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Cours d’Analyse S2 L1 2022-2023 1

Chapitre 2 - Vittoria Pierfelice et Diomba Sambou

4 février 2023

1. Ces notes sont basées principalement sur le cours d’analyse donné par Vittoria Pier-
felice à l’université d’Orléans au cours des années 2015-2020, en version adaptée au pro-
gramme du cours actuel.
Table des matières

2 Développements limités (DL) et théorème de Taylor-Young. Développements


asymptotiques 2
2.1 Développements limités (DL). Théorème de Taylor-Young. DL et ré-
gularité des fonctions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2.1.1 Définition et unicité des DL au voisinage d’un point . . . . . . . 3
2.1.2 DL et régularité. Théorème de Taylor-Young. . . . . . . . . . . . . 5
2.2 Importance DL au voisinage de l’origine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2.1 DL usuels en 0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2.2 Opérations des DL en 0 : somme, produit et division des DL.
Composition des DL. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.3 Applications des DL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3.1 Calcul de limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3.2 Position d’une courbe par rapport à sa tangente . . . . . . . . . . 23
2.3.3 Développements asymptotiques et asymptotes . . . . . . . . . . 24

1
Chapitre 2

Développements limités (DL) et


théorème de Taylor-Young.
Développements asymptotiques

2.1 Développements limités (DL). Théorème de Taylor-


Young. DL et régularité des fonctions.
En général, un développement limité (en abrégé DL ou DL n (x 0 )) d’une fonction
f : I → R (I ⊂ R) à l’ordre n (n ∈ N) en un point x 0 ∈ I est une approximation po-
lynomiale de cette fonction au voisinage de ce point fixé x 0 , c’est-à-dire l’écriture
de cette fonction sous la forme de la somme : ∀x ∈ I , f (x) = P n (x − x 0 ) + R n (x)
¦ d’une fonction polynomiale P n (x − x 0 ) (de degré ≤ n) ;
¦ d’un reste R n (x) négligeable au voisinage du point considéré x 0 .
Les formules de Taylor permettent de calculer ce polynôme P n (x − x 0 ) (de manière
unique) à partir des dérivées successives à l’ordre n au point considéré x 0 et donner
trois expressions différentes du reste R n (x) du DL selon la régularité de la fonction
f . Normalement le reste mesure l’erreur d’approximation de f (x) par P n (x − x 0 )
au voisinage de x 0 et selon les situations l’une des formulations est plus adaptée
que les autres. Les expressions du reste ne requièrent pas exactement les mêmes
hypothèses de régularité de la fonction f et voici les trois formulations de Taylor
selon le reste R n (x) :
Z x (n+1)
f (t )
1. si f est de classe C n+1
sur I , alors R n (x) = (x − t )n d t (formule
x0 n!
de Taylor du reste intégrale) ;
2. si f est (n + 1) fois dérivable sur I , alors il existe c entre x 0 et x tel que le reste
f (n+1) (c) n+1
s’écrit R n (x) = (n+1)! (x − x 0 ) (formule du reste de Taylor-Lagrange) ;
3. si f est n fois dérivable sur I , alors R n (x) = o x→x0 ((x −x 0 )n ) (formule du reste
de Taylor-Young).

2
Les trois formules de Taylor ont toutes la même partie polynomiale P n (x −x 0 ) du DL
de f en x 0 à l’ordre n qu’on examinera en détail dans la suite de ce cours, mais elles
donnent plus ou moins d’informations sur le reste. Remarquons que la première
formule de Taylor du reste intégral ci-dessus donne une expression exacte du reste,
puis la formule de Taylor-Lagrange du reste f (n + 1)(c) ci-dessus permet d’obtenir
un encadrement du reste et la formule de Taylor-Young ci-dessus est très pratique
si l’on n’a pas besoin d’information sur le reste. Comme bien souvent on n’a pas
besoin de beaucoup d’informations sur le reste R n (x), c’est la formule de Taylor-
Young qui sera la plus utile pour commencer et qui sera traitée en détail dans la
suite de ce cours.

2.1.1 Définition et unicité des DL au voisinage d’un point


Définition 2.1.1. Soit x 0 ∈ R, n ∈ N et f une fonction définie sur un voisinage V de
x 0 . On dit que f admet un développement limité à l’ordre n en x 0 (en abrégé DL ou
DL n (x 0 )) s’il existe des coefficients réels a 0 , a 1 , . . . , a n et une fonction ε définie sur un
voisinage V de x 0 avec lim ε(x) = 0 tels que pour tout x ∈ V :
x→x 0

f (x) = a 0 + a 1 (x − x 0 ) + a 2 (x − x 0 )2 + · · · + a n (x − x 0 )n + (x − x 0 )n ε(x)
n (2.1)
a k (x − x 0 )k + (x − x 0 )n ε(x).
X
=
k=0

Autrement dit, f admet un développement limité à l’ordre n en x 0 (en abrégé DL ou


DL n (x 0 )) s’il existe des coefficients réels a 0 , a 1 , . . . , a n tels que pour tout x ∈ V :

f (x) = a 0 + a 1 (x − x 0 ) + a 2 (x − x 0 )2 + · · · + a n (x − x 0 )n + o((x − x 0 )n )
n (2.2)
a k (x − x 0 )k + o((x − x 0 )n ).
X
=
k=0

Remarque 2.1.1. Dans la suite on utilisera indifféremment les deux notations sui-
vantes :
o((x − x 0 )n ) = o x→x0 ((x − x 0 )n ).

Remarques 2.1.1. ¦ Le terme polynomial P n (x − x 0 ) = a 0 + a 1 (x − x 0 ) + a 2 (x −


x 0 )2 + · · · + a n (x − x 0 )n est appelé partie régulière du DL.
¦ Le terme (x − x 0 )n ε(x) = o x→x0 ((x − x 0 )n ) = o((x − x 0 )n ) est appelé le reste du
DL.
¦ Si une fonction f admet un DL à l’ordre n en x 0

f (x) = a 0 + a 1 (x − x 0 ) + a 2 (x − x 0 )2 + · · · + a n (x − x 0 )n + o((x − x 0 )n ),

alors f admet un admet un DL à l’ordre q < n en x 0

f (x) = a 0 + a 1 (x − x 0 ) + a 2 (x − x 0 )2 + · · · + a q (x − x 0 )q + o((x − x 0 )q ).

3
¦ Plusieurs fonctions peuvent avoir la même partie régulière, mais chaque fonc-
tion a une unique partie régulière.
Proposition 2.1.1. (Unicité du DL)
Soit x 0 ∈ R, n ∈ N et f une fonction définie au voisinage de x 0 .
Si f admet un DL à l’ordre n en un point x 0 , alors ce DL est unique.

Démonstration. Soit x 0 ∈ R, n ∈ N et f une fonction définie sur un voisinage V de


x 0 . Ecrivons deux DL de f à l’ordre n en x 0 . D’après la définition 2.1.1 il existe des
coefficients réels a 0 , a 1 , . . . , a n et une fonction ε1 définie sur un voisinage V de x 0
avec lim ε1 (x) = 0 tels que pour tout x ∈ V :
x→x 0

f (x) = a 0 + a 1 (x − x 0 ) + a 2 (x − x 0 )2 + · · · + a n (x − x 0 )n + (x − x 0 )n ε1 (x)
et il existe des coefficients réels ae0 , ae1 , . . . , aen et une fonction ε2 définie sur un voisi-
nage V de x 0 avec lim ε2 (x) = 0 tels que pour tout x ∈ V :
x→x 0

f (x) = ae0 + ae1 (x − x 0 ) + ae2 (x − x 0 )2 + · · · + aen (x − x 0 )n + (x − x 0 )n ε2 (x).


Par différence pour tout x ∈ V \ {x 0 } on a
n n
(a 0 −ae0 )+(a 1 −ae1 )(x−x 0 )+(a 2 −ae2 )(x−x 0 )2 +· · ·+(a n −a)(x−x
e 0 ) +(x−x 0 ) (ε1 (x)−ε2 (x)) = 0.
(2.3)
En faisant tendre x vers x 0 , on obtient (a 0 − ae0 ) = 0, donc a 0 = ae0 . On divise par
(x − x 0 ) et on obtient pour tout x ∈ V \ {x 0 }
e − x 0 )n−1 + (x − x 0 )n−1 (ε1 (x) − ε2 (x)) = 0.
(a 1 − ae1 ) + (a 2 − ae2 )(x − x 0 ) + · · · + (a n − a)(x
En faisant tendre x vers x 0 , on obtient (a 1 − ae1 ) = 0, donc a 1 = ae1 . En iterant ce pro-
cédé, on obtient a 2 = ae2 , . . . , a n = aen . D’après (2.3) on en déduit que (x −x 0 )n ε1 (x) =
(x − x 0 )n ε2 (x). Les parties régulières sont égales et donc les restes aussi, d’où on a
l’unicité du DL.
Remarque 2.1.2. Soit x 0 = 0, n ∈ N et f une fonction définie sur un voisinage V de
0. On dit que f admet un développement limité à l’ordre n en 0 (en abrégé DL ou
DL n (0)) s’il existe des coefficients réels a 0 , a 1 , . . . , a n du polynôme P (x) (de degré ≤ n)
et une fonction ε définie sur un voisinage V de 0 avec lim ε(x) = 0 tels que pour tout
x→0
x ∈V :
f (x) = a 0 + a 1 x + a 2 x 2 + · · · + a n x n + x n ε(x)
n (2.4)
a k x k + x n ε(x) = P (x) + x n ε(x).
X
=
k=0
Autrement dit, f admet un développement limité à l’ordre n en 0 (en abrégé DL ou
DL n (0)) s’il existe des coefficients réels a 0 , a 1 , . . . , a n tels que pour tout x ∈ V :
f (x) = a 0 + a 1 x + a 2 x 2 + · · · + a n x n + o(x n )
n (2.5)
a k x k + o(x n ) = P (x) + o(x n ).
X
=
k=0

4
Corollaire 2.1.1. (Conséquence unicité des DL n (0))
Si f est paire (resp. impaire) alors la partie régulière de son DL à l’ordre n en x 0 = 0
ne contient que des monômes de degrés pairs (resp. impairs).

Démonstration. Il suffit de remarquer que si f est paire (resp. f impaire) on peut


écrire f (−x) = f (x) (resp. f (−x) = f (x)) et utiliser la proposition 2.1.1 de l’unicité
des DL.
d
a k x k admet un DL à tout
X
Remarque 2.1.3. Toute fonction polynomiale f (x) =
k=0
ordre n ∈ N en 0 :
• si n ≥ d , alors la partie régulière du DL de f à l’ordre n en 0 est le polynôme
P (x) = f (x) ;
• si n < d , alors la partie régulière du DL de f à l’ordre n en 0 est le polynôme
P (x) obtenu en supprimant les monômes de f dont le degré excède n.

Exemples :
1. Le polynôme f (x) = x 3 + x + 1 admet le DL à l’ordre 4 en 0 donné par
f (x) = 1 + x + 0x 2 + x 3 + 0x 4 + o(x 4 ) = 1 + x + x 3 + o(x 4 ).
2. Le polynôme f (x) = x 3 + x + 1 admet le DL à l’ordre 3 en 0 donné par
f (x) = 1 + x + 0x 2 + x 3 + o(x 3 ) = 1 + x + x 3 + o(x 3 ).
3. Le polynôme f (x) = x 3 + x + 1 admet le DL à l’ordre 2 en 0 donné par
f (x) = 1 + x + 0x 2 + o(x 2 ) = 1 + x + o(x 2 ).
4. Le polynôme f (x) = x 3 + x + 1 admet le DL à l’ordre 1 en 0 donné par
f (x) = 1 + x + o(x).

Remarque 2.1.4. BLe développement limité d’une fonction peut être nul à tout ordre
en 0 sans que la fonction soit elle-même nulle
 sur
³
un
´
voisinage de 0. Par exemple, c’est
1

e x2 si x 6= 0,

le cas de la fonction f définie par f (x) =
 0 si x = 0.

2.1.2 DL et régularité. Théorème de Taylor-Young.


Les formules de Taylor permettent de déterminer explicitement les coefficients de
la partie régulière du développement limité d’une fonction en utilisant les dérivées
successives de la fonction à l’ordre n au point considéré x 0 ∈ R.

Théorème 2.1.1. (de Taylor-Young) Soit x 0 ∈ R, n ∈ N et f une fonction définie sur un


voisinage V de x 0 . Si f est n-fois dérivable en x 0 , alors f admet un développement

5
limité à l’ordre n en x 0 , qui provient de la formule de Taylor-Young

f 00 (x 0 ) f (n) (x 0 )
∀x ∈ V, f (x) = f (x 0 ) + f 0 (x 0 )(x − x 0 ) + (x − x 0 )2 + · · · + (x − x 0 )n + o((x − x 0 )n )
2! n!
n f (k) (x )
0
(x − x 0 )k + o((x − x 0 )n ),
X
=
k=0 k !
où k ! = k · (k − 1) · (k − 2) · · · 2 · 1 et 0 ! = 1, 1 ! = 1.
(2.6)

Remarque 2.1.5. Convention : « 0-fois dérivable en x 0 » signifie «continue en x 0 ».

Démonstration. (Par récurrence sur la régularité de f ).

• Pour n = 0, posons ε(x) = f (x) − f (x 0 ) pour x ∈ V . On a alors :

∀x ∈ V, f (x) = f (x 0 ) + ε(x).

Par hypothèse f est continue en x 0 et d’après la définition ??, on a


lim ε(x) = 0. Ainsi f admet le DL à l’ordre n = 0 en x 0
x→x 0

∀x ∈ V, f (x) = f (x 0 ) + o(1).

• Pour n = 1, posons
f (x)− f (x 0 )
(
− f 0 (x 0 ) si x ∈ V \ {x 0 },
ε(x) = x−x 0
0 si x = x 0 .

On a alors :

∀x ∈ V, f (x) = f (x 0 ) + f 0 (x 0 ) (x − x 0 ) + (x − x 0 ) ε(x).

Par hypothèse f est dérivable en x 0 et d’après la définition ??, on a


lim ε(x) = 0. Ainsi f admet le DL à l’ordre n = 1 en x 0
x→x 0

∀x ∈ V, f (x) = f (x 0 ) + f 0 (x 0 ) (x − x 0 ) + o(x − x 0 ).

• Soit n ≥ 1. On suppose l’énoncé du théorème démontré au rang n et montrons-


le au rang (n +1). Par hypothèse, la fonction f est (n +1)-fois dérivable en x 0 ,
donc sa dérivée f 0 est n-fois dérivable en x 0 . D’après l’hypothèse de récur-
rence et (2.6), on a donc
¡ 0 ¢(k)
n f (x 0 )
0
(x − x 0 )k + o((x − x 0 )n )
X
∀x ∈ V, f (x) =
k=0 k !
f 000 (x 0 ) f (n+1) (x 0 )
= f 0 (x 0 ) + f 00 (x 0 )(x − x 0 ) + (x − x 0 )2 + · · · + (x − x 0 )n + o((x − x 0 )n ),
2! n!
(2.7)

6
¡ ¢(k)
où on a utilisé aussi le fait que f 0 (x 0 ) = f (k+1) (x 0 ). Posons
g (x)

 si x ∈ V \ {x 0 },
ε(x) = (x − x 0 )n+1
0 si x = x 0 .


n+1 f (k) (x 0 )
(x − x 0 )k .
X
g (x) = f (x) −
k=0 k!
On a alors :
n+1 f (k) (x 0 )
(x − x 0 )k + (x − x 0 )n+1 ε(x).
X
∀x ∈ V, f (x) =
k=0 k!

Il reste maintenant à montrer que lim ε(x) = 0 et pour cela on va utiliser le


x→x 0
théorème ?? de la règle de l’Hôpital.
Puisque les fonctions g et x → (x − x 0 )n+1 sont continues sur V , dérivables
sur V \ {x 0 } et comme d’après (2.7) on a
n+1 f (k) (x 0 ) n f ( j +1) (x )
0
g 0 (x) = f 0 (x)− k (x−x 0 )k−1 = f 0 (x)− (x−x 0 ) j = o (x − x 0 )n
X X ¡ ¢
k=1 k! j =0 j!

alors la limite suivante existe et elle vaut


g 0 (x) 1 g 0 (x)
lim = lim = 0.
x→x 0 (n + 1) (x − x 0 )n (n + 1) x→x0 (x − x 0 )n
En utilisant alors la règle de l’Hôpital, on obtient

g 0 (x) 1 g 0 (x)
lim ε(x) = lim = lim = 0.
x→x 0 x→x 0 ((x − x 0 )n+1 )0 (n + 1) x→x0 (x − x 0 )n
On a donc montré que
n+1 f (k) (x 0 )
(x − x 0 )k + o (x − x 0 )n+1 .
X ¡ ¢
∀x ∈ V, f (x) =
k=0 k!

Par récurrence, on en déduit que l’énoncé du théorème de Taylor-Young est


vrai pour tout n ∈ N.

Exemple 2.1.1. Effectuer le DL de f (x) = sin x à l’ordre n = 4 en x 0 = π4 .


Comme f est une fonction de classe C ∞ sur R, en particulier f est de classe C 4 sur un
intervalle I qui contient le point x 0 = π4 , alors on peut utiliser la formule de Taylor-
Young du théorème 2.1.1 pour déterminer le DL à l’ordre n = 4 en x 0 = π4 . Puisque
³π´ ³ π ´ p2 ³π´ ³ π ´ p2
f = sin = , f0 = f 0 (x)¯¯ = cos = ,
4 4 2 4 x= π
4
4 2

7
³π´ p
³π´ ³π´ ³π´ p
00 00 2 000 000 2
f = f (x)¯¯ = − sin =− , f = f (x)¯¯ = − cos =−
4 x= π
4
4 2 4 x= π
4
4 2
et p
³π´ ³π´
2
f (i v) = f (i v) (x)¯¯ = sin = ,
4 x= π
4
4 2
on a le DL de f d’ordre n = 4 en x 0 = π4
p p ³ p ³ p ³ p ³
π´ π ´2 π ´3 π ´4 π ´4
µ³ ¶
2 2 2 2 2
f (x) = + x− − x− − x− + x− +o x − .
2 2 4 4 4 12 4 48 4 4
Remarques 2.1.2. —
¦ Remarquons que la formule de Taylor-Young (2.6) est une égalité entre de
fonctions sur un voisinage de x 0 .
¦ L’unicité du DL et la formule de Taylor-Young (2.6) prouve que si l’on connaît
le DL d’une fonction f à l’ordre n en un point x 0 ∈ I (i.e. les coefficients a k du
DL) et que f est n fois dérivable sur I alors on peut calculer les nombres dérivés
à partir de la partie polynomiale par la formule f (k) (x 0 ) = k ! a k . Cependant
dans la majorité des cas on fera l’inverse : on trouve le DL à partir des dérivées
de f en utilisant
f (k) (x 0 ) d é f f (k) (x)
ak = = ¯ .
k! k ! ¯x=x
0

¦ Dans les cas n = 0 et n = 1 la réciproque du théorème 2.1.1 de Taylor-Young est


vraie.
¦ Pour n ≥ 2 la réciproque du théorème 2.1.1 de Taylor-Young est en général
fausse : f peut admettre un développement limité à l’ordre n ≥ 2 en x 0 sans
être n fois dérivable en x 0 . ³ ´
(
x sin x12 si x 6= 0
3
Par exemple, la fonction f : x → admet un DL à l’ordre
0 si x = 0
2 en 0, mais f n’est pas deux fois dérivable en 0. ³ ´ ³ ´
1 1
En effet, f (x) = o(x 2 ), mais on a ∀x ∈ R∗ , f 0 (x) = 3x 2 sin x2
− 2 cos x2
qui
0
n’admet pas de limite en 0. Donc f n’est pas prolongeable par continuité en 0
(et f 0 est encore moins dérivable en 0).
De plus, cet exemple, montre qu’une fonction f peut admettre un DL à l’ordre
2 en 0, mais sa dérivée f 0 n’admet pas de DL à l’ordre 1 en 0.
BEn général, on ne peut pas dériver un DL sans explications.
On verra plus en détail dans la proposition 2.2.8 que pour dériver un DL d’une
fonction f (qui admet un DL à l’ordre n en 0) on est obligé de rajouter comme
hypothèse l’existence du DL de sa dérivée f 0 à l’ordre (n − 1) en 0.

Théorème 2.1.2. Soit x 0 ∈ R, n ∈ N et f une fonction définie au voisinage de x 0 .


1. Une fonction f admet un DL à l’ordre n = 0 en x 0 si et seulement si f est conti-
nue en x 0 . On a alors : ∀x ∈ V, f (x) = f (x 0 ) + o(1).

8
2. Une fonction f admet un DL à l’ordre n = 1 en x 0 si et seulement si f est déri-
vable en x 0 . On a alors : ∀x ∈ V, f (x) = f (x 0 ) + (x − x 0 ) f 0 (x 0 ) + o(x − x 0 ).
3. Toute fonction de classe C n au voisinage de x 0 admet un DL à l’ordre n en x 0 .

Démonstration. Si f a un DL à l’ordre 0 en x 0 , alors par définition la limite de f (x)−


f (x 0 ) est nulle quand x tend vers x 0 , autrement dit f est continue en x 0 . De même,
si f a un DL à l’ordre 1 en x 0 , alors par définition, la limite du taux d’accroissement
f (x)− f (x 0 )
x−x 0 est nulle, autrement dit f est dérivable en x 0 . Le dernier point, en particu-
lier, résulte du théorème 2.1.1 de Taylor-Young.

2.2 Importance DL au voisinage de l’origine.


Grâce à la formule de Taylor-Young, on est capable en théorie de trouver tous
les développements limités qu’on souhaite pourvu que la fonction considérée soit
suffisamment régulière. En pratique, les calculs sont souvent plus simples en 0 et il
est toujours possible de se ramener à ce cas par un simple changement de variable
t = x − x 0 (lorsque x → x 0 alors t → 0). Ainsi, étant donné que le calcul des DL à
un point x 0 se ramène au calcul des DL au point 0 on se contentera dans la suite à
considérer seulement les DL à l’origine 0. Par ailleurs, les développements des fonc-
tions usuelles en 0 sont relativement faciles à calculer (et à retenir !), notamment
grâce aux règles de calcul qui vont être détaillées dans la suite de ce chapitre.

Proposition 2.2.1. Soit x 0 ∈ R, n ∈ N et f une fonction définie au voisinage de x 0 .


La fonction x → f (x) admet un DL à l’ordre n en x 0 si et seulement si la fonction
t → f (t + x 0 ) = g (t ) admet un DL à l’ordre n en 0.
Plus précisément, si g (t ) = a 0 + a 1 t + · · · + a n t n + o(t n ) est le DL de g en 0, alors
f (x) = a 0 + a 1 (x − x 0 ) + · · · + a n (x − x 0 )n + o((x − x 0 )n ) est le DL de f en x 0 .

On ramène donc le problème en 0 en faisant le changement de variables

t = x − x 0 ⇐⇒ x = t + x 0 ,

lorsque x → x 0 alors t → 0.

Exemple 2.2.1. Effectuons le DL de f (x) = cos x à l’ordre n = 3 en x 0 = π2 .

On change de variables et on pose t = x − π2 (lorsque x → π2 alors t → 0), ainsi en


remplaçant x= t + ¢π2 dans la fonction x → f (x) on obtient la fonction t → g (t ) =
f t + π2 = cos¡ t + π¢2 . On est donc ramené à effectuer le DL de g à l’ordre n = 3 en 0,
¡ ¢ ¡

où g (t ) = cos¡ t + π¢2 . Pour¡ cela,


¢ en utilisant
¡ ¢ d’abord les formules trigonométriques
¡ ¢ on
a g (t ) = cos t + π2 = cos π2 cos t − sin π2 sin t = − sin t (car on sait que cos π2 = 0 et

9
sin π2 = 1). Ensuite en utilisant le DL usuel à l’ordre n = 3 en 0 de la fonction t → sin t
¡ ¢

ci-dessous (2.11), on obtient que le DL de g à l’ordre n = 3 en 0 est donné par

t3
g (t ) = −t + + o(t 3 ).
6
Ainsi, en remplaçant t = x − π2 on obtient le DL de la fonction f à l’ordre n = 3 en π
2
donné par
π´ 1³ π ´3 π ´3
³ µ³ ¶
f (x) = − x − + x− +o x − .
2 6 2 2

2.2.1 DL usuels en 0
Tous les développement limités de cette section sont au voisinage de 0. Pour les
obtenir, le premier moyen est de calculer les dérivées successives et d’en déduire le
polynôme de Taylor. On obtient ainsi les développements suivants, que vous devrez
connaître par cœur.

Remarque 2.2.1. Dans le cas particulier où x 0 = 0 le théorème 2.1.1 de Taylor-Young


devient :

Théorème 2.2.1. Soit n ∈ N et f une fonction définie sur un voisinage V de 0. Si f


est n-fois dérivable en 0, alors f admet un développement limité à l’ordre n en 0, qui
provient de la formule de Taylor-Young

f 00 (0) 2 f (n) (0) n


∀x ∈ V, f (x) = f (0) + f 0 (0)x + x +···+ x + o(x n )
2! n!
n f (k) (0) (2.8)
x k + o(x n ).
X
=
k=0 k !

Comme déjà vu, on remarque que o(x n ) = o x→0 (x n ) représente une fonction incon-
nue de la forme x n ε(x), avec lim ε(x) = 0.
x →0

Comme, par exemple, les fonctions usuelles données ci-dessous sont dérivable à
tout ordre en 0, en utilisant la formule de Taylor-Young (2.8), on obtient les DL
usuels en 0 suivants :

x2 xn
e x = exp (x) = 1 + x + +···+ + o(x n ), (2.9)
2 n!

x2 (−1)n+1 n
ln (1 + x) = x − +−···+ x + o(x n ), (2.10)
2 n!

x3 (−1)n 2n+1
sin x = x − +−···+ x + o(x 2n+2 ), (2.11)
6 (2n + 1) !

10
x2 (−1)n 2n
cos x = 1 − +−···+ x + o(x 2n+1 ), (2.12)
2 (2n) !
α(α − 1) · · · (α − n + 1) n
(1 + x)α = 1 + αx + · · · + x + o(x n ) avec α ∈ R, (2.13)
n!

x3 x 2n+1
sinh x = x + +···+ + o(x 2n+2 ), (2.14)
6 (2n + 1) !

x2 x 2n
cosh x = 1 + +···+ + o(x 2n+1 ). (2.15)
2 (2n) !
Remarque 2.2.2. Vous pouvez trouver la version complète du tableau des DL usuels
en 0 sur celene.

2.2.2 Opérations des DL en 0 : somme, produit et division des DL.


Composition des DL.
Proposition 2.2.2. (Somme des DL et produit par un scalaire)
Soit n ∈ IN. Soit f et g des fonctions ayant pour DL à l’ordre n en 0

f (x) = P (x) + o(x n ) et g (x) = Q(x) + o(x n ),

où P,Q sont les polynômes, de degré inférieur ou égal à n, de la partie régulière des
DL. Alors le DL de la fonction somme ( f + g ) à l’ordre n en 0 est donné par

( f + g )(x) = f (x) + g (x) = (P +Q)(x) + o(x n ). (2.16)

Si λ ∈ R, le DL de la fonction λ f à l’ordre n en 0 est donné par

(λ f )(x) = (λP )(x) + o(x n ) = λP (x) + o(x n ). (2.17)

Démonstration. Dire que f admet un DL en à l’ordre n en 0, cela veut dire d’après


la définition 2.1.1 qu’il existe un polynôme P (x) (de degré ≤ n) et une fonction ε1
définie sur un voisinage V de 0 avec lim ε1 (x) = 0 tels que pour tout x ∈ V :
x→0

f (x) = P (x) + o(x n )


= a 0 + a 1 x + a 2 x 2 + · · · + a n x n + x n ε1 (x).

De même, dire que g admet un DL en à l’ordre n en 0, cela veut dire d’après la défi-
nition 2.1.1 qu’il existe un polynôme Q(x) (de degré ≤ n) et une fonction ε2 définie
sur un voisinage V de 0 avec lim ε2 (x) = 0 tels que pour tout x ∈ V :
x→0

g (x) = Q(x) + o(x n )


= b 0 + b 1 x + b 2 x 2 + · · · + b n x n + x n ε2 (x).

11
Il en résulte que pour tout x ∈ V :

( f + g )(x) =(a 0 + b 0 ) + (a 1 + b 1 )x + (a 2 + b 2 )x 2 + · · · + (a n + b n )x n + x n (ε1 (x) + ε2 (x))


= (P +Q)(x) + x n ε(x),

où ε est la fonction définie sur V par ε(x) = (ε1 (x) + ε2 (x)). Or, comme

lim ε(x) = lim ε1 (x) + lim ε2 (x) = 0 + 0 = 0,


x→0 x→0 x→0

alors on obtient que pour tout x ∈ V :

( f + g )(x) = (P +Q)(x) + x n ε(x) = (P +Q)(x) + o(x n ).

Soit λ ∈ R, alors on a que pour tout x ∈ V :

(λ f )(x) = λ f (x) = (λa 0 ) + (λa 1 )x + (λa 2 )x 2 + · · · + (λa n )x n + x n (λε1 (x))


= (λP )(x) + x n ε
e(x),

où ε
e est la fonction définie sur V par ε
e(x) = λε1 (x). Or, comme

lim ε
e(x) = λ lim ε1 (x) = 0,
x→0 x→0

alors on obtient que pour tout x ∈ V :

(λ f )(x) = (λP )(x) + x n ε


e(x) = (λP )(x) + o(x n ).

Exemple 2.2.2. Soit f et g les fonctions définies sur R par f (x) = 12 +x 2 et g (x) = sin x.
Effectuons le DL de la fonction (2 f + g ) à l’odre n = 4 en 0.

On va d’abord développer f et g au même ordre n = 4 en 0 et en utilisant la proposi-


tion 2.2.2 précédente on va en déduire le DL de 2 f + g à l’ordre n = 4 en 0. Le DL de la
fonction 2 f à l’ordre n = 4 en 0 est donné par
µ ¶
1
(2 f )(x) = 2 f (x) = 2 + 2(0)x + 2(1)x 2 + 2(0)x 3 + 2(0)x 4 + o(x 4 ) = 1 + 2x 2 + o(x 4 )
2
et d’après (2.11) le DL de g à l’ordre n = 4 en 0 est donné par

x3
g (x) = x − + o(x 4 ).
6
Ainsi, d’après la proposition 2.2.2 on obtient que le DL de 2 f + g à l’odre n = 4 en 0
est donné par

x3
(2 f + g ) = 2 f (x) + g (x) = 1 + x + 2x 2 − + o(x 4 ).
6

12
Proposition 2.2.3. (Produit des DL)
Soit n ∈ IN. Soit f et g des fonctions ayant pour DL au même ordre n en 0
f (x) = P (x) + o(x n ) et g (x) = Q(x) + o(x n ),
où P,Q sont les polynômes, de degré inférieur ou égal à n, de la partie régulière des
DL. Alors le DL de la fonction produit f g à l’ordre n en 0 est donné par
( f g )(x) = f (x)g (x) = Tn (P Q)(x) + o(x n ), (2.18)
où Tn (P Q)(x) est la troncature à l’ordre n du polynôme PQ, c’est-à-dire le polynôme
de degré ≤ n obtenu en gardant que les monômes de PQ de degré ≤ n.

Démonstration. Dire que f admet un DL à l’ordre n en 0, cela veut dire d’après la


définition 2.1.1 qu’il existe un polynôme P(x) (à coefficients réels de degré ≤ n) et
une fonction ε1 définie sur un voisinage V de 0 avec lim ε1 (x) = 0 tels que pour tout
x→0
x ∈V :
f (x) = P (x) + x n ε1 (x).
De même, dire que g admet un DL à l’ordre n en 0, cela veut dire d’après la défi-
nition 2.1.1 qu’il existe un polynôme Q(x) (à coefficients réels de degré ≤ n) et une
fonction ε2 définie sur un voisinage V de 0 avec lim ε2 (x) = 0 tels que pour tout
x→0
x ∈V :
g (x) = Q(x) + x n ε2 (x).
Il en résulte que pour tout x ∈ V :
( f g )(x) = f (x)g (x) = P (x)Q(x) + x n (P (x) ε2 (x) +Q(x)ε1 (x)) + x 2n ε1 (x)ε2 (x)
= P (x)Q(x) + x n (P (x) ε2 (x) +Q(x)ε1 (x) + x n ε1 (x)ε2 (x))
D’après la troisième propriété dans la remarque 2.1.1, la fonction polynôme x →
(PQ)(x) = P (x)Q(x) a pour DL à l’ordre n en 0 : (PQ)(x) = Tn (PQ)(x) + x n ε3 (x), où
Tn (P Q)(x) est la troncature à l’ordre n du polynôme PQ, c’est-à-dire le polynôme
de degré ≤ n obtenu en gardant que les monômes de PQ de degré ≤ n et ε3 est une
fonction définie sur un voisinage V de 0 telle que lim ε3 (x) = 0. Il vient donc que
x→0
pour tout x ∈ V :
( f g )(x) = Tn (PQ)(x) + x n ε3 (x) + x n (P (x) ε2 (x) +Q(x)ε1 (x) + x n ε1 (x)ε2 (x))
= Tn (PQ)(x) + x n ε(x),
où ε est la fonction définie sur V par ε(x) = ε3 (x)+P (x) ε2 (x)+Q(x)ε1 (x)+x n ε1 (x)ε2 (x).
Or, comme on peut vérifier facilement que
lim ε(x) = 0,
x→0

alors on obtient que pour tout x ∈ V :


( f g )(x) = Tn (PQ)(x) + x n ε(x) = Tn (PQ)(x) + o(x n ).

13
p
Exemple 2.2.3. Soit f et g les fonctions définies par f (x) = cos x et g (x) = 1 + x.
Effectuons le DL du produit f g à l’ordre n = 2 en 0.

On va d’abord développer f et g au même ordre n = 2 en 0 et en utilisant la proposi-


tion 2.2.3 on va en déduire le DL du produit f g à l’ordre n = 2 en 0. D’après (2.12), le
DL de la fonction f à l’ordre n = 2 en 0 est donné par

x2
f (x) = cos x = 1 − + o(x 2 )
2
et d’après (2.13) (avec α = 21 ), le DL de g à l’ordre n = 2 en 0 est donné par

p x x2
g (x) = 1+x = 1+ − + o(x 2 ).
2 8
Ainsi, d’après la proposition 2.2.3, on calcule la troncature du produit à l’ordre n = 2
de
p x2 x x2
µ ¶µ ¶
2 2
f (x)g (x) = (cos x) 1 + x = 1 − + o(x ) 1 + − + o(x )
2 2 8
en ne gardant que les monômes de degré ≤ 2 :
p x2 x x2
µ ¶µ ¶
2 2
f (x)g (x) =(cos x) 1 + x = 1 − + o(x ) 1 + − + o(x )
2 2 8
x2 x x2 x 5
= 1− + o(x 2 ) + + o(x 2 ) − + o(x 2 ) = 1 + − x 2 + o(x 2 ),
2 2 8 2 8
on obtient alors que le DL de f g à l’odre n = 2 en 0 est donné par
p x 5
(cos x) 1 + x = 1 + − x 2 + o(x 2 ).
2 8
Proposition 2.2.4. (Division selon les puissances croissantes)
Soit n ∈ IN. Soit P et Q des polynômes de degré ≤ n (écrits selon l’ordre croissant des
puissances de x). Si Q(0) = b 0 6= 0, alors il existe un unique polynôme S (écrit selon les
puissances croissantes de x) tel que
(
(P −Q S) est divisible par x n+1
S = 0 ou degré de S ≤ n.

Autrement dit, si Q(0) = b 0 6= 0, alors il existe un unique couple de polynômes (S, R)


(écrits selon les puissances croissantes de x) tel que P = QS+x n+1 R et le degré de S ≤ n.
Le polynôme S est le quotient à l’ordre n de la division de P par Q selon les puissances
croissantes.

Proposition 2.2.5. (Division des DL)


Soit n ∈ IN. Soit f et g des fonctions ayant pour DL au même ordre n en 0

f (x) = P (x) + o(x n ) et g (x) = Q(x) + o(x n ),

14
où P,Q sont les polynômes, de degré inférieur ou égal à n avec Q(0) 6= 0 (autrement
f
dit lim g (x) 6= 0). Alors le DL de la fonction g à l’ordre n en 0 est donné par
x →0
f f (x)
µ ¶
(x) = = S(x) + o(x n ), (2.19)
g g (x)
où S est le polynôme quotient (de degré ≤ n) de la division selon les puissances crois-
santes à l’ordre n du polynôme P par le polynôme Q.
Démonstration. La démonstration est laissée au lecteur à titre d’exercice et est illus-
trée sur un exemple concret ci-dessous.
f
Remarque 2.2.3. Pour calculer ce polynôme quotient S du DL de g à l’ordre n en 0,
on écrit d’abord P et Q au même degré ≤ n selon les puissances croissantes de x :
P (x) = a 0 + a 1 x + a 2 x 2 + · · · + a n x n (∀i ∈ {0, 1, · · · n}, a i ∈ R)
Q(x) = b 0 + b 1 x + b 2 x 2 + · · · + b n x n (b 0 ∈ R∗ , ∀ j ∈ {1, · · · n}, b j ∈ R)
et l’on pratique la division euclidienne, en s’arrêtant lorsque x n+1 est en facteur dans
le reste et le degré du polynôme S ≤ n : autrement dit, il existe un unique couple de
polynômes (S, R) (écrits selon les puissances croissantes de x) tel que P = QS + x n+1 R
et d eg (S) ≤ n (remarquons que x n+1 R = o(x n )).
2+x+2x 3
Exemple 2.2.4. Calculons le DL de 1+x 2
à l’ordre n = 2 en 0.

f (x) 3
Soit g (x) = 2+x+2x
1+x 2
, comme lim (1+ x 2 ) = 1 6= 0, on peut appliquer la proposition 2.2.5
x→0
f
pour determiner le DL de g à l’ordre n = 2 en 0 (avec f (x) = 2+x +2x 3 et g (x) = 1+x 2 ).
On effectue les DL de f et g au même ordre n = 2 en 0 :
f (x) = 2 + x + o(x 2 )
et
g (x) = 1 + x 2 + o(x 2 )
Calculons le quotient à l’ordre n = 2 de la division selon les puissances croissantes du
polynôme P (x) = 2 + x par le polynôme Q(x) = 1 + x 2 . On dispose les calculs comme
d’habitude pour une division euclidienne en faisant juste attention à ordonner les
termes des polynômes selon les puissances croissantes de x et en s’arrêtant dès qu’on
obtient le polynôme quotient S de degré ≤ 2 et le terme x 3 en facteur dans le reste R
de la division (ou simplement écrire dans le reste o(x 2 )).

2+x 1 + x2

2 + 2x 2 + x − 2x 2
2

x − 2x 2

x + o(x 2 )
− 2x 2 + o(x 2 )

−2x 2 + o(x 2 )
o(x 2 )

15
On a alors que le quotient à l’ordre 2 de la division selon les puissances croissantes de
f
P par Q est S(x) = 2 + x − 2x 2 . Donc le DL de g à l’ordre 2 en 0 est donné par

2 + x + 2x 3
2
= 2 + x − 2x 2 + o(x 2 ).
1+x
Exemple 2.2.5. Calculons le DL de tan x à l’ordre n = 5 en 0.
sin x
Comme tan x = cos x et limx→0 cos x = 1 6= 0, on peut appliquer la proposition 2.2.5
f
pour determiner le DL de g à l’ordre n = 5 en 0 avec f (x) = sin x et g (x) = cos x.
D’après les formules des DL usuels en 0 (2.11) et (2.12), on a les DL de f et g au même
ordre n = 5 en 0 suivants :
x3 x5
f (x) = sin x = x − + + o(x 5 )
6 120
et
x2 x4
+ o(x 5 )
g (x) = cos x = 1 −
+
2 24
Calculons le quotient à l’ordre n = 5 de la division selon les puissances croissantes du
3
x5 2
x4
polynôme P (x) = x − x6 + 120 par le polynôme Q(x) = 1− x2 + 24 . On dispose les calculs
comme d’habitude pour une division euclidienne en faisant juste attention à ordon-
ner les termes des polynômes selon les puissances croissantes de x et en s’arrêtant dès
qu’on obtient le polynôme quotient S de degré ≤ 5 et le terme x 6 en facteur dans le
reste R de la division (ou simplement écrire dans le reste o(x 5 )).
3 5 2 4
x
x − x6 + 120 1 − x2 + 24
x
− x3 x5 3
x − 2 + 24 x + x3 + 15
2 5
x
x3 x5
3
− 30
− x3 5
3
− x6 + o(x 5 )
2 5
15
x + o(x 5 )
− 2 5 5
15 x + o(x )
5
o(x )
On a alors que le quotient à l’ordre 5 de la division selon les puissances croissantes de
3
P par Q est S(x) = x + x3 + 15
2 5
x . Donc le DL de tan x à l’ordre 5 en 0 est donné par

x3 2
tan x = x + + x 5 + o(x 5 ).
3 15
Remarque 2.2.4. B La proposition 2.2.5 dit tout simplement que si lim g (x) 6= 0
x→0
f f
alors g admet un DL à l’odre n en 0, mais il ne dit pas que si lim g (x) = 0 alors g
x→0
f
n’admet pas de DL en 0. Il se peut que lim g (x) = 0 et g
admet un DL à l’ordre n en 0.
x→0
f (x) sin x
Par exemple, g (x)
= x
admet un DL à l’ordre n = 3 en 0, alors que lim g (x) = 0.
x→0

16
f
Traitement du cas du DL n (0) de g avec lim g (x) = 0
x→0
f
1. Si lim f (x) 6= 0 (et lim g (x) = 0), alors dans ce cas g
n’admet pas de DL en 0
x→0 x→0
f (x)
(car lim = ±∞).
x→0 g (x)

f
2. Si lim f (x) = 0 (et lim g (x) = 0), alors g
présente une forme indéterminée 00 .
x→0 x→0
Dans ce cas, si f (x) ∼ a p x p (avec a p ∈ R ∗ ) et g (x) ∼ b q x q (avec b q ∈ R ∗ ),
x→0 x→0
alors
f (x) ap x p

g (x) x→0 b q x q
f
et on traite le quotient g
selon les valeurs de p et q comme suit :
• si p < q, alors
f (x) ap
∼ ,
g (x) x→0 b q x q−p
f (x)
comme q − p > 0, b q 6= 0 et a p 6= 0, on a lim = ±∞ et par conséquent
x→0 g (x)
f
g
n’admet pas de DL n (0).
• si p ≥ q, alors
f (x) a p x p−q
∼ ,
g (x) x→0 b q
avec p − q ≥ 0, a p 6= 0 et b q 6= 0.
f
B Ainsi, dans ce cas, pour effectuer le DL de g à l’ordre n en 0, on doit
alors développer "plus loin" f et g au même ordre (n + q) en 0 et après
avoir factorisé la fraction par rapport à x q
f (x) a p x p + · · · + a n+q x n+q + o(x n+q ) a p x p + · · · + a n+q x n + o(x n )
= = ,
g (x) b q x q + · · · + b n+q x n+q + o(x n+q ) b q + · · · + b n+q x n + o(x n )
f
comme b q 6= 0, on est ramené au cas du DL d’un quotient g à l’ordre n en
0, où le dénominateur lim g (x) 6= 0. On peut alors utiliser la division des
x→0
DL n (0) selon les puissances croissantes en suivant la proposition 2.2.5.
Exemples :
x
¦ La fonction x → cos
sin x n’admet pas de DL en 0.

e x −1+ln (1−x)
¦ Calculons le DL de tan x−x à l’ordre n = 2 en x 0 = 0.

f (x) e x −1+ln (1−x)


Soit g (x)
= tan x−x
, comme lim g (x) = 0 on ne peut pas appliquer direc-
x→0
f (x) 0
tement la proposition 2.2.5. Puisque, dans ce cas, on a lim = ,
x→0 g (x) 0
µ ¶
1 1
f (x) = e − 1 + ln (1 − x) ∼ − x 3 = a p x p
x
p = 3, a p = − 6= 0
x→0 6 6

17
et µ ¶
1 3 q 1
g (x) = tan x − x ∼ x = b q x q = 3, b q = 6= 0 ,
x→0 3 3
on développe "plus loin" numérateur f et dénominateur g au même ordre
(n + q) = 2 + 3 = 5 en 0. D’après les DL usuels à l’ordre 5 en 0 suivants
x2 x3 x4 x5
ex = 1 + x + + + + + o(x 5 ),
2 6 24 120
x2 x3 x4 x5
ln (1 − x) = −x − − − − + o(x 5 ),
2 3 4 5
x3 2
tan x = x + + x 5 + o(x 5 ),
3 15
on a
x2 3 4 5 2 3 4 5
f (x) 1 + x + 2
+ x6 + 24
x x
+ 120 + o(x 5 ) − 1 + o(x 5 ) − x − x2 − x3 − x4 − x5 + o(x 5 )
= 3
g (x) x + x3 + 15
2 5
x + o(x 5 ) − x + o(x 5 )
3 4 3
− x6 − 524
x
− 23 x
120
+ o(x 5 )
=
x3 x 5
3
+ 215 + o(x 5 )
on factorise la fraction par rapport à x q avec q = 3 et on obtient
2
1 5x 23 x 2
f (x) − 6 − 24 − 120 + o(x )
= 2
,
g (x) 1
+ 2 x + o(x 2 )
3 15

1 2 x2
¶ µ
2 1
lim g (x) = lim + + o(x ) = 6= 0.
x→0 x→0 3 15 3
On peut alors utiliser la division des DL 2 (0) selon les puissances croissantes en sui-
vant la proposition 2.2.5. Calculons le quotient à l’ordre n = 2 de la division se-
x2
lon les puissances croissantes du polynôme P (x) = − 16 − 524x − 23120 par le polynôme
2
x
Q(x) = 13 + 215 . On dispose les calculs comme d’habitude pour une division eucli-
dienne en faisant juste attention à ordonner les termes des polynômes selon les
puissances croissantes de x et en s’arrêtant dès qu’on obtient le polynôme quotient
S de degré ≤ 2 et le terme x 3 en facteur dans le R reste de la division (ou simplement
écrire dans le reste o(x 2 )).
2 2
− 16 − 524x − 23 x
120
1
3
x
+ 215
− x 2
5x 2
− 61 − 15 − 12 − 8
− 3 8x
2
x
− 5x
24 − 8

− 5x
24
+ o(x 2 )
2
− x8 + o(x 2 )
− 2
− x8 + o(x 2 )
o(x 2 )

18
On a alors que le quotient à l’ordre n = 2 de la division selon les puissances crois-
2 x
santes de P par Q est S(x) = − 12 − 58x − 3 8x . Donc le DL de e −1+ln (1−x)
tan x−x à l’ordre n = 2
en x 0 = 0 est donné par
e x − 1 + ln (1 − x) 1 5 x 3 x2
=− − − + o(x 2 ).
tan x − x 2 8 8
Proposition 2.2.6. (Composition des DL)
Soit n ∈ IN. Soit f et g des fonctions ayant pour DL au même ordre n en 0

f (x) = P (x) + o(x n ) et g (x) = Q(x) + o(x n ),

où P,Q sont les polynômes, de degré inférieur ou égal à n avec Q(0) = 0 (autrement
dit lim g (x) = 0). Alors le DL de la fonction composée ( f ◦ g ) à l’ordre n en 0 est donné
x →0
par
f ◦ g (x) = Tn (P ◦ Q)(x) + o(x n ),
¡ ¢
(2.20)
où Tn (P ◦Q) est la troncature à l’ordre n du polynôme P ◦Q, c’est-à-dire le polynôme
de degré ≤ n obtenu en gardant que les monômes de P (Q(x)) de degré ≤ n.
Remarque 2.2.5. B Cette proposition 2.2.6 ne dit rien dans les cas où f et g n’ad-
mettent pas de DL n (0). Il se peut que f admette un DL à l’ordre n en 0 et g n’admette
pas de DL à l’ordre n en 0, alors que f ◦ g admet un DL à l’ordre n en 0.
p p
Par exemple, la fonction x → cos( x) admet un DL à l’ordre 2 en 0, donné par cos( x) =
x2 p
1 − x2 + 24 + o(x 2 ), alors que la fonction x → x n’admet pas de DL à l’ordre 2 en 0,
p p
car x n’est pas dérivable en 0, donc x n’admet pas de DL à l’ordre 1 en 0 (donc ni à
l’ordre 2 en 0).
Remarque 2.2.6. Lorsque lim g (x) 6= 0, on utilisera le changement de variables u(x) =
x →0
g (x) − g (0) et on effectuera sur f (g (x)) une transformation permettant de se ramener
au voisinage de 0.
Exemples :
1. Calculons le DL de cos (sin x) à l’ordre 5 en 0.
Puisque lim sin x = 0, on peut appliquer la proposition 2.2.6 précédente à la
x→0
fonction composée f ◦ g = cos ◦ sin . En utilisant les DL usuels en 0, écrivons
les DL de g (x) = sin x et f (x) = cos x au même ordre 5 en 0 :
x3 x5
sin x = x − + + o(x 5 )
3! 5!
et
x2 x4
cos x = 1 − + + o(x 5 ).
2! 4!
2 4 3 5
Posons P (x) = 1 − x2! + x4! et Q(x) = x − x3! + x5! et calculons la composée
¶2 ¶4
(Q(x))2 (Q(x))4 x3 x5 x3 x5
µ µ
1 1
P ◦ Q(x) = 1 − + = 1− x − + + x− +
2! 4! 2 3! 5! 24 3! 5!

19
en ne retenant que les monômes de degré inférieur ou égal à 5 et on a :

x3
µ ¶
1 1 ¡ 4¢
T5 (P ◦ Q)(x) = 1 − x 2 − 2x + x
2 3! 24
x2
µ ¶
1 1 1 5
= 1− + + x 4 = 1 − x 2 + x 4.
2 6 24 2 24
Le DL cherché est donc
1 5
cos (sin x) = 1 − x 2 + x 4 + o(x 5 ).
2 24
p
2. Calculons le DL de cos x à l’ordre 4 en 0.
Puisque lim cos x = 1 6= 0, alors on pose d’abord u(x) = g (x) − g (0) = cos x − 1
x→0 p
p
et on écrit cos x = fe(u(x)), avec fe(u) = 1 + u et lim u(x) = 0. En utilisant
x→0 p
les DL usuels en 0, on développe u(x) = cos x − 1 et fe(u) = 1 + u au même
ordre 4 en 0 :
x2 x4 x2 x4
cos x − 1 = 1 − + + o(x 4 ) − 1 + o(x 4 ) = − + + o(x 4 )
2! 4! 2 24
et
p u u 2 u 3 5u 4
1+u = 1+ − + − + o(u 4 ).
2 8 16 128
D’après la proposition 2.2.6, on a alors
µ 2 4 µ 2 4 ¶2
p x x x x

1 4 1 4
fe(u(x)) = cos x = 1 + − + + o(x ) − − + + o(x ) +
2 2 24 8 2 24
µ 2 ¶3 ¶4
x4
µ 2
1 x 4 5 x x4
+ − + + o(x ) − − + + o(x ) + o(x 4 )
4
16 2 24 128 2 24
µ 2
x x4 1 x4
¶ µ ¶
4
= 1+ − + + o(x ) − + o(x ) + o(x 4 )
4
4 48 8 4
µ ¶
1 2 1 1 1 1
= 1− x + − x 4 + o(x 4 ) = 1 − x 2 − x 4 + o(x 4 )
4 48 32 4 96
p
Le DL cherché est donc cos x = 1 − 14 x 2 − 96 1 4
x + o(x 4 ).

Proposition 2.2.7. (Primitivisation DL n (0))


Soit n ∈ IN, I un intervalle ouvert contenant 0 et f : I → R. Soit f est de classe C 0 sur
I . Si f admet un DL à l’ordre n en 0, donné par

f (x) = a 0 + a 1 x + · · · + a n x n + o(x n )

et si F est une primitive de f sur I (F 0 = f ), alors F admet un DL à l’ordre (n + 1) en 0,


donné par
a1 a n n+1
F (x) = F (0) + a 0 x + x 2 + · · · + x + o(x n+1 ).
2 n +1

20
Autrement dit, la partie régulière du DL d’une primitive F à l’ordre (n + 1) en 0 coïn-
cide avec la primitive de la partie régulière du DL de f à l’ordre n en 0 qui vaut F (0)
en 0.

Démonstration. Posons
a1 2 a n n+1
B (x) = F (0) + a 0 x + x +···+ x , G(x) = F (x) − B (x).
2 n +1
G est dérivable sur un intervalle ouvert I contenant 0,

G 0 (x) = f (x) − (a 0 + a 1 x + · · · + a n x n ) = o(x n ) = x n ε(x),

avec lim ε(x) = 0 et G(0) = 0. Donc, d’après le théorème ?? des accroissements finis,
x→0
G(x) = xG 0 (θx) avec θ dépendant de x, 0 < θ < 1. Ainsi

G(x) = x(θx)n ε(θx) = x n+1 θ n ε(θx) = o(x n+1 ),

car lim θ n ε(θx) = 0. Au total, on a


x→0
a1 2 a n n+1
F (x) = F (0) + a 0 x + x +···+ x + o(x n+1 ).
2 n +1

Exemples :
1
¦ Ainsi, si f (x) = 1+x = 1 − x + x 2 + · · · + (−1)n x n + o(x n ), d’après la proposition
2.2.7 précédente, on obtient le DL d’une primitive F (de f ) à l’ordre (n + 1)
en 0 suivant :
x2 x3 x n+1
F (x) = ln (1 + x) = x − + + · · · + (−1)n + o(x n+1 ).
2 3 n +1
1 2 4 n 2n
¦ Si f (x) = 1+x 2 = 1 − x + x + · · · + (−1) x + o(x 2n ), d’après la proposition
2.2.7 précédente, on obtient le DL d’une primitive F (de f ) à l’ordre (2n + 1)
en 0 suivant :
x3 x5 x 2n+1
F (x) = arctan x = x − + + · · · + (−1)n + o(x 2n+1 ).
3 5 2n + 1
Proposition 2.2.8. (Dérivation d’un DL n (0))
Soit n ∈ IN, I un intervalle ouvert contenant 0 et f : I → R. Soit f est de classe C 1 sur
I . Si f admet un DL à l’ordre n ≥ 1 en 0, donné par

f (x) = a 0 + a 1 x + · · · + a n x n + o(x n ),

et si sa dérivée f 0 admet un DL à l’ordre (n − 1) en 0, alors celui-ci est :

f 0 (x) = a 1 + 2a 2 x + · · · + na n x n−1 + o(x n−1 ).

Autrement dit, la partie régulière du DL de la dérivée f 0 à l’ordre (n − 1) en 0 coïncide


avec la dérivée de la partie régulière du DL de f à l’ordre n en 0.

21
Démonstration. On écrit le DL f 0 (x) = b 0 +b 1 x +· · ·+b n−1 x n−1 +o(x n−1 ) et on utilise
la proposition 2.2.7 précédente qui nous donne

b1 2 b n−1 n
f (x) = f (0) + b 0 x + x +···+ x + o(x n )
2 n
et on identifie les coefficients avec f (x) = a 0 + a 1 x +· · ·+ a n x n +o(x n ) pour conclure
et en déduire que f 0 (x) = a 1 + 2a 2 x + · · · + na n x n−1 + o(x n−1 ).

2.3 Applications des DL


Voici les applications les plus remarquables des développements limités.

2.3.1 Calcul de limites


Les DL sont très efficaces pour calculer des limites ayant des formes indéterminées !
Il suffit juste de remarquer que si f admet un DL à l’ordre n ∈ IN en x 0 ∈ R, donné
par
f (x) = a 0 + a 1 (x − x 0 ) + · · · + a n (x − x 0 )n + o(x − x 0 )n
alors
lim f (x) = a 0 .
x→x 0

On peut donc remarquer que pour déterminer la limite d’une fonction f en x 0 ∈ R,


il suffit de connaître le DL de f à l’ordre n = 0 en x 0 .

ln (1 + x) − tan x + 12 sin2 x
Exemple 2.3.1. Calculer lim .
x→0 3x 2 sin2 x
f (x) ln (1+x)−tan x+ 21 sin2 x f (x)
Soit g (x)
= 3x 2 sin2 x
, pour déterminer la limite de
en 0, on doit d’abordg (x)
f f (x) 0
effectuer le DL du quotient g à l’ordre n = 0 en 0. Puisque lim = et g (x) =
x→0 g (x) 0
2 2 4 q
3x sin x ∼ 3x = a q x , on doit d’abord développer f et g au même ordre n + q =
x→0
0+4 = 4 en 0 et puis factoriser cette fraction par rapport à x q = x 4 . En utilisant les DL
usuels à l’ordre 4 en 0 suivants :

x2 x3 x4
ln (1 + x) = x − + − + o(x 4 )
2 3 4

x3
tan x = x + + o(x 4 )
3
x3
sin x = x − + o(x 4 )
6

22
d’où ¶2
x3 x4
µ
2
sin x = x − + o(x 4 ) = x2 − + o(x 4 )
6 3
et
x4
¶ µ
2 2 2 4 2
+ o(x ) = 3x 4 + o(x 4 ).
4
¡ ¢
3x sin x = 3x + o(x ) x −
3
On obtient
1 2
f (x) ln (1 + x) − tan x + 2 sin x
=
g (x) 3x 2 sin2 x
³ 2 3 4
´ ³ 3
´ ³ 4
´
x − x2 + x3 − x4 + o(x 4 ) − x + x3 + o(x 4 ) + 12 x 2 − x3 + o(x 4 )
=
3x 4 + o(x 4 )
¡ 1 1¢ 4 4 5 4 5
− 4 − 6 x + o(x ) − 12 x + o(x 4 ) − 12 + o(1) 5
= 4 4
= 4 4
= = − + o(1).
3x + o(x ) 3x + o(x ) 3 + o(1) 36
f
Alors le DL de g à l’ordre n = 0 en 0 est donné par

f (x) 5
= − + o(1),
g (x) 36

d’où on obtient
f (x) 5 5
lim = lim − + o(1) = − .
x→0 g (x) x→0 36 36

2.3.2 Position d’une courbe par rapport à sa tangente


Proposition 2.3.1. Soit x 0 ∈ R et f une fonction admettant un DL à l’ordre k en x 0 :

f (x) = a 0 + a 1 (x − x 0 ) + a k (x − x 0 )k + o(x − x 0 )k ,

où k est le plus petit entier ≥ 2 tel que le coefficient a k soit non nul. Alors l’équation
de la tangente à la courbe de f en x 0 est :

y = a 0 + a 1 (x − x 0 ) (2.21)

et la position de la courbe par rapport à la tangente pour x proche de x 0 est donné


par le signe de f (x) − y, c’est-à-dire le signe de a k (x − x 0 )k .

Remarque 2.3.1. Il y a 3 cas possibles.


• Si le signe de a k (x − x 0 )k est positif, alors la courbe de f est au-dessus de la
tangente (2.21).
• Si le signe de a k (x − x 0 )k est négatif, alors la courbe de f est en dessous de la
tangente (2.21).

23
• Si le signe de a k (x − x 0 )k change (lorsque l’on passe de x < x 0 à x > x 0 ), alors
la courbe de f traverse la tangente (2.21) au point d’abscisse x 0 . C’est un point
d’inflexion.

Exemple 2.3.2. Soit f (x) = x 4 − 2x 3 + 1. Déterminer l’équation de la tangente en


x 0 = 12 du graphe de f et préciser la position du graphe de f par rapport à la tangente.

Comme f est une fonction de classe C ∞ sur R, en particulier f est de classe C 2 sur
un intervalle I qui contient le point x 0 = 12 , alors on peut utiliser la formule de Taylor-
Young du théorème 2.1.1 pour déterminer le DL à l’ordre k = 2 en x 0 = 12 . Puisque
µ ¶ µ ¶
1 13 0 1
f = , f = f 0 (x)¯¯ = (4x 3 − 6x 2 )¯¯ = −1,
2 16 2 1
x= 2 x= 1
2
µ ¶
00 1
f = f 00 (x)¯¯ = (12x 2 − 12x)¯¯ = −3 6= 0
2 1
x= 2 x= 1
2

on en déduit que le DL de f à l’ordre k = 2 en x 0 = 21 est donné par

1 2 1 2
µ ¶ µ ¶ µµ ¶ ¶
13 1 3
f (x) = − x− − x− +o x − .
16 2 2 2 2

Donc l’équation de la tangente en x 0 = 12 du graphe de f est


µ ¶
13 1
y= − x− .
16 2
¢2
Comme le terme − 32 x − 12 est négatif au voisinage de 12 , alors le graphe de f est en
¡

dessous de la tangente.

2.3.3 Développements asymptotiques et asymptotes


Définition 2.3.1. Soit n ∈ IN et f une fonction définie sur un intervalle I =]b, +∞[,
b ∈ R (resp. ] − ∞, b[). On dit que f admet un développement asymptotique à l’ordre
n en x 0 = +∞ (resp. en x 0 = −∞) s’il existe des réels a 0 , a 1 , · · · , a n tels que
a1 a2 an
µ ¶ µ ¶
1 1
f (x) = a 0 + + 2 +···+ n + n ε
x x x x x

où ε x1 tend vers 0 quand x → +∞ (resp. x → −∞), autrement dit :


¡ ¢

a1 a2 an
µ ¶
1
f (x) = a 0 + + 2 +···+ n +o n .
x x x x
Remarque 2.3.2. Dire que la fonction x → f (x) admet un développement asympto-
tique à l’ordre n en +∞ (resp. en −∞) est équivalent à dire que la fonction x → f x1
¡ ¢

admet un DL à l’ordre n en 0+ (resp. en 0− ).

24
Remarque 2.3.3. On remarque que si f admet un développement asymptotique à
l’ordre n en +∞ (resp. en −∞) donné par

a1 a2 an
µ ¶
1
f (x) = a 0 + + 2 +···+ n +o n ,
x x x x

alors
lim f (x) = a 0 (resp. lim f (x) = a 0 ).
x→+∞ x→−∞

On a alors que la droite d’équation y = a 0 est une asymptote horizontale de f en +∞


(resp. en −∞) et la position de la courbe de f par rapport à l’asymptote est donnée
a
par le signe de f (x) − y, c’est-à-dire le signe de x kk , où k est est le plus petit entier ≥ 2
tel que le coefficient a k soit non nul.

Exemple 2.3.3. Soit f (x) = ln 2 + x1 . Déterminer le développement asymptotique de


¡ ¢

f en +∞.

On écrit µ ¶ µ ¶
1 1
f (x) = ln 2 + = ln 2 + ln 1 +
x 2x
en utilisant le DL de ln (1 + y) à l’ordre n en 0 :

y2 (−1)n+1 n
ln (1 + y) = y − +−···+ y + o(y n ) (2.22)
2 n!
1
avec y = 2x (lorsque x → +∞ alors y → 0+ ), on obtient le développement asympto-
tique de f à l’ordre n en +∞ :
µ ¶
1 1 1 n−1 1 1
f (x) = ln 2 + − 2+ 3
+ · · · + (−1) n n
+o n ,
2x 8x 24x n2 x x

d’où lim f (x) = ln 2, donc la droite d’équation y = ln 2 est une asymptote horizon-
x→+∞
1
tale de f en +∞ et le second terme du développement asymptotique de f est + 2x , donc
positif lorsque x → +∞, cela signifie que la courbe de f est au-dessus de l’asymptote
horizontale y = ln 2.

Proposition 2.3.2. Soit k ∈ IN et f une fonction définie sur un intervalle I =]b, +∞[,
f (x)
b ∈ R (resp. ] − ∞, b[). On suppose que la fonction x → x admet un développement
asymptotique à l’ordre k en +∞ (resp. en −∞) : il existe des réels c 0 , c 1 , c k tels que

f (x) c1 ck
µ ¶
1
= c0 + + k + o k ,
x x x x
où k est le plus petit entier ≥ 2 tel que le coefficient c k soit non nul. Alors

ck
µ ¶
1
f (x) = c 0 x + c 1 + k−1 + o k−1 ,
x x

25
d’où on a

lim f (x) − (c 0 x + c 1 ) = 0 (resp. lim f (x) − (c 0 x + c 1 ) = 0).


x→+∞ x→−∞

Alors la droite d’équation


y = c0 x + c1 (2.23)
est une asymptote oblique de f en +∞ (resp. en −∞) et la position de la courbe de f
par rapport à l’asymptote est donnée par le signe de f (x) − y, c’est-à-dire le signe du
ck
terme x k−1 .
1 p
Exemple 2.3.4. Soit la fonction f définie par f (x) = e x x 2 − 1.
A l’aide du dévéloppement asymptotique de f en +∞ et −∞, déterminer les équa-
tions des éventuelles asymptotes obliques en +∞ et −∞, ainsi que leur position par
rapport à la courbe de f .

f (x)
On effectue un développement asymptotique de la fonction x → x à l’ordre k ≥ 2
en +∞ (resp. en −∞), où k est le plus petit entier ≥ 2 tel que le coefficient du terme x1k
soit non nul. On écrit
p  1
q
1 − x12 si x ≥ 0,
µ ¶r
f (x) 1 2
x −1 1 |x| 1  e x
=e x =e x 1− 2 = q
x x x x  −e x1 1 − 1 si x < 0.
x2

car (
|x| 1 si x ≥ 0,
=
x −1 si x < 0,
et en utilisant les DL usuels à l’ordre 3 en 0
y2 y3
ey = 1+ y + + + o(y 3 )
2 6
1
avec y = x
et
p z z2 z3
1−z = 1− − − + o(z 3 )
2 8 16
avec z = x12 , on a deux cas à traiter :
1. si x → +∞, alors x > 0 et on a
r
f (x)
µ µ ¶¶ µ µ ¶¶
1 1 1 1 1 1 1 1 1
= e x 1− 2 = 1+ + 2 + 3 +o 3 1− − 2 +o 3 = ···
x x x 2x 6x x x 2x x
µ ¶
1 1 1
= 1+ − 3 +o 3 ,
x 3x x
f (x)
donc le développement asymptotique de la fonction x → x à l’ordre k = 3 en
+∞ est donné par
f (x)
µ ¶
1 1 1
= 1+ − 3 +o 3 ,
x x 3x x

26
alors µ ¶
1 1
f (x) = x + 1 − 2 + o 2 ,
3x x
d’où
lim f (x) − ( x + 1) = 0.
x→+∞

Alors la droite d’équation


y = x +1 (2.24)
est une asymptote horizontale de³ f´ en +∞.
1
Comme f (x)−(x +1) = − 3x 2 +o x12 est négatif quand x → +∞, alors le graphe
de f est en dessous de l’asymptote oblique.

2. Si x → −∞, alors x < 0 et on a


r
f (x)
µ µ ¶¶ µ µ ¶¶
1 1 1 1 1 1 1 1 1
= −e x 1− 2 = − 1+ + 2 + 3 +o 3 1− − 2 +o 3 = ···
x x x 2x 6x x x 2x x
µ ¶
1 1 1
= −1 − + 3 + o 3 ,
x 3x x
f (x)
donc le développement asymptotique de la fonction x → x
à l’ordre k = 3 en
−∞ est donné par
f (x)
µ ¶
1 1 1
= −1 − + 3 + o 3 ,
x x 3x x
alors µ ¶
1 1
f (x) = −x − 1 + 2 + o 2 ,
3x x
d’où
lim f (x) − ( −x − 1) = 0.
x→−∞

Alors la droite d’équation


y = −x − 1 (2.25)
est une asymptote horizontale de f en
³ −∞.
´
Comme f (x) − (−x − 1) = + 3x 2 + o x12 est positif quand x → −∞, alors le
1

graphe de f est au-dessus de l’asymptote oblique.

27

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