Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Ti700 - Agroalimentaire
Procédés biochimiques
et chimiques
en agroalimentaire
Réf. Internet : 42431 | 2nde édition
III
Cet ouvrage fait par tie de
Agroalimentaire
(Réf. Internet ti700)
composé de :
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
IV
Cet ouvrage fait par tie de
Agroalimentaire
(Réf. Internet ti700)
Jean-Luc BOUTONNIER
Enseignant en génie des procédés alimentaires et sciences de l'alimentation,
Lycée des métiers de l'alimentation de Villefranche-de-Rouergue
Sébastien ROUSTEL
Ingénieur du Génie rural, des eaux et des forêts, Ministère de l'agriculture
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VI
Procédés biochimiques et chimiques en agroalimentaire
(Réf. Internet 42431)
SOMMAIRE
Réf. Internet page
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VII
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
Référence Internet
F3400
Modifications biochimiques
des constituants alimentaires
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés F 3 400 - 1
9
Référence Internet
F3400
1. Influence des conditions les interactions multiples des constituants et de leurs produits de
dégradation doivent être prises en compte pour comprendre et, si
de traitement possible, prédire les effets.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
F 3 400 - 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés
10
Référence Internet
F3400
Traitements mécaniques
Traitements physiques
Traitements biologiques
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés F 3 400 - 3
11
Référence Internet
F3400
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
F 3 400 - 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés
12
Référence Internet
F3400
O Nt Nt
O
N N H N N H
O O– H O OH
HN O HN O–
HO O H2N
O Nt
N N H Ct
O OH HO O–
Ct : groupe carbonyle terminal Nt : groupe aminé terminal Figure 1 – Hydrolyse d’une liaison peptidique
par une protéinase, la chymotrypsine
2.1.2 Mécanisme catalytique (lysosomes), soit sous forme excrétée de la cellule (exohydrolases)
ou des organes exocrines (glandes salivaires, pancréas, muqueuse
■ Hydrolyse chimique gastrique...).
L’hydrolyse par voie acide est obtenue facilement pour les Les micro-organismes et les végétaux représentent des sources
liaisons osidiques alors qu’elle nécessite une concentration en acide inépuisables d’hydrolases que l’on peut extraire facilement pour
plus élevée et une sévérité de chauffage plus grande pour les des usages industriels. CItons principalement parmi les micro-
liaisons amides des protéines (tableau 5). Mais l’hydrolyse chimi- organismes :
que a l’inconvénient de donner des produits de dégradation mal — les bactéries : amylases, protéases, lipases, glucanases (bacil-
connus, racémisés (en milieu alcalin) et de nécessiter une neutrali- lus licheniformis, bacillus subtilis...) ;
sation ultérieure, qui crée des sels.
— les champignons : Mucor et Endothia (protéases acides),
■ Hydrolyse enzymatique Rhizopus (lipases, amylases, protéases, pectinases), Aspergillus
niger et Aspergillus oryzae (très nombreuses hydrolases),
Les hydrolases abaissent l’énergie d’activation du processus.
Penicillium... ;
Elles ne font intervenir l’eau qu’après une série d’échanges d’élec-
trons et de protons entre l’enzyme et le substrat. Le mécanisme le — les levures.
plus répandu passe par la formation d’un complexe intermédiaire Le choix des micro-organismes est motivé par une production
entre l’enzyme et le substrat selon le schéma général suivant : rapide d’hydrolases pour un coût modéré (cultivables sur milieu
simple) et par une certaine facilité de purifier les enzymes sans
A B + E H A H + E B entraîner de métabolites toxiques.
Substrat Hydrolase Complexe
intermédiaire La production d’enzyme peut être facilitée par le génie génétique :
clonage de gènes codant pour la synthèse d’enzymes dans des
A H + B OH + E H micro-organismes d’intérêt industriel ou, même, introduction de ces
Enzyme gènes dans des cellules animales ou végétales.
régénérée
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés F 3 400 - 5
13
14
Référence Internet
F3450
Transformation et conservation
des produits agroalimentaires
par Henry-Éric SPINNLER
Professeur à l’Institut national des sciences et industries du vivant et de l’environnement
(AgroParisTech)
Ingénieur ENSAIA (École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires)
Docteur de l’INA-PG (Institut national agronomique Paris Grignon)
Habilité à diriger des recherches (Université de Dijon-Bourgogne)
15
Référence Internet
F3450
16
Référence Internet
F3450
indispensables sur le produit fini mais aussi au cours de la fabrica- Des efforts, permettant d’atteindre des objectifs de qualité de
tion, en des points dits « critiques », pour assurer au plus en plus élevés ont été réalisés par les entreprises qui vont la
consommateur un risque négligeable jusqu’à la date limite de plupart du temps au-delà des exigences légales. Une entreprise
consommation (DLC) ou à la date limite d’utilisation optimale durable sait qu’elle ne peut prendre aucun risque sur la sécurité.
(DLUO) suivant le type de produit. Ces objectifs sont atteints grâce au développement de deux appro-
ches complémentaires :
Une part croissante des consommateurs attache de l’importance
aux propriétés nutritionnelles des aliments. En effet, le – une approche préventive et analytique, telle que la démarche
consommateur se demande, dans la diversité des produits qui lui HACCP (Hazard Analysis Critical Control Points ), qui vise à recher-
sont offerts, lesquels sont les meilleurs pour sa santé. Pour cela, il cher les points sensibles d’un procédé et à les contrôler réguliè-
fait ou non confiance aux allégations nutritionnelles de l’emballage rement. Cette méthode est utilisée couramment pour prévenir les
ou des publicités. Le consommateur éclairé peut, dans certains contaminations microbiennes mais elle pourrait aussi s’appliquer à
cas, être renseigné sur la composition du produit par les informa- d’autres critères (composition, propriétés sensorielles, etc.) ;
tions indiquées sur l’étiquette. Cette composition est déterminée – une approche d’assurance qualité qui a pour objectif la trans-
par des échantillonnages et mesures appropriés. parence du procédé de fabrication. Un système de documentation
définit et enregistre les transformations que subissent les matières
Exemple : dans de nouveaux produits (laits fermentés), des premières pour aboutir au produit fini. Cette documentation
ferments ayant des propriétés probiotiques sont utilisés. On dit qu’un contient, entre autre, des procédures (validation des matières pre-
ferment à des effets probiotiques ou qu’un extrait de plante est un mières, définitions des postes de travail, validation des produits,
nutraceutique s’il a un effet désirable sur la santé. La mise en évidence etc.) et permet d’avoir une trace du parcours des différents lots
de cet effet est fondé sur des études sur des animaux ou sur l’homme. transformés et en particulier des paramètres de conduite du
Cet effet pourra être caractérisé par la diminution de la probabilité procédé qui a permis d’obtenir un produit fini déterminé. Cette
d’apparition de maladies diverses, la prise de poids, etc. Les effets démarche peut aboutir à la certification de la production par un
bénéfiques d’une souche de micro-organismes présents dans un lait organisme agréé. Elle permet la traçabilité ascendante qui va de la
fermenté sont le résultat d’études complexes dont il serait difficile réclamation sur un lot de produits aux procédés et aux lots de
d’écrire le compte rendu sur l’emballage pour que le consommateur matière première mis en œuvre et la traçabilité descendante qui
juge, sur des bases objectives, de l’intérêt du produit. Sa décision permet, dans une fabrication où une matière première s’avère
d’achat, pour cette unique raison, sera déterminée par ses croyances après coup défectueuse, d’aller vers l’ensemble des lieux de distri-
et par la confiance qu’il accorde aux allégations dont il a connaissance. bution où est vendu le lot défectueux. On mesure là tout l’intérêt
d’avoir des mesures rapides (par exemple, mesures microbiolo-
Les qualités sensorielles des produits (aspect, texture, odeur, giques ou chimique) permettant de n’entreprendre des fabrications
arôme, saveur) vont avoir un rôle décisif à partir du deuxième qu’avec des matières premières sûres. Ce n’est pas toujours pos-
achat. Elles vont largement contribuer à déterminer l’acceptabilité sible avec des denrées très périssables. L’analyse de l’élaboration
du produit et de son prix par le consommateur. La nécessité de de la qualité permet aussi la remise à plat de l’organisation des
prendre en compte la qualité sensorielle du produit est certai- procédés utilisés, la responsabilisation du personnel, etc.
nement une des grandes originalités des produits alimentaires par Ces deux démarches contribuent à la fabrication de produits
rapport aux autres produits industriels. Depuis quelques années, dont les qualités sont répétables et ainsi protègent, au mieux, le
l’établissement de normes pour décrire ce type de caractéristiques consommateur des aléas liés à l’utilisation de matières premières
portant sur l’entraînement des jurys d’analyse sensorielle, les et d’agents de transformation biologiques.
méthodes de mesures utilisées et le traitement statistique de leurs
résultats, on dispose de données objectives permettant de caracté-
riser objectivement les caractéristiques sensorielles des produits. II
appartient ensuite à l’industriel de décider si son produit est
conforme à la qualité attendue ou s’il doit être déclassé. Dans 2. Propriétés nutritionnelles
certains cas, comme par exemple pour l’attribution d’appellation
d’origine contrôlée pour les vins, la décision de déclassement est
et organoleptiques
prise à partir des résultats de dégustations réalisées par des orga-
nismes interprofessionnels. L’obtention des mesures sensorielles
des aliments
sont coûteuses en moyens humains. Cependant, en dehors du
contrôle de qualité, elles possèdent un atout majeur : il est pos- 2.1 Conservation par fermentation
sible de les utiliser pour établir le lien entre les caractéristiques
sensorielles du produit et les préférences des consommateurs. Ces La fermentation est un des moyens de conservation des
méthodes, appelées cartographies des préférences, sont des aliments les plus anciens. Les travaux les plus récents montrent
atouts majeurs des services marketing et/ou de recherche et déve- que le pain, qui est l’aliment fermenté dont on a trouvé les traces
loppement qui savent les utiliser. les plus anciennes, était déjà fabriqué il y a 5 600 ans. Les laits
Les mesures sensorielles ont une limite majeure : il est difficile fermentés, la bière et le vin l’étaient déjà il y a 3 500 ans.
de les utiliser directement pour modifier un procédé afin d’amélio-
rer le produit final. Il est donc important d’établir des bases de 2.1.1 Principe
données reliant les paramètres physiques, chimiques et biolo-
giques d’un procédé et les conséquences de leurs modifications Les fermentations alimentaires sont des transformations bio-
sur les propriétés sensorielles du produit. À partir de ces relations, chimiques réalisées par des micro-organismes eucaryotes ou pro-
il est possible de faire évoluer un produit pour qu’il se rapproche caryotes qui, par leurs activités dans le produit alimentaire initial,
des préférences des consommateurs visés. Aujourd’hui, un certain créent un environnement physico-chimique ne permettant pas aux
nombre de méthodes permettent d’accéder aux évolutions de la micro-organismes pathogènes ou pouvant causer des altérations
demande des consommateurs. Certains distributeurs disposent de de se développer. Ces transformations combinent ainsi la
données très précieuses et très riches au travers des suivis de conservation des aliments et la diversification de l’alimentation par
consommation automatisés qu’ils ont pu mettre en place à partir la genèse de propriétés organoleptiques originales. Ces produits
de leurs cartes de fidélité. Cela fait partie de leur savoir-faire ; ces sont non seulement sains mais présentent, de plus, des propriétés
données sont très riches et cela leur permet de suivre leurs nutritionnelles intéressantes même si elles diffèrent des propriétés
consommateurs, d’améliorer la gestion des approvisionnements, du produit initial. Beaucoup d’aliments fermentés sont plus riches
de suivre les progrès de leurs fournisseurs, etc. en vitamines que les matières premières dont ils sont issus. Leur
17
Référence Internet
F3450
Cette amélioration nutritionnelle de l’aliment peut être moins Lactobacillus delbrueckii ssp
Yaourts
spectaculaire. Il peut s’agir simplement d’éliminer des substances bulgaricus
antinutritionnelles comme certains sucres difficilement assimi-
Fromages à pâte pressée
lables. Au premier chef, on peut citer le lactose présent dans le lait Lactobacillus helveticus
cuite, laits fermentés
qui n’est pas toléré par une large part de la population mondiale.
La fermentation lactique aboutit à rendre comestible ces aliments Lactobacillus casei Laits fermentés, pain
pour les personnes intolérantes au lactose. La fermentation permet
aussi d’éliminer des substances inhibitrices d’activités enzyma- Lactobacillus plantarum
Pain, gari, choucroute, oli-
tiques (protéases, amylases) qui réduisent la digestibilité de ves
certains produits agricoles. Enfin, certains ferments sont capables
d’éliminer des toxines fongiques qui ont pu être produites pendant Lactobacillus brevis Cidre, pain, olives
le stockage de l’aliment. Lactobacillus sp Saucissons
Les principales fermentations réalisées industriellement en
Occident utilisent : Oenococcus oeni Vins, cidre
– soit les bactéries lactiques, qui comme leur nom l’indique pro- Leuconostoc mesenteroides ssp
duisent de l’acide lactique (fromage, saucisson, pain, vin, chou- Beurre, crème, fromages
cremoris
croute, olives, etc.) ;
– soit des levures qui produisent de l’éthanol et du dioxyde de Leuconostoc mesenteroides ssp Choucroute, cidre, pain,
carbone (fromage, pain, bière, vin, etc.). mesenteroides olives
Il existe aussi d’autres fermentations alimentaires comme celles Pediococcus sp Cidre
réalisées :
Pediococcus cerevisiae Pain, saucissons secs
– par les bactéries Acetobacter aceti ou Gluconobacter qui pro-
duisent de l’acide acétique et permet d’obtenir le vinaigre ; Ensilage, fromages, porc
– par les bactéries Propionibacterium sp. qui interviennent dans Pediococcus acidilactici
et riz fermentés
la fabrication des fromages à pâte pressée cuite ;
– ou enfin, par les nombreuses moisissures utilisées dans la Pediococcus rhamnosus Choucroute
fabrication des dérivés fermentés du soja qui sont largement
répandus en Asie comme aliments de base (miso, tempeh, etc.) ou
comme condiments (sauce de soja, sufu, natto, etc.).
Le bilan du catabolisme du glucose par les bactéries lactiques
homofermentaires peut s’écrire de la façon suivante :
2.1.2 Fermentation lactique
C6H12O6 + 2 ADP + 2 P → 2 C 3H6O 3 + 2 ATP
La fermentation lactique est certainement la plus répandue des glu cose adé nosine acide adénosine
fermentations de produits agricoles conduisant à des produits diphosphate lactique triphosphate
comestibles. On peut citer :
– pour les produits animaux les laits fermentés et le fromage, les Dans le cas des bactéries lactiques hétérofermentaires, le bilan
saucissons ; est schématiquement le suivant :
– pour les produits végétaux le vin, le pain au levain, les bières
lambics, la choucroute, les olives, les produits à base de manioc C6H12O6 + 1 ADP + P →C 3H6O 3 + C 2H5OH + CO 2 + 1 ATP
fermenté (comme le gari consommé par plus de 300 millions de glucose acide
lactique
éthanol
personnes en Afrique de l’Ouest, le foufou ou le chikwangue), etc.
Cette fermentation met en jeu des bactéries lactiques qui sont Les bactéries lactiques produisent, suivant l’espèce, une propor-
de plus en plus souvent des bactéries lactiques sélectionnées, pro- tion déterminée de l’isomère L(+) et de l’isomère D(–) de l’acide
duites industriellement par des industries spécialisées. lactique.
Les bactéries lactiques sont des bactéries qui réagissent positi- C’est avant tout parce qu’elles sont capables de produire de
vement à la coloration de Gram. Elles sont anaérobies mais aéro- l’acide lactique et en conséquence de diminuer le pH des aliments
tolérantes. Elles produisent principalement de l’acide lactique à que les bactéries lactiques contribuent à leur conservation. La plu-
partir des sucres des aliments. Les espèces utilisées dans les part du temps, le pH des produits fermentés descend à des valeurs
fermentations alimentaires sont répertoriées dans le tableau 1. On inférieures à 5. À ces valeurs de pH, la plupart des micro-orga-
distingue parmi celles-ci, celles qui ne produisent que de l’acide nismes pathogènes sont incapables de se développer. Néanmoins,
lactique à partir des sucres (homofermentaires) de celles capables certains micro-organismes comme les levures ou les moisissures
de produire en même temps que l’acide lactique, de l’éthanol et de peuvent encore se développer après une fermentation lactique. Cela
l’acide acétique (hétérofermentaires). est utilisé dans la fabrication des fromages affinés. Au contraire,
18
Référence Internet
F3480
19
Référence Internet
F3480
20
Référence Internet
F3480
aw
o- es
icr m
M nis lés
ga ge
or on
c
0,5
Séchage fluidisé
Lyophilisation
Micro-organismes
secs
0,1
– 40 0 30 100 °C
Figure 1 – Schéma des fluctuations hydriques (activité de l’eau) et thermiques des micro-organismes au cours de différents procédés
de stabilisation et conservation
Les conditions favorables à la conservation à long terme sont avec ρ (kg · m–3) masse volumique,
donc celles qui engendrent la stabilisation physique et chimique
Cp (J · Kg–1 · K–1) chaleur massique,
des composants cellulaires. Elle résulte principalement de la dimi-
nution importante (plusieurs ordres de grandeur) des mouvements λ (W · m–1 · K–1) conductivité thermique de l’échantillon,
inter et intra-moléculaires. Ces conditions sont générées par l’aug-
mentation de la viscosité extra et intracellulaire, et reposent par t (s) temps,
conséquent sur des modifications physico-chimiques induites par T (K ) température,
la variation des deux principaux paramètres qui influencent la
mobilité moléculaire au sein des systèmes biologiques : la tempé- ∇ Laplacien ou gradient dans les trois directions de
rature et la teneur en eau (figure 1). l’espace (x, y, z ),
qɺ met (W · m–3) chaleur issue du métabolisme,
Par conséquent, les principales techniques de conservation qɺ ext (W · m–3) chaleur issue d’une source externe.
à long terme des systèmes biologiques sont basées sur la
réfrigération et la déshydratation. Cette équation (1) a été utilisée pour décrire des procédés de
congélation et, dans le cas d’échantillons cylindriques de rayon r
Elles reposent donc sur l’application de transferts de chaleur et de longueur z (congélation en éprouvettes, cryotubes, capil-
et de matière entre le système biologique et le milieu externe. laires...), elle devient :
Ces transferts peuvent intervenir de manière exclusive ou de
manière couplée.
dT 1 d dT d dT
ρ Cp = λr + λ + qɺ (2)
dt r dr dr dz dz met
2.1 Transferts de chaleur Elle peut se simplifier comme suit, si l’on néglige les transferts
dans la direction z en raison de la prédominance des transferts
Les transferts de chaleur appliqués à la conservation des
selon r (cylindre fin) :
systèmes biologiques visent principalement leur refroidissement
(réfrigération, congélation), mais peuvent également être destinés
à chauffer dans le cas des techniques de déshydratation fondées 1 d dT 1 dT
r = (3)
sur l’évaporation de l’eau (séchage). r dr dr α dt
■ La vitesse de variation de la température dans l’échantillon est
décrite par le modèle suivant [22] : • Dans le cas de la congélation, l’utilisation d’un tel modèle
implique cependant des hypothèses simplificatrices, telles que la
faible contribution de la chaleur latente de cristallisation de l’eau,
dT et la constance au cours du temps et dans l’espace des valeurs ρ,
ρ Cp = ∇ ⋅ λ ∇T + qɺ met + qɺ ext (1)
dt Cp et λ.
21
Référence Internet
F3480
Il s’agit donc d’hypothèses réductrices puisque, d’une part, les – la lyophilisation basée sur la sublimation de la glace d’un
objets biologiques sont hétérogènes dans leur structure et que, échantillon préalablement congelé par chauffage sous pression
d’autre part, la température influence les valeurs ρ, Cp et λ, surtout réduite.
lorsqu’il y a changement d’état.
La conservation par déshydratation est principalement utilisée
• Dans le cas du séchage, l’évaporation de l’eau à partir d’une pour les cellules microbiennes.
certaine température (dite humide) conduit à la stabilité de la
température de l’échantillon pendant un certain temps, le flux de • Dans le cas du séchage convectif, des particules (concentrés
chaleur entrant étant majoritairement absorbé par le changement cellulaires) de taille submillimétrique sont dispersées dans un gaz
d’état de l’eau. sec turbulent, souvent chauffé. L’eau des particules est éliminée
par évaporation/entraînement dans la phase gazeuse. Du fait des
■ La résolution de l’équation (3) permet d’obtenir la représen- faibles dimensions des particules, les transferts de matière (dépla-
tation de la distribution transitoire des températures dans le cement de l’eau entre le cœur et la surface des particules) sont
système. Cette équation s’applique aux cas de refroidissement, rarement limitants, et la vitesse du phénomène dépend principale-
comme de chauffage, des échantillons. ment du transfert de chaleur. Les cellules sont entourées d’une
pellicule interstitielle liquide qui, progressivement, se concentre
∞ r sous l’effet de l’évaporation de l’eau (engendrant les transferts de
T (r ) = T∞ + (T0 + T∞ ) ∑ Cn exp (− ζ n2 F0 ) J 0 ζ n (4) matière osmotiques à l’échelle microscopique). Puis, le système se
n=1 r0
solidifie progressivement sous l’effet de la diffusion de l’eau entre
avec T0 température initiale, les agrégats et le fluide gazeux environnant.
T∞ température atteinte à l’équilibre, Le flux de chaleur (transfert convectif) entrant dans les particules
ou agrégats pendant le séchage par atomisation ou fluidisation
2 s’écrit :
J 1 (ζ n )
ζ
Cn = 2 n , qɺ = hA (Tgaz − Tsurf ) (5)
[J 0 (ζ n ) + J 12 (ζ n )]
• Chacun de ces éléments contribue donc à l’allure du transfert Tf température à l’interface couche sèche/couche congelée,
de chaleur. De manière générale, les paramètres qui influencent la Ts température superficielle.
vitesse de variation de la température dans l’objet sont :
– le rapport surface/volume du système ; Au sein de la couche congelée d’épaisseur ec de l’échantillon, le
même mode de transfert reste dominant :
– la composition du contenant ;
– la température (T∞) ;
– la nature et l’état d’agitation du vecteur de chaleur (caloporteur A λc (Tc − Tf )
qɺ = (8)
ou frigorifique). ec
■ Deux techniques principales de déshydratation sont appliquées
à la conservation des systèmes biologiques : avec λc (W · m–1 · K–1) conductivité thermique de la couche
congelée,
– le séchage convectif (lit fluidisé, atomisation) basé sur l’utili-
sation d’un gaz sec ; Tc température de la couche congelée.
22
Référence Internet
F3500
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur F 3 500 − 1
23
Référence Internet
F3500
Parmi ces effets, certains résultent d’une action métabolique de type fermen-
taire. Les autres proviennent de la production d’enzymes exo- ou ectocellulaires,
de bioconversions ou encore de l’élimination métabolique de certaines molécules
du produit.
Pour mieux cerner notre sujet, il convient, dans ce premier fascicule, de bien
comprendre le métabolisme microbien et ce que sont les fermentations avant
de présenter, dans un second fascicule, la diversité des applications et les
conditions à satisfaire.
CATABOLISME ANABOLISME
1.1.2 Principes d’organisation
Macromolécules Macromolécules structurales
organiques et fonctionnelles
1.1.2.1 Du mieux possible
Énergie
O2 ou oxydants biologiquement La gestion du fonctionnement cellulaire qui permet une opti-
minéraux utilisable misation physiologique obéit aux principes stratégiques suivants :
(ATP) — obtenir la plus forte croissance et multiplication cellulaire dans
Énergie perdue Énergie perdue les conditions du milieu : objectif terminal en conditions de
sous forme de sous forme de
chaleur POUVOIR RÉDUCTEUR chaleur
croissance ;
— fonctionner le plus économiquement possible du point de vue
énergétique ;
RESPIRATION FERMENTATION
— utiliser de façon optimale les ressources nutritionnelles du
Milieu extérieur milieu et aussi de la cellule elle-même. Une cellule est en effet
Milieu intérieur capable d’autophagie organisée lorsque les conditions de milieu ne
Petites molécules
H2O + CO2 Petites molécules
organiques et gaz
organiques et minérales, lui permettent plus de se fournir en éléments nutritionnels indis-
ions, directement assimilables pensables. Dans ce cas, les ribosomes, les ARN et les enzymes
inutiles sont dégradés en premier, puis les structures des enveloppes
Figure 1 – Schéma général du métabolisme des plus externes vers les couches internes ;
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
F 3 500 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
24
Référence Internet
F3500
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur F 3 500 − 3
25
Référence Internet
F3500
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
F 3 500 − 4 © Techniques de l’Ingénieur
26
Référence Internet
F3501
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur F 3 501 − 1
27
Référence Internet
F3501
FAB RICATION DE PRODUITS ALIM EN TAIRES PAR FERM EN TATION : L’IN GÉN IERIE ___________________________________________________________________
Micro-organismes
Substrat • Inventaire
• Matière première alimentaire Objectifs • Choix des critères
• Milieu de culture • Tests
• Association de souches
Préparation Préparation
• Complémentation • Culture
• Stabilisation • Revivification
• Texture • Dosage
PRODUCTION
PRODUIT FINI
DE BIOMASSE Figure 1 – Phases et étapes d’une production
par voie biotechnologique
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
F 3 501 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
28
Référence Internet
F3501
___________________________________________________________________ FAB RICATION DE PRODUITS ALIM EN TAIRES PAR FERM EN TATION : L’IN GÉN IERIE
(0)
(0)
Il existe plusieurs fabricants de ferments plus ou moins spéciali- souches ou par l’industriel au moment de l’ensemencement. La cul-
sés qui possèdent un grand éventail de souches dont les caractères ture de deux ou plusieurs souches ensemble est en effet peu souhai-
microbiologiques et technologiques sont bien connus et qui sont table dans la mesure où leurs comportements et leurs vitesses de
bien adaptés aux fabrications courantes. croissance sont la plupart du temps différents ; les proportions rela-
Dans le cas de la mise au point d’un nouveau procédé, après avoir tives des souches varient donc au cours du temps. Dans ce qui suit,
sélectionné les critères recherchés, on peut procéder suivant les nous considérerons surtout la production et l’utilisation des souches
trois étapes du tableau 2. pures. Ces deux activités sont à distinguer dans la mesure où la pro-
duction des ferments s’accompagne obligatoirement d’une étape de
conservation (figure 2).
1.2.2 Production et stratégies d’utilisation
Dans tous les cas, il importe de produire ou d’utiliser des cultures
Les ferments peuvent être utilisés en souche pure ou en mélange dans un état physiologique optimal avec un temps de latence court
selon les produits à fabriquer. Dans le second cas, le mélange est et une haute densité cellulaire. Pour aboutir à ce résultat, plusieurs
réalisé par le fabricant après la production séparée de chacune des méthodes sont envisageables.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur F 3 501 − 3
29
Référence Internet
F3501
FAB RICATION DE PRODUITS ALIM EN TAIRES PAR FERM EN TATION : L’IN GÉN IERIE ___________________________________________________________________
Figure 2 – Production et utilisation des ferments 1.2.2.1.2 Descriptions des différents types
Le tableau 4 présente les types de cultures qui peuvent être mis en
1.2.2.1 Types de cultures œuvre pour la production de ferments [4] [5] ou leur utilisation en pro-
duction. Nous considérons que les facteurs physico-chimiques (tempé-
1.2.2.1.1 Quelques éléments théoriques rature, pH, pression d’oxygène dissous) sont régulés donc constants.
Dans la mesure où les méthodes qui seront présentées par la
suite s’appuient sur les impératifs et les vicissitudes de la croissance ■ Culture discontinue (batch)
microbienne, il convient d’en préciser les paramètres et les limites. C’est de loin la plus répandue. Des micro-organismes sont mis en
Dans l’article [F 1 120] de ce traité [2], le modèle mathématique présence du substrat au début de la culture qu’on laisse ensuite évo-
qui décrit l’évolution du nombre de micro-organismes en fonction luer jusqu’à son terme où l’on récupère les produits. Elle est facile à
du temps pendant la croissance est représenté par la relation : mettre en œuvre et à maîtriser et ne nécessite que du matériel sim-
ple. Elle ne permet pas cependant de tenir compte des inhibitions
[X] provoquées par le substrat et le produit. Le temps total de culture,
ln ----------- = µ t
[ X0 ] qui représente la durée complète depuis la préparation des produits
et du matériel jusqu’à la fin du nettoyage final, est long dans la
avec µ vitesse spécifique de croissance, mesure où, lorsque l’on veut produire une quantité importante, on
[X ]
population au temps t, est obligé de répéter plusieurs fois l’opération.
[X 0 ]
population au temps t0. Exemple d’applications : production de ferments lactiques [6] ou
µ prend une valeur particulière maximale pendant la phase de de levure de panification [7], production de bière [8], fabrication de fro-
croissance exponentielle : µm. Cette valeur est obtenue lorsque les mages [9] [10]...
(0)
Tableau 3 – Modèles simples qui expriment l’influence de la composition du milieu sur la vitesse spécifique de croissance
µ µ
µm
µm
µm
µm
2
2
KS KiS [S ] KiP [P ]
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
F 3 501 − 4 © Techniques de l’Ingénieur
30
Référence Internet
BIO620
a fermentation en milieu solide... Quel titre étrange pour tous ceux qui n’en
L sont pas familiers ! En Occident, le terme de « fermentation » est attaché à
l’élaboration de produits alimentaires liquides comme la bière ou le vin et l’on
oublie (alors bien vite) des produits comme le pain et le fromage qui sont, eux,
issus d’une fermentation en milieu solide. En Extrême-Orient, les fermenta-
tions solides (comme la production de saké ou de tofu) sont très anciennes et
permettent, depuis des siècles, la production d’un certain nombre de produits
de base de l’alimentation de ces pays. Le saké dispose en sus d’un rôle culturel
important, c’est la boisson des Dieux dans la religion shintoïste (majoritaire au
Japon), et il est impensable pour eux d’en modifier le procédé de production ;
comme il serait impensable dans les sociétés chrétiennes de modifier le
Parution : juillet 2019
31
Référence Internet
BIO620
1. Fermentation : définitions consommables même après une croissance microbienne qui, bien
que non visible à l’œil nu, modifiait la texture, l’apparence, l’odeur
et le goût des aliments, mais ceux-ci restaient consommables sans
La fermentation est un terme que l’on associe le plus souvent risque. C’est ainsi que sont nés tous nos produits fermentés tradi-
aux boissons ou aux produits laitiers, et fait toujours penser à un tionnels.
phénomène se passant en milieu liquide, alors pourquoi ce titre a
priori déconcertant de la fermentation en milieu solide ? ■ Définition scientifique
Pour cela, il convient de revenir aux origines de ce terme. Il faut attendre Louis Pasteur, vers le milieu du XIXe siècle, pour
avoir une vision rationnelle et scientifique des phénomènes impli-
Les fermentations sont très anciennes et sont utilisées par
qués. Pasteur va donner la première définition scientifique de la
l’homme depuis l’origine de l’humanité. Cela a toujours été un
fermentation : « La fermentation, c’est la vie sans air » ; cette
moyen de conservation des denrées alimentaires ; de tout temps, il
première définition est élaborée à la suite de ces travaux sur la
a toujours été impossible de conserver les produits humides (sauf
bière et convient très bien à toutes les fermentations liquides tradi-
en zone polaire !), car il y a toujours des micro-organismes qui se
tionnelles.
développent, les environnements stériles n’existant pas dans la
nature. Nos lointains ancêtres ont appris à reconnaître les Par la suite, cette définition a été précisée et les fermentations,
« pourritures nobles », c’est-à-dire les aliments qui restaient au sens scientifique, sont des métabolismes énergétiques
32
Référence Internet
BIO620
33
Référence Internet
BIO620
Exocellulase 16 1 560 20 16
Cellulase(s) 10 970 8 6
Amylase 30 3 000 27 21
UI : unité internationale.
MSI : matière sèche initiale.
34
Référence Internet
F3550
Stratégies de fermentation
appliquées aux boissons
35
Référence Internet
F3550
36
Référence Internet
F3550
Tableau 1 – Principaux composés aromatiques synthétisés par les levures (d’après [1] [2] [3])
Composés Molécule impliquée et Teneur Teneur Caractéristiques Facteurs favorisant leur synthèse
aromatiques seuil de perception (1) dans les dans les aromatiques
vins bières
(mg/l) (mg/l)
Cétones Diacétyle <3 0,1 Beurre, crème Aération du moût en fin de fermentation
0,1-0,15-5 mg/l Diminution du pH
Effet souche
Alcools 2-méthyl propanol 10- 50-150 5-20 Alcool Fermentation à haute température
supérieurs (200) mg/l Aération du moût
Faible quantité d’acides aminés
antioxydant du SO2 est alors limité, le moût reste donc exposé au ris-
L’éthanal est un composé intermédiaire de la fermentation que d’oxydation et de développement de contaminants bactériens ;
alcoolique. Il est réduit en acceptant des moles d’électrons
– il peut se combiner avec certains polyphénols générant des
issues du métabolisme des levures.
polymères avec, comme conséquence, une modification de la cou-
leur des vins.
L’éthanal réduit devient de l’éthanol. Très réactif, l’éthanal peut En brasserie, la production d’éthanal est beaucoup plus faible. Il
subir deux réactions possibles en œnologie : est essentiellement libéré en début de fermentation à hauteur de
– il peut se combiner avec le dioxyde de souffre (SO2), ce qui impli- 50 mg/l environ. L’éthanal est éliminé en fin de fermentation alcoo-
que une diminution du taux de SO2 libre. L’effet conservateur et lique et pendant la garde.
37
Référence Internet
F3550
38
Référence Internet
F3550
Production d’écume Hauteur d’écumes définie à partir d’une référence 50 à 75 % de la valeur de référence
Acide malique dégradé Mesure de la quantité d’acide malique dégradé 15 à 30 % d’acide malique dégradé
Production d’acidité volatile Acidité volatile mesurée en équivalent H2SO4 0,2 à 0,35 g/l éq H2SO4
Pouvoir alcoogène Mesure du pouvoir alcoogène sur un milieu à 272 g/l de sucres réducteurs (potentiel alcool de 16 o)
16
1.3 Orientations en fermentation 14
Vins de voile Vins moelleux
Vins demi-secs
12 Vins secs
1.3.1 Univers des boissons fermentées Vins effervescents
10
Les boissons fermentées (vins, cidres, bières) font partie des
boissons alcoolisées car elles ont toutes un taux d’alcool supérieur 8
à 1,2 % (vol/vol). Ce sont surtout les appellations qui fixent le Bières
degré d’alcool de la boisson ainsi que les caractéristiques techno- 6
logiques (teneur en CO2). 4
Cidres bruts
L’univers des boissons fermentées est présenté sur la figure 2. Cidres doux
On constate globalement trois catégories : 2
39
40
Référence Internet
F3600
Réacteurs enzymatiques
et fermenteurs
1. Généralités.................................................................................................. F 3 600 - 4
1.1 Principes de choix et de dimensionnement ............................................... — 4
1.2 Principaux types de bioréacteurs................................................................ — 4
4. Exemples ..................................................................................................... — 17
4.1 Réacteur enzymatique.................................................................................. — 17
4.2 Production de levure de boulangerie ......................................................... — 20
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés F 3 600 - 1
41
Référence Internet
F3600
Les technologies de construction de ces deux types de réacteurs sont donc dif-
férentes ; en effet, les fermenteurs nécessitent l’emploi de matériaux résistant à
la stérilisation par la chaleur et doivent être absolument étanches.
Cette distinction technologique masque, cependant, la similitude des phéno-
mènes mis en jeu dans les réacteurs enzymatiques et les fermenteurs.
L’objectif de cet article est de présenter, d’un point de vue général, les diffé-
rents types de fermenteurs et de réacteurs enzymatiques, leurs principes de
conception et leurs modes d’utilisation.
Notations et symboles
Symbole Unité Définition Symbole Unité Définition
cp J · kg-1 · K-1 capacité thermique massique d’un liquide KM mol/m3 constante de Monod
h W · m-2 · K-1 coefficient de transfert thermique Pg W puissance mécanique en cuve agitée aérée
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
F 3 600 - 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés
42
Référence Internet
F3600
Notations et symboles
Symbole Unité Définition Symbole Unité Définition
rX kg · m-3 · s-1 vitesse de formation de biomasse YP/S kg/kg rendement du produit par rapport
au substrat
S concentration adimensionnelle YX/S kg/kg rendement de la biomasse
en substrat par rapport au substrat
[So] mol/m3 ou concentration en substrat à l’entrée d’un b s-1 constante de Luedeking et Piret
kg/m3 bioréacteur
Ug m/s vitesse superficielle de gaz (G/A) egr rétention de gaz dans la partie montante
d’un réacteur airlift
v mol · m-3 · s-1 vitesse de réaction enzymatique par unité he facteur d’efficacité (transfert externe)
de volume de phase liquide
v¢ mol · kg-1 · s-1 vitesse de réaction enzymatique par unité hi facteur d’efficacité (transfert interne)
de masse de phase solide
v² mol · m-3 · s-1 vitesse de réaction enzymatique par unité m s-1 taux de croissance
de volume de phase solide
²
vm mol · m-3 · s-1 vitesse maximale de réaction enzymatique m eff Pa · s viscosité effective d’un liquide non
par unité de volume de phase solide newtonien
¢
vm mol · kg-1 · s-1 vitesse maximale de réaction enzymatique m, Pa · s viscosité d’un liquide
par unité de masse de phase solide
vm mol · m-3 · s-1 vitesse maximale de réaction enzymatique r, kg/m3 masse volumique d’un liquide
par unité de volume de phase liquide
[Xo] mol/m3 ou concentration initiale en biomasse rs kg/m3 masse volumique d’un solide
kg/m3
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés F 3 600 - 3
43
Référence Internet
F3600
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
F 3 600 - 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés
44
Référence Internet
F3600
Np 100
dc
5
10
Chicane 2
10 Turbine
5
2
1
Hélice marine
h l = dc 5
2
0,1
dc dc 1 2 5 10 2 5 102 2 5 103 2 5 104 2 5 105 2 5 106
da = Re
3 3
Figure 2 – Influence du nombre de Reynolds sur le nombre
dc de puissance
P
Np = ----------------------
2.1 Cuves mécaniquement agitées rœ N 3 d a5
2.1.1 Cuves et mobiles d’agitation Pour les cuves chicanées, cas envisagé ici, il n’y a pas formation
de vortex et le nombre de puissance dépend seulement du nombre
On trouve, dans la pratique industrielle, de nombreuses formes de Reynolds (figure 2).
de cuves et de mobiles d’agitation. En régime laminaire, le produit Np Re est constant ; en régime tur-
Depuis 1950, une configuration standard de cuve ayant le mérite bulent, c’est le nombre de puissance qui est constant : Np = 6 pour
d’assurer une bonne homogénéité de la phase liquide est recom- la turbine et 0,4 pour l’hélice marine. L’hélice marine consomme
mandée (figure 1). Le rôle des chicanes est d’éviter la formation donc moins de puissance que la turbine.
d’un vortex autour de l’axe du mobile d’agitation. D’autre part, il convient de remarquer que, si le liquide est de
Les mobiles d’agitation, dont le seul rôle est de mélanger la phase l’eau, le régime sera pratiquement toujours turbulent.
liquide, peuvent être classés en deux catégories : les mobiles Exemple : dans une cuve standard de 1 m de diamètre (dc = 1 m,
cisaillants et les mobiles non cisaillants. da = 0,33 m), le régime turbulent est atteint à partir d’une vitesse de
Nous considérerons ici le mobile le plus représentatif de chaque rotation de 6 tr/min.
catégorie :
— la turbine à six pales plates, dite turbine Rushton (cisaillant) ;
Les fonctions Np = f (Re), représentées sur la figure 2, peuvent
le mouvement généré par cette turbine est radial, puis axial lorsque
être étendues à l’estimation de la puissance consommée
le liquide rencontre la paroi de la cuve, le cisaillement créé par la tur-
quand le liquide est non newtonien pseudo-plastique (loi
bine accroît la turbulence et donc le mélange du liquide ;
rhéologique : t = K g n, avec t (Pa) contrainte tangentielle et g
— l’hélice marine (non cisaillant) ; elle génère un mouvement (s-1) gradient de vitesse), en prenant pour nouvelle définition du
axial du liquide. nombre de Reynolds :
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés F 3 600 - 5
45
46
Référence Internet
F3700
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés F 3 700 - 1
47
Référence Internet
F3700
Les utilisations des enzymes dans le secteur agroalimentaire représentent près Vue d’ensemble sur les applications
de 65 % du chiffre d’affaires du marché des enzymes industrielles et seule une industrielles
quarantaine d’entre elles est utilisée dans cette industrie.
Selon une étude d’un cabinet conseil (Frost & Sullivan), le revenu total pour
les enzymes industrielles en Europe était estimé en 1995 à, au moins,
455 millions de dollars et devrait atteindre 906 millions de dollars en 2003. La
diminution des prix est la principale donnée qui affecte les marchés. Celle-ci est
imputable à l’augmentation de la production d’enzymes par ingénierie géné-
tique et devrait se poursuivre d’ici la fin du millénaire.
Les enzymes les plus importantes en termes de revenus sont encore les pro-
téases qui couvraient 34,4 % du marché en 1995 et, à l’horizon 2003, elles ris-
quent d’être détrônées par les lipases (38,5 % du marché prévu) qui sont suivies
par les glycosidases (30,5 %).
Les principaux acteurs économiques du développement industriel de ces cata-
lyseurs biologiques dans le secteur agro-industriel sont, d’une part, les transfor-
mateurs de la production agricole, d’autre part, les concepteurs et réalisateurs
de préparations enzymatiques utilisées à l’échelle industrielle. Les gros
consommateurs d’enzymes sont l’industrie des détergents, la fromagerie, l’ami-
donnerie et d’autres industries alimentaires d’origines végétales (secteurs des
boissons, boulangerie-pâtisserie, confiserie...).
L’industrie des enzymes qui se caractérise par un chiffre d’affaires assez
modeste, pèse peu sur l’évolution technologique des filières où l’on fait appel
à elle. Par contre, comme les principales sources d’enzymes à usage industriel
sont d’origine microbienne, elle a grandement contribué au développement des
industries de fermentation.
Étant donné, précisément, ces conditions de production, il reste à ces biocata-
lyseurs de nombreuses possibilités de développement : augmentation des ren-
dements de production, modification de leurs activités, de leurs spécificités ou
de leurs stabilités. Mais ce secteur industriel possède-t-il les moyens pour réali-
ser les travaux de recherche-développement propres à assurer aux enzymes le
futur brillant qu’on s’accorde généralement à leur reconnaître ?
1. Maîtrise et amélioration — soit en étant présentes naturellement dans les matières pre-
mières animales (lipase et protéase du lait et de la viande) ou végé-
des propriétés tales (protéase, oxydase et lipase dans les graines) ;
— soit en provenant de micro-organismes contaminants ou ajou-
technofonctionnelles tés sous forme de levain (amylase de levure, lipase et protéase de
champignon ou bactérie intervenant dans l’affinage des fromages) ;
ces micro-organismes produisent souvent plusieurs enzymes capa-
bles de catalyser une séquence de réactions (par exemple, c’est le
cas des préparations de souches aromatisantes) ;
1.1 Maîtrise des qualités organoleptiques — soit sous forme de préparation purifiée ajoutée à l’aliment ;
c’est le cas pour la chymosine, enzyme responsable de la coagula-
des aliments tion du lait, pour les pectinases, enzymes permettant de réduire la
viscosité des jus de fruits.
Beaucoup d’autres enzymes sont utilisées en technologie alimen-
Depuis longtemps les enzymes jouent un rôle important dans les taire pour modifier la texture (protéases, amylases...), l’arôme
caractéristiques des aliments. Elles agissent : (lipase) ou la saveur (protéase).
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
F 3 700 - 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés
48
Référence Internet
F3700
Dans de nombreux cas, les modifications sensorielles engendrées 1.2 Amélioration de propriétés
par les enzymes sont indésirables soit par la simple présence des
produits de la réaction, soit par une quantité excessive de ceux-ci si technofonctionnelles
la réaction est trop prononcée. La maîtrise des propriétés sensoriel-
les passe nécessairement par l’inhibition de certaines activités (trai-
tement thermique de végétaux nécessaire pour détruire les Les enzymes sont utilisées pour maîtriser et/ou pour améliorer les
oxydases responsables de brunissement et de défauts de goût) ou propriétés technofonctionnelles des aliments. Dans le tableau 1
par des pratiques technologiques ne favorisant pas les activités sont résumés les effets principaux des activités enzymatiques sur
enzymatiques indésirables. les propriétés fonctionnelles des produits alimentaires.
Tableau 1 – Effets des activités enzymatiques sur les propriétés fonctionnelles [20]
Enzymes Ingrédients Effets sur les propriétés fonctionnelles
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés F 3 700 - 3
49
Référence Internet
F3700
1.2.1 Enzymes de dépolymérisation Cette réaction, mise en œuvre dans les cellules vivantes et dans
une étape terminale de la coagulation sanguine, peut conduire à
La protéolyse limitée permet en général : d’énormes édifices polypeptidiques qui sont aptes à fixer beaucoup
d’eau et à inclure des petites molécules. Selon le degré de réticula-
— une amélioration de la solubilité des protéines ; tion, on obtient un accroissement de la viscosité et même une géli-
— une diminution de la viscosité et de la fermeté de gels fication de solutions. C’est ainsi que les protéines de soja, de blé, les
protéiques ; caséines, la myosine sont utilisées pour former des films, des gels et
— un accroissement des propriétés tensioactives des protéines stabiliser des émulsions [12].
de masse moléculaire élevée pour des degrés d’hydrolyse faibles
mais, au contraire, une perte de la capacité stabilisante d’émulsion
pour des degrés d’hydrolyse élevés.
1.2.3 Oxydoréductases
L’hydrolyse limitée des glycannes (amidon, pectines...) a les effets
suivants : Ces enzymes ont fait l’objet de publications récentes [22], [29].
— baisse de rétention d’eau et de viscosité ; Elles jouent un rôle essentiel dans les industries de cuisson des
— baisse de fermeté des gels. céréales. La figure 1 représente précisément les principaux systè-
Quant à la lipolyse, elle permet, grâce à la libération d’acides gras, mes d’oxydoréduction intervenant en agroalimentaire. Leur action
d’améliorer les propriétés liantes et émulsifiantes des ingrédients peut se résumer en quelques lignes.
lipidiques. Par la production de radicaux libres, l’oxydation des lipides insa-
turés ou d’autres substrats oxydables (polyphénols, par exemple)
provoque généralement des réactions de polymérisation des protéi-
1.2.2 Enzymes de polymérisation nes (formation de ponts disulfure ou de ponts carbonylamine) avec
une perte de solubilité et d’une grande partie des propriétés ten-
La transglutaminase (E.C.2.3.2.13) a été utilisée pour former des sioactives.
ponts covalents entre groupes amides de l’aspargine et la glutamine
et groupe e lysyle :
1.2.4 Enzymes de modification de chaînes latérales
de macromolécules
Peroxydase
Acide férulique H2O2 Pentosane-pentosane
Sulfhydrile oxydase (pentosanes)
2 GSH GSSG + H2O2 Pentosane-protéine
Tyrosine
O2 (protéines) 1/2 O Protéine-protéine
2
Glucose Gluconolactone + H2O2 Polyphénoloxydase
Glucose oxydase
Polyphénoloxydase
Catalase OH OH O
2 H2O2 2 H2 O + O 2 OH O
Produits responsables
H2O2 + 2 AH 2 H2O + AA
du brunissement enzymatique
H2O2 + AH2 2 H2 O + A 1/2 O2 1/2 O2 H2O
Peroxydase R R R
Acide ascorbique
Acides gras Lipoxygénase
1/2 O2 AA oxydase Radicaux libres intermédiaires Hydroperoxydes
polyinsaturés
O2
DHA Composés Pigments
Acides gras Leucodérivés Produits responsables
2 GSH hématiniques
insaturés du rancissement
DHA reductase 2 PSH PSSP oxydatif
GSSG
PSSG GSH
AA : acide ascorbique P : protéine
DHA : acide déshydroascorbique SH : fonction thiol
G : glutathion SS : pont disulfure
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
F 3 700 - 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés
50
Référence Internet
F3800
Microencapsulation de bactéries
probiotiques
par Jennifer BURGAIN
Ingénieur de recherche
Université de Lorraine, LIBio, Laboratoire d’ingénierie des biomolécules,
Vandœuvre-lès-Nancy, France
Joël SCHER
Professeur
Université de Lorraine, LIBio, Laboratoire d’ingénierie des biomolécules,
Vandœuvre-lès-Nancy, France
et Claire GAIANI
Professeur
Université de Lorraine, LIBio, Laboratoire d’ingénierie des biomolécules,
Vandœuvre-lès-Nancy, France
51
Référence Internet
F3800
52
Référence Internet
F3800
2.2 Atomisation Pour terminer, l’utilisation d’une buse bi-fluide est préférée
pour la pulvérisation de produits sensibles aux hautes pressions.
2.2.1 Principes de fonctionnement L’énergie de pulvérisation est apportée par de l’air comprimé. Le
type de pulvérisateur sera choisi en fonction de la quantité de
La technique d’encapsulation par atomisation (spray-drying )
liquide à pulvériser, de la taille des gouttelettes, de la distribution
est la technique la plus répandue en industrie alimentaire pour la
granulométrique souhaitée, de la viscosité du liquide ou encore de
préparation de poudres. C’est un procédé flexible facilement trans-
la conception de la tour de séchage [1].
férable d’une échelle pilote à une échelle industrielle. Pour appli-
quer cette technique, les bactéries sont mélangées à une solution ■ L’aspiration de l’air atmosphérique se fait au travers des
(souvent protéique), puis une étape de pulvérisation à l’aide d’air filtres dont le type dépend des conditions locales et de la nature du
ou d’azote permet de produire de fines gouttelettes du mélange produit à traiter. Le chauffage de l’air peut s’effectuer par chauf-
dans la chambre de séchage. L’air chaud présent dans la chambre fage direct (contact entre l’air à réchauffer et la fumée de combus-
de séchage permet l’évaporation de l’eau du mélange et une fine tion du gaz) ou indirect (chauffage électrique ou via des batteries
poudre peut ainsi être récupérée. Cette méthode génère des micro- dans lesquelles circule un caloporteur). L’air de séchage entre au
particules de type matriciel de faible taille (figure 2). sommet de la tour et circule en co-courant avec les gouttelettes de
Le principal inconvénient de l’atomisation dans le cadre de liquide pulvérisé. Le temps de séjour dans la tour est court (géné-
l’encapsulation de bactéries probiotiques est le recours à de l’air ralement entre 20 et 60 s), mais aucun équilibre entre l’humidité de
chaud pour l’étape d’évaporation, au chaud qui peut s’avérer l’air et celle du produit n’est atteint : la température de l’air de
néfaste pour la survie des cellules. En adaptant certains para- séchage doit par conséquent être plus élevée et le rendement ther-
mètres, et notamment la température, un compromis peut être mique est donc moindre. Les poudres obtenues par ce procédé
trouvé pour préserver la viabilité des souches bactériennes. Mais sont fines et présentent une quantité importante de poussière
dans ce cas, la teneur en eau de la poudre issue du procédé sera (fines) et de mauvaises propriétés d’écoulement.
plus élevée, ce qui peut alors s’avérer néfaste lors d’une conserva-
tion ultérieure du produit. Les installations utilisées pour ce type ■ Pour améliorer la qualité de la poudre, une tour de séchage à
d’opération sont souvent identiques aux installations utilisées pour multiples effets est utilisée. Au lieu de réaliser le séchage en une
le séchage de liquides alimentaires (exemple : lait), l’investisse- seule étape, il est effectué en deux temps. Le temps de séjour du
ment est de ce fait réduit et le savoir-faire déjà présent. produit est plus long (plusieurs minutes) et donc plus proche de
l’équilibre thermodynamique. La première étape consiste en un
séchage habituel, puis les plus grosses particules pénètrent dans
2.2.2 Configuration un lit fluidisé vibrant intégré au fond de la chambre. Ce séchage
On retrouve généralement trois types de pulvérisateurs : tur- final permet l’obtention de particules ayant l’humidité résiduelle
bine centrifuge, buse sous pression de liquide et buse requise et présente des débits d’air et des températures de traite-
bi-fluide. ment plus faibles que dans la chambre de séchage. Ce procédé est
mieux adapté à la préservation qualitative de la poudre. Les parti-
La turbine, entraînée par un moteur électrique, permet l’éjection cules les plus fines sont, quant à elles, forcées de remonter vers la
et la dispersion du liquide par une force centrifuge. La vitesse de chambre de séchage, puis passent dans un cyclone. À la sortie du
rotation de la turbine est généralement comprise entre 10 000 et cyclone, le courant combiné de fines est réinjecté au sommet de la
250 000 tr · min–1, ce qui permet la production de fines gouttelettes. tour de façon à ce qu’il interagisse avec les gouttelettes pulvé-
Avec une buse sous pression de liquide, la pulvérisation est risées entrantes. En fonction de la taille de la chambre et du flux
effectuée par le passage du liquide à travers un orifice calibré. d’air, ce type de procédé permet l’obtention de particules agglo-
L’énergie de dispersion est alors apportée par le liquide lui-même, mérées d’un diamètre généralement compris entre 100 et 300 µm.
véhiculé sous pression. Selon les installations, la pression peut Ces poudres présentent de meilleures propriétés fonctionnelles et
varier de 5 à 30 MPa. notamment d’écoulement.
Air
chaud
4. Séparation des
Atomiseur particules
2. Atomisation de la
solution sous forme
de fines gouttelettes
Cyclone
Brouillard
3. Séchage des
gouttelettes Chambre
de séchage
Microparticules
1. Solution de polymères
contenant les bactéries
probiotiques
Bactérie Matrice
53
54
Référence Internet
BIO650
Enzymes d’intérêt
pour la fabrication d’aliments
55
Référence Internet
BIO650
1. Structures et activités
des enzymes 25 38
25
19
L’usage industriel des enzymes s’est largement développé dans
un premier temps du fait de leur intérêt dans les lessives (qui reste 9
quantitativement un de leurs débouchés majeurs), mais le recours à 15
50
leur usage systématique pour améliorer les propriétés des aliments
date de moins d’un demi-siècle. La figure 1 montre la diversité des
usages alimentaires des enzymes autorisées par l’arrêté du 19 octo-
bre 2006 qui régit l’autorisation d’usage de ces enzymes.
Panification, viennoiserie, Amidon, sucres, alcools
biscuiterie Protéases
1.1 Action cinétique Produits laitiers Divers
Jus de fruits de légumes Bières
Les enzymes facilitent les réactions chimiques ayant lieu dans
les organismes vivants. C’est la principale famille de molécules
capable de catalyse chimique chez les êtres vivants. Le tableau 1 D’après l’arrêté du 19 octobre 2006
donne un exemple de l’accélération des réactions en présence de
diverses enzymes.
Figure 1 – Répartition des usages des enzymes autorisées en France
Les enzymes mises en œuvre peuvent avoir plusieurs origines : (figure établie à partir des données de l’arrêté du 19 octobre 2006. Le chiffre
indiqué dans les secteurs indique le nombre d’enzymes ayant été autorisées
– les matières premières constituant l’aliment (lipoxygénase et pour le secteur considéré)
hydropéroxyde lyase du soja, phénols oxydases des fruits et
légumes, cathepsines du muscle...) ;
– elles peuvent aussi provenir des micro-organismes dans les 1.3 Relations structure/activité
produits fermentés (β-galactosidase des bactéries lactiques,
méthionine γ-lyases des bactéries et levures d’affinage, nitrate Les structures de ces protéines sont de mieux en mieux
réductase des staphylocoques technologiques du saucisson...) ; connues. Les progrès du séquençage des gènes les codant, les
– elles peuvent aussi être ajoutées à l’aliment sous forme puri- facilités de clonage et de surexpression, les possibilités de
fiée (chymosine mise en œuvre pour la fabrication fromagère, cristallisation des protéines et d’analyse de leurs structures
hémicellulases utilisées en panification...). tridimensionnelles permettent de construire des modèles molé-
culaires qui facilitent la compréhension de leur fonctionnement.
La figure 2 donne deux exemples de structures tridimension-
1.2 Nomenclature nelles d’enzymes d’intérêt pour les industries alimentaires.
Les enzymes sont classées selon une nomenclature internatio- Pour les seules lipases, qui hydrolysent une fonction ester
nale (Enzyme Classification, EC), composée de quatre chiffres entre un alcool comme le glycérol et un acide gras, actuellement
(EC A.B.C.D.). Le premier chiffre correspond à la classe d’enzyme plus de 18 500 protéines ayant une activité de ce type ont
(par exemple, EC 3.B.C.D. = hydrolase), le deuxième chiffre précise été répertoriées d’après la Lipase Engineering Database
le type de modification (par exemple, EC 3.4.C.D = hydrolyse d’une (http://www.led.uni-stuttgart.de). Ce type de base de données
liaison peptidique), le troisième chiffre précise la catégorie permet de connaître les points communs entre ces protéines et
précédente (par exemple, EC 3.4.22.D est une cystéine endopep- d’émettre des hypothèses sur leur fonctionnement.
tidase), le dernier chiffre donne un numéro dans la catégorie.
Cet ensemble de connaissances constitue un outil puissant pour
améliorer les procédés de production et pour améliorer ou diversifier
Par exemple la papaïne trouvée dans la papaye est une des 32 leurs applications. Les entreprises productrices d’enzymes investissent
cystéines protéinases répertoriées et aura pour numéro : EC 3.4.22.2. une proportion significative de leur chiffre d’affaires en recherche et
développement. Par exemple, les bases de données citées précédem-
De nombreuses bases de données spécialisées par type ment leur permettent de modifier les protéines produites par les êtres
d’enzymes ont été créées (http://www.oxfordjournals.org/nar/data- vivants pour leur donner, de façon ciblée, des propriétés d’intérêt
base/subcat/3/10), par exemple la base de données CAZy est complémentaires, comme la thermorésistance [4], une plus grande
spécialisée dans les hydrolases de carbohydrates. Ces bases de spécificité pour un substrat, une résistance à un pH utile, etc. À cette fin,
données établissent les liens entre la structure (structure primaire elles peuvent aussi utiliser des méthodes de modification aléatoire des
en particulier) des enzymes et leurs propriétés. gènes codant ces protéines (DNA shuffling) qui, associées à des
56
Référence Internet
BIO650
a b
Figure 2 – Structure tridimensionnelle de deux enzymes très largement utilisées dans les industries alimentaires (a) l’alpha amylase de Bacillus
licheniformis [4], (b) la chymosine de veau (Bos taurus) (précurseur) [5]
méthodes de criblage haut débit, vont permettre d’améliorer les perfor- 1.4 Mode d’action des enzymes
mances de l’enzyme. Il est aussi possible d’assembler des fragments
de séquences de gènes de différentes origines en créant ainsi des pro- Les acides aminés de la protéine enzymatique ont une organi-
téines chimères, c’est-à-dire qui n’ont jamais été trouvées dans la sation précise qui détermine l’action de l’enzyme mais les
nature mais qui restent néanmoins proches des autres protéines de la différentes parties de la chaîne d’acides aminés n’ont pas toutes le
même famille. Elles possèdent en outre des propriétés optimisées. Les même rôle. Certaines zones de la protéine favorisent la mise en
gènes codant ces protéines sont ensuite insérés dans un micro-orga- place du substrat par rapport au site actif. Dans cette partie, le
nisme sécréteur pour leur production. repliement de la chaîne est particulièrement important. Certains
57
Référence Internet
BIO650
2. Réglementations
sur les enzymes
dans les aliments
L’usage des enzymes dans les aliments est autorisé depuis de
nombreuses années mais jusqu’à récemment seuls le Danemark et
a la France avaient une réglementation spécifique. Le site de l’AMFEP
(http://www.amfep.org) répertorie les enzymes sur le marché.
La plupart des enzymes sont des auxiliaires technologiques, à
l’exception du lysozyme et de l’invertase qui sont des additifs
(respectivement E 1105 et E 1103) ; autrement dit, les enzymes
doivent avoir perdu leurs fonctions dans le produit consommé, suite
aux traitements technologiques (chauffage en particulier). Depuis le
règlement du 16 décembre 2008 (UE 1332/2008), il existe une régle-
mentation européenne dont l’application est spécifiée dans le règle-
ment du 10 mars 2011 (UE 234/2011). Ce texte reprend en grande
partie les données de la législation française en vigueur. L’évalua-
tion des dossiers de demande d’autorisation d’utilisation des enzy-
mes dans l’agroalimentaire doit être faite à l’EFSA (European Food
Safety Agency) qui donne un avis scientifique. C’est ensuite la
Commission européenne qui décide de l’autorisation d’usage et de
son ajout à la liste positive d’enzymes autorisées.
Le dossier de demande se compose de quatre types de données :
b – des données administratives de l’entreprise pétitionnaire ;
Un rail hydrophobe à la surface de la protéine permet au substrat – les données techniques de production de l’enzyme (construction
hydrophobe (triglycéride) de se placer à proximité du site actif, constitué de la souche microbienne si elle est issue d’un micro-organisme
de quatre acides aminés. L’histidine qui interagit avec l’oxygène lié au génétiquement modifié, mode de production par fermentation,
glycéride, la sérine dont l’hydroxyle interagit avec le carbone portant le méthode de purification mise en œuvre) ;
carbonyle et les fonctions amines de résidus glutamine et asparagine. – les exigences sanitaires (règles d’hygiène mises en œuvre,
Les composants indiqués en vert jaune et rouge sont des inhibiteurs pureté de la préparation en termes de métaux lourds et de
utilisés pour étudier le mode de fixation du substrat à l’enzyme micro-organismes indésirables) ;
– les données de sécurité d’emploi qui incluent, d’une part, des
Figure 3 – Schéma représentant l’interaction d’une lipase avec études toxicologiques sur rats [toxicité subchronique 13 semaines
un triglycéride [6] qui permettra de calculer la NOEL (No Observed Effect Level ), test
de génotoxicité (test de Ames), test de clastogénicité, données sur
l’allergénie de la préparation et, d’autre part, des données
acides aminés interagissent avec les substrats et les cofacteurs et concernant l’exposition du consommateur à l’enzyme.
favorisent une réaction chimique (catalyse enzymatique). Les
cofacteurs sont des molécules qui interviennent de façon transi- À partir de la NOEL et des données d’exposition, il est possible
toire dans la réaction enzymatique en tant que cosubstrats et de calculer un facteur de sécurité d’emploi.
facilitent la réaction. Parmi les plus connus, citons le NAD+ pour
les réactions d’oxydoréduction, le coenzyme A pour l’activation
des fonctions acides, l’ATP pour les réactions de phosphorylation
de substrats. Les acides aminés du site actif de l’enzyme se retrou- 3. Grandes classes d’enzymes
vent d’une espèce à l’autre. Prenons l’exemple des lipases qui
hydrolysent les triglycérides. Les données permettant d’établir la d’intérêt dans la
structure tridimensionnelle de la protéine montrent qu’il se forme,
sur la partie externe de la protéine, une sorte de rail hydrophobe transformation des aliments
(figure 3), lequel va favoriser l’accrochage du substrat sur la pro-
téine et favoriser l’interaction des atomes de la fonction ester avec 3.1 Hydrolases et lyases actives sur les
les acides aminés constituant le site actif.
composants des parois végétales
Les interactions des atomes des acides aminés avec le substrat
vont : Ces enzymes sont très largement utilisées pour faciliter la clarifi-
– faciliter la rupture de la liaison carbone oxygène entre la cation des jus de fruits en améliorant les opérations de filtration ou
fonction alcool du glycéride et la fonction acide de l’acide gras qui de décantation. Il peut s’agir de cellulases, pectinases, xylanases,
sera libéré ; etc.
58
Gagnez du temps et sécurisez vos projets
en utilisant une source actualisée et fiable
RÉDIGÉE ET VALIDÉE MISE À JOUR 100 % COMPATIBLE SERVICES INCLUS
PAR DES EXPERTS PERMANENTE SUR TOUS SUPPORTS DANS CHAQUE OFFRE
NUMÉRIQUES
Questions aux experts* Articles Découverte Dictionnaire technique multilingue Archives Info parution
Les meilleurs experts techniques La possibilité de consulter 45 000 termes en français, anglais, Technologies anciennes et versions Recevez par email toutes les nouveautés
et scientifiques vous répondent des articles en dehors de votre offre espagnol et allemand antérieures des articles de vos ressources documentaires
*Questions aux experts est un service réservé aux entreprises, non proposé dans les offres écoles, universités ou pour tout autre organisme de formation.
www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)