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Analyse multi-échelle du comportement mécanique de composites tissés à


fibres de chanvre. Comparaison avec le lin et le verre

Article  in  Matériaux & Techniques · December 2011


DOI: 10.1051/mattech/2011136

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4 authors, including:

Fabienne Touchard Cedric Dever


Ecole Nationale Supérieure de Mécanique et d'Aérotechnique Danone
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Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

c EDP Sciences, 2011 M atériaux
DOI: 10.1051/mattech/2011136
www.mattech-journal.org
&Techniques

Analyse multi-échelle du comportement


mécanique de composites tissés à fibres de
chanvre. Comparaison avec le lin et le verre
C. Bonnafous1 , F. Touchard1 , L. Chocinski-Arnault1 et C. Dever2
1
Institut Pprime, UPR 3346, Département Physique et Mécanique des Matériaux, ENSMA,
1 avenue Clément Ader, 86961 Futuroscope Chasseneuil, France
e-mail : claire.bonnafous@lmpm.ensma.fr
2
VALAGRO, 40 avenue du recteur Pineau, 86022 Poitiers Cedex, France

Mots-clés : Résumé – Ce travail propose une analyse multi-échelle de la structure et du comportement


Composites à fibres de chanvre ; mécanique de composites chanvre/époxy à renforts tissus. Une comparaison systématique
multi-échelle ; modèle analytique ; est effectuée avec des composites tissés verre/époxy et lin/époxy. Les structures des fils de
analyse statistique ; fibres de verre verre, de lin et de chanvre ont été analysées. Des analyses statistiques ont été utilisées pour
étudier leur comportement mécanique. Un modèle analytique en trois étapes permettant
d’estimer les propriétés mécaniques de ces matériaux a été mis en place en partant des
propriétés des constituants élémentaires de la fibre : les fibrilles de cellulose, la lignine et
l’hémicellulose. La variabilité des fibres naturelles a été intégrée à ce modèle en utilisant
les résultats expérimentaux. Les résultats obtenus avec ce modèle permettent d’obtenir une
estimation des caractéristiques mécaniques des composites chanvre/époxy à renfort tissu.

Key words: Abstract – Multi-scale analysis of the mechanical behaviour of woven hemp fabric
Hemp fibre composites; multi-scale; composites. Comparison with flax and glass. In this paper, a multi-scale analysis of
analytical model; statistical the architecture and of the mechanical behaviour of woven hemp fabric/epoxy composites
analysis; glass fibres is developed. A comparison with glass and flax fabric composites is performed at each step.
The architecture of glass, flax and hemp yarns was first studied and statistical analyses were
used to evaluate their mechanical behaviour. In order to characterise the mechanical prop-
erties of woven hemp fabric/epoxy composites, a multi-scale analysis is developed, based
on a three steps analytical model built from the mechanical properties of the elementary
components of the fibre: cellulose fibrils, lignin and hemicellulose. The natural fibres vari-
ability is determined from experimental results and integrated in the analytical modelling.
Reçu le 8 octobre 2010 Results obtained with the model provide an estimation of the mechanical properties of
accepté le 8 novembre 2011 woven hemp fabric/epoxy composites.

es composites à fibres naturelles Les composites à renforts tissus de fibres

L constituent un nouvel enjeu face au


problème du recyclage des compo-
sites renforcés par des fibres synthétiques.
naturelles présentent une microstructure
complexe à laquelle s’ajoute la complexité
de la structure des fibres naturelles. Les
Leur utilisation permettrait de réduire les fibres de chanvre et de lin sont consti-
impacts environnementaux [1]. De nom- tuées d’une structure fibrillaire de cellu-
breux travaux portent sur des composites lose enrobée dans une matrice pectique et
à fibres de lin [2, 3] ou sur des composites hémi-cellulosique [8], et peuvent être elles-
à fibres courtes de chanvre [4–6], et, plus mêmes assimilées à des matériaux compo-
récemment quelques études se sont égale- sites. Bergander et al. [9] ont, par exemple,
ment intéressées à des composites unidi- montré que la fibre de bois pouvait être
rectionnels renforcés par des fils longs de considérée comme un matériau composite.
chanvre [7]. Dans cette étude, les renforts Ils ont évalué ses caractéristiques méca-
utilisés sont des tissus de fils de chanvre. niques à partir des propriétés mécaniques

Article publié par EDP Sciences


C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

des constituants élémentaires, en utilisant 1.2 Structure et composition des fils


un modèle micromécanique de type com-
posite à fibres courtes proposé par Halpin- Les fils de verre étudiés de numéro métrique
Tsai [11]. Dans ses travaux, Baley [10] a éga- Nm 3,3 sont constitués d’un ensemble rec-
lement estimé le module de Young d’une tiligne de 775 fibres (donnée fournisseur)
fibre de lin en la considérant comme un ma- (Fig. 2a). Les fils de lin (Fig. 2b) et de chanvre
tériau composite. (Fig. 2c) de numéro métrique Nm 12 sont
L’enjeu de ce travail est de comprendre constitués d’un ensemble de fibres enrou-
le comportement mécanique des composites lées en spirale avec un angle moyen de 11◦
chanvre/époxy à renforts tissus. Pour cela, la mesuré en périphérie du fil.
structure et le comportement mécanique de La porosité des fils de chanvre a été dé-
chaque échelle du matériau ont été analysés ; terminée en se basant sur des images de
et une comparaison systématique a été effec- tranches de composites effectuées au micro-
tuée avec des composites tissés verre/époxy scope optique après polissage fin. La valeur
et lin/époxy, à même taux volumique de ren- obtenue par analyse d’images est d’environ
forts. Des analyses statistiques ont été mises 50 %. Ces zones de porosité sont ensuite rem-
en place pour étudier le comportement mé- plies de résine lors de la mise en œuvre des
canique des fils de verre, de lin et de chanvre. composites (Fig. 2d).
Puis un modèle analytique permettant de
déterminer les propriétés mécaniques des
1.3 Structure des composites
composites chanvre/époxy à partir des pro-
étudiés
priétés mécaniques des constituants élémen-
taires de la fibre a été développé. Ce modèle Les matériaux composites étudiés sont des
se décompose en trois étapes, avec une suc- stratifiés tissés verre/époxy, lin/époxy et
cession de modèles de type composite à ren- chanvre/époxy. Ils sont constitués de sept
forts courts et composite à renforts longs, plis de tissus, tous orientés avec la chaîne
afin de déterminer les propriétés de la fibre, dans la direction 0◦ et imprégnés d’une ré-
du fil, et du composite. sine époxy de type Epolam 2022. Les plaques
de composites ont été élaborées par un mou-
lage sous pression réalisé par l’entreprise
1 Analyse microstructurale VALAGRO. Un protocole de cuisson opti-
des matériaux misé (24 h à température ambiante, 4 h à
50 ◦ C, 2 h à 80 ◦ C et 4 h à 100 ◦ C) a été utilisé
1.1 Microstructure des fibres pour la réalisation des composites et de la
résine [12].
La microstructure des fibres de verre, de
chanvre et de lin étudiées a été caractéri- 2 Comportement en traction
sée grâce à des observations au microscope
aux différentes échelles
électronique à balayage des faciès de rup-
ture des composites. Les fibres de verre pré- 2.1 Rigidité de la fibre unitaire
sentent une section parfaitement circulaire et de chanvre
une rugosité de surface très faible (Fig. 1a).
Le diamètre des fibres de verre a été mesuré Un essai de traction a été réalisé sur une
égal à 13,9 ± 0,9 μm. Les fibres de lin et de fibre unitaire de chanvre de diamètre 20 μm
chanvre possèdent une microstructure plus et de longueur utile 10 mm. Une sollicita-
complexe et irrégulière, comme le montrent tion à température ambiante pilotée en vi-
les figures 1b et 1c. Sur la figure 1c, l’espace tesse de déplacement imposée à 500 μm/min
vide au centre de la cellule correspond au jusqu’à une force maximale de 0,2 N a été
lumen des fibres de chanvre. Les différentes appliquée en utilisant un analyseur dyna-
parois de la fibre de chanvre, primaire et se- mique mécanique (DMA) en mode tension.
condaire, sont observables sur la figure 1d. La figure 3a présente la courbe contrainte-
Le diamètre moyen des fibres de chanvre déformation obtenue. Le module de Young
mesuré est de 13 ± 5 μm. de la fibre de chanvre a été évalué à
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C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

Fig. 1. Observations au microscope électronique à balayage de faciès de rupture de composites (a)


verre/époxy, (b) lin/époxy, (c,d) chanvre/époxy. Observations des sections de fibres.
Fig. 1. Observation by scanning electron microscopy of (a) glass/epoxy, (b) flax/epoxy and (c,d) hemp/epoxy
composite fracture surfaces. Observation of fibre cross-sections.

Fig. 2. Morphologie des fils de verre (a), de lin (b) et de chanvre (c et d).
Fig. 2. Morphology of (a) glass, (b) flax and (c,d) hemp yarns.

669
C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

Fig. 3. Courbe de traction contrainte/déformation de (a) fibre de chanvre, (b) fils de verre, de lin et
de chanvre et (c) composites verre/époxy, lin/époxy et chanvre/époxy à taux volumique de fibres
égal à 42 %.
Fig. 3. Stress/strain tensile curve of (a) hemp fibre, (b) glass, flax and hemp yarns and (c) glass/epoxy, flax/epoxy
and hemp/epoxy composites with a fibre volume ratio equal to 42%.

64 400 ± 2500 MPa (Tab. 1). Dans la biblio- de chanvre d’environ 15 mm. Pour mainte-
graphie, les valeurs du module de Young nir une vitesse de déformation équivalente,
des fibres de chanvre sont comprises entre les essais ont été réalisés avec une vitesse
30 000 MPa et 70 000 MPa [13]. Toutefois, il de déplacement de traverse de 0,5 mm/min
est probable que, parmi les données de la pour les fils de lin et de chanvre, et de
littérature, la gamme basse des modules de 2,33 mm/min pour les fils de verre. Pour as-
Young (30 000–50 000 MPa) corresponde aux surer le maintien des échantillons dans les
modules de Young de faisceaux de fibres de mors, des talons rectangulaires en compo-
chanvre et non pas de fibres unitaires ; et que site verre/époxy ont été collés à chaque ex-
la gamme haute (50 000–70 000 MPa) corres- trémité des fils. Le déplacement traverse et
ponde effectivement au module de Young la force appliquée sont enregistrés tout au
de fibres unitaires de chanvre. Le résultat long de l’essai et permettent de construire la
obtenu dans notre étude est donc en bonne courbe contrainte-déformation. Les courbes
adéquation avec la littérature. ainsi obtenues pour les différents fils tes-
tés sont présentées en figure 3b, et les pa-
ramètres mesurés sont rassemblés dans le
2.2 Comportement des fils tableau 1.
Les fils de verre présentent un compor-
Les fils de lin et de chanvre ont été tes- tement linéaire élastique presque jusqu’à
tés sur la machine Instron E1000 Electro- rupture. En fin d’essai, une phase non li-
puls équipée de mors plats auto-serrants néaire accompagnée d’une diminution de la
et d’une cellule de force de 250 N. Les fils contrainte indique l’imminence de la rup-
de verre ont été testés sur la machine INS- ture du fil. La valeur mesurée du module
TRON 4505 équipée de mors hydrauliques. de Young du fil de verre est similaire à
La longueur utile des fils de verre testés était celui d’une fibre unitaire de verre, éva-
d’environ 70 mm, et celle des fils de lin et lué dans la littérature entre 70 000 MPa et
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C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

Tableau 1. Caractéristiques mécaniques mesurées des fibres et des fils.


Table 1. Measured mechanical properties for fibres and yarns.

75 000 MPa [13]. Ce résultat est cohérent avec une densité linéique de 83 ± 1 tex pour un
l’arrangement rectiligne des fibres de verre diamètre de 305 ± 60 μm possède un mo-
au sein du fil. Au contraire, la contrainte dule de Young de 10 000 ± 2500 MPa et une
à rupture du fil de verre est diminuée de contrainte maximale de 191 ± 38 MPa. Dans
moitié par rapport à la contrainte à rupture la littérature, le module de Young des fils
d’une fibre unitaire estimée à 2400 MPa dans de chanvre est compris entre 9000 MPa et
la littérature [13]. La théorie de Weibull in- 13 000 MPa et la contrainte à rupture est com-
dique en effet que la contrainte maximale prise entre 450 MPa et 650 MPa pour un fil
d’un faisceau de fibres est toujours inférieure de densité linéique 48 ± 2 tex et de diamètre
à celle d’une fibre unitaire [14]. Les résultats 230 ± 5 μm [7]. Les résultats du tableau 1
expérimentaux obtenus sur le module et la indiquent un module de Young des fils de
contrainte maximale des fils de verre sont chanvre supérieur à celui des fils de lin mais
donc en bonne adéquation avec la littéra- une contrainte maximale ainsi qu’une dé-
ture [15]. formation à contrainte maximale inférieures
Dans le cas des fils de lin ou de chanvre, pour les fils de chanvre. Les variations et les
la courbe contrainte-déformation débute par écarts constatés peuvent avoir de multiples
un pied de courbe, correspondant à l’établis- causes, telles que par exemple la composi-
sement de l’essai, puis se poursuit avec une tion chimique, la cristallinité de la cellulose
partie linéaire sur laquelle sera calculée le ou la distribution des longueurs des fibres
module de Young (Fig. 3b). Des distributions au sein du fil.
statistiques de Laplace-Gauss ont été utili-
sées pour déterminer le module de Young
moyen des fils. Et la statistique de Weibull 2.3 Comportement des composites
a été utilisée pour déterminer la contrainte
maximale et la déformation à contrainte La figure 3c présente le comportement méca-
maximale. La valeur dominante considérée nique des composites verre/époxy, lin/époxy
correspond à la valeur de la statistique de et chanvre/époxy pour un taux volumique
Weibull obtenue pour Ps (V0) = 0,35, soit de fibres identique pour les trois maté-
la valeur atteinte par 65 % des fils. Et la riaux et égal à 42 %. On observe que les
dispersion est calculée à partir des valeurs courbes contrainte-déformation des deux
statistiques correspondant aux probabilités composites à renforts tissus naturels sont
Ps (V0) = 0,50 et Ps (V0) = 0,20, soit une dis- très proches et que leurs contraintes à
persion établie entre les valeurs atteintes par rupture sont nettement plus faibles que
50 % et 80 % des fils. La figure 4 présente les celle des composites verre/époxy. Les para-
résultats obtenus sur les fils de chanvre : les mètres mécaniques déduits de ces courbes
modules de Young (Fig. 4a) et les courbes sta- et les propriétés spécifiques des compo-
tistiques de Weibull pour la contrainte maxi- sites sont présentés dans le tableau 2. Les
male (Fig. 4b). Les paramètres mécaniques résultats montrent un module de Young
ainsi déterminés sont présentés dans le ta- et une contrainte maximale spécifiques
bleau 1. Le fil de chanvre étudié qui présente nettement supérieurs dans les composites
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C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

Fig. 4. Distribution de Laplace-Gauss appliquée aux modules de Young des fils de chanvre (a).
Statistique de Weibull appliquée aux contraintes maximales des fils de chanvre (b).
Fig. 4. Statistical determination of Young modulus (Laplace-Gauss distribution (a)) and ultimate stress (Weibull
distribution (b)) for hemp yarns.

Tableau 2. Caractéristiques mécaniques mesurées des composites.


Table 2. Measured mechanical properties for composites.

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C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

verre/époxy à même taux volumique de ren- « renforts longs ». Les différentes étapes de
fort. Les contraintes spécifiques maximales cette modélisation sont schématisées dans la
des composites lin/époxy et chanvre/époxy figure 5.
sont équivalentes. En revanche, le mo- Le composite est associé à un repère or-
dule de Young spécifique des composites thonormé de référence noté R(O, x, y, z) ainsi
chanvre/époxy est légèrement supérieur à que par un repère local orthonormé R(L, T)
celui des composites lin/époxy (11 500 MPa lié à l’orientation des renforts du composite,
contre 10 000 MPa). Cette différence est à re- formant un angle θ avec l’axe x. La matrice
lier à la différence de modules de Young des sera caractérisée par son module de Young
fils de chanvre et de lin (Tab. 1) : 10 000 MPa Em , son coefficient de cisaillement Gm et son
pour les fils de chanvre contre 8500 MPa coefficient de Poisson υmat . Le renfort sera
pour les fils de lin. caractérisé par son module de Young lon-
gitudinal Efl et transverse Eft , son coefficient
de cisaillement Gflt et son coefficient de Pois-
3 Modèle analytique de son υflt . De plus, nous noterons le taux vo-
comportement : des lumique de fibres vf et le taux volumique de
constituants élémentaires aux matrice vm , les taux de porosité seront notés
composites vo . Chaque pli est caractérisé par ses mo-
dules EL , ET , GLT et υLT dans ses axes d’or-
Une modélisation analytique des propriétés thotropie.
de la fibre, du fil et du composite tissé à fibres
naturelles est proposée en utilisant comme
paramètres d’entrée les caractéristiques des 3.1 Méthodologie
constituants élémentaires de la fibre. En effet, 3.1.1 Modèle « renforts courts »
chacun de ces matériaux : la fibre, le fil et le
composite, peut être considéré comme un Dans cette étude, la généralisation des for-
matériau composite. mulations de la théorie de l’élasticité pro-
À l’échelle de la fibre, cette modélisa- posée par Halpin Tsai [11] a été appliquée
tion s’appuie sur les travaux de Bergander pour déterminer les propriétés mécaniques
et al. [9] et de Baley [10]. La fibre est un ma- élastiques de la fibre et du fil. Dans ce mo-
tériau composite constitué d’une matrice : dèle, les différents paramètres mécaniques
hémicellulose et lignine, et d’un renfort : les sont déterminés par les équations suivantes :
fibrilles de cellulose. Le même principe a été
appliqué à l’échelle du fil. Le fil est consi- EL 1 + 2lϕ ηL vf ET 1 + 2ηT vf
= ; =
déré comme un matériau composite consti- Em 1 − ηL vf Em 1−ηT vf
tué d’une matrice : hémicellulose et lignine GLT 1 + ηvf
et d’un renfort : la fibre de lin ou de chanvre. et = (1)
Gm 1−ηvf
Enfin, les composites étudiés sont constitués
d’une matrice : résine époxy et d’un renfort avec
   
fil de verre, de lin ou de chanvre. E f l/ − Gflt/
Cette modélisation comporte donc trois Em 1 Gm − 1
ηL =    ; η =  
étapes : celle modélisant la fibre, celle modé- Efl/ 
l Gflt/ +1
Em + 2 ϕ G m
lisant le fil et enfin celle modélisant le com-  
Eft/
posite. Chaque étape utilisant les résultats Em − 1
de l’étape précédente. Les propriétés méca- et ηT =  
Eft/
niques du composite seront donc obtenues Em + 2
à partir des caractéristiques de l’hémicellu-
⎛ ⎞
lose, de la lignine et de la cellulose contenues ⎜⎜ 1 + 2l
ϕ ησ vf ⎟⎟
σrupt =
rupt
σm ⎜⎜⎜ ⎟⎟
dans la fibre. ⎝ 1−ησ v ⎟⎠
L’estimation des caractéristiques méca- f
 rupt 
niques élastiques de la fibre et du fil est effec- σf rupt − 1
tuée à l’aide d’un modèle « renforts courts ». σm
avec ησ =  rupt    (2)
Les caractéristiques mécaniques élastiques σf rupt + 2 l

du composite sont estimées avec un modèle σm ϕ

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C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

Fig. 5. Schématisation du modèle analytique de calcul des propriétés mécaniques des composites
à partir des propriétés mécaniques des constituants élémentaires de la fibre.
Fig. 5. Scheme of analytical model for the determination of the mechanical properties of the composite from those
of its fibre elementary components.

avec σrupt la contrainte à rupture du compo- 3.1.2 Modèle « renforts longs »


site ;
rupt
σf la contrainte à rupture des renforts ; Les équations de la micromécanique appli-
rupt
σm la contrainte à rupture de la résine ; quées au composite à renforts tissus ont été
Et l la longueur des renforts ; utilisées [16]. Dans cette modélisation, deux
ϕ le diamètre des renforts. couches unidirectionnelles représentatives
Pour le coefficient de Poisson, la loi des de la couche tissu sont définies : une couche
mélanges a été utilisée : chaîne et une couche trame, et sont sup-
posées indépendantes l’une de l’autre. La
νLT = νflt (1 − vm ) + νmat vm . (3) courbure des fils ainsi que le désalignement
674
C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

éventuel des fils n’a pas été pris en compte. 3.1.4 Prise en compte de la nature
L’interface fibre/matrice a été considérée par- de la matrice naturelle
faite.
Le module de Young des composites La proportion de lignine et d’hémicellulose
[0/90]7 dans le sens longitudinal peut donc dans la composition chimique de la fibre de
s’exprimer en utilisant les lois des mélanges, lin ou de chanvre a été utilisée pour dé-
de la manière suivante : terminer les propriétés d’une matrice « li-
   gnine + hémicellulose » grâce à une loi
Em Ef
EL = k (Em vm +Ef vf )+(1 − k) des mélanges entre ces deux constituants.
Em vf+Ef vm
(4) Bergander et al. [9] ont montré, dans leurs
avec travaux, que dans le cas du module trans-
⎧ verse, l’utilisation de constantes orthotropes

⎪ 1/2 pour les tissus équilibrés pour la lignine et l’hémicellulose donnait



k=⎪ ⎪ nchaîne / (nchaîne + ntrame ) pour les tissus une meilleure approche des résultats expé-


⎩ non équilibrés.
rimentaux. L’équation (1) du modèle « ren-
forts courts » a donc été modifiée pour tenir
De la même façon, la contrainte à rupture compte de l’orthotropie de la matrice « li-
des composites [0/90]7 est obtenue grâce à la gnine + hémicellulose ».
relation :
   
rupt Em 3.2 Applications aux composites
σrupt = k σf vf + (1 − vf )
Ef verre/époxy, lin/époxy
⎛ rupt rupt ⎞⎤ et chanvre/époxy
⎜⎜ σf σm ⎟⎟⎥⎥

+(1 − k) ⎜⎜⎝ rupt ⎟⎟⎥⎥ . (5)
rupt ⎟ ⎥
vf σm + (1 − vf )σf ⎠⎦ 3.2.1 Modèle de la fibre

L’orientation des renforts dans la matrice a


Pour créer le modèle analytique de la fibre
été prise en compte en effectuant un chan-
de chanvre ou de lin, la fibre est assimilée
gement de base [17]. L’équation (6) présente
à un composite constitué d’un ensemble de
par exemple le changement de base appliqué
fibrilles de cellulose orientées avec un angle
au module de Young dans la direction X :
θ correspondant à l’angle microfibrillaire du
1 lin ou du chanvre et dispersées dans une
Ex (θ) =   (6) matrice constituée de lignine et d’hémicellu-
c4
+ s4
+ c2 s2 1
− 2 νETLT
EL ET GLT lose. Dans cette étude, l’angle θ a été consi-
avec c = cos θ et s = sin θ. déré constant, les valeurs de l’angle micro-
De plus, l’origine naturelle des matériaux fibrillaire du lin et du chanvre utilisées sont
étudiés a nécessité la prise en compte de pa- présentées dans le tableau 3 et sont extraites
ramètres spécifiques : la porosité des renforts des données de la littérature. Le tableau 3
et le comportement orthotrope de la matrice présente l’ensemble des données d’entrées
dans les fibres. du modèle « renforts courts » de la fibre de
chanvre ou de lin. Les annotations « exp »
correspondent aux données provenant de
3.1.3 Prise en compte de la porosité nos résultats expérimentaux. Les différentes
des matériaux naturels valeurs trouvées dans la littérature sont no-
tées « l » et ont été moyennées pour définir
Le taux de porosité des matériaux : fibre, fil les données d’entrées du modèle analytique.
et composite a été pris en compte en mino- De plus, un taux de porosité de 15 % [10]
rant les propriétés de la matrice grâce aux des fibres de lin et de chanvre a été inséré
expressions : dans le modèle. Par ailleurs, dans leurs tra-
 Em v m  νmat vm vaux, Thygesen et al. [18] ont reporté la va-
Em = ; νmat = (7) leur de la contrainte à rupture de la cellulose
vm + v 0 vm + v0
pure déterminée par Klinke et al. à 600 MPa.
Avec vm = vm + v0 le taux volumique appa- Cependant, aucune valeur de contrainte à
rent de la matrice. rupture de l’hémicellulose ou de la lignine
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C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

Tableau 3. Données d’entrées du modèle analytique de la fibre de lin et de chanvre.


Table 3. Input data for the analytical model of flax and hemp fibre.

n’a été trouvée dans la littérature. Une iden- forment le tissu et sont orientés à 0◦ et à
tification inverse a donc été effectuée pour 90◦ pour respecter la séquence d’empilement
déterminer la contrainte à rupture de la ma- [0/90]7 des composites étudiés, a été appli-
trice « lignine + hémicellulose » en se basant qué. Dans ce modèle, la matrice considérée
sur les données moyennées de la littérature est la résine époxy. Dans le modèle précé-
pour la contrainte à rupture d’une fibre de dent concernant le fil, le taux de porosité à
chanvre. Cette identification inverse a per- l’intérieur du fil avait été pris en compte par
mis de déterminer une contrainte à rupture une diminution des propriétés de la matrice.
de 550 MPa pour la matrice : « lignine + hé- Mais les observations microscopiques réali-
micellulose ». sées sur les composites ont montré que la
résine époxy s’insère dans toutes les porosi-
tés initialement présentes dans les fils. Pour
3.2.2 Modèle du fil le modèle du composite, seules les proprié-
tés du fil « sans porosité » ont été prises en
Le modèle « renforts courts » a également été
compte en utilisant les équations suivantes :
utilisé pour les fils de lin et de chanvre. Le fil
est considéré comme un ensemble de fibres
courtes dans une matrice similaire à celle σrupt (vf + v0 )
E (vf + v0 ) 
contenue dans les fibres : lignine et hémi- E = ; σrupt =
vf vf
cellulose. L’ensemble des données d’entrées (8)
du modèle est présenté dans le tableau 4. Le avec E les modules longitudinal, transverse
taux volumique de matrice des fils de lin et ou de cisaillement du renfort sans cavités ;
de chanvre est le même que celui des fibres. E les modules longitudinal, transverse ou de
La valeur de la contrainte à rupture de la ma- cisaillement prenant en compte la porosité
trice : « lignine + hémicellulose » déterminée du renfort ;
précédemment a été entrée dans le modèle σ
rupt , la contrainte à rupture du renfort sans
pour calculer les contraintes à rupture des cavités ;
fils de lin et de chanvre. et σrupt la contrainte à rupture du renfort avec
porosité.
3.2.3 Le composite Le tableau 5 présente l’ensemble des
données d’entrées de ce modèle. Pour le
Un modèle analytique de type « renforts composite verre/époxy, seule l’étape du fil
longs », où les renforts sont les fils qui au composite a été modélisée, les données
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C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

Tableau 4. Données d’entrées du modèle analytique du fil de lin et de chanvre.


Table 4. Input data for the analytical model of flax and hemp yarn.

Tableau 5. Données d’entrées du modèle analytique des composites verre/époxy, lin/époxy et


chanvre/époxy.
Table 5. Input data for the analytical model of glass/epoxy, flax/epoxy and hemp/epoxy composites.

expérimentales sur les fils de verre (Tab. 1) naturelle, on obtient un bon ordre de gran-
ont directement été injectées dans le modèle deur du module de Young longitudinal
analytique. des fibres de chanvre, légèrement surestimé
(écart de 14 % avec nos mesures expérimen-
tales) qui peut être expliqué par des taux de
3.3 Résultats et discussion
lignine, d’hémicellulose et de cellulose non
La figure 6 présente la comparaison des va- représentatifs de nos fibres. Ces valeurs ont
leurs expérimentales et des résultats obte- ensuite été utilisées comme données d’en-
nus par le modèle analytique. On constate trées pour les renforts dans les modèles ana-
qu’avec ce modèle très simplifié de la fibre lytiques des fils de lin et de chanvre.

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C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

Fig. 6. Comparaison des modules (en MPa) longitudinaux et des contraintes à rupture (en MPa)
des fibres de chanvre (a), des fils de lin et de chanvre et des composites verre/époxy, lin/époxy et
chanvre/époxy (b et c).
Fig. 6. Comparison of longitudinal modulus (MPa) and ultimate stress (MPa) of hemp fibres (a), flax and hemp
yarns and glass/epoxy, flax/epoxy and hemp/epoxy composites (b, c).

Les modules de Young sont légèrement caniques des constituants élémentaires de la


surestimés dans le cas des fils de chanvre fibre et les propriétés macroscopiques des
(écart de 13 %) et plus largement dans le cas composites.
des fils de lin (écart de 33 %). De plus, les Concernant les composites, les calculs
contraintes à rupture sont plus largement analytiques donnent des modules suresti-
surestimées pour ces deux matériaux avec més (avec une erreur relative variant de
des écarts de 17 % pour les fils de lin et 25 % pour les composites lin/époxy à 32 %
de 52 % pour les fils de chanvre. La diffé- et 33 % pour les composites verre/époxy
rence entre valeurs calculées et valeurs ex- et chanvre/époxy). De plus, les valeurs des
périmentales s’explique par la modélisation contraintes maximales estimées par le mo-
très simplifiée qui a été effectuée. En parti- dèle ne correspondent pas aux valeurs mesu-
culier, la structure hélicoïdale du fil n’a pas rées, avec des erreurs relatives allant de 53 %
été prise en compte, seul le désalignement pour les composites verre/époxy jusqu’à 108
des fibres par rapport à l’axe du fil a été in- et 110 % pour les composites chanvre/époxy
séré dans le modèle. De plus, l’étude « post- et lin/époxy. Ces écarts importants obte-
mortem » d’un fil de chanvre montre que le nus notamment sur les modules de Young
processus de rupture est dû à un détissage et les contraintes à rupture des compo-
localisé (Fig. 7a) et est confirmé par les ob- sites verre/époxy s’expliquent principale-
servations au microscope électronique à ba- ment par l’utilisation de modèles simplifiés.
layage effectuées sur des faciès de rupture Dans le modèle « renforts longs », la cour-
de composites (Fig. 7b). Cette rupture par bure et le désalignement des fils n’ont pas
« détissage localisé » n’est pas modélisée, ce été pris en compte et l’interface fibre/matrice
qui peut expliquer les écarts obtenus entre a été considérée parfaite. Des méthodes plus
les contraintes à rupture calculées et mesu- complexes de changement d’échelle pour-
rées. Ce modèle appliqué aux fils naturels raient permettre d’améliorer ces résultats.
ne constitue qu’une première approche dans Une comparaison systématique a été ef-
la modélisation analytique du fil mais per- fectuée pour tous les taux volumiques de
met de faire le lien entre les propriétés mé- fibres testés. La figure 8 présente les données
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C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

Fig. 7. Processus de rupture des fils de chanvre à l’échelle macroscopique (a) et microscopique (b).
Fig. 7. Fracture process of hemp yarn at (a) macroscopic and (b) microscopic scales.

expérimentales superposées aux résultats modèle analytique « renforts longs » du com-


du modèle analytique en fonction du taux posite. Puis, en sortie du modèle, les dis-
volumique de renfort. La même tendance tributions ont été calculées de telle manière
que celle observée précédemment sur le cas qu’à chaque valeur d’entrée du fil corres-
particulier d’un taux volumique de fibres ponde une valeur de sortie du composite.
de 42 % est mise en évidence pour tous
les taux volumiques de fibres testés. Ce mo- Les résultats ainsi obtenus pour les com-
dèle analytique en trois étapes, qui permet posites chanvre/époxy avec un taux volu-
de déterminer les propriétés des compo- mique de fibres de 37 % sont présentés sur
sites à partir de celles des constituants de la figure 9a pour les modules de Young et
la fibre, aboutit à des valeurs de modules de sur la figure 9b pour les contraintes. Les dis-
Young longitudinaux des composites sous- tributions statistiques calculées par le mo-
estimées et donne des valeurs très éloignées dèle analytique et les plages de mesures
des contraintes à rupture. expérimentales (zones grisées) ont été su-
perposées pour comparaison. Dans le cas
Dans le but d’être le plus représentatif du module de Young, la distribution issue
possible des fortes dispersions constatées ex- du modèle analytique, bien que translatée
périmentalement sur les fils de chanvre, les vers les valeurs inférieures, correspond bien
lois statistiques se rapportant au module de à la plage de dispersion des mesures ex-
Young et à la contrainte maximale des fils périmentales. Dans le cas des contraintes
de chanvre ont également été introduites à rupture, les valeurs expérimentales des
dans le modèle analytique du composite sur contraintes à rupture obtenues pour les com-
l’exemple d’un taux volumique de fibres de posites chanvre/époxy sont comprises entre
37 %. Pour cela, des distributions statistiques 101 MPa et 125 MPa. Sur la distribution is-
centrées sur les résultats du modèle analy- sue du modèle analytique, ces valeurs cor-
tique du fil et conservant la forme expéri- respondent à une probabilité de 2 % ; le mo-
mentale de ces lois ont été utilisées dans le dèle analytique prévoit donc que ces valeurs
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C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

Fig. 8. Comparaison des modules longitudinaux et des contraintes à rupture mesurés et calculés
pour les composites verre/époxy, lin/époxy et chanvre/époxy en fonction du taux volumique de
renfort.
Fig. 8. Comparison of measured and calculated longitudinal Young modulus and ultimate stresses of glass/epoxy,
flax/epoxy and hemp/epoxy composites versus the fibre volume ratio.

seront atteintes par 98 % des composites. Ces males du composite. À l’échelle du com-
résultats montrent que, même si ce modèle posite, le modèle « renforts longs » pourrait
en trois étapes est très simplifié, il permet, être encore amélioré par l’utilisation de mé-
à partir des propriétés des constituants élé- thodes de changement d’échelle plus adap-
mentaires de la fibre de donner, à l’échelle tées à l’architecture mésoscopique complexe
de la fibre, une bonne estimation du module des composites à renforts tissés. De plus, les
longitudinal. Puis, à l’échelle du fil, la mi- valeurs analytiques du module de Young
crostructure et le processus de rupture com- des composites étant calculées à partir de
plexe des fils ont conduit à une légère suresti- la succession de deux autres modèles ana-
mation des propriétés mécaniques du fil par lytiques (pour la fibre et le fil), elles dé-
le modèle analytique. Enfin, l’intégration de pendent de nombreux paramètres, en parti-
la statistique de Weibull et de la statistique culier ceux liés aux constituants botaniques
de Laplace-Gauss du fil a permis d’obtenir de la fibre, ainsi qu’aux taux de porosité.
non pas une valeur mais une distribution Certaines grandeurs n’ont pas pu être éva-
de modules de Young et contraintes maxi- luées dans ce travail, les données issues

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C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

Fig. 9. Intégration des données statistiques dans le modèle analytique du module de Young (a) et
de la contrainte à rupture (b) des composites chanvre/époxy avec vf = 37 %.
Fig. 9. Insertion of the statistical data in the analytical model of (a) the Young modulus and (b) the ultimate
stress of hemp/epoxy composites with vf = 37%.

de la littérature ont donc été utilisées. Par sites chanvre/époxy a été réalisée. Les ré-
exemple, le taux de fibrilles de cellulose sultats ont été comparés avec ceux obtenus
devrait être déterminé précisément. Finale- pour des renforts lin ou verre. Des analyses
ment, la mise en place de cette succession statistiques ont permis d’évaluer les pro-
de modèles permet de poser les bases d’une priétés mécaniques des fils de verre, de lin
approche analytique des propriétés des com- et de chanvre. Un modèle analytique pre-
posites chanvre/époxy à partir de celles de la nant en compte la variabilité des fibres na-
cellulose, de la lignine et de l’hémicellulose. turelles a été proposé en se basant sur les
analyses statistiques expérimentales. Ce mo-
dèle a permis d’obtenir une estimation des
4 Conclusions caractéristiques mécaniques des composites
en partant des propriétés des constituants
Une analyse multi-échelle de la structure élémentaires de la fibre : la cellulose, la li-
et du comportement mécanique de compo- gnine et l’hémicellulose.
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C. Bonnafous et al. : Matériaux & Techniques 99, 667–682 (2011)

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