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U.S.T.H.B 1ère année Licence ST.

Section 16
Faculté des Mathématiques Année universitaire 2018-2019

Chapitre 5 : Développements limités

Attention : Certaines définitions peuvent être rajoutées pendant le déroulement du cours

I) Quelques définitions
Soit f : I → R une fonction quelconque où I est un intervalle.
Définition 1. Pour a ∈ I et n ∈ N, on dit que f admet un développement limité (DL) au point a et à
l’ordre n, s’il existe des réels c0 , c1 , · · · , cn et une fonction ε : I → R telle que lim ε(x) = 0 de sorte que pour
x→a
tout x ∈ I :
f (x) = c0 + c1 (x − a) + · · · + cn (x − a)n + (x − a)n ε(x).

• L’égalité précédente s’appelle un DL de f au voisinage de a à l’ordre n.


• Le terme c0 + c1 (x − a) + · · · + cn (x − a)n est appelé la partie polynomiale du D.L et le terme (x − a)n ε(x)
est appelé le reste du D.L, il est aussi noté par o((x − a)n ) (notation de Landau). (Infiniment petit devant
(x − a)n ).
• On remarque que la formule de Taylor-Young permet d’obtenir immédiatement des développements limités
f (k) (a)
en posant : ck = .
k!
Proposition 1. Si f est de classe C n au voisinage d’un point a alors f admet un D.L au point a à l’ordre n,
qui provient de la formule de Taylor-Young :

f 00 (a) f (n) (a)


f (x) = f (a) + f 0 (a)(x − a) + (x − a)2 + · · · + (x − a)n + o((x − a)n ).
2! n!
Remarque 1. Posons X = x − a. Lorsque x → a, X → 0. On peut donc se ramener à un développement
limité au voisinage de 0. Ainsi nous nous limiterons dans la suite à la considération de développements limités
au voisinage de 0.

II) Propriétés des développements limités


1. Unicité : Si f admet un D.L d’ordre n alors ce D.L est unique.
2. Partié : Si f est paire (resp. impaire) alors la partie polynomiale de son D.L en 0 ne contient que des
monômes de degrés pairs (resp. impairs).
3. Troncature : Si f admet un D.L d’ordre n de partie régulière a0 + a1 x + · · · + an xn alors f admet, pour
tout naturel 0 ≤ p ≤ n, un D.L d’ordre p de partie régulière : a0 + a1 x + · · · + ap xp . Autrement dit,
tronquer un polynôme à l’ordre p signifie que l’on conserve seulement les monômes de degré ≤ p.
4. Continuité : Si f admet un D.L d’ordre n de partie régulière a0 + a1 x + · · · + an xn alors lim f (x) = a0 (
x→0
f est continue en 0 ou est prolongeable par continuité en 0).
5. Dérivabilité : Si f admet un D.L d’ordre n (n ≥ 1), de partie régulière a0 + a1 x + · · · + an xn alors f (ou
son prolongement continu) est dérivable en 0 et f 0 (0) = a1 .

Remarque 2. Les deux propriétés précédentes ne se généralisent pas. Si f admet par exemple un D.L d’ordre
2, elle n’est pas nécessairement deux fois dérivable.

1
Exemple 1. Soit f (x) = sin x. f est de classe C n au voisinage de 0 alors elle admet un D.L à l’ordre n au
point 0 qui provient de la formule de Taylor-Young :
f 00 (0) 2 f (n) (0) n
f (x) = f (0) + f 0 (0)x + x + ··· + x + o(xn ).
2! n!
On a : f 0 (x) = cos x, f 00 (x) = − sin x, f (3) (x) = − cos x
Et f (0) = 0, f 0 (0) = 1, f 00 (0) = 0, f (3) (0) = −1.
De proche en proche ... 
(n) 0 si n = 2p
f (0) =
(−1)p si n = 2p + 1
x3 x5 x7 (−1)p 2p+1
f (x) = x − + − + ··· + x + o(x2p+2 )
3! 5! 7! (2p + 1)!
Par la même méthode on obtient :
x2 x4 x2p
cos x = 1 − + + · · · + (−1)p + o(x2p+1 ).
2! 4! (2p)!
x2 xn
ex = 1 + x + + ··· + + o(xn ).
2! n!
1
= 1 + x + x2 + · · · + o(xn ).
1−x
1
= 1 − x + x2 − x3 + · · · + (−1)n xx + o(xn ).
1+x
x2 x3 xn
ln(1 + x) = x − + + · · · + (−1)n−1 + o(xn ).
2 3 n
α α(α − 1) 2 α(α − 1) · · · (α − n + 1) n
(1 + x)α = 1 + x + x + ··· + x + o(xn ).
1! 2! n!

III) Opérations sur les D.L


Soient f et g deux fonctions admettant un D.L à l’ordre n en 0 de parties régulières respectives Pn et Qn , telles
que : f (x) = c0 +c1 x+· · ·+cn xn +o(xn ) = Pn (x)+o(xn ), g(x) = d0 +d1 x+· · ·+dn xn +o(xn ) = Qn (x)+o(xn ).
Alors
1. Somme: f + g admet un D.L en 0 à l’ordre n de partie régulière Pn + Qn i.e
(f + g)(x) = f (x) + g(x) = (c0 + d0 ) + (c1 + d1 )x + · · · + (cn + dn )xn + o(xn ).
2 3 4
Exemple 2. Soit f (x) = ex = 1 + x + x2! + x3! + x4! + o(x4 ) le D.L de la fonction exponentielle en 0 à
2 4
l’ordre 4 et g(x) = cos x = 1 − x2! + x4! + o(x4 ) le D.L de la fonction cos en 0 à l’ordre 4.
1 1 x3 1 1 x3 x4
f (x) + g(x) = (1 + 1) + x + ( − )x2 + + ( + )x4 + o(x4 ) = 2 + x + + + o(x4 ).
2! 2! 3! 4! 4! 3! 12
2. Produit par un scalaire: λf admet un D.L en 0 à l’ordre n de partie régulière λPn (λ ∈ R).
1
Exemple 3. Soit f (x) = 1+x = 1 − x + x2 − x3 + o(x3 ). Alors 3f admet le D.L en 0 à l’ordre 3 suivant
: 3f (x) = 3 − 3x + 3x2 − 3x3 + o(x3 ).
3. Produit: f g admet un D.L en 0 à l’ordre n de partie régulière Tn , obtenue en ne conservant dans Pn Qn
que les monômes de degré n i.e
(f × g)(x) = f (x) × g(x) = Tn (x) + o(xn )
où Tn (x) est le polynôme (c0 + c1 x + · · · + cn xn ) × (d0 + d1 x + · · · + dn xn ) tronqué à l’ordre n.
ex
Exemple 4. Déterminons le D.L en 0 à l’ordre 2 de la fonction f (x) = (1+x)3 .
2
f (x) = ex (1 + x)−3 = (1 + x + x2 + o(x2 ))(1 − 3x + (−3)(−4)
2 x2 + o(x2 ))
x2 x2
= (1 + x + 2 + o(x ))(1 − 3x + 6x + o(x )) = 1 − 3x + 6x + x − 3x2 +
2 2 2 2
2 + o(x2 )
= 1 − 2x + 27 x2 + o(x2 ).

2
4. Quotient: voici deux méthodes pour calculer le D.L d’un quotient fg en 0 à l’ordre n.
1
1ère méthode: nous allons utiliser le D.L de 1+u = 1 − u + u2 − u3 + · · ·
f 1
(a) Si d0 = 1 on pose u = d1 x + d2 x2 + · · · dn xn + o(xn ) et le quotient s’écrit g =f× 1+u .
(b) Si d0 est quelconque non nul alors on se ramène au cas précédent en écrivant :
1 1 1
g(x) = d d1 dn
.
0 1 + d x + · · · + d xn + o(xn )
0 0

(c) Si d0 = 0 alors on factorise par xk (pour un certain k) afin de se ramener aux cas précédents.
2ème méthode: Soit f (x) = Pn (x) + o(xn ) et g(x) = Qn (x) + o(xn ). Alors on écrit la division suivant les
puissances croissantes de Pn par Qn à l’ordre n : Pn = Qn Dn + xn+1 Rn avec degré Dn ≤ n. Alors Dn
est la partie polynomiale en 0 du D.L à l’ordre n de fg .
1
Exemple 5. Écrivons le D.L de 1+ex au voisinage de 0, à l’ordre 3.
1ère méthode:
1 1 1 1
= 2 3 = x2 x3
= x2 x3
1 + ex 1 + (1 + x + x2! + x3! + o(x3 )) 2+x+ 2 + 3! + o(x3 ) 2(1 + x
2 + 4 + 12 + o(x3 ))
1 1 1
= × = (1 − X + X − X + o(X 3 ))
2 3
2 1+X 2
x x2 x3
avec X = + + + o(x3 ).
2 4 12  x2
2 3
 2 3 x3
On a : X 2 = x2 + x4 + x12 + o(x3 ) x2 + x4 + x12 + o(x3 ) = + + o(x3 ).
 x2 4 4
x3  x x2 x3  x3
X3 = + + o(x3 ) + + + o(x3 ) = + o(x3 ).
4 4 2 4 12 8
o(X 3 ) = o(x3 ).
Donc :
1 1 h  x x2 x3 3
  x2 x3
3
  x3
3

3
i 1 x x3
= 1 − + + + o(x ) + + + o(x ) − + o(x ) + o(x ) = − + + o(x3 ).
1 + ex 2 2 4 12 4 4 8 2 4 48
1 1 1 x x3
2ème méthode: = x2 x3
= − + + o(x3 ). En effet, on a :
1 + ex 2+x+ 2 + 6 + o(x3 ) 2 4 48

5. Composition: Si g(0) = 0 (c’est à dire d0 = 0) alors la fonction f ◦ g admet un D.L en 0 à l’ordre n dont
la partie polynomiale est le polynôme tronqué ‘a l’ordre n de la composition Pn (Qn (x)).
Exemple 6. Calculons le D.L de f (x) = sin x2 à l’ordre 6 en 0.
6
f (x) = x2 − x6 + o(x6 ).

IV) Applications des D.L


Nous citons quelques applications des D.L.

1) Calcul de limites
Les D.L permettent de calculer des limites ayant des formes indéterminées.
En effet, remarquons si : f (x) = c0 + c1 (x − a) + · · · alors lim f (x) = c0 .
x→a

x2
e −cos x
Exemple 7. Calculons lim x2 . On a :
x→0

2 x2 3 2
ex − cos x 1 + x2 + o(x2 ) − (1 − 2 + o(x2 )) 2x + o(x2 ) x2 ( 23 + o(1)) 3
= = = = + o(1).
x2 x2 x 2 x 2 2

3
Par conséquent
2
ex − cos x 3 3
lim = lim ( + o(1)) = .
x→0 x2 x→0 2 2
En notant o(1) une fonction (inconnue) tendant vers 0 quand x → 0).

2) Position d’une courbe par rapport à sa tangente


Proposition 2. Supposons que f admette au voisinage de x0 un D.L de la forme
f (x) = f (x0 ) + f 0 (x0 )(x − x0 ) + α(x − x0 )p + o((x − x0 )p )
avec α 6= 0 et p ≥ 2.
Dans ce cas, l’équation de la tangente à la courbe de f en x0 est y = f (x0 ) + f 0 (x0 )(x − x0 ) et la position de la
courbe par rapport à sa tangente au voisinage de x0 est donnée par le signe de α.
1. Si p est pair et α > 0 alors le graphe de f reste localement au dessus de sa tangente en (x0 , f (x0 )).
2. Si p est pair et α < 0 alors le graphe de f reste localement en dessous de sa tangente en (x0 , f (x0 )).
3. Si p est impair, alors le graphe de f traverse sa tangente en (x0 , f (x0 ) (il s’agit d’un point d’inflexion).
1
Exemple 8. Soit f (x) = x4 − 2x3 + 1. Déterminons la tangente en 2 du graphe de f et précisons la position
du graphe à la tangente.
1 1 1 f 00 ( 12 ) 1 1
f (x) = f ( ) + f 0 ( )(x − ) + (x − )2 + o((x − )2 )
2 2 2 2! 2 2
0 0 1 00 00 1
On a : f ( 12 ) = 13 3 2 2
16 . f (x) = 4x − 6x ⇒ f ( 2 ) = −1. f (x) = 12x − 12x ⇒ f ( 2 ) = −3.
13 1 3 1 1
Donc f (x) = − (x − ) − (x − )2 + o((x − )2 ).
16 2 2 2 2
La tangente en 21 est : y = 13 16 − (x − 1
2 ) et le graphe est en dessous de la tangente car − 32 < 0 (les deux premiers
termes nous donne l’équation de la tangtente. Le premier terme non nul suivant nous donne la position du
graphe).

3) Développement limité en +∞
• Soit f une fonction définie sur un intervalle I =]x0 , +∞[.
• On dit que f admet un D.L en +∞ à l’ordre n s’il existe des réels c0 , c1 , · · · , cn tels que :
c1 cn 1
f (x) = c0 + + ··· + + o( ).
x xn xn
• Un D.L en +∞ s’appelle aussi un développement asymptotique.
• Dire que la fonction x 7→ f (x) admet un D.L en +∞ à l’ordre n est équivalent à dire que la fonction
x 7→ f ( x1 ) admet un D.L en 0+ à l’ordre n.

Exemple 9. Cherchons les trois premiers termes du développement asymptotique de la fonction f (x) = x2 + x
au V (+∞). On pose u = x1 donc u → 0+ lorsque x → +∞.
r r
1 1 1 1−u 1√ 1 1 1 1 1 1 1 1 1
f (x) = f ( ) = 2
+ = 2
= 1 − u = (1+ u− u2 +o(u2 )) = + − u+o(u) = x+ − +o( ).
u u u u u u 2 8 u 2 8 2 8x x
Remarque 3. Les D.L au voisinage de l’infini sont utilisés pour l’étude des branches infinies des courbes. Il
permettent la détermination éventuelle des asymptotes, des directions asymptotiques et la position de la courbe
par rapport à l’asymptote.
f (x)
Proposition 3. On suppose que la fonction x 7→ x admet un D.L en +∞ (ou en −∞) :
f (x) a1 ak 1
= a0 + + k + o( k )
x x x x
1
où k est le plus petit entier ≥ 2 tel que le coefficient de xk
soit non nul. Alors lim f (x) − (a0 x + a1 ) = 0.
x→+−∞
La droite y = a0 x + a1 est une asymptote à la courbe de f en +∞ (ou en −∞) et la position de la courbe à
l’asymptote est donnée par le signe de f (x) − y, c’est à dire le signe de xak−1
k
.

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