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La confiance désigne le fait de se fier à quelque chose ou à quelqu’un, de déposer sa foi, son
espérance, en quelque chose ou en quelqu’un.
Dans le premier cas, l’individu tient sa confiance de ce que les autres le reconnaissent,
l’apprécient et le valorisent. Il éprouve le besoin que quelqu’un, à l’extérieur de lui-même, lui
dise que ce qu’il fait est bien : sa mère, son père, un ou une professeur, manager, entraîneur,
sa compagne ou son compagnon, son directeur de conscience… Lorsqu’il obtient cette
reconnaissance, il se sent fort et confiant. Mais lorsque pour une raison ou pour une autre ce
n’est pas le cas, la confiance s’effrite et laisse place au doute et à un sentiment d’insécurité,
qui peut rapidement tourner au désespoir. Ce premier type de confiance est une confiance
conditionnée par le regard et l’appréciation des autres, de l’environnement. Elle se situe au
niveau social et existentiel de ce qu’on appelle en psychologie le « Moi », l’ego ou la persona,
le masque. Elle place l’individu dans une dépendance forte vis-à-vis de son entourage.
Dans le second cas, l’individu tient sa confiance non pas du regard des autres mais de ce qu’il
croit et est fidèle à ce qu’il ressent au plus intime de son cœur, ce dont il a l’intuition et peut-
être même déjà l’expérience dans cet espace intérieur, l’espace du cœur. On pourrait penser
que c’est extrêmement fragile, que c’est subjectif, que ça n’a aucune valeur car c’est invisible
et presque impossible à exprimer. Mais selon Ralph Waldo Emerson, comme avant lui tous
les sages d’Orient et d’Occident, c’est exactement l’inverse.
Voici ce qu’il nous dit dans les premières lignes de son essai La confiance en soi : « Croire
en notre propre pensée, croire que ce qui est vrai pour nous dans notre propre cœur est vrai
pour tous les autres hommes, cela est le génie. Exprimez votre conviction intime et elle se
découvrira être le sens universel ; car toujours le subjectif devient l’objectif, et notre
première pensée nous est rapportée du dehors comme par les trompettes du jugement
dernier. »
Emerson nous indique la direction d’un tout autre type de confiance en soi que celle qui
s’appuie sur le « Moi » et l’image que nous en renvoie les autres. Cette confiance en soi est
une confiance inconditionnée, qui trouve sa source à un niveau essentiel, à l’endroit où le plus
intime rejoint l’universel. Cet endroit, cette source, a été nommé le « Soi » par la pensée
traditionnelle hindoue, ainsi que plus récemment, en Occident, par le thérapeute Carl Gustav
Jung ou par le philosophe Friedrich Nietzsche, dans son magistral : « Des contempteurs du
corps »1.
Ce que les sens éprouvent, ce que reconnaît l’esprit, n’a jamais de fin en soi. Mais les sens
et l’esprit voudraient te convaincre qu’ils sont la fin de toute chose : tellement ils sont vains.
Les sens et l’esprit ne sont qu’instruments et jouets : derrière eux se trouve encore le soi.
Le soi, lui aussi, cherche avec les yeux des sens et il écoute avec les oreilles de l’esprit.
Toujours le soi écoute et cherche : il compare, soumet, conquiert et détruit. Il règne, et
domine aussi le moi.
Derrière tes sentiments et tes pensées, mon frère, se tient un maître plus puissant, un sage
inconnu — il s’appelle soi. Il habite ton corps, il est ton corps.
Il y a plus de raison dans ton corps que dans ta meilleure sagesse.
Alors qu’une confiance placée dans le « Moi » place l’individu dans une posture de
dépendance par rapport aux autres et au monde, une confiance qui repose sur le « Soi » le met
dans une posture d’autonomie.
En pratique, le déficit de confiance en soi provient toujours d’un enchevêtrement des deux
facteurs cités plus haut : l’individu a été privé de la reconnaissance de l’extérieur. Il en
souffre. Et c’est le fait même d’éprouver cette souffrance qui lui interdit d’accéder à ce qui en
lui-même pourrait lui procurer une confiance d’une toute autre nature. Le Moi blessé souffre,
et double peine, la souffrance du Moi obscurcit le chemin qui mène à la lumière intérieure, au
Soi.
Le thérapeute s’efforce alors de suivre une ligne de crête. D’une part : écouter et reconnaître
la réalité de la souffrance, panser la blessure. D’autre part : accompagner la prise de
conscience par le patient qui souffre qu’une telle blessure est inéluctable lorsque l’on fait
dépendre sa confiance de l’extérieur. Alors peut s’ouvrir le chemin de l’intériorité.
Selon Ralph Waldo Emerson, pour cultiver la confiance (en soi), « l’homme doit s’attacher à
découvrir et à surveiller cette petite lumière qui erre et serpente à travers son esprit bien plus
qu’à découvrir et observer les astres du firmament des bardes et des sages ».
L’hypnose ericksonienne est une des nombreuses pratiques et techniques qui permettent à
l’individu de plonger à l’intérieur de son propre monde et d’entrer en relation avec sa
profondeur. Elle le rend plus attentif à tout ce qui vit en lui, à cette myriade de sensations que
perçoivent ses sens, qui n’a pas de début et pas de fin, qui n’appartient pas au domaine du
« Moi ». Ce « maître plus puissant », « sage inconnu » dont parle Nietzsche, « qui habite dans
le corps, qui est le corps », l’hypnose ericksonienne l’appelle l’esprit inconscient.