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(1626-1789)
´ 1. De la notion de conservation
La plûpart des matieres végétales & animales seches, comme feuilles, racines,
viperes, & cloportes séchées, &c. les poudres, sont sur-tout exposées à cette
altération, par la multiplicité des surfaces qu’elles présentent à l’air. On doit donc
tenir toutes ces substances dans des lieux secs & dans des vaisseaux bien
bouchés, ou des boîtes exactement fermées. L’importance de cette méthode
est très-sensible, par la comparaison des plantes seches que les herboristes
gardent en plein air dans leurs boutiques, & de celles qui ont été soigneusement
serrées dans des boîtes ; les premieres, quelque exactement qu’elles ayent été
desséchées, deviennent noires, molles, à demi-moisies ; les dernieres au contraire
sont aussi vertes & aussi saines qu’au moment qu’on les a renfermées. On doit
aussi principalement tenir dans un lieu sec certaines tablettes sujettes à se ramollir
par l’humidité de l’air, comme celles de diacarthami, de citron, &c. & les poudres
dans lesquelles il entre du sucre. Les sels déliquescens qu’on veut garder sous la
forme seche, tels que la pierre à cautere, la terre foliée, &c. doivent être sur-tout
scrupuleusement préservées de toute communication avec l’air, toûjours assez
humide pour les faire tomber en liqueur.
Denis Diderot et Jean le Rond d’Alembert (dir.), Encyclopédie ou Dictionnaire
raisonné des sciences, des arts et des métiers, 1751, t. IV, p. 38-42.
´ « le seul moyen d’y remédier serait de dessécher les
grains et d’arrêter, même de détruire les principes de
fermentation et de corruption dépendant de l’humidité
qu’ils contiennent »
´ Archives nationales, 127 AP 63, Dossier « 1785. Mémoire
sur la conservation des grains, par Fougeroux de
Bondaroy », n° 1, « Premier mémoire sur la conservation
des grains au moyen des étuves, par M. Fougeroux de
Bondaroy »
Jean Henri Samuel
Formey (1711-1797)
Conserver et multiplier
´ 1. De la notion de conservation
´ 2. Les serres au Jardin du Roi : une conservation sous
tension
Jean-Baptiste Hilair, Jardin du Roy. Les serres, 1794, Dessin à la
Jean-Baptiste
plume Hilair,
et encre de Chine,Jardin du Roy.
aquarelle Les serres,
et rehauts de 1794,
blanc,Dessin
17,4 x à25la
plume et encre
cm, BNF, de Chine, Estampes
département aquarelle et
et photographie,
rehauts de blanc, 17,4 x 25
RESERVE
cm, BNF, département Estampes et photographie,
FOL-VE-53 RESERVE
(F), gallica.bnf.fr.
FOL-VE-53 (F), gallica.bnf.fr.
´« les substances solides, liquides, gazeuses, et les
fluides impondérables indispensables à la vie
des plantes »
´André Thouin, Cours de culture et de
naturalisation des végétaux, vol. I, Paris, Mme
Huzard et Deterville, 1827, p.198.
L’imperfection des serres
´ 1. De la notion de conservation
´ 2. Les serres au Jardin du Roi : une conservation sous
tension
´ 3. Serres et climat(s)
Micro-géographie des variations
climatiques
´ « Les gros Tulipiers du Jardin du Roy n’ont pas souffert, mais les
jeunes sont morts aux Chartreux ; il en a été de même des
Lauriers-tulipiers. Je n’ai perdu aucun arbre de Judée, quoique
j’en eusse de forts petits, il en a été de même au Jardin du
Roy, cependant il en est mort plusieurs jeunes aux Chartreux ;
les gros pins n’ont pas souffert, mais les petits sont presque tous
morts, j’en ai seulement réchappé quelques-uns de ceux
qu’on appelle le Pin maritime ; l’Arbousier, moyennant une
légère couverture, a résisté dans le Jardin des Chartreux, mais
il est mort dans celuy du Roy, jusqu’aux racines, qui ont
repoussé au Printemps ; les gros Barba-Jovis ont résisté au
Jardin du Roy, mais les petits ont péri & au Jardin du Roy & aux
Chartreux ; tous les Chèvrefeuilles même celui qui est toujours
verd, ont résisté, ils ont seulement perdu beaucoup de menues
branches. »
´ Henri-Louis Duhamel du Monceau, « Observations botanico-
météorologiques pour l’année 1740 », in Histoire de
l’Académie royale des sciences…, op. cit., 1741, p. 156.
´ « de la zone torride », des
« zones tempérées » ou des
« païs froids »
´ Michel Adanson, Familles des
plantes, Paris, Vincent, 1763,
p.124.
L’« inconséquence » des serres
´ « Cette manière de considérer les plantes montre même
quelle quantité de feu on doit accorder ou refuser à
toutes les herbes méridionales qu’on veut conserver dans
les régions du nord pendant les froids de l’hiver : elle nous
montre aussi l’inconséquence de loger dans une même
serre une variété étonnante de plantes de différents
climats qui demandent à Paris, par exemple, divers
degrés de feu conservateur, en sorte que leur limite
assignée sur les thermomètres est une borne factice
qu’on doit varier selon les différents climats des plantes
qu’on veut conserver. »
´ Jean-Louis Giraud-Soulavie, Histoire de la France
méridionale. Seconde partie. Les végétaux, Paris, Quillau,
Merigot l’aîné et jeune et Belin, Paris, 1782, t. I, p. 177.
´ « Ainsi la zone torride, quoique près d’une fois plus petite
que les deux zones tempérées, prises ensemble, produit
autant de plantes, & presque une fois davantage
qu’elles, à proportion de l’étendue du terrain ; elle est
donc la plus variée dans ses productions végétales, & les
tempérées paroissent être les plus fertiles & les plus
abondantes par la somme totale de ces mêmes
productions. »
´ Michel Adanson, Familles des plantes, op. cit., p. 54.
II. Agrandir le Jardin du Roi, un enjeu
environnemental
´ 1. L’urine et le fumier
´ 2. Des nuisances aux pollutions
´ 3. « On veut enfermer, ombrager, infecter le Jardin du
Roi »
« On veut enfermer, ombrager, infecter le Jardin du Roi
en plaçant tout auprès de tous les chevaux et voitures
des fiacres de Paris »
Georges-Louis Leclerc, Comte de Buffon,
Correspondance générale, Paris, Le Vasseur, 1884-1885,
t. XIII, p. 436-437.
« Les plantes ombragées par les bâtiments élevés ou par
d’autres plantes ne s’acquittent pas de ce devoir, c’est-
à-dire n’améliorent pas l’air, mais au contraire exhalent
un air malfaisant et répandent un vrai poison dans l’air qui
nous environne. »
Jan Ingenhousz, Expériences sur les végétaux,
spécialement sur la propriété qu'ils possèdent à un haut
degré, soit d'améliorer l'air quand ils sont au soleil, soit de
le corrompre la nuit, ou lorsqu'ils sont à l'ombre, Paris,
Théophile Barrois le jeune, 1787, t. 1.
« Indépendamment de ces différentes
substances [l’eau de pluie et les sels] qui
sont étrangères à l’air, on ne sauroit
douter que ce fluide [l’air] lui-même
n’entre en proportion très considérable
dans la texture des végétaux, & qu’il ne
contribue pour beaucoup à en
constituer les parties solides ».