MADAME FIGARO SUPPLÉMENT - FIGARO N 24420 ET 24421 DES 24 ET 25 FÉvRIER 2023 - COMMISSION PARITAIRE N° 0426 C 83022

Madame Figaro - n°2009

lefig
aro.
fr/m
ada
me

spécial
240 pages

toutes les nuances

MODE
Tendances, styles, looks & attitudes
m

blanca
avec
padilla

de l’allure
Printemps Été 2023
Photographiée par David Sims
46 avenue Montaigne, Paris
loewe.com
CAMPAGNE PRINTEMPS-ÉTÉ 2023
GIGI HADID
PHOTOGRAPHIÉE PAR HEJI SHIN

En couverture
L’offre du week-end
En haut : Blanca Padilla
(@ Next Models) porte
une robe en maille mérinos
verte et des bottes, Fendi.
En bas : Blanca Padilla
porte un ensemble en jersey
de soie orange, Hermès.
Photos Nicolas Valois.
Réalisation Julie Gillet.
Maquillage Dior par Cyril
Lanoir. Coiffure Cyril Lanoir.
photo Frederico Martins
m s
f
142.
31.
Édito
« Pièces à convictions »,
par Clara Dufour.
33. La question : les jaloux font-ils pitié ?
35. La photo : Dana Scruggs.
37. La philo : « Iniquité du mal »,
par Frédérique Leichter-Flack.
39. Ils ont participé à ce numéro.
42.
news
42. Retours gagnants :
le come-back retentissant
de stars qu’on avait oubliées.
50. La vie de Palace, par Hedi Slimane.
54. Camille Étienne,
prête comme jamais.
56. Naked dress : la robe
joue la transparence.
58. Le comble du vide,
par la philosophe Elsa Godart.
66. Comment je suis devenue
charismatique.
Sommaire
o
m
m
a
i
r
72. L’exposition Chronorama, au Palazzo
Grassi, à Venise, décryptée par son
e
commissaire Matthieu Humery.
76. Éric Lartigau, premier réalisateur
à assurer la direction artistique
des Césars. Interview.
78. La ballerine repart du bon pied.
80. L’histoire de... Hedy Lamarr.
88. Style : à fleurs de peau.
90. Une série, un style :
la saison 2 de The White Lotus.
92. La chemise à carreaux :
pourquoi on l’aime ?
94. Montres et bijoux :
hisser la couleur.
96. Arguments de pois.
98. Sacs en verts libres.
100. Beauté : le soin puissance 2.
103.
culture
103. Cinéma : Laura Dern, mère veilleuse.
109. Livres.
112. Philippe Djian et Constance Debré :
langue commune.
●27
 s
Sommaire

m
o f

m
m 196.
a 170.
En couverture

i 140. spécial mode

r
À toute allure...
Une attitude, un style, un rythme :

184.
l’allure est l’essence même de la mode.
Cette saison, on va l’affirmer
dans toutes ses nuances.

e
142. Allure libre.
156. Blanca Padilla, la belle allure.
170. Allure à contre-courant.
184. Une allure folle.
196. L’allure du futur.
210. L’allure tout-terrain.

116. 224.
beauté
magazine 224. Le néodico du bistouri.
116. Dakar arty : galeries et musées
228.
photos AlAin lAboile, Wendelien dAAn et Zeb dAemen

Madame Figaro, mars 2023

En haut : Blanca Padilla
(@ Next Models) porte
une robe ceinturée en vinyle
et soie, Louis Vuitton.
En bas : Blanca Padilla
porte une tenue de résille
et dentelle noire, Dior.
Photos Nicolas Valois.
Réalisation Julie Gillet.
Maquillage Dior par Cyril
Lanoir. Coiffure Cyril Lanoir.
rayonnent dans la capitale sénégalaise.
Plongée dans une ville trépidante. CUISINE
122. Astronautes : ces Françaises 228. La pizza de Peppe.
à la conquête de l’espace.
126. Corée du Sud : le baby krach. 230. Mots croisés.
Au Pays du matin calme, deux tiers 233. Horoscope.
des femmes ne veulent pas d’enfants. 237. Carré VIP.
130. Olivia Colman, royale actrice. 238. L’autopromo : Claire Foy.
134. Couture & sentiments : ils ont fondé
leur marque de mode et ils s’aiment. Focus
sur ces couples qui œuvrent ensemble.

L’édition de ce numéro comporte un catalogue « Bon MarcHé Mode » de 104 pages, mis sous blister, pour les kiosques de Paris et un caHier Île-de-France
de 16 pages, placé entre les pages 238 et 239, pour les kiosques et les abonnés de Paris et de la région parisienne (75, 77, 78, 91, 92, 93, 94 et 95).
Environ 5 000 exemplaires de Madame Figaro #MADFOR mars 2023 sont vendus avec un plus-produit Ren Clean Skincare, mis sous blister, au prix de 3,90 €.
28●
 l
L'édito

é
par Clara Dufour
rédactrice en chef

d
Pièces à
convictions
Dans une vie,
il peut arriver
à toute femme
de se transformer un jour en
i
t
Mabel Waring, l’héroïne de
Virginia Woolf dans La Robe
neuve, parue en 1925. À l’idée
de revêtir une nouvelle
tenue, chacune peut ressentir une joie proche de l’exaltation à la promesse de paraître telle qu’on

o
se l’imagine. Éprouver un sentiment d’ivresse, miser sur la métamorphose, entrevoir renaissance
puis reconnaissance – ah, le jugement des autres ! Jusqu’à ce que le doute se glisse brusquement dans
notre esprit, que « quelque chose cloche », comme dit Mabel Waring en se regardant dans le miroir,
et que l’effet escompté vire en son exact contraire. Les complexes nous rhabillent instantanément,
nous chiffonnent, nous empêchent. L’enthousiasme cède sa place à l’inquiétude, à l’insatisfaction,
à l’autodépréciation. Faut-il faire le procès de cette robe neuve ? La reléguer en garde à vue/hors
de sa vue pour avoir été trop ceci ou pas assez cela ? C’est se tromper de coupable : plus encore
que le vêtement, c’est une personnalité, un caractère, une façon d’être qu’on affiche. Ce n’est
pas seulement le style qui compte, encore moins les tendances qui nourrissent la grammaire
de l’apparence. Tout est affaire de confiance en soi. De conviction. Et donc d’attitude.
Notre Spécial mode l’illustre parfaitement. Au fil des pages s’exprime le pouvoir libérateur
de cerner son allure, cette indéfinissable signature. Singulière, forcément. Radicalement personnelle.
Il y a une part de sorcellerie dans cette rencontre avec soi-même, dans cette symbiose du geste
et de l’esprit, dans cette alchimie délicate entre la posture et le vêtement. C’est un accord intime
insaisissable qui se tisse sur le long terme. La mode offre toutes les nuances pour l’exprimer, pour
trouver son bon rythme, puis, plus tard, aguerrie, s’autoriser des pas de côté. Dans une époque
troublée, les tempos évoluent. L’énergie du moment se devine dans nos pages à la vue de ces
aventurières du temps présent qui s’élancent en pantalon cargo
et veste multipoche, parées à toute épreuve. Ou dans ce
vestiaire plein de fantaisie et de couleurs « dopamine » qui
célèbrent une féminité éclatante. Certaines avancent à contre-
courant, silhouette néopunk et mine bravache. À chacune
d’inventer – et de s’inventer.
La démarche des créateurs invite à ce mouvement,
à jouer avec le vêtement pour révéler un tempérament. Leurs
PHOTOS MATIAS INDJIC

créations sont autant d’ingrédients bienveillants pour nous

aider à rendre l’invisible enfin visible. « Ce qui compte, c’est
se libérer soi-même, découvrir ses propres dimensions, refuser
les entraves », écrivait Virginia Woolf, encore elle. Trouver
sa place, toujours, et sa Chambre à soi, enfin. ●

●31

Les jaloux
font-ils
pitié ?
Nous sommes tous uN peu
jaloux. Mais quand le symptôme de jalousie devient
excessif, voire pathologique, il peut ravager des relations
amoureuses, amicales, familiales, et même des
personnalités. Il s’agit alors de dépasser la jalousie
en regardant les choses avec lucidité – l’enjeu de maturité
est alors essentiel –, afin de sortir d’une victimisation
excessive. Et ce, sans regret, car finalement la jalousie ne
sert pas à grand-chose et les jaloux ne font pas envie. Le
psychologue clinicien et psychanalyste Joseph Agostini,
auteur d’un nouveau livre sur les bienfaits des chansons
d’amour *, prépare un spectacle sur le sujet. Il nous
en explique les ressorts.
un réflexe « La jalousie réactive un
mécanisme primaire de l’être
primaire● humain. Quand le bébé est
tout petit, il veut se battre pour avoir le sein de sa mère
pour lui tout seul ! Son environnement lui est hostile.
un monde
Si l’on va encore plus loin, son reflet dans le miroir peut
mortifère●
même lui être insupportable si la mère ne vient pas le
nommer, l’apaiser, adoucir les contours de l’existence.
Pour ainsi dire, sans ce premier objet d’amour, il serait nu,
seul, voué aux loups dans la forêt ! Cette ultradépendance
fait naître un agrippement, une méfiance vis-à-vis des
autres, à la source de la jalousie à tous les temps de la vie. »
Mais alors, la jalousie et la générosité sont-elles
inconciliables ? « La générosité ne vient qu’après, quand
l’enfant est capable de donner à l’autre, c’est-à-dire
d’avoir une cuirasse suffisamment épaisse pour faire
la différence entre le dedans et le dehors. Ce qu’il détient
au fond de lui, personne ne peut le lui voler. L’extérieur
n’est alors plus qu’un scintillement de surface, qui va
et vient, dans une impermanence à accepter. L’autre ne lui
par Valery de Buchet
la
appartient pas. Nous sommes généreux quand nous
n’avons pas peur de perdre, quand nous avons dépassé
q
u
un premier stade d’ultravigilance. Les mécanismes
de don, de gratitude, de loyauté peuvent alors dominer.
Mais si le jaloux reste au stade de la rivalité sans accéder
à celui de la gratitude, de l’échange,
de la réciprocité, il quitte la réalité
pour tomber dans le délire et peut finir
e
par se pétrifier dans une paranoïa
sans plus laisser place à la surprise,
sa plus grande ennemie. »
UN eGO Puisqu’il faut bien
s
vivre avec les jaloux
démesurÉ●
et composer avec
eux, autant savoir à qui l’on a affaire.
« Quand la jalousie domine encore
à l’âge adulte, elle se combine souvent
avec un orgueil démesuré, comme
t
si la personne en question réclamait
le droit de posséder l’autre, en toute
impunité. L’assertion “quand j’aime vraiment,
je suis jaloux” paraît légitimer le mode d’être au monde
du jaloux. » Pourtant, en termes de progression mentale,
i
c’est l’inverse : « Plus on aime l’autre, plus il s’agit de
dépasser, au nom de l’amour, nos mécanismes primitifs
de possession, d’aliénation, de toute-puissance. »
C’est le point de bascule. « Le jaloux est pathétique
car il inverse la donne, justifie ses velléités en trouvant
normal de surveiller l’être aimé. Il redevient le bébé
o
angoissé à l’idée de partager le sein. « His majesty the
baby », disait le pédiatre anglais Winnicott. Seulement
voilà : il est surtout un vieil enfant sans couronne, qui
s’accommode mal des règles de la vie : grandir seul, vivre
seul, rencontrer des êtres différents de nous, aux routes
n
qui s’entrecroisent avec la nôtre mais qui ne la rejoignent
jamais tout à fait. »
C’est le moment de choisir
sa voie. « Les mécanismes
de générosité, de lâcher-prise,
de tolérance et de souplesse ont de beaux jours
devant eux car ils épousent le mouvement de la vie,
de l’éphémère, du furtif, de l’inconstance… Comme une
chanson d’amour de trois minutes. On la saisit au vol,
on la savoure comme un bonbon. » Elle fait du bien et peut
même consoler. À l’inverse, « le mécanisme de jalousie
mène à un monde pétrifié, où nous voulons que tout reste
immuable, que l’autre n’ait d’yeux que pour nous, que
les choses soient régies par notre seul et unique pouvoir.
C’est un monde fantoche, complètement imaginaire, qui
finit mal car il se retrouve en décalage total avec la vraie
condition humaine. Le jaloux est un raté. » C’est dit. ●
* « Les chansons d’amour guérissent le cœur du monde », de Daniela
Lumbroso et Joseph Agostini, Éditions Robert Laffont, 224 p., 19 €.
●33

“Je donne aux gens des instructions qui les obligent
à créer une histoire avec leur corps” Dana Scruggs
« J’aime cette image. il est
évident que cet homme fait des efforts
considérables avec son corps, mais il y a aussi une légèreté
dans ses mouvements. Cette esthétique fait partie intégrante
de mon travail. J’aime créer une image du corps qui n’ait
jamais l’air forcé, peu sincère. J’ai commencé ma carrière en
photographiant des terrains de handball, parce que je n’avais
pas les moyens de louer un studio. Quand j’ai commencé
à avoir du succès, l’entreprise Adobe m’a demandé de faire
un shooting avec un mannequin sur ces mêmes terrains.
Cette image est le résultat de ce projet. Lorsque je travaille
photo DaNa scruGGs
avec un modèle, je lui donne une direction, mais j’ai besoin
de sa propre interprétation. À mes débuts dans la photo,
j’avais peur de prendre des images ennuyeuses. À l’époque,
j’associais l’ennui à l’immobilité du modèle. J’ai donc
demandé aux mannequins de bouger, danser, sauter,
propos recueillis par paola genone
la
p
h
o
t
Le modèle
o
Paul Mwesigwa
photographié
sur un terrain
de handball.
comme si leur corps était un spaghetti jeté contre un mur.
Ou comme s’ils étaient des astronautes faisant du tai-
chi-chuan, tout en étant poursuivis par Godzilla. Lorsque
j’ai commencé à donner aux gens des instructions qui
les obligeaient à créer une histoire avec leur corps, j’ai été
attirée par l’étrangeté des images obtenues. Au début
de ma carrière, je photographiais rarement des Noirs parce
que je voulais que les gens du secteur me prennent
au sérieux. À l’époque, il y avait très peu de mannequins
noirs. L‘industrie n’était pas intéressée par un travail sur eux,
à moins qu’ils ne soient à l’arrière-plan ou qu’ils servent
d’accessoire à des mannequins blancs. Un ami m’a alors
suggéré de photographier des hommes noirs. J’ai essayé,
et j’ai été frappée par la force, la créativité et l’émotion des
images. Depuis, j’ai consacré de nombreuses années de mon
travail photographique à la forme masculine noire. » ●
●35
Collection Menottes dinh van
 laLa philo

Pour nous qui avons la chance

de ne Pas les connaître, les tremblements
p
h
de terre se regardent à distance, non sans effroi. Le dernier
en date, à la frontière turco-syrienne, a frappé des
populations pour partie déjà meurtries par des années
de guerre. Pourquoi cet acharnement du sort ? On a beau
savoir qu’une telle question ne reflète que notre

i
attachement à l’illusion finaliste, le choc demeure. Car
si la guerre nous renvoie au scandale de la souffrance
des civils innocents, le séisme, c’est encore autre chose.
C’est l’expérience de l’aléa : en apparence, le comble de
la non-maîtrise. On peut l’expliquer après coup, mais pas
le prévoir. Quand il survient, il distribue ses ravages sans

l
regarder au détail, avec une
effrayante désinvolture. Sous

iniquité
les décombres de la maison
familiale, tel enfant est
enseveli, tel autre s’en tire avec

du
o
des blessures légères. Que faire
de cela ? Il n’y a pas de logique,
pas de justice. Mais comment
conserver du sens au monde ? moindre et peut-être nul ».

mal
Voir, comme on l’a fait pendant
des siècles, la main de Dieu
dans tout ce qui nous frappe,
ne nous vient heureusement
plus à l’esprit. Nous sommes
devenus largement
rousseauistes face aux
par Frédérique Leichter-Flack
catastrophes. Plus enclins que
jamais, face au mal, à retourner l’accusation
contre nous plutôt que contre Dieu ou la
malchance. C’était justement à propos d’un
séisme, celui qui avait détruit Lisbonne en 1755,
que Rousseau avait entrepris d’innocenter Dieu
de l’existence du mal en en reportant l’entière
responsabilité sur les hommes. Il insistait, par
exemple, sur le fait que « la nature n’avait point
rassemblé là vingt mille maisons de six à sept
étages, et que si les habitants de cette grande
ville eussent été dispersés plus également et plus
légèrement logés, le dégât eût été beaucoup
mauvaise rencontre, il y a aussi notre exigence, légitime,
photo Céline nieszawer/Flammarion et s. p.
Sa façon de blâmer les
victimes, en laissant toute
empathie de côté, est très
déplaisante, mais, de fait,
le propos vise juste : dans
les pays qui ont les moyens
de se préparer, de construire
aux normes antisismiques
et d’investir dans des outils d’alerte,
les tremblements de terre peuvent en grande
partie être neutralisés. Une forme de contrôle,
technique, peut être reprise sur l’aléa. Mais, tant
que les inégalités de développement maintiennent
une grande partie du monde dans l’expérience de
l’aléa subi, le scandale demeure. Nous, humains,
nouons des liens, faisons des projets, travaillons
à nous bâtir un avenir. Comment ne pas trouver
révoltant de nous voir traités comme des fourmis
broyées sous le pied inconscient du promeneur ?
Derrière tous nos « pourquoi ? » naïfs, face
au séisme ou à l’attentat, à l’accident ou à la

Bio express
Frédérique Leichter-Flack
est professeure de littérature et
d’humanités politiques à Sciences
Po Paris. Dernier ouvrage
paru : Pourquoi le mal frappe
les gens bien ? La littérature face
au scandale du mal (Éditions
Flammarion, 256 p., 21 €).
que la vie ait du sens et que ce qui compte pour nous soit
respecté. Et nous comprenons que le scandale du mal n’est
incitations pas seulement l’injustice du sort ; ni même l’aléa et notre
à lire : Lettre à Voltaire impuissance à lui échapper ; mais l’incommensurabilité
sur la Providence, de entre la bouleversante douleur de la perte et la désinvolture
Jean-Jacques Rousseau. du fléau. À la fin de la pièce de Shakespeare, le vieux roi
Penser le mal, de Susan Lear, déchiré par le chagrin, s’adressant à sa plus jeune
Neiman (Éd. Premier fille, qu’il tient morte dans ses bras, le disait déjà avec
Parallèle). Visages les mots les plus simples : « Pourquoi un chien, un cheval,
de l’injustice, de Judith un rat, auraient-ils la vie, et toi plus un souffle ? » Les siècles
Shklar (Éd. Circé). passent, nous nous accrochons aux mêmes mots. ●

●37
 le nouveau parfum féminin

38●
 t
Talents

a
alain laboile
Sculpteur et père de six enfants,
Alain Laboile entame un album de
famille en 2007, à l’âge de 39 ans.
Cette série La Famille est au

l
commencement son trésor intime.
Saluée par le New York Times en 2012,
elle séduit désormais des milliers
badara preira
d’internautes, qui attendent chaque
Ce jeune photographe
jour les nouvelles images de cette
né en 1993 connaît Dakar
« tribu » française. Dans ce numéro,

e
comme sa poche :
ce photographe autodidacte signe
pas un endroit sans qu’on
une piquante série mode aux
le reconnaisse illico, ne
silhouettes néopunk (p. 170).
serait-ce grâce à son signe
distinctif : il porte des gants
pour shooter. Il a surtout

n
un sens fort de cette ville, Éric GiriaT
des couleurs, des lieux, des Il dessine comme il respire
jeux entre les habitants, depuis qu’il est en âge de
qui lui donne une acuité tenir un crayon. Diplômé
unique. C’est cette énergie de l’école Penninghen,

t
que l’on retrouve dans les passionné de recherches
photos qu’il a réalisées graphiques, il vit et travaille
pour nous sur l’ébullition entre Paris et Berlin.
arty de la capitale Collaborateur régulier
sénégalaise (p. 116). de plusieurs magazines
et marques de luxe,

s
qui apprécient l’humour
Minh Tran huy et la poésie de ses créations,
Collaboratrice régulière il illustre dans ce Spécial
de Madame Figaro, Minh Tran mode notre enquête sur les
Huy est critique littéraire femmes astronautes (p. 122).
et écrivaine. Elle a publié
quatre romans traitant
d’exil, d’amour impossible
et de pays perdu : La Princesse
et le Pêcheur, La Double Vie ÉMilie lopes
d’Anna Song, Voyageur malgré Installée dans le Sud-Ouest,
lui et Les Inconsolés. Elle est voyageuse intrépide
également l’auteure et infatigable, coauteure
d’un essai, Les Écrivains de récits et de témoignages
PHOTOS FAMILLE LABOILE, ÉRIC GIRIAT, MATIAS INDJIC, FREDERICO MARTINS ET S. P.

et le fait divers, et d’un récit, Un enfant sans histoire, recueillis en Birmanie

paru l’an dernier. Elle signe cette semaine et au Bangladesh auprès
un passionnant entretien autour des faits divers des Rohingyas (L’Effacement,
entre deux romanciers aux propos détonants, Éditions Grasset, 2022),
Constance Debré et Philippe Djian (p. 112). Émilie Lopes a posé les deux
pieds sur la terre de l’institut
SupAéro à Toulouse, où
Frederico MarTins étudient et se préparent les
Au commencement, une passion dévorante. jeunes femmes astronautes
Un talent évident. Mais aussi des hasards de demain. À l’ombre de leur
qui ouvrent une carrière. Né au Portugal, cet mentor, désormais célèbre,
autodidacte a débuté le photojournalisme Sophie Adenot (p. 122).
en Angola, où vivait son père. Son premier
reportage a remporté plusieurs prix
et confirmé sa vocation. Plus tard, la mode
s’est révélée comme son terrain de jeu favori.
Pour nous, il signe une série mode graphique
et solaire à la Cité radieuse, à Marseille (p. 142).

●39
R ALPH
LAUREN
N
Madamenews

E
w
s
Loin de son passé de beau gosse aventurier,
Brendan Fraser se réinvente dans The Whale. Jennifer
Coolidge, elle, a atteint 60 ans avant de connaître la
consécration d’un Golden Globe (The White Lotus).

42●

Le film Everything Everywhere All at Once
a permis à Michelle Yeoh et à Ke Huy Quan,
ancien enfant star dans Indiana Jones,
de revenir dans la lumière.
photos CoLLECtIoN ChrIstophEL Et CoLLECtIoN ChrIstophEL /a24/aGBo
1.
Madamenews
Retours
GAGNANTS
Brendan Fraser et Michelle
Yeoh, nommés aux Oscars,
sont la preuve vivante qu’À
Hollywood, comme en France,
les come-back retentissants
sont possibles.
Les success stories
et Les destins hors norme ont toujours
nourri les histoires hollywoodiennes. À l’écran et côté
coulisses, à travers des parcours de comédiens qui,
malgré les obstacles, ont obtenu une seconde chance
ou un nouvel espace d’expression. Lorsqu’elle recevait
son Golden Globe pour la série The White Lotus en janvier,
l’irrésistible Jennifer Coolidge évoquait ainsi vingt ans
de petits rôles, suffisants pour tenir le coup, cependant
trop maigres pour accéder au stade supérieur. Mais
la satire sociale de Mike White rebattait les cartes, la
propulsant, à 60 ans, nouvelle coqueluche de Hollywood.
Pour Les actrices, L’âge
est Pourtant critique, comme l’évoquait
la revenante Michelle Yeoh, sacrée pendant cette même
cérémonie pour l’inclassable Everything Everywhere All
at Once. « Toutes les femmes présentes le comprennent :
à mesure que les jours, les mois et les années augmentent,
les opportunités ont tendance à diminuer. » Selon
Philippine Leroy-Beaulieu, qui, elle aussi, opère un retour
en grâce remarquable en jouant les femmes d’affaires
irrévérentes dans la série Emily in Paris, la France ne fait
par Marilyne letertre
●43
Madamenews

pas exception : « Malgré quelques auteurs capables d’une grande À Hollywood comme dans l’Hexagone,
liberté, subsistent encore beaucoup de stéréotypes féminins, l’argent est le nerf de la guerre : l’accumulation
quel que soit l’âge du personnage : la cocotte, la catho coincée, de bides peut largement impacter une carrière.
la bourgeoise hautaine et sans humour… Il est d’autant plus Après de nombreux mauvais choix, Kevin
compliqué de tomber amoureuse de rôles qu’à partir de 45 Costner, ex-star des années 1990, perdait
ou 50 ans, vous n’êtes plus que la mère du héros ou de l’héroïne. largement de sa superbe. Sa planche de salut ?
Les partitions intéressantes sont raflées par les comédiennes qui La série Yellowstone, qui non seulement lui
travaillent beaucoup, et pour toutes les autres les personnages a valu un Golden Globe mais lui permettra aussi
proactifs sont rares. J’ai été ponctuellement traversée par l’idée de réaliser pour le grand écran Horizon, une
d’arrêter le cinéma, mais je suis ambitieuse saga western

“Quand on est
têtue et passionnée. J’attendais en quatre parties, dont
juste que quelqu’un y croie. » il rêvait depuis sept ans.
Dans son Discours
acteur, il y a un
Avant lui, d’autres
De remerciement aux avaient conjuré le sort.
GolDen Globes, Michelle
risque de lasser
« Actrice montante au
Yeoh, également nommée à début des années 1930,

le public”
l’Oscar de la meilleure actrice, Katharine Hepburn était
soulignait quant à elle avoir considérée comme
accepté son sort, avant que Dan un poison du box-office
Kwan et Daniel Scheinert ne lui Antoine Sire, auteur de Hollywood, la cité des femmes à la fin de la décennie et
proposent leur film de super- ne trouvait plus de rôles,
héros pas comme les autres. Elle y joue une patronne de lavomatic rappelle Antoine Sire. Elle s’est orientée vers
voyageant dans des univers parallèles. Depuis toujours, c’est le théâtre, où elle a joué Indiscrétions, un succès
du côté du cinéma d’auteur américain – et non des blockbusters – énorme dont elle a eu l’intelligence d’acquérir
que se joue la résurrection. Quentin Tarantino a repêché John les droits pour le cinéma. La MGM a suivi
Travolta pour Pulp Fiction, le bellâtre de comédie romantique et fait d’elle, sur le tard, une actrice maison. »
Matthew McConaughey s’est imposé en acteur à performance Faute De belles
grâce aux films d’auteur (La Défense Lincoln, Dallas Buyers Club…), propositions sur GranD écran,
l’ancien mouton noir Robert Downey Jr. a ressuscité avec Kiss Kiss Anouk Grinberg a elle aussi trouvé
Bang Bang… Quant à Ke Huy Quan, le Demi-Lune et enfant star son épanouissement ailleurs, dans le théâtre,
d’Indiana Jones et le temple maudit, il a reçu cette année le Golden l’écriture de romans et la peinture. « Quand
Globe du meilleur second rôle, avant d’être nommé, lui aussi, on ne fait plus partie du champ de vision des
à l’Oscar pour Everything Everywhere All at Once. gens de cinéma, ils pensent que l’on n’existe
« raconter l’histoire De ceux qui ont plus. Quand, parfois, il m’arrivait de fantasmer
été rejetés par le système s’inscrit dans l’ADN du sur un éventuel retour au cinéma, je me disais
cinéma indépendant, analyse Antoine Sire, auteur de Hollywood, que l’idéal serait de travailler avec quelqu’un
la cité des femmes (Éd. Actes Sud). Pour accentuer l’effet, ces films qui se ficherait de celle que j’avais été, pour
emploient des acteurs qui incarnent véritablement cet abandon voir celle que j’étais devenue. J’ai été très
et retrouvent une forme de splendeur à travers leur résilience. » marquée par mes rôles de femme-enfant chez
À l’ombre des projecteurs suite à un divorce, marqué de blessures Bertrand Blier ; il m’a fallu des années pour
physiques et d’un traumatisme (il affirme avoir été agressé m’en affranchir. Mais ce qui est beau, c’est
sexuellement par un ponte de Hollywood), Brendan Fraser opère que certains réalisateurs et moi étions prêts
un retour oscarisable en obèse déclinant dans The Whale, de Darren au même moment. » Après Tromperie, d’Arnaud
Aronofsky, film qui brise l’image d’aventurier beau gosse qui lui Desplechin, et La Nuit du 12, de Dominik Moll,
collait à la peau depuis La Momie. Accentué par la prise de conscience Grinberg a épaté dans L’Innocent, de Louis
de l’industrie sur la nécessité de diversifier les récits et les profils, Garrel, en mère amoureuse, libre et fantasque.
ce phénomène de résurgence n’est cependant pas nouveau. À la clé : une nomination au César du meilleur
Antoine Sire évoque ainsi Joan Crawford, star « fabriquée » par second rôle et de nouveaux projets, dont
la MGM dans les années 1930, qui, alors que son étoile palissait, le premier long de l’actrice Laetitia Dosch.
fut lâchée par le studio. La Warner, studio rival misant sur des « Quand on est acteur, il y a un risque de lasser
incarnations plus réalistes – comme dans une certaine mesure le public, conclut Antoine Sire. Mais il y a
les indépendants d’aujourd’hui –, lui proposa alors Mildred Pierce, aussi la possibilité d’un rebond lié à une
film noir sur une femme sacrificielle, divorcée, désargentée, empathie immédiate, à de grands souvenirs
prenant son destin en main pour gravir l’échelle sociale. en salle. Pourquoi n’aimerions-nous pas revoir
Résultat : succès au box-office, Oscar et retour au premier plan. ceux que l’on avait tant aimés ? » ●

44●
Madamenews

2. isabel marant

zimmermann

elie saab
dior

Capitaine crochet

3.
IL a cette éLégance, cette énergIe fraîche et sensueLLe que l’on adore retrouver
après de longs mois confinés dans de chauds manteaux. Le crochet, l’étoffe ajourée star des seventies et de sa muse
suprême Jane Birkin, est de retour sur les podiums du printemps-été 2023 dans une version immaculée aussi visuelle
que désirable. Qu’on l’adopte sur une blouse ou sur une robe, glissée sous un blazer ou un trench ceinturé, elle est
la touche féminine qui pimpe un look casual et donne du relief à l’allure effortless. Elle est surtout une bonne alternative
à la silhouette 100 % transparente, l’une des tendances les plus en vogue du moment. Comprendre :
si elle dévoile, elle aussi, les corps et la peau, elle le fait par petites touches bien senties. ● C. P.

Bien
cloisonné
Marc Newson revient
à ses premières amours.
Le designer, qui a étudié
la sculpture et l’orfèvrerie
au College of Arts
de Sydney, offre l’apparat
photos Imaxtree, parIs_taVItIaN et s. p.

du « cloisonné » à de nouveaux
meubles (photo) émaillés
et parés de cloisonnements
de fil de cuivre selon
cette technique ancestrale. S. W.
Jusqu’au 18 mars, à la Galerie Gagosian, 9 rue de Castiglione, 75001 Paris.

48●
4.
Madamenews

La vie de palace
Hedi Slimane a présenté
sa nouvelle collection Le Palace avait donc
celine Homme dans ce qui fut momentanément retrouvé son
le club le plus mythique de paris. lustre d’antan, écrin théâtral
pour cette expérience qui
Rock’n’chic, forcément ! semblait relativiser l’espace-
temps, dans une joyeuse
La rue du communion entre la mode
Faubourg-MontMartre et la musique, celle que Slimane
était bouclée le 10 février, dès aime, le rock, l’électro, le
l’après-midi, aux abords du Palace, punk- rock, celle du groupe
le vénérable théâtre qui fut dans new-yorkais Suicide, qui illustre
les années 1980 un des night-clubs la bande-son du défilé. Des
les plus fameux du monde, garçons maigres, et quelques
l’équivalent parisien du Studio 54, filles aussi, passent dans les
où se pratiquait la même alchimie allées étroites du Palace. Tous foncent tête baissée,
des métissages : être célèbre ne mains dans les poches, pressés, lunettes noires, sans
suffisait pas pour pénétrer dans ces entraves. Attitude. Ils portent des pantalons de cuir
temples décadents de la nuit. Mieux serrés, des blousons courts, strassés parfois, des
valait afficher un look original, bombers, de l’imprimé léopard, du noir – beaucoup –,
le style, quel qu’il soit, et taper dans Lisa des boots. Le style Slimane ? Une signature. Rebel without
Manoban
l’œil des visagistes cerbères qui du groupe
a cause. Cette silhouette rock, ténébreuse, issue des
barraient l’accès aux quidams Blackpink, années 1980, pourtant indémodable, attentive à une
tristes. Hedi Slimane, le directeur égérie posture qui dépasse l’anecdote pour se fondre dans une
artistique de la maison Celine, Celine. sorte de mythologie, peut-être californienne, totalement
présentait sa nouvelle collection imbriquée dans l’idée d’une liberté d’être. Ce défilé
homme automne-hiver 2023-2024 dans ce lieu mythique, électrisant est à la fois une démonstration de force, un
un de ceux qu’il aime, chargés d’histoires, lui qui a déjà manifeste et une célébration de la jeunesse éternelle.
montré sa mode au Hollywood Palladium ou au Wiltern Au front row, une faune bigarrée, des répliquants
Theatre, à Los Angeles. Donc, en cette fin de journée ultracool des mannequins qui, déjà, disparaissent en
frileuse, affluaient par dizaines des jeunes gens coulisses derrière des néons blancs géants
surlookés, célèbres ou, surtout, inconnus : toute une – et des chics people, pas n’importe lesquels :
jeunesse. Le dress code était totalement « Hedi Slimane Catherine Deneuve, l’emblème de la liberté, sa
compatible », cuir ou glitter, des garçons skinny avec fille, Chiara Mastroianni, Benjamin Biolay, Étienne
des blousons ou des manteaux de fourrure, torse glabre, Daho, Jane Birkin. Face à ce rang français, Jack White,
fine cravate ou twill pailleté noué autour du cou ; des filles mais surtout Lisa Manoban, sous la mitraille des flashs,
en noir, en minirobe et jambes blanches, paupières la reine de la K-pop, membre de Blackpink, le groupe
charbonneuses et cheveux méticuleusement décoiffés. de filles coréen le plus adulé du moment. Hedi Slimane
Tous portaient des boots, des creepers, du léopard, l’a repérée avant tout le monde et en a fait une égérie
du strass. Des lunettes noires, bien sûr. Bref, des très jeunes maison plus que remarquée.
à sensibilité rétro-vintage, rêvassant à ces années-là, Dans les escaliers du Palace, des garçons affairés
des années où parader, danser, aimer, faire la fête était offraient des bretzels logotypés Celine et des
encore un mode de vie et pas un conformisme rémunéré sur citronnades. Le groupe Libertines, celui de Pete
Instagram. Hedi Slimane a dansé au Palace. Il y a, paraît-il, Doherty, un fidèle d’Hedi Slimane, se préparait à
fêté son anniversaire. Il a été un de ces jeunes hommes libres. jouer. Zeus, son husky blanc, traînait sans laisse dans
Des années plus tard, il est resté ce créateur totalement à part, les coulisses. Curieusement, Paris avait des airs de Los
libre encore, secret, rétif aux diktats ambiants, droit dans ses Angeles et, pour une fois, était vraiment une fête. ●
photos s. p.

boots, toujours fasciné par la jeunesse et son énergie

extraordinaire.

50● par RichaRd GianoRio

5.
Madamenews madamenews

6 .
Précieuse
nature CréatriCe de joaillerie,
Sophie Bouilhet-dumaS fait revivre leS
jardinS de normandie à traverS SeS Bijoux.
on y retrouve, entre autreS, Sur une Bague,
Chaque détail d’un pétale d’hortenSia
reCouvert d’or. à déCouvrir

Pharrell
danS Sa Boutique Boudoir pariSienne,

7.
à Saint-germain-deS-préS. ● M. P.

Williams
2, rue Guisarde, 75006 Paris. mira-stella.com

une pop star chez

Louis Vuitton
Il a faIt danser la terre
entIère sur ses tubes Get Lucky et Happy. Mais c’est
désormais une tout autre mélodie que la pop star américaine
s’apprête à orchestrer. À 49 ans, Pharrell Williams a été nommé
à la tête des collections masculines de Louis Vuitton. La breaking
news a été communiquée le 14 février par Pietro Beccari,
le PDG de la maison. Coup de maître ? Contrat colossal ?
L’annonce a provoqué une exaltation qui ravit la fashion
sphère. Laquelle attendait impatiemment le nom de l’heureux
élu qui succéderait à Virgil Abloh, disparu en novembre 2021,
wanted
Designers,
à la tête de l’homme Vuitton.
On n’en espérait pas moins du numéro 1 du luxe mondial, dont artistes et
les défilés de mode masculine prennent souvent des allures de artisans : cinq
superproduction. Si Pharrell Williams n’a encore jamais créé de créateurs, dont
collections complètes, peu se posent la question de sa légitimité
dans l’univers du luxe. Car entre le chanteur-producteur Sam Baron, signent
et la mode, c’est une longue histoire d’amour. Habituée des pour Diptyque
front rows, cette icône globale du style, qui incarne une idée du une ligne
streetwear glamour, aussi bien à la ville qu’à la scène ou dans
ses clips, est un véritable touche-à-tout, comme l’était Virgil
d’objets simples
Abloh. Dès 2006, il a multiplié les collaborations mode, signant qui n’a rien de banal.
des pièces devenues immédiatement collectors : des lunettes Photophores, bougeoirs
pour Louis Vuitton, en passant par la basket Adidas, jusqu’à une
en bois, vase antique en cire…
capsule pour Chanel, dont il a été également un ambassadeur.
rallument chacun la flamme
photos s. p.

L’artiste, dont la vision à 360 degrés n’est plus à démontrer,

dévoilera sa première collection L.V. en juin à Paris, lors de Art déco. S. W.
la Fashion Week masculine. ● M. D. diptyqueparis.com

52●
8.
Madamenews
Ses combats récents : des actions
contre une mine de charbon en
Allemagne (1) et le pillage minier
des fonds marins (2), ainsi que
la défense des glaciers (3) et
les aires naturelles en Ouganda (4).
Camille Étienne ●
prête comme
face à l’urgence climatique, la jeune activiste, membre
du collectif on est prêt, est sur tous les fronts.
jamais
Son ADn. Elle a grandi en Savoie, où elle a développé une
grande sensibilité à la nature. « C’était à la fois mon terrain de jeu
et le jardin qui nous nourrissait, insiste Camille Étienne. Qui plus est,
je fais partie d’une famille d’alpinistes. En montagne, on se rend
immédiatement compte de la supériorité de la nature sur l’homme.
Prendre conscience que nous étions capables de mettre en péril
cette force qui nous dépasse a été un déclic. » Celle qui souhaitait
se consacrer à la défense des droits humains se met alors à dévorer
les livres sur l’environnement et se forme à l’agroécologie.
Fraîchement diplômée d’un master à Sciences Po Paris, elle peut
désormais, à 24 ans, se vouer totalement au militantisme… mais
aussi à son envie de monter sur scène – elle a notamment lu des
textes de George Sand dans le cadre d’un spectacle dédié à la forêt.
Son empreinte. En matière d’écologie, la jeune militante
s’attache à une tâche première : vulgariser. « Je veux rendre
accessibles les connaissances des experts en utilisant les réseaux
sociaux, car j’ai la chance d’être en contact avec des chercheurs,
glaciologues, climatologues... » Elle est aussi en première ligne
sur de nombreux champs de bataille environnementaux. Parmi ses
combats : stopper le projet de forage de 419 puits de pétrole et la
construction d’un pipeline chauffé de 1 445 km par TotalEnergies en
Ouganda. Une bombe climatique qu’elle compte bien désamorcer
grâce à des actions de lobbying, à l’interpellation de ministres, à des
campagnes de mobilisation… Des outils efficaces : « Sous la pression,
la France a annoncé en novembre dernier son soutien au projet
« Je veux rendre accessibles les connaissances
des experts en utilisant les réseaux sociaux »
54● par Vanessa Zocchetti
interdisant toute exploitation minière des fonds
marins, se réjouit Camille Étienne. Notre pays
s’est également, à l’automne, retiré du Traité
sur la charte de l’énergie, qui freine la transition
énergétique européenne. »
Son écoSyStème. « Le réalisateur
Solal Moisan est mon meilleur ami. C’est avec lui
que j’ai créé Avant l’orage, le duo à l’origine de
la vidéo Réveillons-nous, explique Camille Étienne.
Dans ce film de dix minutes conçu pendant notre
confinement en Savoie, nous évoquons nos
convictions écologiques à travers des textes et de
la danse. Il a rencontré un succès fou et inattendu,
que l’on doit aussi à nos producteurs Daniel
pHOTOS GeTTy ImaGeS/ISTOckpHOTO, JOeL SaGeT/aFp eT INSTaGram
Sicard et Julie Manoukian, au sein de 4Humans. »
Camille Étienne agrège à cette bande d’amis
des spécialistes qui la soutiennent et la forment
sur chacun des dossiers dont elle s’empare.
Son oxygène. « Ce qui me fait le plus
de bien : me baigner dans l’eau froide ! J’aime
aussi retourner à la montagne. Les beaux mots,
la musique, l’art provoquent en moi des émotions
fortes qui m’aident à avancer. J’essaie enfin de
déconnecter en passant le plus de temps possible
avec mes amis proches. » ●
© 2023 Chloé SAS All rights reserved Photographie retouchée
9.
Madamenews

Naked dress
Portée aux nues
En crochet, en tulle, en dentelle… dernier de Florence Pugh, dont l’apparition
la robe joue la transparence. en robe fuchsia Valentino lui a valu
de nombreux commentaires acerbes sur
Et si dévoiler son corps était sa poitrine menue entièrement dévoilée.
un nouveau statement féministe ? Aux haters, l’actrice a bravement répondu :

Saint Laurent
« Beaucoup d’entre vous ont voulu me faire
savoir de manière agressive à quel point
On pOurrait dater le vous étiez déçu par mes “petits seins”.
cOme-back fracassant de la naked Je connais parfaitement la taille de ma
dress (ou « robe belle toute nue ») à ce jour de poitrine et je n’en ai pas peur. Grandissez.
mars 2022, où Rihanna a débarqué, très enceinte, Respectez les gens. Respectez les corps.
en robe noire totalement transparente au défilé Respectez toutes les femmes. »
Dior. Le ventre arrondi et les seins lourds, la diva L’influenceuse Camille Charrière
entendait ainsi montrer ce que d’habitude on cache a elle aussi été critiquée pour avoir
et se réapproprier son propre corps. Depuis, porté une robe jugée trop révélatrice
les petites robes see through (transparentes) à la fête de son mariage.
essaiment sur les tapis rouges, car quoi Pourtant, la robe transparente
de mieux qu’une robe qui révèle quasi- ne date pas d’aujourd’hui.
tout pour faire parler de soi ? Emily Sous le Directoire, au XVIIIe siècle,
Ratajkowski, Julia Fox, Kendall Jenner les fameuses « Merveilleuses »,
ou Rita Ora l’ont bien compris. ces modeuses avant l’heure,
Sur les podiums, la transparence s’illustre aimaient à se promener dans les
chez Valentino, Ami, Jacquemus, Nensi jardins publics vêtues de toilettes
Dojaka, Ester Manas ou encore Coperni. de gaze si légères qu’on les eût dit
Mais aussi, évidemment, chez Saint Laurent nues (Wikipédia parle même de
par Anthony Vaccarello, qui prolonge et « air tissu »). Bien plus tard, dans
réinterprète le travail du grand Yves. En 1968, les années 1960, Marilyn chantait
VaLentino

le couturier légendaire inventait le « nude Happy Birthday à JFK dans un fourreau

look » * avec ses premières robes révélatrices chair entièrement rebrodé de sequins,
et déclarait : « Rien n’est plus beau qu’un corps qui ne dissimulait rien de sa légendaire
nu. » Selon la plateforme Lyst, les recherches pour plastique, et Jane Birkin se faisait flasher
miSSoni

des pièces « naked » auraient augmenté de… 430 % ces en minidress transparente en 1969.
derniers mois. « La transparence a toujours été synonyme Dans les années 1970, c’est Cher qui,
de séduction, voire de sexualité… Aujourd’hui, le statut de la sous les doigts du costumier Bob Mackie,
transparence a changé, ce n’est pas juste pour plaire, décrypte se transmuait en déesse de plumes
Thomas Zylberman, tendanceur pour le bureau de style Carlin. et de paillettes, à demi nue. Dans les
Le corps est révélé, c’est une forme d’empowerment, une nineties, Kate Moss relançait la tendance
affirmation féministe, une prise de pouvoir plutôt qu’une en slip dress transparente. Cet esprit
transgression. Comme pour dire, “mon corps m’appartient”. » de liberté persiste aujourd’hui dans
Ferragamo

La naked dress serait-elle un corollaire du body positive, cette le port de la naked dress : s’y exprime l’envie
tendance qui prône l’acceptation de tous les corps ? Pour Thomas farouche de se réapproprier son corps, de
Zylberman, le message de la naked dress, c’est « liberté et le célébrer joyeusement et/ou de revendiquer
photos Imaxtree

acceptation de soi ». Facile à dire lorsqu’on est dessinée comme sa féminité. À chacune ses audaces. ●
un avion de chasse. Pour autant, même les stars qui osent * « Yves Saint Laurent : Transparences »,
la transparence s’exposent aux critiques de ceux qui estiment du 24 juin au 12 novembre, à la Cité de la dentelle et de la mode,
qu’elles ne « peuvent pas se le permettre ». Ce fut le cas l’été à Calais. cite-dentelle.fr

56● par Séverine Pierron

●57
Madamenews
10.
Le comble
Mise en scène du quotidien, réseaux
du vide
sociaux, culture du zapping… Comment
résister à ce trop-plein virtuel
qui crée une nouvelle indifférence ?
Réponses de la philosophe Elsa Godart.
Le vide est un sujet qui fascine,
ambigu, paradoxaL, tant il bataille dans nos esprits,
voire nos fantasmes, entre une peur de la vacance, du rien,
un vertige de l’angoisse en somme ; et une aspiration au
« nettoyage », à la place libérée, pour un saut joyeux dans
l’inconnu. Si l’écrivain Nicolas Bouvier inscrivit cette dialectique
du vide et du plein (voire de la plénitude) dans le récit délicat de
ses voyages au Japon entre 1964 et 1970 (Le Vide et le Plein), c’est le
philosophe Gilles Lipovetsky qui fit sensation en publiant en 1983
son premier livre, L’Ère du vide. Avec un œil terriblement original,
il y radiographiait « l’avènement dans nos démocraties d’un
individualisme inédit », une hypertrophie du moi surnourri, déjà,
d’informations ; un narcissisme en proie à un malaise diffus,
disait Lipovetsky, où nous avions « cessé de nous reconnaître
dans l’obligation de vivre pour autre chose que nous-mêmes ».
C’était il y a quarante ans… soit largement avant le Web
généralisé, la création de Facebook (2004), de Twitter (2006)
ou d’Instagram (2010) ! En 2023, donc, la philosophe Elsa Godart
s’essaie à son tour au plongeon dans le vide. Observatrice subtile
de l’hypermodernité, elle l’interroge. Que changent la profusion
illimitée de notifications dans nos vies, la possibilité de choix
multiples (achats, amours, métiers, lieux de vie…) ? Pourquoi,
à force de pleins, la sensation du vide deviendrait-elle plus
menaçante ? Telles sont les questions de son dernier essai, Les Vies
vides (Éditions Armand Colin). Entretien avec une passionnée.
58● Par ViViane ChoCas
Philosophe et
psychanalyste,
Elsa Godart
veut « redonner
du plein à la vie ».
MADAME FIGARO. – TOuT lE MOnDE
sE plAInT DE TROp-plEIn – TRAvAIl, chARGEs,
RèGlEs… vOus ObsERvEz nOs vIEs ET DénOncEz
lEuR vIDE. EsT-cE unE pROvOcATIOn ?
ElsA GODART. – Je pars du même constat
que vous : jamais nous n’avons eu autant
accès à tout, de l’Encyclopædia Universalis sur nos
téléphones portables à la possibilité de retrouver
via la Toile toutes les musiques, les livres ou les
plantes à l’infini… Oui, jamais nous n’avons été à
ce point dans le sentiment du trop-plein. Mais le
résultat ? Nous devrions, avec tout ce que nous
avons à disposition, être remplis. Sereins, sages,
en paix. On peut apprendre à cuisiner comme
à philosopher par tuto, faire de la méditation
sans bouger de chez soi. Alors, pourquoi,
paradoxalement, est-on tout le temps en train
de se plaindre ? Qu’est-ce qui fait que « ça » ne
va pas ? On a du mal à vivre en 2023. On réfléchit
au sens, au lien, et souvent, profondément,
nous ne sommes pas heureux. Voilà ce qui
m’interroge. Nous vivons dans une grande
tension entre des existences pleines, agitées,
Photo PhiliPPe Matsas/DUNoD ÉDitioNs
illusoirement euphorisantes, engagées dans
une course à la reconnaissance, et, en creux,
une perte de la matérialité, du bios grec, de la vie
en soi, de la vie vivante. Avec ce livre, j’aimerais
susciter un réveil, un sursaut, redonner
du plein à la vie en renonçant à l’exister.
DE quEl vIDE pARlEz-vOus ?
Le philosophe Gilles Lipovetsky a publié
L’Ère du vide il y a quarante ans. Qu’est-ce qui a
●59
Madamenews
changé, aujourd’hui qu’Internet et le virtuel ont tout bousculé,
où, pour la première fois dans l’histoire, les technologies
progressent plus rapidement que la vitesse à laquelle l’éthique est
capable de penser ? De ce vide qui contamine nos vies, je vois cinq
causes possibles, apparues depuis les années 1960. Résumons-
les : un vide lié à la perte des grands idéaux, un vide spirituel lié
à la perte de transcendance et de sacré, un vide politique à une
époque où le show compte plus que la défense des idées, et aboutit
au désengagement d’une partie grandissante de la population.
Mentionnons encore un vide social lié à un hyperindividualisme
enraciné dans l’idée de la possession et de la réussite déjà pointé
par Lipovetsky ; auquel s’ajoute désormais une sociabilité
virtuelle qui isole des autres et de son propre corps, mais nous
donne l’illusion d’avoir les pleins pouvoirs tout en nous plongeant
dans un vide intime. Voilà comment peu à peu s’est formé, en lieu
et place de ce qui remplissait nos vies, un grand vide, qui ne
se pense plus au regard du plein, un vide qui n’est pas le principe
de quelque chose, qui n’est ni une souffrance ni une douleur, mais
diffus et évanescent. Ce vide qui se cache derrière des illusions
d’existence, je dirais que c’est un vide d’indifférence.
Psychanalyste, vous entendez cela en consultation ?
Oui, bien sûr. C’est, par exemple : « Je couche avec lui,
avec elle, ou pas ? Je m’en fous. Bof. Ça ou autre chose… »
J’observe un rapport au sexe de plus en plus indifférent.
Comme une indifférence à l’identité, parfois. J’ai déjà entendu :
« Appelez-moi il ou elle, comme vous voulez. » Je crains le
consumérisme affectif qui se déploie dans notre société, lié à un
effacement du sujet. On identifie son besoin, et on veut trouver
vite la manière d’y répondre en souffrant le moins possible.
C’est ça, le vide d’indifférence, quand on perçoit trop d’écueils
pour créer ou préserver un amour, une amitié, quand ça paraît
trop compliqué. Ça grignote, c’est un vide contagieux, ce n’est pas
le néant sublime ni l’absence, ni le manque qui appelle le désir.
C’est une indifférence. Or, pour l’indifférence, on ne se bat pas,
on n’entre pas en résistance. Voilà le problème. Ce n’est pas
que le sujet moral ait perdu ses caractéristiques morales ou que
la morale ait disparu, bien sûr, cela n’aurait aucun sens. Mais
c’est que le rapport bien mal devient indifférent. Ce qui compte,
c’est d’y arriver, par tous les moyens. Car, dans le même temps,
la jeune génération des moins de 30 ans est dans une recherche
immense de reconnaissance, de besoin d’exister, vidéos
YouTube ou TikTok à l’appui. Mais qu’est ce qui s’écrit là, dans
une narration si instantanée qu’elle en devient inopérante ?
c’est autre chose que l’urgence, selon vous ?
En 2003, Nicole Aubert, dans son livre, pointait le « culte
de l’urgence » (Le Culte de l’urgence, Éd. Flammarion). C’est dépassé
en 2023 ! Effectivement, nous sommes dans l’instantané, hic et
nunc. Mais on y installe quoi ? Quel contenu, quand de surcroît la
culture du zapping fait se succéder des instants qui n’ont pas de
sens les uns avec les autres ? Je fais la distinction entre l’existence,
qui est dans l’instant, et la vie, qui est dans la durée. Or, le temps
de la vie qui s’étale, on ne le maîtrise pas. Celui de l’existence, on
a l’impression que oui : voilà le piège contemporain. C’est la peur
du vide qui conditionne notre rapport à la reconnaissance. Ainsi
voulons-nous exister à tout prix pour mieux fuir nos vies vides.
60●
Et le buzz consacre le vide d’une vie qui prend
l’allure d’un événement existentiel !
vous utilisez les réseaux sociaux ?
Oui, et je suis persuadée que nous n’allons
pas freiner leur développement, pas freiner le
métavers non plus, car ça va prendre, cette idée
qu’on peut tenter de mener une vie autre sans
bouger de son siège ! Nos enfants ne peuvent
faire l’économie des écrans : les deux tiers des
leçons que je révise avec mon fils sont dotées de
QR code qui renvoient vers un téléphone. Oui,
un enfant peut composer de la musique sur
GarageBand sans suivre deux heures de solfège
et avoir l’illusion d’être musicien. Je pense
que nous arriverons à un modèle de sensations
presque si parfaites grâce à l’IA qu’on n’aura
presque plus besoin du corps. Mais justement,
cela m’inquiète. J’ai peur qu’on ne perde
ce qu’il y a de plus fondamental dans le fait
de vivre. Que, ce faisant, nous puissions être
tellement tentés de renoncer à tout ce qui fait
la matérialité de l’existence, et aussi sa part
tragique, son combat. Pour revenir aux réseaux
sociaux, là où ils fonctionnent vraiment, c’est
avec MeToo, avec le drame de l’Iran, la guerre
en Ukraine : autrement dit, quand y circule
une part tragique de la vie réelle. Alors, ils sont
véritablement un média, un intermédiaire.
comment revenir à une forme de vérité ?
Nous avons expérimenté lorsqu’une
maladie, un Covid, un événement du vivant
nous traverse, combien nous sommes
brutalement rappelés à la vie. Faut-il attendre
cela ? Je prône pour ma part le retour à
une méthode philosophique au quotidien.
La pulsion de vie demande un effort. Nous
devons multiplier les occasions d’étonnement,
de doute et de surprise. Je pense qu’il nous faut
revenir à une culture de l’inconfort, au sens du
caillou dans la chaussure. Étymologiquement,
le scrupulum, c’est ce petit caillou pointu qui
nous conduit à la limite de la petite douleur,
et nous rappelle qu’on
est un corps, qu’on est vivant.
N’ayons pas peur, créons-
nous des occasions
de scrupule ! Et invitons
l’humilité dans nos vies, pour
retrouver le goût de voir, de
voir vraiment et d’œuvrer. ●
Les Vies vides. Notre besoin
Photos D. R.
de reconnaissance est impossible
à rassasier, d’Elsa Godart, Éditions
Armand Colin, 288 p. , 22,90 €.
 SAC BOX-TROT
LONGCHAMP.COM
Madamenews madamenews

La revanche de
l’anthurium
Cela fait déjà quelques mois que
la mode s’est réapproprié l’anthurium. Cette fleur
11.
étrange et sensuelle a paradé en majesté ou en détails suggestifs sur les
podiums de Loewe (1) et de Ludovic de Saint Sernin. Audacieuse,
elle s’invite aussi aux poignets des fans d’Anissa Kermiche (3).
La dimension ambiguë de la « langue de feu » – son surnom – et
sa plastique un brin « plastoc » (on dirait une fleur artificielle)
l’avaient éloignée des bouquets épris de naturalité ces
dernières années. Signe que les temps changent, elle revient
également en force chez les fleuristes chics. Chez Blumen (2),
designer floral lancé, elle s’impose ainsi dans des compositions
où paradent d’autres fleurs oubliées des années 2000 : la théâtrale
orchidée (de couleur évidemment), les callas bizarroïdes (une
variété d’arum), les nutans aux formes singulières… y rivalisent de
teintes oniriques et de postures hiératiques, frôlant parfois une forme de
kitsch. Les fleurs séchées folâtres et les petits bouquets champêtres ont du
souci à se faire ! On veut du vernissé, des corolles hyperstylisées, de la mise
en scène, bref, une forme de baroque qui ne craint pas le too much…

12.
Comment avons-nous renoué avec une esthétique qui sent bon les années
Tom Ford chez Gucci ? La prolifération de fleurs et feuillages de plastique
outrageusement colorés sur les devantures de cafés a peut-être contribué à
cette réhab ? À moins qu’une certaine sophistication n’ait envie de prendre
sa revanche, au moment où la « simplicité », le « cool », le « naturel »
pourraient devenir une forme de tyrannie inversée ? ● V. S.-P.
blumenparis.com

Aux petits
soins
D’influenceuse à créatrice, Jeanne Damas a su créer une
photos Imaxtree, Instagram @blumen et s. p.

marque de prêt-à-porter aux accents rétro, à son image : Rouje. Puis

Les Filles en Rouje s’est imposée comme la déclinaison beauté, portée
par ce fameux lipstick dont elle avait fait sa signature à ses débuts. La
fondatrice dévoile une gamme de soins végans, cruelty-free, fabriqués
en France : trois produits (un nettoyant, une huile et une crème) pour
les adeptes du less is more en cosmétique. Une peau saine, un grand
bain d’hydratation et une dose de confiance en soi, tel est le secret que
Jeanne Damas souhaite infuser dans sa gamme. Avec la promesse
d’un french glow dont elle est l’une des meilleures ambassadrices. ● J. F.

64●
Madamenews
13. Comment
je suis devenue
charismatique
Irradier par sa présence, s’imposer
naturellement et inspirer l’action…
c’est un talent inné, un don
extraordinaire ou ça s’apprend ?
C’est la fille qu’on adorerait
détester, mais qui emporte tout
sur son passage, même notre adhésion. Celle que l’on
remarque instantanément quand elle entre dans une pièce,
autour de qui le silence se fait quand elle parle, et qui est capable
de retourner d’un rire une réunion tendue, une négociation
difficile. Sûre d’elle, posée. Avec elle, tout semble effortless : les
idées fusent, les autres adhèrent. Convaincre semble une seconde
nature, et partir au combat presque un plaisir. Charme, aisance,
rayonnement ? Au travail comme dans la vie, le charisme semble
relever du don – c’est pourquoi il désarme. Mais peut-on
l’acquérir ? S’en inspirer ? Est-ce une qualité qui se travaille ?
Nous avons voulu tirer le fil de cette question.
C’est dans une ruelle de l’île de la Cité, à Paris, que la coach
de dirigeants Éléna Fourès, fondatrice du cabinet Idem per Idem,
nous reçoit. Au sous-sol de cette adresse qu’elle a nommée
« la cour des alchimies », au-dessus de la tête des clients qu’elle
conseille, le plafond est transparent, un rappel voulu du « plafond
de verre » qui empêche les femmes d’évoluer. À l’évocation
du mot « charisme », cette consultante en entreprise depuis
trente ans – qui est aussi sémanticienne — prend une longue
inspiration. « Le charisme, c’est la capacité à emmener avec soi,
définit-elle. Vous dégagez quelque chose qui donne envie aux
gens de vous suivre. C’est clairement une des soft skills du leader. »
66● par Lisa VignoLi
Autrement dit, selon la traduction française,
une des compétences nécessaires à ajouter
à celles, plus techniques (hard skills), attendues
de manière classique dans l’univers
professionnel. Dans son ouvrage fraîchement
publié, Le Temps des leaders pop ! (Éditions de
l’Aube), la communicante Marion Darrieutort
va plus loin et contextualise : cette capacité
à « donner envie de la mer » aux autres
collaborateurs, c’est-à-dire l’envie de monter
à bord avec lui, et même d’affronter la tempête,
serait la qualité la plus recherchée chez
un chef d’équipe. « D’un récent sondage
réalisé par le cabinet Michael Page auprès
des salariés pour connaître leurs attentes
par rapport à leur manageur, poursuit-elle,
ressort majoritairement leur besoin d’avoir
un “leader inspirant”. 54 % des salariés
donnant cette réponse en premier, avant
même le besoin de considération. »
Une légitimité
immédiate
Pourtant, lorsqu’ils et elles passent
la porte d’un cabinet de coaching, les dirigeants
photo Getty ImaGes
et autres salariés qui visent l’excellence
ne disent jamais : « Je voudrais être inspirant. »
Et cette qualité si importante n’est jamais
vraiment étudiée ni mise en avant dans les
écoles de l’élite. Peut-être parce que, si l’on suit
●67
Madamenews
l’étymologie du terme, il est, là encore, question de don,
voire de transcendance – inspirare en latin signifiant
« animer d’un souffle divin ». Favoriser chez l’autre
les facultés de création, d’imagination, d’invention a bien
quelque chose de l’ordre de l’intervention supérieure.
« En revanche, on peut mettre certaines personnes sur
le chemin du charisme », intervient Lionel Bellenger,
directeur académique à HEC et auteur de La Vérité sur
le charisme (Éditions ESF). Pour
cela, lui-même a pensé une
méthode centrée sur les « sept
invariants » que l’on retrouve “Une énergie
systématiquement, selon lui,
chez les personnalités vitale qui fait
charismatiques : intensité,
talent, indépendance d’esprit, qu’on désire
prise de risque, singularité,
vision et empathie.
« On peut, par exemple,
ce qu’on désire”
Julia de Funès, philosophe
travailler sur l’impact, sur
la présence, sur la légitimité
d’une personne, poursuit Éléna Fourès. Cela crée
un ensemble qui fait que vous rayonnez. » Pour elle,
la façon de se présenter fait, par exemple, partie
des éléments clés de cette fameuse présence : « Souvent,
beaucoup de choses se décident dans les trois premières
minutes, déclare-t-elle. Quand vous entrez dans la salle,
si vous entrez trop pressé, vous n’êtes pas légitime.
Vous avez déjà vu des gens extrêmement convaincants
arriver échevelés et en retard ? Moi pas ! », tranche-
t-elle. Elle poursuit sa démonstration en citant un film
italien, Scusate se esisto ! (Désolée si j’existe !), disponible
actuellement sur Netflix. Une jeune femme, architecte
ultradouée et précoce, se présente à un entretien,
bredouille au point que le jury finit par lui demander si elle
est l’assistante de celui qui a réalisé le magnifique projet.
Ne parvenant ni à répondre ni à faire marche arrière,
elle se retrouve empêtrée dans ce quiproquo, sans pouvoir
exister par elle-même, malgré son talent.
une singularité
revendiquée
L’apparence, aussi, tiendrait son rôle. Sur ce point,
si Marion Darrieutort s’amuse avec tendresse d’entendre
des CEO tout juste nommés lui demander parfois
quels vêtements ils vont devoir porter, « comme s’il y
avait un dress code du chef ». Elle répond d’office :
« Pourquoi annihiler qui vous êtes, alors que c’est ce qui
a fait votre succès jusqu’ici ? » Elle préconise plutôt
à ceux qui se sentent atypiques, hors des clous, de le rester
et de cultiver cette différence.
Aujourd’hui à la tête de The Arcane, cabinet de conseil
en gouvernance et influence qu’elle a créé en 2021, et
d’une équipe de 21 salariés, Marion Darrieutort se souvient
de ses longues années passées dans un grand groupe de
68●
communication, à singer des comportements qui
n’étaient pas les siens et à se lisser les cheveux, parce que
son chef lui avait fait savoir que sa crinière bouclée « ne
faisait pas sérieux ». Elle l’arbore désormais fièrement,
et conseille à chacun de revendiquer sa signature, cette
façon de soigner son personnage pour imprimer les
esprits. « C’est la trace qu’on laisse. Ce qu’il nous reste de
quelqu’un quand on y pense, insiste-t-elle. Et la beauté
n’a rien à voir là-dedans. »
« Il ne faut pas confondre
séduction et charisme,
abonde Lionel Bellenger. Le
charisme se développe dans
la durée. J’ai connu toutes
sortes de personnalités
charismatiques, et tous
n’étaient pas de jeunes
premiers. » Il en plaisante :
« Auriez-vous dit que
le général de Gaulle était
séduisant ? » Pour
poursuivre, il cite l’exemple du navigateur François
Gabart, alias le « Petit Prince des océans ». « Bien sûr,
il est beau gosse, mais des comme ça, j’en croise cent
par an, sourit Lionel Bellanger. Ce qui fait la différence,
chez lui, ce sont vingt années à s’accrocher, à poursuivre
son rêve – au fil des transatlantiques, des traversées
en solitaire — avant de l’atteindre. »
la puissance
de la conviction
Une forme d’épaisseur, conférée par l’expérience,
le vécu ? « Je pense surtout à des gens qu’on ne voyait pas
jusque-là, et qui, tout à coup, s’illuminent parce qu’ils
portent en eux une cause, constate Marion Darrieutort.
C’est elle qui permet de libérer sa puissance. »
Certains appellent cela l’alignement, d’autres
la cohérence, ou encore la sincérité. « Le charisme
est intimement lié aux convictions de la personne et
à sa capacité à les exprimer », confirme Éléna Fourès.
Pour toucher du doigt cet objectif, elle propose aux
personnes qu’elle accompagne des exercices dans
lesquels ils doivent dire le contraire de ce qu’ils pensent.
« Au bout de deux minutes, ils craquent, éclatent
de rire et vont vers leur vrai discours. »
La philosophe Julia de Funès appelle cela le courage
d’être soi-même : « J’adore la définition nietzschéenne
du charisme, qui explique que nous avons tous cette
potentialité en nous – il l’appelle la volonté de puissance.
C’est une conviction des profondeurs, une énergie vitale
et intérieure, un rayonnement personnel qui fait qu’on
désire ce qu’on désire et qu’on a envie de dire ce qu’on est
en train de dire. » Avoir un cap, une direction, n’empêche
pas la souplesse. « En réalité, conclut Lionel Bellenger,
l’antithèse du charisme, c’est la promesse non-tenue. » ●
 www.akris.com

●69
Madamenews
14.
Vague
de bois
aCCessoire ou objet d’art ? un peu des deux,
mais l’objet est d’abord une sCulpture réalisée
à la main en Cinq jours dans un bloC de noyer.
sa CréatriCe, Valérie name bolaño, ex-
déCoratriCe d’intérieur, dessine Vêtements et
15.
aCCessoires Comme autant d’œuVres d’art. ● S. W.
spolianewyork.com
Maquillage
assisté
Manger, attraper, écrire…
Pour 50 millions de personnes dans
le monde, ces gestes anodins sont
difficiles. Grâce à l’applicateur
de maquillage portable et
informatisé Hapta, développé par
les ingénieurs de L’Oréal, celles-ci
pourront appliquer leur rouge
à lèvres (et bientôt leur mascara)
toutes seules et avec précision.
Cet outil, présenté au CES 2023
de Las Vegas, sera commercialisé
d’ici à un an par Lancôme. ● M. Lo.
70●
16.
MÉLANIE
HUYNH,
mode feel good
la fondatrice du label de beauté Holidermie
signe une collection de vêtements athleisure (entre streetwear
et gymwear) en cachemire recyclé pour la maison
de cahemire parisienne Notshy.
Comment est née Cette Capsule ?
Lors de notre première rencontre, j’ai eu un coup de
cœur pour Natacha Basic, la directrice artistique de Notshy.
Nos passions, notre vision similaire de la mode, responsable,
singulière et affirmée… On a les mêmes goûts et les mêmes
références. Et surtout cette envie commune d’imaginer des
pièces réconfortantes pour les femmes. C’est bien de faire du
sport, mais c’est mieux de le faire pour soi et de se faire plaisir.
pourquoi la notion de bien-être est-elle
si présente aujourd’hui ?
La pandémie a mis en lumière l’importance de la santé
mentale et physique dans notre vie quotidienne. Le bien-être
est plus que jamais intégré dans sa globalité, c’est-à-dire
mêlant nutrition, sport, beauté et spiritualité.
pourquoi le Choix du CaChemire reCyClé ?
Le poncho, le sweat, la brassière, les chaussettes,
le short… Les dix pièces toutes brodées d’un mantra good vibes,
pensées pour toutes les pratiques, de la méditation en passant
par la danse jusqu’au yoga, et toutes les morphologies, sont
100 % en cachemire recyclé. Réutiliser des matières existantes
était pour moi un point non négociable de cette collaboration,
photos s. p.
comme un prolongement de ma marque Holidermie, toujours
plus tournée vers l’écoresponsabilité. ● C. P.
Disponible au Bon Marché, à Paris, et sur holidermie.com et notshycashmere.com
À découvrir sur sisley-paris.com
 17.
Madamenews

Sérénissimes
beautés
À Venise, Le Palazzo grassi accueille Une rare ÉLégance
Chronorama, qui retrace le siècle « Si je ne devais choisir qu’une photo,
ce serait celle de Jack Robinson (ci-dessous),
dernier en clichés iconiques. datant de 1971. Melba Moore est une actrice et
Matthieu Humery, commissaire chanteuse qui a participé à la comédie musicale
de l’exposition, la décrypte. Hair – un triomphe à Broadway de 1968 à 1972 –,
aux côtés de Diane Keaton et Ronnie Dyson.
Cette composition en noir et blanc, tirée au carré,
« L’exposition dessine un révèle une phénoménale maîtrise de la lumière.
panorama du xxe siècLe, d’où le titre de Chronorama. Le visage, comme un close-up, est délicatement
Nous avons aujourd’hui la distance nécessaire, un peu éclairé alors que le reste du corps, en ombre
archéologique, pour aborder ces archives du groupe Condé Nast chinoise, tient de la ligne. C’est un nu,
(Vogue, Vanity Fair…) acquises par Pinault Collection. Certaines terriblement sexy et poétique, qui n’est pas traité
images des années 1930, comme celles d’Edward Steichen, de manière frontale. Une image sculpturale
sont très fortes et intemporelles. On dirait qu’elles ont été prises d’une rare élégance. L’idée de ce Chronorama,
récemment. Le parcours, qui commence en 1910 et s’achève sous-titré Trésors photographiques du XXe siècle
avec les années 1970, est chronologique. Comme un fil d’Ariane, et non pas Chefs-d’œuvre, est de faire connaître,
il fait le tour du Palazzo Grassi sur deux étages. Il y a de la mode, notamment aux plus jeunes, ce panthéon de
mais aussi des photographies d’architecture, des natures chanteurs et d’acteurs qui sont un peu oubliés.
mortes, du document journalistique… » L’actrice et Melba Moore était connue à cette époque,
chanteuse elle a enregistré une quinzaine d’albums.
mode, glamour & âge d’or Melba Moore,
par Jack
L’ambition, aussi, avec ces 407 images,
« J’ai demandé pour chacune de ces sept décennies un essai Robinson est de faire redécouvrir des photographes. Jack
à un expert, par exemple à Paul Martineau, du Getty Museum, (1971). Robinson n’a pas la notoriété de Cecil Beaton,
ou à Florence Aubenas, Arthur Penn, Robert Frank,
de la Bibliothèque nationale. Helmut Newton et David
Philippe Garner, en charge Bailey, qui sont aussi
des seventies, les a intitulées : présents dans l’accrochage.
Audace et Glamour. Ce dispositif Mais il y a des pépites dans
permet de voir une son travail. New-yorkais,
grande différence entre il a photographié la scène
les années 1960 et 1970. musicale des années 1970,
Les artistes, tout comme il fréquentait la Factory
les créateurs de mode, et a travaillé pour Vogue,
y font beaucoup référence Vanity Fair, le New York Times…
photo JACK RoBINSoN, 1971, Vogue © CoNdé NASt

aujourd’hui. Elles sont Il a réalisé notamment

glorifiées comme étant de très beaux portraits
libres, considérées comme de Loulou de La Falaise,
un âge d’or, avec les grands de Jack Nicholson, de la
cinéastes, l’Italien Luchino chanteuse Roberta Flack ou
Visconti en tête. C’est de Joe Dallesandro, l’acteur
la dernière décennie de des films d’Andy Warhol
l’exposition. Or, c’était et de Paul Morrissey. ●
il y a cinquante ans, tout de « Chronorama. Trésors
même. On pourrait qualifier photographiques du XXe siècle »,
ces années de “si loin, au Palazzo Grassi, à Venise, du 12 mars
si proches”. » au 7 janvier 2024. palazzograssi.it

72● pRopoS ReCueILLIS pAR Lætitia CÉnaC

maxemoi.com
Madamenews

18.
.
La voix du silence

.
elle a brisé l’oMerta. En octobre 2021, en pleine vague #MeToo, la championne de patinage

19 20
artistique Sarah Abitbol publiait son témoignage Un si long silence (Éd. Plon). Depuis, elle poursuit son combat de sensibilisation
aux violences sexuelles dans le sport, avec son association La Voix de Sarah *. Son dernier projet, l’exposition Cri d’alerte,
présente à l’Insep vingt photos de Tom Bartowicz (ci-dessus). En tournée avec Holiday on Ice, Sarah Abitbol poursuit le combat. ● C. K.
* lavoixdesarah.org

Féline
Dior rend hommage
Ce soir, à Mitzah Bricard,
on dîne dans l’excentrique muse
du créateur, avec une
le métavers collection make-up très
Mangeriez-vous virtuel ? Depuis que le griffée qui comprend,
chef étoilé indien Vikas Khanna a lancé l’été dernier Sacred
Foods of India, le premier livre de recettes sous forme de NFT
entre autres, une palette
(non-fungible token ), différentes offres culinaires voient le
jour sur le métavers. Le projet le plus attendu des adeptes
yeux dix couleurs et un
de cryptomonnaies ? Le restaurant Flyfish Club, à New fond de teint cushion. M. Lo.
York, qui s’apprête à accueillir une clientèle triée sur le Collection Mitzah, Dior, à partir de 31 €.
photos tom Bartowicz et s. p.

volet pouvant uniquement pousser les portes du lieu via

une adhésion NFT. Sur place, il faudra payer en dollars,
mais seuls les détenteurs du fameux jeton virtuel nominatif
pourront entrer chez Flyfish. Plus de 14 millions de dollars
auraient déjà été investis dans le métavers par les futurs
clients pour rejoindre la table du restaurant ou simplement
prendre un verre au cocktail Lounge du club. ● M. R.

74●
6, ROND-POINT DES CHAMPS-ÉLYSÉES PARIS VIII
E
Madamenews
21.
La famille César
le rendez-vous du cinéma français
poursuit sa mue. pour la première fois,
un réalisateur est aux commandes
de la soirée : éric lartigau.
Une première aUx Césars :
la Cérémonie sera Coprésentée cette année par
une dizaine de personnalités – dont Jamel Debbouze, Leïla Bekhti,
Emmanuelle Devos, Alex Lutz, Raphaël Personnaz – qui se
relaieront sur la scène de l’Olympia, le 24 février. Pour mettre
en scène cette joyeuse troupe et orchestrer cette soirée présidée
par Tahar Rahim, l’Académie des César, en partenariat avec
Canal+, a fait appel à Éric Lartigau, le réalisateur de La Famille Bélier.
MadaMe Figaro. – Quelle a été votre réaction quand
on vous a proposé d’orchestrer la cérémonie des Césars ?
eriC Lartigau. – J’étais dans le bureau de Maxime Saada
(le directeur général du Groupe Canal+, NDLR) et son
enthousiasme m’a fait accepter la proposition instantanément.
Ce n’est qu’en sortant que j’ai réalisé le travail qui m’attendait !
en quoi consiste votre rôle ?
En tant que directeur artistique de la soirée, mon rôle
est de coordonner la musique, les décors, les textes et les sketchs
des présentateurs. Nos envies pour cette 48e édition ?
Faire régner l’esprit d’équipe et la bonne humeur. Pour cela,
nous allons essayer de nous élever, d’être élégants, libres,
curieux, pétillants et de surprendre le public avec de beaux
moments de cinéma, comme la remise du César d’honneur
à David Fincher par Virginie Efira.
avez-vous sélectionné vous-même le groupe de présentateurs ?
Cela a été un travail collectif. Au final, nous sommes très
heureux que ces acteurs, actrices et humoristes aient accepté de
présenter la cérémonie : la tâche en impressionne plus d’un ! Ce
groupe hétéroclite représente ce que je défends depuis toujours
76● par Marion Géliot
Éric Lartigau,
réalisateur
de La Famille Bélier,
directeur artistique
de la cérémonie
des Césars 2023.
dans mon cinéma et comme spectateur : la
diversité des genres. J’aime autant les drames
que les comédies ou les comédies romantiques.
Il faut arrêter de cloisonner les genres de
cinéma : tous ont leur place au sein de cet art.
Quel est votre regard sur la mutation des Césars ?
La totale parité au sein de l’Académie
était évidemment importante ; il était temps
que tout le monde soit représenté. Après,
les films primeront toujours pour moi, qu’ils
soient réalisés par un homme ou une femme.
Quels sont vos plus grands souvenirs des Césars ?
Le César remis à Annie Girardot
en 1996. Je l’avais croisée dans la rue l’après-
midi même, elle m’avait semblé très
fragile derrière ses grandes lunettes, toute
recroquevillée sur elle-même. La voir ensuite
sur la scène des Césars et entendre son discours
poignant (« Je ne sais pas si j’ai manqué
au cinéma français, mais, à moi, le cinéma
français a manqué. Follement, éperdument,
douloureusement ») m’avait déchiré.
J’étais en larmes.
Qu’avez-vous ressenti lorsque Louane,
l’actrice de votre film La Famille Bélier a reçu
photo Federico pestellini/panoramic
le César du meilleur espoir féminin ?
C’était un moment suspendu. J’étais très
heureux pour elle, car c’est une récompense
ultime. Le César du meilleur espoir est l’un des
plus beaux, il incarne le devenir du cinéma. ●
La 48e cérémonie des Césars aura lieu le 24 février
à l’Olympia, à Paris, et sera diffusée à 20 h 45 en clair et en direct
sur Canal+. Eric Lartigau a réalisé « Cet été-là », avec Marina Foïs,
Chiara Mastroianni, Gael García Bernal… Actuellement en salle.
●77
 22.
Madamenews

La ballerine
à la pointe
Iconique puis délaissée, la voici, Le mythe BB était né. Et la ballerine faisait
réinventée, qui repart du bon pied. son entrée dans l’histoire de la mode.
Plus désirable que jamais. Depuis, ce soulier a inspiré de nombreux
créateurs qui y ont apporté leur touche
signature, de la bicolore de Chanel à la
Confortablement installée dans déclinaison irisée de Lanvin ou la cloutée de
un fauteuil en Cuir extramoelleux d’un jet privé, la Christian Louboutin. « En 2023, la ballerine est
mannequin américaine Bella Hadid postait, cet automne, sur son plus mode que jamais, atteste Graziella Dubief.
compte Instagram (aux 57 millions d’abonnés) plusieurs photos Moins girly, plus street, elle s’amuse avec des
d’elle, les pieds glissés dans une paire de ballerines Miu Miu. jeux de couleurs et matières (comme des cuirs
Quelques heures seulement après la publication, et d’après des plissés), des détails bijoux, des strass ou des
données publiées par le groupe de vente de vêtements en ligne logos sur les élastiques. Et elle est aussi très
britannique Boohoo, l’intérêt de recherche pour les jolis souliers intéressante d’un point de vue commercial.
de la griffe italienne de Miuccia Prada a bondi de + 614 %, tandis Pratique et accessible (surtout par rapport au
que les clics pour l’ensemble des petits chaussons plats de ballet prix d’escarpins), elle est devenue le support
ont explosé de + 742 % au niveau mondial. Mais comment d’expression parfait pour la jeune génération. »
expliquer aujourd’hui un tel regain de hype pour le soulier Chaussée Féminiser un look casual, décontracter un
du modèle
mythique des petits rats de l’Opéra ? « Son élastique sur le coup Cendrillon tailleur chic ou dédramatiser une robe de bal :
de pied, qui lui donne un côté sportswear, associé à la délicatesse de Repetto, la ballerine est l’alliée idéale pour twister tous
du satin, du plissé et des petits nœuds lui confèrent une double créé pour elle, les looks, que ce soit pour aller au bureau,
Brigitte Bardot
casquette mode parfaitement dans l’air du temps, décrypte à Cannes,
sortir le soir ou chiller le week-end. « Elle me
Graziella Dubief, directrice de l’offre et achat chaussure aux en 1956. fait penser au mocassin, très en vogue en ce
Galeries Lafayette. Elle est moment, remarque
l’alliance parfaite de la force Graziella Dubief. Caché
et de la féminité, du confort derrière son allure sage
et du style. » et classique, le chausson
Imaginée au milieu du XVIe siècle de danse est en fait très
pour les aristocrates de la fort pour casser les
Renaissance (dans un modèle à codes. » Même Jennifer
bout pointu), la ballerine a ensuite Lopez, pourtant accro
disparu des salons pendant aux vertigineuses
plusieurs siècles, pour ressusciter sandales à plateformes,
en chausson de danse à bouts a succombé à l’appel
ronds, au XXe siècle. Mais ces de la délicate platitude.
derniers se sont véritablement En juillet dernier, en
imposés sur la scène mode dans pleine lune de miel,
les années 1950, avec Repetto. l’épouse de Ben Affleck
Modèle référence pour la marque a été aperçue à Paris dans
française, la ballerine est devenue une robe-chemise bleue
culte aux pieds de Brigitte Bardot : Alexander McQueen
photo Edward Quinn

personne n’a oublié le modèle et une paire de Repetto

rouge carmin, Cendrillon, que végane de couleur nude
l’actrice arborait dans Et Dieu ... aux pieds. Un petit
créa la femme, le film signé moment de grâce pour
Roger Vadim, sorti en 1956. la diva du R’n’B. ●

78● par ClémenCe Pouget

 23.
Madamenews

l’histoire
de… Hedy Lamarr
Hedy Lamarr est La pLus beLLe
femme du monde. Dans les années 1930, cette assertion
Derrière l’actrice
du réalisateur Max Reinhardt fait l’unanimité. En revanche,
star (ici dans
qui sait que cette beauté est aussi un génie au QI proche de celui Ziegfeld Girl)
d’Einstein ? C’est vrai qu’il est parfois difficile de l’écouter tant se cachait une
son physique subjugue : visage à l’ovale parfait, grands yeux inventrice
passionnée
clairs, teint de porcelaine, bouche aux courbes sensuelles, et talentueuse.
cheveux noirs animés de boucles légères… Voilà la Vénus
qui aurait inspiré le visage de
Blanche-Neige à Walt Disney.
La Viennoise, née en 1914 Hedwig Des studios de Hollywood
Eva Maria Kiesler, a rejoint le aux coulisses de l’armée,
firmament des stars en 1932 grâce
à son rôle dans le film Extase, du l’actrice autrichienne
Tchèque Gustave Machaty. Dans fut une pionnière,
ce film (variation sur le thème à l’écran comme dans la tech.
de Lady Chatterley), le public
découvre le premier nu féminin sur
un destin hors du commun.
grand écran. Le réalisateur a même
capté le visage pâmé de son héroïne dans une scène où elle jouit et George Antheil conceptualisent ainsi
pour la première fois. Le film est un succès autant qu’un scandale. un principe de transmission fondamental
En 1933, l’actrice épouse Friedrich Mandl, un marchand d’armes en télécommunication : l’étalement
qui compte dans sa clientèle Mussolini et Hitler. Réduite au statut du spectre par saut de fréquence.
de femme trophée par son époux, elle écoute les discussions L’armée accepte de recevoir
des fascistes sur les performances des missiles, avant de quitter Le duo de saLtimbanques,
son mari et de gagner l’Angleterre où Louis B. Mayer, l’un des mais elle ne les prend pas au sérieux… Enfin,
fondateurs de la Metro-Goldwyn-Mayer, recrute des artistes qui du moins pas avant la crise des missiles de Cuba
fuient la montée du nazisme. Elle négocie un contrat de sept ans en 1962 ! Dès les années 1980, leur invention
et relance sa carrière. Mais la jeune Autrichienne déchante vite. permettra le développement du GPS, du wifi et
Avec son fort accent et sa plastique de rêve, elle est cantonnée du Bluetooth. Comme Antheil décède en 1959,
aux rôles de « beauté exotique », incapable de concurrencer les Hedy Lamarr reste seule, auréolée
talents made in USA comme Judy Garland, avec qui elle partage du prestige de leur création. En 1997, à 83 ans,
l’affiche de Ziegfeld Girl : Hedy ne sait ni chanter ni danser. elle reçoit le prix de l’Electronic Frontier
Lorsque Les états-unis s’engagent Foundation. Aujourd’hui, l’incarnation de la
photos DonalDson ColleCtion/Getty imaGes et D. r.

dans La seconde guerre mondiaLe après
l’attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, l’actrice se met
en tête d’inventer une arme capable de faire gagner la guerre
à son pays d’adoption. Elle se souvient des conversations de
son ex-mari. Sait que les missiles de l’US Navy sont facilement
traçables par les U-Boote allemands, car ils communiquent
avec leur expéditeur sur une onde radio. Avec l’aide de son ami
le compositeur avant-gardiste George Antheil, Hedy imagine
des missiles dotés d’un autre système de transmission des
données, où seuls le missile et son expéditeur connaîtraient la
suite de fréquences utilisées. Pour les U-Boote, ces changements
auraient l’air aléatoire, aussi leur deviendrait-il impossible
de suivre la progression des engins américains. Hedy Lamarr
vénéneuse Dalila dans l’inoubliable péplum
de Cecil B. DeMille est devenue la madone
fatale des geeks. Et la sainte mère du wifi. ●
À voir aussi : le documentaire américain d’Alexandra Dean,
« Hedy Lamarr: From Extase to Wifi », sur urbandistribution.fr
Retrouvez Virginie Girod dans
le podcast Au cœur de l’Histoire,
d’Europe 1 Studio, sur votre
plateforme d’écoute préférée.

80● par Virginie girod, DoCteure en histoire

●81
 25.
Madamenews madamenews

La reine
du désert

.
Redessinée en 1967 paR Yves saint LauRent,
Renée Zellweger L’iconique sahaRienne (cLassique féminin
dans Bridget empRunté à La gaRde-Robe mascuLine) est
Jones : l’âge de
raison (2004). aujouRd’hui Réinventée paR La maison iKKs.

2
cette veste utiLitaiRe, aux muLtipLes

Suites poches à souffLet, se décLine en un vestiaiRe

compLet pouR habiLLeR Les tRibus modeRnes.

sans fin Robe KaKi, combinaison sabLe, paRKa beige...

Loin de L’héRitage miLitaiRe et safaRi de La

.
sahaRienne, cette coLLection confectionnée
Top Gun :
Maverick, avaTar : dans un coton bio teinté à L’aRgiLe, au LooK
La voie de L’eau, Black RésoLument minéRaL, aRboRe des messages
Panther, Jurassic World, The Batman, Les Minions et Le Chat Potté d’unité et des Logos peace & love. C. K.
côté animation… En 2022, les dix premières places du box- ikks.com

26
office France sont occupées par des suites ou remakes.
Après avoir peiné à retrouver le chemin des salles depuis
les confinements, et conscient qu’il est désormais aisé de
consommer des films à moindre coût, le public semble
aujourd’hui miser sur les valeurs sûres, le cinéma doudou,
les héros cultes. Il n’en fallait pas moins pour que
Hollywood prenne le pli et fasse renaître de leurs cendres
quelques personnages iconiques. Sont déjà annoncés un
quatrième Bridget Jones, la suite de Gladiator (vingt ans après)
et de The Holiday (avec le casting d’origine), un remake
de Ghost avec Channing Tatum qui reprend le rôle de
Patrick Swayze, et l’adaptation en comédie musicale
#Undefinebeauty
de Thelma et Louise par Amanda Seyfried et Evan Rachel C’est quoi la beauté ? Mystère,
Wood. « Le cinéma est à la fois une mais en tout cas, la définition
Tom Cruise madeleine de Proust et une affaire
des dictionnaires déplaît à Coty,
studio canal/miramax/everett/aurimaGes et s. p.

dans
photos scott Garfield/paramount, universal/

de transmission. Quand on a aimé

Top Gun :
un film, on veut le partager avec
Maverick.
ses enfants ou replonger dans ses
souvenirs, explique le journaliste
Mehdi Omaïs (@MehdiOmais). Mais il
y a un danger de formatage, avec cette
tendance qui, pour le marketing ou
le scénario, ne requiert qu’un effort
minimum. À long terme, cela pourrait
altérer davantage la curiosité du public
pour d’autres récits qui, par ailleurs,
peineront aussi à voir le jour. » ● M. Le.
l’un des plus grands groupes
de cosmétiques. Il lance donc la
pétition en ligne #undefinebeauty
sur la plateforme change.org
pour en proposer une plus
conforme aux valeurs de la
société actuelle, notamment
en supprimant l’âgisme
et le sexisme des exemples. M. Lo.

82●
●83
27.
Madamenews

Devant l’objectif
de Jean-Baptiste
Mondino, la top-
modèle Kristen
McMenamy dans
un ensemble
Thierry Mugler
haute couture
printemps-été
1997, collection
Les Insectes.

1997, l’année qui a changé

la mode
Quel est le point commun système économique mondialisé… Les défilés deviennent
entre AlexAnder mcQueen, le concept-store de vrais shows, et c’est l’émergence de la “couture
Colette et Martin Margiela ? L’année 1997, évidemment. spectacle” ». De nombreux designers, notamment Raf
Photo Jean-BaPtiste Mondino Pour vogue Paris

À la fois rupture et promesse, cette année-là porte en germe
les révolutions stylistiques et business qui vont marquer
le tournant du siècle mode. C’est en tout cas la thèse portée
par 1997 Fashion Big Bang *, réjouissante exposition au Palais
Galliera, à Paris, qui rassemble prêts de collectionneurs
et de maisons de mode, et documents d’archive inédits.
Pour Alexandre Samson, conservateur au département
création contemporaine au musée, « 1997 est un jalon. C’est
notamment le moment où l’on voit arriver John Galliano,
chez Dior, McQueen chez Givenchy ou Marc Jacobs chez
Vuitton. On entrevoit la composition d’un échiquier tactique
dans les grands groupes, notamment LVMH, la création d’un
Simmons (son premier défilé), Martin Margiela (la collection
Stockman), Thierry Mugler (la collection Les Insectes,
photo) ou Hedi Slimane (pour Dior Homme), marquent
les esprits avec des défilés emblématiques devenus des
références absolues. On voit aussi l’ouverture du concept-
store parisien Colette, qui innove en mixant objets high-tech,
sneakers branchées, beauté et mode ultrapointue. Un grand
bain vivifiant de nouveautés et d’enthousiasme, assombri
néanmoins par l’assassinat cette année-là de Gianni Versace.
1997, un grand chambardement fashion à découvrir d’urgence,
ne serait-ce, que pour rajeunir de vingt-cinq ans… ● S. p.
* Du 7 mars au 16 juillet, au Palais Galliera, à Paris. palaisgalliera.paris.fr

84● Par Ségolène Wacrenier avec marion dupuiS, JuStine Feutry, camille Kura, marilyne letertre,
marion louiS, marie paSquier, Séverine pierron, clémence pouget, margaux rouche et valérie de Saint-pierre
Newsstyle

à fleurs
de peau

De haut en bas. Sac Mini

Polo ID, brodé de perles,
Polo Ralph Lauren,
599 €. Sac Concerto, en
veau embossé, Lanvin,
1 790 €. Sac V Loco,
en cuir brodé,
Valentino Garavani,
prix sur demande.

88● photo florent tanet / réalisation mathilde camps

●89
Newsstyle

Haley Lu Richardson,
Jennifer Coolidge
et (de dos) Sabrina
Impacciatore,
dansThe White
Lotus 2, sur OCS.
DSquared

une série,
la saison 2 de the white lotus fait des émules jusque dans nos dressings.

un style
photos s.p.

1. Lunettes de soleil, H & M, 59,99 €. 2. Bandana AMI, 95 €. 3. Crop top en laine, Kenzo, prix sur demande. 4. Robe imprimée, Dolce & Gabbana sur
Mytheresa.com, 1 450 €. 5. Maillot Novia, Etam, 49,99 €. 6. Sac Nuance Multicolore, en cristaux, Vanina, 572 €. 7. Sandales en cuir, Celine par Hedi Slimane,
770 €. 8. Jupe IRO, 295 €. 9. Débardeur en laine, Ganni, 195 €. 10. Basket technique, Philippe Model, 340 €. 11. Bob Daisy, Comptoir des Cotonniers, 45 €.
12. Sac filet en raphia, Vanessa Bruno, 250 €. 13. Boucles d’oreilles Richie, Justine Clenquet, 60 €.

90● Réalisation Cylia Bousquet

Newsstyle

Ci-dessous,
la version street 2023. Parce que
Matthieu Blazy, directeur
artistique de Bottega Veneta, en a fait
l’une des pièces féminines les plus
désirables de la saison. Comment ?
En évitant le tube un peu usé du sillon
grunge ou du hipster connecté,
il l’a proposée en surchemise, portée
tout simplement sur un débardeur blanc
et avec un beau jean loose. Un esprit
chemise de bûcheron plus sophistiqué
qu’il n’y paraît, à arborer non plus l’hiver,
mais tout l’été sur un mode décalé.
Comment la porter en 2023 ?
La chemise à carreaux, c’est la nouvelle
veste au bureau. Alors, on la porte
ouverte, évidemment, et superposée

bottega veneta
sur un top blanc, avec un pantalon

La chemise
noir dans un esprit chic décontracté.
Le week-end, jean et sandales de moine
lui iront aussi parfaitement au teint. ●

à carreaux
Pourquoi on l’aime ?
lunettes
1. Lunettes solaires
Rodeo, en acétate,
By Far, 220 €.
2. Lunettes solaires en
acétate, Rendel, 89 €.
3. Lunettes solaires en
acétate, Lanvin, 229 €.

chemises
4. Chemise en coton,
Mango, 49,99 €.
5. Chemise en laine
mélangée,
Sessùn, 225 €.
6. Chemise en coton,
IRO, 445 €.

sandales
7. Sandale en cuir,
Dr. Martens
photos imaxtRee et s. p.

sur Sarenza, 169 €.

8. Sandale Fisherman,
en cuir, Marni, 695 €.
9. Sandale Delaney
Fisherman, en cuir,
Free People, 168 €.

92● texte Marion Dupuis / Réalisation sasha Cantrelle

Rue Saint-Honoré
theory.com
Newsstyle

hisser montures pop

et gemmes
gourmandes,
le bon mix des
beaux jours.

mise en beauté magali Piloux. manuCure andréa barbet. tee-shirt eriC bomPard.

la couleur
1. Lunettes Fausto, Tom Ford, 432, 64 €, ensemble
de bagues Petit Visage d’Amour et Soleil d’hiver, en or
jaune, or blanc, citrine, diamants, topaze et améthyste,
795 € et 495 €, Mauboussin. 2. Lunettes Afflelou, 29 €,
ensemble de bagues Filles Antik, en or rose, quartz,
diamants, topaze, de 2 450 € à 3 700 €, bagues Indrani, en or jaune, quartz, prasiolite, 3 700 € l’une, Poiray.
3. Lunettes Paul & Joe Eyewear, 187 €, ensemble de bagues Boho, en or jaune, diamants, turquoise, opale,
aigue-marine, quartz, et bague Snakes, en or jaune, diamants et turquoise, de 9 400 € à 18 300 €, Ole Lynggaard
Copenhagen. 4. Lunettes Iconik Flare, Acuitis, 110 €, ensemble de bague émaillées Gemma,
en or rose, tourmalines, aigue-marine et diamants, de 4 140 € à 15 180 €, Selim Mouzannar.

94● Photos Vincent thomas / réalisation alexandra tesson / modèle ilona @ City models
 L A PLUS
GR ANDE
HISTOIRE
JAMAIS
POR TÉE
RE T ROU V E Z- NO US S U R L E V I . C O M
E T S UR L'A PPL I C AT I O N L E V I ’ S ®

Découvrez l'histoire d’une cargaison contenir. Mais pour toute la cargaison

très précieuse, de bateau x de p êche
naviguant vers les États-Unis dans les
années 1970 et retournant à Kingston
avec des tonneaux remplis de blue-jeans.
Car oui, le jean 501® arriva sur l’île de
la Jamaïque, caché parmi des disques de
rock, des westerns et toute la culture
pop américaine qu’un tonneau pouvait
importée par ces bateaux, les Jamaïcains
réexportèrent leur style et leur culture
dans le reste du monde. Une révolution
qui eut un retentissement des pistes
de dancehall aux quatre coins de la
planète. Découvrez l'île qui a joué un
rôle décisif dans la plus grande histoire
jamais portée.

150 e ANNIVERSAIRE DU LE VI’S ® 501®

●95
Newsstyle

Arguments joyeusement graphiques, ils vont ponctuer la saison.

de pois

1. Pochette Métis, en toile Monogram, avec imprimé Painted Dots, Louis Vuitton × Yayoi Kusama, 2 470 €. 2. Blouson en denim, Levis Made & Crafted, 275 €.
3. Casquette Botter aux Galeries Lafayette, 215 €. 4. Basket Comme des garçons Play sur Ssense.com, 150 €. 5. Ceinture en cuir, By Far, 220 €.
Photos s. P.

6. Lunettes de soleil, Polo Ralph Lauren, 125 €. 7. Boucles d’oreilles en laiton, Forte Forte, 175 €. 8. Bandana, Call it By Your Name, 85 €. 9. Chouchou en Re-Nylon,
Prada, 290 €. 10. Maillot Johanna Ortiz sur Mytheresa.com, 250 €. 11. Chaussettes Socksss, 27,99 €. 12. Étui téléphone Roseau, en cuir de veau, Longchamp,
140 €. 13. Chemise imprimée, Pinko sur Yoox.com, 137 €. 14. Short Saint Laurent sur Mytheresa.com, 990 €. 15. Sandales en cuir, Emporio Armani, 290 €.

96● Réalisation Mathilde CaMps

chemise 95€
doudoune PLUME 125€
jupe 125€

●97
Newsstyle

Sac Peekaboo, en cuir et métal, Fendi, 4 000 €. Sac Maddie, en patchwork de cuir, Nat & Nin, 279 €. Sac Moon, en cuir nappa, Prada, 1 950 €.

Sacs en
verts libres

Cabas en cuir végétal, MSGM, 225 €. Sac Munchkin, en cuir lisse, RSVP, 520 €. Sac perlé en cuir intrecciato, Bottega Veneta sur Matchesfashion, 3 500 €.

Photos s. P.

Minicabas Woody Pop Green, en cuir, Chloé, 1 150 €. Sac Luna, en cuir et veau velours, Hereu, 370 €. Sac Adèle, en matière grainée, Bocage, 60 €.

98● Réalisation CapuCine Terrin


v
Newsbeauté
VISIONNAIRE. Retour en 1985.
Jacques Courtin, le fondateur
de Clarins, rêve du meilleur
soin au monde pour cibler
tous les signes de l’âge avec
les actifs les plus puissants.
Challenge : certains n’aiment
que l’eau, d’autres que l’huile.
S
Synergie. C’est en observant
la pluie glisser sur les plumes
d’un canard que la solution
surgit : une formule dans deux
flacons séparés, devenus peu
p
à peu deux compartiments
imbriqués dans
Le soin
un flacon pompe.
Dedans, 21 actifs
qui fusionnent à
fleur de peau.
Toujours en évolution, le Double Sérum
Clarins en est à sa huitième génération.
Et nous déride sans prendre une ride.
puissance 2
PUISSANT. Hydrater, nourrir,
régénérer, oxygéner, protéger… Depuis
le début, le Double Sérum agit sur
les cinq fonctions vitales de la peau,
mais la recette n’a cessé de s’améliorer
au fil des ans. Aujourd’hui, il contient
21 extraits de plantes, dont 14 bios
ou issus de plantes bios. Dernier arrivé
dans la task force : le curcuma, qui
favorise la communication cellulaire.
100●
a
ALLÉGÉ. Peau lissée, raffermie,
teint éclatant… Non seulement
ce soin star a reçu 394 prix
de beauté, mais nombre de nos
lectrices (et collègues) en
sont fans. Comme il s’adapte
non-stop, il propose désormais
e
une texture plus légère pour les
peaux jeunes mixtes à grasses,
les hommes, les climats chauds.
L’action anti-âge est la même,
mais avec un effet peau
nue et une action sur les pores.
ÉTHIQUE. Le fameux flacon
rouge passe lui aussi peu à peu
au vert. Éco pensé avec 35 %
de matériaux recyclés et un QR
code en guise de notice, il n’en
reste pas moins une prouesse
technologique. Grâce à son
bouton à système
rotatif, il délivre la
juste dose efficace
de produit. Pas
de gaspillage !
O
OSmOSE. Le Double Sérum s’applique seul
ou sous une crème, selon ses besoins et ses envies.
On peut aussi faire coup double en utilisant
la formule classique, plus enveloppante, le soir,
et le nouveau Double Sérum Light Texture le matin.
Si on en mélange quelques gouttes à son fond
de teint ou à son correcteur, l’effet sera encore plus
naturel et le confort redoublé. Enfin, Double Sérum
photo S. p.
Eye s’occupe vaillamment des regards fatigués.
Double Sérum Light Texture, 129 €. À partir du 6 mars.
par Marion Louis
LE GRAND M AGAS I N
DE TOUS

ENJOY* SUR GALERIESLAFAYETTE.COM

552 116 329 RCS PARIS * À DÉCOUVRIR

●101
 c
Madameculture

u
l
T
Laura Dern
Dans son
Je me presse de nouveau film, Un Beau
de la Matin,
u
r
Dans The
rire de tout, deSon, deuxième opus trilogie
la réalisatrice s’inspire de son
de Florian Zeller adaptée au cinéma,
peur d’être
l’actrice
obligé d’en joue un rôle à sa mesure. histoire
familiale pour aborder la fin de vie.

Mère veilleuse
pleurer

e
Mythe lynchien depuis Blue VelVet et Sailor
et lula, icône de la pop culture depuis Jurassic Park, avocate
photo RAMoNA RoSALES/AuguSt

rageuse dans Marriage Story, avec un Oscar à la clé, ou femme d’affaires

fière de son succès dans la série Big Little Lies, Laura Dern a campé bien des
personnages inoubliables. Le cinéaste et dramaturge Florian Zeller lui en
offre un nouveau dans The Son, son second film adapté en anglais, comme
The Father, d’un volet de sa trilogie familiale qui avait triomphé au théâtre.
L’actrice américaine y interprète la mère d’un adolescent suicidaire
qui, avec son ex-mari (épatant Hugh Jackman), tente de trouver des
solutions. Une partition intense pour une comédienne passionnante.

●103
pAR Marilyne letertre
Madameculture
mAdAme fiGAro. – rAContez-nous votre renContre
AveC floriAn zeller...
lAurA dern. – Quand je lui ai parlé pour la première
fois, par écran interposé, tout me semblait si facile, familier.
Florian est un poète, un artiste au sens noble du terme, qui
vous questionne sur votre travail, vos émotions, votre vie,
et pas sur le show-business. Il écrit par ailleurs des histoires
universelles. La scène dans laquelle mon personnage et
son ex-mari parlent de leur fils au restaurant et évoquent
leur amour passé est l’une des plus belles que j’ai jamais
lues sur l’amour, le mariage, le sentiment d’abandon.
Quiconque a un jour perdu l’amour pourra s’y reconnaître.
vous identifiez-vous justement à votre personnAGe ?
La parentalité conjointe avec un ex, l’envie de vouloir
bien faire malgré le divorce, est quelque chose que beaucoup
d’entre nous connaissent, moi y
compris (elle a eu deux enfants avec
le chanteur Ben Harper, NDLR).
En tant que mère, même si je n’ai pas
vécu les situations du film, je
comprends aussi le désespoir,
la terreur et le crève-cœur face à
l’impossibilité de soulager
son enfant de ses souffrances.
impuissAnt et épuisé,
votre personnAGe est soulAGé
pAr le dépArt de son fils… Hugh Jackman et George Cobell dans The Son, de Florian Zeller.
Les injonctions faites aux
femmes, y compris en matière de maternité, sont
nombreuses et il faut beaucoup de courage pour admettre
qu’on n’a pas les réponses, que, peut-être, pour sauver son
enfant, il faut le laisser partir. C’est d’autant plus difficile de
lutter quand il s’agit de santé mentale. Les parents ont
tendance à se blâmer, à penser que leur éducation ou leur
divorce sont les seuls responsables du mal-être de l’enfant.
Sans doute est-ce une façon de garder le contrôle car, s’ils ne
sont pas coupables, si personne ne l’est, comment faire face ?
votre CArrière est jAlonnée de personnAGes
qui refusent de se soumettre Aux diktAts. Comment
l’expliquez-vous ?
Je recherche des rôles de femmes dont les voix méritent
d’être entendues, parce qu’on ne leur a jamais donné la
parole, parce qu’elles sont marginalisées dans des boys’clubs
en raison de leur indépendance, de leur ambition, de leurs
failles… J’ai toujours refusé de jouer les faire-valoir, peut-
être parce que je suis fille d’acteurs (Diane Ladd et Bruce
Dern, NDLR) et filleule d’actrice (Shelley Winters, NDLR).
Enfant, j’accompagnais mes parents sur les tournages et,
sans en avoir conscience, je me suis construite en observant
le cinéma des années 1970, libre et audacieux, en me
baladant sur les plateaux de Sydney Pollack, Martin
Scorsese, Alfred Hitchcock… Et ensuite, j’ai vécu un miracle.
104●
C’est-à-dire ?
J’ai passé des castings très jeune, mais mes deux
premières expériences d’actrice, à 11 et 16 ans, je les ai vécues
avec Adrian Lyne et Peter Bogdanovich. À 17 ans, je rencontrais
mon ami et mentor David Lynch, qui m’engageait pour
Blue Velvet. De quels meilleurs professeurs pouvais-je rêver ?
David m’a appris à repousser les limites, m’a embarquée
dans des mondes où la comédie et le trauma peuvent
cohabiter, m’a fait comprendre que l’on pouvait être vrai
dans un univers totalement fou. J’ai été choisie par un
cinéaste qui a construit son œuvre sur la transgression, sur
la volonté de déplacer les curseurs. Cela a tracé mon chemin.
Avez-vous des projets ensemble ?
Tant que David créera, je serai là, même pour tenir
un micro ou jouer les quatrièmes rôles.
vous évoquiez les boys’ clubs. le CinémA en est-il un ?
Je l’ai découvert en devenant productrice mais, comme
actrice, j’ai pu évoluer sans m’en soucier grâce à ma famille
de cinéma. J’ai aussi eu la chance
de faire partie d’un girls’ club : j’ai
surtout été élevée par des femmes
et je vis entourée d’amies du métier
et de musiciennes rencontrées
quand je vivais avec le père de mes
enfants. Les sœurs que je me suis
choisies ont une place à part dans
ma vie. C’est aussi ce qu’a vécu ma
mère, fille unique et actrice à 16 ans,
photos Laurent Le CraBe/KazaK produCtions/FranCe 2 Cinéma, Guy Ferrandis/Le Bureau FiLms et s. p.
comme moi. On a écrit un livre
de conversations qui raconte cela,
il sortira pour la Fête des mères.
Comment Ce livre est-il né ?
Ma mère est tombée très malade après une exposition
prolongée aux pesticides et les médecins lui ont conseillé de
marcher pour reconstruire ses poumons. Je l’accompagnais
et on parlait de sa carrière, son enfance, ses influences :
Simone Signoret a toujours été son actrice préférée…
J’ai enregistré ces discussions quand j’ai compris que je ne
les avais jamais eues avant d’avoir eu peur de la perdre.
votre mère vous A donné une éduCAtion féministe ?
Le féminisme est un concept intéressant. En France, vous
n’avez pas besoin du mot, comme nous. Quand Audrey Diwan
réalise L’Événement, film fabuleux, essentiel, elle raconte votre
passé. Pour nous, c’est le présent, car des jeunes filles avortent
chaque jour clandestinement. Si un réalisateur américain
avait fait ce film, il aurait eu des difficultés à trouver l’argent
et n’aurait été projeté que dans quelques salles. C’est tragique.
Et si une femme l’avait réalisé à Hollywood, le film aurait été
étiqueté « féministe ». Mais, chez vous, il est « simplement »
perçu comme un grand film sur une jeune fille qui veut choisir
son destin avant que le monde civilisé ne se réveille. Ce qui,
hélas, n’est jamais vraiment arrivé aux États-Unis. ●
« The Son », de Florian Zeller, avec Laura Dern, Hugh Jackman, Anthony Hopkins…
 Madameculture

Isabelle Huppert dans

La Syndicaliste,
de Jean-Paul Salomé.
L’histoire
IMMANQUABLE●

En 2012,
vraie d’une lanceuse
MaurEEn KEarnEy
Est profEssEurE
D’ALERTE
d’anglais et déléguée
CFDT chez Areva. Alors que sa direction change, Luc Oursel
remplaçant Anne Lauvergeon, elle découvre l’existence d’un
contrat secret entre la filière du nucléaire français et la Chine,
qui pourrait compromettre les emplois. Devenue gênante
après avoir alerté la presse et le gouvernement, elle est un
jour agressée : un homme la ligote, lui grave un A sur le
ventre au couteau et lui enfonce le manche de l’arme dans le
vagin. Ce ne sera que le début du cauchemar pour Maureen,
passant vite de victime à coupable : sa parole, tant sur
l’agression que sur les contrats,
sera mise en doute. C’est cette
histoire vraie que relate Jean-
Paul Salomé dans La Syndicaliste,
thriller social qui, en filigrane, raconte la misogynie de la
société, le pouvoir qui pervertit et les magouilles au plus haut
niveau. Mais à travers ce personnage dignement incarné
par Isabelle Huppert, il rend aussi et surtout hommage au
courage d’une citoyenne ordinaire, humiliée et torturée pour
avoir voulu faire ce qui était juste et qui ne connaît toujours pas
les commanditaires de son agression. Captivant et édifiant. ● M. L.
« La Syndicaliste », de Jean-Paul Salomé, avec Isabelle Huppert,
Yvan Attal, Marina Foïs, Grégory Gadebois, Pierre Deladonchamps…

Sauvée
CINÉMA● La Goutte-
ZOOM SUR●

des eaux d’Or vue par

la légEndE
pErdurE dans un
Clément
pEtit villagE du sud-
est de l’Espagne : après les
Cogitore Karim Leklou dans
Luna Pamies et Bárbara le film Goutte d’or.
inondations, certaines
Lennie dans El Agua.
femmes disparaîtraient, l’eau
dans Goutte d’or,
les entraînant à jamais dans les tréfonds et l’oubli. L’artiste et réalisateur dresse le
Pourtant, malgré une tempête imminente et les récits portrait d’un médium charlatan
de la communauté, Ana ne veut pas céder à la peur.
aux magouilles mises à mal par
Elle veut vivre, danser, aimer dans ce film de
contrastes où le surnaturel et la menace se heurtent au des mineurs isolés étrangers
quotidien et à l’insouciance de la jeunesse. Portant ce à Barbès. Hypnotique, ce polar
conte sur l’émancipation des femmes victimes de urbain et social évite l’écueil
prédictions macabres et sexistes, la jeune comédienne
Luna Pamies est renversante. ● M. L.
de juger ses personnages. ● M. L.
« El Agua », d’Elena Lopez Riera, avec Luna Pamies, Bárbara Lennie… « Goutte d’or », de Clément Cogitore, avec Karim Leklou, Malik Zidi…

●105
Madameculture

Your Honor
série●

Le grand retour
Attention spoiler. Deux Ans
Après lA fin De lA sAison 1, Your Honor revient
sur Canal+ avec une suite sombre et intense. Dans le premier
volet de la série, qui avait battu des records d’audience
aux États-Unis, le spectateur suit la trajectoire de Michael
Desiato (Bryan Cranston), un juge intègre et respecté de La
Nouvelle-Orléans qui doit tout risquer lorsque son fils, Adam,
tue accidentellement un des enfants d’un parrain de la mafia
et meurt à son tour. Durant les dix épisodes, le spectateur
assiste à la chute de ce juge pris au piège. Dans la saison 2,
Michael Desiato, méconnaissable, se retrouve en prison.
Anéanti par la disparition d’Adam (alors que l’assassin court
toujours), il sombre. À l’extérieur, la mafia sévit toujours
et une substitut du procureur fédéral (Rosie Perez) veut
se servir de Michael Desiato et le faire libérer pour démanteler
le réseau criminel de La Nouvelle-Orléans. Cette sortie
Face à Tony
Curran, Hope
Davis et Michael
Stuhlbarg dans
la saison 2 de
Your Honor.
inopinée, ainsi qu’une nouvelle inattendue, vont
réussir à redonner goût à la vie au juge. Précédemment
nommé au Golden Globe du meilleur acteur pour sa
performance, Bryan Cranston livre à nouveau une prestation
de haut niveau. Une suite attendue et réussie. ● M. G.
« Your Honor », saison 2, de Joey Hartstone, le 23 février sur Canal+,
les jeudis à 21 heures, deux épisodes par soirée. Disponible sur mycanal.

Trois albums à écouter

Better Lucky Than Cracker Island, Owls,

Beautiful, de Bingo Club
En duo, en solo, en anglais comme en français,
Bingo Club est une formation à géométrie
variable qui captive dès l’écoute du single
The Low Land, d’une beauté rare. Basé sur
deux accords mineurs de piano, le morceau
avance avec l’allure crépusculaire des
Gymnopédies d’Erik Satie, son même effet
de flottement et d’ambiguïté lumineuse.
Chanté par Martin Rousselot et Neysa
Barnett, interprète qu’on ne se lasse pas
d’écouter, le titre est le prélude d’un premier
album tout en clair-obscur. Quelque
part entre Velvet Underground et
le trip-hop de Portishead.
« Better Lucky Than Beautiful », Fuzo Music.
de Gorillaz
La modernité musicale de Damon
Albarn, chanteur du groupe Gorillaz,
est impressionnante. Le musicien anglais
bouge au rythme de la création. Il collabore
avec le gotha de la soul et est probablement
à l’origine de Sault, l’un des collectifs
d’outre-Manche les plus visionnaires de
l’époque. Son groupe Gorillaz, créé avec
l’artiste Jamie Hewlett, a prophétisé la réalité
virtuelle à travers clips futuristes et spectacles
multimédia. Le génie de la formation
se confirme sur Cracker Island, leur
huitième album. Dix titres très mélodiques,
avec des invités dont Tame Impala.
« Cracker Island », Warner.
de Someone
photos BiBian Bingen, at.02, andrew Cooper/showtime et s. p.
Dans son home-studio à Amsterdam,
la songwriteuse anglo-néerlandaise
Someone produit une musique minimaliste,
à la Air, sur des nappes de guitares et
des notes pointillistes de clavier. Sa voix
diaphane se pose sur une toile de fond
mélancolique, comme pour l’éclairer par
sa charge émotionnelle. Tessa Rose
Jackson, de son vrai nom, possède
un talent pictural étonnant qu’elle met
aussi bien au service de sa musique que
de ses clips. Son deuxième album, Owls,
est une quête de l’équilibre parfait
et de l’élégance musicale. ● P. G.
« Owls », Tiny Tiger Records.

106●
 & LOGO

CHAUMET S’ENGAGE POUR

LES FEMMES ET LA CULTURE
AVEC LA CRÉATION DE SON PRIX ECHO CULTURE L’objectif à terme ? Fonder
AWARDS, LA MAISON DE JOAILLERIE ENTEND VALORISER une communauté de passeuses
de culture pour plus de partage,
DES PROJETS CULTURELS LANCÉS PAR DES FEMMES, ET
d’échange et de synergie.
TISSER DES LIENS DE TRANSMISSION ET D’INSPIRATION.
Pour ce programme exceptionnel,
Chaumet soutient depuis longtemps de nombreuses institutions Chaumet s’est entourée de l’association Thanks
culturelles comme la manufacture de Sèvres, Fontainebleau for Nothing, un collectif de femmes engagées
ou le Louvre, et organise des expositions, dont « Végétal » aux du monde de la culture, qui mobilise les artistes
Beaux-Arts de Paris récemment. En 2023, la maison de joaillerie en organisant des projets artistiques et solidaires
pluriséculaire va plus loin encore en imaginant un programme avec un retentissement concret sur la société.
d’engagement en faveur des femmes et de la culture.
En guise
Profondément ancré dans les valeurs de Chaumet, le prix Echo de dotation,
Culture Awards est voué à soutenir les femmes qui s’engagent, Echo Culture
sur le terrain, partout en France, à faire rayonner le beau. Awards offrira
Jusqu’au 10 mars, il est possible de candidater, qu’il s’agisse aux lauréates
d’un projet culturel en devenir ou déjà existant dans le domaine un soutien
des arts plastiques, du design, de la littérature, de l’artisanat, de financier
la préservation du patrimoine, de l’enseignement, des arts du de 50 000, 25 000 et 10 000 € en fonction
spectacle ou des arts visuels *. de l’ampleur du projet. Chaumet promet par
ailleurs une mise en valeur de ce dernier à
TROIS PROJETS CULTURELS travers sa propre communication, ainsi qu’un
MIS EN LUMIÈRE accompagnement par des collaborateurs de la
La maison souhaite à travers cette initiative soutenir les « passeuses » maison Chaumet.
de culture, mais aussi valoriser les projets, menés en France, qui
relient et diversifient les publics, et ont pour ambition de propager Le jury, présidé par l’actrice Sandrine Kiberlain,
la création. Surtout, elle désire par ce biais inspirer d’autres idées remettra ses prix le 18 avril. L’occasion de créer
ambitieuses. Trois projets imaginés et portés par des femmes qui des rencontres, de susciter la curiosité et l’audace.
agissent au quotidien pour faire bouger les lignes seront ainsi mis
en lumière par Echo Culture Awards. *
Règlement du prix et candidatures sur www.chaumet.com

PUBLI-COMMUNIQUÉ RÉALISÉ PAR 14HAUSSMANN

●107
Madameculture

Avec Gangway
(2001), Thomas
Demand reproduit
la passerelle
aéroportuaire
utilisée par Jean-
Paul II se rendant
à Berlin après
la réunification
de l’Allemagne.

Les
À NE PAS RATER●

espaces-temps
Il construIt
des maquettes en papIer
de THOMAS judicieusement intitulée Le Bégaiement de
l’histoire. Ne pas se méprendre, Thomas
et en carton, les photographie, puis
les détruit. C’est ainsi que l’on pourrait
DEMAND Demand n’est pas un manipulateur
d’images, il ne refait pas l’histoire
photo thomas DemanD/aDagp, paris, 2023 (“gangway”)

résumer le travail de Thomas Demand, mais s’intéresse à celle contenue dans

à la fois sculpteur, architecte, photographe et réalisateur
(né en 1964 à Munich). Sauf que ces décors reproduits
à l’échelle 1 d’après des clichés collectées dans la presse ou
dans des archives, ne sont pas anodins. Ils reconstituent le
bunker d’Hitler, la salle de contrôle d’une centrale nucléaire
ou encore le bureau ovale de la Maison Blanche, autant
de lieux évocateurs d’événements politiques majeurs.
Il émerge alors de ces grands tirages couleur (certains
mesurent plus de 4 m de longueur et 3 m de hauteur), une
impression de déjà-vu. Une démarche tout entière résumée
dans le titre de sa première rétrospective en France,
ces œuvres dénuées de toute présence humaine. Qui va
entrer dans cet espace ou qui vient de le déserter ? En 2021,
dans un entretien accordé au cinéaste allemand Heinz-
Peter Schwerfel, l’artiste déclarait : « Je ne travaille pas
par rapport aux faits mais par rapport au récit de ces
faits. » C’est cet aspect narratif dont témoigne aussi
des photographies, moins chargées politiquement,
qui représentent des cerisiers en fleurs ou des objets du
quotidien (série The Dailies) saisis à hauteur d’homme. ● S. S.
« Thomas Demand. Le Bégaiement de l’histoire », jusqu’au 28 mai,
au Jeu de Paume, à Paris. jeudepaume.org

108● par Valery de Buchet avec Marion Géliot, Paola Genone, Marilyne letertre et SaBrina SilaMo

DANS LA TÊTE de●
ARNALDUR
INDRIDASON
Avec Le Roi et
L’hoRLogeR, Arnaldur Indridason,
qui a rendu 18 millions de lecteurs
accros aux aventures du détective
Erlendur, nous offre un roman
confrontant le roi du Danemark
Christian VII à… un horloger. Renouant
avec son intérêt pour l’histoire, qu’il
étudia tout en exerçant le métier
de journaliste et de critique de cinéma,
il garde intacts son sens de l’intrigue
et ses obsessions – le questionnement
de son pays et de son passé, le désir
de rendre justice aux victimes. Ce natif
de Reykjavik, qui passa son enfance
à la campagne, rend également
hommage à la nature islandaise,
aussi splendide qu’impitoyable.
SA COLLECTION PRIVÉE●
photos philippe Matsas/MÉtailiÉ et s. p.
Des souris et Sagas islandaises,
des hommes, de John anonymes. « Un style
Steinbeck. « Une histoire inimitable. Elles
façon polar, impitoyable racontent les grands
et magnifiquement et petits événements
écrite. » de mon pays. »
MADAME FIGARO. – COMMEnt
vOus Est vEnuE l’IDéE D’éCRIRE
suR CEttE AMItIé IMpRObAblE ?
ARnAlDuR InDRIDAsOn. – Un jour,
j’ai lu un très bref récit sur un horloger
islandais du XVIIIe siècle qui avait
remis en état la magnifique horloge
astronomique de Copenhague, un
chef-d’œuvre de la Renaissance. Plus
tard, j’ai appris qu’il avait été impliqué
dans une affaire judiciaire en Islande.
J’avais là de quoi écrire un livre.
pOuRRIEz-vOus nOus En DIRE
plus suR ChRIstIAn vII ?
Christian VII règne sur le
Danemark à l’époque où l’horloger a
remis en état cette fameuse horloge. Il
souffrait de désordres psychologiques,
Les Aventures Panorama de
de Tintin, d’Hergé. la poésie islandaise,
« Tous les albums présenté par Thór
de Tintin, pour la joie Stefánsson. « Nous
de vivre et l’humour avons de merveilleux
dont ils débordent. » poètes en Islande. »
Madameculture
Le Roi et l’Horloger,
d’Arnaldur Indridason,
Éditions Métailié,
320 p., 22,50 €.
Traduit par Éric Boury.
n’avait pas grand pouvoir comme
souverain, mais c’était un personnage
intéressant. Il a permis de nombreux
changements positifs pour le royaume.
Cela m’a plu d’imaginer la rencontre
entre le roi et l’artisan, pure invention
de ma part, sachant que l’un ne connaît
que les salles d’apparat de son pays et
l’autre les plus tristes taudis d’Islande.
vOus tRAItEz AussI D’un pROCès…
Oui, ce récit n’est pas un polar
dans le sens traditionnel. Il traite
d’injustice et de sévérité, de
l’implacabilité de la justice. Il dépeint
également la relation qui s’établit entre
le roi du Danemark et l’horloger
islandais, qui lui raconte ses terribles
souvenirs de jeunesse. Mais celui-ci
doit veiller à ne pas insulter le roi ni
déclencher sa colère, il doit choisir ses
mots avec soin. C’est une œuvre sur
l’équilibre des pouvoirs et la censure.
pOuRquOI CEttE stRuCtuRE,
CE vA-Et-vIEnt EntRE pAssé Et pRésEnt ?
Parce que les deux cadres de
l’histoire sont contrastés. Une partie
du récit se déroule en Islande, autour
du procès intenté au père de l’horloger,
l’autre partie se passe au palais royal
de Copenhague pendant que l’horloger
restaure la pendule, tout en racontant
sa vie et le déroulement du procès.
l’hORlOGER Est-Il unE MétAphORE
DE l’éCRIvAIn ?
Tout à fait. Telle Shéhérazade, il
est un raconteur d’histoires dont le roi
tient la vie entre ses mains… L’horloger
est le narrateur, voire, pourquoi
pas, l’auteur, et il doit faire preuve
de ruse pour rester en vie. Aujourd’hui,
de trop nombreux écrivains
se trouvent dans cette situation,
là où il n’existe ni liberté d’expression
ni liberté d’opinion. ● M. T. H.
●109
Madameculture
UN BIJOU sur
ROMAN●
l’amour FRATERNEL
Écrivain vivant à la campagne
avec sa femme, Livia, le narrateur du Roitelet partage
son temps entre ses balades dans la nature, la littérature,
son chien Pablo et son chat Lennon, et les visites de son frère,
atteint de schizophrénie, qui travaille dans une jardinerie.
Il nous conte leur jeunesse et la brisure de son frère, qu’on
prit d’abord pour de la mélancolie : « Le mot schizophrénie,
formé à partir du grec skhizein (fendre) et phrên (esprit),
ne pourrait mieux illustrer le coup de hache qui un jour a fait
voler en éclats l’existence de mon frère, et ouvert en lui
une brèche impossible à refermer. » Entre récit et journal
intime, il décrit leurs liens et leurs échanges à l’âge adulte,
ainsi qu’une forme d’apprivoisement de la maladie
et de la douleur qu’elle porte, sans rien cacher des crises
de paranoïa, des difficultés (le refus de prendre des
médicaments) et des tourments (logorrhées incohérentes,
disparitions, incursions nocturnes…).
L’écriture très pure, poétique, fait la force tranquille
et l’extrême beauté de ce texte dédié à celui qui lui évoque
un roitelet, soit un minuscule volatile « dont le dessus
de la tête est éclaboussé d’une tache jaune », son frère
ressemblant toujours plus, avec « ses cheveux courts
aux vifs reflets mordorés », à un oiseau fragile « dont l’or
et la lumière de l’esprit s’échappaient par le haut de la tête ».
Le mot roitelet désignant également « un roi au pouvoir
très faible, voire nul, régnant sur un pays sans prestige,
un pays de songes et de chimères ». Auteur célébré
au Québec, Jean-François Beauchemin signe un bijou de
littérature, qui explore l’amour fraternel et l’âme humaine
avec un mélange d’acuité, de quiétude et de délicatesse,
que d’autres appelleraient la grâce. ● M. T. H.
Le Roitelet, de Jean-
François Beauchemin,
Éditions Québec
Amérique, 120 p., 16 €.
110●
Mercy Street, de Jennifer
Haigh, Éditions Gallmeister,
432 p., 25 €. Traduit par
Janique Jouin-de Laurens.
CLAIRVOYANT
ROMAN●
eT LUMINEUX
Un bon roman se distingUe
d’Un dÉbat parce qu’il explore les sentiments
plutôt que les opinions. Sur un sujet aussi complexe que
l’avortement, cet opus américain réussit ainsi à incarner
– plutôt qu’à trancher– la contradiction entre la dimension
mythologique de la conception, par laquelle l’humanité
se reproduit, et les nécessités individuelles, notamment
la capacité d’une femme à accueillir un enfant. À 43 ans,
Claudia travaille dans une clinique, à Boston, où elle assure
des entretiens avec les patientes aux prises avec une
grossesse indésirable, souvent des jeunes filles pauvres
et en difficulté. Claudia en connaît un rayon sur la galère,
ayant vécu toute son enfance dans un mobile home,
aidant sa mère à s’occuper des enfants « placés » qu’elle
accueillait, c’est-à-dire des enfants sans mère.
Aux abords de la clinique, chaque jour d’un hiver
aux chutes de neige colossales, des militants anti-
avortement brandissent des pancartes. Parmi eux, Anthony,
très croyant et très seul, prend des photos des patientes à leur
insu quand elles arrivent, pour le compte d’un site amateur
pro-vie. C’est toute l’habilité de ce roman d’emprunter
photos Rob ARnold, MAtIAs IndJIC et s. p.
les codes du thriller pour traiter in fine de l’incompréhension
entre les sexes et, chose rare, de la situation de ces hommes
dont aucune femme n’a voulu et qui n’auront jamais
la famille de leurs rêves. Célibataire convaincue, Claudia
pour sa part a pris l’habitude de s’attarder de temps en temps
chez le type sympathique qui lui vend de l’herbe… À travers
le portrait d’une femme d’aujourd’hui, jalouse de son
indépendance, se dessine en toile de fond une société mal
en point, entre pauvreté endémique, crise climatique,
enjeux sociétaux brûlants. Captivant. ● I. P.
 Madameculture

La chronique de● Colombe Schneck

Bernard BaBkine, qui
dirige les pages livres de
ce magazine et sélectionne, avec moi,
les titres du prix littéraire de l’Héroïne,
m’a plusieurs fois suggéré d’inclure
des témoignages de survivantes de
l’Holocauste. L’année dernière, c’est lui
qui m’a conseillé de lire celui d’Édith
Bruck, cette année, Ginette Kolinka.
Il insiste : « C’est important, tant
qu’il y a des témoins vivants, il faut
les entendre. » Et moi qui viens d’une
famille décimée par la Shoah, je suis
réticente. Est-ce que les lectrices et les
lecteurs ne vont pas en avoir marre ?
Et puis j’ai écrit sur l’histoire
de ma famille, et je tente de passer
à autre chose. La lecture de
ces témoignages m’est douloureuse.
Quand Alice d’Andigné, l’éditrice
de La Promesse, m’a demandé de la lire,
je n’en connaissais pas le sujet et je l’ai
donc ouverte sans crainte. J’étais
d’abord étonnée, tant ce livre m’est
familier. La narratrice vivait, enfant,
rue du Val-de-Grâce, à Paris, j’étais
sa voisine. Elle habitait dans le même
immeuble qu’un ami de mes parents,
Élie Buzyn, qui, à l’âge de 15 ans, a été
déporté à Auschwitz. Il confiait : « Si je
parlais, j’avais l’impression de tomber
dans la fange. » Marie de Lattre avait
13 ans, son père l’a invitée à déjeuner,
et il lui a fait promettre de garder leur
conversation secrète. De Lattre est
le nom de son père adoptif, ses parents
étaient juifs et ont été tous les deux
déportés. Marie de Lattre décrit ce père
si inquiet qu’on puisse le deviner.
Je le sais bien, ce sont les victimes
qui ont honte, jamais les bourreaux.
Elle raconte aussi les deux belles
histoires d’amour qui ont sauvé le petit
garçon qu’il était. Elle me rappelle
cette proposition du philosophe
Gilles Deleuze : « Il faut beaucoup de
mémoire pour repousser le passé. » ●
La Promesse, de Marie
de Lattre, Éditions Robert
Laffont, 240 p., 20 €.

TROIS LIVRES en musique

A cappella, de Philippe Vasset
Tous ceux qui rêvent d’apprendre à chanter, mais
ne supportent pas de s’entendre, vont adorer ce livre.
Avec un humour à vous couper la voix et une culture
musicale et littéraire en béton chantant, le narrateur
raconte ses efforts laborieux pour, d’écrivain, devenir
parolier – il est amoureux d’une chanteuse. Ses textes
font chou blanc. Alors, il décide d’apprendre à chanter,
mais pas facile, car sa voix a plutôt tendance à lui
déclencher des crises de panique ! Le propos est rigolo
et sérieux à la fois : la voix de chacun, c’est un chemin
vers soi à ne pas négliger… Ce livre bref, qui aime
se gargariser de mots pour parler de sons, se promène
aussi dans les bruits et les musiques de la ville, et nous
enivre, obsessionnellement. ● I. P.
Éditions Flammarion, 160 p., 18 €.

Reine d’un jour, de Kirstin Innes
Grandeur et misère des rock stars ? On ne s’en lasse
pas, surtout lorsque c’est mené batterie battante par
une auteure écossaise douée. La chanteuse pop (fictive)
Clio Campbell grimpe au firmament lors d’un tube
fantastique au début des années 1990. Belle, engagée
politiquement, féministe. À 50 ans, elle se suicide.
Sa meilleure amie, son ex-époux, des journalistes
et des militants du monde entier témoignent, dressant
un portrait contrasté de la chanteuse. Où se cache
la vérité ? De Glasgow aux émeutes de Gênes, des squats
de Brixton aux pubs de l’île de Skye, un demi-siècle,
so British, dans le sillage d’une femme aussi insupportable
qu’irrésistible. ● I. P.
Éditions Métailié, 512 p., 23 €. Traduit par Marguerite Capelle
et Anatole Pons-Reumaux.

Des lendemains qui chantent, d’Alexia Stresi
Paris, un soir de 1935, il y a de l’électricité dans l’air
à l’Opéra-Comique, c’est la première d’une reprise
de Rigoletto, de Verdi, tout le monde est sur les nerfs.
Et, contre toute attente, c’est un jeune ténor dans un petit
rôle qui fait chavirer les cœurs et se pâmer les spectatrices.
Mais qui est ce Borsa ? Depuis son premier roman,
Looping (Grand Prix de l’Héroïne-Madame Figaro 2017),
on sait qu’Alexia Stresi aime se saisir de destins hors
normes et terriblement romanesques. Celui de Borsa
est digne d’un opéra de Verdi. Né en 1912, près de Naples,
cet orphelin traverse l’Histoire, la montée du fascisme,
les jalousies, l’amour du chant, et c’est allegro ma non
troppo que la musique des mots nous entraîne dans
cette incroyable épopée. ● B. B.
Éditions Flammarion, 448 p., 21 €.

●111
Par Bernard BaBkIne avec IsaBelle Potel, ColomBe sChneCk et mInh tran huy
Madameculture
Philippe Djian et
Constance Debré
langue commune
Avec Sans compter pour lui
et Offenses pour elle, les deux
romanciers empruntent
aux faits divers une vérité
universelle qui raconte
la vie et le monde. La vocation
de la littérature ?
Dans son nouveau roman,
PhiliPPe Djian met en scène un journaliste
aux prises avec plusieurs affaires mystérieusement liées, des
pressions exercées par des investisseurs pour que sa belle-mère
cède des terrains lui appartenant, et un fait divers insolite – une
randonneuse disparue et retrouvée. S’appuyant avec art sur son
goût de l’ellipse ainsi que sur ce que les Anglo-Saxons appellent un
unreliable narrator (un narrateur non fiable), avec Sans compter (1), il
signe une manière de roman noir dont il retourne les conventions
pour mieux nous mener par le bout du nez. L’écrivaine et ex-
avocate Constance Debré s’intéresse également au fait divers dans
le magistral Offenses (2) : délaissant le récit de soi au cœur de Play
Boy, Love Me Tender et Nom, elle nous conte avec une glaçante
sobriété le destin d’un « petit de la cité » qui a égorgé une vieille
dame de son immeuble afin de rembourser un dealer qui menaçait
sa famille… Jouant de perspectives multiples et d’une phrase
brève, tranchante et musicale, elle modernise la tragédie antique
pour mieux interroger les fondements d’un système corrompu,
et mettre en accusation ceux qui accusent et sont peut-être autant,
sinon plus, coupables que ceux qu’ils désignent comme tels.
L’occasion de faire s’entretenir deux auteurs aussi préoccupés
par la forme de leurs écrits que par leur vocation politique.
MADAME FIGARO. – VOs DEux lIVREs pARtEnt DE FAIts DIVERs…
Qu’Est-cE QuI VOus IntéREssAIt DAns cEttE MAtIèRE InItIAlE ?
cOnstAncE DEBRé. – L’une des raisons pour lesquelles
j’aime les livres de Philippe Djian et les polars depuis toujours,
c’est qu’on retrouve dans cette manière de raconter des histoires,
et dans cette dimension de l’existence et des personnages mis
en scène quelque chose des héros grecs. L’homme avance dans
112● Par Minh Tran huy / Photos VincenT Ferrané
le monde et traverse des épreuves. Avec
cette différence qu’il évolue à notre époque ;
il se lève, se gratte l’oreille, se fait un café, se
demande où il en est avec la femme qu’il aime…
pHIlIppE DJIAn. – J’ai travaillé comme
rewriteur à Détective pendant un an, magazine
pour lequel les faits divers constituaient une
véritable bible. On a d’ailleurs récemment
publié Détective : un siècle de faits divers, et c’est
amusant de voir combien de grands écrivains,
tel Kessel, expliquent que les faits divers sont
géniaux parce qu’ils racontent la vie…
c. D. – C’est, de fait, passionnant, et c’est
pourquoi j’ai aimé le métier que j’exerçais
avant, celui d’avocate. Qu’est-ce qui amène
un individu à transgresser les lois – c’est-à-dire
la loi, mais aussi les règles sociales, morales –
et à commettre un acte jamais naturel, jamais
facile pour qui le commet, indépendamment
même de la question de la répression ?
p. D. – Dans Sans compter, c’est quelque
chose que je retourne : ce qui me plaît dans le
personnage de l’assassin n’est pas qu’il tue, mais
qu’il n’ait pas de pulsion de meurtre. Il n’aime
pas le sang, il n’aime pas le mal, il n’a pas de goût
particulier pour le crime. Simplement, quand
il est gêné par un élément, il s’en débarrasse
faute de pouvoir le pousser sur le côté ; il élimine
le problème. Certains considéreront que c’est
un serial killer qu’il faut absolument enfermer,
d’autres que ce n’est pas du tout un fou furieux
et qu’il ne mérite pas de finir à l’asile… En tout
cas, si certains auteurs se saisissent d’un fait
divers pour développer une pensée ou une
théorie, ce n’est pas mon cas. Moi, ça m’amuse.
Je veux remercier la personne qui est entrée
dans la librairie et qui a fait l’effort d’acheter
mon livre, alors je mets de l’action – il faut tout
bêtement que quelque chose se passe…
 Madameculture

“Écrire des livres

signifie qu’on appartient
à une société”
Philippe Djian

●113
Madameculture
Philippe Djian et
Constance Debré.
“Nous, les écrivains,
on est là pour raconter
autrement”
Philippe Djian
D’où votre attachement à une écriture accessible ?
P. D. – En effet. J’ai fait le choix d’une langue simple,
populaire, mais où je peux aussi intégrer des éléments de lectures
que j’ai aimées et qui me reviennent, tout cela pour voir quel style
est possible aujourd’hui.
c. D. – J’emploie moi aussi une langue très simple. Je refuse
de frimer, de faire l’érudite, de placer des imparfaits du
subjonctif… Je veux me poser la question du style et de la beauté
dans la langue qui est la nôtre à l’époque contemporaine. On ne
peut pas faire semblant de parler comme au XIXe siècle. Il s’agit
de dire que le monde dans lequel on vit est beau avec les mots
d’aujourd’hui, de même qu’on porte les vêtements d’aujourd’hui,
et qu’on ne va pas se mettre en justaucorps ou en crinoline…
P. D. – Il faut se débarrasser des phrases qu’on nous a mises
dans la tête, du fait de respecter les règles, la concordance des
temps, etc. Et cesser de penser qu’il est mieux d’écrire que le ciel
est non pas bleu, mais lapis-lazulis ou je ne sais quoi…
c. D. – Ça, c’est insupportable. C’est ce qu’il y a de bourgeois
dans une certaine littérature française que je déteste. À cet égard,
la littérature américaine nous a décrassés, et là, je dis merci
à Philippe Djian pour son style, qui a retenu la leçon américaine
et incarne une modernité française qui nous a fait du bien.
En réalité, je suis convaincue que le progrès et l’intelligence
passent par la simplicité.
P. D. – Ce qui ne signifie pas que cela soit facile – voyez
Dickens ! C’est juste que je préfère m’adresser à un million
de lecteurs plutôt qu’à dix mille. Écrire des livres signifie qu’on
appartient à une société. Écrivain, avocat, garagiste, boulanger,
114●
on a tous un rôle à jouer, quelque chose à faire
pour vivre ensemble, sinon ce n’est pas la peine.
c. D. – Écrire pour cinq cents personnes
cultivées est sans doute plus facile que pour
cent mille personnes, c’est-à-dire tout le
monde. Je crois à la littérature qui s’adresse à
tous. J’ai, pour ma part, l’intime conviction que
la vérité, on la connaît tous. L’expérience
humaine est la même – l’amour, la souffrance…
Elle est distribuée et vécue différemment, mais
on peut tous se comprendre. Et la littérature,
c’est le pari qu’on a une langue commune.
Qu’on peut se parler à travers les pays, les
milieux, les époques ; on peut lire Homère,
comme on peut lire Dickens ou Dostoïevski.
vous évoquez ceux qui racontent,
comme le journaliste De SanS compter,
et ceux qui ne sont jamais racontés, comme
le héros ou Plutôt l’antihéros D’offenSeS…
c. D. – Le personnage principal d’Offenses
n’a rien à voir avec Jean-Claude Romand
(héros d’un fait divers célèbre et de L’Adversaire,
un livre d’Emmanuel Carrère, NDLR). Carrère
adopte d’ailleurs une démarche inverse
de la mienne : il s’empare d’un fait divers
extraordinaire, et s’intéresse précisément à son
caractère exceptionnel, à ce que cette histoire
a de monstrueux, et va pointer en regard ce
qu’il a, lui, de monstrueux. Je m’attache au
contraire à ce qu’il y a de totalement humain
dans un homme et un acte jugés monstrueux.
P. D. – Je n’ai jamais eu envie de reprendre
un fait divers dont on connaissait déjà la fin.
D’où la tentation de l’ellipse dans mes textes : je
n’ai pas envie de tout décrire comme le ferait un
romancier naturaliste, je n’ai pas envie que mes
livres se terminent comme dans une histoire
classique. Je veux proposer une autre façon de
voir et donc de ressentir les choses. Dans L’amour
est un crime parfait, l’adaptation de mon roman
Incidences par les frères Larrieu, Canal+ a insisté
pour qu’à la fin tout explose, que la police arrive,
que la fille soit sauvée, ce qui n’était pas le cas
dans le texte. Pour eux, il faut qu’une histoire
commence ici et s’arrête là. Mais justement,
il y a des faits divers pour ça, des journaux
spécialisés qui racontent la vie comme
ils la voient, de façon standardisée. Nous, les
écrivains, on est là pour raconter autrement,
photo vincent ferranÉ
pour dire tout ce qu’un article ne dira pas…
le fait Divers n’est Donc qu’un Prétexte ?
P. D. – Oui, j’ai choisi ce fait divers-là,
mais j’aurais pu en prendre un autre. En fait,
j’attache si peu d’importance à l’histoire,
qu’il est arrivé qu’on me raconte sans que j’en

prenne conscience l’intrigue d’un de mes romans écrits
il y a cinq ou dix ans : je l’avais tout simplement oubliée.
Parce que ce qui m’intéresse, c’est le regard. Dix témoins
des mêmes événements livreront dix versions de ce qu’ils
ont observé. Si l’on avait tous à coucher sur le papier,
disons, Roméo et Juliette, tout dépendrait du point de vue,
de la perspective…
C. D. – Le drame de notre condition humaine,
c’est d’être plongé dans le chaos. Les narrations nous
permettent de trouver un sens à ce qu’on vit. Les livres
sont des narrations, les histoires qu’on se raconte dans
notre monologue intérieur et celles qu’on raconte aux autres en
sont aussi. L’art, la façon de s’habiller ou l’écriture sont des formes
qui donnent un sens et nous permettent d’échapper au chaos.
P. D. – C’est un peu comme quand on se réveille et
qu’on tente de se souvenir de ce dont on a rêvé. Tout était flou,
brouillon, et puis voilà qu’on rassemble les éléments épars,
qu’on compose, qu’on met de l’ordre dans ce qui était éparpillé
pour en tirer une histoire.
C. D. – C’est pour cela que quand on me dit que je passe
de la première personne et de l’autofiction au « roman »
avec Offenses, comme si c’était essentiel, je ne suis pas d’accord.
Je ne vois pas de différence majeure, profonde. Je ne me suis
jamais racontée, je n’ai jamais parlé de moi ou de ma vie,
j’ai utilisé les événements de ma vie pour en faire quelque chose.
Dans tous les cas, il s’agit d’inventer une langue qui exprime
un rapport au monde et fait éprouver quelque chose au lecteur.
P. D. – Et c’est bien ce qui m’a plu dans Offenses : le meurtre
d’une vieille dame par ce jeune homme m’importe moins que
le caractère choral du texte, ses changements de points de vue,
le passage du « je » au « il » et au « nous ».
Vous Partagez aussi tous Deux un intérêt Pour l’humain
et le refus De réDuire les Criminels à Des monstres…
C. D. – Quand j’étais avocate, j’ai été très surprise de voir
des gens qui n’étaient pas franchement d’extrême droite
me dire : « Mais comment tu peux défendre des criminels ? »
Mais les criminels, c’est aussi nous… Le mal n’existe pas qu’en eux.
P. D. – Avoir commis un crime ne suffit pas pour définir
un homme.
C. D. – C’est juste un acte. Et le meurtre n’a jamais été
totalement interdit dans nos sociétés : on peut tuer pour son pays,
on peut tuer en cas de légitime défense… Une des intuitions que
j’ai suivies et que j’ai depuis longtemps, c’est que cette pulsion de
violence, de meurtre, dont aucune société n’a pu se débarrasser,
car elle fait partie de nous, est aussi celle exercée par la justice,
en réalité. On indique et désigne ce qu’est le mal, alors que ce sont
toujours les mêmes qui sont acculés à le commettre, du fait de la
pauvreté, du manque de moyens, de l’absence d’espoir et de
perspectives. C’est sur ces derniers que s’exercent la justice et le
meurtre symbolique, et tout cela au nom du bien, avec la bonne
conscience de rigueur… Le « nous » que j’emploie, c’est parce
qu’on constitue une humanité, mais avec cette conséquence :
justement parce qu’on est l’humanité, on porte tous une
culpabilité. On est aussi responsable de ce type qui va tuer la vieille
dame et de cette justice qui va le jeter en prison en pensant qu’elle
Madameculture
“Le drame de notre
condition humaine,
c’est d’être plongé dans
le chaos”
Constance Debré
fait bien, alors que le système est totalement
vicié. On ne peut pas dire que tout cela ne nous
concerne pas, qu’on n’a rien à voir avec ça.
P. D. – Tout concourt à faire de nous un
troupeau d’imbéciles qui va dans un sens qu’on
lui a indiqué comme étant le bon. Mais quand
on demande à un type pourquoi il ne prendrait
pas un boulot à 1 000 € par mois, en affirmant
que ce serait une bonne chose pour lui, il vous
répondra que quand il regarde la télé et qu’il
voit dans une pub un frigo qui coûte 1 000 €
avec une villa derrière et une femme
embijoutée, que voulez-vous qu’il fasse avec
1 000 € par mois ? On nous prémâche tout ce
qu’il faut penser ! Et c’est là que les écrivains
ont un rôle à jouer, en montrant qu’il existe une
autre manière d’appréhender le monde, que la
vie ne ressemble pas forcément et uniquement
à ce qu’on dit à la radio, à la télé ou dans
les romans de gare… Un écrivain ne peut pas
changer le monde, mais il y vit, ça se reflète
dans son travail, et en amenant les gens à le
regarder autrement, ce monde, il le transforme.
C. D. – Écrire, c’est-à-dire faire
la proposition d’une forme, c’est une façon
de dire aux lecteurs de ne pas se faire avoir
par les narrations qu’on leur sert au quotidien,
dans les journaux, en politique ou ailleurs…
Votre littérature a DonC une VoCation
Politique ?
P. D. – Bien sûr. Je garde toujours en tête
que les gens qui achètent mes livres sont
des gens qui votent, et qu’il ne faut pas que
je fasse n’importe quoi.
C. D. – Citez-moi un grand livre qui ne soit
pas politique ? Il s’agit toujours du combat
d’un individu contre la société… En vérité, la
littérature conteste le pouvoir, et le pouvoir n’a
de cesse de vouloir s’approprier la littérature.
P. D. – On le voit au fait que tous nos
présidents ont eu à cœur de publier… ●
(1) « Sans compter », de Philippe Djian, Éditions
Flammarion, 256 p., 21 €. (2) « Offenses », de Constance Debré,
Éditions Flammarion, 128 p., 17, 50 €.
●115
Madamemag

Symbole de l’effervescence créative qui règne à Dakar,

les œuvres de street art y essaiment tous azimuts,
notamment sur les murs du quartier de la Médina (1 et 3).
Dans la ville, la galerie parisienne 19M a ouvert un espace
au sein du Musée Théodore Monod : elle y célèbre à travers
une exposition collective (2 et 7) aussi bien la richesse
des métiers de la broderie et du tissage que les liens
entre création contemporaine et savoir-faire traditionnels.

Dakar
arty
116● par JOSEPH GHOSN À dakar / pHOTOS BADARA PREIRA
 Madamemag

Art, artistes, artisanat…

galeries et musées
rayonnent dans la capitale
sénégalaise et tissent des
liens entre les époques et
les cultures. Immersion
dans une ville trépidante.
photos Clément tardif (numéros 1 et 3)

Si l’exposition de la Galerie 19M Dakar réunit

des œuvres d’artistes et d’artisans contemporains,
elle incarne aussi une idée de transmission
entre générations, mêlant les créations de figures
majeures comme Kalidou Kassé (4) à celles
de jeunes talents tel Julian Farade (6). Autre lieu
dédié à l’art, l’Institut culturel italien, où se
tient l’exposition Pasolini ou les mille rêves (5).

●117
Madamemag

1. Assise sur une de ses

créations, la styliste Selly
Raby Kane. 2. La Galerie
19M s’est installée au
Musée Théodore Monod.
3. Arébénor Basséne utilise
l’art ancestral du batik,
celui du bain de couleurs.
6. L’artiste Cheikha Sigil
est aussi créateur de mode.
7. Cécile Ndiaye fait rimer
art, design et artisanat.

C’est au moment de la
quitter, en direction de l’aéroport pour attraper
l’avion de nuit en direction de Paris, que Dakar dévoile
clairement, brutalement, toute l’énergie qu’elle contient.
La route est bondée, une foule s’extrait de la capitale du
Sénégal, et la voie rapide qui mène hors de la ville devient
chaque soir un vaste réseau très saturé dans lequel
voitures, motos, mobylettes, cars, camions forment une
longue et dense masse mouvante, qui bouge lentement
et contraste avec la vitesse qui tient et traverse la ville
tout au long de la journée. Cette masse humaine en dit
long sur le développement récent de Dakar, qui abrite
multiplication urbaine d’institutions et lieux culturels.
Les galeries, notamment, abondent ici et un programme
annuel intitulé Partcours (1) a été mis en place pour s’y
retrouver, allant des lieux indépendants en passant par
les musées et jusqu’aux instituts culturels étrangers,
italiens ou français, très actifs dans la vie artistique.
Tout autour de la place de l’Indépendance, imposant
creuset central de la ville, un maillage de galeries permet
photos Badara preira

désormais en son centre et dans sa périphérie 3,6 millions
d’habitants, c’est-à-dire un quart de la population
du pays, et la moitié de sa population urbaine,
alors qu’en 1970, Dakar et sa région ne comptaient
que 400 000 habitants. Cet essor est visible dans la
de se rendre compte d’emblée d’une activité artistique
intense. La Galerie Selebe Yoon, installée dans un vaste
bâtiment Art déco, qui abritait au XXe siècle le grand
magasin Printania (l’équivalent du Printemps parisien),
accueille des projets de longue haleine, réalisés

118●

localement par des artistes ou des curateurs invités qui
passent du temps ici, dans ce lieu à la fois de résidence
et d’exposition. Début 2023, la galerie montrait le travail
saisissant de l’artiste Mbaye Diop, réalisant des toiles dont
la matière évoque souvent le grain des photocopies en noir
et blanc, captant des moments de la vie des rues de Dakar
et de son urbanisme mouvant, qui n’en finit pas de se
métamorphoser depuis cinquante ans. Plus loin, la Galerie
Cécile Fakhoury, fondée en Côte d’Ivoire et installée aussi
à Dakar et à Paris, ressemble à une galerie classique.
De l’avis même de celles et ceux qui y travaillent, son
espace a été conçu à la façon d’un white cube, comme
on peut en voir dans la plupart des galeries occidentales,
à Paris, Londres, New York ou Los Angeles. Une rareté
à Dakar. Elle montre des travaux d’artistes de la région,
créant des liens entre les pays mais aussi entre
les diasporas : entre décembre et mars, elle présente
les travaux de Ouattara Watts (2), artiste ivoirien
et américain, explorant ici son rapport à Dakar dans
des toiles en résonance avec sa perception de la ville.
À quelques rues de lÀ, un bâtiment
entier abrite, sur quatre étages de 2 000 mètres
carrés, un projet hybride nommé Trames, dont les espaces
servent à la fois de lieu d’exposition, d’ateliers pour
artistes, de bureaux pour une agence du même nom et de
bar juché sur un rooftop, dont on dit qu’il est le lieu
immanquable des soirées de fin de semaine à Dakar.
L’endroit a été fondé par Riad Fakhri, un Sénégalais dont la
Madamemag
4 et 5. Au 19M Dakar, Marie Madeleine Diouf
présente une installation qui convoque
ses souvenirs familiaux via des photos
en noir et blanc : une façon de relater une
tradition très ancrée qui est liée au textile
et à la fabrication de l’indigo.
famille d’origine libanaise s’est installée dans le pays lors
d’une grande vague d’immigration dans les années 1920.
Ce garçon d’une quarantaine d’années raconte comment
il a repris l’un des bâtiments de la famille pour le consacrer
à l’art et au développement artistique de la ville, alors
même que sa famille s’est spécialisée depuis plusieurs
générations dans l’industrie : comme si, au bout d’un
siècle, il fallait donner au pays d’accueil quelque chose
de différent, de plus créatif. Mission réussie.
Parcourir tout cela, passer de l’un
à l’autre de ces endroits, donne l’impression d’être au
cœur d’un projet pensé par le poète et écrivain Léopold
Sédar Senghor (1906-2001), ancien ministre du général
de Gaulle et premier président du Sénégal après
l’indépendance du pays, et dont l’un des projets consistait
à inventer un musée idéal qui montrerait l’ensemble des
arts africains. Et si Dakar était devenue ce musée à ciel
ouvert ? D’une galerie à l’autre, ce qui frappe, c’est la
présence d’artistes sénégalais, mais aussi d’autres venus
de pays voisins, le Mali en particulier. Ce qui frappe
davantage encore, c’est la façon dont les œuvres produites
intègrent une multitude de signes, à la fois historiques et
tournés vers le futur. Cela est flagrant dans l’exposition
organisée au Musée Théodore Monod d’art africain IFAN
●119
Madamemag
par la galerie française du 19M, le lieu fondé par Chanel
à Paris pour rassembler ses artisans d’art. Après le défilé
des métiers d’art de Chanel, qui a eu lieu en décembre 2022
à Dakar, le 19M s’est installé au Musée Théodore Monod,
organisant une exposition (3) autour d’une sélection
vive et éclectique d’artistes de Dakar, travaillant leur
production avec des artisans locaux. On y voit une
pluralité de pratiques : peintures, installations, sculptures,
broderies, tissages… Olivia Marsaud, l’une des curatrices
de la galerie du 19M à Dakar, et responsable des arts
visuels à l’Institut français de Dakar, explique le lien
entre l’artisanat et l’art contemporain, omniprésent dans
l’exposition : « Dès le départ, l’histoire du peuple Dogon
lie la parole au tissage : tisser, c’est inventer la parole,
inventer du sens. C’est ce qu’on a essayé de faire dans
cette exposition : créer du sens et laisser la parole aux
artistes. Mêler aussi ceux qui ont commencé dans les
années 1960 et 1970 avec les plus jeunes. »
Parmi ces artistes, Kalidou Kassé
est issu de la génération de l’École de Dakar, qui,
dans les années 1960, a émergé sur la scène locale et
internationale, faisant de la ville un point fort pour l’art
moderne africain. Ce mouvement artistique est le fruit
du travail et de l’impulsion de Senghor (4), qui a
fondé, entre autres, une école des arts dès le début des
années 1960. Elle a donné naissance à une génération
d’artistes, autour notamment du concept de négritude,
qui a eu pour préoccupation de produire des œuvres
contemporaines singulières, détachées des modèles
occidentaux, mais aussi de transmettre quelque chose
qui relève de l’éducation artistique. Kalidou Kassé,
en plus d’une œuvre forte et reconnue, est aujourd’hui
à la tête d’une école d’art. « J’ai eu la chance de participer
à la première Biennale d’art de Dakar, en 1990, et j’ai
suivi toute l’évolution de la scène artistique du Sénégal,
notamment comme commissaire d’exposition. J’ai pu
voir de jeunes artistes prendre leur place avec des
techniques nouvelles, variées, qui vont de l’artisanat
d’art jusqu’à l’art contemporain. Aujourd’hui, je tente
d’apporter des solutions pour la création en ayant fondé
une école de formation, la première du Sénégal, et je
viens de mettre en place le Centre d’art contemporain
et de culture, destiné à former des jeunes gens, à donner
surtout aux artistes un statut social. » Kalidou Kassé
regrette la faiblesse de la mixité artistique locale.
« Il n’y pas autant de femmes que d’hommes,
mais la tendance est en train de s’inverser. »
Pourtant, les femmes ont une présence forte : l’une
des artistes les plus singulières et renommées de Dakar
est Selly Raby Kane. La notoriété de cette jeune femme,
qui navigue entre le cinéma, l’art et la mode, est arrivée
en 2016, lorsque Beyoncé choisit de porter un vêtement
issu d’une de ses collections intitulée Dakar City of Birds.
Pour l’exposition du 19M, elle a conçu une grande
sculpture qui fait office de totem à l’entrée du musée,
120●
et dont un des éléments est une main-fauteuil :
une invitation à s’asseoir, à laisser le temps s’écouler.
Certaines, comme Marie Madeleine Diouf travaillent
à la fois la mémoire et les outils, les souvenirs et la
production locale. Le travail montré dans l’exposition
du 19M reconstitue les étapes de fabrication de l’indigo,
mais en le situant dans un champ domestique où l’artiste
reprend des éléments issus de la maison de sa famille.
On y voit des cadres aux photos issues des archives
intimes, et l’on comprend le lien entre le travail
quotidien et la vie rêvée qui se dessine à travers
les portraits. « Nous essayons de raconter le travail
et le vécu des peuples africains à travers leurs textiles.
Nous travaillons beaucoup l’indigo et les façons dont
il est fabriqué, utilisé… Je collectionne les textiles mais
aussi les photos des années 1940 et 1950 en noir et blanc :
c’est le seul lien qui reste pour beaucoup de gens avec
leurs familles. Autour du textile et des photographies,
je raconte l’histoire de ma famille élargie. Certaines des
pièces utilisées pour l’installation viennent par exemple
de ma grand-mère. Je m’approprie ce qu’elle a laissé
pour raconter une histoire, sublimer la réalité. »
les uns et les autres travaillent
ainsi le Présent en auscultant le Passé
du Pays. Tout cela résonne fortement avec la façon
dont la ville s’est constituée. En l’arpentant, surgissent des
souvenirs d’autres villes d’Afrique ou du Moyen-Orient,
Beyrouth par exemple, où la scène artistique est vive mais
dans lesquelles l’urbanisme va très vite, effaçant souvent
la mémoire de ce qui a été. Dakar au contraire travaille
sa mémoire. Ainsi, une exposition récente, Picasso à Dakar
1972-2022, explorait l’héritage du peintre en Afrique et
la façon dont il s’est inspiré et approprié des objets d’art
africains. En écho à cela, une autre exposition, parallèle,
intitulée Picasso Remix, remettait en perspective le travail
de Picasso tel que les artistes sénégalais et africains le
perçoivent désormais : avec intérêt et distance. Au-delà
du dialogue avec le passé, ce qui touche le plus à Dakar,
c’est surtout la vitalité, la créativité et la façon dont la ville
photos Badara preira et Clément tardif (numéro 2)
semble construire son avenir en permanence. Une énergie
typique de villes en pleine renaissance, d’un coup, laissant
la parole à toutes les franges de la création. Ici, l’art émerge
en écho avec une ville qui cherche sans cesse à s’agrandir,
comme si elle savait que son futur passait forcément par
l’amplitude de son territoire : celui de la ville, bien sûr,
mais aussi celui, symbolique et hautement puissant, que
les artistes construisent à partir d’elle et, surtout, au-delà.
Un état d’esprit à la conquête du reste du monde. ●
(1) partcours.art (2) « Ouattara Watts in Dakar », jusqu’au 11 mars.
cecilefakhoury.com (3) « Métiers d’art Chanel-Dakar ». ifan.ucad.sn et le19m.fr/
lagaleriedu19mdakar (4) « Senghor et les arts. Réinventer l’universel »,
jusqu’au 19 novembre, au Musée du quai Branly, à Paris. m.quaibranly.fr
 Madamemag

1. Une œuvre d’Aladji Koné

présentée à l’exposition
Pasolini ou les mille rêves,
à l’Institut culturel italien.
2. Fresque de street art.
en centre-ville. 3. Dakar,
atlantic city. 4. et 5. Vertige
de l’art : vue de la Galerie
Selebe Yoon, qui expose
des œuvres de Mbaye Diop.
6. Intercessor #4, une toile
de Ouattara Watts visible
à la Galerie Cécile Fakhoury.

●121
Madamemag

l’espace
à
122●
 Madamemag

à l’Institut supérieur de l’aéronautique

et de l’espace, à Toulouse,
on compte 20 % de filles. Dans le sillage
de Thomas Pesquet ou Sophie Adenot,
ex-élèves, les futures astronautes
se projettent à ciel ouvert. reportage.

La scène est dans toutes Les têtes. Sélectionnée en même temps que Sophie Adenot
23 novembre 2022, les élèves sont en salle de classe, par l’Agence spatiale européenne, l’Italienne
un cours de physique, et comme d’autres, Inès Mertz, 21 ans, Anthea Comellini, nommée, elle, astronaute
a les yeux rivés sur un écran d’ordinateur. Elle suit en direct réserviste, y a aussi passé de très belles années.
la conférence de presse donnée par l’Agence spatiale européenne « J’y pense avec nostalgie, car j’ai beaucoup
(ESA). Le moment est historique, la nouvelle promotion aimé cette période, j’ai travaillé avec des
d’astronautes va être annoncée. Soudain, Sophie Adenot étudiants internationaux partageant la même
apparaît, elle fait partie de l’équipe ! « J’en ai eu les larmes aux passion. L’école nous a permis de sortir de notre
yeux, se souvient la jeune fille. Avec mes camarades, nous nous zone de confort », raconte Anthea, qui pourra
sommes rués dans le couloir devant le trombinoscope de la poursuivre sa carrière chez Thales Alenia Space,
promotion 2004, celle de Sophie. Avec le sentiment que nous à Cannes, en attendant que l’on fasse, peut-être,
étions décidément dans la bonne école ! » appel à elle sur un prochain vol. Tout récemment,
Propulsée sur le devant de la scène, la pilote et lieutenant-colonel enfin, belle victoire encore. Pour la première fois,
de 40 ans, également diplômée du MIT de Boston, devient la une équipe de chercheurs de l’Isae-Supaéro
deuxième Française après Claudie Haigneré à pouvoir côtoyer les conduite notamment par une femme, Naomi
étoiles. Une consécration pour cette ingénieure passée, comme Murdoch, a enregistré le son d’un tourbillon de
Thomas Pesquet (promotion 2001), sur les bancs de l’Institut poussière martien, une mesure déterminante
supérieur de l’aéronautique et de l’espace, l’Isae-Supaéro, basé pour comprendre comment la poussière est
à Toulouse et reconnu comme l’une des meilleures formations soulevée de la surface de Mars et transportée
mondiales en aérospatial. En trente ans, l’Agence spatiale par le vent… Comment se retrouve-t-on donc
européenne a recruté sept alumni de l’Institut. « Les astronautes un beau jour sur le campus réputé ? Enfant,
doivent avoir des compétences scientifiques, mais aussi Inès Mertz restait des nuits entières sur
une excellente forme physique et des compétences sociales les marches de l’escalier de son appartement,
extrêmement développées, ainsi qu’une très bonne en Alsace, à regarder le ciel, à se demander
communication. Cela correspond à ce que nous cherchons à faire quelle histoire chaque petit point lumineux
ici », nous résume son directeur général, Olivier Lesbre. avait à lui raconter, et si d’autres petits

portée
de rêve Par Émilie lopes / IllustratIons Éric giriat
●123
Madamemag

bonhommes se posaient les mêmes questions au fin fond du

cosmos, au même moment. Les avions la fascinaient, les idées
fusaient, son ambition grandissait. Courir vite, apprendre toujours
plus, voler un jour, Inès veut tout faire et excelle. Elle passe son
baptême de l’air à 15 ans, obtient son bac avec une moyenne de
20,03. « J’ai toujours eu ça en moi, je ne sais pas d’où ça vient, ma
mère travaille dans une compagnie d’assurances, mon beau-père
est électricien. Personne dans ma famille ne vient de ce milieu »,
relate-t-elle le sourire aux lèvres, satisfaite d’avoir atteint ses
premiers objectifs. « Voler me donne un sentiment de plénitude
et de liberté que je n’ai jamais ressenti ailleurs. Il y a aussi une
sensation de contrôle sur ma vie et sur le monde qui m’entoure,
et je trouve ça incroyable. »

pour l’égalité des chances

Sur le campus toulousain, la jeune femme de 21 ans
bouillonne, elle décide d’apprendre le russe, multiplie les heures
de sport, passe son brevet de pilote et s’investit dans de nombreuses
associations. Dans quelques semaines, elle va emmener vingt-cinq
étudiants au centre d’entraînement des astronautes, à Cologne, en
Allemagne, avec l’espoir de toucher d’un peu plus près ce monde
qui l’émerveille. Les sciences restent son domaine d’excellence,
la littérature un refuge. « Je suis persuadée que tout vient
naturellement à qui suit son intuition et sa passion, sans se soucier
de ce que la société attend ou exige. » Elle n’en garde pas moins les
pieds sur terre, les sélections pour devenir astronaute restent pour
elle « un rêve, pas une finalité. Car ce qui compte pour moi, c’est
d’être ingénieure spatiale au service de l’exploration scientifique,
comme, par exemple, la lutte contre le réchauffement climatique ».
Comme son aînée Sophie Adenot (lire p. 125), Inès n’a jamais
ressenti la moindre discrimination de genre dans son parcours.
Mais dans les couloirs comme dans les salles de classe de l’école,
force est de constater que les jeunes hommes dominent.
Le directeur, Olivier Lesbre, en convient. « Depuis plusieurs
années, nous plafonnons autour des 20 % de femmes dans notre
école. Nous tentons de chercher à comprendre pourquoi. J’espère
que la nomination de Sophie Adenot inspirera les jeunes filles. »
En 2006, le dispositif d’égalité des chances Ose Supaéro, labellisé
Cordées de la réussite, a été lancé pour attirer les jeunes de quartiers
périphériques, des milieux ruraux, éloignés des grandes écoles,
et promouvoir la place des femmes dans le milieu scientifique.
Sophie Adenot et Thomas Pesquet en sont toujours les parrains,
avec beaucoup de ferveur. « Nous avons remarqué que dans
les domaines du vivant ou de l’agronomie, les femmes sont
majoritaires, alors que dans la mécanique ou l’informatique,
elles ne sont plus que 15 % », regrette Olivier Lesbre.
Alors, l’école s’adapte et développe de nouveaux cursus,
plus axés sur « les facteurs humains ».
C’est ce qu’Elena López-Contreras est venue chercher
à l’Isae-Supaéro. Après des études d’ingénieure à Barcelone, cette
Espagnole voulait se spécialiser dans les interactions entre les
humains et les machines, une discipline inexistante dans son pays.
« Quand je suis arrivée ici, j’ai été impressionnée par la richesse des
ressources et des enseignements, les laboratoires sont incroyables.
Il y a une émulation qui permet de se dépasser. » Et qui dépasse les
frontières grâce à la richesse du réseau
de l’école. L’année dernière, Elena a pu faire un
stage de six mois à Harvard, où elle a participé
à un travail de recherches sur le système
vestibulaire en réalité virtuelle. À 24 ans,
elle termine son cursus au mois de mars,
son avenir semble déjà tout tracé. Ses parents,
médecins, l’encouragent à poursuivre la thèse
qu’elle veut réaliser au sujet de la capacité
cognitive des astronautes en microgravité.
« Il s’agit de comprendre ce qui se passe dans
le corps des spationautes quand ils sont en
mission et comment ils réagissent », développe
cette passionnée, qui n’a cessé pendant
toute son enfance de relire des pages entières
illustration Éric giriat. photo photopQr/suD ouEst/MaXppp
d’encyclopédies consacrées à l’univers et
à l’espace. « En ce moment, tout va très vite,
il y a le projet Artémis de la Nasa qui va
permettre de retourner sur la Lune. Je rêverais
de travailler avec des astronautes qui vont y
aller. Et pourquoi pas Sophie Adenot. Quand
je vois son parcours, je me rends compte à quel
point ce qu’elle fait est extraordinaire. »
objectif Mars
Si la Lune reste l’un des objectifs à court
terme, le monde scientifique est obsédé par
une mission bien plus grande : les premiers pas
de l’être humain sur Mars. Marie Delaroche
va avoir un avant-goût de ce projet hors du

124●

commun. Cette étudiante de 21 ans s’apprête à partir dans l’Utah,
au milieu du désert, dans une station qui recrée les conditions
de vie sur la planète rouge. Pendant un mois, elle vivra coupée
du monde, avec six autres camarades, pour, entre autres, tester
le matériel et les nouvelles technologies dédiées à l’exploration
spatiale. « Depuis l’enfance, l’espace me fait rêver, j’ai lu beaucoup
à ce sujet, chez nous, il y avait un télescope, mes cibles favorites
étaient Jupiter et les lunes galiléennes. » Imagine-t-elle pour
autant pouvoir un jour atteindre Mars ? « Mars est la prochaine
étape logique pour l’exploration, au même titre que les Amériques
l’étaient pour Christophe Colomb ! Ce n’est pas un but ultime,
mais un grand pas de plus, et un défi humain et technologique
à relever. » Comme ses autres camarades, Marie sait que les places
sont rares. « Aujourd’hui, être dans cette école, se dire que Sophie
Adenot a été élève ici, c’est déjà exceptionnel et très inspirant.
Je garde ce rêve dans un coin de ma tête et je veux me dire
qu’à la prochaine vague de sélections, dans quelques années,
SOPHIE ADENOT, astronaute
“Osez vous lancer vers des terres inconnues ”
Qu’avez-vous ressenti
en apprenant votre sélection finale,
Quand se bousculaient au départ QuelQue
22 500 candidats ?
D’abord, une énorme joie et une certaine
sérénité, car cela clôturait dix-huit mois
d’incertitude. J’ai aussi ressenti une grande
humilité, comme un sens aigu des
responsabilités qui m’attendaient.
Et enfin une gratitude envers les gens
qui m’ont fait confiance.
astronaute, c’est un rêve d’enfant ?
J’ai toujours été une grande rêveuse, sophie adenot.
embarquée à la lecture des récits d’aventure
de Jules Verne, des contes, des romans, mais aussi
de biographies d’aviateurs, d’aviatrices, d’astronautes.
J’aimais regarder le ciel, j’y trouvais de l’inspiration,
de jour pour imaginer que je volais proche des nuages,
de nuit émerveillée devant le ciel étoilé… J’ai ensuite
construit mon parcours professionnel, ingénieure, pilote
d’hélicoptère, puis pilote d’essai. Beaucoup de métiers
différents peuvent conduire au parcours d’astronaute,
la voie qui me plaisait le plus était l’aéronautique.
le spatial, pourQuoi ?
Pour la combinaison de nombreux domaines
qui m’attirent depuis toujours : la science, la technologie,
l’exploration. Mais aussi l’aventure humaine.
On travaille en équipe, avec des professionnels de toutes
les nationalités. J’aime apprendre des autres cultures,
Madamemag
j’aurai donné le meilleur de moi-même
pour avoir eu une vie qui me permette de poser
ma candidature. »
À leur sortie de l’école, les étudiantes seront
confrontées à de nouveaux défis. Car dans cette
course infinie à l’espace, de nouveaux acteurs
sont entrés en jeu, des milliardaires comme Elon
Musk qui ambitionne de faire du tourisme spatial,
ou encore la compagnie américaine privée
Axiom, qui prévoit d’envoyer des hommes
d’affaires dans l’espace, pour la modique somme
de 50 millions d’euros. Inès a déjà réfléchi à ces
questions. Si elle estime que diversifier les profils
n’est pas une mauvaise idée, il reste capital
à ses yeux de développer en amont le droit
spatial, pour ne pas mettre en péril ce qui a été
accompli à ce jour par les agences spatiales. ●
cela permet de progresser sur sa propre
compréhension du monde.
avez-vous rencontré des difficultés
dans ce secteur très masculin ?
En tant que femme, clairement non.
Je me suis toujours dit que le temps des
pionnières était derrière nous. Je considère
que les métiers que j’ai exercés pendant ma
carrière n’avaient pas de genre. Ingénieure,
aviatrice, pilote d’essai, puis maintenant
candidate astronaute : même si les femmes
sont en minorité, c’est la compétence qui
est importante, ainsi que la motivation,
la personnalité ; et non le genre ni l’origine
sociale. Je suis heureuse de témoigner qu’on peut réussir
en tant que femme dans des filières scientifiques.
Je souhaite être une ambassadrice pour la technologie
et la science, pouvoir inspirer les jeunes quelles que soient
leurs origines. Nous avons besoin de gens passionnés.
Que dire aux jeunes femmes Qui rêvent
d’être un jour à votre place ?
Les filles, à vous de jouer ! Ayez confiance en vous,
croyez en vos rêves et travaillez pour réussir ce que
vous souhaitez entreprendre. Le travail et la persévérance
vous ouvriront les portes de votre avenir. Si un jour
certaines se ferment, gardez confiance, d’autres
s’ouvriront. Parsemez votre parcours de persévérance,
d’un soupçon d’audace, pour oser vous lancer vers
des terres inconnues. Croyez en votre étoile.
●125
Madamemag
Corée du SUD
le baby
Deux tiers des Sud-Coréennes ne veulent pas
d’enfants. Face à une société partagée
entre compétitivité et tradition, beaucoup
de femmes préfèrent le célibat
et se consacrent à leur ambition.
À Séoul, mégalopole
tumultueuSe, tentaculaire et vibrionnante,
un bruit vient rarement percer l’agitation ambiante : celui
des rires d’enfants aux récréations ou dans les jardins publics.
Rares, aussi, sont les poussettes à se frayer un chemin visible
dans les rues de la capitale coréenne. Au point de se demander,
lorsqu’on déambule dans la ville : où sont passés les enfants ?
Les chiffres apportent un élément de réponse : avec 0,81 d’enfants
par femme, la Corée du Sud possède le taux de natalité le plus
bas au monde. Deux tiers des Sud-Coréennes entre 19 et 34 ans
(65,4 %) ne veulent pas d’enfants, d’après une enquête de Korea
Population Health and Welfare Association, en septembre 2022.
Pourquoi un tel renoncement ?
Ce baby krach est avant tout le symptôme des antagonismes
qui régissent une société sud-coréenne multifacette. À Séoul, cette
diversité est flagrante. Il suffit déjà d’observer l’urbanisme de la
ville pour s’en faire une idée : les quartiers anciens avec leurs
126● par Élisabeth Clauss À séoul
hanoks – maisons traditionnelles –
cohabitent avec une forêt de gratte-ciel
de verre qui ne cessent de se développer.
L’ancien et le nouveau se confrontent.
photos stEphaN GlaDIEu Et Q. sakamakI/rEDux-rEa
Le conservatisme et la modernité se scrutent.
Dans une société corsetée de traditions
confucianiste, mais dont l’économie libérale se
développe spectaculairement – et rapidement –
, certaines femmes doivent trancher entre vie
professionnelle et vie personnelle. En Corée,
c’est encore majoritairement à la mère
de s’occuper des enfants. Le coût exorbitant
de l’éducation d’un enfant représente un frein
important. À cela s’ajoutent des pressions
sociales et familiales récurrentes : on encourage
les femmes à se mettre en retrait de la vie
professionnelle après l’accouchement et les

krach
horaires de travail dévorants (52 heures par semaine) sont souvent
incompatibles avec une vie de famille. « Inquiètes de devoir
interrompre leur carrière, celles qui le peuvent engagent une
nounou qui leur coûte la majeure partie de leur salaire », pointent
Sylvie Octobre et Vincenzo Cicchelli, sociologues auprès du
ministère de la Culture et à l’Université Paris Cité, spécialistes de la
culture coréenne et auteurs de K-pop, soft power et culture globale *.
échapper aux stéréotypes
Dans ces conditions, une jeune génération appelée « Sampo »
renonce de plus en plus au mariage et aux enfants. À 32 ans,
Cheetah, une rappeuse coréenne, nous le confie sans détour : « Pour
l’instant, je suis célibataire et sans enfants par choix. Je préfère me
consacrer à ma carrière. » Sur la terrasse de son appartement, à
Itaewon, un quartier branché de Séoul, cette clubbeuse avertie
poursuit : « J’enregistre des albums, je dessine, je produis des
œuvres NFT, et je collabore à des projets pluri-artistiques. Cette vie-
Madamemag
là suffit à mon épanouissement. » Même
aspiration pour Monica Park, 38 ans, directrice
du développement commercial chez Lulu Lab,
une entreprise de K-beauty tech lancée en 2017.
Le concept phare de cette entreprise dont
les produits technologiques ont été plusieurs
fois primés à l’international : le Smart Mirror,
un écran réfléchissant qui prend une photo
et analyse par intelligence artificielle les
spécificités et besoins de chaque peau. La jeune
femme, diplômée de l’European Business School
de Londres, elle aussi, n’a pas d’enfants, par
choix. « Je suis mariée à mon travail. Célibataire
et heureuse. Presque toutes mes amies sont
comme moi. Elles n’ont pas envie de s’enfermer
dans des stéréotypes. » La jeune génération
est tenaillée entre la tradition qui prône
le mariage comme gage de réussite sociale
et un monde contemporain libéral et global
qui valorise davantage l’individualisme
et l’auto-accomplissement. Les exigences sont
évidemment souvent schizophréniques. Par
exemple, pour faire un « bon mariage », mieux
●127
Madamemag

vaut être diplômée d’une université prestigieuse et employée

dans une grande entreprise – donc s’investir dans le travail.
Mais une fois mariées, les femmes doivent souvent s’occuper
de la famille qu’elles ont fondée, ainsi que des parents
vieillissants de leur conjoint.

L’élan féministe
« Traditionnellement, les couples restent très liés aux
aïeux », commente Olivia Ih, Franco-Coréenne vivant à Séoul,
conférencière, influenceuse et personnalité de la télévision.
« Il arrive que trois générations cohabitent dans le même
logement. Pour les femmes mariées, le poids de la belle-famille est
considérable. Les belles-mères s’immiscent trop fréquemment
dans les relations parents-enfants. Les cérémonies rituelles, par
exemple, qui impliquent des jours de préparation en cuisine,
représentent pour beaucoup de jeunes femmes un fardeau, une
occasion d’être critiquée, un moment d’emprise et de jugement
porté sur l’éducation de leurs enfants. » Pour s’épargner ces 1. Cheetah,
pressions familiales, certaines préfèrent donc éviter le mariage. rappeuse
coréenne.
Résultat ? Leur nombre décline chaque année en Corée du Sud :
2. Genie Seo,
42 % des trentenaires n’étaient pas mariées en 2021, selon l’Institut créatrice
de statistiques coréen Kostat. Les femmes très diplômées de mode.
ont encore plus tendance à rester célibataires que les autres.
Avec un master dans la poche,
seulement 22 % d’entre elles
choisissent de convoler.
Et sans mariage, pas d’enfants :
“Je suis mariée revendiquent de s’émanciper
des relations, mariage
en Corée, les naissances hors
mariage sont rares (2 à 4 %
à mon travail. et descendance compris.
« Hommes et femmes sont
là où en France elles s’élèvent
à 64 %). Dans cette société Célibataire prisonniers d’un rééquilibrage
tendu », analyse Jinbeom Kim,
ultracompétitive, leur
réussite professionnelle se joue
et heureuse” Monica Park, 38 ans
né à Séoul et vivant à Paris
depuis un an pour collaborer à
vers les 30 ans… au moment la réalisation de films coréens.
même où il est attendu qu’elles « Le féminisme est globalement
commencent à fonder une famille. Beaucoup se concentrent sur mal vu en Corée du Sud. J’ai commencé à m’y
l’objectif travail et relèguent au second plan la vie personnelle. intéresser grâce au film Factory Complex, en 2015,
Ce qui les pénalise autrement : « En Corée du Sud, on classe les qui traite de l’histoire du travail des femmes
gens par catégorie d’âge, décrypte Olivia Ih. À la vingtaine, les en Corée des années 1960 à nos jours. »
femmes représentent l’équivalent d’une médaille d’or. L’argent Certains hommes se sent menacée par
correspond à la trentaine, et le bronze se décroche vers 40 ans. la volonté d’indépendance accrue des femmes.
Cap au-delà duquel il n’est quasiment plus possible de se marier. Pourtant, dans les faits, la réalité est tout autre,
Les femmes célibataires qui travaillent à cet âge-là s’appellent puisque les inégalités salariales persistent,
les gold miss (l’or manqué) : elles gagnent très bien leur vie, avec un écart de 32 % en 2020. Ce qui
ont développé de grandes carrières, mais sont stigmatisées. explique aussi pourquoi lorsqu’un enfant
photos tIM FRANCo et INstAgRAMgeNIe séo

C’est très frustrant pour elles et quand elles finissent par se mettre naît, les femmes sont celles désignées dans
en couple, c’est généralement avec des étrangers. » le couple pour s’arrêter de travailler.
Aujourd’hui, la Corée du Sud fait face à une « modernité
compressée ». Figurant parmi les pays les plus pauvres du un phénomène
monde, il y a soixante-dix ans, le Pays du matin calme s’élève inquiétant
aujourd’hui au rang de onzième puissance économique mondiale. Reste que la chute de la natalité
Un essor fulgurant : en peu de temps, sa société doit s’adapter représente un péril à long terme pour la Corée
à des changements sociaux majeurs qui génèrent des crispations du Sud, en termes de démographie bien sûr,
entre les générations, mais aussi entre les hommes et les femmes. mais aussi de productivité et de prospérité.
Depuis quelques années, des mouvements féministes Conscient de ce danger, le gouvernement

128●

3. Monica Park,
directrice du
développement
commercial
chez Lulu Lab.
4. Olivia Ih,
conférencière,
influenceuse
et personnalité
de la télévision.
réagit. Une prime à la naissance est donnée aux parents.
En janvier, un projet de loi a été déposé visant à allonger
le congé parental à dix-huit mois au lieu de douze. Le texte n’a
pas encore été voté. « De nombreuses entreprises développent
des politiques en faveur de leurs employées, mais ce n’est
toujours pas le cas des petites structures », temporise Jinbeom
Kim. Toutefois, dans certains milieux artistiques mais aussi
universitaires, les pères commencent progressivement à
davantage s’impliquer dans la gestion quotidienne de la famille
et dans les tâches ménagères. Une évolution importante, puisqu’il
y a encore six ans, selon un rapport de l’OCDE, ils y consacraient
quatre fois moins de temps que leur compagne. Le sociologue
Vincenzo Cicchelli met en perspective l’importance du cercle
familial en Corée du Sud : « Le pays se vit comme une famille.
Il fonctionne en clans, et toute la population se partage moins
de trois cents patronymes. Même si la société évolue vite,
le socle de la famille est quasi insurpassable parce qu’il offre
des opportunités qui pallient les insécurités de garde d’enfants ou
de logement. » Car le système de garde périscolaire est défaillant.
Les crèches sont rares, les relais disparaissent aussi lorsque les
Madamemag
petits entrent en primaire : ils finissent l’école
à midi, ce qui est intenable pour des parents
actifs. « Élever un enfant coûte très cher,
conclut Sylvie Octobre, surtout si on considère
le prix des cours de soutien pratiquement
obligatoires pour rester dans la compétition. »
Les mères au foyer ?
Mère de trois enfants, ce qui en soi
atypique à Séoul, la Franco-Coréenne Olivia Ih
témoigne de la difficulté de concilier carrière et
famille en Corée du Sud. « D’une part, les maris
sont rassurés d’avoir une femme à la maison
pour élever les enfants, mais d’autre part,
le système éducatif ne leur laisse pas vraiment
le choix. » C’est pourquoi beaucoup de femmes
mettent leur carrière sur pause quand leurs
enfants entrent en primaire : « C’est très
courant et ça n’est pas remis en question.
Les mentalités évoluent parmi les jeunes
couples, mais dès que paraît le premier enfant,
les mères arrêtent souvent de travailler
pendant plusieurs années. »
Certaines femmes, conquérantes de l’agenda
impossible, tentent pourtant de combiner vies
professionnelle et personnelle. Elles sont rares.
Genie Seo en fait partie. Cette créatrice de mode
a lancé sa marque dédiée au bien-être féminin…
après son accouchement. « J’ai eu envie de
créer des sous-vêtements ultrasouples et doux
pour les femmes enceintes, des vêtements
qui protègent des ondes des téléphones. Nous
proposons aussi des patchs antivergetures.
Comme il y a peu de femmes enceintes en Corée
du Sud, nous produisons peu de produits
spécifiques. Mais lancer un business quand
on est une femme n’est pas simple, car les
décideurs sont souvent des hommes. Quand j’ai
présenté mon projet aux investisseurs, ils n’en
ont pas tout de suite compris l’utilité, il a fallu
que ce soit des femmes qui les convainquent.
Spontanément, ils investissent plutôt dans
la high-tech et les objets futuristes. »
Finalement, sa marque Antne a pu bénéficier du
soutien du gouvernement, qui a estimé qu’elle
pouvait encourager la natalité. « Être une
femme dirigeante à Séoul est certes compliqué,
mais pas impossible, estime de son côté Monica
Park, célibataire et sans enfants de 38 ans.
Oui, les hommes ont la main, mais la situation
évolue énormément et très vite. J’adore la
Corée. Le pays a besoin d’innovation et cela
joue en faveur des femmes, qui finiront par
trouver un chemin au milieu des paradoxes. » ●
* PUF, 2022.
●129
Madamemag

OLIVIA COLMAN
royale actrice
Discrètement, rôle après rôle, qui, en creux, évoque aussi le racisme
elle est devenue une valeur dans l’Angleterre des années 1980.

sûre parmi les plus respectées
de sa génération. Dans
Empire of light, de Sam Mendes,
elle bouleverse. Rencontre.
IntervIewer OlIvIa COlman
se mérIte. L’exercice ne la passionne pas, et son entourage,
conscient de ses réticences, impose son lot d’exigences.
Aussi, quand l’heure de l’entretien sonne, par écran interposé,
une appréhension surgit, décuplée par les reports du rendez-vous
et l’attente. Mais les craintes s’envolent quand apparaît enfin
le large sourire de l’actrice, ravie de défendre Empire of Light,
de Sam Mendes. À 49 ans, impériale, la comédienne anglaise
y incarne une responsable de salle de cinéma qui lutte avec
ses troubles schizophréniques et se rapproche d’un jeune collègue
noir dans une ville côtière anglaise. Un rôle fort et complexe,
Les choix de l’actrice ne sont pas ceux de
l’engagement ou de la politique, mais avant
tout une affaire d’émotions. Olivia Colman dit
ne pas intellectualiser les rôles, et s’excuse
d’ailleurs de ne pas toujours savoir en parler.
Ce n’est pas tout à fait vrai. Et elle compense
avec une courtoisie toute britannique, doublée
d’une humilité rare. Elle est de ces actrices
sans ego trip, consciente du privilège qu’elle a
d’exercer un métier qu’elle chérit par amour du
jeu uniquement, sans narcissisme. Sans doute
est-ce là l’apanage des parcours placés sous
le signe de la patience et de la persévérance.
L’Anglaise du Dorset a débuté il y a plus
de vingt ans, mais les premières années ont été
difficiles, entre figuration, troisièmes rôles
et petits boulots pour boucler les fins de mois.
En 2011, Tyrannosaur, dans lequel elle joue
une femme battue, lui offre un succès d’estime

130● par Marilyne letertre


olivia colman
à la première
d’Empire of light,
à londres, en fin
d’année dernière.
son personnage
dans le film est
inspiré de la mère
de sam mendes.
dans son pays natal, et lui permet de décrocher, deux ans plus
tard, son premier rôle clé dans la série policière Broadchurch.
Elle ne cesse dès lors de travailler (Fleabag, La Dame de fer…),
mais peine à être identifiée. Il faudra attendre 2019 et deux rôles
souverains pour rebattre les cartes. Cette année-là, elle remporte
l’Oscar de la meilleure actrice, le prix d’interprétation à la Mostra
de Venise, un Bafta et un Golden Globe pour son incarnation
de la capricieuse reine Anne d’Angleterre dans La Favorite.
Puis elle prend le relais de Claire Foy dans The Crown, sur Netflix,
en iconique reine Élisabeth II. La discrète a pris sa revanche. Les
projets affluent. Fille d’un Anthony Hopkins atteint d’Alzheimer
dans The Father, de Florian Zeller, nommée à nouveau à l’Oscar
l’an passé pour The Lost Daughter, on la verra dans la série Marvel
Secret Invasion et le film Wonka, face à Timothée Chalamet. Malgré
le succès, elle l’assure : sa vie est la même, auprès d’un mari
écrivain et de trois enfants de 18, 16 et 8 ans. Elle fuit toujours
les mondanités, la célébrité, la presse. Une chose a pourtant
bel et bien changé : plus personne n’ignore désormais son nom.
madame figaro. – en quoi jouer cette femme fragile, aux
facettes multiples, dans EmpirE of light, Était un challenge ?
olivia colman. – Ce fut un défi énorme, enthousiasmant
et angoissant. Je n’ai jamais connu de troubles psychologiques,
hormis les tourments de l’adolescence, ce blues latent
que nous connaissons tous plus ou moins quand nous sommes
en construction. Je ne pouvais donc me reposer que sur mon
photos s. p.
empathie et mon imagination pour incarner Hilary, et sur
Sam Mendes, qui m’a accompagnée tout au long du chemin :
la femme que je joue a été en partie inspirée par sa mère,
Madamemag
qui l’a élevé seule alors qu’elle se battait
quotidiennement contre des troubles bipolaires
et schizophréniques. Sam a été mon repère
et ma source première : il avait annoté
le scénario avec des liens d’informations sur
ces maladies ou sur les années 1980, allant
même jusqu’à m’adresser des images des types
de sucreries alors vendues dans les cinémas.
le film met en scène une romance
entre une femme d’âge mûr blanche
et un jeune homme noir. est-ce important
pour vous de faire bouger les lignes
via les personnages que vous incarnez ?
J’aimerais vous dire que c’est le cas,
mais, pour être honnête, je ne choisis
pas mes rôles ainsi. Je n’ai ni plan, ni méthode,
ni vision politique. Je marche au coup
de cœur. J’avais même accepté le rôle
avant de lire le scénario, par simple envie
de travailler avec Sam Mendes. Cela dit,
naturellement, les scénarios figés dans des
représentations archaïques ne m’intéressent
pas. Et il y en a. Les inégalités persistent,
si l’on en croit les statistiques : alors qu’elles
représentent 50 % de la population de
cette planète, les femmes sont toujours
sous-représentées dans nos fictions,
aussi bien en rôle principal que secondaire.
●131
Madamemag
“J’ai galéré pendant
pas mal d’années. Cela
a décuplé mon envie,
renforcé ma ténacité”
Olivia Colman
dAns le film, le cinémA est une échAppAtoire,
un cocon. quel pouvoir A-t-il eu sur votre vie ?
Sam Mendes raconte ici ce qu’il a vécu : le cinéma a été
salvateur dans un quotidien troublé auprès de sa mère. Moi, j’ai
eu la chance de grandir dans une famille aimante : nous sortions
dans le noir et le froid pour aller nous lover dans l’enceinte
chaleureuse d’une salle de cinéma. J’adorais entendre rire
et pleurer mes proches aux mêmes scènes que moi, me sentir
connectée au public… C’est une sensation incomparable,
y compris quand elle est partagée avec des étrangers. Aujourd’hui,
les films tiennent dans notre poche, mais rien ne remplacera jamais
les souvenirs que procure l’expérience de la salle. D’ailleurs,
pour mes enfants, aller au cinéma en famille est une fête.
quels films ont lAissé sur vous une empreinte indélébile ?
Dans ma jeunesse, j’ai découvert le cinéma français,
et je garde un souvenir très fort de Jean de Florette et de Manon
des sources, dont l’histoire et les acteurs m’avaient marquée.
Étudiante en art dramatique, j’ai aussi été bouleversée par
Breaking the Waves, au point que je me crois incapable de le revoir
aujourd’hui. Je voulais être Emily Watson, l’actrice du film.
c’est cet Amour des sAlles obscures qui vous A donné
envie de fAire ce métier ?
Pas du tout. Je ne savais même pas que je pouvais
m’autoriser à rêver d’être actrice avant de jouer dans une pièce
de théâtre au lycée, à 16 ans. Je n’étais pas une bonne élève,
et, là, je trouvais enfin quelque chose qui m’épanouissait
et dans lequel je n’étais pas trop mauvaise.
Être sur scène, sur les plAnches, ÇA vous mAnque ?
Pas pour le moment. C’est difficile, exigeant. Peut-être
serai-je davantage prête quand mes enfants auront quitté le nid.
Pour l’instant, je ne veux pas sacrifier le temps passé avec eux.
pensez-vous que le cinémA puisse chAnger les mentAlités ?
Profondément. Quand j’ai découvert La Dernière Marche,
dans lequel Susan Sarandon joue une sœur qui accompagne
un prisonnier condamné à mort, je me suis interrogée pour
la première fois sur la peine capitale, qui, en Grande-Bretagne,
n’est plus en vigueur depuis la fin des années 1960. Le film
m’ouvrait les yeux sur ce qu’il pouvait advenir dans d’autres
pays occidentaux, avec lesquels nous pensons tant partager.
Le cinéma est une fenêtre sur le monde qui, souvent, fait tomber
les œillères, et permet de comprendre qu’on ne peut pas juger
132●
Empire of light :
derrière olivia
colman, colin
firth, qui incarne
le patron du
cinéma où elle
travaille.
ce qu’on ne connaît pas. Il a énormément
contribué à construire ma pensée.
Avez-vous Appris de chAque rôle
que vous Avez endossé ?
Avant de tourner Tyrannosaur, un film
sur les violences conjugales, il m’arrivait
d’émettre des jugements à l’emporte-pièce
sur les femmes battues. Je me disais :
« Mais pourquoi restent-elles avec ce type ?
Ça n’a aucun sens. » Je ne dirai plus jamais ça.
À moins d’y être confronté directement,
personne ne peut comprendre le niveau de
terreur et de menace qui pèse sur ces victimes.
« personne ne vA t’offrir lA vie
que tu souhAites. c’est à toi de lA
construire. » croyez-vous en cette réplique
d’EmpirE of light ?
Il est parfois essentiel d’être poussé
dans ses retranchements. Personne ne s’est
battu pour moi à mes débuts, et, avec le recul,
je ne le regrette pas. Mes parents voulaient
mon bonheur et me soutenaient, mais ils
craignaient aussi que je me casse les dents sur
ce rêve d’actrice. J’ai galéré pendant pas mal
d’années. Au lieu de me décourager, cela
a décuplé mon envie, renforcé ma ténacité.
Pour remplir le frigo, j’ai été femme de ménage
et secrétaire – j’étais d’ailleurs atrocement
nulle –, mais je regarde ce passé avec
tendresse. Je sais aujourd’hui que je fais
ce métier pour les bonnes raisons. Par amour
photo 2022 20th Century StudioS All rightS reServed
du jeu. Je n’ai rien lâché, et j’y suis arrivée.
Avez-vous toujours lA sensAtion
qu’il fAut vous bAttre Aujourd’hui ?
Je suis à un moment confortable de mon
parcours, mais je ne suis pas représentative des
actrices de plus ou moins de 50 ans. Je fais partie
d’une poignée de comédiennes qui travaillent,
et je ne vis pas dans l’ignorance de ce que
traversent beaucoup de mes consœurs que l’on
juge « périmées » ou inintéressantes. Les choses
évoluent, mais ne soyons pas complaisants : ce
milieu n’est pas plus exemplaire qu’un autre. ●
« Empire of Light », de Sam Mendes. Sortie le 1er mars.
Madamemag

couture
Ester Manas
et Balthazar
Delepierre.

Florentin Glémarec
et Kevin Nompeix.
Sébastien Meyer
et Arnaud Vaillant.

Jack McCollough Rushemy Botter

et Lazaro Hernandez. et Lisi Herrebrugh.

Unis dans la création, ils ont fondé leur

marque de mode et ils s’aiment.
focus sur ces couples qui Œuvrent ensemble
pour le meilleur et pour le style.

&
sentiments
134●
Par Marion Dupuis

Le duo en vacances dans le désert
de Al-Ula, en Arabie Saoudite.
photos Erik FaulknEr, Bruno stauB, piErrick rochEr, lEs anagnou, imaxtrEEz, JuliEn DE rosa/aFp, photo pErsonnEllE Et s. p.
Août 2021: Arnaud et Sébastien
se marient sur l’île grecque de
Hydra. Le plus beau jour de leur vie.
Arnaud Vaillant et Sébastien Meyer
pour Coperni
« Un coUp de foUdre,
comme dans les films. » C’est ainsi
qu’Arnaud raconte sa première rencontre avec
Sébastien sur les bancs de l’école Mod’art, à Paris.
« Il avait teint ses cheveux en bleu, je le trouvais
inspirant. On a commencé à travailler ensemble sur
des projets communs. » Très vite, ils emménagent
dans un petit studio puis décident de lancer, en 2013,
leur label de prêt-à-porter féminin techno chic,
baptisé Coperni. « Sébastien apporte sa passion pour
l’innovation et la science-fiction, c’est un visionnaire »,
résume Arnaud. « Parfois, je pourrais partir très loin,
explique Sébastien, mais Arnaud qui gère la partie
business arrive toujours à placer le curseur créatif
au bon endroit. » D’un côté, le petit grain de folie du
premier, de l’autre, la rigueur pragmatique du second.
Le duo fonctionne si bien qu’ils font partie aujourd’hui
Madamemag
Avec Bella Hadid et sa robe
en spray, lors du dernier défilé
Coperni en septembre dernier, élu
moment le plus viral de l’année.
des princes de la mode parisienne. Dix ans après
le lancement de Coperni, et toujours ensemble,
ils égrainent leurs meilleurs souvenirs : « Le prix
de l’Andam en 2013, nous étions si jeunes, mais aussi
notre premier défilé Courrèges – dont ils ont été les
directeurs artistiques entre 2015 et 2017, NDLR –, notre
show Coperni façon drive-in, pendant la pandémie,
et le dernier, avec Bella Hadid et sa robe en spray, qui
a été élu le moment le plus viral de l’année. » Arnaud
ajoute : « Je garde aussi en mémoire toutes nos galères
du début, mais on fonctionne vraiment comme un duo,
et c’est rare et précieux de pouvoir se soutenir autant
dans la mode. » Le plus beau jour de leur vie à deux ?
« Notre mariage à Hydra, pendant l’été 2021, lors
de la cérémonie, nous sommes tous les deux arrivés au
bras de nos mères, suivis de nos pères. Il n’y avait autour
de nous qu’amour et bienveillance. » ●
●135
Madamemag

La Egonlab Family élargie,

avec leurs amis musiciens,
motion designers, artistes...
Salut final en amoureux
lors de leur défilé
printemps-été 2023.

Quand ils ont

lancé leur
marque, Kevin
et Florentin
partageaient la
même vision
d’un vestiaire Marie-Louise et René, les grands-parents
punk, tailoring de Florentin, grand soutien du duo
et non genré. et de leur marque depuis les débuts.

Kevin Nompeix et Florentin Glémarec

pour Egonlab
Ils font partIe de la
nouvelle garde de la créatIon
masculIne qui raconte le monde d’aujourd’hui
et de demain. Florentin, aujourd’hui 27 ans, et Kevin, 29 ans,
se sont rencontrés dans une agence de mannequins où
le premier était agent et le second déjà créateur d’un label de
mode baptisé Icosae. « J’étais venu à Paris pour créer une
marque de vêtements, alors j’ai demandé conseil
à Florentin », raconte Kevin. Ils se plaisent et commencent
à dessiner à quatre mains. Leur label Egonlab – ainsi baptisé
parce que Kevin trouve que Florentin ressemble au peintre
Egon Schiele – voit le jour en 2019. Fusionnant tailoring,
sportswear et culture punk, leur prêt-à-porter d’esprit
non genré reçoit, deux ans plus tard, le prix Pierre-Bergé
de l’Andam. Lors de la cérémonie, tout le monde remarque
le couple d’octogénaires hyperbranchés habillés en Egonlab,
qui se tient à côté des deux créateurs. « Marie-Louise et
René – ce dernier est aujourd’hui décédé, NDLR –,
les grands-parents de Florentin, ont été parmi les premiers
photos Imaxtree, pIetro D’aprano, photo personnelle et s. p.
à nous soutenir, se souvient Kevin. Ils portaient nos tenues
et sont devenus des mascottes. Pour nous, c’est aussi
une très belle image de couple. » Si le duo dessine à quatre
mains, ils se partagent d’autres tâches : à Florentin la partie
patronage et suivi de production ; à Kevin, diplômé d’un
master en sémiologie, les concepts et la communication.
« On a également monté une Egonlab Family façon Warhol
Factory, en nous entourant de talents dans la musique ou
le design 3D, remarque Florentin. Avec Kevin, on travaille
constamment, d’autant que l’appartement où nous vivons
est aussi notre studio de création. » Un mode de vie qui leur
convient. « Avoir une épaule contre qui s’appuyer au
quotidien, c’est une force, autant dans le travail que dans la
vie », constate Kevin, qui ajoute en souriant : « Je n’attends
plus qu’une chose : que Florentin me fasse sa demande… » ●

136●

Novembre 2022, lors des derniers Belgian
Fashion Awards, où Ester Manas a remporté
le prix du Changemaker of the Year.
Ester et
Balthazar,
en vacances
à Noirmoutier.
Ester Manas et Balthazar Delepierre
pour Ester Manas
« Dès le premier jour
De notre rencontre, nos vies privées et
professionnelles se sont confondues », raconte Ester.
C’est à La Cambre, la grande école de mode à Bruxelles,
qu’elle croise le regard de Balthazar, son amoureux
et futur associé. Ils sortent ensemble la veille de son
concours d’entrée en stylisme. « Ester, c’est la curiosité,
la joie, le soleil, la générosité. La première fois que je l’ai
vue, je me suis dit : cette fille est géniale, il faut
absolument que je passe plus de temps avec elle », confie
Balthazar. Dont acte. En 2018, le duo présente le projet de
diplôme d’Ester au Festival d’Hyères et gagne le prix des
Galeries Lafayette. Ester Manas était née. Une marque qui
tourne autour de l’inclusivité et qu’Ester résume ainsi :
« Je suis ronde et différente des standards proposés. On
a fondé notre label, car je ne trouvais pas de belles pièces
qui me plaisaient dans le marché actuel. » Le regard que
Madamemag
Du regard
amoureux que
porte Balthazar
sur Ester est
aussi né leur
vestiaire sexy
et audacieux.
porte Balthazar sur elle a aussi contribué à l’ADN de leur
vestiaire sexy et audacieux, qui magnifie le corps des
femmes quelle que soit leur taille. « Il dessine en pensant
à moi, souligne-t-elle. J’aime bien la définition qu’a
donnée le quotidien britannique The Independent à propos de
notre duo, à savoir : “Il est fou amoureux d’elle et c’est cela
la marque”. » Ils créent leurs collections ensemble. Ester
contrôle le modélisme et la production, tandis qu’il
chapeaute plutôt la partie communication, typographie et
image. « Notre logo cœur charnel et gourmand, c’est lui »,
indique Ester. D’elle, Balthazar dit aussi : « Elle possède
une énergie folle, avance toujours de nouvelles idées.
Avec elle, ça ne s’arrête jamais ! » Il ajoute : « On a envie
que la marque grandisse, mais on a aussi d’autres projets
qui nous tiennent à cœur. » Lesquels ? « Nous allons nous
marier », confie la jeune créatrice de 29 ans. La date est
même déjà fixée : le 30 août 2023 ! ●
●137
Madamemag

Lisi et Rushemy ont toujours

aimé travailler ensemble,
incluant d’une même voix
la protection de l’environnement
dans leur processus créatif. Le duo lors de la
remise du grand
prix de l’Andam
remporté pour
leur label Botter,
en 2022.

photos Imaxtree, pIerrIck rocher, Bruno stauB, arturo holmes/GettY ImaGes north amerIca/GettY ImaGes vIat et photo personnelle
De leur love story
est née leur
marque Botter en
2016, mais aussi
leur fille Scully,
âgée aujoud’hui
d’1 an et demi.

Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh

pour Botter
« Nous Nous sommes coNNus
très jeuNes, quand nous habitions aux Pays-Bas,
dans deux villages voisins près d’Amsterdam. Le grand frère
de Lisi était mon meilleur ami, et il l’est toujours d’ailleurs.
Mais tout a commencé entre nous quelques années plus tard,
lorsque nous nous sommes recroisés lors d’une fête dans le
quartier. » C’est ainsi que Rushemy, aujourd’hui 37 ans,
évoque le début de sa love story avec la belle Lisi, 32 ans. Très
pudiques sur leur histoire, ils confient avoir immédiatement
travaillé ensemble, s’aidant mutuellement pour leurs
collections de fin d’études, elle, à l’Amsterdam Fashion
Institute, lui, à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers.
Botter, leur label de mode masculine, fondé en 2016, traduit
aussi leurs origines ensoleillées (il a vu le jour sur l’île de
Curaçao, elle est née d’une mère dominicaine)
et leur envie d’exprimer toute la beauté des Caraïbes.
« À nos débuts, je me revois conduire des Pays-Bas jusqu’à
Paris, avec notre collection empilée sur le siège arrière
de la voiture, raconte Lisi. On était jeunes et inexpérimentés,
on n’avait même pas d’argent pour un hôtel, mais on croyait
vraiment en nous et l’avenir nous semblait prometteur. »
Le destin lui a donné raison. Leur prêt-à-porter poétique
et décalé, issu de matières recyclées, leur ouvre la voie du
succès. Ils remportent le Grand Prix du Festival d’Hyères en
2018, se voient confier dans la foulée la direction artistique
de Nina Ricci, qu’ils quittent en 2022 pour se consacrer à leur
label récompensé cette année-là du prix de l’Andam.
« Botter est en tout point la traduction de nos émotions.
Rushemy est celui qui raconte l’histoire, crée le personnage
et commence à dessiner. Puis je travaille sur l’interprétation
de la silhouette en 3D. » « Lisi fait bouger le vêtement autour
du corps comme personne », s’enthousiasme de son côté
Rushemy. Leur plus beau souvenir à deux ? La naissance
de notre fille, Scully, répondent-ils en chœur. ●

138●

Lazaro (à gauche) et Jack (à droite) ont
lancé leur label Proenza Schouler en 2003.
On les appelait les cool kids de New York,
ils en sont toujours aujourd’hui les kings.
Lazaro Hernandez et Jack McCollough
pour Proenza Schouler
2000, New York, uN soir d’été
au club life : Jack et Lazaro font connaissance,
ils viennent d’intégrer la prestigieuse école de design
Parsons et se racontent leur vie. « Nous étions tous deux
nouveaux dans la ville, retracent-ils, et notre amitié s’est
transformée en quelque chose de plus profond les quatre
années suivantes. Puis, pour notre collection de thèse, nous
avons pensé qu’au lieu d’être en compétition, mieux valait
unir nos forces. Nous avons, alors, reçu le prix du créateur
de l’année, et le grand magasin de luxe Barneys nous a
commandé la collection, en nous demandant quel était
le nom du label. Nous n’y avions même pas pensé. Alors,
cette nuit-là, nous avons trouvé Proenza Schouler, qui était
une combinaison des noms de jeune fille de nos mères. »
Dès son lancement, en 2003, leur label pointu, savant
télescopage de french couture, de références à l’art
et de notes street à l’américaine, rencontre le succès.
Madamemag
Jack se dit contemplatif,
Lazaro, plus compulsif.
Deux tempéraments
qui fonctionnent
parfaitement ensemble.
Le duo s’est rencontré en 2000,
a étudié ensemble à la Parsons
School of Design, à New York,
et ne s’est plus jamais quitté.
Et vingt ans plus tard, ces cool kids font toujours partie
des valeurs sûres de New York. « Le travail, la vie, l’amour
se sont peu à peu mélangés, et cela nous convient. Nous
avons connu de gros désaccords en cours de route, mais
les sentiments que nous éprouvons l’un pour l’autre
et la passion de notre travail nous ont toujours donné envie
de persévérer et de résoudre les problèmes », poursuit
le duo fusionnel. Leurs différences ? « J’ai tendance à être
un peu plus contemplatif que Lazaro, explique Jack.
Lui, c’est un vrai battant. Même dans les moments où nous
nous sentons un peu vaincus, il me remonte le moral
et me pousse à aller de l’avant. J’ai toujours admiré ce feu
qu’il a en lui. » Qu’en pense Lazaro ? « Je suis un peu plus
obsessionnel, compulsif, et je m’emballe facilement.
Jack est le seul à pouvoir me ramener à la raison. Il est mon
point d’ancrage à tous égards. Et il a surtout fait de moi
une meilleure personne. » ●
●139
Spécialmode

allur
. À
elle évoque à la fois une attitude,
constitue l’essence

l’affirmer dans toutes ses nuances,

à la légèreté poétique.

140●
toute
Spécialmode

re...
un style, un rythme : l’allure
même de la mode. Cette saison, on va

de la féminité déterminée
À nous de nous (ré)inventer !

●141
Spécialmode

Allure
Minirobes, microshorts, jupes XXS :
la saison coupe court à la morosité
et dévoile effrontément les jambes.
Énergique, chic et sexy sur toute la ligne.

libre
142● Photos FRedeRico MaRtins / Réalisation caRole MatRay / Modèle KiM Van deR laan @ PalfoRM agency
 Spécialmode

Robe, culotte
en laine et escaRpins,
l’ensemble Loewe.

●143
Spécialmode

photos FRedeRico MaRtins

Body en viscose
et sandales, Lanvin.

144●
 Spécialmode

Veste en laine
et robe en crochet,
Celine par
Hedi Slimane.
lunettes Oakley.

●145
146●
Spécialmode

photo FRedeRico MaRtins

 Spécialmode

Robe en tweed
bRodé de paillettes
et ceintuRe, Chanel.

●147
Spécialmode

Robe en cuiR,
Courrèges.

photos FRedeRico MaRtins

148●
 Spécialmode

Manteau
en Mousseline
de soie, pardessus
en gabardine
en coton et babys,
l’enseMble Prada.

●149
Spécialmode

photos FRedeRico MaRtins

Salopette en
tweed, Paul & Joe.
lunetteS Fendi,
chauSSetteS etro,
eScarpinS Bruno
Frisoni.

150●
 Spécialmode

DébarDeur et jupe
en coton, Missoni.
ceinture AlexAnder
McQueen sur
MyTheresA.coM.
sanDales pierre hArdy.

●151
Spécialmode

Robe en coton
et laine, chemise
en coton, ceintuRe
en soie et bottes,
l’ensemble Miu Miu.

photos FRedeRico MaRtins

152●
 Spécialmode

Robe en soie et
bRassièRe en coton,
Longchamp.

●153
Spécialmode

photos FRedeRico MaRtins

Pull en coton
et short en raPhia,
Max Mara.
lunettes Oakley,
cuissardes MM6.

154●
 Spécialmode

Robe et minijupe,
Issey MIyake.
bottes en toile
de coton, MIu MIu.

coiffure martyn
Foss calder. maquillage
marie dufresne.

●155
Spécialmode

Blanca
Padilla
De l’ultralong, des
transparences, des coupes
au plus près du corps…
le printemps est une ode
à la séduction. Toutes
les tendances sublimées
par la top-modèle espagnole.

La belle
156●
allu par isabelle girard / photos Nicolas Valois / réalisation Julie gillet / Modèle blaNca Padilla @ next
 Spécialmode

Trench
en gabardine,
robe en mousseline
eT braceleTs,
Saint Laurent
par anthony
VaccareLLo.

re ●157
158●
Spécialmode

photos Nicolas Valois

 Spécialmode

coMBinaison
en jersey de soie,
ralpH lauren
collection.

à gauche.
Top en corde eT shorT
en coTon, Hermès.

Mise en beauté dior

avec : dior Forever skin
correct 2 n, dior Forever
skin glow 3 n, diorshow
Mascara 090 Black,
diorshow on set Brow 032
dark Brown et dior addict
Lip glow 001 pink.

●159
Spécialmode

photos Nicolas Valois

Robe en coton
peint et combinaison
en soie, Prada.

160●
 Robe en jeRsey
de soie, escaRpins,
Loewe.

●161
 Robe en Résille
et maille, culotte
haute et ceintuRe,
l’ensemble Chanel.

photo Nicolas Valois

162●
Spécialmode

●163
Spécialmode

Haut et pantalon
en soie, ceinture,
l’ensemble
Louis Vuitton.

mise en beauté Dior

avec : Dior Forever skin
correct 2 n, Dior Forever
skin Glow 3 n, Diorshow
mascara 090 black,
Diorshow on set brow 032
Dark brown et Dior addict
lip Glow 001 pink.

164●
 Spécialmode
photos Nicolas Valois

Robe en Résille
et dentelle, soutien-
goRge et bloomeR,
l’ensemble Dior.

●165
 Robe en méRinos
et bottes, Fendi.

166●
 Spécialmode
photos Nicolas Valois

Body en lurex
et ceinture,
Emporio ArmAni.

●167
Spécialmode

Chemise en lurex,
Ralph lauRen
collection.

mise en beauté Dior

par Cyril lanoir avec :
Dior Forever skin Correct
2n, Dior Forever skin
Glow 3 n, Diorshow
mascara 090 Black,
Diorshow On set Brow
032 Dark Brown et Dior
Addict lip Glow 001 Pink.
Coiffure Cyril lanoir.
Photos réalisées grâce
à l’aimable collaboration
de Dreams lanzarote
Playa Dorada resort & spa.

168●

Avec elle, tout semble
couler de source avec une facilité vaguement
sacrilège qui intrigue. Imaginez une jeune fille de 18 ans,
certes d’un mètre quatre-vingts, si grande qu’elle
semble inaccessible, avec un port d’infante et un regard
de conquistador. Bref, admettons-le : une beauté
renversante. Cette jeune fille est dans le métro, à Madrid.
Elle rentre chez elle après ses cours à la fac, pense
à ses devoirs, à ses prochains partiels, aime sa vie
tranquille, a encore des rêves d’enfant, quand soudain
le hasard fond sur elle : un talent scout la remarque
et lui promet la lune. C’était il y a dix ans.
Voilà comment, en un clin d’œil, le destin de Blanca
Padilla chavire. « Je ne venais pas du milieu de la mode.
Ma famille non plus. Nous ne savions pas du tout dans quoi
nous nous embarquions. Nous avons réfléchi et puis hop,
nous avons plongé dans l’inconnu sans savoir ce qui nous
attendait. » Peut-être valait-il mieux car la carrière
de la jeune top-modèle s’est tout de suite emballée
après qu’elle eut signé avec Next Model Management,
une des grandes agences de mannequins. « La plus
incroyable des aventures commençait, se souvient-elle
aujourd’hui. J’ai appris tellement de choses et je suis
si reconnaissante à ceux qui m’ont fait confiance. »
Les plus prestigieux photographes la réclament.
Les designers aussi. Ils ont vu qu’elle portait aussi bien
la mantille que la casquette, le tailleur strict d’après-midi
genre Belle de jour que les minishorts pailletés époque
Saturday Night Fever.
Il y A eu d’Abord le déménAgement
à new york. « Là encore mes parents m’ont
soutenue. lls ne comprenaient pas trop bien la nécessité
que je quitte Madrid, mais ils m’ont accompagnée les yeux
fermés dans ma nouvelle vie. » Elle passe son temps dans
les avions, voyage aux quatre coins du monde sans avoir
le temps de souffler, décide de faire confiance à ceux
“Je pense avoir
les pieds
sur terre,
je sais mesurer
ma chance”
photo Nicolas Valois
Blanca Padilla
Spécialmode
qui l’entourent, de profiter de chacune des expériences,
offertes comme un don du ciel, tout en essayant de ne
pas oublier qui elle est. « Si vous vous laissez griser par
tout ce qui vous arrive sur un plateau (les défilés, les
voyages, les grands hôtels, la vie qui semble s’organiser
autour de vous) en oubliant vos racines et vos origines,
vous êtes fichue. Je pense avoir les pieds sur terre, je sais
mesurer ma chance, en profiter et en faire profiter
mon entourage, sans arrogance. »
Voilà pourquoi cette fille si belle demeure solaire.
Et proche des siens : Blanca est restée espagnole. De cœur.
« J’aime mon pays, sa chaleur, son sens de l’hospitalité,
de l’amitié, de la famille. Je l’aime aussi pour son mauvais
caractère, pour ses outrances, ses colères, ses excès dans
la tragédie comme dans le rire. Ne trouvez-vous pas
d’ailleurs que nous sommes dans un monde tellement
en rupture que cette faculté de rire, cette envie de
s’amuser, de danser, de chanter que je ressens chez nous
est aujourd’hui bien nécessaire ? »
Pour blAncA PAdIllA, lA mode
n’est PAs qu’un exercIce de style
ou un simple job. C’est une expérience humaine.
À condition de la vivre avec une certaine hauteur.
« Vous comprenez, un défilé, cela peut-être cinq minutes
passées sur un podium à présenter des vêtements.
C’est déjà bien. Mais si cela se transforme en rencontres,
en échanges de points de vue, en leçons de vie, alors là,
le métier devient réellement passionnant. Il s’ouvre aux
autres, à la différence. Il devient aussi constructif qu’un
cursus universitaire. Pour cela il faut de la bienveillance
et de la curiosité. » Blanca n’aime pas la lutte des ego
que peut engendrer cette profession. « C’est un peu
normal qu’ils se manifestent. Le milieu est très compétitif.
Les gens ont peur de ne plus plaire, de ne plus être
à la page, d’être ringardisé. C’est vrai pour tout le
monde, les designers, les photographes, les mannequins,
les financiers qui sont derrière cette industrie.
Raison de plus pour garder son sang-froid. »
Selon elle, chaque expérience est une leçon. Les bonnes
comme les mauvaises apprennent à savoir qui l’on est
et dans quel monde on veut évoluer. « Savourer le succès
est enrichissant. Apprendre des échecs l’est peut-être
encore davantage. On découvre sa capacité à encaisser,
à pardonner, à comprendre ce qui important dans
la vie et à lui donner un sens. »
La mode pour Blanca permet aussi de voir l’histoire
s’écrire devant elle. « C’est un moyen d’expression
extrêmement riche. C’est le miroir de la société où nous
vivons, qui redonne de la valeur au temps (surtout dans la
haute couture, quand on sait qu’une robe peut demander
800 heures de travail), aux matériaux, aux savoir-faire,
à l’artisanat. La mode a aussi pris conscience des efforts
à faire pour sauver la planète. C’est un monde paradoxal,
un monde glamour mais très ancré aussi, et c’est sans
doute pour cela que je me sens si à ma place. » ●
●169
Spécialmode

Les silhouettes néopunk

autorisent les expressions
vestimentaireS radicales.
Cuirs, clous et grosses bottes
lacées ne manquent pas de piquant.
Photos AlAin lAboile / Réalisation Sylvie Clemente
/ Modèle Céline bouly @ suPReMe ManageMent

Allu
à contre-
courant
170●
 Robe en Raphia
bRodé, chaussettes
et spaRtiates,
l’ensemble Dior.

re
●171
 Trench en cuir,
Saint Laurent par
anthony VaccareLLo.

à droiTe.
VesTe eT panTalon
en gomme imprimée
eT ajourée,
LouiS Vuitton.

photos AlAin lAboile

172●
●173
 Robe en soie,
ceintuRe et bottes,
l’ensemble Paco
Rabanne. collieR
Thomas sabo, montRe
Longines, manchette
Zana bayne.

à dRoite.top et
jupe en maille Relief,
collieR, ceintuRe
et chaussuRes ,
l’ensemble VeRsace.
collieR de peRles,
mikimoTo × comme
des gaRçons.

photos AlAin lAboile

174●
●175
176●
photo AlAin lAboile

Gilet et jupe en cuir,

tee-shirt, col bijoux,
chaussettes et
botte, l’ensemble
Celine Homme.

●177
 Veste et pantalon
en cuir, et collier,
Acne StudioS.
boots
underground.

à droite.
robe en cuir,
BAlenciAgA.

178●
 photos AlAin lAboile

●179
180●
photos AlAin lAboile
 Blouson en cuir,
legging et Bottes,
l’ensemBle
Raf SimonS.
collier mikimoto
× comme
deS gaRçonS,
Boucle d’oreille
tant d’aveniR.

à gauche.
tee-shirt, Blouson
et choker,
l’ensemBle mango,
cycliste intimiSSimi.
colliers JuStine
clenquet, ceinture
undeRgRound.

●181
182●
 Robe bRodée
de chaînes,
Junya Watanabe.
boots adieu.

à gauche.
blouson Guess,
tee-shiRt sehnsucht
atelier, pantalon
en cuiR clouté,
Jenny hytönen.
FoulaRd
les inconnus,
boots dR. Martens.

coiffure eduardo bravo.

Maquillage Maria olsson.
photos AlAin lAboile

●183
Spécialmode

Une
allu
folle Avec une belle modernité,
franges et plumes
réinventent l’élégance
insolente des années 1920.
Un vestiaire joyeux
qui célèbre la féminité.
Photos Wendelien daan / Réalisation Julie Gillet / Modèle Sokhna @ select

184●
 Spécialmode

re

Robe en soie, Fendi.

mules Giuseppe
Zanotti.

●185
Spécialmode

Body en jersey
et pantalon en laine
Brodé de plumes,
Valentino. Boucles
d’oreilles, SwaroVSki,
sandales
Jimmy Choo.

photos Wendelien daan

186●
 Spécialmode

Robe en maille
et mousseline de
soie et sac plumes,
l’ensemble Hermès.

●187
Spécialmode

photos Wendelien daan

Robe en satin
de soie, sac fRangé
et cuissaRdes,
l’ensemble
Victoria Beckham.

188●
 Spécialmode

Top eT jupe en
maille eT franges
de perles, boucles
d’oreilles
eT sac double,
l’ensemble
Bottega Veneta.

●189
190●
Spécialmode

photo Wendelien daan

 Spécialmode

Veste en soie,
Caroll, top
et jupe en rhodoïd,
Sportmax.

●191
Spécialmode

photos Wendelien daan

Robe en maille,
Proenza Schouler.

192●
 Spécialmode

Robe en coton
et fRanges, Michael
Kors. boucle
d’oReille suot
studio, mules aGl.

●193
Spécialmode

Chemise en Coton,
Comptoir des
Cotonniers, short
brodé, Germanier.
bouCles d’oreilles
shourouk, sandales
pierre hardy.

194●
 Spécialmode

Chemise en Coton,
Dries Van noten.

Coiffure Christos Vourlis.

maquillage maria olsson.
manucure Julie Arelanian.
photos Wendelien daan

●195
Spécialmode

L’allure
du futur Volumes graphiques,
monochromes optiques et matières
argentées dessinent une garde -robe
onirique et sophistiquée pour
héroïnes du temps présent.
Photos Zeb Daemen / Réalisation agnès Poulle
/ Modèles Joy VanDereck @ PReMiuM Models et ben massarenti @ oui ManageMent

196●
 DébarDeur
corseté, jupe en
jersey, et bottes,
l’ensemble Louis
Vuitton. casque
Le Bon Coin.

●197
 Joy : pull en coton, soutien-gorge en cuir clouté, et jupe en jersey technique, l’ensemble Sportmax.
boucles d’oreilles anneliSe micHelSon. Ben : trench transparent et combinaison pailletée, alexandre VautHier.

198●
 Bustier en tulle,
et pantalon en
satin strassé,
GiorGio ArmAni.
Boucles d’oreilles
Annelise
michelson.
casque
le Bon coin.
photos Zeb Daemen
ldskfjsdlkfjsdfkdmflk

●199
200●
photo Zeb Daemen
Ben : robe en lurex,
Gucci. lunettes
Prada eyewear.
Joy : robe ajourée,
chloÉ. boucles
d’oreilles Marc
deloche, mules
Charles Jourdan.

●201
202●
photos Zeb Daemen

Robe-tablieR en gabaRdine, Prada.

●203
204●
photo Zeb Daemen
 Joy :
combinaison en
dentelle, bikini et
tongs, BurBerry.
Ben : robe en
jacquard de coton,
Leonard Paris.
colliers Marc
deLoche et
isaBeLLe ToLedano.

●205
 Joy : robe
pailletée, MaJe, veste
en nylon métallisé,
2 Moncler alicia
Keys. manchette
annelise Michelson.
Ben : body
en cachemire, notshy,
bermuda métallisé,
ouest Paris.
boucles d’oreilles
Marc Deloche.

photos Zeb Daemen

206●
Veste longue en tweed, à boutons bijoux, et bottes, Chanel.

●207
208●
 Robe en lycRa
laminé, ceintuRe
coRset métallique et
lunettes, l’ensemble
Dolce & Gabbana.
bague Mara
Paris, escaRpins
Maison ernest.

maquillage Vera
photos Zeb Daemen

Dierckx. coiffeur
cyril lanoir.
photos réalisées
grâce à l’aimable
collaboration de secrets
lanzarote Resort.

●209
Spécialmode

L’allure
tout-
terrain
Taillés pour l’aventure, pantalons
cargo et pièces utilitaires gagnent
en désirabilité. Une exploration
esthétique, tout en rigueur et
sensualité, pour un trekking raffiné.
Photos Pierre-AlbAn Hüe de FontenAy / Réalisation CéCile MArtin / Modèle FAnny FrAnçois @ iMG Models

210●
 Spécialmode

Cape en Cuir, body

en jersey de soie,
Ceinture, sandales
et Casquette,
l’ensemble Hermès.
Chaussettes Falke.

●211
Spécialmode

Body en dentelle
et Blouson en
coton, BurBerry.
Boots TimBerland
chez Sarenza,
chaussettes Falke.

photos pierre-AlbAn hÜe De FontenAY

212●
 Spécialmode

manteau et jupe
en cuir, brassière en
nylon, caleçon en
coton, et ceinture,
l’ensemble miu miu.
boots timberland
chez sarenza,
chaussettes Falke.

●213
Spécialmode

blouson et
short en cuir,
Ferragamo.
boots Celine.

214●
 Spécialmode
photos pierre-AlbAn hÜe De FontenAY

DébarDeur,
pantalon en
coton et bottes,
Dior.

●215
Spécialmode

Brassière en
denim et Bermuda
ceinturé en coton,
Givenchy.

photos pierre-AlbAn hÜe De FontenAY

216●
Spécialmode

●217
Spécialmode

Robe à poches
en cuiR, ceintuRe
et chaussuRes,
l’ensemble
Louis Vuitton.

photos pierre-AlbAn hÜe De FontenAY

218●
 Spécialmode

Top rebrodé
de perles
eT panTalon
à poches en coTon,
Isabel Marant.
booTs tIMberland
chez sarenza.

●219
Spécialmode

Veste en
toile de coton,
Vanessa Bruno,
tee-shirt et minijupe
en coton, double
besace en cuir,
l’ensemble
ann Demeulemeester.
bottes Celine.

photos pierre-AlbAn hÜe De FontenAY

220●
 Spécialmode

veste en toile
de coton, IKKS,
Maillot de bain
en lurex, Etam.

●221
Spécialmode

Blouson
en coton enduit
et shorty
en cuir, Loewe.
Boots
TimberLand
chez Sarenza,
chaussettes
FaLke.

photos pierre-AlbAn hÜe De FontenAY

222●
 Spécialmode

Coupe-vent en
nylon, débardeur
en Coton, jean
en denim et Cuir,
l’ensemble
Stella McCartney.
boots tiMberland
Chez Sarenza.

Coiffure ania
Grzeszczuk. maquillage
massanori yahiro. set
design aymeric arnould.

●223
Madamebeauté

Le néodico
du bistouri
Leurs noms mignons vis-à-vis de ces nouveaux concepts marketing en vogue :

affolent les réseaux « D’un côté, c’est une bonne chose, car cela démocratise
les pratiques et les rend plus glamour, mais il faut
sociaux, mais cachent des aussi se méfier des informations qui circulent. » Cette
viralité n’est pas exempte de danger, et peut pousser
actes médicaux parfois très les jeunes à une consommation abusive d’actes pas
lourds. Notre glossaire toujours nécessaires, pas toujours réussis, souvent chers,

pour y voir plus clair.
Des transformations
avant-après qui cumulent
Des millions De vues sur tiktok
ou sur Instagram, et des intitulés mignons, punchy, à la
consonance américaine : cette combinaison gagnante
a tout pour susciter l’intérêt des millennials et de
la génération Z. Ces pratiques intrigantes rebaptisées
.
et qui, surtout, risquent de passer de mode. Et comme
on ne « démaquille » pas une opération esthétique d’un
simple coup d’éponge, on a décidé de passer au scalpel
les « lubies bistouri » les plus populaires du moment.
BABY BOTOX
C’est grâce à son préfixe « bébé », qui semble
minimiser l’acte et adoucir ses effets, que le phénomène
sévit autant. Pourtant, « loin d’être une découverte,
il s’agit ni plus ni moins d’un terme très commercial pour
désigner l’utilisation microdosée de toxine botulique
photo SaBINE VILLIarD

à la mode hollywoodienne sont pourtant loin d’être
des révolutions en matière de chirurgie esthétique.
Le docteur Jonathan Fernandez, chirurgien plasticien
à Nice et membre de la Société française des chirurgiens
esthétiques plasticiens (Sofcep), appelle à rester vigilant
sur des patientes jeunes », explique le docteur Fernandez.
L’intérêt de cette technique : « Plutôt que de lisser
des rides déjà apparentes, il s’agit de donner un aspect
plus reposé au visage et une expression plus “positive”.
Intéressant pour les personnes en début de trentaine

par Victoria Hidoussi

224●
 EFFET LIFTING dès 30 minutes (1)

RIDES D’EXPRESSION + RIDES DUES À L’ÂGE

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% de satisfaction, 22 sujets.*Janvier 2023.**Sans ingrédient d’origine animal. / Pictos Garancia.
Madamebeauté
qui ont des muscles faciaux un peu relâchés et qui
ont l’air fatigué », suggère le médecin, qui recommande
.
ce traitement en prévention des premiers sillons.
« On ne va pas arrêter le vieillissement, mais le ralentir
en stabilisant les muscles faciaux. On constate
des résultats très efficaces des décennies plus tard. »
BICHECTOMIE
De Mary-Kate Olsen à Bella Hadid, en passant
par Zoë Kravitz, les stars auraient toutes succombé
à cette nouvelle lubie qui consiste à enlever les boules
de Bichat, ces petites masses graisseuses situées sur
la partie externe de chaque sillon nasogénien, légèrement
au-dessus de la commissure des lèvres. « Sous anesthésie
locale, on infiltre l’intérieur de la bouche en faisant
une petite incision et on enlève l’excès graisseux.
Cela permet d’affiner un peu la partie inférieure interne
de la joue », explique la docteure Catherine Bergeret-
Galley, chirurgienne plasticienne à Paris et présidente
de la Sofcep, qui précise que « la technique a été mise
au point il y a plus de trente ans déjà pour répondre aux
.
besoins des visages extrêmement carrés et trop remplis ».
Une esthétique d’autant plus mise en exergue sur les
réseaux sociaux depuis l’émergence des visioconférences
qu’elle aurait la réputation de rendre plus photogénique.
FOXY EYES
Les yeux en amande ? Trop vus ! Aujourd’hui,
c’est le regard étiré sur les côtés et relevé vers les tempes,
aussi appelé cat eye, qui fait fureur. L’opération qui permet
d’obtenir ce regard félin a, en fait, un nom moins sympa :
la canthopexie. Elle consiste à « injecter une combinaison
de toxine botulique et d’acide hyaluronique dans
cette zone pour traiter la perte de volume et de soutien »,
explique le docteur Alexandre Marchac, chirurgien
esthétique à Paris. « On utilise ensuite les fils tenseurs
pour soulever la queue du sourcil et tendre le coin externe
de l’œil à un niveau plus haut que le coin interne. C’est
ce qui donne un regard plus dynamique, plus profond et
moins fatigué. » Si ce look est particulièrement en hausse
.
chez les vingtenaires et les trentenaires, d’autres patientes
peuvent aussi y trouver un intérêt : « Il existe de vraies
indications chez les femmes qui ont l’œil “triste”, qui
tombe vers le bas, peu importe leur âge », ajoute l’expert.
JAWLINE CONTOURING
C’est une sorte de contouring sans maquillage.
« De plus en plus de femmes s’orientent vers ces
techniques pour améliorer leur ovale, synonyme de
jeunesse et de grâce. Elles ont recours aux injections pour
structurer la mâchoire et apporter du volume le long de
l’os mandibulaire, ce qui le rend plus saillant », confirme
la docteure Christelle Santini, chirurgienne et médecin
esthétique à Paris, qui observe une hausse de la demande
en cabinet. Le docteur Alexandre Marchac explique
226●
cet engouement récent par les progrès scientifiques :
« De nouvelles techniques d’injections ont vu le jour
pour embellir le tiers inférieur du visage, notamment
en provenance du Brésil. De nombreux médecins ont
développé une méthode appelée “harmonisation faciale”,
.
dévoilant des photos avant-après spectaculaires de
jawlines (mâchoires, donc) créées uniquement avec de
l’acide hyaluronique. Depuis, la ligne mandibulaire nette,
droite et bien profilée est devenue un critère de beauté. »
PONYTAIL LIFTING
Comme son nom l’indique, ce lifting consiste
à reproduire l’effet de visage « tiré » vers le haut que crée
naturellement une queue-de-cheval bien tendue.
« C’est une technique rebaptisée par l’un de nos confrères
à Hollywood, qui met à l’honneur la chirurgie faciale
sous endoscopie », explique la docteure Catherine
Bergeret-Galley « Les incisions sont moins longues
que lors d’un lifting traditionnel. On pratique quand même
un décollement cutané, mais de façon plus modérée »,
décrit le médecin, ajoutant que ce lifting vertical
spécifique « n’implique pas le retrait d’excès de peau.
.
C’est pourquoi les meilleures candidates sont celles
qui présentent des signes minimes de vieillissement
cutané, et qui souhaitent de petites améliorations plutôt
qu’un traitement complet ».
RUSSIAN LIPS
Cette méthode, qui fait fureur, consiste à modeler
les lèvres en forme de cœur, comme celles d’une poupée
matriochka, en les soulevant vers le haut plutôt qu’en
les repulpant vers l’avant. « Au lieu de les remplir
de manière homogène pour augmenter leur volume,
comme le propose la technique traditionnelle, on injecte
de l’acide hyaluronique au niveau des commissures
et de l’arc de Cupidon afin de créer ce côté ultradessiné
et rehaussé », explique le docteur James Schinazi,
médecin esthétique à Paris. De face, les contours naturels
sont redéfinis, accentués et ourlés afin de donner un
aspect global plus charnu… et éviter ainsi le redoutable
effet « bouche de canard » de profil. ●
L’ère du body contouring
L’augmentation mammaire n’est plus l’opération de chirurgie
esthétique la plus réalisée au monde. Elle vient de se faire détrôner
par la liposuccion, qui représente 14,8 % des interventions pratiquées
en 2021 *. Dans le top 5 viennent ensuite la blépharoplastie (la chirurgie
des paupières), la rhinoplastie et l’abdominoplastie. La plus forte
croissance de l’année ? Le lifting des cuisses (+ 53,1 %), tout comme
les interventions remodelantes dites de body contouring. Côté médecine
esthétique, c’est l’injection de toxine botulique qui arrive en tête,
devant les injections d’acide hyaluronique et l’épilation définitive.
* Enquête Isaps (International Society of Aesthetic Plastic Surgery) 2022.
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booste l’énergie des cellules(1). le constatent :
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brunes liées à l’âge et aide à prévenir leur réapparition 2 semaines
avec des premiers résultats dès 2 semaines(2). d’utilisation(3)
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4 semaines, % de satisfaction.
madameCuisine
la pizza de peppe
Giuseppe Cutraro, champion du monde
de la pizza, possède deux ADRESSES parisiennes.
Il nous livre ses secrets de fabrication.
Il n’est pas facIle à suIvre !
GIuseppe cutraro, connu sous le nom de Peppe
– qui est aussi celui de ses deux pizzerias parisiennes –,
a un planning qui déborde. Mais quand on le tient, il ne
compte pas son temps et répond volontiers à LA question
qui nous taraude : comment a-t-il décroché à Naples,
en 2019, le titre convoité de champion du monde de la
pizza ? « Pour se différencier, il faut donner une empreinte
personnelle à la pizza. La mienne, c’est la pâte. Elle est
alvéolée, croustillante à l’extérieur, moelleuse à
l’intérieur. Et si digeste qu’après le repas, on ne se sent pas
lourd. » Cette pâte, il lui a fallu du temps pour la mettre au
point. Ce passionné, qui a grandi dans un quartier chaud
de Naples, a passé deux semaines à tester les farines du
moulin napolitain de Caputo avant de mettre au point une
technique de pétrissage. Sa recette ? Il la met à la portée
de tous dans son livre, Pizzas napolitaines, avec une version
plus accessible. Dans un bol, on place 1 kg de farine, 2 g
de levure fraîche, 45 cl d’eau, et on pétrit 10 minutes.
On ajoute ensuite 27 g de sel, 7 g de sucre, 235 ml d’eau, 1 g
d’huile d’olive. Le pétrissage doit se faire de plus en plus
énergique jusqu’à l’obtention d’une pâte lisse. Cette
boule de pâte doit reposer 10 minutes avant d’être plissée.
Une nouvelle phase de repos de 30 minutes est alors
nécessaire, sous un linge humide. Puis il faut diviser
la pâte en boules de 300 g que l’on enroule sur elles-
mêmes avant de les laisser reposer encore, 6 à 8 heures
dans un récipient fermé. Et voilà de quoi approcher
228● par Vanessa Zocchetti
Giuseppe Cutraro,
dit Peppe,
champion du
monde de la
pizza. Sa seconde
adresse à Paris,
rue des Martyrs.
la perfection de Peppe. Il faudra cependant de
l’entraînement avant de prétendre l’égaler. Car Peppe
a appris son métier très tôt. À 16 ans, il travaille déjà dans
une petite pizzeria. À 18 ans, il part exercer sa profession à
New York. Puis ce sera Malte, l’Espagne, la Suisse et Paris,
où le groupe Big Mamma l’embauche. Partout il affine…
Avec toujours en tête un rêve : avoir sa propre pizzeria.
Il l’ouvre enfin place Saint-Blaise, à Paris, en 2019. Son
titre de champion et le bouche-à-oreille lui assurent vite
le succès. Mais ce sont surtout ses pizzas contemporaines,
son obsession de la qualité, ses assaisonnements soignés
qui confortent sa position de vedette. En 2021 et 2022, Peppe
est désigné par le guide 50 Top Pizza comme la meilleure
pizzeria d’Europe – hors Italie ! –, et, en 2022, comme la
troisième meilleure pizzeria au monde. « Pour les pizzaïoli,
c’est comme recevoir une étoile au Michelin. D’ailleurs,
aujourd’hui, nous sommes de vrais chefs. Nous ne nous
contentons pas de sortir des classiques, nous utilisons
des produits de saison, créons nos recettes signatures »,
explique-t-il. Une vision qui ne l’empêche de cultiver
l’image simple de la pizza : « Malgré
ces évolutions, elle doit rester populaire
et accessible à toutes les familles. » ●
photos sandra Mahut
Peppe Pizzeria, 2 place Saint-Blaise, 75020 Paris,
et 61, rue des Martyrs, 75009 Paris.
Pizzas napolitaines, de Giuseppe Cutraro,
Éditions Marabout, 120 p., 12,90 €.
 Madamelifestyle

pizzas 4 fromages
Pour 1 ou 2 personnes / Facile. préparation :
10 minutes. Cuisson : 12 minutes.
• 1 boule de pâte à pizza de 300 g • quelques pincées de semoule
remoulue • 30 g de camembert de bufflonne • 30 g de roquefort
• 100 g de fior di latte • 50 g de ricotta fraîche de vache ou de
bufflonne • sel • poivre • huile d’olive vierge • 10 g de cerneau
de noix • 2 cuillerées à soupe de miel • quelques feuilles de basilic.
couPer en morceaux le camembert, le roquefort
et la fior di latte. réserver. À l’aide d’une fourchette,
détendre la ricotta avec un peu d’eau, puis l’assaisonner
de sel et de poivre. PréchauFFer le four à 250 °c en
sélectionnant le mode chaleur tournante. Placer une
pierre réfractaire à l’intérieur, si vous en avez une.
Fariner le plan de travail avec la semoule. étaler la pâte
à pizza avec les mains. Transférer la pâte sur la plaque de
cuisson du four badigeonnée d’huile. recouvrir toute
la surface de la pâte de ricotta. Faire cuire, dans la partie
basse du four, pendant 8 minutes. retirer la pizza du
four. ajouTer le camembert, le roquefort et la fior di
latte. arroser d’un filet d’huile d’olive, puis enfourner de
nouveau 4 minutes, en mode chaleur statique. À la sortie
du four, garnir la pizza avec les noix émiettées, le miel,
quelques feuilles de basilic et un peu d’huile d’olive.

pizzas mortadelle
pistaches
Pour 4 à 6 personnes / Facile. préparation :
45 minutes. Cuisson : 10 minutes.
• 1 boule de pâte à pizza de 1 240 g • quelques pincées de semoule
remoulue • huile d’olive • 300 g de fior di latte fumée • 400 g de
mortadelle en tranches • 30 g de pistaches hachées • quelques
feuilles de basilic. pour le pesto à la pistache : • 100 g de pistaches
• 50 g de pignons de pin • 100 g d’huile d’olive • 40 g de grana
padano râpé • 15 g de basilic • ½ gousse d’ail • sel • poivre.
PréParer le pesto. Déposer les pistaches et les pignons
dans le bol du mixeur, puis verser l’huile d’olive, le grana
padano, le basilic et l’ail. Mixer quelques minutes puis
verser 50 ml d’eau froide. ajouter une pincée de sel et de
poivre, et mixer jusqu’à l’obtention d’une crème onctueuse.
réserver. PréchauFFer le four à 250 °c (chaleur tournante).
Fleurer le plan de travail avec la semoule et étaler dessus
la pâte en un rectangle. étendre la pâte sur la plaque de
cuisson légèrement huilée. Badigeonner d’huile d’olive
toute la surface de la pizza. enFourner la plaque à la
glissière inférieure et faites cuire pendant 6 minutes. retirer
la pizza du four, ajouter la fior di latte, enfourner 4 minutes
à 220 °c. À la sortie du four, disposez la mortadelle et
colorer la pizza avec quelques gouttes de pesto. Parsemer
de pistaches hachées et de quelques feuilles de basilic.

●229
Motscroisés

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T SOLUTION
1 1 DES MOTS CROISÉS
DU 17 FÉVRIER 2023
2 2 Horizontalement : 1.  Ultracentri-
fugations. 2.  Niaiserie. Natu-
3 3
rel. II.  3. Imprécis. Pic. In. Lace.
4 4 4.  Voie. Ie. Fat. Atomiser. 5.  En.
Sot. Harissa. Imper. 6. Rap. Renâ-
5 5 clai. Relie. 7.  Sirop. Orée. Crépit.
8. Érotisme. Ruai. Étêtai. 9. Lèsent.
6 6 T.V.A. Verra. Eco. 10. Set. Ail. On-
zain. 11.  Écru. Amortissant. S.S.
7 7
12. Rétameur. Ma. INSEE. 13. Au.
Îles. Origine. Trio. 14.  Déflorera.
8 8
Taxe. Lests. 15.  Ais. S.A. Maso.
9 9 Ios. Os. 16.  Imites. Niet. Dodu.
Eue. 17.  Rites. Agoniser. Gag.
10 10 18.  Ânes. Sme. Ève. Larmoya.
19.  Nua. Poussée. Bolée. On.
11 11 20. Tsunami. Assainissant.
Verticalement : A.  Universelle.
12 12
Admirant. B.  Limonaire. Crue.
13 13 Minus. C.  Tapi. Prostré. Faîteau.
D.  Rires. Ôte. Utilités. E.  Ase.
14 14 Orpins. Aloses. Pa. F. Cécité. Stea-
mer. Som. G.  Érié. Nom. Tmèses.
15 15 Amuï. H.  Niš. Haret. Ou. Ranges.
I. Té. Face. Varroa. Io. Sa. J. Parle-
16 16
rait. Menées. K. Initia. Limitatives.
17 17 L. Fac. Sicav. Sagas. Se. M. Ut. As.
Riens. Ixode. Bi. N. Guitare. Aîné.
18 18 Orlon. O. Arno. Éperonne. Id. Ali.
P. Te. Militants. Lougres. Q. Illimi-
19 19 té. Étés. Âmes. R.  Aspe. Teasers.
Ego. S.  Nicée. Macis. Itou. Yon.
20 20
T. Sierra. Ion. Possédant.
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T

HORIZONTALEMENT
1. Le choix des partisans du moindre
effort (quatre mots). 2. Un pro de
la montre. Ancien vase à boire. Fait
particulier. 3. Prénom d’une douce
d’opérette. Dangereuse mer bre-
tonne. Lieux d’aisances. 4. Soutien
logistique dans le golf. Recueil de
bons mots. Balayeur japonais. Appela
un taxi. 5. Jeanne à la cave. Plus en
vie. Suivre son cours. 6. Donna son
accord. Entame de comté. Causas des
dommages. Direction. 7. Fin de tocca-
ta. Appareil de projection. Fiertés de
Cambrésiens. Démonstratif. 8. Cours
des Ébroïciens. Oiseau marin. Passés
du privé au public. 9. Serrât l’écrou.
Travail de facteur. Se découvre à ma-
rée basse. 10. L’Alsace et la Lorraine.
Jurent beaucoup. Cales de navire.
11. Domine une plaine céréalière. Ha-
bituée des bassins. Des chiffres et une
lettre. 12. Proche des plumes. Utilise
une romaine. Nettoyée comme une
parcelle. Mesure de coupon. 13. Île
face à La Rochelle. Aux reflets cha-
toyants. Ses jours ne sont pas comp-
tés. Endormir avec des boniments.
14. Se laisser aller. Queue de cheval.
Sur la rose des vents. Opéras. Début
d’activité. 15. Étourdira. Distinguée.
16. Certains l’aiment chaud. Et pas
ailleurs. Aimait jouer aux dames. Petit
patron. Fleur en étoile. 17. Fait pleu-
rer la mousmé. Auront une réalité.
Grave pour une infirmière. Procéda
par élimination. 18. A souper. L’un
chasse l’autre. Un cœur qui bat. Ville
roumaine. Pris de la bouteille. 19. Fu-
ment aux heures de travail. Sorti.
Couvrir d’une étoffe. 20. Propres à la
lune. Concèdes. Rapproche de la cote.
VERTICALEMENT
A. Ils font partie des thèmes récur-
rents. Supposés. B. Sous le manteau.
Fait régulièrement des merveilles.
Regarde de haut. C. Fiévreux, en soi-
rée. Port de la Rome antique. Alerte le
harpail. Bleu et Blanc avant Khartoum.
D. Elle fait le tour du stade. Jeunes
entêtés. Vaut un candela. Produit de
nettoyage. E. Ton exemplaire. Octroi
de la vie sauve. Le grand môme. Base
de soupe. Au milieu. F. Savoyarde près
de l’Arly. Il fait des bulles à Rome.
Terme de mépris. Pile. G. Se servit
d’un rigolo. Syndicat. Bien maîtrisé.
Repas du guerrier. H. Préfixe d’éga-
lité. Elles font le plein d’essences. Le
roi du foot. I. Fait chauffer le marteau
et l’enclume. Fausse. Remit en état.
J. Centaure, mais pas sans tort. Petits
cigares. Cap vers les Baléares. Parti
politique allemand. K. Évêque de Cé-
sarée. Grec insulaire. L’éclat de la jeu-
nesse. En matinée. L. Interjection. Fin
de dérive. Porteuse de titres. Il se rami-
fie autour de Paris. Protège des grains.
M. La force du destin. Air triomphant.
Traverse Gand. N. Une dent qui fait
souffrir. Tellement. Bons pour le ser-
vice. O. Propre au berger. Fait partie
du gratin dauphinois. Palais des papes.
P. Finit souvent en terrasse. Quartier
de l’histoire. On y trouve fortune au
fond du puits. Disque démodé. Q. Fait
les gorges chaudes. Doucereuses. A
eu des fleurs en poésie. R. Faisait rire
jaune. Veuve en Inde. Résidu grossier
de chanvre. S. Ancienne monnaie
chinoise. Tirage du foyer. Massari ou
Salamé. Vivants et mortels. T. Pas-
sées dans une cabine. Palmipède qui
attaque les oiseaux marins.

par pierre ollivier

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Du 20 mars au 20 avril
Deux planètes bénéfiques traversent
votre signe. Cela arrive tous les douze ans.
Pas le moment de paresser sous votre
couette ! Mettez en pratique (prenez des
contacts, fixez des rendez-vous) toutes
vos nouvelles idées pour élargir votre
champ d’activité et faire fructifier
ce que vous possédez. Le 2 sera un jour
particulièrement bénéfique pour
entrer en action et vous concentrer
sur les nouveaux projets que vous
aimeriez mettre sur pied. Vos amours,
profitant aussi de ce beau passage
planétaire, seront sensuelles
et flamboyantes les 24, 26 et 2.
AUREAU
Du 20 avril au 21 mai
Prenez conscience, avec Uranus le 25,
des vieux comportements qui vous
empêchent d’avancer et cherchez, les
27, 1er et 2, à vous libérer des limites qui
vous enferment encore. En empathie,
vous donnerez toute votre attention.
Vous pourriez être appelée à prendre
soin d’un proche. Temps fort pour vos
amitiés et projets les 24, 26 et 2, et pour
dynamiser vos activités les 27, 28 et 2.
Amours sensuelles, endiablées les 28 et 2.
semaine
Du 24 février
au 2 mars
GéMEAUX
Du 21 mai au 21 juin
Vous cherchiez, il y a huit jours, à donner
à votre carrière une nouvelle direction.
Si vous avez tardé à prendre les choses
en main, vous serez contrariée dans
l’avancée de vos projets le 26. Prenez
alors conscience, avec Pluton le 27, des
nouvelles orientations à saisir, sinon
des événements pourraient vous
rappeler à l’ordre pour que vous agissiez
maintenant. Des portes s’ouvriront,
un nouveau départ pourra s’effectuer
le 28. Vos projets pourront alors, les 1er
et 2, avancer comme souhaité. L’amour
sera votre meilleur dopant les 27 et 2.
ANCER
Du 21 juin au 23 juillet
Vous rêvez d’évasion ? Pourquoi pas
dans la réalité ? Le Soleil vous en donne
l’opportunité. Parlez à vos amis de vos
projets le 26 et préparez-vous dès le 27.
Réfléchissez à ce qui pourrait vous
tenter. Une rencontre, des lectures
pourront vous inspirer les 27, 28 et 1er,
et l’arrivée de Mercure dans le signe
inspiré des Poissons le 2, vous donner
plein d’idées. Vos amours ? Ardentes
les 26 et 27. Désirs aiguisés, passion le 2.
madameastro
OISSONS
Du 19 février au 20 mars
C’EST VOTRE ANNIVERSAIRE
(FIN 1ER débuT-2E déCAN) :
soufflez vos bougies joyeusement.
Cette année marquera pour vous un
nouveau départ personnel. dès le
8 mars, commencez à en poser les
premières fondations. Interrogez-
vous sur vos attentes de la vie,
ce qui pourrait vous combler
et par quels moyens y arriver.
Pour cela, uranus et Jupiter, dès
la mi-mai, vous aideront à trouver
plein de nouvelles idées.
TONuS Au TOP en avril
et mai, puis en octobre et
novembre. Amours florissantes
en mai et juin, puis en décembre.
POuR TOuTES : vous ne
savez pas très bien encore où vous
en êtes avec vous-même, mais
le Soleil vous permettra d’y voir
plus clair et de prendre de sages
décisions. Profitez du passage
de deux planètes bénéfiques dans
le secteur de vos biens et finances
pour regarder de plus près vos
comptes et prendre des dispositions
avec votre banquier, afin d’en
améliorer la gestion. Le 27 sera un
jour favorable à vos négociations.
Vos amours ? dans le dialogue,
elles s’épanouiront les 24 et 26.
Grande harmonie le 2.
●233
madameastro
LION
Du 23 juillet au 23 août
Un projet n’avançant pas comme vous
voulez ? Des tensions dans une amitié
le 27 ? Prenez le temps de regarder de
plus près comment et pourquoi c’est
arrivé. Cela vous permettra de régler
les problèmes rencontrés. Prudence
le 27. Un peu dans le brouillard, vous
pourriez croire que votre partenaire
répondra à tous vos besoins. Vous
verrez plus clair et évaluerez mieux
les choses les 28 et 1er. Quelques détails
pourraient encore vous échapper
ces jours-là, mais une réelle harmonie
à deux s’établira le 2. Vos amours ?
Voyager pourrait les renforcer le 2.
IERGE
Du 23 août au 23 septembre
La monotonie vous ennuie ? Laissez
Uranus vous ouvrir à de nouveaux
horizons (à l’étranger ou dans un
secteur qui vous est inconnu ?) à partir
du 25. Vos intuitions vous guideront
les 27 et 28 dans la nouvelle direction
à donner à votre carrière. Commencez
à vous organiser le 1er pour mettre
tout cela sur pied. Des partenariats
financiers pouvant s’envisager,
Saturne, le sérieux, le pondéré, vous
aidera à regarder cela de plus près le 2.
Vos amours ? Le passé vous rassurera,
mais le nouveau vous excitera le 24
et le 1er. Échanges profonds le 2.
ALANCE
Du 23 septembre au 23 octobre
C’est merveilleux d’avoir un métier
que l’on aime, mais il y a toujours des
choses que l’on voudrait ne pas faire
et qui doivent être accomplies. Essayez
de ne pas trop l’idéaliser les 25 et 28.
Ce pourrait être source de déception.
Essayez de voir combien ce que vous
réalisez est utile aux autres, et que c’est
234●
votre plus grande source de satisfaction.
En prendre conscience vous apportera
beaucoup d’harmonie et de paix le 2.
Vos amours ? Revigorantes, excitantes
le 25. Tendres les 27 et 28, suivies
d’échanges intenses le 2.
SCORPION
Du 23 octobre au 22 novembre
Ah l’amour ! Vous ne penserez plus
qu’à ça tout au long de cette semaine,
avec Neptune qui vous fera rêver
à un doux prince charmant les 25, 26,
27 et 28. Le Soleil donnera à vos
sentiments éclat et vitalité les 24, 26
et 2. Mercure, le 2, concentrera toutes
vos pensées sur la personne aimée.
Votre humeur sera joyeuse et votre
quotidien tout ensoleillé par ces
tendres pensées. Vous n’en oublierez
pas pour autant vos responsabilités,
et, pleine d’élan et d’enthousiasme,
vous vous donnerez à fond dans
vos activités les 25, 26, 27, 1er et 2.
SAGITTAIRE
Du 22 novembre au 22 Décembre
Vous vous concentrerez sur votre
famille et votre maison. Certaines
se lanceront dans les travaux qu’elles
avaient jusqu’alors retardés. D’autres
songeront à déménager ou à acheter un
bien immobilier. Soucieuse que
dans votre maison tout soit beau
et harmonieux, vous aimerez vous
réserver un havre de paix pour pouvoir
vous y retirer, vous détendre, méditer.
Lire les livres et écouter la musique que
vous aimez. Donnant aussi à l’amour
une place très privilégiée, vous pourrez,
avec Cupidon, vivre des moments
enflammés les 24, 25, 26, 27 et 2.
CAPRICORNE
Du 22 Décembre au 20 janvier
Discrète, effacée, vous ne vous mettez
pas souvent en avant, mais le Soleil
vous aidera cette semaine à sortir
de votre réserve. Communiquant plus
facilement avec vos proches et voisins,
entretenant avec tous de meilleures
relations, vous pourrez (s’il y a lieu)
régler vos différends (de voisinage,
de copropriété, de fratrie…). Parlez
à cœur ouvert, suivez vos intuitions,
vous trouverez les mots qui apaiseront.
En amour, vous vous confierez
aussi plus facilement. Tout devenant
plus léger et souriant les 24 et 26,
vous rayonnerez de bonheur le 2.
VERSEAU
Du 20 janvier au 19 février
Le Soleil vous permettra cette semaine
d’examiner l’état de vos biens
et finances, et de chercher comment
les faire fructifier. De voir si ce que
vous possédez vous apporte la sécurité
recherchée, ou de trouver comment
y parvenir. Mais prudence ! Évitez
de prendre le moindre risque financier
(surtout les 25 et 28). Dans le flou
de Neptune, vous rencontrerez des
difficultés pour analyser clairement
la situation. Vos amours ? Tendres le 27,
joyeuses et généreuses le 28, 1er et 2.
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Nos masterclass sont animées par Morgane Miel, rédactrice en chef adjointe de Madame Figaro

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16€

En partenariat avec
 M
#MADFOR
Ours

f
Président : Charles Edelstenne
Directeur général : Marc Feuillée
Directeur général adjoint : Jean-Luc Breysse
Directrice de la rédaction : Anne-Florence Schmitt

Directeur adjoint de la rédaction : Richard Gianorio

rédactrices en chef : Viviane Chocas (société, culture), Océane Ciuni (digital), Clara Dufour
(mode magazine et célébrités), Alexandra Guerre (production et photo), Delphine Perroy (mode)

assistante de la direction de la rédaction : Marie Lima

assistante mode magazine, célébrités et beauté : Amicie de La Taille (55 96)

rédactrices en chef adjointes : Valery de Buchet (culture), Emmanuelle Eymery

(lifestyle, tourisme), Marion Louis (beauté, bien-être), Morgane Miel (business)
Ségolène Wacrenier (news, self services, Paris)
Magazine : Marion Dupuis (cheffe de service mode), Lætitia Cénac (grand reporter),
Marion Géliot, Sofiane Zaizoune (société et business),
Anne Anthonioz (assistante, 57 71)
Mode : Carole Matray (cheffe de service mode), Julie Gillet (rédactrice mode et beauté),
Marie Spiessert (58 69). Service shopping : Christian Briand (chef de service),
avec Olia Klikovac et Sylvie Neff
beauté : Justine Feutry (cheffe de rubrique), Laurence Negroni-Nikitine (santé-forme)
Self services : Alyette Debray-Mauduy (golf)
art de vivre : Vanessa Zocchetti (cheffe de service), Nathalie Pétré (coordinatrice, 58 43)

Directrice de la création : Gwenola Couëdel

Directrice artistique adjointe : Virginie Leduc
Production mode, beauté & célébrités : Juliette Durand (directrice), Maud Cohen (responsable
casting et production), Thibault Braun (5588) et Delphine Couderc (2155) (chargés de production)
Maquette : Stéphanie-Jeanne Arnaud (cheffe de studio), Laurence Averlant, Patrick Kaiser
Photo : Nathalie Bonhomme (cheffe de service), avec Aliette Dolléans, Catherine Fornieles

rédacteur en chef technique : Stéphane Moran

Secrétaire générale de la rédaction : Marie-Laure Phélippeau
Éditing : Isabelle Mériot, Fabienne Meyer
Secrétariat de rédaction : Frédéric Anneix, Frédéric Asselineau, Fabrice Millot, Claudine Rattier
Éditrice du pôle Madame : anne Pican
Éditrice adjointe : Laura Pelouard
Éditrice numérique : Marie Loulier
Chargée de communication : Solenne Bidaud

Madame Figaro International :

Directrice : Eileen Le Muet
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Droits de reproduction : Anne Flageul-Créhan

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Une PUbLIcaTIon DU GroUPe FIGaro

Société éditrice : Société du Figaro - Siège social : FR
14, boulevard Haussmann - 75009 Paris. Tél. : 01 57 08 50 00
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236● Les polices FELL sont reproduites numériquement par Igino Marini.
iginomarini.com
 CarréVIP

Les Victoires
de la musique●
Que retenir de cette 38e édition ? Orelsan est reparti avec
trois trophées, suivi des Belges, Angèle et Stromae
(deux récompenses chacun). Serge Lama a reçu
une Victoire d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.
Et Juliette Armanet a enflammé La Seine musicale.
1. Clara Luciani. 2. Stromae. 3. November Ultra. 4. Pierre de Maere. 5. Angèle.
photos LAURENt VU/sIpA, IsAbEL INfANtEs/Afp Et GEtty ImAGEs VIA Afp

Brit Awards 2023

Remise des prix●
De l’autre côté de la Manche, à Londres, Harry Styles, la charismatique idole
des jeunes, raflait quatre des statuettes les plus prestigieuses des Brit Awards,
pendant que la polémique sur les récompenses « genrées ou non » faisait rage.
1. Salma Hayek et François-Henri Pinault. 2. Georgia May Jagger. 3. Elvis et David Guetta. 4. Harry Styles.

●237
pAR Amicie de lA tAille
L’
L'autopromo
a
u Claire Foy .
t
o
L’inoubLiabLe actrice
de The Crown libère la parole des femmes
dans Women Talking, de Sarah Polley. Adaptation
du roman de Miriam Toews et basé sur des
faits réels, le film raconte la réunion secrète
p
des femmes d’une communauté religieuse qui,
après avoir découvert qu’elles étaient droguées
puis violées à répétition par les hommes
de leur colonie, se concertent pour prendre
une décision : rester ou partir. Une sortie qui
tombe à point nommé pour le 8 mars, Journée
r
internationale des droits des femmes.
mon meiLLeur fiLm est-iL toujours
Le dernier ?
Je ne sais pas si Women Talking
est le meilleur, mais j’en suis très fière car
o
il me semble essentiel. Il brise un tabou grâce
à ses personnages féminins qui racontent
les violences sexuelles qu’elles ont subies
et l’impact que cela a eu sur elles, leurs filles,
leur communauté. Cette parole est finalement
peu entendue : les récits se focalisent souvent
m
sur la traque du bourreau, la difficulté à dire
la souffrance, ou bien la vengeance. Or, en
verbalisant, les victimes reprennent le pouvoir.
mon personnage ?
Une femme passionnée et généreuse
o
qui, malgré ses blessures, se démène
pour faire bouger les lignes.
mes points Communs aveC eLLe ?
Je me sens moi aussi dans mon élément
parmi les femmes car, même si nos expériences
varient, nous avons des marqueurs communs
dans nos histoires. Comme mon personnage,
j’ai aussi ce besoin de demander réparation :
je ne supporte pas que l’injustice soit impunie
ou passée sous silence.
mon état du moment ?
Je me sens libérée. La vague #Metoo
nous a permis de dire tout haut ce que nous
238● par Marilyne letertre
pensions tout bas. De libérer ce qui était refoulé
et faisait pourtant partie du vécu de tant de
femmes. Aujourd’hui, on n’attend plus d’avoir
l’autorisation pour parler.
Ce que je regrette ?
Que ce film n’ait pas été fait cinquante ans
plus tôt. Le visage du cinéma serait bien
différent si nous n’avions pas autant attendu
pour donner l’opportunité à des réalisatrices
comme Sarah Polley de faire ce genre de film.
Il ne faut pas minimiser l’impact que le cinéma
a sur notre pensée et sur le fonctionnement
global de la société.
La mesure À mettre en œuvre
pour L’égaLité hommes-femmes ?
Apprendre à écouter. Si on arrêtait de dire
à une femme déterminée qu’elle se comporte
comme un homme, ce serait déjà pas mal.
ma Charge mentaLe ?
Je ne sais pas. J’ai l’impression que
plus ça va, plus j’apprends à m’en détacher,
à déléguer.
Ce que je pense en me maquiLLant
Le matin faCe au miroir ?
« Tiens, te revoilà ! » Plus jeune, j’étais
impitoyable avec moi-même, mais plus vous
vieillissez, plus vous affrontez les aléas de la
vie, plus vous vous regardez avec indulgence.
est-Ce que je mens en interview ?
Constamment. Je ne vais quand même
pas dire toute la vérité aux journalistes ! J’essaie
de me frayer un chemin, celui qui m’arrange.
parLer de moi en promo…
Ça fait partie du jeu, mais c’est étrange.
Parfois, comme il faut bien dire quelque chose,
j’ai l’impression de ne plus être tout à fait moi.
Il m’arrive de sortir de mon corps pendant
les entretiens et de me dire : « Es-tu vraiment
certaine de penser ça ? »
La question que je redoute ?
Toutes celles qui me réduisent à une
image figée, en m’interrogeant sur mon
maquillage, ma coiffure, ma garde-robe…
photo Lenka ULrichova/contoUr By Getty imaGes
Elles m’ennuient profondément.
La Critique qui me ferait pLaisir
pour Women talking ?
On peut ne pas être d’accord avec tous
les personnages, mais j’aimerais qu’on dise
que le film suscite des conversations sur la
place des femmes, qu’il soulève des questions
essentielles pour faire progresser notre société.
La dernière fois où j’ai été fière de moi ?
Chaque jour, quand j’arrive au bout
de tout ce que j’avais à faire. ●
« Women Talking », de Sarah Polley. Sortie le 8 mars.
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 le PAriSde...

Marion
nommée aux Césars pour son rôle dans
en corps, de Cédric Klapisch, la danseuse et
comédienne nous livre ses adresses fétiches.

Barbeau
coiffure et maquillage Margot Moine.

Un seul rôle sur grand écran
à son actif et, déjà, le cinéma français la fait entrer
dans la catégorie des meilleurs espoirs féminins aux Césars.
Sublimée par Cédric Klapisch dans En corps, film qui cumule
neuf nominations en vue de la cérémonie du 24 février (dont
top courrèges.
sonnée par ma nomination et maintenant, je profite. Je suis
si heureuse. J’ai encore du mal à réaliser mais je sais que cela
signifie quelque chose, ne serait-ce qu’à titre personnel,
en matière de confiance et d’épanouissement. » En lui offrant
le rôle d’une danseuse classique qui élargit ses horizons

meilleur film et réalisation), la danseuse Marion Barbeau et s’ouvre au contemporain après une blessure, le réalisateur de
a réussi son pari : utiliser sa voix pour porter de nouveaux L’Auberge espagnole et Ce qui nous lie a changé son destin, précisé ses
personnages après une quinzaine d’années à danser les ambitions, planté la graine. « J’avais des envies que je n’osais
émotions sur la scène de l’Opéra de Paris. « J’ai d’abord été pas formuler, mais grâce au film, tout est devenu plus concret. »

●239
Par Marilyne Letertre / photos LOUIS TERAN
parisguest
Le cinéma, passion transmise par son père, a toujours fait
partie de sa vie. Elle vénère Éric Rohmer qui, dit-elle en
plaisantant, l’a aidée plus que toute autre chose à se relever
de ruptures. Lors de sa dernière année à l’école de l’Opéra
de Paris, elle enchaîne frénétiquement les séances à l’UGC
de la Défense avec une amie, après ses journées de cours.
Mais l’envie est alors enfouie, « inconsciente car
inatteignable ». Quand Klapisch, l’amoureux de danse,
croise sa route, c’est sur un terreau commun qu’ils
se rencontrent, au carrefour de leurs deux passions.
Le goût des autres, leur apparente réserve et leur rigueur
les rassemblent aussi. « Cédric, malgré sa décontraction,
est d’une grande précision. Quant à moi, grâce à ma
pratique de la danse depuis mes 6 ans, j’ai une grande
capacité de travail, j’aime la répétition, la recherche,
je n’ai pas peur de refaire. Au contraire. » Si elle n’avait
jamais tourné auparavant, Marion Barbeau
n’était pas totalement novice : la danse
est aussi affaire d’interprétation,
d’incarnation. « Danser, comme jouer,
“Quand on danse, on est
c’est être dans l’instant présent, malgré des
approches différentes. Sur scène, l’émotion
dépourvu de peur : il faut
naît surtout d’une énergie. À l’écran,
chaque détail compte, on travaille les
émotions de manière plus subtile. » Son bras d’un partenaire, avoir
premier métier lui aura aussi appris l’écoute
et la confiance. « Quand on danse, on est
dépourvu de peur : il faut se lancer dans les
bras d’un partenaire, avoir confiance en lui,
rendre son corps disponible à tout… » Jusqu’à récemment,
elle doutait cependant qu’on lui propose autre chose qu’un
rôle de danseuse à l’écran.
Mais Baptiste Debraux, réalisateur débutant, lui a confié un
personnage d’ouvrière ardennaise qui, alors qu’elle mène
la grève dans son usine, retrouve son amour de jeunesse
dans Moi vivant, vous ne serez jamais morts, polar romantique
et social avec Léa Drucker, Bastien Bouillon et Pierre
Lottin. Ses autres envies de cinéma ? Retravailler avec
Klapisch, tourner pour Charlotte Le Bon, dont le Falcon Lake
lui a transpercé le cœur ; avec Dominik Moll, mais aussi
Audrey Diwan, qui l’a déjà dirigée dans le court-métrage
des révélations César ou encore Lukas Dhont, ancien
danseur et réalisateur de Girl et Close, dont le rapport au
corps, à la masculinité et au genre la touche. « Petite fille,
je voulais devenir danseuse étoile, mais ce rêve s’est peu
à peu éloigné pour laisser place à quelque chose de plus
hybride », explique-t-elle.
Pour laisser du temps à sa carrière naissante d’actrice,
la trentenaire a pris un congé de deux ans à l’Opéra.
De quoi développer, aussi, d’autres projets de danse.
« Je me suis construite avec l’Opéra, c’est ma maison.
J’y ai été valorisée, soutenue, accompagnée, notamment
240●
depuis que j’ai été nommée première danseuse, mais j’ai
aussi besoin de m’en émanciper, de voir ce que je vaux
en dehors de ses murs. Et puis, l’institution, du temps
d’Aurélie Dupont ou de José Martinez aujourd’hui, est
ouverte à une autre forme de carrière, à une nouvelle
manière d’être et de créer. Ils sont attachés à la tradition,
mais sont aussi de plus en plus tournés vers le monde,
l’extérieur et l’avenir. J’ai très envie d’être actrice de
ce changement. » Également formée au contemporain
dans l’enceinte de l’Opéra, elle accumule les projets avec
des chorégraphes d’horizons différents : elle reprendra
Ne me touchez pas, de Laura Bachman, la saison prochaine,
va travailler à Madrid et Majorque sur un seule-en-scène
où elle sera accompagnée d’un DJ, et s’envolera pour
Los Angeles pour un spectacle de Dimitri Chamblas mis en
musique par Kim Gordon, membre de Sonic Youth. C’est
également le chorégraphe qu’elle assistera au printemps,
pour mettre en mouvement le défilé Chanel à Tokyo.
Aussi, avec cette vie de globe-trotteuse, a-t-elle besoin
se lancer dans les
confiance en lui”
de repères. Elle vit depuis des années, rive droite,
à Montmartre et dans ses environs. « Je me suis toujours
sentie bien à Paris. Cette ville souffre du même a priori que
l’Opéra : on pense que les gens y sont fermés, durs, snobs.
Il y a évidemment quelques tempéraments difficiles,
mais si l’on fréquente les bons endroits, elle sait se faire
chaleureuse, bouillonnante, agréable. » Pourtant, malgré
son amour pour la capitale, elle la quittera bientôt pour
Montreuil. « J’avais besoin d’espace, d’un lieu pour
accueillir, d’un cocon afin de profiter pleinement quand
je ne voyage pas. J’aime beaucoup l’énergie de cette ville,
sa mixité, l’émulation artistique… Et ma famille, que je ne
vois pas toujours autant que je le souhaiterais en raison
des spectacles et des voyages, ne vit pas très loin,
à Nogent-sur-Marne, là où j’ai grandi. » Avant que de
poser ses valises en Seine-Saint-Denis, un dernier tour
de Paris s’imposait. En ce jour d’hiver glacial, la danseuse
et l’actrice nous entraîne dans ses adresses fétiches,
sur la Butte et ailleurs, entre danse et cinéma. ●
« En corps », de Cédric Klapisch. Disponible en VOD.
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EXPÉRIENCE DE LA
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MILLEIS BANQUE - SA au capital de 55 299 999,66 euros - Siège social : 2 avenue Hoche - 75008 Paris - Immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de Paris sous le n° 344 748 041.
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Mes tables
« Chez Eugène est l’un
de mes repères. Leur cuisine
ferme tard et les petits plats comme
le vin nature sont excellents. J’ai
découvert cet endroit via le Fooding
et je suis tombée amoureuse de
l’équipe et du lieu, que je ne m’attendais
pas à trouver place du Tertre. J’aime
me fondre au milieu des touristes,
comme Romain Duris à la fin de
L’Auberge espagnole, mais le soir, quand
il n’y a plus personne, c’est aussi l’un
des plus beaux spots à Montmartre. »
17, place du Tertre, 75018. chezeugene-paris.fr

Devant
le cinéma
Louxor.

« Un ami dont le père
est producteur de cidre
m’a fait découvrir Le Maquis,
un bistrot tenu par deux anciens
du Chateaubriand et du Verre volé.
Une cuisine française de très grande
qualité… et de saison. »
53, rue des Cloÿs, 75018. lemaquisrestaurant.fr
« J’adore le concept
du Cheval d’or : des petits plats
asiatiques à partager. Rien que leur riz
blanc, c’est une expérience. Simple
et précis. »
21, rue de la Villette, 75019. chevaldorparis.com
Mon hôtel
« Je prends de temps
en temps mon petit-déjeuner au
Pigalle, décoré par Festen, une agence
d’architectes dont j’adore le travail. La
musique est très cool, l’ambiance cosy
« Le Louxor est
proche de chez moi,
dans le quartier Barbès dont j’aime
tant l’énergie. L’architecture
de ce lieu centenaire, réhabilité
avec son décor égyptien d’origine,
est impressionnante, et la
programmation est raccord avec
ma sensibilité de spectatrice. »
170, boulevard de Magenta, 75010. cinemalouxor.fr

photos Abaca Press/Alamy Stock Photo et s. p. manteau courrèges

« Je dois citer
le Coinstot Vino, le QG
de l’Opéra après les spectacles. C’est
un endroit festif, une cave à manger
qui sert du bon vin, de la bonne cuisine
française ou des pizzas. »
22-30, galerie Montmartre, 75002.
coinstotvino.business.site
« J’adore Sapinho,
un petit restaurant
portugais traditionnel.
Le patron est hyper sympa et l’été,
les tables extérieures sous les lampions
donnent l’impression d’être dans
un Montmartre d’une autre époque. »
85, rue Lamarck, 75018. sapinho.fr
et les croque-monsieur à tomber. »
9, rue Frochot, 75009. lepigalle.paris
Mes cinémas
« Nous avons présenté
En corps avec Cédric Klapisch
au Méliès : les gérants ont un véritable
amour du cinéma et des gens qui le font,
reçoivent beaucoup d’équipes de films,
et proposent des prix abordables,
ce qui est rare. J’ai hâte de déménager
à Montreuil pour en profiter. »
12, place Jean-Jaurès, 93100 Montreuil.
meliesmontreuil.fr

242●
Parisguest
Mon vestiaire
rétro
« Headless est une
super boutique vintage
avec une sélection audacieuse,
notamment sur les années 1990. Ce
n’est pas très cher et Jasmine
Pellegrino, la propriétaire, est
accueillante et peut customiser ou faire
des retouches sur demande. J’adore
aussi Merguiller, une boutique de la rue
Marguerite-de-Rochechouart, qui
travaille beaucoup pour le cinéma. »
30, rue Henry-Monnier, 75009.
headlessparis.com
Ma déco
« Ailleurs est tenu par
un vrai passionné qui prend
le temps de vous raconter l’histoire de
chaque objet. Sa sélection, qu’il s’agisse
de miroirs ou de meubles, donne très
envie. Mais c’est un budget… »
17, rue Saint-Nicolas, 75012. ailleurs-paris.com
244●
Paris/guest
Au BAL, lieu d’exposition
dans le XVIIIe.
Mon
incontournable
« Le Centre National
de la Danse est un lieu incroyable
pour les professionnels. Au-delà
de sa sublime architecture, on peut
louer des studios, suivre des
formations, consulter des livres rares,
découvrir des artistes via des
expositions ou des spectacles…
La cantine Mingway est aussi
délicieuse que sa terrasse est agréable
l’été. Quant à la programmation, elle
est démente : Camping, par exemple,
invite des artistes du monde entier
pour des ateliers et des performances
en ,et Exposé.es présente cette année
du 9 mars au 3 mai des créations autour
des années sida. »
1, rue Victor-Hugo, 93507 Pantin.
cnd.fr/fr/program
Mon bien-être
« Je cherche souvent
des lieux qui ouvrent tardivement
et le hammam Les Cent Ciels en fait
partie. Ce n’est pas dans la plus pure
tradition, mais j’aime y aller avec
mes amis. Certaines plages horaires,
avec port du maillot obligatoire,
sont mixtes. »
7, rue de Nemours, 75011.
paris.hammam-lescentciels.com
Pour les cyclistes
« J’utilise moins mon
vélo dans le 18e arrondissement
– ça grimpe ! –, mais dès que j’ai un
pépin avec ma monture, je vais chez
Perry Féerique et les vélos magiques,
un super réparateur. »
32, rue de Laghouat, 75018. perryfeerique.fr
Cinq comptes
à suivre
@mayrena.paris. « J’aime beaucoup leurs
bijoux minimalistes et réversibles, inspirés
par le style Art déco et l’architecture. »
@atelier.armoure. « La créatrice
Marhinou Tchaou fabrique à la main
chacun de ces bijoux contemporains.
photos LOUIS TERAN et s. p. robe courrèges
On sent le travail sur la matière. »
@ardeinv. « Les tableaux de cet artiste,
réalisés avec des tissus aux couleurs
désaturées, m’impressionnent. »
@sharoneyaldance. « Chorégraphe
et danseuse avec laquelle j’ai travaillé,
elle poste notamment les impros
qui sont à la genèse de ses créations. »
@la revue_philosophique. « La façon
dont ils traitent leurs thématiques donne
envie d’en apprendre davantage. »
parisGUEST

Mon club
« La Gare/Le Gore
est un lieu hybride.
La Gare, c’est le club de jazz pointu
qui accueille des artistes de référence,
comme l’accordéoniste Vincent
Peirani, avec qui j’ai travaillé sur
le spectacle Ne me touchez pas. Le Gore,
c’est l’alter ego pour les noctambules,
avec un petit côté punk, comme
j’aime. Quand j’ai besoin de me
défouler, c’est là que je vais. Il est
difficile de trouver des endroits
à Paris avec des gens sympas
qui veulent danser sur de la bonne
Allongée,
musique. » chez Eugène,
1, avenue Corentin-Cariou, 75019. place du Tertre,
à Montmartre.
Ci-dessous, au
Mes fleuristes Centre national
« Outre leurs de la danse,
magnifiques bouquets, à Pantin.
Maison Mirabilé propose une belle
sélection d’objets de déco. J’aime
aussi beaucoup le raffinement Mes rendez-vous « Madeleine
de Debaulieu, qui sublime les défilés culturels Planeix-Crocker, l’une des
des grandes maisons avec « Je vais souvent curatrices de Lafayette Anticipations,
ses compositions florales. » flâner seule au Bal, est passionnée de danse et organise
29, rue Francœur, 75018. maisonmirabile.com dans leur librairie et leur espace des événements géniaux dans cette
30, rue Henry-Monnier, 75009. debeaulieu-paris.com d’exposition consacré aux images ancienne bâtisse réhabilitée du Marais :
(photos, cinéma…). J’ai été marquée des conversations entre artistes,
par l’installation d’Eric Minh Cuong des expositions, des festivals
Castaing, qui mettait en scène des pluridisciplinaires… J’y ai donné une
corps malades ou handicapés dans warm up session dont je garde un beau
des gestes de danse. Par ailleurs, souvenir. »
le resto du lieu, géré par Le Récho, 9, rue du Plâtre, 75004.
est délicieux. En général, je combine lafayetteanticipations.com
ma visite avec une séance au Cinéma photos LOUIS TERAN et Marc Domage 2021. tenues xuly.Bët
des Cinéastes, juste en face. »
6, impasse de la Défense, 75018. le-bal.fr

« Le Velvet Moon,
à Montreuil, est un lieu culturel
et alternatif avec des artistes et des
artisans en résidence. Ils accueillent
un salon de tatouage, un atelier de
couture, un studio de musique ainsi
qu’un bar au rez-de-chaussée. »
44, rue Molière, 93100 Montreuil. velvetmoon.fr

246●
 © RMN - Grand Palais/Gérard Blot
SOIF DE VIVRE !
Dès le premier dimanche du Carême et jusqu’à Pâques,
retrouvez notre programmation spéciale sur :
lejourduseigneur.com

Le Jour du Seigneur, c’est tous les dimanches matin sur et tous les jours
de la semaine sur lejourduseigneur.com
parisresto
ESCALE
VIVIFIANTE
Hasard et prédestination, Stéphanie
Le Quellec, doublement étoilée, et
son chef de mari David cherchaient
un lieu pour pianoter en famille.
Quand ils découvrent que Rech, le
restaurant de poisson d’Alain Ducasse,
est à céder, il ne leur faut pas une
minute de plus pour se jeter à l’eau.
Quand on s’appelle Le Quellec, l’appel
de la mer n’est jamais loin ! Ambiance
corail, on s’arrime au grand bar de
Vive (1) pour se régaler de sardinettes
et pain grillé, de bulots mayo, de
saint-jacques ouvertes minute,
de crevettes en buisson…
Les huîtres y font, bien sûr, leurs
numéros. À l’étage, cuisines ouvertes,
on prend table pour la pêche
du jour magistralement pimpée.
Mais également pour des poissons
sortis de l’armoire à maturation.
Ces quelques jours d’escale leur
donnent une tendresse et un goût
incroyables. Une maison mer
vivifiante et épatante.
62, avenue des Ternes, 75017.
vive-restaurant.com
248●
Vent de mer !
LES mareyeurS ONT LA COTE
ET FONT chalouper la ville.
Quatre adresses à la proue
de ce renouveau iodé.
EMBRUN
URBAIN
Amarré à une encablure du Palais-
Royal : Mer & Coquillage. Boiseries,
laiton, tables nappées de blanc,
couverts en argent : la déco joue avec
les codes des transatlantiques où l’on
se pressait à la table du capitaine, en
l’occurrence Mathieu Poirier. Ayant
gagné ses galons chez Divellec, la
mer ça le connaît. Dans l’assiette (2),
poissons de petits bateaux servis
entiers. Sur les plateaux, huîtres
et fruits de mer en direct d’artisans
pêcheurs. Entre bistrotière rémoulade
de chair de tourteau et petit luxe d’une
pomme de terre caviar, homard bleu
et filet de rouget, bulots et crudos,
le plus dur consiste à ne pas pécher…
par excès de gourmandise.
36, rue des Petits-Champs, 75002.
restaurantmer-coquillageparis.com
FESTIVAL
IODé
Boulevard de Rochechouart, Citrons et
Huîtres (3) est l’écailler nouvelle vague
où se donner rendez-vous pour un
apéro iodé, dès 17 h, un after revigorant,
jusqu’à 23 h, ou un sea you du dimanche,
Par Marie-Catherine de La Roche
de 10 h à 15 h. Façade en acier
brut, comptoir en inox, tabourets
haut perchés, cyanotypes (tirages
photo tout de bleu nimbés) canailles
au mur, les bourriches y débarquent
de Bretagne, du golfe du Morbihan,
de l’île aux Moines… Huîtres à gogo,
belons de compétition, crevettes roses
à point s’y accompagnent de bonnes
petites bouteilles biodynamiques ou
d’un cocktail aux agrumes. Ceviches et
carpaccios sont aussi de la partie au gré
des arrivages. Une adresse ultrafraîche.
57, boulevard de Rochechouart, 75009.
citronsethuitres.com
DÉFERLANTE photos Thomas Tissandier, Ilya Kagan et Antoine MARCEAU
HYPE
Inspiré des oyster bar new-yorkais, Istr
(huître en breton) mixe crustacés et
cocktails dans la bonne humeur. Ici, les
plateaux de fruits de mer, huîtres à la
douzaine ou à l’unité, burger d’huîtres
en tempura et menu fretin cohabitent,
pour ceux qui n’auraient pas l’appétit
marin, avec une côte… de bœuf !
Et dans les verres, ça cabote entre shots,
cocktails bien frappés et jolis AOP.
41, rue Notre-Dame-de-Nazareth, 75003. istr.paris
 &
C’EST L’UN DES PLATS PRÉFÉRÉS DES ENFANTS,
MAIS PAS SEULEMENT. LA CRÊPE A CE POUVOIR
MAGIQUE DE METTRE D’ACCORD PETITS ET
GRANDS. CHEZ L’ATELIER – ARTISAN CRÊPIER,
C’EST UNE AFFAIRE SÉRIEUSE. CRÉÉE IL Y A UN
PEU PLUS DE 10 ANS, CETTE CRÊPERIE NOUVELLE
GÉNÉRATION BOUSCULE LES CODES AVEC
PANACHE ET SÉDUIT AUTANT PAR SA CARTE QUE
PAR SON ÉTAT D’ESPRIT.

Et si on allait à
LA CRÊPERIE ?
Réaliser de vraies bonnes crêpes (ou galettes) dignes de ce L’Atelier – Artisan Crêpier propose d’ailleurs
nom est plus complexe qu’il n’y paraît. Le premier secret réside dans des gaufres et pancakes au goûter, et à l’heure
le choix d’ingrédients de qualité, le second repose sur le savoir-faire. de l’apéritif, de délicieux grignotages (wrepes)
Chez L’Atelier – Artisan Crêpier, on ne transige pas avec le fait maison, accompagnent les cidres et les cocktails
quant aux produits, ils sont sélectionnés avec soin auprès d’artisans. préparés sur place puisque chaque crêperie
La pâte à crêpes est préparée chaque jour à partir d’ingrédients frais possède son bar à cocktails. La signature
et de farines françaises travaillées à la meule de pierre en Bretagne de la maison, c’est aussi une atmosphère
par le Moulin du Pavillon. Si les grands classiques du genre sont au accueillante, une radio L’Atelier et des équipes
rendez-vous (galette complète, andouille de Guéméné), la carte de serviables et charmantes.
saison présente également des recettes d’exception qui évoluent au fil
de l’année. En ce moment, la galette à la raclette, celle à la truffe et la DES ADRESSES CHALEUREUSES
crêpe à la crème de marrons sont particulièrement prisées. Plus que des crêperies, ce sont avant tout des lieux
de vie, où famille et amis créent de bons souvenirs.
UNE CRÊPERIE PAS COMME LES AUTRES À l’origine, les fondateurs Émeric et Thomas
Et parce que les petits détails font toute la différence, souhaitaient réinventer la crêperie traditionnelle,
L’Atelier – Artisan Crêpier est allé jusqu’à développer son épicerie pari réussi. Aujourd’hui, L’Atelier – Artisan Crêpier
et ses propres produits au goût incomparable : caramel beurre salé, compte neuf adresses, la majorité en Île-de-France
pâte à tartiner Michel Cluizel, où tout a commencé, mais
café, cidre, jus de pomme… aussi à Lyon et Cannes. Si
Autre particularité, les crêpes chacune est unique, le décor
et galettes de l’enseigne se se veut invariablement
reconnaissent entre mille moderne et inspirant, et
grâce au trou central qui l’ambiance décontractée,
laisse apercevoir la garniture, quel que soit le moment de
de quoi amuser les enfants la journée. Il y a toujours une
et attiser l’appétit des bonne occasion d’aller chez
gourmands. L’Atelier – Artisan Crêpier.
www.artisancrepier.com
@latelierartisancrepier

PUBLI-COMMUNIQUÉ RÉALISÉ PAR 14HAUSSMANN

parisBien-être
DANSER
Decibel
Quand on franchit le seuil de cette
nouvelle adresse du Marais (1), on
est guidée vers le dancefloor par
une équipe aux petits soins. Une fois
installée, ça swingue dans la pénombre
pendant quarante-cinq minutes !
Le concept : décomplexer la pratique
de la danse sans avoir peur du moindre
jugement. Ici, pas besoin d’être une pro
pour se déhancher en rythme sur des
chorégraphies inspirées de Drake, Daft
Punk ou Beyoncé… Tout l’univers de
la pop y passe. Et pendant que le son
monte, la lumière se tamise et les
couleurs changent. On s’amuse, on
se défoule et on dépasse ses limites
dans la bonne humeur. Mais c’est tout
de même sportif ! Le haut du corps
se renforce et se dessine. Les abdos,
fessiers et cuisses se musclent et se
tonifient. Et le cardio n’est pas en reste.
60, rue Quincampoix, 75004.
decibel-danse.com. Ouverture fin février.
VOYAGER
Bandha Yoga
Fraîchement repris par Alexandra
Capton, ce studio de 370 m² sous
verrière (2), niché au fond d’une cour
pavée en plein Saint-Germain-des-
Prés, offre une déconnexion parfaite
250●
lES NOUVEAUX
TEMPLES DE
LA FORME
quatre salles,
quatre ambiances, pour
affûter son corps selon
l’envie du moment.
dès l’instant où l’on pousse la porte.
Plus de soixante cours hebdomadaires
y sont dispensés dans trois salles aux
noms évocateurs : Goa, Chandigarh,
Bombay. Quel que soit votre niveau,
tous les yogas sont à l’honneur : yin,
hatha, ashtanga, vinyasa, iyengar…
Bandha Yoga vous fait aussi voyager
avec ses professeurs émérites venus
d’Australie, d’Italie, du Mexique,
de Russie, du Brésil, de Thaïlande…
Un tour du monde de bonnes énergies
et de bienveillance, à s’offrir en cours
collectifs ou particuliers.
31, rue Bonaparte, 75006.
bandhayoga. paris
SE CULTIVER
Heimat
Au cœur du XVIe arrondissement,
cet ancien musée devenu temple
du fitness haut de gamme réinvente les
codes du genre. Sa fondatrice, l’ancienne
mannequin Waris Dirie, a voulu un
lieu hybride où se rencontrent le bien-
être et l’art. Ainsi découvre-t-on des
œuvres colorées signées d’artistes
féminines d’Afrique et de la diaspora,
Par Justine Feutry, Victoria Hidoussi et Laurence Negroni-Nikitine
au gré de salles toutes dotées
d’équipements dernier cri (dont
la seconde machine Kinesis à
Paris) permettant de pratiquer
Pilates, yoga, cycling et boxe en
toute autonomie. Côté cours, on
a le choix entre des nouveautés
(Strong Bar, Roll & Release,
du renforcement musculaire)
ou de grands classiques comme
la barre au sol. Réparti sur quatre
étages, le lieu s’octroie en sous-
sol un espace bien-être avec
sauna et jacuzzi, pour s’offrir un peu
de réconfort après l’effort.
35, rue Paul-Valéry, 75116.
heimatbywarisdirie.fr
SE dÉFOULER
Outboxe
Semi-obscurité, jeux de lumières
électrisants, playlist survoltée :
l’ambiance est propice au dépassement
de soi dans ce nouveau studio de boxe
créé par Toby Huntington-Whiteley, le
coach star de Londres qui démocratise
le noble art. Durant ces entraînements
très exigeants, limités à 16 personnes photos Laurent Speller et master1305/stock.adobe.com
par session, on oscille entre coups
de poing ultracardio et exercices de
renforcement musculaire, intensifiés
par des poids et autres sangles TRX.
Le planning s’adapte à nos envies, avec
la possibilité de choisir une séance axée
sur le haut, le bas du corps ou les deux.
Quant à la formule lunch break, trente
minutes de fractionné, elle permet
d’optimiser sa pause déjeuner.
13, rue de la Sourdière, 75001.
outboxe.com
 parislieux
AMBIANCE CABARET
Mondaine de Pariso
Moquette moelleuse, tissu léopard,
alcôves pourpres… Et si on plongeait
dans le Paris des années 1970 ?
Restaurant, bar, fumoir…
Dans une ambiance entre garçonnière
et appartement, on s’imprègne
de la musique live qui fait monter
la température. Et entre deux cocktails,
on déambule dans ce lieu feutré
étendu sur deux étages (1). Que la fête
commence !
23, rue de Ponthieu, 75008.
SKYBAR EN VUE
Bonnie
Au sommet de l’hôtel SO/Paris,
le dernier lieu signé par Paris Society
donne le vertige avec son restaurant,
bar et club situé au 16e étage (2).
Côté bar, le décor semble sortir d’un
film des années 1970 avec ses meubles
design et sa moquette bleutée.
La carte des cocktails oscille entre
recettes mythiques et inédites,
à moins que l’on préfère une coupe de
champagne en admirant Paris by night.
10, rue Agrippa-d’Aubigné, 75004.
LE BAR CACHÉ
Doris Bar
Niché au sous-sol du Sir Winston,
ce speakeasy est le plus ancien pub de
la capitale (3). Moquette épaisse, poufs
en velours pourpre et voûte entièrement
252●
/madame
Ouverts
la nuit
Bar, club, speakeasy…
Les nouveaux spots
à fréquenter
quand la ville dort.
peinte en vert anglais étoilé… Son
ambiance intimiste lui donne des airs
d’Orient-Express ! Sa carte renferme
les meilleurs spiritueux et invite
régulièrement un partenaire « ami » à
composer des cocktails signature inédits.
5, rue de Presbourg, 75116.
LIEU SECRET
La Planque
Installé dans un lieu mythique
du jazz des années 1950, le Slow Club,
ce bar de nuit est hors du temps.
Les architectes d’intérieur Alexandra
Selig et Carl Renault l’ont imaginé
comme une scène de théâtre. La carte
des cocktails affiche tous les grands
classiques au son des DJ sets et des
lives. Sur réservation, on peut dîner
dans une pièce secrète.
130, rue de Rivoli, 75001.
ÇA JAZZ !
Le Melville
Des lives (jazz latino, salsa…), des
impros… Les aficionados de jazz
et de world music apprécieront ce
nouveau bar-restaurant. Imaginé par
l’architecte Isabelle Farran, le décor,
entre velours et bois foncé, se veut très
Par Marie-Anne Bruschi
cocon. En cuisine, le chef
Malcom Ecolasse a voulu
des plats qui font écho
à la programmation musicale
ouverte sur le monde. Et la carte
des cocktails joue sur le même registre.
Deux sets à 21 heures et 22 h 30
en semaine.
28, rue Jean-Mermoz, 75008.
NIGHTCLUBBING
Alma
Ce nouveau club vient d’ouvrir en plein
cœur du Triangle d’or. Miroirs, murs
bleu profond incrustés de paillettes,
écran géant… L’ambiance est un mix
de DJ sets, artistes aériens et vidéastes.
Au centre de la piste, le DJ diffuse
les meilleurs sons du moment pour
danser jusqu’au bout de la nuit.
5, avenue Montaigne, 75008.
DANS LE CIEL
Too TacTac
Boire un verre à 100 mètres de hauteur
avec une vue panoramique sur Paris,
c’est l’une des dernières attractions
des oiseaux de nuit ! Pour réussir cet
exploit, il suffit de grimper au sommet
photos RICARD ROMAIN
de l’hôtel Too situé dans l’une des tours
Duo de Jean Nouvel. C’est ici que
se trouve le Skybar. Un bon spot pour
apprécier un cocktail au son des DJ sets
et de concerts live. Ceux qui veulent tester
la grande terrasse devront patienter
jusqu’aux beaux jours.
65, rue Bruneseau, 75013.

MUSIQUE LIVE
No.Pi
Appartenant au groupe Paris Society,
qui possède quelques-unes des plus belles
adresses de la capitale, ce bar a la
particularité de posséder une scène
musicale. Au nord de Pigalle, on plonge dans
une ambiance de club de jazz new-yorkais.
Murs en brique rouge, canapés Chesterfield
accueillants, lumières tamisées, on écoute
autant de hip-hop que de rock ou de country
avant de s’élancer sur le dance floor.
3, place de Clichy, 75018.

Une soirée à la
galerie Bourbon
Un anniversaire, un mariage ou juste l’envie de
faire la fête entre amis ? Près des Champs-Élysées,
cet hôtel particulier du XIXe siècle propose
des salons d’exception (dont deux d’apparat)
à la location. Plafonds peints, moulures dorées
et cheminée en marbre s’harmonisent au design
contemporain. Au centre des galeries, un bar
fumoir dégage un esprit gentlemen’s club. Prête
pour danser ? L’une des galeries était autrefois
la salle de danse de l’infante d’Espagne.
galerie-bourbon.com

●253
 paris24heures
9 heures
MAISON KUNTZ
Après une adresse dans le XVIe, à Paris,
Alban Kuntz s’installe à Versailles, près
du marché (5). Cet artisan boulanger-
pâtissier alsacien reste fidèle à son
savoir-faire avec une belle gamme de
pains bios. Quelques tables permettent
de déguster sur place ses kugelhopfs,
croissants myrtille-framboise
et délicieux pains aux raisins.
21, rue Carnot.
11 heures
MARIE MARTENS
La créatrice s’est fait connaître par
ses porte-monnaie Boobs, avec rabat
inspiré de la forme des seins et orné de
boutons-pression (4). Cachée dans une
belle cour, sa boutique dévoile ses sacs
en cuir rehaussé d’un zip flashy et sa
fameuse banane matelassée. Le tout
complété par des objets coup de cœur.
7, rue des Deux-Portes.
13 heures
POSITIVE CAFÉ
Situé dans le Vieux-Versailles,
ce restaurant flexitarien affiche
des formules midi et un brunch
le dimanche. Dans un décor végétal,
la jeune cheffe Odette Haddad prépare
des plats à partir de produits issus de
254●
/madame
Une journée à
VERSAILLES
Entre ART et HISTOIRE,
notre sélection pour
en prendre plein les yeux
et les papilles. royal !
l’agriculture biologique ou raisonnée.
Dans l’assiette : bowls, frites de polenta
et incroyable pad thaï veggie !
9, rue de Satory.
15 heures
MUSÉE LAMBINET
Fraîchement rénové, ce musée (3) nous
fait pénétrer dans un hôtel particulier
du XVIIIe siècle. Peintures, mobilier,
objets…, on plonge dans l’art de vivre à
Versailles. À deux pas, ne manquez pas
L’Espace Richaud, ancienne chapelle
de l’hôpital royal devenue lieu d’expos.
54, boulevard de la Reine.
17 heures
LUCILE BOLOT
Située dans les Carrés Saint-Louis, la
céramiste expose ses créations en grès
et porcelaine fabriquées sur place (2).
On aime sa collab avec le maroquinier
voisin, Damien Béal, qui a anobli ses
carafes en grès d’anses en cuir.
41, rue d’Anjou.
Par Marie-Anne Bruschi
20 heures
LE GRAND
CONTRÔLE
Situé dans le parc du château,
photos ArtShooting Photographie, Villes de Versailles/Nicolas Borel, Jérôme Puissant, Bruschi et s. p.
l’hôtel a investi un bâtiment
de 1681. Pour sa rénovation,
l’architecte Christophe Tollemer
s’est inspiré du Petit Trianon (1),
tandis qu’en cuisine Alain Ducasse
a réinventé les repas de Louis XIV
avec des plats (pièces rôties,
entremets…) servis en costumes
d’époque. Brunch le dimanche
et teatime façon Marie-Antoinette.
12, rue de l’Indépendance-américaine.
22 heures
WALDORF ASTORIA
TRIANON PALACE
Si le chef Gabriele Ravasio vient
d’intégrer le restaurant étoilé de ce
sublime hôtel 5 étoiles situé en lisière
du parc du château, on aime aussi
s’y donner rendez-vous pour boire
un dernier verre. Rythmé par
le crépitement du feu de bois, le Bar
Galerie propose une carte de cocktails
accompagnée de snacks.
1, boulevard de la Reine.