 3. — A cause de l'absence île ré-
2. — Poule : la Poule est bleu sultats des inversions sexuelles, nous
clair, avec liséré noir peu net. On la ne pouvons savoir si ce croisement
prendrait pour une véritableAndalou se rattache lui aussi à une forme
bleu. d'hérédité limitée par le sexe.
D'autre part, l'inversion sexuelle
Discussion et conclusions : de la Poule nous renseignera sur
1. — Nous avons cru devoir rap- l'origine de sa mélanine. Une question
porter ce dernier croisement dans cet se pose en eflet : cette mélanine noire
article à cause de la ressemblance est-elle celle de l'Andalou maculé
existant entre les Coqs métis qu'il ou bien vient-elle du Leghorn doré?
donne et ceux du' croisement çf Dans une étude précédente nous avons
Rhode Island X 9 Andalou bleu. montré que l'hormone ovarienne
Même position du pigment rouge. faisait disparaître le pigment noir
même bleu foncé. L'Andalou blanc des blancs maculés. Si la mélanine
maculé s'est comporté dans ce croi- noire de notre Poule a cette origine,
sement comme l'Andalou bleu.. elle doit donner une chaponne très
2. — L'identité de forme entre sombre.
Nous voyons ainsi, encore une fois, mone ovarienne. C. R. Soc. Biol., 1934,
T. CXV, p. 596.
toute l'importance qu'une analyse (Impressions de
expérimentale prend à l'aide des hor- CAULLERY. — Discours
voyage aux Etats-Unis, 1933). Bull. Soc. Zool.
mones sexuelles. de France, 1933. T. LVIII, p. 181.
GUYBNOT.
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Conclusions générales. F. R. LILLIE AND MARY JUHN. — The Phy-
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gical Zoology, 1932. T V, p. 124-184.
sur des volailles se révèlent plus E. RABAUD. — L'Hérédité. Paris, Armand
complexes qu'ailleurs à cause de Colin Editeur, 1921.
l'action de l'hormone ovarienne
sur le plumage. L'étude du croi-
sement çf Rhode Island x 9 An-
dalou bleu montre un cas d'héré-
dité contrôlée par le sexe (sex-
limited) ou mieux par l'hormone
ovarienne. L'étude d'un métis avec
phÓnolype mélangé de pigment
rouge Hhode-lsland et de barré
Coucou montre, sous l'influence
ovarienne. la récessivité du rouge
et l'extension du caractère barré à
des plumes qui ne l'extériorisaient
pas. L absence d'inversion sexuelle
dans un croisement çf Leghorn
doré x 9 Andalou blanc maculé
rend difficile, sinon impossible, la
compréhension des faits de pure
observation.
BIBLIOGRAPHIE
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d'hérédité liée au sexe (sex-linked) mas-
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sexuelle du plumage chez les hybrides du
en présence de l'ovaire, du pigment rouge
de la race Rhode Island dans le croisement croisement : çf Coucou de MalinesX 9 Le-
de cette race avec la race Andalou bleu. C. ghorn doré. C. R. Soc. BioL, 1933. T. CXIII,
R. Soc. BioL. 1934, T. CXV, p. 371. p. 1329.
F. GARIDROIT et V. RÉGNIER. — Nouveau ZAWADOWSKY. — Das Geschlecht und die
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gine Rhode Island sous l'influence de l'hor- cou, Edit. gouvernem. de l'U. R. S. S., 1922.
LE PROBLÈME
DES INCENDIES DE FORÊTS
EN PROVENCE
par
M. SAGOT-LESAGE
du Syndicat professionnel de la Presse scientifique.
retour est écarté pendant une décen- pompiers forestiers sans eau et contre-
nie environ. Un an suffil pour feux pas. toujours judicieusement
retisser un tapis végétal ; en quelques allumés. Dans la lutte contre l'in-
autres années se reforme le maquis cendie, le contre-feu, seul moyen
ignescent, ainsi que des recrus de de combat efficace, est une arme à
Pins, semis naturels qui, amendés par double tranchant qui doit être ma-
niée par des mains expertes. Tel n'est Pourtant une cohésion, un plan
pas le cas et n'importe qui peut user d'ensemble, s'imposerait surtout dans
du contre-feu au prix des pires un massif orographique homogène,
résultats, car il est souvent plus expression géographique complète,
dommageable que l'incendie lui-même. comme celui des Maures.
Quant au concours de la troupe, Quoi qu'il en soit, l'expérience a
J. VELLARD
Correspondant du Muséum.
d'autres tribus sont restées très leur arc et leurs flèches, tandis que
isolées. Parmi ces dernières la tribu les femmes ployaient sous le pqids
des Maka qui par suite de son éloi- de grands filets contenant en plus
gnement a conservé intactes toutes des enfants tous les objets domes-
ses coutumes, est une des plus re- tiques.
marquables du Chaco paraguayen. Le Maka est un des plus beaux
Au nombre d'environ un millier, types d'Indiens du Chaco. L'homme
les Maka vivent dans une dizaine de est très grand — beaucoup dépassen t
villages. entre les rio Confuso et 1 m. 72
— fortement charpenté, de
Monte Lindo (voir croquis géogra- teint très foncé. La femme plus
phique ci-joint) dans la vaste zone petite, est très grasse dans -sa jeu-
de palmarès et de marécages s'éten- nesse et assez agréable ; elle se
dant entre ces deux fleuves. C'est flétrit vite avec l'âge et les vieilles
un peu au nord du Confuso, à une femmes deviennent squelettiques et
soixantaine de kilomètres du fortin hideuses. Tous ont le visage tatoué
paraguayen « Général Aquino » que et souvent peint en rouge avec le
j'ai rencontré ces Indiens pour la roucou. Les Makas sont entièrement
épilés ; poils du corps, barbe, mous- autour des reins une couverture de
taches, sourcils, cils, sont arrachés laine ; les femmes portent un pagne
à l'aide d'une petite pince que les 'analogue, mais en cuir de Chevreuil
hommes conservent toujours dans orné de dessins géométriques rouges.
un sac suspendu à leur cou en Pendant trois mois, en compagnie
même temps que leur pipe, un d'un guide paraguayen, nous avons
morceau de tabac et des aiguilles à vécu au milieu des Makas, de la vie
saignée en os. Seuls les chefs et les même de ces Indiens. Lis se mon-
sorciers gardent quelques poils clair- trèrent hospitaliers, mais em échange
semés au menton. Le matin, ma du moindre objet demandaient de
cabane était toujours remplie d'hom- gros cadeaux sans d'ailleurs se rendre
mes et de femmes venus dans l'espoir compte de là valeur des choses : pour
d'obtenir des cadeaux ; pendant que une couverture un Maka me demanda
les uns s'épilaient, les autres s'enle- mon fusil, ou mon cheval ou un petit
vaient mutuellement leurs poux. sifflet de vingt cinq centimes ! Ma
Ils n'ont pas les lèvres perforées, pacotille bien fournie, miroirs, col-
mais ils s'introduisent dans le lobe des liers, verroterie, étoffes, me permit
oreilles une grosse rondelle de bois de réunir une belle collection d'objets
atteignant 6 et 7 cm. de diamètre. Makas. La grande difficulté du début
Je gagnai l'amitié d'un sorcier en lui fut de nous comprendre. Mon guide,
donnant deux petites boîtes de cirage dont la langue principale était 4e
vides qu'il introduisit aussitôt dans guarani, parlait un peu l'espagnol.
ses oreilles à la place de ses disques Les Makas ne comprennent pas cette
de bois. Les hommes s'enroulent langue et seulement quatre ou cinq
d'entre eux avaient appris quelques au milieu du village et tout en
mots de guarani. Ce fut suftisant pour fumant, ils causent ou jouent à des
établir un premier vocabulaire Maka jeu de hasard de la plus grande sim-
et par la suite je réussis assez vite, à plicité. Quelquefois on les voit pré-
la grande admiration de mon guide, parer des arcs ou des flèches, raccom-
à m'entendre directement avec les moder des calebasses ou faire de
Indiens. Leur familiarité était- ex- grossières poteries.
trême. Je ne pouvais faire un pas Au printemps, quand mûrissent
sans être suivi de 8 à 10 personnes, les fruits des Palmiers et de l'Algaroba
ce qui, à certains moments, était divers), ils célèbrentdes fêtes
quelque peu gênant. de boisson. Les fruits sont recueillis
Les Maltas vivent par villages de
50 à 100 individus. Leurs huttes
longues, basses et étroites, faites de
paille et de branchages, servent à
plusieurs familles. Ces villages sont
d'ordinaire fort sales.
La chasse et la pêche sont les
occupations principales des hommes.
Pour approcher l'Autruche, ils se
couvrent de branchages et s'avancent
à genoux jusqu'à portée de flèche.
De la peau de cet Oiseau ils font des
outres pour conserver l'eau et le
miel.
Ils possèdent de très petites plan-
talions de tabac et de courges,
toujours très insuffisantes et connais-
sent de nombreux fruits et racines
sauvages ; mais souvent quand la
chasse a été mauvaise, ils mangent
des Iguanes ou même des Serpents.
Ce sont encore les femmes qui tissent
de belles couvertures et des ceintures
de laine sur des métiers très primi-
tifs, qui font de grands sacs en filet
pour conserver tous leurs objets, les
Makas ignorant la vannerie ; elles
s'occupent aussi des enfants, pré-
parent la cuisine, vont chercher très
loin les Choux palmistes, un de leurs
principaux aliments, le bois, l'eau,
etc... Rentré de la chasse, l'homme par les femmes qui les mâchent et
ne fait presque rien. Il se couche, les crachent dans de grandes cale-
avive ses peintures, met ses colliers basses. Les hommes les mettent à
de dents d'animaux ou de verroterie, fermenter près du feu en y ajoutant
ses ornements de plumes, etc., puis, de l'eau et du miel. La préparation
le soii\ il rejoint les autres hommes de eette boisson, la chicha, dure un
ou deux jours. Quand elle est prête, tombe dans un état d'hébétude pro-
les hommes se réunissent au centre fonde. Le sorcier le déclare guéri,
du village sous un léger abri de feuil- quitte à reprendre la cure un peu
lage et commencent à boire dans de plus tard.
petites écuelles circulant à la ronde. Le sorcier joue d'ailleurs un très
Au bout de plusieurs heures appa- grand rôle chez les Makas. Il est
raissent les premiers signes d'ivresse.
Ils parlent tous à la fois à voix haute,
se défient, chantent, puis finissent par
s'endormir. Les femmes et les jeunes
gens non mariés regardent sans boire
ni prendre part à la fête.
Les soirs de clair de lune, les
jeunes gens des deux sexes se réu-
nissent pour danser. Ils se tiennent
par les épaules et se placent sur deux
files se faisant vis-à-vis. Au son d'une
mélopée sourde et saccadée, sans
paroles, une des files avance de
quelques pas, en frappant fortement
le sol avec les pieds, tandis que
l'autre file recule d'autant en sens
contraire, puis le mouvement se
renverse. Ils exécutent aussi quelques
autres figures, rondes, défilés, tou-
jours sur le même rythme. Les
hommes et les femmes mariés accom-
pagnent les danses en frappant en
cadence dans leurs mains ou en agi-
tant des gourdes remplies de graines,
faisant un bruit infernal.
Les nuits sont rarement calmes
dans un village Maka. Quand il n'y a
pas de danses, on entend un bourdon-
nement continu : c'est le sorcier soi-
gnant quelque malade. Leur méde-
cine purement symbolique n'utilise
aucun médicament. Le sorcier réunit
quatre ou cinq aides et fait allonger
le malade dehors, sur une couver- médecin, magicien, devin, préside
ture. Tous s'accroupissent près du aux naissances,' aux enterrements,
patient et commencent à bourdonner consulte la divinité, etc... Rien ne
la bouche presque collée sur son se fait sans sa permission et un
corps. Le bourdonnement va tou- Indien voulant se marier ne demande
jours en s élevant; parfois ils s'inter- pas la femme à ses parents, mais au
rompent et tous ensemble sucent sorcier.
la partie malade. Après quelque Tous ceux qui ont vu le Chaco se
temps de ce supplice, le patient sont demandé si des régions aussi
désolées valent les pertes humaines cette même région entre Casado et
et les désastres économiques provo- Boquerôn ; ils s'occupent d'agricul-
qués par la guerre. Les meilleures ture et surtout de coton, mais ils sont
régions du Chaco possèdent d'excel- trop loin du fleuve et leurs établis-
lents pâturages salés où le bétail sements progressent peu.
se développe rapidement ; mais les Pour les Boliviens la question du
Chevaux ne peuvent y vivre, décimés pétrole est un des grands motifs de
par la trypanosomiase (mal de eade- continuer la guerre ; ils ont besoin
ras) et après quelques mois de cam- d'un port en eau profonde sur le rio
pagne des régiments de cavalerie Paraguay.
partis avec trois chevaux par homme Pour le Paraguay la -question du
étaient entièrement démontés. Les Chaco est une question d'amour
forêts sèches du nord sont riches en propre national, bien légitime, plus
Quebrachos et autres plantes indus- qu'une question économique ; il ne
trielles. C'est grâce au chemin de veut ni aliéner ni se voir enlever une
fer d'un des établissements exploitant parcelle du territoire qu'il croit
le tanin de Quebracho, Puerto Casado, lui appartenir.
qu'au début de la campagne les Para- Sur cette question des droits
guayens ont pu franchir la première historiques des deux belligérants à
zone de marécages et jeter toutes une plus ou moins grande partie du
leurs forces sur Boquerôn rempor- Chaco, la commission d'arbitrage,
tant une série initiale de victoires. qui finira bien par se réunir un jour,
Les Mennonites se sont installés dans pourra seule se prononcer.
CHRONIQUE tDU CINÉMA DOCUMENTAIRE
Alfred VALETTE.
— Voulez-vous être de travail et enfin de se mettre sérieusement à
sourcier ? l'ouvrage.
Ce livre résume encore d'une façon précise
Un sourcier de longue date, M. Alfred Va- les principales théories et méthodes appliquées
lette, ingénieur civil, vient d'écrire un livre jusqu'à présent ; puis, sous forme de souvenirs
fort intéressant, capable de rendre chacun de personnels, parle de quelques travaux de re-
nous sourcier en très peu de temps. cherches effectués par l'auteur dans des condi-
Le titre de cet ouvrage tient du reste sa pro- tions assez différentes. Il donne enfin une
messe tout au long. L'auteur explique comment, marche à suivre très complète pour devenir
selon lui, l'être humain est sensible à l'eau sou- sourcier.
terraine et démontre qu'il ne peut être question Bien présenté, ce livre fort utile à tous, est
de « don » ou de « fluide » particuliers à quelques en vente au prix de 9 francs, franco, dans les
privilégiés. bonnes librairies et chez l'auteur, rue Marceau,
L'important, selon l'auteur, est de bien con- à l'Arba (Alger); cheque postal 119.07.
naître la question, de se former une méthode
Éditeurs
FÉLIX ALCAN. Paris NICOLA ZANI(',HELLI, Bologna
:
AKADEMISCHE VERLAGSGESELLSCHAFTm. b. H.. Leipzig - DAVID NUTT, London
(;. E. STHCHERT & Co.. New-York - RUIZ HERMANOS. Madrid - F. \IACHADO & C.LI, Porto
THE MARUZEN COMPANY, Tokyo.
fi
.............. 219
C
Etude physiologique de quelques cas d'hérédité dans
CARi DROiT (F.) et RÉGNIÈR fV.). —
la volaille 643
CHOPARD (L.). — Les Sauterelles migratrices; utilisation des données biologiques dans
CHOUARD (P.).
—
du Haut-Aragon .........................
la lutte contre ces Insectes
D
-
Autour des canons de Niscle et d'Arazas. Botanique et géographie
523
88
EDMOND-BLANC ...........
E
(F..— 80.00'0 kilomètres à travers l'Afrique..
G
415
H
HÉBIN (L.\ — Observations botaniques et agricoles sur les savanes de Hingerville et de
Grand Bassam (Côte d'Ivoire) 345
HOLLARD — Les énigmes do France. — En explorant un
repère méridional .. 156
J
JARRY-DESLOGES
- R..
 ote sur les plantes fruitières des régions tempérées chaudes
sub-tropicales dont la culture peut donn r des résultats satisfaisants sur la Côte
d'Azur. Leur avenir au point de vue commercial io!)
JOLE AUD
—
L.. — Considérations générales sur la faune des Mammifères du Maroc .. 259
K
KOKSAKOff X.. — .....
Contribution à l'étude du Bieplntropsis mendica Fabr
L
272, i 19
LAVAUDEN
LEGROS
LÉO.N
D- G.
L.— La protection des animaux de
- [Introduction il
Y- t
A.. — Les Auchénidés
.......
.....................
montagne en Europe
..
un extrait de la Vie des Reptiles, de Rollinat].
543
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193
M
MAHÉ
-
G.). La pêche en Indochine
vTh.. Notes canariennes ..
116
MONOD
MOXTI DELLA CORTE
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Comte. — Le jardin zoologique île Rome.......... 451
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PETIT G.. propos du Sélacien de (juerqueville. — Notes sur l'histoire du Cethu-
—
A
rinus maxumus (Günner 277,
' ' ' * *
PETIT G.. — Chronique du Cinéma documentaire.
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— KAYAK
PIVETISAU J.,.
— Histoire du tissu osseux - - . .
515
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PORTEVIN G... — Les Indiens coupeurs de télés 587
.
R
RAGUIN E.. — Les failles vivantes en Californie 603
REGNIER R.J.
— Voir CARIDROIT
REYMOND A. Observations sur la flore et sur la faune de Mongolie et du Sia-Kiang
Turkeslan chinois- De Pékin à Urumlsi : à travers le désert de Gobi el les Monts
-
Célestes avec la mission Citroën Centre-Asie 288
ROCHON-DUVIGNEAUD D' A
-
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tion Berlie, à Tournoux Bassex-Alpesj
ROLLINAT R.), —Notes sur le « Zaménis » ou Couleuvre verte et jaune........
142
335
s
SAGOT-LESAGE .M...
—
Le problème ries incendies de forêts eu Provence. 654
SCEY-MONTBELIARD DE BRI N )JEj. — Le
Musaensete en Ethiopie 21
SEGUY E.. Lucilie soyeuse et le traitement de certaines affections chirurgicales
.....................
29
— La .
ST .IMMLER Cari,. — L'Aigle fauve dans les hautes montagnes de la Suisse
SZECSI L.. —Sur l'art nègre 123
T
T WERNE A. et L.. -
L'origine de la ><
Cité les Côtes » de Clermont-Ferrand - -
103
v
La vie ries Mygales
.............
VELLARD
—
VELLARD ,J.. — Voyage d'un naturaliste à l'Araguaya Brésil— La faune venimeuse 469
VELLARD J.. —
Dans les solitudes du Grand Chaco
.
660
II. — Notes Scientifiques.
DR DIDIER (R.). —
tères Lucanides ........
Description de Coléop-
DRAKE (CARL J.). — Un Tingide nou-
veau provenant de Bornéo et de Ma-
241 didier
SÉGUYCE.).
............
de Lepidolemur ruficaudatus A.
— Contribution à la connais-
sance des Insectes Diptères du Maroc.
Gran-
497
162
lacca
l'ETiT (G.). — Description d'un fœtus
»
107 SÉGTJY(E.). — Une nouvelle espèce de
Toxophora de Madagascar ..... 366
III. —
Conseils aux Naturalistes.
ANONYME. — Instructions pour préparer
les Mammifères en peau ...... 297
H. BERTRAND. — Récolte, élevage et con-
servation des larves aquatiques de
Coléoptères .428
501
MAGNE DE LA CROIX
de zébrures
domestiques ..........
sur
M
(T.). — Persistance
le pelage d'Equidés
165
ANONXME. — Les Indiens du Paraguay 626
.
p
B
PELLEGRIN (D' J.) —
Le Barbeau d'IIaï-
BARRUEL (P.-L — Un Faucon sociable, nan.. 109
la Crésserine
.').
.... 167
•
PETIT (G.). — Notes sur le tribulum .. 622
BUI-THANH-VAN. — La Cigale
BULTTNGAIRE (L.). — Un portrait de
Georges Cuvier enfant
.......
BAZIN.DE JESSEY (Y.). — Un jardin colo-
48
500 Paléontologie.........
PIVETEAU (J.). — Les plus anciens Verté-
brés terrestres et leur importance en
PORTEVIN (G.J. — L'arboretum d'Har-
court .
46
............
cire chez les Insectes 110
D
PORTEVIN (G.). —Les Champignons véné-
DECHAMBRE (Ed.).
du Jardin des Plantes ......
La nouvelle singerie
368
neux
PORTEVIN
de la
(G.).
Nature —
Notes sur la protection
114
171
...-...
PORTEVIN (G.). — Charles Nodier ento-
EDMOND-BLANC (F.).
que de Rarthoum
—
Le Jardin zoologi-
164
mologiste.... 370
PORTEVIN (G.). — Au sujet de Lepiota hel-
veol ,t 432
H PORTEVIN (G.). — Une peuplade peu
connue, les Indiens Guayaki....
....
503
HUGUES CA.). — A propos de captures PORTEVIN (G0. — Les Pucerons et leurs
d'Oiseaux par les plantes.. 300 ennemis 554
HUGUES (A.). — Les mouches disparais- PORTEVIN (G.). — Les Insectes comes-
sent-elles ? 553 tibles 593
• • •
PORTEVIN (G.). — Les pluies de Pois-
......
K sons 627
PORTEVIN(G.). — Un ennemi des Cactus :
(L.). L'Avocat, fruit délicieux
-
le Cactoblatis cactorum 628
............
KUENTZ 111
KUENTZ (L.L Un Cactus merveilleux : PORTEVIN (G.). — Les lacs du Kenya et
Peyotl — de l'Ouganda . 674
le 169
V. — Table alphabétique des chroniques bibliographiques
« Parmi les Livres ».
BEEBE (W.).
Guyane
BERLAND
...........
(L.).
— Dans la jungle de la
etc.).......
—
pions, Araignées,
Les Arachnides (Scor-
440
190
JACOUPY (J.). — La
KITTBNBERGER CK.).
du gros gibier
MAES (P.).
—
transhumance...
— Chasse et capture
dans l'Est Africain..
Un ami de Stendhal, Vic-
256
63
II......319
BOHN (G.). — Leçons de Zoologie et de
511
duction to Zoology
OFFNER (J.) et PONS (J.). — Les plantes
médicinales et aromatiques des Alpes
françaises
128
(H
CAPEK (Karel). — L'année du jardinier
Catalogue des plantes de Madagascar..
CHEVALIER (A.). — Michel Adanson,
voyageur, naturaliste et philosophe..
.
191
128
560
PONS (J.).
— Voir OFFNER (J.)
Revue de Madagascar (La)
ROCHON-DUVIGNEAUD {D"
cherches sur
.....
A.). — Re-
l'œil et la vision chez les
CHOUX (P.). — Les Didiéréacées....
Vertébrés / 191
DEFFONTAINES -
(P.). L'homme et la forêt.
FRANCE(>H. de). — Le sourcier moderne
384
382
127
ROLLINAT (R). — La vie des Reptiles de
la France centrale li39
. Synopsis des principales mesures légis-
GRAY (I)' Il. A.) ei N. M. BLIüH. — The latives concernant la protection des
origin of the Living Matter -128 Oiseaux. Europe 447
GUÉNIOT (D1 A..). — Aperçus louchant THOMAS (J.;. — A travers l'Afrique équa-
les Oiseaux, les Insectes et
les Plantes toriale sauvage.
.............
117
.......
44(j
HARDY (G.). — Géographie et colonisa- VALETTE (A.". — Voulez-vous être sour-
lion 126 cier? 678
Afrique tropicale : Ruwenzori, 121 ; pro- « Cité des Côtes » (Clermont-Ferrand) 103
tection de la faune, 51, 301 ; savanes de AUCHÉNIDÉS............ .
195
Bingerville et Grand Bassam, 315 ; ob-
servations zoologiques,.355;Guépard, 400;
chasse en Afrique, 115 ; art nègre, 423 ;
A.uxicerus multicolor Boil. • .. •
.211
crocodile, 501 ; Jardin des .Plantes de -B
Paraguay
;
Guyane (Vampires), 131 ; le Maté, 441 ;
Araguaya, 469 Indiens Jibaros, 587;
626
traitement d'affections chirurgicales. 29 ;
migration des Cigognes. 57; genèse de la
vie, 58 ; vie des Mygales, 76 ; vitalité des
ANTHROPOLOGIE : races blanches et noires. graines, 117 ; dispersion des espèces.
59 ; le Sinanthropus, 179 ; têtes momi- 118 ; capture d'Oiseau par les plantes.
fiées (Alaska), 180 ; hommes à queue, 217 ; 168. 300 ; curieuse association animale,
cannibalisme, 314,633; origine des Peaux- 177 ; la Bouvière et sa punie, 209 ; — du
Blepharopsis mendica, 272, 494 ; com- phofa (invasion), 376 ; Criquets (La-
portement du Spalax. 353 ; expériences ghouat), 219 ; Coléoptères 'Lucanides,
de déroutage d'Oiseaux migrateurs, 375 ; 241 ; Blepharopsis mendica, 272 494;
Sauterelles migratrices et leur biologie, Mouche des fruits (région parisienne),
,
à Madagascar, 313 ; savanes de la Côte rupestres des Esquimaux, 441 ; les [n-
d'Ivoire, 345 ; une histoire des légumes, diens Guayaki, 503 ; Crocodiles sacrés,
501 ; Indiens coupeurs de têtes, 587 ; le
377 ; plantes fruitières .des régions tem-
pérées chaudes ou sub-tropicales a-ccli- curare, 597 ; tribulum, 622 ; Indiens
matées sur la côte d'Azur, 409 ; vieux
Cèdres deFrance, 440, 596 ; le Maté, 441 ;
nouvel arbuste fruitier, 441 ; arbres d'or-
voir aussi : Musée d' du Trocadéro. -
du Paraguay, 626 ; Indiens Maka, 626 ;
FAUNE (en général) : — de Mongolie -et du
nement et de rapport en France, 531 ; le Sin-Kiang, 28H ; observations zoolo-
Soja, 557 ; deux botanistes de la Haute- giques en Afrique . 345
Ariège, 558 ; Basilic à Camphre, o96 ; FLORE (en général) : de Mongolie et du
vieux Cèdres, .')96 ; forêts de l'Orégon. • 631 Sin-Kiang .288
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membres et les récompenses qu'elle dé- service de la bibliothèque (8.000 vo-
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zoologie et de la botanique appliquées, excursions, aux graines ou aux œufs mis
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1933, 441 pages, 380 figures. 175 fr. 40 fr.
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cinales. 1927, 220 pages. 52 figures,
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JEANNEL (R.). Faune cavernicole de
France, avec une étude des conditions
d'existence dans le domaine souter-
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dins, 1928-1934, 3 volumes, 750 pages, planches 75 fr.
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gnes. 1924, 350 pages, 140 figures, carton 300 fr.
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DANGEARD (P.). Traité d'Algologie. notes de Ch. Pérez, 1928, 116 pages
1933,441 pages, 380 figures. 175 fr. 40 fr.
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ADHÉREZ A LA
SOCIÉTÉNATIONALED'ACCLIMATATION
DE FRANCE
Fondee le 10 février 1854, reconnue d'utilité publique le 26 février 1856
PRÉSIDENT : M. Louis MANGIN, membre de l'Institut
Directeur honoraire du Muséum d'Histoire Naturelle
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Maison fondée en 1849
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Fondee le 10 févrter 1854j reconnue d'utilité publique le 26 février 1856
PRÉSIDENT Louis MANGIN, membre de l'Institut
: M.
Directeur honoraire du Muséum d'Histoire Naturelle
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DE FRANCE
Fondee le 10 février 1854, reconnue d'utilité publique le 26 février 1856
PRÉSIDENT :Louis MANGIN, membre de l'Institut
M.
Directeur honoraire du Muséum d'Histoire Naturelle
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