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1. La suite de Fibonacci.
2. Le nombre d’or, rectangles et spirales.
3. Formule de Moivre et applications.
4. Interprétations combinatoires.
5. Propriétés arithmétiques.
6. Propriétés algébriques.
7. Série génératrice.
8. Suites associées.
9. Polynômes ou q-nombres de Fibonacci.
10. Propriétés optimales.
ϕ] des entiers du nombre d’or.
11. L’anneau Z[ϕ
12. Numération fibonaccienne de Zeckendorf.
13. Suite de Fibonacci universelle.
14. Suite de Fibonacci aléatoire.
15. Le nombre d’or en géométrie.
16. Le nombre d’or en analyse.
17. Le nombre d’or en analyse p-adique.
18. Nombres de Fibonacci et nombre d’or dans la nature.
… Poèmes fibonacciens et autres friandises …
A Jean-Marc Lapierre, dit Billy
Pierre-Jean Hormière
__________
« Puiser une eau nouvelle dans les puits anciens… »
Frédéric II de Hohenstaufen
Introduction
0 , 1 , 1 , 2 , 3 , 5 , 8 , 13 , 21 , 34 , 55 , 89 , 144 , 233 , 377 , 610 , 987 , …
Cette suite d’entiers naturels, appelée « suite de Fibonacci », est l’une des plus célèbres suites
d’entiers naturels. Elle porte le nom du mathématicien italien Leonardo Bonacci, dit Bigollo, dit
Fibonacci (ca 1175 - 1250), qui l’a introduite en 1202 dans son Liber Abaci, mais elle avait été
considérée bien plus tôt, par le mathématicien indien Pingala (environ 200 av J.-C.). Elle a pour
premiers termes 0 et 1, ensuite chacun de ses termes est la somme des deux précédents. Comme
l’observe très justement Edouard Lucas, qui l’a longuement étudiée, la suite de Fibonacci est le
premier exemple connu de suite récurrente : ses termes ne sont pas définis par une formule, mais par
un processus, un algorithme. C’est pourquoi elle a joué un rôle fondateur dans l’histoire des
mathématiques. Elle est répertoriée sous le numéro A000045 dans l’Encyclopedia On line of Integer
Sequences (en abrégé OEIS), encyclopédie des suites d’entiers mise en ligne en 1995 par le
mathématicien Neil Sloane.
Une autre suite d’entiers :
2 , 1 , 3 , 4 , 7 , 11 , 18 , 29 , 47 , 76 , 123 , 199 , 322 , 521 , 843 , …
1
dite « suite de Lucas », possède la même propriété : chaque terme est la somme des deux
précédents, mais, à la différence de la suite de Fibonacci, elle a pour premiers termes 2 et 1. Elle est
répertoriée sous le numéro A000032 dans l’OEIS.
n+2 n+1 n
Fibonacci : λ =λ +λ .
ème
Au début du 17 siècle, Johann Kepler et Albert Girard ont affirmé que les quotients de deux
nombres de Fibonacci consécutifs tendent vers le nombre d’or ϕ (en anglais : golden ratio).
Ces suites et ces nombres ont été maintes fois étudiés depuis le 13ème siècle. On les rencontre en
effet dans de nombreux problèmes arithmétiques, combinatoires, géométriques, et même dans la
nature, Johan Kepler ayant remarqué dès 1611 leur intervention en phyllotaxie (mode de croissance
de certains végétaux). Dans ce chapitre, nous allons étudier quelques-uns de ces problèmes. Par
extension, les mathématiciens ont donné le nom de Fibonacci à des objets liés à la suite éponyme :
des suites de polynômes, de matrices, de mots, ainsi que des figures géométriques, rectangles et
spirales... Sujet rebattu, mais d’une grande richesse : c’est à une promenade mathématique à travers
l’algèbre, l’analyse et la géométrie que le lecteur est convié.
Chaque paragraphe a sa cohérence interne (cela entraîne quelques redites), mais certains sont plus
difficiles, abstraits ou savants que d’autres. Puisse chacun y trouver son compte. Chacun ? Voire…
Cette étude s’adresse à des lecteurs candides, naïfs adeptes des mathématiques dites « pures ».
Qu’ils ne s’attendent pas à trouver ici des considérations sur « comment trader avec les niveaux de
Fibonacci », « retracement de Fibonacci en trading », etc. Je suppose que, lorsqu’ils ont appris qu’il
y avait un « nombre d’or », les spéculateurs de tout poil ont pris le mot au pied de la lettre et se sont
dit : « Y’a du pognon à s’faire ! ». Le « golden boy » compte sur le « golden ratio » pour se faire des
« golden balls ». Comme a dit un grand ponte toulousain bardé de certitudes et de décorations, après
s’être targué de ne maîtriser que la règle de trois : « L’économie est une science exacte ! ». Exacte au
service de qui et de quoi, that is the question, mais laissons-là ces polichinelles et revenons aux
héros de cette saga : Pythagore, Euclide, Pingala, Fibonacci, Dürer, Kepler, Girard (un parpaillot !),
Cassini, de Moivre (itou !), Dirichlet, Lamé, Dzierzon (un prêtre polonais excommunié !), Lucas,
Wythoff, Beatty, Zeckendorf (un militaire belge !), Wall, Julia Robinson (juste ciel, une femme !),
Jones, sans oublier les incontournables Lewis Carroll et Ramanujan…
2
Fils de Guglielmo Bonacci, marchand et notaire de la république maritime de Pise, Leonardo est
né vers 1175, au moment de l’érection de la fameuse tour1. C’est au retour de ses voyages à Bougie,
en Afrique du Nord, et tout autour de la Méditerranée, qu’il publie, en 1202, son premier livre, un
Traité de calcul, ou Liber abaci, dans lequel il introduit en Occident les chiffres indo-arabes, les
jugeant plus pratiques que les chiffres romains. Ce livre commence par ce récit :
« Nommé scribe public et établi par sa patrie à la direction de la douane de Bougie pour défendre
les intérêts des marchands pisans qui y affluaient, mon père, ayant compris l’usage et la commodité
que j’en tirerais plus tard, me fit venir, encore enfant, auprès de lui, et pendant quelques jours me
fit demeurer là à apprendre l’abaque. Lorsque, par un enseignement admirable, je fus introduit
dans l’art [du calcul] par les neuf chiffres indiens…
Les neuf chiffres indiens sont les suivants :
987654321
C’est pourquoi, avec ces neuf chiffres, et avec ce signe 0, qui s’appelle zephirum en arabe, on
écrit tous les nombres qu’on veut. »
Un mathématicien capable d’inscrire son travail dans l’espace et le temps ne peut être qu’un grand
esprit ! Ah, que j’aurais aimé assister à l’entrevue de Fibonacci et de Frédéric II, à Pise, en juillet
1226 ! 2
Merci à mon ami Jean-Pierre Jouvinroux pour sa patiente relecture.
1. La suite de Fibonacci.
1.1. Définition.
Théorème et définition : Il existe une unique suite (Fn)n∈N d’entiers naturels satisfaisant aux
conditions : F0 = 0 , F1 = 1 , ∀n ∈ N Fn+2 = Fn+1 + Fn .
On la nomme suite de Fibonacci. Les entiers figurant dans cette suite sont appelés nombres de
Fibonacci 3.
Cette suite est croissante, et même strictement croissante pour n ≥ 2.
Il en résulte que Fn ≥ n – 1 pour n ≥ 2. Mais cette minoration est grossière, car l’écart entre deux
nombres de Fibonacci consécutifs tend lui aussi vers l’infini, en vertu de Fn+1 − Fn = Fn−1. Nous
reviendrons sur ce sujet au § 3.
Introduisons dès maintenant une suite voisine de la suite de Fibonacci, la suite de Lucas.
Théorème et définition : Il existe une unique suite (Ln)n∈N d’entiers naturels satisfaisant aux
conditions : L0 = 2 , L1 = 1 , ∀n ∈ N Ln+2 = Ln+1 + Ln .
On la nomme suite de Lucas.
1.2. Programmation.
La suite (Fn) est préprogrammée par Maple, dans le package « combinat », mais on peut la
programmer « à la main », soit par une récurrence simple, soit par un appel récursif, mais il faut
alors faire appel à l’option « remember » pour éviter de recalculer plusieurs fois le même nombre.
> with(combinat);
> fibonacci(6);
1 La construction de la tour débuta le 9 août 1173. En 1178, les trois premiers étages sont construits, mais la
construction est interrompue car la tour penche déjà. La construction des étages supérieurs, au dessin corrigé,
s’échelonnera entre 1272 et 1372.
2 Cette rencontre est évoquée par Ernst Kantorowicz, bien sûr, mais anssi par l’excellent Pierre Boulle, qui en
fait un récit vivant et vibrant dans son petit livre L’étrange croisade de l’empereur Frédéric II.
3 Terminologie due à Edouard Lucas (1842-1891).
3
8
> [seq(fibonacci(n),n=0..25)];
[ 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144 , 233, 377, 610 , 987 , 1597 , 2584 , 4181 , 6765 ,
10946 , 17711 , 28657 , 46368 , 75025 ]
> fibo:=proc(n)
> local k,L,a,b,c;a:=0;b:=1;
> if n=0 then L:=[a];elif n=1 then L:=[a,b];
> else L:=[a,b];for k from 2 to n do
c:=a+b;a:=b;b:=c;L:=[op(L),c];od;fi;print(L);end;
> fibo(20);
[ 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144 , 233 , 377 , 610 , 987, 1597 , 2584 , 4181 , 6765 ]
> f:=proc(n)
> option remember;
> if n=0 then 0 elif n=1 then 1
> else f(n-2)+f(n-1);fi;end;
> f(6);
8
> [seq(f(n),n=0..25)];
[ 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144 , 233, 377, 610 , 987 , 1597 , 2584 , 4181 , 6765 ,
10946 , 17711 , 28657 , 46368 , 75025 ]
Nous verrons dans la suite d’autres algorithmes de programmation, sans chercher à épuiser le sujet.
Remarque : Si l’on oublie de faire appel à l’option « remember » dans l’appel récursif, combien de
calculs doit-on faire ? Notons Cn le nombre d’opérations nécessaires pour calculer Fn.
On a C0 = C1 = 0 car F0 et F1 sont donnés ; puis Cn+2 = Cn+1 + Cn + 1 (une addition).
Du coup Cn+2 + 1 = Cn+1 + 1 + Cn + 1, et, par récurrence, Cn = Fn+1 – 1.
Le temps de calcul de Fn est supérieur à Fn ! Et pour cause, on calcule deux fois Fn−2, etc. Mieux
vaut alors programmer une simple récurrence en n additions.
1.3. Prolongement à Z.
Si on l’applique aux entiers négatifs, la formule Fn+2 = Fn+1 + Fn, qui s’écrit aussi Fn = Fn+2 − Fn+1
permet de calculer rétroactivement de proche en proche les Fn pour n < 0 :
… , − 55 , 34 , − 21 , 13 , − 8 , 5 , − 3 , 2 , − 1 , 1 , 0 , 1 , 1 , 2 , 3 , 5 , 8 , 13 , 21 , 34 , 55 , …
Théorème et définition : Il existe une unique suite (Fn)n∈Z d’entiers relatifs satisfaisant aux
conditions : F0 = 0 , F1 = 1 , ∀n ∈ Z Fn+2 = Fn+1 + Fn .
n+1
On la nomme Z-suite de Fibonacci. Elle vérifie ∀n ∈ Z F−n = (−1) .Fn .
Preuve : Le prolongement à Z se montre par récurrence descendante.
F−1 = F1 − F0 = 1, et, si l’on connaît Fn+2 et Fn+1 , on connaît Fn = Fn+2 − Fn+1 .
n+1
Démontrons que ∀n ∈ N F−n = (−1) .Fn par récurrence double.
C’est vrai pour n = 0 et 1. Si c’est vrai aux rangs n et n + 1, alors
n+1 n+2 n+3 n+3
F−(n+2) = F−n − F−n−1 = (−1) .Fn − (−1) .Fn+1 = (−1) .( Fn + Fn+1 ) = (−1) .Fn+2 .
Théorème et définition : Il existe une unique suite (Ln)n∈Z d’entiers relatifs satisfaisant aux
conditions : L0 = 2 , L1 = 1 , ∀n ∈ Z Ln+2 = Ln+1 + Ln .
n
On la nomme Z-suite de Lucas. Elle vérifie ∀n ∈ Z L−n = (−1) .Ln .
4
Matriciellement, la suite de Fibonacci vérifie
[ FF1 ] = [ 10 ] et [ FFn+2 ] = 1 1 [ Fn+1 ] .
0 n+1 1 0 Fn
Corollaire 1 : ∀n ∈ Z 1 1 n = Fn+1 Fn .
1 0 Fn Fn−1
n
Preuve : La proposition précédente fournit la première colonne de A .
0 ] = A .A .[ 1 ] = A −1 Fn
.[ 1
n n n−1
La deuxième colonne est A .[ 1 0 0]=[ ].
Fn−1
Corollaire 2 : formules de J.-D. Cassini (1680 )
2 n 2 2 n
∀n ∈ Z Fn+1.Fn−1 – Fn = (−1) ∀n ∈ Z Fn+1 − Fn+1.Fn – Fn = (−1)
Preuve : La deuxième formule se déduit aussitôt de la première.
Une récurrence est possible, mais mieux vaut passer au déterminant dans le corollaire précédent.
Fn + 5Fn +4(−1)n
2
5Fn +4(−1)n ∈ N.
2
Corollaire 4 : ∀n ∈ N Fn+1 = et
2
2 2 n
Preuve : Reprenons la formule de Cassini ∀n ∈ N Fn+1 − Fn+1.Fn – Fn − (−1) = 0.
Il suffit de résoudre cette équation du second degré d’inconnue Fn+1.
5Fn +4(−1)n = 2 Fn+1 – Fn est bien un naturel.
2
De plus
Remarque : cette formule a pour seul intérêt de donner une relation de récurrence à un terme de (Fn),
relation non linéaire, compliquée et peu commode.
Proposition 2 : ∀(m, n) ∈ Z×Z Fm+n = Fm+1.Fn + Fm.Fn−1.
Preuve : On peut fixer m et faire une récurrence sur n, mais le plus simple est d’écrire que
m+n m n
A = A .A .
Fm+n+1 Fm+ n = Fm+1 Fm Fn+1 Fn
Fm+ n Fm+ n−1 Fm Fm−1 Fn Fn−1
Il suffit alors d’identifier le terme situé sur la 1ère ligne 2ème colonne.
Remarque : voici une autre démonstration de la proposition 2.
Exercice 1 : On se place dans Q[X].
n 2
1) Démontrer que, pour tout n X ≡ Fn X + Fn−1 ( mod X – X – 1 )
2) On note T l’opérateur de décalage, qui à la suite x = (xn) associe la suite T(x) = (xn+1).
2
Quelle est l’image par T – T – I de la suite de Fibonacci ?
En déduire ∀(m, n) ∈ Z×Z Fm+n = Fm+1.Fn + Fm.Fn−1.
5
+∞
∑a .X
2
3) Soit P(X) = k
k ∈ Q[X]. Quel est le reste de la division de P(X) par X – X – 1 ?
k =0
2
En déduire une cns de divisibilité de P(X) par X – X – 1.
4) En déduire ∀n ∈ Z Fn+10 = 11.Fn+5 + Fn.
n n
Exercice 2 : Démontrer que pour tout n ≥ 0, F2n = ∑C .F
k =0
k
n k et F2n+1 = ∑C .F
k =0
k
n k +1 .
Exercice 3 : Soit An,p = (Fi+j−2)1≤i≤n,1≤j≤p. ∈ MR(n, p). Quel est le rang de An,p ? Trouver son
image, son noyau.
Exercice 4 : Calculer les déterminants tridiagonaux d’ordre n suivants :
1 −1 0 ... 0 2 −1 0 ... 0
1 1 −1 ... ... −1 1 −1 ... ...
0 1 1 .... 0 , 0 1 1 .... 0 .
... ... ... ... −1 ... ... ... ... −1
0 ... 0 1 1 0 ... 0 1 1
Exercice 5 : Calculer les déterminants des matrices ( Fi+j−2 )1≤i,j≤n et ( F|i – j| )1≤i,j≤n .
6
> a:=plot([x/phi,x/phi1],x=-3..10,y=-5..5,color=black):
h1:=implicitplot(x^2-x*y-y^2=1,x=-3..10,y=-5..10,color=green,
thickness=2,numpoints=2000):
h2:=implicitplot(x^2-x*y-y^2=-1,x=-3..10,y=-5..10,color=blue,
thickness=2,numpoints=2000):
r:=n->display({plot([x,fibonacci(n),x=0..fibonacci(n+1)]),
plot([fibonacci(n+1),y,y=0..fibonacci(n)])}):
R:=display([seq(r(n),n=1..5)]):
display({a,h1,h2,R},axes=normal);
Théorème : La suite (
Fn+1 ) tend vers le nombre d’or ϕ, les deux suites ( F2n+1 ) et ( F2n ) étant
Fn F2n F2n−1
adjacentes.
Nous allons donner deux preuves de cet important résultat ; nous en verrons d’autres par la suite.
2 (−1)n 2
Variante : Soustrayons qn − qn − 1 = et ϕ − ϕ − 1 = 0.
Fn2
(−1)n
Il vient : qn − ϕ = , donc | qn − ϕ | = 2 1 ≤ 1 .
Fn2.(qn +ϕ −1) Fn .(qn +ϕ −1) Fn2
Deuxième preuve, sans recours à la formule de Cassini :
Notons que q1 = 1 , qn+1 = 1 + 1 = f(qn), où f(x) = 1 + 1 . Suite récurrente classique !
qn x
Comme f(]0, ϕ[) = ]ϕ, +∞[ et f(]ϕ, +∞[) = ]1, ϕ[, on a ∀m ≥ 0 1 ≤ q2m+1 < ϕ < q2m .
7
Comme ( f o f )(x) – x = − x²− x+1 , ( f o f )(x) – x est du signe de ϕ − x sur R+.
x+1
Donc on a 1 ≤ q2m+1 < q2m+3 < ϕ < q2m+2 < q2m .
La suite (q2m+1), croissante majorée par ϕ, tend vers un réel α, point fixe > 0 de f o f : c’est ϕ.
La suite (q2m), décroissante minorée par ϕ, tend vers un réel β, point fixe > 0 de f o f : c’est ϕ.
Ainsi les deux suites (q2m+1) et (q2m) sont adjacentes de limite ϕ.
> with(plots):
> f:=x->1+1/x;p:=plot(f(x),x=0..4,0..4,thickness=2,color=red):
q:=plot([1,x],x=0..4,color=black):v:=plot([1,y,y=0..2],color=blue):
> a:=1:b:=0:L:=[]:for n from 0 to 6 do
L:=[op(L),[a,f(a)],[f(a),f(a)]];a:=f(a):od:
G:=listplot(L,color=blue):display({p,q,v,G},axes=normal);
Comme | f’(x) | ≤ 4 sur [q3, +∞[ , f est contractante sur cette demi-droite et la convergence est
9
géométrique.
8
Si j’en crois E. Lucas 4, c’est Albert Girard qui a le premier trouvé la limite du quotient Fn+1 / Fn ,
dans la dernière annotation des livres V et VI de l’Arithmétique de Diophante 5. Selon d’autres
sources, ce résultat aurait été trouvé plus tôt, par Johannes Kepler, en mai 1608. Kepler ou Girard
ont-ils vraiment démontré ce résultat ? En analyse, les démonstrations rigoureuses sont venues
longtemps après les énoncés.
Remarque : Considérons plus généralement les suites récurrentes homographiques
z0 ∈ C , zn+1 = 1 + 1 .
zn
Pour éviter les problèmes de définition, mieux vaut compléter le plan C par un point à l’infini ∞ et
poser z0 ∈ C, zn+1 = f(zn), où f(z) = 1 + 1 pour z ≠ 0 , f(0) = ∞ et f(∞) = 1.
z
h devient alors une bijection du plan complété C ∪ {∞} dans lui-même.
L’orbite de 0 sous l’action de f et de ses itérées est
F
… , − Fn = F−n , …, − 2 , − 1 , −1 , 0 , ∞ , 1 , 2 , 3 , 5 , 8 , …, n+1 , …
Fn+1 F−n−1 3 2 2 3 5 Fn
En utilisant la correspondance matrices-homographies (voir chapitre sur les nombres complexes),
F F F z + Fn .
zn = .z0 = n+1 n .z0 = n+1 0
11 n
1 0 Fn Fn−1 Fn z0 + Fn−1
n
Il est facile de voir que si n ≠ 0 l’homographie f n’a pas d’autres points fixes que ϕ et ϕ’.
Si z0 ≠ ϕ’ , la suite (zn) tend vers ϕ quand n → +∞ ; si z0 = ϕ’ , elle est constante.
Ainsi ϕ est un point fixe attractif, ϕ’ un point fixe répulsif.
Lorsque n → −∞, c’est le contraire qui se passe.
f(z)−ϕ ϕ' z −ϕ zn −ϕ ϕ' n z −ϕ .
Cela découle aussi de = , qui implique par récurrence =( ) . 0
f(z)−ϕ' ϕ z −ϕ' zn −ϕ' ϕ z0 −ϕ'
La session Maple ci-dessous montre bien ce phénomène en visualisant la suite (zk) pour –n ≤ k ≤ n.
> with(plots):
> F:=(x,y)->((x^2+y^2+x)/(x^2+y^2),-y/(x^2+y^2));
G:=(x,y)->((x-1)/(x^2+y^2-2*x+1),-y/(x^2+y^2-2*x+1));
> Iter:=proc(a,b,n)
> local L,k,P,Q;
> L:=[[a,b]];P:=(a,b);Q:=(a,b);
> for k from 1 to n do P:=F(P);Q:=G(Q);L:=[[Q],op(L),[P]];od;end;
> Pol:=(a,b,n)->listplot(Iter(a,b,n),color=COLOR(RGB, rand()/10^12,
rand()/10^12, rand()/10^12),thickness=2);
> display({Pol(1,1,5),Pol(2,1,5),Pol(2,-1,5),Pol(0,1,5),Pol(0,-1,5)});
9
Et, puisqu’on en est là, notons que les images sphériques de ϕ et ϕ’ sur la sphère de Riemann Σ sont
diamétralement opposées. La distance cordale de ϕ et ϕ’ est donc 2 :
2.ϕ −ϕ'
k(ϕ, ϕ’) = = 2.
(1+ϕ ²)(1+ϕ'² )
Quant à la médiatrice de (ϕ, ϕ’) pour la distance k, c’est le cercle d’Apollonios
2.z−ϕ 2.z−ϕ' 1+ϕ²
= ou | z – ϕ | = | z – ϕ’ | ou | z – ϕ | = ϕ | z – ϕ’ |
(1+ z ²)(1+ϕ ² ) (1+ z ²)(1+ϕ'² ) 1+ϕ'²
10
Le lecteur s’apercevra sans peine que ce paradoxe repose sur une interprétation légèrement erronée
2 n
de la formule de Cassini Fn+1.Fn−1 – Fn = (−1) . Perfide Albion !
Nous avons vu que la suite (Fn) est liée aux puissances de la matrice A = .
11
1 0
Etudions cette matrice avec les méthodes du cours d’algébre linéaire.
2
Cette matrice A a pour polynôme caractéristique det(A – X.I ) = X – X – 1 = ( X – ϕ )( X − ϕ’ ).
Elle a deux valeurs propres réelles distinctes, donc elle est diagonalisable dans M2(R).
Les vecteurs propres associés à ϕ et ϕ’ sont (ϕ, 1) et (ϕ’, 1) resp.
Ils sont orthogonaux ; cela n’est pas suprenant, car A est symétrique réelle.
Si P =
ϕ ϕ' , P−1.A.P = ϕ 0 . Par conséquent, P−1.An.P = ϕ n 0 et An = P. ϕ n 0 .P−1.
1 1 0 ϕ' 0 ϕ'n 0 ϕ'n
ϕ n −ϕ'n
De cela on déduit au passage la formule de Moivre Fn = , sur laquelle nous reviendrons.
5
Si l’on se place dans le repère propre uOv, le système dynamique discret linéaire Xn+1 = A.Xn
devient Un+1 =
ϕ 0 .U , i.e. u = ϕn.u , v = ϕ’n.v .
0 ϕ'
n n 0 n 0
n
Notons au passage que un.vn = (−1) u0.v0 , autrement dit on saute alternativement de l’hyperbole
u.v = u0.v0 à l’hyperbole u.v = − u0.v0.
n
L’axe v = 0 est appelé « variété instable », car lorsque v0 = 0, un = ϕ .u0 , vn = 0. Le point Un
s’éloigne à l’infini.
n
L’axe u = 0 est appelé « variété stable », car lorsque u0 = 0, un = 0, vn = ϕ’ .v0 . Le point Un tend en
colimaçon vers (0, 0).
Si U0 n’est sur aucun des axes, Un s’éloigne à l’infini, et tend vers l’asymptote v = 0.
Remarque : La matrice A est dilatante dans une direction propre, contractante dans une autre. On dit
que c’est une matrice « hyperbolique ».
> with(plots);
> phi:=(1+sqrt(5))/2:phi1:=(1-sqrt(5))/2:
> r:=(u,v)->listplot([seq([phi^k*u,phi1^k*v],k=-3..4)],color=maroon);
h:=k->plot(k/u,u=-3..3,v=-3..3,thickness=2):
> display({r(1/2,0),r(1/2,1/2),h(1/4),r(1/2,-1/2),h(-1/4),r(-1/2,-1/2),r(-
1/2,1/2)});
11
Itérations dans le repère propre de la matrice A
L’exercice suivant établit que les couples (Fn, Fn+1), où n décrit Z, forment un groupe monogène
engendré par le couple (F0, F1) pour une certaine loi.
12
Preuve : Evitons les récurrences et privilégions les preuves par télescopage :
F1 + F2 + … + Fn = ( F3 – F2 ) + ( F4 – F3 ) + … + ( Fn+2 – Fn+1 ) = Fn+2 – F2 = Fn+2 – 1.
F1 + F3 + … + F2n−1 = ( F2 – F0 ) + ( F4 – F2 ) + … + ( F2n – F2n−2 ) = F2n – F0 = F2n
(3) se déduit de (1) et (2). (4) et (5) se déduisent de (2) et (3). (6) unifie (4) et (5).
(7) découle de :
n n n n n n+1 n+2
∑Fk .xk ) = ∑Fk .xk − ∑Fk .xk +1 − ∑Fk .xk +2 = ∑Fk .xk − ∑Fk −1.xk − ∑Fk −2.xk
2
( 1 – x – x ).(
k =0 k =0 k =0 k =0 k =0 k =1 k =2
n
∑(F −F
2 n+1 n+2
= F0 + F1.x – F0.x + k − Fk −2).xk – ( Fn + Fn−1 ) x
k −1 – Fn.x
k =2
n+1 n+2
= x – Fn+1.x – Fn.x .
Notons que (1) et (6) découlent de (7) en faisant x = 1, puis x = − 1.
2 2 2 2
(8) se montre par récurrence : F1 = F1.F2 et, si F1 + F2 + … + Fn = Fn.Fn+1
2 2 2 2
alors F1 + … + Fn + Fn+1 = Fn.Fn+1 + Fn+1 = Fn+1.( Fn + Fn+1 ) = Fn+1.Fn+2 .
mais on peut aussi l’établir par télescopage :
2 2 2
F1 + F2 + … + Fn = F1 ( F2 – F0 ) + F2 ( F3 – F1 ) … + Fn ( Fn+1 − Fn−1 ) = Fn.Fn+1 − F1.F0
2 2 2
Preuve visuelle de la formule F1 + F2 + … + Fn = Fn.Fn+1
Cette preuve consiste à empiler des carrés Cn de côté Fn selon principe E-N (Est-Nord)de façon que
C1 = [0, 1]×[0, 1] R1 = [0, 1]×[0, 1]
C2 = [1, 2]×[0, 1] R2 = R1 ∪ C2 = [0, 2]×[0, 1]
C3 = [0, 2]×[1, 3] R3 = R2 ∪ C3 = [0, 2]×[0, 3]
C4 = [2, 5]×[0, 3] R4 = R3 ∪ C4 = [0, 5]×[0, 3]
C2k = [F2k−1, F2k+1]×[0, F2k] R2k = R2k−1 ∪ C2k = [0, F2k+1]×[0, F2k]
C2k+1 = [0, F2k+1]×[F2k, F2k+2] R2k+1 = R2k ∪ C2k+1 = [0, F2k+1]×[0, F2k+2].
L’aire du rectangle Rn est Fn+1×Fn. Elle est la somme des aires de C1, C2 , …, Cn .
La même figure montre géométriquement que Fn+1 et Fn sont premiers entre eux.
Exercice 9 : Démontrer que la somme de dix termes consécutifs de la suite de Fibonacci est égale à
11 fois le septième terme. Généraliser.
Solution : Il s’agit de vérifier que pour tout n ∈ N Fn+1 + Fn+2 + … + Fn+10 = 11.Fn+7.
Cela peut se vérifier de mille et mille façons.
Exercice 10 : Calculer les sommes :
13
F0 + F3 + … + F3n , F1 + F4 + … + F3n+1 , F2 + F5 + … + F3n+2 .
On trouvera resp.
F3n+2 −1 , F3n+3 et F3n+4 −1 .
2 2 2
7Moritz Abraham Stern (Francfort, 1807 – Zurich, 1894), mathématicien à Göttingen, et Louis Achille
Brocot (1817 – Boissy-Saint-Léger, 1878), horloger philomathe franc-comtois.
14
2.2. Le nombre d’or est irrationnel…
Construire à la régle et au compas 5 = 1²+2² , ϕ, ϕ’ et toutes leurs puissances est bien facile.
15
Construction à la règle et au compas de ϕ et 1/ϕ
ϕ
8 Réflexion de l’un d’eux, à son retour de Birnanie, en pleine pandémie, en février 2020 : « La Birmanie, c’est
beau. On a bien mangé ! ». Cette réflexion hautement métaphysique aurait pu faire un excellent sujet de philo
pour le bac 2020. Car il faut le savoir : le Touriste aime le Beau, le Bon et le Bien. Il aime le Beau ? Il préfère
les pagodes birmanes aux cohortes de rohingas misérables. Il aime le Bon ? Il préfère le tournedos Rossini cuit
à point au pangolin mal cuit. Le Bien ? Il ne doute pas que son argent financera les démocrates birmans… à
condition qu’il n’y ait pas de manifs pendant son séjour, car les manifs ça fait désordre ! Tristes tropiques !
16
2.5. Spirale de Fibonacci.
Nous allons décrire un pavage du plan, en forme de spirale, obtenu en juxtaposant des carrés de
côtés Fn, et une spirale obtenue en mettant bout à bout des quarts de cercles inscrits dans ces carrés.
On part du carré C1 = [0, 1]×[1, 2] de côté F1 = 1, et l’on construit d’abord une « spirale de carrés »
selon le principe S-E-N-O (Sud-Est-Nord-Ouest). On construit successivement :
♣ le carré C2 = [0, 1]×[0, 1] de côté F2 = 1 au Sud de C1.
et le quart de cercle de centre (1, 1) de rayon F2 = 1 inscrit dans ce carré.
♦le carré C3 = [1, 3]×[0, 2] de côté F3 = 2 à l’Est de R2 = C1 ∪ C2 = [0, 1]×[0, 2]
et le quart de cercle de centre (1, 2) de rayon F3 = 1 inscrit dans ce carré.
♥ le carré C4 = [0, 3]×[ 2, 5] de côté F4 = 3 au Nord de R3 = R2 ∪ C3 = [0, 3]×[0, 2]
et le quart de cercle de centre (0, 2) de rayon F4 = 3 inscrit dans ce carré.
♠ le carré C5 = [−5, 0]×[0, 5] de côté F5 = 5 à l’Ouest de R4 = R3 ∪ C4 = [0, 3]×[0, 5]
et le quart de cercle de centre (0, 0) de rayon F5 = 5 inscrit dans ce carré.
♣ le carré C6 = [−5, 3]×[−8, 0] de côté F6 = 8 au Sud de R5 = R4 ∪ C5 = [−5, 3]×[0, 5]
et le quart de cercle de centre (3, 0) de rayon F6 = 8 inscrit dans ce carré.
♦le carré C7 = [3, 16]×[−8, 5] de côté F7 = 13 à l’Est de R6 = R5 ∪ C6 = [–5, 3]×[−8, 5]
et le quart de cercle de centre (3, 5) de rayon F7 = 13 inscrit dans ce carré.
♥ le carré C8 = [–5, 16]×[5, 26] de côté F8 = 21 au Nord de R7 = R6 ∪ C7 = [–5, 16]×[−8, 5]
et le quart de cercle de centre (–5 , 5) de rayon F8 = 21 inscrit dans ce carré.
♠ le carré C9 = [−39, –5]×[−8, 26] de côté F9 = 34 à l’Ouest de R8 = R7 ∪ C8 = [–5, 16]×[−8, 26]
et le quart de cercle de centre (–5, –8) de rayon F9 = 34 inscrit dans ce carré.
17
2.6. Spirales d’or.
Rapportons le plan euclidien à des axes orthonormés Oxy, et introduisons le « rectangle d’or » de
longueur ϕ et de largeur 1, de sommets ABCD, où A(1/ϕ,0), B(1/ϕ, 1), C(−1, 1) et D(−1, 0).
Si F(0, 1/ϕ), les rectangles ABCD et BFOA sont semblables.
Les droites (AC) et (OB) se coupent à angle droit en un point Ω appelé « œil de Dieu » (que les
monothéistes ne crient pas au sacrilège, il s’agit du Dieu des mathématiques, Apollon pytha-
goricien).
Considérons la similitude S de centre Ω, de rapport ϕ et d’angle π/2.
−1
Je dis que T = S envoie le rectangle ABCD sur le rectangle OABF, et le segment [AC] sur le
segment [OB].
Si l’on veut obtenir présenter plus commodément les choses, mieux vaut changer de repère, prendre
pour origine l’œil de Dieu O = Ω et placer le rectangle d’or R0 en biais.
La similitude S = Sim(O, ϕ, π/2) est alors donnée :
Quant à la spirale d’or, elle est la réunion des quarts de cercles Γk de centres Ak, limités par
Bk+1Bk+2. A noter que le point asymptote O est à distance finie de A0, en ce sens que
+∞
UΓ −k a une longueur totale finie égale à π ( ϕ + 1 ) 3−ϕ .
k =0
2
Voici une feuille de calculs Maple montrant ces figures :
> with(plots):phi:=(1+sqrt(5))/2;
> a:=k->I^k*phi^k;b:=k->a(k)*(-1+I);
xa:=k->Re(a(k));ya:=k->Im(a(k));
18
xb:=k->Re(b(k));yb:=Im(b(k));A:=k->[xa(k),ya(k)];B:=k->[xb(k),yb(k)];
> z:=(k,t)->a(k)+exp(I*t)*(b(k+1)-a(k));
x:=(k,t)->Re(z(k,t));y:=(k,t)->Im(z(k,t));
> p:=k->plot([x(k,t),y(k,t),t=0..Pi/2],color=gold,thickness=2):
q:=k->listplot([A(k-2),B(k)],color=blue):
>LA:=listplot([seq(A(k),k=-4..8)],color=black,thickness=2):
> display({LA,seq(p(k),k=-4..5),seq(q(k),k=-4..5)});
> with(plots):phi:=(1+sqrt(5))/2;m:=2*ln(phi)/Pi;
> a:=k->I^k*phi^k;b:=k->a(k)*(-1+I);
xa:=k->Re(a(k));ya:=k->Im(a(k));xb:=k->Re(b(k));yb:=Im(b(k));
A:=k->[xa(k),ya(k)];B:=k->[xb(k),yb(k)];
> z:=(k,t)->a(k)+exp(I*t)*(b(k+1)-a(k));
x:=(k,t)->Re(z(k,t));y:=(k,t)->Im(z(k,t));
> p:=k->plot([x(k,t),y(k,t),t=0..Pi/2],color=gold,thickness=2):
> sp1:=polarplot(exp(m*t),t=-4..4*Pi,color=blue):
sp2:=polarplot(sqrt(2)*phi^(-3/2)*exp(m*t),t=-4..4*Pi,color=green):
> LA:=listplot([seq(A(k),k=-4..8)],color=red):
LB:=listplot([seq(B(k),k=-4..7)],color=violet):
> display({sp1,sp2,LA,LB,seq(p(k),k=-4..5)});
19
Le pape des escargots
« Un, deux, c’est la proportion du Temple de Salomon...
− Le Temple de Salomon ?
− Oui, tu sauras tout ça en temps voulu, compagnon. Il ne faut pas mettre terme avant
prémisses ! Mais remarque bien que le rectangle de proportion « deux, un » a une diagonale égale à
la racine carrée de cinq ! Et si l’on majore cette diagonale d’une largeur de rectangle et que l’on
divise par deux, on a quoi, je te le demande ?
− On a... on a... ânnonait Gilbert ahuri.
− On a 1,618 ! et 1,618, qu’est-ce que c’est, compagnon ?
− C’est... c’est...
− C’est le Nombre d’or, c’est la limite de la série de Fibonacci...
− Le Nombre d’or ? demandait Gilbert, sans se méfier.
− Tais-toi, malheureux ! ne prononce pas cela à haute voix ! Parle bas ! Ces connaissances ne
doivent pas être répandues dans la Masse ! Compagnon, l’Elite, l’Elite seule doit savoir... Écoute
et regarde. »
La Gazette prenait sa crosse et écrivait, sur le sol, des chiffres :
1,618
= ( 1 + 1,618 ) = ( 1,618 × 1,618) = 2,618. »
0,618
Henri Vincenot
20
3. Formule de Moivre et applications.
21
3.2. Formule de Moivre.
Cette formule exprime les suites de Fibonacci et de Lucas comme combinaisons linéaires des suites
n n
(ϕ ) et (ϕ’ ). Le mieux pour démontrer ce résultat est de faire appel au cours d’algèbre linéaire.
Théorème 1 : Les suites réelles (xn)n∈Z vérifiant ∀n ∈ Z xn+2 = xn+1 + xn forment un sous-espace
Z
vectoriel S de F(Z, R) = R , de dimension 2, autrement dit un plan vectoriel.
Cet espace est stable par l’opérateur de décalage : si x = (xn) est élément de S, T(x) = (xn+1) aussi.
Pour que x = (xn) et y = (yn) forment une base de ce plan, il faut et il suffit que
x0 y0 ≠ 0.
x1 y1
Preuve : La première assertion est facile. Les deux autres découlent de ce que Φ : x → (x0, x1) est
une bijection linéaire de S sur R×R.
n n
Corollaire 1 : Les suites (Fn) et (Ln), resp. (ϕ ) et (ϕ’ ), resp. (Fn) et (Fn+1) forment une base de S.
Si x = (xn) est élément de S,
9 Eugène Catalan (Bruges, 1814 - Liège, 1894), un de mes mathématiciens préférés. Les polytechniciens de
gauche sont des oiseaux rares, et ceux qui restent à gauche des oiseaux très rares...
22
4
Corollaire 6 : ∀n ∈ Z Fn+2.Fn+1.Fn−1.Fn−2 = Fn – 1.
Preuve : il découle de la formule de Catalan que :
2 n–1 2 2 n–1
Fn+1.Fn−1 = Fn − (−1) F1 = Fn − (−1) .
2 n–2 2 2 n–2
Fn+2.Fn−2 = Fn − (−1) F2 = Fn − (−1) .
Il suffit de multiplier ces deux identités.
Exercice 6 : Démontrer les identités :
∀n ∈ Z Ln = Fn−1 + Fn+1 ∀n ∈ Z Ln = Fn−3 + Fn+3.
Théorème 2 : formule de Moivre (1718).
ϕ n −ϕ'n ϕ n −ϕ'n n n
∀n ∈ Z Fn = = , Ln = ϕ + ϕ’ .
ϕ −ϕ' 5
Preuve : Cela découle du corollaire 1 du théorème 1.
Certains auteurs attribuent cette formule à Simson (1753), d’autres à Euler (1765), voire (et c’est le
cas le plus fréquent) à Binet (1843), mais cette dernière attribution est peu crédible, Lagrange ayant
publié un traité sur les suites récurrentes en 177510.
ϕn ϕn n n
Corollaire 1 : Fn = + o(1) ∼ et Ln = ϕ + o(1) ∼ ϕ quand n → +∞.
5 5
ϕ'n ϕ'n n n
Fn = − + o(1) ∼ − et Ln = ϕ’ + o(1) ∼ ϕ’ quand n → −∞.
5 5
ϕ n −ϕ'n ϕ n −ϕ'n ϕn n 2n
Preuve : Fn = = = ( 1 – (−1) .ϕ’ ) , etc.
ϕ −ϕ' 5 5
10 En sociologie des sciences, la loi d'éponymie de Stigler, énoncée le statisticien Stephen Stigler en 1980,
affirme, dans sa forme la plus abrupte, qu’« Une découverte scientifique ne porte jamais le nom de son
auteur. ». Cette loi est très souvent vérifiée en mathématiques ; peu de théorèmes portent le nom de leur auteur.
Elle est aussi vraie en histoire : le vainqueur d’une bataille n’est pas toujours celui que l’on retient.
23
Digits := 100
φ := 1.618033988749894848204586834365638117720309179805762862135448622 \
705260462818902449707207204189391137
> [seq(round(phi^n/sqrt(5)),n=0..25)];
[ 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144 , 233, 377, 610 , 987 , 1597 , 2584 , 4181 , 6765 ,
10946 , 17711 , 28657 , 46368 , 75025 ]
Exercice 7 : A tout entier N > 2 on associe l’entier n = G(N) tel que Fn ≤ N < Fn+1 .
Montrer que G(N) = lnN + O(1).
lnϕ
Exercice 8 : Démontrer que pour tout n > 0, 1 ϕ n−1/ n ≤ Fn ≤ 1 ϕ n+1/ n .
5 5
+∞
∑C
n 2k +1
Exercice 9 : Démontrer que (∀n) 2 .Fn = 2 n .5k ( somme à support fini ).
k =0
[ FL0 ] = [ 02 ] et [ FLn+1 ] = 1 1 1 [ Fn ] .
0 n+1 2 5 1 Ln
ce qui fournit un nouveau mode de calcul récurrent des deux suites. Retrouvons au passage :
Corollaire : La suite ( Ln ) tend vers 5 quand n → +∞, vers − 5 quand n → −∞.
Fn
24
2 2 2 2
Proposition 6 : ∀n ∈ Z F2n−1 = Fn−1 + Fn , F2n = Fn+1 − Fn−1 .
2 n 2
Formule qu’on peut résumer en : ∀n ∈ Z Fn = F[n/2]+1 − (−1) .F[(n−1)/2] .
2 2
Preuve : F2n−1 = Fn−1 + Fn découle de Fm+n = Fm+1.Fn + Fm.Fn−1.
F2n = F2n+1 − F2n−1 et appliquer la formule précédente. .
Les Fn sont alternativement des sommes et des différences de deux carrés. On en déduit que F2n est
congru à 0, 1 ou 3 modulo 4. Quant aux sommes de deux carrés…
3 4 5
Exercice 10 : Calculer et simplifier Fn , Fn et Fn à l’aide de la formule de Moivre.
25
3.4. Longueur des nombres de Fibonacci.
Théorème : Pour tout k ≥ 1, le nombre de nombres de Fibonacci ayant k chiffres en base 10 est égal
à 4 ou 5.
Autrement dit, si F = { 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144, … }
k−1 k
card (F ∩ [10 , 10 [ ) = 4 ou 5.
De fait, F ∩ [1, 10 [ = { 1, 2, 3, 5, 8 }
F ∩ [10, 100 [ = { 13, 21, 34, 55, 89 }
F ∩ [100, 1000 [ = { 144, 233, 377, 610, 987 }
F ∩ [1000, 10000 [ = { 1597, 2584, 4181, 6765 }
5 F ≤F =F +F ≤5F .
2 n n+2 n+1 n n−1
8 F ≤F =F +F ≤8F .
2 n n+3 n+2 n+1 n−1
13 F ≤ F = F + F ≤ 13 F .
2 n n+4 n+3 n+2 n−1
> with(combinat):with(plots):
> alias(f=fibonacci):p:=n->length(f(n)):
> listplot([seq([n,p(n)],n=0..100)],thickness=2,color=violet,axes=NORMAL);
26
3.5. Fonction de Fibonacci.
La suite de Fibonacci peut être prolongée à R de bien des façons, mais a-t-elle un prolongement
« naturel » ? Examinons la formule de Moivre :
ϕ n −ϕ'n ϕ n −ϕ'n ϕ n −(−1)nϕ −n
∀n ∈ Z Fn = = = .
ϕ −ϕ' 5 5
n
La fonction n → (−1) se prolonge à R ou C naturellement si l’on observe que :
n inπ
(−1) = e = cos(nπ) + i.sin(nπ) = cos(nπ).
x ixπ
Du coup, on peut définir une fonction (−1) = e , et introduire deux fonctions :
ϕ x −(−1)xϕ −x ϕ x −cos(πx).ϕ −x sin(πx).ϕ −x
F(x) = ≡ −i .
5 5 5
ϕ −cos(πx).ϕ −x
x
Re F(x) = .
5
Ces deux fonctions, l’une à valeurs complexes, l’autre à valeurs réelles, prolongent toutes deux la
suite (Fn), c’est-à-dire la fonction n → Fn,
∞
Elles sont de classe C et vérifient ∀x ∈ R F(x + 2) = F(x + 1) + F(x).
On peut les considérer à bon droit comme des prolongements naturels, et les nommer « fonctions de
Fibonacci ». Et l’on pourrait également prolonger la suite de Lucas, et généraliser à ces fonctions
pas mal d’identités déjà trouvées. J’ignore si cela a beaucoup d’intérêt.
Visualisons-les avec Maple :
> with(plots):phi:=(1+sqrt(5))/2:F:=x->(phi^x-phi^(-x)*cos(Pi*x))/sqrt(5);
( −x )
φx − φ cos( π x )
F := x →
5
> L:=[];for n from 0 to 15 do L:=[op(L),simplify(F(n))]:od;print(L);
[ 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144, 233, 377 , 610 ]
> plot(F(x),x=-7..7,thickness=2,color=blue);
> G:=x->-sin(Pi*x)*phi^(-x)/sqrt(5);
( −x )
sin( π x ) φ
G := x → −
5
> plot([F(x),G(x),x=-5..5],thickness=2,color=maroon,axes=normal);
27
4. Interprétations combinatoires de la suite de Fibonacci.
4.1. Les fameux lapins de Fibonacci.
Dans son Liber abaci, Fibonacci pose et résout un problème anodin sur la reproduction des lapins.
Pouvait-il penser que cet exercice assurerait sa célébrité ? Car, derrière ces mathématiques
récréatives, on peut voir l’un des premiers modèles de dynamique des populations animales.
« Quot paria coniculorum in uno anno ex uno pario germinentur », demande-t-il, autrement dit :
« Combien de couples de lapins proviennent d’un même couple en une année ? »
Mettons cette idée en forme. Une population de lapins est observée aux instants 1, 2, 3, 4, … qui
correspondent à des mois. On suppose qu’elle obéit aux lois suivantes :
a) A l’instant 1, il y a une paire de lapereaux.
b) Les lapins nés à l’instant n ne commencent à procréer qu’à l’instant n + 2. Ils procréent des
couples de lapereaux.
c) Tous les lapins sont immortels.
28
Au fond, il s’agit d’un système dynamique avec retard y(n+1) – y(n) = y(n–1), analogue à
l’équation différentielle avec retard y’(t) = y(t – 1).
Un autre modèle de reproduction des lapins est fourni par la suite dite de Jacobsthal. Sachant qu’un
couple de lapins donne naissance à deux nouveaux couples chaque mois et que chaque couple
commence à engendrer à partir du deuxième mois suivant sa naissance, on demande le nombre total
de couples au n-ième mois.
Exercice 1 : Suite de Jacobstahl.
Il s’agit de la suite récurrente J0 = 0 , J1 = 1 , Jn+2 = Jn+1 + 2Jn.
1) Calculer les premières valeurs de cette suite. La reconnaître dans l’OEIS.
+∞
2) Démontrer qu’elle a pour fonction génératrice ∑J
n =0
n Xn = X
1− X −2X²
2n −(−1)n n n (−1)
k n
, que Jn+1 = 2 − Jn et que Jn+1 = 2 ∑ k = (−1) ∑(−1)k 2k .
n n
3) En déduire que Jn =
3 k =0 2 k =0
3) Montrer que an = ∑C
0≤k ≤ n / 3
k
n− 2k . Calcul et équivalent de an ?
29
la parthénogénèse arrhénotoque n’engendre que des individus mâles −. Les femelles ont ainsi le
privilège, presque unique dans la nature, de pouvoir à volonté donner naissance à des mâles ou à des
femelles. Le lien avec les nombres de Fibonacci est le suivant. Un mâle n’a qu’un seul géniteur, une
femelle, une femelle a deux géniteurs, un mâle et une femelle. Du coup, un mâle a deux « grands-
parents », un mâle et une femelle, une femelle a trois « grands-parents », deux femelles et un mâle.
Un mâle a donc trois aïeux, une femelle en a cinq, etc. Mettons cela en forme :
Théorème de Dzierzon : Un hyménoptère mâle a Fn+1 ancêtres à la n-ème génération, Fn−1 mâles et
Fn femelles. Un hyménoptère femelle a Fn+2 ancêtres à la n-ème génération, Fn mâles et Fn+1
femelles.
Preuve par récurrence sur n ≥ 1. C’est vrai pour n = 1.
Si le résulat est vrai au rang n, alors
a) Un hyménoptère mâle a, à la (n + 1)-ème génération :
Fn mâles (les pères des Fn femelles)
Fn−1 + Fn = Fn+1 femelles (les mères des Fn−1 mâles et des Fn femelles).
En tout, Fn + Fn+1 = Fn+2 ancêtres.
b) Un hyménoptère femelle a, à la (n + 1)-ème génération :
Fn+1 mâles (les pères des Fn+1 femelles)
Fn + Fn+1 = Fn+2 femelles (les mères des Fn mâles et des Fn+1 femelles).
En tout, Fn+1 + Fn+2 = Fn+3 ancêtres. Cqfd.
Remarque : Nous approfondirons ce sujet lors de l’étude des mots de Fibonacci (§ 13). Nous
établirons alors un lien avec le dénombrement proposé au § 4.7.
Dans cette troisième expression, la convention de nullité des coefficients binomiaux implique que la
somme est à support fini.
Preuve : Par récurrence sur n.
Pour n = 1, ∑C
p + q =0
q
p = 1 = F1 . Pour n = 2, ∑C
p + q =1
q
p
= 1 = F2 .
Cependant, s’il y a apparition de mâles de manière cyclique à une période de l’année, la parthénogénèse devient
deutérotoque ; il y a alors production de mâles et de femelles ; c’est le cas chez les crustacés, les amphibiens ou
encore les rotifères.
30
Si l’on admet que Fn = ∑C
p + q = n−1
q
p
et Fn+1 = ∑C
p + q =n
q
p
, alors
Fn+2 = Fn+1 + Fn = ∑C k
k
n −k + ∑C k
k
n −1− k = ∑Ck
k
n −k + ∑C
k
k −1
n−k = ∑(C k
k
n −k +Cnk−−k1) = ∑C
k
k
n +1− k .
Remarque : on peut retrouver la formule Fm+n = Fm+1.Fn + Fm.Fn−1 à l’aide de cette interprétation
combinatoire. Il y a deux façons de parcourir m+n–1 mètres en faisant des bonds de 1 ou 2 mètres :
• Soit on parcourt m mètres, puis n – 1 metres : Fm+1.Fn possibilités.
• Soit on parcourt m – 1 mètres, puis on fait un bond de 2 mètres, puis on parcourt n – 2 mètres :
Fm.Fn−1 possibilités.
31
4.5. Pavages d’un rectangle par des dominos.
Théorème 5 : Fn+1 est le nombre de façons de paver un rectangle 2×n avec des dominos 2×1.
« Fibonacci tilings »
On peut aussi montrer qu’il y a autant de façons de paver un rectangle 2×n avec des dominos 2×1.
que de façons de paver un rectangle 1×n avec des dominos 1×1 ou 1×2.
Pavons un rectangle 1×n avec des dominos 1×1 ou 1×2. Complétons les dominos 1×1 par des
dominos verticaux 2×1, et plaçons sous chaque domino 1×2 un autre domino 1×2. On obtient un
pavage du rectangle 2×n avec des dominos 2×1, et cette correspondance est bijective.
32
Autre solution : Il s’agit de montrer que
U {y = (y1, …, yk) ∈ N
k
Fn = card ; (2y1 + 1) + … + (2yk + 1) = n }.
k ≥1
k
Notons B(n, k) = { y = (y1, …, yk) ∈ N ; (2y1 + 1) + … + (2yk + 1) = n }
k
= { y = (y1, …, yk) ∈ N ; y1 + … + yk = n−k }.
2
n− k
Or, « on sait que » card B(n, k) = Cn+2k −1 . d’où :
2
n−k
card UB(n,k) = ∑cardB(n,k) = ∑C
k ≥1 k ≥1 k ≥1
2
n+ k −1
2
= ∑C
p
p
n − p −1 = Fn.
33
n n−1 n−2 n−1 n
(1, m2, …, mn) ∈ {0, 1} → 2 + m2, 2 + … + mn ∈ [2 ,2 [
est bijective. La deuxième découle de ce que, si n est fibbinaire, 2n est fibbinaire et pair, et si n est
fibbinaire et pair, 2n + 1 est fibbinaire impair.
Corollaire : La densité de l’ensemble des nombres fibbinaires est nulle.
n−1 n
Preuve : La proportion de nombres fibbinaires dans la tranche [2 , 2 [ est Fnn−1 .
2
Elle tend vers 0. On conclut par sommation et encadrement.
Remarque : Ces résultats seront utilisés plus tard pour démontrer une partie du théorème de
Zeckendorf, et réinterpréter la reproduction des hyménoptères (§ 12 et 13). Les nombres fibbinaires
se rencontrent naturellement quand on superpose l’arbre de Sosa inversé et l’arbre de Sosa-
Dzierzon ; celui-ci est en quelque sorte inclus dans celui-là, et les nombres fibbinaires sont les
numéros des ancêtres de Sosa inversé qui seraient aussi des ancêtres de Sosa-Dzierzon. Autrement
dit, les nombres fibbinaires répondent à cette angoissante question :
Que deviendrait mon arbre généalogique si subitement je devenais une abeille ?
Cherchons maintement le nombre de mots de longueur n composés de 0 et de 1, et n’ayant pas deux
1 consécutifs, ni trois 0 consécutifs. Notons An ce nombre. Les premières valeurs sont :
A1 = 2 , A2 = 3 , A3 = 4 , A4 = 5 , A5 = 7 , A6 = 9 , …
Pour trouver une formule de récurrence, il faut creuser la question.
Notons xn, resp. yn, zn, le nombre de tels mots finissant par 10, resp. 01, 00.
• Un mot finissant par 10 donne un mot finissant par 100 ou 101.
• Un mot finissant par 01 donne un mot finissant par 010.
• Un mot finissant par 00 donne un mot finissant par 001.
Donc xn+1 = yn , yn+1 = xn + zn , zn+1 = xn. et An = xn + yn + zn .
Un calcul finit par donner An+3 = An+1 + An. Joint à A0 = A1 = 2 , A2 = 3 , on peut calculer (An).
Cette suite est répertoriée dans l’OEIS, et appelée suite de Padovan (décalée).
Voici ce qu’en dit Maple :
> p:=x^3-x-1;Digits:=4;S:=solve(p=0);fsolve(p=0);evalf(S);
plot(p,x=-2.5..2.5,thickness=2);
p := x 3 − x − 1
1.325
1.325 , -.6624 + .5625 I, -.6624 − .5625 I
> rsolve({a(n)=a(n-2)+a(n-3),a(0)=2,a(1)=2,a(2)=3},a);
n
( z − _R ) ( 2 + 2 z + z2 ) 1
lim −
z → _R −1 + z2 + z3 _R
∑ −
_R
_R = RootOf ( −1 + _Z 2 + _Z 3 )
> rsolve({a(n)=a(n-2)+a(n-3),a(0)=2,a(1)=2,a(2)=3},a,'genfunc'(z));
R:=(2+2*z+z^2)/(1-z^2-z^3);series(R,z=0,13);
34
2 + 2 z + z2
−
−1 + z2 + z 3
2 + 2 z + 3 z2 + 4 z3 + 5 z4 + 7 z 5 + 9 z 6 + 12 z7 + 16 z8 + 21 z9 + 28 z10 + 37 z 11 + 49 z12 +
O( z13 )
> A:=rsolve({a(n)=a(n-2)+a(n-3),a(0)=2,a(1)=2,a(2)=3},a,'makeproc');
> print([seq(A(n),n=0..17)]);
[ 2, 2, 3, 4, 5, 7, 9, 12, 16, 21, 28, 37, 49, 65, 86, 114 , 151 , 200 ]
> galois(p);
"3T2", { "S(3)" }, "-", 6, { "(1 3)", "(2 3)" }
3
Le polynôme P = x – x – 1 a une racine réelle α ≈ 1,3247 et deux racines complexes conjuguées β
et β de module < 1 en vertu de αβ β = 1. Du coup An = λα + µβ + ν β
n n n n
= λα + o(1).
2
Tous calculs faits, λ = 2α + 3α + 2. Et An+1 / An → α.
La suite de Padovan se rencontre aussi dans les enroulements en spirales de triangles équilatéraux.
35
Or si l’on applique la formule det A = ∑ε(σ).aσ ...aσ(n),n à cette matrice, on trouve justement An.
(1),1
σ ∈Sn
1 1 0 ... 0
1 1 1 ... ...
Mais il est clair aussi que An = per 0 1 1 .... 0 . Il reste à utiliser les résultats de l’exercice suivant.
... ... ... ... 1
0 ... 0 1 1
Solution : La solution proposée passe par les puissances de la matrice 1 1 , c’est-à-dire par les
1 0
nombres de Fibonacci, mais cela ne se voit pas car on raisonne modulo 2.
36
2) A = 1 1 1 1 = 0 1 , donc A + A + I = 0 , puis A − I = ( A – I )( A + A + I ) = 0.
2 2 3 2
1 0 1 0 1 1
3) a) ♣ Si une bille placée en (a, b) saute par-dessus la bille voisine placée en (a+1, b), la somme
∑
a+b a+1+b
∆(F) = Ax + y = A + A + S , où S est la somme de tous les autres termes, devient :
(x, y)∈F
a+2+b a+b a+1+b a+2+b 2
∆(F’) = A + S . Or A +A =A , car I + A = A .
♦ Si une bille placée en (a, b) saute par-dessus la bille voisine placée en (a−1, b), la somme
∑A x+ y a+b a−1+b
∆(F) = =A +A + S , où S est la somme de tous les autres termes, devient :
(x, y)∈F
a−2+b a+b a−1+b a−2+b −1 −2
∆(F’) = A + S . Or A +A =A , car I + A = A .
♥ Si une bille placée en (a, b) saute par-dessus la bille voisine placée en (a, b+1), la somme
∑
a+b a+b+1
∆(F) = Ax + y = A + A + S , où S est la somme de tous les autres termes, devient :
(x, y)∈F
a+b+2 a+b a+b+1 a+b+2 2
∆(F’) = A + S . Or A +A =A , car I + A = A .
♠ Si une bille placée en (a, b) saute par-dessus la bille voisine placée en (a, b−1), la somme
∑A x+ y a+b a+b−1
∆(F) = =A +A + S , où S est la somme de tous les autres termes, devient :
(x, y)∈F
a+b−2 a+b a−1+b a−2+b −1 −2
∆(F’) = A + S . Or A +A =A , car I + A = A .
Ainsi, la somme ∆(F) reste constante au cours du jeu : c’est un invariant matriciel.
b) Or ∆(T0) est la matrice nulle, car on peut partitionner T0 en réunion de triplets consécutifs
horizontaux ou verticaux, par exemple comme l’indique la figure.
Au cours du jeu, cette somme reste constante. On ne pourra jamais obtenir une seule bille, où qu’elle
2
se place, car I, A et A sont non nulles.
Remarques : 1) Il n’en est pas de même si l’on enlève à T les quatre trous (±2 , ±2).
2) Une variante consisterait à donner un invariant numérique, en se plaçant dans le corps quotient
2 2
F4 = F2[X]/(X + X + 1) = { 0, 1, a, b }, a et b étant les racines de X + X + 1, c’est-à-dire les
nombres d’or sur F2, et en considérant : δ(F) = a x+ y . ∑
(x, y)∈F
37
Montrer que, quoi qu’il arrive, un pion ne peut jamais dépasser l’ordonnée 5.
Montrer qu’on peut atteindre l’ordonnée 5.
2
[ Indication : Soit ϕ le nombre d’or, solution > 0 de l’équation ϕ − ϕ − 1 = 0 ; appelons « énergie »
d’une partie finie C de Z×−N le réel E(C) = ∑ϕ
(x, y)∈C
− x +y
; majorer E(C) et étudier comment elle varie
au cours du jeu. ]
2) N pions distincts (xi, yi)1≤i≤N sont disposés sur Z×Z. Si on leur applique la règle ci-dessus, que
dire de la configuration finale ?
Solution : [ Exercice communiqué par Raphaël Cerf ; cf. aussi RMS octobre 2012, R 510 p. 78-86 ]
38
5. Propriétés arithmétiques de la suite de Fibonacci.
39
L’implication est fausse pour n = 4, car F4 = 3 est premier et 4 n’est pas premier.
La réciproque est fausse : 2 est premier, mais F2 = 1 n’est pas premier ;
19 est premier, mais F19 = 4181 = 37×113 est composé12 ;
31 est premier, mais F31 = 1346269 = 557×2417 est composé, etc.
> with(combinat);with(numtheory);
> for k from 1 to 20 do
p:=ithprime(k):x:=fibonacci(p):print([p,x,ifactor(x)]);od;
[ 2, 1, 1 ]
[ 3, 2, ( 2 ) ]
[ 5, 5, ( 5 ) ]
[ 7, 13, ( 13 ) ]
[ 11, 89, ( 89 ) ]
[ 13, 233 , ( 233 ) ]
[ 17, 1597 , ( 1597 ) ]
[ 19, 4181 , ( 37 ) ( 113 ) ]
[ 23, 28657 , ( 28657 ) ]
[ 29, 514229 , ( 514229 ) ]
[ 31, 1346269 , ( 557 ) ( 2417 ) ]
[ 37, 24157817 , ( 73 ) ( 149 ) ( 2221 ) ]
[ 41, 165580141 , ( 59369 ) ( 2789 ) ]
[ 43, 433494437 , ( 433494437 ) ]
[ 47, 2971215073 , ( 2971215073 ) ]
[ 53, 53316291173 , ( 953 ) ( 55945741 ) ]
[ 59, 956722026041 , ( 353 ) ( 2710260697 ) ]
[ 61, 2504730781961 , ( 555003497 ) ( 4513 ) ]
[ 67, 44945570212853 , ( 269 ) ( 1429913 ) ( 116849 ) ]
[ 71, 308061521170129 , ( 46165371073 ) ( 6673 ) ]
Remarque : On ignore s’il existe une infinité de nombres de Fibonacci premiers. En octobre 2015, le
plus grand nombre de Fibonacci premier connu était F81839. Dans son livre Les nombres
remarquables (p. 128) François Le Lionnais signale un résultat dû à R. L. Graham (1964).
La suite un+2 = un+1 + un , avec : u0 = 1 786 772 701 928 802 632 268 715 130 455 793
u1 = 1 059 683 225 053 915 111 058 165 141 686 995
a tous ses termes composés, bien que u0 et u1 soient premiers entre eux. Vérifions-le pour n ≤ 10 :
> a:=1786772701928802632268715130455793;
b:=1059683225053915111058165141686995;
a := 1786772701928802632268715130455793
b := 1059683225053915111058165141686995
> igcd(a,b);
1
> ifactor(a);ifactor(b);
( 14177095479037851751198481 ) ( 49993 ) ( 2521 )
( 3 ) ( 5 ) ( 75754002239 ) ( 150031897 ) ( 73919059 ) ( 84089 )
12 Ainsi, 19 est le plus petit nombre premier > 2 tel que le nombre de Fibonacci correspondant soit composé.
C’est aussi le numéro d’un virus aimablement transmis par une espèce animale pour limiter la prolifération des
arrogants bipèdes, et diligemment véhiculé par ces consommateurs compulsifs de kérosène détaxé que l’on
nomme « touristes ». Soyons bien certains que les compagnies aériennes seront copieusement renflouées avec
l’argent des pauvres qui ne prennent pas l’avion, afin que les riches et les bobos puissent ramener encore plus
vite le prochain virus.
40
> graham:=proc(n) option remember;
> if n=0 then a ; elif n=1 then b; else graham(n-1)+graham(n-2);fi;end;
> for n from 2 to 10 do ifactor(graham(n));od;
( 2 ) 2 ( 11 ) ( 23 ) ( 67 ) ( 73 ) ( 283 ) ( 113998984585609451 ) ( 17825383 )
( 7 ) ( 13 ) ( 61 ) ( 227 ) ( 12876418991 ) ( 4233607849 ) ( 21163 ) ( 2687 )
( 17 ) 2 ( 33904474141 ) ( 5150867419 ) ( 41537921 ) ( 3221 )
( 2 ) ( 3 )2 ( 1697 ) ( 31039511 ) ( 2934461 ) ( 457673 ) ( 463921 ) ( 18043 )
( 5 ) 2 ( 29 ) ( 317 ) ( 373 ) ( 489457583 ) ( 1304919481 ) ( 317999951 )
( 47 ) ( 109 ) ( 523 ) ( 442912854660961197749 ) ( 23653699 )
( 2 ) 2 ( 6270399938236336041192944923 ) ( 1813337 )
( 3 ) ( 43 ) ( 1433 ) ( 228738675287941607 ) ( 1739465318917 )
( 13 ) ( 19 ) ( 41 ) ( 8705173297466445935203 ) ( 5179 ) ( 260713 )
Théorème de Lucas (1876) : Le pgcd de deux nombres de Fibonacci est un nombre de Fibonacci.
Plus précisément : pgcd(Fa , Fb ) = Fpgcd(a, b) .
Preuve : Notons d = pgcd(a, b).
Il découle de la prop. 2 que Fd divise Fa et Fb. Par conséquent Fd divise pgcd(Fa, Fb).
En vertu de l’identité dite de Bézout, ∃(p, q) ∈ Z×Z d = ap + bq.
Du coup Fd ∈ Z[Fap , Fbq] ⊂ Z[Fa , Fb].
Fd s’écrit Fd = A.Fa + B.Fb, donc est multiple de pgcd(Fa , Fb). CQFD !
Corollaire 1 : Si a ≠ 2, a | b ⇔ Fa | Fb .
Corollaire 3 : On peut extraire de la suite (Fn) une suite dont les termes sont deux à deux étrangers.
Il suffit de considérer une suite extraite de la forme (Fn(k)), où (n(k)) est une suite d’entiers premiers
entre eux deux à deux, par exemple la suite (pk) des nombres premiers.
Remarque : La suite de Lucas n’a pas d’aussi belles propriétés. Pour tout n, Ln et Ln+1 sont premiers
entre eux, mais 3 divise 6, alors que L3 = 4 ne divise pas L6 = 18. Donc pgcd(F3, F6) ≠ Fpgcd(3, 6) .
Exercice : Nombres de Fibonacci et sommes de carrés.
Démontrer que, pour tout n, F2n+1 est somme de deux carrés.
En déduire que ses diviseurs premiers sont égaux à 2 ou congrus à 1 ( mod 4 ).
2 2
Solution : La formule Fm+n = Fm+1.Fn + Fm.Fn−1 implique F2n+1 = (Fn+1) + (Fn) .
Si p est impair et divise une somme de deux carrés premers entre eux, p ≡ 1 ( mod 4 ).
Cela découle des propriétés des entiers de Gauss.
En raison de leur lien avec le nombre d’or, les nombres Fn et Ln ont partie liée avec le nombre 5, car
la formule de Moivre implique aussitôt, après développement binomial :
Proposition 1 : Pour tout n ,
41
k −1
∑Cnk.5 2 = 2 ( Cn1 + Cn3 5 + Cn5 5 + …).
n 2
2 Fn = 2
kimpair
k
∑Cnk.52 = 2 ( 1 + Cn2 5 + Cn4 5 + Cn6 5 + …).
n 2 3
2 Ln = 2
kpair
n n
Corollaire 1 : Pour tout n , Fn ≡ 2n.3 ( mod 5 ) et Ln ≡ 2.3 ( mod 5 )
(Fn) est 20-périodique, et (Ln) 4-périodique modulo 5. De plus Fn ≡ 0 ( mod 5 ) ⇔ 5 | n.
Preuve : raisonnons modulo 5. Il découle de la prop précédente que :
n n n n
2 Fn ≡ 2n ( mod 5 ), donc Fn ≡ 2n3 ( mod 5 ) et 2 Ln ≡ 2 ( mod 5 ), donc Ln ≡ 2.3 ( mod 5 ).
On conclut aussitôt.
3 2 n
Corollaire 2 : Pour tout n , Fn ≡ 2n ( 5 n + 10 n + 10 n + 1 ) 13 ( mod 25 )
2 n
Ln ≡ ( 5n – 5n + 2 ) 13 ( mod 25 )
(Fn) est 100-périodique, et (Ln) 20 périodique modulo 25. De plus Fn ≡ 0 ( mod 25 ) ⇔ 25 | n.
Preuve : raisonnons mod 25.
n n(n−1)(n−2) n n(n−1)
2 Fn = 2 ( n + 5 ) ( mod 25 ) et 2 Ln = 2 ( 1 + 5 ) ( mod 25 )
6 2
Or l’inverse de 2 est 13 et l’inverse de 6 est –4. On termine le calcul sans peine.
3 2 n
De plus 25 | Fn ⇔ 25 | 2n ( 5 n + 10 n + 10 n + 1 ) 13 ⇔ 25 | n,
3 2
car 25 est premier avec 2, 13 et 5 n + 10 n + 10 n + 1.
n 5 4 3 2
Corollaire 3 : Pour tout n , Fn ≡ 2.63 ( 120.n + 50.n + 55.n + 60.n + 91.n ) ( mod 125 )
n 4 3 2
Ln ≡ 2.63 ( 100.n + 25.n + 40.n + 85.n + 1 ) ( mod 125 )
(Fn) est 500-périodique, et (Ln) 100 périodique modulo 125. De plus Fn ≡ 0 ( mod 125 ) ⇔ 125 | n.
Preuve : raisonnons mod 125. Comme ½ = 63 mod 125, il vient :
n n(n−1)(n−2)
n n(n−1)(n−2)(n−3)(n−4)
Fn ≡ 2.63 ( n + Cn3.5 + Cn5.5² ) = 2.63 ( n + 5 + 25 )
6 5.24
n n(n−1)(n−2) n(n−1)(n−2)(n−3)(n−4)
= 2.63 ( n + 5 +5 )
6 24
n 5 4 3 2
= 2.63 ( 120.n + 50.n + 55.n + 60.n + 91.n ) mod 125.
n n(n−1) n n(n−1)(n−2)(n−3)
Ln ≡ 2.63 ( 1 + Cn2.5 + Cn4.5² ) = 2.63 ( 1 + 5 + 25 )
2 24
n 4 3 2
= 2.63 ( 100.n + 25.n + 40.n + 85.n + 1 ) mod 125.
100
On a ϕ(125) = 100 et 63 ≡ 1 (mod 125) en vertu du théorème d’Euler.
De plus on constate que 63 est exactement d’ordre 100 dans le groupe (Z/125Z)*.
n 5 4 3 2
De plus 125 | Fn ⇔ 125 | 2.63 ( 120.n + 50.n + 55.n + 60.n + 91.n ) ⇔ 125 | n ,
4 3 2
car 125 est premier avec 2, 63 et 120.n + 50.n + 55.n + 60.n + 91.
42
2 p
La formule de Cassini Fp+1.Fp−1 – Fp = (−1) et le petit théorème de Fermat donnent
2 p p
Fp+1.Fp−1 = Fp + (−1) ≡ 5 p −1 + (−1) ≡ 0 ( mod p ).
Remarque : c’est faux pour p = 5, qui ne divise ni F4 = 3, ni F6 = 8.
43
> ilcm(12,100);
300
Maple montre que la suite (wn) est 12-périodique modulo 8, et 100 périodique modulo 125.
Par conséquent, elle est 300-périodique.
44
> with(combinat):alias(F=fibonacci);
> restesmod:=proc(N)
> local k,T,L;L:={};T:=1;while irem(F(T),N)<>0 or irem(F(T+1),N)<>1 do
T:=T+1; od;
> for k from 0 to T do L:={op(L),irem(F(k),N)}; od;[N,T,L]; end;
> for N from 2 to 20 do restesmod(N);od;
[ 2 , 3 , { 0, 1 } ]
[ 3 , 8 , { 0, 1, 2 } ]
[ 4 , 6 , { 0, 1, 2, 3 } ]
[ 5, 20, { 0, 1, 2, 3, 4 } ]
[ 6, 24, { 0, 1, 2, 3, 4, 5 } ]
[ 7, 16, { 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6 } ]
[ 8, 12, { 0, 1, 2, 3, 5, 7 } ]
[ 9, 24, { 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 } ]
[ 10, 60, { 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 } ]
[ 11, 10, { 0, 1, 2, 3, 5, 8, 10 } ]
[ 12, 24, { 0, 1, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9, 10, 11 } ]
[ 13, 28, { 0, 1, 2, 3, 5, 8, 10, 11, 12 } ]
[ 14, 48, { 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13 } ]
[ 15, 40, { 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14 } ]
[ 16, 24, { 0, 1, 2, 3, 5, 7, 8, 9, 11, 13, 15 } ]
[ 17, 36, { 0, 1, 2, 3, 4, 5, 8, 9, 12, 13, 14, 15, 16 } ]
[ 18, 24, { 0, 1, 2, 3, 5, 8, 10, 13, 15, 16, 17 } ]
[ 19, 18, { 0, 1, 2, 3, 5, 8, 11, 13, 15, 16, 17, 18 } ]
[ 20, 60, { 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19 } ]
On constate que les deux progressions arithmétiques de raison minimale ne contenant aucun nombre
de Fibonacci sont 8k + 4 et 8k + 6
Si l’on impose la condition a ∧ b = 1, on trouve 11k + 4, 11k + 6, 11k + 7 et 11k + 9.
Proposition 2 : Pour tout entier N, G0(N) = { n ∈ Z ; N | Fn } est un sous-groupe additif de Z, dont
l’ordre divise la période de la suite (Fn) modulo N.
Notations : pour tout entier N > 0, nous noterons T(N) la période fondamentale de la suite (Fn)
modulo N, T0(N) le plus petit entier > 0 tel que N | Fn , et τ(N) = T(N)/T0(N).
La suite (T0(N)) est référencée A001177, et la suite (T(N)) A001175 par l’OEIS, qui répertorie
également plusieurs de ses sous-suites. Si j’en crois Jean-Marc Lapierre et l’OEIS, l’étude complète
de ces suites est encore un problème ouvert, donnant lieu à des conjectures, car on ne connaît pas
de formule simple et générale donnant T0(N) et T(N). Nous allons ici commencer cette étude.
2
Proposition 3 : T0(N) | T(N) ≤ N . Pour tout nombre premier p, T0(p) ≤ p + 1.
2
La première assertion découle de card(Z/NZ×Z/NZ) = N ; la seconde, du théorème 2 du § 5.2.
Pour calculer T0(N) et T(N), il y a deux méthodes :
45
1) La méthode directe, élémentaire et facilement programmable, consiste à attendre la première
occurrence de 0, ou du couple de restes (0, 1).
T0(N) = min { k > 0 , Fk ≡ 0 (mod N) } et T(N) = min { k > 0 , Fk ≡ 0 et Fk+1 ≡ 1 (mod N) }
On peut recourir aux algorithmes de Floyd ou de Brent, qu’on trouvera dans Michel Demazure,
Cours d’algèbre, (Cassini), p. 31 à 33. Voici quelques tableaux de valeurs :
N 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
T0 (N) 1 3 4 6 5 12 8 6 12 15 10 12 7 24 20 12 9 12 18
T (N) 1 3 8 6 20 24 16 12 24 60 10 24 28 48 40 24 36 24 18
Nous allons maintenant indiquer calculer T(p) et T0(p) pour quelques nombres premiers, à l’aide de
méthodes abstraites. Commençons par p = 2 et p = 5.
Proposition 5 : Les suites (Fn) et (Ln) sont égales modulo 2, et 3-périodiques. Fn et Ln sont pairs ssi
n est multiple de 3. En clair, T(2) = T0(2) = 3, τ(2) = 1.
Preuve : Raisonner modulo 2 est bien facile, aussi la méthode suivante est un peu pédante.
2
L’équation caractéristique r – r – 1 = 0 est sans racines dans Z/2Z, mais elle a deux racines
2
distinctes, a et b, dans le corps de scindage F4 = Z/2Z[X]/(X – X – 1) = { 0, 1, a, b },
de caractéristique 2, et à 4 éléments, de ce polynôme.
n n 2
On a, pour tout n : Fn = a + b . Rappelons qu’ici b = a . et a est d’ordre 3
Cette suite est 3-périodique en vertu du petit théorème de Fermat relatif à F4 .
n n n
De plus, Fn = a + b = 0 ⇔ a = 1 ⇔ 3 | n.
Proposition 6 : La suite (Fn) est 20-périodique modulo 5, la suite (Ln) est 4-périodique modulo 5. Fn
est divisible par 5 ssi n est multiple de 5. En clair, T(5) = 20, T0(5) = 5, τ(5) = 4.
46
Preuve : Nous avons déjà établi cela au § 5.2. Retrouvons-le autrement.
2
Dans Z/5Z, l’équation caractéristique r – r – 1 = 0 a 3 comme racine double.
n n n n
Du coup Fn = (an + b).3 et Ln = (cn + d).3 . Après calculs, Fn ≡ 2n.3 et Ln ≡ 2.3 (mod 5).
4
Comme 3 = 1, la suite (Fn) est 20-périodique, et la suite (Ln ) est 4-périodique modulo 5.
n
Plus précisément, Fn ≡ 0 (mod 5) ⇔ 5 | 2n.3 ⇔ 5 | n, donc T0(5) = 5.
n n+1
Et Fn ≡ 0 (mod 5) et Fn+1 ≡ 1 (mod 5) ⇔ 5 | 2n.3 et 5 | 2(n+ 1)3 −1
n+1 n+1 n
⇔ 5 | n et 5 | 2(n+ 1)3 − 1 ⇔ 5 | n et 5 | 2.3 − 1 ⇔ 5 | n et 5 | 3 − 1 ⇔ 5 | n et 4 | n.
Corollaire : La suite (Fn) est 60-périodique mod 10. Fn est divisible par 10 ssi n est multiple de 15.
En clair, T(10) = 60, T0(10) = 15, τ(10) = 4.
Preuve : Il suffit d’appliquer la prop 1 aux prop 2 et 3.
Venons-en aux nombres premiers p ≠ 2 et 5, et rappelons le résultat suivant :
Proposition 7 : Soi p un nombre premier ≠ 2 et 5.
i) 5 est un carré dans Z/pZ si et seulement si p ≡ 1 ou 9 (mod 10)
ii) 5 n’est pas un carré dans Z/pZ si et seulement si p ≡ 3 ou 7 (mod 10)
Preuve : Ces équivalences découlent aisément de la loi de réciprocité quadratique, mais il y a sans
doute une preuve plus simple. No matter…
Cas où 5 est un carré dans Z/pZ, i.e. p ≡ 1 ou 9 (mod 10)
Corollaire 1 : Les suites (Fn) et (Ln) sont 10-périodiques modulo 11. Fn est divisible par 11 ssi n est
multiple de 10. En clair, T(11) = T0(11) = 10, τ(11) = 1.
2 2 n n n n
Preuve : Dans Z/11Z, on a 5 = 4 = 7 , et Fn ≡ 3.( 8 – 4 ) et Ln ≡ 8 + 4 (mod 11).
En vertu du petit théorème de Fermat, (Fn) et (Ln) sont 10-périodiques modulo 11.
n n n n n
Plus précisément 11 | Fn ⇔ 11 | 3.( 8 – 4 ) = 3.4 ( 2 – 1 ) ⇔ 11 | 2 – 1 ⇔ 10 | n,
car l’ordre de 2 dans (Z/11Z)* est 10. Donc T0(11) = 10. On en déduit que T(11) = 10.
Corollaire 2 : Les suites (Fn) et (Ln) sont 18-périodiques modulo 19. Fn est divisible par 19 ssi n est
multiple de 18. En clair, T(19) = T0(19) = 18, τ(19) = 1.
2 2
Preuve : Dans Z/19Z, on a 5 = 9 = 10 , ω = 15, ϖ = 5,
n n n n
Fn ≡ 2 ( 15 – 5 ) et Ln ≡ 15 + 5 (mod 19).
En vertu du petit théorème de Fermat, (Fn) et (Ln) sont 18-périodiques modulo 19.
2
T0(19) est l’ordre de − ω = 3 qui vaut 18. Donc T0(19) = 18. On en déduit que T(19) = 10.
47
Cas où 5 n’est pas un carré dans Z/pZ, i.e. p ≡ 3 ou 7 (mod 10)
Corollaire 1 : Les suites (Fn) et (Ln) sont 8-périodiques modulo 3. Fn est divisible par 3 ssi n est
multiple de 4. En clair, T(3) = 8, T0(3) = 4, τ(3) = 2.
Preuve : 5 = 2 n’est pas un carré dans Z/3Z. Dans le corps de scindage à 9 éléments
K = F9 = Z/3Z[X]/(X – X – 1) = Z/3Z[ 5 ] , ω = 1+ 5 = 2( 1 + 5 ) et ϖ = 1− 5 = 2( 1 − 5 )
2
2 2
ω n −ϖ n n n
On a Fn = et Ln = ω + ϖ .
ω −ϖ
8
Comme K* a 8 éléments, ω = 1 et (Fn) et (Ln) sont 8-périodiques modulo 3.
2 4 8
Plus précisément ω = ω + 1, ω = −1, ω = 1, donc ω est bien d’ordre 8 : T(3) = 8.
2
Comme −ω est d’ordre 4, T0(3) = 4.
Corollaire 2 : La suite (Fn) est 24-périodique mod 6. Fn est divisible par 6 ssi n est multiple de 12.
En clair, T(6) = 24, T0(6) = 12, τ(6) = 2.
Corollaire 3 : Les suites (Fn) et (Ln) sont 16-périodiques modulo 7. Fn est divisible par 7 ssi n est
multiple de 8. En clair, T(7) = 16, T0(7) = 8, τ(7) = 2.
Preuve : ∆ = 5 n’est pas un carré dans Z/7Z. Dans le sur-corps à 49 éléments K= F49 = Z/7Z[ 5 ].
ω n −ϖ n
ω = 1+ 5 = 4(1 + 5 ) , ϖ = 1− 5 = 4( 1 − 5 ) , Fn =
n n
et Ln = ω + ϖ ..
2 2 ω −ϖ
48 16
Comme K* a 48 éléments, ω = 1, et on constate même que ω = 1.
2 4 8 16
En effet ω = ω + 1 , ω = 3ω + 2 , ω = 6 = − 1 , donc ω = 1
2
Ainsi (Fn) et (Ln) sont 16-périodiques modulo 7. De plus −ω est d’ordre 8, donc T0(7) = 8.
Corollaire 4 : La suite (Fn) est 48-périodique mod 14. Fn est divisible par 14 ssi n est multiple de
24. En clair, T(14) = 48, T0(14) = 24, τ(14) = 2.
Il doit être possible de programmer cette discussion avec Maple et de calculer les T(p) et T0(p), puis
les T(N) et T0(N) lorsque N est quadratfrei.
48
5.3. Compléments et conjectures.
Sur ma chair vient ta nuit concave, Anaxagore ;
Et l’éternel me chante, approche ou souvenir,
Un poème d’hier, un poème à venir :
« Tes disciples ardus le savaient, Pythagore... »
Jose Luis Borges, La nuit cyclique
Jean-Marc Lapierre est allé bien plus loin, concernant les valeurs prises par les fonctions T et T0 sur
les nombres primaires. Il a abordé les conjectures de Wall-Sun-Sun, mais je m’arrête là.
k k−1
Proposition : Pour tout k ≥ 1, T(2 ) = 3×2 .
Ce résultat est établi dans la note de Jean-Marc Lapierre.
k 2 k
Proposition : Pour tout k ≥ 1, T(5 ) = 2 ×5 .
Ce résultat est vrai pour les premières valeurs, mais j’ignore s’il est vrai ou si c’est une conjecture.
k k−1 k
Corollaire : T(10) = 60, T(100) = 300, et, pour tout k ≥ 3, T(10 ) = 2 ×3×5 .
Cela découle des deux résultats précédents. Ce résultat aurait été démontré par le mathématicien
israélien Dov (Moshe) Jarden13.
Théorème de Donald D. Wall (1960) : Si p est un nombre premier, on a l’alternative :
2 2
soit T(p ) = T(p) , soit T(p ) = p.T(p).
2 2
De plus, s’il existe un Fn tel que p divise Fn et p ne divise pas Fn, alors T(p ) = p.T(p).
2
Conjecture 1 : Si p est un nombre premier, il existe un Fn tel que p divise Fn et p ne divise pas Fn,
Cette conjecture se vérifie facilement pour les petites valeurs de p :
Si p = 2, F3 = 2 est divisible par 2, non par 4.
Si p = 3, F4 = 3 est divisible par 3, non par 9.
Si p = 5, F5 = 5 est divisible par 5, non par 25.
Si p = 7, F8 = 21 est divisible par 7, non par 49.
Si p = 11, F10 = 55 est divisible par 11, non par 121.
Si p = 13, F7 = 13 est divisible par 13, non par 169.
Conjecture 2 : Si p est un nombre premier, le premier nombre de Fibonacci Fn > 0 tel que p divise
2
Fn est tel que p ne divise pas Fn,
Si la conjecture 2 est vraie, alors la conjecture 1 l’est aussi, et, dans le théorème de Wall, on a
2
toujours T(p ) = p.T(p).
13 Dov Jarden (Motele, Russie, 1911 – Jérusalem, 1986), linguiste ayant écrit plusieurs articles de théorie des
nombres, notamment sur les suites récurrentes. Son fils Moshe Jarden, né à Tel Aviv en 1942, est un algébriste
de renom.
49
est pythagoricien pour m ≥ 1.
2 2
Cela découle de ce que am = Fm × Fm+3 = ( Fm+2 − Fm+1 ) × ( Fm+2 + Fm+1 ) = (Fm+2) − (Fm+1) .
2 2 2
On en déduit aussitôt que am + bm = cm .
Les triplets obtenus ne sont pas tous primitifs. Plus précisément, le pgcd de am , bm , cm vaut 1 ou 2.
2 2 2 2
En effet, si p premier divisait am , bm , cm, c’est-à-dire (Fm+2) − (Fm+1) , (Fm+2) + (Fm+1) et
2 2
2×Fm+1×Fm+2 , il diviserait 2(Fm+2) , 2(Fm+1) et 2Fm+1Fm+2 ; si p était impair, il diviserait Fm+2
et Fm+1 ; or ces nombres sont premiers entre eux.
Un examen de parité montre que pgcd(am , bm , cm) = 2 si 3 divise m, 1 sinon ; autrement dit, dans la
liste obtenue, deux triplets sur trois sont primitifs.
am 0 −1/2 1 1/ 2
Si l’on note Fibo(m) = bm , alors : Fibo(0) = 2 et Fibo(m+1) = 1 1 1 Fibo(m).
cm 2 1/2 1 3/ 2
3 1 4 4
On en déduit que : Fibo(1) = 4 et Fibo(m+3) = 4 7 8 Fibo(m).
5 4 8 9
Cette matrice joue un rôle important dans l’étude générale des triplets pythagoriciens. Je renvoie à
mon chapitre sur le sujet.
Soient (M, ∗) un monoïde, a et b deux éléments de M. On nomme suite de Fibonacci générale toute
suite (un)n∈N d’éléments de E vérifiant : u0 = a , u1 = b , ∀n ∈ N un+2 = un+1 ∗ un .
Soient (G, ∗) un groupe, a et b deux éléments de G. On nomme suite de Fibonacci générale toute
suite (un)n∈Z d’éléments de E vérifiant : u0 = a , u1 = b , ∀n ∈ Z un+2 = un+1 ∗ un .
Remarque : si l’on remplace la loi un+2 = un+1 ∗ un par la loi un+2 = un ∗ un+1 , il suffit de se
placer dans le monoïde (ou le groupe) opposé.
Exemples :
1) Dans (N, +), la suite décalée (Fn−1) = ( 1, 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, … )
ainsi que toutes les suites tronquées : (Fn+7) = ( 8, 13, 21, 34, 55, … ), etc.
2) Dans (N, +), la suite de Lucas (Ln) = ( 2, 1, 3, 4, 7, 11, 18, 29, 47, 76, … ).
3) Dans (Z, +), toutes les suites tronquées de (Fn), telles que
(Fn−8) = ( − 21 , 13 , − 8 , 5 , − 3 , 2 , − 1 , 1 , 0 , 1 , 1 , 2 , 3 , 5 , 8 , 13 , 21 , 34, … )
4) Dans (Z××Z, +), les suites (Fn, Fn+1) et (Ln, Ln+1) sont des suites de Fibonacci, qui vérifient :
(Fn+2, Fn+3) = (Fn, Fn+1) + (Fn+1, Fn+2) , (F0, F1) = (0, 1) , (F1, F2) = (1, 2)
(Ln+2, Ln+3) = (Ln, Ln+1) + (Ln+1, Ln+2) , (L0, L1) = (2, 1) , (L1, L2) = (1, 3)
n n
5) Dans (R, +) ou (Q[ 5 ], +), les suites (ϕ ) et (ϕ’ ), où ϕ est le nombre d’or et ϕ’ son conjugué.
2
Plus généralement, dans un anneau A, si x est un élément tel que x = x + 1, x est inversible et la
n
suite (x )n∈Z est une suite de Fibonacci.
50
En particulier, dans l’anneau M2(Q), la matrice A = vérifie A = A + I, donc (A ) n∈Z est une
11 2 n
1 0
suite de Fibonacci.
6) Dans le monoïde additif (P(R), +), la suite de segments [Fn, Fn+1] est une suite de Fibonacci, en
ce sens que [Fn, Fn+1] + [Fn+1, Fn+2] = [(Fn+2, Fn+3]. A noter que [F0, F1] = [0, 1], [F1, F2] = {1}.
2 2 3 3 5 5 8
7) Dans (N, ×), la suite ( 2 , 3 , 2.3 , 2.3 , 2 .3 , 2 .3 , 2 .3 , … ).
Elle est donnée par un = 2Fn−1 3Fn .
8) Dans (Z/2Z, +), la suite (0, 1, 1, 0, 1, 1, …) et plus généralement (a, b, a + b, a, b, a + b, … ).
On constate que ce sont des suites 3-périodiques.
Ce résultat subsiste dans tout groupe vérifiant ∀x x + x = 0 .
9) Dans (Z/3Z, +), la suite (0, 1, 1, 2, 0, 2, 2, 1, 0, 1, 1, 2, 0, … ) est 8-périodique et 4-
antipériodique. Plus généralement (a, b, a + b, a + 2b, 2a, 2b, 2a + 2b, 2a + b, 0, a, b, a + b, …) est
8-périodique, et 4-antipériodique.
Ce résultat subsiste dans tout groupe additif vérifiant ∀x x + x + x = 0 .
10) Soit M = Mo({0, 1}) le monoïde des mots à deux lettres 0, 1, muni de la concaténation. Partant
des mots 1 et 0, on obtient une suite de Fibonacci de mots :
m0 = 1 , m1 = 0 , m2 = 01 , m3 = 010 , m4 = 01001 , m5 = 01001010 , etc.
Nous étudierons plus tard sur cette importante suite de mots.
Dans la suite, un monoïde ou un groupe additif seront toujours supposés commutatifs.
Proposition 1 : i) Soient (M, +) un monoïde additif, (un)n∈N une suite de Fibonacci générale.
On a : ∀n ∈ N un = Fn−1.a + Fn.b .
ii) Soient (G, +) un groupe additif. (un)n∈Z une suite de Fibonacci générale.
On a : ∀n ∈ Z un = Fn−1.a + Fn.b .
Preuve : 1) se montre par récurrence double.
Si n = 0, u0 = a = F−1.a + F0.b . Rappelons que F−1 = 1. Si n = 1, u1 = b = F0.a + F1.b .
Si un = Fn−1.a + Fn.b et un+1 = Fn.a + Fn+1.b , alors
un+2 = un+1 + un = ( Fn + Fn−1 ).a + ( Fn+1 + Fn ).b = Fn+1.a + Fn+2.b . cqfd
2) En vertu de 1), on a déjà ∀n ∈ N un = Fn−1.a + Fn.b .
Si un = Fn−1.a + Fn.b et un+1 = Fn.a + Fn+1.b , alors
un−1 = un+1 − un = ( Fn − Fn−1 ).a + ( Fn+1 − Fn ).b = Fn−2.a + Fn−1.b . cqfd
Remarques : Ce résultat subsiste dans des monoïdes ou des groupes non commutatifs, pourvu que a
et b commutent.
11 n F F
Exemple : Dans M2(Q), si A = , on retrouve A = Fn−1.I + Fn.A = n+1 n
1 0 Fn Fn−1
Notons Fibo(N, M) l’ensemble des suites de Fibonacci générales (un)n∈N à éléments dans M,
Fibo(Z, M) l’ensemble des suites de Fibonacci générales (un)n∈Z à éléments dans M,
Corollaire 1 : Les suites de Fibonacci générales à éléments dans N forment un sous-monoïde additif
de F(N, N). C’est le monoïde engendré par les suites (Fn−1) et (Fn).
Corollaire 2 : Les suites de Fibonacci générales à éléments dans Z forment un sous-groupe additif
de F(N, Z). C’est le sous-groupe engendré par les suites (Fn−1) et (Fn).
51
Corollaire 3 : Les suites de Fibonacci générales à éléments dans un corps K forment un sous-espace
vectoriel de F(N, K) de dimension 2. C’est le plan engendré par les suites (Fn−1) et (Fn).
Pour que deux suites u = (un)n∈N et v = (vn)n∈N forment une base de Fibo(N, K), il faut et il suffit
que
u0 v0 ≠ 0.
u1 v1
Exemples :
1) Les suites (Fn) et (Ln) forment une base de Fibo(N, K), pour tout corps de caractéristique ≠ 2.
En revanche, dans un corps de caractéristique 2 elles sont identiques.
n n
2) Les suites (ϕ ) et (ϕ’ ) forment une base de Fibo(N, R) et de Fibo(N, Q[ 5 ]).
Lorsque K = R, nous avons déjà abordé ces sujets au § 3.
Proposition 2 : Soit (M, +) un monoïde additif, (an) une suite d’éléments de M, (un) une suite
vérifiant ∀n ∈ N un+2 = un+1 + un + an .
Alors ∀n ≥ 2 un = Fn−1.u0 + Fn.u1 + Fn−1.a0 + Fn−2.a1 + … + F1.an−2 + F0.an−1.
Preuve : par récurrence sur n.
NB : Lorsque M = C ou K, corps commutatif, on peut aussi montrer cela par série génératrice.
Corollaire : Si ∀n ∈ N un+2 = un+1 + un + a ,
Alors ∀n ≥ 2 un = Fn−1.u0 + Fn.u1 + ( Fn+1 – 1 ).a.
n
∑ F .X
2 k n+1 n+2
Remarque : ( 1 – X – X ).( k ) = X – Fn+1.X – Fn.X .
k =0
+∞ +∞
2− X = 1 + 1 =
∑ L .X
n =0
n
n =
1− X − X² 1−ϕX 1−ϕ' X ∑(ϕ +ϕ' ).X
n =0
n n n
et il reste à identifier.
Corollaire 2 : ∀n ≥ 0 F0 + F1 + … + Fn = Fn+2 – 1 .
52
Preuve : Passons par les séries génératrices,
+∞
∑(F +...+F ).X
n =0
0 n
n = 1 X
1− X 1− X − X²
.
+∞ +∞ +∞ +∞ +∞ +∞ +∞
∑(Fn+2−1).X n =
n =0
∑
n =0
Fn+2.X n − ∑ X n = 1 ∑Fn+ 2.X n+ 2 − ∑ X n = 1 ( ∑Fn .X n − X ) − ∑ X n
n =0 X² n=0 n =0 X² n=0 n =0
= 1 ( X −X)− 1 .
X² 1− X − X² 1− X
Il suffit de vérifier que les deux seconds membres sont égaux.
n−1 n−1
Corollaire 3 : ∀n ≥ 1 F1 – F2 + F3 – F4 + … + (−1) .Fn = 1 + (−1) .Fn−1
Preuve :
+∞ +∞ +∞
∑(F −F
n =0
n n −1 +...+(−1)n F0 ).X n = ( ∑(−1)n.X n )( ∑Fn .X n ) =
n =0 n =0
1 X
1+ X 1− X − X²
.
+∞
−X .
Changeant X en – X, il vient : ∑(F −F +...+(−1) F ).X
n =0
0 1
n
n
n = 1
1− X 1+ X − X²
+∞
Donc ∑(F −F +...+(−1)
n =1
1 2
n −1Fn ).X n = 1 X
1− X 1+ X − X²
.
+∞ +∞ +∞
∑(1+(−1)
n =0
n −1 Fn−1).X n = 1 +
1− X ∑(−1)
n =0
n −1 Fn−1.X n =
1− X ∑
1 + X (−1)n−1Fn−1.X n−1
n =0
+∞
= 1 + X (− 1 +
1− X X ∑(−1)
1 −1−
1− X
n =1
X² .
n −1 Fn −1.X n −1 ) =
1+ X − X²
Il reste à vérifier que 1 X = 1 −1− X² , ce qui est facile.
1− X 1+ X − X² 1− X 1+ X − X²
Proposition 2 : ∀n ≥ 1 Fn = ∑C
p + q = n−1
q
p
= ∑C k
n −1−k = ∑C
k∈Z
k
n −1− k .
0≤ k ≤ n −1
2
+∞ +∞ +∞ m
Preuve : ∑Fn .X n =
n =0
X = X
1− X − X² 1−(X + X²)
= X ∑(X + X²)m = X ∑∑Cmk.X m+ k
m=0 m=0 k =0
+∞ +∞ +∞
=X ∑(∑Cnk−k).X n =
n =0 k
∑(∑Cnk−k).X n+1 =
n =0 k
∑(∑C
n =1 k
k
n −1−k ).X n .
La théorie des séries formelles permet de rendre ce calcul rigoureux. Voir mon chapitre sur le sujet.
Dans le paragraphe suivant, nous utiliserons la méthode des séries génératrices.
R = 1/ϕ = |ϕ’| = ϕ − 1, et .
+∞ +∞
2− z .
∀z ∈ C , |z| < 1/ϕ ∑ F .z
n =0
n
n = z
1− z − z²
et ∑ L .z
n =0
n
n =
1− z − z²
+∞ +∞ +∞ +∞
Corollaire : ∑ Fn = 2 ,
n =0 2
n ∑
n =0
Ln = 6 ,
2n ∑
n =0
Fn = 10 ,
10n 89 ∑10L
n =0
n
n
= 190 .
89
+∞ +∞
Proposition 4 : Les séries entières ∑ Fn! .z
n =0
n n et ∑ Ln!.z
n =0
n n ont pour rayon de convergence +∞ et :
ϕ'z ϕz
Fn .z n = e −e
+∞ +∞
∀z ∈ C ∑
n =0 n! 5
et ∑ Ln!.z
n =0
n n = eϕz + eϕ'z .
53
ϕ ϕ'
Fn = e −e ,
+∞ +∞
Corollaire : ∑
n =0 n! 5
∑ Ln!
n =0
n
= eϕ + eϕ' .
+∞ +∞ n
Exercice : Si B(z) = ∑ Fn! .z
n =0
n n , montrer que B(z).exp(z) = ∑ Fn! .z
n =0
2n n , en déduire F2n = ∑C .F
k =0
k
n k .
et idem pour les nombres de Lucas. Certes, ces quatre séries divergent, mais :
Proposition 6 : S’il existe un procédé sommatoire (G, S) qui les rende convergentes, alors :
+∞ +∞ +∞ +∞
∑Fn =
n =0
∑Ln = − 1 (G) ;
n =0
∑(−1)nFn = − 1 (G) ;
n =0
∑(−1) L
n =0
n
n = 3 (G).
Exercice : Soit (Fn) la suite de Fibonacci définie par F−1 = 1, F0 = 0, Fn+2 = Fn+1 + Fn.
N N
1) On considère l’application u : a = (an) ∈ R → b = (bn) ∈ R définie par :
b0 = − a0 , b1 = − a0 – a1 et ∀k ≥ 2 bk = ak−2 – ak−1 – ak .
Démontrer que u est un isomorphisme. Expliciter la bijection réciproque.
(N)
2) Démontrer que u laisse stable le sous-espace R des suites nulles à partir d’un certain rang,
mais que l’endomorphisme induit, noté v, n’est pas un isomorphisme.
+∞ +∞
Plus précisément, démontrer que b = (bn) ∈ Im v ⇔ ∑Fk bk = 0 et
k =0
∑F k =0
b = 0.
k −1 k
Solution :
N
1) L’application u est linéaire, et bijective, car si b = (bn) ∈ R , il existe une unique suite a = (an)
N
∈ R vérifiant : b0 = − a0 , b1 = − a0 – a1 et ∀k ≥ 2 bk = ak−2 – ak−1 – ak .
C’est la suite récurrente linéaire affine définie par :
54
a0 = − b0 , a1 = b0 – b1 et ∀k ≥ 2 ak = ak−2 – ak−1 – bk .
Un calcul récurrent permet de deviner que
n+1
an = − F1.bn + F2.bn−1 − F3.bn−2 + ... + (−1) .Fn+1.b0
formule que l’on peut ensuite vérifier par report.
2) Si les ak sont nuls à partir d’un certain rang, il en est de même des bk.
L’endomorphisme induit v est injectif, comme restriction d’un endomorphisme injectif.
+∞ +∞
∑Fk bk , ∑F
(N) 2
Considérons l’application w : b = (bn) ∈ R →( b )∈R .
k −1 k
k =0 k =0
v w
(N) (N) 2
Démontrons que Im v = Ker w, autrement dit que R → R → R est une suite exacte.
+∞
∑F b
(N)
Notons que les formes linéaires f : b = (bn) ∈ R → k k = b1 + b2 + 2b3 + 3b4 + 5b5 + …
k =0
+∞
∑F
(N)
et g : b = (bn) ∈ R → b = b0 + b2 + b3 + 2b4 + 3b5 + …
k −1 k
k =0
(N)
sont libres de sorte que Ker w est un sous-espace de codimension 2 de R .
(N)
Soit (en) la base canonique de R . On constate que v(en) = sn, où sn = − en − en+1 + en+2 .
f(sn) = − Fn − Fn+1 + Fn+2 = 0 et g(sn) = − Fn−1 − Fn + Fn+1 = 0.
Par linéarité, Im v ⊂ Ker w.
+∞ +∞
∑F b ∑F
(N)
Réciproquement, soit b = (bn) ∈ R telle que k k = k −1 k b = 0.
k =0 k =0
55
+∞
∑b X k 2
Comment reconnaître que le polynôme Q = k est divisible par X – X – 1 ?
k =0
2
Il est divisible par X – X – 1 ssi son reste euclidien est nul.
+∞ +∞
Or ce reste est : ∑Fk −1bk + ( ∑Fk bk )X. Je laisse cela en exercice au lecteur.
k =0 k =0
2
Comme on voit, le polynôme X – X – 1 ne joue en réalité qu’un rôle mineur, on pourrait fabriquer
autant d’exercices que l’on veut de cette façon.
+∞ +∞ X −X 3
∑ F .X
n =0
2n
2n = X²
1−2X²− X 4
et ∑F
n =0
2n+1 .X 2n+1 =
1−2X²− X 4
.
+∞ +∞
1− X
Donc ∑ F .X
n =0
2n
n = X
1−2X − X 2
et ∑F n =0
2n+1 .X n =
1−2X − X 2
.
Proposition 1 : Les suites (F2n) et (F2n+1) sont récurrentes linéaires et obéissent resp. aux formules :
w0 = 0 , w1 = 1 , ∀n ∈ Z wn+2 – 3.wn+1 + wn = 0.
w0 = 1 , w1 = 2 , ∀n ∈ Z wn+2 – 3.wn+1 + wn = 0.
56
ϕ qn+r −ϕ'qn+r qn qn
Fqn+r = est combinaison linéaire des suites (ϕ ), (ϕ’ ), donc appartiennent au noyau
5
q q 2 q+1
de : ( T − ϕ )( T − ϕ’ ) = T – Lq.T + (−1) , où (Lq) est la suite de Lucas.
Proposition 2 : Les suites (Fqn+r)n , où 0 ≤ r < q, sont récurrentes linéaires d’ordre 2 et obéissent
q+1
aux formules : w0 = Fr , w1 = Fq+r , ∀n ∈ Z wn+2 – Lq.wn+1 + (−1) .wn = 0.
Remarque : on peut aussi retrouver cela à l’aide de la 1ère méthode, mais c’est un peu plus abstrait.
q q
Il s’agit de chercher un polynôme anulateur de T . Soit P un tel polynôme, Q(X) = P(X ).
q 2
On veut que P(T ) = 0 et que X – X – 1 divise P.
2
Ecrivons P(X) = ( X – X – 1 ).Q(X).
Proposition 4 : La suite (Fn.Fn+1) est récurrente linéaire d’ordre 3 et obéit aux formules :
w0 = 0 , w1 = 1 , w2 = 2 , ∀n ∈ N wn+3 – 2.wn+2 – 2.wn+1 + wn = 0.
Etudions la suite (F0.F1 + … + Fn.Fn+1) des sommes cumulées des aires des rectangles d’or.
Cette suite, répertoriée A064831 dans l’OEIS, a pour premières valeurs :
0 , 1 , 3 , 9 , 24 , 64 , 168 , 441 , 1155 , …
Proposition 5 : La suite an = F0.F1 + … + Fn.Fn+1 vérifie :
a0 = 0 , a1 = 1 , a2 = 2 , a3 = 9 , an+4 = 3.an+3 – 3.an+1 + an
2 2
an = Fn+1 − 1 si n est impair, an = Fn+1 si n est pair
3
Etudions la suite (Fn ).
3 ϕ 3n −3(−ϕ)n +3(−ϕ')n −ϕ'3n
Il découle de la formule de de Moivre que Fn = .
5 5
57
3 3n 3n n n
La suite (Fn ) est combinaison linéaire des suites (ϕ ), (ϕ’ ), ((−ϕ) ), ((−ϕ’) ), donc appartient au
3 3 4 3 2
noyau de R(T), où R = ( X − ϕ )( X − ϕ )( X + ϕ )( X + ϕ’ ) = X – 3X – 6X + 3X + 1.
3
Proposition 5 : La suite (Fn ) est récurrente linéaire d’ordre 4 et obéit aux formules :
w0 = 0 , w1 = w2 = 1 , w3 = 8 , ∀n ∈ N wn+4 – 3.wn+3 – 6.wn+2 + 3.wn+1 + wn = 0.
58
+∞
∑u .X n 2 2
Notant U = n , il vient ( 1 – X – X ).U = u0 + (u1 – u0).X + (u2 – u1 – u0).X + …
n =0
+∞
= X + X – X + X − … = X + X² = X +2X² , d’où ∑u .X X +2X²
2 3 4 n = , etc.
1+ X 1+ X (1+ X)(1− X − X²)
n
n =0
1−(−1)n
Considérons la suite définie par v0 = 0 , v1 = 1 , vn+2 = vn+1 + vn + .
2
Autrement dit vn+2 = vn+1 + vn si n est pair , vn+1 + vn + 1 si n est impair.
Ses premiers termes sont :
0 , 1 , 1 , 3 , 4 , 8 , 12 , 21 , 33 , 46 , 77 , 122 , 200 , 321 , 522 , …
Elle est répertoriée dans l’OEIS sous le numéro A074331.
Proposition 8 : Cette suite peut aussi être définie par :
v0 = 0 , v1 = v2 = 1 , v3 = 2 , vn+4 = vn+3 + 2vn+2 − vn+1 − vn.
Elle est liée à la suite de Fibonacci par la formule :
1+(−1)n
∀n ∈ N vn = Fn+1 − = Fn+1 − 1 si n est pair , Fn+1 si n est impair.
2
+∞
Sa série génératrice est ∑
n =0
vn.X n = X
(1+ X)(1− X)(1− X − X²)
.
5 −2
1 − 8 + 4 5 ( n + 1 ) −2 1
2 1 − 5 5 5 1 − 5
R := − +
25 1− 5 ( 1 − 5 )2
n n
2 1 − 8 − 4 5 ( n + 1 ) −2 1
5 −2
25 1 + 5 5 5 1 + 5
+ +
1+ 5 ( 1 + 5 )2
59
Remarque : 1) On peut aussi utiliser les séries formelles A = ∑F X
n≥0
n
n et B = ∑x X
n≥0
n
n .
2 2 2 X 2
(1 − X – X ).A = X et (1 − X – X ).B = X + X .A, donc A = et B = A + X.A .
1− X − X²
Il reste à décomposer en éléments simples les fractions A et B.
2) Les deux suites précédentes se généralisent sans peine aux suites récurrentes vérifiant
P(T)(u) = v, où v est elle-même suite récurrente linéaire à coefficients constants Q(T)(v) = 0.
Car alors (P.Q)(T)(u) = 0, etc. La situation est analogue à celle des équations différentielles linéaires
P(D)(y) = f, où f est une exponentielle-polynôme.
5 −2
1 − 8 + 4 5 ( n + 1 ) −2 1
2 1 − 5 5 5 1 − 5
R := − +
25 1− 5 ( 1 − 5 )2
n n
2 1 − 8 − 4 5 ( n + 1 ) −2 1
5 −2
25 1 + 5 5 5 1 + 5
+ +
1+ 5 ( 1 + 5 )2
60
Proposition 9 : La suite Sn = ∑F .F
0≤ k ≤ n
k n−k est récurrente linéaire, et peut être définie par :.
X²+ X 4 X²
= +
(1− X − X²)² 1− X − X²
Il suffit de vérifier que les séries génératrices des deux membres sont égales.
> F:=X/(1-X-X^2);
X
F :=
1 − X − X2
> DF:=simplify(X*diff(F,X));
X ( 1 + X2 )
DF := 2
( −1 + X + X 2 )
> simplify(1/5*(DF-F)+2*X/5*(DF + F));
X2
2
( −1 + X + X 2 )
Remarques : 1) Sn est le nombre des éléments de tous les sous-ensembles de {1, 2, …, n – 1} ne
contenant pas d’entiers consécutifs. Ainsi S5 = 10, car {1, 2, 3, 4} a 8 sous-ensembles convenables
∅ , {1} , {2} , {3} , {4} , {1, 3} , {1, 4} , {2, 4}, qui contiennent en tout 10 éléments.
2) La suite (nFn) est répertoriée A045925.
3) Plus généralement, la convolée de deux suites récurrentes linéaires est récurrente linéaire.
61
8.8. Transformation de Tchebychev.
+∞
Définition : On appelle transformée de Tchebychev de la série formelle A = ∑ a .X
n =0
n
n ∈ C[[X]] la
62
8.10. Suite fractale de Fibonacci.
Il s’agit de la suite 1 , 1 , 1 , 2 , 1 , 2 , 3 , 1 , 2 , 3 , 4 , 5 , 1 , 2 , 3 , 4 , 5 , 6 , 7 , 8 , …
répertoriée A194029 dans l’OEIS. C’est une suite « hésitante » (reluctant en anglais), au sens donné
à ce terme par Jean-Paul Delahaye, Des suites fractales d’entiers (Pour la science, janvier 2022).
Bof, bof,…
63
Proposition 4 : ∀n ∈ N [ FFn+n 1((XX)) ] = X 1 n [ F1 (X) ] = X 1 n [ 1 ] .
1 0 F0 (X) 1 0 0
Exercice : Démontrer que Fn(X).et Fn+1(X) sont premiers entre eux, et que
pgcd(Fm(X), Fn(X)) = Fpgcd(m,n)(X).
Fn+1(q) q+ q²+4
Proposition 5 : Si q > 0, la suite ( ) tend vers le q-nombre d’or : ϕq = .
Fn (q) 2
+∞ +∞
2− XT = 1 + 1 =
∑Ln(X).T n =
n =0 1− XT −T² 1−ϕT 1−ϕ'T ∑(ϕ +ϕ' ).T
n =0
n n n
où ϕ = X + X²+4 et ϕ’ = X − X²+4 .
2 2
Les coefficients de Fn(X) sont les coefficients binomiaux situés sur la n-ème transervale du triangle
de Pascal :
Proposition 7 : Pour n ≥ 1,
∑C
n–1 n–3 n–5 n–7
Fn(X) = X + Cn1−2 X + Cn2−3 X + Cn3−4 X +…= k
n −1− k.X n−2k −1 .
0≤k ≤ n −1
2
64
n −1
(X²+4cos² kπ ) ∏(X²+4cos² 22nk+π1) .
n
F2n(X) = X ∏
k =1 n
et F2n+1(X) =
k =1
x3 + 2 x
x 4 + 3 x2 + 1
x 5 + 4 x3 + 3 x
x 6 + 5 x 4 + 6 x2 + 1
x 7 + 6 x 5 + 10 x3 + 4 x
x 8 + 7 x6 + 15 x 4 + 10 x2 + 1
x 9 + 8 x7 + 21 x 5 + 20 x3 + 5 x
Exercice : On nomme polynômes de Fibonacci à deux indéterminées la suite de polynômes de
Z[X, Y] définie par F0(X, Y) = 0 , F1(X, Y) = 1 , Fn+2(X, Y) = X.Fn+1(X, Y) + Y.Fn(X, Y).
1) Programmer le calcul de ces polynômes.
2) Trouver diverses identités les concernant. Liens avec les suites de Fibonacci et Jacobstahl ?
3) Série génératrice ? Factorisation ?
La suite de Fibonacci possède des propriétés optimales. Nous en mentionnons ici deux, mais il y en
a d’autres, liées à l’étude des radicaux superposés.
14 Gabriel Lamé (Tours, 1795 – Paris, 1870) avait démontré, en 1839, le grand théorème de Fermat
pour n = 7. Il prétendra à tort l’avoir démontré en 1847, mais il a fait beaucoup d’autres choses.
65
• Si x divise a et b, x divise r2 = r0 − r1.q1 , puis r3 = r1 − r2.q2 et par récurrence descendante, il
divise tous les rk, donc d.
• Inversement, d divise rn et rn−1, donc rn−2 = rn−1.qn−1 + rn et par récurrence ascendante, il
divise tous les rk, donc b puis a.
Le nombre n d’itérations est une fonction du couple (a, b), que nous noterons L(a, b).
Nous prolongeons L à N×N en convenant que L(a, b) = 0 si a ou b = 0.
Proposition 1 : La fonction L : N×N → N satisfait aux conditions :
(I) ∀a ∈ N L(a, 0) = 0.
(II) ∀(a, b) ∈ N×N* L(a, b) = L(b, a mod b), où a mod b désigne ici le reste euclidien de a par b.
Proposition 2 : Pour n ≥ 2, L(Fn+2, Fn+1) = n.
Si a > b > 0 et si d = pgcd(a, b), alors a ≥ d.Fn+2 et b ≥ d.Fn+1.
Si a > b > 0 et L(a, b) = n, alors a ≥ Fn+2 et b ≥ Fn+1.
Théorème de Lamé (1845) : Le nombres d’itérations de l’algorithme d’Euclide nécessaires pour
calculer le pgcd de deux entiers naturels a et b vérifiant a > b > 0 est majoré par 5 fois le nombre de
chiffres décimaux du plus petit de ces deux nombres.
Je renvoie à Naudin Quitté, Algorithmique algébrique (p. 133-134) et Demazure, Cours d’algèbre
(p. 25-29).
15 Voir mon chapitre sur les Théorèmes des deux, trois et quatre carrés.
66
montre que résoudre (1) revient à chercher les points à coordonnées entières d’une hyperbole
d’asymptotes x = ± y.ϕ.
2
Si (a, b) ∈ Z est solution de (1) avec b pair, alors (x, y) = ( a + b , b ) est solution de (2).
2 2
2 2
Si (x, y) ∈ Z est solution de (2), alors (a, b) = (x – y, 2y) ∈ Z est solution de (1).
Ainsi, la résolution de (2) est une conséquence de la résolution de (1), car les solutions de (2) sont
en bijection avec une partie de celles de (1).
2 2 2
Proposition 1 : L’ensemble E des entiers relatifs de la forme n = x − 5y , où (x, y) décrit Z , est
une partie infinie de Z, stable par multiplication, ne contenant aucun entier n ≡ 2 ( mod 4 ), ni aucun
entier n ≡ 2 ou 3 ( mod 5 ) et tel que – E = E.
Preuve : E est infini puisqu’il contient tous les carrés de Z (faire y = 0).
La stabilité par multiplication découle de l’identité de Brahmagupta :
2 2 2 2 2 2
( x − 5y ) ( u − 5y ) = ( xu + 5yv ) − 5( xv + yu ) (4)
2 2 2 2
Raisonnons modulo 4 : n = x − 5y ≡ x − y = ( x − y )( x + y ) ( mod 4 )
Ce nombre est, soit impair (si x et y n’ont pas même parité), soit divisible par 4, sinon.
2 2 2
Raisonnons modulo 5 : x − 5y ≡ 2 ou 3 ( mod 5 ) ⇒ x ≡ 2 ou 3 ( mod 5 ), ce qui est impossible, si
l’on dresse la table des carrés modulo 5..
2 2
Enfin, − E = E découle de – 1 = 2 − 5.1 ∈ E par exemple.
2 2 2
Proposition 2 : L’ensemble F des entiers relatifs de la forme n = a + ab − b , où (a, b) décrit Z. ,
est une partie infinie de Z, stable par multiplication, ne contenant aucun entier n ≡ 2 ( mod 4 ), ni
aucun entier n ≡ 2 ou 3 ( mod 5 ), et telle que − F = F.
Preuve : F est infini car il contient tous les carrés de Z et leurs opposés (faire b = 0 puis a = 0).
La stabilité de F par multiplication découle de l’identité :
2 2 2 2 2 2
( a + ab − b ) ( c + cd − d ) = x + xy − y (5)
où x = ac + bd , y = ad + bc + bd.
Cette identité peut se vérifier directement ou se déduire, avec un peu d’huile de coude, de celle de
Brahmagupta et de (3).
2 2
L’impossibilité de a + ab − b ≡ 2 ( mod 4 ) se montre par examen de tous les cas dans Z/4Z.
2 2 2 2
Ou encore : a + ab − b ≡ 2 ( mod 4 ) ⇒ a + ab − b ≡ 0 ( mod 2 )
2 2
⇒ a et b sont pairs ⇒ a + ab − b ≡ 0 ( mod 4 ) .
Enfin, 4 étant inversible modulo 5 :
2 2 2 2
a + ab − b ≡ 2 ou 3 ( mod 5 ) ⇔ 4a + 4ab − 4b ≡ 3 ou 2 ( mod 5 )
2 2 2
⇔ (2a + b) − 5b ≡ 3 ou 2 (mod 5) ⇒ (2a + b) ≡ 3 ou 2 (mod 5). Impossible !
Enfin, − F = F découle de – 1 ∈ F par exemple.
Proposition 3 : Les ensembles E et F sont égaux. Et n ∈ F ⇒ 4n ∈ E.
2 2 2
Preuve : 1) L’inclusion E ⊂ F est facile. Soit n ∈ E, n = x − 5y , où (x, y) décrit Z .
2 2 2 2
Si l’on pose b = 2y et a = x – y , alors n = ( a + b ) − 5.( b ) = a + ab − b ∈ F.
2 2
2 2 2
2) L’inclusion F ⊂ E est plus retorse. Soit n = q(a, b) = a + ab − b , où (a, b) décrit Z .
2 2
Si b est pair, pas de souci : n = ( a + b ) − 5.( b ) ∈ E.
2 2
Pour traiter les autres cas, notons que n = q(a, b) = − q(b, a + b) = q(a + b, a + 2b).
Si b est impair et a impair, − n = q(b, a + b) ∈ E, donc n ∈ E.
Si b est impair et a pair, n = q(a + b, a + 2b) ∈ E.
67
2 2 2 2
3) n = a + ab − b ⇒ 4n = ( 2a + b ) − 5b ⇒ 4n ∈ E ; mais ceci découle aussi de 4 ∈ E = F
Sans doute pourrait-on poursuivre cette étude à l’aide de subtiles et laborieuses méthodes de
descente infinie de Fermat, mais nous allons plutôt suivre les algébristes du 19ème siècle, Gauss,
Dirichlet, Kummer et Dedekind, en introduisant des anneaux de nombres naturellement liés aux
problèmes à résoudre. « Naturellement »…, du moins, depuis leurs travaux !
2 2
Exemple : Si α = a + bϕ, où (a, b) ∈ Q×Q, T(α) = 2a + b , N(α) = a + ab − b .
Proposition 5 : La trace est une forme Q-linéaire, la norme est multiplicative :
2
i) ∀(α, β) ∈ Q[ 5 ] N(α.β) = N(α).N(β)
ii) ∀α ∈ Q[ 5 ] N(α) = 0 ⇔ α = 0.
Avant de poursuivre notre course folle, cherchons les éléments de norme ±1 dans Q[ 5 ].
68
5 t2 − 5 t + 1 1 + 5 t2 − 4 t
{ x = 2 , y = 1 }, { x = 2 , y = − }
−1 + 5 t 2 −1 + 5 t 2
> solve({a^2+a*b-b^2=1,b=t*(a-1)},{a,b});
solve({a^2+a*b-b^2=-1,b-1=t*a},{a,b});
t2 + 1 t (2 + t)
{ a = 1 , b = 0 }, { a = ,b= }
−1 − t + t 2
−1 − t + t 2
−1 + 2 t t2 + 1
{ b = 1, a = 0 }, { a = − ,b=− }
−1 − t + t 2 −1 − t + t 2
2
Proposition 7 : Z[ϕ] = { α = a + b.ϕ ; (a, b) ∈ Z } est un sous-anneau intègre de Q[ 5 ]. Ses
éléments sont appelés entiers du nombre d’or.
2 2
De plus Z[ 5 ] = { α = x + y 5 ; (x, y) ∈ Z } = { α = a + 2b.ϕ ; (a, b) ∈ Z }
est un sous-anneau intègre strict de Z[ϕ]. La conjugaison σ induit un automorphisme involutif de
chacun de ces anneaux, noté encore σ.
Si α = a + b.ϕ , σ(α) = a + b.ϕ’ = a + b ( 1 − ϕ ) = a + b − b.ϕ .
Si α = x + y. 5 , σ(α) = a − b 5 .
n n
Exemples : 1) Pour tout n ∈ N, ϕ est élément de Z[ϕ]. Nous avons déjà noté que ϕ = Fn−1 + Fn.ϕ.
Cette formule s’étend à n ∈ Z, car ϕ est un élément inversible de Z[ϕ], d’inverse –1 + ϕ.
n
2) Pour tout n ∈ N, exprimer 5 dans Z[ϕ].
m+n m n
Exercice : en notant que ϕ = ϕ .ϕ , quelle formule retrouve-t-on ?
Deux remarques savantes :
2
1) Les anneaux intègres Z[ϕ] et Z[ 5 ] ne sont pas isomorphes, car l’équation x – x – 1 = 0 a 2
solutions dans le premier, 0 dans le second (nous verrons dans la suite que le premier est principal,
et pas le second). Cependant, ils ont même corps des fractions, à savoir Q[ 5 ].
2) Les éléments de Z[ϕ] sont les « entiers » du corps Q[ 5 ], en ce sens que ce sont les éléments de
ce corps dont le polynôme minimal est à coefficiens dans Z.
2 2 2
Soit en effet α = x + y 5 ∈ Q[ 5 ] tel que X − 2xX + x – 5y ∈ Z[X].
2 2 2 2 2
Alors 2x ∈ Z et x – 5y ∈ Z, donc 4x – 5(2y) ∈ Z, donc 5(2y) ∈ Z,
p 2 2 2 2 2
Ecrivons y = ( p ∧ q = 1 ). On a q | 20.p . Comme p ∧ q = 1, q | 20, donc q = 1 ou 2.
q
Ainsi 2x et 2y ∈ Z. Posons alors x = a et y = b , où a et b ∈ Z. Alors a²−5b² ∈ Z.
2 2 4
− Si b est pair, a est pair. Alors α = x + y 5 ∈ Z[ 5 ] ⊂ Z[ϕ].
2 2
− Si b est impair, b ≡ 1 ( mod 4 ), donc a ≡ 1 ( mod 4 ) et a est impair.
Alors α = x + y 5 ∈ Z[ϕ]. Réciproque facile.
Ce phénomène, qui a donné bien du fil à retordre aux algébristes du 19ème siècle, est propre à tous les
corps quadratiques Q[ d ], où d ≡ 1 (mod 4). Dans ces corps, l’anneau des « entiers » n’est pas
Z[ d ], mais Z[ 1+ d ].
2
Définition 2 : Pour tout élément α = a + b.ϕ ∈ Z[ϕ], on appelle :
• norme de α l’entier relatif N(α) = α. α = a + a.b − b
2 2
69
Proposition 8 : La norme N vérifie :
2
i) ∀(α, β) ∈ Z[ϕ] N(α.β) = N(α).N(β)
ii) ∀α ∈ Z[ϕ] N(α) = 0 ⇔ α = 0.
Cette proposition permet de retrouver les identités de Brahmagupta (4) et (5) du § 11.1.
Exercice : On munit l’ensemble Z×Z de l’addition usuelle et d’une multiplication définie par :
(a, b).(c, d) = (ac + bd, ad + bc + bd)
1) En utilisant la correspondance (a, b) ∈ Z×Z → a + bϕ ∈ Z[ϕ], démontrer que, pour ces deux
lois, Z×Z est un anneau commutatif et intègre, et que σ : (a, b) → (a + b, −b) est un automorphisme
involutif de cet anneau. Que vaut le produit (a, b).σ(a, b) ?
2) Démontrer que (0, 1) est un élément inversible de cet anneau, et calculer ses puissances,
positives et négatives.
Exercice : Démontrer que l’anneau Z[ϕ] est isomorphe à l’anneau des matrices de la forme
a b , où (a, b) décrit Z×Z. Quelles sont les puissances de 0 1 ?
b a+b 1 1
70
Reportons 1 < x + ϕ < ϕ , donc 1 − ϕ < x < 0. Impossible !
n n+1
Lemme 3 : Soit α ∈ Z[ϕ]*. ∃ε ∈ {+1,−1} (∃n ∈ Z) ϕ ≤ ε.α < ϕ .
Preuve :
n n+1
Concluons ! Soit α ∈ Z[ϕ]* et (ε, n) ∈ {+1,−1}×Z tel que ϕ ≤ ε.α < ϕ .
−n −n n
Alors 1 ≤ ε.α.ϕ < ϕ. En vertu du lemme 2, on a nécessairement ε.α.ϕ = 1, donc ε.α = ϕ . QED
n
Il est alors aisé de démontrer que l’application F : (ε, n) ∈ ({−1, +1},×)×(Z, +) → ε.ϕ ∈ Z[ϕ]*
un isomorphisme de groupes.
Corollaire : Unités de Z[ 5 ].
Les éléments de Z[ 5 ]* sont les α = ε.ϕ3n = ε.( 2 + 5 )3n où ε ∈ {+1,−1} et n ∈ Z.
Le groupe multiplicatif Z[ 5 ]* est isomorphe au groupe additif Z/2Z×Z.
Preuve : Tout revient à savoir quand ϕn est élément de Z[ 5 ].
n
Or ϕ = Fn−1 + ϕ.Fn . Il appartient à Z[ 5 ] ssi Fn est pair i.e; ssi 3 | n. Cqfd.
71
2 2 2
b) Les solutions (x, y) ∈ Z de l’équation x − 5.y = + 4.
sont les couples ± (L2n , F2n) où n décrit Z.
2 2 2
Preuve : a) Soit (x, y) ∈ Z tel que x − 5.y = ± 4. x et y ont alors même parité.
x+ y 5 x− y
Posons α = = + yϕ. C’est un élément de Z[ϕ] tel que N(α) = ± 1., donc c’est une
2 2
n
unité de cet anneau. En vertu de ce qui précède, α = ± ϕ = ± ( Fn−1 + ϕ.Fn ) où n ∈ Z.
x− y
Par conséquent ( , y.) = ± ( Fn−1, Fn ) et (x, y) = ± (Ln , Fn)
2
Pour b), remplacer n par 2n.
ϕ] est euclidien.
11.4. L’anneau Z[ϕ
Filles des nombres d’or,
Fortes des lois du ciel,
Sur nous tombe et s’endort
Un dieu couleur de miel.
Paul Valéry, Charmes
Théorème 12 : Soient α et β deux éléments de Z[ϕ] avec β non nul. Il existe au moins un couple
(θ, ρ) d’éléments de Z[ϕ] tels que α = β.θ + ρ avec | N(ρ) | < | N(β) |.
En d’autres termes, l’anneau Z[ϕ] est euclidien pour le stathme α ∈ Z[ϕ] → | N(α) | ∈ N.
72
Exemples d’éléments premiers dans Z[ϕ].
1) 5 = 2ϕ − 1 est premier dans Z[ϕ]. En effet N( 5 ) = −5 est premier.
2) 2 est premier dans Z[ϕ]. En effet, N(2) = 4. Si β | 2, N(β) | 4, donc N(β) = ±1, ±2 ou ±4.
Le cas N(β) = ±2 est impossible en vertu de la prop 2 du § 11.1,
3) 2 + ϕ et 2 + ϕ = 3 − ϕ sont premiers, car N(2 + ϕ) = N(2 + ϕ ) = 5 est premier.
4) 11 et 19 sont premiers dans Z, mais ne sont pas premiers dans Z[ϕ], car
2
11 = 4 – 5 = ( 4 + 5 )( 4 − 5 ), produit de diviseurs stricts de 11
et ces diviseurs stricts, 4 + 5 et 4 − 5 , sont premiers dans Z[ϕ] car de norme 11..
19 = ( 4 + 3ϕ )( 4 + 3 ϕ ) = ( 4 + 3ϕ )( 7 − 3ϕ ) produits de diviseurs stricts de 19, et premiers itou.
Ces exemples montrent qu’un nombre p, premier dans Z, n’est pas forcément premier dans Z[ϕ].
Lesquels restent premiers, lesquels ne le sont pas ? C’est l’objet du :
Théorème 13 : classification des nombres premiers de Z.
Les nombres premiers p de Z se répartissent en trois catégories :
2
(I) p = 5 se factorise dans Z[ϕ] : 5 = ( 5 ) ; on dit qu’il est ramifié.
(II) Si p est premier et tel que p ≡ 2 ou 3 ( mod 5 ), il reste premier dans Z[ϕ] ; on dit qu’il est inerte.
(III) Si p est premier tel que p ≡ 1 ou 4 ( mod 5), alors il existe π ∈ Z[ϕ] tel que p = N(π) = π. π , où
π et π sont premiers dans Z[ϕ] et non associés ; on dit que p est décomposé.
Preuve : Le cas (I) a déjà été traité.
2
(II) Si p est premier tel que p ≡ 2 ou 3 ( mod 5 ) et si β | p, alors N(β) | N(p) = p , donc
2
N(β) = ± 1 , ± p ou ± p .
Le cas N(β) ≡ ± 2 ou 3 ( mod 5 ) est impossible en vertu de la prop 2 du § 11.1.
2
Par conséquent, N(β) = ± 1 ou ± p , ce qui signifie que β est inversible ou associé à p.
(III) Soit p premier et tel que p ≡ 1 ou 4 ( mod 5 )
En vertu de la loi de réciprocité quadratique, 5 est un carré dans Fp = Z/pZ.
p −1 5−1
p . p
En effet, ( 5 )( ) = (−1) 2 2 = (−1) p −1 = 1 implique ( 5 ) = ( ), et l’on conclut aussitôt.
p 5 p 5
2 2
Cela signifie qu’il existe c ∈ Z tel que c ≡ 5 ( mod p ), i.e. p | c – 5 = ( c + 5 )( c − 5 ) .
Si p était premier dans Z[ϕ], il diviserait c + 5 ou c − 5 dans cet anneau.
Donc il existerait α = a + bϕ tel que c ± 5 = p ( a + bϕ ), i.e. c ± (2ϕ − 1) = p ( a + bϕ )
On en déduirait ± 2 = p.b, ce qui est impossible !
En conclusion, p ,n’est pas premier dans Z[ϕ]. Il s’écrit p = α.β, où α et β ne sont pas inversibles.
En passant à la norme, on voit que nécessairement N(α) = N(β) = p.
Mais alors p = α α , ce qui signifie que β = α . Et α est premier en vertu du lemme 2 ci-dessus.
Pour parachever la preuve, il reste à montrer que α et α ne sont pas associés.
Supposons α = ε. α , où α = a + bϕ et ε = ± ( Fn−1 + Fn.ϕ ) est une unité.
Alors p = α α implique α = p.ε. On en déduit p | a + b et p | b.(2a + b) dans Z.
2 2 2
73
(I) 5 ;
(II) les nombres p ∈ Z premiers dans Z et tels que p ≡ 2 ou 3 ( mod 5 )
(III) les éléments π tels que N(π) = ± p, où p est un nombre premier de Z tel que p ≡ 1 ou 4 (mod 5).
Preuve : Nous savons que tous ces éléments sont premiers dans Z[ϕ]. Il reste à montrer que ce sont
les seuls. Si α est un élément premier de Z[ϕ], il divise N(α) = α α qui est un élément de Z. Cet
entier relatif se décomposé en facteurs premiers dans Z, puis dans Z[ϕ], du type mentionné dans le
théorème 9. En vertu du lemme d’Euclide, α est égal à l’un de ses facteurs premiers. CQFD.
Théorème 15 : Soit n un entier relatif non nul. Pour qu’il soit de la forme
2 2
n = a + ab – b , où (a, b) ∈ Z×Z,
il faut et il suffit que, pour tout diviseur premier p de n congru à 2 ou 3 ( mod 5 ), l’exposant de p
dans la factorisation de n soit pair.
Preuve : La condition est suffisante.
h
Supposons que n se factorise en n = 5 p12m1 … pr2mr q1n1 … qsns
où p1, …, pr ≡ ± 2 ( mod 5 ) et q1, … , qs ≡ ± 1 ( mod 5 )
Alors 5, p1 ,…, pr2 , q1, … , qs sont éléments de F.
2
Corollaire : Soit n un entier relatif non nul. Pour qu’il soit de la forme
2 2
n = x – 5y , où (x, y) ∈ Z×Z,
il faut et il suffit que, pour tout diviseur premier p de n congru à 2 ou 3 ( mod 5 ), l’exposant de p
dans la factorisation de n soit pair.
Cela découle de l’égalité des ensembles E et F observée dans le § 11.1.
2 2
Remarque : Toutefois, Maple sait résoudre l’équation diophantienne x – 5y = n, alors qu’il ne sait
2 2
pas résoudre l’équation diophantienne a + ab – b = n. On peut bien sûr le programmer.
Proposition 16 : Dans l’anneau Z[ 5 ], tout élément non nul s’écrit comme produit d’éléments
premiers.
74
Preuve : Cela se démontre par récurrence sur le stathme w(α).
Lemme 2 : Soit α ∈ Z[ 5 ]. Alors N(α) est premier dans Z ⇒ α est premier dans Z[ 5 ].
Preuve : Si N(α) est premier, il est ≠ ±1, donc α n’est pas inversible.
De plus, β | α implique N(β) | N(α), donc N(β) = ±1 ou N(β) = ±N(α).
Dans le premier cas, β est inversible, dans le second cas, il est associé à α. Cqfd
75
11.6. Maple sait parfaitement tout cela…
Je découvre avec retard que Maple dispose d’un programme de factorisation des entiers des corps
− (6 + 5 5 ) (6 − 5 5 )
( 2 )4 ( 3 )2
( 233 )
− ( 13 ) ( 4 + 3 5 ) ( 4 − 3 5 )
( 2 ) ( 5 )2 ( 9 + 2 5 ) ( 9 − 2 5 )
( 3 ) ( 7 ) ( 47 )
( 1597 )
− ( 2 ) ( 17 ) ( 1 + 2 5 ) ( 1 − 2 5 )
3
( 37 ) ( 113 )
76
( 3 ) ( 5 )2 ( 3 + 2 5 ) ( 3 − 2 5 ) ( 2 + 3 5 ) ( 2 − 3 5 )
> factorEQ(89619530,5);
( 2 ) ( 5 ) 2 ( 7 ) 2 ( 3 + 2 5 ) ( 3 − 2 5 ) ( 13 ) ( 1 + 16 5 ) ( 1 − 16 5 )
2 2 2 2
11.7. Groupes des formes quadratiques entières q(x, y) = x + xy – y et q’(x, y) = x – 5y .
Considérons la forme quadratique entière :
q(x, y) = x + xy – y = [x y]
2 2 1 1/ 2 [ x ]. = [x y] .H.[ x ] .
/ 2 −1 y
1 y
Commençons par étudier le sous-groupe Γ de Gl2(Z) engendré par ces deux matrices.
• des matrices ± A = ±
Fn−1 Fn , où n décrit Z.
n
Fn Fn+1
77
−1
Γ’ est stable par M → M . Reste à montrer la stabilité par produit ;
m n m+n m n m+n
A .A = A ; S.A .A = S.A ;
m n n m −n n m−n m+1 n−m
S.A .S.A = (−1) .S.A .A .S = (−1) .S.A .S = (−1) .A .
m n m n−m
D’où A .S.A = (−1) .S.A . Cqfd.
Corollaire 1 : Le sous-groupe de Γ formé des matrices de déterminant 1 est formé :.
• des matrices ± A
F2n−1 F2n , où n décrit Z.
2n
=±
F2n F2n+1
2n
• des matrices ± S.A = ±
−F2n −F2n+1 , où n décrit Z.
F2n−1 F2n
+
Corollaire 2 : Le sous-groupe Γ de Γ formé des matrices conservant q est formé :
• des matrices ± A
F2n−1 F2n , où n décrit Z.
2n
=±
F2n F2n+1
Ou encore ε.ε’.ϕ
2m−2n
= 1, donc ε = ε’ et m = n. En conclusion, M = ± A
2n
=±
F2n−1 F2n .
F2n F2n+1
Supposons ad – bc = −1.
On pourrait faire un calcul analogue en considérant cette fois α .β, mais il est plus simple de noter
−1 −1 −1 −1
que si det M = − 1 et M conserve q, alors det(S .M.A ) = 1 et S .M.A conserve q.
−1 −1 2n 2n+1
Par conséquent S .M.A =±A et M = ± S.A . Cqfd.
q(x, y) = x – 5 y = [x y]
2 2 1 0[x].
y 0 −5
78
et cherchons les transformations linéaires [ xy ] →
a b [ x ] à coefficients dans Z qui conservent
c d
y
M =
a b ∈ G ⇔ [ a2 – 5c2 = 1 , b2 – 5d2 = − 5 , ab – 5 cd = 0 ]
c d
Comme il est impossible de 5 divise a, 5 disive b. Posons b = 5b’.
2 2 2 2
Alors a – 5c = 1 , d – 5b’ = 1 , ab’– cd = 0.
2 2 2m
Or a – 5c = 1 ⇔ a+c 5 =ε(2+ 5) , ε = ± 1, m ∈ Z
2 2 2n
d – 5b’ = 1 ⇔ d + b’ 5 = ε’ ( 2 + 5) , ε’ = ± 1, n ∈ Z
Et ab’– cd = 0 ⇔ ( a + c 5 )( d – b’ 5 ) ∈ Z. ⇔ m = n, après un rapide examen.
2m 6m
En conclusion a+c 5 =ε(2+ 5) =εϕ = ε ( F6m−1 + F6m.ϕ ) ε = ± 1, m ∈ Z
2m
d + b’ 5 = ε’ ( 2 + 5) = ε’ ( F6m−1 + F6m.ϕ ) ε’ = ± 1, m ∈ Z .
F + F6m 5 F6m
Théorème 22 : H = { +ε 0 6m−1 2 2 ; ε = ±1, ε’ = ± 1, m ∈ Z } .
0 ε' F6m
F6m−1+ F6m
2 2
ε 0 F3m−1+ F3m 5 F3m
Et l’on a H={ 2 2 ; ε = ±1, ε’ = ± 1, m ∈ Z } .
0 ε' F3m F3m
F3m−1+
2 2
Exercice : Démontrer que
F3m 5 F3m F6m 5 F6m
F3m−1+ 2 2 = 2 5 m et F6m−1+ 2 2 = 9 20 m
F3m 1 2 F6m 4 9
F3m−1+ F3m F6m−1+ F6m
2 2 2 2
Conjectures : Au vu de ces résultats, je pense que les groupes G et H ne sont pas isomorphes. Il
serait intéressant de disposer de présentations de chacun d’eux.
Je pense que G admet pour présentations
4 2 2 2
< s, a ; s = e , (sa) = e , a.s = s .a >
4 2 2 2
ou encore < s, t ; s = e , t = e , s .t.s = t >
et je crois que H a une présentation différente, mais je laisse ces conjectures à l’examen du lecteur.
79
11.8. Le grand théorème de Fermat pour n = 5.
A Yannick Nézet-Seguin
Le 11 juillet 1825, Peter Gustav Lejeune Dirichlet 16 (1805-1859), âgé de vingt ans, fit une
conférence devant l’Académie des sciences de Paris, au cours de laquelle il s’attaqua au grand
théorème de Fermat pour n = 5. Peu après, il compléta sa preuve et Adrien Marie Legendre (1752-
1833) l’acheva. On savait le théorème vrai pour n = 4 et Euler l’avait démontré pour n = 3. Les
travaux de Dirichlet ont donné un nouvel essor à la théorie algébrique des nombres.
5 5 5
Théorème (Dirichlet-Legendre) : L’équation de Fermat x + y = z n’a pas de solution en entiers
x, y, z non nuls.
Pour cela, ils ont étudié l’anneau des entiers du corps cyclotomique Q[ e2iπ /5 ], entiers que l’on peut à
bon droit nommer « entiers de Dirichlet ». Cet anneau contient l’anneau Z[ϕ] des entiers du nombre
d’or, et est lui-aussi euclidien. On trouvera une étude du corps Q[ e2iπ /5 ] au § 14, et une preuve de ce
résultat dans D. Duverney (Théorie des nombres, § 10.6., p. 133-134).
Proposition 2 (H. Putnam, 1960) : Soit S un ensemble diophantien. Il existe un polynôme Q(y, x1,
…, xn) à coefficients dans Z tel que S est exactement l’ensemble des valeurs ≥ 0 prises par le
n+1
polynôme Q lorsque y, x1, …, xn décrivent N : S = Q(N ) ∩ N
Preuve : Soit P = 0 une définition diophantienne de S.
2
Considérons le polynôme Q(y, x1, …, xn) = ( y + 1 ).[ 1 − P(y, x1, …, xn) ] − 1.
Soit a ∈ N. S’il existe des entiers naturels y, x1, …, xn tels que Q(y, x1, …, xn) = a,
2
Alors ( y + 1 ).[ 1 − P(y, x1, …, xn) ] − 1 = a , donc y + 1 divise a + 1 et a + 1 ≤ y + 1.
16 L’Europe ne date pas d’aujourd’hui, et j’ai toujours plaisir à rappeler que Lejeune Dirichlet, qui succéda
pendant trop peu de temps à Gauss à Göttingen, était le beau-frère du compositeur Felix Mendelssohn (1809-
1847), ayant épousé sa sœur Rebecca Mendelssohn (1811-1858), et le grand-oncle du mathématicien Kurt
Hensel (1861-1941), l’inventeur des nombres p-adiques, Fanny Mendelsshon (1805-1847) ayant épousé le
peintre et graveur Wilhelm Hensel (1794-1861). En résumé, il est conseillé de lire ce paragraphe en écoutant la
Symphonie écossaise de Mendelssohn, soit dans l’interprétation romantique de Christoph von Dohnanyi, soit
dans l’interprération magistrale de Yannick Nézet-Seguin.
80
Donc y + 1 = a + 1 et y = a. Du coup, P(y, x1, …, xn) = 0.
Réciproquement, s’il existe des entiers naturels x1, …, xn tels que P(a, x1, …, xn) = 0, alors,
2
Q(a, x1, …, xn) = ( a + 1 ).[ 1 − P(a, x1, …, xn) ] − 1 = a .
Définition : Un tel polynôme Q est appelé une représentation diophantienne de S.
> [degree(Q),degree(Q,X),degree(Q,Y)];
[ 9, 8, 9 ]
> expand(Q);
−1 − Y 8 + 4 Y 3 X − 2 Y 2 X 2 − 4 Y X 3 − 4 Y 7 X − 2 Y 6 X 2 + 8 Y 5 X 3 + 5 Y 4 X 4 − 8 Y 3 X 5
− 2 Y2 X6 + 4 Y X7 + 4 Y4 X − 2 Y3 X2 − 4 Y2 X3 − 4 Y8 X − 2 Y7 X2 + 8 Y6 X3 + 5 Y5 X4
− 8 Y4 X5 − 2 Y3 X6 + 4 Y2 X7 + 2 Y X4 − Y X8 + 2 Y4 + 2 X4 − X8 + 2 Y5 − Y9
> collect(Q,X);
( −Y − 1 ) X 8 + 4 ( Y + 1 ) Y X 7 − 2 ( Y + 1 ) Y 2 X 6 − 8 ( Y + 1 ) Y 3 X 5 + ( Y + 1 ) ( 5 Y 4 + 2 ) X 4
+ ( Y + 1 ) ( 4 ( Y4 − 1 ) Y + 4 Y5 ) X3 + ( Y + 1 ) ( 2 ( Y4 − 1 ) Y2 − 4 Y6 ) X2
2
− 4 ( Y + 1 ) ( Y4 − 1 ) Y3 X + ( Y + 1 ) ( 1 − ( Y4 − 1 ) ) − 1
> collect(Q,Y);
−Y 9 + ( −1 − 4 X ) Y 8 + ( −4 X − 2 X 2 ) Y 7 + ( −2 X 2 + 8 X 3 ) Y 6 + ( 8 X 3 + 5 X 4 + 2 ) Y 5
+ ( 5 X4 + 2 − 4 ( X4 − 1 ) X − 4 X5 ) Y4
+ ( −4 ( X 4 − 1 ) X − 4 X 5 + 2 ( X 4 − 1 ) X 2 − 4 X 6 ) Y 3
2
+ ( 2 ( X4 − 1 ) X2 − 4 X6 + 4 ( X4 − 1 ) X3 ) Y2 + ( 4 ( X4 − 1 ) X3 + 1 − ( X4 − 1 ) ) Y
2
− ( X4 − 1 )
17 James P. Jones est actuellement (2020) professeur émérite à l’Université de Calgary, spécialiste de : logique
mathématique, théorie de la récursion, indécidabilité, équations diophantiennes, Dixième problème de Hilbert,
et théorie des nombres.
81
> fibo:=proc(n)
> local s,a,x,y;s:={};
> for x from 0 to n do
> for y from 0 to n do
> a:=subs([X=x,Y=y],Q);if a>=0 then s:=s union {a};fi;od;od;print(s);end;
> fibo(10);fibo(50);fibo(100);fibo(150);
{ 0, 1, 2, 3, 5 }
{ 0, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21 }
{ 0, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55 }
{ 0, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89 }
> P:=Y*(2-(X^2+X*Y-Y^2)^2);
2
P := Y ( 2 − ( X 2 + X Y − Y 2 ) )
> [degree(P),degree(P,x),degree(P,Y)];
[ 5, 0, 5 ]
> expand(P);
2 Y − Y X4 − 2 X3 Y2 + X2 Y3 + 2 X Y4 − Y5
> collect(P,X);
−Y X 4 − 2 X 3 Y 2 + X 2 Y 3 + 2 X Y 4 + Y ( 2 − Y 4 )
> collect(P,Y);
−Y 5 + 2 Y 4 X + Y 3 X 2 − 2 Y 2 X 3 + ( 2 − X 4 ) Y
> fibo2:=proc(n)
> local s,a,x,y;
> s:={};
> for x from 0 to n do
> for y from 0 to n do
> a:=subs([X=x,Y=y],P);if a>=0 then s:=s union {a};fi;od;od;print(s);end;
> fibo2(10);fibo2(50);fibo2(100);fibo2(150);
{ 0, 1, 2, 3, 5, 8 }
{ 0, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34 }
{ 0, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89 }
{ 0, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144 }
Nous allons aborder ici les propriétés additives 18 des nombres de Fibonacci :
0 , 1 = 1 , 2 , 3 , 5 , 8 , 13 , 21 , 34 , 55 , 89 , 144 , 233 , 377 , .. ;
Tout entier naturel est somme de nombres de Fibonacci, mais est-il somme de nombres de Fibonacci
distincts deux à deux ? Parmi ces sommes, y en a-t-il une plus intéressante que les autres ? En
creusant ces questions, le médecin militaire philomathe belge Edouard Zeckendorf est tombé en
1952 sur un très intéressant théorème.
18 A certains égards, ce § est plus élémentaire que les précédents, et peut être lu indépendamment. Il renvoie
cependant aux § 4.7. On trouvera dans l’OEIS de nombreuses suites liées à la représentation de Zeckendorf :
A003714, A007895, A014417, A022342, etc.
82
On appelle représentation de Zeckendorf, ou Z-représentation de m une F-représentation telle
que : (∀i) (ai, ai+1) ≠ (1, 1), i.e. ai.ai+1 = 0.
On note m = Zeck ak ak−1 … a0 ou ak ak−1 … a0 = Zeck(m) une telle Z-représentation.
On convient que 0 a pour F-représentation 0.
Exemple 1 : 30 = 21 + 5 + 3 + 1 = Fib 1001101.
En revanche, 1001101 n’est pas une Z-représentation de 30, car 5 et 3 sont deux nombres de
Fibonacci consécutifs ; mais 1010001 en est une, car 30 = 21 + 8 + 1.
Exemple 2 : représentations fibonacciennes de 37.
Il s’agit d’exprimer 37 comme sommes de nombres à l’aîde de 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34
37 = 34 + 3 = Fib 10000100
37 = 34 + 2 + 1 = Fib 10000011
37 = 21 + 13 + 3 = Fib 1100100
37 = 21 + 13 + 2 + 1 = Fib 1100011
37 = 21 + 8 + 5 + 3 = Fib 1011100
37 = 21 + 8 + 5 + 2 + 1 = Fib 1011011
Aucune représentation ne peut commencer par 13 ou un nombre inférieur,
car 1 + 2 + 3 + 5 + 8 = 19 et 19 + 13 < 37
37 a donc 6 F-représentations, mais une seule Z-réprésentation, la première : 37 = Zeck 10000100
Exemple 3 : représentations fibonacciennes de 100.
Exprimons 100 comme sommes de nombres à l’aîde de 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89
100 = 89 + 8 + 3 = Fib 1000010100
100 = 89 + 8 + 2 + 1 = Fib 1000010011
100 = 89 + 5 + 3 + 2 + 1 = Fib 1000001111
100 = 55 + 34 + 8 + 3 = Fib 110010100
100 = 55 + 34 + 8 + 2 + 1 = Fib 110010011
100 = 55 + 34 + 5 + 3 + 2 + 1 = Fib 110001111
100 = 55 + 21 + 13 + 8 + 3 = Fib 101110100
100 = 55 + 21 + 13 + 8 + 2 + 1 = Fib 101110011
100 = 55 + 21 + 13 + 5 + 3 + 2 + 1 = Fib 101101111
Aucune réprésentation ne commence par 34 ou un nombre inférieur,
car 1 + 2 + 3 + 5 + 8 + 13 + 21 = 19 et 19 + 13 < 37.
100 a 9 F-représentations, mais une seule Z-réprésentation, la première : 100 = Zeck 1000010100
Proposition 1 : Tout entier naturel m admet au moins une F-réprésentation.
Preuve : Démontrons ce résultat par récurrence forte sur m.
Cela est vrai pour m = 0, 1 = F2, 2 = F3, 3 = F4.
Supposons le théorème acquis pour tout k < m, avec m ≥ 2
La suite (1 = F2, F3, F4, F5, …) étant strictement croissante, il existe un entier k ≥ 0, d’ailleurs
unique, tel que Fk+2 ≤ m < Fk+3. Alors 0 ≤ m − Fk+2 < Fk+3 − Fk+2 = Fk+1 < m.
Par hypothèse de récurrence, m’ = m − Fk+2 admet une F-représentation :
83
+∞
m’ = ∑a .F
i =0
i i +2 , où (∀i) ai ∈ {0, 1}.
k −1
Nécessairement, ai = 0 pour i ≥ k. Donc m = Fk+2 + ∑a .F
i =0
i i +2 . Cqfd.
k
Remarque : à la vérité, si m = ∑a .F
i =0
i i +2 , avec ak = 1, alors on a seulement Fk+2 ≤ m < Fk+4.
par hypothèse de récurrence. Donc m − Fk+2 < Fl+3 ≤ Fk+1 et m < Fk+2 + Fk+1 = Fk+3 . CQFD.
k
Lemme 2 : Si m = ∑a .F
i =0
i i +2 = Zeck ak ak−1 … a0 ( ak = 1 ), alors Fk+2 ≤ m < Fk+3 .
b) Notons S l’ensemble des suites a = (ai) à éléments dans {0, 1}, à support fini, et ne contenant pas
deux 1 consécutifs. Ordonnons S pour l’ordre lexicographique (inverse) défini par :
a = (ai) < b = (bi) ⇔ ∃p bp = 1 , ap = 0 , ∀i > p bi = ai.
+∞
Lemme 3 : L’application F : a = (ai) ∈ S → m = ∑a .F
i =0
i i +2 ∈N
84
p p −1
Après simplification, F(b) – F(a) = ∑bi .Fi+2 −
i =0
∑a .F
i =0
i i +2 > 0,
p −1 p
car, en vertu de la prop 1, ∑ai .Fi+2 < Fp+2 ≤
i =0
∑b .F
i =0
i i +2 .
croissante. Or nous savons (§ 4.6, cor. 2 de la prop. 6) que card Sk = Fk+1 = Fk+3 – Fk+2.
Il en résulte que F induit une bijection de Sk sur [Fk+2, Fk+3[, donc, par recollement, F est une
bijection de S sur N.
2ème méthode : Par récurrence forte.
Pour m = 0 ou 1, pas de problème. Soient m ≥ 2, et k l’unique entier tel que Fk+2 ≤ m < Fk+3 .
0 ≤ m − Fk+2 < Fk+3 − Fk+2 = Fk+1. Par hypothèse de récurrence, on peut écrire
k −2
m − Fk+2 = ∑a .F
i =0
i i +2 , où il n’y a pas deux ai consécurifs égaux à 1.
Si n est impair, σn+1 se terminé par 1, donc Sn ≡ Zeck 1010... 100 ( n + 2 chiffres ) .
Si n est pair, σn+1 se terminé par 0, mais 10 – 1 = 2 – 1 = 1 = 01, donc
Sn = Zeck 1010... 101001 ( n + 2 chiffres ) .
19 Cette année-là fut un grand cru, et ce n’est pas Nikita Khrouchtchev qui me contredira.
85
Exemples 3 : Z-représentations des premiers entiers.
La suite des Z-représentations des entiers est répertoriée A014417 dans l’OEIS.
0 1 10 100 101 1000 1001 1010 10000 10001 10010 10100 10101
m Somme de Fibonacci non consécutifs Z-représentation
0 ∅ 0
1 F2 1
2 F3 10
3 F4 100
4 F4 + F2 101
5 F5 1000
6 F5 + F2 1001
7 F5 + F3 1010
8 F6 10000
9 F6 + F2 10001
10 F6 + F3 10010
11 F6 + F4 10100
12 F6 + F4 + F2 10101
13 F7 100000
14 F7 + F2 100001
15 F7 + F3 100010
16 F7 + F4 100100
17 F7 + F4 + F2 100101
18 F7 + F5 101000
19 F7 + F5 + F2 101001
20 F7 + F5 + F3 101010
21 F8 1000000
22 F8 + F2 1000001
86
12.5. Dégré, valuation, sexe ( fibonaccien ! ) d’un entier.
Eurêka ! (Archimède)
Preuve : au fond, cela revient à dire que m = Zeck ak ak−1 … a0 et m − Fk+2 = Zeck ak−1 … a0
ont même chiffre des unités, donc même sexe.
Proposition 4 : S(m − 1) = 0 si val(m) est paire, 1 si val(m) est impaire.
Cela découle de la proposition 2.
87
ϕ p+1
On en déduit m = + o(1), donc ln m = (p + 1).ln ϕ + O(1) ∼ p.ln ϕ
5
Si d(m) est le nombre de chiffres du développement décimal de m,
ln(m)
d(m) = [ log10 m ] = log10 m + O(1) ∼ .
ln(10)
ln(m) z(m) ln(10)
Conclusion : z(m) ∼ et → .
ln(ϕ) d(m) ln(ϕ)
b) Evaluation du nombre moyen de 1 contenus dans la Z-réprésentation d’un entier.
Soit Sn = ∑c(m) , nombre de 1 figurant dans les écritures fibonacciennes de 0, 1, …, Fn+2 – 1.
m< Fn + 2
Or les numérations fibonacciennes des x ∈ Tk se déduisent de celles des x ∈ [0, Fk+1[ en rajoutant
« 10 » devant. Donc tk = Fk+1 + Sk−1 pour tout k ≥ 0 ,avec la convention S−1 = S0 = 0.
On en déduit Sk+1 = Sk + Sk−1 + Fk+1 pour tout k ≥ 0 ,avec la convention S−1 = S0 = 0.
Les premières valeurs de Sn sont : 0, 1, 2, 5, 10, 20, 38, 71, 130, 235, 420, …
L’OEIS reconnaît aussitôt la suite A001629.
2 2
Notant T l’opérateur de décalage, ( T – T – I )(S) = T (F)
2 2 2 2 2 2
Donc ( T – T – I ) (S) = ( T – T – I )( T (F) ) = T ( T – T – I )(F) = 0
n n
Du coup Sn = ( an + b ).ϕ + ( cn + d ).ϕ’ .
Tous calculs faits, on trouve :
Définition : Pour tout réel x > 0, on nomme suite de Beatty de x, la suite B(x) = ([nx])n∈N*
et ensemble de Beatty de x l’ensemble Ex = E(x) = { [nx] ; n ∈ N* }.
Exemples :
88
p
1) Si x est rationnel, écrivons x = ( p, q entiers > 0 premiers entre eux ).
q
Alors [(n + q)x] = [nx + p] = [nx] + p.
rp
Soit n = kq + r ( 0 ≤ r < q ) la division euclidienne de n par q. Alors [nx] = [ ] + kp.
q
rp
Notons Ar = [ ] + p.N pour 1 ≤ r ≤ q – 1, Aq = p + p.N. Alors B(x) = U Ar .
q 1≤r ≤q
2 2
2) Les suites B(ϕ) = ([nϕ])n∈N* et B(ϕ ) = ([nϕ ])n∈N* sont respectivement appelées suites de
Wythoff inférieure et supérieure, et référencées A000201 et A001950 dans l’OEIS.
B(ϕ) = ( 1, 3, 4, 6, 8, 9, 11, 12, 14, 16, 17, 19, 21, 22, 24, 25, 27, 29, 30, … )
2
B(ϕ ) = ( 2, 5, 7, 10, 13, 15, 18, 20, 23, 26, 28, 31, 34, 36, 39, 41, 44, 47, … )
2
La seconde suite se déduit de la première, car [nϕ ] = [nϕ + n] = [nϕ] + n.
La formule [x + y] = [x] + [y] + 0 ou 1, valable pour tous réels, implique aussitôt :
2 2
[(n + 1)ϕ] = [nϕ] + 1 ou 2 et [(n + 1)ϕ ] = [nϕ ] + 2 ou 3 resp.
> phi:=(1+sqrt(5))/2:
> wi:=n->evalf(floor(n*phi));ws:=n->wi(n)+n;
> WI:=[seq(wi(n),n=1..24)];WS:=[seq(ws(n),n=1..24)];
WI := [ 1., 3., 4., 6., 8., 9., 11., 12., 14., 16., 17., 19., 21., 22., 24., 25., 27., 29., 30., 32., 33.,
35., 37., 38. ]
WS := [ 2., 5., 7., 10., 13., 15., 18., 20., 23., 26., 28., 31., 34., 36., 39., 41., 44., 47., 49., 52.,
54., 57., 60., 62. ]
2
Théorème de Wythoff (1907) : Les ensembles Eϕ = { [n.ϕ] ; n ∈ N* } et Eϕ² = { [n.ϕ ] ; n ∈ N* }
forment une partition de N*.
Théorème de Beatty (1926) : Soient a et b deux réels > 1. Les deux propriétés sont équivalentes :
i) N* est réunion disjointe de Ea et Eb ;
ii) a ∉ Q , b ∉ Q et 1 + 1 = 1.
a b
2
Le théorème de Wythoff est un corollaire du théorème de Beatty : ϕ et ϕ sont deux irrationnels > 1
tels que 1 + 1 = 1.
ϕ ϕ²
Lemme 1 : Soit x un réel > 0. L’application b : n ∈ N* → [nx] ∈ N est croissante.
Elle est surjective ssi x < 1. Elle est injective ssi x ≥ 1. Elle n’est donc jamais bijective.
Preuve : L’application b est croissante comme composée des deux fonctions croissantes
n ∈ N* → nx ∈ R+ et x ∈ R+ → [x] ∈ N .
Supposons x < 1. L’application b est surjective, i.e. pour tout k ∈ N, il existe n tel que [nx] = k,
autrement dit k ≤ nx < k + 1, ou encore k ≤ n < k +1 .
x x
Il suffit de prendre pour n le plafond de k si k > 0, et n = 1 pour k = 0.
x
Supposons x ≥ 1. L’application b n’est pas surjective, car elle ne prend pas la valeur 0.
Si x ≥ 1, b est strictement croissante, car b(n+1) = [(n + 1)x] = [nx] + [x] + 0 ou 1 ≥ [nx] + 1 ou 2 ;
elle est donc injective.
Réciproquement, si b est injective, elle est strictement croissante 0 ≤ b(1) < b(2) < … < b(m) < ….
On en déduit aussitôt m – 1 ≤ b(m) ≤ mx. Donc m−1 ≤ x . Faisant tendre m vers +∞, il vient 1 ≤ x.
m
89
Lemme 2 : Pour tout réel x ≥ 1, l’ensemble de Beatty Ex a pour densité naturelle 1/x en ce sens que
f x (m) 1
la fonction fx(m) = card Ex ∩ [1, m]. vérifie limm→+∞ = .
m x
Preuve : L’application b est strictement croissante. Je dis que m − 1 ≤ fx(m) < m+1 .
x x
Soit en effet k = fx(m). C’est le plus grand entier tel que [kx] ≤ m ,
autrement dit, c’est l’entier tel que [kx] ≤ m < [(k + 1)x] .
On en déduit que kx < [kx] + 1 ≤ m + 1 et m ≤ (k + 1)x .
f x (m) m+1
Du coup, 1 − 1 ≤ < . On conclut par le lemme des gendarmes.
x m m mx
Théorème de Beatty : Soient a et b deux réels > 1. On a l’équivalence des propriétés suivantes :
i) N* est réunion disjointe de Ea et Eb ;
ii) a ∉ Q , b ∉ Q et 1 + 1 = 1.
a b
Preuve :
i) ⇒ ii) Si N* est réunion disjointe de Ea et Eb , la densité de N* est la somme des densités naturelles
de Ea et Eb (lemme facile à prouver), donc 1 + 1 = 1.
a b
p
Si l’un des deux nombres a ou b est rationnel, l’autre aussi. Ecrivons a = et b = r .
q s
Alors [qra] = qra = pr = psb = [psb], donc Ea et Eb ne seraient pas disjoints.
ii) ⇒ i) Démontrons d’abord que Ea et Eb sont disjoints.
Supposons qu’il existe k ∈ Ea ∩ Eb. Ecrivons k = [ma] = [nb]
Alors ma ≤ k < ma + 1 et nb ≤ k < nb + 1.
a et b étant irrationnels on a ma < k < ma + 1 et nb < k < nb + 1.
Donc m < k < m + 1 et n < k < n + 1
a a b b
Additionnons ces inégalités ! Il viendrait m + n < k < m + n + 1, ce qui est impossible.
Démontrons que Ea ∪ Eb = N*.
Soient k ∈ N*, m et n les entiers tels que ma ≤ k ≤ (m + 1)a et nb ≤ k ≤ (n + 1)b .
Autrement dit m = [k/a] , n = [k/b] .
Si k n’appartient pas à Ea , alors ma < k < (m + 1)a − 1, donc m < k < m + 1 − 1 ,
a a
Si k n’appartient pas à Eb , alors nb < k < (n + 1)b − 1 , donc n < k < n + 1 − 1 .
b b
Additionnons ! Il viendrait m + n < k < m + n + 1. Impossible ! CQFD.
Corollaire : Le seul réel θ > 1 tel que les ensembles Eθ et Eθ² forment une partition de N* est ϕ.
90
12.8. De Wythoff à Zeckendorf.
Considérons les ensembles de Beatty :
E(ϕ) = { 1, 3, 4, 6, 8, 9, 11, 12, 14, 16, 17, 19, 21, 22, 24, 25, 27, 29, 30, … }
2
E(ϕ ) = { 2, 5, 7, 10, 13, 15, 18, 20, 23, 26, 28, 31, 34, 36, 39, 41, 44, 47, … }
Théorème : Les deux ensembles translatés :
E(ϕ) – 1 = { 0, 2, 3, 5, 7, 8, 10, 11, 13, 15, 16, 18, 20, 21, 23, 24, 26, 28, 29, … }
2
E(ϕ ) – 1 = { 1, 4, 6, 9, 12, 14, 17, 19, 22, 25, 27, 30, 33, 35, 38, 40, 43, 46, … }
forment une partition de N. Les éléments de E(ϕ) – 1 sont les entiers naturels dont la représentation
2
de Zeckendorf se termine par 0, les éléments de E(ϕ ) – 1 sont les entiers naturels dont le
représentation de Zeckendorf se termine par 1.
Preuve :
2
Nous allons exprimer la Z-répresentation de [nϕ]−1 et [nϕ ] – 1 à l’aide de celle de n.
k 2 k
Lemme 1 : Pour tout k, Fk.ϕ = Fk+1 − ϕ’ et Fk.ϕ = Fk+2 − ϕ’ .
+∞
Ecrivons n = ∑a F
i =0
i i +2 = Zeck ak ak−1 … a0 = Zeck ak ak−1 … ah 0 … 0 la Z-représentation de n > 0.
où k = deg(n) et h = val(n) sont resp. le plus grand et le plus petit indices tels que ai = 1.
+∞ +∞ +∞ +∞
∑ai (Fi+3−ϕ'i+2) = ∑ai Fi+3 − R et nϕ = ∑ai (Fi+4−ϕ'i+2) = ∑a F
2
nϕ = i i +4 − R
i =0 i =0 i =0 i =0
+∞
où R = ∑a .ϕ'
i =0
i
i +2 . Comme nϕ est irrationnel, ce reste R est non nul.
+∞
i +2 ϕ'² = 1.
De plus | R | < 1 car | R | < ∑ϕ'
i =0
=
1+ϕ'
h+2 h+2
Et enfin je dis que R est du signe de ah.ϕ’ = ϕ’ , donc R > 0 si h est pair, R < 0 si h impair.
+∞ +∞ +∞
i +2 (−ϕ')h+4
∑ai .ϕ'i+2 et | ∑ai .ϕ'i+2 | < ∑ ϕ'
h+2 h+2
En effet R = ϕ’ + = = | ϕ’| . Donc :
i =h + 2 i =h + 2 i =h + 2 1+ϕ'
+∞ +∞
∑a F ∑a F
2
Lemme 2 : [nϕ] = i i +3 et [nϕ ] = i i +4 si val(n) est impaire,
i =0 i =0
+∞ +∞
∑a F ∑a F
2
[nϕ] = i i +3 − 1 et [nϕ ] = i i +4 − 1 si val(n) est paire.
i =0 i =0
91
−1 2 −1
Par conséquent, E(ϕ) – 1 ⊂ S ({0}) E(ϕ ) – 1 ⊂ S ({1})
Mais, réciproquement, si m est un entier tel que S(m) = 0, m est de la forme [nϕ] − 1.
2
Si m est un entier tel que S(m) = 1, m est de la forme [nϕ ] − 1.
On a redémontré au passage le théorème de Wythoff.
Corollaire 2 : Soient (E, +) un monoïde commutatif, noté additivement, (un)n∈N une suite de
Fibonacci à éléments dans E. On a : ∀n ∈ N un = Fn−1.u0 + Fn.u1 .
Preuve : Il suffit d’appliquer le théorème précédent au morphisme F : M → E défini par F(a) = u0,
F(b) = u1. Au mot m il associe A(m).u0 + B(m).u1, avec les notations précédentes.
Le corollaire 1 conclut.
92
Corollaire 3 : mn+1 se déduit de mn par l’opérateur de codage Φ, dit codage de Fibonacci, qui
change a en b et b en ba (1 en 0, 0 en 01).
Preuve : Ici encore, plutôt que de démontrer cela par récurrence, appliquons le théorème précédent.
Considérons le morphisme Φ : M → M défini par Φ(a) = b , Φ(b) = ba ( Φ(1) = 0 , Φ(0) = 01 )
Ce morphisme vérifie Φ(m0) = m1 et Φ(m1) = m2.
Par suite, à la suite de Fibonacci universelle (mn), il associe la suite de Fibonacci décalée (m1, m2,
m3, … ). Par conséquent Φ(mn) = mn+1.
Autres propriétés des mots de Fibonacci mn :
• Pour tout n > 0, mn commence par 0 et, pour n > 1, par 01.
• Pour tout n, m2n finit par 01, m2n+1 finit par 10.
• Pour tout n, mn ne contient pas deux 1 consécutifs, ni trois 0 consécutifs.
Les deux premières assertions sont faciles.
La troisième se montre par récurrence : elle est vraie pour n = 0, 1 et 2.
Si elle est vraie aux rang n et n + 1 ( n > 1 ), alors :
mn+2 = mn+1.mn ne contient pas deux 1 consécutifs, car mn+1 et mn n’en contiennent pas et mn
commence par 0.
mn+2 = mn+1.mn ne contient pas trois 0 consécutifs, car mn+1 et mn n’en contiennent pas et il est
impossible que mn+1 finisse par 00 et mn commence par 0, ni que mn+1 finisse par 0 et mn
commence par 00.
• Pour tout n ≥ 2, le mot mn contient Fn+1 – 1 couples de lettres consécutives, dont :
1+(−1)n 1−(−1)n
Fn−1 couples 01 , Fn−1 − couples 10 , Fn−2 − couples 00 , 0 couples 11.
2 2
Ainsi, le mot m7 = 0 1 0 0 1 0 1 0 0 1 0 0 1 0 1 0 0 1 0 1 0
contient F8 = 21 lettres, F8 – 1 couples de lettres consécutives, 8 = F6 couples couples 01,
1+(−1)7 1−(−1)7
8 = F6 − couples 10 , 4 = F5 − couples 00 , 0 couples 11.
2 2
En effet, notons N01(n) le nombre de couples 01 figurant dans mn, etc., il vient :
N01(n +2) = N01(n + 1) + N01(n)
N10(n + 2) = N10(n + 1) + N10(n) + 0 si n est pair , + 1 si n est impair
N00(n + 2) = N00(n + 1) + N00(n) + 1 si n est pair , + 0 si n est impair.
Les conditions initiales et le § 5.4. permettent de conclure.
• Pour tout n ≥ 2, si on enlève les deux dernières lettres de mn, qui sont alternativement [1, 0] et
[0, 1], on obtient un mot palindrome.
• Les mots mn+2 = mn+1.mn et mn.mn+1 ne diffèrent que par leurs deux dernières lettres, qui sont
simplement échangées.
Considérons le mot suivant Mn = 0.m0. ….mn de longueur 1 + F1 + … + Fn+1 = Fn+3.
Son image par Φ est Φ(Mn) = 0.1.m1. ….mn+1 = 0.m0. ….mn+1 = Mn+1, de longueur Fn+4.
Preuve : Par récurrence sur n. M0 = 01 = m2. Si Mn = mn+2, Mn+1 = Mn.mn+1 = mn+2.mn+1 = mn+3.
93
Proposition : Pour tout n ≥ 0, m’n = σ(mn).
94
Théorème 2 : (E, d) est un espace ultramétrique (c’est-à-dire vérifiant (D1), (D2) et d(u, w) ≤
max(d(u, v), d(v, w)), complet, et même compact.
On peut plonger M dans E, en identifiant un mot m = (x0, …, xn−1) ∈ M à l’ensemble A(m) des
suites u = (un) à éléments dans {0, 1} qui commencent par m.
Alors la distance du mot m à E est d(m, E) = d(A(m), E) = 2−n. C’est aussi la distance de Hausdorff
de A(m) à E.
Soit Φ : E → E l’application qui, à une suite u = (un), associe la suite obtenue en remplaçant 1 par 0
et 0 par 01. Ainsi u = ( 1, 0, 0, 1, 1, 0, 1, ...) devient Φ(u) = ( 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 0, 1, 0, ... ).
Théorème 3 : L’opérateur Φ est injectif. Son image est l’ensemble des suites v = (vn) à éléments
dans {0, 1} telles que v0 = 0 et ne contenant pas deux 1 consécutifs.
2 d(u,v)
Φ est ½-contractant : ∀(u, v) ∈ E d(Φ(u), Φ(v)) ≤ .
2
Preuve : Commençons par le plus important, la fin. Si u = v, la majoration va de soi.
Sinon, soit k = k(u, v), supposons pour fixer les idées uk = 0, vk = 1.
u = (u0, …, uk−1, 0, … ) Φ(u) = (Φ(u0), …, Φ(uk−1), 0, 1, …)
v = (u0, …, uk−1, 1, … ) Φ(v) = (Φ(u0), …, Φ(uk−1), 0, …)
Par conséquent, les Φ(ui), i < k, étant des mots de longueurs 1 ou 2, k(Φ(u), Φ(v)) ≥ k + 1. cqfd.
Pour montrer l’injectivité, examiner les 4 cas possibles :
u = (u0, … uk−1, 0, 0, … ) v = (u0, …, uk−1, 1, 0, … )
u = (u0, … uk−1, 0, 0, … ) v = (u0, …, uk−1, 1, 0, …)
u = (u0, … uk−1, 0, 1, … ) v = (u0, …, uk−1, 1, 0, …)
u = (u0, … uk−1, 0, 1, … ) v = (u0, …, uk−1, 1, 1, …)
L’image de Φ, moins importante, est laissée au lecteur en exercice.
Il suffit d’appliquer le théorème de point fixe de Picard-Banach pour obtenir le :
Théorème 4 : Il existe une unique suite a à éléments dans {0, 1} telle que a = Φ(a). On l’appelle
mot infini de Fibonacci.
a = (an)n∈N = ( 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, … )
Peu importe la suite initiale b. Les itérées de b par Φ commencent par 0, 01, 010, 01001, etc.
Le suite a est bien la limite de la suite de mots (mn), après le susdit20 plongement de M dans E. Car
la suite (A(mn)) est une suite décroissante de compacts de E, dont la limite au sens de Hausdorff est
son intersection ; et cette intersection est le singleton ({a}).
Le mot infini de Fibonacci est répertorié A003849 dans l’OEIS de Neil Sloane. C’est l’une des
suites emblématiques de la théorie de la complexité.
Il découle aussitôt de ce qui précéde que pour tout n ≥ 1, mn = ( a0, a1, …, aF ).
n +1 −1
95
Ou encore : ∀k ∈ N ∀m ∈ [Fk+2, Fk+3[ am = am− F .
k +2
Avant d’aborder les hyménoptères, commençons par définir la « numérotation de Sosa inversée »
21, féministe en quelque sorte, de nos ancêtres directs :
1) Le numéro 1 est attribué à l’individu racine, que nous supposerons de sexe masculin.
2) Le numéro 2 est attribué à sa mère, le numéro 3 à son père. Plus généralement, si un individu a
le numéro n, sa mère a le numéro 2n, son père le numéro 2n + 1.
Si l’on note 1 le sexe masculin, 0 le sexe féminin, les sexes des ancêtres directs d’un homme, rangés
dans la numérotation de Sosa inversée, sont donc :
1 0 1 0 1 0 1 0 0 1 0 1 0 1 0 1 0 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 etc.
21 La numérotation de Sosa attribue en fait le numéro 2 au père, le numéro 3 à la mère. Plus généralement, si
un individu a le numéro n, son père le numéro 2n, sa mère le numéro 2n + 1. Nous l’avons ici inversée, ce qui
revient à effectuer sur l’arbre généalogique une symétrie d’axe vertical, pour la clarté de l’exposé.
96
Ainsi, le Sosa’(2) est la mère, le Sosa’(6) la grand-mère paternelle, etc.
22 Lequel Napoléon a ajouté aussitôt : « Le problème avec les citations trouvées sur internet, c’est qu’il est très
difficile de savoir si elles sont authentiques ou pas. »
97
Arbre généalogique de Sosa-Dzierzon d’une abeille mâle
Examinons bien attentivement cet arbre généalogique. Considérons par exemple l’ancêtre numéro
27, le Sosa-Dzierson(27) de l’abeille-mâle. Il est de sexe masculin, il est le père de la mère de la
mère du père de la mère de la mère de l’abeille-mâle. Si on lit les sexes des ascendants en partant du
bas, on trouve 1001001. C’est précisément la représentation de Zeckendorf du nombre 27.
De plus, la partition mystérieuse du § 12.
E(ϕ) – 1 = { 0, 2, 3, 5, 7, 8, 10, 11, 13, 15, 16, 18, 20, 21, 23, 24, 26, 28, 29, … }
2
E(ϕ ) – 1 = { 1, 4, 6, 9, 12, 14, 17, 19, 22, 25, 27, 30, 33, 35, 38, 40, 43, 46, … }
s’éclaire d’un coup.
E(ϕ) – 1 = { 0, 2, 3, 5, 7, 8, 10, 11, 13, 15, 16, 18, 20, 21, 23, 24, 26, 28, 29, … }
est l’ensemble des numéros des ancêtres femelles,
2
E(ϕ ) – 1 = { 1, 4, 6, 9, 12, 14, 17, 19, 22, 25, 27, 30, 33, 35, 38, 40, 43, 46, … }
est l’ensemble des numéros des ancêtres mâles !
Quant au mot de Fibonacci:
a = (an)n∈N = ( 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, … )
on le voit de deux façons sur cet arbre :
• il est la limite de la suite de mots mn donnant les sexes des ancêtres de la n-ème génération.
• mais il est aussi, en rajoutant 0 devant, la suite des sexes des ancêtres de Sosa-Dzierzon.
Cet arbre généalogique de Sosa-Dzierzon fait un lien extrêmment éclairant entre la numérotation de
Zeckendorf et les ancêtres d’une abeille.
98
Tout cela demande à être justifié.
Je laisse cela au lecteur, et préfère placer sous ses yeux du lecteur ce pur chef d’œuvre.
99
13.5. Une interprétation géométrique du mot de Fibonacci.
Le mot de Fibonacci a une interprétation géométrique simple et surprenante.
+ +
Dans le quart de plan R ×R , traçons les demi-droites horizontales hn : y = n et verticales vn : x =
n, où n décrit N, ainsi que la demi-droite D : y = ϕ.x, x ≥ 0.
Comme ϕ est irrationnel, D ne rencontre N×N qu’au point O = (0, 0),
Elle coupe donc alternativement les droites hn et vn. Lorsqu’un point mobile se déplace sur D en
partant de O, on note 0 lorsqu’il rencontre une droite horizontale, 1 lorsqu’il rencontre une droite
verticale. Le mot obtenu est le mot de Fibonacci 0 1 0 0 1 0 1 0 0 1 0 0 1 0 …
> with(plots):
> phi:=(1+sqrt(5))/2;
> v:=n->plot([n,y,y=0..16]):h:=n->plot([x,n,x=0..10]):
d:=plot(phi*x,x=0..10,thickness=2,color=blue):
> display({seq(v(n),n=0..10),seq(h(n),n=0..16),d});
100
Théorème 9 : Pour tout n ≥ 1, Hn = M[nϕ] et Vn = M[nϕ²] .
Preuve : Considérons la suite strictement croissante de réels :
1 < ϕ < 2 < 3 < 2ϕ < 4 < 3ϕ < 5 < 6 < 4ϕ < 7 < 8 < 5ϕ < 9 < 6ϕ < 10 < …
1 2 3 4 5
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
et les points d’ordonnées correspondantes sur la demi-droite D.
2
Les nombres orange sont les éléments de E(ϕ), les nombres bleus les éléments de E(ϕ ).
La deuxième ligne donne quelques abscisses correspondantes. Il suffit ensuite de lire :
M1 = H1, M2 = V1, M3 = H2, M4 = H3, M5 = V2, M6 = H4,
M7 = V3, M8 = H5, M9 = H6, etc.
Corollaire : La suite (h, v, h, h, v, h, v, h, h, …) donnant
l’appartenance des points Mn à une horizontale ou une
verticale, coïncide avec le mot de Fibonacci.
Théorème 10 : Le n-ème élément du mot de Fibonacci est
donné par l’expression analytique :
an = [(n + 2) ρ] − [(n + 1) ρ]
= 2 + [(n + 1) ϕ] − [(n + 2) ϕ]
où ρ = 2 – ϕ et [ . ] désigne la fonction partie entière.
Preuve : Vérifions que les deux expressions de an sont
identiques.
[(n + 1) ρ] = [(n + 1) (2 – ϕ) ] = 2(n + 1) + [ − (n + 1) ϕ ]
[(n + 2) ρ] = [(n + 2) (2 – ϕ) ] = 2(n + 2) + [ − (n + 2) ϕ ]
Donc
[(n + 2) ρ] − [(n + 1) ρ] = 2 + [−(n + 2) ϕ] − [−(n + 1) ϕ]
Or, si x ∉ Z [ – x ] = 1 – [x] .
Comme est irrationnel, (n + 2) ϕ et (n + 1) ϕ ∉ Z. Donc
2 + [−(n+2) ϕ] − [−(n+1) ϕ] = 2 + 1 – [(n+2) ϕ] − 1 + [(n+1) ϕ] = 2 + [ (n+1) ϕ] − [ (n+2) ϕ] .
Quant à l’affirmation principale, elle découle du théorème 9 et de la figure.
> phi:=(1+sqrt(5))/2:r:=2-phi:
> a:=n->floor((n+2)*r)-floor((n+1)*r);
a := n → floor( ( n + 2 ) r ) − floor( ( n + 1 ) r )
> L:=[seq(a(n),n=0..55)];
L := [ 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1,
0 , 1 , 0 , 0 , 1 , 0 , 1 , 0 , 0 , 1 , 0 , 0 , 1 , 0 , 1 , 0 , 0 , 1, 0, 1, 0, 0 ]
101
14. Suite de Fibonacci aléatoire.
La matrice Mn décrit une promenade aléatoire dans le sous-groupe de Gl2(Z) engendré par :
A = , B =
01 0 1 , C = 0 1 et D = 0 1 .
1 1 1 −1 −1 1 −1 −1
Tous ces sujets me dépassent, et je renvoie le lecteur aux travaux de Hillel Fürstenberg (qui a reçu le
prix Abel en 2020), Harry Kesten, Divakar Viswanath, Benoît Rittaud, etc.
Je me contenterai de noter que :
1) Les 4 matrices
0 1 ont mêmes normes subordonnées aux normes ||x|| et ||x|| , à savoir 2, et
∞
±1 ±1 1
102
> Viswanath(100);
[ 1 , 1 , 0 , 0 , 1 , 0 , 0 , 0 , 0 , 0 , 1 , 1 , 0 , 1 , 0 , 1 , 0 , 1 , 1, 1, 1, 0, 1, 1, 0, 1 , 0 , 0 , 1 , 0 , 0 , 0 , 1 , 1 , 1 , 1 ,
1 , 1 , 0 , 1 , 0 , 0 , 1 , 0 , 0 , 1 , 1 , 0 , 1 , 0 , 1 , 1, 1, 1, 1, 0, 0, 0 , 0 , 1 , 0 , 0 , 1 , 0 , 0 , 1 , 1 , 1 , 0 , 0 , 1 ,
0 , 1 , 0 , 1 , 1 , 0 , 0 , 1 , 1 , 0 , 1 , 1 , 1 , 1 , 1 , 0, 0, 0, 0, 1, 0, 0 , 1 , 0 , 1 , 1 , 1 , 1 , 1 ]
[ 1, 1, 0, 1, 1, 2, 1, 3, 4, 7, 11, 18, 7, 11, 18, 7, 25, 18, 43, 25, 18, 7, 11, 18, 7, 11, 18, 7, 25,
32, 7, 39, 46, 85, 39, 46, 7, 39, 32, 7, 39, 32, 71, 103 , 32, 135, 167, 32, 135 , 167 , 32,
199 , 167 , 32, 135, 103, 32, 135 , 167 , 302, 469, 167 , 636 , 803 , 167, 970, 1137 , 167 ,
970 , 803 , 1773 , 2576 , 803 , 3379 , 2576 , 5955 , 3379 , 2576 , 5955 , 8531 , 2576 , 5955 ,
8531 , 2576 , 5955 , 3379 , 2576 , 803 , 3379 , 4182 , 7561 , 11743 , 4182 , 15925 , 20107 ,
4182 , 24289 , 20107 , 4182 , 15925 , 11743 , 4182 ]
103
15. Le nombre d’or en géométrie.
Soit P un pentagone convexe régulier dont les sommets sont notés ABCDE dans le sens trigo-
nométrique. « Régulier » signifie, rappelons-le, que les côtés sont égaux AB = BC = CD = DE = EA,
et que les angles intérieurs ABC, BCD, CDE, DEA, EAD, sont égaux.
1) Que valent les angles intérieurs ?
2) Démontrer que l’isobarycentre O des points ABCDE est situé sur la médiatrice commune de
[EB] et de [CD], et que celle-ci passe par A.
3) Démontrer que le pentagone P est inscriptible dans un cercle de centre O.
4) En déduire l’existence d’un tel pentagone, et son unicité à similitude près.
5) Des résultats précédents, déduire la relation : 1 + 2 cos 2π + 2 cos 4π = 0 .
5 5
Montrer que cos 2π et cos 4π sont solutions d’une équation du second degré que l’on formera.
5 5
En déduire les valeurs de cos 2π et cos 4π , puis celles de cos π .
5 5 5
Démontrer que AC = ϕ , où ϕ est le nombre d’or.
AB
6) Soit AA’BB’CC’DD’EE’ un décagone convexe régulier de centre O, ADGJCFIB le décagone
étoilé. Démontrer que AB' = ϕ et que AO = ϕ.
AO AA'
Solution
1) La somme des angles intérieurs d’un polygone convexe de n côtés est (n – 2)π.
104
Par conséquent, la somme des angles intérieurs d’un pentagone convexe est 3π.
Chacun des angles intérieurs d’un pentagone régulier vaut donc 3π .
5
2) Les triangles ABC et AED sont isocèles en B et E resp., et égaux. Par conséquent, AC = AD.
On l’appelle diagonale du pentagone.
Les triangles BAE et CAD sont isocèles en A, et la bissectrice intérieure de l’angle BAE est
également celle de CAD. Donc les médiatrices de [BE] et [CD] coïncident et passent par A.
Soit O l’isobarycentre du pentagone :
O = Bar( (A, 1), (B, 1), (C, 1), (D, 1), (E, 1) )
= Bar( (A, 1), (I, 2), (J, 2) ),
où I est le milieu de [BE] et J celui de [CD]
Comme A, I et J sont alignés, le point O appartient à la médiatrice commune de [BE] et [CD].
3) En particulier, OB = OE. Par permutation, OA = OB = OC = OD = OE,
Le pentagone P est inscriptible dans un cercle de centre O.
Chacun des triangles AOB, BOC, COD, DOE, EOA est isocèle en O, d’angle au sommet 2π .
5
4) Pour construire un pentagone régulier, il suffit donc de se donner un point O, de tracer un cercle
de centre O, de fixer un point A sur ce cercle, et de considérer les points B, C, D et E déduits par
rotations de centre O et d’angles 2π , 4π , 6π et 8π .
5 5 5 5
5) Si l’on projette la relation OA + OB + OC + OD + OE = 0 sur l’axe OA, on trouve sans
peine : 1 + 2 cos 2π + 2 cos 4π = 0 .
5 5
En vertu de la relation cos 4π = 2 cos 2π − 1, il vient 4 cos 2π + 2 cos 2π − 1 = 0.
2 2
5 5 5 5
Ainsi c = cos 2π est solution de l’équation du second degré :
2
4 c + 2 c − 1 = 0.
5
Comme cos 8π = cos 2π (pourquoi ?), on a aussi : 1 + 2 cos 4π + 2 cos 8π = 0 .
5 5 5 5
Par conséquent, c’ = cos 4π est l’autre solution de l’équation
2
4 x + 2 x − 1 = 0.
5
On en déduit { c, c’} = { −1+ 5 , −1− 5 }.
4 4
Comme c’ < 0 < c, on conclut que cos 2π = −1+ 5 , cos 4π = −1− 5 .
5 4 5 4
On en conclut que AC = ϕ .
AB
6) Nous avons noté AA’BB’, etc. les sommets du décagone régulier afin de conserver les notations
précédentes.
AB' = 2.sin 3π = 2 cos 2π = 2 cos π = ϕ
AO 10 10 5
AO = 1 = 1 = 1 = 1 = ϕ. Cqfd.
AA' 2.sin π 2.cos 4π 2.cos 2π −ϕ'
10 10 5
Dans cet exercice nous proposons deux constructions à la règle et au compas du pentagone régulier
ABCDE à partir du segment AB.
Première construction.
En voici les étapes :
105
1) Choisir un demi-plan limité par la droite (AB) et y rester.
2) Compléter le segment AB en un carré AA’B’B.
3) Soit I le milieu de [AB]. Le cercle (I, IA’ = IB’) recoupe la droite (AB) en F et G resp.
4) Les cercles (A, AB) et (B, BF) se recoupent en E.
5) Les cercles (B, BA) et (A, AG) se coupent en C.
6) Les cercles (A,AG) et (B, BF) se coupent en D.
Je dis que ABCDE est un pentagone convexe régulier de côté AB.
106
Solution
Première construction.
Tous les points considérés sont situés dans un même demi-plan délimité par la droite (AB).
IF = IG = IA’ = IB’ = 5 AB.
2
Par conséquent, BF = BI + IF = ( 1 + 5 )AB = ϕ.AB.
2 2
Le point E vérifie AE = AB et BE = ϕ.AB = BF (diagonale du pentagone régulier), par conséquent E
est bien l’intersection des cercles (A, AB) et (B, BF).
De même, C est l’intersection des cercles (B,BA) et (A, AG).
Enfin, AD = BD = ϕ.AB, comme diagonales du pentagone régulier.
Par conséquent, D est l’intersection des cercles (A, AG) et (B, BF).
Conclusion : la construction proposée est juste. .
Deuxième construction.
La construction est élégante, mais nous allons démontrer que la réponse est négative.
Pour cela, nous allons passer par les nombres complexes, et noter a, b, c, d, etc., les affixes des
points A, B, C, D, etc.
Nous allons prendre B = O comme origine et poser AB = 1, à homothétie près.
De sorte que le cercle (B, BA) est le cercle unité d’équation z. z = 1.
Ainsi a = – 1 , f = – 1 – i 3 = j , k = i + f = i + j , g = – 1 + f = – 1 + j .
2 2 2
2 2
107
Nous allons calculer l’affixe c du point C, en intersectant la droite (GK) et le cercle unité (B, BA).
Dans le chapitre « Géométrie plane et nombres complexes », nous avons établi que la droite GK a
z g k z −1+ j² i+ j²
pour équation z g k = 0, soit z −1+ j −i+ j .= 0.
111 1 1 1
Après développement et simplifications, on trouve : 2z – 2 i z + ( 1 – i )( 3 – 3 ) = 0.
Il faut couper cette droite avec le cercle unité z. z = 1, il vient :
2
2 z + ( 1 – i )( 3 – 3)z–2i=0 (*).
5
Aucune des solutions de cette équation ne vérifie z = 1.
Il est en effet facile de démontrer que les polynômes
2 5 4 3 2
A = 2X + ( 1 – i )( 3 – 3 ) X – 2 i et B = X – 1 ( ou X + X + X + X + 1 )
sont premiers entre eux. Facile… du moins avec Maple !
> A:=2*X^2+(1-I)*(3-sqrt(3))*X-2*I;B:=X^4+X^3+X^2+X+1;
gcdex(A,B,X,'U','V');U,V;
A := 2 X 2 + ( 1 − I ) ( 3 − 3 ) X − 2 I
B := X 4 + X 3 + X 2 + X + 1
1
1 ( −10 − 7 I + 4 I 3 + 6 3 ) X 3 1 ( −11 − 15 I + 9 I 3 + 7 3 ) X 2
− −
2 −26 + 15 3 4 −26 + 15 3
1 ( 9 3 − 15 − 11 I + 7 I 3 ) X 1 −7 − 10 I + 6 I 3 + 4 3
− − ,
4 −26 + 15 3 2 −26 + 15 3
( −10 − 7 I + 4 I 3 + 6 3 ) X 36 − 7 I + 4 I 3 − 21 3
−
−26 + 15 3 −26 + 15 3
Cela suffit à conclure, mais nous allons faire mieux !
Posant z = exp(iθ), et prenant la partie réelle de (*), il vient :
cos(2θ) + 3− 3 ( cos θ − sin θ ) = 0
2
Posons α = θ − π , il vient : sin(2α) = 3− 3 cos α , d’où sin α = 3− 3 .
4 2 2 2
Ainsi, le point C a pour affixe c = exp(iθ), où θ = Arcsin 3− 3 + π .
2 2 4
Maple démontre que θ ≠ 2π , mais que l’écart est faible :
5
> A:=evalf(arcsin((3-sqrt(3))/(2*sqrt(2)))+Pi/4);
A := 1.250247059
> B:=evalf(2*Pi/5);
B := 1.256637062
> evalf((B-A)*180/Pi);
.3661202029
Voici une solution plus élémentaire, sans passer par les complexes.
Notons L = (GC) ∩ (AB) et considérons le triangle LBC.
BC = CL = LB .
On connaît la relation
sin L sin B sinC
Or BC = 1 , L = π , LB = 1 + 1− 3 . D’où sin C = LB.sin L = ( 3 − 3 ) 2 = 3 2 − 6 .
4 2 2 2 2 2 2
B = 3π − Arcsin 3 2 − 6 ≈ 108,3661201° , convertie en degrés, au lieu de 108 ° exactement.
4 2
108
Exercice 3 : mandorles romanes et gothiques
Soient ABCD un carré de centre O, G, F, H, E, les milieux des côtés [AB], [BC],[CD] et [DA], M et
N les milieux de [OG] et [OH].
1) Construction de la mandorle romane.
Le cercle de centre M et de rayon ME recoupe le segment [OH] en L, le cercle de centre N et de
rayon NE recoupe [OG] en K. Tracer la réunion des arcs ELF et EKF.
Que vaut le rapport EF/KL ?
2) Construction de la mandorle gothique.
Le cercle de diamètre OG recoupe les droite (EM) en P et (FM) en Z, P et Z étant les points d’inter-
section les plus éloignés de E et F resp.
Le cercle de centre E et de rayon EP recoupe la droite (GH) en Q et R.
Le cercle de centre F et de rayon FZ recoupe la droite (GH) en Q et R.
Tracer la réunion des arcs QPR et QZR. Soient U et T leurs intersection avec la droite (EF).
Que vaut le rapport QR/TU ?
Solution
Etoile de la mer voici la lourde nappe
Et la profonde houle et l’océan des blés
Et la mouvante écume et nos greniers comblés,
Voici votre regard sur cettte immense chape
Charles Péguy, Présentation de la Beauce à Notre Dame de Chartres
Cet exercice est tiré du livre de R. Vincent sur le Nombre d’or. J’ignore où il a puisé ces
3/2
renseignements. On trouve aisément EF/KL = ϕ et QR/TU = ϕ .
Une mandorle (de l’italien mandorla, amande) est une figure géométrique en forme d’ovale ou
d’amande, limitée par deux arcs de cercle, dans laquelle s’inscrivent des personnages sacrés, le plus
souvent le Christ en gloire, mais aussi la Vierge ou les saints. On la trouve sur un sarcophage
mérovingien et dans de nombreuses églises romanes et gothiques : Saint-Michel de Saint-Genis en
Roussillon, Mauriac, Sainte-Trophime d’Arles, Saint-Sernin à Toulouse, sur les chapiteaux de
l’abbaye de Cluny II, construite de 948 à 981, et sur le tympan royal de la cathédrale de Chartres. La
symbolique de la mandorle est riche.
109
Christ en gloire dans sa mandorle, tympan royal de la cathédrale de Chartres
On place cinq disques de rayon 1 de façon que leurs centres soient les sommets d’un pentagone
régulier de centre O et qu’ils soient tangents.
Quel est le rayon du plus petit disque de centre O les contenant ?
Soit r le rayon du cercle de centre O passant par les centres des disques. On a r.sin π = 1.
5
Si R est le rayon du disque cherché, circonscrit aux cinq disques, R = r + 1
110
Exercice 5 : les deux normes d’or
> phi:=(1+sqrt(5))/2;icosahedron(IC,point(O,0,0,0),5*sqrt(phi)*1/5^(3/4));
111
form(IC);center(IC);map(simplify,faces(IC));
IC
icosahedron3d
O
> map(simplify,[InRadius(IC),MidRadius(IC),radius(IC)]);
1 3 ( 5 + 1 )2, 1 5 + 1, 1 2 + 2 5 5 ( 1/4 )
12 2 2 2
> schlafli(IC);
[ 3, 5 ]
> simplify(sides(IC));vertices(IC);
2
0, 1 5 + 1, 1 , 0, 1 5 + 1, -1 , 0, − 1 5 − 1, 1 , 0, − 1 5 − 1, -1 ,
2 2 2 2 2 2 2 2
1, 0, 1 5 + 1 , 1, 0, − 1 5 − 1 , -1, 0, 1 5 + 1 , -1, 0, − 1 5 − 1 ,
2 2 2 2 2 2 2 2
1 5 + 1, 1, 0 , 1 5 + 1, -1, 0 , − 1 5 − 1, 1, 0 , − 1 5 − 1, -1, 0
2 2 2 2 2 2 2 2
> map(simplify,[volume(IC),area(IC)]);
5 ( 5 + 1 ) 2, 20 3
3
> polyhedraplot([0,0,0],polytype=dodecahedron,style=PATCH,
scaling=CONSTRAINED,orientation=[71,66]);
> dodecahedron(DO,point(O,0,0,0),sqrt(3));center(DO);simplify(sides(DO));
map(simplify,faces(DO));
DO
O
1
4
5 +1
> map(simplify,[InRadius(DO),MidRadius(DO),radius(DO)]);
1 5 ( 3/4 ) ( 5 + 1 ) 2 + 2 5 , 1 5 + 1, 3
20 2 2
> schlafli(DO);
112
[ 5, 3 ]
> simplify(sides(DO));vertices(DO);
1
4
5 +1
− 1 + 1 5 , − 1 5 − 1, 0 , 1 − 1 5 , − 1 5 − 1, 0 , [ -1, -1, 1 ],
2 2 2 2 2 2 2 2
0, 1 − 1 5 , 1 5 + 1 , [ 1, -1, 1 ], 0, − 1 + 1 5 , − 1 5 − 1 , [ -1, 1, -1 ],
2 2 2 2 2 2 2 2
1 − 1 5 , 1 5 + 1, 0 , − 1 + 1 5 , 1 5 + 1, 0 , [ 1, 1, -1 ],
2 2 2 2 2 2 2 2
0, 1 − 1 5 , − 1 5 − 1 , [ -1, -1, -1 ], − 1 5 − 1, 0, 1 − 1 5 ,
2 2 2 2 2 2 2 2
− 1 1
5 − , 0, − +
1 1
5 , [ -1, 1, 1 ], 0, − +
1 1 1
5 + , [ 1, 1, 1 ],
1
5,
2 2 2 2 2 2 2 2
1 5 + 1, 0, − 1 + 1 5 , 1 5 + 1, 0, 1 − 1 5 , [ 1, -1, -1 ]
2 2 2 2 2 2 2 2
> map(simplify,[volume(DO),area(DO)]);
( 3/4 )
5
2 5 ( 5 + 1 ), 24
2+2 5
Problème 7
On se propose d’étudier le plus petit sous-corps K de C contenant le complexe ω = exp 2iπ .
5
0) Démontrer que ce corps contient le corps Q.
A. Première partie.
5
1) Soit P(X) = X – 1 ∈ C[X]. Factoriser P dans C[X].
2) Factoriser P(X) dans R[X] sous forme trigonométrique.
4 3 2
3) Soit Φ(X) = X + X + X + X + 1. Résoudre l’équation Φ(z) = 0 en posant w = z + 1/z.
4) En déduire une nouvelle factorisation de P(X) dans R[X], puis les rapports trigonométriques :
cos kπ , sin kπ , tan kπ ( 1 ≤ k ≤ 4 ) . Montrer que tan π . tan 2π . tan 3π . tan 4π = 5.
5 5 5 5 5 5 5
5) Calculer cos 2π et sin 2π .
15 15
k
6) Comment construire à la règle et au compas le pentagone régulier de sommets ω ( 0 ≤ k ≤ 4 ) ?
7) Déduire des résultats précédents que le rapport du périmètre d’une étoile à cinq branches au
périmètre du pentagone régulier circonscrit est égal au nombre d’or ϕ = 1+ 5 .
2
B. Deuxième partie.
8) Démontrer que le polynôme Φ(X) est irréductible dans Q[X].
9) En déduire que ∀A ∈ Q[X] A(ω) = 0 ⇔ Φ divise A.
2 3
10) On note E = { x = a + b.ω + c.ω + d.ω ; a, b, c, d ∈ Q }.
113
a) Montrer que E est un sous-espace vectoriel de C considéré comme Q-espace vectoriel.
2 3
b) Démontrer que B = ( 1, ω, ω , ω ) est une base de E.
c) Démontrer que E est un anneau intègre.
11) Montrer que E est un corps, par deux méthodes :
a) En considérant, pour x ≠ 0, l’application mx : y ∈ E → x.y ∈ E.
b) En utilisant l’irréductibilité de Φ(X) dans Q[X]. Comparer E et K.
12) Exemple.
a) Trouver deux polynômes A et B dans Q[X] tels que A.Φ + B.Φ’ = 1.
3 2 −1
b) Calculer ( 4.ω + 3.ω + 2.ω + 1 ) dans la base B.
13) Représentation matricielle de E.
2 3
a) Soit x = a + b.ω + c.ω + d.ω ∈ E. Exprimer la matrice M(x) de l’endomorphisme mx de E
dans la base B.
a −d d −c c−b
b) En déduire que l’ensemble des matrices
b a−d −c d −b , où a, b, c, d décrivent Q, est une
c b−d a−c −b
d c−d b−c a−b
sous-algèbre commutative de M4(Q), et un corps.
114
18) a) Montrer que M(ω) est diagonalisable dans M4(K), puis que M(x) est diagonalisable dans
M4(K) pour tout x ∈ K.
b) En déduire T(x) = tr M(x), puis N(x) = det M(x).
___________
∏(X −z) = ( X – 1 )( X − ω )( X − ω
2 3 4
Il vient P(X) = )( X − ω )( X − ω ) .
z∈U 5
D’où z = 1 [ −1± 5 ± i 5± 5 ] .
2 2 2
Avec Maple :
> Phi:=X^4+X^3+X^2+X+1;irreduc(Phi);alias(omega=RootOf(Phi));
factor(Phi,omega);solve(Phi=0,X);
Φ := X 4 + X 3 + X 2 + X + 1
true
ω
( X + 1 + ω + ω + ω ) ( X − ω2 ) ( X − ω3 ) ( X − ω )
2 3
1 1 1 1 1 1
− + 5 + I 2 5+ 5,− − 5 + I 2 5− 5,
4 4 4 4 4 4
1 1 1 1 1 1
− − 5 − I 2 5− 5,− + 5 − I 2 5+ 5
4 4 4 4 4 4
115
cos 2π = −1+ 5 , sin 2π = 5+ 5 , cos 4π = − 1+ 5 , sin 4π = 1 5− 5 .
1
5 4 5 2 2 5 4 5 2 2
Comme π et 4π sont supplémentaires, ainsi que 2π et 3π , on complète le tableau :
5 5 5 5
K 0 1 2 3 4 5
Cos kπ 1+ 5 −1+ 5 1− 5 − 1+ 5
5 1 4 4 4 4 −1
Sin kπ 1 5− 5 1 5+ 5 1 5+ 5 1 5− 5
5 0
2 2 2 2 2 2 2 2 0
116
7. Nombre d’or et périmètres.
2 3 4
Notons B le périmètre du pentagone régulier enveloppe convexe de ( 1, ω, ω , ω , ω ), A le
2 4 3
périmètre de l’étoile à cinq branches inscrite dans ce pentagone ( 1, ω , ω , ω, ω ).
B. Deuxième partie.
8) Le polynôme cyclotomique Φ est irréductible dans Q[X].
Maple l’affirme aussitôt… Voici deux méthodes fort distinctes.
1ère idée : Dans R[X], Φ(X) = ( X – 2cos 2π .X + 1 ).( X – 2cos 4π .X + 1 )
2 2
5 5
a 4 diviseurs unitaires : 1 , X – 2cos 2π .X + 1 , X – 2cos 4π .X + 1 et Φ(X).
2 2
5 5
2
Or aucun des polynômes X – 2cos 2π 2
.X + 1 , X – 2cos 4π .X + 1 n’appartient à Q[X], car
5 5
cos 2π = 5−1 , cos 4π = − 1+ 5 et 5 n’appartiennent pas à Q.
5 4 5 4
On en déduit que Φ n’a que deux diviseurs unitaires dans Q[X] : il est irréductible.
2ème idée : montrer directement qu’on ne peut écrire Φ = A.B, avec A ∈ Q[X] unitaire de deg 1 ou 2.
• A n’est pas de degré 1, autrement dit Φ n’a pas de racine rationelle p/q, (p, q) ∈ Z×N* , p ∧ q = 1.
4 3 2 2 3 4 4 4
On aurait en effet p + p q + p q + pq + q = 0, donc q divise p et p divise q , donc q = 1, p =
±1 ; or ±1 n’est pas racine de Φ.
• A n’est pas de degré 2, autrement dit on ne peut écrire
2 2 4
Φ = ( X + aX + b )( X + cX + d ) , où (a, b, c, d) ∈ Q .
Identifiant, il viendrait a + c = 1, b + ac + d = 1, ad + bc = 1, bd = 1. Donc c = 1–a , d = 1/b , puis
a/b + b(1−a) = 1 permet de tirer a en fonction de b : b = ±1 ou a = b . Reportant ces valeurs
1+b
dans b + ac + d = 1, on obtient que b annule un polynôme. Or on montre comme précédemment que
ce polynôme n’a pas de racines rationnelles. Le cas b = ±1 est également impossible.
Compléments : i) Il y a une 3ème idée, subtile mais byzantine, que je garde pour moi.
ii) L’irréductibilité de Φ découle aussi du critère d’Eisenstein, ou du théorème de Gauss relatif à
l’irréductibilité sur Q de tous les polynômes cyclotomiques..
iii) E est une Q-algèbre de dimension 4, et un corps, obtenu au moyen de deux extensions quadra-
tiques successives, comme le montre la 1ère idée ci-dessus : Q ⊂ Q[ 5 ] ⊂ E, et dimQ E = 4 par
mutiplicativité des dimensions.
9) Une première conséquence : Montrons que ∀A ∈ Q[X] A(ω) = 0 ⇔ Φ divise A.
Le sens ⇐ est facile : si A = B.Φ, A(ω) = B(ω).Φ(ω) = 0.
Le sens ⇒ l’est moins. Φ étant irréductible, si Φ ne divise pas divise A, Φ est premier avec A.
Alors (Bézout) il existe U et V dans Q[X] tels que 1 = A.U + Φ.V.
Substituant ω à X, il vient 1 = 0. Impossible.
Remarque : autre présentation. Φ étant irréductible est le polynôme minimal de ω sur le corps Q,
c’est-à-dire le générateur unitaire de l’idéal annulateur de ω.
2 3
10) Première étude de E = { x = a + b.ω + c.ω + d.ω ; a, b, c, d ∈ Q }.
a) E est un sous-espace vectoriel de C considéré comme Q-espace vectoriel.
2 3
C’est en effet VectQ( 1, ω, ω , ω ).
117
2 3
b) Montrons que B = ( 1, ω, ω , ω ) est une base de E.
2 3
Supposons a + b.ω + c.ω + d.ω = 0, où a, b, c, d ∈ Q .
2 3
Introduisons le polynôme A(X) = a + b.X + c.X + d.X . De deux choses l’une :
• Soit A est premier à Φ. Alors (Bézout) il existe U et V dans Q[X] tels que 1 = A.U + Φ.V.
Substituant ω à X, il vient 1 = 0. Impossible.
• Soit Φ divise A. Mais alors, pour des raisons de degré, A = 0 et a, b, c, d sont nuls. Cqfd
c) Montrons que E est un anneau intègre.
5
Comme ω = 1, il est clair que le produit de deux éléments de E appartient à E.
Comme E est déjà un sous-groupe et 1 ∈ E, E est un sous-anneau de C.
Et il hérite de l’intégrité de C.
11) E est un corps.
a) 1ère méthode, assez fumiste : Considérons, pour x ≠ 0, l’application mx : y ∈ E → x.y ∈ E.
Cette application est Q-linéaire et injective, en vertu de l’intégrité de E.
Comme E est de dimension finie, elle est bijective, et ∃y ∈ E x.y = 1. C’est dire que x est inversible.
b) 2ème méthode, plus profonde.
2 3 2 3
Soient x = a + b.ω + c.ω + d.ω un élément non nul de E, A(X) = a + b.X + c.X + d.X .
Si Φ divise A, pour des raisons de degré, A = 0 et a, b, c, d sont nuls ; impossible.
Donc A est premier à Φ. Alors (Bézout) il existe U et V dans Q[X] tels que 1 = A.U + Φ.V.
Substituant ω à X, il vient 1 = A(ω).U(ω), donc 1/x = U(ω).
Si R est le reste euclidien de U par Φ, il vient 1/x = R(ω). Cqfd.
Cette méthode de calcul de 1/x est fondée sur l’algorithme d’Euclide étendu.
Il découle de ceci, par double inclusion, que E = K.
12) Exemple.
> Phi:=x^4+x^3+x^2+x+1;DPhi:=diff(Phi,x);
Φ := x 4 + x 3 + x 2 + x + 1
DPhi := 4 x 3 + 3 x 2 + 2 x + 1
> gcdex(Phi,DPhi,x,'A','B');A;B;
4 1 1
1 1− x − x + x2
5 5 5
> alias(omega=RootOf(Phi));evala(1/(4*omega^3+3*omega^2+2*omega+1));
ω
1 1
− ω + ω2
5 5
13) Représentation matricielle de E.
2 3
a) Soit x = a + b.ω + c.ω + d.ω ∈ E.
a −d d −c c−b
L’endomorphisme mx de E a pour matrice M(x) =
b a−d −c d −b dans la base B.
c b−d a−c −b
d c−d b−c a−b
b) L’application x ∈ E → mx ∈ L(E) est un morphisme injectif d’algèbres, car
mx+y = mx + my , ma.x = a.mx , mx.y = mx o my , m1 = idE et mx = 0 ⇒ x = 0.
118
Comme u ∈ L(E) → Mat(u, B) ∈ M4(Q) est un isomorphisme d’algèbres, par composition, on voit
a −d d −c c−b
que l’ensemble des matrices
b a−d −c d −b , où a, b, c, d décrivent Q, est une sous-algèbre
c b−d a−c −b
d c−d b−c a−b
commutative de M4(Q), et un corps.
14) Groupe de Galois de K.
Soit (G, o) le groupe des automorphismes de corps de K.
a) Soit s un élément de G.
2 3 2 3
Si x = a + b.ω + c.ω + d.ω ∈ E , s(x) = a + b.s(ω) + c.s(ω) + d.s(ω) ,
2 3 4
car s laisse fixe chaque rationnel. De plus Φ(s(ω)) = s(Φ(ω)) = 0 , donc s(ω) ∈ { ω , ω , ω , ω }.
b) Montrons que G a 4 éléments.
Le raisonnement précédent montre que G a au plus 4 éléments.
Si s(ω) = ω , s = s1 est l’identité e.
2 2 3 2 4
Si s(ω) = ω , s = s2 : x = a + b.ω + c.ω + d.ω ∈ E → a + b.ω + c.ω + d.ω ∈ E.
3 2 3 3 4
Si s(ω) = ω , s = s3 : x = a + b.ω + c.ω + d.ω ∈ E → a + b.ω + c.ω + d.ω ∈ E.
4 2 3 4 3 2
Si s(ω) = ω , s = s4 : x = a + b.ω + c.ω + d.ω ∈ E → a + b.ω + c.ω + d.ω ∈ E.
Ces applications sont linéaires, bijectives, et telles que sk(1) = 1.
p kp p+q p q
De plus : sk(ω ) = ω , donc sk(ω ) = sk(ω ).sk(ω ) et par bilinéarité sk(x.y) = sk(x).sk(y)
c) Le groupe G est cyclique.
2
Soit σ = s2 l’élément de G défini par σ(ω) = ω .
4 8 3 16
On a : (σ o σ)(ω) = ω , (σ o σ o σ)(ω) = ω = ω et (σ o σ o σ o σ)(ω) = ω = ω.
2 3 2 3
Autrement dit, σ = s4 , σ = s3 , et G = { e , σ , σ , σ } .
d) Matrices des éléments de G relativement à la base B .
1 00 0 1 0 −1 0 1 −1 0 0 1 0 0 −1
I=
0 10 0 , Σ = 0 0 −1 1 , Σ2 = 0 −1 0 0 , Σ3 = 0 0 1 −1 .
0 01 0 0 1 −1 0 0 −1 0 1 0 0 0 −1
0 00 1 0 0 −1 0 0 −1 1 0 0 1 0 −1
e) Sous-groupes de G.
2
Le groupe G étant cyclique à 4 éléments, admet trois sous-groupes {e}, { e, σ } et G.
15) Trace.
3 2
a) Trouvons deux polynômes U et V de Q[X] tels que ( X – 1 ).U + ( X + X + X + 1 ).V = 1.
> gcdex(X-1,X^3+X^2+X+1,X,'U','V');U;V;
1
3 1 1 1
− − X2 − X
4 4 2 4
2
Maple donne U = − 3 − 1 X − 1 X , V = 1 .
4 2 4 4
2 3
b) Pour tout x ∈ K, posons S(x) = x − σ(x) et T(x) = x + σ(x) + σ (x) + σ (x).
Je dis que Im T = Ker S = Q et Ker T = Im S.
119
0 0 1 0 4 −1 −1 −1
On peut procéder matriciellement : S a pour matrice
0 1 1 −1 , T a pour matrice 0 0 0 0.
0 −1 2 0 0 0 0 0
0 0 1 1 0 0 0 0
> with(linalg):
> S:=matrix(4,4,[0,0,1,0,0,1,1,-1,0,-1,2,0,0,0,1,1]);
T:=matrix(4,4,[4,-1,-1,-1,0,0,0,0,0,0,0,0,0,0,0,0]);
> colspan(T);kernel(S);
{ [ 4, 0, 0, 0 ] }
{ [ 1, 0, 0, 0 ] }
> kernel(T);colspan(S);
{ [ 1, 0, 0, 4 ], [ 0, 1, 0, -1 ], [ 0, 0, 1, -1 ] }
{ [ 0, 0, -1, 1 ], [ 0, 1, -1, 0 ], [ 1, 1, 2, 1 ] }
4
Mais la solution la plus profonde passe par T o S = S o T = I − σ = O et − S o U(σ) + T o V(σ) = I.
Des premières égalités on déduit : Im T ⊂ Ker S , Im S ⊂ Ker T.
De la seconde, on déduit : Ker S ⊂ Im T , Ker T ⊂ Im S.
2 3
Enfin, si x = a + b.ω + c.ω + d.ω , T(x) = 4.a – b – c – d.
2 3
16) Norme. Pour x ∈ K, on pose N(x) = x.σ(x).σ (x).σ (x).
a) Montrons que N(x) ∈ Q et que ∀x, y ∈ K N(x.y) = N(x).N(y).
La deuxième relation est évidente. La première découle de ce que σ(N(x)) = N(x).
Or les seuls éléments de K tels que σ(x) = x sont les rationnels, en vertu de 14.b).
b) Nouveau mode de calcul de 1/x lorsque x ∈ K−{0}.
σ(x).σ²(x).σ 3(x)
Si x est un élément non nul de K, on écrira 1 = .
x N(x)
17) Sous-corps de K.
2
a) Je dis que ∀x ∈ K σ (x) = x , conjugué du complexe x.
2 3 2 4 3 2
En effet si x = a + b.ω + c.ω + d.ω , σ (x) = a + b.ω + c.ω + d.ω = x .
b) Montrons que K ∩ R = { a + b 5 ; a, b ∈ Q }.
2 2
K ∩ R = Ker( I − σ ) n’est autre que le « corps fixé » de σ .
Ker( I − Σ ) = { x = a + c.( ω + ω ) ; (a, c) ∈ Q×Q } = { x = a + 2c.cos 4π ; (a, c) ∈ Q×Q }
2 2 3
5
= { a + b 5 ; a, b ∈ Q } = Q[ 5 ], en vertu du calcul de cos 4π mené en 4).
5
c) Soit L un sous-corps de K, distinct de Q et K.
En vertu de la formule de multiplicativité des dimensions 4 = dimQ K = dimQ L × dimL K .
On en déduit dimQ L = dimL K = 2.
L* = { s ∈ G ; ∀x ∈ L s(x) = x } est un sous-groupe de G (groupe « fixateur » de L).
L = Q[θ] = { a + b.θ ; (a, b) ∈ Q×Q }, où θ est de degré 2 sur Q.
K = L[ζ] = { c + d.ζ ; (c, d) ∈ L×L }, où ζ ∈ K−L est de degré 2 sur L.
(1 , θ , ζ , θ.ζ) est une Q-base de K.
ζ a un polynôme minimal sur L de degré 2 : (X − ζ).(X − ζ’), et L* = { e, τ }, où τ(ζ) = ζ’.
2
Ainsi, L* est un sous-groupe à deux éléments de G ; ce ne peut être que { e , σ }.
120
Ainsi Q ⊂ Q[ 5 ] ⊂ K sont les seuls sous-corps de K.
18) Enfin les valeurs propres !
0 0 0 −1
a) La matrice M(ω) =
1 0 0 −1 a pour polynôme caractéristique Φ (c’est d’ailleurs la matrice-
0 1 0 −1
0 0 1 −1
2 3 4
compagnon de Φ). Elle a donc pour valeurs propres ω, ω , ω et ω . Comme Φ est scindé dans K[X]
et que ces nombres sont distincts, M(ω) est diagonalisable dans M4(K) :
−1 2 3 4
∃P ∈ Gl4(K) P .M(ω).P = diag(ω, ω , ω , ω ) .
2 3
Comme M(x) = a.I + b.M(ω) + c.M(ω) + d.M(ω) , M(x) est diagonalisable dans M4(K) et
−1 3 2
P .M(x).P = diag(x, σ(x), σ (x), σ (x)) .
b) On en déduit aussitôt que T(x) = tr M(x) et N(x) = det M(x).
Exercice : théorème de Dedekind.
2 3
Soient x, y, z, t ∈ K. Montrer que si ∀u ∈ K x.u + y.σ(u) + z.σ (u) + t.σ (u) = 0 ,
alors x = y = z = t = 0.
Exercice : théorème de Hilbert.
2 2 3
Soit x ∈ K. Pour u ∈ K on pose f(u) = u + x.σ(u) + x.σ(u).σ (u) + x.σ(u).σ (u).σ (u).
1) Montrer ∃u ∈ K f(u) = y ≠ 0.
y
2) Montrer l’équivalence N(x) = 1 ⇔ ∃y ∈ K−{0} x = .
σ(y)
121
Récréation amoureuse…
Dans un palais, soie et or, dans Ecbatane,
De beaux démons, des Satans adolescents,
Au son d’une musique mahométane,
Font litière aux Sept Péchés de leurs cinq sens.
Paul Verlaine, Crimen Amoris
Le lecteur cultivé (tous mes lecteurs son cultivés !) connaît La ronde, d’Arthur Schnitzler. Cette
pièce en dix dialogues met en scène tour à tour la fille et le soldat, le soldat et la femme de chambre,
la femme de chambre et le jeune homme, le jeune homme et la jeune femme, la jeune femme et le
mari, le mari et la grisette, la grisette et l’homme de lettres, l’homme de lettres et l’actrice, l’actrice
et le comte, le comte et la fille… Belle introduction aux propriétés du décagone régulier, ou du
groupe cyclique Z/10Z !
A l’instar de Schniztler, plaçons cinq insectes amoureux aux sommets d’un pentagone régulier,
chacun étant attiré par son voisin (Oui, je sais, 5 étant un nombre impair, les partisans de la Manif
pour tous vont encore râler : après la parthénogénèse, voilà qu’il leur faut maintenant avaler une
nouvelle couleuvre… Ah ! quel martyre !), et regardons-les évoluer. Leurs déambulations forment en
termes savants un « système dynamique discret » fort bien décrit par cette figure que j’emprunte à
Robert Vinvent (Géométrie du Nombre d’or, p. 62). Comment cela va se terminer, je vous le laisse à
deviner…
> with(plots):
> pentagone:=(r,h)->listplot([seq([r*cos(2*k*Pi/5+Pi/2+h*Pi/20),
r*sin(2*k*Pi/5+Pi/2+h*Pi/20)],k=0..5)],thickness=2,
color=COLOR(RGB, rand()/10^12, rand()/10^12, rand()/10^12));
> display({seq(pentagone(0.9^k,k),k=0..20)},axes=none);
122
16. Le nombre d’or en analyse.
Nous aurons l’amour
Dedans tous nos problèmes
Et tous nos discours
Finiront par « Je t’aime ! »
Vienne vienne alors
Vienne l’Âge d’or !
Léo Ferré
Nous allons indiquer ici quelques expressions du nombre d’or en analyse, sans approfondir le sujet.
Nous avons vu que la suite (qn), définie par q1 = 1 , qn+1 = 1 + 1 = f(qn), où f(x) = 1 + 1 ,
qn x
123
2
Théorème 1 : La suite (cn) tend en décroissant vers ϕ, de telle sorte que cn+1 − ϕ ≤ 1 (cn − ϕ) .
2
Preuve : Il est facile d’établir que F est croissante sur [ϕ, +∞[ et vérifie ∀x ≥ ϕ ϕ ≤ F(x) ≤ x.
On en déduit que (cn) est décroissante, minorée par ϕ.
α 2 −α −1
Elle tend vers un nombre α ≥ ϕ vérifiant α = α − , qui n’est autre que ϕ.
2α −1
cn +1
2
(cn −ϕ)2 (cn −ϕ)2 1 2
De plus, cn+1 − ϕ = −ϕ= ≤ ≤ (cn − ϕ) .
2cn −1 2cn −1 2 ϕ −1 2
124
17167680177565 , 1.618033988749894848204586838338166878717703891187710 \
10610209857723
377694114386726135731548613408928010848234917071
407305795904080553832073954 , 1.61803398874989484820458683436563811772 \
251728825683549488150424261
0309179805762869192919556391568827541984553077171804724988946
La condition initiale importe peu, pourvu que c0 > ½ (si c0 < ½, la suite tend vers ϕ’). Cependant le
choix de c0 = 2 s’avère très judicieux, car alors on constate que la suite (cn) est une suite extraite de
la suite (qn), plus précisément :
F2n+1+1
Proposition 2 : Pour tout n , cn = q2n+1 = .
F2n+1
Cela se déduit par récurrence à l’aide des formules trouvées au § 3.2. Exercice !
Preuve : Exprimons (
Fn+1 ) comme suite des sommes partielles d’une série alternée.
Fn
Fn+1 = F2 + n ( Fk +1 − Fk ) = 1 + n Fk +1.Fk −1−Fk = 1 + n (−1)k .
2
Fn F1 ∑k =2 Fk Fk −1 ∑k =2 Fk Fk −1 ∑
k =2 Fk Fk −1
+∞ (−1)k
Comme la suite ( 1 ) tend en décroissant vers 0, la série ∑ converge en vertu du
Fn+1Fn k =2 Fk Fk −1
critère des séries alternées (elle est aussi absolument convergente).
On retrouve derechef la convergence de la suite qn =
Fn+1 .
Fn
Or on sait que (qn) tend vers ϕ.
+∞ +∞
Fn−1 = 1, et, pour tout n > 0,
Exercice 1 : Démontrer que ∑
n =1 Fn Fn+1 ∑
k =n
1
Fk Fk + 2
= 1 .
Fn .Fn+1
Exercice 2 : A la suite x = (xn)n≥1 on associe la suite y = (yn)n≥1 = T(x) définie par
∀n ≥ 1 yn =
F1 x1 + F2 x2 +...+ Fn xn −Fn xn+1 .
Fn Fn+2
Démontrer que cette transformation linéaire est orthogonale, au sens de Polya-Szegö, t. 2, chap. VII,
p. 106.
+∞
Théorème 4 ( E. Lucas, 1870 23 ) : ∑n =0
1 = 7− 5 .
F2n 2
2n
+∞ x x2
Preuve : Nous allons déduire ce résultat de l’identité ∀x ∈ C |x| < 1 ∑ 1−x
n =1
2n +1
=
1− x2
.
23 On n’a pas fait que des conneries, en 1870. On a aussi fait des choses parfaitement inutiles.
125
2n
+∞ x +∞ +∞ +∞ x2
∑∑ ∑
(2p +1)2n
Formellement en effet ∑ 1−x
n =1
2n +1
=
n =1 p =0
x =
h =1
x2h =
1− x2
.
n
Cela découle de ce que tout entier pair 2h s’écrit de façon unique 2h = (2p + 1)2 , et de la théorie
des familles sommables.
2n 2n 2n +1
x x x
Autre solution : noter que 2n +1
= 2n +1
− 2n +1
.
1− x 1− x 1− x
2n
ϕ
Il reste à appliquer cette formule à x = ϕ . 2n +1
= 1 ( multiplier haut et bas par ϕ 2n ).
1−ϕ 5.F2n
2
ϕ
Or = 1 = 1 = − ϕ . Cqfd. Ne pas oublier de rajouter 1 au résultat final.
1−ϕ
2
ϕ 2 −1 ϕ
+∞
Remarque : On démontre dans Duverney (p. 60) que ∑ F1
n =1 n
∉ Q, et même ∉ Q[ 5 ].
Preuve : Exprimons (
Fn+1 ) comme suite des produits partiels d’un produit infini :
Fn
126
n n n (−1)k
Fn+1 = F2
Fn F1 ∏ Fk +1/ Fk
k =2 Fk / Fk −1
= ∏
k =2
Fk +1.Fk −1
Fk
2 = ∏(1+
k =2 Fk
2 ) , en vertu de la formule de Cassini.
+∞
Je ne sais si quelqu’un a pensé à étudier la fonction F(x) = x ∏(1− Fx ) .
n =1 n
Proposition 8 : Le nombre d’or est le seul point fixe > 0 de l’homographie f (x) =
(n) Fn+1x+ Fn .
Fn x+ Fn−1
(n) 2
En effet, x = f (x) ⇔ Fn x + ( Fn−1 – Fn+1 ) x – Fn = 0.
2 2
⇔ Fn x − Fn x – Fn = 0 ⇔ x − x – 1 = 0 ⇔ x = ϕ.
127
> b:=evalf(exp(-2*Pi/5)/(1+exp(-2*Pi)));
b := .2840790419938273387208597
> c:=evalf(exp(-2*Pi/5)/(1+exp(-2*Pi)/(1+exp(-4*Pi))));
c := .2840790438404123080539723
> d:=evalf(exp(-2*Pi/5)/(1+exp(-2*Pi)/(1+exp(-4*Pi)/(1+exp(-6*Pi)))));
d := .2840790438404122960282918
Ce développement en fraction continue est en fait un cas particuler d’une formule plus générale, la
fraction continue de Rogers-Ramanujan, sur laquelle existe toute une littérature 24.
rn = 1+ 1+ 1+... 1 ( n radicaux )
Preuve : Cette suite (rn) est donnée par la relation de récurrence r1 = 1 , rn+1 = 1+rn .
Il est facile de montrer qu’elle est croissante, majorée par ϕ, puis qu’elle converge vers ϕ.
Cela découle de ∀x ∈ [1, ϕ] x ≤ 1+ x ≤ ϕ.
De plus, la convergence est rapide, car h(x) = 1+ x est 1 -contractante sur [1, ϕ].
2 2
ρ 2 + ρ 4 + ρ 8 +... ρ
2n
Corollaire 1 : Pour tout ρ > 0, tend vers ρ.ϕ quand n → +∞.
128
Proposition 11 : 9 = 3F2 F4 + F4 3F4 F6 + F6 3F6 F8 +... .
J’ai trouvé cette formule dans un livre d’exercices redoutables, d’une brutalité mathématique toute
poutinienne25. Je renonce à reproduire ici la preuve, car elle me dépasse. J’imagine que Ramanujan
trouverait cette formule évidente et la généraliserait aussitôt avec délices…
D’ailleurs, quand on parle du loup, voici une formule due à ce même Ramanujan, qui figurerait dans
son Cahier perdu :
Ce dernier résultat rentre dans des théorèmes de transcendance plus généraaux, démontrés en 2007
et 2012 par les français Boris Adamczewski et Yann Bugeaud :
1) Les nombres dont les chiffres en une base de numération donnée b sont b-automatiques (c’est-à-
dire tels qu’il existe un procédé de calcul ne nécessitant qu’une mémoire finie) sont, soit des
nombres rationnels, soit des nombres transcendants. 27
2) Soit x un nombre réel, écrit en base 2. Si la suite
129
( nombre−de−sous−mots−de−longueurn−n−du−développement −binaire−de−x )
est bornée, x est soit rationnel, soit transcendant. 28
Or nous avons énoncé au § 13.3, sans démonstration pour l’instant, que le nombre des mots de
longueur n extraits du mot de Fibonacci est n + 1.
+∞ ϕ n −ϕ'n
Par conséquent F(x) = ∫0
e− xsh(s).ds , où h(s) =
5
pour n ≤ s < n + 1.
ϕ n −ϕ'n
On en induit que, pour tout naturel n, Fn = .
5
Pour justifier cela rigoureusement, il faudrait montrer que F(x) est bien défini pour x assez grand (x
> ϕ ) et invoquer un théorème assurant l’injectivité de la transformation de Laplace. Bref, il reste du
boulot. Méthode capillitractée, sauf pour les afficionados du marquis Pierre Simon de Laplace et les
enseignants manquant de bon sens.
130
17. Le nombre d’or en analyse p-adique.
« Nobody’s perfect ! »
Joseph Staline
L’analyse p-adique nécessite une longue accoutumance que je n’ai pas, aussi vais-je me contenter
d’explorer le sujet.
2) Si K est un corps doré ayant deux nombres d’or a et b, l’anneau M2(K) est doré. Ses nombres
d’or forment trois classes de similitude, les classes de , , . La première et la
a0 a0 b0
0 a 0 b 0 b
troisième sont des singletons.
131
3) Si K est un corps doré de caractéristique 5, l’anneau M2(K) est doré. Ses nombres d’or forment
deux classes de similitude, les classes de et . La première est un singleton.
30 31
0 3 0 3
4) Si K est un corps argenté, l’anneau M2(K) est doré. Ses nombres d’or forment une classe de
similitude, la classe de , qui est aussi celle de .
11 01
1 0 1 1
132
S := ( p, k ) → msolve( x2 − x − 1 = 0, p k )
> S(2,1);
> S(3,1);
> S(5,1);
{x = 3}
> S(5,2);
> S(7,1);
> for k from 1 to 10 do S(11,k);od;
{ x = 4 }, { x = 8 }
{ x = 37 }, { x = 85 }
{ x = 37 }, { x = 1295 }
{ x = 10612 }, { x = 4030 }
{ x = 77235 }, { x = 83817 }
{ x = 728021 }, { x = 1043541 }
{ x = 14900509 }, { x = 4586663 }
{ x = 190285048 }, { x = 24073834 }
{ x = 833361691 }, { x = 1524586001 }
{ x = 22054890910 }, { x = 3882533692 }
> S(13,1);
> S(17,1);
> for k from 1 to 10 do S(19,k);od;
{ x = 5 }, { x = 15 }
{ x = 43 }, { x = 319 }
{ x = 3653 }, { x = 3207 }
{ x = 30643 }, { x = 99679 }
{ x = 1011926 }, { x = 1464174 }
{ x = 33201213 }, { x = 13844669 }
{ x = 268430618 }, { x = 625441122 }
{ x = 10994891486 }, { x = 5988671556 }
{ x = 175824301966 }, { x = 146863395814 }
{ x = 1437614186930 }, { x = 4693452070872 }
> N:=38943844473566811703769405;ifactor(N);nops([msolve(x^2-x-1=0,N)]);
N := 38943844473566811703769405
( 5 ) ( 11 ) 5 ( 19 ) 4 ( 29 ) ( 31 )3 ( 41 ) 2 ( 59 ) ( 61 ) ( 71 )
256
Exercice : Etudier les fonctions qui à n ≥ 2 associent :
2 2 2 2
Le nombre de solutions de x – 5y = ±1 , resp. x – 5y = 1, dans (Z/nZ)×(Z/nZ).
2 2 2 2
Le nombre de solutions de x – xy − y = ±1 , resp. x – xy − y = 1, dans (Z/nZ)×(Z/nZ).
133
[5]
[7]
[ 11, 8 + 7 11 + 10 11 + 7 11 + 5 11 + 4 11 5 + 8 11 6 + 9 11 7 + 3 11 8 + O( 11 9 ),
2 3 4
4 + 3 11 + 3 11 3 + 5 11 4 + 6 11 5 + 2 11 6 + 11 7 + 7 11 8 + O( 11 9 ) ]
[ 13 ]
[ 17 ]
[ 19, 15 + 16 19 + 8 19 + 4 19 + 11 19 + 5 19 5 + 13 19 6 + 6 19 7 + 10 19 8 + O( 19 9 ),
2 3 4
5 + 2 19 + 10 19 2 + 14 19 3 + 7 19 4 + 13 19 5 + 5 19 6 + 12 19 7 + 8 19 8 + O( 19 9 ) ]
[ 23 ]
[ 29, 6 + 21 29 + 4 29 + 28 29 + 14 29 4 + 29 5 + 28 29 6 + 28 29 7 + 6 29 8 + O( 29 9 ),
2 3
24 + 7 29 + 24 29 2 + 14 29 4 + 27 29 5 + 22 29 8 + O( 29 9 ) ]
[ 31, 19 + 24 31 + 18 31 2 + 30 31 3 + 22 31 5 + 20 31 6 + 29 31 7 + 22 31 8 + O( 31 9 ),
13 + 6 31 + 12 31 2 + 30 31 4 + 8 31 5 + 10 31 6 + 31 7 + 8 31 8 + O( 31 9 ) ]
[ 37 ]
[ 41, 7 + 22 41 + 19 41 + 10 41 + 28 41 + 22 41 5 + 9 41 6 + 25 41 7 + 40 41 8 + O( 41 9 ),
2 3 4
35 + 18 41 + 21 41 2 + 30 41 3 + 12 41 4 + 18 41 5 + 31 41 6 + 15 41 7 + O( 41 9 ) ]
[ 43 ]
[ 47 ]
[ 53 ]
[ 59, 26 + 53 59 + 25 59 + 45 59 + 36 59 4 + 51 59 5 + 22 59 6 + 5 59 7 + 21 59 8 + O( 59 9 ),
2 3
34 + 5 59 + 33 59 2 + 13 59 3 + 22 59 4 + 7 59 5 + 36 59 6 + 53 59 7 + 37 59 8 + O( 59 9 ) ]
[ 61, 44 + 34 61 + 17 61 2 + 43 61 3 + 59 61 5 + 5 61 6 + 16 61 7 + 52 61 8 + O( 61 9 ),
18 + 26 61 + 43 61 2 + 17 61 3 + 60 61 4 + 61 5 + 55 61 6 + 44 61 7 + 8 61 8 + O( 61 9 ) ]
[ 67 ]
[ 71, 63 + 45 71 + 57 71 + 63 71 + 26 71 + 65 71 5 + 40 71 6 + 20 71 7 + 16 71 8 + O( 71 9 ),
2 3 4
9 + 25 71 + 13 71 2 + 7 71 3 + 44 71 4 + 5 71 5 + 30 71 6 + 50 71 7 + 54 71 8 + O( 71 9 ) ]
Au vu de ces réponses il semble que Q11, Q19, Q29, Q31, Q41, Q59, Q61, Q71 soient dorés, les
autres argentés.
Théorème : Soit p un nombre premier ; le corps Qp est :
doré ssi p ≡ 1 ou 9 ( mod 10 ) ; argenté ssi p = 2, 5 ou p ≡ 3 ou 7 ( mod 10 )
Preuve : Cela découle de l’étude faite en 17.2., mais cela rentre dans un résultat général, le lemme
de Hensel. Les nombres d’or, s’ils existent, sont des éléments de Zp, et j’imagine qu’il y a des
méthodes de Newton p-adiques pour les approximer de façon efficace.
Je renvoie à Yvette Amice, Les nombres p-adiques (Puf) corollaire 2.5.9. p. 61 et Jean-Pierre Serre,
Cours d’arithmétique supérieure (Puf), chap II, § 2.
Les pentagones réguliers et le nombre d’or se rencontrent dans le monde végétal et dans le monde
animal : étoiles de mer, fleurs de bourrache, fleurs de Bryone dioïque, quintefeuilles, géranium de
Corse, fleurs hermaphrodites de Campanule, pédoncules des cucurbitacées, fruits de pivoine,
crassulacées, bourgeons de la fleur de bignone, etc. On les rencontre aussi en héraldique et en
symbolique des nombres : à quand un livre de Michel Pastoureau sur le sujet ?
134
Fleurs de tournesol
Les nombres de Fibonacci, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, … se rencontrent aussi dans le monde végétal.
Je me fie au beau livre d’Elisabeth Dumont, La géométrie dans le monde végétal, mais bien d’autres
livres et articles sont consacrés à ce sujet, qui relève de la phyllotaxie et de la morphogénèse, sujets
étudiés entre autres par le physicien Auguste Bravais (1811-1863), le botaniste saxon autodidacte
Wilhelm Hofmeister (1824-1877), le biologiste écossais d’Arcy Wentworth Thompson (1860-
1948), et l’un des pères fondateurs de l’informatique, l’inclassable Alan Turing (1912-1954).
Chez certaines plantes présentant une phyllotaxie du type alterne spiralé, la spirale est un motif
courant dans la disposition des organes autour d’un axe : rammeaux autour d’une branche, feuilles
autour de la tige, fleurs sur un capitule. Dans le cas des feuilles, on remarque qu’après un certains
nombre de tours, la feuille se trouve exactement au-dessus d’une des feuilles précédentes.
Notons a le nombre de tours nécessaires pour que deux feuilles se superposent.
b le nombre de feuilles à partir de la première, jusqu’à celle qui se superpose,
En observant un grand nombre de plantes, on peut onter les valeurs de a et b, et remarquer qu’lles
prennent toujours l’une des valeurs suivantes :
a 1 1 2 3 5 8 13
b 2 3 5 8 13 21 34
135
« L’économie est une science exacte ! »
136
Quelques notices biographiques
Leonardo Bonacci, dit Bigollo, dit Fibonacci
« On a beau enterrer Pythagore. Le sol qui le reçoit ne
portera pas spontanément le fruit mathématique. »
Jean-Toussaint Desanti
Fils de Guglielmo Bonacci, marchand et notaire public des douanes pour le compte des marchands
de la république maritime de Pise, Leonardo Bonacci naît à Pise vers 1175. Il rejoint son père à
Bougie, port de Kabylie et centre commercial et intellectuel, et c’est là qu’il commence sa formation
mathématique. Puis il voyage sur tout le pourtour méditerranéen (Egypte, Syrie, Sicile, Provence,
Grèce…) pour le compte de son père, et approfondit ses connaissances. A-t-il appris l’arabe ? A-t-il
rencontré des mathématiciens arabes, et étudié leurs traités ? C’est plus que probable.
De retour à Pise en 1198, il se surnomme lui-même « Leonardo Bigollo », et publie en 1202 un
traité de calcul, le Liber Abaci, dans lequel il introduit les chiffres indo-arabes et la notation
algébrique, les jugeant plus pratiques que les chiffres romains utilisés jusque là. Si aucun exemplaire
de l’ouvrage de 1202 ne nous est parvenu, une deuxième édition, augmentée, est publiée en 1228,
avec une préface rédigée en 1227 et dédiée à Michael Scot. Elle comporte 15 chapitres d’inégales
longueurs dont voici les titres :
Chapitre 1 : Sur la reconnaissance des neuf figures indiennes et la manière d’crire tous les nombres
Chapitre 2 : Sur la multiplication des nombres entiers
Chapitre 3 : Sur l’ddition des nombres
Chapitre 4 : Sur la soustraction d’n nombre inférieur à un autre supérieur
Chapitre 5 : Sur la division de nombres entiers
Chapitre 6 : Sur la multiplication de nombres entiers par fractions
Chapitre 7 : Sur l’addition, la soustraction et la division de nombres avec fractions et la réduction de
différentes parties à une seule
Chapitre 8 : Trouver la valeur d’une marchandise par la méthode principale
Chapitre 9 : Sur les changements de valeur d’une marchandise et autres questions similaires
Chapitre 10 : Sur les entreprises et leurs membres
Chapitre 11 : Sur les conversions monétaires
Chapitre 12 : Sur la solution à de nombreux problèmes
Chapitre 13 : Sur la méthode « elchataym » (de la double position) et la façon de résoudre la plupart
des problèmes mathématiques
Chapitre 14 : Sur la façon de trouver des racines carrées et cubiques, sur la multiplication, la
division et la soustraction entre elles, et sur le traitement de binomiales et de leurs racines
Chapitre 15 : Sur des règles géométriques pertinentes et sur des problèmes d’algèbre et
« almuchabala » (w'a-al-muqabalah : élimination de facteurs communs dans les coefficients).
Par la suite, Leonardo publie des traités de comptabilité, de géométrie et d’arithmétique29, et entre
en contact avec les intellectuels de la cour de Palerme, maître Dominique, maître Jean de Palerme,
Michel Scot. En juillet 1226, alors qu’il prépare, non sans difficultés, la Sixième croisade,
l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen est accueilli à Pise. Qu’au milieu de soucis de tous ordres,
tant avec la papauté qu’avec les cités lombardes, Frédéric II ait trouvé le temps de se poser et de
faire des mathématiques, voilà qui suscite l’admiration des historiens, et la mienne, huit siècles
après sa mort... Frédéric a eu plusieurs entretiens avec Leonard sur des questions de théorie des
nombres. En souvenir de ces rencontres, Léonard lui dédiera son Liber Quadratorum (Traité des
29 En 1225 il donne 1.22.7.42.33.4. (en base 60) pour une valeur approchée de la racine positive de l’équation
3 2
x + 2x + 10 x = 20, excellente approximation, mais on ne sait comment il l’obtint.
137
nombres carrés) paru vers 1230 30. Nous ne savons rien sur les années ultérieures, si ce n’est qu’en
1241, la République de Pise attribue un salaire annuel de vingt lires au « sage et discret Maître
Léonardo Bigollo » (« magister Leonardo discretus Bigollo et sapiens ») en reconnaissance des
services rendus à la cité et aux citoyens, en qualité de comptable. Il est sans doute mort peu après.
En résumé, s’il est surtout connu aujourd’hui pour la suite qui porte son nom, Léonard de Pise, dit
Bigollo, dit Fibonacci, fut l’un des acteurs majeurs de la Première renaissance européenne, celle du
XIIIème siècle, interrompue par la Grande peste du XIVème siècle : il a introduit les mathématiques
arabes en Occident. Ce surnom de « Bigollo » que cet Ulysse mathématicien s’est choisi à son retour
de voyage, que veut-il dire au juste ? Mon ami Jean-Louis Marrou pense que « bigollo » désigne un
bâton courbé avec des crochets pour transporter des seaux d’eau, ou des plateaux de fruits, en
équilibrant le poids sur les épaules, une palanche en somme. Léonard aurait transporté l’eau, ou le
fruit, mathématique, d’une rive à l’autre de la Méditerranée. Belle et forte image, qui résume en un
mot la vie et l’œuvre de ce savant discret, oublié pendant six siècles.
Jan Dzierżon (1811 – 1906), intellectuel polonais de Silésie, et prêtre catholique, est surtout connu
comme naturaliste et apiculteur. Il a découvert la reproduction asexuée des abeilles, fondé plusieurs
sociétés d’apiculture en Silésie et reçu de nombreuses distinctions pour ses travaux scientifiques.
Par ses découvertes et ses innovations, il est souvent considéré comme le père de l’apiologie et de
l’apiculture moderne. Les ruches actuelles sont dérivées de ses conceptions.
Jan Dzierżon est né dans une vieille famille polonaise de Lowkowitz (Łowkowice). Elève de
l’école publique de Lowkowitz, il part en 1822 au lycée de Breslau (Wroclaw). Il en sort en 1830
major de sa promotion et commence des études de théologie, de mathématiques, d’astronomie et
d’histoire à l’université. Diplômé de la faculté de la théologie catholique de Breslau, il est ordonné
prêtre en 1834, et obtient en 1835 la cure de la paroisse de Karlsmarkt (Karłowice), en Basse-
Silésie. Il mène simultanément des recherches sur la vie des abeilles et crée un cercle d’apiculture,
qui deviendra plus tard la Société d’apiculture.
30 « Lorsque, ô Seigneur Frédéric, prince très glorieux, maître Dominique m’amena à Pise, aux pieds de
Votre Excellence, maître Jean de Palerme, m’ayant rencontré, me proposa la question, qui n’appartient pas
moins à la géométrie qu’au nombre, de trouver un nombre carré qui, augmenté ou diminué de cinq, fait
toujours naître un nombre carré. Après avoir réfléchi sur la solution de cette question que j’avais déjà
trouvée, j’ai constaté que cette solution prenait sa source dans les choses multiples qui se présentent dans les
nombres carrés et entre ces nombres. Ayant d’ailleurs appris par des propos tenus à Pise, et par d’autres qui
me sont revenus de la Cour impériale, que Votre Majesté avait daigné lire le livre que j’avais écrit sur les
nombres, et qu’il Lui plaisait parfois d’entendre les subtilités relatives à la géométrie, je me suis rappelé la
question que je viens d’énoncer et qui m’avait été proposée à Votre cour par Votre philosophe. J’en ai pris
le sujet, ai entrepris de composer le présent ouvrage, et ai voulu l’intituler Le Livre des nombres carrés. Je
viens donc réclamer Votre indulgence en cas où il contiendrait quelque chose de plus ou moins exact ou
nécessaire ; car il appartient à la divinité plutôt qu’à l’humanité d’avoir la mémoire de tout et de ne se
tromper en rien, et personne n’est exempt de défauts ni de toutes parts sur ses gardes. »
138
En 1868, Dzierżon prend sa retraite de curé. En 1870, le Concile Vatican I énonce le dogme de
l’infaillibilité pontificale, soutient le concept de révélation dans le domaine scientifique et s’oppose
au panthéisme, au matérialisme et au rationalisme. Jan Dzierżon ne cache pas son opposition au
nouveau dogme. Lorsque l’Église catholique demande à chaque prêtre de signer un engagement
personnel de loyauté envers les dispositions de Vatican I, il dénonce dans les colonnes de la
Schlesische Zeitung (Journal de Silésie) le dogme de l’infaillibilité pontificale. Cela lui vaut d’être
excommunié le 30 octobre 1873.
Exclu de l’Église catholique, Jan Dzierżon voit ses conditions de vie se détériorer à Karlsmarkt.
Aussi décide-t-il en 1874 de retourner dans sa famille, à Lowkowitz. Il y poursuit ses travaux sur les
abeilles. À partir de 1885, il vit avec son frère dans une petite maison avec un jardin, menant une vie
d’ermite tout en étant reconnu par la communauté scientifique mondiale. Il s’éteint le 26 octobre
1906 à 95 ans, et repose au cimetière de Łowkowice. La maison où il a vécu ses dernières années a
été aménagée en musée.
Dès 1835, Jan Dzierżon a émis la théorie selon laquelle le faux-bourdon (abeille mâle) se
développerait à partir d’œufs non fécondés, et donc aurait une mère mais pas de père, alors que
l’abeille femelle serait, elle, issue d’œufs fécondés. Il met par là-même en évidence le phénomène de
la parthénogenèse chez les abeilles. Cette théorie, publiée en 1845, s’est heurtée d’emblée à une
opposition farouche et quasi religieuse jusqu’au milieu du XXe siècle. C’était en effet un dogme
répandu, jusque dans les milieux scientifiques, que tout être animé se devait d’avoir une mère... et
un père. Voilà qui nous rappelle des polémiques récentes…
Dzierżon révolutionne l’élevage des abeilles, publie son propre journal spécialisé sur ce thème et,
en 1838, conçoit la première ruche à cadres mobiles, qui permet d’accéder aux alvéoles sans
détruire la structure de la ruche. Il établit la distance correcte entre les cadres comme étant d’un
pouce et demi du centre d’une barre supérieure au centre de la suivante.. Dans son rucher, il étudie
la vie sociale des abeilles et construit plusieurs ruches expérimentales. En 1848, il remplace dans
son rucher les bandes de bois pour les barres supérieures mobiles par des cannelures de la taille 8 x
8 mm dans les parois latérales. Ses innovations trouvent rapidement des adeptes en Europe et en
Amérique du Nord. En 1854, il découvre le mécanisme de la sécrétion de la gelée royale et son rôle
dans le développement des reines.
Les innovations introduites par Dzierżon dans le métier d’apiculteur ont permis de son temps à
400 familles d’avoir leur propre rucher. Mais il a participé également à l’innovation en agronomie,
par exemple en introduisant dans son village la culture du lupin. Au total, il a écrit 26 ouvrages
scientifiques, et plus de 800 articles, pour la plupart traduits dans d’autres langues ; on retiendra
notamment « La nouvelle apiculture améliorée » et « Compléments pour la théorie et la pratique du
nouvel apiculteur ».
139
Edouard Lucas est surtout connu pour avoir énoncé et résolu de nombreux problèmes de
combinatoire et théorie des nombres, réussissant avec brio à conjuguer mathématiques sérieuses et
jeux mathématiques. Il s’intéresse aux travaux du dessinateur amiénois Edouard Gand (1815-1891)
sur la géométrie des satins, et publie une brochure sur les règles à suivre pour construire tous les
satins réguliers possibles. En 1873, il établit que la somme des carrés des n premiers entiers est un
carré ssi n = 1 ou 24. Il s’intéresse à la suite de Fibonacci (c’est lui qui baptisa "nombres de
Fibonacci" les éléments de cette suite) et à la suite de Lucas qui lui est associée, et obtint sur ces
suites de très profonds résultats ; il démontre en 1876 que pgcd(F(a), F(b)) = F(pgcd(a, b)). Il donne
un important et pratique test de primarité des nombres de Mersenne, d’où il découle que le nombre
127
de 39 chiffres 2 −1 est premier : la démonstration de ce résultat lui aurait demandé 300 h. de
travail. Pour ce faire, Lucas se servit d’un échiquier inspiré des métiers à tisser, et qui travaillait en
base 2 ; il collabora avec H. Genaille à la construction d’une machine permettant de tester la
primarité des nombres de Mersenne, mais cette machine n’a pas été retrouvée. Il publia Application
de l'arithmétique à la construction de l'armure des satins réguliers (1867), Recherche sur l'analyse
indéterminée et l'arithmétique de Diophante (1873). Ses Récréations mathématiques (1881) sont un
classique du genre, et sa Théorie des nombres (1891) est toujours éditée chez Blanchard. C’est lui
qui le premier propose et étudie le problème des tours de Hanoï et le puzzle qui porte son nom.
En 1891, l’Association française pour l’avancement des sciences tient son congrès à Marseille,
avec comme thème principal l’hygiène. Lucas y préside les travaux des sections regroupant les
mathématiques, la mécanique, la géodésie et l’astronomie. Il y présente des travaux de cryptographie
du capitaine Bazeries. Un accident stupide survient au cours d’un dîner, lors d’une excursion des
congressistes en Provence : une serveuse laisse échapper une pile d’assiettes ; un morceau de
porcelaine blesse Lucas à la joue. Celui-ci saigne abondamment. A son retour à Paris, un érysipèle31
se déclare et l’emporte en quelques jours, à 49 ans. Lucas avait perdu sa femme en 1882 et laissait
deux enfants. Il venait de publier le premier volume de sa Théorie des nombres (quatre volumes
étaient prévus) et la seconde édition de ses Récréations mathématiques. Delannoy, Laisant et
Lemoine furent chargés de ranger ses papiers mathématiques.
Édouard Zeckendorf (Liège, 1901 – Liège, 1983) était un médecin militaire belge, et philomathe.
Après des études de médecine à l’université de Liège, Zeckendorf obtient son doctoral en 1925 et
intègre le corps médical de l’armée belege. De 1930 à 1940, il dirige l’hôpital militaire Saint-
Laurent de Liège. A la capitulation de l’armée belge, le 28 mai 1940, il est fait prisonnier, et interné
dans des camps d’officiers jusqu’en 1945. En 1949-1950, il dirige la mission belge auprès de la
commission des Nations-Unis pour l’Inde et le Pakistan, chargée de l’inspection de la ligne
d’armistice. Il prend sa retraite de l’armée en 1957 avec le grade de colonel.
Zeckendorf a participé régulièrement, jusqu’à sa mort, aux réunions mensuelles de la Société
royale des sciences de Liège, dont il était membre associé depuis 1957. Entre 1949 et 1978, il a écrit
de nombreux articles mathématiques, la plupart publiés dans le Bulletin de la société royale des
sciences de Liège. Sa contribution la plus connue est le théorème prouvant l’existence et l'unicité de
la représentation d’un entier positif comme somme de nombres de Fibonacci ou de nombres de
Lucas non consécutifs. Par exemple, on a : 71 = 55 + 13 + 3 , 1111 = 987 + 89 + 34 + 1.
Ce résultat était connu sous le nom de « théorème de Zeckendorf », dès 1952, mais ne fut pubié par
son auteur qu’en 1972.
Ce théorème a inspiré Paul Braffort (1923-2018), mathématicien et poète oulipien, qui les a
utilisés dans son recueil « Mes Hypertropes ». J’avoue être peu sensible à cette poésie-là.
140
L’encyclopédiste des suites d’entiers, Neil Sloane
Neil James Alexander Sloane, né en 1939 à Beaumaris, sur l’île galloise d’Anglesey, est un
mathématicien britannico-américain.
Ses principales contributions concernent la combinatoire, les codes correcteurs et les empilements
de sphères, mais il est surtout connu pour la création et la maintenance de l’Encyclopédie en ligne
des suites de nombres entiers. Ce qui était au départ en 1995 une extension internet de son
encyclopédie papier et était hébergée par son employeur est devenu une institution de la
communauté mathématique, propriété d’une fondation à but non lucratif pour continuer à être
accessible et à s’améliorer après sa mort grâce à ses centaines de contributeurs bénévoles. Elle
contient plus de 200000 suites.
Sloane a obtenu un B.A. à l’université de Melbourne en 1960, puis un Ph.D à l’université Cornell
en 1967, avec un mémoire intitulé Lengths of Cycle Times in Random Neural Networks et encadré
par Wolfgang Fuchs. Sloane est entré aux Labotaroires Bell en 1968 et en est devenu fellow en
1998. Il est aussi fellow de l’IEEE et membre de la National Academy of Engineering. C’est aussi un
grand amateur d’escalade et il a coécrit deux guides sur l’escalade dans le New Jersey.
Il a reçu le prix Claude Shannon en 1998 et la médaille Richard Hamming en 2005. En 2008 il est
lauréat du prix Robbins pour l’article « The on-line encyclopedia of integer sequences », Notices of
the American Mathematical Society, 50:912-915, 2003. En 2013, il a reçu le prix Polya décerné par
la Mathematical Association of America, pour son article « Carryless Arithmetic Mod 10 » publié
dans The College Mathematics Journal, Vol. 43:1,(2012), 43-50.
______________
141
Poèmes fibonacciens
Le serpent qui danse
Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !
32 Les Fleurs du mal contiennent un autre poème avec alternance d’octosyllabes et de pentasyllabes, L’amour
et le crâne (Fleurs du mal, CXVII).
142
Je ne sais pourquoi…
Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D’une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Tout ce qui m’est cher,
D’une aile d’effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?
Ivre de soleil
Et de liberté,
Un instinct la guide à travers cette immensité.
La brise d’été
Sur le flot vermeil
Doucement la porte en un tiède demi-sommeil
Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D’une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Tout ce qui m’est cher,
D’une aile d’effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?
Paul Verlaine, Sagesse, III. VII
De retour de Bougie
Je
Suis
Parti
En bateau
Rejoindre mon père,
Scribe et directeur de la douane,
Dans un comptoir de Kabylie appelé Bougie.
Les marchands m’ont appris l’art du calcul avec les neuf chiffres indiens et le signe
Arabe Zéphirum. Au retour de mes voyages,
J’écrivis ce fameux traité
Liber Abaci :
Le calcul
Rendu
Si
Simple.
143
La palanche
Oui,
Tel
Ulysse
Le Crétois,
D’une rive à l’autre
De la mer Méditerranée,
Tu les as appris et transportés dans ton cerveau,
Sur tes épaules de Darwin, ô discret Léonard, nombres, calculs, équations.
A ton retour au pied de la tour déjà penchée,
Tu t’es surnommé « Bigollo » :
Un simple porteur
De palanche
De fruits
Et
D’eau.
L’empereur et le mathématicien
Un
Jour,
A Pise,
Mon ami
L’empereur Frédéric,
Toujours Auguste et philomathe,
Me rendit visite afin de se faire expliquer
Les chiffres indiens venus d’Orient, ainsi que la reproduction des lapins.
« J’ai suivi tes calculs, dit le despote éclairé,
Mais, vois-tu, mon pire ennemi,
Pour se reproduire,
Comment diable
Fait-il,
Le
Pape ? »
La suite de Fibonacci
Un
Plus
Un font
Deux amis
Deux plus un, trois frères.
Trois plus deux, l’étoile de mer
Cinq plus trois font le tour du cube et de l’octogone
Huit plus cinq, ô Gérard de Nerval !, ta treizième chimère est encor la première ?
Treize plus huit âge tendre et fin de l’éphébie,
Vingt-et-un et treize, âge mûr ?
Les nombres suivants
Dans l’azur
Sans fin
Se
Perdent…
144
Spirale d’or
Les
Nombres
Entiers
De la suite
De Fibonacci
Ont semé tant de théorèmes
Modulaires, combinatoires, hyperboliques !
Ils s’enroulent en spirales géométriques obéissant au nombre d’or,
Nombre magique et fascinant, qui contient en lui,
Dans sa divine proportion,
Dit le grand Phidias,
L’harmonie
Sublime.
Du
Monde.
Erotique arrhénotoque
Le
Mâle
N’a pas
De papa,
Mais une maman.
La femelle au contraire a deux
Géniteurs, maman et papa, hétéros bien sûr !
Les savants nomment cela parthénogénèse arrhénotoque et facultative,
Un mâle donc a deux grands-parents et trois aîeux,
Cinq bisaïeux, huit trisaïeux…
De Fibonacci
A Dzierzon
Il n’est
Qu’un
Pas.
Pierre-Jean Hormière
145
Georges Seurat, La parade de cirque
Robert Doisneau
146
F5 = 5 , F6 = 8 , F7 = 13
147
Bibliographie
Edouard Lucas : Théorie des nombres, chap XVIII, p. 308-221 (Albert Blanchard)
Godfrey H. Hardy & Edward M. Wright : Theory of numbers, p. 140-150 et 223.
Waclaw Sierpinski : 250 problèmes de théorie des nombres, p. 22.
Louis Comtet : Analyse combinatoire, t. 1, p. 57, n° 31 p. 98.
George Polya & Gabor Szegö : Problems and theorems in Analysis, t. 2, p. 106, 138
Jean-Paul Delahaye : La suite de Fibonacci et ses suites (Pour la Science, août 2017)
Pythagore à la plage (Dunod, 2021)
Marius Cleyet-Michaud : Le nombre d’or (Que sais-je n° 1530, 1982)
Yvonne & René Sortais : Géométrie de l’espace et du plan (p. 361-386) (Hermann)
Robert Vincent : Géométrie du nombre d’or (Chalagam)
Patrice Naudin & Claude Quitté : Algorithmique algébrique (Masson, 1992)
Donald Knuth : Fundamental algorithms (Addison-Wesley), p. 78-86.
Gilles Godefroy : L’aventure des nombres (O. Jacob), p. 207-208.
Jean Baudet : L’histoire des mathématiques (Vuibert), p. 41.
Nikolai N. Vorobiev : Caractères de divisibilité, suite de Fibonacci (éd. de Moscou)
Roger Cuculière : Représentation diophantienne des nombres de Fibonacci,
bulletin 342 de l’APM, p. 31 à 40 (1984).
Jean-Marc Lapierre : Etude modulaire de la suite de Fibonacci
Daniel Duverney : Théorie des nombres (Dunod)
Problèmes de l’X M’ 1980, Centrale P’ 1982, Centrale TSI 2019
Alain Zalmanski : Les trésors inépuisables de la suite de Fibonacci (Tangente, janvier 2011)
Georges Ifrah : Histoire universelle des chiffres (Robert Laffont)
Wentworth d’Arcy Thompson : Formes et forces
Elisabeth Dumont : La géométrie dans le monde végétal (Ulmer, 2014)
Pierre Brémaud : Le dossier Pythagore (Ellipses)
Roland Brasseur et alii : Dictionnaire des professeurs de mathématiques spéciales
Ernst Kantorowicz : L’empereur Frédéric II (Gallimard)
Pierre Boulle : L’étrange croisade de l’empereur Frédéric II (Flammarion)
Henri Vincenot : Le pape des escargots
Gaston Bachelard : La flamme d’une chandelle (1961)
Anthologie de l’OuLiPo (Poésie Gallimard)
Paul Braffort : Mes Hypertropes
Jérôme Peignot : Typoèmes
Encyclopedia universalis :
Fibonacci, Hyménoptères, Phyllotaxie, Spirales, Plantefol
MathSoft : The Golden mean
Wikipedia :
Fibonacci, Liber abaci, Liber quadratorum,
Suite de Fibonacci, Nombre d’or, L’anneau des entiers de Q[ 5 ],
Fraction continue de Rogers-Ramanujan, Suite de Jacobsthal
Jan Dzierzon, Edouard Lucas, Edouard Zeckendorf, Neil Sloane,
Georges Seurat, Ferdinand Hodler, Robert Doisneau, Le Corbusier, Mario Merz, etc.
148