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William Polidori]
Original illisible
N F Z 43-120-10
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des documents microfilmés
FANTASTIQUES
M~
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AMËDËK: CI~AILLOT, MDITEUn
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's/~AMïM
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L& ~é~~r~ttt ~rt de fondement
tonte est MnhcKeth; dans i'Ô~cnt.EMe est c<nm-
mane chez les Afa~es ccpcndam cMe ne se
répandit chez !cs €rc<cs ~câpres têt~MMsement
dn chrMtMnMmp, et elle n'a pris ta f~me dont
cMe eat Mvêtae que depo!s !a séparation d~
DCfandboii!).
vinssent à leur tour et nctourm~('nt;tsspnt tes
vivants.
On rapporte ici ce conte absurde, parce que,
plus que tout autre, it nous a semblé propre
à edaircir le sujet qui nous occupe. Dans p~u-
sieurs parties de li Grèce, on considère le vam*
pirismo comme une punition qui poursuit, après
sa mort, celui qui s'cst rendu coupabh; de
quelque grand crime durant sa vie. JI est con-
damné à tourmenterde préférence par ses visites
tn~ernàtcs hs personnes qu'il aimait le plus,
ccUesaqui il était uni par les liens du sang et de
la tendresse. C'est à cela que fait allusion un
passade du ~<MM~
But first on earth, as Vampire sent, etc.
y
fut déposa à côté de ccHe -lui avait été taut
de fois t'objet de ses rôvcs. Visions brittan-
tes et fugitives évanouies avec la fleur
d'lanthe 1 it ne pouvait démêler ses pensées, son
esprit était engourdi et semblait craindre de
former une reHex ion il tenait à la main, pres-
~uc sans le savoir, un poignard d'une forme
extraordinaire qu'on avait trouve dans !a
cabane. !ts rencontrèrent bientôt différentes
trutupes que la mère d'tanthc avait envoyées à
la recherche de sa nHe, dCs quelle s'était aperçue
de son absence. Leurs cris lamentâmes à !appro
che de !a vi!!e, apprirent aux parents qu'il était
arrive une catastrophe terrible. n aérait impos-
sib!e de pfittdre leur désespoir mai~ torsqu'its
reconnurent la cause de la mort de tcur nHe,
ils r~arderent tour*a.tour son corps inanimé
et Auhrey. Ils furent inconso!.)!)tcs et moururent
tous !ps deux (h* douh'ur.
Auhrey fut mis au lit une nevrc viotcntc
le saisit. Il fut souvent dans !cde!irc; dans
ces intprvat!ej", il prononçaitte nom de Mathvcn
etd'tanthc; par une étrange combinaison d idées,
il semblait suppUer son ancien ami d'épargner
l'objet de son amour. D'autres fois, i! t'accabtait
d'imprécations, et le maudissait comme l'assas-
sin de la jeune Me. Lord Ruthven arriva à
Athènes a cette époque, et, on ne sait par quel
motif, dès qu'il apprit l'état d'Aubrey, il vint
habiter !a mémo maison que lui, et le soigna
constamment. Lorsqu'Aubrey sortit du détirc,
l'aspect d'an homme dont tes traits lui présen-
taient l'image don vampire, te frapppa dctprrcur~
mais Ruthven, par ses douces paroles,
par son
repentir de la faute qui avait causé iear sépa-
ration, et encore p!us par sfs attentions,
son
inqaiotudeetses soins assidns, lui rendit bientôt
sa présenceagréable. Il paraissait tout à fait chah*
gé ce n'était plus cette être apathique qui avait
tant étonné Auhrey. Mais à mesure qucce!ai.ci
recouvra la santé, te tord revint peu à peu à
son ancien caractère et Aubrey n'aperçut dan~
ses traits d'autre différence que le sourire d'une
joie malignc qui venait quelquefois
se jouer
sur ses lèvres, tandis que son regard était nx6
sur lui Aubrey n'en connaissait pas le motif,
mais ce sourire était fréquent. Sur la En de la
convalescence du malade, lord Ruthven
parut
uniquement occupé, tantôt à considérer tes
vagues de cette mer qu'aucune marée n'agite,
amoncelées par la bise, tantôt à observer la
course de ces gtobfs qui roulent, comme notre
2
monde, autour dx xoh'it immobitc il semblait
vouloir éviter tous les regards.
Ce coup terrible avait beaucoup affaibli tes
forces morales d'Aubrey et cette vivacité
d'imagination qui le distinguait autrefois sem-
blait l'avoir abandonné pour jamais. Le silence
et la soUtude avaient autant de charmes pour
lui que pour lord Ruthven. Mais cette solitude
qu'H aimait tant, il né pouvait pas la trouver
aux environs d'Athènes s'il la cherchait au
milieu des ruines qu'il fréquentait autrefois,
t'image d'ïanthc se tenait auprès de lui s'H !a
cherchait dans la foret, il la voyait encore
errant au mitieu de~ taillis, courant d'un pied
léger, ou occupée à cueillir la modeste violette,
puis tout d'un coup pt!e lui montrait, en se
retournant, son visage couvert d'une patcur
mortelle et sa gorge ensanglantée) tandis qu'un
sourire m<:tanco!iqae errait sur ses tôvres déco-
forces. résolut de fuir une contrée où tout
lui rappelait des souvenirs amers. H proposa
à lord Ruthven, à qui il se sentait uni par les
liensdela reconnaissance,de parcourircescontrées
de la Gréée que personne n'avait encore visitées.
tts voyagèrent dans toutes tes directions, n'ou-
bliant aucun lieu célèbre et s'arrêtant devant
tous tes débris qui rappelaient un illustre sou
venir. Lepcndant ils paratssatcnt occupés de
tout autre chose que des objets qu'ils avaient
sous tes yeux. Ils entendaient beaucoup parler
de brigands, mais ils commençaient à faire
pou
de cas de ces bruits, en attribuant l'invention
aux habitants qui avaient intérêt à exciter ainsi
la générosité de ceux qu'ils protégeraient
contre
ces prétendus dangers. Neigeant tes avis des
gens du pays, ils voyagèrent une fois avec un
petit nombre de gardes qu'ils avaient pris ptutôt
pour leur servir de guides que pour les défendre.
Au moment où ils entraient dans un défilé
étroit, dans le fond duquel roulait
un torrent,
dont le lit était encombré d'énormes
masses de
rocs qui s'étaient détachés des précipices voisins,
ils recommencèrent à
so repentir de leur con-
Cancc car à peine toute leor
troupe fut engagée
dans cet étroit passage, qu'ils entendirent
le
sifOcment des balles au-dessus de leurs
têtes, et
un instant après les échos répétèrent le bruit
de plusieurs coups de feu. Aussitôt leurs
gardes
les abandonnèrent, et coururent
se placer der-
riére des rochers, prêts à faire feu du
coté
d'où tes coups étaient partis. Lord Rothven
Aubrey, imitant leur exemple,
et
se réfugièrent
un moment & l'abri d'un roc avance, mais
bientôt, honteux de se cacher ainsi devant
un
ennemi dont les cris insultants tes devient
d'avancer, se voyant d'abord exposes & une mott t,
presque certaine, si quetqocs brigands grim-
paient sur les rochers au-dessus d'eux et les
prenaient par derrière, ils résolurent d'aller a
leur rencontre. A peine turent-ils dépasse le
roc qui tes protégeait, que lord Ruthvcn reçut
une balle dans t'cpautc qui te renversa. Aubrey
<:ourMt poor le secourir, et ne songeant pas a
son propre péril, il fatsurpris de se voir entouré
par tes brigands. Les gardes avaient mis bas
les armes, dès que lord ~utuvon a~nit cte
blessé.
Par la promesse d'une grande récompense,
Aubrey engagea les brigands à transporter son
ami blessé dans une chaumière voisine. JI con-
vint avec eux dunerancoM.ctnefutptustrou-
bto parieur présence ils se contentèrent de garder
t'entrep, jusqu'au retour de leur camarade, qui
était allé toucher h somme promise avec un
ordre d'Aubrcy. Les forces de lord Ruthven
s'affaissèrent rapidement deux jours après, la
gr&ngrenc se mit i sa blessure; et la mort
semblait savancer à grands pas. Sa conduite
et son extérieur étaient toujours les mêmes. I!
paraissait aussi insensible à sa douleur qu'aux
objets qui l'environnaient. Cependant vers
nn du jour son esprit parut fort agite; ses
yca< se nxaicnt souvent sur Aubrey, qui lui
prodiguait ses soins avec la plus grande
sotHcitude. –<fSecourez-moi!vouste pouvez.
Sauvez. je ne dis pas ma vie; rien ne peut
la sauver je ne la regrette pas plus que !e
jour qui vient de finir mais sauvez mon
honneur, honneur de votre ami.
» « Com-
nrtent ? que vou!ex-vousdire !je ferai tout pour
vous, M répondit Auhrey. je donandchien
peu de chose. !a vie m'ahandonne. je ne
puis tout vous fxptiquer. Mais si vous
~ar<tpz le silence sur fc que vous savez de
moi, mon honneur sera sans tache. et. si
pendant quelque temps on ignorait ma mort
en Angleterre. et.
monde t'ignorera. »
ma vie. n Tout le
« Jurex, » cria le mou-
rant ea se levant avec force, « jurez par tout
<'c que votre âme révère, par tout ce queUe
craint, jurez que d'un an et un jour,
vous
ne ferez connaître aucun être vivant mcf:
crimes et ma mort, quoi qu'H puisse arriver,
quoi que vous puissiez voir! )) Ses yeul
etince!ants semblaient sortir de leur orbite.
« Je le jure, » dit Aubrey. Lord Rothven
retomba sur sou oreiller avec un rire affreux,
c( i! ne respirai ptns.
Aubrey se retira pour se reposer, mais il
ne put dormir; tous les événements qui avaieut(
marque ses relationsavec cet homme se retra-
çaient à son esprit il ne s avait pourquoi, lors-
qu'il se rappelait son serment, un frisson glacé
courait dans ses veines, comme s'ii eut été agité
par an horrible pressentiment. se leva de
grand matin, et au moment où il entrait dans
le lieu où il avait laissé le cadavre, il rencontra
un des voleurs qui lui dit que, conformément
à la promesse qu'ils avaient faite à sa seigneu-
KC, tui et ses camarades avaient transporté son
corps au sommet d'une montagne; il ne trou va
aucune trace du corps ni de ses vêtements,
quoique !esvo!enrs lui jcrassentqu'i!8!'avatent
reposé sur le même rocher qu'ils indiquaient.
MiHe conjectures se présentèrent à son esprit,
mais il retourna enfin, convaincu qu'on avait
enseveli le cadavre après l'avoir dépouillé de ce
qui ïc couvrait.
Lassé d'un pays où il avait éprouvé des
malheurs si terribles, pt où tout conspirait à
rendre plus profonde la mélancolie que des
Mecs superstitieuses avaient fait naître dans
son~ âme, il résolut de fuir et arriva bientôt à
Smyrne. Tandis qu'il attendait un vaisseau qui
devait le transporter a Otrantc ou à Nap~. il
s'occupa à mettre en ordre quelques ctfets quti
avaient appartenu à lord Ruthven. Entr'autres
objets it trouva une cassette qui eoo tenait
ptusieursarmes offensives plus on moins
propres
à assurer la mort de la victime qui
en était
frappée il y avait plusieurs poignards sabres
et
orientaux. Pendant qu U examinait leurs formes
curieuses, queUe fut sa surprise de rcacontrer
un fourreau dont hs ornement étaient da~meme
go&t que ceux du ~ignard trouvé dans la fatale
cabane!I tt frissonna: pour mettre
an terme
à son incertitadp, il courut chercher cette
arme
et découvrit avec horreur qu'elle s'adaptait
parfaitement avec le fourreau qu'it tenait
dans la main. Spsycux n'avaient
pas besoin
d'autrt's preuves il ne pouvait détacher du.
se
poignard. Aubrey aurait vouln récuser le témoi-
gnage de sa vue mais la forme particulière de
t'arme, tes ornements de la poignée pareils
à
ceux du fourreau, détruisaient tous tes doutes;
bien plus l'un tt l'autre étaient tachés de
sang.
tt quitta Smyrnc et, en retournant dans
sa
patrie, il passa à Rome, où il s'informa dp la
jeune perMonc que tord Ruthven avait cherché
à séduire. Ses parents étaient dans la détresse
ils aTaicntpcrdn t<'Mt<' !<'ar fortune,
et on n'avait
p!us entendu parler de leur fille depuis le départ
du lord. L'esprit d'Aubrey était accab!e de tant
d'horreurs il craignait qu'elle n'c&t été la
victime du meurtrier dtanthc! Toujours plongé
dans nnc sombre rêverie, il ne semblait <'n
sortir que pour presser les postitton~ comme
si la rapidité de sa course eut dû sauver !a
vie à quelqu'un qui lui était cher. Ennn il
arriva bientôt à Calais un vent qui parais-
sait seconder sa votonté le conduisit en
pen d'heures sur les rivages do l'An-
gtctctrc 1 tt courut a la maison de ses
pères, et oublia pour un moment, au milieu
des cmbrasscments de sa sfeur, !c souvenir
du passé. Sescaresses enfantines avaient autrefois
gagné eon affection, et aujourd'hui qu'elle était
embellie des charmes et des grâces de son sexe,
sa société était devenue encore plus précieuse a
son frère.
Miss Aubrcy n'avait pas ces dehors qui
sèduisent et qui attirent les regards et. les
applaudissements dans les ccrctcs et tes asscm-
blées. Elle ne possédait pas cette !egeret6 bril-
lante qui n'existe que dans les salons. Son o'H
bleu ne respirait pas !a vivacité d'un esprit
enjoué; maison voyait s'y peindre cette doue e
tn'an<'n)i~ qur !pmn!nrn'ap?)s faitnaUrr,
mais qui revête une Ame soupirant après un
meilleur monde. Sa démarche n'était pas tcgcrc
comme celle de la beauté qui poursuit un
papillon ou un objet qui t'ébtouit par le vif
éclat de ses couleurs; elle était calme et réMéchic.
Lorsqucttc était seule, le sourire de la joie ne
venait jamais luire sur son visage mais quand
son frère lui exprimait son affection, quand
il oubliait auprès d'elle !ps chagrins qui troa.
h!aicnt son repos, qui aurait préféré son sourire a
c<ui d'une beauté voluptueuse? Tousses traits
peignaient alors tes sentiments qui étaient na-
turctsàson âme. Elle n'avait que dix-hattans,
et n'avait pas encore paru dans la société, ses
tuteurs ayant pensé qu'il convenait d'attendre
le retour de son frère, qui serait son protecteur.
On avait décidé que la première assemb!écà la
cour serait l'époque de son entrée dans le monde.
Auhrey aurait préféré demeurer dans
sa maison
pour se livrer sans réserve à sa mélancolie. !t ne
pouvait pas prendre un grand intérêt a toutes tes
frivolités de ces réunions, lui qui avait été
tourmenté par tnus !es événements dont i!
avait été le témoin; mais it rcsotutdcsacrincr
ses goûts à l'intérêt de sa sœur. Ils arrivèrent à
Londres et se préparèrent à paraître le !ende-
main a t'assemh!ée qui devait avoir lieu
a la
'our.
j~a réunion était nombreuse; i! n'y avait
pas eu de réception à la cour depuis long.
~emps, et toos ceux qui étaient jaloux de se
réchauffer au sourire de la royauté y étaient
accparas. Aubrey s'y rendit avec sa sœur. H se
tenait dans nn .coin, inattentif à tout ce qui
!:c passait autour de lui,et se rappelant avec
uno douleur amère, que c'était dans ce lieu
même qu'il avait vu lord Ruthvpn pour la
prc<nicrc fois tout-à.coup il se sent saisi par
le bras, et une voix qu'il reconnut trop bien,
retentit à son oreille ~oM~'cM~ot de ton scr-
weM< Il osait a peine se retourner, redoutantt
de voir un sprctrequi l'aurait anéanti, torsqu'it
aperçoit, a quciques pas de lui, le même person-
nage qui avait attiré son attention dans ce lieu
mémo, lors de sa première entrée dans le monde.
Il ipc peut en détourner ses yeux mais bientôt
ses jambes aéchissent sous le poids de son corps,
M est iCorce de prendre k bras d'un ami pour
~AM NOPPMAMM
fAB nOFPHAMM
1't-
~<
quin, était ce quon nomme vulgairement un
boitait, et cependant il marchait
si doucement, qu'on n'entendait point ses pas.
Je tenais toujours la gazette devant moi, mais
mes regards se portaient par dessus pour obser-
ver ce merveilleux personnage.
Comme il passait devant la table d'échecs, un
des joueurs dit d'un air triomphant à son advcr-
Mire -Vous êtes perdu sans ressource L't~bit
rouge s'arrêta un datant, jeta un coup d'œ~
rapide sur le jeu et dit au vainqueur –Vous
~tcsavengte, au troisième coup vous serez mat.
Le gagnant se mit à rire avec dédain; le perdant
remua la tête d'un air de doute, et au troisième
coup, le premier fut en effet échec et mat.
Tandis que les joueurs replaçaient leurs piè-
ces, un des jeunes gens dit à habit rMgc:
Vous riez, monsieur, de ce que nous disons
vous n'avez pas iair de croire aux csprtts cc-
pendant si vous avie? lu Schelling.
Bah 1 votre philosophe Schelling n'est
votre nom ?
Mon nom ne fait nco & l'affaire, je suis
un Mantcaffc!.
Ce nom, qui en aUemandsigni~c ~omM~M~~
ft qui est celui d'une ancienne famille de Prusse,
aogmpnta ma surprise et ma pcrptp~itc. J igno<
rais s~ partait sérieusement ou si, devinant mes
craintes superstitieuses, il voûtait s'en amuser.
En ce moment, on ouvrit ta porte, et l'hôte
entra tenant une lettre qui venait de la poste.
Je la pris de ses mains,
Lisez d'abord cette lettre, dit l'habit rouge,
nous causerons ensuite. Cette lettre est sans
doute de votre aimable Fanny.
Je fus plus interdit que jamais.
Savez-vous enfin qui je suis et ce que je
\pun de vous? me dt~it avec son rircinfcruat~
J'avais envie de lui répondre Je vois bien
que vous êtes Satan en personne, et que c'est
mon âme que vous marchandex mais je me
contins, et je gardai le silence. Alors it me dit
que sachant que j'aHa's à Wurtzbonrg, et tu~
même devant passer par cotte vitte, il venait
m offrir
un~ place dans sa voiture. Je le remer-
ciai et je !ui dis que j'avais déjà arrêté dca
thevanx de poste, tt en parmMntrariCjt et comme
vexé de ne pouvoir gagner ma cannance.
Yoas ptcs bien peu sociable, me dit-il,
cependant H faudra bien que je voie votre Fanny~
Auguste* et le petit Léopold. Ne
voyez-vous donc
pas que je vous veux rendre un service ? Parte?
donc,d!tps-<poi comment je pourrais vous être
utile.
En effet on pourrait en ce moment me
rendre un grand service. J'ai perdu mon porter
<cui!!c;s! vous êtes sorcier, faites'te-moi retrou-
ver.
!t ncsagit que d'un portc-feuiHe? Ce n'est
pas ta peine; nave~-vous pas dautre service à
me demander?
Mais ce porte-feuille contenait deux mille
thaters en hillets de banque, et de plus des
napicrs importants.
Comment était ce pojrtc Quitte ?
Couvert de soie verte, <'t orno de
mon
chiffre hrode. C'était un trayait de
ma femme.
Alors l'enveloppe vaut ptusquoecqu'H
tint. f! se mit encore à rire d un air con-
mo.
qucur: Que me donnerez-vous, dit-il si je
repare cette perte ?'1
A ces mots, il me regarda fixement,
comme
s'il eût attendu pour repottM* Je
vous donne-
rai mon âme! Comme je gardais !esi!cn<'e, i!
porta la main à 'sa poche, et en tira mon pnr-
te-feuHte.
J'ai trouvf t<' porte.feui!te hier, n quatre
heure: sur le pont de la Motdau,
me dit.it.
Kn effet, j'avais passe sur te pont à cette heure,
et je me sou vins d'avoir ouvert mouporte-feuittc
en cet endroit.
Comme je ne savais pas <}<n l'avait perdu,
ajouta-t-il, je t'ouvris et jetâtes papiers
pour
en connaître le possesseur. Une carte m'apprit
votre nom et votre domicile, je suis déjà venu
hier, mais je ne vous ai pas trouve.
J'aurais saut< au cou de l'habit rouge tant
ma
joie était grande ette ectatnit en proportion
de la vivacité de mon chagrin. Je
me confondis
en retnerc!ments, mais sans m'ccouter: Bon
voyage, me dit-il nous nous reverrons et il
disparut.
Monport!.fcnit!cctaf)theureusement retrotné
je n'avais pins f;ua partir. Je payât l'hôte, et d<ji<
je descendais !<'s('a!icr, suivi par mon domcsti*
que nui portait ma rnaHe, iorsquc je rencontrai
mon frcr)' qui montait tca marches. Je rt'ntontoi
avec lui dans ma chambre et là il m'apprit
qt)i! avait arrange ses affaires, et qu'il avait
crudf~oiryrnirtui-tn~mcarra~uc pour <nc!'at~
ttoncc<sa( haut MMnhicn j'en serais bcurenx. it
se proposait do quitter le connnen'c, où. disait-il
!on est sans cef-se exposé o être tniHionnaire au*
jourdbni, et ruiné demain ou i'on e&t tantôt
!u!'j<'t do la considération pubHqne, tantôt en
butte aux outrages. devait se retirer dans notre
~t!c.
Je conduisis mon frère dansnuetques maisons~
mais devinant mon impatience de revoir mat
fainille, il m'engagea tui même à ne pas différer
mon départ.
Je partis donc, je passai en route deux jours
et une nuit mais la seconde journée était fort
avancée sans que je fusse arrivé chez moi. En
vain j'excitais le postillon par l'argent et les
parois la nuit s'avançait et j'étais encore loin
de !'ob)Pt de mes désirs. Depuis près de trois
moi,jcna~aispas vuFanny! Je tremblais de
Mvicscmcnt en songeant que bientôt je serais
dans tes bras de celle que j'aimais umquemeni*
J'étais uni à c!!c non-seulement par les Mens
religieux du mariage, ma~s encore par l'affection
ta plus tendre et la plus respectueuse. Je dois
pourtant avouer que j'avais ça uo premier
amour mais celle qui en avait ~rob~et m'a-
vait été refusée par l'orgueil de ses parentSt Elle
s'appelait Julie, etavait été manee a un riche
gentilhomme polonais. On saït combien sont
fugitives tes passions de la jeunesse qu'elle croit
devoir être éternelles. Julie n'avait donc laissé
qa'an so~veMr bien effacé dans mon esprit.
Mon cœnr tout entier était & ma femme.
L'horloge de la ville sonnait une heure,
lorsque ma chaise de poste entra dans les rues
plongées dans le plus profond silence; nous des.
ceadtmes à t hôte! de ta poste, où je laissai mon
domestique avec mes effets, résolu à n'y venir
passer le reste de la nuit, que si je ne trouvais
personne chez moi levé pour m'attendre. Je me
dirigeai vers textremitédu faubourg, où était
située ma maison, ombragée par de grands
et reflétant par toutes ses fenêtres les rayons
de la lune.
Tout y était livré au sommeil. 0 Fanny, que
de douleurs tu m'aurais épargnées si tu avais
veillé quelques heures de plus 1 En vain je fis
plusieurs fois le tour de la maison je n'y vis
luire aucune lumière, et ne voulant pas troubler
te repos des Mres qni m'étaient chers, j'allais
me retirer, lorsque je m'aperçus qu'on avait
négligé de fermer la porte d'un pavillon du jar-
din. A la clarté de la lune, je vis sur le guéri-
don la corbeille à ouvrage de ma femme, et
épars sur le plancher les joujoux de mes enfants.
Mon coeur était heureux à la vue des objets qui
éveillaient en moi les plus doux souvenirs
et les plus tendres affections. Tout ce que
j'avais de plus cher au monde avait donc passé
t après-midi en ce lieu, parlant probable-
ment de mon arrivée prochaine. Que de dou-
ceur dans les sentiments qui gonflaient ma
poitrine do bonheur, et que je plains ceux
qui n'ont jamais goûté les joies de la famille.
Un seul instant de cette calme et pure félicité
dédommage bien de toutes les peines de la vie 1
Ah 1 si ceux que tentratnement des passions,
l'habitude du vice, on des calculs égoïstes fait
renoncer & la vie de famille, savaient quelle
satisfaction un père digne de ce nom trouve
dans l'accomplissement de ses devoirs, ils rougi-
raientd'unc existence sans but, quand elle n'est
pas malfaisante. Je m'assis sur un sopha, et je
résolus d'y attendre le jour. La nuit était pure
et douée, et te ptrtum des arbres en Heurs
pénétrait jusqu'à moi.
Quand durant quarante heures on a été prive
de sommeit, on ncst pas difficile sur le choix
de son Ht. Je m assoupis bientôt. Mais a peine
avais-je ferme tes yeux, que te craquement de
h porte mevcitta <!c nouveau. Je me levai et je
vis entrer un homme. Ma prenuen' pensée fut
de le prendre pour un vo!cur. Qu'on se figure
mon ctonnement, cotait t habit rouge?`~
!)ou venez vous? lui demandai-je.
j)c PM~uc. Je repars dans une demi-
heure. Je voulais vous voir en passant, pour
vous tenir parote.J'ai appris de votre do<nesti-
nue que vous veniez d'arriver, et je croyais
trouver tout en mouvement dans votre maison.
Vous n'avez pas dessein, ~c pense, do passer ta
la nuit dans ce ticu humide ?
Je passai avec tui dans le jardin, tremblant
mâture moi de tous mes membres, tant cette
apparition me semblait ett'an~e. Si j'avais pu
croire à t'cxistencc <! un Mephistophetes,j'aurais
cru le voir devant moi. Je riais en moi-même
de ma frayeur, et pourtant je ne pouvais pas
Mt'cn défendre. Le clair de lune, en projetant
sur tes traits de cet homme des ombres plus
fortes, rendait sa physionomie plus effrayante.
Ses yeux tançaient des éclairs du fond de !eurs
Mmhrrs orbhcs.
Vous n~aYCx fatt l'effet (l'un fnntômc. lui
~is-j<\ Commrnt avex-~ons trouve la porte de
ce p~i!!on ? Vous savcx tout.
H se mit à rire de ce rire que j'ai déjà tjkho
de dépendre. Me conna!sscx vous ma!ni<
oant, mcdit-i!, et savez-vous pourquoi je suis
ici?
Je ne !e sais pas plus que lorsque vous
étiez à Prague. Je eroirfus presque que vous
ttcs le diahle en personne. Mais qui que vous
t)o~ez, vous tn'uvex rendu service, et mon bon-
heur est compter Vous pouvez donc me faire
des offres.
Que vous êtes bon Pourquoi le diable
fcrait-Udes offres à quelqu'un? Autrefois on
croyait en lui et it ne pouvait gagner tes
&mcs qu'en les achetant par les offres les plus
séduisantes. Mais aujourd'hui qui est-ce qui
croit au diahtc ? H nest pas besoin de tant
de n<y!<!en's pour attirer tes gens en enfer ils
y viennent bien tout seu!
Voilà bien un !angage diabolique 1
Je dis ta vérité, répondit l'homme rouge
en riant, parce que personne n'y croit plus.
Tant que la vérité a été sacrée pour !cs hom-
mes. Satan a dû être le père du mensonge
maintenant tout est change: nous autres pau-
vres diables, nous prenons toujours le contre-
pied de t humanité.
Alors, vous n'êtes pas mon adversaire, car
je pense comme vous.
Bien, vous êtes déjà à moi. Dès qu'on m a-
bandonne un seul cheveu, je tiens déjà toute la
tête. Mais il fait froid ici, et !a voitureest peut-
être déjà attc!6e; il faut que je parte, adieu.
j
Je l'accompagnai usqu'à la poste où M voi-
ture était effectivement atte!éc.
Si nousa!!ions prendre congé l'un de l'autre
auprès d'un bow! de punch que j'avais com-
mande avant de me rendre chez vous me
dit-il. t
J'acceptai son invitation et je le suivis à l'hôtel.
Le punch était prêt dans la salle commune. Nous
trinquâmes 'et nous causâmes quelque tcmp&
tout en vidant nos verres. Pendant que nous
buvions, un étranger se promenait de long en
targe avec un air sombre; c'était un vieillard
de grande taille, Je remarquai des effets de
voyageurs épars sur les chaises, cntr'autres un
schall, un chapeau et des gants de femme. J'en-
tendis t'étrangcr dire au valet qui venait cher-
cher le bagage Quand ma femme viendra,
dites tui que je me suis couché, et que nous par-
tirons au point du jour. Et il sortit. Lhabit
rouge se leva, monta en voiture, et comme
je lui serrais la main, il me dit: Nous
nous reverrons encore. Le postillon fit ctaquer
son fouet, et les chevaux partirent au grand
trot.
Ne voulant pas retourner dans te pavillon do
mon jardin, je demandai un lit à l'hôtel. En ren-
trant dans la salle, j'y trouvai une femme qui
prenait le scha!t et les gants. Elle se retourna,
et je reconnus JuHc, celle que j'avais voulu
épouser. Malgré l'espace de temps écoute,
et les nouveaux tiens que nous avions con-
tractes l'un et l'autre, toute sympathie n'était
pas éteinte entre nous, et cette rencontre for-
tuite ne fut pas sans émotion, Mais le senti-
ment du devoir, puissant sur tous tes deux,
et, pour ce qui me concernait, mon attache-
ment pour ma femme, combattirent t inNuence
des souvenirs, et tout se borna à un échange
de civilités, chacun de nous comprimant !e plus
qu'il pouvait les sentiments qui agitaient son
cœur. Jetais étonne qu'ils fussent encore si puis-
sants, et je sentais combien la faiblesse humai-
ne était en moi. H me semblait que !a conver-
sation que je venais d'avoir avec l'homme rouge
avait affaib'i iénergie moratc qui devait mo
faire repousser sans hésiter toute mauvaise pcn'
sée.
Pendant que nous causons avec Julie, et que,
peut-être & notre insu, quelque chose de nos
anciens sentiments se peignait sur notre visage,
quoique nos paroh's fussent insignifiantes, la
porte s'ouvrit tout-a-coup, et le vieillard entra
en disant --Qui donc est si tard avec toi, Jutic?
Me reconnaissant pour celui qui avait cu au-
trefois des prétentions à la main de sa femme,
il se laissa emporter à un accès de jalousie, et
il
saisissant Julie par ses longs cheveux, la tra!aa
sur tcp!ancht'F, en s'écriant: Matheureuse r
qu'as-tu fait ? J'allai au secours de cette femme
si injustement et si brutalement traitée. Le sta-
ros!c me repoussa et me fit tomber. Je me relevai
rapidement, mais il courut vers moi pour me
terrasser de nouveau. Dans mon désespoir, je
pris un couteau qui se trouvait sur la table et je
!c brandis au-devant de moi pour t'effrayer; mais,
dans sa rage aveugle, il me saisit à la gorge et
s'efforça dcm'ctouffcr. Je me servis alors de mon
arme pour sauver ma vie, je t'atteignis il tomba
aussitôt. Le couteau avait pénètre dans le cœur.
Jutic tomba sans mouvement auprès de sou
mari. Jcdt'tueuraiinterdit, dcM~pcrc, no sachant
quel parti prendre. 0 mes pauvres enfants J
D AtPBÈS CM ~~BtBR
FIN.