Vous êtes sur la page 1sur 8

MPSI2 — Lycée Malherbe — 2016/17 DS7, le 25 mars — 1/8

Intégration, dénombrement et algèbre


linéaire
Exercice 1 : (Proche du cours)
Rx
1. Énoncer le « théorème fondamentale de l’analyse » — celui concernant x 7→ a
f (t)dt.
2. Donner les définitions de « espace vectoriel de dimension finie » et « dimension ».
3. Énoncer le théorème du rang.
4. Montrer que si (x1 , . . . , xn ) est une famille libre d’un espace vectoriel E et que x ∈ E \
Vect {x1 , . . . , xn }, alors (x1 , . . . , xn , x) est encore une famille libre de E.
Fait à plusieurs reprises, en voici une nouvelle reprise. Soit donc (x1 , . . . , xn ) une famille
libre d’un P espace vectoriel E et x ∈ E \ Vect {x1 , . . . , xn }. Fixons (λ1 , . . . , λn , λ) ∈ Kn+1 tel
que λ.xP + ni=1 λi .xi = 0E et montrons que tousP ces scalaires sont nuls. Or λ = 0 car sinon
−1 n n
x= λ λ
i=1 i i .x ∈ Vect {x 1 , . . . , x n }. Par suite i=1 λi .xi = 0E et par liberté de (x1 , . . . , xn )
tous les λi pour i dans [[1, n]] sont bien nuls.
5. Montrer que la famille ((1, 0, 2), (2, 1, 1), (3, 1, 4)) est une base de R3 .
S’agissant d’une famille de 3 vecteurs d’un espace de dimension 3, il suffit de montrer qu’elle
est libre pour prouver que c’est une base. Soit donc (λ, µ, ν) ∈ R3 tel que λ.(1, 0, 2)+µ.(2, 1, 1)+
ν.(3, 1, 4) = (0, 0, 0) ce qui, par pivot de Gauss, équivaut successivement à
  
 λ +2µ +3ν = 0  λ +2µ +3ν = 0  λ +2µ +3ν = 0
µ +ν = 0 ⇔ µ +ν = 0 ⇔ µ +ν = 0
 2λ +µ +4ν = 0  −3µ −2ν = 0  ν =0

et donc λ = µ = ν = 0 ce qui prouve la liberté de la famille.


6. Montrer que R3 = {(x, y, z) ∈ R3 tq x + y + z = 0} ⊕ Vect{(1, 1, 1)}.
Remarquons que H := {(x, y, z) ∈ R3 tq x + y + z = 0} = Ker [R3 → R, (x, y, z) 7→ x + y + z]
et est donc, par théorème du rang appliqué à une forme linéaire non nulle, de dimension 3 − 1.
Par ailleurs (1, 1, 1) étant non nul il constitue une base du sous-espace vectoriel qu’il engendre
qui est donc de dimension 1. Enfin pour tout λ ∈ R, λ.(1, 1, 1) ∈ H si et seulement si 3λ = 0
et donc H ∩ Vect{(1, 1, 1)} = {0R3 } et la somme est directe. Comme par ailleurs 3 = 2 + 1 la
somme est bien égale à R3 .
Exercice 2 : (Sommes de Riemann)
1. Montrer que
n  
X k k
sin −→ sin(1) − cos(1).
2 n→+∞
k=1
n n

Pour tout entier naturel non nul n, on a


n   n  
X k k 1X k k
sin = sin
k=1
n n2 n k=1 n n

où l’on reconnaît une somme de Riemann à pas constant à droite sur l’intervalle [0, 1] associée
à la fonction x 7→ x sin(x) continue sur ce segment. La suite en question converge donc vers
l’intégrale suivante que l’on calcule avec une intégration par parties
Z 1 Z 1
x=1
x sin(x)dx = [−x cos(x)]x=0 + cos(x)dx = − cos(1) + [sin(x)]x=1
x=0 = sin(1) − cos(1).
0 0
MPSI2 — Lycée Malherbe — 2016/17 DS7, le 25 mars — 2/8

2
2. Montrer que pour tout réel x de [0, 1], |sin(x) − x| 6 x2 .
La fonction sin étant C ∞ cela suffit largement pour lui appliquer l’inégalité de Taylor-
Lagrange entre 0 et un réel x de [0, 1] :

|x − 0|2 x2
|sin(x) − x| = |sin(x) − sin(0) − sin0 (0)x| 6 sup |sin00 | 6 .
2 [0,x]∪[x,0] 2

n    !
X k k
3. En déduire la limite de la suite sin sin .
k=1
n n2
n∈N∗
Pour tout entier naturel non nul n, on a
n     X n   X n    
X k k k k k k k
sin sin − sin 6 sin sin −

n n2 n n 2 n n2 n2


k=1 k=1 k=1
n  2
X k k
6 1 car ∈ [0, 1]
k=1
n2 n2
n n
1 X 2 1 X 2 n3 1
6 4 k 6 4 n 6 4 6 .
n k=1 n k=1 n n
n    ! n   !
X k k X k k
Par suite la différence des suites sin sin et sin tend
k=1
n n2 k=1
n n2
n∈N∗ n∈N∗
vers 0 et puisque la seconde tend vers sin(1) − cos(1) il en est de même de la première.
Exercice 3 : (Nombre de surjections)
Si E et F sont deux ensembles, on note S(E, F ) l’ensemble des surjections de E sur F .
1. Si E et F sont deux ensembles finis, exhiber une bijection — sans le prouver — de S(E, F )
sur S ([[1, |E|]], [[1, |F |]]).
Fixant ϕ : [[1, |E|]] → E et ψ : [[1, |F |]] → F deux bijections, l’application suivante convient :
S(E, F ) → S ([[1, |E|]], [[1, |F |]]) , s 7→ ψ −1 ◦ s ◦ ϕ.

2. Pour tout couple d’entiers naturels (p, n), on note alors sp,n := |S ([[1, p]], [[1, n]])|. Donner sans
justification sn,n , sn+1,0 , sn+1,1 pour tout entier naturel n et sp,n pour tout entiers naturels
p < n.
On a pour tout entier naturel n :
— sn,n = n! car les surjections sont ici précisément les bijections,
— sn+1,0 = 0 car il n’existe pas d’application d’un ensemble non vide dans le vide, donc pas de
surjection,
— sn+1,1 = 1 car l’unique application constante est bien surjective,
— et si p < n, sp,n = 0 car il n’existe pas de surjection d’un ensemble fini sur un autre ensemble
fini de cardinal strictement supérieur.
3. Calculer pour tout entier naturel non nul n, sn+1,n .
Soit n un entier naturel non nul. Une surjection de [[1, n + 1]] sur [[1, n]] est entièrement
déterminée par
— la donnée de l’unique élément k de [[1, n]] ayant deux antécédents, soit n possibilités,
— les deux antécédents a et b de k parmi les n + 1 éléments de [[1, n + 1]], soit n+1

2
possibilités,
— une bijection de [[1, n + 1]] \ {a, b} sur [[1, n]] \ {k}, soit (n − 1)! possibilités.
Par suite, sn+1,n = n n+1
2
(n − 1)! = (n+1)!n
2
.
MPSI2 — Lycée Malherbe — 2016/17 DS7, le 25 mars — 3/8

4. Montrer que pour tout couple d’entiers naturels (p, n),

sp+1,n+1 = (n + 1) (sp,n + sp,n+1 ) .


On pourra penser, à k fixé, aux ensembles de surjections [[1, p + 1]] → [[1, n + 1]] dont l’unique
antécédent de k est p + 1 et ceux où p + 1 n’est pas l’unique antécédent de k.
Pour tout k dans [[1, n + 1]] notons
— Uk := {f : [[1, p + 1]] → [[1, n + 1]] surjective tq f −1 ({k}) = {p + 1}},
— Vk := {f : [[1, p + 1]] → [[1, n + 1]] surjective tq f −1 ({k}) ) {p + 1}}.
Alors on a la réunion disjointe — car l’image de p + 1 est dans [[1, n + 1]] et est unique —
n+1
[
S ([[1, p + 1]], [[1, n + 1]]) = (Uk ∪ Vk ) .
k=1

Fixons maintenant k ∈ [[1, n + 1]]. Constatons d’une part que


|[[1,n+1]]\{k}
ϕ : Uk → S ([[1, p]], [[1, n + 1]] \ {k}) , f 7→ f|[[1,p]]

est bien définie car si p+1 est l’unique antécédent de k par une surjection f : [[1, p+1]] → [[1, n+
1]], alors f ([[1, p]]) ⊂ [[1, n + 1]] \ {k} et donc la double restriction a du sens et reste surjective.
L’application ϕ est bijective car l’application qui prolonge une surjection [[1, p]] → [[1, n+1]]\{k}
par la valeur k en p + 1 est clairement sa réciproque. Par suite |Uk | = sp,n . Constatons d’autre
part que
ψ : Vk → S ([[1, p]], [[1, n + 1]]) , f 7→ f|[[1,p]]
est bien définie car si f ∈ Vk , f|[[1,p]] reste surjective car k a d’autres antécédents par f que
p + 1. En outre, l’application qui consiste à prolonger une surjection [[1, p]] → [[1, n + 1]] par la
valeur k en p + 1 est la réciproque de ψ. Par suite |Vk | = sp,n+1 . Ainsi
n+1
X n+1
X
sp+1,n+1 = |S ([[1, p + 1]], [[1, n + 1]])| = |Uk |+|Vk | = sp,n +sp,n+1 = (n+1) (sp,n + sp,n+1 ) .
k=1 k=1

5. En déduire par récurrence sur p que pour tout couple d’entiers naturels (p, n),
n  
n−k n
X
sp,n = (−1) kp.
k=0
k

Si p = 0 alors pour n = 0 on a bien 1 = 1 et pour n > 0 on a bien 0 = (1 − 1)n ce qui


initialise la récurrence. Fixons p dans N et supposons la relation vraie pour tout entier naturel
n et montrons qu’elle est vraie pour p + 1 avec n’importe quel entier n. Si n = 0, on a bien
sp+1,0 = (−1)0 00 0p+1 . Si non, soit n u entier naturel non nul, alors la question précédente

MPSI2 — Lycée Malherbe — 2016/17 DS7, le 25 mars — 4/8

permet de commencer le calcul suivant :


sp+1,n =n (sp,n−1 + sp,n )
n−1   n   !
X n − 1 X n p
=n (−1)n−1−k kp + (−1)n−k k hypothèse de récurrence
k=0
k k=0
k
n−1      !
X n − 1 n
=n np + (−1)n−k − + kp
k=601
k k
n−1  
p+1
X
n−k n−1 p
=n + (−1) n k triangle de Pascal
k=1
k−1
  n−1  
n−n n n−k n
X
p+1
=(−1) n + (−1) k p+1 équipes avec capitaine
n k=610
k
n  
n−k n
X
= (−1) k p+1 comme voulu.
k=0
k
Le principe de récurrence de conclure.
6. Proposer une démonstration directe de cette dernière relation à l’aide de la formule du crible
de Poincaré concernant une famille de parties finies, (Ai )16i6n d’un ensemble :
n n

[ X X \
Ai = (−1)c+1 Ai .


i=1 c=1 I⊂[[1,n]] tq |I|=c i∈I

Fixons (p, n) ∈ N2 . Si n = 0 la formule est vérifiée. Notons pour tout entier i de [[1, n]], Ai
l’ensemble des applications [[1, p]] → [[1, n]] telles que i n’ait pas d’antécédent. Alors, puisque
n 6= 0, une application [[1, p]] → [[1, n]] est non surjective si et seulement s’il existe un entier
i ∈ [[1, n]] qui n’est pas dans son image :
n
[
[[1,p]]
[[1, n]] \ S ([[1, p]], [[1, n]]) = Ai .
i=1

La formule du crible donne alors



n
X X \
np − sp,n = (−1)c+1 Ai


c=1 I⊂[[1,n]] tq |I|=c i∈I
T
et il reste à calculer i∈I Ai lorsque I est de cardinal c fixé. Or, dans ce cas,
\
Ai → ([[1, n]] \ I)[[1,p]] , f 7→ f |[[1,n]]\I
i∈I

définit bien une bijection — la réciproque consistant à composer par l’injection d’inclusion
[[1, n]] \ I → [[1, n]] — et donc le cardinal cherché est (n − c)p . On obtient ainsi
n n  
c n
X X X
p c+1 p p
sp,n =n − (−1) (n − c) = n + (−1) (n − c)p
c=1 c=1
c
I⊂[[1,n]] tq |I|=c
  n−1   n  
n−n n n n−k n
X X
p n−k p
= (−1) n + (−1) k = (−1) k p .
|{z} n k=0
n−k k=0
k
k=n−c | {z } | {z }
=1 =(n
k)
MPSI2 — Lycée Malherbe — 2016/17 DS7, le 25 mars — 5/8

Exercice 4 : (Dimension finie et indicatrices)


Le but de l’exercice est de montrer le résultat suivant. Soient n un entier naturel non nul, E un
ensemble fini de cardinal n et A1 , . . . , An+1 n + 1 parties non vides de E. Alors il existe deux parties
non vides et disjointes de [[1, n + 1]], disons P et N , telles que
[ [
Ai = Ai .
i∈P i∈N

1. Montrer que RE est en bijection avec Rn et en déduire qu’il est de dimension n.


Puisque E est de cardinal n, on peut fixer une bijection ϕ : [[1, n]] → E et on constate alors
que
RE → R[[1,n]] , f 7→ f ◦ ϕ et R[[1,n]] → RE , g 7→ g ◦ ϕ−1
sont des isomorphismes réciproques et que
Rn → R[[1,n]] , (x1 , . . . , xn ) 7→ [[[1, n]] → R, i 7→ xi ]
est un isomorphisme et donc RE et Rn sont isomorphes et ont donc même dimension, à savoir
n.
I
2. Montrer que pour toute partie I de [[1, n + 1]], toute famille (λi )i∈I ∈ R∗+ et tout x de E,
[ X
x∈ Ai ⇔ λi 11Ai (x) > 0.
i∈I i∈I

Soient donc I, (λi )i∈I et x comme dans l’énoncer. Alors s’il existe j ∈ I tel que que x ∈ Aj
on a X X
λi 11Ai (x) = λj 11Aj (x) + λi 11Ai (x) > λj > 0.
i∈I
| {z }
i∈I\{j} >0

et si, réciproquement, il n’existe pas de tel entier j, alors


X X
λi 11Ai (x) = 0 = 0.
i∈I i∈I

3. En déduire le résultat annoncé.


La famille (11Ai )16i6n+1 de vecteurs de RE a donc un vecteur de plus que la dimension de RE
et est donc liée : il existe (λi )16i6n ∈ Rn+1 \ {(0, . . . , 0)} tel que
n+1
X
λi .11Ai = e
0.
i=1

Posons P := {i ∈ [[1, n + 1]] tq λi > 0} et N := {i ∈ [[1, n + 1]] tq λi < 0} qui sont bien évidem-
ment disjoints. Puisque la famille (λi )i n’est pas identiquement nulle, l’un au moins de N ou
P
Xest non vide,X disons, quitte à tous les multiplier par −1 que c’est P . On en déduit l’égalité
λi .11Ai = − λi .11Ai qui montre que pour tout x de E, on a l’équivalence centrale parmi
i∈P i∈N
les suivantes — les deux autres proviennent de la question précédente appliquée aux familles de
réels strictement positifs (λi )i∈P et (−λi )i∈N :
[ X X [
x∈ Ai ⇔ λi .11Ai (x) > 0 ⇔ −λi .11Ai (x) > 0 ⇔ x ∈ Ai .
i∈P i∈P i∈N i∈N
S S
Finalement i∈P Ai = i∈N Ai et puisque le membre de gauche est non vide, il en est de même
de N . Les parties P et N conviennent.
MPSI2 — Lycée Malherbe — 2016/17 DS7, le 25 mars — 6/8

4. Montrer enfin que le résultat serait faux avec seulement n parties non vides de E.
On prenant E := [[1, n]] et pour tout i de E, Ai := {i} on a pour toute partie P de E,
∪i∈P Ai = P ce qui empêche de trouver P et N disjoints et non vides comme dans le résultat.
Exercice 5 : (Algèbre linéaire et intégration)
Pour toute fonction f continue sur R, pour tout réel x et tout réel strictement positif h, on pose
1 x+h
Z
M (f, x, h) := f (t)dt.
h x
1. Dans cette partie on considère l’application
ϕ : C 0 (R, R) → C 1 R∗+ , R , f 7→ R∗+ → R, h 7→ M (f, 0, h) .
  

a. Montrer soigneusement que ϕ est bien définie et linéaire.


Rh
Soit f ∈: C 0 (R, R) alors h 7→ 0 f (t)dt est bien de classe C 1 sur R∗+ d’après le théorème dit
« fondamental » de l’analyse. Il en est par ailleurs de même de la fonction inverse et donc
par produit de telles fonctions de ϕ(f ) : ϕ est bien définie. Voyons maintenant qu’elle est
linéaire : soit (λ, f, g) ∈ R × C 0 (R, R)2 , alors pour tout réel h > 0,
1 h 1 h 1 h
Z Z Z
ϕ(λ.f + g)(h) = (λ.f + g)(t)dt = λ f (t)dt + g(t)dt = λϕ(f )(h) + ϕ(g)(h)
h 0 h 0 h 0
et donc ϕ(λ.f + g) = λ.ϕ(f ) + ϕ(g).
b. Montrer que le noyau de ϕ est formé des fonctions continues sur R et nulles sur R+ .
Soit donc f ∈ C 0 (R, R) tel que ϕ(f ) soit la fonction nulle sur R∗+ . Alors pour tout réel
h > 0,
1 h
Z Z h
f (t)dt = 0 et donc f (t)dt = 0.
h 0 0
On peut dériver par rapport à h > 0 cette relation et obtenir f (h) = 0 pour tout h > 0. Par
continuité en 0, f est alors nulle en 0. Réciproquement si f estR continue sur R et nulle sur
1 h h
R+ alors pour tout réel h strictement positif h 0 f (t)dt = h1 0 0dt = 0 et donc ϕ(f ) est
R
bien la fonction nulle.
c. Montrer que pour tout f ∈ C 0 (R, R), ϕ(f ) se prolonge continuement en 0.
Soit f ∈ C 0 (R, R) dont on fixe une primitive F sur R. Alors ϕ(f ) : h 7→ h1 (F (h) − F (0))
et comme F est de classe C 1 , on peut écrire la formule de Taylor-Young pour h non nul
tendant vers 0, à l’ordre 1 :
1 1 
ϕ(f )(h) = (F (h) − F (0)) = F (0) + hF 0 (0) + O (h) − F (0) = f (0)+O (1) −→ f (0).
h→0 h h→0 h h→0 h→0

Ainsi ϕ(f ) se prolonge continuement à R+ par la valeur f (0) en 0.


d. ϕ est-elle surjective ?
D’après ce qui précède, Im(ϕ) est contenu dans l’ensemble des fonctions continues sur R∗+
qui se prolongent par continuité en 0 ce qui n’est pas le cas de la fonction R∗+ → R, x 7→ x1
pourtant de classe C 1 sur R∗+ , elle ne saurait donc avoir d’antécédent par ϕ qui n’est donc
pas surjective.
n o
1 1 0
e. Montrer que C (R, R) = {f ∈ C (R, R) tq f (0) = f (0) = 0} ⊕ Vect 1, idR en justifiant
e
que le premier est bien un sous-espace vectoriel de C 1 (R, R).
En notant δ : C 1 (R, R) → RR , f 7→ f 0 et ϕ l’application linéaire f 7→ f (0), le premier
ensemble, qu’on notera F , n’est autre que Ker(ϕ) ∩ Ker(ϕ ◦ δ) et est donc un sous-espace
MPSI2 — Lycée Malherbe — 2016/17 DS7, le 25 mars — 7/8

vectoriel de C 1 (R, R). Par ailleurs e1 et idR étant de classe C 1 sur R, le sous-espace vectoriel
qu’ils engendrent, qu’on notera V , est aussi inclus dans C 1 (R, R). Ainsi F et V ont une
somme incluse C 1 (R, R). Montrons qu’ils sont supplémentaire dans C 1 (R, R). Soit donc
f ∈ C 1 (R, R). Procédons par analyse synthèse pour prouver qu’il existe un unique couple
(g, h) ∈ F × V tel que f = g + h. Si on en suppose trouvé un alors il existe (a, b) ∈ R2 tel
que h = a + b.idR et en en évaluant en 0 les égalités f = g + h et f 0 = g 0 + h0 on obtient
f (0) = 0 + a et f 0 (0) = 0 + b. Ainsi h = f (0) + f 0 (0)idR et g = f − h ce qui achève l’analyse.
La synthèse est claire.
f. Montrer que si f ∈ C 1 (R, R) telle que f (0) = f 0 (0), alors le prolongement continu de ϕ(f )
à R+ est dérivable en 0 de nombre dérivé nul.
Soit f ∈ C 1 (R, R) telle que f (0) = f 0 (0), dont on note F la primitive nulle en 0 qui est
donc de classe C 2 et à qui la formule de Taylor-Young donne
2

ϕ(f )(h) − f (0) 1


Z h
F (h) 0 + hf (0) + h2 f 0 (0) + O (h2 )
= 2 f (t)dt = = = O (1)
h h 0 h2 h→0 h2 h→0

ce qui prouve la dérivabilité du prolongement continue de ϕ(f ) en 0 et la nullité de son


nombre dérivé.
g. Déduire des deux questions précédentes que pour tout f ∈ C 1 (R, R), le prolongement continu
de ϕ(f ) à R+ est dérivable en 0 et préciser son nombre dérivé.
On fixe f ∈ C 1 (R, R) qu’on décompose en f = f − f (0) − f 0 (0)idR +f (0)+f 0 (0)idR . Comme
| {z }
∈F
ϕ, ainsi que l’application qui prolonge une fonction prolongeable en 0, ainsi que celle qui
prend le nombre dérivé en 0 d’une fonction dérivable en 0 sont linéaires, on obtient la
dérivabilité en 0 du prolongement de ϕ(f ) qui a pour nombre dérivé en 0 la somme de celui
obtenu pour f − f (0) − f 0 (0)idR , à savoir 0 d’après la question précédente, et de celui obtenu
pour f (0) + f 0 (0)idR . Or pour tout réel x > 0,
2
1 x xf (0) + f 0 (0) x2 xf 0 (0)
Z
0 0
ϕ (f (0) + f (0)idR ) (x) = (f (0) + f (0)t) dt = = f (0) +
x 0 x 2
dont on a directement le prolongement continu ainsi que le nombre dérivé en 0, à savoir
f 0 (0)
2
.
2. Dans cette partie on admet que l’application suivante est bien définie et linéaire :

ψ : C 0 (R, R) → C 1 (R, R) , f 7→ [R → R, x 7→ M (f, x, 2π)] .


a. Montrer que le noyau de ψ est formé des fonctions continues sur R et 2π-périodiques et
d’intégrale nulle sur [0, 2π].
Pour tout f ∈ C 0 (R, R), si f ∈ Ker(ψ) alors ψ(f ) est nulle sur R et donc
Z x+2π
∀x ∈ R, f (t)dt = 0
x

égalité qu’on peut donc dériver par rapport à x pour obtenir pour R 2πtout réel x, f (x + 2π) −
f (x) = 0 et donc la 2π-périodicité de f . En outre, 0 = ψ(f )(0) = 0 f (t)dt. Réciproquement
si f est continue, 2π-périodique d’intégrale nulle sur [0, 2π] alors ψ(f ) est dérivable de dérivée
x 7→ f (x + 2π) − f (x) = 0 et donc ψ(f ) est constante sur l’intervalle R, constante qui vaut
R 2π
1
ψ(f )(0) = 2π 0 f (t)dt = 0 et donc f ∈ Ker(ψ).
MPSI2 — Lycée Malherbe — 2016/17 DS7, le 25 mars — 8/8

b. On fixe un entier naturel n. Montrer que ψ induit un automorphisme de l’espace vectoriel


des fonctions polynomiales de degré inférieur à n.
Pour tout entier naturel k 6 n, et tout réel x,
Z x+2π x+2π
1 tk+1 (x + 2π)k+1 − xk+1

k
 1 k
ψ idR (x) = t dt = =
2π x 2π k + 1 x 2π(k + 1)
et on observe que les monômes de degré k + 1 des deux termes du numérateur s’annulent
et que l’expression est bien polynomiale de degré inférieure à k. Par suite, notant un peu
abusivement Rn [X] l’ensemble des fonctions polynomiales de degré inférieur à n, ψ (Rn [X]) ⊂
Rn [X] et donc ψ induit un endomorphisme de Rn [X] que l’on note ψn . Pour montrer sa
bijectivité il suffit de montrer son injectivité car l’espace de départ étant celui d’arrivée, ils
ont même dimension. Or
Ker(ψn ) = Rn [X] ∩ Ker(ψ)
et on vient de voir que le second sous-espace vectoriel est formé de fonctions 2π-périodiques
d’intégrale nulle sur [0, τ ] ; mais les seuls fonctions f polynomiales 2π-périodiques sont les
constantes car fR − f (0) admet une infinité de racines, donc est nul et f est constante à f (0)

et la condition 0 f (0)dt = 0 donne enfin f (0) = 0. En conclusion Ker(ψn ) = {0} et donc
ψn est bien injectif et finalement un automorphisme.
c. En déduire que Im(ψ) contient toutes les fonctions polynomiales.
Soit donc f une fonction polynomiale dont on note n le degré. Alors f admet un antécédent
dans Rn [X] par ψn ce qui fournit en particulier un antécédent dans C 1 (R, R) par ψ.

Vous aimerez peut-être aussi