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Lorsqu'on évoque le Saint-Esprit et la Sainte Vierge, la première chose qui vient à l'esprit,
c'est le texte de l'Évangile selon saint Luc (1 35) relatant l'épisode de l'Annonciation. En effet, l'Ange
Gabriel "envoyé de Dieu" dit à Marie : "L'Esprit Saint surviendra en vous et la vertu du Très-Haut
vous couvrira de son ombre, c'est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu". C'est
là l'annonce du mode stupéfiant de la réalisation de la maternité divine de Marie.
Saisis de stupéfaction devant un tel prodige octroyé à "une vierge, habitant une ville de Galilée
appelée Nazareth, fiancée à un homme de maison de David nommé Joseph", nous nous interrogeons : qui
est cette vierge nommée Marie ? Qu'est-ce qui lui vaut une telle élection ?
I L'IMMACULÉE CONCEPTION
A) Marie, Temple de l'Esprit-Saint
Dès le début de son existence, Marie est sans péché et sans connivence avec le péché, elle est
remplie de l'Esprit Saint Elle "est pleine de grâce", c'est ainsi que l'Ange Gabriel la salue.
Cela n'empêche nullement Arme et Joachim, couple qui vit sous le regard de Dieu, de
l'avoir conçue de la façon la plus naturelle qui soit. Cependant, en prévision des mérites du Christ,
c'est-à-dire par une grâce qui vient déjà du sacrifice de la Croix, Marie est préservée du péché
originel. Elle est, comme dit Péguy, la seule créature "plus jeune que le péché".
Le péché originel, estampille du démon sur toute âme dès qu'elle sort des mains de Dieu,
n'a pas effleuré la Vierge Marie. Dès le premier moment de sont être, elle est investie par l'Esprit
Saint qui en fait son sanctuaire inviolé et inviolable.
En Marie, la plénitude de grâce reçue à sa conception était susceptible d'accroissement :
"L'âme de Marie, dit le Père Neubert, était comme un vase qui se dilaterait indéfiniment à mesure que Dieu
le remplirait. Tel un fleuve qui est plein à sa source et plein à son embouchure, mais d'une plénitude toute
différente".
Dans le psaume 44, l'Esprit Saint affirme : "Toute la gloire de la fille du Roi est au-dedans", et
saint Louis de Montfort écrit : "Marie est l'excellent chef-d'œuvre du Très-Haut".
Grâce à cette plénitude de vie divine en Marie, sa liberté était si fortement ancrée dans
l'esprit Saint que le mal n'avait aucun attrait pour elle et qu'elle était libre de toujours choisir le
bien. Cependant, Dieu respectera sa liberté, comme nous le verrons à l'Annonciation où, par son
acquiescement, elle donna à Dieu le moyen d'ouvrir l'ère de la Rédemption.
Cette grâce initiale, grâce tout à fait exceptionnelle, avait fait de Marie la fille du Père Éternel
à un titre privilégié, et l'avait enveloppée dans sa tendresse paternelle en vue de sa mission unique
de Mère de son Fils.
A) La Vierge de la Pentecôte
La descente de l'Esprit Saint sur Marie lors de l'Annonciation préluda d'une certaine façon à
la descente de l'Esprit sur les Apôtres lors de la Pentecôte. Les paroles de Jésus ressuscité
annonçant la Pentecôte : "vous recevrez la force de l'Esprit qui viendra sur vous" rappellent tout à fait
les paroles de l'Ange Gabriel : "L'Esprit Saint viendra sur vous".
B) Maternité "ecclésiale"
Dom Guéranger, dans l'Année Liturgique, écrit une page admirable sur le rôle de Marie : "Il
faut donc à la nouvelle Éve, à la véritable Mère des vivants, un surcroît de grâces pour répondre à une telle
mission ; aussi est-elle l'objet premier des faveurs de l'Esprit Saint. Il la féconda autrefois pour être la Mère du
Fils de Dieu ; en ce moment, il forme en elle la mère des chrétiens... Le Rédempteur avait dit en désignant
l'homme : "Femme, voilà votre fils" ; l'heure est arrivée, et Marie a reçu avec une plénitude merveilleuse
cette grâce maternelle qu'elle commence à appliquer dès aujourd'hui, et qui l'accompagnera jusque sur son
trône de Reine, lorsqu'enfin, la sainte Église ayant pris un accroissement suffisant, sa céleste nourrice pourra
quitter la terre, monter aux deux et ceindre le diadème qui l'attend".
Le Saint-Esprit a modelé l'Église sur sa fidèle Épouse. Comme elle, l'Église est Mère et
enfante Dieu dans les âmes. Mais le Saint-Esprit n'a pas voulu que l'une se substitue à l'autre et que
le modèle, Marie, subsiste simplement à titre de souvenir. Pour que l'Église soit complètement
pénétrée de l'idéal de Marie et offre aux chrétiens un climat d'amour maternel, Il a décidé que la
présence agissante de la Vierge y demeurerait à jamais.
Ainsi, c'est par le Saint-Esprit, son Époux, que Marie engendre les âmes à Dieu. Saint Louis
de Montfort affirme haut et fort ce rôle de Marie : "C'est avec elle et en elle et d'elle... que Dieu le
Saint-Esprit produit tous les jours jusqu'à la fin du monde les prédestinés. C'est pourquoi, plus II trouve
Marie, sa chère et indissoluble Épouse dans une âme, et plus II devient opérant et puissant pour produire
Jésus-Christ en cette âme et cette âme en Jésus-Christ".
C'est encore par l'Épouse du Saint-Esprit que passent toutes les grâces de progrès spirituels
car : "Dieu le Saint-Esprit, dit saint Louis de Montfort, a communiqué à Marie, sa fidèle Épouse, ses dons
ineffables, et II l'a choisie pour dispensatrice de tout ce qu'il possède ; en sorte qu'elle distribue à qui elle
veut, autant qu'elle veut, comme elle veut et quand elle veut, tous ses dons et ses grâces" ; et d'ajouter : "la
formation et l'éducation des grands saints qui seront sur la fin du monde lui est réservée". Et encore :
"Quand le Saint-Esprit, son Époux, l'a trouvée dans une âme, Il y vole, ... Il se communique à cette âme
abondamment et autant qu'elle donne place à son Épouse".
Ainsi, le rôle de l'Esprit Saint et de Marie dans la sanctification des âmes est intimement,
indissolublement lié. Aussi nous apparaît-elle comme "le trône de la grâce duquel nous nous
approchons avec confiance afin d'obtenir miséricorde", comme nous le fait chanter la sainte liturgie à la
fête du Cœur Immaculé de Marie. Elle est "le trône de la Sagesse", car Marie est "trône" pour recevoir
la Sagesse qui est Jésus et "trône" pour répandre sur nous, sans mesure, des grâces de sagesse.