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Option cinéma
Enseignante : Delphine Durand-Drouineau
Extrait A : Les parapluies de Cherbourg, de Jacques Demy, 1963 (Générique à 3min 35)
Extrait B : Les demoiselles de Rochefort, de Jacques Demy, 1967
Extrait C : Peau d’âne, de Jacques Demy, 1970 (2min 05 à 5 min 14)
II) Pour chaque extrait, notez dans le tableau les mots qui vous viennent à l’esprit :
IV- TRAVAIL A DISTANCE POUR PREPARER LE SEANCE : Lisez les extraits d’interview
ci-dessous. Dans chaque extrait, soulignez les informations qui vous semblent importantes pour
apprendre à connaître l’univers de Jacques Demy.
JACQUES DEMY
Jacques Demy et ses films :
« Ce n’est pas véritablement de la comédie musicale, c’est une forme de cinéma musical qui tout
simplement n’existe pas ailleurs que chez Demy, qui n’existe pas chez les jeunes cinéastes qui font des
films avec des chansons, […] on peut dire des films chantés, ou comme le disait Demy à l’époque, des
films « en chanté ». C’est un moyen de décaler le réel. » (Interview Jean-Pierre Berthomé, France
culture, 18/05/2019)
« Ce n’est pas un opéra, ni une comédie musicale, ni une opérette. Ce sont des dialogues chantés, la
musique soutenant le texte et réciproquement. Tous les mots sont audibles, sans jamais forcer le
lyrisme des voix, et la musique, par conséquent, expose des thèmes simples et pourquoi pas, populaires
et généreux. Cela n’a rien à voir avec le film West Side Story par exemple, bien que j’aie dû employer
la technique du play back. On n’y danse jamais mais on y chante tout le temps. C’est un film jazz, un
film « en-chanté » plus exactement. » Jacques Demy, décembre 1986.
« Les parapluies, c’est un film contre la guerre, contre l’absence, contre tout ce qu’on déteste et qui
brise un bonheur. » Jacques Demy, Journal de Zurich, juin 1964.
« Il y a des choses qui me paraissent incroyables. J’ai fait le film [Les parapluies de Cherbourg] en
1963 donc écrit en 1962. C’était en pleine guerre d’Algérie, et quand j’ai montré le script aux
distributeurs, tout le monde me disait : « Il ne faut pas prononcer le mot « Algérie », c’est trop
dangereux. » Oui mais c’est un film sur la guerre, c’est le fait de la guerre. On ne traite pas le problème
de l’Algérie, mais il faut en parler car c’est à cause de la guerre que l’amour est gâché. Ce n’est pas un
film politique mais c’est capital. Je le crois encore. C’est essentiel pour le situer dans le temps. C’était
important. C’est fou comme les gens avaient peur. » Jacques Demy, novembre 1986, propos
recueillis par Saïd Ould Khelifa.
« Demy se sert du chant comme d’un moyen de décaler le réel. […]. Les petits héros des Parapluies de
Cherbourg sont des gens bien ordinaires, un garagiste, la fille d’une marchande de parapluies mais ils
chantent pour s’exprimer et cela ne surprend personne. Ils habitent un monde incroyablement coloré
où toutes les couleurs sont continuellement brassées et les couleurs ne cessent de nous dire leurs états
d’âme. Donc on est dans un autre monde mais, les couleurs, la musique, les costumes, les décors
servent en fait à installer une autre réalité, à installer un autre monde et à interdire l’effet de réalisme
qui plomberait complètement le film. » (Interview Jean-Pierre Berthomé, France culture, 18/05/19,
23 min 19)
« Les parapluies de Cherbourg, c’est une histoire d’amour, un film sur la séparation, l’attente, sur
l’absence, sur la guerre. C’est en même temps un film assez désespéré, il me semble, comme souvent,
je trouve, les films de Jacques Demy. Pour moi, c’est comme des bonbons empoisonnés, c'est-à-dire
c’est très acidulé, c’est très joli, c’est léger, ça a plein de couleurs, c’est joyeux et puis on craque et
quand on mord dedans, ce n’est pas que c’est amer mais c’est empoisonné.
Je crois qu’on peut voir les films de Jacques Demy à tout âge. J’ai vu les Parapluies de Cherbourg
petite fille, j’ai trouvé cela merveilleux, enchanteur, triste. Je l’ai vu adolescente et j’ai commencé à
me demander ce que pouvait être une histoire d’amour. Et, je l’ai vu adulte et je l’ai inscrit dans son
époque et dans son temps et j’ai vu comment le temps faisait son œuvre donc je crois que c’est l’une
des caractéristiques des films de Jacques Demy que d’avoir des lectures différentes. […] Pour moi Les
parapluies de Cherbourg est un chef d’œuvre parce que c’est un film qui ne vieillit pas, qui est
parfaitement universel et intemporel, ça me parle du temps, du rapport humain et ça c’est universel et
c’est sincère donc forcément ça traverse les années. » ( Virginie Ledoyen, actrice, Suppléments DVD
Les parapluies de Cherbourg).
« Dans Les demoiselles de Rochefort, les commerces et points de rencontres organisent le flux des
personnages : une boutique d’instruments de musique, un café, un cours de danse, une école et une
galerie de peinture. La trame narrative s’apparente à un réseau relationnel dans lequel les personnages
se croisent, s’assemblent et se séparent, accompagnés par la ville. Peinture, danse et musique prennent
part aux élans amoureux. Les arts occupent la ville de Rochefort : la musique a ses espaces dédiés, les
événements forains (synthèse de danse, de musique et de couleurs) animent la grand-place et les
tableaux se trouvent dans la galerie Lancien, seule devanture noire de la ville. »
« Les demoiselles de Rochefort : une imitation, une réinvention et un hommage à la comédie musicale
américaine. »
Peau d’Ane :
« Les contes, quels qu’ils soient, je les ai tous lus. Dans ma jeunesse, j’adorais ça. Il y a des enfants qui
aiment la réalité mais pour moi tout était possible : je parlais à mon crayon, à mon mouchoir, à mon
plumier. Adulte, quand j’ai relu les contes, j’ai pensé qu’il y avait avec Peau d’âne deux films : un
film pour les adultes et un film pour les enfants, c’est très rare de trouver un sujet qui soit passionnant
pour tous. »
Jacques Demy
« Les contes ont été très importants dans l'enfance de Jacques Demy. Il les a joués pour les enfants de
son quartier de Nantes avec son Guignol. Il a aussi fait des films, il avait une petite caméra Pathé Baby
et il avait effacé les pellicules de ses petits films pour dessiner dessus, donc il a fait de l'animation très
jeune, et raconter ces histoires-là le touche énormément. Il a fait des recherches sur les contes, sur les
mythes, par exemple dans le film Parking, il s'agît d'Orphée. Le mythe, le conte, ça le passionne. Il en
cite plusieurs dans Peau d'âne… »
Marie Sauvion, journaliste Télérama.
Peau d’Ane est aussi un clin d’œil à Jean Cocteau et à son film La Belle et la bête (présence de
l’acteur Jean Marais, costume de la Bête, décors vivants, trucages, chemin mystérieux dans la forêt,
formule magique, rôle des miroirs).
Regardez l’extrait de La Belle et la bête de Jean Cocteau. (A partir de 29 min à 32min 42)
V- Regardez maintenant d’autres passages des films sélectionnés et expliquez-en quoi ils peuvent
illustrer ces extraits d’interview.
Peau d’âne :
Extrait 1 : (à partir de 15 min 39 à 22 min 14)
2) Qu’est-ce qui vous a surpris, dérangé, enthousiasmé pendant les différents visionnages ?
3) Voici une citation de Jacques Demy : « À mon sens, la musique renforce, aussi bien dans la
joie que dans le drame, les sentiments. » Jacques Demy ; Le Monde, le 18 février 1964.
Qu’en pensez-vous ?
4) Regardez à nouveau sans le son la scène finale des Parapluies de Cherbourg. En groupes,
vous allez imaginer une autre fin en réécrivant les dialogues des deux personnages Guy et
Geneviève. Dans votre équipe, deux personnes réinterpréteront cette scène avec les nouveaux
dialogues.
Sujet 1 :
Les réalisateurs François Ozon, Christophe Honoré sont-ils les héritiers de Jacques Demy ?
Vous effectuerez d’abord des recherches sur ces deux réalisateurs puis vous répondrez à cette question
en vous appuyant sur des exemples précis.
Sujet 2 :
« L'émotion est à son comble et la nostalgie à son apogée lors de l'épilogue où les deux anciens
amants se retrouvent sans éprouver le besoin de reparler du passé ; ils ont fait leur temps et
n'éprouvent aucun regret, une scène d'une maîtrise exceptionnelle. »