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Veyret Paul. L'élevage dans la zone tropicale. In: Cahiers d'outre-mer. N° 17 - 5e année, Janvier-mars 1952. pp. 70-83;
doi : https://doi.org/10.3406/caoum.1952.1775
https://www.persee.fr/doc/caoum_0373-5834_1952_num_5_17_1775
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L'ÉLEVAGE DANS LA ZONE TROPICALE 71
Cette formule fait penser d'abord aux ennemis qui guettent les
animaux domestiques, et ils sont nombreux. Les fauves n'ont point
disparu, il s'en faut de beaucoup; ils sont particulièrement dépréda¬
teurs dans l'Inde et l'Indochine, pays de bétail abondant. Les parasites
de toutes sortes pullulent et jouent un rôle efficace dans la. transmis¬
sion des maladies. Celles-ci causent d'énormes ravages ou même inter¬
disent l'élevage. La peste bovine, la pasteurellose, le charbon, la tuber¬
culose, le paludisme sont plus ou moins répandus; la peste bovine
ferait périr annuellement un million de bovins en Chine. La piroplas-
mose ou fièvre du Texas, propagée par des tiques, a causé des rava¬
ges étendus. Les trypanosomiases, transmises par les 'diverses espèces
de Glossines, ferment à l'élevage des gros animaux la partie la plus
humide de l'Afrique, et même certaines régions de savanes, car les
Glossines ne se cantonnent pas toutes dans les forêts. On ne s'avance
donc pas beaucoup en disant qu'une redoutable insalubrité contribue à
expliquer l'infériorité de la zone tropicale par rapport à la zone tem¬
pérée en matière d'élevage.
Le climat agit directement par sa chaleur et son humidité. Les ani¬
maux souffrent de l'excès de chaleur : le mouton remplace sa laine par
des poils, les bovins se mettent à l'ombre au milieu du jour (quand
ils le peuvent), le buffle, dont la peau ne renferme pas assez de glandes
sudoripares5 se vautre dans l'eau. Les pluies violentes de la zone tro¬
picale et de mousson provoquent des refroidissements très cruels aux
jeunes animaux : au Cambodge, la mortalité parmi les veaux de l'année
atteint son taux le plus élevé — 10 % — d'août à octobre, pendant la
saison des grandes pluies et des tornades. Ces duretés météorologiques
nuisent probablement plus à l'élevage tropical que l'hiver aux élevages
tempérés.
Mais c'est bien entendu le problème de l'alimentation du bétail
qui, dans cette zone particulièrement, décide du cours de l'élevage, et
dans un sens très défavorable. Les animaux domestiques exigent de
grosses quantités d'une nourriture relativement grossière, saris doute,
mais pas trop et qui leur apporte tous les principes nutritifs dont ils
ont besoin, d'abord pour leur développement, ensuite pour assurer une
production appréciable de travail, de lait, de viande. Or ni les sols,
ni la végétation des régions tropicales ne leur sont, en général, favo¬
rables. On connaît la pauvreté de la plupart des sols, tropicaux, leurs
carences minérales de toutes sortes. La végétation qui s'y développe
présente les mêmes carences et elle ne peut pas fournir aux animaux
tous les éléments minéraux dont leur organisme a besoin. Le cycle
végétal aggrave encore les choses, car, le plus souvent, il est réglé par
l'alternance d'une saison humide et d'une saison sèche. On s'imagine
ce que signifie l'absence totale de pluies pendant plusieurs mois sous
72 LES CAHIERS D'OUTRE-MER
■
l'Inde possède, et de loin, le plus gros troupeau mondial de bovins —
et le produit qu'ils donnent, pas de proportion entre les ravages d'un
pâturage mal réglé et l'engrais que la terre en retire. Cet élevage n'est
pas rationnel et il est souvent dangereux. Les Européens qui ont occupé
ou qui occupent encore ces pays ont eu à étudier très sérieusement ces
problèmes.
L'action européenne.
L'intervention européenne n'a d'ailleurs pas accompli de miracles,
et elle ne le pouvait pas. C'est le lieu de rappeler que la nature tropi¬
cale, par la chaleur du climat, par le régime des pluies et par la gros¬
sièreté de la végétation, impose aux herbivores des conditions de vie
beaucoup plus rudes que dans nos pays tempérés. Ils s'y adaptent, assu¬
rément, mais aux dépens de la production de lait, de viande et de
travail. Pas plus que celui des hommes, l'organisme des animaux
n'accomplit le tour de force de produire sans recevoir : il n'est qu'un
transformateur d'énergie. Or, des obstacles de la taille de ceux qu'élève
le climat tropical ne sont pas tous surmontables, quelle que soit, par
ailleurs, la puissance matérielle et scientifique des Blancs. Ils le sont
d'autant moins que les éleveurs indigènes, dont les conceptions diffè¬
rent si radicalement des nôtres, n'étaient nullement préparés à recevoir
la bonne parole et à faire passer dans leurs habitudes ce qui, des tech¬
niques européennes, pouvait être adopté sans même agir contre le
milieu naturel. C'est une révolution psychologique qu'il faudrait aussi
accomplir : la tâche est bien plus difficile que l'éducation des agricul¬
teurs, puisque, outre les habitudes, elle heurte des religions et des
croyances aussi bien enracinées que la religion. Les résistances humai¬
nes se sont donc ajoutées aux difficultés physiques pour limiter très-
étroitement l'action colonisatrice en matière d'élevage.
Il faut penser aussi que par elle-même, la colonisation a introduit
des perturbations inattendues et que certains de ses résultats les plus
estimables ont provoqué des conséquences fâcheuses. C'est ainsi que
l'établissement de la paix5 le succès au moins relatif des mesures sani¬
taires ont eu pour conséquence immédiate le pullulement des troupeaux
alors que rien n'était fait pour assurer leur nourriture et que la men¬
talité indigène, demeurée inchangée, n'était pas prête à réagir correc¬
tement devant cette surcharge aggravée. On n'a pas saisi du premier
coup, semble-t-il, l'intrication si complexe des données physiques et
humaines, ou bien ceux qui en ont eu l'intuition étaient désarmés
devant tant de difficultés. Il ne faut pas s'étonner que l'on ait com¬
mencé par des solutions plus faciles mais à peu près vouées à l'échec.
78 LES CAHIERS D'OUTRE-MER
sont guère susceptibles d'être appliqués par les Noirs, soit parce qu'ils
exigent des mises de fonds, soit à cause de la paresse et de l'indiffé¬
rence de tant d'indigènes. L'action colonisatrice se borne à des règle¬
ments sur les parcours des troupeaux ou sur les incendies pastoraux
et à des travaux d'hydraulique permettant d'utiliser en saison sèche
des pâturages dépourvus d'eau d'abreuvage. Dans certains cas, la mise
en défens pour un certain temps facilite la restauration naturelle d'une
végétation surmenée; elle est, bien entendu, gênante, incomprise et
impopulaire. Il faudrait, pour aboutir à des résultats d'envergure, trans¬
former la mentalité et le niveau technique des éleveurs indigènes :
tâches immenses, du moins à grande échelle.
La protection sanitaire du bétail paraît plus facilement réalisable
et de fait on a obtenu dans ce domaine, par vaccination surtout, des
résultats encourageants. Mais c'est une œuvre perpétuellement à repren¬
dre car chaque famine déclenche de nouvelles épidémies, ou la viru¬
lence de maladies en sommeil. C'est aussi une œuvre difficile et incom¬
plète parce que les indigènes, en général, ne facilitent pas l'action de
vétérinaires d'ailleurs trop peu nombreux pour intervenir immédiate¬
ment partout. La vaccine n'est pas comprise de l'indigène; à plus forte
raison n'en connaît-il pas les limites; il ne sait pas qu'elle doit être le
plus souvent préventive? qu'elle doit s'étendre à tous les animaux et
qu'elle les protège seulement pendant une période limitée. Trop sou¬
vent, des animaux vaccinés trop tard ou que le vaccin ne protège plus,
succombent, et les indigènes s'affermissent dans la conviction que
« cette manie de blanc » ne sert à rien. « La lutte antiseptique ne sup¬
porte pas l'inachevé. Elle est méthodique, ou bien elle est vouée à
l'échec » (R. Baradat). La contagion est d'ailleurs entretenue aussi par
les ruminants et porcins sauvages; son endémisme exigerait une dis¬
cipline sanitaire très sévère, reposant sur la collaboration totale des
indigènes : on est encore loin de compte. Les vétérinaires ont fait recu¬
ler la peste bovine et la piroplasmose, ils limitent les ravages de la
tuberculose, mais il ne s'agit que de succès partiels.
Etant donné cet état de choses, le perfectionnement des races de
bétail ne peut guère être entrepris. En tout cas il est inutile d'y employer
des géniteurs d'importation; des expériences de ce genre que l'on a
tentées en A.O.F. ont été des échecs absolus : ou bien les taureaux dis¬
tribués aux indigènes sont morts, ou bien il a fallu les ramener dans
les fermes-modèles pour les sauver. On né peut concevoir, pour les
élevages indigènes, qu'une seule voie : la sélection et le croisement des
races autochtones, adaptées à la rude existence qui est celle du bétail
tropical. Les Français d' A.O.F. et les Anglais de la Gold Coast s'effor¬
cent de répandre la race bovine N'Dama, qui paraît la mieux douée.
Des concours attirent l'attention des indigènes sur les plus belles têtes
de bétail. Pour améliorer la reproduction, le service zootechnique s'ef¬
force de castrer les mâles mal conformés; il élève dans ses fermes d'essai
l'élevage dans la zone tropicale 83