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La voie du

disciple

J. Heinrich Arnold
Avant-propos d’Henri J. M. Nouwen
La voie du
DISCIPLE
Heinrich Arnold
Avant-propos d’Henri J. M. Nouwen

Plough Publishing House


Titre de l’édition originale :
Discipleship: Living for Christ in the Daily Grind

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Robertsbridge, E. Sussex, UK
Walden, New York, US
Elsmore, NSW, AS

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Plough Publishing House
Tous droits réservés
table des matières
Avant-propos / vi
Préface / ix

Le disciple
La vie intérieure / 2
Le repentir / 11
La conversion / 17
La foi / 21
Le dogmatisme / 29
L’engagement / 34
La nature déchue / 37
La pureté / 61
La confiance / 65
La vénération / 71
L’abandon / 73
La sincérité / 80

L’Eglise
L’Eglise / 85
La communauté / 92
La direction spirituelle / 102
Les dons / 109
Le pardon / 116
L’unité / 123
La discipline de l’Eglise / 129
Le baptême / 136
La Cène / 142
L’amour et le mariage / 146
La vie de famille / 163
La maladie et la mort / 180
Le mal et les ténèbres / 189
Le combat / 196
La souffrance du monde / 207
La mission / 215

Le Royaume de Dieu
Jésus / 224
La croix / 239
Le salut / 246
Le Royaume de Dieu / 253

Annexes
Le Bruderhof / 264
Plough Publishing House / 267
Avant-propos
La voie du disciple est un livre dur. Dès le début de sa lec-
ture, je fus frappé par les paroles d’Heinrich Arnold comme
par une épée à double tranchant, m’appelant à choisir entre la
vérité et le mensonge, le salut et le péché, la lumière et les ténè-
bres, entre Dieu et le démon. Tout d’abord, je n’étais pas sûr de
vouloir être interpellé de manière aussi directe, et je découvris
une certaine résistance en moi-même. Je voulais que la bonne
nouvelle de l’évangile soit douce, consolante et réconfortante,
offrant la paix intérieure et l’harmonie.
Mais Arnold me rappelle que la paix de l’évangile n’est pas
la même chose que la paix du monde, que la consolation de
l’évangile est tout autre chose que la consolation du monde,
que la douceur de l’évangile n’a rien à voir avec la mental-
ité de laissez-faire du monde. L’évangile exige un choix, un
choix radical, un choix qui n’est pas toujours loué, soutenu
ni glorifié.
Et cependant, l’ouvrage d’Arnold n’est aucunement sévère,
inflexible, fanatique ou suffisant. Bien au contraire, ce livre est
plein d’amour, un amour exigeant mais vrai, le même amour
qui s’écoule du cœur brisé de Jésus. Les paroles d’Arnold sont
des paroles qui guérissent parce qu’elles ne se fondent pas sur

vi
une idée, une idéologie ou une théorie, mais sur une connais-
sance intime de Jésus-Christ. C’est Jésus, le Christ, qui est au
centre de toutes les suggestions, de tous les conseils qu’il nous
donne et de toute la sollicitude exprimée dans ces réflexions.
C’est vraiment un livre centré sur le Christ.
Heinrich ne parle pas en son nom propre. Il parle au nom de
Jésus. Il a entendu clairement les paroles de Paul à Timothée:
Je te demande solennellement devant Dieu et devant Jésus-
Christ, qui jugera les vivants et les morts, je te le demande
au nom de la venue du Christ et de son royaume : « Prêche la
parole de Dieu et annonce-la avec insistance, que l’occasion
soit favorable ou non. Persuade, adresse des reproches et
encourage, en enseignant avec une patience parfaite  » (2
Timothée 4. 1-2). 

Le profond enracinement d’Arnold en Jésus-Christ fait de lui


un guide plein de sagesse, très sûr, un guide qui nous interpelle
sur notre chemin spirituel. En outre, son enracinement dans
le Christ n’est pas simplement un enracinement dans le Christ
qui vécut il y a longtemps. C’est un enracinement dans le Christ
présent aujourd’hui dans la vie de la communauté de foi.
Arnold n’est pas un guide pieux ni sentimental. Chacune de
ses paroles jaillit de son expérience en communauté, où l’état
de disciple est vraiment vécu. C’est dans la vie de communauté
que nous sommes mis à l’épreuve et que nous sommes puri-
fiés. C’est dans la vie de communauté que nous apprenons ce
que sont le pardon et la guérison, et qui est notre prochain. La
communauté est la véritable école de l’amour. Arnold a vécu
en communauté toute sa vie. Il a connu ses exigences et ses
récompenses. Par-dessus tout, il savait que c’est en commu-
nauté que nous rencontrons le Christ des évangiles.

vii
Je suis extrêmement reconnaissant pour ce livre. C’est
un livre prophétique, à une époque où peu de gens osent
exprimer de telles paroles — des paroles qui plaisent peu mais
qui guérissent véritablement.
Je prie les lecteurs de ce livre de ne pas avoir peur d’être
interpellés, et je suis convaincu que la parole de Dieu qui les
atteindra à travers ces lignes leur apportera le vrai réconfort,
la vraie consolation, l’espoir et le courage véritables.
Henri J.M. Nouwen

viii
Préface
Pour décrire certains livres, il est parfois plus facile de dire ce
qu’ils ne sont pas. Celui-ci n’est pas un recueil de dévotions
ni de méditations. Il n’est pas non plus un livre de conseils à
l’eau de rose sur comment « cheminer avec Dieu », ni un guide
d’épanouissement personnel ou de développement intérieur.
C’est, tout simplement, un livre qui nous montre comment
être disciple de Jésus-Christ : comment le suivre humblement,
avec un cœur ouvert et obéissant. Ce livre est écrit par un
homme dont le message ne peut être compris d’aucune autre
manière.
Johann Heinrich Arnold (1913–1982) grandit au milieu
de personnes pour qui cet état de disciple s’exprimait d’une
manière assez dramatique. Quand il avait six ans, ses par-
ents, Eberhard et Emmy, quittèrent leur appartement bour-
geois de Berlin pour aller vivre à Sannerz, un village au cen-
tre de l’Allemagne. Là, avec un petit cercle d’amis, ils com-
mencèrent une vie communautaire, en communauté totale de
biens, basée sur les Actes des Apôtres (chapitres 2 et 4) et sur
le Sermon sur la montagne.
C’était une période de grands bouleversements. Cette même
agitation d’après-guerre qui avait conduit son père, éditeur,

ix
théologien et conférencier, à faire ce saut de la foi, incita des
milliers d’autres à se soulever contre les conventions reli-
gieuses et sociales rigides de l’époque et à chercher de nou-
velles voies. Ce furent les années de formation de Heinrich.
Le flot continu de jeunes anarchistes, vagabonds, professeurs,
artisans et libre-penseurs qui passaient par la communauté,
l’influença profondément.
Tous ceux-là avaient abandonné l’hypocrisie d’un christian-
isme qui avait perdu son sens et beaucoup se sentaient attirés
par la vie de service et de joie qu’ils trouvaient à Sannerz.
Heinrich lui-même ressentit l’appel à suivre Jésus-Christ à
l’âge de onze ans. Plus tard, jeune homme, il s’engagea pour la
vie comme membre des communautés du bruderhof, ce qui
veut dire : « foyer des frères ». En 1938, il fut choisi comme ser-
viteur de la Parole — ou pasteur — et de 1962 jusqu’à sa mort,
il servit le mouvement grandissant en tant qu’ancien de toutes
les communautés.
Le petit groupe confié aux soins d’Arnold ne formait pas ce
que l’on appelle généralement une église, et lui n’était certaine-
ment pas un pasteur dans le sens conventionnel du terme. Il
n’avait pas non plus une personnalité charismatique et n’avait
jamais reçu d’instruction théologique formelle. Il était un
véritable Seelsorger (guide spirituel), sincère, et qui se souciait
profondément du bien-être intérieur et extérieur des commu-
nautés qui lui étaient confiées. Il servait avant tout ses frères
et sœurs sur un pied d’égalité, partageant leur vie quotidienne
dans le travail et le loisir, dans les repas pris en commun, les
réunions d’ordre pratique et les réunions de prière.
Les extraits et les citations de ce livre furent compilés et édités
pendant plusieurs années par des membres du Bruderhof qui

x
ont connu Arnold personnellement. Ce ne fut pas une tâche
facile que de tamiser, pour ainsi dire, tout ce matériau, tant il
y en avait. Ses écrits comprenaient, entre autres, les articles
publiés, sa correspondance personnelle, les transcriptions
des réunions de prière, les lettres circulaires écrites au nom
du mouvement tout entier. Le but de cette sélection est tout
simplement de présenter au lecteur le message d’Arnold dans
toute sa force.
Le style d’Arnold est direct et spontané. Il se servait rarement
de notes, et quand il écrivait, il allait droit au cœur du sujet,
quelquefois même d’une manière presqu’agressive. Certains
le trouvaient trop brusque. C’est néanmoins cette simplicité
qui justement rendait son témoignage accessible à tous. Sa foi
n’était pas une affaire de termes raisonnés ou théologiques — il
fallait qu’elle s’exprime en actes  : «  Nous en avons assez, des
paroles. Elles sont faciles, on les entend partout — qui d’entre
nous, en effet, dirait qu’il est contre la fraternité et l’amour ? »
Arnold fut appelé à s’exprimer sur tous les aspects de la vie
spirituelle — personnelle et communautaire. Mais un fil con-
ducteur parcourt toute son œuvre : le Christ et sa croix comme
centre de l’univers. Arnold nous répète avec insistance que
si nous ne rencontrons pas Jésus-Christ personnellement, si
nous ne sommes pas interpellés par son message de repent-
ance et d’amour, il n’est pas possible de vivre la foi chrétienne.
Ainsi, peu lui importait que la question à résoudre soit d’ordre
pratique ou concerne la vie intérieure, ou que les exigences
du jour surgissent sans prévenir ou de manière dérangeante.
Chaque problème était affronté sur la base solide des
commandements de Jésus-Christ. Ceci n’était pas seulement

xi
le cas pour tous les problèmes internes de la vie en commu-
nauté, mais aussi pour tout ce qui se passait à l’extérieur et qui
méritait que l’on y réfléchisse tels qu’événements politiques,
questions et courants sociaux.
L’attitude d’Arnold, centrée sur le Christ, lui donnait un
courage hors du commun pour affronter le péché. Il ne tolérait
pas l’indifférence aux préceptes de l’évangile. Mais de même
qu’il combattait le mal présent dans son prochain, il le com-
battait aussi en lui-même. Jamais cette lutte ne fut contre la
personne elle-même, mais uniquement contre le péché. Cela
lui valait parfois la critique d’être trop émotif. Mais lorsqu’on
aime le Christ, comment peut-on être froidement indifférent,
si l’honneur de l’église est en jeu ?
Je m’élève contre l’idée selon laquelle il est mal de réagir avec
émotion ou véhémence lorsque Dieu est attaqué, des frères et
sœurs maltraités ou l’église outragée. Je protesterai toute ma
vie contre la sombre froideur face à la cruauté ou tout ce qui
détruit l’œuvre de Dieu.

C’était cela, aussi, qui lui permettait d’appeler parfois sévère-


ment à la repentance :
Sommes-nous prêts à subir l’action tranchante de la parole
du Christ en nous, ou désirons-nous nous en protéger et
nous endurcir envers elle ? Nous ne pouvons pas conce-
voir à quel point nous gênons l’action de Dieu. Mais nous
pouvons le prier de nous fendre avec sa parole, même si cela
est douloureux.

Avec la même vigueur et la même insistance que lorsqu’il


appelait à la repentance, Arnold s’efforçait à la compassion
et au pardon. Il prenait très au sérieux l’injonction de Jésus

xii
à pardonner pour être soi-même pardonné, et de pardon-
ner « jusqu’à soixante-dix fois sept fois ». A ceux qui l’avaient
blessé ou qui avaient trahi sa confiance, il redonnait toujours
sa confiance, intacte. Pourquoi ? Parce qu’il croyait fermement
à la puissance du pardon total, parce qu’il avait confiance en
Dieu de tout son être, et que grâce à cette confiance, il pouvait
surmonter toutes ses peurs humaines.
Paradoxalement, de même qu’on se moquait de lui et qu’il
était rejeté pour son insistance sur la nécessité d’un repentir
profond, il était aussi méprisé à cause de son humilité. Car
bien qu’il refusât de fermer les yeux sur le péché dans l’église-
communauté, il refusait aussi de s’élever au-dessus de celui
qui avait commis le péché ou de réagir avec dureté ou rigid-
ité à son égard. Ayant souffert lui-même dans sa propre vie, il
s’identifiait facilement avec la souffrance d’autrui.
En tant que pasteur principal, Arnold passait des heures
entières à lire, relire et réfléchir dans la prière au contenu d’un
flot quotidien de lettres. Son propre courrier illustre l’humilité
avec laquelle il répondait. Quand on lui posait une question,
il conseillait, réconfortait, exhortait, mais jamais il ne criti-
quait la personne qui s’était adressée à lui en toute confiance.
Des centaines de personnes avaient recours à lui, année après
année, et Arnold les poussait toujours de l’avant, sur la voie
de Jésus-Christ, au-delà de leur préoccupation de leur péché
ou de leur sainteté personnelle.
Arnold savait bien qu’il ne possédait pas toutes les réponses.
Il lui arrivait souvent de dire qu’il avait besoin de réfléchir sur
une question ou d’y penser dans la prière, ou même qu’il ne
savait pas quoi faire à tel sujet. Si on lui demandait d’expliquer
un verset difficile, une contradiction apparente ou le sens d’un

xiii
passage mystérieux dans la Bible, il lui arrivait de dire : « J’ai
beaucoup pensé à ces paroles, mais je ne les comprends pas
moi-même pleinement. Confions ceci à Dieu. Un jour, cela
nous sera révélé  », et il n’essayait même pas de donner une
interprétation. Malgré un grand savoir livresque et une très
bonne connaissance de l’Ancien et du Nouveau Testament,
c’était un homme dont l’instruction était celle du cœur, la
connaissance, celle de l’âme humaine, et dont la compréhen-
sion des voies de Dieu provenait de son amour pour Lui, pour
Jésus, et pour l’église. Mais avant tout, Arnold savait écouter.
Il écoutait ses frères et sœurs, ses amis, les étrangers, les cri-
tiques et surtout, il écoutait Dieu.
Du plus profond de mon cœur, je veux écouter la voix de
Dieu, qui parle à travers la fraternité. Je veux témoigner de
Jésus pour notre temps. Je veux être pauvre avec vous, spirit-
uellement pauvre. Je veux obéir, aller là où l’église m’enverra,
et agir selon la volonté de Dieu. J’aspire à une vie de fraternité
unie, une fraternité qui rassemblerait ceux qui sont dispersés.

Plusieurs aspects de l’œuvre d’Arnold pourraient être étudiés


de manière plus approfondie, comme l’influence primordi-
ale de son père, Eberhard Arnold; celle des deux pasteurs alle-
mands Johann Christoph et Christoph Friedrich Blumhardt,
et leur vision du Royaume en tant que réalité présente ici et
maintenant ; ou l’influence de Maître Eckhart, dont le mysti-
cisme se reflète dans le propre penchant mystique d’Arnold. Il
y a aussi les livres de Dietrich von Hildebrand et de Friedrich
von Gagern, auxquels il se référait souvent. Toutes ces sources
ne sont pas importantes en elles-mêmes, mais elles donnent
à son message dans son ensemble une profondeur et une
largeur de vue qui ne peuvent être ignorées.

xiv
Ceci est peut-être l’élément essentiel du témoignage
d’Arnold, car il nous oblige, encore et encore, à surmonter
la petitesse de notre vie quotidienne et à ouvrir nos yeux sur
de plus grandes réalités que nous ignorons si souvent. Pour
reprendre ses propres paroles :
« Quel don précieux ce serait si nous pouvions saisir un tout
petit peu de la grande vision de Jésus — si nous pouvions voir
au-delà de nos petites vies ! Il est certain que notre horizon est
très limité. Mais nous pouvons au moins demander à Jésus de
nous élever au-dessus de notre monde limité et de notre égo-
centrisme. Et nous pouvons au moins demander à percevoir
son appel à la grande moisson qui doit être récoltée — le ras-
semblement de toutes les nations et de toutes les personnes, y
compris des générations futures. »
Hela Ehrlich
Christopher Zimmerman

xv
LE DISCIPLE
La vie intérieure
Quand on pense aux millions de personnes qui se disent chré-
tiens, on a l’impression que, de nos jours, la religion chréti-
enne ne consiste presqu’exclusivement qu’à aller à l’église le
dimanche matin. Je sais qu’il y a des exceptions, mais soyons
réalistes: l’église a très peu à dire aux jeunes —  les offices et
les sermons les ennuient, alors ils se tournent vers d’autres
choses. Et cependant, les gens sont vaguement conscients
qu’il manque quelque chose à leur vie intérieure, et même s’ils
ne vont pas trouver leur pasteur ou leur prêtre pour demander
conseil, ils cherchent de l’aide, souvent en allant voir un psy-
chiatre. Il est vrai qu’une fois que l’être intérieur change, tout
le reste change aussi. Mais ceci ne peut se réaliser que par Dieu,
et non par l’homme.

Jésus-Christ a enseigné qu’un changement complet devrait


s’opérer en chacun de nous, et que ce changement doit com-
mencer dans notre être intérieur. Pierre et les apôtres ont ensei-
gné la même chose à la Pentecôte. Lorsque les gens lui demand-
èrent : « Que devons-nous faire ?  », il leur répondit : « Croyez,
repentez-vous et que chacun de vous se fasse baptiser au nom
de Jésus-Christ » (Actes 2.37-38). Et lorsqu’ils acceptèrent ces

2
paroles, le changement qui s’opéra en eux se manifesta dans les
domaines pratique et économique de leur vie. Ils déposèrent
tout ce qu’ils possédaient aux pieds des apôtres. Chacun
renonça volontairement à toute propriété privée, et pourtant,
par ce choix du partage total, nul ne fut dans le besoin.
Pour notre époque aussi, nous croyons en une nouvelle
société sur le même modèle, née de ce changement intérieur.
Si Dieu pénètre notre vie intérieure, le changement qu’il opère
en nous affectera toute notre vie extérieure. Si notre christian-
isme n’est qu’une religion du dimanche matin, il restera vide
et superficiel.

Que signifie «  être créé à l’image de Dieu  »  ? Lorsque Dieu


insuffla la vie dans le premier homme, il donna à chaque être
humain la possibilité de faire l’expérience de la richesse du
cœur de Dieu: l’amour, la joie, l’humour, la colère, la souf-
france, la pureté et l’unité. Parce que tout cela nous est fami-
lier, nous pouvons percevoir quelque chose du divin en nous-
mêmes — bien que d’une manière souvent très déformée.
La ressemblance avec Dieu est préservée de la manière la
plus pure dans les enfants. En tant qu’adultes, nous vivons
bien souvent une vie médiocre, qui reflète l’extrême petitesse
de nos âmes, nos pensées centrées sur nous-mêmes, sans rap-
port avec Dieu. Mais nous sommes créés pour bien plus grand
que cela. Je ne crois pas qu’aucun d’entre nous ait encore fait
l’expérience de la pleine richesse d’esprit, d’âme et de cœur
que Dieu nous accorde pour notre bonheur.
Et pourtant, en tant qu’enfants de Dieu, nous sommes
capables de faire l’expérience de toutes ces choses mieux
que toute autre créature. Et Dieu nous aime tant, qu’il nous a

3
envoyé son fils unique pour nous sauver. Dans la première let-
tre aux Corinthiens, Paul nous dit que l’église jugera les anges
(1 Corinthiens 6.3). Cela devrait nous donner une idée du sens
profond de notre vocation et de ce que signifie être créés à
l’image de Dieu.

Dieu créa le ciel, la terre, et toutes les constellations de l’univers.


Il créa aussi quelque chose d’autre, quelque chose de très mys-
térieux: l’esprit humain. Dieu créa cet esprit et le mit en nous
parce qu’il désire vivre en nous. La Bible nous dit que Dieu
«  n’habite pas dans les temples construits par les hommes »
(Actes 17.24)  — que nous devrions nous-mêmes être un tem-
ple pour Lui (1 Corinthiens 6.19).

Mon père avait coutume de dire que la stupidité était le plus


grand des péchés. Par là, il n’entendait pas la simplicité d’esprit,
mais la lourdeur spirituelle : avoir une conscience éteinte et ne
pas écouter Dieu dans son cœur.
Peu de gens, aujourd’hui, ont une idée des richesses du cœur
humain. Nos cœurs ont été créés pour faire l’expérience de
grandes choses. La plupart d’entre nous n’avons aucune idée de
ce qui pourrait se passer dans notre vie si nous surmontions
notre stupidité et l’engourdissement de notre esprit. Paul dit :
Je me mets à genoux devant Dieu... Je lui demande que, selon la
richesse de sa gloire, il vous donne d’être puissamment fortifiés
par son Esprit dans votre être intérieur, et que le Christ habite
dans vos cœurs par la foi. Je demande que vous soyez enracinés
et solidement établis dans l’amour et que, avec tous les mem-
bres du peuple de Dieu, vous soyez capables de comprendre
combien l’amour du Christ est large et long, haut et profond,
et de connaître cet amour qui surpasse toute connaissance —

4
de sorte que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu »
(Ephésiens 3.14-19).

Si nous pouvions saisir ce passage, nous comprendrions tout


l’évangile. Nous ne sommes pas remplis de la plénitude de
Dieu, et ce serait arrogant de croire que nous le sommes. Mais
la prière de l’apôtre Paul devrait nous éveiller et nous inspirer!

Dieu dit à Israël : « Prêtez l’oreille et venez jusqu’à moi. Ecoutez,


et votre âme vivra (Esaïe 55.3) ». Il est extrêmement important
de se tourner vers Dieu avec tout son être, et de croire qu’il
parlera. Tout repose sur la demande que nous lui faisons de
nous parler. Si, pendant longtemps, nous n’entendons rien de
Dieu, c’est peut-être qu’il y a quelque chose entre nous et le
ciel — peut-être manquons-nous d’amour envers notre frère,
ou sommes-nous en désaccord avec notre conjoint. Si c’est le
cas, notre attente sera vaine.
Naturellement, nous ne pouvons pas attendre de réponse de
la part de Dieu après cinq minutes seulement de silence. Pensez
au nombre de fois où Jésus lui-même a dû attendre ! Mais plus
notre vie appartiendra au Christ, plus profonde sera notre rela-
tion à lui, plus rapide sera aussi sa réponse et plus vite se servira-
t-il de nous pour accomplir ses desseins — car Il saura qu’ici,
quelqu’un est entièrement prêt à le servir.

Extrait d’une lettre : Maître Eckardt1 a souligné l’importance d’un


cœur qui écoute. Il voulait dire par là, un cœur qui n’écoute
que Dieu. Il affirmait que Dieu désire, par-dessus tout, un cœur
qui se tourne vers Lui dans le silence, un cœur qui se détache
de tout pour l’entendre parler. Ceci implique le détachement
1
Mystique allemand, 1260 – 1328

5
de Mammon, de l’impureté et de la Schadenfreude ou malice, du
mensonge, de la méfiance, et de la haine ; de l’esprit du monde,
et de tous les autres esprits qui Lui sont étrangers.

Quand les gens sont en bonne santé et qu’ils sont heureux, ou


qu’ils ont une base économique solide, ils deviennent souvent
tièdes. Ils remettront peut-être à Dieu ce qui en eux leur semble
affecter leur santé — ce qui leur cause de la détresse ou ce avec
quoi ils se débattent. Mais même si cela les pousse à prier, ils
gardent pour eux-mêmes leur être le plus profond.
Le fait que nous cherchons Dieu quand tout va mal nous
montre que, au plus profond de nous-mêmes, nous avons
faim et soif de lui. Nous devrions confier à Dieu toutes nos
craintes, nous devrions Lui confier notre maladie et notre
angoisse. Mais cela ne suffit pas. Il nous faut Lui offrir notre
être profond, notre cœur et notre âme. Si nous nous abais-
sons ainsi devant Dieu et que nous nous donnons entièrement
à Lui, si nous abandonnons à lui  tout ce que nous sommes,
toute notre personnalité, sans plus résister,  alors Dieu peut
nous aider  : d’abord Il nous réduit à la faillite, puis Il nous
comble de la vie véritable.

Extrait d’une lettre : Le plus important, pour vous, est de recon-


naître la grandeur souveraine de Dieu et de vivre pour Lui.
Essayez de lire la Bible, au moins deux ou trois chapitres
chaque jour. Ceci vous ouvrira les yeux sur la grandeur de
Jéhovah, le Seigneur de l’univers. Ainsi, vous verrez combien
la recherche du bonheur personnel est insignifiante.

Extrait d’une lettre  : Lorsque le diable vous incite à haïr votre


prochain, je vous conseille de trouver le calme intérieur. Vous

6
savez bien que, dans votre for intérieur, vous ne voulez pas
cette haine.
Je peux très bien comprendre votre souffrance. Essayez
quand même de devenir absolument calme intérieurement et
croyez que Dieu vous aime et qu’Il désire vous aider, même si
cette conviction est continuellement assaillie par le doute. De
cette manière, votre crainte sera surmontée petit à petit.
Si vous essayez de combattre vos émotions avec d’autres
émotions, vous n’en deviendrez que plus confus. Vous ne
pouvez rectifier vos émotions, mais vous pouvez avoir con-
fiance en Dieu. Il connaît le tréfonds de votre cœur, et Il vous
redressera. Ayez foi en Lui seul.

Extrait d’une lettre : Vous demandez comment trouver le calme


intérieur. Souvenez-vous des paroles de Jésus à propos de la
prière ; elles sont très importantes : « Lorsque tu veux prier,
va dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est là,
dans cet endroit secret. Et ton Père, qui voit dans le secret, te
récompensera » (Matthieu 6.6). Si vous vous détachez de vos
émotions, de l’agitation de votre vie et que vous recherchez
Dieu dans ce détachement de vous-même, vous trouverez la
paix du cœur.

Extrait d’une lettre : Les longues prières ne sont pas toujours effi-
caces. Même Jésus nous met en garde contre elles. En général,
elles sont plus païennes que chrétiennes.

Que votre vie de prière soit plus vivante! Mais ne la forcez


pas, qu’elle soit très libre. Lorsque la prière devient une force
vivante pour vous, le feu de l’Esprit s’embrasera et ceci vous
apportera la vie !

7
Extrait d’une lettre : Nous ne pouvons pas vivre sans une vie de
prière personnelle. Nous avons besoin de la prière autant que
d’eau à boire. Nous avons tous besoin de temps de silence
devant Dieu. Jésus nous dit spécifiquement de ne pas nous
donner en spectacle quand nous prions. Nous devons prier en
secret et ne pas en parler. La prière dans la solitude est absol-
ument nécessaire, et tout aussi importante que les prières en
commun de l’Eglise rassemblée.

Nous avons tendance à prier uniquement pour ce que nous


désirons pour nous-mêmes, et nous ne nous préoccupons
que peu de ce que Dieu, à un moment donné, désire de nous. Il
m’arrive de penser que Dieu répondrait plus vite à nos prières
si celles-ci étaient dirigées davantage à faire sa volonté, et si
notre cœur, conduit par l’Esprit Saint, Lui demandait plutôt ce
qu’Il désire. Je pourrais l’exprimer ainsi : Dieu a besoin de nous
chaque jour. Il a besoin de personnes qui réalisent Sa volonté.
Ainsi, nous ne devrions pas prier pour ce que nous voulons
pour nous-mêmes, mais nous devrions plutôt demander à
Dieu la force d’accomplir ce qu’Il désire de nous.

Dieu a besoin de personnes qui Lui demandent que Sa volonté


soit faite. Si personne ne s’y intéresse, Il doit laisser son travail
sur la terre inachevé. Mais s’il y a des gens qui tendent les mains
vers Lui, désirant sa volonté et cherchant à l’accomplir, alors
Il peut faire quelque chose dans ce monde. C’est une erreur de
penser que tout vient tout seul, que rien n’est attendu de nous.
Jésus nous a enseigné à prier pour que sa volonté soit faite sur
la terre comme au ciel. (Matthieu 6.10).
Il nous faut aussi prier pour que la volonté de Dieu soit faite
dans notre vie personnelle. Parce que le Malin essaye toujours

8
de nous conduire sur le mauvais chemin, il nous faut nous
tourner vers Dieu chaque jour et lui demander de renouveler
notre cœur. Mais nous ne devrions pas prier uniquement pour
nous-mêmes. Nous devrions prier pour le monde entier —
pour toute l’humanité et pour toutes les nations.

Extrait d’une lettre : Il existe une prière qui n’est pas bonne — la
prière opiniâtre. Mais si l’objet de notre prière est en accord
avec la volonté de Jésus, cette prière est juste. Du moment
qu’il n’y a pas ni obstination ni suffisance dans notre prière,
elle n’est pas mauvaise.

Il est tout à fait étranger aux voies de Jésus de faire des prières
égoïstes en son nom, comme par exemple désirer une carrière
couronnée de succès ou mille dollars. Lorsque Jésus nous dit :
« Je ferai tout ce que vous demanderez en mon nom » (Jean
14.13-14), il veut dire :  tout ce qui glorifie le Père et le Fils.

Dans notre vie de prière, il nous faut écouter l’Esprit de Dieu.


Ce que Dieu veut nous dire est plus important que ce que
nous-mêmes désirons Lui dire. C’est pour cela que le silence
en commun, partagé dans la certitude que Dieu désire par-
ler au cœur de chacun, sera toujours riche de sens pour nous.

Nous devrions toujours croire que nos prières obtiendront


une réponse, même si ce n’est pas immédiat. Daniel pria Dieu
avec ferveur pendant des journées entières pour le pardon de
ses péchés et des péchés d’Israël. Cependant, il ne reçut aucune
réponse pendant trois semaines. Puis un ange lui apparut dans
une vision et dit :

9
N’aie pas peur, Daniel ! Dès le premier jour où tu as mani-
festé ton humble soumission envers ton Dieu, en ayant à
cœur de comprendre ce qui se passait, ta prière a été enten-
due et c’est en réponse à tes paroles que je viens. Mais l’ange
du Royaume de Perse s’est opposé à moi pendant vingt et
un jours, jusqu’au moment où Michel, l’un des principaux
anges, est venu à mon aide (Dan 10.12-13).

Ainsi, les prières de Daniel avaient été entendues dès le début,


mais des puissances obscures avaient entravé la réponse de
l’ange à Daniel.
Aujourd’hui, malgré la victoire de la Croix, il y a encore des
puissances maléfiques à l’œuvre. Comme pour Daniel, nos
prières ne peuvent pas toujours recevoir de réponse tout de
suite. Mais Dieu les entend, et nous devons croire cela très
fermement.

Extrait d’une lettre : Donnez tout à Jésus. Plus vous lui donnerez
tout, plus son esprit vous remplira. Même les chrétiens les
plus sincères traversent des périodes de sécheresse intérieure,
par lesquelles Dieu les met à l’épreuve. Mais ensuite, Dieu les
inonde de Son grand amour. Ainsi, ne désespérez pas lorsque
vous ressentez une sécheresse intérieure.

10
Le repentir
L’évangile commence par un appel au repentir. Se repentir
signifie que tout doit être renouvelé et changé. Ce qui était en
haut doit descendre, et ce qui était en bas doit monter. Tout
doit être vu comme Dieu le voit, tout notre être doit être
renouvelé. Penser par nous-mêmes doit être abandonné com-
plètement. C’est Dieu qui doit devenir le centre de notre pen-
sée et de nos émotions.

Jésus-Christ est venu pour sauver l’humanité, mais il a


d’abord appelé au repentir et à le suivre. Beaucoup de chré-
tiens sont attirés par sa promesse de salut mais ils ne veulent
pas se repentir totalement. Il est tragique de voir que les pires
ennemis de Jésus sont, bien souvent, les croyants eux-mêmes
et non pas les incroyants. Même pendant sa vie sur terre, ceux
qui haïssaient le plus Jésus n’étaient pas les soldats qui l’ont
crucifié, mais les très pieux pharisiens et les scribes. Ils haïs-
saient son message de repentance.

Lorsque Jean-Baptiste apparut dans le désert de Judée, il appela


les hommes au repentir — à changer leur cœur et leur esprit.
Il n’a certainement pas flatté ceux qui venaient à lui. Il leur a

11
dit clairement combien ils étaient loin de Dieu (Matthieu 3.7-
8). Jean-Baptiste ne fut pas le seul à parler du repentir. Jésus le
fit lui-même, depuis son premier enseignement dans la Bible
jusqu’au dernier.

Les gens n’aiment pas l’appel de Jean-Baptiste  : « Repentez-


vous, car le Royaume des cieux est proche! », parce qu’ils ne
comprennent pas ce que se repentir signifie. Se repentir ne
veut pas dire se tourmenter, ni être jugé par les autres. Se
repentir signifie se détourner de la corruption et du mam-
monisme de l’humanité déchue, et laisser son cœur être tou-
ché par l’atmosphère du Royaume de Dieu. Quiconque a vécu
le vrai repentir sait qu’il fait fondre notre cœur comme de la
cire, et combien il nous secoue en ouvrant nos yeux sur notre
péché. Mais ceci ne devrait pas être le cœur de cette expé-
rience. C’est Dieu qui doit être au centre d’un cœur repent-
ant — Dieu, révélé sur la croix comme étant amour et qui,
seul, peut apporter la réconciliation.

Extrait d’une lettre  : Nous devons tous passer par des périodes
difficiles et douloureuses de repentance. Je vous supplie de
les accepter non pas comme une pénitence, mais comme une
grâce ; et je vous implore de ne pas vous tourmenter, mais de
comprendre que Jésus-Christ désire vous libérer.

Extrait d’une lettre : Savez-vous ce que se repentir signifie vrai-


ment ? Quand une personne se repent, elle change d’une
telle manière que tous ceux qui la rencontrent perçoivent
son changement intérieur. Dans Un conte de Noël, de Charles
Dickens, il fut évident pour tous ceux qui rencontrèrent
le vieux Mr. Scrooge le jour de Noël, qu’il était devenu un

12
homme très différent de ce qu’il était la veille au soir. Je vous
souhaite un tel repentir.

Si nous avons confiance en Jésus et dans le pouvoir de sa mort,


nous trouverons le pardon, quelque soit notre péché présent
ou passé. Mais nous ne devons pas jouer avec sa bonté. Il
jugera chaque péché, chaque compromis que nous faisons
avec le diable. Par exemple, il nous met si fortement en garde
contre l’immoralité qu’il nous dit que nous ne devrions même
pas regarder une femme avec concupiscence. Acceptons le
caractère tranchant de ses mises en garde.

Il y a des moments dans la vie de chacun où Dieu se fait très


proche. De même, il y a de semblables moments ou périodes
privilégiés avec Dieu pour chaque église. Selon le livre de
l’Apocalypse, Jésus, du ciel, a parlé par Jean aux sept églises,
disant à chacune ce qu’elle devait reconnaître et pourquoi elle
devait se repentir, tout en l’encourageant. Ce fut, assurément,
un grand moment de Dieu pour ces églises.
Dieu est infiniment bon. S’il s’est approché d’une personne
une fois, il peut revenir une seconde, une troisième, une quat-
rième et même une cinquième fois, mais il peut aussi ne pas
revenir. L’écouter ou non dépend uniquement de nous-mêmes.

Quel que soit le contrôle que nous ayons sur nous-mêmes et


quel que soit notre tromperie ou notre mensonge, Dieu voit
jusqu’au tréfonds de notre cœur. Nous placer dans Sa lumière
est le seul acte par lequel nous pouvons être renouvelés. Tout
est possible si nous nous mettons librement dans la lumière
de Dieu. Mais si nous refusons de le faire, tout dans notre vie
sera en danger.

13
Lorsque quelqu’un se repent vraiment, c’est une des plus
merveilleuses choses qui puissent se produire. Dieu est tell-
ement proche d’une âme repentante  ! Le cœur de pierre se
transforme alors en un cœur de chair, et toutes les émotions,
les pensées et les sentiments changent. Le regard qu’une per-
sonne porte sur le monde change totalement quand le don du
repentir lui est accordé.
Il nous faut recevoir une nouvelle vie, il nous faut changer.
Mais c’est Dieu qui doit nous changer. Et il peut nous changer
d’une toute autre manière que celle que nous aurions pu
désirer ou imaginer. Nos propres idéaux — nos propres pro-
jets de développement intérieur ou de changement person-
nel — tout cela doit cesser d’exister. Toute attitude hautaine
doit être abandonnée, tout effort humain pour obtenir quoi
que ce soit doit être sacrifié. Pour être prêts pour le nouvel ave-
nir de Dieu, nous devons être transformés par lui.
Extrait d’une lettre : Je suis convaincu que Jésus peut vous accorder
un cœur complètement pur et une paix parfaite. Au début, plus
vous vous rapprocherez de lui, plus vous vous sentirez jugé par
votre péché. Mais à la fin, vous connaîtrez une joie et une paix
profondes. Votre recherche de Dieu ne doit pas faire de votre
vie un tourment. Il voit que vous le cherchez avec un cœur sin-
cère. Je vous souhaite courage et espérance.
Extrait d’une lettre : Le remords ouvre le cœur à Dieu. L’expérience
elle-même est très douloureuse, mais plus tard, vous vous en
souviendrez avec reconnaissance comme d’une lumière dans
votre passé. Le repentir ne signifie pas que vous devez vous
attarder dans votre péché, mais que votre cœur doit s’adoucir
envers Dieu et ceux qui vous entourent.

14
Extrait d’une lettre  : Je voudrais tellement que vous trouviez le
vrai repentir, car pour vous, il est le seul espoir dans votre
lutte contre l’amertume. Il n’existe pas de cœur si dur que
Dieu ne puisse toucher ni adoucir. Je sais ceci parce qu’il n’y a
personne parmi nous qui n’ait pas, à un moment ou un autre,
endurci son cœur envers Dieu. Si seulement vous pouviez
éprouver son désir et son amour ardent pour vous et pour
chacun d’entre nous ! Vous accepteriez alors que tout ce qui
vous sépare de ce grand amour vous soit arraché, aussi dou-
loureux que cela puisse être.
L’amour de Dieu est semblable à l’eau : il recherche l’endroit
le plus bas. Et pourtant, nous ne pouvons pas devenir vraiment
petits et humbles par nos propres forces. Nous ne pouvons
nous voir tel que nous sommes — « ordure du monde et rebut
de l’humanité » (1 Corinthiens 4.13)  — que dans la lumière de
la toute puissance, de l’amour, de la pureté et de la vérité de
Dieu.

Une fois que nous avons vu les ténèbres du péché et l’horreur


de la séparation d’avec Dieu, nous pouvons alors percevoir
quelque chose de ce que Jésus veut dire par le repentir. Le
repentir signifie pourtant plus que la reconnaissance de notre
péché. Le repentir signifie se tourner vers le Royaume de Dieu.
Cela signifie aussi être prêt à parcourir le monde pour défaire
tout le mal que nous avons causé, tout en sachant bien que
nous ne pouvons pas défaire quoi que ce soit. Finalement, cela
signifie de nous abandonner totalement à Dieu, qui pardonne
et libère du péché.

Extrait d’une lettre : Je suis reconnaissant que vous voyiez claire-


ment votre péché, mais je vous conjure de cesser de penser

15
à vous-même, à votre passé et à votre dépression. Vous n’en
serez qu’encore plus déprimé. Ce n’est pas cela, le repentir.
Imaginez votre être intérieur comme un étang limpide, reflé-
tant le soleil, les étoiles et la lune. Si vous remuez la boue au
fond de l’étang, tout deviendra troublé et brouillé, et plus vous
le remuez, plus il sera troublé. Devenez calme et tenez ferme
face au diable. Alors l’eau deviendra limpide à nouveau, et
vous y verrez reflété l’amour du Christ pour vous et pour le
monde entier.

16
La conversion
Dans le troisième chapitre de l’évangile de Jean, nous lisons
que nous devons naître à nouveau de l’eau et de l’Esprit-
Saint. Ceci ne peut être compris dans le sens humain, comme
Nicodème a essayé de le faire. La nouvelle naissance est un
secret, un mystère, un miracle. Mais si nous croyons que Jésus
a été envoyé par Dieu le Père et si nous croyons au pouvoir de
l’Esprit-Saint, Il peut nous faire renaître. Ceci dépend entière-
ment de la foi (Jean 3).

La décision de suivre Jésus ne peut être une décision pour un


an ou deux seulement. Ce doit être une décision pour toujo-
urs. Jésus nous dit : « Celui qui se met à labourer puis regarde
en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu » (Luc 9.62).
Mais si nous lui restons fidèles, Il nous rendra purs et Il nous
accordera l’unité avec Dieu, l’unité entre nous, et Il nous don-
nera la vie éternelle.

Tous ceux qui veulent suivre Jésus ne doivent pas seulement


lui ouvrir leur cœur et dire : « Viens dans mon cœur et puri-
fie-moi ». Ils doivent aussi être prêts à dire : « Je veux faire tout
ce que tu me diras de faire ». Jésus dit  : « Venez à moi, vous

17
tous qui peinez sous le poids d’un lourd fardeau (Matthieu
11.28). Si vous voulez venir à lui — le laisser entrer dans votre
cœur — alors vous devez aussi accepter de le laisser vous
diriger et abandonner votre volonté propre.

L’état de disciple exige l’abandon de tout, y compris tout ce


que nous considérons comme positif en nous-mêmes. De
même que Paul a bien voulu abandonner la loi juive, nous
devons abandonner la bonne image que nous avons de nous-
mêmes, notre rectitude, notre gentillesse, et les considérer
comme néant par amour pour Jésus-Christ.

Le radicalisme de la voie de Jésus doit être un défi pour nous.


Jésus ne désire pas gagner de grands nombres, mais des cœurs
dévoués. Il ne promet pas la sécurité — économique ou
autre. Il cherche tous ceux qui veulent se donner sans réserve
à Dieu et à leurs frères, sans chercher quoi que ce soit pour
eux-mêmes.

La décision de suivre le Christ doit être une décision essen-


tiellement personnelle. Mais cela ne peut jamais vouloir dire,
comme quelqu’un me le disait : « Il ne reste plus que Jésus et
moi-même. » L’état de disciple doit toujours être en relation
avec ses frères et sœurs. C’est pour cela que Jésus rassemble les
deux commandements, « Aime le Seigneur ton Dieu de tout
ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit », et « Aime
ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22.37-39). Nous
ne pouvons pas séparer ces deux commandements. Il est vrai
qu’une expérience spirituelle et personnelle doit avoir lieu au
plus profond de notre être, mais elle ne peut être une expéri-
ence solitaire ou égoïste.

18
Ce qui fait l’essentiel de la foi doit devenir plus clair pour
nous. Si nous acceptons les enseignements de la Bible sans
toutefois rencontrer Jésus lui-même, cela ne nous servira à
rien. De même, si nous avons des convictions sans avoir fait
l’expérience et ressenti profondément la personnalité, l’être et
la nature de Jésus, cela ne nous aidera pas. Chacun doit être
confronté personnellement avec Jésus lui-même.

Si nous pouvons réaliser en notre cœur que Jésus est mort


pour nous, cela nous changera complètement  : ce sera une
véritable révolution. Par la destruction de notre moi pécheur,
nous serons renouvelés et nous ne serons plus esclave du
péché.

Être prêt à souffrir avec le Christ, le Christ souffrant, fait par-


tie de l’expérience d’une véritable conversion. Je ne crois pas
qu’une vraie conversion soit possible sans cela.

Être disciple signifie une consécration complète. Tout est


exigé : notre cœur, notre esprit et notre existence tout entiers,
y-compris notre temps, notre énergie et nos biens — tout cela
pour la cause de l’amour. Un christianisme tiède est pire que
pas de christianisme du tout.

Jésus dit : « On reconnaît un arbre à ses fruits  » (Matthieu 12.33).


Ceci veut dire que c’est par les fruits de la vie d’une personne
que l’on saura si elle est hypocrite ou non. « Ce ne sont pas ceux
qui disent «Seigneur, Seigneur» qui entreront dans le Royaume
des cieux, mais ceux qui font la volonté de mon père qui est
dans les cieux » (Matthieu 7.21). Faire ce que Dieu veut signifie
manifester les fruits du repentir. De même, Jésus dit : « Je suis le

19
vrai cep, et mon Père est le vigneron.  Tout sarment qui est en
moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche; et tout sarment
qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il porte encore plus de
fruit.  » (Jean 15.1-2).
Nous voyons ici qu’il est impossible d’être simplement con-
verti, baptisé et « sauvé », puis vivre ensuite sa vie sans tenta-
tions. Si nous voulons porter de bons fruits, il nous faut sans
cesse nous repentir et être purifiés.
Un sarment ne peut de lui-même porter du fruit s’il ne
demeure attaché au cep (Jean 15.4). De même, nul d’entre nous
ne peut porter de fruit sans avoir une relation personnelle
avec Jésus. Sans une telle relation, nous mourrons intérieure-
ment et nous ne porterons pas de fruit. Et si nous ne portons
pas de fruit, nous serons coupés de la vigne, jetés dans le feu et
brûlés. C’est là le grand défi : rester unis à la vigne, rester unis
à Jésus.

20
La foi
Q ui est Dieu, et comment pouvons-nous le trouver ? Une
réponse à cette question est, qu’au plus profond du cœur de
chacun, quelque chose de la lumière de Dieu est déjà présent.
Parfois, nous ressentons ceci uniquement comme un désir
ardent pour le bien, la justice, la pureté ou la fidélité. Mais si
un tel désir se transforme en foi, nous trouverons Dieu.
Les premiers chrétiens disaient que si l’on cherche Dieu on
le trouve, car il est présent partout. Il n’y a pas de limite qui ne
puisse être franchie ni d’obstacle qui ne puisse être surmonté
pour trouver Dieu. Pensez à Nicodème qui d’abord, ne pou-
vait croire qu’il pouvait changer à son âge. Même lui trouva
la foi. Nous ne pouvons pas nous justifier de ne pas trouver la
foi. Si nous frappons à la porte, elle s’ouvrira.

Dieu vient dans le cœur de chaque personne qui croit qu’Il


viendra, dans tout cœur qui le cherche. Mais c’est à nous de le
chercher et d’attendre qu’Il vienne à nous. Si nous vivons notre
vie dans l’engourdissement, il ne se passera rien. Il nous faut
d’abord chercher — c’est alors seulement que nous trouverons.

C’est un miracle de la foi quand quelqu’un trouve Jésus et le


reconnaît comme étant le Christ. C’est ce que nous voyons
21
dans l’évangile de Jean 4.42, quand les Samaritains répond-
ent à la femme qui avait rencontré Jésus au puits : « Ce n’est
plus sur tes dires que nous croyons  ; nous l’avons entendu
nous-mêmes, et nous savons qu’Il est vraiment le Sauveur
du monde. » Si seulement cette foi pouvait être vivante, ici
et maintenant, dans notre église-communauté et parmi les
nombreuses personnes qui ont soif de quelque chose de
nouveau!
Pour les Samaritains, Jésus n’était qu’un homme ordinaire,
connaissant la faim, la soif et la fatigue. Aucune personne
ordinaire n’aurait pu percevoir la plus petite trace de son iden-
tité. A qui pourrait-on reprocher de ne pas l’avoir reconnu
immédiatement  ? Si nous rencontrions un parfait étranger,
nous ne pourrions pas reconnaître immédiatement en lui le
Sauveur du monde.
L’apparence de Jésus était tout sauf celle d’un Sauveur.
C’était un homme humble. Il grandit dans une petite ville, il
entra en conflit avec les chefs religieux et il souffrit une mort
infâme. C’est pourquoi c’est un miracle lorsque quelqu’un
vient à croire en lui. Lorsque nous pouvons dire, comme les
Samaritains : « Voici le Christ, le Sauveur du monde », c’est que
notre cœur a été ouvert et rempli de lumière (Jean 4.42).

Extrait d’une lettre: On dirait qu’un nouveau brin d’herbe ver-


doyant de foi vivante commence à grandir dans votre cœur.
Protégez-le et ne cédez pas à la chair, à votre ego, ou à n’importe
quelle forme de péché. Prouvez, à vous-même et à ceux aut-
our de vous, que ceci est un nouveau chapitre de votre vie.

La foi et une conscience paisible sont étroitement entrelacées.


Si nous n’écoutons pas notre conscience, notre foi fera

22
naufrage. Et si nous perdons la foi, nous perdons la possi-
bilité d’avoir une conscience vivante et pure. C’est pourquoi
l’apôtre nous dit que la conscience de ceux qui ne croient pas
est souillée (Tite 1.15). Cela ne pourrait être autrement, car
sans la foi, la conscience ne peut se raccrocher à rien.

J’ai rencontré un jour des gens qui critiquaient le fait que nous
accordons trop d’honneur à Jésus. Nous étions en train de
parler d’une parole de Jésus quand l’un d’eux me demanda :
« Croyez-vous ceci parce que Jésus l’a dit, ou parce que c’est
la vérité ? » J’ai répondu que je croyais pour les deux raisons :
parce que Jésus l’avait dit et parce que c’était la vérité. J’ai tou-
jours eu l’impression que j’aurais dû alors en dire plus. J’aurais
dû être prêt à passer pour un idiot et dire : « Même si je ne le
comprenais pas, je le croirais quand même parce que Jésus l’a
dit. » Ces personnes étaient horrifiées que l’on puisse avoir en
Jésus une foi d’enfant.

Celui qui n’est pas perturbé par le scandale des souffrances du


Christ et son humiliation totale, ignore ce que signifie croire
en lui.

La Bible nous dit : « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son
Fils unique... Dieu n’a pas envoyé son Fils pour condamner le
monde, mais pour le sauver » (Jean 3.16-17). Mais la Bible nous
dit aussi que le monde sera jugé à cause de son manque de foi.
Nous devons être bouleversés par le sens des paroles : « Dieu
a tant aimé le monde … » — nous verrons alors combien il
est terrible de ne pas croire en lui. Nous devons demander
à Dieu de nous éveiller à une foi et à une croyance plus pro-
fondes — une foi qui fait face à tous les problèmes personnels,

23
tous les problèmes de la vie communautaire et, finalement, les
problèmes du monde entier.

Extrait d’une lettre: Pierre dit à Jésus qu’il était prêt à mourir
pour lui et pourtant, il le renia trois fois. Personne d’entre
nous ne peut dire qu’il aura la force de tenir. Cela n’est possi-
ble qu’avec la force de Dieu. Lui seul peut nous donner cette
force.

Lorsque nous nous sentons seuls et peu sûrs de nous-mêmes,


c’est souvent parce que nous ne croyons pas assez fermement
que Dieu nous comprend parfaitement. L’apôtre Paul écrit
que si nous aimons pleinement, nous connaîtrons pleinement
comme Dieu nous connaît (Corinthiens 13.12). Les paroles de
Jean sont aussi très importantes  :  Dieu nous a aimé le pre-
mier, bien avant que nous soyons capables de l’aimer. Voilà
ce qui doit pénétrer dans nos cœurs, et ce à quoi nous devons
nous accrocher : l’amour du Cœur immense, qui nous com-
prend parfaitement (1 Jean 4.19).

Nous vivons à une époque de grande agitation dans le monde


entier, et nous pouvons nous attendre à des événements plus
choquants encore que tout ce que nous avons vu jusqu’à
présent. Il n’y a qu’un espoir, une seule chose à quoi se rac-
crocher en toutes circonstances : Jésus et son Royaume. Dans
la vie ou dans la mort, dans la joie ou dans le jugement, Jésus
demeure notre unique Sauveur.
Paul nous met en garde  : des enseignements faux et dan-
gereux sont répandus, même parmi les soi-disant chrétiens
(Colossiens 2.4-23). Restons donc simples et comme des

24
enfants dans notre foi dans le fils de Dieu et le fils de l’homme,
et bâtissons notre vie d’amour fraternel sur le roc de cette foi.

Pourquoi tant de personnes aujourd’hui ne peuvent-elles


trouver la foi ? Je pense qu’il y a plusieurs raisons. Il y a ceux
qui sont satisfaits de ce qui se passe. Ils sont fiers de vivre à
une époque de grande culture et de grande civilisation, mais
ils sont aveugles à la souffrance de l’humanité et de toute la
création. Ils ont perdu Dieu de vue.
D’autres désespèrent. Ils reconnaissent l’injustice de
Mammon et souffrent avec les opprimés. Mais dans leur com-
passion, ils oublient la culpabilité de l’homme — culpabilité
que nous devons tous porter. Et même s’ils voient cette cul-
pabilité, ils ne voient que celle d’une certaine classe sociale
ou d’une certaine nation, et non celle de tous les hommes.
Ceux-là voient la création, mais pas le Créateur. Eux aussi ont
perdu Dieu de vue.
D’autres encore voient le péché, la culpabilité et la faiblesse
humaine, mais ils n’ont pas de cœur, pas de patience envers
les opprimés et ne souffrent pas avec eux. Parce qu’ils ont
perdu Dieu de vue, ils n’entendent pas le cri venant de la créa-
tion tout entière. Ils n’ont pas de foi véritable, ou bien ils ont
trouvé une certaine foi, mais uniquement pour leur âme pro-
pre et non pas pour l’humanité souffrante.
Nous ne pouvons trouver la foi que si nous trouvons
d’abord Dieu. Quand nous aurons trouvé Dieu, nous com-
mencerons à percevoir la misère de l’homme du point de
vue de Dieu, et nous croirons qu’il peut vaincre cette misère.
Les hommes doivent reconnaître que Dieu aime le monde,
même à notre époque. Dans les ténèbres de notre soi-disant

25
civilisation actuelle, les hommes ont besoin d’entendre que
Dieu les aime encore, et qu’Il aime sa création. Le message de
la foi est un message d’amour.

LE DOUTE
Extrait d’une lettre  : Vous ne pourrez jamais prouver, même à
vous-même, que Jésus existe. La foi doit être une expérience
intérieure. Tant que vous essaierez de prouver votre foi intel-
lectuellement, vos efforts vous empêcheront de vivre cette
expérience. Je ne peux prouver l’existence de Jésus — je n’ai
rien d’autre que ma foi vivante. Thomas doutait de la résurrec-
tion de Jésus, et il dit : « Si je ne mets ma main dans son côté, je
ne croirai pas. » Puis il vit Jésus, et il crut. Mais Jésus dit alors :
« Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » (Jean 20.25-29)

Douter de l’amour de Dieu et de sa proximité conduit à la


mort pour celui qui lui a déjà consacré sa vie. Il est bon de
reconnaître le mal en nous-mêmes. Mais jamais nous ne
devrions douter de la grande miséricorde de Dieu, même
dans le jugement. Le doute mène à des tourments qui donnent
l’impression de vivre en enfer. Nous devons être conduits à un
approfondissement toujours renouvelé de notre foi.

Quiconque croit que ses péchés sont trop graves, quiconque


doute que Jésus puisse l’aider, se lie avec le diable. Il doute de
la victoire de la Croix et empêche le Saint-Esprit d’entrer dans
son cœur. Ce doute doit être rejeté. Après tout, l’évangile ne
nous dit-il pas que Jésus porte le péché du monde entier, et :
« cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira »
(Matthieu 7.7) ? Christ, le Vivant, est mort sur la croix pour

26
réconcilier toutes choses en Dieu. Cette réconciliation dépasse
notre entendement humain, mais nous savons qu’elle est pos-
sible pour chacun d’entre nous, et que nous sommes appelés
à nous repentir et à trouver la réconciliation.

Extrait d’une lettre: La seule réponse à votre tourment intérieur,


c’est la foi en Dieu. Ceci peut vous paraître théorique, mais la
foi est vraiment la seule brèche par laquelle la lumière peut
inonder votre vie. Pensez au Sermon sur la Montagne, quand
Jésus enseigne à ses disciples comment prier  : il dit que si
vous vous retirez dans votre chambre et priez dans le secret,
Dieu, qui voit dans le secret, vous récompensera. Faites ceci,
et croyez que Dieu vous entend. Alors, il vous sera possible de
trouver la grâce de Dieu, et vous la trouverez. La rédemption
existe grâce à la foi.

Extrait d’une lettre: Jésus nous met en garde contre l’inquiétude


qui, en fin de compte, est un manque de confiance dans le
Père (Luc 12.22-26). Libérez-vous de votre inquiétude et de
vos soucis (Jean 14.1). Tranquillisez votre cœur et ayez sim-
plement confiance en Dieu et en Jésus.
Vous écrivez que ce sont toujours les petites choses qui vous
font douter. Ne permettez pas cela. Dieu veut nous montrer
de grandes choses. Il est présent depuis le début et, avec lui,
la Parole — le Christ. Tout a été créé par lui. Pensez à la mag-
nifique création de Dieu dans son ensemble et dans l’éternité
de Dieu.

Je désire encourager tous ceux qui se sentent découragés en


raison de leurs vains efforts à suivre le Christ. De nous-mêmes,
nous ne le pouvons pas, nous en sommes tous également

27
incapables. Mais c’est parce que nous ne nous donnons pas
totalement au Christ. Il ne peut nous aider que si nous nous
vidons tout à fait, si nous lui abandonnons tout. Tant que
nous agirons avec notre propre vanité, nous échouerons.
Dieu nous montre sans cesse combien nous lui faisons terri-
blement obstacle, en tant qu’individus ou comme église. Etre
disciple ne dépend pas de nos propres efforts. Il s’agit de faire
en nous la place pour que Dieu puisse vivre en nous.

28
Le dogmatisme
Extrait d’une lettre : Puisse Dieu nous donner de grands cœurs.
Puissions-nous avoir foi dans ce qu’il fait en chacun, sans qu’il
y ait de place pour aucune confusion intérieure. Puisse-t-il
nous donner une foi pure comme du cristal qui inclut l’amour
de tous, sans que s’y mêle aucune obscurité, une foi qui par-
donne et comprend tout, sans pour autant trahir ne serait-ce
qu’une infime parcelle de vérité.
Il nous faut saisir le Christ tout entier — la clarté de ses
commandements et son acte d’amour sur la croix. L’amour
du Christ pour tous les hommes, c’est l’amour de l’Agneau
qui porte le péché du monde. Jésus cependant nous dit que
la damnation éternelle est nécessaire pour le règne futur de
Dieu, règne d’amour, d’unité et de justice (Jean 5.29). Changer
ou affaiblir ceci serait dénaturer son message.

Extrait d’une lettre: Vous affirmez que croire ceci ou cela est
du dogmatisme. Mais cette façon de penser est pure théolo-
gie. Ce sont les églises qui sont coupables — elles ont donné
à des millions de personnes l’impression que certaines croy-
ances n’étaient autre chose que des  dogmes, alors que ce sont

29
ces églises elles-mêmes qui ont transformé ces croyances en
dogmes.
Nous sommes libres de tout doute à l’égard des miracles
de Dieu. Nous nous sentons entièrement libres de croire
au miracle de la naissance de Jésus et à la venue de Dieu en
Jésus. Et cependant, jamais nous ne voudrions imposer ceci
à la conscience d’autrui, et nous refusons toute discussion
théologique à ce sujet. Nous ne doutons pas que Jésus de
Nazareth soit venu directement de Dieu, qu’il ne faisait et ne
fait qu’un avec Dieu, mais nous ne voulons pas débattre de
cela sur un plan dogmatique. Nous rejetons tout dogmatisme,
parce que le dogmatisme tue. Nous espérons et nous croyons
en l’Esprit-Saint.
La naissance du Christ a lieu continuellement. Là où deux
ou trois personnes sont rassemblées en son nom, là où il est
accepté avec la même foi que celle de Marie, là aussi naît le
Christ vivant. Si nous croyons en l’Esprit-Saint, le Verbe
deviendra chair dans nos cœurs et il se manifestera comme
Fils de Dieu.
Cette incarnation dans la chair est une réalité. Mais c’est parce
que vous ne pouvez pas croire qu’il vous est possible de faire par-
tie d’une église où des conditions injustes restent inchangées.
Vous êtes contre l’injustice sociale, cependant vous continuez à
participer à une église où l’amour de Dieu ne devient pas chair
et où le monde matériel est séparé de l’expérience spirituelle. Il
y a là une profonde séparation entre la foi et l’expérience. Vous
qualifiez nos croyances de dogmes. En réalité, toute vie spiritu-
elle qui ne change pas notre existence à la fois dans notre chair
et dans le domaine économique est dogmatique et dangereuse
pour l’être intérieur.

30
Nous devons devenir « étroits », dans le bon sens du terme,
« étroits » dans le sens où nous ne vivons que pour le Christ. Je
ne veux pas du tout dire par là que nos vies doivent manifester
plus de religiosité. Personne n’a le cœur aussi ouvert que le
Christ crucifié, dont les bras grands ouverts sont tendus vers
tous les hommes. Il s’agit d’une décision du cœur, du choix de
vivre uniquement pour le Christ. Si nous avons cette attitude
décisive, nous aurons des cœurs généreux, mais pas dans le
sens du monde comme une tolérance qui accepterait tout et
n’importe quoi.

Extrait d’une lettre : L’essentiel, c’est que nous sommes unis dans
tout ce que nous jugeons précieux — l’amour, l’ouverture et
le partage — dans notre lutte contre la coercition, dans notre
combat contre l’égoïsme, dans la compréhension de nos
enfants, dans notre recherche pour nous libérer de la pro-
priété privée et ainsi de suite. C’est pour tout cela que nous
vivons ensemble. Nous voulons suivre Jésus, et personne
d’autre. Nous voulons que le Royaume de Dieu vienne sur la
terre.
Vous désirez une vie libérée des péchés de la société. Jésus lui-
même, pourtant, n’était pas libre de la « culpabilité » de l’usage
injuste de l’argent (Matthieu 17.27). Il y a une différence entre
la culpabilité personnelle et la culpabilité collective de la cré-
ation déchue. Nous ne pouvons nous séparer de la culpabilité
collective. Il nous faudrait pour cela vivre seul, sur un bout de
terre isolé, et nous perdrions tout contact avec notre prochain.
Il vaut mieux avoir une relation d’affaires avec quelqu’un que de
n’avoir pas de contact du tout.
Dans quel sens entendez-vous  : « Pourquoi ne pouvons-
nous travailler à reconquérir la terre et à aider à la remettre

31
sous le pouvoir de Dieu, au lieu de participer à l’action
destructrice du monde ?  » Comment pourrions-nous faire ce
que vous suggérez si ce n’est en nous coupant complètement
du monde ? Essayez. Faites ce que vous voulez faire. Vous vous
retrouverez avec beaucoup de principes, mais dans la plus
totale solitude et sans amour.

Extrait d’une lettre: Les principes en eux-mêmes ne conduisent


pas au manque d’amour, mais, d’après mon expérience, ils
conduisent souvent au désastre. J’ai connu quelqu’un qui ne
voulait se servir ni d’argent, ni de la poste ni d’un passeport,
et qui fut mis en prison plus d’une fois parce qu’il ne payait
pas ses impôts. Il tenait bon dans ses principes mais il finit par
perdre sa foi en Jésus, puis finalement, il perdit aussi tous ses
principes.

Extrait d’une lettre: Où est Dieu dans votre peur d’employer des
manifestations extérieures de religiosité ? En Lui, tout fut créé;
et sans Lui, rien ne fut. C’est Lui qui donne forme à tout ce que
nous voyons de beau sur la terre. Votre désir de vous passer
de toutes les formes est antichrétien. Jésus lui-même ne s’est-il
pas laissé baptiser, et n’a-t-il pas instauré le Repas du Seigneur
ou Repas du Souvenir ?
Le christianisme formel est horrifiant. Mais vous allez trop
loin avec vos peurs. Le mariage aussi est une forme, comme le
sont également la table commune et la caisse commune. Vous
ne pouvez pas fuir toutes les formes, car sinon vous ne serez
plus capables de vivre une vie chrétienne.

Extrait d’une lettre: A quoi cela nous sert-il de partager nos biens,
de vivre en communauté et d’avoir la même foi, si des âmes

32
souffrent en raison du peu de temps que nous prenons pour
aimer nos frères et sœurs et manifester sans cesse cet amour ?
Veillons à ne jamais devenir obsédés par un principe,  aussi
conforme ou aussi juste soit-il. Considéré pour lui-même,
le principe « juste » est meurtrier. Il tue l’âme. Des principes
« justes » ont donné Gethsémani. Ils prennent trop facilement
la place que seul doit occuper Dieu, sa bonté et sa grâce. Nos
principes doivent être surpassés par notre amour les uns pour
les autres et par la compassion et la grâce de Dieu.

33
L’engagement
Beaucoup de gens s’habituent à une sorte de dualisme qui
divise leur vie en parties et qui crée des tensions. C’est aussi
le cas chez les personnes qui se disent très attachées à la pra-
tique religieuse, et peut-être même surtout chez ces person-
nes-là. Mais Jésus, lui, était très ferme. Il nous demande de
vendre tous nos autres trésors en vue d’acheter la perle unique
de grand prix (Matthieu 13.45-46). Il ne faut pas convoiter
quelque chose d’un œil et essayer de suivre Jésus de l’autre.
Si nous méditons profondément ces paroles, chacun de nous
se rendra compte qu’il lui faut faire face au dualisme dans son
propre cœur. Il nous faut rejeter toute division intérieure.
Nous désirons l’unité du cœur et de l’âme, en nous-mêmes et
avec notre prochain. C’est une question de vie ou de mort. Si
nous ne trouvons pas l’unité de cœur et d’esprit, nos divisions
intérieures nous déchireront.

Extrait d’une lettre: Il nous faut être prêts à tenir ferme dans nos con-
victions, et même à mourir pour Jésus. Dans The Chronicle1, on
relate l’histoire d’un jeune garçon de seize ans, fils d’un meunier,

1
The Chronicle of the Hutterian Brethren (La chronique des frères huttériens), The
Plough Publishing House, 1986.

34
qui se convertit à l’anabaptisme. Quant il fut pris et condamné
à être décapité, un homme noble et riche lui proposa de le pren-
dre chez lui et de l’élever comme son propre fils, s’il désavouait
sa foi. Mais le jeune garçon garda sa foi en Dieu et fut exécuté.
Si nous voulons vraiment suivre le chemin du disciple,
nous devons être prêts à un tel sacrifice — si difficile qu’il pui-
sse être, et malgré nous-mêmes  et notre faiblesse.

Une promesse faite à Dieu ne peut s’appuyer sur la force d’une


fidélité simplement humaine. Nous devons nous appuyer sur
la fidélité de Dieu. Personne n’est assez fort pour endurer de
ses propres forces ce que, par exemple, les premiers martyrs
chrétiens et les autres à travers l’histoire ont dû endurer. Mais
Dieu est fidèle. Si nous nous donnons à Lui, Ses anges combat-
tront pour nous.

Avons-nous gardé notre premier amour pour Jésus, sommes-


nous toujours prêts à tout abandonner, et même à faire affronter
la mort, pour l’amour de Jésus ? Aujourd’hui nous avons une
maison, un foyer, mais nous ne savons pas ce que l’avenir nous
réserve. Nous vivons des temps très incertains. Au cours de
l’histoire de nos communautés, nous avons dû déménager d’un
pays à l’autre. Nous ne pouvons offrir aucune sécurité humaine.
Jésus promit à ses disciples qu’ils seraient persécutés et qu’ils
souffriraient. Nous ne pouvons rien promettre de mieux. Notre
seule sécurité, c’est Jésus lui-même.

Nous ne devons pas oublier que Jésus a enseigné la voie de


l’amour total — une voie qui implique d’aimer même nos
ennemis et de prier pour ceux qui nous persécutent. En tant
que disciples de Jésus, il ne nous est pas promis que des jours
heureux. Il nous faut être prêts à être persécutés. A travers

35
l’histoire, de nombreuses personnes ont été tuées pour leurs
convictions. Nous devrions être reconnaissants d’avoir été
protégés jusqu’à présent, mais nous devons également être
prêts à souffrir pour notre foi.

L’engagement d’un chrétien envers le Christ ne peut changer


à cause des circonstances. Ceci doit être très clair. Pour ce
qui nous concerne, dans nos communautés, la protection de
l’église-communauté peut nous être enlevée à tout moment.
Mais même si, à cause de la persécution, il ne restait qu’une
seule personne de la communauté, elle serait encore tenue par
son engagement.

Si nous aimons Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme


et de tout notre être,  si nous vivons pour son honneur et pour
son Royaume — alors nous pouvons parler de lui avec assur-
ance dans nos prières comme « notre Seigneur, notre roc. »
Peu importe si nous avons des ennemis, ni ce qu’ils disent
de nous. Nous entendrons la voix de Dieu dans nos cœurs et
nous resterons fidèles.

Il nous faut être fidèles jusqu’au bout. Le moment le plus dan-


gereux, pour un chrétien, c’est le milieu de sa vie. Au début,
quand notre foi est nouvelle, Dieu peut nous paraître particu-
lièrement proche. Mais après quelques années, cependant, la
tiédeur s’installe souvent. Si nous sommes totalement con-
sacrés à Dieu, il nous portera pendant ces années de l’âge
mûr, mais nous devons malgré tout rester vigilants. N’ayons
aucune crainte. Si nous restons fidèles à Dieu, rien ne peut
nous séparer de sa paix.

36
La nature déchue
LA TENTATION
Je me demande parfois si nous ne sommes pas devenus trop
mondains à propos de certaines choses. Le sport, les affaires
et l’argent ne prennent-ils pas trop de place dans notre cœur ?
Ceux-ci sont des distractions et des tentations du monde évi-
dentes. Mais il y a aussi un autre danger : même les dons de
Dieu, comme la beauté de la nature ou les joies de l’amour
humain, peuvent devenir un substitut à la véritable expéri-
ence de Jésus-Christ.

La Lettre aux Hébreux affirme clairement que Jésus fut tenté,


comme n’importe quel être humain (Hébreux 2.18). Lorsque
Jésus était dans le désert (Luc 4.1), Satan vint à lui et se servit
de paroles tirées des écritures pour le tenter. Ce n’est qu’après
la troisième tentation que Jésus le reconnut et lui dit : « Retire-
toi, Satan ! » (Matthieu 4.10).
Il fut un temps où l’idée de la tentation de Jésus me semblait
blasphématoire. Mais maintenant, je me rends compte qu’il
n’y a aucun doute : il fut bien tenté, comme tout être humain.

37
C’est ce que l’évangile nous affirme. Malgré cela, il est clair que
Jésus n’a jamais commis de péché (Hébreux 4.15).
Où finit la tentation et où commence le péché  ? Si nous
sommes tourmentés ou tentés par de mauvaises pensées, ceci
en soi-même n’est pas un péché. Si, par exemple, une pensée
impure nous vient et que nous la rejetons, nous ne commet-
tons pas de péché. Mais si nous achetons une revue malsaine
pour satisfaire des fantasmes sexuels, cela est un péché.
La question serait plutôt : que faisons-nous face à la tenta-
tion — quelle est notre attitude ? Lorsque Jésus fut tenté par
Satan, il lui fit une réponse pour chaque tentation. C’est pour
cela qu’il nous faut prier  : pour que Dieu nous donne une
réponse à chaque tentation.
Nous ne serons jamais complètement libérés de la tenta-
tion — nous ne devons pas même l’espérer. Même Jésus ne
parvint jamais à cet état. Mais nous devrions demander à Dieu
de nous protéger dans la tentation, afin qu’Il nous donne, à
chaque fois, la bonne réponse au tentateur.

Extrait d’une lettre  : Je ne peux le dire assez fermement : si vous


faites étalage de vos cheveux ou de votre silhouette, ou si
vous vous habillez de façon à attirer des regards lascifs, vous
commettez un péché qui mérite la discipline de l’église. Jésus
nous dit dans le Sermon sur la montagne que si une personne
regarde une autre avec un regard impur, elle est coupable. Mais
si, volontairement et intentionnellement, vous menez un autre
à cette tentation, vous êtes aussi coupable que lui.

Paul décrit le combat du croyant contre les mauvaises pen-


sées comme un combat victorieux dans lequel « nous faisons
prisonnière toute pensée, pour l’amener à obéir au Christ  »

38
(2 Corinthiens 10.5). Paul considère comme allant de soi que
les hommes aient des arguments et des obstacles intérieurs, et
que ces pensées doivent être faites captives pour obéir au Christ.
Nous avons tous à mener cette bataille. Ne soyons donc pas sur-
pris quand nous sommes tentés, cela fait partie de la vie.
Ce qui est merveilleux dans les paroles de Paul, c’est sa cer-
titude que ces pensées peuvent être faites prisonnières pour
les amener à obéir au Christ. La victoire n’est évidemment pas
toujours aussi simple. Il nous faut savoir que le combat entre
le bien et le mal est toujours présent, dans toute l’humanité.
Cela existe depuis la chute de l’homme, mais surtout depuis
la mort du Christ et la descente du Saint-Esprit à la Pentecôte.
Si quelqu’un est tourmenté par de mauvaises pensées, qu’il se
rappelle que le combat spirituel est beaucoup plus vaste que
celui qui se livre dans son propre cœur, plus vaste même que
celui de l’église tout entière.
L’ennemi est très réel. Si nous reconnaissons cela, nous
ne pouvons pas rester tièdes. Mais le Christ aussi est très
réel. Pour trouver la vraie liberté du cœur, nous devons faire
l’expérience du Christ.

Nous savons, d’après la Lettre aux Hébreux, que Jésus fut


tenté, comme nous le sommes (Hébreux 4.15). Il ne commit
pas de péché, mais il nous comprend, dans notre tentation et
notre misère. Chacun — chaque frère, chaque sœur, chaque
personne, jeune ou âgée — devrait savoir que nous avons un
Grand Prêtre, un Roi, un Maître, qui nous comprend. Dans la
Lettre aux Hébreux, il est écrit : « Durant sa vie terrestre, Jésus
adressa avec de grands cris et des larmes des prières et des sup-
plications à celui qui pouvait le sauver de la mort » (Hébreux
5.7). Nous sommes tous coupables à cause de nos péchés du

39
passé. Aussi devrions-nous tous vouloir venir à Dieu dans la
prière «  avec de grands cris et des larmes  », et nous tourner
vers lui, sûrs, dans notre foi, qu’Il peut nous sauver, ainsi que
tous ceux pour qui nous prions.

Si nous entretenons délibérément de mauvaises pensées,


qu’il s’agisse de pensées de pouvoir sur les autres, de pensées
impures, de haine, ou d’autres mauvaises pensées de ce genre,
ces pensées deviendront un jour des actes.
Mais il est très différent d’être tourmenté par des idées, des
images ou des pensées que nous ne voulons absolument pas,
alors que nous donnerions n’importe quoi pour avoir un
cœur pur. Par notre seule volonté, il ne nous sera jamais pos-
sible de devenir pur. Et quand nous résistons intérieurement
de toutes nos forces contre un mal, cela peut même conduire
à ce que ce mal ait encore plus de pouvoir sur nous. Mais nous
ne devrions jamais oublier que Dieu voit plus profondément
que nous. Même si nous nous enfonçons toujours plus dans
des pensées que nous ne voulons pas, Dieu verra que nous ne
les voulons pas, et Il nous aidera.

Même Jésus fut tenté par le diable. Mais il surmonta tout mal
par sa confiance parfaite en son Père. Vous serez tentés, vous
aussi, et quand cela se produira, tout ce qui importera sera
votre confiance totale en Jésus et dans le pouvoir de la croix.
Si vous ne mettez pas votre confiance et votre foi entière en
Jésus, vous serez vaincus.

Le sentiment d’être abandonné par Dieu génère la plus terrible


des souffrances. Ce sentiment d’abandon, que le Fils de Dieu a
ressenti au moment de sa mort, a dû être quelque chose de si
effroyable que nous ne pouvons l’imaginer. Pourtant malgré

40
cela, Jésus s’écria : « Père, je remets mon esprit entre tes mains »
(Luc 23.46). C’est cela, la foi suprême : Jésus fait l’expérience
de l’abandon sans perdre sa confiance et sa foi en son Père, en
notre Père ; Il remet son esprit entre ses mains.
Si nous désirons être guéris des blessures que Satan nous
inflige avec ses pièges et ses flèches — par de mauvais senti-
ments ou de mauvaises pensées — il nous faut avoir la même
confiance totale de Jésus en Dieu, de manière à ce que, même
si nous ne ressentons encore rien, nous nous abandonnions
quand même entièrement et sans réserve à Dieu, avec tout ce
que nous sommes et tout ce que nous avons. Tout ce que nous
avons, en fin de compte, ce n’est que notre péché. Mais nous
devons lui remettre notre péché, dans la confiance. Alors, il
nous pardonnera, il nous purifiera et il nous donnera la paix
du cœur. Et ceci mène à un amour qui est indescriptible.

Lorsque la dépression, ou quelque chose autre que Jésus men-


ace de régner dans nos cœurs, il nous faut aller à Jésus. Là,
nous trouverons la victoire et la paix. Je suis absolument cer-
tain que la croix peut nous donner la victoire sur tout ce qui
assaille notre vie, quoique ce soit.

LE PÉCHÉ
Beaucoup de personnes ne savent plus ce qu’est une bonne
conscience. Elles portent le poids des péchés de notre temps.
Nous devons veiller à ce que notre conscience reste pure, dès
notre enfance. Si nous nous habituons à vivre avec une mau-
vaise conscience, nous perdrons tout  : notre relation avec
Dieu et notre amour pour notre prochain.

41
Qui de nous prend sa lutte contre le péché tellement au
sérieux qu’il le combat avec de grands cris et avec des larmes ?
C’est ce que fit Jésus (Hébreux 5.7). Personne n’a jamais com-
battu comme Jésus — personne. Le diable voulait conquérir
le cœur de Jésus, plus que tout autre. Et c’est parce que Jésus
a mené des combats bien plus durs qu’aucun d’entre nous
n’aura jamais à mener qu’il comprend nos luttes. De cela,
nous pouvons être sûrs.
Mais il nous faut nous battre. Jésus nous dit que ceux qui
veulent le suivre doivent porter leur croix, comme lui a porté
la sienne. Je veux appeler chacun à combattre comme Jésus l’a
fait — jusqu’à la mort (Matthieu 16.24).

L’apôtre Paul a parlé de lui-même comme du plus grand


pécheur. Ce n’était pas seulement des paroles pieuses, il les
pensait vraiment. Il avait persécuté l’église primitive et il por-
tait la responsabilité de la mort de nombreux martyrs — il
savait qu’il avait été un ennemi de Dieu.
A la Pentecôte, les habitants de Jérusalem se reconnurent
aussi comme pécheurs, ils pensaient qu’ils étaient mauvais.
« Ils eurent le cœur transpercé » (Actes 2.37), et lorsque le Saint-
Esprit descendit sur eux, ils ne s’en sentirent pas dignes. Ils se
voyaient plutôt comme les assassins du Christ. Mais grâce à
cette reconnaissance de leur péché, Dieu a pu se servir d’eux.
Si nous voulons que Dieu se serve de nous, nous ne devons pas
parler d’amour ni le prêcher sans reconnaître en même temps
que chacun de nous est aussi, en vérité, un pécheur.

Le péché n’est pas seulement une affaire de notre nature


déchue. Nous devons tous combattre notre nature inférieure,
mais certaines personnes vont plus loin et tombent dans le

42
péché satanique. Le péché satanique, c’est vouloir recevoir
les louanges et la gloire qui n’appartiennent qu’à Dieu, c’est le
désir de pouvoir sur les corps et les âmes en vue d’être adoré.
C’est, en fin de compte, le désir d’être Dieu — c’est la voie de
l’Antéchrist.
Si nous nous livrons au péché satanique, tous les péchés de
notre nature inférieure se manifesteront aussi : l’impureté, le
culte de l’argent, l’hypocrisie, l’envie, la haine, la brutalité et
finalement, le meurtre.

Extrait d’une lettre : Je vous remercie pour le long récit de votre vie,
et pour votre tentative de confesser tous vos péchés. J’éprouve
pour vous une vive compassion quand vous parlez de votre
enfance, si difficile. Quand je pense combien mon enfance fut
bénie, je me sens tout honteux. Dieu demandera sûrement plus
de moi que de vous.
Votre passé me rappelle les paroles de Jésus : « Je ne suis pas
venu appeler les justes et les bien-portants au repentir, mais les
malades et les pécheurs … ». N’oubliez pas ceci ; raccrochez-
vous à ces paroles aux heures de détresse et de tentation.
Cher frère, nous devons voir et faire l’expérience de
l’évangile tout entier : l’amour incommensurable de Jésus pour
le pécheur, pour lequel il est mort ; mais aussi, ses paraboles
sans ambigüité et ses paroles très troublantes à l’encontre
de ceux qui ne se repentent pas : « Il y aura des pleurs et des
grincements de dents » (Matthieu 8.12).
Le chapitre 22 (versets 12-15) de l’Apocalypse contient
l’essence même de l’évangile : il parle des récompenses accor-
dées à tous ceux qui ont fait le bien et des bénédictions pour
tous ceux qui ont lavé leur robe dans le sang de l’Agneau. Mais

43
vient ensuite un passage dont nous ne pouvons adoucir le
caractère tranchant : « Dehors les chiens, les enchanteurs, les
impudiques, les meurtriers, les idolâtres, et quiconque aime et
pratique le mensonge !  » (Apocalypse 22 :15)

Si nous livrons notre cœur au mal, le diable entrera en nous et


nous gouvernera. Il fait cela chaque fois que nous fabriquons
nos propres dieux. Pour les anciens juifs, c’était le veau d’or.
Aujourd’hui, c’est Mammon — l’argent — qui est devenu un
dieu. C’est pourquoi le premier commandement de Dieu est
de l’aimer de tout son cœur, de toute son âme et de tout son
être (Matthieu 12.30). Ce commandement est évidemment
impossible à réaliser sans une confiance totale en Dieu, sans
être capable de croire que de Dieu ne vient que du bien et qu’il
ne désire que notre bien, à condition que nous fassions sa
volonté.
Le second commandement de Jésus, qui est aussi important
que le premier, est d’aimer son prochain comme soi-même
(Matthieu 12.31). Satan nous soufflera toujours à l’oreille de ne
pas avoir confiance en notre prochain, et si nous l’écoutons, la
division, la méfiance et le péché s’infiltreront dans nos rela-
tions. Ici en Amérique, cela s’exprime particulièrement dans
le racisme. Mais nous le voyons aussi dans le monde entier :
dans la guerre et dans chaque cœur humain où règne la haine
envers un autre.

Nous ne pouvons rien cacher à Dieu. Vous pouvez dissimuler


vos péchés aux autres, mais ils seront finalement révélés un
jour, jusqu’à vos pensées les plus secrètes. Ce qui fait d’une
mauvaise pensée un péché dépend de ce que nous en faisons :

44
l’entretenir ou bien y résister. Luther dit que les mauvaises
pensées sont comme des oiseaux qui viennent voler au-dessus
de nos têtes. Cela, nous ne pouvons le changer. Mais si nous
leur permettons de faire leur nid sur notre tête, alors nous en
sommes responsables.

Extrait d’une lettre : Je vous conjure de vous détourner à jamais de


toute dureté et de toute cruauté, surtout de la cruauté envers
les enfants et les personnes faibles ou malades. Qu’a dit Jésus
à ses disciples, lorsque ses disciples appelaient le feu du ciel
pour détruire le village qui n’avait pas voulu les accueillir ? Il
fut choqué par leur attitude dure, si loin de l’esprit d’enfance,
et il les réprimanda : « Vous ne savez de quel esprit vous êtes
animés. Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour détruire la vie
des hommes, mais pour les sauver » (Luc 9.55-56). Pensez tou-
jours à Jésus et votre cœur changera.

Extrait d’une lettre  : Je ne comprends pas pourquoi vous avez


rejoint l’église ni pourquoi vous avez menti. Lorsque Ananias
et Sapphira ont rejoint l’église à Jérusalem tout en dissimu-
lant leur argent, Paul leur demanda  : «  Comment avez-vous
pu concevoir pareil dessein dans vos cœurs ? Ce n’est pas aux
hommes que vous avez menti, mais à Dieu » (Actes 5.4). Il leur
dit également qu’ils auraient pu rester chez eux et garder ce
qu’ils possédaient.
Pourquoi vous joignez-vous à nous si en même temps vous
chargez votre conscience de mensonges envers Dieu et envers
nous  ? Il vous faudra rendre compte de tout ceci. L’homme
est destiné à mourir, puis à être jugé par Dieu. Si vous ne
voulez pas faire face au jugement maintenant, vous devrez le
faire plus tard. Nous ne vous forcerons pas. Il est écrit dans

45
Hébreux 10.26-27  : «  Si nous péchons volontairement après
avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacri-
fice pour les péchés, mais une attente terrible du jugement et
l’ardeur d’un feu qui dévorera les rebelles. »
Puis il est écrit : « Veillez à ce que nul ne se prive de la grâce
de Dieu » (Hébreux 12-15). Vous êtes libre de continuer à ne
pas prendre Dieu au sérieux, mais alors, nous ne pouvons rien
avoir à faire avec vous, et vous aurez à rendre compte à Dieu
seul. Il vous reste encore une chance pour changer !

«  Maintenant donc, il n’y a plus de condamnation pour ceux


qui sont unis à Jésus-Christ. Car la loi de l’Esprit, qui donne la
vie par l’union avec Jésus-Christ, m’a libéré de la loi du péché
et de la mort » (Hébreux 8.1-2).
Voilà une pensée bien joyeuse  : nous sommes libérés du
péché. Mais si nous regardons notre propre expérience, nous
voyons qu’il n’en est pas ainsi partout, pour la bonne raison
que nous ne vivons pas en Jésus-Christ, mais selon notre anci-
enne nature. Il est illusoire de croire que nous n’avons pas
de nature inférieure. Nous sommes venus au monde avec elle
et, de nous-mêmes, nous ne pouvons pas la changer, même
avec les meilleures intentions. Mais le Christ peut opérer ce
changement, si nous lui faisons confiance et si nous nous don-
nons à lui sans condition.
« Ceux qui vivent selon leur propre nature se préoccupent
de ce que cette nature demande, mais ceux qui vivent selon
l’Esprit Saint se préoccupent de ce que l’Esprit demande  »
(Romains 8.5). Nous en faisons l’expérience sans cesse : ceux
dont la perspective de vie se base sur leur nature inférieure
se montrent hostiles, jaloux, envieux — comme si le Christ

46
n’était pas venu, comme s’il n’était pas mort sur la croix,
comme si son sacrifice avait été en vain. Cela est extrêmement
douloureux. Paul dit que «  l’homme livré à lui-même, dans
toutes ses tendances, n’est que haine de Dieu. Il ne se soumet
pas à la loi de Dieu car il ne le peut même pas. Les hommes
livrés à eux-mêmes ne sauraient plaire à Dieu  » (Romains
8.7-8).
On ne peut le dire plus fortement  : ceux qui ne peuvent
maîtriser leurs désirs ne veulent peut-être pas faire de mal, mais
en réalité leur vie est hostile à Dieu. Ils ne se sont pas soumis
à sa loi. C’est le cas de tous ceux qui vivent dans l’impureté, la
haine, la jalousie, l’hypocrisie ou d’autres formes de péché. Il
leur est impossible de plaire à Dieu.

Dans le huitième chapitre de sa Lettre aux Romains, Paul parle


de la nature inférieure ou nature charnelle. Il est clair que ceci
comprend le désir de nourriture, de confort et de sexe. Tous
doivent être soumis à l’Esprit. Nous avons besoin de nourrit-
ure et de logement, et nous soutenons les relations sexuelles au
sein du mariage, mais si ces choses nous dominent à la place
du Christ, nous commettons un péché. Dieu sait combien
nous avons besoin de nourriture tous les jours, mais cela ne
doit pas nous gouverner. Nous ne devons pas être dépendants
des bonnes nourritures ni gâter nos enfants et nous-mêmes.
La nourriture n’est qu’un exemple, bien sûr. Si nous sommes
dominés par quoique ce soit d’autre que Jésus-Christ — même
s’il s’agit de quelque chose de spirituel, de lectures ou de médi-
tations religieuses — nous vivons selon la chair. Et quand bien
même si nous adhérerions à la plus mortifiante des philoso-
phies, comme celle du Bouddha, ce serait encore vivre selon la

47
chair, car nous nous enorgueillirions en nous mettant au cen-
tre à la place du Christ.

Tout dépend de notre abandon total à Jésus-Christ. «  Si


quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il ne lui appartient pas »
(Romains 8.9). Toutefois nous ne pouvons pas l’acquérir par
nous-mêmes. Nous ne pouvons recevoir l’Esprit qu’en nous
donnant à Dieu. L’évangile nous dit : « Demandez, et l’on vous
donnera … frappez, et l’on vous ouvrira  » (Matthieu 7.7-8).
En d’autres termes, celui qui demande recevra l’eau vive sans
devoir payer quoique ce soit.
Nous avons beaucoup de compassion pour tous ceux qui,
pendant des années, luttent en vain pour surmonter leurs fai-
blesses. Mais il nous faut en même temps admettre qu’ils sont
coupables. Ils n’ont pas d’excuse car ils ne s’abandonnent pas
au Christ dans la foi. Comme l’écrit Paul : « Il n’y a donc mainte-
nant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ.
En effet, la loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi de
la loi du péché et de la mort » (Romains 8.1-2).
Ceci est à la portée de chacun. Nous ne pouvons pas nous
cacher aux yeux de Dieu et dire : « nous sommes trop faibles »
ou « nous voulons changer, mais nous ne le pouvons pas ». Ces
excuses n’ont aucun fondement. Paul continue :
Ainsi donc, frères, nous ne sommes pas redevables à la chair
pour vivre selon la chair. Si vous vivez selon la chair, vous
mourrez. Mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du
corps, vous vivrez (Romains 8.12-13).

Voilà de très fortes paroles. Qui de nous peut affirmer que sa


nature inférieure n’a aucun pouvoir sur lui ? Une telle libéra-
tion du péché dépend d’un abandon complet au Christ. Nous

48
devons mettre à mort toute forme de péché. Alors, il sera
impossible à la jalousie, la haine, l’impureté, au mensonge ou
à tout autre forme de péché de triompher de nous.

Il y a des personnes qui ne rompent pas avec leur péché, parce


qu’elles croient ne pas le pouvoir. Ceci est faux. Jésus-Christ
est toujours présent, ainsi que le Saint-Esprit, et si une âme crie
vers Dieu, l’Esprit intercédera pour elle. Il n’y a donc aucune
excuse pour ne pas arrêter de pécher. Personne n’a autant de
compassion et d’amour pour les pécheurs que Jésus, mais il
n’excuse pas le péché. Prions pour que chacun puisse trouver
la libération du péché en Jésus-Christ.

L’apitoiement sur soi-même et l’orgueil, qui sont étroitement


liés, n’ont rien à voir avec la croix. Tous deux ne se préoccu-
pent que de moi, moi, moi. Nous devons nous détourner d’eux,
sinon nous ne pourrons triompher totalement de notre péché.
On dit que, au temps de l’église primitive, les démons criaient:
« Qui est-il, celui qui nous vole notre pouvoir ? » Les croyants
répondaient avec un cri triomphant : « Le Christ crucifié ! »Voilà
ce que nous devrions proclamer.

« Aimez-vous les uns les autres » (Jean 13.34) est l’un des plus
importants commandements de Jésus — nous ne le pren-
drons jamais trop au sérieux. Il y a d’autres commandements
auxquels nous devons obéir également  : nous ne devons
pas aimer l’argent, ne devons pas commettre d’adultère, ne
devons pas souiller la chair, et il y a beaucoup d’autres péchés
qu’il nous faut éviter. Mais le plus grand commandement
du Christ, c’est l’amour. Je pense par conséquent que le plus
grand péché, c’est le manque d’amour.

49
Dieu jugera toutes les formes de manque d’amour, mais il
jugera surtout le mépris, quand on fait croire à quelqu’un qu’il
est un imbécile. Jésus-Christ nous dit : « Tout homme qui se
met en colère contre son frère sera amené devant le juge … et
celui qui dit à son frère : « Fou ! », mérite d’aller dans le feu de
l’enfer » (Matthieu 5.22).
Qui de nous ne s’est jamais mis en colère contre son frère,
ou ne l’a jamais traité avec mépris ? Qui de nous n’a jamais
prononcé de paroles dénigrantes  ? Le Christ nous invite à
vivre dans l’amour parfait.

Extrait d’une lettre : Je me sens coupable d’être trop dur , et par-


fois même de me mettre en colère contre mes frères et sœurs.
De Jésus, nous devons apprendre comment être bienveillants et
doux. Mais par ailleurs, nous ne devons jamais être faibles, et à
notre compassion doit toujours être mêlé le sel du Christ.

L’idée que nous sommes « dans le monde » mais non pas « du
monde », ne peut être comprise par notre seule intelligence. Il
est certain que nous resterons dans le monde aussi longtemps
que nous vivrons, mais nous ne devons pas faire partie « du
monde ».
Certains disent que la danse est «  du monde  », ou «  de
la chair  ». D’autres disent que porter des jupes courtes est
«  du monde  ». D’autres encore disent que l’alcool, certaines
musiques ou certains véhicules sont « du monde ». Il y a beau-
coup de choses que l’on dit « du monde ».
Si nous vivons selon le Saint-Esprit, nous sentirons dans
nos cœurs ce à quoi nous devons renoncer dans le monde.
Puissions-nous ne pas désirer ce qui est de la chair, mais

50
puissions-nous aussi être libérés de faire des règles et des
règlements pour nous protéger de l’esprit du monde ! Prions
Dieu afin qu’Il nous montre ce qui est de l’Esprit-Saint et ce
qui est de l’esprit du monde (Jean 17.15-16).

Si nous n’avions que la loi, nous pourrions quand-même haïr


quelqu’un, même sans le tuer ; nous pourrions quand-même
penser du mal de quelqu’un sans verser de sang. Mais ceci ne
suffit pas. Comme Paul nous le dit avec justesse, la loi ne peut
changer nos cœurs. C’est Jésus qui doit vivre en nous. Par lui,
nous pouvons aimer notre ennemi et par lui, nous pouvons
remplir nos cœurs de pensées de Dieu.

Extrait d’une lettre  : Il vous faut absolument devenir résolu à


suivre Jésus-Christ. Il n’est pas vrai que vous êtes trop faible
pour vaincre le péché, c’est un mensonge du diable. En Jésus,
il est possible de vaincre le péché. C’est pour cela qu’il est mort
sur la croix. Ne vivez que pour lui.

«  Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, heureux les


miséricordieux, heureux ceux qui ont le cœur pur... » (Matthieu
5.6-8).
Avoir un cœur pur, voilà ce qui est peut-être le plus diffi-
cile. Il est plus facile d’avoir faim et soif de la justice, ou d’être
compatissant ou miséricordieux. Seuls, nous ne pouvons pas
rendre notre cœur pur. Seuls les enfants ont le cœur pur, c’est
pour cela que Jésus nous demande de devenir comme des
enfants. Mais nous savons aussi que, même si nous nous effor-
çons de devenir comme des enfants, ce qui n’est pas de Dieu
— l’impureté, l’envie, la vanité — pénètre continuellement

51
dans nos cœurs. Ainsi, nous avons sans cesse besoin d’être
purifiés par le Christ.

LA CONFESSION
Extrait d’une lettre : J’ai beaucoup de compréhension pour toute
personne tourmentée et accablée par ses péchés du passé et
qui désire ardemment se confesser. Cependant la confes-
sion en elle-même ne sert à rien. Les gens payent beaucoup
d’argent aux psychiatres pour leur raconter toutes leurs souf-
frances et leurs péchés, et ces psychiatres les aident à trouver
des moyens pour apaiser leur conscience. Mais la psychiatrie
seule n’apporte pas de véritable libération.
Vous dites que vous avez confessé vos péchés mais que
vous n’avez pas trouvé de libération. Vous ne la trouverez que
si vous confessez vos péchés dans la foi, la foi en Dieu et en la
croix de Jésus-Christ, qui est mort pour les péchés du monde.
Toute autre confession n’est qu’une décharge momentanée de
notre fardeau sur une autre personne, et plus tard, ce fardeau
revient. Seuls ceux qui lient la confession de leurs péchés à une
foi vivante trouvent la paix du cœur. Je vous souhaite cette foi.

En ce qui concerne la confession, chaque péché conscient


devrait être confessé. Ceci ne veut toutefois pas dire qu’il faut
fouiller chaque petite chose dans le subconscient. Quand, à
travers notre conscience, Dieu nous dit que quelque chose est
mal, nous devons le confesser et le tirer au clair afin qu’il pui-
sse être pardonné. Mais la confession ne doit pas nous ren-
dre égocentrique. C’est Jésus que nous désirons trouver, pas
nous-mêmes.

52
Extrait d’une lettre : Vous demandez quelles mauvaises pensées
doivent être confessées. Tout être humain a des pensées qui
lui viennent et auxquelles il doit dire  : «  Arrière, Satan  !  » Si
vous affrontez les mauvaises pensées dans cet esprit, il n’est
pas nécessaire de les confesser, mais il vous faut les oublier le
plus vite possible. Même si vous avez à lutter quelques instants
contre une mauvaise pensée avant de la rejeter, vous ne devez
pas nécessairement la confesser. Mais, si vous consentez à
cette mauvaise pensée et si vous la laissez devenir une partie
de vous-même, alors vous devez la confesser. Je voudrais vous
conseiller de ne pas trop vous occuper de vos pensées.

Extrait d’une lettre : Je maintiens le caractère sacré de la confession


personnelle dans la crainte de Dieu, et je pense qu’il n’est pas
juste de mettre une étiquette sur quelqu’un en raison des péchés
confessés. Cependant, pour ce qui est du secret de la confes-
sion, il y a des cas où je pécherais si je gardais pour moi ce que
j’ai entendu. Si un membre de l’église-communauté avait com-
mis un péché grave, tel que la fornication ou l’adultère — voire
le meurtre (ce qui ne nous est jamais arrivé) — je me sentirais
coupable de trahison envers Dieu si je gardais le silence.

L’ORGUEIL SPIRITUEL
La Bible nous dit que nous devons combattre la chair et en
général, les gens comprennent par là notre sexualité, ou peut-
être l’excès de boisson ou de nourriture. Mais là n’est pas le
seul sens du mot «  chair  ». Certes, l’impureté sexuelle et un
style de vie luxueux font partie de la « chair », mais il en est de
même de notre ego, de notre orgueil spirituel et de toute autre
chose en nous-mêmes qui n’est pas le Christ.

53
Nous devons demander à Dieu que la chair en nous-mêmes
— surtout notre orgueil — meure. Si nous sommes orgueil-
leux, Dieu ne peut pas venir à nous. L’orgueil est la pire forme
de la chair, parce qu’il ne laisse pas de place à Dieu dans notre
cœur.
Jésus nous met fermement en garde contre la fausse piété,
contre le désir de paraître aux yeux des autres comme « spir-
ituel » ou « bon ». Tous ceux qui recherchent ce genre de recon-
naissance n’auront pas de récompense au ciel. Honorés ici-
bas, ils ont déjà reçu leur récompense. Il en est de même pour
ceux qui font le bien et qui le font valoir. Jésus-Christ nous dit
que la main gauche ne doit rien savoir de ce que fait la main
droite (Mathieu 6 :3).

Nous avons tous en nous le désir d’être appréciés, d’être


respectés ou honorés pour nos qualités. Mais Jésus nous
met en garde contre cette tentation et nous dit de ne pas faire
étalage de notre piété. Dieu voit ce qui est caché, et il nous
récompensera.

Dès que nous croyons être quelqu’un de spécial ou que nous


avons en nous quelque chose de spécial aux yeux des autres,
nous sommes en danger de perdre tout ce que nous avons reçu
de Dieu. Quelque soit notre expérience de Dieu, nous demeu-
rons spirituellement pauvres. Il y a une vérité religieuse dans
ces paroles de Jésus : « Malheur à vous qui êtes riches … mal-
heur à vous qui avez tout en abondance maintenant » (Luc 6.24-
25). Dès que nous adhérons à notre propre compréhension de
la vérité au lieu de nous tenir au Dieu vivant, notre expérience
spirituelle devient comme une pierre froide entre nos mains.

54
Même l’expérience spirituelle la plus profonde et la plus riche
sera perdue si elle devient une chose en soi.

Extrait d’une lettre : Cher frère, vous avez été fier de votre travail ;
vous n’avez que peu pensé à vos frères et sœurs et vous avez
vécu dans la fausse humilité, qui est la forme d’orgueil spirit-
uel la plus mortelle. Certes, vous avez du talent, vous êtes fort,
vous êtes intelligent et pouvez accomplir beaucoup, mais là
n’est pas la question. Nous ne vivons pas ensemble à cause de
ces talents. Ils sont tous périssables et disparaîtront un jour. Ce
qui demeure à jamais, c’est l’humilité et l’amour — l’amour, ce
« trésor incorruptible du ciel » dont Jésus parle dans le Sermon
sur la montagne.
Quand Jean-Baptiste jeûnait, les gens le méprisaient, et
quand Jésus mangeait et buvait, ils le méprisaient également.
Regarder ses frères et sœurs comme à travers un microscope,
à la recherche de quelque chose à critiquer, peut amener une
communauté à l’effondrement total. N’attendons pas des
autres ce que nous n’attendons pas de nous-mêmes.
Extrait d’une lettre  : Chère sœur, détournez-vous de votre opin-
iâtreté et de votre besoin d’avoir raison. Comme les choses
seraient différentes si vous aviez l’oreille humble et atten-
tive. Soyons ouverts au cœur de l’autre, quand nous parlons.
Partageons les uns avec les autres et écoutons-nous les uns
les autres. Il nous faut comprendre, en définitive, que nous
sommes tous des pierres d’achoppement. Dieu seul est bon.
Extrait d’une lettre : Votre façon de juger les gens remarquables
ou insignifiants, faibles ou forts, n’est absolument pas chré-
tienne. Pensez-vous que les apôtres étaient forts ? Ils étaient

55
pauvres d’esprit. Pierre fut sans aucun doute un lâche quand
il renia Jésus trois fois, et son histoire a été transmise à trav-
ers les siècles. Pierre n’eut aucune honte de ce que sa trahison
fut rapportée dans chaque évangile, bien qu’il s’en soit repenti
toute sa vie. Vous voulez être important, vous voulez être
fort, mais ce faisant, vous commettez une injustice envers vos
frères et sœurs.
Quand Jésus s’approche d’une personne, il regarde ce
qu’il a dans le cœur. Il a de la compassion pour le pécheur. Il
n’appelle jamais le mal un bien ; il le juge. Vous devez puri-
fier votre cœur de toute pensée critique, de toute jalousie et de
toute haine, et vous devez cesser d’étiqueter les gens. Je pense
à vous avec beaucoup d’affection.
Extrait d’une lettre  : Ne craignez pas de ne jamais pouvoir être
libéré de l’orgueil et de l’envie. Vous le pouvez. Mais il vous
faut d’abord reconnaître combien Jésus est beaucoup plus
grand que tous vos péchés — alors il pourra les enlever.
Demandez-vous : qu’y a-t-il encore en moi qui empêche Jésus
de me combler totalement  ? Pour que Jésus puisse remplir
votre cœur, il faut d’abord qu’il soit vide. Lisez les Béatitudes,
elles commencent avec les paroles  : «  Heureux les pauvres
d’esprit » (Matthieu 5.12). Ceci signifie se faire complètement
vide et sans défense devant Jésus.
Extrait d’une lettre  : Plus vous reconnaitrez profondément que
votre orgueil vous sépare de Dieu, plus votre paix sera pro-
fonde. L’orgueil que vous tirez de toutes vos connaissances est
votre pire ennemi. Cher frère, si seulement vous reconnaissiez
combien vous êtes en réalité pauvre et misérable, et combien
votre péché vous rend malheureux ! Je vous souhaite le vrai
repentir.

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Extrait d’une lettre  : Je ne peux le dire assez fortement  : votre
orgueil spirituel — écouter la parole de Dieu afin d’être vous-
même exalté, au lieu d’être jugé et de recevoir une vie nouvelle
— est absolument opposé à la voie de Jésus. Renoncez à votre
vanité spirituelle. Elle conduit à la mort.
Extrait d’une lettre : Je crois que votre servitude au péché a ses rac-
ines dans un orgueil et une suffisance terribles. Lorsque vous
voyez de petites fautes chez les autres, vous vous sentez spir-
ituellement supérieur. Ce devrait être le contraire. En tant que
chrétiens, nous devrions être humbles et nous rappeler que
celui à qui beaucoup a été pardonné rayonne un grand amour
(Luc 7.47). L’orgueil est une racine empoisonnée qui tire l’amour
vers soi et détourne de Jésus et de nos frères et sœurs. Si nous
restons humbles, cette racine empoisonnée mourra, car elle ne
trouvera ni nourriture ni eau dans nos cœurs.
A l’époque de Paul, certains croyants proclamaient le Christ
par jalousie et par esprit belliqueux, et non par bonne volonté.
Ceci, né de la convoitise des honneurs humains, était terrible.
Devenons humbles et reconnaissons que tout honneur humain
est autant d’honneur que l’on soustrait à Dieu, à qui seul appar-
tient l’honneur. N’honorons personne d’autre que Dieu, et
n’acceptons jamais d’être nous-mêmes honorés.
Ce qui est important, c’est que Dieu agisse en nous, qu’il
inspire notre volonté et nos actes. Pour que Dieu puisse faire
cela, nous devons nous abandonner à lui et renoncer à toute
vanité et tout honneur.

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L’EGO
Les personnes dont les pensées tournent uniquement aut-
our d’elles-mêmes oublient que le christianisme a un contenu
objectif. Le christianisme est une cause pour laquelle une per-
sonne doit s’oublier totalement, oublier son petit ego.
Si nous nous mettons au centre, nous plaçons Dieu en
dehors de nous et nous le rendons très petit. Il est impor-
tant de reconnaître qu’Il existe même sans nous. Sa cause est
tellement plus grande que notre existence. C’est merveilleux
si nous pouvons servir la cause de Dieu, mais elle existerait
quand même, même si nous n’existions pas.

Le meilleur moyen de faire l’expérience du néant est de contin-


uer à se regarder intérieurement. Mais plus vous serez capable
de regarder à l’extérieur et de vous oublier vous-même, plus
vous pourrez être transformé par Dieu. Il y a des personnes (et
j’ai pour elles beaucoup de pitié) qui ont tendance à s’observer
constamment, comme dans un miroir. Ceci les rend inutile-
ment tendues et elles ne peuvent plus entendre ce que Dieu
leur dit.

Nous ne pouvons pas nous libérer de nous-mêmes ni devenir


meilleurs de nos propres forces. Tout ce que nous pouvons
faire, c’est nous donner complètement à Dieu. Lorsque nous
nous donnons à lui sans aucune réserve, Il nous aide. C’est là
notre foi, notre croyance et notre expérience. Se libérer soi-
même est hors de question, et nous devons reconnaître ici les
limites de la psychologie et de la psychiatrie. Nous ne les reje-
tons pas complètement, mais elles sont limitées. Dieu est tell-
ement plus grand.

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Extrait d’une lettre : Si vous vous examinez honnêtement, vous
verrez l’orgueil, l’impureté, l’égoïsme et toutes sortes de maux.
Détournez votre regard de vous-même. Regardez le Christ. En
lui, vous trouverez un caractère parfait.

Extrait d’une lettre : Détournez-vous de vous-même, de la peur de


votre péché et de la crainte d’avoir peut-être commis un péché.
Ouvrez-vous à Dieu et à son église. Il n’est pas si impitoyable
que vous deviez vivre dans la crainte permanente.
Vous êtes porté à vous analyser et à vous juger d’une façon
qui ne vous libère pas. Paul nous dit que celui qui se juge lui-
même ne sera pas jugé. Mais il y a un jugement de soi-même
qui engendre une dépression terrible et qui éloigne de Dieu.
Tout dépend de si oui ou non vous avez une foi d’enfant en
Jésus-Christ, qui veut nous libérer de tout péché. Jugez-vous
avec cette foi-là, et ce jugement sera béni. La manière dont
vous vous jugez maintenant pourrait vous rendre malade
mentalement et vous conduire au désastre total.
Il se peut que vous soyez fortement enclin à tel ou tel péché,
mais ce penchant est présent en chacun de nous à divers degrés
— et chacun doit y mourir. Tout dépend de votre conviction
que Jésus-Christ est mort pour vos péchés. Lisez avec un cœur
d’enfant le chapitre cinq de la Lettre aux Hébreux, versets 7 à 9 :
Durant sa vie terrestre, Jésus adressa des prières et des sup-
plications, accompagnées de grands cris et de larmes, à Dieu
qui pouvait le sauver de la mort. Et Dieu l’entendit à cause
de sa soumission. Bien qu’il fût le fils de Dieu, il a appris
l’obéissance par tout ce qu’il a souffert. Après avoir été rendu
parfait, il est devenu la source d’un salut éternel pour tous
ceux qui lui obéissent (Hébreux 5. 7-9).

59
Si vous croyez vraiment cela, vous pouvez trouver la guérison.

Extrait d’une lettre : Si nous réfléchissions à tout ce que Jésus fait


pour nous chaque jour, nous désirerions le chercher fidèle-
ment, encore et toujours. Vous pensez ne rien avoir à lui don-
ner en retour. Cependant, même s’il vous faut reconnaitre
votre égoïsme et votre manque d’amour, je ne pense pas que
votre dépression soit juste. Les premiers chrétiens disaient : il
y a une tristesse qui conduit à Dieu et une tristesse qui con-
duit à Satan. Si vous réfléchissez profondément à ces paroles,
vous vous détournerez de toute dépression qui fait obstacle à
l’amour.

Extrait d’une lettre  : Je vous prie d’abandonner votre désir


d’être aimé. Il est à l’opposé du christianisme. La prière de
Saint-François dit  : «  O Seigneur, que je ne cherche pas tant
à être aimé qu’à aimer.  » Tant que vous chercherez à être
aimé, vous ne trouverez jamais la paix. Vous trouverez tou-
jours des raisons pour justifier votre envie, mais la vérita-
ble racine de l’envie est l’amour-propre. C’est votre désir
d’être aimé qui est la cause de votre chute. Mais vous pou-
vez changer, il n’y a aucune raison de désespérer. Vous devez
apprendre à aimer votre prochain comme vous-même.

60
La pureté
Extrait d’une lettre : Jésus dit : « Heureux ceux qui ont le cœur pur »
(Matthieu 5.8). C’est là la seule réponse à votre question con-
cernant les relations entre jeunes hommes et jeunes femmes.
Le combat contre le tentateur se livre partout. Jésus déclare que
nous devrions plutôt nous arracher un œil que de regarder une
femme avec convoitise (Matthieu 5.27-29). Seule cette attitude
peut nous donner un cœur pur. Nous ne pouvons le purifier par
nos propres efforts, mais nous pouvons adopter cette attitude,
alors Dieu nous aidera jusqu’à la victoire.

La pureté du cœur est un cadeau de Dieu, et l’église-commu-


nauté doit se battre pour la protéger. Nous combattons la con-
voitise tout autant que nous combattons la propriété privée et
l’esprit de meurtre. La pureté est la volonté de Dieu, et chaque
mariage dans l’église doit en être le témoignage, de même que
la vie de chacun de ses membres. La pureté est une bénédic-
tion. Qu’elle soit accordée dans le mariage ou à une personne
célibataire, une vie pure est une grande grâce.

Nous ne devons pas sous-estimer les armées d’esprits impurs


qui incitent l’homme au mal. Si nous jouons avec l’impureté,

61
nous nous mettons sous l’emprise des démons, et notre sexu-
alité — destinée pourtant à être une merveilleuse expérience
de Dieu — devient alors une expérience terrible et destruc-
trice. Ceci est vrai non seulement dans la prostitution mais
aussi quand quelqu’un recherche la satisfaction par des actes
impurs sur son propre corps. Un homme ne doit pas penser
qu’il peut se livrer à la masturbation sans en subir des con-
séquences  ; par cet acte, une personne offense Dieu et se
nuit à elle-même. Elle s’ouvre ainsi aux mauvais esprits —
des démons dont elle ne peut imaginer la cruauté — et d’elle
émanera quelque chose de malsain.

L’impureté flagrante montrée à la télévision, dans les revues et


au cinéma est un crime commis en public contre lequel nous
devons nous élever. Il ravage l’âme des enfants et des jeunes
gens. Tout est devenu permis — je pense, par exemple, aux
actes homosexuels, que l’on a légalisés, et au mal terrible fait
à la pureté de la jeunesse. Quelque chose dans la conscience
humaine a été détruite.
La convoitise finit par conduire au meurtre. Il suffit de
penser au nombre illimité d’avortements effectués depuis leur
légalisation. Pensons aussi à la terrible souffrance psychique
des jeunes femmes coupables d’avoir tué l’enfant dans leur
sein. Le nombre de dépressions qui en résultent est incalcu-
lable. Jésus est l’unique réponse à tout cela, et nous devons
témoigner ensemble du chemin qu’Il nous montre dans un
monde devenu très sombre.

Lorsque quelqu’un satisfait sa pulsion sexuelle sur son pro-


pre corps, il nuit à son âme, créée à l’image de Dieu. Employer
quelque chose dont la finalité est sublime contrairement à

62
cette finalité, c’est la désacraliser. De la même manière qu’une
royauté serait avilie par l’esclavage, l’homme avilit sa noble
destinée d’image de Dieu s’il abuse sexuellement de son pro-
pre corps.

Extrait d’une lettre : Cher frère, il n’est pas nécessaire que votre
vie toute entière soit une lutte crispée pour la pureté per-
sonnelle. Mais il vous faut rejeter toute attirance secrète pour
l’impureté. Voilà d’où vient votre tension intérieure. Jésus peut
vous libérer totalement de cela. Si vous vous savez entière-
ment dépendant de lui, il y a de l’espoir pour vous.

Extrait d’une lettre : Chère sœur, il me semble qu’il y a une atmos-


phère d’érotisme autour de vous et je veux vous mettre en
garde à ce propos. Il n’y a rien de surprenant à ce que le pou-
voir de l’érotisme et du sexe soient un problème auquel cha-
cun est confronté, et vous n’êtes pas différente des autres. Mais
je vous supplie d’accorder de la valeur au don de la pureté — la
lumière de la chasteté et de la virginité parfaites. Ne permettez
pas que votre vie soit assombrie par la moindre relation pas-
sagère avec un garçon ou un homme, ni par votre façon de
vous habiller ou de marcher. Veuillez accepter ce conseil de la
part de quelqu’un qui vous aime.

Extrait d’une lettre : Cher frère, vous me dites ne pas avoir résisté
au mal, particulièrement dans le domaine du sexe. Il est
extrêmement important que vous teniez ferme pour l’amour
de Jésus. Je sais que c’est souvent difficile, surtout à l’université.
Mais les temps deviennent de plus en plus corrompus, et il
sera d’autant plus nécessaire d’avoir la force de dire « non » à

63
tout ce qui est accepté généralement par la plupart des gens. Je
vous souhaite le courage de faire cela.

Extrait d’une lettre  : Vous devez chercher à avoir un cœur pur.


Alors vous ne pécherez plus quand des images impures, votre
imagination ou toute autre chose vous tenteront.
Vous reconnaissez qu’il vous faut rompre avec toutes ces
choses, mais vous devez également reconnaître que vous
jouiez avec elles. Ceci est un péché. L’apathie et l’indifférence
ne feront qu’affaiblir votre fermeté contre la tentation. En fin
de compte, tout se résume à la question suivante  : votre vie
est-elle, oui ou non, fondée sur Jésus-Christ ? Vous ne trou-
verez un cœur pur qu’en lui.

64
La confiance
Pourquoi est-il si difficile de croire au Christ et d’avoir une
confiance totale en lui ? Le Christ désire nous donner sa vie
et son Esprit, et si nous nous tournons vers lui, ne serait-ce
qu’un instant, notre cœur nous dit  : voici quelqu’un en qui
nous pouvons avoir confiance. Pourtant, chacun de nous con-
naît la peur et l’anxiété. Quelque chose en nous recherche le
Christ, mais en même temps, quelque chose d’autre en nous
désire servir notre ego et refuse de s’abandonner totalement
au Christ. C’est cependant ce que nous devons faire, parce que
l’évangile nous dit : « Ne soyez pas inquiets. Croyez en Dieu
et croyez aussi en moi » (Jean 14.1). Il ne suffit pas de don-
ner au Christ tout ce qui est bon en nous-mêmes, ou de lui
donner nos péchés ou de lui apporter nos fardeaux. Il désire
notre être tout entier. Si nous ne nous donnons pas totale-
ment à lui — si nous restons sur la réserve — nous ne trouve-
rons jamais la totale liberté intérieure et la paix promises dans
l’évangile. Nous devons donner au Christ jusqu’à notre être le
plus profond.
Le pouvoir des ténèbres remplit souvent notre cœur de
crainte et bloque notre total dévouement à Dieu. Quand Jésus
dit dans la synagogue : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils

65
de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas
la vie en vous », même ses compagnons trouvèrent ses paroles
difficiles à accepter et bon nombre le quittèrent. Mais lorsque
Jésus demanda à ses douze disciples  : « Voulez-vous partir,
vous aussi ? » Pierre répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ?
Tu a les paroles qui donnent la vie éternelle. Maintenant nous
croyons et nous savons que tu es le Christ, le Saint de Dieu »
(Jean 6.67-69).
Nous aussi, nous devons avoir une telle foi — dans notre
cœur, dans notre âme, dans notre être tout entier. La foi doit
devenir une réalité en nous-mêmes, encore et toujours : non
pas un système religieux ni une théorie, mais la conviction que
nous pouvons avoir une confiance totale en Jésus et que nous
pouvons tout lui donner — toute notre vie — pour l’éternité.
Il n’est pas nécessaire de tout comprendre intellectuellement.
Il est beaucoup plus important de faire l’expérience de la con-
fiance et de la foi dans notre cœur et dans notre être.
En dehors de Jésus, nous ne trouverons pas de paix. Là où
se trouve Jésus se trouve Dieu. Il est présent même à ceux qui
l’ont quitté, comme beaucoup l’ont fait à son époque, parce
que ses paroles semblaient trop difficiles à accepter. C’est pour
cela que nous prions pour eux et pour nous : « Seigneur, aide-
nous. Viens dans ce monde. Nous avons besoin de toi, de ta
chair, de ton Esprit, de ta mort et de ta vie, et de ton message
pour toute la création. »

Nous ne devons craindre ni nos ennemis, ni la calomnie ou la


persécution que nous subirons peut-être un jour. Nos devons
mettre notre confiance en Jésus, il fut lui aussi calomnié et
persécuté. Nous ne désirons rien de meilleur. Si nous nous

66
tournons vers Jésus avec amour et avec une confiance totale,
je suis absolument certain qu’il nous gardera sous sa protec-
tion et dans son amour.

Il nous faut avoir confiance et croire que Jésus est la solution


à toutes nos incertitudes, nos problèmes et nos inquiétudes.
Je n’ai pas toujours suffisamment fait confiance à Jésus, et je
me rends compte que ce manque de confiance est un péché.
La vie n’est pas sans doutes ni sans inquiétudes. Mais nous
savons vers qui nous tourner. C’est très simple  : si vous ne
comprenez pas quelque chose, faites confiance à Jésus. Ceci
n’est pas toujours facile  ; parfois, cette adhésion totale du
cœur doit s’acquérir au prix d’une lutte intérieure. Mais Jésus
nous dit : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi » (Jean
14.1). Voilà l’unique réponse.

Extrait d’une lettre : Je vous conseille de ne pas trop vous tracasser


à propos de questions de foi difficiles, telles que  : pourquoi
Dieu se servirait-il de quelqu’un qu’il aime comme instrument
de sa colère?  Nous ne connaissons pas suffisamment l’amour
de Dieu. La seule réponse à ce genre de question, c’est la confi-
ance totale et inconditionnelle.

Extrait d’une lettre  : Même lorsque nous sommes tourmentés,


nous devons nous oublier nous-mêmes et nous donner en
servant ceux qui nous entourent. Alors Dieu nous aidera. Il
n’est pas toujours bon de parler sans cesse de ses problèmes
et de partager ses difficultés. Dieu sait ce dont nous avons
besoin, bien avant que nous lui demandions. Ayez confiance
en lui comme un enfant. Il vous aidera.

67
Si nous sommes tentés de perdre confiance les uns envers les
autres à cause de nos luttes pénibles du passé ou pour toute
autre raison, nous devons trouver le calme intérieur. Nous
devons avoir une attitude d’abandon confiant en Jésus, lui dis-
ant : « Non pas ma volonté mais la tienne » (Matthieu 26.39)
— une telle confiance nous donne la vraie tranquillité inté-
rieure. Sans cette confiance fortifiante, je ne pourrais pas vivre
un seul jour. Notre mouvement, le Bruderhof, passera ; nous
tous, nous passerons. Jésus, finalement, sera le seul vainqueur.

Extrait d’une lettre  : Je sais, pour avoir entendu des mamans


de petits enfants, qu’elles ont souvent peur de choses terri-
bles qui pourraient arriver à leurs enfants dans ce monde
d’aujourd’hui. Je peux très bien le comprendre. Mes premiers
enfants sont nés en Angleterre, pendant la Deuxième Guerre
mondiale, alors que des bombardiers nous survolaient toutes
les nuits. Par deux fois, des bombes touchèrent notre vois-
inage — elles tombèrent une fois sur nos terres, et l’autre
fois sur le village voisin. Mais plus grande que notre peur
des bombardements était notre crainte qu’Hitler ne conquît
l’Angleterre — pour nous, c’eût été la mort — et ma détresse
intérieure était indicible quand je pensais à ce qui pourrait
arriver à nos enfants.
Nous ne vivons pas dans la crainte des bombardements en
ce moment, mais il est vrai que nous vivons à une époque de
grande souffrance et de mort. Il est même très possible qu’un
grand nombre d’entre nous — y compris des parents de petits
enfants — aient un jour à souffrir et à mourir pour notre foi.
Je vous supplie du fonds du cœur de mettre toute votre con-
fiance en Dieu. Il y a de nombreux passages effrayants dans

68
la Bible, surtout dans l’Apocalypse de Jean. Pourtant, même
là il est écrit que Dieu lui-même essuiera les larmes de tous
ceux qui ont souffert (Apocalypse 21.4). Il nous faut croire
réellement que Jésus est venu non pas pour juger, mais pour
apporter le salut :
Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique,
afin que tout homme qui croit en lui ne meure pas mais qu’il
ait la vie éternelle. Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde
pour condamner le monde, mais pour que le monde soit
sauvé par lui (Jean 3.16-17).

Nous voyons ici l’immense désir de Dieu de sauver l’humanité.


A la fin, nous serons unis à Dieu. Nous devons croire cela,
pour nos enfants aussi, même s’il nous faut souffrir pour
l’amour de Jésus.

Comme le soleil brille sur une vallée, le grand amour de Dieu


s’étend sur toute la terre. Il est vrai qu’il y a des choses ter-
ribles dans ce monde, comme la guerre ; et d’autres guerres
arriveront, mais Dieu est plus puissant. Il est beaucoup plus
grand que l’homme, et son amour est beaucoup plus grand
que l’amour humain. Ne vivez pas dans la peur. Regardez la
vallée, levez les yeux vers la montagne, et pensez à Dieu qui a
créé toutes choses et qui vous tient dans sa main.
Si nous vivons selon Jésus et ses enseignements, nous
n’avons aucune raison d’avoir peur. Soyons fidèles à Dieu et à
Jésus-Christ, et abandonnons toute crainte.

Apprenez à avoir toujours confiance en Jésus, même lor-


sque vous ne comprenez pas tout. Vous connaitrez maintes
situations dans la vie que vous ne comprendrez pas. La seule

69
réponse est votre confiance en Jésus. Vous vivrez des moments
très difficiles, mais n’oubliez jamais qu’à Dieu appartient la
victoire finale. Ayez toujours cette foi. Le ciel et la terre dis-
paraîtront, mais un nouveau ciel et une nouvelle terre appa-
raîtront (Apocalypse 21.1).

70
La vénération
Nous devrions craindre Dieu, et nous devrions craindre de
blesser ou d’offenser toute créature, mais jamais nous ne
devrions avoir peur de Dieu. La Bible parle de la crainte de
Dieu, mais il y a aussi une autre sorte de crainte qui éloigne de
Dieu et qui refroidit l’amour. Malheur à nous si nous confon-
dons la vraie crainte avec la fausse. Notre crainte devrait naître
de l’amour et de la vénération.
Lorsque Pierre reconnut en Jésus le Fils de Dieu, il lui
dit  : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme
pécheur ! » (Luc 5.80). Il avait peur d’être mis en présence de la
pureté de Jésus. Une telle crainte est juste. Mais la crainte qui
détruit la confiance et l’assurance, ou notre cœur d’enfant, est
injuste. Nous devons craindre Dieu de façon juste.

Extrait d’une lettre  : Jean écrit que le craintif aime imparfaite-


ment (1 Jean 4.18). J’ai souvent réfléchi à ceci, car certaines
paraboles de Jésus, comme par exemple celle des dix vier-
ges, pourraient nous effrayer. Le livre de l’Apocalypse aussi
peut faire peur. Jésus nous dit que nous ne devons pas crain-
dre « ceux qui tuent le corps » mais que nous devons crain-
dre « celui qui peut faire périr le corps et l’âme dans l’enfer »

71
(Matthieu 10.28). Il existe donc une crainte de Dieu qui est
juste et bonne. En somme, si nous sommes en Dieu, nous ne
craindrons rien sauf Dieu. C’est l’état idéal pour un chrétien.

Nous nous sommes toujours servis du nom de Dieu avec


réserve, non seulement parce que nous sentons qu’il nous faut
être prudents, mais aussi parce que les dix commandements
nous disent : « Tu ne prononceras pas le nom de l’Eternel, ton
Dieu, en vain » (Exode 20.7).
Il est essentiel pour les parents d’apprendre à leurs enfants à
respecter Dieu, afin qu’ils ne se posent même pas la question
d’abuser du nom de Dieu.

Les gens ont terriblement tendance à oublier Dieu et ses actes


d’amour. C’est ce qui peut arriver de pire à l’humanité. Lorsque
plus personne n’a d’intérêt pour Dieu, que personne ne désire
le connaître ni témoigner de lui, ceci est encore plus néfaste
que l’hostilité envers Dieu,  car l’hostilité manifeste au moins
un intérêt.
L’histoire de Siméon et d’Anne, qui attendaient la venue du
Messie au nom de tout le peuple d’Israël devrait nous inspirer
(Luc 2.25-39). Peu importe s’il ne reste que deux personnes,
car même dans ce cas, la terre n’a pas complètement oublié
Dieu. Nous devrions désirer ardemment témoigner de Dieu,
l’aimer, et attendre son avènement.

72
L’abandon
Malgré les circonstances de notre époque, il nous faut
être ouverts et libres de vivre selon ce que Dieu veut pour
l’avenir — la communauté fraternelle et le Royaume de
Dieu. Nous devons être prêts et désireux d’abandonner
notre résistance à Dieu. Alors, Il agira en nous à travers son
Esprit-Saint.
Dieu est toujours prêt, toujours présent. C’est nous qui ne
sommes pas prêts pour sa cause. Si seulement nous nous sou-
mettions à l’autorité de Dieu, à la voie de Jésus et au pouvoir
de l’Esprit, alors la flamme qui donne la lumière au monde
entier pourrait être allumée.
Nous connaissons les commandements de Jésus  : « Va
vendre tout ce que tu possèdes … puis viens et suis-moi  !  »
(Matthieu 19 :21) ; « Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs
morts » (Matthieu 8.22) ; « Venez avec moi et je ferai de vous
des pêcheurs d’hommes » (Matthieu 4.19).
Les disciples aussi connaissaient les commandements de
Jésus. Ils savaient également que chacun, à sa façon, est assez
« riche » pour pouvoir résister, en s’accrochant même au peu
qu’il a : « … je ne peux y aller » (Luc 14.20). C’est pourquoi ils
demandèrent, très étonnés : « Mais alors, qui peut être sauvé ? »

73
Jésus répondit  : «  Aux hommes, cela est impossible, mais à
Dieu, tout est possible  » (Matthieu 19.25-26). Si nous nous
ouvrons à l’action de Dieu en nous et que nous renonçons à
notre propre volonté, Dieu est toujours prêt à nous donner la
foi et l’amour.

Dieu désire que nous lui demandions de l’aide. Ce n’est pas


qu’il ne puisse ou ne veuille agir sans notre demande, mais il
attend que nous lui ouvrions notre cœur et notre vie, afin que
lui — et lui seul — puisse agir.
Beaucoup de personnes se demandent pourquoi Dieu est
ainsi, pourquoi il n’impose pas sa volonté aux hommes. Mais
c’est ainsi qu’il est. Il attend que nous soyons prêts. Il est vrai
que Dieu punit des individus et des nations afin de les appeler
à la repentance, mais jamais il n’imposera son amour.
Si un parent prenait son enfant à la gorge pour lui imposer
ses bonnes intentions, l’enfant sentirait instinctivement que
cela n’est pas de l’amour. Pour la même raison, Dieu n’impose
jamais sa volonté sur personne. Ainsi, nous nous trouvons
face à une question d’une importance capitale : sommes-nous
disposés à nous abandonner librement à Dieu ? Sommes-
nous disposés à ouvrir les fenêtres de notre cœur, afin que
Dieu, dans sa bonté, puisse entrer et prendre le relais ?

Nous devons nous abandonner entièrement à Dieu, et si nous


échouons, il nous faut nous donner à nouveau. Nous avons
tous besoin du pardon pour nos péchés et nos manquements.
Ce qui est important est de vouloir être fidèle, fidèle jusqu’à la
fin de sa vie. Cela veut dire renoncer à tout — à sa volonté pro-
pre, à ses espoirs de bonheur personnel, à sa propriété privée
et même à ses faiblesses — et croire en Dieu et en Jésus-Christ.

74
C’est tout ce qui est demandé de chacun. Jésus n’attend pas
la perfection, mais il désire que nous nous donnions entière-
ment et de tout cœur.

Extrait d’une lettre : Qu’est-ce que l’abandon véritable et incon-


ditionnel ? Quelqu’un peut se soumettre à quelqu’un de plus
fort, une armée peut céder à une autre qui est plus forte. On
peut se soumettre à Dieu parce qu’il est tout-puissant, ou
parce qu’on craint son jugement. Rien de cela n’est l’abandon
parfait. Ce n’est que lorsqu’on fait l’expérience que Dieu est
bon — et que lui seul est bon — qu’il est possible de lui rem-
ettre son cœur, son âme, son être tout entier, sans condition.
Lorsque quelqu’un s’est abandonné cœur et âme à Dieu, il
recherchera d’autres personnes chez qui le même amour se
manifeste clairement, et il s’abandonnera également à celles-
ci. Mais il ne peut s’engager envers les autres que si son pre-
mier engagement est envers Dieu.

Extrait d’une lettre  : Si jamais nous trouvions un groupe  —


même s’il était bien plus petit que le nôtre — où l’amour de
Jésus s’exprimait de manière plus entière et plus claire que
chez nous, j’espère et je crois que nous voudrions le rejoin-
dre, même si cela signifiait la perte de notre identité en tant
qu’église-communauté.

Extrait d’une lettre : Dieu doit nous conduire jusqu’au point où


nous reconnaissons combien nous sommes misérables et fai-
bles — oui, combien nous sommes pauvres en esprit et totale-
ment impuissants. A quiconque sent encore la moindre force
en lui-même, sa faiblesse doit être révélée. Lorsque Dieu nous
montre combien nous sommes démunis et pauvres, nous

75
nous sentons complètement impuissants devant lui. Mais
alors, Il nous aide de sa grâce, et Il nous fortifie de son amour
infini. Nous dépendons entièrement de Dieu, du Christ, et du
Saint-Esprit. Il n’y a pas d’autre secours.

Céder à la volonté de Jésus signifie s’unir à lui et s’unir les


uns aux autres. Jésus s’est tellement battu pour soumettre sa
volonté à celle de son Père qu’Il en transpira des gouttes de
sang (Luc 44.22). Des puissances démoniaques l’entouraient
et tentèrent de provoquer sa chute, mais il resta fidèle : « Que
ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne » (Luc
22.41). Cette attitude devrait aussi être la nôtre, dans tous les
domaines, même si nous sommes persécutés à cause de notre
foi. Quoi qu’il arrive — l’emprisonnement ou même la mort
— nous devrions dire : « Non pas ce que je veux, mais ce que
tu veux » (Marc 14.36).

LA SOUMISSION
Le Christ nous dit : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais
moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, pour que vous alliez
et portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jean 15.16).
Ces paroles sont tellement importantes : « Je vous ai établis... »
(dans la traduction allemande d’Albrecht : « je vous ai assigné
votre place »). Comme il est fréquent de voir une personne
causer beaucoup de mal parce qu’elle n’est pas satisfaite de sa
place dans la vie. Un tel sentiment d’insatisfaction conduit à la
haine. Nous devrions nous aimer les uns les autres et accepter
la place que Dieu a donnée à chacun de nous.

76
Lorsque Jésus envoya deux de ses disciples chercher une ânesse
et son ânon, le dimanche des rameaux, ces disciples ne conce-
vaient pas d’autre tâche plus importante que de les trouver. Si
quelqu’un leur avait dit  : « Vous êtes appelés à accomplir des
choses plus importantes, n’importe qui peut aller chercher
un âne », et s’ils ne l’avaient pas fait, ils auraient été désobéis-
sants. Mais il n’y avait pour eux, à ce moment-là, rien de plus
important que d’aller chercher l’âne pour le Christ. Je souhaite,
pour moi-même et pour chacun, que nous puissions accomplir
toute tâche, grande ou petite, dans cette obéissance. Il n’y a rien
de plus important que d’obéir au Christ.

L’HUMILITÉ
Jésus appelle chacun de nous à être humbles. Si une personne
recherche la grandeur humaine, la communauté chrétienne
n’est pas sa place. Chacun d’entre nous peut être tenté par
l’ambition, mais il nous faut rejeter cette tentation.
Extrait d’une lettre : Il est bon d’être faible. Notre faiblesse humaine
n’est pas un obstacle au Royaume de Dieu tant que nous ne
nous en servons pas comme excuse pour nos péchés. Lisez 2
Corinthiens 12.7-9, où Paul écrit que c’est dans notre faiblesse
que Dieu se révèle dans toute sa gloire. Ce passage de la Bible
n’est certainement pas le plus important pour l’église dans
son ensemble, mais il est peut-être le passage de l’évangile le
plus important pour ce qui concerne l’état de disciple dans la
vie personnelle.
Extrait d’une lettre  : En lisant l’évangile de Marc, je suis frappé
par l’importance que Jésus donne à la nécessité d’être humble.

77
Lui-même n’est pas venu pour se faire servir, mais « Il est venu
pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude »
(Marc 10.45). C’est ce que nous devons faire également, bien
que nous soyons conscients d’être très loin de l’accomplir.
Les Béatitudes ne demandent pas de grands saints qui brillent
dans le monde, mais des personnes humbles.
Extrait d’une lettre : Si vous savez que vous êtes parfois porté à
la critique et que vous manquez d’humilité, alors recherchez
l’humilité. L’humilité est une vertu que l’on peut décider de
vouloir acquérir. L’humilité adoucit le cœur et le rend disponi-
ble pour Dieu. Critiquer n’est pas nécessairement mal, ce peut
être positif. Mais ce peut être aussi extrêmement destructif.
Nous ne devrions pas trop penser à la petitesse de notre
cœur et à la faiblesse de notre caractère. Nul n’est pur et bon
excepté Jésus-Christ. Il est le seul caractère vraiment sain et,
dans sa miséricorde infinie, Il peut purifier nos cœurs en vue
d’accomplir son dessein. Donnons-nous à lui afin qu’Il puisse
nous guider et se servir de nous selon sa volonté. Détournons-
nous de la tentation de Caïn, qui envia l’intimité de son frère
avec Dieu (Genèse 4.5). Soyons joyeux de simplement appart-
enir à Jésus, et laissons-le nous placer là où nous pouvons
porter le plus de fruit pour la gloire de Dieu.
Extrait d’une lettre : Si nous acceptons la faiblesse et la petitesse
de nos vies d’une façon qui nous conduit à l’humilité devant
Dieu, nous verrons que notre unique secours est dans notre
soumission totale à lui et dans notre dépendance de lui. C’est
peut-être là une prise de conscience douloureuse, mais la
victoire sera la vie !

78
Saint-Paul nous dit : « Ne faites rien par esprit de rivalité ou
par vaine gloire  » (Philippiens 2.3). Il ne parle pas seulement
de la vanité de vouloir paraître beau  — ce qui est également
antichrétien — mais de la vanité religieuse de ceux qui veu-
lent briller parmi les hommes et recevoir leurs honneurs. Un
tel orgueil n’a pas sa place parmi nous. Paul continue : « Que
chacun considère les autres comme supérieurs à lui-même »
(Philippiens 2.3). Voilà bien le contraire de vouloir surpasser
ses frères et sœurs. Si nous désirons suivre Jésus, comment
pourrions-nous vouloir être supérieur ou important ? Jésus
« s’est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu’à la mort,
et à la mort sur la croix » (Philippiens 2.8).

79
La sincérité
Qu’il est important que notre vie soit sincère et reste sin-
cère, et que nous ne fassions rien de plus — mais aussi rien de
moins — que ce que Dieu demande de nous à chaque instant !
Le danger existe d’arriver à une compréhension intellectuelle
de la vérité et d’y conformer sa vie, alors que la vérité n’a pas
encore été introduite par Dieu dans nos cœurs et dans nos
âmes.

Ne prononçons jamais de paroles spirituelles si nous n’y


croyons pas réellement. Si nous parlons, plein d’admiration,
de l’état de disciple, mais qu’en même temps nous résistons
à ses exigences, cela fera beaucoup de tort à notre âme et à
notre vie intérieure. Usons des termes religieux et des expres-
sions de la foi avec réserve. Les employer sans véritable sincé-
rité nous détruira, et notre hypocrisie sera particulièrement
désastreuse pour nos enfants.
Jésus nous met fermement en garde de ne pas chercher à
paraître pieux aux yeux du monde. Soyons vrais et exprimons
ce que nous pensons réellement, même si nous nous trom-
pons. Cela vaut mieux que de prononcer de bonnes paroles
sans y croire sincèrement (Matthieu 6.5).

80
Extrait d’une lettre  : D’après une ancienne tradition juive, le
grand-prêtre ne prononçait le nom de Jéhovah qu’une seule
fois par un — le jour du grand pardon — et ceci seulement
dans le Saint des Saints du Temple. Pour nous, un tel respect
dans l’emploi du langage religieux est un aspect important de
la chasteté intérieure. Nous employons le nom de Dieu avec
beaucoup de prudence.
Extrait d’une lettre : Il est important d’être franc et honnête pour
ce qui est de vos vrais sentiments. Soyez plutôt trop rude que
trop doucereux, trop brusque que trop gentil. Mieux vaut
exprimer une parole désobligeante mais vraie qu’une parole
« gentille » qui ne l’est pas. On peut toujours demander par-
don pour une parole dure, tandis que l’hypocrisie peut causer
des dommages permanents, à moins qu’une grâce spéciale ne
soit donnée.
Le « Mouvement de la Jeunesse1 », dans lequel nos communau-
tés ont leurs racines, fut marqué par une soif d’authenticité,
et quelque chose de Jésus l’animait. La première question
que l’on se posait n’était pas de savoir si une chose était juste,
bonne ou vraie, mais si elle était authentique. On préférait
écouter une personne dire quelque chose d’incorrect ou de
maladroit en toute innocence plutôt que d’avoir à écouter des
discours religieux hypocrites. On rejetait une religion de per-
roquet, on luttait pour trouver la vérité.
1
Le Mouvement de la Jeunesse Allemande, ou Jugendbewegung, fut un phénomène
d’une grande ampleur. Actif entre 1913 et 1933, il était constitué de groupes de
jeunes, organisés sans structure stricte, qui rejetaient les conventions de la société
établie en faveur de la simplicité, la liberté, l’authenticité et l’amour de la nature.
Eberhard Arnold, qui fonda le Bruderhof en 1920 et était connu au niveau national
pour ses écrits et ses conférences, fut l’un des leaders de ce mouvement.

81
Des profondeurs des cœurs naissait une nouvelle approche
de la vie, un nouvel amour de la vie, qui s’exprimait de mul-
tiples façons. Cette soif intérieure conduisit les jeunes à
s’associer dans un esprit de camaraderie pour faire des ran-
données, chanter, danser des danses folkloriques — certains
mêmes s’organisèrent en communautés. Se rassembler aut-
our d’un feu flamboyant devenait une expérience intérieure
profonde, et le mouvement rythmique d’une danse en cer-
cle exprimait quelque chose venant du fond des cœurs. L’on
s’efforçait de n’exprimer que ce qui était vraiment authen-
tique, ce qui impliquait le rejet de tous faux-semblants, y com-
pris la mode. L’essentiel était l’expérience intérieure, et elle
s’exprimait avec force dans tous les domaines de la vie.

Extrait d’une lettre : Ce n’est pas celui qui pèche de manière évi-
dente qui fait obstacle à Dieu. Les plus grands ennemis de Dieu
sont ceux qui, ayant reçu et accepté l’appel à suivre le Christ,
continuent à servir Satan malgré leur langage religieux.
La plupart des paraboles de Jésus parlent de ce genre de per-
sonnes, et non pas des gens du monde. Les dix vierges dans le
chapitre 25 de Matthieu sortent pour aller à la rencontre de
l’époux, mais cinq d’entre elles s’endorment. Dans le chapitre
24, la responsabilité des biens du maître est confiée au servi-
teur, qui devient infidèle, et ainsi de suite (Matthieu 24.48-49).
Voilà le plus grand obstacle au royaume de Dieu : ceux qui ont
entendu et répondu à l’appel de Dieu, mais qui continuent à
employer des paroles chrétiennes tandis qu’ils servent Satan.
Si nous restons proches de Jésus, nous trouverons
l’authenticité dans sa forme la plus pure. Comme Jésus parle
sévèrement contre cette forme de piété qui cherche à se

82
purifier de l’extérieur ! Comme il nous dit clairement que c’est
l’intérieur qui doit d’abord être purifié!

83
L’EGLISE
L’Eglise
Nous savons combien l’humanité est tourmentée et divisée.
Un aspect de ce tourment est la solitude, qui ne peut être sur-
montée qu’en faisant l’expérience de l’église vivante. Cette
église-communauté n’est pas un groupe ou une organisation
spécifique, et pourtant, elle existe bel et bien. Elle est vivante
et tend la main aux personnes humbles en recherche. Le fait
que l’église existe est la réalité la plus importante sur terre.
Lorsque Dieu parle au plus intime de notre cœur, notre senti-
ment d’être séparé et notre solitude, causés par le péché, sont
surmontés  ; nous faisons l’expérience de la vie en commu-
nauté avec nos frères et sœurs.

Nous ne pouvons pas dire que l’église soit ici ou là. L’église
descend des cieux vers tous ceux qui se savent pauvres d’esprit.
L’église vient à ceux qui renoncent à tout pour l’amour du
Christ, y-compris à leurs opinions personnelles et à leurs droits.
Lorsque cela se produit — et cela peut survenir n’importe où —
des personnes sont rassemblées dans l’unité.
D’après les premiers chrétiens, l’église existait avant même
la création. L’église existe en l’Esprit-Saint. Le Christ envoie
son église partout où deux ou trois se rassemblent en son

85
nom — et lorsqu’ils renoncent à tous leurs droits, au pouvoir,
à la propriété privée, et à eux-mêmes, par amour de Dieu.
Lorsqu’on nous demande si nous sommes l’église, nous
devons répondre : « Non, nous ne sommes pas l’église ». Mais
si l’on nous demande si l’église vient à nous, nous devons
l’affirmer, surtout quand nous sommes découragés et pauvres
devant Dieu. Plus un groupe est pauvre spirituellement, plus
l’église peut s’en rapprocher. Il nous faut renoncer totalement
à nos propres idées, surtout celle concernant notre influence
ou notre pouvoir sur les autres. Il nous faut devenir pauvres
comme des mendiants devant Dieu.

Lorsque nous parlons de l’église véritable, nous ne pensons


absolument pas à notre mouvement. Nous voulons simple-
ment dire par là tous ceux qui vivent leur vie en unité totale avec
le Christ. Ce n’est que là que les fruits peuvent se manifester.

Dans les écrits des premiers chrétiens, comme par exemple


dans Le Pasteur d’Hermas, nous retrouvons sans cesse l’idée
que l’église existait avant toute création. Ceci est une pensée
profonde et remarquable, en contraste total avec l’idée d’une
petite congrégation de fidèles ou même d’une assemblée de
plusieurs millions de personnes, se disant l’église.
Quand nous parlons de notre mouvement en tant qu’église,
nous ne voulons absolument pas dire qu’il est l’Eglise. L’église
est quelque chose de beaucoup plus grand, elle remonte au
commencement de toute chose, avant la création du monde.
Mais nous désirons ardemment que l’église soit vivante et
active aujourd’hui, et entre autres parmi nous.
Peter Riedemann, un anabaptiste du seizième siècle, a com-
paré l’assemblée des croyants dans l’église à une lanterne.

86
Sans lumière, une lanterne ne sert à rien. Il en est de même
pour l’église-communauté. Elle peut vivre en communauté
totale de biens, sans propriété privée ; il peut y avoir l’amour,
le dévouement parfait et une véritable communauté. Mais
tout ceci ne garantit pas qu’elle soit vivante. L’église est un don
de Dieu. Elle vient à ceux qui se savent pauvres d’esprit, et c’est
le Saint-Esprit qui lui donne la vie et l’unité.

Extrait d’une lettre : En cette heure de désespoir et de misère par-


tout dans le monde, il n’y a rien de plus important que la vie
de fraternité, la vie d’amour et d’unité. C’est peut-être très peu,
presqu’invisible en comparaison avec toute la souffrance du
monde, mais cela ne restera pas sans effet.
Aujourd’hui, le monde n’a pas besoin de longs sermons ni
de paroles religieuses. Il a besoin de voir des actes et la voie
pratique d’une vie de disciple. Notre époque a besoin de la
démonstration tangible que Dieu est plus fort que toute haine,
toute misère, tout péché et toute désunion. Dieu a besoin d’un
peuple de personnes qui dévouent toute leur vie, sans réserve,
à sa cause — des personnes qui ne pensent pas d’abord à
leur propre salut, mais qui intercèdent par la prière pour les
besoins des hommes, des personnes qui espèrent et croient
en la victoire de Dieu.

Une vraie communauté ne peut exister un seul jour sans le don


du Saint-Esprit. Ainsi, que nous soyons ensemble en silence,
ou que nous chantions ensemble, nous attendons, nous espé-
rons ce don que Dieu nous a offert par la mort de Jésus.
On dit que l’église primitive était parfaitement unie de cœur
et d’esprit. Le groupe n’était peut-être pas très bien organisé,
mais il formait un seul cœur et une seule âme. Ses membres

87
étaient poussés et guidés par l’esprit. Grâce à cela, « nul ne
disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais, tout
ce qu’ils avaient était propriété commune » (Actes 4 :32). Ce
n’était pas une question de loi rigide et insensible, ce n’était
pas un communisme organisé, mais une question de cœurs
mus par l’amour.

Extrait d’une lettre  : Ce n’est pas nous qui pourrons constru-


ire la fraternité, ou fonder une église, ou même changer un
seul être humain. Nous dépendons tous entièrement de
l’atmosphère — celle de l’Esprit de Dieu — qui règne parmi
nous. Et pourtant, nous avons tous une certaine influence
sur cette atmosphère. Ainsi, il est de la responsabilité de cha-
cun de veiller à ne laisser entrer dans notre vie aucun esprit
opposé à Dieu.

Si nous sommes fidèles à Jésus, nous serons aussi fidèles


les uns aux autres. Nous appartenons les uns aux autres. Si
quelqu’un se consacre à Jésus, il sera uni à d’autres croyants,
et ils deviendront tellement unis qu’ils seront comme un seul
corps. Dans le corps humain, si l’œil est en danger, le bras se
lève aussitôt pour le protéger, même si, ce faisant, il pour-
rait être endommagé. C’est un mouvement instinctif, comme
guidé par l’amour. Il en est de même pour ceux qui se consa-
crent au Christ et les uns aux autres. Chacun devrait être prêt
à souffrir pour l’autre, le plus fort pour le plus faible.

Extrait d’une lettre  : En Jésus et son Esprit nous devenons tous


un, et nous nous unissons même avec l’église céleste, avec les
apôtres et les martyrs, et avec tous ceux qui ont été et qui sont

88
unis à Jésus. Mais si notre amour s’éloigne de Jésus, rédemp-
teur et sauveur du monde, alors notre foi en l’église devient
une idolâtrie.

Le paradoxe est que nous devons nous distancier de cette


génération corrompue — et nous ne le ferons jamais assez
rigoureusement — mais en même temps nous devons aussi
nous unir au Christ, qui est mort par amour pour chaque indi-
vidu de cette même génération. Ce dont nous avons le plus
besoin, en tant qu’église, c’est de trouver le Christ crucifié,
l’Agneau de Dieu, qui est mort pour les péchés du monde. Si
nous sommes unis au Christ, nous ne serons pas insensibles,
que ce soit envers une jeune fille qui a avorté ou envers qui que
ce soit qui commet le mal. Nous aurons des cœurs remplis de
compassion.

Extrait d’une lettre  : Notre mouvement a certaines caractéris-


tiques qui proviennent en partie de son origine européenne et
de certaines circonstances historiques. Il en est de même pour
la Church of the Brethren (l’église des frères), les Quakers et
d’autres mouvements religieux. Je comprends très bien que
l’on aime et que l’on soit attaché à une culture et plus encore,
au peuple dont on est originaire.
Mais considérons un instant la « communauté des croy-
ants », le corps du Christ, qui se perpétue à travers les siècles.
Dans ce contexte, qu’est-ce que notre mouvement et sa cul-
ture ? Tout ce qu’il peut y avoir de bon en lui ne l’est que dans
la mesure où il est soumis et saisi par ce courant de vie. Notre
mouvement s’éteindra, de même que d’autres mouvements,
mais le courant de vie dont il fait partie, lui, ne passera jamais.
C’est cela qui compte.

89
Si nous avions pris la décision d’être une communauté chré-
tienne de culture germanique, uniquement au service des per-
sonnes venues du Mouvement de la jeunesse allemande, nous
aurions été en danger de disparaître avant même d’avoir existé.
Nous voulons remettre nos vies à Dieu totalement, lui permet-
tre de se servir de nous comme Il le désire, là où Il touche le
cœur des gens, et rester ouverts à ce qu’Il nous donne. Sinon,
nous serions en danger de mettre des limites à la vérité.
Nous ne sommes qu’un faible cercle d’êtres humains — sou-
vent bien trop humain. Mais notre tâche ne peut jamais être
limitée. Dieu n’a pas de limites.

Plus je vieillis, plus nos communautés perdent de l’importance


pour moi. L’essentiel, c’est que l’église priante de Dieu existe sur
cette terre. C’est pour cela que nous voulons nous donner nous-
mêmes, et c’est pour cela que nous voulons vivre.
Il nous faut ressentir une certaine urgence intérieure. Nous
ne pouvons pas laisser la vie passer comme cela, sans nous
être consacrés totalement à l’église-communauté. L’église
était avec Dieu avant la création du monde, et elle est mainte-
nant avec Dieu dans le ciel comme « l’église d’en haut », la mul-
titude des témoins de toutes les nations, tribus et races. Nous
ne pouvons pas rester indécis face à cette sainte réalité.

Extrait d’une lettre  : Sommes-nous tellement dévoués en tant


qu’église, tellement comblés de vérité et de sel, que nous
pouvons influencer toute la terre, comme une pincée de sel
assaisonne tout un plat ? Il ne suffit pas de vivre en commu-
nauté, de s’entraider, de se rendre heureux — de faire des
confitures pour le voisin, qui en fera à son tour pour son
voisin. Il nous est demandé plus.

90
Je crois que nous vivons la fin des temps. C’est un moment
crucial. Tout dépend de si nos lampes ont de l’huile, si nous
sommes prêts à rencontrer l’époux (Matthieu 25.1-13). Les
paroles d’adieu de Jésus dans l’évangile de Jean sont claires :
l’église doit être tellement unie que le monde doit pouvoir
reconnaître Dieu comme le Père qui a envoyé Jésus (Jean
17.21). Est-ce vraiment ce que nous montrons au monde ? La
question me fait trembler jusqu’au plus profond de mon cœur.

91
La communauté
Nous devons renoncer à toute propriété privée, et à tout désir
d’amasser des biens pour nous-mêmes. La jouissance des
richesses pour soi-même, pour sa famille, ou même pour sa
communauté, conduit à la mort intérieure. L’abondance con-
duit à la mort parce qu’elle sépare notre cœur de Dieu et de
notre prochain. Nous cherchons une réponse à cela en part-
ageant nos biens de telle façon qu’il soit impossible de tomber
dans le péché de la richesse collective. Notre porte est ouverte
à tous ceux qui cherchent Dieu et la vérité. Sous l’intendance
de l’église, chacun reçoit ce dont il a besoin.

La voie de Jésus implique la dépossession totale ! Nous avons


choisi ce chemin, et nos enfants doivent le savoir dès leur
jeune âge. Il faut qu’ils sachent que notre argent appartient à
Dieu et non pas à nous. Jésus nous dit de ne pas amasser de
richesses dans ce monde, mais de chercher notre trésor dans
le ciel (Matthieu19.21; 6.19-20).

Extrait d’une lettre : Vous demandez : « Comment pouvons-nous,


en tant que personnes et familles distinctes, devenir partie
intégrante des autres ? » Ceci doit être donné par l’esprit de

92
Jésus, mais il nous faut d’abord être totalement vides de nos
propres idées, de nos idéaux, de notre être. Il nous faut être
totalement présents pour Jésus et son esprit.

Extrait d’une lettre : Il n’existe aucun substitut pour l’expérience


de la vie communautaire chrétienne, pour le mouvement de
l’esprit de Dieu, et l’unité des croyants dans l’église. J’ai bien
conscience, en écrivant cela, que les mots ne peuvent jamais
contenir l’esprit d’amour de Dieu, qui vit en ceux qui lui ont
tout remis.
En réponse à votre question à propos du fondement bib-
lique de notre vie, il y a les versets 33 du chapitre 14 de Luc,
où Jésus dit clairement que seuls ceux qui renoncent à tout ce
qu’ils possèdent peuvent être ses disciples (Luc 14.33). Il y a
aussi l’évangile de Jean, qui nous dit : « Quand viendra l’Esprit
de vérité, il nous conduira dans toute la vérité » (Jean 16.13).
C’est ce qui se produisit à la Pentecôte, lorsque les disciples
vivaient en union parfaite de cœur et d’esprit, et avaient tout
en commun (Actes 2.44; 4.32-35). Voyez aussi le chapitre 12
de la 1ère épître aux Corinthiens, surtout les versets 25 et 26.
Comment comprendre ces paroles dans toute leur acception
si ce n’est dans le contexte d’une vie d’église-communauté ? Il
en est de même dans 2 Corinthiens, chapitre 8, versets 13 et
15.
A la Pentecôte, les cœurs touchés par l’Esprit débordèrent
d’amour : les croyants furent remplis d’amour pour Dieu et les
uns pour les autres. Je ne pense pas que vous nierez le fait que
lorsque ceci se passa, « une grande grâce était sur eux tous »
(Actes 4.33). La communauté des biens fut le résultat de cet
amour et de cette grâce. Cette communion d’amour est bien

93
éloignée du christianisme d’aujourd’hui, quand, par exem-
ple, des gens témoignent avec reconnaissance que depuis
qu’ils versent un dixième de leurs revenus à leur église, Dieu a
merveilleusement fait prospérer leurs affaires.
Ce serait présenter les choses sous un faux jour de dire que
le partage de l’argent et des biens est le fondement de notre foi
— il en est le résultat, pas le fondement.1 Il est le fruit de notre
abandon total au Christ et à son amour. Nous redonnons à
Dieu tout ce qu’Il nous a donné — nos biens, nos talents et
notre vie — afin d’être guidés uniquement par Lui et par son
Esprit.
Vous nous demandez si cela aidera à gagner des âmes au
Christ. Nous dirons : non. Le simple partage des biens ne con-
duit pas nécessairement à Jésus-Christ. Mais si c’est le résul-
tat d’un amour débordant, cela peut conduire à Lui. Beaucoup
d’entre nous, dans nos communautés, viennent de milieux
non-chrétiens. C’est la fraternité et l’amour vécus qui nous
ont attirés. Nous étions las des paroles, car elles sont faciles
et on les entend presque partout — qui, en effet, dirait qu’il
est contre la fraternité et l’amour  ? Nous ne cherchions pas
des paroles, mais des actes ; non pas des pierres, mais du pain.
Voilà ce que le Christ a proposé : une vie nouvelle où l’amour
gouverne tout, en actes et en vérité.
Vous demandez si un membre a souvent l’occasion de répan-
dre le message de l’évangile véritable, et non pas « l’évangile
de notre mouvement » ? Qu’entendez-vous par évangile ? Que
signifie la bonne nouvelle, si ce n’est la bonne nouvelle qu’il
existe un chemin autre que celui de la mort et du désespoir
qui règnent sur notre monde d’aujourd’hui ? Qu’est-ce que la
1
Voir Vivre en communauté — une nécessité ineluctable, Plough Publishing House, 2010.

94
bonne nouvelle si ce n’est la nouvelle que les hommes peu-
vent vivre ensemble en frères, dans la paix, la pleine confi-
ance et l’amour mutuel, comme les enfants d’un seul Père ?
L’évangile n’est pas fait seulement de paroles, il est porteur
d’actes et de vérité, et d’une façon de vivre que le Christ nous a
montrée. L’évangile est l’expression d’une expérience vivante.
Nous n’interpellons pas les autres pour qu’ils se joignent à nos
communautés, mais pour qu’ils vivent la fraternité. Nous ne
voulons rien ajouter à l’évangile, mais nous sentons aussi très
fortement qu’il ne faut rien y ôter et que nous devons faire face
à tout ce que l’évangile exige de nous.
Vous demandez s’il est nécessaire de nous isoler, en tant
que communauté, de façon à être « dans » le monde, mais non
pas « du » monde. Nous ne nous séparons du monde que dans
le sens où nous voulons nous couper des mauvaises racines
de l’égoïsme, de la cupidité et de l’injustice — de tout ce qui
est manque d’amour dans le monde d’aujourd’hui. La société
actuelle n’est pas fondamentalement différente de ce qu’elle
était au temps de Jésus-Christ. L’homme est toujours égocent-
rique, orgueilleux, avide de gains, de pouvoir et d’une position
élevée. Les fruits de ces maux envahissent toute la société sous
différentes formes  : impureté, haine, alcoolisme, pauvreté,
délinquance juvénile, maladies mentales, violences, et enfin,
guerres. Voilà les fruits de Mammon, les fruits d’une société
non-chrétienne, les fruits de l’ordre mondial actuel. C’est le
monde que Jésus nous a invités à quitter — et qu’Il nous invite
toujours à quitter. Il nous appelle et nous rassemble pour édi-
fier la Cité de Dieu, où seul l’Esprit régnera — la Cité sur la
montagne, qui ne peut être cachée, mais qui rayonne sur le
monde entier.

95
L’évangile nous dit que nous reconnaîtrons l’arbre — une
personne ou un groupe — à ses fruits, car un bon arbre ne
peut produire de mauvais fruits, et un mauvais arbre ne peut
produire de bons fruits (Matthieu 7.16-18). Les fruits d’une vie
fondée sur le Christ ne sont pas simplement prêcher et parler.
Ce sont nos actes qui comptent. Le Christ a dit que tous les
hommes sauraient que nous sommes ses disciples par notre
amour les uns pour les autres, et non par nos paroles sur notre
amour les uns pour les autres.
Sa dernière prière fut pour l’unité de ses disciples  : « Que
tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi,
afin qu’eux aussi soient un en nous pour que le monde croie
que tu m’as envoyé » (Jean 17.21). C’est ainsi que l’église devrait
être visible dans le monde. La lumière de l’union des croyants
doit briller dans les ténèbres du monde, à la gloire de Dieu.
Vous demandez : « Si nous renonçons suffisamment à nous-
mêmes pour suivre Jésus, ne pourrions-nous pas alors vivre
une vie raisonnable parmi les hommes, en dehors d’une com-
munauté de frères et sœurs ? »
Vous devez répondre vous-même à cette question. Nous
sommes ici parce que nous avons trouvé qu’une vie « raison-
nable » n’était pas suffisante — que Jésus-Christ nous demand-
ait bien plus. Il veut la personne tout entière. Nous ne sommes
pas une « association de frères et de sœurs », mais simplement
un groupe de personnes qui cherchent à vivre plus près de
Dieu. Nous voulons prendre à la lettre les paroles du Christ
dans le Sermon sur la montagne, et nous désirons être mesu-
rés et jugés par ces paroles. Nous ne pouvons répondre pleine-
ment à ses paroles qu’en abandonnant nos vies à sa volonté,
sûrs, dans la foi, qu’Il nous conduira à la vérité.

96
Extrait d’une lettre : Notre vie en communauté est une lutte con-
stante : il nous faut continuellement résister à tout ce qui nous
sépare de Dieu et de nos frères et sœurs. Cet acte d’abnégation
cette mort à soi-même — peut être une expérience très dou-
loureuse. Nous croyons que ce qui nous est demandé, c’est
notre être tout entier. Tout orgueil et toute volonté propre
doivent disparaître, ainsi que toute la structure de notre vie
et de nos pensées dans laquelle nous recherchions la sécurité.
Ceci ne se produit pas dans un soudain éclair de lumière, mais
petit à petit. En vivant ensemble, nous prenons conscience
de ce que certaines choses mènent à la séparation : l’orgueil,
l’apitoiement sur soi-même et la fausse piété. Nous devons
nous détourner de ces maux lorsqu’ils nous sont révélés.
Nous resterons toujours faibles, mais nous puisons notre joie
dans la découverte d’une source de force qui peut triompher
dans chaque combat.

Extrait d’une lettre  : C’est une grande bénédiction de pouvoir


vivre avec des frères et des sœurs. Lorsque l’amour de Dieu
brûle en nous et cimente notre unité pour persévérer dans
la solidarité, aucune difficulté ni aucun combat n’est insur-
montable. C’est un soulagement que de savoir que la vie de
disciple n’est jamais quelque chose d’appris, pas même à tra-
vers des luttes pénibles. Il s’agit plutôt de l’expérience, tou-
jours renouvelée, de la grâce. Quel profond paradoxe  ! Le
Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est toujours le même, et
pourtant lui seul nous délivre de la monotonie et de la loi. En
Lui tout se renouvelle.

Nous devons toujours être conscients du danger du matéri-


alisme, du règne de l’argent ou de tout autre élément matériel

97
sur nos cœurs et nos âmes. Jésus a dit  : « Personne ne peut
servir deux maîtres ... Vous ne pouvez servir à la fois Dieu
et l’argent » (Matthieu 6.24). Ce ne sont pas les choses maté-
rielles en elles-mêmes qui sont l’ennemi, elles font partie de
l’existence. Mais elles doivent être utilisées pour les tâches de
l’église. C’est, en fait, une question d’état d’esprit. La dégéné-
rescence de l’âme fait que tout ce qui est matériel peut détru-
ire une vie. Mais si quelqu’un a avec Jésus et l’église une rela-
tion vivante, il pourra se servir de choses matérielles sans être
dominé par elles.

Extrait d’une lettre  : Cela ne nous intéresse pas de gagner


quelqu’un par des paroles suaves. Notre vie de communauté
est beaucoup trop exigeante. Aujourd’hui, nous avons un toit,
un foyer, du travail et le pain quotidien. Mais comme l’histoire
des Anabaptistes, des Quakers et d’autres mouvements radi-
caux nous l’a montré, nous ne savons pas ce qui se passera
demain.

Un danger immense pour la vie en Dieu, que ce soit en com-


munauté ou non, c’est l’argent — Mammon. Jésus nous le
dit très clairement : « Car là où est ton trésor, là aussi est ton
cœur » (Matthieu 6.21). Hermas, prophète chez les premiers
chrétiens, parle du danger de posséder des champs, des mai-
sons et toutes choses qui ont une valeur matérielle. Il proc-
lame  : « Homme stupide, hypocrite et misérable, ne com-
prends-tu pas que toutes ces choses ne t’appartiennent pas,
qu’elles sont sous un pouvoir étranger à ta nature ? »
Bien que nous vivions la communauté de biens et de
finances, le danger de Mammon est toujours présent. Jésus

98
dit de lui-même  : «  Les renards ont des tanières, les oiseaux
ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas un endroit où
reposer sa tête » (Luc 9.58).

Peut-on se lier pour la vie à un groupe de personnes ? Lorsque


nos novices font leurs vœux, nous leur demandons  : « Etes-
vous prêts à vous abandonner totalement à Dieu, au Christ et
à vos frères ? La question ici n’est pas celle de la consécration
à Dieu ou à Jésus-Christ mais celle de savoir si l’on peut se lier
à un groupe de personnes. J’ai réfléchi sur le sens de la consé-
cration dont il est question ici, l’abandon à Dieu, au Christ et
aux frères et sœurs. Nous connaissons le premier comman-
dement — ne pas avoir d’autres dieux que Dieu seul — et
nous connaissons le commandement du Christ d’aimer son
prochain comme soi-même (Matthieu 22.39).
Nous savons aussi que celui qui dit qu’il aime Dieu  mais qui
en même temps hait son frère, est un menteur (1 Jean 4.19).
Ainsi, nous ne pouvons pas séparer notre engagement envers
Dieu de notre engagement envers ceux qui veulent, eux-aussi,
suivre Dieu.
D’autre part, il est dangereux de s’engager sans réserve envers
n’importe qui, ou, comme il est dit ici, « envers les frères ». Que
se passe-t-il si ces frères tournent mal, même d’une manière
subtile ? Après la première et la deuxième génération, certains
groupes religieux peuvent devenir rigides à propos de certaines
choses. Ils peuvent alors vivre selon des règlements et des lois
internes qui leur semblent justes, mais cela se fait aux dépens de
leur vie spirituelle.
Si nous sommes conscients de ce danger, la véritable ques-
tion est : comment pouvons-nous nous lier, malgré cela, les

99
uns aux autres ? La réponse ne peut être trouvée que dans la
foi en l’Esprit, l’esprit du Christ. Il n’y a pas d’autre réponse.

Extrait d’une lettre : Je vous suis reconnaissant d’avoir confessé


publiquement vos pensées et vos sentiments négatifs envers
d’autres membres de l’église-communauté. Dieu est plus
grand que la sympathie et l’antipathie. Il nous donne l’amour
et la communauté, où justement la sympathie et l’antipathie
sont surmontées.

Extrait d’une lettre : Comme je comprends bien que vous soyez


déçu dans notre communauté ! Moi aussi je frémis en pensant
à tout ce qui s’est passé dans notre histoire. Cependant, en fin
de compte, ce n’est pas à une communauté ou à une église que
nous avons consacré notre vie, même si nous prononçons des
vœux de fidélité à nos frères et sœurs. C’est à Jésus-Christ que
nous nous sommes consacrés. Lui a été trahi, il a été aban-
donné par tous ses disciples, il a ressenti l’abandon de Dieu. Et
malgré cela, la volonté du Père était plus importante pour lui
que toute autre chose.
Je me tiens donc fermement à ceci, et je vous encourage à
vous y tenir vous-aussi. Aujourd’hui, où l’Ennemi disperse
tant de monde, nous devons prendre les paroles de Jésus à
cœur : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; et celui
qui ne rassemble pas avec moi, disperse » (Matthieu 12.30).
Mon désir, c’est de prouver ma fidélité à Jésus et envers mes
frères et sœurs, en me rassemblant avec eux.

Si nous voulons vivre dans l’église-communauté, nous devons


le faire uniquement par amour de Dieu. Autrement, même

100
avec la meilleure volonté, nous serons comme des parasites
de la vie spirituelle de l’église. Même si nous travaillons plus
longtemps que les autres, même si nous faisons rentrer plus
d’argent dans la communauté que les autres, nos efforts seront
comme un poids pour toute la communauté. Notre porte est
ouverte à tous, mais nous attendons de chacun désirant vivre
avec nous qu’il accepte pleinement le défi d’être un disciple à
part entière. Sans cela, notre communauté s’effondrera.

Notre témoignage d’une vie de communauté totale, en mani-


festant que Jésus rassemble et unit les hommes, est en accord
parfait avec les paroles et la nature de Jésus. Mais ce n’est pas la
communauté en elle-même qui est décisive ; ce qui est décisif,
c’est l’amour. La communauté de travail, de biens et les repas
en commun ne sont que les fruits de cet amour.

Extrait d’une lettre  : Nous sommes toujours reconnaissants


quand Dieu renforce notre communauté en lui donnant de
nouveaux membres. Mais nous ne voulons pas gagner des
membres avec des paroles suaves, ni essayer de convaincre
quelqu’un de se joindre à nous en faisant bonne impression.
La vie en communauté occasionne trop de souffrances et de
besoins, et on ne peut pas supporter tous ces combats sans
une confiance totale en la force de Dieu. Nous n’en avons pas
la force par nous-mêmes : c’est Dieu qui est la source de notre
force.

101
La direction spirituelle
Une église chrétienne véritable ne peut être un organisme
vivant sans une direction claire. Pour être dirigé, le navire
qu’est la communauté a besoin d’un homme de barre, et lui-
même doit se laisser diriger d’en haut avec une grande humil-
ité, tout en honorant et en respectant les frères et sœurs qu’il
conduit. Etre dirigé d’en haut signifie écouter la voix du Saint-
Esprit parlant à l’église tout entière.
Un leader ne doit pas s’isoler. Par une proche coopération
entre tous les membres, il est possible de trouver une direc-
tion claire à tous les niveaux. Ceci est vrai à l’égard des ques-
tions concernant la foi, des questions d’ordre pratique ainsi
que des questions concernant l’attitude spirituelle de l’église
dans son ensemble.

Tout véritable service rendu à l’église — y-compris celui de


leadership — est accompli par un des organes du corps. Il doit
par conséquent être fait avec amour, sincérité, honnêteté et
avec un cœur d’enfant. Une personne chargée de responsabil-
ités n’est pas supérieure à quelqu’un qui n’en a pas : personne
n’est plus haut, et personne n’est plus bas. Nous sommes tous
membres d’un seul corps.

102
La vraie direction spirituelle signifie servir. Il est donc terrible
d’en profiter pour avoir un pouvoir sur les autres. Un tel abus
de pouvoir dans une église-communauté est particulièrement
diabolique, parce que les frères et sœurs se donnent librement,
en toute confiance et avec un cœur ouvert, à l’église.
Dans un état dictatorial, on peut parfois céder à une force
plus puissante, même si sa conscience la rejette comme un
mal. Mais dans une communauté de croyants, où les mem-
bres ont confiance en leurs dirigeants, l’abus de pouvoir a une
influence meurtrière sur les âmes.

Lorsque nous demandons à des frères de diriger l’église, nous


devons prier Dieu qu’il leur soit accordé beaucoup. Mais
nous devons aussi les laisser être eux-mêmes, tels que Dieu
les a créés. Ils ne doivent pas être présomptueux ; ils doivent
exprimer uniquement ce que Dieu leur a donné à dire. Nous
n’attendons rien de plus. Ce serait un désastre si quelqu’un se
sentait forcé à tenir un rôle qui ne serait pas vraiment le sien.
Nous n’attendons pas d’une personne qui est faite pour être
« oreille » qu’elle soit « œil ».

Lorsque nous parlons de l’autorité des dirigeants dans l’église,


il doit être absolument clair que jamais nous n’entendons par
là une autorité sur des personnes. Jésus donna l’autorité à ses
disciples, mais il leur donna le pouvoir sur les esprits, pas sur
les personnes. Ainsi, ceux d’entre nous qui ont été désignés
pour guider l’église-communauté reçoivent une autorité,
mais pas de pouvoir sur les personnes. Il est facile d’oublier
ceci. Il nous faut sans cesse rechercher l’humilité.

103
Un serviteur de la Parole1 est toujours en danger d’enseigner
quelque chose d’erroné, ou d’omettre une partie de la vérité.
J’ai de cela une grande crainte, et je vous demande d’intercéder
pour nous tous par la prière. L’apôtre Paul a pu dire qu’il n’avait
rien négligé et qu’il avait accompli tout son devoir d’apôtre au
sein de l’église (2 Timothée 4.7-17). Ceci me touche profondé-
ment. Priez pour que tous les serviteurs de la parole apportent
sans cesse à l’église tout l’évangile sans le déformer et sans y
changer quoi que ce soit.

Jésus dit clairement  : « A qui l’on a beaucoup donné, on


demandera beaucoup » (Luc 12.48). Un serviteur de la Parole
doit savoir que beaucoup plus sera exigé de lui que des autres.
Sa tâche n’a aucun privilège.

Un dirigeant de l’église devrait certainement être admonesté


si quelqu’un pense qu’il a mal agi. Je me souviens combien je
fus reconnaissant lorsque, il y a quelques années de cela, un
frère me prit à l’écart après une réunion — où je m’étais mis
en colère contre quelqu’un — et me demanda  : « Es-tu vrai-
ment sûr que ta colère venait du Saint-Esprit ? » Je dus admet-
tre que ce n’était pas le cas. J’ai alors rappelé la réunion et j’ai
pu remettre les choses en ordre. Si vous avez l’impression
que moi ou quelqu’un d’autre abuse de sa position d’autorité,
faites-nous la faveur de le dire.

Nous ne voulons pas d’une fraternité liée à un homme. Je ne


crains rien de plus qu’un service dans l’église — qu’il s’agisse
d’enseigner ou de conseiller — qui lie émotionnellement une
1
Terme employé pour un pasteur du Bruderhof.

104
personne à une autre. Ceci est terrible, et je ne veux rien avoir à
faire avec cela. Nous devons être unis ensemble en Jésus-Christ.

Je ne déteste rien de plus que le pouvoir sur les âmes et les


corps, surtout dans une communauté chrétienne. Je me suis
fait la promesse de combattre ce mal jusqu’à la fin de ma vie,
et si quelqu’un peut me montrer où j’ai pu abuser de mon
pouvoir sur quelqu’un — même inconsciemment — je veux
m’en repentir profondément. Le pouvoir personnel est le plus
grand ennemi d’une église vivante.

Jésus mit un enfant parmi ses disciples et dit  : « Si vous ne


changez pas pour devenir comme des enfants, vous n’entrerez
pas dans le Royaume des cieux. Le plus grand dans le Royaume
des cieux est celui qui s’abaisse et devient comme un enfant »
(Matthieu 18.3-4). Ici, nous voyons combien Jésus aime l’esprit
d’enfance. Il devrait en être de même parmi nous. Dans un
mariage, le mari et la femme doivent tous deux vouloir être
le plus petit. Et dans l’église-communauté, chaque mem-
bre — serviteur principal, intendant ou qui que ce soit— doit
aussi vouloir être le plus petit. C’est notre but.

Dire la vérité, ce qui est la tâche du serviteur de la parole, n’est


pas un don accordé seulement aux personnes intelligentes
ou supérieures. S’il en était ainsi, les personnes auraient rai-
son de craindre de devenir disciples de Jésus ou leader au sein
de l’église. Ce n’est pas l’intellect de l’homme qui est récep-
tif à la vérité, mais son esprit d’enfance. Jésus nous dit : « ...si
vous ne changez pas pour devenir comme des enfants, vous
n’entrerez pas dans le Royaume des cieux  » (Matthieu 18.3).
L’esprit d’enfance est esprit et demeure esprit, et c’est pour

105
cette raison qu’il est autorité et révélation. En tant que disci-
ple de Jésus, il est crucial de réaliser que la vérité n’est révélée
qu’aux enfants et aux cœurs simples.

Extrait d’une lettre : Je vous remercie vivement de votre souci à


propos de notre dernière réunion de membres. Il y avait tant
en jeu, et pourtant, nous nous sommes perdus dans des con-
versations insignifiantes. La direction que j’aurais dû donner
en tant qu’aîné a dû manquer. Il y a toujours une certaine ten-
sion : d’une part on ne veut pas imposer, mais d’autre part, si
chacun parle à sa guise, ce n’est pas mieux, car alors l’Esprit de
Dieu ne peut pas parler.

Une personne à qui l’église a confié des responsabilités par-


ticulières — comme par exemple celle du service de la parole,
de diaconesse ou d’intendant, de répartiteur du travail ou de
contremaître — ou bien servira avec humilité, ou bien domin-
era les autres comme s’ils étaient ses sujets. Ce danger existe
aussi pour les adultes travaillant avec des enfants. Il y a en cha-
cun de nous une tendance à vouloir être important. Et même
si ce n’est qu’une petite tendance à être autoritaire, par exem-
ple, c’est le début d’un plus grand mal qui, finalement, causera
beaucoup de souffrance.
C’est incroyable combien de souffrance peut être causée
par une personne avec des responsabilités et qui fait sentir son
autorité et traite ses frères et sœurs comme des sujets. Si un
serviteur de la parole est autoritaire, il faut un certain courage
pour se risquer à faire quelque chose et protester. Mais je sou-
haite ce courage à tous nos membres. Jésus seul est notre maî-
tre, et nous sommes tous frères.

106
Les dirigeants d’une église-communauté n’ont aucun droit sur
les âmes qui leur ont été confiées. Regardez la façon dont Jésus
a confié son troupeau à Pierre. Il ne lui a donné aucun droit
sur ses agneaux. Il a seulement demandé  : « M’aimes-tu  ?  »,
puis il a dit : « Prends soin de mes brebis » (Jean 21.15-17). C’est
un péché terrible — qui s’apparente au meurtre — lorsque
quelqu’un qui se voit confier un service pastoral pense alors
qu’il a le droit de gouverner les âmes. Ceci s’applique aussi à
ceux qui s’occupent des enfants.

Je ne veux rien avoir à faire avec l’honneur humain. Je vous


demande de ne jamais honorer une personne, qui que ce soit —
honorez uniquement le Christ présent en elle. Nous dénonçons
l’honneur envers les hommes, parce que ceci conduit au sec-
tarisme. Dans une secte, le chef croit qu’il est grand et impor-
tant, mais c’est une terrible illusion. Nous voulons honorer le
Christ en nos frères et sœurs, nous voulons nous aimer les uns
les autres, comme Jésus nous l’a demandé. Mais nous rejetons
l’idée de la grandeur humaine, qui est folie aux yeux de Dieu.
Nous désirons ardemment que toutes les puissances et
tous les esprits se soumettent, et que notre Jésus bien-aimé
pose sur nous ses mains transpercées. Nous avons soif de sa
présence parmi nous, et nous désirons être prêts à le servir.
Nous demandons que tout ce qui est superficiel en nous, et
tout ce qui pourrait nous effrayer ou nous entraver, soit dis-
sipé. Nous ne voulons reconnaître que l’autorité de Jésus. Oui,
tout est entre ses mains  : Il est le maître de toutes les puis-
sances et principautés, il est le chef de l’église et la vigne dont
nous ne sommes que les rameaux.

107
La révélation du Christ ne supporte aucune lumière humaine à
ses côtés. S’il y a une lumière humaine — orgueil ou présomp-
tion — en l’un ou l’autre serviteur de la parole, elle doit être
éteinte. Seule la lumière de Jésus doit régner dans l’église. Dieu
n’a pas besoin de lumière humaine. Il a besoin d’hommes et
de femmes qui attendent sa lumière dans l’obscurité, qui ont
faim de vérité, et soif d’eau vive. Si quelqu’un prêche l’Evangile
à son propre profit et ne reconnaît pas qu’il ne peut rien faire
sans Dieu, c’est un voleur. Il s’accapare les paroles de Jésus et
s’en sert pour sa gloire personnelle.

Il est impossible à un individu ou à une communauté de por-


ter des fruits sans être uni à Jésus. Une fois que quelqu’un s’est
décidé à suivre Jésus, il devient un rameau de la vigne et ne
peut plus vivre pour lui-même. Se séparer, s’isoler, par orgueil
ou par vanité, est la voie de Satan, et cela conduit à la mort.
Pour chaque membre de l’église, et tout spécialement pour
ses dirigeants, je souhaite qu’ils demeurent en Jésus, et, plus
encore, que Jésus demeure en eux.

108
Les dons
Extrait d’une lettre : N’oublions jamais qu’un acte d’amour envers
son prochain est le seul geste important de la journée. Toute
autre chose n’a aucune valeur devant Dieu, et peut même
nous détacher de lui ou nous séparer de nos frères. Comme
Jésus grave ceci profondément en nos cœurs dans ses pro-
phéties du Jugement Dernier (Matthieu 25.31-46)  ! La ques-
tion n’est jamais de savoir si nous sommes bien organisés ni si
nous agissons correctement mais si nous donnons à manger
à ceux qui ont faim, hébergeons les étrangers, donnons des
vêtements à ceux qui sont nus, rendons visite à ceux qui sont
malades ou en prison — en d’autres termes  : agissons-nous
par compassion et par amour ? Ne passons jamais à côté de la
misère d’un autre, et n’oublions jamais les paroles et les actes
qui renforcent l’amour.

Personne n’a si peu de talents que Dieu ne puisse s’en servir, et


personne non plus ne possède tant de dons qu’il soit trop bon
pour faire un simple travail manuel. Nous devons être prêts
à accomplir tout service qui nous est demandé, et servir à la
place la plus humble. Un homme peut être le plus doué de sa

109
communauté, mais s’il lui manque l’humilité, si son cœur n’est
pas touché et dirigé par l’esprit de Jésus, sa vie restera stérile.

La parabole des talents se comprend peut-être mieux dans le


contexte de l’église : les talents sont les dons accordés aux diffé-
rents frères et sœurs. Une personne reçoit le don de la sagesse,
une autre celui de la connaissance, une autre encore, la foi, le don
de guérir, la prophétie, le discernement, le don des langues ou
de l’interprétation. Ces dons sont tous nécessaires aux diverses
tâches de l’église — de la direction spirituelle à toutes les autres.
Il n’y a pas de différence d’importance : tous font partie d’un
même corps. L’œil n’est pas plus important que l’oreille — ce
sont simplement deux organes différents.
Il y a des gens qui aimeraient ne voir aucune différence. Ils
pensent que si nous étions tous pareils, nous ne pourrions
pas non plus nous différencier et la justice véritable pourrait
alors être établie. Mais ceci n’est pas l’évangile de Jésus. Dans
le chapitre 25 de Matthieu, nous lisons l’histoire d’un servi-
teur qui ne reçut qu’un seul talent. Il trouvait qu’il n’avait pas
reçu sa juste part et il détesta son maître. Il ne fit rien de son
talent, et son cœur s’endurcit. Non seulement il lui manquait
l’amour, mais il était aussi rempli de haine. Il dit : « Maître, je
savais que tu étais un homme dur ». Voici ce qui peut nous
arriver de pire : le sentiment de ne pas avoir reçu notre juste
part et que les autres ont plus reçu de Dieu, puis de devenir si
envieux et sans amour — si séparés du Corps — que nous n’y
contribuons plus en aucune façon. Dans la parabole, le maî-
tre dit : « Eh bien, tu aurais dû au moins placer mon argent à la
banque ». Il voulait dire par là : « Fais au moins le peu dont tu
es capable. » (Matthieu 25.24-27).

110
Une personne est brillante, une autre adroite de ses mains,
une autre encore très musicienne. Ce sont des dons naturels
qui ne doivent pas être enterrés même si, pour le bien de
l’église, il faut souvent les sacrifier. Si quelqu’un qui a des dons
intellectuels pense ne pouvoir faire que du travail intellectuel
sous peine «  d’enterrer ses talents  », il se trompe, de même
qu’une personne très musicienne qui penserait qu’elle gâche
son talent en faisant des travaux domestiques. Nous devons
être prêts à sacrifier nos talents naturels au profit du Corps
tout entier.

Extrait d’une lettre : Vous écrivez que vous n’êtes pas très doué.
Cela n’a aucune importance. Nul n’est si peu doué que Dieu ne
puisse se servir de lui. Ce qui importe, c’est que vous utilisiez
les dons que vous possédez vraiment, et que Dieu les anime.
Ce n’est jamais le manque de dons qui est le problème, mais le
manque de disponibilité à être au service de Dieu.

Dans 1 Corinthiens chapitres 12 et 13, l’apôtre Paul parle


des différents dons — la prophétie, l’autorité, la guérison, et
le don des langues. Mais ensuite il dit que tous ces dons ne
sont rien sans l’amour. Notre vie en communauté est aussi un
don, mais si Dieu ne nous donne pas l’amour, toujours et sans
cesse, elle deviendra comme une machine sans vie.

Le don du discernement des esprits est essentiel pour une


église vivante, mais c’est un don qui doit venir de Dieu. Ce n’est
pas un don humain. Lorsque nous tolérons, individuellement
ou en groupe, un mélange d’esprits différents parmi nous —
même si, ce faisant, nous pensons faire preuve d’ouverture
d’esprit — nous perdons le contact avec l’esprit de Dieu.

111
D’autre part, il nous faut veiller à ne pas combattre les
esprits impurs ou néfastes avec un zèle humain, corrigeant
ou critiquant notre prochain de peur que quelque chose de
faux s’introduise dans l’église. Nous devons reconnaître
l’importance du discernement des esprits, mais nous devons
aussi reconnaître qu’il ne sert à rien de les rejeter en se plaçant
sur un plan humain.
La parabole du blé et des mauvaises herbes poussant côte à
côte dans un même champ (Matthieu 13.24-30) montre com-
bien nous risquons de causer du tort en voulant arracher les
mauvaises herbes nous-mêmes pour « nettoyer » le champ. Les
disciples étaient pleins de zèle, mais Jésus les mit en garde : « ...
en enlevant la mauvaise herbe vous risquez d’arracher aussi le
blé » (Matthieu 13.29). Il y a toujours le danger de vouloir trop
corriger, de réprimander trop souvent. La seule réponse est de
devenir plus dépendant de Dieu.

Le don des langues fut accordé à la Pentecôte grâce à l’effusion


du Saint-Esprit. Ce fut réellement une expérience sainte et
divine, pour laquelle nous devons avoir un profond respect. Je
crois fermement que de telles expériences peuvent être aussi
accordées aujourd’hui. Mais, nous devons être vigilants. On
parle trop facilement de personnes « comblées par l’Esprit »,
ou possédant les « dons de l’Esprit ». On applique ces termes au
don des langues également, mais dans le Nouveau Testament,
ces termes ne sont employés dans ce sens que rarement. Et en
beaucoup d’endroits, il n’est pas question du don des langues.
Qui de nous aurait l’audace de dire qu’on ne peut pas être
rempli de l’Esprit-Saint sans posséder le don des langues ?
Trente ans avant la pentecôte, Elizabeth et Zacharie furent

112
remplis du Saint-Esprit (Luc 1.41, 67). Et depuis, il y a eu des
milliers d’exemples où des personnes furent conduites au
salut sans avoir le don des langues.
Dans l’église primitive, le don de parler en langues était
étroitement lié à la repentance. Jésus commença sa mission
avec un appel au repentir, et l’apôtre Pierre fit de même avec
ces paroles : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse
baptiser au nom de Jésus-Christ, afin que vos péchés vous
soient pardonnés. » Si nous ne nous sommes pas repentis
honnêtement, et que nous n’avons pas cru sincèrement en
Jésus-Christ, nous n’avons pas reçu le don du Saint-Esprit.
Le repentir manque malheureusement dans beaucoup
de mouvements actuels, qui considèrent le fait de parler en
langues comme un signe que l’on est « rempli du Saint-Esprit ».
C’est un manque de sagesse que d’identifier le don du Saint-
Esprit avec l’épanchement de certaines émotions. Comme si
c’était la seule façon d’agir de l’Esprit ! Que l’Esprit habite en
nous ne dépend pas de nos émotions, mais de notre union
avec le Christ qui nous est accordée grâce à notre foi en lui.
Les conditions bibliques pour le don de l’Esprit sont la repent-
ance, la foi en Jésus-Christ, et la rémission ou pardon de nos
péchés.

Extrait d’une lettre : Nous devons respecter le don des langues tel
qu’il est décrit dans la lettre aux Corinthiens (1 Corinthiens
12) et dans le premier chapitre des Actes des Apôtres (Actes
2). Mais, il est faux et malsain d’en faire un enseignement ou
une religion. Dans le chapitre 13 de la première lettre aux
Corinthiens, Paul nous dit de prier pour les dons supérieurs de
la foi, l’espérance et l’amour, l’amour étant le plus important.

113
Le don de l’amour nous conduit à Jésus-Christ, à la com-
munauté et à la mission, et non pas à parler de nos propres
dons spirituels. Si nous sommes remplis d’amour, il est pos-
sible que nous parlions en langues, mais il n’est pas nécessaire
d’en parler. Jésus nous dit : « Mais toi, lorsque tu veux prier,
entre dans ta chambre, ferme la porte, et prie ton Père qui est
là, dans cet endroit secret. Et ton Père, qui voit ce que tu fais en
secret, te récompensera » (Matthieu 6.6).
Le mouvement charismatique, qui met tant l’accent sur
le don de parler en langues, est fondé sur un enseignement
erroné, qui sème la division. Il donne honneur et gloire aux
hommes plutôt qu’à Dieu. Si quelqu’un venait me dire qu’il
a le don de parler en langues, je lui conseillerais de ne pas en
parler, mais plutôt de manifester les fruits de l’Esprit tels que
décrits dans le Sermon sur la montagne. Jésus ne nous a pas
demandé de parler en langues, mais de nous abstenir de faire
parade de notre religion, et de suivre la voie de l’humilité, de
l’amour et de l’unité.

Si nous prions Dieu de nous accorder les dons de prophétie,


de guérison ou d’autres dons décrits dans les chapitres 12 et
13 de la première lettre aux Corinthiens, nous devons veil-
ler à ne pas désirer recevoir des louanges à cause d’eux. Nous
ne devrions pas demander ces dons pour nous-mêmes, mais
uniquement au nom de tout le Corps du Christ sur terre. Pour
nous-mêmes, nous devrions prier pour avoir un cœur pur, la
sagesse, la foi, l’espérance et l’amour, et pour plus de patience
et de compassion.

Ce n’est pas le développement de l’homme qui changera le


cours de l’histoire de l’humanité, mais c’est l’intervention du

114
Dieu vivant dans la vie des hommes. Lorsque Dieu nous a tou-
chés, nous pouvons espérer un changement de cœur et d’âme,
et l’avènement de l’Esprit et du royaume de Dieu. L’Esprit nous
apporte la joie de Dieu  : joie d’aimer, joie de partager avec
nos frères et sœurs  ; joie des relations pures entre hommes
et femmes et joie en la justice et la paix parmi les races et les
nations. Seuls, nous restons pauvres, vulnérables et tourmen-
tés. Mais nous devons croire que la joie de Dieu et de Son
royaume peuvent changer le ciel et la terre !

115
Le pardon
Il devrait être hors de question, pour qui que ce soit, de pren-
dre part à la prière sans avoir pardonné à son frère, à son
voisin ou même à son ennemi. Jésus dit clairement  : « Mais
si vous ne pardonnez pas aux autres le mal qu’ils ont com-
mis, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos propres
péchés » (Matthieu 6.15). Nous ne pouvons rien changer, pas
même pas un iota, à cette vérité. La seule manière pour trou-
ver la paix intérieure dans le Christ, c’est à travers la paix avec
ses frères et sœurs. Si nous ne pardonnons pas, nos pensées
conduisent à la séparation et à l’isolement, et la séparation est
nuisible pour notre vie intérieure et conduit à la mort. Une
paix totale exige une honnêteté totale. Nous ne pouvons vivre
en paix avec nos frères que si nous portons la vérité dans notre
cœur et si nous sommes sincères dans notre amour.

Extrait d’une lettre  : Le véritable pardon des péchés n’est pos-


sible qu’en Jésus-Christ. Dans le monde, les gens se pardon-
nent les uns les autres, mais sans Jésus, ce qui ne sert à rien.
Au temps de la Réforme, l’Eglise Catholique, qui avait une
influence considérable sur les personnes, «  pardonnait  » les
péchés en vendant des indulgences. Aujourd’hui, ce sont les

116
psychologues et les psychiatres qui « pardonnent » les péchés.
Ils disent : « Vous n’avez pas commis de péché, votre compor-
tement est tout à fait normal ; il n’y a rien de mal à cela. Nul
besoin d’avoir mauvaise conscience, vous n’y pouvez rien. »
Voilà comment le monde pardonne les péchés (Ephésiens 1.7;
Colossiens 1-14).

Les choses tournent mal dans les églises et les communau-


tés chrétiennes, parce que les paroles de Jésus à propos de
l’obligation de se réconcilier avec son frère avant de présenter
son offrande à l’autel, ne sont plus prises au sérieux (Matthieu
5.23-24). Jésus lui-même a dit ceci, et nous a confié à nous, ses
disciples, d’être les témoins de ses paroles. Pour nous, cela sig-
nifie que nous ne pouvons participer à la prière ou à la Cène
tant qu’il n’y a pas une paix totale parmi nous. Il arrive trop
souvent que quelque chose reste non résolu quand on prie
ensemble. Cependant, la vie en communauté ne peut durer
ainsi, et il en est de même pour le mariage. Il nous faut tout
tirer au clair et sans cesse nous pardonner les uns les autres.

Si nous en voulons à quelqu’un, la porte vers Dieu se fermera.


La porte sera tout à fait bloquée, sans accès possible à lui.
Nous ne serons pardonnés que si nous pardonnons à notre
prochain. Je suis convaincu qu’un grand nombre de prières
n’obtiennent pas de réponse parce que la personne qui prie a
gardé une rancune contre quelqu’un, même si elle n’en a pas
conscience. Jésus nous dit plus d’une fois qu’avant de prier,
il nous faut pardonner. Si nous voulons Jésus, nous devons
avoir un cœur qui pardonne.

117
Comme au temps des apôtres, l’église de Jésus-Christ a reçu
l’autorité de représenter son royaume ici et maintenant. Elle
a l’autorité de lier et de délier, de pardonner et de laisser non
pardonné (Matthieu 18.18). Sans le pardon des péchés, aucune
conscience ne peut vivre, et sans le pardon, personne ne peut
entrer dans le royaume de Dieu. Mais, à moins de pardon-
ner d’abord nous-mêmes à notre prochain, nous ne pouvons
recevoir le pardon (Matthieu 6.14-15).

Dans la lettre de Jacques, nous lisons que nous devons con-


fesser nos péchés les uns aux autres pour recevoir le pardon
(Jacques 15.15). Mais ceci n’est possible que si Jésus vit en
nous. Sans lui, il n’y a pas de pardon.
Si le pardon n’est pas exprimé en communion avec Jésus
et à travers son Saint-Esprit, il ne signifie rien. C’est Jésus qui
nous promet le pardon lors du Dernier Jugement, et c’est lui
qui vaincra les démons et les esprits maléfiques ce jour-là. De
nous-mêmes, nous ne pouvons pas surmonter le mal, même
si nous vivons en fraternité, même si nous souffrons le mar-
tyre du feu. A moins que Jésus ne vive en nous et nous en lui,
tous nos efforts sont vains.

« Le Christ nous aime, il nous a délivrés de nos péchés ... A


Jésus-Christ soient la gloire et la puissance pour toujours  !  »
(Apocalypse 1.5-6). Ces paroles indiquent que ce n’est pas nous
qui pouvons pardonner les péchés. Le pardon des péchés n’est
possible que par Jésus-Christ, qui nous aime et nous a délivrés
de nos péchés par son sang versé pour nous.
Nous prononçons le pardon des péchés dans l’église-
communauté, mais ce pardon vient du ciel — nous-mêmes

118
n’avons absolument aucune autorité. Rien d’humain ne peut
s’y substituer. La grâce de la croix doit être présente.

De même qu’une bougie brûle, se consume et illumine, la lum-


ière du Christ ressuscité rayonne sur nous à travers sa mort.
Lorsque le Christ se manifeste en nous — lorsque le soleil se
lève — la nuit est vaincue par le jour. Il en est de même pour le
pardon des péchés. Nous devons faire l’expérience du fardeau
de nos péchés puis celle d’en être délivrés. C’est alors que nous ver-
rons comment le soleil de Jésus-Christ rayonne à nouveau
grâce au pardon des péchés.

Le pouvoir rédempteur du pardon, qui réside uniquement en


Jésus, doit demeurer le point central de l’église vivante et de
notre espérance pour le monde entier.
Le pardon signifie la rédemption et la délivrance person-
nelles, mais il doit toujours être considéré dans le contexte
plus général de la rédemption du monde entier. Nous devons
espérer et attendre que le pardon apporte le règne de la paix à
toutes les nations et à tous les hommes. Cette attente, que l’on
retrouve à chaque page du Nouveau Testament, vient de Jésus.
Elle doit être présente en nos cœurs, de manière à ce que ce ne
soit pas simplement quelque chose à quoi nous croyons, mais
quelque chose qui brûle dans nos cœurs.

Parce que Jésus est mort pour nous, son sang versé parle
plus fort que le sang d’Abel, qui symbolise l’homme innocent
assassiné. En Jésus, même un assassin peut trouver le pardon.
Le sang de Jésus parle plus fort que le sang accusateur versé
par la main d’un homme.

119
Le Christ nous a fait cette merveilleuse promesse : si nous par-
donnons, nous serons pardonnés. Nous avons également son
avertissement tranchant  : si nous ne pardonnons pas, nous
ne serons pas pardonnés. Regardons-nous les uns les autres
avec un regard nouveau et voyons en notre prochain un don
de Dieu, même si nous connaissons nos faiblesses mutuelles.

Paul écrit aux Colossiens qu’ils sont appelés à vivre dans la


paix du Christ comme les membres d’un seul corps. Il ne suf-
fit pas de sentir la paix de Dieu autour de nous — cette paix
doit régner dans nos cœurs. L’âme humaine a soif de paix.
C’est pourquoi, le dernier soir, Jésus dit à ses disciples : « C’est
ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas comme
le monde la donne » (Jean 14.27). Par notre nature même,
nous ne sommes pas en paix, nous sommes divisés. Mais
nous sommes appelés à trouver la réconciliation avec Dieu en
Jésus-Christ. Il nous offre le pardon des péchés afin que nous
trouvions l’unité et la paix, avec lui et entre nous. Il ne suffit
pas de rechercher la paix pour nous-mêmes, pour notre âme
— nous devons la rechercher pour le Corps tout entier et, en
fin de compte, pour toute la création.

LE RESSENTIMENT
Extrait d’une lettre  : Tout chrétien qui prend sa foi au sérieux
doit traverser des périodes d’abandon de Dieu ; même Jésus a
connu cela. A de tels moments, la seule réponse est : « Père, je
remets mon esprit entre tes mains » (Luc 23.46). Si nous nous
donnons inconditionnellement au Père, Il nous montrera le
chemin. Mais rien ne sera montré à celui qui ne pardonne pas

120
à son frère. Dieu n’aura pas de pitié pour lui, et il sera aban-
donné de Dieu aussi longtemps qu’il reste dans sa haine et sa
rancune.

Extrait d’une lettre  : Soyez ferme dans votre rejet de toute sus-
ceptibilité et de tout ce qui détruit l’amour. Frère et sœur bien-
aimés, vous n’êtes pas les seuls à avoir de bonnes raisons d’être
susceptibles. Moi-même, je suis haï et accusé par beaucoup.
Et pourtant, si je cède au ressentiment, la porte de la prière à
Dieu me sera fermée. Dieu n’entend que ceux qui pardonnent.

Extrait d’une lettre : Je suis peiné qu’il vous faille subir de telles
luttes à votre jeune âge. Ne rendez pas votre père responsable
de vos difficultés. Depuis Adam, nous sommes tous sous la
malédiction du péché et de la mort, et nous ne pouvons trou-
ver une vie nouvelle et un cœur pur que par le sang de Jésus-
Christ. Il en est ainsi pour vous, pour moi et pour tout être
humain. Accrochez-vous à Jésus.

Extrait d’une lettre  : Vous êtes cynique à propos de la trom-


perie qui a été révélée parmi nous. Oui, c’est terrible, si terri-
ble qu’on peut se laisser détruire par cela. Mais vous ne faites
qu’ajouter du péché au péché si vous devenez amer. Lisez le
Psaume 22, pensez à ce qui est arrivé à Jésus et quelle a été sa
réponse aux railleries, au mépris et à la trahison. Lui n’est pas
devenu cynique.

Extrait d’une lettre : Vous demandez le pardon pour votre envie


et votre haine. Personnellement, nous vous pardonnons
avec joie. Mais le pardon de toute la fraternité, qui signifie
le renouveau de l’unité avec Jésus-Christ et avec son église-

121
communauté, ne peut être accordé que si vous vous détournez
complètement de votre péché.
Nous ne sommes pas fâchés contre vous, mais nous ne
pouvons pas prononcer le pardon de la part de la fraternité
pour votre péché si vous ne manifestez pas un repentir plus
profond. Peut-être avez-vous déjà commencé. Si c’est le cas,
continuez dans cette direction. Dieu est bon, et il ne vous
repoussera pas. De même, la fraternité vous aime, et elle non
plus ne vous repoussera pas. Mais nous ne pouvons pas nous
unir avec vous aussi longtemps que vous éprouvez de l’envie
et de la haine.

Extrait d’une lettre  : Vous avez écrit qu’il vous était impossible
de travailler, parce que vous étiez trop blessé par le mal que
l’on vous a fait. Votre ressentiment doit être clarifié et sur-
monté. Car finalement, le mal qui vous a été fait ne peut vous
séparer de Dieu. C’est uniquement le mal que vous faites à
votre prochain qui vous sépare de Dieu. Ceci est de la plus
haute importance  : toute amertume, toute offense doit être
surmontée.

Extrait d’une lettre  : Tenez ferme dans l’espérance et la foi, et


une joie profonde remplira votre cœur et guérira vos bless-
ures — une joie qui surmontera toute crainte et tout pessi-
misme. Après tout, nous sommes appelés à la joie — la joie
en Dieu, et les uns dans les autres, car dans son sens le plus
profond, l’amour signifie la joie.

122
L’unité
Jésus dit, dans Matthieu 23:37 : « Combien de fois ai-je désiré
rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses
poussins sous ses ailes, mais vous ne l’avez pas voulu ! »
Cet appel, ainsi que la dernière supplication de Jésus : « Père,
qu’ils soient unis à nous comme toi tu es en moi et moi en toi »
(Jean 17.21), sont pour nous un appel décisif et constant, nous
invitant à vivre en total amour fraternel et en totale unité avec
Jésus. Il nous appelle à le suivre, unis, afin que le monde puisse
reconnaître que nous sommes ses disciples.

Rien ne lie ou n’unit plus étroitement les personnes que d’avoir


la même espérance, la même foi, la même joie et la même
attente. Il est donc très triste lorsque des croyants restent
isolés. Il y a toujours eu des personnes qui ont dû rester isolées
à cause de leur foi — parfois en prison pendant des années.
Mais généralement, là où il y a une véritable espérance, les
gens se rassemblent. Cette foi commune conduit à la commu-
nauté, où l’on peut se fortifier et s’encourager mutuellement.
Témoigner de Dieu a toujours un pouvoir unitif. Prions pour
que nous soyons rassemblés avec tous ceux qui vivent dans
l’espérance de Dieu.

123
Extrait d’une lettre  : Le premier commandement de Jésus est
d’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout
son esprit, et ensuite d’aimer son prochain comme soi-même
(Matthieu 22.37-39). A notre époque individualiste à l’extrême,
une église de personnes engagées les unes envers les autres
dans un tel amour et une telle fidélité est une nécessité absolue.
Jésus souligne sans cesse l’importance de l’amour et de l’unité
absolue — une unité telle qu’elle existe entre lui et son Père (Jean
14.17). Je pense que nous n’avons pas encore atteint cet état
d’ultime unité, même dans nos moments les plus bénis ; Dieu
seul sait. Nous voulons malgré tout témoigner de cet amour
et de cette unité. Nous ne pouvons pas séparer le dévouement
envers Jésus de notre dévouement envers nos frères et sœurs.

Extrait d’une lettre : Il est vrai que Jésus peut être servi n’importe
où. Pourtant, quelle bénédiction lorsque plusieurs personnes,
deux ou trois, ou plus, deviennent unis de cœur et d’esprit !
Ceci ne peut être fabriqué, c’est un don.

Dieu ne se contredit jamais. Il ne dit pas à l’un : « Tu dois aller


à la guerre » et à un autre : « Tu ne dois pas aller à la guerre » ;
ou bien à l’un : « Tu seras fidèle à ton mariage » et à l’autre : « Tu
es libre de divorcer ». Si nous sommes ouverts à la vérité — si
nous écoutons Dieu dans notre cœur — nous verrons que
Dieu dit la même chose à chacun, y compris pour ce qui est
des aspects pratiques de la vie. Nous ne croyons pas à la règle
de la majorité et de la minorité. Nous croyons à l’unanimité
que Jésus-Christ nous accorde en exprimant la même vérité
dans chaque cœur. Cette unité est une grâce et un miracle que
nous vivons constamment. Mais elle nous sera enlevée si nous
sommes infidèles envers Dieu et envers nos frères et sœurs.

124
L’unité des croyants est le seul critère de la vérité. Quand
l’unité véritable vient à manquer, le charisme — le pouvoir
d’une personne ou d’une personnalité sur d’autres — prend
sa place. Les gens en écoutent alors d’autres de façon humaine
parce ceux-ci ont une forte personnalité ou parce qu’ils sont
des leaders. Le charisme est non seulement un faux fondement
pour une communauté, il est aussi extrêmement dangereux.
Un groupe religieux ne peut trouver une vie intérieure
saine que si ses membres recherchent constamment l’unité
avec l’Esprit et avec Dieu. Ce n’est qu’alors que la conscience
de chacun peut vivre et s’épanouir et que la véritable unanim-
ité peut être réalisée.

Peu importe l’endroit où l’unité est vécue. L’important c’est


qu’elle soit réalisée quelque part.

Beaucoup de gens aujourd’hui recherchent des expériences


spirituelles ou des dons charismatiques, comme le don de
parler en langues. Mais en cherchant cela, ces personnes sont
en danger de passer à côté du message essentiel de l’évangile :
l’unité dans l’amour. Quel serait l’avantage, pour l’humanité,
que des milliers et des dizaines de milliers de gens parlent en
langues s’ils ne vivent pas l’amour et l’unité ?

Notre foi en Jésus-Christ nous unit comme frères et sœurs, et


nous encourage à appeler les autres à le suivre avec nous. Nous
faisons ceci dans un esprit de pauvreté absolue — il ne s’agit
pas de gagner des nouveaux membres. Mais nous nous sentons
poussés à appeler les autres à vivre l’unité. L’Esprit-Saint ne dis-
perse pas, Il rassemble (Matthieu 12.30).

125
Les efforts pour réconcilier les diverses églises et confes-
sions sont sans aucun doute une bonne chose. Mais l’unité
véritable —  celle qui brise toutes les barrières  —  com-
mence par le repentir. Lorsque le Saint-Esprit descendit à la
Pentecôte, les gens se demandaient  : «  Frères, que devons-
nous faire ?  » (Actes 2  :37). Ils furent profondément boule-
versés, se repentirent de leurs péchés et devinrent parfaite-
ment unis de cœur et d’esprit. Malheureusement, dans le
mouvement œcuménique actuel, les barrières et les obsta-
cles demeurent, et au-dessus de ceux-ci, on se serre la main.
Nous devons cependant témoigner qu’une unité véritable
est possible entre les hommes. Cette unité vient uniquement
par le repentir et par la rencontre personnelle avec Jésus —
homme, esprit vivant et Seigneur.

Extrait d’une lettre  : Le mouvement œcuménique tend à réso-


udre les difficultés en faisant des compromis. Les concessions
prennent alors la place du repentir, de la réconciliation en pro-
fondeur, et de l’unanimité qui est le fruit du repentir. En défini-
tive, de graves maux sont ainsi camouflés.

Un simple sentiment d’unité, au niveau émotionnel, ne suffit


pas. Dans nos communautés, nous promettons de nous parler
ouvertement s’il y a des problèmes, de nous admonester récip-
roquement et d’accepter la réprimande. Lorsque nous évitons
cette honnêteté fraternelle parce que nous en craignons les
conséquences éventuelles, notre unité n’est plus une réalité.
La volonté de Dieu, ce sont des actes, et nous devons agir en
accord avec cette volonté par nos actes. Quand nous agis-
sons ainsi, le Christ peut alors créer une église vraiment unie,
purifiée par le Saint-Esprit. Alors nous ne garderons aucun

126
ressentiment les uns envers les autres, et nous serons unis de
cœur et d’esprit, comme dans l’église primitive.

Jésus a dit plus d’une fois que l’on reconnaît un arbre à ses
fruits (Matthieu 12.33). N’oublions jamais cela. Nous pouvons
tous voir quels sont les fruits de notre société actuelle  : le
meurtre, l’injustice, l’impureté, l’infidélité et la destruction.
Quels sont les fruits que Jésus désirait voir ? Le premier fruit
est l’unité. Sans elle, comment le monde pourra-t-il reconnaî-
tre ses disciples ? Jésus dit : « ... que tous soient un comme toi
tu es en moi et moi en toi » (Jean 17.21).
Comment pouvons-nous manifester les fruits de l’unité,
tout en faisant partie de la société actuelle ? C’est impossible : la
société est dominée par Mammon, l’esprit de ce monde, qui est
« menteur et assassin dès le début » (Jean 8:44). Le monde n’est
pas régi par l’esprit d’unité, mais par les esprits de la désintégra-
tion, de la destruction et de la séparation. L’unité véritable ne
peut être trouvée que dans une vie de fraternité.
N’est-il pas vrai que le Christ demande l’abandon de
l’homme tout entier à ce nouvel ordre ? C’est urgent. Faisons
vraiment face à nos responsabilités ! Rassemblons-nous aut-
our de Jésus-Christ, et soyons unis à lui comme les rameaux à
l’arbre de vie!

Dans une fraternité guidée par le Saint-Esprit, de nombreux


aspects de Jésus se manifestent, comme on perçoit les diffé-
rentes couleurs de l’arc-en-ciel. Chacun de nous est différent,
mais Dieu nous a créés, et nous ne devons pas essayer d’être
quelque chose que nous ne sommes pas. Nous devrions don-
ner notre cœur, notre âme et tout notre être à Jésus, et le laisser
faire ce qu’Il veut de nous. Alors notre vie sera véritablement

127
comblée, et nous nous aimerons tels que nous sommes, avec
nos différences — et même avec nos différentes nationalités.
C’est le même Jésus qui s’exprime dans chaque frère et sœur.

128
La discipline de l’Eglise
Lors du baptême dans nos communautés, chaque membre
fait une alliance avec Dieu et promet de ne plus pécher volon-
tairement contre Dieu. Si après son baptême, un membre
commet malgré tout volontairement un péché contre Dieu,
il doit se soumettre à la discipline de l’église, afin de recom-
mencer totalement à neuf.
Les péchés de moindre importance, que nous commettons
tous journellement, peuvent être pardonnés par notre prière
quotidienne. S’il s’agit de péchés plus graves, ils peuvent être
pardonnés grâce à la confession. Jacques nous dit :  « Confessez
donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les
autres, afin d’être guéris » (Jacques 5.16). A l’égard des péchés
plus graves encore, la discipline de l’église est nécessaire.
La discipline n’est appliquée qu’à la demande de la personne
concernée. Dans certains cas, une personne peut être exclue
de la prière commune et des réunions de la fraternité jusqu’à
ce qu’elle se soit repentie et ait été pardonnée. Dans d’autres
cas, la personne est mise en « petite exclusion ». Ceci implique
qu’elle ne participe pas à la prière commune et qu’elle ne
reçoit pas la salutation de la paix, mais elle peut participer à la
vie quotidienne de la communauté. S’il s’agit d’un péché plus

129
grave encore, l’église peut appliquer la « grande exclusion ».
Dans ce cas, la personne concernée est déclarée séparée du
Royaume de Dieu et ne peut prendre aucune part à la vie en
communauté de l’église jusqu’à ce qu’elle se soit repentie de
tout son cœur.
Lorsqu’une personne doit se repentir d’un péché particu-
lièrement grave et commis volontairement, nous utilisons les
paroles de Paul : « Vous devez livrer cet homme à Satan afin
que son corps soit détruit et qu’ainsi son esprit puisse être
sauvé au jour du Seigneur » (1 Corinthiens 5.5).
Paul parlait d’un homme vivant avec la femme de son père.
Il était pourtant convaincu que, même à la suite d’un tel péché,
l’exclusion pouvait conduire cet homme au salut de son âme.
Nous croyons également — et nous en avons fait l’expérience
— que, grâce à la discipline de l’église, des personnes peu-
vent se repentir totalement et être complètement pardonnées,
redevenant ainsi des frères et sœurs à part entière.

Paul avertit l’église primitive de ne permettre à aucune


mauvaise herbe amère d’empoisonner le corps tout entier
(Hébreux 12.15). Si cet avertissement fut donné aux premiers
chrétiens, alors il s’applique sûrement à nous également. C’est
une des raisons pour lesquelles nous nous servons de la dis-
cipline de l’église  : afin qu’aucun poison ne détruise l’église.
Une autre raison est de donner à la personne sanctionnée
l’occasion de prendre un nouveau départ, de trouver le par-
don de ses péchés et de purifier sa vie.

Nous ne pouvons exclure un frère ou une sœur que si nous


reconnaissons que le péché dans notre propre cœur doit
également être jugé. La discipline de l’église n’est pas pratiquée

130
dans le but de juger quelqu’un, mais uniquement dans le but
de séparer le mal dans cette personne de l’église. Il nous faut
sans cesse appliquer ceci dans notre propre cœur.
Lorsque des frères et des sœurs acceptent la discipline de
l’église, cela doit nous rappeler la grâce de la repentance. Si
leur repentir est authentique, ils réaliseront quelque chose qui
bénéficiera à l’église tout entière et même au monde entier, car
le mal aura été vaincu par Jésus.
C’est dans cet esprit que nous devons avoir un profond
respect pour ceux qui subissent une sanction, car nous savons
que nous avons besoin nous-mêmes de la pitié et de la com-
passion de Dieu.
Nous devons être extrêmement vigilants à ne pas charger
sur les épaules d’une personne ne serait-ce qu’un milligramme
de plus que sa culpabilité réelle. Il nous faut être reconnais-
sants de ce que le repentir et la réconciliation avec Dieu sont
possibles pour ceux qui ont été exclus, pour nous-mêmes et
pour l’humanité tout entière. La discipline de l’église est une
victoire de la lumière sur les ténèbres, elle marque le début de
la guérison d’une personne. Si elle est acceptée dans ce sens —
son seul sens véritable — alors elle est une grâce.

Je suis convaincu que la question de l’exclusion et de la réin-


tégration — tout comme la question de la discipline de
l’église dans son ensemble — est étroitement liée à Jésus, le
Sauveur et Rédempteur, qui porte les péchés du monde entier.
Il accepta la mort sur la croix afin de donner à tous les hommes
la possibilité d’être sans cesse réconciliés avec Dieu. Cette réc-
onciliation ne peut être séparée du pardon des péchés.
Dans le christianisme d’aujourd’hui, la question de la
discipline de l’église a perdu de sa clarté, ou s’est affaiblie. Il ne

131
s’agit pas ici du point de vue de nos communautés par rapport
à celui du christianisme en général. Notre compréhension de
la discipline de l’église est totalement fondée sur les paroles de
Jésus et de ses apôtres. Elles sont notre seule ligne de conduite
(Matthieu 18.15-20).

Dans une église morte ou presque morte, les gens cancanent


sur les faiblesses de leur prochain. Il y a peu — pour ainsi dire
pas — de discipline de l’église et, par conséquent, il n’y a pas
non plus de pardon. Jésus a ordonné : « Si tu viens présenter
ton offrande à l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a
quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et
va d’abord faire la paix avec ton frère. Puis reviens et présente
ton offrande » (Matthieu 5.23-24).
Jésus nous dit aussi que nous ne devons pas prier si nous
n’avons pas pardonné à toute personne, dans le monde entier,
qu’elle ait raison ou non, que ce soit un ami ou un ennemi
(Matthieu 11.25). Ces commandements de Jésus ont été
presque totalement oubliés.
La parabole de la mauvaise herbe dans le blé est souvent
utilisée comme excuse dans une église en train de disparaître
(Matthieu 13.24-30). Je crois pourtant qu’elle ne s’applique pas
d’abord à l’église mais au monde tout entier. Nous ne pouvons
pas nous servir de cette parabole comme d’une excuse pour
tolérer le mal. Si nous savons qu’il y a péché au sein de l’église,
il doit être déraciné par la discipline de l’église, par amour
pour la personne concernée et pour l’église elle-même. Sinon
l’église entière est perdue.
Paul nous dit que l’église doit être « pure et sans défaut,
sans tache ni ride ni aucune autre imperfection... » (Ephésiens

132
5.27), et que nous devons paraître « saints, purs et sans faute
devant Jésus » (Colossiens 1.22), comme Jésus lui-même est
saint. Nous ne pouvons pas excuser le mal en disant que par-
tout où il y a du blé, il y a aussi de la paille.

Il n’existe pas de meilleur moyen pour vaincre le diable dans


notre propre cœur que de se donner entièrement à Jésus. Ceci
s’applique particulièrement aux membres qui se trouvent sous
la discipline de l’église et à ceux qui luttent contre de mauvaises
pensées et de mauvais sentiments. Ils doivent se redonner sans
cesse à Jésus. Ce n’est qu’ainsi que la victoire est possible dans
les luttes quotidiennes du cœur humain.

Paul dit que la parole de Dieu est plus coupante qu’une épée
à double tranchant (Hébreux 4.12). Il nous faut appliquer
cette sévérité tout d’abord à nous-mêmes. Mais le Nouveau
Testament parle aussi de la grande compassion, du grand
amour et du réconfort de l’Esprit. Nous devons toujours man-
ifester cet amour envers notre prochain, et particulièrement
envers les pécheurs.

Nous pouvons aller à Jésus avec n’importe quelle souffrance.


En lui, nous trouverons toujours la compassion et la grâce.
Mais nous devons aussi accepter sa sévérité. Chaque chrétien
a besoin de quelqu’un qui lui dise la vérité au nom de l’amour
du Christ — même si ceci est très douloureux — afin de com-
battre le mal en lui.

Nous devons prier pour manifester non seulement le sel de la


vérité, mais aussi un amour compatissant et miséricordieux.
Alors nous ne tomberons pas dans l’excès et ne parlerons pas

133
sans amour. Mon père écrivit un jour : « Celui qui réprimande
son frère sans l’aimer est un assassin. » A mon avis, lorsque
nous avons manqué d’amour, il nous faut le reconnaître et
demander à être pardonné.

Lorsque quelque chose ne va pas chez un frère ou une sœur,


nous devons leur parler par amour. Et si quelqu’un nous parle
franchement, nous ne devons pas être susceptibles. Je peux
vous assurer que Jésus parlait très directement à ses com-
pagnons, sans ambages. Peut-être sommes-nous encore bien
trop polis, par rapport à Jésus. Il honorait sa mère, mais Il lui
a aussi dit : « …est-ce toi ou moi que cette affaire concerne ? »
(Jean 2.4). Sa voie d’amour n’est pas une voie de politesse.

Extrait d’une lettre : Si vous êtes témoin d’exemples de suffisance,


de manque d’amour ou de péché dans notre communauté,
veuillez bien nous le signaler. Mais ne faites pas d’accusations
générales, et n’en parlez pas avec d’autres. Parler ainsi est
extrêmement dangereux, sème la division et ne rassemble pas
les frères et sœurs. Au contraire, ils seront encore plus éloi-
gnés les uns des autres.

Il est très clair dans le Nouveau Testament que le pardon des


péchés est étroitement lié à l’église (Matthieu 16.19). Jésus
donne à l’église le pouvoir de lier et de délier. Ainsi, n’importe
où sur la terre, là où deux ou trois se réunissent en son nom
— dans un esprit d’abandon total et inconditionnel à Jésus —
sont également données les clés pour lier et délier. Le pardon
n’est pas simplement une affaire privée.
Dieu désire que nous ayons plus de clarté dans notre dis-
cernement ; mais Il désire aussi que nous ayons plus d’amour,
plus de compréhension et plus de compassion. La discipline

134
de l’Eglise doit exister, mais n’oublions pas les paroles de
Jésus : « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés » et : « On vous
mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis  » (Luc
6.37-38). L’amour est le plus grand des dons.

135
Le baptême
En ce qui concerne le baptême, trois points sont extrêmement
importants  : la foi en Jésus-Christ, la certitude du pardon
des péchés par la repentance, et l’intégration au Corps qu’est
l’église.

Le baptême est une alliance avec Dieu et son église, dans


laquelle nous consacrons totalement et sans réserve à Jésus
tout notre être et tout notre avoir, dans la foi qu’Il pardon-
nera nos péchés. Ce pardon des péchés n’est possible que par
la mort de Jésus, bien qu’Il ait donné à son église le pouvoir de
pardonner les péchés en son nom (Ephésiens 1.7 ; Jean 20.23).
Puisse Dieu pardonner les péchés de tous ceux qui désirent
le baptême, et puisse Jésus les purifier par son sang, et en faire
des enfants de Dieu et de véritables frères et sœurs (1 Jean 1-7).

Le baptême est une confession de notre repentance, il signi-


fie donc un dévouement absolu. Ce dévouement implique que
nous déversions notre être tout entier en Jésus, de façon à deve-
nir vide de nous-mêmes et pauvres devant Dieu.

Le baptême est la déclaration d’une bonne conscience devant


Dieu, ce qui n’est possible qu’à travers l’aide et le pouvoir

136
purificateur du sang du Christ (Romains 6.3-4). C’est l’esprit du
Christ, l’esprit de vérité qui parle à la conscience du croyant, et
la guide vers son unité avec la volonté de Dieu. La paix vérita-
ble n’existe qu’en cette unité — l’unité d’une bonne conscience
avec Dieu. C’est là que la conscience est affranchie de la loi et
des puissances de l’esprit de notre temps (Galates 3.25-27).

Jésus fut baptisé dans le Jourdain, et je crois qu’il voulait ainsi


signifier que le baptême doit se faire par immersion totale.
Mais la forme n’a pas tant d’importance.  S’il n’y a pas assez
d’eau disponible pour l’immersion, on peut également verser
de l’eau sur la personne que l’on baptise. Ce qui est important,
c’est que, par le baptême, nous sommes enterrés avec le Christ
et que nous ressuscitons avec lui grâce à la foi qui agit en nous,
comme Jésus fut ressuscité d’entre les morts.

L’étape du baptême est une démarche de consécration totale à


Dieu et à l’église, et nous ne chercherons jamais à persuader qui
que ce soit à prendre cette décision. Mais nous devons appeler
les gens à la repentance, nous devons montrer que l’on trouve
dans l’évangile la condamnation la plus sévère du péché et
qu’on y trouve aussi l’accueil à bras ouverts du pécheur repent-
ant. Dieu nous appelle sans cesse à venir vers lui avec nos fautes
et notre misère, et nous pouvons toujours nous tourner vers lui
en toute confiance, quelles que soient les circonstances.

Extrait d’une lettre : Nous ne devenons pas meilleurs par le bap-


tême, nous ne grimpons pas des échelons pour devenir des
dieux. Nous resterons toujours d’humbles pécheurs, vers
lesquels Dieu descend. C’est un miracle dont nous ne sommes
jamais dignes, mais Dieu est plein de grâce.

137
Il vaut mieux ne pas être baptisé que de franchir ce pas
sans grande conviction, pour faire plaisir à ses parents ou à
quelqu’un qu’on aime, ou bien pour trouver la sécurité dans
l’appartenance à l’église. Le baptême doit être une décision
personnelle. Personne ne peut la prendre à votre place.
Des millions de gens sont baptisés, mais pour beaucoup,
ce n’est qu’une formalité sans vie. A chacun qui désire se
faire baptiser je conseillerais de se demander : « Suis-je prêt,
pour l’amour de Jésus, à l’aimer plus que tout — plus que ma
femme, mes parents ou mes enfants — afin qu’Il puisse vivre
en moi ? Suis-je prêt à tout donner à Jésus et à mes frères ? »
Si vous ne l’êtes pas, ne vous laissez pas baptiser. Vous devez
être prêt à mourir pour lui, afin qu’Il puisse vivre dans votre
cœur. Jésus doit être votre unique trésor.

Si vous vous faites baptiser pour l’amour du Christ, Il vous


accueillera, Il vous aimera et Il vous accordera son pardon et sa
paix. Il vivra en vous et Il vous aidera à surmonter toute tenta-
tion. Vous serez lavé, purifié par son sang (Romains 8.1-4).

Le véritable baptême est en lien étroit avec la mort et la résu-


rrection de Jésus (Romains 6.3-4), on ne peut les séparer. Le
baptême signifie réellement « mourir avec le Christ » et ensuite
renaître avec lui. Les mots « mourir avec le Christ » ont été
tellement employés qu’ils ont peut-être perdu de leur force.
Mais si nous réfléchissons profondément à ce que signifie la
venue de Dieu sur cette terre, à sa mort pour nous, nous com-
mencerons à mesurer la gravité de ce qu’Il demande de nous :
mourir avec lui.

138
Le baptême exige la décision personnelle de confesser ses
péchés et de donner toute sa vie à Jésus. Cela veut dire préfé-
rer mourir plutôt que de pécher consciemment à nouveau. Il
vous faut éprouver personnellement que Jésus est la paix de
votre cœur et qu’Il est mort pour vous. Mais ceci ne suffit pas.
Il vous faut une vision beaucoup plus grande du Christ. Ceci ne
veut pas dire que vous devez oublier votre expérience person-
nelle, mais vous devez la dépasser et reconnaître l’immensité
de la souffrance et du péché dans le monde entier. Vous devez
reconnaître aussi la grandeur de Dieu, la grandeur de l’univers
et la grandeur de Jésus, qui est le roi du royaume de Dieu et qui
détient les clefs de l’empire des ténèbres. Il détient le pouvoir
sur toutes les puissances.

Le baptême n’est pas une institution humaine. C’est une étape


par laquelle les péchés sont pardonnés et les démons expul-
sés par Jésus-Christ et son Esprit Saint. Nul homme ne peut
faire ceci, ni aucun groupe d’hommes. Nous avons besoin de
la présence du Christ lui-même, et c’est pour cela que nous
prions Dieu d’être présent à nos rassemblements de baptême.
C’est lui que nous honorons, c’est lui qui pardonne nos péchés,
par notre foi en la mort de Jésus-Christ. Bien sûr, avant que
Dieu ne puisse pardonner les péchés par le baptême, il faut
qu’il y ait la repentance.
Nous devons tous prendre la repentance très au sérieux,
nous devons tous nous couper de la justice humaine, de la
bonté humaine et de l’honnêteté humaine. Aucun de nous
n’est juste. Dieu seul l’est. Jésus fut le plus sévère avec ceux qui
étaient « justes » — ceux qui n’avaient pas besoin de la croix,
ou qui pensaient être sauvés parce qu’ils étaient les enfants

139
d’Abraham. Jésus a dit : « Les personnes en bonne santé n’ont
pas besoin de médecin, ce sont les malades qui en ont besoin.
Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs » (Marc
2.17).

Paul nous dit qu’une fois que nous avons été convertis et bap-
tisés — une fois que nous avons pris la décision de suivre
Jésus — nous ne devons plus mettre les diverses parties de
notre corps au service du péché (Romains 6.12-13). Ceci est
très important : le cerveau doit être rempli de la grâce de Dieu
et de pensées de Dieu ; les mains ne doivent jamais plus verser
le sang ou commettre des actes obscènes ou impurs ; les yeux
ne doivent plus jamais être utilisés pour la convoitise mais
doivent rayonner d’amour pour les frères et sœurs. Lorsque
nous nous consacrons au Christ dans le baptême, nous appo-
sons le sceau du Christ sur notre corps tout entier, afin qu’il
soit à son service.
Cependant, nous savons tous qu’après le baptême, le mal
cherche toujours à pénétrer en nous. Ce peut être l’impureté
chez l’un, l’orgueil chez un autre, ou encore la haine et
l’amertume. Il est impossible de nous extraire de cette boue par
nos propres forces. Nous pouvons lutter et nous battre, mais
nous ne pourrons jamais nous changer nous-mêmes. C’est
par la mort de Jésus, par son pardon et son pouvoir de vaincre
le mal en nos cœurs que nous ne serons plus les esclaves du
péché. Les tentations viendront quand même, mais nous y
répondrons par l’expérience profonde et intérieure de la foi.
Si nous n’avons que la Loi —  « Tu ne convoiteras pas » — et
que le désir cupide vient dans notre cœur, nous ne saurons
qu’en faire. Mais si nous avons fait l’expérience de Jésus par

140
la repentance, nous serons capables de surmonter ce désir.
Nous continuerons à être humains, mais nous ne serons plus
les esclaves du péché (Romains 6).

141
La Cène
La Cène est un symbole extérieur, le signe du don de nous-
mêmes, brisés, à Jésus, dont le corps fut lui-même brisé et
crucifié. Le Christ désire être présent dans le cœur de chacun
qui rompt le pain et boit le vin. Il veut que nous devenions fai-
bles avec lui, afin de redevenir forts par sa force, et de commu-
nier avec lui. Le pain et le vin ne sont que des symboles, mais
l’unité purificatrice avec Jésus qu’ils symbolisent est une mag-
nifique réalité. Pendant la Cène, nous faisons l’expérience de
la communion avec le Christ.

De même que des grains provenant de différents champs sont


moulus et cuits pour former un seul pain, et que des grappes
de raisin de plusieurs vignes sont pressées en vue de produire
du vin, nous pouvons, nous qui venons de divers pays et cul-
tures, être tous unis dans la célébration de la Cène. Cette unité
n’est cependant possible que si nous renonçons à tout senti-
ment d’importance de nous-mêmes.
La Cène est un repas d’unité, et nous devrions nous pré-
parer intérieurement, de façon à pouvoir y participer comme
il le faut. C’est un repas pendant lequel nous nous souvenons
de Jésus, dont l’esprit rédempteur de pardon est présent pour le

142
monde entier, pour tous les peuples et toutes les races. La Cène
est aussi le moment pour nous de renouveler notre engagement
de fidélité envers Dieu et de décharger notre cœur afin qu’il soit
à nouveau disponible pour être entièrement à son service.
En nous rappelant comment Jésus a institué la Cène lors
de sa dernière soirée sur terre, nous devrions aussi nous
rappeler que chaque chrétien devrait être prêt à sacrifier sa
vie — devrait, en fait, la sacrifier — comme Jésus l’a fait. Nous
vivons dans un monde qui est aussi hostile envers le royaume
de Dieu qu’au temps de Jésus, et Jésus ne nous a pas promis
un meilleur destin. Il a même dit que ses disciples seraient per-
sécutés, et que ce qui avait été fait à leur Maître, leur serait fait
également (Jean 15.18-20).

En célébrant la Cène, nous témoignons de l’amour de notre


Seigneur Jésus, dont la mort nous a permis d’obtenir le pardon
des péchés, l’amour et l’unité entre nous. Au fond, la Cène est
un repas très simple, mais Jésus a demandé à ses disciples de
l’instituer en sa mémoire, et nous le célébrons dans cet esprit.

Paul nous dit : « ...si quelqu’un mange le pain et boit la coupe


sans discerner le corps du Seigneur, il attire le jugement sur
lui-même... » (1 Corinthiens 11.29). Il est donc clair que nous
ne devons pas participer à la Cène si notre conscience est
chargée de péchés non-confessés. Cependant, ne permettons
pas aux sentiments d’indignité de nous tourmenter. Paul parle
ici surtout de l’attitude intérieure avec laquelle nous devrions
venir au Repas du Seigneur. Nous devrions y participer avec la
même crainte respectueuse que Moïse ressentit lorsque Dieu
lui montra le buisson ardent et lui dit : « Enlève tes sandales car
le lieu où tu te tiens est une terre sainte » (Exode 3.5).

143
Dans l’église primitive, les croyants se réunissaient souvent
pour célébrer la Cène, avec le but de chasser les mauvais
esprits parmi eux. Lorsqu’il y a une lutte spirituelle dans notre
fraternité, nous nous sentons également poussés à célébrer
la Cène. Jörg Blaurock, un leader anabaptiste de la première
heure, disait que si l’on célébrait souvent la Cène, cela révéle-
rait les faux frères parmi nous.

Lorsque nous rompons le pain et que nous buvons le vin pen-


dant le repas du Seigneur, nous nous unissons au Christ au
sens le plus profond. Nous nous rappelons sa mort salvatrice.
Comme le dit l’apôtre : « chaque fois que vous mangez ce pain
et buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur
jusqu’à ce qu’Il vienne. » (1 Corinthiens 11.26) Nous procla-
mons la mort du Christ comme étant le plus grand événement
historique : « C’est par ses blessures que vous avez été guéris »
(1 Pierre 2.24, Esaïe 53.3). Par sa souffrance, nous trouvons
Dieu, et par sa grande lumière, nous trouvons l’amour. Nous
prions pour que lui seul soit notre Seigneur et Maître. Aimons
Jésus — sa voie et sa vie — de tout notre être.
Le Nouveau Testament dit que si nous aimons le Christ, nous
devons mourir avec Lui (Jean 12.24-25). Cela signifie qu’il nous
faut mourir à nous-mêmes. Renoncer à soi-même est souvent
très douloureux et peut nous coûter une longue lutte, mais c’est
possible si nous aimons suffisamment le Christ et sa croix. Il ne
s’agit pas de se tourmenter, mais de trouver Jésus.
Certes, nous ne devons pas seulement penser à la mort de
Jésus et à sa souffrance lorsque nous pensons à la Cène —
nous devons nous souvenir également de sa résurrection et de
son ascension vers le Père, à côté duquel Il règnera sur l’église

144
et dans le cœur de chaque croyant. Et nous devons nous rap-
peler sa promesse de son retour parmi nous, pour nous juger
et pour établir son merveilleux royaume.

145
L’amour et le mariage
L’AMOUR
Jésus nous a montré que l’amour signifie donner sa vie pour
son prochain plutôt que la prendre, devenir le plus petit et le
plus humble plutôt que le plus puissant. L’amour nous libère.
Une personne désirant dominer les autres et avoir sur eux un
pouvoir a l’âme tourmentée, tandis qu’une personne brûlant
d’amour a l’âme comblée de joie. Pour nos couples, nous sou-
haitons que l’amour domine leurs vies, et que le service de
l’autre vienne avant le service de soi-même. Plus encore, nous
souhaitons qu’ils se consacrent à la grande cause de Dieu, et
que leur amour pour lui passe avant toute autre chose — même
avant leur propre mariage.

Dans le domaine de l’amour, l’élément déterminant est toujo-


urs ce qui n’est pas physique : c’est la relation de cœur à cœur,
d’une âme à une autre. Nous ne pouvons pas oublier que,
sans âme, le corps n’est rien d’autre qu’une forme humaine,
rien que de la matière. Nous ne devons pas pour autant le
mépriser. « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple

146
du Saint-Esprit, cet Esprit qui est en vous et que Dieu vous a
donné ? » (1 Corinthiens 6.19).
Le corps exprime les impulsions du cœur. Un doux sour-
ire, des yeux qui s’éclairent après un mot d’affection, le tendre
toucher d’une main, peuvent conduire à l’étreinte passionnée
et aux caresses dans l’union ultime.

Extrait d’une lettre : L’attraction vers le sexe opposé est une chose
naturelle, mais elle est loin de former une base suffisam-
ment solide pour se marier ou fonder une famille. Il est tout-
à-fait normal que, lorsqu’un homme aime une femme, il se
demande si celle-ci est vraiment « la bonne ». Il n’y a qu’une
réponse à cette question : tous deux doivent sentir qu’une rela-
tion conjugale les conduira plus près de Jésus.
Je peux donc très bien m’imaginer — en fait, j’en suis cer-
tain — que le bon choix d’une épouse ne se portera pas sur
celle qui est la plus attrayante érotiquement, mais celle dont
la présence conduira les deux partenaires plus près de Jésus.
Si le mariage n’est basé que sur une attraction physique, il
s’effondrera facilement.

Extrait d’une lettre  : En cherchant un partenaire pour la vie, ne


laissez pas vos sentiments d’affection courir de l’un à l’autre.
Testez vos sentiments devant Jésus. L’étape du mariage, pour
un chrétien, n’est juste que s’il a l’assurance qu’elle le con-
duira plus près de Jésus, et que les deux partenaires le servi-
ront mieux ensemble que seuls. Je ne crois pas qu’un chré-
tien devrait se marier si c’est uniquement pour satisfaire ses
désirs physiques et émotionnels. Un désir personnel et émo-
tionnel doit être présent, mais il ne devrait pas être le facteur
déterminant.

147
Extrait d’une lettre  : Si vous envisagez de lier une autre âme à
votre vie par le mariage, apprenez à aimer, apprenez à avoir le
cœur ouvert et à considérer l’autre en premier.

Extrait d’une lettre  : Je vous le dis avec beaucoup de sérieux et


pour votre bonheur : il vaut mieux vous assurer maintenant
— avant que vous ne vous engagiez l’un envers l’autre — que
cette appartenance l’un à l’autre est bien la volonté de Dieu.
Avoir des doutes une fois que l’on s’est engagé l’un envers
l’autre par les fiançailles est terrible, mais les avoir quand on
est marié est bien plus terrible encore. Puisse Dieu vous mon-
trer clairement si vous êtes faits l’un pour l’autre ou pas. Il
vaudrait mieux le choc de la fin d’une relation plutôt qu’un
choc sans fin pour le reste de votre vie. Je vous dis cela par
amour. Puisse Dieu vous guider.

Extrait d’une lettre : Votre question : « Pourquoi suis-je attiré vers


ce garçon, s’il n’est pas fait pour moi mais pour quelqu’un
d’autre ? », est une question quelque peu rebelle. Elle accuse
quelqu’un de plus grand que vous-même car, en définitive,
elle accuse Dieu. La nature humaine étant ce qu’elle est, nous
éprouvons souvent des attirances que nous n’avons d’autre
choix que de rejeter. Cela fait simplement partie de notre fai-
blesse humaine. Ce n’est pas à moi de vous dire qui vous est ou
ne vous est pas destiné. L’important, pour vous, c’est d’offrir
votre vie à Jésus.

LE MARIAGE
Jésus prend le lien du mariage tellement au sérieux, qu’il
déclare : « Tout homme qui regarde la femme d’un autre pour

148
la désirer a déjà commis l’adultère avec elle en son cœur »
(Matthieu 5.28). Jésus parle sévèrement parce qu’Il désire
protéger le merveilleux don divin qu’est l’unité entre deux
personnes.
Dans un véritable mariage, l’homme et la femme sont unis,
avant tout, spirituellement. Cela veut dire qu’ils ne sont qu’un
dans leur foi et dans leur expérience de Dieu et qu’ils sont unis
dans la pureté de l’église. Deuxièmement, le mariage signifie
l’union de leurs âmes. On peut être parfaitement uni en esprit
avec n’importe quel croyant, mais il y a une différence entre le
lien du mariage et le lien qui nous unit à d’autres personnes. Il
y a chez les conjoints un amour particulier et une joie particu-
lière lorsqu’ils sont en présence l’un de l’autre. C’est parce que
les époux s’aiment d’une manière toute particulière qu’ils rest-
ent fidèles et qu’ils veillent à la pureté de leur relation.
Troisièmement, le mariage signifie qu’un couple est uni
physiquement, par l’union corporelle. Si l’infidélité brise
cette union, c’est un péché terrible, car alors tout dans le mar-
iage est détruit aux yeux de Dieu. Ce qui était une bénédic-
tion devient alors une malédiction, et il ne reste plus rien si
ce n’est l’espoir que, par la repentance et la grâce de Dieu, il
soit accordé la possibilité d’un nouveau départ. Il n’y a aucune
excuse pour l’adultère, surtout lorsqu’il s’agit de personnes
croyant en Jésus.
La bénédiction de Dieu repose sur chaque couple, jeune ou
âgé, qui vit cette unité dans l’ordre juste : en premier lieu l’unité
spirituelle, ensuite l’unité du cœur et de l’âme, puis l’unité cor-
porelle. Trop souvent, un couple s’unit physiquement alors
qu’il a peu d’unité de cœur et encore moins d’unité spirituelle.

149
Nous prenons très au sérieux les paroles de Jésus dans le
Sermon sur la montagne à propos de la convoitise, du divorce
et du mariage, et nous maintenons une position très ferme
par rapport à l’immoralité sexuelle. Un membre de nos com-
munautés ne peut jamais divorcer pour se remarier ensuite,
et aucune personne remariée ne peut devenir membre à part
entière, s’il continue de vivre cette relation conjugale alors que
le conjoint précédent est toujours en vie.
Nous croyons à la fidélité pour la vie — et nous y tenons
aussi à cause des enfants, lorsqu’il y en a. L’engagement du
mariage entre deux personnes doit être un engagement pour
toute la vie, auquel on ne peut toucher : « Ce que Dieu a uni,
que l’homme ne le sépare pas » (Matthieu 19.6).

Le fondement d’un vrai mariage est l’amour pour Jésus. Vous


devez accepter Jésus comme étant une force vivante dans
votre relation. Vous devez vous abandonner entièrement à lui.
C’est la tâche de l’homme de représenter Jésus en tant que
chef de famille mais ceci signifie aussi qu’il doit suivre son
exemple d’humilité. Un homme qui ne veut pas être humble ne
peut pas être un disciple.
La tâche de la femme est de représenter Jésus en tant que
Corps, celui de l’église. Elle doit suivre l’exemple de Marie, qui
a dit : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon
ta parole » (Luc 1.38).

Au sens le plus profond, le mariage conduit à la vie en com-


munauté. Comme Dieu l’a dit : « Il n’est pas bon que l’homme
reste seul » (Genèse 2.18). D’un seul être humain, Dieu en fit
deux — homme et femme — et ils deviennent à nouveau un
seul être dans le mariage.

150
Un mariage ne durera que si les deux époux ont un cœur
humble et ouvert. La jalousie et la suffisance essaieront tou-
jours de s’insinuer dans leur relation pour les séparer, mais
l’amour triomphera, parce que « l’amour est patient, il est
plein de bonté; l’amour n’est pas envieux; l’amour ne se vante
pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il
ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il ne soupçonne
pas le mal, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit de
la vérité » (1 Corinthiens 13.4-6, Segond 21).
Ceci veut aussi dire que l’amour pardonne. Lorsqu’on est
marié, on se rend compte, jour après jour, que son conjoint
n’est pas parfait. Mais si l’on se pardonne réciproquement,
chaque jour sera un nouveau départ, et chaque jour apportera
une joie nouvelle  ; l’amour « pardonne tout, il croit tout, il
espère tout, il supporte tout » (1 Corinthiens 13.7). Rien n’est
trop dur à supporter, s’il y a l’amour. Même si, en tant que cou-
ple, vous avez à affronter une situation difficile, vous serez,
grâce à l’amour, fermes dans l’espérance et la foi, car l’amour
permet de tout supporter.

La fidélité dans le mariage est d’une importance capitale pour


la vie intérieure de chaque conjoint. Il existe un rapport pro-
fond entre la dimension spirituelle et émotionnelle de l’amour
entre deux conjoints, et sa dimension sexuelle. Lorsque, dans
un vrai mariage, deux personnes ne deviennent qu’une seule
chair, leur union physique a un lien très profond avec Dieu.
Si la dimension sexuelle de leur relation devait se séparer de
Dieu, elle deviendrait péché, même au sein du mariage. Avoir
un certificat de mariage ne donne pas la liberté de vivre pour
le corps et ses appétits.

151
En raison de l’intimité si unique et du mystère de la sexual-
ité dans le mariage, une union sans pareille s’établit lorsque
chaque conjoint renonce complètement à soi-même en faveur
de l’autre. Cette union est l’expression physique de l’amour
conjugal, dont le but même est le don mutuel de soi. Chaque
partenaire connaît le secret de l’autre et c’est la volonté de
Dieu que cet homme et cette femme gardent leur secret et ne
le révèlent à personne d’autre.

Notre vocation essentielle est de suivre Jésus, quel qu’en soit


le prix. Si Dieu nous accorde le don d’un époux ou d’une
épouse, cela devrait doubler notre consécration à Jésus et
non pas l’affaiblir. Le mariage doit nous conduire plus près de
Jésus. Nous prions pour que tous ceux qui se marient ne lais-
sent rien les séparer de l’amour de Dieu, quoiqu’il arrive. Car
son amour est toujours là pour les soutenir, individuellement
mais aussi ensemble, dans les moments de souffrance comme
dans les moments de joie.
Le lien du mariage est la promesse de rester fidèle, à travers
vents et marées, aux jours de bonheur comme aux jours diffi-
ciles, et d’être entièrement dépendant de l’amour de Dieu pour
toute la vie.

Les petites querelles — lorsqu’on montre son mécontente-


ment à propos de petites choses parce que l’on sent que son
partenaire n’est pas parfait — représentent l’un des plus grands
dangers dans le mariage. Si quelqu’un pense avoir toujours
raison, il ne sera pas ouvert à l’amour. Peut-être craint-il Dieu
et entend-il sa volonté et sa Parole, mais l’Ennemi cherchera
toujours l’occasion de le tenter, même dans les petites choses
de la vie. Si l’on commence à trouver sans cesse à redire à son

152
partenaire, l’amour s’attiédira peu à peu. Il nous faut être con-
scient de ce danger. Mais si nous sommes prêts à tout oser, à
tout espérer et à tout pardonner, alors chaque jour sera une
nouvelle expérience d’amour, même si notre mariage passe
par des heures difficiles.

Extrait d’une lettre  : J’ai l’impression que vous devez vous


demander sérieusement si vous avez manifesté assez d’amour
et de patience envers votre épouse, et si vous avez fait suff-
isamment d’efforts pour comprendre sa situation et ses
besoins. Un mari doit guider sa famille — cela veut dire que
son premier devoir doit être de comprendre les besoins de sa
femme et de ses enfants. Sans les comprendre, il ne peut pas
leur montrer d’amour ni les guider.

Extrait d’une lettre : Lorsque la situation entre vous et votre mari


se sera clarifiée dans votre cœur, devant Dieu qui seul voit
tout, vous verrez qu’il y a des torts des deux côtés. Lisez 1
Corinthiens 13.4-7, en regardant votre mariage avec les yeux
de votre âme :
L’amour est patient, l’amour est bon, il n’est pas envieux  ;
l’amour ne se vante pas, il ne se gonfle pas d’orgueil ; l’amour
ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne
s’irrite pas, il ne soupçonne pas le mal ; l’amour ne se réjouit
pas de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité. L’amour permet
de tout supporter, il nous fait garder en toute circonstance la
foi, l’espérance et la patience (1 Corinthiens 13.4-7).

Je crois que si vous lisez ceci, vous sentirez que vous êtes tous
deux coupables, et que vous avez tous deux offensé l’amour
dans votre mariage.

153
Extrait d’une lettre  : Je crois que vous avez raison  : votre mari
est blessé dans son cœur. Vous ne pouvez pas guérir sa peine,
mais vous pouvez vous faire très humble. L’humilité a un effet
guérisseur sur une personne que l’on a blessée. La Bible nous
dit : « Femmes, soyez soumises à vos maris », et « …le mari est
le chef de sa femme » (Ephésiens 5.22-24).
Je sais que vous avez votre propre fardeau à porter et vous
avez raison, vous devez le déposer aux pieds de la croix, de
façon à recevoir le pardon et la guérison. Déposer tout ce que
nous portons au pied de la croix implique le regret profond de
tout ce que nous avons fait. Je pense à vous deux avec amour,
et je prierai pour vous.

Extrait d’une lettre : Cher frère, soyez absolument silencieux devant


Dieu et que votre cœur écoute sa voix. Recherchez Dieu ensem-
ble, avec votre femme. C’est Dieu qui vous a unis, c’est Dieu qui
vous gardera ensemble, et c’est Dieu qui vous protégera.

LA SEXUALITÉ
Dans la relation conjugale, le domaine sexuel n’est cer-
tainement pas le domaine le plus important. De nos jours,
l’importance de la sexualité est exagérée de façon vraiment
malsaine. L’amour entre un homme et une femme n’est con-
sidéré bien trop souvent que dans un sens purement ani-
mal, comme une impulsion sexuelle, et l’on passe à côté de sa
véritable signification.

Certes, il y a des différences biologiques entre l’homme et la


femme. Mais c’est un point de vue totalement matérialiste

154
que de penser que la différence entre l’homme et la femme est
seulement biologique. Une femme désire ardemment absorber
en elle celui qu’elle aime. La nature l’a faite pour recevoir et
endurer ; pour concevoir et donner naissance ; pour prendre
soin et protéger. La révolte des femmes contre le fardeau et la
souffrance de la grossesse et de la naissance est l’un des maux
de notre temps. L’homme, par contre, désire entrer en sa bien-
aimée et ne faire avec elle qu’une seule chair ; il est fait pour
entreprendre et pénétrer plutôt que pour donner.
Un homme véritable représente le Christ, en tant que chef,
même s’il est lui-même très faible. Ceci ne signifie pas qu’il doit
jouer au suzerain. La tâche de l’homme est celle de l’apôtre :
« Allez donc auprès des hommes de toutes les nations, et
faites d’eux mes disciples. Baptisez-les au nom du Père, du Fils
et du Saint-Esprit » (Matthieu 28.19-20). Les femmes ne sont
aucunement exemptées de cette tâche, mais c’est le devoir de
l’homme d’une manière toute particulière.

Il est clair que les différences entre l’homme et la femme ne


sont pas absolues. Une femme véritable représentera le Christ
et la vérité apostolique, et un homme véritable aura en lui la
soumission et l’humilité de Marie.

La religion d’aujourd’hui est de la psychologie, et la psychol-


ogie analyse l’être humain comme étant un animal, et non
comme étant à l’image de Dieu. Freud a raison sur beaucoup
de points, mais il oublie le facteur principal : Dieu. Parce qu’il
analyse l’homme comme s’il n’était pas créé à l’image de Dieu,
il explique que l’instinct sexuel est la force qui motive l’action
humaine. Il considère que même la relation de l’enfant avec
ses parents est basée sur la sexualité.

155
Les psychologues ont raison de nous enseigner qu’il y a de
nombreuses impulsions en nous — non seulement le désir sex-
uel, mais aussi le désir de possessions matérielles et le désir de
puissance. Mais ils concluent qu’il n’est pas bon de refouler ces
désirs — et cela est faux. Ils ignorent totalement la réalité de
Dieu, et le fait que l’homme a été créé à son image.

L’amour et l’unité entre deux personnes dans le mariage


sont profondément symboliques. L’apôtre Paul dit : « ... pour
ma part, j’estime qu’elle se rapporte au Christ et à l’église. »
(Ephésiens 5.32). Telles sont les saintes paroles utilisées pour
parler du mariage, et c’est pour cette raison qu’il doit absol-
ument être soumis à Dieu. Sa nature véritable ne peut être
comprise qu’en rapport avec le Christ et l’éternité. Dès que
le domaine sensuel ou sexuel est isolé de Dieu et considéré
comme une fin en soi, l’âme devient souillée et malade. Le
sexe est certes quelque chose de distinct de l’amour, mais il
doit y avoir une harmonie profonde entre le sexe et l’amour
conjugal.

La sexualité est essentiellement intime et mystérieuse, et


devrait le rester, en raison de son lien étroit avec l’amour, qui
est lui-même la plus profonde et la plus spirituelle de toutes
les expériences. Ce serait une grave erreur de croire que lor-
sque deux personnes, destinées l’une à l’autre, deviennent une
seule chair, c’est uniquement dans le but de la procréation. Il
est tout simplement faux de croire que le mariage n’a de sens
que dans cette perspective limitée.

Le domaine de la sexualité a ceci de spécifique qu’il a en


lui-même une profondeur que n’ont aucune des autres

156
expériences du corps. Sa sensualité comprend certains élé-
ments essentiels qui pénètrent jusqu’aux racines mêmes de
l’être humain, dans sa nature corporelle et jusqu’à son âme. La
sexualité est d’une profondeur et d’une gravité qui dépassent
de loin les limites du corps, rejoignant les expériences men-
tales et spirituelles.
C’est pour cela que, lorsqu’un homme cède au désir sexuel,
il s’avilit tout autrement que si, par exemple, il s’adonnait à la
gloutonnerie. Céder à la luxure blesse l’homme au plus pro-
fond de son cœur et de son être, et agresse et abîme son âme
dans son essence même.
L’aspect sexuel du domaine sensuel occupe une place cen-
trale chez l’être humain car c’est là que le corps, l’âme et
l’esprit se rencontrent comme dans aucun autre domaine
de l’expérience humaine. Ainsi l’intimité de la vie sexuelle a
une intimité propre, que l’individu dissimule instinctivement
aux yeux des autres. Le sexe est son secret, quelque chose
qui, il le sent, le touche au plus profond de son être. Chaque
fois que quelque chose de ce domaine est divulgué, quelque
chose d’intime et de personnel est révélé, permettant ainsi à
une autre personne de connaître son secret. Voilà pourquoi le
domaine du sexe est aussi le domaine de la honte : nous avons
honte de dévoiler notre secret devant les autres.

Terrible est l’époque dans laquelle l’homme a un tel mépris de


lui-même et de sa valeur qu’il perd tout sentiment de honte !
Pour une personne pure, le domaine sexuel est son propre
secret ; et s’il le révèle, c’est uniquement dans l’abandon total
du « moi » à une seule et unique personne, dans le mariage.

157
La révolution sexuelle de nos jours est en train de détruire
l’âme humaine. Nous voulons témoigner, par notre vie, de
quelque chose de radicalement différent : le fait que la pureté
et la fidélité absolues au sein du mariage sont possibles.

Toute l’idée de la relation sexuelle entre l’homme et la femme


vient de Dieu. Ce n’est pas quelque chose dont il faut avoir
honte, mais c’est simplement une réalité trop sacrée pour que
l’on en parle constamment.

En raison de son caractère unique, le sexe peut prendre deux


formes très différentes : il peut être un acte mystérieux, noble,
chaste et paisible, inspirant le respect — dans ce cas, il a un effet
rédempteur. Mais il peut aussi être un acte défendu d’abandon
à la pure convoitise — l’âme, rendue malade, deviendra alors le
domaine du mal et de l’attrait diabolique.

Toute profanation est un péché. Si j’abuse d’un être humain


en le traitant comme un objet et non comme un être humain,
je viole sa dignité en tant qu’image de Dieu. Séduire un être
humain sans penser à la responsabilité que l’on a envers l’âme
de celui-ci ou de celle-ci est une profanation. C’est un crime
contre l’esprit, l’âme, et le corps de l’autre et contre soi-même.
Séduire une personne du même sexe est encore plus ter-
rible. C’est sacrilège et pervers. L’Ancien et le Nouveau
Testament, tout comme les pères de l’église primitive, le con-
damnent fermement.

Se marier uniquement pour satisfaire le désir de la chair est


absolument hors de question. On ne peut cependant pas non
plus dénier complètement les sens. Lorsque vous écoutez un

158
beau chant, vous ne niez pas votre sens de l’ouïe. Et lorsque
vous voyez la beauté de la création, vous ne niez pas votre sens
de la vue. Lorsque vous sentez l’odeur des fleurs et du print-
emps, vous ne niez pas votre odorat. Il en est de même avec la
sexualité. Séparée de Dieu, elle n’est que terrible ténèbres, c’est
vrai. Mais si vous essayez de la nier complètement, vous vous
forcez à accepter une situation qui n’est pas naturelle.

Les gens s’approchent beaucoup trop près du feu de l’amour


et du sexe sans avoir les fondements intérieurs nécessaires. Ils
ont des relations sexuelles superficielles, sans aucun respect
pour Dieu, et leur vie intérieure s’en trouve détruite. Même la
fidélité au sein du mariage est devenue de plus en plus rare de
nos jours. Dieu, cependant, reste fidèle, et il veut que nous le
soyons aussi.

Extrait d’une lettre : Le sexe n’a pas de raison d’être en dehors du


mariage. En dehors du mariage, c’est un péché. La Bible exige la
chasteté avant et en dehors du mariage, ceci est très clair. Ainsi,
si vous n’avez pas toujours suivi la voie de la chasteté et de la
pureté, vous devez chercher le pardon afin de pouvoir vous
tenir à nouveau devant Dieu. Mais Jésus désire vous accorder
son pardon.

LE CÉLIBAT
Nous devons reconnaître que renoncer au mariage est un
grand sacrifice. Mais, d’autre part, appartenir totalement et
entièrement au Christ est aussi un grand don. Dans un sens,
une relation avec le Christ peut acquérir un sens plus pro-
fond pour une personne célibataire que pour une personne

159
mariée, parce que son cœur peut être entièrement tourné vers
le Christ. Ainsi, une relation personnelle entière et absolue
avec lui est possible.
Le Christ compare plus d’une fois le royaume de Dieu à un
banquet de noces. Il invite l’âme à s’unir à lui, et Il désire se don-
ner entièrement à chacun. Rien ne surpasse l’intimité, la ten-
dresse et la fécondité de l’union avec Jésus. Ce lien, le plus élevé
et le plus intime de l’âme, peut combler n’importe quel vide.
Pensez, par exemple, aux nombreux croyants qui, à travers
l’histoire, ont souffert en prison pendant des années — voire
des dizaines d’années  — à cause de leur foi. Par la grâce, cha-
cun de nous peut trouver ce lien d’amour et d’unité.
Jésus parle de ceux qui ont refusé son invitation au banquet
de noces, à cause de leur amour pour d’autres choses (Luc
14.16-20). Il s’agit, en fait, de devenir tout entier à lui. Afin
d’être totalement remplis de Dieu et parfaitement libres de
le suivre, il nous faut être intérieurement vide de toute autre
chose. Le danger d’un cœur divisé est particulièrement grand
lorsqu’il s’agit d’objets ou de personnes dignes d’amour.
Lorsque notre regard intérieur ne se porte plus uniquement
sur le Christ, alors la maternité, la paternité, la famille, les
enfants, et même la communauté de vie et d’amour dans le
mariage peuvent devenir des idoles qui absorbent facilement
tout notre amour.
Nous ne devons offrir notre cœur qu’à Dieu. Notre amour
pour Dieu et le Christ doit devenir si fort que nous sommes
prêts, dans la joie, à tout sacrifice. Nous prions pour que nous
puissions mourir à nous-mêmes, afin que le Christ puisse
irradier de nous, que nous ne vivions plus pour nous-mêmes,
mais que Jésus-Christ vive en nous.

160
Extrait d’une lettre : Vous demandez si Jésus vous appelle à renon-
cer au mariage, pour l’amour de Dieu et de son royaume. Je
crois qu’une telle vocation est possible, et pas seulement pour
des personnes provenant d’un milieu catholique. J’hésiterais
cependant à faire ce vœu hâtivement. Il faudrait d’abord con-
sidérer ceci très prudemment.

Extrait d’une lettre : Je puis bien m’imaginer votre peine et votre


lutte pour renoncer au mariage, mais sachez que vous n’êtes pas
la seule à souffrir et à ne pas trouver la paix à ce sujet. En fin de
compte, nous devons tous être prêts à nous laisser conduire et à
servir Dieu comme Il le veut. La pensée que Dieu ne nous aime
pas vient assurément du diable. Vous vous cramponnez trop à
ce grand don qu’est le mariage alors qu’il y a d’autres dons bien
plus grands que Dieu désire vous accorder également. Le plus
grand don, c’est un amour ardent pour le Christ. Nous devrions
être prêts à renoncer à tout pour acquérir ce don.

Extrait d’une lettre  : En chaque être humain existe le désir d’un


conjoint, et il n’y a rien de mal à cela — Dieu a déposé ce désir
en nous. Il est pourtant possible de trouver l’accomplissement
de ce désir sans le mariage, en étant disciple de Jésus — même
si ce don s’accompagne souvent de grandes souffrances, de
beaucoup de larmes et de tourments du cœur.
Je vous souhaite de trouver une telle guérison en Jésus-
Christ — une richesse et une abondance telles qu’il ne restera
plus aucun vide dans votre vie. Ceci n’est possible qu’à trav-
ers une consécration profonde à Jésus lui-même, et à travers
l’expérience de sa grâce au plus profond de votre cœur.
Puisse votre vie être guidée uniquement par le Christ, quelle
que soit sa volonté, de sorte qu’à la fin de votre vie, ou lorsque

161
le Christ reviendra sur cette terre, vous soyez prête, comme
une vierge attendant l’époux avec sa lampe allumée (Matthieu
25.1-10).

162
La vie de famille
LES ENFANTS
Jésus dit que seuls les enfants — ou ceux qui sont comme
eux — entreront au royaume des cieux (Marc 10.14-15). A la
différence des adultes, les enfants ne sont pas des êtres divisés
ou de nature dualiste. Ils sont entiers, vulnérables, totalement
dépendants de leur père et de leur mère. Le Christ nous invite
à devenir comme des enfants — cela signifie que nous devons
tout laisser tomber pour devenir totalement dépendants de
Dieu et les uns des autres.

Si nous aimons Dieu de tout notre cœur et de toute notre âme,


nos enfants auront pour nous un juste respect, et nous aurons
aussi du respect pour eux et pour le merveilleux mystère de
l’être et du devenir de l’enfance. La vénération pour l’esprit
qui se manifeste dans la relation entre parents et enfants, est
l’élément fondamental d’une véritable vie de famille (Matthieu
18.3-6).

« Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui demandèrent  :


“Qui est le plus grand dans le royaume des cieux ?” Jésus appela

163
un enfant, le plaça devant eux et dit : “En vérité, je vous le dis,
si vous ne changez pas pour devenir comme des enfants, vous
n’entrerez pas dans le royaume des cieux.” » (Matthieu 18.1-3).
Ces paroles de Jésus nous disent combien est grande,
aux yeux de Dieu, la valeur de l’âme d’un petit enfant. Nous
pouvons être sûrs que chaque cheveu de chaque enfant est
compté par Dieu (Luc 12.7), et que chaque enfant a un ange
gardien ayant toujours un accès au trône de Dieu (Matthieu
18.10).
L’innocence d’un enfant est une grande bénédiction. En
chaque enfant il existe cependant une disposition au péché.
C’est pour cela que nous devons bien guider nos enfants, afin
qu’ils ne perdent pas leur esprit d’enfance, c’est à dire la pureté
de cœur. C’est un crime terrible de conduire un enfant vers le
péché.
Il est extrêmement important que parents et éducateurs
sèment en chaque enfant un amour profond pour Dieu, Jésus
et tous les hommes. Parents et éducateurs devraient parler de
Jésus aux enfants : comment Il est né dans une étable, com-
ment Il a vécu et travaillé, comment Il a guéri des malades,
combien Il aimait les enfants et les bénissait, comment Il est
mort sur la croix puis est ressuscité, et l’importance du monde
des anges dans sa vie. Il est très important d’avoir un esprit
d’enfance vis-à-vis du monde des anges et de la vie de Jésus.
Les enfants ont des expériences spirituelles bien plus réelles et
profondes que nous ne l’imaginons.

Il est plus important de conduire les enfants vers un amour


ardent pour Jésus que de leur enseigner — ou pire encore de
les forcer — à dire régulièrement, matin et soir, des prières

164
qui ne viennent pas du cœur. Les enfants peuvent apprendre
à aimer Dieu par des chants, et des histoires de la Bible et de la
vie de Jésus. La première tâche des éducateurs et des parents
est d’éveiller l’amour de Jésus-Christ chez les enfants. Alors, le
désir de prier s’éveillera en eux.

Cela ne sert a rien de connaître la Bible par cœur ni de la faire


apprendre à fond aux enfants, si Dieu ne parle pas directement
au cœur. Nous devons faire très attention à ne pas exercer de
pression religieuse sur les enfants. Nous désirons qu’ils aient
envers Dieu, Jésus et la Bible une attitude simple et un cœur
d’enfant.

De même que nous devons constamment purifier nos cœurs,


nous devons aussi préparer les cœurs de nos enfants afin qu’ils
deviennent un terrain fertile pour la Parole de Dieu. Dieu
souffre quand un cœur est comme un sentier durement pié-
tiné et caillouteux, ou quand il est plein d’épines. Sermonner,
cependant, ne produit pas de sol fertile et souvent même
endurcit le cœur.

Nous avons notre propre crèche où nous pouvons accueillir


nos enfants dès l’âge de six semaines, et nous nous occupons
de nos jeunes au moins jusqu’à la fin de leurs études secon-
daires — si ce n’est au-delà1.
Mais nous ne pensons pas que l’église-communauté
soit la principale autorité en ce qui concerne l’éducation
des enfants — cette autorité revient aux parents. Le foyer
familial est le fondement de l’éducation. Ceux qui s’occupent
1
La communauté a ses propres crèches, jardin d’enfants et école. Une fois la scolarité
terminée, la poursuite des études est envisagée et possible au cas par cas.

165
des enfants à l’école ou ailleurs ne peuvent que compléter
l’atmosphère spirituelle du foyer.
Le sentiment de sécurité intérieure de l’enfant commence
dans sa relation avec ses parents. Les Dix Commandements
ne sont pas là pour rien : « Honore ton père et ta mère » (Exode
20.12). Nous avons remarqué que lorsqu’un enfant n’apprend
pas à honorer son père et sa mère, il a souvent du mal, plus
tard, à trouver sa place dans la société.

Extrait d’une lettre : Pour un enfant, la crainte de Dieu doit com-


mencer avec la crainte de ses parents. L’idée de la crainte de
Dieu est biblique (Deutéronome 6.13) mais cela ne veut pas
dire qu’un enfant doit avoir peur de ses parents ou de Dieu.
Cela signifie simplement qu’il doit avoir pour eux une pro-
fonde considération, un profond respect, et un profond
amour.

Extrait d’une lettre : On dit que les quatre premières années de


la vie sont les plus cruciales dans l’éducation d’un enfant1. Si
un enfant a du respect et de la considération pour ses parents
et pour Dieu quand il a trois ou quatre ans, la victoire est gag-
née. Mais si c’est son propre entêtement qui est victorieux à
cet âge, il sera plus difficile à surmonter plus tard.

Extrait d’une lettre : En ce qui concerne l’éducation des enfants,


je dirais d’une manière générale que je me méfie des
extrêmes — quand le pendule oscille d’un côté à l’autre, de la
dureté à la douceur, de la dépression à la joie exagérée, d’une
attitude négative à une attitude positive qui ne voit aucun réel
1
Foerster, Friedrich Wilhelm: Hauptaufgaben der Erziehung, Freiburg, 1959, p. 69

166
problème. Il faut trouver une façon de gérer toutes les difficul-
tés avec patience, avec joie, et avec un amour éclairé.

En tant que parents, nous devons dépasser l’illusion que nos


enfants sont bons. Nous devons faire attention de ne pas avoir
d’eux une perception trop idéalisée, et nous ne devons pas
nous sentir offensés si quelqu’un remet en question leur com-
portement. Nous devons tellement aimer nos enfants que
nous devons être prêts à nous battre pour leur âme.

Extrait d’une lettre : Vous dites que vous vous sentez totalement
impuissants devant le comportement difficile de votre enfant.
S’il vous plaît, ne vous cachez pas derrière cette excuse. Nous
sommes tous impuissants et dépendants de Dieu et vous n’êtes
aucunement différent. Mais c’est un péché de lever les bras au
ciel en s’exclamant : « Nous sommes impuissants ». En tant que
parents, Dieu vous appelle à aider votre enfant, à l’aimer, mais
aussi à vous battre pour lui et à être ferme et sévère si nécessaire.
Ce qui importe, c’est de gagner le cœur de votre enfant.

Extrait d’une lettre : L’égoïsme, l’égocentrisme et l’agitation de vos


enfants vous inquiètent. Soyez ferme par rapport à ces choses.
C’est parce que vos enfants veulent être au centre de l’attention
qu’ils deviennent, comme vous l’écrivez, tyranniques, suscepti-
bles et qu’ils manquent de respect. Renoncez à cette mollesse,
que vous avez reconnue, mais ne devenez pas trop dur. Cela
non plus n’est pas la bonne réponse. Il vous faut trouver la juste
fermeté dans l’amour de Dieu. Dieu ne tolère pas ces choses
dont vous parlez. Nous manquons à notre devoir envers nos
enfants quand nous nous laissons dominer par nos sentiments
et nos liens émotionnels.

167
Extrait d’une lettre  : Je vous supplie de vous battre pour vos
enfants. Ne désespérez pas si vous échouez encore et toujo-
urs. Il faut simplement continuer à lutter. On ne peut pas tolé-
rer qu’un enfant tourne mal et gâche sa vie. Soyez compatis-
sant, soyez sévère, puis tendre à nouveau. Ce ne sera pas tou-
jours facile, mais vous êtes responsable de vos enfants devant
Dieu.

Extrait d’une lettre : Je veux vous encourager à avoir de la patience


avec vos enfants. Une certaine sévérité avec les enfants est
saine, mais l’impatience ne l’est pas. Que Dieu nous donne un
cœur patient.

Extrait d’une lettre : Merci pour votre lettre à propos de votre fils.
Sa conduite est tout à fait normale pour un enfant de deux
ans. Dans ma propre éducation, lorsque mes parents disaient
quelque chose, c’était indiscutable, et il fallait s’y tenir. Ceci ne
veut pas dire qu’à l’âge de deux ans, nous étions toujours obé-
issants. Mais plus tard, il aurait été inconcevable de désobéir à
nos parents. Ils n’étaient pas durs envers nous, mais ils étaient
fermes, et leur parole était à prendre absolument au sérieux.

Extrait d’une lettre  : Merci pour votre lettre où vous me faites


part de vos soucis avec votre enfant de trois ans. A cet âge, les
enfants ont besoin d’une main sûre. Les explosions de sévérité
ne sont pas bonnes pour eux — ce qui les aide, c’est une con-
duite réfléchie, ferme et pleine de bonté.

Extrait d’une lettre  : Il est bien naturel que la situation difficile


avec votre fille vous cause de la souffrance. Ce ne serait pas
normal, si une mère ne souffrait pas de cette situation. Mais

168
servez-vous de cette occasion pour approfondir votre foi en
Dieu, en Jésus-Christ et en l’église. Alors vous trouverez la foi
qui vous permettra d’aider votre fille.
Augustin, le mystique, vivait dans le péché dans sa jeunesse.
Mais sa mère, Monique, profondément croyante, n’a jamais
cessé de croire et de prier pour lui, jusqu’à ce qu’il s’effondre et
se repente. Plus tard, il devint un serviteur du Christ, et à trav-
ers les siècles, il a influencé beaucoup de personnes dans leur
recherche de Dieu. Je vous souhaite la foi de Monique — elle
commence avec la souffrance que vous ressentez aujourd’hui.
Dieu est toujours plus grand que toutes nos souffrances. Je
vous envoie mes sentiments affectueux.

Extrait d’une lettre  : Cette tendance qu’a notre siècle à vouloir


expliquer de manière purement scientifique les mystères
aussi importants de la vie que la naissance d’un enfant,
n’est pas bonne. Même s’il nous est possible d’expliquer
biologiquement comment deux cellules grandissent dans le
sein de la mère, ceci n’est que la moitié de la vérité. Les choses
les plus importantes — la venue d’une âme, le premier sour-
ire, les capacités du cœur humain et tout ce qu’il est capa-
ble d’éprouver — ne peuvent jamais être expliquées. Nous
sommes devant l’invisible réalité de l’éternité.

Il peut être nuisible de trop parler de sexe, de naissance et de


mort à un enfant, et nous devons tout faire pour l’éviter. Nous
ne voulons absolument pas dire qu’il faut faire de nos enfants
des prudes. Mais nous croyons que la naissance et la mort
n’existent qu’en relation avec le monde céleste et qu’elles ne
devraient être expliquées qu’en lien avec Dieu.

169
Malgré tout ce qu’il y a de merveilleux chez les enfants, nous
devons reconnaître que, par leur nature humaine, ils ont aussi
hérité d’une inclination au péché. Qu’il prenne la forme du
mensonge, du vol, du manque de respect pour les parents ou
les éducateurs, ou de l’impureté sexuelle, le mal doit être com-
battu en chaque enfant.
Nous devons faire attention à ne pas gâter nos enfants, même
quand ils sont très petits. Il n’est pas bon pour le caractère d’un
enfant d’être élevé avec trop d’indulgence. La mollesse est un
signe d’égoïsme, et l’égoïsme conduit toujours au péché. La fai-
blesse peut aussi venir d’une relation affective malsaine entre
un enfant et son parent ou son éducateur.
Comment combattre le péché chez l’enfant est une question
très difficile. S’il y a des indécences par exemple, ce qui com-
mence généralement quand des enfants s’exposent les uns
aux autres et se touchent parfois, l’enfant sentira instinctive-
ment que c’est mal. Ces indécences impliquent presque toujo-
urs un mensonge. Nous devons éviter de faire trop d’histoires
lorsque ceci est découvert chez des enfants, car cela pourrait
attirer leur attention davantage encore sur tout ce qui touche
au sexe. La meilleure réponse est peut-être de leur donner une
petite punition et de clore l’affaire, puis de les aider à penser à
autre chose.
Nous, les adultes, nous oublions trop facilement que beau-
coup de choses n’ont pas le même sens pour nous et pour
l’enfant, et nous ne devons jamais projeter sur lui nos propres
idées, sentiments ou expériences. N’oublions pas non plus que,
en un sens, il est naturel pour les enfants de passer par des péri-
odes de curiosité sexuelle. Cela ne doit pas être confondu avec
le péché. Mais nous devons guider nos enfants de telle manière

170
que leurs âmes restent pures et innocentes. Trop question-
ner peut faire du tort à l’enfant, car alors, par peur, il pourrait
s’empêtrer dans le mensonge.
Il est très injuste d’étiqueter les enfants ou les adolescents,
particulièrement ceux qui ont failli dans le domaine sex-
uel. Dans notre évaluation du péché chez l’enfant, gardons-
nous de juger trop vite et trop durement le caractère d’un
enfant, ainsi que son développement futur. Aidons-le plutôt à
s’intéresser à d’autres choses et à prendre, dans la joie, un nou-
veau départ.
Nous savons que nous pouvons toucher le cœur d’un
enfant en faisant appel à sa conscience. Tout enfant a dans son
cœur le désir instinctif d’une conscience pure, et nous devons
encourager ce désir, car il souffrira s’il a quelque chose sur la
conscience.

Il vient un moment où l’enfant n’est plus un enfant, au vrai sens


du terme. Dès lors qu’il commet le mal consciemment, il cesse
d’être un enfant. C’est alors la tâche des parents et des éduca-
teurs de l’aider à trouver le repentir, l’expérience de Jésus et de
la croix, et la conversion qui conduit au pardon des péchés.
Grâce à la croix, une enfance perdue peut être restaurée.

Extrait d’une lettre  : Il est indiscutable que les enfants diffèrent


dans leur façon d’apprendre. Les uns apprennent mieux en
écoutant, d’autres en ressentant les choses, d’autres encore
en regardant, et ainsi de suite. Nous devons nous efforcer
d’être justes avec chaque enfant. Il est hors de question de
pousser tous les enfants vers de longues études. L’essentiel est
d’entourer l’enfant d’amour.

171
L’enfant doit étudier, mais malheur à nous si cet effort est
accompli au prix du cœur de l’enfant ou de l’enfant lui-
même. Par arrogance et stupidité, certains éducateurs choi-
sissent parmi les enfants à leur charge ceux qu’ils trouvent
doués intellectuellement — comme ils s’imaginent l’être eux-
mêmes. Cela est un véritable péché. Nous devons être con-
duits par le Christ, chef du Corps qu’est l’église. En lui sont les
véritables esprits d’enfance, compassion, et pardon.

Extrait d’une lettre à un jeune enfant : Afin d’entendre Jésus nous


parler, il est important d’écouter notre cœur. Lorsque nous
ressentons de l’amour envers Dieu, envers Jésus, envers nos
parents et nos frères et sœurs, c’est cela, la voix de Jésus.

LA JEUNESSE
C’est un privilège de conduire des jeunes à Jésus, de leur
montrer combien le monde de Dieu est merveilleux mal-
gré l’impureté terrible, la corruption et les ténèbres de notre
époque. Pour les jeunes, il est extrêmement important que
leur vénération envers Dieu et leur respect pour leurs par-
ents ne s’éteignent jamais, même s’ils commettent le péché
consciemment.
Les parents doivent rechercher une relation de confiance
avec leurs enfants dès leur plus jeune âge et ne pas attendre
qu’il y ait des problèmes, disons vers l’âge de cinq ou six ans.
S’ils attendent trop longtemps, ils obtiendront peut-être une
obéissance extérieure, mais non pas la réponse intérieure ni
le respect nécessaires pour résoudre des problèmes tels que
le mensonge, l’indécence et la désobéissance. Tandis que s’il y

172
a une relation de confiance et de respect, il sera impossible à
l’enfant de résister à ses parents.
Certains jeunes passent par des périodes difficiles dans leur
développement, et nous devons prendre garde de ne pas être
trop durs avec eux ni de les juger trop sévèrement. L’essentiel est
de les conduire à la repentance, à la conversion et à la foi. Et je
ne crois pas que cela puisse se faire à coup de punitions sévères.
Aussi longtemps qu’il y a en eux une petite flamme de respect
pour Dieu et leurs parents, leur cœur restera ouvert. Mais si la
dernière étincelle de vénération s’est éteinte chez un jeune, il
ne reste plus que la prière pour la conversion. Rappelons-nous
que la conversion ne se gagne jamais par la persuasion.

Extrait d’une lettre  : Votre fils est maintenant un adolescent, et


vous avez envers lui de grandes responsabilités. Si j’étais vous,
je lui dirais que le pouvoir magnétique d’attraction entre
jeunes gens et jeunes filles est tout à fait naturel, mais que cet
attrait doit être gouverné par Dieu et qu’il doit être réservé
pour la personne que Dieu lui donnera peut-être plus tard en
mariage. Vous pouvez aussi lui parler des relations physiques
entre époux et épouse. Je pense que vous avez déjà établi de
solides bases pour sa connaissance des choses de la vie, mais
au collège il entendra beaucoup de choses à ce sujet, et il vaut
mieux qu’il les apprenne de vous d’abord.

Extrait d’une lettre  : Si j’étais vous, je parlerais clairement et


franchement à votre fils des changements physiques qui se
produiront en lui, et je lui dirais que s’il garde son corps dans
la pureté dès maintenant, ce ne sera pas difficile plus tard, au
cours de sa vie. S’il n’est pas capable de rester pur maintenant, il
connaîtra de difficiles combats plus tard. Je lui dirais aussi que

173
le sexe est uniquement pour le mariage — il n’a de place nulle
part ailleurs. Votre fils doit se garder pur pour cette jeune fille
que Dieu lui donnera peut-être un jour. Ce n’est pas toujours
facile de parler de ceci — tout cela doit être dit dans la lumière
de Dieu et avec le respect que nous lui devons. Mais je suis cer-
tain que Dieu vous montrera le bon chemin.

Mon père a toujours eu un cœur disponible pour les jeunes,


mais il n’a jamais fait de concessions concernant l’érotisme
ou les choses de ce monde. Avoir un grand cœur ne signifie
jamais faire des concessions avec le diable.

Extrait d’une lettre à un garçon de dix-sept ans  : Cher frère, je me


réjouis de ce que tu veuilles prendre un nouveau départ. Je
pense que tu as été très orgueilleux. Lis l’Ancien et le Nouveau
Testament, et tu verras combien l’orgueil empêche Dieu de
nous parler et de travailler en nous. Ta vie quotidienne a con-
stamment tourné autour de toi-même, et je remercie Dieu de
ce que maintenant, tu veuilles te détourner de ton égocen-
trisme. Sois un exemple de dévouement et d’humilité, et sois
un témoin de Jésus au collège. C’est quelque chose dont notre
époque a tant besoin.

Extrait d’une lettre : Je pense souvent aux paroles de Jésus : « A


quoi servirait-il à un homme de gagner le monde entier, s’il
perd son âme ? » (Matthieu 16.26), surtout quand je vois ce
qui est enseigné aujourd’hui à la jeunesse dans le domaine de
la psychologie. Je crains pour leurs âmes. Ce qui m’inquiète,
c’est que les instincts inférieurs de l’homme sont mis au centre
et considérés comme inoffensifs simplement parce qu’ils sont
naturels. C’est terrible d’instruire les gens sur l’âme humaine
sans leur enseigner aussi sa relation avec Dieu.

174
Extrait d’une lettre à un enfant handicapé : Ton corps est faible, mais
ton âme est vivante. Remercie Dieu de cela. Il y a beaucoup de
gens dans ce monde dont le corps est fort mais l’esprit terne.
En fait, tous, même si nous sommes forts et en bonne santé,
nous dépendons de Dieu et de Jésus. Seulement parfois, nous
n’en sommes pas conscients. Ce qui est merveilleux, c’est
que toi, tu en es conscient. Accroche-toi bien à cela, et Jésus
t’accompagnera toujours.

Extrait d’une lettre : On n’est jamais trop jeune pour donner sa vie
à Jésus, et on n’est jamais trop jeune pour sentir sa proximité. Je
suis heureux que vous désiriez tout donner à Dieu et que vous
vouliez être humble. Gardez ce désir à travers toutes les luttes
que la vie vous apportera sûrement, car on ne peut être disciple
sans souffrance et sans combat. Je vous souhaite la protection
de Dieu dans tout ce que vous traverserez. Puissent les mains
transpercées de Jésus vous tenir fermement, comme vous, vous
vous tenez fermement à lui.

Extrait d’une lettre : Vous avez raison : l’important n’est pas de


rejoindre notre mouvement mais de suivre Jésus. Si vous êtes
clair sur ce point, Dieu vous montrera la meilleure manière de
le faire. Nous vous aiderons, même si votre vocation n’est pas
la communauté.

Extrait d’une lettre : Ne penser qu’à la patience et au pardon infinis


de Dieu fait de lui quelque chose qu’Il n’est pas véritablement.
Nous devons craindre Dieu : il est terrible de tomber dans ses
mains. Votre idée de Dieu n’est pas Dieu mais plutôt un outil
entre les mains d’une jeune effrontée. Vous avez mené vous-
même votre barque. Je vous supplie d’avoir du respect devant
la colère de Dieu.

175
Extrait d’une lettre : C’est une bonne chose de réaliser que suivre
Jésus peut coûter beaucoup de souffrance et peut-être même
la mort, pour l’amour de Dieu. A ce propos, il vous faut
prendre position contre le mal que vous rencontrez dans le
monde et au collège. Je peux très bien comprendre que vous
ayez de nombreuses tentations, surtout dans le domaine de
l’impureté. Mais si vous défendez la cause de Jésus, sa lumière
pure vous donnera le dégoût de tout péché. Puisse Jésus vous
guider chaque jour, et puissiez-vous ne jamais vous écarter de
sa volonté.

Extrait d’une lettre à un enfant de treize ans : Il te faut déjà, à ton âge,
te décider pour ou contre Jésus. Si tu ne te décides pas pour
lui, alors tu te décides contre lui. C’est un fait. On ne peut se
tenir quelque part entre les deux.

Extrait d’une lettre à un étudiant  : Jésus nous dit qu’Il est le bon
pasteur, que ses brebis le connaissent, et qu’elles écoutent sa
voix (Jean 10.14). Tu fais partie de son troupeau, et j’espère
que tu trouves des moments de calme pour entendre sa voix
et retrouver des forces intérieures. Je sais qu’il y a beaucoup
de choses dans la ville qui distraient et fatiguent, en plus de
tes longues heures de travail. Mais il n’en reste pas moins
que ta vie intérieure est plus importante que l’obtention d’un
diplôme, même si tu touches au but. Je t’encourage à tenir
ferme. Cela forme le caractère de persévérer jusqu’au bout.

LES LIENS DE FAMILLE


Le Christ a sacrifié sa vie pour l’église, et Il l’aime profondément.
Mais Il est aussi le Sauveur de l’église, et l’église lui est soumise.

176
Dans le mariage, la mariée est souvent comparée à l’église, et
le marié au Christ. Le Christ ne manifeste pas son amour pour
son église qu’avec de douces paroles : Il la discipline aussi avec
sévérité (Apocalypse 2.16-23). Il nous faut prendre garde de ne
pas laisser un émotionalisme amollissant pénétrer notre vie
de famille, que ce soit entre mari et femme ou entre parents et
enfants. L’émotionalisme ruine cette clarté dans nos relations
qui nous vient du Christ (Ephésiens 5.22-33).

Extrait d’une lettre  : Je comprends votre lutte intérieure pour


obéir à ce commandement : honore ton père et ta mère. Vous
écrivez que vous aimez votre père du fond du cœur, et c’est là
ce qu’il y a de plus important — c’est la même chose que de
l’honorer. Mais le fait de devoir désapprouver ses actions, cela
est également vrai et juste devant Dieu. Jésus dit : « Celui qui
vient à moi doit me préférer à son père, sa mère, sa femme,
ses enfants, ses frères, ses sœurs et même à sa propre per-
sonne. Sinon, il ne peut être mon disciple » (Luc 14.26). Le mot
«   «  haïr  », dans certaines traductions, ne doit pas vous cho-
quer. Jésus n’enseigne pas la haine. Ce mot signifie ici : prendre
position contre quelque chose qui est mal. Si vous acceptez à
la fois ce passage et ce commandement, « honore ton père et ta
mère... » (Exode 20.12), comme votre guide, je pense que vous
trouverez l’attitude juste envers votre père et votre mère.

La sainteté que Jésus nous demande concerne même les rela-


tions de famille les plus proches. Il nous dit : « Celui qui aime
son père et sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui
qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi.
Celui qui ne se charge pas de sa croix et ne marche pas à ma
suite n’est pas digne de moi » (Matthieu 10.37-38).

177
Si nous voulons être disciples de Jésus, il nous faut pren-
dre ces paroles au sérieux. Jésus dit aussi : « Celui qui voudra
garder sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie pour moi
la retrouvera » (Matthieu 10.39). Ainsi, si nous nous oublions
entièrement pour l’amour de Jésus, nous gagnerons la vie
éternelle. Mais si nous nous cramponnons à nos propres idées
et à nos propres idéaux, à nos biens, notre famille ou à nos
enfants, nous perdrons tout.

Extrait d’une lettre : Je pense que vous avez créé entre vos enfants
adultes et vous-même un attachement excessif, ce qui a égale-
ment amené la division entre vous et votre mari. Vos filles
n’étaient pas libres devant Dieu. Les parents doivent déjà
donner la liberté à leurs enfants quand ils sont petits, et plus
encore quand ils sont adultes. Il ne s’agit pas de leur donner
la liberté de faire le mal, mais de les rendre libres de tout lien
affectif trop fort qui les lierait à leurs parents d’une manière
qui n’est pas juste.

Il nous faut apprendre le sens des paroles de Jésus : « Si quelqu’un


vient à moi et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses
enfants, il ne peut être mon disciple (Luc 14.26). Jésus ne parle
pas d’un sentiment de haine. Le Nouveau Testament dit : « Tout
homme qui a de la haine pour son frère est un meurtrier...  »
(1 Jean 3.15). Jésus veut dire que nous devons le placer en pre-
mier, avant les liens affectifs de la vie de famille. Ces liens affec-
tifs sont souvent, mais pas toujours, mêlés de mammonisme.
Il nous faut être exigeants avec nous-mêmes et prendre claire-
ment position pour le Christ. Il est vrai que dans une famille
sans amour, Dieu n’est pas présent. Mais une famille domi-
née par les émotions complexes des liens du sang n’aura pas

178
d’amour pour Dieu et le Christ. Aimons-nous les uns les autres
uniquement dans l’amour du Christ et du Saint-Esprit. Alors,
les liens entre père, mère et enfants, ces liens qui sont un don de
Dieu, recevront sa bénédiction.

179
La maladie et la mort
Extrait d’une lettre  : Toute maladie est une forme de mal, et
pourtant, nous devons l’accepter comme venant de la main
de Dieu. C’est un paradoxe — un paradoxe que nous pouvons
voir aussi dans la croix. Pour Dieu, la croix fut le moyen de
notre rédemption, mais la croix fut aussi l’œuvre du diable.

Extrait d’une lettre  : Je comprends très bien votre crainte face à


l’opération que vous allez subir ; j’aurais peur moi aussi. Mais
je sais que vous êtes dans les mains de Dieu et qu’Il comprend
votre peur. Il y a d’innombrables versets encourageants dans
la Bible, qui nous disent de ne pas avoir peur et de rester fer-
mement ancrés en Dieu. C’est ce que je souhaite pour vous.
Remettez votre vie entre ses mains dans la confiance.

Extrait d’une lettre  : Je voudrais vous conseiller de ne pas vous


inquiéter autant à propos de votre santé. Même la personne la
plus saine deviendrait folle à force de se prendre le pouls con-
stamment ou d’écouter les battements de son cœur. La vraie
question, c’est votre peur de la mort et de l’inconnu. Vous vi-
vrez, très probablement, encore quelques dizaine d’années.
Mais il vous faudra affronter la question de l’éternité. Nous

180
devrions tous vivre de telle manière que nous puissions faire
face à l’éternité à n’importe quel moment. Peu avant sa mort, ma
tante a semblé entrevoir l’éternité, et elle a dit : « C’est tellement
merveilleux — si merveilleux! C’est tellement plus réel que la
vie ici-bas sur terre. » Cette attitude était l’accomplissement
d’une vie vouée à Dieu. Je vous souhaite la même chose pour
vous, et je vous envoie mes sentiments d’affection.

Extrait d’une lettre : Vous écrivez avoir l’impression de décliner


physiquement. Mais je suis sûr que Jésus vous aidera avec son
amour et sa force, si ce n’est par la guérison physique alors
en vous accordant la paix intérieure et la joie pour supporter
votre maladie. Je remercie Dieu de ce que vous êtes toujours
capable de trouver la paix intérieure en vous tournant vers
Jésus. C’est une grâce de pouvoir ainsi relativiser votre souf-
france face à la souffrance du monde entier. Une telle prise de
conscience ne peut venir que de Dieu. Je prie Dieu pour qu’Il
vous guide et vous donne sa force.

Extrait d’une lettre : Ne devenez pas la proie de vos pensées som-


bres et anxieuses. Si vous avez peur de tout — peur de vous-
même, de votre faiblesse, de vos péchés, peur des autres, peur
de commettre des erreurs, et ainsi de suite — votre âme va
devenir malade.
Vous avez raison de dire : « La seule véritable guérison, c’est
la foi en Jésus. » Quelle merveilleuse vérité! En Jésus, toute
crainte disparaît. Tenez ferme à cette vérité.

L’apôtre Jacques écrit  : « Quelqu’un parmi vous est-il mal-


ade ? Qu’il appelle les anciens de l’église, ceux-ci prieront
pour lui et verseront de l’huile sur lui au nom du Seigneur »

181
(Jacques 5.14-16). A ce sujet, il écrit aussi : « Confessez donc
vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres
afin d’être guéris. La prière fervente de l’homme juste a une
grande efficacité. »
C’est dans ce sens que nous intercédons pour quelqu’un de
très malade en lui imposant les mains et par l’onction, afin de
lui donner notre soutien intérieur et le pardon total, s’il y a lieu
de pardonner quelque chose. Quelle que soit la gravité de sa
maladie, sa vie est entre les mains de Dieu et de l’église.

Extrait d’une lettre : Que devons-nous faire pour recevoir le don


de guérison ? Dans le chapitre 12 de l’épître aux Corinthiens,
il est écrit clairement que le don de guérir est accordé à l’église,
mais pas à tous ses membres. La pauvreté d’esprit et un cœur
pur devant Dieu sont les conditions nécessaires pour recevoir
ce don si précieux. Ainsi, si le don de guérir ne nous est pas
accordé, il est très possible que ce soit de notre faute. Mais ce
peut être aussi la volonté de Dieu qu’il en soit ainsi.

Le puissant don de guérison que Dieu accorda à Blumhardt et à


son fils fut remarquable. A la fin de sa vie cependant, Blumhardt
fils se servait de moins en moins de ce don, car il sentait que
Dieu n’était pas honoré après les guérisons miraculeuses qui se
manifestaient. Les gens étaient guéris, mais uniquement dans
leur corps. Ensuite, ils parlaient et se vantaient de leur guéri-
son. Parfois, ils en tiraient même des honneurs et de la gloire.
Blumhardt sentait que si ces miracles n’étaient pas accompag-
nés de repentance, Dieu ne pouvait plus agir à travers lui.
L’attitude de Blumhardt doit nous interpeller. Quand Dieu
nous accorde un don, il veut que nous l’acceptions dans la

182
discrétion. Si la grâce de guérir nous est accordée, ce n’est pas
nous qui devons être honorés mais Dieu.
Blumhardt mettait souvent en garde  : « Lorsqu’une grâce
vous est donnée, que cela reste un secret entre vous-même
et Dieu et n’en faites pas étalage. Restez naturel et honorez
Dieu. »Il insistait aussi sur le fait que la guérison n’est pas ce
qu’il y a de plus important ; la maladie n’est pas un péché. Il est
plus important de donner sa vie à Dieu, même si l’on est mal-
ade, que d’être guéri puis d’oublier Dieu. « Si Dieu vous guérit,
soyez joyeux, mais soyez tout aussi joyeux dans la maladie. »

Extrait d’une lettre : Ces derniers jours, Dieu nous a parlé à tous
à travers la mort soudaine qui a frappé votre famille. Nous
voulons porter votre douleur avec vous. Je sais qu’elle ne dis-
paraîtra pas avant longtemps. Mais c’est peut-être la volonté
de Dieu qu’il en soit ainsi. La souffrance approfondit quelque
chose dans notre cœur et dans notre vie.

Après la mort d’un bébé : Il est très difficile de comprendre pourquoi


Dieu envoie un être humain sur terre pour n’y vivre qu’une
heure. Nous nous trouvons ici devant un mystère que seul
Dieu lui-même comprend. Nous pouvons nous demander  :
« Pourquoi cela s’est-il passé ? Pourquoi ? Pourquoi ?  » Dieu
seul le sait. Et nous croyons en lui et son Fils, le Bon Pasteur,
qui l’est aussi pour les petits agneaux comme ce tout petit
bébé.

Peu avant la mort de l’enfant de l’auteur : Nous ne savons pas du


tout quelle est la volonté de Dieu — si cet enfant est destiné
à vivre ou pas — mais nous savons que si c’est sa volonté,

183
l’enfant guérira. Après que les médecins nous aient dit qu’ils
ne pouvaient plus rien faire, je sens en moi, comme une
promesse, que si nous croyons, Jésus-Christ peut tout. Dans
un sens ou dans un autre, la volonté de Dieu et la miséricorde
de Dieu seront manifestées à travers ce petit enfant. Ce n’est
que lorsque l’homme n’est plus capable de faire quoi que ce
soit que l’œuvre du Christ peut commencer. Il ne peut agir
que si nous lui donnons notre confiance et notre foi totale-
ment et sans réserve. Nous ne devrions dépendre de rien de
matériel ni d’extérieur, ni de l’argent ni des médecins, mais
uniquement de Jésus-Christ.

Après la mort de l’enfant de l’auteur : La mort est destruction ; la


mort est division et séparation. Mais Jésus unit, et la vie par-
faite signifie l’unité parfaite. Là où Jésus est à l’œuvre, il se crée
l’unité. Ainsi, nous lançons à tous le défi de participer à cette
unité. Ceux qui ne rassemblent pas dispersent et séparent, et
ceux qui séparent et détruisent servent la mort. Mais ceux qui
unissent servent Jésus, et un jour il les réunira dans l’éternité.

Extrait d’une lettre  : Chère sœur, je comprends bien que vous


souffriez encore après la perte de votre père. Ce n’est jamais
facile de faire face à la mort et à la peine qui en résulte ; la mort
est l’ennemi de Dieu, et elle ne sera vaincue qu’à la dernière
résurrection.
Mais nous devons aussi voir que, pour tous ceux qui ont suivi
Jésus, la mort signifie être auprès de lui. Il est compréhensible
que l’idée de l’éternité vous ébranle. Mais ne regardez pas le
futur avec crainte. Remettez tout entre les mains de Jésus.

184
Extrait d’une lettre : Cela me peine beaucoup que vous ayez eu à
subir une telle perte. Une expérience aussi douloureuse que la
vôtre, la perte de votre enfant, nous rappelle que cette terre n’est
pas encore vraiment notre demeure, qu’elle ne le sera que lor-
sque Jésus-Christ en sera le seul souverain, et que le péché, la
mort, le chagrin, la peur et la souffrance auront été complète-
ment vaincus et surmontés. Mais en attendant ce jour — qui
sera le plus grand de tous les jours — nous pouvons être cer-
tains que votre enfant et tous les enfants sont entre les mains
de Jésus.

En ce qui concerne la question de la prière pour un défunt, je


dois reconnaître que je ne sais pas quelle est la bonne réponse.
Je ne sais pas si vous connaissez le passage suivant de l’évangile
de Jean. Peut-être l’avez-vous déjà accueilli dans votre cœur :
En vérité je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en
celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle. Il ne sera pas exposé au
jugement, mais il est déjà passé de la mort à la vie. En vérité je
vous le dis, l’heure vient, et elle est déjà là, où les morts enten-
dront la voix du Fils de Dieu et ceux qui l’auront entendue
vivront. Car, de même que le Père a la vie en lui-même, Il a
accordé au Fils d’avoir la vie en lui-même. Et Il lui a donné le
pouvoir de juger, parce qu’Il est le Fils de l’Homme. Ne vous
étonnez pas de cela, car l’heure vient où tous ceux qui sont
dans les sépulcres entendront sa voix.

Lisez ce passage et méditez-le profondément sous le regard


de Dieu. Peut-être vous révélera-t-il l’immensité de l’amour de
Dieu.

Tous les hommes craignent la mort. Mais le Christ promet


quelque chose qui surmonte la mort et qui demeure pour

185
l’éternité  : son amour éternel. C’est là quelque chose qui
touche l’être dans ce qu’il a de plus profond, ouvre les voies du
pardon — par-delà même la mort physique — et nous con-
duit jusqu’au royaume de Dieu.

Nous prions tous les jours pour que nous fassions l’expérience
de la vie de Jésus en nous. Mais nous savons aussi qu’Il est assis
à la droite du Père, régnant sur les mondes célestes, ses puis-
sances et ses principautés, de même que sur son église. Nous
ne pouvons avoir qu’une très petite idée de la grandeur supra-
cosmique de ces réalités mystérieuses.
En quittant ses disciples, Jésus leur dit qu’Il leur prépare-
rait une place dans les cieux. Ce qu’est cette place, ce qu’il s’y
passe, cette éternité du monde des étoiles et des anges, parmi
les âmes de ceux qui sont morts dans le Christ, demeure un
mystère qui inspire une crainte révérencielle. Lorsqu’Etienne
était en train d’être lapidé, il vit les cieux s’ouvrir et Jésus debout
à la droite de Dieu (Actes 7.55). Plus tard, Jean vit aussi Jésus,
et ses yeux étaient comme une flamme ardente (Apocalypse
1.14). Je crois sincèrement que lorsque Jésus reviendra, nous
le verrons, nous aussi, en personne.

La relation fondamentale de l’homme avec Dieu, dont toutes les


autres relations ne sont que des reflets, est plus puissante que
toute autre relation humaine. Finalement, c’est devant Dieu que
nous nous tenons — cela apparaît le plus clairement lorsqu’une
personne doit faire face à la mort. Celui qui a été au chevet d’un
mourant sait l’importance absolue de la relation intérieure et du
lien premier entre l’homme et Dieu. Alors qu’il rend son dern-
ier soupir, le mourant comprend que finalement, cette relation
est la seule chose qui compte.

186
Nous savons, grâce aux évangiles, que l’amour pour Dieu
ne peut être séparé de l’amour pour notre prochain. Le chemin
de l’homme vers Dieu, c’est le prochain, le frère. Si un homme
vit complètement pour les autres, alors Dieu sera très proche
de lui quand viendra la dernière heure — j’en ai moi-même
été le témoin.

Extrait d’une lettre : Que votre fils ait déjà, enfant, connu tant de
souffrance et d’épreuves aura sûrement un fort impact sur le
reste de sa vie — et sur la vôtre également. Il est étrange que
les enfants aient à souffrir — comme s’ils portaient la culpa-
bilité d’autres qu’eux-mêmes, comme s’ils souffraient à cause
de la chute originelle. Dans un sens, ils semblent payer le prix
du péché, bien qu’il s’agisse d’un péché auquel ils n’ont pas
encore pris de part active. J’ai souvent pensé à cela, et je crois
que la souffrance des enfants est peut-être en lien étroit avec
la plus grande des souffrances jamais endurées : la souffrance
de Dieu, la souffrance du Christ pour la création perdue. Car
ce sont les enfants dont le cœur est le plus proche de Jésus,
et Il nous les montre en exemple. Voilà pourquoi je crois que
la souffrance d’un enfant innocent est lourde de sens pour
l’église.
Pendant les périodes de souffrance, la chose la plus impor-
tante est de conserver et de protéger votre joie intérieure,
c’est-à-dire Jésus, le Ressuscité. Alors son pouvoir, qui est le
pouvoir de la lumière, sera aussi le pouvoir de guérir.

Le combat de chaque individu contre la maladie et la mort


nous montre le combat dans lequel nous avons tous été placés :
la lutte contre les ténèbres. Lorsqu’elles nous attaquent, nous
devons nous mettre complètement du côté de la lumière de

187
Jésus-Christ. Nous ne devrions pas désespérer quand nos
forces humaines nous abandonnent, car c’est justement à ce
moment là que le Christ peut commencer. C’est ce que nous
pouvons lire dans l’évangile de Jean : « La lumière est encore
parmi vous, mais pour peu de temps. Marchez pendant que
vous avez de la lumière, pour que l’obscurité ne vous sur-
prenne pas ». (Jean 12.35).

188
Le mal et les ténèbres
Nous vivons une époque où beaucoup de gens soit mini-
misent le mal, soit nient carrément son existence. A cause
de cela, ils ne comprennent ni la grandeur du Golgotha ni
l’importance du dernier jugement de Dieu. Ce jugement, qui
est décrit dans l’Apocalypse de Jean, ne peut être compris sans
une compréhension de la puissance du mal. Si le mal n’est pas
perçu comme quelque chose de particulièrement grave, alors
il n’y a pas de raison de le combattre sérieusement.
La croix n’aurait pas été nécessaire si la force du mal n’était
pas si terrible. J’ai entendu des gens poser la question : « Dieu
n’aurait-il pu pardonner les péchés sans le sacrifice de Jésus ? »
La question est tentante, mais une fois que nous reconnaissons
la puissance immense du mal que Dieu devait combattre, nous
comprenons qu’il n’y a pas de pardon sans la croix.

Il y a des gens qui essayent de comprendre les profondeurs et


les secrets de Satan, ou qui essayent de découvrir l’origine du
mal. Ceci peut se comprendre mais cette curiosité ne vient pas
de Dieu. Le cœur de bien trop de personnes dans notre société
est troublé et alourdi par ce qu’ils ont appris sur le meurtre,
la fornication et d’autres maux. Un véritable chrétien devrait

189
rester comme un enfant devant le mal, sans expérience de ses
secrets.

L’homme moderne pense d’une manière trop matérialiste. Il


ne voit pas qu’il y a un pouvoir du bien et un pouvoir du mal
en dehors de lui, et que le cours de sa vie dépend du pouvoir
auquel il ouvre son cœur.
Jeune homme, j’ai vécu en Allemagne nazie, et j’y ai connu
des personnes assez inoffensives en elles-mêmes, mais qui
avaient été saisies et entraînées par quelque chose de très
maléfique. Et bien qu’ils aient été nombreux — plus nom-
breux que nous ne le savons — ceux qui mouraient en protes-
tant contre ce mal, la majorité y a cédé. Ce n’était pas simple-
ment quelques hommes gouvernant la nation  ; l’Allemagne
tout entière était dominée par des puissances spirituelles
maléfiques et des démons.
Nous croyons que, comme à l’époque du Christ, les démons
peuvent être chassés, et que lorsque le Christ reviendra sur
terre, tous les hommes vivront totalement libres, bien que le
jugement doive précéder.

Nous rencontrons sans cesse l’occulte, surtout dans les uni-


versités et les collèges. Pourtant, nous rejetons fermement
toute forme de contact avec les forces démoniaques, et nous
mettons aussi nos enfants en garde contre ce genre de contact.
Il y a des choses de Satan dont nous ne devrions absolu-ment
rien savoir. Pour parler franchement, nous devrions rester
ignorants de ces choses-là. Nous ne voulons tout simplement
rien savoir de l’occulte. Aujourd’hui, l’occultisme est souvent
considéré comme une science à étudier comme une autre.
Mais nous ne voulons rien avoir à faire avec ceci.

190
Une personne menant une vie innocente en Jésus n’a aucune
raison de craindre d’être possédée par un mauvais esprit. En
revanche, quelqu’un ayant pratiqué la magie ou la sorcellerie
a des raisons d’avoir peur. Nous rejetons même les formes les
plus « inoffensives » de spiritisme, de même que les pratiques
superstitieuses comme le port de bagues de santé, les tables
tournantes ou le dialogue avec les morts. Ces pratiques peu-
vent commencer de manière tout à fait innocente, mais peu-
vent lier une personne à Satan sans qu’elle n’en s’aperçoive.
Tout ceci n’a rien à voir avec une foi d’enfant en Jésus.

Nous sollicitons le jugement de Dieu, afin que sa lumière


puisse jaillir. Plus sa lumière jaillit vivement, plus l’amour de
son Fils unique brûle en nos cœurs, alors plus sa vérité sera
révélée avec clarté. Lorsque Jésus touche les hommes de sa
lumière, cela implique aussi bien le jugement que la liberté et
la rédemption. Tous les doutes, tout ce qui enchaîne et écrase
les hommes, tous les péchés qui les accablent — tout cela est
touché, et les hommes sont libérés. Cette délivrance et cette
rédemption qu’apporte le jaillissement de la lumière du Christ
sont offertes au monde entier, comme l’est également la foi
qu’il apporte. Car le Christ a dit qu’Il n’est pas venu dans le
monde pour le juger, mais pour le sauver.
Jésus-Christ désire que les plus opprimés, les plus affligés
se tournent vers la lumière et soient sauvés. Ce sont juste-
ment ceux qui se sentent les plus accablés, les plus indignes
et les plus coupables, qui devraient se laisser toucher et émou-
voir par l’amour infini de Dieu. Et lorsqu’ils l’auront senti, ils
sauront qu’ils sont dans cet amour et qu’il les a libérés. Ce
sont précisément ceux-là que Jésus a pris dans son amour  :

191
les malfaiteurs, les percepteurs, les prostituées, les méprisés.
Il n’a pas critiqué ceux qui étaient possédés, Il les a délivrés.
Mais dans cette libération, il y avait le jugement, car les ténè-
bres furent révélées puis chassées. Le mal ne fut en aucune
manière ignoré, mais les hommes en furent délivrés.

Extrait d’une lettre  : Jusqu’à ce que Jésus ne revienne et nous


libère complètement, nous aurons toujours à combattre le
péché sur cette terre. Ce combat est tout d’abord une lutte
contre notre nature déchue. C’est ensuite un combat spirit-
uel contre Satan et ses démons. Votre chute n’est pas seule-
ment liée à votre nature déchue, mais elle est aussi une affaire
satanique. La Bible dit que lorsque Judas trahit Jésus, « Satan
entra en lui » (Luc 22.3). Je n’oserais dire cela de vous, mais je
pense néanmoins que votre situation va dans cette direction.
Je ne crois pas que Satan aurait pu entrer en Judas, si celui-ci
ne s’était pas d’abord vendu à lui. Judas avait déjà été trouver
le grand-prêtre, il avait déjà accepté les pièces d’argent quand
il prit le repas pascal avec Jésus et que Satan entra en lui.
Même si cette comparaison est trop forte dans votre cas,
vous n’en avez pas moins ouvert votre cœur aux forces du
mal. Où et quand cela a-t-il commencé ? N’oubliez pas que
le remords est une merveilleuse expérience, qui n’est pas à
craindre. Si vous faites l’expérience du vrai repentir, vous en
serez reconnaissant toute votre vie.

C’est une chose horrible que l’homme, créé à l’image de Dieu,


ait pu construire des bombes capables d’exterminer des
millions de gens en un temps très court. Il nous faut nous
repentir. Le fait que notre nation possède de telles armes doit
nous montrer l’urgence de nous consacrer à quelque chose

192
de tout à fait différent. Pour certains, cela peut être la poli-
tique — travailler et lutter pour l’élection de citoyens respon-
sables qui n’utiliseront jamais ces armes. Nous avons beau-
coup de respect pour cela. Mais notre opposition doit aller
plus loin encore. L’esprit qui pousse les hommes à construire
des armes est l’esprit du mal, et nous ne pouvons le combattre
qu’en vivant pour l’esprit du bien.

Nous ne pouvons pas suivre le chemin de Jésus sans un change-


ment personnel. Si nous prétendons le suivre tout en continu-
ant à vivre dans l’impureté par exemple, nous n’avons aucun
droit de protester contre certaines choses comme l’injustice.
Nous ne combattons pas la chair et le sang — les bons contre
les méchants — mais les forces et les puissances des ténèbres.
Lorsque nous commettons un péché, nous faisons de la place
dans notre vie et dans notre entourage à un démon maléfique.
Soyons réalistes : le mal n’est pas quelque chose d’abstrait. Dans
la Bible, certains démons ont même des noms (Luc 8.30). Il n’y
a aucune excuse, surtout pour ceux qui se disent être des chré-
tiens engagés, à laisser des démons entrer dans sa vie ou de les
servir de quelque façon que ce soit. Si on le fait, les démons ne
feront pas seulement du tort à la personne elle-même mais
aussi à son entourage.

Extrait d’une lettre : La vie de l’église est extrêmement importante


et précieuse aux yeux de Jésus. C’est pourquoi le danger des
attaques de Satan contre l’âme de l’église est constant et très
grand. Blumhardt écrit que lorsque Jésus reçut du Père céleste
la mission de créer des enfants de lumière, il prévit que Satan
le suivrait et créerait des enfants du mal, et que ces enfants du
mal prospéreraient au sein même de l’église, là où ne devraient

193
grandir que des enfants de lumière. Ceci est une chose terri-
ble, mais à laquelle nous devons faire face. Cela arrive surtout
quand le pouvoir humain prend la place du pouvoir du Christ,
qui devrait être seul à gouverner.

Jésus dit que tous les hommes verront « le Fils de l’Homme
siégeant à la droite du Tout-Puissant » (Marc 14.62). Jésus parle
de son Père comme du Tout-Puissant. C’est là la plus grande
des réalités, bien plus grande que notre vie mortelle. Si nous
craignons le Malin (et cette crainte peut être très réelle), nous
pouvons toujours avoir confiance en Jésus. Lui aussi est réel. Il
est au cœur du trône de Dieu. Il est le cœur même de l’église, le
chef de l’église, et Il comprend notre cœur, que nous ne com-
prenons pas nous-mêmes.
C’est une grande erreur que de croire que nous pouvons
comprendre notre propre cœur. Nous pouvons nous com-
prendre de manière superficielle, mais seul Dieu connaît vrai-
ment nos cœurs. Ainsi, même si nous sommes tourmentés
par de grandes tentations, par les épreuves et par les attaques
du Malin, nous pouvons toujours nous tourner vers Dieu avec
confiance et une grande espérance en la victoire.

La paix ne peut être trouvée qu’auprès du Crucifié. Même


l’église unifiée ne suffit pas. Le seul endroit où nous puissions
trouver la paix et le repos est le Golgotha. De nous-mêmes,
nous ne pouvons laver un acte meurtrier ou adultère. Le seul
moyen de se libérer du mal est de se tourner vers la lumière,
de confesser ses péchés et de venir à la croix. C’est là, comme
nous pouvons le lire dans l’Apocalypse, que le sang de Jésus
peut nous purifier (Apocalypse 7.14).

194
Extrait d’une lettre : J’ai entendu votre appel désespéré au secours,
et je vous comprends très bien. Vos pensées vous effrayent
tellement qu’elles prennent du pouvoir sur vous. Vous devez
vous détourner de cette peur. Car c’est la peur qui met ces pen-
sées dans votre cœur, et alors des peurs et des angoisses plus
terribles encore vous saisissent.
Ne laissez pas les peurs vous ébranler. Si vous réussissez à
les mettre de côté et à avoir confiance en Dieu, beaucoup de
choses changeront. Ne doutez jamais de l’aide de Dieu et de
son intervention. Je vous assure qu’Il vous aime et qu’Il est
bien plus proche de vous que vous ne le savez.

Jésus nous promet qu’Il sera avec nous tous les jours jusqu’à la
fin du monde (Matthieu 28.20). Mais ne sous-estimons pas les
forces obscures de l’impureté, du mammonisme, du meurtre,
de la haine et de la rancune autour de nous — elles attaquent
les frères et sœurs dans l’église. Jésus a dû prévoir que l’église
serait attaquée par les forces de l’enfer, car Il a dit à Pierre
qu’elles ne pourraient rien contre elle (Matthieu 16.18). Nous
devons veiller et prier constamment.

Avec le reste de l’humanité souffrante, nous aspirons ardem-


ment à ce que le filet démoniaque qui enveloppe encore la
terre puisse être déchiré — même si cela implique de grands
bouleversements. Nous croyons qu’il sera ôté à l’heure de
Dieu, par l’avènement de son royaume.

195
Le combat
Les puissances invisibles qui nous entourent, nous êtres
humains sur cette terre, peuvent apporter beaucoup de souf-
frances ou beaucoup de joies. Il y a des pouvoirs de Dieu qui
apportent la paix, la joie, le pardon des péchés et la vie en com-
munauté. Ces pouvoirs sont incarnés en Jésus-Christ. Mais il
y a également des puissances obscures — celles du meurtre,
de l’envie, de l’ambition et de l’injustice. Ces puissances sont
elles aussi invisibles, mais dès qu’elles s’emparent de l’âme de
quelqu’un, elles le poussent à commettre de mauvaises actions
qui, elles, sont visibles.
Il nous faut bien comprendre que ces puissances dont nous
parlons ne sont pas simplement des abstractions parce qu’elles
sont invisibles. Nous avons à faire à quelque chose de tout à
fait réel — non pas à une philosophie ou à un enseignement
quelconque, mais à des puissances des ténèbres et de la lumi-
ère, au bien et au mal, à la destruction et à l’unité, à des forces
qui veulent tuer et d’autres qui veulent nous amener à la vie.

Lorsque Jésus chassait les démons de personnes possédées, Il


guérissait leur âme et leur cœur. Ses ennemis disaient : « C’est
par Belzébuth, le prince des démons, qu’Il chasse les démons. »

196
(Luc 11.15). Mais Jésus répondit  : « Si donc Satan est en lutte
contre lui-même, comment son royaume pourrait-il contin-
uer d’exister ? » (Luc 11.17-18). L’armée de Satan est très disci-
plinée : elle sait comment attaquer une âme, un groupe de per-
sonnes unies ou même une nation.
L’évangile nous apprend que le monde tout entier est le
champ de bataille de Dieu contre Satan — le cœur humain
l’est aussi. Mais nous devons également tenir compte du fait
que si deux ou trois personnes sont totalement unies en Jésus,
le diable en sera furieux.
La lutte entre Dieu et Satan ne fut jamais aussi féroce le
combat que Jésus mena au Golgotha. Il semblait même à Jésus
que Dieu l’avait abandonné. Malgré tout cela, Jésus remit avec
confiance son âme et son esprit dans les mains du Père. Dès
lors, la victoire fut gagnée, non seulement sur cette terre, mais
aussi sur toutes les puissances, toutes les principautés et tous
les anges.

Extrait d’une lettre : Notre combat n’est pas contre la chair et le


sang ni contre d’autres êtres humains. C’est le combat pour
l’esprit de la véritable Eglise de Dieu — pour l’esprit de Dieu
dans chacune de nos communautés et dans le cœur de chaque
frère et chaque sœur. Nous passons tous par la souffrance et
le jugement, mais les choses ne devraient pas s’arrêter là. Le
jugement n’est que le début d’une nouvelle joie, d’une nou-
velle espérance et de la rédemption victorieuse. Le jugement
devrait nous rendre libres pour aimer, pour servir et pour
Dieu.
L’esprit qui règne dans chacune de nos communautés doit
être renouvelé constamment, pour qu’il devienne l’esprit

197
d’amour, de pureté et de tout ce que Jésus représente. Ce n’est
qu’alors que notre amour peut rayonner vers tous les hommes.
Il nous faut prier et lutter sans cesse pour cela.

L’idée que Jésus aurait fondé une nouvelle philosophie ou une


religion est totalement fausse. Sa personne, son esprit, la cause
qu’il servait, ses guérisons — tout cela n’est pas une philoso-
phie comme celle des grecs ou des égyptiens. Il était et Il est
toujours une personne, et c’est lui-même qui vient à notre ren-
contre. J’aime ses paroles : « Si vous ne mangez pas la chair du
Fils de l’Homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez
pas la vie en vous. » (Jean 6.53). Cela n’est pas la philosophie de
quelque grand homme ; c’est Jésus lui-même.
Personne ne peut rester indifférent à Jésus. Chacun doit se
décider à être pour ou contre lui. Le fait d’être des pécheurs
ne nous empêche pas de venir à lui, tout comme le fait d’avoir
des tentations. Même si le Malin nous tourmente, ce n’est pas
un obstacle. Mais nous ne pouvons tolérer ni l’indifférence
envers Jésus, ni aucun effort humain pour l’interpréter. Si
nous faisons l’expérience — non pas avec notre intellect mais
avec notre cœur — des paroles : « Voici l’Agneau de Dieu qui
enlève le péché du monde » (Jean 1.29), ou  : « … cette mort
délivre les hommes des fautes commises quand ils étaient
soumis à la première alliance » (Hébreux 9.15), nous verrons
alors qu’il ne s’agit pas là d’une philosophie mais de la vie.
Il nous faut faire l’expérience de Jésus dans sa hauteur, sa lar-
geur et sa profondeur. Et nous devons comprendre la croix, qui
était fermement dressée et qui l’est toujours dans un sens spir-
ituel. La croix atteint le ciel et le trône de Dieu, et ses bras éten-
dus sont toujours ouverts pour l’humanité perdue.

198
Extrait d’une lettre : Frères et sœurs, soyons bien vigilants car lor-
sque Dieu désire faire quelque chose de bien parmi les hommes,
le diable fait tout ce qu’il peut pour le détruire. Pensez à la ten-
tation de Jésus après son baptême : Il fut tenté par Satan parce
que son cœur était si pur et parce qu’Il appartenait entière-
ment à Dieu.
Rien n’est plus exaspérant pour le prince de ce monde
qu’une Eglise dans son premier amour. Dans l’Apocalypse
nous pouvons lire que, déjà à l’époque de Jean, le diable réussit
à faire du tort à l’Eglise. Le mal fut même si grand que Jésus dut
dire à un groupe de fidèles : « Je sais que tu passes pour vivant,
mais tu es mort » (Apocalypse 3.1). Il donna néanmoins la
chance à cette communauté de se réveiller, de changer et de
revenir à un amour vrai et authentique.
Je crois — si j’ose parler ainsi du fond de mon cœur — que
Jésus désire venir à nous de façon aussi intime que si son sang
était le nôtre, afin de nous purifier complètement.

Extrait d’une lettre : Je proteste contre l’idée qu’il ne faut pas réa-
gir vivement lorsque Dieu est attaqué, que des frères ou des
sœurs sont maltraités ou lorsqu’on fait du tort à l’Eglise. Je
ne pense pas que Jésus était calme et posé quand il chassa les
marchands du temple, où l’honneur de Dieu était en jeu. Je
protesterai toute ma vie contre une froide distance face à la
cruauté ou toute autre chose qui détruit l’œuvre de Dieu.

Dans notre souci pour l’œuvre de Dieu, la tendance de juger


les hommes d’une manière purement théorique est l’une des
plus graves tentations. Nous avons besoin d’une telle effusion
de l’Esprit de Dieu en nous pour que tout, en nous-mêmes et
autour de nous, nous soit révélé. Alors, la clarté et les bonnes

199
décisions viendront d’elles-mêmes. Nous devons supplier
Dieu de nous accorder un amour tel pour Jésus-Christ que
toutes ténèbres et tout mal dans notre communauté nous
soient révélés.

Si nous nous livrons à Dieu et à Jésus dans la foi, nous serons


purifiés. Dans ses paroles d’adieu, Jésus dit : « Je suis le cep, vous
êtes les sarments » (Jean 15.5). Il ajoute que si nous voulons por-
ter du fruit, nous devrons être purifiés et le couteau du jardinier
devra tailler dans nos cœurs. En tant que disciples de Jésus nous
avons besoin de cette purification, de ce couteau, de ce tran-
chant dans notre cœur et notre vie. Si nous refusons le jardinier
qui nous purifie, nous sommes infidèles aux yeux de Dieu et
nous serons incapables de porter du fruit.

Sommes-nous prêts à laisser la Parole du Christ remodeler


nos cœurs, ou nous défendrons-nous toujours davantage
contre elle en nous endurcissant ? Nous ne nous rendons pas
compte du nombre de fois où nous sommes nous-mêmes un
obstacle pour Dieu. Mais nous pouvons lui demander que,
dans sa miséricorde et son amour, Il nous remodèle avec sa
parole tranchante — même si cela fait mal.

Nous devrions mettre toute notre confiance en Dieu seul.


Pourtant, nous avons besoin aussi de notre confiance les uns
dans les autres. Nous ne pouvons pas vivre sans cette confi-
ance, même si nous savons aussi que les hommes sont faillibles.
Pierre trahit Jésus trois fois, et pourtant il fut l’un des disciples
en qui Jésus eut le plus confiance. Pierre faillit, mais ensuite il
sortit et pleura amèrement (Luc 22.62). Pour nous non plus il
n’y a pas d’autre moyen que de nous repentir aussi profondé-
ment et de pleurer aussi amèrement que Pierre.

200
Même s’il nous faut reconnaître que nous avons failli, nous
ne devons pas voir tout en noir ni penser que nous avons perdu
ce qui faisait le fondement de notre vie. Le jugement de Dieu,
c’est sa bonté — Il ne peut être séparé de sa miséricorde et
de sa compassion. Si nous nous repentons profondément et
devenons humbles devant Dieu, nous ne serons plus rien, et
c’est alors que le Christ peut vivre en nous.
Utiliser l’action de Dieu en nous-mêmes pour servir notre
orgueil est certainement un péché. Mais c’est également un
péché que de dénier la grâce de Dieu quand nous avons failli.
Nos manquements devraient nous conduire à l’humilité et à
Dieu.

Ce qui fut écrit à propos de l’église de Sardes est peut-être la


pire chose que l’on puisse dire contre une église : « Je sais que tu
passes pour vivant, mais tu es mort » (Apocalypse 3.1). Si une
église est morte, elle est comme le sel dont parle le Sermon sur
la montagne, qui a perdu toute saveur et qui est jeté dehors et
foulé aux pieds (Matthieu 5.13). Chaque église est en danger de
s’endormir et de perdre sa vie. Mais Jésus dit que, s’Il trouve la
vie ne fût-ce que dans quelques uns, Il prendra patience et leur
donnera le temps de se repentir.
Au cours de la brève histoire de notre mouvement, nous
avons connu le combat pour la pureté au sein de notre église.
Nous avons connu la lutte contre l’absence de vie et contre le
fait de passer pour une église vivante alors qu’en réalité elle
était morte. Mais à chaque fois, Jésus nous corrige et nous
accorde le temps de nous repentir, aussi bien en tant qu’église
qu’en tant qu’individus.

201
Un passage de l’évangile est devenu très clair pour nous : nous
devons être le sel de la terre (Matthieu 5.13). Nous avons réal-
isé — avec une certaine crainte — combien il est dangereux
pour une église si elle perd la saveur et la force de son sel. Le sel
donne du goût à ce qui est insipide, et il empêche la décompo-
sition. Notre époque a besoin de sel.
Nous sommes coupables d’avoir toléré les mauvais esprits
trop longtemps. Jésus nous met en garde sévèrement contre
les faux prophètes, contre ceux qui parlent de paix là où il n’y
a pas de paix et d’amour là où il n’y a pas d’amour.

Extrait d’une lettre  : Nous devons trouver le moyen de suivre


le commandement de Jésus de pardonner à notre prochain
comme Il nous pardonne, mais nous devons aussi être clairs
et ne laisser rien d’obscur pénétrer dans l’église-communauté.
Ceci est parfois source d’une grande tension pour moi. Paul
nous dit, dans son épître aux Colossiens (3.12-17), d’avoir
envers notre frère un cœur compréhensif, bon et qui par-
donne — et il devrait en être ainsi. Néanmoins, à cause du
combat spirituel dans lequel nous sommes engagés, il est clair
que rien d’obscur ne doit entrer dans l’église. Puisse Dieu nous
aider à trouver sa volonté — et seulement la sienne — pour
sortir de cette tension.

Si Dieu seul règne dans chaque cœur, nous aurons une com-
munauté saine, pleine de joie, de dévouement et d’amour.
Chacun sentira cela dans l’ambiance qui règnera dans notre
communauté. Chaque membre ira demander pardon à celui
qu’il aura blessé ou atteint dans son amour. Et ceci ne se
fera pas parce qu’on lui aura dit de le faire, mais par un élan
intérieur.

202
Dans chaque église il faut des voix osant parler au nom du
Christ, même si cela est douloureux pour la personne qui parle
ou pour d’autres membres. Cependant, prendre la parole doit
toujours être fait par amour du Christ, sinon c’est un péché.

Jésus est venu sur terre pour détruire l’œuvre de Satan, et


Il a des millions d’anges à sa disposition pour l’aider dans
ce combat spirituel. Cependant, Satan a lui aussi beau-
coup d’anges — esprits mauvais, diables et démons — à sa
disposition.
Ce combat spirituel se présente ainsi  : l’Esprit-Saint, qui
est l’esprit de Jésus, nous aide à trouver Dieu, ses pensées et
son amour. Cet esprit nous aide à surmonter tout mal et toute
émotion impure. En même temps, le diable est à l’œuvre dans
nos cœurs, nous donnant des mauvaises pensées, des pensées
d’impureté, de meurtre, d’envie, de méfiance et de soif de pou-
voir. Mais nous avons aussi chacun un ange gardien, qui nous
protégera si nous continuons à vouloir suivre le bien.

Le Christ doit descendre jusqu’aux tréfonds de notre être, plus


profondément que nos pensées conscientes et que nos senti-
ments habituels. Toute personne qui a connu quelque lutte inté-
rieure profonde a au moins une vague perception de cela. Avec
le Christ, elle peut trouver le courage de croire contre toute
incroyance, même lorsqu’elle n’avait aucun espoir de croire en
Dieu ; avec le Christ, elle peut trouver la force d’espérer, contre
toute espérance, de trouver l’amour chez un prochain.

Extrait d’une lettre  : Je peux comprendre que vous ayez


peur de ce que les autres pensent de vous. Mais même si
c’est compréhensible, c’est un péché. Si nous dépendons

203
complètement de Dieu, nous aurons le courage de tenir tête
à quiconque offense notre conscience ou celle d’un autre,
ou maltraite une autre personne. C’est un péché que de se
taire parce qu’on a peur. Dans ma vie, j’ai souvent commis
ce péché, mais j’en ai aussi goûté les fruits amers pour moi-
même et pour l’église dans son ensemble.

Nous connaissons tous les luttes du cœur humain, et pourtant,


il nous faut voir au-delà. Il nous faut voir le combat de l’église
toute entière contre les ténèbres. C’est un combat immense. Et
nous devons aussi le voir dans sa relation au combat bien plus
grand encore de tout l’univers, qui est mené par Dieu, par ses
armées de milliers et de milliers d’anges et par ses étoiles que
sont la lumière, la musique et l’harmonie.

« Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec


quoi la lui rendra-t-on  ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors
et foulé aux pieds par les hommes » (Matthieu 5.13).Si nous
voulons être le sel, nous ne pouvons pas être des diplomates,
qui approuvent les arguments du mal. Nous ne pouvons pas
être «  impartial  ». Il nous faut être absolument et complète-
ment partial dans notre loyauté envers Dieu et Jésus.

Extrait d’une lettre : Nous devons nous décider à être pour Jésus,
sinon nous serons contre lui (Matthieu 12.30). La situation
mondiale nous pousse à prendre position pour le Christ
— une position contre la violence, l’injustice, la haine et
l’impureté. Il nous faut témoigner non seulement en paroles
mais aussi en actes. Nos vies doivent prouver qu’il y a un autre
chemin, un chemin meilleur.

204
EXTRAIT DE L’ALLIANCE DE LA CÈNE1
Nous nous déclarons unis, sous le jugement et la miséricorde
de Dieu.
Nous faisons le serment de vouloir vivre dans la vénération
de Dieu, de Jésus-Christ et de son Esprit Saint.
La croix, où nous trouvons le pardon des péchés, est le cen-
tre de notre vie.
Nous déclarons la guerre à tout outrage envers Dieu, le
Christ ou son Eglise.
Nous déclarons la guerre contre les abus du nom de Dieu,
du Christ et du Saint-Esprit.
Nous déclarons la guerre à tout outrage envers l’esprit
d’enfance de Jésus tel qu’il est présent chez les enfants, et nous
voulons lutter pour les enfants plus âgés chez qui cet esprit
d’enfance a été en partie perdu.
Nous déclarons la guerre à toute forme de cruauté émo-
tionnelle ou physique envers les enfants.
Nous déclarons la guerre à toute recherche de pouvoir sur
les autres, y-compris sur l’âme des enfants. Nous recherchons
l’esprit de l’église et des anges de Dieu.
Nous faisons le serment de prier pour que la lumière de
Jésus libère tous ceux qui sont asservis au mal ou qui sont
tourmentés par de mauvaises pensées, et qu’elle nous révèle
ceux qui servent les ténèbres afin que ceux-ci puissent être
conduits à la repentance.
1
L’Alliance de la Cène fut rédigée par Heinrich Arnold et signée par tous les
membres du Bruderhof le 30 décembre 1975 après une année de luttes intenses.
Elle avait pour but de clarifier les vues de la communauté sur plusieurs sujets
importants.

205
Nous déclarons la guerre à l’esprit de Mammon et à tout
faux amour lié à Mammon.
Nous déclarons la guerre à toute grandeur humaine et à
toutes les formes de vanité.
Nous déclarons la guerre à tout orgueil, y compris l’orgueil
collectif.
Nous déclarons la guerre à l’esprit de rancune, d’envie et de
haine.
Nous faisons le serment de déposer au pied de la croix notre
propre pouvoir et notre propre « grandeur ».
Nous déclarons la guerre à tout avilissement des autres,
y-compris de ceux qui sont tombés dans le péché.
Nous déclarons la guerre à toute forme de cruauté envers
les autres, même s’ils ont péché.
Nous déclarons la guerre à toute forme de magie et à toute
curiosité vis-à-vis des ténèbres sataniques.
Nous prions d’avoir le courage de nous réjouir si nous souf-
frons ou sommes persécutés pour la justice.
Nous prions pour le pardon de nos péchés car sans Jésus,
nos cœurs et nos actions ne peuvent être purs.
Nous prions de pouvoir vivre pour le monde, comme Jésus
l’a exprimé dans le chapitre 17 de Jean : que nous soyons un,
comme le Christ est uni au Père, afin que le monde croie que
le Christ a été envoyé par le Père (Jean 17.21). Nous demand-
ons avec le Christ de ne pas être retirés du monde, mais d’être
protégés des forces du mal.
Nous prions Jésus-Christ de consacrer notre communauté
dans sa vérité. La Parole du Christ est la vérité. Nous prions
qu’Il nous envoie dans le monde, afin d’être une lumière pour le
monde.

206
La souffrance du monde
Si nous cherchons les racines de la souffrance, nous les trou-
verons dans le désir de possession et l’esprit de Mammon. Cet
esprit est l’esprit de Satan, attaché à faire mourir l’homme dès
le commencement, comme le dit Jésus (Jean 8.44). Il amène les
ténèbres et la mort. Beaucoup de ceux qui servent Mammon
essaient de le dissimuler derrière de merveilleux idéaux. Mais
malgré ces idéaux, les fruits de cet esprit sont l’injustice et la
mort — c’est là la cause de la souffrance de notre époque et
de tous les temps. Si nous considérons honnêtement la souf-
france du monde, nous verrons combien elle est étroite-
ment liée à notre propre culpabilité et la culpabilité de toute
l’humanité aujourd’hui. Nous reconnaîtrons également que,
comme toute cette souffrance est une, nous en faisons partie
et devons souffrir avec tous ceux qui souffrent.

Il y a tant de souffrance sur la terre! Si nous sommes remp-


lis de l’amour de Dieu, nous ressentirons cette souffrance
nous-mêmes. Nous sentirons quelque chose de la misère des
enfants, des vieillards, de ceux qui ont des problèmes men-
taux, des exclus et de ceux qui ont faim. Cependant, si nous ne
voyons que la misère du monde, notre vision est incomplète.

207
Pour l’amour de Dieu, nous devons reconnaître et proclamer
le fait que la souffrance est le fruit du péché et de la culpabilité
du monde, le fruit de la révolte de l’homme contre Dieu.

Dieu seul connaît la part de péché et la part de souffrance dans


la misère du monde. Il a été dit que si l’on mettait tout le mal
du monde sur un côté d’une balance, et toute sa souffrance sur
l’autre, la balance serait probablement en équilibre. Je ne sais
pas si cela est vrai, mais il est assez clair cependant que le mal
et la souffrance vont de pair. Ainsi par exemple, la guerre est
péché, mais elle implique aussi beaucoup de souffrance. Dieu
voit les deux, le mal et la souffrance.

Nous croyons au désir incommensurable de Dieu de sauver


l’humanité non seulement de la souffrance, mais aussi du
péché. Il est irrespectueux de parler de la misère du monde
sans considérer aussi combien Dieu souffre lui-même du
péché du monde, qui est aussi notre péché.
Si ce n’était le désir de Dieu de sauver les hommes par la
grâce de Jésus, il n’y aurait sur la terre que mort spirituelle et
physique. Jésus est l’Agneau de Dieu, qui porte le péché du
monde (Jean 1.29). Il est la réponse, la seule réponse à tout
péché et à toute misère.
Si nous considérons les églises d’aujourd’hui, où l’argent a
tellement de pouvoir et où il y a si peu de compassion envers
les pauvres, nous devrions nous sentir appelés à un travail
de mission plus intense. Nous savons que les premiers chré-
tiens à Rome nourrissaient les pauvres parmi eux, mais aussi
tous les pauvres de la ville1. Ils vivaient dans le premier amour
1
Eberhard Arnold, The Early Christians (Rifton, NY : Plough, 1970), pp. 17-19

208
de Jésus, et c’est cela qui nous manque. Notre époque nous
appelle à retrouver ce premier amour.

Extrait d’une lettre : Dans le chapitre 25 de Matthieu, Jésus nous


parle de ceux qui ont faim et soif, qui sont nus et qui se trou-
vent en prison. Ces personnes nous concernent également, de
même que la faim et la misère dans le monde. Que devons-
nous faire ? Nous vivons trop bien. Nous devrions manger
moins et nous contenter de moins, afin de pouvoir partager
avec les pauvres. Les premiers chrétiens jeûnaient un ou deux
jours par semaine pour pouvoir nourrir les affamés. Nous ne
faisons pas assez lorsque nous partageons simplement avec
nos propres frères et sœurs.Dans chaque communauté, nous
devrions désigner au moins un frère pour aller au-devant des
personnes dans le besoin, afin de leur apporter de la nourriture
et des vêtements, de veiller à leur chauffage etc.
Extrait d’une lettre : Vous dites que les pauvres n’ont pas de désir
de Dieu, qu’ils sont complètement mornes et indifférents  ;
que vous avez été vous-même dans une maison d’accueil pour
clochards, et que ceux-ci ne désiraient rien d’autre que de
s’élever et de dominer les autres, etc. Vous dites même qu’il ne
sert à rien d’essayer d’aider de tels gens, et que de toute façon,
ils ne désirent rien d’autre.

Cher frère, ceci n’est pas l’esprit d’amour de Jésus. Il est vrai
que beaucoup de personnes sont intérieurement éteintes,
mais cette apathie est l’expression de leur misère. Elle est un
signe, probablement le plus grave, qui nous montre à quel
point Satan, ennemi de Jésus et meurtrier dès le commence-
ment, domine le monde. Ne réalisez-vous pas à quel point

209
cela doit blesser Jésus que nous parlions de la misère de notre
prochain avec tant de froideur et de  condescendance?
Croyez-vous que Jésus avait cette attitude ? Croyez-vous
qu’Il serait mort pour nous s’Il avait pensé de la sorte ? Nous
ne pouvons parler ainsi des pauvres et des opprimés — au
contraire, nous sommes appelés à aimer notre prochain, et
particulièrement celui qui est dans un tel dénuement qu’il ne
voit plus d’issue.

Extrait d’une lettre  : Offrir l’hospitalité pour la nuit à un sans-


abri a toujours été un principe fondamental de nos commu-
nautés. Il est arrivé que la police nous amène des sans-abris,
même des familles avec des enfants, au milieu de la nuit, et
nous avons toujours trouvé le moyen de leur donner une
place pour dormir.
Sous le régime de Hitler, la police secrète nazie nous avait
interdit de prendre des hôtes. Mais nous les avons informés
de ce que jamais nous ne refuserions de loger quelqu’un pour
la nuit, même si la police le désapprouvait — jamais nous ne
refuserions d’ouvrir la porte à un sans-abri.
Notre témoignage n’aurait aucun sens si nous ne voulions
même pas donner asile pour la nuit à quelqu’un dans le besoin.
Mais, le plus important, c’est l’amour. Paul nous dit que, même
si nous donnons tous nos biens aux pauvres, cela ne sert à rien
si nous n’avons pas l’amour (1 Corinthiens 13.3).
Lorsque, dans les premières années de notre mouvement,
une fille-mère venait chercher asile chez nous, mon père
l’invitait toujours à rester deux ou trois nuits. Plusieurs de ces
femmes avaient été chassées de chez elles, alors elles restèrent
et certaines eurent même leur bébé chez nous. Nous avions

210
aussi des ivrognes, des voleurs et des gens recherchés par la
police. Un meurtrier, qui avait fait plus de vingt ans de prison,
a vécu parmi nous. Mes parents n’étaient pas inquiets quant
aux répercussions possibles de telles situations sur les enfants.
Mais jamais nous n’avons été exposés à l’impureté sexuelle. Si
les gens qui étaient accueillis se comportaient de manière indé-
cente, mon père ne le tolérait pas.
Aucune de ces personnes ne s’est jointe à notre commu-
nauté, et je ne pense pas qu’aucune d’entre elles ne se soit inté-
ressée à nous en tant qu’église. Elles étaient simplement sans
abri. Mais mon père ne leur a jamais refusé un toit. La Bible
nous dit qu’en hébergeant des étrangers, beaucoup ont ainsi
accueilli des anges sans le savoir (Hébreux 13.3).

En ces jours de bouleversements violents dans notre pays,


l’extrême droite est très active1. En même temps, d’autres
personnes, luttant avec beaucoup d’idéal pour la droiture et
la justice parmi les hommes et les nations, sont très actives
également. Nous ne pouvons rester à l’écart. Si des gens sont
jetés en prison et donnent leur vie pour ce en quoi ils croient,
nous ne pouvons qu’avoir le plus grand respect pour eux.
Mais nous, nous devrions aussi œuvrer pour une justice qui
va plus loin que celle qui est basée sur les droits de l’homme.

Je suis inquiet à propos d’un incident qui s’est déroulé non loin
de chez nous, et ne sais comment nous devrions réagir2. Un
homme de notre voisinage a été battu — il a reçu deux coups
à la tête — parce qu’il avait retiré des affiches antisémites qui
avaient été collées dans des lieux publics. De quelle manière
1
Note datée du 13 juin 1964.
2
Note datée du 12 avril 1964

211
devrions-nous protester contre une telle violence et témoigner
de l’amour et de la justice ? D’une part, il y a le danger de
trop nous impliquer dans la politique, ce qui n’est pas notre
tâche. D’autre part, nous ne pouvons rester silencieux face
à l’injustice dans notre propre voisinage  ; nous ne pouvons
être complaisants et dire que ce ne sont pas nos affaires. Ayant
vécu en Allemagne dans les années trente, je sais ce que cela
implique de rester silencieux sur ce genre de sujets. Hitler a pu
prendre le pouvoir en l’Allemagne simplement parce que tant
de gens n’ont pas osé protester ou s’impliquer.

La direction que prend le monde est grave. Avec la course aux


armements, l’homme se prépare à des tueries comme le monde
n’en a jamais connues. Chaque jour au Vietnam, des gens sont
torturés, blessés ou tués1. Quelle est notre responsabilité ? Il
nous faut nous poser cette question avec franchise. Nous avons
fait très peu. Nous avons rejoint les manifestations dans le sud
contre l’injustice raciale, et nous nous sommes prononcés con-
tre la guerre du Vietnam. Nous avons rencontré nos sénateurs
et nos représentants pour leur faire part de nos inquiétudes à ce
sujet — mais tout ceci n’est que peu de chose.
Nous savons que le passé, le présent et le futur sont entre
les mains de Dieu, et que si nous nous donnons à Dieu, nous
devons être prêts à souffrir et même à mourir. Des hommes
comme Michael Schwerner2 sont morts pour leur convic-
tion que l’amour entre les hommes devait être renforcé. Nous
aussi, nous devons être prêts à souffrir et à mourir si Dieu
nous le demande.

1
Note datée du 22 août 1965
2
Jeune militant des droits civiques, assassiné dans le Mississipi en 1964

212
Notre cœur est petit — je le sais de moi-même — mais
si nous nous laissons guider par Dieu, nous trouverons la
réponse à la question de notre responsabilité. Tout autre moyen
échouera. Si l’amour de Dieu anime nos cœurs, notre vie attein-
dra de nouvelles cimes et de nouvelles profondeurs, et il nous
mènera vers l’action juste. Mais nous devons lui demander de
toucher notre cœur — aujourd’hui, demain et chaque jour.

Etre complaisant face à l’injustice est un péché terrible, c’est


pourquoi nous avons beaucoup de respect pour le Mouvement
des droits civiques. Beaucoup de personnes engagées dans ce
mouvement font des sacrifices pour plus de justice, et certains
ont même fait le sacrifice de leur vie. Cependant, la lutte pour les
droits civiques en elle-même ne pourra amener le royaume de
Dieu. Cela, nous ne devons pas l’oublier, malgré tout le respect
que nous avons pour ceux qui sacrifient tout pour ce combat.
C’est quelque chose de beaucoup plus grand qui doit paraître,
quelque chose que nous ne pouvons pas réaliser nous-mêmes :
l’esprit de Jésus, qui doit pénétrer le monde entier.

Tandis que l’injustice continue d’augmenter, accrochons-


nous à l’espérance du royaume de Dieu, et cherchons à vivre
en accord avec celui-ci, afin d’être les témoins d’une nouvelle
justice — une justice qui inclut l’amour, même l’amour envers
les ennemis. C’est là la réponse aux grands besoins de notre
époque en général, et tout particulièrement sur la scène poli-
tique et raciale ici, en Amérique.

Daniel et tous les autres prophètes — tout comme Jean dans


l’Apocalypse — parle des « derniers temps » avant l’avènement
du royaume de Dieu, quand l’humanité devra faire face au

213
jugement dernier. Les famines et les épidémies des siècles passés,
la persécution de nos ancêtres anabaptistes et d’innombrables
autres petites communautés, la guerre de trente ans, le massa-
cre des amérindiens, sont autant d’exemples des souffrances
immenses qui sont déjà l’accomplissement d’un grand nombre
de prophéties du jugement dernier. Il en est de même face à la
Grande Guerre et à la Seconde guerre mondiale, qui ont proba-
blement été ce que l’humanité a vu de plus horrible. Les derni-
ers jours ont déjà commencé.

Il existe une misère infinie sur terre — plus que nous ne pour-


rons jamais le savoir. Elle est en partie économique ou sociale
mais, dans un sens plus profond, il s’agit d’une misère inté-
rieure, qui entre dans la vie des hommes par les forces obscures
de l’injustice, du meurtre et l’infidélité. Certains d’entre nous
ont cru que des mesures politiques et sociales entraîneraient
des changements radicaux dans notre société — des change-
ments qui répondraient aux besoins des hommes. Mais
comme nous l’avons constaté maintes et maintes fois, les
dirigeants du monde d’aujourd’hui s’embourbent dans leurs
propres mensonges et dans la malhonnêteté. Le dollar est
maître, et partout règnent l’impureté et l’infidélité.
Nous savons que nos quelques communautés ne change-
ront pas le monde. Mais le Christ, lui, le changera, et nous
désirons nous consacrer à lui. Il demande notre personne toute
entière et toute notre vie. Il est venu pour sauver le monde, et
nous croyons que c’est lui, et non un dirigeant humain, qui un
jour gouvernera le monde. C’est pour lui que nous vivons, que
nous nous donnons autant que nous le pouvons, et pour lui
que nous sommes prêts à mourir.

214
La mission
En tant que fraternité, nous aspirons profondément à aller à la
rencontre d’autres personnes en recherche. Mais ceci ne veut
pas dire que nous devrions tous nous mettre en route pour
aller parler aux gens de notre foi. L’apostolat doit être un don,
un don brûlant et authentique qui vient de Dieu et qui nous
conduit vers ceux qui veulent entendre. Il ne s’agit pas sim-
plement de prêcher. Nous recherchons une relation person-
nelle et intime avec les gens — quelque chose qui ne peut être
réalisé par les hommes. Dieu seul peut nous donner la parole
juste, au bon moment, pour la bonne personne.

Gagner de nouveaux membres pour nos communautés


ne nous intéresse pas, contrairement à ce que l’on pour-
rait penser. Si c’était là notre motivation, notre mouvement
s’effondrerait. Nous désirons rassembler, parce que Jésus nous
demande de rassembler. Lorsque mon frère Hardy était étudi-
ant à l’université de Tübingen dans les années trente, mon père
lui avait demandé d’y organiser quelques conférences. Hardy
avait fait de grandes affiches, annonçant que le Dr Eberhard
Arnold viendrait parler de notre mouvement. Mais mon père
dit : « Il ne s’agit pas de cela. Je parlerai de la cause de Dieu,

215
je ne mentionnerai pas notre mouvement. » C’est la cause de
Dieu qui devrait être notre souci principal.

Nous aspirons profondément à avoir des contacts avec plus


de gens, mais tous nos souhaits et nos aspirations doivent
être soumis à un seul désir : qu’à tout moment, en tout lieu, la
volonté de Dieu soit faite, et non la nôtre. Nous devons nous
soumettre à cela librement. Ces dernières années nous ont
montré — ou auraient dû nous montrer — notre propre inca-
pacité, notre péché et notre impuissance. L’apostolat dépend
de cette question : notre foi est-elle vivante ou non.

Veillons à ne pas partir en mission en comptant sur nos forces


humaines. Les gens entendent suffisamment de sermons  ;
trop de personnes s’en vont prêcher de leur propre initiative.
Je suis pleinement pour l’apostolat, mais uniquement si c’est
Dieu qui nous y incite, et non pas notre ego.
Dans l’église primitive, où le véritable apostolat était par-
ticulièrement vivant, il y avait deux conditions importantes :
les croyants étaient parfaitement unis de cœur et d’esprit, et ils
étaient repentants. Il nous faut trouver cette unité parfaite du
cœur, de l’esprit et de l’âme, et nous devons trouver l’humilité
et la repentance de Paul.

Nous ne pouvons nous dérober au commandement de


l’apostolat. Afin de rester vivante, une église doit envoyer
des missionnaires — parfois deux par deux, comme dans
l’église primitive et chez les anabaptistes du 16ème siècle. La
cité doit être bâtie sur la montagne, et sa lumière doit briller
pour les hommes. Le monde reconnaît-il réellement à travers
l’église d’aujourd’hui que le Père a envoyé Jésus-Christ dans

216
le monde ? N’avons-nous pas une responsabilité énorme ?
« Allez dans le monde entier et annoncez la bonne nouvelle
à tous les hommes. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé,
mais celui qui ne croira pas sera condamné. » (Marc 16.15-16)

Il est peu probable qu’il y aura une nouvelle Pentecôte, où


des milliers seront baptisés en un seul jour. Mais nous avons
un immense désir : que les graines de la Parole de Jésus puis-
sent être semées dans notre société corrompue, même si nous
devons laisser à Dieu le fait qu’elles grandissent et portent ou
non du fruit. Les douze apôtres ont beaucoup accompli —
mais ils avaient été envoyés avec l’autorité du Christ. Rien de
semblable ne s’est jamais produit depuis.
Je sais que pour ce qui est de l’apostolat, on ne peut forcer
les choses, mais j’aspire tant à ce que la graine soit semée, que
les hommes s’éveillent, qu’ils aiment Jésus et observent ses
paroles. Alors, Jésus viendra vers eux et demeurera avec eux.

Prions pour que, chaque fois que nous prononçons le nom


du Seigneur et que nous proclamons l’évangile, nous le fas-
sions avec le feu du Saint-Esprit. C’est ce dont notre époque a
besoin, ce dont a besoin notre pauvre terre, qui fut visitée par
le Fils de Dieu et que celui-ci n’a pas oubliée.
La croix est profondément plantée dans la terre. Elle est
dressée vers le ciel, mais ses bras ouverts expriment la faim et
la soif de Jésus pour tous les hommes. Il dit : « Et moi, quand
j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi »
(Jean 12.32).

Il semble y avoir une certaine contradiction dans notre vie.


D’un côté, nous aimerions étreindre l’humanité toute entière.

217
Si c’était possible, nous aimerions convaincre des milliers, des
millions de personnes de vivre comme des frères et sœurs en
Jésus-Christ. Nous désirons qu’un maximum de personnes
vienne à nous, pour que nous puissions partager avec elles. Et
nous voulons que notre désir d’apostolat se fasse encore plus
ardent. Mais par ailleurs, nous préférons avoir deux ou trois
membres totalement engagés, plutôt que des centaines qui ne
le sont pas. Nous ne voulons pas que le sel de notre témoign-
age se perde. Nous préférerions être un petit groupe, qui a un
véritable amour pour le Christ et une foi réelle en lui, plutôt
qu’un groupe rassemblant des masses mais où règnent la jal-
ousie et la haine.

D’après les trois premiers évangiles, les douze apôtres furent


envoyés en mission avec les paroles suivantes  : «  Allez donc
auprès des hommes de toutes les nations et faites d’eux mes dis-
ciples ; baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »
(Matthieu 28.19  ; Marc 16.15  ; Luc 24.47). Dans l’évangile de
Jean, Jésus parle d’une autre forme de mission : « Je prie pour
que tous soient un. Père, qu’ils soient unis à nous, comme toi
tu es en moi et moi en toi. Qu’ils soient un pour que le monde
croie que tu m’as envoyé » (Jean 17.21).
Ceci est tellement important pour nous aujourd’hui. Jésus
ici ne met pas l’accent sur la prédication de l’évangile pour
gagner des âmes, mais sur l’unité, « pour qu’ils soient par-
faitement un et que le monde reconnaisse ainsi que tu m’as
envoyé » (Jean 17.23). Dans cette prière, c’est l’unité des disci-
ples qui constitue l’apostolat.
L’unité se fait au prix d’un combat, au prix de la discipline
de l’église et de la souffrance ; elle exige, de manière sans cesse

218
renouvelée, le pardon, la confiance et l’amour envers les per-
sonnes qui nous ont blessés. Si l’unité est forte entre nous, elle
rayonnera vers l’extérieur, dans le monde. Nous ne savons pas
comment, mais cela se fera.

Nous devons désirer ardemment que notre cercle rayonne


de plus en plus l’amour, afin de pouvoir envoyer des frères
et des sœurs en mission à partir d’une église-communauté
unie. Tant que nous ne pouvons faire cela, c’est que nous ne
vivons pas encore exclusivement pour l’amour. Lorsque nous
n’avons pas la force de partir en mission, c’est un signe que
notre église n’est pas entièrement consacrée à l’amour, et ceci
devrait nous rendre humbles.

Nous vivons en communauté parce que nous voulons être


frères et sœurs. Voilà notre premier appel  : être des frères,
même pour les plus petits, afin que personne ne soit méprisé
et que personne ne soit laissé dans le besoin. Nous sommes
ici pour prendre soin de nos enfants, de nos frères et sœurs,
de nos membres âgés, des veuves et des orphelins. Notre
vocation première n’est pas d’aller chercher des gens dans les
bidonvilles ; cela pourrait même nous détruire. Si chacun de
nous devait se disperser, ce serait la fin de notre mouvement,
qui deviendrait alors une organisation comme une autre, con-
sacrée au travail social.

Si nous considérons notre état de disciple à la lumière des


paroles de Jésus, lorsqu’Il parle de ramener les mort à la vie et de
chasser les mauvais esprits (Matthieu 18.5 ; Marc 16.18), nous
verrons que, spirituellement, nous sommes une église très pau-
vre. Ceci doit nous rendre humbles, mais non pas résignés.

219
Dans sa dernière lettre, mon père écrit : « Nous n’avons pas
encore atteint au véritable apostolat, mais il devient de plus en
plus urgent de le solliciter par la prière. » Je sais qu’il espérait
que cet apostolat —  ramener les morts à la vie et chasser les
mauvais esprits — serait à nouveau accordé à notre époque.
Peu lui importait qu’il lui fût accordé à lui, personnellement,
ou à nos communautés, mais il souhaient qu’il fût accordé
quelque part.

Extrait d’une lettre  : J’aspire ardemment à la mission apos-


tolique — aller le long des routes et inviter les gens au grand
festival du royaume de Dieu. Mais chaque jour vécu dans
l’unité véritable est également un apostolat. Lisez Jean 17, où
Jésus dit que, par l’unité et l’amour de ses disciples, le monde
reconnaîtra que le Père l’a envoyé. Il n’y a pas de vision plus
grande que celle-ci. Si seulement nous combattons pour cette
unité, Dieu nous donnera la force de réaliser les deux formes
d’apostolat, et chaque membre y prendra part.

Extrait d’une lettre  : La sévérité tranchante de certains pas-

sages de l’évangile n’est plus prêchée dans le christianisme


d’aujourd’hui. Jean-Baptiste commença son message avec ces
paroles : « Race de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui
vient ? Accomplissez donc des actes montrant votre repentir, et
ne pensez pas que vous n’avez qu’à vous dire à vous-mêmes :
«Abraham est notre ancêtre» » (Matt 3.7-9).
Je considère qu’il est de ma vocation et de mon devoir de
proclamer l’évangile avec la même fermeté, mais aussi avec la
même bonté et la même compassion que l’on trouve dans le
Nouveau Testament.

220
Jésus envoya ses disciples sous le signe de l’Agneau. Celui
qui a vécu des pressions, et spécialement des pressions reli-
gieuses, saura pourquoi Il fit cela. Cela devient encore plus
clair si l’on pense à la colombe, symbole de l’esprit de Dieu.
L’Esprit descendit sur Jésus comme une colombe  : ni dans
la force, ni dans la contrainte ou la malveillance, incapable
d’attaquer et sans forcer son libre-arbitre. Voilà le caractère de
la mission apostolique : aucune coercition, aucune pression,
aucune persuasion. Jamais la personnalité la plus forte ne doit
dominer la plus faible, elle doit être aussi inoffensive qu’une
colombe. Cependant, lorsqu’Il dit : « Soyez innocents comme
des colombes », Jésus dit aussi : « Soyez prudents comme des
serpents. » (Matthieu 10.16).

A cette époque corrompue, la responsabilité de l’église est


d’appeler les hommes à une vie en Dieu et en Jésus. Si nous
regardons la société d’aujourd’hui, nous nous rendons compte
que l’humanité est totalement corrompue et qu’elle n’est pas
du tout réconciliée avec Dieu. La réconciliation n’est possible
qu’à travers la croix. Sans Jésus, sans sa souffrance et sa mort,
personne ne peut trouver Dieu.
Beaucoup d’entre nous désirent ardemment que notre église
parte en mission apostolique, et j’en suis heureux. Mais si ce
n’est pas Dieu qui nous envoie, comme il envoya Paul, nous ne
serons capables d’aucun apostolat, même sous la forme la plus
humble. Au moment de la conversion de Paul, Jésus lui dit : « Je
t’envoie pour que tu leur ouvres les yeux, pour qu’ils passent
des ténèbres à la lumière, et du pouvoir de Satan à Dieu, afin
qu’en croyant en moi, ils reçoivent le pardon de leurs péchés
et une place parmi ceux qui appartiennent à Dieu » (Actes

221
26.18). Voilà le but de la mission. Il est clair qu’elle ne peut
jamais être une entreprise humaine. Nous en sommes incapa-
bles — absolument incapables — sans une relation profonde
et intime avec Dieu, avec Jésus et avec l’église.

En ce qui concerne notre participation aux différents mouve-


ments de protestation sociale, j’espère qu’il nous sera donné
suffisamment de discernement pour reconnaître ce qui vient
de Dieu, et l’encourager, et pour rejeter ce qui est mauvais.
Nous devons rester ouverts pour recevoir, mais en même
temps nous devons témoigner d’une véritable fraternité.

222
LE ROYAUME
DE DIEU
Jésus
Jésus fut le serviteur souffrant. Sa vie débuta dans une hum-
ble étable et se termina par la mort — au seul nom de l’amour
parfait — sur une croix, entre deux criminels. Il fut vraiment
homme, tout en étant Dieu ; Il fut le Verbe devenu chair ; Il fut
Fils de Dieu mais Il se dit aussi le Fils de l’Homme.
Jésus-Christ est le rédempteur qui vient à nous, hommes
faibles et pécheurs. Il nous libère du péché et des puissances
démoniaques. Il fait de nous des hommes véritables. Il est le
guérisseur qui guérit sans rien demander en échange. Il est la
vraie vigne, l’arbre vivant. Il reste le même, hier, aujourd’hui
et pour toute l’éternité. Jésus est le cœur même de la compas-
sion, l’ami de l’homme, celui qui appelle à une vie nouvelle.
Il est le vrai et le bon berger, le roi du Royaume de Dieu. On
l’appelle le merveilleux conseiller, le Dieu puissant, le Père
éternel et le prince de la paix.
Le Christ est la puissance qui rassemble : « Combien de fois
ai-je désiré rassembler tes enfants, comme une poule rassem-
ble ses poussins sous ses ailes, mais vous ne l’avez pas voulu »
(Luc 13.34). Sa dernière prière fut pour l’unité et l’amour entre
ses disciples. Sa nouvelle vie triomphe des séparations, conduit

224
à la communauté et rend les hommes un de cœur et d’esprit. Il
est la révélation de l’amour de Dieu et de son royaume.
Nous devons faire l’expérience de Jésus dans notre cœur et
dans notre âme. Mais il nous est demandé bien plus encore :
nous devons faire l’expérience de Jésus comme Seigneur de
toutes choses, roi de toutes les principautés et de tous les
mondes divins. Nous devons concentrer notre cœur, notre
esprit et notre âme sur la vision de son royaume et sur lui,
Celui qui vient.

Extrait d’une lettre : Je sais que certains concepts bibliques sur le


Christ vous posent problème. Cependant, si vous ne voulez pas
du Christ tout entier, même ce que vous en acceptez vous glis-
sera entre les doigts et vous vous retrouverez sans rien. Je vous
confie ceci avec amour et par souci pour vous.
La question, en fin de compte, se réduit à ceci : acceptez-
vous Jésus-Christ, qui est né, par l’Esprit-Saint, de la Vierge
Marie ? Toute puissance lui est accordée, sur la terre comme
au ciel, et Il est venu dans ce monde pour réconcilier l’univers
en lui, en versant son sang sur la croix.
La foi dans le Christ suppose que nous sommes prêts à
croire en des mystères que nous ne pouvons ni voir, ni sentir,
ni comprendre avec notre intellect stupide.

Je me demande souvent si nous avons le Christ tout entier


suffisamment à l’esprit. Pour tout chrétien — aussi bien sur
le plan individuel que celui des églises —  le danger existe de
ne faire l’expérience que d’une partie du Christ, de n’accepter
qu’une partie de son message et de rester fidèle à cela. Il nous
faut trouver et servir le Christ tout entier. Je suis incapable de
dire : « le Christ tout entier, c’est ça. » Même si nous apprenions

225
tout l’évangile par cœur, nous ne pourrions pas prétendre
avoir le Christ en entier. Seul l’Esprit Saint est capable de nous
le révéler.
Jésus perçoit le mal dans une personne d’une manière si
tranchante et si claire que l’on pourrait croire que cette per-
sonne n’a pas d’amour en elle ; et pourtant, l’espoir de Jésus
pour la personne est si grand que l’on pourrait croire qu’il
n’y a aucun mal en elle. Dans le Nouveau Testament, nous
trouvons simultanément les paroles de condamnation éter-
nelle les plus sévères et l’amour le plus tendre.
Il nous faut tout aimer en Jésus : sa sévérité et sa compas-
sion. En aimant sa sévérité, nos cœurs seront purifiés et émon-
dés ; mais nous ne pourrions pas vivre si son amour, sa com-
passion et sa pitié n’étaient plus grands encore.

C’est une erreur de penser que Jésus n’était que fort et cou-
rageux. Il fut crucifié dans la faiblesse, et ceci est un profond
mystère. Il s’est fait faible par amour pour nous tous, pour les
péchés du monde, et pour amener la réconciliation et la vic-
toire de Dieu sur la terre et au ciel. C’est pour cela que nous
l’aimons.
Jésus fut crucifié dans la faiblesse, mais aujourd’hui, Il vit
dans la puissance de Dieu. Nous aussi, nous sommes faibles
comme Il le fut, et pourtant, par la puissance de Dieu, nous
pouvons devenir unis à lui et pleins de vie.
Si nous sommes orgueilleux, nous ne pouvons pas vivre
par la puissance de Dieu, car quand nous nous sentons forts
de corps et d’esprit, nous lui faisons obstacle. Mais lorsque
nous sommes faibles, il n’y a pas d’entrave.

226
Dans le chapitre 15 de Jean, Jésus parle du fond du cœur de
l’unité de ses disciples. Il se compare à une vigne, et Il compare
son Père au vigneron qui ôte de la vigne toute branche qui ne
porte pas de fruits et taille celles qui en portent, afin qu’elles
produisent encore plus.
Le Sauveur ne nous laisse pas dessécher en nous coupant
tout à fait de la vigne. Mais plutôt, Il nous purifie, et nous rat-
tache à sa vigne. Nous devons vivre cette expérience de puni-
tion et de jugement, car Jésus dit que quiconque porte du
fruit, Il le purifie. Quand un vigneron taille les branches, il se
sert d’un couteau. Il nous faut prier pour que le couteau pénè-
tre profondément dans notre cœur, même si c’est très dou-
loureux, afin que, purifiés par lui, nous puissions être greffés
sur la vraie Vigne.
Notre Sauveur dit : « Demeurez en moi et je demeurerai en
vous. » J’aspire ardemment à ce que nous demeurions tous
en lui et lui en nous. Il n’y a rien de plus grand, rien de plus
merveilleux, rien de plus joyeux que l’unité avec Jésus-Christ.

Lorsque les anges apparurent aux bergers, ils dirent : « Cette


nuit, dans la ville de David, un Sauveur vous est né » (Luc 2.11).
Il nous faut prendre cela à cœur : un enfant vous est né. Il ne
s’agit pas de croire seulement qu’un enfant est né à Bethléem,
mais qu’un enfant nous est né. Nous devons croire ceci très
personnellement : Jésus est venu pour chacun de nous.

La vie de Jésus commença dans une étable et se termina sur la


croix entre deux criminels. L’apôtre Paul a dit qu’il ne voulait
proclamer rien d’autre que ce Christ crucifié.
Nous non plus, nous n’avons rien d’autre à quoi nous rac-
crocher que ce Christ. Nous devons, encore et toujours nous

227
poser la question : sommes-nous prêts à suivre son chemin,
de l’étable jusqu’à la croix ? Jésus n’a pas promis à ses disciples
le confort et du bon temps — Il dit que nous devons renon-
cer à nous-mêmes, et souffrir avec et pour lui. C’est la seule
façon de le suivre, mais derrière cela se cache la vie dans toute
sa gloire — l’amour ardent de Dieu, infiniment plus grand que
nos cœurs et nos vies.

Extrait d’une lettre : Jésus fut un homme fort, d’une manière nou-
velle. Il était à la fois très faible et très fort. Il n’eut pas honte
de verser des larmes sur Jérusalem, qu’Il voulait rassembler
comme une poule rassemble ses poussins ; Il n’eut pas peur
de pleurer en public à la résurrection de Lazare ; et Il n’eut pas
peur de montrer son agonie à Gethsémani. Tout ceci ne faisait
pas de lui un homme « fort » dans le sens où le monde l’entend.
Et pourtant, l’amour de Jésus était si grand qu’Il fut capable
de supporter la douleur la plus atroce et l’abandon de Dieu, et
dans sa force, Il accomplit la tâche que le Père lui avait confiée.
Dans la véritable faiblesse nous devenons impuissants, et
dans la véritable impuissance nous trouvons la force. C’est
cela le secret.

Chacun de nous doit avoir une relation personnelle avec Jésus.


Jeune homme, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi les
sentiments de joie et d’amour que j’avais éprouvés après ma
conversion n’avaient pas duré. J’en étais très troublé et inter-
rogeai mon père à ce sujet. Il me dit : « Tu ne peux pas fonder
ton christianisme sur des sentiments. Il y a des moments où
l’on doit continuer d’avancer sans rien ressentir de profond. »
Paul compare la relation du Christ et de son église avec
le mariage, qui parfois apporte la joie et parfois la tristesse.

228
L’essentiel est la fidélité à la relation ; les sentiments ne seront
pas toujours les mêmes. Lorsque nous sommes rappelés au
premier amour, cela peut nous donner une joie immense, c’est
un don de Dieu. Ce sentiment ne durera pas toute la vie. Mais
si nous restons fidèles, notre relation avec le Christ ne chang-
era pas, même si nous avons à traverser des périodes de souf-
france et de larmes, de chagrin et de vide.

Jésus dit : « Celui qui m’aime gardera ma Parole et mon Père


l’aimera ; mon Père et moi viendrons à lui et nous ferons notre
demeure chez lui » (Jean 14.23). Il n’y a rien de plus intime que
de demeurer dans le cœur d’un autre.
Jésus dit aussi : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de
l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas
la vie en vous » (Jean 6.53-56). C’est un Evangile d’une unité
parfaite ; il exclut la possibilité d’un demi-engagement. Jésus
préfère un cœur glacé à un cœur tiède.

Quand nous aimons quelqu’un, nous désirons connaître son


être profond. Le connaître uniquement dans son aspect exté-
rieur ne nous satisfait pas. Il en est de même avec l’amour
envers Dieu. Si nous nous abandonnons à lui, nous appren-
drons à connaître son être profond, son cœur, son caractère
et son amour. Il ne suffit pas seulement de parler de Dieu.
Nous cherchons sa révélation. La Bible dit que le Seigneur
punit ceux qu’Il aime, car c’est un signe de son amour. Si nous
n’acceptons pas la sévérité de Jésus, nous ne pouvons faire
l’expérience de la libération totale qu’amène le pardon des
péchés. Si nous l’acceptons, nous pourrons alors éprouver
aussi sa bonté, sa compassion et son amour infini.

229
Il y a une certaine relation subjective de l’homme avec Jésus
que nous rejetons car cette subjectivité oublie la grandeur de
Dieu et de l’église, comme si seules mon âme et ma rédemp-
tion étaient importantes. Mais rejeter notre relation intime
avec Jésus parce qu’elle est subjective serait aussi une erreur
— nous devons faire l’expérience de son amour, de sa mort
sur la croix et de son pardon d’une manière personnelle.

Tout ce dont nous avons besoin pour trouver Dieu nous est
donné à travers le Christ. Mais cela ne sert à rien de vouloir
comprendre cela par notre intellect, ni d’apprendre la Bible ou
des prières par cœur. Jésus doit venir au plus profond de notre
cœur afin que nous soyons touchés par sa personne. Il com-
pare cette expérience à manger son corps et boire son sang.
C’est le contraire d’une expérience uniquement intellectuelle.
C’est une expérience qui vient du fond du cœur.

Etre véritablement disciple exige un amour tel pour Jésus que


tout autre amour — même celui pour notre femme et nos
enfants — parait petit en comparaison. Nous devons tell-
ement l’aimer que même la plus petite partie de son évang-
ile prend pour nous une importance capitale. Nous devons
tout aimer en lui : sa mort, sa résurrection, son jugement et
son futur royaume éternel. Mais nous devons par-dessus tout
aimer sa vie intérieure, dans ce qui nous en a été révélé à tra-
vers sa vie et sa mort. Cette vie intime est l’esprit de Dieu. La
plus grande tâche d’un chrétien est d’aimer Jésus, de le recon-
naître et d’apprendre à le comprendre dans le tréfonds de son
être.

230
Jésus désire que nous aimions tout en lui — ses actes, ses
paraboles, son rejet de Mammon et des biens de ce monde,
sa pureté de cœur et sa fidélité dans les relations, la tristesse et
la souffrance que lui cause l’injustice, sa mort avec des crimi-
nels — mais plus que tout le reste, Il désire que nous l’aimions
lui, personnellement, son cœur et son sang.
Les juifs avaient de la difficulté à accepter l’idée de boire le
sang de Jésus et de manger sa chair, car la loi de Moïse défen-
dait de boire du sang. Jésus cependant voulait montrer à ses
disciples une unité et une communauté qu’Il ne pouvait que
comparer avec le corps et le sang. En fait, Il parle de la com-
munion éternelle avec lui dans le royaume de Dieu.
Jésus est venu comme un médecin pour les malades et
comme un berger pour ceux qui sont perdus ; Il n’est pas venu
que pour les justes. Il est l’amour de Dieu à l’œuvre sur la terre.
Si nous comprenons cela réellement, nous saurons que suivre
Jésus signifie souffrir. Ce ne peut être un chemin facile.

Extrait d’une lettre : Consacrez-vous tous les jours à la personne


de Jésus. Alors il vous sera possible de brûler pour lui et
d’abandonner toute préoccupation personnelle.

Lorsque Jésus était sur terre, Il promit qu’Il reviendrait pour


fonder le royaume de Dieu, un royaume de paix et d’amour.
Dans la parabole des dix vierges, cinq d’entre elles étaient
prêtes, mais les cinq autres n’avaient pas d’huile, pas d’amour
brûlant pour Dieu et pour leur prochain. Les vierges insensées
possédaient la lampe, dans sa forme extérieure, mais leur feu
intérieur avait disparu. Jésus dit qu’Il ne les connaissait pas et
qu’elles ne pourraient entrer dans le royaume.

231
Cette parabole s’adresse à notre époque, car il y a presque
2 000 ans que Jésus vécut sur la terre, et nous nous sommes
habitués à attendre. Le monde continue comme avant. Mais le
temps viendra où nous souhaiterons avoir de l’huile.

Si nous voulons être les disciples du Christ, il nous faut être


prêts à tout endurer dans la foi et à renoncer à tout, comme lui
l’a fait. L’abandon total du Christ crucifié doit sans cesse être
proclamé dans l’église, à chaque nouvelle génération.

Extrait d’une lettre : Je remercie Dieu que vous ressentiez un peu de


la réalité de Jésus dans votre vie. Nourrissez cette petite flamme,
et laissez-la grandir. Jésus ne peut entrer dans votre cœur que
dans la mesure où celui-ci a été vidé de toute autre chose.
Quand un seau d’eau est plein, vous ne pouvez rien y ajouter ;
mais si on le vide, il peut être rempli. Vous devez devenir vide.
Jésus vous touchera, même s’il n’y a qu’un peu de place pour lui.

Extrait d’une lettre : N’oubliez jamais que votre cœur doit être vide
et pauvre en esprit pour que Jésus y règne — vous ne pouvez
garder pour vous-même aucun recoin caché. Regardez tout
du point de vue de Jésus et non du vôtre. Ce que vous pensez
ou éprouvez n’a pas d’importance. Ce qui importe, c’est la
volonté de Jésus. Si vous vous abandonnez à lui, tous vos sen-
timents changeront.

Extrait d’une lettre : Si vous désirez vraiment ne servir que Jésus,


manifestez-le dans vos actes  : dans la manière d’élever vos
enfants, dans votre attitude vis-à-vis de votre mari, et dans
votre attitude vis-à-vis de l’église. Il n’est pas vrai que vous êtes
une pauvre personne, comme vous l’écrivez. J’aimerais que

232
vous le soyez, car Jésus dit : « Heureux les pauvres en esprit ».
Par moments vous êtes très riche — riche en opinions et rem-
plie d’amour-propre et d’estime de vous-même. Devenez
véritablement pauvre.

Extrait d’une lettre : Je sais que Dieu vous a donné un cœur qui
aime, mais votre vieille nature doit mourir afin que vous puis-
siez accueillir son amour. Alors Il pourra se servir de vous
tel qu’Il vous a créé. Mourir avec le Christ ne veut pas dire
s’éteindre. Cela veut dire lui offrir notre être le plus profond,
déposer nos péchés au pied de la croix, et devenir un avec celui
qui est mort pour nous.

Quand un grain de blé est mis en terre, il meurt. Il ne demeure


pas grain, mais à travers la mort, il porte du fruit. Voilà la voie
du vrai christianisme. C’est la voie de Jésus qui est mort sur
la croix pour chacun de nous. Si nous voulons que nos vies
deviennent des fruits de la mort de Jésus sur la croix, nous ne
pouvons rester des grains individuels. Nous devons être prêts
à mourir, nous aussi.

Ayez toujours Jésus-Christ devant vous, afin de pouvoir


mourir pour lui! Aspirez à venir toujours plus près de lui.
Vivez dans le même esprit — à son service — afin que la grâce
de Dieu soit toujours avec vous. Alors vous serez plein de joie,
même si le jour vient où vous devrez verser votre sang pour
lui. Ce ne sera que victoire!

Jésus dit que si nous l’aimons et suivons ses commandements,


Il nous aimera et se révélera à nous. Ceci n’est pas une ques-
tion de théologie ou de doctrine, mais une question de vie —

233
celle de recevoir Jésus en tant que personne réelle, en tant que
Fils de l’Homme qui désire nous aimer et se révéler à nous. Si
nous demeurons en lui, Il demeurera en nous, et nous pour-
rons dire comme l’apôtre Paul  : «  Ce n’est plus moi qui vis,
mais c’est le Christ qui vit en moi » (Galates 2.20).

Il ne faut pas chercher à expliquer ni à comprendre la façon


dont Dieu a envoyé son fils dans le monde. Jean dit simple-
ment que le Verbe s’est fait chair. Ce Verbe, c’est son amour, et
Il l’a manifesté par l’Esprit Saint à travers Marie. Ce n’est que
dans ce sens-ci que nous pouvons commencer à comprendre
le mystère de la naissance virginale.

Nous prions afin de pouvoir voir le vrai Christ. Nous prions


pour qu’Il nous soit révélé tel qu’Il fut — d’abord un bébé né
dans une étable à Bethléem, puis un condamné suspendu
à la croix entre deux criminels au Golgotha — tel qu’Il est
aujourd’hui — à la tête de toutes choses, et particulièrement
de son église — et tel qu’Il sera à la fin des temps — celui qui
juge les vivants et les morts, l’époux au grand repas dans le
royaume de Dieu.
Sommes-nous prêts à suivre ce même chemin de souffrance
de Jésus sur terre ? Voulons-nous nous donner si totalement à
lui que nous sommes prêts à être persécutés, battus ou même
tués pour lui ?

Jésus-Christ  ! Il doit rester le centre à tout moment. L’église


ne peut être notre centre, car un corps sans tête est mort. Il
nous faut constamment nous ressourcer de l’intérieur — je
veux dire par là qu’il nous faut sans cesse de nouvelles rencon-
tres avec Dieu et avec le Christ. Ceci doit se produire dans nos
réunions de prières ainsi que dans le cœur de chacun. Renaître

234
signifie la présence du Père en nous, et cela se fait à travers le
Saint-Esprit.

LA PAROLE VIVANTE
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de
Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement près de
Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et sans lui, rien n’a
été fait » (Jean 1 : 1-3).
Le Verbe est l’expression personnelle de Dieu. Il est devenu
chair et Il a demeuré parmi nous en tant qu’homme — celui
qui était et qui est le Christ. C’est avec sa Parole que Dieu parle
aux cœurs des hommes et qu’Il les juge. Et lorsqu’ils recev-
ront la parole et qu’ils se repentiront — lorsqu’ils ressenti-
ront beaucoup de douleur et de remords pour l’injustice et les
fautes qu’ils ont commises, pour leurs mensonges, meurtres,
impureté et ténèbres — alors le royaume viendra.

Rien, absolument rien ne peut nous aider, si ce n’est la Parole


de Dieu. Par la Parole nous ne voulons pas entendre les let-
tres mortes de la Bible. Il est vrai que la Bible, qui contient les
paroles de Jésus et des prophètes par écrit, est le livre le plus
sacré qui existe. Mais la Bible en elle-même n’est pas la Parole,
elle n’en est que le témoignage. Lorsque nous lisons la Bible et
que nous sentons que Dieu parle directement à notre cœur,
quand quelque chose commence à brûler dans notre cœur,
c’est cela, la Parole vivante. L’Esprit apporte la vie, mais la let-
tre morte tue.
La lettre morte de l’Ancien et du Nouveau Testaments
est l’arme de l’Antéchrist. Il vient toujours avec la Bible à la
main. Lorsque les catholiques romains persécutaient les

235
anabaptistes au temps de la Réforme, ils venaient la Bible à la
main pour les noyer, les décapiter ou les pendre.

En ce qui concerne la Parole, ce qui importe n’est pas ce


que nous pensons ou ressentons ni ce que nous mémori-
sons — même si nous connaissons toutes les paroles de Jésus
telles que rapportées dans le Nouveau Testament — mais c’est
que ses paroles soient gravées dans nos cœurs par Dieu Lui-
même. C’est cela l’Evangile.

Sommes-nous prêts à entendre la Parole de Dieu, qui coupe


bien plus fort qu’une épée à double tranchant ? L’épître de
Paul aux Hébreux dit  : « Car la parole de Dieu est vivante et
efficace ... et c’est à lui que nous devons rendre compte. » Il
parle aussi de l’acuité qui coupe et partage jointures et moelle.
Mais ensuite, il dit qu’en Jésus nous avons quelqu’un qui a de
la compassion pour notre faiblesse, nos peurs et notre misère
intérieure — quelqu’un qui comprend. Si nous sommes prêts
à offrir notre cœur à cette épée tranchante, nous trouverons
Jésus. Mais si nous la rejetons, nous serons rejetés nous-aussi.

Jésus dit que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de


toute parole venant de la bouche de Dieu. Notre Dieu n’est pas
un Dieu silencieux. La Parole n’est pas rigide, comme si elle
était coulée dans le fer ou enfermée dans un livre — pas même
lorsque ce livre est la Bible. La Parole ne contredit jamais les
prophètes de l’Ancien Testament ni le Nouveau Testament,
mais elle est révélée sans cesse aux cœurs des hommes. Elle
nous apporte toujours de nouvelles révélations et rend toutes
choses vivantes pour nous. Nous ne pouvons pas vivre sans la
Parole vivante de Dieu.

236
Extrait d’une lettre : Je me réjouis que la Bible soit devenue vivante
pour vous. C’est tellement important : non pas la lettre morte
mais le Jésus vivant. Puisse-t-il brûler dans nos cœurs et dans
nos vies. Alors nous ne serons plus préoccupés de nos activ-
ités extérieures au point que notre vie intérieure en souffre.
Lorsque Jésus devient le centre de notre vie, notre vie inté-
rieure devient comme une flamme qui brûle pour lui.

LE SAINT-ESPRIT
Le Saint-Esprit est comme l’eau, qui cherche l’endroit le plus
bas. Il ne vient que dans le cœur brisé et humble.

Le grand événement de la Pentecôte — la fondation d’une


église vivante par la venue du Saint-Esprit — est un défi pour
nous tous. Nous voyons à travers cet événement que lors de
l’effusion de l’Esprit sur un groupe de disciples qui attend, il
se passe quelque chose qui influence le monde entier. L’attente
des disciples était si grande qu’en un seul jour, trois mille per-
sonnes furent ajoutées à leur nombre (Actes 2 .41).
A notre époque où tant d’esprits maléfiques sont à l’œuvre
— des esprits d’impureté et de destruction, d’injustice, de
rébellion et de meurtre — nous avons plus que jamais besoin
du don du Saint-Esprit. Chaque fois que nous sommes ras-
semblés, que ce soit pour le travail, pour la prière, dans nos
chants ou dans nos temps de silence, nous devons attendre
l’Esprit. Mais nous ne devons pas l’attendre pour nous-
mêmes uniquement — il nous faut voir beaucoup plus grand.
Prions pour que l’Esprit de Dieu se répande sur l’impiété de la
terre entière.

237
L’expérience du Saint-Esprit ne peut jamais rester une expé-
rience individuelle : elle mène vers la communauté. Lorsque
le Saint-Esprit descendit sur les disciples à Jérusalem, ils
devinrent un de cœur et d’esprit. Ils furent tellement remp-
lis d’amour qu’ils ne pouvaient plus vivre pour eux-mêmes
seulement. C’est là le plus grand des dons  : l’expérience de
l’union avec Jésus en communion avec d’autres.

Extrait d’une lettre : Il n’y a probablement rien de plus merveilleux


que ce qui se passa à la Pentecôte, quand l’Esprit Saint descendit
sur les disciples du Christ. L’amour était si fort parmi eux qu’ils
étaient unis de cœur et d’esprit et qu’ils proclamaient l’évangile
de Jésus même s’ils savaient qu’ils auraient à souffrir à cause de
cela. Implorons l’Esprit Saint afin qu’Il remplisse également nos
cœurs de flammes de feu, afin de pouvoir œuvrer à la cause de
Jésus dans ce monde souffrant.

Dans le Nouveau Testament, le Saint-Esprit est comparé à


une colombe. Une colombe est douce, ne fait de mal à per-
sonne et ne s’imposera jamais à personne. Elle s’enfuit devant
les rapaces. Depuis la chute de l’homme, nous sommes tous
devenus des rapaces, et nous avons chassé l’Esprit Saint sans
le savoir. Si l’on résiste à l’Esprit, Il disparaît. Il ne vient que
vers les humbles, vers ceux qui sont brisés, et vers ceux qui le
cherchent.

238
La croix
Le fait que le sang de Jésus fut versé pour le pardon des péchés
est un mystère. Beaucoup disent : « Dieu est si grand, si puissant,
qu’Il aurait pu sauver l’humanité sans la croix. » Mais ceci n’est
pas vrai. Nous devons nous rappeler que Dieu n’est pas seule-
ment pur amour — ce qui aurait pu lui permettre de pardonner
nos péchés sans la croix — mais qu’Il est également pure jus-
tice. L’amour de Dieu et la justice de Dieu devaient être révélés
au monde des anges, car il y a des anges maléfiques comme il y
a des anges saints.
Tuer le Fils de Dieu a été le plus grand mal jamais commis.
Mais c’est précisément à travers cet acte que Dieu a manifesté
son amour le plus grand, et qu’Il a offert à tous la possibilité de
trouver la paix en lui ainsi que le pardon des péchés.

Extrait d’une lettre : Nous avons constamment besoin, dans notre


cœur, du Christ crucifié. Pour le recevoir, il nous faut encore
et toujours faire le silence en nous, sous le regard de Dieu. Le
Christ désire vivre dans nos cœurs pour que nous puissions
vaincre toute chose. C’est par lui que tout reçoit son vérita-
ble sens. Il n’y a pas d’autre fondement pour la véritable paix
du cœur que l’unité en lui. Seul le Christ peut nous amener à

239
la confiance totale en Dieu. C’est en lui que nous trouvons le
jugement le plus sévère de la colère vis-à-vis de tout le mal,
mais aussi la révélation de sa grâce aimante.

Si nous ne croyons pas à la puissance du mal, nous ne pouvons


pleinement comprendre Jésus. On ne peut nier qu’Il soit venu
pour sauver tous les hommes. Mais tant que nous ne com-
prenons pas que la raison principale de sa venue fut de se join-
dre au combat entre Dieu et Satan — pour détruire les œuvres
de Satan — nous ne pourrons comprendre complètement la
nécessité d’une expiation par la mort sur la croix.

La pensée que Dieu est tout amour peut aussi nous priver de
l’expérience de sa puissance. Les gens savent que Dieu par-
donne les péchés, mais ils oublient qu’Il juge également. Il y
a, dans la pensée moderne, quelque chose d’une révolte con-
tre l’Expiation. Peut-être que notre idée d’un Dieu tout amour
nous empêche d’être prêts à faire face au jugement. Nous croy-
ons que seuls l’amour et le pardon sont nécessaires, mais ceci
n’est pas tout l’évangile — et cette croyance rend Dieu bien
trop humain.

Il est d’une importance cruciale que la croix de Jésus-Christ


soit au centre de nos cœurs — au centre de notre vocation et
au centre de notre mission. L’Agneau de Dieu sur la croix se
tient devant le trône de Dieu. La croix est le centre de l’univers.
Nous devons faire l’expérience, dans sa hauteur, sa profond-
eur et sa largeur, du sens de cette révélation mystique à tra-
vers le Saint-Esprit. Il ne suffit pas de le croire ; nous devons
demander à Dieu de le vivre.

240
La croix est le seul endroit où nous puissions trouver la puri-
fication — pas seulement de l’impureté sexuelle, mais de tout
ce qui souille l’âme : la tromperie, l’hypocrisie, le meurtre, le
manque d’amour et l’envie. Nous ne trouverons la purifica-
tion que si nous trouvons le Crucifié.

Extrait d’une lettre  : Avoir la croix au centre de nos vies signi-


fie n’aimer rien de plus que la croix — quand nous nous lev-
ons le matin, pendant la journée et en toute situation. Quand
ils se marient, les époux se promettent de s’aimer l’un l’autre
jusqu’à ce que la mort les sépare. Mais notre amour de la croix
doit aller au-delà de la mort jusqu’à la vie éternelle.

Si un homme est confronté à un criminel, ou bien il le jugera


ou bien il éprouvera pour lui de la compassion. Dieu seul peut
faire les deux à la fois : juger et inonder de sa compassion et de
sa miséricorde.

Si nous voulons être aidés dans notre détresse  — car nous


éprouvons de la détresse — nous ne devrions pas nous tourner
vers Dieu en pensant d’abord à notre souffrance personnelle ;
nous devrions plutôt penser, dans notre esprit et notre cœur,
au moment où la souffrance du monde a commencé. Si nous
ne venons à Dieu qu’avec nos propres fardeaux intérieurs,
nous commettons une injustice envers lui. Mais si nous voy-
ons combien Dieu a souffert depuis la chute d’Adam — et par-
ticulièrement à travers la mort de Jésus sur la croix — alors
nous pouvons lui demander de nous libérer de notre propre
détresse.

241
Jésus est venu pour détruire les œuvres du diable, et la mal-
adie et la mort sont les œuvres du diable. Dieu les permet,
mais dans le Christ, Il les prend sur lui. Les sept dernières
paroles du Christ commencent par : « Mon père, s’il est possi-
ble, éloigne de moi cette coupe de douleur » (Matthieu 26.39).
Nous ne pouvons nous imaginer tout ce que cette coupe con-
tenait. Mais Il était prêt à l’accepter, et bien qu’Il ne sentît pas
la proximité de Dieu, Il remit quand même son esprit entre
ses mains. C’est là la seule façon de triompher des œuvres du
diable.
Quand je pense à Jésus, je vois sa croix enracinée dans la terre,
s’élevant vers les hauteurs, avec les bras étendus pour étreindre
tous ceux qui viennent à lui. La croix est le seul endroit où la
victoire sur la tentation, le péché et le diable est complète. Il n’y
a pas d’autre endroit.

Dieu désire nous révéler la grandeur de la croix. Nous con-


naissons tous la croix et sa signification, nous y croyons tous
et elle nous émeut probablement tous. Mais je crois que Dieu
veut qu’elle atteigne notre cœur comme une épée. Le Christ a
fait l’expérience de l’abandon de Dieu afin que nous puissions
trouver le pardon des péchés et la vie éternelle en Dieu — je
ne crois pas qu’aucun d’entre nous soit capable de saisir tout
le sens de cela.

Nous devons prier pour que tous les obstacles dans notre cœur
soient surmontés, afin que nous puissions faire l’expérience
de la mort de Jésus dans sa totalité. Nous ne sommes pas
encore assez touchés par sa souffrance et sa mort innocente
sur la croix. Jésus a donné son sang pour que chaque cœur
repentant puisse recevoir le pardon des péchés. Ses bras sont

242
grand ouverts, comme ils l’étaient sur la croix, pour tous les
croyants repentants.
Nous savons que beaucoup de choses dépendent de notre
volonté, mais nous savons aussi que nous sommes incapables,
par nos propres forces, de renaître de l’Esprit Saint, comme les
gens en ont fait l’expérience à la Pentecôte. Nous devons don-
ner notre âme, notre esprit et notre cœur à Dieu en lui disant :
« Change-les ! ». Nous avons besoin d’être changés dans tout ce
qui concerne le passé, le présent et le futur, d’être saisis par la
mort douloureuse du Christ et par sa résurrection.
C’est parce que nous sommes préoccupés de nous-
mêmes — parce que nos cœurs sont pleins d’amour-propre,
d’envie et d’autres choses — que nous ne pouvons répondre
comme les personnes l’ont fait à la Pentecôte. A ce moment,
l’Esprit descendit et transperça leurs cœurs comme une
épée transperce l’os et la moelle. Et ceci doit être notre prière
aujourd’hui : donne-nous ton Saint-Esprit et transperce-nous.
Aie pitié de nous, et transforme-nous jusque dans les profon-
deurs de notre être !

Si nous voulons marcher dans les pas de Jésus, nous devons


reconnaître que pour toute chose, il y a l’heure de Dieu, qu’il
s’agisse du mariage, de la mission, de la persécution ou de la
mort. Nous ne pouvons plus déterminer nous-mêmes l’heure
de ces événements, car nous nous sommes abandonnés d’une
manière telle que l’heure de Dieu est notre heure — que ce soit
celle de la joie, de la peine, ou de boire avec Jésus une coupe
amère jusqu’à la lie.
Je n’ai pas de plus grand souhait, pour ceux qui me sont
le plus chers, que de les savoir prêts à boire la coupe amère

243
jusqu’au bout. C’est beaucoup plus facile pour nous que pour
Jésus, parce qu’Il nous a précédés dans la voie de la souffrance
assumée jusqu’au bout. Nous devons brûler d’un tel amour
pour lui que nous pouvons boire avec joie et jusqu’à la dern-
ière goutte, la coupe qui nous est destinée.

Jésus a pris le chemin de la croix par amour pour nous. Mais si


nous ne voulons pas mourir pour lui, si nous ne voulons pas
nous perdre pour lui, Il aura souffert pour rien. Demandons
à Dieu que nos pensées et nos émotions soient touchées par
sa mort sur la croix, sa descente aux enfers, sa résurrection, et
son ascension au ciel.

Vous devez trouver l’humilité de la croix. Vous pouvez


chercher partout dans le monde — nulle part vous ne trou-
verez le pardon des péchés en dehors de la croix.

Nous ne pouvons pas rencontrer Jésus sans rencontrer la


croix. De sa personne émane la voie de la souffrance. Par son
sacrifice, son immense amour pour tous les hommes inonde
nos cœurs, nous incitant à sauver ceux qui se trouvent pris-
onniers des ténèbres. Si nous aimons Jésus, le désir de souf-
frir pour lui naîtra en nous tout naturellement. Je ne peux
imaginer comment on peut suivre Jésus sans une compréhen-
sion profonde de sa voie de la souffrance.

Pour faire l’expérience des grandes pensées de Dieu, il nous


faut dépasser nos luttes personnelles. Il est important de res-
sentir la rédemption personnelle à travers la croix, mais il ne
faut pas en rester à ce stade. La croix est tellement plus grande

244
que le domaine personnel ; elle embrasse la terre entière — et
bien plus.

Il y a des secrets que seul Dieu connaît. La mort du Christ sur


la croix est l’un de ces mystères. La Bible dit que par la croix,
ce n’est pas seulement la terre, mais aussi le ciel et toutes les
puissances et les principautés du monde des anges qui seront
réconciliés en Dieu. L’homme, et peut-être même les anges, ne
peuvent comprendre les mystères qui se cachent derrière tout
ceci. Mais nous sommes sûrs d’une chose : le Christ a vaincu
la mort, le dernier ennemi. Et à travers la croix, quelque chose
s’est produit, dont le pouvoir a dépassé de loin les limites de la
terre et dépassé de loin ce que notre âme peut concevoir.

245
Le salut
Extrait d’une lettre  : Dans sa parabole des dix vierges, Jésus met
l’accent sur la réalité du châtiment du péché et la perte du salut
éternel. La pensée d’un châtiment éternel certes fait peur, mais
Jean écrit que l’amour total chasse la peur, car la peur pense
encore au châtiment et celui qui pense au châtiment n’aime pas
totalement. La tension entre ces deux pôles — la peur du châti-
ment et l’amour qui chasse toute peur — ne peut être surmon-
tée que par l’expérience de l’amour.
Si vous aimez quelqu’un profondément, vous n’aurez pas
peur de lui. De même, si vous aimez vraiment Jésus, vous ne le
craindrez pas. Vous ne pouvez servir Jésus par crainte.

Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et qu’aucun


ne soit perdu. Mais les évangiles disent aussi très clairement
qu’aucun de nous ne sera sauvé s’il ne fait l’expérience de
la renaissance dans l’Esprit Saint, s’il ne trouve la foi par la
repentance et la conversion. Et Jésus, dont l’amour est bien
plus grand que tout amour humain, parle clairement de la
damnation. Bien que Dieu soit tout-puissant et que ce soit sa
profonde volonté que tous soient sauvés, Il ne nous impose
pas sa volonté. Sa nature est celle de l’agneau, le Christ, et de

246
la colombe, l’Esprit Saint. Il dépend donc de nous-mêmes,
de chaque individu, de s’ouvrir à la grâce de la renaissance. Il
nous faut cependant tout d’abord devenir humble et avoir le
cœur brisé, car cette nouvelle naissance n’est pas possible sans
jugement sévère. Le jugement de Dieu est amour.

Dans le chapitre 8 de l’Epître aux Romains, Paul parle du salut


des élus. On pourrait se demander  : « Et les autres ? Seront-
ils sauvés, eux aussi ? » L’apôtre Pierre éclaire cette question
dans sa deuxième lettre (3.9), où il écrit : « Le Seigneur ne tarde
pas à accomplir ce qu’Il a promis, comme certains le pensent.
Mais Il est patient envers vous, ne voulant qu’aucun périsse
mais voulant que tous se détournent du mal. » Il est donc clair
que Dieu désire que chacun, même ses ennemis, se repente
et trouve le salut. Mais ne devenons pas coupables en jouant
avec sa patience.

Lorsque le Christ est victorieux dans nos cœurs, ce n’est pas


le résultat d’une lente évolution, cela ne veut pas dire qu’on
s’améliore de jour en jour. Cela veut dire qu’il y a d’abord le
jugement et puis le changement. Il n’y a pas de place pour la
tiédeur. Ou bien une personne se tournera complètement
vers Jésus, ou bien elle sera jugée.
Toute l’idée de la damnation du pécheur est très difficile à
accepter et à concilier avec l’amour de Jésus tel qu’Il nous l’a
révélé de manière si puissante sur la croix, au Golgotha. Mais
toute personne qui reste liée par le péché ne peut entrer dans
le royaume de Dieu, car autrement le monde resterait divisé
et sous l’emprise du mal. Nous ne saisissons pas la plénitude
de l’amour de Dieu. Cependant, nous savons que Jésus porte
les péchés du monde entier, et qu’Il se tient devant le trône de

247
Dieu. Le point central est son sacrifice pour la rédemption du
monde. Nous ne devrions jamais perdre cela de vue.

Enfant, j’avais le sentiment qu’un jour les masses — la classe


ouvrière — se rapprocheraient de Dieu. Peut-être étais-je
influencé par les nombreux anarchistes, socialistes et social-
istes religieux qui venaient séjourner chez nous. Mais lorsque
je fus plus âgé, je lus dans l’Apocalypse comment les coupes
de la colère de Dieu seraient versées l’une après l’autre sur les
gens, et comment ceux-ci ne se repentiraient toujours pas.
C’était très dur pour moi. Je ne pouvais pas accepter l’idée que
seule une petite partie de l’humanité serait sauvée. Cette idée
allait à l’encontre de toute ma manière de penser. J’étudiai la
Bible — les prophètes et le Nouveau Testament — avec cette
question en tête.
Dans l’évangile de Jean, je tombai sur le passage où Jésus dit
que le monde sera jugé : « Le prince de ce monde sera chassé
dehors. Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tous
les hommes à moi » (Jean 12.31-32). Je ne sais comment Jésus
fera cela, mais j’ai la conviction qu’Il attirera tous les hommes
à lui et qu’Il n’est pas mort sur la croix pour quelques-uns
seulement. Jésus dit que le chemin vers la vérité est étroit,
et que peu de gens le trouveront car la plupart prennent la
voie large qui mène à la damnation. Ceci est indéniable, mais
il serait terrible de penser que nous avons trouvé le chemin
étroit et de ne pas avoir d’amour envers ceux qui sont sur le
chemin large.

Le huitième chapitre de Jean commence par l’histoire des


pharisiens voulant lapider la femme adultère, et se termine par
celle où des juifs veulent lapider Jésus. Jésus rendait les juifs

248
furieux parce qu’Il disait clairement qui Il était, quelle était sa
mission et qu’Il était venu pour sauver l’humanité. Ce chapi-
tre soulève une question décisive, pour nous et pour chaque
individu : sommes-nous prêts à croire les paroles de Jésus, ou
en doutons-nous ? Jésus dit que si nous ne croyons pas, nous
sommes des esclaves — nous ne sommes pas libres, même si
nous croyons l’être. Il dit qu’il n’y a pas d’autre voie que la foi
en lui pour trouver la liberté, la rédemption et la libération.
Jésus dit aussi : « …car si vous ne croyez pas ce que je suis,
vous mourrez dans vos péchés » (Jean 8.24), et : « Si quelqu’un
garde ma parole, il ne verra jamais la mort » (Jean 8.51). Ces
paroles devaient être prononcées, car elles sont la vérité et le
resteront pour l’éternité. Si nous trouvons la foi, nous trou-
verons la libération du péché, de la peur, de la mort et du
manque d’amour de notre époque. Mais si nous ne trouvons
pas la foi, nous resterons esclaves de toutes ces choses. Le défi,
pour chacun de nous, c’est d’aimer Jésus et d’accepter la lib-
erté qu’Il nous offre.

Dans la parabole des dix vierges, Jésus ne parle pas du monde,


mais des Chrétiens. Toutes celles qui allaient à la rencontre
de l’époux étaient vierges, c’est à dire qu’elles étaient chréti-
ennes. Cinq cependant étaient sages, tandis que les autres
étaient insensées. Elles possédaient la forme extérieure — la
lampe — mais elles n’avaient pas d’huile. L’huile dont Jésus
parle, c’est l’Esprit Saint, la vie qui vient de Dieu, et seules cinq
d’entre elles l’avaient.
Dans les béatitudes, nous voyons les caractéristiques de ceux
qui possèdent le Saint-Esprit. Ils sont pauvres en esprit, affli-
gés, doux, ils ont faim et soif de justice, ils sont miséricordieux,

249
leur cœur est pur, ils aiment la paix et ils sont persécutés pour
leur amour de la vérité. En fait, tout le Sermon sur la mon-
tagne nous dit comment nous devons vivre : nous ne devri-
ons jamais venir à la prière sans avoir pardonné à notre frère,
nous devons aimer nos ennemis et bénir ceux qui nous maud-
issent ; nous ne devons pas amasser d’argent ni de biens sur
terre ; nous devons mettre toute notre confiance dans le Père;
et nous ne devons pas utiliser la force.
Interdire l’entrée du royaume du ciel aux vierges insen-
sées est un jugement sévère, et ceci doit nous interpeller de
deux manières. Tout d’abord, nous devons veiller et attendre
la venue du Saint-Esprit pour qu’Il transforme notre âme et
notre être et que nous puissions renaître — pour que nous
soyons chaque jour touchés par Jésus. Ensuite, il nous faut
vivre pour ceux qui, avec nous, vont à la rencontre de l’époux,
et nous devons leur rappeler de mettre de l’huile dans leur
lampe. La forme extérieure ne suffit pas  ; il ne suffit pas de
vivre en communauté ou d’adopter les signes extérieurs du
christianisme, même jusque dans les détails. Vivre en disciple
doit jaillir d’un cœur vivant.

Il est possible que Dieu ait choisi certains à l’avance pour être
ses disciples. Il est clair que Jean-Baptiste fut choisi avant sa
naissance, et je peux imaginer que Paul aussi était déjà bien
avant sa naissance ce qu’il serait appelé à être. Mais si cer-
taines personnes sont choisies à l’avance par Dieu, qu’en est-il
de toutes les autres ? Dans l’Ancien Testament, nous pouvons
lire  : «  Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant ?  »
(Ez.18.23). Et dans le Nouveau Testament, nous lisons  : «  Il
ne veut pas qu’un seul périsse, mais au contraire, que tous

250
viennent au repentir  » (2 Pierre 3.9). La Bible nous dit ainsi
clairement que Dieu désire le salut de tous.

Jésus dit à Simon Pierre : « Satan vous a réclamés pour vous


secouer comme le blé dans un crible ; mais j’ai prié pour toi
afin que ta foi ne défaille point ; et toi, lorsque tu seras revenu,
affermis tes frères » (Luc 22.31-32). Je crois que Satan cherche
à nous secouer, nous aussi, et nous devons demander à Jésus
de prier pour nous afin que notre foi reste ferme ainsi que
celle de nos frères.
Chaque fois que je faiblis, je ressens fortement ces paroles :
« Le Seigneur, s’étant retourné, regarda Pierre » (Luc 22.54-62).
Je suis convaincu qu’il arrive souvent que Jésus se retourne et
nous regarde, plein de tristesse. Lorsque Jésus dit que Pierre
le trahira trois fois, il ne prédit pas simplement un fait qu’il le
laisse indifférent. Il en souffre, même s’il savait à l’avance ce
qui se passerait. Il en est de même avec Judas. Lorsque Jésus,
troublé intérieurement, dit  : « L’un d’entre vous me trahira  »
(Jean 13  :21), il souffre une véritable agonie. Puissions-nous
avoir tous un cœur ouvert au regard que Jésus pose sur nous.
Il désire protéger ses disciples, mais même s’ils ont été choisis
à l’avance, ils courent le danger d’être perdus.

Malheur à nous si nous croyons pouvoir entrer au ciel parce


que nous vivons en communauté. Si nous croyons cela, nous
n’aimons pas suffisamment le Christ.

Dans sa lettre aux Romains, Paul écrit que Jésus n’est pas venu
uniquement pour les juifs, mais pour tous les hommes. Et il
poursuit : « Car ce n’est pas ce qui se voit qui fait le juif, ni la
marque visible dans la chair qui fait la circoncision, mais c’est ce

251
qui est caché qui fait le juif » (Romains 2.28-29). De même, le vrai
chrétien ne se reconnaît pas de l’extérieur, même s’il est bap-
tisé. Verser de l’eau sur une personne ou l’immerger dans l’eau
n’est pas un moyen de salut en soi. « La vraie circoncision est
celle du cœur, selon l’esprit, non selon la lettre. Un tel juif reçoit
sa louange non des hommes, mais de Dieu » (Romains 2.29).
Ceci est un point important : la foi n’est pas faite de préceptes
écrits. Paul faisait référence à la Loi de Moïse, mais aujourd’hui
aussi, nous pouvons être esclave de lois écrites — c’est un de
nos dilemmes dans nos communautés. Jamais nous ne devons
abandonner la liberté de l’Esprit, sans laquelle nous ne pouvons
trouver la paix en Dieu.
Même si nous ne comprenons pas pleinement les pensées
de Paul au sujet du salut, le cœur et le sens de ses paroles est
très facile à comprendre : les pharisiens gardaient la loi mais
restaient néanmoins hypocrites et orgueilleux, alors que
« nous estimons que l’homme est justifié par la foi, sans les
œuvres de la loi. » (Romains 3.28).

Peut-être avez-vous des questions par rapport au millénaire,


à la résurrection des justes et au futur du royaume de Dieu.
Laissez tout cela simplement dans les mains de Dieu. Pour
ce qui est de l’avenir, nous sommes en face de beaucoup de
mystères  ; nous ne connaissons pas la raison de ceci ou de
cela. L’essentiel est qu’à la fin, Dieu est tout en tout. Il triom-
phera de tout mal et de tout ce qui lui est hostile. Cela devrait
être notre plus grande attente.

252
Le Royaume de Dieu
Il est tout à fait clair que le royaume de Dieu ne peut exis-
ter là où des bombes sont lâchées sur des hommes, qu’ils
soient coupables ou innocents, là où existe la haine raciale
entre les hommes, là où la répartition de la nourriture est
telle que certains meurent de faim pendant que d’autres ont
trop, là où des personnes ne trouvent pas de travail à cause de
l’automatisation.
Si nous percevons réellement l’injustice dans le monde,
alors nous aspirerons ardemment au royaume de Dieu. Sa
justice ne peut paraître que lorsque le cœur des hommes se
tourne vers l’amour et la paix. Ceux qui restent indifférents
ne peuvent entrer dans le royaume. C’est pour cela que Jean-
Baptiste disait : « Repentez-vous car le royaume des cieux est
proche ! » (Matthieu 3.2). Et Jésus dit : « Cherchez d’abord le
royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné
par surcroît » (Matthieu 6.33).

Jésus est venu pour préparer les hommes au royaume de Dieu


qui — nous ne le savons que trop bien — n’est pas encore
arrivé. Il nous a dit que le royaume serait parmi nous si nous
aimons Dieu de tout notre cœur et de toute notre âme, et si

253
nous aimons notre prochain comme nous-mêmes. Si seule-
ment nous faisions cela, non pas en paroles mais en actes!

Jésus n’est pas venu comme un grand roi ou un président,


mais comme un humble bébé. Les gens n’ont pas compris
cela. Il annonçait la venue du royaume de Dieu. Il n’y a peut-
être jamais eu d’époque où ceci ne fut si urgent que main-
tenant. Les hommes ont plus de pouvoir que jamais, et la
puissance de leurs armes est terrifiante. Les relations entre
les peuples, les races et les nations restent non résolues, et
ce sont ceux qui possèdent l’argent qui règnent. Jésus dit que
nous devons devenir pauvres. Si nous lui obéissons et si nous
abandonnons les privilèges du monde et tout pouvoir sur les
autres, nos cœurs seront libérés pour le royaume de Dieu.
Oh, puissions-nous entrevoir ce que ce royaume signifie : la
repentance, un amour ardent, et le règne de Dieu sur toutes
choses !

Les nations sont en train de construire leur liberté et leur sécu-


rité sur les armes les plus terribles qui aient jamais existées.
Et pourtant, nous sommes appelés à bâtir notre sécurité sur
autre chose — sur ce qui est de Dieu. Et notre profond désir,
c’est que quelque chose de Dieu puisse être donné à toutes les
nations. Quand bien même notre vie en communauté serait
une vie de paix parfaite, cela ne serait pas suffisant. Notre soif
ne sera satisfaite que lorsque toute la terre sera sous le gou-
vernement de Dieu et non sous le gouvernement de la force.

Quand Jésus donna de quoi manger à 5000 personnes avec cinq


pains et deux poissons, il se passa quelque chose d’étonnant :
les gens voulaient le forcer à devenir leur roi (Jean 6 :15). Mais

254
Jésus leur dit : « Vous me cherchez parce que vous avez mangé
du pain » (Jean 6.26), et Il les repoussa. Alors, ceux qui avaient
voulu le faire roi le quittèrent. Certains furent même agressifs.
Après cela, Jésus dit à ses disciples : « Ils sont tous partis, voulez-
vous me quitter, vous aussi ? »
Il est significatif que les gens aient désiré faire Jésus roi seule-
ment après qu’Il leur eût donné du pain. Ceci ne s’était pas même
produit lorsqu’Il avait ressuscité quelqu’un d’entre les morts.
En soi, il n’y a rien de mal à attendre que Dieu nous donne du
pain, ou à attendre que Jésus réponde à nos besoins. Jésus nous
a enseigné de demander à Dieu notre pain quotidien. Mais ce
qu’Il rejette si fermement, c’est l’édification d’un royaume basé
sur Mammon. Il préférerait perdre ses disciples que de bâtir son
royaume sur de fausses fondations.
Jésus veut se donner à chacun de nous au point que nous
soyons unis à lui par la chair et le sang. Ceci n’est pas une phi-
losophie, mais une nourriture réelle  ; c’est la vie. Et lorsque
quelqu’un en fait l’expérience, tout est changé pour lui — pas
seulement pour un moment, mais pour l’éternité.
Le Christ nous promet la vie éternelle dans un royaume
fondé non sur le travail et le pain mais sur la foi. En général, un
roi exige le sang de ses sujets. Mais le Christ, lui, a donné son
sang pour ses sujets. Il a offert sa vie et son corps pour la vie
des autres. Lorsque le Christ offrit son corps à ses disciples, Il
avait à ce moment là — pour autant qu’on le sache — le plus
grand nombre de disciples à sa suite. Mais après cela, beau-
coup d’entre eux le quittèrent. C’est pourquoi Jésus demanda
aux douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » La réponse de
Pierre est merveilleuse : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les
paroles de la vie éternelle » (Jean 6.68-69).

255
Il est important que nous décidions si nous désirons sim-
plement une belle église avec Jésus comme roi, ou si nous
voulons le chemin de la croix. Ceci doit être très clair pour
nous : la voie de Jésus, c’est la voie de la croix, du changement
personnel total, d’une société bâtie sur des fondations radi-
calement différentes de celles du travail, du pain et des priv-
ilèges. Il nous faut être prêts à être entourés d’ennemis et à être
méprisés pour avoir choisi ce chemin.

L’évolution de la société au cours de ce siècle si plein de ter-


rible injustice et de sang versé, nous montre que le salut et la
rédemption ne peuvent venir des hommes ; ils doivent venir
de Dieu. Il nous faut donc d’autant plus implorer Dieu de nous
révéler son royaume de justice parmi les hommes.

Jésus est le royaume de Dieu. Quand Il pardonnait les péchés,


c’était le royaume de Dieu. Quand Il rassemblait ses disci-
ples dans l’unité, c’était le royaume de Dieu. Quand Il chassait
les démons et les esprits impurs, c’était le royaume de Dieu.
Chaque acte de sa mission parmi les hommes fut le royaume
de Dieu.

Je me demande parfois si notre communauté n’a pas com-


plètement oublié le royaume de Dieu, si la différence entre
le salut personnel et le royaume est assez claire pour nous.
Tous deux sont très importants. Le salut éternel est très
important — c’est une expérience merveilleuse que de sentir
le Christ très proche de nous, et d’être sauvé par lui. Mais le
royaume de Dieu est encore plus grand!

256
La proximité du royaume de Dieu ne peut être mesurée en
termes de temps. Jésus dit : « Le royaume de Dieu est proche »
(Matthieu 4.17). Paradoxalement, il fut plus proche à cette
époque-là que maintenant — il ne le fut pas en termes de
temps, mais en termes d’espace.

Il faut lutter et combattre pour le royaume de Dieu. Dans ce


combat, les prières des hommes et des femmes ont une très
grande influence (Jacques 5 :16, Marc 9 :29).

Si nous aimons le Christ et sa cause, nous aurons à cœur


l’intérêt de son royaume. Le Christ est venu sur terre et a
souffert pour y amener ce royaume, et Il a confié à son église
l’immense tâche d’être missionnaire pour ce royaume.
Quelle grande chose que de vivre pour le royaume de Dieu !
Ne vous dérobez pas. Vivez pour le royaume, cherchez-le, et
vous découvrirez qu’il est si puissant qu’il vous boule-versera
complètement — il résoudra chaque problème sur la terre.
Tout sera neuf, et chacun aimera son prochain dans le Christ.
Chaque séparation qu’apporte la mort sera vaincue et l’amour
régnera.

Jésus nous a donné la mission, en tant qu’église, de travailler


pour son royaume et pour son règne futur. Il n’y a rien de plus
grand sur terre que d’œuvrer à cela. Vivons avec intensité, et
utilisons notre temps pour le royaume ! Aimons-nous les uns
les autres !

Dieu a besoin d’un endroit sur terre où Il puisse se révéler.


Marie, dont le consentement permit au Christ de naître à
Bethléem, fut une telle demeure. Lorsque Dieu peut faire sa

257
demeure dans quelque endroit, que ce soit à Bethléem, en
Chine, en Russie, au Vietnam — dans un cœur humain où
qu’il soit — c’est comme si une porte s’ouvrait. Quand la
porte d’une pièce est ouverte, ne serait-ce qu’un tout petit peu,
la lumière peut entrer. Et si la lumière de Dieu peut entrer dans
le cœur de deux ou trois personnes sur la terre et le changer,
cela influencera tous les autres — cela influencera même des
présidents, des ministres, des généraux et des soldats. Je ne
peux croire que les hommes soient tellement isolés les uns des
autres qu’il n’y aurait aucune influence.
De même qu’à travers Adam, l’humanité toute entière a
connu la chute, elle peut aussi trouver la liberté, la guérison
et la rédemption à travers Jésus, le «  nouvel Adam  », le vrai
homme, Dieu lui-même.

Tournons-nous vers Dieu, et demandons-lui de pouvoir lut-


ter pour son royaume. Plus nous entrerons dans ce combat,
plus nous ferons l’expérience de la croix du Christ, de la résu-
rrection et de la Pentecôte, et plus le royaume sera proche de
nous. Vivez intensément dans l’attente du Seigneur ! Celui qui
n’attend pas le Seigneur dans chaque aspect de sa vie, n’attend
pas du tout. Chaque soir je me demande  : ai-je assez aimé,
assez espéré, assez lutté, assez travaillé ? L’attente du royaume
doit mener à des actes.

Karl Barth1 a dit que le royaume de Dieu devait nous être


révélé comme quelque chose de complètement différent de
nous-mêmes, quelque chose de totalement indépendant que
nous ne pouvons mêler à nous-mêmes. Je pense qu’il est très
important de reconnaître cela. Tant que nous ne mourrons

1
Théologien suisse (1886 – 1968)

258
pas à nous-mêmes, nous vivrons en opposition avec lui et ne
serons pas dignes de lui.

Dieu aurait pu arrêter l’histoire de l’humanité au Golgotha,


lorsque Jésus vainquit le diable et la mort. Mais Il ne l’a pas fait,
et une chance était encore laissée au mal. Ceci est un mystère
pour nous. Beaucoup de personnes, de toutes les nations,
sont acquises au royaume de Dieu, mais beaucoup d’autres
sont égarées. Je n’oserais tenter de deviner pourquoi il en est
ainsi, mais je sais que c’est Dieu qui règne sur l’univers, et que
son jugement demeure sans appel. Nous pouvons lire que
ceux qui sont égarés, ceux « qui adorent la bête et son image »
(Apocalypse 14.9-10), recevront un signe sur le front ou sur
leur main, et qu’ils boiront le vin de la colère de Dieu. Nous ne
savons pas quand cela se passera, ni quand le royaume de Dieu
paraîtra, mais nous devons éduquer nos enfants afin qu’ils
soient prêts lorsque ce moment viendra. Nos enfants doivent
avoir suffisamment de courage pour défendre la vérité.

Quel est le lien entre le royaume de Dieu et le jugement dern-


ier ? Comment le royaume viendra-t-il, et quel sera-t-il ? Les
paroles de Jésus nous en disent beaucoup, de même que les
écrits de l’église primitive, ainsi que l’action de l’Esprit Saint
dans le cœur de chaque individu. Jésus disait cependant que
seul le Père connaissait l’heure de la venue du royaume, et
que même lui, le Fils de Dieu, ne la connaissait pas. Nous ne
pouvons aborder ces questions qu’avec le plus grand respect,
vénération et prudence. Ceci dit, nous voyons aussi com-
bien les premiers chrétiens se préoccupaient de la venue du
royaume. Toutes les paroles des apôtres nous l’indiquent.

259
Nous ne savons pas si nous sommes loin ou proches du
royaume de Dieu en termes de temps, mais nous savons que
nous pouvons en être très proches ou très loin en esprit —
c’est là la question décisive. Jésus nous dit que nous pouvons
nous attendre à voir des signes de l’avènement du royaume, et
certains de ces signes sont évidents aujourd’hui (Luc 21.9-11).
Cependant, Il dit aussi que le dernier jour viendra comme un
voleur dans la nuit, c’est-à-dire à un moment où l’on s’y attend
le moins (Luc 12.39-40).
Il y a beaucoup de mystères que nous ne pouvons éclairer,
car Dieu désire qu’ils restent cachés. Mais nous pouvons nous
réjouir de ceci : il est certain que le royaume de Dieu viendra,
et c’est un royaume de paix, de victoire, et de justice.
Nous ne savons pas pourquoi Dieu a permis à la mort et au
mal d’entrer dans la création, mais nous savons que l’homme
s’est laissé séduire par le mal. De même, nous ne savons pas
quel a été le combat de Dieu contre le mal avant la création de
l’homme, et nous ne savons pas non plus quelle est la propor-
tion ni la nature de la tâche de l’homme dans ce combat. Nous
savons cependant que ce fut un combat décisif, qui mena le
Fils de Dieu lui-même à la croix.
Dans l’Apocalypse de Jean, nous lisons qu’un combat aura
lieu dans le ciel à la fin des temps. En tant que Corps du Christ,
l’église doit mener ce même combat ici, sur la terre. De même
que Dieu n’a pas épargné la souffrance de son propre Fils mais
l’a livré à la plus grande détresse, c’est par la souffrance et le sac-
rifice de l’église que le royaume pourra être instauré.

La séparation du spirituel et du matériel, de l’âme et du corps,


c’est la mort, mais l’unité, c’est la vie. Jésus a apporté le message

260
d’un nouveau royaume, où l’âme et le corps, le spirituel et le
matériel ne seront plus séparés. Dans ce nouveau royaume, le
Créateur sera un avec sa création.

Quand nous regardons la terre telle qu’elle est en ce moment,


nous nous rendons compte que le jugement est inévitable. De
fait, le péché de l’homme porte déjà en lui ce jugement. Mais
si nous considérons profondément les paroles du Christ, nous
trouverons que la grâce, la miséricorde et la compassion tri-
ompheront du jugement.
Nous attendons une terre nouvelle et un ciel nouveau, mais
nous ne devons pas nous préoccuper de quand ni comment ce
royaume adviendra. Et depuis que Pierre a dit que l’église doit
attendre, aider et hâter la venue de Dieu, nous savons que c’est
notre tâche de faire en sorte que quelque chose de ce royaume
soit révélé et vivant parmi nous.

Au commencement, bien avant la création de l’univers, il y


avait le Père infiniment aimant, Dieu, et avec lui, le Verbe, qui
est Jésus-Christ, et le Saint-Esprit. A la fin des temps aussi, Dieu
seul règnera. La création gémissante sera sauvée, et l’univers
tout entier sera joyeux. La joie et l’amour purs, l’harmonie et
la justice, règneront. Dieu effacera toute larme, et il n’y aura
plus ni mort, ni chagrin ni souffrance. Le désir de ce moment
brûle dans le cœur de tout être, pur esprit ou humain.

Quel grand don ce serait si nous pouvions apercevoir une


petite partie de la grande vision de Jésus — si nous pouvions
voir plus loin que nos petites vies! Notre vue est certes très
limitée, mais nous pouvons au moins lui demander de nous
sortir de nos petits mondes et de notre égocentrisme, comme

261
nous pouvons aussi lui demander de nous faire sentir le défi
de la grande moisson qui doit être récoltée — la moisson de
toutes les nations, de tous les peuples et de toutes les généra-
tions futures.

262
ANNEXES

263
Le Bruderhof
Malgré tout le mal qui existe dans notre société, nous ten-
ons à témoigner du fait que l’Esprit de Dieu est à l’œuvre
dans le monde aujourd’hui. Dieu nous appelle encore à quit-
ter les systèmes qui génèrent l’injustice, la violence, la peur et
l’isolement, et à suivre la nouvelle voie de la paix, de l’amour
et de la fraternité. Dieu nous appelle à vivre en communauté.
Dans ce sens, nous — les frères et sœurs du mouvement dit
Bruderhof — désirons vous communiquer quelque chose de
notre réponse à cet appel.
Notre vie en communauté est basée sur les enseigne-ments
du Christ dans le Sermon sur la Montagne et dans tout le
Nouveau Testament, notamment les enseignements concer-
nant l’amour fraternel, l’amour envers les ennemis, le ser-
vice mutuel, la non-violence et le refus de porter les armes, la
pureté sexuelle et la fidélité dans le mariage.
Nous n’avons pas de propriété privée?; nous parta-geons
tous nos biens comme les premiers chrétiens, comme le décrit
le livre des Actes des Apôtres, chapitres 2 et 4. Chaque mem-
bre consacre ses talents et tous ses efforts aux besoins de la
communauté. L’argent et les possessions sont mis volontaire-
ment en commun, et en échange, chaque membre reçoit ce

264
dont il a besoin. Nous nous rassemblons tous les jours pour
les repas, les réunions, le chant, la prière et pour prendre des
décisions.

En 1920, Eberhard Arnold, théologien bien connu, conféren-


cier et écrivain, quitta l’abondance, la sécurité et une carrière
professionnelle importante à Berlin, et vint s’installer avec sa
femme et ses enfants à Sannerz, petit village en Allemagne, où
ils fondèrent une petite communauté — appelée le Bruderhof
(foyer des frères) — basée sur la vie de l’Eglise primitive.
Malgré les persécutions des nazis, la communauté sur-
vécut. Elle fut expulsée d’Allemagne en 1937 et le mouvement
s’établit en Angleterre. Cependant, lors de la Seconde Guerre
mondiale, une deuxième émigration fut nécessaire, cette fois-
ci en Amérique du Sud. Pendant vingt ans, la communauté
survécut dans les régions lointaines du Paraguay, le seul pays
prêt à recevoir ce groupe multinational.
En 1954, une nouvelle branche du mouvement fut fondée
aux Etats-Unis, et en 1961, les communautés au Paraguay
furent fermées et tous les membres partirent pour l’Europe et
les Etats-Unis.
Aujourd’hui, nous sommes environ 2 700 membres répar-
tis dans plus d’une vingtaine de communautés aux Etats-Unis,
en Angleterre, en Australie, en Allemagne et au Paraguay.
Notre nombre est insignifiant, mais nous savons que notre
tâche est d’une importance primordiale : suivre les enseigne-
ments de Jésus dans une société qui s’est tournée contre Lui.

La mission a toujours été un point essentiel de notre activité,


non pas dans le sens d’essayer de « sauver » les personnes, ou
de gagner des membres pour nos Eglises-communautés, mais

265
pour témoigner de la puissance du message de l’Evangile dont
le but est une vie de paix, d’amour et d’unité.
Notre porte est ouverte à toute personne qui veut chercher
la voie de Jésus avec nous. Bien qu’on puisse penser que nous
vivons une utopie, ce n’est pas le cas. Nous ne sommes pas des
saints et nous avons les mêmes problèmes que tout le monde.
Ce que nous avons que le monde n’a pas, c’est un engagement
pour la vie et la promesse de lutter pour l’âme de chaque frère
et sœur et de nous sacrifier jusqu’à la mort si nécessaire.

266
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