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EPFL
david.rossboth@epfl.ch
Mars 2021
1
Contents
1 Préface 5
2 Notions de base 7
2.1 Convention de sommation d’Einstein . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.2 Covariant et contravariant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2.1 Covariant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2.2 Contravariant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.3 Première définition du tenseur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.3.1 La matrice de passage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.3.2 Produit tensoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.3.3 Changement de coordonnées d’un tenseur . . . . . . . . . . . 13
2.4 Tenseur métrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.4.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.4.2 Norme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.4.3 Composantes covariantes d’un vecteur . . . . . . . . . . . . . 16
2.4.4 Lien entre composantes covariantes et contravariantes d’un tenseur
d’ordre 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.4.5 Lien entre vecteurs d’une base et les vecteurs de la base réciproque 18
2.4.6 Relation entre les composantes du tenseur métrique . . . . . . 19
2.5 Éléments sur les pseudo-tenseurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.5.1 Note importante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.5.2 Bases et origines du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.5.3 Vers une formule de transformation des pseudo-tenseurs . . . . 22
2.6 Exercices avec corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.6.1 Exercices sur la convention de sommation d’Einstein . . . . . 24
2.6.2 Exercices sur la covariance et la contravariance . . . . . . . . . 25
2.6.3 Exercices sur la définition du tenseur . . . . . . . . . . . . . . 26
2.6.4 Exercices sur le tenseur métrique . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.6.5 Exercices sur les pseudo-vecteurs . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3 Algèbre tensorielle 30
3.1 Produit tensoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.2 Exemples de produits tensoriels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.2.1 Produit tensoriel de deux vecteurs de dimension 3 . . . . . . . 31
3.2.2 Produit tensoriel de deux vecteurs dans deux bases différentes 32
3.2.3 Produits tensoriels multiples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.2.4 Multiplication tensorielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.3 Deuxième critère de tensionnalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.4 Produits scalaires des tenseurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.5 Contraction des indices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.5.1 Contraction simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2
3.5.2 Multiplication contractée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.5.3 Troisième critère de tensionnalité . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.6 Le produit tensoriel et les applications multilinéaires . . . . . . . . . 38
3.7 Exercices avec corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.7.1 Exercices sur le produit tensoriel . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.7.2 Exercices sur les critères de tensionnalité . . . . . . . . . . . . 44
3
4.9.1 Tenseur de Ricci . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.9.2 Le tenseur d’Einstein . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.10 Exercices avec corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.10.1 Exercices sur la convention d’Einstein appliquée à l’analyse . . 85
4.10.2 Exercices sur les coordonnées curvilignes . . . . . . . . . . . . 86
4.10.3 Exercices sur les symboles de Christoffel . . . . . . . . . . . . 87
4.10.4 Exercices sur la géodésique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
4.10.5 Exercices sur la dérivée covariante . . . . . . . . . . . . . . . . 91
4.10.6 Exercices sur les espaces de Riemann . . . . . . . . . . . . . . 92
4.10.7 Exercices sur le tenseur de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . 95
5 Applications à la physique 97
5.1 Dérivation du tenseur de Maxwell . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.2 Équation de continuité pour la densité d’impulsion électro magnétique 99
5.3 Structure mathématique du braket . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.4 Dérivation de la métrique de Schwarzschild . . . . . . . . . . . . . . . 103
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1 Préface
Le but de ce polycopié est d’initier l’élève de première, deuxième, troisième année
de bachelor de physique et même éventuellement un étudiant vivant ses quelques
premières semaines au sein d’un master de physique aux propriétés algébriques et
différentielles des tenseurs: objets mathématiques primordiaux à l’élaboration de
presque toutes les théories physiques. Nous verrons multiples manières de les définir
ainsi que leur utilisation. Nous allons dans ce but immédiatement commencer par
utiliser la convention de sommation d’Einstein qui, malgré sa complexité apparente,
permet de saisir avec plus de subtilité ce que sont les tenseurs ainsi que de simpli-
fier largement les écritures. Le début sera très abstrait et le lecteur risquera de ne
pas comprendre pourquoi ce qui est écrit aura un intérêt quelconque. ”Dans toutes
les sciences, le commencement est ardu.”, comme le disait Marx dans sa préface du
Capital. Dans un deuxième temps, le lecteur, désormais habile des concepts de base,
pourra comprendre l’utilité véritable des définitions et des conventions. Il sera alors
accompagné dans son étude d’objets mathématiques beaucoup plus subtiles et puis-
sants. Il se verra ainsi recomprendre des concepts de base de l’algèbre linéaire ainsi
que de la géométrie.
Le but restant avant tout l’application de l’idée de tenseur (et ses conséquences)
à la physique, la section 2 portera sur les notions de base que tout physicien doit
connaı̂tre afin de se sortir de la majorité des cours utilisant les tenseurs. La sec-
tion 3 portera sur une construction plus rigoureuse du tenseur, permettant une plus
précise compréhension des mécanismes en jeu derrière les mathématiques présentées
dans la section précédente. La quatrième section portera sur une brève initiation
aux propriétés différentielles des tenseurs, permettant alors au lecteur d’accéder à
la majorité de la physique moderne selon les formulations les plus récentes, tout
comme à la géométrie différentielle et donc la compréhension des équations de la
relativité générale, que nous allons même partiellement démontrer. La cinquième et
dernière section sera une section orientée autour des applications à la physique. L’on
y dérivera divers tenseurs, comprendra la notation bra-ket et dérivera la métrique de
Schwarzschild.
Il faut toutefois que j’avertisse le lecteur que celui-ci ne doit pas s’attendre à com-
prendre réellement la géométrie différentielle comme théorie mathématique. L’on ne
lui présentera qu’une façon de faire de l’analyse avec des tenseurs. Vous verrez que la
différence avec un vrai cours de géométrie différentielle, issu d’une compréhension ap-
profondie de ce qu’est la topologie, est flagrante. Les idées de géométrie différentielle
présentées sont celles nécessaires à un cours de master en relativité générale.
Le physicien sera motivé de savoir que les tenseurs permettent de décrire les mo-
ments d’inerties d’un solide, les déformations de l’espace-temps dues à la matière ainsi
que les interactions des particules élémentaires dans le cadre des théories quantiques
des champs. Ils permettent même souvent une expression unificatrice de principes
physiques que le lecteur aura souvent vu dans des cas spéciaux.
5
De multiples exercices seront proposés au lecteur au cours du dossier, afin que
celui-ci puisse vraiment se familiariser aux idées nouvelles qui lui seront présentées.
Certains exercices, à considérer comme des ”exemples jouets”, seront disséminés tout
au long de la lecture. Leur but est de permettre au lecteur une première approche à la
matière abordée, afin qu’il puisse juger de sa compréhension des mécanismes de base.
Ils permettent aussi une interaction avec le lecteur, pour qu’il soit ponctuellement
mis au défi. D’autres exercices à considérer comme une aide au renforcement de
la compréhension du lecteur, seront, eux, à la fin des chapitres respectifs. Certains
viendront de sources citées, d’autres seront exclusifs.
Le lecteur aura besoin d’avoir de solides connaissances de son cours d’algèbre
linéaire I et quelques connaissances éparses de son cours d’algèbre linéaire II ainsi
qu’une claire idée de ce qu’est la dérivée partielle, puisque ce seront des concepts
intensivement utilisés. Il est aussi recommandé (mais de loin pas obligatoire) d’avoir
des bases de relativité restreinte et de mécanique lagrangienne pour le lecteur qui
veut avoir une compréhension en profondeur de certains exercices que nous estimons
être conceptuellement très intéressants pour tout physicien.
Nous espérons pouvoir transmettre au lecteur le savoir et la passion des algèbres
et analyses tensorielles et que celui-ci ait, après une lecture engagée, beaucoup plus
de facilité à accéder à ses futurs cours de physique.
Les avis des lecteurs sont très volontiers pris en compte, afin d’améliorer la contenu
de ce document ; le but étant de faire de ce dernier un phare qui guidera un maximum
d’élèves de l’EPFL vers la compréhension et l’appréciation des tenseurs à leur juste
valeur. Même si vous n’avez pas de commentaire très élaboré, cela me ferait un plaisir
monstre que vous m’indiquiez que vous avez lu ce texte !
Une série de commentaires, de réflections personnelles, ainsi que de nouvelles
connaissances sur cette matière avancée pour un étudiant de première année m’ont
motivé à retravailler ce document que j’espère devenir joyau de la section de physique
de l’EPFL.
Ce texte s’inspire amplement de [1].
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2 Notions de base
2.1 Convention de sommation d’Einstein
La convention de sommation d’Einstein n’est pas conceptuellement révolutionnaire:
des indices répétés signifient que l’on somme sur une famille donnée. Mais attention!
Les indices qui indiquent la somme ne doivent pas se situer n’importe-où : l’un doit
être en haut et l’autre en bas. Mais afin de ne pas déjà faire crouler le lecteur sous une
masse gigantesque de technicalités, nous allons - pour l’instant - faire abstraction de la
dernière condition énoncée. La famille sur laquelle on somme dépend de la convention
explicitée dans le développement textuel. Usuellement, en mathématiques comme en
physique, sauf indication du contraire, les indices commencent à 1 et vont de 1 en 1
jusqu’au maximum que peut prendre l’indice, souvent la dimension finie d’un espace
considéré. En physique, toutefois, si des effets relativistes sont en jeu, il est usuel
d’utiliser des lettres grecques en indice. Dans ce cadre, l’indice 0 est représentatif
de la coordonnée temporelle, tandis les indices 1, 2 et 3 sont quant à eux réservés
pour les dimensions spatiales. Voici un exemple qui montre comment des équations
alourdies des symboles de sommation deviennent plus faciles à lire et plus belles :
n
X n X
X n
r s r
∂ki y = ¯Γik ∂s y − Γrst ∂i y s ∂k y t
s=1 s=1 t=1
devient
∂ki y r = Γ̄sik ∂s y r − Γrst ∂i y s ∂k y t .
Evidemment, le lecteur du public pour lequel est adressé ce texte ne comprend pas
ce que signifie cette équation pour le moment. Mais nous ne le lui demandons pas !
Nous désirons simplement motiver l’utilisation de la convention ! Bien que l’ensemble
d’indices est potentiellement quelconque, remarquons qu’une somme d’indices répétés
sur une famille non-dénombrable est une intégrale. Dans ce cadre, il est donc plus
agréable d’utiliser le symbole d’une intégrale pour qualifier la somme que l’on effectue.
Remarquons aussi que les sommes infinies dénombrables ne sont généralement pas
représentées sous cette forme non plus. Pourquoi ? Vous verrez que cette convention
de sommation d’Einstein est faite pour pouvoir comprendre une équation entre des
quantités tensorielles (dont les matrices sont un exemple) sous la forme d’une équation
de nombres qui commutent. Ainsi, les sommes infinies ne commutant pas toujours,
nous restreignons l’étude à des sommes finies.
Nous prendrons de plus la convention de mettre en gras un objet mathématique
s’il doit être considéré comme un objet indépendent de toute base. Nous mettrons
donc en gras un objet mathématique si nous ne considérons pas sa représentation,
mais son existence extrinsèque. L’existence extrinsèque est à comprendre, dans le cas
des vecteurs, comme la représentation géométrique du vecteur : une flèche avec une
magnitude, une direction et une origine. Dans le cadre des tenseurs, cette description
est plus abstraite, mais ne vous en faites pas : si vous comprenez le cas des vecteurs
7
maintenant déjà, le cas des tenseurs semblera une extrapolation naturelle. Dans les
sections 2 et 4 de ce dossier, il ne s’agiront que de vecteurs, mais il pourrait, dans un
ouvrage plus orienté sur les mathématiques - comme la section 3 - que les objets en
gras soient des tenseurs.
Il peut être difficile d’en faire abstraction pour le moment, mais le plus vite les
sommes seront effectivement oubliées, le plus vite la danse avec les indices pourra
prendre place dans la tête du lecteur. Et alors, celui-ci sera sur la bonne voie pour
maı̂triser les objets prochainement présentés avec la plus grande des finesses. Toute-
fois, dans un calcul plus appliqué, le lecteur devra souvent utiliser le fait qu’une
répétition d’indices soit une somme.
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mais là, nous écrivons
T r(A) = aii
Nous remarquons que la répétition d’indice a transformé une matrice en scalaire.
Nous dirons plus loin de cette opération que c’est une contraction. Plus loin - et
conformément à l’utilisation de la convention de sommation d’Einstein comme nous
l’avions motivée au tout début - nous écrirons la trace comme étant aii , bien que les
composantes de la matrice donnée soient aij ! Vous verrez qu’il n’y a pas triche !
Exercice : Montrer que toute forme quadratique peut s’écrire sous la forme
aij xi xj
pour A = (aij ) ∈ Mn (K), K un corps qui ne soit pas F2 et x ∈ V un espace vectoriel
de dimension n sur K.
Solution : Nous savons par le cours d’algèbre linéaire II que toute forme quadra-
tique Q : V → K est représentable par une matrice A = (aij ) et que, pour x ∈ V ,
Q(x) = q peut s’écrire
n
X n
X
q = xT Ax = xi aij xj = aij xi xj
i=1 j=1
Puisqu’une somme est indiquée par une répétition d’indices, il faut faire atten-
tion lorsque l’on insère une expression dans une autre. En effet, il faut qu’aucun des
nouveaux indices de l’expression insérée ne figure dans la formule de base, sinon nous
risquons de faire une somme au mauvais endroit !
ij
Exercice : Soit Mi = aijk brs cjk ijr s
rs tel que ckl = dkrls e f . Trouvez une expression
de Mi dans laquelle figurent tous les objets précédents.
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Non pas le fait qu’il y ait des indices en haut, mais les conditions pour qu’ils le soient!
Le but sera dès à présent de formaliser l’utilisation des indices, leur signification et
de commencer à sentir pourquoi la distinction sera indispensable. Nous invitons le
lecteur à revenir aux exercices précédents pour vérifier sa compréhension du sujet.
Les notations dans cette partie sont toutefois encore un peu bancales pour les objets
qui ne sont pas des vecteurs. Ceci sera l’objet de la sous-section suivante.
2.2.1 Covariant
Définition : nous disons qu’une composante d’un tenseur est covariante si elle se
transforme comme un vecteur de base. Nous dénotons alors cette composante par un
indice en bas.
Cette définition ne semble pas faire immédiatement sens, puisqu’elle semble horri-
blement arbitraire. Prenons alors un exemple révélateur, sur lequel nous reviendrons
plus tard : considérons un K - espace vectoriel, V , de dimension n dont (ei ) et (e0k )
sont des bases distinctes. Alors il existe une matrice A passant de (ei ) à (e0k ) et une
autre matrice, A0 allant dans l’autre sens, telle que
e0k = Aei et ei = A0 e0k (4)
Il faut avant tout remarquer que la matrice de passage A est primée si et seulement si
le vecteur qui passe dedans est lui aussi primé. Ceci est la caractéristique qui définit
la covariance d’une composante d’un tenseur !
2.2.2 Contravariant
Définition : une composante d’un tenseur est dite contravariante si elle obéit
à la loi de transformation inverse d’une composante covariante. Nous dénotons ces
composantes par un indice en haut.
Prenons l’exemple des composantes habituelles d’un vecteur x décomposé sur une
base (ei ) et (e0k ). Les composantes sont alors respectivement (xi ) et (x0k ). Démontrons
qu’elles sont contravariantes et que l’écriture d’indices en haut dans les solutions des
exercices était justifiée. En effet,
x = xi ei = xi A0 e0k = (A0 xi )e0k = x0k e0k
10
par définition de la base et de A0 .
Alors, en simplifiant et en faisant la même chose pour l’autre cas - ce que nous
invitons le lecteur à faire - nous obtenons les relations
Il est important de remarquer que l’ordre du ”primage” a été interverti. Il faut faire
passer les composantes primées dans une matrice qui ne l’est pas pour obtenir les
composantes d’un vecteur non-primé et vice-versa ! Nous obtenons donc bien des
relations inverses à celles de (4).
Cette définition est la cause d’un grand pan de blagues sur les méthodologies des
physiciens. Et accordons-nous sur le fait qu’elle soit en effet ridicule. Vous ai-je déçu,
puisque je ne vous ai pas donné plus de compréhension du sujet que ne l’a fait le pro-
fesseur ? Ne vous inquiétez pas, nous élaborerons. Nous verrons que cette définition
est reliée aux covariances et contravariances présentées dans la dernière sous-section.
Mais avant de présenter la formule qui définit ce qu’est un tenseur, nous allons d’abord
construire quelques notions, afin de solidier la compréhension des changements de co-
ordonnées, si cruciaux à la définition du tenseur. Si vous ne pouvez vivre 30 secondes
de plus sans connaı̂tre cette mystérieuse formule, rendez-vous à l’équation (12).
Définition : l’ordre d’un tenseur est le nombre de ses indices différents sur lesquels
il n’y a pas de sommation interne.
Avec cette définition, il est évident qu’un tenseur A de composantes (akij ) est
d’ordre 3, tandis qu’un tenseur B de composantes (bj = akkj ) est d’ordre 1.
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Démonstration : Supposons que A, B ∈ GLn (K) soient semblables et qu’il
existe donc P ∈ GLn (K) telle que
B = P −1 AP.
ei = A0k 0
i ek (7)
ukij = A0r 0s k 0t
i Aj At urs . (9)
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En cours d’algèbre linéaire, nous aurions dit que c’est la matrice identité. Mais
le delta de Kronecker est plus général en le sens que les indices peuvent être des
nombres rationnels aussi [2]. Il faudra noter que nous n’utilisons pas les propriétés
de covariance ou de contravariance du delta de Kronecker, puisque son expression
est indépendante de toute base. D’où l’emplacement des indices qui peut sembler
hasardeux et parfois contradictoire chez certains auteurs. Le lecteur ne devra pas
s’en soucier, puisque par invariance, cela n’aura aucun impact sur les résultats.
autrement dit, et par symétrie de l’argument, les matrices de passage sont des inverses
mutuels !
j j k 0j
A0k
i Ak = δi = Ai Ak (11)
Ceci n’est pas étonnant, puisque les changements de base sont des applications bijec-
tives et que A0 a été défini très précisément comme la transformation inverse de A.
Nous pouvons donc nous réjouir du fait que nous arrivons à retrouver des résultats
fondamentaux de l’algèbre linéaire avec relativement peu d’efforts.
13
sont appelés pseudo-tenseurs. Le fait que l’on puisse placer des indices en haut ou
en bas ne signifie donc pas que l’objet que nous étudions est un tenseur ! Nous
venons donc de voir le premier critère de tensionnalité : un objet mathématique est
un tenseur s’il se transforme sous changement de coordonnées selon (12).
Solution : Cet exercice est très dur, mais permet de montrer la puissance unifi-
catrice formidable du calcul tensoriel. Faisons ce qui semble le plus naturel : prendre
une des coordonnées du gradient. Ainsi, en dérivant par rapport à y i , nous obtenons
une des coordonnées du vecteur gradient de deux façon différentes :
∂F ∂F ∂y 0k
= .
∂y i ∂y 0k ∂y i
Or, nous retrouvons bien une formule de changement de coordonnées en ceci. En
0 ∂y 0k
∂F
effet, si ∂y ∂F
i = xi , ∂y 0k = xk et ∂y i = A0k 0k
i , alors puisque les Ai ne sont que des
nombres (par hypothèse), il est évident que le gradient devienne un tenseur covariant
d’ordre 1. Nous verrons en plus de détails plus loin dans le dossier pourquoi j’ai
pu affirmer qu’il soit covariant. Mais en plus, nous pourrons prendre n’importe quel
système de coordonnées - même curviligne - et cela sera toujours valable, à quelques
termes correctifs près.
14
le moins de symboles que possible et en gardant les composantes des vecteurs explicites.
Ce qui montre bien que le tenseur métrique est d’ordre 2, que ses composantes soient
covariantes car elles respectent la loi de transformation des tenseurs.
2.4.2 Norme
Définition : La norme d’un vecteur, élément d’un espace euclidien, à composantes
contravariantes (xi ) est définie comme :
√ p p
k x k= x · x = xi xj ei · ej = gij xi xj (14)
Alors, si nous avons une courbe Γ paramétrée par (y i (s)), la longueur de la courbe
est Z s2 r
dy i dy j
Z Z p
l = dl = gij dy i dy j = ds gij (15)
s1 ds ds
Ce qui est une formule que nous pourrons étudier plus loin dans le cours, lorsque nous
aurons introduit la définition de la métrique des variétés de Riemann. Nous pourrons
alors calculer des distances dans un espace de (presque) n’importe quelle géométrie !
Nous définissons le temps propre comme étant le τ dans la relation c2 (∆τ )2 = gµν ∆xµ ∆xν
et x = (ct = x0 , x1 , x2 , x3 ) [3]. Quel est la différence de temps propre d’un photon ?
Solution : Un photon qui a existé depuis ∆t secondes aura parcouru c∆t mètres
dans une direction donnée. Quitte à faire de l’algèbre, remettons nos axes de façon
que e1 soit parallèle à la trajectoire du photon. Alors,
1p 1p 2
∆τ = gµν ∆xµ ∆xν = c (∆t)2 − (c∆t)2 = 0.
c c
15
Un photon ne sent pas de temps propre. On peut le voir comme si pour lui, les
distances dans son sens de mouvement sont nulles et s’il ne sentait pas le flot du
temps. En effet, la formule de contraction des longueurs est donnée par
r
v2 l0
l = l0 1 − 2 :=
c γ
tandis que celle de dilatation du temps est donné par
x · ei = x · (A0k 0 0k 0
i ek ) = Ai (x · ek )
Définition : si (ei ) est une base de Ep,q , alors les composantes covariantes d’un
vecteur de cet espace sont définies par
xi = x · ei (16)
Le physicien sera ravi de voir que les composantes covariantes d’un vecteur sont les
composantes du vecteur s’il est projeté sur une base donnée. Ce sont donc des objets
très familliers et très naturels, auxquels il a été habitué durant son premier cours
de phyisque : la mécanique ! Nous allons voir désormais le lien entre composantes
covariantes et contravariantes d’un tenseur d’ordre 1.
16
2.4.4 Lien entre composantes covariantes et contravariantes d’un tenseur
d’ordre 1
Reprenons notre espace Ep,q et (ei ) une base de celui-ci. De plus, prenons un vecteur
ej de la base. Alors il vient
Ce qui est notre première relation qui lie les composantes covariantes aux com-
posantes contravariantes. La deuxième se déduit après avoir définit quelques objets
supplémentaires.
Définition : La base réciproque (ei ) d’une base (ei ) est telle que
ei · ek = δik . (18)
En algèbre linéaire II nous aurions dit que c’est la base duale de (ei ).
Pourquoi les indices en haut semblent justifiés ? C’est ce que nous devons tâcher
de démontrer.
En supposant que gij soit un produit scalaire, nous supposons que le système
d’équations (17) est résoluble (car g = det[gij ] 6= 0 si la forme bilinéaire est non-
dégénérée), alors nous pouvons inverser le tenseur par la méthode préférée du lecteur.
Ceci va résulter en un tenseur contravariant d’ordre 2.
17
Démonstration : Nous nous munissons de deux bases covariantes, (ei ) et (e0k ).
Alors, par les propriétés de la multiplication matricielle et par utilisation de la
définition du tenseur métrique contravariant, il vient que
Nous devons vérifier que si nous essayons de transformer g ij comme un tenseur con-
travariant, alors nous ne trouvons pas d’absurdité. Ce qui se fait aisément avec les
propriétés démontrées précédemment :
xj = g ij xi (20)
Solution : Par le premier lien démontré dans cette sous-section, nous avons :
Nous avons donc désormais les relations qui permettent de passer à des com-
posantes covariantes aux composantes contravariantes en vice-versa. Mais qu’en est-il
des vecteurs d’une base et ceux de la base réciproque, sont-ils aussi liés ?
2.4.5 Lien entre vecteurs d’une base et les vecteurs de la base réciproque
Posons-nous la question de s’il existe un tenseur tel que
ei = Bik ek .
ei = gij ek ⇐⇒ ej = g ij ei (21)
La conséquence immédiate est que tout vecteur x de Ep,q est une combinaison des
vecteurs réciproques :
x = αi ei .
18
Nous affirmons, de plus, que les αi sont les composantes covariantes de x.
x · ej = xj = (αi ei ) · ej = αi δji = αj .
Vous commencez certainement à mieux saisir l’utilité d’une telle convention qui
peut sembler au premier abord très contre-intuitive, mais qui dans les mathématiques,
se simplifie très bien. Un autre exemple serait de vouloir considérer un tenseur
métrique mixte. Nous devons donc le définir. Le choix le plus logique semblerai
de le définir selon un produit scalaire entre un vecteur et un vecteur réciproque :
gij := ei · ej = δij .
19
Alors, par le fait que g ij soit l’inverse de gij ,
20
Autrement dit, avec la convention de sommation d’Einstein, il vient
Maintenant que l’on est mis à niveau et en accord sur les conventions, nous pou-
vons continuer notre escapade mathématico-physique. En un premier lieu, posons
l’application linéaire suivante : ω(x, y, z) = (x, −y, z). Cette application est claire-
ment orthogonale. En fait, c’est une ”application miroir”. Écrivons aussi la matrice
associée à ω, O, dans la base canonique vers elle-même :
1 0 0
O = O−1 = OT = 0 −1 0
0 0 1
Décidons alors que nous ayons un objet centré à l’origine, tournant sur lui-même
dans le sens anti-horaire si l’axe z pointe vers vous. Alors, par la règle de la main
droite, le vecteur vitesse angulaire, Ω, est dans la même direction que l’axe des
z (voyez la figue 1). A l’opposé, après la transformation, le sens de rotation est
modifié, ce qui fait que OΩ = −Ω. Pourquoi est-ce le cas ? C’est vrai que ce n’est
pas forcément facile à voir la première fois. D’abord, pour les besoins de l’analyse,
prenons un point de l’objet qui tourne. Disons que celui-ci se situe en un point de
la forme (0, y, z), avec y > 0. Alors le vecteur de la vitesse instantannée de ce point
à ce moment-là est de la forme (−v, 0, 0)T , avec v > 0. Tout ceci est très évident à
l’aide d’un schéma. Remarquez que ce qu’il se passe sur la coordonnée x ne change
pas après la transformation. Donc le vecteur vitesse se retrouvera inchangé après la
transformation. En revanche, le point se situera en (0, −y, z) après transformation.
21
Puisque le point doit toujours tourner autour de l’axe z, la rotation deviendra horaire,
si l’axe z pointe vers nous !
Vous vous demandez certainement en quoi réside le problème. Eh bien, si Ω, de
norme Ω se transformait comme un tenseur (et donc un vecteur), celui-ci devrait
respecter
Oik Ωi ek = 1 × 0 ex + (−1) × 0 ey + 1 × Ωez = Ωez = Ω
Or, comme l’expose clairement le développement qui avait précédé, représenté par
la figure 1,
OΩ = −Ω 6= Ω
Il y a donc une terrible contradiction. Le raisonnement tombe à plat. Quelle tragédie!
Mais où le raisonnement a-t-il raté ? La question est vite répondue : Ω n’est pas un
tenseur. En particulier, il n’est pas un vecteur !
Exercice : Vérifiez que les pseudo-vecteurs selon tous les axes x, y, z se voient
renversés de signe dans la situation de la figure 1. En déduire que tout pseudo-vecteur
est renversé.
22
Démonstration : Nommons Hρ pour ρ = 0, ..., 3 la transformation orthogonale
(donc élément du groupe O(3)), qui change le signe de ρ axes avant de les tourner selon
un élément de SO(3). Juste avant de continuer, faisons de la nommonclature: soit p
un pseudo-vecteur quelconque et p0 = Hρ p. Soient encore pi et p0i les composantes
covariantes de ces vecteurs. Pourquoi des composantes covariantes ? Car il s’agira de
projeter le vecteur sur un autre, ce sont donc les composantes covariantes qui nous
intéressent. Notez que cette hypothèse implicite est très subtile. Pour démontrer la
formule, regardons les types de choses que peut faire Hρ pour chaque cas possible.
Prenez des transformations orthogonales de composantes Aik et Bjl , pour des trans-
formations des composantes covariantes et contravariantes respectivement. Soit un
pseudo tenseur de composantes Pij11...i
...jm
n
, alors le changement de coordonnées de ce
pseudo-tenseur est
Pk0l11...k
...lm
n
= det[A] Aik11 ...Aiknn Bjl11 ...Bjlm P j1 ...jm
m i1 ...in
23
2.6 Exercices avec corrigé
2.6.1 Exercices sur la convention de sommation d’Einstein
Exercice : Réécrivez les expressions suivantes en utilisant la convention de som-
mation d’Einstein. Précisez quels indices sont libres et lesquels sont muets.
Solution : 1. Dans l’expression suivante, l’indice j est libre et l’indice k est muet
:
bjk xk = 6.
2. Dans l’expression suivante, i est un indice muet :
b1i d1i = M.
Exercice : Si les indices i, j et k vont de 1 à 3, développez l’expression Mijk B ij .
Solution : L’indice k étant libre, il faut sommer 9 quantités entre elles. Nous
obtenons alors
Mijk Bij = M11k B11 + M12k B12 + M13k B13 + M21k B21 + M22k B22 + M23k B23
+M31k B31 + M32k B32 + M33k B33
Exercice : Démontrez que nous pouvons écrire un déterminant d’ordre 3 sous la
forme det[aijk ] = εijk a1i a2j a3k . Où εijk est le symbole de Levi-Civita défini comme
1 si (ijk) est une permutation paire
ijk
ε = −1 si (ijk) est une permutation impaire
0 si (ijk) n’est pas une permutation
24
2.6.2 Exercices sur la covariance et la contravariance
Exercice : Soient a, b, c et d quatres scalaires non-nuls. Soient alors des vecteurs
e1 , e2 et e3 définis par
Solution : 1. Il est assez facile de remarquer que si nous essayons de former une
combinaison linéaire des ei qui soit nulle, alors les coefficients λi devant chaque ei
doivent être nuls. Ceci montre que nous avons une famille libre. Nous avons donc 3
vecteurs libres dans un espace à 3 dimensions. Les vecteurs forment ainsi une base.
A = x1 a + x2 b , B = x2 c et C = x3 d.
x1 = a1 , x2 = a2 − a1 et x3 = a3 − a2 .
25
2. La première méthode consiste à utiliser la définition des composantes covari-
antes d’un vecteur. Alors nous avons
x1 = A · e1 = a1 + a2 + a3 , x2 = a2 + a3 et x3 = a3 .
La deuxième méthode consiste à trouver le tenseur métrique, puis calculer les com-
posantes covariantes à partir des composantes contravariantes en utilisant xi = gij xj .
Nous devons alors en un premier temps calculer les composantes covariantes du
tenseur métrique, ce qui se fait facilement avec gij = ei · ej . Alors,
g11 = 3 , g12 = g21 = g22 = 2 et le reste des composantes est égal à 1.
Alors,
x1 = 3a1 + 2(a2 − a1 ) + 1(a3 − a2 ) = a1 + a2 + a3 .
x2 = 2a1 + 2(a2 − a1 ) + 1(a3 − a2 ) = a2 + a3 .
x3 = a1 + 1(a2 − a1 ) + 1(a3 − a2 ) = a3 .
Solution : Nous avons, par les règles de la trigonométrie dans un espace euclidien
que
e01 = cos α e1 + sin α e2 et e02 = − sin α e1 + cos α e2 .
Alors, nous avons
A11 = cos α , A21 = sin α , A12 = − sin α et A22 = cos α.
Pour les A0ik , c’est le même travail qui doit être effectué, dès lors, les solutions sont
A01 02 01 02
1 = cos α , A1 = − sin α , A2 = sin α et A2 = cos α.
26
2. Montrez que les quantités aij sont les composantes covariantes d’un tenseur
d’ordre 2.
Les autres termes sont de la même forme, donc il est facile de voir que c’est une
forme quadratique et que nous pouvons réécrire l’expression initiale sous la forme
aij xi xj = 1. Nous avons par exemple
Nous pouvons alors isoler l’expression qui permet d’affirmer que les aij sont des quan-
tités tensorielles covariantes :
aij Aik Ajl = a0kl .
27
Solution : Par exemple, développons en i = j = 1. Alors,
Or, nos vecteurs de base sont orthogonaux, i.e gij = 0 si i 6= j. Donc tous les termes
dans l’addition sauf le premier sont nuls. Alors,
1
g11 = .
g11
Ce raisonnement étant exactement le même pour tout autre choix de i = j, nous
avons démontré la relation.
dr = 0.
28
Alors, rs 2 2
ds2 = −c2 dτ 2 = − 1 − c dt .
r
Il nous faut maintenant décider ce qu’il faut faire. τ est le temps tel que ressenti par
l’horloge et t, celui observé par l’observateur lointain. Autrement dit, il faut prendre
l’expression précédante et essayer d’isoler t. Pour cela, il faut la transformer comme
ceci : 2
dt 1
= .
dτ 1 − rrs
En prenant la racine puis en intégrant de 0 à ∆τ , il vient
Z ∆τ Z ∆τ
dt 1
dτ = p dτ.
0 dτ 1 − rrs 0
Autrement dit, nous avons cette expression du temps observé par l’observateur loin-
tain selon celle de l’horloge proche du trou noir :
∆τ
∆t = p rs
.
1− r
Ce qui signifique que le plus l’horloge se rapproche du trou noir, le plus le temps
semble s’écouler lentement par rapport à un observateur lointain, jusqu’à se figer
totalement une fois que l’horloge touche l’horizon des évènements !
29
3 Algèbre tensorielle
Le physicien sera normalement préparé à affronter tous les tenseurs qui lui seront
présentés avant et pendant sa troisième année d’études universitaires. Tout physicien
ne verra d’ailleurs jamais vraiment l’utilisation du produit tensoriel comme il sera
utilisé lors de la section qui suivra, sauf si celui-ci se lance en physique théorique,
notamment en mécanique quantique et théorie quantique des champs ou si ce-dernier
souhaite lire un ouvrage de géométrie différentielle afin de comprendre son cours sur
la théorie des cordes. Par ailleurs, l’étudiant intéressé en physique mathématique
rencontrera plus que certainement le produit tensoriel. Cette motivation, ainsi que le
fait que nous trouverons de nouveaux tests de tensionnalité, dans la même lancée que
des justifications plus formelles de ce qu’est le produit tensoriel et la contraction est la
raison conceptuelle du présent chapitre. Cela pourra aussi certainement aider certains
lecteurs à comprendre d’une façon meilleure ce que sont les tenseurs. L’intérêt éducatif
principal sera de découvrir des formules utiles pour l’analyse tensorielle. Cette partie
est donc un prérequis de la partie 4 !
1. (x + y) ⊗ z = x ⊗ z + y ⊗ z
2. (λx) ⊗ y = x ⊗ (λy) = λ(x ⊗ y)
3. Lorsque nous avons choisi une base (ei ) de En et une base (fj ) de Em , alors
(ei ⊗fj ) est une base de Enm , espace que nous appellerons, par commodité de notation,
En ⊗ Em .
Nous axiomatisons qu’une telle opération est forcément associative. Mais atten-
tion, nous verrons rapidement qu’elle n’est pas obligatoirement commutative !
Définition : Un tenseur est un élément d’un espace vectoriel muni d’une struc-
ture d’espace tensoriel.
Exercice : Vérifiez que R soit un espace issu d’un produit tensoriel de deux autres
espaces vectoriels.
30
Solution : Pour faire ceci, essayons de créer une opération qui respecte que R
soit un espace issu du produit tensoriel de deux espaces, mais aussi que cette opération
respecte les conditions du produit tensoriel. Nous conjecturons que R ⊗ R = R. En
effet, les nombres réels respectent les 2 premières conditions de la définition si à la
place de ”⊗” nous avons la multiplication classique. De plus, n’importe quel nombre
non nul est base de l’espace vectoriel R. Ainsi, le produit de ces deux nombres est
aussi un nombre non-nul. Le produit forme donc une base. R est donc un espace issu
de deux autres espaces vectoriels.
Ainsi, un scalaire est donc un tenseur d’ordre nul ! Ceci est une remarque impor-
tante pour comprendre la contraction et la fin de la section 3.
Nous tenons à faire remarquer que la définition que nous en avons donnée est pour
les espaces euclidiens, mais que nous verrons - par la formalisation de fin de chapitre
- que ceci tient pour n’importe quel espace vectoriel. Nous donnons une structure
d’espace euclidien afin d’avoir un produit scalaire et donc une métrique. En effet,
nous voulons pouvoir apporter les concepts de la section précédente !
U = x ⊗ y = xi y j (ei ⊗ ej ).
Alors la base dans laquelle U s’exrime ainsi est une base d’un espace à 9 dimensions
et telle que
ek = (δ1k , ..., δ9k ),
alors
U = uk e k
où uk = uij = xi y j . Or l’écriture avec k ne semble pas très informative et très
dépendante des conventions, mais elle permet de comprendre qu’un tenseur en fait,
ce n’est qu’un vecteur. Cependant nous préfèrerions mettre en avant le fait qu’il y
ait des indices initiaux i et j, puisqu’on sent que l’écriture avec un seul indice nous
31
fait perdre un sens de structure que l’on avait précédemment. Nous définissons donc
un vecteur de base de l’espace E3 ⊗ E3 :
eij = ei ⊗ ej .
Pour se convaincre qu’un espace tensoriel est un espace vectoriel, nous pouvons a
priori écrire (pour mettre l’emphase sur le fait que U soit un élément d’un espace
vectoriel) si l’on se dote d’une convention, la chose suivante :
Nous constatons que E3 ⊗ E3 et E9 muni d’une structure d’espace tensoriel sont les
mêmes espaces vectoriels. Mais nous verrons, et cela est important, que tout élément
de E3 ⊗ E3 n’est pas issu d’un produit tensoriel de deux vecteurs, pour tout vecteur
de E3 . Un tenseur de E3 ⊗ E3 est plutôt une combinaison linéaire de produit tensoriel
de deux vecteurs de E3 !
Il faut de plus noter que si nous avions fait le produit tensoriel de x et y dans
l’autre sens, alors les composantes contravariantes du tenseur auraient été dans un
sens différent, mais auraient toutes adopté les mêmes valeurs numériques par commu-
tativité de la multiplication des nombres. Nous pouvons ainsi conclure que le produit
tensoriel n’est pas commutatif, mais donne des résltats semblables !
ei = A0k 0 0l 0
i ek et fj = Bj fl .
D’où,
u0kl = uij A0k 0l
i Bj (27)
Ce qui démontre que les composantes du tenseur étaient contravariantes.
Exercice : Appliquez les mêmes principes pour démontrer que les composantes
covariantes d’un tenseur d’ordre 2 se comportent bien comme vu à la section 2.
32
Solution : Soit U un tenseur écrit comme produit tensoriel de deux vecteurs dans
une base ei ⊗ f j , alors, en reprenant les mêmes conventions,
U = uijk (ei ⊗ ej ⊗ ek ) = uijk A0li Ajm Akn (e0l ⊗ e0m ⊗ e0n ) = u0lmn (e0l ⊗ e0m ⊗ e0n )
Notez que nous aurions pu prendre le produit tensoriel dans un ordre différent, si
nous n’étions pas doté d’une base dans la consigne ; tant que ej figurait à gauche de
ek . NNous devons noter que l’espace que nous avons considéré n’était pas E⊗3n , mais
∗⊗2
En En . Mais nous souhaitons laisser ces subtilités vers la fin, une fois le produit
tensoriel introduit très formellement.
W = wijklm (ei ⊗ ej ⊗ ek ⊗ el ⊗ em )
33
Ce qui représente la structure générale de la multiplication tensorielle. Nous pouvons
noter que les mathématiciens utilisent un grand nombre de symboles représentant des
opération mathématiques qui ne sont représentées par aucun symbole en utilisant la
convention de sommation d’Einstein, donc en ne travaillant que sur les composantes!
Nous perdons de la subtilité que l’on échange pour de la facilité, c’est une offre qui
se vaut.
Si nous prenons le produit tensoriel de E2 avec lui-même, alors uij est produit
tensoriel de deux vecteurs si
y1 u11 u21
= = (31)
y2 u12 u22
Tous les autres éléments de En ⊗ Em sont alors des combinaisons linéaires de produits
tensoriels de vecteurs.
11 20
Solution : En utilisant le test ci-dessus, nous trouvons que 8
6= 12
, donc il
n’existe pas de vecteurs qui puissent être à l’origine de ce tenseur.
34
3.4 Produits scalaires des tenseurs
L’étude des produits scalaires des tenseurs va nous permettre de mettre en lumière les
relations entre les composantes covariantes et contravariantes des tenseurs. Nous nous
restreignons toutefois l’étude approfondie des produits scalaires à celle des tenseurs
d’ordre 2, puisque la généralisation est très aisée, mais ne reviendra pas dans la suite
du dossier. La seule difficultée sera de trouver une notation qui ne soit pas lourde.
Nous laissons donc l’étudiant très intéressé généraliser rigoureusement à des tenseurs
d’ordre quelconque.
Définition : Soit U = x⊗y et une base (ei ⊗ej ), alors nous définissons le produit
scalaire U · (ei ⊗ ej ) comme étant
U · (ei ⊗ ej ) := xi yj (32)
Avec cette définition, nous nous rendons compte d’une relation très importante
qui confirmera une intuition que nous avons essayée de donner au lecteur, mais que
l’on généralise, cette fois-ci à tous les tenseurs.
Repartons de la définition du produit scalaire d’un tenseur sur une base et tra-
vaillons sur le membre de gauche de l’égalité
Solution : Par définition du produit scalaire d’un tenseur d’ordre deux et des
vecteurs de base de E⊗2
n ,
35
Ce qui démontre la relation demandée.
36
3.5 Contraction des indices
Nous en avions brièvement parlé dans le corrigé d’un des exercices de la deuxième sec-
tion, nous y voilà. C’est l’une des opérations les plus communes en algèbre tensorielle.
De plus, ce concept va nous permettre de créer un ultime critère de tensionnalité,
très efficace et très facile à utiliser, pour des objets mathématiques de la physique
notamment. Pour motiver le physicien intéressé en relativité, la partie de gauche de
l’équation de gauche est la double contraction d’un théorème d’analyse tensorielle.
Nous verrons d’ailleurs ce que cela signifie à la fin du dossier.
Exemple 1 : Nous pourrions, dans les faits, laisser des indices libres dans la
définition du produit scalaire. Alors on se retrouverait muni d’un tenseur mixte
d’ordre 2.
vij = xi y j .
Mais ce n’est que lorsque nous fixons i = j que nous avons un produit scalaire
v = xi y i .
v = xi y j gij = v ji gji
Exemple 2 : Prenons un tenseur U tel qu’il ait des composantes mixtes uij
k.
i
Définissons alors des quantités (v ) de telle sorte que
k ij k ij
v i = ui1 in
1 + ... + un = δj uk ≡ gj uk .
Nous allons vérifier que ces quantités sont bien les composantes contravariantes d’un
tenseur d’ordre 1.
0l 0m k ij
Par les lois de changement de base des tenseurs, nous savons que u0lm
n = Ai Aj An uk
et v 0l = δm
n 0lm
un . Ainsi,
n 0l 0m k ij
v 0l = δm Ai Aj An uk = A0li (δm Aj An )uij
n 0m k 0l 0m k ij
k = Ai Aj Am uk
37
est de composantes contravariantes ui1 ...in , nous pouvons baisser i1 , par exemple en
faisant
uij21...in = gj1 i1 ui1 ...in .
Il suffit alors de fixer par exemple j1 = i2 = k et,
v i3 ...in = uki
k
3 ...in
= gi2 k uki2 i3 ...in
tjk ijk
mno = u vimno
Nous pouvons les contracter au maximum, c’est à dire trouver des xi , yj et des
z tel que le produit contracté avec les uij
k
k doive se transformer comme un tenseur de
rang 0 : un scalaire.
α = uijk xi y j z
k
38
après leur première année d’études universiatires, ont encore envie de traiter de la
théorie des cordes. Nous introduisons donc ceci dans un soin d’entièreté et afin de
permettre aux plus mathématiquement rigoureux d’entre vous de ne pas tomber des
nues quand vous ouvrirez votre premier livre de géométrie différentielle, ou quand
vous discuterez des espaces de Fock durant votre cours de mécanique quantique.
Où ”×” désigne le produit cartésien. Il faut que φ satisfasse la condition suivante
(dite universelle) [5] :
Il est - il me semble - important de noter que cette définition assure toutes les
propriétés que nous avons données au produit tensoriel au tout début du chapitre.
Nous pouvons ajouter que, comme remarqué au tout début du chapitre, x⊗y 6= y ⊗x,
mais que sur une base, les valeurs numériques réapparaissent, juste dans le désordre.
Nous avons en effet une relation plus faible que E ⊗ F = F ⊗ E ; la vraie relation est
E⊗F ∼
= F ⊗ E.
39
K n . Si nous disposons d’une base ϕi de l’espace dual, il existe λ et µ des covecteurs
et des λi et µj tels que
n
X n
X
λ= λi ϕi et µ = µj ϕj .
i=1 j=1
Par ce qui est donné dans la proposition précédente, nous pouvons dire que β = λ ⊗ µ
est une forme bilinéaire car si bij = λi µj , nous avons que
n
X n
X
β(x, y) = λi µj (ϕi ⊗ ϕj )(x, y) = bij ϕi (x)ϕj (y).
i,j=1 i,j=1
vwT .
Or, un vecteur dont on prend la transposée est un covecteur ! Il en vient que si nous
appelons φ le covecteur dual de w (φ(w) = 1),
v ⊗ φ = vwT = vφ.
Nous avons bien cette relation car si nous appliquons cette dernière application à un
vecteur x de K n quelconque,
vwT x = vφ(x)
et
(v ⊗ φ)(x) = v ⊗ (φ(x))
Or, puisque φ(x) n’est qu’un nombre, il en vient que cette dernière égalité est bien
égale à vφ(x) ! Il en vient donc que
Mn (K) ∼
= K n ⊗ (K n )∗ .
Si vous vous rappelez de nos discussions du tout début du dossier, nous disions
qu’une forme quadratique, donc bilinéaire symétrique, était de composantes bij , tan-
dis qu’une matrice d’une application linéaire était de composantes Aji . Nous avons
donc mis en lumière quelque chose de primordial !
40
Proposition : Si E est un espace vectoriel, alors un tenseur élément de
p,q
O
⊗p ∗⊗q
Tqp (E) =E ⊗E = E
est p-contravariant et q-covariant ! La paire (p, q) est souvent utilisée pour désigner
les ordres de covariances et de contravariances d’un tenseur.
Nous venons donc de formaliser ce que nous avions introduit avec les vecteurs de
base et de base réciproque ! Ce que nous avons introduit est donc justifié, c’est bien
heureux !
41
3.7 Exercices avec corrigé
3.7.1 Exercices sur le produit tensoriel
Exercice : Les composantes mixtes tijk d’un tenseur T élément de E⊗3
2 sont les
suivantes :
Solution : 1. Les composantes contractées sont données par uk = t11k + t22k , d’où:
u1 = 0 + 0 = 0 et u2 = 2 + (−2) = 0.
Ainsi, nous avons trouvé que le tenseur U de composantes covariantes uk est le vecteur
nul. i.e. U = 0.
2. Les composantes covariantes du tenseur T sont trouvées en utilisant la relation
tijk = gil tljk :
42
1. Soient les produits d’opérateurs A1 A2 et B1 B2 agissant respectivement sur εp
et εq . Montrez que
A1 A2 ⊗ B1 B2 = (A1 ⊗ B1 )(A2 ⊗ B2 )
2. Soient A et B inversibles. Trouvez l’inverse de A ⊗ B.
3. Soient Ψ (et Φ) des vecteurs propres de A (respectivement B) de valeur propre
associée α (respectivement β). Montrez que le vecteur Φ ⊗ Ψ est vecteur propre de
A ⊗ 1q et 1p ⊗ B. Quelles sont les valeurs propres associées ?
4. Soient (Φi ) et (Ψj ) des bases respectives de εp et εq . Les éléments matriciels
de A et B sont aki et blj définis par :
p q
X X
AΨi = aki Ψk et BΦj = blj Φl .
k=1 l=1
Or, en développant la partie de droite de l’identité que nous voulions démontrer, nous
obtenons
(A1 ⊗ B1 )(A2 ⊗ B2 )(Ψ ⊗ Φ) = (A1 ⊗ B1 )(A2 Ψ ⊗ B2 Φ) = [A1 (A2 Ψ)] ⊗ [B1 (B2 Φ)].
Ce qui démontre que l’égalité, puisque cela doit être vrai pour tout Ψ ⊗ Φ.
43
3.7.2 Exercices sur les critères de tensionnalité
Exercice : Utilisez le dernier critère de tensionnalité pour montrer que :
Solution : 1. Formons le produit tensoriel des quantités gij avec les composantes
contravariantes v k d’un vecteur V : gij v k . Si nous effectuons une contraction sur
j = k, nous avons
gij v j = vi .
Nous obtenons ainsi un tenseur d’ordre un, ce qui implique que les gij sont les com-
posantes covariantes d’un tenseur d’ordre 2.
2. Le produit tensoriel des δij par les composantes covariantes vk d’un tenseur
d’ordre un nous donne les quantités δij vk . Si nous effectuons une contraction sur les
indices j et k, nous obtenons les quantités
δij vj = vi .
Puisque le même raisonnement peut être mené avec des composantes contravariantes
v l , les δij sont des composantes mixtes d’un tenseur d’ordre 2.
(k1 k2 k3 )1/3 ∇2 T = 0.
44
Solution : 1. Les composantes du vecteur grad T figurent dans la loi de Fourier
et forment un produit tensoriel contracté avec les kij , ce qui résulte en des com-
posantes covariantes hi d’un vecteur. Ceci nous indique, par le dernier critère de
tensionnalité, que les kij sont les composantes covariantes d’un tenseur d’ordre 2.
Or, puisque nous avons supposé les kij indépendants de la position, la dérivée partielle
et les kij commutent, ce qui donne :
∂ 2T
kij = 0.
∂xi ∂xj
Nous obtenons
∂ 2T ∂ 2T ∂ 2T
1/3
(k1 k2 k3 ) + + = 0.
∂X12 ∂X22 ∂X32
Ce qui est exactement la forme demandée. Cette équation est (relativement) simple
à résoudre analytiquement. Il suffit donc de trouver les axes principaux et la solution
devient beaucoup plus facile à calculer !
45
4 Les tenseurs et les propriétés différentielles
Le physicien aime exprimer les différences de grandeurs physiques à l’aide du lan-
gage de l’analyse. Dérivées et intégrales sont le pain quotidien du physicien. Il est
alors naturel de se demander si les tenseurs peuvent nous aider à représenter des
grandeurs différentielles de vecteurs ou d’objets mathématico-physiques encore plus
complexes. C’est dans ce but que nous allons d’abord introduire les espaces ponctuels
- espaces vectoriels subtilement différents - puis commencer à énoncer des propriétés
différentielles des vecteurs. Nous allons ensuite nous demander comment nous pour-
rions les calculer à l’aide de l’algèbre tensorielle définie les chapitres précédents.
Premièrement, nous analyserons des vecteurs changeants dans un espace fixe, puis
nous essaierons de généraliser les outils développés à un espace à géométrie courbe
(une sphère, un tore, les environs d’un trou noir, etc). Les mathématiques présentées
seront donc celles de la relativité générale, mais ce qui sera présenté jusqu’à la section
4.5 sera tout de même utile en électrodynamique classique, entre autres.
1. AB = −BA
2. AB = AC + CB
3. Si O est un point arbitraire de εn , alors pour tout M de εn , il existe un seul x
de En tel que OM = x
Soient deux repères, (O, (ei )) et (O0 , (e0k )). Cherchons la loi de changement de
coordonnées. Posons ei = A0k 0
i ek et sa réciproque bien connue ainsi que les relations
OO0 = αi ei , O0 O = α0k ek et OM = xi ei , O0 M = x0k e0k . Alors, avec
46
4.1.1 Définitions et notations des dérivées
Soit un espace ponctuel εn de repère (O, (ei )) et un vecteur fonction d’un paramètre
α, x ≡ x(α) = xi (α) ei . Nous supposons que les vecteurs de base (ei ) soient constants.
0 dxi (α)
x (α) = ei . (38)
dα
Définition : la différentielle de x est donnée par
dx = x0 (α) dα (39)
Soit toujours notre espace ponctuel εn de repère (O, (ei )). Maintenant, si x est
une fonction de plusieurs paramètres αi , i.e. x ≡ x(α1 , ..., αm ) = xi (α1 , ..., αm ) ei .
∂x ∂xi
= ei (40)
∂αj ∂αj
Définition : la différentielle de x est
∂x
dx = dαi (41)
∂αi
Notations : Si nous avons une fonction f ≡ f (y 1 , ..., y n ), nous allons noter dans
la suite
∂f
= ∂i f
∂y i
Ainsi que
∂ 2f
= ∂ik f.
∂y i ∂y k
On aura en un premier temps dérivé par rapport à y k , puis par rapport à y i . Avec
cette convention, si nous avons x = xi ei tel que xi ≡ xi (y 1 , ..., y n ), alors
∂x
= ∂k x = ∂k (xi ei ) = (∂k xi )ei = xi,k ei .
∂y k
Il faut noter que l’indice en bas a une justification mathématique rigoureuse, mais
qui nécessiterait d’avoir étudié rigoureusement la topologie ainsi qu’avoir eu une in-
troduction à la géométrie différentielle. Vous pouvez donc comprendre ma réticence
à en parler. Nous pouvons nous contenter de le comprendre comme une convention
qui soit cohérente avec toutes les futures définitions. L’écriture avec une virgule est
souvent recontrée dans la littérature américaine, surtout si l’on cherche à prendre
47
la dérivée d’une fonction par rapport à une dérivée (pensez dérivée de l’énergie par
rapport à la vitesse). Nous n’utiliserons pas cette notation, puisque’elle tend à être
difficile à lire dans des notes manuscrites, surtout sur du papier quadrillé.
De plus, si l’indice pour la dérivée partielle est en haut - ce qui est souvent ren-
contré en physique - il faut comprendre cela comme :
∂ j xi = g kj ∂k xi . (42)
48
Définition : nous appelons lignes de coordonnées les ensembles de points M tels
que l’on ne fasse varier une seule coordonnée en gardant les autres coordonnées con-
stantes.
xi = f i (u1 , ..., un )
uk = g k (x1 , ..., xn )
49
C’est certainement plus facile de comprendre les définitions précédentes à l’aide
d’un exemple bien connu : les coordonnées polaires. Les coordonnées polaires sont
souvent représentées comme dans Fig.(2). En fait, vous remarquez que ce sont les
lignes de coordonnées qui y sont montrées. On en tire deux choses: une meilleure
compréhension des lignes de coordonnées et que l’espace n’est pas modifié par le choix
de coordonnées curvilignes. Seule la structure algébrique de l’espace est modifiée.
C’est pour ça qu’en mécanique tout particulièrement, pour exploiter les symétries du
problèmes, l’on prend un système de coordonnées curvilignes tel qu’au moins une des
lignes de coordonnée suive une trajectoire de l’objet.
∂OM
ek = = ∂k M. (45)
∂uk
La notation ∂k M est pour mettre en avant le fait que l’origine n’a pas d’influence
sur le résultat.
Nous remarquons de même que si M est de coordonnées (xi ), alors
La question que vous pourriez vous poser c’est, pourquoi vouloir définir les vecteurs
de base ainsi ? Nous ne faisons que dériver par rapport aux coordonnées, après tout,
rien de mirobolant. Pour comprendre pourquoi c’est le choix naturel, prenons pour
exemple les coordonnées polaires, montrées en Fig.(2). Mettons que les coordonnées
curvilignes soient (ρ, θ) et en coordonnées carthésiennes, on a OM = (ρ cos θ, ρ sin θ)T .
Alors, en appliquant la définition (45), il vient,
cos θ −ρ sin θ
eρ = et eθ =
sin θ ρ cos θ
Vous voyez rapidement qu’ils sont donnés dans le même sens et la même direction
que ce que vous avez vu dans un cours de mécanique, bien qu’ils ne soient pas nor-
malisés. La question est donc, quelle magie s’opère ? En prenant la dérivée d’un
certain point selon chaque coordonnée, par la définition de la dérivée partielle, nous
regardons localement le changement d’une seule coordonnée. Ainsi, nous suivons les
lignes de coordonnées de façon infinitésimale ! Donc ∂k M sera tangent à la ligne de
50
coordonnée tracée par uk au point M .
∂M ∂M ∂ui ∂ui
e0k = = = ei 0k
∂u0k ∂ui ∂u0k ∂u
Et inversément,
∂u0k 0
ei = e .
∂ui k
Nous allons essayer de rejoindre les notations des vecteurs, comme nous l’avons
demandé dans un exercice du chapitre 2. Il est important de se rappeler que les
vecteurs de base la base naturelle sont attachés en M . Ceci permet de comprendre
que les composantes de la matrice de passage que nous allons définir sont bien des
nombres et non des fonctions, ce qui rendra le développement qui suivra légitime.
Puisque nous avons défini que les vecteurs de la base naturelle sont covariant, nous
aimerions retomber sur une expression du type ei = A0k 0
i ek . Ce qui se fait facilement
en posant
∂u0k ∂ui
A0k
i = et A i
k =
∂ui ∂u0k
Ce qui avec la notation de la dernière sous-section s’écrit
A0k
i = ∂i u
0k
et Aik = ∂k ui
Ce qui est une écriture très naturelle. Notez que nous allons tout de même préférer
l’écriture avec les dérivées partielle, étant plus velue, mais nettement plus informa-
tive. Le seul choix que nous avons fait ici qui aura une répercussion est de dire que la
base naturelle - comme toute base constituée de vecteurs - est covariante. Remarquez
de plus que les composantes Aik sont celles de la matrice jaccobienne de changement
de coordonnées !
Vous aurez peut-être remarqué que nous avons écrit ∂ui /∂u0k = ∂k ui et non ∂0k ui .
Pourquoi perdre cette information ? Je vous croirais si vous me disiez que vous
étiez perdu dans une démonstration à cause ce l’absence de primage. Je ne veux
pas le faire car si vous preniez l’habitude d’écrire cela, un professeur pourrait croire
que vous prenez une dérivée. Contre un occasionnel d’effort supplémentaire durant la
lecture, vous n’aurez pas de quiproquo avec une personne n’ayant pas lu ce document.
51
La comparaison avec les vecteurs permet de conclure quelque chose de très impor-
tant pour la suite : l’ensemble des bases naturelles en un point M de εn est identique
à l’ensemble des bases de l’espace euclidien En qui lui est associé !
Quelque chose de remarquable se fait désormais voir : les quantités duk représentent
les composantes contravariantes du vecteur dM dans un système de coordonnées uk !
Ceci est pourquoi la base naturelle est si naturelle !
Exemple : comment trouver les symboles de Christoffel dans le cas des coor-
données sphériques ? Posons déjà le vecteur position d’un mobile M :
52
D’où, en dérivant par les bonnes variables, les vecteurs de la base naturelle en coor-
données sphériques :
53
4.3.3 Les symétries du symbole de Christoffel
Dans l’exemple du calcul des symboles de Chirstoffel pour les coordonnées sphériques,
nous aurions dû calculer 27 symboles au total et à la main. L’exploitation des symétrie
nous permet de réduire drastiquement ce nombre.
Comme nous avons supposé que les xi = f i (u1 , ..., un ) sont de classe C 2 et que M
est une combinaison linéaire de ces fonctions, il en vient que M est aussi de classe
C 2 , ce qui résulte en le fait que ∂kj M = ∂jk M. Or, et en utilisant la définition des
symboles de Christoffel de deuxième espèce, il vient que
∂jk M = ∂j ek = Γljk el
54
tenseurs métriques identifiés. Suite à la définition des symboles de Christoffel de
première espèce, nous aboutissons à
Solution : Partons de ∂j (g ik gkm ) qui est nul car l’expression entre parenthèses
i
est égale à δm dont la dérivée est toujours nulle. Alors,
Pour enlever le tenseur métrique covariant du côté gauche, il faut multiplier par g lm
de façon que l’équation devienne
55
4.3.5 Changement de base
Nous l’avons mentionné depuis maintenant très longtemps, nous allons désormais
le démontrer. En effet, les symboles de Christoffel ne sont pas des quantités ten-
sorielles, mais cela ne nous empêchera pas d’avoir une formule de changement de base
très ressemblante à celle des tenseurs.
Commençons par nous munir de deux bases de εn , (ei ) et (e0l ). Alors la loi de
changement de base, bien connue, est ei = A0li e0l et sa réciproque e0l = Ail ei . Alors, la
différentielle de ei est
dei = A0li de0l + dA0li e0l .
Alors, en insérant les définitions de la différentielle du vecteur de base, puis en effec-
tuant des changements de base sur les vecteurs de base, l’équation devient
Γjki duk ej = A0li Γ0m 0h 0 0l 0 0l 0m 0k j 0l j
hl du em + dAi el = (Ai Γhl du Am + dAi Al )ej .
Nous allons pouvoir simplifier les ej , puis en utilisant que dA0li = ∂k A0li duk et du0h =
A0h k k
k du , nous pouvons encore simplifier par du et alors nous trouvons la formule de
changement de base :
Γjki = A0li Ajm A0h 0m j 0l
k Γlh + Al ∂k Ai (55)
Vous remarquerez sans peine que la première partie de l’égalité ressemble à un
changement de base d’un tenseur mixte d’ordre 3. Par contre, le terme tout à droite
qui est correctif fait que, dans le cas général, les symboles de Christoffel ne se trans-
forment pas comme des tenseurs.
4.4 La géodésique
L’introduction de l’idée de géodésique va formaliser l’idée de ligne droite dans une
géométrie courbe comme par exemple la surface d’une sphère. Ce concept va aussi
nous permettre de définir beaucoup de types de dérivées différentes et nouvelles, ce
qui nous permettra de mieux analyser les surfaces.
56
Puisque la fonction que nous devons extrémiser est sous la forme d’une fonctionnelle
dans une intégrale, nous pouvons utiliser l’équation d’Euler-Lagrange pour trouver
i
un extremum. Posons, pour une simplicité d’écriture, que u0i ≡ du dt
. Alors, pusique
les extremums de l’intégrale d’une fonction sont les mêmes que ceux de l’intégrale de
la fonction au carré, posons f (uk , u0j ) = gij (u1 , ..., un )u0i u0j . Nous faisons ceci pour
rendre les expression algébriques plus belles. Désormais, utilisons
∂f d ∂f
− = 0.
∂u i dt ∂u0i
Nous obtenons alors d’un côté
∂f
i
= ∂i gjk u0j u0k
∂u
car les u0j sont indépendants de la position. De l’autre côté,
du0j
d ∂f d 0j 0j 0k
= 2gij u = 2∂k gij u u + 2gij
dt ∂u0i dt dt
ce qui se voit facilement si nous développons en somme. Mettons alors ces résultats
dans l’équation d’Euler-Lagrange et divisons par deux. Alors,
du0j 1
gij + (∂k gij − ∂i gjk )u0j u0k = 0.
dt 2
1
Or, nous avons que ∂k gij = (∂ g
2 k ij
+ ∂j gik ). Donc, en prenant (52), nous avons
l’équation de la géodésique :
d2 ul j
l du du
k
+ Γ jm =0 (56)
dt2 dt dt
Vous me permettrez, je l’espère, de souligner la beauté absolue de cette démonstration.
Solution : Les symboles de Christoffel sont tous nuls dans un tel système de
coordonnées. Alors l’équation des géodésiques est précisément
d2 ul
= 0.
dt2
Ce qui est l’équation d’une droite.
57
4.4.2 Variation d’un vecteur le long d’une géodésique
Avant de nous intéresser à la variation d’un vecteur le long d’une géodésique, intéressons-
nous déjà à ce que nous voulons dire par ”déplacer un vecteur le long de quelque
chose”. Si nous déplaçons un vecteur le long d’un tracé, nous avons besoin d’un
vecteur original V situé en un point M 0 qui subira une translation jusqu’à un point
M . Nous aurons alors effectué un transport parallèle.
Le vecteur V est une entité qui ne se préoccupe pas de ses coordonnées. Elles exis-
tent une fois que nous avons choisi une base. Or, si nous faisons un transport parallèle
d’un vecteur dans un système de coordonnées qui tournent, alors la représentation
du vecteur aura changé dans ce système de coordonnées en le faisant tourner.
58
j
Or, dvk = ∂j v k dy
ds
ds et en utilisant l’équation des géodésiques, nous obtenons
dy i dy j dy k
d vi = (∂j vk − vi Γikj ) ds.
ds ds ds
Nous pouvons légèrement simplifier l’expression en l’écrivant sous la forme
dy i dy k
d(V · n) = d vi = (∂j vk − vi Γikj )dy j
ds ds
Reprenons notre expression de la différentielle absolue de V et remarquons que
puisque VM (M 0 ) est supposé constant dans l’espace euclidien, et que le produit
scalaire se fiche de la représentation des vecteurs - seulement de leur existence en
temps qu’objet mathématique - il vient que
59
Nous n’utiliserons toutefois pas cette dernière écriture. Pour des raisons de lisibilité
sur des feuilles de notes.
Nous affirmons que ceci sont les composantes covariantes d’un tenseur d’ordre 2.
Commençons par introduire deux systèmes de coordonnées différents, y r et ȳ i . Les
coordonnées covariantes du vecteur V sont alors - dans ces bases - vr et v̄i . Nous
avons alors la loi de changement de coordonnée suivante :
v̄i = vr ∂i y r .
Notez que nous ne spécifierons pas que la coordonnée par rapport à laquelle nous
dérivons possède une barre ou non. Si nous la dérivons par y k , nous obtenons
∂k v̄i = ∂k vr ∂i y r + vr ∂ki y r .
Utilisons un résultat dont nous donnerons la preuve dans un exercice juste après. Ce
résultat est que
∂ki y r = Γ̄sik ∂s y r − Γrst ∂i y s ∂k y t . (58)
Alors, en injectant cette égalité dans notre démonstration, en ayant au préalable
renommé nos indices muets d’une manière maline, nous obtenons
∂vr r
∂k v̄i = ∂i y ∂k y s + Γ̄tik v̄t − Γtrs vt ∂i y r ∂k y s .
∂y s
Ceci est strictement équivalent à
∂v̄i ∂vr
− Γ̄tik v̄t = − Γrs vt ∂i y r ∂k y s
t
(59)
∂ ȳ k ∂y s
Ce qui est bien une loi de changement de base d’un tenseur d’ordre 2 et de com-
posantes covariantes.
Puis, en distribuant et en se rappelant que les dérivées partielles des coordonnées sont
des changement de base que l’on peut assembler pour faire des deltas de Kronecker,
nous obtenons
∂i y l ∂k y h δmr Γm l r s t
lh + δlr ∂ki y − Γst ∂i y ∂k y .
Puisque les symboles de gauche et de droite sont de valeur strictement opposée, ils
s’annulent. Cela se remarque mieux en renommant les indices muets d’une manière
adéquate. De plus, le δlr transforme bien l’expression centrale en ∂ki y r , ce qui montre
l’égalité souhaitée.
60
4.5.2 Composantes mixtes du tenseur de dérivée covariant
Considérons à présent une expression de la forme
g ik ∇j vk = g ik (∂j vk − vr Γrkj ).
Ceci va nous permettre de trouver une expression pour le tenseur mixte de dérivée
covariante. En effet,
∂j (g ik vk ) = vk ∂j g ik + g ik ∂j vk = ∂j v i
par le calcul différentiel et le calcul tensoriel de base. En injectant ceci dans notre
équation initiale, nous obtenons
g ik ∇j vk = ∂j v i − vk ∂j g ik − g ik vr Γrkj .
La dérivée partielle d’un tenseur métrique contravariant est donnée par (54), ce qui
nous donne finalement que
g ik ∇j vk = ∂j v i + vk g kl Γijl .
Nous choisissons alors une notation qui représente bien ce que nous avons fait :
∇j v i = ∂j v i + v l Γijl (60)
g ik ∇j vk = ∇j (g ik vk ) = ∇j v i .
d urst ar bs ct = (∂k urst + uist Γrki − urit Γksi − ursi Γikt )ar bs ct dy k .
61
Alors, nous avons que
Il faut donc dès à présent développer terme par terme, ce qui est plus fastidieux que
difficile
∇k (∇j vi ) = ∂kj vi − (∂k Γlji )vl − Γlji ∂k vl − Γlik ∂j vl + Γrik Γljr vl − Γljk ∂l vi + Γrjk Γlri vl . (61)
Solution : Le lecteur peut soit être malin et ne pas s’inspirer du dernier para-
graphe de 4.5.2 en calculant
Ceci est une manière tout à fait légitime - basée sur les définitions - de retomber sur
le résultat. Mais la manière de résoudre l’exercice qui démontre la maı̂trise des tech-
niques de calcul de l’élève est la suivante. Commençons par développer l’expression
∇j gik v k :
Alors, en remplaçant ∂j gik par Γjik +Γjki et en utilisant les tenseurs métriques dans les
expressions avec un signe négatif pour descendre l’indice du symbole de Christoffel de
deuxième espèce, nous remarquons des expressions de modules égaux, mais de signes
opposés. Nous pouvons donc simplifier la dernière expression en ceci :
∇j vi = gik ∇j v k .
62
En reprenant notre tenseur de composantes urst , nous pouvons essayer de calculer
δrt ∇k urst . Nous remarquons, après avoir fait une expansion de la dérivée covariante,
que certaines parties de l’expression s’annulent et nous obtenons alors
δrt ∇k urst = ∂k ursr − urir Γiks = ∇k (δrt urst ).
Ainsi, le delta de Kronecker et la dérivée covariante commutent. Ceci implique dans
la même volée que
d δrt urst = δrt durst .
Si nous supposons désormais que urst = vsr wt , nous nous rendons compte très
facilement que
d(vsr wt ) = vsr dwt + wt dvsr .
Théorème : le théorème de Ricci stipule que dgij = 0.
”J’étais assis sur ma chaise au Bureau fédéral de Berne. Je compris soudain que
si une personne est en chute libre, elle ne sentira pas son propre poids. J’en ai été
saisi. Cette pensée me fit une grande impression. Elle me poussa vers une nouvelle
théorie de la gravitation.”
Ceci est ce que nous retrouvons avec l’équation précédente. En effet, en prenant
la métrique de Schwarzschild - celle qui permet de représenter la courbure de l’espace-
temps autour d’un objet massif, sphérique, sans rotation ni charge électrique - alors,
la géodésique d’un objet sans vitesse angulaire pointe vers le centre de l’astre. En
d’autre mots : l’objet tombe. Et grâce à l’équation de la géodésique, nous savons que
l’accélération est nulle. En des termes newtonnien : il ne sent pas de force, pas son
poids.
Multiplions l’égalité de droite par g ij de sorte que nous puissions expoiter le fait que
g ij gjl = δli :
g ij ∂k gij − Γlik δli − Γljk δlj = 0.
64
Ce qui après une contraction et une division par 2 donne
1
Γiik = g ij ∂k gij .
2
Or, cette expression a une forme bien plus jolie. En effet, la formule de Jacobi [8] nous
donne, si nous dénotons g le déterminant du tenseur métrique, que ∂k gij = gg ij ∂k gij .
Alors, la contraction du symbole de Christoffel est :
1 1 p
Γiik = ∂k g = p ∂k |g|. (63)
2g |g|
gradk F = ∂k F
gradi F = g ik ∂k F = ∂ i F.
vi p
div V = ∂i v i + p ∂i |g|.
|g|
65
dans un système de coordonnées sphériques.
∇j vi = ∂j vi − vl Γlji
et
∇i vj = ∂i vj − vl Γlji .
Alors, il est facile de remarquer que
∂i vj − ∂j vi = ∇i vj − ∇j vi .
Où εijk est le symbole de Levi-Civita. Alors nous pouvons écrire, avec la dérivée
covariante
∇ × V = εijk ∇j vk ei .
Mais en faisant le calcul, vous vous rendrez compte que les calculs sont usuellement
faux avec cette formule. En fait, le problème vient du fait que le symbole de Kronecker
est mal défini dans un espace courbe. L’intuition derrière le fait que cette affrimation
est véridique est la suivante : le symbole de Kronecker est invariant sous changement
de coordonnées alors que le changement de ses indices (mettons i ↔ j) va le changer.
Nous avons donc montré qu’il est un pseudo-tenseur. Même pire, il ne mérite pas le
nom de pseudo-tenseur. Les étudiants motivés sont encouragés à étudier ce que sont
les densités tensorielles, car le tenseur de Levi-Civita en est un.
La preuve qui suit vient d’un cours d’un ponte de la popularisation de la physique
fondamentale : Sean Carroll [9]. Sa démonstration tient en quelques lignes de calcul
(à comparer à d’innombrables heures à étudier la géométrie différentielle sinon).
66
Nous commençons par affirmer que pour un symbole de Levi-Civita, qui est dans
un espace plat, dénoté ε̃i1 ...in la formule suivante est vraie, pour toute matrice de
composantes Mji :
ε̃i1 ...in |M | = ε̃i1 ...in Mji11 ...Mjinn
Où |M | désigne le déterminant de la matrice. Elle semble assez naturelle pour ne pas
désirer approfondir le sujet. Alors, pour Mji = ∂xi /∂xj , le tenseur métrique, on a que
s s
∂xi j
ε̃i1 ...in = ∂x ε̃j1 ...jn g j1 ...g1jn
∂xj ∂xi i1 n
sgn(g)
εi1 ...in = p ε̃i1 ...in
|g|
sgn(g)
∇ × V = p ε̃ijk ∇j vk ei
|g|
67
4.6.1 Motivations
Nous voudrions étudier la géométrie d’un espace en étant ”confiné” en celui-ci. Par
exemple, nous voudrions étudier la géométrie de la surface d’une boule de rayon R.
Alors, nous nous munirions de la métrique suivante :
En faisant cela, nous omettons l’espace dans lequel est contenu la boule. C’est-à-dire
que des fourmis vivant à la surface de cette sphère, observant l’horizon se verraient de
dos ! Ignorer l’espace euclidien dans lequel peut exister une (hyper-)surface est rela-
tivement peu intéressant dans le cas d’une sphère. Mais pour certaines géométries -
telles que certaines géométries hyperboliques - le nombre de dimensions dans lesquelles
l’objet existe peut être compliqué à connaı̂tre. C’était d’ailleurs un problème ouvert
pendant un siècle après que Riemann ait formulé la question de s’il était possible de
connaı̂tre le nombre de dimensions dans lesquelles vit une (hyper-)surface, pour une
métrique donnée. C’est une question répondue par John Nash [10]. Alors, pour ne pas
se préoccuper de ces détails déplaisants, nous allons aller étudier l’espace qu’engendre
une métrique donnée à l’intérieur-même de cet espace.
Nous pourrions aussi par exemple avoir un problème de mécanique qui dépend de
n contraintes du mouvement indépendantes q 1 , ..., q n . Si de plus, nous considérons
un systèmes de N particules qui dépendent de ces contraintes, nous aurions alors un
vecteur position fonction de ces contraintes ainsi que du temps : ri ≡ ri (q 1 , ..., q n , t).
Alors la vitesse serait donnée par
dri ∂ri
vi = = ∂j ri q̇ j + .
dt ∂t
Ainsi, l’énergie cinétique totale du système, T , serait donné par
1X
T = mi (vi )2 = ajk q̇ j q̇ k .
2 i
ds2 = ajk dq j dq k
où aij sera équivalent à gij , la métrique. Alors à toute configuration du système
correspond un point de l’espace. Nous pourrons alors résoudre le problème en util-
isant les techniques tensorielles. En fait, pour faire de la mécanique analytique de la
façon rigoureuse si appréciée par les mathématiciens, une formulation à l’aide de la
géométrie différentielle est obligatoire ! L’analyse tensorielle est une façon ”naı̈ve” et
par conséquent moins générale d’arriver à ces conclusions, toutefois, elle permet une
compréhension plus immédiate des enjeux.
68
4.6.2 Définitions et conditions
Les espaces donnés en exemple à la section précédente sont nommés variétés munies
d’une métrique riemannienne. Nous allons dès à présent définir ces notions.
Celles et ceux d’entre vous qui auront fait de la topologie aurez remarqué que la
condition de ”continuité” implique l’existence de la création d’une topologie (à com-
prendre structure) spéciale sur l’ensemble de points. Un type de topologie (structure
d’un ensemble) particulièrement apprécié, puisque similaire aux types de structures
dans lesquelles nous pouvons faire de l’analyse, sont les topologies induites par une
métrique. Le novice doit comprendre que les points sont dans une structure telle
que s’ils sont dits proches par la métrique (analytiquement, donc), ils sont proches
géométriquement. Ainsi, la définition que nous avons donnée de la variété nécessite
une métrique. La question est donc, comment on définit notre métrique ?
Où (ui ) est le système de coordonnées de la variété et les gij sont tels que
Maintenant que nous avons une bonne définition de la métrique que nous utilis-
erons, il faut comprendre ce à quoi ça sert de se munir d’un tel formalisme. Les idées
qui en découlent seront formellement étudiées dans le reste de la section 4. En un
69
premier lieu, un vecteur est un objet qui n’est plus bien défini. En effet, si je suis
sur une sphère, mettons la surface de la terre, plus précisément à Lausanne et que je
vais dire que je vais partir en vacances en Espagne, je ne vais pas pointer directement
l’Espagne avec mon index et donc à travers la terre. Ce que je ferai, c’est de pointer
vers le sud-ouest, à l’horizontale. Ainsi, vous comprenez que le vecteur position ne
fait réellement sens dans un espace de Riemann. C’est pourquoi, dans une variété,
les espaces vectoriels ne sont que définis localement. Par contre, un vecteur vitesse
sera toujours bien défini car local. En effet, avec l’exemple de vacances en Espagne,
si je pars en avion et vais directement en direction de l’Espagne, il n’y a qu’une seule
manière de se déplacer (de la manière la plus rapide) et l’on longe l’horizon. Le
vecteur vitesse est donc parallèle à la surface de la terre en tout temps, donc bien
défini.
Nous disons d’un espace qu’il est euclidien s’il existe un changement de coor-
données tel que gij = δij . Il en vient une conséquence très importante : il n’existe
qu’un seul espace euclidien, mais une infinité d’espaces de Riemann. La question est
alors comment repérer un espace euclidien. Donné un élément linéaire quelconque, il
s’agit de savoir si un système de coordonnées (y i ) qui confère à l’espace euclidien la
métrique définie par l’élément linéaire en question peut se réécrire dans un système
de coordonnées rectilignes. Cela implique que nous puissions exprimer la position du
point variable M dans un système de coordonnées rectangulaires rapporté à des axes
fixes. Il nous faudra aussi déterminer la projection des axes de la base naturelle sur
les axes fixes. Ceci nous donne les deux relations
dM = dy i ei et dei = Γjik dy k ej
dans un voisinage de M dans lequel nous pouvons rapporter les axes de la base eu-
clidienne. La deuxième relation donne que ∂k ei = Γjik ej . Or, puisque les coordonnées
sont C 2 , nous avons ∂kl ei = ∂lk ei . Ceci implique que la relation suivante doit être
respectée :
∂l Γjki − ∂k Γjli + Γm j m j
ki Γlm − Γli Γkm = 0 (65)
70
Terre, sur cette surface, l’approximation qu’elle est plate ne tient plus au-delà d’une
certaine distance (l’horizon se situe à environ 4.7 km si vous êtes au bord de la mer).
Ainsi, il y a un ε tel qu’en tout point à une distance ε de M , distance calculée grâce
à la métrique riemannienne, l’espace ponctuel décrit par M est une approximation
valable de l’espace observé depuis ce point.
Puisque cela ne coûtera pas de changement d’espace ponctuel, déplaçons-nous sur
un point à une distance de 3ε/4 de M , nommé M 0 . Si l’on désire se déplacer en
un point M 00 à distance 3ε/2 de M et 3ε/4 de M 0 , vous verrez que ce n’est plus
possible d’utiliser l’espace ponctuel donné en M pour se faire. Il faut recréer un
espace vectoriel centré en M 0 , de rayon de validité d’une taille ε.
71
tensorielles covariantes car
0
γij = (gij )0 = (∂i v k )0 (∂j v l )0 (gkl )0 .
Démontrons qu’il en existe une. Il faut alors démontrer qu’il existe un système de
coordonnées euclidiennes tel que
Considérons εn rapporté à (O, ei ), un repère naturel carthésien, où les ei sont définis
par leurs valeurs en M0 de telle façon que ei · ej = (gij )0 . De plus, nommons ui
les coordonnées de l’espace euclidien qui permet de vérifier l’existence d’une métrique
euclidienne osculatrice. Soit M un point arbitraire de εn de coordonnées carthésiennes
xi , alors on a en ui = (ui )0 :
∂M ∂M
= = ei .
∂xi 0 ∂ui 0
r
∂M
= δir
∂ui 0
72
Mais cette expression est strictement équivalente, par commutativité du choix de
coordonnée, à l’expression suivante :
r
∂x
= δir
∂ui 0
Dans un troisième et dernier temps, remarquons qu’en divisant la définition des sym-
boles de Christoffel par dxj , en transformant l’expression en dérivée au prix qu’elle
∂ei k l
soit partielle et non totale, nous avons ∂x j = Γij ek et plus spécifiquement, en x = 0
pour tout l, 2
∂ei ∂ M
= Γlij 0 el .
j
= j i
∂x 0 ∂x ∂x 0
Remarquez que nous sommes absolument loins du compte. En effet, il nous faut
encore transformer ces dérives partielles en x en dérivées partielles en u ! Nous ne
∂ei k
pouvons pas naı̈vement poser ∂u j = Γij ek , car les valeurs des symboles de Christoffel
Maintenant, par le théorème de Schwarz et la même astuce que juste avant, il vient
2 2 2
∂ M ∂ M ∂ M
= = .
∂uj ∂xi 0 ∂xi ∂uj 0 ∂ui ∂uj 0
73
quadratiques de xi tendent vers 0 plus rapidement que les termes linéaires, il vient
que
ei · ej = (γij )0 = (gij )0 .
D’autre part, si nous notons Γ∗i jk les symboles de Christoffel calculés à partir des γij ,
on a également (∂jk M)0 = Γjk el . Ainsi, Γ∗l
∗l l
jk = (Γjk )0 , ce qui implique directement par
(53) que (∂k gij )0 = (∂k γij )0 .
Alors, suivant les mêmes idées que dans la section 4.5, nous pouvons étendre la
définition de la dérivée absolue pour tout un espace de Riemann arbitraire.
Dv i = dv i + Γikj v j duk
∇k v i = ∂k v i + Γikj v j
∇k vi = ∂k vi − Γjki vj
Définition : deux vecteurs v et v 0 d’origines infiniment voisines M et M 0 sont
dits équipollents s’ils sont équipollents (i.e. même magnitude, direction et sens) dans
l’espace euclidien osculateur en M . La condition d’équipollence est donc
Dv i = Dvi = 0
74
Exercice : Montrez que le vecteur vitesse est équipollent à lui-même sur une
trajectoire donnée si et seulement si l’accélération est nulle. Montrez de plus que la
cette trajectoire ne peut être qu’une géodésique.
dui
vi = .
dt
Alors, l’accélération étant définie comme étant de composantes contravariantes
Dv i
ai =
dt
implique que Dv i = 0 ⇐⇒ ai = 0. Or, l’accélération se réécrit
d2 ui j
i du du
k
ai = + Γ kj = 0.
dt2 dt dt
Nous retrouvons l’équation de la géodésique et avons ainsi démontré ce qui était de-
mandé.
Où les (Γlik )M sont les symboles de Christoffel calculés depuis gij au évalué au point
M appartenant à C. En intégrant, nous obtenons une courbe m(t) ainsi que des axes
ei (t). m(t) est appelée le développement de la courbe C sur l’espace euclidien. Nous
la dénoterons aussi Γ.
Nous allons montrer qu’il existe dans l’espace euclidien εn une métrique γij telle
que ses coefficients et leurs dérivées premières aient des valeurs numériques le long de
la courbe m(t) égales à celles de la métrique riemannienne au points analogues de la
courbe C. Nous allons appeler γij la métrique de raccordement le long de la courbe
C.
75
Choisissons ainsi un système de coordonnées (ui ) de la variété Riemanienne con-
sidérée, tel que u2 = ... = un = 0 le long de C. Ce qui est toujours faisable par
changement de coordonnées. Choisissons la convention que les indices latins aillent
de 1 à n, mais que les indices grecs, eux, aillent de 2 à n. Avec ces conventions, le
développement Γ de la courbe C est donné par
Grâce à (67), il existe en tout point de C des (ei ) tels que la métrique de εn dans le
système de coordonnées ui au point m soit γij = ei · ej . Ainsi, il vient, à l’aide, en
premier temps des règles du calcul différentiel, puis dans un deuxième, des définitions
données dans cette démonstration, que
Mais, de l’autre côté, en reprenant les résultats de l’analyse tensorielle, dgij = (Γkij +
Γkji )duk , ce qui, en réécrivant sous la forme de symboles de Christoffel de deuxième
espèce et pour un point M de C donne
Or, ces deux dernières équations sont en fait deux systèmes d’équations aux dérivées
partielles du premier ordre ! Puisqu’il s’agit du même système différentiel pour cha-
cune des deux équations et qu’en plus, il existe une condition initiale (nous avions
supposé qu’en m0 , il y avait un repère carthésien donné par e0i · e0j = (gij )0 ) les deux
solutions (γij et gij ) sont égales ! Mais attention ! Elles ne coı̈ncident numériquement
que sur un voisinage de la courbe C. Ceci signifique que l’égalité des dérivées n’est
(en soi) pas encore assurée.
Pour montrer que la métrique γij est osculatrice, il suffit de montrer que la valeur
numérique des (Γkij )M soit bien la même que la valeur des symboles de Christoffel le
76
long de la courbe Γ. Nous retrouvons ceci en combinant (67) et (66). En effet, en
prenant la dérivée double de p le long de Γ, nous avons, pour tout M de C :
2
∂ p ∂ei
= = (Γk1i )uα =0 ek
∂u ∂u uα =0 ∂u1
1 i
2
∂ p
= (Γkβγ )uα =0 ek .
∂uβ ∂uγ uα =0
Ce qui montre - de la même manière que dans la démonstration de l’existence d’un
espace euclidien osculateur en un point - que les symboles de Christoffel calculés à
partir de gij sont les mêmes que ceux calculés à partir des γij . Nous avons donc que
γij est une métrique euclidienne osculatoire pour tout point de C !
4.7.3 Cycles
Soient 3 points M , M1 et M2 , de coordonnées respectives (ui ), (ui + dui ) et (ui + δui ).
Les δui peuvent être imaginé comme un déplacement infinitésimal (donc comme les
dui ), mais dans un autre sens que les dui . Le vecteur MM1 défini un déplacement
infinitésimal d1 et le vecteur MM2 , lui, défini un déplacement infinitésimal d2 .
Si nous effectuons un déplacement d2 depuis M1 , on obtient un point M3 de
coordonnées ui + dui + δui + δdui . Maintenant, si nous effectuons un déplacement d1
depuis M2 , alors nous obtenons un point M30 de composantes ui + δui + dui + dδui .
Si dδui = δdui , alors M3 = M30 . Nous allons donc supposer ceci vrai et voir comment
les vecteurs de base changent en fonction du chemin pris.
Posons les définitions suivantes, afin de rendre la notation plus légère, et ceci
depuis un repère euclidien (m, ei ) :
dδm − δdm = dδuk ek − δduk ek = δuk dek − duk δek = [δuk wki (d) − duk wki (δ)]ei .
77
Ceci, par les définitions des symboles de Christoffel, donne
[Γirs − Γisr ]dur δus ei = 0.
Ceci nous indique que les points m3 et m03 sont égaux dans les approximations con-
sidérées.
Exercice : définissons des quantités Ωji telles que dδei − δdei = Ωji ej . Démontrez
que ces quantités sont les composantes mixtes d’un tenseur d’ordre 2.
Solution : Si ei = A0ji e0j , alors dei = (dA0ji )e0j + A0ji de0j . Ainsi,
δdei = A0ji δde0j + (δA0ji )de0j + (δdA0ji )e0j + (dA0ji )δe0j .
Et, puisque δdA0ji = dδA0ji , par le fait que les coordonnées soient C 2 , nous avons que
dδei − δdei = A0ji (dδe0j − δde0j ).
Ce qui est strictement équivalent à
0j 0k l
Ωli el = Aji Ω0k 0
j ek = Ai Ωj Ak el .
Ceci montre que ce sont des composantes mixtes d’un tenseur d’ordre 2.
78
4.8.1 Définition et symétries
Définition : le tenseur de Riemann ou tenseur de courbure de l’espace riemannien
est un tenseur mixte d’ordre 4 défini par la formule
l
Rijk = ∂j Γlik − ∂k Γlij + Γrik Γljr − Γrij Γlkr . (69)
Il faut imaginer que l’indice l soit entre le i et le j car nous définissons les com-
posantes covariantes du tenseur de Riemann par
l
Rimjk = glm Rijk . (70)
Remplaçons gjk ∂r Γkis par ∂r (gjk Γkis ) − Γkis ∂r gjk . Alors, en injectant dans (69) en
ayant préalablement baissé l’indice, nous trouvons
Rijrs = ∂r (gjk Γkis ) − ∂s (gjk Γkis ) + Γlis (Γrjl − ∂r gjl ) − Γlir (Γsjl − ∂s gjl ).
Or, Γkij − ∂k gij = Γkij . Donc, tout en baissant l’indice des symboles de Christoffel de
deuxième espèce qui se font dériver, nous avons
Ceci, en remplaçant ∂r Γjis par (1/2)(∂ri gsj +∂rs gij −∂rj gis ), nous obtenons une formule
pour les composantes covariantes du tenseur de Riemann :
1
Rijrs = (∂ri gsj + ∂sj gir − ∂rj gis − ∂si grj ) − Γkrj Γiks + Γksj Γikr (72)
2
Pour grandement simplifier certaines démonstrations, introduisons des coordonnées
appelées coordonnées normales. Les propriétés qui les rendront intéressantes sont le
fait que toutes les dérivées première du tenseur métrique soient nulles et ainsi, que
les symboles de Christoffel le soient aussi.
Démontrons les propriétés que nous avons anoncées étant possédées par les coor-
données normales. En un premier temps, il est important de remarquer
dz i d2 z i
= ni et = 0.
dt dt2
79
Ainsi, le lecteur remarquera que l’équation des géodésiques se simplifie en
Γijk nj nk = 0
Ce qui est vrai pour tout vecteur unitaire si et seulement si tous les symboles de
Christoffel sont nuls. De plus, par Γijk = gjr Γrik = 0 et Γikj + Γjik = ∂k gij , nous avons
que
∂k gij = 0.
Par l’identité g ik gkj = δ ij , nous avons de plus ∂k g ij = 0.
80
Théorème : la deuxième identité de Bianchi est obtenue par dérivation covariante
l
de Rirs en coordonnées normales. En de telles coordonnées, les symboles de Christoffel
sont tous nuls, mais pas leurs dérivées. Alors, en utilisant (69) :
l l
∇t Rirs = ∂t Rirs = ∂tr Γlsi − ∂tr Γlri .
Une permutation cyclique sur l’indice de la dérivée covariante et les deux derniers
indices du tenseur de Riemann donne alors
l l l
∇t Rirs + ∇r Rist + ∇s Ritr =0 (76)
Avec la notation en point-virgule, il vient :
l
Ri[rs;t] =0
Einstein était bloqué deux années entières dans sa conception de la relativité
générale car il n’avait pas connaissance de cette dernière identité, qui lui permit de
créer le tenseur qui porte désormais son nom et figure dans l’équation qui, elle aussi,
porte son nom.
81
Si en un point M , l’orientation ne change pas K, alors nous disons de ce point
qu’il est isotrope. Alors, l’expression de la courbure est donnée par
Rijrs
K= (79)
gik gjl − gil gjk
Rji = g ik Rkj .
82
pour retrouver la définition des composantes covariantes du tenseur de Ricci, nous
obtenons
l
∇l Rirs + ∇s Rir − ∇r Ris = 0.
Or, nous avons l’identité ∇s Rrk = ∇s g ik Rir = g ik ∇s Rir . Multiplions donc par g ik la
dernière égalité :
kl
∇l Rrs + ∇s Rrk − ∇r Rsk = 0.
Effectuons une deuxième contraction sur k = s, alors :
kl
∇l Rrk + ∇k Rrk − ∇r Rkk = 0.
kl lk
Avec Rrk = Rkr = Rrl - ce dont je suis sûr que vous êtes capable de démontrer la
validité - nous avons désormais
2∇k Rrk − ∇r R = 0.
∇2 Φ = 4πGρ.
∇2 g00 = −8πGT00 .
Si nous voulons une équation de la gravitation, nous voulons alors à droite un tenseur
énergie-impulsion, qui permet d’encapsuler le contenu de l’univers, et à gauche un
tenseur qui contient les dérivées partielles du tenseur métrique jusqu’à l’ordre 2 max-
imum. Nous savons que le tenseur énergie-impulsion doit être d’ordre 2, puisqu’en
83
relativité restreinte, il est construit à partir du lagrangien [12] et doit être d’ordre 2
dans toutes les théories physiques qui ont comme groupe de symétrie un groupe de
Lorentz [13], comme l’électro-dynamique, le modèle standard ou la relativité générale,
dans le cas de faibles courbures de l’espace-temps [14]. Ainsi, déterminons un tenseur
d’ordre 2, Eµν tel que nous puissions écrire
Eµν = 8πGTµν .
Les conditions (1) et (2) nous donnent que Eµν doit être combinaison linéaire de
Rµν et de gµν R. Ainsi,
Eµν = aRµν + bgµν R.
Afin de maı̂triser la condition (4), il faut réécrire l’équation précédente en mettant en
avant le tenseur d’Einstein :
Ainsi, il nous faut, pour satisfaire (4), que ∇k αR = α∂k R = 0, pour toutes les
géométries possibles. Ainsi, α = 0. Nous avons alors une forme générale du tenseur
de gauche qui doit être
Eµν = aGµν .
Après 2 pages de calcul, nous montrons que a = 1. Ainsi, en faisant de l’analyse di-
mensionnelle pour réinsérer nos vitesses de la lumière manquantes, avec les grandeurs
du tenseur d’Einstein étant des 1/longueur2 et celle du tenseur énergie-impulsion
étant de l’énergie par volume, nous obtenons l’équation d’Einstein :
8πG
Gµν = Tµν (83)
c4
Cette équation de la gravité chamboule tout ce que la gravité était : avant, c’était
une force, désormais, c’est l’inconnue l’équation précédente : le tenseur métrique.
84
4.10 Exercices avec corrigé
4.10.1 Exercices sur la convention d’Einstein appliquée à l’analyse
Exercice : Réécrivez les expressions suivantes en utilisant la convention de som-
mation d’Einstein et la notation pour les dérivées partielles :
1.
∂Φ 1 ∂Φ
dΦ = 1
dx + ... + n dxn .
∂x ∂x
2.
df ∂f dx1 ∂f dxn
= + ... + .
dt ∂x1 dt ∂xn dt
3.
ds2 = g11 (dx1 )2 + g12 dx1 dx2 + g21 dx2 dx1 + g22 (dx2 )2 .
Solution : 1.
dΦ = ∂k Φdxk .
2.
df dxk
= ∂k f .
dt dt
3.
ds2 = gij dxi dxj .
Exercice : Soit gµν la métrique de Minkowski, de signature (+ − −−). Trouvez
une manière compacte (deux symboles) pour réécrire l’opérateur d’alembertien. Pour
rappel, le d’alembertien est défini comme
1 ∂2
2= − ∇2 .
c2 ∂t2
Solution : Nous remarquons que gµν est diagonal, donc g µν l’est aussi. Il s’écrit
alors :
0 si µ 6= ν
µν
g = 1 si µ = ν = 0
−1 sinon.
Remarquons qu’un vecteur habituel s’écrit (ct, x1 , x2 , x3 ). Alors, pour garder les
unités intactes il faut que pour φ un champ,
T
∂φ 1 ∂φ
∂µ φ = = , ∇φ
∂xµ c ∂t
Avec ces connaissances, il est facile de remarquer que nous avons
1 ∂ 2φ ∂φ ∂φ
2φ = 2 2 − ∇2 φ = g µν µ ν .
c ∂t ∂x ∂x
Nous pouvons alors isoler le d’alembertien et utiliser g ij ∂i = ∂ j pour obtenir
2 = ∂µ ∂ µ = ∂ ν ∂ν .
85
4.10.2 Exercices sur les coordonnées curvilignes
Exercice : Les coordonnées polaires du plan E2 sont données par x1 = u1 cos u2 et
x2 = u1 sin u2 . Vous remarquez que la distance à l’origine d’un mobile M est donnée
par u1 =k OM k, tandis que l’angle entre OM et l’axe Ox1 est u2 .
∂M ∂x1 ∂x2
e1 = 1
= 1
i + 1 j = (cos u2 )i + (sin u2 )j
∂u ∂u ∂u
∂M ∂x1 ∂x2
e2 = = i + j = −(u1 sin u2 )i + (u1 cos u2 )j.
∂u2 ∂u2 ∂u2 1
2. Pour déterminer l’élément linéaire ds2 , il faut en un premier temps avoir
déterminé gij fonction des uk . Ceci ce fait facilement en utilisant la définition des
composantes covariantes du tenseur métrique : gij = ei · ej .
Solution : Commençons par nous munir d’un repère carthésien (O, (i, j, k)) sur
lequel représenter la position d’un mobile M selon ρ, ϕ, z. Le vecteur position, OM
est donné par
OM = ρ cos ϕ i + ρ sin ϕ j + z k.
Alors, les vecteurs de la base naturelle sont donnés par
∂M
e1 = = cos ϕ i + sin ϕ j
∂ρ
∂M
e2 = = −ρ sin ϕ i + ρ cos ϕ j
∂ϕ
∂M
e3 = = k.
∂z
Exercice : Soit un système de coordonnées curvilignes u, v et w de l’espace
ponctuel ε3 . Démontrez que les vecteurs (∇u, ∇v, ∇w) consitituent une base réciproque
86
de la base naturelle (eu , ev , ew ).
ei · dek = −ek · dei = −ek · (Γjil dul ej ) = −Γjil dul δkj = −Γkil dul .
87
Alors, de façon équivalente, nous avons
dek = −Γkil dul ei
Exercice : Démontrez les relations suivantes avec un tenseur métrique diagonal
(la répétition d’indice sur le tenseur métrique n’indique pas une somme) :
Solution : 1. Nous supposons que tous les gii sont non nuls, alors g ii = gii−1 .
Donc
1 1
Γiik = g ij Γijk = g ii Γiik = (∂j gii ) = ∂j ln |gii |.
2gii 2
2. Un même développement donne :
i ki ii 1 1
Γjj = g Γjkj = g Γjij = − ∂j gii .
gii 2
En effet, g il est nul si i 6= l.
88
Alors en injectant dans l’équation d’Euler-Lagrange :
1
gil q̈ + ∂i glk − ∂l gik q̇ i q̇ k = Fl .
i
2
Ce qui, en faisant ressortir la définition du symbole de Christoffel de première espèce
en jouant sur la symétrie du tenseur métrique, donne :
gil q̈ i + Γilk q̇ i q̇ k = Fl .
Nous pouvons toutefois encore monter les indices en multipliant l’équation par g jl :
q̈ j + Γjik q̇ i q̇ k = F j .
Les forces d’inertie sont toujours des fonctions en degré 2 de la vitesse généralisée.
C’est bien ce que nous retrouvons associé aux symboles de Christoffel, qui montrent
une dépendance à la géométrie des coordonnées, donc du problème. Nous pouvons
de plus remarquer que si nous n’avions pas de force, nous aurions retrouvé l’équation
de la géodésique.
89
4.10.4 Exercices sur la géodésique
Exercice : Une particule se déplace le long d’une trajectoire définie en coordonnées
sphériques r, θ, ϕ. Déterminez les composantes contravariantes ak de l’accélération a
de cette particule pour les trajectoires suivantes :
90
4.10.5 Exercices sur la dérivée covariante
Exercice : Calculez l’expression de la divergence en coordonnées sphériques ρ, θ
et ϕ :
Ai p
div A = ∂i Ai + p ∂i |g|.
|g|
k e1 k= 1 , k e2 k= r et k e3 k= r sin θ.
Puisque nous travaillons dans une base orthonormée, les composantes covariantes sont
égales aux composantes contravariantes. Il vient que
Ar = A1 , Aθ = rA2 et Aϕ = r sin θ A3 .
Exercice : Démontrez que les dérivées covariantes des composantes des tenseurs
suivants sont nulles :
91
4. Déduire le théorème de Ricci :
Dgij = Dg ij = 0.
Solution : 1.
2.
∇k gij = ∂k gij − glj Γlki − gil Γlkj = ∂k gij − Γkji − Γkij .
Or, par ∂k gij = Γkij + Γkji , nous avons que
∇k gij = 0.
3.
∇k g ij = ∂k g ij + g il Γjkl + g lj Γikl .
Comme, nous l’avons démontré dans un exercice, l’équation (54) nous dit ∂k g ij =
−g il Γjkl − g lj Γikl . Ceci résulte en
∇k g ij = 0.
4. La différentielle absolue des composantes gij du tenseur métrique s’écrit
Dgij = 0.
De même pour les composantes cotravariantes du tenseur métrique, ce qui nous donne
Dg ij = 0. Nous avons ainsi démontré le théorème de Ricci.
92
Solution : 1. Lors d’un transport parallèle, la différentielle absolue du vecteur
A, donnée par la formule suivante, est nulle :
2. Soit t un paramètre arbitraire tel que la courbe C ait pour coordonnées y i (t).
Nous pouvons, de la dernière expression, extraire que
DAk dy j
= (∂j Ak + Ai Γkij ) = 0.
dt dt
Or, nous reconnaissons que
dAk dy j
= ∂j Ak .
dt dt
Ainsi, il vient que
dAk dy j
+ Ai Γkij = 0.
dt dt
3. Si nous appliquons la formule pécédente au déplacement indinitésimal dl, de
composantes dy i , alors remplaçons Ak par dy k /dt et nous obtenons l’équation des
géodésiques :
d2 y k i
k dy dy
j
+ Γ ij = 0.
dt2 dt dt
Exercice : Soit une courbe C(y 1 , ..., y n ) que nous paramétrisons avec un paramètre
s. Donc, pour tout i = 1, ..., n, nous avons y i ≡ y i (s).
1. Soit ui = dy i /ds, démontrez que l’équation des géodésiques s’écrit sous la forme
uk ∇k ui = 0.
2. Soient s et t, deux paramètres arbitraires. Montrez que les paramètres que l’on
peut choisir sont liés entre eux par une relation linéaire.
d2 y i j
i dy dy
k
dui i j dy
k
i i j dy
k
+ Γ jk = + Γ jk u = (∂k u + Γ jk u ) = 0.
ds2 ds ds ds ds ds
Ce qui est strictement équivalent à uk ∇k ui = 0.
d2 y i j
i dy dy
k
d2 y i j
i dy dy
k
+ Γ jk = 0 et + Γ jk = 0.
ds2 ds ds dt2 dt dt
93
Nous avons les relations suivantes entre les paramètres s et t :
2
dy i dy i dt d2 y i d2 y i dt dy i d2 t
= et = + .
ds dt ds ds2 dt2 ds dt ds2
En injectant ces derniers résultats dans l’expression de la géodésique selon s, nous
avons 2 i 2
j k
dy i dy dy dt dy i d2 t
+ Γ jk + = 0.
dt2 dt dt ds dt ds2
En reconnaissant une équation de la géodésique, nous remarquons que
dy i d2 t
= 0.
dt ds2
Ceci est vrai pour toutes les paramétrisations seulement si
d2 t
= 0.
ds2
Nous avons donc obtenu une condition de linéarité entre les deux paramètres s et t.
Nous pouvons remarquer qu’en mécanique newtonnienne, une géodésique étant une
trajectoire de vitesse constante (sans force, donc sans accélération, c.f. l’exercice sur
le formalisme de Lagrange). En fait, en relativité générale, ceci est l’idée précédente
est renversée : deux observateurs sont dans un repère inertiel (vitesse constante pour
Newton) s’ils décrivent leurs mouvements mutuels par des géodésiques, comme ceci
a été étudié dans le texte.
Exercice : Une géodésique est de longueur nulle si nous avons gij dui duj = 0 en
tout point de la géodésique.
Solution : 1. Lorsque les dérivées des gij sont nulles, les symboles de Christoffel
de deuxième espèce le sont aussi. L’équation des géodésiques se réduit alors :
d2 ui
= 0.
dt2
La solution générale est ui = Ai t + B i . La condition de longueur nulle nous donne
que
gij Ai Aj = 0.
Remplaçons Ai par ui − B i dans cette dernière équation, nous obtenons alors
gij (ui − B i )(uj − B j ) = 0.
94
Ce qui est l’équation des géodésiques de longueur nulle.
3 1 1 1 1
R132 = 1 2
, R212 = 1 , R313 =0
4x x 2x
2 1 1 2
R323 = , R213 = 0 et R123 = 0.
4x1 x2
95
l
3. Par Riljk = gll Rijk , puisque le tenseur métrique est diagonal, nous avons :
1
R2112 = = −R1212 = −R2121 = R1221 .
2x1
1
R1332 = = −R3132 = −R1323 = R3212 .
2x1
1
R3223 = 2 = −R2323 = −R3232 = R2332 .
2x
Toutes les autres composantes sont nulles.
4. Puisque le tenseur métrique est diagonal, la formule pour le calcul des com-
posantes covariantes du tenseur de Ricci à partir des composantes covariantes du
tenseur de Riemann est
Ris = g kk Rikks .
Pour avoir une composante non-nulle, il faut donc que les deux indices centraux soient
les mêmes et non-nuls. Ainsi, les seules composantes non-nulles de ce tenseur sont :
1 1
R11 = g 22 R1221 = 1 2
, R12 = g 33 R1332 = 1 2
4(x ) 4x x
1 1
R22 = g 11 R2112 + g 33 R2332 = 1
+
2x 4(x2 )2
1
R33 = g 22 R3223 = .
4x1 x2
5. La courbure scalaire de Ricci est définie par
R = Rii = g ij Rij .
D’où,
2(x2 )2 + x1
R = g 11 R11 + g 22 R22 + g 33 R33 = .
(2x1 x2 )2
96
5 Applications à la physique
Nous avions promis, dans la préface, que nous allions étudier quelques exemples
d’utilisation de concepts appris durant la lecture du document, issus de la physique.
Le but est évidemment de contextualiser ce qui a été appris et de - après tout, pourquoi
pas, surtout après presque 100 pages de mathématiques - se faire un peu plaisir.
Nous avons pour but de parler relativité, électrodynamique, physique quantique et
solution de Schwarzschild de l’équation d’Einstein. Nous allons essentiellement passer
d’exemple en exemple, afin de faire un tour d’horizon le plus large que possible. Mais
nous désirons faire des exemples que le lecteur, j’espère, considérera très intéressants
et formateurs.
Ne soyez pas déçu.e en arrivant à la fin du dossier, dans cette section, aucun
exercice ne sera proposé. En contrepartie, soyez rassuré.e, pleins de questions seront
laissées en suspens et ce sera à vous de voir si vous voulez y répondre.
97
Ainsi, nous décrétons que la forme relativiste est
∂(uν Aν ) dAµ
dpµ
=q − (85)
dτ ∂xµ dτ
Le but est donc de vérifier que pour µ = 1, 2, 3, nous retombions bien sur le cas non-
relativiste. ”Comment en est-on tombé à trouver cette forme ?”, me demanderiez-
vous peut-être. La réponse est simple, il faut se dédier à la tâche et bien connaı̂tre ses
maths. Puisqu’on est capable de le faire dans un sens, on sait aussi aller dans l’autre!
Une question supplémentaire que vous pourriez poser est de pourquoi l’on étudie les
composantes covariantes. En fait, la dérivée contravariante (donc le grandient) se
dote d’un signe - dans les composantes spatiales et nous n’avons pas envie de faire
attention à nos fautes de signe.
Fµν = ∂µ Aν − ∂ν Aµ (87)
98
J’espère que vous voyez immédiatement que ce tenseur est anti-symétrique. De plus,
il a une structure telle que le tenseur F soit la dérivée extérieure de A. Je vous
laisse approfondir ces notions de votre côté, puisqu’elles ne seront plus mentionnées.
Si vous le désirez, vous pouvez aussi étudier la façon dont les équations de Maxwell
sont présentées à l’aide de cet objet. Vous aborderez alors le monde fabuleux de la
géométrie différentielle avec des connaissances préalables, ce qui est toujours agréable.
99
En un premier lieu, on reconnaı̂t la quantité qui nous est d’intérêt dans la dérivée
temporelle, ce qui est bon signe, quand on cherche une équation de continuité. Le
bloc du milieu doit être traitée par les identités vectorielles découvertes. En effet, en
les regroupant, il vient que
1
((∇ × a) × a)i = ∇i (ai aj ) − (∇j aj )ai − ∇i (aj aj )
2
Dans le cas du vecteur B, ∇ · B = 0 à cause de la loi de Gauss pour le champ
magnétique. Dans le cas de E, l’on a que ∇ · E = ρ/0 . Ainsi on remarque, si l’on
écrit l’équation de continuité dans une forme avec des composantes explicites,
∂P `
i` ` `ik
− ∇i σ = − ρE + ε ji Bk (88)
∂t
Plutôt que de vous cracher tout de suite le bon formalisme mathématique pour
faire de la mécanique quantique, essayons de comprendre, à grands coups d’expériences
de pensée, pourquoi il existe. Pour cela, étudions un exemple classique de la mécanique
quantique: le spin d’un électron. L’électron a deux états de spin possible et ils sont par
convention nommés ”up” et down”. Symboliquement, on écrit |↑i et |↓i ou bien |+i et
|−i ou bien n’importe quoi, en fait, c’est de l’ordre de la convention, puisqu’aucune
nouvelle physique ne sera découverte par un choix de notation. Peut-être la seule
physique qui sera découverte sera celle de l’arrachement de cheveux si la notation
de fait jamais aucun sens. Ici, je pense définitivement qu’aucune physique ne sera
découverte.
Comme vous le savez certainement, il est possible pour une particule quantique
d’être dans un état superposé. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’il est
possible de créer un état |ψi tel que
100
Alors qu’il n’est possible de mesurer que l’un des deux états, |↑i ou bien |↓i. Ceci
est vrai à la condition que |α|2 + |β|2 = 1. Pourquoi y a-t-il une telle condition?
En physique quantique, il se trouve que l’on ne peut mesurer que certains états du
système (ici, de l’électron) et la mesure se fait au hasard, parmi les résultats possi-
bles de l’expérience. Ici, il est possible de mesurer ou bien |↑i, ou bien |↓i, mais pas
|ψi. Dans le cas présent, envoyez une infinités d’électrons (tous dans un faisceau bien
défini) dans un état de |ψi dans un détecteur qui vous dit quel état il mesure. Alors,
|α|2 % du temps, ce détecteur vous dira ”|↑i” et |β|2 % du temps, il vous dira ”|↓i”.
Maintenant, vous achetez une machine qui vous dit quand elle vient de mesurer
une particule de spin up. Ce qu’elle va faire, c’est de faire changer d’état une particule.
Elle fait passer votre électron d’un état initial |ψi à un état final qui est ou bien |↑i,
mesuré par la machine, ou bien |↓i. Admettons que vous avez beaucoup d’argent
et que vous achetiez une deuxième machine exactement pareille, mais que vous la
mettiez à l’envers. Alors, celle-ci se mettra à vous signaler quand elle a mesuré un
électron de spin down. Ce que vous pouvez donc faire, c’est de créer deux faisceaux
d’électrons, en appliquant un gradient de champ d’induction magnétique, afin de
différencier le spin up et le spin down. Le concept est proche de celui de l’expérience
de Stern-Gerlach. Alors, pour chaque électron envoyé, vous aurez un signal sur un
appareil de mesure. Ainsi, l’amplitude (et non la probabilité) de détecter un électron
qui était dans un état de |ψi dans un état de |↑i est
h↑|ψi = α
et si l’on va de |ψi à |↓i,
h↓|ψi = β
Donc ici, que se passe-t-il mathématiquement parlant ? On se rend compte que nos
états |↑i et |↓i forment une description complète de toute issue d’expérience du type
que nous étudions. De plus, ils sont entièrement séparés l’un de l’autre, puisque peu
importe le nombre de machines ”up” que j’ampile, je n’arriverai jamais à dire si j’ai
mesuré un électron de spin down. Les deux états forment donc mathématiquement
parlant une base (orthogonale, en plus!). Qui plus est, ”plus l’état initial est dans
l’état |↑i”, la plus grande l’amplitude de α. C’est un peu comme si l’on était munis
de covecteurs X, Y tels que X(x, y) = x et Y (x, y) = y, qui nous disent à quel point
un vecteur sur le cercle unitaire ”est dans l’état ’sur l’abscisse’ ou dans l’état ’sur
l’ordonnée’ ”.
Donc, les ”|·i” (nommés ”ket”) sont des vecteurs, tandis que les ”h·|” (nommés
”bra”) sont des covecteurs. Ceci explique pourquoi h·|·i donne un nombre: l’application
d’un covecteur sur un vecteur donne un scalaire.
Disons maintenant que vous ne différenciez plus vos faisceaux et à la place, utilisez
une de vos machines, que vous mettez en mode ”up”. Mais vous mettez une deuxième
101
machine entre l’origine du faisceau et la machine, dans une orientation inconnue, qui
ne modifie pas les électrons dans un état de spin de |φi. En fait, vous aperceverez
que votre machine en mode ”up” obtient α0 comme amplitude. Mathématiquement,
h↑|φi hφ|ψi = α0
Comment est-ce que ça fait sens physiquement ? La machine entre-deux ”force” les
électrons qui étaient dans un état |ψi à coller à une base de |φi, puisque les seuls
états possibles à la sortie de cette machine d’entre-deux sont les ”up” et ”down”
relativement à elle, qui ne sont pas les ”up” et down” de la machine dont on regarde
les résultats. On vérifie ça mathématiquement, en effet, il existe une loi comme quoi
|φi = hφ|∗ , où l’astérisque désigne le conjugué complexe. Alors si
On a que
h↑|φi hφ|ψi = α00 (α00∗ α + β 00∗ β) = α0
Qui ne donne α0 = α que si α00 = α et β 00 = β. Alors le symbole |φi hφ| est un opérateur
linéaire, puisqu’il a fait une opération sur le résultat qui est linéaire. Appelons T la
transformation que le passage de |ψi a subi. Alors, on écrit
Désormais, puisque vous êtes doués d’algèbre tensorielle, vous aurez remarqué
qu’un opérateur linéaire est issu du produit tensoriel entre un vecteur et un covecteur.
Ainsi,
T = |φi hφ| ≡ |φi ⊗ hφ|
Maintenant, une dernière question se pose: qu’est-ce que |ψ1 i |ψ2 i ? Ici, la même
chose se passe que juste auparavant: un produit tensoriel implicite. Vous êtes au
courant que le produit tensoriel de deux vecteurs de dimension n donne un tenseur,
mais que l’espace dans lequel baigne ce tenseur est en fait de dimension n2 . Alors dans
le cas du spin, on passe d’un espace à 2 états possible à un espace à 4 états possibles:
|↑↑i , |↑↓i , |↓↑i , |↓↓i. Normalement, on écrit un état sous la forme |ψ1 i |ψ2 i = |ψ1 i ⊗
|ψ2 i = |ψ1 , ψ2 i. Alors, ce qui est possible, c’est d’être dans une situation où si l’on
mesure le spin d’un des électrons, on connaı̂t d’avance le spin de l’autre. Ceci est le
résultat de ce que l’on appelle l’intrication quantique, qui se modélise très bien par
le produit tensoriel. D’ailleurs, c’est un concept clé de la computation quantique.
D’autre part, dans les systèmes avec beaucoup d’interaction et donc d’intrication
(typiquement, en physique statistique), on utilise les espaces de Fock, qui sont des
sommes directes d’espaces tensoriels, de telle façon à pouvoir justement modéliser
beaucoup de particules différentes dans une myriade d’états possibles.
102
5.4 Dérivation de la métrique de Schwarzschild
D’où tire-je cette solution au problème de trouver une solution à l’équation d’Einstein?
Pas de ma petite tête, puisque je ne suis pas assez intelligent pour ça. Un professeur
de l’université de Berne ayant rendu 988 pages de notes sur ses cours disponibles?
Certainement, oui. Si vous n’avez pas jeté un coup d’oeil aux Lecture Notes on
General Relativity de Matthias Blau, je vous recommande l’aperçu de la table des
matières au moins. C’est une oeuvre très complète, mathématiquement rigoureuse et
du coup, très agréable à lire.
Quelles sont les hypothèses que Schwarzschild a faites pour arriver à sa fameuse
solution à l’équation d’Einstein ? Il a simplement supposé que l’espace était vide,
sauf en un point, de densité de masse infinie. Alors, on remarque que le problème a
une symétrie sphérique qui nous arrange. Ainsi, prenons un ensemble de coordonnées
(t, r, θ, φ) dont l’origine se situe là où se situe la masse. Dans ces conditions, le tenseur
énergie-impulsion, dont les coordonnées sont usuellement une plaie à calculer, est nul.
Mais là, le problème reste très vaste. Pleins de solutions ne sont pas encore
écartées! Par exemple, la métrique de Minkowski est toujours solution du problème.
Ainsi, supposons de plus que la métrique soit stationnaire, i.e. elle ne dépend pas du
temps, de telle façon que pour tout α, β ∈ {t, r, θ, φ}:
∂t gαβ = 0
Cette condition satisfaite, avec de plus la symétrie sphérique du problème, nous de-
vons avoir pour métrique (en mettant c = 1)
ds2 = −A(r)dt2 + B(r)dr2 + 2C(r)dtdr + D(r)r2 (dθ2 + sin2 θdφ2 ) (91)
Pour quatre fonctions A, B, C, D inconnues. Vous remarquez certainement une grande
ressemblance entre cette métrique et la métrique de coordonnées sphériques et c’est
bien normal, on s’en inspire en la généralisant! Puisque nous sommes en train de faire
de l’astrophysique, nous choisissons la convention (− + ++). Le problème persiste:
les équations sont toujours trop dures! Faisons une chose physiquement étrange,
mathématiquement justifiée: prenons une coordonnée temporelle T (t, r) = t+ψ(r). Si
on choisit ψ(r) correctement, on peut enlever toute dépendance diagonale du tenseur
métrique. Voyez plutôt:
dT 2 = dt2 + ψ 02 dr2 + 2ψ 0 dtdr
103
Nous notons (et noterons) les dérivées par rapport à r avec une apostrophe. Remar-
quez que l’on est libre de choisir ψ à notre guise. En particulier, en isolant dt2 de
la dernière équation et en l’insérant dans la métrique que l’on essaie de simplifier, il
vient que les termes en dtdr s’annulent si
dψ C(r)
=−
dr A(r)
Donc si dψ/dr = 0, alors C(r) = 0. Choisissons donc ψ ≡ 0 et on élimine les
termes diagonaux de (91) tout en maintenant t comme coordonnée de notre système.
Désormais, l’on voudrait se débarasser de D. Alors, posons une nouvelle coordonnée
de la forme R2 = D(r)r2 . De la même manière, effaçons toute trace de r dans (91).
Alors,
2 2 4R2 (r)B(r)
ds = −A(r)dt + 0 2 2
dR2 (r) + R2 (dθ2 + sin2 θdφ2 )
(D (r)r + 2D(r)r)
Or, nous avons toujours une fonction de r devant d’élément en dr et une forme en
uniquement R2 devant la parenthèse. Nous pouvons alors choisir D(r) = 1 sans plus
de conséquence. Ainsi, nous avons une métrique avec laquelle l’on peut très bien
travailler, qui est la suivante:
ds2 = −A(r)dt2 + B(r)dr2 + r2 (dθ2 + sin2 θdφ2 ) (92)
Désormais, en regardant la démonstration de l’équation de la géodésique, prin-
cipalement la 3ème et la 4ème équation de la démonstration, je vais vous deman-
der de vous convaincre que l’équation suivante est juste, pour des coordonnées (xα )
paramétrisées avec λ :
dxβ dxα dxβ
d 1
gγβ = (∂γ gαβ ) (93)
dλ dλ 2 dλ dλ
Ainsi, par le fait même que ceci mène à l’équation de la géodésique, qui contient les
symboles de Christoffel, on peut les lire à partir du résultat du calcul précédent en
faisant ce que les physiciens préfèrent faire: comparer les coefficients. Ceci est un
exercice ni long, ni douloureux. Alors, vous êtes encourgés à le faire de votre côté en
posant le lagrangien suivant:
1
L = (−A(r)ṫ2 + B(r)ṙ2 + r2 (θ̇2 + sin2 θφ̇2 )) (94)
2
Faites les 4 équations d’Euler-Lagrange possible et vous aurez essentiellement terminé.
Attention toutefois aux facteurs 1/2 qui peuvent apparaı̂tre dans les symboles de
Christoffel avec des termes croisés. Si vous n’avez pas voulu faire le calcul, voici les
valeurs des symboles de Christoffel non-nuls:
A0 B0
Γtrt = Γrrr =
2A 2B
104
A0 r
Γrtt = Γrθθ = −
2B B
2
r sin θ
Γrφφ =− Γθφφ = − sin θ cos θ
B
1
Γθrθ = Γφrφ = Γφθφ = cot θ
r
Maintenant qu’on a les symboles de Christoffel, afin d’arriver au tenseur de Ricci, on
pourrait calculer le tenseur de Riemann, puis le contracter et on aura terminé. Or, ce
ne serait pas très instructif et surtout inintéressant. A la place, utilisons directement
l’équation (80). Mais ceci nous forcera tout de même à calculer beaucoup de com-
posantes. Utilisons alors des arguments de symétrie pour trouver des composantes
nulles du tenseur de Ricci.
Où les termes omis ont la même structure. Ainsi, si l’on souhaite que cette transfor-
mation garde la métrique invariante, il faut que
2 2
∂θ 2 ∂φ
0
+ sin θ =1
∂θ ∂θ0
105
Or, si l’on demande que la métrique soit invariante sous la transformation, il faut
que le tenseur de Ricci, construit à partir du tenseur métrique, soit lui aussi invariant
sous la transformation. Ceci mène à Rθ0 θ0 = Rθθ et donc, la combinaison des deux
dernières équations donne
2 !
2 ∂φ
Rθθ = 1 − sin θ Rθθ + Rφφ
∂θ0
A00 A0 A0 B 0 B0
Rrr = − + + +
2A 4A A B rB
0 0
1 r A B
Rθθ = 1 − − −
B 2B A B
Le lecteur qui aura fait l’exercice de redériver les résultats se rendra compte à quel
point il est plus que facile de faire une erreur algébrique à un moment donné. Main-
tenant, il faut se rappeler que l’équation que nous sommes sensés résoudre est Rµν = 0,
alors chacune des composantes du tenseur de Ricci est en fait nulle. Ainsi, nous pou-
vons résoudre
1
BRtt + ARrr = 0 = (A0 B + B 0 A)
rB
Alors, nous reconnaissons que ceci est similaire à
106
−g00 = A(r) = 1 + 2Φ/c2 , où Φ est le potentiel gravitationnel, de valeur −GM/r. En
comparant les coefficients, il vient
2GM
C=− (99)
c2
Et ainsi, en recombinant tout ce qui a été discuté au cours du chapitre, nous trouvons
la métrique de Schwarzschild:
dr2
2 2GM
ds = − 1 − 2 c2 dt2 + + r2 dθ2 + r2 sin2 θdφ2 (100)
cr 2GM
1− 2
cr
107
References
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