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"La propreté, c'est le respect des autres et de toi-même. Tu dois entretenir tes cheveux" conseille Mario, le
coiffeur, au jeune Léo. Ce dernier, perplexe, s'interroge : "comment choisir un bon shampooing ?".
"Tu dois prendre un shampooing très doux qui respecte les cheveux" répond P'tit DOP.
Extrait d'un dialogue de dessin animé présenté depuis 1994, dans les écoles élémentaires, par Lascad.
Innovation publicitaire ? Cette action, baptisée "opération toilette", s'apparente plutôt à un retour aux sources,
celles qui firent le succès de la marque DOP.
Dopal créé au début des années trente, ancêtre de DOP, vendu en litre dans les
salons de coiffure.
Si le mot "shampooing" date de 1877, son origine est un mof hindi, principale
langue de l'Inde, "châmpna, cnâmpo" signifie masser, presser.
En somme, vendre du DOP sans parler de la marque. "Dites aux gens qu'ils sont
dégoûtants, qu'ils ne sentent pas bon et qu'ils ne sont pas beaux", ordonne le
fondateur de L'Oréal à ses publicitaires. Doit-on, pour autant, morigéner ainsi les
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Dop, nom crée par consommateurs potentiels des produits DOP ? François Clauteaux, directeur de la
Eugène Schueller en publicité, suggère alors -nous sommes au début des années cinquante- de contourner
1934. Un mot court, la difficulté en s'adressant aux enfants et non aux parents.
facilement mémorisable
et radiophonique. C'est ainsi que naissent, en 1952, les "Journées des Enfants Propres". Lieu
d'élection : les écoles primaires, généralement des écoles libres. C'est d'ailleurs en
Bretagne que tout commence. Les représentants de DOP proposent d'offrir aux
enfants des shampooings et des savonnettes. Un programme éducatif accompagne
cette "croisade des enfants propres" : le maître d'école explique au tableau noir
pourquoi il faut être propre. Une manière de renouer avec la tradition de l'école
républicaine et de ses "hussards noirs". Des tournées sont ensuite organisées dans
toutes les villes de France où des salles de spectacles sont louées pour accueillir les
Avec les marques DOP enfants après l'école.
et Monsavon, les enfants
du baby boom vont Ces derniers ne sont pas encore rivés devant leur poste de télévision ! Rien de tel
"sentir bon" (Raymond que le jeu pour rendre ludique la propreté corporelle. Avec le "jeu de la toilette",
Savignac 1954). Une les enfants désignent ceux qui, sur scène, se lavent le mieux; le "concours de
note d'humour aux mousse" se déroule avec des équipes de deux enfants, un shampooigneur et un
campagnes d'hygiène shampooigné. Le premier, muni d'un arrosoir, doit faire mousser les cheveux du
dans les écoles. Du co- second, protégé par un peignoir aux couleurs de DOP. A la salle de désigner l'équipe
branding avant l'heure ! gagnante. Mais les parents ne sont pas oubliés.
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30 000 personnes à Calais, 50 000 sur la Grand' Place de Bruxelles ! Les années
cinquante sont celles d'une étroite connivence entre DOP et les Français : Eugène
Schueller vient d'inventer la publicité moderne. Chansons publicitaires, radio,
cinéma, presse, affichage, rien n'est laissé au hasard. Obsession du président de
L'Oréal : occuper l'espace, tout l'espace. Trait commun à tous ces supports : ils
empruntent à la psychologie des foules les règles de bases du conditionnement des
masses. A l'origine du succès de DOP, le média qui, dans les années trente, a
également assuré celui de Monsavon : la radio. Au sortir de la Seconde guerre
mondiale, la Compagnie luxembourgoise de radiodiffusion charge Louis Merlin -
futur patron d'Europe 1- de relancer Radio Luxembourg. Comment alors recréer
un auditoire ? Suggestion de Louis Merlin dont le passé de responsable de la
promotion au sein du groupe de distribution Comptoirs Modernes n'est pas sans
Le fameux Zappy Max et incidence : trouver des annonceurs qui acceptent de "patronner" une grande
sa voix métallique émission prestigieuse se promenant à travers la France. Il propose alors à Eugène
Schueller et François Dalle de reprendre le principe du Crochet radiophonique,
émission hebdomadaire à grand succès de Radio-Cité, créée par Marcel Bleustein-
Blanchet avant la guerre et "patronnée" par Monsavon.
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fauves, ses acrobates, sa cavalerie (celle d'Alexis Grass) et une parade. En deuxième
partie, le Crochet réalisé dans le camion d'enregistrement de Radio-Luxembourg. La
foule désigne le meilleur chanteur en criant : "DOP, DOP, DOP, il est adopté par
DOP". Dans le cas contraire, la même foule manifeste : "Allez donc vous faire
laver la tête, avec DOP c'est toujours un plaisir, DOP, DOP, DOP". Durant cette
période, près de quatre millions de Français, sous le chapiteau ou à la parade
entonnent chaque année le refrain DOP ! : "DOP, DOP, DOP c'est un shampooing
qui rend les cheveux souples et vigoureux". Mais Eugène Schueller n'entend
utiliser un média qu'à la condition d'en être le plus important annonceur. D'où la
multiplication des émissions de radio, toujours "patronnées" par DOP dont le
fameux "Quitte ou double" qui deviendra, en raison du succès, une émission à part
entière. Des tournées ont lieu dans toute la France avec comme animateur un jeune
DOP crème en tube.
chanteur de l'orchestre de Jacques Hélian, déniché par... Louis Merlin : le fameux
"Rien à dissoudre, rien
Zappy Max et sa voix métallique. "Il n'avait pas son pareil pour prononcer
à chauffer". Apparition
"Doppp" d'une façon qui vrillait les oreilles" se rappelle François Clauteaux.
de la ritournelle Radio
dans l'univers DOP
On comptera près de 6000 émissions. Autres jeux inventés par Eugène Schueller :
"Emportez-le avec vous". Le concurrent, les yeux bandés, doit, en une minute,
identifier un "cadeau". Zappy Max répond par "oui" ou par "non" aux questions
posées. Avec la "course au trésor", Pierre Dac donne la composition d'un
déguisement que doivent présenter les candidats du lendemain dans la ville suivante.
Le "Concours de mousse" met, sur le podium de Radio Circus, des enfants -Eugène
Schueller ne les oublie pas- en compétition : le vainqueur, désigné par le public, est
celui dont la tête a la plus belle mousse.
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Celle qui va tenir les écrans pendant six ans est un enfant de cinq ans. Prénom :
Rodolphe. Nom : Clauteaux, le propre fils de François Clauteaux. Sa voix n'est pas
inconnue du grand public : il fait ses premiers pas radiophoniques avec Monsavon.
Reste à lui donner un visage... que les spectateurs découvrent en 1952. "Moi, je veux
un berlingot" réclame-t-il avec son accent méditerranéen. "Ils sont formidables les
shampooings DOP"... Six années de slogans vont faire le succès de DOP... et celui
de Rodolphe. Il faudra souvent faire appel à un service de sécurité pour le protéger
de ses admirateurs. Parmi les nombreux films publicitaires, soulignons celui où
Rodolphe et Marcel Fort, son complice et souffre-douleur de toujours, peignent un
plafond. Le "pauvre Marcel", maladroit, a de la peinture sur les cheveux. Mais
Rodolphe le rassure : "ce n'est rien Marcel, un tout petit peu de DOP crème
parfum et ça va être fini...Tes cheveux sont souples, soyeux et sentent bon".
Réponse de Marcel : "ton tube est à peine entamé. DOP crème parfum est
vraiment économique". Conclusion de Rodolphe : "DOP crème parfum, c'est un
shampooing du tonnerre". "Une époque formidable" se souvient, avec nostalgie,
Star des années 50 : François Clauteaux.
Rodolphe
La publicité n'aurait pas eu un tel impact si DOP n'avait pas apporté une innovation
majeure. Premier shampooing public "moderne" proposé sur le marché français, il
est le "premier shampooing sans savon", à base d'alcoyl sulfatés d'origine
naturelle. A l'origine, DOP est un shampooing en poudre vendu en sachets de papier
auquel on ajoute de l'eau. Durant la Seconde guerre mondiale, faute de matières
premières, la vie de DOP est interrompue. Elle reprend en 1949 avec le lancement
de "DOP crème" vendu en tube et de "DOP huile". Les années cinquante sont celles
1956 : avec DOP Tonic, de la modernisation de la société française.
L'Oréal s'adresse aussi
aux femmes La publicité nous informe alors que "Un Français sur deux ne prend un bain que
tous les deux ans". Rodolphe nous le dit : "trois personnes sur dix se lavent les
cheveux. Ça alors, il faut qu'on fasse quelque chose !" 1952 est la date véritable
du lancement de DOP comme shampooing de référence de tous les Français. La
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marque contribue à l'amélioration de l'hygiène des Français et conseille de se laver
les cheveux "une fois par semaine".
DOP devient le shampooing familial : Papa a DOP (huile), maman et bébé DOP
(tonic) et les jeunes ont DOP Berlingot. Petits coussinets en matière plastique, ces
berlingots parfumés, conçus à l'origine pour servir d'échantillons, seront fabriqués
pendant plus de vingt-cinq ans ! Anticiper les besoins des consommateurs,
développer de nouveaux produits, tendre vers le zéro défaut et capter l'attention du
public, autant d'efforts menés par DOP durant les années cinquante et soixante et qui
fondent le succès et la pérennité de la marque. Elle est alors le contraire d'une
marque "paresseuse", selon l'expression de François Dalle.
La femme se peigne
comme on touche une
source
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Une très grande étape est véritable tonus, une jeunesse à cette marque. Après six mois de passage sur les
prévue pour Grand DOP écrans, la marque obtient la plus forte notoriété spontanée des marques de
en septembre 1995. Une shampooing auprès des jeunes de moins de vingt-cinq ans. En 1992, 26% des
révolution packaging : familles utilisent DOP.
un coup de jeune tout en
se rapprochant de ses Un succès qui annonce celui de P'tit Dop, shampooing 2 en 1 lancé, en novembre
racines. 1993. Sa cible : les 4-12 ans, filles et garçons. Le 1er shampooing pour les enfants
qui " ne pique pas les yeux et évite les nœuds " Pari réussi. Un an plus tard, la
marque fête le dix millionième P'tit DOP vendu et se hisse à la troisième place du
marché français en décembre 1994. Elle a dépassé sa cible puisqu'on dénombre sept
millions d'enfants.
P'tit DOP a de quoi séduire. Par sa forme : un flacon sans angle en forme de poisson
stylisé afin de ne pas être confondu avec un produit gadget. Par le parfum qu'il
exhale à travers le plastique : l'odeur (amande douce, miel d'acacia, menthe sauvage)
doit attirer le jeune consommateur vers le linéaire. On retrouve, ici, l'idée du
berlingot parfumé. Par sa fonction ludique : il flotte dans le bain.
Pour séduire maman, il est économique : une capsule à ailettes régule le flux de
1993 : P'tit DOP créé les
produit. Last but not least : grâce à sa formule, P'tit DOP démêle les cheveux sans
1ers shampooings
piquer les yeux. Une prouesse technique due à un polymère, qui, plus gros que les
spécifiquement formulés
cellules de la couche cornée, glisse sans entrer dans l'œil. Autant d'atouts que la
pour les enfants
publicité met en avant avec...des enfants.
En 1996, sans abandonner la communication aux enfants, DOP passe du concept de
famille à celui, plus large de tribu. La marque entend devenir la plus universelle des
marques de shampooing pour tous les types de cheveux. Pour la première fois, la
communication vante un shampooing sans montrer une personne sous la douche ou
se lavant les cheveux. Il n'est plus besoin éduquer, mais de séduire. En 1998, DOP
s'installe un peu plus dans les salles de bain des Français en lançant DOP Douche,
1996 : extension du une gamme de douches " doux comme une crème, ne dessèche pas la peau " avec un
territoire de DOP à la flacon en forme de berlingot et sur l'air de Douce France de Charles Trenet.
douche avec les Douches
Crème Douceur : " En 2001 : DOP, marque universelle, lance le 1er shampooing au karité pour les
Rincez la crème, il vous cheveux très secs ou très frisés en la grande distribution. DOP est ainsi la 1ère
reste la douceur !" marque nationale à proposer en grande diffusion des soins au karité pour ce type de
cheveux. DOP choisit une communication axée sur la diversité.
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régions françaises avec
les Douches DOP aux
ingrédients de nos
régions : pomme reinette
de Normandie, abricot du
Roussillon. Ici pêche
blanche de la Drôme
(2006)