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ADJANUL
Madame la Présidente du Cinquantième Festival
de Cannes nous la joue plus "star" que jamais.
Lunettes noires sur le nez du matin au soir et
dehors comme dedans, comme il sied aux vieilles
pies du showbiz, caprices enfantins et exigeances
délirantes, la dame semble oublier qu'elle a somme
toute plus de flops et de navets que de chefs-
d'oeuvre à son actif. Qu'elle redescende un peu sur
terre, et elle retrouvera peut-être autre chose à
nous raconter que ses réflexions désabusées sur
l'amour...
par Ray Montbar
Elle nous joue la star internationale, mais il faut peut-être remettre les
pendules à l'heure: en réalité, les américains la connaissent à peine. En tout
cas, ce n'est pas elle qui attire les foules US, à en juger par les flops de ses
quelques films états-uniens: "Driver", "Ishtar", "Diaboliques", rien que des fours monstrueux !
Plutôt que de veiller à son image, madame Adjanul ferait mieux de choisir ses films avec plus de
discernement. Et, par ailleurs, cesser de vouloir tout régenter lorsqu'elle tourne. Car si la plupart de ses
films sont sans odeur c'est parce que Madame Adjanul n'accepte de tourner que si on lui permet
d'assurer elle-même la mise-en-scène, c'est-à-dire la mise en valeur, de sa petite personne. En clair, on
ne dirige pas mademoiselle Adjani, c'est elle qui se met en scène comme une grande. Comme son alter
ego masculin, Delon, dont la mégalomanie légendaire n'a rien à envie à la sienne. Quand il n'y a pas un
type de la trempe de Zulawski pour la mettre au pas et la diriger avec talent, le risque est donc grand de
voir la dame transformer "ses" films, comme ce fut le cas pour "Camille Claudel" ou "La reine
Margot", en de pompeux festivals de cabotinage adjanesque. Inutile dès lors de chercher la patte d'un
metteur en scène dans une oeuvre interprétée par Adjani, vu qu'Adjani ne tolère pas une autre vision
d'elle-même que la sienne.
On a aussi beaucoup loué l'audace de la belle pour avoir "osé" tourner les
quelques rares scènes de nu de "L'été meurtrier". C'est oublier que le rôle,
écrit pour elle, lui avait été proposé dès le départ, mais qu'elle l'avait d'abord
refusé par peur des scènes déshabillées. Valérie Kaprisky fut embauchée à sa
place... puis finalement congédiée peu avant le début du tournage en raison
du changement d'avis soudain de la star: Mademoiselle Adjani s'était
finalement décidée à faire "L'été meurtrier", quitte à ravaler sa pudeur
naturelle. Valérie Kaprisky, qui avait répété et appris le rôle, n'eut donc plus
qu'à aller se rhabiller sans autre forme de procès. C'est ainsi: quand
mademoiselle Adjani décide d'accepter un film, tout s'organise autour d'elle,
en fonction de sa petite personne. Et tant pis si ça froisse les susceptibilités d'acteurs ou d'actrices qui
n'ont pas le statut privilégié de l'immense star...
Quant aux "scènes de nu" de "L'été meurtrier", permettons-nous de rigoler doucement. Dans le genre
audacieux, on a fait mieux: dans ce film, on ne voit l'Adjani nue et de face que l'espace d'une brève
scène, filmée de très loin. Pour le reste, c'est un bout de sein une seconde et demi par là, un bout de
fesse 3/4 de secondes par là, pas de quoi ravir un amateur d'arrêt sur image/avance rapide ! Là encore,
Zulawski avait fait nettement plus fort en la faisant forniquer avec un poulpe géant dans une mansarde
sordide d'un pays de l'Est...
habilement, contournés. Et il est vrai aussi que le fonctionnement de la Commission d'Avances sur
Recettes n'a jamais été un modèle de transparence, même avant qu'Adjani en soit présidente...
Isabelle Adjani est une star, il serait absurde de le contester. Elle est, selon la formule consacrée, "belle
et intelligente". Mais, comme la plupart de ses petits camarades de la profession, elle ferait bien de
redescendre un peu sur terre, et de regarder ce qui se passe du côté de ses contemporains qui n'ont pas
la chance, eux, de n'avoir pour uniques soucis que des déboires sentimentaux (qu'elle étale
complaisamment dans la presse "people") somme toute affligeants de banalité. Que madame Adjani
s'évade de son narcissisme et de son nombrilisme, qu'elle essaie plutôt de s'ouvrir sur les autres et de
retrouver un peu le contact avec la réalité, avec toute cette "matière humaine" que composent les
anonymes de la vie de tous les jours, et dans laquelle une comédienne doit puiser son inspiration.
Qu'est-ce que ça peut bien lui foutre d'être prise en photo durant un événement forcément
monstrueusement médiatique comme le Festival de Cannes ? Elle a voulu être star, et Présidente du
jury cannois de surcroît, alors qu'elle assume ! Qu'elle se coltine plutôt le monde, au lieu de se
complaire dans des simagrées de gamine mal embouchée. Qu'elle essaie de comprendre un peu ce qui
se passe autour d'elle, plutôt que de s'obstiner à vouloir s'isoler de ses semblables.
Peut-être alors retrouvera-t-elle autre chose de plus essentiel à exprimer dans les films qu'elle interprète
que son habituel et détestable penchant au narcissisme, et la mise-en-scène soigneusement calculée de
sa petite personne.
N.B: Madame Adjani nous fera-t-elle un procès pour avoir osé diffuser des photos d'elle sans sa permission ? Le cas échéant,
ça nous ferait une bonne pub, merci ! Réponse dans les semaines qui viennent.