MADAME FIGARO SUPPLÉMENT - FIGARO Nos 24491 ET 24492 DES 19 ET 20 mai 2023 - COMMISSION PARITAIRE N° 0426 C 83022

Madame Figaro - n°2021

lefig
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Portfolio

exclusif

avec Johnny depp

créatives
la BD fait
affinités

son cinéma

en majesté
photographiée par jean-baptiste mondino
maïwenn
m
 DOUBLE R RENEW & REPAIR ADVANCED SERUM,
MAINTENANT POUR LE REGARD

RÉSULTATS VISIBLES
DÈS 7 JOURS,
ET APRÈS 1 MOIS* :

EFFICACITÉ ÉCLAT
Lumière + 47 %
Cernes - 35 %
Poches - 38 %

EFFICACITÉ EFFET LIFT

Effet liftant + 44 %
Rides - 37 %
Ouverture du regard +32%

Auto-évaluation
par un panel représentatif
sur échelle clinique.

LA RÉPARATION NÉE DE LA SCIENCE ET DE L’ABEILLE

*Résultats constatés par les femmes : évaluation par autoscorage, 33 femmes, Chine, 2 applications par jour, après 1 mois.

23. La question : peut-on choisir ses désirs ?
en couverture
Maïwenn porte une tenue
en tweed, spécialement
créée par Chanel pour
son film Jeanne du Barry.
Earcuff et bagues, Chanel
Joaillerie, collier personnel.
Photo Jean-Baptiste Mondino.
Réalisation Sylvie Clemente.
Coiffure John Nollet pour
Forty-One Studio-Paris.
photos Jean-Daniel Lorieux
Mise en beauté Chanel
par Angloma.
Manucure Brenda Abrial.
m
s Sommaire
o
m
m
a
i
19.
Édito
« L’imaginaire de ma mère »,
par Maïté Turonnet.
21. La photo : Celeste Leeuwenburg.
r
118. e
25. La philo : « La fabrique de l’espoir »,
par Charlotte Montpezat. 56. Maud Bailly, la tête dans les étoiles.
La directrice générale de Sofitel,
28.
news
MGallery et Emblems insuffle
son inventivité dans l’hôtellerie de luxe.
60. Style : un été vitaminé.
28. Gilles Lipovetsky, philosophe : « On 62. Une Fête des mères
a tous en nous quelque chose de kitsch. » plein soleil.
36. Six réalisatrices témoignent 70. Plexi classe.
de l’exercice de leur métier. 72. La chemise d’homme :
44. Dans l’atelier d’Albane Cleret. pourquoi on l’aime ?
46. Les jeux (vidéo) sont faits.
75.
Les films adaptés d’e-games célèbres,
nouvelle cash machine des studios. culture
54. La poupée barbie 75. Virginie Efira, l’incontournable.
est-elle devenue un totem féministe ? L’actrice est à l’affiche de L’Amour
et les Forêts, de Valérie Donzelli.
82. Livres.
86. François-Henri Désérable,
l’écho de Téhéran.
●15
 m
s
Sommaire

o
62.
m
m
a
i
98. r
134. e
118.
photos Jérôme Dominé/ABACA et S. P. Illustration Adrian Tomine et Louison

mode
118. Barbiemania.
134.
beauté

88. 134. Parfums : leurs premières amours.

140. Beaux zestes d’été.
145.
magazine
88. Maïwenn, rebelle en son royaume.
Interview exclusive avec Johnny Depp. self services
98. Ciné bédérama : film et bande dessinée 145. Ecosystème : mix durable.
partagent des affinités créatives. 146. Comment du porno aux enfants ?
Huit dessinateurs imaginent pour nous 147. Connaissez-vous les Cinq Tibétains ?
une page-hommage au cinéma. 149. Pourquoi choisir
106. Vieillir d’amour. Lanzarote, aux Canaries ?
Peut-on s’aimer toute une vie ?
110. L’IA dans tous ses états. 150. Mots croisés. 153. Horoscope.
114. Savoir-vivre : 157. Carré VIP.
les codes ont changé. 158. L’autopromo : Robin Campillo.

L’édition de ce numéro comporte un CAHIER Île-de-France de 16 pages, placé après la page 158, sur Paris et la région parisienne (75, 77, 78, 92, 93, 94 et 95)
pour les kiosques et les abonnés, ainsi qu’un ENCART SOUS COUVERTURE CHANEL COCO MADEMOISELLE de 4 pages sur toutes les éditions.

●17
 Un programme de Kering pour mettre en lumière la place des femmes dans les arts et la culture

Ninja Thyberg, réalisatrice de Pleasure,

Prix Women In Motion Talent Émergent 2022
 l
é
par Maïté Turonnet

d
L’IMAGINAIRE
DE MA MÈRE
Ce doit être
constitutif de
i
t
l’espèce… Partout
sur Terre, depuis toujours,
tous les individus de toutes
conditions, âges et habitus, chérissent le parfum. Les Moldaves et les Qataris, les Uruguayens,
vous et moi ; les vieux, les enfants et leurs mères pareillement. Jusqu’aux anosmiques,

o
qui ne sentent censément rien, mais qui aiment bien l’idée. Je pense notamment à ma mère
qui fut affligée d’une multitude de handicaps, dont l’anosmie n’était pas le pire. Elle se savait
dyspraxique depuis son premier biberon, dyslexique depuis le primaire, progressivement sourde
depuis l’adolescence. Mais son manque quasi total d’odorat – et, partant, de goût – lui resta ignoré.
Grâce à une imagination aussi miséricordieuse que débridée qui, entre deux synopsis de roman-
photo, lui fit rédiger pendant plusieurs années des recettes de cuisine lunaires pour d’improbables
magazines (toasts aux nouilles, boudin aux fraises, crème gélatine-Nesquik).
Et surtout, ressentir l’inconnu comme si elle le touchait du doigt. Du chèvrefeuille, elle avait
vu les abeilles devenir folles ; des roses, elle avait caressé les pétales satinés ; par la cardamome
et la cannelle, s’était souvenue de son enfance à Djibouti, là où, accompagnant sa nounou au zouk,
elle avait encore tant rêvé devant les volutes d’encens. Pour ce qui est du parfum vrai, le filet d’une
Cologne coulant sur ses clavicules avait été une expérience ineffable, la lecture de Gabrielle Colette,
hautement instructive, et les vitrines de Guerlain, suffisamment tentatrices pour reconnaître que
c’était un objet beau. Hélas, longtemps dans une dèche sévère (la cuisine surréaliste nourrissant mal
son auteur), elle considéra que le plaisir olfactif importait moins que le coût d’une bonne école de la
rive gauche et s’en passa assez pour que je n’aie aucune mémoire du très proustien « parfum de ma
mère », le soir à l’heure du baiser. Ce qui ne me fit ni chaud ni froid. En revanche, j’apprenais le latin.
Rosa, rosa, rosam. Aussi, lorsque bien plus tard,
par l’un de ces accidents ordinaires de la vie journalistique,
je commençais à écrire sur le sujet, il s’avéra, bien entendu,
que toutes les nouveautés que je lui déversais l’émerveillèrent.
Sans mesure (il y eut des moments difficiles), puisqu’elle avait,
on s’en doute, tendance à s’inonder. Fournie à un rythme
intense – appelez-moi Danaïde –, elle se faisait par ailleurs
une joie de distribuer à ses divers visiteurs ce que je venais
de lui donner, en s’excusant que la bouteille ait été ouverte.
Être généreuse étant également un bonheur inépuisable.
Et sachant bien que tout le monde aime le parfum. ●
PHOTO S. P.

Maïté Turonnet est journaliste, spécialiste du parfum et auteure du livre « Pot-pourri », aux Éditions Nez.

●19
20●

“Nous ne saurons jamais
comment tout est arrivé” Celeste Leeuwenburg
« J’avais surtout envie
que l’on ressente la chaleur sur son visage,
que l’on imagine le temps que cette fille a passé au soleil.
Il y a quelque chose de figé. J’aime beaucoup cette idée
de lenteur de prise de vue. Si je l’avais photographiée très vite,
elle n’aurait pas emmagasiné cette chaleur sur son corps.
C’est intéressant de savoir qu’elle s’est intégrée à son
photo Celeste Leeuwenburg
environnement. J’ai une approche assez cinématographique
de la photographie. Mes images sont d’abord pensées,
peut-être même gribouillées sur un bout de papier. Je réfléchis
ainsi à l’univers que j’ai envie de transmettre. Souvent,
on y retrouve un corps dans la nature. Puis je compose
l’image comme une peinture. Cette photo est tirée de la série
Tierras invisibles, qui a été présentée à Paris. Pour cette exposition,
propos recueillis par Charlotte Larroche
la
La photo
p
h
o
t
o
j’avais écrit une nouvelle, inscrite sur un mur. Elle commence
par “Nous ne saurons jamais comment tout est arrivé. La terre
bougeait très doucement dans le sens contraire des aiguilles.”
Cette série n’est pas un travail documentaire, mais plutôt
une fiction reliée à la littérature. C’est comme si elle se divisait
en chapitres, avec chacun des personnages au centre
du paysage. Je les ai photographiés dans différents endroits de
la planète, en imaginant qu’ils sont dans un lieu que personne
ne connaît et qui n’existe pas. C’est un hommage à la nature.
Avec l’idée d’inventer une petite parcelle du monde que nous
ne connaissons pas encore, où l’humain trouve sa place. » ●
Sélectionnée parmi les lauréates du mentorat Les filles de la photo.
lesfillesdelaphoto.com. Restitution du projet en novembre 2023, dans le cadre
du parcours photographique PhotoSaintGermain. celesteleeuwenburg.com
●21
Collection Le Cube Diamant

l’honorable
et l’ignoble ●
Peut-on choisir
ses désirs ?
« C’est mon choix ! »
tel est le mantra qui régit désormais nos
existences. De plus en plus, nous sommes invités à définir
en toute conscience les inclinations essentielles de nos vies.
Notre métier, notre alimentation, notre sexualité ou,
même, notre apparence physique… Un appel à la liberté
séduisant, mais qui pourrait se révéler fragile, puisque
ces désirs n’ont pas toujours de fondement.
la magie du
la peur de D’abord, il n’est même pas
décevoir ● certain que nous soyons
totalement à l’origine
de nos propres envies. La publicité, la communication,
les soldes et les réductions sont autant d’exemples
d’outils pensés pour orienter nos intentions. Ensuite,
cette invitation/injonction au libre choix – sexuel,
alimentaire, moral – tromperait elle-même nos désirs,
selon le psychologue américain Barry Schwartz.
Puisque nous ne nous connaissons pas entièrement
nous-mêmes, que nous hésitons souvent, l’infini
des possibles brouille la chance de savoir ce que nous
désirons profondément, analyse-t-il. D’autant que
chaque choix en annule plusieurs autres. Nous finirions
donc, paradoxalement, par aller au plus simple ou au plus
attendu, par précaution. Par exemple, nous ne choisissons
plus nécessairement nos destinations de vacances
pour ce que nous voulons vivre, mais parfois pour ce que
nous espérons en raconter. Dans un univers aux mille
options, la nécessité morale de revendiquer un choix
toujours consenti, mûrement réfléchi, met la pression.
Quitte à faire de nous ce que nous voudrions représenter
plutôt que ce que nous voudrions vraiment être, par peur
de nous tromper ou, même, de décevoir les autres.
par Pierre Terraz
la
La question
Une chose existe pourtant,
q
u
qui pourrait nous sortir
de cette impasse. C’est l’idée,
selon le philosophe américain Harry Frankfurt, que si
les êtres humains partagent avec les animaux la faculté
de désirer des « désirs du premier ordre », ils se distinguent
d’eux par le fait de posséder des « désirs de second
e
ordre ». Ces désirs-là sont les « désirs de désirer »
ou, au contraire, les « désirs de ne pas céder à un désir ».
Par exemple, nous pouvons dans le même temps vouloir
manger un steak et désirer de tout cœur
s’en tenir à un régime et ne pas déguster
s
ce steak. Nous pouvons aussi ressentir
une attirance sexuelle pour une
nouvelle personne et, pourtant, l’envie
de ne pas tromper son partenaire
amoureux. En d’autres termes, il nous
est impossible de choisir nos penchants,
t
mais nous serions les seuls êtres vivants
capables, au prix d’un effort certain,
d’évaluer nos désirs. Non pas de les évaluer au « sens
faible », purement utilitaire : il ne s’agit pas seulement
de se retenir de manger un gâteau tout de suite pour mieux
i
profiter de la piscine d’abord ! Mais au « sens fort »,
moral et qualitatif, précise Harry Frankfurt. Il s’agit
alors de distinguer parmi nos désirs multiples, parfois
contradictoires et incompatibles entre eux, ceux que
nous estimons honorables ou ignobles, justes ou injustes.
o
Le philosophe ne s’y trompe pas :
choix ● ces dilemmes peuvent se révéler
bien plus difficiles à trancher
qu’il n’y paraît. D’autant plus que les désirs seconds,
ceux qui vont à l’inverse de ce que nous imaginions
n
être notre souhait premier, peuvent se trouver bien
des raisons de se concrétiser. Si dans un couple la passion
des débuts n’est plus là, si notre partenaire ne fait plus
attention à nous et qu’il regarde, lui aussi, ailleurs…
Faut-il alors céder à ses tentations, tout en imaginant
prendre en main son destin de manière juste ou légitime ?
Pour prétendre choisir ses désirs, met en garde Frankfurt,
il faut encore que leur raison d’advenir reste intrinsèque
à nous-même et ne soit pas extérieure. Dans ce cas,
affirme-t-il, la magie du « choix » est de faire communier
déterminisme et liberté : ce qui se présente d’abord à nous
comme une pulsion devient finalement notre volonté
profonde, et, surtout, indépendante de toute influence.
Voilà pourquoi il reste important de ne pas plonger
tête baissée dans les désirs, ceux qui relèvent d’emprises
extérieures en particulier, mais de ne pas culpabiliser
trop vite face à nos « plaisirs coupables » non plus.
Ceux-ci peuvent se trouver raisonnables : à nous
de savoir, à défaut de les choisir, quand les accepter
sans compromettre notre conscience. ●
●23
 la
La philo

Au terme d’une discussion

animée comme on en tient parfois dans les cafés de la
p
h
rive gauche, un ami conclut : « Ne se raconte-t-on pas des
histoires pour vivre, surtout après 50 ans ? » Bien sûr que
oui ! Parce qu’imaginer et partager une histoire, c’est
donner un sens à une suite d’événements qui n’en a pas
forcément, c’est mettre des mots sur des émotions pour

i
mieux les partager et se projeter dans un ailleurs. Se donner
à soi-même de l’espoir aussi. Toutes les histoires tournées
vers le passé mettent de l’ordre dans l’entrelacs de nos
bouts de mémoire. Replacés au bon endroit, unis par le bon
fil, les événements constituant nos vies lui donnent un
sens. L’anarchie de l’existence est conjurée, nous n’avons

l
pas vécu tout cela en vain :
ouf ! Le récit rétrospectif,

La fabrique
c’est un peu cette laque d’or
utilisée par les potiers
japonais pour réparer des

de
o
céramiques brisées. Coulée
dans les failles de notre vie,
elle permet d’en réunir les
fragments et de leur donner Vernes ou Philip K. Dick,

l’espoir
un nouvel élan. Il y a les ou encore le personnage
histoires qu’on se raconte au d’un président américain
présent. « Invente donc ta noir dans 24 Heures chrono
propre réalité !, éructe Logan avant l’élection de Barack
Roy envers son fils Kendall Obama. Pourquoi les
dans la série Succession. par Charlotte Montpezat publicitaires du monde
Si tu réussis, tout le monde entier s’échineraient-ils
finira par penser que cela à nous vendre des
a toujours été l’évidence. » C’est ce que Paul « narratifs » si le récit n’avait pas d’impact sur nos
Ricœur avait conceptualisé sous le terme comportements ? Oui, la fiction construit une
d’identité narrative. Un concept que ne renierait vérité. Se raconter des histoires ne veut pas dire
pas Kim Kardashian, dont l’empire est bâti sur la qu’elles se réaliseront un jour, on le sait bien.
narration d’elle-même. Se raconter des histoires Mais l’espoir, les émotions qu’elles réveillent
au présent, c’est définir sa propre identité. « Je sont autant de prises sur lesquelles l’ego s’agrippe
suis un père bâtisseur, et mes enfants suivront pour continuer à gravir la face nord de l’existence.
l’exemple. » « Je suis indépendante, créative et À une condition : la fiction n’est féconde que si
forte, et mon entreprise va faire l’admiration de elle entre en résonance avec l’écoute d’un autre.
tous… » « Je suis amoureux, j’ai trouvé la femme Une histoire qu’on se raconte seul a peu de
de ma vie. » Et bien sûr, les fictions construisent chance de créer un élan. Elle tourne en rond dans
le futur. Et même la science-fiction, avec Jules notre cerveau, reste prisonnière de nos biais,
de nos croyances limitantes. Au bout du compte,
elle empêche même le changement. Si Léon, le héros
de La Modification, de Michel Butor, n’était pas resté « dans
sa tête » pendant le voyage qui le menait de Paris à Rome,
BIO EXPRESS INCITATIONS s’il n’avait pas ressassé, seul, prisonnier du déterminisme
Psychanalyste, coach, À LIRE de ses biais sociaux, de l’impossibilité de l’amour, il serait
Charlotte Montpezat a mené Ci-gît l’amer. Guérir du sans doute descendu du train. Et aurait pu couler des jours
une grande partie de sa ressentiment, de Cynthia heureux avec Cécile. Se raconter des histoires, c’est
photo personnelle

carrière dans les médias. Elle
publie un premier livre, Les
Flamboyantes, aux Éditions
Équateurs, sur le destin des
femmes de plus de 50 ans.
Fleury, Éd. Gallimard.
Simone, de Léa Chauvel-
Lévy, Éd. de L’Observatoire.
La Flèche du temps, de Martin
Amis, Folio, Éd. Gallimard.
articuler des possibles pour imaginer un futur. Alors, oui,
racontons-nous des histoires. Surtout à 50 ans, cet âge
si trouble qui nous impose de trouver un deuxième souffle
pour poursuivre le marathon. Se raconter des histoires,
oui. En essayant néanmoins, de ne pas se la raconter. ●

●25
N
Madamenews

E
w
s
28●
 1.
Madamenews

Seated Ballerina,
une immense
sculpture
gonflable signée
Jeff Koons
au Rockefeller
Center, à New
York, en 2017.

Gilles
Lipovetsky
“On a tous en
nous quelque
chose de kitsch”
Tout ce qui brille est-il suspect ?
C’est la question que se pose
le philosophe dans un essai lumineux
qui décortique le néokistch,
notre tendance à l’excès.
Philosophe attentif aux
métamorphoses de l’hypermodernité
depuis les années 1980, Gilles Lipovetsky définit notre époque
comme la « civilisation du trop », dont le kitsch serait à la fois
une forme esthétique dominante et un mode d’existence tourné
vers les choses. Marqué au départ par la surcharge des objets
de pacotille, le kitsch bourgeois du XIXe siècle est aujourd’hui
devenu un hyperkitsch envahissant tous les espaces de
création et de vie, de l’art au design, de la mode à l’architecture,
des séries télé aux jeux vidéo : le signe de l’expansion
du capitalisme consumériste. Exploration avec Le Nouvel Âge du
kitsch. Essai sur la civilisation du trop, livre coécrit avec Jean Serroy.
MADAME FIGARO. – « Kitsch, le monde est kitsch »,
disiez-vous dans un essai plus ancien sur l’esthétisation
du monde. Aujourd’hui, nous sommes passés, selon vous,
à l’âge du « néokitsch ». C’est-à-dire ?
Gilles Lipovetsky. – L’univers kitsch s’est transformé
au fil du temps. En particulier, le kitsch, né dans les années 1860-
1880, enregistre, avec l’essor de la société de consommation
de masse, une rupture majeure au cours des Trente Glorieuses.
C’est ce bouleversement qui a conduit le sociologue Abraham
Moles à parler, le premier, dès le début des années 1970,
Images via AFP

d’un néokitsch. Notre livre se situe dans ce sillage, en insistant

photo Getty

sur les nouvelles inflexions qui accompagnent

Par Jean-Marie Durand

●29
Madamenews
le capitalisme d’hyperconsommation
contemporain. On pense souvent que
le kitsch est une essence, une esthétique,
un style, une mentalité invariable. Or,
des remaniements tectoniques marquent
son histoire. L’hyperkitsch contemporain
est le néokitsch qui, porté à l’extrême,
façonne ce qu’avec Jean Serroy nous
appelons la « civilisation du trop ».
Revenons à la définition du mot,
assez plastique. Plusieurs motifs s’y
rattachent, souvent négatifs : la copie,
la camelote, l’esbroufe, la surcharge…
Quel trait structurant pourrait
synthétiser tous ces visages ?
C’est l’ensemble de
ces traits – le mauvais goût,
la camelote, le clinquant,
“Le kitsch
le sentimentalisme, le too
much — qui définit le kitsch.
n’est plus ce qu’il était,
Au départ, le kitsch désigne
les objets de pacotille,
la copie, le monde de la
reproduction industrielle qui il a rejoint
fait vomir les intellectuels
et les artistes. Ce style kitsch
s’est déployé en particulier
les cimaises de l’art”
dans les intérieurs
bourgeois : un style tape-à-
l’œil marqué par la prolifération des signes, les tapis, les tentures,
les bibelots, les meubles de toutes les époques qui cohabitent
sans unité. Tout est excès, affichage ostentatoire. Or, à partir
de la société de consommation et d’hyperconsommation, cette
logique du « trop » va gagner de nouveaux secteurs. Ce qui était
au départ limité au « home bourgeois » s’impose comme
une forme esthétique envahissante, s’infiltrant dans des sphères
de plus en plus nombreuses de la société : caddies surchargés
de tout, art d’avant-garde, défilés de mode, clips vidéo, séries
télévisées, marques de luxe, design et architecture modernes,
mais aussi les commémorations, la téléréalité, la cuisine,
le tatouage, les ronds-points, et même la philosophie. Nous
vivons le temps du kitsch extrême et proliférant, élargi
et surdimensionné, et en même temps assumé et dignifié. C’est
le renversement spectaculaire de sa valeur et de son statut social
qui a relancé la question du kitsch dans nos sociétés. Le kitsch
n’est plus ce qu’il était. Lui, si longtemps et unanimement
vilipendé, a rejoint les cimaises de l’art : Jeff Koons, l’artiste
vivant le plus cher au monde, est exposé à Versailles. Ce qui était
associé au cheap se vend maintenant à des millions de dollars.
Mais un objet clinquant, un texte excessif, un vêtement
excentrique sont-ils forcément kitsch ? L’esthétique
de la surcharge n’a-t-elle pas une autonomie propre,
détachée du kitsch, mot péjoratif, moqueur ?
De grandes traditions en Inde et en Chine se caractérisent
par la couleur ultravoyante et sont socialement dignes
30●
et appréciées. Les couleurs vives étaient
valorisées dans la culture grecque
et au Moyen Âge. L’exubérance des
formes est transhistorique, mais n’a pas
été partout assimilée au goût vulgaire :
ainsi dans notre tradition, le baroque
et, au XVIIIe siècle, le rococo. On ne
parle pas encore de kitsch, lequel est
directement lié à la reproductibilité
industrielle de l’ère bourgeoise.
C’est une invention sociale historique
récente, mais que l’on peut considérer
comme la forme prise par une tendance
universelle courant à travers les
siècles : le « baroque permanent »
d’Eugenio d’Ors. C’est le cousin pauvre,
déclassé, du baroque.
Partagez-vous
la définition que
donnait Milan Kundera
du kitsch, soit la
« volonté d’embellir
les choses et de
plaire », ou un
« conformisme total » ?
Cette définition
a sa part de vérité qui
Gilles Lipovetsky demande à être nuancée.
Les images sulpiciennes,
les idéologies totalitaires, les images lénifiantes
du consumérisme correspondent bien à cette
approche. « Que du bonheur », comme l’on
dit aujourd’hui. Le kitsch dénoncé par Kundera
n’est autre que le « miroir du mensonge
embellissant ». Il a raison, mais il n’a pas perçu
les métamorphoses contemporaines du
phénomène. Aujourd’hui, divers artistes kitsch
tels Gilbert & George, Pedro Almodóvar,
David LaChapelle, Damien Hirst, Wim
Delvoye, Paul McCarthy n’occultent nullement
la dimension tragique de l’existence ou
ses aspects horrifiques. L’idée que le kitsch
Photo Francesca Mantovani/Éditions Gallimard
est idyllique ne correspond plus exactement
à l’époque. Et la définition de Kundera ne
saurait prendre en compte ce qu’il peut y avoir
d’ironie, de second degré, mais aussi de créatif,
de singulier, de novateur dans l’hyperkitsch :
voyez Jean Paul Gaultier, Quentin Tarantino,
Joana Vasconcelos, Maurizio Cattelan.
Vous parlez d’un « kitsch XXL »,
avec ses effets spectaculaires dans
tous les secteurs de la vie…
Au départ, le kitsch se rattache à des petits
objets, une tour Eiffel dans une boule à neige.
Désormais, c’est à une tout autre échelle, dans
Madamenews

les urbanismes pastiches gigantesques en Chine, les méga-centres bouleversement social de notre époque,
commerciaux, les immenses parcs de loisirs, les aménagements c’est l’hyperindividualisation des modes
des lieux touristiques, les villes bling bling (comme Dubaï) de vie, des attitudes, des aspirations dans
que se déploie le kitsch. L’hyperkitsch est un ordre proliférant, tous les groupes de la société.
inflationniste, hypertrophique : Bollywood, le Hollywood indien, Qu’est-ce qui, selon vous, fait défaut
produit 1 200 films par an. Le flot de sentimentalisme sur Netflix à notre époque ?
est vertigineux. Le kitsch triomphe à l’échelle du méga. Ce n’est pas le manque de principes,
Nous serions donc tous devenus des « Homo kitchicus » ? de valeurs ou même d’orientation, mais la mise
Le kitsch, c’est tout autant une attitude, un mode d’existence en œuvre effective de ceux-ci. On le voit
tourné vers les « choses », avec la question de la
un ethos axé sur le bonheur crise climatique. Nous
consommationniste. À cet
égard, on a tous en nous “La civilisation du savons ce qu’il est
impératif de faire,
quelque chose de kitsch, oui.
Car on est tous devenus trop, c’est aussi celle pourtant on est loin
de réaliser l’objectif fixé
des hyperconsommateurs.
La sobriété désormais du déficit de sens et par l’accord de Paris.
Nous disposons d’une
vantée est-elle la forme
symétrique de de reconnaissance” quantité considérable
d’études sur les réformes
l’ultrakitsch ? souhaitables en matière
Gilles Lipovetsky
Aujourd’hui, on ne de management des
vomit pas le kitsch, on en a entreprises : mais au
peur, car il participe de l’industrie carbonée conduisant final, les insatisfactions grandissent, la qualité
au désastre planétaire. On n’est plus dans la critique culturelle, de vie au travail est loin d’être satisfaisante.
on est dans la peur existentielle planétaire. Trop d’objets, La civilisation du trop, c’est aussi celle
trop d’obsolescence, trop de jetable… Les mouvements défendant du stress, du manque de qualité de vie,
la sobriété appellent à mettre fin à l’hyperkitsch consommatoire du déficit de sens et de reconnaissance.
comme machine mortifère. D’où le goût d’une civilisation
« Il est un kitsch qui poétise heureusement le monde », du « moins », par opposition au trop ?
écrivez-vous néanmoins. Je ne crois à la décroissance, à la simplicité
Le kitsch a ce mérite qu’il est perçu et aimé parce qu’il volontaire, à la frugalité heureuse. À titre
donne de la légèreté, il permet une forme d’évasion facile. personnel, je me reconnais assez bien dans
Je ne pense pas qu’il faille brûler le kitsch. Il suffit de faire cette l’éthique de la sobriété, sauf qu’il est illusoire
petite expérience de pensée : est-ce qu’un monde expurgé de croire qu’elle est la solution à la crise
du kitsch est souhaitable ? Je ne le crois pas. Il y a un charme climatique. Il y a du kitsch en chacun de nous,
de la profusion, de l’excessif, des stéréotypes, du « nunuche », et il y en aura sans doute de plus en plus.
des paillettes. Qui n’a pas pris du plaisir à acheter un gadget Allez parler de simplicité volontaire aux
loufoque, regarder les variétés à la télé, danser sur un slow d’été, Chinois et aux Indiens, et vous verrez… Rien
écouter des chansons langoureuses ? Ce dont nous souffrons, de déterminant ne se produira sans l’immense
c’est de trop de kitsch, non du kitsch en soi. Excommunier chantier de décarbonation de l’industrie.
le kitsch relève d’une attitude morale : ce n’est pas la mienne. Ce n’est pas le « moins » qui nous sauvera,
Il n’existe pas de civilisation sans formes légères. Par ailleurs, mais un investissement toujours accru dans
tout kitsch n’est pas nul ; il y a même du kitsch génial, l’intelligence et l’imagination créatives,
par exemple chez Victor Hugo, Wagner, Mahler, Fellini. dans l’innovation scientifique et technique.
S’il n’y avait que des formes d’art fonctionnelles, Je ne crois pas au « moins », mais au plus
rationnelles, minimalistes : quel ennui ! d’école et d’éducation culturelle pour rendre
Vos travaux menés depuis le début des désirables des objets autres que la mode
années 1980 ont éclairé des motifs structurants et que les marques, et pour aller vers plus
de notre hypermodernité : le vide, l’authentique, de beauté et de qualité de vie. ●
le léger, l’esthétisation… Voyez-vous
un continuum entre ces thèmes ?
L’expansion du capitalisme consumériste Le Nouvel Âge du kitsch.
Essai sur la civilisation du trop,
et la dynamique d’individualisation extrême
de Gilles Lipovetsky et Jean Serroy,
me semblent être au cœur des métamorphoses Éditions Gallimard, 464 pages, 26 €.
culturelles de l’hypermodernité. Le grand En librairie le 25 mai.

32●
Madamenews

Gwilherm de
Cerval, Manu
Payet, Zazie
Tavitian
et Caroline
de Maigret.
Madamenews

L’ode au
3.
néroli
En soupir dans le N° 5, en extase dans l’eau
de Cologne Les Exclusifs ou en lumière dans
Paris-Riviera, la fleur d’oranger a sa place

2. 4.
dans la palette olfactive de Chanel,
qui préserve sa filière en pays de Grasse.
Pour l’événement Jardins, Jardin, la maison

L’appétit
a mis en culture sept cents bigaradiers.
Un jardin des Hespérides de luxe, à découvrir

vient en
du 1er au 4 juin, aux Tuileries, à Paris. ● M. L.
jardinsjardin.com

marchant
Ils sont quatre.
Et ils adorent manger.
Ensemble, bien sûr. Et même en solo.
Manu Payet, Caroline de Maigret,
Gwilherm de Cerval et Zazie Tavitian sillonnent la capitale
sans se lasser pour se régaler d’une blanquette, d’un bao,
d’un burger, d’un canard laqué ou d’une choucroute…
Cette exploration gourmande a donné naissance à La Traversée
de Paris. Pas question, dans ce guide « pas du tout objectif »,
de livrer des adresses commentées par arrondissement. Ici,
on passe les plats. Envie d’un cheese nan ? Le quatuor suggère
de filer chez Saravanaa Bhavan, Jugaad ou Krishna Bhavan.
Pour une côte de bœuf, direction Hugo Desnoyer, Braise,
Clover Grill. On mange aussi veggie dans cette tribu, au

wanted
Potager de Charlotte, chez Tekés, à L’Embuscade. Chaque
restaurant fait l’objet d’une petite histoire : comment les amis
ont découvert le lieu, l’anecdote qui met en appétit… Le budget
à prévoir est précisé et Gwilherm, sommelier de formation, Vol sans escale pour Tulum,
suggère une boisson – pas toujours du vin – pour chaque
spécialité. Pour varier les plaisirs, l’ouvrage est ponctué de
Mykonos, Ibiza ou même
photos Dimitri Coste, CHARLES ROUSSEL et s. p.

questions fondamentales. Où réserver pour dix ? Où dîner tard la Lune : Assouline nous
le soir ? Où inviter un premier date ? Où organiser entraîne dans un voyage
un déjeuner d’affaires ? Les réponses sont drôles,
instructives et joliment rédigées, loin du carcan
olfactif avec une ligne de
de la critique classique. L’ouvrage à avoir sous bougies parfumées, décorées
la main quand on est pris d’une irrésistible envie de symboles identiques
de frites à minuit… ou de tout autre met, délicat
à ceux des ouvrages
ou pas, à n’importe quelle heure. ● V. Z.
« La Traversée de Paris. Un guide pas du tout objectif de la collection Travel.
de nos plats préférés », de Manu Payet, Caroline de Maigret, Bon voyage ! ● S. W.
Gwilherm de Cerval et Zazie Tavitian, Éd. JC Lattès, 208 p., 21,90 €. assouline.com

34●
 5.
Madamenews
Regards croisés de
réalisatrices
Quels sujets souhaitent-elles
traiter ? Que reste-t-il
à réinventer ? Qu’a changé l’époque
dans l’exercice de leur métier ?
Six réalisatrices témoignent.
En 2022, selon le Centre National
de la Cinématographie et de l’Image
Animée, la part de films strictement réalisés par des femmes
était de 29,8 %. Ce chiffre reste en deçà de la parité espérée
et attendue, mais c’est un record, une petite victoire. Film après
film, et malgré quelques freins persistants, les réalisatrices
s’installent en effet de mieux en mieux dans notre paysage
cinématographique, déplacent les curseurs, enrichissent les
récits, refusent les assignations. À l’heure du Festival de Cannes,
qui compte cette année sept femmes en lice pour la Palme d’or,
soit un tiers des effectifs en compétition, nous avons interrogé des
cinéastes issues de différents horizons sur l’évolution des regards
et des mentalités dans l’industrie du cinéma.
Vanessa Filho
”Faire comprendre l’emprise”
Créer. « On s’est battus pour que mon adaptation du
Consentement existe : après le Covid, on nous réclamait des films
légers. Certains décideurs étaient aussi dérangés par le fait
que l’auteure de ce récit autobiographique, Vanessa Springora,
ait d’abord cru, à 13 ans, qu’il s’agissait d’amour avec Gabriel
Matzneff. Cela les mettait mal à l’aise. Il y a parfois une volonté
inconsciente de décomplexifier les sujets, de catégoriser d’emblée
36● PAR Marilyne Letertre
les personnages, mais on perdrait alors l’enjeu
d’une telle histoire : faire comprendre les
notions d’emprise et de consentement. »
Déconstruire. « Le roman m’avait laissé
un sentiment de colère et d’impuissance :
il y a eu une telle complaisance de la part
des élites intellectuelles vis-à-vis du “grand
écrivain Gabriel Matzneff”. En 2013, il recevait
encore le prix Renaudot et bénéficiait du
soutien de sa meute malgré des écrits et des
actes pédophiles. La culture qui devrait être
une arme de transmission et d’évolution
permet encore trop d’abus de pouvoir. Il faut
se battre contre ces dérives. »
Filmer l’intime. « J’ai été très vigilante sur
les scènes intimes : j’ai présenté un découpage
plan par plan aux acteurs, en présence du chef
opérateur, et je n’ai jamais dérogé à ce que
j’avais soumis. C’était un engagement de ma
part, comme le fait de leur montrer le film pour
avoir leur consentement sur les images finales. »
« Le Consentement », bientôt en salles.
photo Chameleons Eye/REX/REX/SIPA
Katell Quillévéré
“La Notion d’identité”
Stéréotypes. « Il incombe aux cinéastes,
hommes et femmes, de déconstruire la notion
de genre et d’identité. Cela fait totalement partie
de mon désir de cinéma que d’inventer des
personnages féminins complexes, romanesques
et ambivalents. Dans Le Temps d’aimer, mon
Madamenews
De gauche
à droite :
Ramata-Toulaye Sy,
Mélanie Laurent
et Kaouther
Ben Hania.
héroïne n’invite pas immédiatement
à l’empathie et a un rapport complexe
à sa maternité. Or, une mère dure
avec son enfant dérange encore. Je l’ai
senti lors de certains échanges. Mais
la différence, c’est qu’aujourd’hui, on
arrive à convaincre, à faire entendre
ses choix. »
Héritage. « Ma génération
a bénéficié du militantisme et
du féminisme des précédentes.
Dès mon premier film, à 30 ans à peine, j’ai travaillé avec
des producteurs et des techniciens de mon âge pour qui l’égalité
des sexes n’est pas un débat. Et sur la série Le Monde de demain, avec
Hélier Cisterne, et Le Temps d’aimer, il y a eu une vraie démarche
pour former des équipes paritaires. Des femmes de talent, il est
possible d’en trouver à tous les postes. »
Freins. « Il y a une résistance au progrès dans une certaine
frange du cinéma. Les Césars en étaient la preuve : les réalisatrices
n’ont pas été nommées, leurs films très peu, alors que l’année était
riche de propositions… Il faudrait que le corpus de votants rajeunisse,
se féminise et soit plus représentatif du cinéma de demain. »
« Le Temps d’aimer », à Cannes Première.
Kaouther Ben Hania
“Toucher à l’universel”
Dépasser les limites. « L’histoire du cinéma mondial a été
monopolisée par les hommes blancs. Or, il est plus enrichissant
pour les spectateurs de se nourrir de regards multiples. Moi,
je suis tunisienne, femme, et je raconte ce qui est proche de moi.
Mais mon ambition n’est pas d’être limitée à un type de
personnages ou à une région, mais de toucher à l’universel. »
La sororité. « Dans mon film Les Filles d’Olfa, qui convoque à la
fois le documentaire et le jeu, je raconte les souvenirs d’une mère,
dont les deux filles aînées sont parties rejoindre Daech en Libye. Je
n’arrivais pas à comprendre comment deux adolescentes pleines
de vie pouvaient faire ce choix. C’est devenu l’axe central du film,
qui soulève une autre question capable de résonner en chacun
38●
de nous : comment des traumatismes qui
se transmettent de génération en génération
peuvent-ils parfois affecter notre
discernement ? Je suis ravie d’être à Cannes
avec ce film réalisé dans la plus grande sororité :
mon équipe était majoritairement composée
de femmes et je suis fière qu’un hommage
leur soit aussi rendu à travers cette sélection. »
« Les Filles d’Olfa », en compétition cannoise. Sortie le 5 juillet.
Mélanie Laurent
“trouver sa place”
Réaliser un film d’action. « Avec Voleuses,
j’avais envie de réaliser un film populaire,
poursuivre la démarche que j’ai entreprise
dans mon travail d’actrice avec des films
comme 6 Underground ou Tempête. Ma liberté, je
l’ai vraiment acquise quand j’ai fait valser les
préjugés et les barrières. Il est aujourd’hui très
agréable de sortir des cases, de naviguer entre
cinéma d’auteur et films grand public. Mais si
Voleuses est un film de genre, avec tous les codes
associés, il parle du seul sujet qui m’anime :
les femmes, leur puissance, leur capacité à
se défendre. C’est un divertissement pur, mais
il pose une question essentielle : “Est-il facile
de trouver sa place dans un couple ou en société
quand on est une femme d’action ?” »
Chercher des références. « J’adore les
films d’action, mais j’ai souvent été frustrée
photos Daniele Venturelli/Getty Images, Matt Baron/BEI//SIPA et Laurent KOFFEL/GAMMA-RAPHO
par leur regard sur les femmes, avec ce
fantasme de filles en robes fendues et en talons
aiguilles en train de dézinguer 50 malabars.
Il y a un vrai plaisir des spectatrices à suivre
des héroïnes qui ne peuvent pas se faire
enquiquiner dans la rue, mais elles sont encore
trop souvent objectisées. Ou froides, ou
cyniques. Comme on sait rarement ce qu’elles
vivent et ressentent, cela impose une distance
entre elles et nous. Nikita et Kill Bill vont au-delà
de l’image de la jolie poupée avec un flingue et
ont permis aux femmes de s’identifier. Mais ces
films-là sont rares et manquent de réalisatrices.
Avec Voleuses, j’ai essayé d’écrire des héroïnes
qui ressemblent à nos amies, à nos sœurs,
à des filles abordables, libres, complices,
en place dans leur vie. »
Refuser les carcans. « Non seulement, on
m’a élevée dans l’idée que tout était possible,
mais depuis #MeToo, le monde du cinéma est
davantage à l’écoute des réalisatrices. Parfois,
se pose néanmoins cette question : est-on
choisie parce qu’on est femme ou parce qu’on
est la meilleure pour le job ? Il m’arrive par
Madamenews
De gauche
à droite :
les réalisatrices
Katell Quillévéré,
Vanessa Filho
et Justine Triet.
exemple d’entendre : “Je cherche
une touche féminine.” Ce n’est pas
la bonne façon d’aborder les choses.
On est compétente ou non, point
barre. Et puis, on me demande
encore comment je fais pour être
maman, jouer, et réaliser un film
avec des drones et des explosions ?
Le sous-texte est clair : qui s’occupe
des enfants et de la baraque pendant
que je fais des trucs de garçon ? Sans
compter les confrères qui viennent
de tourner cinq films et qui me demandent comment je fais pour
enchaîner. C’est simple, je fais comme eux, mais c’est un débat.
J’attends le moment où ce ne sera plus le cas. »
« Voleuses », à partir du 1er novembre sur Netflix.
Ramata-Toulaye Sy
“Des héroïnes noires puissantes”
L’ouverture sur l’Afrique. « J’ai suivi le cursus Scénario
la Fémis, l’école de cinéma. Mon projet de fin d’études
était le scénario de Banel et Adama. Le producteur Éric Névé,
qui a beaucoup œuvré pour l’ouverture du cinéma français vers
le continent africain, avait acheté mon histoire, mais, malgré
ses tentatives pour me convaincre, je ne voulais pas réaliser. »
Une vision nouvelle. « Lorsqu’il est décédé et que sa femme
a repris sa société, j’ai changé d’avis pour lui rendre hommage.
J’ai ancré ce premier film au Sénégal, mon pays d’origine, pour
différentes raisons. J’ai grandi en banlieue, je l’ai raconté dans
des scénarios, mais je ne voulais pas être associée qu’à cet
environnement. Je voulais aussi déplacer les curseurs, proposer
un autre regard sur le cinéma africain, souvent associé
au naturalisme et cantonné à certains sujets : le terrorisme,
l’oppression des femmes, la misère… Il faut évidemment
les raconter mais pas exclusivement. Banel et Adama, c’est
une passion amoureuse et le portrait d’une jeune Africaine
qui cherche sa place dans la société. »
40●
Des rôles exigeants. « Il existe déjà
des personnages féminins complexes, mais,
à quelques exceptions près, Saint Omer ou
Atlantique par exemple, nous manquons encore
d’héroïnes noires puissantes. Des personnages
qui ne se contentent pas d’accompagner les
hommes. Des femmes sujets et plus objets. Des
femmes avec des doutes, des angoisses et une
folie qu’on s’autorise enfin à explorer, à l’image
de Phèdre, Lady Macbeth ou Sula, de Toni Morrison.
C’est un geste conscient et politique que de
montrer autre chose de l’Afrique et des femmes
africaines. Que le film soit à Cannes est une
surprise, une fierté, mais aussi un signe
d’ouverture vers d’autres types de récits. »
« Banel & Adama », en compétition cannoise.
Justine Triet
“Il y a juste l’humain”
« La force de l’exemple. Ce qu’on perçoit
parfois comme une déconstruction des
schémas sociaux dans mon cinéma est en
réalité le socle sur lequel je me suis construite.
J’ai grandi avec des modèles féministes, ma
mère et ma grand-mère notamment, et que
l’homme puisse par exemple s’occuper des
enfants est pour moi une évidence qui infuse
naturellement mes histoires. Je n’ai pas eu à
transformer mon regard à l’aune des récents
mouvements. »
La constance des clichés. « Même si on le
formule moins ouvertement sur les plateaux,
l’ambition et la précision professionnelles chez
photos Marechal Aurore/ABACA, VILLARD/NIVIERE/SIPA et PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP
une femme sont encore associées à une forme
d’autoritarisme. Le changement des mentalités
prendra du temps. La preuve, on s’extasie
encore qu’il y ait sept femmes en compétition
à Cannes, comme si c’était un exploit qu’elles
accèdent à ce niveau. »
La mutation des récits. « Il n’y a pas
de regard féminin. Il y a juste l’humain. Les
femmes n’ont pas plus de sujets de femmes
que les hommes n’ont de sujets d’hommes.
Pour Anatomie d’une chute, qui raconte la quête
d’équilibre dans un couple, j’ai écrit avec
Arthur Harari, un homme. Nous avons
beaucoup débattu, car les stéréotypes se
nichent parfois dans les détails, presque malgré
nous. Notre époque repense la place de chacun
et la manière de vivre ensemble. C’est une
révolution, mais elle n’en est encore qu’à ses
balbutiements. » ●
« Anatomie d’une chute », en compétition cannoise.
Sortie le 23 août.
Bee My Love

●41
Madamenews

6.
ferragamo
Courrèges
Marni

Sunset boulevard etro

7.
Comme une fin de journée sous les cocotiers, l’imprimé soleil couchant a illuminé
les podiums de l’été 2023. Présent chez Etro, Courrèges ou encore Ferragamo, le dégradé aux couleurs orangées est
un appel à la tentation, un air de vacances pour patienter. Une invitation au teint doré, aux cocktails partagés sur des
notes de musique bien choisies. On l’adopte en total look, minirobe ou simple top. Notre match préféré ? La silhouette
imaginée par Marni, où le soleil couchant domine grâce à une jupe tuyau fendue et de longs gants rouges, jaunes,
orange et ocre. Un voyage à porter. ● M. R.

Mark de luxe
À New York, l’hôtel
The Mark s’offre un irrésistible
programme estival. Décor
de Jacques Grange, soins
du visage Dr. Barbara Sturm,
restaurant Caviar Kaspia…
photos launchmetrics.com/spotlight et S. P.

L’adresse fétiche de l’Upper

East Side propose désormais
un pique-nique gourmand
conçu par le célèbre chef
Jean- Georges Vongerichten. S.W.
themarkhotel.com

42●
Vive les mariés
Madamenews

8. Albane ClEret cultive

le goût des rencontres
fructueuses. Depuis vingt-et-un ans,
durant l’effervescence du Festival
de Cannes, elle convie sur le toit du
Albane ClEret
Marriott les personnalités de l’industrie
du cinéma et du luxe : son rooftop,
Terrasse by Albane, accueille un bar et
un restaurant où les stars se bousculent.
Fondatrice de l’agence d’événementiel
Albane Communication, elle est une
cheffe d’entreprise parisienne inspirée.
Comment s’organise
votre studio ?
C’est un atelier-maison lumineux,
dans lequel je vis et travaille. Les pièces
dans l’atelier de●
communiquent, comme dans une suite
d’hôtel, et chaque objet aiguillonne
ma créativité. Mon bureau est entouré
d’une cheminée en marbre blanc,
avec une grande sculpture en bronze
de Clodion, qui m’apaise. Sur les murs,
j’ai accroché un portrait de Kate Moss
et des tableaux, et, partout, je pose
des vases de fleurs aux teintes douces.
Au sein de votre agence,
où est placé votre bureau ?
Il se situe au centre de l’espace,
face à de grandes fenêtres qui donnent
sur le jardin des Tuileries. Je suis
une passionnée d’art et de déco, une
maniaque de l’équilibre des formes
et des couleurs. Tout est dans les tons
écrus et pastel. Les rideaux – créés par
Pierre Frey – sont en lin, et mon bureau
est un grand ovale en marbre noir et
gris. En face, j’ai une chaise de Gio Ponti.
Quels sont les éléments
de décoration ?
Chaque objet évoque un souvenir
qui stimule mon imagination et mon
travail. J’ai une photo de ma fille, Gioia,
et, juste à côté, un vide-poches en
cristal Baccarat et une boîte à cigarettes
chinoise, noire, or et rouge. Mes carnets
sont posés devant moi. J’écris beaucoup,
cela m’aide à structurer ma pensée. ●
@terrassebyalbane

« Ce briquet Dupont
appartenait à ma grand-mère
paternelle, Adeline Cleret.
Elle l’avait acheté dans les
années 1950. J’adore écouter
le son inimitable qu’il produit
et voir sa flamme. »
« Cette petite sculpture en
bronze de Gustave Moreau
avec trois chérubins est
un objet qui a pour moi une
forte valeur sentimentale.
Elle m’a été offerte par
une personne que j’aime. »
« Ce flacon m’est
indispensable. Il contient une
fragrance – Aqua Universalis,
de la Maison Francis
Kurkdjian – avec laquelle
je parfume mes mains
pendant mon travail. »
« J’ai une passion pour
les crayons. Jeune, j’ai suivi
une école de dessin
et de mode. Pendant que
je réfléchis, j’ai l’habitude
de faire des croquis de
silhouettes et de visages. »

44● par Paola Genone / Photos VINCENT FERRANé

 Photographie retouchée - * Le Diamant Disruptif

DISRUPTING DIAMONDS*
Madamenews
9.
Les jeux (vidéo)
sont faits
à hollywood, les superhéros
donnent des signes de fatigue.
cette baisse de tension profite aux
films adaptés de e-games célèbres,
nouvelle cash machine des studios.
Il coiffait tout le monde au
poteau en kartinG, gobant les champignons magiques
aussi assidûment qu’Astérix boit sa potion magique. Mais
personne ne s’attendait à ce que Mario, superstar historique des
jeux vidéo, réalise le plus gros démarrage de l’histoire des films
d’animation au box-office mondial, avec Super Mario Bros. Le film.
C’est pourtant chose faite ! Et la performance du petit plombier
moustachu, qui vole sa couronne à La Reine des Neiges 2 de Disney,
relève du miracle à plus d’un titre. En effet, cette énième
adaptation cinématographique d’un jeu vidéo à succès, genre
habituellement appelé à essuyer les sarcasmes des critiques
et/ou l’opprobre des gamers déçus, était chargée d’une double
mission. Au-delà de celle confiée à Mario et son frère Luigi
par les scénaristes – à savoir « aider une princesse à sauver son
royaume champignon du maléfique Browser » –, le plombier
italo-américain se devait de réparer le cuisant fiasco de Super
Mario Bros., la première adaptation cinématographique en chair
et en os du jeu, il y a trente ans. Ce nanar même pas flamboyant,
que l’acteur Bob Hoskins (alias Mario, mais auparavant héros
de Qui veut la peau de Roger Rabbit) dénonçait comme « le pire film
de sa carrière », est encore aujourd’hui qualifié de véritable
accident industriel.
Cette fois-ci, Mario est passé à un niveau supérieur. Le triomphe
inattendu à Hollywood d’une mascotte de l’industrie
vidéoludique est d’autant plus réjouissant, pour tous ceux qui ont
46● par Christelle Laffin
Le film
d’animation
Super Mario
Bros. Le film.
grandi aux manettes de ses aventures, qu’il
ouvre la voie à une nouvelle ère d’adaptations.
Et voilà qui tombe à pic pour l’industrie
du cinéma et les plateformes de streaming.
Les nouvelles valeurs
sûres du cinéma
L’hémorragie de public, dont souffrent les
salles depuis la fin du Covid aux Étas-Unis,
encourage les studios à miser sur des valeurs
sûres : les films d’horreur, les blockbusters et
les films de superhéros, avec une préférence
pour ces derniers. On les appelle dans le jargon
des tent-pole movies (« piliers de tentes »), parce
qu’un univers tout entier de produits dérivés
(dont des jeux vidéo !), s’abrite sous l’œuvre
photo Nintendo/Illumination Entertainment & Universal Pictures
et « tient » l’industrie. Ainsi, en quinze ans,
les films de l’univers Marvel, dont le 32e opus,
Les Gardiens de la Galaxie 3, sorti début mai,
ont rapporté plus de 27 milliards de dollars
de recettes dans le monde.
Les mythologies sont devenues des
« franchises » que l’on décline à l’infini sur
grand et petit écran jusqu’à l’usure. Et dans
cette économie de divertissement industriel,
où la fanbase devient une assurance de retour
sur investissement, les licences vidéoludiques,
jusque-là mal exploitées au cinéma, ont enfin
leurs cartes à jouer. Apportant du renouveau.
Pour preuve ? Les projets annoncés en 2023-
2024 pleuvent : 25 sont en préparation.
Parmi eux : l’adaptation du jeu de rôle et de tir
Borderlands, d’Eli Roth, où Cate Blanchett et
Madamenews
L’adaptation ciné du jeu vidéo
Borderlands, avec Cate Blanchett
(à gauche) et Jamie Lee Curtis
(à droite), prévue cette année.
Jamie Lee Curtis déambuleront dans un monde post-apocalyptique
à la « Mad Max déjanté ». Et aussi une trentaine de séries, dont
une nouvelle adaptation de Tomb Raider par l’actrice-scénariste
Phoebe Waller Bridge (Fleabag) pour Prime Video. Et une autre
du jeu Assassin’s Creed, déjà adapté au cinéma en 2016 avec Michael
Fassbender et Marion Cotillard.
La révolution des pixels
Les plateformes et le cinéma l’ont bien compris :
le potentiel des jeux vidéo est immense. Rien qu’en France,
ce marché touche 37,4 millions de personnes. Il est aussi
résolument transgénérationnel : 70 % des Français, tous âges
confondus, jouent au moins ponctuellement, 93 % des jeunes.
L’activité est aussi paritaire : un joueur sur deux est une joueuse.
On vibre avec les gamers-influenceurs au rythme de parties
jouées en direct sur Twitch, plateforme de diffusion dédiée, ou
sur YouTube Live. On s’emballe pour les compétitions d’e-sport
autant que pour les « vraies ». Covid oblige, on est tous devenus
un peu joueurs, et ce sur toutes les supports : smartphone,
consoles portables, PC, box reliée au téléviseur… Mieux, l’offre
vidéoludique fait désormais partie des produits d’appel des
géants du streaming. Amazon Prime Gaming a ainsi augmenté
son nombre d’abonnés de 120 % entre 2020 et 2022. « Cette
nouvelle consommation de masse impacte la culture dans
son ensemble », confirme le sociologue Jonathan Stringfield (1),
directeur d’un master en business e-sport à l’Université de New
Haven, dans le Connecticut. Y compris à la source elle-même :
plus exigeants depuis dix ans, certains jeux vidéo dits AAA
(premium) à gros budget, narratifs et immersifs, développent
leur graphisme et la qualité de leurs scènes cinématiques
(ressemblant à du… cinéma) afin de faire avancer l’intrigue
entre deux scènes de bagarre ou une quête d’objets. Les
développeurs utilisent ce support pour créer des histoires riches,
basées sur les personnages, qui rivalisent allègrement avec
le cinéma et la télévision en termes de qualité.
Des adaptations rentables
Transposer ces œuvres au cinéma ou en série représente
un défi, aussi bien artistique qu’économique. « Longtemps,
dans ce domaine, on a assisté à un nombre conséquent de
48●
naufrages. Au mieux, des œuvres décevantes.
Pour les scénaristes et réalisateurs, satisfaire
cinéphiles et gamers en même temps semblait
relever de la mission impossible », analyse
Claude Gaillard, spécialiste de pop culture
et de cinéma, coauteur d’un livre sur
le sujet (2). Sur le papier, l’imaginaire
du cinéma, conçu pour nous procurer des
émotions et celui des jeux, dont on prend
les manettes pour vivre des sensations,
semblaient irréconciliables.
Jusqu’à présent, Hollywood et l’industrie
du cinéma s’attachaient à relever le défi,
a minima, pour satisfaire les fans. Animation,
séries et films de genre : les adaptations
cinématographiques de jeux vidéo sont
généralement rentables avant même
leur sortie en salle, ou directement en VOD.
photos Xavier Collin/Image Press Agency, Gearbox et Francis Specker/Alamy Stock Photo
Depuis 2002, le succès de franchises
comme Resident Evil, avec Milla Jovovich,
ou Mortal Kombat, réalisées par un gamer
invétéré en la personne de Paul W.Anderson,
ne s’est pas démenti. Mais leur mise
en scène a beau être inspirée du premier
film de zombies comme La Nuit des morts vivants
ou des œuvres d’arts martiaux hongkongais,
elle reste malgré tout limitée artistiquement.
Et aucun de ces longs-métrages ne risque
d’être nommé aux Oscars…
« La vraie question pour jauger la qualité
de ces productions est : qu’est-ce que l’on
regarde ? Un pur divertissement, une œuvre
cinématographique, une fidèle reproduction
de l’univers du jeu ? », s’interroge justement
Claude Gaillard. « Et contrairement aux
adaptations de livres, les scénaristes ne
peuvent pas se baser sur une riche
caractérisation des personnages. Car en
gaming, moins le personnage est défini,
mieux le joueur s’identifiera », rappelle-t-il.
●49
Madamenews

Ci-dessous, le retour de
Lara Croft dans une nouvelle
adaptation de Tom Raider,
en projet chez Amazon.

Ci-dessus, Bella Ramsey

et Pedro Pascal dans la série
post-apocalyptique The Last
of Us, sur Prime Video.

Une nouvelle ère de qualité

Mais une nouvelle génération de joueurs, plus nombreuse que
jamais, a réveillé les ambitions de Hollywood et les velléités de
« montée en ga(m)me » des cinéastes et créateurs de séries.
« Aujourd’hui, les geeks (fans d’informatique, de technologie et de
science-fiction, NDLR) comme Bill Gates ou Jeff Bezos dirigent le
monde, et donc Hollywood », poursuit Claude Gaillard. Et les
gamers sont sortis de leur stigmate d’ado boutonneux accro à son contre les 24 habituelles du cinéma et des
joystick. Les adeptes des premiers jeux, lancés dans les années mouvements rotatifs de caméra. La jeune
1980, ont grandi sans pour autant lâcher leur hobby, et en faisant génération de réalisateurs, comme les
des émules. « Les jeux vidéo sont entrés dans la culture populaire. millennials Dan Kwan et Daniel Scheinert,
Pour les quadras et au-delà (39 ans est l’âge du gamer moyen, aux commandes d’Everything Everywhere All
NDLR), ils représentent un loisir équivalent aux livres, aux films ou at Once, ont nourri leur triomphe aux sept
aux séries », confirme Jonathan Stringfield. Oscars de références à des jeux plus ou moins
Signe des temps qui changent ? Le récent succès critique et public connus,dont la violence débridée de Mortal
de la série The Last of Us (Amazon Prime Video), remarquable Kombat ou… Everything, de David O’Reilly,
adaptation télévisuelle d’un jeu culte vieux de dix ans. « The Last un jeu de simulation où l’on peut
of Us aurait-il ouvert une mine d’or de gaming pour la télé ? », se transformer en pierre.
s’enthousiasmait même le New York Times en février. La série marque « Longtemps impossible, l’histoire d’amour
un véritable tournant en matière de réalisation exigeante et haut entre les deux arts paraît de plus en plus
de gamme. Le scénario, lui aussi, relève le défi. The Last of Us traite envisageable, même si encore en

photos Naughty Dog, HBO et Eidos Montreal/Crystal Dynamics/Square Enix

moins d’une épidémie de champignons infectant les humains que négociation », avance Claude Gaillard.
de la relation père-fille entre un contrebandier nommé Joel (Pedro Volontiers visionnaire, Jonathan Stringfield
Pascal dans la série) et une jeune fille de 14 ans nommée Ellie envisage une convergence inévitable entre
(Bella Ramsey). Une véritable odyssée cinématographique à ces deux expériences de plus en plus
travers les États-Unis, entre zombies et cannibales. Sa transposition immersives grâce à la technologie : le cinéma
sur le petit écran a été saluée comme une grande série. en salle avec écrans géants et son surround

Des expériences et les jeux vidéo en réalité virtuelle. La seule

plus immersives
« La première adaptation cinématographique de Super Mario
Bros. n’avait pas de scénario solide parce que le jeu lui-même
en était dénué », analyse Jonathan Stringfield. Des jeux vidéo
mieux scénarisés ne peuvent qu’inspirer de meilleures
adaptations. En parallèle, à Hollywood, la grammaire filmique
s’est nourrie des évolutions technologiques et des effets
numériques du 10e art. Des geeks comme James Cameron
ou Steven Spielberg réalisent des grands films sur les jeux vidéo
(Ready Player One) ou intègrent des technologies de jeux à l’image,
comme pour Avatar 2 : la voie de l’eau : 3-D, 48 images par seconde
distinction ? « Arrivera un moment où les
qualités interactives d’un jeu vidéo pourront
se substituer à la passivité du spectateur.
Avec l’achat de droits et de licences, les studios
pourraient produire des œuvres hybrides, des
films dans lesquels on pourra « jouer ». Comme
à chaque période de réinvention du 7 art,
pour Hollywood, les jeux sont donc déjà faits ! ●
(1) Auteur de « Get in the Game. How to Level Up Your
Business with Gaming, Esports and Emerging Technologies »,
Éd. Wiley, non traduit en France. (2) Coauteur avec John Prate et
Olivier Lehman de « Gaming Goes to Hollywood », Omaké Books.

50●
 BIJOUX

LES
MÉDAILLES

PARIS BORDEAUX BRUXELLES DEAUVILLE LILLE LYO N STRASBOURG TOULOUSE

Madamenews

10. Renaissance à Rome

11. 12.
Faire s’entrechoquer des couleurs, réunir des talents, redonner vie à l’histoire en réenchantant,
sans métamorphoser ni transformer : voilà la belle histoire à laquelle s’attache l’Académie de France à Rome à la Villa Médicis,
en invitant India Mahdavi. En collaboration avec le Mobilier national et avec le soutien de la Fondation Bettencourt-Schueller,
l’architecte designer a eu carte blanche pour réaménager six chambres historiques. Ou comment jouer des géométries
primaires pour illuminer l’espace. Neuf autres chambres d’hôtes devraient connaître le même très joli sort d’ici 2025. ● S. W.

photos Daniele Molajoli et S. P.

Fortes Wanted
impressions Rapide comme
le vent avec
C’est la rencontre
de l’art et du design. ce skateboard
Impression au cadre, broderie
au crochet, tissage bengali
bleu, hommage
traditionnel… Le studio créatif
à l’univers onirique Mapoésie,
à Amédée
lancé en juillet 2010 par Elsa Poux, Gordini,
célèbre les savoir-faire ancestraux
dans son vestiaire féminin raffiné le préparateur
et très haut de gamme, riche
en imprimés hypnotiques.
et pilote qui entra
La créatrice, formée à l’École nationale supérieure des arts
décoratifs de Paris, travaille ses pièces comme des tableaux
dans la légende
impressionnistes. Pour l’été, la griffe de lifestyle contemporain automobile avec la
signe avec La Redoute une capsule résolument graphique,
inspirée des serres tropicales. Des motifs géométriques mythique Renault 8
terracotta et bleu émeraude se multiplient à l’envi sur des
chemises amples, des pantalons palazzo et des vestes
bleue ornée de
matelassées façon kimono. ● C. K.
mapoesie.fr et laredoute.fr
bandes blanches. C. K.
theoriginals-store.renault.com

52●
·

●53
Madamenews
Margot Robbie dans
la bande annonce
de Barbie, réalisé
par Greta Gerwig.
13. La revanche
de Barbie
Stéréotype de la femme parfaite,
la poupée en plastique, incarnée
au cinéma par Margot robbie,
est-elle devenue un totem féministe ?
cet été, une tornade rose
et blonde va s’abattre sur nos écrans :
« Barbiiiiiie ! » Avec son film très attendu*, la réalisatrice
féministe Greta Gerwig, chouchoute du cinéma indépendant,
comme son compagnon Noah Baumbach, qui cosigne avec elle
le scénario, devrait créer l’événement. Déjà, la bande-annonce
est croquignolette, inclusive et satirique à souhait. Il y a cette
référence pleine d’autodérision à 2001, l’Odyssée de l’espace version
nursery. Et puis Margot Robbie, impeccable en Barbie fluo, saluant
telle Miss France dans sa décapotable couleur Malabar roulant
sans conducteur. Ou Ryan Gosling, imperturbable en Ken
dévoilant ses pecs sous sa chemise ouverte digne d’un membre
de boys band. Comme on l’aime déjà, cet univers kitschissime
où évoluent, bons princes (sans rire), des dizaines d’acteurs
grimés en Ken et en Barbie ! « Life in plastic, it’s fantastic ! », chantait
le groupe Aqua dans leur indépassable tube, Barbie Girl.
Si le film de Greta Gerwig (qualifié de « brûlot féministe » par ceux
qui l’ont vu et d’« époustouflant » par Margot Robbie) devrait
exacerber la tendance et faire virer nos cœurs au rose bonbon,
la tendance « Barbiecore » sévit depuis déjà un an sur les podiums,
les tapis rouges ou les réseaux sociaux. Sur TikTok, le hashtag
Barbiecore totalise 292 millions de vues. Hier qualifiées avec
54● par justine foscari
un brin de mépris de bimbos, Pamela Anderson,
Britney Spears ou Paris Hilton font leur retour
la tête (et les talons) haute. La première,
réhabilitée par Jacquemus pour sa campagne
Pam in Paris et par son activisme antispéciste ;
la deuxième, émancipée de sa mise sous tutelle,
héroïne de son combat pour sa propre santé
mentale ; la troisième, lavée de tout soupçon
de stupidité grâce au documentaire This is Paris,
qui lui donne enfin un peu de profondeur.
Et blondeur peroxydée de rimer, une fois n’est
pas coutume, avec matière grise. Du côté
des célébrités, telles Kim Kardashian, Hailey
Bieber, Megan Fox, Lizzo, Harry Styles,
Glenn Close ou même Brad Pitt, on ne jure plus
que par le Valentino Pink PP, monochrome
fuchsia inédit créé par Pierpaolo Piccioli en
collaboration avec Pantone. Et sur les podiums,
photos JLPPA / Bestimage et Courtesy Mattel
après une collection capsule créée par Balmain
avec Mattel, celles signées Dior, Marine Serre
ou Rick Owens pour l’été 2023 drapent les
silhouettes des mannequins de Viva Magenta, la
couleur Pantone de l’année. Pink is the new black,
comme l’affirme Mixte Magazine. Mais pourquoi
cette avalanche de rose Barbapapa et cette
rédemption inattendue de stars très Barbie ?
D’abord, parce que, sans doute, si nous ne
vivons pas officiellement dans un Barbie world,
son monde finit parfois par ressembler à une

bonne métaphore du nôtre. Dans notre monde, les océans
débordent de plastique, la matière dont est faite notre héroïne,
et le fake est roi : sur les réseaux sociaux, où nous croisons
des créatures au sourire figé et au visage transformé par les filtres
ou par la chirurgie esthétique, ou dans les images générées par
l’intelligence artificielle, qui nous semblent étrangement réelles.
« Mais la “révolution” Barbie, c’est aussi celle de toute une société
qui distingue de moins en moins le faux-semblant de la réalité.
Née dans les années 1950 et triomphante dans les années 1980,
la poupée Barbie n’est qu’une forme de plus du produit d’un
imaginaire social que minent les confusions entre le réel et les
simulacres de toutes sortes », écrivait déjà en 1996 l’historienne
française spécialiste de l’histoire américaine Marianne Debouzy
dans son article La Poupée Barbie (publié dans la revue Clio).
Elle ajoutait : « Cela nous dit quelque chose sur tout un monde
dans lequel la personne humaine se plastifie. »
devenir une femme libre
Si Barbie, créée en 1959, est un simulacre, de quoi est-elle
le nom alors ? De la condition féminine, bien sûr. Car si les mères
des années 1960 renâclaient à offrir à leurs filles cette pin-up
de plastique aux mensurations aberrantes (ses jambes sont, par
exemple, 50 % plus longues que ses bras, alors que dans la réalité,
le rapport moyen se situe plutôt autour de 20 %), les petites filles,
elles, l’ont tout de suite adoptée et ont fait son succès. Pourquoi ?
Car, avant, avec les poupées-poupons uniquement disponibles
sur le marché, elles s’exerçaient au rôle de mère, mais avec
Barbie, elles jouent à être femme, une étape indispensable pour
s’affranchir du lien mère-enfant. Car la poupée bimbo est une
femme libre, puissante. « Barbie ne confine pas les fillettes dans
une fonction nourricière, dispensatrice de caresses. Elle est une
femme de pouvoir qui ne cède pas aux avances de Ken », note
ainsi Marie-Françoise Hanquez-Maincent, auteure de Barbie,
poupée-totem. Entre mère et fille, lien ou rupture ? (Éd. Autrement, 1998).
Une fonction que l’ingénieux service marketing de Mattel a,
au fil du temps, bien assimilée, attribuant à la poupée les métiers
les plus divers (hôtesse de l’air, chirurgienne, pilote de course…).
Madamenews
Ainsi, elle sera astronaute dès 1965, bien
avant les premiers pas d’Armstrong et d’Aldrin
sur la Lune, et candidate à la présidentielle
dès 1992 (elle se présentera ainsi à chaque
élection). Ce qui permet à Anne Monier,
conservatrice, de dire dans Et Dieu créa Barbie,
documentaire de Julie Delettre et Gabriel
Garcia disponible en replay sur france.tv, que
Barbie est bel et bien un « objet féministe ».
toutes égales
Aujourd’hui, la poupée blonde aux yeux
bleus et aux faux airs de call-girl se rachète
même une conscience woke. Dans les
années 2000, la mise sur le marché d’une
Barbie noire, la Barbie Oreo, sponsorisée par la
célèbre marque de gâteaux, avait fait scandale,
le terme Oreo étant considéré comme une
injure raciale envers les Noirs. En 2016, pour
contrecarrer les critiques et relancer les ventes
qui s’effondrent, Mattel commercialisera
trois nouvelles Barbie, « rondes » cette fois. De
nos jours, la marque continue de promouvoir
la diversité et l’inclusivité avec des poupées
noires, hispaniques, asiatiques ou affectées
d’un handicap : la toute dernière est atteinte
de trisomie 21, pour permettre à un plus grand
nombre d’enfants de s’identifier. Barbie
la flamboyante n’en finit pas de faire sa mue. ●
* « Barbie », de Greta Gerwig, avec Margot Robbie,
Ryan Gosling, Emma Mackey… Sortie le 19 juillet.
Voir également notre série mode p. 118.
L’évolution de Barbie : initialement pin-up,
elle travaille, embrasse des carrières
multiples, puis son allure (cheveux,
carnation, corps) se fait plus inclusive.
●55
14.
Madamenews

Une heure de réveil ?
7 heures du matin en
semaine. 8 h 30 le week-end,
parce que j’adore dormir.
Le pitch de votre
poste ? Redessiner,
harmoniser les codes d’une
marque très connue pour la faire
entrer dans l’hôtellerie de demain.
Embarquer et recruter des talents, en
imaginant leur interaction pour créer
un collectif fort. Je suis mi-« conseil
constitutionnel » de la pureté de
l’identité, mi-cheffe d’orchestre.
Des chiffres à donner ? En
Maud Bailly ●
Directrice générale de
Sofitel, MGallery et Emblems,
elle insuffle son inventivité
dans l’hôtellerie de luxe.
La tête
économique de Manuel
Valls, j’étais la cheffe de gare
qui n’avait pas passé dix ans
au Trésor et, chez Accor,
je n’avais pas fait quarante
ans d’hôtellerie ! Ce procès
en incompétence larvée fait
qu’on délivre encore plus.
Qui vous a fait
confiance ? Sébastien
Bazin, PDG d’Accor. Je suis
entrée en charge du digital
et de la tech. Après trois
ans, j’ai été nommée DG
de l’Europe du Sud, le plus
gros hub, un bon moyen
de montrer que je savais
faire de l’opérationnel dans
le privé. Depuis janvier,
j’ai un périmètre mondial.
Une femme dans
un monde d’hommes…

dans les
neuf ans, Accor est passé de 13 à 42
marques avec des acquisitions luxe et
lifestyle. Ma mission concerne Sofitel
(120 hôtels dans le monde), Sofitel
Legends (6 hôtels, avec une ouverture
au Panama, fin mars), MGallery (120
étoiles
hôtels) et la création d’Emblems et de
ses premiers établissements en 2024 et 2025. En 2022, le chiffre
d’affaires du groupe a augmenté de 4 % par rapport au niveau
prépandémique (2019).
Si l’on remonte aux origines ? Une enfance à Enghien-les-
Bains, dans le Val-d’Oise, une mère prof de lettres qui m’a fait
grandir dans les livres et m’a appris le bonheur comme discipline.
Une école qui a tout déclenché ? Pas vraiment. Après
l’ENS (en lettres), Sciences Po et l’ENA, je n’avais pas forcément
l’idée de ce que je voulais faire.
Un accélérateur ? L’inspection des finances m’a appris
la curiosité, l’effort, la rigueur, l’ouverture au monde.
En quatre ans, j’ai connu l’audit du centre des douanes de
Strasbourg, les finances publiques de Choisy-le-Roi, mais aussi
le Burkina Faso pour travailler à la transformation des finances
locales, et Haïti, après le séisme, au sein de la délégation
humanitaire française qui œuvrait à la reconstruction du pays.
C’est la chance donnée par un parcours public !
Des obstacles ? Être renvoyée au fait de n’être pas du sérail. on pense être et la perception que l’on renvoie.
Quand j’ai quitté l’inspection pour rejoindre la SNCF, j’étais
l’énarque de service. À mes débuts, à Matignon, en charge du pôle
On a toutes et tous des biais,
y compris celui de se
demander si une femme
va y arriver. Ça me peine
de l’admettre, mais
les femmes ne se font pas
toujours que du bien.
Une digitale addiction ? J’essaye de
lutter contre. Je crois très fort à la déconnexion
comme pilier du bien-être dans l’hôtellerie.
Un moment off ? Les week-ends
en famille. Il est sain de montrer qu’on fixe
ses propres limites. Je trouve normal que
certains mettent en signature « Je ne lis pas
les e-mails le week-end ». Au dîner, avec
mes filles et mon mari, chacun énumère
les trois moments préférés de sa journée.
Votre définition de l’influence ?
Une capacité de conviction naturelle, l’opposé
de la contrainte.
La main amie qui vous aide ? À chaque
prise de poste, un coach. Comme chez le dentiste,
ce n’est pas forcément agréable, mais en sortant
on sourit mieux. Ça aide à réconcilier qui
Une évasion ? En Bretagne, à manger
des crêpes, marcher en ciré, sans maquillage. ●

“Il est sain de montrer

qu’on fixe ses propres limites”
56● par lisa vignoli / photo LéA CRESPI
●57
Madamenews
madamenews

Rouge
15 . 17.
cachemire
Pour célébrer le retour de la couleur,
Estée Lauder a lifté son iconique
Pure Color avec 80 teintes et un design
cannelé superchic. sa formule naturelle
ultraconfort tient dix heures… déjà Un
beau cadeau en soi (44 €), et, pour la Fête
des mères, Lauder s’est associée à la
marque de cachemire Kujten : Pour tout
achat de 250 €, un rouge en cadeau. ● M. L.

.
Dès le 22 mai dans les boutiques Kujten et sur kujten.com

Un été

16
indien
Entre l’exposition India
in Fashion au nouveau centre culturel
Nita Mukesh Ambani de Mumbai – explorant l’impact du pays
dans la mode – et une escale Dior sur le front de mer de cette
même métropole fin mars, le pays des mille et une couleurs
est au cœur de la saison. L’occasion rêvée pour un voyage

Pause sur les traces des maharajas, à Jaipur, dans le Rajasthan,

avec une pause à la Villa Palladio (en haut),

douceur
magique refuge aux couleurs hypnotiques :
un boutique-hôtel de neuf chambres
imaginé tel un caravansérail par Barbara
Un coton moelleux comme Miolini avec l’architecte d’intérieur
Marie-Anne Oudejans (déjà à l’origine des
du cachemire pour la plage… Bar Palladio et Café Palladio, dans la même
Vous en rêviez ? Bompard l’a fait ! ville). Résultat : une explosion baroque de
La maison dévoile son premier couleurs et de raffinement, à l’abri d’un
domaine de trois hectares en dehors de la
drap de bain, imaginé avec La
ville. Pour couronner le tout, on s’offre un vêtement richement
Serviette Paris. Un bleu profond brodé (ci-dessus)de la créatrice Victoria Leivissa et des
très chic sur un beige naturel, chaussons Capulette baptisés Holi, hommage à la fête indienne
un jeu de formes géométriques : célébrée au mois de mars. À Paris, on reste dans le ton cet été
avec le Festival Namasté à la Seine Musicale : un événement
bien plus qu’un accessoire,
photos S. P.

mêlant art contemporain, danse Bollywood, photographie,

un vrai passeport Vacances. ● C. P. artisanat et gastronomie. From India with love ! ● S. W.
ericbompard.com et laservietteparis.com villa-palladio-jaipur.com

58● par ségolène wacrenier avec camille kura, marion louis, clémence pouget, margaux rouche et vanessa zocchetti
 PUBLI-COMMUNIQUÉ

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Looks, accessoires
et bijoux de la Fondé à Barcelone en 1984, Mango, en
collection Mango
référence au fruit exotique doux « dont la saveur reste en bouche », est la reine
× Simon Miller.
des success stories made in Spain. Pour preuve : la griffe catalane (présente
Ci-contre,
dans 115 pays) a conclu son dernier exercice avec un chiffre d’affaires en
Chelsea Hansford,
hausse de 20 %, à 2,688 milliards d’euros, réalisant les meilleures ventes de
directrice de
création de la
son histoire. Le secret de cette réussite inégalée ou presque ? Des collections à
griffe américaine.
la pointe des tendances et à des prix accessibles, mais aussi des collaborations
avec de jeunes labels montants de la mode, des artistes et des influenceuses
comme Leandra Medine, Chufy, Pernille Teisbaek ou Camille Charrière.
Pour conquérir le marché américain, Mango dévoile, le 22 mai, sa dernière
capsule créative cosignée par la maison californienne Simon Miller.
Alliance sea & sun. Pour sa nouvelle capsule estivale, Mango a choisi
de s’associer à Simon Miller, l’une des marques américaines les plus en vue
du moment et très

Un été
prisées des stars US,
telles Kendall Jenner
et Emily Ratajkowski.
Pantalon et chemisette
Nouvelle synergie créative pour Mango, aux rayures ajourées,

qui signe une collection capsule ensoleillée, robe filet, panier brodé
de coquillages ou
avec la griffe californienne Simon Miller. tongs à plateforme…

vitaminé
Inspirée par l’océan,
le monde sous-marin,
le soleil et la plage,
la directrice artistique,
Chelsea Hansford,
réussit l’alliance parfaite entre style Méditerranée et esprit californien.
Collections à succès. Cette saison, la griffe est aussi sportive. La nouvelle
gamme Tennis Club, au style rétro et décontracté, multiplie polos, jupes,
shorts et même baskets (fabriquées à partir de restes de balles de tennis),
des partenaires stylées idéales pour taper dans la balle aux beaux jours ou,
tout simplement, se la couler douce en terrasse. À associer dès la nuit tombée
avec Capsule, ligne festive pensée pour les grandes occasions, qui fait la part
belle aux étoffes luxueuses et aux détails précieux : robes à franges, tops
à plumes, tailleurs en guipure rouge, sacs parés de maxifleurs ou de pierres…
Force inspiratrice. Antoine Griezmann, l’attaquant de l’Atlético
de Madrid, continue son partenariat avec Mango en incarnant
« Move Forward », le nouveau concept de la maison espagnole basé
sur le dépassement de soi et la croissance personnelle. Destinée
aux voyageurs, la sélection de prêt-à-porter intègre des tailleurs aux
photos S. p.

lignes souples, des pulls et des chemises estivales aux couleurs neutres,
des sacs à dos, des sandales et des espadrilles. ●
mango.com

60● Par Clémence Pouget

Newsstyle

Une Fête des mères

belles matières et pantones vitaminés : et si, le 4 juin, on leur offrait
un plongeon dans l’été ? au programme, Quatre destinations lumineuses.

plein soleil

ULLA JOHNSON

À Ibiza La gypset jet-set●

1. Lampe Giselda, en terracotta, Popolo, 345 €. 2. Véritable panama, tressé à la main, La Cerise sur le chapeau, 175 €. 3. Bague Tucuma, dorée à l’or et malachite,
Aurélie Bidermann, 250 €. 4. Lunettes solaires Kate, en acétate, Etnia Barcelona, 219 €. 5. Besace Saddle Polo ID, en cuir et crochet, Polo Ralph Lauren, 799 €.
6. Serviette de plage, Business & Pleasure Co sur Smallable, 119 €. 7. Sandales en cuir à tannage végétal, Anthology Paris, 235 €. 8. Gilet en coton, Maria de la Orden,
photos s. p.

120 €. 9. Le Vernis Incendiaire, Chanel, 32 €. 10. Gâteau Pour Toi Maman, 8 parts, La Grande Epicerie de Paris, 39 €. 11. Extrait de Parfum Rouge, 100 ml, La Bouche
Rouge au Bon Marché, 195 €. 12. Panier en jonc, Galeries Lafayette créé pour Roland Garros, 75 €. 13. Montre Prima, en acier sur bracelet double tour en cuir, Gemmyo,
1 480 €. 14. Roman, J’aimerais tant que tu sois là, de Jodi Picoult, Actes Sud, 23 €. 15. Boucles d’oreilles Love, en métal doré à l’or fin, Maison Gas Bijoux, 100 €.

62● par capucine terrin

*Pour toutes les histoires.
Newsstyle

En Provence escale champêtre ●

jacquemus

1. Bague Flower, en or blanc, diamants et saphir jaune, Poiray, 6 550 €. 2. Palette Dior Forever Natural Bronz, édition limitée Diorriviera, Christian Dior, 57 €. 3. Blouse en
coton, The Label Edition, 175 €. 4.Montre Boyfriend, en acier, Festina, 74,50 €. 5. Petite assiette en céramique, pièce unique, Marie Matheron, 30 €. 6. Minicabas en
raphia, Prada, 1 400 €. 7. Livre Manet/Degas, édition publiée sous la direction de Laurence Des Cars, Stéphane Guégan et Isolde Pludermacher, Gallimard, Musée d’Orsay,
photos s. p.

45 €. 8. Vase Sophie Alda pour The Conran Shop, 99 €. 9. Habillage en osier et bougie Figuier, 1,5 kg, Diptyque, 350 et 315 €. 10. Tabouret en liège, H. 330 x D. 310 mm,
Cork Family Modèle A, Jasper Morrison, Vitra, 459 €. 11. Jean Lucia, en coton recyclé, Five, 139 €. 12. Col en coton et dentelle, La Veste, 65 €. 13. Roman À l’abri des
hommes et des choses, de Stéphanie Boulay, Éditions Observatoires, 17 €. 14. Eau Ressourçante, 100 ml, Clarins, 55 €. 15. Lunettes en acétate, Alain Afflelou, 29 €.

64●
Newsstyle

À Milan la bohème minimaliste ●

jil sander

photos LAUNCHMETRICS/SPOTLIGHT ET s. p.

1. Lunettes de vue Lykia Jolu, en acétate, Marni, 290 €. 2. Mug DG Logo Ceramic, Dolce & Gabbana Casa, 95 €. 3. Roman Avers. Des nouvelles des indésirables, de
J.M.G. Le Clézio, Gallimard, 19,50 €. 4. Montre Iconic Link Automatic, en acier, Daniel Wellington, 359 €. 5. Glow Drops, 30 ml, Dr Barbara Sturm, 130 €. 6. Slippers
pointus en cuir et chaîne, Chatelles, 290 €. 7. Lampe Melt, portable, silver, LED en acier, H.28,5 cm, Tom Dixon, 324 €. 8. Smartphone Honor Magic5 Pro, Honor, à partir
de 1 199 € en configuration 12 + 512Go. 9. Parfum d’intérieur, 250 ml, Leather Holder, Byredo, 225 €. 10. Sac mini Bernatta, Laia Alen, 200 €. 11. Livre d’art, Basquiat
Soundtracks, sous la direction de Vincent Bessières, Dieter Buchhart et Mary-Dailey Desmarais, Gallimard, Philharmonie de Paris, Musée des beaux-arts de Montréal, 39 €.
12. Blazer sans manches, en laine, Paul Smith, 785 €. 13. Soutien-gorge en soie, Pomandère, 113 €.14. Bague Giardini Segreti, en or rose, Pasquale Bruni, 3 140 €.

66●
Newsstyle

En Grèce LE MOOD sport chic ●

dsquared2

1. Eau de Parfum, Le Messager, 50 ml, Courrèges, 95 €. 2. Bague Laser Pandora Me, en argent, Pandora, 25 €. 3. Masque Daisuke, en nylon, Mykita × Bernhard
Willhelm, 450 €. 4. Nouvelles Parois de légende, d’Arnaud Petit et Stéphanie Bodet, Glénat, 30 €. 5. Maillot de bain en polyamide certifié OEKO TEX, DnuD, 173 €. 6. Lip
Crème, Tata Harper, Juicy, 53 €. 7. Duo d’assiettes Neige, en porcelaine, inspirées de la photographie de Charlotte Perriand, Cassina × Ginori 1735, 258 €. 8. Vélo CGO600,
photos s. p.

Tenways, 1 599 €. 9. Lunettes de piscine Cobra Ultra Swipe, Arena, 65 €. 10. Legging stretch, Boss × Alica Schmidt, 109,95 €. 11. Sac en cuir, Diesel, 395 €. 12. Bouteille
isotherme, Le Creuset, 32 €. 13. L’Étreinte de l’eau. Entretiens avec Fabrice Lardreau, de Chantal Thomas, Arthaud, 13 €. 14. Montre Garmin Vívomove Trend, boîtier
en polymère renforcé et bracelet en silicone, Garmin, 329,99 €. 15. Débardeur Project Rock Meridian Training Ground, en nylon et élasthanne, Under Armour, 75 €.

68●
 X

LE JARDIN L’ATELIER
2 quai de la Mégisserie 15 rue de Chaillot
PARIS 1er - 01 42 33 17 36 PARIS 16 ème - 01 47 20 24 25
Newsstyle

plexi
classe
De gauche à droite.
Sac Dazzle, en polypropylène
et polycarbonate, Baobao
Issey Miyake, 565 €.
Minisac en verre, Coperni,
3 600 €. Sac en plexiglas
et cuir, Emporio Armani,
360 €.
Verre Oxymore, Saint Louis ;
présentoir, dessous de plat,
verres à pied de couleur,
The Conran Shop ; verres roses,
Hay au Bon Marché ; verre
ballon Fascination, Chef
& Sommelier à la Trésorerie.

70● Photo Yvonne Club / Réalisation Capucine Terrin

 PUBLI COMMUNIQUÉ

Évadez-vous vers un paradis floral avec la collection Heavenly Gingerlily

de Molton Brown, dans un nouveau design en édition limitée
Célèbre Maison anglaise de parfum née dans les années 70, Molton Brown promeut une approche fondée sur
l’individualité inspirée par l’ouverture d’esprit caractéristique de cette décennie. La marque utilise les meilleurs
ingrédients et s’engage pour le développement durable afin de vous offrir des parfums distinctifs que vous adorerez.
Transformez votre salle de bain et votre
intérieur en un véritable paradis f loral avec
cette collection best-seller, icône de la f leur
blanche aimée par des générations depuis
plus de 20 ans.
Heavenly Gingerlily est né d’un projet personnel
du Maître Parfumeur Jacques Chabert. L’idée
de ce parfum a germé lorsque Jacques a visité
un jardin botanique et qu’il a été captivé par un
type exceptionnel de lys gingembre. Il a recréé
son caractère capiteux et l’a associé à des notes
aquatiques, apportant sa propre touche f lorale à la
tendance de la parfumerie marine des années 90.
Pour rendre hommage à cette senteur emblématique,
la marque anglaise a orné ses f lacons de soins pour
le bain, le corps et les mains d’une magnifique
illustration de f leurs de lys.

Exotique. Séduisant. Rêveur.

Pour compléter la nouvelle illustration de
nos f lacons Heavenly Gingerlily en édition
limitée, Molton Brown a conçu une sélection
de coffrets cadeaux parfumés pour les mains,
le corps et le bain.
Faites plaisir à vos proches avec de sublimes boites
cadeaux parées d’un jetée de lys en f leurs au fini
argenté. Alliant luxe et respect de la planète, nos
formules n’ont jamais été testées sur des animaux et
sont fabriquées en Angleterre. Pour aider à réduire
les déchets, les boîtes cadeaux sont fabriquées à
partir de 90% de matériaux recyclés. Des attentions
parfaites pour vos êtres chers ce printemps.

Non Testé sur 100% Plastique

les Animaux Végétarien Vierge Réduit
Newsstyle

Ci-dessous, la version
street 2023. Qui n’a jamais emprunté
une pièce mode à son
fiancé ? La tendance boyish
– ce vestiaire masculin rehaussé
de sophistication féminine – ne date
pas d’hier, mais un modèle revient
en particulier : la chemise d’homme
oversized. Pourquoi ? Parce qu’elles
ont compris tout le potentiel sexy
qu’elles pouvaient en tirer en la
détournant en robe très courte, tout
en profitant de son volume décontracté.
Comment la porter en 2023 ?
Épaules tombantes, manches longues
– à roulotter selon les envies –, rayée
ou colorée, la chemise d’homme un peu
loose fait toujours de l’effet. Mais l’idée
est désormais de l’arborer jambes nues.

la chemise
Et pour accentuer sa féminité, on la
ceinture et on lui associe mules à talons

etro
et sacs filets colorés, girly à souhait. ●

d’homme
pourquoi on l’aime ?
les chemises
1. Chemise unisexe
en coton, Lacoste,
135 €. 2. Chemise Lui,
en popeline, Frankie
Shop sur Mytheresa,
145 €. 3. Chemise
Regina, en habotai
de soie, DMN, 390 €.

les sacs
4. Sac Gabriel, en
coton bio et lurex, Stella
Pardo, 365 €. 5. Sac
macramé, Vivienne
Westwood, 260 €.
6. Sac Poppy 3, en
crochet, Sessùn, 65 €.

les chausssures
7. Mules en cuir, Ann
Demeulemeester
sur Net-a-porter, 690 €.
Photos Imaxtree et S. P.

8. Mules en cuir
à talons vernis
à ongles 80, Loewe,
sur Matchesfashion,
980 €. 9. Mules en cuir,
Free Lance, 390 €.

72● texte marion dupuis / Réalisation Charlotte Even

Plongée au cœur des métiers d’art
à la biennale Révélations
Madame Figaro et la biennale des métiers dʼart et création Révélations, ont concocté
un parcours guidé sur-mesure réservé aux lecteurs et lectrices, avec accès au Club VIP
et dégustation dʼune coupe de champagne.

Le samedi 10 juin 2023

Deux créneaux au choix : 10h ou 12h
Au Grand Palais Ephémère, à Paris

©Leonie Burkhardt
©Merida Anderson

©Dea Ludovice

Merida Anderson Anna Westerlund Leonie Burkhardt

Samedi 10 juin 2023 au Grand Palais Ephémère

Places limitées à 10 personnes par groupe
Visite dʼune durée de 1 heure
Tarif : 55€
74●
 c
Madameculture

u
l
T
Virginie Efira
Dans son
denouveau
Je me presse de film, Un Beau Matin,
u
r
À tour rôles, elle
rire de tout, de impressionne. On la
la réalisatrice
peur d’être
obligé d’en
s’inspire de son histoire
retrouve dans L’Amour et les Forêts,
de Valériepour
familiale aborder la fin de à
vie.
pleurer
Donzelli, sélectionné Cannes.

L’incontournable

e
Peu d’actrices peuvent se flatter
d’avoir joué dans trois des films français les plus
forts de l’année. D’ailleurs, Virginie Efira ne s’en félicitera jamais,
le succès n’a en rien altéré son humilité. Après nous avoir bouleversés
photo Dant Studio/H & K

dans Revoir Paris, d’Alice Winocour, qui lui a valu son premier César, et
Les Enfants des autres, de Rebecca Zlotowski, elle trouve dans le sixième film
de Valérie Donzelli un nouvel écrin à sa mesure. Dans L’Amour et les Forêts,
adapté du roman d’Éric Reinhardt et sélectionné à Cannes Première, la
comédienne est Blanche, professeure qui quitte sa Normandie, sa jumelle
et sa vie par amour pour Grégoire, l’homme qu’elle attendait. Du moins

●75
Par Marilyne Letertre
Madameculture
le croyait-elle, car, une fois isolés de tous, il se transforme
en tyran possessif, colérique, jaloux… Et le charme d’un
univers évoquant Jacques Demy et Éric Rohmer de se briser
pour sombrer dans un thriller psychologique hitchcockien,
qui dissèque avec brio les mécanismes de l’emprise.
MADAME FIGARO. – Comment avez-vous rencontré
Valérie Donzelli ?
VIRGINIE EFIRA. – C’était il y a très longtemps, elle
venait de réaliser La Reine des pommes. Mais nous ne sommes
devenues intimes que sur le tournage de Madeleine Collins, où
elle jouait ma meilleure amie. Un jour, elle m’a offert le livre
d’Éric Reinhardt en me disant qu’elle avait envie d’en faire
quelque chose. Elle a écrit un scénario avec Audrey Diwan
et, à la lecture, j’ai senti une envie commune. Les récits
sur l’emprise ou les violences conjugales parlent souvent
de la faiblesse des victimes. Mais là, c’est la solidité de cette
femme qui se raconte. Il faut une force
pour endurer, supporter en silence,
tenter dans un premier temps de
pardonner les mensonges… Essayer de
comprendre, cela m’intéressait autant
que le point de bascule : quand arrête-
t-on d’aimer ? Quand le déni fait-il place
à la honte ? Où trouve-t-on la force
de partir quand on a des enfants ?…
Les différents stades de
la relation engendrent des ruptures
de ton dans le film…
La première partie correspond
à ce que l’on connaît de Valérie Donzelli,
un univers avec une forme Virginie Efira et Melvil Poupaud
d’enchantement qu’elle déstructure dans L’Amour et les Forêts.
pour glisser vers la tension, mais
toujours avec une créativité visuelle très forte et des idées
de cinéma. Elle échappe en cela au film à thèse qui ne serait
défini que par son sujet douloureux. Sans esthétiser
la violence, il y a un regard très personnel chez Valérie,
qui cherche en permanence à se réinventer.
Où avez-vous puisé pour jouer ce personnage ?
Je n’ai pas eu besoin de chercher très loin, je connais
le sujet. Je ne crois pas à l’acteur qui ne peut incarner qu’avec
ses souffrances, mais il est parfois intéressant d’explorer ses
zones d’ombre. Quand on joue, on active ce que l’on peut, son
passé, ses croyances et même des choses qui nous échappent.
La mémoire du corps est très forte, par exemple… Sur le
tournage, ce n’était pas toujours joyeux entre « Moteur ! »
et « Coupez ! », mais Valérie est d’une extrême bienveillance,
et Melvil Poupaud est un partenaire d’une grande douceur que
je connais très bien, depuis longtemps. La fiction apporte par
ailleurs l’idée d’un déplacement : on sait non seulement qu’il
y a une fin à la scène, mais on se dit aussi qu’on a justement
la capacité de transcender une expérience douloureuse.
76●
L’emprise est un sujet complexe sur lequel
les regards ont évolué…
Avant, ce mot n’existait pas autant dans l’espace
public. Quand il s’agissait d’un couple, on parlait de crimes
passionnels, de violences domestiques. On n’abordait
pas, par exemple, les féminicides comme la conséquence
d’une société gangrenée par les stéréotypes de genre
et les rapports de domination. Dans le film, ce qui s’active
chez le personnage masculin est totalement de l’ordre
de la réaffirmation de son propre genre.
Vous serez aussi dans Rien à perdre, un premier film
de Delphine Deloget, sélectionné à Cannes…
Delphine ne vient pas du sérail mais du documentaire.
J’ai aimé son approche nuancée de l’histoire de cette mère
aimante mais submergée qui perd la garde de son jeune
fils suite à un accident domestique. Elle connaît le milieu
social qu’elle dépeint, et ne blâme personne : elle ne raconte
ni la faillite d’une maternité ni celle de l’aide sociale
à l’enfance, mais les rouages d’une machine qui s’emballe.
Le film montre comment on peut devenir
ce que les autres imaginent de nous.
C’est totalement kafkaïen, inextricable.
Votre année a été riche en
réalisatrices : Alice Winocour, Rebecca
Zlotowski, Valérie Donzelli, Delphine
Deloget… Est-ce le fruit du hasard ?
J’ai tourné avec énormément de
femmes et c’est l’une d’entre elles, Justine
Triet, qui a fait basculer mon destin
d’actrice avec Victoria. Peut-être voient-
elles en moi une forme d’extension,
photo RECTANGLE PRODUCTIONS 2023/FRANCE 2 CINÉMA/LES FILMS DE FRANÇOISE/ Thibault Grabherr
car ces cinéastes de ma génération me
proposent des femmes qui disent quelque
chose de la société occidentale actuelle.
Peut-être que cela a aussi à voir avec
un physique, une énergie, une proximité
à laquelle on m’associe. Je n’ai pas vraiment l’image de
l’actrice évanescente, éthérée, inaccessible… C’est peut-être
la Belgique qui s’exprime en moi, ce petit truc ancré et familier
qu’on peut dégager. Quoi qu’il en soit, je dois faire avec
ce que je suis et, pour l’instant, ça m’a plutôt porté chance.
Déjà des projets après votre congé maternité ?
J’ai déjà tourné Tout va bien, une série Disney+ où je joue
la mère d’un enfant leucémique. C’est brillamment écrit
par Camille de Castelnau, qui arrive à convier le trivial dans
la gravité… Ensuite, je n’ai aucune idée de ce qui m’attend :
c’est une sensation étrange, car je connaissais parfois
mon agenda sur deux ans. Cela dit, on m’a tellement vue
dernièrement que ça fera un peu de vacances aux spectateurs
aussi. Je ne regrette aucun des films que j’ai faits récemment,
mais parfois j’ai un peu peur de fatiguer le public. ●
« L’Amour et les Forêts », de Valérie Donzelli, avec Virginie Efira,
Melvil Poupaud… Sortie le 24 mai.
Réservation :
01 49 52 50 50
theatrechampselysees.fr
Orchestre national d’Île-de-France

Victorien Vanoosten | direction

Jeanne Gérard | soprano

Karine Deshayes | mezzo-soprano

Julien Henric | ténor

Nicolas Cavallier | baryton-basse

Un concert animé par Jean-Michel Dhuez

Madameculture

Odette
Makhlouf,
Christine
Ockrent,
Aïda Sabra
et Emmanuel
Abboud.

Qui a dit
L’ode
L’IMMANQUABLE●
qu’un écrivain écrivait
toujours le même livre ?
à la mère
L’œuvre de Wajdi Mouawad s’abreuve
toujours à la même source : le pays natal, le Liban, la guerre
et ses fracas, l’exil en France, au Canada. À la manière
de Duras, qui écrivit trois fois son enfance indochinoise
(Un barrage contre le Pacifique, L’Amant et L’Amant de la Chine
du Nord), l’auteur-metteur en scène (qui est aussi acteur)
revient sur le motif. Il déploie une fiction à partir d’un
élément biographique, le regard d’un enfant de 10 ans,
à la croisée de la petite histoire (une mère et ses trois enfants
trouvent refuge à Paris tandis que le père est resté au pays
pour poursuivre ses activités
professionnelles) à la grande histoire
(celle de la guerre civile libanaise).
Après les pièces Seuls et Sœurs, il poursuit
son cycle « Domestique » : avec Mère (créé en 2020), il explore
toujours et encore ses souvenirs et archives, éclairant
les angles morts, tissant un récit polyphonique, empruntant
les méandres de chaque point de vue. Pourquoi Mère ?
« Parce qu’on n’a qu’une seule mère. Pourtant, derrière
ce singulier se cache un pluriel, confie-t-il. Tous les Libanais
ont deux mères. La seconde, qui les a mis au monde autant
que leur propre mère, est la guerre. » ● L. C.
« Mère », de Wajdi Mouawad, jusqu’au 4 juin, à La Colline, à Paris. colline.fr

LA SURPRISE●
Omar la
ZOOM●
Le thriller Fraise, drôle
d’Alice Pol de drame
Celle que le public Reda Kateb et Benoît
a découverte dans les films Magimel jouent deux
de Dany Boon s’offre un nouveau rôle
de choix, celui d’écrivaine. Alice Pol gangsters qui comblent
dévoile son premier livre, Coup de pelle, l’ennui à Alger, où ils ont été
un thriller haletant, sans effet de style pompeux et avec contraints de s’exiler.
un trait d’humour bien à elle. L’histoire est celle de Charlie,
une jeune capitaine parisienne mutée dans un village
Si l’absence de point de vue
de montagne après une enquête criminelle douloureuse crée parfois le malaise, la mise
restée en suspens. En plus de devoir s’accoutumer à son en scène et la malice du duo
nouvel environnement âpre et s’accommoder d’un binôme
aussi mou que brouillon, elle doit tenter de résoudre
portent les promesses de
l’énigme de la mort mystérieuse d’un jeune homme. ce premier film, sélectionné
Bientôt une adaptation au cinéma ? ● M. G. en séance de minuit à Cannes. ● M. L.
« Coup de pelle », d’Alice Pol, Éditions Robert Laffont, 324 p., 20 €. « Omar la Fraise », d’Elias Belkeddar.

78●
 madameculture Madameculture
Sakura Study
(Taki 1),
une œuvre
de Tacita Dean.

Tacita Dean,
ART●

danse avec les images

Double actu pour l’artiste
britannique née à Canterbury, vivant à Berlin. D’une
part, elle présente une exposition à la Bourse de Commerce-
Pinault Collection (1), la première d’envergure en France
depuis celle qui lui a été consacrée au Musée d’art moderne
en 2003. D’autre part, elle collabore à The Dante Project (2),
à l’Opéra national de Paris, soit une partition originale de
Thomas Adès, dans une chorégraphie de Wayne McGregor,
dont elle signe la scénographie et les costumes. L’exposition
constituée d’œuvres inédites s’inscrit dans la saison
thématique Avant l’orage. Utilisant le film, la photographie,
le dessin, le collage, l’artiste s’intéresse au temps, invite
le hasard et fait l’éloge de la lenteur. Dans la Galerie 2, elle
montre un dessin à la craie de plus de sept mètres de long
(The Wreck of Hope, 2022) qui reproduit un glacier millénaire,
Marian Goodman Gallery et Frith Street Gallery, Courtesy de Juliette Minchin et de la galerie Anne-Sarah Bénichou et Park Jungwoo, 2022
la floraison éphémère est symbole de renaissance. Dans la
Rotonde, le film Geography Biography dessine une cartographie
intime de ses voyages. À Garnier, les décors de The Dante Project
utilisent un médium différent (dessin, photographie, film)
pour chacun des trois actes inspirés de La Divine Comédie. De la
représentation à l’abstraction, ils suivent le périple de Dante
àtravers l’au-delà. « Toutes les choses qui m’attirent sont sur
le point de disparaître », a l’habitude de dire Tacita Dean. ● L. C.
(1) « Geography Biography », du 24 mai au 11 septembre, à la Bourse de
Commerce, à Paris. pinaultcollection.com (2) « The Dante Project », jusqu’au 31 mai,

et des photographies de sakuras, les cerisiers japonais dont au Palais Garnier, à Paris. operadeparis.fr
photos Tuong-Vi Nguyen, Julien Vallon, Iconoclast/Chi-Fou-Mi Productions/Studiocanal/France 2 Cinéma, Simon Hanzer/Tacita Dean,

Trois expos à voir

Memory Under the Skin, Bouquet, Carte blanche

de Chiharu Shiota
Les œuvres spectaculaires de Chiharu Shiota,
entre performance et installation (on se
souvient de son vaisseau rouge voguant dans
le pavillon du Japon à la biennale de Venise
2015) sont immédiatement reconnaissables
par l’utilisation du fil tressé. La mémoire des
choses étant son thème de prédilection, elle
a titré son exposition Memory Under the Skin.
Soit une installation tissée in situ et un
ensemble de sculptures qui tournent autour
de l’idée du vêtement comme seconde peau
(ci-dessus, State of Being). Une œuvre qui
interroge l’existence, voire la transcendance.
Du 24 mai au 22 juillet, à la Galerie Templon,
à Paris. templon.com
de Juliette Minchin
Deux expositions sont consacrées ce
printemps au travail de Juliette Minchin. Dans
la foulée de l’installation La Croix, veillée aux
épines, créée pour l’abbaye de Beaulieu-
en-Rouergue, représentant une croix de
28 mètres composée d’acier et de cire, l’artiste
fait sa première exposition personnelle
à la Galerie Anne-Sarah Bénichou. Bouquet
présente un florilège de sculptures (ci-dessus,
Torche 4), de dessins mais aussi ses recherches
formelles : drapés de cire, porcelaines, raku,
couronnes de papier comme une gerbe
de fleurs… Entre force et fragilité.
Jusqu’au 28 mai, à la Galerie Anne-Sarah Bénichou,
à Paris. annesarahbenichou.com
à Park Dong-Soo
Il existe une filiation entre Park Dong-Soo
et ses prédécesseurs Park Beo-So et Chung
Chang-Sup. Tous s’inscrivent dans
la continuité du mouvement monochrome
coréen, le dansaekhwa. Après quinze ans
de retraite dans un ermitage de la région
d’Haemi, Park Dong-Soo a reçu une carte
blanche du Musée Guimet. L’artiste a livré une
installation, Cette place-là, mix de grandes
toiles et de sculptures cubiques (ci-dessus),
telle une représentation du cosmos. Une
expérience riche de questions sur le temps et
l’énergie, à vivre au 4e étage du musée. ● L. C.
Jusqu’au 18 septembre, au Musée Guimet,
à Paris. guimet.fr

●79
Madameculture

La vie est
une fête, de
la compagnie
Les Chiens
de Navarre.
Bar Italia,
ALBUM●

pépite pop
En décembre
dernier, les Anglais
Bar Italia jouaient à Paris,
à la Bourse de Commerce, dans le cadre
du Festival des Inrocks : on les découvrait
alors, et le lien se faisait immédiatement
avec la musique « indé » des années 1980.
Mêmes sons de guitares sourdes et célestes,
même timidité vaniteuse, mêmes
harmonies vocales masculines et féminines
entrelacées : leur geste brut donnait envie
d’en savoir davantage. Et voici qu’un
premier album arrive, auréolé de mystère
total : le groupe ne veut pas parler, rien
raconter, pas d’entretien. La musique
bavarde pour eux : mieux sculptée que
sur scène, elle se déroule en une série
de morceaux menés par un mélange doux
acide d’énervement et de quiétude, comme
si tout était en permanence une question
de contradictions à équilibrer. Surtout,
l’écriture pop du groupe, exigeante mais
directe, dévoile quelque chose d’unique,
en tout cas en 2023 : face aux productions
trop léchées, trop compliquées, Bar Italia

Un monde
THÉÂTRE●
privilégie une forme de transparence,
laissant la dynamique du groupe se

de fous développer, le temps de phrases qui

tournent avec justesse, naviguant des
instruments en vol plané aux chants
La vie est une fête est la dernière création angéliques parfois, joliment rugueux
(2022) de Jean-Christophe Meurisse et de la compagnie Les Chiens de souvent. Si on était devin, on les placerait
Navarre, un succès récompensé par une vaste tournée et des spectateurs dans une lignée anglaise qui partirait
par milliers. Le spectacle a pour adage une punch line de Woody Allen : des Smiths, remonterait à The XX et
« Tant que l’homme sera mortel, il ne sera pas décontracté. » Une litote, atterrirait en eux, leur promettant une gloire
une antiphrase comme le titre… Autant le dire tout de suite : après sans faille, emplie de quelque chose de
l’identité nationale (Jusque dans vos bras, 2017) et les névroses familiales divinement inquiet, subtilement amène,
(Tout le monde ne peut pas être orphelin, 2019), la troupe s’empare du thème toutes guitares affranchies. ● J. G.
de la folie. Nos dépressions ne sont pas dues uniquement à nos vies « Tracey Denim », Matador/Beggars.
personnelles mais à l’état du monde. « Nous sommes inévitablement
poreux aux violences, aux crises, aux incohérences politiques et sociales,
aux transformations brutales de notre civilisation. Les microfolies de
notre siècle peuvent engendrer les macrofolies d’une personne », confie
Jean-Christophe Meurisse, pour qui il n’y a rien de plus humain que la
folie. Avec lui, la manière est la même, une écriture de plateau concoctée
à partir des improvisations des comédiens, un théâtre augmenté
par la liberté laissée à chacun et le refus de sanctuariser une forme.
Les Chiens de Navarre aboient toujours, voire mordent ! ● L. C. Le trio
« La vie est une fête », jusqu’au 3 juin, au Théâtre des Bouffes du Nord, à Paris. londonien
Bar Italia.
bouffesdunord.com

80●

James
À NE PAS RATER●
Thierrée
Bonne au Châtelet
photos Ph. Lebruman, simon mercer et Richard Haughton
nouvelle : Un nouveau
spectacle de James
Thierrée et de La Compagnie du Hanneton est à l’affiche.
Il s’intitule Room (chambre ou espace), non pas à cause de
la pandémie – il a été imaginé avant – mais pour sa faculté
à nous emmener ailleurs par la grâce du mouvement,
du décor, des acteurs, de la musique. « Je voulais faire un
spectacle qui soit un chaos assumé », dit le metteur en scène
qui tient du mime, de l’acrobate, du voltigeur de songes et
du magicien métaphysique. Qui a vu ses spectacles, entre
le cirque, la danse et le théâtre sait à quel point ils procurent
un choc, un éblouissement. Il y a eu le premier, La Symphonie du
hanneton, référence au surnom de hanneton que lui donnaient
ses parents parce qu’il faisait du bruit. Parenthèse sur sa
Par Valery de Buchet Avec Lætitia Cénac, Marion Géliot, Joseph Ghosn et Marilyne Letertre
Madameculture
Room, le dernier
spectacle
poétique de
James Thierrée.
parentèle : il est le fils de Victoria
Chaplin, quatrième enfant de Charlie
Chaplin, et de Jean-Baptiste Thierrée,
baladins extraordinaires et obsessionnels qui peaufinent le
même spectacle, Le Cirque invisible, depuis des lustres. James le
Hanneton a continué à nous inviter à un partage des émotions
et de la pensée avec ses créations : La Veillée des abysses, Au revoir
parapluie, Raoul, Tabac rouge, La grenouille avait raison, Frôlons, MO’s…
Qui n’a rien vu de James Thierrée à la chance de pouvoir
combler ce manque. Room vogue avec un architecte-chef
d’orchestre (interprété par James) et une troupe qui s’emballe.
L’argument est inutile. Ce genre de spectacle archivivant
relève de l’expérience. Du théâtre dans le théâtre ! ● L. C.
« Room », du 22 mai au 1er juin, au Théâtre du Châtelet, à Paris.
theatredelaville-paris.com
●81
Madameculture madameculture

Courts-circuits,
d’Étienne Klein, Éditions
Gallimard, 224 p., 19 €.

DANS LA TÊTE de● la mathématicienne Sophie Germain

ou la chimiste Ida Noddack, dont les

ÉTIENNE KLEIN travaux n’ont pas été pris au sérieux,

Qu’ont en commun
Einstein et les Rolling Stones ?
Vous le saurez en lisant Courts-circuits,
d’Étienne Klein, qui s’attache tant à
la trajectoire du philosophe et résistant
Jean Cavaillès qu’aux liens entre
langage et impesanteur. Il approche
deux termes qui, en général, ne sont
pas associés, pour voir s’il se produirait
des étincelles et autres courts-circuits.
Le texte entrechoque physique
et philosophie, pensée et action,
intelligence analytique et courage
physique… Entretien avec un penseur
qui n’a eu de cesse de franchir
les frontières entre les disciplines.
MADAME FIGARO. – Courts-
circuits est-il un plaidoyer
pour l’interdisciplinarité ?
ÉTIENNE KLEIN. – Oui et non.
En terminale, j’avais un professeur
de physique et un professeur de
SA COLLECTION PRIVÉE●
La Force majeure, À la recherche du réel,
de Clément Rosset de Bernard d’Espagnat
« Pour comprendre que « Ce livre, lu à 20 ans, a
la joie s’appuie sur la déterminé ma destinée.
connaissance du pire. J’ai compris que parfois
Être joyeux, c’est être la physique change la
joyeux malgré tout. » donne philosophique. »
philosophie qui employaient tous
deux le mot « temps » dans leur cours.
Je me demandais s’ils parlaient de la
même chose. Si non, pourquoi était-ce
le même mot, et si oui, en disaient-ils
la même chose ? Manifestement
non. Je songeais que cela manquait
de cohérence, qu’ils auraient dû
se rencontrer pour parler ensemble
du temps et voir ce que cela donnerait.
C’est cette absence de dialogue
que j’ai vécue dans l’enseignement
que j’ai essayé de réparer par ce livre.
d’où vous est venu le chapitre
« Sexe faible et Sciences dures » ?
De ma lecture de La République,
où Platon tient un discours d’une parité
absolue, alors que ce n’est pas le cas
dans ses Dialogues, où les femmes sont
« ventriloquées » par les hommes.
J’ai donc brossé les portraits de femmes
scientifiques qui l’ont été, comme
Vie et Destin, de La Partie et le Tout,
Vassili Grossman de Werner Heisenberg
« Il explique que c’est « Il conte sa trajectoire
au nom du bien qu’on propre pour démontrer
s’autorise à faire le mal. que les particules
Le bien doit demeurer quantiques n’ont pas
une notion floue. » de trajectoire. »
comme il est aussi incroyable qu’injuste
que la géniale physicienne Lise
Meitner, qui a écrit avec son neveu le
véritable article sur la fission nucléaire,
n’ait pas vu son travail reconnu.
Alors qu’Otto Hahn, qui n’a fait que la
constater, a eu le prix Nobel de chimie…
C’est aussi la première fois
que vous usez autant de la première
personne…
Ce texte a, en effet, une coloration
plus personnelle. Sans doute est-ce
lié à la mort de mon frère, qui était
mon antiparticule, doué pour tout
ce qui était manuel, et très rétif à
l’abstraction. On a cette idée préconçue
selon laquelle l’intelligence se mesure
par l’intellect, tandis que l’intelligence
associée à la main est considérée
comme faible. Sa disparition, il y a
un an, m’a fait réfléchir à la différence
entre nous et à la différence de
traitement par le système scolaire,
entre moi, qui étais bon en calcul
mais incapable de réparer un moteur,
et lui, capable de réparer n’importe
quel moteur mais qui tombait
photos Francesca Mantovani/Éditions Gallimard et S. P.
en syncope devant une équation.
Mais ChatGPT va changer la donne.
En quoi ?
On attendait de l’IA qu’elle
concurrence les métiers manuels,
mais en fait ce sont les cols blancs qui
sont menacés. C’est le paradoxe de
Moravec, selon lequel plus une tâche
est facile pour un humain, plus elle
est difficile pour un robot. Aucun robot
ne peut faire ce que mon frère faisait,
tandis qu’effectuer des calculs, rédiger
des articles, ou écrire un livre comme
je le fais, est à leur portée. ● M.T.H.

82●
 Choisir un point de vue
Trouver une voix et un ton
Écrire une nouvelle

Le programme

7 juin 15 juin
Atelier d’écriture Invitation à la remise
session 1. De 19h à 21h30, du Grand Prix
au Figaro à Paris. de l’Héroïne. À 19h30
à l’Hôtel Raphael,
à Paris.
Avec Minh Tran Huy

Romancière, essayiste,
scénariste, journaliste
22 juin 29 juin
Madame Figaro et éditrice Atelier d’écriture Rencontre avec
Flammarion session 2. De 19h à 21h30, les auteurs primés.
au Figaro à Paris. À 19h, à la librairie
Ici à Paris.

Infos pratiques :
© Matias Indjic

Places limitées, groupe de 20 personnes.

Tarif : 400€

●83
Madameculture

UN SPECTACLE
Repas de famille. Les écrivains se mettent à
DES SIESTES table ! Un spectacle performance avec cinq
Un transat, des lectures, auteurs et un violoncelliste sur la scène de
des chansons… C’est le La Criée, qui, entre éclats de rire et éclats de
programme des Siestes voix, se penchent sur un thème universel,
acoustiques loin des bruits de les repas de famille. Attention, on risque
la ville. Il n’est pas interdit de de se reconnaître. Drôle et caustique.
s’endormir ou de parler avec Le vendredi 26 mai, à 21 heures, à La Criée.
les écrivains invités : Julie
Wolkenstein, Raphaël Meltz
ou Kinga Wyrzykowska.
Samedi 27, dimanche 28 et lundi 29,
à 14 heures, au Conservatoire Pierre-
Barbizet, salle Magaud. UNE RENCONTRE
Dans Une archive, Mathieu
Lindon (ci-dessous) dévoile les
coulisses des Éditions de Minuit
longtemps dirigées par son père.
On croise Samuel Beckett, Marguerite
FOCUS● Duras, Jean Echenoz, Michel

Marseille Foucault, Hervé Guibert… Et grâce à

Joseph Ghosn, de Madame Figaro, qui

CÔTÉ PAGE
anime cette rencontre, on découvrira
peut-être les secrets de cette Archive.
Dimanche 28 mai, à 17 heures,
à La Criée.

Un festival littéraire
avec de la musique,

Céline Nieszawer/Leextra/L’Iconoclaste, Olivier Huitel/Crystal Pictures, MATIAS INDJIC, JF Paga et S. P.

du théâtre, du soleil,
de la poésie, c’est Oh les

photos Brisbois/Alpaca/Andia.fr, Nicolas Serve/Oh les beaux jours !, Hélène Bamberger/POL,

beaux jours !, dans la cité
phocéenne du 24 au 29 mai.

UNE SOIRÉE UNE LECTURE

Daniel Pennac raconte les Immobilisée dans son lit
secrets et les dessous de la d’hôpital, Pascalle Monnier
famille Malaussène à Raphaëlle dresse des listes : à faire,
Leyris, puis il sera face à Thomas à ne plus faire, les bonnes
Fersen (à gauche), auteur de résolutions. C’est devenu
Dieu sur Terre, pour un dialogue un livre, Touché, que lit Mathieu
malin, littéraire et musical. Amalric (à gauche). Une quête
Une soirée d’ouverture de soi tendre, bouleversante,
qui réserve de belles surprises. qui se termine par une
Jeudi 25 mai, à 19 heures rencontre avec l’auteure. ● B. B.
et à 21 heures, à La Criée. Dimanche 28 mai, à 19 heures,
à La Criée.

ohlesbeauxjours.fr

84●
 Madameculture

La chronique de● Colombe Schneck

J’ai pris
un café avec Charlotte
Mendelson. Je venais de terminer
son roman, et je lui ai avoué « C’est mon
histoire », et je lui ai confié pourquoi.
Quand je suis sortie du bureau de mon
premier éditeur avec mon premier
contrat, dans un état de surélévation,
je me transformais d’un coup, parce
qu’il avait nommé mon manuscrit « un
livre », en un auteur. J’ai eu cette pensée
terrifiante, qui s’est révélée juste deux
ans après : il allait falloir que je choisisse
entre la littérature et mon mariage,
je ne pouvais avoir les deux.
Dans Accrochages, les héros sont des
artistes. Lucia est une sculptrice d’une
cinquantaine d’années qui a accepté de
vivre dans l’ombre de son mari, Ray, un
peintre plus âgé, qui a été très reconnu,
et l’est moins. Charlotte Mendelson sait
décrire avec humour leur classe sociale,
cette bourgeoisie intellectuelle qui
ne sait plus comment se situer, et avec
acuité les relations familiales sous
l’autorité d’un patriarche qui ne peut
accepter de perdre de son pouvoir. Elle
analyse la rivalité, l’égotisme, le désir
de chacun. Ray et Lucia se sont aimés, il
l’a encouragée, jusqu’à un certain point.
Il n’était pas question qu’elle s’affirme
en dehors de lui, elle s’est occupée
des enfants, du ménage, elle se rendait
dans son atelier en secret. Un jour, elle
est invitée à Rome pour parler de son
travail. Elle part sans Ray, elle découvre
qu’elle peut être applaudie sans avoir
à faire des grimaces. J’ai reconnu
ce sentiment, être fêtée, recevoir
des compliments, sans être gênée,
les accepter et répondre merci. « Qui
sauvera Lucia, désormais sinon elle-
même ? », écrit avec justesse Charlotte
Mendelson. Cela aussi, je l’ai compris. ●
Accrochages, de Charlotte
Mendelson, Éditions
Les Escales, 368 p., 22,50 €.
Traduit par Caroline Bouet.

ROMAN● SINGULIER et universel

La plupart du temps, le récit d’une
relation amoureuse explore surtout les sentiments du narrateur
ou de la narratrice. Ici, l’amoureux s’emploie sans relâche, prenant des notes
dans un carnet, à faire le portrait de la femme aimée, non pour la posséder
davantage ou pour la contrôler, mais pour lui accorder toute l’attention qu’à
ses yeux elle mérite. Ce portrait d’Ariane est magnifique, on se demande
même depuis quand n’avait-on pas lu aussi belle et lucide identification
d’une femme sous la plume d’un homme.
Leur amour est clandestin, elle est psychanalyste, en couple, deux
enfants, il est écrivain, plus jeune, et vit seul sous les toits de Paris. Entre eux,
la complicité est à la fois charnelle et intellectuelle, ils voyagent sur les pas
de Lou Andreas-Salomé (avec Nietzsche, à Sils Maria, en Suisse, avec Rilke,
à Duino, en Italie, avec Dostoïevski, à Saint-Pétersbourg), se perdent dans
d’interminables conversations, s’analysent mutuellement.
Ils veulent un amour différent, créatif, émancipateur, qui part
du principe que l’autre est une énigme à respecter et à choyer.
Bien sûr, ils échoueront sous la pression de la vie « normale »,
se quitteront mais se retrouveront, jusqu’à la tragédie qui laissera
l’écrivain seul face au défi de la littérature, déployant en mots
les fils d’Ariane dans les dédales de son absence.
L’écrivain dévoile, en fait, son histoire avec la philosophe
Anne Dufourmantelle, décédée en 2017 en voulant sauver
de la noyade un enfant, et qui est aussi la mère de la chanteuse
Clara Ysé. Mais la beauté d’une écriture, travaillant la langue Les Quatre Vies d’un
amour, de Mathieu
au corps pour en tirer des éclats de drôlerie et de vérité, rend Terence, Éditions
ce récit universel, bouleversant et indispensable. ● I. P. Grasset, 320 p., 22 €.

●85
Par Bernard Babkine Avec Isabelle Potel, Colombe Schneck et Minh Tran Huy
Madameculture
l’écho
de Téhéran
François-Henri désérable a passé
quarante jours en Iran, au cœur
du soulèvement du pays. dans
son dernier livre, il célèbre ce
peuple à l’incroyable courage.
Entre novembre et décembre
dernier, l’écrivain voyageur, qui n’aime pas les interdits,
partait à l’aventure en Iran, pays déjà secoué par une révolte
populaire. De cet improbable périple parsemé de rencontres
inoubliables avec une jeunesse au courage indomptable, il a tiré
un récit palpitant, L’Usure d’un monde. Il y a Firouzeh, qui danse
au sommet d’une montagne pour qu’il la filme et poste la vidéo.
Niloofar, qui lui fait découvrir l’incroyable « écho de Téhéran »,
quand le slogan Marg bar dictator (Mort au dictateur) se répercute de
rue en rue… Celui qui, brûlé par les exactions du régime, épargne
pour fêter dignement le plus beau jour de sa vie – celui de la mort
de Khamenei. Auréolé de prix dès ses débuts en littérature
– prix Amic de l’Académie française pour son premier ouvrage
Tu montreras ma tête au peuple (2013), grand prix du Roman de
l’Académie française pour Mon maître et mon vainqueur (2021) –,
François-Henri Désérable, ancien joueur professionnel de hockey
sur glace, a décidé d’écrire à 18 ans après avoir lu Belle du Seigneur.
Il y a un an, il était au Cachemire, la zone la plus militarisée
au monde, pendant le ramadan, où il connut une quiétude sans
pareille. À l’automne, il prévoit de partir aux États-Unis, sans
doute en Russie cet été, fidèle à sa règle de vie issue des lectures
de L’Usage du monde, de Nicolas Bouvier : « Passer la moitié de vos
jours dans ce monde à le voir, et l’autre à l’écrire… » Allons-y !
L’HÉritage
DE nICOLAS BOUVIER
« Tout est parti de la lecture de ce récit de voyage publié
en 1963. Son périple commence en juin 1953, et, pendant un an
et demi, il voyage à travers la Yougoslavie, la Turquie, l’Iran,
86● par VALERY DE BUCHET
FRANçOIS-HENRI
DÉSÉRABLE.
jusqu’en Afghanistan, en Fiat Topolino, avec
son ami Thierry Vernet. À ce moment-là,
Nicolas Bouvier a 24 ans. Dix ans plus tard, il
publie ce livre à compte d’auteur, sans beaucoup
d’audience. Elle arrivera vers la fin de sa vie
– il meurt en 1998. Aujourd’hui, cet ouvrage
est considéré comme un des grands classiques
du récit de voyage. Je l’ai découvert à 25 ans,
époustouflé par ce qui est devenu pour moi
comme une sorte de nouvel évangile, que j’ai lu
et relu. Un jour, je me suis retrouvé sur la tombe
de Nicolas Bouvier, à Genève, ce que je raconte
dans le livre. J’ai alors pensé à refaire ce voyage,
et comme l’essentiel de L’Usage du monde
se passe en Iran, j’ai décidé que j’irai là-bas… »
les IRANIENNES,
VENT DEBOUT
« Je n’avais pas prévu d’écrire ce livre,
je pensais faire quelques reportages, et basta !
Et, finalement, j’avais tellement de choses
à raconter, j’ai rencontré tellement de jeunes
filles et de jeunes hommes dont le courage,
la bravoure, la hardiesse – ce sont des
synonymes, mais, vraiment, j’insiste là-
dessus – m’ont non seulement impressionné,
photo Claire Désérable
mais ému, vraiment ému… Alors, j’ai décidé
d’écrire dessus, et je ne pouvais le dédier qu’à
ces jeunes filles. Ce sont essentiellement des
jeunes qui descendent dans la rue et prennent
tous les risques. Je dirais même que c’est
un mouvement étudiant et lycéen – l’un d’eux

m’a d’ailleurs dit : “C’est notre Mai 68” -, mais avec le soutien
de la population. Je me souviens d’une femme qui revient
du bazar avec des fers à repasser et qui me dit : “Je ne sais pas ce
qui se passe, mais à chaque fois qu’un manifestant se fait courser
dans la rue par un sbire du régime, un de mes fers à repasser
tombe du balcon…” L’impulsion initiale, c’est ce geste d’arracher
son voile et, à Téhéran comme à Ispahan, plus de 50 % des filles
de moins de 30 ans ne le portent plus. En revanche, dans le reste
de l’Iran, il est encore très porté. »
L’USURE D’UN MONDE
« Évidemment, mon titre est une référence à L’Usage
du monde, mais il parle surtout de l’usure du monde de la
République islamique, de ce régime des mollahs et des gardiens
de la révolution. Et, lorsqu’on est en Iran, c’est hallucinant
de voir à quel point ce peuple, ce que je n’ai jamais vu dans aucun
pays, vraiment, a une telle défiance à l’égard de ses dirigeants. »
USA 1, Iran 0
« Je suivais l’actualité via les journaux français et américains
quand j’étais en Iran. Au moment du premier match de l’Iran
pendant la Coupe du monde de football, l’équipe nationale
iranienne a refusé de chanter l’hymne iranien. En France, tout le
monde a salué leur courage comme si le peuple iranien soutenait
son équipe, alors que c’était l’inverse : les Iraniens étaient
vraiment contre, et à l’unanimité, car cette équipe avait serré
la main du président Raïssi quelques semaines plus tôt. Résultat,
la population était très heureuse de voir son équipe perdre ! Même
contre les États-Unis ! D’ailleurs, j’ai découvert là-bas combien
les Iraniens n’ont aucune défiance à l’égard du peuple américain.
Ils aiment les Américains – pas leur gouvernement, bien sûr –,
mais ils sont fascinés, portent des Nike et apprennent l’anglais
en regardant Friends ou Les Simpsons. J’étais jusque-là persuadé
qu’il y avait une haine de l’Amérique et une haine des juifs.
Or, pas du tout. Ce sont des idées préconçues. Ils ont une certaine
défiance à l’égard d’Israël, mais des juifs, pas du tout. »
des RÉVOLTES SPONTANÉES
« Cette révolte, ce sont des éruptions spontanées, deux,
trois amis ensemble qui se mettent à crier “Marg bar dictator !”
ou “Zan, zendegi, azadi” (Femme, vie, liberté). Et puis chacun
voit ce qui se passe, si certains s’agrègent ou pas. Cela dure
rarement plus de dix, quinze minutes, pour éviter que
la police n’arrive. Dans des articles, je lisais que la peur
avait changé de camp, mais non. Mais elle a peut-être
gagné celui d’en face. Tous ces jeunes avaient peur
d’aller en prison, et en dépit de cette peur, et c’est
ce qui était impressionnant, le courage prenait le pas.
Les filles de 20 ans ont plus peur d’aller en prison
que de mourir. Elles savent qu’elles risquent d’y être
violées, certaines demandent la pilule pour ne pas
tomber enceinte, et l’on m’a rapporté le cas de jeunes
filles dont le viol est filmé pour les empêcher de
parler ensuite, avec la menace de mettre la vidéo sur
Internet. C’est un régime extrêmement barbare. »
Madameculture
Questionné
dans un garage
« Bouvier n’est pas allé au Kurdistan,
mais pendant le voyage, je me suis dit qu’il
fallait aller sur la tombe de Mahsa Amini. Or,
je savais qu’un Espagnol avait été arrêté pour
y être allé, donc je n’étais pas très rassuré.
Je décide finalement d’aller en bus à Saqqez,
et j’arrive à minuit sous la pluie battante, dans
une ambiance bizarre, très Le Caire, nid d’espions…
Deux choses m’ont étonné : les Kurdes ne me
parlaient pas, et, contrairement aux autres
villes, je n’y voyais aucun uniforme, aucune
présence policière, alors que cette ville,
d’où était partie la contestation, en était restée
un bastion. Le lendemain, je déjeune dans
un kebab comme d’habitude, un type vient
s’asseoir et me pose des questions. C’était
presque comique, car il ne parlait pas anglais
et traduisait avec son téléphone. Je pense : enfin
un Kurde qui s’intéresse à moi. Mais quand
il me demande “Tu restes à quel hôtel ?”,
je trouve sa question bizarre, et je me souviens
de la traduction du téléphone : “You are being
checked by the security forces” (« Tu es surveillé par
les forces de sécurité »).C’était la fin du voyage,
et cela aurait été dommage de finir en prison
à trois jours du retour à Paris. Je comprends alors
qu’il faudra que je nettoie mon téléphone,
car le matin même j’étais au cimetière de Saqqez
croyant que Mahsa Amini y était enterrée
– alors que c’est à 8 kilomètres de là – et, en
cherchant sa tombe, j’avais pris des photos, ce
qui n’est pas vraiment un reportage touristique.
Il fallait aussi que j’efface mes conversations
avec ceux que j’avais rencontrés, la vidéo de
Firouzeh en train de danser… Je vais aux toilettes
effacer tout ça, j’appelle mon père, qui ne
décroche pas, et je reviens. Deux autres types
nous avaient rejoints et les trois m’ont emmené
dans un garage voisin, une sorte de commissariat
clandestin. L’entretien a duré plusieurs heures.
En persan, traduit en anglais avec
une connexion Internet très très lente
– la bande passante est limitée pour
empêcher les gens d’envoyer des
vidéos. Chaque question et chaque
réponse prenaient beaucoup de temps.
Mon cerveau était en pilote automatique,
se concentrant sur les réponses à donner
et à paraître décontracté et naïf… » ●
L’Usure d’un monde. Une traversée
de l’Iran, de François-Henri Désérable,
Éditions Gallimard, 160 p., 16 €.
●87
Coverstory

maïwenn
Elle est la réalisatrice et
actrice de Jeanne du Barry,
qui a ouvert le Festival
de Cannes. Au casting
royal, Johnny Depp,
star hollywoodienne,
métamorphosé en Louis XV.
Nous les avons réunis pour
une rencontre exclusive.

Rebelle
en son
88● par Maria Grazia meda / Photos Jean-Baptiste Mondino / Réalisation Sylvie Clemente
 Robe en tweed,
Chanel – costume
spécialement créé
par Chanel pour
le film Jeanne
Du Barry, de Maïwenn.
Earcuff Chanel
Joaillerie,
Collier personnel.

Maquillage Chanel
par Angloma.

royaume
●89
Coverstory

Bustier en velours
de soie et jupon
en taffetas,
Chanel – costume
spécialement créé
par Chanel pour le
film Jeanne Du Barry,
de Maïwenn.
Collier personnel.

Maquillage Chanel
par Angloma : Soin N° 1
de Chanel, Sérum et
Crème Riche Revitalisante
au Camélia Rouge ;
Les Beiges Touche de Teint
BD21, Les Beiges Poudre
Belle Mine Naturelle
N° 20 ; sur les pommettes,
N° 1 de Chanel Baume
Lèvres et Joues Lively
Rosewood et Baume
Essentiel Transparent ;
mascara Noir Allure Noir ;
et rouge à lèvres Rouge
Allure Velvet Essentielle.

90●
 Photo Jean-Baptiste Mondino
Coverstory

●91
92●
Coverstory

Photos Jean-Baptiste Mondino

 Coverstory

Chemise en coton,
Chanel, pantalon
en coton, Dawei.
bagues Chanel
Joaillerie,
collier personnel,
Mocassins Church’s.

Coiffure John Nollet pour

le Forty-One Studio Paris.
Manucure Brenda Abrial.
Maquillage Chanel
par Angloma : Soin N° 1
de Chanel, Sérum et Crème
Riche Revitalisante au
Camélia Rouge ; Les Beiges
Touche de Teint BD21,
Les Beiges Poudre Belle
Mine Naturelle N° 20 ;
sur les pommettes,
N° 1 de Chanel Baume
Lèvres et Joues Lively
Rosewood et Baume
Essentiel Transparent ;
mascara Noir Allure Noir ;
et rouge à lèvres Rouge
Allure Velvet Essentielle.

“je me trouve
beaucoup plus
radicale
aujourd’hui. et
c’est tant mieux”
Maïwenn

●93
Coverstory
Maïwenn
et Johnny Depp.
Sur le papier, c’est
l’interview rêvée. Animer, en exclusivité, une
conversation entre Maïwenn et Johnny Depp à la veille
de la présentation de Jeanne du Barry en ouverture du Festival
de Cannes, quelle aubaine royale ! Dans son premier film
en costume, la réalisatrice s’est offert le rôle-titre tandis
que Jack Sparrow/Willy Wonka/Edward joue Louis XV,
son amant. Bien sûr, après les démêlés juridiques et
conjugaux de la star égérie du parfum Dior Sauvage, nous
avons été abreuvés, comme tout le monde, des rumeurs de
tensions sur le tournage dont se sont régalés la presse et les
réseaux. La mise en scène de cette rencontre n’a elle-même
pas été exempte de rebondissements. En plus, l’un et l’autre
se méfient des médias : « J’ai horreur des raccourcis
et des étiquettes, mais évidemment, ça fait le storytelling.
Il m’arrive de lire des articles sans nuance, sans complexité,
caricaturaux, et je trouve ça triste », commente Maïwenn.
« Certains choisissent un mot, une phrase, et c’est parfois
repris par tout le monde, sans aucune vérification », note
Johnny Depp. Prudence, donc. Laissons de côté tout ce qui
“Au premier
rendez-vous,
on a parlé
de tout… sauf
de cinéma !”
Maïwenn
94●
fâche. Profitons d’eux deux et de chacun,
finalement incroyablement disponibles,
malgré tout et malgré leurs timings serrés.
Elle est en train de finaliser son film,
en postproduction. Lui prépare la
réalisation d’un biopic sur Modigliani,
avec son grand ami Al Pacino en
producteur, dont il nous livre une
ineffable imitation : « Hey Johnny, remember
that Modigliani thing I was goint to direct ?
I’ve got an idea, how about you ? You do it,
I want you to direct Modigliani ! » (« Hey
Johnny, tu te souviens de ce truc sur
Modigliani que je voulais réaliser ?
J’ai une idée, pourquoi pas toi ? Fais-le,
j’aimerais que tu réalises ce film ! »)
madame figaro. – Maïwenn, pourquoi
Jeanne du Barry ?
Maïwenn. – Je l’ai découverte dans le Marie-Antoinette,
de Sofia Coppola, où elle était jouée par Asia Argento.
J’étais intriguée, attirée par ce personnage, je me suis
beaucoup documentée et ce que j’ai lu a confirmé
les connivences que je pressentais. « Loseuse »
magnifique, cette femme va s’élever dans la classe sociale,
puis tout perdre. C’est un conte de fées à l’envers.
Scénario en main, vous cherchez votre Louis XV…
M. – J’ai commencé par demander à un acteur
français : il ne pouvait pas. Puis un deuxième, un
troisième… Aucun n’était disponible. Alors, j’ai dépassé
les frontières et j’ai écouté mes rêves. J’ai envoyé un
e-mail et, à ma grande surprise, j’ai reçu une réponse.
Rendez-vous a été pris à Londres avec Johnny Depp.
Comment s’est passée cette première entrevue ?
M. – C’était génial ! On a commencé à 15 heures et
on a dû terminer à minuit. Johnny est quelqu’un de très
gentil, très doux. Il est aussi extrêmement érudit sur
la peinture, la littérature, la culture française, l’histoire.
On a parlé pratiquement de tout – de sa vie à Londres,
de ce qui le rend heureux, etc. –, de tout… sauf de cinéma !
Johnny, quel souvenir gardez-vous
Photo Stéphanie Branchu-Whynot Productions
de cette rencontre ?
Johnny Depp. – L’étonnement d’abord ! En voilà
une proposition bizarre : pourquoi moi ? Pourquoi pas
un acteur français ? Avant cette rencontre, j’ai regardé
les films de Maïwenn. J’y ai vu la passion qu’elle mettait
dans son travail. Quand nous nous sommes vus,
j’ai reconnu quelqu’un appartenant à la même tribu
que la mienne, qui partage les mêmes intérêts pour l’art,
la littérature, le cinéma. Elle possède aussi une vision
esthétique précise, et, comme moi, une curiosité
pour voyager dans le temps… On a également beaucoup
ri, et j’ai dit oui !

Comment devient-on Louis XV ?
J. D. – En devenant plusieurs personnes, mais
toujours dans une posture régalienne et, surtout,
très lente ! (Rires.) Le temps s’écoule avec une infinie
lenteur à Versailles, tout particulièrement pour
le roi qui affiche un contrôle permanent jusque dans
ses mouvements, très contenus, mais qui valent parfois
tous les discours. Le roi change de comportement selon
la compagnie : ses enfants, ses conseillers, ses valets,
les courtisans, et, bien sûr, sa favorite. Il ne bouge et
ne parle presque pas. Tout passe dans ses gestes et ses
expressions. C’est probablement avec son premier valet
de chambre, Jean-Benjamin de La Borde, qu’il peut être
le plus lui-même, tomber le masque véritablement.
Était-ce un défi pour vous, Johnny, de jouer
ce rôle en langue française ?
J. D. – Cela m’a sorti de ma zone de confort. Je parle
le français à peu près comme un enfant de 3 ans alors
imaginez pour l’ancien français du XVIIIe siècle… (Rires.)
Pour ce rôle, je voulais être suffisamment à l’aise avec
la langue de l’époque pour pouvoir improviser. J’ai
donc travaillé et répété avec une professeure, Mathilde
Bertrand. Ce qui m’importe dans un rôle, ce n’est pas
la langue mais le sens des mots. Je lui posais donc des
questions sur le sens caché de certaines expressions
ou tournures de phrases, et je m’en servais ensuite pour
jouer. L’improvisation peut amener la scène à un autre
endroit, c’est toujours intéressant, mais pour cela,
je devais être sûr de moi par rapport à votre langue.
Maïwenn, était-ce difficile d’être à la fois
devant et derrière la caméra ?
M. – Avant de débuter ce tournage, j’ai ressenti
un stress immense, je n’en dormais presque plus, juste
trois ou quatre heures par nuit parce que c’était mon
premier film en costume, avec un budget considérable.
Une fois le tournage commencé, l’appréhension a cédé
la place à la concentration. J’étais dans mon sujet,
dans mon scénario, je n’ignorais pas que cela allait être
dur. Avant chaque grande scène, je savais très bien
tout ce que ça allait coûter – les chevaux, les figurants, les
décors… Mais j’étais rodée à l’exercice. J’avais déjà réalisé
des films avec ce double rôle actrice/réalisatrice. Avec
ADN, j’avais commencé mon chemin intérieur sur ce
que représente jouer dans mes propres films… Cela dit,
c’est aussi compliqué quand on n’est qu’à un seul poste.
J’aime faire partie de l’équipe des comédiens. On est
ensemble, ils me soutiennent et je les soutiens, dans le jeu
et à travers le jeu. Et bizarrement, j’arrive même à faire
passer des idées de mise en scène en jouant. Pour en
revenir au personnage, Jeanne est quelqu’un qui subit
l’histoire et, au fur et à mesure, se laisse détruire.
Diriger et jouer avec Johnny Depp, comment était-ce ?
M. – Les fois où il y a pu y avoir divergences, c’est
parce que Johnny arrivait sur le plateau avec une idée
de la scène par rapport au personnage qu’il s’était
Coverstory
“S’il n’y a pas
de surprise,
il n’y a pas
d’étincelle”
Johnny Depp
construit en amont. Il a énormément travaillé avant
le tournage, il s’est beaucoup documenté. Donc on avait
parfois des désaccords autour de questions comme :
qu’est-ce que le roi ? Qu’est-ce qu’il peut dire ou pas…
Nous discutions beaucoup, Johnny reste toujours
très à l’écoute. La majeure partie du temps, on finissait
par s’entendre. Quand on n’y parvenait pas, je lui
demandais de jouer la scène telle que je l’avais écrite,
et après, on tournait aussi ce qu’il proposait. Ce que
j’en retiens ? J’aime qu’un comédien propose.
S’il propose, c’est qu’il a envie que le film soit réussi.
J. D. – J’ai besoin de me sentir totalement investi,
de faire partie du film. Je ne connais pas d’autre façon
de travailler, qu’on l’accepte ou pas. Quand quelqu’un
croit suffisamment en vous pour vous offrir un rôle,
c’est important, courageux même. Maïwenn a eu le
courage de me faire confiance. Nous avons beaucoup parlé
avant le tournage. Pour moi, il n’y a qu’une chose qu’un
acteur peut donner à un réalisateur et qui va l’aider en
salle de montage : des options. S’il n’y a pas de surprise,
il n’y a pas d’étincelle. On ne peut pas faire la même prise
18 fois de la même manière. Alors, qu’un réalisateur
le veuille ou pas, j’ai besoin de donner 18 versions
différentes. J’estime que c’est mon devoir d’acteur.
La du Barry dépend du désir du roi : métaphore
de la vie d’un acteur ?
J. D. – Quand je tourne dans un film, ma première
pensée est : qu’est-ce que je peux apporter qui n’y est pas ?
J’ai su très vite, il y a longtemps, quand j’essayais de me
faire virer du plateau de la série 21 Jump Street – entre nous,
je n’en reviens toujours pas qu’ils ne l’aient pas fait ! –,
qu’on me donnait quand même une chance inouïe
de faire ce métier. Mais en même temps, à cette époque,
les gens des studios avaient de moi une image préconçue
dans laquelle je ne me reconnaissais pas. J’ai été
rapidement conscient que tout peut vous exploser
à la figure et qu’en un instant, on peut retourner
travailler dans une station-service. J’étais prêt à prendre
le risque. Je suis toujours prêt à prendre des risques.
●95
CoverStory
M. – C’est énorme de susciter le désir. Et de le
ressentir. Ce que j’aime chez Jeanne, c’est qu’elle
ne s’est jamais sentie dévalorisée quand elle était désirée
en tant que courtisane. Elle aimait être désirée, à la fois
physiquement et intellectuellement. Quant au métier
d’acteur, il est très dur si on n’a pas d’autres passions dans
la vie. C’est tellement aléatoire, fragile. Un comédien qui
arrive à un casting doté d’une autre passion se montrera
toujours plus charismatique, parce qu’il aura moins peur.
C’est comme ça que je définirais le charisme : par
l’absence de peur. C’est pour cette raison que j’adore
travailler soit avec des stars, soit avec les acteurs non
professionnels. Dans les deux cas, pour eux, travailler
avec moi n’est pas un enjeu. C’est peut-être un peu tordu,
mais j’ai plus de désir à travailler avec quelqu’un qui a
autre chose à faire dans la vie que de tourner avec moi
qu’avec quelqu’un qui va tout, tout, tout donner pour moi !
Intrigues de cour, jeux de pouvoir, place des
femmes… Comment lit-on cette histoire aujourd’hui ?
J. D. – Ce qui me vient tout de suite à l’esprit, c’est qu’à
l’époque, la corruption avait une allure plus élégante… Ne
vous méprenez pas sur mes paroles : c’était cruel et brutal.
Et aujourd’hui, c’est toujours cruel et brutal, mais sans
aucune grâce. Pour les femmes, le système hiérarchique
était simplement fou. Si elles ont toujours occupé une
position essentielle dans la prise de décision – Madame
de Pompadour s’apparentait à ce que j’appellerais
un consigliere –, seules quelques femmes puissantes
parvenaient à s’imposer. La majorité des autres
ne jouissaient d’aucune reconnaissance. Quand on pense
au rôle vital des femmes dans l’histoire de l’humanité…
M. – Évidemment, la condition des femmes dans
notre société n’est plus celle de la cour de Versailles. Mais
les hommes riches et puissants continuent à se procurer
des femmes comme on se procurerait une marchandise.
Tout s’achète. Dans l’autre sens aussi : une femme de
pouvoir peut s’offrir un gigolo. Néanmoins, les femmes
n’ont toujours pas le beau rôle. Professionnellement, elles
doivent faire leurs preuves et, en même temps, décider
“le plus grand
pouvoir, c’est
le charme,
la sensualité,
le sexe…”
Maïwenn
96●
ou non de fonder une famille. L’horloge biologique fixe
les limites. C’est dur et très injuste : on veut travailler,
gagner autant que les hommes, être amoureuse, faire
des enfants, ne faire aucune concession…
Entre Louis XV et Jeanne du Barry,
qui a véritablement le pouvoir ?
M. – Cela me fascine d’observer comment un homme,
et surtout un homme de pouvoir, réagit face aux charmes
d’une femme. Tout d’un coup, il devient très faible,
son pouvoir s’évapore et se retrouve aussitôt dans les
mains de la femme. Très souvent, on dit que les hommes
de pouvoir ont une influence. Certes… Mais le plus
grand pouvoir, je crois que c’est le charme, la sensualité,
le sexe. Un énorme pouvoir sur l’être humain !
Dans le film, à un moment décisif, Jeanne défie
les conventions et regarde le roi dans les yeux…
Dans vos carrières, quels ont été les moments décisifs ?
M. – Je suis touchée par Jeanne, qui change les règles,
ne se plie pas aux codes. J’y vois un peu une métaphore du
moment où je suis arrivée dans le milieu du cinéma. Je suis
devenue réalisatrice un peu par hasard. Mon premier film,
Pardonnez-moi, a été mon moment décisif. J’avais écrit
un scénario d’une vingtaine de pages, qu’il n’en fasse pas
quatre-vingt était déjà vu comme quelque chose de punk !
Et puis je me suis autoproduite. Tout le monde me disait :
« Surtout pas ! Il ne faut pas mettre son propre argent !
Ce n’est pas comme ça qu’on fait du cinéma. » Moi, je ne
lâchais pas. Ce n’était ni un caprice ni l’envie de bousculer
les règles comme une fin en soi. Simplement, je ne
pouvais faire que des choses qui me ressemblaient.
J. D. – Je me souviens qu’à la fin du tournage de Gilbert
Grape, j’étais lessivé, je traversais un moment très noir,
j’avais l’impression d’être le gars des bandes dessinées
qui se balade avec un nuage noir au-dessus de la tête.
Je sortais d’une série de personnages très bizarres :
Edward aux mains d’argent, Arizona Dream, Benny and Joon…,
ça moulinait dans ma tête. Je portais beaucoup de lourdeur
en moi et je me disais : « Mais ce n’est pas possible !
Ce boulot est censé être fun ! ». Et puis j’ai tourné Ed Wood
et j’ai eu l’impression d’être propulsé depuis un canon.
Ça a été un moment décisif. Je me suis dit : « Assez ! je laisse
tout ça derrière moi, je recommence, je vais être libre ! »
Quel conseil vous donneriez-vous si vous aviez
20 ans aujourd’hui ?
J. D. – Mon problème, c’est qu’à l’époque, les
personnages me tenaient tellement à cœur, comptaient
tellement pour moi, que ça en devenait trop. J’ai dû
arriver à un stade où j’y tenais tellement que je n’en
pouvais plus… Mais si on est moins impliqué, alors rien
ne peut vous arrêter, vous êtes libre comme un oiseau.
M. – J’ai peut-être été trop naïve, trop gentille.
Pas sur le plan professionnel, mais sur le plan humain,
les rapports sentimentaux et familiaux. Je me trouve
beaucoup plus radicale aujourd’hui, et c’est tant mieux,
parce que j’ai été déçue par des gens humainement.

Et vos enfants, leur donnez-vous
des conseils ?
J. D. – Avec Vanessa (Paradis,
son ex-compagne, mère de ses
deux enfants, NDLR), nous les avons
élevés avec l’assurance qu’ils pouvaient
venir nous parler, se confier et nous
demander de l’aide pour absolument
tout. Mais, personnellement, je n’aime
pas trop donner de conseils, à moins que
je ne perçoive quelque chose de trouble…
auquel cas j’essaie d’intervenir. Lily Rose
est très futée, elle a toujours fait partie de
ces personnes qui observent avec
finesse et lucidité ce qui l’entoure, qui
travaillent avec application sans mot
dire. Elle est incroyablement belle, intelligente, attentive
aux autres. C’est une étoile brillante. Et je suis objectif,
évidemment ! Mes deux enfants font ma fierté.
M. – Les miens sont à un âge où ils ne veulent
plus recevoir de conseils. Ils veulent prouver
qu’ils peuvent faire les choses par eux-mêmes.
J’espère qu’il y aura un second souffle où ils réécouteront
leurs parents… Mais d’ici là, ma seule mission est
donc juste de les aimer.
Quand on pense au sort de Jeanne, on se dit
que, malgré son amour pour elle, le roi l’abandonne
à son sort…
M. – Le moment où elle se retrouve face à son état
civil… Comme pendant le confinement, quand les
êtres humains se sont retrouvés face à leur état civil :
si on est célibataire, on est seul comme un chien.
Justement, Quelle a été la leçon du confinement ?
M. – À part une tonne de souffrance, pas grand-chose.
J’étais très seule, mes enfants étaient chacun de leur côté…
Mais au-delà, la grande leçon, c’est que je fais un métier
extrêmement fragile. Du jour au lendemain, je ne gagnais
plus rien, mon film (ADN, NDLR) est resté en salle
deux jours… Les théâtres et les cinémas étaient fermés,
malgré le sérieux sur les mesures sanitaires. Je ressentais
Photo Stéphanie Branchu-Whynot Productions
un grand mépris pour les artistes. Depuis, je fais
très attention aux sous que j’ai de côté et je ne verrai
plus jamais mon métier de la même façon.
J. D. – Quelle étrange période… L’humanité entière
était plongée dans la peur, ce qui me faisait sentir très
coupable parce que j’avais ce grand luxe de pouvoir vivre
dans ma maison dans le sud de la France et de me balader
aux alentours. Mais plus je culpabilisais, plus je travaillais.
J’ai peint des dizaines de tableaux, j’ai passé du temps
sur le livre que j’écris depuis sept ans, et j’ai enregistré
un album (avec Jeff Beck, NDLR). La musique est vraiment
le point fixe de ma vie. J’ai acheté ma première guitare
Madamenews
Johnny Depp et Maïwenn
dans Jeanne du Barry.
à 12 ans – un truc cheap, pour quelques dollars –, j’ai appris
à en jouer seul, et je n’ai jamais arrêté. À côté de mes
enfants, c’est mon grand et premier amour, pour toujours.
Johhny, Pour chacun de vos personnages, vous
dressez une playlist qui vous accompagne pendant
le tournage. Quelle est la bande-son du roi de France ?
J. D. – Ah ! Il fallait un son pour des circonstances
en grande pompe : ça allait de l’Air sur la corde de sol,
de Jean-Sébastien Bach, à Ace of Spades, de Motörhead !
Quelle est votre idée d’un jour parfait ?
J. D. – Pour moi, c’est simple : mes enfants réunis
autour de moi, avec Vanessa et la famille. Oui voilà,
les enfants et la famille, c’est tout.
M. – Quand tout ce que j’aime se rassemble
en une seule journée. Mon amoureux, un échange
avec mes enfants, une bonne grosse dose de cinéma
ou de littérature, une pincée d’actu… C’est la journée
où j’ai réussi à tout concilier. Avec un peu de danse,
aussi ! J’adore faire de la barre au sol. Face à une glace,
on regarde son corps, on se concentre sur l’exercice,
et on se met à penser un peu différemment.
Arrivez-vous à vous regarder avec bienveillance
seule face à un miroir ?
M. – Je pense qu’on est beaucoup plus à l’aise
devant un miroir lorsque l’on sent sur soi un autre regard
aimant, doux, bienveillant. Même si, personnellement,
j’ai toujours cherché à ne pas être dépendante du
regard d’un homme. Pour moi, le bonheur, c’est
d’être et de se sentir émotionnellement indépendante –
financièrement aussi, bien sûr. Le vrai bonheur,
c’est de ne pas être accro. Ni à ses enfants, ni à son
amoureux ou amoureuse, ni à son travail, même pas
à la clope ou au café…Une vraie indépendance d’esprit,
c’est ça le bonheur !
Et vous, Johnny, qu’est-ce qui vous rend heureux ?
J. D. – Well ! Me réveiller et respirer ! ●
●97
 .
Madamemag

Ciné
Bédé
De l’art de la
séquence à la poésie,
film et bande
dessinée partagent
rama
des affinités
créatives. En écho
au Festival de Cannes,
nous avons demandé
à des dessinatrices
et dessinateurs
d’imaginer une
Page-hommage
au cinéma.

Les Olympiades
par Adrian Tomine
Cet immense auteur américain, habitué
des couvertures du New Yorker et typique
de la génération des dessinateurs qui ont éclos
dans les années 1990, offre ici un dessin inédit :
l’affiche américaine du film Les Olympiades,
de Jacques Audiard, œuvre française inspirée
par ses propres bandes dessinées !
Dernier ouvrage paru : « La Solitude du marathonien
de la bande dessinée », Éd. Cornélius, 166 p., 24,50 €.

98● par Joseph Ghosn

Illustrations Adrian Tomine et Louison Madamemag

La la land par Louison

Les images dansent, passent de l’écran à la page : Louison a choisi l’une des scènes mythiques
d’un des films les plus vus de ces dernières années – La La Land, de Damien Chazelle – et en a extrait
les détails signifiants, qui restent en mémoire longtemps après. « J’aime ce film parce que c’est
une histoire d’amour qui ne finit pas bien… et j’aime bien quand le cinéma noue un peu le ventre ! »
Dernier ouvrage paru : « Marilyn, dernières séances – d’après le livre de Michel Schneider », Éd. Futuropolis, 224 p., 26 €.

●99
Madamemag

Melancholia
par Florence Dupré La Tour
Ses livres, à la fois autobiographiques et teintés de fantastique, sont
des précis d’humour et de poésie. Pour ce portfolio, elle s’est penchée
sur un film de Lars von Trier, qui a longtemps été un habitué du Festival
de Cannes, Melancholia, avec Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg.
Dernier ouvrage paru : « Jumelle. Tome I – Inséparables », Éd. Dargaud, 176 p., 20,50 €.

100●
 Madamemag
Illustrations Florence Dupré la Tour etCharles Berberian

La Cité de la Peur par Charles Berberian

Nous avons parfois surpris cet amateur éclairé de cinéma en train de dessiner
ses livres tout en ayant un film en route… mais uniquement en audio. Comme si
le son importait autant que l’image au moment où il crée. Pour cette page, il a choisi
de raconter La Cité de la peur, un film dont le Festival de Cannes se souvient et qui avait
été mis en scène par son frère, Alain Berberian, réalisateur proche des Nuls, disparu
en 2017, et dont il restitue ici l’esprit, à la façon d’une réminiscence lumineuse.
Dernier ouvrage paru : « Les Amants de Shamhat », Éd. Futuropolis et Louvre , 128 p., 20 €.

●101
Madamemag

Illustrations Charles Burns et Sammy Harkham

Vincent Price par Charles Burns

Charles Burns est sans doute le plus grand auteur vivant de bande dessinée : celui qui relie
l’héritage d’Hergé à toutes les innovations graphiques des trente dernières années.
Sa fascination pour les tourments de l’adolescence se retrouve dans sa nouvelle série, Dédales.
Nous en publions ici en exclusivité une planche, dans laquelle Burns explore les films de genre en
dessinant une scène avec un acteur mythique des années 1950-1960 : le troublant Vincent Price.
« Dédales. Tome 3 », Éd. Cornélius. À paraître en octobre.

102●
 Madamemag

La pianiste par Sammy Harkham

L’auteur américain a choisi de dessiner un portrait inspiré de La Pianiste, de Michael Haneke, avec Isabelle
Huppert. « Je pense beaucoup à ce film parce qu’il ne reste jamais dans un état fixe. Le personnage d’Huppert
– comme celui de John Wayne dans La Prisonnière du désert ou de De Niro dans Taxi Driver – oblige le spectateur à essayer
de le comprendre, de sympathiser avec lui, même s’il y a toujours quelque chose d’inconnu. C’est un film sur
le contrôle de la douleur de vivre à travers le contrôle de soi-même, et plus particulièrement de son corps. Quand
elle s’inflige de la douleur, c’est à la fois un acte de désir émotionnel suprême et une belle résistance au rejet. »
Dernier ouvrage paru : « Blood of the Virgin », Éd. Cornélius, 314 p., 35,50 €.

●103
Madamemag

Illustrations Nine Antico et Romane Granger

Lauren Bacall par Nine Antico

Ce n’est pas un film mais une star que Nine Antico – qui a dessiné beaucoup
de femmes inspirantes dans plusieurs domaines, de la musique au cinéma – a choisi
de raconter. Elle le fait à travers une anecdote personnelle et laisse deviner
la grande actrice hollywoodienne. Sa façon de la dessiner par bribes est typique
de la force de la BD : elle convoque l’imagination, elle vivifie la mémoire.
Dernier ouvrage paru : « Madones et Putains », Éd. Dupuis, 144 p., 23,50 €.

104●
 Madamemag

Dark City par Romane Granger

Travaillant dans l’entourage du dessinateur Ugo Bienvenu, la jeune Romane Granger vient de
publier un premier roman graphique au succès déjà notable. Dans un univers de science-fiction proche
de nous, elle explore les élucubrations fantaisistes d’une secte. Ici, elle jette son regard sur le film
archiculte Dark City, d’Alex Proyas, qui explore les pertes de mémoire d’un personnage aux multiples
facettes et à l’étrangeté inquiétante. Ce que sa planche rend particulièrement bien ! Talent à suivre.
Dernier ouvrage paru : « Bettica Batenica », Éd. Réalistes, 256 p., 15 €.

●105
Madamemag

Vieillir
Et si le désir de rester
en couple, quoi qu’il
arrive, était l’ultime
transgression ? Mais
peut-on s’aimer toute
une vie ? Et comment
fait-on ? Témoignages
et éclairages d’experts
pour tracer la voie
d’une nouvelle sagesse
amoureuse.

d’amour Ils sont… une excentricité

statistique, une curiosité sociologique :
un couple qui dure depuis soixante ans. Alice et Jules
valises, Jules l’a retenue. Il porte la même veste en daim
qu’elle ne supporte plus, raconte dans les dîners
les mêmes anecdotes qu’elle n’écoute plus. Mais elle
photo Martin Parr/Magnum Photos

se sont beaucoup aimés et beaucoup disputés. À sa
soirée d’anniversaire, Jules, 75 ans, enlace Alice, 72 ans,
au rythme de L’Été indien. Le slow de Joe Dassin résonne
dans leur loft de Montmartre : « Et l’on s’aimera encore
lorsque l’amour sera mort. » Jules dédie son discours
à la femme de sa vie : « Tu es tout pour moi. Je te découvre
chaque jour, à travers ce que nous sommes devenus
ensemble. » Leur mariage a résisté aux petites manies
et aux grandes trahisons. Le jour où Alice a fait ses
conserve, comme un talisman, la lettre qu’il lui a écrite
le jour de leur coup de foudre : « Mademoiselle, vous êtes
partie précipitamment sans laisser de trace, j’ai oublié
une chose importante. Nous allons passer les soixante
prochaines années ensemble. » Dans ce courrier,
Jules lui prédit « des épreuves, avec des hauts et des
bas, les engagements pris et défaits, les vicissitudes
de l’existence ». Mais il jure : « Nous finirons cette vie
l’un avec l’autre, dans une maison au bord de la mer. »

106● Par Marie Huret


lien sacrÉ
Cette promesse d’amour inaltérable, l’écrivaine
Éliette Abécassis a mis plusieurs mois à l’esquisser,
l’effacer, la peaufiner : « Il fallait que l’on comprenne
le lien sacré unissant Jules et Alice », confie la romancière,
installée dans un café du XVIe arrondissement parisien,
près de chez elle. Alice, la journaliste, et Jules, l’architecte,
n’existent pas réellement : ils sont la symbiose de
ces couples « très âgés » qu’a rencontrés Éliette Abécassis
pour nourrir son nouveau roman, Un couple (Éditions
Grasset). Après avoir ausculté la déflagration du
baby-blues (Un heureux événement, au Livre de Poche)
Madamemag
ou du divorce (Une affaire conjugale, Éditions Albin Michel),
cette exploratrice des fracas intimes sonde la vaillance
d’un mariage « envers et contre tout » : routine, enfants,
jalousie, vieillesse… « Il y a quelque chose de très touchant
et de très solide dans cet amour qui transcende le temps
et qui se réinvente, souligne-t-elle. Je suis une femme
divorcée, mes parents sont ensemble depuis soixante ans,
et c’est en les voyant se tenir la main que j’ai eu envie
de comprendre : comment réussit-on à se supporter
et à ne pas se fuir au bout de tant d’années ? Le vrai amour
éclot-il lorsque le désir s’efface ? Le cinéma filme la passion
ou la séparation, mais presque jamais la longévité…
●107
Madamemag
Comme si ce n’était pas spectaculaire. Et si c’était
la plus grande aventure des temps modernes ? », interroge
la romancière. Vieillir ensemble pourrait-il, alors, être
la nouvelle transgression à une époque où le pic des divorces
survient après six ans de vie commune ? Longtemps
ringardisé comme un carcan, le « vieux couple » fait
des émules. On loue les bienfaits d’un rendez-vous éternel :
« Qu’est-ce que tu fais les cent prochaines années ?
Je te verrais bien », chante Albin de la Simone, évoquant
le cheveu devenu « farine » et le temps qui passe comme
« une patine », « un ornement ». Il arrive qu’on partage
le secret d’une union qui épanouit depuis vingt-sept ans :
« Un long mariage doit mourir plusieurs fois pour durer »,
confie ainsi l’actrice Emma Thompson au Journal du Dimanche
(mars 2023). Le Goncourt Nicolas Mathieu célèbre, lui,
ces « insulaires » de la conjugalité bravant « le quotidien,
ce bulldozer » (comprenez « le réveil, les tartines,
gueuler dans l’escalier : “Tu crois que tu peux aller à l’école
sans chaussettes ?” »). L’écrivain, qui adore nourrir
la conversation sur
Instagram, écrit, le jour
de la Saint-Valentin :
“chacun pressent bien
que l’individualisme
« On ignore que c’est là
que débute vraiment
équivaut souvent
l’amour, le vrai, celui qui
ne la ramène pas et devient
cette terrible épreuve
du bonheur malgré tout. »
Selon le philosophe
à la solitude”
Pierre-Henri Tavoillot, philosophe
Pierre-Henri Tavoillot,
maître de conférences
à la Sorbonne, cette ode à l’amour durable reprend
de la vigueur car elle traverse une société contemporaine
individualiste et consumériste : « Platon s’interrogeait
sur la possibilité de faire durer l’amour. Aujourd’hui,
ce qui donne de l’acuité à ce mystère, c’est que chacun
pressent bien que l’individualisme équivaut souvent
à la solitude, le consumérisme au désespoir. L’amour
durable devient une planche de salut dans ce monde
désenchanté. Il réunit trois grandes idées : l’eros
(je te désire), la philia (je suis joyeux que tu existes) et l’agapè
(je t’aime inconditionnellement en dépit de tes défauts).
Vieillir ensemble, c’est grandir ensemble. Dans les Rêveries
du promeneur solitaire, Rousseau défend l’idée qu’on ne grandit
qu’en faisant grandir les autres. » À 38 ans, Marion*
sait déjà qu’elle veut vieillir avec le père de ses filles.
Cette Parisienne, qui occupe un gros poste dans l’édition,
adore « parler d’amour avec les vieux couples. Je connais
les histoires amoureuses de ma mère, de ma belle-mère
et de ma grand-mère, qui m’ont beaucoup inspirée ».
Voilà dix ans qu’elle vit avec Olivier, avocat quinquagénaire :
« Je trouve ça beau quand le corps change et se relâche,
beau de faire l’amour avec l’homme qui m’a connue dans
ma jeunesse. » Un roman l’a bouleversée : Les Vaisseaux
du cœur, de Benoîte Groult, soit le récit d’une passion de
108●
trente ans entre deux êtres que tout sépare. Une autre
découverte a renforcé son envie d’amour pérenne :
« J’ai trouvé passionnante une étude qui interrogeait
plusieurs milliers d’Américains de 90 ans sur le bilan de leur
vie : jamais ils ne citaient leur carrière, mais les moments
les plus heureux, les plus importants, ça avait été l’amour. »
après la tempÊte
L’été dernier, Marion et Olivier ont failli se séparer :
il venait de quitter son job, fuyait sa dépression en
voyageant, elle cherchait « la joie et l’équilibre » en sortant
avec ses amis. Olivier a commencé une psychanalyse,
relancé sa carrière, la tempête est passée. « On s’est
vraiment retrouvés et cette crise nous a rendus plus forts,
se réjouit-elle. Beaucoup de couples autour de nous
explosent et se mettent la pression sur l’infidélité. J’en ai
parlé avec Olivier, si ça arrive – et ça arrivera peut-être –,
je ne raconterai rien à mon mec et lui ne me racontera rien. »
Le soir où Perrine et Jason se sont embrassés pour
la première fois, un peu
éméchés, leur ami commun
a dit : « C’est le truc le plus
improbable que j’ai jamais
vu ! » « Nous n’étions
visiblement pas prédestinés
à rester ensemble », sourit
cette créatrice de contenu
de 34 ans. Neuf ans plus tard,
Perrine et Jason sont
les parents attentifs de
deux fillettes de 2 et 4 ans.
« Elles sont devenues notre priorité au détriment de notre
couple, alors on s’accroche, on se dit que c’est une phase.
Mes parents sont ensemble depuis plus de quarante ans,
ceux de mon compagnon aussi, confie-t-elle. Les réseaux
sociaux véhiculent une injonction de perfection : il faut être
la mère parfaite, donner une éducation parfaite à des enfants
parfaits, avoir un job qui a du sens, un couple hyperépanoui
et une vie sexuelle géniale. En réalité, il y a des hauts et
des bas, beaucoup de rires et aussi des prises de tête où l’on
ne se comprend pas. Nous avons commencé une thérapie.
Mais une chose n’a pas changé, je me vois vieillir à ses
côtés. » Aujourd’hui, on peut vouloir recomposer son
bonheur ailleurs, ou au contraire, avoir envie de franchir les
décennies avec la même personne. Est-ce une décision que
l’on prend dès le début ? « On en a parlé alors qu’on n’était
pas encore mariés », confie Soazig Castelnérac, bientôt
40 ans, ancienne juriste, qui a épousé Arnaud, médecin
militaire partant de longs mois en mission. « Je nous revois
sur un quai de gare, Arnaud me prévenant que les médecins
dans l’armée et les sous-mariniers cumulent le plus
de divorces. Nous avions conscience du défi. Dix-neuf ans
après, nous ne sommes pas divorcés ! » Tout n’a pas été
rose, entre leurs carrières à concilier et leurs quatre enfants
à élever : « L’équilibre est mis à mal, faire grandir sa relation

en même temps que la famille qu’on construit, nécessite
beaucoup de communication et de réajustement. »
Un exemple ? Fou de kitesurf, Arnaud plantait sa petite
famille dès que ça soufflait. Aujourd’hui, il regarde
les prévisions : « Mardi, ça va souffler ! » « On se consulte
et on s’organise », poursuit l’auteure qui s’est inspirée
de son expérience pour publier deux manuels ludiques
– Viens, on s’aime (Éditions Albin Michel) et Les 5 Clés de l’amour
durable (Éditions Eyrolles). L’objectif de sa méthode Save
your love date : aider les couples à communiquer pour
durer. Soazig ne prétend pas être une psy, mais plutôt
une bonne copine qui donne ses recettes : « On pense
que le couple peut tout supporter, le manque de temps,
d’attention, alors qu’il a besoin que nous prenions soin
de lui. Je crois au couple durable si on fait tout pour lui,
comme on ferait tout pour son enfant. Et si on y n’arrive
pas, on se fait aider, il y a de très bons professeurs ! »
Aux conjoints accaparés par le travail, les rendez-vous
chez l’orthodontiste ou les disputes, le psychiatre Gérard
Ribes pose cette question originelle : « Qu’est-ce qui fait
que vous l’avez choisi lui ou elle ? » « En thérapie, on essaie
de récréer le mythe fondateur de leur rencontre », explique
le spécialiste, qui a publié Je, tu, nous… le couple, le sexe et l’amour
(Éditions In Press). « Les couples deviennent souvent
progressivement des partenaires gérant un fonds commun,
dont les enfants font partie. J’utilise une astuce qui marche
bien : d’ici notre prochain rendez-vous, essayez de vous
surprendre. » Parmi les cataclysmes connus : l’arrivée
d’un enfant, le nid qui se vide, la retraite… « à la soixantaine,
beaucoup me disent : “Nous avons décidé de rester
ensemble, mais nous voulons tout changer.” Entre 30 et
40 ans, c’est plutôt “nous voulons retrouver la passion”,
souligne la psychothérapeute Anne-Marie Wolsfelt,
fondatrice de l’association À nous deux, le couple. Je leur
propose plus intéressant : faire le deuil de la passion
et passer à l’action. Changer la façon dont ils fonctionnent,
à condition d’y trouver du plaisir. » Les couples qui
vieillissent ensemble se retrouvent avec plus de tendresse
et de sensualité. « Je ne t’aime plus à la folie, mais je suis
tellement bien avec toi », c’est un port d’attache sécurisant.
norme cocon
Et c’est un phare rassurant, aujourd’hui, pour les plus
jeunes. Dans son enquête passionnante – Les Choses sérieuses
(Éditions du Seuil), Isabelle Clair, sociologue au CNRS,
montre que les 15-20 ans « se raccrochent à la norme
du couple. “Se poser à deux”, comme disent les adolescents,
leur permet d’acquérir un statut sexuel au-dessus
de tout soupçon : on se montre en couple sur Instagram,
on officialise devant la famille, souligne-t-elle. La norme
conjugale est la plus convenable, la plus convoitée.
On se fait des promesses de durée et d’exclusivité
qui motivent l’engagement ». Depuis un an et demi,
Julie, 18 ans, étudiante en droit, est « en couple » avec
Adrien, en BTS. « Avant de le rencontrer, j’ai papillonné,
Madamemag
mais je n’en ai tiré aucun bénéfice : tu te retrouves livrée
à toi-même, dit-elle. Les études mettent beaucoup
de pression, avoir un compagnon sur une longue durée,
c’est un réconfort. On s’est promis d’être fidèles, on ne va
pas à droite à gauche, question de confiance. » Comme
Alice et Jules, les héros d’Éliette Abécassis, le jeune couple
a sa chanson. Pas L’été Indien, mais TPA (Tout peut arriver) :
« Rien ne serait pareil sans toi, pourquoi t’as peur que
je t’oublie ? […] Les minutes qu’on va passer ensemble
s’écouleront vite tant que tu m’aimes », lance le rappeur
belge Roméo Elvis, 30 ans. ●
* Certains prénoms ont été modifiés.
Les ados rêvent du
couple durable…
Pour décrypter les premières
amours adolescentes, la sociologue
Isabelle Clair *, directrice de recherche au CNRS, a mené,
durant vingt ans, une enquête dans les banlieues,
les milieux ruraux et les quartiers bourgeois parisiens.
Les jeunes croient-ils à l’amour durable ?
Aujourd’hui, les relations sont multiples à
l’adolescence et rares sont celles qui durent jusqu’à l’âge
adulte. Mais être à deux reste la norme la plus convenable,
la plus désirable. S’entendre dire, en cinquième,
que l’on est « la femme de [sa] vie » n’est pas crédible,
pourtant, on y croit. On idéalise l’installation conjugale,
on rêve d’une « petite vie avec une grande maison ».
Des collégiens « en couple » font des projets concrets,
convenables, en total décalage avec leur manque
d’indépendance ou l’incertitude concernant leur avenir.
« Se poser », c’est leur mantra…
Les ados utilisent en effet beaucoup cette expression.
Un couple qui dure, c’est une arme pour défendre sa
réputation, un statut social qui permet de passer pour des
filles « bien » et pour de « vrais » garçons. Ils se lancent
dans la stabilité, expérimentent l’ennui, font des efforts
au quotidien pour entretenir le lien.
Et s’ils ne vieillissent pas ensemble ?
« J’ai trop peur que ça casse », « J’ai peur que ça
finisse »… Ils ont tout le temps peur que ça s’arrête !
Beaucoup ont été marqués par la séparation des parents.
La caractéristique du couple adolescent est sa précarité.
C’est le lien affectif le plus fragile, puisqu’il repose
uniquement sur le désir sexuel et le sentiment amoureux.
Quand la rupture arrive, le monde s’ouvre de nouveau.
L’expérimentation sexuelle, sentimentale, se renouvelle
d’autant plus qu’à cet âge-là, l’avenir dure longtemps.
Ce qui a miné la relation – la déception, l’ennui… –
peut s’évanouir au prix d’une discussion ou d’un SMS.
*« Les Choses sérieuses. Enquête sur les amours adolescentes »,
Éditions du Seuil, 400 p., 21,50 €.
●109
Madamemag
l’IA dans tous
ses états
Attisant les peurs et les
fantasmes, l’intelligence
artificielle est au
cœur des débats du moment.
cinq experts nous éclairent
sur ses applications au présent.
Et les futurs possibles.
En ouvrant l’accès de
l’intelligence artificielle au grand public,
ChatGPT, développé par l’Américain OpenAI, a fait le buzz.
On découvre alors un système écrivant un texte fouillé sur un sujet
donné, reçu au concours de médecine ou du barreau des avocats,
pendant que ses cousines génératrices d’images (Midjourney,
Dall-E) font les yeux doux aux créatifs avec de fausses images
(deepfake) plus vraies que nature. De quoi faire bouillir la marmite
des peurs : perte de nos emplois, angoisse du remplacement
de l’homme par la machine, ou détournement à des fins
diaboliques. Si la révolution est bien réelle, les fantasmes vont
bon train. En réalité, l’intelligence artificielle (IA) est entrée
dans nos vies depuis longtemps, dès la fin des années 1950.
Et elle se développe en muant au fil des avancées technologiques.
Depuis 2021, le groupe LVMH s’est ainsi associé à Google Cloud
pour introduire de l’IA, afin d’adapter les stocks, de personnaliser
la relation au client. Une IA Factory a été créée au sein du groupe
pour former les collaborateurs. « Après l’engouement des mondes
virtuels et des NFT, les générateurs d’images ont remis la mode
digitale sur le devant de la scène. L’IA révolutionne l’analyse des
prévisions de vente avec de vraies économies à la clé », confirme
Yann Rivoallan, président de la Fédération du prêt-à-porter
féminin. Mais le commerce n’est pas le seul secteur concerné.
L’actuelle discussion au niveau européen de l’IA Act, projet
de règlement encadrant l’usage et la commercialisation de l’IA,
110● par Céline Cabourg
rappelle aussi la guerre géopolitique et
l’offensive américaine qui se jouent derrière
la manipulation de ces outils. En médecine,
dans l’éducation, dans la prévention des risques
climatiques, en droit : les champs d’application
sont multiples. Revue de quatre domaines où
l’IA modifie les pratiques et la pensée, décryptés
par des experts en la matière.
ÉTHIQUE :
“L’illusion d’intelligence”
Depuis trente ans, Laurence Devillers,
professeure d’informatique appliquée aux
sciences sociales, s’intéresse aux questions
éthiques soulevées par la révolution numérique.
En revenant au fonctionnement même
de l’outil, elle en précise les potentialités, loin
des fantasmes : « L’originalité de ChatGPT est
qu’il a été mis entre toutes les mains. Mais plutôt
que d’agiter à travers lui la menace de nos
emplois, il serait préférable d’apprendre
à l’utiliser au mieux. Nous projetons de manière
anthropomorphique des capacités sur cet outil
en créant une illusion d’intelligence. Il faut
photos Discord/IA (images générées par Midjourney)
déconstruire cela : il se cantonne à l’imitation
au moyen d’algorithmes, en étant dépourvu
d’intention. C’est, en fait, une encyclopédie
numérique dont la puissance est de calculer.
Il faut redire que ces systèmes doivent être
vérifiés et contrôlés par des humains. Ce sont
des outils sociaux techniques. Il est nécessaire
de savoir s’en servir au mieux. L’IA devrait être
enseignée sous forme d’ateliers ludiques aux
enfants. Il nous faut apprendre à les utiliser,
mais également à les concevoir en Europe, car
derrière leur développement se joue une guerre
géopolitique : toutes ces IA sont américaines. »
 Madamemag

Emmanuel Macron,
Donald Trump,
Angela Merkel
ou Barack Obama…
Nul n’est à l’abri de
ces fausses images
qui inondent Internet
et les réseaux sociaux
depuis quelques mois.
Conçues à partir
de requêtes formulées
par des êtres humains,
elles sont générées
par des programmes
d’IA, tel Midjourney.

●111
Madamemag

systématiquement vrai. Il existe

certains clichés où l’IA sera moins
bonne que les spécialistes. Elle
peut donc être un compagnon du
médecin, mais qui ne doit pas se
substituer à lui. Ce qu’il faut, c’est
travailler les synergies homme-
machine. » L’aide à la décision
s’appuie sur l’ensemble des
données du patient, conservées
dans son dossier patient
Vladimir Poutine devenu SDF, Joe Biden informatisé (DPI). L’IA peut
en danseur fringant : avec l’IA,
débusquer les interactions
chacun peut désormais se livrer
à la manipulation d’images, du cliché médicamenteuses et aider à
humoristique à la désinformation pure. établir la bonne prescription. « En France, tous
ces dispositifs se mettent en place. Les DPI sont
Les questions éthiques apparaissent car la machine enchaîne déployés à l’hôpital ainsi qu’en médecine de
les mots comme le fait un humain, mais sans que l’on sache ville. Il faut inciter les patients et les médecins
qui sont les auteurs, qu’elle en est la source. « Avec ChatGPT, à monter dans ce train du futur. »
on est dans les mots, les connaissances, sauf qu’on a perdu
les références. Ne sachant pas qui parle, on est davantage exposé CLIMAT :
au plagiat, aux fake news. Il faut désormais coconstruire “Prédire les besoins”
les choses pour que les acteurs de ces IA soient redevables : En continuant à vivre comme nous vivons,
les développeurs, les déployeurs et les utilisateurs. La future loi quel sera l’impact climatique demain ? En plus
sur l’IA va permettre d’encadrer les choses, en nous protégeant d’affiner les prévisions climatiques à court terme,
non pas de l’innovation, mais de la manipulation. » l’IA permet de modéliser les conséquences

MÉDECINE : “Les synergies de nos modes de vie actuels. En entrant un grand

homme-machine”
Ce n’est pas demain que vous serez soignés par un robot.
Et quel que soit l’acte pratiqué, seul le médecin demeure responsable
devant la loi. Néanmoins, c’est dans le domaine médical que
les applications de l’IA sont les plus concrètes. « Dans le cadre
du diagnostic, l’IA peut aider à évaluer le risque de développer
certaines pathologies, précise Brigitte Seroussi, ingénieure
et médecin, professeure d’information médicale à Sorbonne
Université et directrice de projets à la Délégation ministérielle
au numérique en santé. S’agissant des femmes, par exemple,
l’IA permet d’estimer le risque du cancer du sein (qui touche
aujourd’hui une femme sur huit) et de personnaliser le suivi.
Le système calcule ce risque à cinq ou dix ans, sous forme
d’un pourcentage qui, s’il est élevé par rapport à celui de femmes
nombre de données sur les températures,
l’humidité, la densité de l’eau, l’IA les analyse
non seulement plus rapidement, mais en temps
réel. Cela permet de gagner en flexibilité dans le
traitement des informations et de faire travailler
ensemble des acteurs de la communauté
climatique qui, jusque-là, pouvaient rester
en silos. Certains informaticiens qui pensaient
pouvoir tout résoudre grâce à leurs machines
se voient rappeler les données écologiques
fondamentales. La Canadienne Sasha Luccioni,
chercheuse chez HugginFace et cofondatrice
de Climate Change ai, est la spécialiste de ces
sujets de modélisation climatique. Après une
licence en sciences du langage et un master
photos Discord/IA (images générées par Midjourney)

comparables issues de la population générale, peut conduire
le praticien à prescrire des examens plus fréquents. Ainsi,
l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, dispose de consultations
d’évaluation du risque de cancer du sein. » Avec le développement
de l’IA dite numérique, qui utilise des algorithmes entraînés sur
des données massives, les applications se sont développées dans
l’imagerie et en dermatologie afin d’aider à la détection de lésions
suspectes. Tous les fabricants de machines d’imagerie ont depuis
longtemps intégré cette technologie. « La précision de l’analyse par
l’IA à la maille du pixel sur un cliché est souvent plus fine que celle
de l’œil du radiologue. L’IA est même capable d’entourer la ou
les zone(s) suspecte(s). Pourtant, si en moyenne l’IA en radiologie
est plus performante que les experts radiologues, ce n’est pas
à l’École normale supérieure (ENS) en sciences
cognitives, elle apprend la programmation au
cours d’un stage dans une société spécialisée
en traitement automatique des langues.
Lors de son postdoctorat, qu’elle effectue avec
le prix Turing Yoshua Bengio, elle élabore un
outil de visualisation des impacts climatiques.
L’idée : on entre une adresse et on visualise
l’avant-après. L’an dernier, une de ses
publications sur le potentiel de l’IA a fait date.
Elle y expliquait en quoi cette dernière
offre la possibilité de suivre au plus près les
changements climatiques : « Cela permet

112●

de prédire les besoins plus ou moins grands en électricité, d’ajuster
notre consommation d’énergies renouvelables, en planifiant,
par exemple, d’en emmagasiner pendant les heures ensoleillées,
tout en prévoyant d’autres sources pendant les périodes creuses.
De modéliser le transport dans les villes, de quantifier la biomasse
des forêts en mettant en place un monitoring des nouvelles
plantations, d’optimiser les productions de ciment, de batteries,
de détecter les feux de forêt ou les inondations. » Il est ainsi possible
d’évaluer les avantages et inconvénients d’une mesure législative.
Sasha Luccioni prend l’exemple de la décision du Canada de
stopper la vente de voitures à essence en 2035. « Cela va avoir
un impact que permet de préciser l’IA sur la demande de batteries
électriques, en dégageant toutes les conséquences de cette
nouvelle orientation. » La chercheuse œuvre, par ailleurs, pour
une meilleure représentation des femmes au sein de l’association
Women in Machine Learning. « Il y a une vraie crise de diversité
dans ce domaine, seules 11 % de femmes travaillent dans l’IA,
qui est surtout entre les mains d’hommes vivant dans les pays
du Nord. Cela a conduit à des biais fâcheux, des algorithmes
de reconnaissance faciale ne reconnaissant pas les femmes et les
personnes de couleur, ou un algorithme d’Amazon de traitement
des CV qui envoyait systématiquement ceux des femmes à la
poubelle car le système était calé sur la population majoritaire.
L’association essaie d’attirer plus de femmes vers ces métiers
avec des bourses, des services de garde d’enfants au sein
des entreprises et en organisant des conférences visant à mettre
en valeur les contributions féminines dans ce domaine. »
DROIT : “donner un cadre”
Arthur Millerand et Michel Leclerc, associés du cabinet
Parallel Avocats, ont des parcours similaires… et un sixième sens qui
leur a donné raison. Dès 2013, ces deux avocats, qui ont aussi suivi
une formation en sciences politiques à l’IEP Paris, se préoccupent
de l’émergence des plateformes collaboratives (au premier rang
desquelles Airbnb ou Uber), qui introduisent un nouveau rapport
à la propriété. « On s’intéressait à des choses qui n’étaient pas encore
appréhendées par le droit français comme des objets de droit »,
précise Arthur Millerand. En 2017, ils décident de monter le cabinet
Parallel Avocats (parallel.law), spécialisé dans le conseil et la
défense des entreprises innovantes du numérique. En 2018,
un numéro de leur revue, Third (third.digital), porte déjà sur une
question centrale aujourd’hui : « Qui gouverne les algorithmes ? »
Ils conseillent leurs clients – d’importantes entreprises privées –
sur les sujets d’IA, d’algorithmes, d’innovation, en leur apportant le
cadre juridique nécessaire au bon développement de leurs projets.
La question de la transparence des algorithmes les amène à aborder
des points du droit de la consommation, mais aussi des questions
autour de la propriété intellectuelle, du traitement des données
personnelles ou de la modération sur les réseaux sociaux. Dans
un contexte où les règles sont encore en construction, leur mission
inclut également un travail de veille et de décryptage des textes
en discussion, ainsi qu’une part d’anticipation des transformations
à réaliser pour s’y conformer. Et Michel Leclerc d’illustrer son
propos avec un exemple. « Lorsqu’un client crée un service,
et doit répondre à la Cnil (Commission nationale de l’informatique
Madamemag
et des libertés) ou à la DGCCRF (Direction
générale de la concurrence, de la consommation
et de la répression des fraudes), on l’aide à savoir
comment répondre et ou placer le curseur.
Soit la législation est limpide et on la rappelle,
soit il y a une zone floue ou en cours de régulation,
et on aide à bien positionner sa réponse. »
Ce que montrent les avocats, c’est que
l’intelligence artificielle n’a pas attendu ChatGPT
pour s’introduire dans nos vies en soulevant
des questions juridiques : se déplacer, louer
un appartement, utiliser les réseaux sociaux,
entrer ses choix sur Parcoursup ou Affelnet,
conduire sa voiture électrique… « Tous ces sujets
touchant à la réglementation convoquent
conjointement l’ingénieur, le juriste, le politique
et le citoyen, explique Arthur Millerand.
Et c’est en tenant compte de ces quatre figures
incontournables que nous formulons nos
réponses juridiques pour nos clients. ChatGPT
a le mérite de montrer au grand public ce que
fait concrètement une intelligence artificielle.
Notre rôle est de donner un cadre à tout cela,
pour permettre à l’homme de garder une forme
de contrôle. Jusque-là, l’IA était tenue par
des engagements disparates, fixés par les acteurs
privés. Le parlement européen, avec l’IA Act,
a pour ambition de fixer un standard mondial. »
Mais alors, pourquoi une telle médiatisation
de ChatGPT ? Pour Michel Leclerc, « ce qui
frappe le grand public, c’est que cela vient
bousculer des métiers, des méthodes de travail,
cela touche à l’emploi. En simplifiant les
choses, le chatbot fait peur car il fait peser une
menace collective sur certaines professions ».
« Alors qu’au moment de la révolution
industrielle, la machine travaillait main dans la
main avec l’homme, enchérit Arthur Millerand,
l’intelligence artificielle donne l’impression
d’inventer et de créer par elle-même. À nous,
avocats, de savoir jusqu’à quel point on peut
contrôler cette machine. Un des leviers est
de dire que les acteurs utilisant l’IA sont
redevables et doivent être capables de rendre
des comptes. » Michel Leclerc rebondit :
« L’IA représente un changement structurant
et structurel dans nos vies, et c’est maintenant
que cela se joue avec l’IA Act. De ces décisions
prises à l’échelle européenne dépendront
les conséquences, pour nous, de la puissance
de calcul de ces ordinateurs. » On décrit
souvent les algorithmes comme des « boîtes
noires ». Les deux confrères, avec leur
équipe du cabinet, les ouvrent et imposent
certains fonctionnements de principe. ●
●113
Madamemag

Savoir-vivre

Sara Jane Ho, experte

ès bonnes manières,
anime l’émission Mind
Your Manners, sur Netflix.

114●
 Madamemag

Les codes
Comment (bien) se
comporter dans Trois ans après le
confinement, les interrogations sont vives sur
le monde post- Covid la façon d’être soi au milieu des autres, de savoir vivre en
faisant société, quand tout nous a poussés au repli et à la
et post-MeToo ? méfiance. Télétravail ou flex office et écrans omniprésents
Face aux évolutions ont réorganisé le quotidien et, souvent, se retrouver avec

sociétales, les autres devient un jeu complexe dont il faut maîtriser

les règles. Quels sont les nouveaux codes du savoir-vivre
de nouveaux experts, ensemble ? La question passionne les foules, avides d’en

sur Netflix
comprendre les moindres détails, comme en témoigne
le succès international de Mind Your Manners (Surveillez
notamment, vos manières), le show de Sara Jane Ho, nouvelle experte
ès bonnes manières promue par Netflix. Dans son émission,
inventent cette Chinoise de 37 ans prend sous son aile des jeunes
femmes désireuses de devenir « la meilleure version
un autre savoir-être d’elles-mêmes ». Et leur apprend les règles de l’étiquette
avec les autres. à l’européenne, en y ajoutant une touche de modernité :
Sara Jane Ho a étudié à Harvard, travaillé dans la finance
à Manhattan, fait la fête à Brooklyn. Une vie sans frontières
au contact d’une certaine élite, qui lui a sans doute donné
cette capacité à mêler les us et coutumes avec assurance
et espièglerie… Signe des temps : début février, le New York
Magazine consacrait un numéro entier à la meilleure façon
« d’exister poliment dans le monde d’aujourd’hui ». Sur
la couverture, un homme en sueur, pétri d’anxiété, croulait
sous ces questions d’époque : « Que faire si j’ai transmis
le Covid à mon boss ? », « Puis-je envoyer un message
professionnel à un collègue à minuit ? », « Que répondre
à un émoji cœur ? », etc. Et interrogeait : au XXIe siècle,
faut-il encore coller à la norme pour être accepté d’une
société aux visages multiples et aux règles mouvantes ?

ont
photo James Gourley/Netflix

changé
par Pascaline Potdevin
●115
Madamemag
Aimer la compagnie
des gens
Pour Sarah Jane Ho, la réponse est clairement oui.
Cette native de Hongkong, qui a grandi entre la Papouasie-
Nouvelle-Guinée, Taïwan, le Royaume-Uni et les États-
Unis, dispense ses cours de bonnes manières dans toute
la Chine. C’est sa mère, adepte de réceptions, qui lui a appris
très jeune à s’adresser aux adultes en les regardant dans
les yeux et à toujours veiller à remplir la tasse de thé des
invités. Quand celle-ci décède d’un cancer, Sara Jane, 21 ans
à l’époque, abandonne ses études de business à Harvard
pour rentrer dans son pays d’origine. Et dans cette Chine
qui devient une puissance mondiale de premier plan,
elle perçoit un véritable engouement pour les codes du
savoir-vivre occidental. Afin de parfaire sa (déjà) très bonne
éducation, elle décide alors de repartir, à l’Institut Villa
Pierrefeu, à Montreux, en Suisse. « J’y ai beaucoup appris,
reconnaît Sara Jane Ho. Mais l’étiquette, là-bas, pourrait
se résumer à un grand “non” : “Ne faites pas ci, ne faites pas
cela…” Or, pour moi, une bonne éducation doit être originale
et positive, aussi enrichissante pour le corps que pour
l’esprit. » Dans Mind Your Manners, la jeune femme plaisante
avec ses élèves, « twerke » avec eux, les serre dans ses bras.
Et mêle les codes de ses deux cultures : les participants
occidentaux de l’émission y découvrent le feng shui ou le
kung-fu, parfaits pour développer l’estime de soi, l’ancrage,
la présence à l’autre. Son obsession : envisager les bonnes
manières comme un vecteur de développement personnel,
une façon d’être au monde. Une aide précieuse alors que
la lecture de ce dernier devient de plus en plus complexe.
« J’aime la compagnie des gens, assure la coach. Pour moi,
le plus important a toujours été que chacun puisse se sentir
à l’aise, et faire en sorte que les autres se sentent à l’aise. »
trouver sa place
« Les règles de savoir-vivre sont indispensables
parce que, plus que jamais, elles permettent à chacun
de se situer par rapport aux autres, de trouver sa place,
explique Dominique Picard, psychosociologue et auteure
de Politesse, savoir-vivre et relations sociales (Éd. Que sais-je ?).
Elles assurent une fonction sociale, de manière ritualisée
et codifiée. Dans notre culture, on apprend par exemple
à toujours regarder quelqu’un quand il nous parle : si l’on
fixe la pointe de ses chaussures ou un point par-dessus
son épaule, c’est impoli. La reconnaissance de l’autre
et de l’intérêt de ce qu’il dit se fait par cette rencontre des
regards. » Et ces règles ne sont pas figées : « Elles évoluent
en fonction de la société et des nouvelles façons d’entrer
en contact avec l’autre », poursuit la psychosociologue.
D’une certaine façon, elles disent l’époque. Ainsi, on
peut aujourd’hui demander à quelqu’un de répéter
clairement son nom, explique le New York Magazine, c’est
même la façon la plus polie d’accueillir un accent. Mais
lui demander ce qu’il fait dans la vie sera perçu comme
116●
« classiste » et ennuyeux. Le magazine l’affirme aussi :
on peut répondre à ses SMS en réunion, le multitasking étant
valorisé en entreprise. Mais s’esclaffer tout seul derrière
son téléphone, jamais ! – « Ce serait exclure les autres. »
Éteindre sa caméra lors d’une réunion Zoom est également
déconseillé – trop socialement incorrect. Mais attention,
s’exposer dans un décor « aisé », comme un salon avec
dorures et œuvres d’art, va paraître tout autant déplacé…
Bienvenue dans l’ère de la subtilité digitale !
RÉINJECTER
DE LA DÉLICATESSE
« Les e-mails, les SMS nous ont simplifié la vie,
poursuit Sara Jane Ho. Comment regretter les formules
de politesse épistolaire alambiquées auxquelles personne
ne comprenait rien ? Le digital a fluidifié les rapports, mais
le fait d’être sans cesse sur nos écrans nous a rendus très
seuls. » Une distance creusée par la pandémie de Covid-19,
qui nous a laissés démunis, perdus quant à la façon de nous
comporter : « Après avoir été confinés, les gens se sont
sentis isolés, atomisés, ajoute la jeune femme. Or, nous
devons nous souvenir que nous sommes des êtres humains,
avec un besoin vital de nous connecter aux autres. »
Selon la coach, nos interactions ont également été mises à
mal par une société qu’elle estime de plus en plus violente,
davantage régie par la culture du clash que par celle du tact.
« Du harcèlement au travail aux faits divers, en passant
par les réseaux sociaux, la violence est partout, observe
aussi Dominique Picard. Même les hommes politiques
se comportent avec brutalité. Nous ne savons plus comment
prendre soin les uns des autres, nous manquons de
gentillesse, d’empathie, et cela contribue à déchirer
le tissu social. » D’où l’urgence à réinjecter de la délicatesse
dans nos échanges compressés, pour réparer les liens
disjoints, apaiser le feu de l’irrespect, restaurer la confiance.
Et retrouver, enfin, une finesse d’analyse. « L’ascenseur
social est cassé, analyse la psychosociologue. Les chômeurs
diplômés côtoient les autodidactes qui font fortune. On a
perdu un certain nombre de repères. De la même manière
qu’autrefois, on se renseignait sur les débouchés d’un
diplôme, on cherche aujourd’hui à comprendre les codes,
les comportements du milieu dans lequel on veut évoluer. »
Un atout précieux si l’on veut avoir un jeu d’avance, susciter
l’adhésion, percevoir les signaux faibles, lire les sous-titres
invisibles — toutes ces qualités qui font la différence.
S’adapter et positiver
Pour autant, chronométrer mentalement son temps
de parole à table (Sara Jane Ho : « Plus de 20 secondes, vous
êtes ennuyeux. Au-delà de 40, vous êtes officiellement
égocentrique. ») est-il encore pertinent à l’heure où l’on
encourage chacun à être soi-même, quitte à rejeter
la norme ? On peut s’interroger sur le bien-fondé — et le
succès — de la méthode, surtout chez les femmes, qui
constituent la majeure partie des élèves de Mind Your Manners
 Madamemag

et se voient administrer des cours de maintien à l’ancienne,
un livre posé sur la tête, pour apprendre à se tenir droites…
Le seul élève masculin de l’émission, un jeune geek
ultratimide, reçoit, lui, des conseils pour être plus à l’aise
avec de potentielles petites amies. « Traditionnellement,
les règles de savoir-vivre contribuent à marquer
la différence entre les hommes et les femmes, rappelle
Dominique Picard. Les premiers doivent adapter leurs
gestes : tenir une porte, avancer un siège au restaurant…
Quant aux femmes, on attend d’elles qu’elles sachent, par
exemple, parfaitement s’habiller selon les circonstances
et les moments de la journée. Bref, les hommes ont
davantage de devoirs, mais les femmes doivent suivre
des règles plus détaillées. » Celles-ci seraient, selon
la sociologue, « issues d’une époque où l’on considérait
les femmes comme des êtres fragiles. Elles devaient être
protégées par les hommes car elles n’avaient pas de valeur
sociale, ne travaillaient pas. » Les gestes de galanterie
étaient pour eux une façon de donner de l’importance
aux femmes – tout en les maintenant sous leur coupe.
Des « attentions » que les féministes ont balayées dès les
années 1960, en insistant pour partager l’addition ou en
portant des minijupes au bureau comme en soirée. Dans
son émission, Sara Jane Ho peut aider une mère de famille
à retourner sur le marché du travail en optimisant son CV.
Mais elle suggère aussi à des jeunes femmes exubérantes
de marcher lentement et de parler moins fort, le volume de
leur voix pouvant être mal perçu. Et propose un relooking
complet à chacun des candidats, alors que tous les experts
s’insurgent contre les injonctions encore faites aux femmes
quant à leur apparence physique dans le monde du travail.
Les bonnes manières, dernier obstacle au féminisme ?
Sara Jane Ho résout la contradiction en ces termes : « Pour
moi, ces conventions ne sont pas restrictives. Elles sont
plutôt un outil d’empowerment. L’étiquette doit vous aider
à obtenir ce que vous voulez et à savoir comment y
parvenir. » On veut bien la croire. À condition d’en profiter
pour se poser les bonnes questions et d’apprendre à bien
se connaître. L’essentiel restant, au-delà d’un e-mail
correctement tourné, de ne jamais s’excuser d’être soi… ●

“Le cadre nous protège de l’autorité,

voire de l’autoritarisme”
Comment mieux vivre avec les autres et rester soi ? l’avis de
La philosophe Marie Robert, auteure du podcast « Philosophy is Sexy ».
Madame Figaro. – Omniprésence toujours avec les autres. C’est Qu’est-ce qui, dans l’étiquette,
des écrans, révolution MeToo, esprit une question de cohérence : que permet de mieux vivre ensemble ?
start-up… on ne sait plus toujours voulez-vous dans la vie ? Être Je dirige plusieurs écoles
comment se comporter, en entreprise différent, ou faire la différence ? Montessori. Contrairement aux idées
ou en société. Dans ce flou, la règle, Vous dites que la question reçues, tout y est très cadré, et on
bien que contraignante, peut-elle de la règle est au cœur du débat n’a plus besoin d’avoir recours aux
être libératrice ? de société. Pourquoi ? punitions. Bien sûr, cela demande
Marie Robert. – L’intéressant dans Parce qu’on le voit bien avec du temps, une pédagogie. En entreprise,
la règle, c’est justement le cadre. Comme les débats que suscite ces temps-ci il faut réunir les équipes, se mettre
celui de la bicyclette permet aux roues l’éducation positive ou le maintien d’accord, laisser les choses reposer…
de tourner, il nous aide à avancer des trottinettes dans les grandes villes. Mais c’est aussi une façon de prendre
ensemble, en nous mettant d’accord On oppose toujours deux camps, soin des autres, de restaurer une forme
sur les règles du jeu. L’absence de deux valeurs : l’autorité versus de tendresse. Et même si elle peut
règles crée de la confusion, de l’anxiété. le laxisme. Par exemple, puisque paraître un peu artificielle, l’étiquette,
Les usages sanitaires et numériques, personne ne sait bien respecter les en nous protégeant d’une certaine
le vivre ensemble au travail, tout autres sur ces fameuses trottinettes, violence ou des agressions, permet
a été bouleversé ces dernières années. on va choisir de les supprimer… d’instaurer une éthique de conversation.
Je comprends le besoin d’étiquette : Personnellement, j’ai la conviction que D’endiguer le déversement qu’on subit
quand il n’y en a plus, on ne se sent l’étiquette rend possible l’entre-deux, sur les réseaux sociaux, dans la rue,
pas libéré, mais oppressé. la troisième voie. Le cadre, une fois partout où l’on vocifère. Peut-être
N’est-ce pas une limite établi, permet la fluidité, et je dirais une partie de la société a-t-elle
à l’envie d’« être soi » ? même que celui-ci nous protège besoin de révolte. Mais l’autre rêve
Cela dépend ce que l’on a envie de l’autorité, voire de l’autoritarisme. de douceur, de beauté, d’élégance.
de construire. Or, on construit C’est l’opposé du couperet qui tombe. D’une carte de remerciement.

●117
Mode
MadameMODE

Barbie
En écho au film de Greta Gerwig
qui sort cet été et transforme
la poupée en icône moderne,
on plonge dans un univers
couleur bubble gum.

mania
Photos Jean-Daniel Lorieux / réalisation Agnès Poulle
/ modèles Jessie Bloemendaal @ Women Management
et Nacho Penin @ Elite Paris

118●
 Mode

Jessie : Tee-shirt
en coton et jupe
en tulle, MSGM,
culotte Wolford.
Casquette Chamaye.
rollers Impala.

●119
Mode

Jessie : robe
en coton, Léonard.
Lunettes lafond,
sac Hermès, sandales
Roger Vivier, laisse
Ppo Dog au Printemps,
chien La Pelucherie.
Nacho : veste
en coton et chemise
en soie, Ferrari,
pantalon Gabriela
Hearts. Lunettes
Izipizi, mocassins
Pellet. chiens La
Pelucherie, bouée
gifi, combi ID. Buzz,
Volkswagen.

120●
 Mode

Jessie : Corset en
coton, Fendi by Marc
Jacobs, pantalon
en lin, Sézane, boucle
d’oreille Hugo Kreit.
photos Jean-Daniel Lorieux

●121
Mode

Jessie : Cardigan
en mohair, Rose
Carmine, brassière
Etam, bermuda
en soie, DMN. Bijoux
Swarovski, sandales
René Caovilla.
Nacho : Tee-shirt
en coton, Maison
Kitsuné, short en
coton, Sweet Pants.
Livre Miami Beach,
Éditions Assouline.

photos Jean-Daniel Lorieux

122●
 Mode

Jessie : Maillot
de bain et bracelet,
Moschino, short
en denim, Guess.
Lunettes burberry.

●123
Mode

Jessie : Maillot
de bain, Erès,
lunettes Afflelou,
boucles d’oreilles
Isabelle Tolédano,
tongs Havaïanas.
Nacho : Maillot
de bain, Arena.
Casquette
Longchamp,
serviette Versace.

photos Jean-Daniel Lorieux

124●
 Mode

Nacho : Maillot
de bain, Vilebrequin.
Lunettes Mykita,
collier All The Must,
gobelet Guess,
tongs Havaïanas,
serviette
La Serviette.
Jessie : Maillot
de bain et sac,
Longchamp.
Lunettes Afflelou,
boucle d’oreille
Swarovski,
bague Thomas Sabo,
mules Jimmy Choo,
serviette Hermès.

●125
Mode

Jessie : Combinaison
en latex, Avellano.
Lunettes Prada
Eyewear, écouteurs
connectés, Nova,
chaussettes
BleuForêt,
baskets No Name.
Nacho : Top,
pantalon, veste
et baskets, l’ensemble
Haider Ackermann
× Fila. Lunettes
Prada Eyewear.

126●
 Mode

Jessie : Chemise
en popeline de
coton, Roseanna,
salopette en coton,
Paul & Joe. Bagues
Thomas Sabo
(à gauche) et
Carre’y (à droite),
mules Manolo
photos Jean-Daniel Lorieux

Blahnik. Téléphone
GPO Retro
au Printemps.
Nacho : chemise
et caleçon en
coton, Ami.
Tongs Havaïanas.

●127
Mode

Jessie : ensemble
satiné et plumes,
collection capsule,
Mango. sandales
Christian
Louboutin.
Laisse Pop Dog
au Printemps,
chiens La Pelucherie.
Nacho : chemise
en soie, Gant,
pantalon en coton,
Ferrari. Tongs
Havaïanas.

128●
 photos Jean-Daniel Lorieux
Mode

●129
Mode

photos Jean-Daniel Lorieux

Nacho : chemise
en coton et
chanvre, Baziszt,
pantalon en coton,
Uniqlo. Poulain
La Pelucherie.

130●
 Jessie : Veste, top
et short, l’ensemble
Tom Ford. Lunettes
Versace Eyewear.

●131
Mode

Jessie : Robe
Loewe. Boucles
d’oreilles
Swarovski, sandales
Bruno Frisoni.
brosse à cheveux,
La Bonne Brosse.
Vêtements d’enfants,
Monoprix et Kujten,
grande Barbie,
Le Bon Coin, Barbies
Mattel, cubes en
bois, Janod, voitures
et avions, Renault.

132●
 Mode

Jessie : Soutien-
gorge, DnuD. Tissu
Mondial Tissus.
Nacho : Maillot
de bain, Arena.

Coiffure et maquillage
Cyril Lanoir.
Photos réalisées grâce
à l’aimable collaboration
de la Villa Benkemoun
(villabenkemoun.fr)
et de la Maison
Fragonard Hôtel Spa
Le Calendal, à Arles
(lecalendal.com)
photos Jean-Daniel Lorieux

●133
Madamebeauté
Parfums Leurs
premières
Coup de foudre de l’ADOlescence,
un premier parfum
ne s’oublie pas. actrices, comédien,
danseur, ils évoquent pour
nous cette mémoire olfactive.
C’est souvent à l’heure de la
puberté, des premiers émois et des années collège
ou lycée que la question du premier parfum se pose. Il s’agit alors
de choisir une fragrance qui sera l’alliée de l’ado qui se découvre,
de l’adulte en devenir, mais aussi de l’enfant que l’on n’est plus
tout à fait. Et c’est souvent cette enfance qui détermine les senteurs
vers lesquelles on va se tourner. Et là qu’entre en scène la mémoire
olfactive. « Le premier contact que l’on a avec le parfum doit
susciter des émotions, et ces dernières sont d’autant plus fortes
qu’elles correspondent à un souvenir olfactif, à quelque chose
qu’on a rencontré dans l’enfance, explique Muriel Jacquot,
neurosciences development manager au sein de la maison
d’arômes et de parfums Givaudan. La richesse de ce souvenir
est vraiment liée au contexte dans lequel on a croisé cette odeur.
La joie, le plaisir, ou… le contraire. » Marie Salamagne vient de
signer le parfum Nue d’Iris pour La Petite Madeleine – une marque
qui a compris l’importance et la puissance des réminiscences
olfactives, d’où ce nom hommage à Proust. Pour la parfumeuse,
quand on découvre une note, « il y a une espèce d’émoi assez
primaire : on retourne chercher ce qu’on a découvert les
premières fois et qui nous rassure. Quand cela nous transporte
de cette manière, il y a une sorte de coup de foudre sensoriel,
comme en amour, et on ne le contrôle pas. On n’a pas besoin
de l’expliquer. Mais il se passe quelque chose ». Souvenir du riz
au lait de notre grand-mère ou encore sillage d’une personne
qui nous apaise… Toutes ces odeurs qui marquent les souvenirs
134●
amours par Justine Feutry
et les premières fois n’ont rien
d’anodines et influencent notre
sensibilité. Et tout commence
parfois très, très tôt. « Il y a un
impact dès la croissance in utero.
L’alimentation de la mère joue sur
le fœtus et peut déjà entraîner des
préférences. Et comme, sur le plan
neuronal, on est sur le même
système de mémorisation, ces expériences laissent
des traces de façon inconsciente. Elles vont ensuite
interagir avec tout ce qu’on vit après la naissance »,
poursuit la neuroscientifique. Cette dernière
rappelle aussi que les souvenirs olfactifs relèvent
d’une construction particulière au niveau cérébral :
ils ont un tout petit taux de déperdition (5 à 10 %),
contrairement aux autres souvenirs où près
de 50 à 60 % de l’information s’effacerait au fur
et à mesure : « On voit à quel point l’empreinte
laissée par l’odeur est extrêmement forte et reste
vivace par la suite. » C’est pourquoi, lorsqu’on offre
un parfum à un adolescent, la magie n’opère pas
toujours. « La clé de la réaction, c’est l’émotion.
Certains parfums peuvent en susciter des positives
très vives, d’autres, à l’inverse, vont en provoquer
des négatives parce qu’ils peuvent être associés
à des moments de forte charge émotionnelle. »
LES NOUVELLES
MADELEINES
Dans l’imaginaire collectif, la gourmandise
et le sucre s’imposent instinctivement quand
on évoque un parfum d’adolescente. Pour Marie
Salamagne, qui a cocréé Black Opium d’Yves Saint
Laurent et Fame de Paco Rabanne, c’est « parce que

l’ado est dans la recherche du plaisir. Et quand on pense plaisir, on
pense sucre. Mais ce qui me semble incontournable, c’est la joie de
vivre. Une explosion de couleurs qui peut s’exprimer par des notes
de musc, fruitées ou florales… Pas de carcan, de choses sombres,
rien d’austère… » Les rassurer par l’odeur de l’enfance donc,
mais aussi les aider à trouver leur voie, voire à s’intégrer, voilà une
autre des missions du parfum pour ados. « Il peut pousser l’enfant
à avoir plus confiance en lui et aussi le rassurer dans des situations
particulières. Je reste persuadée que c’est un élément sous-estimé
mais fondamental de la relation qu’on a avec les autres »,
renchérit Muriel Jacquot, qui rappelle que l’odeur est aussi un
Photos Jérôme Dominé/ABACA et S. P.
moyen de communication. Elle insiste d’ailleurs sur l’importance
d’éduquer le nez dès le plus jeune âge, et pourquoi pas à l’école.
« L’odorat est quand même le seul sens qu’on ne peut pas bloquer.
Il nous accompagne à tout moment. En éduquant les enfants
à la reconnaissance d’odeurs, on pourrait redonner sa place
à l’olfaction »? souligne la scientifique. De quoi offrir encore
plus d’importance à cette entrée en matière dans l’univers
des fragrances car, comme le note Marie Salamagne : « Le premier
parfum ne sera pas neutre, qu’on l’aime ou qu’on le rejette. » ●
Madamebeauté
Julie Gayet, comédienne
“J’ai mis le même parfum
jusqu’à mon divorce”
Quel a été votre premier parfum ?
L’Eau d’Hadrien, d’Annick
Goutal. Un cadeau que l’on m’avait
fait vers 14-15 ans et qui reste
ancré comme l’odeur de l’enfance.
Ensuite, ma mère m’avait emmenée
dans la boutique de Jean Laporte,
le fondateur de l’Artisan Parfumeur,
et j’ai eu un vrai coup de cœur
pour Mûre et Musc. À tel point que
je l’ai porté pendant de nombreuses
années… jusqu’à mon divorce, à 33 ans.
D’autres références ont marqué
votre adolescence ?
Il y a évidemment le Shalimar, de Guerlain,
que portait ma grand-mère et qui m’émeut
chaque fois que je le sens. Et au collège, c’était
la grande mode de l’Eau Dynamisante, de Clarins,
alors j’aime bien quand je la retrouve dans certains
hôtels car elle me rappelle cette époque. Il y avait
aussi des fragrances très fortes comme Poison,
de Dior, puis Classique, de Jean Paul Gaultier.
Je me souviens aussi que beaucoup de garçons
sentaient Fahrenheit, de Dior. Cela pouvait me
gêner car je suis très sensible aux odeurs et, parfois,
je trouvais qu’il ne collait pas du tout à la personne.
À l’inverse, c’est surprenant à quel point un parfum
peut dévoiler la personnalité de quelqu’un.
Aujourd’hui, quel parfum portez-vous ?
Après Mûre et Musc, j’ai mis beaucoup de
temps à en trouver un autre. Finalement, un nez
qui travaille chez Interparfums, partenaire de
mon Festival Sœurs jumelles, m’a fait une sélection.
Je n’y croyais pas, mais j’ai senti California
Rêverie, de Van Cleef & Arpels, et c’était lui.
Et dans votre travail ? Est-ce un outil
pour s’approprier un rôle ?
Totalement. Même si je rentre dans mes rôles
par la voix, pour moi, les personnages ont aussi
une odeur. Je me souviens d’avoir porté Chanel N° 5
pour un rôle car il m’évoquait la sensualité
de Marilyn Monroe. Et, pour incarner une serial
killeuse, d’avoir opté pour l’Eau Capitale, de
Diptyque, et son côté un peu cuir. Sur le tournage
de Comme une actrice, de Sébastien Bailly, j’avais
reçu un coffret du Bon Parfumeur et je mixais
deux numéros ensemble pour trouver le bon
équilibre… En revanche, une fois le tournage
terminé, comme avec les costumes, je me sépare du
flacon. C’est l’odeur du personnage, pas la mienne.
La 3e édition du Festival Sœurs jumelles se tiendra
du 27 juin au 1er juillet, à Rochefort. soeursjumelles.com
●135
Madamebeauté
Hugo
Marchand,
danseur
“Les parfums
changent avec
les âges de la vie”
Quel a été votre
premier parfum ?
Quand j’étais
adolescent, j’avais eu
la chance, entre deux
répétitions, de pouvoir
découvrir la magnifique
boutique Hermès, rue
Saint-Honoré, à Paris. C’est
là que ma tante m’a offert
mon tout premier parfum :
Rocabar. Une merveille
épicée, qui me rappelle
mes premiers spectacles à l’opéra Garnier, les premières
sensations de liberté en quittant l’école de danse et en
découvrant la vie parisienne tumultueuse, les premiers
verres avec les amis rue Lepic, les premières grandes
émotions en rentrant au Louvre, à Orsay… C’est le parfum
des premières fois. Et je pense que j’y reviendrai un jour.
Une autre fragrance a marqué votre jeunesse ?
Chance, de Chanel, que ma mère portait quand
j’étais petit. Un parfum généreux, fleuri, vanillé, ambré.
Quel parfum portez-vous aujourd’hui ?
J’ai longtemps été très fidèle, mais je réalise avec
le temps que j’adore changer, notamment en fonction
de mon humeur. Ambre Nuit, de Dior, m’accompagne ainsi
depuis plusieurs années, mais j’aime aussi beaucoup L’Orpheline,
de Serge Lutens. Pour les soirées, je mise parfois sur Jersey,
de Chanel, une lavande délicieuse. J’ai également la chance
d’avoir un ami parfumeur qui m’a fait deux créations sur mesure
et que je porte très régulièrement : Menton, une fleur d’oranger
et figue, fraîche mais enveloppante, parfaite pour l’été ;
et Corsaire, un ambre gris plus hivernal qui reste aéré grâce
à des odeurs de cèdre et des notes marines.
Sur scène ou dans la vie, avez-vous parfois ressenti
le besoin de changer de registre olfactif ?
Les goûts changent avec le temps qui passe et, forcément,
ceux pour les odeurs aussi. Pendant le confinement, j’avais
été frappé de voir à quel point le jasmin fleurissant sur le mur
m’avait ramené à mon enfance. J’ai longtemps détesté les
senteurs de fleurs blanches, je change doucement d’avis sur
le sujet… Et en comprenant mieux comment fonctionne la
parfumerie, j’ai pu m’ouvrir à de nouvelles sensations olfactives,
plus fines, plus inédites, plus originales. Et puis, évidemment,
les parfums changent avec les âges de la vie, la fin d’une
histoire d’amour, l’odeur d’une partenaire de danse, les
nouvelles amitiés… Cela rajoute de la puissance au voyage.
L’association Hugo Marchand pour la danse présente, les 3 et 4 juin, « Les Étoiles
au Château » au domaine du Champ-de-Bataille (Eure). hugomarchandpourladanse.org
136●
Zabou Breitman,
comédienne “Je suis venue
au parfum très tard”
Quel a été votre premier parfum ?
Plus jeune, je mettais ce que les
grands-mères appelaient un « sent-bon »,
une eau de Cologne. Ensuite, j’ai eu des
parfums différents, mais je me rappelle
surtout d’un Roger & Gallet. Et puis,
celui de ma mère, L’Air du temps, de
Nina Ricci, qui m’a marquée autant par
son odeur que par son écrin, élégant
et gracieux : le flacon et l’ivresse !
J’en mettais un peu derrière les oreilles.
D’autres références ont marqué
votre adolescence ?
Je me souviens avoir dansé avec un garçon
quand j’avais 14-15 ans. Il avait un blouson en cuir
et un parfum très doux. Les deux odeurs mélangées
m’avaient retournée. Et comme on a longtemps
vécu dans un prieuré, je reste sensible aux odeurs
de cave, de grenier, de poussière et de cire : un peu
écœurantes sans pour autant sentir mauvais…
Et que portez-vous aujourd’hui ?
Finalement, je suis venue au parfum très tard,
avec, par exemple, Chanel N° 5, que j’adore.
J’en mélange souvent plusieurs, comme Pleasure,
d’Estée Lauder avec Acqua di Parma. Même
si je ne suis pas constante dans les proportions,
ça me rassure et ça personnalise mon odeur.
Quel rapport entretenez-vous
avec le parfum ?
Ça me passionne. Il y a ces odeurs qui vous font
un petit truc au cœur. Comme le parfum que
portait une amie aujourd’hui décédée : il me suffit
de le sentir pour revoir immédiatement son
visage… Sinon, ma peau « sucre » les parfums,
les madérise. Il y a des gens qui transforment le vin
en vinaigre, moi je fais disparaître le parfum !
Toujours à l’affiche de « Ma langue au chat », de Cécile Telerman.
Photos Matthew-BrookesJulien Pébrel/MYOP et S. P.



 


   

●137
Madamebeauté
Marie
Papillon,
comédienne
“J’ai vite
abandonné l’idée
du parfum d’ado”
Quel a été votre
premier parfum ?
On m’avait offert Nina,
de Nina Ricci, et le premier
parfum de Lolita Lempicka.
Et je ne mettais ni l’un
ni l’autre, car je ne me
reconnaissais pas du tout
dedans : un peu trop sucrés,
trop girly. En même temps,
je ne pouvais pas dire à mes
parents que j’avais envie de
porter un truc plus masculin. Donc, j’ai vite abandonné le parfum
d’adolescente. Et j’allais voler celui de ma mère : Acqua di Giò,
de Giorgio Armani, pour son côté masculin-féminin qui tranchait
avec toutes les autres fragrances qu’on m’offrait à l’époque.
D’autres fragrances ont marqué votre adolescence ?
Il y a évidemment le Shalimar de ma grand-mère, intense.
Dès que je le sens, je suis directement téléportée chez elle !
Et puis, il y avait Angel, de Thierry Mugler, tellement identifiable
et entêtant. Il faisait des ravages : tout le monde le portait. Pour
moi, c’est vraiment le parfum du collège… ex aequo avec J’adore,
de Dior, qui était celui des filles stylées ! Ah oui, et puis le fameux
Brut, de Fabergé. C’était presque un statement : quand tu croisais
un garçon qui le portait, tu savais à qui t’attendre !
Et que portez-vous aujourd’hui ?
Le même parfum depuis mes 20 ans : L’Impératrice, de
Dolce & Gabbana, offert par une de mes premières petites amies.
Je ne pensais pas le porter aussi longtemps, je le trouvais trop
floral, mais je l’ai essayé et c’est devenu mon odeur. Je suis donc
condamnée à le porter à vie… Je n’ai qu’une peur : ne plus le
trouver du tout, car il n’est disponible qu’en duty free désormais.
vous êtes du genre fidèle en parfum ?
Complètement. Quand j’essaie d’en changer, mes amis m’en
dissuadent, car ils me disent que ce n’est plus « moi ». Même pour
moi, il y a quelque chose de réconfortant dans L’Impératrice.
Et puis, si je ne pique plus celui de ma mère, je me fais toujours un
petit pschitt dans l’air pour le sentir quand je vais la voir.
Le parfum vous aide-t-il à entrer dans la peau
d’un personnage ?
Je suis de celles qui ne peuvent pas sortir sans
s’être parfumée. C’est comme mettre mes lentilles
de contact. En revanche, pour le film La Graine,
d’Éloïse Lang, je ne me parfumais pas. Ce n’était
pas fait exprès, mais juste pas du tout un réflexe.
Qui sait, peut-être que j’attends le rôle d’un
personnage qui porterait Brut, de Fabergé !
À l’affiche de « La Graine », d’Éloïse Lang, avec Stacy Martin
et François Damiens, disponible sur Prime Video.
138●
Nicolas Maury,
comédien et chanteur
“Mon premier parfum
est un rapt”
Quel a été votre premier parfum ?
Il est associé à l’idée d’un rapt :
je volais les deux parfums de
ma mère. Opium, d’Yves Saint
Laurent, me faisait peur et
me fascinait parce qu’il était
transgressif. J’en mettais un peu
derrière l’oreille pour aller à
l’école, comme pour emmener ma
maman avec moi. Et puis, il y avait
celui qu’elle appelait son « Suivez-moi
jeune homme », ce qui était très énigmatique vu
que, sur l’étiquette, je lisais « Jardins de Bagatelle »,
de Guerlain ! Mon premier vrai parfum a été
CK One, de Calvin Klein, qu’on m’avait offert et que
j’ai essayé par paresse. Mais je trouvais que son côté
mixte manquait de personnalité. Puis j’ai acheté
Égoïste, pour avoir quelque chose de chez Chanel !
Avez-vous eu un coup de foudre olfactif ?
Je suis polyamoureux olfactivement ! J’ai une
grande fidélité à certains jus, comme Vol de nuit,
de Guerlain, que j’ai découvert en arrivant à Paris,
à 20 ans. Pour moi, c’est un peu là que ma vie a
commencé. Mais je le porte surtout en hiver, il me
réchauffe. Sinon, je suis plutôt fidèle aux senteurs,
comme les fleurs blanches et la tubéreuse, qui
me rendent fou. J’aime aussi l’odeur des roses
de mai, toniques, presque citronnées. En tout cas,
j’aimerais un jour créer un parfum. Le travail des
Photos Francois Berthier/Contour by Getty, Patrice Normand/Leextra via Opale et S. P.
nez se rapproche beaucoup du mien quand j’écris :
formuler l’inexprimable. C’est beau et poétique.
Le parfum est-il un outil de travail
pour mieux saisir un personnage ?
Je pense que je le fais davantage par rapport à mes
partenaires. Sur le tournage d’Un couteau dans le cœur,
vu que je savais que Vanessa Paradis aimait la fleur
d’oranger, j’en portais une de chez Frédéric Malle,
comme une forme de respect.
En concert le 13 juillet aux Francofolies de La Rochelle.
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Madamebeauté
Beaux ZESTES
d’été
Vitaminées, fruitées,
apaisantes… Les eaux
du soleil nous inondent
de fraîcheur. Zoom
sur la nouvelle vague
aquachic.
« Le bonheur, c’est d’abord
d’être bien », disait Françoise Sagan. Et sur le
chemin du septième ciel sensoriel, on trouve les agrumes,
ces vitamines olfactives pour le corps et l’esprit. Orange
douce ou amère, mandarine acidulée, citron mordant,
cédrat incisif, éclatant pamplemousse… Pas d’été sans
ces accords hespéridés qui font pétiller Cologne et eaux
fraîches. « Le parfum a été le premier médicament,
rappelle Annick Le Guérer, anthropologue, philosophe,
et auteure de nombreux ouvrages sur le parfum,
dont le passionnant Le Parfum et la Voix, coécrit avec
Bruno Fourn *. Nées dans les monastères, les premières
aqua mirabilis, ancêtres des Cologne, soignaient les malades
et éloignaient les épidémies. Aujourd’hui plus que jamais
en quête de bien-être et de vitalité, on revient aux sources.
Chaque maison de parfumerie a son département
neurosciences qui mesure les effets thérapeutiques,
psychologiques et émotionnels des odeurs. Pression
artérielle, tension musculaire, dilatation des pupilles,
température, rythme cardiaque, activité cérébrale…
140● par Marion Louis
Universités et hôpitaux étudient très sérieusement la
question. Ainsi, rapporte Annick Le Guérer, une thèse en
science pharmaceutique confirme que l’huile essentielle
de verveine aide à la détente et au sommeil, que l’essence
de feuilles et zestes de mandarine a des vertus
anxiolytiques. Celles de citron et d’orange diffusent
une impression de fraîcheur et de plaisir, évoquent des
souvenirs liés à l’enfance, aux sucreries et aux vacances.
Pour quatre de ses Eaux Bienfaisantes Parfumées,
Roger & Gallet a mené une étude originale, en partenariat
avec le département de neurosciences de l’université
de Tours et la société Emospin. L’idée était d’observer
le tonus musculaire, siège physique des émotions.
Bois d’Orange et Gingembre Rouge ont provoqué une
augmentation significative de l’activité des muscles du
cou, premier catalyseur du tonus corporel. Chez Clarins
aussi, on a voulu mesurer objectivement sur le cerveau et
le corps, ce que nous, aficionadas(dos), savions déjà. L’Eau
Dynamisante donne autant de fraîcheur, d’énergie et de
joie qu’une musique entraînante, et sa petite sœur, l’Eau
des Jardins, met clairement de bonne humeur. De son
côté, Véronique Gabai réinvente l’aromathérapie. En
flacon ou en roll-on, ses parfums de luxe contiennent des
huiles essentielles et des ingrédients naturels qui agissent
sur nos chakras. Ainsi, Heart, l’Eau du Cœur qui cible
le plexus solaire et la gorge, stimule le sentiment de joie,
de positivité et combat la fatigue. Sa bergamote booste
l’optimisme ; son pamplemousse, l’action ; son citron,
la vitalité ; sa citronnelle, l’ouverture aux autres.
Sans oublier le jasmin, pour l’équilibre émotionnel (au
photo s. p.
Printemps de la Beauté ou sur veroniquegabai.com). ●
* Éditions Odile Jacob, 256 p., 24,90 €.
Madamebeauté
madamebeautÉ
Happy senteurs
cinq sources d’Énergie positive pour accueillir les beaux jours
avec le corps tonique et l’âme en liesse.
« Avec la fleur d’oranger,
on peut tout faire. Elle est émotion, élégance,
fraîcheur, et parle à tout le monde, se réjouit la parfumeuse
Daniela Andrier, qui a déjà signé l’eau de toilette culte de
Fragonard. Bel Oranger, la variation inspirée par la Sicile,
se veut plus nerveuse, plus verte, plus boisée mais tout aussi
addictive et accessible. La fleur d’oranger a aussi inspiré
Nuxe. Son Parfum Prodigieux Néroli part « trilles en tête »
avec la bergamote, la verveine et le petit grain, mais se zénifie
avec son cœur de lavandin, de fleur d’oranger et son fond
142● par Marion Louis / photo Fabrice Cormy / Réalisation Julie Gillet
musqué. « Mens sana in corpore sano » : avec Aqua Media,
quatrième chapitre de sa collection Cologne Forte, Francis
Kurkdjian invite à l’harmonie avec une bergamote infusée
d’herbes fraîches et sauvages, un accord anisé, verveine,
fenouil, velouté de muscs boisés. Nouveau flacon, jus inédit…
L’Eau de Rochas Citron Soleil vous transporte sur la Riviera
avec une cascade d’agrumes qui plongent dans une mer de
douceur florale. Enfin, avec l’eau de toilette Orange Smoke,
Dries Van Noten fait naître le mystère en mariant sa fleur
d’oranger et sa mandarine avec des soupirs d’encens. ●
 MÉNO-EXPERT PUBLI-COMMUNIQUÉ

HAUT LES CŒURS, HAUT LES À partir de 50 ans, les signes du

vieillissement cutané apparaissent 25 ANS +50 ANS
POMMETTES ! À 50 ANS, CE N’EST 2 fois plus vite. Ils sont liés aux effets
PAS LE MOMENT DE SE RELÂCHER ! de la ménopause (suite à la chute des
DANS LA GAMME [ÉTOILE] hormones oestrogènes), du neuro-vieil-
MÉNO-EXPERT DE GARANCIA, lissement cutané mais aussi à la fonte
des graisses du visage. L’ovale se
ON DEMANDE [ÉTOILE DU JOUR] relâche, les rides se creusent, les joues
LA CRÈME ROSE SUPRÊME se transforment en bajoues et le visage
VOLUMATRICE. L’ASSURANCE perd en volume. La Crème Rose Les compartiments graisseux (en
DE GARDER UNE PEAU FERME, Suprême Volumatrice [ÉTOILE du jaune) confèrent au visage un aspect
jour] a été spécialement formulée lisse et rebondi. À la ménopause,
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meilleures tanneries de France (Haas, Fortier-
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●145
Par Ségolène Wacrenier
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Un magazine prêté en douce par un
cousin, un film sur une chaîne cryptée…
Il y a quelques années, accéder à des
images pornographiques demandait
un peu de logistique. Mais aujourd’hui,
toutes les vidéos du monde sont
accessibles en quelques clics.
MOYENNE D’ÂGE :
11 ANS
En septembre dernier, un rapport du
Sénat dénonçait « une consommation
massive, banalisée et toxique » de
pornographie chez les enfants et les
adolescents. Sur le smartphone d’un
copain, sur l’ordinateur familial,
au hasard d’une recherche Google :
on estime qu’un enfant a 11 ans, en
moyenne, quand il est exposé pour
la première fois à des images pornos…
À 12 ans, un enfant sur trois en a déjà
vu. Il est donc important de lui parler
de respect, consentement, empathie.
VIOLENCE
ET MISOGYNIE
Avide de clics, l’industrie porno s’est
muée en une usine à performance : les
vidéos d’aujourd’hui mettent en avant
des pratiques extrêmes, violentes. Les
représentations qui en découlent sont
146●
Comment
leur parler
du porno ?
expliquer les images
et le consentement ? Des
méthodes existent pour
aborder le sujet en famille.
délétères, comme l’a montré une
enquête Ipsos en février 2022 :
23 % des 18-24 ans pensent que
« beaucoup de femmes prennent du
plaisir à être forcées », et 36 % qu’elles
apprécient « d’être humiliées ». Une
tendance d’autant plus inquiétante
que cette culture se diffuse aussi sur
les réseaux, auprès des plus jeunes.
METTRE À DISTANCE
LES IMAGES
« On leur propose un modèle unique
fondé sur la domination des hommes
et la soumission des femmes : c’est
catastrophique », alerte Pierre Bedhet,
médecin et sexologue. Face à cette
déferlante, on peut préparer ses
enfants en échangeant avec eux,
afin qu’ils apprennent à mettre ces
images à distance. Dans Parlez du porno
à vos enfants avant qu’Internet ne le fasse *,
Par Caroline REVOL-MAUREL
la journaliste Anne de Labouret
et le médiateur scolaire Christophe
Butstraen proposent des pistes.
OUVRIR
LA CONVERSATION
Dès qu’un enfant navigue seul sur
le web, on peut lui en parler : « Sur
Internet, il y a beaucoup de choses
intéressantes, mais aussi des images
qui peuvent te choquer. Si ça t’arrive,
tu n’y es pour rien et tu peux venir m’en
parler. » Ne pas hésiter à expliquer aux
enfants que les adultes qui s’aiment
font l’amour, mais que ça ne ressemble
pas du tout à cela. Aux ados, on peut
dire que le porno ne montre que
l’aspect mécanique du sexe…
alors qu’il n’y a rien de
mécanique dans la vraie vie !
Découvertes, hésitations,
tâtonnements, complicité,
rires : c’est aussi cela,
une relation sexuelle.
DÉCRYPTER
LES IMAGES
Le sexologue Pierre Bedhet
conseille de comparer
le porno à un film d’action,
pour expliquer que rien
ne correspond à la réalité.
« Dans un film d’action, il y a des
cascadeurs, du faux sang, des fausses
explosions… Le porno, c’est pareil !
Les acteurs sont dopés, les actrices
prennent des décontractants
musculaires. Entre deux scènes, ils ont
parfois une journée de repos, alors
qu’à l’écran, on les voit enchaîner les
positions comme si de rien n’était. »
RESPECT
ET CONSENTEMENT
On martèle la notion de consentement.
La vidéo « Tea Consent », sur YouTube,
explique à merveille la notion, même
photo Isabel Pavia/Getty Images
pour les plus jeunes, en partant d’une
tasse de thé. « Vous avez préparé du thé
mais finalement, la personne n’en veut
pas. Ce n’est pas parce que vous l’avez
préparé que vous pouvez la forcer à
boire du thé ! » Limpide et nécessaire. ●
* D’Anne de Labouret et Christophe Butstraen,
Thierry Souccar Éditions.

QU’EST-CE
QUE C’EST ?
Au cœur de l’Himalaya,
les moines tibétains
passent la plupart de
leur temps assis, à lire
ou à prier dans leur
monastère. C’est pour
compenser cette
sédentarité qu’auraient
été inventés les
Cinq Tibétains : une suite
de 5 gestes inspirés
du yoga, chacun devant
être répété entre 3 et
21 fois d’affilée, avant
de passer au suivant.
Popularisés en Occident
par l’ouvrage de Peter
Kelder, Les Cinq Tibétains,
secrets de jeunesse et de
vitalité (Éditions Lanore),
les Cinq Tibétains
représentent une routine
facile et énergisante,
à pratiquer le matin.
EN PRATIQUE
L’enchaînement de ces postures
est censé activer les sept chakras,
en stimulant et en régulant les
glandes endocrines associées :
les glandes sexuelles, la glande
surrénale, le pancréas, le thymus,
la thyroïde, l’hypophyse
et l’épiphyse. Il renforce aussi
les muscles et les articulations,
améliore la souplesse et stimule
le système nerveux. Qui dit mieux ?
Les débutants répéteront chaque geste
3 fois d’affilée, avant de passer
au suivant. Au fur et à mesure de
photo Sergey ChaykoGetty Images/iStockphoto
la pratique, on monte crescendo,
jusqu’à répéter chaque geste 21 fois.
1. LE DERVICHE
TOURNEUR
Debout, écartez les bras sur les côtés
et tournez sur vous-même, dans
le sens des aiguilles d’une montre.
Pour débuter, faites 3 tours. Quand
vous aurez pris l’habitude, vous irez
connaissez-
vous les
Cinq Tibétains ?
Cette routine matinale,
inspirée des pratiques
des moines au Tibet, corrige
les effets de la sédentarité.
jusqu’à 21 ! À la fin, faites un pas
en avant pour stabiliser le corps,
et prenez le temps de respirer.
Bienfaits : ce premier exercice réveille
toute l’énergie dans le corps.
2. LE CLIC-CLAC
Allongé sur le dos, bras le long du
corps, paumes au sol. À l’inspiration,
rentrez le menton, soulevez la tête
puis montez les jambes à 90°, plantes
de pied vers le plafond. À l’expiration,
redescendez les jambes et reposez
la tête au sol. Attention : les épaules
et les bras doivent rester détendus.
Bienfaits : renforce les abdominaux,
le dos et le cou, stimule le centre
énergétique du plexus solaire, censé
tonifier le pancréas et la thyroïde.
par Caroline REVOL-MAUREL
Selfservices
3. L’ARC
À genoux, dos droit,
orteils repliés au sol,
mains sur les hanches.
À l’inspiration, faites
un arc en arrière,
en envoyant d’abord
la tête, puis le corps.
À l’expiration, revenez
à la verticale, menton
sur la poitrine.
Bienfaits : stimule
la thyroïde, étire
les hanches, les
abdominaux et le cou,
tonifie le thymus et
les glandes surrénales.
4. LA TABLE
BASSE
Assis au sol, les jambes
largeur bassin, les
mains près des fesses.
À l’inspiration, mettez
la tête en arrière
et montez le buste vers le
plafond, en essayant de rester
à l’horizontale (pas de pont).
À l’expiration, ramenez le corps
au sol, menton vers la poitrine.
Bienfaits : renforce les épaules,
le bas du dos et les fessiers,
stimule le bas-ventre, le cou
et les genoux.
5. LE CHAT
Débutez en planche, mains
et jambes à la largeur des épaules.
À l’inspiration, levez les fesses en
position « chien tête en bas » et étirez
la colonne vertébrale en poussant les
mains et les pieds dans le sol. Inspirez.
À l’expiration, contractez le périnée
et rentrez le ventre en plaquant
les abdominaux contre la colonne
vertébrale. Puis revenez en planche,
bras tendus, et montez le menton
au plafond, en position « cobra ».
Bienfaits : étire les jambes et le dos,
la cage thoracique, muscle les bras,
assouplit poignets et chevilles. Irrigue
le cerveau et combat la nervosité. ●
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Entre ciel et mer, une des
piscines du Secrets Lanzarote
Resort & Spa. Ci-dessous, une
chambre du Dreams
Lanzarote Playa Dorada.
EN AMOUREUX
Secrets Lanzarote
Resort & Spa
Au sud de l’île, cet hôtel offre à lui seul
les deux visages de ce bout du monde :
celui d’une côte sauvage face à la mer
qui s’agite au pied de piscines à taille
humaine. Et dans le dos, le cadre
d’un désert rocailleux à l’infini.
Les chambres : avec une vue tropicale
sur les formations rocheuses ou sur
l’océan Atlantique et les palmiers XXL,
elles offrent chacune une vision
différente de la carte postale. Toutes
sont équipées d’un balcon ou d’une
terrasse. La décoration contemporaine
joue la carte de la sobriété, en cohérence
avec cette île préservée du tourisme
de masse : dominante beige et blanc,
bois blond et lignes rétro… Rien de
superflu, mais le sens du détail qui
vient faire la différence. À l’extérieur,
cactus et lits à baldaquin signent
une ambiance bohème.
On fait quoi : parc national de
Timanfaya, safaris volcaniques,
plongée, virée en voilier et marchés
aux puces… Cette île restée authentique
et « nature » offre un combo idéal
entre aventure, sports et farniente.
Le plus : les quatre piscines,
qui permettent de ne jamais
être les uns sur les autres.
On aime : le calme de cet hôtel réservé
photos S.P.
aux adultes, planté entre terre et mer
dans un décor minéral. La déconnexion
Pourquoi
choisir
Lanzarote,
aux Canaries ?
Avec ses paysages lunaires,
c’est peut-être la plus belle
île de l’archipel. Deux
adresses, deux ambiances.
est immédiate, et on peut facilement
s’isoler grâce aux multiples espaces.
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EN FAMILLE
Dreams Lanzarote
Playa Dorada
À l’extrême sud de l’île, où les plages
sont les plus belles, cette adresse
pensée pour les familles a fait de ses
infrastructures son point fort : piscines
géantes et toboggans, court de tennis,
plages de sable aménagées et
restaurants de spécialités (cinq tables,
dont quatre gastronomiques). C’est
tout l’esprit d’un resort contemporain,
à la décoration soignée et avec
des prestations haut de gamme.
Les chambres : plutôt spacieuses, très
contemporaines, elles privilégient les
lignes graphiques, les contrastes entre
certains éléments du mobilier sombre,
Par Laurence Gounel
Selfservices
les grandes illustrations
qui courent au-dessus
des têtes de lit, le parquet
blond et les luminaires
en raphia. Le résultat
est épuré et très déco.
Toutes disposent d’une vue
imprenable sur la côte de
Playa Blanca, d’un balcon
ou d’une terrasse.
On fait quoi : on profite des
différents lieux de vie et des
opportunités de faire du sport :
(de 4 à 12 ans), neuf piscines et
un spa immense, en partenariat
avec la maison Natura Bissé, réputée
pour ses soins concentrés en acides
aminés. Ensuite, on file visiter le jardin
de cactus, se promener le long
des sentiers de lave noire, et découvrir
les plages les plus spectaculaires
et sauvages de l’île, comme celle
de Papagayo. L’incontournable ?
Découvrir une merveille de la nature :
le lac Vert. Des eaux fluo en lisière
d’une plage volcanique de sable noir…
Le contraste est saisissant.
Le plus : les demi-pensions ou
la pension complète, qui permettent
de maîtriser le budget familial.
On aime : l’esprit resort avec
une approche haut de gamme,
et une situation idéale. ●
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5 5 Satané. 7.  Lutteur. Test. Pis. Eva.
8.  IRA. Anis. IP. Yen. Brai. 9.  Bali-
6 6 vernes. User. Sr. 10.  Tian. S.A.
Étrier. Lifte. 11.  Erg. Os. Fluent.
7 7
Casée. 12.  Suaires. Ir. Gamin.
T.S.F. 13. XL. Chaise. Oncle. 14. Pi.
8 8
Frisée. Butée. Cr. 15.  Acras.
9 9 Il. Ratier. Tari. 16.  Lai. Lebel.
Nantes. Man. 17.  Avocate. Ost.
10 10 Été. Fane. 18.  Cinéma. CIO. Are.
Pentu. 19.  Et. Iso. Héla. Portes.
11 11 20. Septentrion. Stressée.
Verticalement : A.  Nouvel-
12 12
listes. Palaces. B.  Assureur.
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17 17 Séant. En. L. Tendu. Singe. Ta. Al.
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18 18 peur. Mouette. O. Crétins. Cintrée.
Pr. P. Lieu. As. Élancé. Poe. Q. Ès.
19 19 Zen. Bris. Let. Fers. R.  USB. Réer.
Fête. Amants. S.  Ruées. Vastes.
20 20
Crantée. T. Secrétaire. Farineuse.
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T

HORIZONTALEMENT
1. Tenir le rythme ou trembler de peur
(trois mots). 2. Obligation rigoureuse.
Angle de fusée d’une roue. 3. Op­
posé à tout. Monte du côté de Nice.
Son absence allonge le jour. Habitants
du hameau. 4. Face à La Rochelle. Fit
longtemps bloc autour d’un grand.
Tels des exercices avec des vrilles.
Conjures. 5. Comportements cou­
pables. Tout le monde et personne.
Se sert frappé. Ancienne capitale
de l’Arménie. 6. Pas aisé. Capucine,
issue de la téléréalité. Un poison
à Java. 7. Victime d’une escroque­
rie. Qui percent les oreilles. Départ
vers l’infini. 8. Ajoutant une charge.
Le couvert n’y est plus assuré. Coupe
le jus. 9. Tirées du quotidien. Une loi
implacable. Figure de Boston. Donc
sans nuage. 10. Infinitif. Conventions
collectives. Argiles. À moitié mort.
Lance des flèches. 11. Lettres alar­
mantes. Quatre après Henri. Sensibilité
de jazzman. Persans d’antan. 12. Qui
s’éternisent. Entame de canard. Pre­
mier arrivé 13. Les Crétois ont aussi dû
se faire à leur régime. Priam ou Hector.
Réfléchi. 14. Tête chercheuse. Grand
couturier. Point noir. 15. Paria. Ravive­
rons les flammes. Décrocha. 16.  Passe
sur lui. Provoquant une blessure. Tissu
d’ameublement. Santon de Provence.
17. Ils sont fauchés en été. Chef de ca­
binet. Dit des insanités. Ville du Luxem­
bourg. 18. Il coule après le grain.
Rayon médical. Fonde. Courant d’Aire.
A quitté sa mère. 19. Valorisé après
transformation. L’un va de Nantes à
Brest. Flottante à l’heure du dessert.
Dada africain. 20. Beau village de
France, dans l’Hérault (quatre mots).
VERTICALEMENT
A. En haut, quand la femme est
en bas. Ne sont pas joyeuses qu’à
Windsor. B. Entre dans le panier
de la ménagère. Elle se penche sur
un système. Bannière étoilée. C. Fin
de chute. Peuple de Zambie. Simple
exécutant. Base de rêve. D. Une
rivière et sa commune. Japonaise
sur le lac Biwa. Étoile brillante. Mai­
son de papier. E. Troisième sous sol.
Famille nombreuse. Moyen de com­
munication. Associait. F. Imposèrent
leur loi. S’accommode parfois avec
des lentilles. ... d’Urberville, héroïne
romanesque. G. Cours d’Alsace. De­
vant l’église. Flopée. Le King intime.
Ébauche d’euro. H. Nuage gris. Effets
de court. Couronnai. I. Dissimulés.
Peintes ou cirées. Noble madrilène.
Phase lunaire. J. Le prix du silence.
Fêté. Résista. Mot d’un fataliste.
K. Ouverture du score. Dialecte an­
tique. Joyeux drille. Federer y est né.
L. Servie dans le mas. Diminueras
la valeur. M. Val pyrénéen. Berges
de la Vézère. Dans les petits che­
vaux. Sonnerie matinale. N. Enivra
de vaines sensations. Pour le bleu.
Retira du liquide. Article. O. Court
veto. Fine lame. Petits équidés. Diode.
P. Préposition. Un vrai canon. Le pe­
tit est le plus cher. Unité de vitesse.
Omar, acteur actuel. Q. Titre déposé.
Relative à Aliboron ou Cadichon. Tu­
toyas. R. Suisses à Montréal. Visage
de l’expressionnisme allemand. My­
thique acteur américain. Devant le
notaire. S. Grec en mer. Parfois joint
à l’agréable. Passé en tête. T. Période
des examens. Une dent qui fait beau­
coup souffrir.

par pierre ollivier

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L’horoscope
de Nadine de Liedekerke
Bélier
Du 20 mars au 20 avril
Merci, Jupiter, grâce à qui vos ressources
vont s’accroître et vos talents grandir.
Interrogez-vous sur vos objectifs dans
la vie et sur ce qui vous est nécessaire
pour les atteindre. Il vous y aidera.
Et si dernièrement, avec Mercure, vous
avez compris que vos priorités avaient
changé, ce sera le moment de les faire
évoluer. Côté amour, adieu la tiédeur
et vive la passion avec votre planète
dans le signe optimiste et généreux
du Lion le 20. Vous ferez chavirer les
cœurs le 22, mais gare aux tensions
et emballements les 21, 23 et 24.
émeaux
Du 21 mai au 21 juin
Fêtez l’arrivée du Soleil dans votre
signe le 21. Précédée par celle de Mars
dans le signe idéaliste et rayonnant
du Lion (dont le Soleil est maître),
elle vous apportera enthousiasme et
vitalité. Projetez-vous vers l’avenir,
donnez libre cours à votre créativité.
C’est le moment d’affirmer vos besoins
d’indépendance, de liberté, et de faire
vraiment ce qui vous plaît. La priorité,
c’est vous ! Évitez toutefois d’imposer
vos idées le 21, ou de vous emballer
le 23, jour où l’amour vous sourira.
SEMAINE
DU 19 au 25 mai
Cancer
Du 21 juin au 23 juillet
Jupiter vous invite à sortir, à retrouver
vos amis, à les associer à vos projets.
À vous investir plus dans des groupes
qui partagent vos idéaux et à privilégier
le travail en équipe. Grâce à Mars, dès
le 20, vous pourrez mieux défendre vos
valeurs et faire prospérer ce que vous
avez. Attention à de possibles tensions
dans la gestion de biens communs le 21
si vous prenez de trop fortes positions…
Vos amours ? Désirs enflammés et
envies coquines le 19, mais risque
d’implosion les 20 et 21. Retour à la joie
et à l’épanouissement les 22, 23 et 24.
Lion
Du 23 juillet au 23 août
Mettez à profit les énergies toniques de
la nouvelle lune du 19 pour commencer
de nouvelles activités, elles vont vous
revitaliser. Avec l’arrivée de Mars dans
votre signe le 20 (cela arrive tous les
deux ans), votre énergie sera grande,
votre combativité tout autant, mais
ne cherchez pas à tout prix à avoir
raison le 21. Par chance, votre planète
arrivant ce même jour dans le signe
souple et adaptable des Gémeaux, vous
saurez composer. Amours fougueuses
et passionnelles les 23 et 24.
Madameastro
AUREAU
Du 20 avril au 21 mai
C’EST VOTRE ANNIVERSAIRE
(3e DÉCAN) : soufflez joyeusement
vos bougies. Jupiter, planète
de chance, arrive dans votre signe
pour un an (cela arrive tous
les douze ans). Bonne humeur
et confiance dans la vie assurées.
VOUS POURREZ FAIRE
ce que vous aimez et vous
aventurer, avec Uranus, là où
vous n’êtes encore jamais allée.
Savourez cette année de
renouveau, de changement,
de projets importants et d’amitiés
consolidées. Amours comblées en
juillet, août, octobre et novembre.
POUR TOUTES : avec Uranus,
finie la routine. Grâce à Jupiter,
exprimez toute la richesse de votre
créativité. Vos grandes lunettes
roses sur le nez, vous ferez plein de
projets, et l’amour deviendra votre
priorité. Dès le 20, avec Mars, vous
vous lancerez dans toutes sortes
de nouvelles activités (réaménager
votre intérieur ?). Toutefois,
prudence les 21, 23 et 24 : risque de
tensions familiales, d’exagérations.
En amour, sérieux engagements
le 19. Moments très tendres le 22,
mais émotions à fleur de peau le 25.
●153
Madameastro
Vierge
Du 23 août au 23 septembre
Dès le 19, la nouvelle lune vous invite
à vous aventurer sur des terres
inconnues. À sortir de votre routine
de Vierge sage. À vous enrichir de
nouvelles rencontres et d’expériences
stimulantes. Mars pouvant calmer
le jeu et créer des frustrations le 21,
il serait opportun, les 23 et 24, de vous
changer les idées, de vous intéresser
plus à la philosophie, à la spiritualité.
Grand soleil sur vos amours les 19
et 22, mais ciel légèrement voilé le 20.
Balance
Du 23 septembre au 23 octobre
Excellente période pour vous engager
dans un partenariat financier, obtenir
un prêt de votre banque, améliorer
la gestion d’un compte commun
ou mieux comprendre la raison de
certains comportements liés à des
blessures anciennes. Dès le 20, Mars
favorisera la libre expression de votre
créativité dans de nouveaux projets,
mais restez zen le 21 – on pourrait
vous mettre des bâtons dans les roues –,
et ne forcez pas l’allure le 23. Vos
amours ? Une échappée à deux serait
à même de les régénérer le 19 et le 21,
mais rébellion dans l’air le 22.
Scorpion
Du 23 octobre au 22 novembre
Uranus a pu chahuter vos relations, qui
demandent désormais à retrouver plus
d’harmonie et de légèreté. Tirez parti
des énergies bénéfiques de Jupiter et de
l’élan donné par la nouvelle lune du 19
pour prendre des initiatives en ce sens :
être plus à l’écoute de l’autre, accepter
des compromis, faire des concessions.
154●
Profitez également de l’arrivée de votre
planète dans le signe entreprenant du
Lion, le 20, pour donner un nouvel élan
à votre carrière, en évitant tout forcing
ou exagération le 21 et le 23. Amours
tendres et romantiques les 19 et 24.
Sagittaire
Du 22 novembre au 22 décembre
Jupiter favorise la bonne marche de
vos activités et vous apporte force
et vitalité. Accompagnez la nouvelle
lune du 19 afin de soutenir son action.
Allégez votre emploi du temps pour
faire davantage de sport, de yoga ou de
méditation, et ainsi éliminer le stress
ambiant – et quelques kilos, si besoin.
Prenez aussi le temps, à partir du 20,
d’élargir votre champ de conscience à
travers des voyages ou des lectures. Ce
sera source de grande joie le 23. Amours
intenses le 21, revitalisantes les 22 et 23.
Capricorne
Du 22 décembre au 20 janvier
Votre côté raisonnable pourrait, cette
semaine, s’émanciper sous l’influence
de la nouvelle lune du 19 dans le signe
vénusien du Taureau, avec Jupiter
à ses côtés. Laissez-les réveiller votre
sensualité et cessez de culpabiliser si
vous avez envie de profiter des bonnes
choses de la vie. Sortez, amusez-vous,
donnez libre cours à votre créativité
en développant de nouveaux talents…
et soyez la plus belle pour rencontrer
Cupidon ! En amour, Éros pourrait
vous donner des envies très coquines
à partir du 20 : nuits particulièrement
chaudes en vue les 21 et 22 !
Verseau
Du 20 janvier au 18 février
Petit à petit, Pluton vous transforme,
en vous aidant à mieux contrôler
les pulsions de votre inconscient.
La rebelle s’assagit, l’idéaliste resurgit,
avec ses envies de sauver le monde.
Vous découvrez en vous des forces
nouvelles que vous ne soupçonniez pas.
Profitez de l’élan de la nouvelle lune
du 19 pour consolider vos fondations
en vous occupant davantage de votre
famille, de votre maison. Vos amours ?
Dès le 20, elles retrouveront, grâce
au Soleil, un regain de vitalité.
Les tensions causées par Mars le 21
seront vite oubliées… sur l’oreiller.
Poissons
Du 18 février au 20 mars
Finis les non-dits susceptibles de créer
des relations difficiles avec proches et
voisins. Mercure et Jupiter vous aident
à dire ce que vous pensez, à exprimer
plus clairement vos idées. C’est le
moment, soutenue par la nouvelle lune
du 19, de prendre des initiatives afin de
transformer positivement vos relations
et de régler les problèmes existants.
Avec Mars (dès le 20), vous vous
jetterez à fond dans vos activités. Mais
inutile de forcer le 21, car on pourrait
vous contrer. En amour, beaucoup
de tendresse et de douceur le 24.
votre horoscope quotidien
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 UN SOUVENIR INOUBLIABLE
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Ours

M f
Président : Charles Edelstenne
Directeur général : Marc Feuillée
Directeur général adjoint : Jean-Luc Breysse
Directrice de la rédaction : Anne-Florence Schmitt

Directeurs adjoints de la rédaction : Joseph Ghosn, Richard Gianorio

Rédactrices en chef : Viviane Chocas (société, culture), Océane Ciuni (digital),

Clara Dufour (mode magazine et célébrités), Alexandra Guerre (production et photo),
Morgane Miel (business), Delphine Perroy (mode)

Assistante de la direction de la rédaction : Marie Lima

Assistante mode magazine, célébrités et beauté : Amicie de La Taille (55 96)

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tourisme), Marion Louis (beauté, bien-être), Ségolène Wacrenier (news, self services, Paris)
Magazine : Marion Dupuis (cheffe de service mode), Lætitia Cénac (grand reporter),
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Anne Anthonioz (assistante, 57 71)
Mode : Carole Matray (cheffe de service mode), Julie Gillet (rédactrice mode et beauté),
Marie Spiessert (58 69). Service shopping : Christian Briand (chef de service),
avec Olia Klikovac et Sylvie Neff
Beauté : Justine Feutry (cheffe de rubrique), Laurence Negroni-Nikitine (santé-forme)
Self services : Alyette Debray-Mauduy (golf)
Art de vivre : Vanessa Zocchetti (cheffe de service), Nathalie Pétré (coordinatrice, 58 43)

Directrice de la création : Gwenola Couëdel

Directrice artistique adjointe : Virginie Leduc
Production mode, beauté & célébrités : Juliette Durand (directrice), Maud Cohen (responsable
casting et production), Thibault Braun (5588) et Delphine Couderc (2155) (chargés de production)
Maquette : Stéphanie-Jeanne Arnaud (cheffe de studio), Laurence Averlant, Patrick Kaiser
Photo : Nathalie Bonhomme (cheffe de service), avec Aliette Dolléans, Catherine Fornieles

Rédacteur en chef technique : Stéphane Moran

Secrétaire générale de la rédaction : Marie-Laure Phélippeau
Éditing : Isabelle Mériot, Fabienne Meyer
Secrétariat de rédaction : Frédéric Anneix, Frédéric Asselineau, Fabrice Millot, Claudine Rattier
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Éditrice adjointe : Laura Pelouard
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Madame Figaro International :

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CarréVIP

God save the King

La cérémonie de couronnement du roi Charles III
et de la reine Camilla a réuni le monde entier à l’abbaye
de Westminster. Un rendez-vous fastueux et historique.
.
1. Le roi Charles III et la reine Camilla. 2. Justin Trudeau, le premier ministre du Canada, et son épouse, Sophie. 3. La reine Rania de Jordanie. 4. Le roi Felipe VI
d’Espagne et la reine Letizia. 5. Le prince Harry. 6. Le prince Louis et la princesse Charlotte. 7. La princesse Catherine et le prince William de Galles.
8. Katy Perry, lors de la soirée du couronnement au château de Windsor. 9. Au centre, le prince George de Galles était l’un des quatre pages d’honneur
du roi Charles III.10. Brigitte et Emmanuel Macron. 11. Emma Thompson. 12. Le prince Albert II de Monaco et la princesse Charlène.

●157
par amicie de la taille
l’
L'autopromo
a
u .
Robin o
t
l l
Ca m p i
o
Toujours inspiré,
le réalisateur de 120 battements par minute ancre
son dernier film dans une période charnière
p
de son enfance : fils d’un sous-officier de
l’armée de l’air, il a vécu deux ans sur une base
militaire à Madagascar. Mais dans la sensorielle
L’Île rouge, l’intime se fait politique et collectif
quand, sous l’apparente légèreté d’un
quotidien au paradis, se nichent les relents du
r
colonialisme et la révolte sourde d’un peuple
privé de la jouissance de son pays.
Parler de moi en promo est-il une corvée ?
Nous sommes préparés à tout pour
faire un film, sauf à sa sortie et à l’exposition
o
de nous-mêmes.
En quoi L’Île rouge résonne-t-elle
dans ma vie ?
Après 120 battements par minute, j’ai raconté
un jour une histoire à mon coscénariste
Gilles Marchand : quand je vivais à
m
Madagascar, j’étais sorti une nuit sur la base
militaire déguisé en Fantômette. C’est parti
de ce souvenir, qui évoquait une période
qui me trottait dans la tête depuis longtemps.
Ce dont je voulais rendre compte ?
o
Des derniers feux du postcolonialisme,
des illusions des familles de militaires. Nous
vivions quasi en vase clos, sans voir vraiment
ce que cela signifiait pour les Malagasys. Après
notre départ, j’ai idéalisé cette époque, mais je
sentais bien que ma vision était truquée. Je n’y
étais jamais retourné, sans doute ne me sentais-
je pas légitime. Je ne pouvais le faire qu’à travers
le cinéma, en essayant de rendre au pays ce qu’il
m’avait donné ou ce qu’on lui avait alors pris.
Ce que j’ai appris avec ce film ?
J’ai compris que mon enfance était
conditionnée par la stratégie géopolitique
158● PAR Marilyne Letertre
de la France : nous allions là où le pays avait
des intérêts. Tous mes films parlent, d’une
certaine façon, de la peur de la sédentarité,
la pire des malédictions pour les familles
de militaires auprès desquelles j’ai grandi.
Mon état d’esprit sur le tournage ?
Fasciné de retrouver les lieux tels que
je les avais laissés, comme s’ils m’attendaient
pour le film. Il y avait quelque chose de
quasi spectral dans cette base, dont, enfant,
je connaissais chaque recoin.
Un secret de tournage ?
La bague que le jeune héros offre
à sa maman est vraiment celle que mon père
a dessinée et que j’ai offerte à ma mère
quand j’étais enfant.
Est-ce que je mens en interview ?
Les mensonges sont plats. La recherche
de la vérité m’enchante davantage.
Langue de bois ou trop déliée ?
Trop déliée. J’ai parfois peur de me répéter
et de diluer au point de tout faire sonner
creux. J’essaie aussi d’être plus vigilant : ce que
je peux dire n’impacte pas toujours que moi.
La critique qui m’a fait plaisir ?
J’en lis peu : positives ou négatives,
elles créent chez moi des crises existentielles
abyssales. Mais parfois, elles m’aident : après
Les Revenants, un critique avait écrit que le film
manquait de changements de rythme. J’étais
stupéfait de trouver à quel point il avait raison, et
je l’ai pris en compte quand j’ai écrit Eastern Boys.
Toujours le feu sacré ?
Plus encore qu’avant. C’est comme
en sciences, j’imagine : chaque découverte
implique des questions encore plus vertigineuses.
Si j’étais de l’autre côté,
j’interviewerais…
Viola Davis. Elle joue sans faire de numéro
d’actrice, avec une rage, une puissance et un
plaisir qui la rendent magnétique. C’est comme
si elle arrivait avec son propre monde et pourtant
jamais elle n’écrase son personnage. Elle
photo Richard Saker/Contour by Getty Images
m’évoque Delphine Seyrig ou Jeanne Moreau.
Je lui poserais deux questions : comment
le dialogue entre cinéastes et acteurs doit-il
évoluer ? Et veut-elle lire mon prochain script ?
Ce que je vais faire après
cette interview ?
Aller à la bibliothèque de Beaubourg
pour écrire. Comme j’ai l’impression
d’être surveillé et que les autres produisent,
je me mets vraiment au travail. ●
« L’Île rouge », de Robin Campillo, avec Nadia
Tereszkiewicz, Quim Gutiérrez… Sortie le 31 mai.
 le PAri Sde...

India hair
à Cannes pour présenter deux films,
l’actrice franco-américano-britannique
nous emmène en balade dans la capitale.

Fibre nature
Coiffure et mise en beauté Flavio NUNES

Son regard d’effroi à la fin d’Une comme un visage incontournable de la télévision

Jeune fille qui va bien, de Sandrine Kiberlain, est
l’un des plans les plus forts du cinéma français de 2022. Son
tempo comique, singulier mais irrésistible, faisait mouche
dans Camille redouble ou Des gens bien, série belge allumée
actuellement disponible sur Arte.tv. Quant à sa force
sensible, elle sublime régulièrement de grands seconds
rôles, dans des registres très variés, du radical Rester vertical,
d’Alain Guiraudie, au féministe Annie Colère, de Blandine
Lenoir. En douze ans de carrière, India Hair s’est imposée
et du cinéma francophone, logiquement invité dans
les plus grands rendez-vous du 7e art. À Cannes cette
année, ce n’est pas un, mais deux longs-métrages
qui la comptent au casting : Jeanne du Barry, de Maïwenn,
film d’ouverture de l’édition 2023, et Rien à perdre, de
Delphine Deloget, sélectionné pour Un certain regard.
Dans le premier, biopic centré sur la favorite du roi
Louis XV, India est la fille capricieuse et extravagante
du roi, une sorte d’alter ego des Javotte et Anastasie

●159
Par Marilyne Letertre / photos louis teran
Parisguest
Paris/guest
de Cendrillon. « Dans ma vie, j’ai toujours l’impression
d’essayer d’être polie. Cela m’amusait de jouer mon exact
opposé, une princesse qui maîtrise les codes mais
s’autorise une grande vulgarité. » Ce personnage haut
en couleur, elle aura d’autant plus aimé l’incarner sous
la direction de la réalisatrice de Polisse et Mon roi :
« Avec elle, tout est limpide. Elle n’attend rien d’autre
que votre disponibilité au moment des prises. C’est très
tranquillisant pour les acteurs qui, comme moi, sont
parfois un peu timides. Cela permet de ne pas gaspiller
son énergie à essayer d’avoir l’air cool. » La concentration
paie : assumant l’excès sans glisser dans l’outrance,
India tire son épingle du jeu en quelques scènes. Y compris
face au roi – Johnny Depp himself – auquel son personnage
ose s’opposer. De la star hollywoodienne, elle a apprécié
l’écoute dans le travail, mais ce qui l’aura aussi et surtout
marquée sur ce tournage, ce sont les artisans recrutés pour
faire briller les ors de Versailles :
les costumiers, guidés par Jürgen
Doering, qui a travaillé dix ans
chez Saint Laurent, les
décorateurs, les coiffeurs-
“Cette ville m’a permis
maquilleurs… Le soin apporté
à l’ouvrage et le savoir-faire
de devenir actrice,
manuel, la comédienne y est je lui serai toujours attachée
naturellement sensible : ses
parents sont eux aussi artistes.
Son père est céramiste, sa mère
et reconnaissante”
sculptrice. « Avoir grandi dans
cet environnement m’a montré
que tout était possible. Je ne me suis rien interdit. Cela
a aussi démystifié les métiers artistiques : je les ai vus
travailler tous les jours, avoir des périodes où ils ne
vendaient rien, y retourner quand même. Être artiste,
pour moi, c’est concret. C’est être en mouvement, produire,
s’imprégner du travail des autres. » Jamais, cependant,
elle n’a voulu suivre les traces familiales, façonner la terre,
la matière. C’est sur scène, en danseuse classique, qu’elle
s’imaginait. Mais au bout de six-sept ans, elle découvre,
dans le cours de théâtre voisin, une autre source
d’épanouissement . « J’ai eu l’impression de trouver ma
place pour une raison simple : on me disait que je faisais du
bon boulot alors qu’en danse, j’étais sans cesse rabaissée.
Je me suis simplement sentie aimée, ça m’a donné
envie… » Les récits de son grand-père anglais, metteur en
scène œuvrant pour la survie de petites salles de province,
et de sa grand-mère, ex-actrice devenue peintre, avaient
déjà planté une graine. Ils avaient cessé leur activité quand
elle est née, mais l’ont initiée au théâtre et au cinéma,
lui faisant découvrir Lubitsch, les musicals de l’âge d’or,
les films de Cary Grant et Frank Capra, les Marx Brothers…
À l’heure des choix, elle quitte son Chinon natal pour
160●
entrer au Conservatoire de Nantes, puis celui de Paris, à
20 ans. Quinze ans, des castings et des seconds rôles plus
tard, les projets s’enchaînent : elle a tourné la série
comico-policière Polar Park pour Arte, et Planète B, un film
d’anticipation d’Aude Léa Rapin, avec Adèle
Exarchopoulos et Souheila Yacoub. Sans oublier Rien à
perdre, son autre film cannois, dans lequel elle est l’autorité,
la figure de l’aide sociale à l’enfance face à Virginie Efira,
employée de nuit à laquelle on retire la garde d’un fils.
Si le milieu semble bel et bien l’avoir adoptée, India Hair
dit pourtant avoir mis du temps à trouver ses marques.
« Comme je n’avais jamais imaginé faire du cinéma,
cela m’a pris du temps pour sortir de l’admiration, me
décoincer. L’aspect collaboratif du théâtre me manquait
parfois, jusqu’à ce que je décide d’être davantage moteur
sur les tournages. » Aujourd’hui totalement épanouie, elle
rêve d’un rôle chez Emmanuel Mouret, Alice Winocour
dont elle vénère Proxima, Xavier Giannoli ou Quentin
Dupieux, qui l’a dirigée dans Mandibules. Élevée en France
mais née d’un père franco-américain et d’une mère
britannique, elle aimerait aussi jouer dans sa langue
d’origine. « Personne ne saisit la balle au bond, mais
j’attends et j’espère », explique cette grande fan de Yórgos
Lánthimos qui, dans La Favorite, dirigeait Olivia Colman,
son modèle absolu. Mais Hollywood attendra… Malgré son
désir de scène, sa vie de famille dans un village sarthois
rend pour l’instant la chose impossible. « J’ai eu du mal
avec les périodes de “chômage” inhérentes au métier.
À Paris, il y avait tout, les musées, les théâtres, mais
je n’arrivais pas à mettre mon temps libre à profit. Je vis
mieux l’attente au grand air : on a retapé une maison
en bois avec mon compagnon, je m’occupe du potager,
je me balade en forêt avec mes deux enfants… Ne pas avoir
de nature à proximité était aussi énergivore : à Paris,
j’étais crevée tout le temps. Mais cette ville m’a permis
de devenir actrice : je lui serai toujours attachée et
reconnaissante. » En témoigne une balade en sa
compagnie, convoquant souvenirs professionnels,
racines anglaises et héritage familial. ●
« Jeanne Du Barry », de Maïwenn. En salle.
Parisguest
Ma librairie
« Mon père est franco-
américain et ma mère, anglaise :
j’ai grandi en France, mais on parlait
anglais à la maison. Quand je cherche
des livres dans ma langue maternelle,
je vais à la librairie Shakespeare
and Company. Ils ont notamment
une sélection super pour les enfants,
qui va bien avec ce lieu qui évoque
Harry Potter ! Je vais aussi chez
Smith & Son, dans le Ier
arrondissement. Ils ont des biscuits
anglais que je ne trouve pas ailleurs. »
37, rue de la Bûcherie, 75005.
shakespeareandcompany.com
Mon spot beauté
« Je vais souvent voir
Loubna Khenissa avant mes
tournages cela fait gagner du temps
aux équipes maquillage, et ça me
permet de me sentir mieux. Loubna
était chimiste et fabrique des produits
naturels, sur mesure. Elle fait
des miracles ! Il y a aussi chez elle
un côté chamane qui m’amuse… »
loubnakhenissa.com/fr
Au Théâtre
de l’Odéon.
Paris/guest
Dans la Galerie
Zèbres, où
les artistes
de sa famille
exposent
régulièrement.
Mon théâtre
« Quand je suis arrivée
à Paris pour faire le Conservatoire,
le Théâtre de l’Odéon était mon graal.
J’y ai auditionné plus tard pour
Alain Françon, et j’y ai fait une lecture
pour France Culture avec Dominique
Valadié et Christiane Cohendy. Mais
j’y ai surtout vécu des moments de
spectatrice qui m’ont marquée à vie :
Richard III, de Thomas Ostermeier, et
Kliniken, de Lars Norén, mis en scène
par mon amie Julie Duclos. Voir une
pièce de théâtre ou un bon film me
galvanise, nourrit mon travail. »
Place de l’Odéon, 75006. theatre-odeon.eu
Mes cinémas
« Le cinéma est mon
refuge, notamment le Cinéma
des Cinéastes à côté duquel j’ai vécu :
il appartient à l’ARP, la Société civile
des auteurs-réalisateurs-producteurs,
autrement dit aux gens qui font le
cinéma. La programmation art et essai
est enrichie de débats et rencontres. J’y
ai récemment présenté La Ligne, d’Ursula
Meier. C’est toujours agréable d’avoir
rêvé dans des endroits, et d’y aller un
jour parce que ton métier t’y emmène. »
7, av. de Clichy, 75017. cinema-des-cineastes.fr
« J’adore les
7 Parnassiens où je vais
souvent avant de reprendre mon train.
Il mériterait un petit coup de frais,
en haut, pantalon patou, chemise hermès. en bas, tenue patou
photos LOUIS TERAN et Shakespeare and company- instagram.
mais la programmation est géniale. »
98, bd du Montparnasse, 75014. parnassiens.com
Mon pied-à-terre
« Quand je viens
à Paris pour des rendez-
vous professionnels, je dors parfois
au Roch Hôtel & Spa. Je m’y sens bien.
C’est cosy, élégant : la décoration est
signée Sarah Lavoine. Le personnel est
adorable et moi qui vis à la campagne,
je suis sensible au fait qu’ils aient créé
un potager sur leur terrasse. J’adore
cette démarche qui consiste
à ramener de la nature en ville. »
28, rue Saint-Roch, 75001. leroch-hotel.com
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HOLISTIQUE UNIQUE
Spa Cinq Mondes La Samaritaine
Des soins massages issus des rituels de beauté du monde pour 77-81 rue de Rivoli, 75001, Paris
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Parisguest
Ma table
« Je suis récemment
allée à L’entente, une
brasserie british, pour l’anniversaire de
mon amie Clémence Poésy. Le patron
est anglais et propose des plats typiques
super bien cuisinés : fish and chips,
English roasts, pie, puddings… »
13, rue Monsigny, 75002. lentente.paris
Mes bijoux
« Je salue la démarche
de Courbet qui crée des bijoux
avec des diamants de synthèse :
ils fabriquent des pierres précieuses
en recréant le processus de fusion
en laboratoire. Ils travaillent aussi
avec de l’or recyclé provenant
de micro-composants utilisés en
électronique. Une façon responsable
de faire du beau sans cautionner
les catastrophes écologiques liées
à l’extraction des minerais. »
7, place Vendôme, 75001. courbet.com
Au Roch
Hôtel & Spa.
164●
Paris/guest
À Empreintes,
concept-
store déco
dans le Marais.
Mon marché
« Du 29 juin au 2 juillet,
photos louis teran, l’entente instagram
Mon vestiaire comme chaque année, se tient le
« Les matières, les marché des potiers de Saint-Sulpice
et Pierre Ducrocq. tenues patou
coupes et les couleurs de Patou me Céramique. J’y allais tous les ans avec
plaisent beaucoup. Guillaume Henry mes parents, j’ai adoré grandir sur
fait un travail formidable, dans une les marchés. Les potiers sont des bons
démarche responsable, et je ne me vivants qui vivent souvent à la marge :
sens jamais écrasée par ses créations, le contraste avec l’ambiance de cette
élégantes et confortables. Au contraire, place si chic du VIe arrondissement
elles me donnent confiance. Le m’a toujours amusée. »
showroom est dingue : c’est un endroit saintsulpiceceramique.com
assez petit, tout en bois, sur les quais,
où les couturières s’affairent. »
8, quai du Marché-Neuf, 75004. patou.com
« Margaux Lönnberg
fait des coupes simples, très
légèrement décalées, avec de belles
matières. Là encore, il y a tout ce que
j’aime : c’est chic, mais je n’ai jamais
l’impression d’être déguisée ! »
118, rue de Turenne, 75003.
margauxlonnberg.com
Parisguest
Paris/guest

À Empreintes,
cette fille
de créateurs
trouve son
bonheur.
En bas, dans
les coulisses
de l’Odéon.

Mon parc
« J’adore les serres
tropicales et le Jardin des Plantes,
qui associe des arbres, des herbes
aromatiques, des fleurs… Et puis,
petite, en Angleterre, lorsque je passais
deux mois de vacances à Bristol, il y
avait un musée un peu semblable à la
Galerie de l’Évolution. Du coup, j’aime
beaucoup m’y promener : c’est comme
une madeleine de Proust. »
57, rue Cuvier, 75005. jardindesplantesdeparis.fr
Ma galerie
« Le galeriste de
Zèbres a grandi avec les sculptures
animalières de ma mère, Joanna, que
ses parents exposaient déjà dans leur
galerie. Il a eu envie de prolonger
ce lien familial, et propose aussi
les sculptures de mon beau-père et
les peintures de mon frère et de ma
belle-sœur. Outre cet attachement
intime au lieu, j’y ai découvert des
artistes fascinants, valorisés par une
mise en scène proche du cabinet de
curiosités. À l’étage, ils ont par ailleurs
de très beaux meubles de designers. »
14, rue François-Miron, 75004. zebres.paris
Ma déco
« J’ai découvert
Empreintes alors que je jouais
une pièce d’Alain Françon au Théâtre
Déjazet. Je suis fille de céramiste
et de sculptrice. Cet endroit, créé
par Ateliers d’art de France, expose
et vend plein d’artistes et d’artisans
différents. Quand on a envie d’offrir
une pièce d’arts de la table unique
ou en série limitée, et bien sûr faite
à la main, c’est l’endroit idéal. »
5, rue de Picardie, 75003. empreintes-paris.com
Comptes
à suivre
@hejustudio. « Une agence de design
française qui mixe habilement les photos louis teran et F-G Grandin MNHN. tenues patou
matériaux et utilise des teintes que
j’adore, notamment le rose poudré. »
@atelierordinaire. « Ce compte
d’architecture, spécialisé dans les
maisons écologiques en bois, m’a
inspirée quand j’ai construit la mienne. »
@luka_hair_artist. « Les toiles de mon
frère me fascinent : on a l’impression
de pouvoir plonger dans ses décors.
C’est très cinématographique. »
@ch.bocquet. « Ma belle-sœur,
artiste peintre, fait ses propres teintures
de papier. J’adore ses tableaux
architecturaux, ses maisons. »

166●
Des sites d’exception,
signatures de
PRESTIGE SODEXO
Faire de chaque événement un moment d’émerveillement.
Tel est l’engagement de Lieux & Evènements Prestige Sodexo.
Quels que soient votre objectif ou vos envies, il existe un lieu idéal
pour accueillir vos réunions professionnelles ou rendez-vous privés :
rooftop, hôtel particulier, édifice mythique…
Autant d’adresses qui se mettent entièrement à votre service
et destinées à sublimer l’instant.

Laho, Bar & rooftop

C’est l’un des plus beaux spots parisiens pour épater vos
convives. La promesse ? Une vue à se damner, considérée par
les spécialistes comme « le plus beau coucher de soleil sur la
capitale ». C’est tout dire… À seulement deux pas de la gare
de Lyon, ce toit-terrasse pensé comme un écrin de verdure
et ouvert uniquement à la belle saison, de 18h à minuit, peut
vous être entièrement dédié le temps d’une soirée. À l’image
du lieu, la carte met à l’honneur ce qu’il y a de plus désirable :
une cuisine fusion à picorer, des cocktails et mocktails
finement élaborés, le tout à déguster la tête dans les étoiles.
S. d’Halloy

5-9 rue Van Gogh, Paris (XIIe).

www.laho-rooftop.fr/

Restaurant Les Artsi

Au cœur de l’Hôtel des Arts et Métiers, propriété séculaire
des Gadzarts, le restaurant Les Arts est idéal pour passer
un moment gourmand, à l’abri des regards. Dans la salle
à l’ambiance feutrée, ou plus naturellement en pareille
saison, au sein du discret jardin arboré ou encore
Philippe Barbosa

dans un espace privatif, vous êtes invités à déguster

une des plus raffinées cuisines de la gastronomie
parisienne traditionnelle qui évolue au gré des saisons.
9bis avenue de Iéna, Paris (XVIe).
www.salons-artsetmetiers.com
 Publi-communiqué

Communiqué

Madame Brasserie
Qui n’a pas rêvé un jour de partager un repas,
confortablement installé au cœur d’un lieu mythique ?
C’est l’expérience qu’offre Madame Brasserie, établissement
culinaire lové au premier étage de la tour Eiffel, qui vous
accueille le temps d’un événement dans son Lounge pour
siroter un cocktail ou dans son restaurant pour savourer
la cuisine gourmande de Thierry Marx.
Le chef propose une gastronomie typique des brasseries
parisiennes à grand renfort de produits locaux et adapte
ses menus au fil des saisons. Madame Brasserie sait réunir

D.Milherou
en un seul et même lieu tout ce qui fait le charme et la
renommée de la France à travers le monde.
Champ de Mars, Paris (VIIe).
www.madamebrasserie.com

Le Poulpryi
L’Hôtel de Poulpry - Maison des Polytechniciens réserve
encore bien des surprises à sa clientèle. Cet hôtel particulier
renferme en effet un secret bien gardé : au cœur de sa cour,
se niche une terrasse verdoyante où il fait bon s’installer le
temps d’un repas élaboré par le chef Nizam Nassif, membre
auditeur de la prestigieuse académie Culinaire de France.
Un lieu élégant et calme, situé à proximité immédiate des
Grands Boulevards, qui accueille les fins gastronomes

Vincent Fillon
désireux de savourer ce que la gastronomie française
a de plus raffiné, le temps d’un service digne
des plus grands établissements parisiens.
12 rue de Poitiers, Paris (VIIe).
www.restaurant-lepoulpry.com

Don Juan II
Le Don Juan II vous propose une croisière étoilée au
Guide Michelin 2023 pour découvrir les emblèmes de Paris
au fil de l’eau. Rendez-vous est donné face à la tour Eiffel,
au port Debilly, où vos convives découvriront ce yacht de
prestige le temps d’une balade sur la Seine. Outre le cadre
où se mêlent luxe intimiste, bois exotiques et textiles
d’exception Pierre Frey, le moment sera sublimé lors
de la dégustation d’un menu gastronomique, signé
Frédéric Anton. Le chef, étoilé au Pré Catelan puis au
Jules Verne, signe une carte délicate et respectueuse
N.Buisson

des produits comme des saisons. Une aventure gustative

inédite qui ne peut laisser personne indifférent.
Port Debilly, Paris (XVIe).
https://donjuan2.yachtsdeparis.fr
parisresto
Parisresto
Paris/resto 1. Au
Printemps
Haussmann.
2. Au Musée
de l’homme.
3. À la Maison
de Balzac.

LA PLUS Les terrasses

PANORAMIQUE
Café Messika
au Printemps
Le spot : la maison de haute joaillerie
éponyme signe le Café Messika,
sur la terrasse du Printemps
Haussmann. La déco met en avant
éclats d’or, néons contemporains…
dans une atmosphère Art déco.
Dans l’assiette : la carte de Juan
Arbelaez affiche focaccia, burrata
et jambon ibérique, sashimi black cod,
rigatoni à la tomate, Messika double
cheddar, cocktails, champagne
au coucher du soleil,
Le plus : l’atmosphère festive
avec soirées DJ.
Ouverture le 16 mai. printemps.com
LA PLUS ART DÉCO
Le Café de l’Homme
Le spot : posée au Musée de l’homme,
la terrasse de 350 mètres carrés
du restaurant, revu il a quelques
années par le duo Gilles et Boissier,
est en prise directe avec la tour Eiffel.
Dans l’assiette : le chef Fadi Frem
font l’été
nos meilleures adresses
pour satisfaire nos envies LA PLUS
de plein air dès l’arrivée ROMANTIQUE
des beaux jours. RoseBakery
à la Maison de Balzac
Le spot : offrant une vue
superbe sur la tour Eiffel, cette terrasse
LA PLUS ÉLÉGANTE arborée et fleurie a des allures
Maison Delano de jardin suspendu en plein Paris.
Le spot : le restaurant du 5- étoiles Dans l’assiette : que du bio et
Maison Delano est doté d’une terrasse des produits de saison et des plats
au cœur de la bâtisse du XVIIIe siècle. sans gluten ou lactose… Quiches
Dans l’assiette : le chef trois étoiles du jour, cake à la carotte, salades…
Dani García propose une carte Le plus : la visite de la Maison
de spécialités ibériques sophistiquées de Balzac, où il vécut sept ans.
avec croquants de langoustines rosebakery.fr
au basilic et paella de poulpe grillé…
Le plus : en cas de pluie, la terrasse LA PLUS FESTIVE
se couvre en un clin d’œil. Maison Revka
maisondelanoparis.com Le spot : avec ses 1 000 mètres carrés,
la terrasse du restaurant est ornée
LA PLUS BUCOLIQUE de roses et de jasmin. Une parenthèse
L’Auberge du bonheur bucolique inattendue au cœur du XVIe.
Le spot : dans le bois de Boulogne. Dans l’assiette : un fabuleux
photos Romain Ricard et Pierre Monetta

privilégie les circuits courts et mélange
plats traditionnels et modernes
(Chateaubriand béarnaise, foie gras de
canard, mais aussi gyozas de légumes
ou tartare d’aubergines blanches).
Le plus : l’ambiance élégante
de ce lieu mythique.
cafedelhomme.com
Dès les beaux jours, les Parisiens
avertis s’attablent sous les glycines.
Dans l’assiette : la cheffe thaïlandaise
Benjawan Guérin a mis au point
une carte aux accents asiatiques
avec crevettes snackées au curry vert
et poulet au lait de coco et citronnelle…
Le plus : la campagne à dix minutes
de l’Étoile !
restaurantsparisiens.com/auberge-du-bonheur
koulibiac de saumon, de la burrata
à la poutargue, des pommes de terre
au four garnies de caviar et
une pavlova dans tous ses états.
Le plus : la boutique où l’on trouve
ces produits d’exception : caviars,
saumons, objets pour la maison…
maisonrevka.com

Par Adine Fichot-Marion

170●
 parisweek-end
Parissorties
Paris/sorties

1. La Villa des Orangers.

2. Le Domaine des
Remparts et sa piscine.

L’OASIS
AU CŒUR
DE LA MÉDINA
Après un tour dans
le dédale de souks, on
s’enfonce dans la vieille
ville pour un dîner à la
belle étoile à la Villa des
Orangers. Sublime riad
des années 1930, il vient
d’être repris par Alexandra
et Philippe Monnin,
fondateurs du groupe
Millésime. Au menu,
signé par Flora Mikula :
des huîtres de Dakhla,
une épaule d’agneau cuite
à la vapeur (à commander
24 heures à l’avance) et le
Marrakech
parfait rituel du thé à la menthe servi
à la bougie, au bord de la piscine.
express L’ADRESSE
villadesorangers.com
On découvre les meilleures INTIMISTE
Situé aux portes du désert,
LE RESTAURANT adresses de la Ville Ocre le boutique-hôtel Domaine
DE FEMMES le temps d’un week-end des Remparts donne
Au Maroc, la cuisine, lieu réservé dépaysant. l’impression d’une grande
aux femmes, reste habituellement maison de vacances. Chacune
cachée. Mais pas chez Sahbi Sahbi des 32 chambres, décorée
(“âme sœur” en marocain), ce sans vapeur – et de se faire emporter avec goût, est une alcôve de fraîcheur
nouveau restaurant “in” du quartier par les parfums de miel d’ambre, qui donne sur le jardin débordant
Guéliz, dont le design est signé de fleur d’oranger et d’amande au lait. de bougainvilliers. Ici, on va jusqu’à
Studio KO. Ici, les “dadas” travaillent Idéalement ensuite : un soin du visage la piscine pieds nus dans l’herbe,
au centre de la salle, s’affairant dans l’une des cabines, à l’étage, avec pour savourer un poisson grillé sous
à faire mijoter tajines de loup sauce vue sur les deux hectares de végétation. la pergola du restaurant L’Olivier ou
chermoula et tanjias de jarret de bœuf royalmansour.com pour se prélasser au soleil. Idéal pour
aux haricots blancs. Le nouveau un week-end en famille ou entre amis.
repaire des stars de passage ? Le soir LA PARENTHÈSE domainedesremparts.com
où nous sommes venus, l’actrice MILLE ET UNE NUITS
Gillian Anderson y avait une table. Ouvert en 2020, ce gigantesque palais LE ROOFTOP
sahbisahbi.com arabo-andalou de la chaîne hôtelière HYPE
Oberoi est un bijou sorti de terre sur Cofondée par Robert de Niro, la chaîne
LE SPA la route de Ouarzazate, entre la médina Nobu Hospitality a ouvert son premier
TRADI-CHIC et l’Atlas. La vue sur le canal central établissement marrakchi en janvier.
photos PHILIPPE DOIGNON et S. P.

Caché dans l’hôtel le plus exclusif de la
ville, le spa du Royal Mansour subjugue
par son raffinement. Dans ce temple du
bien-être de 2 500 mètres carrés, il est
bon de débuter par un rituel hammam,
de pure tradition marocaine – et donc
depuis le patio est spectaculaire. Tout
comme les 84 villas privées, chacune
avec sa piscine, auxquelles on accède
en cheminant parmi les 3000 oliviers
du parc de 11 hectares. Immanquables :
la bibliothèque de 650 ouvrages et
le petit déjeuner servi sur la terrasse.
oberoihotels.com
Direction le dernier étage de cet hôtel
pour savourer un cocktail sur le rooftop
circulaire (le Matsuhisa Martini, à base
de saké, est l’un des “signatures”), et sa
vue grandiose sur les anciens remparts.
marrakech.nobuhotels.com

●171
Par Marion Galy-Ramounot
parislieux
Parissorties
HANGAR Y
Fraîchement ouvert, ce superbe
domaine nous invite dans un parc
de 9 hectares jalonné d’œuvres.
Deux expositions par an autour
des sciences, de la nature et de l’art
sont organisées dans le bâtiment
historique, vestige de l’exposition
universelle de 1878 et ancien hangar
à dirigeables de l’armée (1). Ateliers,
aire de jeux, espace pour pique-niquer
et restaurant…, tout est prévu pour
passer de bons moments en famille.
9, avenue de Trivaux, 92360 Meudon.
hangar-y.com
FONDATION
FIMINCO
Établi dans un ancien site industriel
pharmaceutique (3), ce lieu
de création regroupe des galeries,
une résidence d’artistes et un espace
d’exposition. En tout, 11 000 m2
avec des programmations dédiées
à la création contemporaine, comme
l’expo Odyssées urbaines, du 8 juin
au 8 juillet. En face, Les Réserves
du Frac se visitent également.
43, rue de la Commune-de-Paris,
93230 Romainville. fondationfiminco.com
172●
Paris/sorties
Escales
archi arty
Anciens entrepôts ou sites
industriels, ces lieux
ont été métamorphosés
en centres d’art.
GALERIE
THADDAEUS ROPAC
Dès 2012, la célèbre galerie parisienne
s’est implantée hors de la capitale, dans
une ancienne chaudronnerie du début
du XXe siècle. Parmi les expositions
programmées, celle de Georg Baselitz,
jusqu’au 27 mai. Le lieu accueille
aussi événements, concerts et débats.
69, avenue du Général-Leclerc, 93500 Pantin.
ropac.net
GALLERIA
CONTINUA
Cette galerie d’art contemporain
d’origine italienne, qui dispose
également d’une antenne dans Paris,
a ouvert Les Moulins en 2007. Installé
à la fois dans une ancienne manufacture
de papier et dans des moulins, ce lieu
de 40 000 m2 présente des installations
d’artistes internationaux. À découvrir
bientôt, une exposition dédiée
à ceux qui ont fait l’histoire de la
galerie depuis trente ans, à travers des
sculptures, des vidéos et des peintures.
46, rue de la Ferté-Gaucher,
77169 Boissy-le-Châtel. galleriacontinua.com
Par Marie-Anne Bruschi
MAC VAL
Le Musée d’art contemporain
du Val-de-Marne est situé dans
un jardin public orné de sculptures (2).
Dans ce bâtiment conçu par Jacques
Ripault, 2 500 œuvres reflètent
la création artistique en France
des années 1950 à nos jours. À voir
jusqu’au 17 septembre, Histoires vraies,
une exposition collective réunissant
une quarantaine d’artistes.
Place de la Libération, 94400 Vitry-sur-Seine.
photos Adeline Bommart, J. F. Aujour-ADAGP 2023 et Martin Argyroglo
macval.fr
ARTAGON
À Pantin, l’association Artagon,
qui accompagne la scène artistique
émergente, occupe un ancien collège.
Ce bâtiment des années 1970
a été construit par les architectes
du Centre national de danse de la ville.
Artistes et professionnels ont investi
les 4 500 m2 mettant l’art, la culture
et la société au cœur de leurs activités
à travers, notamment, des rencontres
et des formations ouvertes à tous.
34, rue Cartier-Bresson, 93500 Pantin.
artagon.or
paristendance
Parisweek-end
Paris/week-end Viltain (à gauche)
ou Gally (ci-contre),
on trouve sa cueillette
grâce à l’association
Chapeau de paille.

LA doyenne
Fondée en 1977, la Ferme du Logis
fut la première à se lancer en France
en ouvrant ses vergers à tous.
Toujours familiale, elle s’étend
désormais sur 25 hectares et propose
une cinquantaine de fruits et
légumes, plantes aromatiques et fleurs.
Le plus : ses sauces tomate, pâtes
de fruits et sorbets faits maison.
Lieu-dit Le Logis, 78580 Jumeauville.
lafermedulogis.com
LA LAITIÈRE
Armés d’une brouette, on part faire
son marché à la Ferme de Viltain.
Verger de pommes, tomates anciennes
cultivées sous serre…, l’éventail est
large. Cette ferme d’élevage possède
aussi des vaches et une laiterie, où sont
fabriqués yaourts et fromages blancs.
Le plus : son grand choix de fleurs.
Chemin de Viltain, 78350 Jouy-en-Josas. viltain.fr
LA POPULAIRE
Les Fermes de Gally possèdent trois
Les fermes
où faire ses
courses 100 % cueillette
L’association Chapeau de paille
On prend la clé des champs regroupe des agriculteurs
et arboriculteurs qui proposent
à quelques kilomètres de des cueillettes libres, devenues
Paris et on s’approvisionne des maillons essentiels du circuit
en produits de saison. court. Le site référence ainsi
10 adresses en Île-de-France
(et 26 en région) où l’on peut
à maturité et leurs prix (à retrouver cueillir fruits, légumes et fleurs
aussi en ligne). En juin, on attend de saison. Le principe est toujours
les cerises de Montmorency ! le même : une agriculture raisonnée
Le plus : à 1 km, à Saint-Cyr-l’École, et un vaste espace où le consommateur
on profite des visites en famille avec se promène librement tout en faisant
découverte des animaux, promenades sa récolte. On y retrouve les fermes
dans les prés et ateliers de fabrication de Viltain et Gally, mais aussi celles de
de pain ou de bougies en cire d’abeille… Torfou (Essonne), Cergy (Val-d’Oise)…
Route de Saint-Cyr, 78870 Bailly. Le plus : durant tout le mois de juin,
lesfermesdegally.com l’opération « Brouette gagnante »
fera gagner le contenu d’une brouette.
LA rapidE chapeaudepaille.fr
Les Vergers de Champlain s’étendent
sur 27 hectares, offrant une multitude
de fruits et de légumes. Début juin,
si la météo est clémente, on pourra La vie au vert
repartir avec des cerises, des fraises, Situé dans une clairière de la forêt de
des petits pois, des épinards, des radis… Rambouillet, Grand Jardin Rambouillet
Dans la grande épicerie, on trouve est une ferme disposant aussi d’un gîte
aussi des produits régionaux, dont pour 8 personnes. Sur ses 12 hectares,
photos Estelle Offroy et S. P.

lieux pédagogiques en Île-de-France.
Créée en 1983, la cueillette de Bailly
cultive plus de 70 espèces de fruits,
légumes et fleurs. Dès l’entrée, un
grand panneau indique les produits
des volailles et de la charcuterie.
Le plus : son drive avec commande
en ligne, puis retrait sur place ou
livraison à domicile, suivant le secteur,
et dans certaines gares de la ligne E.
RN4 La Croix Saint-Nicolas,
94510 La Queue-en-Brie. vergersdechamplain.fr
est pratiquée une agriculture de maraîchage
bio, où les invités peuvent participer à des
activités axées sur la nature (visites orientées
sur les oiseaux ou les insectes) et repartir
avec un panier plein de produits maison.
Route de Saint-Rémy-des-Landes,
78120 Clairefontaine-en-Yvelines. grandjardin.fr

174● Par Marie-Anne Bruschi

 C R É AT E U R D E

beauté
intérieure

* Offre valable du 24/05/23 au 24/06/23, voir conditions dans votre magasin Archea participant, liste disponible sur www.archea.fr - TAO © DR - Visiolab - Photos non contractuelles.
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Ce que l’on trouve chez vous… c’est vous.
Votre maison, votre appartement est un prolongement de
votre personnalité, un concentré de ce que vous êtes, de ce
que vous aimez et de ce qui construit votre quotidien.
Aujourd’hui, nous le savons : aménager son intérieur, c’est
libérer son esprit, c’est organiser ses pensées, lutter contre
le stress et redonner de l’espace à sa sérénité.
Pour que votre intérieur ne trahisse jamais vos sensations,
nous concevons, réalisons et installons vos aménagements
sur mesure pour que vous retrouviez votre beauté intérieure.

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14e arr. (métro Alésia) - 01 43 95 08 42 • PARIS 15 - 79, rue de la Convention (métro Boucicaut) - 01 45 78 08 19 • 78 COIGNIÈRES - 215, RN 10 - 01 34 61 64 81 • SAINT-
GERMAIN-EN-LAYE - 72 bis, rue Mal. Lyautey (prolongement rue de Paris) - 01 30 87 08 28 • VERSAILLES - 16, rue de la Paroisse - 01 30 21 42 00 • 92 ANTONY - 78, av. de la
Division Leclerc (RN 20) - 01 46 66 08 04 • BOULOGNE-BILLANCOURT - 84, av. Edouard Vaillant (métro Marcel Sembat) - 01 46 05 92 92 • CHÂTILLON - 24, av. de Verdun
(D 906) - 01 46 55 11 55 • NEUILLY-SUR-SEINE - 65, av. Charles de Gaulle - 01 46 24 36 07 • RUEIL-MALMAISON - 140, av. Paul Doumer - 01 47 49 65 52 • 94 SAINT-MAUR-
DES-FOSSÉS - 117 bis, av. Foch - 01 55 97 07 36 • VINCENNES - 31, av. de Paris (métro Bérault) - 01 43 74 49 38 • 95 EAUBONNE - 59, route de Saint-Leu - 01 34 16 38 31
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