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PRESENTATION DE SALINA 

J’ai choisi de vous présenter Salina, les trois exils, un roman de Laurent Gaudé. Ce romancier et
dramaturge français est connu pour ses prises de position et ses récits épiques qui illustrent les
grands thèmes de tragédie que sont la vengeance, la passion. Dans Salina, les trois exils, qui est
une réécriture romanesque de sa pièce de théâtre Salina parue en 2003, Laurent Gaudé raconte le
destin d’une jeune femme à la manière d’une épopée, en reprenant les codes de la chanson de
geste, l’un des fils de l’héroïne jouant le rôle de l’aède narrant les mésaventures de sa mère. À
travers cette histoire de vengeance – l’héroïne, telle une Médée, se venge de tout un clan qui lui a
refusé l’amour – Laurent Gaudé évoque la condition féminine dans une société archaïque ; mais il
montre aussi les ravages de l’amour, de la passion. Ce roman m’a été proposé dans le cadre du
parcours «  personnages en marge, plaisirs du romanesque », ce qui se comprend. En effet, Salina,
par ses origines, son comportement, est un personnage en marge, et c’est cette marginalité qui
fournit les plaisirs du romanesque.

TRAGIQUE :

Son auteur, Laurent Gaudé, dramaturge et romancier, retranscrit l’une de ses pièces de théâtre : tout
en conservant les éléments qui font de son personnage une héroïne de tragédie antique, il propose
un portrait de femme hors du commun, semblable à une Médée dont la folie meurtrière ne
s’apaisera qu’à l’apparition de son troisième fils. Salina, les trois exils est un roman complexe par
sa structure avec son récit encadré et ses analepses.
L’histoire est celle d’une vengeance, mais aussi celle de la rédemption : faire enterrer Salina sur l’île
cimetière est une façon de rendre hommage à une femme qui a souffert une grande partie de sa vie.

EN QUOI SALINA EST UN PERSONNAGE MARGINALE :

elle représente la figure de la folle, c’est une femme sans origine, elle vit recluse dans le désert.
Le roman est centré sur un personnage marginal : Salina.
Dès le début, avec un incipit qui présente Salina, enfant sans origines, le narrateur suscite l’intérêt
du lecteur qui voudra connaître le mystère qui se cache derrière les origines de l’héroïne. De même
le récit de sa vengeance, son désir de vivre recluse, sont sources de romanesque : à chaque étape de
sa vengeance, surviennent des rebondissements qui éveillent l’intérêt du lecteur.
Ainsi avec ce roman, on a une illustration de la contribution des personnages en marge dans la
constitution des plaisirs du romanesque.

MON CHOIX :

À travers le destin de Salina, le lecteur est amené à réfléchir au statut de la femme, à ses conditions
de vie, dans une société archaïque où tout est régi par les traditions.
Ainsi Salina n’a aucun droit en tant que femme : elle ne peut choisir l’homme qu’elle aime, et
même veuve, la tradition veut qu’elle épouse le frère de son défunt mari – dans le cas de Salina,
cela ne pose pas de problème puisqu’elle aime Kano, mais imaginez ce que cela aurait pu être si ce
n’était pas le cas.
Quand elle vivait chez les Djimba, son corps ne lui appartenait pas : Saro la viole, ne cherche pas à
avoir son consentement ; pour lui, l’avoir comme épouse, c’est l’avoir comme possession.
Elle ne devient réellement libre que lorsqu’elle vit recluse dans le désert, lorsqu’elle devient
marginale. Et encore, sa liberté est entravée par son désir de vengeance.
Ainsi ce roman nous montre combien le statut d’épouse peut être similaire à celui d’une esclave.

OU ENCORE :
Dans ce récit épique nous avons différentes images de l’amour.
D’abord avec le triangle amoureux Salina-Saro-Kano, Laurent Gaudé nous montre comment
l’amour peur être à l’origine de conflits qui peuvent chambouler toute une civilisation. C’est parce
qu’à l’origine Saro voulait posséder Salina qui en aimait un autre, que son clan a connu des
massacres.
Avec Saro, nous avons aussi une illustration de l’amour physique : Saro n’aime pas Salina pour ce
qu’elle est mais pour ce qu’elle représente, une femme objet qui lui permettrait d’assouvir ses désir
charnels.

Avec Malaka et Koura Kumba, nous avons un autre type d’amour, l’amour filial : une dévotion du
fils pour la mère, même si celle-ci n’est pas biologique. C’est aussi un amour sans concession. Ainsi
Koura Kumba aurait pu en vouloir à sa mère après son combat contre son frère ; pourtant il réclame
de mourir dans ses bras

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