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Analyse offre‐demande du stationnement
Application à l’agglomération parisienne
Fabien Leurent, Houda Boujnah
Congrès international de l’ATEC, 2-3 février 2011, Versailles
Résumé
Le stationnement automobile sur un territoire engage des places localisées dans l’espace et
caractérisées par un certain mode d’exploitation, ainsi que des demandes d’occupation
exprimées par des individus pour mener des activités diverses par leurs motifs, leurs durées et
leurs lieux. Nous donnons un cadre d’analyse pour le système de stationnement, composé
d’un système d’offre concrète, d’un système de demande en termes microéconomiques et
territoriaux, et d’un système de régulation-planification.
Nous fondons sur ce cadre une méthodologie pour diagnostiquer la demande, l’usage et
l’offre de stationnement dans une agglomération, sur la base d’une enquête-ménages de
déplacements. Sont distinguées les arrivées à destination et les occupations (la charge locale
instantanée) ; les automobiles actives durant la journée et celles qui restent passives.
A titre de démonstration, nous traitons l’Ile de France en 2001-2002, selon les lieux et les
périodes, en termes de motifs d’activité, de modes de stationnement et de charge plurimodale
de stationnement au cours d’une journée ouvrable typique.
1. Introduction
1.1 Les enjeux concrets du stationnement
Si l’automobile en tant que moyen de transport était un iceberg, la circulation en serait la
partie émergée et le stationnement la partie immergée, largement majoritaire en temps passé,
malgré son immobilité. La demande de stationnement, partie intégrante de la demande de
déplacement en automobile, découle de la demande pour les activités. Elle est confrontée à
une offre de places, répartie en divers types, privées ou publiques, gratuites ou payantes,
licites ou interdites, avec par type (ou mode) une capacité locale spécifique. L’adéquation
entre la demande et l’offre de stationnement constitue un enjeu d’accessibilité en tout lieu,
pour desservir les activités qui y sont établies : le dimensionnement de la capacité de
stationnement, et sa gestion notamment tarifaire, est un problème de planification spatiale.
En milieu urbain dense, quand des modes de transport collectif sont disponibles
alternativement à l’automobile, la gestion du stationnement est un levier d’orientation modale
dans une politique multimodale de mobilité. Une telle politique doit rester vigilante face aux
effets indirects des restrictions imposées au stationnement : circulation additionnelle pour la
1
Auteur correspondant : fabien.leurent@enpc.fr. Ecole des Ponts ParisTech, Laboratoire Ville Mobilité
Transport, 6-8 avenue Blaise Pascal, Champs sur Marne 77455 Marne la Vallée Cedex
recherche d’une place, et plus dommageable encore les stationnements pirates sur la voie de
circulation dont ils amputent la capacité d’écoulement.
Paradoxalement, en France du moins le stationnement est planifié de manière locale afin de
concilier l’accès aux activités avec la tranquillité des riverains, mais sans nécessairement de
subordination aux enjeux généraux de la mobilité dans le système urbain. Les études de
transport routier sont concentrées sur la circulation des flux, spécialement aux heures de
pointe. Or, l’omission des conditions concrètes de stationnement rend une étude insensible à
leurs effets sur le choix du mode de déplacement, sur le choix d’horaire et même sur les choix
d’équipement automobile.
1.2 Objectif
Le présent article rapporte l’étape initiale d’un projet de recherche pour modéliser l’offre et la
demande de stationnement dans un espace urbain.
Nous présentons d’abord un cadre d’analyse pour le système de stationnement, dans lequel les
conditions matérielles et les aspects économiques sont identifiés de manière structurée, et où
sont retracées leurs interactions avec la circulation routière, avec le système multimodal de
transport (2) et avec le système d’occupation de l’espace (3).
Ensuite nous analysons le fonctionnement du stationnement dans l’agglomération parisienne,
d’après l’enquête-ménages de déplacements de 2001-2002. Nous décrivons les usages du
stationnement, et spécialement le mode choisi, selon les motifs et les durées des activités ;
selon le secteur spatial et le type d’habitat du ménage, selon la composition du ménage et sa
situation économique (activité professionnelle, revenu). Par accumulation, les occupations
individuelles des places constituent la pression locale de stationnement, qui se confronte aux
capacités locales des modes pour en déterminer les charges respectives. La charge de
stationnement rétroagit sur le choix du mode de stationnement, en contraignant les options
disponibles à un instant donné.
1.3 Plan
Le corps de l’article est organisé en six sections. La section 2 présente notre cadre d’analyse
pour le système de stationnement. La section 3 donne une méthodologie pour diagnostiquer
l’état de ce système en termes de demande, d’usage et d’offre sur la base d’une enquête de
déplacements auprès des ménages d’une agglomération. Une telle enquête consigne des
informations sur les véhicules détenus, leur stationnement nocturne, leur usage dans un
déplacement pour un certain motif d’activité, et leur stationnement à destination.
Les trois sections suivantes appliquent la méthode de diagnostic au cas de l’Ile de France,
d’après l’enquête EGT de 2001-2002 (pour Enquête Globale de Transport). La section 4 traite
du stationnement nocturne en liaison avec la motorisation. La section 5 étudie le
stationnement diurne qui correspond aux activités à proprement par ler des individus, pour les
motifs de travail, d’étude, d’achat et de service, de loisir etc. La section 6 est consacrée à la
charge de stationnement, que nous caractérisons selon les lieux, les modes et les périodes, en
reconstituant des profils temporels locaux d’occupation des modes, par superposition des
voitures actives et passives.
2
les plans et les politiques de transport
3
les plans et les politiques d’aménagement spatial
Politique de
Recettes Recettes Transport
Stationnement Demande Circulation
déplacement
Politique de
Stationnement
Capacité de Charge de Charge de Capacité de
- Tarification Stationnement Stationnement Circulation Circulation
- Contrôle
- Régulation
Aspects
Congestion de
Temps physiques et
Congestion de automobile
Circulation Techniques
Stationnement
Temps d’accès au terminal
Impacts écologiques
du Trafic Routier
Le mode d’accès renvoie à un acteur qui détient la place et l’exploite : ménage à titre
individuel ou collectif (copropriété), entreprise pour son personnel ou aussi pour des clients et
des fournisseurs, opérateur « industriel » de stationnement, ou gestionnaire de voirie et de
parc hors voirie non industriel. Cet acteur-détenteur supporte un coût à long terme
d’acquisition ou de location, et de maintenance.
Enfin l’usage instantané d’une place par un véhicule est exclusif : l’occupation par un
véhicule empêche la disponibilité pour un autre.
Les options de stationnement influencent les options modales basées sur l’automobile jusqu’à
la destination ou jusqu’à une gare de relais. De plus les conditions de stationnement à
l’origine du déplacement influencent les autres options modales – l’usager demeurant
responsable de son véhicule même s’il ne l’utilise pas. Cela se transpose d’ailleurs aux deux
roues, privés ou publics.
Selon le lieu de destination, des activités offertes plus abondantes attirent davantage les
demandeurs d’activité. La relation quantitative entre les opportunités locales et les
demandeurs, donc entre l’occupation du sol et la demande exprimée, est complexe car elle
dépend des configurations spatiales respectives des destinations et des origines.
Selon la performance des réseaux de transport, un lieu de destination draine un bassin
d’attraction, délimité par les conditions d’accessibilité mais aussi par la concurrence des
autres destinations. Le drainage est multimodal, il s’exerce par l’ensemble des modes
disponibles selon leur qualité propre et la portée spatiale de la liaison origine-destination.
Ainsi l’éventail des modes de transport influence la demande de stationnement suscitée par
l’offre d’activités.
La nuit, l’offre d’activité est surtout produite par les ménages qui demandent le repos à leur
domicile. Alors la pression de stationnement s’exerce aux lieux d’origine et pour le motif
résidentiel.
Enfin, de jour comme de nuit, le stock des véhicules détenus détermine le besoin d’ensemble
de stationnement et donc la somme des occupations locales et modales. Il dépend à la fois de
l’effectif démographique et de la capacité économique des agents (ménages et firmes) et des
besoins d’activité qui sont les racines sociales et économiques de la demande.
autres, permet d’orienter la demande d’activité vers des lieux et des modes de déplacement
qui soient pertinents selon un critère intégrateur des enjeux et notamment de la performance
technico-économique.
Pour cela, la structure territoriale rend nécessaire une politique cohérente dans l’espace.
l’offre, dont la capacité est révélée indirectement par la saturation des modes dominants au
cours de la journée.
3.1 La demande
L’enquête révèle les comportements désagrégés des individus dans un échantillon de
ménages. En pondérant les résultats individuels par des coefficients ad hoc, on en déduit des
résultats agrégés par catégorie sociale, économique ou spatiale pour la demande, ou selon les
lieux, les modes et les horaires pour l’usage (les déplacements et les stationnements).
Nous voulons caractériser l’ensemble des demandeurs :
- sous l’angle résidentiel : les catégories démographiques, sociales et économiques par
type de ménage, selon le type d’habitat et le secteur spatial de résidence.
- Sous l’angle des équipements de transport : en permis de conduire, en voitures
particulières, en places de stationnement au domicile.
- Sous l’angle des activités menées : quels motifs avec quelles durées et en quels lieux.
- Sous l’angle des comportements économiques d’activité et de mobilité. Mais ceux-ci
sont mal révélés faute de connaître (par observation ou par modèle) les options
alternatives à celle choisie.
Idéalement il faudrait combiner les dimensions d’analyse, au prix d’une complexité
combinatoire, d’où la nécessité de restrictions. En particulier nous restreindrons la
descriptions des activités à celles accédées en tant que Conducteur de voiture particulière
(mode VPC).
3.2 L’usage
A priori l’usage varie dans le temps : nous distinguerons l’usage nocturne, lié à l’habitation, et
l’usage diurne. L’usage varie aussi dans l’espace, conformément à l’offre d’activités et à sa
configuration spatiale relativement à celle de la demande.
Nous caractériserons encore l’usage selon les modes de stationnement choisis et les durées
d’occupation, en relation avec les motifs d’activité et avec les conditions d’accès particulières
au motif (places dédiées) ou au demandeur (places réservées).
L’enquête renseigne sur la connaissance préalable du lieu de stationnement par le demandeur,
sur la tarification et sur le remboursement de la dépense par l’employeur.
Par secteur spatial et par secteur d’offre, nous analyserons la pression de stationnement selon
l’heure de la journée.
3.3 L’offre
Nous révélerons l’offre de manière indirecte : au cours de la journée, une demande
d’occupation des places dominées (tarifées, illicites) révèle la saturation des capacités des
options dominantes banalisées ou dédiées. Alors, pour un mode saturé, la charge de
stationnement correspond à la capacité.
En dehors des capacités par secteur spatial et modal, l’offre ne peut être connue au moyen de
l’EMD, ni en capacité ni en tarifs ni en coûts de transaction.
3.4 Commentaires
Pour compléter l’analyse offre-demande du stationnement sur un territoire, une observation de
l’offre est souhaitable. Pour l’Ile de France, citons les travaux récents de l’Atelier Parisien
d’Urbanisme pour la Ville de Paris (Villot, 2005) et de l’Institut d’Aménagement et
d’Urbanisme (Riou, 2008), qui décrivent l’offre de stationnement public à Paris et en Petite
Couronne respectivement.
Concernant la demande et l’usage, des références antérieures sont Leurent et Polacchini
(1995) à partir de l’enquête francilienne de 1991-1992, et Rennes et Orfeuil (1997) à partir de
l’Enquête Nationale Transport-Déplacement de 1993-1994.
dans l’ensemble : 1% comme abonnés et 0,5% comme propriétaire. Le mode Interdit est
utilisé presque autant, à 0,6%.
Quand l’indice de détention augmente de 1 à 4, le recours à la voirie publique passe de 20 à
40% : peu de ménages disposent à titre privé de plus de deux places.
Le total des places « réservées au domicile », détenues et utilisées par les ménages motorisés,
s’élève à 2,3 M presque toutes en emplacement privé, ou sinon en parc public (40 milliers).
Tab 2. Répartition modale en fonction de l’indice de la voiture détenue (en %) (source Egt 2001)
Mode de VP1 VP2 VP3 VP4 Total
stationnement
Payant limité 1,7 0,6 1 0
Voirie publique Payant Résidentiel 3,1 1,4 0 0 26,6
Gratuit 20,1 24,9 31,7 39,6
Interdit 0,6 0,6 0,3 0
Gratuit 12,6 12,8 8 10,3
Emplacement privé Propriétaire 31,9 43,6 48,7 39,9 69,9
Abonné 26,4 12,5 6,6 5,4
Gratuit 1,4 1,1 0,7 0
Garage Public Propriétaire 0,6 0,2 0 1,4
2,6
Abonné 1,1 0,2 0,9 0
Payant 0,1 0 0 0
Autre 0,3 0,1 0,3 0 0,1
Total (Milliers de voitures) 3266 1126 172 24 4588
24%. En fait il y a deux contraintes de rareté spatiale liées à la densité d’urbanisation, qui
concernent l’une les places privatives du ménage, l’autre l’espace sur la voirie publique. Par
ménage les deux contraintes se superposent. En 2001-2002 à Paris intra-muros, la contrainte
privative était plus forte que la contrainte d’espace public.
Voirie publique Payant Résidentiel 255 159 151 131 105 229
Gratuit 210 170 152 156 146 164
Interdit 249 154 160 115 75 188
Gratuit 214 174 153 136 136 150
Emplacement
privé Propriétaire 261 248 215 177 195 206
Abonné 239 212 184 158 154 199
Gratuit 115 192 171 110 109 125
5. Le stationnement diurne
Pendant la journée, tout individu réalise des activités, à son domicile ou à l’extérieur, avec
certains motifs et pour certaines durées. La durée mesure l’investissement de l’individu dans
l’activité, sa présence physique au lieu d’activité, et aussi la présence de son véhicule et son
emprise sur la capacité de stationnement si l’individu conduit une voiture pour accéder à
l’activité.
Nous fondons l’analyse du stationnement diurne sur les activités des individus en tant que
conducteurs d’automobile, en privilégiant leurs motifs et leurs durées, de manière désagrégée.
Les occupations du stationnement selon les lieux, les horaires et les modes s’en déduisent par
agrégation. Notre investigation est concentrée sur ces occupations, donc sur l’usage, en
gardant la demande en arrière-plan au travers des motifs d’activité.
Après avoir délimité les contours du stationnement diurne (§ 5.1), nous examinerons les
activités qui les engendrent selon le motif et la durée (§ 5.2). Ensuite nous les retracerons dans
leur temporalité (§ 5.3) et selon leur localisation (§ 5.4). Au terme de cette description
progressive, nous considérerons l’affectation aux modes de stationnement (§ 5.5) et nous
évoquerons diverses pistes d’approfondissement (§ 5.6).
Cette analyse pourrait être croisée avec la distance parcourue dans le déplacement associé, ou
avec l’écart au domicile, afin de dégager les motifs de proximité dans le cadre résidentiel.
Tab. 5. Motifs et durées des activités engendrant stationnement (Source : EGT 2001-2002)
Pôle de motif Composition Effectif Part des Durée Part des
(millions effectifs moyenne présences
par jour) (minutes) aux places
Domicile Retour au domicile intermédiaire 1,31 15,1% 125 10,6%
(1,3 M)
Travail Travail fixe habituel (2,16 M) ou 2,43 28,0% 400 63,1%
en un autre lieu fixe (216 k),
études (56 k)
Professionnel Affaires professionnelles (705 k) 0,705 8,1% 144 6,6%
Privé habituel Achats quotidiens (215 k) ou 1,29 14,8% 90 7,5%
hebdomadaires (530 k),
Promenade (56 k), Visite à famille
(253 k) ou Amis (246 k)
Privé ponctuel Achats exceptionnels (297 k), 1,387 16,0% 117 10,5%
spectacles (39 k), loisirs (197 k),
autres loisirs (184 k), santé (140
k), affaires personnelles (539 k)
Service à Accompagnement (890 k), 1,57 18,1% 15 1,5%
passager Recherche passager (683 k)
Tab 6. Répartition des stationnements selon motif et durée (milliers, retours au domicile inclus)
Motif Travail et Service à
Domicile Ponctuel Professionnel
Durée Habituel passager Total
<1h 504 744 635 262 1416 3561
1 à 2h 360 487 350 154 72 1422
2 à 4h 272 566 232 123 19 1213
4 à 8h 147 629 48 77 6 906
8 à12h 24 874 10 43 1 952
12 à 15h 3 67 2 3 0 75
> 15h 3246 367 110 43 60 3827
Ensemble 4556 3734 1387 705 1574 11956
5.3 Temporalités
Nous avons démarqué le stationnement diurne du stationnement nocturne, qui se caractérise
par des durées très longues et une période spécifique, presque exclusive.
Au plan désagrégé d’un individu, les activités sont réparties dans un cadre qui dépasse la
journée et déborde même de la semaine, comme l’attestent notamment les achats
exceptionnels. C’est pourquoi les voitures immobiles durant une journée ne le restent pas
nécessairement les autres jours, il y a sans doute une alternance. A ce sujet la durée déclarée
dépasse 15 heures pour 600 000 activités autres que le Domicile, à confronter au 1,4 M de
véhicules immobiles durant la journée.
Nous avons découpé la journée en huit tranches horaires pour retracer les rythmes des
activités. En débit horaire des arrivées, la pointe du matin et celle du soir et l’après-midi
dominent presque au même niveau. En comptant aussi les retours finaux au domicile, la
pointe du soir domine fortement. Selon les motifs, le travail cause la pointe du matin et
réciproquement le retour au domicile cause celle du soir. Les autres motifs privés habituels et
les motifs privés ponctuels chargent principalement la période entre les pointes du matin et du
soir. Les services à passager surviennent durant les pointes et les amplifient.
La répartition journalière de l’occupation du stationnement s’en déduit après modulation par
la durée de chaque activité. L’occupation totale n’étant que le stock total de véhicules, aux
durées de déplacement près, nous nous intéressons ici à la répartition temporelle des motifs
d’occupation. Aux heures ouvrables, le travail est dominant, suivi par le domicile qui devient
très majoritaire à partir de la pointe du soir. Les motifs habituels se produisent en matinée et
surtout l’après-midi ; en durée d’occupation ils dépassent les motifs ponctuels. Les services à
passager ont une pointe accusée le matin.
Fig 2. Intensité horaire des arrivées, par motif (milliers, retours au domicile inclus)
700 Domicile
Habituel
600
Ponctuel
500
Professionnel
400
Service à passager
300
200
100
0
Nuit Petit HP Matin Matin Midi Après HP Soir Soirée Autres
(22-4h) Matin (7-9h) (9-12h) (12-14h) Midi (17-20h) (20-22h)
(4-7h) (14-17h)
Fig 3. Intensité horaire des présences (ou occupations), par motif (milliers, domicile inclus)
1400 Domicile
Travail
1200 Habituel
Ponctuel
1000 Service à passager
800
600
400
200
0
Nuit Petit matin HP Matin Matin Midi Après midi HP soir Soirée Journée
5.4 Localisations
Pour situer un stationnement dans l’espace comme dans le temps, il est crucial de bien
distinguer les arrivées et les occupations. En Ile de France, les arrivées se répartissent de
manière remarquablement équilibrée entre les huit départements administratifs, en raison tant
des masses de population et d’emploi que des opportunités en autres activités, et des modes de
déplacement (tableau 7). Paris intra-muros a une importance limitée de par la répartition
modale des déplacements qui le concernent (les TC assurent plus de 60% des déplacements
mécanisés internes ou d’échange).
Les profils temporels des arrivées selon les destinations présentent deux types : celui d’une
zone riche en emplois, avec des arrivées matinales au même niveau que celles du soir (75 et
92) ; versus celui d’une zone plus pauvre en emplois (les autres départements) : cf. fig. 3 qui
inclut le stationnement nocturne.
Il conviendrait de retracer aussi la répartition spatiale des occupations, par motif et par
période.
Fig 4. Intensité horaire des arrivées, par destination (milliers, retours au domicile inclus)
600 75
92
500
93+94
400 77+78+91
95+60
300
200
100
0
Nuit Petit HP Matin Matin Midi Après HP Soir Soirée
(22-4h) Matin (7-9h) (9-12h) (12-14h) Midi (17-20h) (20-22h)
(4-7h) (14-17h)
Selon les pôles de motifs, le mode Gratuit attire dans l’ordre le travail (un tiers), les motifs
privés habituels (17%) ou ponctuels (16%), les services à passager (14%), le domicile (13%),
les affaires professionnelles (8%). Ce mode étant très majoritaire, sa structure par motifs
ressemble à celle de l’ensemble du stationnement diurne.
Selon l’horaire d’arrivée à la destination, la structure du mode gratuit reproduit également la
structure horaire d’ensemble. Il en va de même pour le mode payant, avec une part dans
l’ensemble qui varie entre 8% et 14% : la pointe relative est atteinte à la pointe du matin qui
constitue ainsi un pic d’autant plus accusé. Le mode Payant est aussi surreprésenté l’après-
midi, mais moins fortement.
Tab 8. Le mode de stationnement selon le motif d’activité (milliers, domicile restreint)
Motif Payant Gratuit Terme Autre Total
Domicile 39 879 434 15 1367
Travail fixe habituel 108 1957 95 2 2162
Autre lieu de travail fixe 28 176 4 2 210
Affaires professionnelles 184 506 10 6 706
Achats quotidiens 33 180 1 1 215
Achats hebdomadaires 35 490 3 1 529
Achats exceptionnels 41 250 3 3 297
Loisirs 12 173 1 1 187
Promenade 7 48 0 1 56
Visite Famille 26 214 12 1 253
Visite Amis 40 199 5 2 246
Spectacles 17 21 0 1 39
Autres loisirs 41 141 2 0 184
Santé 33 107 0 0 140
Affaires personnelles 130 391 14 4 539
Accompagnement 393 479 15 3 890
Aller chercher quelqu’un 182 493 6 2 683
Ens, prim, second, techn. 0 10 0 0 10
Enseignement supérieur 2 51 0 0 53
Total 1351 6765 605 45 8766
Fig 5. Intensité horaire des arrivées, par mode (milliers, retours au domicile inclus)
800
700 Payant
Gratuit
600
Interdit
500
Terme
400
300
200
100
0
Nuit Petit HP Matin Midi Après HP Soir Soirée
(22-4h) Matin Matin (9-12h) (12-14h) Midi (17-20h) (20-22h)
(4-7h) (7-9h) (14-17h)
Selon le lieu d’activité, la structure modale varie avec le degré de centralité urbaine (Tab. 9).
Dans Paris intra-muros le mode Payant a une majorité relative si l’on compte la nuit et les
retours au domicile. La part du mode payant est réduite à 17 % dans les Hauts de Seine (92), à
8% dans le reste de la Petite Couronne, à 7% en Grande Couronne.
Concernant les stationnements liés à l’activité professionnelle, les employeurs mettent une
place à disposition pour 80% de leurs employés qui viennent travailler en voiture. Un tiers des
visiteurs professionnels bénéficient d’une place réservée. L’employeur contribue aux
dépenses de déplacement (incluant a priori le coût de stationnement) pour un quart des
déplacements payants en temps réel, un tiers des stationnements payants à terme, et jusqu’à
40% pour un mode interdit. L’emplacement est connu préalablement par son usager dans 70 à
90% des cas pour les modes Gratuit, Dépose et A Terme, contre 40 à 50% des cas pour le
mode Payant et 20% des cas pour le mode Interdit. Celui-ci apparaît ainsi comme un recours
involontaire.
Autres 8 66 5 8 88
Total 1501 7884 2526 45 11956
6.1 Définitions
Par lieu et par mode, à un instant donné la capacité de stationnement est l’effectif en places
occupables par des véhicules automobiles ; tandis que la charge de stationnement, ou
l’occupation de stationnement, est l’effectif des places occupées, ou de manière équivalente
l’effectif des véhicules présents.
Ainsi la charge de stationnement mesure la présence, l’occupation instantanée, le stock de
véhicules présents dans le lieu et pour un mode. Le lieu peut être restreint à un lot de places,
le cas échéant unitaire.
Cependant chaque véhicule stationné à un instant donné occupe encore sa place pour une
durée résiduelle : la somme des durées résiduelles constitue un engagement (une dette)
d’occupation, un temps gagé total : ce stock de temps (ou stock de séjour) est la pression de
stationnement, à un instant donné pour le lieu et le mode.
Par lieu, la capacité, la charge et la pression plurimodales de stationnement sont les totaux
respectifs pour l’ensemble des modes, à un instant donné.
d’évolution sont les mêmes mais de manière amplifiée : tant le creux matinal que la pointe
médiane sont plus accusés, avec -40% contre -15% pour l’ampleur du creux relativement à la
référence nocturne, et +80% contre +70% pour l’ampleur relative de la pointe.
Tout naturellement, les régimes extrêmes de la charge active de stationnement sont en
opposition avec ceux de la circulation routière : il importe de bien préciser à quel phénomène
se rapporte une pointe ou un creux.
Tab 11. Charge active de stationnement selon la période et le lieu (milliers)
Période 75 92 93+94 77+ 78+91 95 Autres Total
Nuit (22h – 4h) 277 377 709 1384 366 29 3143
Petit matin (4h – 7h) 263 383 732 1414 378 32 3201
HP matin (7h - 9h) 152 219 342 599 146 16 1474
Matinée (9h – 12h) 326 386 577 993 249 32 2563
Midi (12h – 14h) 376 419 657 1144 284 39 2919
Après-midi (14h – 17h) 382 434 707 1227 303 44 3098
HP soir (17h – 20h) 320 416 737 1403 358 32 3265
Soirée (20h- 22h) 303 390 720 1404 369 25 3211
6.6 Perspectives
L’évaluation de la charge plurimodale de stationnement donne un premier indice sur la
capacité plurimodale : par lieu et par mode, la capacité dépasse l’occupation maximale
observée au cours de la journée. En appliquant ce principe à l’Ile de France en 2001-2002,
nous déduisons que la capacité totale dépasse 4.8 M de places, soit 4% de plus que le nombre
total de voitures particulières.
L’enquête de déplacements devrait permettre d’affiner ce constat, en confrontant par lieu et
par période l’état de charge selon les modes, et les options modales choisies par les
automobilistes qui ne disposent pas d’une option dominante (spécialisée ou dédiée).
Il conviendrait aussi d’évaluer le stock de séjour (la pression de stationnement) selon le lieu,
le mode et la période, afin de connaître la situation instantanée d’endettement (ou de
réservation) pour la capacité de stationnement.
D’autres pistes d’approfondissement concernent :
- La situation de l’hypercentre de l’Ile de France, i.e. les arrondissements 1 à 8 de la
Ville de Paris.
- Par secteur spatial, étudier la superposition des motifs d’activité Résidentiels et
Productifs selon la période et le mode.
- Confronter la charge locale instantanée de stationnement et les choix modaux de
déplacement pour les individus se déplaçant à la période concernée, notamment les
usagers qui ont choisi un mode alternatif à la voiture bien qu’ils détiennent
l’équipement automobile nécessaire.
- Caractériser les choix de stationnement selon les catégories de ménages, d’ordre
démographique ou socio-économique.
- analyser par véhicule le couplage entre le mode de stationnement nocturne et le
stationnement diurne, et ce particulièrement pour les véhicules qui ne sont pas utilisés
et restent immobiles durant la journée.
7. Conclusion
Récapitulons d’abord les constats concernant l’Ile de France en 2001-2002. Le stationnement
nocturne a lieu pour deux tiers dans des places privatives, pour un tiers dans des places
banalisées essentiellement en voirie. Un petit tiers des voitures particulières restent immobiles
durant une journée, et réduisent d’autant la capacité résiduelle pour les voitures actives. Le
stationnement diurne résulte des activités des automobilistes : le motif Travail domine aux
heures ouvrables, mais les motifs Privés Habituels ou Ponctuels ainsi que les Services à
passager sont présents notablement, davantage que les Affaires Professionnelles et les Retours
intermédiaires au domicile, qui pourtant ne sont pas négligeables. Les durées d’occupation
renforcent la place du travail, majoritaire dans l’emprise spatiale du stationnement au cours de
la journée. Les destinations se répartissent de manière équilibrée à travers l’agglomération,
car su le centre est plus dense en emplois le mode automobile y est relativement moins utilisé.
Parmi les modes de stationnement, les places privatives servent très majoritairement au
stationnement résidentiel ; le mode gratuit est particulièrement important dans les heures
ouvrables, qui sont encore plus cruciales pour le mode payant, dernier recours en zone dense
aux heures de pointe pour l’occupation.
Ce cas de territoire a été traité comme démonstration d’une méthodologie, largement reprise
de Leurent et Polacchini (1995) et présentée ici de manière générique, pour retracer la
demande, l’usage et l’offre de stationnement. Une Enquête Ménages de Déplacements fournit
la base d’un tel diagnostic ; d’autres sources seraient possibles pour l’usage et l’offre, et
même pour la demande (avec un modèle).
Nous avons posé la méthodologie d’analyse dans la perspective d’un cadre systémique, qui
distingue l’offre, la demande et la gestion-planification en tant que sous-systèmes aux
composants spécifiques. Ce cadre d’analyse constitue un modèle conceptuel, qui peut inspirer
un modèle quantitatif de simulation.
Nos efforts de recherche sont orientés dans cette direction, afin d’aboutir à une simulation
spatiale et temporelle de l’état du système de stationnement, état qui impose des conditions
pour un demandeur marginal donc qui détermine, et est lui-même déterminé par, les choix
microéconomiques des demandeurs. Un tel modèle pourra aider à concevoir des plans et des
politiques de stationnement, en en simulant les effets concrets, en termes de stationnement
mais aussi d’interactions avec la circulation routière et les choix modaux, pour finalement
évaluer des impacts environnementaux, économiques et sociaux.
Remerciements. L’enquête globale de transport de voyageurs en Ile de France de 2001-2002
a été aimablement mise à notre disposition par la DRIEA Ile de France, que nous remercions
très cordialement. Nous sommes aussi reconnaissants au Groupe Vinci, mécène de la Chaire
de recherche et formation Eco-conception des ensembles bâtis et des infrastructures, portée
par MINES ParisTech, AgroParisTech et l’Ecole des Ponts ParisTech, qui finance la thèse de
doctorat de la seconde auteur dirigée par le premier.
8. Références
BERTRAND, François (2005). Motorisation et usage de l’automobile en Ile de France.
Cahiers de l’EGT n°6, Dreif, 12p.
CERTU (2008a) Le stationnement public en France en 2005, Résultats de l'enquête
stationnement. Rapport du Certu, 47p.
CERTU (2008b). L’offre privée de stationnement liée au logement. Evaluation et intégration
dans les politiques de stationnement public. 67 p.
LEURENT, Fabien et POLACCHINI, Annarita (1995). Quelques éclairages sur les
déplacements des Franciliens. Rapport technique Inrets sur convention DREIF, référence RP
04/94 (INRETS), B/93.709 (DREIF).
RENNES, Garance et ORFEUIL, Jean-Pierre (1997). Les pratiques de stationnement au
domicile, au travail et dans la journée. Recherche transports sécurité #57, pp. 21-35.
RIOU Dominique (2008). Etude de l’offre publique de stationnement sur voirie. Contribution
au Groupe de travail Stationnement du PDU Ile de France, 27 novembre 2008, 12 p.
VILLOT, Anne-Marie (2005). Réflexions pour une politique globale du stationnement à
Paris: analyse sur des secteurs tests. Atelier Parisien d'Urbanisme, 12/2005, 43 p.