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Pourtant, des chercheurs viennent d’observer un gigantesque anneau dans notre ciel. Son diamètre est
En juin 2021, des chercheurs de l'université du Lancashire central (Royaume-Uni) découvraient un arc de
galaxie géant - tout simplement baptisé Giant Arc - situé à plus de 9,2 milliards d'années-lumière de la
Terre. Un arc s'étendant sur quelque 3,3 milliards d'années-lumière ! Aujourd'hui, l'équipe récidive. À
e
l'occasion de la 243 conférence de l’American Astronomical Society qui s'est tenue il y a quelques jours à
La Nouvelle-Orléans, ils ont annoncé la découverte d'une autre structure du même type. Aussi éloignée de
nous que le Giant Arc et à une distance de cette première structure dans notre ciel de seulement 12°. Leur
Big Ring in the Sky - comprenez, « Grand Anneau dans le ciel », un anneau qui dans les faits ressemble plus
à un début de tire-bouchon que nous voyons de face - présente un diamètre de pas moins de 1,3 milliard
« Aucune de ces deux structures ultra-larges n'est facile à expliquer à partir de la compréhension que nous
avons de notre Univers. Et leurs très grandes tailles, leurs formes distinctives et leur proximité
cosmologique doivent sûrement nous dire quelque chose d'important », raconte Alexia Lopez, chercheuse à
l'université du Lancashire central, dans un communiqué. Mais quoi, exactement ? C'est toute la question.
Parmi les hypothèses soulevées par les astronomes, il y a celle des oscillations acoustiques baryoniques
(BAO). Elles sont le fruit d'oscillations dans notre Univers primitif. Et les chercheurs s'attendent à ce
qu'elles encouragent aujourd'hui la disposition des galaxies sur des sortes de coquilles sphériques. L'ennui,
c'est que le Big Ring apparaît trop grand pour cela. Il n'est pas non plus sphérique.
D'autres pistes sont envisagées. Cet arc géant dans notre ciel pourrait constituer une preuve du modèle
avancé par le chercheur britannique lauréat du prix Nobel de physique en 2020, Roger Penrose, de la
cosmologie cyclique conforme (CCC). Ce modèle veut que notre Univers soit pris dans une sorte de cycles
infinis auquel cas, cet Univers que nous tentons de comprendre ne serait ni le premier ni le dernier.
Déroutant...
Un peu comme cette autre explication suggérée par le cosmologue Jim Peebles, prix Nobel de physique en
2019, de l'existence de cordes cosmiques, comme des défauts filamenteux de grande taille apparus dès ses
origines dans la structure de l'Univers. Des cordes qui pourraient aussi être responsables d'autres
particularités dans la distribution des galaxies que les astronomes peinent à expliquer.
ICI, LE BIG RING IN THE SKY APPARAÎT PRESQUE CENTRÉ SUR LE 0 DES ABSCISSES ET S’ÉTENDANT DE -650 À +650 ENVIRON, SOIT
1,3 MILLIARD D’ANNÉES-LUMIÈRE. © UNIVERSITÉ DU LANCASHIRE CENTRAL
Ce qui pose problème aux chercheurs, c'est que ces structures - aussi bien le Giant Arc que le Big Ring et
encore plus s'ils devaient s'avérer être deux morceaux d'une structure encore plus gigantesque - remettent
en question le principe cosmologique. Celui-ci, en effet, veut que nous puissions considérer une partie de
l'Univers comme un échantillon juste de ce à quoi nous nous attendons à ce que le reste de l'Univers
ressemble. En d'autres mots, ce principe veut que la matière se répartisse uniformément dans l'espace à
grande échelle.
Ainsi, au-delà d'une certaine taille, il ne devrait apparaître aucune irrégularité dans notre Univers. Les
cosmologistes fixent cette taille à 1,2 milliard d'années-lumière. Or le Giant Arc est presque trois fois plus
grand. Le Big Ring, quant à lui, présente une circonférence encore plus grande. « Les théories
cosmologiques actuelles ne permettent définitivement pas l'existence de telles structures. Et ce qui rend
la découverte encore plus extraordinairement fascinante, c'est qu'elles sont voisines - à l'échelle de
l'Univers - et qu'elles pourraient se révéler ne former qu'une seule et même immense structure », conclut
Alexia Lopez.
Des galaxies, des amas, des gaz et des poussières. C'est ce qui compose l'objet découvert par des
chercheurs dans le ciel. Un objet gigantesque. Un croissant de quelque 3,3 milliards d'années-lumière de
DES ASTRONOMES DE L’UNIVERSITÉ DU LANCASHIRE CENTRAL (ROYAUME-UNI) ANNONCENT AVOIR OBSERVÉ UN « ARC GÉANT »
DE 3,3 MILLIARDS D’ANNÉES-LUMIÈRE DE LONG. UNE STRUCTURE TELLEMENT IMMENSE QU’ELLE POURRAIT ÉBRANLER LE PRINCIPE
COSMOLOGIQUE. © ALLEXXANDARX, ADOBE STOCK
Un « Arc géant ». C'est ce que des astronomes de l’université du Lancashire central (Royaume-Uni) pensent
avoir découvert. S'il était visible dans notre ciel, il se présenterait sous la forme d'un croissant qui
mesurerait environ vingt fois le diamètre de la pleine Lune. Car, même s'il se situe à plus de 9,2 milliards
d'années-lumière de la Terre, il s'étend sur pas moins de 3,3 milliards d'années-lumière. Et il est composé
La découverte a été faite de manière fortuite, alors que les chercheurs étudiaient les caractéristiques de la
lumière nous arrivant de plusieurs dizaines de milliers de quasars. Ces galaxies sont tellement éloignées de
nous qu'elles apparaissent comme un simple point lumineux. L'objectif des astronomes, ici, était
de déterminer à travers quoi la lumière reçue de ces quasars était passée avant d'arriver jusqu'à la Terre. Et
à quel moment elle a traversé des îlots de matière. Une manière de faire apparaître des objets à faible
La découverte de cet « Arc géant » est tellement surprenante que les chercheurs restent prudents. Même si
des tests statistiques ont déjà été réalisés. Et qu'il semblerait bien que l'observation de cet alignement
gigantesque ne puisse pas seulement être le fait d'une coïncidence. Ou d'une simple volonté de voir des
motifs là où il n'y en a parfois pas. Les astronomes évoquent une probabilité de moins de 0,0003 % pour
L’« ARC GÉANT » — LA FIGURE EN FORME DE SOURIRE, ICI AU CENTRE DE L’IMAGE — QUE POURRAIENT AVOIR DÉCOUVERT DES
CHERCHEURS DE L’UNIVERSITÉ DU LANCASHIRE CENTRAL (ROYAUME-UNI) EST DEUX FOIS PLUS IMPOSANT QUE LE GRAND MUR DE
SLOAN. IL S’ÉTEND SUR 1/15 DE L’UNIVERS OBSERVABLE. © ALEXIA LOPEZ, UNIVERSITÉ DU LANCASHIRE CENTRAL
Pourquoi les chercheurs parlent-ils d'une découverte surprenante ? Rappelons que le principe
cosmologique postule que l'univers observable apparaît identique en tout lieu et dans toutes les directions.
Les astronomes savent bien que des vides existent entre les galaxies, par exemple. Mais à l'échelle de
plusieurs centaines de millions d'années-lumière notre Univers semblait jusqu'à il y a peu, bien homogène
et isotrope. Or de grandes structures du genre de cet « Arc géant » -- le Grand mur de Sloan, l'Anneau GRB
géant ou encore le Mur du pôle sud -- sont venues remettre ce principe en question.
« Les cosmologistes considèrent qu'il existe une limite de taille à ce qui est théoriquement viable. Cette
limite est aujourd'hui estimée à 1,2 milliard d'années-lumière. Or l'"Arc géant" est presque trois fois plus
grand », explique Alexia Lopez, chercheur, dans un communiqué de l’université du Lancashire central. « Le
modèle standard de la cosmologie peut-il expliquer ces énormes structures dans l'Univers comme de rares
coups de chance ou y a-t-il plus que cela ? »
Le fait que des structures aussi colossales puissent apparaître dans des coins qui semblent particuliers de
l'Univers suggère en effet que la matière n'y est finalement pas répartie uniformément. Ainsi si l'existence
de cet « Arc géant » devait se confirmer, ce serait « un très gros problème », commentent ici ou là quelques
spécialistes. « Mais il reste très audacieux de dire que le principe cosmologique sera remplacé par autre
chose. »
Une équipe internationale d'astronomes a débusqué dans un catalogue récent ce qui semble être le plus
grand groupe de quasars connu. S'étendant sur quatre milliards d'années-lumière, cette grande structure
est quelque peu problématique pour le modèle cosmologique standard, qui repose sur l'hypothèse de
LE QUASAR 3C 273, LE PLUS LUMINEUX JAMAIS OBSERVÉ, APPARAÎT SUR CES PHOTOGRAPHIES PRISES DANS LE VISIBLE PAR LE
TÉLESCOPE SPATIAL HUBBLE. AVEC UNE MAGNITUDE APPARENTE (OU RELATIVE) DE 12,9, 3C 273 EST SITUÉ À 2,44 MILLIARDS
D'ANNÉES-LUMIÈRE. ON VOIT LE JET DE MATIÈRE QU'IL ÉMET EN BAS À DROITE. © R. C. THOMSON, IOA, CAMBRIDGE, ROYAUME-UNI ;
C. D. MACKAY, IOA, CAMBRIDGE, ROYAUME-UNI ; A. E. WRIGHT, ATNF, PARKES, AUSTRALIE
Les équations de la relativité générale d'Einstein forment un système non linéaire de dix équations aux
dérivées partielles hyperboliques. Inutile de dire qu'elles sont notoirement difficiles à résoudre. À tel point
que c'est en général impossible, sauf si l'on suppose que l'on peut faire certaines hypothèses
simplificatrices, souvent en utilisant des symétries présentes dans le système physique étudié.
Un bon exemple est celui de la théorie des trous noirs, où il suffit de demander que la solution des
équations d'Einstein décrive une étoile statique, à symétrie sphérique avec un horizon des événements, pour
Le site Du Big Bang au vivant est un projet multiplateforme francophone sur la cosmologie
contemporaine. Hubert Reeves, Jean-Pierre Luminet et d'autres chercheurs y répondent à des
questions à l'aide de vidéos. © Groupe ECP, www.dubigbangauvivant.com, YouTube
Un autre bon exemple est celui de la cosmologie. En partant de l'hypothèse que la distribution de matière
et d'énergie est homogène et isotrope dans l'espace, on tombe sur la fameuse famille de solutions de
Friedmann-Lemaître-Robertson-Walker. Elle est conforme à ce que l'on appelle le principe
cosmologique qui postule que l'univers observable apparaît identique en tout lieu et dans toutes les
directions.
On peut avoir une idée intuitive de ce que représente le problème de chercher à déterminer la géométrie
supposant que celle-ci soit lisse et courbée de façon identique pour tous les observateurs à sa surface. On
obtient alors une sphère (en réalité un ellipsoïde du fait de sa rotation, mais la courbure n'est pas
constante).
Bien évidemment, on sait que la surface de notre planète est en réalité bosselée et l'équation de la surface
qui reproduirait en détail sa vraie géométrie est en fait très compliquée. Toutefois, si l'on se place à une
échelle de distance suffisamment importante, par exemple celle du millier de kilomètres, cela n'a plus
d'importance et on obtient une bonne description, simple, de la figure de la Terre.
Dans le cas de l'univers observable, la situation est similaire. Nous savons que des vides immenses
s'étendent entre les galaxies et que les amas de galaxies se rassemblent en filaments. Toutefois, les
répartition des quasars, indiquent qu'on peut les considérer comme suffisamment homogènes et isotropes
Or, un groupe d'astronomes mené par des membres de l'University of Central Lancashire (UCLan,
Royaume-Uni) vient de publier dans Monthly Notices of the Royal Astronomical Society un article
disponible sur arxiv qui jette un pavé dans la mare de la cosmologie standard, puisqu'il entre en conflit avec
le principe cosmologique.
En effet, les chercheurs ont découvert dans le catalogue de quasars DR7QSO, réalisé à partir de
campagnes d'observations du Sloan Digital Sky Survey, un groupe de 73 quasars formant une sorte de
filament de 1.200 mégaparsecs (Mpc) de long environ, ce qui représente pas loin de 4 milliards d'années-
lumière (pour mémoire, la distance entre Andromède et la Voie lactée est d'environ 0,75 Mpc et la taille
des amas de galaxies d'environ 2 à 3 Mpc). On connaissait déjà des large quasar groups (LQG), pour
reprendre l'expression anglaise, mais le modèle standard semblait limiter leur taille à 370 Mpc.
SUR CETTE CARTE D'UNE PORTION DE LA VOÛTE CÉLESTE, ON A REPRÉSENTÉ UNE DISTRIBUTION DE QUASARS SITUÉS À DES
DISTANCES COMPARABLES. LES COULEURS INDIQUENT DES DENSITÉS D'AUTANT PLUS ÉLEVÉES QU'ELLES SONT SOMBRES. LES
CERCLES NOIRS REPRÉSENTENT LE LARGE QUASAR GROUP (LQG) S'ÉTENDANT SUR PRÈS DE 4 MILLIARDS D'ANNÉES-LUMIÈRE
DÉCOUVERT PAR LES ASTRONOMES. UN LQG PLUS PETIT EST PRÉSENT, INDIQUÉ PAR LES CERCLES ROUGES. © UNIVERSITY OF
CENTRAL LANCASHIRE
Si plusieurs structures de ce genre existent dans l'univers observable, cela pourrait contraindre les
cosmologistes à revoir le modèle standard en utilisant des solutions des équations d'Einstein représentant
Il ne faudrait pas en déduire pour autant que le modèle du Big Bang se trouve en difficulté. De telles
solutions ont en effet été envisagées pour expliquer l'origine de l'expansion accélérée de l'univers
observable sans faire intervenir l'énergie noire. En outre, le rayonnement fossile observé par WMap,
lui, montre bien que le cosmos observable satisfaisait le principe cosmologique avec une précision