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Chapitre 1

LE MAQUILLAGE AU CINÉMA

   
     Parler du maquillage au cinéma est un vaste sujet, si vaste qu’il faudra plusieurs chapitres rien que
pour s’en faire une idée générale. 

     Il y a tant de choses à traiter que si on commence n’importe où, n’importe comment, on va vite s’y
perdre. 

     Aussi je vais m’efforcer de sérier chronologiquement les choses, afin de garder une certaine
cohérence, en commençant par un rapide (donc forcément approximatif et incomplet, vous voudrez
bien me le pardonner) survol de l’historique du maquillage, des origines à nos jours.

La place du maquillage dans l’Histoire

     Le maquillage est une des plus anciennes coutumes de l’humanité. 

     Depuis que l'Homme a compris qu'il pouvait dessiner et peindre, des signes distinctifs relativement
bien dessinés sur la peau avec de la cendre et des colorants naturels servirent à reconnaître les membres
d’un clan, puis d’une tribu. 

     Plus tard, une valeur spirituelle s’est ajoutée à cette fonction de relier entre eux les hommes d’un
même peuple, d’une même croyance. Cette très ancienne coutume a perduré au moins jusqu’au début
du XXe siècle dans certaines régions du monde, c’est dire si cela avait une importance considérable. 
     Outre cette valeur de signe de reconnaissance, on s’aperçut vite que cela pouvait être joli, décoratif,
et peu à peu le « maquillage » évolua dans ce sens. 

     Les anciens Égyptiens découvrirent un médicament, composé à base de cendres de saule et


d’amandes et de malachite pulvérisée qui les protégeait contre les infections dues aux moustiques,  et se
le  

mettaient dans les yeux. Ce fut l’origine du Kohl, l’écorce de saule étant riche en acide salicylique, base
de l’aspirine synthétique qui ne fut découverte que dans la seconde moitié du XIXe s. On s’aperçut vite
aussi de la beauté d’un œil sain ourlé de kôhl.

     Au soleil, on bronzait fortement, mais les rougeurs dues aux coups de soleil étaient masquées de
blanc en pommade. Cette technique sera reprise par les Grecs et les Romains qui découvrirent en plus le
charme du rouge à joues sur le fond blanc, ainsi que la coloration des cheveux en bleu, rouge ou jaune
pour les personnages en vogue (aujourd’hui on dirait in ou branchés). 

     Au Moyen Age, puis à la Renaissance, on utilisa encore cette technique de maquillage un peu plus
discrètement, mais la pommade blanche, la céruse, faisait alors des ravages : à base d’oxyde de plomb,
c’est un poison qui provoque le saturnisme, maladie grave pouvant entraîner la mort. Elle est
maintenant formellement proscrite de la cosmétologie moderne et remplacée par des oxydes de titane
ou de zinc, ce dernier ayant de plus des vertus cicatrisantes. 

Les personnages de la Commœdia dell'Arte.


Sur la gauche, en noir, est représenté un jeune Jean Baptiste Poquelin, dit Molière.

La place du maquillage dans le  spectacle

    A l’origine du spectacle, dans les théâtres grecs, les femmes n’étaient pas autorisées à jouer et les
hommes devaient interpréter les rôles féminins. Ils se mirent donc des masques en pierre sculptés à
l’effigie du personnage à représenter et qui leur servaient en même temps de porte-voix. Ces masques
lourds furent remplacés par des masques en bois, puis en cuir au XVe s. avec la fameuse Commœdia
dell’Arte, comme on en voit sur l'illustration ci-dessus.

     Les femmes commencèrent alors en France à jouer et les masques furent abandonnés peu à peu.
Mais à la fin du XVe s. cela n’était pas encore admis partout et Shakespeare eut l’idée d’utiliser le
maquillage, alors principalement de poudres de différentes couleurs, pour remplacer les masques et
permettre aux femmes de jouer des rôles de jeunes hommes, ce que l'on nommera plus tard les
travestis. Bien plus pratique que les vieux masques, l’idée se répandit vite en France puis dans le reste de
l’Europe. 

     Les procédés étaient alors très exagérés, mais ne choquaient pas trop dans une époque où beaucoup
parmi les plus aisés, hommes et femmes, se maquillaient quotidiennement. 
     Depuis Shakespeare, les techniques se sont affinées en même temps que les  produits et l'éclairage de
scène.  Shakespeare devait éclairer ses acteurs à la bougie, ainsi que Molière un peu plus tard (c'est pour
ça que la durée des actes était limitée à environ 25 minutes maximum. On fixait alors les poudres sur une
couche de graisse (saindoux ou équivalent), avec une patte de lapin (c'est une brosse souple baptisée
ainsi, en principe…), mais cela glissait, bien entendu et ne durait pas longtemps. On a fini par mélanger
les colorants directement dans les graisses, mais les couleurs n'étaient pas fiables et les produits
finissaient par sentir mauvais au bout de quelques semaines. 
    
      La première marque de produits de maquillage spécialement destinée au théâtre fut conçue et
fondée en 1873 à Berlin par un chanteur baryton allemand, également intéressé  par la chimie, 

Johan Ludwig Leichner. Il a le premier systématisé une gamme de coloris reproductibles et inventé
différentes textures et formes pour ses maquillages, principalement sous forme de sticks épais pour les
teints et plus fins pour les "liners" permettant de tracer les ombres et reliefs. On s'appliquait alors les
produits directement sur la peau avec le stick, puis on les étirait au doigt. Cette technique a perduré au
théâtre jusque dans les années 1960. Les produits et coloris de Johan Ludwig Leichner ont servi depuis
de base à de nombreuses autres marques qui les ont développés, affinés encore davantage au fur et à
mesure de l’évolution, du théâtre au cinéma, puis du N&B à la couleur et maintenant à la Haute
Définition (HD).

     Les sticks Leichner étaient relativement durs (surtout dans les loges de théâtres non chauffées, et les
dames ont utilisé une texture pâteuse souple en tube pliant après 1914 lorsqu'un certain maquilleur
polonais (devenu américain sous le nom de Max Factor) eut inventé cette texture plus souple d'emploi
pour le cinéma.

     Le maquillage de scène devait représenter toute la société humaine – hommes, femmes, jeunes,
vieux, européens, africains, asiatiques, etc – et bien sûr, des couleurs spécifiques furent créées pour
peindre ces caractères sur les artistes alors assez éloignés des premiers spectateurs.

     Les rajeunissements d’actrices de 40 voire 50 ans jouant les jeunes premières avec une épaisse
couche de fond de teint n’étaient pas perceptibles de la salle.

     Pas plus que les vieillissements, appelés grimes, de jeunes gens jouant des vieillards comiques avec
perruques et barbes blanches et nez à la pâte à modeler-cire.

     On parlait alors de grimage. Ce fut l'ancêtre de nos maquillages de compositions qui ont depuis bien
évolués. 

Quelques produits courants Leichner 

Les petits modules (Liners) servaient de fards d’appoint, comme des crayons mais pas seulement ;
Les gros modules (Stick Form C) sont les fonds de teints gras solides pour le théâtre. Il y avait aussi une
variété plus souple en tubes comme du dentifrice pour le cinéma.
Ces produits étaient principalement utilisés au théâtre par les artistes jusque dans les années 1960, mais
le cinéma s’en est aussi servi à ses débuts avec Méliès, Lon Chaney et d’autres… 

(Photo Internet)

La Petite Ecole du Maquillage Leichner  

par Otto Adalbert Leichner    

     Pendant longtemps, le petit livret ci-contre, cartonné, publié en allemand et traduit dans de
nombreuses langues, dont français et anglais, par la firme Leichner fut la seule référence un peu sérieuse
en matière de maquillage scénique vraiment pro. Il présentait le placement des couleurs nécessaires sur
un côté du visage et le résultat sur l'autre côté. 

     Dans les écoles d'esthétiques, le maquillage était alors naturellement enseigné sur des bases
d'esthétique pour sublimer les dames avec une belle peau bien lisse. Mais au cinéma les personnages les
plus intéressants à maquiller n'ont pas tous ce type de beauté esthétique, et avant de rencontrer
Arakélian, j'ai appris les bases dans le petit livret ci-contre (en version française, bien sûr) tout en
m'entrainant chaque semaine dans la troupe théâtrale de mon lycée.

     J'ai personnellement appris beaucoup dans ce petit livret dont ma version française a disparu de chez
moi il y a quelques temps… Si je la retrouve, j'en publierais le contenu…

     Naturellement, depuis ce livret, beaucoup d'autres livres sont sortis, non seulement pour le théâtre (la
collection Kryolan, par exemple), mais aussi sur le maquillage de cinéma et les effets spéciaux, mais ils
sont le plus souvent en anglais.

     Aujourd'hui, certes, les moyens ont changés, mais les principes sont toujours valables, il suffit de bien
doser les couleurs.

(Photo Internet)

     Dès l’origine du cinéma, Méliès fit appel au maquillage de théâtre pour ses personnages de
composition. Si les frères Lumière ont inventé la caméra et le film de reportage, l’essor du cinéma de
fiction est dû à Méliès qui racontait de merveilleuses histoires, et l’on peut dire que ses maquillages (et
ses trucages, mais ce n'est pas notre propos ici) ont grandement contribué au développement et au
succès de cette nouvelle invention que nous aimons tant depuis. 

     Dès lors, l’évolution du cinéma et du maquillage s’est faite en parallèle. Les pellicules N&B se sont
affinées, la couleur est arrivée, puis le Technicolor, le 70mm, et dernière en date la "HD", en attendant 

les futures évolutions, et les nouveaux standards de diffusions Internet et télévision Ultra HD.
 

     Les fonds de teint épais et cireux  de 1873 se sont affinés et Max Factor à Hollywood a inventé dès
1918 le fard beaucoup plus souple et plus discret, le "Flexible Greasepaint", en tube genre dentifrice,
puis en 1935 le Pan-Cake (fard pressé, à étaler à l’éponge mouillée, en boite ronde) et en 1948 le fard-
crème (appelé Pan-Stik) qui est encore la texture la plus utilisée actuellement dans presque toutes les
marques professionnelles malgré l’apparition relativement récente de fards fluides (à l’eau, à base de
silicone ou d’alcool) et des aérographes.

Les fards vedettes de Max Factor

Le fond de teint crème existait déjà au théâtre depuis 1914, bien avant l'arrivée du maquillage de
cinéma. Cette texture a donc été l'une des toutes premières utilisées au cinéma. Beaucoup d'autres ont
suivi.

Le Pan-Cake servait beaucoup au théâtre pour sa rapidité d'application permettant un teint lisse, et


principalement pour le maquillage des corps au cinéma.
(Photo Internet)

Le Pan-Stik, plus fin d'emploi, devint vite la préférence pour les visages. On l'utilisait "couvrant" en N&B,
puis beaucoup plus finement, un peu dilué, après l'arrivée de la couleur. 

     Aujourd'hui, la HD exige des produits à la fois plus fins et plus riches en colorants – on parle alors de
"haute pigmentation" –, et toutes les marques professionnelles ont développé leurs gammes de produits
HD, en fards gras et fluides, pour la beauté, et certaines à l'alcool pour les effets spéciaux qui doivent
impérativement tenir très longtemps. Nous aurons l’occasion de reparler de ces produits. 

   
     Les fards-crème sont maintenant souvent présentés en boite et, malgré l’apparition des fards fluides,
restent toujours la texture préférée des maquilleurs classiques car ils permettent un maquillage très fin
ou couvrant. 

    Avec l’usage de plus en plus fréquent des prothèses en mousse de latex, des produits spéciaux à base
de colorants et d’huile de ricin avaient été développés dès la fin des années 30 à Hollywood sous le nom
de R.M.G.P. (Rubber Mask Grease Paint), mais sont restés « secret professionnel » très longtemps et
n’ont été commercialisés en France qu’au début des années 70. 

     Une nouvelle variété de fards à l’alcool, liquides à l’unité pour l’aérographe ou solides en palettes, est
apparue avec les prothèses en silicone peu avant l’an 2000 et s’est vite répandue parmi les maquilleurs
d’effets spéciaux. 

Le « rôle » du maquillage dans un film


      Dès Méliès, le maquillage a servi à composer l’apparence des personnages différents interprétés par
les artistes, ce qui a donné naissance à l’expression maquillage de composition (= Character make-up =
Littéralement Maquillage de caractère, ou de personnage) par rapport au traditionnel maquillage de
beauté destiné à présenter la personne à son avantage esthétique. Pour cela, il faudra recourir à des
artifices plus ou moins élaborés, mais toujours étudiés et réalisés avec soin.  

     Comme au théâtre, à l’époque du N&B, certaines actrices plus âgées que leur rôle exigeaient un
maquillage important, couvrant, leur donnant une peau « lisse » et une fausse allure de jeunesse, et les
chefs opérateurs devaient faire des miracles d’éclairage, ou d’ombrage…, pour que l’on ne voit pas leurs
rides ou leurs doubles mentons. On n’en est plus là aujourd’hui, croyez-vous ? En théorie, non, bien sûr,
les techniques et produits ont bien évolué, mais les principes restent les mêmes et qui sait si on ne
croisera pas encore un jour un problème de ce genre à résoudre ? 

     Méliès faisait souvent des faux nez avec une pâte à modeler cireuse assez dure : malgré l’évolution
vers plus de souplesse de telles pâtes à modeler, ces ajouts assez durs sont aujourd’hui remplacés par
des prothèses en matières beaucoup plus souples qui permettent de recomposer complètement un
visage : latex, mousse de latex, gélatine ou silicone.

     On a toujours eu recours à des perruques et postiches au théâtre et au cinéma depuis ses débuts. 

     On a toujours eu recours à des perruques et postiches au théâtre et au cinéma depuis ses débuts. 

     Les faux crânes de Méliès, appelés crânes-couronnes, étaient d’une seule pièce en toile avec des
cheveux implantés tout autour, comme on faisait à l'époque au théâtre. Cette technique est restée
longtemps la seule connue et c’est encore le cliché qu’ont souvent aujourd’hui ceux qui ne connaissent
pas bien le sujet. En effet, le latex d’abord puis le plastique ont depuis longtemps remplacé la toile pour
simuler un crâne chauve, mais la chevelure n’y est plus attachée aussi systématiquement car les calottes
sont à usage unique pour l’écran de cinéma et doivent être changées à chaque fois – comme toutes les
prothèses d’ailleurs – car le décollage détruit les bordures qui doivent être très fines pour être invisibles
après collage, et souvent la pièce elle-même. Une perruque complète clairsemée ou partielle est alors
posée par-dessus la calotte maquillée. 

     Si on utilise encore de nos jours les mêmes idées et principes pour composer l'aspect de chaque
personnage dans un film de fiction, les techniques d’artefacts ont bien évolué et nous en reparlerons
prochainement. 

Quelques exemples 

     Certains merveilleux films n’auraient pas pu être réalisés sans le maquillage, tant celui-ci a une
importance primordiale pour raconter l’histoire. 

     Par exemple, mais il y en a des milliers d'autres et je n'ai pas pu tout mettre :

Quelques maquillages d'anthologie

A: 1923. Quasimodo. Lon Chaney, Auto-maquillage à la pâte à modeler


B: 1939. Quasimodo, Charles Laughton : Un des tout premiers maquillages en mousse de latex, conçu
par Perc Westmore et George Bau.

C:1946. La Bête, Jean Marais, maquillage Hagop Arakélian, masque cheveux implantés sur tulle en 3
pièces pièces + perruque. Peut-être une des lointaines racines de Chewbacca ?

D. Le Bossu, Jean Marais,  Maquillage par Alex Marcus, faux crâne latex, nez en mousse fait par George
Klein, le maquilleur du Quasimodo d'Anthony Quinn et posé par A. Marcus.

E: Fantomas, Jean Marais,  Cagoule latex par Gérard Cogan, maquillage René Daudin. 

F : Elephant Man, John Hurt, maquillage mousse de latex conçu par Christopher Tucker.

     — Les films de Méliès, les différentes versions de Notre Dame de Paris,  Frankenstein,  Dracula,  Le
Fantôme de l’Opéra,  La Belle et la Bête,  La Momie,  Fu-Manchu,  Le Bossu,  Fantômas,  Arsène Lupin ; ou
encore Le Dernier de la Liste,  Victor-Victoria,  Le Limier,  Tootsie,  Little Big Man,  Amadeus,  Elephant
Man,  La Môme, et les fameuses séries de La Planète des Singes, la saga Star Trek,  Mission
Impossible,  Le Labyrinthe de Pan,  Avatar, sans oublier Le Seigneur des Anneaux et tant d’autres… Il
faudrait un site entier pour y rassembler les photos de tous ces chefs d'œuvre du maquillage.

     Ces grands films utilisent les spectaculaires maquillages de composition qui font la gloire du cinéma en
général et du maquillage en particulier. 

     Ces maquillages importants doivent être préparés longtemps à l’avance en laboratoire par une équipe
de professionnels hautement qualifiés et nécessitent un budget conséquent qui doit être prévu
sérieusement sous peine d’invalider le projet.  

La place du maquillage dans le film

      Pour autant, on ne doit pas penser que le rôle du maquillage ne soit réservé qu'à ces chefs-d’œuvre
et à des travaux de cette ampleur. De nombreux films ont besoin d’un maquillage tout aussi
indispensable au récit mais moins voyant, et font appel à de petits effets simples tels que larmes, sueur,
œil au beurre noir et autres hématomes, petites blessures, etc… Ces effets peuvent le plus souvent être
faits sur place en quelques minutes, s’ils ont été réfléchis et préparés – et même essayés – suffisamment
longtemps à l’avance et l’achat des fournitures appropriées anticipé. Il faut néanmoins un personnel
hautement qualifié et déjà expérimenté, et des miniformations vous y prépareront dans la bonne
humeur.

     La majorité des personnages n’étant pas censés être maquillés, il faudra donc absolument que le
maquillage paraisse naturel. Cela ne veut pas dire qu’il ne devra pas y en avoir, donc pas besoin de le
préparer, mais qu’il ne devra pas être perceptible en tant que tel. C’est le maquillage qui permettra de
raccorder l’aspect d’un personnage d’une fois à l’autre, surtout à distance de plusieurs jours, et évitera
qu’un teint clair devienne subitement bronzé ou inversement, ou qu’une coulure de sang soit moins
longue après qu’avant… C’est donc encore une autre préparation (cf. Chap. 8. Concevoir des
personnages justes) aussi utile que précédemment, même si elle peut être moins longue. A ce propos, il
faudra aussi compter le temps de fabrication des barbes postiches et perruques éventuelles avant de
commencer à tourner. Comme on tient compte du temps de fabrication des décors et des costumes. 

La beauté et le maquillage dit artistique, tel que la peinture sur peau (le fameux body-painting), font
l’éclat de la mode, de la photo et de l’événementiel. Cette beauté esthétique, parfois exagérée, paraîtra
souvent artificielle, mais passera dans ce contexte sans problème, alors que ce sera plus rarement
employé au cinéma.

     Comme on l’a vu ci-dessus, le maquillage est essentiel au récit d’une histoire. Il est donc indispensable
d’y accorder autant d’importance qu’à la caméra, au décor, au son, au costume, à la musique, et aux
répétitions. Les essais maquillage font partie d’une bonne préparation.

     Si vous accordez au maquillage et aux maquilleurs la place que chacun mérite vous aurez une belle
image et votre film, crédible visuellement, se vendra bien. 

     Dans un prochain chapitre, je développerai à l’intention des jeunes réalisateurs les différents types de
maquillages, et vous verrez comment travailler en équipe avec ce personnage si méconnu : le
maquilleur, votre maquilleur, un collaborateur aussi discret que précieux pour votre film si vous ne
l’oubliez pas. 

     A l’intention des curieux du maquillage, professionnels ou amateurs, je développerai les produits et


les techniques, les plus récentes autant que celles qui quoique anciennes dépannent toujours en cas de
pépin. 

Autres sujets évoqués ci-après…

     Dans le chapitre suivant, je vous exposerai qui sont les maquilleurs au cinéma, qui est qui et qui fait
quoi dans une équipe maquillage au sein d'une équipe de production. 

 
     Je vous parlerai ensuite des différents maquillages qu'on peut exiger d'un maquilleur pour le
considérer vraiment comme un professionnel du cinéma à l'échelon standard international (ce que les
américains oscarisables et les autres maquilleurs internationaux de haut niveau (Bafta, Emmy, Globe
Award, en espérant pouvoir un jour prochain ajouter César et Molière…) m'ont dit considérer comme un
bagage, pas seulement technique, normal minimum indispensable), comment devenir maquilleur (En 1e
partie, quel est notre statut actuel en France, l'accès au métier et les différentes formations, les cursus
des écoles, un aperçu des bases minimum à maîtriser, puis dans la 2e partie les différentes démarches
actives à faire pour trouver un premier travail qui permettra de poursuivre), Comment préparer un
film (principalement pour les jeunes réalisateurs ou photographes qui n'ont pas, peu ou mal entendu
parler du maquillage dans leur école — si, si, hélas, il peut encore y en avoir… — mais aussi pour que les
futurs maquilleurs sachent quoi et comment préparer avant un tournage et comment en discuter avec le
réalisateur et le directeur de production), Comment concevoir des personnages justes, ce qui n'est pas
aussi simple qu'on le croit généralement, et Le prix du maquillage (le coût du maquillage comment faire
un budget minimum réaliste en sachant 

de quoi on parle, tout y est décrit précisément, ainsi qu'un aperçu de la question du bénévolat) ;
comment faire des blessures et des faux crânes, puis comment faire une prothèse ou un vieillissement
simples (un minimum pour exposer les principes de base à la nouvelle génération de réalisateurs, mais
les grands films n'en sont déjà plus là. Nous n'oublierons pas pour autant les petits budgets (théâtre et
cinéma) avec Pourquoi apprendre le postiche, car beaucoup de jeunes n'ont pas appris à l'école ou sont
réticents à cette technique qui leur permettra de faire un postiche facial à l'improviste sur un ou
plusieurs acteurs, ni  Comment faire un faux-nez à petit budget. Ces explications suffiront toutefois pour
donner un résultat avec un minimum de qualité professionnelle), et pour l'étudiant devenu
enfin Débutant, les règles du jeu de l'éthique des rôle et comportement du jeune stagiaire maquilleur sur
un film afin qu'il/elle se comporte de façon professionnelle et utile à l'équipe dans laquelle il/elle
s'insèrera et puisse ainsi être réengagé. 

   

     Un long chapitre tout entier vous présentera les Fondateurs du Maquillage de Cinéma depuis son
origine à Hollywood et continuera  celui-ci : il est bon de savoir qui a constitué ce métier dans lequel vous
voulez entrer et les efforts qu'ils ont fait pour que VOUS le trouviez comme il est devenu aujourd'hui. Ce
sera maintenant à vous de continuer à le faire progresser.

     Bonnes lectures… 

Avant-Propos

Sommaire du livre

Chapitre 2

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Chapitre 2

QUI SONT LES MAQUILLEURS


SUR UN FILM

     Le maquillage en France, est un métier très mal connu. On parle des maquilleurs SFX,
de la maquilleuse (voir ci-dessous ce que cela sous-entend), mais on ne sait pas clairement quels sont
leurs points communs et leurs différences.

     On ne connaît pas suffisamment bien les maquilleurs : s'ils sont cités discrètement et rapidement au
générique, ils ne sont pas encore reconnus en France en 2021 par les César ou les Molière. De plus,
aucune école de cinéma n’enseigne suffisamment aux futurs réalisateurs ou directeurs de production les
véritables ressources que pourrait leur offrir le maquillage, ni comment travailler avec les maquilleurs,
encore moins à réserver au maquillage une place budgétaire suffisante. Or, le maquillage est une
discipline créative à part entière du cinéma, et peut contribuer largement au succès d'un film, comme
nous l'avons vu dans le chapitre précédent.

      Précisons tout de suite qu’un maquilleur de cinéma n’est pas une esthéticienne, et inversement,


malgré une fâcheuse confusion persistante remontant à l’époque où la télévision française publique
produisait régulièrement des fictions et devait administrativement recruter son personnel intégré sur un
diplôme reconnu par l’Etat.

     Comme, à part la Carte Professionnelle délivrée à l'époque par le CNC (Centre National de la
Cinématographie et de l'Image animée) à des maquilleurs déjà longuement expérimentés, il n’existait
pas de diplôme national de maquilleur (énorme lacune de l’administration française, c’est encore le cas
aujourd’hui et sans doute encore pour longtemps), quelqu’un – et ce n’était sûrement pas un
professionnel du maquillage de spectacle – a trouvé que ce qui s’en rapprochait le plus était le diplôme
d’esthéticienne. 
 
      Or, il y a autant de rapport entre une esthéticienne et un maquilleur de cinéma qu’entre un
cardiologue et un dentiste, et ce n'est méprisant pour personne : il y a certains points communs
(maquillage de beauté, par exemple) mais aucune esthéticienne ne fera normalement dans son institut
un vieillissement, une blessure ou une barbe, alors qu’elle y vendra des produits cosmétiques et des
soins, ce que le vrai maquilleur de spectacle ne fera jamais, même s'il se fait rembourser l'achat de ses
fournitures. De plus, un maquilleur compétent pourra travailler à tour de rôle pour le cinéma, long ou
court métrage, la télévision, le théâtre, la publicité, la photo, etc…
      Alors, voyons un peu qui est qui et qui fait quoi, les fonctions et les attributions de chacun.

A quoi pense t'on quand on dit "maquillage ?

      Posez la question autour de vous, il y aura deux réponses principales à cette question. Ces réponses
sont ancrées comme des clichés dans la tête des gens non avertis de la réalité des choses, les débutants,
le public ou les amateurs :

 Aux effets spéciaux, les monstres, les têtes qui éclatent, le sang, etc… 

Ce cliché valorise excessivement le métier, et fait penser que le maquillage est inaccessible à la plupart
des budgets, alors que cela réclame énormément de temps et beaucoup de fournitures très chères ;
pourtant, même si on peut le regretter, on ne fait pas beaucoup de monstres dans le cinéma français
professionnel de long métrage.

 A la maquilleuse qui va poudrer en quelques secondes le nez des invités d’un plateau de news en
une ou deux minutes pour leur éviter de briller. 

Ce cliché tenace est si réducteur du travail de maquillage qu’il en est ridicule, mais pour beaucoup de
gens qui ne s’intéressent qu’à leur propre travail, voire à leur propre personne, il représente tout le
travail et tout le temps qu’il faut pour maquiller. (C'est d'ailleurs souvent une demande de ce type qu'on
voit sur les annonces recherchant des maquilleurs/euses, mais ceux qui les passent ne connaissent pas le
maquillage, à l'évidence.) 

     C’est évidemment très différent de la réalité. D’un extrême à l’autre, la palette des activités du
maquilleur est beaucoup plus large. Je vais vous exposer les différents aspects de son travail.

     Par parenthèse, disons tout de suite que j’emploie le mot maquilleur quand il désigne la fonction, et
non la personne, ainsi que le veut la langue française. Je sais parfaitement qu’il existe de nombreuses
personnes maquilleuses, et je les respecte profondément, aussi ne me faites pas un procès en machisme,
svp. Le métier se portera mieux si on dépasse très vite ce genre de choses si néfastement réductrices.

 
     A ce propos, je remarque de plus en plus souvent que si on parle toujours des chefs de service, donc
de la fonction de – chef-opérateur, cadreur, steadycameur, ingénieur du son, décorateur, électricien ou 

machiniste, etc…–  au masculin, on parle aussi quasi systématiquement d'une maquilleuse et non


d'une cheffe-maquilleuse, et encore moins d'un chef maquilleur. Il semble y avoir là une intention
péjorative, plus ou moins consciente, comme si l'on semblait vouloir minimiser le travail (pour que ça
coute moins cher ?…) et laisser les  petits travaux (— Va le poudrer, tu vois pas qu'il brille ?…) à une
maquilleuse – genre stagiaire à peine compétente, mais faut bien quelqu'un pour faire ce petit truc, à
peine considéré comme un vrai boulot… – et les  grands travaux à je ne sais qui. Hé bien, non, désolé ! il
n'y a ni petit maquillage, ni petit personnel – quel que soit le sexe – au maquillage, et c'est un non
respect de la fonction professionnelle autant que de la langue française que de s'exprimer ainsi. Un
maquilleur seul est un chef de service – juridiquement, c’est même un Cadre de Production –
responsable et aussi compétent que souhaitable pour faire tout type de maquillage, du simple poudrage
sur un plateau journalistique aux prothèses les plus élaborées. Ainsi la fonction doit donc être mise au
masculin comme pour tous les autres postes, même si une femme est engagée pour remplir cette
fonction. Parle t'on d'une chef opératrice ou d'une ingénieure du son ? Ce serait parfaitement ridicule, et
pourtant il y a des femmes qui font ces métiers et elles les font bien. 

     Il n'y a pas, non plus, que des femmes qui font le métier du maquillage, ni en France, ni à l'étranger,
même s'il y en a de plus en plus. Il n'y a donc pas de raison de demander une maquilleuse
systématiquement, ce serait une demande discriminatoire, et donc illégale, à moins que cela ne
démontre une tendance machiste ou un manque de culture. 

     Les maquilleurs ne sont pas moins dignes de respect et de considération que les autres techniciens,
réalisateurs, chef opérateurs, ingénieurs du son, ou autres, sous prétexte que leur fonction n'est pas la
même, ni enseignée à bon niveau aux futurs réalisateurs dans leurs écoles de cinéma. Regretter cette
carence n’est pas la critiquer méchamment : au contraire, je m’offre à aller parler du maquillage de
fiction dans toute école de cinéma qui le souhaiterait afin d’améliorer la situation.

Les différents maquilleurs et coiffeurs sur un film 

      Le rôle du maquilleur est loin d’être unique et vous aurez déjà deux sortes de maquilleurs. 

 Le chef maquilleur sera engagé avec son équipe (co-chef(s) et ses assistant(s) ) par la production
avant le tournage, et 

 Les renforts maquilleurs qui viendront pour une journée ou plusieurs  lorsqu’une grosse


distribution sera présente sur le plateau (nombreux acteurs, grosse figuration, besoin de
maquillage très soigné, de postiches ou de blessures en quantités importantes, etc…). Ces
renforts devront bien évidemment être tout aussi compétents que les chefs, mais ce sera aussi
l’occasion de faire débuter les jeunes maquilleurs au milieu de collègues expérimentés. Nous
reverrons ce point très important plus loin. 
 

     Toute personne qui maquille est donc un maquilleur, quel que soit son niveau. Les graduations
dépendent en conséquence du niveau obtenu. Nous avions jadis des stagiaires (des apprentis), mais le
poste a été dorénavant supprimé dans la Convention Collective Nationale pour le maquillage dans les
films. Nous n'avons plus que  des maquilleurs de deux niveaux : des assistants : ceux qui débutent et
apprennent encore leur métier, et ceux qui, déjà bien expérimentés, on les appelle souvent 1er
assistant, sont désormais capables de prendre la responsabilité d'un film à tous égards. C'est parmi ces
derniers qu'une production choisira son maquilleur qui deviendra alors chef-maquilleur, responsable du
service par rapport à la production du film considéré. Un chef confirmé pourra aussi travailler comme
maquilleur adjoint sur un film sans en être le responsable en titre, mais avec un niveau de responsabilité
et un salaire supérieurs à un jeune assistant débutant.

     Commençons par définir précisément les différents postes de maquilleurs et coiffeurs,


l’organigramme des fonctions du service, tels qu’on les trouve sur tout film professionnel normal, c’est à
dire à budget normal et durée normale. Nous verrons au chapitre 7 consacré au prix du
maquillage comment ça se passe sur les films à petit budget ou les films de réalisateurs débutants ou
amateurs.

     Ces fonctions sont définies succinctement en termes juridiques dans la Nouvelle Convention
Collective, reprenant basiquement les anciennes descriptions des postes du C.N.C. (ce qui semble bien
confirmer le regret de la disparition des Cartes Professionnelles), mais je les précise ici davantage en
détail techniquement parlant. 

Le chef Maquilleur-Posticheur 

     Pour être efficace sur un tournage, le chef maquilleur devra avoir eu le temps nécessaire pour
préparer avant le tournage le film et ses maquillages : lire scénario et plan de travail et faire
son dépouillement, c’est à dire relever les effets requis, les vieillissements éventuels, les postiches et
prothèses éventuels à prévoir, et les fournitures pour l’ensemble du tournage. Il lui faudra donc
quelques jours pour réfléchir intellectuellement à tout cela, concevoir les maquillages et comment
réaliser les effets demandés, chercher où trouver les fournitures et choisir les collaborateurs les plus
appropriés en fonction de leurs compétences propres. Il faudra faire une estimation du coût de ces frais
et voir avec le directeur de production les limites budgétaires. Puis, après accord, il pourra commencer à
fabriquer lui-même ses effets ou passera commande chez un spécialiste en accord avec la production,
faire des essais, etc… Cette préparation, qui ne peut évidemment pas se faire le matin même du
tournage, pourra prendre quelques jours ou quelques semaines selon l'importance du projet, mais elle
est vitale pour un bon résultat. Nous parlerons plus loin du cas, malheureusement de plus en plus
fréquent, où la production n’a pas prévu le budget nécessaire, mais pour l’instant poursuivons. Les
chapitres 6 La préparation du maquillage au cinéma et  8 Comment concevoir des personnages
justes détailleront en profondeur tout ce travail. 
 

     Le chef-maquilleur (en ce sens, Make up Designer = littéralement Concepteur des maquillages ; on dit


plus souvent Créateur des maquillages) déterminera donc la marche à suivre et le travail à faire et
répartira les tâches à son équipe. 

 Il sera le responsable du service et l’intermédiaire entre la production et les autres maquilleurs. 

 Il gérera ou délèguera sous sa responsabilité le budget global et l'achat et la distribution des


fournitures en accord avec la production. 

 Il s’occupera de concevoir avant tournage les maquillages, perruques et postiches de tous les
personnages et réalisera lui-même pendant le tournage le maquillage, postiches faciaux compris,
du ou des principaux artistes selon les difficultés et le temps requis. En français, on dira que c'est
un chef maquilleur-posticheur, précision inutile en anglais car on ne peut prétendre être
maquilleur de cinéma si on ne fait pas aussi les postiches faciaux.

     En revanche, s’il peut éventuellement poser un faux crâne ou une perruque d’homme déjà coiffée,
donner un coup de peigne ou de brosse, le maquilleur (chef ou assistant) n’est pas censé réaliser une
coiffure complète, faire une teinture permanente ou un chignon élaboré pour un film d'époque.
Reconnaissons qu'il a déjà assez à faire, même si cela ne parait pas évident à tout le monde. 

     De plus, il faut un certain temps pour maquiller, puis un autre certain temps pour coiffer. Ce n'est pas
parce qu'on n'engagera qu'une seule personne pour les deux fonctions que cela prendra moins de
temps, sauf au détriment du travail des deux qualifications. Donc, si le maquilleur passe son temps à
coiffer, il faudra en prendre un autre pour maquiller les autres personnages. Autant prendre un
maquilleur pour faire les maquillages et un coiffeur pour faire les coiffures. L'expérience démontre que
les productions à petit budget qui demandent des maquilleurs-coiffeurs (ou des coiffeurs-maquilleurs) ne
sont pas les meilleures, ni les plus solides financièrement. Donc, si vous ne voulez pas donner de vous-
même la très mauvaise image d'un maquilleur au rabais, vous ne perdrez pas grand chose (car elles ne
vous proposeront pas de gros salaires, de toute façon) en refusant de faire les deux métiers pour le prix
d'un seul, et la qualité de la référence ne serait pas vraiment intéressante pour vous, futurs maquilleurs.
Les productions sérieuses savent bien qu'il faut un maquilleur et un coiffeur pour avoir un bon et beau
travail. Elles connaissent le prix des choses et prévoient approximativement dans leur plan de
financement le budget nécessaire pour payer correctement ce qu'elles veulent. Comme vous et moi,
quand nous allons faire nos courses.

     La journée des maquilleurs commence toujours une ou plusieurs heures avant le tournage
proprement dit pour préparer les comédiens. C'est pourquoi certains, peu au fait du dessous de
l'iceberg, pensent à tort que les maquilleurs ne font pas grand chose… Pourtant, ceux-ci assurent sur le
plateau la tenue du maquillage par une surveillance attentive et constante. C'est cette surveillance qui
permettra de déterminer le moment adéquat et précis pour intervenir et faire alors ces fameux raccords
maquillage qui parfois agacent mais pourtant font partie intégrante de leur travail en particulier, comme
du travail général sur le film. Il est inutile de les faire trop tôt. 

     Quand il n’y a qu’un seul maquilleur sur un projet, il est légalement considéré comme chef-
maquilleur, avec tout ce que cela implique. 

     Il y avait jusqu'à fin Juillet 2009 une Carte d’Identité Professionnelle de Chef-Maquilleur délivrée par le
CNC à l’issue d’une formation reconnue sur 3 stages et 6 assistanats, seule accréditation officielle, faute
d’un diplôme national sanctionnant un enseignement professionnel commun à toutes les écoles de
maquillage du pays. Nous en parlerons plus longuement au chap. 4 Comment devenir Maquilleur, Le
statut professionnel socio-administratif.

     Administrativement, le chef-maquilleur a un statut de cadre et cotise donc à ce titre à une caisse de


retraite complémentaire spécifique. 

Un cas particulier : le maquilleur de la star

    Il arrive souvent qu'une star (homme ou femme) demande à la production d'avoir son maquilleur
exclusif. Dans ce cas, celui-ci est considéré – et doit être payé – comme un chef-maquilleur à part
entière, et doit s'occuper d'absolument tout ce qui a trait au maquillage de son artiste, homme ou
femme : conception, fournitures, réalisation et surveillance et entretien du travail. Il commandera ou
réalisera lui-même les postiches faciaux de son comédien, posera un toupet ou une perruque que le
coiffeur (de la production ou personnel) aura préparé, mais un chef coiffeur dûment qualifié devra faire
les coiffures élaborées d'un homme (films d'époque) ou d'une femme (toutes époques). 

     Ce maquilleur particulier pourra devoir aussi gérer, personnellement ou en charger un assistant, des
doublures images, voire des cascadeurs lors de telles scènes ; même si cela n’est pas systématiquement
dans son champ d’action, c’est sans doute préférable et plus pratique. Il devra donc s’occuper des
perruques, postiches et autres prothèses éventuelles nécessaires. Encore faudra t’il que la production
l’ait prévenu suffisamment tôt pour qu’il ait le temps de préparer tout ce qu'il faut.

     En outre, il devra réaliser — ou faire réaliser sous sa responsabilité — et poser et maquiller les
prothèses éventuelles, s’il sait le faire. 

     Dans le cas contraire, un maquilleur prothésiste sera engagé spécialement. (Cf. ci-dessous : Le chef
maquilleur-prothésiste). 

 
Le(s) maquilleur(s) assistant(s)

     Ils seront là pour exécuter le travail confié par le chef maquilleur et en assurer la surveillance pendant
la journée. Ils sont engagés – en principe – pour la totalité du film. 

     Leur rôle sera de maquiller les seconds plans, voire la figuration, et de faire les raccords sur le plateau
pendant la journée. 

     Au besoin, et quand ils auront déjà acquis un peu d’expérience, ils aideront le chef maquilleur à
réaliser les travaux préparatoires ou le maquillage difficile d’un acteur (vieillissements, prothèses,
blessures, postiches, etc…). Leur rôle est donc très important et sera parfois confié à des chefs
maquilleurs expérimentés selon les besoins. Le niveau de salaire doit donc respecter et refléter cette
compétence.

     S'il n'est pas déshonorant d'être ainsi assistant de chefs ou de 1ers assistants compétents et
expérimentés – non seulement on apprend rien d'utile à travailler comme assistant de soi-disant chefs
qui n'ont pas de réelle expérience, ou de camarades de promotion de même niveau, si gentils soient-ils –
on risque de prendre des défauts qui seront ensuite difficiles à corriger (les mauvaises habitudes se
prennent vite et se gardent longtemps), et/ou de se créer une mauvaise réputation dont on aura
beaucoup de mal à se débarrasser par la suite.

     Il n'existait pas de carte professionnelle d'assistant maquilleur au CNC. 

Les renforts

     Autrefois appelés extras, les renforts, comme on les appelle aujourd’hui, seront convoqués selon les
besoins supplémentaires quand l’équipe complète permanente du tournage ne sera pas suffisante. Ce
n’est pas du tout du personnel inutile, budgétivore comme on entend parfois, l'équipe permanente a
déjà son travail, mais une aide indispensable à la bonne image du film sur l’écran.

      Les maquilleurs n'étant pas des robots inépuisables, mais des Humains, fatigables, pour garder une
certaine qualité au travail, il est souhaitable de ne pas dépasser en moyenne 9 à 10 figurants à maquiller
en 2 heures par maquilleur pour des maquillages normaux et modernes, 6 à 7 pour des personnages
d’époque avec postiches ou blessures : ces maquillages prennent autant de temps à réaliser que pour les
acteurs de premier plan, en bien ou en mal ; il vaudra donc mieux chercher à les faire bien.

     Intégrer des jeunes maquilleurs en renforts parmi d'autres maquilleurs plus expérimentés leur assure
une meilleure formation et permet aux plus anciens de voir sur qui ils pourront compter à l'avenir en les
voyant travailler. C'est une importante constante de la vie professionnelle, indispensable autant aux
réalisateurs pour leurs futurs films qu’aux maquilleurs eux-mêmes. 
 

     Comme ils ne viennent qu’au jour le jour, ils ne font généralement pas une semaine entière d’affilée.
L’usage était naguère de les rémunérer sur la base du quart de la semaine minimum de chef maquilleur
par jour de travail, plus les éventuelles majorations pour heures supplémentaires. De nos jours, ce tarif
est toujours au quart de la semaine, mais souvent de la semaine d’assistant même pour de vrais chefs.
Pour éviter de payer des heures supplémentaires à tout le monde, les productions comptent les 7 heures
de travail à partir de l’heure de convocation, plus une heure de déjeuner, et font partir les renforts
quand le compte est atteint. Pour certains tournages contemporains, cela n’a pas trop d’importance,
mais sur un film d’époque avec perruques et postiches c’est vraiment la galère pour les récupérations de
fin de tournage. Il faut donc vraiment veiller à pouvoir conserver un minimum de personnel pour faire ce
travail de nettoyage et recoiffure pour que tout soit propre pour le service du lendemain matin. De
même pour les films nécessitant des blessures en prothèses, c’est long à démaquiller proprement, mais
c’est la responsabilité du service maquillage de le faire, et il faut donc qu'il y ait quelqu'un pour ça. 

Le stagiaire, autrefois et maintenant.

     La Convention Collective Nationale ne prévoit plus la possibilité de stagiaire au maquillage pour la
durée d'un film. Si donc quelqu'un doit travailler sur la durée totale du film, ce sera en qualité et au
salaire de "Maquilleur", c'est à dire d'assistant. 
   
     A contrario, il existe une possibilité  de convention de stage entre une école et une production,
permettant à l'école de mettre des élèves en formation à disposition des chefs de service  pendant un ou
plusieurs jours pour maquiller la figuration et apprendre ainsi leur futur métier. Quoique souvent
pratiqué de nos jours, ce système est critiqué par les syndicats car il fournit une main d'œuvre gratuite à
une production au détriment des professionnels en chômage. De plus, ces élèves ne sont pas toujours
compétents pour accomplir les missions qu'on leur assigne. J'ai souvenir d'un tournage à postiches avec
des élèves envoyés par une école et qui n'avaient encore jamais vu un postiche et ne savaient
évidemment pas comment les coller, encore moins les nettoyer et les recoiffer. 
 

     Or, un tel stagiaire (homme ou femme, évidemment) est un apprenti – et ce n'est pas péjoratif, loin
de là – présent non pour faire le travail d’un maquilleur qualifié mais pour apprendre son métier en
regardant faire les professionnels expérimentés. On ne peut donc pas en attendre beaucoup plus qu’une
simple aide gracieuse, contrairement aux souhaits déraisonnables de certaines productions qui n’ont pas
prévu un budget suffisant pour réaliser normalement leur film : en toute logique, même si elle peut le
devenir, la petite cousette n’est pas encore Coco Chanel et ne sait pas encore faire tout ce que peut sa
patronne. De même dans le maquillage. On pourra pourtant lui confier quelques maquillages sans
risques en figuration afin de participer à sa formation.

     Les stagiaires envoyés en renfort par une école doivent bénéficier d’une convention de stage fournie
par l’école et signée par la production. 

 
     Il est toujours bon de bien former stagiaires et assistants pour pérenniser le métier dans de bonnes
conditions. Mais, quel que soit son niveau réel, tout élève sortant d'une école doit, en toute logique,
faire le plus possible d'assistanats avant d'accepter de faire un film tout seul, même un court-métrage,
car le métier ne se résume pas seulement à mettre des produits sur un visage, il a aussi à découvrir la vie
de plateau qui ne s'apprend évidemment pas à l'école.

     Pour trouver un premier votre premier film en tant qu'assistant, voyez Chap. 5 : Comment devenir
maquilleur, 2e Partie.

     Pour plus d'information sur le rôle de l'assistant débutant, et pour qu'il se passe bien, voyez au
Chapitre 12 : Débutant maquilleur : les "Règles du Jeu".

Le chef-maquilleur prothésiste

     Même si en théorie tout chef maquilleur doit être compétent dans tous les domaines et savoir faire
ses propres prothèses, la pratique d’aujourd’hui reconnaît le statut hautement spécialisé de prothésiste :
il conçoit, réalise et pose, ou fait poser sous sa responsabilité, les prothèses d’un acteur pour un
vieillissement complexe ou une blessure importante. Sa place est donc absolument de tout premier plan
dans l’équipe maquillage d’un film. Il a rang de chef-maquilleur, et peut avoir des assistants prothésistes
spécialisés. Son salaire est au moins celui d'un chef maquilleur et souvent supérieur, compte tenu des
compétences supplémentaires quand le chef ne sait pas faire lui-même les prothèses.

     Compte tenu des temps avant tournage de préparation en laboratoire de certains maquillages, parfois
plusieurs semaines, ce poste est réputé cher, mais son salaire est toujours amplement mérité et justifié.
Le prix d’une prothèse ne doit donc pas se calculer ni s'estimer en fonction du seul poids de matière
utile, encore moins du temps où on verra le travail à l'écran. Je détaillerai plus tard la fabrication
d’un vieillissement sérieux pour vous montrer tout le travail mis en œuvre et le temps indispensable
avant d’avoir un résultat satisfaisant. Mais soyez bien conscient déjà qu’on ne peut pas bousculer le
temps et faire continuellement de la corde raide sans risque. 

Les techniciens de laboratoire   

     Aux USA et en Grande Bretagne, et de plus en plus en France, la liste est très longue sur les
génériques de tous ces techniciens qui constituent l'équipe d'un chef-maquilleur SFX sur un projet
important : mouleurs, sculpteurs, spécialistes des produits (mousse latex, silicone, etc…), implanteurs de
cheveux, spécialistes dentaires ou oculaires, qui concourent à la réalisation d'un projet de grande
envergure.

 
     Chaque maquilleur devrait théoriquement connaître un minimum de ces techniques de sculpture et
moulage pour pouvoir faire face à tout problème courant simple sur un tournage, surtout en extérieur.

     Même s'il faut parfois se donner la peine de les chercher un peu, ce ne sont pas les techniciens
hautement qualifiés compétents dans ces domaines qui manquent en France, ce sont les projets
d'ampleur budgétaire suffisante pour les réunir, ainsi que la considération financière qui devrait être
accordée au maquillage et à ceux qui le font. Le maquillage ne se fait pas d'un coup de houppette
magique : comme dans les usines ou dans les ateliers de confection des costumes ou des décors, il faut
des personnes et du temps. Il serait grand temps que les productions et les écoles de cinéma acceptent
de s'en rendre compte, et que cela soit enseigné aux futurs réalisateurs et producteurs.

Le chef coiffeur-perruquier

    Toute personne qui coiffe, élabore une coiffure complète, décolore, teint ou coupe des cheveux, est
un « coiffeur ».

     Dans le monde entier de la cinématographie (cf. à l’âge d’or d’Hollywood), le chef maquilleur est
responsable de l’ensemble du maquillage et de la coiffure depuis toujours. Le chef maquilleur es-
qualité sera donc responsable de l’ensemble du département, concevra les personnages entièrement, cf.
chap. 8 : Comment concevoir des personnages justes, mais fera réaliser les coiffures par un (chef)
coiffeur titulaire d’un diplôme national, au moins un CAP de coiffure, car la législation française l’exige
pour des raisons de qualification professionnelle minimum requises et de responsabilité légale vis à vis
des assurances en cas de souci. Le maquilleur de cinéma français n’ayant pas encore de diplôme
national, ni de CAP de coiffure dans la plupart des cas, n’a pas le droit légalement en France d'exercer le
métier ni les fonctions de coiffeur, malgré le désir de plus en plus stressant de certaines productions plus
préoccupées de gérer leur budget que de chercher à le compléter ou à respecter toutes les lois. 

     En revanche, le (chef) maquilleur devra faire de plein droit tout le travail de postiche
facial nécessaire : pose et entretien de postiches implantés, pose de postiches au poil à poil, etc, nous en
parlerons plus tard. 

     Le rôle du coiffeur-perruquier sera donc alors de choisir – ou faire réaliser chez un perruquier selon les
directives convenues – les perruques nécessaires au tournage et que la production achètera ou louera
selon son budget. Il posera ces perruques, en assurera l’entretien et le nettoyage pendant le tournage,
les recoiffera le soir pour le lendemain et réalisera le matin la coiffure des principaux acteurs.

     Le chef coiffeur a aussi maintenant souvent statut de cadre et cotise en conséquence à une caisse de
retraite complémentaire spécifique.
 

     Une bonne équipe maquilleur / coiffeur travaillera toujours en confiance dans l’intérêt commun, et
sera souvent réengagée. 

Le coiffeur de la star

     Tout comme son maquilleur et son habilleuse, une star pourra souhaiter avoir son coiffeur pour
s’occuper d’elle exclusivement. 

     Comme le maquilleur de la star, il aura aussi rang et salaire de chef-coiffeur et cotisera à une caisse de
retraite des cadres spécifique. 

Le coiffeur 

     Assistant du chef coiffeur, il coiffera et posera les perruques et exécutera les coiffures requises pour
les autres rôles et /ou la figuration. Il récupérera les perruques le soir, les nettoiera et recoiffera pour
qu’elles soient prêtes à être posées le lendemain.

     Il devra légalement être lui aussi titulaire au moins d'un C.A.P. afin d'être couvert juridiquement par
les assurances en cas de problème, comme l'atteste la Fédération Nationale de la Coiffure. 

Les renforts coiffure

     En renfort, on appellera aussi bien des chefs-coiffeurs que des coiffeurs pour la figuration, chacun
selon ses compétences particulières dans les différents styles de coiffures requis. 

Où trouver les références légales ?  

     Ces fonctions type du cinéma long métrage sont bien connues des professionnels et exposées dans les
textes réglementaires disponibles :

 La Nouvelle Convention Collective signée le 19 Janvier 2012 est étendue, ce qui signifie que ce


texte fait désormais référence juridique incontestable dans tout le pays pour toute contestation
éventuelle auprès du Tribunal des Prudhommes. Pour ceux que cela intéresse, ils trouveront ici
l’ancienne Convention Collective Nationale de la Production Cinématographique (N° 3048),
publiée au Journal Officiel par le Ministère de tutelle. Ce document date de 1950, et a connu
plusieurs additions et révisions depuis lors, jusqu'à l'application au 1er Octobre 2013 de la
nouvelle convention.
    Comme il n’existe aucune différence dans la façon de travailler pour obtenir de bons résultats entre
Long Métrage, Court métrage et Téléfilm, il était important de vous faire connaître les fonctions et
attributs de chacun afin que vous sachiez bien qui doit faire quoi sur un film. 

     J’ajouterai, à titre d’information, que les tarifs minimums (appelés Barèmes des Techniciens ou
minimums syndicaux) sont aussi disponibles en ligne (version plus claire et plus lisible ici, valable jusqu'à
publication des nouvelles grilles), afin que ceux qui souhaitent des maquilleurs bénévoles sachent ce que
coûtent vraiment ces choses qu’ils appellent improprement « pas grand-chose », « rien », ou encore «
trois fois rien à faire », au mépris du temps consacré à les préparer et réaliser. Je décrirai sommairement
cette préparation au chapitre 6 La préparation du maquillage avant tournage et plus en détail dans le
chapitre 8  Concevoir des personnages justes.

     J’ajouterai aussi, puisqu’elle existe, la convention collective de l’USPA, Union Syndicale de la


Production Audiovisuelle pour certaines productions cinématographiques et télévisuelles, et les salaires
minimums que cette association de producteurs accorde aux techniciens pour ses tournages. Les tarifs y
sont très inférieurs mais l’expérience dans la profession semble y être reconnue par une majoration de
3% par année d’ancienneté dans le métier.
Pourtant, je ne crois pas que 25 ans d’ancienneté entrainerait vraiment une majoration de 75 % du
minimum de référence dans ces productions ; encore moins un doublement du salaire de référence pour
une expérience de 34 ans. Ce n'est donc apparemment pas la grille de référence la plus avantageuse
pour les débutants, ni, a fortiori, pour les techniciens confirmés, à supposer qu'on leur demande leur
participation : il semble, au contraire, que le minimum soit la seule référence prise en compte… 

     Sans esprit de polémique, je m'interroge pourtant sur un point qui me paraît important, mais je ne
sais pas tout, loin de là. Comme je l’ai dit plus haut, le travail à exécuter est rigoureusement le même
partout, en cinéma et téléfilms, surtout depuis la HD, ainsi que le prix des fournitures indispensables,
alors je me demande sur quoi sont fondées les différences de rémunération pour le même service dans
le maquillage, alors que les délais sont réduits et donc le travail plus concentré, les journées plus longues
et plus stressantes. 

      Maintenant que nous avons vu les attributions de chacun, nous pourrons voir dans le prochain
chapitre les différents types de maquillage que l’on peut attendre d’un maquilleur de cinéma. 

Chapitre 1

Sommaire du livre

Chapitre 3

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Chapitre 3

LES DIFFÉRENTS TYPES DE MAQUILLAGES AU CINÉMA

     Nul ne saurait vouloir rendre obligatoire l’usage du maquillage sur un film actuel. 
     Pas même le maquilleur que je suis. 

   

     Pourtant, si la chose est envisageable sur un reportage d’actualité ou un documentaire, ce serait bien
dommage de s’en moquer et s'en priver en fiction. 

     Le film raconte une histoire avec des acteurs. Les acteurs d’aujourd’hui n’ont pas forcément la même
allure que le personnage qu’ils sont chargés d’interpréter. Il peut s’agir de films d’époque – et là le
recours au maquillage et postiches devient indispensable – ou de personnages plus âgés, plus jeunes,
blessés ou d’extraterrestres – et là il est inévitable ; dans d’autres cas, il faudra "cacher les misères", ou
rajeunir certains artistes, ou leur redonner une mine un petit peu plus

 pimpante s’ils sont malades : on en conçoit bien la nécessité…      

     Pour autant, la plupart des personnages de fiction ne seront pas censés être maquillés. Le maquillage
devra donc à la fois servir efficacement pour raconter l’histoire du personnage et ne pas se voir en tant
que maquillage. Comment résoudre cette nouvelle quadrature du cercle ?

     C’est le métier du maquilleur.

     Alors, que lui demander ? De quoi doit-il être capable pour être un vrai maquilleur de cinéma apte à
faire votre film ? 

     C’est ce que nous allons aborder maintenant. 


Que peut-on attendre du maquilleur sur un film ? 

    — Tout… On peut tout demander à un maquilleur de cinéma qualifié, et on ne s’en prive pas dans les
grands films.

    Alors qu’une esthéticienne doit rendre ses clientes belles pour elles-mêmes et le maquilleur de mode /
photo sublimer son modèle, le maquilleur d’un (télé)film doit partir d’un acteur pour présenter un
personnage parfois très proche, transformation alors minime, parfois très différent et l’ampleur de la
transformation peut être très importante.

    C’est lui qui créera l’aspect particulièrement marquant d’un personnage tel que, en le voyant, on se
souviendra instantanément de l’acteur et du film, comme par exemple Johnny Depp dans Pirate des
Caraïbes, Edouard aux Mains d’Argent, Lone Ranger ou Alice au Pays des Merveilles. Quelle formidable
publicité pour un film !

     Pour cela, le maquilleur doit en principe absolument savoir tout faire de ce qui est de son domaine. 

     En fiction, avec des acteurs normaux, il faudra pouvoir représenter aussi bien un miséreux qu’un roi,
un maigre ou un obèse, M. Toulemonde d’aujourd’hui ou un empereur romain, un maréchal d’empire ou
même un animal ; une marquise bien en cour ou une misérable dans la tempête, une stripteaseuse ou
une religieuse, etc, et parfois il faudra faire ces différents personnages sur la tête d’un même artiste. On
voit déjà que cela implique à chaque fois une transformation si minime soit-elle de la morphologie de
base, qui pourtant devra toujours avoir l’air naturelle, c’est-à-dire ne pas avoir l’air maquillée du tout la
plupart du temps. 

     Pour parvenir à ce résultat, le maquilleur devra maîtriser et être capable d’utiliser les techniques
suivantes :

 Maquillage de beauté

 Maquillage naturel

 Maquillage de composition

 Maquillage artistique (très rare en fiction, mais il faut le connaître aussi). 

Voyons ce que désignent ces termes.

Le maquillage beauté

      Ce sera bien évidemment le maquillage de toutes les femmes, de toutes les époques, qui pourront
paraître maquillées, de Cléopâtre à la jeune fille flashy actuelle, du top-model à la star du muet ou à la
jeune mariée, etc. Il se verra donc toujours comme un maquillage, mais, surtout avec un maquillage
moderne, les traits marquants de la personnalité ont tendance à disparaitre, ce qui n'est pas forcément
avantageux pour l'identification des personnages.
 

     Mais ce pourra aussi être le cas de certains personnages masculins de fiction à mettre discrètement
en valeur, ou d’hommes interviewés pour un documentaire ou un plateau TV si on a le temps de les
préparer avec soin. 

     Ce sera le maquillage de base des séries TV modernes quand les personnages n'évoluent pas ou n'ont
pas d'accident.

     Le maquillage de beauté pour un film d'époque nécessitera un patient et précis travail de recherche
sur les personnages réels et la mode de cette époque. Il faudra donc prévoir un temps de préparation
pour trouver la documentation et réunir les fournitures appropriées, la justesse des teints et des rouges
à joues. Il pourra aussi être nécessaire de commander des perruques, et un coiffeur sera toujours
indispensable.

    On appliquera le maquillage selon la nature du personnage – aristocrate soigné ou peuple plus naturel
– on corrigera les défauts au maximum, le teint chaud et brillant sera soigné, les volumes discrètement
modelés par ombres et lumières, les joues colorées de rouges appropriés, naturels ou artificiels, les yeux
des femmes colorés (selon l’époque du personnage) et bien faits, ceux des hommes discrètement
ombrés. 

    Pour un film moderne, on utilisera la même technique initiale mais les teintes mode modernes seront
alors acceptables dans les limites du projet, et on pourra utiliser parfois (mais pas systématiquement)
des poudres brillantes. Les faux cils seront souvent utilisés et les sourcils redessinés ou épilés.

    Notons que le maquillage de beauté est associé à l’idée de jeunesse et de bonne santé heureuse, il
sera donc volontairement chaud et lumineux dans toutes les teintes désirées, contrairement au
vieillissement qui sera plus terne, grisé, ainsi que nous le verrons plus loin.

    Notons encore qu’à certaines périodes historiques, l’usage du maquillage était répandu chez les
nobles, presque plus que chez les femmes. Pour ce genre de films, le maquilleur doit donc connaître
l’histoire des modes autant que l’Histoire tout court.

    Toutes les techniques et tous les produits permettront de faire ces maquillages, depuis le classique
fond de teint crème gras, jusqu’au récent aérographe (sorte de pistolet à peinture de la taille d’un gros
stylo). Cependant, il faudra veiller à utiliser des produits compatibles avec les scènes à tourner (pas de
fluides à l’eau ou de maquillage à la poudre dans une scène de piscine ou  de pluie violente, par
exemple…).

 
    Entre naturel et beauté, ce travail représentera au moins les 3/4 du travail d’un maquilleur de fiction
et la totalité pour certains maquilleurs spécialisés dans la mode ou la beauté des stars féminines. C’est le
travail de base de tout maquilleur de cinéma, mais ce n’est pas tout, ainsi que nous allons le voir. 

Le maquillage naturel

     Ce n'est pas, comme on le croit encore trop souvent, un simple maquillage d'esthétique ni
un simple fond de teint tout seul pour unifier (encore moins un petit coup de poudre !…), mais c’est
presque déjà un maquillage de composition. Ce maquillage devra donner l’apparence d’un
visage sans maquillage, quelle que soit la couleur de la peau de l’artiste, homme ou femme. 

     Ce sera le cas de presque tous les hommes, et des femmes du peuple de presque toutes les époques.
Dans ce cas, on cachera les petites misères (boutons, cernes non nécessaires, coupures de rasoir, etc), on
mettra un fond de teint naturel aussi près que possible de la carnation du personnage et non de l’artiste,
et on recréera (de façon à pouvoir les contrôler rigoureusement) les petites rougeurs naturelles de la vie
(donc pas des rouges mode…) sur les joues. Les volumes seront respectés ou mis en valeur discrètement,
et les yeux à peine, mais judicieusement, travaillés. 

     Les sourcils auront forme, couleur et volume naturels. Le maquillage ne devra pas être visible en tant
que maquillage et l’usage de la poudre sera minimisé.

Partant d’une telle base, il sera possible de créer toutes sortes de personnages, en ajoutant les effets
simples, ou les postiches, si nécessaire.

     Au besoin, le maquilleur devra pouvoir refaire ce maquillage précisément plusieurs jours de suite pour
raccorder avec la continuité de l’histoire et la durée du tournage.

     En règle générale, on prendra soin de maquiller toute partie du corps visible à la caméra pour ne pas
créer de décalage trop flagrant avec la couleur du visage. Surtout pour les mains qui doivent porter un
téléphone ou un verre à côté d'un visage maquillé… 

Les maquillages de composition

     Ce sera tout le reste du travail des maquilleurs pour compléter, dans différents domaines que nous
allons passer en revue, l’aspect d’un personnage :

 Les effets simples, faits sur place, (= Out of the kit, dans la langue  

de Shakespeare) à ne pas confondre avec les effets spéciaux,

 Les postiches,

 Les vieillissements,

 Les prothèses.

Les effets simples  les plus courants


Ces petits effets simples que tout maquilleur doit absolument savoir faire de façon crédible
complèteront un maquillage naturel selon les besoins de l’histoire à raconter :

 larmes,   

 transpiration,

 coups de soleil,

 hématomes,

 blessures diverses,

 brûlures,

 enflures,

 salissures de toutes sortes,

 dents abîmées ou cassées,

 changement de couleur d’yeux ou de chevelure,

 traces de fatigues

 etc… 

Quelques effets simples souvent réunis     

Le mexicain basané de la chanson… ou des westerns


Teint foncé, coups de soleil, sueur, cheveux gras, ombre de barbe mal rasée et moustache implantée. 

     De nombreux produits existent pour simuler ces choses, le maquilleur doit les connaître et décidera
s’ils sont appropriés au film ou s’il faut des techniques plus élaborées selon que ce sera pour figuration,
seconds plans ou premiers plans. Par exemple, des vernis colorés spéciaux serviront le plus souvent pour
gâter des dents en figuration ou au théâtre, des fards à l’alcool en palettes pour des seconds plans, mais
des prothèses dentaires seront indispensables pour des premiers plans professionnels. 

      Si une blessure, ou un bout de nez, ne doit servir que pour une seule séance, un travail économique à
la pâte à modeler (cire spéciale ou silicone pour cet usage) peut suffire avec un maquillage approprié sur
un film à petit budget. En revanche, ce travail minutieux prendra du temps sur place. 

       S’il y a plusieurs jours de tournage, cet effet nécessitera d'être fait avec des prothèses afin de
pouvoir raccorder précisément d’une fois sur l’autre. 

      En outre, un maquilleur fera souvent certains maquillages dits spéciaux tels que effets de fatigue ou
maladie, cadavres, gothique, tatouages, devant paraître aussi naturels que possible, mais ce ne sont pas
encore les fameux effets spéciaux (SFX) qui seront des effets de gonflement de la peau, du sang ou du
pus sortant d'une tubulure, une tête qui explose, un bras arraché, etc. 

       L’animatronique fera intervenir des robots indépendants de l’acteur, et sera réalisée par des
spécialistes.    

Les postiches

     Ne confondons pas : 

 Quand un coiffeur parle de postiches, il s'agira de tresses ou de rajouts pour la chevelure ou la


perruque. 

 Quand un maquilleur parle de postiche, il s'agira le plus souvent du postiche facial : barbes,
moustaches, favoris, sourcils, etc… 

C'est naturellement de ces derniers que nous allons maintenant parler.

      Il y a principalement deux façons de présenter un postiche facial : coller un postiche implanté sur un


tulle invisible acheté tout fait chez un perruquier professionnel – ou fabriqué par votre maquilleur s’il
sait le faire – ou le faire directement au poil à poil en collant des cheveux sur le visage de l’acteur avant
le tournage. 

     Dans le monde du cinéma professionnel international, depuis que le maquillage existe, on n’est pas
considéré comme un maquilleur sérieux si on ne sait pas normalement s’occuper des postiches sur un
acteur : un bon maquilleur doit  donc être capable de faire sur place une barbe, une moustache, des
sourcils ou des favoris au poil-à-poil s’il ne dispose pas de postiches tout prêts. Par ailleurs, savoir
exécuter cette technique minutieuse permet de rendre moins visible, donc sensiblement plus crédible,
un postiche abîmé ou défectueux.

     Un maquilleur doit naturellement savoir poser et raccorder des postiches implantés, mais il doit aussi
savoir les décoller, les nettoyer, les friser à nouveau pour le lendemain et les entretenir en état d’usage
correct. 

     Il doit donc disposer des outils spécifiques : fers à friser et chauffe-fers, mentonnières, etc… S'il n'en
possède pas (ou pas suffisamment pour toute son équipe), la production devra les fournir et les  

maquilleurs appelés en renforts pourront préparer correctement les favoris, barbes, boucs et
moustaches le soir après le tournage pour le lendemain. Par la force des choses, logiquement, ce travail
se fait quasi systématiquement en heures supplémentaires. 

 
     Malheureusement, beaucoup de jeunes maquilleurs ces dernières années sont sortis des écoles sans
maîtriser toutes ces techniques indispensables du poil-à-poil et de l’entretien des postiches implantés :
c’est dommage, autant pour eux — parce que ça ne fait évidemment pas l’affaire des collègues ni des
productions qui les engagent — que pour l’ensemble du métier.

      De nombreux films doivent une part importante de leur succès à un travail de postiches bien fait. On
pense aux films de cape et d’épée, mais aussi, de façon moins évidente, aux films d’époque XIXe s., ou
d’heroic fantasy (Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit, par exemple) et à de nombreux westerns ; aussi je
recommande vivement aux plus jeunes maquilleurs de se perfectionner dans ce domaine si
indispensable à notre métier. Ce n’est pas si difficile que ça pour atteindre un niveau correct. 

     Le collé-décollé (= floated off, en anglais), est une autre technique plus rare mais pourtant bien utile,
variante du poil à poil. Jadis très utilisée en Italie, aux USA, et un peu moins en France, cette technique
permet de préparer des postiches à l’avance sur un bloc, de les décoller puis de les recoller sur l’acteur.
Ces postiches peuvent servir plusieurs jours s’ils sont bien entretenus, mais ne tiendront pas plusieurs
semaines comme des implantés. Ce procédé est très économique pour une production, surtout lorsqu’il
y a des décors à nombreuse figuration.

Une barbe implantée sur tulle avec sa moustache, frisées et coiffées

On voit le matériel du maquilleur-posticheur : mentonnière, fers à friser et chauffe-fers, ciseaux.

Barbe "collée-décollée"

Cette barbe faite au poil-à-poil sera décollée de son bloc puis recollée sur un acteur ou rangée jusqu'à
prochaine utilisation.
Ce type de postiches servira plusieurs fois si bien entretenu.

Les vieillissements

     Faire un vieillissement étant souvent demandé à tout maquilleur de fiction expérimenté, il est
indispensable de connaître toutes les techniques pour y arriver de façon réellement crédible à l’écran :
au fard, donc par ombres et lumières, technique de base découlant de la peinture et de la technique du
théâtre et de Méliès, ou en volume, avec du latex ou des prothèses. 

    Il n’existe pas de fond de teint unique et universel pour tous les vieillissements. 

    Toutes les couleurs de peau existent : généralement chaudes et brillantes dans la jeunesse, ces mêmes
couleurs ternissent naturellement avec l’âge. Pour créer un vieillissement crédible au cinéma, le
maquilleur devra donc utiliser la teinte la plus appropriée au personnage et non à l’artiste, claire ou
sombre, rosée ou jaunâtre, mais ternie. 
     Si on n'a pas de fond de teint approprié, on pourra tout de même facilement obtenir la teinte juste en
prenant la couleur adéquate pour 

le personnage jeune et en la mélangeant avec un fond de teint plus terne. (Cf. Chap. 8)

     Des essais sont indispensables pour doser correctement les effets : le fard a ses limites et se repère
rapidement s’il est maladroitement appliqué ; le latex fripe la peau, mais ne modifie pas les volumes
comme un nez ou des bajoues. 

     La pose de faux crânes, de perruques et de postiches est très souvent nécessaire. Dans ce cas, la
préparation et l’exécution se font de concert avec le coiffeur. Pour les travaux très importants, des
assistants sont souvent nécessaires. 

     Des prothèses sont souvent nécessaires dans le cas d'une ressemblance ou pour des vieillissements
particuliers.

     Il faut donc un certain temps de documentation, puis de préparation de ces effets avant le tournage. 

Vieillissement au latex  et postiches faits directement sur l'acteur. 

Le teint est sombre en harmonie avec le personnage censé être afghan : un fond de teint brun moyen,
grisé ;
Par dessus le latex, des ombres et des reliefs appropriés, poudrés abondamment pour que ça tienne bien,
mais l'excédent de poudre est ensuite enlevé ;
et les postiches ont été faits au poil à poil par dessus le maquillage terminé, le tout en 75 à 80 minutes en
tout.
Cette technique est donc assez rapide et efficace.

Mohammed AFIFI
pendant le tournage de
"Afghanistan Pourquoi ?"

     Sous prétexte qu’on n’a pas assez de budget, il ne serait pas sain d’espérer que le maquilleur puisse
miraculeusement réussir du premier coup un travail qui n’aurait pas été essayé, répété. Ce serait exposer
le malheureux à un stress insupportable et injustifié, et le tournage à un arrêt intempestif en cas de
pépin accidentel dû à cette précipitation. Ce travail de préparation (que j'expose plus en détail aux
chapitres 6 et 8) est indispensable et doit être prévu par la production dans son plan de travail autant
que dans son budget. C’est aussi indispensable à la production que d’apprendre son texte et répéter
pour un acteur.
 

     De plus, il faut aussi prévoir le temps que le perruquier puisse faire ses  postiches et ses perruques
éventuelles : 

  4 à 5 jours pour une barbe et moustache, 

  2 semaines minimum pour refaire le front d’une perruque de location, 

  4 à 6 semaines pour fabriquer une perruque entière sur mesure,

 et plus s’il y a plusieurs personnages. 

     J’exposerai plus en détails au chapitre 6.3 la préparation chez le perruquier, et nous reparlerons des
problèmes de délai et de budget dans les chapitres 6 et 7. 

Les prothèses

      Lorsque les ombres et lumières, travaillées comme ci-dessus, ne suffisent plus et qu’un volume doit
être ajouté à un visage, il faut recourir à une pro-thèse. Toutes les formes sont possibles tant qu’elles
restent proportionnées à l’ensemble de la nouvelle tête ainsi créée. Les prothèses les plus fréquem-ment
utilisées sont les nez, les blessures, les faux crânes entiers ou partiels, notamment sous une perruque
dégarnie, les poches sous les yeux, etc.

    Un vieillissement peut être réalisé avec un assortiment de prothèses qui se chevauchent et complété
par des perruques et éventuellement des postiches faciaux pour les hommes. Cette technique très
réaliste exige une préparation avant tournage précise et assez longue — là non plus, inutile de vouloir
raccourcir les délais pour des raisons économiques ou autres… — et de une à plusieurs heures de
maquillage pour chaque séance de tournage. Le démaquillage demandera souvent une petite heure
aussi, voire plus. Il faut donc y penser quand on fait un plan de travail pour éviter les changements de
maquillage à répétition dans la même journée, impossibles à réaliser dans un délai raisonnable. La
concertation avec les maquilleurs est indispensable à ce sujet, car, là non plus, les miracles ne sont
(généralement) pas possibles.

     Les prothèses seront faites dans divers matériaux, selon les nécessités du projet et le budget : latex,
plastique, gélatine, silicone, mousse de latex, etc, chaque matière ayant ses avantages et ses
inconvénients. 

 La mousse de latex, indispensable pour les prothèses d’un certain volume (gros cous, ventres,
Aliens, etc…), nécessitera un laboratoire important équipé d’un four et des délais de cuisson
assez longs. 

 Le silicone et la gélatine seront plus rapides à mettre en œuvre, mais poseront divers problèmes
par fortes chaleurs. 
 Les plastiques et le latex, creux comme une coquille, risquent de laisser passer la lumière au
travers. Dans ce cas, on garnira avec du coton pas trop tassé qui absorbera la transparence et la
transpiration.

     Bref, là non plus, rien d’universel : chaque projet doit recevoir son traitement spécifique.

Pour autant, c’est un travail professionnel normal qui ne doit pas être considéré comme une affaire
d’état dissuasive, même quand il y a peu de budget : même si ces fournitures spécifiques coûtent cher,
un maquilleur prothésiste expérimenté saura toujours vous proposer la meilleure solution au meilleur
coût si vous lui exposez clairement les choses et lui laissez le temps de les résoudre. 
 
     Mais vous pouvez aussi, et c'est souhaitable pour votre film, lui laisser le temps et le budget
nécessaire pour rechercher et innover afin de produire un effet original marquant pour votre film. 

     Le chef maquilleur doit savoir poser et maquiller correctement faux crânes et prothèses simples,
blessures ou nez au minimum. 

     Il est également souhaitable qu’il sache sculpter et mouler quelques petites prothèses simples (nez,
blessures, poches, petits vieillissements) et faire et poser des faux crânes, surtout en extérieurs. 

     Les grands vieillissements complexes pourront être confiés au prothésiste spécialisé qui pourra, seul
ou avec un ou plusieurs assistants, ne s’occuper que de ces maquillages sur un tournage. 

     Rien n’empêche un maquilleur d’être prothésiste, au contraire, et plusieurs maquilleurs-posticheurs-


prothésistes peuvent travailler sur un même film dès qu’il y a plusieurs maquillages à prothèses
importants. C’est une pratique courante aux USA et au Royaume-Uni.

     Un ou plusieurs assistants sont presque systématiquement à prévoir pour la fabrication, la pose et le
maquillage de telles prothèses. 

     Naturellement, on l’aura compris, la production doit inévitablement prévoir d’investir un peu d’argent
pour obtenir un résultat convenable, mais ce n’est pas plus cher que la location d’un décor ou des
costumes, et ça peut rapporter beaucoup aussi. A elle donc d'intégrer la place budgétaire du maquillage
dans l'élaboration de son financement. 

Les ressemblances
     Faire une ressemblance repose avant tout sur une bonne documentation concernant le personnage
qui permettra de préciser le travail à faire.

On en aura une bonne idée en lisant le chapitre 8 Comment concevoir un personnage juste.
Voyez aussi sur mon site.

Le maquillage artistique

     Appelée aussi peinture sur corps (ou body-painting), cette technique n’est que très rarement utilisée
en cinéma de long-métrage. Pourtant, elle sert parfois en publicité, en mode et souvent en animation.
Même si ce n’est pas une chose courante au cinéma en France — loin, très loin de là 

— il faut pourtant connaître cette technique qui peut rendre de très grands services pour réaliser
certains magnifiques maquillages hors du commun, notamment dans les films de super héros ou d’heroic
fantasy produits à Hollywood. 

En résumé

J’espère que ce très rapide survol des différents types de maquillages permettra aux jeunes réalisateurs
de savoir quoi demander et quoi attendre d’un professionnel compétent, et de choisir un maquilleur en
toute connaissance de cause afin d’éviter les déconvenues et les gaspillages. Je préciserai certains délais
au chapitre 6.

     Les jeunes maquilleurs, eux, sauront ce qu’on peut leur demander et devront compléter leurs
connaissances si besoin est, dans leur propre intérêt, avant de chercher à exercer seul. 

Ils sauront qu'il faut d'abord être assistant avant d'être chef, non pour les empêcher de travailler et de
vivre, mais pour apprendre le métier dans de bonnes conditions utiles à tous, spécialement à eux-
mêmes.

     Et pour ceux qui voudraient apprendre comment devenir maquilleur de cinéma, j'indique dans le
chapitre suivant (en deux parties distinctes, mais à lire également attentivement) une marche à suivre
aussi sérieuse que possible. 

Chapitre 2

Sommaire du livre

Chapitre 4

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o
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Chapitre 6 

LA PRÉPARATION DU MAQUILLAGE
AU CINÉMA AVANT TOURNAGE 

      Après quelques années de pratique, un professionnel (réalisateur, producteur, ou assistant


réalisateur) est bien au courant de ce qu’implique la préparation et la réalisation d’un effet de
maquillage (ou plusieurs) en termes de délais, de personnel et de fournitures, et donc de coûts. 

      Il n’en est pas de même pour les jeunes en fin d’études, puisqu’on ne leur enseignait encore rien en
2009, et si peu en 2018 lors de la révision de ce chapitre, dans les écoles de cinéma françaises à ce sujet,
ni, bien évidemment, pour les films de cinéphiles amateurs, si passionnés soient-ils. 

      Je vais donc m’adresser tout particulièrement dans ce chapitre à ces jeunes aspirants réalisateurs
passionnés — mais des professionnels plus chevronnés pourront aussi y trouver des choses utiles — leur
dévoiler le revers de la médaille, ce que d’habitude on ne voit pas et qui demeure ignoré dans la plupart
des cas, mais qui ne peut pas ne pas exister avant un tournage. J’espère que cela permettra à ces jeunes
réalisateurs d’y penser sérieusement avant de demander un miracle improbable à leur maquilleur pris au
hasard à la dernière minute, comme on le demande encore trop souvent par méconnaissance, voire
ignorance, du sujet. 

Choisissez bien votre maquilleur 

      La préparation du maquillage d'un film commence naturellement et logiquement par le choix


judicieux, donc bien réfléchi, d'un chef maquilleur responsable vis à vis de la production. 

     Trop de jeunes réalisateurs, ignorant encore de ce qu'est réellement le maquillage, engagent une
maquilleuse à l'aveuglette, trop souvent à la dernière minute, parce qu'elle accepte de travailler
bénévolement, mais ils ne prennent pas le temps de la rencontrer avant le tournage pour lui parler du
travail à faire (mais savent-ils eux-même ce qu’ils attendent précisément ? Bien souvent, non) et vérifier
la réalité de sa compétence. Souvent, ils engagent ainsi une personne non qualifiée pour ensuite le
regretter amèrement et se plaindre que les maquilleurs sont mauvais. Cette généralisation de la critique
est d'autant plus injuste et absurde qu'ils sont les seuls responsables de leur mauvais choix. 

     Non, ça ne peut évidemment pas marcher comme ça ! 

     Pour vous éviter cette surprise, mauvaise pour vous comme pour les maquilleurs dont vous vous
plaindriez à tort, il vous faut chercher parmi les maquilleurs expérimentés celui à qui vous allez confier
votre film, lui exposer vos besoins (voir ci-après), lui accorder une enveloppe budgétaire à gérer, lui
laisser ensuite constituer son équipe si besoin est, et éventuellement prendre un stagiaire à former pour
l'aider. Vous le laisserez vous faire des propositions et différents essais, car on ne peut pas
systématiquement réussir un chef d'œuvre du premier coup, surtout avec de petits moyens. 

   Sachez tout de suite que :

 Vite et bien : ce sera cher ;

 Rapide et pas cher : ce sera moche ;

 Bien pour pas cher : ce sera long.

     Donc, si vous ne connaissez pas encore de chef maquilleur, vous devrez chercher dans les annuaires
professionnels ou passer une annonce, à Pôle Emploi ou sur Internet, comparer les différents CV, voir les
différents sites ou books et convoquer celui qui vous paraîtra le plus approprié. Une fois votre choix fait,
inutile de courir tout Paris pour voir s'il y a moins cher : la compétence découle de l'expérience, et
l'expérience se paie car elle vous garantit un résultat. Vous ne voulez pas, comme ça s'est hélas ! déjà vu,
jeter votre film à la poubelle une fois tourné parce que vous aurez fait des économies de bouts de
chandelle sur ce point.

     Pour apprécier son expérience en toute connaissance de cause et éviter de vous tromper de
maquilleur, voyez chap. 3 Les différents types de maquillage au cinéma pour savoir quoi lui demander et
quoi en attendre précisément. 

     Bien sûr, un élève d'une école de maquillage, s'il n'est pas encore suffisamment instruit
techniquement pour faire votre film comme responsable — et c'est normal puisqu'à l'école il apprend
encore son métier —, pourra être un bon stagiaire sous la direction de votre chef maquilleur et cela
renforcera d'autant sa formation (Cf. chapitre 7 Le prix du maquillage au cinéma). De cette façon votre
film se fera bien et les jeunes seront bien formés. 

De quoi est-il besoin ?


     La première chose à faire quand on est réalisateur, c’est de prévenir le plus tôt possible le maquilleur
de vos désirs et besoins. Les délais de préparation ne sont pas les mêmes selon le travail à effectuer, les
fournitures non plus, donc le budget et les résultats.

     En lui communiquant le scénario et le plan de travail, vous devrez lui indiquer aussi précisément que
possible : 

 dates et durée du tournage et délai avant tournage ; 

 combien d’hommes, combien de femmes, premiers plans et figuration ; 

 le style des personnages (naturels, élégants, accidentés, jeunes, vieux,…) ; 

 éventuellement l’époque (en fonction d’éventuels besoins de coiffure ou de postiches) ;

 les effets (larmes, blessures, sang,…) ; 

 les vieillissements ou rajeunissements ;

 les déguisements ; 

 les transformations partielles ou complètes ;

 les prothèses que vous envisagez et le nombre de fois où elles seront utilisées dans le plan de
travail : il en faudra une par séance, plus au moins une par sécurité en cas d'accident ; 

 les changements de maquillage en cours de journée de tournage : on ne peut pas changer


plusieurs fois de maquillage dans la journée sans perdre un temps considérable à passer d’un
aspect à un autre, surtout avec des maquillages à prothèses, longs à faire et à démaquiller ; 

 circonstances prévisibles particulières au tournage : pluie, vent, neige, chaleur importante,


scènes avec des animaux, baignade,… ; 

 cascades de l'artiste ; 

 cascadeurs et doublures images éventuelles (il faut leur prévoir un maquillage et d’éventuels
postiches et perruques conformes à l’acteur doublé) ; 

 toute information utile à son travail. 

     Naturellement, toutes ces rubriques ne correspondront pas forcément à votre projet, mais vous,
réalisateur, vous devrez lui communiquer toutes celles qui seront pertinentes, et vous, maquilleur, vous
devrez lui demander le maximum, même si elles ne sont pas répertoriées ci-dessus, dès le début de la
mise en préparation. Ce n’est qu’après avoir eu et réfléchi sur ces informations qu’un maquilleur pourra
établir et vous transmettre non un devis ferme et définitif, mais une estimation approximative des coûts,
qui s’affinera au fil des événements. 

     Après ces séances préliminaires concernant l’élaboration des personnages, un découpage technique
sera élaboré par la mise en scène pour indiquer le déroulement du tournage des séquences, la scripte
sera présente à ce moment-là. Elle fera de son côté un séquencier de continuité qui devra compléter
celui que le maquilleur va élaborer de son côté. 

     Mais qu’est-ce que la continuité ?

La continuité

    En photo, le maquillage s’arrête le plus souvent dès qu’on l’a fini : on peut le photographier aussitôt et
le démaquiller quelques instants plus tard. Il ne dure pas, ou pas longtemps.

     Au théâtre, dans l'ensemble, le maquillage ne bouge pas du début à la fin de la pièce et il n’est
généralement pas important qu’il soit reproduit exactement à l’identique d’une fois sur l’autre.

     Au cinéma (téléfilms et séries comprises), il est fréquent de tourner une même séquence de quelques
minutes en plusieurs jours, pas nécessairement consécutifs. Le maquillage doit alors tenir toute la
journée chaque jour, parfois pendant toute la durée de l’histoire, et donc être refait à l'identique
pendant plusieurs semaines de tournage consécutives. Le plus souvent, il évolue pendant le film selon les
séquences, mais ce sera toujours le même personnage. Il faudra donc toujours le reconnaître malgré les
changements divers qui pourront se produire. 

     Un film raconte une histoire dans sa continuité, donc dans sa chronologie. Les choses doivent être à
leur place en début de séquence par rapport à la fin de la séquence précédente, même si celle-ci n’a pas
encore été tournée. C’est le métier de la scripte de veiller à cette chronologie et on a toujours avantage à
être d’accord avec elle sur ces questions-là. 

     On pourra par exemple avoir un début calme dans un intérieur quelconque (quelle que soit l’époque)
où tout le monde, hommes et femmes, sera propre et normal. Dans une séquence suivante, un mariage
ou une soirée chic, les gens seront bien toilettés et mis en valeur par le maquillage, la coiffure et les
habits (les fameux H.M.C.). Jusque là, rien n’a notablement évolué au cours des séquences. 

     Mais dans une séquence suivante, on pourra avoir une fusillade et les héros seront blessés : il faudra
alors s’assurer de l’évolution de leurs blessures, de leurs chevelures, de leur sueur ou de leurs larmes
(ha! les larmes !… quelle tuile quand les artistes les enlèvent entre les prises !…), de la poussière, etc…
afin que le montage ne soit pas impossible : la trainée de sang ne doit pas être plus longue dans le plan
3/6 que dans le plan 2/6, elle doit être dans le sens de la pesanteur par rapport au plan en cours et non
par rapport au siège dans la loge maquillage…, les mèches de cheveux doivent bouger dans un ordre
chronologique elles aussi… bref, il ne suffira pas de faire le maquillage le matin, il faudra le surveiller
continuellement dans la journée. Des photos devront être prises à la fin de chaque prise afin de bien
savoir où se trouvait le sang, les gouttes de sueur, la ou les larmes ou les mèches de cheveux pour
pouvoir les remettre dans ces positions précises pour le début de la séquence suivante. Ces photos
serviront à replacer les choses (blessures, coulées de sang ou de larmes ;

rouge à lèvres ; postiches, etc…) au même bon endroit d’une fois sur l’autre. Ça fait partie intégrante du
travail d’un maquilleur sur le plateau, mais ça ne peut évidemment pas s’apprendre à l’école. 

     Mais, en attendant, il faut se remettre au départ, c’est à dire comme on était au début de ce plan pour
faire une autre prise… qui ne peut pas commencer dans l’état final de la prise précédente, sinon ce serait
impossible à monter, il manquerait une étape. On dit alors qu’on se met raccord avec la fin de la
séquence précédente.

     C’est dans ces occasions que le travail avec la scripte est le plus efficace, une aide précieuse et
indispensable. 

     En principe, la scripte aura noté dans un séquencier parallèle au découpage technique comment le
réalisateur a vu les choses dans son esprit et prévoit de les tourner. C’est alors aux maquilleurs et
coiffeurs qui auront aussi fait leur propre préparation pour ce qui les concerne, de faire ce qu’il faut pour
que les choses suivent leur cours normal. 

     Ce n’est pas toujours facile, mais si chacun s’organise en conséquence, ça se passe bien, même si c’est
parfois un peu tendu.

     J’ai décrit là un cas relativement simple de continuité, mais il y en a beaucoup d’autres, lors des
vieillissements pour une saga, par exemple, ou de scènes de combats, de guerre, ou de catastrophes. Et
pensez aux séquences de cascades tournées sans les acteurs : il faudra que l’acteur ait la tête du
personnage au début et à la fin du combat, donc tout ce qui se sera passé entre ces deux moments doit
être prévu minutieusement et noté tant par le maquilleur que par la scripte. 

     Une partie de ce travail aura déjà été anticipée par le maquilleur lors de la conception de ses
maquillages avant le début des prises de vues (cf. chap. 8) et il se sera concerté avec la scripte avant le
tournage pour s’assurer que tout va bien. De même pour le coiffeur.
 
      La technologie moderne nous propose un logiciel (en anglais) à utiliser sur appareils mobiles
(tablettes et smartphones) bien utile pour garder tous ses documents photographiques sous la main
dans son téléphone portable, mais il vaut tout de même environ 60 € en France.

 
     Nous avons vu jusqu’ici comment un réalisateur débutant doit se soucier du maquillage dès ses
premiers films. Voyons maintenant comment le maquilleur doit réagir quand on l’appelle pour un projet.

Et du côté du maquilleur ?

     Un réalisateur qui a entendu parler de vous, ou qui vous connait déjà, veut vous confier les
maquillages de son film. Vous vous rencontrez, il vous expose le sujet plus ou moins clairement et veut
savoir tout de suite si c’est possible et combien ça va lui coûter. Bien sûr, vous ne pouvez pas lui
répondre tout de suite car vous ne connaissez pas encore les détails du projet aussi bien que lui.  

      Vous devez donc lui poser quelques questions avant de repartir dépouiller le scénario chez vous. Les
questions sont généralement celles listées dans la section De quoi est-il besoin ? ci-dessus ou dans le
8. Comment concevoir des personnages justes. Je ne les répèterai donc pas, mais vous invite à les lire si
vous ne l'avez pas encore fait. 

Que signifie « dépouiller un scénario » ?

      Engagé pour maquiller tout le film, vous lisez le scénario et relevez tous les éléments concernant
votre responsabilité : l’époque, les personnages, les éventuels postiches, perruques, prothèses,
vieillissements progressifs ou rajeunissements, blessures, etc… Vous vous faites une idée du travail à
effectuer : le ferez-vous seul pour un petit film ou avec une équipe si c’est un gros projet ? Vous vous
faites aussi une idée approximative des fournitures à prévoir, et s’il vous faudra du temps et de la
préparation avant le tournage ou si vous commencez presque directement. C’est là que vous avez un
rendez-vous avec le réalisateur et le directeur de production. 

     Si vous ne devez vous occuper que d'un seul personnage, vous faites exactement la même chose, mais
seulement en ce qui le concerne.

     Le chapitre 8 Comment concevoir des personnages justes vous précisera cette démarche en détail,
aussi je ne m’y arrête pas ici trop longtemps, et nous reprenons le fil de l’exposé aux réalisateurs
débutants, mais les jeunes maquilleurs peuvent bien sûr en profiter aussi. 

La préparation chez le perruquier

     Il semble utile de préciser dès maintenant comment procéder pour commander perruques et
postiches chez le professionnel concerné. 

     Pour un personnage moderne, les perruques complètes seront assez courantes chez les dames, mais
plus rares pour les hommes sauf pour des déguisements où elles seront alors nécessaires. 

     Mais, on aura souvent recours à un toupet pour recouvrir la calvitie d’un premier plan homme et le
rajeunir plus ou moins. Un toupet est fait sur mesure pour l’acteur en fonction de ce que l’on veut :
rajeunir plus ou moins le personnage ou le comédien. Courant chez les artistes à partir de 45 ans quand
le dessus commence à trop se dégarnir.  
 

     Pour un personnage d’époque, il sera très souvent nécessaire de recourir à des perruques et
postiches, et quasiment obligatoire dans le cas d’une ressemblance. 

     Une fois la perruque déterminée d’après des documents d’époque, tableaux, photos ou croquis, le
maquilleur et le coiffeur (surtout pour une femme) se rendront sur rendez-vous chez le perruquier choisi
en accord avec la production accompagnés du ou des artistes concernés pour des prises de mesures
précises et professionnelles. 

     Des essais seront alors faits pour voir si quelque chose correspond à la demande dans le stock du
perruquier. 

     Dans ce cas heureux, le perruquier mettra la perruque choisie, ou éventuellement plusieurs, de côté
et la préparera pour le tournage.

     Dans le cas contraire, un moule en plastique et papier collant sera pris de la tête complète et le
perruquier fera la perruque entièrement sur mesure. Cette perruque pourra être achetée ou louée
en première location pour la durée du film et rendue au perruquier à la fin du tournage. C’est souvent le
cas, pour de courts tournages (un mois ou moins). Ce n’est pas justifié pour un long tournage de
plusieurs mois où l’achat est alors plus économique. La perruque achetée restera alors la propriété de la
production ou du coiffeur ou du maquilleur si la production est d’accord et n’en a pas besoin pour un
autre épisode avec les mêmes acteurs. 

     Dans le cas où l’on trouverait dans le stock du perruquier une perruque convenable pour le
personnage, il conviendra souvent, pour les premiers et seconds plans, de refaire les fronts pour
travailler avec du matériel propre donc invisible. Un moule sera alors fait de la zone nécessaire et le
perruquier aménagera la perruque en remplaçant le front usagé par un front neuf. Cette opération est
moins onéreuse et plus rapide, naturellement, que la façon d’une perruque entière. La perruque pourra
alors être achetée ou louée pour un prix à peine supérieur à la  simple location sans réparation.

     Si les postiches faciaux pourront être commandés en vrac pour la figuration, ils seront faits sur mesure
pour les premiers plans, voire pour certains seconds rôles importants ou des silhouettes remarquables.
Dans ce cas, le perruquier prendra un moule, en plastique et papier collant, comme pour le front, du
menton du ou des acteurs, ainsi que pour la moustache, les favoris ou les sourcils. Sur un long tournage
pour un premier plan, il faudra commander deux moustaches avec la barbe.

Ces empreintes serviront de base pour faire les acteurs, ainsi que pour la moustache, les favoris ou les
sourcils, pour faire les postiches qui iront bien aux bons endroits. Comme le maquilleur arrivera sur le
tournage avec son propre stock de postiches qu’il utilisera aussi dans l’intérêt de la production, il est
d’usage courant que les postiches restants lui reviennent à la fin du tournage, sauf si un artiste a fourni
ses postiches personnels, toupets, barbe ou moustache.

     Bien entendu, la couleur des cheveux de la perruque et/ou des postiches sera étudiée en fonction du
personnage à représenter ou de la couleur des cheveux de l’artiste s’il n’y a pas besoin de perruque. 

     Il conviendra que les artistes reviennent pour essayer et ajuster leurs perruques sur mesure.
Généralement 1 ou 2 essayages, rarement 3, suffisent mais certaines perruques particulières peuvent en
nécessiter davantage. 

     Le perruquier fournira généralement les perruques prêtes au premier emploi, mais le coiffeur du film
devra en assurer l’entretien, nettoyage et remise en plis, à chaque fois que cela sera nécessaire pendant
le tournage. 

     Les postiches faciaux seront généralement dégrossis par le perruquier, mais il faudra souvent en


ajuster la coiffure avant le tournage. C’est le maquilleur qui les posera, fera les éventuels raccords au poil
à poil, notamment à la commissure des lèvres, avant de les rectifier après la coiffure ou la pose de la
perruque par le coiffeur et il les entretiendra, nettoyage et recoiffage/frisage, après chaque séance de
tournage. Sur certains films au stylisme particulier, les postiches pourront être livrés bruts puis taillés et
coiffés par les maquilleurs, surtout s’il y a beaucoup de figuration : on rentabilisera ainsi mieux le temps
de présence des maquilleurs déjà présents sur le tournage. 

     Pour refaire la barbe moderne d’un acteur prématurément rasé, le même travail sur mesure sera
indispensable s’il y a plusieurs jours de tournage à faire ou refaire. Pour une seule journée, le maquilleur
doit être capable de faire la barbe au poil-à-poil directement sur l’acteur en cas d’urgence (voir plus loin
sur ce point). 

     Tout postiche censé être naturel sera implanté à la main sur un tulle invisible, tandis que les
perruques censées être des perruques comme les perruques de Cour (royales et surtout de Justice anglo-
saxonnes) pourront être faites avec front, tulle et cheveux fins ou sans ce fameux front, comme les
perruques de ville d’aujourd’hui. Mais ce sera alors souvent du synthétique et visible comme tel. 

     Compte tenu du temps de fabrication et de coiffure, et des autres clients du perruquier, il faudra
prévoir au minimum avant votre tournage : 

 4 à 5 jours pour une perruque en simple location,


 2 semaines environ pour faire refaire un front,

 4 à 6 semaines pour faire fabriquer spécialement une perruque.

 Barbes, moustaches, sourcils et favoris sont généralement vendus (la location pour le cinéma
réaliste est normalement rare chez les commerçants perruquiers) : compter 4 à 10 jours
ouvrables de délai pour une personne.

 Sans doute davantage selon le nombre de postiches à commander pour plusieurs acteurs ou
grosse figuration. 

Combien de temps de préparation faut-il ? 

      Chaque nouveau projet est différent des précédents, quelle que soit l'expérience des professionnels,
parce que les demandes sont toujours plus ou moins différentes et que les manières de traiter les
problèmes évoluent au fil du temps. Inutile donc de commencer par demander «— Combien ça va me
coûter pour faire un effet comme ça et ce sera prêt dans combien de temps ? », tant que vous n'aurez
pas exposé clairement vos souhaits. 

     Dans les jours ou les semaines précédant un tournage, en plus du temps passé à lire le scénario et
faire le dépouillement des effets, du travail intellectuel de conception des maquillages à réaliser, la durée
de préparation variera avec le projet à traiter, mais il y en aura toujours systématiquement un minimum.
Pour un travail sérieux, raisonné, il faut compter de 2 jours pour une tournage banal sans effet
particulier, à au moins une semaine dès qu'on a des choses moins banales et plus si le projet est
important.

   

     A ce sujet, il est extrêmement indélicat, surtout pour des choses un peu compliquées impliquant un
long travail, de demander à plusieurs personnes de faire un devis pour votre film. Tous passeront du
temps et travailleront pour vous, mais un seul sera retenu tandis que les autres auront travaillé pour rien
et perdu leur temps. Vous devriez prévoir au moins d'indemniser ceux qui vous consacrent du temps,
même si vous ne faites pas affaire avec eux pour des raisons qui vous regardent seul, vous allez
maintenant voir pourquoi. Après tout, on paie bien pour le devis d'une réparation d'électro-ménager ou
d'un chantier du bâtiment.

     Voici quelques exemples, indépendants ou simultanés selon les films, du travail de préparation
accompli par un maquilleur avant tournage.  

Séance simple, maquillages normaux

     Les maquilleurs ont tous généralement un fond de boite leur permettant de faire un maquillage
normal pour femme et homme. Il conviendra de préciser si vos acteurs ont la peau claire ou colorée, afin
d’être sûr d’avoir les fonds de teints correspondants, et au besoin aller les acheter. S’il y a lieu de prévoir
des faux cils ou des ongles, il faudra prendre le temps d’en acheter des neufs pour chaque artiste pour
d’évidentes raisons d’hygiène. De plus, les consommables indispensables (éponges, coton, kleenex,
lingettes démaquillantes, laque…) doivent être renouvelés de frais. 

     Il y a donc déjà au moins une journée ouvrable à prévoir de préparation intellectuelle et de shopping
avant chaque tournage, si simple et si court soit-il, aussi ne vous y prenez pas à la dernière minute pour
engager votre maquilleur ou — pire — n'attendez pas le premier jour de tournage pour le convoquer et
lui faire découvrir ce qu’il aura à faire. 

     Pour un long-métrage ou un film d’époque avec une distribution importante, il pourra falloir plusieurs
semaines. 

Maquillages de composition et prothèses

     Ce sera toute transformation du visage de l’artiste pour lui composer l’aspect du personnage à
représenter (postiches d’époque, ressemblances, blessures, vieillissements, etc…). 

 Les effets simples (cf. Les différents maquillages au cinéma) pourront le plus souvent être
réalisés directement sur le plateau, s’ils ont été anticipés et les fournitures achetées.

 Un faux crâne seul pour une journée unique sera plus économiquement acheté tout fait (au
moins par paire, par sécurité) mais plusieurs calottes, s’il en faut pour plusieurs jours de
tournage, ou un masque plus ou moins important pour un vieillissement, prendront plus de
temps à préparer. 

 Les fournitures doivent aussi être fraîches pour avoir une bonne qualité : il faudra donc tenir
compte des délais nécessaires pour les acheter, voire les commander, parfois à l’étranger pour
certains produits. 

     On pourra toujours improviser sur place certains effets pour une journée, mais pour raccorder d’une
séance de tournage sur l’autre, il faudra faire ou faire faire des prothèses, chacune ne servant qu’une
fois, car elles sont détruites au démaquillage.

     S’il y a lieu de faire des prothèses et selon l’importance du projet, il faudra prévoir au minimum dès
que les fournitures seront disponibles : 

 Pour une série de blessures en vrac, pour figuration nombreuse, zombies, fantastique : 2 à 4
jours (cf. chap. 9 Prothèses simples : Les blessures), davantage s’il y a plusieurs jours de tournage
;

 Pour un faux nez : 2 ou 5 jours pour fabriquer les moules et tirer la première pièce. Chaque
retirage prendra aussi du temps en fonction de la matière choisie (Cf. Chap. 11 Prothèses
importantes : vieillissements, aliens ou monstres) : la mousse de latex prend plus de temps, mais
peut revenir moins cher, surtout pour les grosses pièces ; le silicone est plus rapide mais plus
cher. 

 Pour un vieillissement entier du visage et des mains : 2 à 3 semaines pour prendre l'empreinte
du (ou des) acteur(s), faire les sculptures, fabriquer les divers moules, tirer la première pièce,
faire un essai et les éventuelles rectifications. Chaque retirage prendra aussi du temps en
fonction de la matière choisie (cf. Chap 10 Prothèses importantes : vieillissements, aliens ou
monstres) ;

 Je décris dans les chapitres suivants plus en détail en quoi consiste la fabrication des blessures et
comment préparer les prothèses d'une transformation, pour vous permettre de mieux
comprendre les coûts et les délais impliqués par ce genre de travail. 

     Naturellement, si vous avez besoin de tout cela en même temps, il vous faudra additionner tous ces
délais ou engager une équipe qualifiée plus nombreuse. Mais le délai de fabrication des perruques et
postiches éventuellement nécessaires en quantités suffisantes pour tous pour la durée du tournage,
comme expliqué dans la section précédente, ne sera pas forcément cumulatif puisque fait ailleurs par
une équipe autrement spécialisée.

     Ce sont là des règles générales approximatives pour vous donner une idée. Le maquilleur prothésiste
choisi vous donnera une estimation plus précise en fonction de votre projet quand vous l’aurez bien
défini avec lui. De même, si vous avez plusieurs perruques et/ou postiches, le perruquier vous indiquera
son délai, car vous ne serez sans doute pas le seul client qu’il devra servir.

  

     Vous voyez déjà mieux qu’on ne peut pas sérieusement demander à la cantonade « — une
maquilleuse, svp… » à la dernière minute comme si tout cela ne devait pas exister. Il y a un vrai travail
d'équipe à fournir dans l'intérêt même de votre film. 

Les essais avant tournage

     Créer l’image d’un personnage de fiction ne se fait pas d’un coup de houppette magique à la dernière
minute. Il est même indispensable de faire des essais de maquillage avant un tournage. Pourquoi ? 

     Non seulement pour préparer correctement le travail, matériel, techniques et personnels, mais pour
créer un contact humain entre les membres de l’équipe qui va travailler pour le tournage.

     On peut faire des essais collectifs pour les décors, la caméra, le son, les costumes et le maquillage, ou
lors de castings avancés pour des rôles précis (notamment pour les films d’époque), ou pour le seul
maquillage quand il y a des maquillages de composition importants à mettre au point, ce qui donne une
idée du temps qu’il faudra prévoir chaque jour sur le plateau pour ces maquillages plus longs que
d’ordinaire. Chaque séance d’essais sera donc organisée en fonction du projet, avec le ou les comédiens,
la mise en scène, le ou les maquilleurs, le ou les coiffeurs, et la production. 

     Ces essais permettront de réaliser une ou plusieurs propositions différentes pour un même
personnage et de choisir ce qui servira le mieux la production. On n’hésitera donc pas à demander au
maquilleur de préparer et d'essayer plusieurs prothèses ni au coiffeur plusieurs chevelures ou couleurs
pour un même personnage, surtout pour les actrices. Au besoin, des ajustements seront faits (plus long,
plus court, plus clair, plus foncé, etc…), et une autre séance d’essai sera programmée pour présenter
l'affinage de la recherche du personnage. Si on s'y prend suffisamment à l'avance, on peut demander au
maquilleur de préparer plusieurs (petites) prothèses pour le jour des essais : si les changements ne sont
pas trop longs, on peut déjà gagner du temps. Il est évident que si plusieurs personnages vieillissent en
même temps dans le film, il faudra faire des prothèses et des essais maquillage pour tous en même
temps, donc prévoir une équipe de plusieurs maquilleurs capables de faire et maquiller des prothèses,
soit engagés séparément — mais vous risquez d’avoir des styles très différents à l’arrivée — soit que
votre chef maquilleur constitue lui-même son équipe pour coordonner les travaux de façon homogène.

     Naturellement, tous les films ne nécessitent pas une préparation longue ou compliquée et les
discussions avec votre chef maquilleur vous permettront de faire la part entre l’idéal et le possible,
sachant qu’il faut rester utile et efficace.

     En outre, on pourra constater combien de temps il faut effectivement pour réaliser le maquillage et
ainsi organiser le tournage en prévoyant le délai nécessaire pour la convocation du ou des comédiens,
puis le temps qu'il faudra ensuite pour démaquiller en cas de changement de maquillage dans la journée.
Le maquilleur en profitera pour déterminer le démaquillant le plus approprié compte tenu de la
sensibilité de la peau de l'artiste et des colles employées. C'est lors de ces essais qu'on constatera tous
les problèmes possibles afin de les résoudre et les éviter sur le tournage, d’où leur importance.

     Ces essais donnent à tout le monde (acteur, réalisateur, maquilleur, coiffeur, chef opérateur,
producteur, costumier, photographe de plateau) une grande sérénité sur le tournage car on connaît
d’avance le résultat et on l’a accepté. Donc pas de stress dû à l’inconnu, bonne humeur et gain de temps
sur le plateau.

     On ne saurait trop recommander d’essayer les maquillages, au moins de tous les artistes principaux,
comme on essaie leurs costumes. Cela fait normalement partie intégrante d’une préparation solide. Cela
vaut aussi pour les personnages secondaires : improviser un faux nez — nécessairement alors à la pâte à
modeler, cire ou silicone — sur un acteur qui a plusieurs jours de tournage prévus conduit à des pertes
de temps considérables sur le plateau, par la suite, pour l'entretenir en bon état ou le refaire aussi
exactement que possible les fois suivantes.
L'installation du maquillage 

     Il ne faut pas oublier un détail important pour la réalisation des maqui-llages et le respect des
horaires, l'installation sur place, car cela peut impacter considérablement les temps de préparation des
acteurs, en dehors de la durée des maquillages proprement dits. Les professionnels aguerris seront déjà
instruits, mais nous nous adressons ici surtout aux nouveaux venus dans le cinéma : les maquilleurs
sauront dorénavant ce qu'ils doivent demander précisément, les réalisateurs ce qu'il faut prévoir, les
régisseurs quoi préparer. 

     En arrivant sur place, où que ce soit, les maquilleurs et coiffeurs doivent trouver tout cela prêt à les
recevoir pour accomplir leur travail. Si ce n'est pas le cas, cela crée inévitablement une grosse perte de
temps et donc un gros retard sur le plateau ultérieurement.  

 En studio, pas de problème, tout est équipé. Il suffit de prévoir le nombre de loges approprié.
C'est l'idéal dont il faudra s'inspirer ailleurs.

 En extérieur, il faudra installer une loge (caravane, tente, local équipé en conséquence,…) pour


le chef maquilleur et les acteurs principaux du film, une autre pour la figuration, une autre
encore spécifique pour chaque maquillage particulièrement poussé à réaliser. Une star pourra
aussi souhaiter avoir sa loge exclusive, c'est souvent le cas des acteurs principaux sur un long-
métrage. Pour les courts-métrages ou les films d'amateurs, il faudra toujours faire au mieux
possible, mais sachez bien qu'il est très difficile et risqué de faire un maquillage important dans
une ambiance agitée et bruyante. 

 Une douchette sera souvent utile aussi pour les shampooings, et pas seulement pour les
coiffeurs.

 Séparer les costumes du maquillage est toujours préférable, surtout en figuration. 

 Chaque loge devra dans la mesure du possible, évidemment, être à température normale, 21-22°


environ, en tout cas hors gel (y compris la nuit pour que les produits ne gèlent pas et puissent
être utilisables le lendemain matin), la lumière installée ainsi que des prises de courant ; elle
devra être pourvue de tables et sièges en nombre suffisant, de miroirs, de poubelles capables de
contenir des solvants (genre acétone) sans cesser d'être étanches. 

 Des caravanes climatisées sont indispensables aussi par grosses chaleurs

 Un siège de coiffeur avec appuie-tête sera indispensable à chaque fois si on a un long


maquillage à faire, avec des prothèses ou du latex, 

 Certains maquillages à prothèses pourront nécessiter un réfrigérateur ou un four à micro-ondes,


le maquilleur doit donc en aviser au préalable le réalisateur et la régie afin que le nécessaire soit
fait au moment voulu. 

 Un nécessaire à café et/ou boissons fraîches, s'il n'est pas indispensable, est toujours apprécié.
     Quoique que le démaquillage soit possible aisément pour des maquillages normaux contemporains, il
est également souhaitable de prévoir au moins une douche pour les gros maquillages, à prothèses,
naturellement, mais aussi salissures, sang, postiches… 

     Il y aura donc grandement intérêt à ce que chacun y pense pour sa part.

Durée d’un maquillage le jour J

     Pour établir chaque jour votre feuille de service, le programme du tournage du lendemain, votre 1er
Assistant devra demander, au plus tard la veille, à vos chef-maquilleur, chef coiffeur et chef costumier
combien de temps il leur faudra pour préparer chaque artiste avant le moment de tourner. En fonction
de votre plan de tournage, vous pourrez donc échelonner leur passage au HMC (Habillage-Maquillage-
Coiffure = Hair-Makeup-Costum) pour que tout le monde n’arrive pas en même temps et n’attende pas
inutilement.

     Pour les maquillages de composition nécessitant la pose d’une perruque, il est courant que le coiffeur
commence par préparer la chevelure, que le maquilleur fasse son travail, puis que le coiffeur pose la
perruque ou termine la coiffure spéciale.

     A titre indicatif, voici quelques durées de maquillages courants :

 Un homme normal sans aucun effet : 20-25 minutes, mains comprises pour un acteur ; 10-15
minutes, parfois moins, pour un figurant.

 Une femme naturelle : 20 à 25 minutes + éventuellement décolleté, mains et bras.

 Une femme maquillée en beauté sans faux cils = 45 minutes + éventuellement décolleté, mains
et bras.

 Pose de faux cils : rajouter 10 à 15 minutes.

 Poser une moustache implantée (postiche du perruquier) : 5 à 6 minutes.

 Poser une barbe implantée : 15 à 30 minutes, selon forme et raccords éventuels au crêpé par
dessus pour camoufler la bordure du postiche.

 Faire une barbe entière au crêpé poil à poil : 35 à 50 minutes selon l’importance de la barbe et si
le crêpé est prêt.

 Faire une moustache au crêpé : 10 à 15 minutes. (si le crêpé est prêt ; davantage s’il faut en
préparer) 

 Faire un nez partiel, une petite blessure ou couvrir des sourcils à la pâte : ± 20 minutes.

 Larmes : 2 minutes par personne concernée, à la dernière seconde (si possible juste entre le clap
et «Action !»).
 Transpiration : 2 minutes par personne concernée.

 Poser une unique petite prothèse de blessure : 5 à 15 minutes.

 Poser une grosse prothèse de blessure ou plusieurs petites : de 30 à 45 minutes voire plusieurs
heures pour un maquillage important.

 Poser une perruque normale : 20 à 30 minutes.

 Poser un faux crâne : 30 à 45 minutes + compléments éventuels de maquillage, perruque


dégarnie ou couronne, etc…

 Faire un vieillissement partiel (tour d’yeux) au latex : ± 45 à 50 minutes.

 mais un vieillissement partiel comme celui-là + un faux crâne + barbe et moustache implantées +
perruque : environ 2 heures + les mains si besoin, à moins de les faire faire par un ou deux
assistants.

 Faire un vieillissement complet au latex : de 50 à 75 minutes + les mains si besoin, à moins de les
faire faire par un ou deux assistants.

 Poser un nez : 10 à 20 minutes, + maquillage du visage selon personnage.

 Poser un masque en une ou plusieurs pièces : de 1h à 3 ou 4 heures, voire davantage, selon


importance du projet.

 N'oubliez pas non plus qu'un maquillage des mains sera souvent nécessaire par rapport au
visage. Cela peut prendre du temps supplémentaire si le maquilleur est seul à travailler, mais on
gagnera du temps si un assistant travaille sur les mains pendant que le chef maquilleur termine
le visage. 

     Naturellement, un maquillage cumulant plusieurs de ces techniques pourra durer moins longtemps
que la simple addition des temps ci-dessus sans que cela puisse être certain. Il faudra toujours se
renseigner à l’avance auprès du maquilleur pendant la préparation.

     S’il doit y avoir des prothèses sur les mains et les bras, cela prendra encore plus de temps, mais votre
maquilleur vous en aura averti préalablement. Cela peut être fait par un assistant pendant que l’on
termine le maquillage du visage.

     A la durée du maquillage proprement dit, il ne faut pas oublier d’ajouter la durée de la coiffure : 10-20
minutes pour une coiffure simple d’homme à 1h/1h30 pour une coiffure élaborée de femme. La pose
d’une perruque normale féminine raccourcira ce temps, mais les perruques censées représenter des
coiffures du XVllle s. très élaborées prennent parfois 45 minutes à poser et ajuster à l’artiste. Vous ne
voudriez pas qu’elles tombent pendant la prise, n’est-ce pas ?… 

 
     Voilà. Vous avez là quelques éléments pour vous faire une idée du temps qu’il faudra consacrer au
maquillage pour qu’il soit correct dans l’intérêt même de votre film. 

Les contretemps

     J’attire toutefois votre attention sur les pertes de temps possibles et hélas! trop fréquemment
imputées à tort au maquillage : 

 Local maquillage pas prêt quand le maquilleur arrive pour préparer ses affaires, entre 15 et 30
minutes au moins avant l'arrivée du premier artiste. Il ne faut pas confondre l'horaire d'arrivée
du maquilleur avec l'horaire du premier maquillage. Quand on dit "Maquillage à 10h", le
maquillage doit débuter à 10h ; ce n'est pas l'heure d'arrivée en loge du maquilleur.

 Arrivée en retard de l'artiste, car le maquilleur n’a pas le temps de courir après lui.

 Boissons ou nourriture sur la table de maquillage (outre le fait que c’est un manque d’hygiène :
pensez aux miettes de pain ou de croissant sur une houppette, ou à la tasse renversée sur la
table et les produits et pinceaux… Grrr !… ) ;

 La discussion avec le réalisateur ou son assistant, ou l’agent de l’artiste, ou autre technicien de


l’équipe, quand cela dure au delà d'un bref instant ; 

 Le maquillage n'est pas non plus l'endroit idéal pour une interview.

 L’usage abusif du portable ;

 etc…  

Conclusion 

     Vous avez à présent une idée du travail que les maquilleurs doivent accomplir réellement et je vous
invite, amis réalisateurs, à lire aussi le Chapitre 8 où je développe le travail de conception des
maquillages par le maquilleur. Vous pouvez maintenant comprendre pourquoi il faut du temps et du
budget pour préparer un film convenablement afin de le tourner dans de bonnes conditions, et pourquoi
il est inconvenant de demander des devis à plusieurs personnes. Il est en effet plus correct de choisir
votre chef maquilleur vraiment soigneusement en fonction de son expérience réelle, ce qui signifie que
vous devrez prendre le temps de le choisir sérieusement, et de vous y tenir dès le premier instant.

     Cette préparation normale d'un tournage est rémunérée sur les films professionnels pendant toute la
durée de leur préparation et, selon les directives de la Convention Collective, au minimum (plus s'il y a
lieu) pour l'équivalent de deux semaines du salaire convenu pour le tournage, et du tournage, bien sûr,
et c'est bien normal puisque les maquilleurs y passent du temps dans l'intérêt de votre film. C'est en tout
cas comme cela que les productions professionnelles normales fonctionnent.
   Sur un court métrage d'école ou sur un film d'amateur, même s'il n'y a pas de gros budget, il vous faut
aussi penser à rétribuer un minimum décent, d'une manière ou d'une autre, ce travail accompli pour
vous et votre film par votre équipe maquillage - coiffure.

     Si vous voulez devenir professionnels vous aussi, chers amis futurs réalisateurs, autant fonctionner
tout de suite de la bonne façon et préparer le maquillage de votre film avec autant de soin que l'image et
le son. Pensez-y, il n'y a pas que l'électronique, l'informatique et la calculette dans un film, il y a aussi —
et surtout, et c'est tant mieux — un aspect humain dont on ne parle pas assez dans les écoles : les
acteurs et tout ce qui les concerne, maquillage, coiffure et costumes. C'est à dire, hélas!, les branches
délaissées de l'éducation cinématographique en France. 

     Vous avez compris que nous allons maintenant parler, au chapitre suivant, du prix du maquillage. 

Chapitre 5

Sommaire du livre

Chapitre 7

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