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I

UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR


(U.C.A.D)
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES
(F.L.S.H)
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

Thèse de doctorat de troisième cycle

THEME : FORMATION UNIVERSITAIRE ET EMPLOI


A NIAMEY AU NIGER

PRESENTEE ET SOUTENUE PAR : SOUS LA DIRECTION DE :


ABDOURAHAMANE Professeur Boubacar LY(UCAD)
Mohamed Moctar Avec la codirection de :
Dr Hadj Daouda ALI maitre assistant(UAM)

ANNEE UNIVERSITAIRE 2008/2009


NOTE AUX LECTEURS 
 

Ce document a été numérisé et mis en 
ligne par la Bibliothèque Centrale de 
l’Université Cheikh Anta DIOP de DAKAR 
 

 
Site Web: www.bu.ucad.sn
Mail: bu@ucad.edu.sn
Tél: +221 33 824 69 81
BP 2006, Dakar Fann - Sénégal 
II

Table des matières


Pages
Dédicaces…………………………………………………………………..………I
Remerciements.............................................................................................II
Sigles et abréviations…………………………………………………….………III
Avant propos….............................................................................................V
Résumé…………………………………………………………………..…………VI
Introduction générale……………………………………………………..………..1
1ére Partie : Cadre général et méthodologique de la recherche
Chapitre 1: Cadre général………………………………………………..……...1
1.1Problématique de la recherche……………………………………………..6
1.2 Revue critique de la littérature…………………………………………..15
1.3Contexte et justification du choix du thème………………………........46
1.4Objectifs……………………………………………………………………….56
1.5 Hypothèses de travail………………………………………………..……..57
1.6Définition Opérationnelle des concepts fondamentaux……………….58
1.7Modèles théoriques appliqués à l'étude…………………………………..60
Chapitre 2 : Cadre méthodologique…………………………………………..68
2.1 Caractéristiques de la population mère et construction de
l’échantillon……………………………………………………………………..68
2.2Outils de collecte d’informations…………………………………………93
2.3Techniques d’analyse………………………………………………………101
2.4Le champ d'analyse/Délimitation……………………………………….103
2.5 Le déroulement de l’enquête et les difficultés rencontrées…………104
2eme Partie : Le cadre de l’étude et ses potentialités
Chapitre3: Présentation sommaire du Niger et de la Communauté
Urbaine de Niamey……………………………..……………………………….112
3.1 Présentation sommaire du Niger…………………………………………..112
3.2 La Communauté Urbaine de Niamey …………………………………….122
Chapitre 4 : Le problème de l’emploi au Niger……………………………….130
4.1 La Politique Nationale de l’Emploi ……………………………………….130
III

4.2 Les caractéristiques du marché de l'emploi nigérien…………………….150


4.3 Caractéristiques et structure des emplois dans la CUN…………………159
4.4 Dynamique de la création des emplois……………………………………163
4.5 Jeunes diplômés et insertion professionnelle……………………….164
Chapitre 5 : Présentation de l'enseignement supérieur du Niger……..174
5.1 Rappel historique d’implantation de l’enseignement supérieur……174
5.2 Définition……………………………………………………………………177
5.3La Politique Nationale d'Enseignement Supérieur…………………….181
5.4 Présentation de l'université Abdou Moumouni de Niamey…………190
3eme Partie : Des cadres supérieurs formés pour quelles possibilités
d’emploi : potentialités humaines et réalités d’embauche
Chapitre 6: Problématique des out put de l’UAM et de l’insertion dans les
secteurs de l’emploi…………………………………………………………….206
6.1Efficacité interne et externe de la formation à l'UAM…………………206
6.1.1 Analyse des entretiens semi-directifs avec les responsables des
établissements…………………..……………………………………………….206
6.1.2 Analyse des entretiens directifs avec les enseignants-
chercheurs………………………………………………………………………213
6.1. 3 Analyse des entretiens directifs avec les étudiants………………226
6.2 Analyse des entretiens avec les employeurs………………………...241
6.3La situation des sortants de l`UA M ……………………………………..248
6.3.1Analyse des entretiens directifs avec les out put (sortants)……..248
6.3.2L'itinéraire professionnel d'un échantillon de diplômés de l'UA….262
Chapitre7:De la formation universitaire à l’emploi au Niger …………....271
7.1La formation à l’UAM : stagflation scolaire …………………………..271
7.2Le caractère imparfait du marché de l’emploi du Niger………………275
7.3Analyse des rapports entre formation et emploi………………………278
7.4Quelques conséquences…………………………………………………..281
Chapitre 8:Vers une meilleure adéquation entre formation universitaire et
emploi au Niger…………………………………………………………………287
8.1Du dialogue entre l’UAM et le marché de l’emploi………………...…287
IV

8.2De la professionnalisation des filières de formation…………………290


8.3De l’amélioration des conditions de vie et de travail à l’UAM :
université comme outil de développement……………………………….296
8.4Propositions pratiques en vue de l’amélioration des conditions
d’employabilité des sortants de l’UAM………………………………….305
Conclusion générale....................................................................................313
Bibliographie……………………………………………………………………...318
Annexes
V

Dédicaces

Cette thèse est dédiée à :


Mon défunt père Abdourahamane Mahamane Tawayé au nom duquel je prie
Allah le Très Clément pour le repos de son âme.
Ma mère Hadjia Fatchima Mahaman Bako institutrice à la retraite pour tout son
amour, son soutien, ses encouragements et ses sacrifices en ma faveur.
VI

Remerciements

Au terme de ce travail, je tiens à remercier tous ceux qui m’ont apporté leur
concours pour y parvenir ; je pense particulièrement à :
-mon maître de thèse le Pr Boubacar Ly qui malgré le poids de l’âge n’a ménagé
aucun effort pour conduire avec brio mes recherches depuis le DEA ; je retiens
de lui le souvenir d’un homme de science rigoureux avec un sens élevé
d’organisation de travail.
-Dr Hadji Daouda Ali maitre-assistant à l’UAM qui a bien voulu assurer la
codirection de cette thèse. Sa rigueur scientifique, son sens du partage et surtout
son souci d’accompagner les jeunes font de lui un modèle. Je ne peux finir de le
remercier car il représente pour moi une source précieuse d’inspiration.
-tous les membres de ma famille (mes frères et sœurs), mes amis, mes collègues
de travail de l’université et de l’ENAM.
-enfin toutes les personnes qui ont accepté de répondre à mes questions.
VII

SIGLES ET ABBREVIATIONS

ADIDE : Association des Diplômés Initiateurs et demandeurs


d’Emploi
AUF : Agence Universitaire de la Francophonie
ANAB : Agence Nigérienne des Allocations et des Bourses

ANPE : Agence Nigérienne pour la Promotion de l’Emploi

AUF : Agence Universitaire de la Francophonie

BTS : Brevet de Technicien Supérieur

CAMES : Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement


Supérieur
CRESA : Centre de Recherche d’Enseignement Spécialisé en
Agriculture
CNOUS : Centre National des Œuvres Universitaires et Sociales
DESS : Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées
DEA : Diplôme d’Études Approfondies
DTS : Diplôme de Technicien Supérieur
ENS : École Normale Supérieure
ENSP : École Nationale de Santé Publique
EPEFPT : Établissement Privé d’Enseignement et Formation
Professionnel et Technique
FA : Faculté d’Agronomie
FLSH : Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
FS : Faculté des sciences
FSEJ : Faculté des Sciences Economiques et Juridiques
FSS : Faculté des Sciences de la Santé
VIII

INS : Institut National de la Statistique


IRD : Institut de Recherche pour le Développement
IRIMAG / CFM : Institut Régional d’Informatique / Centre de Formation
aux Métiers
LMD : Licence Master Doctorat
MESSRT : Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur
de la Recherche et de la Technologie
IX

Avant propos

L’insertion professionnelle des jeunes diplômés apparait actuellement comme


l’un des plus grands défis à relever par un Etat comme le Niger qui semble en plein
décollage économique. D’ailleurs ce principe est consacré par l’Organisation
Internationale du Travail en ces termes: « Tous les êtres humains quelque soient
leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leurs progrès
matériels et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité
économique et avec des chances égales pour tous » et la déclaration universelle des
droits de l’Homme qui précise aussi et surtout que « Toute personne a droit au
travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de
travail et à la protection contre le chômage ».Le travail est donc un droit pour tous les
citoyens .
Pourtant les difficultés liées à l’insertion professionnelle des diplômés de
l’enseignement supérieur se posent de manière concrète et permanente au Niger,
tant le nombre sans cesse grandissant de diplômés sortis des écoles supérieures et
des universités s’accroit de jour en jour. En effet l’on pense trop souvent, à tort ou à
raison, que ces formations ne tiennent pas compte des besoins réels du pays en
cadres.
Toutefois, il convient de rappeler qu’autrefois et conséquemment aux
programmations faites par les différents départements ministériels, l’accès à la
fonction publique se faisait de façon presque automatique car les cadres étaient
formés sur la base des besoins exprimés par les pouvoirs publics. Mais à l’épreuve
du temps, l’on s’aperçoit que les jeunes diplômés du niveau supérieur n’étaient pas
opérationnels dans l’immédiat à cause de l’enseignement trop général reçu dans les
universités, et même les écoles professionnelles forment aujourd’hui des cadres
sans trop mettre l’accent sur les exigences du marché de l’emploi.
Cette thèse s’inscrit dans le cadre de cette problématique de l’insertion
professionnelle des cadres supérieurs tout en mettant un accent particulier sur le
rôle et la responsabilité du système éducatif. Ainsi à partir de l’exemple des cadres
formés par l’Université Abdou Moumouni de Niamey, l’étude a dégagé en plus du
rôle de l’université, la part de responsabilité du marché de l’emploi dans le cadre de
l’insertion socioprofessionnelle des sortants de cette institution.
X

Résumé

La problématique de l’insertion socioprofessionnelle des diplômés est un sujet


préoccupant au niveau de la communauté scientifique. Faisant justement l’état des
lieux sur cette question on se rend compte que le problème existe et est reconnu
unanimement par les uns et les autres. Cependant, les points de vue différent non
seulement d’un analyste à un autre mais aussi les divergences s’inscrivent souvent
aussi bien dans le temps que dans l’espace. Néanmoins on peut résumer tous ces
points de vue en deux aspects principaux. Pour certains les difficultés d’insertion
professionnelle des diplômés des universités surtout s’expliquent par le caractère
inadéquat de leur formation eu égard aux besoins du marché de l’emploi ; ce qui, du
coup, impute la responsabilité de l’insertion professionnelle de ces cadres supérieurs
à l’université elle-même. Pour d’autres, par contre, le problème se situerait au niveau
de l’offre d’emploi, qui vraisemblablement n’arrive pas à satisfaire la demande
pourtant chaque jour grandissante.
Cette thèse part alors de la question de savoir si l’université qui est l’institution
qui assure la formation des cadres supérieurs (du moins pour le cas étudié car
d’autres établissements d’enseignement supérieur existent-) joue-t-elle bien son
rôle ? Mieux, l’université forme-t-elle bien ? Si oui alors, contrairement à certains
points de vue, les difficultés d’insertion sont-elles fondées ? Autrement dit le marché
de l’emploi a-t-il raison de récuser les diplômés des universités ?
A l’évidence les résultats obtenus par ces recherches permettent de nuancer
les positions pises par les analystes dont les travaux ont été vus au cours des
investigations. Ainsi après avoir fait une étude sur la base d’enquêtes qualitative et
quantitative, l’on peut retenir ce qui suit : d’abord l’analyse des entretiens avec les
acteurs universitaires montre que l’efficacité interne de l’Université Abdou Moumouni
de Niamey c’est-à-dire l’organisation de sa formation se porte à merveille ; cela est
justifié par le fait que les acteurs soutiennent que les programmes sont exécutés au
seuil acceptable, ils sont constamment remaniés et ajustés par rapport à l’évolution
de la science. Ensuite l’analyse des entretiens avec les acteurs du marché de
l’emploi fait ressortir une lourde accusation contre la formation universitaire comme
quoi elle serait trop générale et peu ou pas professionnelle, donc ne répond pas aux
XI

attentes des employeurs qui sont justement des exigences de professionnalisme et


de qualification dans des domaines très spécifiques. Enfin l’analyse rétrospective de
l’itinéraire socioprofessionnel des out put de l’UAM fait apparaitre une diversité de
cas de figures concernant leur situation; ainsi on constate que dans l’ensemble ces
cadres s’insèrent professionnellement d’une manière ou d’une autre ; mais ce qu’il
faut préciser c’est que certains font de la reconversion c’est-à-dire qu’ils mènent des
activités pour lesquelles leur formation universitaire ne les a pas préparés. Ce qui
peut être d’ailleurs un atout pour ce type de formation ; aussi souvent la variable type
de formation choisie influence les chances d’insertion professionnelle car les
résultats montrent que les disciplines dites scientifiques sont plus prometteuses que
les disciplines littéraires et celles des sciences sociales.
Néanmoins l’analyse des caractéristiques du marché de l’emploi nigérien fait
apparaitre une sorte d’instabilité de ses besoins en ressources humaines, cela du fait
des mutations économiques en cours ; à cela s’ajoutent aussi l’étroitesse de ce
marché et l’insuffisance de l’offre d’emploi de façon générale et en particulier celle du
niveau supérieur ; d’autre part ces mêmes mutations ont changé les besoins du
marché de l’emploi(largement dominé par les entreprises de type capitaliste) qui sont
des besoins en cadres ayant une formation supérieure relativement courte, bon
marché, avec un profil particulier et orientée vers un métier précis, ce qui n’est pas le
cas pour la formation universitaire.
Tout ceci permet de conclure que d’une part l’Université est restée longtemps
fermée dans une sorte de ghetto académique et que d’autre part le marché de
l’emploi est un environnement en pleines mutations qui elles-mêmes ne sont pas
maitrisables .Ces mutations obligent alors tous les acteurs à se conformer aux
différents changements qu’elles imposent ; c’est cela qui a permis à cette étude de
poser le problème du dialogue entre université et marché de l’emploi non seulement
pour une meilleure insertion des diplômés de l’université mais aussi pour que cette
institution joue véritablement son rôle, celui d’être un outil de développement.
XII

Introduction générale
Le premier rapport qu’entretient l’homme avec la nature consiste à la
transformer ou à lui obéir dans le cadre de sa survie. Les sociétés
constituées par les hommes sont alors appelées à transformer cette
nature pour la rendre moins naturelle et plus humaine afin de subvenir à
leurs besoins par le travail. Avec l’évolution des forces productives, la
division sociale du travail entraine comme le dit Marx la spécialisation
dans l’accomplissement des tâches. Pendant que certains disposent du
capital, d’autres échangent leurs forces de travail pour s’assurer la
production des moyens de subsistance.
Cette situation se traduit aujourd’hui par l’existence dans les sociétés
modernes de ce que l’on appelle les employeurs et les employés ou
travailleurs. Ceux-ci entretiennent des rapports tels que les premiers
" emploient " les seconds dans le cadre de la production. Mais comment
pourvoir à ces emplois ? A ce niveau les capacités d’exécution des
tâches liées à un emploi donné deviennent une condition impérieuse
pour occuper ces emplois. Or, l’acquisition de ces capacités ne relève
plus forcément des qualités intrinsèques des individus mais s’inscrit dans
le cadre de l’éducation et de la formation. Ainsi la formation apparait-elle
de nos jours comme l’élément fondamental pour exercer un métier ou un
emploi.
Toutefois, l’évolution rapide de la technologie et l’accroissement des
besoins de la société entrainent le développement des activités
économiques. Celles-ci se passent dans plusieurs domaines de la
production et vont de la conception à l’exécution ou la mise en œuvre
des projets et programmes. Cette situation occasionne en même temps
le développement des systèmes de formation qui doivent permettre aux
individus d’acquérir les connaissances nécessaires à l’accomplissement
XIII

des tâches ;tout ceci montre alors qu’il y’a une étroite interdépendance
entre la formation des individus et les emplois qu’ils doivent exercer.
En ce qui concerne la présente étude, elle met l’accent sur les
relations entre la formation c’est-à-dire les acquis théoriques des
individus et les réalités d’embauche ; mais précisément il s’agit de la
formation au niveau universitaire.
Par rapport à cette dernière, disons que l’Afrique en général n’avait
pas avant la colonisation un système d’enseignement supérieur structuré
à l’image des pays colonisateurs. Ce qui fait que le système actuel ne
représente d’ailleurs pour la majorité des pays sous développés, qu’un
élément exogène mieux c’est un emprunt de la culture occidentale.
Cela peut expliquer probablement les difficultés actuelles auxquelles
est confronté le système actuel d’enseignement supérieur au Niger. Mais
étant donné que cette étude n’a pas la prétention de rendre compte de
l’ensemble des problèmes liés à cet enseignement supérieur, le travail
consiste plutôt à rappeler brièvement son évolution afin de mieux cerner
la problématique qui est largement axée sur les problèmes de l’efficacité
externe de cet enseignement supérieur surtout en ce qui concerne sa
pertinence et l’adéquation des formations avec les emplois.
En réalité, les années qui ont précédé les indépendances ont été
caractérisées par un besoin pressant en ressources humaines de qualité
et qualifiées, non seulement pour l’administration postcoloniale, mais
aussi l’embryon de l’actuel système d’enseignement supérieur et
l’ensemble des secteurs des économies nationales en gestation. Ce qui
fait qu’on a connu un développement spectaculaire de l’enseignement
supérieur dans les différentes colonies d’Afrique.
Dans sa configuration actuelle, l’enseignement supérieur de l’Afrique
francophone copie systématiquement le modèle français. Ce qui fait que
les universités africaines francophones participent en fait à deux
XIV

univers : d’une part celui de la France colonisatrice et d’autre part dans


la pratique surtout, celui de la société africaine telle qu’elle s’est
structurée après les indépendances.
A tous les niveaux d’organisation (administrative, pédagogique, etc),
on retrouve cette dualité dont les conséquences sont considérables tant
sur l’efficacité interne de ces institutions que sur leur efficacité externe
notamment en ce qui concerne les conditions d’insertion
socioprofessionnelle des diplômés. En effet, en Afrique comme dans
certains pays occidentaux, le problème de l’emploi des jeunes se pose
avec une grande acuité. Ce problème cache plusieurs réalités et les
causes sont multiples et varient d’un analyste à un autre mais aussi d’un
pays à un autre. En général deux causes sont constamment avancées :
soit on explique que l’offre d’emploi est assez restreinte pour satisfaire la
demande sans cesse croissante, soit que les formations c’est-à-dire les
profils des individus ne correspondent pas aux emplois existants. Ce
problème prend toute son ampleur lorsqu’on constate surtout dans la
plupart des pays de l’Afrique subsaharienne que la formation
universitaire n’est plus, comme avant, une garantie pour la réussite
professionnelle.
Dans le cas du Niger, le contexte socioéconomique n’est pas
favorable et le marché de l’emploi est très étroit. Dominée par les
exportations et le secteur primaire, l’économie est fortement marquée
par une baisse cruciale de la productivité ainsi qu’une faible rentabilité
du capital qui n’attire pas les investisseurs. Le fort taux de croissance
démographique (3,3%) et la hausse des prix à la consommation (8%/an)
conjugué à un taux de chômage élevé (80.000 diplômés sans emplois en
2007 selon le Conseil National de la Jeunesse) ne favorisent pas la
création et le développement des entreprises. Quant au tissu
entrepreneurial, il est faible, composé de très petites entreprises
XV

dépassant rarement 10 salariés (près des 2/3) donc ne peuvent


permettre d’absorber tous les sortants du système éducatif et
notamment ceux de l’université.
L’exemple du Niger, l’un des pays les plus pauvres de la planète
selon le classement fait par le PNUD, est assez illustratif pour montrer
qu’il y’a un profond désajustement entre la formation universitaire et les
opportunités d’emploi. C’est pourquoi ce travail est axé sur le cas de
l’Université Abdou Moumouni de Niamey notamment sur les diplômés
qu’elle a formés et leur situation professionnelle. L’objectif visé est de
faire une analyse critique de la formation de l’UAM qui est le cadre de
production de ces diplômés universitaires, mais également il vise
d’analyser corrélativement le marché de l’emploi du Niger qui est la
destination supposée de ces formés. Ceci est illustré par des exemples
pratiques de parcours professionnels des sortants de l’UAM notamment
à travers leurs trajectoires respectives.
Ainsi le travail méthodologique d’ordre pratique a consisté d’abord à
circonscrire un champ pour les analyses empiriques, constitué d’une part
par la communauté universitaire et de l’autre des acteurs du marché de
l’emploi nigérien ; ensuite des informations ont été collectées aussi bien
sous forme de données quantitatives que qualitatives car certains
indicateurs ne pouvaient être mesurés que par la combinaison des deux,
c’est le cas par exemple du vécu quotidien des sortants de l’UAM c’est-
à-dire leurs modes divers de recherche d’emploi, l’exécution de leurs
tâches ainsi que leur niveau de satisfaction vis-à-vis de celle-ci ; enfin
pour mieux appréhender ces phénomènes, il a fallu en plus des simples
questions fermées, procéder par une démarche anthropologique pour
retracer leurs itinéraires professionnels.
Ainsi, ce travail s’articule essentiellement autour de trois parties :
XVI

-une première partie traite du cadre général et de la méthodologie de la


recherche. Dans cette partie de la thèse on retrouve non seulement la
problématique, les hypothèses retenues, la revue critique de la
littérature, la définition des concepts ainsi que les modèles d’analyse qui
,mais aussi la méthodologie (la taille de l’échantillon, les techniques et
les instruments de collecte de données, les méthodes d’analyse) ;
-une deuxième partie présente le cadre de l’étude et ses potentialités : à
ce niveau le travail a consisté à présenter succinctement la République
de Niger et la Communauté Urbaine de Niamey notamment en ce qui
concerne les principaux secteurs d’activités économiques et le marché
de l’emploi c’est-à-dire la structure des emplois au Niger, l’offre et la
demande mais aussi la politique nationale de l’emploi et les problèmes
d’insertion professionnelle des diplômés axée sur la situation des cadres
supérieurs. Cette partie comporte également une présentation de
l’enseignement supérieur du Niger avec un accent particulier sur
l’Université Abdou Moumouni de Niamey.
-enfin une troisième partie qui aborde la problématique de la formation
des cadres supérieurs et les réalités d’embauche ; c’est cette partie qui
rapporte les résultats des enquêtes entreprises auprès des différents
acteurs à savoir la communauté universitaire, les employeurs, les
sortants ou les out put de l’UAM et les personnes ressources. Ceci est
suivi par une analyse des données recueillies ainsi qu’une interprétation
des résultats avec une série de propositions pratiques dans le cadre de
l’amélioration des conditions d’employabilité des cadres supérieurs en
général et ceux ce l’UAM en particulier.
XVII

PREMIERE PARTIE :
CADRE GENERAL ET
METHODOLOGIQUE
DE LA RECHERCHE

Chapitre 1 : Cadre général de la recherche

1.1 Problématique de la recherche


Colonisée et par la suite balkanisée avec plus de 50 Etats, l’Afrique
n’est composée que de pays sous développés. Ce sous développement
présente plusieurs caractéristiques : famine, chômage, analphabétisme,
difficile accès aux soins de santé primaire et à l’eau potable, etc. En ce
qui concerne l’enseignement supérieur, à titre de comparaison, en
France l’université comptait moins de 7000 étudiants au début du
XIXème siècle, 30000 au début du XXème siècle ; 40000 en 1940,
20000 en 1960 et environ 1200001 en 1990.
En Afrique par contre les Etats héritent de systèmes très
embryonnaires et de taux de scolarisation très faibles parfois même très
dérisoires : moins de 40% des enfants scolarisés dans le primaire,-2 à
3 % des jeunes accèdent au niveau secondaire, 0,2%2 bénéficient d’un

1
Rapport du colloque de Paris et Grenoble sur Démocratie, économie et développement: la place de
l'enseignement supérieur, Paris, novembre 1991.
2
Ibidem.
XVIII

enseignement supérieur et la majorité des pays ne disposaient d’aucune


institution universitaire.
C’est alors dans ces conditions de précarité que va naître la
majorité des grandes universités africaines .Leur naissance s’inscrit dans
la logique des jeunes Etats héritiers de la colonisation qui étaient
appelés à prendre leur destin en main en élaborant chacun une politique
de développement économique et social.
Mais mieux encore, la naissance et le développement de
l’enseignement supérieur est à l’origine lié à la volonté de contrôler les
rythmes de formation des cadres supérieurs africains (l’université
française en métropole s’y prêtant très mal) et surtout de soustraire les
étudiants à l’influence prétendument ‘’ sensible’’ exercée sur eux par les
milieux progressistes français (en particulier la classe ouvrière et le parti
communiste français).3 La création de ces institutions en Afrique a eu du
succès dans ses débuts au point qu’elles ont suscité l’engouement des
populations car elles représentaient l’espoir d’un peuple qui, à peine
venait de sortir d’une douloureuse épreuve, celle de la colonisation.
Cependant, ces espoirs vont vite s’envoler, évolution des relations
internationales oblige. En effet, certains événements sur le plan
international donneront naissance à des nouveaux rapports entre le
vieux continent et les anciennes métropoles.
Ainsi, malgré quelques performances relatives observées au
niveau de certaines universités africaines, aujourd’hui le développement
économique, social et culturel du continent qu’elles devaient stimuler,
semble en stagnation sinon en décroissance par rapport à celui de
certaines régions du monde. Ce fait a incité, par voie de conséquence,
plusieurs organisations internationales actives dans la lutte contre la

3
ABDOU M., l’éducation en Afrique, Maspero, Paris, 1964, p.31
XIX

pauvreté par la promotion de l’éducation et des autres services sociaux à


soutenir que l’enseignement supérieur africain est un luxe inutile 4
.
Pourtant, il est généralement admis que le développement d’une
population passe par l’existence, au sein de cette société, d’hommes
capables de réfléchir sur les problèmes de celle-ci et d’en proposer des
solutions adéquates. Mais les gouvernements du sud obnubilés par le
système néolibéral qui considère le système financier comme une fin en
soi, ont sacrifié la part du budget destinée aux secteurs sociaux pour
maintenir à jour le paiement de la dette. Résultat, c’est l’abandon de la
santé, de l’éducation en général et l’enseignement supérieur en
particulier, de la politique de l’emploi, etc.
D’autre part, après la crise de mai 1968 qui été presque une crise
universitaire généralisée à tous les continents, si l’université française
s’est déployée pour s’ouvrir aux besoins de sa société, l’université
africaine quant à elle étouffait sous la pression des flux d’étudiants sans
pour autant s’ouvrir aux nouvelles exigences de son environnement
socio économique et politique.
Toutefois il est à noter que la mission fondamentale de toute
université est de contribuer de manière décisive au progrès économique
et social de la société à travers la promotion de la recherche scientifique
et la formation qualitative des cadres. Considérée donc comme
institution, l’université se caractérise surtout par la diversité croissante
des buts ou des missions qui lui sont assignés et des activités qui en
découlent. Ainsi, aux missions traditionnelles de développement de la
création, de la transmission et de la diffusion des savoirs, sont venues
s’ajouter les formations « professionnalisantes »5, la valorisation de la

4
AFFA’A M .et DESLIERRES T., L’Afrique noire face à sa laborieuse appropriation de l’université : les cas
du Sénégal et du Cameroun, L’Harmattan, presse universitaire de l’Aval, Québec, 2002, p.128
5
GUEISSAT A., Les mondes universitaires et leur informatique. Pratique de rationalisation, CNRS, Paris,
1999, p12.
XX

recherche, l’emploi, le développement local ou régional, la


redynamisation des espaces urbains, la diffusion de la culture, la
réduction des inégalités, l’intégration sociale et la lutte contre la
désaffiliation, la contribution à la compétitivité de l’économie et le
rayonnement culturel.
Mais en revanche « La hiérarchisation de ces missions est on ne
peut plus problématique. La détermination des résultats, des produits est
aussi incertaine : l’université produit-elle des diplômés ? Des diplômes ?
Et pour quels marchés ? »6.
En Afrique, en effet, cette hiérarchisation des missions semble
difficile à assumer par les universités. Après les multiples crises qu’elles
ont connues du fait de l’exacerbation des mauvaises conditions de vie et
de travail des enseignants chercheurs et étudiants, aujourd’hui elles
doivent faire face à un défi majeur, celui d’être des universités au service
d’un développement durable.
La caractéristique principale de ces défis est l’existence d’une
demande et d’une pression à la fois larges, fortes, très diversifiées des
divers secteurs d’activité des sociétés africaines vis-à-vis de
l’enseignement supérieur en général et l’université en particulier. Cette
demande s’est traduite dans la plupart des universités africaines par la
pléthore des effectifs, la massification, la baisse des taux d’encadrement
et surtout la non harmonisation des formations avec l’emploi.
S’agissant de cette inadéquation entre formation et emploi, l’une de
ses conséquences est le chômage des diplômés des universités. Déjà
en 1992, le BIT dans un rapport intitulé « le travail dans le monde :
augmentation du chômage et de l’exploitation » s’inquiète que le nombre
des sans travail urbains devrait passer d’ici la fin de la décennie, de 9 à
28 millions et la plupart de ces chômeurs seront comme aujourd’hui, des

6
GUEISSAT A., op cite, p12.
XXI

hommes et des femmes jeunes et instruits. Au même rapport de préciser


que « l’on pourrait penser qu’éducation et formation sont les clés de
l’embauche, au fait en Afrique plus les gens sont instruits, moins ils ont
de chance de trouver un emploi »7.
Dans le même ordre d’idées, le professeur Ki- Zerbo (historien de
renom et homme politique burkinabé) disait que l’école africaine n’est
pas vraiment une école africaine. Mieux, selon lui, c’est un kyste
exogène, budgétivore, une usine à produire des chômeurs8. Abondant
dans le même sens, parlant de l’université de Dakar, Toi estime qu’en ce
qui concerne les diplômés, si on ne peut pas déterminer exactement le
nombre de ceux d’entre eux qui chôment, on peut néanmoins émettre
l’hypothèse, quitte à la vérifier plus tard que l’immense majorité de ces
diplômés, outre le métier d’enseignement qui est d’ailleurs saturé, ne
parviennent pas à s’insérer professionnellement, sans reconversion dans
d’autres secteurs d’activités9.
En effet, la situation de l’U.A.M de Niamey qui est l’objet de notre
étude, apparaît comme l’un des exemples le plus éloquent d’université
en péril .A sa création en 1973, cette institution avait comme objectifs
fondamentaux d’assurer un enseignement supérieur de qualité et surtout
de promouvoir la recherche scientifique afin de satisfaire les besoins de
la société nigérienne.
Mais d’une manière spécifique « les principaux gains sociaux
escomptés étaient : la diminution des coûts de formation par rapport à la
formation dans les universités étrangères, l’accroissement du nombre de
nigériens pouvant accéder aux études supérieures et l'adaptation des

7
MAGASINE DE L’OIT, n° 37, Genève, décembre 2000, pp 24/25.
8
KI- ZERBO J., La natte des autres. Pour un développement endogène en Afrique, karthala, Paris, 1992, p.31.
9
TOI B., L’UCAD de Dakar et le développement durable : contraintes et perspectives, mémoire de DEA
sociologie, UCAD, Dakar, 2003, p.10.
XXII

programmes aux réalités et aux besoins du pays »10. Pour atteindre ces
objectifs, un ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche
technologique fut crée en 1988 afin d’élaborer et de mettre en œuvre
une politique en matière d’enseignement supérieur et de recherche.
Ainsi, jusqu’au début des années 1980, le système d’enseignement
supérieur nigérien fonctionnait normalement et l’UAM a pu produire
plus de 75% des diplômés qui œuvrent de façon significative au
développement socio-économique du pays .Mais par la suite, son
fonctionnement commença à se détériorer et sa mission fut compromise
par un certain nombre de difficultés.
En effet dans la décennie 1980-1990, dans un contexte
d’endettement plus que jamais contraignant et alors que les recettes
d’exportations tendent régulièrement à diminuer du fait surtout de la
baisse vertigineuse des cours mondiaux de l’uranium (principale
richesse du pays), le Niger fit face à de nombreux obstacles pour
relancer son économie.
Parmi ceux-ci on peut citer entre autres les aléas climatiques, une
croissance démographique élevée, des besoins pressants en éducation
et en santé, un niveau d’emploi très peu satisfaisant du fait surtout de
l’étroitesse du tissu industriel .Tout ceci ajouté à la crise budgétaire va
conduire le pays à accepter les mesures proposées par le FMI et la
banque mondiale en vue de son redressement économique.
L’une des plus importantes mesures, parmi ces éléments de diktat
des institutions financières fut la reforme en matière de politique de
recrutement des cadres par la fonction publique. Ainsi « afin d’éviter une
détérioration du déficit budgétaire, et à terme de restaurer l’équilibre, la

10
LAMA J., Economie de l’éducation dans le système d’enseignement supérieur du Niger, UAM, Niamey,
septembre 1999, p.4.
XXIII

Banque Mondiale et le FMI préconisent une faible variation de la masse


salariale et une politique de recrutement très restrictive »11.
Cette période fut donc celle des programmes d’ajustement
structurel. En général, à travers les mesures d’ajustement, la Banque
Mondiale tente de contrôler directement la gestion des Etats concernés.
En ce qui concerne l’éducation et particulièrement les universités
des pays concernés, les institutions financières internationales contrôlent
directement les programmes, les manuels, le matériel didactique,
l’administration des universités ajustées, la politique de l’emploi. Tout
ceci par une main mise sur le fonctionnement et la politique des
Ministères de l’éducation et leurs services sur tout le continent. Dans
cette perspective les universités sont donc transformées ; de
productrices de connaissances et de science pour le progrès social, elles
deviennent l’avant-garde de l’armée intellectuelle de l’impérialisme12.
Quant à l’université de Niamey, les différentes mesures prises et mises
en œuvre dans la mouvance des PAS ont conduit à des coupes
progressives du budget alloué à ce secteur malgré l’accroissement de
l’effectif des étudiants boursiers et surtout la massification.
Bref, tout ceci a entraîné la dégradation des conditions de vie et de
travail des étudiants et des enseignants chercheurs. Toute chose qui
s’est traduite par des grèves et des années blanches devenues
chroniques (soit une année blanche tous les cinq ans depuis 1990 et une
année dite "absorbée" tout récemment en 2005/2006 dans certaines
facultés).
Aujourd’hui, l’UAM qui est l’unique université publique du pays pour
une population d'environ 12 millions d'habitants, accueille la grande

11
VEREZ J. C., La gestion des emplois de l’administration du Niger(modèle GEAN) sous contrainte de
l’ajustement structurel, Ministère du plan, Niamey, 1990, p.3.
12
ABDOURAHAMANE M. M., Les universités africaines face aux défis de la mondialisation : cas de l’UCAD
de Dakar, mémoire de DEA sociologie, Dakar, 2006, pp. 54/55.
XXIV

majorité des nouveaux bacheliers. Mais force est de constater que


contrairement aux années antérieures, c’est-à-dire avant l’avènement
des PAS, où les diplômés de l'université étaient intégrés
systématiquement dans la fonction publique ou autres services privés
aussitôt après leurs études, aujourd’hui avec le désengagement de l’Etat
de ce secteur d’activité la réalité est autre.
Autrement dit ces jeunes diplômés sont livrés à eux-mêmes face à
un monde de travail de plus en plus exigeant vis-à-vis du type de
formation et aussi de la qualité de celle-ci. Ils sont de ce fait engagés
dans une sorte de compétitivité compte tenu de l’émergence de
nouvelles formes d’enseignement supérieur.
A ce propos d’ailleurs parmi les nombreux défis dégagés par les
journées de réflexion sur l’université figurent : l’inadaptation des
enseignements, le caractère inadéquat et incomplet des cycles de
formation au regard des exigences du développement économique et
culturel du pays, l’inadéquation et l’inadaptation entre la formation et
l’emploi, la non exécution des programmes consécutive aux grèves et
aux années blanches. Mieux encore, la dégradation progressive du
système éducatif en général et de l’enseignement supérieur en
particulier n’a pas été sans effets sur la qualité et la pertinence des
diplômes délivrés par l’université de Niamey.
Malgré donc les multiples changements intervenus au double plan
national et international, il n’existe pas encore dans les facultés de
l’UAM des cursus de formation souples et performants, de caractère
académique fondamental et surtout professionnalisant, offrant à tous les
niveaux la possibilité pour l’étudiant de s’insérer dans le tissu socio-
économique.
Conséquence, la plupart de ces diplômés, outre le métier
d’enseignement qui est d’ailleurs leur dernier recours, ne parviennent
XXV

pas à intégrer le tissu socioprofessionnel sans reconversion dans


d’autres secteurs d’activité ; ils font en plus face à la concurrence de
plus en plus grave des autres diplômés issus des autres catégories
d’enseignement supérieur dont la formation semble mieux répondre aux
besoins du marché de l’emploi.
Il faut surtout noter que d’une manière générale l’efficacité externe
ou la mesure dans laquelle l’enseignement supérieur répond aux
besoins du marché de l’emploi relève aussi des facteurs externes. Pour
ce faire donc il est sensé suivre le rythme évolutif ou changeant de la
société13. En revanche, au Niger depuis que l’économie et les finances
publiques sont en crise, aucune adéquation n’est recherchée entre
prévision de main d’œuvre et politique d’organisation et de maîtrise des
flux de l’enseignement supérieur14.
Face à cette situation, le premier constat est de noter qu’en réalité
le monde du travail nigérien, actuellement dominé par les entreprises,
refoule la majorité des diplômés de l’UAM. L’Etat lui-même, qui par le
passé fut le plus grand pourvoyeur d’emploi pour ces diplômés ne
recrute plus de fonctionnaires.
On constate également que le type de formation proposé par
l’université, qui n’a pas beaucoup changé depuis sa création, reste
encore un enseignement trop général. A ce propos une récente étude
montre que 42015 personnes interrogées à la faculté des Lettres
confirment que ces programmes n'ont pas été modifiés au cours de
ces dernières années. Ce qui fait que « Le fossé entre le marché de
l’emploi et les programmes offerts par l’université, ainsi que les

13
UAM, Les journées de réflexion sur l’université, 1988.
14
LAMA J., op cit, p18.
15
SAMBOU H., Lecture sociologique de la gestion des résultats académiques au niveau des départements et des
services des scolarités de l'UAM: cas de la Faculté des Lettres et Sciences humaines, mémoire de maîtrise de
sociologie, UAM, Niamey, 2003, p.25.
XXVI

programmes de la recherche ne correspondent plus aux besoins du


développement du pays»16.
On constate enfin que le marché actuel de l’emploi nigérien est en
train d’exprimer de nouveaux besoins vis à vis de l’enseignement
supérieur. Ces besoins ne sont rien d’autre que le professionnalisme qui
est aujourd’hui un des facteurs de la compétitivité qui se joue non
seulement à l’échelle sous-régionale mais aussi internationale. D’où il se
pose la problématique de l’efficacité interne et externe de la formation de
l’université de Niamey.
Ce qui est plus important, c’est que l’université accueille
l’écrasante majorité des nouveaux bacheliers nigériens issus
généralement de couches défavorisées. Seule une minorité arrive à
s’inscrire dans les instituts spécialisés et grandes écoles (privés ou
directement rattachés à l’université) qui coûtent plus cher que
l’université. Donc il y’ a du coup un risque énorme d’accroissement du
nombre de chômeurs mais surtout l’accroissement de l’écart du niveau
de vie entre les plus nantis et les plus démunis.
Eu égard à tout ce qui précède, l’on est en droit de se poser un
certain nombre de questions :
Si la plupart des diplômés formés par l’Université Abdou Moumouni
de Niamey ont des difficultés pour s’insérer professionnellement,
l’université doit-elle continuer à produire les mêmes types de diplômes?
D’autre part, si le monde du travail récuse le type de formation
proposé par cette institution, alors la formation à l’université est-elle
responsable ? Mieux, l’université forme-t-elle bien ? Si oui, le monde du
travail a-t-il raison de récuser ces cadres supérieurs?

16
NIANDOU A. S., in TEFERA D and ALTBACH G .P, African higher education, Indiana University press,
Bloomington, 2003.
XXVII

Enfin, répondre à ces interrogations revient à soulever la question


du dialogue entre université et monde du travail. Dans ce cas, quelle
forme ce dialogue pourrait-il prendre ? Et finalement, quels en seront les
axes prioritaires ?

1.2 Revue critique de la littérature


L`adéquation entre formation et emploi est la correspondance
parfaite, dans le temps et dans l`espace, non seulement au plan
qualitatif mais aussi au plan quantitatif, entre les sorties du système
éducatif et les besoins de l`économie en ressources humaines. Cela
veut dire concrètement que tous les formés du système éducatif
accèdent automatiquement aux emplois pour lesquels ils ont été formés.
Cette vison qui fait appelle à la théorie des ensembles où à chaque
élément de l’ensemble du départ doit correspondre un et un seul
élément de l’ensemble d’arrivée, ne marche pas à tous les coups même
dans les pays développés. Cela parce que le marché de l`emploi est un
phénomène dynamique, changeant en fonction de l`évolution de la
science et de la technologie moderne. Donc le problème se pose en
terme de caractéristiques de l`offre d`emploi c`est à dire besoins en main
d`œuvre et des facteurs qui président aux variations d`une part et
d`autre part les capacités du système éducatif à réagir, s`adapter et
suivre l`évolution du marché de l`emploi.
Cependant il faut préciser que les polémiques s`articulent autour
de quelques questions. La formation initiale doit elle être ajustée aux
évolutions des emplois? Faut-il davantage professionnaliser les
formations? Faut-il les spécialiser ou assurer une formation plus
générale permettant de s`adapter a ces évolutions?
XXVIII

Tous les décideurs du champ emploi/formation se trouvent


confrontés à ces interrogations, qui animent également le débat
scientifique.
VINCENS et les autres17 abordent l’adéquation entre formation et
emploi en 2006.Selon eux, l’approche par les emplois consiste, dans son
expression la plus large et la plus générale, à établir au préalable une
relation entre les deux ensembles d’éléments à savoir les formations et
les emplois. D’où, ils se demandent comment peut-on définir ces deux
éléments?
Ainsi, une formation, pour eux, c’est un processus
d’apprentissage qui cherche à faire acquérir certaines compétences
à un individu. Par définition donc, une formation repérée par son titre
est distincte de toutes les autres. Mais en quoi consiste sa spécificité ?
Selon les auteurs, chaque processus de formation est caractérisé
d’abord par sa durée et son contenu. La durée doit être décomptée soit
depuis l’entrée à l’école (six ans par exemple) soit depuis la fin de
l’enseignement commun à toute la classe d’âge. Le contenu d’une
formation de durée donnée, se différencie de celui des autres processus
d’apprentissage.
Ce rapport suffit pour définir les formations et il peut paraître inutile
de se préoccuper des relations qui peuvent exister entre elles. Mais,
observent-ils, les relations entre les formations et les emplois s’analysent
en termes de concurrences entre un nombre plus ou moins élevé de
formations ; ces concurrences résultent de propriétés communes à
plusieurs formations, d’où selon eux, l’intérêt d’examiner comment le
système éducatif « fabrique » les formations.

17
VINCENS J., ESPINASSE J. M., BEDUWE C., Spécialité de formation, spécialité d’emploi et performances
d’insertion. Logique de métier v/ logique des compétences, LIRHE, Paris, 2006.
XXIX

A ce sujet, ils pensent que le système éducatif a une structure


arborescente avec quelques complications liées aux passerelles,
etc., mais il y a bien des façons de construire des structures
arborescentes ; une structure "en peigne " à partir du tronc commun à
tous, où chaque branche aurait un contenu totalement distinct de celui
des autres branches, donnerait des formations complètements
disjointes.
Au contraire dans une structure fondée sur des ramifications
progressives dans une vision très différente : deux formations peuvent
différer seulement par la dernière année d’un processus d’apprentissage
qui comprend une dizaine d’années après la fin du tronc commun
général ; mais ces deux formations peuvent avoir en commun un cursus
de quatre années depuis le palier précédant de différenciation qui lui-
même marquait la fin d’un cursus de six années depuis le premier palier
de différenciation, à la fin du tronc commun à tous. De sorte que des
formations de même durée peuvent avoir été divergées à des moments
différents.
Naturellement les conséquences de ce processus de
différenciation dépendent des contenus c’est-à-dire des compétences
données par les différents apprentissages : notamment, si l’on croit que
certaines formations ou compétences sont associées à la durée
indépendamment du reste du contenu, on aura tendance à dire que plus
la formation est longue et plus les individus ont des compétences
semblables ; l’opinion contraire est que plus la différenciation est
ancienne et plus les individus diffèrent, à durée identique de formation.
Les auteurs précisent que les éléments distincts qui composent
l’ensemble « population » des formations comprennent des
compétences qui sont approximées par la durée des études depuis la fin
XXX

du tronc commun général (s’il existe) et par leur contenu qui est le plus
souvent exprimé par la spécificité du dernier cursus suivi.
Ces éléments sont donc hétérogènes et de plus ils ne sont pas
répartis de façon uniforme dans « l’espace des formations » ; il y a entre
certains d’entre eux des relations qui s’ordonnent autour de la question :
quel est le coût (le temps par exemple) pour qu’un individu ayant la
formation F1 puisse acquérir la formation F2 ? La relation n’implique pas
une réciprocité parfaite.
Concernant l’emploi, VINCENS et ses collaborateurs le
définissent comme l’ensemble des tâches confiées à un individu ; ces
tâches ne peuvent être convenablement exécutées que si l’individu a les
compétences nécessaires. On ne traite pas ici, rappellent-ils, de la
question du design des emplois et des déterminants de la division du
travail.
Il suffit de rappeler que la construction des emplois est soumise au
principe d’économicité : d’abord si les compétences A sont payées le
double des compétences B, le cas général est que les emplois ne
comprendront que des compétences A ou B , même si les titulaires des
compétences A possèdent aussi les compétences B ; car il est peu
probable que les compétents B acceptent d’être rémunérés au tarif des
compétents B lorsqu’ils utilisent ces dernières compétences ; ensuite
même si les compétences A et B ont le même prix, le coût total
d’acquisition du couple A+B est probablement supérieur à celui de
l’acquisition séparée des compétences A et B et il sera généralement
moins coûteux pour l’employeur de proposer des emplois spécialisés
demandant uniquement des compétents A ou des compétents B plutôt
que des emplois réclamant à la fois deux types de compétences.
De ce fait, les auteurs estiment que l’ensemble des emplois sont
donc mis en relation par l’intermédiaire de leur contenu, les
XXXI

compétences acquises et requises. La relation cherchée est évidemment


une relation de couplage ou d’appariement, ce dernier terme étant pris
ici dans un sens général (comme les compétences d’un individu se
modifient au cours de sa vie active, l’étude des relations
formations/emplois concerne prioritairement les débutants). Mais
fondamentalement, ce couplage peut être étudié, selon l’auteur, dans
deux perspectives : celle du « couplage technique ou physique » et celle
du « couplage économique ».
Pour eux, le couplage technique consiste à identifier les
compétences acquises par un individu par une formation donnée, et à
les comparer aux compétences requises par les emplois. Par convention
on peut écarter tous les emplois que l’individu ne pourra occuper
qu’après avoir acquis des compétences supplémentaires d’un coût
(supporté par lui ou l’entreprise) supérieur à C. On admet que même si
C est nul, l’individu aura besoin d’un apprentissage particulier à
l’entreprise, mais ce n’est pas le problème. Restent donc les emplois par
lesquels le coût d’acquisition de compétences supplémentaires est
compris entre 0 et C. La formation en question rend donc éligible pour
ces emplois. De même on peut considérer un emploi et chercher quels
sont les individus, donc les formations qui permettent d’occuper l’emploi
après avoir acquis des compléments de compétences d’un coût inférieur
à C. Ces formations rendent éligible à cet emploi.
Quant au couplage économique, ils font intervenir d’abord le coût
total d’utilisation d’une formation dans un emploi ; ce coût comprend le
salaire et le coût d’acquisition des compétences manquantes (inférieur à
C pour les formations éligibles). Si l’employeur supporte ce coût, il va
sélectionner les formations pour obtenir le rapport efficacité/coûts totaux
le plus élevé ; cela élimine certaines formations éligibles selon le critère
technique, mais pour lesquelles le coût salarial serait trop élevé. Le
XXXII

jeune formé cherche le meilleur emploi possible parmi ceux pour


lesquels sa formation le rend éligible ; le résultat de sa quête dépend des
conditions du marché c’est-à-dire de l’ensemble des concurrences que
l’individu subit et exerce envers les emplois auxquels il est éligible.
L’employeur et le salarié recherchent chacun un avantage comparatif et
le couplage effectif reflète ce double avantage conditionnel à la situation
du marché.
Dans ce schéma les formations économiques concurrentes pour
un emploi donné seront celles qui entraîneront un coût total d’utilisation
voisine, un salaire un peu plus élevé pouvant compenser par un coût
d’adaptation plus faible.

Observations :
Dans cet ouvrage, Vincens et ses collaborateurs ont eu le mérite
d'avoir posé la problématique de l'adéquation entre formation et emploi
d'une manière générale. Leur méthode qui a consisté en une tentative
de définition des deux univers éclaire à plus d`un titre. Mais elle semble
insuffisante pour rendre compte de certains aspects fondamentaux de
cette relation entre formation et emploi.
Ainsi, cette thèse comportera une analyse critique du système
éducatif dans le but de voir le décalage qui existe, dans beaucoup de
cas, entre les sorties de ce système et les besoins réels du marché de
l'emploi.
De plus, l'analyse de ces auteurs ne tient pas compte de toutes les
dimensions relatives à l'insertion des diplômés ayant reçu des
formations différentes. C`est pourquoi dans ce travail, l`insertion
professionnelle des jeunes diplômés sera une démarche privilégiée.
D'autre part, leur étude s'est juste contentée de donner sa
définition de l'emploi sans pour autant évoquer le marché de l'emploi
XXXIII

proprement dit. Or, c'est ce dernier qui, compte tenu de l'évolution des
différents éléments qui le composent, exprime des besoins en
ressources humaines non seulement en fonction eu temps mais aussi de
l'espace.
Pour ce faire la démarche de notre thèse consiste aussi à analyser
l`évolution de l`offre de l`emploi. Il a donc été question pour nous de
faire une analyse des caractéristiques fondamentales du marché de
l'emploi pour montrer, combien à cause du caractère dynamique de ce
dernier, le système éducatif -bien souvent figé sur son type traditionnel
de formation- ne peut effectivement répondre aux diverses attentes
changeantes de ce marché de l'emploi.

L'OREFRA (Observatoire Régional Emploi Formation de Rhône-Alpes)


et la DEP18 (Direction de l'Evaluation et de la Prospective) en France,
quant à eux, se sont associés pour étudier les liens entre la formation
initiale des jeunes et le métier qu'ils exercent 5 ans, en moyenne, après
leur sortie de formation.
Cette étude qui est basée sur l'enquête Emploi de l'INSEE des
années 1999 à 2001, vise à dégager les caractéristiques actuelles de la
relation formation-emploi. Les résultats sont riches d'enseignement pour
la construction de l'offre de formation professionnelle, car ils montrent
quels liens s'établissent entre les métiers et les formations. Ils le sont
également pour l'information et l'orientation, car ils décrivent l'éventail
des débouchés auxquels accèdent les jeunes diplômés.
Ainsi, dans le cadre des contrats d'études prospectives régionaux,
l'OREFRA a réalisé en 1998 une étude exploratoire du lien entre
diplômes et métiers, basée sur l'enquête emploi de l'INSEE des années
1995 et 1996. Cette première étude a contribué à l'identification de

18
OREFRA et DEP, Une nouvelle lecture de la relation formation/emploi, Rhône-Aples, 2003.
XXXIV

nouveaux schémas de la relation formation-emploi et confirmé le


schéma adéquationniste des métiers à accès réglementé.
En 2002-2003, la DEP et l'OREFRA ont collaboré en vue
d'approfondir les constats précédents et de les actualiser dans la
conjoncture plus favorable des années 1999-2001.
Comment décrire la relation formation-emploi dans les métiers?
L'étude présentée ici est basée sur deux questions-clés et un schéma
d'analyse. Elle est ciblée sur un échantillon national de 30.000 jeunes
actifs sortis de formation initiale depuis moins de 10 ans: certains ont
déjà 9 ans d'expérience professionnelle, tandis que d'autres débutent
dans la vie active. Au moment de l'enquête ils ont en moyenne 5 ans de
vie active.
Les deux questions-clés:
Que sont devenus les diplômés?
-quelles sont les chances d'accès et de maintien dans l'emploi(ou
inversement, les risques de chômage) qu'ont les jeunes diplômés des
différents niveaux et des différents domaines de spécialité?
- quel est l'éventail des métiers exercés par les jeunes qui sont issus de
la même formation? Combien exerce un métier correspondant à leur
formation? Combien exerce un métier différent?
D'où viennent les jeunes qui exercent le même métier?
-de quel type de formation viennent-ils? Une formation générale ou une
formation professionnelle? Un niveau unique ou plusieurs niveaux de
diplôme?
-de quel domaine de spécialité sont-ils diplômés? L'éventail des
spécialités est-il étroitement ciblé?
Les sources d'hypothèses du schéma d'analyse: l'enquête emploi
identifie la formation initiale et la situation professionnelle de manière
précise.
XXXV

-la formation initiale de chaque enquêté est identifiée notamment par le


niveau atteint, le type d'enseignement dans ce niveau (général ou
professionnel) et par le domaine de spécialité des diplômes obtenus
(information qui n'est pas disponible lorsque le diplôme n'a pas été
validé).
-le métier exercé est identifié dans la nomenclature des Professions et
Catégories Sociales(PCS). Pour cette étude, les informations de
l'enquête ont été traduites en Familles Professionnelles(FAP)
conformément à la table de correspondance entre PCS et FAP établie
nationalement.
Le schéma d'analyse repose sur plusieurs hypothèses :
-à chaque formation technologique ou professionnelle correspond une
FAP "cible": c'est le(s) métier(s) que les Branches Professionnelles et
l'Education Nationale ont pris comme référence pour la construction du
diplôme. C'est le principe de l'adéquation entre formation et emploi.
-les FAP proches du cœur de cible(ou FAP connexes) se situent dans
une aire de mobilité de type sectoriel ("j'ai appris le métier de maçon,
mais j'exerce un autre métier dans une entreprise de bâtiment") ou de
type fonctionnel ("j'ai un diplôme de mécanicien automobile, mais je fais
de la maintenance de machines dans une entreprise de textiles"). Ces
parcours s'inscrivent dans une logique de transfert de savoirs et de
compétences.
-les FAP éloignées du cœur de cible (FAP périphériques) n'ont, a priori,
aucun rapport avec la formation initiale. Exercer l'un de ces métiers peut
résulter d'un choix volontaire ("les métiers auxquels ma formation me
préparait ne me conviennent pas, j'ai saisi une opportunité de
changement"). Cette situation peut aussi résulter d'une contrainte ("c'est
l'emploi que j'ai trouvé"). Ces parcours peuvent être vécus comme une
mobilité construite ou comme une rupture.
XXXVI

Les résultats montrent d'abord la très grande diversité des débouchés et


la disparité des profils de recrutement.
Où vont les diplômés issus d'une même formation technologique ou
professionnelle?
La réponse à cette question est donnée par les indicateurs suivants:
• le taux de chômage à la date de l'enquête emploi ;
• la proportion de diplômés qui exercent un métier (une FAP) "cible"
ou "connexe".
La valeur de ces indicateurs varie selon les informations, dans une
fourchette importante comme le montre le tableau ci-dessous qui prend
en compte les diplômés d'enseignement technologique ou professionnel
(non diplômés et jeunes issus de formation générale ne sont pas pris en
compte)
Valeur médiane Maximum Minimum
Taux de chômage 15% 23% 2%
% d'emploi dans 40% 96% 34%
les métiers cibles
ou connexes

Le taux de chômage "médian" sépare la distribution en deux: la


moitié des formations étudiées a un taux de chômage supérieur à 15%,
l'autre moitié a un taux inférieur. Le taux de chômage "moyen" des
formations étudiées est de 16%.
Pour la moitié des formations étudiées, la proportion des diplômés
qui exercent un métier "cible" ou "connexe" est d'au moins 40%. Cette
proportion est très proche de 100% pour les métiers dont l'accès est
réglementé et dont les flux de formation sont contingentés. Une
illustration de cette situation est le métier d'infirmier.
De quelle formation viennent les jeunes qui exercent le même métier?
XXXVII

La présente étude répond à cette question par les indicateurs suivants


mesurés FAP par FAP:
-la proportion de jeunes qui sont issus de l'enseignement
technologique ou professionnel, d'une part, et la proportion de ceux
qui sont issus d'enseignement général, d'autre part.
-la proportion de jeunes diplômés des domaines de spécialités
technologiques ou professionnelles "ciblées" ou "connexes". Exemple:
à la famille professionnelle "mécanicien auto" correspond une
spécialité "cible"; c'est le domaine de spécialité "moteur et mécanique
auto", les domaines de spécialités "connexes" sont ceux de la
mécanique et de l'électricité au sens large (mécanique d'usinage,
chaudronnerie, maintenance, électricité, électronique).
La valeur de ces indicateurs varie selon les FAP, dans une fourchette
très importante comme le montre le tableau ci-dessous.
Valeur Maximum Minimum
médiane
%de jeunes issus de 84% 98% 29%
l'enseignement
technologique ou
professionnel
% de jeunes diplômés de 50% 92% 3%
l'enseignement techno. ou
pro. des domaines de
spécialité"cibles"ou
"connexes"

Dans la moitié des FAP étudiées, la proportion de jeunes qui sont


diplômés d'une spécialité connexe est de 50%. Cette proportion est très
proche de 100% pour les métiers dont l'accès est réglementé, comme le
métier de coiffeur. Cette proportion est très faible(moins de 40%) dans
XXXVIII

des métiers peu qualifiés(manutentionnaires) ou des métiers où une


formation n'est pas exigée, comme les aides à domicile.
En résumé les exemples suivants donnent une vision de la relation
entre formation et emploi selon les différentes familles professionnelles
lorsque l'on rapproche l'analyse des débouchés de l'analyse des profils
de recrutement.
-infirmier: le modèle de l'adéquation
Adéquation qualitative car le métier est préparé par une formation
très ciblée qui conjugue théorie et pratique, adéquation quantitative
car les flux d'entrée sont régulés par concours.
-coiffeur: une adéquation insuffisamment régulée
Adéquation qualitative car l'accès au métier est conditionnée par la
possession du diplôme ciblé; mais le nombre de jeunes motivés et
formés va au delà des besoins d'emploi, d'où un chômage fréquent.
-employé administratif: le modèle concurrentiel
Le recrutement des jeunes s'organise autour de 2 profils différents:
les diplômés de l'enseignement professionnel des niveaux IV et III
(priorité au professionnalisme), les diplômés d'enseignement général
de niveau supérieur (priorité à la capacité d'adaptation).
-électricien du bâtiment ou de l'industrie: le modèle de transférabilité
des savoirs et compétences.
Les jeunes diplômés occupent un large éventail de métiers dans
lesquels ils valorisent les acquis de leur formation. Les jeunes
électriciens recrutés par les entreprises proviennent d'une large palette
de formations.
Ce type de relation facilite les ajustements sur le marché du travail
et les mobilités professionnelles.
-magasinier et préparateur de commande: une relation en voie de
construction
XXXIX

Ce sont des métiers en émergence dans lesquels l'exigence de


qualification professionnelle se construit progressivement.

Observations :
Les limites imposées pour l'interprétation des résultats
Ces limites sont liées à la représentativité des données d'enquête
et, au caractère empirique du schéma d'analyse.
-l'enquête emploi permet de constituer un échantillon national de 30.000
jeunes actifs sortis de formation depuis moins de 10 ans. Au niveau des
diplômés et FAP l'échantillon est parfois très petit. Il s'est avéré possible
d'étudier 59 diplômes ou groupes homogènes de diplômes et 58 FAP
avec un degré de fiabilité considéré comme acceptable pour cette étude.
D'autre part, la précision des réponses et de leur codification est
globalement bonne. Mais dans certains cas elle est moins sûre. Il s'agit
notamment, des métiers des domaines du tertiaire comme le montrent
des tests effectués par le Centre d'Etude et de Recherche sur l'Emploi
et les Qualifications (CEREQ).
-l'enquête emploi n'est pas orientée vers la connaissance des parcours
individuels (contrairement aux enquêtes générationnelles du CEREQ.
Elle ne donne pas d'élément d'information sur les circonstances ou
les raisons qui conduisent un jeune dans son parcours. Par exemple, on
ne peut pas savoir si une formation professionnelle continue a contribué
à l'orientation professionnelle. Evidemment, cette carence limite la
capacité d'interprétation.
-les hypothèses relatives au partage entre la cible, les métiers connexes
et les métiers périphériques sont posées a priori. Leurs fondements ont
une part de subjectivité. Mais elles sont indispensables pour faire
avancer la réflexion.
XL

Lorsque les résultats de l'étude sont exploités à des fins


d'information et d'orientation, il convient de mettre en avant la diversité
des débouchés d'une formation et la diversité des modes d'accès à un
métier. Mais il ne faut pas perdre de vue le caractère non prédictif de ces
résultats.
Pour relever tous ces défis, ce travail accorde une place de choix à
l`itinéraire professionnel des jeunes diplômés. A travers le schéma
proposé par l`OREFRA c`est-à-dire la correspondance entre chaque
formation avec une famille professionnelle, on examine le vécu
professionnel des diplômés ciblés. Cela a permis non seulement de
comprendre les types d`emplois que permet d`exercer chaque diplôme
même si c`est une situation de reconversion mais aussi a mis à la
disposition de l`université des alternatives dans le cadre de la
réorientation des formations.
En particulier, l`une des questions fondamentales posées par ces
analystes à savoir « Que sont devenus les jeunes diplômés », a servi
d`exemple pour identifier le type d`activité exercée par chaque diplômé.

Abordant la question de la formation universitaire en Afrique,


RONTOPOULOU19 estime que les formations offertes par les universités
africaines sont essentiellement des formations traditionnelles longues :
lettres, sciences humaines, sciences juridiques et économiques,
sciences. Le premier diplôme de sortie vers le marché du travail est la
licence ou la maîtrise. Le fait que le secteur public ait été, jusqu’à une
date récente, le débouché quasi exclusif des diplômés de l’université et
des institutions supérieures en général est bien évidemment une des

19
RONTOPOULOU J. L., L’université africaine à la croisée des chemins in Afrique contemporaine, Numéro
spécial, Paris, 1er semestre, 1994.
XLI

causes majeures sinon la cause principale de cette situation et de la


forme prise par l’évolution des cursus universitaires.
Selon lui, l’accès quasi automatique et jusqu’à ces dernières
années de tous les diplômés de l’université à la fonction publique a
fortement contribué à renforcer une image utilitariste de l’université :
pour l’étudiant, l’obtention du diplôme est l’objectif prioritaire, sinon
exclusif ; la nature de la formation et son contenu, à plus forte raison sa
qualité, ne sont considérés que comme relevant d’un « droit », au même
titre que la bourse, par les décisions conjoncturelles qui ont pu être
prises dans certains pays de créer artificiellement des postes dans la
fonction publique uniquement destinés à absorber des titulaires de
maîtrise en quête d’un emploi de fonctionnaire. Il est une condition
nécessaire mais non suffisante, pour entrer dans la classe dominante
composée des hauts fonctionnaires et petits et des représentants du
milieu des affaires.
Rontopoulou rappelle néanmoins que quelques expériences de
diversification des systèmes d’enseignement supérieur ont certes été
tentées : création des écoles professionnelles de type ENA (école
nationale d’administration), ENS (école normale supérieure), ou encore
des instituts supérieurs spécialisés (ingénieurs, gestionnaires). Mais là
où elles se sont effectivement réalisées, elles semblent avoir davantage
conduit à créer ce que l’auteur appelle des « doublons » avec les filières
universitaires existantes. Au Bénin, exemple cité par l’auteur, l’université
et les grandes écoles continuent de dispenser chacune de son côté des
enseignements similaires, alors même que les débouchés
professionnels correspondants se font de plus en plus rares.
D’autre part, il critique surtout la prise de décision de création de
nouvelles formations ou filières qui s’effectue, selon lui, de manière
générale sans planification ni référence aux besoins du marché du
XLII

travail, ou même sans évaluation de moyens requis pour leur


fonctionnement mais sous l’incitation de facteurs divers, informels,
essentiellement liés à la volonté d’expansion et de prestige de
l’institution.
Ces créations ne sont pas soumises à une instance d’évaluation ou
de reconnaissance, sinon celle du corps universitaire. Elles contribuent
ainsi à une expansion et à un accroissement des difficultés de
l’ensemble de l’institution d’enseignement supérieur qui doit se partager
des ressources de plus en plus rares. Quant à la durée théorique des
cursus, elle est de quatre ans, sans possibilité de sortie intermédiaire ni
passerelle entre disciplines sur la base d’équivalence.
L’auteur effectue une comparaison avec la France où les
formations professionnelles de techniciens supérieurs ou de type IUT
(institut universitaire de technologie), d’une durée de deux ans,
s’étendent elles-mêmes souvent sur trois ans dans les universités
francophones africaines. La seule justification semblant être la recherche
d’une correspondance entre la durée de formation et la grille incidiaire de
la fonction publique.
Dans les universités africaines, l’auteur précise que la tendance est
même à un allongement supplémentaire des cursus, par création de
diplômes de troisième cycle, de DEA et DESS. S’il est vrai que cette
initiative rejoint la volonté des étudiants de prolonger la durée de leurs
études face aux difficultés croissantes d’insertion professionnelle, selon
toujours Rontopoulou, il n’en reste pas moins que ces diplômes de
troisième cycle semblent peu correspondre aux besoins réels d’emploi,
compte tenu de la structure des qualifications demandées sur le marché
du travail et, dans bon nombre de pays, de la faible importance d’un
secteur industriel moderne, structuré. Enfin, pour aussi légitime qu’elle
puisse être dans un souci de formation à la recherche, on peut
XLIII

s’interroger sur le contenu du DEA qui, bien souvent, ne peut s'appuyer


sur un secteur de recherche confirmé, qu’il soit universitaire ou relevant
d’autres tutelles institutionnelles.
En définitive, selon l’auteur, ni l’organisation des enseignements, ni
les méthodes d’apprentissage en vigueur ne permettent de pallier, même
partiellement, les dysfonctionnements du système. Les volumes horaires
des programmes d’enseignement sont particulièrement lourds,
supérieurs souvent à trente heures par semaine y compris dans les
disciplines scientifiques et technologiques, faute de salles spécialisées
ou d’équipements ad hoc, pour une bonne part consacrés à des cours
théoriques et magistraux.
La principale méthode d’enseignement consistant en prise de
notes sous la dictée d’un enseignant, on conçoit qu’il soit difficile de faire
moins pour pouvoir réaliser le programme annuel; il reste à savoir si ces
horaires et cette méthode d’enseignement peuvent permettre un tant soit
peu aux étudiants l’acquisition de connaissances qualitatives.

Observations :
Comme beaucoup d'autres auteurs sur la question de l'adéquation
entre formation et emploi, Rontopoulou l'aborde dans un contexte
général de crise du système éducatif notamment le système
universitaire. Ce qui a fait qu'on a eu affaire à des informations vagues et
sommaires.
Vagues, parce que c'est juste au passage en analysant les
difficultés auxquelles font face les universités africaines que la
problématique de l'adéquation entre formation et emploi a été évoquée.
Il a certes parlé de quelques insuffisances du système
pédagogique notamment son organisation et donc son efficacité interne.
XLIV

Cependant à la lumière de certaines analyses, il semble que pour


mieux appréhender les rapports entre formation et emploi, une analyse
diagnostique des deux univers est plus que nécessaire. Ainsi la these
a aussi porté sur l'efficacité externe des formations universitaires,
autrement dit la mesure dans laquelle les diplômés issus de ce système
pourraient accéder à une profession.
L'analyse de Rontopoulou est enfin sommaire, dans la mesure où
elle ne va pas au fond des divers aspects de la relation entre formation
et emploi. Donc, en tant que sociologue de l'éducation et spécialiste des
universités africaines, il a tiré sur la sonnette d'alarme et ses travaux
pourront servir de jalons pour une véritable analyse des rapports entre
formation universitaire et emploi.
C`est pourquoi ses travaux malgré leurs limites nous ont permis, à
l’occasion de cette recherche, de mieux appréhender l`évolution de
l`université africaine ; les éclairages donnés par l`auteur sur ce sujet ont
aidé à cerner les conditions de vie et de travail de l’université ciblée.

L’enquête 1-2-3 dans les Etats membres de l’UEMOA


Le programme Régional d’Appui statistique à la surveillance
multilatérale des pays membres de l’UEMOA (PARSTAT), sous le
commandement de la commission de l’UEMOA a organisé une enquête
sur l’emploi dans les grandes agglomérations des Etats membres. Ainsi
l’enquête s’est déroulée principalement dans les capitales des ces Etats
et selon une méthodologie identique. Même si la situation de chaque
pays présente certaines spécificités liées aux facteurs économiques,
culturels, etc. Il se dégage de ces données une homogénéité marquée.
Description du marché du travail :
Sur l’ensemble des agglomérations, on compte 6 854 000
personnes en âge de travailler (10 ans et plus). Près de six personnes
XLV

sur dix sont actives (ayant un emploi ou chômeur), soit un taux d’activité
de 59%. Si l’on se restreint à la population âgée de 15 ans et plus, le
taux d’activité gagne près de 10 points en passant à 67%. Abidjan et
Lomé se détachent de cet ensemble avec environ deux tiers d’actifs
tandis que Niamey, Dakar et Bamako connaissent les taux d’activité les
plus faibles avec en moyenne un actif sur deux personnes en âge de
travailler. Généralement, il y a plus d’actifs que d’actives : le taux
d’activité global montre un écart de près de 13 points en des hommes.
Les plus grands écarts s’observent dans les capitales dont la population
est principalement de religion musulmane tandis que Cotonou se
démarque avec un taux d’activité des femmes supérieur à celui des
hommes.
Le chômage est un indicateur de tension sur le marché du travail
marquant le désajustement entre la demande et l’offre. Sur l’ensemble
des sept villes, le nombre de chômeurs au sens du BIT est à 460 000
personnes, ce qui correspond à un taux de chômage de 11%. Deux
groupes de villes peuvent être distingués : celles dont le taux de
chômage est relativement faible, à savoir Cotonou mais aussi Lomé et
Bamako (5% à 8%) ; et celles où l’on enregistre un taux de chômage à
deux chiffres, supérieur à la moyenne régionale : Dakar (12%), Niamey
(13%), Abidjan (14%) et Ouagadougou (15%).
La répartition par secteur institutionnel des emplois est un bon
indicateur synthétique de la structure du marché du travail. C’est
évidemment le secteur informel qui occupe la première place : 76% des
actifs occupés y sont employés (entre 71% à Niamey et 81% à Lomé).
Le secteur privé formel vient en deuxième position avec 14% des
emplois. Enfin, seulement 8% des actifs occupés travaillent dans le
secteur public. La part congrue de l’emploi public, alors même que du
fait de la centralisation, une grande partie de l’administration de chaque
XLVI

pays est concentrée dans la principale agglomération, fait tomber l’idée


reçue d’un secteur public hypertrophié. Cette structure par secteur
institutionnel présente de remarquables similitudes entre les villes. C’est
à Abidjan que le secteur privé formel est le plus développé, mais il ne
compte que 18% des emplois ; Dakar venant en second. Niamey affiche
la plus grande concentration d’emplois publics, mais ceux-ci ne comptent
que 15% de l’emploi total. Enfin, Cotonou et Lomé constituent les
espaces de prédilection du secteur informel avec plus de 80% des
emplois ; mais cette proportion n’est jamais inférieure à 71% (Niamey).
Le niveau d’instruction des salariés du secteur public est de loin le
plus élevé : 11 années d’études scolaires réussies, contre 5 en
moyenne. Bien qu’il ne compte que 8% des actifs occupés, 61% des
cadres supérieurs appartiennent à ce secteur, comme 57% des cadres
moyens. L’ancienneté des salariés du public est aussi très supérieure à
celle de tous les autres secteurs : plus de 10 ans en moyenne, soit 4 ans
de plus que dans les autres secteurs. Une telle longévité dans l’emploi
s’explique par le mode de régulation des carrières (phénomène de
l’emploi à vie), mais aussi du gel des embauches des plus jeunes,
politique qui a contribué au vieillissement de la pyramide des âges dans
ce secteur.
Les activités informelles se ressemblent d’une grande ville à
l’autre, aussi bien quant à la jeunesse de ses actifs, qu’à la branche
d’activité, tant pour la taille des unités de production qu’en ce qui
concerne le taux de salarisation. Ainsi, 86% d’emplois informels
proviennent d’unité de production de moins de 6 personnes, 47% sont
des auto-emplois. En conséquence, ce secteur présente le plus faible
taux de salarisation de tous les secteurs institutionnels d’appartenance :
18%. La main-d’œuvre du secteur informel est jeune : 36% des actifs ont
moins de 25 ans. Elle est peu éduquée avec un niveau d’étude moyen
XLVII

de 3,5 ans, plus des trois-quarts des travailleurs du secteur n’ont pas
dépassé l’école primaire. Enfin, c’est le secteur le plus féminisé puisque
53% des actifs informels sont des femmes. Les villes de Lomé et
Cotonou arrivent en tête avec un taux de féminisation égal à 60%,
Abidjan entre 46 et 51% à Dakar, Ouagadougou et Bamako, et enfin
41% à Niamey. Contrairement à une idée reçue qui met en avant le rôle
de la migration pour expliquer la genèse du secteur informel, c’est dans
l’informel que la proportion de migrants est la plus faible.
Principales conclusions de l’enquête sur l’emploi :
Au-delà des spécificités nationales, les marchés du travail des sept
agglomérations présentent de fortes similitudes et certain nombre de
caractéristiques communes se dégage :
• L’entrée précoce des enfants sur le marché du travail est un
phénomène préoccupant : 13% des jeunes de 10 à 14 ans exercent un
emploi ;
• Pour quatre inactifs sur dix, l’absence d’activité correspond en fait
à une forme de chômage déguisé dans la mesure où ils se sont retirés
du marché du travail parce qu’ils ne pensent pas pouvoir obtenir
d’emploi ;
• Le chômage affecte autant les hommes que les femmes et il
touche plus les jeunes. Même si le diplôme n’est pas un viatique contre
le chômage, l’école continue à protéger contre le risque de se retrouver
sans emploi. Un sérieux effort doit être consenti par les autorités pour
appuyer les chômeurs, notamment en matière d’informations ;
• Le secteur informel occupe de très loin la première place : 76%
des actifs occupés y sont employés. En conséquence, toute stratégie
efficace de lutte contre la pauvreté urbaine passe par la mise en place
de politiques favorisant l’insertion et la productivité du secteur informel.
XLVIII

• Avec un taux de 67% sur l’ensemble des sept grandes villes, le


sous-emploi du facteur travail constitue le principal problème que
rencontre le marché du travail, et plus généralement l’économie urbaine
de la région ;
• Les femmes gagnent en moyenne moitié moins que les hommes,
malgré un rattrapage très sensible en matière de scolarité. Une plus
grande attention devrait être portée à la réduction des inégalités de
genre ;
• L’enquête montre aussi qu’il existe un profond désajustement
entre les projets professionnels et les opportunités réelles d’emplois. En
conséquence, les novelles générations vont au devant de sévères
désillusions, qui, si elles ne sont pas corrigées, sont porteuses de
tensions sociales potentielles. Une meilleure adéquation entre la
formation et les perspectives d’embauche est nécessaire.

Observations :
Cette enquête nous permet de comprendre la dynamique du
marché de l’emploi dans les principales agglomérations des sept pays
membres de l’UEMOA. Elle a mis un accent particulier sur les principales
caractéristiques du marché de l’emploi notamment l’offre et la demande.
Tout en nous montrant que le chômage est surtout dû à l’insuffisance de
l’offre, l’enquête souligne également une faiblesse du niveau de
formation des demandeurs d’emploi.
Or, l’observation empirique de la situation de ces différentes
capitales révèle une persistance des difficultés d’insertion
professionnelle des cadres supérieurs. Apparemment, cet aspect semble
échapper à l’enquête comme si dans ces agglomérations les cadres
supérieurs sont systématiquement intégrés dans le marché du travail.
XLIX

L’enquête a pourtant souligné que le sous-emploi des diplômés en


général peut être source de tension dans ces différents pays. Alors nous
ajoutons que cela peut être pire lorsqu’il s’agit du sous-emploi des
cadres supérieurs.
C’est pourquoi, nous pensons qu’on doit mettre l’accent sur les
rapports entre les cadres supérieurs et le marché du travail. Déjà
l’enquête a, de façon générale, révélé qu’il y a un profond décalage entre
les projets professionnels et les opportunités d’emploi et que par
conséquent il faut assurer une meilleure adéquation entre les formations
et les perspectives d’embauche. Donc en nous appuyant sur les
conclusions de ces travaux nous pourrons voir dans quelle mesure nous
allons analyser les liens entre formation supérieure et l’emploi au Niger
qui est l’un des pays membres de l’UEMOA. D’ailleurs les travaux ont
souligné que dans ces pays, l’Etat qui fut le plus grand pourvoyeur
d’emploi a cessé de recruter les jeunes diplômés laissant cette tâche au
secteur privé qui lui-même rencontre des difficultés pour son
développement. Alors nous pouvons nous servir de cette problématique
pour étudier la condition des cadres supérieurs nigériens formés à
l’Université Abdou Moumouni face à l’emploi notamment si le marché du
travail les refuse à cause de leur formation ou parce que l’offre est
insuffisante.

VEREZ20 pour sa part, a analysé l’adéquation entre la formation et


l’emploi à la direction de l’analyse économique et de la planification du
ministère du plan du Niger en 1988. Ainsi, après avoir posé son
diagnostic, la situation au niveau des différents services se résume en
ces constats :

20
VEREZ J. C., Analyse de l’adéquation formation-emploi de la direction de l’analyse et de la planification du
ministère du plan, Niamey, 1988.
L

-Au service des études et synthèses économiques il a constaté que le


responsable des divisions des études générales a une maîtrise en
sciences économiques. Celui-ci est dégagé depuis six mois de ses
activités pour s’occuper de l’étude de la réforme de la fonction publique.
Il reste donc un seul cadre qui a, en plus lui aussi de sa maîtrise en
sciences économiques, participé à deux stages de perfectionnement sur
la planification. Ce qui, selon l’auteur, n’est pas de son domaine d’études
privilégié. Et à l’auteur d’observer que les deux cadres en question ne
pouvaient pas assumer pleinement les fonctions pour lesquelles ils ont
été recrutés car ils ont chacun des diplômes en économie générale sans
spécialisation dans un domaine précis.
-Au service de la planification, le responsable de la division du
développement rural a une maîtrise en sciences économiques. Verez
pense que la formation de ce cadre est trop générale par rapport au
domaine rural dans lequel il évolue. Par conséquent, une formation
complémentaire et beaucoup plus spécialisée serait souhaitable. Dans
ce sens, il propose des spécialisations comme le DESS en économie
rurale ou à défaut des formatons continues de plus courtes durées axées
sur les besoins réels du ce service. A ce sujet il rapporte que selon ses
sources d’informations, le cadre en question était en formation au
moment de l’étude, en vue d’obtenir un diplôme d’ingénieur statisticien
économiste. Cet exemple montre selon l’auteur, les limites de la
capitalisation des connaissances et d’un savoir-faire. Donc pour prévenir
de tels ajustements il propose d’élaborer une répartition des postes et/ou
une organisation du travail plus rationnelle et/ou une meilleure
adéquation entre formation et emploi. Au début, le profil du cadre
correspondait à peine au poste à pourvoir. Mais à l’heure actuelle il est
nécessaire de lui compléter sa formation pour qu’à terme il puisse
davantage maîtriser le domaine du développement rural.
LI

Dans le même service, un titulaire d’une maîtrise en sociologie


s’occupe des questions d’élevage. L’auteur remarque que ce cadre, de
par son option rurale, semble en rapport avec son poste. Cependant, il
estime qu’on aurait dû lui confier la division des secteurs sociaux au sein
du même service car malgré son option en sociologie rurale, sa
formation reste trop générale.
-A la division des mines, industries et artisanat, l’auteur rapporte que le
responsable a une maîtrise en sciences économiques. Là, il note une
absence totale de formation spécialisée relative au domaine. D’où les
activités concernées nécessitent une formation beaucoup plus
technique.
-A la division des infrastructures le responsable a un diplôme délivré par
l’institut des techniques de planification et d’économie appliquée. Ici
l’auteur estime que la formation de ce cadre correspond bien au poste
occupé.
-A la division des secteurs sociaux (éducation, formation, emploi) se
trouve un diplômé de l’ENA supérieur. L’auteur estime que les
débouchés de cette formation sont essentiellement orientés vers
l’administration et les finances publiques. Donc un DESS en planification
et gestion des ressources humaine serait souhaitable.
-Au service de la prévision économique, il y a quatre cadres dont trois
d’entre eux ont chacun une maîtrise en sciences économiques sans
spécialisation dans un domaine particulier. Outre donc leur formation de
base, ils doivent, selon l’auteur, acquérir des capacités de synthèse et
d’élaboration d’études prospectives. En plus un enseignement en
politique économique permettra une capitalisation et une transmission
des connaissances.
Au terme de cette brève analyse sur l’adéquation entre formation et
emploi Verez conclue que les cadres qui ont fait l’objet de son étude ont
LII

reçu, dans l’ensemble, une formation générale alors que les fonctions de
la direction pour laquelle ils travaillent sont plutôt des fonctions qui
nécessitent, entre autres, une bonne maîtrise des techniques
quantitatives. Toutes choses que les cadres en question n’ont pas pu
acquérir durant leurs cursus académiques respectifs.

Observations :
Verez a eu certes le mérite de mettre en évidence l'univers des
formations et celui des emplois dans les différents services qu'il a
étudiés. Son analyse au cas par cas rend effectivement compte de
l'inadéquation entre la formation des cadres qu'il a étudiés et les
fonctions pour lesquelles ils ont été recrutés. Cette démarche a
réellement inspiré ce travail car grâce à elle, il est aussi proposé de
suivre l`itinéraire professionnel de quelques diplômés.
En revanche, on constate qu'il s'est beaucoup plus penché sur les
contenus des tâches effectuées par ces agents que sur les contenus de
leurs formations. Donc cette étude efforce de faire une description des
contenus des formations des enquêtés pour expliquer le décalage qu'il y
a entre ce que ces gens ont appris et ce qu'ils effectuent comme tâche.

La Direction de l’analyse économique et des prévisions du


ministère du plan21 a de son côté posé le problème des besoins
d’emploi dans le secteur privé et para public et les sorties du système
éducatif au Niger en 1989.
Abordant la question de la formation et de l’emploi au Niger, le
rapport précise qu’on perçoit très facilement le déséquilibre entre d’une

21
MINISTERE DU PLAN, Besoins d’emploi dans le secteur privé et parapublic et sorti du système éducatif au
Niger, DAEP, Niamey, 1989.
LIII

part les formations données et les diplômes délivrés et, d’autre part les
capacités d’insertion dans le secteur moderne privé et para public.
Alors qu’il y a un excédent de diplômes de formations générales,
destinées essentiellement à la fonction publique, il y a aussi à satisfaire
les besoins d’emploi du secteur moderne. Ainsi à partir des annuaires
statistiques du ministère de la fonction publique, du travail et de la
formation professionnelle; des calculs prévisionnels ont été faits sur les
départs à la retraite dans la période allant de 1989 à 1996.
Il a alors été révélé qu’en moyenne, ces départs seront à 312 par
années dans la période indiquée, soit un nombre très faible. De ce point
de vue, l’analyste estime que, l’accès à la fonction publique apparaît très
limité. Il reste bien sûr à déterminer les créations des postes sur la base
des concours que la fonction publique devrait instaurer. Compte tenu
des prévisions faites sur une augmentation vertigineuse de la masse
salariale et à l’instar des autres pays de la sous région, il se pourrait
même qu’on procède à une déflation des effectifs de la fonction
publique.
L’analyste rappelle par ailleurs que la fonction publique ne
représentera plus à l’avenir, si ce n’est déjà le cas, la « voie royale »
pour obtenir un emploi. Ce qui pose une grande inquiétude pour le sort
des bacheliers des séries littéraires et assimilées ainsi que celui de
certains étudiants de la faculté des lettres et sciences humaines d’une
manière générale.
Les candidats à l’enseignement supérieur peuvent espérer
satisfaire leurs besoins d’éducation même dans les filières comme les
sciences humaines là où, selon l’étude, l’avenir est encore plus aléatoire.
Cette situation exige dès à présent des changements très profonds dans
l’orientation des élèves et des étudiants en général et donc le système
LIV

éducatif nigérien tout entier a besoin de transformations structurelles


très rapides.
Il s’agit d’opérer, selon l’étude, un bouleversement profond qui
touche à la fois l’enseignement secondaire, l’université et les écoles de
formation professionnelle. Les flux d’étudiants dans les diverses facultés
dérivent de la structure de l’enseignement secondaire situé en amont du
système universitaire. C’est donc à ce niveau qu’il faut agir.
Mais au-delà des réformes à entreprendre, l’étude en question
estime qu’il faut également identifier les formations à créer et/ou à
développer en vue de satisfaire les besoins du marché de l’emploi. A ce
sujet, il est rappelé que l’un des axes prioritaires du projet éducation III
reste le renforcement de la capacité d’adaptation des établissements de
formation professionnelle aux évolutions du marché du travail, tant au
niveau du choix et de l’orientation des contenus de formation que dans
les relations avec les employeurs. Il convient alors d’impliquer les
employeurs à la fois dans le choix des modes d’organisation de la
formation et dans l’insertion des jeunes ayant bénéficié de la formation.
Il est envisagé notamment de prendre des mesures afin de mieux
assurer la transition entre le monde de la formation et celui du travail
pour les diplômés sortant des institutions de formation professionnelle.
L’une des mesures consiste à intégrer un stage obligatoire de fin de
scolarité d’une durée de six mois à une année dans une unité de
production. Le diplôme ne serait accordé qu’à l’issue de cette période et
suite à une évaluation menée conjointement par l’employeur et
l’établissement de formation.
De toute évidence, poursuit le rapport, la situation de l’emploi et du
système éducatif au Niger est telle qu’ ‘elle exige des mesures urgentes
structurelles et adaptées aux besoins du marché du travail du troisième
millénaire. En outre, le rapport précise que l’inadéquation entre les
LV

formations dispensées au sein du système éducatif et les besoins du


secteur moderne privé et para public et de la fonction publique n’est pas
une découverte. Mieux c’est un problème qui a déjà été soulevé sans
pour autant qu’il ne fasse l’objet d’évaluation quantitative et/ou qualitative
précises.
Toutefois, les perspectives qui se dessinent à l’horizon du 21ème
siècle indiquent que les déséquilibres entre les besoins d’emploi et les
sortants du système éducatif prennent une acuité particulière. Ces
déséquilibres sont à la fois quantitatifs et qualitatifs. Ils concernent tout
autant les flux des diplômés, l’orientation des élèves et des étudiants, les
formations assurées, l’absence de certaines filières ou spécialisations,
l’étroitesse des débouchés du secteur moderne quand bien même le
système éducatif ne parviendrait pas à satisfaire ses besoins, les limites
du recrutement de la fonction, l’insuffisante identification des besoins du
marché du travail, etc. Il s’agit donc d’une réelle dichotomie entre
l’univers éducatif et l’univers du marché du travail.
Pour combler ce vide l’étude suggère en amont une révision
profonde des filières d’enseignement et des programmes de formation ;
de facto il faut songer à la formation des enseignants qui auront en
charge d’encadrer des élèves au sein de nouvelles filières. On fait
allusion ici notamment aux filières techniques, soit après le BEPC, soit
au niveau du BAC, soit après le BAC.
Pour modifier les programmes ou créer des nouvelles filières, il
faut estimer les besoins du marché du travail de l’an 2000 et au-
delà .Cette démarche n’apparaît pas insurmontable. A propos de la
fonction publique, le rapport marque ainsi sa conviction que les
recrutements y seront limités. Cependant il ajoute qu’il ne serait pas
inutile d’identifier là aussi les besoins de l’administration ou des autres
LVI

branches de la fonction publique et d’y adapter les futurs profils des


agents de l’Etat.
Concernant le marché de l’emploi du secteur moderne, il est
préconisé ici d’identifier les besoins en main d’œuvre des entreprises .Il
faut notamment repérer les niveaux de qualification. Ce souci apparaît
d’autant plus nécessaire que d’une part les besoins en personnel qualifié
existent réellement en dépit des difficultés économiques et que d’autre
part selon l’étude, une enquête auprès des sortants des centres de
formation professionnelles menées par le ministère du plan et la
chambre de commerce a montré que plus de 90% des élèves sortis des
instituts de formation n’avaient toujours pas trouvé d’emplois plus de
deux années après leur sortie de formation. En plus selon la même
source, plus de 50% des nouveaux recrutements dans l’année précédant
l’enquête au niveau des nouveaux ouvriers qualifiés, se sont effectués
en faisant appel à une main d’œuvre ne possédant pas d’autre
qualification que celle acquise par la formation en cours d’emploi. Cette
situation apparaît paradoxale selon le rapport, dans la mesure où on
utilise du personnel peu qualifié initialement alors que les mieux qualifiés
ont en partie des difficultés pour accéder à un emploi.
Enfin le rapport estime que faire en sorte que le mode de transition
soit plus développé et plus souple entre le système éducatif et le
marché semble être le défi auquel font face les responsables du système
éducatif nigériens dans un contexte de pression démographique qui ne
peut qu’accroître à terme les pressions sur le marché du travail.

Observations :
Sans faire d'analyse approfondie du rapport entre les formations et
les emplois, le rapport propose des alternatives pour parer au problème
de l'adéquation entre sorties du système éducatif et besoins du marché
LVII

de l'emploi nigérien. En ce qui concerne les alternatives qui y sont


dégagées, elles auraient été plus claires si elles avaient résulté d'une
étude des différents aspects des liens entre les formations et les
emplois. Donc à ce niveau, nos analyses propres nous édifiés et nous
ont permis de mieux apprécier la véracité de ces propositions.
Enfin, même si le rapport n'est pas riche en analyse, il nous
intéresse néanmoins à plus d'un titre car il aborde la problématique de
l'adéquation entre formation et emploi.
En conclusion, voilà donc brièvement présenté un certain nombre
de conceptions et de méthodologies de sources diverses sur la formation
et l’emploi ; certaines se contredisent tandis que d’autres se complètent ;
pour ce qui est de notre travail, ces références nous serviront de base
d’analyse et des pistes de réflexion axées sur les observations que nous
avons faites à la suite de chaque étude.
Apres ceci maintenant quel est le contexte et la justification du
choix de notre thème ?

1.3 CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME


1.3.1Contexte
Si les universités africaines sont de création récente, elles ont en
plus connu une expansion assez fulgurante. En effet, les quelques rares
établissements d’enseignement supérieur qui existaient avant les
indépendances ont été à la base de la création de la majorité des
universités nationales africaines. Parmi celles- ci on peut citer l’Institut
des Hautes Etudes de Tananarive et l’université de Dakar créés
respectivement en 1948 et 1957.
Malgré les conditions de vie et de travail très peu satisfaisantes
dans ces institutions, le nombre d’étudiants a continué à s’accroître à
LVIII

une vitesse vertigineuse. En Afrique francophone où ils n’étaient que


4000 en 1960, ils sont plus de 500 000 vers le début des années 199022.
L’objectif fondamental assigné à ces universités était de stimuler
les économies nationales à travers non seulement la formation des
cadres mais aussi la promotion de la recherche scientifique. Dans cette
perspective, les universités ont pu profiter, jusqu’à une date récente, du
soutien indéfectible des gouvernements des pays concernés et de la
communauté internationale tout entière. Car à l’époque l’on s’accordait à
croire que pour relancer les économies des jeunes Etats indépendants, il
fallait un investissement consistant dans le secteur de l’éducation en
général et celui de l’enseignement supérieur en particulier.
Cependant, avec la montée en puissance du néolibéralisme au
plan mondial, la vision de la communauté internationale vis-à-vis de
l’enseignement supérieur publique africain prendra d’autres tournures.
Les universités africaines particulièrement auraient failli à leurs missions.
Telles sont les critiques qui leurs sont quotidiennement adressées. Des
constats de contre performance avec des preuves à l’appui ont été faits,
comme quoi les universités africaines n’ont pas tenu à leurs promesses
et que leur expansion n’aurait pas entraîné celle des économies
nationales ni de la société dans sa globalité23. Par contre, elles auraient
même créé des déséquilibres au sein du système éducatif et consommé
des ressources qui auraient permis le développement de l’éducation de
base24.
Ainsi les universités sont taxées d’être des institutions
budgétivores, grosses consommatrices des rares ressources nationales,

22
RONTOPOULOU J. L., Evaluation de l'enseignement supérieur, UNESCO, Paris, 1998, p149.
23
RONTOPOULOU J. L., L'université africaine à la croisée des chemins, in Afrique contemporaine, numéro
spécial, Paris, 4eme semestre 1994, p150.
24
COLMAN J. et COURT D., University development in the third world, The Rockefellers foundation
experience, Program press, 1993.
LIX

productrices à coût très élevé d’un nombre pléthorique de diplômés dont


la qualité de la formation est non seulement contestable mais surtout
d’aucune utilité pour les besoins des économies nationales. D’où ce
jugement sévère et péjoratif d’un expert de la Banque Mondiale, « le
mode de financement de l’enseignement supérieur dans les pays de
l’Afrique subsaharienne est socialement et économiquement
inefficace »25
C’est dans cette mouvance que s’inscrit l’application des PAS sur les
universités africaines et cette période correspond également au début
des premières difficultés connues par ces institutions .En réponse à tous
ces problèmes, des Alternatives ont été dégagées. Certaines ont été très
radicales au point où on se demandait si on ne devait pas carrément
supprimer les universités et l’enseignement supérieur en général.
D’autres ont été par contre nuancées en lançant les débats sur les voies
et moyens permettant une amélioration qualitative de cet enseignement
supérieur tout en l’intégrant dans le processus global du développement
de l’éducation

Au Niger, cette période s’est caractérisée par des bouleversements


radicaux dus notamment aux mesures impopulaires que les PAS ont
entraînées. Mesures que les différents acteurs à savoir les étudiants, les
enseignants eux mêmes et dans une moindre mesure le personnel
administratif et technique ont tenté de combattre à travers des
mouvements de grèves.
Ces mouvements ont le plus souvent conduit à la fermeture du
campus pour de longues durées et surtout des années blanches (soit
deux années blanches tous les cinq ans depuis 1990). A cela s’ajoutent
des prolongations d’années pouvant durer 15 mois sans solution durable
ou encore des années absorbées comme c’est le cas dans certaines
25
Banque Mondiale, Education in sub saharian Africa, Washington DC, 1988.
LX

facultés entre l’année académique 2004/2005 et 2005/2006. Cette


situation a contribué à la dégradation continue du système pédagogique
de l’université de Niamey et en même temps on assiste à une
démotivation des enseignants chercheurs et des étudiants.
Mais fondamentalement la défense de l’enseignement supérieur
africain repose en général sur deux arguments principaux. D’abord l’on
soutient la thèse de sa jeunesse autrement dit les performances
attendues de lui ne pouvaient pas égaler celles de ses références c’est-
à-dire l’enseignement supérieur de l’occident qui, lui est plus vieux et
plus mature. La deuxième thèse repose sur la contribution à la formation
des élites nationales par la production de cadres pouvant contribuer de
façon significative à la conception et à la mise en œuvre des politiques
publiques.
En réalité aujourd’hui l’enseignement supérieur africain est à la
croisée des chemins26. Né dans un contexte historique (national et
international) déterminé et dans une société ayant connu de profondes
mutations tant du point de vue des idées et principes qui ont sous-tendu
son évolution, que de la conception, il est constamment sous pressions.
Ces pressions résultent d’ une part de la forte demande sociale (besoins
en formation et nouvelles attentes) et d’ autre part l’interpellation des
partenaires financiers internationaux.
En ce qui concerne l’université de Niamey qui fait l’objet de cette
analyse, il faut d’abord rappeler que cette institution a pu produire une
bonne partie de cadres qui ont soutenu l’effort national du
développement du pays tant dans le secteur privé que dans
le secteur public. Cependant depuis quelques années, l’on a constaté
entre autres problèmes, que les diplômés produits par l’UAM ont du mal
à s’intégrer dans le circuit économique notamment le marché de l’emploi.

26
RONTOPOULOU J. L., op cite, p. 150.
LXI

Certains analystes ont eu tendance à imputer la cause de ce problème à


la crise économico-financière que vit le pays depuis bientôt trois
décennies. Ils semblent de ce fait perdre de vue la dimension
pédagogique du problème. Ce qui fait qu’il n’y a pas eu surtout dans le
domaine des sciences sociales d’analyses critiques du système
d’enseignement supérieur quant à sa capacité à satisfaire la demande
nationale en matière de cadres.
Les différentes réformes entreprises dans ce cadre, se sont
bornées à décrire le problème ou dans une moindre mesure à tirer sur la
sonnette d’alarme sans pour autant poser un diagnostic en vue de
comprendre et d’expliquer cette déperdition ou "déboussolement" des
sortants du système universitaire public nigérien.
C’est dans ce contexte que cette étude s’est proposée de poser un
diagnostic du système pédagogique de l’UAM à travers une analyse
sociologique non seulement de son efficacité interne mais aussi et
surtout son efficacité externe.

1.3.2 Justification
1.3.2.1 Les raisons subjectives
Le choix de ce thème de recherche n'est pas fortuit. En effet,
derrière tout processus de recherche il y a un désir ou une soif de
connaissance d'un phénomène. Le besoin de connaître se fait alors
sentir lorsque le doute et le questionnement arrivent à un certain degré
de paroxysme.
En ce qui concerne cette recherche, tout est parti des discussions
habituelles entre amis et collègues sur différents problèmes de la vie
quotidienne. Au cours de l'un de ces échanges, on s’est plusieurs fois
interrogé sur ce que font les jeunes aujourd'hui après leurs études. On
est parvenus au constat que les jeunes diplômés sont d'une manière
LXII

générale désœuvrés. En particulier, on a remarqué qu'en Afrique et


surtout au Niger, les diplômés des universités n'ont pas de destination
précise sur le marché de l'emploi.
Ce qui fait que beaucoup de ces diplômés et singulièrement ceux
issus des facultés traditionnelles, se reconvertissent dans
l'enseignement ou autres activités professionnelles qui n'ont rien à voir
avec leurs formations initiales. On a par exemple évoqué le cas de
certains sociologues qui enseignent histoire-géographie ou Français
dans les collèges et lycées; des ingénieurs en génie civile qui enseignent
les mathématiques. Tout cela au mépris de ce qu'ils ont réellement
appris. On a même évoqué des cas souvent confus, comme celui de
certains géographes et chimistes formés par l'université, qui travaillent
comme agents commerciaux dans certaines entreprises de la place.
Certains ont même rapporté avoir rencontré des sociologues en
position d'agent de péage routier. On a été particulièrement effaré de
voir des titulaires de maîtrise en Droit engagés comme vendeurs
ambulants ou distributeurs des produits de certaines sociétés
commerciales.
Tous ces témoignages, quelqu'empiriques qu'ils puissent paraître
poussent néanmoins à parler comme Nietzsche qui disait : " Les valeurs
ne valent plus rien». En outre, lors des enquêtes entrant dans le cadre
du mémoire de DEA à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, une des
questions adressées aux étudiants a suscité beaucoup de controverses.
Il s'agissait de leurs opinions sur le marché du travail. Presque la
majorité des répondants a systématiquement marqué son inquiétude
quant à une éventuelle insertion socioprofessionnelle.
Ces différentes situations ne peuvent pas ne pas interpeller la
conscience d’un chercheur. Et comme d'habitude, dans la vie courante,
dés qu'un phénomène apparaît incompris ou flou, le sociologue est tout
LXIII

de suite interpellé, nos différents interlocuteurs nous ont incité à poser le


problème de la formation universitaire et de l'emploi en Afrique et au
Niger en particulier.
Telles sont les raisons qui, même si elles peuvent paraître
subjectives, ont quand même motivé dans le choix de ce thème. Mais
comme la science veut que le discours du chercheur se différencie de
celui du sens commun, on s’efforce de construire d'abord son objet de
recherche à travers la méthode proprement sociologique. Ce qui conduit
par conséquent à dégager les raisons objectives du choix de ce sujet de
recherche.

1.3.2.2 Les raisons objectives


Durant les cinq dernières années, le Niger a régulièrement été
classé par le PNUD en bas de l’échelle du développement humain.
Parmi les critères retenus par cet organisme qu’on appelle IDH (Indice
du Développement Humain), on peut citer: le taux de scolarisation, le
taux de couverture sanitaire, l’accès à l’eau potable. En effet, aujourd’hui
au Niger, tous ces indices sont au rouge : plus faible taux de solarisation
mondial (29,5% dans les années 1996 et environ 50%27 en 2004) ; taux
de chômage grandissant de jour en jour pouvant atteindre 75% dans les
années 2005-2006.
Malgré les tentatives des pouvoirs publics pour redresser cette
situation avec l’appui de leurs partenaires économiques et financiers, la
pauvreté demeure le lot quotidien de la majorité des nigériens. Etant
donné que le pays ne comptait que sur l’exploitation de l’uranium qui,
dans la décennie 70-80, fut la principale richesse minière du pays,
aujourd’hui avec la chute des cours mondiaux de ce minerai, le Niger ne
peut survivre que par l’accumulation de la dette extérieure.

27
Annuaire statistique de l'éducation au Niger, 2003-2004.
LXIV

C'est pourquoi depuis un certain temps, la majorité des décideurs


politiques a tendance à soutenir dans les discours que le pays ne
comptera plus désormais que sur ses ressources humaines. Celles-ci, il
faut le rappeler sont composées en grande partie de jeunes car les
données démographiques montrent que la population nigérienne est
relativement jeune.
Malheureusement plus de la moitié de ces jeunes sont
analphabètes et ne peuvent alors participer efficacement à l’effort
national de développement que dans le secteur de l’agriculture ou de
l’élevage qui est lui même fortement tributaire des aléas climatiques. Il
est vrai que ce dernier est le levier même de l’économie nigérienne. Mais
les récentes crises alimentaires vécues les populations nigériennes
montrent, si besoin en est, la faillite de ce secteur quant à son rôle de
garant d’un certain dynamisme économique.
Ainsi, parmi la minorité de jeunes qui sont scolarisés, seule une
infime partie parvient tant bien que mal à apprendre un métier capable
de procurer un revenu. Ceux qui ont la chance de poursuivre leurs
études supérieures malgré les multiples difficultés représentent un
nombre très insignifiant surtout avec le recul progressif de l’aide octroyée
par l’Etat au secteur de l’éducation en général et l’enseignement
supérieur en particulier.
Par conséquent, la seule université que compte le pays connaît
une instabilité chronique depuis le début des années 1990. Cette
instabilité se caractérise par des grèves intermittentes suivies par des
années blanches ou des prolongations des années académiques. Ceci
est bien entendu le fruit des mauvaises conditions de vie et de travail
des enseignants et des étudiants qui ont eu recours quant à eux, à
chaque fois que la crise éclate, aux arrêts des cours.
LXV

Cette situation pèse de tout son poids sur la qualité de


l’enseignement ainsi que le système pédagogique tout entier avec à
terme une démotivation des enseignants, étudiants et même des
parents. A cela s’ajoutent certains facteurs qui gangrènent l’efficacité
externe du système pédagogique de l’université de Niamey, comme la
non harmonisation des diplômes avec les besoins du marché de
l’emploi.
En revanche, aujourd’hui avec le contexte de la mondialisation en
cours, c’est la compétitivité qui est l’arme la plus efficace dans l’arène à
tous les niveaux des relations, non seulement nationales mais aussi
internationales. C’est pourquoi, chaque pays tient à ce que dans ce
combat, son produit soit compétitif face aux autres. En Afrique de l’Ouest
en particulier, avec l'installation progressive de l'intégration, les diplômés
de tout l’espace concerné sont appelés à compétir sur le même marché
de l’emploi dans le cadre de la mobilité. A ce niveau également seules la
créativité, l’imagination et surtout une grande capacité d’adaptation au
réel permettent aux jeunes diplômés d’être au diapason d’un tel
processus.
Or, au Niger le système de formation universitaire est resté
presque inchangé depuis la création de l’institution. Non seulement les
contenus des curricula n’ont pas suivi l’évolution de la situation nationale
et internationale, mais aussi beaucoup de domaines d’études ont une
capacité de formation limitée par rapport surtout aux besoins du marché
de l’emploi. Par exemple le manque de professeur titulaire dans
beaucoup de départements, bloque le processus de mise en place d’un
troisième cycle comme c’est le cas au département de sociologie où
d'ailleurs, à l'instar des autres départements, le cycle de la maîtrise n'a
été instauré que tout récemment. Ce qui contraignait les étudiants à
poursuivre leurs études dans d'autres universités après l'obtention de
LXVI

leur licence. Bref, la formation de l’UAM reste encore trop générale ou


pour reprendre d’expression du commun des étudiants dans cette
université, « les programmes sont encyclopédiques et déconnectés ».
Par ailleurs, si par le passé l’Etat et le secteur privé absorbaient
presque systématiquement les diplômés sortis de l’université de Niamey,
aujourd’hui force est de constater que la majorité de ces diplômés
rencontrent d’énormes difficultés pour trouver un emploi qui correspond
à leur profil sans que ceux-ci ne se reconvertissent dans d'autres
secteurs d'activités ou qu'ils complètent leur formation avec une autre
spécialisation.
D’ailleurs l’Etat ne recrute plus de fonctionnaires depuis que
l’économie du pays est placée sous ajustement dans les années 90. Il se
contente d’engager des contractuels ou dans la plupart des cas le besoin
en cadres est compensé par les jeunes diplômés sans emploi dans le
cadre du service civique national.
Le secteur privé, quant à lui, devient de plus en plus exigeant vis-à-
vis du profil des diplômés. Ce qui fait qu’à part le service civique national
et la reconversion dans d’autres secteurs surtout l’enseignement, ces
jeunes diplômés sont livrés à eux-mêmes sur le marché du travail là où
les titulaires des diplômes des autres catégories d’enseignement
supérieur comme les instituts et grandes écoles, eux, ont plus de chance
car ayant une formation avec une spécialisation dans un domaine
déterminé. Car, en effet au Niger depuis un certain temps on assiste à
une flambée d’Instituts et écoles supérieurs avec des cycles relativement
courts mais surtout avec des cursus qui ont tendance à attirer les jeunes
entreprises émergentes. Par exemple il existe aujourd’hui au Niger
beaucoup de cycles de formation supérieure de courte durée (2 ans
seulement pour obtenir un BTS) ; ce système a vu le jour en même
temps que l’émergement de nouvelles filières comme le marketing, le
LXVII

management, la comptabilité de gestion, l’informatique de gestion, etc


qui ne se trouvent pas à l’université.
Ces structures de formation même si elles bénéficient d’une
certaine crédibilité au niveau de beaucoup d'entreprises privées
nationales et internationales, du fait qu'elles satisfont les besoins de
celles-ci en cadres, doivent aussi être épaulées et accompagnées par
l’Etat dans l’exercice de leur fonction afin qu’elles puissent, à terme
répondre efficacement aux exigences du marché de l’emploi.
C’est pour toutes ces raisons que sur le continent les universités
sont en train de s’activer pour mettre en œuvre des réformes
pédagogiques en vue de pallier surtout le problème d’adéquation entre
formation et emploi. Dans ce cadre d’ailleurs, le CAMES a demandé à
tous ses membres de réfléchir sur le système L.M.D.
A propos de ce système, le Professeur NIANG28, sociologue
enseignant chercheur à l’UGB de Saint Louis, estime qu’il est meilleur
que le système académique actuel à beaucoup de points de vue. Selon
lui avec le système actuel, on se retrouve avec sept diplômes
universitaires, tandis qu’avec le système LMD, on va avoir seulement
quatre diplômés. Donc l’ancien système coûte beaucoup plus en effort,
temps et moyens financiers que le nouveau. Il ajoute surtout que les
enseignements dans l’ancien système sont complètement déconnectés
des besoins en savoirs et compétences du marché du travail, tandis
qu’avec le nouveau système, c’est tout à fait le contraire, car
l’enseignement est inspiré par les besoins du marché du travail.
Voilà pourquoi cette thèse fait un parallèle entre les formations
universitaires et les emplois au Niger pour voir s'il peut y avoir une
correspondance directe entre les deux univers à l’image de la relation

28
NIANG A., La gestion des universités ne doit pas les enfermer dans un ghetto académique, in LE
QUOTIDIEN SENEGALAIS, numéro 95 du vendredi 03 mars 2006, Dakar, p.3.
LXVIII

entre l’ensemble de départ et l’ensemble d’arrivée tel que précisé par les
théories mathématiques.

1.4 Objectifs
1.4.1Objectif général
Il s’agit ici de faire une analyse sociologique du système
pédagogique de l’université de Niamey pour voir dans quelle mesure
celui-ci pourrait répondre aux multiples exigences du marché de l'emploi
qui sont entre autres la compétitivité, la créativité, l’efficacité et surtout le
professionnalisme.

1.4.2 Objectifs spécifiques


De manière spécifique cette thèse analyse l’efficacité interne et
externe du système pédagogique du l’université de Niamey, elle vise
donc à :
- identifier les contenus des curricula au niveau des facultés de l’UAM.
- évaluer l’évolution du programme d’enseignement par rapport à
l’évolution de la science ;
- évaluer le degré d’exécution des programmes d’études ;
-identifier les besoins actuels du marché de l’emploi (Etat et secteur
privé) en matière de ressources humaines et singulièrement les cadres
supérieurs;
-comparer ces besoins à l’offre de l’université (diplômés des dernières
années) ;
- retracer l'itinéraire socioprofessionnel d'un échantillon de diplômés
issus de l'UAM.

1.5 Hypothèses de travail


Hypothèse principale
LXIX

Aujourd’hui le marché de l’emploi nigérien exige des diplômés un


plus grand professionnalisme ; ce qui fait que le contenu des formations
de l’UAM, qui est resté presque inchangé depuis la création de
l’institution, ne répond plus aux besoins de ce marché qui est un monde
d’entreprises.

Hypothèses secondaires
• Du fait de l’inadéquation entre leur formation et l’emploi disponible
au Niger, la majorité des diplômés formés par l’UAM rencontrent des
difficultés pour s’insérer professionnellement sans reconversion dans
d’autres secteurs d’activités.

• Outre le service civique national ou l’enseignement (contractuel de


l’Etat ou vacataire chargé de cours dans les instituts et écoles privés),
la majorité de ces diplômés n’a pas en général l’opportunité d’avoir un
emploi correspondant à son profil.

1.5 Définition opérationnelle des concepts fondamentaux


- Formation : Selon Berbaum, « Parlant de l’éducation, on sous-entend
le plus souvent une action qui s’adresse à des jeunes, qui se propose un
développement du savoir-être, qui reste très informelle quant à son
organisation et son déroulement. Si l’on veut parler d’actions auprès
d’adultes on utilisera davantage le terme ‘’formation’’, entendant par là
généralement une action portant sur l’acquisition de savoir, et de savoir-
faire plus que de savoir-être, qui est très formelle quant à son
organisation. Mais on parle aussi de formation initiale et il s’agit alors
d’une action s’adressant plutôt à des jeunes.
Si le terme éducation renvoie à une action à long terme, peu délimitée
dans le temps aux objectifs souvent non explicites, le terme de formation
LXX

recouvre habituellement une intervention de durée limitée, aux objectifs


bien déterminés » 29
On peut dire que la formation est une acquisition de connaissances qui
s’intéresse à la modification de la structure cognitive de l’être humain
(Savoie, 1993).
En plus de cette définition pour notre analyse nous y ajoutons que la
formation prend en compte également la dimension qualification c’est-à-
dire l’acquisition d’un profil précis à la fin du processus, et qui permet
aux acteurs de pourvoir aux postes de travail sur le marché.
-Emploi : Famille de postes de travail ayant des caractéristiques
communes. Le titulaire d’un emploi peut occuper dans une entreprise
divers postes de travail légèrement différents les uns des autres, mais
appartenant malgré tout à la même famille.
Par exemple l’emploi de magasinier peut varier d’une entreprise à
l’autre, ou d’un atelier à l’autre dans la même entreprise.
Selon Françoise Raynal30 on distingue :
∗ L’emploi réel (ou emploi type) : un emploi tel qu’il est exercé dans
une entreprise (voir poste de travail).
∗ L’emploi cible : l’emploi tel qu’il devrait être exercé en fonction des
évolutions prévisibles de l’entreprise (modification d’un emploi
existant ou création d’un emploi nouveau).
Cette typologie des emplois nous a permis de mettre en exergue les
différentes tâches effectuées par les out put de l’UAM ; tantôt c’est une
adéquation normative c’est-à-dire la tâche correspond bien au profil et
des fois c’est la reconversion dans d’autres domaines selon les réalités
du marché.

29
BERBAUM J., Etude systématique des actions de formation , PUF, Paris, 1982, p.14.
30
RAYNAL F. et RIEUNIER A., Pédagogie : dictionnaire des concepts clés. Apprentissages, formation,
psychologie cognitive, ESF, 2e édition, Paris, 1997, p. 120.
LXXI

-Diplômé : ce terme désigne une personne qui possède un diplôme.


C’est un adjectif qualificatif attribué à quelqu’un qui dispose d’un
diplôme. Mais qu’est-ce que le diplôme lui-même ?
Le diplôme sanctionne et concrétise des acquis scolaires, à priori,
obtenus au sein d’un système d’enseignement propre à chaque pays.
Dans le contexte de notre thèse, les diplômés ou encore les out put sont
les étudiants qui ont réussi au moins à franchir le premier cycle
universitaire et donc qui disposent d’un titre qui valorise leurs acquis
universitaires.
-Efficacité interne : c’est la mesure selon laquelle un système fait
preuve de maturité quant à son environnement.
En matière d’analyse du système éducatif, l’efficacité interne correspond
à la bonne gestion ou la bonne organisation des systèmes de formation ;
ici le diplôme apparaît comme le critère indiscutable qui doit être
explicité par d’autres éléments comme la prévention des abandons ou
encore la poursuite des études et l’obtention du diplôme31.
Par rapport à formation universitaire l’efficacité interne renvoie donc à
l’organisation de cette formation notamment en ce qui concerne les outils
pédagogiques mis en œuvre, les ressources diverses mobilisées pour
aboutir au produit c’est-à-dire le diplômés de l’université. C’est justement
sur cette approche que nous appuyons pour analyser l’organisation du
système pédagogique de l’UAM.
-Efficacité externe : Elle correspond à l’aptitude d’un système de
formation à placer ses diplômés sur le marché de l’emploi. C’est donc la
mesure selon laquelle un système de formation renforce les chances
d’insertion professionnelle des diplômés qu’il forme.

31
GREFFE X., La mise en place de formations initiales en alternance : enjeux, problèmes et solutions, IIPE,
Paris, 1997, p. 48.
LXXII

Pour notre analyse cette définition s’applique à l’explication des


difficultés d’insertion professionnelle des out put de l’UAM

1.6 Modèles théoriques appliqués à l'étude


Selon Quivy, «Se donner une problématique, c'est aussi expliciter
le cadre conceptuel de sa recherche, c'est-à-dire décrire le cadre
théorique dans lequel s'inscrit la démarche personnelle du chercheur,
préciser les concepts fondamentaux et les liens qu'ils ont entre eux;
construire un système conceptuel adapté à l'objet de la recherche»32.
En ce qui concerne ce travail, il s’inscrit dans deux cadres
théoriques. D'abord, dans une perspective de changement social d'une
manière générale, plus précisément le changement en éducation; et
ensuite cette théorie sera complétée par le modèle «adéquationniste»
qui est un modèle spécifique appliqué aux études sur l'adéquation entre
formation et emploi.

1.6.1 Le linkage model ou modèle de création des réseaux


Ce modèle s'inscrit dans le cadre global du changement social.
Ainsi, le thème de changement n'est ni nouveau ni simple. La majorité
des théories sur le changement sont inspirées des études menées dans
diverses disciplines comme l'Anthropologie, la Sociologie, la
Communication, etc.
La Sociologie, quant à elle s'intéresse particulièrement à tous les
processus à travers lesquels des individus et des groupes modifient
leurs attitudes et leurs valeurs face à l'émergence d'un phénomène
social spécifique. A ce titre, elle apportera des réponses sur la place et
l'importance de l'innovation an tant que premier mobile du changement,

32
QUIVY R. et CAMPENOUDT L. V., Manuel de recherche en sciences sociales, 2éme édition, Dunod, Paris,
1995, p.98.
LXXIII

le rythme et la vitesse avec laquelle ce changement intègre le tissu


social, ainsi que les différentes résistances que les hommes y opposent.
Mais particulièrement, la Sociologie de l'Education évaluera dans
le secteur de la formation l'impact de l'introduction de nouvelles
techniques ou de nouvelles méthodes pédagogiques. Les conséquences
entraînées par ces innovations se vérifieront dans la modification des
rôles des enseignants, le développement des nouvelles stratégies
d'enseignement et d'apprentissage et des répercussions sur
l'apprentissage.
En outre, le changement en éducation considère le système
éducatif comme un partenaire social important, en étroite relation avec
son environnement c'est-à-dire la société globale. A ce niveau, par
exemple, on examinera les pressions externes qui agissent sur le
système éducatif et toutes les dimensions politiques, économiques ou
culturelles de ce système33.C'est dans ce contexte que s'inscrit le modèle
de Havelock qui adopte une perspective évolutionniste du changement.
Havelock a produit en 1976 une importante synthèse des modèles
de changement disponibles à cette époque. C'est en conclusion à cette
étude qu'il a conçu son propre modèle qu'il appelle le Linkage model34 ou
modèle de création des réseaux. Le modèle met en présence deux
systèmes: le système utilisateur et le système ressource reliés entre eux
par une relation bidirectionnelle.
Selon l'auteur, le système utilisateur est dynamique et très actif
dans l'identification des problèmes ainsi que la recherche d'éventuelles
solutions. Le système est surtout en contact étroit et permanente relation
avec un système ressource dont la mission consiste à satisfaire les

33
SAVOIE-ZAJC L., Les modèles de changement planifié en éducation, les éditions Logiques, Montréal, 1993,
pp.30/31
34
HAVELOCK R. G., Planing for innovation through dissamination and knowledge, 6eme edition, Institute for
Social Research, The University of Michigan, 1976.
LXXIV

besoins exprimés par le premier système. Ce système ressource est lui-


même en contact avec d'autres systèmes. Havelock estime que chaque
système, qu'il soit utilisateur ou ressource, existe au sein d'un réseau de
ressources qui s'élargit et se modifie au fur et à mesure de l'émergence
des besoins.
Toutefois, il faut noter que l'auteur s'est inspiré des modèles de
recherche-développement et diffusion, tant pour l'intégration du rôle de
nouvelles connaissances des systèmes ressources que pour
l'importance qu'il accorde aux liens qui doivent exister entre ceux-ci et le
système utilisateur. C'est pourquoi pour l'auteur du Linkage model,
l'utilisation de nouveaux savoirs produits, constitue un véritable obstacle
au processus de changement. Par son modèle donc, il pense que ce
n'est que par la qualité des liens crées entre organismes producteurs et
organismes utilisateurs que l'on parviendra à la production de
connaissances pertinentes.
Par le modèle de création des réseaux, Havelock suppose qu'un
système est en constante révision de ses objectifs et de ses priorités.
Pour se remettre en cause, le système utilisateur entre en contact avec
d'autres systèmes qui lui fournissent, selon le moment de l'interaction et
selon le besoin, de l'aide, de l'information ou de l'intervention directe.
Ainsi, la présence de ces liens interactifs constitue une source
potentielle d'information pour le système ressource qui a pour fonction
de répondre aux attentes du système utilisateur. Il obtient à cet effet, de
la part des utilisateurs, des avis sur la pertinence et la qualité des
connaissances produites. Ce qui lui permet alors de réorienter ses
objectifs à travers une remise en question du caractère approprié et
circonstancié des axes de recherche et de développement retenus.
Par exemple, selon l'auteur si l'école se définit comme acteur
dynamique dans la vie de sa communauté et élément pivot de formation
LXXV

et de changement, elle s'efforce d'entretenir cette dynamique en créant


des liens divers avec d'autres partenaires sociaux. Ces derniers seront
des associations de parents, des entreprises locales, des centres de
recherche, d'autres maisons de formation (comme l'université).
Ces divers liens aideront l'école à mieux définir sa finalité
changeante, ses priorités mouvantes. C'est grâce à ces liens qu'elle
échangera l'information avec son environnement, s'ouvrira davantage et
pourra mieux préciser ses attentes face à ses partenaires, compte tenu
de ses réalités.
En retour, chacun des groupes concernés sera en mesure de se
définir par rapport au système et d'évaluer la qualité de l'aide et des
ressources fournies dans le processus de changement. Selon Havelock,
l'énergie nécessaire pour réaliser le changement vient à la fois du
système utilisateur qui exprime le besoin d'actualisation, mais aussi des
interdépendances entre ce système et l'ensemble des éléments du
réseau.
Par conséquent, dans la théorie du linkage model, ce n'est pas un
seul système qui est lient du changement, mais plutôt l'ensemble des
systèmes appartenant au réseau. La stratégie du changement est donc
basée sur la création d'un réseau de ressources pertinentes,
stimulatrices, facilitatrices. En somme, l'attention de l'auteur est surtout
basée sur le caractère global du processus de changement qui exige,
selon lui, une harmonie systémique entre systèmes utilisateurs et
systèmes ressources.
En effet, ce modèle permet de considérer l’université comme une
institution sociale parmi tant d’autres qui fait partie d’un ensemble c’est-
à-dire la société ;et dans le cadre du rapport fonctionnel qui existe au
sein de l’ensemble, l’université joue un rôle déterminé comme le fait de
mettre à la disposition du marché de l’emploi des cadres supérieurs ;de
LXXVI

ce point de vue ce modèle a permis de comprendre les interactions entre


l’ université et l’autre sous-système c’est-à-dire le marché de l’emploi.

1.6.2 La théorie adéquationniste


Cette théorie a été utilisée par Vincens35 en 2005 lors de son étude
sur l'adéquation entre formation et emploi. L’auteur est parti de plusieurs
interrogations auxquelles les décideurs du champ emploi-formation se
trouvent confrontés et qui s'inscrivent aussi dans le débat scientifique.
Ainsi l'on se demande: la formation initiale doit-elle être ajustée aux
évolutions prévisibles des emplois? Faut-il davantage "professionnaliser"
les formations? Faut-il les spécialiser ou assurer une formation plus
générale permettant de s'adapter à ces évolutions?
Pour répondre à toutes ces questions, l'auteur a fait recours à la
théorie adéquationniste. Cette théorie se fonde sur une représentation
particulière des deux ensembles c'est-à-dire celui des emplois et celui
des formations. Mais dans cette représentation deux figures essentielles
peuvent être distinguées.
La première est celle de "l'univers": la division du travail est
supposée conduire à des emplois bien distincts en ce sens que les
compétences demandées par chacun diffèrent nettement de celles
demandées par les autres. L'efficacité productive dépend de l'efficacité
de chacun dans l'emploi qu'il occupe et de la coordination entre les
métiers.
Comment les emplois sont pourvus?
La réponse usuelle est que les processus d'acquisition des
compétences ont été conçus de façon à former pour chaque métier;
chaque formation donne donc les compétences adéquates pour chaque

35
VINCENS J., Adéquation formation/emploi, LIRHE, la Découverte, Paris, 2005.
LXXVII

métier et largement inutilisables dans tous les autres. Dans cet univers le
système éducatif présente probablement une structure en "peigne".
Chaque individu a intérêt à occuper l'emploi pour lequel il a été formé et
chaque employeur a intérêt à recruter l'individu formé pour l'emploi qu'il
veut pourvoir. Le système dual allemand offrait, surtout entre 1950 et
1980, un bon exemple de cette organisation des relations formations-
emplois.
L'adéquation est dite normative parce que la correspondance entre
l'emploi et la formation est voulue; cela n'implique pas forcément que la
formation est construite exclusivement en fonction de l'emploi; le
système dual montre qu'une certaine interaction est possible; notamment
les entreprises sont poussées à standardiser le contenu d'un emploi
donné pour mieux utiliser les compétences données par la formation; les
conditions d'un véritable marché professionnel sont réunies.
La seconde figure où l'on retrouve l'idée d'adéquation est construite
à partir d'un système éducatif ayant une structure "arborescente" avec
différenciations progressives et dans lequel des filières différentes ont
une partie de leur contenu semblable à celui d'autres formations.
Chaque emploi de son côté demande des compétences spécifiques,
greffées sur des compétences qui peuvent être données par plusieurs
formations. Dans cet univers le système éducatif peut chercher à
construire la filière adéquate pour chaque emploi, c'est-à-dire celle qui
donne les compétences spécifiques propres à l'emploi-cible. En raison
de la structure du système éducatif, plusieurs formations peuvent différer
seulement par leur orientation vers un emploi donné, c'est-à-dire par les
compétences spécifiques données par chacune, la plus grande partie
des compétences données par chaque formation se retrouvant dans
quelques autres.
LXXVIII

Ici l'adéquation normative perd une partie de son utilité pour le


fonctionnement du marché du travail; car les entreprises n'ont aucune
raison de privilégier systématiquement les formés "adéquats" et ceux-ci
n'ont aucune raison de chercher exclusivement les emplois "adéquats" à
leur formation. Pour les titulaires d'une formation donnée, les coûts de
transaction (mobilité géographique et coûts de la recherche d'emploi par
exemple) peuvent surpasser le coût d'acquisition des compétences
spécifiques à un autre emploi.
L'observation statistique montre la forte fréquence des
inadéquations, ce qui n'a rien d'étonnant: on suppose que les emplois
soient nettement distincts et que le système éducatif ait été construit
sans la moindre préoccupation d'adéquation, les formations obéissent à
une logique disciplinaire(qui n'exclut pas les savoir-faire) et la
différenciation par arborescence des formations en résulte; les
employeurs sont bien obligés d'utiliser la main-d'œuvre disponible et le
principe de sélection des formations ne change pas. Ainsi ce n'est pas
seulement parce que les emplois se ressemblent et que nous sommes
très loin de l'univers des métiers que l'adéquation qualitative ne se
réalise pas, c'est aussi parce que le système éducatif a une structure
arborescente.
Ce modèle nous permet d’analyser la relation mathématique qui lie
une formation précise à un emploi précis ; autrement dit si la formation
universitaire peut être considérée comme un ensemble de départ et le
marché de l’emploi comme ensemble d’arrivée.il a permis ainsi de
comprendre que ce n’est pas toujours évident que chaque formation
universitaire puisse retrouver l’emploi auquel elle correspond des le
départ.
LXXIX

Chapitre 2 : Cadre méthodologique

2.1 Caractéristiques de la population-mère et construction de


l’échantillon

2.1.1 Caractéristiques de la population- mère

Pour ce qui est de la présente étude, étant donné qu’elle est axée
sur la problématique de l’adéquation entre la formation universitaire et
l’emploi au Niger, la population concernée est l’ensemble comprenant à
la fois les sortants de l’UAM qui sont actuellement actifs sur le marché
de l’emploi nigérien, les enseignants-chercheurs, les étudiants, le
personnel administratif et technique de l’université, les structures
pourvoyeuses d’emploi (publiques et privées) actives au Niger, et enfin
les personnes ressources(les cadres techniques des ministères en
charge de la fonction publique , du travail et de l’emploi ).
LXXX

Mais quelles sont les caractéristiques de ces différentes catégories


d’enquêtés?

2.1.1.1 Les Out Put (sortants) de l’UAM


Par rapport aux diplômés formés par l’université de Niamey, il est
proposé pour cette analyse de prendre en compte les cas de ceux
d’entre eux qui sont actuellement actifs sur le marché de l’emploi local
mais précisément au niveau de la capitale. Ces jeunes diplômés sont
donc des cadres exerçant un emploi dans diverses structures de la place
avec au moins 18 mois d’expérience professionnelle. Ici les 18 mois
(1 an et ½) se justifient par le fait que depuis presque deux décennies, la
fonction publique ne recrute plus de cadres et il est proposé aux jeunes
diplômés d’effectuer le service civique national pour une période de deux
ans (24 mois). Donc pour tenir compte de ces « appelés » du service
civique national qui représentent en réalité la majorité des out put de
l’UAM, l’étude se propose de limiter le nombre d’années d’expérience à
18 mois ; surtout que le service civique lui-même est considéré au Niger
comme un emploi qui occupe des milliers de jeunes diplômés non
seulement dans le secteur de l’enseignement mais aussi au niveau de
l’administration publique.

D’autre part, il est à préciser que suite aux investigations


entreprises successivement au Ministère de la Fonction Publique et du
Travail, ainsi qu’à l’université, il s’est avéré qu’il n’y a pas encore de
statistiques ou de bases de données permettant de connaître avec
exactitude l’effectif des sortants de l’UAM, encore moins leur destination
sur le marché de l’emploi. Cela s’explique par le fait aussi qu’à l’UAM
beaucoup d’étudiants ne finissent pas leurs études et on en trouve sur le
marché qui ont "bac plus deux ans" par exemple le DUEL ou le DUES et
souvent la licence ; d’ailleurs le service civique que nous avons évoqué
LXXXI

est ouvert à tous ceux qui ont leurs licences. La redynamisation récente
de la structure chargée de la statistique relèvera peut être ce défi afin de
permettre une plus grande visibilité sur l’itinéraire socioprofessionnel de
ces jeunes diplômés.

De plus, malgré l’informatisation tardive (2002) du système


d’information de l’UAM, l’instabilité chronique des années académiques
et les disparités entre les différents établissements de cette université,
sont des facteurs qui bloquent la production de données cohérentes
relatives à l’évolution de sortants de l’UAM. Mais pour avoir une idée sur
les sorties de l’université cette recherche se base sur les statistiques
relatives aux diplômes délivrés. Ainsi le tableau qui suit donne l’évolution
des diplômes délivrés par an de 2000 à 2005 :

Tableau n°1 : Evolution des diplômes délivrés de 2000 à 2005.


Effectifs sortants
Facultés 2000- 2001- 2002- 2003- 2004- Ensemble
2001 2002 2003 2004 2005
FLSH 84 155 167 222 102 730
FSEJ 82 84 74 103 - 343
FS 11 25 15 34 30 115
FA 50 57 46 93 - 246
FSS 53 73 31 57 60 274
Ensemble 280 394 333 509 192 1708
Source : service central de la scolarité, UAM, Rapport d’activités
2000 /2007.

Tableau n°2 : Répartition des diplômes délivrés selon le niveau.


Niveau Effectifs sortants
du 2000- 2001- 2002- 2003- 2004- Ensemble
diplôme 2001 2002 2003 2004 2005

Maitrise 227 321 302 452 132 1437


DEA - - - - - -
Doctorat 53 73 31 57 60 274
LXXXII

Ensemble 280 493 333 905 192 1711


Source : service central de la scolarité, UAM, Rapport d’activités
2000 /2007.
Notes : dans les documents consultés il n’ya pas de données sur le DEA sans doute parce que les
diplômes ne sont encore délivrés mais les étudiants sont néanmoins sortis; pour le Doctorat aussi il
s’agit de doctorat en médecine.

Les tableaux ci-dessus renseignent certes sur les données


officielles relatives aux sorties de l’université. En revanche ces chiffres
ne permettent pas de connaitre la destination exacte de ces diplômés
sur le marché de l’emploi qui est notre objectif.

C’est pourquoi, à partir des enquêtes de terrain il a été constitué


sur place une population de 580 personnes. Ce travail a consisté au
recensement et à l’identification des sortants de l’UAM à travers diverses
structures se trouvant dans les limites du champ d’analyse circonscrit à
l’occasion de cette étude qui est le marché de l’emploi de la capitale. Ce
choix s’explique surtout par le fait que des études ont montré que le
marché de l’emploi de Niamey est le marché national en miniature (nous
y reviendrons plus en détail dans la délimitation du champ d’analyse).

Enfin il est à préciser que ces structures sont celles qui emploient
au moins une dizaine de personnes dans leurs diverses branches et les
structures suivantes ont été ciblées : huit (8) établissements scolaires
dont deux (2) privés, quinze (15) entreprises privées et toute
l’administration centrale de la fonction publique(31 ministères). Les
résultats de ces investigations ont permis d’avoir les caractéristiques
suivantes :

Tableau n° 3 : Situation générale des out put ciblés


Structures d`accueil Effectif out put de Pourcentage
l`UAM ciblés
Etablissements 203 35%
scolaires
LXXXIII

Entreprises privées 57 9 ,82%


Administration 320 55,17%
publique
Total 580 100%

Note : Etablissements scolaires= collèges et lycées d’enseignement général.


Entreprises privées= banques, compagnies de téléphone, sociétés de commerce général, industries,
ONG.
Administration publique= les différents services centraux de la fonction publique.

Sur ce tableau on constate que 35 % des diplômés ciblés viennent


des établissements scolaires, 55,17% de l’administration publique et
seulement 9 ,82% des entreprises privées ; cette forte représentation
des enquêtés des établissements scolaires et de l’administration
publique se justifie par deux raisons essentielles : d’abord ces dernières
années compte tenu de la précarité des offres d’emploi la plus par des
jeunes diplômés nigériens se reconvertissent dans l’enseignement ou
sont mis à la disposition de l’administration publique en tant qu’appelés
du service civique national et cela en attendant de trouver définitivement
un emploi ; ensuite au moment de l’enquête l’absence d’une base de
données sur la destination des out put de l’UAM oblige à faire un travail
d’identification sur le terrain c’est-à-dire dans divers secteurs du marché
de l’emploi. C’est aussi cela qui explique la faible proportion des
enquêtés venant des entreprises privées car ici il faut noter que ces
structures sont difficile d’accès et restent très souvent fermées pour
fournir des informations susceptibles de servir de base d’analyse pour la
recherche. Et c’est grâce à certaines bonnes volontés qu’il a été possible
de constituer un effectif de diplômés provenant de l’UAM au niveau de
ces entreprises privées.

2.1.1.2 Les étudiants


LXXXIV

Dans l'analyse du système pédagogique universitaire la


contribution des étudiants est importante à plus d'un titre. D'abord ce
sont des acteurs principaux de la vie universitaire. Par conséquent leurs
opinions seront d'un très grand apport dans la compréhension de
l'efficacité interne de ce système. Ensuite, étant donné qu'ils sont encore
de futurs diplômés, il est intéressant de connaître leur perception du
marché de l'emploi et surtout leurs projets professionnels par rapport aux
opportunités réelles d'embauche.

D'autre part, comme l'étude est axée sur les formations


universitaires, seront particulièrement concernés les étudiants en
formation dans les différentes facultés traditionnelles. Cependant, avant
même de procéder à l'échantillonnage, il convient de souligner que ni le
temps ni les moyens disponibles ne permettent d’étendre l'étude sur tous
ces étudiants. C'est pourquoi, il est pris en compte uniquement le
second cycle d'enseignement universitaire. Il s'agit alors de ceux qui ont
un premier diplôme universitaire ou un titre équivalent et qui
conséquemment peuvent exercer un métier. Aussi, du fait du manque de
système d'information et d'orientation de nouveaux bacheliers ou de
l'inefficacité des structures existantes, ceux-ci n'ont aucune vision claire
sur les enjeux de leurs propres formations avant de franchir le cap du
second cycle.

Cela dit, les enquêtes entreprises au service central de la scolarité


de l'UAM ainsi qu’au niveau des départements concernés ont donné les
résultats suivants en ce qui concerne les effectifs des étudiants ciblés
pour l’étude :

Tableau n°4: Situation générale des étudiants ciblés


Facultés Effectifs Pourcentage
LXXXV

FLSH 398 39,17


FSEJ 255 25,09

FSS 195 19,19


FS 51 5,01

FA 117 11,51

Total 1016 100%

La supériorité numérique de la faculté des lettres est notoire et


flagrante à l’UAM comme d’ailleurs dans beaucoup d’universités
africaines; nous avons donc 398 étudiants de cette faculté qui viennent
des 3 départements ciblés sur les 8. Quant à la FSEJ elle compte 2
départements et les 255 étudiants ciblés viennent des 2 départements ;
à la faculté des sciences nous avons ciblé 51 étudiants provenant des 2
départements sur 5. Pour ce qui est de la faculté d’agronomie 2
départements sont ciblés sur les 8 et dans chaque département une
classe a été choisie, ce qui donne un total de 117 étudiants ciblés ; enfin
pour la faculté des sciences de la santé il y a certes d’autres
départements mais qui n’ont pas de formation initiale et qui sont
essentiellement tournés vers la recherche. Seul le département de
Médecine générale dispose d’un cycle de formation complet. C’est
pourquoi les enquêtes ont concerné des étudiants d’une (1) seule classe
à savoir la quatrième année médecine qui avait au total 195 étudiants.

2.1.1.3 Les Enseignants-chercheurs

Tout comme les étudiants, les enseignants-chercheurs sont des


acteurs principaux du système universitaire. A ce titre, aucune analyse
du système pédagogique de l'université, si elle se veut objective, n'est
LXXXVI

censée ignorer cette catégorie d'acteurs sans lesquels d'ailleurs


l'université n'aurait pas existé.

En effet, pour comprendre le cadre de formation ainsi que les


méthodes et techniques mises en œuvre pour produire des diplômes
universitaires, il est plus que nécessaire de se tourner vers ceux qui
assurent cette formation. Ce sont donc ces enseignants et chercheurs
qui conçoivent et exécutent les programmes d'études. Par conséquent,
ce sont encore eux qui maîtrisent mieux les enjeux liés aux diplômes
délivrés par l'université ainsi qu'aux éventuels débouchés sur le marché
de l'emploi.

Mieux encore, pour comprendre et expliquer l'efficacité interne et


même externe du système de formation universitaire, l'opinion du corps
professoral est plus que nécessaire.

Le tableau suivant montre les caractéristiques des enseignants


chercheurs de l'UAM :

Tableau n°5 : Répartition des enseignants permanents selon le grade


Facultés
FA FLSH FS FSS FSEJ Ensemble
Enseignants

Professeur 2 2 8 4 1 17

Maître de
conférences 3 4 2 3 1 13

Maître
assistant 10 28 33 18 15 104

Assistant 9 27 14 10 12 72
LXXXVII

Ensemble 24 61 57 35 29 206

Source: service central du personnel de l'UAM, novembre 2006.

L’observation de ce tableau montre que lors de la présente


recherche il y’avait au total 206 enseignants chercheurs permanents à
l’UAM ; on note ainsi une faible représentation des professeurs de rang
magistral dans l’ensemble ; cette situation explique l’impossibilité pour
certains départements d’instituer des niveaux de 3ème cycle. Ce qui
justifie ainsi la nécessité de la mise en formation de plusieurs
enseignants car des perspectives comme la réforme LMD par exemple
ne peut réussir sans que l’université se dote d’enseignants de haut
niveau.

En outre l’effectif des enseignants apparait comme largement


insuffisant eu égard à celui des étudiants ; par exemple pour la faculté
des lettres avec 3084 étudiants en 2006 il n’y avait que 61 enseignants
ce qui pose de problèmes non seulement en terme d’encadrement des
étudiants mais aussi en terme de formation qualitative ; donc des
mesures urgentes doivent être prises afin de réduire le gap entre
enseignants/étudiants surtout que la massification se poursuit à très
grande vitesse dans les différents établissements de l’UAM.

2.1.1.4 Les responsables des établissements

Cette catégorie de la population cible est très importante dans le


cadre de l'analyse du système pédagogique de l'université. En effet, les
responsables des établissements, en tant que coordonnateurs des
activités pédagogiques concourent à l'élaboration des programmes
d'enseignement (curricula) et veillent aussi à sa mise en œuvre. Ce sont
LXXXVIII

certes le plus souvent des enseignants eux-mêmes mais ils se


particularisent par le rôle moteur qu’ils jouent dans le cadre de
l’organisation de la formation universitaire. En plus des enseignants qui
sont des doyens, des chefs des départements et des chefs de scolarité,
nous avons les secrétaires principaux qui jouent également un rôle
prépondérant dans la gestion des établissements. En conséquence ce
travail leur accorde une importance particulière dans le cadre de cette
étude en les soumettant à un guide d’entretien en plus du questionnaire
auquel ils auraient éventuellement répondu.
A ce niveau sont ciblé : tous les chefs d’établissements, chefs des
départements ainsi que les secrétaires principaux et les chefs des
services de scolarité. Préalablement les investigations ont visé les cinq
facultés traditionnelles pour faire cette étude ; chaque faculté ayant un
doyen on a alors cinq (5) doyens et au total ces facultés comprennent
28 départements correspondant à 28 chefs de département, 28 chefs
de scolarité et finalement 28 secrétaires principaux auxquels s’ajoute
le chef(1) de la scolarité centrale. Ce qui nous donne un total de 90
personnes ciblées.

2.1.1.5 Les structures Pourvoyeuses d'Emploi.

Après leur formation, les nouveaux diplômés doivent en principe


être actifs en intégrant le circuit de la production. Ils sont donc appelés à
exercer un métier conformément aux connaissances acquises pendant
les années d'études. Ainsi, leur insertion professionnelle se fait à travers
les différentes structures pourvoyeuses d'emploi. C'est pourquoi, dans le
souci de mieux connaître les besoins du marché de l'emploi l'étude s'est
adressée à ces structures car ce sont elles qui accueillent les jeunes
diplômés en quête d'emploi. Même si elles ne sont pas seules sur l'arène
du marché de l’emploi, elles en sont quand même les acteurs principaux
LXXXIX

car ce sont elles qui constituent l’offre potentielle qui est en fait l’une des
caractéristiques de ce marché d’emploi.

En effet, la présente étude ayant privilégié la communauté urbaine


de Niamey, se focalise donc uniquement sur les structures
pourvoyeuses d’emploi y existantes. Mais il est aussi important de noter
qu’on a affaire ici à deux types principaux de structures : privées et
publiques. Tout comme avec les sortants de l’université le manque de
statistiques fiables en ce qui concerne surtout les structures constitue un
handicap majeur pour la construction de l’échantillon. Néanmoins pour
contourner cette difficulté ces structures sont considérées dans leur
globalité sans souci de leur position géographique dans les limites du
champ

Mais quelles sont en fait ces structures ?

Il s’agit, pour le public de tous les services étatiques et leurs


différents démembrements (Ministères, Entreprises publiques, Ecoles
etc.). Pour le privé il y a les ONG (nationale et internationale), les
sociétés et entreprises privées (industries, banques, commerce général,
compagnies, etc.). Toutefois, il est à préciser qu’on est ici en face des
structures qui sont en réalité des personnes morales. Or l’analyse
sociologique de la situation des « out put » de l’université exige surtout
des informations qualitatives sous forme d’opinion, de regard, de
conception ou de représentation.

Pour ce faire, l’étude a privilégié les entretiens avec les


responsables des structures sélectionnées sur la base de notre
accessibilité à ces celles-ci. Il s’agit donc de ceux qui s’occupent de la
gestion des ressources humaines. Ils sont chargés de l’identification, la
XC

définition et l’expression des besoins de leurs structures en ressources


humaines et éventuellement des procédures d’embauche.

Ainsi, concrètement 59 structures pourvoyeuses d’emploi ont été


accédées. L’étude a permis donc d’avoir les caractéristiques suivantes :

Tableau n°6 : Répartition des structures ciblées selon les secteurs


Institutionnels
Structures Effectif structures Pourcentage
pourvoyeuses ciblées
d’emploi
Administration publique 28* 47,45%

Entreprises publiques 09 15,25%

Entreprises privées 22 37,28%

Total 59 100%
*Il faut noter qu’il y avait au moment de l’enquête 31 ministères au Niger et nous avons ciblé 28
d’entre eux car les autres étaient de création récente, ce qui donne une proportion de 54 ,83 %.

Sur ce tableau on constate également une supériorité numérique


des structures du secteur publique avec respectivement 35 ,41% pour
l’administration publique et 18,75% pour les entreprises publiques ; cette
supériorité numérique s’explique par le fait que contrairement aux
structures privées, celles-ci sont plutôt disponibles et ouvertes pour
donner des informations les concernant.
Il est prévu d’enquêter au moins deux (2) responsables par
structure donc mathématiquement l’effectif des personnes ciblées est le
double celui des structures ciblées soit alors 118 personnes ciblées.

Tableau n°7 : Répartition des Employeurs ciblés selon la Fonction


Employeurs Effectif Pourcentage
XCI

Chef de projet 35 29 ,66%

Chef d’entreprise 24 20,33%

Chargé des ressources 59 50%


humaines
Total 118 100%

Ce tableau donne la répartition des employeurs ciblés par rapport à


la fonction que chacun d’eux occupe ; ainsi plus de la moitié des
enquêtés sont des responsables des ressources humaines. Cette forte
représentation (50%) s’explique par le fait que ce sont eux qui sont
chargés de la gestion du personnel et donc ils sont les mieux placés
pour exprimer les attentes de leurs structures quant aux ressources
humaines.

2.1.1.6 Les personnes ressources

Cette catégorie d’enquêtés est indispensable dans tout processus


de recherche. En effet, pour mieux élucider sa problématique, le
chercheur devra, en plus de la recherche documentaire, tenir des
entretiens exploratoires avec des personnes ressources. Celles-ci sont
constituées non seulement des individus ayant une expérience
confirmée sur la question qui intéresse le chercheur mais aussi d’autres
chercheurs pour leur expérience sur les démarches à suivre ou sur des
questions connexes.

A propos de cette étude, il y a eu des échanges avec des


sociologues spécialistes des questions universitaires et des questions de
l’emploi. Dans cette catégorie de la population cible figurent également
XCII

des cadres techniques du Ministère de la Fonction Publique du Travail et


de l’Emploi des Jeunes, du Ministère des Enseignements Secondaire,
Supérieur, de la Recherche et de la Technologie.

Dans l’ensemble il y’a eu des entretiens avec trente et deux (32)


personnes ressources dont 09 sociologues, 10 responsables des
ministères en charge du travail et de l’emploi ; 08 cadres techniques du
ministère de l’enseignement supérieur et 05 responsables de l’agence
nationale de l’emploi.

2.1.2 La construction de l’échantillon

Pour la présente étude, compte tenu de la complexité et de la


diversité des individus qui composent la population cible, plusieurs
techniques d’échantillonnage ont été mises en œuvre là ou cela devient
nécessaire. D’abord, comme il s’agit d’analyser les rapports entre la
formation universitaire et l’emploi et particulièrement le cas de
l’Université Abdou Moumouni de Niamey, la population cible est scindée
en deux sous populations : la communauté universitaire d’une part et les
acteurs du marché de l’emploi d’autre part. Mais entre les deux se
trouvent les sortants de l’UAM. Ensuite au niveau de chaque sous-
population une technique d’échantillonnage spécifique a été utilisée en
fonction de la composition de celle-ci. On a ainsi :

2.1.2.1 Au niveau des sortants de l’université


Le tableau suivant montre la taille de la population échantillonnée
par rapport à la population cible.
Tableau n°8 : Taille de la population échantillonnée par rapport à la
population cible.
XCIII

Structures d`accueil Effectif sortants de Echantillon


l`UAM ciblés
Etablissements 203 103
scolaires
Entreprises privées 57 46

Administration 320 254


publique

Total 580 403

Ainsi sur les 580 diplômés de l’UAM ciblés, 403 ont été enquêtés (soit
69,48% de la population totale) qui constitue donc l’échantillon.La
technique d’échantillonnage fut tout simplement accidentelle car c’est
tous ceux qui ont accepté de répondre qui sont pris en compte dans
l’échantillon ; mais quelles sont alors les caractéristiques de cet
échantillon ?

Tableau n°9 : Répartition des out put de l'UAM interrogés selon la


nature du diplôme

Nature du diplôme Effectif Total Pourcentage

M F

Sciences sociales 159 48 207 51,36%

Sciences naturelles 89 22 111 27,54%

Sciences techniques 74 11 85 21,09%

Total 322 81 403 100%


XCIV

Le tableau ci-dessus montre que la majorité des enquêtés sont des


diplômés des sciences sociales avec une proportion d’environ 51,36%;
cela n’est pas surprenant dans la mesure où ces chiffres reflètent la
réalité même au niveau de l’université. En effet les étudiants qui
s’inscrivent en sciences sociales comme le droit, l’économie ou la
sociologie sont plus nombreux que les autres.

Tableau n°10 : Répartition des out put de l'UAM interrogés selon le


niveau d'étude

Niveau d'étude Effectif Pourcentage

Bac + 2 52 12,90%

Licence 171 42,43%

Maîtrise 168 41,68%

3ème cycle 12 2,97%

Total 403 100%

Ce tableau montre que 171 personnes interrogées ont une licence et


168 une maitrise représentant respectivement 42,43% et 41,68% de
l’effectif total ; tandis que seulement 2,97% des enquêtés disposent d’un
diplôme de 3ème cycle. En effet depuis que les conditions de vie et de
travail ont commencé à se détériorer à l’UAM et compte tenu de
l’importance des taux d’échec ,les étudiants ne semblent plus ambitieux
pour poursuivre les études et ils préfèrent les écourter pour se lancer
dans le monde du travail afin de gagner le temps perdu en période de
formation ; il faut noter aussi l’absence de niveaux de 3ème cycle dans
plusieurs départements faute de quoi les étudiants sont soit contraints
XCV

d’aller poursuivre les études ailleurs ou se mettre à la disposition du


marché de l’emploi.
Ceci étant voyons à présent quels sont les types d’emplois exercés par
les enquêtés.

Tableau n°11 : la nature des emplois exercés par les out put interrogés

Nature emploi Effectif Pourcentage

Chef de division 66 16,33

Responsable de programmes 75 18,61

Comptable 04 0,99

Enseignant secondaire 136 33,74


XCVI

Responsable des ressources 38 9 ,42


humaines

Responsable des affaires


financières 24 5,95

Conseiller technique 25 6,20

Autre 35 8,68

Total 403 100%

Sur ce tableau on remarque que la majorité de nos enquêtés sont


des enseignants du secondaire avec une proportion d’environ 33,74%.
Cela peut s’expliquer par le fait qu’au Niger depuis plus d’une décennie
l’insuffisance des offres d’emplois surtout chez les cadres supérieurs
conduit ces derniers à la reconversion dans l’enseignement le plus
souvent pour échapper à une situation d’attente d’un éventuel emploi ; à
ceux-là s’ajoutent aussi des diplômés ayant véritablement le profil
d’enseignant. On constate également une proportion importante des
chefs de division et des responsables de programme avec
respectivement 16,33 et 18,61% ; cela s’explique par le fait que la
majorité des enquêtés sont des "appelés" du service civique et celui-ci
nous le considérons comme une sorte d’emploi dans la mesure où on
affecte les diplômés en fonction des besoins exprimés par les différents
ministères donc pour qu’ils exercent une tâche bien précise. Il y a en
plus dans cette même catégorie les cadres de la fonction publique qui
ont déjà été recrutés et tous exercent en tant que chef de division ou
responsable de programme, nous pouvons citer le cas de certains
économistes ici qui sont des responsables de cellule d’analyse et de
XCVII

prospective ou de sociologues responsables du suivi et évaluation des


projets.
Il en est de même pour les responsables des ressources humaines
qui sont souvent des titulaires de la fonction publique ou du secteur privé
tout comme des appelés du service civique, tous ayant par exemple un
diplôme en droit ; c’est le cas aussi chez les responsables des affaires
financières qui, eux, ont des diplômes en économie .
Par contre on constate qu’il y a une proportion non négligeable de
personnes qui exercent d’"autres" types emplois avec une proportion
d’environ 35% ; ceux-ci sont les cadres formés par l’UAM qui exercent
soit dans le secteur informel comme le petit commerce ou la micro
entreprise ; il y a aussi ceux qui e sont transformés en "force de vente"
au bénéfice de certaines sociétés de la place ou en communicateurs
recrutés sur la base du bac comme dans le domaine de la téléphonie
mobile.

2.1.2.2 Au niveau des structures d’emploi


La constitution de l’échantillon des structures pourvoyeuses
d’emploi se résume sur le tableau suivant :

Tableau n°11 : effectif structures ciblées et échantillon tiré


Structures pourvoyeuses Effectif structures Echantillon
d’emploi ciblées
Administration publique 28 28

Entreprises publiques 09 07

Entreprises privées 22 19

Total 59 54
XCVIII

Sur ce tableau on constate que sur les 59 structures préalablement


ciblées pour les enquêtes 54 ont effectivement été atteintes, ce qui
donne un important taux de sondage de 91,52%. On note surtout une
représentation presque effective des structures compte tenu du fait
qu’elles n’ont pas été difficiles à accéder.
Mais comme ce sont des personnes qui sont interrogées et non
des structures, voyons maintenant les caractéristiques de l’échantillon
des personnes interrogées.

Tableau n°12 : effectif employeurs ciblés et échantillon tiré

Employeurs Effectif employeurs Echantillon


ciblés
Chef de projet 35 23

Chef d’entreprise 24 11

Chargé des ressources 59 55


humaines
Total 118 89

On constate sur ce tableau que sur les 118 employeurs ciblés il a été
tiré un échantillon de 89 soit un taux de sondage d’environ 75,42%. Ici il
faut ajouter que par manque de statistiques fiables sur leurs effectifs et
compte tenue de la réticence de certains d’entre eux ,l’échantillon fut
construit à partir de ceux qui ont accepté de répondre aux questions
pendant l’enquête(informations complémentaire voir 2.5.2). Mais quelles
sont les caractéristiques de la population échantillonnée?

Tableau n°13 : répartition des employeurs interrogés selon le statut et le sexe.

Statut Effectif employeurs interrogés Ensemble


XCIX

H F
Chef de projet 23
21 02
Chef d’entreprise
11 00 11
Chargé des
ressources 42 13 55
humaines

Ensemble 74 15 89

Sur ce tableau on observe :


- une faible représentation numérique des femmes seulement 15 sur 89
personnes enquêtés.
-une prédominance des enquêtés jouant le rôle de responsable des
ressources humaines car en général dés que les personnes ciblées
prennent connaissance du sujet de l’étude leur première réaction est de
nous orienter vers eux sous prétexte que c’est leur domaine.

2.1.2.3 Au niveau de la communauté universitaire

L’université est une institution structurée et composée de plusieurs


entités interactives. Chaque entité joue un rôle déterminé dans le
fonctionnement de l’organisation. Etudier l’université revient donc à
considérer l’ensemble de ses composantes. Pour ce faire, l’étude a
envisagé d’utiliser la technique de l`échantillonnage stratifié simple
pour la collecte des données. Ainsi, l’université a été décomposée en
trois (3) strates à savoir : les étudiants, les enseignants/chercheurs et
les responsables des structures. Ensuite à l’intérieur de chaque strate
une technique précise d’échantillonnage sera utilisée. Nous avons alors :
C

• Pour la strate des étudiants

Les étudiants sont répartis entre les différentes facultés de


l’Université. A ce niveau il est possible d’appliquer la technique de
l`’échantillonnage stratifié pondéré. Cette technique consiste à diviser
la population cible en sous-populations appelées aussi sous-strates.
Ainsi les cinq (5) facultés de l’UAM correspondent ici aux cinq (5) sous-
strates de catégorie de population de référence.
Le tableau suivant montre la taille de la population échantillonnée par
rapport à la population cible.
Tableau n°14 : population d’étudiants échantillonnée par rapport à la
population cible.
Facultés Etudiants ciblés Echantillon

FLSH 398 215


FSEJ 255 178

FSS 195 88
FS 51 26

FA 117 51

Total 1016 558

Sur ce tableau on constate que sur les 1016 étudiants ciblés (voir
2.1.1.1) 558 été effectivement soumis à l’analyse, ce qui représente un
taux global de sondage de 54,92%. Ceci nous amène donc à donner les
caractéristiques de notre échantillon comme suit :
Tableau n°15 : Répartition de l’échantillon des étudiants selon les
facultés et le sexe

Facultés Effectifs Total Pourcentage


M F

FLSH 147 68 215 38, 53


CI

FSEJ 122 56 178 31 ,89

FSS 65 23 88 15,77
FS 17 09 26 4,65

FA 38 13 51 9,13

Total 389 169 558 100%

Le tableau ci-dessus donne les caractéristiques des étudiants qu’on peut


résumer ainsi :
-une forte représentation des enquêtés provenant de la faculté des
lettres et sciences humaines car c’est celle-ci justement qui est en
tête en matière d’effectif, ensuite vient la faculté de sciences
économiques et juridiques. Les autres ne sont représentés que
faiblement.
-une faible représentation féminine qui est également le reflet de la
situation générale de l’université avec une moyenne de 169
enquêtées de sexe féminin sur un total de 558.

• La strate des enseignants-chercheurs

A ce niveau nous avons été guidés par deux situations : d’une part
l’effectif relativement réduit des enseignants de toute l’Université (206)
et d’autre part la forte mobilité des enseignants entre les facultés et
même les départements dans le cadre de la vacation.

Ainsi ils ont été considérés dans leur globalité et l’objectif était
d’interroger au moins 50%. Mais enfin de compte environ cent vingt et
deux (122) enseignants ont été interrogés.

Tableau n°16 : Répartition des enseignants chercheurs interrogés selon


les facultés et le sexe.
Effectif
Facultés H F Ensemble
CII

FLSH 34 02 36

FSEJ 22 01 23

FS 34 05 39

FSS 12 01 13

FA 08 03 11

Ensemble 110 12 122

Sur ce tableau on constate qu’il y a en général une faible


représentation féminine avec seulement 12 femmes sur 122
enseignants au total ; cela reflète les réalités du pays car en général au
Niger les femmes ne sont pas trop ambitieuses pour les études surtout
supérieures qui sont perçues comme des domaines réservés aux
hommes , donc des efforts doivent être déployés pour encourager les
femmes à faire des études supérieures afin qu’elles puissent contribuer
à la formation universitaire et surtout à la recherche scientifique ;en
matière d’éducation on sait bien le rôle éminemment important que joue
la femme tant au primaire qu’au secondaire, donc elle peut être d’un
apport considérable au niveau supérieur car la femme est, on peut le
dire, une éducatrice "naturelle".

Tableau n°17 : Répartition des enseignants-chercheurs interrogés selon


le grade.

Grade Effectif Pourcentage

Assistants 28 22,95%

Maîtres assistants 77 63,11%

Maîtres de 03 2,45%
CIII

conférences

Professeurs 14 11,47%

Total 122 100%

Sur ce tableau on constate que plus de la moitié des enquêtés sont


des maîtres-assistants environ 63,11% des personnes interrogées ; et
nous constatons également une insuffisance de maîtres de conférences
et de Professeurs de rang A. Or c’est surtout le niveau des enseignants
qui conditionne la qualité de la formation et partant de la recherche
scientifique ; d’ailleurs le manque d’enseignants de rang A dans
beaucoup de départements rend impossible l’institution des troisièmes
cycles de formation ; pourtant l’UAM est aujourd’hui de pleins pieds dans
le processus de la réforme LMD qui est en même temps un processus
d’uniformisation des programmes entre les universités avec possibilités
de mobilité tant au niveau de enseignants qu’au niveau de étudiants ; de
ce fait elle doit mettre l’accent sur la formation des formateurs en
encourageant et en facilitant la mise en formation de ses enseignants
afin de ne pas rester en marge du processus.

• La Strate des responsables des établissements

Par rapport aux responsables des établissements l’objectif est


d’interroger systématiquement tous ceux qui étaient disponibles durant
notre enquête ; enfin de compte on a eu accès à 31 personnes sur les
90 soit un taux de sondage de 34,44%.Ces 31 personnes qui constituent
notre échantillon se caractérisent comme suit :
CIV

Tableau n°18 : Répartition des responsables interrogés selon la


structure
Structures Effectifs Ensemble

Homme Femme

FLSH 09 - 09

FSEJ 04 - 04

FSS 02 01 03

FS 05 03 08

FA 04 02 06

Scolarité centrale 01 - 01

Ensemble 25 06 31

Sur ce tableau on observe surtout une faible représentation


féminine avec seulement 06 personnes de sexe féminin sur 31
personnes au total. Ceci montre si besoin est que les femmes ne sont
bien impliquées dans les instances de prise de décision ; une fois encore
des efforts doivent continuer à être déployés afin que cette catégorie
d’acteurs importante puisse jouer un rôle prépondérant dans la gestion
de l’université en leur permettant d’occuper des postes de responsabilité

Tableau n°19 : Répartition des responsables interrogés selon la fonction

Responsables Effectifs Pourcentage

Doyens 03 9 ,67%

Chef de départements 16 51,61%

Chef de scolarité 08 25,80%


CV

Secrétaire principal 04 12,90%

Total 31 100%

Sur ce tableau on constate une forte proportion d’enquêtés qui


occupent la fonction de chef de département (51,61%) et une faible
représentation des doyens (9 ,67%) ; en effet malgré l’ambitionné
d’interroger des personnes situées au plus haut sommet des fonctions
universitaires, il y’a eu des difficultés pour les rencontrer compte tenu de
leurs occupations.

2.2 Les outils de collecte d`informations

2.2.1 La recherche documentaire

Aucun travail de recherche ne peut se faire sans une recherche


documentaire au préalable. A ce propos, Marcel Maget affirme :
« Hormis les cas d’extrême urgence, l’enquête n’est jamais entreprise
sans un dépouillement de la documentation accessible sur le sujet
choisi »36.

Par rapport à ce travail, disons qu’il n’y a pas eu assez d’écrits sur
la problématique de l’adéquation entre formation universitaire et emploi
surtout pour le cas du Niger. Etant donné donc les deux variables
principales mises en relation dans la formulation du sujet, il a fallu passer
d’abord en revue tous les textes traitant des questions liées aux
formations en général et ceux parlant de la formation universitaire en
particulier. Ensuite, l’analyse de contenus des textes relatifs à l’emploi fut
la seconde étape de cette collecte documentaire. Cela a permis d’une
part de voir les liens qui puissent exister entre formation universitaire et

36
MAGET M., Guide d`étude directe des comportements culturels, SAEP, Paris, 1953.
CVI

emploi et d’autre part de prendre connaissance du niveau de prise en


compte de la variable emploi dans les systèmes universitaires en
général et celui du Niger en particulier.

En ce qui concerne les sources de la documentation on retient


essentiellement :

Les ouvrages généraux :


-sur la sociologie de l’éducation, la planification en éducation, l’économie
de l’éducation ;
-sur la gestion des ressources humaines, le marché du travail ;

-sur la formation universitaire, la formation professionnelle et technique ;

-sur l`emploi des jeunes, l’insertion socioprofessionnelle et le chômage ;

Les ouvrages méthodologiques relatifs à toutes les étapes de la


recherche c’est-à-dire de la formulation du sujet à la conclusion en
passant par la problématique, les hypothèses ou encore les procédés
d’analyse et d’interprétation des données d’enquête ;
Les rapports (enquêtes socioéconomiques) ;
Les revues, journaux et périodiques de diverses sources (occidentale,
africaine, nigérienne) ;
Les mémoires et thèses sur la formation et sur l’emploi ;

Les documents officiels (politiques nationales ou sectorielles de


l’éducation et de la formation, celles de l’emploi, lois d’orientation des
systèmes éducatifs, stratégies de réduction de la pauvreté).

1.2.2 Les questionnaires


CVII

Au cours de cette étude trois types de questionnaires ont été


élaborés et administrés à trois catégories différentes de la population
cible. Il s’agit de :

• Questionnaire adressé aux ‘’out put’’ de l’UAM :

Il contient moins d’une vingtaine de questions et traite particulièrement


du rapport entre leurs profils respectifs et les tâches qu’ils effectuent
actuellement. Mais on peut le résumer selon les sous-thèmes traités.
Ainsi on retrouve les relations suivantes entre les variables
fondamentales, formation universitaire et tâches exécutées :

- Mode d’obtention de l‘emploi ;

-Niveau de l’exécution des tâches et degré d’adaptation ;

-Niveau de satisfaction de l’exécution des tâches ;

-Perception de la formation universitaire et celle des écoles


professionnelles ;

-Perspectives pour l’amélioration des conditions d’employabilité des


sortants de l’UAM.

En ce qui concerne la collecte des données à partir du


questionnaire adressé aux out put de l’UAM, l’auto administration a été
privilégiée compte tenu non seulement du manque de temps mais aussi
de la taille de cette catégorie d’enquêtés. En effet, il faut préciser que les
diplômés de l’UAM sont éparpillés un peu partout sur le marché de
l’emploi local. Certains se retrouvent dans l’administration publique
tandis que d’autres sont dans le secteur privé.
CVIII

Ainsi l’étroitesse des moyens financiers et techniques disponibles


pour cette étude ont naturellement conduit à faire une administration
directe du questionnaire. Concrètement le procédé de collecte a consisté
à déposer les questionnaires au niveau des services chargés de la
gestion des ressources humaines des structures ciblées. A leur tour les
responsables desdits services se chargent de distribuer et de collecter
les questionnaires auprès des enquêtés qui sont préalablement
sensibilisés sur les objectifs poursuivis à travers l’étude.

• Questionnaire adressé aux étudiants

Dans le souci de mieux cerner le fonctionnement du système


pédagogique de l’UAM, une série de questions ouvertes et fermées ont
été posées aux étudiants en formation. Là également vu l’importance de
la taille de l’échantillon, l’auto administration a été privilégiée. Ainsi,
étant donné l’insuffisance des moyens nécessaires pour engager des
enquêteurs pour l’étude, des individus sont ciblés au niveau de chaque
strate qui ont accepté de distribuer les questionnaires et les ramasser
après avoir été remplis par les étudiants.

Mais en plus du préambule qui introduit le questionnaire, les individus


choisis comme responsables sensibilisent les enquêtés car ils ont été
eux-mêmes préalablement sensibilisés sur les objectifs de l’enquête.

Enfin il est utile de rappeler les sous thèmes essentiels qui ont fait
l’objet de questionnement chez les étudiants.

Ainsi on peut retenir les variables suivantes :

-Motivation pour le choix de la formation ;

-Conditions d’études ;
CIX

-Perception de la formation choisie ;

-Adéquation entre formation choisie et emplois disponibles ;

-Besoins de changement des filières d’études.

• Questionnaire adressé aux enseignants/chercheurs

Il s’agit ici d’un questionnaire centré au tour de l’efficacité (interne et


externe) du système de formation de l’UAM. Les enseignants ont été
conviés à répondre à un certain nombre de questions fermées et
ouvertes dont les principales articulations se résument comme suit :

-L’organisation de la formation universitaire ;

-L’exercice de la fonction enseignante ;

-La pertinence du diplôme produit par l’UAM.

En ce qui concerne la collecte des données proprement dite, c’est


l’administration directe du questionnaire qui est utilisée. Autrement dit
le questionnaire est déposé au département ciblé et chaque enquêté
remplit lui-même son questionnaire.

2.2.3 Les entretiens

Au cours de cette étude des entretiens semi-directifs ont été


réalisés sur la base des guides d’entretien conçus et administrés à deux
catégories d’enquêtés à savoir : les responsables des établissements de
l’université et les responsables des structures pourvoyeuses d’emploi
(employeurs).On retiendra ainsi :

• Pour les responsables des établissements :


CX

Il s’agit d’un entretien individuel avec les personnes concernées. Pour


les thèmes débattus lors des entretiens on peut noter :

-L’organisation générale de la formation universitaire ;

-La conception et l’exécution des programmes d’étude ;

-Les perspectives pour l’amélioration des conditions d’adéquation des


formations aux réalités d’embauche des diplômés de l’UAM.

En ce qui concerne la conduite des entretiens, elle consiste à


animer des discussions autour des thèmes mentionnés ci-dessus. Il s’en
est suivi à chaque entretien des prises de notes au fur et à mesure que
l’enquêté s’exprime sur une question donnée.

• Pour les employeurs :

Tout comme les enquêtés précédents, les responsables des


structures pourvoyeuses d’emploi ont été soumis à un guide d’entretien.
A travers cette technique qui entre dans le cadre de l’analyse qualitative,
l’objectif est de recueillir des informations approfondies sur la perception
des employeurs de la formation universitaire et ses rapports avec le
marché de l’emploi.

Ainsi les thèmes suivants ont été abordés avec les employeurs:

-Les besoins en ressources humaines ;

-Les attentes à l’égard de l’université ;

-Les perspectives pour un dialogue entre université et marché de


l’emploi.
CXI

Enfin, pour ce qui est de la collecte des données proprement dite, il


s’agit d’un entretien individuel approfondi sur les questions évoquées
ci-haut. La durée des entretiens varie d’un enquêté à un autre. Certains
ont préféré répondre à toutes les questions au cours d’un seul entretien,
tandis que d’autres qui se passionnent pour le sujet abordé se sont
montrés plus disponibles avec souvent des rencontres d’échange
supplémentaires.

2.2.4 Les récits de vie des sortants de l’UAM

Si la problématique de l’adéquation entre formation et emploi


intéresse les acteurs du système éducatif comme les leaders du marché
de l’emploi, elle est partie intégrante du vécu quotidien des diplômés
exerçant dans divers secteurs d’activité. C’est pourquoi, dans le souci de
mieux comprendre comment les ″out put″ de l’UAM vivent au quotidien
ce décalage entre leurs formations et les emplois qu’ils exercent, nous
avons jugé utile de parcourir leur itinéraire professionnel.

En effet, en plus du questionnaire adressé à ces diplômés en


activité, leurs histoires de vie professionnelle respectives ont permis de
découvrir certaines relations entre les variables «tâche exécutée sur le
terrain» et «profil de formation». Il aurait été plus intéressant de faire
ces récits de vie à travers une observation directe de leurs parcours
professionnels sur une longue période par exemple depuis l’obtention de
leurs diplômes. Cette procédure aurait pris certes du temps mais elle
aurait pu permettre d’avoir un lot impressionnant d’informations sur leurs
itinéraires professionnels.

Mais comme le temps imparti pour la présente étude n’est pas


favorable à une telle procédure, des enquêtes rétrospectives ont été
menées sur le parcours d’un échantillon de 12 diplômés de l’UAM. Ces
CXII

enquêtes ont été faites à l’aide d’un guide de récit de vie contenant une
série de thèmes relatifs à leurs formations, à leurs démarches pour
l’obtention d’un emploi, aux difficultés rencontrées dans l’exécution de
leurs tâches.

Concrètement, il s’est agit chaque fois d’inciter l’enquêté à raconter


son parcours professionnel à travers une sorte de récit
autobiographique. Au cours de leurs récits les enquêtés ont parlé de
leurs perceptions de leurs profils, leurs regrets, leurs difficultés à
s’adapter aux tâches qui leur sont confiées et souvent leur satisfaction
lorsqu’il s’agit d’enquêté n’ayant pas vécu des difficultés ni de recherche
d’emploi ni d’exécution des tâches.

Après les entretiens qui se déroulent souvent en deux séances


selon la disponibilité de l’enquêté, une synthèse est écrite et lue à
l’intéressé. Ces textes ont souvent été corrigés par les enquêtés eux-
mêmes soit parce qu’ils souhaitent ajouter certains détails ou parce qu’ils
ne désirent pas voir dans les textes certaines situations qu’ils ont
vécues.

2.2.5 Les entretiens libres avec les personnes ressources


En ce qui concerne les personnes ressources les discussions tenues
avec elles ont tourné autour des questions suivantes :
- La problématique de l’adéquation entre formation et emploi
- L’insertion professionnelle des jeunes diplômés en général et des
cadres supérieurs en particulier

2.3 Les techniques d`analyse


CXIII

Pour designer les techniques de traitement des informations, le


mot analyse a prévalu. C`est ainsi qu`on parle d`analyse de contenu,
analyse multivariée, etc. Mais toutes associent analyse et synthèse.
Cependant, ces techniques d`analyse ou de traitement de données
peuvent être regroupées en deux catégories distinctes. D`une part il y a
les techniques quantitatives et d`autre part celles dites qualitatives. En
outre l`application de telle ou telle techniques dépend toujours du type
d’outils de collecte d`informations utilisés au cours d`un travail de
recherche.

En ce qui concerne ce travail, les principaux outils de collecte de


données utilisés sont le questionnaire, les entretiens et les récits de vie.
En général, le dépouillement du questionnaire abouti toujours à des
résultats quantitatifs alors que les entretiens et les récits de vie procurent
des informations d`ordre qualitatif.

Deux types de techniques d`analyse ont été appliquées et qu`on


peut expliquer ainsi:

2.3.1 L`analyse quantitative ou statistique

L`objectif visé ici est de faire une analyse des données recueillies
par le questionnaire sur la base de la statistique descriptive. Ainsi, pour
chaque question posée, le nombre de réponses constitue autant de
variables ayant fait l`objet de choix par les enquêtés dans le cadre des
questions fermées. Puis à l`aide des tableaux de contingence, les
réponses sont groupées et calculées selon leur apparition.

Ce procédé a permis alors de faire le calcul des fréquences. La


fréquence étant obtenue par le rapport du nombre de réponses à une
variable donnée au cumul du nombre des réponses aux variables.
CXIV

Mathématiquement on a donc la formule suivante:

F= fréquence

= somme des réponses à une variable

N= nombre cumulé des réponses

Toutefois il faut préciser que les réponses brutes données par les
enquêtés sont exprimées en Valeur Absolue(VA) et la fréquence en
Valeur Relative(VR). Mais pour obtenir cette dernière valeur qui est en
réalité une fréquence à base 100, la formule initiale est du coup
modifiée et devient alors:

VR= fréquence à base 100 donc exprimée en pourcentage

= cumul des réponses des valeurs absolues

2.3.2 L`analyse qualitative ou de contenu

L`objectif visé ici est de découper les textes issus des entretiens
semi directifs en des extraits, de telle sorte qu` à la question de savoir
«de quoi parle ce texte?»on puisse répondre par un seul mot ou par un
titre bref et précis. En réalité ces mots et titres correspondent soit aux
variables explicatives prévues dans les hypothèses soit à de nouvelles
variables non prévues. Ainsi à partir de ces unités thématiques isolées,
identifiées et classées, l`opération a été orientée vers deux sens:
CXV

Analyse transversale: de par ce procédé inspiré par le sociologue


français Combessie37 qui est par ailleurs codirecteur Centre de sociologie
de l’éducation et de la culture, il a été question à travers la comparaison
des extraits de voir dans quelle mesure un sous thème précis «traverse»
l`ensemble des textes préparés. Cela a permis non seulement de
dégager des ressemblances et des dissemblances entre ces extraits
mais aussi de faire des regroupements ayant abouti à la construction
des typologies.

Analyse longitudinale: selon Combessie ce procédé doit consister à


observer l`ordre d`apparition des thèmes et sous thèmes dans les
extraits de textes. Ainsi le développement par nos enquêtés des thèmes
et sous thèmes qui leur ont été soumis et surtout leur agencement lors
des entretiens ont permis de comprendre l`organisation séquentielle de
chaque texte écrit après un entretien.

2.4 Le champ de l`analyse/délimitation

Dans un travail de recherche il est toujours nécessaire de délimiter


l`espace géographique dans lequel l`enquête va se dérouler. En ce qui
concerne cette étude, il faut préciser d`abord que dans ce pays il n`ya
pas qu`une seule université. C`est pourquoi déjà dans la formulation du
sujet il a été précisé qu`il s`agit de l`université de Niamey, la plus
ancienne université publique et la plus connue du Niger. Voilà donc qui
délimite l`étude à cette université qui elle- même se trouve dans la
capitale du pays c`est- à dire Niamey.

Mais comme l`objectif général visé est de faire un parallèle entre


la formation universitaire et l`emploi, une autre préoccupation s`ajoute. Il
s`agit de la localisation du marché de l`emploi. Ainsi, comme on le verra

37
COMBESSIE J. C., La méthode en sociologie, la Découverte, Paris, 1996.
CXVI

plus tard Niamey reflète toutes les caractéristiques du marché de


l’emploi nigérien car la majorité des activités de production se
concentrent dans cette ville comme les usines les banques, les
entreprises de services ou de commercialisation, etc. ; seules quelques
unes se retrouvent dans quelques régions du pays. Alors les enquêtes
sont focalisées sur le marché de l`emploi au niveau de la capitale elle-
même. D`ailleurs, comme le précisera plus tard la présentation de cette
capitale, le marché de l`emploi de Niamey reflète toutes les
caractéristiques de celui du Niger.

En résumé le champ de l`analyse de cette étude se situe


essentiellement dans la capitale nigérienne. Mais pour permettre à tous
nos lecteurs de comprendre l`ensemble des enjeux qu`il y a autour de
cette recherche, il est prévu de faire une présentation sommaire de la
république du Niger suivie de celle de sa capitale et ensuite celle de
l`université de Niamey.

2.5 Le déroulement de l’enquête


Lorsque les instruments de collecte de données ont été élaborés et
ciblé la population d’étude le premier travail a consisté à mener une pré-
enquête afin de tester ces outils.

2.5.1 La pré-enquête
Ce fut sur un échantillon réduit de personnes ciblées. Concrètement on
a:

• pour les questionnaires :


- étudiants : pour cette catégorie, le questionnaire a été administré
à une trentaine d’étudiants trouvés au campus dans leurs dortoirs.
CXVII

On s’est rendu compte que les étudiants préfèrent remplir le


questionnaire eux-mêmes (auto administration) ; beaucoup d’entre
eux sont réticents pour décliner leur âge (surtout pour le sexe féminin)
et enfin la majorité ne veulent pas répondre aux questions ouvertes.
- enseignants : ce fut environ une douzaine d’enseignants choisis au
hasard et en fonction de leur disponibilité ou de notre proximité
avec eux. Avec eux également on a constaté qu’ils n’ont pas
assez de temps pour répondre aux questions ouvertes pour la
plupart. Certains ont même fait des suggestions sur les questions à
poser. Cela a permis de réadapter l’instrument à la lumière des
observations faites en ce moment.
- Out-put de l’UAM : ici le test a été fait à deux endroits. D’abord au
ministère de l’enseignement supérieur là où viennent tous les
nouveaux diplômés pour leur mise à disposition dans le cadre du
service civique ; ensuite à l’ANPE là où ils viennent consulter les
annonces d’emploi. En général, ils ont été très disponibles pour
répondre aux questions et préfèrent le faire eux-mêmes. La même
attitude a été observée chez certains agents en activité dans un
ministère cible. En somme pour les sortants, après dépouillement
des 28 questionnaires administrés, on retient que les gens qui ont
déjà un poste ne désirent pas en général répondre à la question
« comment avez-vous acquis votre poste » et préfèrent la
contourner. C’est pour cela qu’il a été décidé de faire une analyse
anthropologique de cette question en l’inscrivant non seulement
dans le questionnaire mais aussi dans le récit de vie qui sera fait
pour ces mêmes out put.

- Pour les entretiens


CXVIII

Les deux guides d’entretien utilisés ont été administrés à des


échantillons des populations concernées. Ainsi pour les employeurs,
entretiens ont concerné trois (3) responsables des ressources
humaines de trois entreprises privées car comme le précisera
l’échantillon définitif, il s’agit là de milieux qui sont difficilement
accessibles ; ensuite le même guide a été administré à huit (8) chefs
du personnel des différents services de l’administration publique.
A ce niveau, on a constaté que les thèmes dégagés sont dans
l’ensemble bien expliqués par les enquêtés, sauf ceux du secteur
privé qui sont souvent réticents pour parler des procédures
d’embauche et préfèrent chaque fois nous renvoyer à la
réglementation en vigueur.
Le deuxième guide d’entretien a été testé sur huit (8) personnes, il
s’agit essentiellement des responsables d’établissements de
l’université. Ici il n’y a pas eu de difficultés majeures et l’instrument
initialement élaboré a été adopté.
- les récits de vie
Le guide du récit de vie a été administré à trois enquêtés (sortants de
l’UAM). Ces personnes, ont été rencontrées différemment ; deux
agents d’une compagnie de télécommunication de la place ont été
interviewés à plusieurs reprises et à domicile. Quant au troisième,
c’était un appelé du service civique d’un ministère qui est par ailleurs
à son deuxième renouvellement du service civique. C’est à la suite
de ces entretiens que nous avons senti la nécessité de lire les notes
prises aux enquêtés car ils veulent savoir ce qu’on va écrire sur eux.

2.5.2 L’ENQUETE
En ce qui concerne l’enquête proprement dite, elle a eu lieu à deux
niveaux qu’on peut résumer ainsi :
CXIX

- A l’Université ABDOU MOUMOUNI


Administration du questionnaire aux étudiants
L’administrer du questionnaire aux étudiants a été possible grâce à
l’aide de certaines bonnes volontés qui sont avant tout des étudiants.
Ainsi au niveau de chaque établissement ciblé (sous-strate) un étudiant
responsabilisé à cet effet , distribue le questionnaire et ramasse ensuite
ce qui a été rempli. Le plus souvent on assiste à la distribution du
questionnaire qui se fait à la faculté même. Cependant, il a fallu
introduire plusieurs fois des copies du questionnaire pour arriver à
constituer notre échantillon.
Pour parvenir donc à ces résultats beaucoup d’interviews ont été
effectuées avec le même outil mais cette fois-ci dans les dortoirs des
étudiants. Des fois des étudiants ne faisant pas partie de la population
cible ont souhaité remplir néanmoins les questionnaires. Pour ne pas les
frustrer quelques exemplaires sont remis à certains dont les réponses
n’ont pas été prises en compte dans le dépouillement mais plutôt
utilisées comme contributions diverses pour les analyses.
Il faut noter que l’enquête auprès des étudiants a commencé au
deuxième trimestre de l’année académique 2006-2007 et s’est
poursuivie jusqu’à la période des examens c’est à dire juillet 2007. Elle
devrait se poursuivre pendant les vacances mais les campus étant
fermé, il a fallu attendre la reprise (avec encore les examens) pour
continuer les enquêtes jusqu’à l’obtention de l’effectif de l’échantillon.

1.1.1 Administration du questionnaire aux Enseignants-chercheurs


C’est à ce niveau que le problème s’est véritablement posé. Malgré
l’effectif réduit des enseignants environ 206, il a été difficile d’administrer
le questionnaire. Etant donné notre expérience en la matière car nous
avions eu affaire au même problème en faisant notre mémoire de DEA
CXX

sur l’UCAD de Dakar, nous avions beaucoup joué sur nos relations
personnelles pour parvenir à interviewer nos enquêtés.
D’abord, on est passé par les directions des départements là où les
responsables ont souhaité en général de déposer les questionnaires et
de repasser pour le ramasser après avoir été remplis par les
enseignants. Cette stratégie n’a pas marché à tous les niveaux.
Certaines personnes ne remettent plus le questionnaire sous prétexte
qu’elles ont oublié ou qu’elles n’ont pas eu le temps. Mais avec
l’intervention du codirecteur de cette thèse qui a indiqué des personnes
à rencontrer après les avoir sensibilisé, on a pu obtenir beaucoup de
réponses. Parfois c’est après l’interview d’un enseignant que certains
nous orientent et même nous favorisent l’accès vers un autre.
Ces interviews se sont déroulées au même moment que celles des
étudiants. Mais elles se sont poursuivies jusqu’au début de l’année
académique 2007-2008
1.2 ADMINISTRATION DU GUIDE D’ENTRETIEN AUX RESPONSABLES DES
ETABLISSEMENTS

Comme il était question d’administrer un guide d’entretien aux


enquêtés individuellement, la première étape a été une sorte de prise de
contact avec les personnes ciblées. C’est au moment de cette prise de
contact qui se passe au niveau de leurs lieux de travail respectifs
(facultés et départements) que les objectifs sont présentés ainsi que
l’autorisation de recherche.

Certains enquêtés ont accepté de procéder aux entretiens dès les


premières rencontres tandis que pour la majorité, on a pris des rendez-
vous. Mais il faut préciser que les enquêtes n’ont pas été faites
établissement après établissement. Par contre c’est sur la base des
rendez-vous que le calendrier de rencontre a été établi.
CXXI

Cependant, il y a lieu de préciser que plusieurs rencontres ont été


reportées compte tenu du manque de temps de certaines personnes.
Certains enquêtés ont accepté de nous recevoir plusieurs fois soit parce
que l’interview n’était pas finie ou parce que le sujet les intéresse
particulièrement et qu’ils ont envie de dire plus.

Pour rappel le thème de cette thèse était venu à point nommé car
c’était la période pendant laquelle l’université de Niamey était en train de
réfléchir sur la mise en œuvre de la reforme LMD qui intégrait elle aussi
la dimension formation/Emploi dans ses priorités.

- au niveau des out put de l’UAM,


Le questionnaire :

En ce qui concerne les sortants de l’UAM, il y a eu d’abord un


travail d’identification. Ainsi, dans la limite des structures ciblées (voir
caractéristiques de la population cible), des fiches de recensement ont
été introduites au niveau des déférents services du personnel. C’est
donc grâce à l’appui de responsables de ces services que les fiches ont
été remplies sur la base des archives. Après cette étape ce fut celle de
l’administration du questionnaire.

Celle-ci a été une auto administration et les questionnaires sont


déposés chez les chefs du personnel ou parfois des enquêtés qui ont
accepté de nous aider. Mais, il a fallu improviser un travail de suivi
régulier, ce qui a permis d’augmenter des copies lorsque le besoin se fait
sentir et même des fois de faire des administrations indirectes.

Cependant, il faut préciser que pour les structures du secteur privé,


ce fut surtout grâce à l’aide des rapports personnels que les
questionnaires ont été remplis. Par exemple dans certaines de ces
CXXII

structures les diplômés de l’UAM se connaissent déjà et lorsque l’un


d’entre eux finit de remplir le questionnaire, il donne les contacts des
autres. En outre certains questionnaires ont été administrés à domicile.

Les récits de vie

L’échantillon des sortants constitué pour le récit de vie a fait l’objet


d’un suivi particulier. En effet, comme il s’agit de raconter "l’histoire de la
vie", la majorité des enquêtés ont préféré écrire eux-mêmes leurs
communications, c’est pour cela que certains textes présentés dans ce
document paraissent relativement cours. Mais c’est leur caractère
spontané qui est important pour cette recherche. D’autres enquêtés par
contre ont accepté plusieurs rencontres pour raconter leur histoires de
vie. Ici également les entretiens ont eu lieu pour la plupart à domicile.

- Au niveau des employeurs


L’administration du guide d’entretien aux employeurs a commencé en
réalité dés les premières heures de notre séjour sur le terrain c’est-à-dire
juste après avoir adopté l’instrument de collecte de données lui- même.

Etant donné qu’il s’agit des enquêtés du secteur privé et du secteur


public, il a tout d’abord procédé à la négociation des rendez-vous. Pour
les responsables de l’administration publique, il a été relativement facile
de faire l’interview car certains ont accepté l’entretien dès les premiers
contacts dans leurs bureaux et d’autres après avoir fixé un rendez-vous.
En revanche, pour les responsables des structures privées, surtout les
banques beaucoup ont renvoyé les rencontres à plusieurs semaines. Ils
ont trop souvent demandé de les appeler au téléphone ou parfois
souhaitent avoir un questionnaire pour remplir. Mais comme la stratégie
tient à faire des entretiens sur la base d’un guide pour tous et on leur
propose de lire les thèmes du guide avant les entretiens.
CXXIII

D’ailleurs, lorsqu’ils nous reçoivent c’est pendant leur pause et la


plupart des entretiens avec les responsables des structures privées ne
dépassent pas dix minutes ; de plus vu les conditions dans lesquelles la
rencontre à été possible, il était difficile pour de négocier des rencontres
supplémentaires. Il faut préciser que les entretiens ont eu lieu en général
dans les bureaux des intéressés. Mais nous tenons à rapporter un fait
qui nous a marqué, il s’agit de l’entretien avec un responsable d’une
entreprise privée de la place qui malgré son calendrier surchargé a
accepté de nous rencontrer. Après plusieurs jours de renvoi du rendez-
vous, il nous a pris un jour dans sa voiture alors qu’il devait, faire des
courses et c’est en conduisant que l’entretien s’est déroulé avec des
pauses correspondant à ses arrêts, ce qui a fait que l’entretien a duré
presque une heure et demie. Ensuite ayant constaté leur manque de
temps, beaucoup de rencontres à domicile ont été négociées, ce qui a
permis souvent d’avoir plus d’une demi-heure d’interview avec certains.
Mais pour les responsables des structures publiques, malgré quelques
reports, les entretiens ont en majorité eu lieu dans leurs bureaux et à ce
niveau le temps accordé varie de dix à vingt minutes. Quant au nombre
de rencontres, on peut estimer qu’au moins un enquêté sur trois a
accepté une rencontre supplémentaire.

Enfin, il, faut rappeler que la procédure de l’enregistrement des


entretiens fut la prise de note systématique pendant que les enquêtés
s‘expriment après quoi, un texte est écrit aussitôt pour éviter surtout
d’oublier certains propos tenus par les interviewés.
CXXIV
CXXV

DEUXIEME PARTIE :
LE CADRE DE L’ETUDE ET SES
POTENTIALITES

Chapitre 3 : Présentation sommaire du Niger et de la


Communauté Urbaine de Niamey
3.1 Présentation sommaire du Niger

3.1.1 Aspects sociodémographiques

La population nigérienne est estimée selon les données du RGP/H


2001, à 11. 060 291 habitants dont environ 50,12 % de femmes. Selon la
même source, cette population se caractérise surtout par sa jeunesse
car 48 % ont moins de 15 ans et 31 % ont entre 15 et 35 ans.

D’autre part, cette population qui est à plus de 85 % rurale est


composée dans une large mesure d’agriculteurs et d’éleveurs.
L’urbanisation rapide a vu son taux passer de 13 % dans les années
1977 à environ 16,3 % en 2008. « Cette augmentation de la population
est liée principalement à l’exode rural lui-même lié au sans-emploi voire
au chômage chronique d’une grande partie de la population active»38 .

Classé parmi les derniers pays à l’échelle du développement


humain par le PNUD, le Niger est donc confronté à une crise sociale très
grave. En effet, avec une agriculture sous productive aux capacités
d’extension limitées et aux techniques rudimentaires Il est difficile de
maintenir sur place les populations rurales. Les villes elles aussi sont

38
MANOU I. ; Education Formation et Emploi Rapport de consultation ; MFP/T ; Niamey ; janvier 2006 ; p12.
CXXVI

dans l’incapacité d’assurer un revenu décent à ceux qui viennent s’y


installer.

Pendant longtemps, la fonction publique a servi d’exutoire car les


retombées de l’uranium permettaient d’embaucher les nigériens tant
scolarisés que déscolarisés et surtout de recruter automatiquement tous
les diplômés de l’université. Mais face à la situation économique
désastreuse des années 1980 (baisse du coût de l’uranium notamment),
le pays s’était engagé dans un vaste programme d’ajustement structurel.
Ce qui a considérablement réduit la possibilité de développer une
politique de l’emploi à partir du secteur public.

Le secteur privé quant à lui, de plus en plus victime du


désengagement de l’Etat et de l’insuffisance des investissements directs
étrangers, offre très peu de débouchés aux jeunes diplômés. Il en résulte
une exacerbation du sous emploi et de la paupérisation sans oublier un
climat favorable aux agitations urbaines notamment la société civile et
surtout les diplômés sans emploi.

Les données suivantes résument la situation sociodémographique


du Niger :

Population (estimation 2006) 13. 044.94 hbts

Population rurale 83,45 % 10. 885 315 bhts

Population urbaine 16,55 % 2. 159. 658 hbts

Population active 31,28 % 4. 080. 938 hbts

Accroissement de la population

Densité 8,7 hbts/km2


CXXVII

Taux d’urbanisation (2008) 16,3 %

Taux d’accroissement naturel (2008) 3,3 %

Moyenne nombre de naissances (2008) 600. 000

Moyenne nombre de décès (2008) 200. 000

Espérance de vie à la naissance (2006) 49,6 ans

Dont : hommes 49,2 ans

Femmes 50 ans

Taux brut de scolarisation (2008) 53,5 %

Dont : garçons 62,9 %

Filles 44 ,1 %

Taux d’alphabétisation (2008) 42,9 %

Dont : hommes 15,1 %

Femmes 28,7 %

3.1.2 Les principaux secteurs d’activités économiques

3.1.2.1 Le secteur primaire

Ce secteur occupe une place privilégiée dans l’économie


nigérienne. Il occupe environ 85 % de la population active. Largement
tributaire des aléas climatiques, ce secteur a été victime une fois de plus
CXXVIII

en 2004-2005 d’une sécheresse ayant occasionné un retour de la crise


alimentaire. Une telle situation pèse de tout son poids sur toute
l’économie réalisée pendant la période de croissance et du coup annihile
toue volonté de la population à investir surtout dans le domaine de
l’éducation et de la formation.

• L’agriculture

Le Niger est un pays agropastoral : l’agriculture et l’élevage


représentent plus de 40 % du PNB et emploient près de 90 % de la
population active. Les zones cultivables ne représentent que 12 % du
territoire et sont principalement consacrées aux cultures vivrières (mil,
sorgho, maïs, riz)

A l’instar des autres pays sahélien, l’agriculture nigérienne est


extensive et rudimentaire utilisant pas des les techniques modernes.

Cependant, ces dernières années on assiste à une augmentation


de la production des cultures de rente notamment le niébé exporté vers
le Nigeria voisin et l’oignon vers les pays côtiers. L’arachide qui fût la
principale ressource du pays jusque vers les années 1970, est devenue
aujourd’hui une production marginale sur le plan commercial. Quant à la
culture du coton, elle demeure encore très marginale et souffre
d’exportations informelles vers le Nigeria.

• L’élevage

Avec plus de deux millions de bovins, près de quatre millions


d’ovins et environ six millions de caprins, l’élevage est un élément clé de
CXXIX

l’économie nigérienne. Les zones semi désertiques sont le domaine de


l’élevage nomade de grande transhumance, alors que les régions les
plus humides associent agriculture et élevage. En ce qui concerne le
petit élevage, il constitue souvent un moyen d’épargne populaire.

Enfin, on constate que depuis quelques années, l’élevage


des camelin se développe surtout à des fins commerciales (trafic
caravanier) notamment en direction des marchés du nord (Libye).

• La pêche

Même si le Niger est un pays enclavé, il regorge d’énormes


potentialités en matière de pêche car le fleuve Niger et le lac Tchad
occupent une bonne partie du territoire. Néanmoins l’exploitation
irrationnelle de ces potentialités a entraîné des modifications profondes
dans le fonctionnement de l’écosystème aquatique. Cette situation pèse
de tout son poids sur les stocks et contribue à une réduction
considérable des surfaces exploitables.

3.1.2. 2 Le secteur secondaire

Ce secteur qui comprend les mines industries et l’énergie


contribue à hauteur de 15 % du PIB.

• Industrie

Ce sous secteur est très peu développé au Niger et occupe à


peine 7% du PIB car en général le nigérien n’a pas une grande culture
d’entreprise. Ainsi c’est seulement dans quelques localités du pays que
se développent quelques activités industrielles notamment à Niamey,
Arlit et Maradi dans le cadre agro alimentaire.
CXXX

Les principales entreprises privées appartiennent à des capitaux


étrangers. Nous avons par exemple : la BRANIGER (bière et boisson
gazeuse) ; la SPCN (savon ; parfums et détergents) ; la SOGANI (gaz
industriel) ; la NIGERAL (tôles et produits en aluminium), Moulins du
Sahel (minoterie).

Les autres entreprises sont issues des privatisations récentes ; il


s’agit entre autres de l’ENITEX (pagnes, tissus), l’ONPPC (médicaments
et produits pharmaceutiques) la SNC (cimenterie), l’OLANI (produits
laitiers)

L’instabilité politique qui a secoué le pays pendant près d’une


décennie a fait que beaucoup d’investisseurs ont quitté le Niger pour
d’autres endroits plus propices à leurs activités. Mais depuis 2000, avec
la quiétude politique retrouvée, le secteur privé a pu relancer ses
activités. Même si cela paraît timide pour l’instant on constate quand
même l’émergence de certaines initiatives comme LABAN-Niger
(produits laitiers), Star Soda (Eau minérale, boissons divers), etc.

• Mines

Ce sous-secteur génère environ 5,4 %du PIB. Il repose surtout sur


l’exploitation des gisements d’uranium qui fut à l’origine de la forte
croissance des années 1970. Ce minerai a contribué à l’émergence
d’une économie de rente au Niger en même temps qu’il a conduit le pays
vers le laxisme et surtout l’endettement qui sont à la base du marasme
économique actuel. L’exploitation de l’uranium a permis d’avoir une
production de 2898 t en 2000 et plus de 3093 t 39 en 2006.

39
Direction des Mines ; in INS ; Bulletin trimestriel de statistique ; édition du 1er semestre ; Niamey ; août 2006.
CXXXI

A côté de l’uranium subsiste aussi l’exploitation du charbon et de l’or.


Ainsi on a pu enregistrer une production brute de 182 060 t de charbon
en 2005 contre 158 200 t en 2000. L’or issu de l’orpaillage et de la
production industrielle s’est élevé à plus de 4 962 kg en 2005 contre
1 590 kg en 2004.

Cependant, le pétrole pouvait également représenter une source


supplémentaire de revenus dans l’est du pays. Mais son exploitation
exige un minimum de conditions de sécurité dans cette zone.

3.1.2.3 Le secteur tertiaire

Ce secteur qui concerne les services marchands et non marchands


n’est que faiblement développé au Niger. Toute fois, la culture du
commerce étant la chose la mieux partagée au Niger, ce secteur a pu
contribuer à environ 45,2 % du PIB entre 1990 et 2000.

• Le commerce

Au Niger l’activité commerciale est très développée. Elle concerne


surtout les produits de l’agriculture de l’élevage et de l’artisanat. La
distribution à l’intérieur du pays se fait par des commerçants grossistes.
Mais il faut indiquer que ce secteur souffre de son caractère informel.

En marge de ces activités internes, le commerce nigérien concerne


aussi les grandes transactions internationales (import-export) par
lesquelles des marchandises diverses sont surtout importées au pays.

Cependant il faut noter que l’activité commerciale se développe


surtout dans les régions frontalières du Nigeria. En effet, ce pays géant
économique qui partage près de 1000 km de frontières avec le Niger
s’appuie sur des ethnies communes (Haoussa, Peul, Kanouri) ainsi que
CXXXII

leur solidarité transfrontalière pour entretenir des échanges entre les


deux parties. Mais le plus souvent ces échanges échappent aux
contrôles douaniers, ce qui permet l’émergence du commerce frauduleux
avec son corollaire sur les économies nationales.

• Le transport

Le Niger est un pays de grande tradition de transit vers le Nigeria, le


Mali, la Libye et les pays côtiers. Le parc automobile est certes
vieillissant et le réseau routier vétuste. Mais le transport des voyageurs
et des marchandises se modernise progressivement surtout à partir de
2000.

Ainsi le parc automobile est passé de 4 9320 véhicules en 2000 à


plus de 76 60640 en 2005. Quant au réseau routier il est passé de 14 630
km en 2000 (dont seulement 3 701 km de routes bitumées) à 18 423 km
en 2006 (dont seulement 3 797 km bitumées).

En ce qui concerne le trafic aérien, il se limite essentiellement à


l’aéroport international de Niamey et celui d’Agadez. Il y a également
quelques aérodromes nationaux au niveau des chefs lieux de région.

• Les services

L’émergence des technologies de l’information de la communication


(TIC) tel que le téléphone mobile ou encore l’Internet est l’un des
facteurs qui contribue au développement des télécommunications au
Niger. Avec la privatisation de ce secteur plusieurs entreprises se sont
crées et oeuvrent pour l’amélioration des services.

40
Direction des transports ; in INS ; loct cite ; p45.
CXXXIII

Ainsi en plus de la SONITEL qui vient d’être privatisée, d’autres


compagnies de téléphonie mobile comme CELTEL, SAHEL COM,
TELECEL sont venues enrichir le monde des services nigériens. Il faut
également noter que ces entreprises concourent à la réduction de la
pauvreté à travers les emplois qu’elles créent. Même si ces derniers sont
encore insuffisants, c’est quand même l’un des axes sur lequel l’Etat
Nigérien peut s’appuyer pour le développement d’une politique de
l’emploi.

• Le tourisme

Ce sous secteur constitue une source potentielle d’emplois et de


création de revenus au Niger Les potentialités exploitables sont
essentiellement localisées dans la zone désertique : Air, Ténéré, Djado.
Cependant dans la décennie 1990-2000, cette activité s’est vue ralentir
en raison des mouvements de rébellion dans les zones concernées. Il a
fallu 2001 avec le retour du pays dans la zone pour que les activités
touristiques reprennent.

Ainsi on pu enregistrer environ 52 463 visiteurs en 2001et de 63


451 en 2005 dont 6 602 et 10 50041 visiteurs ayant pour motif des
vacances ou le tourisme.

• L’artisanat

Il constitue à hauteur de 21 % du PIB .L’étude menée en 1995 par la


DSCN a révélé l’existence d’environ 400.000 unités de production
réparties sur l’ensemble du territoire national. Ces différentes unités
offrent selon la même source, environ 600.00 emplois.

41
Direction du tourisme, in INS, loct cite , p21.
CXXXIV

Ainsi on retrouve par exemple la vannerie et la poterie à l’ouest et au


centre du pays, la tannerie et la cordonnerie au sud-est (Maradi et
Zinder) et un peu à Niamey. Quant à la maroquinerie et la couture elles
sont essentiellement concentrées dans les grandes villes du pays.

3.1.2.4 Les finances publiques

Le problème des finances publiques est l’un des facteurs qui


gangrènent l’économie du Niger. A l’instar des autres pays appelés
PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) le Niger reste largement dépendant
de l’extérieur en ce qui concerne les finances publiques.

C’est pourquoi toutes les dépenses et tous les prêts sont injectés
dans des programmes d’investissement à caractère socio économique
dans le cadre de la stratégie de lutte contre la pauvreté.

Cependant l’un des traits marquants des finances publiques


nigériennes est l’endettement qui constitue à long terme un facteur de
paupérisation grandissante des populations déjà classées parmi les
pauvres de la planète.

Ainsi les chiffres suivants résument la situation socio économique du


Niger :

PIB total (2005) 1.701,9 Milliards de FCFA

PIB par tête (2005) 134 800 F CFA


CXXXV

Revenu National Brut (RNB)/hbt/an (2005) 255,2$ US

Taux de croissance annuel PIB (2005) 14,2%

Taux moyen de croissance du PNB/hbt/an (2005) 11 %

Taux d’inflation (2006) 0,3 %

Dons courants 38,7 %

Dons au capital 24,1 %

Assistance PPTE 39,4 %

Service de la dette (2005) 52,1 milliards de F CFA

Population pauvre (2005) 62,1 %

Rang occupé par le Niger (PNUD, 2007) 174è sur 177 pays classés

Sources :

-RGP/H 2001

-Projection 2006

-INS

-Direction de la Dette Publique

3.2 La Communauté Urbaine de Niamey

3.2.1 Evolution

A la fin du XIXème siècle, Niamey n'était sur les bords du fleuve


Niger qu'un petit village de pêcheurs. Niamey est la capitale du Niger,
pays continental et sahélien situé en Afrique de l'Ouest entre 11°37 et
CXXXVI

23°23 de latitude Nord et entre 0°06 et 16° de longitude Est. C'est un


vaste pays dont les trois quarts sont désertiques.

Son climat chaud et sec influe non seulement sur les activités de
production qui sont essentiellement agro-pastorales, mais aussi sur la
répartition spatiale de sa population confirmée dans sa bande sud
écologiquement plus clémente et le long de la vallée du fleuve Niger.

C'est dans cette zone que se concentre l'essentiel des villes du


pays dont Niamey située entre 2°01' et 3'' et 2°14'05 de longitude Est et
13°25'47 et 13°36'16'' de latitude Nord sur des bas plateaux dont
l'attitude varie entre 183 et 205m. Enclavé dans le département de Kollo,
l'administration a attribué à Niamey une superficie de 239,263 Km2 et
s'étend sur 14 km d'Est en Ouest et 10 km du Nord au Sud. Le caractère
peu contraignant de son site a favorisé son extension sur la rive gauche
et la colonisation rapide de la plaine alluviale de la rive droite à partir de
1970 avec l'ouverture du pont Kennedy.

Première ville du Niger, Niamey a connu un développement


spectaculaire. De petit village vers les années 1930, elle est devenue
une grande agglomération à partir de 1970. Cette croissance rapide
serait liée au fait que Niamey présentait aux yeux du colonisateur des
atouts indéniables par rapport à Zinder, ville située à l'Est du pays,
confrontée à un sérieux problème d'eau et surtout à l'influence des villes
nigérianes qui se ressentait à plusieurs niveaux.

Ainsi, le transfert quasi inévitable de la capitale de Zinder à Niamey


en 1926 s'est accompagné de l'afflux d'immigrants suite aux
sécheresses successives du début du siècle qui avaient plongé le pays
dans une situation alimentaire très catastrophique de 1929 à 1931.
CXXXVII

Les villes apparaissent alors aux yeux des ruraux comme une sorte
d'eldorado, comme le seul endroit où ils pouvaient mieux vivre. Cet afflux
des ruraux né des crises alimentaire chroniques, va entraîner la fixation
à Niamey d'un nombre d'entre eux. Le village a vu ainsi sa population
s'accroître à un rythme exponentiel. Cette croissance rapide de la
population est à la base de tous les déséquilibres sociaux qui même de
nos jours continuent à se poser avec acuité. Ces déséquilibres
concernent surtout les secteurs de base comme la santé, l'éducation et
surtout l'emploi.

Ainsi, les problèmes administratifs engendrés par cette arrivée


massive des populations et les problèmes d'aménagement constituent à
l'époque les principaux défis à relever. Pour ce faire, Niamey s'est dotée
d'infrastructures tant administratives sociales qu'économiques et devient
ainsi une commune urbaine dès 1955. En 1960, avec l'avènement de
l'indépendance, Niamey devient donc la capitale du nouvel Etat. D'où la
nécessité d'accroître ses infrastructures car, la jeune république connaît
en même temps une importante migration d'étrangers notamment
béninois, togolais et maliens qui étaient là d'ailleurs bien avant
l'indépendance et qui occupaient des postes administratifs vacants.

Donc, de 1960 à 1972 la population de Niamey va tripler en


passant de 33.816 à 108.00042 habitants pour une superficie de 2.347 ha.
En 1988, la population atteint les 400.000 habitants avec une superficie
de 4.848 ha (RGP/H 1988.

Mais depuis la mise en œuvre du processus de la décentralisation


au Niger, la loi 2002-015 du 11 Juin 2002 a créé la nouvelle
Communauté Urbaine de Niamey en redimensionnant le nombre des

42
MOTCHO KH , Cadre de vie et système de santé a Niamey ,Thèse de doctorat de géographie ; Institut
géographique Alpine ,Université Montaigne de Bordeaux , 1991.
CXXXVIII

communes au prorata de l'espace urbain occupé et de la démographie


de la ville. C'est donc à la faveur de cette loi que le territoire de la
Communauté Urbaine de Niamey a été divisé en cinq communes à
savoir les communes de Niamey I, Niamey II, Niamey III, Niamey IV,
Niamey V.

Niamey est la capitale du Niger qui est le pays le plus pauvre de la


planète selon le classement du Programmes des Nations Unies pour le
Développement. Même si ce classement est contesté par d’autres
spécialistes et certains leaders politiques, il convient de noter que le
niveau de vie des populations dans ce pays est largement en dessous
du seuil souhaitable.

Dans l'ensemble, les données de la statistique montrent que la


population nigérienne se caractérise surtout par sa jeunesse car selon
les résultats du RGPH 2001, les jeunes âgés de moins de 15 ans
représentent environ 47,54% de la population totale. Cette catégorie de
la population est aussi la plus vulnérable car confrontée à divers
problèmes. Ceux-ci sont surtout relatifs à l'éducation et aux conditions
d'insertion professionnelle.

A Niamey principalement, le sous-emploi et le chômage sont le lot


quotidien des jeunes. Mais avant d'aborder cette question, voyons
d'abord comment la situation sociodémographique se présente dans la
capitale.

3.2.2 Situation Sociodémographique

Selon les données du RGP/H 2001, la Communauté Urbaine de


Niamey compte environ 690.741 habitants repartis dans près de 120.715
ménages. A l'instar des autres grandes villes des pays en
CXXXIX

développement, la pyramide des âges de la capitale nigérienne présente


des caractéristiques classiques avec une prédominance des jeunes de
moins de 20 ans (55% de la population totale) et une minorité de vieux
ayant 60 ans et plus (3% de la population totale).

Ainsi, on constate que la population de la communauté urbaine de


Niamey, comme celle de tout le pays est relativement jeune. D'ailleurs à
Niamey, l'âge moyen de la population est de 21,5 ans dont 21 ans pour
le groupe des femmes.

Presque tous les groupes ethniques du Niger sont présents dans la


communauté urbaine de Niamey. Mais on constate une certaine
disparité entre eux : les djerma-songhay représentent 49,5% de la
population totale, les haoussas majoritaires au plan national viennent ici
en deuxième position avec 32,5% ; ils sont suivis des peuls avec 6,6% et
des tamasheqs avec 4.6%.

D'autre part, les habitants de Niamey sont essentiellement de


nationalité nigérienne (environ 95,6% de la population totale). Seuls
3,8% de cette population provient des autres pays membres de l'UEMOA
ou de la CEDEAO. Quant aux autres nationalités elles ne représentent
que 0,5%.

A Niamey, la religion Musulmane est celle qui est pratiquée par


97,6% de la population. On note également une coexistence entre
Musulmans et Chrétiens et on retrouve à Niamey 1,6% de catholiques.
Quant aux autres religions, elles ne représentent qu'1% y compris celles
qu'on appelle croyances traditionnelles liées aux coutumes locales.

3.2.1 Indicateurs de la scolarisation


CXL

Le niveau d'instruction est un facteur déterminant dans la


recherche d'emploi. Dans la capitale nigérienne, à l'exception du taux
brut de scolarisation du primaire qui est relativement élevé, tous les
autres sont non seulement faibles, mais aussi présentent des disparités
en fonction du sexe.

Ainsi, en 2002 par exemple, le taux brut de scolarisation au


primaire tournait au tour de 87,5% pour les garçons contre 86,7% pour
les filles. Cependant, le phénomène de la déperdition scolaire creuse un
long fossé entre ce taux et celui du secondaire. Car, la même année
2002 le taux brut de scolarisation au secondaire est estimé à près de
45,9% (dont 48,2% pour les garçons contre 43,9% pour les filles).

En ce qui concerne l'enseignement supérieur, la situation est


beaucoup plus préoccupante car seulement 3,8% des personnes
susceptibles de poursuivre des études supérieures le font à Niamey.

3.2.2 Les activités dans la CUN


Selon l’enquête emploi réalisée en 2002, sur une population
potentiellement active (individus de 10ans et plus) de 480821 personnes,
la communauté urbaine de Niamey compte une population active de
230206 personne soit un taux d’activité de 47,9 %. Ce taux cache
cependant de très fortes disparités d’une part selon le sexe et d’autre
part selon l’âge. Mais ces écarts sont plus importants dans les groupes
d’âge de 20 à 34 ans au niveau desquels le taux d’activité des hommes
est plus élevé et deux fois plus important que celui des femmes.
Quant à la disparité au niveau du sexe elle s’explique beaucoup
plus par le rôle social joué par les hommes spécialement dans la prise
CXLI

en charge des besoins quotidiens des ménages, les activités ménagères


étant réservées à la femme.
Dans tous les cas on remarque que les taux d’activité d’une
manière générale s’accroissent rapidement à la faveur surtout des
sorties massives des jeunes diplômés du système éducatif qui viennent
intégrer le marché du travail.

On constate selon la même enquête que 83% des actifs occupés


exercent un emploi dans des activités informelles (dont 47,1% comme
indépendants et 36% comme salariés).
Dans le secteur formel, 16,2% d’actifs sont employés en tant que
salariés et seulement 0,7% d’actifs y exercent en qualité d’indépendants.

Lorsque l’on examine cette même classification par rapport aux


groupes d’âges, des tendances plus nettes se dégagent : on constate
qu’environ 72% des actifs occupés qui exercent en tant que salariés du
secteur moderne ont un âge compris entre 30 et 50 ans et un âge moyen
de 39 ans. La plupart (52%) des indépendants du secteur informel ont un
âge compris entre 25 et 35 ans et un âge moyen de 38 ans mais on
dénombre aussi dans cette catégorie d’actifs 14,5% dont l’âge est
supérieur ou égal à 55 ans. Quant aux dépendants du secteur informel,
61% ont un âge compris entre 15 et 35 ans avec un âge moyen de 27
ans. Les indépendants du secteur informel semble relativement les plus
jeunes avec des âges très concentrés entre 15 35 ans mais la classe
d’âge modale (20-24 ans) accueille presque le tiers des actifs. Leur âge
a été estimé à environ à 25 ans.

On note également que les actifs occupés ayant au plus 25 ans


représentent seulement 4,2% des actifs occupés employés comme
salariés du secteur informel alors que dans le groupe des indépendants
CXLII

du secteur informel, cette catégorie d’actifs représente presque 17% des


actifs, contre 50,4% dans celui des indépendants du secteur informel. La
faible proportion des moins de 25 ans dans le groupe des salariés du
secteur formel s’explique principalement par le fait qu’en général l’âge
moyen minimal d’entrée dans les secteurs formels tourne autour de 25
ans. Mais dans une moindre mesure, l’arrêt des recrutements directs
(principalement dans l’administration et les entreprises publiques d’une
part, mais aussi par son ralentissement dans les entreprises privées)
pourrait aussi rendre difficile l’accès de ces jeunes aux emplois publics
mais aussi privés. En effet depuis 1995 le système de recrutement à la
fonction publique a subi d’énormes réformes parmi lesquelles
l’instauration du service civique national pour les jeunes diplômés et
l’arrêt du système de programmation.
CXLIII

Chapitre 4 : Le problème de l’emploi au Niger

4.1 La Politique Nationale de l’Emploi

Au lendemain de l’indépendance, l’emploi moderne était en raison


du faible taux de scolarisation des nigériens, essentiellement occupé
par des expatriés occidentaux ou des pays limitrophes. La
« nigérisation » des emplois modernes commença à partir des années
1963 avec l’arrivée sur le marché de l’emploi de jeunes diplômés
nigériens.

Le conflit frontalier opposant le Niger et le Bénin à propos de l’île


de l’été suivi du licenciement et du rapatriement des cadres béninois et
aussi les retombées de l’exportation de l’arachide ont donné une
nouvelle impulsion à la nationalisation des emplois au Niger.

Ainsi le recrutement des diplômés nigériens s’est poursuivi jusque


dans la décennie 70-80. Cette situation a été aussi favorisée par une
croissance économique annuelle estimée entre 10 et 20% et alimentée
notamment par les exportations du bétail et de l’arachide d’une part mais
surtout de l’exportation de l’uranium d’autre part.

C’est pourquoi de nombreux secteurs d’activités économiques


comme l’agriculture les industries, l’eau, l’électricité, les BTP, le
CXLIV

commerce, le transport, les assurances, les banques et les services


sociaux se sont modernisés. Cette modernisation s’est accompagnée
d’un besoin pressant en main d’œuvre qualifiée.

Les effectifs de l’emploi dans le secteur moderne public et


parapublic qui étaient de 18000 en 1975 sont passés à 36258 en 1978.
Cette progression impressionnante fait suite au boum de l’uranium et
des secteurs connexes.

Ainsi, l’offre d’emploi dépassait nettement la demande si bien que


nombre d’étudiants nigériens ont écourté leurs formations pour occuper
des postes vacants. Ce fut le cas des secteurs de l’enseignement et de
la communication où le rythme de création des infrastructures nouvelles
était supérieur à celui de la formation du personnel. Pour y faire face
les autorités nigériennes ont du faire appel a des lycéens et a des
étudiants qui suivaient des formations accélérées afin d’occuper certains
postes ainsi crées43.

Cependant face à la diminution des ressources internes


(notamment les recettes de l’uranium, les cultures de rente et le bétail),
la régression des activités de production, le désengagement de l’Etat de
certains secteurs clés de l’économie suivie de l’assainissement des
entreprises et des sociétés dans les années 1980, l’offre d’emploi dans
le secteur moderne connu une baisse sensible. Ce qui fait que les
recrutements par le secteur public et privé se faisaient rares. D’ailleurs
en 1990 seul 14 % de la demande d’emploi a été satisfaite.

Par ailleurs, la fonction publique qui par le passé absorbait


l’essentiel des sortants de l’enseignement supérieur et professionnel
commença à procéder au licenciement massif de ses employés ou dans

43
DUBERSON
CXLV

une moindre mesure à encourager les départs volontaires en 1986 ;


cette situation s’est généralisée à tous les autres secteurs (entreprises
privées et publiques) à partir des années 1987, avec la restructuration
voire la fermeture d’un nombre important d’unités de production.

Aujourd’hui encore le Niger n’arrive pas à se remettre du chômage


et du sous emploi des jeunes diplômés surtout. Ce qui fait que l’Etat
tente à travers diverses actions de lutter contre le chômage avec
souvent le concours des partenaires extérieurs. A travers ce point
l’objectif est de présenter les emplois au Niger de manière globale. Il
aurait donc été plus commode de le faire sur la base d'analyse d'un
document de politique ou de stratégie nationale de l'emploi.

En effet, c'est à travers ce genre de document qu'on peut savoir ce


que l'Etat du Niger fait dans le cadre de l'emploi en général et l'insertion
professionnelle des jeunes en particulier. Malheureusement un tel
document n'existe pas encore au Niger. Néanmoins, à la date de nos
investigations, une commission est en train de s'activer pour définir les
axes prioritaires de la politique nationale de l'emploi.

Malgré donc la création récente d'un Ministère en de la formation


professionnelle et de l'emploi des jeunes, on ne voit toujours pas une
véritable politique des pouvoirs publics qui prenne en compte le sort des
jeunes diplômés. En plus, ce Ministère ne s'intéresse en réalité qu'aux
diplômés des écoles secondaires assurant des formations
professionnelles. Pour ceux qui sont issus des autres catégories de
formations comme les diplômés des universités, leur sort est censé être
pris en compte par un autre Ministère. Mais tout ceci ne veut pas dire
que les pouvoirs publics ne font rien dans le cadre de l’emploi ; il existe
CXLVI

des cadres que l’Etat a mis crées dans ce sens même si tous les
acteurs ne s’y retrouvent.

Ainsi au Niger les questions de l’emploi sont prises en charge par


l'ANPE qui est une agence relevant du Ministère de la Fonction Publique
et du Travail et de l'Emploi.

De ce fait nous proposons ici de faire l'analyse critique de l'agence


à travers une présentation succincte de la structure, sa mission, ses
ressources, ses réalisations, ses insuffisances, ensuite nous allons
donner les caractéristiques de l'emploi au Niger.

4.1.1 L'Agence Nigérienne pour la Promotion de l’Emploi (ANPE)

4.1.1.1 Cadre institutionnel

A l'instar de beaucoup de pays en développement, le Niger fait


face aujourd'hui à un contexte socioéconomique particulièrement difficile.
Cette situation est lourde de conséquences sur les conditions de vie des
populations nigériennes. L'une de ces conséquences est le manque
d'emploi et le chômage d'une frange importante de la population. C'est
pourquoi la question de l'emploi est devenue une préoccupation
permanente des autorités publiques qui essaient à travers différentes
approches d'apporter des solutions à ce problème qui est l'un des
critères par lesquels le niveau du développement d'un pays peut être
évalué. C'est dans ce cadre que l'ANPE a vu le jour en 1996. L'ANPE,
est donc la dénomination donnée par les pouvoirs publics pour désigner
le service de l'emploi au Niger. Cette structure a été instituée par l'article
265 de l'ordonnance n°096-039 du 29 juin 1996 portant code du travail.
Cette ordonnance fait ainsi de l'ANPE un établissement public à
caractère administratif dont les statuts ont été approuvés par le décret
CXLVII

n°96.405/PRN/MFP/T/E du 4 Novembre 1996. Dans ces conditions, la


structure est alors devenue un organisme à gestion tripartite impliquant
dans sa gestion à la fois les représentants de l'Etat, ceux des travailleurs
et ceux des employeurs au sein d'un conseil d'administration.

4.1.1.2 Mission

En tant qu'établissement public à caractère administratif, l'ANPE


poursuit une mission de service public. Autrement dit c'est un ensemble
d'activités dans le cadre de la satisfaction des besoins en matière
d'emploi et de formation professionnelle des employeurs d'une part, et
d'autre part des employés et des chercheurs d'emploi.

Ainsi l'Agence est chargée entre autres de :

-assurer le placement des demandeurs d'emploi c'est-à-dire leur


insertion professionnelle ;

-délivrer des cartes de travail ;

-viser des contrats de travail et d'apprentissage ;

-élaborer et diffuser des statistiques fiables sur le marché du travail ;

-exécuter des programmes de promotion d'emploi, insertion,


reconversion et réinsertion professionnelles ;

-accueillir et orienter les demandeurs d'emploi ;

-organiser des séances de techniques de recherche d'emploi ;

-prospecter l'emploi au sein des entreprises .


CXLVIII

Mais plus spécifiquement, cette institution est chargée :

A l'attention des demandeurs d'emploi

-de l'accueil, de l'orientation des demandeurs d'emploi ;

-du rapprochement entre chercheurs d'emploi et employeurs ;

-de la formation des demandeurs d'emploi aux techniques de recherche


d'emploi ;

-de l'insertion des jeunes diplômés dans les entreprises en vue de


l'acquisition d'une expérience professionnelle ;

-de l'exécution des programmes de promotion de l'emploi.

A l'attention des entreprises

-de promouvoir le partenariat avec les entreprises ;

-de conseiller les employeurs par l'assistance conseil ;

-d'enregistrer les déclarations relatives à l'emploi des travailleurs et


l'établissement de leurs cartes de travail ;

-d'appuyer le recrutement des demandeurs d'emploi.

En outre, l'ANPE est aussi chargée de la collecte et de la


conservation d'une documentation permanente sur les offres et les
demandes d'emploi, et en général, de toutes les questions relatives à
l'utilisation et à la répartition de la main d'œuvre , notamment du suivi, de
l'évaluation du marché de travail et de l'élaboration des fichiers
statistiques. Cependant, s'il est facile de déterminer avec autant de
rigueur la mission de l’ANPE, il apparaît dans la pratique des difficultés
relatives à l'exécution des tâches. Mais avant de poser nos critiques sur
CXLIX

cette institution, voyons d'abord de quelles ressources elle dispose pour


atteindre ses objectifs, et quelles sont par conséquent, ses réalisations?

4.1.1.3 Les ressources

Ici, nous avons à faire à deux sortes de ressources. D'abord il y a


les ressources matérielles et financières, ensuite les ressources
humaines.

Les ressources matérielles

Comme structure d'information et de d'orientation, l'ANPE dispose


non seulement des banques de données : une banque informatisée de
chercheurs d'emploi de toutes les catégories et une autre pour les
entreprises parapubliques et privées. Elle dispose également des
répertoires opérationnels des métiers, une salle aménagée pour les
entretiens d'embauche.

D'autre part, nos enquêtes au niveau de cette agence , nous ont


permis de savoir qu'après la mise en place de ses deux antennes
interrégionales, à Agadez et à Zinder , villes situées respectivement au
Nord et à l'Est du pays, la structure a procédé à la réhabilitation et à
l'équipement de ses locaux. Aussi dans le cadre de ses partenariats,
l'ANPE a reçu du PNUD deux micro-ordinateurs complets, un projecteur
multi média. La Suède, pays membre de l’AMSEP (Association Mondiale
des Services d'Emplois Publics) a également fait dont de treize micro
ordinateurs à l'agence qui appartient aussi au même réseau.

Les ressources financières.


CL

A ce niveau, il faut préciser que nos investigations ont révélé que


l'ANPE tire son financement de deux sources essentielles : d'abord les
cotisations des employeurs et ensuite la subvention de l'Etat. A cela
s'ajoutent d'autres ressources non moins importantes venant des
activités comme les frais de visa des contrats de travail, la vente des
cartes, les frais d'attestation des soumissions et de vente du code de
travail.

L'examen du rapport d'activités 2004 de l'ANPE indique que les


recettes ont été satisfaisantes comparativement aux prévisions et elles
sont largement supérieures à celles des années antérieures. Le montant
total s'est élevé à 58.694.356f cfa contre 58.301.072f cfa en 2003.
Toutefois, il semble important de parler ici des deux sources
essentielles évoquées ci-dessus :

-la subvention de l'Etat : l'examen du rapport d'activités 2004 de l'ANPE


montre que sur une prévision de soixante quinze millions (75.000.000) la
subvention de l'Etat s'est élevée à cinquante millions qui ont été versées
en quatre tranches. Soit un taux de subvention d'environ 75% par
rapport aux prévisions ;

-la cotisation des employeurs: comparativement à l'année 2003 où


l'ANPE a recouvré dix neuf millions (19.000.000), en 2004 cette
cotisation a connu une hausse et s'est élevée à soixante quatorze
millions deux cent quatre vingt cinq mille deux cent soixante quatre
(74.285.264 fcfa) ; soit une progression annuelle de 39,09%.

Les ressources humaines

Pour son fonctionnement, l'agence dispose des ressources humaines


dont les compétences sont riches et variées. Ainsi, ils sont au total neuf
CLI

hommes et femmes qui assurent la direction des différents services de


l'agence. Nos investigations ont révélé qu'il y a parmi eux des
économistes, des statisticiens, des sociologues, des inspecteurs de
travail. A cela s'ajoutent d'autres compétences qui œuvrent pour la
bonne marche des services et sont essentiellement composées de
secrétaires, comptables, informaticiens, etc.

4.1.1.4 Exemples de réalisations de l'ANPE

Pour le besoin de nos analyses, nous avons jugé utile de revenir


sur quelques réalisations de cette agence dans le but de mieux
comprendre ce que l’agence fait dans en matière d’emploi. Etant
entendu que les statistiques, au Niger comme dans beaucoup de pays
en développement, posent le problème de leur fiabilité là où elles
existent, nous nous sommes contenté des seules statistiques fournies
par l'agence en question. D'ailleurs, il faut rappeler à ce niveau qu'il n'y a
pas eu suffisamment d'études sur la question des emplois au Niger.
Celles existantes datent de longtemps et ne peuvent par conséquent ni
refléter la réalité d'aujourd'hui ni permettre de mettre à l'épreuve les
statistiques de l'ANPE.

Pour revenir sur les réalisations de l'agence, compte tenu de notre


étude qui est axée sur la formation Universitaire et l'emploi au Niger
nous allons nous appesantir sur ce que l'agence a fait dans le cadre de
l'insertion professionnelle des diplômes en général et ceux qui ont un
niveau supérieur en particulier. Ce sont ces derniers qui sont désignés
comme Agents de Maîtrise, Ingénieurs et Cadres Supérieurs.

Ainsi pour l'insertion professionnelle des diplômes, l'ANPE reçoit


d'abord les offres et les demandes d'emploi et procède ensuite au
placement. D'où il s'avère nécessaire de voir l'évolution des offres et des
CLII

demandes d'emploi ainsi que les demandes satisfaites c'est-à-dire le


placement ou l'insertion professionnellement. A ce propos, nos enquêtes
au niveau de l'agence nous ont permis de collecter des informations sur
la période allant de 2000 à 2005. Les résultats de ces enquêtes sont
présentés à travers les tableaux suivants

Demandes d'emploi du niveau supérieur enregistrées entre 2000-


2005
Catégorie Agents de Maîtrise Ingénieurs et
Professionne cadres
lle supérieurs
Année Effectif % Effectif % Total

2000 903 49,47 922 50,52 1825

2001 1633 62,59 976 37,40 2609

982 52,96 872 47,03 1854


2002

1143 39,92 1720 60,07 2863


2003

1878 57,27 1401 42,72 3279


2004

2169 59,66 1466 40,33 3635


2005

Source : Enquête à l’ANPE, juillet 2006.

L'observation du tableau ci-dessus permet de voir l'évolution des


demandes d'emploi du niveau supérieur enregistrées entre 2000 et
2005. A ce niveau il est important de préciser que le niveau supérieurs
inclue tous les diplômes ayant une formation de type BAC plus deux ans
ou plus. C'est donc dans cette fourchette qu'il faut classer la formation
CLIII

universitaire. Mais étant donné, qu'il n’y a pas dans les statistiques de
l'ANPE, des chiffres exprimant la demande des sortants de l'UAM en
particulier, nous nous proposons alors de considérer la fourchette dans
laquelle se trouve notre population cible (diplômés des universités).

Ainsi, on constate qu'en 2000, sur un total de 1825 demandes de


niveau supérieur enregistrées, 922 sont des ingénieurs et cadres
supérieurs. Soit 50,52% de la demande totale. Ce taux a connu une
baisse est s'est trouvé à 37,40% en 2001. Et il a atteint son degré le plus
élevé en 2003 avec 60,07%. Cette situation s'explique probablement par
les sorties du système de l'enseignement supérieur privé qui s'est
développé justement vers le début des années 2000. Donc l'arrivée sur
le marché du travail, des diplômes des autres catégories d'enseignement
supérieur (Instituts et Ecoles Supérieurs Professionnels) est un facteur
qui explique cette hausse de la demande.

Offres d'emploi de niveau supérieur reçues entre 2000 et 2005


Catégorie Agents de Maîtrise Ingénieurs et cadres
Professionnelle supérieurs

Année effectif % effectif % Total

2000 406 64,44 224 35,55 630

2001 259 65,40 137 34,59 396

2002 345 60,95 221 39,04 566

2003 286 43,79 367 56,20 653

2004 444 57,06 334 42,93 778

2005 529 67,30 257 32,69 786


CLIV

Source : Enquête à l'ANPE, juillet 2006.

Ce tableau montre l'évolution des offres d'emploi de niveau supérieur


reçues par l'ANPE entre 2000 et 2005. En observant les données on
constate qu'elles étaient de 35,85 % en 2000. Elles ont connu une
hausse vertigineuse en 2003 et se sont élevées à 56,25 %. Cela
s'explique par la stabilité politique retrouvée par le Niger après les
élections de 1999 qui ont mis en place les nouvelles autorités politiques.

Ce qui fait qu'avec cette accalmie politique, on a enregistré un


retour des investissements privés sur l'espace économique du Niger.
D'où, donc la création des emplois. Cependant, il y a lieu de s'inquiéter
car l’offre d'emploi de niveau supérieur a chuté ces dernières années :
42, 93 % en 2004 et même 32, 69 % en 2005.

Derrière cette situation se cachent sûrement des problèmes. Et


c'est justement ces problèmes qui nous préoccupent ; mais pour notre
part, nous vous réservons le droit d'analyser surtout les difficultés
d'insertion professionnelle chez les diplômés de l'Université Abdou
Moumouni.
CLV

L'insertion professionnelle : Offres d'emploi satisfaites pour le


niveau supérieur de 2000 à 2005

Catégorie Agents de Maîtrise Ingénieurs et cadres


professionnelle supérieurs

Année Effectif % Effectif % Total

2000 226 65,12 121 34,87 347

2001 259 65,40 137 34,59 396

2002 345 60,95 221 39,04 566

2003 286 43,79 367 56,20 653

2004 468 56,04 367 43,95 835

2005 518 67,53 249 32,46 767

Source : Enquête à l'ANPE, juillet 2006.

Sur le tableau ci-dessus, nous avons la situation des diplômés de


niveau supérieur qui ont été placés dans des entreprises ou autres
professions. A ce niveau, l'on constate que le taux de placement ou
d'insertion professionnelle est resté presque stationnaire pour toutes les
années car il n'a pas atteint un seuil acceptable c'est-à-dire 50% au
moins. Il n'y a qu'en 2003 où il a atteint 56,20% pour connaître sa plus
grosse chute en 2005 avec 32,46%. Dans la même période c'est-à- dire
entre 2000 et 2005 le taux moyen d'insertion professionnelle au niveau
des agents de Maîtrise (Bac plus (1) un an) tourne autour de 60%.
CLVI

On voit donc nettement que sur le marché de l'emploi, les cadres


supérieurs ont des difficultés pour leur insertion professionnelle; par
contre les autres ont plus de chances de trouver un emploi. Cela a
justement fait l'objet de l'une de nos hypothèses. Mais, nous estimons
que notre échantillon nous dira plus sur la véracité de cette situation,
surtout que les statistiques disponibles pour cette analyse ne
proviennent que d'une seule source, c'est -dire l'agence elle-même.
L’ANPE est aussi impliquée dans d’autres activités d’insertion de
jeunes diplômés conjointement avec d’autres structures. On peut retenir
entre autres :

• Le Programme d'Insertion des Jeunes Diplômés (PIJD) : qui a été


crée en 2000 pour prendre en charge les jeunes diplômés issus
des différentes branches du système éducatif. Ce programme
ambitionne de satisfaire les besoins d'intégration des jeunes et vise
particulièrement à : mettre des compétences avérées à la
disposition des entreprises afin de favoriser leur productivité et leur
compétitivité ; favoriser aussi l'éclosion de micro-entreprises en
invitant ces jeunes à s'installer à leur propre compte, faciliter enfin
l'acquisition des compétences nécessaires à leur intégration rapide
dans le marché du travail. Il faut noter que ce programme s'articule
autour de trois actions concrètes :

Premièrement, placer les jeunes diplômés dans des entreprises


privées et publiques du secteur moderne pour un stage d'initiative allant
de trois (3) à six (6) mois. Cela suppose qu'à terme ces jeunes pourront
acquérir l'expérience professionnelle qui constitue l'une des exigences
du marché de l'emploi. Ils pourront alors être embauchés soit
directement par leurs structures d'accueil soit pourvoir à d'autres postes
car désormais ils sont dotés d'un minimum d'expérience.
CLVII

Deuxièmement, des jeunes diplômés sont placés dans des


entreprises sous forme de contrat d'embauche. Ici, les charges salariales
sont assumées conjointement par l'ANPE et la structure d'accueil c'est à
dire l'employeur lui-même. L'objectif visé à terme étant un éventuel
recrutement de ces jeunes.

Enfin, troisièmement des jeunes diplômés qui souhaitent s'installer


pour leur propre compte sont appuyés en formation (renforcement des
capacités), l'octroi de l’équipement est souvent facile à accorder par
certains organismes de financement de micro-projets.
Remarques : on constate par exemple que le programme d’insertion des
jeunes dans les entreprises privées sous forme de contrat d’embauche a
été escamoté dans sa démarche. D’abord bon nombre de jeunes ne
sont pas informés de cette opération car il n’ya pas eu une stratégie de
communication efficiente dans ce cadre ; ensuite les employeurs sont
eux-mêmes très peu sensibilisés sur le programme, conséquence sans
doute de l’absence ou de l’insuffisance d’un cadre de consultation entre
l’Etat et les entreprises. Enfin il faut dire que dans les faits c’est toujours
grâce à leurs relations personnelles que les jeunes négocient leurs
stages et il n’est pas rare de voir des employeurs qui acceptent le
principe mais ne versent aucune somme en contre partie aux stagiaires
et pire, en réalité aucune possibilité d’embauche n’est envisageable
après la période de stage. Ce qui fait qu’à un certain moment cette
opération de « contrat d’embauche » fut utilisée par beaucoup d’acteurs
comme moyen pour gagner de l’argent comme le stagiaire est censé
percevoir la modique somme de 50.000 FCFA dont la moitié est versée
par l’Etat et l’autre moitié par l’employeur.

• Le programme d'Appui aux Initiatives d'Emploi Indépendants


(P.A.I.E.I) : qui vise essentiellement à : orienter les primo
CLVIII

demandeurs vers la création de leur propre emploi, encourager la


création d'emplois indépendants et de micro-entreprises
individuelles ou collectives, enfin jeter les bases de la création de
grands ensembles économiques.

• Le programme d'Appui à la Création d'Emploi Ruraux (P.A.C.E.R) :


étant donné que l'économie nigérienne est essentiellement basée
sur l'agriculture et l'élevage, ce programme se donne comme
objectif : de créer des emplois individuels ou collectifs dans le
domaine agro-sylvo pastoral à travers le financement des projets
initiés par les jeunes eux-mêmes, de promouvoir l'insertion des
jeunes ruraux par le renforcement des capacités et l'appui en
équipement, enfin d'appuyer les initiatives rurales existantes déjà
en matière de création d'emploi.

• Le programme Entreprenariat Jeunesse (P.E.J) : l'institution d'un


Ministère chargé de la Formation Professionnelle et de l'Emploi
des Jeunes en 2001 s'est accompagnée par la mise en œuvre de
plusieurs programmes dans le cadre de l'insertion des jeunes.
Ainsi, on peut retenir entre autres le programme de la conférence
des Ministres de la Jeunesse et des Sports des pays francophones
(C.O.N.F.E.J.E.S) : ce programme a contribué à l'intégration de
plusieurs jeunes dans le cadre des PME (Petites et Moyennes
Entreprises). Il s’agit concrètement de former des jeunes pour avoir
un esprit d'entreprise. A la fin de leurs formations, ils élaborent des
projets qui sont soumis au comité de la conférence pour être
financés. Entre 2001 et 2004, environ 150 jeunes ont bénéficié de
ce programme et se sont par conséquent intégrés grâce au
financement de la CONFEJES.
CLIX

Remarques : ces trois programmes ci-dessus évoqués sont quant à


eux restés au stade de projet ou même de phase pilote car
habituellement au Niger on a en général tendance à attendre toujours
que nos programmes soient financés par des bailleurs extérieurs.
Néanmoins on peut noter qu’il ya eu après la création du projet
quelques tentatives de mise en place d’initiatives individuelles qui
devaient être financées par la Banque Régionale de Solidarité(BRS) ;
le diplômés se sont précipités pour concevoir leurs projets avec
l’appui de certains cabinets d’experts qui coutent eux aussi chers car
en général ils prennent dix pour cent du montant alloué aux
bénéficiaires. Par la suite la banque elle-même a commencé à
appliquer des mesures d’austérité par rapport à la nature des activités
à entreprendre car certaines ont lamentablement échoué compte tenu
du caractère purement commercial de leur activité comme le cas des
cybers café crées par des groupements de jeunes diplômés sous
forme de GIE (Groupement d’Intérêt économique).

4.1.1.5 Limites et insuffisances des réalisations de l’ANPE

Malgré les réalisations constatées ci-dessus, notamment l'insertion


professionnelle des jeunes diplômés par l'ANPE, cette structure reste
avant tout très peu connue du public. En effet, compte tenu de sa
mission d'insertion professionnelle des diplômés, l'agence doit être la
première institution qui accueille les diplômés qui viennent de terminer
leurs études.

Or, la structure ne dispose pas de stratégie en la matière c'est-à -


dire un mécanisme lui permettant de prendre en charge les sortants du
système éducatif. Tout ce qu'elle fait c'est d'attendre que les diplômes
viennent d'eux-mêmes.
CLX

De plus, dans ses bases de données, l'ANPE ne dispose que d'un


répertoire des employeurs et demandeurs d'emploi qui se sont dirigés
vers elle. Nous estimons qu'en tant que régulateur du marché de
l'emploi, c'est à l'agence de constituer autour d'elle un réseau au sein
duquel on retrouvera tous les sortants du système éducatif (toute
catégorie professionnelle confondue) ainsi que toutes les structures
pourvoyeuses d'emploi au Niger.

L'insuffisance du personnel est un facteur qui bloque également la


structure dans la poursuite de ses objectifs. Pour toute l'étendue du
territoire national il n'y a qu'une dizaine d'agents qui s'occupent des
questions d'emploi. Les deux antennes "interrégionales" d'Agadez et de
Zinder sont loin de répondre aux attentes du public compte tenu surtout
de l'existence dans beaucoup de localités nigériennes de structures de
formation et de potentiels employeurs (ONG, entreprise, etc.)

Outre ces difficultés liées au personnel, l'agence souffre d'une


insuffisance notoire de matériel informatique. Ce qui ralentit
considérablement les activités de l'institution. Par exemple ce problème
est à la base du retard de production des rapports d'activités annuels.
Cette difficulté a fait d'ailleurs, qu'au moment de nos investigations (juin
et juillet 2006), le rapport d'activités 2005 n'était pas encore disponible.

Mais dans l’ensemble, on peut dire que l’absence d’un document


de référence en matière d’emploi au Niger est un handicap majeur pour
toute entreprise tendant à relever les défis liés à l’emploi des jeunes
diplômés. L’ANPE qui est une agence de placement ne peut contrôler
l’ensemble des problèmes de l’emploi au Niger tant qu’elle n’an pas des
objectifs clairs et précis, à moyen et long termes, à poursuivre. Mieux,
CLXI

l’absence d’une Politique Nationale de l’Emploi fait qu’aucune solution


durable ne pourra être proposée, surtout pas par cette agence.

Enfin, il faut surtout préciser que le secteur de l’emploi au Niger,


comme dans beaucoup de pays en développement fait face à des
difficultés financières liées au désengagement de l'Etat de ce secteur.

4.1.1.6 D’autres initiatives de création d’emploi

• Le Programme Spécial du Président de la République : dans le


cadre de ce programme, de nombreux jeunes ont été intégrés
dans plusieurs domaines. Par exemple 1000 jeunes ont été formés
entre 2000 et 2004 sur les métiers agro-sylvo pastoraux et sur des
activités comme la plomberie, la maçonnerie, etc. A l'issue de leur
formation, chacun a bénéficié d'un équipement en petit matériel
afin qu'il puisse s'installer dans son propre compte.

Dans la même période, environ 670 jeunes de la communauté


urbaine de Niamey ont bénéficié du programme d'insertion des jeunes
par la salubrité. Quant aux jeunes diplômés, environ 80 d'entre eux
(toute région confondue) ont été formés pendant trois (3) mois à l'Institut
Pratique de Développement Rural (I.P.D.R) de Kollo dans le cadre du
montage, gestion, suivi et évaluation des projets. A la fin, chacun a pu
monter son projet et le programme leur a apporté un appui financier
individuel de deux millions cinq cent mille (2.500.000 FCFA) pour
démarrer leurs activités.

Enfin, il faut noter qu'en marge de tous ces programmes, les pouvoirs
publics ambitionnent de recruter pour le compte de la Fonction Publique
environ six mille (6000) agents chaque année à compter de l'année
2006. Les premiers concours d'intégration ont déjà eu lieu et se
CLXII

poursuivent conjointement entre les différents départements ministériels


et le Ministère en charge de la Fonction Publique. Même si les uns et les
autres n'arrivent pas à s'entendre sur les conditions de ces recrutements,
l'initiative mérite néanmoins d'être saluée car elle permettra à terme de
lutter ou de réduire le poids de sous emploi des jeunes diplômés.
Remarques : par rapport à la durabilité des initiatives d’emploi
entreprises ici, disons que pour le programme spécial, former des jeunes
dans le domaine de la salubrité ne leur permettra pas forcément d’avoir
une stabilité économique. De même lorsque

D’autres partenaires accompagnent également le Niger dans le cadre


du renforcement des actions entreprises pour assurer l’insertion
professionnelle des jeunes. Nous pouvons citer quelques exemples :

• Le Programme de Formation Professionnelle et Technique initié


par la NIGETECH: ce programme a été financé par l'Union
Européenne. Il vise à créer un dispositif de formation
professionnelle pour aider les jeunes à faire face aux problèmes
d'emploi. En effet, entre 2000 et 2004, le programme a permis de
créer un réseau d'unités de formation susceptibles de répondre
non seulement aux besoins des jeunes en formation mais aussi les
aider à intégrer le marché de l'emploi après leur formation.

Ainsi, les offres de formation sont diversifiées allant de l'artisanat


(urbain et rural) à la menuiserie métallique ou le bois. Toutes choses qui
sont adaptables aux besoins réels de l'économie nationale. Par ailleurs,
pour la participation à la formation, une contribution de 5% des frais réels
est demandée aux jeunes.
CLXIII

• Le Projet d'Appui à la Formation Professionnelle Continue :

Il est financé par la coopération française pour un coût de cinq cent


cinquante millions (550.000.000 FCFA). Il vise essentiellement à aider la
conception et la mise en place d'un système national de formation
professionnelle continue, organisé et financé au profit des secteurs
modernes et surtout le secteur artisanal, accompagner les
établissements publics de formation relevant de l'éducation nationale
pour leur intégration dans le circuit de la formation continue, créer une
filière de formation aux métiers des cuirs et peaux.

En réalité, tous ces efforts s'inscrivent dans la droite ligne de lutte


contre le chômage. Les actions entreprises ou celles qui sont proposées
peuvent être des solutions à long terme pour développer des
perspectives d'emploi des jeunes nigériens.

Cependant, on constate que toutes ces structures évoluent de


manière individuelle chacune selon ses objectifs et ses propres
stratégies, souvent avec des moyens insuffisants voir même dérisoires.
Ce qui n'est pas de nature à favoriser l'insertion socioprofessionnelle de
la majorité des jeunes. De plus l'absence d'une politique nationale de
l'emploi constitue à n'en point douter un handicap majeur à l'émergence
d'une véritable synergie dans le cadre de la promotion de l'emploi au
Niger. Car, un tel cadre, s`il existait, permettrait de dégager les priorités
nationales en matière de lutte contre le chômage à travers une
orientation stratégique des actions vers les besoins réels de l'économie

4.2 Les caractéristiques du marché de l'emploi nigérien

Le marché de l'emploi est comparable à un espace d'échange


entre deux acteurs principaux à savoir : les employeurs et les
CLXIV

demandeurs d'emploi. Pour les premiers, il s'agit de toutes les structures


privées et para publiques qui œuvrent dans divers secteurs de
production et qui ont besoin de ressources humaines pour la poursuite
de leurs objectifs. Les deuxièmes incluent toutes les personnes,
diplômés ou non, de toute catégorie, en quête d'un emploi.

Au Niger, le marché de l’emploi est caractérisé par un


accroissement permanent des chercheurs ou demandeurs d'emploi plus
que proportionnel par rapport à l'offre. En ce qui concerne
l'accroissement de l'effectif de ces demandeurs d'emploi, l'on s'accorde
généralement à justifier cela par deux raisons principales. D'une part, il y
a eu, ces dernières années, un accroissement de diplômés issus des
universités et des écoles ; et d'autre part, un nombre non moins
importants des personnes ayant perdu leurs emploi, des déscolarisés et
même des analphabètes.

Ainsi, l'examen des rapports d'activités de l'ANPE permet de


donner les caractéristiques des demandes et offres d'emploi au Niger. La
situation se présente comme suit :

A) Comment se présente l’offre d’emploi au Niger ?

Selon les rapports que nous avons consultés, l'offre d'emploi au


Niger émane surtout des entreprises et des ONG. Les ménages et les
représentations diplomatiques fournissent également des emplois. Mais
ceux-ci sont généralement des emplois dits domestiques correspondants
à des postes de "boys", de cuisiniers, de gardiens, de jardiniers, etc.

Le tableau suivant montre l'évolution des offres d'emploi par branche


d'activités
CLXV

Répartition des offres d'emploi par branche d'activités.


Branches d'activités Offres %
Agriculture 218 5,31
Industries extractives 531 12,95
Industries manufacturières 106 2,58
Electricité, gaz et eau 327 7,90
Bâtiments TP 736 17,95
Commerce, Hôtel, Bar, Restaurant 116 2,82
Transport, Communication 216 5,28
Banques, Assurances, Crédits 100 2,43
Services sociaux 1750 42,68

Total 4100 100%

Source : Enquête à l'ANPE, juillet 2006.

L'observation de ce tableau permet de constater que les offres


d'emploi proviennent en majorité de la branche d'activités des services
sociaux avec 42,68%. Elle est suivie par celle des bâtiments et travaux
publics avec 17,95%. Quant aux banques et aux assurances, elles ne
représentent que 2,43% des offres d'emploi au Niger. Après cette
répartition des emplois par branches d'activités, voyons maintenant la
répartition des établissements pourvoyeurs d'emploi par secteur.

Répartition des établissements par branche d'activités.

Branches d'activités Nombre %


d’entreprises

Agriculture 48 2,09
Industries extractives 20 0,08
Industries manufacturières 842 36,73
Electricité, Gaz, Eau 69 0,30
Bâtiments et TP 336 14,65
Commerce, Hôtel, Bar, Restau 568 24,78
Transport, Communication 285 12,43
Banque, Assurance, Crédit 188 8,20
Services sociaux 636 27,74

Total 2992

Source : Enquête à l'ANPE, 2006.


CLXVI

Ici on constate que les entreprises de la branche de la manufacture


dominent avec 36,73%. Ensuite vient la branche des secteurs sociaux
avec 27,74%. Le secteur minier est le moins représenté avec 0,08%,
conséquence sans doute de la chute des cours mondiaux de l'uranium
qui est la principale richesse minière du pays. Cette situation a entraîné
d'ailleurs le chômage de son nombre des travailleurs dans ce secteur et
a, du coup, contribué à l’accroissement du nombre des demandeurs
d'emploi au début de la décennie 80-90.

Enfin, la branche de l'agriculture qui pourtant, est censée être la


manuelle de l'économie nigérienne, ne représente que 2,09%. Cette
situation s'explique surtout par le fait que beaucoup de jeunes nigériens
ne s'intéressent pas au secteur agricole et préfèrent s'adonner le plus
souvent à l'exode vers les grandes villes ou vers les autres pays voisins
en quête d'un éventuel emploi.

Le fait aussi que le secteur agricole soit moins développé peut être
imputable aux méthodes et techniques culturales utilisées dans ce
domaine qui sont restées encore rudimentaires. Cette situation qu’on
retrouve presque dans toute l’Afrique au sud du Sahara explique le
retard dans la maîtrise de la sécurité alimentaire. Les récentes crises
alimentaires enregistrées ces dernières années dénotent de la faillite du
secteur agricole ; toute chose qui n’est pas de nature à encourager des
investissements dans le secteur, qui auraient pu créer un supplément
d’emplois.
CLXVII

Répartition des salariés par catégorie professionnelle

Catégorie professionnelle Effectif %

Apprentis 564 1,35


Manœuvres 5498 13,18
Ouvriers spécialisés 6558 15,72
Ouvriers qualifiés 5099 12,22
Employés de bureau 16859 40,42
Agents de maîtrise 4964 11,90
Ingénieurs et cadres sup. 2158 5,17

Total 41 700 100%

Source : Enquête à l'ANPE, 2006.

Le tableau ci-dessus montre que le personnel d'exécution est le


plus représenté. Ce secteur est constitué des ouvriers, des employés de
bureau et des agents de maîtrise. Ils représentent environ 82,92% des
salariés. Cette situation peut probablement expliquer pourquoi la
majorité des jeunes nigériens s'intéressent de plus en plus aux
formations de courte durée assurées par certains instituts et écoles de la
place. Cela répond à un besoin d'accroître les chances d'insertion
professionnelle.

Par contre, seulement 5,17% des salariés sont des ingénieurs ou


des cadres supérieurs. Dans cette catégorie se trouvent tous les
diplômés ayant subi une formation de type universitaire. Cette situation
est également un des facteurs qui peut être pris en compte pour
expliquer le chômage de beaucoup de diplômés issus des systèmes
universitaires.
CLXVIII

Répartition des salariés par branche d'activités

Branches d'activités Effectif %


Agriculture 798 1,91
Industries extractives 2427 5,82
Industries manufacturières 3662 8,72
Eau, Electricité et Gaz 2766 6,63
Bâtiments et Travaux Publics 3935 9,43
Commerce, Hôtels, Bars, Restau 6630 15,89
Transports, Communication, 6403 15,35
Banques, Assurances , crédits 2741 6,57
Services sociaux 12338 29,58

Total 41700 100%

Source : Enquête à l'ANPE, juillet 2006.

Bien qu'il soit deuxième en nombre d'entreprises (voir tableau n), le


secteur social occupe beaucoup plus de salariés avec 29,58%.

Il faut préciser à ce niveau que le secteur social est constitué


surtout d'ONG locales et internationales qui sont actives dans le
domaine du développement à travers les secteurs de la santé, de
l’éducation, population etc. Dans ces secteurs, on emploie surtout les
diplômés ayant une formation dans des domaines aussi variés que les
sciences sociales (démographie, sociologie, économie, science de
l'éducation, etc.), la médecine.

Cette situation peut alors s'expliquer par la prédominance des


diplômés ayant subi des formations en sciences sociales. En général au
Niger, ces formations sont plus développées que celles relevant du
domaine technologique. D'où donc la prédominance des salariés dans la
branche des secteurs sociaux.
CLXIX

B) Comment se présente la demande d’emploi ?

En ce qui concerne les demandes d'emploi, nous avons jugé utile


d'analyser celles qui sont reçues par l'ANPE. Cela, parce que c'est cette
structure seulement qui dispose de données statistiques relatives à la
demande d'emploi. En plus l'acceptation de la demande des chercheurs
d'emploi est conditionnée par l'inscription à l'agence qui délivre à
l'intéressé une carte. Pour les autres diplômés, à défaut de s'inscrire à
l'ANPE, ils peuvent aller directement vers certaines structures
pourvoyeuses d'emploi. Pour ces diplômés, nous ne disposons pas de
base de données sur le volume de la demande ainsi que ses
caractéristiques.

Répartition des demandeurs d'emploi par catégorie professionnelle

Catégorie professionnelle Effectif %

Ingénieurs et cadres supérieurs 1440 8,72

Agents de maîtrise 1896 11,48

Ouvriers et Employés 13168 79,78

Total 16504 100%

Source : Notre enquête à l'ANPE, juillet 2006.

Pour ce qui est des données ci-dessus, notons qu'il s'agit des
informations reçues à l'ANPE. En fait ce sont les dernières statistiques
disponibles et actualisées au niveau de l’agence à travers les rapports
d’activités 2003 et 2004.
CLXX

Ainsi, l'observation du tableau ci-dessus permet de constater que


le volume de la demande d'emploi émane en général des ouvriers et
des employés de bureau avec 79,78%, suivis des agents de maîtrise
avec 11,48%. Ces deux catégories professionnelles représentent la
catégorie qu'on appelle "personnel d'exécution".

Cela nous amène à dire que la demande d'emploi au Niger en tant


que telle vient surtout des diplômés ayant un niveau de formation ne
dépassant pas BAC plus un (1) ans et donc n'ayant pas le premier
niveau universitaire c'est-à-dire, BAC plus deux (2) ans au moins. Cette
situation est en réalité le fruit du découragement de beaucoup de jeunes
face au marché de l'emploi. En effet, depuis un certain temps on se rend
de plus en plus compte qu'au Niger plus l'on a un diplôme supérieur
moins a de chance de trouver de l'emploi. D'où donc cette tendance des
jeunes vers la formation de courte durée dans le souci d'accroître les
chances d'accès à un emploi. D'autre part, sur le même tableau nous
constatons que la demande émanant des cadres supérieurs est très
insuffisamment représentée avec seulement 8,72 %.

A première vue l'on pourrait penser qu'il n'y a pas assez de cadres
supérieurs dans le pays. Or les données relatives aux sorties de
l'université montrent qu'il y a un nombre important de diplômés qui
quittent l'université chaque année ; d'où il se pose une question à savoir
où vont ces diplômés. La réponse à cette question est d'ailleurs l'un de
nos objectifs, donc l'analyse des entretiens issus de nos enquêtes de
terrain nous édifiera davantage sur ces diplômés.
CLXXI

Répartition des demandeurs d'emploi selon le sexe.

Sexe Effectif %

Masculin 13575 82,25

Féminin 2929 17,74

Total 16504 100%

Source : Enquête à l'ANPE, 2006.

Sur ce tableau, on constate qu'il y a une prédominance des


demandeurs d'emploi de sexe masculin avec 82,25%. Mieux, on se rend
compte que le souci d'avoir un emploi est surtout le fait des hommes.
Ces chiffres de 2004 permettent de voir qu'il y a eu, une certaine baisse
de la demande masculine par rapport aux années antérieures. Par
exemple en 2003 on avait enregistré 84,28% de demande masculine.
Par contre dans la même période c’est-à-dire en 2004 on a enregistré
17,74% de demande féminine comme l'indique le tableau ci-dessus. En
2003, ce chiffre était à 15,71%. Donc par rapport à 2004 il a connu une
hausse d'environ 1,92%.

Cette augmentation de la demande d'emploi féminin s'explique par


plusieurs facteurs. D'abord, on a constaté que contrairement aux années
antérieures où c'était traditionnellement l'homme qui assumait les
charges familiales, aujourd'hui avec le coût de la vie qui devient de plus
en plus cher, beaucoup de femmes contribuent aux dépenses du foyer.
On est même en présence aujourd’hui du phénomène femme chef de
famille. Ensuite, on a assisté à une relative prise de conscience de la
femme nigérienne vis à vis de son rôle, moteur à tous les niveaux de la
vie économique. D'où cette tendance vers une hausse du nombre des
CLXXII

femmes en quête d'emploi, phénomène qui est aussi le fruit de


l'accroissement du taux de scolarisation des jeunes filles au Niger.

Répartition des demandeurs d'emploi selon l'âge en 2004.

Tranche d'âge Effectif %

18 à 30 ans 8938 54,15

30 ans et plus 7566 45,84

Total 16504 100%

Source : Enquête à l'ANPE, 2006.

Ce tableau montre que la proportion des jeunes de 18 à 30 ans est


plus importante avec 54,15%. Celle des 30 ans et plus est plus
importante et s'élève à 45,84%. En effet, le Niger, à l'instar de beaucoup
de pays en développement se trouve confronté au problème d'emploi
des jeunes. Malgré les efforts des pouvoirs publics pour pallier les
difficultés d'emploi des jeunes, notamment la création d'un Ministère
chargé de l'insertion professionnelle et de l'emploi des jeunes, le
désœuvrement reste une préoccupation constante des jeunes nigériens.
Cette rareté ou cette précarité de l’emploi au Niger et aussi le manque
de confiance souvent affiché par les demandeurs d’emploi vis-à-vis de
l’ANPE fait que beaucoup ne viennent pas dans cette agence et utilisent
d’autres moyens sur lesquels nous y reviendrons.

4.3 Caractéristiques et structure des emplois dans la CUN

4.3.1 Les caractéristiques des emplois

Au Niger, la majorité des emplois sont concentrés dans la capitale.


En effet, c'est là que sont situées presque toutes les unités industrielles
CLXXIII

du pays et la plupart des investisseurs privés préfèrent se baser à


Niamey. C'est pourquoi, selon l'enquête emploi réalisée en 2002, le
marché de l'emploi de la capitale reflète les caractéristiques
fondamentales du marché de l'emploi du Niger. Donc pour comprendre
ce dernier il apparaît nécessaire de connaître les caractéristiques du
marché de l'emploi dans la capitale.

De plus la présente étude est essentiellement axée sur les


diplômés formés par l'Université de Niamey et qui sont actuellement
actifs sur le marché de l'emploi de la communauté urbaine de Niamey.
D'où, il devient plus que nécessaire de rappeler les différents secteurs
institutionnels à travers les différentes activités de production.

Ainsi, l'enquête emploi distingue cinq (5) secteurs d'emploi


principaux à savoir : l'administration publique le secteur parapublic, le
secteur privé formel, le secteur informel et enfin le secteur social. Les
résultats de la même enquête montrent que le secteur informel se
positionne en tête du marché de l'emploi car il accueille environ 83% des
actifs occupés (personnels exerçant effectivement un emploi). En
deuxième position se retrouve le secteur de l'administration publique
mais avec taux relativement faible (seulement 13,5% des actifs
occupés). Enfin les entreprises associatives occupent ensembles à
peine 2% des actifs.

Mais quelle est la structure de ces emplois?

4.3.2 Structure des emplois

Les tableaux suivant montrent la structure des emplois dans la CUN :


CLXXIV

Structure des emplois par secteur institutionnel


Secteurs Effectif Répartition Age moyen Proportion Années
institutionnels (%) des d'études
femmes réussies
(%)
Administration 27.175 13,5 38,4 29,8 12,1
publique
Entreprises publiques 3560 1,5 40,3 24,7 11,2
Entreprises privées 316 0,5 36,2 57,9 10,7
formelles
Entreprises privées 167284 82,7 33,3 37,6 6,9
informelles
Entreprises 3647 1,8 34,1 36,8 10,6
associatives
Total 201982 100,0 34,2 36,4 8,2

Source : Enquête-Emploi 2002, CUN, DSCN, Niamey.

Structure des emplois par secteur d'activité


Secteur institutionnel Secteur primaire Industrie Commerce services Total

Administration 0,3 0,6 0,2 98,9 100,0


publique
Entreprises publiques - 31,2 4,0 64,8 100,0

Entreprises privées - - - 100,0 100,0


formelles
Entreprises privées 6,4 30,7 31,7 31,2 100,0
informelles
Entreprises 1,9 9,9 1,3 86,9 100,0
associatives
Total 5,4 26,2 26,3 42,1 100,0

Source : Enquête -Emploi 2002, CUN, DSCN, Niamey.

Il est à noter que selon cette enquête, le secteur primaire


comprend l'agriculture, l'élevage, la pêche et la sylviculture. Quant à
l'industrie, elle comprend aussi bien les industries manufacturières et
extractives que les BTP (Bâtiments et Travaux Publiques). Le commerce
est constitué du commerce en gros (Import et Export) du commerce en
détail (distribution), les hôtels et les restaurants. Enfin les services
CLXXV

comprennent les services de réparation, les activités de recréation, les


activités touristiques, les services domestiques, les services aux
collectivités, les services aux entreprises, les banques et les services
financiers, les télécommunications et le transport. Ainsi pour mieux
appréhender le marché de l'emploi, la répartition des emplois par secteur
institutionnel apparaît comme l'indication le plus important.

On constate alors : sur les tableaux ci-dessus que les emplois de


l'administration publique dans la CUN sont essentiellement concentrés
dans les branches non marchandes, environ 99% des services. Par
contre les emplois dans les entreprises publiques se caractérisent par
une relative hétérogénéité selon les branches d'activités : 65% des actifs
opèrent dans les branches de services, 31% dans les activités
industrielles et seulement 4% dans les activités commerciales. En ce qui
concerne les emplois salariés, les emplois publics se positionnent en
tête puisque 96% des actifs qui y travaillent sont salariés. Ainsi environ
68% des cadres (supérieurs et moyens) identifiés parmi les actifs
occupés exercent dans les emplois publics. Quant au niveau d'étude
dans le public, la main d'œuvre a un niveau moyen de 12,1 ans. Et les
actifs de secteur ont en moyenne 38,6 ans. C'est la catégorie la plus
âgée.

Par rapport au secteur privé formel, il présente les


caractéristiques suivantes : taux de scolarisation 75,7%, âge moyen 34,3
ans. Et les employés qui y travaillent ont une durée moyenne d'étude de
10,7 ans. A peine 18,9% de ces employés travaillent dans les
établissements qui emploient plus de 100 personnes. Enfin, ce secteur
qui a la plus faible moyenne d'âge (donc essentiellement de jeunes),
accueille environ 9% des emplois et 88% des actifs opèrent dans la
CLXXVI

branche des services et seulement un peu plus de 1% des postes de ce


secteur sont des emplois commerciaux.

Pour ce qui est du secteur informel, la main d'œuvre qui y


travaille est essentiellement concentrée dans des établissements de
petites tailles environ 78,2% des emplois s'exercent dans des unités de
production accueillant moins de 6 personnes et à peine 2,5% des
établissements du secteur emploient plus de 100 personnes. De plus le
taux de scolarisation de la main œuvre du secteur informel est le plus
faible 22,4%, et l'âge moyen tourne autour de 33,3 ans ; c'est la main
d'œuvre la plus jeune. Mais en revanche, ce secteur emploi les
personnes les moins qualifiées de tous les secteurs car la durée
moyenne d'études a été estimée à 6,9 ans.

4.4 Dynamique de la création des emplois

A l'instar de la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne, le


climat économique du Niger fut marqué vers les années 1980 – 1990 par
la mise en œuvre des programmes d'ajustement structurel. Cette
situation a eu des répercussions très importantes sur la dynamique de la
création des emplois. En effet, le retrait de l'Etat des secteurs de la
production en vue de réduire les dépenses publiques et la restructuration
du secteur parapublic (limitation des recrutements, compressions du
personnel des entreprises et société privées, etc.) ont entraîné une
baisse sensible des emplois dans ces secteurs. Ainsi le manque d'un
secteur privé formel et dynamique capable d'absorber une quantité
importante de main d'œuvre contribue à accroître les tensions sur le
marché de l'emploi local et facilite du coup l'émergence des activités
informelles.
CLXXVII

Selon l'enquête emploi 2002, au cours des vingt dernières années,


le secteur formel (public et privé) a enregistré des taux de création
d'emploi les plus faibles, seulement 17,3% des emplois totaux crées
contre environ 82,8% pour le secteur informel. Il faut ajouter que ce
secteur d’activités s'est développé au Niger à partir des années 1970.
C'est pourquoi vers le début des années 1980, un peu moins de deux
actifs sur cinq exerçaient dans ce secteur soit un taux de 38%. Dans les
années 1990, ce secteur accueillait presque trois actifs sur quatre. Et en
2002, le secteur informel a contribué à créer 93% des emplois crées par
l'ensemble des secteurs.

Somme toute, on peut dire que la faible création des emplois dans
les autres secteurs (entreprises publiques et secteur privé formel) et la
baisse tendancielle des recrutements par l'administration publique,
semblant réduire les perspectives d'embauche et contribue à
l'émergence d'activités informelles.

4.5 Jeunes diplômés et insertion professionnelle


4.5.1 Type d’emplois recherché
Un peu moins d’un chômeur sur deux (48,4%) recherche un emploi
salarié, 27,1% y sont indifférents et 24,5% recherchent un emploi en tant
qu’indépendants. La plupart des chômeurs (58%) aimerait exercer un
emploi permanent à plein temps, 24% sont indifférents quant au
caractère permanent de l’emploi et seulement 4% souhaiteraient
occuper un emploi à temps partiel. 82% des chômeurs qui désirent un
emploi salarié auraient voulu qu’il soit permanent à plein temps. Les
chômeurs qui souhaitent exercer comme indépendants sont disposés à
travailler majoritairement à plein temps (58,5) ou temps partiel (30%).
Quant aux chômeurs qui sont indifférents au type d’emploi qu’ils
recherchent, les conditions d’exercice de cet éventuel emploi leurs
CLXXVIII

importent peu : 76% de ceux-ci n’ont pas d’exigences particulières. Plus


d’un chômeur sur trois (36%) aimerait que l’emploi qu’il recherche
corresponde à son métier ou à sa qualification ou environ 23%
souhaiteraient travailler dans un autre métier ou dans une autre branche
d’activité.
L’emploi salarié est principalement recherché parce qu’il est censé
procurer une sécurité de l’emploi et du salaire. En effet, parmi ceux qui
cherchent un emploi salarié, 57,4 mettent en avant la sécurité de l’emploi
et du salaire, 21,2% pensent ainsi gagner plus et 16,3% préfèrent le
salariat parce qu’il leur sera difficile de se mettre à leur compte dans de
bonnes conditions.
La plupart des chômeurs qui souhaitent exercer un emploi en tant
qu’indépendants espèrent gagner plus (43,7%), ou être à la tête de leur
propre affaire (21,3%) ou encore trouver ainsi un travail plus intéressant
et varié (14%). Quasiment 11% de ceux qui aspirent à un emploi
indépendant estiment qu’il leur sera difficile de trouver un emploi salarié
qui les satisfasse. Près de 17% de ces demandeurs d’emplois sont
attirés par les secteurs public et parapublic, 24,3% désirent se mettre à
leur compte en créant des micro-entreprises.
Finalement, dans la Communauté Urbaine de Niamey, 74% des
chômeurs qui sont indifférents au type d’emploi qu’ils pourraient exercé
n’ont pas de préférences particulières par rapport à un secteur d’activité
donné. Cela traduit que ces chômeurs sont prêts à travailler, le plus
important semble t-il, c’est trouver d’abord du travail.

4.5.2 Diversité de modes de recherche d’emploi


Plusieurs pratiques sont utilisées au Niger pour avoir un emploi et
elles vont des plus formelles aux plus subjectives :
CLXXIX

Selon l’enquête emploi 2002, pour la majorité des chômeurs, le


recherche d’emploi s’effectue sur une base individuelle, soit à travers la
sollicitation de leur réseau de solidarité familiale (70%), soit en
prospectant directement auprès des employeurs (8,9% des cas). Un
nombre non négligeable de chômeurs (10,2%) sollicitent toutefois les
services de l’ANPE (Agence Nigérienne Pour l’Emploi) ou répondent aux
petites annonces (3,3%). Seulement 4,4% des chômeurs prospectent
par le biais de concours et 0,6% s’adressent à des cabinets de
placement pour accéder à un emploi.
En discriminant les deux catégories suivant les principaux modes
de prospection pour accéder à l’emploi, on constate que les démarches
diffèrent quelque peu : par rapport aux anciens actifs à la recherche d’un
nouvel emploi, les primo-demandeurs d’emploi ont tendance à trouver un
emploi sur la base de relations personnelles (66,2% des cas),en
s’adressant directement aux employeurs (52,6%), en ayant recours à
des concours (80,7%) et en répondant plus souvent aux petites
annonces (61,2%). Les anciens occupés quant à eux, s’adressent plus
souvent à l’ANPE (56,7% des cas). En dehors de ces principaux modes
de prospections, l’attitude des deux catégories de chômeurs pour
accéder à l’emploi ne change pas significativement.
Certains jeunes diplômés se retrouvent souvent dans des
structures en tant que stagiaires et avec l’expérience qu’ils auront
acquise, une fois que le besoin de recruter se fait sentir ils seront
naturellement privilégiés et on dit en général qu’ils sont confirmés à leurs
postes ; cette pratique individuelle est très développée au Niger mais
cependant les chances d’accès aux stages ne sont pas égales pour
tous ; même pour avoir un stage des fois il faut être appuyé par une
"connaissance", ce qui est purement subjectif ;pourtant les autorités
sinon l’ensemble des décideurs doivent s’approprier cette pratique et la
CLXXX

rendre plus formelle en proposant aux employeurs par exemple des


stages sous forme de contrat d’embauche. Autrement dit que le jeune
diplômé soit envoyé par son établissement dans une entreprise qui en
accepte le contrat et qu’il soit placé en situation de stagiaire afin qu’il
puisse à terme être recruté.
D’autres utilisent souvent des canaux partisans, familiaux ou autres
pour accéder à des postes. L’enquête emploi 2002 révèle que 70% des
cas cités utilisent de relations personnelles et seulement 10%
s’adressent à l’ANPE. Cette agence est semble-t-il donc peu connue et
moins fréquentée par le demandeurs d’emploi car la même enquête
rapporte que seulement 18% des chômeurs sont inscrits à l’agence et
ceux qui ne la sollicite pas pensent qu’elle ne pourra pas les aider à
trouver un emploi. Ces constats montrent alors que cette structure doit
être redynamisée afin de lui faire jouer son vrai rôle qui est celui de la
promotion de l’emploi.
En outre comme les employeurs ont la possibilité de recruter
directement leur personnel sans en informer l’ANPE certains choisissent
leurs candidats en fonction de leurs relations avec eux c’est-à-dire par
exemple que si l’on a un parent "bien placé" dans une structure qui
recherche un personnel c’est celui-ci qui informe son candidat et
entreprend des démarches en sa faveur pour qu’il puisse être
embauché ;et pour légitimer cette pratique on fait un simulacre de
communiquer pour informer les candidats de le tenue de la tenue du
recrutement ; c’est pourquoi beaucoup de chercheurs d’emplois disent
que les candidats sont recrutés à l’avance et que les test ou concours ne
sont que des mises en scène . La subjectivité dans la recherche de
l’emploi atteint son degré de paroxysme avec des pratiques parfois
dégradantes vis-à-vis de la personne humaine. La femme en général est
toujours l’objet de manipulation une fois qu’elle se trouve en situation de
CLXXXI

chercheuse d’emploi ; il n’est pas rare d’entendre parler des DG de


société ou autres personnes influentes qui proposent aux femmes des
postes en échange de leur amour. Certaines n’hésitent pas à accepter
juste pour mettre fin à leur misère due au manque d’emploi ;
malheureusement encore ces femmes même une fois embauchées
continuent à subir des harcèlements sexuels de la part de leurs
"parrains" avec tout son lot de conséquences sur les foyers et la société
toute entière. Certains ironisent même cette pratique en disant qu’ "elle
rentre dans le cadre de l’approche genre".

4.5.3 Persistance du chômage

Si 480.821 personnes sont considérées potentiellement actives


(individus de 10 ans et plus) à Niamey, dans la réalité seules 830.205
sont véritablement actives soit un taux d'activité estimé à 47,9%. Quant
au taux de chômage, il est estimé en 2002 à 12,3% à Niamey avec une
représentation des jeunes assez importante. D'une manière générale, le
chômage touche aussi bien les hommes que les femmes mais l'enquête
Emploi 2002 a relevé que les taux les plus importants se retrouvent chez
les jeunes de 15 à 30 ans avec un pic dans le groupe d'âge des 20-24
ans (22,1%).Mais qui sont en fait les chômeurs à Niamey ?

L'enquête emploi distingue deux types de chômeurs : il y a d'abord


les "primo-demandeurs" c'est-à-dire ceux qui sont à la recherche d'un
premier emploi, les anciens actifs occupés c'est-à-dire ceux qui ont
perdu leur emploi et qui sont à la recherche d'un nouvel emploi. Ils
représentent impérativement 61% et 39% des chômeurs.

La présente étude s'intéresse particulièrement au "primo-


demandeurs" car c'est dans cette catégorie de chômeurs que se
classent les jeunes diplômés. Ainsi, à Niamey cette population regroupe
CLXXXII

environ 17.000 personnes dont 51,5% d'hommes et en général les


"primo-demandeurs" sont jeunes (24,4 ans en moyenne et 78,1% à
moins de 30 ans).

Ces résultats confirment bien le constat de l’existence de


conditions d’insertion professionnelle relativement difficiles chez les
jeunes diplômés. Les anciens travailleurs ayant perdu leurs emplois suite
à la fermeture des entreprises qui les employaient sont également
occupés à chercher un nouvel emploi et ont une moyenne d’âge de 39
ans et constituent de potentiels concurrents pour les jeunes du fait
surtout d’expérience dont ils ont acquise alors que l’offre de l’emploi
demeure trop restreinte.

Donc le chômage dans la capitale nigérienne n'est pas seulement


dû à un système éducatif inadapté c’est-à-dire que ce n’est pas
fondamentalement parce que les diplômés n'ont pas la qualification qui
répond aux besoins du marché de l'emploi. Les difficultés d'insertion
professionnelles des jeunes diplômés sont aussi dues à l'insuffisance
des offres d'emploi dans les différents secteurs.

D'ailleurs, le désengagement de l'Etat des secteurs de production


en 1996 a occasionné des mesures telle la limitation et la suspension
des recrutements par la fonction publique qui constituait le plus grand
pourvoyeur d'emplois. De plus, malgré un regain de dynamisme du
secteur privé avec le retour des investisseurs, sa contribution dans la
résorption du chômage reste toujours en deçà des attentes.

De nos jours, au Niger en général et dans la capitale en particulier,


l'insertion professionnelle constitue la préoccupation majeure des jeunes
diplômés. Etant donné la décision de l'Etat de limiter les effectifs de la
fonction publique et malgré la relance timide de certains secteurs de
CLXXXIII

production qui sont sensés générer des emplois, l'insertion


professionnelle des jeunes diplômés et singulièrement les sortants des
universités reste un grand défi à relever.

Les réponses proposées par les pouvoirs publics notamment la


promotion de la formation professionnelle ne concerne pour le moment
que le niveau secondaire laissant de côté les diplômés supérieurs qui
pourtant représentent la majorité des demandeurs d'emploi. D'ailleurs,
l'enquête emploi 2002 a montré que près de 55% des chômeurs sont
des primo-demandeurs (jeunes diplômés à la recherche d'un premier
emploi) que paradoxalement le taux de chômage croit avec le niveau
scolaire. De plus, le taux de chômage élevé parmi ceux qui ont suivi le
cursus universitaire montre que le diplôme n'est plus une arme contre le
chômage. Quant à la durée du chômage, elle est assez longue et peut
atteindre une moyenne de 41 mois (environ trois ans). C'est pour cela
que pour chercher un emploi dans la capitale nigérienne, les jeunes
diplômés mobilisent en général leur réseau familial ou relationnel
communément appelé "bras long". De ce point de vue, l'ANPE qui est
l'agence de placement instituée par l'Etat est moins fréquentée par ces
jeunes.

Ces constats montrent que les jeunes diplômés nigériens sont


aujourd'hui face à une grande désillusion. D'une part, il y a un profond
désajustement entre leurs projets professionnels et les opportunités
réelles d'emploi, d'autre part surtout la nouvelle génération a du mal à
accepter que le lien entre la formation universitaire et emploi public est
définitivement révolu.
CLXXXIV

4.5.4 Problème d’emploi des diplômés de l’enseignement supérieur

Les statistiques de l'A.N.P.E montrent que malgré les efforts


déployés par l'Etat et ses partenaires, la majorité des demandeurs
d'emploi (70%) rencontrent d'énormes difficultés pour décrocher une
occupation salariale. En plus, ces demandeurs d'emploi sont très
souvent handicapés par l'inadéquation entre leurs profils et les besoins
exprimés par le marché de l'emploi. Il est difficile de dégager d`emblée
les causes du chômage au Niger. Néanmoins certains analystes
imputent ces causes à la situation économique du pays. Ainsi Hadiara
estime le chômage est en grande partie causé par la fermeture des
sociétés, la compression du personnel dans les entreprises, le départ
volontaire et le licenciement, qui sont la suite logique des mesures
d`ajustement structurel44. Dans son mémoire Bagouma rapporte
qu`environ 61,76% des chômeurs sont pourvus d`un diplôme
universitaire45. Cette situation confirme selon lui l`affirmation d`Achille
Mbembe qui disait sortir de l`université ne garantie plus l`accès a un
emploi sur le marché du travail.
Pourtant les tendances actuelles du marché du travail indiquent
une progression des besoins pour le secteur privé d’ingénieurs, et
d’agents de maîtrise de prés de 54% contre 33% d’employés et
d’ouvriers correspondant à une restructuration de l’économie nigérienne
dominée par les secteurs secondaire (Industrie) et tertiaire (Services) ;
pour le secteur public un besoin en cadres de catégorie A c’est-à-dire les
cadres supérieurs est également exprimé par les différents ministères
suite à la décision de l’Etat de reprendre l’intégration des diplômés à la
fonction publique.
44
ARZIKA H., Le problème de l`emploi en milieu urbain. Causes et conséquences socio-économiques. Cas du
service de la main d`œuvre de la communauté urbaine de Niamey, Mémoire ENSP, Niamey, 1993, p42.
45
BAGOUMA Y., Jeunes et chômage dans la communauté urbaine de Niamey. Les diplômés de l`université et
autres établissements professionnels de l`Etat, Mémoire de maitrise sociologie, UAM, Niamey, 2002, p47.
CLXXXV

Cela montre alors si besoin est que l’économie du Niger a


véritablement besoin des cadres supérieurs ; mais cependant si
l’économie du pays a besoin de ces jeunes leur situation est une autre
réalité. A ce niveau il est plus facile à partir de données
anthropologiques d’expliquer la situation de ces cadres supérieurs les
statistiques existantes demeurent parcellaires du fait de l’absence
d’études sur la destination de ces diplômés. Ainsi disons que depuis que
l’économie du Niger est en crise, l’Etat qui est le plus gros employeur a
décidé de réduire considérablement le rythme de recrutement à la
fonction publique car les derniers recrutements datent des années 1990
avant d’être timidement repris en 2007. En conséquence les possibilités
d’emploi de ce diplômés sont non seulement réduites mais aussi leur
sort est laissé entre les mains du secteur privé ou à eux tout
simplement.
La libéralisation du secteur de l’emploi que l’Etat a mis en avant
apparait paradoxalement comme la cause fondamentale du sous emploi
des cadres en général .Cependant les dificultés liées à la recherche de
l’emploi ne sont pas le mêmes chez tous les diplômés car on constate
que les cadres supérieurs sont mal positionnés dans la course pour
l’emploi.
En effet aujourd’hui avoir par exemple une licence ou une maitrise
n’est plus une condition pour accéder à un emploi dans ce pays. Le
secteur privé même après avoir été relancé avec le retour dans les
années 2000 des investisseurs étrangers ne recherche en général que
des diplômés moyens qu’on peut qualifier d’agents d’exécution au grand
dam des cadres de conception que sont les diplômés de l’enseignement
supérieur ; c’est pourquoi la majorité de ces cadres ne se "retrouvant"
pas sur le marché de l’emploi développent diverses stratégies qu’on peut
appeler stratégies de survie ; celles-ci vont du service civique(qui est
CLXXXVI

d’ailleurs limité à deux ans) à la signature des contrats dans le cadre de


l’enseignement où le diplôme n’est même pas valorisé pour la plupart du
temps.
Lors de nos enquêtes nous avons rencontré par exemple
beaucoup d’enseignants contractuels ; quand on discute avec ces
jeunes on se rend compte de l’existence de situations contradictoires.
D’abord à Niamey comme dans les autres régions du pays les
contractuels de l’éducation au niveau de l’enseignement secondaire
surtout ont chacun au moins un premier diplôme universitaire ;ensuite à
part quelques cas isolés notamment ceux ayant le profil d’enseignant
comme les diplômés en sciences physiques , maths, biologie ou autre ,
on rencontre beaucoup de diplômés des sciences sociales(sociologie,
économie, droit, etc.) qui enseignent. A la question de savoir pourquoi
ces cadres sont-ils dans cette situation, ils répondent tout simplement
qu’il n’ya pas d’autres solutions.

Chapitre 5 : Présentation de l’enseignement supérieur du


Niger

5.1 Rappel historique d’implantation de l’enseignement supérieur

Avant la création du Centre d'Enseignement Supérieur (CES), les


cadres supérieurs nigériens étaient formés à l'extérieur dans des pays
comme la France ou encore des pays de la sous région, Côte d'Ivoire et
Sénégal notamment. La création de ce centre (CES) en1971 qui
deviendra plus tard Université Abdou Moumouni de Niamey, visait donc
à réduire les coûts de la formation des cadres supérieurs nigériens à
CLXXXVII

l'étranger. A l'époque, la tutelle de ce centre était assurée par le


Ministère de l'Education Nationale.

A partir de 1979, conscient du rôle moteur de l'enseignement


supérieur dans le processus du développement socio-économique du
pays, l'Etat nigérien créa, aux termes du décret n° 79-44/PCMS/ESR, un
Ministère délégué à la Présidence, chargé de l'Enseignement Supérieur
et de la Recherche.

Ce Ministère est donc responsable : de l'élaboration et de


l'exécution de la Politique Nationale en matière d'Enseignement
Supérieur et de la Recherche en liaison avec les autres Ministères
concernés ; des relations dans le domaine de l'Enseignement Supérieur
et de la Recherche avec les pays étrangers et les organismes
internationaux, de concert avec les Ministères concernés ; enfin du
placement des étudiants et stagiaires de l'Enseignement Supérieur ainsi
que de la gestion de leurs bourses d'études.

C'est dans ces conditions que ce système d'Enseignement


Supérieur du Niger a pu produire et mettre à la disposition de
l'administration publique, privée et parapublique des diplômés,
contribuant ainsi l'éclosion et à l'émergence d'une culture de
changement et du progrès.

En 1983, le Ministère en charge de l'Enseignement Supérieur et de


la Recherche devient un Ministère autonome par le décret n° 83-
67/PCMS/MES/S. Par la suite une fusion a été faite entre ce Ministère et
celui de l'Education Nationale. Mais à partir de 1988 ledit Ministère se
sépare de celui de l'Education pour prendre pour la première fois la
dénomination de Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la
Recherche et de la Technologie (MESR/T).
CLXXXVIII

Depuis 2001, il est devenu Ministère des Enseignements Supérieur


Secondaire et Supérieur, de la Recherche et de la Technologie aux
termes du décret n° 2001-247/PRN/MESSR/T du 26 Novembre 2006
C'est ce même décret qui détermine les missions de ce Ministère en 13
points :

1. définir, élaborer et mettre en œuvre des politiques et des stratégies


nationales ;

2. mettre en œuvre et suivre l'application de la législation et de la


réglementation ;

3 .concevoir et mettre en œuvre des programmes et projets nationaux ;

4.établir et gérer des relations de coopération ;

5. centraliser et diffuser les informations ;

6. programmer et suivre la réalisation d'infrastructures et d'équipements ;

7. coordonner les activités de la recherche et de l'innovation


technologique ;

8. diffuser les résultats de la recherche au Niger ;

9. contrôler et inspecter la qualité des prestations de l'Enseignement


Supérieur ;

10. gérer le service civique National ;

11. exercer la tutelle technique sur les établissements publics


d'Enseignement Supérieur relevant du domaine de compétence du
Ministère ;
CLXXXIX

12. gérer les relations avec les organismes nationaux intervenant dans
les domaines de compétence du Ministère ;

13. gérer des relations de coopération avec les organisations et


institutions internationales intervenant dans les domaines de
compétence du Ministère en relation avec le Ministère des Affaires
Etrangères, de la Coopération et de l'Intégration Africaine.

Cependant, il est important de préciser que de l'indépendance


jusqu'à une date récente, l'intérêt pour l'enseignement supérieur au
Niger est souvent revenu seulement sous la plume des certains
analystes à travers divers cadres d'échanges organisés par le Ministère
de tutelle. L'absence d'un document de référence sur la Politique
Nationale d'Enseignement Supérieur, fait que la réussite de tout projet
entrant dans ce cadre est hypothétique.

C'est seulement à partir de 2001, soit après 22 ans d'existence


que l'Enseignement Supérieur Nigérien a été systématisé à travers une
Politique Nationale adoptée par le décret N°2003-147/PRN/MESSRT du
18 juin 2003.

5.2 Définition

Conformément à la loi N°98-12 du 1er juin 1998, portant orientation


du Système Educatif Nigérien, l’Enseignement Supérieur est le troisième
degré de l’Enseignement formel au Niger. A ce titre il comprend
l'ensemble des formations du post-baccalauréat, et selon la Politique
Nationale, il vise essentiellement :

-à former des cadres supérieurs capables de jouer un rôle significatif


dans la création et le développement de la pensée et de la science
universelles;
CXC

- à fournir aux services publics de l'Etat et au secteur privé des cadres


qualifiés;

Selon la même Politique Nationale, il a pour missions fondamentales


d'assurer :

- les formations initiales et continues;

- la recherche scientifique fondamentale et appliquée, ainsi que la


diffusion de ses résultats, notamment dans les domaines en rapport
avec les besoins du pays;

-la contribution à la diffusion de la culture et de l'information scientifique


et technique, en collaboration avec les différents acteurs et partenaires;

-le développement de la coopération régionale et internationale.

Enfin, il faut ajouter qu'en ce qui concerne son organisation,


l’enseignement supérieur nigérien est structuré en trois cycles et
dispensé dans les établissements suivants: les Universités, les Instituts,
les Grandes Ecoles et les Centres Spécialisés.

• Les Universités Publiques


Les universités publiques sont au nombre de deux :
L’Université Abdou Moumouni créée en 1974 qui comprend cinq
facultés, une École Nationale, trois centres de recherche ;
L’Université Islamique de Say créée en 1986 qui comprend deux
facultés : faculté de la loi islamique, et faculté de langues arabes et des
études littéraires au lieu des sept prévues initialement pour des motifs de
difficultés financières.
CXCI

• Les Établissements Publics d’Enseignement Supérieur


Les établissements publics d’enseignement supérieur sont dotés de la
personnalité morale et de l’autonomie financière. Ils peuvent être des
établissements publics à caractère scientifique, culturel et technique. Ils
sont chargés d’assurer le service public de l’enseignement. Des textes
réglementaires régissent l’ouverture et la fermeture des établissements
ainsi que leur organisation administrative.
Sont classées dans cette catégorie les Écoles sous tutelle de
différents ministères. Il est recensé parmi ses établissements sept écoles
à savoir :
1 École Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) sous
la tutelle du Premier Ministre, développe des filières Bac+2, Bac
+4, Magistrature (post Bac+4) et un DESS administration publique
en enseignement à distance. Environ 900 étudiants sont inscrits
dans les différentes filières en 2007-2007. La formation est
adaptée à la demande de l’administration publique qui reste le
principal employeur des diplômés. Les droits d’inscription varient
selon le cycle d’études de 250 000 à 500 000 FCFA ;
2 École de l’Aviation Civile (EAMAC) sous tutelle du Ministère des
Transports;
3 École des Mines, de l’Industrie et de la Géologie (EMIG) sous la
tutelle du Ministère des Mines et de l’Énergie, forme des ingénieurs
et des techniciens (250 élèves en 2005) dans les domaines de
l’électromécanique, des mines, géologie, génie électrique,
informatique, génie civil, énergie. La recherche n’est pas présente
actuellement. Les droits d’inscription varie selon le cycle d’études
de 500 000FCFA à 650 000FCFA;
4 École Nationale de Santé Publique (ENSP) sous tutelle du
Ministère de la Santé;
CXCII

5 AGRYMET sous tutelle du Comité Inter État de Lutte contre la


Sécheresse au Sahel (CILSS);
6 Institut National de la Jeunesse et du Sport (INJS) sous tutelle du
Ministère de la Jeunesse et des Sports;
7 Institut de Formation aux Techniques de l’Information et de la
Communication (IFTIC) sous tutelle du Ministère de la
Communication forme aux métiers de la presse notamment au
journalisme.

• Les Établissements d’Enseignement Supérieur Privé


Selon les textes en vigueur les établissements privés d’enseignement
supérieur peuvent être des universités, des écoles ou instituts qui se
proposent d’exercer de façon permanente une action de formation post
baccalauréat ou post diplôme équivalent reconnu par l’État.
L’État fixe les conditions d’ouverture et d’agrément des établissements
privés, d’habilitation des formations dispensées, de fonctionnement
administratif et pédagogique et des modalités de contrôle.
Ces conditions ont trait à la pertinence et à la qualité de projets
pédagogiques présentés, à la qualification des enseignants et à la
qualité des installations et des équipements pédagogiques et
techniques. Des enseignants des établissements publics
d’enseignement supérieur habilités peuvent diriger des thèses ou
mémoires dans des établissements privés d’enseignement supérieur.
En 2005 les établissements privés sont présents dans
l’enseignement supérieur à deux niveaux : les filières professionnelles
conduisant au BTS et les filières conduisant à une licence ou un diplôme
de troisième cycle. Ils accueillent 2774 étudiants soit plus de 16% des
effectifs estimés des étudiants.
CXCIII

Les Instituts et Écoles de Formation Professionnelle et Technique


emploient 802 Enseignants dont 53 permanents et 749 vacataires et 166
personnels administratifs et techniques.
Les investissements et le fonctionnement sont essentiellement
financés par les fondateurs et les frais d’études. Ceux-ci varient pour un
BTS de 450 000 FCFA à 190 000 FCFA, pour les DTS de 510 000 à
300 000 et pour les autres niveaux d’études de 1 500 000 à 400 000
FCFA. L’enseignement supérieur privé génèrerait ainsi un Chiffre
d’Affaires de plus d’1,5 milliard de FCFA.
Les établissements privés assurent des formations dans deux
secteurs l’enseignement professionnel et technique regroupant 7 filières
et l’enseignement de la santé et du médico social.
Le rendement interne de l’enseignement privé dans les filières du
BTS atteint 29%. Mais tous les établissements (23 en 2005) n’ont pas
présenté de candidats ou n’ont pas eu d’admis à l’examen d’État.
Certains établissements atteignent des taux de réussite supérieur à 50%
comme l’IRIMAG (+ 66%) ou l’École des Cadres.
Les établissements privés sont regroupés au sein d’une
Association Nationale qui souhaite mettre en place un conventionnement
avec l’État pour participer pleinement au développement du secteur. Ce
conventionnement pourrait prendre en compte les dysfonctionnements
constatés par la Direction en charge de ce secteur au MESSSRT. Celle-
ci conclut son annuaire statistique par cette recommandation :
Dans une étude sur l’enseignement supérieur du Niger Lanzalavi
fait les remarques suivantes : plusieurs directeurs des études n’ont pas
la maîtrise de leurs données statistiques ; les textes réglementant
l’enseignement privé au Niger ne sont pas respectés (autorisation de
diriger, d’enseigner et d’ouverture);les fondateurs se plaignent du départ
massif de leurs élèves vers les établissements publics.
CXCIV

Cette situation entrave le bon fonctionnement des établissements


privés, en leur causant des difficultés financières. Cela les amène
souvent à ne pas honorer leurs engagements vis-à-vis du personnel et
les empêche de faire d’autres investissements. L’auteur préconise que
les textes réglementant l’enseignement privé au Niger soient révisés afin
de permettre une bonne gestion du sous secteur.

5.3 La Politique Nationale d'Enseignement Supérieur

5.3.1 Pourquoi une Politique Nationale d'Enseignement Supérieur?

Pays sahélien au climat aride et semi-aride, le Niger est le domaine


d'environnement à équilibre écologique précaire. Au plan politique, on
peut dire que le Niger est une jeune Nation à Démocratie naissante.
C'est seulement trente ans après l'indépendance que le régime
d'exception laissa place au régime démocratique sous l'impulsion des
forces vives de la Nation qui ont revendiqué et obtenu l'organisation
d'une Conférence Nationale Souveraine en 1991. Au plan économique,
l'agriculture et l'élevage constituent les principales activités des
populations nigériennes. Mais les aléas climatiques et les techniques
rudimentaires utilisées dans ces deux secteurs font que le Niger est
régulièrement sous menace d'insécurité alimentaire.

Pendant ce temps, le taux de croissance démographique, lui, reste le


plus élevé du monde, 3,4% selon les données du RGPH 2001; alors
que les ressources sont extrêmement limitées surtout depuis la baisse
des cours mondiaux de l'uranium qui jusqu'à la décennie 70-80
représentait la principale richesse du pays.

Aujourd'hui, le Niger est, selon le PNUD, le dernier des pays classés


selon les Indices du Développement Humain. En effet, environ 63% de la
CXCV

population nigérienne vit en dessous du seuil de pauvreté dont plus 34%


en dessous du seuil de l'extrême pauvreté. Quant au taux de
scolarisation, il demeure également l'un des plus faibles au monde.

D' autre part, il faut noter que depuis la création de l' Enseignement
Supérieur en 1971, la gestion de ce secteur n'a relevé que des
programmes personnels des différentes autorités qui se sont succédé à
la tête de l'Etat. Mieux, Il n'existait pas de cadre de référence définissant
les orientations nationales en matière d’Enseignement Supérieur.

C' est pourquoi en 2003, conscient que les défis actuels auxquels fait
face le pays ne peuvent être relevés qu'à travers le développement de
l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le Niger s'est
doté pour la première fois d’une Politique Nationale d ' Enseignement
Supérieur et de la Recherche.

La jeunesse de cette politique fait que nous disposons de très peu


d’éléments permettant d'en faire une analyse critique. Néanmoins, nous
pouvons rappeler ici les objectifs visés à travers cette politique et tenter
d'analyser les quelques réalisations faites à cet effet, ainsi que la
faisabilité de certains projets et programmes qui y sont envisagés.

5.3.2 Rappel des objectifs de la PNES/R

Selon le document portant Politique Nationale d' Enseignement


Supérieur et de Recherche, celle-ci est l'ensemble des orientations
politiques de l’Etat et leurs objectifs en matière d’enseignement
supérieur, ainsi que les actions à mener pour atteindre ces objectifs.

Ces objectifs sont les suivants :

Objectif général :
CXCVI

Elle vise, par une gestion cohérente et globale du système


d’enseignement supérieur au Niger, à satisfaire les besoins nationaux
en cadres supérieurs surtout scientifiques et techniques, adaptés aux
besoins du développement national et aptes à la production.

Objectifs scientifiques :

-concevoir et mettre en œuvre les axes, programmes et projets


nationaux d'enseignement et de formation supérieurs en accord avec les
besoins nationaux en cadres ;

-organiser et assurer le suivi et l'évaluation de l'ensemble des


enseignements et de la formation supérieurs ;

- développer les capacités nationales d'enseignement et de formation


supérieurs ;

-professionnaliser les filières de formation ;

-redéfinir la fonction sociale de la bourse ;

-assurer la centralisation et la diffusion de l'information sur


l'enseignement et la formation supérieurs ;

-améliorer les conditions d'études et de travail de la communauté


éducative.

Pour atteindre ces objectifs, la Politique Nationale d'Enseignement


Supérieur et de Recherche entend mener les actions suivantes :

A court terme :

-mener une étude déterminant les besoins nationaux en matière


d'enseignement supérieur ;
CXCVII

-établir une interface Enseignement Supérieur/Secteur productif ;

-concevoir des programmes nationaux en vue de l'institution de diplômes


d'Etat pour les établissements privés d'enseignement supérieur ;

-réviser les programmes d'études et les modalités de scolarité ;

-fixer les conditions d'accès à l'Enseignement Supérieur pour toutes les


filières et en diffuser l'information ;

-mettre en œuvre un cadre d'information au profit des étudiants et futurs


étudiants ;

-recruter régulièrement des enseignants et/ou chercheurs et du


personnel technique pour assurer un encadrement pédagogique de
qualité ;

-revaloriser le perfectionnement des enseignants et/ou chercheurs à


travers des voyages d'études ou de recherche ;

-améliorer les conditions d'études et de travail ;

-mettre en œuvre des dispositions disciplinaires pour garantir la stabilité


de l'enseignement supérieur ;

-poursuivre l'assainissement de la gestion des bourses ;

-privilégier l'inscription des boursiers nationaux dans les établissements


nationaux d'enseignement et de formation supérieurs ;

-maîtriser les effectifs des étudiants en formation ;

-renforcer la coopération internationale en matière d'enseignement


supérieur et de recherche ;
CXCVIII

-transformer les structures hospitalières actuelles en centre hospitalo-


universitaire pour un meilleur encadrement des futurs médecins ;

-programmer annuellement l'acquisition d'équipements et la construction


d'infrastructures pour les établissements publics

-appliquer dans les établissements publics d'enseignement supérieur,


l'ordonnance 99-34 du 27 août 1999 portant régime général des
établissements publics à caractère scientifique, culturel et technique et
confier leur tutelle administrative au Ministère chargé de l'Enseignement
Supérieur.

A moyen et long termes : La prise en compte de la perspective d'un


développement industriel, les besoins des entreprises et de l'économie
nationale et la volonté de décentralisation de l'enseignement supérieur
exigent la création d'institution de formation professionnelle et de
nouvelles filières, la promotion de cycles courts, de la formation continue
et de la formation à la carte en rapport avec les besoins nationaux.

Il est donc prévu à cet effet :

-la création d'Instituts Universitaires de Technologie (IUT) pour les


formations tertiaires, industrielles et pour les métiers du développement
rural ;

-l'ouverture des filières professionnalisée à l'Université Abdou Moumouni


de Niamey.

5.3. 3 Le Budget de l’Enseignement Supérieur et la loi de finance


Le budget prévisionnel de l’Enseignement Supérieur dans la loi des
finances 2006 représente 8,7% des dépenses des secteurs de la SRP
(227 747 Millions de FCFA) et 4,37% du budget général (456 953
CXCIX

Millions de FCA). C’est le cinquième budget par ordre décroissant des


huit (8) secteurs de la SRP.
Il est prévu pour l’année 2007 une augmentation de prés de 27%.
Le budget de L’Enseignement Supérieur représenterait 5% du budget
général de l’État. L’Université Abdou Moumouni bénéficierait d’une
augmentation d’un milliard de FCFA pour l’année 2007.
Les dépenses de personnel du MESSRT représentent 35% et les
subventions et autres transferts 48% dont les deux tiers sont affectés à
l’enseignement supérieur.

Voilà donc brièvement présenté, l'essentiel de ce qui constitue la


politique Nationale d'Enseignement Supérieur du Niger. Mais il convient
de souligner ici que s'il est facile de définir avec beaucoup de précision
les projets et programmes d'Enseignement Supérieur, il apparaît
néanmoins des décalages entre ce qu'on prévoit de faire et ce qui se
passe véritablement sur le terrain.

Ainsi, il nous semble apporter de dégager ici quelques limites et


insuffisances de cette Politique.

5.3.4 Limites et insuffisances de la PNES/R

Aujourd'hui, les diverses instabilités que connaît l'Ecole nigérienne


dénotent du malaise général de l'ensemble du système éducatif nigérien.
L'école nigérienne va donc mal. Or le rôle fondamental de l'éducation
dans tout processus de développement est de nos jours, reconnu et
soutenu par toute la communauté internationale. C'est à l'éducation et à
la formation d'apporter les réponses à tous les défis auxquels font face
nos sociétés. C'est pourquoi le système éducatif est considéré dans sa
globalité comme un système à l'intérieur duquel les éléments sont
indépendants.
CC

En aval de ce système se trouve l'enseignement primaire qu'on


appelle cycle de base I. Au Niger, depuis l'adoption des programmes
d’ajustement structurel, aucune formation qualitative n'est recherchée à
ce niveau. Pour répondre aux exigences des Institutions Financières qui
prônent l'éducation de masse, on a assisté à des années au cours
desquelles tous les élèves du niveau primaire et secondaire sont
systématiquement admis en classe supérieure. C’est ce que les
techniciens ont appelé passage automatique.

De plus dans cette perspective, l'Etat qui ne recrute plus


d'enseignants se contente d'engager des "volontaires de l'éducation"
pour faire office d'enseignants. Ces volontaires, aujourd'hui appelés
contractuels de l'éducation n'ont pour toute formation que leur brevet
d'étude premier cycle pour enseigner au primaire et le bac pour le
collège. C’est donc des milliers de jeunes nigériens désœuvrés qui ont
accepté ces soi disant emplois pour échapper à leur situation de
chômage. Tout ceci au grand dame des normes pédagogiques. Les
conséquences qui en découlent sont de plusieurs ordres. D’abord la
formation qualitative n'est plus à l'ordre du jour, la baisse du niveau des
élèves est réelle car les enseignants qui les forment n'ont pas eux-
mêmes les capacités requises. Ce qui fait qu’on assiste à une sorte de
banalisation de la profession enseignante, dans la mesure où ces
milliers de contractuels exercent cette profession non pas par vocation
mais plutôt par nécessité.

Ensuite ce sont ces mêmes élèves qui vont poursuivre leurs études à
l'université, après avoir passé les différents examens dans des
conditions entachées de fraude massive et de tricherie.
CCI

Cette situation est l'un des facteurs qui expliquent aussi la baisse du
niveau des étudiants. Tout ceci s'ajoute aux difficultés spécifiques de
l'enseignement supérieur public. On peut noter entre autres difficultés la
baisse du taux d'encadrement due à la pléthore des effectifs des
étudiants et a l'insuffisance des enseignants, l'étroitesse et la vétusté
des infrastructures sociales et pédagogiques, mais aussi et surtout
l'inadéquation des formations aux besoins réels du pays.

La mise en œuvre de la politique Nationale d'Enseignement


Supérieur est censée apporter un début de solution à tous ces
problèmes. Pourtant, on assiste à une dégradation continue des acquis
au niveau surtout de l'université.

En effet, la baisse progressive du crédit alloué à l'université a


entraîné un déséquilibre au sein de toute l'institution. Du coup, on assiste
régulièrement à la détérioration des conditions de vie et de travail de
toute la communauté universitaire. Cette situation maintient l'université
dans un climat d'agitation permanente de la part des acteurs. Toute
chose qui rend difficile la normalisation des années académiques, la
mise en œuvre des programmes de la PNES, compte tenu notamment
des perturbations causées par les acteurs qui réclament des meilleures
conditions de vie et de travail.

La politique Nationale d'enseignement supérieur doit donc prévoir


des mesures pour parer d'abord au problème du financement qui est en
fait la base de tout. Certes il est intéressant de faire des programmes de
professionnalisation des filières de l'université pour faire face au
problème d'insertion professionnelle des diplômés de l'université. Mais
on ne peut pas demander à l'université de faire mieux avec peu de
ressources.
CCII

Le problème financier apparaît donc comme la question la plus


délicate à laquelle cette politique aurait du apporter des réponses. C'est
après avoir réglé cette question qu'on doit songer aux problèmes d'ordre
pédagogique. S'agissant de ces derniers, il est prévu tout un tas de
mesures pédagogiques sans penser à rehausser le taux d'encadrement
par la mise en formation des enseignants chercheurs et aussi, aux
besoins, le recrutement massif de nouveaux enseignants.

D'autre part encore, l'université est un acteur dans la vie de la


société. A ce titre en tant qu'élément du système social elle est appelée
à collaborer avec les autres éléments. Par exemple, l'ouverture de
l'université à des partenaires tels que le marché de l'emploi (structures
pourvoyeuses) d'emploi peut contribuer à trouver des solutions au
problème du chômage des diplômes de l'université.

Même si les filières sont professionnalisées, elles pourront


difficilement sortir l'université de son guetho académique, tant que les
représentants du marché de l'emploi ne participeront pas activement à
tout processus de formation dans ces filières. Il se pose alors le
problème de dialogue entre université et marché de l’emploi. Pour
résoudre ce problème, il est nécessaire d’établir des passerelles entre
surtout les facultés traditionnelles de l’UAM et le marché de l’emploi.

5.4 Présentation de l'université Abdou Moumouni de Niamey.

5.4.1 Cadre historique

Le CES (Centre d'Enseignement Supérieur) du Niger fut crée en


1971. A partir de 1973, ce centre devient Université de Niamey avec
comme mission la promotion d'un enseignement supérieur de qualité, le
développement des activités de la recherche scientifique conformément
CCIII

aux besoins de l'économie nationale. A l'époque, la tutelle de l'Université


était assurée par la présidence de la République elle même. C'est en
1978, que le Ministère de l'Enseignement Supérieur a été crée. Il avait
comme objectifs principaux l'élaboration et la mise en œuvre d'une
politique générale en matière d'enseignement supérieur conformément
aux orientations du Gouvernement, la coordination et la gestion des flux
des étudiants, la centralisation du contrôle et de la gestion des bourses
d'études. Le système fonctionnait relativement bien et l'Université a pu
mettre à la disposition de l'Etat et du secteur privé des cadres dont
l'apport dans la promotion des activités économiques fut d'une grande
importance.

Toutefois, dans la décennie 80-90, un certain nombre de difficultés


ont commencé à entraver le fonctionnement de l'Université de Niamey.
Certains auteurs comme LAMA estiment que ces difficultés proviennent
essentiellement de deux sources: d'une part l'Université souffre d'un
problème organisationnel réel et d'autre part elle est confrontée à une
insuffisance notoire des moyens financiers.

Cette situation a pesé de tout son poids sur la pertinence du système


d'enseignement supérieur nigérien et, du coup, on a assisté à une
démotivation non seulement des enseignants chercheurs mais aussi du
personnel administratif et technique. Ceux-ci n'hésitent pas à quitter
l’Université, quand l'occasion se présente, vers d'autres structures qui
assurent des conditions de vie et de travail meilleures.

Ainsi, les journées de réflexion sur l'Université tenues en 1988 ont


souligné entre autres problèmes:

-La dégradation du taux d'encadrement et des flux d'étudiants de plus en


plus élevés.
CCIV

-Le cloisonnement entre les Facultés et les Instituts entraînant une


dispersion des moyens et des efforts ;

-L'inadaptation des programmes et des enseignements ;

-Le caractère inadéquat et incomplet des cycles de formation au regard


des exigences du développement socio-économique et culturel du pays ;

-L'inadéquation et l'inadaptation entre la formation et l'emploi ;

-La non exécution des programmes consécutives aux grèves et années


blanches ;

-Le manque de préparation des étudiants au travail universitaire ;

-L'inefficacité du système d'orientation des étudiants ;

-L'hiatus entre l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur ;

-La baisse de niveau des bacheliers ;

-Les échecs scolaires et réinscriptions très fréquents ;

-Les relations difficiles entre enseignant et étudiants

Au plan des ressources humaines, on note :

-Le départ massif des enseignants chercheurs vers d'autres emplois;

-L'absence de mise en position de stage ;

-La disproportion entre le nombre des assistants et attachés de


recherche, maîtres-assistants et chargés de recherche, maîtres de
recherches et maîtres de conférence, Professeurs et directeurs de
recherche ;
CCV

-L’absence de planification rigoureuse de mise en formation.

Au plan des ressources financières et matérielles, on note :

-La baisse des moyens financiers pendant que les flux des étudiants
deviennent de plus en plus importants :

-Le manque de diversification des sources de financement ;

Des laboratoires sous-équipés manquant des produits pour


l'encadrement pédagogique et la recherche ;

-Des bibliothèques en déliquescence ;

-Le manque des moyens de déplacement sur le terrain pour les


chercheurs et des étudiants.

En 1997, compte tenu de l'exacerbation des mauvaises conditions de


vie et de travail au sein de l'université, l'administration de l'UAM mit en
place une commission chargée de diagnostiquer la situation.

C'est ainsi qu'en plus des problèmes déjà soulignés lors des
journées de réflexion de 1988, d'autres sont venus s'ajouter. Il s'agit
notamment de la pléthore des effectifs et la massification des étudiants
au niveau de certaines Facultés, alors que les infrastructures sont
restées les mêmes.

Par exemple à la FLSH, à la rentrée académique 1998-1999, pour


une capacité d'accueil de 1620 étudiants, l'administration de ladite
Faculté devait faire face à 4000 demandes dont près de 2500 en
première année. Dans la même période, pour une capacité d'accueil de
720 étudiants, la FSEJ devait satisfaire les besoins d'environ 1358
étudiants. Ce qui contraignait les étudiants à suivre les cours par les
CCVI

fenêtres compte tenu de l'insuffisance des places disponibles dans les


Amphithéâtres.

D'autres difficultés qui enveniment la situation de l'UAM sont


relatives à l'instabilité chronique des années académiques. En effet,
depuis 1990, on n'a pas connu d’année académique sans que celle-ci ne
soit perturbée par des arrêts de cours provoqués par les réactions des
acteurs de l'université vis-à-vis de certaines mesures prises par les
pouvoirs publics.

Aujourd'hui encore, les interférences politiques sont réelles au sein


de l'université. Depuis, l'installation du régime démocratique au Niger, les
différents gouvernements qui se sont succédé à la tête de l'Etat ont
toujours tenté de contrôler les mouvements estudiantins par diverses
manœuvres. Ce qui fait qu'il y a le plus souvent une influence politique
derrière ces mouvements. Dans la mesure où l'activisme politique des
étudiants eux-mêmes est flagrant, il va de soi que même leurs prises de
décision au niveau de leur organisation, ne soit pas exemptes de leurs
opinions politiques.

5.4.2 Cadre institutionnel

C'est la loi n°71-31 du 6 septembre 1971 qui a crée Centre


d'Enseignement Supérieur (CES) du Niger. Ce Centre comprenait à
l'époque 103 étudiants dont certains venaient des autres pays de la sous
région comme le Mali, le Burkina Faso, etc. ; et seulement 14
enseignants permanents.

Les étudiants étaient répartis au sein de deux facultés à savoir:

-La Faculté des Sciences qui est l'actuelle Ecole Normale Supérieure;
CCVII

-La Faculté de Pédagogie qui est l'actuel Institut de Pédagogie.

C’est à partir de 1984 que l'ordonnance 84-3 du 12 janvier 1984


créa un établissement public de l'Etat dénommé "Université de Niamey".
Mais en 1993, l'Université de Niamey devient Université Abdou
Moumouni (UAM) du nom du célèbre physicien nigérien Abdou
Moumouni Dioffo.

Les missions principales assignées à l'UAM sont: la promotion d'un


enseignement supérieur de qualité pour la formation et le
perfectionnement des cadres supérieurs, le développement de la
recherche scientifique (fondamentale et appliquée) pour les besoins
socio-économique, politique et culturel du pays.

Aujourd'hui les Facultés, Ecoles et Instituts qui composent


l'Université sont les suivants: la Faculté des Sciences ;la Faculté des
Lettres et Sciences Humaines ;la Faculté des Sciences Economiques et
Juridiques ;la Faculté des Sciences de la Santé ;la Faculté
d’Agronomie ;l'Institut de Recherche sur l'Enseignement des
Mathématiques ;l' Institut de Recherche en Sciences Humaines ;l'Institut
des Radios Isotopes ;l' Ecole Normale Supérieure .

On constate que de 1971 à nos jours l'évolution de l'UAM a été


surtout marquée par le développement des filières assurant des
formations traditionnelles comme les Lettres, les Sciences Humaines, le
Droit, les Sciences, la Médecine, etc. Toutes choses qui ne sont pas de
nature à favoriser l'insertion des jeunes diplômés dans le marché de
l'emploi.

Ce qui fait que l'ouverture de l'Université sur les filières


professionnelles est un défi à relever pour que l'Université ne s'enferme
CCVIII

plus dans son ghetto académique qui ne produit que des formations de
type traditionnelles.

5.4.3 Le Budget de l’UAM


L’analyse des textes de l’UAM fait ressortir une diminution des
dépenses de personnel et de fonctionnement au cours des cinq
dernières années. Elles passent de 70% du budget de fonctionnement à
66%. Aujourd’hui compte tenu de la nouvelle orientation des pouvoirs
publics, ce budget a augmenté d’environ 19% et cette hausse est
destinée vers l’enseignement, la recherche et la mobilité des
enseignements. Ceci rentre dans le cadre de la mise en œuvre des
réformes fondées sur le couple enseignement –recherche et d’accorder
ainsi une plus grande place à la recherche scientifique.
En plus des subventions diverses accordées par le ministère en
charge de l’enseignement supérieur, l’UAM perçoit des frais de scolarité
(10 000 FCFA par étudiant soit prés de 85 millions de FCFA tous les
ans) et des aides extérieures liées à des contrats de coopération (en
2003, les budgets des aides à la coopération universitaire s’élevaient à
plus de 300 millions de FCFA).
L’UAM a conduit une réflexion sur sa mise à niveau et sa
modernisation. L’estimation de ses besoins note que 2/3 du montant (3
Milliards de FCFA) concerne la construction et l’équipement de
nouveaux locaux, 1,67% (78 millions de FCA) pour les travaux de
réfection et de remise en état, 22% pour la recherche et l’enseignement
et enfin 10% pour les équipements pédagogiques.
En l’absence d’une expertise sur l’état pathologique et
pédagogique des infrastructures, il est difficile de se prononcer sur la
validité de l’estimation des besoins de l’UAM. Néanmoins certains
CCIX

critères de modernisation attirent l’attention sur le besoin


d’investissements immédiats46 :
• Rénovation et réfection des infrastructures existantes : la majorité
des infrastructures datent de la période 1973 – 1993 excepté les
investissements réalisés en 2003.
• Mise à niveau des enseignants (plan de formation), des
chercheurs, des supports pédagogiques
• Développement de l’intranet et des formations à distance
• Intégration des NTIC dans les modules d’enseignement,
• Développement de la recherche universitaire.
Le Parlement Nigérien a traduit cette nécessité en proposant
l’inscription d’une subvention d’un milliard de FCA à la loi de finances de
2007. Le budget de l’Université devrait à moyen terme s’établir à hauteur
de 5 milliards de FCFA (Frais de scolarité et contrats de recherche et de
coopération inclus).

5.5 Cadre organisationnel

L'examen des textes de lois relatives à l'Université nous a permis de


savoir comment l'UAM fonctionne.

5.5.1 Organisation administrative

En ce qui concerne l'administration de l'UAM, elle est assurée par un


recteur et un vice Recteur. Le conseil de l'Université qui est l'organe de
décision de l'UAM est présidé par le Recteur et se compose ainsi qu'il
suit:

-les Doyens des Facultés ;

46
LANZALAVI J.C, Eude sur le développement de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique au
Niger, Niamey, décembre 2007.
CCX

-les Directeurs des Ecoles et Instituts ;

-les Représentants élus des enseignants chercheurs par Faculté , Ecole,


et Institut ;

-les Représentants des Ministères impliqués dans la formation des


étudiants ;

-en fin les Représentants des étudiants et du personnel Administratif et


Technique de l'Université.

Comme mentionné ci haut, l'Université comprend cinq Facultés, une


Ecole Normale Supérieure et trois Instituts. Ainsi le décret 84-08 du 12
janvier 1984 stipule en son article 20 que: "la faculté a pour activité
principale l'enseignement et la recherche. Elle assure en outre la
formation et le perfectionnement"

Quant à l'Institut le même article précise qu'il a pour mission principale


" la recherche scientifique et technologique et éventuellement
l'enseignement".

Mais c’est l’arrêté 004/MES/R/UNI du 07 janvier 1985 qui


détermine l’organisation, le fonctionnement et les attributions des
Facultés et Instituts. Cet arrêté stipule son article 1er : « le conseil de
Faculté est présidé par le Doyen, il est composé :

-des chefs des départements qui composent la Faculté ;

-d’un enseignement par département élu pour deux ans par ses pairs ;

-des représentants des Ministères et organismes intéressés par les


formations données à la Faculté à raison d’un par Ministère ou
organisme ;
CCXI

-des représentants des étudiants de la Faculté, élus pour un an par leurs


pairs en nombre égal au nombre des enseignants élus membres du
conseil. Ils ne siègent au conseil que lorsque des questions les
concernent figurent à l’ordre du jour ;

-du secrétaire principal sans voix délibératrice ;

-du représentant des services administratifs et techniques de la Faculté,


à titre consultatif ».

Le conseil de Faculté a aussi compétence pour délibérer sur les


questions se rapportant :

-aux programmes des cours, conférences et travaux dirigés, la


répartition des enseignements, le contrôle des connaissances, les
modalités d’examen, etc. ;

-aux crédits budgétaires

-aux propositions de création de poste et les recrutements


d’enseignants ;

-aux mises en position de stage.

Il y a lieu de préciser ici que l’article 21 du décret 84-08 du 12


janvier 1984 stipule que: « Chaque Faculté est administrée sous
l’autorité du Recteur, par un Doyen nommé par décret, après avis du
conseil de l’Université, assiste d’un conseil de Faculté ».

Dans la pratique chaque Faculté comprend en son sein plusieurs


départements. Ainsi nous avons les départements suivants :
CCXII

A la Faculté des sciences: Un département de Mathématiques ;Un


département de Physiques ;Un département de Chimie ;Un département
de Biologie ;Un département de Géologie.

A la Faculté des Lettres et Sciences Humaines: Un département


d’Anglais ;Un département de Géographie ;Un département
d’Histoire ;Un département de Lettres Modernes ;Un département de
Linguistique ;Un département de Philosophie ;Un département de
Psychologie ;Un département de Sociologie ;

A la Faculté d’Agronomie: Un département de la Formation


pratique ;Un département des Productions Végétales ;Un département
Des Productions Animales ;Un département Des Eaux et Forêts et Génie
Rural ;Un département Des Sciences du Sol ;Un département de
Sociologie et Economie Rurale ; un Département des Sciences
Fondamentales ;Un Centre d’excellence (CRESA).

A la Faculté des Sciences Economiques et Juridiques: Un département


des Sciences Economiques ; Un département des Sciences Juridiques ;

A la Faculté des Sciences de la santé: Un département de Médecine


Interne et Spécialités médicales ; Un département de Chirurgie et
spécialisés chirurgicales ; Un département de Biologie médicale et
exploration fonctionnelle ; Un département de Santé Publique

A l’Ecole Nationale Supérieure: Un département de Français ; Un


département d’Anglais ; Un département de Mathématiques ;Un
département d’Histoire ;Un département de Géographie ;Un
département de Physique ;Un département de Chimie ;Un département
de Science de la Vie et de la Terre ;Un département de
Psychopédagogie
CCXIII

Pour la direction de ces structures, elle assurée par des chefs de


Département. Et l’article 19 de l’arrêté 004/MES/R/UNI du 07janvier
1985 dispose « chaque département élit pour deux ans renouvelables en
son sein un chef de département et un chef de département adjoint. Le
chef de département et le chef de département adjoint sont élus de
préférence parmi les enseignants et chercheurs nigériens pourvus de
grade de Docteur d’Etat, ou de Docteur de 3ème Cycle ou d’un titre
équivalent reconnu par l’Etat »

Au regard de tout ce qui précède, on constate qu’il y a des


répétitions de Département d’une Faculté à une autre. Par exemple les
Départements d’Anglais, d’Histoire et de Géographie se trouvent à la fois
à la Faculté des lettres et à l’Ecole Nationale Supérieure. De même les
Départements de Physique, de Chimie ou encore celui de
Mathématique, se trouvent aussi bien en Faculté des sciences qu’à
l’Ecole Normale Supérieure. Ce qui pose un réel problème de
l’Economie, de l’efficacité mais aussi du cloisonnement entre les
différents niveaux d’enseignement.

5.5.2 Organisation pédagogique et académique

Quelles sont les conditions et les modalités d’inscription à


l’Université Abdou Moumouni ?

Pour s’inscrire à l’UAM, les conditions et modalités diffèrent d’une


Faculté à une autre. Ainsi les conditions sont déterminées en ces
termes :

A la Faculté des Sciences


CCXIV

Ici l’arrêté N°19MES/T/UNI du 22 juin 1984 fixe les conditions


d’accès comme suit :

« Sont admis à s’inscrire en première année du premier cycle :Les


candidats titulaires du Baccalauréat de l’enseignement du second degré,
séries C, D et E, ou d’un titre admis en dispense ou en équivalence ;Les
candidats admis à l’examen spécial B d’entrée à l’Université

A la Faculté d’Agronomie

C’est l’arrêté N°005/MES/R/UNI qui fixe les conditions d’accès


comme suit :

« L’admission en première année du premier cycle préparatoire est


réservée :

-aux candidats titulaires du baccalauréat de l’enseignement du second


degré séries C, D ou d’un titre admis en dispense ou en équivalence.

-organisé à l’intention des agents du cadre B du développement Rural


(spécialité) Eaux d Forets, Agriculture, Elevage) ».

A la Faculté des Sciences de la Santé

L’arrêté N° 14/MES/R/UNI du 28 mai1984 stipule que :

« L’admission en première année du premier cycle des études


médicales est réservée :

-aux candidats admis au concours professionnel d’entrée à la Faculté


organisé par le Ministère de la Fonction Publique et du Travail à
CCXV

l’intention des Infirmiers et sages-femmes diplômés d’Etat ayant


accompli au moins trois (3) cannées de service effectif ;

-aux candidats admis à l’examen spécial B d’entrée à l’université.

A la Faculté des Sciences Economiques et Juridiques

L’arrêté N° 012/MES/R/UNI du 02 mai 1984 fixe les conditions


d’accès à la FSEJ comme suit :

Capacité en Droit

« L’admission en première année de capacité en Droit est subordonnée


à la réussite à un test de présélection qui justifie du niveau suffisant de
formation générale du candidat »

Sciences Juridiques

« Peuvent solliciter une inscription en première année du premier cycle


des Sciences Juridiques :

-les candidats titulaires du baccalauréat du second degré ;

-les candidats ayant subi avec succès les épreuves du concours d’entrée
à la Faculté des Sciences Economiques et Juridiques

-les candidats titulaires d’un titre ou diplôme admis en équivalence ou


dispense du baccalauréat de l’enseignement du second degré ;

-les candidats ayant obtenu le diplôme de capacité en Droit avec une


moyenne générale au moins égale à 12/20 ou dans le cas contraire
ayant subi avec succès les épreuves de l’examen spécial d’entrée en
première année »

Sciences Economiques
CCXVI

Les conditions d’accès titulaires sont les suivantes :

- les candidats titulaires du baccalauréat B, C, D, et G ;

Les candidats ayant subi avec succès les épreuves du concours d’entrée
à la Faculté des Sciences Economiques et Juridiques ;

Les candidats titulaires d’un titre ou diplôme admis en équivalence ou


dispense du baccalauréat du second degré.

A l’Ecole Normale Supérieure

En ce qui concerne l’ENS, l’accès à ses filières est conditionné par


la réussite au concours d’entrée à l’Ecole.

Ainsi les filières suivantes existent à l’ENS : Conseiller pédagogique de


l’enseignement du second degré réservé aux professeurs munis d’un
DAP ou CAP ; Inspecteur de l’enseignement du premier degré réservé
aux conseillers pédagogiques ayant trois (3) années d’expérience.

Quelles sont les modalités de contrôle des connaissances dans le


système pédagogique de l’UAM ?

Dans le système d’enseignement de l’université Abdou Moumouni,


il y a essentiellement deux systèmes de contrôle de connaissances : le
système d’unité de Valeur (UV) et le système bloqué.

En général, les facultés de l’UAM appliquent le système bloqué à


l’exception de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines et celle des
Sciences. Ainsi à la FLSH, le système d’unité de valeur (UV) consiste en
un enseignement de deux (2) heures par semaine durant l’année
académique. Chaque UV est sanctionnée par un contrôle des
connaissances, indépendamment des autres UV. On retrouve alors dans
CCXVII

chaque département des Unités de valeur de premier niveau (UV


dominante) et celles de deuxième niveau (UV sous-dominante).

Ici, le contrôle des connaissances donne lieu à deux sessions


d’examen :

La première session : avant 1997, elle comportait non seulement


des contrôles continus tout au long de l’année académique mais aussi
un examen bloqué à la fin de l’année. Mais depuis 1997, cette
disposition a été modifiée et les contrôles continus furent supprimés au
profit d’un seul examen bloqué.

La deuxième session : c’est la session de rattrapage. Elle est


organisée à l’attention des étudiants ayant échoué lors de la première
session.

Quant à la Faculté des sciences, le système d’enseignement


comporte les deux options : le système bloqué et celui des Unités de
Valeur qui a été introduit depuis 1972. Celui-ci est organisé comme suit :

-des cours théoriques de 25 à 65 heures par an

-des travaux dirigés (TD) de 12 à 48 heures par an

-des travaux pratiques (TP) de 12 à 48 heures par an.

Cependant certaines UV ne comportent pas de travaux pratiques ;


c’est les cas des Mathématiques. Mais en général, comme à la FLSH,
chaque unité de valeur est sanctionnée par deux examens (deux
sessions), indépendamment des autres .En ce qui concerne le système
bloqué, il est aussi organisé en : enseignement théorique, enseignement
dirigé, enseignement pratique.
CCXVIII

La vérification des aptitudes et des connaissances donne lieu à


des contrôles continus pendant le déroulement des cours et à deux
sessions d’examen bloqué, ayant lieu respectivement en juin pour la
première session et en septembre octobre pour la deuxième session.

En définitive, le système des unités de valeur se retrouve


principalement à la Faculté des Lettres et à la Faculté des Sciences. Le
système bloqué est également une composante de l’enseignement à la
Faculté des Sciences ou encore à la Faculté des Sciences
Economiques et Juridiques sous forme d’enseignement universitaire
traditionnel. Alors qu’il se retrouve sous forme d’enseignement intégré à
des stages pratiques en Faculté d’Agronomie, Faculté des Sciences de
la Santé et à l’Ecole Normale Supérieure.
CCXIX

TROISIEME PARTIE :
DES CADRES SUPERIEURS
FORMES POUR QUELLES
POSSIBILITES D’EMPLOI :
POTENTIALITES HUMAINES ET
REALITES D’EMBAUCHE

Chapitre 6:Problématique des out put de l`UAM et de


l`insertion dans les secteurs de l`emploi

6.1 Efficacité interne et externe de la formation à l`UAM


CCXX

6 .1.1 Analyse des entretiens avec les responsables établissements


de l’UAM

Les entretiens avec cette catégorie d’enquêtés ont porté aussi bien
sur l’efficacité interne c’est-à-dire l’organisation de la formation à l’UAM
que l’efficacité externe ou la capacité de l’UAM à assurer une meilleure
intégration socio professionnelle à ses diplômés. Mais compte tenu du
caractère non directif des entretiens, les enquêtes ont souvent abordé
des questions ne figurant pas à l’ordre du jour de l’entretien. Ainsi, on
peut résumer les entretient en deux points essentiel :

a) L’efficacité interne de la formation de l’UAM

L’organisation de la formation est un critère fondamental dans le cadre de


l’évaluation d’un système éducatif. Cette organisation implique non seulement les
conditions de travail mais aussi la tâche proprement dite effectuée. Pour l’université il
s’agit surtout de la mise en œuvre des dispositions qui régissent et harmonisent la
formation. Aussi à la question de savoir si l’organisation de la formation se porte bien
les réponses données par les enquêtés sont très diversifiées. Souvent elles sont
contradictoires, parfois nuancées et des fois convergentes. A ce sujet, commençons
par ces propos du chef de la scolarité centrale qui affirme que : « Pour ce qui est de
l’exécution des programmes d’études, depuis dix ans on peut dire qu’ils ont été
exécutés au mieux des cas à 70% » .Cela s’explique par le fait justement qu’à l’UAM
depuis 1990, on n’a pas connu d’ année académique normale du fait de multiples
crises qui ont secoué l’ institution.

Cependant, on constate que si au début des crises certains ont laissé la


situation perdurer, aujourd’hui la majorité des acteurs déploient des efforts
considérables pour assurer l’exécution maximale des programmes. C’est le cas du
département de géologie où l’administration de concert avec les enseignants, a tenu
à relever le défi de l’exécution des programmes pendant l’année académique 2005-
CCXXI

2006 ; En effet selon le chef du département : « les enseignants se sont sacrifiés


pour prendre en charge deux promotions d’étudiants pour éviter l’année blanche ». Il
ajoute aussi que «malgré leurs multiples occupations, les enseignants ont assuré les
cours à ces étudiants et ils ont fait au total en une année un travail qui se fait en deux
années » .Même son de cloche à la faculté des lettres où un responsable affirme
qu’ « en tant qu’enseignant j’ai toujours exécuté l’intégralité de mon programme
annuel ».
Par rapport toujours à l’exécution des programmes, il faut rappeler
que vers les années 1999-2000, l’UAM a cessé d’appartenir au CAMES
compte tenu de certains facteurs comme le faible niveau d’exécution des
programmes d’études. A ce sujet le chef du département de droit assure
que : « sans les grèves, nous achevons toujours nos programmes à
100%.Mais dans tous les cas les textes de l’université nous autorisent à
valider notre année avec un taux d’exécution des programmes de 65% ;
de ce fait nous pensons que nos années académiques ont toujours été
normales ».

Donc à la lumière de tous ces témoignages on retient que


l’exécution des programmes d’études à l’UAM ne souffre d’aucune
ambiguïté tant il est vrai que ce n’est pas chaque année qu’on atteint le
seuil de 100% ; mais les uns et les autres arrivent tant bien que mal à se
conformer aux règles qui régissent l’institution. Cependant
comme mentionné plus haut, le niveau d’exécution des programmes est
certes un critère fondamental pour évaluer l’efficacité interne d’un
système de formation, mais il doit être complété par d’autres critères.
C’est ce qui conséquemment conduit à aborder la question relative à
l’adoption des programmes c’est à dire l’évolution par rapport à
l’évolution de la science.

Sur cette question de un chef de département explique que :


CCXXII

« l’insuffisance des moyens pour faire de la recherche fondamentale à


l’université est un handicap pour l’actualisation des programmes ». Pour
lui donc c’est à partir de cette recherche que les enseignants prennent
connaissance de l’état d’avancement des connaissances dans leurs
domaines respectifs, afin de procéder à la modification de leurs
programmes conformément à l’évolution de ces connaissances. C’est
pourquoi il ajoute que : « pour bien enseigner il faut que l’enseignant
fasse la recherche ».Et au même enquêté de s’indigner que «
même pour participer aux rencontres internationales là où les chercheurs
échangent leurs points de vue sur leurs disciplines, nous sommes
contraints d’utiliser nos relations personnelles ou nos propres moyens
pour y participer ». Dans le même sens, le chef du département de
géologie explique par exemple que : « dès que nous avons une
occasion de déplacement international, nous profitons pour nous mettre
à jour. Souvent c’est un seul collègue en déplacement qui fait ce travail
pour les autres restés ici ». En fait, il arrive souvent que les enseignants
participent à des colloques ou séminaires internationaux ou même
prendre part aux soutenances des thèses de leurs anciens étudiants en
Europe ; ils profitent alors de ces voyages pour se documenter et par la
même occasion approvisionner les autres collègues.

Ainsi en dépit de toutes ces difficultés, les enseignants font des


pieds et des mains pour conformer leurs programmes à l’évolution de la
science. A la faculté des sciences, on précise que les programmes sont
constamment modifiés et selon un enquêté : « de 1994 à 2007 les
programmes ont été modifiés trois fois ».
Somme toute, on peut dire que malgré tous les préjugés qui pèsent
sur la formation universitaire nigérienne, comme quoi elle est mal
organisée et même dépassée, on se rend compte que les responsables
CCXXIII

pédagogiques se déploient tant bien que mal pour que cette formation
soit au diapason de l’évolution de la science. Alors, si les responsables
déclinent toute responsabilité vis-à-vis de la formation qu’ils assurent,
qu’en est-il maintenant de leur perception sur le sort réservé à leur
produit sur le marché de l’emploi ? C’est à cette question qui est
intitulée efficacité externe de la formation de l’UAM, que les entretiens
qui vont suivre ont tenté de répondre.

b) l’efficacité externe de la formation de l’UAM

En introduisant cette question un secrétaire principal d’une faculté


s’exclame en ces termes : « l’université forme bien ses diplômés, mais
pour la possibilité de trouver un emploi c’est autre chose ».Pour cet
enquêté donc l’université est loin d’endosser la responsabilité du sort de
ses diplômés.
En revanche, on peut ici objecter que l’université peut bien former ses
diplômés mais elle doit également se préoccuper de leurs carrières professionnelles.
Dans le même ordre d’idées, le chef de la scolarité centrale se veut lui plus réaliste et
estime que : « la mission traditionnelle de l’université, c’est de former des
maîtrisards, des docteurs, en un mot des cadres de conception et non d’exécution
comme le veulent certains employeurs ». Il ajoute aussi à juste titre que : « le
développement d’un pays n’a pas seulement besoin d’informaticiens et autres
qualifications de même niveau ».
A ce niveau les enquêtés mettent en exergue la variable
« formation professionnelle » comme exigence du marché de l’emploi.
Docteur M. du département de géologie rappelle par exemple que : « les
usines ne veulent pas entendre parler de Maîtrisard car celui-ci ne peut
pas être aussi opérationnel qu’un titulaire de DESS ou de Master ».

Sur la même question, une anonyme du département de chimie explique que :


« les enseignements sont trop lourds et ont un caractère général chez nous ».
CCXXIV

Selon elle donc la thèse qui soutient que l’enseignement universitaire est vague
est une réalité. C’est pourquoi, elle ajoute que pour ce qui est de son
département : « les sciences exactes comme les maths, la physique ou la chimie
conduisent inévitablement à l’enseignement au Niger » ; mais est-ce là une raison
pour que les diplômés de ces départements ne puissent au mieux qu’enseigner ?
Selon un responsable du département de philosophie aussi : « nos diplômés sont
tous sur le marché du travail. Certes la majorité d’entre eux sont des enseignants
mais on en trouve qui servent dans des secteurs comme la communication et
même des projets de développement »

A en croire donc tous ces enquêtés, les diplômés de l’UAM sont


prêts à intégrer le monde du travail, mais ce dernier n’est pas prêt à les
accueillir. C’est ce qui fait dire à un enquêté du département de chimie
qu’ « au Niger il n’y a pas suffisamment d’industries. Sinon, les chimistes
formés à l’UAM ont des compétences à exercer dans des domaines
comme les mines ou l’agroalimentaire ».
En réalité, les responsables pédagogiques de l’UAM ne pensent
pas que l’université soit seule responsable de la précarité de la situation
socio- professionnelle de ses out put. Selon les personnes interrogées,
le marché de l’emploi n’est pas stable car ses besoins changent
rapidement et par ailleurs ils estiment que c’est le souci de
l’accumulation du profit qui anime les entreprises qui leur empêche de
recruter des cadres de haut niveau comme ceux des universités. C’est
ce qui fait dire à un anonyme de la faculté des lettres que : « le marché
de l’emploi nigérien recherche certes des agents d’exécution qui sont
relativement moins chers et formés souvent dans des écoles
professionnelles. Cela ne doit pas détourner l’université de sa mission
qui est celle d’assurer une formation de pointe ».En effet, il est vrai qu’au
Niger les diplômés des écoles professionnelles ont au moins de
difficultés d’insertion professionnelle. Mais à ce niveau, il faut nuancer
lorsqu’on décide de faire une comparaison avec ceux de l’UAM. Pour un
CCXXV

enquêté de la FSEJ : « quand on fait un tour dans les banques de la


place, on voit que la majorité des agents ont été formés à l’UAM ».
D’autre part, que dire sur le fait qu’on s’accorde en général depuis
un certain temps à dire que la formation universitaire ne garantie plus de
l’emploi. Pour les enquêtés, ce ne sont pas les ressources humaines qui
manquent pour assurer une formation telle que le veut le marché de
l’emploi car, soutient un secrétaire principal : « ce sont les enseignants
chercheurs qui animent ces écoles professionnelles ». Donc l’UAM a les
moyens d’assurer cette professionnalisation des formations. Alors
comme cela n’est pas encore fait, la question de la professionnalisation
des filières de l’UAM renvoie aux perspectives.

c) Les perspectives pour l’amélioration de l’employabilité des out


put de l’UAM
Même si beaucoup de personnes interrogées ont soutenu que l’université ne doit pas seulement se plier face aux
exigences du marché de l’emploi, il n’en demeure pas moins que la majorité d’entre eux se soucie du sort des jeunes diplômés
de l’UAM. Ainsi abordant la question relative aux perspectives pour une meilleure intégration socioprofessionnelle des out put
de l’université, la tendance des enquêtés est plutôt penchée vers la reforme LMD en cours actuellement.

A ce sujet une anonyme de la faculté des sciences s’explique en


ces termes : « notre université appartient actuellement à un réseau de
treize universités africaines. Le réseau ambitionne une harmonisation
des programmes d’enseignement et fait partie intégrante du système
LMD », elle précise par ailleurs que : « c’est à travers ce système
justement que l’université compte améliorer les conditions
d’employabilité des diplômés par la professionnalisation des filières de
formation ».
A l’image de cette enquêtée, l’expression professionnalisation des
filières est revenue dans presque tous les discours. Un enquêté du
département de droit estime que : « dans nos propositions de réformes
pour la mise en œuvre du LMD, la modification des curricula visée tend
CCXXVI

vers les besoins du marché de l’emploi c’est-à-dire des formations


professionnalisantes ».
CCXXVII

Cependant, une autre enquêtée rappelle que : « l’Université peut


certes proposer des formations professionnalisantes, mais
contrairement à la demande en formations courtes telle qu’elle est
exprimée par certains employeurs, on peut rétorquer qu’il existe déjà des
IUT crées pour cela ». Pour elle, les étudiants désirant suivre des
formations courtes peuvent aller dans ces IUT.
Par rapport toujours à la professionnalisation des filières, on constate dans les discours des enquêtés une certaine
réserve. Un enquêté de la faculté des sciences juridiques, affirme que : « l’Université vise la formation de pointe, qui est
nécessairement longue. C’est pourquoi nous avons créé chez nous deux cycles de DESS qui sont des cycles de
spécialisation ».

Selon cet enquêté alors l’Université peut faire de la


professionnalisation mais à un niveau élevé donc dans une perspective
longue. Par contre, nous l’avons vu, le marché de l’emploi cherche le
plus souvent des cadres moyens. C’est pourquoi un responsable de la
scolarité centrale pense que : « l’Université peut s’ouvrir pour faire de la
professionnalisation. Mais elle ne peut pas abandonner la formation des
cadres de conception. Sinon, on ne pourra pas développer le pays avec
des agents d’exécution même si c’est l’attente de certains employeurs ».
Et au même enquêté de proposer : « l’Université et les employeurs
doivent coopérer pour identifier les besoins et concevoir ensemble les
formations adéquates. C’est la démarche que propose le LMD ».
Justement, au chapitre des propositions, la majorité des enquêtés
pense que l’Université n’est pas seule responsable des possibilités
d’emploi des diplômés. Pour eux l’Etat doit jouer un rôle prépondérant à
travers l’investissement dans le privé. Une dame (anonyme) estime que :
« au Niger les industries sont mal développées. Or, l’Etat doit faire un
effort pour accroître ses investissements, surtout dans l’agriculture qui
est la base de l’économie du pays. Ce faisant, les agronomes et les
biologistes que nous formons seront d’un grand apport au lieu de les
laisser dans les bureaux ou avec la craie pour enseigner ».
CCXXVIII

6.1.2 Analyse des entretiens avec les enseignants/chercheurs

a) L’organisation de la formation

• Contenu des programmes et adaptabilité

Remaniement du programme au cours des 2 dernières années

Indicateurs VA VR

Programme 101 82,78%


remanié

Programme non 21 17,21%


remanié

Total 122 100%

Ce tableau aborde la question relative au remaniement des


programmes d’enseignement. Pourquoi savoir si les programmes sont
remaniés souvent ou pas ? Il s’agit là en fait de voir si les enseignants
essaient de faire une actualisation du contenu de leur curricula.
Ainsi les résultats montrent nettement que durant les deux
dernières années l’écrasante majorité des enquêtes affirment avoir
remanié leurs programmes ; ils sont au total 101 sur les 122 personnes
interrogées, ce qui donne un taux d’environ 82,78%. En revanche
17,21℅ reconnaissent ne pas avoir remanié leur programme au cours
des deux années précédentes.
Donc à la lumière de ces chiffres, on peut conclure que les
curricula de l’UAM subissent constamment des modifications. Même si
par ailleurs d’autres acteurs comme les étudiants ont souvent soutenu la
thèse contraire comme quoi ce sont les mêmes enseignements qui sont
CCXXIX

dispensés depuis plusieurs années, il faut préciser qu’il y a là deux types


d’explications possibles : d’une part, la modification des curricula est la
résultante de travaux de recherche entreprise par les enseignants dans
leurs disciplines respectives. Cette activité fondamentale de tout
universitaire digne de ce nom reste très faiblement développée à l’UAM
à cause non seulement de la faiblesse des moyens financiers qui lui sont
accordés mais aussi et surtout de l’absence de mécanisme rigoureux de
contrôle pédagogique. D’autre part, cette modification des
enseignements peut provenir suite aux rencontres internationales
auxquelles les enseignants sont sensés participer afin qu’ils puissent à
l’occasion faire une mise à jour de leurs programmes. Mais à l’UAM, la
majorité des enseignants chercheurs affirment que ces possibilités
d’échange sont quasi absentes et même quand l’occasion se présente,
c’est à l’enseignant concerné de se prendre en charge pour effectuer par
exemple un déplacement international. C’est pourquoi certains
enseignants précisent que c’est très souvent grâce à leurs efforts
personnels qu’ils participent aux grandes rencontres d’échanges inter
universitaires.
Alors si on admet que malgré les conditions difficiles ci-dessus citées, la
majorité des enseignants se déploie pour actualiser leurs programmes
d’enseignement, qu’en est-il de l’évolution de ceux-ci par rapport à l’évolution de la
science elle-même ?

L’évolution du programme par rapport à la science


CCXXX

VR
Indicateurs VA

Le programme 80 65,57%
évolue

Le programme 42 34,42%
n’évolue pas

Total 122 100%

Ce tableau montre les résultats des opinions des enquêtés quant à l’évolution
de leurs programmes d’enseignement par rapport à celle de la science. Rappelons
qu’il s’agit ici de vérifier la véracité des réponses fournies par les enquêtés à la
question précédente car si réellement les programmes sont constamment remaniés,
ils devraient en principe suivre l’évolution des connaissances dans divers domaines
de la science
Ainsi, c’est sans surprise que suite à l’introduction de la variable test
« Evolution par rapport à la science » plus de la moitié des enquêtés ont affirmé que
leurs programmes suivent l’évolution de la science avec une proportion d’environ
65,57%. Seuls 34,42% des personnes interrogées pensent que les programmes ne
suivent pas l’évolution de la science. Pour ces enquêtés il peut s’agir probablement
de ceux qui ne procèdent pas régulièrement au remaniement de leurs curricula
compte tenu sans doute des raisons évoquées ci-haut notamment la faiblesse des
activités de recherche scientifique ou encore le manque de documentation
nécessaire.
Mais si les programmes d’enseignement suivent l’évolution de la science quel
est leur rapport avec les réalités du Niger ?

L’adaptabilité du programme aux réalités du Niger

Indicateurs VA VR

Le programme est 98 80,32℅


adapté

Le programme 24 19,64℅
CCXXXI

n’est pas adapté

Total 122 100℅

En principe les curricula de l’UAM doivent répondre aux attentes


socio économiques et politiques du Niger conformément aux objectifs
visés par la politique nationale de l’enseignement supérieur ; cela est
d’autant plus important que la formation des individus doit être orientée
vers les besoins de la société car c’est pour servir celle-ci qu’ils sont
formés.
A ce sujet on constate que les résultats fournis par le tableau ci-
dessus montrent que la grande majorité (80,32℅) des enseignants
interrogés estiment que leurs programmes d’enseignement
correspondent aux réalités du Niger ; selon donc ces personnes le
programme enseigné prend en compte toutes les dimensions de la vie
des nigériens, notamment du point de vue de la culture , de l’économie,
etc. Ces arguments sont justifiés selon eux par le fait par exemple que
dans les enseignements on fait toujours des illustrations à partir des cas
concrets du Niger(un enquêté affirme par exemple que pour étudier les
roches en géologie on analyse les roches qu’on retrouve au Niger, de
même pour un autre qui précise que les enseignements de la littérature
ou du droit sont surtout inspirés de la culture et du droit nigériens).
Ce que l’on peut objecter ici, c’est que si en réalité cela est vrai les
sortants de l’université ne doivent pas peiner pour s’insérer
professionnellement comme on le constate actuellement ; donc il s’agit là
surement d’une sorte de défense de la formation universitaire par ces
CCXXXII

acteurs car on remarque qu’il y a une proportion assez importante de


personnes interrogées qui soutiennent la thèse contraire c’est-à-dire que
ces programmes ne sont pas adaptés aux réalités du pays.

Méthodes d’enseignement

Cours théorique et TP/TD et formation qualitative

Critères VA VR
d’appréciation

Ils permettent 69 56,55%


d’assurer une
formation
qualitative

Ils ne le permettent 53 43,44%


pas

Total 122 100%

Compte tenu des difficultés d’insertion professionnelle des diplômes on a


souvent imputé la responsabilité à l’UAM. Alors il y a lieu de poser la question si
réellement l’université forme bien ses diplômes autrement dit si la formation
qualitative est au cœur de la préoccupation de l’UAM. En la matière les enseignants
ont été invités à se prononcer sur leurs méthodes d’enseignement. Sur ce tableau
par exemple, on constate que les cours théoriques, et les TD/TP (principales
méthodes d’enseignement à l’UAM) permettent selon 69 personnes d’assurer une
formation qualitative soit environ 56,55%, tandis que 43,44% pensent le contraire.
Ici, on a affaire à deux positions divergentes mais dont les taux de réponses
sont à couteau tiré tant il apparaît que l’écart entre les deux tendances est
négligeable. Cependant la leçon que l’on tire de l’observation de ces résultats, c’est
que les méthodes d’enseignement à l’UAM devraient être revues car même les
enseignants restent perplexes quant à leur efficacité et au delà leur aptitude à
promouvoir une formation qualitative.
CCXXXIII

Examen bloqué /Unité de Valeur et évaluation qualitative des


étudiants

Critères VA VR
d’appréciation

Ils permettent 47 38,52%


d’évaluer
qualitativement

Ils ne permettent 75 61,47%


pas d’évaluer
qualitativement

Total 122 100%

Toujours dans le cadre de l’analyse du système de formation de l’UAM, les


enseignants ont été interrogés sur leur mécanisme d’évaluation des étudiants. Faut-il
le rappeler, à l’UAM le système d’évaluation est essentiellement basé sur l’évaluation
sommative en fin d’année, et les UV autrement il n’y a pas de contrôle continu des
connaissances en général sauf en faculté des sciences.
Le tableau ci-dessus montre que sur les 122 personnes interrogées 75
soutiennent que ce système ne permet pas d’évaluer qualitativement les
connaissances des étudiants, soit environ 61,47% de réponses. Par contre 38,52%
soutiennent de la thèse contraire. En conséquence, l’observation de ces résultats
permet de comprendre qu’il y a nécessité de revoir le système d’évaluation des
connaissances. En effet, de nos jours dans des conditions de pléthore des effectifs
des étudiants qui contraignent les enseignants à dispenser des cours devant un
auditoire composé de plusieurs centaines d’étudiants, il est difficile d’assurer une
formation qualitative.

Niveau d’exécution des programmes au cours des deux dernières


années

Indicateurs VA VR

40 % 00 00
CCXXXIV

50 % 18 14,75%

75 % 23 18,85%

100 % 81 66,39%

Total 122 100%

Pour mieux appréhender l’efficacité interne de la formation universitaire il faut


évaluer plusieurs critères dont celui de l’exécution normale des programmes
d’enseignements par les enseignants. Le tableau ci-dessus présente les résultats
des investigations entreprises chez les enseignants de l’UAM à propos de leurs
niveaux d’exécution des enseignements au cours des deux dernières années.
Rappelons par ailleurs que selon des sources officielles universitaires, pour
qu’un enseignement donné soit validé au cours d’une année académique, il faut qu’il
soit exécuté au moins à 65% (d’autres sources fixant se seuil à 75%).
Ainsi l’observation du tableau montre que plus de la moitié des personnes
interrogées (81 sur 122) affirment avoir exécuté à 100% leurs programmes au cours
des deux années précédentes soit un taux d’environ 66,39%. Ils sont talonnés de
près par ceux qui l’ont estimé à 75%, ceux-ci représentent environ 18,85% du total.
Seule une minorité se situe en deçà du seuil de tolérance (50%) avec un faible taux
de représentativité de 14,75%.
A la lumière de ces résultats, on peut donc dire que l’exécution normale des
programmes d’enseignements à l’UAM est acceptable. Mais néanmoins des efforts
supplémentaires doivent être fournis par les acteurs concernés afin que le seuil
d’exécution soit de 100% à tous les niveaux ou au moins au seuil de tolérance c ‘est-
à-dire supérieur ou égal à 75%.

Durée de la formation de l’UAM


CCXXXV

Critères VA VR
d’appréciation

Longue durée 88 72,13%

Courte durée 11 9,01%

Ne sait pas 23 18,85%

Total 122 100%

Aujourd’hui compte tenu des difficultés d’insertion professionnelle des jeunes


diplômés nigériens et vu que la plupart des offres d’emploi sont destinées aux cadres
moyens, beaucoup d’acteurs pensent qu’il faille privilégier désormais les formations
de courte durée. Alors l’université doit-elle rester en marge de ce processus car
traditionnellement la formation qui y est assurée est de longue durée. C’est dans
cette optique que les enseignants en tant que responsables de l’exécution des
tâches pédagogiques ont été amenés à se prononcer sur cette question. Ainsi sur les
122 personnes interrogées, 88 prônent la poursuite de la formation de longue durée,
soit une proportion d’environ 72,13%. Seuls 9,82% préconisent que l’UAM assure
des formations de courte durée. Pour les premiers ils sont mus par le souci de ne
pas détourner l’université de sa mission fondamentale celle d’assurer une formation
de pointe qui est nécessairement étendue sur une longue période. Tandis que pour
les seconds l’université doit assurer aux jeunes des formations relativement courtes
à l’image de celles données par les écoles professionnelles, tout ceci pour une
meilleure intégration de jeunes dans le marché de l’emploi.
Cependant on constate une proportion non moins importante de personnes
qui restent sans avis (18,85℅). Cette position peut avoir plus d’explication suite à
l’introduction de la variable " type de formation " qui est traitée dans le tableau
suivant.

Le type de formation souhaitable

Indicateurs VA VR

Formations 79 64,75%
CCXXXVI

générales

Formations 17 13,93%
professionnelles

Les deux 26 21,32%

Total 122 100%

Toujours à propos des perspectives de l’amélioration des conditions


d’employabilité des out put de l’UAM, il a été demandé aux enseignants de se
prononcer sur le type de formation souhaitable. A ce sujet, trois choix ont été donnés
aux enquêtes à savoir une formation générale telle qu’elle existe actuellement, une
autre professionnelle c’est-à-dire orientée vers un métier précis et enfin les deux
types c’est-à-dire à la fois générale et professionnelle.
On constate alors sur le tableau que sur les 122 personnes interrogées, 79
soit environ 64,75% prônent pour la formation générale. Tandis que 17 soit environ
13,93% préfèrent la formation professionnelle. Cette divergence de vue sur le type
de formation souhaitable s’explique par la situation actuelle des out put de l’UAM qui
se caractérise par une précarité des opportunités d’embauche à cause du caractère
général de leur formation. D’ailleurs cette question est actuellement en cours de
discussion au niveau de l’université qui pense trouver des solutions dans la réforme
LMD. L’université ne doit certes pas se plier complément aux caprices du marché de
l’emploi qui exige une formation professionnelle car elle risque de laisser de côté la
formation des cadres de conception qui se fait dans une perspective de formation
générale. Néanmoins, on peut comprendre le besoin exprimé par la deuxième
tendance quant à une possibilité d’ouverture de l’UAM vers la professionnalisation
des filières pour une meilleure insertion professionnelle des out put.
C’est aussi ce même souci qui anime les 21,32%(troisième tendance)qui
pensent que le deux types de formations doivent être assurés pour donner d’une part
la chance à ceux qui veulent faire de la recherche dans une perspective longue de le
CCXXXVII

faire , et d’autre part faciliter la tâche à ceux qui désirent se spécialiser dans un
métier précis afin d’accroitre leurs chances d’’insertion professionnelle.

b) Formation universitaire et emploi

Rapport programme d’étude et besoins du marché de l’emploi

Critères VA VR
d’appréciation

Le programme 69 56,55%
répond aux
besoins du marché
de l’emploi

Le programme ne 53 43,44%
répond pas

Total 122 100%

En ce qui concerne ce tableau il fait ressortir la perception que les enquêtés


ont des liens entre le contenu de leurs programmes d’enseignement et les besoins
du marché de l’emploi. En effet, pour que la formation offerte par l’UAM permette
d’accéder à des emplois, il faut que son contenu vise les besoins exprimés par les
structures pourvoyeuses de ces emplois. A ce sujet sur les 122 personnes
interrogées 69 pensent que leurs programmes répondent aux besoins du marché de
l’emploi, soit une proportion d’environ 56,55%. A l’opposé 53 personnes soit 43,44%
estiment que leurs programmes d’enseignements ne répondent pas du tout aux
besoins du marché de l’emploi. On constate que l’écart entre les deux positions est
certes net et sensible. Cependant, il y a lieu de comprendre pourquoi cette
opposition. En réalité aujourd’hui la situation de l’emploi au Niger est trop
préoccupante surtout pour les jeunes diplômés. Donc, une fois formés, ces jeunes
font face à la réalité d’embauche qui, elle aussi est déterminée par des facteurs
autres que le type et le contenu de leurs formations. On peut citer par exemple
l’insuffisance de l’offre d’emploi, la catégorie demandée (selon l’indice salarial),
l’exigence de l’expérience, etc. Tout ceci explique la divergence entre les enquêtés
CCXXXVIII

quant à leur perception du rapport entre leurs programmes d’enseignement et les


besoins exprimés par les employeurs.

L’opérationnalité des diplômés sur le marché de l`emploi

Critères VA VR
d’appréciation

Directement 103 84,42%


opérationnels

Pas directement 19 15,57%


opérationnels

Total 122 100%


Tout processus de formation comporte une fin nécessairement utilitaire
notamment que les connaissances acquises soient mises en application. Partant, il
est indispensable que les responsables de la formation universitaire soient interrogés
sur le produit qu’ils proposent à la société d’une manière générale. C’est dans ce
cadre que les enseignants de l’UAM se sont prononcés au cours de cette étude sur
l’opérationnalité des out put autrement dit, eux qui forment ces jeunes, sont-ils sûrs
qu’ils peuvent être opérationnels à leur sotie de l’université ?
A ce sujet, l’écrasante majorité des enquêtés (103 sur 122) estiment que les out put
de l’UAM sont directement opérationnels sur le marché de l’emploi soit une
proportion d‘environ 84,42%. Pour ces enquêtés donc dès que l’étudiant décroche
son diplôme il peut exercer une activité productive. A en croire ces personnes,
comme beaucoup d’autres acteurs universitaires, les sortants sont prêts à intégrer le
marché du travail mais c’est ce dernier qui n’est pas prêt à les accueillir. Cette
position est celle de ceux qui imputent la cause du sous emploi des diplômés de
l’UAM à des facteurs exogènes à l’université notamment le caractère imparfait ou
instable du marché du travail.
En revanche, certains enquêtés se veulent plutôt réalistes. Et on constate que
15,57% des personnes interrogées pensent que les sortants de l’UAM ne sont pas
directement opérationnels car ils sont le plus souvent récusés par certains
employeurs arguant qu’ils n’ont pas d’expérience, qu’ils manquent de
professionnalisme, qu’ils coûtent chers aux entreprises, tout un tas de raisons qui
CCXXXIX

sont malheureusement avancées pour disqualifier ces jeunes, expliquent la


perception de ces enquêtés.
Mais la leçon que l’on peut tirer de tout ceci, c’est que même si l’université ne
reproche rien à la qualité de sa formation, il apparait par ailleurs indispensable
qu’elle soit à l’écoute des exigences de ses partenaires naturels c’est-à-dire les
leaders du marché de l’emploi.
Si la majorité des enquêtés pensent que les out put de l’UAM sont directement
opérationnels, alors quelle est leur destination après leur sortie de l’université ?

Destination des diplômés de l`UAM

Indicateurs VA VR
1
ONG 21 7,21%

Entreprises privées 37 30,32%

Formation publique 49 40,16%

Chômage 05 4,09%

Partout 10 8,19%

Total 122 100%

Le marché de l’emploi du Niger est un espace cosmopolite avec des


ramifications correspondant aux divers secteurs d’activités économiques. Ces
domaines engagent des ressources humaines provenant des diverses composantes
du système éducatif. Toute fois on remarque une relative croissance des activités
d’entreprises depuis quelques années. Ces entreprises contrôlées souvent par des
capitaux étrangers et quelques fois nationaux dominent incontestablement le marché
de l’emploi Nigérien.
Ainsi selon les enseignants, les diplômés qu’ils forment à l’université se
trouveraient dans presque tous les secteurs du marché de l’emploi. Sur le tableau ci-
dessus, on observe qu’un nombre important des personnes (49 sur 122) estiment
que les out put de l’UAM sont absorbés par la fonction publique soit une proportion
de 40,16%. Cela peut s’expliquer par le fait que dans ce pays, l’Etat a toujours été le
CCXL

plus grand pourvoyeur de l’emploi. Même avec la baisse des recrutements par celui-
ci, d’autres possibilités sont proposées aux diplômés afin de servir l’Etat sous forme
de contrat ou de service civique. A ce niveau il se pose la question de savoir si
réellement ces formes d’embauche peuvent permettre aux diplômés de se réaliser
c’est-à-dire de mettre en pratique leurs potentialités dans les domaines
correspondants et de jouir de leurs métiers avec tous les avantages que cela devait
procurer.
Pour revenir aux résultats du tableau, on constate que ceux qui pensent que
les diplômés de l’UAM vont dans les entreprises privées viennent en seconde
position et représentent environ 30,32%, ensuite viennent les ONG avec 17,21%.
Enfin on remarque surtout un taux non moins important de personnes qui affirment
que les diplômés de l’UAM vont souvent au chômage, ils sont environ 17,21%. Leur
position se justifie par le fait qu’après les deux années du service civique national,
beaucoup de ces diplômés se retrouvent en chômage. C’est ce qui fait que ces
personnes sont obligées de renouveler plusieurs fois le service civique ou à défaut
elles se reconvertissent à l’enseignement sous forme de contractuel de l’éducation .
Mais il faut noter qu’à part ceux ayant été formés pour le métier d’enseignant la
majorité de ces enseignants contractuels attendent toujours de meilleures possibilités
d’embauche dans les secteurs correspondant à leurs formations. Donc ils n’hésitent
pas à rejoindre ces secteurs à la moindre occasion car en réalité ils sont enseignants
par la force des choses et non par vocation.

c)Synthèse

A la lumière de ces résultats il est possible de retenir que :


- L’organisation de la formation du point de vue des enseignants se
passe dans de conditions acceptables car selon la majorité des
personnes interrogées, leurs programmes d’enseignement sont
constamment remaniés et que conséquemment ils suivent
l’évolution de la science et qu’ils sont finalement bien adaptés aux
réalités du Niger (80,32℅) ; en revanche les méthodes
d’enseignement de l’université apparaissant aux yeux de la
CCXLI

majorité peu efficaces quant à leur aptitude à assurer une


formation qualitative(61,47%) ;
- La capacité de l’UAM à permettre une meilleure insertion
professionnelle de ses diplômés reste cependant controversée. En
effet un peu moins de la moitié des enquêtés affirment que les
contenus de la formation ne répondent pas aux besoins du marché
de l’emploi nigérien (43,44%).En outre pour beaucoup d’entre eux
les diplômés formés par l’université ne sont pas directement
opérationnels sur le marché de l’emploi (15,57%), à cause
justement du caractère général de leur formation alors que de nos
jours la dimension « professionnalisme » est une exigence sur le
marché de l’emploi.

6.1.3 Analyse des entretiens directifs avec les étudiants

a) Efficacité interne de L`UAM: l`organisation de la formation

™ Motivations pour les études universitaires

Le choix de l`UAM

Motivations VA VR
CCXLII

L’université est meilleure 285 51,04%

Tout le monde le fait 32 5,73%

Les autres écoles sont 112 20,07%


chères

C’est la seule solution 129 23,11%

Total 558 100%

Ce tableau aborde la question relative aux motivations des


étudiants pour le choix de la formation à l’UAM. Ainsi on remarque que
ces motivations diffèrent d’un acteur à un autre. Mais d’une manière
générale on constate que sur les 558 personnes interrogées plus de la
moitié (285) avec un taux de réponses d’environ 51,04% affirment avoir
choisi l’UAM comme lieu de formation parce que l’Université est
meilleure. A travers ce choix les étudiants expriment leur rattachement et
aussi leur confiance en l’université comme le milieu idéal pour des
études supérieures.
Par contre cette opinion est talonnée de près par celle des
étudiants selon lesquels ils ont choisi d’étudier à l’UAM parce que tout
simplement les autres établissements d’études supérieures sont chers
mais aussi celle de ceux pour qui c’est la seule solution. Ces étudiants
donc sont à l’UAM par manque de moyens financiers. Il faut justement
rappeler que les frais d’inscription à l’UAM pour les nationaux s`élèvent à
10 000 F CFA par an alors que dans les autres établissements
d’enseignement supérieur ces frais s’élèvent à plusieurs centaines de
nos francs. Si on sait que la majorité de ces étudiants sont issus des
classes moyennes, il n’est donc pas surprenant de les entendre soutenir
CCXLIII

une telle position. D’ailleurs cette tendance se confirme lorsque 5,73%


des enquêtés affirment quant à eux que le fait d’être à l’UAM n’est que
l’ultime solution pour eux pour étudier. Autrement dit s’ils avaient
d’autres possibilités de meilleurs choix ils l’auraient fait au détriment de
l’UAM.

Le choix de la filière

Motivations VA VR

Avoir un diplôme 161 28,85%

Avoir un emploi 257 46,05%

Poursuivre les études 115 20,60%

Ne sait pas 25 4,48%

Total 558 100%

Le choix de la filière de formation est un moment décisif dans la vie


d’un étudiant. Au Niger il existe certes plusieurs possibilités de choix.
Mais en revanche l’orientation des étudiants vers la majorité des filières
n’est faite ni en fonction de leurs performances au lycée ni en fonction
des besoins socio-économiques du pays. En général on sait que pour
aller dans certaines filières comme la médecine il faut avoir le Bac D par
exemple. Mais pour les autres filières comme la philosophie ou les
lettres modernes, n’importe quel Bac peut permettre au candidat d’y
accéder. Il résulte alors diverses motivations pour choisir sa filière
d’étude.
Les résultats présentés par ce tableau montrent que les étudiants
interrogés relativisent en majorité le choix de leur filière par la variable
emploi. Et c’est donc sans surprise que 46,05% des enquêtés justifient
CCXLIV

leur choix par la possibilité d’avoir un emploi à la fin des études. Pour
ces personnes le choix de la filière est donc un choix orienté vers un
besoin utilitaire c'est-à-dire un rendement à terme qui est celui d’exercer
une activité professionnelle.
Cependant d’autres enquêtés inscrivent leur choix dans la logique
d’avoir juste un diplôme ou de poursuivre les études avec
respectivement 46,05% et 20,60% de réponses. Pour les premiers il
s’agit des personnes poursuivant des études sans véritable ambition de
carrière. L’essentiel étant d’être au finish diplômé et peu importe le sort
réservé pour eux.
Pour les seconds il s’agit surtout d’étudiants ayant pour ambition
d’aller jusqu’à un niveau supérieur des études. Ce sont les étudiants qui
sont mus par le désire d’être un jour par exemple enseignant chercheur.

™ Contenu de la formation et adaptabilité à l’évolution de la


science

Evolution du programme d’étude au cours des (2) deux dernières


années

Indicateurs VA VR

Le programme a changé 102 18,27%

Le programme n`a pas 390 69,89%


changé

Ne sait pas 66 11,82%

Total 558 100%

Le contenu des curricula est en général lié à un domaine ou un


champ de connaissances bien déterminé. Or, on sait que la science
s’inscrit dans une dynamique évolutive avec des changements qui
CCXLV

interviennent chaque fois qu’il y`a dépassement de nouveaux


paradigmes ou de nouvelles méthodes. Ainsi les étudiants soumis à un
programme d’enseignement n’ont pas forcément une idée de son
caractère changeant tant qu’ils n’ont pas repris des classes ou qu’ils se
soient informés à l’avance par exemple en prenant connaissance du
contenu des cours des années précédentes. C’est d’ailleurs pour cette
dernière raison que nous avons jugé utile d’interroger les étudiants sur
cette question surtout qu’on sait que d’habitude ils s’informent toujours
chez leurs aînés de ce qu’ils ont vu en classe antérieurement. D’où donc
leurs opinions à ce sujet restent nuancées et même à vérifier par l’avis
d’autres acteurs mieux placés comme les enseignants.
Néanmoins les résultats des investigations font apparaître que sur
les 558 répondants, 390 estiment que leurs programmes d’études n’ont
pas changé au cours des deux dernières années, soit un taux de
réponses de 69,89%. A en croire donc ces enquêtés le contenu de leur
formation est resté statique, n’a pas suivi l’évolution de la science. Par
conséquent il ne peut alors répondre aux besoins de la société elle-
même.
En outre, les investigations révèlent d’autres faits qui obligent
l’analyse d’être plus nuancée car environ 18,27% des enquêtés estiment
quant à eux que leurs programmes ont changé au cours des deux
dernières années. Même si on ne peut pas dans l’absolu déterminer
exactement la catégorie de ces étudiants ont peut quand même faire
l’hypothèse qu’il s’agit surtout d’étudiants en médecine. En effet
aujourd’hui, le domaine de la santé du fait de son extrême sensibilité,
demeure une préoccupation commune et constante à tous. C’est pour
cela que chaque faculté de médecine essaie de se mettre au diapason
des nouvelles approches des maladies et procède au renforcement des
capacités de ses enseignants et chercheurs qui doivent à leur tour
CCXLVI

partager leurs connaissances avec les étudiants. Apparemment la


faculté de médecine de l’UAM n’est pas restée en marge de ce
processus.

Adaptation du programme aux réalités du Niger

Indicateurs VA VR

Programme adapté 228 40,86%

Programme non adapté 294 52,68%

Ne sait pas 36 6,45%

Total 558 100%

Les rapports entre l’université et la société globale peuvent être


appréciés sous l’angle des réponses apportées par l’université aux
attentes de son environnement d’implantation. Ainsi à travers la prise en
compte des besoins socio-économiques, politiques et culturels de la
société, l’université essaie de concevoir des programmes d’études et de
recherche qui s’y adaptent.
A ce propos plus de la moitié des enquêtés avec un taux de
52,68% soutiennent que leurs programmes d’études ne sont pas
adaptés aux réalités du Niger. Cette opinion en réalité est sous tendue
par le fait que ces étudiants ne soient pas si souvent sur le terrain. On ne
peut ni confirmer ni informer leur propos a priori. Mais l’explication la plus
proche de leurs opinions est leur méconnaissance du terrain où leurs
connaissances sont censées être mises en œuvre soit à l’occasion de
stage en entreprise soit à l’occasion de travaux de recherche. Ces
étudiants pour la plupart restent à vrai dire dans leur univers c'est-à-dire
les facultés elles-mêmes en attendant de décrocher un diplôme et se
présenter sur le marché du travail.
CCXLVII

Par contre, une population non moins importante d’enquêtés


représentant environ 40,86% de l’ensemble soutient la thèse contraire.
Pour eux leurs programmes d’études sont bien adaptés aux réalités du
Niger. Parmi ceux-ci on peut compter par exemple des étudiants en
médecine car eux ils commencent un stage obligatoire à partir de la
troisième année ; ils sont donc partiellement sur le terrain. On peut
également évoquer quelques rares étudiants provenant d’autres facultés
qui soutiennent cette thèse peut être pour avoir été en stage ou tout
simplement pour leur degré d’analyse de la situation du pays.
CCXLVIII

Besoin de changement de programme d’étude

Indicateurs VA VR

Il faut changer le programme 444 79,56%

Ne pas changer le 92 16,48%


programme

Ne sait pas 22 3,94%

Total 558 100%

Si la majorité des enquêtés ont affirmé que leurs programmes


d’études ne sont pas adaptés aux réalités du pays, c’est sans surprise
que ceux-ci expriment le besoin de voir leurs curricula changer. C’est
ainsi que 444 personnes interrogées soit environ 79,56% souhaitent qu’il
y ait changement dans leurs programmes d’études. En effet compte tenu
de ce fort taux de réponses favorables au changement, on peut
comprendre que même parmi ceux qui ont soutenu antérieurement que
leurs programmes sont bien adaptés aux réalités du Niger, une bonne
partie ressent néanmoins la nécessité d’opérer des changements dans
le contenu de leurs formations.

™ Méthodes d’enseignement à l’université

Les cours théoriques et les TD/TP permettent-ils de cerner votre


programme ?

Critères VA VR
d’appréciation

Oui 421 75,44%

Non 111 19,89%


CCXLIX

Ne sait pas 26 4,65%

Total 558 100%

En ce qui concerne les méthodes d’enseignement à l’université,


l’un des facteurs d’évaluation selon plusieurs spécialistes est celui des
techniques utilisées par le corps professoral pour transmettre les
connaissances. A l’UAM, il faut rappeler que cette transmission de
connaissances passe par deux canaux principaux à savoir les cours
théoriques et travaux dirigés ou travaux pratiques.
A cet effet, l’écrasante majorité des enquêtés, environ 75,44%
soutiennent que ces techniques leur permettent de cerner leurs
programmes d’études. Cela veut dire que selon les étudiants les
techniques de transmission des connaissances à l’UAM sont bonnes. A
l’opposé, sur les 558 personnes interrogées, 111 ont systématiquement
affirmé leur désaccord vis-à-vis de ces techniques. Ils représentent une
proportion d’environ 19,89%. Ces étudiants s’inscrivent donc
naturellement dans une logique de remise en question des méthodes
pédagogiques utilisées par l’université.

Niveau de compréhension des enseignements


CCL

Indicateurs VA VR

Médiocre 34 6,09%

Passable 222 39,78%

Assez bien 186 33,33%

Bien 116 20,78%

Total 558 100%

Le niveau de compréhension des enseignements par les étudiants


est une variable fondamentale dans le cadre de l’évaluation de
l’efficacité interne d’un système de formation. En effet comme précisé
plus-haut il y a à l’UAM deux types d’enseignements souvent combinés
en fonction des facultés ou départements. Il s’agit des cours théoriques
et des cours pratiques sous forme de travaux dirigés ou travaux
pratiques.
Ainsi le niveau de compréhension de ces enseignements est
apprécié différemment par les acteurs interrogés. Mais les résultats
présentés par le tableau montrent que près de la moitié des enquêtés
soit environ 39,78 % se situent au niveau de la moyenne et soutiennent
qu’ils comprennent passablement les enseignements. Certains affirment
un degré de compréhension beaucoup plus important en appréciant leur
niveau de compréhension comme assez bien. Ils sont environ 33,33%.
D’autres vont plus loin et apprécient leur degré de compréhension
comme bien avec une proportion de 20,78%.
En revanche, on retrouve une faible fréquence de réponses
soutenant avoir un niveau de compréhension médiocre avec un taux
d’environ 6,09%.
CCLI

Somme toute il est donc à retenir qu’à la lumière de ces différentes


opinions, on peut conclure que la transmission des connaissances en
général se porte bien.

Evaluation des connaissances

Les deux sessions d’examen permettent-elles d’évaluer vos


connaissances ?

Critères VA VR
d’appréciation

Oui 338 60,57%

Non 193 34,58%

Ne sait pas 27 4,83%

Total 558 100%

A l’UAM, il existe essentiellement deux modes dévaluation des


connaissances à savoir : le système des unités de valeur et le
l’évaluation sommative. Cette évaluation se passe en deux phases : une
première phase appelée première session et une deuxième appelée
session de rattrapage qui ont lieu respectivement en juin et septembre
de l’année.
Ainsi les résultats du tableau ci-dessus montrent une forte adhésion
des étudiants à leurs systèmes dévaluation. Ce qui fait que sur les 558
personnes interrogées, 338 pensent que le mécanisme actuel de
contrôle des connaissances permet de les évaluer, leur proportion est
d’environ 60,57% contre 34,58% de personnes estimant que ces
systèmes ne se sont pas mieux indiqués pour les évaluer. A ce niveau
CCLII

on peut émettre l’hypothèse, quitte à la vérifier plus tard, qu’il s’agit


surtout des étudiants soumis au système des unités de valeur ou celui
de notes éliminatoires (cas de la médecine). Dans ces systèmes
l’étudiant a l’obligation d’avoir une certaine moyenne dans chaque
matière pour passer en classe supérieure tandis que dans les autres il
s’agit plutôt d’une évaluation sommative qui consiste à calculer la
moyenne générale des notes obtenues par l’étudiant. Les premiers se
rencontrent généralement dans les facultés de lettres et souvent de
médecine alors que les seconds sont surtout l’apanage de plusieurs
facultés comme celle des sciences juridiques et économiques.

Perception du niveau des enseignants

Faut-il recycler vos enseignants ?

Critères VA VR
d’appréciation

Oui 466 83,51%

Non 78 13,97%

Ne sait pas 14 2,50%

Total 558 100%

Ce tableau parle d’une éventualité de recyclage des enseignants.


Etant donné que les étudiants, en tant que bénéficiaires de la formation
n’ont pas une capacité d’évaluation vis-à-vis de leurs formateurs, ils
peuvent néanmoins avoir une perception sur le niveau de ceux-ci. Dans
cette optique, l’écrasante majorité des étudiants interrogés estiment qu’il
faille recycler leurs enseignants. Ils représentent une proportion très forte
d’environ 83,51%.
CCLIII

On constate alors que malgré qu’ils reconnaissent que le message


qu’on leur transmet passe très bien, ils éprouvent néanmoins le besoin
de recyclage de leurs enseignants. Ceci montre si besoin est, que ces
étudiants souhaitent avoir une formation qui tienne compte de l’actualité.
En réalité c’est à travers le recyclage que les enseignants peuvent faire
des mises à jour non seulement de leurs connaissances mais aussi de
leurs méthodes.

™ Attentes à l’égard de la formation

Durée de la formation

Indicateurs VA VR

Longue 316 56,63%

Courte 139 24,91%

Les deux 103 18,45%

Total 558 100%

Etant donné qu’on parle des rapports entre la formation universitaire


et l’emploi il est important d’identifier les besoins des étudiants en
formation. A ce sujet, constatant qu’il y a aujourd’hui une croissance
d’établissements d’enseignement supérieur qui assurent des formations
relativement courtes et qui ont tendance à intéresser le marché de
l’emploi nigérien, les enquêtés ont été invités à se prononcer sur la
durée de leur formation.
Ainsi, en dépit des constats faits et mieux encore, de la plus grande
chance d’insertion professionnelle qu’offrent les formations de courte
durée, l’écrasante majorité des enquêtés préfèrent néanmoins des
CCLIV

études de longue durée avec une proportion d’environ 56,63%, contre


seulement 24,91% qui souhaitent avoir une formation de courte durée.
Pour les premiers, on peut dire qu’ils ont foi ou mieux ils ont
confiance en ce que leur formation malgré toutes les critiques portées à
son égard, reste la meilleure et leur plus grand espoir pour réussir dans
la vie professionnelle. Pour les seconds il s’agit probablement de ceux
qui sont un peu pessimistes et qui ont en plus une lecture simpliste des
types de formation qui leur sont donnés.
Par contre on constate qu’il y a une part non moins importante de
personnes interrogées qui pensent que les deux types de formation
doivent être assurés par l’université ; ils représentent environ 18,45% de
l’ensemble. Ces derniers expriment en fait ici un double souci : d’une
part l’université doit continuer la formation générale qui est une formation
de pointe il faut le dire, et d’autre part elle doit être à l’écoute du marché
de l’emploi qui cherche des cadres moyens formés nécessairement dans
une perspective courte.
Mais pour mieux élucider cette question une autre variable test a été
introduite à savoir "le type de formation".

Type de formation souhaitée

Indicateurs VA VR

Générale 190 34 ,05%

Professionnelle 234 41,93%

Les deux 134 24,01%

Total 558 100%


CCLV

En introduisant la variable de contrôle " formation souhaitée", on


observe les résultats suivants : sur les 558 étudiants interrogés, 234
souhaitent que leurs formations soient de type professionnel avec un
taux de 41,93% ; 190 personnes soit environ 34 ,05 % souhaitent avoir
une formation de type général. Et enfin 134 personnes souhaitent avoir
les deux types de formation avec un taux de 24,01%.
Cela veut dire que les étudiants souhaitent en même temps que
leurs formations soient de longue durée mais que celles-ci soient surtout
de type professionnel. L’explication de cette attitude est très simple : les
étudiants pensent qu’il faut non seulement conserver le caractère
universitaire de leurs formations mais aussi leur donner plus de chances
d’insertion sur le marché de l’emploi à travers la professionnalisation des
filières de formation.

b) Formation universitaire et emploi

Appréciation du rapport entre formation universitaire et marché du


travail

Critères VA VR
d’appréciation

Très bon 34 6,02%

Bon 189 33,87%

Acceptable 173 31%

Mauvais 162 29,03%

Total 558 100%


CCLVI

Même si les étudiants ne sont pas acteurs du marché de l’emploi,


celui-ci les intéresse à plus d’un titre car ce sont des futurs diplômés et
donc appelés à se mettre à la disposition du monde du travail après
leurs études. C’est pourquoi dans le cadre de l’analyse des rapports
entre la formation universitaire et l’emploi, leurs opinions ne sont pas à
négliger.
Ainsi à la lumière des résultats présentés par le tableau ci-dessus
on constate que sur les 558 enquêtés, 173 estiment que les rapports
entre formation universitaire et emploi sont acceptables avec un taux de
réponse d’environ 31%. A l’opposé, on remarque un effectif important
des personnes qui pensent que ces rapports sont mauvais avec un taux
de réponses d’environ 29,03% de l’échantillon. On se rend alors compte
que ces rapports sont appréciés diversement par les acteurs. Mais il faut
noter que le niveau d’appréciation de ces rapports par les étudiants est
déterminé en général par l’espoir qu`ont les uns et les autres de trouver
de l’emploi après l’obtention de leurs diplômes. Et c’est toujours en
fonction de l’expérience de leurs aînés qui ont déjà leurs diplômes que
ces étudiants fondent leurs opinions.

Le marché de l’emploi accorde-t-il une grande importance à la


formation universitaire actuelle ?

Critères VA VR
d’appréciation

Oui 204 36,55%

Non 220 39,92%

Ne sait pas 134 20,04%

Total 558 100%


CCLVII

La perception des étudiants de l’UAM sur le rapport entre formation


universitaire et emploi reste controversée même lorsqu’on considère la
situation des sortants des universités en général. Ainsi l’on constate sur
ce tableau que parmi les enquêtés environ 36,55% pensent que le
marché de l’emploi accorde une grande importance à la formation
universitaire contre 39,92% qui pensent le contraire. A côté de ces deux
opinions contradictoires on retrouve celle des étudiants ne connaissant
pas si la formation universitaire intéresse le marché de l’emploi ou pas
avec un taux de réponses de 20,04%.
En effet, ces étudiants pour la plupart n’ont aucune expérience sur
la recherche de l’emploi et par conséquent leurs perceptions ne peuvent
que se baser sur ce qu`ils ont vu ou entendu c'est-à-dire les expériences
de leurs aînés. Mais néanmoins on peut dire que ces constats à partir de
l’expérience des autres suffisent pour se faire une idée du sort réservé à
un diplômé de l’université une fois sorti du système.

Les diplômés de l’UAM trouvent-ils facilement de l’emploi au


Niger ?

Critères VA VR
d’appréciation

Oui 156 27,95%

Non 376 67,38%

Ne sait pas 26 4,65%

Total 558 100%


CCLVIII

Finalement on se rend compte à travers les résultats présentés par


ce tableau que le pessimisme a gagné une grande majorité des
étudiants sur la possibilité de trouver de l’emploi après leurs études. Et
on constate que c’est 376 enquêtés sur 558 soit environ 67,38% qui
soutiennent que les diplômés de l’UAM ne trouvent pas facilement de
l’emploi au Niger.
Ce qu’on peut ajouter, c’est qu’à travers la question posée il ne
s’agit pas de savoir si oui ou non ils trouvent de l’emploi. Mais plutôt s’ils
le trouvent facilement autrement dit si ces diplômés peuvent être
directement opérationnels. C’est pourquoi 156 enquêtés soit 27,95% ont
estimé que les diplômés de l’UAM trouvent facilement de l’emploi au
Niger ou mieux ils sont réellement opérationnels une fois les études
terminées.

c)Synthèse
En définitive on peut résumer les entretiens directifs avec les étudiants
comme suit:
Par rapport a l`efficacité interne : on retient ici qu`en ce qui
concerne l`évolution du programme d`enseignement à l`UAM environ
69,89%des enquêtés affirment que leurs curricula n`ont pas été
remaniés au cours des deux dernières années. Cela veut dire que selon
ces étudiants leurs programmes ne suivent pas l`évolution de la science.
Mais pour mieux élucider ces opinions les enquêtés ont été encore
soumis à la question de savoir si ces curricula sont adaptés aux réalités
du Niger. A ce sujet presque la moitié des enquêtés ont soutenu que les
programmes d`enseignement de l`université ne sont pas adaptés aux
réalités du pays. Autrement dit ces programmes ne tiennent pas compte
des aspects socioéconomiques, culturels et politiques du Niger. D` où on
se retrouve avec un besoin pressant de changement du contenu de ces
CCLIX

curricula de la part des étudiants avec une proportion de 79,56% de


réponses favorables au changement.
Pour ce qui est des méthodes d`enseignement, l`actuel système
étant basé essentiellement sur les cours théoriques et quelques
pratiques sous forme de travaux dirigés, environ 19,89% des enquêtés
estiment qu`il ne leur permet pas d`assimiler convenablement leurs
programmes d`études. C`est pourquoi un peu moins de la moitié des
enquêtés (39,78%) affirment qu`ils ont un niveau de compréhension
passable des enseignements contre 33,33% qui comprennent assez
bien leurs cours. Cependant les méthodes d`évaluation quant à elles ont
l`approbation des étudiants car plus de la moitié soit 60,57% pensent
que le système d`évaluation actuel basé sur l`évaluation sommative pour
certains et les unités de valeur pour d`autres en deux sessions
d`examen, peut rendre compte de leur niveau de connaissance.
Face à cette situation l’enquête a été aussi l’occasion d’identifier
quelques besoins des étudiants. Ainsi en ce qui concerne leurs
enseignants, 83,51% des enquêtés pensent que ceux-ci doivent être
régulièrement recyclés. D`autre part pour la durée de leurs formations
environ 56,63% de personnes interrogées préfèrent que ces formations
soient de longue durée c`est- à-dire comme cela se passe actuellement
à l`université. Néanmoins une précision importante est à apporter à ce
niveau car un nombre important d’enquêtés soit environ 41,93%
souhaitent par contre que ces formations soient plutôt de type
professionnel.
Par rapport a l`efficacité externe : malgré qu`ils ne soient pas
actifs sur le marché du travail, les étudiants se font toujours une idée de
ce qui les attend une fois les études finies. Si en Europe les étudiants
mettent à profit les vacances pour travailler, en Afrique en général et au
Niger en particulier les étudiants ne travaillent pas avant la fin de leur
CCLX

cycle. Rares sont d`ailleurs ceux qui décrochent des stages en


entreprises ou ailleurs. De ce fait c`est toujours en fonction de
l`expérience des autres ou de l`actualité qui domine la vie du pays qu`ils
fondent leurs opinions sur le marché de l`emploi.
Ainsi selon les personnes interrogées, sur 558 environ 29,03%
estiment que les rapports entre la formation universitaire et l`emploi sont
mauvais. Pour eux donc la formation universitaire ne répond pas aux
attentes du marché de l`emploi. Par contre une proportion non
négligeable d`enquêtés relativisent la nature de ces rapports en
soutenant que ces rapports sont acceptables.
La perception des étudiants sur la situation des sortants de
l`université reste encore controversée car environ 38% des enquêtés
pensent que le marché de l`emploi n`accorde pas une grande
importance aux sortants de l`UAM contre 39,92% qui soutiennent le
contraire. En réalité on sent ici une sorte d`optimisme que ces étudiants
veulent garder pour ne pas rester au stade de la fatalité et perdre espoir
sur le sort qui leur sera réservé au sortir de l`universite. C`est pour cela
d`ailleurs qu`en fin de compte plus de la moitié des répondants dont
environ 67,38% affirment systématiquement que les diplômés de l`UAM
ne sont pas recherchés sur le marché de l`emploi.

6.2 Analyse des entretiens avec les employeurs

Rappelons tout d’abord que l’objectif visé à travers les entretiens


avec les employeurs est non seulement d’identifier leurs besoins en
ressources humaines, les mécanismes de recrutement des cadres et
finalement le regard qu’ils portent sur la formation universitaire au Niger
et leurs attentes à l’égard de celle-ci. A l’aide du guide d’entretien
élaboré à cet effet, il a été recueilli sur des fiches des notes des discours
CCLXI

des enquêtés sous forme de communications. Ces dernières sont donc


présentées et analysées en fonction des objectifs de la recherche et
selon les thématiques indiquées par les variables à vérifier dans le cadre
des hypothèses.
Ainsi, les extraits de communications des enquêtés peuvent être
résumés comme suit :

A propos des besoins en ressources humaines


Sur ce point les entretiens montrent que dans l’ensemble, les
enquêtés représentant leurs structures respectives ont reconnu que le
besoin en ressources humaines se fait réellement sentir. Cependant, l’on
note des disparités à ce niveau entre d’une part les enquêtés du secteur
privé et ceux du public et d’autre part entre ceux des différents secteurs
d’activités.
Pour le secteur public, c’est-à-dire l’Etat, il y a une sorte de confusion
entre les besoins réels en ressources humaines tels qu’exprimés par les
différents ministères par exemple à l’occasion des récents recrutements
et ceux présentés officiellement par l’Etat. A ce sujet un enquêté affirme :
« nous avons besoin de cadres de conception car depuis plus de dix (10)
ans l’Etat n’a pas recruté des cadres pour l’administration alors qu’il y a
beaucoup de départs à la retraite donc plusieurs postes sont restés
vacants ». Mais quelle solution a-t-on envisagée ? Selon certains
enquêtés au lieu de procéder à de nouveaux recrutements,
l’administration fait recours soit aux "appelés du service civique national"
(un enquêté dit à ce sujet : « dans certaines directions, nous sommes
représentés par des appelés du service civique »), soit aux contractuels
(exemple : « certains anciens agents à la retraite sont repris comme
contractuels »). Cela montre alors que l’Etat a réellement besoin des
cadres mais compte tenu des facteurs telles les difficultés des finances
CCLXII

publics, il a été difficile à une certaine époque de procéder au


remplacement des cadres partis à la retraite.
Donc on s’aperçoit que les besoins de l’administration publique se
posent surtout en termes de cadres supérieurs. En revanche, les
besoins officiels formulés par l’Etat s’orientent plutôt vers le personnel
d’exécution et les auxiliaires. Un enquêté rapporte : « la politique de
recrutement du gouvernement favorise surtout les cadres moyens
comme les secrétaires de direction au détriment des cadres
supérieurs ». Il ajoute encore que : « les besoins ne sont satisfaits qu’en
partie et nous espérons qu’ils le seront progressivement même si c’est
l’efficacité de l’administration qui prend un coup ».
Il en est de même au niveau des entreprises publiques car les
enquêtés de ce secteur confirment que le besoin en ressources
humaines y est, mais « on ne peut que faire la politique de nos moyens »
ou encore « même si nous n’avons pas les moyens de recruter
directement les cadres qui vont travailler à plein temps, nous faisons
appel à certains spécialistes en cas de besoin pour l’exécution de
certaines tâches et cela nous revient moins cher ». On constate alors
que le besoin en ressources humaines se fait réellement sentir tant au
niveau de l’administration publique que des entreprises publiques.
Mais on verra dans le second point les types de qualifications et
de compétences recherchées par ces structures.
Pour le secteur privé, on constate particulièrement l’expression
d’un besoin pressant en matière de ressources humaines. En effet les
enquêtés de ce secteur sont pratiquement unanimes quant à
l’importance des ressources humaines dans la poursuite de leurs
objectifs. Ainsi certains d’entre eux ne sont pas passés par mille chemins
pour le noter dans leurs communications dont certaines se résument en
ces termes : « le secteur privé nigérien éprouve un besoin pressant de
CCLXIII

personnel hautement qualifié pour faire face aux exigences de


modernisation des activités de la production » ; cet enquêté semble
toucher déjà les aspects relatifs au point qui devait suivre.
Un autre enquêté ajoute que « nous recrutons en permanence de
diplômés pour remédier aux vacances des postes ou pour engager et
mettre en œuvre de nouveaux programmes d’activités ».
De manière globale donc on retient que les discours tenus par les
enquêtés font tous apparaître l’existence des besoins en ressources
humaines. Cela ne surprend guère dans la mesure où chaque fois on
voit des avis de recrutement soit dans les journaux ou sur les affiches de
l’ANPE. De plus, ces structures ne peuvent pas ne pas avoir besoin de
personnel car l’un des objectifs même de l’investissement est de créer
des emplois dans le cadre de la réduction de la pauvreté. Donc dire qu’il
n’y a pas d’emplois au Niger pour les jeunes relève d’une lecture erronée
voir superficielle de la situation. Par contre on peut nuancer ces besoins
de personnel par d’autres facteurs. En introduisant par exemple la
variable ‘’nature des ressources humaines recherchées’’, les
données changent en même temps, c’est ce que le point suivant
présente.

a) La nature des ressources humaines recherchées


Sur cette question les réponses données par les enquêtés ne sont
pas fondamentalement différentes les unes des autres. En effet
l’expression la plus utilisée dans les discours fut « des
professionnels ». C’est pourquoi au cours des entretiens les enquêtés
sont toujours incités à dire ce qu’ils entendent par le terme
"professionnel" ; certains le définissent comme « un diplômé ayant des
connaissances relatives à l’exécution d’une tâche précise » ou encore
« un cadre qui est opérationnel aussitôt sorti du système de formation ».
CCLXIV

D’autres vont plus loin et définissent le professionnel comme « un


spécialiste dans un domaine précis » ou encore « un diplômé doté d’une
expérience pratique ».
A partir de ces définitions on retient que la nature du besoin en
ressources humaines exprimé par les enquêtés se pose en terme de
diplômés capables d’exercer une tâche ou un métier précis. Mieux ce
sont des compétences relatives à la prise en charge des difficultés
quotidiennes auxquelles font face les secteurs économiques, qu’on
recherche.
Néanmoins on constate une certaine nuance sur le type de diplômé
recherché selon le secteur de l’activité des enquêtés. Ainsi, pour les
enquêtés du secteur publique (administration et entreprise) le type de
diplômé recherché est selon leurs propres expressions « des cadres de
conception dotés d’une capacité d’adaptation au monde changeant ».
Cette conception nous rappelle les finalités même de la formation
universitaire nigérienne pour qui le diplômé formé doit être capable de
s’adapter au réel ainsi qu’aux éventuels changements y afférents.
Pour les enquêtés du secteur privé on ressent la nécessité
d’avoir des cadres moyens. Un responsable d’une ONG affirme par
exemple que : « les ONG ont surtout besoin d’animateurs ruraux qui
peuvent suivre les activités entreprises dans le cadre du développement
local ». Mais pourtant au Niger l’université forme des sociologues, des
démographes et des géographes qui peuvent jouer ce rôle. A cette
affirmation, l’enquêté réplique tout simplement que « les diplômés
supérieurs coûtent chers alors que les fonds de l’ONG doivent en
principe être destinés à la résolution des problèmes des bénéficiaires et
non pas seulement aux salaires du personnel ». En outre cette difficulté
ne constitue pas le seul facteur qui justifie le choix de ce type de
compétence car selon un autre responsable d’ONG : « seul le cadre
CCLXV

moyen peut accepter d’aller sur le terrain et y vivre. Le cadre supérieur


nigérien rêve tout le temps d’être bureaucrate ».
Au niveau des entreprises privées modernes, les choses sont
claires. On recherche des gens qui peuvent impulser le développement
de ces entreprises à travers leur capacité de s’adapter à toute situation
mais aussi ayant un esprit d’initiative. Un enquêté responsable d’une
banque affirme : « nous recherchons par exemple des spécialistes dans
des domaines comme les assurances, le marketing, le management
etc. ». Ces domaines sont surtout l’apanage de la formation
professionnelle et l’université quant à elle forme des généralistes qui
peuvent avoir des notions sur les domaines cités par l’enquêté. Et à
l’enquêté de conclure : « à défaut de trouver un fiscaliste, on peut se
contenter d’un juriste, ou d’un économiste faute de trouver un
comptable ».
Après avoir identifié les besoins des employeurs en ressources
humaines, voyons maintenant les mécanismes par lesquels ces
diplômés sont recrutés.

b) Les mécanismes de recrutement du personnel


Par rapport aux procédures d’embauche, les entretiens ont révélé
qu’il y en a plusieurs. Dans tous les cas il faut retenir que ces procédures
sont toutes institutionnelles. L’intérêt de cette question en fait est de
lever certaines équivoques quant aux préjugés des uns et des autres sur
l’intervention d’autres facteurs dans les mécanismes de recrutement du
personnel au sein des divers secteurs d’activités.
Ainsi les enquêtés ne sont pas passés outre mesure pour expliciter
ces mécanismes. D’abord, les différents interlocuteurs ont tous évoqué
l’existence de l’ANPE comme structure de régulation de l’emploi et par
laquelle tout employeur exerçant sur le territoire nigérien doit passer
CCLXVI

pour recruter son personnel. Mais il y a à ce niveau deux manières de


procéder. Selon certains, on peut envoyer l’offre d’emploi à l’ANPE et
procéder au recrutement au niveau de la structure pourvoyeuse de cet
emploi. Selon d’autres il est même possible de laisser le soin à l’ANPE
elle-même pour procéder directement au recrutement.
Cependant, pour comprendre à fond ce qui se passe dans les
procédures d’embauche, il a été demandé aux enquêtés d’expliciter
clairement le procédé. A ce sujet un enquêté raconte : « souvent les
candidats aux postes à pourvoir sont sélectionnés sur la base d’étude de
dossiers. Ici c’est surtout le contenu du CV c'est-à-dire l’expérience du
candidat qui est déterminante ». Un autre enquêté ajoute sur la même
question que : « lorsqu’on examine des dossiers de candidature à un
poste, on fait la comparaison entre ce que le poste exige comme
compétence et ce que le candidat sait et peut faire». A la lumière de ces
deux points de vue on peut poser la question de savoir alors qu’en est-il
par exemple des jeunes diplômés n’ayant pas d’expérience. En réponse
certains interlocuteurs avaient soutenu que : « A l’heure actuelle, il est
difficile de venir sur le marché du travail sans expérience ». Un autre
enquêté conseille même aux différentes structures de formation « de
privilégier la pratique dans le processus de formation de leurs
diplômés ».
Somme toute on retient ici que le capital expérience est un facteur
important dans la recherche de l’emploi. Alors compte tenu de cette
exigence du marché de l’emploi et sachant qu’à l’heure actuelle par
exemple à l’université de Niamey la formation reste encore trop
académique, les enquêtés ont été invités à se prononcer sur leurs
attentes à l’égard de l’enseignement supérieur nigérien en général et à
l’UAM en particulier.
CCLXVII

c) Les attentes des employeurs à l’égard de la formation


universitaire
En ce qui concerne les attentes des employeurs vis-à-vis de
l’enseignement supérieur on retient pour l’essentiel deux préoccupations
qui ont marqué les discours des uns et des autres. D’abord les enquêtés
ont évoqué l’efficacité de la formation universitaire c'est-à-dire pour eux il
faut mettre à leur disposition des diplômés qui puissent contribuer sinon
impulser le développement socio-économique du pays. Ensuite ils ont
insisté sur la nécessité de créer au sein du système universitaire un
cadre de renforcement des capacités des personnels en activité c'est-à-
dire d’instituer la formation continue.
Ainsi un enquêté du secteur privé s’est exprimé en ces termes : «
de nos jours la majorité des offres d’emploi sont raflées par les diplômés
des écoles professionnelles car eux ils ont presque tous les profils
recherchés ». Un autre ajoute dans le même sens : « si on parle trop de
sous emploi des diplômés supérieurs c’est surtout compte tenu du
caractère général de leurs formations et encore de la cherté de cette
catégorie du personnel ». Ce dernier analyse surtout le cas des diplômés
de l’UAM. Il pense que « l’université forme bien mais elle doit viser les
besoins du marché de l’emploi car par exemple nous, nous avons besoin
de marketeurs, des agents commerciaux ». Un autre ajoute sur cette
liste qu’ils ont en plus besoin de « animateurs ruraux, de
communicateurs qui sont non seulement des cadres moyens mais prêts
à exécuter des tâches et partout où on les amène ».
La deuxième attente concerne d’une part la formation continue et
d’autre part les prestations de service. A ce propos un enquêté explique :
« au Niger maintenant beaucoup de professionnels en activité souhaitent
reprendre les études. Ils vont généralement dans les instituts
spécialisés. Donc l’université doit créer les conditions pour ces gens afin
CCLXVIII

de parfaire leur formation ». Il ajoute par contre que : « on aimerait bien


que ces formations en alternance se déroulent au sein de notre
université mais celle-ci ne répond pas toujours à nos attentes surtout
aujourd’hui avec le nouveau système LMD ». Un autre enquêté lui se
veut plus directe et s’exprime en disant « à l’université de Niamey c’est
le même type de formation depuis des années alors que les nouvelles
écoles offrent des formations à la mode ». Pour ce dernier donc c’est à
l’université de se conformer à ‘’la mode’’ autrement dit elle doit faire
comme les nouvelles écoles.
Pour ce qui est des prestations de service les enquêtés ont dans
l’ensemble souligné l’importance de la recherche.
Selon un enquêté : « l’université doit être une source dans laquelle tous
peuvent puiser dans le cadre de la recherche. Toutes les études des
projets que comptent mettre en œuvre les secteurs économiques doivent
se faire au sein de l’université ». Ici donc les enquêtés rappellent qu’en
plus de la formation, l’université a la charge d’éclairer et même d’orienter
la société dans la prise en charge des problèmes quotidiens.

6.3 La situation des "out put"(sortants) de l’UAM

6.3.1 Analyse des entretiens directifs avec les "out put"

Démarches effectuées pour obtenir un emploi

Indicateurs VA VR

Au public 92 22,82%

Au privé 98 24,31%

Privé et public 202 50,12%


CCLXIX

Profession 11 2,79%
libérale

Total 403 100%

En ce qui concerne les types de démarches entreprises par les


acteurs sociaux pour la recherche de l’emploi, ils diffèrent d’un acteur à
un autre. C’est ainsi que parmi les 403 personnes interrogées, 202 soit
un taux important d’environ 50,12% se sont orientés aussi bien vers le
secteur public que le secteur privé. Cela n’est pas surprenant car au
Niger d’abord l’Etat est le plus grand pourvoyeur d’emplois du moins
avant l’avènement de l’ajustement structurel ; ensuite nous sommes
dans un environnement où l’esprit d’entreprise n’est pas développé.
Autrement dit une fois le diplôme en poche, les jeunes ne songent pas à
créer leurs propres initiatives mais plutôt ils cherchent à être recrutés.
On est alors en droit de conclure que la profession libérale est quasi
absente de l’esprit des jeunes diplômés nigériens. Cette thèse trouve
toute son ampleur quand on remarque sur les 403 enquêtés, seulement
11 ont tenté d’exercer une profession libérale soit un taux de 2,79%.

Mode d’acquisition du poste actuel

Indicateurs VA VR

Concours 258 64,01%

Examens du dossier 101 25,06%

Autre 44 10,91%

Total 403 100%


CCLXX

Ce tableau nous renseigne sur les procédures à travers lesquelles


les différents acteurs ont été recrutés par leurs employeurs respectifs.
Ainsi les résultats montrent que 258 diplômés ont été recrutés suite à
des concours. Ce concours est en fait un test organisé par l’employeur
pour sélectionner et choisir les cadres dont il a besoin. Ils représentent
environ 64,01% de l’échantillon. Ce fort taux s’explique probablement
par le fait que cette procédure est la plus utilisée par les employeurs.
En revanche 101 autres soit environ 25,06% affirment avoir obtenu
leur poste à la suite d’un examen de dossier. Il s’agit en réalité des
diplômés effectuant le service civique national dans diverses structures
du secteur public. En effet au Niger le service civique est ouvert
systématiquement à tous les diplômés du niveau supérieur. Il s’étale sur
une période de deux (2) ans avec souvent des possibilités de
renouvellement. Ce n’est pas en fait un emploi à proprement parler. Mais
du fait de l’insuffisance des offres d’emplois, cette activité est considérée
comme une sorte d`emploi car beaucoup de jeunes diplômés cherchent
à se réaliser à travers leur position d’appelé du service civique national.
C’est pourquoi, compte tenu surtout de l’inadaptation de textes
réglementant le service civique national, il est devenu non seulement
difficile de l’avoir mais aussi certains bénéficiaires en complicité avec
certains responsables en font un emploi permanent. D’où la nécessité de
créer un cadre adéquat permettant à tous les nigériens répondant aux
critères posés de servir leur pays.

Lieu d’apprentissage des tâches exécutées actuellement

VA
Indicateurs VR

Université 192 47,64%


CCLXXI

Terrain 177 43,92%

Autre 34 08,34%

Total 403 100%

Etre actif sur le marché de l’emploi suppose que les individus


concernés exécutent des tâches dans le cadre de la production.
L’exécution des tâches quant à elle suppose la mise en œuvre d’un
certain nombre de connaissances pour accomplir une mission précise.
Ces connaissances dont l’actif doit disposer sont souvent acquises dans
le cadre d’un cursus scolaire et quelque fois sur le terrain.
A ce propos environ 43,92% des enquêtés affirment avoir appris
l’exécution de leurs tâches sur le terrain. Autrement dit leurs acquis
théoriques ne coïncident pas avec la mission qui leur est confiée. Ces
personnes se sont probablement reconverties dans des activités autres
que celles pour lesquelles elles été formées. Il peut s’agir aussi de
personnes ayant une formation universitaire générale sensée leur
permettre de lier la théorie acquise aux réalités des tâches à exécuter.
Apparemment ce lien semble difficile à faire par ces diplômés. Par contre
environ 43,92% soutiennent avoir tout appris sur leurs tâches actuelles à
l’université. A ce niveau, on peut penser qu’il s’agit de l’opinion de deux
catégories d’acteurs : d’une part ceux qui parviennent à lier théories
académiques et pratiques de terrain par exemple des diplômés en
économie générale, en sociologie etc., et d’autre part ceux qui ont été
formés pour enseigner comme les diplômés en mathématiques ou en
physique chimie.
CCLXXII

Degré d’exécution des tâches actuelles

Indicateurs VA VR

Sans problème 128 31,76%

Avec un peu d’effort 147 36,47%

A peine 128 31,76%

Total 280 100%

A la lumière des données fournies par ce tableau, on constate une


égalité des réponses entre les enquêtés ayant affirmé qu’ils exécutent
leurs tâches sans problème et ceux qui les exécutent à peine. Le taux
est de 31,76% pour chaque cas. Cela veut dire que les premiers
n’éprouvent aucune difficulté pour accomplir leur mission en tant que
travailleurs tandis que les seconds le font difficilement. En tous les cas
on retient ici que quelque soit les circonstances ces personnes arrivent à
terme à exécuter leurs tâches.
Par contre la majorité des enquêtés soutiennent qu’ils exécutent
leurs tâches avec un peu d’effort avec un taux d’environ 36,47%. Pour
ceux-ci donc leurs profils ne correspondent pas pour autant à leurs
tâches. Mais grâce à leurs acquis théoriques ils parviennent à s’adapter
à leurs missions respectives. Cela prouve enfin que même si les liens
entre formations et emplois ne sont pas établis, les diplômés de l’UAM
CCLXXIII

disposent des capacités d’adoption aux tâches qu’on leur confie sur le
marché du travail.

Correspondance entre tâches exécutées et formations acquises à


l’UAM

Indicateurs VA VR

Y a correspondance 221 54,83%

Pas de 161 39,95%


correspondance

Ne sait pas 21 05,21%

Total 403 100%

Pour mieux appréhender le rapport entre tâches exécutées et


formations acquises, les enquêtés ont été invités à répondre à la
question de savoir s’il y a correspondance entre leurs activités
professionnelles et leurs formations universitaires. Ainsi 221 répondants
soit 54,83% estiment qu’il y a une nette correspondance entre leurs
profils et leurs postes. Cela parait contradictoire vu les réponses
données à la question précédente. Mais néanmoins on peut expliquer ce
fort taux par l’importance de l’effectif des enseignants dans la
constitution de l’échantillon. En réalité la majorité de ces enseignants
sont issus des départements de mathématique, lettres modernes ou
encore anglais. Donc des gens formés pour être professeurs des lycées
et collèges.
CCLXXIV

En revanche, 161 enquêtés soit 39,95% environ, affirment qu’ils se


sont adaptés à leurs métiers sur le terrain. Donc en réalité ce n’est pas
parce que leurs métiers cadrent parfaitement avec leurs profils mais ils
ont dû s’habituer avec l’exercice.

Niveau de satisfaction des tâches exécutées

Critères VA VR
d’appréciation

Satisfait 201 49,87%

Pas satisfait 178 44,16%

Ne sait pas 24 05,95%

Total 280 100%

Finalement ce tableau rapporte l’opinion des out put de l’UAM sur


leur niveau de satisfaction par rapport aux tâches exécutées. Ainsi
malgré toutes les difficultés dont ils ont soulignées plus haut on constate
que la majorité soit environ 49,87% demeurent satisfaits de leurs tâches.
Cela s’explique par le fait que l’exercice de leurs fonctions est devenu
une sorte de routine. Et comme on dit l’appétit vient en mangeant ; ces
diplômés même si tous ne travaillent pas dans les domaines visés par
leurs formations respectives, ont appris avec le temps à exécuter leurs
tâches.
Cependant il faut noter qu’il y a un nombre important d’enquêtés
qui marquent leur insatisfaction totale vis-à-vis de leurs tâches. Ils sont
CCLXXV

environ 178 avec un taux de 44,16%. Il s’agit ici des gens qui ont subi le
phénomène de reconversion. Surtout au niveau du secteur de
l’enseignement là où on retrouve des diplômés dont le profil n’a rien à
voir avec celui d’un enseignant mais pour diverses raisons dont celles
relatives aux questions de survie, ils enseignent. Ces personnes ne le
font donc pas par vocation mais plutôt par nécessité. C’est là une
problématique qui mérite d’être prise en compte dans le cadre de
l’analyse des maux qui assaillent aujourd’hui le système éducatif
nigérien.

Chances des diplômés pour obtenir un emploi

Indicateurs Diplômés UAM

VA VR

100% 00 00

75% 88 21,83%

50% 96 23,82%

25% 219 54,34%

Total 403 100%

Etant donné que les out put de l’UAM ont une expérience par
rapport à la recherche de l’emploi, leur appréciation sur la chance
d’insertion professionnelle des diplômés peut aider à comprendre les
difficultés que rencontrent les diplômés en général dans ce processus et
enfin de compte les chances pour décrocher un emploi.
Ainsi le tableau ci-dessus montre que sur les 403 personnes
interrogées, 219 c'est-à-dire plus de la moitié estiment que les sortants
CCLXXVI

de l’UAM n’ont que 25% de chances pour avoir un emploi avec un taux
de réponse de 54,34%. A en croire donc ces enquêtés les diplômés de
l’UAM ne sont pas trop recherchés sur le marché de l’emploi ; on peut
penser que cette opinion relève d’un certain pessimisme de la part de
ces personnes mais pourtant certains enquêtés ont estimé que ces
chances sont même en deçà de 25%.D’ailleurs c’est pour cette raison
que parmi les enquêtés personne n’a apprécié ces chances à 100%.
A côté de ces conceptions plus ou moins extrémistes , d’autres
préfèrent relativiser leurs propos et on retrouve 23,82% des enquêtés
qui pensent que les diplômés formés par l’université de Niamey ont 50%
de chances d’insertion professionnelle contre 21,83% qui vont un peu
plus loin en situant ces chances autour de 75% .

Mais que pensent-ils alors des chances d’insertion professionnelle des


autres diplômés ?

Indicateurs Diplômés des écoles professionnelles

VA VR

100% 22 05 ,45%

75% 228 56,57%

50% 143 35,48%

25% 10 02,48%

Total 403 100%

Avant que le Niger ne soit plongé dans sa situation de marasme


économique caractérisée par une baisse sensible des activités de
CCLXXVII

production et surtout une crise de l’emploi, les jeunes cadres sortants de


tout le système éducatif trouvaient facilement de l`emploi. Mais
aujourd`hui avoir un emploi relève d`un véritable parcours du
combattant. Toute fois cette situation est à nuancer car elle n’est pas
générale chez tous les types de diplômés. Ainsi on constate que certains
s’intègrent facilement dans le marché de l’emploi tandis que d’autres ont
toutes les difficultés du monde. C’est dans ce contexte que les diplômés
de l’UAM ont été invités à se prononcer sur les chances d’insertion
professionnelle des autres diplômés et singulièrement ceux des écoles
professionnelles qui sont de nos jours présentés comme des concurrents
potentiels de ces enquêtés . Il faut préciser que de nos jours, on impute
à tort ou à raison la responsabilité du sous emploi des diplômés de
l’UAM à leur formation universitaire taxée souvent de ne plus répondre
aux besoins du marché de l’emploi ; ce qui, du coup favorise le flux
d’étudiants vers d’autres catégories de l’enseignement supérieur.
En effet sur les 403 personnes interrogées, 228 estiment que les
diplômés des écoles professionnelles ont 75% de chances pour intégrer
le marché de l’emploi, ils représentent plus de la moitié des enquêtés
avec un taux de réponses d’environ 56,57% ; tandis que 143 personnes
pensent que les chances d’insertion de ces diplômés se situent au
niveau de la moyenne c’est-à-dire 50%, avec une proportion de 35,48%.
Enfin on constate une certaine désillusion à travers la
perception de ces personnes ayant une expérience notoire sur la
recherche de l’emploi, car contrairement à ce que beaucoup de gens
pensent comme quoi les écoles professionnelles garantissent l’insertion
professionnelle de jeunes, seules 22 personnes soutiennent cette idée
(100℅ de chance) avec une faible proportion de 05 ,45%.
CCLXXVIII

Eu égard à tout ce qui précède quelle est l’appréciation


générale des enquêtés vis-à-vis du rapport entre les sortants de
l’université de Niamey et le monde de l’emploi ?

Rapport entre "out put "de l’UAM et marché de l’emploi

Indicateurs VA VR

Diplômés recherchés 105 26,05%

Diplômés non 281 69,72%


recherchés

Ne sait pas 17 02,24%

Total 403 100%

Compte tenu de leur expérience sur la recherche de l’emploi les


"out put" de l’UAM peuvent aussi avoir une idée sur la question de savoir
si réellement les diplômés de leur université sont recherchés sur le
marché de l’emploi ou pas. Ainsi sur les 403 personnes interrogées, 281
pensent que ces diplômés ne sont pas recherchés, soit un taux de
réponse d’environ 69,72%. Cela montre alors si besoin est que ces
enquêtés ont des difficultés d’insertion professionnelle. Mieux, on peut
dire qu’ils ne sont pas compétitifs sur le marché du travail.
Même si 26,05% estiment que ces diplômés sont recherchés,
l’écart entre les deux taux qui est d’environ 43,67% et surtout le taux
d’abstention (02,24%) vis-à-vis de la question, permettent de dire que
CCLXXIX

l’insertion professionnelle des diplômés formés par l’UAM est de plus en


plus préoccupante.

Perception du type de diplômés que doit former l’UAM

Indicateurs VA VR

Même type de diplômés 107 26,55%

D’autres types de 260 64,51%


diplômés

Ne sait pas 36 08,93%

Total 403 100%

Ce tableau aborde le thème sur les perspectives au sein du


système universitaire. Ainsi à propos des types de diplômés formés à
l’UAM, environ 64,51% des enquêtés estiment qu’il faille produire
d’autres types. Ceux-ci s’inscrivent donc dans une logique de
changement. On sait par ailleurs que ces acteurs sont sur le terrain c'est-
à-dire sur le marché de l’emploi. Donc le fait de vouloir ce changement
laisse entrevoir qu’au regard de leurs expériences respectives, ces
diplômés estiment que l’UAM doit désormais mettre à la disposition du
monde du travail des ressources humaines aptes à répondre aux
besoins de celui-ci. En outre, cela pourrait aussi amoindrir les difficultés
liées à la recherche d’un emploi car avant tout l’offre est assez restreinte
alors que la demande s’accroît de façon exponentielle.
CCLXXX

Par contre 107 personnes interrogées soit environ 26,55% sont


pour le statuquo dans le cadre de la sanction des études en soutenant
que l’UAM doit continuer à produire les mêmes types de diplômes.
L’explication de cette position est toute simple. En effet parmi les
enquêtés il y’en a qui n’ont pas connu de difficultés pour décrocher un
emploi. Il s’agit notamment des diplômés antérieurs à 1990 l’époque où
ils étaient embauchés systématiquement par l’Etat ou le secteur privé ;
cette position peut aussi être celle des jeunes diplômés de l’UAM ayant
été recrutés directement après leurs études donc n’ayant pas connu des
moments difficiles dans la recherche de l’emploi.
Mais pour contrôler cette relation entre la perception des enquêtés
et le type de diplôme produit par l’UAM il a été introduit une variable test
« type de qualification », le tableau suivant en donne les résultats.

Qualifications attendues de l’UAM

Indicateurs VA VR

98 24,31%
Des chercheurs

247 61,29%
Des professionnels

58 14,39%
Les deux

403 100%
Total

L’observation de ce tableau montre que sur les 403 enquêtés 247


personnes attendent de l’UAM une formation professionnelle, soit un
CCLXXXI

taux de réponse de 61,29%. Cette préférence pour la formation


professionnelle est le résultat des difficultés rencontrées par ces
diplômés pour trouver de l’emploi à cause du caractère général de leur
profil. Par contre 98 personnes soit environ 24,31% pensent que l’UAM
doit former des chercheurs. Il s’agit pour eux de poursuivre des études
avec à terme la possibilité de devenir des chercheurs universitaires ou
pour se mettre à la disposition d’autres structures de recherche. Cela
montre aussi que ces personnes ont la volonté de contribuer au
développement socio-économique du Niger à un niveau élevé.
En fin 58 enquêtés soit environ 14,39% orientent leur choix vers les
deux types de formations. Ce double choix résulte d’une part de leur
souci pour être qualifiés dans un métier précis et d’autre part de
l’opportunité de poursuivre de longues études. En réalité cela
correspond à l’option du CAMES qui de nos jours demande aux
universités d’adopter le système LMD dans lequel les deux types de
formations sont valorisés.

Les finalités de la formation à l’UAM

Indicateurs VA VR

Un emploi 256 63,52%


précis

Un champ 109 27,04%


d’étude

Les deux 38 09,42%


CCLXXXII

Total 403 100%

La question de la finalité de la formation de l’UAM prend toute son


ampleur chez les out put lorsque presque 63,52% optent pour une
orientation vers un emploi précis. Cependant à côté de cette majorité on
retrouve également une proportion non négligeable avec un taux de
27,04% de personnes préférant avoir comme formation la maîtrise de
connaissances dans un champ d’étude donné. A ce niveau en réalité il
s’agit de la conception de la formation universitaire telle qu’elle se
présente actuellement ; mieux c’est la formation de type général que
cette catégorie de sortants de l’UAM défend.
Enfin, tout comme à propos du type de formation souhaité, 09,42%
des enquêtés préfèrent les deux options pour sûrement multiplier leurs
chances d’insertion professionnelle.

Perception de la durée des formations de l’UAM

Indicateurs VA VR
CCLXXXIII

Longue durée 158 39,20%

Courte durée 71 17,61%

Durée moyenne 174 43,17%

Total 403 100%

En ce qui concerne le temps de la formation à l’UAM, sur les 403


répondants, 174 soit une proportion de 43,17% souhaitent que la
formation soit de durée moyenne. Cette prise de position n’étonne guère
dans la mesure où ces diplômés universitaires se sont vus plusieurs fois
disqualifiés lors de la recherche des emplois face à des candidats ayant
une formation universitaire d‘un autre type comme le BTS qui ne dure
que deux années ou la licence professionnelle qui, même si elle dure
trois ans comme la licence générale, permet néanmoins aux
récipiendaires de sortir avec une certaine aptitude à exercer un métier
du fait des stages et autres activités pratiques qui complètent utilement
la formation.
On constate aussi que 158 personnes soit 39,20% désirent une
formation de longue durée. Ici également on peut justifier cette option
par un découragement dû à l’illusion entre ambition de carrière et réalités
de marché de l’emploi car, une fois sur le terrain ces diplômés regrettent
souvent le fait d’écourter leurs études et de ne pas pouvoir s’insérer
professionnellement ; ils souhaitent pour la plupart poursuivre les études.
CCLXXXIV

Synthèse des entretiens directifs avec les out put de l’UAM


A travers ces entretiens qui ont porté sur plusieurs sous thèmes,
l’essentiel en ce qui concerne ce travail est de vérifier les rapports entre
la variable formation et la variable emploi c'est-à-dire la tâche exécutée.
Après avoir passé en revue l’exécution de leurs tâches sur le
terrain on retient que les sortants de l’UAM rencontrent des difficultés
d’adaptation. En effet selon les résultats présentés ci-dessus, environ
36,47% des enquêtés affirment qu’ils accomplissent leurs tâches avec
un peu d’effort c'est-à-dire qu’ils y arrivent à bout de multiples
apprentissages. La vie active est alors une sorte d’école là où ils doivent,
en plus de leurs acquis universitaires apprendre à exécuter un métier.
On est alors tenté de dire que leurs formations ne les ont pas préparés
pour exécuter un emploi précis. Dans le même ordre d’idées 31,76% des
enquêtés affirment carrément qu’ils arrivent à peine à exécuter leurs
tâches.
Cette situation entraîne naturellement un taux d’insatisfaction
important en ce qui concerne l’exécution des tâches. A ce sujet environ
44,16% des enquêtés soutiennent systématiquement qu’ils ne sont pas
satisfaits de leurs tâches.
La leçon qu’on peut tirer de toutes ces affirmations c’est qu’en
réalité les diplômés de l’UAM ne sont pas à l’aise sur le marché de
l’emploi. C’est pourquoi d’ailleurs environ 39,95% des enquêtés affirment
qu’il n’y a aucune correspondance entre leurs profils de formation et les
tâches qu’ils exécutent.
Cependant dans le souci de mieux appréhender ces différents
rapports entre formations universitaires et emplois, cette thèse retrace
l’itinéraire professionnel d’un échantillon de diplômés de l’UAM. A travers
donc leurs parcours et leurs expériences professionnelles il semble plus
CCLXXXV

aisé de comprendre comment vivent-ils au quotidien le face à face entre


leurs acquis universitaires et les tâches sur le marché de l’emploi.

6.3.2 Itinéraire professionnel d’un échantillon de 12(douze)out put


de l’UAM

M.D, Duel philosophie, professeur de Français : en marge de ses


activités de professeur de Français M.D. est aussi répétiteur c'est-à-dire
qu’il encadre des élèves du primaire à leur domicile moyennant une
somme pour le moins modeste. Ni sa formation en philosophie ni son
BTS en assurance n’interviennent dans ses activités professionnelles. Il
s’explique : « j’ai obtenu mon BAC en 1997. Il a fallu en 2002 pour que je
m’inscrive à l’UAM au département de philosophie. En 2004, j’ai eu mon
Duel. Comme les conditions d’études sont difficiles à l’UAM et surtout
que je n’avais pas de bourse pour poursuivre mes études j’ai préféré
chercher du travail. Après plusieurs démarches vaines, j’ai pu être
recruté comme contractuel de l’éducation en 2005. Là je suis mis à la
disposition d’un collège comme professeur de Français. Mon métier
actuel n’a rien à voir avec ma formation universitaire. C’est à peine que
je parviens à enseigner le Français. J’aurais bien voulu avoir au moins
une licence en philosophie pour pouvoir enseigner cette discipline au
lycée. Par ailleurs j’ai eu un BTS en Assurance pour accroître mes
chances sur le marché de l’emploi mais, cela n’a rien donné. »

O.H, 30 ans, titulaire d’une maîtrise en Droit, a cherché vainement un


emploi qui correspond à son profil. Il a toujours souhaité exercé le métier
de juriste mais la situation précaire de l’emploi l’a contraint à travailler
comme vendeur ambulant pour le compte d’une société de la place.
Voici ces explications : « Avec ma maîtrise en Droit en poche depuis
CCLXXXVI

2003, j’ai pu seulement effectuer le service civique national au Ministère


de la Justice pendant deux ans. Après cela, comme la fonction publique
ne recrute plus, j’ai tenté de décrocher un emploi dans le privé à travers
l’ANPE. Mais je n’ai malheureusement pas trouvé du travail. C’est
seulement en 2006 que j’ai profité d’une offre de la société Nestlé qui
cherchait des agents distributeurs de produits. C’est cela mon métier
actuel. Je parcours la ville de Niamey sur une moto qu’on m`a donnée à
cet effet pour distribuer des produits Nestlé. Ma formation de Droit me
servira peut être plus tard quand je vais retourner sur les bancs car je
compte un jour faire un DESS toujours en Droit. Franchement ce que je
fais actuellement me procure certes un bon revenu mais on a pas eu
besoin de ma formation universitaire pour m’embaucher ».

M.S., 32 ans, titulaire d’une licence en géographie, appelé du service


civique au lycée Kasaï de Niamey ; il est actuellement à la recherche
d’un emploi car au moment de l’enquête il est en service civique et celui-
ci est prévu tout juste pour une durée de deux ans ; il parle de sa
situation : « Lorsque j’ai déposé mon dossier au Ministère de
l’enseignement supérieur, j’ai été retenu parmi ceux qui doivent
enseigner. J’ai actuellement beaucoup de dossiers dans les ONG qui
recrutent parfois des géographes. En fait comme je n’ai pas d’expérience
j’ai moins de chances là-bas. Actuellement je me contente du service
civique et j’enseigne l’histoire et la géographie aux élèves du lycée. Je
n’ai pas assez de pédagogie pour le faire mais la théorie acquise à
l’université m’aide à m’adapter à mes fonctions. Avec un peu de lecture
surtout en histoire qui n’est pas trop mon domaine et avec l’habitude je
pense que je m’en sortirai d’ici la fin de mes deux ans de service civique.
Au cas où je ne trouverai pas un autre emploi je signerai un contrat pour
continuer à enseigner ».
CCLXXXVII

K.D est une jeune diplômée en anglais, elle est appelée du service
civique dans un ministère ; elle n’a pas encore décroché un emploi mais
elle se plaint du fait qu’elle travaille actuellement comme une secrétaire
de direction, ce qui selon elle n’a rien à voir avec l’anglais qu’elle a
étudié. Elle retrace son vécu ainsi: «Je suis titulaire d’une licence en
anglais que j’ai décrochée en 2002 à l’UAM. Parallèlement en 2001-2002
j’ai suivi des cours d’informatique au département de sociologie. De
2002 à 2004 je suis restée à la maison sans travail. J`ai déposé
plusieurs dossiers dans les organismes internationaux comme
l`UNICEF ; une fois j`ai été sélectionnée pour un entretien d`embauche
au niveau de l`ambassade des Etats-Unis qui cherchait des traducteurs ;
mais comme c`est un métier que je n`ai jamais pratiqué j`ai été
disqualifiée pour manque d`expérience. De 2004 à 2006 j’ai accompli le
service civique national au Ministère de l’hydraulique de l’environnement
et de la lutte contre la désertification au niveau du secrétariat du Bureau
d’ordre. En 2006 j’ai eu une reconduction du service civique au même
ministère. Le travail que je fais au secrétariat n’a rien de commun avec
ma licence en anglais. Je suis comme une secrétaire qui s`occupe de
l`enregistrement du courrier, de la transmission, de classement des
dossiers et autre chose de ce genre».

I.M est titulaire d’une maîtrise en Agronomie depuis 2002 ; il évoque sa


désillusion face à sa perception du marché de l’emploi avant qu’il n’y
arrive ; il pensait qu’au Niger pays dont l’agriculture domine le secteur
économique, un agronome était incontournable ; mais les réalités du
marché lui montrent que sa formation ne convient pas du tout aux
potentiels employeurs. Il s’exprime ainsi : «De 2002 à 2004 j’ai effectué
mon service civique au Ministère de l’Agriculture. J’ai voulu avoir une
CCLXXXVIII

reconduction mais cela n’a pas été possible. Pour joindre les deux bouts
je fus contraint de me reconvertir en contractuel de l`éducation et j`ai
signé un contrat au niveau de la Direction régionale de l`enseignement
secondaire. J’enseigne actuellement les mathématiques et les SVT.J’ai
l’impression qu’au Niger la formation ne cadre pas les besoins de la
population. L’Etat doit revoir sa politique éducative pour faciliter
l’insertion professionnelle des jeunes diplômés. Un autre fait marquant
ce que même si on a le diplôme requis tant qu’on pas de soutien on ne
peut que galérer. Personnellement je pense que ma place n’est pas
dans l’enseignement. Je suis appelé à être un homme de terrain pour la
valorisation des intrants agricoles. Cela montre qu’il n’y a pas adéquation
entre mon diplôme et ma profession».

H.A, 33 ans, maîtrise en gestion est actuellement professeur de


mathématique ;il estime que sa formation ne colle pas vraiment à ce qu’il
fait .Voici ses explications : «Je suis admis au BAC D en 1997 et par la
suite j’ai pris une inscription à l’UAM précisément à la FSEJ. J’ai obtenu
une licence en économie et puis une maîtrise en gestion. Après avoir
accompli mon service civique au Ministère de la jeunesse et du sport en
2006, j’ai subséquemment cherché à être contractuel de l’éducation car
toutes les voies de l`emploi que j`ai explorées n`ont rien donné Depuis
2006, j’enseigne mathématique au CEG 6 et parallèlement je donne des
cours de maison. Mon souhait était celui d’être gestionnaire dans une
entreprise ou une société mais du moment où cela n’a pas pu se
réaliser, je suis obligé de trouver une préoccupation ailleurs en attendant
des lendemains meilleurs. En toute objectivité je pense que je suis
gestionnaire de formation et non mathématicien. Face à cette situation je
puis affirmer qu’il n’y a pas adéquation entre la profession que j’exerce et
mon diplôme».
CCLXXXIX

G.Y, 41 ans, sociologue travaille dans une commission de l’assemblée


nationale mais il pense qu’il travaille en réalité comme juriste et non
comme sociologue. Cependant il s’emble bien s’adapter à ses fonctions.
Il retrace son itinéraire ainsi: «Je suis titulaire d’un C2 de sociologie
depuis 2003 que je n’ai pas pu soutenir à cause d’un problème
d’encadrement. Je tenterai de vous répondre à la question posée à partir
de cette introduction. Cela dit, dans le souci de lier la formation à
l’emploi, j’ai déposé un dossier de service civique, pour la
programmation 2003-2005 ; finalement j’étais programmé et retenu pour
servir à l’Assemblée Nationale ; une fois dans cette institution je fus
affecté dans une des sept commissions de l’Assemblée notamment la
commission des affaires sociales et culturelles (CAS / C).En débarquant
dans cette commission, une question m’était venue à l’esprit : en quoi je
leur serais utile en tant que sociologue ?En réalité dans cette
commission j’ai fais plus de travail juridique que sociologique. J’ai joué le
rôle d’Assistant de commission. Au même titre que les autres
fonctionnaires des commissions ; nous assistons les députés dans les
procédures d’études des projets de textes et lois soumis à l’Assemblée
nationale. A l’occasion on fait des amendements ; on dresse des
rapports et avis des commissions par rapport à tel ou tel projet de lois.
Sur tout un autre plan, on aidait les députés à la mise en forme des
propositions de lois qu’ils ont à faire ; nous rédigeons les différents
thèmes de contributions lors de leur missions à l’extérieur pour des
échanges ; en terme de rendement immédiat dans ma filière, je dirai il
n’y a certes pas eu adéquation entre ma formation et les tâches que
j`effectue. Mais au contraire, à chaque situation on s’adapte et on se
reconverti dans sa nouvelle tâche ; donc la seule occasion qu’on nous
donne pur appliquer nos connaissances de sociologie, c’est au cours de
quelques rares enquêtes de témoin. Somme toute pour parler de
CCXC

l’adéquation formation-emploi, il faut plutôt généraliser la formation vers


les besoins ; au cas contraire le jeune diplômé sera obligé de faire de la
pluridisciplinarité».

S.S, 32 ans, Linguiste de formation travail dans un service du ministere


et s’occupe de la documentation. Bien que cela ne soit pas son domaine
il arrive à s’en sortir et il le dit en ces termes : «J’ai obtenu mon BAC en
1998 et toute l’année 98 – 99 je l’ai passé à la maison sans rien faire. En
1999 j’ai fait mon inscription en 1ère année de Linguistique à l’Université
Abdou Moumouni de Niamey. En 2004 j’ai obtenu un C2 en Linguistique
et cela m’a permis de d’être retenu pour le service civique national
promotion 2005-2007 au Ministère de l’hydraulique, de l’environnement
et de la lutte contre la désertification, précisément au centre
d’information et de la documentation. Je n`ai pas grand-chose comme
connaissance en documentation alors que je suis placé comme
documentaliste ; je m`en sors tant bien que mal car c`est le service
civique et c`est même une chance pour moi d`être impliqué dans les
activités de ce ministère car beaucoup d`appelés du service civique ne
font rien dans leurs services. Par faute donc de trouver une autre activité
fixe j’étais obligé de renouveler le service pour la promotion 2007-2009.
Concrètement je pense qu’il n’y a pas d’adéquation entre mon diplôme
de Linguistique et la formation professionnelle».

S.I, gestionnaire de son Etat ;à défaut de travailler dans une entreprise il


enseigne sa discipline dans une grande école. Il invite les jeunes à
chercher le diplôme seulement et qu’on peut se débrouiller autrement
malgré la situation précaire des emplois au Niger ; en outre il propose
des reformes à l’université. Il résume son itinéraire professionnel en ces
termes: «L’UAM est la seule université que possède le Niger et pour sa
CCXCI

crédibilité et son maintien, les réformes doivent être apportées.


Lorsqu’en 1997 j’ai obtenu mon BAC je me suis inscrit à l’UAM d’où je
suis sorti avec une licence en économie. Ce diplôme me permet de
dispenser des cours de gestion à l’IRIMAG et de faire également des
cours de maison. La jeunesse nigérienne doit vraiment se mobiliser et se
former car ce qui est sûr aucun diplôme n’est vain ou dépassé.
Seulement, il faut désormais chercher à s’inscrire dans la logique des
besoins réels du pays. Je n`ai certes pas eu la chance d`être embauché
par une entreprise, mais j`ai des promotionnaires de l`université qui
travaillent par exemple dans des banques et d`autres entreprises ; donc
j`ai toujours l`espoir que cela ira mieux un jour car j`ai vu que mon profil
est vraiment recherché. Il est vrai que l’Etat ne peut pas embaucher tout
le monde mais cela ne doit en aucun cas décourager les jeunes à faire
des études supérieures. Pour ma part les cours que je dispense ne
m`empêchent pas de continuer à chercher d`autres emplois. Mais en
attendant je pense qu`il y a une parfaite adéquation entre ma licence en
économie et les cours de gestion que je dispense».

K.M.S, 33 ans, juriste de formation, il est en service civique au ministère


de la justice ;mais comme la plupart des ses collègues il n’est pas
impliqué dans les activité du ministère ,cependant il s’estime heureux du
fait qu’il comprenne au moins tout ce qu’on y fait explique: «Après
l’obtention de mon baccalauréat en 1997, j’ai pris une inscription à la
seule université que compte le Niger librement à la faculté des sciences
économiques et juridiques (FSEJ) section droit. Du fait des difficultés qui
couronnent la formation aussi bien sur le plan social qu’académique,
illustrées par l’extrême instabilité des années académiques, j’ai décidé
de poursuivre mes études à partir de la licence à l’Institut International
Supérieur d’Administration et de Gestion des Entreprises à mes propres
CCXCII

frais. De 2004 à 2006, j’ai accompli mon devoir de citoyen nigérien après
l’obtention de ma licence en droit privé, en l’occurrence le service
civique. J`étais au ministère de la justice. Même si je n`ai pas été
impliqué directement dans les activités de ce ministère je me suis senti
néanmoins important parce que je comprenais tout ce qui se passait,
donc si j`avais eu la chance d`avoir des responsabilités j`allais sûrement
m`en sortir. Depuis lors, plus rien ne se manifeste à l’horizon
relativement à la vie active. Aussi bien à l’université qu’à l’Institut
International, la formation édifie les étudiants à affronter la carrière, mais
le caractère héréditaire des postes au Niger laisse passer des candidats
qui n’ont aucune qualification au détriment de ceux qui ont le bagage
requis. En général, l’expérience nigérienne, ne reflète aucune
adéquation entre la formation et l’emploi».
S.M est sociologue spécialiste en développement communautaire, il est
mis à la disposition du ministère de l’équipement là où il ne fait presque
rien, et il se consacre aux enquêtes socioéconomiques commanditées
par des organismes. Il s`explique en ces termes: « Après l’obtention du
BAC en 1994, j’ai pris une inscription à l’université Abdou Moumouni
Dioffo de Niamey à la faculté des lettres et sciences humaines, section
sociologie. J’ai obtenu un duel en 1998. Après la licence, j’ai obtenu une
bourse pour m’inscrire en Maîtrise sociologie option développement
communautaire à l`université de Lomé (Togo). Avec mes diplômes, j’ai
pu effectuer le service civique national et de multiples consultations et
enquêtes qui, en réalité ne me procurent que juste un revenu de
subsistance.
En faisant les enquêtes je me retrouve car c`est ce que j`ai appris
pendant ma formation. Par contre au ministère de l’équipement où
j`effectue mon service civique national, je ne fais presque rien. J`entends
parler chaque fois de projets ruraux auxquels on me promet de participer
CCXCIII

mais jusqu`à présent rien. En somme je pense que c`est parce que je
suis" civicard" que je ne vois aucune adéquation entre ma formation et
mon poste actuel. On devrait me mettre à la disposition du ministère du
développement communautaire».

B.M.A, 27 ans, géographe de formation, il travaille dans le cadre du


développement local et pense que ceci correspond bien à sa formation ;
cependant il est là en qualité d’appelé du service civique et donc appelé
à quitter après deux ans. Il explique: «2001 a été l’année d’obtention de
mon BAC et au même moment je m’étais inscrit en géographie à l’UAM.
En 2005 j’ai réussi mon C2 en géographie. Entre 2005-2007 j’ai accompli
mon service civique national au niveau du Ministère du développement
communautaire. Contrairement aux autres" appelés" qui sont très
souvent mis à l`écart j`ai été impliqué pendant mes deux années dans
des activités de soutien aux initiatives de développement local de ma
direction. Nous assistons les populations dans la conception de leurs
projets et aussi dans leur mise en œuvre. Outre le service civique que
j`ai effectué à la mairie de goroual, je dirige un club de karaté et je suis
en même temps superviseur des jardins. J’assure aussi la location des
chaises et bâches dans un cadre purement privé. Compte tenu de la
situation du pays, les jeunes diplômés sont obligés de faire autre chose
que le service civique et je pense qu’il y a une vraie adéquation entre ce
que je fais comme travail à la mairie et mon C2 de géographie».

Remarques :
On constate à travers le vécu professionnel de ces diplômés qu’en
réalité malgré quelques difficultés liées à l’adaptation à leur travail ils
arrivent néanmoins à s’en sortir. Donc la méthode de l’université qui
CCXCIV

consiste à donner à l’étudiant un certain nombre d’acquis théoriques et


de l’inciter à faire le lien avec les réalités pratiques du terrain, semble
marcher bien à ce niveau ; ces diplômés exercent souvent dans les
domaines qu’ils ont été formés mais des fois ils se reconvertissent
encore en cas de besoin à d’autres domaines, ce qui est sans doute
possible grâce à leurs acquis universitaires.
Apparemment la formation universitaire ouvre assez de
perspectives pourvu seulement que les conditions soient réunies ; mais
cependant on remarque aussi qu’il n’ya en général pas d’initiatives
individuelles de la part de ces diplômés notamment ils ne pensent pas
créer leurs propres emplois. Cela s’explique justement par le fait qu’au
Niger les diplômés attendent toujours d’être embauchés par un
employeur et les gens n’ont pas la culture de la profession libérale
surtout pour ceux qui sont fraichement sortis du système de formation et
qui font leurs premiers pas dans le monde du travail.
On est alors tenté de dire que ces diplômés formés par l’université
sont bien prêts à intégrer le marché de l’emploi et que ce dernier ne
semble pas du tout prêt à les accueillir ; ici il y a deux raisons
fondamentales qui peuvent justifier cela : d’un part l’offre d’emploi est
restreinte et de l’autre on assiste à l’émergence de nouveaux métiers,
fruits de l’évolution technologique comme le marketing, l’informatique,
etc. , que l’université doit désormais prendre en compte pour faire face à
la demande du marché de l’emploi .
CCXCV

Chapitre7 : De la formation universitaire à l’emploi au Niger


7.1 La formation à l’UAM : stagflation scolaire
1.2.1 Séduisante pour les familles et prometteuse pour
l`ensemble de la société, la formation universitaire s`est
développée partout en Afrique. Ce développement est apprécié
diversement et certains estiment qu`il est insuffisant tandis que
pour d`autres c`est beaucoup trop. Pourtant l`on constate que plus
l`émergence de l`université se poursuit et plus les désillusions
quant à ses missions se succèdent.

En France par exemple, les événements de mai 1968 ne furent pas


aussi simples qu`il soit possible de les expliquer par une cause précise.
Cependant, l`on ne pouvait manquer de considérer que les inquiétudes
sur les perspectives d`emploi surtout chez les étudiants en psychologie
et en sociologie, avaient joué un rôle de détonateur ou même de
catalyseur. Comme précisé plus haut on peut mesurer l’efficacité d’un
système de deux manières ; premièrement il s’agit de voir son
organisation interne ou ses conditions de production. Pour l’université il
s’agit de sa gestion et de ses conditions de vie et de travail. C’est ce
qu’on entend par efficacité interne ; deuxièmement l’efficacité externe
c’est-à- dire les capacités d’un système à satisfaire son environnement
d’implantation. Pour l’université c’est donc la pertinence des diplômés
qu’elle propose à la société et singulièrement au marché de l’emploi.
Pourtant la formation universitaire ne développe forcement les
perspectives d’emploi.
1.2.2 L’on admet le plus souvent que l’éducation en général
et la formation universitaire en particulier stimulent l’emploi dans
CCXCVI

les secteurs modernes des économies en développement tout en


favorisant les motivations pour l’émergence d’un esprit d’entreprise
et d’autres attitudes individualistes.
1.2.3 Au Niger en particulier le but assigné au système
éducatif est de faire éclater les structures mentales tradionnelles
qui permettent aux jeunes formés de trouver rapidement de
l’emploi. Or la persistance du chômage et du sous emploi urbains
surtout montrent que cette ambition est loin d’être réalisée.
1.2.4 La majorité des acteurs ont toujours estimé que plus
les individus disposent d’une formation universitaire longue, plus ils
ont la chance d’accéder à des emplois, car l’enseignement
universitaire familiarise les « out put » avec les possibilités offertes
par le marché de l’emploi.
D’une manière générale disons que l’UAM qui est une université de
création post coloniale avait des missions qu’elle a accomplies en partie.
Parmi celles-ci on peut noter la mise à la disposition du pays des cadres
qui ont contribué significativement au processus de développement à
travers divers secteurs d’activités.
Ainsi, compte tenu de l’impact de l’enseignement supérieur sur la vie
socio économique qui elle aussi suit un rythme évolutif, de nouvelles
missions incombent désormais à l’UAM. C’est pourquoi l’université, dans
le cadre de son rapport avec le marché de l’emploi doit produire une
nouvelle génération de diplômés ayant une formation pluridisciplinaire et
non générale telle qu’elle existe actuellement, afin que ces jeunes
puissent être capables de s’adapter à un monde en pleine mutation.
C’est seulement dans cette perspective que la formation de l’UAM
pourra être efficace du point de vue externe.
CCXCVII

Abordant justement cette question d’efficacité de l’UAM l’analyse des


résultats des enquêtes réalisées au cours de ce travail, montre que dans
l’ensemble l’organisation de la formation se passe dans des conditions
acceptables. Mieux l’efficacité interne du système pédagogique de l’UAM
ne souffre pas de difficultés pouvant influencer la qualité sinon la
pertinence des diplômés qu’elle forme. En réalité le problème se situe au
niveau de l’efficacité externe c'est-à-dire l’usage que le monde du travail
en fait.
A ce sujet les résultats des enquêtes ont montré que la majorité des
acteurs pensent que l’offre de l’emploi au Niger est si restreinte qu’elle
ne peut satisfaire la demande et certains ajoutent même que de nos
jours les diplômés de l’UAM ne sont plus recherchés sur le marché de
l’emploi comme auparavant. Cela s’explique par le fait que la majorité
des sortants de l’université "ne se retrouvent plus" aujourd’hui sur ce
marché de l’emploi car celui-ci exprime de nouveaux besoins dont ces
diplômés ne peuvent plus valablement satisfaire.
Le chômage d’un grand nombre de sortants de l’université de Niamey
est un argument solide pour confirmer cette hypothèse. Donc dire que
l’université forme des diplômés capables d’exercer dans tous les
secteurs d’activité est vrai, mais cela ne peut se produire que dans la
situation particulière où le marché de l’emploi est parfait c'est-à-dire
lorsque ses besoins ne sont pas changeants. En outre la situation des
jeunes diplômés du Niger peut être assimilée à une sorte de stagflation
scolaire.
Celle-ci correspond à une situation de récession économique au
cours de laquelle on observe une inflation. Par analogie, on peut donc la
définir comme une situation de stagnation ou de récession des offres
CCXCVIII

d’emploi pour les diplômés du système scolaire et de forte expansion


des effectifs inscrits et des coûts de l’éducation47.

A la lumière de cette définition il apparaît que la stagflation scolaire


peut avoir des conditions de développement qu’on peut classer en
quatre (4) points:
1.2.5 1) Une forte expansion du système éducatif ou d’un système
particulier (par exemple le primaire, le secondaire, ou même le
supérieur) provoquée et entretenue par des facteurs exogènes aux
conditions réelles du monde de l’emploi.
1.2.6 2) Un fort accroissement des ressources consacrées à
l’éducation résultant soit d’une inflation des coûts unitaires, soit de
modifications intervenues dans la répartition du budget national,
soit les deux à la fois.
1.2.7 3) L’apparition d’une demande d’emploi qui se développe
parallèlement au système scolaire, mais à un rythme beaucoup
plus rapide que les offres d’emplois, dont l’évolution dépend
notamment de celle de l’activité économique générale, et des
progrès technologiques dans certains secteurs particuliers.
1.2.8 4) Il en résulte des déséquilibres prenant la forme des sous
emplois ou de chômage :
1.2.9 - Entre ambition de carrière et emplois disponibles,
1.2.10 - Pour certaines qualifications en raison du manque de
formations ou d’absence d’offres solvables.
1.2.11 En effet, au Niger l’une des plus grandes manifestations de
cette stagflation scolaire est le chômage des jeunes diplômés.
L’écrasante majorité des diplômés surtout ceux des universités
ayant reçu des formations générales s’aperçoivent, une fois sur le

47
HALLAK J.,opcite.
CCXCIX

marché de l’emploi, qu’il y a un fossé très large entre leurs


ambitions de carrière et les emplois auxquels ils peuvent
prétendre. Par conséquent, les phénomènes de la reconversion se
développent à grande vitesse et il n’est pas rare de trouver par
exemple dans le domaine de l’enseignement des ingénieurs
nigériens en techniques forestières qui enseignent les sciences
naturelles ou encore des sociologues ou psychologues qui
enseignent l’histoire et la géographie.
1.2.12 Cette situation résulte d’une part de l’inadéquation entre la
formation de ces jeunes et les emplois disponibles et d’autre part
beaucoup plus d’une stratégie de survie qu’ils développent comme
on peut dire « à défaut de ce qu’on cherche, on se contente de que
l’on a ».

1.2.13 7. 2 Le caractère imparfait du marché de l’emploi du Niger


1.2.14 La mobilité professionnelle nigérienne se caractérise
par une forte concentration de demandeurs d’emploi dans les
zones urbaines.
1.2.15 Même si l’on constate une relative expansion des offres
d’emploi dans ces milieux, il est difficile de satisfaire la demande
qui elle, ne cesse de s’accroître chaque année eu égard d’une
part aux sorties massives du système éducatif et d’autre part à la
croissance démographique élevée (3,3 en 2007).
Cette situation entraîne plusieurs conséquences : avec l’abondance
de la main d’œuvre, les employeurs ont des meilleures possibilités de
choix. Mais pour les demandeurs d’emploi, une compétition féroce
s’installe entre d’une part ceux qui ont perdu leurs emplois, riches en
expérience, mais dont les qualifications sont devenues insuffisantes
compte tenu de l’afflux des jeunes diplômés pauvres en expérience mais
CCC

tout de même disposés à occuper les postes à pourvoir. Mieux,


beaucoup de jeunes diplômés nigériens regorgent d`énormes
potentialités à même d`impulser le développement économique dans
tous les secteurs de la production. Mais les employeurs sont le plus
souvent réticents pour embaucher ces jeunes arguant qu`ils manquent
d`expérience ou qu`ils ont reçu des formations pointues qui exigent
conséquemment des salaires assez élevés. Ce qui ne marche pas avec
les objectifs de la majorité des employeurs qui visent l`accumulation du
profit dans le cadre de leurs entreprises.
D’autre part la compétition se manifeste entre les diplômés ayant reçu
une formation universitaire générale et ceux des écoles professionnelles.
A ce niveau c`est la variable "formation professionnelle" qui est mise
en exergue. Autrement dit au cours des entretiens d`embauche, les
employeurs s`intéressent plutôt à ce que le candidat peut réellement
apporter à leurs entreprise en terme d`initiative, d`innovation et de
productivité. La question qu`on leur pose le plus souvent est "quelle
tâche pouvez-vous concrètement exécuter? " et non " qu`est ce que
vous avez appris au cours de votre formation? ".
Face à cette situation, les diplômés des écoles professionnelles
apparaissent comme les meilleurs candidats pour plusieurs raisons.
D`abord contrairement aux sortants de l`université, pendant leur
formation l`accent a été particulièrement mis sur la pratique par exemple
le stage de perfectionnement en entreprise. Ensuite, ils ont la plupart
reçu des formations orientées vers un métier précis contrairement aux
sortants de l`université. Enfin, leurs niveaux ne dépassent pas en
général le premier cycle universitaire par exemple le Brevet de
Technicien Supérieur qui équivaut à un Bac plus 2 ans. Ce qui fait qu`ils
apparaissent comme une main d`œuvre relativement moins chère mais
aussi apte à travailler.
CCCI

1.2.16 Il faut également noter que même parmi les sortants de


l’université ayant subit des formations de type traditionnel (exemple
maîtrise en droit, en économie, en sociologie, en sciences, etc.),
les conditions d’emploi et de chômage ne sont pas les mêmes. Ici
c’est la variable « filière choisie » pendant le cursus académique
qui est déterminante. Ainsi ceux qui ont étudié les sciences
sociales ont plus de difficultés que les autres. Par exemple au
Niger, dès qu’on a un doctorat d’Etat en médecine, on aura même
l’embarras du choix pour les emplois proposés tant au niveau du
secteur public que du secteur privé. Par contre un géographe ou
un économiste éprouvent toutes les difficultés du monde pour avoir
un emploi.
1.2.17 Ces différents exemples montrent alors si besoin est,
que le marché de l’emploi nigérien est imparfait. D’ailleurs, existe-t-
il réellement un marché de l’emploi parfait notamment là où toutes
les qualifications permettent d’avoir un emploi ? Étant donné que la
demande sociale d’éducation au Niger est stimulée par d’autres
facteurs que la rentabilité notamment la variable démographique, il
est difficile que cette stagflation scolaire s’arrête.
En effet, dans ce pays, le plus gros employeur c'est-à-dire l’Etat ne
paye ses salariés ni en fonction des conditions du marché, ni en fonction
de leur efficacité ou de leur productivité. Le recrutement n’est pas
nécessairement fait en fonction de la qualification des candidats. C’est le
cas des contractuels de l’enseignement que l’Etat recrute sans souci de
leurs qualifications juste pour satisfaire la demande en enseignants.
C’est pourquoi, il n’est pas rare de voir des diplômés en relations
internationales engagés pour enseigner le français aux collégiens et
lycéens ou des ingénieurs en technique forestière faisant office de
professeurs de maths ou de biologie.
CCCII

7. 3 Analyse des rapports entre formation et emploi


L`objectif de cette étude qui est l`analyse des relations
d`adéquation entre formation universitaire et emploi était aussi le souci
de répondre aux besoins de l`économie. Ainsi à la lumière des
investigations menées cet objectif peut être reformulé parce que l`on
constate que les emplois étant ce qu`ils sont, il devient légitime de
donner aux jeunes des formations qui leur permettent d`occuper ces
emplois. Dans ces conditions la recherche de l`adéquation n`apparait
plus comme le seul moyen d`atteindre cet objectif.
C`est pourquoi les responsables de la formation universitaire
nigériens peuvent alors modifier leurs discours et même leurs pratiques.
Notamment ils peuvent souhaiter connaitre la carte des débouchés
d`une formation soit pour infléchir le contenu de cette formation soit
simplement pour informer les “out put” c`est-à-dire les diplômés de ce
qui les attend une fois sur le marché de l`emploi. Cette nouvelle attitude
qui est préconisée nécessite naturellement l`existence d`un bilan
formation/emploi et d`un système d`information et d`orientation des
étudiants. Ce qui n`existe pas encore au Niger.
On a vu aussi que l`idée de l`adéquation sert en plus, pour certains
acteurs, de critère d`évaluation de l`efficacité et de la pertinence des
politiques éducatives c`est-à-dire l`ambition de piloter les formations en
fonction des taux d`adéquation en est le signe. Dans le contexte nigérien
également la justification de cette attitude est que l`adéquation reflète
toujours la solution optimale pour les employeurs comme pour les
individus, donc permet le bon usage des fonds publics consacrés à la
formation.
Les résultats des investigations chez les diplômés de l`université
de Niamey en activité montrent, si besoin est, que l`adéquation entre
leurs formations et leurs emplois n`est pas toujours normative. Mieux, ils
CCCIII

n`exercent pas tout le temps des métiers pour lesquels ils ont été
formés. Donc ils sont en réalité en train de s`adapter ou se sont déjà
adaptés aux tâches qui leur sont confiées. C`est pour cela que l`analyse
par l`adéquation devient ici insuffisante pour mieux expliciter ce
phénomène.
Mais d`autre part, si l`on abandonne cette idée d`adéquation
comme critère d`optimalité des relations formation/emploi, on lui fait
perdre une partie de sa légitimité comme principe organisateur des
recherches empiriques ; il n`est pas nécessaire de commencer par
construire des couples formation-emploi supposés adéquats, soit a priori
soit à partir d`observation statistique comme le veut la théorie
adequationniste. Par contre on peut partir sans idée préconçue de la
carte des couplages entre formations et emplois et chercher des
indicateurs susceptibles de permettre une interprétation sociologique de
ces observations.
Pour ce faire essayons de donner une définition toute simple de la
formation ; on peut dire que c`est une combinaison de compétences
qu`aucune autre ne donne exactement, par exemple un économiste et
un géographe ont chacun une compétence particulière de même qu`un
physicien et un géologue ont chacun des compétences spécifiques. On
peut multiplier les exemples. Mais il est possible pour constituer un profil
d`emploi de définir un sous ensemble quelconque de compétences et de
chercher dans quelles formations il se retrouve, c`est en général la
démarche des employeurs lorsqu`ils lancent des avis de recrutement.
Par exemple si le sous ensemble construit est composé uniquement de
compétences "lire et écrire" il va de soi qu`il se retrouve dans toutes les
formations. Il est donc possible de définir théoriquement n`importe quel
sous ensemble et de chercher dans combien de formations il se
retrouve. Et plus ce nombre est restreint plus le sous ensemble de
CCCIV

compétences peut être dit rare dans la "collection d`objets" constituée


par les formations. C`est dans ce sens qu`on dit par exemple que l`or est
rare pour faire comprendre qu`on n’en trouve pas dans tous les
gisements métallifères.
D’autre part, un emploi peut être considéré comme un ensemble
de compétences requises pour un employeur et ces compétences
peuvent être rares si cet ensemble ne se retrouve que dans un petit
nombre de formations ; or il n’est pas nécessaire que ce cas d’espèce se
produise dans toute situation.
En conséquence il est tout aussi indispensable pour l’employeur de
chercher des formés adéquats pour les postes à pourvoir que pour les
formateurs de viser les compétences requises.
Cependant il est claire que l’université doit dans la conception de
sa formation viser les besoins du marché de l’emploi ; mais elle ne peut
pas se borner à vouloir faire face aux « caprices » du marché de l’emploi
qui lui-même ne peut en réalité maîtriser ses besoins en ressources
humaines et les tenir pour constants compte tenu de l’émergence
souvent conjoncturelle de certains métiers. Néanmoins, il est possible
dans le cas d’une collaboration entre l’université et les employeurs, de
trouver un cadre de concertation qui réunisse les deux parties et à
l’intérieur duquel chacune exprimera ses attentes qui seront prises en
compte. Tel est le fondement de nos propositions sur la nécessité de
création des réseaux que nous développerons dans les prochaines
lignes.
Mais avant d’en arriver aux propositions il est important de
d’évoquer quelques conséquences de cette problématique d’adéquation
entre formation et emploi qui peut être tenue pour responsable de la
situation de chômage ou de sous emplois de jeunes diplômés nigériens.
CCCV

7.4 Quelques conséquences


Après l’analyse de la situation socioprofessionnelle des out put de
l’UAM, il est temps maintenant d’examiner quelques conséquences que
peut engendrer la précarité de l’emploi des jeunes diplômés nigériens en
général. En effet aujourd’hui selon le Conseil National de la Jeunesse,
on estime à plus de 80.000 jeunes diplômés sans emplois. Ce
phénomène semble préoccuper tout le monde tant il apparait dans tous
les discours et malgré que très peu d’actions sont entreprises pour y
remédier.
Depuis que l’économie du pays est mise sous ajustement
structurel, l’offre d’emplois a commencé à stagner car en réalité les
derniers recrutements à la fonction publique, principal employeur,
remontent aux années 1990(même s’il y a eu quelques recrutements
tout récemment sur lesquels nous y reviendrons). A travers donc ce
désengagement ou alors cette démission de l’Etat vis-à-vis du secteur
de l’emploi, le programme prévoyait des mesures d’accompagnement
dont l’accroissement de l’investissement privé qui est censé être
dynamisé afin qu’il puisse à terme générer de l’emploi dans tous les
secteurs d’activités économiques. Malheureusement l’offre d’emplois de
ce secteur elle-même est loin de satisfaire la demande qui ne cesse de
s’accroitre eu égard surtout aux sorties massives du système éducatif
ces dernières années mais encore l’arrivée sur le marché de l’emploi
d’une catégorie de demandeurs ayant perdu leurs emplois suite aux
campagnes de licenciements qui ont suivi les privatisations.
Somme toute, aujourd’hui au Niger il n’existe aucune politique
cohérente qui prenne en compte le sort des jeunes diplômés. Les
quelques programmes concoctés tous azimuts ne concernent qu’une
minorité de ces jeunes et sont en réalité destinés à un public composé
pour la plupart de gens formés dans des centres spécialisés et sont en
CCCVI

général des agents d’exécution. Par contre les diplômés du niveau


supérieur notamment ceux des universités, cadres de conception, sont
quant à eux laissés pour compte.
Comme solution, les pouvoirs publics n’ont rien trouvé que de leur
proposer le service civique national pour une durée de deux ans
moyennant une rémunération sous forme de pécule d’un montant de
50.000 FCFA. Au mieux, le jeune diplômé nigérien ne pourra que signer
un contrat dans le cadre de l’éducation là où il ne gagnera que 44.000
ou 66.000 FCFA selon le niveau où il enseigne car le contrat n’est pas
forcément fait sur la base de son diplôme ; pire encore par ce contrat le
jeune n’a aucune possibilité de prétendre à un plan de carrière. Le
contrat pouvant être interrompu à tout moment, semble donc trop
précaire pour donner une sorte de garantie au jeune diplômé surtout que
le contractuel, une fois à la retraite, n’a aucune prise en charge de la part
de son employeur.
D’autre part on peut aussi dire qu’au Niger le nerf même du
chômage c’est l’absence ou l’insuffisance d’emploi ; si cette tendance se
maintient on assistera, impuissant, si ce n’est déjà le cas, à la
disqualification de certains diplômés qui, après de longues années
d’attente d’un éventuel emploi ne seront plus aptes à se présenter aux
différents concours d’intégration à la fonction publique. D’ailleurs c’est
face à cette inquiétude que le syndicat des travailleurs, de concert avec
les appelés du service civique et autres contractuels, a revendiqué et
obtenu le rehaussement de l’âge de l’entrée à la fonction publique de 35
ans comme il était à 40 ans aujourd’hui et bien d’autres mesures telle
l’augmentation de l’âge de la retraite.
En réalité déjà ces “jeunes retraités“ représentent une large
proportion des chômeurs qui croupissent derrière toutes les affiches et
annonces d’emploi. On les observe généralement à l’ANPE où ils
CCCVII

paraissent pitoyables avec des dossiers ficelés mais dont on est tenté de
comparer à des “papiers inutiles”. Ces ”diplômés endurcis” par le
désespoir présentent physiquement des carrures de fonctionnaires
surpris par l’âge de la retraite.
La complexité et l’imperfection du marché de l’emploi nigérien est
notoire car les conséquences d’une telle situation dont surtout
l’insuffisance des offres d’emplois sont aujourd’hui le lot quotidien des
jeunes diplômés nigériens. A l’époque de la vache grasse, dès
l’obtention du Bac le jeune est programmé pour servir dans un secteur
précis soit pour le compte de l’Etat ou celui du privé ; il va sans dire
qu’en cette période les offres emplois étaient supérieures à l’effectif des
cadres disponibles. De nos jours, on assiste à un renversement de la
tendance et ce sont les cadres qui se disputent un nombre restreint
d’emplois.
Cependant, comme on le disait plus haut on constate ces derniers
temps un regain d’intérêt pour cette jeunesse restée jusque là
marginalisée, avec la reprise des recrutements par la fonction publique à
partir de 2007. En effet selon les autorités, elles ambitionnent de recruter
chaque année environ 6.000 jeunes diplômés. Mais on constate déjà à
travers les premières opérations des recrutements qu’il y’a eu quelques
manquements dans l’organisation des concours.
D’abord tout le monde s’attendait à ce que les concours soient
organisés à l’attention des cadres supérieurs dont l’Etat a réellement
besoin ; mais à la surprise générale les besoins exprimés par les
différents services de l’administration publique ne concernent
principalement que le personnel auxiliaire notamment les secrétaires de
direction, les assistants administratifs ou autre personnel d’exécution.
Apparemment on ne recrute que le personnel d’exécution au détriment
des cadres de conception ; on ne peut pas développer un pays avec
CCCVIII

seulement le personnel d’exécution sinon qui va concevoir les


programmes et projets ?
Ensuite les quelques rares cadres supérieurs qu’on voulait recruter
sont loin de répondre aux besoins réels de l’administration publique, si
l’on sait que ces dernières années avec le phénomène de la retraite
anticipée, plusieurs postes sont restés vacants.
Enfin l’organisation des concours de recrutements a été très peu
populaire car selon plusieurs acteurs , ces concours ont été entachés
d’irrégularités ; toutes choses par ailleurs qui laissent présager que l’on
doit passer par des canaux autres que ceux de ses propres capacité et
compétence pour réussir à décrocher un poste au niveau de
l’administration publique .
Bref, disons que le problème de l’emploi des jeunes diplômés
demeure encore. Pourtant dans un pays comme le Niger déjà fragilisé
par les agitations de la société civile caractérisées par une prise de
conscience citoyenne et tout récemment les mouvements armés dans le
nord, il sera difficile de contenir en plus une jeunesse intellectuellement
mûre et désœuvrée. D’où il risque d’avoir des conséquences diverses et
à tous les niveaux.
Au plan social, le Niger est déjà régulièrement classé dernier de la
planète en matière de enveloppement humain ; le pays possède
également le plus fort taux de croissance démographique. L’insuffisance
de l’offre d’emploi au regard du rythme de croissance démographique
favorise le chômage et le sous emploi. Selon les données du RGP /H
2001, la population active nigérienne s’élève à environ 4.080.938.
L’enquête emploi réalisée en 2002 dans la communauté urbaine de
Niamey montre que la capitale à elle seule compte plus de 28.224
personnes en chômage. De plus parmi ces chômeurs 17,4% seraient
CCCIX

des jeunes de moins de 30 ans ,ce qui laisse donc présager que le
chômage et le sous emploi touchent essentiellement les jeunes.
Ceux-ci sortent par millier des diverses branches du système éducatif
nigérien, généralement avec des qualifications qui ne sont pas du tout en
adéquation avec les besoins réels de l’économie nationale ; pour le
moment ni l’Etat ni le secteur privé n’arrivent à enrôler ces jeunes
diplômés surtout que depuis un certain temps au Niger le niveau du
diplôme n’est plus une viatique pour l’emploi. Face à cette désillusion la
plus part des jeunes ne pouvant rester dans une situation de désespoir
dont la fin ne plane pas encore à l’horizon sont tentés très souvent de
quitter le pays en direction des horizons plus cléments.
A cela s’ajoutent des jeunes ruraux désœuvrés qui envahissent
les villes transformant les centres urbains en des milieux de prédilection
d’insécurité de tout genre à cause de leur extrême vulnérabilité . Cette
jeunesse désœuvrée risque donc d’alourdir le lot des personnes
pauvres et contribuera au maintien de la paupérisation de ces
populations.
Au plan politique, disons que nous avons en mémoire les
événements de mai 1968 ou encore tout récemment ce que les gens ont
appelé crise des banlieues en France. En effet ces différentes crises qui
sont la suite logique de la situation de frustration générale dans laquelle
végète la majorité des jeunes français a pesé de tout son poids sur la
quiétude de la toute puissante France. Alors au Niger même si jusqu’ici
l’on continue à croire que compte tenu du poids de la religion et surtout
d’une forte tradition de tolérance sur laquelle se fonde la quiétude
sociale, nul ne peut prédire que les jeunes pourront être contenus. Ces
jeunes intellectuellement bien formés sont déjà actifs dans plusieurs
organisations comme les ONG, les mouvements citoyens etc. ; et si ils
devaient continuer à rester désœuvrés , sans emplois, naturellement ils
CCCX

ne trouveront d’autres occupations que de militer dans des mouvements


qui cherchent à promouvoir la justice sociale car c’est dans ces formes
de revendications que cette jeunesse marginalisée pourra désormais se
reconnaitre et non dans les projets gouvernementaux qui n’ont fait que
tant de promesses non tenues . Donc mai 68 ou crise des banlieues à la
nigérienne ne sont pas à exclure si l’on n’y prend garde.
CCCXI

8 : Vers une meilleure adéquation entre formation


universitaire et emploi

8.1 Du dialogue entre l’UAM et le marché de l’emploi


8.1.1 Axer le dialogue sur le produit
Le produit de tout système peut devenir un apport important pour
les autres systèmes partenaires quelque soit leur catégorie. Ceux-ci
doivent alors être préparés à recevoir le produit sous la forme et au
moment où ils pourront leur être livrés. Dans cette perspective, nouer et
entretenir de telles relations entre système émetteur et système
récepteur, exige forcement un échange basé sur les informations, les
questions et réponses, les prises de consciences, les éclaircissements et
surtout les négociations.
En ce qui concerne le système éducatif, le dialogue portant sur les
produits, c`est- à-dire les diplômés formés, est chose fondamentale
mais rarement mis en œuvre de manière satisfaisante par les acteurs.
Donc en général le principal produit d`un système éducatif consiste en
individus dotés de savoir-faire et de connaissances et ce produit est
censé fournir un personnel qualifié aux autres systèmes comme
l`agriculture, les industries, les entreprises, etc.
Ainsi, l`université de Niamey, devrait entretenir un dialogue
permanent avec les autres systèmes de telle sorte que ces derniers
puissent déterminer là où il faut placer les individus mis à leur
disposition, leur pénurie de main d`œuvre et finalement là où ils ont noté
des problèmes dont l`université pourra intervenir et trouver des solutions.
Ce faisant, la valeur ou l`efficacité de l`UAM ne se jugera plus en
fonction de la qualité des hommes formés mais plutôt en fonction de
l`utilisation que les autres systèmes en feront. Actuellement cette
CCCXII

institution produit un grand nombre de spécialistes de la recherche


fondamentale et de diplômés de type classique ; sa mission, celle de
répondre aux besoins de la société nigérienne risquerait d`être
compromise, si elle ne met pas à la disposition de celle-ci des
personnels qualifiés dans les domaines vitaux de l`économie nationale
comme celui du développement rural qui est en la base.

8.1.2 Développer les partenariats et les réseaux


Il est en général admis que les formations universitaires doivent
être sous tendues par un partenariat réel entre l’université elle-même et
le les entreprises qui animent le marché de l’emploi. La mise en place
des réseaux entre les différentes facultés et instituts de l’UAM et les
entreprises de la place peut alors produire plus d’effets externes du
système.
Mais ce plaidoyer en faveur des partenariats et des réseaux
suppose la mise en exergue des formations professionnelles qui n’ont
rien à voir avec les formations traditionnelles telles qu’on les connaît
aujourd`hui. Dans des économies comme celle du Niger là où le marché
de l’emploi redéfinit en permanence ses besoins en compétence,
recherche de nouvelles qualifications, ces exigences finissent par être
des facteurs d’un processus d’innovation qui s’impose.
C’est pourquoi, un dialogue entre l’UAM et le marché de l’emploi
pourrait contribuer à l’émergence d‘une coopération active entre les
différentes unités de formation et les entreprises engagées dans le
réseau. A travers cette coopération, chaque partie gardera sa spécificité
mais trouvera surtout avec les autres parties les moyens de se rendre
plus efficace et également de contribuer significativement à la recherche
de solutions aux problèmes de l’autre. Par exemple si l’UAM crée des
réseaux entre ses établissements et les entreprises, ses diplômés
CCCXIII

pourront avoir des opportunités d’emploi dans ces entreprises à travers


des stages de perfectionnement ou des contrats d’embauche. De plus,
ces entreprises pourront en contrepartie bénéficier de l’expertise de
l’université en matière de recherche afin de trouver des solutions à des
problèmes qui auparavant étaient soumis à l’appréciation des
consultants.
Cependant, une fois que les réseaux auront été crées il restera à
préciser le cadre institutionnel qui leur permettra d’évoluer. A ce niveau
les planificateurs d’éducation proposent plusieurs schémas. Mais
l`efficacité de ces schémas dépend surtout de la nature des secteurs
d’activités de référence. Dans le cas du Niger, l’agriculture et l’élevage
constituent le moteur de l’économie nationale. A côté de ce secteur,
d’autres comme le secteur minier et le secteur touristique contribuent
aussi significativement au PIB. De ce fait, c’est avec les entreprises
actives dans ces secteurs que des liens de coopération doivent se
développer avec les différents établissements de l’UAM.
Mais cette coopération ne peut être réelle et efficace que lorsque
certains principes sont respectés par exemple : les employeurs doivent
être présents au sein des conseils d’administration des facultés et autres
établissements de l’UAM, voire même les présider. Les professionnels
doivent également faire partie des jurys des soutenances sinon les
présider eux mêmes. Aussi les responsables de stage en entreprise et
formateurs (c’est-à-dire enseignants chercheurs) doivent pouvoir circuler
d’un lieu à l’autre et travailler en parfaite collaboration dans un élan de
mobilité. Enfin les progressions possibles des étudiants en cours de
formation doivent être fixées en commun dans la logique de la
coopération et faire l’objet d’évaluations faites en commun.

8.2 De la professionnalisation des filières de formation


CCCXIV

A la lumière des enquêtes entreprises tant au niveau de l’UAM


qu’au niveau des sortants de cette institution et des employeurs, il
apparaît que la formation qui y est donnée demeure générale et vague
pour prétendre répondre aux attentes des employeurs. En effet, depuis
la création de cette université, les contenus des formations ont toujours
été orientés vers la maîtrise d’un ensemble de connaissances dans un
champ d’étude précis. C’est ce qui explique que « les out put » de ce
système sont surtout des ‘’généralistes’’ de leurs domaines respectifs
avec des diplômes comme maîtrise en droit, en économie, licence en
maths ou en physique ou encore en géographie, lettres modernes ou
sociologie, etc. Il faut dire que malgré le caractère généraliste des profils
de ces cadres formés par l’UAM, ils ont néanmoins pu satisfaire la
demande du marché de l’emploi nigérien aussi bien dans le secteur
public que dans le privé pendant quelques décennies.
Toutefois, le système d’enseignement de l’UAM parait de nos jours
inadéquat et disqualifié pour répondre aux exigences pressantes du
moment. Si tel est le cas on peut alors se poser la question de savoir ce
qui en est la base. Pourtant, si des yeux avertis et éclairés ont su
identifier ce malaise universitaire qui risquerait d’étrangler l’institution,
c’est parce que ces yeux qui ne sont autres que les chercheurs
universitaires sont dotés de bagages intellectuels à même d’anticiper sur
la situation et de planifier ainsi l’avenir afin que celui-ci puisse être
envisagé avec précaution et assurance.
Partant, l’enseignement universitaire aussi classique qu’il puisse
paraître, demeure néanmoins l’un des éléments, sinon le plus important,
qui militent et œuvrent pour le développement socio-économique. La
société, ce macrocosme à la fois glouton et insatiable ne peut
aucunement se passer du système facultaire qui produit les diplômés
dits ‘’généralistes’’. D’où il devient indispensable d’initier des réformes
CCCXV

idoines permettant d’ ‘’actualiser’’ l’enseignement universitaire pour qu’il


puisse être au diapason des diverses mutations sociales dont celle du
marché de l’emploi.
Dans une telle perspective, on comprend aisément que le
foisonnement sans cesse croissant des écoles professionnelles
risquerait de connaître une dérive sans précédent car, au mieux ces
structures ne formeraient qu’un ‘’trop plein’’ de diplômés spécialisés
certes mais non seulement au stade de l’exécution et surtout aux
connaissances figées et limitées. Toutes choses qui, à long terme,
finiront par nourrir et accroître de manière disproportionnée le rang des
sans emplois et chômeurs. Le nouveau monde du travail court alors le
risque, si ce n’est déjà fait, d’être envahi par des spécialistes à ‘’petite
échelle’’ et ceci au détriment des cadres de ‘’conception’’ que sont en
réalité les diplômés de l’université.
Le remède à ce risque de chavirement reste encore l’université car
celle-ci est avant tout une institution universelle qui regorge en son
savoir des chercheurs dans tous les domaines de la vie sociale. A ce
titre et surtout en tant qu’institution mère qui incarne même le savoir, le
savoir faire et le savoir être l’université ne peut être dépassée et mise à
l’écart.
En revanche aujourd’hui, compte tenu de facteurs telle l’avancée
technologique au niveau mondial qui influence tout le système de
production, les économies, même celles des pays en développement
comme le Niger, ne restent pas en marge de cette mutation. Par
conséquent c’est une sorte de bouleversement que ces modes de
production ont subi avec comme principale caractéristique l’expression
de nouveaux besoins.
Donc au regard des mutations sociales en cours, il est urgent que
la communauté universitaire reconsidère sa position à travers une
CCCXVI

autocritique afin que cette institution puisse continuer à garder sa place


au sein de la société qui est celle d’être l’avant-garde de tout processus
entrant dans le cadre de l’amélioration du bien être social.
Le rôle de la formation universitaire en particulier est de pourvoir
les services publics et privés des cadres compétents et dynamiques dont
l’apport permettra d’atteindre les objectifs du développement durable.
Parmi ces besoins, les ressources humaines ou du moins leurs
qualifications occupent une place de choix.
C’est dans ce cadre que de nos jours par exemple les attentes des
employeurs des divers secteurs de l’économie nigérienne sont plutôt des
besoins en personnel qualifié et surtout directement opérationnel. Mieux
encore le marché de l’emploi recherche des gens susceptibles de
contribuer à la production sinon d’impulser le développement socio-
économique du pays à travers différents secteurs. Dans ces conditions,
l’esprit d’initiative, la capacité de s’adapter au changement et surtout le
professionnalisme sont devenus des exigences de l’heure.
Fort donc de ces constats, on s’aperçoit que les diplômés formés
par l’UAM ne peuvent plus répondre efficacement aux attentes du
marché de l’emploi. A l’opposé, leurs collègues diplômés des autres
catégories de l’enseignement supérieur c’est-à-dire les instituts et
grandes écoles professionnels, semblent attirer de plus en plus
l’attention des employeurs. Cela parce que ces écoles et instituts
assurent des formations dont le contenu est orienté vers un métier
précis.
Pour toutes ces raisons, il est donc urgent que l’UAM revoie ses
filières de formation et de faire en sorte que celles-ci assurent des
formations professionnelles en marge des formations générales. Ceci ne
veut pas dire qu’il faut carrément abandonner la formation générale car
elle a aussi son importance. La solution envisagée face à ce problème
CCCXVII

va aujourd’hui de l’instauration du système LMD à la création d’IUT


(Institut Universitaire de Technologie).
Ces alternatives peuvent certes être envisagées par certaines
universités notamment en occident où une grande attention est accordée
à l’enseignement supérieur. Mais en Afrique et surtout dans le contexte
nigérien il est difficile que le LMD et les IUT remédient au problème
d’insertion professionnelle des jeunes diplômés. Les raisons sont
multiples. D’abord, avec les difficultés liées à l’insuffisance des moyens
financiers du fait des crédits assez dérisoires accordés par les pouvoirs
publics à l’université tout projet initié pour améliorer les conditions
d’employabilité des sortants de l’UAM est voué d’avance à l’échec.
Ensuite du fait du manque d’infrastructures adéquates ou de la vétusté
de celles existantes il est difficile de réussir un tel pari. Enfin, les
instabilités chroniques que connaît l’université de Niamey que ni les
autorités publiques ni la communauté universitaire elle-même n’arrivent
à maîtriser sont également des facteurs qui peuvent amoindrir l’efficacité
de tous les programmes mis en œuvre pour restaurer l’image de marque
de l’institution.
D’ailleurs pour preuve, les IUT qui devaient être opérationnels
depuis deux ans ne le sont pas encore et ne semblent plus attirer
l’attention des pouvoirs publics malgré que ce projet constitue une des
priorités de la politique nationale de l’enseignement supérieur.
Eu égard à tout ceci, aujourd’hui il est clair que le développement
de l’enseignement supérieur du Niger passera impérativement par
l’amélioration des conditions de vie et de travail de l’UAM. L’une de ces
conditions est à n’en point douter l’insertion socio-professionnelle des
diplômés que l’on forme ou tout simplement l’efficacité externe de
l’université. A ce sujet, au lieu de chercher à créer des sous-structures
supplémentaires comme les IUT, il est plutôt préférable d’envisager la
CCCXVIII

réforme des différents établissements de l’université. Cette réforme sera


surtout une réforme pédagogique qui viserait à créer un cadre de
formation qui puisse produire des ressources humaines aptes à
répondre aux attentes du marché de l’emploi.
Ainsi, loin de proposer ici des solutions définitives, cette analyse
ouvre plutôt des pistes de réflexion qui pourront servir de levier à tous
les projets entrant dans le cadre de l’amélioration des chances
d’insertion professionnelle des « out put de l’UAM ». Il peut alors être
envisagé d’instituer des formations ‘’professionnalisantes’’ mais qui
restent toujours dans le cadre de l’organisation pédagogique des
différentes facultés de l’université. Lorsqu’on jette un œil sur les offres
d’emploi publiées dans les journaux ou sur les affiches de l’ANPE on
constate que ces offres sont destinées en majorité aux agents
d’exécution, c'est-à-dire des diplômés qualifiés et capables d’exercer un
métier déterminé. Pour ce faire en marge de la formation générale et
longue qui est assurée aujourd’hui par l’UAM, on pourrait former des
diplômés pour les métiers suivants :
- A la faculté des lettres et sciences humaines, on peut former par
exemple des bibliothécaires, des archivistes documentalistes,
traducteurs, etc. A lieu de suivre un cycle de quatre (4) ans et
décrocher en fin une licence ou une maîtrise en lettres, en anglais
ou autre, après le diplôme de la deuxième année (DUEL), les
étudiants désirant écourter leurs études pour se spécialiser dans
un emploi pourront alors faire une année supplémentaire et être
formés aux métiers cités ci-dessus. Même ceux qui sont dans les
départements des sciences humaines, comme celui de
géographie, philosophie, histoire ou sociologie, pourront se
spécialiser pour des professions de démographe, aménagiste,
CCCXIX

cartographe, agent de développement communautaire,


archéologue etc.
- A la faculté des sciences économiques et juridiques le cycle de
formation est sanctionné par des diplômes comme maîtrise en droit
ou économie. Là également il est possible de former des
assureurs, des fiscalistes, des agents d’audit, des comptables.
Tout cela après l’obtention du diplômé de la deuxième au lieu des
formations longues et générales qui ne débouchent pas forcément
à un métier précis.
- A la faculté des sciences aussi, il est urgent de donner la
possibilité aux étudiants de se spécialiser dans des professions
comme celle d’analyste programmeur, maintenancier, botaniste,
zoologiste qui sont des options que les étudiants pourront choisir
après le DUES (Diplôme Universitaire d’Etudes Scientifiques).
C’est mieux que d’obtenir une maîtrise en maths physique ou
biologie, qui au plus ne permettra que d’enseigner.
Ces différentes compétences peuvent être formées et mises à la
disposition du marché de l’emploi même si elles courent le risque d’être
déçues et laissées pour compte à cause de l’imperfection ou de la
saturation du marché de l’emploi. C’est pourquoi en plus des réformes
qu’on peut entreprendre vis-à-vis de la formation universitaire, des
efforts doivent également être consentis par les autres acteurs. Il s’agit
précisément d’inscrire, et cela à tous les niveaux, la promotion de
l’emploi comme priorité des priorités.
A ce sujet, l’Etat qui est par ailleurs le plus grand pourvoyeur
d’emploi ne peut plus garantir de l’emploi à tous les diplômés malgré les
critiques qui lui sont adressées à tort ou à raison. D’une part on est
unanime que l’Etat ne peut plus jouer ce rôle mais d’autre part on se
rend compte qu’il n’a pas assuré la consécration du secteur privé car
CCCXX

celui-ci reste étouffé par des mesures insupportables telles la lourdeur


des taxes et impôts divers. Or c’est à partir de la dynamisation de ce
secteur qu’on peut espérer créer de l’emploi.

8. 3 De l’amélioration des conditions de vie et de travail à l’UAM :


université comme outil de développement
8.3.1 L’organisation des formations
L’organisation des formations et l’évaluation des connaissances est
une question fondamentale dans le cadre de l’efficacité d’un système
scolaire. En ce qui concerne l’UAM, comme mentionné plus haut le
mécanisme de la formation est essentiellement basé sur la pédagogie
déductive. Autrement dit, au cours de sa formation, l’étudiant acquiert
des connaissances théoriques sinon abstraites. Et c’est une fois sur le
terrain qu’il est appelé à faire la jonction entre théorie apprise et réalité
pratique. C’est ce qui fait que les sortants de l’UAM sont le plus souvent
taxés de détenteurs de tout le savoir et de rien en même temps. Or de
nos jours le marché de l’emploi a surtout besoin des gens capables non
seulement d’adaptation au réel, mais aussi susceptibles de prendre des
initiatives dans le but d’innover la démarche des entreprises pour
lesquelles ils travaillent.
D’où il devient nécessaire pour l’UAM de revoir d’une part le
contenu de sa formation c’est-à-dire les curricula et d’autre part
l’organisation de la formation elle-même. En ce qui concerne les
curricula, il est urgent de mettre en œuvre une réforme qui viserait non
seulement la modernisation de l’enseignement mais aussi la qualification
de l’étudiant. Le système pédagogique doit alors être modernisé afin qu’il
puisse être plus flexible, plus interactif, plus interdisciplinaire et donc plus
ouvert. Ensuite l’étudiant doit pendant son cursus universitaire, être
qualifié à travers une formation plus opérationnelle avec des
CCCXXI

compétences pratiques. Toutes choses qui lui permettraient d’accroître


ses chances d’insertion professionnelle.
Par ailleurs, en lieu et place du système d’examen bloqué qui
caractérise le mécanisme d’évaluation à l’UAM, le système de contrôle
continu permettrait de mieux gérer le temps passé en formation et
surtout faciliterait l’évaluation aussi vite que possible des connaissances
acquises.
Enfin, l’organisation de la formation sous forme modulaire
permettrait d’adapter le rythme des évaluations à la progression de
l’étudiant et jeter ainsi les base d`une passerelle vers la formation
continue, voire même la poursuite des formations initiales dans d’autres
cadres comme les écoles d’ingénieurs.

8.3.2 Mise en place d`un système de formation souple et flexible


Il a été soutenu plus haut que le marché de l’emploi nigérien est
imparfait. Cette imperfection s’explique également par le fait que les
besoins de l’économie nationale surtout en ce qui concerne les
ressources humaines ne cessent de se transformer compte tenu de
l’évolution de la science et de la technique. La conséquence
fondamentale de cette évolution est d’exiger chaque jour de nouvelles
aptitudes. C’est pourquoi l’UAM qui est restée dans son académisme
entrain de produire les mêmes types de qualifications doit repenser son
système de formation. La caractéristique principale du changement à
apporter est la mise en place d’un système de formation souple et
flexible. Concrètement il peut être envisagé une ouverture permanente
des curricula par l’introduction de nouvelles acquittions par :
-Le maintien dans les programmes d’une partie libre que les
enseignants rempliront en fonction de l’évolution des offres d’emploi ;
CCCXXII

-La mise en place de formations complémentaires d’initiatives


locales, c ‘est-à-dire des formations définies après une formation initiale,
sur une durée relativement courte.

8.3. 3 Le choix entre la qualité et la quantité


Autrefois l`accessibilité aux études supérieures était surtout
l`apanage de quelques rares nantis. Mais avec la montée des
revendications, il y`a eu démocratisation de l`accès. Dans les pays en
développement cette situation est à la base de la pléthore des effectifs
dans les universités et a conduit à une baisse sensible de la qualité de la
formation universitaire48 car on assiste actuellement à une banalisation
des programmes de formation.
Aujourd`hui la dévalorisation des diplômes universitaires est une
réalité. Mais l`on continue toujours à réclamer plus de diplôme et pour
tous49. Cela s`inscrit dans le cadre général des rapports entretenus par le
système éducatif avec l`ensemble de la société.
En effet, les acteurs du système éducatif doivent répondre et réagir aux
pressions externes dont celle du marché de l`emploi et être aussi
proactifs c`est- à-dire inciter une volonté de changement en stimulant la
croissance orientée du système.
Ce changement, en revanche, fait face à des résistances qui
constituent le défi majeur à relever. Les études ont montré que le
système éducatif est l`un des systèmes le plus résistant face au
changement. Les planificateurs de l`éducation avancent plusieurs
raisons pour expliquer ce phénomène. On évoque d`abord la nature du
système autrement dit la poursuite d`objectifs complexes et

48
BLOOM A., L`âme désarmée: essai sur le déclin de la culture générale, Guérin, Montréal, 1992.
49
CHARLOT B., L`école en mutation: crise de l`école et mutations sociales, Payot, Paris, 1987.
CCCXXIII

contradictoires, ce qui pousse le système à adopter une attitude


défensive face aux pressions externes. Ensuite, le personnel reçoit peu
de stimulants externes dont les salaires et les primes diverses pour
innover. Enfin le principe de l`autonomie pédagogique constitue aussi un
obstacle au changement et à l`innovation.
Toutefois, en l`état actuel des choses le changement demandée au
système éducatif a trait à une formation de qualité qui puisse permettre
aux sortants de répondre aux besoins sans cesse croissants de
l`économie dans les pays en développement.
Au Niger en revanche, depuis que les finances publiques sont en
crise aucune qualité n’est recherchée à travers le système éducatif. Les
partenaires extérieurs qui accompagnent le pays dans ce domaine ont
toujours promu l’éducation de masse sans se soucier de la qualité des
ressources humaines qui issues seront issues des systèmes. C’est pour
cela que la priorité en matière d’investissement a été donnée à
l’enseignement de base dans le but de rechausser le taux de
scolarisation, ce qui fait que l’enseignement supérieur lui, est légué au
second plan surtout dans le cadre de son financement. En témoigne la
baisse progressive du budget alloué à l’université de Niamey depuis
bientôt deux décennies. Comme solution, les pouvoirs publics proposent
à l’institution de se prendre en charge en générant ses propres
ressources.
Cette insuffisance de financement pèse de son poids sur
l’ensemble du système universitaire avec comme conséquence la
dégradation des conditions de vie et de travail de tous les acteurs.
Toutes choses qui hypothèquent l’efficacité tant interne qu’externe du
système car non seulement l’organisation de la formation se passe dans
des conditions difficiles mais aussi les « out put » c’est-à-dire les
diplômés de l’UAM deviennent de moins en moins compétitifs une fois
CCCXXIV

sur le marché de l’emploi. Face à cette situation, l’université doit, surtout


pour ses facultés traditionnelles, faire un choix entre une formation
qualitative et une formation quantitative. Que doit-on faire
concrètement ? L’UAM visera-t-elle à assurer l’accès à tous et créer
alors des conditions de pléthore des effectifs et de massification et se
contenter des méthodes pédagogiques rudimentaires et d’un nombre
d’enseignants insuffisants. Ou alors voudra-t-elle des enseignants
qualifiés avec des bibliothèques bien équipées et des méthodes
d’enseignement plus efficaces ?
Aujourd’hui, la présence sur le marché de l’emploi de diplômés des
écoles professionnelles exige que les « out put » de l’UAM soient
compétitifs. L’UAM doit donc viser l’excellence qui, elle aussi requiert
des enseignants et des étudiants à plein temps, des laboratoires bien
équipés et des bibliothèques bien fournies.
D’autre part, il faut rappeler qu’aucun bilan entre formations et
emplois n’est encore établi au Niger. Ce bilan qui suppose une
évaluation quantitative et qualitative des besoins en main d`œuvre aurait
pu servir de référence dans le cadre de la conception des formations
universitaires. Néanmoins il peut être possible, à partir de l’observation
des besoins exprimés par l’Etat d’une part et des autres structures
pourvoyeuses d’emploi de l’autre, d’établir un certain nombre de priorités
en matière de main d’œuvre. Ainsi, l’on constate que la majorité des
offres d’emplois sont destinées aux techniciens et aux cadres moyens.
L’UAM doit donc, pour le besoin des industries émergentes
privilégier la formation d’agents techniques et des chefs de travaux.
Pour adapter la qualification de ses out put aux réalités économiques
pays, l’UAM doit former un grand nombre de techniciens agricoles et pas
forcément d’agronomes car ces techniciens seront capables d’expliquer
aux paysans les principes de base des conditions d’un développement
CCCXXV

agricole. Sur le plan sanitaire, étant donné la situation désastreuse des


hôpitaux et des autres services de santé, il est fondamental de former
des infirmiers qualifiés et d’autres techniciens paramédicaux.
Par ailleurs aujourd’hui les exigences des certains postes à
pourvoir et surtout la volonté marquée par beaucoup de professionnels
pour compléter leurs formations constituent un défis pour l’UAM. En
réalité on voit ici l`émergence d`un nouveau public autre que les
traditionnels bacheliers. Pour ce faire l’UAM doit privilégier la formation
des employés de bureau et de personnels de direction dans une optique
de formation de contre durée (exemple BTS) qui sont de plus en plus
recherchés sur le marché de l’emploi. Pour les professionnels,
l’institution des formations continues permettrait de faire face à leurs
demandes. Les étudiants pourront également bénéficier de formation
professionnelle et accroitre ainsi leur chance d`insertion dans le marché
de l`emploi.

8.3.4 Equilibre entre études scientifiques ou techniques et


littéraires
A l’UAM, on constate que la majorité des étudiants sont inscrits
dans des facultés à vocation littéraire ou de sciences sociales. A ce
niveau également compte tenu des réalités socio-économiques du pays
et aussi des réalités d’embauche, les formations doivent obéir à un
certain équilibre pour créer des conditions d’employabilité pour les
jeunes diplômés.
Ainsi cet équilibre doit s’établir entre d’une part les sciences et les
techniques et les sciences sociales de l’autre. Quelle devra être alors la
proportion des étudiants dans les facultés scientifiques par rapport à
celles des étudiants en lettres, droit et autre ? Ici, il ne s’agit pas en fait
CCCXXVI

de discuter sur la valeur intrinsèque de ces disciplines, mais plutôt


d’adapter les formations aux besoins concrets du pays.
Certes, si l’on décide de développer les facultés scientifiques, on
peut être confronté aux difficultés financières, car l’enseignement
scientifique coûte plus cher que l’enseignement des lettres, droit ou des
autres sciences sociales. Dans une analyse Harbison fait remarquer que
les enseignements de moindre qualité sont ceux du droit, des lettres et
des beaux-arts, parce qu’ils peuvent s’adresser à des larges auditoires
et s’accommodent de l’emploi des professeurs « volant ». Tandis que les
disciplines scientifiques et techniques exigent des normes
d’enseignement plus élevées, des installations plus coûteuses et un
nombre plus grand de professeurs à plein temps50. Mais dans la mesure
où dans le cas du Niger aucune garantie d’embauches ou d’insertion
professionnelle n’est donnée à ceux qui auront des diplômes de droit ou
de sociologie par exemple, il apparaît inutile de continuer à produire ces
types de qualifications. Sinon l’université ne formera que des chômeurs.

8.3.5 Le développement de l’esprit d’entreprise


En général, en Afrique la plupart des diplômés des universités
préfèrent être embauchés par d’autres employeurs. Au Niger par
exemple, l’étroitesse des offres d’emplois surtout du niveau supérieur
entraîne les diplômes au sous emploi ou dans la reconversion. Pourtant
il est possible que ces jeunes créent leurs propres emplois. Comment
faire ?
Au cours de sa formation universitaire, l’étudiant doit avoir des
notions d’entreprenariat. Mieux la formation universitaire doit favoriser le
développement de l’esprit d’entreprise chez les jeunes. Après leurs

50
HARBISON (E), 1968, Planification de l`éducation et développement des ressources humaines, IIPE, Paris.
CCCXXVII

formations ils peuvent créer leurs propres activités dans les domaines
qui les intéressent. A ce niveau l`université doit jouer un rôle de premier
plan. Mais elle doit être accompagnée par les leaders du marché de
l`emploi. Pour l`université, la formation des diplômés ne doit pas se
limiter dans un contexte purement académique comme cela se passe
jusqu`ici dans presque toutes les facultés, à l`exception de celle de
médecine ou déjà en troisième année les étudiants suivent un stage
obligatoire dans les structures hospitalières de la place.
Les autres facultés peuvent et doivent également promouvoir une
telle pratique. Au lieu de maintenir l`étudiant dans un guetho
académique, on doit lui permettre d`apprendre en même temps la
pratique. Cela passe par la négociation des stages de perfectionnement
dans les entreprises ou ONG ou toute autre unité de production.
En outre, comme certains enseignants chercheurs sont souvent
impliqués dans des projets et programmes de recherche action, ils
peuvent toujours dans le cadre de leur mission, impliquer leurs étudiants
dans ces activités extra universitaires. Ces derniers seront considérés
comme des assistants de recherche et enfin de leurs études ils auront
acquis une certaine expérience qui leur permettrait de faire face au défi
que constitue la recherche de l`emploi.
Somme toute pour que l`UAM soit un véritable outil de
développement : elle doit inscrire dans ses priorités trois missions
principales :
D`abord une mission économique : harmoniser les besoins de
l’économie et ceux des ressources humaines par une meilleure
adaptation des formations à l’évolution de la science et de la technologie
moderne ;
CCCXXVIII

Ensuite une mission sociale : assurer aux out put de l’UAM une
promotion socioprofessionnelle à travers un enseignement supérieur
qualitatif qui puisse favoriser la mobilité professionnelle ;
Enfin une mission de conseil et d’assistance à l’entreprise :
appuyer les entreprises en mettant à leur disposition des ressources
humaines compétitives d’une part et d’autre part assurer le
perfectionnement des personnels en activités à travers des formations
continues.
Bref, l’UAM doit promouvoir dans ses facultés et instituts des
conditions d’employabilité pour les sortants à travers des formations dont
le contenu des curricula tiennent compte de l’aspect pluridisciplinaire au
lieu des formations générales axées sur une seule discipline comme les
lettres, les sciences ou les mathématiques sans possibilité de mobilité ni
adéquation avec les besoins réels de l’économie et de l’évolution
technologique.
En définitive toutes ces propositions ne peuvent être mises en
application que lorsque l`Etat s`engage à :
-Moderniser le secteur primaire : mettre en valeur le potentiel en
agriculture et en élevage. L’Université (et tout le système éducatif) doit
tenir compte de cela afin de former des hommes capables de
transformer ce potentiel. Par exemple former des spécialistes en
agriculture, en pêche et en élevage compétents dotés de savoir et de
savoir-faire leur permettant d`agir efficacement sur ces secteurs dans le
but d`impulser le développement socioéconomique du pays.
-Redynamiser le secteur informel : ce secteur qui contribue à
hauteur de 60% du PNB, l’université doit contribuer à l’amélioration du
niveau de qualification des actifs de ce secteur de l’économie.
CCCXXIX

8. 4 Propositions pratiques en vue de l’amélioration des conditions d’employabilité


des sortants de l’UAM
Tout au long de ce travail, la tâche a consisté à comprendre la
problématique de l’adéquation entre formation universitaire et emploi au
Niger. On s’est alors rendu compte, à la lumière des recherches
entreprises par les uns et les autres, que l’évaluation d’un système de
formation implique une double dimension. Ainsi lorsqu’il s’agit dévaluer
un système éducatif, l’on doit d’abord tenir compte des valeurs sur
lesquelles il repose et de ses objectifs. En ce sens, il conviendrait de
mettre en exergue divers éléments de ce système. Il s’agit notamment
pour le système de considérer son organisation, son contenu, ses
méthodes et ses ressources humaines, en un mot son efficacité interne.
L’autre dimension est naturellement relative à son efficacité externe. A
ce niveau il est nécessaire de vaincre la répugnance du système
éducatif en général à être tenu pour responsable d’échec ou de réussite
de ses sortants dans leurs carrières professionnelles respectives . D’où
l’importance d’autres critères d’évaluation telle la capacité du système à
satisfaire la demande sociale. Dans le contexte nigérien, toutes les
études menées dans le cadre de la redynamisation du système éducatif
n’ont pas manqué de souligner l’impérieuse nécessité de la mise en
œuvre dune reforme en vue surtout dune meilleure adéquation entre
formation universitaire et emploi. En revanche, ces études auraient dû
identifier et définir un cadre précis devant servir de fondement à la
reforme.
Pour ce qui est de la formation universitaire, afin d’éviter les
risques d’échec ayant malheureusement caractérisé d’autres tentatives
en la matière, toutes les reformes à entreprendre doivent partir de
quelques principes de base à savoir :
• Définir dans le cadre d’un processus continu, un système de
formation permanente comprenant aussi bien une phase de
CCCXXX

formation initiale qu’une phase de formation continue qui, tout


au long du parcours de l’étudiant, associe sa pleine participation
à une activité productive à la poursuite de sa formation
physique, intellectuelle, politique et culturelle, afin de faire face
à l’évolution rapide de la société et aux exigences de la
contribution active de chacun à cette évolution ;
• Mener une action cohérente, dans une perspective respectant
les objectifs économiques et sociaux de la collectivité,
concordant la politique de l’enseignement supérieur et celle de
l’emploi en général ; ce qui exige alors en matière d’emploi une
politique clairvoyante tant au plan quantitatif qu’au plan
qualitatif, où le travail perdrait son caractère frustrant ;
• Assurer, pour que le processus de la formation universitaire soit
pleinement assumé et non subi, la pleine participation des
étudiants, des enseignants et des parents à la gestion
pédagogique et administrative de l’enseignement supérieur et,
pour que soit pleinement assurée la liaison avec la politique de
l’emploi, la participation des acteurs du secteur de l’emploi ;
• Réorganiser, compte tenu de ces principes, la formation
universitaire en rompant avec son caractère académique
traditionnel (source d’élitisme), et en associant dans un équilibre
harmonieux et souplement diversifié, les enseignements
généraux, techniques et professionnels concourant à la
formation individuelle de l’étudiant et à son intégration dans la
société.

Les objectifs de la réforme


™ Compte tenu des principes énoncés ci-dessus comme de la situation
qui prévaut au Niger en matière d’éducation, de formation et
CCCXXXI

d’emploi de la jeunesse, une réforme radicale de l’enseignement


supérieur ou la poursuite des réformes déjà entreprises s’y
imposent. De telles réformes devraient avoir pour objectif de :
(a) mobiliser toutes les ressources physiques, intellectuelles et
affectives des jeunes, en facilitant le développement de leurs
talents et de leurs capacités et en favorisant leurs intérêts ;
(b) satisfaire les besoins du développement économique et social
en ce qui concerne la formation de personnel qualifié, tout en
facilitant la réalisation des aspirations individuelles de l’étudiant
et sa pleine participation ultérieure au développement de la
société ;
(c) contribuer pleinement à la mise en œuvre des politiques de
l’emploi. A cet effet, il faudrait, entre autres, tenir pleinement
compte des liens existant entre les systèmes formels et non
formels et des possibilités d’assurer une très grande souplesse.

Développement de la personnalité et orientation générale et /ou


professionnelle
™ La formation universitaire devrait comprendre comme pierre
maîtresse de son organisation un programme de développement de
la personnalité et d’orientation générale et professionnelle, qui
rejoignent tous les deux complètement les intérêts de la société.
Loin d’être conçu comme un service annexe et fonctionnant à
l’occasion, ce programme d’orientation et d’information devrait faire
partie intégrante de la vie scolaire tout au long du cursus
universitaire de l’étudiant. Il est nécessaire de mettre également en
place diverses formes d’orientation extra universitaire. L’implication
des étudiants, des enseignants, des parents, des employeurs et des
autres représentants du monde du travail ainsi que des spécialistes
CCCXXXII

qualifiés dans les activités d’orientation est indispensable. Toute


orientation générale ou professionnelle devrait être conçue comme
un choix aussi large que possible de l’étudiant, choix fondé à la fois
sur une prise de conscience et de ses aptitudes et capacités et sur
une connaissance effective et approfondie des options offertes ainsi
que des futures possibilités d’emplois et de leurs exigences. Enfin,
l’orientation devrait également tendre à aider les étudiants à faire
face à leurs besoins actuels dans les domaines psychologique et
moral ainsi qu’à d’autres besoins individuels.

1.3 ORGANISATION ET ADMINISTRATION


™ La rénovation de la formation universitaire et l’application des
principes énoncés ci-dessus supposent une réforme radicale des
modes d’organisation et d’administration de l’éducation. Par la
liquidation progressive là où elle est nécessaire du dualisme et de
l’élitisme dans la structure de l’enseignement universitaire en
général sur lesquels s’est souvent fondée jusqu’ici la distinction
entre l’enseignement général et l’enseignement technique et
professionnel ainsi que par l’intégration des divers types
d’établissements et la révision de leurs modes d’administration et de
gestion, la réforme de l’enseignement universitaire devrait éliminer
dans l’éducation et la formation de la jeunesse toute de la
discrimination résultant du système d’éducation et contribuer à la
suppression dans l’éducation de la discrimination résultant de
facteurs extérieurs.
™ De même, par une coordination de plus en plus poussée entre le
secteur de l’éducation-formation et celui de l’emploi, la réforme, sans
cesser de considérer le développement de la personnalité comme le
but fondamental de l’éducation, devrait être conçue comme un
processus continu visant à ajuster les modes de formation de la
CCCXXXIII

jeunesse aux impératifs des changements scientifiques, techniques,


économiques et sociaux, étant admis qu’il incombe au système
d’éducation-formation d’aider les jeunes à s’adapter dans toute la
mesure du possible à l’évolution rapide de la société.

Les structures
™ (a) Des services éducatifs au niveau du supérieur devraient en
principe être offerts à tous. Ces divers services devraient être
conçus comme un système d’enseignement complet destiné à
la cohorte intéressée et comporter des passerelles entre les
diverses filières et les autres éléments de l’ensemble. Aussi,
est-il nécessaire de réexaminer les conditions de cet accès
comme il est nécessaire de repenser l’ensemble des structures
du système afin d’assurer une véritable égalité des chances
d’accès et de succès à tous les étudiants. Cette réforme des
structures devrait reposer sur le principe de l’intégration totale
des activités intellectuelles et manuelles en vue de permettre un
développement harmonieux de tous les aspects de la
personnalité.
(b) Il conviendrait d’ajourner la spécialisation professionnelle à une
période ultérieure, afin de dispenser préalablement aux jeunes,
comme base de cette spécialisation, une plus large formation
scientifique, technique et culturelle. Toute spécialisation ou pré
spécialisation de ce genre devrait être assurée par une gamme
de filières assez larges pour répondre à la fois aux besoins de la
société et à ceux des éduqués.

Programmes, méthodes et examens


CCCXXXIV

™ La réforme des structures suppose naturellement une réforme


concomitante des contenus de la formation. Fondés sur la
conciliation d’une part des intérêts et besoins des étudiants et de
l’autre des exigences du développement économique et social de
chaque pays, les nouveaux programmes de l’enseignement
universitaire devraient être conçus dans une perspective
d’enseignement intégré visant à faire prendre conscience à l’étudiant
de l’unité essentielle des divers aspects de son activité. Ces
programmes devraient viser plutôt la formation que l’information. Par
un dosage judicieux des difficultés et une présentation motivante
des notions, ils devraient permettre aux étudiants d’aspirer à des
résultats toujours meilleurs. Le contenu de l’enseignement, tant
général que professionnel, devrait être lié au développement de la
collectivité et adapté à l’évolution récente dans le domaine de la
production et au progrès social. Dans les programmes,
l’enseignement de la théorie et celui de la pratique devraient être
étroitement liés, compte tenu de leur interaction et de leur
interdépendance. Dans les deux cas, il faudrait mettre l’accent sur
les éléments de connaissance qui ont un caractère fondamental et
qui sont susceptibles d’applications diverses.
™ En ce qui concerne les méthodes, de même que la structure
administrative devrait être régie par le principe démocratique de la
participation, de même la structure pédagogique devrait, en rompant
avec l’autoritarisme et le dogmatisme, viser la participation active
des étudiants en développant chez eux le sens de la responsabilité,
l’esprit de solidarité, le sens de l’effort et le goût de la recherche, et
en faisant constamment appel à leur spontanéité et en stimulant leur
créativité. Le processus de l’apprentissage devrait être développé
sur la base de principes sains et d’autres sciences du comportement
CCCXXXV

pertinentes, et devrait être soutenu par des méthodes appropriées, y


compris la transformation de la relation enseignant/étudiant dans le
processus d’apprentissage de manière à permettre le
développement chez les jeunes des attitudes qui les prépareraient
au travail d’équipe aussi bien qu’à des tâches individuelles.
L’utilisation progressive et raisonnable des nouveaux moyens et des
techniques d’enseignement devrait tendre vers le même but ; de
plus, les méthodes d’enseignement et de formation devraient être
aidées par les nouveaux développements de la technologie
éducative et évoluer de concert avec les secteurs technologique et
industriel et profiter amplement de leurs multiples innovations. A
cette fin, il faudrait associer le monde du travail, d’une façon plus
systématique et plus intime, aux tâches de la formation universitaire.
™ Dans la perspective de l’éducation permanente et de l’utilisation
graduelle des formes de formations supérieures non universitaires,
la réforme devrait notamment mettre l’accent sur des modes de
certification des connaissances et des apprentissages qui ne
seraient pas nécessairement fondés sur la fréquentation des formes
universitaires.
CCCXXXVI

Conclusion générale

En définitive, le rôle de l’enseignement supérieur et de la recherche pour


tout développement durable est aujourd’hui reconnu d’une manière unanime.
Investir dans la formation supérieure est donc un élément essentiel pour toute
stratégie nationale pour faire face aux défis de l’heure. Certes il y a un grand
besoin pour l’enseignement supérieur de se transformer pour mieux faire face
aux nouveaux défis. En revanche, on ne peut pas en même temps lui demander
de faire mieux avec très peu de ressources financières. A ce sujet la
déclaration sur l’enseignement supérieur pour le XXI siècle souligne à juste
titre que « La société toute entière doit appuyer l’enseignement supérieur ».
Donc la diversité des sources de financement doit être renforcée davantage et
surtout le rôle de l’Etat doit être capital. C’est pour cela que cette déclaration
ajoute pertinemment que « Le rôle de l’Etat reste essentiel en ce qui concerne
le financement pour que les missions éducatives et sociales soient assurées
de manière équilibrée ». Il ne s’agit pas, en réalité, de donner une subvention
ou une aide financière à l’enseignement supérieur, la question est de prendre
conscience du fait que, maintenant plus que jamais, investir dans la formation
supérieure est porteur d’espérance pour tout processus de développement.
Ce travail axé sur la problématique de l’insertion professionnelle des
sortants de l’université de Niamey a permis de comprendre l’organisation de le
formation universitaire au Niger notamment son efficacité interne et externe. Il
a également permis de comprendre les regards de la société et singulièrement
les attentes du monde de l’emploi vis-à-vis de l’université.

Ainsi ,en faisant l’état de la question on se rend compte que beaucoup


d’analystes et même de praticiens de la formation universitaire et du marché
de l’emploi imputent les causes des difficultés d’insertion professionnelle des
sortants de l’université à leurs profils qui ne correspondraient pas aux besoins
de ce marché ; certains par contre pointent du doigt l’offre d’emploi qui
vraisemblablement ne peut satisfaire la demande qui ne fait que s’accroitre eu
égard aux sorties massives du système éducatif.
L’étude a néanmoins permis de comprendre que d’une part l’université a
une part de responsabilité sur le problème d’insertion de ses sortants car les
curricula ne visent pas tout le temps les métiers disponibles ; mais d’autre part
encore sa mission traditionnelle n’est pas seulement de satisfaire la demande
du marché de l’emploi mais plutôt de mettre à la disposition de toute la société
des cadres pouvant permettre au pays d’atteindre ses objectifs en terme de
prise en charge de tous ses problèmes.
CCCXXXVII

Les résultats des enquêtes ont montré que la formation universitaire au


Niger se porte à merveille mais ce sont les besoins des autres systèmes
utilisateurs de ses produits et services qui sont en permanente mutation. Ces
faits permettent du coup de confirmer l’hypothèse de travail selon laquelle
l’UAM assure sa mission traditionnelle, celle de bien former ses diplômés,
mais c’est le marché de l’emploi qui n’est pas prêt à les accueillir. Cependant
au niveau des employeurs des arguments ont été avancés à l’encontre des
diplômés universitaires comme quoi ils ont une formation trop générale qui
n’est pas orientée vers l’accomplissement de telle ou telle tâche précise, ou
qu’ils coûtent trop chers aux employeurs qui, eux cherchent très souvent une
main d’œuvre relativement bon marché. Ce qui fait que les étudiants ont de
plus en plus tendance à préférer les formations professionnelles assurées par
les autres structures de formation supérieure non universitaire car de telles
formations semblent plutôt attirer plus l’attention des employeurs. En effet
l’observation de la démarche de ces structures révèle que la construction des
profils de leurs formations se fait toujours en fonction des besoins des
entreprises modernes qui dominent actuellement le marché de l’emploi
nigérien ; on assiste des lors à l’émergence de nouvelle demande en
ressources humaines dans des domaines comme le marketing , l’informatique
de gestion, la comptabilité, etc. , dont la durée de la formation est relativement
courte mais de caractère professionnalisant permettant ainsi aux
récipiendaires de s’insérer aussi rapidement que possible dans le marché de
l’emploi. L’UAM quant à elle reste encore dans son académisme et ne cherche
pas selon certains à adapter sa formation à cette nouvelle demande.
Contrairement donc à l’enseignement général assuré par l’UAM et dont la
préoccupation principale est de permettre la poursuite des études, l’objectif de
l’enseignement professionnel est de forger les compétences nécessaires à
l’exercice d’un métier et de déboucher directement sur un emploi. Mais en
revanche, l’un des écueils que rencontrent les jeunes engagés dans
l’enseignement professionnel est l’impossibilité de poursuivre une progression
vers de plus hauts niveaux de qualification.
Cependant en ce qui concerne la finalité de la formation universitaire,
les récits de vie des sortants de l’université ont montré que malgré que leur
formation soit taxée d’être générale et inadaptée, elle leur permet tout de même
d’exercer plusieurs activités dans divers domaines et même dans ceux pour
lesquels leur formation initiale ne les prépare pas véritablement. C’est ce qui
permet aussi de nuancer l’hypothèse selon laquelle les sortants de l’UAM ne
parvenaient pas à s’insérer professionnellement sans reconversion dans
d’autres secteurs d’activités.
La leçon fondamentale que l’on peut tirer au terme de cette étude est
qu’en réalité l’UAM fait face à de nombreux défis ; parmi ceux-ci figure au
premier plan la nécessité d’assurer une meilleure intégration de ses diplômés.
L’institution a servi et continue à servir la société car elle forme des cadres qui
participent efficacement à la résolution de ses problèmes quotidiens. Mais
aujourd’hui face aux nouvelles attentes de cette société on constate que
l’université tarde à suivre l’évolution du processus. Sa mission traditionnelle
consiste certes à assurer des formations de pointe dans divers domaines.
Apparemment ces objectifs sont atteints mais d’autres restent à atteindre
notamment celui de suivre le rythme évolutif de la société. En matière de
CCCXXXVIII

formation surtout, la professionnalisation des filières apparaît comme une


urgence pour que l’université reste au diapason des mutations en cours.
Pour ce faire donc, l’enseignement supérieur qui est intimement lié à la
recherche doit subir une modification systématique de sa conception, son
exécution et son évaluation. « Les mutations demandées aux universitaires
africains ont trait à la définition de nouvelles missions pour l’université qui doit
faire face aux exigences changeantes du développement national, à la
planification et à la mise en œuvre de nouveaux curricula. Ces curricula
réformés doivent tenir compte des besoins des individus, des sociétés et du
marché de l’emploi»51. Donc en ce qui concerne l’université de Niamey, la
conception et la planification des programmes d’enseignement doivent
impérativement prendre en compte les besoins réels de la société nigérienne et
au delà africaine.

Tout ceci nécessite un dialogue permanent entre les deux univers


qui sont l’université et le marché de l’emploi. Actuellement on tente à
travers la reforme LMD, de trouver des réponses à cette question car
cette reforme prévoit de mesures qui donnent la possibilité aux
étudiants d’avoir un profil professionnel pour intégrer le monde du travail
et en même temps l’opportunité de poursuivre les études avec un accent
particulier sur la recherche. L’exigence de crédibilité est l’une des
motivations de cette réforme et cela passe par la garantie de la qualité
des qualifications proposées : il s’agit de garantir aussi bien le contenu
de la formation reçue que l’insertion professionnelle concrète sur laquelle
elle débouche. Pour ce faire, les référentiels de qualification et de
formation sur lesquels sont basés les diplômes universitaires doivent
être élaborés et rénovés en permanence au sein de commissions
consultatives composées de représentants des employeurs, des
salariés, des pouvoirs publics et de personnalités qualifiées.

Enfin, comme les autres reformes antérieures celle-ci risquerait d’être


vaine si elle n’est pas suivie par la mise à la disposition de l’université de
moyens suffisants.

51
AFFA’A M. F. et DES LIERRES T., op cite, p129.
CCCXXXIX

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ORDONNANCE n°99-71 du 20 décembre 1999, portant création d’un
établissement public de l’Etat à caractère scientifique, culturel et
technique dénommé Université Abdou Moumouni.
CCCXLVI

QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX SORTANTS DE LUNIVERSITE


ABDOU MOUMOUNI

Ce questionnaire vous est adressé dans le cadre des recherches pour une
thèse de doctorat du 3è cycle en sociologie sur la formation universitaire et
l’emploi au Niger.

I / Identification de l’enquêté

1.1 Age……….ans sexe : M □ F □

1.2 Statut matrimonial : □Marié □Célibataire □Divorcé


□Veuf (ve)

1.3 Statut professionnel : □Permanent □ Contractuel □Vacataire


□Appelé du service civique

1.4 Structure : □Administration Publique □ Entreprise privée


□Etablissement scolaire

1.5 Nature du diplôme obtenu à l’U.A.M………………………………

II / Formation universitaire et emploi

2.1 Après l’obtention de votre diplôme, quelles ont été vos démarches pour
avoir un emploi ?

Au privé □ Au public □ Privé et public □ Profession


libérale □

2.2 Comment avez-vous acquis votre poste actuel ?

Concours □ Examen dossier □

Autre (à préciser) :………………………..

2.3 Où avez-vous appris à exécuter vos tâches actuelles ?

A l’université □ Sur le terrain □ Autre (à


préciser) :……………………………
CCCXLVII

2.4 Comment exécutez-vous vos tâches actuelles ?

A Peine □ Sans problème □ Avec un peu d’effort □

2.5 Vos tâches actuelles correspondent-elles à votre formation universitaire ?

Oui □ Non □

2.6 Avez-vous reçu d’autre formation en plus de celle de l’université ?

Oui □ Non □

Si oui, précisez laquelle……………………………………………….

2.7 Etes-vous satisfait de vos tâches actuelles ?

Oui □ Non □

Justifiez…………………………………………………………………

2.8 Si vous devez reprendre votre formation initiale, serez-vous :

A l’université □ A l’école professionnelle □


Justifiez……………………………………………………..

2.9 Selon vous l’université de Niamey forme t-elle des diplômés recherchés sur
le marché de l’emploi ?
Oui □ Non □
Justifiez……………………………………………………

2.10 Y a-t-il, selon vous, suffisamment d’emplois au Niger pour les diplômés
des universités ?

Oui □ Non□
Justifiez ………………………………………………………………

2.11 Quelles sont, selon vous, les chances pour un sortant de l’U.A.M de
trouver de l’emploi au Niger ?

100 % □ 75 % □ 50 % □ 25 %□
CCCXLVIII

2.12 Quelles sont, selon vous, les chances pour un diplômé des écoles
professionnelles de trouver de l’emploi au Niger ?

100 % □ 75 % □ 50 % □ 25 % □

2.13 L’Université de Niamey doit –elle continuer à former les mêmes types
de diplômés ?

Oui □ Non□
Justifiez………………………………………………………………

2.14 La formation à l’Université Abdou Moumouni doit-elle être :

Longue □ Courte □ Moyenne□


Justifiez……………………………………………………………………
……

2.15 La formation à l’ Université Abdou Moumouni doit-elle viser :

Un emploi □ un domaine d’études □ les


deux□

Justifiez…………………………………………………………………………….
.

2.16 L’Université doit-elle former :

Des chercheurs □ des professionnelles □ les deux□


Justifiez……………………………………………………………………
……………

2.17 Etes-vous d’accord qu’on dise que l’Université forme des diplômés
capables d’exercer dans tous les secteurs d’activités ?

Oui□ Non□
Justifiez……………………………………………………………………………
…..
2.18 Quelles sont vos impressions sur la formation universitaire actuelle et
l’emploi au Niger ?

………………………………………………………………………………………
CCCXLIX

………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………
…………………………………….

Merci

QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX ETUDIANTS

Ce questionnaire vous est adressé dans le cadre de mes recherches de thèse de


doctorat du 3ème cycle sur la formation universitaire et l’emploi au Niger.
ABDOURAHAMANE Mohamed Moctar
Sociologue doctorant
CCCL

I Identification de l’enquêté

Age :……ans Sexe : M□ F□


Département d’étude :…………………………………………………………….
Niveau d’étude:………………………………. Année

II Motivations pour le choix de la formation

2.1 Vous étudiez à la faculté parce que : Les Instituts et écoles sont chers □

L’université est meilleure□

C’est la seule solution □


Tout le monde le fait □
Autres (à préciser):………………………..

2.2 Vous avez choisi cette formation pour : Avoir un diplôme □


Avoir un emploi □
Poursuivre les études □
Autres (à préciser):…………………………
2.3 Votre formation vous permettra-t-elle d’avoir un emploi ?

Oui □ Non □

Si oui, exercerez-vous en : Entreprise □ ONG □ Fonction Publique □


Sinon,justifiez…………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………III Contenu de la formation et adaptabilité à l'évolution de la science
3.1 Votre programme d’études a-t-il changé au cours de ces deux dernières
années ?

Oui □ Non □
3.2 Selon vous, ce programme est-il adapté aux réalités du Niger ?

Oui □Non □

3.3 Votre programme d'études répond-t-il aux normes universitaires internationales?

Oui □Non □
CCCLI

Justifiez…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
……..
3.4 Faut-il changer vos programmes d’études ?

Oui □Non □
Justifiez…………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
IV Les méthodes d ‘enseignement à l’université
4.1 Les cours théoriques et les TD/TP permettent-ils de cerner votre programme
d’études ?

Oui □Non □
Justifiez…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
………
4.2 Quel est votre niveau de compréhension des enseignements ?

Médiocre □ Passable □ A. Bien □ Bien □


4.3 Pensez-vous qu'il y a nécessité de recyclage chez vos enseignants?

Oui □ Non □
Justifiez…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
……..
4.4 Les deux sessions d’examen permettent-elles d’évaluer vos connaissances ?

Oui □ Non □
Justifiez…………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
4.5 Avez-vous accès à la documentation nécessaire pour vos recherches ?

Oui□ Non □
Si oui vous trouvez cette documentation à : la bibliothèque centrale □

La bibliothèque de la faculté□
Autres (à
préciser) :……………………….
CCCLII

4.5 Etes-vous satisfait de cette documentation ?

Oui□ Non □
Justifiez…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
………

V Les attentes à l’égard de la formation

5.1 Selon vous, votre formation doit être : courte□ longue □


Pourquoi ?……………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………
5.2Quel type de formation préférez-vous avoir dans votre faculté ?

Générale □ Professionnelle □
Pourquoi ?……………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………

VI Formation Universitaire et Emploi


6.1 Quelle est votre appréciation du rapport entre formation universitaire actuelle et

marché de l’emploi au Niger? Très bon□ Bon □

Acceptable□ Mauvais □
6.2 Pensez-vous que les structures pourvoyeuses d'emploi au Niger accordent une
grande importance à la formation universitaire actuelle?

Oui □ Non □
Justifiez…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
6.3 Les diplômés de l'UAM trouvent-ils facilement de l'emploi dans les structures de
la place?

Oui □ Non □
Justifiez…………………………………………………………………………………………
CCCLIII

…………………………………………………………………………………………………
Merci

QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX ENSEIGNANTS CHERCHEURS


Ce questionnaire vous est adressé dans le cadre de mes recherches de thèse de
doctorat du 3ème cycle sur la formation universitaire et l’emploi au Niger.
ABDOURAHAMANE Mohamed Moctar
Sociologue doctorant.
I Identification de l’enquêté
Département :……………………………………………..
Discipline enseignée :…………………………………….

Statut : Vacataire□ Titulaire□ Contractuel □Permanent□


CCCLIV

Grade : Assistant □ Maître-Assistant □ Maître de conférences □


professeur □
II Contenu des programmes et adaptabilité
2.1 Votre programme d’enseignement a-t-il été remanié durant ces deux dernières

années ? Oui □ Non □


2.2 Ce programme suit-il, selon vous, l’évolution de la science ?

Oui □ Non □
2.3 Ce programme est-il adapté aux réalités du NIGER ?

Oui □ Non □
Justifiez…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…….
2.4 Ce programme répond-t-il aux besoins du marché de l’emploi ?

Oui □ Non □
Justifiez…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…….
III méthodes d’enseignement et efficacité interne
3.1 Les cours théoriques et TP/TD permettent-ils de former qualitativement vos
étudiants ?

Oui □ Non □
Justifiez…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
3.2 L’examen bloqué et/ou unités de valeur permettent-ils d’évaluer qualitativement
vos étudiants ?

Oui □ Non □
CCCLV

Justifiez………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………
3.3 Pendant ces deux dernières années, votre programme d ‘enseignement a été

exécuté à : 40% □ □
50 % 75% □ 100% □
3.4 Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans votre tâche
d’enseignant ?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
IV Efficacité externe de la formation de l'UAM

4.1 Selon vous, la formation dans les facultés doit être : Longue □ Courte □ les
deux □
Justifiez…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
4.2 Les facultés doivent assurer des formations :

Générales □ Professionnelles □ les deux□


Justifiez…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
4.3 Selon vous, les diplômés que vous formez sont- ils directement opérationnels sur
le marché de l’emploi ?

Oui □ Non □
Justifiez…………………………………………………………………………………………
….………………………………………………………………………………………………
4.4 Selon vous, où vont généralement les diplômés que vous formez ?

Entreprise □ ONG □ Fonction Publique □ partout □ Chômage □


Justifiez…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
CCCLVI

GUIDE D’ENTRETIEN ADRESSE AUX EMPLOYEURS

Thème I : Présentation succincte de votre structure

1.1 Ses objectifs


1.2 Son domaine d’intervention
1.3 Ses ressources humaines

Thème II : Mécanisme de recrutement du personnel

2.1 Les modes de recrutement


2.2 Les critères de sélection des candidats
2.3 Les qualifications requises
CCCLVII

Thème III : Dialogue entre université et employeurs

3.1 Attentes générales envers l’université


3.2 Besoins en ressources humaines
CCCLVIII

GUIDE DE RECITS DE VIE ADMINISTRE AUX SORTANTS DE L'UAM EN


ACTIVITE

Thème I: votre cursus académique


1.1 Études effectuées
1.2 diplômes obtenus
1.3 Éventuels stages avant la fin des études

Thème II: regard sur le système pédagogique de l'université de Niamey


2.1 Programmes enseignés
2.2 Méthodes d'enseignement
2.3 Conditions d'études

Thème III: démarches effectuées pour avoir de l'emploi après les études
3.1 Au niveau de l'Etat (fonction publique)
3.2 au niveau du secteur privé (ONG, entreprise)
3.3 Autres

Thème IV: votre situation professionnelle actuelle


4.1 Adéquation entre votre formation et votre métier actuel
4.2 Sentiments par rapport à vos tâches actuelles
CCCLIX

GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AU PERSONNEL ADMINISTRATIF ET


TECHNIQUE DE L'UNIVERS ITE

Thème I: l'organisation de la formation


1.1les objectifs visés à travers cette formation
1.2la conception de la formation et/ou du diplôme

Thème II: l'efficacité interne du système pédagogique de l'université de Niamey


2.1 Recrutement des enseignants
2.2 Le contrôle de l'exécution des programmes
2.3 L’organisation des examens

Thème III: l'efficacité externe du système pédagogique de l'université de Niamey


3.1 La situation socio-professionnelle des sortants du système
3.2 Rapport entre formation universitaire et marché de l'emploi
3.3 Perspectives

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