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Filière : STU / S5

Module de Géologie du Maroc II

HISTOIRE ALPINE
DU DOMAINE ATLASIQUE

Pr. Abdellah SABAOUI


Année universitaire : 2021 / 2022
Chapitre 1
GENERALITES SUR LE CYCLE ALPIN

A- GENERALITES
Le cycle alpin succède au cycle hercynien. Il recouvre le Mésozoïque (le Secondaire) et le
Cénozoïque (le Tertiaire et le Quaternaire) et se poursuit jusqu’à l’Actuelle.
Le cycle alpin est étroitement lié à l’évolution de la Téthys qui a connu une phase d’ouverture
initiale, puis une phase de fermeture due à l’affrontement entre la masse eurasienne et plusieurs
éléments gondwaniens (Afrique, Arabie, Inde…). Cette collision a donné naissance à une série de
chaînes de montagnes dites alpines (fig.1.1). Elles se suivent du détroit de Gibraltar à l’Himalaya et se
raccordent vers l’Est à la ceinture indonésienne et péri-australienne.

Alpes

Pyr. Apen.

Cord. Bét.

Tell
Rif

Fig.1.1- Chaînes méditerranéennes issues de la collision entre l’Afrique et


l’Eurasie (Aubouin, 1984).
1-Chaînes de la Méditerranées occidentale ; 2-chaînes de la Méditerranée moyenne
(avec hypercollision des Alpes orientales), a- arc tyrrhénien ; b-arc égéen.

Au niveau de la Méditerranée occidentale, la collision entre l’Afrique et l’Europe, dont le


contact se suit de Tanger à l’Ouest jusqu’au Calabre à l’Est, a formé plusieurs chaînes alpines (s.l.),
qui sont de deux types différents :

• chaînes péricontinentales dont le raccourcissement est très important : Les Pyrénées, les Alpes
(s.s.), les Apennins, les Maghrébides (le Rif et le Tell), les Cordillères bétiques ;

• chaînes intracontinentales à resserrement transversal modéré : Il s’agit des chaînes atlasiques


(Moyen et Haut-Atlas, Atlas saharien, et Atlas tunisien), chaîne ibérique, chaîne catalane…

B- LIMITES, SUBDIVISION ET VIE

Le Mésozoïque est l’ère qui débute vers 251 MA et se termine à 65,5 MA (soit 185 MA).
Contrairement au Paléozoïque, qui correspond à deux cycles orogéniques, le Mésozoïque ne
correspond qu’à une partie du cycle alpin. Le Mésozoïque est subdivisé en 3 périodes : le Trias, le
Jurassique et le Crétacé (fig.1.2).

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Le Cénozoïque englobe l’ère géologique la plus courte (65,5 MA) et aussi la plus connue par
les géologues. Il est généralement subdivisé en 3 périodes qui sont le Paléogène ou le Nummulitique,
le Néogène et le Quaternaire. Les deux premiers constituent l’ère tertiaire. Le Paléogène comprend les
époques du Paléocène, l’Eocène et l’Oligocène. Le Néogène comprend les époques du Miocène et
Pliocène.

Age
Ere Période Epoque Etage X 106 an
Quaternaire Holocène 0.0117
Pléistocène 2.588
Pliocène
Cénozoïque Messinien
= Tortonien
Néogène
Tertiaire Miocène Serravalien
+ Quaternaire Langhien
Burdigalien
23.03
Aquitanien
Oligocène
Paléogène Eocène
Paléocène 65.5±0.3
Supérieur Maestrichtien
Campagnien
Santonien Sénonien
Mésozoïque Coniacien
= Turonien
Secondaire Cénomanien
Crétacé Albien
Aptien
Barrémien
Inférieur
Hauterivien
Valanginien Néocomien 145.5±4.0
Berriasien
Supérieur=Malm Portlandien
Kimméridgien
Oxfordien
Moyen=Dogger Callovien
Bathonien
Jurassique Bajocien
Aalénien
Inférieur=Lias Toarcien
Domérien
Carixien
Sinémurien
Hettangien 199.6 ± 0.6
Supérieur
Trias Moyen
Inférieur 251.0±0,4

Fig.1.2- Echelle Stratigraphique simplifiée.

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C- DONNEES GEODYNAMIQUES
Toute l’histoire des ères mésozoïque et cénozoïque est liée à l’évolution de la Téthys et des
Atlantiques. A la fin du Paléozoïque, tous les continents sont réunis en une seule masse appelée la
Pangée. Elle est entourée par un seul océan appelé Panthalassa. Cet océan a montré, dans sa partie
orientale, un golfe appelé Paléotéthys. Depuis le début du Mésozoïque, la Pangée se dissocie à
nouveau en plusieurs plaques découpées lors des phases de rifting et d’océanisation. En même temps
que ces écartements, ces plaques peuvent se rapprocher et donner naissance à des chaînes de
montagnes.

1-Trias – Jurassique
A partir du Trias (fig.1.3), il y a ouverture de la Téthys (ou Néotéthys). Ceci a entraîné la
fermeture totale de la Paléotéthys au Dogger (Jurassique moyen) par dérive vers le Nord du continent
cimérien ou tibétain (Iran, Afghanistan, Sud de la Chine). L’extension vers l’Ouest de la Téthys a
entraîné la séparation du continent sud-américain de la Laurasia (Amérique du Nord- Europe-Asie).
Par la suite, au Jurassique supérieur, il y a ouverture de deux segments néotéthysiens séparés par le
domaine transformant maghrébin-ligure (Açore-gibraltar) :
• l’océan liguro-piémentais ou Téthys ligure ;
• l’Atlantique central qui s’étend de Gibraltar au Cap vert (côte africaine) ou depuis Terre Neuve à la
Floride (côte américaine).

Fig.1.3- A l’Est, Fermeture de la Paléotéthys et ouverture de la Néotéthys au cours


du Trias-Lias. A l’Ouest, Ouverture de l’Atlantique central au Jurassique

2- Fin Jurassique - début Crétacé


L’Amérique du Sud se sépare de l’Afrique par une ouverture qui progresse du S vers le N.

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3- Crétacé supérieur

• cette époque est caractérisée par l’ouverture, en partie, de l’Atlantique Nord qui sépare l’Amérique
du Nord de l’Eurasie ;
• de l’Aptien à la fin du Crétacé, il y a rotation anti-horaire de 35° de la plaque ibérique par rapport à
l’Europe avec ouverture du golfe de Gascogne ;
• le coulissage senestre de l’Afrique par rapport à l’Europe devient oblique depuis le début du
Crétacé et passe à une nette convergence N-S qui s’accentue sur l’Est de leur frontière (fig.1.4).

Fig.1.4- Mouvement relatif de l’Afrique (ici les côtes libyennes)


par rapport à l’Europe (Dercourt et al, 1985).

4- Paléogène
• l’ouverture de l’Atlantique Nord se continue pour être complète au cours de l’Eocène ;
• la plaque ibérique se rapproche à nouveau de l’Europe. Cette phase tectonique importante appelé
phase pyréno-provençale devient paroxysmale à la fin de l’Eocène et a entraîné la surrection de la
chaîne pyrénéenne ;
• à l’Oligocène supérieur, on assiste, notamment en Europe de l’Ouest, à une phase de relaxation qui
interrompt la convergence Afrique-Europe. Cette phase est peut-être due au bref coulissage dextre
d’Est en Ouest de l’Afrique par rapport à l’Europe entre 35 et 20 MA.

5- Miocène
• il y a continuité de la convergence entre l’Afrique et l’Europe ;
• au Miocène, on a ouverture de la mer rouge, mais l’accrétion océanique ne débute qu’au Pliocène.
• la continuité de rapprochement entre l’Arabie et l’Eurasie a entraîné la coupure complète et
définitive de la Téthys du domaine indo-pacifique à la fin du Miocène inférieur. A partir de cette
époque, on désigne l’espace entre l’Afrique et l’Europe par la Méditerranée ;
• l’isolement de la Méditerranée sera total au Messinien après qu’un léger pivotement de l’Afrique
l’a coupée de l’Atlantique. Il s’en suivra une augmentation de salinité qui cessera au début du Pliocène
avec la réouverture du détroit de Gibraltar.

6- Pliocène et Quaternaire

La compression entre les blocs arabo-africains et l’Eurasie aboutissait à souder définitivement


l’Arabie et l’Asie. Le Pliocène et le Quaternaire sont généralement caractérisés par une tectonique
compressive liée au rapprochement Afrique-Europe.

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Chapitre2
LES GRANDES UNITES GEOLOGIQUES DU DOMAINE ATLASIQUE

Le Maroc comprend trois domaines géologiques qui sont du Nord au Sud: le Rif , les Atlas et
l’Anti-Atlas (fig.2.1).
Le domaine atlasique (s.l.) ou le Moyen Maroc est une vaste partie du Maroc qui a connu au
Mésozoïque et au Cénozoïque une influence, d’abord, téthysienne et atlantique et, ensuite,
méditerranéenne et atlantique. Il est limité au Nord par l’accident sud-rifaine ou front de nappes, et au
Sud par l’accident sud-atlasique. Il est subdivisé en plusieurs ensembles structuraux.

Fig.2.1- Les grandes unités géologiques et géographiques du Maroc

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1- Chaîne moyen-atlasique

Elle constitue une chaîne intracontinentale (pas d’ophiolites, pas de flyschs, situation à
l’intérieur du continent africain). Ses édifices montagneux et structuraux sont allongés dans la
direction NE-SW. Elle est encadrée au Nord par le couloir sud-rifain, au Sud par le Haut-Atlas et la
Haute-Moulouya, au NW par la Meseta occidentale et au SE par la Moyenne-Moulouya (fig.2.2).

Fig.2.2- Coupe à travers les différentes unités structurales du Moyen Atlas (Sabaoui,1998).

Cette chaîne montre des terrains essentiellement d’âge jurassique. Toutefois, on trouve des
terrains paléozoïques qui apparaissent au niveau du massif du Tazekka et des boutonnières de Bsabis,
Bhalil, Kandar et El Hajeb.

Le Moyen-Atlas se divise longitudinalement en deux domaines structuraux séparés par


l’accident nord moyen-atlasique (A.N.M.A.) :
• au NW, le Causse moyen-atlasique qui est subhorizontal ;
• au SE, le Moyen-Atlas plissé qui est caractérisé par de longues rides anticlinales affectées de failles
inverses à chevauchantes. Ces rides séparent de larges zones synclinales où les dépôts sédimentaires
sont plus complets.

2- Chaîne haut-atlasique
C’est une chaîne intracontinentale de direction ENE-WSW. Elle se prolonge à l’E par l’Atlas
saharien en Algérie, et puis par l’Atlas tunisien.

a-Haut-Atlas de Marrakech

On parle aussi du massif ancien haut-atlasique (fig.2.3). Il est limité à l’Ouest par le couloir
d’Argana, à l’Est par le Haut-Atlas central. Il est constitué d’un socle précambrien et de séries
primaires plissées par l’orogenèse hercynienne. Il est fragmenté par de nombreux décrochements
tardi-hercyniens dont le plus important est l’accident de Tizi n’Test. Ils ont rejoué au cours du
Mésozoïque et du Cénozoïque.

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Fig.2.3- Coupe à travers le Haut Atlas de Marrakech montrant l’allure d’un horst en éventail
(Laville,1985).
b- Haut-Atlas occidental
Il montre des terrains qui sont principalement d’âge Jurassique supérieur et Crétacé d’obédience
atlantique. Ces terrains sont peu déformés.

c- Haut-Atlas central
Il correspond à un bassin mésozoïque d’obédience téthysien (fig2.4). Il montre des rides
anticlinales qui sont injectés de matériel subvolcanique d’âge jurassico-crétacé.

Fig.2.4- Coupe simplifiée à travers le Haut Atlas central


avec décollement de la couverture (Laville1985).

d- Haut-Atlas oriental
Il est séparé du Haut-Atlas central par le seuil de Tamlelt où affleurent le Précambrien et le
Paléozoïque. Dans ce domaine, les terrains jurassiques sont épais et bien représentés. Le Haut-Atlas
oriental est relayé dans le territoire algérien par l’Atlas saharien.

3- Maroc nord-oriental
Le Maroc nord-oriental constitue le prolongement du Moyen-Atlas vers le NE. En effet, les
terrains jurassiques du Moyen-Atlas s’ennoient sous le Mio-Pliocène de la plaine du Guercif, qui fait
partie du couloir sud-rifain, pour réapparaître plus au NE. Il s’agit des affleurements de Terni
Mesgout, de Beni Snassen et de la chaîne des horsts où on a la boutonnière de Jrada.

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4- Bassins marginaux de la Meseta occidentale et de Tarfaya-Boujdour

Elle correspond à la Meseta côtière, plateaux des phosphates et au bassin d’Essaouira.


L’évolution de ce domaine est liée à l’Atlantique. Les terrains d’âge secondaire et tertiaire sont très
peu déformés. On trouve aussi un substratum primaire déformé au cours du Paléozoïque (Jbilet,
Rehamna, massif central). Le bassin marginal atlantique de Tarfaya-Boujdou; dont l’installation est
liée au jeux normaux des failles de Zemmour, ont connu le même cycle sédimentaire que la Meseta
occidentale, et ce, au Mésozoïque et au Tertiaire

5- Meseta orientale
Il s’agit des Hauts-Plateaux et de la région de Rekkam. Elle montre des terrains jurassiques
d’affinité téthysienne. Ces terrains sont parfois recouverts de Néogène continental notamment dans les
Hauts-Plateaux. Des affleurements paléozoïques affleurent à Mekkam et à Debdou.

6- Bassins sédimentaires récents ou zones subatlasiques


Ce sont des dépressions récentes qui sont remplies de molasses néogènes et quaternaires .
Celles-ci résultent de l’érosion des chaînes atlasiques qui viennent d’être édifiées. Il s’agit du bassin de
Souss, sillon pré-africian, plaine d’El Haouz, plaine de Tadla, bassin de la Haute et Moyenne-
Moulouya et de la plaine du Gharb.

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Chapitre 3
LES FORMATIONS ROUGES DU "TRIAS" ATLASIQUE

Au cours du Permien et une grande partie du Trias, la chaîne hercynienne a subi une érosion
importante. Après cette période de pénéplanation, et en discordance angulaire majeure sur le
substratum hercynien, se sont déposées des séries détritiques et argileuses de couleur rouge. Ces séries
qui sont très rarement fossilifères montrent généralement une trilogie classique : argiles inférieures –
basaltes - argiles supérieures.

A- LE TRIAS DU POURTOUR MEDITERRANEEN


Le Trias constitue le début de l’avancée de la Téthys vers l’Ouest. Ceci a permis le dépôt de séries
à faciès littoral à continental qu’on peut répartir en différents domaines (fig.3.1) :

Continent sans dépôt


Dépôts lagunaires

Trias germanique en
Europe et salifère au Maghreb

Trias alpin ou mésogéen

Fig.3.1- Paléogéographie de l’Europe et du Maghreb au Trias supérieur.

1- Afrique du Nord (hormis les zones internes du Rif et du Tell)


Les faciès qui dominent sont des argiles rouges à évaporites (halite, anhydrite, gypse). Ce
faciès est à rapprocher du Trias germanique.

2- Europe

On distingue trois faciès :


• le faciès continental qui constitue la continuité des dépôts gréseux et conglomératiques du
Permien ;
• le faciès germanique est caractérisé par une série de trois formations qui sont de la base vers le
haut : des détritiques grossiers, des calcaires à évaporites et des marnes à évaporites ;
• le faciès alpin ou mésogéen montre des formations carbonatées à faciès littoral (algues, polypiers)
et aussi hémipélagique avec des calcaires marneux à ammonites. Le Trias du Rif interne est aussi à
caractère alpin.

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B- LES DIFFERENTS TYPES DE SERIES TRIASIQUES AU MAROC
1- principaux affleurements

Fig.3.2- Affleurements du Trias dans le domaine atlasique (Salvan,184).

Les formations du Trias montrent des affleurements en de nombreuses régions du Maroc,


notamment(fig3.2) :
• en bordure du Massif central ;
• dans le Haut-Atlas de Marrakech ;
• en bordures des massifs et des boutonnières paléozoïques du Moyen-Atlas, du Haut-Atlas et du
Maroc nord-oriental ;
• le long des grands accidents tectoniques.
• dans le Rif externe.

Fig.3.3- Les grands bassins salifères du Trias du domaine atlasique (Salvan,1984).

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La répartition des dépôts triasiques est beaucoup plus vaste que ce que montrent les
affleurements. En effet, le Trias a été reconnu par sondage en plusieurs régions :
• la Meseta orientale ;
• le Haut-Atlas occidental ;
• la Meseta côtière (Essaouira, Berrechid) ;
• le Gharb et le Saïss ;
• le bassin de Tarfaya-Boujdour ;
• la Haute-Moulouya.
L’étude des différents forages et d’affleurements a permis, d’une part, d’établir des cartes de
répartition des faciès et, d’autre part, de distinguer plusieurs bassins en liaison avec la Téthys,
l’Atlantique ou avec les deux à la fois (fig.3.3).

2- le Moyen-Atlas
La série type est constituée de trois niveaux dont l’épaisseur est d’environ 200m (fig.3.4).
• une série d’argiles rouges inférieures à évaporites. Cette série débute par un niveau gréso-
conglomératique dont l’épaisseur peut aller de quelques dm à quelques dizaines de m à Tazekka
(région de Taza) et à Kerrouchène, (SW du Moyen-Atlas) ;
• des basaltes doléritiques intermédiaires au sein desquels on peut rencontrer quelques niveaux
sédimentaires de nature variable (grès, argiles, calcaires, croûte, houille…) ;
• une série d’argiles rouges supérieures à évaporites.

3- les bordures du massif central


Une même série trilogique que le Moyen-Atlas surmonte, en discordance angulaire mineure,
un ensemble détritique permien qui est fortement discordant sur le substratum hercynien. Cet
ensemble permien est constitué de grès, dépôt volcano-sédimentaire et de lave acide. Ces dépôts
permiens apparaissent en différents endroits (Bou Achouch, Souk Sebt, Tiddas, Khénifra, Chougrane ,
Mechraa Ben Abbou…).

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Fig.3.4- Colonne synthétique des formations triasiques
à l’W et à l’E du Causse moyen atlasique

4- Haut-Atlas de Marrakech (Ourika et Argana)

La série infra-basaltique est très épaisse. Elle montre six principales formations de nature
essentiellement gréseuse. On a quatre formations triasiques en discordance angulaire mineure sur
deux autres d’âge permien.

5- bassin de Tarfaya-Boujdour

Le Trias y a été reconnu par sondage en plusieurs localités. Il montre une épaisseur de 1000 m.
On a des conglomérats, des grès, des siltites et des argiles rouges à évaporites.

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C- VOLCANISME
Les formations rouges renferment près de leur sommet un ensemble de plusieurs coulées
basaltiques dont l’épaisseur peut aller de 100 à 200m. Ces coulées peuvent être séparées par des
niveaux sédimentaires très minces traduisant des phases d’interruption de l’activité volcanique. Ces
roches sont de couleur gris-vert. Elles sont généralement très altérées. Elles varient d’une structure
basaltique à une autre doléritique. On parle, alors, de basaltes doléritiques. Les minéraux les plus
fréquents sont les pyroxènes (augites) et les plagioclases. Ce magmatisme qui est de nature fissurale
est connu à l’échelle de l’Afrique du nord et aussi à l’Est de l’Amérique du Nord.

D- CARACTERE SEDIMENTOLOGIQUE, STRATIGRAPHIQUE ET PALEOGEOGRAPHIQUE

Les dépôts argileux sont souvent associés à la présence d’évaporites (gypses, anhydrite, halite)
et des sels potasso-magnésiens. Ces évaporites montrent parfois des épaisseurs très importantes. C’est
le cas, par exemple, des régions de Haha, de Doukkala et de Khemisset-Tiffelt.

La couleur rouge est due la présence de Fe qui traduit un milieu oxydant. Les minéraux
argileux sont surtout des chlorites, des illites et parfois des kaolinites et sépiolites (famille des
serpentines).

Les fossiles sont très rares dans les sédiments. Cependant, quelques régions, comme Argana,
se sont montrées fossilifères. On a reconnu à Argana, au niveau de la formation 5, de nombreux
gisements qui ont livré des végétaux, des amphibiens primitifs (stégocéphales), des reptiles
mammaliens et des poissons. Ces différents fossiles indiquent un environnement continental à
aquatique (eau douce) et un âge du Trias supérieur.

En plusieurs points du domaine atlasique, les niveaux sédimentaires intercalés dans les
basaltes ont livré des microfossiles (microfaune et microflore) qui indiquent du Trias supérieur à Lias
inférieur. Les données radiométriques sur les basaltes tendent à indiquer un âge proche de la limite
Trias-Lias ou franchement liasique.

L’analyse pétrographique, sédimentologique et paléogéographique indique une


paléogéographie continentale, lacustre ou lagunaire en contact avec des milieux marins (Téthys,
Atlantique). Les bassins seraient soumis à des périodes d’assèchement. L’influence marine est
relativement exprimée au niveau des zones qui constituaient des bassins salifères.

E- CADRE TECTONIQUE

Les bassins sédimentaires sont de type graben ou demi-graben guidés par des failles
synsédimentaires. Ces failles correspondent aux rejeux de failles hercyniennes et tardi-hercyniennes.
Le rejeu était essentiellement de nature verticale et à composante décrochante.
Les failles sont groupées en quelques directions principales qui sont :
• N45 et N120 dans le Moyen –Atlas
• N120 et N90 dans le Haut-Atlas.
Les principaux marqueurs de ces jeux synsédimentaires sont :
• les variations brutales des épaisseurs de part et d’autre des failles ;
• les discordances intra-formationelles et les discordances progressives.
• les failles normales rotationnelles. D’un côté, on a un biseautage, de l’autre, on a une discordance
progressive (crochons de faille à déformation progressive).

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F- CONCLUSION

Les dépôts rouges post-hercyniens forment deux ensembles sédimentaires séparés par une
discordance angulaire. Le premier, dont les affleurements sont très limités, est d’âge permien. Il est
constitué de détritiques grossiers parfois associés à des émissions volcaniques acides. Le deuxième
ensemble détritique et argileux encadrant des coulées basaltiques est en grande partie du Trias
supérieur - base du Lias.
Le Trias et la base du Lias correspondent à une période de distension (en réalité déjà amorcée
au Permien) synchrone à l’ouverture de l’Atlantique central. Cette distension s’est traduite à l’échelle
du Maroc par l’installation des bassins au sein desquels se sont déposés, d’abord, des éléments
grossiers et, ensuite, des argiles à évaporites annonçant une certaine influence marine. Cette
sédimentation s’effectuait en période rhexistatique dans un climat chaud et probablement aride. On a
connu aussi un volcanisme fissural d’affinité tholéitique qui a donné des épanchements très importants
de basaltes doléritiques qui existent aussi en Amérique du Nord.
La série argilo-salifère passe progressivement aux formations carbonatées du Jurassique. Ce
passage progressif annonce la transgression marine qui devient de plus en plus importante.

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Chapitre 4
LE JURASSIQUE INFERIEUR ET MOYEN

A- LE DOMAI NE D’AFFINITE THETYSIENNNE (Moyen Atlas)

La partie orientale du domaine atlasique marocain (le Haut Atlas central et orientale, la Meseta
orientale, le Moyen Atlas) a connu une transgression marine d’obédience téthysienne (fig.4.1)
pendant le Jurassique inférieur et moyen.

Fig.4.1- Carte paléogéographique du domaine atlasique du Maghreb (du Dresnay,1971).

1- Lias inférieur et moyen : période de stabilité d’une plate-forme carbonatée (fig.4.2.et fig.4.3)

a- formation de transition (ou formation de Ben Smime)


Elle est sus-jacente aux argiles fini-triasiques. Elle est représentée par une alternance de
calcaire dolomitique ou argileux et de marnes. Son épaisseur moyen est de 15m Les bancs carbonatés
montrent des niveaux de la séquences de Sebkha qui indiquent un milieu supratidal. Les marnes
diminuent d’épaisseur jusqu’à leur disparition.

b- formation dolomitique
Son épaisseur peut atteindre 100 m. Elle est constituée de dolomies à faciès massif,
bréchiforme, sableux ou parfois lité. Elle caractérise un milieu intertidal supérieur à supratidal. Au
sommet, on a des niveaux calcaréo-dolomitique à faciès intertidal avec des entroques, des
brachiopodes, des gastéropodes et des ostracodes.

c- formation des calcaires lités


Il s’agit d’un calcaire bien lité très riche en faune benthique. Cette formation peut montrer des
rognons de silex. Son âge est carixien.

d- formation marno-calcaire
Elle correspond à une succession rythmique de calcaires et de marnes. Elle contient beaucoup
d’ammonites et bélemnites. Elle est rapportée au Domérien qui est la partie supérieure du Lias moyen.
Au total, au cours du Lias inférieur et moyen, on a l’installation d’une plate-forme carbonatée
qui montre une évolution progressive d’un milieu supratidal à un milieu de plate-forme externe.

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Fig.4.2- Colonne synthétique des formations jurassiques du Moyen Atlas.

Fig.4.3- Les différentes stades de l’évolution de la plate-forme liasique du Moyen Atlas.

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2- passage Lias moyen - Lias supérieur : période de mobilité
C’est la période de formation de bassins (sillons) et de hauts-fonds. Il correspond à une crise
tectonique qui se manifeste surtout par des mouvements verticaux de failles (épirogenèse) qui sont à
l’origine de la formation des bassins effondrés (sillons) et de hauts-fonds relativement soulevés.

3- Lias supérieur et Dogger : période de comblement et de sénescence (fig.4.2)


• formation de Taffert d’âge toarcien: marnes grises très riches en céphalopodes (ammonites et
bélemnites) ;
• formation d’Amane Ilila. Elle est rapportée à l’Aalénien-Bajocien inférieur. On a des marno-
calcaires et des calcaires marneux à cancellophycus ;
• formation de Boulemane : marnes épaisses à posidonomie (bivalves) d’âge Bajocien inférieur ;
• formation de Recifa ou calcaires corniches du Bajocien supérieur. Ces calcaires forment une ou
plusieurs barres dont l’épaisseur peut dépasser 100 m. Ces calcaires montrent une faune très riche. Il
s’agit surtout de gastéropodes, brachiopodes, polypiers qui peuvent former des lumachelles et oursins.
On note aussi une nette rareté d’ammonites. Ce faciès correspond à des dépôts néritiques et à caractère
épirécifal ;
• formation de Bou Akraben - Iche Timellaline (Bajocien supérieur - Bathonien inférieur): C’est une
alternance de marnes et de calcaires parfois gréseux. Son épaisseur est de plusieurs centaines de m. La
présence de lumachelles, de faciès oolitique et de quelques fragments de végétaux montre qu’il s’agit
d’un milieu marin très peu profond.
• formation d’El Mers 1 (Bathonien) : Il s’agit de marnes versicolores (vertes, bleues, rouges, roses)
qui peuvent montrer des racines silicifiées de végétaux, des ossements et des traces de grands
dinosauriens ;
• formation d’El Mers 2 (Bathonien) : On a des grès à stratification entrecroisées. Cette formation est
probablement d’origine deltaïque ;
• formation de Skoura d’âge callovien. Elle correspond à des marnes à gypse de faciès lagunaire.
Ces quatre dernières formations constituent la phase ultime du remplissage des bassins
sédimentaires avec retrait de la mer vers le NE (région de Guercif et du Maroc NE). Dans ce dernier
secteur, la sédimentation se poursuivra au cours du Jurassique supérieur et du Crétacé.

4- variations latérales de faciès et paléogéographies ( fig.4.4 et fig.4.5)

Au Lias inférieur et moyen, on a l’installation d’une plate-forme carbonatée avec quelques


variations d’épaisseur et de faciès. On a, aussi, développement de quelques niveaux récifaux
notamment, en quelques zones du Causse moyen-atlasique et des rides du Haut-Atlas et du Moyen
Atlas plissé.
Dès la fin du Lias moyen, qui est caractérisée par une activité tectonique, on a l’apparition
d’une paléogéographie de sillons, à dépôts essentiellement marneux et à faciès relativement profond,
et des zones de bordure, ou hauts-fonds, moins profondes ou complètement émergées. Ces dernières
correspondent au Causse moyen-atlasique, Hauts-Plateaux et zones bordières N et S du Haut-Atlas
central et oriental.

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Fig.4.4- Paléogéographie du domaine atlasique au Lias moyen (du Dresnay,1971).

Le Causse moyen-atlasique constitue au Lias supérieur et au Dogger une zone presque


entièrement émergée avec quelques dépôts dont le faciès montre des marnes rouges ou des grès. C’est
le cas par exemple du faciès rouge de Selloum et de Mibladène.
Dans le Moyen-Atlas plissé, au SE de Boulemane, la formation des marnes de Boulemane
surmonte directement les calcaires du Lias moyen par l’intermédiaire d’une discontinuité sédimentaire
d’ordre régional.
Dans le Haut-Atlas central et oriental, les faciès du Lias sont comparables à ceux du Moyen-
Atlas bien qu’ils soient relativement profonds au Lias inférieur et moyen. Les dépôts qui surmontent la
les calcaires corniches du Haut-Atlas sont constitués de trois formations de détritiques rouges.
Au Lias et au Dogger, les bassins du Moyen-Atlas et du Haut-Atlas central sont séparés par le
paléoseuil de la Haute-Moulouya.

SE NE
Sillon marin Ride du J. Domaine des
du Haut Atlas Mechkako Hauts plateaux
ur

Récifs
Shelf continental

Talus et rupture de
pente
Sillon marin subsident

Fig.4.5- Répartition des faciès entre le S des Hauts plateaux


et le sillon haut atlasique (du Dresnay, 1971).

19
Les Hauts-Plateaux constituaient, au Lias supérieur et au Dogger, une plate-forme qui se
communiquait avec le Haut-Atlas et le Moyen-Atlas. Ils montrent surtout des dépôts calcaires et
dolomitiques avec parfois des marnes rouges. Le passage latéral au dépôts de sillon peut être fait par
l’intermédiaire de formations récifales (exemple : J. Mechkakour).
Les rides sud-rifaines, situées entre Meknès et Sidi Kacem et aussi au N de Fès, présentent des
formations comparables à celles du Moyen-Atlas plissé avec développement de grès à partir du
Bajocien.
La régression vers l’Est et le NE à la fin du Jurassique moyen est due essentiellement à des
jeux tectoniques synsédimentaires. Ce soulèvement, qui restent tout de même faibles par rapport aux
phases tectorogéniques majeures anté et post-miocène, a été mieux exprimé au niveau des rides
anticlinales. Celles-ci sont généralement affectées par de grandes failles synsédimentaires. Au niveau
de ces rides, on observe des discordances intra-formationnelles et d’autres progressives (exemple :
Tizi Issoulitène situé à 30 km au NE de Boulemane).

B- LE DOMAINE D’AFFINITE ATLANTIQUE


La côte atlantique a connu des demi-bassins ouverts sur l’Atlantique (fig.4.1). Il s’agit des
bassins de Tarfaya-Boujdour et du Haut Atlas occidental. Les dépôts du Jurassique inférieur et moyen
sont assez réduits et lacunaires.
Le Haut-Atlas occidental montre des dépôts calcaro-dolomitiques et des détritiques de faciès
deltaïque à continental. Ces dépôts représentent la partie littorale des bassins qui sont ouverts en
direction de l’Atlantique qui connaissait une océanisation.
Dans le bassin Tarfaya-Boujdour, le Jurassique inférieur et moyen montre une épaisseur de
700 m et des faciès comparables à ceux du Haut Atlas occidental
L’influence d’une mer très ouverte sur la côte atlantique ne se manifeste qu’au Jurassique
supérieur et au Crétacé.

C- INTRUSIONS MAGMATIQUES ET PHENOMENES ASSOCIES


Au centre du bassin du Haut-Atlas central, se trouve une série alcaline différenciée dont l’âge
s’étend du Jurassique moyen jusqu’au Néocomien (-173 à -119 MA). Ces roches correspondent à des
trochtolites, des leucogabbros, des monzodiorites, des syénites, des anorthosites, et des basaltes
alcalins. L’affinité alcaline de ces roches les différencie du magmatisme régional (fini-triassique),
lequel est à caractère tholéitique. Ces terrains constituent de petits massifs subvolcaniques associés à
des dykes, des sills et des coulées.

20
Chapitre 5
LE JURASSIQUE SUPERIEUR ET LE CRETACE

Au Jurassique supérieur, les domaines du Moyen-Atlas , Haut-Atlas central et oriental ainsi


que les Hauts-Plateaux étaient délaissés par la mer téthysienne qui, tout de même, persiste dans le
Maroc NE . A l’Ouest, l’Atlantique transgressait par étape successives dans des golfes (région de Safi-
Casa, Agadir-Essaouira, Tarfaya-Boujdour)

A- LE MAROC NORD-ORIENTAL

Au-dessus d’une série du Lias et une partie du Dogger de type moyen-atlasique, on a des
dépôts montrant la continuité de la sédimentation au cours du Jurassique et du Crétacé inférieur dans
un milieu ouvert sur la Téthys (fig.5.1) :

• au-dessus des marnes et des marno-calcaires du Bajocien, on a une formation de marnes gréseuses
et de grès d’âge bathonien à oxfordien. Il s’agit de grès de Bourached très peu fossilifères ;

• marnes à gypse de Kimméridgien qui correspondent à la formation de Tamtlilit. Ces marnes


peuvent passer latéralement à des grès et à des calcaires à faune benthique (algues et foraminifères).
Ces marnes à gypse sont plus jeunes que celles du Moyen-Atlas où elles sont d’âge callovien ;

• au cours du Tithonique (Portlandien), on a des dépôts carbonatés épais (calcaires et dolomies de


Terni) renfermant une faune benthique très riche. Ces dépôts carbonatés sont parfois transgressifs sur
les terrains du Trias ou même du Paléozoïque qui affleurent dans plusieurs massifs ;

• au-dessus, on a la formation de l’Oued El Hamra qui est constituée de calcaire lacustre, de grès
rouge et de dolomie gréseuse. Cette formation est à caractère laguno-continental. Son âge est du
Jurassique terminal à Crétacé basal ;

• au Crétacé inférieur, une nouvelle transgression a donné des dépôts carbonatés riches en
organismes constructeurs qui peuvent atteindre l’Albien.

B- LE MAROC ATLANTIQUE

1- Le Haut-Atlas occidental
Le Lias et le Dogger atlantiques ont des faciès dominés par des dépôts calcaro-dolomitiques et
des détritiques généralement rouges (fig.5.1).

• la fin du Dogger (Callovien) montre des calcaires oolitiques et des calcaires marneux renfermant
les premières ammonites ;

• le Jurassique supérieur (environ 1000 m d’épaisseur) est constitué de calcaire et de dolomie


organogènes et néritiques avec quelques passages d’évaporites et de détritiques rouges. Il s’agit d’un
faciès de mer épicontinentale très subsidente avec des dépôts deltaïques. Ces formations renferment
surtout des foraminifères benthiques, des algues, des calpionelles et quelques ammonites. Le passage
du Jurassique au Crétacé est continu et sans arrêt de sédimentation ;

• le Néocomien et le Barrémien montrent des dépôts de calcaires de plate-forme avec des influences
continentales (grès et silts) ;

21
• de l’Aptien au Turonien (Mésocrétacé), on a des dépôts de marnes et de calcaires marneux à faune
benthique avec développement des foraminifères pélagiques et aussi des radiolaires. La période du
Turonien correspond au maximum de transgression qui va être suivie de faciès régressif à partir du
Sénonien ;

• le Sénonien montre des marnes à gypse, des calcaires marneux, des marnes à huîtres et des niveaux
gréseux.

Fig.5.1- Le Jurassique supérieur et le Crétacé du Haut Atlas et du NE du Maroc.

22
Fig.5.2- Paléogéographie du domaine atlasique au Cénomanien.

2- le Haut-Atlas central et oriental


Les calcaires corniches du Bajocien sont surmontés par une série de détritiques rouges du
Dogger (fig.5.1). En dessus, on a :

• la barre de l’Aptien-Albien qui est transgressive sur le Dogger dans le Haut Atlas central. Cette
barre est constituée de calcaire marneux riche en organismes benthiques (bivalves, gastéropodes,
brachiopodes, oursins, rares ammonites) ;

• cette barre est surmontée par des marnes gréseuses montrant quelques masses de gypse.
Latéralement, vers le Haut-Atlas oriental, il y a absence de la barre de l’Aptien supérieur-Albien. Les
marnes à gypse sont en contact direct avec les détritiques du Dogger ;

• ensuite, on a de grandes masses de calcaire du Cénomanien supérieur-Turonien. Elles contiennent


des organismes benthiques et aussi pélagiques.

Dans la région des Hamada (Errachidia à Boudnib), ces masses calcaires du Cénomanien
supérieur-Turonien sont restées horizontales (fig.5.2). Elles forment des plateaux pierreux et
désertiques. Il s’agit de calcaire néritique sub-récifaux (huîtres, oursins, rudistes…) qui ont une
épaisseur de 70 m.

3- Le bassins de Tarfaya-Boujdour
Ils montrent un Jurassique supérieur et un Crétacé dont l’épaisseur atteint plusieurs milliers de
mètres. Les faciès sont comparables à ceux du Haut-Atlas occidental

23
4- le Moyen-Atlas
Le Moyen-Atlas est resté totalement émergé depuis la fin du Dogger jusqu’au début du
Crétacé supérieur. Parmi les transgressions atlantiques, seule celle du Cénomano-Turonien a atteint le
Moyen-Atlas qui a connu des dépôts dans quelques zones synclinales au S et au SW de Boulemane
(fig.5.2). La série synthétique du Moyen-Atlas montre de bas en haut :
• des détritiques grossiers (200m) constitués d’éléments du Lias et du Dogger dont les terrains
étaient en grande partie émergés ;
• alternance de calcaire et d’argile qui peut contenir du gypse ;
• vers la fin du Crétacé (Maestrichtien), on a dépôt de schistes bitumineux de Timahdit (voir chap.
suivant).
Les rides sud-rifaines possèdent un Crétacé supérieur assez réduit et local dont les
caractéristiques sont proches de celles du domaine atlasique.

C- CONCLUSION
Pendant le Jurassique supérieur et le Crétacé, le domaine atlasique est partagé entre la Téthys
et l’Atlantique. L’Atlantique transgressait par étapes successives à travers plusieurs golfes. La façade
atlantique a connu une sédimentation continue et essentiellement marine. Ce domaine a montré trois
principales transgressions :
• la première transgression au Néocomien. Elle a intéressé seulement la bordure atlantique ;
• la deuxième a atteint le Haut-Atlas central. Elle est d’âge Aptien-Albien ;
• la troisième est d’âge Cénomano-Turonien. C’est la plus importante transgression. La plus grande
partie du domaine atlasique a été immergé avec des dépôts de plate-forme carbonatée.

24
Chapitre 6
LE CRETACE TERMINAL ET LE PALEOGENE

A- GENERALITES
Le Sénonien, qui correspond à des faciès régressifs (marnes à évaporites), connaît vers son
sommet les premiers dépôts d’un autre type de faciès sédimentaire. Il s’agit d’une série phosphatée qui
s’est déposée du Maestrichtien (Crétacé terminal) au Lutétien (Eocène moyen). Il s’agit de phosphates
tricalciques : Ca3 (PO4)2. Ces dépôts sont liés à une mer ouverte sur l’Atlantique et formait des golfes
vers le continent (fig.6.1) :

• golfe de Souss ;
• golfe d’Essaouira-Ouarzazate ;
• golfe des Gantours-Oulad Abdoun qui s’étend jusqu’au Moyen-Atlas ;
• golfe de Tarfaya-Boujdour (fig.6.2).

1 : Terre émergée ; 2 : Zones subsidentes ; 3 et 4 : Faciès de base


non phosphaté ; 5 et 6 : faciès phosphaté ; 7 : Schistes bitumineux
Fig.6.1- Paléogéographie du domaine atlasique au Maestrichtien

Il est à noter l’absence du Maestrichtien et de l’Eocène dans la région d’Agadir et dans toute la
Meseta côtière jusqu’à Casa. Les sédiments de cet âge devaient y être déposés mais ils ont été
entièrement éliminés par l’érosion post-Eocène. L’absence de ces dépôts, sur la côte rend difficile la
connaissance du mode de communication des différents golfes avec l’Atlantique. Il est probable que le
golfe éocène de la cuvette de Ouarzazate (sillon pré-africain) se communiquait avec celui d’Essaouira
à travers le Haut-Atlas par Tizi n’Telouet.

25
Fig.6.2- Carte géologique simplifiée du bassin de Tarfaya –Boujdour.

1 : Précambrien ; 2 :Paléozoïque ; 3 : Trias ; 4 : Lias ; 5 :Dogger ; 6 :Malm ; 7 : Crétacé inférieur ;


8 : Crétacé moyen ; 9 : Crétacé supérieur ; 10 : Miocène ; 11 : Plio-Quaternaire

Fig.6.3- Coupe géologique simplifié du bassin de Tarfaya-Boujdour.

B- REGION D’OULAD ABDOUN – GANTOURS


En discordance mineure sur les formations rouges du Trias, on a de bas en haut :
• un Crétacé inférieur constitué de détritiques roses mal datés ;
• des dépôts marins (100 à 150m) liés à la transgression cénomano-turonienne ;
• un Sénonien marneux jaune-verdâtre coupé de quelques barres calcaires.

26
Ensuite, on a un ensemble sédimentologique très remarquable. Il s’agit d’un complexe
phosphaté dont l’âge s’étend du Maestrichtien à l’Yprésien. Il s’agit de :
• calcaire microcristallin plus ou moins phosphaté ou siliceux parfois dolomitique ;
• phosphates oolitiques où abondent les dents et os de Sélacien (poissons cartilagineux) bien
conservés ;
• silex ou cherts incluant des oolites phosphatées ;
• rares lits marneux et argileux où dominent les montmorillonites et les argiles fibreuses (attapulgites
et sépiolites) ;
Il s’agit, donc, surtout d’une sédimentation chimique ou biochimique dont on note le caractère
condensé. L’épaisseur totale est de 30m à Oulad Abdoun et 100m dans les Gantours.

Parmi les organismes fossiles, on trouve :


• beaucoup de poissons cartilagineux, notamment les requins ;
• des reptiles (crocodiliens, et mésosaures) ;
• quelques ammonites du Crétacé terminal ;
• gastéropodes, bivalves, oursins ;
• spongiaires, radiolaires, diatomées, foraminifères.
L’ensemble de la microfaune et de la macrofaune indique que le milieu de dépôt correspond à
une plate-forme très ouverte d’environ 200 m de profondeur.
L’ensemble de la série phosphatée est souvent masquée par une épaisse formation de calcaire
appelée : dalle calcaire à thersités (gastéropodes) d’âge lutétien (Eocène moyen). Cette formation
annonce la régression générale qui suit l’Eocène moyen.

Fig.6.4- Paléogéographie des Atlas à l’Eo-Oligocène.

27
C- LE MOYEN-ATLAS

Le Maestrichtien est caractérisé par une formation bitumineuse. Elle est couramment appelée
schistes bitumineux de Timahdite (fig.6.1). Ces schistes, épais de 150m, correspondent, en fait, à des
marnes carbonatées dont la teneur en soufre organique est très élevée. L’épaisseur des niveaux les plus
riches en bitumes est de 40m. Le contenu fossilifère montre une microfaune benthique et des restes de
poissons. Le sommet de la formation est constitué d’une alternance de marnes et de calcaires argileux
plus ou moins phosphatés.
Le Paléocène montre essentiellement des grès et des argiles à gypse qui contiennent des
characées, des ostracodes lisses et dents de poissons.
La série se continue par des calcaires massifs néritiques (calcaires de Bekrit-Timahdit) très
riches en fossiles (bivalves, petits gastéropodes, foraminifères, algues vertes, bryozoaires,
échinodermes, crabes). Les bivalves indiquent l’Eocène inférieur à moyen. Ceci permet la corrélation
de ces calcaires aux calcaires à thersités dans le plateau des phosphates.
Ensuite, on a des dépôts, probablement, lagunaires à fluviatiles. Il s’agit de marnes à gypse, de
calcaires à silexites et enfin des dépôts conglomératiques (Aïn Nokra, J. Hayane, Feldi) qu’on rapporte
à l’Oligocène.
A la même époque, A Bechar et à Ouarzazate, on a des calcaires lacustres à cératodes

D- THEORIE DE FORMATION DES PHOSPHATES

Hypothèse chimique : Les dépôts phosphatés correspondent à des milieux de plate-forme


externe avec une bathymétrie de quelques centaines de mètres. Des courants marins et froids arrivent
du large. Ces courants, appelés upwelling, sont riches en ions chimiques. La différence de la
température entre les deux eaux favorise la précipitation des phosphates.

Hypothèse biologique : Sur le plateau des phosphates, la série phosphatée contient de


nombreux niveaux riches en matière organique. Il semble que les organismes vivants sur la plate-
forme externe, qui est un milieu oxydant, ont contribué à la formation de ces phosphates. En effet, la
matière organique qui en résulte est détruite par oxydation « ménagée » ou par oxydation bactérienne.
Le phosphore est libéré. Il y a formation de l’apatite et des niveaux phosphatés.

Il est très vraisemblable que les deux hypothèses se complètent. Les courants d’upwelling
riches en éléments chimiques nutritifs favorisent une grande activité biologique. Il s’agit alors de
mécanismes biochimiques.

En milieu subsident et réducteur, à fond stable (cas de Timahdite), la matière organique est
conservée et prédomine dans les schistes bitumineux.

28
Chapitre 7
LE NEOGENE

A- GENERALITES

Le Néogène constitue la partie supérieure du Tertiaire. Il débute à 25 MA et finit vers 1,8 MA,
l’époque à laquelle commence le Quaternaire. Le Néogène est constitué de deux époques qui sont le
Miocène et le Pliocène.
Le Néogène est une période très importante dans l’histoire géologique alpine. En effet, c’est
au cours de cette époque que se sont survenues les principales phases orogéniques alpines qui sont en
grande partie à l’origine des reliefs actuels.

B- GRANDS TRAITS DE L’EVOLUTION SEDIMENTAIRE

1- le Miocène inférieur
Il y a continuité de la sédimentation continentale à l’exception du petit golfe d’Agadir
(fig.6.1).
Au SE du Maroc, dans les Hamada de Boudenib, on a des dépôts qui sont surtout lacustres et
parfois silicifiés surmontant d’autres de nature fluviatile. Ces dépôts lacustres constituent les Hamada
moyennes.
Dans la Moyenne Moulouya, on a des couches rouges à gypse qui sont surmontées par une
intercalation de calcaires lacustres à silex et de niveaux argileux avec prédominance des
montmorillonites (le ghassoul) qui font partie des smectites.
Dans les Hauts-Plateaux, on a des calcaires lacustres renfermant (Ostracodes et Characées).

Fig.7.1- Paléogéographie du domaine atlasique au Miocène inférieur.

29
2- le Miocène moyen-supérieur et Pliocène inférieur
a-domaine continental

Il y a continuité de la sédimentation continentale notamment dans :


• les Hauts-Plateaux ;
• SE du Maroc ;
• régions de Tarfaya, Boujdour, Laayoune ;
• les bassins subatlasiques (sillon pré-africain de Ouarzazate, bassin de Souss, plaines de la Haute et
la Moyenne-Moulouya, plaine de Haouz et Tadla). Ces bassins subatlasiques sont remplis par des
molasses qui résultent de l’érosion des deux chaînes atlasiques qui subissent, à cette époque, plusieurs
déformations importantes.

b-domaine marin
Il correspond au sillon sud-rifain et aux petits golfes atlantiques (El Jadida, Casa et Agadir).
L’apparition du sillon sud-rifain (fig.6.2) a lieu au début du Miocène supérieur. Au niveau de
ce sillon, le Miocène marin est transgressif et discordant, au Nord, sur les rides sud-rifaines et, au Sud,
sur la bordure septentrionale du Moyen-Atlas.

Fig.7.2- Paléogéographie du domaine atlasique au Miocène supérieur.

La série type du sillon sud-rifaine montre de bas en haut :

• une formation molassique qui peut atteindre 40m d’épaisseur. Elle montre des pectinidés et des
oursins (clypeaster). Elle montre aussi des calcaires bioclastiques à intraclastes plus ou moins gréseux.
Le faciès indique un milieu intertidal à haute énergie avec des apports détritiques notables.
Latéralement, sur les bordures du sillon sud-rifain, on a des calcaires récifaux à porites (Bhalil, Aït
Youb, El Ouata…) et des calcarénites à hétérostégines (Oued Lihoudi à Aïn Louali, Aïoun Snam)
• formation marneuse hémipélagique avec parfois intercalation de grès. Il s’agit de la formation des
marnes bleues de Fès. Elle montre une faune constituée essentiellement de foraminifères pélagiques
(globorotalia). Son épaisseur est de quelques centaines de mètres à 2 000m. Sur la bordure méridionale
du sillon sud-rifain, les marnes de Fès passent latéralement à la formation des silts ocres de Sefrou.

30
Dans le Rif externe, le complexe prérifaine (olistostrome) s’écoule depuis le Nord et
s’interstratifie dans ces marnes. Ceci est clairement observable entre Fès et Oued Ouargha.
La mer du Miocène supérieur, qui a envahi le sillon sud-rifain, a formé un golfe qui pénètre à
l’intérieur du Moyen-Atlas plissé jusqu’au bassin de Skoura. Ce secteur montre des dépôts à faciès
moins profond que celui du couloir sud-rifain.

Fig.7.3- Paléogéographie du domaine atlasique au Pliocène inférieur.

Au Messinien-Pliocène inférieur, le secteur oriental du sillon sud-rifain a connu une régression


définitive de la Méditerranée vers le NE (fig.6.3). Cette régression s’est traduite par des dépôts
lacustres et lagunaires riches en sel. La mer a persisté en quelques points près de l’actuelle
Méditerranée. Cette régression doit être liée à la fermeture du détroit de Gibraltar. En ce qui est de la
partie occidentale du bassin sud-rifain, qui correspond à la région du Gharb, la sédimentation marine
se continue au Messinien jusqu’au Pliocène inférieur avec un passage latéral à des dépôts
continentaux. Ces derniers sont de nature fluviatile (formation des grès fauves de Meknès).

31
Fig.7.4- Paléogéographie du domaine atlasique au Pliocène supérieur.

2- Pliocène supérieur et Quaternaire


Au Pliocène supérieur, la mer se retire définitivement du sillon sud-rifain, seuls subsistent des
milieux lacustres, notamment dans les régions suivantes : Meknès-Fès, l’Anti-Atlas, et les Hamada au
Sud de Bechar.
Au Quaternaire (fig.7.5), il y a continuité du comblement des bassins subatlasiques qui a
débuté depuis le Paléogène.

Fig.7.5- Paléogéographie du domaine atlasique au Quaternaire (Moghrébien).

32
Chapitre 8
EVOLUTION GEODYNAMIQUE DES ATLAS

L’évolution du domaine atlasique est une conséquence directe de la cinématique de


l’Atlantique central et de la convergence en Méditerranée occidentale. Cette évolution a été largement
contrôlée par la réactivation des accidents hérités de l’orogenèse hercynienne et tardi-hercynienne. Au
cours de cette évolution sept principales étapes géodynamiques ont été distinguées.

A- ETAPE I : TRIAS - BASE DU LIAS : REVOLUTION TRIASIQUE

En forte discordance angulaire sur les terrains hercyniens, se sont déposés des sédiments
détritiques grossiers qui sont surmontés par des argiles gypso-salifères encadrant des basaltes
doléritiques. Le dépôt de ces argiles et la mise en place des basaltes sont liés à une paléogéographie
continentale, lacustre ou lagunaire fluctuante.

L’ouverture des bassins triasique est le résultat d’une réactivation en régime distensif de
chevauchements hercyniens en failles normales (fig.8.1).

A l’échelle des Atlas, les sédiments ainsi que les basaltes qu’ils encadrent montrent des
transformations minéralogiques qui sont liées à un métamorphisme thermique. Cet épisode thermique
ne s’est accompagné d’aucune compression régionale car les minéraux néoformés ne montrent pas
d’orientation préférentielle. Les niveaux sus-jacents du Lias et du Dogger sont exempts de trace d’un
tel flux thermique. Ceci souligne l’importance du flux thermique au cours de l’extension triasique.

L’ensemble de tous les critères sédimentaires, structuraux, magmatiques et métamorphiques


enregistrent au Trias-Lias basal les premiers stades de rifting de l’Atlantique central dans un régime
distensif pur dont la direction d’extension est NW-SE. Au niveau du domaine atlasique, cette étape de
rifting continental est avortée, à la différence du domaine atlantique, à l’Ouest de la Meseta et du
Haut-Atlas occidental, qui évolue vers le rifting océanique.

33
Fig.8.1- Différents stades du rifting atlasique.

B- ETAPE II : LIAS INFERIEUR ET MOYEN : DEVELOPPEMENT DE LA PLATE


FORME-CARBONATEE

En continuité sédimentaire sur les argiles fini-triasiques, et par passage progressif de faciès, se
déposent des formations de plate-forme carbonatée (fig.4.3 et fig.8.2). Ces sédiments traduisent
l’évolution d’un milieu supratidal à une plate-forme distale. Par rapport au Trias-Lias basal, le Lias
inférieur et moyen est une période de stabilité relative. Néanmoins, à partir du Lotharingien, la plate-
forme subit une dislocation qui s’intensifie au cours du Lias moyen, notamment au Domérien. Cette
mobilité correspondrait à une phase de la détumescence thermique post-rift qui fait suite à la phase
syn-rift du Trias-base du Lias et ce dans un régime d’extension orienté NE-SW.

34
Fig.8.2- Principales étapes géodynamiques du domaine atlasique (sabaoui,1998).

35
C- ETAPE III : TOARCIEN-CRETACE INFERIEUR : INSTALLATION DES SILLONS
ATLASIQUES

A la fin du Domérien-début Toarcien (fig.8.2), la mobilité qui a débuté au Lotharingien atteint


son paroxysme. Cette activité est responsable de la fragmentation de la plate-forme atlasique. Il y a
individualisation de domaines relativement stables, qui évoluent en tant que hauts-fonds (les blocs
mesetiens et le Causse), et de zones relativement profondes et subsidentes qui sont les sillons
atlasiques (Moyen et Haut-Atlas). Les fossés du Moyen et du Haut-Atlas s’organisent en une
succession de dépocentres à série épaisse, délimités par des rides anticlinales actives. Cette étape est
marquée par l’installation, le comblement et la sénescence des bassins atlasiques.

Fig.8.3- Notion de relais

Les bassins atlasiques (Haut et le Moyen-Atlas) correspondent à de multiples relais extensifs


sur décrochements senestres (fig.8.6).

Fig.8.4- Discordances progressives liées aux jeux de failles synsédimentaires


(Arthaud et al, 1977).

36
Un relais (fig.8.3) désigne la zone située entre deux décrochements en échelon. Il est défini en
terme de recouvrement, qui peut être positif ou négatif, et de séparation.

Fig.8.5- Répartition de la déformation aux extrémités des décrochements (Rispoli,1981).

La déformation liée aux jeux de failles synsédimentaires (fig.8.4) est d’autant plus forte que
les couches sont anciennes. L’analyse de ces déformations qui se manifestent par différents types de
structures permet de reconnaître la nature du jeu qui peut être décrochant à composante verticale. Par
exemple, à la terminaison d’une faille décrochante, nous avons d’un côté des structures en extension et
de l’autre côté des structures en compression. Les roches subvolcaniques, dans le Haut-Atlas central,
se localisent à l’extrémité distensive du décrochement ou dans un relais extensif (fig.8.5).

Fig.8.6- Modèle structural du Moyen Atlas du Toarcien eu Bajocien (Sabaoui,1998).

37
Fig.8.6- Modèle structural du Haut Atlas du Toarcien eu Bajocien (Laville,1985).

D- ETAPE IV : CRETACE SUPERIEUR - FIN MIOCENE MOYEN : PHASE


TECTOROGENIQUE MAJEURE
Après ces différentes phases de la différenciation, de l’installation et du comblement arrive la
tectogenèse des chaînes. Cette structuration ébauchée au Jurassique et au Crétacé inférieur devient
effective à partir de Crétacé supérieur. Cette phase majeure s’est déroulée du Crétacé supérieur au
Miocène moyen dans un régime compressif. Elle a connu son paroxysme entre la fin de l’Eocène et la
fin du Miocène moyen. Elle est marquée par une discordance angulaire et générale du Miocène
supérieur sur les terrains antérieurs. Cette tectonique anté-Miocène supérieur s’est manifesté
différemment dans le substratum et la couverture.

1-Tectonique de substratum :
Le substratum est constitué d’un matériel rigide (Précambrien) à semi-rigide (Paléozoïque). Il
se déforme de façon cassante. Ainsi, dans le massif ancien haut-atlasique, la compression atlasique se
manifeste essentiellement par une tectonique de blocs délimités par des failles inverses et décrochantes
(fig.2.3).

38
2-Tectonique de couverture :
Cette tectonique est à l’origine de la mise en forme des structures que l’on observe
actuellement bien qu’elles soient accentuées ultérieurement au cours du Plio-Quaternaire. Cette
tectonique est responsable de (fig.2.2 et fig.2.4) :
• reprise et l’accentuation des plis le long des rides anticlinales qui ont commencé à se former
depuis la fin du Domérien ;
• jeu de failles inverses et chevauchantes le long des rides et surtout sur les bordures N et S du Haut-
Atlas ;
• décollement de la couverture d’avec son substratum paléozoïque au niveau des argiles rouges
incompétentes du Trias.

E- ETAPE V : MIOCENE SUPERIEUR : EXTENSION AU NORD DU DOMAINE ATLASIQUE


Cette période montre une fracturation dans un régime extensif qui a permis des remontées
volcaniques ponctuelles et a conditionné la sédimentation. Cette tectonique extensive est importante le
long du couloir sud-rifain et dans la partie septentrionale du Moyen-Atlas notamment dans le secteur
de Skoura.

F- ETAPE VI : PLIOCENE INF : PERIODE DE REMOBILISATION TECTOROGENIQUE


La phase du Pliocène inférieur est considérée comme une période de remobilisation
tectorogénique qui est à l’origine de l’accentuation à la fois des structures et du soulèvement des rides
et des reliefs. Elle est marquée par une discordance angulaire de 20° des poudingues de Skoura, d’âge
pliocène inférieur à moyen, sur les formations miocènes. Cette phase est accompagnée d’un rejeu des
principales lignes structurales et de la reprise de la déformation tangentielle. Cependant, il est à noter
que cette étape revêt relativement moins d’importance que la phase anté-Miocène supérieur.

F- ETAPE VII : MANIFESTATION NEOTECTONIQUE ET CONTINUITE DU SOULEVEMENT


OROGENIQUE : PLIOCENE MOYEN - SUPERIEUR ET QUATERNAIRE
Cette période est caractérisée par la continuité du régime de raccourcissement marqué par une
activité tectonique, magmatique, et sismique. L’activité néotectonique est bien manifestée au niveau
de certaines lignes structurales. L’effet de l’équilibre isostatique contribue aussi au soulèvement des
chaînes atlasiques.

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