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Télescope James-Webb 

: quelles sont les


premières cibles du télescope spatial ?
Tous ces objets illustrent la diversité qu’offre l’astronomie en infrarouge. Au fil de leur dévoilement,
on peut les comparer avec les résultats de ses prédécesseurs, Hubble et Spitzer.
Par David Larousserie
Publié le 12 juillet à 13h06, mis à jour à 15h03
Temps de Lecture 3 min.
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Les agences spatiales américaine (NASA), européenne (ESA) et canadienne (ASC) vont dévoiler mardi
12 juillet les premières images prises par le plus grand des télescopes spatiaux, le James-Webb (JWST),
lancé en décembre 2021 par une fusée Ariane 5. Elles concernent cinq régions différentes du ciel et ont
été choisies pour illustrer les performances inédites de l’instrument, en comparaison avec ses
prédécesseurs, Hubble et Spitzer. Avant le lever de rideau, voici une présentation de ces objets, et un
échantillon de la façon dont ils nous étaient connus avant l’avènement du James-Webb
Champ profond, SMACS 0723

Figure 1: Image du champ profond de l’Univers prise par le télescope James-Webb, dévoilée le 11
juillet à la Maison Blanche par le président Joe Biden. SPACE TELESCOPE SCIENCE INSTITUT /
NASA / ESA / CSA / STSCI / WEBB ERO PRODUCTION TEAM

Pour cette première image, le suspense est terminé. Le président américain, Joe Biden, a en effet brisé
l’embargo convenu avec les agences spatiales européenne et canadienne pour la présenter en avant-
première, lundi 11 juillet, depuis la Maison Blanche, avant une tournée au Proche-Orient. On y voit
une nuée impressionnante de taches lumineuses multicolores sur un fond noir. Ce sont des centaines,
voire des milliers de galaxies, concentrées dans une portion très petite du ciel, équivalente à la taille d’un
grain de sable au bout d’un bras.
De l’une de ces galaxies, blanche sur la droite, on aperçoit nettement les bras en spirales, quasi
indiscernables pour Hubble, qui avait pris le même cliché. L’image frappe aussi par des points très
blancs dotés de huit « branches ». Il s’agit d’étoiles de notre galaxie dans le champ de vision du
télescope. Les « branches » trahissent la géométrie particulière de son miroir constitué de 18 hexagones :
la lumière se diffracte sur les infimes frontières entre eux et crée ces figures particulières.
D’autres points sont remarquables également, essentiellement massés au centre, sous l’étoile la plus
brillante. Il s’agit d’un amas compact de galaxies, SMACS 0723, à plus de 4 milliards d’années-lumière
de la Terre, et qui explique la présence d’arcs orangés dans la photo. Sa masse énorme déforme l’espace-
temps et courbe les rayons lumineux à son voisinage, en particulier ceux provenant de l’arrière-plan. Si
bien que JWST voit plusieurs images d’une même galaxie située derrière l’amas. Si elle était exactement
alignée derrière, on verrait un anneau parfaitement circulaire. L’intérêt est que cela amplifie cette
lumière lointaine et permet donc de voir des objets encore plus éloignés. « C’est comme un second
télescope  », explique Johan Richard, astronome au centre de recherche astrophysique de l’observatoire de
Lyon.

Figure 2: La même région captée par le télescope spatial Hubble. NASA/ESA


C’est là que JWST révèle qu’il est une machine à remonter le temps : il voit des objets dont la lumière a
mis plus de 13 milliards d’années à nous parvenir, alors que le Big Bang a eu lieu il y a 13,8 milliards
d’années. Les astronomes vont donc pouvoir voir et étudier les toutes premières étoiles et galaxies de
l’Univers, et repousser les limites atteintes par Hubble.

Nébuleuse planétaire de l’anneau austral

Figure 3: La nébuleuse planétaire de l’anneau central, NGC 3132, vue par Hubble. SPL /
SCIENCEPHOTO.FR

Elle est une représentante d’une autre famille de nébuleuses, qui n’ont de « planétaires » que le nom, et
qui désigne un nuage de gaz en expansion entourant une étoile mourante. Située à environ 2 000
années-lumière de la Terre, celle de l’anneau austral mesure près d’une demi-année-lumière de diamètre.
Le quintette de Stéphan

Figure 4: Quintette de Stéphan, dans la constellation de Pégase, vu par Hubble en 2009. NASA, ESA,
HUBBLE
Figure 5: Vue en fausse couleur du quintette de Stéphan par le télescope spatial Spitzer. Celui-ci
permet de visualiser l’onde choc (en vert) résultant de la collision de deux des galaxies composant ce «
groupe compact ». L’image est composite, superposant une vue fournie par un observatoire espagnol
au sol. NASA/JPL-CALTECH/MAX-PLANCK INSTITUTE/P. APPLETON (SPITZER SCIENCE
CENTER/CALTECH)

Situé à environ 290 millions d’années-lumière, dans la constellation de Pégase, c’est le


premier groupe de galaxies compactes jamais découvert – observé pour la première fois
en 1878 par le Français Edouard Stéphan. Le quintette est en fait un quatuor : seules
quatre des galaxies sont proches, au point que leurs interactions les déforment, la
cinquième se trouvant en réalité fortuitement dans la ligne de visée de ce «  groupe
compact ». Comme la Voie lactée avec la galaxie d’Andromède, ces galaxies sont amenées
à se percuter et fusionner.
Nébuleuse de la Carène

Figure 6: La structure complexe de la nébuleuse de la Carène (NGC 3372), issue d’un montage de quatre
observations faites par Hubble en 1999. NASA

Les nébuleuses sont des objets célestes composés de gaz, de plasma et de poussières
interstellaires. Certaines sont des pouponnières d’étoiles, comme celle de la Carène, l’une
des plus grandes et les plus brillantes du ciel, située à environ 7 600 années-lumière dans
la constellation australe de la Carène. Elle abrite de nombreuses étoiles massives,
plusieurs fois plus grosses que notre Soleil.
L’exoplanète WASP-96b
Pas de belle image pour cet objet mis en avant lors de cette première livraison du JWST,
une planète géante gazeuse située en dehors de notre système solaire découverte en 2014,
mais d’un spectre permettant d’évaluer la composition de son atmosphère. WASP-96b,
située à près de 1 150 années-lumière de la Terre, tourne autour de son étoile tous les
3,4 jours. Elle a environ la moitié de la masse de Jupiter.

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