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l'or du rein
Au milieu des années 80, lorsqu’on a commencé à parler
d’urinothérapie en France, c’était essentiellement sous l’angle de la
provocation : " soignez-vous avez votre pipi ", " découvrez la
pipithérapie ", le sujet se prêtait à des titres vendeurs parce qu’à la
limite du choquant, du tabou. Comment ? Le pipi dont on nous a
toujours dit qu’il est sale, dégoûtant, toxique, qu’il ne faut pas le
toucher, etc., le pipi aurait des vertus thérapeutiques ? Elle est bien
bonne !
Aujourd’hui, même si elle est encore loin de faire l’unanimité, la
thérapie par l’urine suscite beaucoup plus d’intérêt que d’amusement,
elle fait l’objet de recherches dans le monde entier, elle est pratiquée
par des millions d’adeptes, aussi bien à titre préventif que curatif.
Dans la seule Allemagne, il s’est vendu plus de 2 millions (!) de livres
sur ce sujet qui marche aussi très fort à la radio et sur Internet . Un
premier congrès mondial sur l’urinothérapie s’est tenu en 1996 à Goa
(Inde), et le prochain aura lieu en mai 1999 près de Francfort, avec
des médecins et spécialistes venus du monde entier.
Automédication gratuite
Le succès de l’urinothérapie est également dû au fait que dans notre
société hyper-médicalisée, où les coûts de la santé s’envolent et la
dépendance à l’égard de la médecine ne cesse de croître, l’idée que l’on
possède en soi à tout moment, de façon totalement naturelle et gratuite,
une substance aux multiples propriétés préventives et curatives, est
accueillie par beaucoup avec enthousiasme.
Certains veulent y voir le signe que la nature n’a pas seulement doté de
nombreux animaux de la capacité de faire repousser un membre coupé
(queue, patte et même tête chez certaines espèces), ou de connaître
d’instinct les plantes dont ils ont besoin pour se soigner, mais qu’elle a
aussi équipé l’homme d’un pouvoir curatif et régénérateur qu’il méconnaît
malheureusement, préférant se gaver de substances chimiques étrangères
à son organisme et qui le polluent. D’autres mammifères que l’homme
utilisent d’ailleurs spontanément leur urine pour se soigner, notamment
les chèvres.
Une majorité de personnes pratiquant l’urinothérapie disent que cette
auto-thérapie a profondément modifié leur relation à leur propre corps,
ainsi que leur dépendance vis-à-vis de la médecine. Elle s’inscrit dans une
dynamique de responsabilisation individuelle et d’autonomie ; elle accroît
la confiance en soi et en ses propres ressources.
Un brin de mysticisme ?
Enfin, une dernière explication à l’intérêt croissant que suscite
l’urinothérapie est relative à la dimension spirituelle qui lui est souvent
associée. En Inde, où l’urinothérapie est connue et pratiquée depuis des
millénaires, l’origine de cette thérapeutique remonte au dieu Shiva qui l’a
révélée à son épouse Parvatî dans un texte sacré intitulé Shivambu Kalpa
Vidhi (ou " méthode pour rajeunir en buvant de l’urine ") qui fait partie du
Damar Tantra. Diverses traditions chamaniques recourent aussi à
l’utilisation de l’urine. Au Tibet, l’urine des grands lamas était considérée
comme possédant des propriétés curatives et spirituellement bénéfiques.
De nombreuses personnes utilisant cette thérapie indiquent qu’elle n’agit
pas seulement sur le corps mais aussi, semble-t-il, sur le psychisme au sens
large. Elle rétablirait une meilleure harmonie entre la tête et le corps, elle
favoriserait une meilleure intégration et connaissance de soi. " Connais-toi
toi-même… en buvant ton urine ", en quelque sorte. Il n’est cependant pas
nécessaire de croire en quoi que ce soit pour bénéficier des vertus de
l’urinothérapie : ce n’est pas un nouveau dogme médico-religieux.
Quelles que soient les objections qu’on oppose à l’usage de l’urine, elles
n’ont guère de poids face aux faits : comment un produit prétendument "
toxique " pourrait-il soigner autant de pathologies, avec une efficacité
d’autant moins justiciable d’un effet placebo que la plupart des gens
commencent à utiliser leur urine avec une aversion et un dégoût certains ?
En réalité, une seule objection majeure peut sans aucun doute être
retenue contre l’urinothérapie, vu le commerce qui est aujourd’hui fait de
la santé : sa gratuité.
Olivier Clerc
Bibliographie en français :
L’Elixir de Vie : guide complet de l’urinothérapie, Coen van der Kroon, Ed.
Jouvence, 1998
Amaroli, Dr Soleil & Dr C.T. Schaller. 1e édition 1989. Ed. Vivez Soleil,
Genève (Suisse) 1993.
P..., buvez, guérissez, Claude Gauthier. Ed. ABC, Saint-Serrasy (France)
1991.
Urino-pratique
Pour ceux et celles qui souhaiteraient essayer l’urinothérapie, à titre
préventif ou pour des maladies bénignes, quelques recommandations
s’avéreront utiles. Un premier conseil : procurez-vous l’un ou l’autre des
quelques ouvrages disponibles en français sur ce sujet, ils répondront à
toutes vos questions et achèveront de vous convaincre des bienfaits de
cette thérapie.
Pour vous aider, vous pouvez commencer par l’usage externe. Appliquez-
en sur vos mains, votre visage et votre corps. Au bout de quelques temps,
vous serez étonné de la régénération de votre peau, qui vous convaincra
des vertus de l’urine. Contrairement à ce que l’on imagine, ces frictions ne
laissent généralement aucune odeur. Si vous avez des craintes, vous
pouvez toutefois vous rincez à l’eau au bout de 10-15 minutes. En cas de
blessures cutanées (coupure, brûlure, boutons), de plaies ou de piqûres,
essayez l’application d’urine ou de cataplasmes d’urine : vous constaterez
vous-même les résultats.
Pour passer à l’étape buvable, plusieurs stratégies peuvent être mises en
oeuvre. Certains essaient directement une gorgée. D’autres préfèrent y
aller plus progressivement en diluant leur urine avec de l’eau ou des jus de
fruits. D’autres encore ne parviennent au début qu’à ingérer quelques
gouttes très diluées dans un liquide. Ne vous brusquez pas : donnez-vous le
temps de modifier vos préconceptions sur le sujet et de vous habituer à
cette thérapeutique nouvelle pour vous.