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Ordre Martiniste Initiatique

Nous adressons nos plus vifs remerciements à Robert AMADOU pour la


contribution qu’il a apportée à cet historique en l’enrichissant des avis et
suggestions autorisés par la connaissance approfondie qu’il a de ce grand sujet.

1
L’ORDRE MARTINISTE
INITIATIQUE ET LE MARTINISME
HISTORIQUE ET FILIATION
Préambule
Situé entre la Maçonnerie Traditionnelle et des Sociétés ésotériques plus
fermées, l’Ordre Martiniste Initiatique porte en son sein des filiations séculaires
permettant à ceux qui en ont emprunté la Voie, et pour autant qu’ils consentent
aux efforts nécessaires, de parvenir à des degrés de réalisation spirituelle
avancés.

J’ai dit quelque fois à Dieu : « Combat contre moi comme Jacob contre l’Ange,
jusqu’à ce que je t’ai béni. » lcsm

La consonance proche des noms des pères fondateurs (Martinez de Pasqually,


Louis-Claude de Saint-Martin) n’a pas contribué, au fil des années, à rendre plus
claires les idées que l’on pouvait avoir sur le Martinisme. Nombre d’entre-nous
appellent encore Martinisme, des systèmes Initiatiques qui, s’ils ne sont pas
totalement étrangers les uns des autres, s’ils sont apparus à la même époque,
n’en recouvrent pas moins des réalités initiatiques différentes.

Certes, ces " courants Martinistes " s’appuient à leur source sur trois colonnes,
trois Adeptes de haut niveau, contemporains les uns des autres, qui ont dominé
l’histoire initiatique de leur temps et écrit les plus belles pages de l’Illuminisme
du 18e siècle ; il s’agit de Martinez de Pasqually (le Père fondateur), Louis-
Claude de Saint-Martin, Jean-Baptiste Willermoz, ses deux principaux disciples.

Près d’un siècle plus tard, plus près de nous, faisant face aux ravages du
matérialisme et de la science positive, un homme hors du commun, le Dr Gérard
Encausse, bâtisseur né, va réactiver, dans des conditions historiques et
initiatiques discutées, les flambeaux de la veine Martiniste sommeillante (cf.
infra).
Se perpétuant par-delà les aléas de l’histoire à travers les expressions diverses
qu’il a empruntées, le Martinisme constitue encore de nos jours, par ses
enseignements théoriques et pratiques, une Ecole de Vie pour "les Hommes de
Désir". C’est pourquoi il a paru nécessaire d’évoquer, même brièvement son
Passé et son Présent, et de suggérer enfin son possible Avenir.

C’est l’objet du présent historique qui abordera successivement :


Les principales composantes initiales du Martinisme L’histoire et les filiations
du Martinisme Russe
- Le Martinisme en France (esquisse)
- L’Ordre Martinisme Initiatique et la filiation Russe
Gérard Encausse, " PAPUS

LES PRINCIPALES COMPOSANTES INITIALES DU MARTINISME


1) MARTINEZ de PASQUALLY et le Martinézisme
Comme il a été dit plus haut, au commencement, se trouve un homme
énigmatique dont la personnalité et la vie, qui font l’objet d’approfondissements
dans les enseignements de notre Ordre, vont fortement marquer son époque sur
le plan initiatique. Cet homme, c’est Martinez de Pasqually. Sa naissance et sa
mort restent, pour beaucoup d’historiens, des énigmes encore mal résolues.
Martinez de Pasqually est à la fois l’auteur :

- d’un système spéculatif (le " Traité de la Réintégration des Etres ",
malheureusement resté inachevé) répondant aux interrogations essentielles de
l’Homme sur son origine, le sens de sa présence en ce bas monde et sa destinée.
- d’un système opératif à base théurgique donnant les clés permettant à l’homme
de se libérer des chaînes qui l’assujettissent ici-bas, l’ensemble de la voie ainsi
proposée étant plus connu sous le nom de Martinézisme (ce terme étant un
néologisme papusien).

Martinez de Pasqually s’inscrira dans le courant Maçonnique de son époque, sur


lequel il greffera son système, qui lui servira de vivier pour le choix de ses
"Elus-Cohens", Sacerdotes de haut niveau, chargés d’opérer " le Culte "
immémorial de la réconciliation entre l’Homme déchu et la Divinité.
2) Louis-Claude de Saint-Martin et le Martinisme
Mais le Martinisme désigne également la Voie offerte par le Philosophe
Inconnu, Louis-Claude de Saint-Martin, disciple et secrétaire de Martinez de
Pasqually auquel il vouera, jusqu’à sa mort, un indéfectible respect.
Le système de Louis-Claude de Saint-Martin dont le Maître posthume, après
Martinez de Pasqually, fut Jacob Boehme, est plus connu sous le vocable
d’Illuminisme Théosophique.
Familier de la voie opérative de Martinez de Pasqually, il s’en écartera
progressivement au profit d’une voie intérieure plus directe et plus dépouillée,
appelée aussi voie cardiaque, sorte de coeur à coeur entre l’Homme de Désir et
la Divinité.
La contribution littéraire et philosophique de Louis-Claude de Saint-Martin est
importante (voir le Cahier d’Ordre consacré à Louis-Claude de Saint-Martin).
Elle se démarque, par le contenu et le style, du Traité de la Réintégration,
difficile à lire. Sorte de préromantique, Louis-Claude de Saint-Martin laisse, par
l’originalité de sa Quête, la poésie et la profondeur de ses propos, l’image
androgynale d’un Etre vivant à la charnière de deux mondes et qui s’efforçait de
demeurer parmi les hommes de son temps pour leur montrer la Voie.

Cachets de lcdsm

Louis-CLaude de SAINT-Martin (1743-1803)

3) Jean-Baptiste Willermoz, le Rite Ecossais Rectifié, les Chevaliers


Bienfaisants de la Cité Sainte

Complétant cette trilogie d’hommes exceptionnels à la fois témoins de leur


temps et hors du temps, il nous faut citer Jean-Baptiste Willermoz, disciple de
Martinez de Pasqually qui, à l’issue du Convent de Wilhemsbad (1782), va
rectifier la Stricte Observance Templière et fonder le Rite Ecossais Rectifié, au
sommet duquel il placera les Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte (CBCS)
et les classes secrètes de Profès et Grand Profès.

Jean-Baptiste Willermoz intègre à ce niveau des éléments théoriques de la


Théurgie Cohen, étant lui même Elu-Cohen et Réau+Croix.
Ayant des personnalités très différentes, Jean-Baptiste Willermoz et Louis-
Claude de Saint-Martin, liés un temps par le même Maître, divergeront par la
suite au sujet, notamment, de la Maçonnerie.

Prenant racine dans celle-ci comme organisation et situant ses sources


initiatiques à un haut niveau, le Rite Ecossais Rectifié restera (et reste de nos
jours) une organisation initiatique, " Martiniste par élargissement ", placée à la
charnière de deux mondes, exotérique et ésotérique. La valeur spirituelle et
initiatique du Rite Ecossais Rectifié, se basant sur les principes de la Chevalerie
et de la Bienfaisance, répond aux hautes aspirations de l’âme, laquelle a toujours
eu sa place entre le Corps et l’Esprit.
Quoiqu’il soit toujours délicat de parler du " Père ", et probablement encore plus
difficile de le situer vraiment, nous ne pouvons résister au désir, après avoir
parlé de cette trilogie prestigieuse, de considérer Martinez de Pasqually comme
le corps, Jean- Baptiste Willermoz comme l’âme, et Louis-Claude de Saint-
Martin comme l’Esprit de ce " Grand Etre Martiniste " aux composantes à la fois
différentes et complémentaires. Cette version des faits a au moins le mérite de
rassembler ce qui est épars et peut éclairer d’un jour nouveau le sens de
l’illuminisme du 18e siècle et ses importantes répercussions ésotériques sur le
rôle de certaines sociétés initiatiques de nos jours.
.
Jean-Baptiste Willermoz

C.B.C.S. de 1790

4) Papus et le Martinisme Papusien

Enfin, on entend également par Martinisme, le mouvement fondé par le Dr


Gérard Encausse (Papus), à la fin du 19e siècle, et qui prit ultérieurement la
dénomination de " Martinisme Papusien ". Selon Papus lui-même, l’Ordre a vu
le jour entre 1887 et 1888, période au cours de laquelle il donna ses premières
instructions.

La réalité de la filiation Martiniste de Papus a fait l’objet de bien des discours,


lui qui disait avoir reçu de son Initiateur Martiniste " deux lettres et quelques
points ". Papus, excellent organisateur, travailleur inlassable, écrivain prolixe,
celui que l’on a appelé le "Balzac de l’occultisme" va réactiver les flambeaux du
Martinisme endormi dans une période cruciale où la France succombe aux
démons du matérialisme.

En Adepte averti, il suscitera à son tour cette Chevalerie de 1’Ame, préparant


ses membres aux épreuves si douloureuses que devait connaître le début du 20e
siècle.

Le Martinisme Papusien est encore actif de nos jours. Il s’inspira jadis du


Martinisme de Louis-Claude de Saint-Martin.

Il reste, cependant, que les rituels utilisés et les références symboliques dont il se
servit et qui furent définitivement " fixés " par Teder sous l’impulsion de Blitz,
sont étrangers à ce que nous ont légué nos prestigieux fondateurs et, notamment,
Martinez de Pasqually. Pour notre part, évitant de conclure définitivement, nous
considérons, comme probable, la filiation en provenance de Louis-Claude de
Saint-Martin dont se réclamait Papus tout autant qu’Augustin Chaboseau ("
Deux lettres et quelques points "), cette unique Initiation au grade de S.:* I.’.
qu’il donnait en une seule fois.

Papus à 30 ans

Nous ajouterons:... même si dans la chaîne initiatique allant de Saint-Martin à


Papus, un nom manque entre Antoine Chaptal et Henri Delage, son petit-fils, et
si des doutes subsistent (à propos des initiations reçues par Augustin Chaboseau)
sur les capacités réelles qu’avait Amélie de Boisse-Mortemart, initiée par
Desbarolles, à initier réellement son cousin.
Les sources du Martinisme ayant été examinées, il nous reste maintenant, dans
les lignes qui suivent, à rechercher les points d’ancrage ayant fondé le
Martinisme Russe dont la filiation a été déposée au sein de l’Ordre Martiniste
Initiatique.
Aucun historien sérieux ne niera, en effet, que Papus, lors de son voyage en
Russie, ait découvert l’existence d’un courant Martiniste structuré, antérieur à la
création de son Ordre.

L’HISTOIRE ET LES FILIATIONS DU


MARTINISME RUSSE (N. Novikov)
La figure dominant le Martinisme Russe est incontestablement Nicolas Novikov.
Il en fut le chef et l’organisateur essentiel. Très liés au mouvement libéral, dès le
début du XVIIIe siècle, les Martinistes de Novikov, qui comptaient notamment
dans leurs rangs le célèbre écrivain Ivan Tourgueniev et le poète Keraskov,
propagèrent la pensée initiatique de Saint-Martin, de Boehme, de Paracelse, de
Swedenborg.

Mais loin de s’en tenir aux considérations mystiques purement spéculatives, leur
mérite fut de mettre en pratique l’essentiel de ces enseignements.

Ils eurent une influence considérable sur Catherine II qui connaissait Nicolas
Novikov, jadis membre de la Garde Impériale et acteur, à ses côtés, du coup
d’état qui lui avait permis de prendre le pouvoir.

Porteurs de schémas avancés dans le domaine du Libéralisme, ils rêvèrent et


commencèrent à réaliser une société plus juste.
Le nombre des Martinistes de Novikov, évalué par le Frère Tieman à près de 3
000 en 1786, bénéficia de la protection impériale jusqu’à la Révolution
Française dont la secousse provoqua, en Europe, un réflexe d’hostilité à l’égard
des sociétés secrètes accusées d’organiser en sous-main, l’effondrement des
Monarchies Européennes. Catherine II retira sa confiance à Novikov;
Maçonnerie et Martinisme furent interdits.
Commencés en 1791, les procès intentés contre le Martinisme aboutirent à des
emprisonnements, des relégations, des déportations...Nicolas Novikov fut, en
1792, condamné à mort, peine commuée en 15 ans de détention en la forteresse
de Schlisselburg; il sera libéré, ainsi que tous ceux qui furent emprisonnés avec
lui, grâce à l’Empereur Paul Ier, successeur de Catherine II.
Il va sans dire que ce grave retournement de situation désorganisa totalement et
provoqua la mise en sommeil du Martiniste qui disposait pour développer son
action d’une revue, d’une imprimerie et de plusieurs librairies.

Après la relation de cet épisode tragique et avant de poursuivre plus avant


l’histoire du Martinisme en Russie, il paraît important de revenir sur la filiation
initiatique au sein de laquelle s’inscrivait Nicolas Novikov.

La question qui se pose au départ est la suivante :


Qui a initié les Maçons Russes issus de la Stricte Observance Templière aux
formes rituelles du Martinisme ?

Certains ont répondu: Louis-Claude de Saint-Martin, prétextant qu’il avait été


très près du jeune Prince Alexis Borosowitz Galitzine avec qui il avait voyagé et
effectué un séjour, notamment en Suisse et en Italie.
Mais le Philosophe Inconnu constitua-t-il jamais un " système initiatique "
structuré ? C’est peu probable. A cet égard, l’hypothèse du Rite Réformé dont il
aurait eu la paternité, est encore, de nos jours, très controversée.

Louis-Claude de Saint-Martin, s’il transmit quoi que ce fût, le fit de façon très
dépouillée et en un seul degré.
Les proches constituèrent vraisemblablement l’équivalent d’une société intime
mais le manque de preuves sur la réalité de la transmission, dont aurait bénéficié
le jeune prince Galitzine, de la part de Saint-Martin, laisse une interrogation. Or,
en raison de l’importance du rôle joué par le Prince Galitzine, point de départ de
l’histoire du Martinisme Russe, l’on ne peut se contenter de suppositions et
d’approximations.

D’autres chercheurs ont fait de Joseph de Maistre le trait d’union manquant, au


motif qu’il fut ambassadeur du Roi de Sardaigne en Russie à cette époque. Cette
hypothèse ne peut être retenue. Joseph de Maistre, s’il fut Chevalier Bienfaisant
de La Cité Sainte du Rite Ecossais Rectifié et Grand Profès de son Ordre
Intérieur, ne fut jamais Martiniste.

La filiation Maçonnique, pas plus que la filiation Martiniste de Saint-Martin ne


pouvant être valablement établies, restait la filiation Martinéziste.

Une étude du Passé Grand Maître de l’Ordre Martiniste Initiatique, Robert


Ambelain; en date du 20 septembre 1978, essaie de livrer une réponse aux
chercheurs. Nous lui avons emprunté l’essentiel de ce qui suit.
L’authenticité de la filiation initiatique devait reposer sur 4 critères. Il fallait que
le Frère susceptible de transmettre la filiation Martiniste aux Maçons Russes fût
d’abord Maçon lui-même mais également :

- Russe ou fixé en Russie


- Avoir connu Saint-Martin à Londres, Paris et Rome
-Avoir été lié au Prince Galitzine
- Avoir été Elu-Cohen de Martinez de Pasqually."

Un nom semblerait réunir l’ensemble de ces critères. Il s’agit de Frédéric


Tieman von Berend, d’origine saxonne, demeurant à Saint-Pétersbourg, Major
au service de l’Armée Russe, précepteur et mentor du jeune Prince Alexis
Galitzine, à travers ses voyages en Europe.

Des auteurs tels que Benjamin Fabre, Gérard von Rinjberck, René Le Forestier,
Antoine Faivre, Matter livrent à l’appui de ce point de vue des éléments
difficilement contestables.
Frédéric Tieman von Berend répond à ces trois critères. Particulièrement, il fut
initié par Jean-Frédéric Kuhn, lequel l’avait été par Martinez de Pasqually lui-
même en son temple de Bordeaux.
A la mort de son initiateur, Tieman hérita de ses documents les plus secrets : le
Traité de la Réintégration et d’autres Instructions réservées aux Réaux-Croix ;
ce qui prouve que Savalette de Langes, en sa lettre du 1er mai 1781 à Willermoz
ignorait le degré exact de Tieman dans l’Ordre des Elus-Cohens, puisqu’il le
présente comme "M.P", soit Maître Particulier, son propre degré. Or, nous
savons que les degrés ordinaires des Cohen ignoraient la classe secrète des
Réaux-Croix.

Quant à sa qualité de Maçon, Tieman von Berend était membre de la Stricte


Observance Templière et connu sous le nom de "Eques a Cordo".

1796 à nos jours


Catherine II meurt en 1796 ; son fils Paul 1er lui succède. Dès son accession à la
charge de l’Empire, il fait libérer, le 5 décembre 1796, les Martinistes
emprisonnés. Mais, assassiné par un complot de cour en 1801, il sera remplacé
par Alexandre Ier qui règnera jusqu’en 1825.

La première phase libérale du règne sera à nouveau un encouragement pour la


Maçonnerie russe. Puis, Alexandre 1er, d’abord ami de Bonaparte en deviendra
l’ennemi implacable.

Devenu promoteur du pacte contre-révolutionnaire au sein de la Sainte Alliance,


il déclenchera à la fin de sa vie, les persécutions contre les sociétés initiatiques.
Fort opportunément, les Frères Martinistes qui eurent à pâtir du revirement
impérial, sous Catherine II, se défièrent des Princes et continuèrent,
contrairement à la Franc-maçonnerie, à tenir leurs Assemblées le plus
discrètement possible.
Bien leur en prit. Ils restèrent ainsi à l’abri des versatilités royales et ne furent
plus jamais inquiétés jusqu’en 1917.

On peut penser que leur activité jusqu’à cette date, ne fut pas totalement ignorée
par le pouvoir mais les Martinistes, de leur côté, préoccupés de sciences
ésotériques, restèrent en dehors du domaine politique.

Parmi les Martinistes de la seconde moitié du 19e siècle, signalons Labzine


(auteur en 1803 de la célèbre déclaration incitant les Martinistes à la prudence),
Posdeev, Speransky (ministre et auteur du Code des Lois de l’Empire Russe),
l’écrivain Alexis Tolstoï (à ne pas confondre avec Léon Tolstoï) et Arseniev.

Dans la période précédant la Révolution Russe de 1917, il y avait trois centres


d’émulation du Martinisme Russe :
1- à Moscou, la Loge " Saint-Jean l’Apôtre ", conduite par le Philosophe
Inconnu, Pierre Kasnatcheev, initié par Arseniev, héritier de la tradition
Novikov et possédant le degré théorique des Rose-croix d’Or du XVIIIe siècle.
(Il devient en 1911 le Délégué Général pour la Russie du Suprême Conseil de
L’Ordre Martiniste de Paris.)

2- à Saint-Pétersbourg, la Loge " Apollonius " dont le Philosophe Inconnu était


von Mebès, auteur de l"‘Encyclopédie de l’Occultisme ", publiée en 1911.

La Loge compta parmi ses membres le Sénateur Zakharov, représentant de


l’Empereur Nicolas II auprès du Dalaï-Lama à Lhassa au Tibet où il reçut,
semble-t-il, l’initiation lamaïque.

La Loge continua de se réunir après la Révolution, mais Grigory Ottonovitch


Mebès fut déporté et son groupe dispersé.
3 - à Kiev, la Loge " Saint-André l’Apôtre", chartée par la Loge de Moscou, le
25 décembre 1912, dont le Philosophe Inconnu était Serge Marcotoune, auteur
de " La Science Secrète des Initiés ". (Paris, 1928) et de « La Voie Initiatique ».
(Paris, 1956)

Le 3 novembre 1912, Jean Bricaud lui adressa, au titre du Martinisme Français,


une charte le nommant Délégué du Suprême Conseil pour l’Ukraine, signée de
Jean Bricaud, de Teder, de Victor Blanchard et Magnet.
Le Martinisme Russe en France
Les Martinistes Russes et Ukrainiens réfugiés en France, dès 1919, se
regroupèrent autour de Marcotoune et travaillèrent en liaison avec les
Martinistes Français ; mais le Martinisme russe préservera toujours son
indépendance, fier de sa filiation directe.

Cette structure issue de la Loge " Saint-André l’Apôtre ", travailla à Paris
jusqu’en 1939, clandestinement de 1939 à 1944, sous l’occupation allemande.

A l’issue de la guerre, le Frère Marcotoune parti aux Iles Canaries, le Frère


Georges Terrapiano fut désigné par le Frère Marcotoune en sa lettre du 22
janvier 1970, pour représenter le Martinisme Russe en France et, finalement, prit
sa succession à son décès intervenu le 15 janvier 1971.

LE MARTINISME EN FRANCE
(Esquisse)
Nous n’entendons pas produire une étude complète sur le sujet, mais simplement
aborder les circonstances ayant présidé à la rencontre historique des deux Ordres
russes et français.

Le Martinisme en France, en dehors de l’Ordre des Chevaliers Elus-Cohen de


l’Univers (cf. supra), ne survécut pas vraiment sous la forme d’organisation
initiatique structurée, à la disparition de Martinez de Pasqually, Louis-Claude de
Saint-Martin et Jean-Baptiste Willermoz.

Il faudra attendre 1888 et la personnalité hors du commun du Dr Gérard


Encausse (Papus), pour retrouver une extériorisation de taille en matière
initiatique.
Nous ne discuterons pas des conditions ayant présidé à la création de l’Ordre
Papusien. Nous n’apporterons pas davantage d’informations retentissantes visant
à combler les vides historiques.

Un fait est établi: ce sont les différents voyages effectués en Russie par Papus et
le Maître Philippe de Lyon, l’existence de la Loge " La Croix et l’Etoile " dont
le Philosophe Inconnu était le Grand Duc Nicolas Nicolaïevitch et dont le Tsar
et la Tsarine étaient probablement membres. Cette Loge ne fut jamais reconnue
comme régulière par les Martinistes Russes.
En revanche, l’information persiste selon laquelle la fréquentation de cette Loge,
par le couple impérial des Romanov, fut interrompue sous la pression de
Raspoutine.
Le Dr Philippe Encausse, fils de Papus qui reprit " filialement " le Martinisme
Papusien, de 1960 à 1971, dans les différents ouvrages qu’il publia, apporta des
informations précieuses sur cet épisode du Martinisme Français en Russie et qui
ont été confirmées par les Martinistes Russes eux-mêmes.

S’agissant de la situation du Martinisme en France, la filiation "papusienne" née


en 1888, déclarée en 1901, a donné de nombreux rameaux qui, du point de vue
de l’initiation " virtuelle ", au sens Guénonien du terme, posent encore
problème.
Convenons toutefois que cette filiation, ainsi que la structure ésotérique qui l’a
accompagnée, a néanmoins été portée par une vague de fond qui a marqué
largement la vie initiatique de la fin du 19e et du début du 20e siècle.

Compte tenu de son ampleur, on peut en déduire que le point d’ancrage de son
égrégore n’était pas à un niveau aussi bas que d’aucun voulait le laisser croire. Il
est possible que nous ne disposions pas, sur un plan strictement ésotérique, de la
totalité des informations qui seraient nécessaires pour expliquer la force et la
pérennité de ce mouvement.

En ce qui concerne cette chaîne initiatique, les prolongements se sont opérés,


pour l’essentiel, à travers des grands maîtres tels que Teder (qui reçut l’essentiel
des rituels de Blitz - USA, Bricaud, Chevillon, Dupont et plus près de nous :
L’Ordre Martiniste de Papus
dont le fils de Papus, Philippe Encausse, prit la direction de 1960 à 1971. Lui
succédèrent Irénée Séguret (1971-1974) et à nouveau Philippe Encausse (1975-
1979) puis Emilio Lorenzo, de 1979 à nos jours.

Plus le temps avance vers le complément de son désordre, plus l’homme devra s’avancer vers
son terme de lumière.
Louis Claude de Saint Martin

L’Ordre Martiniste Libre,


qui quelques années plus tard, en 1983, fut crée par quelques Soeurs et Frères de
l’Est de la France, désireux de fonder un nouvel Ordre, 1’Ordre Martiniste Libre
(O.M.L.) et qui se regroupèrent autour de Pierre Rispal.

Présent en Belgique, au Luxembourg, aux Etats Unis, et en Suisse, 1’O.M.L


progresse régulièrement. L’Ordre Martiniste Libre et l’Ordre Martiniste
Initiatique sont liés par un traité d’Amitié.

L’Ordre Martiniste Traditionnel,


longtemps rattaché à l’AMORC et dont le Grand Maître, Christian Bernard, est
commun à ces deux organisations initiatiques lesquelles n’entretiennent aucun
rapport avec la Maçonnerie.

L’Ordre Martiniste Synarchique,


le mot Synarchique n’ayant rien à voir avec le mouvement politique suscité
avant la seconde guerre mondiale et qui donna lieu à tant de spéculations, est
actuellement dirigé, depuis l’Angleterre, par Louis Bentin. L’O.M.S. fut, à
l’origine, fondé par Victor Blanchard, Substitut Grand Maître de l’Ordre
Martiniste, qui décida de créer un mouvement différent de celui inspiré, à la
mort de Teder, par le Grand Maître Bricaud.

SUPRÊME CONSEIL DE L’ORDRE


MARTINISTE (1891)
MEMBRES
PAPUS
-Augustin CHABOSEAU
-Paul ADAM
Charles BARLET
-Maurice BARRES
-BURGET
-CHAMUEL
-Stanislas de GUAÏTA
-LEJAY
-MONTIERE
-Joseph PELADAN
-Paul SEDIR
-Oswald WIRTH.
Maurice BARRES et Joseph PELADAN furent remplacés par :
Marc HAVEN et Victor Emile MICHELET.

Depuis 1993, Gérard Kloppel a donné une nouvelle impulsion à cet ordre pour
en adapter la haute Spiritualité aux aspirations et aux nécessités de notre temps.
Il a ouvert notamment en son sein, prenant pour base l’indispensable et
l’inlassable Service dû à l’Humanité, l’ensemble des Voies permettant de hautes
réalisations Métaphysiques, Spirituelles et Opératives.
L’Ordre Martiniste des Chevaliers du Christ
dont le Grand Maître actuel est Armand Toussaint, et dont la filiation initiatique
des Supérieurs Inconnus, Initiateurs Libres, remonte au Prince Kourakine,
Diplomate en France, qui aurait transmis cette filiation à Nicolas Novikov.
L’Ordre Martiniste Initiatique,
objet de cet historique, dirigé depuis le 29 Octobre 1984, au niveau
mondial, par Gérard Kloppel fondateur lui-même, en 1969, du Souverain
Sanctuaire des Chevaliers de Palestine.
C’est parce que 1’esprit du monde n’est pas droit qu’il a besoin d’être adroit.
Mais l’esprit de vérité ne se soucie pas d’être adroit. Louis Claude de Saint
Martin

L’ORDRE MARTINISTE INITIATIQUE


FILIATION ET DEPOT DE LA TRADITION
RUSSE
Filiation
L’Ordre martiniste des Elus-Cohens, lié pendant un temps à 1’Ordre de Papus
dirigé par Philippe Encausse au sein de l’Union des Ordres Martinistes, va
poursuivre son activité jusqu’en 1967.

C’est en 1968, à la suite du dépôt en son sein de la filiation Russe qu’il procéda
à sa propre rectification. De cette rectification devait naître, en 1969, le
Souverain Sanctuaire des Chevaliers de Palestine, créé par Gérard Kloppel,
reprenant dans sa théurgie l’ensemble des grades Cohens en les adaptant, sans
rien retrancher de leur contenu, aux exigences de la vie moderne.
C’est dans le contexte de la seconde guerre mondiale, en 1942, que les Frères
Georges Bogé de Lagrèze et Camille Savoir, tous deux membres du Grand
Prieuré des Gaules et donc issus du Rite Ecossais Rectifié, vont donner patente à
Robert Ambelain afin de créer l’Ordre Martiniste des Elus-Cohens Grand
Profès.

Le dépôt de la filiation Russe


Des informations recueillies par Robert Ambelain
- en 1946 auprès du Frère Ivan Lebzine
- de 1954 à 1955 auprès du Frère Valentin Tomberg
- de 1960 à 1968 auprès du Frère Nicolas Choumitsky
Tous trois initiés Martinistes Russes et Ukrainiens et qui ne se connaissaient pas,
il résulte des renseignements concordants qu’ils donnèrent que :
" Le Martinisme Russe constituait le filtre préparatoire à la Maçonnerie Russe à
forme Templière (Stricte Observance). Elle même servait de filtre préparatoire à
la Rose-Croix Russe dont Novikov fut Grand Maître.
II m’a été aisé de voir qu’aux yeux des hommes, si vous n’avez point de corps, vous passez
bientôt pour n’avoir point d’esprit, car tout leur esprit est dans leur corps. Louis Claude de
Saint Martin

Le Martinisme enseignait la doctrine du Philosophe Inconnu en tant que


métaphysique, philosophie, mystique. La Maçonnerie Templière enseignait
toutes les branches de l’occultisme et cet enseignement (purement didactique et
théorique) était ensuite mis en pratique dans la Rose+Croix et il en est toujours
de même de nos jours. (Alchimie, Théurgie, etc.)

Devant les incertitudes de la filiation papusienne, évoquées plus haut,


Robert Ambelain, après trente années de Martinisme Papusien, se fit
réinitier pour recevoir la filiation venue de Galitzine. Et c’est ainsi que
l’Ordre Martiniste Initiatique effectua son ancrage définitif dans la filiation
Russe et Ukrainienne.

Aujourd’hui
Le 29 octobre 1984, Gérard Kloppel succédait à Robert Ambelain à la Grande
Maîtrise de 1’Ordre Martiniste Initiatique
A partir de cette date les orientations données tendent invariablement vers le
même but :
- Reconnaissance et bonne entente avec les Ordres Frères dans le respect de la
spécificité de chacun.
- recrutements centrés sur des Frères et des Soeurs, Maîtres Maçons, disposant
de données solides sur le plan ésotérique, s’intéressant plus particulièrement à
l’alchimie, l’astrologie, la kabbale, ou (et) ayant une bonne pratique de
différentes mancies.

Voie Théurgique, Chevaleresque ou Sacerdotale, 1’Ordre Martiniste Initiatique


prolonge et parfait dans son Second Temple la quête et la réalisation initiatique
de tous les Hommes de Désir, des authentiques Cherchants en cette fin de 20e
siècle, démontrant, s’il en était besoin, que l’Occident détient en son sein les
moyens de travailler à la réalisation du Grand Oeuvre Universel par la
Réintégration de tous les Etres en leur Premières Propriétés, Vertus et
Puissances Spirituelles et Divines.
La poésie devrait annoncer les vérités, la musique leur ouvrir l’issue et la peinture les
réaliser. La poésie est le nombre, la musique est la mesure et la peinture est le poids.
Louis Claude de Saint Martin

Absent du texte, le tableau des progressions dans l’omi


CONCLUSION
Parfaitement adapté à l’Occident, le Martinisme en général, l’Ordre Martiniste
Initiatique en particulier doté de ses Seconds Temples (Elus Cohens, CBCS) a le
mérite de " coller " au cadre ethno culturel de notre société. Il offre des
possibilités de réalisation supérieures, pour les Occidentaux, aux voies
Orientales, lesquelles, par delà la séduction qu’elles exercent sur nos
contemporains, restent peu adaptées à leur mentalité et à leurs aptitudes
physiques.
Le Philosophe Inconnu disait : " Plus le Temps avance vers le complément de
son désordre, plus l’Homme s’achemine vers son terme de Lumière ". Il en est
bien ainsi de nos jours en ce monde dont les élites ont délibérément tourné le
dos à la prééminence et aux nécessités de l’Esprit. Arts, Sciences, Religions
avancent, encore pour quelque temps, dans des voies séparées abandonnant
l’Humanité à la désespérance et à l’égoïsme.
L’émergence forte du courant Martiniste, cette Chevalerie de l’Ame, s’est
souvent effectuée lors des grandes épreuves de nos sociétés. II en a bien été ainsi
avant la Révolution de 1789 qui devait bouleverser l’Europe. Il en a bien été
ainsi au cours du 20e siècle qui devait marquer le monde par les deux grandes
guerres et les révolutions Russes et Chinoises.

Lorsque la barque humaine, pressentant la tempête ou malmenée par les flots,


s’inquiète ou désespère, le Martinisme, tel un phare dominant le chaos, envoie
les signaux espérés, indiquant la route qui conduit au port de Lumière et
d’Amour.

Le 21 Mars 1994, à minuit Richard Gaillard succédait à Gérard Kloppel en


qualité de Grand Maître Mondial de l’Ordre Martiniste Initiatique (4 premiers
degrés de l’Ordre).
Gérard Kloppel conservant la présidence du Souverain Sanctuaire des
Chevaliers de Palestine.

L’espérance est la foi commençante. La foi est une espérance complète. La charité est I’action vivante et visible
de l’espérance et de la foi.
Louis Claude de Saint Martin

Annexe
Relevé dans : " les sources Initiatiques du Martinisme en Russie "-Robert
Ambelain (non publié).

- Benjamin Fabre in " Franciscus Eques a Capite Galeato "- page 108 -

- Gérard Van Rijnberk in " Martinez de Pasqually "-Tome 1 °-pages 52-56 et 94


à 97 -
- René le Forestier in " Franc-maçonnerie Templière et occultiste "-pages 519-
595-622-626-690-785-903- 1104.
Notes d’Antoine Faivre dans le même ouvrage :
-page 994 - note 316
- page 998 - note 511
- page 999 - note 519
- page 1003 - note 622
- M. Matter : " Saint Martin le Philosophe inconnu " page 134-188.

La fausse instruction qui inonde la Terre tient 1’humanité suspendue comme par un fil au-dessus de l’abîme.
Louis Claude de Saint Martin

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