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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 37-370-A-10 (2004)

37-370-A-10

Trouble obsessionnel compulsif


J. Cottraux

Résumé. – Longtemps négligées, bien que décrites par la psychiatrie du XIX e siècle, les obsessions
compulsions bénéficient actuellement d’un regain d’intérêt et de nombreuses recherches. Le développement
de traitements efficaces ces 30 dernières années a amélioré le pronostic des formes d’intensité légère et
moyenne, et de beaucoup de formes graves. Cependant, une minorité de formes graves et invalidantes résiste
à tous les traitements disponibles et pose des problèmes cliniques difficiles à résoudre.
© 2003 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Troubles obsessionnels compulsifs ; Obsessions ; Compulsions ; Névrose obsessionnelle ; Phobie


impulsive ; PANDAS

Historique obsessions et un modèle explicatif. Selon lui, la maladie


obsessionnelle évolue en trois stades : la psychasthénie, les agitations
Les obsessions compulsions ont été décrites bien avant le forcées et les obsessions compulsions.
développement de la psychiatrie, par les exorcistes et les
confesseurs. Signalons en particulier Le Traité des Scrupules de ¶ Fonds psychasthénique
Duguet [28] en 1717 qui, à partir de l’expérience de la confession,
Janet parle de stigmates psychasthéniques qui correspondent au
dresse un tableau saisissant de ce que nous appelons obsessions et
fonds mental de l’obsédé. La psychasthénie peut être soit acquise,
des compulsions, et propose des méthodes d’ordre psychologique
soit constitutionnelle, et correspond fondamentalement à un déficit.
pour apaiser les âmes tourmentées.
Les obsessions et la psychasthénie résultent de la baisse de la tension
psychologique et nerveuse qui elle-même entraîne la perte de la
ESQUIROL ET LES MONOMANIES « fonction du réel ».
En 1838, Esquirol, [34] dans son traité des maladies mentales, classe Le symptôme clé de la psychasthénie est le sentiment
ce que nous appelons les obsessions dans le cadre des monomanies d’incomplétude de la pensée et de l’action, ainsi que la perception
affectives ou raisonnantes. Il décrit un cas clinique proche de ceux douloureuse par les patients du fait qu’ils sont imparfaits.
que nous connaissons actuellement. L’inhibition de l’action se manifeste par le doute, l’aboulie,
l’indécision, la gêne.
La psychasthénie sert de socle commun aux obsessions et aux
WESTPHAL ET LA NÉVROSE DE CONTRAINTE
phobies, ainsi qu’aux états anxieux aigus ou chroniques. Elle sous-
En 1878, Westphal [89] décrit les obsessions comme des idées parasites tend donc l’ensemble de la pathologie névrotique, mis à part
apparaissant dans un esprit intact et faisant intrusion dans le l’hystérie, qui dérive d’idées fixes subconscientes.
processus normal de la pensée, contre la volonté du sujet. Il propose
d’appeler ce phénomène névrose de contrainte, Zwangneurose en
¶ Processus obsédants : agitations forcées
allemand. L’irrésistibilité des obsessions et des compulsions
représente pour certains auteurs un caractère essentiel au point que Ils correspondent à l’activité compulsionnelle : le patient se sent
l’on parle de névrose anankastique, terme qui vient du grec ananké forcé de manière irrésistible à penser ou à accomplir des actes. Janet
(destin), ou névrose de destin. Ce terme est retrouvé encore de nos parle à ce propos d’agitations forcées qui sont divisées en trois
jours dans la classification de l’Organisation mondiale de la santé, la catégories qui se subdivisent chacune en deux selon que le trouble
Classification internationale des maladies dixième révision (CIM- est limité (systématique) ou diffus : agitations mentales (ou manies),
10), [78] qui parle de névrose anankastique. agitations motrices (tics et rituels), agitations émotionnelles.

JANET ET LA PSYCHASTHÉNIE
¶ Idées obsédantes et compulsions
L’ouvrage de Janet [52] Les obsessions et la psychasthénie propose à la Janet classe les idées obsédantes selon leur contenu en cinq
fois une description clinique, une interprétation psychologique et catégories : obsession du sacrilège, du crime, de la honte de soi, de
des modalités thérapeutiques. Ce livre est le premier à donner une la honte du corps et obsessions hypochondriaques.
description claire et cohérente des obsessions compulsions. À partir Il souligne aussi que la peur de l’obsédé ne porte pas sur des objets
de 300 observations, Janet propose un découpage clinique des du monde extérieur, mais sur les actes du sujet. Les actions et les
pensées redoutées sont toujours mauvaises, choquent l’ordre social
et violent les valeurs morales dominantes. La croyance de l’obsédé
en ses représentations demeure beaucoup plus faible que celle de
J. Cottraux (Psychiatre des Hôpitaux, chargé de cours à l’Université Lyon I)
Adresse e-mail: cottraux@univ-lyon1.fr
l’hystérique. À l’idée fixe de l’hystérique vécue jusqu’au bout, Janet
Unité de traitement de l’anxiété, hôpital neurologique, 59, boulevard Pinel, 69394 Lyon, France. oppose l’absence de conviction de l’obsession.

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¶ Psychothérapie de Janet dans les obsessions étaye la théorie. Celle-ci relie l’obsession à : « des reproches
compulsions transformés resurgissant hors du refoulement, et qui se rapportent
toujours à une action sexuelle de l’enfance exécutée avec
Rappelons brièvement que Janet [50] a proposé un modèle du satisfaction ». L’obsessionnel voit se dérouler une lutte entre la
subconscient et du rôle des traumatismes dès 1889, c’est-à-dire 6 ans résurgence de ces pulsions sexuelles et un « Surmoi cruel » qui les
avant les premières publications de Freud [37, 39] à ce sujet. Il lui interdit. L’obsession est une formation de compromis entre ces
proposait une forme d’anamnèse, cherchant à mettre à jour la désirs et le Surmoi.
biographie du sujet, qu’il appelait « analyse psychologique ».
Ses conceptions originales ont certainement influencé celles de ¶ Névrose obsessionnelle et caractère anal
Freud, bien que ce dernier l’ait nié. Cependant, aussi bien la théorie La névrose obsessionnelle, selon Freud, présente les caractéristiques
que la pratique de la psychothérapie selon Janet diffèrent de la suivantes :
psychanalyse freudienne. Sa pratique serait plus proche de la
– un conflit psychique amour/haine s’exprime par des ruminations
psychothérapie d’Adler ou encore de certaines interventions décrites
mentales, le doute, les scrupules, une inhibition intellectuelle et une
dans la psychologie analytique de Jung (pour une discussion
entrave à l’action ;
complète de ces points cf. Ellenberger [30]). En fait, le courant
psychothérapique dont il est le plus proche, techniquement, est la – des mécanismes de défense particuliers se manifestent : le
thérapie comportementale et cognitive actuelle. déplacement, l’isolation, et l’annulation rétroactive ; le déplacement
projette l’affect sur des représentations très lointaines des sentiments
Janet propose à la fois un traitement chimique psychotonique et un
initiaux ; l’isolation sépare l’affect de la représentation, qui se trouve
traitement psychologique des obsessions compulsions. Le thérapeute
ainsi refroidie ; l’annulation rétroactive des sentiments, des pensées
se montre à la fois directif et sans ambiguïté ni hésitation dans ses
ou des actes se sert des paroles et des pensées en sens opposé à
propos. Il évite les demandes de réassurance incessantes des
l’affect d’origine pour faire comme si ces sentiments, ces pensées et
patients. Il propose comme action la ré-instauration de la « fonction
ces actes n’avaient jamais eu lieu, par exemple l’obséquiosité prend
du réel » par l’accroissement de la tension psychologique. Les
la place de l’agressivité ;
techniques proposées représentent une sorte de rééducation
progressive, fractionnée et répétée. Le patient et le thérapeute – l’ambivalence correspond à la fixation au stade anal et à
évaluent les actes possibles, le thérapeute conseille au sujet d’aller l’intériorisation lors de l’apprentissage de la propreté d’un « Surmoi
au-delà de ses limites, ce qui permet une élévation de la tension cruel », qui entre dans un conflit sadomasochiste avec le Moi du
psychologique, que l’on répétera par la suite. Des techniques de sujet ;
provocation émotionnelle sous hypnose sont également – le caractère anal fait d’ordre, d’entêtement, de parcimonie, de
mentionnées. Il est possible de les rapprocher d’une technique pédanterie et de souci du détail aux dépens d’une perception globale
comportementale, le flooding ou exposition en imagination, qui des situations et des relations humaines correspond à des formations
consiste à faire imaginer par le sujet une scène génératrice réactionnelles, qui vont en sens contraire des tendances à
d’obsession et de compulsion pendant une durée prolongée de façon l’agressivité, à la haine et au désordre.
à réduire son anxiété. Plus tard, dans son ouvrage sur les
médications psychologiques, Janet [51] décrira des techniques TROUBLE OBSESSIONNEL COMPULSIF (TOC)
d’« excitation par l’action », qui anticipent les techniques Après une longue phase de stagnation et un désappointement quant
comportementales d’exposition au stimulus anxiogène en aux effets de la psychanalyse dans les obsessions compulsions, un
imagination ou en réalité comme l’ont reconnu les pionniers des regain d’intérêt s’est manifesté à partir du début des années 1960. À
thérapies comportementales. [63] partir de la fin des années 1980, on commence à utiliser le terme de
trouble obsessionnel compulsif, en abrégé TOC (en anglais, obsessive
FREUD ET LA NÉVROSE OBSESSIONNELLE compulsive disorder [OCD]). Le sigle TOC devient très populaire dans
les médias et auprès des patients. Trois faits sont à l’origine de ces
¶ Distinction entre obsessions et phobies changements.

Freud établit une séparation entre obsessions, phobies et hystérie ¶ Apparition des thérapies comportementales
qui s’est maintenue jusqu’à nos jours dans le Diagnostic and Les travaux effectués par un pionnier des thérapies
Statistical Manual of Mental Disorders, 4th edition (DSM-IV). [3] Le comportementales, Meyer, [65] montrent l’efficacité d’une thérapie qui
travail initial fut présenté dans un article paru en français dans la consistait à dissuader 24 heures sur 24 les patients de ritualiser pour
Revue Neurologique. [40] Selon Freud, les obsessions ne peuvent être modifier leurs attentes anxieuses. Meyer parlait clairement dans le
rattachées à la neurasthénie et ne résultent pas de la dégénérescence titre de son article de modification cognitive. Ce travail initial
mentale. L’obsession correspond à l’association d’une idée, qui déclencha une longue série de travaux, en particulier, ceux de Marks
s’impose au patient, à un état émotif. Dans les phobies, l’état émotif à l’Institut de psychiatrie de Londres, synthétisée dans deux
est purement l’angoisse. Dans les obsessions, l’état émotif ouvrages. [68, 69] Marks a simplifié la méthode de Meyer, en montrant
correspond au doute, au remords ou à la colère. Dans les phobies, qu’elle pouvait être appliquée lors de séances de 1 heure de thérapie.
l’angoisse est projetée sur le monde extérieur, alors que lors des Il l’a ensuite validée par des études contrôlées qui ont été
obsessions elle est liée à des idées (des représentations), et n’est pas reproduites dans le monde entier.
déclenchée par des objets et des situations extérieures. Les idées
obsédantes ont un sens que Freud cherche à élucider par l’analyse. ¶ Mise en évidence de l’activité de certains
Finalement, l’idée obsédante substituée à l’idée initiale représente antidépresseurs dans les troubles obsessionnels
un acte de défense (Abwehr) contre l’idée inconciliable. compulsifs
L’efficacité des antidépresseurs à action sérotoninergique a été mise
¶ Idées obsédantes et Surmoi cruel
en évidence par Lopez-Ibor Alino [61] qui fut le premier à publier des
Freud fait l’hypothèse d’un conflit entre deux énergies : celle des résultats avec l’Anafranilt dans la névrose obsessionnelle. Par la
pulsions et celle de la répression effectuée par le Surmoi. Ce conflit suite, plusieurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine seront
va obliger le Moi du sujet à établir un compromis. Ce compromis se validés dans cette indication.
traduit par l’idée obsédante et le rituel qui ont été isolés de leur
origine affective. L’idée obsédante représente donc une formation
¶ Développement des classifications
de compromis entre désirs et interdits. Le désir, que Freud rattache et des études épidémiologiques
à la trace mnésique laissée par les vécus infantiles, en est le moteur. L’entrée des obsessions compulsions dans les classifications
Le cas de « l’homme aux rats » publié dans les Cinq psychanalyses [30] internationales des troubles mentaux DSM et CMI s’effectue au

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début des années 1980. [1, 78] À la même époque s’effectue la évitent la situation ou l’annulent par des rituels de lavage. Le rituel
constatation de sa très grande fréquence : 2 % de la population est, par exemple, de se laver 10 fois les mains ; un comportement
générale, dans les études épidémiologiques de population générale d’évitement consiste à ne pas toucher les poignées de porte, ouvrir
les mieux conduites. [57, 73] Cette constatation de population générale les portes avec son coude, porter en permanence des gants. Il
va à l’encontre des idées reçues à partir des statistiques des entraîne une réduction rapide de l’anxiété. Ces patients sont donc
consultations de psychiatrie où le TOC était sous-représenté ou proches des phobiques simples.
demeurait caché. Ensuite se développeront les recherches en
thérapie comportementale et cognitive et en psychopharmacologie, ¶ Les « vérificateurs »
et de nombreux modèles verront le jour.
Ce sont aussi fréquemment des hommes que des femmes. Le début
À bien des égards, les données modernes sur l’efficacité des
des troubles est progressif. Ils cherchent à prévenir des catastrophes
thérapeutiques valident les propositions faites par Janet il y a
possibles dans le futur : vérifier électricité, gaz, voiture, place
environ un siècle. En effet, le traitement pharmacologique
d’objets dangereux de peur d’être par mégarde à l’origine d’un décès
« psychotonique » est représenté par les antidépresseurs
ou d’un accident. Comme le vérificateur ne peut jamais être certain
sérotoninergiques, et les thérapies comportementales et cognitives
du futur, le rituel souvent n’entraîne pas de décroissance de
se sont pour une part inspirées des méthodes d’exposition décrites
l’anxiété. Il est toujours à recommencer en fonction de la
et pratiquées par Janet.
réapparition d’idées obsédantes ou dépressives.

¶ Les « ruminateurs »
Clinique
Les vérificateurs et les laveurs présentent des pensées obsédantes,
Les critères cliniques les plus utilisés actuellement par les chercheurs mais certains patients présentent des pensées obsédantes avec peu
et les cliniciens de beaucoup de pays sont ceux du DSM-IV [3] ou pas de rituels comportementaux. Un certain nombre de sujets ne
(encadré 1). Les critères de la CIM-10 [78] sont peu différents. présentent pas de rituels et souffrent de ruminations incoercibles et
intrusives ayant trait au doute, à la culpabilité, à l’horreur, au
dégoût, ou de pensées sexuelles inacceptables.
FORMES CLINIQUES
Les rituels sont souvent cachés par le sujet qui vient dans les
consultations spécialisées lorsqu’il perd au moins 3 à 5 heures par AUTRES TYPES CLINIQUES
jour et souvent après plus de 10 ans d’évolution. En général, le
patient a conscience du caractère absurde de son comportement, ¶ Obsessions d’actes impulsifs ou phobie d’impulsion
mais parfois il le considère comme parfaitement rationnel et c’est
L’obsession dans ce cas est la peur de perdre le contrôle de soi et de
l’entourage familial ou la pression du milieu de travail qui le pousse
devenir un criminel : poignarder quelqu’un de sa propre famille,
à consulter. Plusieurs sous-types de TOC ont été décrits.
précipiter une personne sous le métro, se jeter soi-même dans le
vide, mettre le feu par mégarde, avoir un accident de voiture et tuer
¶ Les « laveurs »
quelqu’un sans s’en rendre compte. La peur apparaît en situation,
Ce sont à 80 % des femmes. Le début des troubles est rapide. Les ce qui provoque des réactions d’évitement, comme dans les phobies.
obsessions sont déclenchées par des stimuli environnementaux. Ils Mais il existe des idées obsédantes concernant le risque potentiel, ce

Critères du DSM-IV [3]


– A- Soit obsessions soit compulsions (300.3). Les obsessions sont définies par 1, 2, 3, 4
– 1) Pensées, impulsions ou images répétitives et persistantes qui sont ressenties, à un certain moment, comme intrusives et inappropriées, et
qui causent une anxiété ou une détresse marquée.
– 2) Les pensées, les impulsions ou les images ne sont pas simplement des soucis excessifs à propos de problèmes de la vie réelle.
– 3) La personne tente d’ignorer ou de refouler de telles pensées ou impulsions, ou bien de les neutraliser avec une autre pensée ou une autre
action.
– 4) La personne reconnaît que les pensées obsédantes, les impulsions ou les images sont le produit de son propre esprit (elles ne sont pas
imposées de l’extérieur comme dans la pensée « forcée »)
Les compulsions sont définies par 1 et 2
– 1) Des comportements répétitifs (lavages de main, mise en ordre, vérification) ou des actes mentaux que la personne se sent obligée
d’accomplir en réponse à une obsession, ou selon des règles qui doivent être appliquées rigidement.
– 2) Le comportement ou l’acte mental vise à prévenir ou réduire la détresse, ou à prévenir un événement ou une situation redoutée.
Cependant, ces comportements ou ces actes mentaux ne sont pas reliés d’une façon réaliste avec ce qu’ils ont pour dessein de neutraliser ou
d’empêcher, ou bien sont clairement excessifs.
– B- À certains points de l’évolution de la maladie, le patient reconnaît que les obsessions ou les compulsions sont excessives ou
déraisonnables.
Note : ceci ne s’applique pas aux enfants.
– C- Les obsessions ou les compulsions causent une détresse marquée, sont dévoreuses de temps (plus de 1 heure par jour), ou interfèrent de
façon importante avec la vie de tous les jours, le travail, les activités sociales habituelles ou les relations avec les autres.
– D- Si un autre trouble d’axe I est présent, le contenu des obsessions ou des compulsions n’est pas limité à celui-ci.
Par exemple : préoccupation avec la nourriture en présence d’un trouble des conduites alimentaires, préoccupation de s’arracher les cheveux si
la trichotillomanie est présente, préoccupation avec l’apparence en présence d’un trouble dysmorphophobique, préoccupation avec la drogue
en présence d’un abus de substance, préoccupation d’avoir une maladie sérieuse en présence d’hypochondrie ou rumination de culpabilité en
présence de dépression majeure).
– E- N’est pas dû à un abus de substance ou à un trouble anxieux secondaire.
Spécifier :
– « Type avec mauvais insight » si, la plupart du temps durant l’épisode actuel, la personne ne reconnaît pas que les obsessions et les
compulsions sont excessives ou déraisonnables.

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qui différencie ces patients des phobiques. En outre, ils ont une
activité ritualisée : par exemple ranger soigneusement les couteaux Tableau 1. – Thèmes majeurs présentés par les patients obsessionnels.
ou conduire en ayant pris des précautions spéciales. Contamination ou saleté 45 %
Doute 42 %
¶ Obsessions d’ordre et de symétrie Peur de la maladie 36 %
Besoin de symétrie ou de la perfection 31 %
Pour ces patients, il faut que tout soit propre et en ordre, mais d’une Impulsions agressives : peur d’être agressif 28 %
manière qui va au-delà des critères sociaux les plus drastiques. Impulsions sexuelles : peur de la sexualité 26 %
Surtout l’ordre des objets, des couleurs, des nombres, l’arrangement
des vêtements, l’ordre de l’habillage, la succession des gestes doivent
D’autres sont plus rares : obsessions de collection ; peur de la perte
répondre à des critères idiosyncrasiques et ne peuvent être
de quelque chose ; obsessions religieuses ; besoin de savoir ou de se
bouleversés sans entraîner de l’anxiété. Il est fréquent de voir chez
souvenir ; peur de dire certaines choses ; images parasites (neutres) ;
l’enfant de tels troubles qui sont souvent spontanément résolutifs ;
sons, mots ou musiques parasites et dénués de sens ; nombres qui
il faut donc s’en inquiéter surtout chez l’adulte.
portent bonheur ou malheur ; peurs superstitieuses, etc.
¶ Les procrastinateurs
Ce sont des sujets qui ont tendance à remettre au lendemain les DIFFÉRENCES ENTRE OBSESSIONS NORMALES
gestes ou les tâches, même les plus simples, de la vie courante au ET OBSESSIONS ANORMALES
point qu’ils ne peuvent les accomplir sans d’interminables Les études montrent qu’il y a une continuité entre obsessions
délibérations intérieures. Ils commencent une activité, mais ils normales et obsessions anormales. Quatre-vingt à 100 % de la
n’arrivent pas ou arrivent avec beaucoup de difficultés à la terminer population générale présentent des obsessions dont les contenus
à temps. La procrastination peut être définie comme l’incapacité à sont semblables à celui des obsessions des patients obsessionnels
prendre une décision et, par conséquent, une remise indéfinie à plus compulsifs. Mais les obsessions normales se différencient des
tard. Le temps perdu ou la détresse du sujet est difficile à estimer. obsessions anormales par leur fréquence, leur durée et la facilité de
Les patients qui souffrent de la procrastination consultent souvent les rejeter et de s’y habituer. Il existerait donc chez le trouble
pour des échecs successifs dans leur vie professionnelle ou obsessionnel à établir une réponse d’habituation aussi bien vis-à-vis
sentimentale. En fait, ils n’arrivent pas à faire un choix professionnel de stimuli externes que de cognitions. On considère actuellement
capital. Ils repoussent sans cesse les échéances et finissent par ne que les obsessions compulsions sont des obsessions normales
rien faire. Un bilan de vie négatif conduit alors le patient à auxquelles le sujet ne s’est pas habitué. [80]
demander de l’aide. Un des critères de démarcation entre le normal et le pathologique
est la durée, car les obsessions et les compulsions sont dévoreuses
¶ Les accumulateurs de temps. Pour parler d’obsessions compulsions pathologiques, il
Le rituel de certains patients est l’accumulation d’objets sans valeur faut que les obsessions ou les compulsions prennent plus de 1 heure
artistique ou sentimentale. [13] Ce comportement compulsif, qui peut par jour pour entrer dans le DSM. Un autre critère est la facilité à
prendre des proportions très envahissantes, a été diversement décrit s’habituer aux obsessions : les sujets normaux affrontent et
dans la littérature. On parle soit de collectionneurs, soit s’habituent facilement aux obsessions, alors que les sujets
d’accumulateurs (hoarding en anglais) ou encore de « syndrome de obsessionnels ont tendance à les éviter ou à les refuser, et donc s’y
Diogène ». Ces troubles correspondent souvent à l’impossibilité de habituent difficilement. Les obsessions compulsions peuvent aussi
se séparer d’objets personnels, par exemple des revues. Inversement, exister dans la population générale. Les sujets pathologiques
certains ramassent et collectionnent des objets sans valeur, ou bien franchissent le seuil quand ils n’arrivent pas à s’y habituer et y
répugnants trouvés dans la rue ou les poubelles. Il n’est pas rare de passent trop de temps, par exemple plus de 1 heure par jour sans
voir le voisinage intervenir pour régler une situation gênante. gêne importante, si l’on se fie au critère du DSM-IV. [3] Ce qui
explique les différences entre les résultats de l’épidémiologie en
¶ Formes particulières du trouble obsessionnel population générale et le nombre de sujets qui cherchent un
compulsif chez l’enfant traitement. Au lieu de prendre un modèle à seuil comme le DSM,
on pourrait envisager le problème à travers un modèle dimensionnel
Nombre de conduites répétitives ritualisées chez des enfants au
de l’« obsessionnalité » qui tienne compte de l’ensemble de la
cours du développement sont fréquentes, mais non pathologiques.
population.
De même, il est possible de rencontrer des rituels infantiles de la
marche, du coucher et du sommeil qui sont souvent banals,
passagers, et correspondent à des demandes magiques de ÉPIDÉMIOLOGIE
réassurance maternelle. La persistance de gestes ritualisés ou les
Les études épidémiologiques montrent que la prévalence à 6 mois
préoccupations de type obsessionnel chez certains enfants doit
du trouble obsessionnel compulsif se situe entre 0,7 % et 2,2 % de la
attirer l’attention de l’entourage. Le début des troubles obsessionnels
population générale, et sa prévalence vie entière entre 1,9 % et 3,2 %.
peut se manifester vers 5 ans. Le tableau clinique est presque
Dans l’étude ECA, [67] la prévalence situe le TOC au quatrième rang
similaire à celui de l’adulte et les symptômes des obsessions
de fréquence parmi les troubles psychiatriques, après les phobies, la
compulsions se manifestent souvent par des doutes répétés, des
dépendance à l’alcool et aux drogues, et les troubles dépressifs.
scrupules obsédants, des compulsions de compter, de vérifier, de
prière, de toucher certains objets et de faire des gestes répétitifs
superstitieux, ou des rites divers et des tics moteurs. ¶ Sexe
Les obsessions compulsions de l’enfant n’atteignent que 1 % au Le sex-ratio est voisin de 1 mais l’obsession compulsion est un peu
maximum des enfants hospitalisés en psychiatrie. Un tiers des cas plus fréquente chez les femmes. C’est le seul trouble anxieux qui
vus chez l’adulte débute dans l’enfance. Il s’agit donc d’une forme présente cette proportion ; les autres troubles ont une proportion de
de TOC assez grave dont le pronostic n’est pas toujours bon puisque 80 % de femmes.
n’arrivent à se rétablir que 50 % des enfants. [55]
¶ Âge de début
THÈMES LES PLUS FRÉQUENTS DES OBSESSIONS Les troubles débutent souvent tôt dans la vie : l’âge d’adolescent ou
On peut regrouper les obsessions selon plusieurs thèmes majeurs l’âge du début d’adulte. Soixante pour cent des patients
que les patients obsessionnels peuvent présenter seuls ou commencent à avoir des symptômes avant 25 ans, mais 30 % ont
simultanément [60] (Tableau 1). leurs premiers symptômes entre 5 et 15 ans. Le début est

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cette pathologie reste souvent secrète. Cet état de fait est en train de
Tableau 2. – Comorbidité dans les troubles obsessionnels compulsifs changer dans la mesure où les médias ont modifié l’image de la
primaires d’après Rasmussen et Eisen [85] (n =100).
maladie en la banalisant et en mettant l’accent sur le caractère
Dépression majeure 67 % involontaire du trouble, et en soulignant les possibilités
Phobie sociale 18 % thérapeutiques. Environ 50 % à 80 % de patients de TOC
Troubles des conduites alimentaires 17 % présenteraient une dépression. En fait, cette forte association entre
Alcoolisme 14 % le TOC et la dépression n’est pas surprenante dans la mesure où les
Trouble panique 12 %
Gilles de la Tourette 7%
obsessionnels peuvent être souvent submergés par des rituels de
Phobie simple 2% plus en plus contraignants. Ils n’arrivent plus à les exécuter tous, les
Anxiété de séparation 2% jours et les nuits ne suffisent plus. Ils se sentent de plus en plus
frustrés par des rituels inutiles qui sont quelquefois critiqués
sévèrement par les autres. Et ils se rendent compte que le résultat
généralement progressif et les malades ont tendance à cacher leurs
des rituels est loin d’être rassurant ou satisfaisant et qu’ils
problèmes et à se taire. De ce fait, ils perdent facilement au moins
perturbent leur vie quotidienne. Rien n’apparaît positif, surtout à
3 à 5 heures par jour dans leurs rituels et ils ne viennent souvent
long terme, devant l’accélération du trouble. De plus, les patients
consulter un généraliste ou un psychiatre pour TOC qu’après une
obsessionnels ont souvent des pensées négatives et des distorsions
longue durée d’évolution de la maladie.
cognitives. Ils ont tendance à se sous-évaluer, à sélectionner avec
dureté leurs échecs, à surgénéraliser et amplifier des évènements
¶ Facteurs de déclenchement
négatifs, et à minimiser les réussites. À ce point d’évolution, ils
Il existe souvent des événements déclenchants dans le TOC, bien tombent facilement dans la dépression. Celle-ci leur permettra plus
que l’on ne retrouve que 30 % des cas environ qui se souviennent facilement de demander de l’aide.
d’un événement déclenchant : événements de vie banals ou
stressants, comme le mariage, l’accouchement, un avortement, un Maladie de Gilles de la Tourette
conflit familial, une maladie physique, une surcharge de travail, des Elle est une maladie rare, dont l’origine est génétique ; elle débute
difficultés professionnelles, un accident, une agression physique ou avant 21 ans et le plus fréquemment vers 7 ans. On pensait qu’elle
bien psychologique (par exemple, un secret familial dévoilé). Mais atteignait environ un enfant sur 10 000. Des critères plus élastiques
certains événements de vie peuvent être en fait la conséquence des et qui ne sont pas endossés par tous les spécialistes trouvent une
obsessions compulsions qui ont débuté bien avant, par exemple un prévalence plus élevée. Elle atteindrait de un à huit jeunes garçons
conflit de couple à propos des rituels ou des difficultés au travail pour 1 000 et de 0,1 à 4 petites filles pour 1 000. Elle se caractérise
qui sont dues à la lenteur et au manque de rendement. par des tics, tels que des clignements d’yeux, des secouements de la
tête, des grimaces, des morsures de la langue ou des lèvres, des
COMORBIDITÉ DES TROUBLES OBSESSIONNELS lèchements des lèvres, des gestes brusques des bras. Parfois les tics
COMPULSIFS atteignent la voix : ce peuvent être des sons, des cris involontaires,
des mots ou même des phrases. Rarement, il peut s’agir de bordées
¶ Comorbidité d’axe I d’insultes ou de mots grossiers. Parfois, le patient répète les mots
d’autrui ou imite en écho ses gestes. Cette absence de contrôle sur
Un travail de Rasmussen et Eisen [85] qui porte sur 100 patients les mots et les gestes s’accentue en cas d’émotion ou sous la pression
aboutit aux chiffres suivants (Tableau 2) d’une manière globale. sociale, ce qui explique qu’ils peuvent survenir au moment le moins
opportun, en particulier lors de périodes de stress et en public. Ces
Schizophrénie tics surviennent à de nombreuses reprises et par accès. Il faut des
La schizophrénie associée est relativement rare. Bien que l’on accès de tics durant 1 an pour porter le diagnostic. [3] Maladie de
retrouve une association d’emblée avec la schizophrénie dans 12 % Gilles de la Tourette et obsessions compulsions souvent
des TOC, l’évolution vers un délire d’un TOC simple est rare. De 1 à fréquemment associées : 50 % des enfants qui ont une maladie de
3 % des TOC primitifs évolueront vers des manifestations délirantes Gilles de la Tourette présentent aussi des obsessions et/ou des
telles qu’on en voit dans la schizophrénie ou les délires compulsions. Sept pour cent de TOC présentent une maladie de
paranoïaques de persécution. On peut donc rassurer d’emblée les Gilles de la Tourette. [85]
patients dont l’obsession est de devenir fou : la probabilité d’une
telle évolution est extrêmement faible. ¶ Comorbidité d’axe II
Il faut distinguer le TOC de la personnalité obsessionnelle
Phobie sociale
compulsive. En effet, il n’existe pas de recouvrement parfait entre la
Elle présente aussi une comorbidité fréquente avec le TOC. C’est pathologie d’axe I et celle d’axe II, loin de là.
une maladie caractérisée par une peur intense et constante dans les
situations sociales où le sujet doit être en contact avec autrui. Le Personnalité obsessionnelle compulsive
sujet souffrant de phobie sociale a toujours peur d’agir de façon
Ce type de personnalité qui est associé au TOC se définit dans le
embarrassante ou humiliante devant les autres qui vont avoir une
DSM-IV [3] comme un ensemble de traits psychologiques stables
évaluation et une opinion négative de lui. Il s’agit d’une maladie
organisés avant ou au moment de l’adolescence (Tableau 3).
fréquente touchant environ 4 % de la population générale, avec une
prédominance féminine. Des études [90] ont trouvé qu’il existe un
Critères de personnalité « anankastique » de la Classification
trait commun psychologique entre le TOC et la phobie sociale : un
internationale des maladies dixième révision
sentiment d’infériorité important. Ces deux groupes de patients
présentent tous un sentiment d’infériorité plus élevé que les sujets La CIM-10 [78] parle de personnalité « anankastique », terme surtout
normaux. En fait, les patients atteints de TOC et de phobie sociale utilisé dans le monde germanique. Elle souligne que l’on parle
se jugent souvent négativement et ils ont aussi peur d’être mal jugés également de personnalité obsessionnelle compulsive (Tableau 4).
par les autres.
Troubles de personnalité associés au trouble obsessionnel
Dépression compulsif
Elle est la comorbidité la plus fréquente. Souvent le TOC vient Le tableau suivant, qui résume deux études, montre clairement que,
consulter pour dépression, tout en cachant ses rituels de peur de contrairement à une idée répandue, la personnalité obsessionnelle
passer pour fou et de se retrouver interné, ce qui peut expliquer que compulsive selon le DSM-IV [3] ne représente que 16 à 20 % des

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de 9 % à 19 % de personnalité schizotypique est retrouvé chez les


Tableau 3. – Critères de personnalité obsessionnelle compulsive TOC Elle représente un des obstacles possibles ou une difficulté
adaptés du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders,
supplémentaire dans le traitement des obsessions compulsions
4th edition [3].
auxquelles elle est assez souvent associée.
1. Souci exagéré du détail aux dépens des buts
2. Perfectionnisme qui entrave l’achèvement des tâches Études psychométriques du caractère anal
3. Zèle excessif au travail au détriment des loisirs et de l’amitié Nous reprendrons une synthèse récente. [24] Plusieurs études
4. Scrupules et rigidité en matière de valeurs éthiques et religieuses (cf. Slade in [9] ) ont montré l’absence de recoupement entre
5. Incapacité à se séparer d’objets usés, même s’ils n’ont pas d’utilité ni de valeur
sentimentale
symptômes et traits obsessionnels, ce qui était contraire aux
6. Réticence à déléguer ou à travailler en groupe. Cherche à soumettre les autres à hypothèses initiales de Freud qui faisait du caractère anal le socle de
son point de vue la névrose obsessionnelle. Deux études identiques, l’une anglaise [81]
7. Avarice et thésaurisation en vue de catastrophes futures et une française [26] ont montré, à partir d’analyses factorielles de
8. Rigidité et entêtement questionnaires, que le caractère anal et les symptômes obsessionnels
et compulsifs représentaient deux dimensions orthogonales, donc
sans corrélations entre elles. Delay et al. [31] proposent de décrire
Tableau 4. – Personnalité anankastique de la Classification interna-
tionale des maladies dixième révision [72]. d’un côté une personnalité coarctée qui est corrélée négativement
avec les échelles mesurant l’hystérie et, d’un autre, des symptômes
A. Répond aux critères généraux d’un trouble de la personnalité (F60) obsessionnels corrélés à la dimension du névrosisme ou
B. Présence d’au moins quatre des caractéristiques suivantes : neuroticisme (neuroticism) d’Eysenck. [36]
(1) doutes et prudence excessive ;
Dimensions communes aux troubles obsessionnels compulsifs et aux
(2) préoccupation pour les détails, les règles, les inventaires, l’ordre, l’organisation
ou les programmes ; personnalités obsessionnelles compulsives : perfectionnisme et
(3) perfectionnisme qui entrave l’achèvement des tâches ; psychasthénie
(4) scrupulosité et méticulosité extrême ; Summerfeldt et al., [83] dans une revue très complète, soulignent
(5) souci excessif de la productivité aux dépens de son propre plaisir et des relations
interpersonnelles ;
également que, dans la très grande majorité des études, il n’y a pas
(6) attitude pédante et conventionnelle ; de corrélation entre les TOC et les diverses composantes du
(7) rigidité et entêtement ; caractère anal. Un «cluster anankastique » représenté par une
(8) insistance déraisonnable pour que les autres se conforment exactement à sa façon constellation de traits associant le sentiment d’incomplétude,
de faire ou réticence déraisonnable pour laisser les autres faire quoi que ce soit. l’indécision, le doute, le perfectionnisme, pourrait représenter
l’élément commun aux TOC et aux personnalités obsessionnelles
compulsives. Plusieurs études citées par ces auteurs montrent que
Tableau 5. – Association du trouble obsessionnel compulsif avec les
le doute et l’indécision ne sont pas liés au caractère anal.
personnalités pathologiques.
L’étude la plus importante est celle de Baer, [4] qui se fonde sur les
Baeret al. Black et al. [11] critères du DSM-III-R. [2] À partir d’une analyse factorielle réalisée
Personnalité évitante 25 % 22 %
chez 107 patients présentant un TOC, cet auteur retrouve un facteur
Personnalité dépendante 24 % 50 % « anankastique » proche de la description de la CIM-10, [78] qui
Personnalité obsessionnelle compulsive 16 % 28 % corrélait avec un premier facteur reflétant les symptômes
Personnalité passive agressive 16 % 47 % obsessionnels. Des traits, se référant à la description du caractère
Personnalité schizotypique 9% 19 % anal (ordre, parcimonie et entêtement) n’avaient aucune corrélation
Personnalité borderline ou limite 9% 19 % avec les trois dimensions regroupant les symptômes obsessionnels.
Personnalité histrionique 7% 9%
On observe donc une convergence des études anglaises, françaises
Personnalité paranoïaque 7% 15 %
Personnalité schizoïde 2% 0% et américaines, suggérant fortement que la dimension sous-jacente
Personnalité narcissique 0% 6% au TOC est plus le perfectionnisme que le caractère anal. De même,
Personnalité antisociale 0% 0% des travaux ont souligné l’importance du sentiment d’infériorité
chez les TOC : [90] ce sentiment résultant d’un perfectionnisme jamais
associations. En fait, le TOC est associé à des types variés de satisfait.
personnalité, à l’exception de la personnalité antisociale (Tableau 5). Ces données psychométriques soulignent la validité des hypothèses
Les données d’une revue [83] tempérant les résultats ci-dessus font de Janet sur le « fonds psychasthénique » des obsessions
état de cinq troubles de la personnalité assez fréquents dans le TOC compulsions : le sentiment d’incomplétude est le versant affectif du
et diagnostiqués chez 5 à 30 % des sujets présentant un TOC Les perfectionnisme. La plupart des auteurs soulignent que le DSM a
troubles de la personnalité les plus fréquents appartiennent, pour la pris une position théorique arbitraire en considérant a priori que la
plupart, au cluster C « anxieux ». Il s’agit des troubles de la personnalité obsessionnelle pouvait être l’équivalent du caractère
personnalité évitante, dépendante, obsessionnelle compulsive, anal. L’ensemble des données suggère donc la meilleure validité de
histrionique et schizotypique. Les proportions de comorbidité du la notion de personnalité anankastique de la CIM-10 [78] que du
TOC et de l’axe II des troubles de la personnalité varient concept de personnalité obsessionnelle compulsive du DSM.
grandement d’une étude à l’autre suivant l’instrument ayant servi à
dépister les troubles et la version des critères diagnostiques utilisée. ÉVOLUTION
Le trouble de la personnalité le plus associé au TOC dans les études Les complications sont la dépression, le suicide, l’alcoolisme, les
semble être le trouble de la personnalité évitante (30 %), alors que le difficultés conjugales et professionnelles, et dans les cas extrêmes
moins fréquemment associé semble être le trouble de la personnalité l’incapacité de travailler ou même de vivre sans l’assistance d’un
obsessionnelle compulsive (6 %). La personnalité dépendante a été tiers ou d’une institution. L’évolution psychotique est rare : moins
retrouvée entre 10 et 20 % des cas, la personnalité histrionique entre de 1 %. Selon Rasmussen et Eisen, [85] l’âge moyen de début est
5 et 25 % des cas, alors que la personnalité schizotypique a été 20,9 ans (± 9,6). On retrouve un événement précipitant dans 29 %
estimée dans environ 15 % des cas. des cas. L’évolution est continue dans 85 % des cas. La détérioration
La personnalité schizotypique peut elle aussi être associée au TOC. s’effectue dans 10 % des cas. L’évolution épisodique ne se voit que
La personnalité schizotypique se traduit principalement par une dans 2 % des cas.
inadaptation généralisée dans les relations interpersonnelles et des
bizarreries des conceptions et des idées, de l’aspect et du ÉTIOLOGIE DU TROUBLE OBSESSIONNEL COMPULSIF
comportement. Selon les diverses études épidémiologiques, il L’étiologie est encore inconnue à ce jour. Il existe de nombreux
s’agirait d’une personnalité assez fréquente car elle correspond à des modèles du TOC, mais aucun, actuellement, n’apparaît entièrement
chiffres allant de 0, 6 % à 4,9 % de la population générale. Un taux satisfaisant. Ce trouble, complexe, multiforme et multifactoriel,

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recouvre sans doute, dans sa formulation actuelle, plusieurs régions orbitofrontales chez les TOC, aussi bien à l’état de repos que
maladies différentes. Ne sont envisagés que les modèles les plus lors de la provocation de symptômes par des stimulations. Ce fait
récents. Les modèles issus de la psychiatrie de la fin du XIXe siècle expérimental est retrouvé dans 70 % des 27 études. L’implication des
et du début du XXe ont été abordés en détail dans l’historique. ganglions de la base, et en particulier le noyau caudé, n’est retrouvée
que dans 55 % des 27 études. De plus, même si le noyau caudé est
¶ Modèles biologiques impliqué, les résultats divergent encore quant à la direction de cette
implication. Dans certaines études, le côté droit est impliqué, dans
Données de la génétique d’autres c’est le côté gauche. Dans certaines études, le noyau caudé
Une étude récente [74] a montré que les TOC étaient cinq fois plus présente une activité augmentée chez les TOC, dans d’autres études
fréquents chez les parents du premier degré du groupe de TOC, que elle est diminuée.
dans le groupe de sujets normaux utilisé comme référence. Il existait Les études thérapeutiques divergent aussi. Dans certaines études,
trois formes d’obsessions compulsions : une forme familiale qui est l’influence positive du traitement entraîne une augmentation
liée à la maladie de Gilles de la Tourette, une forme familiale qui d’activité métabolique, dans d’autres elle provoque une diminution.
n’est pas reliée à la maladie de Gilles de la Tourette et une forme Cependant, six sur sept études des effets des traitements montrent
non familiale. Les études de jumeaux montrent un taux concordant qu’après traitement il existe une diminution de l’activité cérébrale
de TOC significativement plus élevé chez les jumeaux monozygotes dans les zones orbitofrontales chez les TOC Cinq études de
que chez les jumeaux hétérozygotes. Il n’existe pas d’étude stimulation montrent aussi une activation des zones orbitofrontales
d’adoption qui permette d’examiner l’influence du milieu sur des dans les TOC Il est possible que cette activité orbitofrontale exagérée
jumeaux élevés dans des familles différentes. soit le reflet de la lutte obsédante des patients qui ont un TOC contre
Mais ce qui est hérité est essentiellement une prédisposition générale des pensées qu’ils tentent de contrôler. Il s’agit donc d’un état et
à développer des troubles anxieux quel qu’en soit le type : non d’une lésion ou d’un processus stable. En effet, aussi bien la
l’éducation, les évènements de vie et sans doute d’autres facteurs thérapie comportementale que les médicaments agissent en
biologiques ou environnementaux inconnus jouent donc un rôle diminuant ces excès d’activité frontale. Un autre argument en faveur
dans le développement du TOC Ces facteurs sont actuellement à d’une perturbation frontale peut être retrouvé dans l’étude des effets
l’étude. secondaires des antidépresseurs sérotoninergiques. Plusieurs cas de
syndrome frontal caractérisés par l’inhibition et la perte d’énergie
Rôle de la sérotonine dans le contrôle du comportement ont été retrouvés chez des TOC après la prise d’IRS. Cet effet
secondaire rare s’accompagnait d’images à la TEP qui montraient
La sérotonine agit soit directement, soit indirectement, comme un un fonctionnement cérébral ralenti dans les régions orbitofrontales.
neurotransmetteur inhibiteur. C’est le neuromédiateur de l’inhibition La région frontale, en effet, est le siège vraisemblablement de
comportementale et de l’évitement du danger. De plus, les voies l’intégration cognitive des stimuli obsédants. La stimulation auditive
sérotoninergiques modulent l’activité d’un autre neuromédiateur, la par des pensées à contenu obsédant active les régions orbitofrontales
dopamine. La dopamine facilite l’activation des comportements des patients obsessionnels, mais aussi de sujets contrôles normaux à
(c’est le neuromédiateur de la recherche de la nouveauté) et est qui l’on fait entendre leurs obsessions « normales ». [22] Il existait
impliquée dans l’exploration, l’approche et la recherche de également, dans cette étude, un débit plus élevé chez les
sensations. Un troisième neuromédiateur, la noradrénaline, régule obsessionnels que chez les contrôles dans les régions temporales
la dépendance à la récompense et le maintien des comportements. supérieures. Durant la stimulation obsédante, les activités
Les neurones sérotoninergiques centraux sont impliqués dans temporales supérieures et orbitofrontales étaient corrélées chez les
l’inhibition comportementale et le contrôle des comportements obsessionnels, mais pas chez les contrôles.
impulsifs. En particulier, ils permettent de supporter un délai avant
de passer à l’acte. Il est donc tentant d’appliquer ce modèle aux Modèle PANDAS
comportements compulsifs dont la caractéristique est que le sujet ne
peut supporter un délai entre une idée intrusive et un acte compulsif Le regroupement de TOC et de maladie de Gilles de la Tourette, et
destiné à neutraliser le danger évoqué par cette idée. d’autres maladies entraînant des mouvements anormaux, a été
Le modèle sérotoninergique se résume de la manière suivante. [14] baptisé PANDAS (pediatric autoimmune neuropsychiatric disorder
Des anomalies neurobiologiques rendent le sujet vulnérable : il associated with streptococcal infection) : il s’agit des troubles qui
présente un déficit de l’habituation et réagit intensément au stress débutent entre 3 ans et la puberté, et qui présentent des réactions
psychosocial. Cette anomalie biologique impliquerait les récepteurs positives à un marqueur biologique du rhumatisme articulaire aigu
sérotoninergiques postsynaptiques. Les obsessions compulsions dû à l’infection streptococcique. [84] L’infection streptococcique
seraient liées à une hypersensibilité du récepteur postsynaptique. atteindrait le noyau caudé par l’intermédiaire de réactions auto-
Cette hypersensibilité cherche à compenser le déficit en sérotonine. immunitaires. Les conclusions se limitent aux cas précoces de TOC
Les antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) associés à des troubles moteurs et à des signes neurologiques qui
réaliseraient une freination progressive de l’activité des récepteurs avaient aussi été reconnus comme pouvant impliquer un facteur
sérotoninergiques postsynaptiques. Le principal argument en faveur génétique. Il faut donc faire la part étiologique des relations entre
de l’hypothèse est l’effet positif sur les rituels des antidépresseurs l’infection et la prédisposition génétique. Le syndrome PANDAS, en
sérotoninergiques. Les travaux actuels suggèrent que la l’état actuel de nos connaissances, ne permet pas d’expliquer
clomipramine et les autres antidépresseurs sérotoninergiques l’ensemble des TOC
agissent indirectement en 2 à 3 semaines en réalisant une régulation
adaptative, progressive et freinatrice des récepteurs ¶ Modèle comportemental
sérotoninergiques post-synaptiques (down-regulation). Le modèle comportemental se fonde sur l’existence d’une activation
émotionnelle anormalement élevée chez les personnes souffrant d’un
Anomalies à la tomographie à émission de positons TOC Celle-ci aboutirait à de l’anxiété et à des troubles de l’humeur.
Un autre argument en faveur du modèle biologique est Si l’activation émotionnelle atteint un seuil critique, le sujet pourrait
l’hyperfonctionnement du noyau caudé et/ou des régions associer son état interne d’activation à un stimulus environnemental,
orbitofrontales et temporales, retrouvées avec la caméra à positons par exemple la saleté, selon un phénomène dit de « pseudo-
dans plusieurs études à partir du travail initial et fécond de Baxter conditionnement ».
et al. (1985). Mais ces anomalies disparaissent aussi bien à la suite On sait depuis longtemps que les sujets obsessionnels présentent
de traitements pharmacologiques que comportementaux. [8] Une une habituation plus lente que des normaux à des stimuli sonores
revue [22] montre que le résultat le plus constant des diverses bruyants, ainsi que l’ont montré des études psychophysiologiques
méthodes d’imagerie cérébrale est l’hyperfonctionnement des objectives avec des enregistrements du rythme cardiaque et de la

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conductance cutanée qui sont le reflet de l’activation émotionnelle.


Cependant, cette lenteur d’habituation est partagée avec d’autres Tableau 6. – Action des différentes classes de psychotropes sur le syn-
drome obsessionnel.
syndromes anxieux comme l’agoraphobie et l’anxiété généralisée. Le
développement de ce modèle comportemental se fonde sur Idées obsédantes Rituels Anxiété Dépression
l’habituation de la constatation que l’exposition en imagination puis
Anxiolytiques 0 0 + +
en réalité aux situations anxiogènes et la prévention de la réponse Neuroleptiques 0 0 + -
ritualisée entraînent l’habituation des réponses physiologiques et Normothymiques 0 0 0 0
l’extinction des rituels chez les personnes souffrant de TOC [64] Antidépresseurs + + + +

¶ Modèle cognitif
Selon le modèle cognitif, les obsessions sont causées par des
interprétations erronées et catastrophiques qui surestiment
l’importance des pensées, des images mentales et des impulsions
antisociales qui sont fréquentes aussi bien chez les sujets normaux
que chez les personnes souffrant de TOC [23, 76, 87]
Chaque fois qu’un patient souffrant de TOC est envahi par une
pensée intrusive, il va l’évaluer, ce qui va entraîner des pensées
automatiques négatives telles que : « C’est épouvantable d’imaginer
cela », « Je suis ignoble », etc. Le patient va alors mettre en place des Figure 1 Trouble obsessionnel compulsif (TOC) : spectre et dimension impulsion-
neutralisations pour contrôler, refouler ou éliminer cette pensée. Il compulsion.
s’agit, par exemple, d’actes mentaux tels que compter, de
comportements de nettoyage, lavage, vérification ou du transfert de se retrouve au centre du spectre, le TOC et les personnalités du
la responsabilité sur d’autres ; souvent le médecin est la cible : par cluster B se retrouvant aux extrémités (Fig. 1).
exemple un patient demande inlassablement durant la consultation
puis au téléphone s’il ne risque pas de perdre le contrôle de ses Un modèle cognitif intégratif : l’impulsivité perçue
actes et de tuer quelqu’un. Les interprétations négatives et les Selon ce modèle, [18, 20] le TOC serait caractérisé par la compulsivité
neutralisations sont reliées à des schémas de danger, de compensatoire d’une impulsivité perçue. La vulnérabilité sous-
responsabilité, de culpabilité et d’infériorité qui sont situés dans la jacente au TOC serait représentée par un trait à la fois psychologique
mémoire à long terme et traitent automatiquement l’information en et biologique : l’impulsivité, perçue par le patient comme
dehors de la conscience du sujet, qui émet des rituels de manière dangereuse et qui implique une intervention immédiate pour la
automatique sans toujours en percevoir le sens. Des travaux mettre sous contrôle. L’interaction entre l’environnement social et
psychométriques conduits simultanément dans plusieurs pays ont l’impulsivité perçue entraîne le développement des schémas stables
permis d’étudier ces processus cognitifs en détail et de valider des de responsabilité qui fonctionnent comme un système automatique
échelles mesurant les croyances et les interprétations des TOC en les de détection du danger. Ces schémas, une fois en place, aboutissent
comparant à d’autres catégories cliniques. [70]. à une vision particulière du monde : le patient pense qu’il est
potentiellement dangereux pour les autres et émet différentes formes
¶ Approche dimensionnelle : de comportements de neutralisation pour réduire sa
continuum impulsivité-compulsivité « responsabilité ». Ainsi, la procrastination : le patient ne prend
jamais de décision, de peur d’être responsable de conséquences
Les travaux à la fois psychologiques et biologiques récents se sont fatales à autrui. Les rituels de lavage et de nettoyage visent à
intéressés aux rapports entre l’impulsivité et la compulsivité, qui prévenir la contamination des autres. Les rituels de vérification sont
toutes deux correspondent à l’impossibilité de contrôler certains mis en jeu pour arrêter à temps les catastrophes qui menacent autrui.
comportements.
Arguments en faveur du modèle de l’impulsivité perçue
Impulsivité et compulsivité
Plusieurs auteurs avaient remarqué que les scores de patients
L’impulsivité peut se définir comme l’incapacité à différer, si néfastes obsessionnels étaient identiques, sur des échelles d’obsession et
qu’en soient les conséquences, un comportement qui pourrait d’hostilité, à ceux obtenus par des patients ayant une personnalité
aboutir immédiatement à une expérience de plaisir. On la retrouve délinquante et antisociale [46] (Marks, 1965). L’échelle Pd du
dans la personnalité antisociale ou psychopathique. Les troubles Minnesota Multiphasic Personality Inventory qui mesure
impulsifs et compulsifs (TOC) pourraient se situer chacun à une des l’impulsivité et la déviation psychopathique est élevée chez les
extrémités d’une même dimension de dyscontrôle comportemental. patients obsessionnels : ce qui signifie qu’ils se perçoivent eux-
[49, 71]
Le dénominateur commun des troubles impulsifs et compulsifs mêmes comme impulsifs. Une étude contrôlée a observé une
pourrait être l’échappement au contrôle social qui est assuré par le amélioration des scores de cette échelle par la combinaison d’un IRS
cortex frontal et le retour à des programmes automatiques innés, avec la thérapie comportementale dans un essai contrôlé [15, 19]
mentaux et moteurs sous la dépendance de circuits sous-corticaux. (Cottraux et al, 1990).
Un autre point commun est l’altération de la fonction C’est aussi une perte d’autocontrôle que postule Baxter (1985),
sérotoninergique que l’on retrouve aussi bien dans les impulsions supposant qu’il existe dans le TOC, un retour à des programmes
que dans les compulsions. En effet, les antidépresseurs moteurs innés, situés dans le noyau caudé, et qui sont normalement
sérotoninergiques agissent positivement aussi bien sur le TOC que inhibés par un contrôle cortical supérieur frontal. L’hyperactivité
sur les troubles impulsifs. Il est possible qu’impulsions et orbitofrontale notée à la caméra à positons chez les TOC
compulsions présentent un déficit de la fonction sérotoninergique, correspondrait à une lutte pour la mise sous contrôle des
mais qui ne serait pas situé dans les mêmes récepteurs impulsions.
synaptiques. [16]
En cas de lésion de la région orbitofrontale, il existe une incapacité à
programmer des actions, à se conduire selon les règles sociales et à
Spectre impulsivité-compulsivité
faire des choix avantageux pour sa propre survie comme l’a montré
Le concept de spectre compulsivité-impulsivité a été proposé par Damasio. [ 2 5 ] En revanche, chez les TOC qui ont une
Hollander. [47, 77] Le Tableau 6 schématise leurs propositions. La hyperfonctionnement dans la région orbitofrontale, on observe des
maladie de Gilles de la Tourette, qui présente à la fois des conduites de suradaptation sociale et d’inquiétude vis-à-vis des
compulsions (rituels obsessionnels) et des impulsions (tics moteurs), conséquences nocives pour autrui de ses actions.

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Il est également intéressant de comparer les résultats obtenus avec


la caméra à positons chez les sujets obsessionnels et compulsifs avec Tableau 7. – Molécules actives sur les troubles obsessionnels
compulsifs.
ceux des meurtriers : par rapport à des sujets normaux, les
meurtriers présentaient une diminution de l’activité des régions Dénomination commune internationale Nom commercial Doses (mg)
préfrontales dans deux études. [77, 78] t
CLOMIPRAMINE ANAFRANIL 150-300
Des travaux comportant des tests cognitifs et des questionnaires ont FLUVOXAMINE FLOXYFRALt 150-300
montré que les obsessionnels étaient proches de sujets impulsifs FLUOXÉTINE PROZACt 20-80
(personnalité borderline) à maints égards, en particulier pour SERTRALINE ZOLOFTt 50-200
PAROXETINE DEROXATt 20-60
l’impulsivité cognitive. [29] Ces travaux montrent aussi le déficit dans
les processus d’inhibition frontale des TOC [10] élevé d’améliorations que les trois autres IRS Il n’y avait pas plus de
sortie d’essai pour effets secondaires avec la clomipramine qu’avec
les trois autres IRS
Thérapeutique
Buspirone (Buspart)
C’est un agoniste 5HT1A. Elle a été commercialisée comme
TRAITEMENTS PHARMACOLOGIQUES anxiolytique, mais elle est sans doute un antidépresseur. Elle a
montré des effets positifs dans deux études contrôlées, comportant
¶ Quelle classe de psychotrope choisir ? peu de patients, sur l’anxiété, les rituels et la dépression. Elle
possède également un effet additif aux antidépresseurs
Les résultats de la recherche pharmacologique de ces 30 dernières
sérotoninergiques. Elle est surtout utilisée comme un produit de
années permettent d’aboutir à des conclusions précises. [53, 85]
deuxième intention ou d’addition aux IRS Le tableau 6 résume les
effets des différentes classes de psychotropes.
Anxiolytiques
Ils sont un palliatif pour diminuer l’anxiété. Ils ne réduisent ni ¶ Antidépresseurs efficaces sur les rituels
obsessions, ni rituels, ni dépression. Les antidépresseurs sérotoninergiques, dont l’efficacité sur les rituels
a été démontrée dans les études contrôlées, sont représentés sur le
Neuroleptiques sédatifs Tableau 7. Comme on peut le voir, les doses plafond recommandées
sont notablement supérieures aux doses utilisées en moyenne dans
Les neuroleptiques sédatifs tels que la lévomépromazine (Nozinant),
les états dépressifs. L’effet sur les rituels n’est pas lié à l’effet
la cyamémazine (Terciant), l’halopéridol (Haldolt) sont à réserver
antidépressif, car des antidépresseurs tels que le Tofranilt ou le
aux états aigus où l’anxiété est incontrôlable par les tranquillisants.
Pertofrant qui sont actifs sur la dépression n’ont pas montré d’effet
Il faut savoir que les neuroleptiques donnés de façon prolongée
notable sur les rituels dans les études contrôlées. Le citalopram
aggravent la dépression. À hautes doses, ils ne peuvent donc
(Seropramt), autre IRS, ne figure pas sur ce tableau car il est encore
représenter qu’un traitement d’urgence, sur quelques jours, en cas
à l’étude dans cette indication.
d’anxiété incoercible et incontrôlable par les anxiolytiques et/ou les
antidépresseurs en perfusion. À doses moyennes (par exemple, de ¶ Comment prescrire ?
2 à 6 mg d’Haldolt ou de 2 à 4 mg de pimozide, Orapt), ils peuvent
avoir un effet additif aux antidépresseurs sérotoninergiques. De Délai d’action
petites doses de rispéridone (Risperdal t) ou de ziprasidone Il se situe le plus souvent entre 15 jours et 1 mois. Les résultats chez
(Zyprexa t ), qui sont des neuroleptiques atypiques, ont été certains sujets n’apparaissent qu’après 3 mois. Il faut donc envisager
recommandées. dès l’abord un traitement prolongé à des doses élevées, si nécessaire
durant 2 mois, avant de considérer qu’un antidépresseur a échoué.
Normothymiques
Dose efficace
Le lithium n’a pas d’action prouvée sur les symptômes Comme il n’y a aucun moyen de prédire quelle sera la dose efficace,
obsessionnels ou la dépression des obsessionnels. Il a été proposé il convient d’augmenter progressivement la dose jusqu’à ce qu’un
pour accroître les effets des antidépresseurs sérotoninergiques. Il en effet clinique net sur les rituels apparaisse. Une fois la dose efficace
va de même pour un autre normothymique, la carbamazépine atteinte, il faut la maintenir pendant au moins 6 mois et ne chercher
(Tégretolt). une dose efficace d’entretien qu’ensuite. Il faut savoir que beaucoup
d’échecs des traitements antidépresseurs sont liés à des doses
Amphétamines insuffisantes, pendant trop peu de temps. Un antidépresseur d’effet
Elles ont montré une amélioration des symptômes obsessionnels démontré ne doit être remplacé qu’après au moins 2 mois, s’il n’a
corrélée avec une amélioration de l’attention dans une seule étude pas d’effets secondaires invalidants. Enfin, il faut clairement prévenir
de brève durée. Elles ne sont de toute manière pas recommandables le patient qu’il n’existe pas de produit sans effets secondaires et que
pour une prise au long cours. Elles ont été proposées comme additif le délai d’action peut aller jusqu’à 2 mois.
aux antidépresseurs sérotoninergiques dans les cas rebelles. Quand arrêter les antidépresseurs ?
Antidépresseurs sérotoninergiques Les rechutes sont fréquentes. Elles surviennent 3 semaines après
arrêt du traitement, même si celui-ci a duré 6 ou 9 mois, ce qui
Depuis l’introduction de la clomipramine (Anafranilt) par Lopez- aboutit à des traitements de plusieurs années et même parfois à des
Ibor Alino, [ 6 6 ] en 1969, dans le traitement des obsessions traitements de durée indéfinie, à doses modérées, qui sont exigés
compulsions, la chimiothérapie antidépressive par les IRS est par les patients. Pour l’instant, il n’existe pas de règle précise issue
devenu le traitement pharmacologique de choix. La clomipramine d’études contrôlées. Il est apparu, dans une étude contrôlée, que la
est le traitement de référence qui n’a pu être qu’égalé par des combinaison de la fluvoxamine (Floxyfral t ) avec la thérapie
molécules plus récentes qui donnent dans certains cas moins d’effets comportementale permettait plus facilement l’arrêt des
secondaires. Une méta-analyse [43] comparant 520 patients traités par antidépresseurs que les antidépresseurs prescrits seuls. [16]
clomipramine (Anafranil t), 355 patients traités par fluoxétine
(Prozact), 320 traités par fluvoxamine (Floxyfralt), 325 traités par Combinaisons de traitement
sertraline (Zoloftt) et un groupe placebo, a abouti aux conclusion En cas d’effet insuffisant, il faut envisager une combinaison avec la
suivantes : les quatre produits sont supérieurs au placebo, mais le thérapie comportementale. On peut aussi envisager la combinaison
produit de référence, la clomipramine, avait un pourcentage plus avec les neuroleptiques, la buspirone, les normothymiques. Dans les

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cas graves, la combinaison la plus recommandable est un


antidépresseur sérotoninergique, un neuroleptique à petite dose et Tableau 8. – Thérapies comportementales : tailles d’effet. Méta-
analyse de Van Balkom et al. [87] dans les troubles obsessionnels
une thérapie comportementale pendant une durée de 6 mois. Ce
compulsifs.
programme intensif est suivi d’un programme comportemental de
maintenance par des tâches à domicile et sérotoninergique pendant Mesure des symptômes obsessionnels et compulsifs autoévalués 1,46
au moins 6 autres mois. Mesure des symptômes obsessionnels et compulsifs hétéroévalués 1,47
Dépression 0, 89
Anxiété 0,91
PSYCHOTHÉRAPIES Ajustement social 0,70

¶ Psychanalyse et thérapies d’inspiration analytique structures cognitives stables, stockées dans la mémoire à long terme,
Des histoires de cas ont été publiées par divers auteurs, et fonctionnent automatiquement. Acquis au cours d’expériences
psychanalystes, qui ont surtout proposé des considérations précoces par interaction entre les structures neuronales et
théoriques, en particulier sur les processus de défense l’expérience, ils peuvent être activés par des émotions qui sont
psychologiques et les pulsions anales agressives qui seraient à la analogues à celles du moment où ils ont été imprimés. La thérapie
base de la « névrose obsessionnelle ». Cependant, il n’existe pas de cognitive [21] est une thérapie individuelle à court terme de
travail contrôlé qui valide les interprétations analytiques du TOC et 20 séances de 1 heure qui utilise les moyens suivants :
surtout qui établisse, de manière méthodologiquement acceptable, – apprendre aux sujets à observer leurs propres phénomènes
l’efficacité de la psychanalyse ou des thérapies analytiques dans cette mentaux et à modifier le système de défense : pensées automatiques,
indication. pensées neutralisantes et rituels en réaction aux pensées
Ceci est illustré par une étude de suivi des traitements « intrusives » ;
psychanalytiques, qui reste pour le moment la seule publiée dans la – aider le sujet à s’exposer aux pensées intrusives jusqu’à ce qu’elles
littérature. [60] Seulement 20 % des patients obsessionnels compulsifs perdent leur impact émotionnel ;
s’améliorent spontanément au cours d’un intervalle qui va de 13 à
20 ans, contre 21 % suivis en thérapie psychanalytique. On peut – mettre en question les systèmes irrationnels de pensées : ils
donc en conclure provisoirement, bien que cette étude soit de faible correspondent à des schémas de culpabilité, de responsabilité ou
qualité méthodologique, que la thérapie analytique ne fait pas mieux d’infériorité qui sous-tendent les pensées ;
que l’évolution naturelle du trouble. En revanche, selon l’opinion de – proposer des expériences comportementales pour mettre en
certains experts, les troubles de personnalité associés au TOC, question les pensées neutralisantes et les schémas irrationnels.
comme la personnalité obsessionnelle compulsive ou borderline,
En fait, les deux méthodes sont très voisines et les deux approches
pourraient bénéficier d’une approche psychanalytique. Des travaux
sont souvent regroupées sous le terme général et générique de
plus poussés sont nécessaires pour valider ce point de vue qui ne se
thérapie cognitivocomportementale.
fonde pas sur des études contrôlées.
Résultats des thérapies comportementales et cognitives
¶ Thérapies comportementales et cognitives
– Méta-analyses
Principes thérapeutiques Ne sont étudiées en détail que les deux méta-analyses les plus
– Thérapie comportementale : méthode récentes.
C’est une thérapie brève, de 20 à 25 séances de 1 heure à 2 heures, à
Méta Analyse de Van Balkom [87] dans les troubles obsessionnels
raison d’une ou deux fois par semaine, qui utilisent le principe
compulsifs
d’exposition aux situations anxiogènes avec prévention de la
réponse. [82] Le thérapeute aide le patient à affronter les situations Cette méta-analyse a envisagé 111 études dont 25 ont été exclues
qu’il redoute sans ritualiser : par exemple, toucher des poignées de pour mauvaise qualité. Quatre-vingt six études qui avaient trait à
porte ou des objets qu’il juge sales, mais qui ne le sont pas suivant 160 conditions thérapeutiques ont été incluses. Sept pour-cent des
les critères habituels, sans se laver les mains une dizaine de fois. Il études avaient trois comparaisons et 10 % avaient quatre
faut, bien entendu, fractionner la difficulté, établir une progression comparaisons. Ces études rassemblaient un total de 2 954 patients et
et souvent commencer par des techniques où le patient imagine la se situaient entre 1970 et 1993. Trois cent quatre-vingt cinq patients
situation d’exposition avec prévention de la réponse avant de étaient en sortie d’essai. Les résultats sont donnés au pré- et au post-
l’affronter en réalité. Enfin, il faut transférer ce qui a été appris au test et avec un suivi qui va de 3 à 6 ans. Un failsafe (nombre d’études
cours de la séance dans la vie quotidienne sous la forme de tâches nécessaires pour invalider les conclusions) est rapporté et
sur lesquelles patient et thérapeute se mettent d’accord. Il est l’homogénéité étudiée. D’une manière globale, la méta-analyse
souvent utile d’impliquer l’entourage direct du patient dans les aboutit à la conclusion que, sur les auto- et les hétéroévaluations
efforts d’exposition et de prévention de la réponse. La thérapie des symptômes obsessionnels compulsifs, les antidépresseurs
comportementale peut s’effectuer en individuel ou en groupe. sérotoninergiques, la thérapie comportementale et la combinaison
Il existe plusieurs formules pour soigner le TOC en groupe. Le des antidépresseurs sérotoninergiques avec la thérapie
groupe de soutien est réalisé avant que le sujet ne débute un comportementale étaient plus efficaces que le placebo. Les effets des
traitement et permet de donner une information sur le TOC et les thérapies cognitivocomportementales se différenciaient du placebo
traitements. L’intérêt est que le sujet prend ainsi conscience de ne également sur la dépression, l’anxiété et l’ajustement social. Les
pas être le seul à souffrir d’un TOC. Le groupe de maintien des tailles d’effets pour les thérapies comportementales se situaient entre
gains thérapeutiques est réalisé après une thérapie. Il permet de 1, 46 et 0,70 selon le critère envisagé (Tableau 8).
suivre les patients et de généraliser les gains thérapeutiques par des Sur les mesures d’hétéroévaluation, il n’y avait pas de différences
séances de rappel. Enfin, il existe le groupe de traitement souvent entre les antidépresseurs prescrits seuls, la thérapie
mis en place pour les TOC résistants, en association avec des comportementale et la combinaison des deux.
traitements chimiques. Le nombre des séances varie de sept à
24 suivant les études. Pour l’instant, six études ont montré l’efficacité Méta-analyse de Kobak [59]
de la technique comportementale en groupe dans une revue. [35] Kobak a identifié 295 études dont 218 ont été rejetées parce qu’elles
– Thérapie cognitive : méthode étaient de qualité médiocre, ce qui laissait 77 études avec
La thérapie cognitive cherche à modifier les schémas cognitifs sous- 106 comparaisons de traitement. Les études allaient de 1973 à 1997.
jacents aux pensées et aux rituels moteurs. Les schémas sont des Le g de Hedges et Olkin a été utilisé (nombre de sujets pris en

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– Facteurs prédictifs
Tableau 9. – Suivis au long cours de l’exposition in vivo (d’après
O’Sullivan et Marks [69]). Les résultats de diverses recherches sur les facteurs qui prédisent
les résultats suggèrent que le facteur critique est la capacité du sujet
- Neuf études ; nombre de sujets = 195/223, suivis entre 1 et 6 ans à s’engager initialement dans l’affrontement des situations
- Perdus de vue : 9% génératrices d’obsessions : celle-ci peut se mesurer avec un test
- 78% des patients sont améliorés au suivi mais seulement 50% sont grandement comportemental d’évitement. [17] Les autres facteurs prédictifs, qui
améliorés
- 60 % de diminution des rituels en moyenne sont la croyance dans l’efficacité des traitements, les traits de
- Les symptômes résiduels sont fréquents personnalité anxieuse, paranoïaque ou schizotypique, les facteurs
- La possibilité de faire des épisodes dépressifs persiste inchangée familiaux, la dépression, la fixité des croyances obsessionnelles
(idéation surinvestie) ou l’âge, jouent un rôle certain, mais plus
secondaire. [60] Ces résultats sont en harmonie avec les recherches
Tableau 10. – Études contrôlées sur la thérapie cognitive. sur le rôle de l’exposition et de l’habituation par des moyens
Comparaison avec la thérapie comportementale (exposition et prévention de la
pharmacologiques ou comportementaux dans le traitement des
réponse) obsessions compulsions. Finalement, un niveau initialement élevé
- Emmelkamp et al. : [32] auto-instructions + exposition = exposition (suivi 6 mois) d’évitement peut entraver le processus thérapeutique d’habituation,
- Emmelkampet al. : [33] aussi bien dans les traitements comportementaux que dans les
- thérapie cognitive = exposition sur les rituels traitements par antidépresseurs, seuls ou combinés. Cela signifie
- thérapie cognitive > exposition sur la dépression (suivi 6 mois) aussi que les patients les plus perturbés bénéficient le moins des
- Emmelkamp et Beens : [31] thérapie cognitive = exposition (suivi 6 mois) traitements disponibles. Il faudrait sans doute développer des
- Van Oppen et al. : [88] thérapie cognitive > à l’exposition (post-test)
méthodes spécifiques pour ce sous-groupe de patients, en particulier
- Cottraux et al. : [27]
des traitements pharmacologiques et comportementaux intensifs en
- thérapie cognitive = exposition sur les rituels (suivi 1 an)
- thérapie cognitive > exposition sur la dépression (post- test) milieu hospitalier spécialisé.
Comparaison avec une liste d’attente Relation thérapeutique en thérapie cognitive et comportementale
- Freeston et al. : [38] obsessions pures thérapie cognitive > liste d’attente (suivi
6 mois) Le thérapeute doit donc établir avec le patient une relation de
- Jones et Menzies : [56] thérapie cognitive > liste d’attente au post-test seulement coopération, comme deux savants travaillant sur le même projet, et
(suivi 3 mois) s’efforcer d’accroître la motivation et la persistance du patient
Comparaison avec le médicament devant les difficultés de la thérapie. Les qualités relationnelles du
Van Balkom et al. : [86] la thérapie comportementale, la thérapie cognitive et un inhi-
biteur de la recapture de la sérotonine combiné avec l’une et l’autre aboutissent aux
thérapeute peuvent faciliter ce processus. Une étude a montré que
mêmes résultats après 16 semaines. Le médicament, la thérapie cognitive et la thé- si un thérapeute est respectueux, compréhensif, intéressé,
rapie comportementale sont supérieurs à la liste d’attente à 8 semaines. encourageant, explicite, et qu’il est capable de proposer des défis au
patient, il aura de meilleurs résultats qu’un thérapeute moins
compte) de même qu’un fail-safe a été calculé. Les résultats sont les actif. [75]
suivants : thérapie comportementale, un d à 0,81 avec un intervalle
de confiance allant de 0,65 à 0,97 ; association thérapie PSYCHOCHIRURGIE ET NEUROSTIMULATION
comportementale et IRS, 0,90 avec un intervalle de confiance allant ¶ Méthodes
de 0,59 à 1,21. La thérapie comportementale apparaissait supérieure
aux IRS, en tant que classe, mais cette différence disparaissait quand La psychochirurgie a suscité un grand enthousiasme dans les années
on contrôlait les résultats en fonction des méthodes utilisées et de 1937-1950 et a été utilisée dans différents problèmes psychiatriques,
l’année de publication. en particulier les TOC, la dépression et la schizophrénie. Elle est
tombée en désuétude du fait de pratiques douteuses et d’une
– Études de suivi absence relative d’efficacité. La psychochirurgie est à nouveau
Une revue [75] de neuf cohortes de patients inclus dans des études pratiquée en Suède, en Belgique, aux États-Unis, sous une forme
contrôlées a été effectuée. Les études contrôlées ont surtout comparé limitée et stéréotaxique, ou encore sans ouvrir le crâne (gamma-
la thérapie comportementale au placebo, à la relaxation et aux knife). La « stéréotaxie » consiste en un meilleur repérage dans les
antidépresseurs sérotoninergiques. Une supériorité nette apparaît trois dimensions qui est rendu possible par des atlas d’anatomie et
vis-à-vis du placebo et de la relaxation. L’exposition in vivo avec les nouvelles techniques d’imagerie. Cependant, elle n’est utilisée,
prévention de la réponse ritualisée améliore de 50 à 70 % des dans ces pays, qu’en cas d’échecs répétés de tous les traitements
patients complètement traités avec un rapport coût-efficacité positif. pharmacologiques et comportementaux.
En effet, elle est présentée dans les études contrôlées sous la forme
Leucotomie préfrontale (ou « lobotomie »)
d’une autoexposition gérée par le patient lors de dix à 15 séances de
45 minutes ou un programme de tâches, à réaliser dans la vie Elle consiste à déconnecter les régions frontales, dont on a vu
courante, est mis au point et suivi par un journal, qui est rediscuté à qu’elles fonctionnent en excès dans les obsessions compulsions, des
chaque séance. Cependant, cette technique laisse de côté beaucoup régions thalamiques, hypothalamiques, cingulaires qui sont toutes
de patients qui ne peuvent entrer dans son schéma. impliquées dans les émotions et l’anxiété.
Le Tableau 9 résume les résultats des études de suivi. Leucotomie modifiée par un repérage dans les trois dimensions
– Thérapies cognitives : résultats (stéréotaxie)
Méta-analyse d’Abramowitz (1997) Elle permet des interruptions beaucoup plus localisées des faisceaux
Dans une méta-analyse, cet auteur a montré une égalité entre les qui vont du lobe frontal au thalamus. Elle représente, selon certains,
sérotoninergiques et l’exposition d’une part, et une égalité entre la un progrès : les destructions sont plus limitées, la technique plus
thérapie cognitive et la thérapie comportementale d’autre part, précise et moins dangereuse. Malgré son caractère limité et les
suggérant un mécanisme commun d’action. faibles modifications de personnalité qu’elle entraîne, cette technique
doit être réservée à des patients qui depuis longtemps ont représenté
Revue des études contrôlées un échec des traitements plus classiques.
Le Tableau 10 représente les principales études contrôlées qui ont
validé la thérapie cognitive : on remarquera que les thérapies Cingulotomie stéréotaxique
comportementale et cognitive sont toujours arrivées à égalité en ce Elle consiste à exciser la partie antérieure de la région cingulaire qui
qui concerne les obsessions et les compulsions. Il existe cependant correspond à une zone située à la partie interne du lobe frontal qui
dans deux études un effet supérieur de la thérapie cognitive sur la est impliquée dans les émotions selon un repérage précis de la zone
dépression. dans les trois dimensions.

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« Gamma-knife »
Tableau 11. – Troubles obsessionnels compulsifs : critères de réponse
D’autres méthodes agissent sans ouvrir le crâne en utilisant le thérapeutique (d’après Pallanti et al. [73]).
rayonnement gamma, ainsi la technique connue sous le nom de
I. Guérison : plus de maladie ; Y-BOCS < 8
gamma-knife. Néanmoins, des effets secondaires graves peuvent
II. Rémission : Y-BOCS < 16
rarement résulter de cette technique, pourtant sophistiquée, comme III. Réponse complète : réduction de 35 % du Y-BOCS, CGI = 1ou 2
la destruction d’une région plus large que la zone initialement IV. Réponse partielle : réduction du Y-BOCS entre 25 et 35 %
prévue. V. Pas de réponse : moins de 25 % de réduction du Y-BOCS, CGI = 4
VI. Rechute : retour des symptômes ; CGI = 6 ou augmentation de 25 % de la
Tractotomie sub-caudée Y-BOCS après 3 mois d’un traitement adéquat
VII. Pas de changement ou aggravation avec toutes les thérapeutiques disponibles
Elle consiste à implanter des aiguilles radioactives d’yttrium sous la
CGI : impression clinique globale ; Y-BOCS : échelle de Yale-Brown.
tête du noyau caudé. Cette méthode a été utilisée pour la dépression
et étendue au TOC [53]
L’avenir dira si la stimulation profonde, qui ne crée pas (a priori) de
Stimulation cérébrale profonde lésions, pourra représenter une meilleure indication pour le TOC
Plus récemment, la stimulation cérébrale profonde par pose résistant à tous les traitements connus. De toute manière, le recours
d’électrodes intracrâniennes a été proposée, et effectuée dans à la psychochirurgie ne peut se justifier que dans les TOC résistants,
quelques cas, avec semble-t-il quelque succès dans six cas au total. [62, ce qui implique une définition sans équivoque de la résistance
68]
On manque de recul sur cette nouvelle méthode qui devra être thérapeutique (cf. infra).
testée dans des conditions éthiques et méthodologiques rigoureuses.
¶ Neurostimulation transcrânienne
¶ Résultats
La stimulation transcrânienne présente des données très
Le problème des interventions psychochirurgicales est délicat et préliminaires à ce jour [42] (Greenberg, 1997), qui ne permettent pas
porte le sceau d’erreurs commises au siècle dernier. La référence de conclure à son efficacité. Elle ne présente pas les dangers et les
initiale est le travail original de Moniz [66] sur la leucotomie inconvénients de la psychochirurgie.
préfrontale. Moniz fut blessé par un de ses opérés, mécontent, et
refusa de porter plainte contre ce dernier, car il avait conscience du
caractère problématique de ses résultats, qui lui avaient pourtant RÉPONSE THÉRAPEUTIQUE ET RÉSISTANCE AU
permis d’avoir le Prix Nobel. De même, on doit souligner le TRAITEMENT
caractère excessif de la vague des lobotomies aux États-Unis dans
les années 1940-1950. La technique sommaire par voie transorbitaire ¶ Mesure du trouble obsessionnel compulsif
a abouti, à l’époque, à la condamnation de cette pratique par les Des critères empiriques de réponse et de résistance ont été établis
instances officielles. en utilisant l’échelle d’hétéroévaluation la mieux validée et la plus
Une analyse serrée des données disponibles montre qu’aucune étude diffusée dans le monde, l’échelle de Yale-Brown (la Y-BOCS) [41] qui
n’est véritablement contrôlée : il n’y a pas de randomisation, ni de mesure le syndrome obsessionnel compulsif selon deux dimensions,
double aveugle, et les groupes de comparaison sont de pure la pensée obsédante et le comportement ritualisé. Cette échelle a été
convenance. Il n’y a pas d’évaluation indépendante, la plupart du revalidée en France. [12] Elle permet de calculer un score global qui
temps. De plus, seules les études de Jenike, [54] Baer et al., [5] va de 0 à 40 (pensées obsédantes : 0-20 ; comportements ritualisés :
Dougherty et al. [27] utilisent des mesures validées de TOC et non 0-20). Des seuils ont été établis pour la Y-BOCS :
pas des échelles subjectives de satisfaction. Le taux de suicide ne
doit pas être sous-estimé : il peut aller jusqu’à 10 %. [59] – de 0 à 7 : TOC infraclinique ;
Les réinterventions sont fréquentes : par exemple, dans l’étude de – de 8 à 15 : TOC léger ;
Tan (1971), six patients sur 24 (25 %) ont été réopérés. On peut aussi
– de 16 à 23 : TOC modéré ;
citer un chiffre de trois quarts de réinterventions chez Ballantine et
al. [7] Plusieurs études de suivi de la psychochirurgie ont été faites, – de 24 à 31 : TOC sévère ;
celles de Hayet al., [45] Dougherty et al.n [32] Irle et al., [49] et ne – de 32 à 40 : TOC extrême.
permettent pas de triomphalisme. Une étude, [7] non contrôlée, mais
évaluée correctement avec les outils psychométriques actuels, porte
¶ Critères de réponse
sur 18 cas traités par chirurgie stéréotaxique, avec un suivi moyen
de plus de 2 ans. Elle fait état de 25 à 30 % de résultats satisfaisants. On considère généralement comme répondeur au traitement
Les risques du gamma-knife sont souvent sous-estimés. En effet, cette pharmacologique ou psychologique un patient qui présente une
méthode peut entraîner à terme des zones de nécroses plus étendues décroissance de 25 % de ses rituels, ce qui peut être suffisant pour
que prévues. Ce fait est reconnu, même par ceux qui soutiennent améliorer la qualité de vie. Cependant, beaucoup de patients qui
l’usage de cette technique dans les TOC [58] Des données sur le avaient de 6 à 8 heures de rituels par jour se trouvent nettement
gamma-knife dans des séries plus importantes de TOC ont été améliorés et peuvent mener une vie normale avec « seulement »
présentées, [48] mais ces résultats ne sont que préliminaires. 2 heures de rituels par jour. Une étude [23] a montré avec les thérapies
Dans quelles conditions, actuellement, peut-on proposer la comportementales ou cognitives qu’en prenant un critère de
psychochirurgie, sous quelle forme et à quel type de patient, et avec diminution de 25 % plus de 70 % des TOC étaient améliorés ; avec
quel rapport bénéfice/risque ? Il faut tout d’abord souligner que les un critère de réduction de 50 %, le taux de résultats positifs n’était
bases physiopathologiques ne sont pas entièrement validées, comme plus que de 46 %, et le retour à la normale (défini par un score de
nous l’avons vu à propos des données de la caméra à positons (cf. 8 ou moins sur l’échelle de Yale-Brown) était de seulement 16 % des
supra). Il existe au moins trois sous-types génétiques des TOC Des TOC, et ce en fin de traitement. Ces chiffres s’amélioraient au suivi.
travaux sur des échantillons plus importants et une analyse en sous- Des critères de rémission plus draconiens encore ont été proposés :
types sont encore nécessaires avant de généraliser des méthodes un score de 8 ou moins à l’échelle de Yale Brown, un score de
radicales. Ainsi, dans beaucoup de pays (États-Unis, Belgique), la dépression bas (moins de 7 à l’échelle de Hamilton) et l’échelle de
décision repose sur des comités spécialisés ; elle est compassionnelle handicap de Sheehan indiquant seulement un léger handicap. [6]
et fonction de la résistance du TOC à l’ensemble des traitements En réalité, il n’y a pas de consensus actuellement. Il est donc
chimiques et psychothérapiques validés, seuls ou en association les intéressant d’examiner les propositions qui ont été faites pour les
uns avec les autres. études futures par Pallanti et al. [79] (Tableau 11).

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Tableau 12. – Troubles obsessionnels compulsifs : niveaux de non- Conclusion


réponse (d’après Pallanti et al. [79]).
Malgré des recherches très poussées, un modèle d’ensemble qui soit
I. IRS ou TCC entièrement satisfaisant ne s’est pas encore dégagé. La génétique
II. IRS + TCC suggère que ce que nous appelons aujourd’hui TOC pourrait recouvrir
III. Deux IRS successifs essayés + TCC au moins trois maladies différentes. Les modèles biologiques ont mis
IV. Trois IRS successifs + TCC l’accent sur le rôle de la sérotonine et de la dimension compulsivité-
V. Trois IRS successifs (dont clomipramine) plus TCC
impulsivité dans leur genèse et leur maintien. L’habituation des
VI. Trois IRS successifs (dont clomipramine augmentée) + TCC
VII. Trois IRS successifs (dont clomipramine augmentée) + TCC + psychoéducation
réponses émotionnelles et la modification des structures cognitives
et autres classes de médicaments (benzodiazépines, neuroleptiques, normothymi- inconscientes et de leurs produits conscients ont été utilisées avec
ques, psychostimulants) succès par les thérapeutes comportementaux et cognitivistes.
VIII. Trois IRS successifs dont clomipramine i.v. + TCC + psychoéducation Actuellement, la première ligne de traitement des troubles obsessionnels
IX. Trois IRS successifs dont clomipramine i.v. + TCC + psychoéducation et autres
classes d’antidépresseurs : IRSNA, inhibiteurs de la monoamine oxydase.
compulsifs est représentée par soit les IRS en particulier l’Anafranilt,
X. Tous les traitements précédents : psychochirurgie ? soit la thérapie cognitivocomportementale, soit la combinaison des
deux. Les indications sont à peser en fonction de la demande du patient,
IRS : inhibiteur de la recapture de la sérotonine ; TCC : thérapie comportementale et cognitive.
du coût et de la faisabilité des traitements. La thérapie cognitivo-
comportementale seule est à réserver aux cas d’intensité légère ou
moyenne sans dépression importante. Les cas résistants relèvent de la
¶ Critères de résistance combinaison d’IRS à fortes doses et de petites doses de neuroleptiques,
Dans la mesure où il n’y a pas de consensus sur les critères de
suivis après 2 mois d’une thérapie comportementale intensive.
Quoi qu’il en soit, les résultats sont encore trop modestes : on considère
réponse et de non-réponse, il est difficile de fixer un taux de
comme un répondeur un patient qui présente une décroissance de 25 %
non-répondeurs.
de ses rituels, ce qui peut être insuffisant pour améliorer véritablement
C’est pourquoi Pallanti et al. [79] ont proposé des degrés de non- la qualité de vie. Ceci souligne la nécessité de recherches encore plus
réponse pour les études futures (Tableau 12). poussées pour mieux comprendre et traiter les TOC

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