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Chapitre 3.

Théorie élémentaire des distributions


1. Dual topologique d’un espace vectoriel
Soit (E , +, .) un espace vectoriel sur IK = IRouCI .
Définition
Une forme linéaire sur E est une application de E dans IK qui
vérifie pour tout α, β ∈ IK et tout x, y ∈ E ,

f (αx + βy ) = αf (x) + βf (y ).
Définition
0
Le dual topologique de l’espace vectoriel E , noté E , est l’ensemble
des formes linéaires continues sur E .
Proposition
Une forme linéaire sur E est continue si et seulement si elle est
continue en 0 ∈ E .
2. Espace D des fonctions tests
2. Espace D des fonctions tests
2.1 Support d’une fonction continue
On considère f : IRn −→ IR ou CI
Définition
On appelle support de f l’ensemble

supp(f ) = {x ∈ IRn : f (x) 6= 0}


2. Espace D des fonctions tests
2.1 Support d’une fonction continue
On considère f : IRn −→ IR ou CI
Définition
On appelle support de f l’ensemble

supp(f ) = {x ∈ IRn : f (x) 6= 0}

Remarque
Le support de f est un fermé en dehors duquel f est nulle. De plus,
c’est le plus petit fermé ayant cette propriété.
Exemple
1. La fonction d’Heaviside (encore appelée fonction échelon
unité) définie sur IR par

0 si x < 0
U(x) =
1 si x ≥ 0.

Le plus grand ouvert sur lequel la fonction ”échelon unité” U


est nulle est ] − ∞, 0[. Donc le support de U est [0, +∞[.
Exemple
1. La fonction d’Heaviside (encore appelée fonction échelon
unité) définie sur IR par

0 si x < 0
U(x) =
1 si x ≥ 0.

Le plus grand ouvert sur lequel la fonction ”échelon unité” U


est nulle est ] − ∞, 0[. Donc le support de U est [0, +∞[.
2.
g : IR −→ IR
x 2 si −1 ≤ x ≤ 1

x 7−→ g (x) =
0 si |x| > 1.
Le plus grand intervalle ouvert sur lequel g est nulle est
] − ∞, −1[∪]1, +∞[. Par conséquent supp(g ) = [−1, +1].
Proposition
Soient λ un scalaire non nul, f et g deux fonctions définies sur IR
et à valeurs dans IR. Nous avons les propriétés suivantes
I supp(λf ) = supp(f ).
I sup(f × g ) = supp(f ) ∩ supp(g ).
I supp(f + g ) ⊂ supp(f ) ∪ supp(g ).
2.2 Espace des fonctions test
Soit Ω un ouvert de IRn . On définit D(Ω) par

i) ϕ est indéfiniment différentiable dans Ω.
ϕ ∈ D(Ω) ⇔
ii) ϕ est nulle en dehors d’un ouvert borné inclus dans Ω
Proposition
Muni de l’addition de deux fonctions et de la multiplication d’une
fonction par un scalaire, l’ensemble D(Ω) est un espace vectoriel
sur IR.
Exemple
(  
1
exp − 1−kxk2 si kxk < 1
ϕ(x) = (1)
0 si kxk ≥ 1.
2.3 Propriétés
• Muni de l’addition et de la multiplication par un scalaire, D(⊗)
est un espace vectoriel.
• D(Ω) est stable par produit .
• Si ϕ ∈ D(Ω) alors toutes ses dérivées partielles sont dans D(Ω)
• Si ϕ ∈ D(Ω) et ψ ∈ C ∞ , alors ϕψ ∈ D(Ω).
2.4 Convergence dans D(Ω)
Définition
On dit que la suite (ϕn )n≥1 d’éléments de D(Ω) tend vers la
fonction nulle dans D(Ω) si
• les supports de tous les (ϕn )n≥1 sont inclus dans un borné fixe
dans Ω
• (ϕn )n≥1 ainsi que toutes ses suites dérivées, tendent vers zéro
uniformément sur Ω quand n tend vers +∞.
3. Les Distributions
Définition
On appelle distibution sur un ouvert Ω de IRn toute forme linéaire
continue sur D(Ω).
On désignera par D0 (Ω) l’ensemble des distributions sur Ω.
Pour T ∈ D0 (Ω) et ϕ ∈ D, on a T (ϕ) ∈ IR.
On posera dans toute la suite

T (ϕ) =< T , ϕ >


Proposition
Muni de l’addition et de la multiplication par un scalaire,
l’ensemble des distributions D0 (Ω) est un espace vectoriel.
Exemple
L’ensemble L1loc (IRn ) désigne l’espace des classes de fonctions
f : IRn −→ IR intégrables sur tout compact de IRn .
A toute fonction f ∈ L1loc (IRn ), on associe une distribution.
En effet, soit f une telle fonction, on définit Tf par :
Z
∀ϕ ∈ D < Tf , ϕ >= f (x)ϕ(x)dx.
IRn
Tf est bien une distribution.
En effet, soit f ∈ L1loc (IR). Considérons l’application

Tf : D(Ω) −→ IRR
ϕ 7−→ IRn f (x)ϕ(x)dx.
Pour tout ϕ ∈ D(Ω), nous remarquons que
Z +∞ Z
f (x)ϕ(x)dx = f (x)ϕ(x)dx < +∞.
−∞ suppϕ

La fonctionnelle Tf est évidemment une forme linéaire.


Montrons qu’elle est continue en 0 ∈ D(Ω).
D
Soit (ϕn )n≥0 une suite d’éléments de D telle que ϕn −→ 0. Il
existe donc un compact K de IRn tel que pour tout n ≥ 0,

supp (ϕn ) ⊂ K ,

pour tout n
Il vient alors
R
|< Tf , ϕn >| = K f (x)ϕn (x)dx
R
≤ K |f (x)| |ϕn (x)| dx
R
≤ sup |ϕn (x)| K |f (x)|dx.

Puisque f ∈ L1loc (IR), alos


R
K |f (x)|dx ∈ IR. Par conséquent

lim |< Tf , ϕn >| = 0.


n→+∞

T est donc une distribution.


Remarque
On montre que pour tout f , g ∈ L1loc (IRn ),

f = g p.p. ⇐⇒ Tf = Tg .

ce qui permet d’identifier f et Tf . Ainsi, pour tout f ∈ L1loc (IRn ) on


écrira Z
< f , ϕ >=< Tf , ϕ >= f (x)ϕ(x)dx.
IRn
Exemple
Soit a ∈ IR. Définissons la fonctionnelle δa pour tout ϕ ∈ D par

< δa , ϕ >= ϕ(a).

Il est immédiat que δa est linéaire. Montrons qu’elle est continue.


Pour cela il suffit de montrer qu’elle est continue en zéro. Soit
(ϕn )n≥1 une suite d’éléments de D telle que

D
ϕn −→ 0.

Montrons que
lim < δa , ϕn >= 0.
n→∞
Nous avons
0 ≤ |< δa , ϕn >|
= |ϕn (a)|
≤ sup |ϕn (x)| .
Par suite
0 ≤ limn→+∞ |< δa , ϕn >|
≤ limn→+∞ sup |ϕn (x)|
= 0.
δa est donc une distribution.
Définition
La distribution T est régulière s’il existe une fonction f localement
intégrable telle que T = Tf .
Dans le cas contraire, on dira que T est singulière.
Définition
La distribution T est régulière s’il existe une fonction f localement
intégrable telle que T = Tf .
Dans le cas contraire, on dira que T est singulière.

Proposition
La distribution de Dirac est singulière.
En effet, si on pose
( 1

ϕ(x) = e 1−x 2 si |x| < 1
0 sinon

et ϕn (x) = ϕ(nx), alors supp(ϕn ) ⊂ B(0, n1 ) et ϕn (0) = e1 , pour


tout n et ϕn (x) ≤ e1 , pour tout x ∈ IR.
S’il existe f ∈ L1loc tel que δ0 = f , alors
Z Z
1 1
= f ϕn dx ≤ fχ 1 dx
e IR e IR B(0, n )

qui tend vers 0 ; ce qui impossible.


5. Opérations sur les distributions
5.1 Multiplication d’une distribution par une fonction C ∞
On ne peut pas définir de façon générale le produit de deux
distributions.
5.1 Multiplication d’une distribution par une fonction C ∞
On ne peut pas définir de façon générale le produit de deux
distributions.
Par exemple, la fonction f définie par, f (x) = √1 est localement
|x|
intégrable, on peut donc lui associer une distribution Tf , mais on
ne peut pas le faire pour f .f = f 2 .
On n’a pas Tf .Tf = Tf 2 .
On peut cependant définir le produit d’une distribution par une
fonction C ∞ .
En effet, si f ∈ L1loc (IRn ) et α ∈ C ∞ (IRn ), alors on constate que

< Tαf , ϕ >=< Tf , αϕ > ∀ϕ ∈ D.

Ceci nous amène à la définition suivante :

∀T ∈ D0 ∀α ∈ C ∞ (IRn ) < αT , ϕ >=< T , αϕ > ∀ϕ ∈ D.


5.2 Dérivation des distributions
Prenons f ∈ C 1 (IR). Pour tout ϕ ∈ D on a
Z +∞ Z +∞
0 +∞
< Tf 0 , ϕ >= f ϕdx = [f ϕ]−∞ − f ϕ0 dx.
−∞ −∞

Comme [f ϕ]+∞ 0
−∞ = 0, alors < Tf 0 , ϕ >= − < Tf , ϕ > .

Définition
Soit T ∈ D0 . On définit sa dérivée par rapport à xi par
   
∂T ∂ϕ
∀ϕ ∈ D ,ϕ = − T, .
∂xi ∂xi
Proposition
Si T ∈ D0 (IRn ) alors ∂T
∂xi ∈ D0 (IRn ).
Proposition
Soient T ∈ D0 (IRn ) et f ∈ C ∞ (IRn ). On a

∂ ∂f ∂T
(fT ) = T +f .
∂xi ∂xi ∂xi
5.3 Dérivée au sens des distribution d’une fonction
discontinue
Considérons une fonction f de classe C 1 sur IR sauf en un point a
où elle admet une discontinuité de première espèce. Le saut de f
en a est désigné par σa = f (a+ ) − f (a− ). En intégrant par parties,
nous avons pour tout ϕ ∈ D
Ra 0 − −
Ra 0
−∞ f (t)ϕ (t)dt = f (a ) ϕ (a ) − −∞ f (t)ϕ(t)dt

R +∞ 0 R +∞ 0
a f (t)ϕ (t)dt = −f (a+ ) ϕ (a+ ) − a f (t)ϕ(t)dt.
Il vient alors
R +∞ 0 Ra 0 R +∞ 0
− −∞ f (t)ϕ (t)dt = − −∞ f (t)ϕ (t)dt − a f (t)ϕ (t)dt
R +∞ 0
= [f (a+ ) − f (a− )] ϕ(a) + −∞ f (t)ϕ(t)dt
R +∞ 0
= σa ϕ(a) + −∞ f (t)ϕ(t)dt.

Finalement, nous avons le résultat suivant


Proposition
Soit f une fonction de classe C 1 sur IR sauf en un point a où elle
admet une discontinuité de première espèce. Alors
0
(Tf ) = Tf 0 + σa δa .
Notons que si la fonction f est de classe C 1 sur IR\ {ai / i ∈ IN} où
les ai sont des points de discontinuités de première espèce, alors
0 X
(Tf ) = Tf 0 + σai δai . (2)
i
5.4 Convergence d’une suite de distributions
Définition
On dit que la suite (Tm ) de distributions converge vers la
distribution T si

∀ϕ ∈ D < Tm , ϕ >−→< T , ϕ > .


Remarque
• Il s’agit donc de la limite simple sur l’ensemble des fonctions
tests. On écrira
D0
T = lim Tm ou Tm −→ T .
m

• La convergence d’une suite de fonctions localement intégrables


(fm ) vers f localement intégrable, au sens des distributions s’écrit
Z +∞ Z +∞
D0
fm −→ f ⇐⇒ ∀ϕ ∈ D fm ϕdx −→ f ϕdx.
−∞ −∞

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