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Ti700 - Agroalimentaire
Additifs et adjuvants
alimentaires
III
Cet ouvrage fait par tie de
Agroalimentaire
(Réf. Internet ti700)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Agroalimentaire
(Réf. Internet ti700)
Jean-Luc BOUTONNIER
Enseignant en génie des procédés alimentaires et sciences de l'alimentation,
Lycée des métiers de l'alimentation de Villefranche-de-Rouergue
Sébastien ROUSTEL
Ingénieur du Génie rural, des eaux et des forêts, Ministère de l'agriculture
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
Kévin MAGNIEN
Pour l’article : IN233
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VI
Additifs et adjuvants alimentaires
(Réf. Internet 42426)
SOMMAIRE
Réf. Internet page
Pectines F5000 51
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VII
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Référence Internet
F4100
Arômes alimentaires
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés F 4 100 - 1
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Si on transpose cette définition tout à fait générale à l’aliment, on peut dire Qualité et arôme
qu’un aliment sera de qualité s’il est apte à subvenir aux besoins de l’organisme,
sans nuire à la santé de l’individu qui l’ingère, en lui procurant le maximum de
satisfaction et en assurant un service (préparation rapide, conservation). Il doit
donc satisfaire à la règle des quatre S : Santé et Sécurité, correspondant à la
satisfaction des besoins implicites ; Saveur et Service, correspondant à la satis-
faction des besoins explicites.
Pour le consommateur, la qualité se situe de façon prioritaire au niveau de
l’ensemble des caractères organoleptiques qui rendent une denrée plus ou
moins agréable à consommer. Deux aliments peuvent présenter la même valeur
nutritionnelle et la même innocuité, offrir le même service mais, alors que l’un
sera considéré comme de qualité inférieure, l’autre sera apprécié sur la base des
qualités organoleptiques du produit .
L’acceptabilité dépend de l’aspect, de la couleur, de l’odeur, du goût, de la fla-
veur et de la texture du produit.
L’odeur est la sensation olfactive perçue lorsque les molécules volatiles attei-
gnent les récepteurs olfactifs par la voie nasale directe ; cette notion a été éten-
due aux caractères responsables de cette sensation.
Le goût, ou saveur, correspond à l’ensemble des sensations gustatives et de
sensibilité chimique communes perçues lorsqu’un aliment, une boisson ou tout
autre produit est placé dans la cavité buccale et aux propriétés des produits qui
provoquent ces sensations. Les récepteurs gustatifs sont susceptibles de recon-
naître quatre goûts fondamentaux : sucré, salé, acide et amer ; depuis quelques
temps, on y ajoute la saveur umami dépendante de la présence d‘exhausteurs
tel le glutamate.
L’arôme est lié aux sensations perçues par l’organe olfactif par voie rétrona-
sale lors de la prise en bouche, de la mastication et de l’ingestion d’un aliment
et, comme dans les cas précédents, aux propriétés des produits responsables de
cette sensation. Cependant, on utilise également le terme arôme(s) pour dési-
gner une ou des substances aromatisantes ; on parlera, par exemple, d’arôme de
fraise au lieu de parler de substances aromatisantes de fraise.
La flaveur est la sentation intégrée perçue par l’organe olfactif, les bourgeons
gustatifs et la cavité buccale pendant la consommation ou la dégustation d’un
produit.
Du point de vue légal (décret du 11 avril 1991) « on entend par arôme tout pro- Définition légale
duit ou substance qui, étant destiné à être ajouté à des denrées alimentaires des arômes
pour leur donner une odeur, un goût ou une odeur et un goût, entre dans l’une
des catégories mentionnées ci-dessous :
— substances aromatisantes naturelles ;
— substances aromatisantes identiques aux substances aromatisantes natu-
relles ;
— substances aromatisantes artificielles ;
— arômes de transformation ;
— arôme de fumée. »
On estime que la croissance de l’industrie aromatique est de 4 à 6 % par an, à Importance et structure
l’heure actuelle. du marché des arômes
Cette croissance est très largement liée à la mutation profonde subie par
l’industrie alimentaire à la suite du développement des produits alimentaires
intermédiaires (PAI) et de la mise sur le marché de toute une gamme d’aliments
résultant de l’assemblage de ces PAI et de divers ingrédients (agents de texture,
édulcorants, colorants, conservateurs, arômes et exhausteurs de goût). On peut
citer, par exemple, des produits comme le surimi aromatisé au crabe, à la lan-
gouste ou au homard, les desserts lactés à la vanille ou aux arômes de fruits, les
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Hydrocarbures isoprénoïdes 130 ■ Les composés soufrés représentent environ 10% des composés
identifiés dans la fraction volatile des aliments (sulfures, disulfures
Isoprénoïdes fonctionnalisés 170 ou trisulfures, thiols, ou composés hétérocycliques).
Alcools et phénols 190
■ Parmi les composés hétérocycliques, on peut citer :
Acétals et éthers 140 — les pyrazines qui contribuent de façon importante à la flaveur
Composés carbonylés 310 d’un grand nombre de produits grillés ou cuits : café, cacao, chips,
viandes ; par contre, certaines méthoxypyrazines, d’origine biologi-
Acides 230 que, possèdent des odeurs de légumes, pois, poivre ou poivron ;
Esters 450 — les furanones possèdent, pour certaines d’entre elles, des
odeurs de caramel, de bouillon de bœuf ou de pain, alors que
Lactones 90 d‘autres sont des composés volatils de fruits [ananas, fraise ou man-
Furanes et pyranes 110 gue (furanéol)] ou de certains vins (sotolon) ;
— les thiazoles et benzothiazoles, en particulier l’isobutylthiazole
Composés azotés 290 qui contribue très fortement à la note fraîche de l’arôme de tomate.
Thiazoles et oxazoles 60
Composés soufrés autres 220
Total 2 540 1.2 Seuils de perception et de détection
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O
OH O
O C
CH O
O H
C
O
O
O CHO
HO CH3
OCH3
OH
b-méthyl-g-octalactone (Z )-hex-3-énal vanilline 4-(4'-hydroxyphényl)
ou lactone du whisky butan-2-one ou frambinone
ou du chêne O
OH
N
N
S S
S O CH3
N OCH3 Figure 1 – Structure de différents composés
isobutylméthoxypyrazine disulfure de dipropényle isobutylthiazole maltol d’arôme
tantes entre les réponses des individus qui composent un jury de l’ail (disulfure de dipropényle), l’amande (benzaldéhyde). Pour quel-
détermination. Les valeurs les plus courantes sont celles qui ont été ques produits alimentaires, l’arôme est relativement bien repré-
obtenues à partir de solutions aqueuses, elles varient dans de très senté par un mélange d’un petit nombre de composés parmi
larges limites : 2 x 10-8 mg/L d'eau pour le 1-paramenthène-8-thiol à lesquels l’un d’entre eux, composé d’impact, peut être dominant.
35 mg/L d'eau pour le maltol (tableau 2). C’est le cas de l’arôme de framboise dans lequel le composé
d’impact est un composé de faible volatilité, la 4-(4’-hydroxyphé-
nyl)-butan-2-one, connue sous le nom de frambinone. Les autres
composés intervenant dans l’arôme de ce fruit sont le (Z )-hex-3-én-
Tableau 2 – Seuil de perception de composés 1-ol, la damascénone et les a- et b-ionones. Par contre, on n’a pas
d’arôme dans l’eau identifié de composé d’impact chez la tomate où l’arôme est dépen-
dant de la présence d’hexanal, de (Z )-hex-3-én-1-ol, de (Z )-hex-3-
Seuil énal, de (E)-hex-2-énal, d’eugénol, de salicylate de méthyle et de 2-
Composés isobutylthiazole.
(mg/L)
Maltol 35 Pour de nombreux aliments, l’arôme ne peut être reproduit que
par un nombre important de composés et, pour certains d’entre
Furfural 3 eux, il n’est pas possible de reproduire l’arôme même en utilisant un
4-Éthylphénol 1 mélange très complexe.
Vanilline 2 x 10-2
4-Vinylphénol 2 x 10-2
1.4 Volatilité. Volatilité relative
Limonène 10-2
2-Méthoxy-4-vinylphénol 10-2
a-Ionone 4 x 10-3 Si on considére un composé I, en solution non idéale avec des
composés A, B..., dans des proportions telles que les fractions
b-Ionone 7 x 10-6 molaires soient xi , xa , xb ..., la pression de vapeur de ce composé I
1-p-Menthène-8-thiol 2 x 10-8 est influencée par celles des autres constituants et est de la forme :
p i = P si g i x i (1)
On définit également un seuil d’identification qui est la plus petite avec P si pression de vapeur saturante de I.
concentration d’un composé donné que le nez humain est capable
d’identifier à partir d'un milieu donné. Si l’on désigne par P la pression totale et, en faisant l’hypothèse
que la phase gazeuse en équilibre se comporte comme un gaz par-
fait, la fraction molaire de I dans la phase gazeuse yi est égale à :
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a perception des qualités sensorielles des aliments est déterminée par les
L informations transmises à notre cerveau via plusieurs nerfs sensitifs tels
que les nerfs auditif, gustatif ou trijumeau, mais c’est sans doute le nerf olfactif
qui donne l’information la plus complexe et la plus diverse. Le nerf olfactif
permet de percevoir des signaux (arômes) par le nez (voie orthonasale), ce qui
va donner l’odeur des produits, et par voie rétronasale, une fois que le produit
alimentaire est en bouche, c’est ce qu’on appelle « l’arôme d’un produit ».
L’arôme d’un aliment provient d’une grande diversité de molécules
chimiques, d’origines diverses, capables de passer de l’aliment dans l’air qui
l’entoure et d’interagir avec le récepteur olfactif, qui est situé dans nos fosses
nasales, pour créer un signal perçu par notre cerveau. Ce mécanisme est à peu
de chose près le même chez tous les individus. Au niveau de ce récepteur, s’il
manque une protéine réceptrice, la perception peut être plus faible, voire
absente (anosmie). Dans des cas extrêmes, il peut y avoir à la suite d’un trau-
matisme une perte complète de l’olfaction. Au contraire, on peut, par un
Parution : novembre 2009
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mettre un nom sur une note perçue par comparaison à des produits expéri-
mentés. Cet entraînement est nécessaire pour réaliser l’analyse sensorielle
descriptive d’un aliment. C’est un jeu auquel les amateurs de vin par exemple
sont habitués mais qui, de manière inconsciente, va déterminer le plaisir de
manger ou de boire.
L’importance de la perception olfactive vient de la liaison entre le système de
perception et une autre partie de notre cerveau dans laquelle est stockée
l’information d’expériences réalisées et interprétées. Ces expériences sont
acquises depuis l’enfance et par la culture. Cela fait de l’olfaction un sens très
important comme signal d’alarme d’une toxicité auquel il faut associé les aver-
sions alimentaires mais aussi, en contrepartie, les signaux attractifs qui
déterminent, pour une part, les préférences alimentaires.
C’est pourquoi l’ensemble de la filière alimentaire est intéressé par les
arômes, car c’est l’un des éléments qui va déterminer l’achat d’un produit.
L’industrie alimentaire en particulier met en œuvre des arômes pour rendre le
produit plus attractif, lui donner une typicité qui lui permet de se distinguer des
autres produits sur le marché... Si bien que, depuis le début du XXe siècle, une
importante industrie dédiée à la production d’arômes s’est développée afin de
satisfaire les besoins des industries alimentaires. La plupart de ces industriels
ont développé parallèlement les applications de ces produits en parfumerie et
dans les industries alimentaires. Ces entreprises (Givaudan, Firmenich,
Symrise, IFF, Mane...) sont peu connues du grand public, car leurs clients sont
d’autres entreprises.
Prenons maintenant l’exemple de l’arôme du café. Un mélange de l’ordre de
1 000 structures chimiques différentes est responsable de la variété des
arômes de café. Il est difficile d’imaginer la diversité des signaux que notre
système olfactif va percevoir et la variété des arômes de café qui vont être
générés en changeant les proportions de ces molécules volatiles.
Dans le café, l’origine des structures moléculaires volatiles qui sont rencon-
trées sont de plusieurs origines. Certaines viennent de la cerise du caféier,
d’autres sont générées par la fermentation de cette cerise, opération qui
précède la torréfaction. D’une part, la matière première, la fermentation et la
torréfaction vont être à l’origine de différentes familles de composés d’arômes
et, d’autre part, elles vont fournir, aux étapes de transformation suivantes, des
précurseurs de composés d’arôme. Les composés aromatiques seront alors
formés, pendant l’une des étapes suivantes du procédé, à partir de ces précur-
seurs. Ainsi la fermentation va libérer des acides aminés voire même des
composés carbonylés qui formeront des hétérocycles par les réactions thermi-
ques de la torréfaction qui lui succède.
Les produits fermentés traditionnels font partie des produits alimentaires
dont la reconnaissance est souvent régionale (poisson fermenté (nuoc-mâm au
Vietnam, fumasushi au Japon, surströming en Suède), le manioc fermenté
(foufou et chikwangue au Congo, attiéké en Côte d’Ivoire, gari au Bénin et au
Togo), fromages et spécialités laitières (camembert au lait cru et cancoillotte
en France, koumiss en Russie, cheddar en Grande-Bretagne) qui ont souvent
des arômes originaux et qui sont appréciés par les populations locales. Ce sont
des éléments d’indentité d’un groupe mais leur reconnaissance internationale
est quelquefois limitée. La conjonction des substrats et des microflores,
souvent complexes et mal connues mais sans danger avéré pour la santé, a
permis de faire des produits originaux. Ces fermentations permettent ainsi non
seulement de conserver voire d’améliorer la qualité nutritionnelle du substrat
d’origine agricole mais aussi de diversifier l’alimentation.
La meilleure maîtrise de ces produits a conduit dans un premier temps à
chercher à comprendre par quelles voies métaboliques et dans quelles
conditions ces molécules étaient produites. La démarche généralement suivie
part de l’identification des composés volatils responsables de défauts ou d’une
typicité particulière. L’identification de la structure des composés volatils perti-
nents va permettre de formuler des hypothèses sur l’origine du composé. Les
voies supposées peuvent ensuite être validées par un marquage isotopique.
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Comme les produits finaux sont volatils, on préférera les marquages avec des
isotopes stables ; cela pour des raisons de sécurité et parce que les méthodes
d’analyse telles que la spectrométrie de masse le permettent. Une fois la voie
de synthèse identifiée, il est possible d’étudier spécifiquement les conditions
qui vont permettre de prévenir ou au contraire d’augmenter la production des
composés responsables de défauts ou de qualités. À partir de là, il est possible
de mettre en œuvre des conditions de production favorables à la typicité
recherchée.
Dans un second temps, l’observation, dans certains produits fermentés, de
molécules particulièrement importantes en aromatiques (esters, lactones,
vanilline, frambinone...) a conduit l’industrie à essayer de les produire par voie
biologique. Dans ces conditions et à partir de substrats naturels, les molécules
produites ou leur usage dans des extraits aromatiques de plantes par exemple
vont permettre un étiquetage « arôme naturel » (voir ci-dessous).
Quand un produit est allégé en matière grasse on enlève, avec les matières
grasses, une grande partie des arômes. Il va donc falloir, dans ce contexte,
trouver les moyens de redonner des arômes à l’aliment, on ajoutera alors des
arômes sur un support comme les cyclodextrines ou de la gomme arabique
pour qu’ils ne s’évaporent pas rapidement après l’ouverture de l’emballage.
Ce chapitre traitera successivement : des propriétés des composés d’arôme ;
des voies biochimiques de production des arômes dans les végétaux et dans
les produits fermentés traditionnels. Enfin, il présentera quelques procédés mis
en œuvre par l’industrie pour produire des composés d’arôme cibles.
1. Propriétés des arômes seuil est très variable d’une molécule à une autre mais est en géné-
ral très faible. En solution dans l’eau, le seuil de perception va de
quelques ng/L à plusieurs mg/L suivant les structures. Il est
aujourd’hui difficile de déterminer, à partir de la structure d’une
1.1 Rôle biologique molécule, quelle sera son odeur et le niveau de son seuil de percep-
tion olfactif.
Les composés volatils peuvent être responsables de signaux qui
interagissent avec des molécules réceptrices et sont amplifiés par
les chaînes de signalisations biologiques. De ce fait, ce sont des 1.3 Législation européenne
composés biologiquement actifs. Ils sont souvent responsables de
signaux biologiques importants pour la communication à l’intérieur La législation en vigueur actuellement au niveau de l’Union
d’une espèce ou entre espèces. Ces systèmes de signalisation exis- européenne suit le règlement arômes et ingrédients alimentaires
tent chez les plantes et chez les animaux. Chez les animaux cette aromatisants du 16 décembre 2008 (réglement no 1334/2008). Elle
signalisation passe principalement par des neurones qui transmet- définie les « arômes », comme des produits :
tent au cerveau un courant qui sera à l’origine d’une perception.
– non destinés à être consommés en l’état, qui sont ajoutés aux
denrées alimentaires pour leur conférer une odeur et/ou un goût
1.2 Spécificités moléculaires et seuils ou modifier ceux-ci ;
de perception – issus ou constitués des catégories suivantes : substances aro-
matisantes, préparations aromatisantes, arômes obtenus par trai-
Les molécules aromatisantes ont quelques points en commun. tement thermique, arômes de fumée, précurseurs d’arôme ou
Elles doivent être volatiles, c’est-à-dire que le coefficient de par- autres arômes ou leurs mélanges.
tage entre l’aliment et la phase gazeuse doit permettre le passage La législation considère donc 6 classes de produits aromatisants :
des molécules dans la phase vapeur en concentration suffisante.
Les molécules aromatiques sont très généralement hydrophobes. – les substances aromatisantes sont des substances chimiques
définies, ce qui inclut les substances aromatisantes obtenues par
Dans un milieu riche en eau, en l’absence de matière grasse, les synthèse chimique ou isolées par des procédés chimiques, et les
composés hydrophobes passent facilement en phase gazeuse, et substances aromatisantes naturelles. On entend par « substance
cela même s’ils ont des points d’ébullition assez élevés (autour de aromatisante naturelle » une substance aromatisante obtenue par
200 oC). Au contraire, dès qu’il y a de la matière grasse, ils sont rete- des procédés physiques, enzymatiques ou microbiologiques
nus par la matière grasse et sont donc moins volatils. La volatilité appropriés, à partir de matières d’origine végétale, animale ou
d’un composé dépend donc non seulement des propriétés intrinsè- microbiologique prises en l’état ou après leur transformation pour
ques de la molécule mais aussi de la matrice dans laquelle il se la consommation humaine par un ou plusieurs des procédés tradi-
trouve. tionnels de préparation des denrées alimentaires. Les substances
Une fois la molécule en phase vapeur, l’interaction avec le récep- aromatisantes naturelles correspondent aux substances qui sont
teur olfactif va déterminer sa qualité et son seuil de perception. Ce naturellement présentes et ont été identifiées dans la nature ;
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R R R
O O CH2 HO OO CH2 HO OO CH2
OO OH OO CH3 OO
OH
HOH2C OH OH OH
HO HO OH HO OH OH HO
OH OH OH
α-L-arabinofuranosyl-β-D-glucoside α-L-arabinopyranosyl-β-D-glucoside α-L-rhamnopyranosyl-β-D-glucoside
(Vicianoside) (Rutinoside)
R R CH2OH R
O O CH2 OO CH2 OO CH2
CH2OH OO OH OO OH OO
OH HO OH HO OH
HO HO HO OH HO OH HO
OH OH OH
β-D-apiofuranosyl-β-D-glucoside β-D-xylopyranosyl-β-D-glucoside β-D-glucopyranosyl-β-D-glucoside
(Primeveroside) (Gentibioside)
O O
CH2OH R
HO O R
OO
OO
OH
OH
HO
HO
OH
OH
β-D-glucoside Malonyl-β-D-glucoside
R-OH
Monoterpènes C13-norisoprenoides Dérivés benzéniques
OH
CH2OH
OH
O
OH
3-oxo-α-ionol Alcool benzylique
OH
Geraniol Nerol CH2–CH2OH
OH
OH
OH O
Vomifoliol
O 2-phenyl-éthanol
OH
CHO
Linalol 2,6-dien1,8-diol
HO HO
OCH3
OH
3-hydroxy-β-damascone
Vanilline
OH O
O
Oxyde de linalol-furane Oxyde de linalol-pyrane
Figure 1 – Structure de précuseurs glycosidiques aromatiques rencontrés dans les plantes (d’après [38])
particulière pour les β-primeverosides à l’origine de l’arôme floral florales de vin issus de cépages Riesling, Gewurztraminer et sur-
qui apparaît dans le thé au cours du procédé de fabrication. Les tout Muscat. Ce traitement peut permettre aussi la libération de
dégradations, subies par les membranes des compartiments des précurseurs d’arômes qui vont conduire au développement de
cellules des feuilles de thé pendant ce procédé, auront pour composés d’arômes particulièrement importants au cours du
conséquences de mettre en contact les enzymes et leurs substrats vieillissement. Il a pu être montré que ces traitements conduisaient
et de libérer les aglycones. à l’augmentation de norisoprénoides inodores mais qui au cours
Aujourd’hui ces processus peuvent être accélérés par l’usage du vieillissement vont donner naissance à la β-damascenone, au
d’enzymes exogènes issues de diverses espèces microbiennes, en vitispirane et au théaspirane par des réactions catalysées par l’aci-
général des levures ou des champignons filamenteux. Dans la dité du vin au cours du vieillissement. Ces traitements permettent
fabrication du vin, ces enzymes permettent de libérer une très d’obtenir les notes olfactives attendues dans un vin vieux en un
grande variété de composés et permettent d’augmenter les notes temps plus court.
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INNOVATION
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INNOVATION
Points clés
Domaine : Arômes
Degré de diffusion de la technologie : Croissance
Technologies impliquées : Biotechnologie/Chimie Verte/Biocatalyse
Domaines d’application : Agroalimentaire
Principaux acteurs français :
– Pôles de compétitivité : pôle Industries et Agro-Ressources, Cosmetic Valley
– SNIAA – Syndicat National des Ingrédients Aromatiques Alimentaires
– Industriels : Mane, Robertet
Autres acteurs dans le monde : Givaudan, Firmenich, IFF, Symrise
Contact : florent.allais@agroparistech.fr
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Référence Internet
IN233
INNOVATION
Production agricole
Produit les matières
premières aromatiques
(poivre, algues, gousses
de vanille, etc.)
Entreprise de
l’aromatique
Transforme les matières
premières aromatiques
afin d’obtenir des arômes
Industrie alimentaire
Ajoute l’arôme en très
faible dose (moins
Artisanat alimentaire de 2 %) dans ses
Introduit les arômes produits)
à très faible dose
dans ses créations
(arôme café dans Distribution
les éclairs, etc.) Distribue les
produits alimentaires
(grande distribution,
commerçants locaux,
etc.)
Consommateurs
demande de produits naturels, produits localement ou en cir- Les lactones constituent des esters particuliers comportant
cuits courts, et dans une logique de développement durable. Le un cycle bi-oxygéné (cycle composé de cinq ou six atomes),
caractère biosourcé d’un arôme est donc devenu également un résultant de la cyclisation d’acides hydroxylés [2]. Ce sont éga-
argument marketing essentiel pour les industries d’arômes. De lement des composés volatiles dont le nombre de carbone est
nouveaux arômes naturels ont également été développés afin compris entre 4 (butyrolactone) et 12 (dodécalactone). Les
de compenser gustativement la teneur en sucres et en sels de qualités olfactives de ces lactones sont en relation avec leur
certains produits. structure et leur chiralité. En général, leur concentration dans
les aliments est faible, mais avec un potentiel aromatique élevé
et un seuil de perception faible (tableau 1).
1.3 Lactones
Parmi les différentes lactones citées précédemment, une en
Il existe deux principales familles de composés chimiques
particulier, la (6Z)-dairy lactone, intéresse fortement les indus-
dans le marché des arômes alimentaires : les aldéhydes et les
tries agroalimentaires qui l’incorporent dans de nombreuses
lactones. Chacune de ces familles est composée d’une multitude
matrices alimentaires telles que les glaces, les viennoiseries
de molécules donnant accès aux goûts et aux senteurs que nous
industrielles, la margarine, les sauces ou les snacks. À l’heure
connaissons. L’objet de cet article n’étant pas de traiter de
actuelle, cette molécule aromatique est produite par voie bio-
manière exhaustive tous ces composés, le focus sera fait sur la
technologique, conduisant à l’obtention d’un mélange racé-
famille des lactones, et plus particulièrement sur la dairy lac-
mique dans lequel les deux énantiomères sont obtenus en
tone.
proportion quasi équivalentes. Cependant, certains consomma-
Les lactones sont largement représentées dans les aliments teurs se sont plaints de l’arrière-goût rance des produits. Cet
et les boissons. Ce sont des molécules aromatiques donnant arrière-goût proviendrait de l’énantiomère (R) de la dairy
généralement des notes fruitées (pêche, abricot, noix de coco) lactone [4]. Pour résoudre cette problématique, des alterna-
ou grasses (lait, beurre). On les retrouve dans de nombreux ali- tives ont été développées pour obtenir exclusivement l’énantio-
ments d’origine animale (lait, viandes) ou végétale (vins, mère (S) qui, en outre, stimule trois fois plus la réponse
pêches, noix). olfactive chez l’homme que l’énantiomère (R) [5].
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INNOVATION
Frutarom : 4,80 %
Mane SA : 5,00 %
Symrise : 10,20 %
Firmenich : 13,90 %
IFF : 12,90 %
Figure 3 – Parts de marché des 10 principales industries aromatiques dans le monde en 2017
500
480 471
454
460
435
440
418
420 406
400 391
380
360
340
320
300
2011 2011,5 2012 2012,5 2013 2013,5 2014 2014,5 2015 2015,5 2016
Figure 4 – Évolution du chiffre d’affaires de l’aromatique alimentaire en France (en millions d’euros)
1.4 Production de lactones biosourcées : ponsables de leurs biosynthèses et optimiser les conditions de
le cas de la dairy lactone culture. C’est le cas pour la bioconversion de la γ-décalactone à
partir de l’huile de ricin via des levures ou des champignons
Les lactones sont des métabolites de micro-organismes filamenteux [2], de la β-méthyl-γ-octalactone (whisky lactone)
utilisés lors des procédés de fermentation. Ainsi, pour à partir de fûts de chêne via des levures [6] [7] ou de la
obtenir ces lactones de manière biosourcée, la voie préféren- β-méthyl-γ-nonalactone (cognac lactone) à partir d’acides gras
tielle de production consiste à isoler les micro-organismes res- via la levure de boulanger. On retrouve aussi la bioconversion
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1. Structure
La gomme xanthane est une substance sécrétée par une bactérie glucose
(cf. encadré « Historique »). C’est une énorme molécule. Sa masse acide glucuronique
moléculaire est estimée entre 1,5 × 106 et 5 × 106 daltons, soit 1,5 à mannose
5 t/mole ! Sa formule brute approximative et moyenne est la
suivante :
(C67H102O56)n n = 830 à 2 800
Figure 2 – Structure secondaire de la gomme xanthane à l’état solide
■ La structure primaire de la gomme xanthane consiste en une
chaîne principale de cellulose, c’est-à-dire de monomères β-D-glu-
cose liées entre eux par liaison O-glycosidique (1-4). Cette chaîne
● En solution aqueuse, 3 conformations sont possibles. La gomme
porte un branchement latéral triosidique tous les 2 glucose. Ce bran-
nouvellement biosynthétisée se trouve à l’état natif dans le moût. Cet
chement est constitué d’un α-D-mannose lié à la chaîne principale
état correspond à une structure hélicoïdale. Cette conformation est
par liaison osidique (1-3), d’un acide β-D-glucuronique lié au
modélisée par des bâtonnets semi-rigides. La structure native est
1er mannose par liaison osidique (1-2) et d’un β-D-mannose lié à
dénaturée lorsque l’on augmente la température ou que l’on abaisse
l’acide glucuronique par liaison osidique (1-4). Le 1er mannose est le
la force ionique. La plage de température de changement conforma-
plus souvent acétylé en position 6 et le 2e mannose peut être pyru-
tionnel se situe habituellement entre 40 et 100 °C. La transition se fait
vylé par liaison cétalique en position 4 et 6.
de façon irréversible. L’état dénaturé correspond à une structure
Ainsi, la gomme xanthane est un polymère constitué d’une unité désordonnée en pelote. Après refroidissement, on passe à un état
pentasaccharidique branchée, acétylée et pyruvylée. renaturé, différent de la conformation native. La structure, à nouveau
Deux groupements carboxyliques confèrent à la gomme xanthane ordonnée et hélicoïdale, peut être représentée par des bâtonnets plus
un caractère anionique. Les contre-ions les plus couramment ren- étendus d’une longueur de plusieurs dixièmes de micromètre. Le
contrés sont Na+, K+ et Ca2+. Cette unité est décrite sur la figure 1. passage entre les états dénaturé et renaturé est réversible.
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1. Origine
Il existe de très nombreuses espèces botaniques d’acacia, environ
700 réparties sur les cinq continents. Même si toutes les espèces ne
produisent pas d’exsudat gommeux, seules deux espèces sont défi-
nies par les autorités responsables de la sécurité des produits Gomme brute native
alimentaires (Food Agricultural Organisation) comme bénéficiant du 5 à 40 mm
statut alimentaire de gomme d’acacia : Acacia senegal (Vulgares ) et
Acacia seyal (Gummiferae ). Concassage
1 à 5 mm
Les acacias produisant de la gomme se trouvent uniquement sur
le continent africain dans la zone subsahélienne allant du Sénégal
à l’Éthiopie. Dissolution dans l’eau
Pouvoir rotatoire – 30 + 51
La gomme d’acacia est un polysaccharide de type arabinogalac-
tane fortement ramifié, de haut poids moléculaire et ne dévelop- Viscosité intrinsèque
pant qu’une faible viscosité en solution dans l’eau. limite..................................... (ml/g) 16 à 24 13 à 17
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(0)
Tableau 2 – Position des levures dans la classification des champignons supérieurs (1)
Classe Sous-classe Ordre Famille Sous-famille Genre
Taphrinales
Dipodascaceae
Endomycetaceae
Schizosaccharomycoidea Schizosaccharomyces
Hemiascomycetes
Champignons supérieurs
Ribosomes libres
1.3 Physiologie
ADN mitochondrial Réticulum
endoplasmique rugueux
Cicatrice de bourgeonnement avec ribosomes fixés
Lorsque l’on observe une levure au microscope électronique, on
Figure 1 – Représentation schématique d’une cellule de levure
peut distinguer, de l’extérieur vers l’intérieur, une paroi cellulaire,
une membrane cytoplasmique, un cytoplasme, un noyau, des
vacuoles, des ribosomes et des mitochondries. La paroi cellulaire
externe protège la cellule de certaines agressions du milieu exté-
1.2 Mode de reproduction rieur. La membrane cellulaire qui double la paroi cellulaire intérieu-
rement joue un rôle prépondérant dans les échanges entre la cellule
et le milieu extérieur. Le cytoplasme (constituant intérieur de la cel-
Les levures possèdent deux modes de reproduction différents lule) renferme en suspension des éléments qui assurent la transfor-
selon les conditions de vie du milieu. mation des aliments. On y trouve également des vacuoles
contenant du tréhalose et des mitochondries qui sont les centres de
■ Reproduction asexuée respiration de la cellule. Enfin, le noyau est très important car il
Dans un milieu favorable (avec une quantité d’air suffisante et non contient l’ADN, porteur des gènes qui caractérisent précisément les
limitée en éléments nutritifs), les levures vont bourgeonner : les qualités d’une levure par rapport à une autre. C’est le noyau qui
constituants vitaux sont doublés pour former un bourgeon qui assure également la reproduction de la cellule (cf. figure 1).
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Le terme amidon est gardé pour les céréales (maïs, blé, riz) alors que le terme
fécule est préféré pour les amidons de tubercule (pomme de terre) ou de racine
(manioc).
L’amidonnerie est une industrie lourde du fait des tonnages traités et des
investissements nécessaires tant en matériel qu’en compétence et en recherche.
C’est une industrie très concentrée puisque cinq groupes assurent plus de 85 %
de la production d’amidon en Europe (cf. [Doc. F 4 690] Aspects économiques).
Les différentes origines des amidons croisées avec les modifications chimi-
ques et physiques applicables peuvent a priori rendre complexe l’approche des
amidons et rebuter le formulateur.
Aussi l’article se propose de donner les éléments utiles sur la structure, les
comportements durant la cuisson et sur l’intérêt des différentes modifications
afin de faciliter l’utilisation des amidons.
Les exemples, le détail des applications et les tableaux d’aide à la sélection des
amidons modifiés seront autant d’outils pour familiariser le lecteur au vaste
monde des amylacés.
Le lecteur pourra se reporter aux références bibliographiques [1] [2]. L’amylose représente 15 à 30 % de la plupart des amidons. C’est
L’amidon est un homopolymère de D-glucose. une molécule essentiellement linéaire composée d’unités D-glucose
liées par des liaisons de type α (1,4) (figure 2).
Les unités D-glucosyl (conformation chaise) sont liées majoritaire-
ment par des liaisons de type α (1,4) (95 – 96 %) et, dans une moin- Ces molécules linéaires peuvent être faiblement ramifiées. Elles
dre mesure, par des liaisons de type α 1,6 (4 – 5 %). L’amidon est comportent alors 2 à 8 chaînons latéraux constitués de 4 à
composé de deux polymères de structure primaire différente : 100 unités glucosyl, leur nombre augmente avec la longueur de la
l’amylose, molécule linéaire, et l’amylopectine, molécule ramifiée. chaîne linéaire. Le comportement hydrodynamique de ces chaînons
L’amidon se présente sous forme de granules de 1 à 100 µm ; ils est semblable à celui de la partie linéaire.
varient en taille et en forme selon leur origine botanique (figure 1 a
et tableau 1). Des composants mineurs (lipides, protéines, miné- Pour un amidon donné, l’amylose se compose de plusieurs chaî-
raux) sont présents en quantités variables en fonction de l’origine nes présentant des degrés de polymérisation variables compris
botanique et de la technologie d’extraction. entre 500 et 6 000 unités glucose. (0)
Céréales
Blé lenticulaire, rond 2 à 38 13 24 à 26 76 à 74 A
Maïs angulaire, polyédrique 5 à 25 13 24 à 28 76 à 72 A
Maïs cireux angulaire, polyédrique 5 à 25 13 <1 > 99 A
Amylomaïs sphérique déformé 4 à 22 13 70 30 B
Riz polyédrique 3à8 13 17 73 A
Légumineuses
Pois réniforme 5 à 10 13 35 65 A
Tubercules
Pomme de terre ellipsoïdale 15 à 100 18 23 77 B
Manioc rond, tronqué 5 à 35 13 17 83 A
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Pomme
de terre Manioc Pois
b granules crus (lumière polarisée), gonflés et éclatés de fécule de pomme de terre (grossissement × 120)
Amylose (%)
25 % 25 % 20 % 17 % 0,5 %
c empois d’amidons et de fécules à 5,7 % de matières sèches après cuisson et après refroidissement
Figure 1 – Aspect microscopique des amidons. Modifications induites par la cuisson des amidons dans l’eau et le refroidissement
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OH O
H CH 2
H H H OH O
O CH 2
H OH H
HO O H
H OH O
H H CH 2
HO OH O H
H
H
H
H OH
CH 2 O
HO OH O H
Terminaison H H
Ø
réductrice H
HO OH O
H
Tableau 2 – Degré moyen de polymérisation (DP) L’amylopectine est le constituant principal de la plupart des ami-
dons (70 à 100 %). Contrairement à la longue chaîne linéaire d’amy-
des fractions amylose, amylopectine de différents
lose, l’amylopectine est composée de multiples courtes chaînes
amidons, d’après [22] d’unités glucose, reliées entre elles par des liaisons α (1,6) pour for-
mer une molécule arborescente (figure 4).
Céréales ou tubercules Amylose Amylopectine
À côté des liaisons α (1,4), 5 à 6 % de liaison α (1,6) seront à l’ori-
Riz .................................................... 1 100 13 000 gine de ces ramifications. Les masses moléculaires se situent entre
Maïs ................................................. 990 7 200 107 et 108 Daltons et les degrés de polymérisation pour certains ami-
dons sont repris dans le tableau 2.
Pomme de terre.............................. 4 920 9 800
Trois types de chaînes sont décrits :
Blé.................................................... 1 180 –
— chaînes courtes (S, short) : DP compris entre 12 et 20 ;
Amylomaïs...................................... 690 – — chaînes longues (L, long) : DP compris entre 30 et 45 ;
— chaînes de DP supérieur à 60.
Les différences structurales, liées à l’origine botanique, portent
sur le rapport chaînes longues L/chaînes courtes S qui serait d’envi-
Le Dalton (Da) est une unité de masse moléculaire : ron 5 pour les amylopectines de tubercules et de 8 à 10 pour les
1 Dalton = 1,660 2 × 10−24 g amylopectines de céréales et de légumineuses, ainsi que sur la lon-
gueur moyenne des chaînes plus courtes dans les amylopectines de
céréales.
La capacité de l’amylose à lier 20 % de sa masse en iode L’ensemble des chaînes courtes sous forme de double hélice
(figure 3) permet sa caractérisation analytique, (dosage) et faci- reliées à une même chaîne longue forme un cluster. 80 à 90 % du
lite l’identification au microscope des amidons comportant de nombre total des chaînes d’amylopectine sont impliquées dans des
l’amylose, le complexe amylose iode présentant une coloration clusters, les autres chaînes assurant les connexions entre ces grap-
bleu caractéristique (absorption maximale à 640 nm). pes. La cristallinité des grains d’amidon est essentiellement due aux
molécules d’amylopectine, organisées en lamelles cristallines
(figure 5).
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Grappe élémentaire
1
2 ~ 15 (6 nm)
DP ~
1 H
2 CH2OH
HO
H
1
H H O
2
OH
1
H Liaison -(1,6)
2 OH O
H CH 2 O
1 H H H Liaison -(1,4)
O CH 2 O
2 H OH H
HO O H
H OH O
1 H H CH 2
HO OH O H
2 H H
H
HO OH O
H
Lamelle amorphe
1.5 Organisation granulaire
Lamelle cristalline
1.5.1 Structure semi-cristalline
Le lecteur pourra se reporter aux références [19] [29] [24] [6] [8].
L’amidon est biosynthétisé pour donner forme à des granules qui
présentent, en lumière polarisée, une croix noire dite « croix de
Anneau Malte ». Ce phénomène de biréfringence positive est dû à l’organi-
de croissance Anneau
amorphe amorphe sation semi-cristalline de ces granules : l’orientation moyenne des
chaînes de polymère est radiale.
L’observation microscopique des granules (après hydrolyse acide
Figure 5 – Représentation schématique de la structure d’un granule ou enzymatique) montre la présence de stries concentriques à partir
d’amidon, d’après [24] d’un point appelé hile, qui est le centre initial de croissance du grain.
Les stries correspondent à une succession de zones dites
« amorphes », peu résistantes à l’hydrolyse, et de zones présentant
1.3 Matériel intermédiaire une structure semi-cristalline comportant une alternance de lamel-
les cristallines (composées des chaînes courtes S de DP environ 15
de l’amylopectine) et de lamelles amorphes (composées en majorité
Des chaînes de structure intermédiaire entre l’amylose et l’amylo- des points de jonction des molécules d’amylopectine et éventuelle-
pectine peuvent se retrouver dans certaines variétés d’amidon ment d’amylose).
riches en amylose ; elles correspondraient à des formes imparfaites
d’amylopectine. Ces molécules représenteraient environ 5 à 7 % L’empilement des lamelles cristallines et amorphes formerait des
dans l’amidon de blé. ensembles appelés blocklet d’une taille comprise entre 300 et
500 nm qui s’assembleraient pour constituer les couches cristallines
(figure 6).
D’après certains travaux, les zones amorphes pourraient conte-
1.4 Composants mineurs nir des ensembles cristallins composés d’amylopectine de struc-
ture identique mais de taille réduite 50 à 70 nm. Ces ensembles
dispersés dans l’amylose constitueraient avec les complexes amy-
Le lecteur pourra se reporter à la référence [6]. lose lipides les parties dites « amorphes » du granule. Le dévelop-
Dans l’amidon granulaire purifié, les composants mineurs (protéi- pement limité des « blocklets » pourrait être lié à la présence de
nes, lipides, minéraux) sont présents tant à la surface des granules l’amylose.
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Céréales
Maïs standard 0,61 à 0,65 0,30 à 0,53 0,16 à 0,35 0,35 0,10 0,02
Maïs cireux 0,23 0,03 à 0,04 0,12 à 0,75 0,25 0,10 0,01
Amylomaïs 1,11 0,38 à 0,67 0,26 à 0,61 0,5 0,20 0,03
Blé 1,12 0,03 à 0,05 0,86 à 1,36 0,25 0,30 0,06
Riz 1,04 0,22 à 0,50 0,41 à 0,86 0,44 0,30 0,03
Légumineuses
Pois 0,19 0,18 0,5 0,04
Tubercules
Pommes de terre 0,09 – – 0,25 0,30 jusque 0,1
Manioc 0,1 0,10 0,2 0,01
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Coagulants et coagulation
enzymatique en transformation
fromagère
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les qualités finales du fromage. De plus, le choix du coagulant doit être rai-
sonné et appréhendé selon le type de process fromager.
Enfin, cet article décrit les outils de mesure adaptés à la production permet-
tant de mesurer la coagulation, ainsi que les orientations possibles afin
d’optimiser la coagulation et le rendement fromager. Il permet aussi d’élaborer
une nouvelle approche concernant le process fromager et son contrôle.
Le lecteur trouvera en fin d’article un tableau des sigles et des notations
utilisées.
Historique Une enzyme est une substance organique produite par des
cellules vivantes. Elle agit comme catalyseur dans une réaction
chimique et est constituée de polypeptides.
Une longue histoire
Tout fromager vous le dira, la connaissance de la technolo-
gie fromagère est une accumulation de la compréhension Les coagulants identifiés appartiennent à une famille appelée
d’accidents. protéase aspartique (EC 3.4.23), et endopeptidases à cystéines
(EC 3.4.22). Celles qui nous concernent le plus sont : la pepsine A
Il est intéressant d’imaginer que 7 000 ans av. J.-C. (peut-
(EC 3.4.23.1 et B (EC 3.4.23.3), la chymosine (EC 3.4.23.4), la
être 12 000 ans, selon les récentes découvertes), aux débuts
mucorpepsine (EC 3.4.23.23) ou encore endothiapepsine
de la civilisation fermière et laitière succéda celle fromagère
(EC 3.4.23.22) [2] [3].
grâce à un accident. Un jour, supposé en Mésopotamie, le pre-
mier homme devenu fromager transportait du lait dans une Une enzyme coagulante destinée à la production fromagère pos-
vessie de ruminant pour office de sac, qui sous l’effet du sède la propriété d’hydrolyser les caséines laitières. La coagulation
temps et de la chaleur gélifia. Le scientifique aurait pu lui repose sur le clivage spécifique de la caséine K, la liaison Phe (105)
expliquer un peu plus tard que l’abomasum, véritable esto- et Met (106) [4]. Dans une autre mesure, une enzyme coagulante
mac, contient naturellement deux types d’enzymes, la chymo- participe plus ou moins au clivage des caséines β et αS1 [5] [6] [7].
sine (du grec khumós, qui signifie jus ou humeur) et la
La pepsine présente la spécificité de cliver des liaisons pepti-
pepsine (du grec pepsis qui signifie digérer), responsables de
diques de résidus d’acides aminés hydrophobes, de préférence
la gélification du lait.
aromatiques [8].
Les civilisations grecques et romaines mentionnent aux tra-
vers de différents écrits la notion de fromages (tacuinum sani- Les enzymes dites d’origine microbienne (mucorpepsine et
tatis casanatensis). Ces écrits rapportent le procédé de endothiapepsine) sont similaires, dans leur qualité d’hydrolyse, à
transformation avec l’utilisation d’une présure d’origine ani- la pepsine animale.
male, de veau ou de chèvre, mais aussi d’origine végétale Pour l’homme de l’art, le choix ainsi que la qualité de production
comme le chardon. de l’enzyme coagulante employée seront déterminants sur
C’est vers 1 000 ans apr. J.-C. que l’on peut situer les débuts l’ensemble des qualités fonctionnelles fromagères.
de la production fromagère et de sa commercialisation.
En Europe, l’art artisanal fromager et le transfert de la
connaissance se développent probablement au XIe siècle dans 1.2 Utilisation mondiale
des monastères, où des noms de fromages, aujourd’hui mon-
dialement connus, furent créés comme l’Emmental, le Gouda, La production mondiale de coagulants, toutes familles confon-
l’Edam ou encore des fromages dits « bleus » comme le dues, suit logiquement l’augmentation de la production mondiale
Roquefort. de fromages. Celle-ci atteint aujourd’hui atteint 22 millions de
Face à l’empirisme, la science participe de plus en plus, à tonnes (chiffre 2018) avec une progression annuelle de 2 %.
partir de 1800, à la connaissance des mécanismes microbiolo- S’il est difficile de trouver des données précises et officielles, en
giques, chimiques et immunologiques par le traitement de regroupant différentes sources économiques et autres publica-
sujets pharmacologiques et agricoles (Pasteur, Metchnikov, tions, il est estimé que les coagulants FPC (Fermented Produced
Liebig...). Chymosin). obtenus à partir de chymosine recombinée sont les
En 1840, en France, le pharmacien Deschamps décrit les pro- plus utilisés actuellement mondialement (données 2018) et
priétés enzymatiques de la présure et participe ainsi à la représentent un niveau d’utilisation de 60 %. Ce type de coagulant
renaissance du terme chymosine, principe actif provenant de répond actuellement aux demandes industrielles (continent améri-
la caillette de veau [1]. cain, Europe et Europe centrale).
Face à l’instabilité de l’utilisation de caillettes de veau desti- Le reste du marché se partage de manière équivalente entre les
nées à la préparation de présures, c’est en 1874 que Christian coagulants d’origine animale et microbienne. La part de coagulant
Ditlev Ammentorp Hansen initie les débuts de la standardisa- d’origine végétale, quant à elle, est extrêmement limitée (Amé-
tion des présures animales et le début de son industrialisation. rique du sud, Espagne, Grèce...).
Le marché mondial des coagulants est couvert par quatre
La part de l’utilisation des coagulants d’origine animale est
principaux fabricants industriels : Chr. Hansen (Danemark),
en lente et constante diminution. Ils sont cependant toujours liés à
D.S.M. (Pays-Bas), Dupont (États-Unis) avec sa filiale française
la production des fromages AOC/AOP artisanaux, pour des raisons
Danisco, et C.S.K. (Pays-Bas) (à noter en France, la fabrication
historiques et culturelles. Ces coagulants sont utilisés principale-
de présures animales par les Laboratoires Abia).
ment en Europe (France, Italie et Suisse) et en Russie.
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À l’inverse, les coagulants d’origine microbienne (indépen- Ces coagulants ont le double avantage d’être moins onéreux et
damment de leurs qualités fromagères comparativement aux FPC de répondre à l’ensemble des différentes certifications et autres
et coagulants d’origine animale) répondent à de plus amples légis- labélisations. En revanche, leur impact sur l’obtention d’une qua-
lations et à des marchés spécifiques comme ceux de la Corée du lité moindre en termes de rendement fromager ou encore sur le
sud. développement d’une protéolyse excessive, avec la formation de
composés aromatiques amers, est clairement identifié [10].
Depuis le début des années 2010, des modifications industrielles
ont été apportées afin d’améliorer les performances fromagères.
2. Coagulants destinés On parle ainsi de coagulants d’origine microbienne de seconde
génération (§ 4).
à la transformation
fromagère 2.1.3 Origine végétale
La source végétale (plant-drived clotting enzyme) la plus connue
2.1 Différents types de coagulants et utilisée, est extraite d’une variété indigène de chardon, Cyrana
cardunculus [11]. Celle-ci est composée de trois protéases (cyra-
Les coagulants destinés à la fabrication fromagère ont, à ce jour, nase 1-3), qui diffèrent par leur taille et leur activité à la coagula-
trois origines : animale, végétale et microbienne (au sein de tion. La qualité de préparation et de standardisation de ce type
l’origine dite microbienne, il faut distinguer celle purement fermen- enzyme reste très instable. Son utilisation en production froma-
taire à partir d’un champignon, de celle produite par un micro- gère est très limitée, dans des régions locales et traditionnelles,
organisme hôte dans lequel une modification d’ADN permet la pour des raisons d’activité protéolytique excessive et l’obten-
production d’enzyme : la chymosine fermentaire ou FPC). tion de très faibles rendements fromagers.
Depuis les années 2010, des coagulants d’origine végétale fer-
mentaire et recombinée de la cyprosine B avec Saccharomyces
2.1.1 Origine animale cerevisiae ou de la cardosine B avec Kluyveromyces lactis ont été
Les coagulants d’origine animale résultent d’une macération élaborés, afin d’améliorer leur rendement fromager. Le développe-
de l’estomac de ruminants ou encore de monogastriques. ment commercial de ces derniers est très limité.
La principale production est issue plus précisément de la caillette
de ruminants, principalement de veaux, de chevreaux, d’agneaux 2.1.4 Origine animale recombinant l’ADN
ou encore de bovins.
La caillette (abomasum) est la quatrième partie de l’estomac. Les La plus utilisée et la plus récente dans l’histoire des coagulants
trois autres parties étant le rumen (panse), le bonnet (réticulum) et (1990) est la chymosine bovine recombinée (fermented-produced
le feuillet (omasum). chymosin). Ces coagulants sont nommés coagulants FPC fondé sur
une technique recombinant l’ADN d’origine animale, principale-
Un coagulant animal est composé d’un ratio variable de deux ment la chymosine B ; ce coagulant est obtenu par une fermenta-
enzymes que sont la chymosine et la pepsine. tion microbienne, soit par Aspergillus niger ou Kluyveromyces
La qualité intrinsèque d’un coagulant animal, ainsi que sa teneur marxianus var. lactis. Ainsi, cette chymosine fermentaire est iden-
en chymosine et ses variants (A, B et C), sont liés à son mode de tique à la chymosine animale. Le mode de production est donc
production (macération rapide ou lente), ainsi qu’à l’âge de l’ani- plus efficient.
mal et à son alimentation. Le variant A de la chymosine possède
En 2009, la société Chr-Hansen a développé une seconde géné-
une plus grande activité enzymatique. Le variant B, ayant un poids
ration de coagulants FPC en substituant l’ADN d’origine bovine par
moléculaire similaire à celui du variant A (respectivement
un ADN d’origine Camelus (famille des camélidés). Ce dernier per-
35,65 kDa et 35,71 kDa), diffère seulement par sa composition.
met d’améliorer les performances en termes de rendements fro-
Quant au variant C, celui-ci est présent en très faible quantité dans
magers et de qualité des lactosérums, ce qui correspond à de
les présures commerciales, il résulte de la dégradation du variant
nombreuses attentes industrielles.
de la chymosine A [9].
Aux regards de la multitude des offres commerciales, la compo-
sition et la qualité intrinsèque d’un coagulant de type animal sont 2.2 Différents modes de production
variables avec un ratio chymosine/pepsine compris entre 30/70 %
et plus de 95/5 %.
Les coagulants sont produits selon un même principe général
Du fait d’une qualité variable de l’estomac de ruminants (âge, auquel une distinction peut être faite entre les présures d’origine
conservation, alimentation, transport...), d’un prix d’achat instable animale et les autres coagulants, qui est l’absence de fermentation
et d’une demande croissante et spécifique des consommateurs, les proprement dite.
organisations techniques et scientifiques, depuis les années 1960,
ont développé des solutions alternatives. Celles-ci sont de trois ■ Dans le cadre des coagulants d’origine animale, après récep-
origines : microbienne, végétale et chymosine recombinée. tion et sélection des caillettes congelées, les enzymes sont
extraites par broyage et macération.
2.1.2 Origine microbienne Les différentes étapes de filtration permettent d’obtenir la pureté
et la clarification des jus.
Les coagulants d’origine microbienne (microbial-derived coagu- Une éventuelle chromatographie permet la séparation, d’une
lant) sont composés de différentes protéases aspartiques prove- part, de la chymosine (à pH 6) et de l’autre, de la pepsine (à pH 2).
nant de la fermentation de champignons. Parmi le grand nombre
de ceux ayant une capacité présomptive à la coagulation du lait, L’étape finale est la standardisation selon la teneur en chymo-
seules trois espèces sont commercialisées : Rhizomucor meihei, sine recherchée.
Rhizomucor pusillus et Cryphonectria parasitica. Il existe plusieurs types de procédés, généralement identifiés
Leur poids moléculaire est supérieur à celui de la chymosine comme lent ou rapide, pour lesquels seule la durée de macération
d’origine animale. varie (figure 1).
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La gélatine alimentaire :
production et applications
a gélatine est une protéine d’origine animale, obtenue par hydrolyse partielle
L du collagène contenu dans les os et la peau des animaux. Elle est constituée
de 84 à 90% de protéines et de 1% environ de sels minéraux, le reste étant de
l’eau.
La gélatine est vitreuse, fragile, légèrement jaunâtre ou blanchâtre et quasi-
ment sans goût et sans odeur. Elle est fournie sous différentes formes : gros gra-
nulés, poudre fine ou feuilles. La gélatine non gélifiante est utilisée principa-
lement pour sa valeur riche en protéines.
Ingrédient traditionnel de la cuisine familiale depuis des siècles, la gélatine est
aujourd’hui devenue un produit industriel aux multiples utilisations. Elle est très
utilisée pour ses applications culinaires, pharmaceutiques, photographiques et
techniques ; mais c’est aussi un ingrédient primordial dans l’industrie agro-
alimentaire.
Parution : septembre 2001
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Agroalimentaire F 4 800 − 1
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Historique
Les contrôles des produits finis, voire des tests d’application,
La préparation de pâtes gélatineuses remonte à l’antiquité égyptienne, sont réalisés avant toute expédition. Au total, l’ensemble du
puisque de nombreux documents montrent qu’on l’utilisait déjà dans des cycle peut durer jusqu’à trois ou quatre mois. Pour fabriquer
plats comme les truites ou les fruits en gelée. C’est en 1682 que le Fran- 1 kilogramme de gélatine, l’équivalent d’un bœuf ou d’un porc
çais Denis Papin met au point un procédé grâce auquel il extrait des subs- aura été nécessaire.
tances gélatineuses à partir d’os. À partir de 1700, la gélatine est
régulièrement utilisée et un premier brevet britannique sur sa fabrication
est déposé. Vers 1885, des applications dans l’industrie photographique ■ Traçabilité
commencent à se développer. On découvre également, au moment des
guerres napoléoniennes, que la gélatine est une source protéique ali- L’industrie de la gélatine applique des principes de traçabilité très
mentaire fort utile. proches de ceux utilisés pour les produits pharmaceutiques.
Au début du XXe siècle, on préparait soi-même sa gélatine en faisant
cuire très longtemps couennes, os, cartilages et tendons, ce qui fournis-
Dès le départ, un relevé de collecte accompagne les matières pre-
sait un bouillon gélifiant et liant qui prenait en gelée au refroidissement. mières avec une identification de la provenance géographique des
Depuis 1950, la gélatine est produite dans des usines modernes où animaux et du type de matière première (os ou peau, porc ou
l’hygiène joue un rôle primordial. L’industrie de la gélatine connaît un bovin). Après le dégraissage des os, l’usine de gélatine procède à
développement technologique soutenu qui a évolué, grâce à une recher- un nouvel enregistrement de l’origine des matières premières avec
che permanente, jusqu’à devenir une industrie fine et sophistiquée identification de l’atelier de dégraissage et du transporteur.
conforme aux standards de qualité les plus exigeants.
Lors de l’hydrolyse, un numéro d’opération est attribué, complété
par un numéro d’extraction pour chaque fraction issue d’une cuis-
■ Traitements préliminaires son. Après séchage et broyage, chaque lot homogène de produit
Il n’y a pas ou peu de stockage des matières premières fraîches : semi-fini est muni d’une carte d’identification.
elles sont collectées dans les abattoirs et les boucheries, puis traitées Ces produits sont stockés dans l’attente des résultats analytiques
au fur et à mesure, en général dans des usines spécialisées ou sur des comme des contrôles sanitaires, afin d’être ensuite mélangés en vue
lignes bien spécifiques, en fonction de la matière première d’origine. de la constitution de lots de produits finis. Ils pourront alors être com-
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Figure 1 – Répartition du calcium et du phosphore dans le lait (source : ENILBIO, Sébastien Roustel)
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β κ
α
?
Nanoclusters
de phosphate
de calcium
Rayon
a hydrodynamique
Couche
chevelue
Figure 2 – Modèle « Structure ouverte » (d’après Holt & Horne, 1996 ; Horne, 1988)
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a β-lactoglobuline b α-lactalbumine
Structurant
+ CaCl2
Ca + PO2, Ca ?
Évaporation
? Traitements
? thermiques
H Cl
+
Ca
Déstabilisant
Stabilisant
+ présure
?
O4 Ca
H2
Ca ?
Ca HPO4
4
PO
Ca
+ phosphate ?
+
Réfrigération
Ca
+ NaCl
+ Citrate Acidification
Déstructurant
Figure 4 – Influence des principaux facteurs physico-chimiques sur la structure et la stabilité des micelles de caséine (Gaucheron, 2005)
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Pectines
1. Présentation............................................................................................... F 5 000 - 2
1.1 Introduction .................................................................................................. — 2
1.2 Origine et structure chimique ..................................................................... — 2
1.3 Extraction ...................................................................................................... — 3
2. Propriétés physiques ............................................................................... — 3
2.1 Propriétés gélifiantes ................................................................................... — 3
2.2 Propriétés stabilisantes ............................................................................... — 4
2.3 Propriétés viscosifiantes.............................................................................. — 4
3. Mécanisme de gélification des pectines HM .................................... — 4
3.1 Rôle de l’acide .............................................................................................. — 4
3.2 Rôle du sucre................................................................................................ — 4
3.3 Facteurs affectant la gélification ................................................................. — 4
3.3.1 Facteurs intrinsèques......................................................................... — 5
3.3.2 Facteurs extrinsèques........................................................................ — 5
3.4 Caractérisation des gels de pectines HM ................................................... — 7
4. Mécanisme de gélification des pectines LM .................................... — 7
4.1 Facteurs affectant la gélification : facteurs intrinsèques .......................... — 8
4.1.1 Nombre et répartition des groupes esters le long de la chaîne ..... — 8
4.1.2 Amidation ........................................................................................... — 8
4.2 Facteurs affectant la gélification : facteurs extrinsèques.......................... — 8
4.2.1 pH ........................................................................................................ — 8
4.2.2 Force ionique...................................................................................... — 9
4.2.3 Acidité totale (TA) .............................................................................. — 9
4.2.4 Teneur en sucre.................................................................................. — 9
4.2.5 Concentration et source de calcium ................................................. — 9
4.2.6 Température ....................................................................................... — 10
4.2.7 Traitement mécanique....................................................................... — 10
5. Conclusion.................................................................................................. — 10
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. F 5 000
article.
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PECTINES _________________________________________________________________________________________________________________________
1. Présentation OH
O
6C = O
4 O
1.1 Introduction H
5
H 1 H
La pectine contenue dans les fruits a, de tout temps, été utilisée, H
HO 2
in situ, par la ménagère pour la gélification des confitures. En OH OCH3
1825, c’est le Français J. Braconnot qui l’isola pour la première fois 3 O
et la baptisa « pectine » du mot grec pektos (ferme/rigide). C=O
H O
Ce n’est qu’au début du XXe siècle que la pectine a fait l’objet H H
d’une extraction industrielle dans le but de compenser, dans un H
premier temps, la faible teneur en pectine de certains fruits. H
O–
Aujourd’hui, la pectine est très largement utilisée dans l’industrie HO OH O
agroalimentaire et pharmaceutique, pour ses propriétés géli-
C=O
fiantes, stabilisantes ou viscosifiantes. H O
H H
H H
1.2 Origine et structure chimique HO OH
O
Les substances pectiques sont présentes dans tous les végétaux,
localisées dans la lamelle moyenne et la paroi primaire des H
cellules où elles jouent le rôle de ciment intercellulaire, respon- Figure 1 – Structure de la molécule de pectine
sables de la rigidité et de la cohésion. Elles sont associées à
d’autres composants chimiques membranaires tels que cellulose,
hemicellulose, lignine, par des liaisons physiques et/ou
chimiques [1]. Estérification : CH3OH
Amidation : NH2
Selon l’âge des tissus, on rencontre la pectine sous deux Neutralisation par :
formes [2] : K, Na, NH4, Ca
– la protopectine : insoluble car liée aux autres composants ; OH
O 6
– l’acide pectique : soluble dans l’eau à froid. O
=
C O
La transformation progressive de la protopectine en pectine
H H
soluble se fait au cours de la croissance cellulaire, selon des méca- 4 5 H 2 1 H
nismes enzymatiques complexes qui aboutissent au ramol- 3
lissement des tissus végétaux [3]. La molécule de pectine se HO
HO O
présente sous la forme d’un polymère linéaire d’acides D-galactu-
roniques joints en α (1-4) par une liaison glycosidique. La chaîne H
pectique, à l’état solide ou en solution, présente une configuration
spiralée avec un pas de 3 (figure 1). Acétylation par : CH3COOH
Le long de la chaîne principale sont présentes toute une série de Ethérification : Sucres neutres
substitutions, qui en font rarement une structure homogalacturoni- (galactanes, arabanes, xylane, etc.)
que simple.
Figure 2 – Substitution de l’acide galacturonique
■ Les fonctions acides carboxyliques sont plus ou moins esté-
rifiées par du méthanol [4]. On définit ainsi le degré de méthoxy-
lation (DM) des pectines, plus communément appelé degré
d’estérification (DE), comme étant le nombre de fonctions carboxy-
liques méthylées pour cent motifs d’acide galacturonique de la Chaînes
chaîne principale. latérales
■ Les mêmes fonctions acides peuvent, au cours du traitement
industriel de déméthylation en milieu ammoniacal, être amidées.
Dans ce cas, on parlera du degré d’amidation (DA). Rhamnoses
■ Les fonctions acides sont souvent neutralisées par la présence
d’ions mono ou divalents tels que Na+/ K+/ NH+4 /Ca2+.
■ Des ramifications, principalement constituées par de courtes chaî-
nes latérales de sucres neutres (galactanes, arabanes, xylanes...),
sont rattachées aux fonctions hydroxyles secondaires (C2 ou C3) de
la chaîne principale [5]. Ces ramifications sont souvent localisées en Segments
zones dites « chevelues », provoquant une interruption de la régula- galacturoniques
rité des chaînes homogalacturoniques. Dans certaines matières pre-
mières, leur quantité peut atteindre 10 %. Figure 3 – Représentation schématique de la molécule de pectine
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_________________________________________________________________________________________________________________________ PECTINES
R O R O
C H OH C H OH
O H H O H H
O H OH H O H OH H O
OH H H OH H H
O O
H O H H O H
H OH C H OH C n
R O R O
R = OH Acides pectiques Pour 100 unités A.G. :
R = OH, OCH3 Pectines (acides pectiniques) COOCH3 ⭓ 50 Pectines HM
R = OH, OCH3, NH2 Pectines amidées COOCH3 ⭐ 50 Pectines LM
1.3 Extraction
Marc de pommes ou
Écorces d'agrumes L’extraction industrielle de la pectine se fait à partir des
sous-produits de l’industrie des jus de fruits. Marcs de pommes et
écorces d’agrumes sont les sources principales et abondantes de
Hydrolyse de la protopectine pectine en raison de leur richesse en protopectine et en acide
Matières
avec de l'acide dans une
premières pectique. La pectine de pomme est plus riche en sucres neutres et
solution chaude
en amidon (qui constitue le « ballast »), mais moins riche en
protéines et calcium que la pectine d’agrumes. Le procédé
Séparation Marcs d’extraction est basé sur l’hydrolyse par cuisson en milieu acide et
Extraction
dépectinés chaud de la protopectine qui se transforme en acide pectinique. Le
Séparation jus obtenu après séparation de la fraction insoluble est concentré
Filtration
avant d’être mélangé à de l’alcool isopropanol, afin de précipiter la
pectine purifiée. Le coagulum, d’aspect fibreux, est lavé, pressé,
Concentration séché sous vide, puis broyé pour obtenir une poudre fine [2]. Les
réglages de la température, du pH et du temps de l’hydrolyse
Précipitation dans l'alcool permettent de prédéterminer le DE de la pectine. Les pectines ainsi
Distillation
Coagulation extraites, ont le plus souvent un DE compris entre 55 et 75 %
d'alcool
Lavage (pectines HM). Leur masse moléculaire est généralement élevée.
Les pectines LM sont obtenues par désestérification chimique
Séchage/Broyage (acide et/ou alcaline) des pectines HM [6]. Les différentes étapes de
Broyage la fabrication des pectines sont représentées sur le schéma
des pectines
Contrôle lot
ci-contre (figure 5).
La phase de contrôle de chaque lot de poudre est aussi une
étape fondamentale du procédé. Il est en effet impératif de réduire
les variations naturelles des matières premières pour garantir une
Produit constance de fonctionnalité.
Pectines HM Pectines LM
fini D’autres sources de matières premières ont été envisagées pour
Déméthylation l’extraction de pectine, comme le tournesol ou la betterave, mais
n’ont pas encore fait l’objet de commercialisation intensive (du fait
de la qualité de la matière première, de la masse moléculaire
Lavage faible, de la teneur en groupes acétyles...).
Les pectines possèdent des propriétés épaississantes, stabili-
Contrôle des lots santes et surtout gélifiantes.
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et Fabien CANIVET
Application manager
Algaia – Saint-Lô – France
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a Kappaphycus b Eucheuma
par des lettres grecques, à tel point que l’alphabet grec est utilisé
–
O3SO quasiment dans sa totalité [4] [5] [6].
CH2OH O Il a été décrit dans la littérature un nombre important de carra-
O ghénanes. Cependant, dans un souci de simplification, et jusqu’à
O O aujourd’hui, on continue d’utiliser la triade originelle de kappa,
O
iota et lambda, ce qui permet de mieux expliquer les propriétés de
OH ces produits. La seule variante importante observée ces dernières
OR années est la mise en évidence de la fraction kappa-2, auparavant
assimilée à kappa. La différence entre les différentes fractions
iota : R = SO3– (kappa, iota et lambda) est due au nombre et à la position du grou-
pement sulfate, et à la possible présence d’un pont 3,6 anhydro sur
kappa : R = H
le galactose lié via la position 1 et 4.
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1. Gérer la structuration qualité d’un produit, en particulier pour les produits alimentaires
ou cosmétiques. Créer de nouvelles textures est identifié comme
de systèmes complexes l’un des facteurs d’innovation au plan industriel. Dans certains cas
au contraire, il s’agit de modifier la formulation d’un produit (pour
en réduire les coûts ou la teneur d’un ingrédient par exemple) ou
bien de changer une étape du procédé de fabrication sans modifier
1.1 Texture comme premier objectif de façon sensible la texture. Celle-ci est donc souvent un objectif
intimement lié à la structure premier du formulateur.
du produit La définition de la texture met en avant les propriétés rhéolo-
giques du produit en tant que stimulus premier de la texture per-
çue. Dans le cas des gels, sont sollicitées les propriétés
La texture est habituellement définie comme l’ensemble des rhéologiques liées à la résistance à la déformation en deçà des
propriétés mécaniques, géométriques et de surface d’un pro- limites de rupture du milieu (petites déformations). Cela inclut par
duit perceptibles par les récepteurs sensoriels (norme exemple l’observation d’un gel démoulé s’affaissant sous son
NF ISO 5492). propre poids. Dans un test de compression, les gels sont comparés
du point de vue de leur rigidité, ou module, qui peut être évaluée
à partir de la pente initiale de la courbe force-déformation
Il s’agit bien d’un ensemble de propriétés rhéologiques et de (figure 1). Les propriétés liées à la rupture (force et déformation
structure qui vont être perçues par nos différents sens : correspondantes) sont également intéressantes à caractériser.
– le toucher est principalement impliqué aussi bien par la per- Elles traduisent une plus ou moins grande fragilité du produit,
ception des forces nécessaires à la manipulation globale du pro- ainsi que la manière dont il va se rompre, en morceaux de plus ou
duit (somesthésie) et liées à la résistance de celui-ci lors de sa moins grande taille visibles ou perceptibles au toucher.
mastication ou de son étalement par exemple, que par les sensa-
tions liées au contact du produit avec la peau ou la cavité buccale Sur la figure 1, les produits a et c ont ainsi des forces à la rupture
(kinesthésie) ; équivalentes mais le produit c se déforme deux fois plus avant de se
– la vue est également impliquée dans la perception immédiate rompre que le produit a. Le produit b résiste beaucoup plus que le
de la texture, ce qui est particulièrement vrai pour les produits produit c avant de se rompre mais il « lâche » après s’être déformé
« gélifiés » dont l’aspect est le premier facteur d’identification ; jusqu’au même point.
– enfin, l’ouïe peut être sollicitée, plus rarement dans le cas des
gels. Néanmoins, si ceux-ci contiennent des bulles prisonnières Les gels peuvent ainsi être comparés du point de vue de leurs
d’un réseau gélifié – cas d’une mousse par exemple – le bruit propriétés à la rupture, par exemple, à l’aide d’une cartographie
engendré par l’éclatement de celles-ci lors de la manipulation (figure 2) qui permet de les situer du point de vue de leurs proprié-
constitue un élément identifiant de sa texture. tés aux grandes déformations mais également de définir des cibles
La texture, en tant que propriété sensorielle perçue par le de comportement à obtenir pour le formulateur. Les propriétés à la
consommateur, est ainsi l’une des composantes majeures de la rupture peuvent aussi être reliées à la perception sensorielle de la
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Une classification habituelle des systèmes colloïdaux et milieux – d’autre part de l’organisation des éléments dispersés ou des
dispersés à phase continue liquide distingue : chaînes polymères entre elles et des interactions et connections
qui s’établissent.
– les solutions macromoléculaires et les gels ;
– les émulsions ;
– les dispersions de particules solides ;
1.3 Une définition du gel ?
– les mousses.
Un gel se définit d’abord par la nature de son comportement
Mais de fait, les produits réels sont le plus souvent une physique macroscopique : il s’agit d’un solide élastique (viscoé-
combinaison de ces différents types de systèmes et les polymères lastique) de faible module (quelque 102 Pa environ pour un
sont le plus souvent présents, jouant un rôle déterminant dans la yaourt, par exemple), donc facilement déformable (mou) et plus
structuration de la phase continue ou dans l’organisation des élé- ou moins fragile. Au-delà d’un certain seuil de contrainte, sui-
ments dispersés. vant sa rigidité et sa nature, le gel peut se rompre grossièrement
Dans cette perspective, la figure 3 donne une classification sim- ou s’écouler de façon plus homogène comme un fluide épais.
plifiée des différents types de gels et de leur organisation, dont le
paragraphe 1.3 détaille certains points. Comme nous l’avons déjà vu, du point de vue physicochimique
un gel se définit par sa structure microscopique comme un réseau
Ainsi, la structuration du milieu et la texture qui en découle tridimensionnel de matière retenant une grande quantité d’eau
résultent en première approche de deux facteurs principaux : (jusqu’à plus de 95 % en masse le plus souvent). Classiquement,
– d’une part du volume de solvant mobilisé par le polymère mis on distingue :
en œuvre ou de la fraction volumique occupée par les éléments – les gels de polymères à chaîne étendue ;
(ou phases) dispersés ; – les gels particulaires.
A1
b gels articulaires
A1) réseau de polymère. Les chaînes étendues sont connectées par des zones de jonction dont la nature dépend des espèces macromoléculaires mises en jeu.
A2) deux polymères en solution mais n'ayant pas la même affinité pour le solvant et peu d’affinité l’un pour l’autre, peuvent former un système à phases
séparées. Chacun d’eux pouvant être en lui-même gélifiant ou non. Dans l’exemple représenté ici, le polymère dans les gouttelettes est gélifiant mais ce n’est
pas toujours le cas.
A3) gel mixte pouvant se former avec deux polymères associés. Dans l’exemple représenté ici, les deux polymères gélifient par eux-mêmes mais ce n’est pas
toujours le cas.
A4) éléments dispersés (sphériques ou non, polydispersés) figurant des gouttelettes, des bulles ou particules solides dispersées dans un réseau gélifié. Les
éléments dispersés peuvent être connectés (« actifs ») ou non (non actifs) à la matrice dispersante.
B1) réseau formé par agrégation ou entassement de particules (gel particulaire). Chaque particule elle-même peut être constituée de polymère plus ou moins
organisé en structure complexe (cas des micelles de caséines du lait, d’agrégats de protéines globulaires…). Le « remplissage » de l’espace peut être très
important jusqu’au close-packing (non représenté ici) des particules qui peuvent se déformer sous l’effet de l’entassement (grains d’amidon natifs ou réticulés,
microgels acryliques…).
B2) réseau formé par floculation des éléments dispersés par déplétion en présence de chaînes étendues dans le milieu solvant.
B3) système dispersé de particules connectées par pontage par polymère à chaîne étendue (a) ou par protéines agrégées (b).
Figure 3 – Représentation schématique des différents types d’organisation des gels de polymères (échelles pas forcément respectées)
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